ASINAG 7 Fr-Ar PDF
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Numro 7 2012
sinag-Asinag est une revue scientifique et culturelle marocaine ddie lamazighe avec
IRCAM
Dpt lgal : 2008 MO 0062
MODERN PRINT - Rabat
Sommaire
Prsentation ........................................................................................................ 7
Comptes rendus
Mina El Mghari : Arts et architecture amazighes du Maroc
de l'Institut Royal de la Culture Amazighe .................................................... 145
Varia
Karim Bensoukas
Morphological haplology in Amazigh ........................................................ 151
Rachida Fitas
La mtaphore nominale dans luvre potique de Matoub Louns ........... 173
Nama Omari
Clitic Placement in Amazigh ...................................................................... 185
Nabila Sadi
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle.
Cas de Tafrara de Salem Zenia ................................................................... 201
Mohand-Akli Salhi
Critres didentification (typographique) du vers kabyle ........................... 213
Prsentation
Le dveloppement socioconomique nest souvent conu que sur la base de la
production intensive des biens matriels. Essentiellement articul autour du
dveloppement matriel, ce modle, a partout montr ses limites. Dautres modles
de dveloppement accordant de limportance lhomme et son environnement
naturel et culturel sont apparus, et ce, partir des annes soixante-dix du sicle
dernier. Les Organisations Internationales ont, en effet, vulgaris dautres grilles
dIndices de Dveloppement Humain (IDH), principalement focalises sur le bientre et le confort humain (ducation, sant, degr de satisfaction, etc.). Le
dveloppement de ltre humain, la protection et le dveloppement sain de
lenvironnement, deviennent lobjectif ultime des actions volontaristes des
amnageurs.
La valorisation de la culture, dans son sens le plus large (acquisition, apprentissage,
adaptation et crativit...), composante de cet environnement, simpose comme
lment fondamental du dveloppement quilibr de la personne humaine. Cest
finalement ce moule socio-environnemental qui garantit lhomme son identit,
son quilibre psychosocial et qui le lie une communaut et un territoire donns.
De ce fait, il constitue le nerf du dveloppement humain. Sy investir constitue une
garantie et une assurance pour le bien-tre des gnrations actuelles et futures.
Partant de ce paradigme, il est pertinemment lgitime de se poser des questions
autour des formes dexpression de la culture amazighe, de ses sources et de ses
producteurs, mais aussi de sa relation avec le bien-tre des populations et de leur
territoire.
Ces questions ont sous-tendu le choix de la thmatique du dossier du numro 7 de
la revue Asinag : Culture et dveloppement. Ressources, savoirs et savoir-faire
locaux . Ce choix est aussi justifi par les rcents changements qua connus le
pays et qui, au-del de leur caractre conjoncturel, auront un impact profond sur
son avenir.
Partant, les contributeurs ce numro ont aliment leurs textes travers divers
champs de rflexion tels le rle de la culture dans lintgration et la valorisation de
lidentit, la gestion des ressources naturelles et conomiques et la socit civile en
tant que nouvel acteur de dveloppement. Cest ainsi quAcha Bouhjar, partant du
contexte national et international marqu par la promotion de la langue et de la
culture amazighes et son introduction dans le systme ducatif, tente de dmontrer
le rle de cette action dans le dveloppement quilibr du complexe sociospatial
marocain. De son ct, Mohamed Benbrahim sest attel au dcryptage du
moussem de Moulay Ali Ben Amer en y analysant comment lidentit des At
Seghrouchen sest consolide et comment leur conomie dchange sest
dveloppe autour de cette manifestation. Madani El Mountasser, Hassan ElMahdad, Lekbir Ouhajou et Mohamed Hammoudou, dans un article collectif,
sappuyant sur une tude des institutions de gestion des parcours et des cultures,
sinag-Asinag
Dossier
Culture et dveloppement. Ressources, savoirs et
savoir-faire locaux
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Acha Bouhjar
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sont pas sans rappeler certains des OMD que la communaut internationale a
convenu datteindre dici 2015, savoir :
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
Depuis le dbut de ce millnaire, des rapports sectoriels annuels sont labors par
les pays concerns afin de rendre compte du taux de ralisation de chaque objectif.
Rcemment, la Dclaration dAdlade (OMS, 2010 : 4), met en vidence le fait
que les dterminants de la sant et du bien-tre sont extrieurs au secteur de la
sant et sont dordre social et conomique on y prcise que la russite
ducative des hommes comme des femmes contribue directement amliorer la
sant et laptitude participer pleinement une socit productive, et crer des
citoyens engags (soulign par nous). En dautres termes, lamlioration de la
sant est conditionne par des facteurs sociaux parmi lesquels la russite ducative
joue un rle de premier plan.
Conscients de la ncessit d'atteindre ces objectifs, des projets de grande ampleur
sont entrepris au niveau de tous les pays signataires des OMD (189 pays au total
dont le Maroc). Ces initiatives nationales imposent qu'un diagnostic de la situation
initiale soit tabli pour pouvoir prendre les mesures qui s'imposent. Conformment
ces objectifs, le Maroc a mis en uvre un vaste programme destin rcolter un
maximum d'informations sur la situation des conditions de vie du citoyen marocain
diffrents niveaux.
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Acha Bouhjar
2001 (dcret royal) pour qu'ils soient conformes aux Principes de Paris2), Diwan Al
Madalim (en 2001) charg de traiter les plaintes des citoyens, l'Instance Equit et
Rconciliation (2007) conue sous forme dune commission nationale,
reprsentative des partis politiques, des syndicats et des militants des droits de
lhomme, institue par le Roi, pour traiter de tout le passif en matire de droits de
lhomme hrit du pass et ce, depuis lindpendance du Maroc. Un nouveau code
de la famille (Moudouwana) et la reconnaissance de la culture amazighe par le
discours royal d'Ajdir en 2001 annonant la cration de lInstitut Royal de la
Culture Amazighe (IRCAM) sont galement mettre l'actif. De mme, en 2005,
l'Initiative Nationale pour le Dveloppement Humain (INDH) a donn naissance au
ministre du Dveloppement social, de la Famille et de la Solidarit qui a pour
principale mission la lutte contre la pauvret, la prcarit et l'exclusion sociale.
Dans le domaine ducatif, un Programme dUrgence 2009-2012 a t mis en place
afin de pallier aux insuffisances enregistres dans le SEF (rduction du dcrochage
scolaire et scolarisation / lducation pour tous lhorizon 20153). Pas une journe
ne se passe au Maroc sans que l'on ne relve, dans les informations, l'inauguration
de l'un ou l'autre projet li au dveloppement national et local (tablissements
culturels, sportifs, centres de sant, structures de formation, ) ou des campagnes
de sensibilisation lune ou lautre des thmatiques lies aux OMD. Plus
rcemment encore, le discours du 9 mars 2011, adress la Nation par le Roi
Mohammed VI, annonce une rforme constitutionnelle globale sur la base de sept
fondements majeurs dont le premier (qui nous intresse plus particulirement ici)
concerne lidentit plurielle marocaine au cur de laquelle figure lamazighit,
patrimoine commun de tous les Marocains, sans exclusive ; annonce concrtise
le 1er juillet 2011 par ladoption par rfrendum de la nouvelle Constitution o
lamazighe est prsent langue officielle aux cts de larabe.
En dfinitive et pour reprendre des paroles souvent exprimes pour qualifier la
situation actuelle, on peut dire, sans conteste, que le Maroc est un vritable
chantier ciel ouvert rsolument engag dans un processus de dmocratisation
et de dveloppement bien que de nombreuses difficults, essentiellement
conomiques, persistent.
2. Contexte socio-conomique
En effet, comme nous le verrons, ci-dessous, bien que le dveloppement social et
humain soit devenu une action prioritaire, force est de constater que des contraintes
d'ordre conomique et financier rduisent fortement l'impact des rformes engages
sur les plans social et institutionnel.
2
16
Les donnes d'ordre conomique sont issues du croisement de plusieurs sources, dont :
- Rapport annuel 2006 de la Banque Mondiale
- Rapport national 2005 du Haut Commissariat au Plan Royaume du Maroc :
Objectifs du Millnaire pour le dveloppement
- Les indicateurs sociaux du Maroc en 2006 Haut commissariat au Plan
Royaume du Maroc
- Site de la Banque Marocaine du Commerce Extrieur :
http://www.interexmaroc.com/fr/
- Le Moniteur du commerce international : http://www.lemoci.com/
5
Le produit intrieur brut (PIB) est l'agrgat qui reprsente la richesse cre au cours de
l'anne ; autrement dit, il mesure l'apport de l'activit de production l'conomie nationale.
Le PIB est la somme des valeurs ajoutes gnres par les diffrents agents conomiques et
des droits et taxes l'importation. Ainsi, l'volution en volume du PIB mesure le niveau de
la croissance de l'conomie nationale . (HCP, 2006 : 146)
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Acha Bouhjar
Mais des dficits sociaux persistent comme le montrent les chiffres suivants :
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Acha Bouhjar
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10
Pour de plus amples dtails sur les 25 textes normatifs ratifis ce jour par le Maroc, voir le site :
http://portal.unesco.org/la/conventions_by_country.asp?contr=MA&language=F&typeconv=1
11
Voir pour dautres textes normatifs : Lducation dans un monde multilingue Document
cadre de lUnesco, 2003.
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Article 2 alina 1 : Chacun peut se prvaloir de tous les droits et de toutes les liberts
proclams dans la prsente Dclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de
couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion,
d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Article 22 : Toute personne, en tant que membre de la socit, a droit la scurit sociale ;
elle est fonde obtenir la satisfaction des droits conomiques, sociaux et culturels
indispensables sa dignit et au libre dveloppement de sa personnalit, grce l'effort
national et la coopration internationale, compte tenu de l'organisation et des ressources
de chaque pays (soulign par nous).
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Acha Bouhjar
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langue amazighe ? Quel gain avons-nous nous approprier cette langue ? Lavenir
nest-il pas plutt lenseignement du chinois ? ou tout simplement Pourquoi
enseigner lamazighe ? Ces questions incitent donc dvelopper un argumentaire
afin de faire prendre conscience de lapport de la langue amazighe dans la
perspective du dveloppement humain du pays mais galement au-del de ses
frontires en tant que langue vivante part entire, puisque les Marocains rsidant
ltranger reprsentent prs de 10% de la population (soit plus de trois millions de
personnes).
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Acha Bouhjar
de premires socialisations, lindividu actualise toutes les valeurs qui fondent son
identit. Au Maroc, le citoyen est investi d'une identit plurielle, fruit d'une histoire
riche et fconde d'apports multiples. La langue amazighe est l'une des dimensions
de cette identit plurielle qu'il convient de valoriser afin dassurer :
-
En effet, inspire des valeurs dmocratiques, lgalit des chances passe, aussi, par
la reconnaissance des varits linguistiques et culturelles des apprenants dans les
tablissements scolaires. Chacun doit pouvoir se reprer par rapport ses
rfrentiels. Dans ce contexte, lenseignement/apprentissage de lamazighe devrait
permettre une ouverture sur lAutre et dvelopper lacceptation de la diffrence (et
donc de la diversit culturelle) tout en assurant un ancrage identitaire national
fond sur le principe de lacceptation de lunit dans la diversit . Lintertolrance, le dveloppement personnel, les relations sociales bases sur le respect
mutuel et lestime de soi sont le garant dune forte cohsion sociale et, par
consquent, du bien-tre social : accueilli dans sa langue, lapprenant sintgre
dautant plus facilement quil sexprime tout aussi aisment dans lenvironnement
dans lequel il volue. Dans le cas contraire, leffet anxiogne, qui nat de la non
prise en compte du capital linguistique de dpart, amplifiera les insuffisances
enregistres, entre autres, dans le SEF. On peut ds lors avancer que lintroduction
de la langue amazighe aura pour effet de rduire les dperditions scolaires (rejet,
abandon, chec) dans les zones amazighophones qui touchent essentiellement les
enfants des zones rurales et plus particulirement les petites filles (MEN, 2008).
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Acha Bouhjar
produits locaux dont les secrets de fabrication ne sont accessibles qu' ceux qui
peuvent s'exprimer dans la langue de leur production, c'est--dire dans la langue
locale du terroir. Il est vident que les projets de dveloppement auront, en outre,
d'autant plus de garantie de succs que l'adhsion et la participation de la
population seront assures dans une langue de communication qui aura le plus de
chance d'atteindre ses objectifs qu'elle ne se fera dans la langue des bnficiaires.
Nous pensons plus particulirement la mise sur pied de projets lis des activits
gnratrices de revenus (coopratives agricoles, produits manufacturs (poterie,
tapisserie, bijouterie, ). Par le biais denqutes de terrain entreprises dans la
langue premire de la population, les tudes anthropologiques permettent
galement de se rapproprier certaines pratiques efficaces de la mdecine
traditionnelle en association avec la mdecine moderne ou des pratiques
traditionnelles respectueuses de lenvironnement (plante saponifre pour la lessive,
systme dirrigation, ). Cette dmarche permet en outre de mettre jour, de
valoriser, d'actualiser voire de revitaliser certains modes de gestion qui tendent
disparatre : il en est ainsi du mode de prise de dcision au niveau local fond sur la
dmocratie et le consensus qui sont une pratique ancestrale dans les communauts
amazighophones mais qu'il faudrait revitaliser, notamment en intgrant les femmes
dans la prise de dcision dans la mesure o l'assemble ou conseil des sages
(qui tend disparatre) n'est (ou ntait) constitu(e) que d'hommes. Tout un travail
devrait se faire ce niveau : reprendre des pratiques ancestrales, les moderniser
pour les adapter au contexte actuel et ce, d'autant que le nouveau code de la famille
prne la co-responsabilit des poux dans les affaires familiales. Ces changements
de pratique mais aussi de mentalit auront plus de chance d'aboutir lorsque l'on
parle la mme langue que les personnes concernes en sappropriant les valeurs et
les reprsentations vhicules : l'essentiel tant de faire comprendre que ces
pratiques ne sont pas nouvelles (valorisation des acquis) puisquelles exist(ai)ent
sous une certaine forme mais qu'il s'agit simplement de les largir toute la
population, donc aux femmes y compris.
Dans ce domaine, l'approche anthropologique est un atout indniable car elle
s'appuie sur un contact continu et soutenu avec la population qui ne peut avoir lieu
que dans la langue des bnficiaires et lon comprend ds lors mieux le rle
primordial de la langue par le biais de laquelle ces pratiques et ces savoirs
traditionnels se transmettent.
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Conclusion
Il ressort de ce qui prcde que la langue amazighe est, sans conteste, un atout ne
pas ngliger dans la vie du citoyen marocain dans la mesure o, comme nous avons
essay de le montrer, elle contribue au dveloppement humain du pays. Le prsent
texte tablit le lien entre tout processus de dveloppement, lusage de la (des)
langue(s) nationale(s) et une meilleure connaissance de la (des) culture(s). En effet,
la (les) langue(s) joue(nt) un rle important dans la transmission de messages, la
conscientisation, la mobilisation et la participation de la population dans la mise en
uvre dactions devant permettre non seulement damliorer les conditions
dexistence mais galement de donner la parole tous les Marocains pour
quils puissent tre partie prenante en tant quauteur et acteur de leur propre
dveloppement. Lautonomisation du citoyen stimule sa pleine participation
toutes les tapes du projet (de la conceptualisation la ralisation) : on valorise
ainsi les savoirs et/ou les acquis de chacun dans le souci dune amlioration
constante du bien-tre de tous.
En dfinitive, ce travail nous a permis d'aborder la question de la langue en
l'intgrant dans les grands dfis que se doit de relever le monde d'aujourd'hui et
plus particulirement le Maroc d'aujourd'hui qui, comme nous lavons vu, s'est
engag, depuis une dcennie, dans un vaste programme de dveloppement social et
humain jusqu'alors indit. Il semble que lapproche qui consiste intgrer
lenseignement/apprentissage des langues nationales et plus particulirement ici
lamazighe, dans un projet global de socit o les conditions et les enjeux lis au
dveloppement humain sont pris en compte, permet d'analyser, de comprendre et
d'intervenir plus efficacement dans les diffrents niveaux dans lesquels il s'insre
(international, national, rgional et local) tout en gardant constamment lesprit la
finalit de tout projet : le bien-tre des personnes ; bien-tre qui passe par la
valorisation et la promotion du patrimoine culturel non seulement matriel mais
galement, et peut-tre mme avant tout, immatriel dont la langue est le vecteur et
lexpression car la scurit linguistique, la confiance langagire, lestime de soi ont
un impact certain et durable, on le sait, dans la russite (scolaire et sociale
notamment). La langue devient ds lors un vritable levier pour un dveloppement
qui prend en considration lHUMAIN : elle donne les clefs pour mieux se faire
comprendre et mieux comprendre lAutre en se construisant un systme de
communication efficace dans tous les domaines.
27
Acha Bouhjar
Sigles utiliss
CSE
ELCO
IDH
INDH
IRCAM
MEN
OMD
ONG
SEF
Rfrences bibliographiques
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des Cadres et de la Recherche Scientifique (MEN) (2005), Plan dcennal des
28
Version
projet,
Juin
2008,
sitographie :
http://www.ucam.ac.ma/pages/PU/Introduction.PDF.
Programme des Nations Unies pour le dveloppement (PNUD), Rapport sur le
dveloppement humain 2010 - La vraie richesse des nations : Les chemins du
dveloppement humain - dition du 20e anniversaire - tlchargeable partir du
site : http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rdh2010/chapitres/fr/
SIL International (2008), Les langues un facteur cl de dveloppement,
http://www.sil.org/sil/global/mdg_booklet_french.pdf.
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Mohammed Benidir
Une version de ce texte a t prsente dans le cadre de l'atelier des doctorants sur La
socit civile comme contre-pouvoir ? Deux cas d'tude , organis par le Centre Jacques
Berque pour les tudes en sciences humaines et sociales, Rabat, le 29 fvrier 2012. Je tiens
remercier Irne Bono et Mohamed Ait Hamza pour leurs commentaires aviss.
32
dernier - nous le verrons - nest pas mis en exergue, et ne conditionne nullement les
revendications associatives locales des leaders de la fdration dans le processus de
mobilisation. Litinraire individuel du leader associatif levier, ci-dessous, est
indissociable de la trajectoire associative de la FADT.
N en 1968, AS est licenci en biologie gnrale luniversit dIbn Zohr dAgadir
en 1991. Il est enseignant du secondaire. Durant les annes de sa formation
universitaire, il militait avec les islamistes dans lUnion Nationale des Etudiants du
Maroc (UNEM). Alors affect, Errachidia, il adhre des associations culturelles
et, sur le plan syndical, la confdration dmocratique du travail (CDT). L o il
enseignait, il adhre ventuellement une association culturelle, lorsquil ne la
fonde pas ou il ne participe pas sa fondation. Il sagit, chemin faisant, de
lAssociation El Farah El Jaref et de lassociation Ennakhil Errissani toujours
dans la province dErrachidia.
La reconversion du militantisme associatif en militantisme dveloppementaliste
nest pas advenue quen 2002, lorsquil a cr, dans son village natal dEadouan au
Todgha, une association du dveloppement. Le dynamisme dont elle tmoigne a un
effet boule de neige, de telle sorte quelle a conduit la naissance dautres
associations dans les villages avoisinants. AS en est toujours pionnier ou adhrent.
La plus importante dentre elles est El-Fath, association culturelle et islamiste
proche du Mouvement de lUnification et de la Rforme (ettawhid wa eslah),
lequel constituant le ple religieux du PJD, parti dont le leader associatif est
effectivement partisan au niveau de la province de Tinghir.
Pour ce cas de figure, larne cologique consolide son entreprise politique dans
larne du dveloppement. La prsentation de soi sur la scne mdiatique aux
niveaux local, rgional et national renforce, en effet, sa position dans larne
politique locale. Car il est spcialiste dans la protection de lenvironnement dans
les institutions scolaires et les supports pdagogiques qui la conditionnent. Ses
activits dans le collge El Waffa Tinghir, o il enseigne, en est une illustration
loquente. En 2006, il a remport le prix Hassan II pour lenvironnement
(composante communication), par son projet intitul la gestion de
lenvironnement dans les tablissements scolaires . La fdration dassociations
de dveloppement, dont il est le leader, et lassociation villageoise, quil prside,
commmorent chaque anne la journe mondiale de la terre. En 2005, il a publi en
arabe un recueil : Guide des associations dans les projets du dveloppement
durable et la protection de lenvironnement . Ce livre contient quatre volumes : le
concept du dveloppement durable, le management participatif, les tapes
dlaboration dun projet associatif, les conditions de financement, informations
sur les organisations et les bailleurs de fonds, les imprims de demande de
financement et la carte technique du projet finanable. En 2010, il publie ce quil
considre comme tant La charte verte (publication de la FADT). Il sagit, pour
lui, dune charte thique pour les amis de lenvironnement.
Ce cas de figure a conduit, par ailleurs, un projet de protection de lenvironnement
et de sauvegarde de la biodiversit dans loasis de Todgha. Dans lamnagement
des canaux dirrigation, il a dvelopp, selon lui encore, la technique du systme
dirrigation par rseaux capillaires dans les oasis (SIRCO). Selon ses dclarations,
douze km de canaux dirrigation ont t rpars, ce qui porte une contribution
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Mohammed Benidir
notable la grande uvre entreprise pour la gestion des ressources en eau dans les
oasis. La premire association, celle de lassociation de dveloppement d'Iaadouan,
quil a fonde, a adopt pour la premire fois ce systme en 2003, dans le projet
Oasis de Todgha : amnagements et maintien de la biodiversit et ce, en
partenariat avec le secrtariat dEtat charg de lEnvironnement. Lapport de ce
systme, dit-il, est important en ce quil va permettre chaque tribu de recevoir sa
portion en eau dirrigation de la tribu en amont, et lutiliser grce un rseau
capillaire qui se converge enfin, pour transmettre leau non exploite la tribu en
aval ; cest--dire aprs lpuisement de la priode consacre la tribu dans le
cycle dirrigation, toutes les branches se forment pour que leau emprunte lartre
vers la tribu suivante (Sadqui, 2003 : 4-5).
Ici, il importe de signaler que le leader associatif sest hiss, en citant Olivier de
Sardan3, en un passeur dune greffe indite dinnovation et de dveloppement. Une
greffe qui se faonne par un message technique, en partenariat avec les services
sectoriels spcialiss, mais avec un style propre sa communaut rurale. Il est
aussi une sorte de groupe stratgique qui se coagule autour dune proposition
dinnovation sa communaut bnficiaire. Bref, cette intermdiation, ce courtage
en dveloppement en toute somme qui renforce en effet sa positon sociale
augmente ses marges de manuvre dans le dveloppement ngoci et, partant,
laide nous le verrons prendre pied dans larne politique locale.
Son investissement dans les amnagements agricoles, o prvaut, pour une large
part, le savoir populaire et traditionnel avec une portion grandissante par rapport
celui ayant une coloration technique, lemmne dcouvrir les arcanes et les rgles
du jeu de la socit traditionnelle dont il est issu. Le systme coutumier de la
tribu contient lui aussi des activits associatives, mais elles ne sont pas pourtant
encadres. On a considr notre association plutt comme un prolongement de la
jemaa (assemble dlibrative traditionnelle). Les notables et les lus locaux du
douar y sont des adhrents. Nous sommes passs du comportement coutumier un
comportement civique. Mais il y des questions que lassociation ne peut trancher et
ny prend pas voix au chapitre, du fait dventuels affrontements avec les notables.
La gestion des terres collectives est une matire que lassociation nintervient pas4.
Les 250 adhrents dont 50 filles sont tous issus de la fraction dIaadouan. Un
comit de communication et de partenariat avec les ressortissants Paris,
Montpellier et Amsterdam a t cr. Nous travaillons avec lINDH en matire
damnagement des canaux dirrigation. Lassociation a une lgitim sociale
incroyable. Elle est devenue comme un marabout. Elle est sacralise 5.
34
Ibid.
Communiqu de la FADT, le 30 septembre 2007.
35
Mohammed Benidir
Ibid.
36
37
Mohammed Benidir
38
antagoniste. Le besoin dmancipation (Blundo, 1995 : 77)16 vis--vis de lEtat qui est de la sorte prdominant dans la sphre des projets - et des bailleurs de
fonds guide les logiques conflictuelles entre leaders de forums du courtage collectif.
Forum du courtage collectif, le RAZDED a t cr le 17 mars 2007. Il est fond
sur la base de 40 associations et 41 dautres qui appartenaient dores et dj aux
trois unions associatives lchelle des communes et des cercles de la province de
Zagora 17, en intervenant dans diffrents domaines. Selon un expert, la cration de
ce rseau est venue pour unifier les efforts et renforcer la volont afin de former et
de constituer un clan/coalition provincial des multiples organisations et institutions
de la socit civile au niveau de Zagora, dans la perspective de contribuer au
dveloppement global durable et instaurer les principes de la dmocratie (Charafi,
2008 : 15). Dmocratie et dveloppement, militantisme et courtage en
dveloppement, thique et technique configurent et reconfigurent les trajectoires
des leaders du rseau. Les objectifs stratgiques dont il sassigne sont :
Renforcer des capacits du mouvement associatif et des autres acteurs locaux
au niveau de Zagora.
Permettre au tissu associatif dtre une force de proposition et de plaidoyer
dans le traitement des affaires publiques.
Accentuer la rconciliation dans la conservation de la mmoire et de la
rparation des dommages du pass.
Accompagner les programmes du dveloppement local durable dans es
dimensions conomiques sociales, environnementales, culturelles et sportives,
Contribuer linstauration de la dmocratie, de la citoyennet et des droits de
lhomme.
Les principes qui structurent le rseau sont la dmocratie, la transparence, la
solidarit, lindpendance et la participation.
Dmocratie et dveloppement, militantisme politique et courtage en
dveloppement, thique et technique sentrecroisent dans la construction dun
forum collectif du courtage. Les avenirs militants corrlent avec ceux du courtage
en dveloppement : cest--dire lutter contre la pauvret et raliser le bien-tre tout
en promouvant les espaces dexpression et de liberts publiques. Les griefs et les
revendications se sont exprims, en ce cas, dans un vocabulaire politique et
protestataire, mais qui empruntent une rhtorique la fois juridique - lie la
culture des droits de lhomme et dveloppementaliste18. Du point de vue de
production et de reproduction au dveloppement, lquation dmocratiedveloppement est un appendice pour smanciper vis--vis des pouvoirs publics,
16
Des diffrences existent gnralement entre les arnes locales de dveloppement dans
lAfrique de lOuest et celles de lAfrique du Nord, y compris le Maroc. Lon songe
affirmer quelles sont loin dtre autonomes, mais dpendantes du pouvoir central qui est
un acteur central dans la coopration en dveloppement.
17
Le chiffre dassociations membres du rseau est sujet caution. Dans lUDRAD, cit en
haut et qui est membre du RAZDED, 16 sur les 48 associations sont actives (El Akzi, 2007 :
34).
18
Inversement ce que constate Cheynis dans sa thse sur les organisations associatives
dimension nationale (Cheynis, 2008 : 399).
39
Mohammed Benidir
des bailleurs de fonds et des arnes locales que ces nouveaux notables, courtiers en
dveloppement part entire, ciblent par le truchement des projets. Ici, lon peut
affirmer au moins que le couplage dmocratie-dveloppement peut produire audel des simples effets incantatoires, de relles dynamiques sociales (Marchesin,
2004 : 510), celles qui mergent dans les univers transversaux quinduisent les
projets de dveloppement.
La construction du RAZDED est dtermine par une logique du dcoupage
communal dans le sens o il a fdr les rseaux associatifs dj constitus
lchelle de la province de Zagora tel lUDRAD. La thse selon laquelle la
recomposition politique associative, en termes de pouvoir, sadjoint une
recomposition territoriale (Lima, 2005 : 299) se confirme en matire du leadership
de courtage collectif en dveloppement. De lUDRAD au RADOZE, et au-del,
lespace associatif se maintient dans lespace communal et les deux espaces
associatifs se moulent dans les structures communales telles quelles sont dictes
dune manire descendante par lEtat. Parfois mme, la cration de tels rseaux
associatifs /espaces associatifs est une stratgie du pouvoir central lchelle locale
pour verrouiller les logiques sociales dintervention des leaders associatifs dans
larne du dveloppement. En tmoigne titre dexemple, la construction des
espaces associatifs lchelle de chaque commune de Kelaat Megouna, de
Ouarzazate, de Skoura, de Todgha El Oulya et de Boumalne. Au-del de la
terminologie utilise (rseau, carrefour, espace, union), lensemble des rseaux
crs pour cette occasion, lorsque les grands courtiers nen contrlent pas les
initiatives en lutilisant comme ticket daccs aux projets, sont des organisations
fantoches, voire des usines gaz institutionnelles.
La multiplication des clubs de courtage collectif en dveloppement et les espaces
associatifs qui les animent ouvrent le dbat sur les nouvelles manifestations du
politique et ses transformations (Bourdarias, 2003 : 35). Des transformations qui
soprent par lentrelacs complexe entre lassociationisation du communal et la
communalisation de lassociatif. Au SudEst marocain et au sein du RAZDED, un
certain nombre de leaders associatifs se reconvertissent en lus communaux, quitte
ne pas tre vaincus dans les lections communales par dautres notables qui,
associatifs qui plus est, leur sont des adversaires. Les leaders potentiels ayant une
gamme de capitaux sociaux au sein des rseaux redistribuent leur clientle,
suivant une logique du big men, les ressources glanes au cours de leur activit du
courtage (Dram, 1998 : 223-224).
Les confrontations concrtes des leaders associatifs autour des enjeux communs,
consistant la constitution dun interlocuteur relais fdrateur de lensemble des
interventions de dveloppement, est un constat. La cration du RAZDED a
engendr damples tensions et de luttes politiciennes dinfluence sociale entre les
courtiers associatifs antagonistes qui ont cr un rseau conurent : fdration des
associations de dveloppement de Dra. Selon un leader levier de RAZDED
lapparition de ce genre de comptition est un effet du mimtisme sexpliquant,
selon lui, par la mtaphore de la symphonie des crapauds (agdal nigra en
tamazight) ; dans chaque initiative associative il y des forces stagnantes et des
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Confrontation et coalition
Les affrontements des leaders de courtiers collectifs dans larne rgionale du SudEst marocain se penchent sur les reprsentations sociales de la marginalisation et
de la rgionalisation. Lanalyse des trajectoires sociales de comptitions et les
enjeux politiques sur lesquelles ils saffrontent ne nous mne ni dbusquer
(Dahou, 2004 : 19) ni encastrer les organisations fdratives de dveloppement
dans les mouvements sociaux. En se basant sur une sociologie du militantisme, elle
nous incite au moins chercher les raisons dagir et les logiques daction (Poncelet
42
et al., 2006 : 85) des leaders de rseaux rgionaux. De telles logiques daction qui
se dvoilent, chemin faisant, dans les nouvelles formes daltrit se manifestant
dans les oppositions et les comptitions entre courtiers collectifs. Nouvelles dans le
sens
o
samalgameront
anciennes
et
nouvelles
configurations
dveloppementalistes : entre celles constitues dacteurs, denjeux et de stratgies,
dune part et, dautre part, celles se manifestant dans les reprsentations, les
normes, les croyances, les discours officiels comme officieux, les valeurs et idaux
vhiculs dans les diffrents espaces publics locaux (Pirotte, 2011 : 479).
Cette nouvelle altrit, cette nouvelle focale, ne rside pas dans le style hybride du
mouvement contre-mouvement quant des revendications-contre revendications
(Bailey, 1971 : 231) quelle induit. Dsormais, il sagit dune course bribe abattue,
celle dune arne entre leaders de courtiers collectifs en vue dincarner la lgitimit
et la reconnaissance vis--vis du pouvoir central et des bailleurs de fonds : cest-dire, la course, en courant bribe abattue - selon la conception mtaphorique
darne - vers le seul meilleur interlocuteur/relais, voire le courtier de la rente
tatique des projets du dveloppement humain. La mise en fonction
dintermdiation privilgie repose sur le dvoilement des tats de marginalisation,
dexclusion et de souffrance distance dans la rgion. En plus, la rhtorique de la
rgionalisation avance du Sud-Est, comme exemple, est un enjeu politique.
Le cadre institutionnel, qui sert de toile de fond de diffrents registres de
confrontations entre leaders de clubs de courtage collectif, se dcrypte laune
dun double niveau. Le premier relve des objectifs et des finalits, puisquil
sinscrit dans la tension entre la poursuite des biens et des services dintrt
collectif et la satisfaction dintrts individuels. Le second renverrait aux enjeux de
pouvoir. Les leaders en affrontement sont lafft de nouvelles lgitimes travers
le contrle des flux de laide au niveau local. Ce cadre institutionnel deux
niveaux, que nous retiendrons de Blundo propos du Sngal (Blundo, 1995 : 118),
se manifestent, dans le Sud-Est du Maroc, selon des logiques conflictuelles entre le
RADOSE et lATMDAS (Association Troisime Millnaire pour le
Dveloppement de l'Action Associative du Sud-Est) autour de lintermdiation
effective de la socit civile dans lINDH. La rhtorique de la rgionalisation est
aussi un enjeu conflictuel entre le RADOSE et le RAZDED dun ct et le
PADDSE (Ple Associatif pour le Dveloppement Dmocratique au Sud-Est) de
lautre qui, en outre, sy ajoute. Bref, ces courtiers collectifs en comptition
justifient leur position prminente par la prtention des formes dexcellence, celle
dendossement de lintermdiation des dispositifs dveloppementalistes, en se
rfrant des modes diffrents de lgitimation.
Dans les arnes politises du courtage collectif, les leaders associatifs et militants
recourent, travers des sminaires revendicatifs du plaidoyer, des motifs qui
justifient bel et bien leur action de mobilisation 20 . Ces motifs sont des
accomplissements normatifs qui lient action et situation. en croire Danny Trom,
dans la mesure o ils sont actualises dans une situation, ils (les motifs) coaccomplissent laction. La connexion entre motif et action stablit travers un
20
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Bouanan nappartient pas la province dErrachidia mais plutt celle de Figuig selon la
logique du dcoupage administratif. Laction fdrative des dynamiques associatives de
dveloppement la remettent en cause. Lunion des initiatives de dveloppement de Bouanan
est membre du RADOSE bas Errachidia. Nanmoins, dans le projet de rgionalisation
avance, ce territoire a t rattach la province dErrachidia dans la rgion de DraTafilalet), ( CCR, 2011 : 34).
24
Comme le dcrit Pirotte propos de ce quil appelle la course la connaissance des
dirigeants des ONGs bninoises ailleurs auprs des pouvoirs publics, voir (Pirotte, 2005 :
34).
25
Puisquun autre appel dErrachidia a eu lieu mais initi par lATMDAS, lorganisation
associative rivale du RADOSE.
26
Paralllement ce que constate J. Simant en affirmant que les experts dune poque
[sont] parfois les savants-militants de la prcdente , (2002 : 27).
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ambitions de sa population.
Il a pour objectif :
Un plaidoyer pour les grandes questions et les proccupations qui sont
communes toutes initiatives de dveloppement du Sud-Est,
Un plaidoyer en faveur de la cration dune agence de dveloppement du SudEst linstar des autres agences dans dautres zones,
La cration des mcanismes de communication entre les acteurs locaux dans le
Sud-Est et leurs homologues nationaux et internationaux,
La contribution lencadrement et la formation des acteurs locaux,
Lappui des initiatives locales du dveloppement dmocratique dans le SudEst33
Voil les leaders du courtage collectif en dveloppement face des stratgies
hybrides mais qui simbriquent. Dans un bout de continuum, ils trouvent, dans la
rhtorique de la marginalisation et de la rgionalisation avance, un rpertoire
discursif pour la qute dune lgitimit symbolique de reconnaissance par les
pouvoirs publics. Bien que cela sopre sur fond dune configuration rgionale
conflictuelle, la socit civile rurale , dont le courtage associatif collectif, ici
analys, semble tre un des effets politiques induits, est loin dtre un contrepouvoir effectif vis--vis des autorits locales reprsentantes du pouvoir central
lchelle rgionale. Dans lautre bout, lmergence de celle-ci, comme milieu
stratgique dincubation des projets de dveloppement rgional, leur permet de
remplir la fois des fonctions de courtage - dit collectif - en dveloppement et de
prestation de services (Le Meur, 2000 : 93). De l, ils avivent, corrlativement, la
tension entre logiques de politisation (par la mobilisation, le plaidoyer et la
revendication) et logiques de dpolitisation (Catusse et Vairel, 2010 : 14) (par
lincarnation des intermdiations et la capacit dintersession au sein des dispositifs
dveloppementalistes).
Stratgies rhtoriques et pratiques discursives daffrontement et de coalition soustendent les organisations associatives du courtage collectif, abstraction faite de la
forme que celui-ci peut revtir. En somme, deux observations mritent notre
attention en ce qui concerne la mobilisation du courtier collectif dans larne
oasienne et rgionale du dveloppement.
Premirement, en suivant le point de vue critique de la politique et de la pratique
du dveloppement cher Long, les courtiers qui sinsrent dans les rseaux, les
espaces, les forums rgionaux de dveloppement sont en effet des acteurs collectifs.
Acteurs collectifs car, autour de la rhtorique de la marginalisation de la
rgionalisation dune part, et des fonctions de drainage de la rente du
dveloppement lchelle rgionale, via lintermdiation dans les projets, dautre
part, ils font rfrence une forme de reprsentations et de catgorisations,
denrlement mutuel, daffrontement et de cooptation des objectifs individuels et
collectifs, lesquelles sencastrent dans les pragmatiques et les smiotiques de la vie
33
50
quotidienne. La signification sociale qui est propre leurs discours sinspire de cet
univers li la pratique sociale (Long, 2001 : 57 ; Mosse and Lewis, 2006 : 14).
Deuximement, quelle que soit la nature des organisations de courtage collectif, on
remarque quune minorit active de membres, dacteurs individuels ou de
personnes singulires au sens de Max Weber34, a plus de poids et assure les
fonctions de leaders. Il est question ds lors de leaders de courtiers collectifs35 du
dveloppement local intgr. La preuve en est que la majorit de rseaux se
transforme de facto en une autre ONG, tant donn que le mot rseau ,
forum ou union aurait pu tre un simple appendice pour capter, ne serait-ce
quen chamaillant, la rente du dveloppement et, partant, den endosser
lintermdiation. Cela touffe mme les processus collectifs sur lesquels repose
leur cration. Le fonctionnement est beaucoup plus prompt la centralit dans la
prise de dcision et aux attitudes individuelles de certains membres qui incarnent,
analytiquement, la figure du leader. Ils le sont en raison des ressources telles que la
position formelle, la disponibilit, le standing social et la comptence
dintermdiation qui ressortent des pratiques dintercession (Tozy, 2010 : 365). Par
rapport au member-chip associatif faisant partie des rseaux supra-provinciaux, ces
leaders-courtiers du dveloppement ont certes des comptences distinctives telles
laccs linformation, la possession dun rseau professionnel et linsertion ainsi
que le soutien des responsables de la coopration au dveloppement.
Devant la vitalit croissante des associations villageoises de dveloppement,
essentiellement promue par la configuration dveloppementaliste et institutionnelle,
lchle rgionale semble tre lespace fonctionnel indit de courtage en collectif
en dveloppement. Elle runit des associations dans le cadre des forums et rseaux
supra-locaux en y fdrant les initiatives. Ces rseaux de courtage qui sy fondent
sont la rsultante de la logique de loffre, celle dun dispositif dveloppementaliste
(RADOSE) ou celle de lEtat (la plupart des rseaux qui se sont crs lchelon
communal au nom, trs souvent, de lappellation des espaces associatifs) et celle de
la demande (le RAZDED, le rseau associatif de Skoura), tandis que les autres
rseaux sont le produit dune instrumentalisation rciproque entre loffre et la
demande. Il sest avr que leurs rles ne se limitent pas seulement la fonction de
drainage de la rente, tatique et internationale, du dveloppement au niveau local,
tout en assumant des intermdiations attitres, bien quen affrontement, dans
limplmentation des projets et programmes de dveloppement (INDH, rparation
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Ouarzazate les 24 et 25 fvrier 2006 la Grande Maison Municipale de Ouarzazate.
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56
Avant-propos conceptuel
Dans son acception universelle (Convention UNESCO, 1972), le patrimoine
dsigne les biens naturels ou culturels existant sur un territoire dfini. Il sagit de
tout un rpertoire de production culturelle historiquement accumule pour
constituer un ensemble de rservoirs rfrentiels des identits.
Le nouveau millnaire inaugure une nouvelle tape dans la prise en considration
du fait patrimonial (Convention UNESCO, 2003), dans le domaine de la diversit
culturelle et le dveloppement durable.
Au Maroc, les mutations socitales de ces dernires dcennies ont conduit
laccrossement des processus de diffrenciation, confrant aux espaces, ruraux et
urbains, de nouvelles spcificits en les propulsant dans des dynamiques de
recomposition. Le patrimoine et la revalorisation de l'hritage s'rigent en
proccupations collectives dans la construction des projets de territoire. Tout ce qui
a trait au fait patrimonial et culturel semble gagner petit petit en visibilit,
dclinant de multiples images de rconciliation ou de compensation identitaire
voire de rveil identitaire , les manifestations se multiplient cette fin ; le
patrimoine est partout et en tout.
57
Ce qui rend le dbat sur les spcificits du patrimoine et de la culture, un dbat non
propre aux seules disciplines des Sciences humaines.
Deux grandes tendances marquent les approches scientifiques du fait patrimonial
dans ce changement :
2. Lapproche ressource
Le patrimoine est apprhend comme une ressource territoriale spcifique et prend
son sens dans les synergies qui se crent lchelle du territoire. Nanmoins, les
ressources ne sont pas galement rparties dans lespace, mais (que) tous les
espaces ont potentiellement des ressources condition de les faire merger et
les valoriser au mieux (Pecqueur, 2002).
La notion de ressource spcifique acquiert alors un nouveau statut qui linscrit au
cur de la dynamique territoriale, il est la fois, un facteur potentiel de la
croissance conomique, confront la conjoncture marchande et un lment
fondateur de la dynamique socioculturelle locale qui sinscrit dans lhistoire de la
collectivit (Franois et al., 2006).
Pour notre propos, nous retiendrons que le dveloppement territorial est un
mouvement culturel, conomique et social qui tend augmenter le bien-tre dune
socit. Il doit valoriser les ressources dun territoire par et pour les groupes qui
occupent ce territoire, ce qui est crateur de dveloppement conomique. Il met
laccent sur linitiative, la crativit et linnovation, et fait appel la dimension
patrimoniale comme tant le vecteur de dveloppement et comme composante pour
donner un lan lconomie locale et rgionale. Enfin, lintgration des ressources
patrimoniales dun territoire dans une dimension temporelle participe la
construction dune prospective territoriale, au travers des valeurs qui leur sont
associes.
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Pratiques communautaires et dveloppement local : cas du Moussem de Moulay Ali Ben Amer dans
le pays de Talssint (Oriental marocain)
Le Pays de Talssint
Aux confins du Haut-Atlas oriental et au sud des Hauts-Plateaux au nord, dans la
rgion de lOriental, les conditions de climat, de relief et lhistoire ont cr des
conditions de vie assez originales pour former une entit territoriale quon appelle
le Pays de Talssint (figure 1).
Cest une tendue immense couvrant environ 26.000 km, avec une densit
infrieure 7 ha/km, o la steppe alfa imprime au paysage une morne
physionomie, favorable la pture des troupeaux de moutons et de chvres. Elle
regroupe, sur le plan administratif, trois communes rurales : Talssint, Boumerieme
et BouIchaouen, avec 46 douars totalisant 33.338 habitants en 2009, dont 7098
habitants au centre administratif et chef-lieu de Talssint, dpendant de la Province
de Figuig, dont le sige se trouve environ 200 km au Sud-Est.
59
La plupart de nos noms de lieux tant antrieurs au XIXe sicle, leur sens sest souvent
obscurci ou effac, au profit parfois de rinterprtations spontanes ou savantes plus ou
moins fantaisistes. Il est vrai que dans le vaste domaine de la toponymie, les difficults ne
manquent pas.
60
Pratiques communautaires et dveloppement local : cas du Moussem de Moulay Ali Ben Amer dans
le pays de Talssint (Oriental marocain)
pastorale qui est lactivit ancestrale des hommes ; cest lun des marqueurs forts
de lidentit rgionale.
Le Pays de Talssint est cependant connu par lentit humaine qui le peuple : les At
Seghrouchen du sud (At Hammou), figure vivante, redoutable, prcise dans
lesprit des habitants du Sud-Est marocain et de ladministration franaise du
Protectorat au dbut du XXe sicle contre laquelle elle marqua dun sceau glorieux
sa rsistance pendant le premier quart du sicle dernier (1907-1934).
Enclav et marginalis par rapport au reste du Royaume, le Pays de Talssint a
longtemps vcu repli sur lui-mme, noffrant ses habitants quune alternative :
vivre au pays ou tenter laventure en migrant. Les ralits conomiques expriment
nettement cette individualit gographique : le march de Talssint o descendent
les produits du pays la rencontre des produits du dehors montre une dpendance
presque totale de la population envers ce qui vient de lextrieur.
Cependant, ce pays qui se dfinit et se limite ainsi prsente une vritable originalit,
aussi bien dans les conditions du milieu naturel et dexploitation que dans les
conditions dtablissement et de peuplement ; cest un territoire de saintet et de
convergence des repres identitaires multiples et varis. Il a t ds les temps
prhistoriques une grande voie de passage ayant prcocement fix le peuplement. Il
prsente des paysages patrimoniaux trs originaux, diversifis et complexes qui lui
confrent une richesse ingale. Cest un creuset de multiples identits qui font sa
force et sa richesse et exercent un attrait important sur lhomme avide
denvironnement naturel et dexotisme, donc un terrain favorable aux
revendications patrimoniales.
Lme seghrouchnie
Dans le Pays de Talssint, les hommes conservent le souvenir de coutumes, de
traditions et de faits qui remontent plus loin dans lhistoire du pays, mais qui sont
presque toujours tributaires de lappartenance ethnique homogne des At
Seghrouchen4 : nom tir dune lgende ayant pour hros le marabout Moulay Ali
Ben Amer 5, anctre ponyme, descendant dIdriss II : fondateur de la ville de Fs
au IXe sicle.
Rput pour sa haute science religieuse et sa saintet, il russit grouper autour de
lui les tribus de ce pays et celles de la rgion de Fs et de Taza, qui lont soutenu
dans sa fuite et lui reconnaissent lallgeance. Il mourut en 1191 (559 de lHgire).
Ce sont des tribus amazighes qui appartiennent la grande branche ethnique des Zntes,
descendants des grands nomades venus de lEst, qui firent leur apparition en Afrique du
Nord la fin de la priode romaine. Leur confdration sest forme vers la fin du XVIe
sicle.
5
Les sources sont trs peu bavardes sur le personnage de Moulay Ali Ben Amer. Dans un
tel milieu, lgende et histoire ne font quun, alors que loralit et les hagiographies sont les
principales sources historiques. On rapporte que ce Saint aurait dessch un chacal qui
dvorait une brebis (Sghr : faire scher ; Ouchen : chacal).
61
La plupart des travaux (historiographie coloniale) ont abord la question relative aux
moussem et plerinage, travers ltude de la saintet ou du soufisme, ou bien encore
travers celle des lieux sacrs ; le terme plerinage est parfois utilis pour dsigner le lieu et
non la manifestation.
7
Malgr larrive de lIslam au Maghreb, le plerinage la Mecque na pas occult la
vivacit des moussem locaux. De mme, le dveloppement de la mystique musulmane, le
soufisme, partir du IXe sicle, a donn une impulsion dfinitive au culte des saints.
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Bien que lautorit spirituelle de chaque saint au Maroc sexerce gnralement sur un
territoire, linfluence de Moulay Ali Ben Amer ne se limite pas au Pays des Ait
Seghrouchen.
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Pratiques communautaires et dveloppement local : cas du Moussem de Moulay Ali Ben Amer dans
le pays de Talssint (Oriental marocain)
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le pays de Talssint (Oriental marocain)
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Pratiques communautaires et dveloppement local : cas du Moussem de Moulay Ali Ben Amer dans
le pays de Talssint (Oriental marocain)
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13
Aujourdhui, la facilit avec laquelle les vnements collectifs, tels que la procession et
les festivits Bowdar, peuvent tre saisis par limage, grce la vido, permet de prolonger
ces moments de bien ensemble et de divertissement.
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Pratiques communautaires et dveloppement local : cas du Moussem de Moulay Ali Ben Amer dans
le pays de Talssint (Oriental marocain)
Ces enjeux et ces dimensions sont vcus en interrelation troite avec le sacr. A
travers eux, peuvent se lire certaines volutions spatiales, sociales, conomiques et
politiques qui affectent le territoire ; le moussem marque et diffrencie le territoire
quil contrle, ce qui dfinit rellement un nouveau substrat paysager et un capital
patrimonial mettre au profit du dveloppement local.
A linverse de ce qui se passe aujourdhui dans le reste du Maroc, o les moussem
se rduisent de plus en plus des ples touristiques de divertissement, la vigueur
des At Seghrouchen fait que la dimension sacre se maintienne avec une tendance
vers ladaptation avec les circonstances du moment.
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... :
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"" ""
.
.
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Partout dans les contres du Sud-Est marocain (figure n1), les populations locales
ont toujours t sensibles la question de la prservation des ressources du milieu
naturel, des paysages culturels et des divers Etablissements humains. Aussi dans le
cadre du droit coutumier propre aux collectivits traditionnelles locales, les
assembles villageoises qui prennent ici des appellations diffrentes comme la
jma, lejmat , taqbilt , At tqbilt , ont-elles institu des pratiques
conservatrices de leurs terroirs et territoires et, de tout temps, veill transmettre
leurs savoirs et savoir-faire en la matire aux gnrations futures. Ces pratiques
ancestrales sont le fruit dune longue exprience et dune adaptation aux conditions
naturelles et cologiques contraignantes du milieu aride et semi-aride et une
conjoncture socio-conomique spcifique aux populations oasiennes et
montagnardes, dont la majorit tire encore lessentiel de sa subsistance des
activits agro-sylvo-pastorales. Cest le cas des institutions nommes lghorm et
agdal.
Cependant, chez les communauts rurales de cette rgion, comme cest dailleurs le
cas chez dautres collectivits traditionnelles travers le Maroc, leffritement des
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Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
73
comptentes, et ce, au dbut des annes cinquante, ce que ces terrains fassent
partie des pturages collectifs mis en dfens limage des trois pturages
traditionnellement connus des Mgouna. Lobjectif de cette pratique dite de mise en
dfens est la conservation et la rgnration des plantes pastorales exposes une
surexploitation durant la priode estivale.
Le territoire des Imeghran, quant lui, comporte plusieurs pturages collectifs mis
en dfens pendant une certaine priode de lanne comme cest le cas Azagharn-Iguer , Tiguitine , Tarkedit , Tignousti , Azrif , etc.
2. Lghorm : il sagirait probablement, sur le plan linguistique, dun emprunt
larabe, car les termes authentiques berbres (amazighs) ne commencent pas
par El ou L. Aussi, ce terme serait-il driv du verbe arabe gharima qui signifie :
faire payer une taxe, une amende . Le substantif arabe, prononc gharamah
(), dsigne la sanction, lamende, la taxe.
Il sagit dune pratique ancestrale dont lobjectif est de protger les cultures, les
rcoltes, la flore sauvage que lon retrouve dans les terrains en friche le long des
oueds, et les ressources en eau.
Cest une institution qui continue encore aujourdhui faire ses preuves. Elle
sinsre dans le cadre de lois et rglements qui relvent du droit coutumier dit
tiqqidine ou izerfane, comme cest le cas chez les At Atta. Lobjectif vis est de
remdier aux prjudices causs aux proprits de la collectivit dans son ensemble.
Le terme lghorm signifie donc chtiment, correction, sanction (izmaz)2.
Jusqu la veille de lindpendance, selon nos interlocuteurs au niveau local, ce
systme est appliqu avec toute la rigueur ncessaire pour maintenir lordre. A
lentre principale des qsur ou igherman3, les femmes, nous expliquent-ils, taient
soumises comme la douane, une sorte de contrle systmatique nomm titif.
Cette opration a pour objectif de vrifier si elles nont pas dissimul dans leurs
fardeaux ramens des champs, des fruits ou autres produits prohibs . Ainsi,
pour effectuer cette opration, les femmes doivent obligatoirement rentrer des
champs avant le coucher du soleil sinon elles sont passibles damendes car lon
considre quelles ont transgress la coutume4.
Dans le pass galement, quand leau se faisait rare, le choix mme des cultures
tait soumis la dcision des assembles de villages de sorte que lon autorisait ou
interdisait la pratique de telle ou telle culture selon les disponibilits en eau
dirrigation.
2
Dans un acte (rasm) qui date de 1951 et que nous avons pu trouver dans le village At
Hammou chez les At Seddrate de la montagne, une clause de linstitution lghorm stipule :
Tout refus de sacquitter de lamende susvise (un rial par tte de btail) sera passible
demprisonnement au lieu dit Aqqa-n-Imider .
3
Qsar (arabe) pl. qsur et ighrem pl. igherman (amazigh) sont des termes vernaculaires
utiliss dans le monde oasien pour dsigner les villages fortifis, munis ou non de murailles
denceinte. Le terme ighrem est utilis aussi pour dsigner le grenier collectif. Diminutif
tighremt ; en arabe qasba : chtelet familial, est une demeure qui se distingue des autres
habitations par sa hauteur et ses tours d'angle.
4
Ont dit : casser lghorm .
74
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
Luqr : terme utilis pour dsigner le respect mutuel des intrts des uns et des autres.
C.B.T.H.A, supra (note 1)
75
Il sagit ici dun mouvement migratoire local des populations de zones difficiles daccs
(hautes et moyennes montagnes) lesquelles souffrent denclavement et de sous-quipement
en matire dinfrastructures de base (routes, lectrification, quipements dducation et de
sant).
76
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
Ces potagers sont nomms urtan pl. urti, terme amazighe rapprocher de lhorticulture.
En amazigh, cette plante est appele awri ou aggri, selon les parlers locaux.
77
Clichs n 1et 2 : Transport de plantes pour combustion prleves dans les parcours.
Corve excute par les femmes et les jeunes filles (Tinezdamin)
10
78
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
La coupe abusive de bois vert exploit pour divers usages (bois de feu, charbon
de bois, constructions, commercialisation, etc.). Les consquences
environnementales de cette exploitation sont lourdes : rtrcissement de laire
des forts et ce qui sensuit, comme la disparition de la faune sauvage
Lun des effets immdiats de la pression humaine sur les ressources du milieu
travers les dfrichements, dracinements de plantes, prlvements abusifs du bois
et autres plantes pastorales, braconnage, etc. consiste en :
Laccentuation de la vitesse des eaux de ruissellement :
On assiste, ainsi, des crues dvastatrices des cours deau. Ces crues caractre
violent emportent des champs entiers et entranent la destruction de divers
Etablissements humains). Selon nos interlocuteurs, dans les deux villages
dAgouti et de Lhot (Moyen Mgoun) titre dexemple, mais aussi, daprs les
tmoignages de plusieurs personnes-ressources dans la zone, des dizaines de
noyers ont t emports par loued, suite la coupe intensive de laurier-rose qui
poussait dans les gorges de lassif El Qati, situes entre les villages Agouti et
Rbat. Aussi les communauts villageoises concernes ont-elles dcid en 1998 de
rprimer svrement tout dlit se rapportant la coupe de laurier-rose dans la
Taghia du lieu-dit Tamri jusquau seuil des qsur Agouti. Le texte de laccord
tabli par les notables des deux villages, le 5 janvier 1998, prvoit une amende de
1000,00 dhs lencontre de tout contrevenant car la protection des champs et des
vergers situs laval dpend troitement du couvert vgtal de la Taghia .
La disparition de nombreuses espces vgtales et animales :
La pression anthropique sur les ressources du milieu est telle que laire de
nombreuses espces vgtales, a beaucoup rgress durant ces dernires
dcennies. De nombreuses espces doiseaux (18% du fond avien du versant sud
79
Les cltures dune grande partie des jardins potagers appels urtan sont en
ruine alors quelles taient soigneusement entretenues jusqu une date
rcente.
80
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
12
Amghar pl. imgharen (amazigh) = cheikh pl. chioukh (arabe) : chef de la tribu,
administrateur responsable du canton ; agent reprsentant de l'autorit locale. Nom
daction : timmughra = chiakha.
81
Fig. 2 : Exemple de texte de lacte dit rasm relatif linstitution lghorm chez la
fraction Ouzighimt (tribu des Mgouna)
82
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
83
84
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
b.
c.
Quiconque aura surpris un tiers dans une proprit dautrui doit obligatoirement
en aviser le bureau de lassociation. Le contrevenant sera passible dune peine
pcuniaire de 10 dhs sil est jeune et de 20 dhs sil savre adulte .
Dans ce paragraphe, il sagit de rhabiliter le systme lghorm. Aussi serait-il
intressant de mentionner ici, que, ds que le systme est remis en place, le
rtablissement de lordre sensuit ncessairement. Selon les propos de nos
85
86
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
87
Quant la dure du mandat des responsables dsigns pour veiller lordre dans
les agdal, tout comme celui des prposs chargs de pratique lghorm, elle est
gnralement dune anne galement renouvelable.
d. Rtribution du responsable
Auparavant, la rmunration des responsables chargs de lghorm se faisait en
nature (orge) aprs les rcoltes. Dune manire gnrale, cette rtribution varie
selon ltat daisance de chaque famille du village concern. Elle est dun quart de
dcalitre (rba) 4 abra (1 dcalitre) dorge.
Cette tradition de rtribution en nature est encore conserve dans certains villages.
Dans la quasi-totalit des localits tudies, les prposs se contentent des revenus
collects suite aux infractions perptres et sanctionnes. Parfois, en plus des
revenus de la collecte des dlits sanctionns, les prposs sont rmunrs par
lorgane gestionnaire de la pratique, lassemble villageoise en loccurrence, ou
lassociation du village. Le montant de cette rtribution varie dune localit
lautre, soit de 300 3000 dhs selon ltendue du finage surveiller et bien
videmment ltat daisance des propritaires.
Dans certains cas, le prpos effectue cette tche sans rmunration aucune. Celuici par solidarit uvre dans le cadre du bnvolat pour le bien de la communaut.
Aussi les fonds collects des dlits commis sont-ils verss la caisse
communautaire pour servir dusage dans la ralisation de diverses actions
communes.
En ce qui concerne la rtribution des prposs chargs de la surveillance des
pturages (agdal), auparavant le prlvement dune bte performante du troupeau
de celui qui enfreint le rglement prtabli servait de festin pour le comit de mises
en uvre du systme14. A lheure actuelle, la moiti des pnalits payes en argent,
lesquelles varient entre 500 et 2000 dhs, est partage entre les prposs et lautre
moiti est verse soit une caisse communautaire pour servir financer des actions
dintrt commun, soit une caisse de la Commune rurale.
14
88
terme
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
89
90
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
Conclusion
Dans le cadre du droit coutumier propre aux collectivits rurales du Sud-Est
marocain, des systmes de conservation des ressources naturelles du milieu en vue
dassurer leur rgnration ont t mis en place. Dailleurs, lorganisation et
lamnagement des paysages agraires ont toujours t au centre des proccupations
des populations locales.
Lattachement de ces populations aux traditions anciennement tablies explique la
vivacit des systmes de sauvegarde des paysages naturels et culturels tels que
lagdal et lghorm. Cependant, lapplication de ces systmes connat aujourdhui un
certain relchement et mme des cas dabandon.
Certes, les jma (taqbilt) traditionnelles sont tombes en dsutude mais elles
continuent tout de mme remplir une partie de leurs fonctions dautrefois,
notamment celles qui ont trait la gestion des affaires villageoises, en perptrant
ainsi un savoir-faire ancestral indispensable pour une utilisation durable des
ressources du milieu.
Par ailleurs, de nombreux facteurs dordre climatique, conomique et social mais
qui relvent aussi des comportements et attitudes des individus et des groupes,
viennent expliquer les cas de dysfonctionnement observs, relatifs aux mcanismes
de gestion et dapplication de ces institutions traditionnelles. Les consquences
environnementales de ce dysfonctionnement ne sont pas du tout enviables et les
populations locales en sont plus ou moins conscientes. Ce qui explique leur
attachement la pratique des systmes traditionnels de conservation des ressources,
lghorm et agdal.
Pour remdier aux contraintes releves sur le terrain, quelques dispositions sont
prendre :
15
91
1.
2.
3.
4.
Une tude dtaille serait ncessaire pour estimer les besoins nergtiques des
utilisateurs de bois de chauffe et de cuisson. Le phnomne de prlvement de
plantes et de ligneux par les femmes et les jeunes filles dites tinezdamin
est tudier et des solutions alternatives doivent tre envisages de manire
concerte et participative avec les populations concernes.
5.
6.
92
La gnralisation de lghorm sur lensemble des finages tribaux serait lune des
solutions envisager pour appuyer les actions dj entames dans de
nombreux villages aussi bien par les organes traditionnels (assembles) que
par certaines associations de dveloppement. Cependant, il faut noter que cette
gnralisation doit tre concerte et consensuelle pour viter toute rsistance
ventuelle. Pour ce faire, des runions de concertation doivent tre tenues et
regrouper tous les concerns.
Agdal et lghorm : institutions conservatrices des ressources et des paysages dans le Sud-Est marocain
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94
95
Mohamed Jadaoui
dveloppant des pratiques ingnieuses afin den assurer une exploitation optimale
et durable. Elles ont mis en place un systme de production bas sur le
triptyque orge- arganier- chvre , dont larganier est le pivot.
Certes, ce systme narrive plus rpondre aux besoins croissants des populations
en quantit et en qualit, favoriss par la grandeur des mutations socio-spatiales,
mais il reprsente, en substance, une source dinspiration pour ladoption des
approches innovantes de promotion de la ressource en question. En dautres
termes, lancrage de larganier dans la culture locale reprsente un atout mme
de rhabiliter ledit systme et dinflchir la tendance de sa dgradation.
Dans ce sens, les initiatives de sauvegarde et de promotion de lArganeraie
enclenches depuis les annes 1990, notamment dans le cadre de la coopration
internationale 1 accordent un grand intrt aux savoir-faire locaux dans la
valorisation de cette ressource. La richesse de la culture locale a facilit
linscription de lArganeraie dans un processus de dveloppement durable en
commenant par sa reconnaissance par lUNESCO comme patrimoine universel,
en 1998, et en lablisant son produit phare lhuile daragne , reconnue comme
produit IGP : Indication Gographique Protge. Ajoutons cela que
lorganisation de la filire huile dargane se renforce de plus en plus et donne
lieu lmergence dun Systme Productif Local (SPL).
Partant de l, la prsente contribution ambitionne de mettre en relief le rle des
savoir-faire et de la culture locaux dans la promotion du dveloppement durable
dune ressource (disons aussi un territoire) ayant subi une dgradation alarmante, et
ce travers deux dmarches innovantes : la dmarche SPL qui sappuie sur les
solidarits locales pour mieux organiser le processus de production et la dmarche
IGP qui repose sur le principe de la valorisation de la culture et des savoir-faire
locaux.
Pour mieux comprendre lenjeu que reprsentent ces approches pour la promotion
du dveloppement durable, nous nous attelons dans un premier temps mettre en
exergue les particularits de lArganeraie en tant que systme cologique et socioconomique, et prsenter quelques indicateurs par rapport lampleur de la
dgradation que larganeraie subit. Ensuite, nous abordons le contenu des
dmarches SPL et IGP et leur apport dans la valorisation des savoir-faire locaux,
prlude au dveloppement durable.
96
1.1
97
Mohamed Jadaoui
une ressource nergtique : le bois de larganier est excellent. Il est trs dur
et compact. Sa densit est de 0,9 1. Sa duret lui a valu le nom de larbre
de fer (Jaccard P. 1926 ; Nouam R. et al., 1991). Il est exploit
principalement comme source dnergie du fait quil donne un charbon de
haute qualit. Les grandes pertes subies par lArganeraie sont dues
lutilisation de son bois comme combustible. Les populations locales
exploitent le bois de larganier dans divers domaines.
98
1.2
99
Mohamed Jadaoui
Il sagit dune sorte de proprit prive rgie par le droit coutumier en interfrence avec le
droit musulman. En effet, au niveau de ces espaces, comme cest le cas Ida ou Zal, les
arganiers relevant des Agdal font lobjet des diffrentes transactions et dhritage.
100
Cest ainsi que la majorit des tudes socio-conomiques menes sur larganier que
ce soit dans un cadre acadmique ou dans le cadre des projets de dveloppement,
insiste sur la valorisation de lhuile dargane et les savoir-faire qui lui sont lis pour
une meilleure rhabilitation de cette ressource. Dans ce sens, le Plan Cadre de la
Reserve de Biosphre Arganeraie souligne la ncessit de favoriser la cration des
coopratives dargane susceptibles daugmenter et de valoriser la production en
huile. Cette production est mme damliorer les revenus des populations rurales
et de diminuer, par consquent, la pression sur la ressource en minimisant limpact
des autres usages qui lui sont nocifs.
En effet, dans le sillage de la dynamique que connat larganeraie, depuis la moiti
des annes 1990, avec le projet PCDA , ensuite avec le Projet Arganier ,
plusieurs initiatives sont nes en rapport avec la valorisation de lhuile dargane. La
particularit des ces initiatives rside dans limplication des acteurs publics et
territoriaux dans la promotion de la production de lhuile dargane. Effectivement,
le rythme de cration des coopratives sest acclr et a interpel les acteurs
encadrer la production de lhuile dargane deux niveaux :
2.1
outil
de
Les SDOQ ont pour intrt la valorisation des produits agricoles. Ils regroupent un
ensemble de dmarches qui garantissent que des produits rpondent des caractristiques
particulires et contrles comme le Bio , lAppellation dOrigine Protge (AOP) et
lIndication Gographique Protge (IGP).
101
Mohamed Jadaoui
lIGP est une dmarche qui obit un cahier de charges que les
producteurs et lensemble des acteurs au niveau de la filire donne se
fixent pour garantir la qualit requise dans le respect de la tradition. Une
fois reconnu IGP, le produit qui rpond aux exigences du cahier de
charges porte le label IGP ;
lIGP est une dmarche juridique pour protger un produit. Cest un outil
rgi par la loi nationale et internationale. Le signe est enregistr
lOMPIC puis lUE et lOMC. A ce moment l, tout usage usurpant est
sujet des poursuites judiciaires.
Force est de constater que lIGP est une dmarche au profit la fois du producteur
et du consommateur. Pour le premier, lIGP est un moyen de valoriser sa
production et damliorer son revenu ; pour le deuxime, cest une assurance sur
lorigine et la qualit du produit et de sa traabilit. Cest une dmarche
gagnant/gagnant.
102
Soulignons que le groupe mis en place a travaill sur la base des dispositions du projet de
loi relatif aux Signes Distinctifs dOrigine et de la Qualit des denres alimentaires et des
produits agricoles et Halieutiques. Cette Loi (25-06) a t promulgue par le Dahir n 108-56 du 17 joumada I 1429 (23 mai 2008), BO n5640-joumada II 1429 (19-06-2008).
7
Selon le journal lEconomiste , n 2102 du 06.09.2005, une entreprise a dpos la
marque Argane lInstitut Franais de la Proprit Industrielle depuis 1983.
103
Mohamed Jadaoui
Ces deux pratiques sont dsormais interdites par la loi, ce qui signifie que
leffort de valorisation doit se faire au niveau de laire de lArganeraie.
Il en dcoule que la dmarche IGP est mme dassurer une meilleure valorisation
de lhuile daragne et, par consquent, lui assurer un bon positionnement sur le
march international. Les retombes de cette valorisation auront certainement un
impact positif sur lamlioration des revenus des populations rurales et, par
consquent, la prservation de la ressource. Cela dit, lIGP ne permet pas
seulement de maintenir les systmes locaux de production, mais elle les revitalise
avec comme corollaire la promotion du patrimoine agricole local, la prservation et
lamlioration de la biodiversit. LIGP est en dfinitive un outil de dveloppement
durable.
2.2
Par exemple, le prix dun sac de 60 kg dAfiach (noix dargane) est pass de 35 Dh 140
Dh. Une bouteille de 75 cl de lhuile dargane se vend plus de 150 Dh. Or, le prix du litre
ne dpassait pas 80 Dh en annes de crises et 35 Dh en annes de bonnes rcoltes.
104
consiste cette dmarche ? Et quelle place pour la culture locale et les savoir-faire
locaux dans sa mise en uvre ?
9
Ces aspects sont dvelopps par lauteur en traitant du modle des SPL au niveau des pays
en dveloppement.
105
Mohamed Jadaoui
Malgr, la diversit des objectifs poursuivis par chacune de ces structures, des
chevauchements existent et vont parfois jusqu devenir une source de malentendus.
Cest ainsi que par sa souplesse, le SPL est une supra-structure qui peut rassembler
lensemble des acteurs tout en conservant chacun sa posture dans le systme.
Mieux encore, base sur la confiance, la communication, la coopration et la
crativit, lorganisation en SPL est mme damliorer la capacit de ngociation
de ces acteurs vis--vis des pouvoirs publics intervenant dans le domaine de
dveloppement territorial. Ce, dautant plus que parmi ses fondements un SPL
repose sur la dsignation dun animateur ayant le rle de facilitateur et dinterface
avec les autres acteurs internes ou externes au systme.
106
Conclusion
A lheure de la mondialisation, le retour aux savoir-faire locaux saffirme comme
gage du dveloppement durable. Cette prise de conscience gagne de plus en plus de
terrains lchelle mondiale et se traduit travers la revitalisation des systmes
productifs traditionnels sur la base de la mise en place des dmarches conciliant le
besoin davoir des produits de qualit et respectueux de lenvironnement, et la
rhabilitation des savoir-faire en dperdition.
Dans le cas de lArganeraie, nous constatons que les deux dmarches prsentes
dans ce papier, en loccurrence lIGP et le SPL, sont de nature valoriser et
prserver cette ressource et promouvoir les savoir-faire ancestraux lis son
exploitation. Cela est dautant plus vrai que les dynamiques en cours sont porteuses
despoirs. En tmoigne laugmentation du chiffre daffaire des coopratives
productrices de lhuile dargane de 45% entre 2004 et 2010 et leffort consentis en
termes de rgnration de larganier : entre 2000 et 2007, 1294 nouveaux hectares
ont t plants avec le concours du Projet Arganier , soit plus de 212000 arbres.
Ces dynamiques se renforcent traves les objectifs ambitieux inscrits dans le
Plan Maroc Vert , entre autres, la rhabilitation de lArganeraie sur 200.000 ha
et la ralisation dune production en huile dargane de 10.000 tonnes/an lhorizon
2020, contre 4000 tonnes actuellement. En plus de ce gain en quantit de
production, lIGP est mme de hisser la valeur ajoute gnre par lhuile
dargane et den faire profiter les territoires dorigine.
107
Mohamed Jadaoui
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Dveloppement de lArganeraie .
du
Projet
Conservation
et
108
109
111
Mustapha Haddache
La majorit des oasis prsahariennes sont des endroits caractriss par un climat
aride : prcipitations rares et tempratures dsertiques. La nature du climat a
pouss les gens dalors concevoir des techniques afin de matriser cette ressource,
qui constitue, dailleurs, le socle de leur implantation. Cest ainsi que la gestion
sociale de leau est ne. Elle est le rsultat du compromis entre contraintes
physiques et ralits sociales (At Khouya, 2008).
Loasis de Toudgha, faisant partie des rgions prsahariennes, connat outre la
rudesse du climat, la raret des terres agricoles arables. Mais la population oasienne
a su en faire face en agissant intelligement sur ces facteurs (eau et sol).
Cette matrise de la gestion de leau sincarne dans le patrimoine hydraulique
matriel et immatriel local sous forme de khettaras, dOugougs, de pratiques et
dinstitutions que la socit mobilise au niveau de ces espaces du Maroc
prsaharien.
Malgr les changes commerciaux que les oasiens entretenaient avec les zones
sahariennes, leur conomie reste essentiellement vivrire. Nanmoins, il faut
remarquer que le dclin du traditionnel commerce caravanier et le glissement des
activits vers les villes ctires a ngativement influenc les oasis sud-atlasiques.
Aprs lintervention de la colonisation, les oasis sont incorpores des conomies
prcapitalistes montarises, ce qui a entran des changements sociaux,
conomiques, parfois contradictoires (Benchrifa, 1994). En plus de ces
changements, les oasis ont connu des booms dmographiques drastiques (11.05%
entre 1994 et 2004 pour loasis de Toudgha). Cette augmentation de la population a
pos un grand problme, vu la constance des ressources hydro-agricoles. Cela a
accentu la recherche des activits en dehors de lagriculture irrigue. Ces
transformations ont influenc, dune manire ou dune autre, la gestion sociale de
leau dans loasis de Toudgha. Il en rsulte une monte du salariat et un
renforcement du flux migratoire. Ces phnomnes ont restructur le paysage
oasien de Toudgha et posent la question de lanalyse de leurs effets sur la durabilit
de la gestion sociale de leau ?
Lobjectif de cette contribution, qui ne peut tre exhaustive, est danalyser les
transformations qua connues loasis de Toudgha durant les dernires dcennies et
leurs effets sur la gestion sociale de leau.
112
De Marton distingue trois tages bioclimatiques en calculant un indice qui met en relation
les prcipitations annuelles et les tempratures moyennes annuelles selon lquation
suivante : I=P/ (T+10). Si I< 10, le climat est aride ; si 10< I <20, le climat est semi aride ;
si I> 20, le climat est humide. Pour le cas de notre zone dtude I= 142.73/(18.1+10)=5.08
et par la suite I< 10, donc le climat est aride.
113
Mustapha Haddache
Mois
Janvier
Fvrier
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Aot
Septembre
Octobre
Novembre
Dcembre
Moyenne
Temprature moyenne
(en C)
9.3
10.9
14.3
17.2
20.65
25.1
27.5
26.7
23.4
18.9
13.6
10.3
18.1
Prcipitations moyennes
annuelles (en mm)
8.8
13.5
8.2
10.8
7.8
4
9.3
1.5
8.9
24.03
15.4
14.2
142.73
114
115
Mustapha Haddache
116
Aprs stre install, le nouvel migr doit envoyer une part de son salaire la
famille. Ces transferts ont des retombes sur les familles qui les reoivent. Les
retombes les plus importantes sont le changement de mode de consommation,
changement de lhabitat traditionnel, linvestissement durant les annes 1970/ 1980
dans lagriculture (investissement des premires gnrations des migrs).
Ce dernier point nous intresse beaucoup, il est matrialis par lachat des
motopompes individuelles. Aprs leur retour, les migrs ont investi massivement
dans lagriculture en achetant des motopompes et des lopins de terres. On mme
trouve des paysans qui ont vendu leurs parcelles irrigues par les eaux de la
khettara pour se concentrer sur les exploitations irrigues laide de la motopompe
(Haddache, 2009).
Linvestissement dans la terre agricole, considr lpoque comme un indicateur
dascension sociale, a pouss les gens quiper leurs puits par des motopompes.
La rgion qui abrite la majorit des puits quips par des motopompes est la rgion
de Ghallil (bas Toudgha). En gnral, laval de loasis de Toudgha englobe 95%
des superficies irrigues par pompage. Le pompage est considr comme la
meilleure faon pour assurer leau dirrigation et pratiquer les cultures souhaites,
abstraction faite de leur avidit pour leau ou non. Cet individualisme pourrait
sonner le glas des khettaras qui se basaient sur lentraide communautaire. Cela est
craindre fortement car les paysans creusent beaucoup de puits pour irriguer une
seule exploitation, dailleurs la moyenne est 1.35 puits par exploitation (De Haas,
El Ghanjou, 2000). Ce qui peut scher les khettaras de la zone elle-mme et celles
qui sont en aval de Ghallil, savoir loasis Ferkla (Tinjdad).
117
Mustapha Haddache
salaris auprs des moyens et grands propritaires. Ce dernier cas de figure peut
tre trouv dans la rgion de Ghallil o les gens font appel la motopompe et qui
sont gnralement des migrs qui nont pas de temps pour sadonner
lagriculture.
Le dveloppement du travail salarial est le rsultat de lclatement de lesprit de
solidarit qui liait les paysans. Devant les charges financires quotidiennes, les
paysans doivent rmunrer une main duvre pour travailler leur place.
La croissance des revenus non agricoles voque dans tous les pays du globe est un
indicateur gnral de la pluriactivit.
Ltude de ce phnomne de pluriactivit est dlicate vu linsuffisance et la
singularit des tudes qui ont t faites sur lemploi rural et la pluriactivit des
familles rurales. Selon les enqutes effectues travers les rgions du Maroc, la
pluriactivit sexerce dans 92% des exploitations, 61% des actifs ruraux sont
pluriactifs et que 37,7% des chefs des mnages ont une activit principale non
agricole (Jennan, 1994).
Certes, linsuffisance des revenus agricoles face aux besoins croissants des familles
(effet de ciseaux en conomie) incite une diversification des activits et des
revenus au sein des mnages. Mais, ce phnomne sest dvelopp cause dune
multitude de raisons. Tout dabord, la pauvret de la majorit des paysans lie au
manque daccs la terre caus par la concentration de la proprit. Pour le cas de
Toudgha, plus de 73% sont des exploitations de moins de 5 ha (centre de mise en
valeur agricole-Tinghir, 2002). Cette superficie est la mme depuis belle lurette et
si on prend en considration laugmentation de la population et lhritage, ces
terres ne suffisaient pas pour rpondre aux besoins de la population et, par
consquent, elle exerce dautres activits non agricoles. Ensuite, lmigration
interne et externe et louverture de la rgion sur le monde extrieur de loasis.
Selon Hein De Haas, les revenus locaux agricoles et non agricoles reprsentent
13% et 44% du revenu total en 1999 contre 9,8% et 32,8% pour les revenus des
migrants internes et externes (De Haas, 2005). Enfin, les facteurs naturels poussent
les gens diversifier et, parfois, abandonner leurs parcelles. Durant la scheresse
qua connue le bas-Toudgha entre 1997 et 2007, les autorits locales dotaient
chaque famille de quatre vingt litres deau par jour. Dans cet tat de stress
hydrique extrme, la majorit des gens, en ge de travailler, ont quitt la rgion
vers les autres villes marocaines (Haddache, 2009).
Il en dcoule que cette pluriactivit force, dans la majorit des cas, aurait un
impact sur la gestion sociale de leau, ce qui va influencer le maintien et la
durabilit des savoirs traditionnels en la matire. Le nombre des khettaras qui
continuent de fonctionner en comparaison avec le nombre dantan est un exemple
illustratif (Haddache, 2009).
118
dsert leurs ighreman (ksours). Ils ont bti de nouvelles demeures et la ville
stend sur le plan urbanistique vers louest (photo n2).
119
Mustapha Haddache
120
Bibliographie
At Hamza, M. (1999), Mobilit socio-spatiale et dveloppement local au Sud de
l'Atlas marocain (Dads-Toudgha), Thse de doctorat dEtat, FLSH. Universit
Mohammed V Agdal, Rabat.
At Khouya, B. (2008), La gestion sociale de leau dans la valle de Dads : cas
du primtre Ait Ouffi-Tougha Zouli, Mmoire de Diplme des tudes suprieures
approfondies en sciences conomiques, Universit Cadi Ayyad, FSJES.
121
Mustapha Haddache
122
1.
123
Mohamed Naim
Entre les deux massifs montagneux, se situe un bassin travers par loued
Todrha ; il sagit de la dpression dite sillon sud atlasique .
La valle du Todrha fait partie du sud intrieur du Maroc. Sur le plan administratif,
elle appartient la province de Tinghir.
b. Climat semi-aride
La valle du Todrha se caractrise par une situation thermique qui appartient un
climat saharien ou prsaharien o la chaleur est forte en t et le froid relatif en
hiver. La temprature dans cette zone dpasse 37C pendant les mois de juillet et
daot. Par contre, elle atteint jusqu 0C en janvier. Les prcipitations se
caractrisent par leur mdiocrit et leur irrgularit dune saison lautre et dune
anne lautre, gnralement elle ne dpasse pas 150 mm en moyenne par an.
124
2
2
1
125
Mohamed Naim
hauteur. Celles-ci se placent dans les deux francs ou les deux extrmits des
planches dans le cas o llu est isol. Par contre, on utilise une seule lorsque
le llu en cours de remplissage est prcd dun autre amdday ou llu ou
mur. Ce dernier remplace la seconde petite planche lamjabt .
4- Deux cordes dites Tagatut pl. tiuta en amazigh, servant attacher
lkwaym (photo n2, sous n4).
5-Petit bton dit zyak en amazigh, sert serrer la corde reliant la partie
suprieure des deux tiges (lkwaym) places dans les extrmits des planches,
(photo n2, sous n5).
126
8
9
10
12
11
Photo n5 : Naim (M), 2011
10- Une pioche dite aglzim n ubukt en amazighe, sert creuser la terre et la
place des chkoula (photo n5, sous n10).
127
Mohamed Naim
11- Sape dite taglzimte ou talmashate en amazigh, utilise pour remplir les
couffins avec de la terre humidifie (photo n5, sous n11)
12- Deux trois couffins dits tazyawt ou taryalt en amazigh (photo n5,
sous n12).
13 - Tamis dit busyyar en amazigh. Il est utilis pour obtenir de la terre fine
destine la finition et au revtement.
14 - Truelle dite tamallast en amazigh,
revtement des murs.
128
a. Mlam :
Il est le responsable de
lquipe de construction.
Il
soccupe
de
la
construction proprement
dite. Celui-ci dame la
terre laide dune dame
en bois.
129
Mohamed Naim
c. Un deux
ouvriers soccupent du
creusage de la terre, puis
sa prparation et le
remplissage des couffins.
130
Premirement, on pose les trois ckula par terre ou sur le mur. Lespace
entre les ckula est denviron 1 mtre. Ensuite, on pose les planches sur
ces ckula .
Puis, on maintient les planches laide des tiges en bois, trois de chaque
ct.
131
Mohamed Naim
132
133
Mohamed Naim
134
1
Photo n 17 : Naim (M), 2011.
1
Gouttire dite mizab en
amazigh. Elle sert lvacuation
des eaux de pluie ou autres.
Avant,
les
artisans
le
fabriquaient base de troncs
darbres (photo n20, sous n1).
Mais, depuis les annes soixante,
les gens ont recours aux produits
industriels,
les
gouttires
fabriques en zinc (photo n21,
sous n2).
135
Mohamed Naim
2.
136
la brique sche au soleil absorbe environ 0,22 calories par cm2 et par
minute ;
la brique cuite absorbe environ 0,48 calories par cm2 et par minute ;
Conclusion
Lhabitat dans la valle du Todrha connat des mutations importantes tant sur le
plan des matriaux que sur le plan architectural. Ainsi, on peut dire que la valle
tourne le dos aussi bien aux techniques locales mieux adaptes aux facteurs
bioclimatiques qu lhritage culturel. Ces mutations entrainent la disparition dun
patrimoine architectural, dun savoir-faire et dune mmoire collective de la
population du Todrha.
Lactivit touristique contribue dune manire directe ou indirecte la valorisation
du patrimoine local. En effet, on assiste, actuellement, une fivre de reconversion
de lhabitat traditionnel en activit touristique aprs avoir perdu sa fonction initiale.
Aujourdhui, on compte plus dune vingtaine dhabitat en pis, dans loasis du
Todrha, ayant bnfici de cette raffectation pour assurer une activit touristique
(les htels, les maisons dhtes, les restaurants, le commerce relatif aux produits
touristiques (bazar)).
Face cette situation, il est urgent de prendre les mesures ncessaires pour
sauvegarder cette technique de construction et ce type dhabitat, telles que :
-
Bibliographie
Hensens, J. (1969), Habitat rural traditionnel des oasis prsahariennes. Le qsar,
problme de rnovation , Rabat, B.E.S.M, n114.
Ichter, J.P. Hass H. (1967), Les ksour du Tafilalt , Rabat, Revue architecture et
urbanisme, n5.
Mountasser, EL M. (1986), Collectivits traditionnelles et espaces montagnards
dans les zones darrire-pays atlasiques mridionaux : le cas de Ayt Sedrat du
Dadss. Thse de 3me cycle, Aix-Marseille II, 2 tomes.
Naciri, M. (1988), Les Ksouriens sur les routes : Emigration et mutation spatiale
de lhabitat dans loasis de Tingdad (Maroc) , Paris, in Habitat, Etat, Socit au
Maghreb, CNRS.
137
Mohamed Naim
138
139
des lments hrits, acquis, produits, runis ou transmis. Nous baignons ainsi
quotidiennement, tout moment, dans la culture sans nous en rendre compte. Les
vnements culturels daujourdhui, plus ou moins institutionnaliss, nen forment
quune partie. La culture aujourdhui, au sens anthropologique, est donc en rapport
direct ou indirect avec un environnement, rel ou virtuel, des ressources, tangibles
ou intangibles, des savoirs et des savoir-faire partags totalement ou partiellement.
Linventaire des ressources de cet environnement est important conduire. Hlas,
il montre souvent quelles font lobjet dun consumrisme effrn, dune
dperdition incontrle, mettant en pril la viabilit de la vie pour les futures
gnrations. Linventaire doit tre largi aux savoirs et savoir-faire qui ont t
accumuls tout au long des millnaires et des sicles passs. Ils concernent la vie et
la mort, les rapports entre les humains et leur milieu, avec leurs semblables,
proches et lointains. Ils concernent galement la transformation de lenvironnement
et de ses ressources pour sabriter, se vtir, se nourrir, se dsaltrer, se reproduire,
changer et saffronter. Tout cela fait partie de la culture. Chaque socit a labor
une faon particulire dagencer des choses et des lments. Aujourdhui, les
savoir-faire locaux sont mis mal parce que des savoir-faire technologiques
autrement plus puissants leur font concurrence. Ils ne peuvent continuer exister
que sils sont pris en charge de manire consciente dans des cadres formels ou non
formels renforcs de transmission. Les jeunes qui passent par lcole ne les
connaissent pas, moins de les programmer dans les centres de formation
professionnelle. Un exemple : le mtier de berger est menac. Son savoir-faire doit
tre document pour tre inclus un avenir proche dans un cursus formel de
transmission. La notion de local est en train de changer depuis prs dune
dcennie. La dimension globale induite par le virtuel doit tre prise en compte. On
parle aujourdhui davantage de glocalisation que de globalisation.
Daucuns considrent la culture comme levier du dveloppement durable. Que
pensez-vous de cette conception ?
La culture peut tre un levier de dveloppement durable de deux manires
complmentaires. La premire, par sa contribution au PNB dun pays, est
quantitative. Cette estimation na jamais t faite de manire exhaustive au Maroc.
On ne sait pas dans quel ordre de grandeur la culture contribue au dvloppement
de lensemble du pays, des rgions et des communes urbaines et rurales. Il sagit,
par exemple, de runir toutes sortes de donnes quantitatives et qualitatives pour
avoir une estimation de la contribution de la culture au sens large au
dveloppement. Prenons une ville comme Marrakech : cela concerne les recettes
gnres par les monuments historiques et les muses ouverts au public mais aussi
lappui des pouvoirs publics aux activits culturelles en subventionnant les
associations, en facilitant la cration dentreprises prives qui gnrent des emplois
dans toutes sortes de domaines de la culture, etc. Sans compter les bnfices
indirects que sont les boutiques ouvertes (un peu de manire anarchique dailleurs)
proximit des monuments et des muses, lattractivit difficile estimer de la
Place Jama El Fna, les emplois fixes et saisonniers et limpact conomique des
140
141
Comment, votre avis, peut-on valoriser les savoirs et les savoir-faire locaux
amazighes et les capitaliser pour un dveloppement durable efficient ?
Cest exactement cette question que sattaque aujourdhui la Convention pour la
sauvegarde du patrimoine culturel immatriel adopte par lUNESCO en 2003.
Etant lun de ses rdacteurs et impliqu aujourdhui dans sa mise en oeuvre, je
conois parfraitement la porte dun tel instrument normatif international. Le
Maroc a ratifi cette convention en 2006. Elle lui offre un cadre idoine pour
sauvegarder des savoirs et des savoir-faire, la fois ceux encore pratiqus ou ceux
mis rude preuve par toutes sortes de concurrences. Un premier pas vers la
sauvegarde des savoirs et savoir-faire est un inventaire systmatique, un
recensement qui puisse renseigner la fois sur ltendue des savoirs et savoir-faire
lchelle des rgions et au niveau national ainsi que sur celle des menaces qui
psent sur un certain nombre dentre eux. Ensuite, il faut sattaquer la
sauvegarde. On saperoit assez souvent aujourdhui que les procds, les cadres et
les mthodes de transmission traditionnels sont fragiliss, mettant en difficult la
passation de savoirs et de savoir-faire aux gnrations actuelles et futures. Par
exemple, comment un puisatier peut-il aujourdhui transmettre son savoir et savoirfaire ? Comment un potier ou une tisseuse peuvent-ils passer leur savoir et savoirfaire de plus jeunes ? Comment sexpliquer que les conservatoires de musique
nenseignent pas les genres dits populaires ou folkloriques de la musique ?
Quun instrument comme le luth du Moyen-Atlas ne soit pas au
programme ? Afin de garantir cette continuit, il faut prendre en charge autrement
ces savoirs et savoir-faire en les introduisant dans des cadres formels
dapprentissage de type professionnel. Il en va de mme pour tous les autres
domaines abandonns leur sort faute dune vision holistique de la culture.
Ensuite, il importe de reconnatre les dtenteurs de ces savoirs et ces savoir-faire.
Dans le cadre du programme Le patrimoine culturel et les industries cratives
comme vecteur de dveloppement au Maroc (2008-2012), mis en place par le
gouvernement et le systme des Nations Unies, jai coordonn en 2010 la
prparation dune tude sur la mise en place dun systme de Trsors humains
vivants dans notre pays. Ce systme, originaire du Japon et adopt par de
nombreux pays linvitation de lUNESCO, permet de reconnatre des dtenteurs
de savoirs et savoir-faire et de les faire bnficier de droits (couverture mdicale,
retraite, allocation priodique) en contrepartie denseigner leur savoir et/ou
savoir-faire un ou des jeunes apprentis. Ltude est prte depuis bientt deux ans.
Elle comprend un projet de loi, un mcanisme institutionnel et un scnario de
financement. Si elle est mise en uvre, elle pourrait donner davantage de visibilit
aux savoirs et savoir-faire que lon range aujourdhui dans le vaste domaine du
patrimoine culturel immatriel.
142
Comptes rendus
Arts et architecture amazighes du Maroc est le titre dun bel ouvrage de 275 pages
que lInstitut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM) vient de publier. Cest une
uvre collective considrable aussi bien par la nature de son sujet que par la
qualit des illustrations qu'elle nous livre. En effet, les textes dment documents
sont accompagns dune abondante et riche iconographie, principalement en
couleurs. Cette nouvelle production de lIRCAM rappelle, certes par son thme et
aussi par limage qui illustre sa couverture, un autre ouvrage publi en 2002 et
rdit rcemment sous la signature de Salima Naji : Art et architectures berbres
au Maroc. Cependant ce dernier livre est exclusivement consacr larchitecture.
En outre, les arts amazighes, tous genres confondus, demeurent un domaine de
recherche dont limportance ninterdit pas la rptition des initiatives ayant pour
but de prserver ce patrimoine de lextinction. Le Directeur de la nouvelle
publication, le Professeur Ahmed Boukous, Recteur de lIRCAM, na dailleurs
pas manqu de pointer ds les premires pages du livre le danger que court cet
hritage : Lart rural est mis en pril par une conception marchande de la culture
qui simpose partout de faon irrversible (p.13).
La lecture des six thmes de louvrage, confis un groupe dauteurs avertis,
permet de revisiter ce champ de recherche, combien important ; un domaine o la
diversit et la pluralit sont lhonneur. Lhistoire du Maroc, plusieurs fois
millnaire, ainsi que la varit de ses rgions sont en effet les garants dun
patrimoine considrable dont de multiples facettes sont encore ignores ou mal
connues. Lexercice est donc de taille !
Laspect acadmique est soulign ds le premier chapitre consacr lart rupestre.
Mustapha Nami, archologue, explore dune faon soutenue ce patrimoine
marocain ancestral et inestimable. Les 300 sites recenss ce jour se rpartissent
du Haut-Atlas (Oukaimeden, Ygour) lAnti-Atlas, puis de Figuig, Saguiet El
Hamra Oued Ed-Dahab. Partout dans ces rgions des sites prhistoriques
permettent dattester que les zones prsahariennes et sahariennes taient jadis
couvertes de verdure et de troupeaux de bovids et dlphants. Les images
permettent de relever des figurations, des reprsentations zoomorphes, des
pigraphies autant de signes et symboles qui rappellent les trsors
archologiques de sites de grande valeur (Foum Echenna,Tizgnt, Tamanart...). Des
vestiges archologiques sont savamment exposs au lecteur par le texte et la photo,
interpellant les consciences en approfondir la connaissance et en entreprendre la
sauvegarde.
Par ailleurs, lapproche habile de Catherine Cambazard-Amahan, archologue et
historienne de lart du bijou, ouvre des horizons quant aux origines et influences
dun travail particulier unissant esthtique et savoir-faire. Une riche collection de
bijoux et dautres objets illustre un texte bien document. Aucun dtail nchappe
lauteur : les ressources mtallurgiques minrales et organiques varies (argent,
tain, cuivre, plomb, galet, pierre de quartz, ambre, coquillage, nacre), le travail
145
au voisinage des mines comme Day dans le Tadla, Iggli et Igherm dans le Souss,
Ifrane dans lAnti-Atlas et les artisans juifs et musulmans De prcieuses
informations sont livres comme ingrdients principaux servant mieux
comprendre le socle dun art qui a influenc son voisinage comme il a lui-mme
subi linfluence dapports divers venus lenrichir. Les parures nielles, ciseles,
estampes, cloisonnes, filigranes confirment une richesse singulire. Nous
sommes en prsence de vritables portraits avec parures et objets divers, le tout
instruit dune description minutieuse des diffrentes techniques utilises par des
artisans habiles. Devant une telle varit, lauteur na pas omis de souligner la
dimension dynamique de cet art. Cest ainsi que la bijouterie rurale et lorfvrerie
citadine ne peuvent tre dissocies. Le bijou amazighe sest dvelopp aussi bien
dans le Todgha et Guelmim qu Marrakech, Essaouira et Fs.
Quant lanthropologue Ali Amahan, il fait dcouvrir au lecteur, dans la troisime
partie consacre au tapis, de belles pices de tapis fabriqus la main dans la pure
tradition. Lart du tapis, aussi dynamique que celui du bijou, se dveloppe sur un
vaste territoire. Lauteur soutient que le tapis marocain est dabord amazighe en
dpit de toutes les influences quil a reues[] le tapis produit dans les zones
amazighophones, mme les plus recules, na jamais cess de senrichir des
apports extrieurs (p. 134). Cest un savoir-faire rpandu aussi bien dans les
grands ensembles citadins que dans les milieux ruraux. Mais si Ali Amahan
rappelle que le style du tapis amazighe se caractrise surtout par un dcor
favorisant lignes, losanges, rectangles et carrs, on remarquera toutefois sur les
mmes photos exploites par lauteur des reprsentations humaines ou animales
(voir les tapis des Ait Sadden, Ait Abd Hamid, Marmocha). Le tapis marocain offre
une large diversit, puisque chaque rgion, urbaine ou rurale, se distingue par son
propre style, ses techniques, la composition de ses dcors, la texture de ses nuds,
les couleurs employes, etc. Toutes ces caractristiques se sont perptues, dune
gnration une autre, pour nous lguer les traces dune mmoire sculaire.
La dcoration du tapis exceptionnellement gomtrique nest pas sans voquer
celle de la poterie. Lchantillonnage choisi par lanthropologue El Khatir
Aboulkacem-Afulay nous le rappelle. Hallab, couscoussier, cruche, guedra,
jarre autant dobjets exposs au milieu dun texte agrment de mots en
tifinaghe que lauteur a utiliss pour la terminologie de la poterie amazighe. Selon
lui, cet art plonge ses racines dans lhistoire antique de lAfrique du Nord. Ainsi, la
poterie amazighe atteste un nombre de croyances et de pratiques anciennes. Les
Amazighes sont dpositaires dune culture et dun savoir-faire ancestral dont la
production et la reproduction constituent une dynamique constante. On relvera,
cependant, que la grande majorit des objets prsents dans louvrage date surtout
du XXe sicle.
La cinquime partie est illustre ds la premire page par limage dune
magnifique porte en bois. Pour lauteur, larchologue Hafid Mokadem, la porte
demeure llment essentiel de lart du bois. Cet objet du quotidien, aux multiples
formes et aspects, rvle la complexit des socits amazighes du Maroc. Le
chercheur nous fait dcouvrir la diversit des portes extrieures et intrieures. Il
passe au peigne fin plusieurs dtails, de la richesse du type de bois employ selon
les rgions, (noyer, cdre, amandier, olivier, thuya, arganier, genvrier, acacia,
chne vert) une dcoration chaque fois innovante. Il souligne ce propos que
146
le trait caractristique le plus marquant des portes du Sud rside dans une
dcoration originale base sur trois techniques capitales : application de pices de
bois, sorte de marqueterie sommaire, gravure ou incision et peinture. A ces
techniques on peut ajouter un quatrime procd : le cloutage. Au fil des pages, le
lecteur dcouvre une varit dillustrations de portes de greniers, de kasbah et de
tighermin, etc., ou de plafonds. On ne manquera pas de noter limpact des
procds dcoratifs de lart amazighe rural sur des uvres citadines : les
techniques et les formes dcoratives amazighes ont aussi marqu de leur sceau
certains aspects de lart urbain, au cur mme des villes impriales (p. 222).
Quant lauteur de la contribution sur le Patrimoine architectural ,
lanthropologue Mustapha Jlok, galement coordinateur de louvrage, il invite par
son texte et surtout par limage se pencher davantage sur loriginalit de
larchitecture amazighe. Il nous dcrit les igherms, les tighermins et les agadirs
(greniers collectifs). Il rappelle leurs structures et leurs organisations spatiales.
Toutefois, lauteur sattarde abondamment sur la technique de larchitecture en
terre et ses faonnages et procds comme caractristique majeure du patrimoine
architectural amazighe. Les belles photos des kasbah et des igherms sont
exclusivement celles de constructions en terre. Pourtant, en explorant les images
des agadirs, refuges et surtout magasins collectifs de stockage, cest la
prpondrance de la pierre qui simpose comme principal matriau de construction.
La population amazighe a su exceller dans le maniement des matriaux porte de
main dans lenvironnement immdiat. De terre ou de pierre, larchitecture
amazighe marque bien nos paysages par sa pluralit et sa diversit.
Les six contributions dont nous avons fait tat brivement renseignent utilement
la fois liniti que le profane tout en enrichissant la bibliothque marocaine dans un
domaine qui en a tant besoin. Bien entendu, quelques regrets peuvent toujours tre
exprims. Les arts et larchitecture amazighes du Maroc qui ont dj fait lobjet
de publications antrieures mritent et ncessitent dtre approchs de faon
novatrice dans la globalit des arts marocains. On ne peut pas en effet, aborder un
tel sujet sans voquer les diffrents groupements des Amazighes concerns ; les
arts et larchitecture sont un produit de socits plurielles. Par ailleurs, on ne peut
pas non plus omettre, quand il sagit des arts et de larchitecture amazighes, toute la
production officielle des grandes dynasties amazighes (almoravide, almohade,
mrinide ) dont un pan important est dessence citadine.
Ces quelques rserves nempchent aucunement dapprcier la valeur de ce livre. Il
appelle ouvrir les horizons de la recherche scientifique sur les patrimoines
marocains. Et tout lecteur y trouvera la fois une source dinformations et
dmerveillement sur la pluralit et la qualit des objets et des lieux remarquables.
Arts et architecture amazighes du Maroc est un beau livre qui invite au voyage
et la redcouverte d'un patrimoine dont la rappropriation et la protection doivent
commencer par le texte et limage. Cest un appel subtil dune institution qui uvre
vaillamment afin de restituer sa place une partie fondamentale de notre
patrimoine.
Mina EL MGHARI
Facult des Lettres et des Sciences Humaines, Rabat.
147
Varia
Introduction
Intensive verb formation involves up to three basic processes, some of which apply
in tandem, illustrated here with data from Tashlhit: (i) gemination (nkr/nkkr to
wake/get up), (ii) tt-prefixation (bbi/ttbbi to cut, bite), (iii) vowel epenthesis
(skr/skar to do), (iv) gemination and vowel epenthesis (gn/ggan to sleep), and
(v) tt-prefixation and vowel epenthesis (knkr/ttknkar to pick a bone). Since the
early days of Amazigh linguistics, this state of affairs has been the source of the
commonplace statement in the literature that the formation of the intensive form of
verbs (henceforth the intensive) is a complex phenomenon (see Abdelmassih, 1968;
Basset, 1929, 1952; Bensoukas, 2001a; Boukhris, 1986; Dell and Elmedlaoui, 1991;
Derkaoui, 1986; Elmountassir, 1989; Iazzi, 1991; Jebbour, 1996; Lahrouchi, 2001,
2010; MacBride, 2004 among others.)
More specifically, the intensive in Amazigh presents a highly complex case of
allomorphy revolving around affixation, internal gemination and vowel epenthesis.
As far as affixation and internal gemination are concerned, Bensoukas (2001a)
argues that the intensive morpheme consists of an abstract consonantal mora, the
prefixation of which is concomitant with a very intricate allomorphy: stem-internal
gemination or tt-prefixation. Combining with both gemination and tt-prefixation,
vowel epenthesis is an independent process which is argued to be morphologically
motivated (Bensoukas, 1994, 2001a, 2006/7; Jebbour, 1996; Lahrouchi, 2001). The
intensive that differs from the base on the basis of epenthesis solely (skr/skar to
In preparing this paper, I benefited from fruitful discussion with El Mehdi Iazzi, Abdallah
Boumalk and Rachid Laabdelaoui.
151
Karim Bensoukas
do) reveals the third manifestation of the intensive morpheme, a zero allomorph,
as it were. As far as we know, this facet of the allomorphy has so far not received
attention in the literature.
The aim of this paper is to investigate the zero allomorph in the intensive on the
basis of facts from Tashlhit, a Moroccan Amazigh dialect. The hypothesis
underlying the treatment is that the intensive prefix [tt+] fails to be realized when it
co-occurs with another morpheme that contains a coronal obstruent, be it similar or
identical continuancy-wise. Accordingly, our treatment generally falls within the
purview of dissimilation (Alderete, 2003; Alderete and Frisch, 2007; Bye, 2011;
Suzuki, 1998; Walter, 2007 to cite but a few). More specifically, we will claim that
this facet of the allomorphy is driven by morphological haplology (Ackema and
Neeleman, 2005; de Lacy, 1999; Dressler, 1977; Menn and MacWhinney, 1984;
Nevins, 2010; Plag, 1998; Stemberger, 1981; Yip, 1995, 1998 among others).
The morphological classes relevant to the analysis are primarily, though not
exclusively, the causative and passive. The intensive [tt+] fails to be realized
phonetically in this case either because it co-occurs with a morpheme whose
consonantal make-up is identical (passive [ttu+]) or similar (causative [ss+]). With
a few provisions, the analysis extends to the intensive of some simple verbs,
gaining width in terms of data coverage. The results obtained (i) simplify intensive
morphology by reducing its complexity to a tri-partite allomorphy- gemination, ttprefixation and the non-realization of the morpheme- and (ii) shed light on a longstanding problem in the treatment of the verb morphology of Amazigh.
In this paper, we use IPA symbols, except for emphasis, which is transcribed with a dot
underneath the consonant symbol in question. Gemination is indicated by doubling the
consonant.
152
Stem II
ttazu
Stem II
ttizu
Stem III
uzi/a
Stem III
uzi
to skin
b- Four verb stem varieties (e.g. Imdlawn Tashlhit, Ait Attab Tamazight, Zemmour
Tamazight)
Stem I
azu
nkr
Stem II
ttazu
nkkr
Stem III
uzi/a
nkr
Stem III
uzi
nkir
to skin
to get up
Stem II
ttazu
nkkr
Stem III
uzi/a
nkr
to skin
to get up
This issue is dealt with in Bensoukas (2007), where it is suggested that the negative forms
display a morphological change in progress. See also Bensoukas (2010a), in which these
aspects are considered in more detail.
3
The epenthetic vowel surfaces most of the time as the least marked vowel, namely a, or a
copy of the vowel of the base (Basset, 1929; Bensoukas, 2001b, 2002, 2004b and
references therein.) Other possible epenthetic segments are [u] in some Tashlhit cases like
srm/srum to whittle, in addition to [i] in other dialects of Amazigh as in frfr/ttfrfir to
flutter.
4
The combination of gemination and tt-prefixation has been reported as not productive.
The intensive ttgga (>g (to be)) is the counterexample par excellence. We assume that g is
153
Karim Bensoukas
gn
fl
ut
r
s
a- Gemination
b- tt-prefixation
kkrz to plow
ddz ttddz
to press
ffrn
to sort
asi
ttasi
to take
mggr to harvest ini
ttini
to say
knnu to bend
d- Gemination+v-epenthesis
ggan
to sleep
ffal
to let
kkat
to hit
ar
to fall
ssa
to buy
skr
zri
fi
c- Vowel epenthesis
skar to do
zraj to pass
faj
to cut (olives)
e- tt-prefix+v-epenthesis
xdm
ttxdam
to work
knkr
ttknkar
to pick a bone
bbaqqi
ttbaqqaj
to explode
ktitf
ttfktitif
to shiver
mmurri ttmurruj
to sightsee
154
dissimilatory operation that applies when two morphemes that are similar or
identical come into contact.
Stemberger (1981:792) defines morphological haplology as follows: An affix of
the shape Z does not appear if, e.g., the stem to which it is added ends in Z. Often
the first Z must also be a morpheme or the affix will be added as usual. The
possessive form of English regular plurals is a case in point, where only one s
appears finally, as in the example the boys bikes/ *the boyss bikes. However,
when the sequence of ss or zs is not morphemic, no haplology takes place, as
shown in the cheeses flavor. After arguing against formalizing haplology as
deletion and no addition, Stemberger (1981:806) describes it as vacuous rule
application. The rule is not totally vacuous, in the sense that although there is no
phonological material added, the morphological structure is affected.
According to Menn and MacWhinney (1984), while tolerance of the repetition of
morphemes seems to be the norm, the accidental repetition of morphemes can
trigger (i) haplology (deletion or non-addition), (ii) avoidance (blocking of
derivation) or (iii) suppletion. Menn and MacWhinney (1984:529) propose the
repeated morph constraint:
*XY, where X and Y are adjacent surface strings such that both could be
interpreted as manifesting the same underlying morpheme through regular
phonological rules, and where either
(a) X and Y are both affixes, or
(b) either X or Y is an affix, and the other is a (proper subpart of a) stem.
More recent accounts of haplology are provided in the model of Optimality Theory
(Prince and Smolensky, 1993/2004). Yip (1995, 1998) considers haplology as an
effect of identity avoidance and formulates a set of Obligatory Contour Principle
(OCP) constraints (see McCarthy, 1986 and references therein), one of which is
OCP(Affix). Each co-occurrence of identical elements results in the violation of the
constraint *REPEAT. In an essentially similar fashion, Plag (1998) also considers
haplology as an effect of OCP constraints. In a different spirit, de Lacy (1999)
argues that haplology is a coalescence process. When two input elements are
subject to haplology, neither of them deletes; rather, they are simultaneously
realized, just like two segments that coalesce and surface as one.
Having provided general information about haplology, we now deal with the facts
of Amazigh.
155
Karim Bensoukas
a- Caus.
ssnkr
ak
zzri
nm
kl
rg
ru
sllm
c- Recip./refl.
mmkl
mmrg
mmru
nsallam
to wake up
to come
to pass
to escape
skr
bdr
ml
ara
b- Pass.
ttuskar
ttubdar
ttumal
ttjara
to do
to mention
to bury
to write
Recip.
Caus./Recip.
rg
ru
sllm
afu
ak
mmrg
mmru
nsallam
ssif
ak
smmrg
smmru
snsallam
msif
mak
Caus./Recip./
Caus.
mak
to crack
to accept
to greet
to go away
to come, agree
Morphologically, all these verb forms involve prefixation, and the affixes
themselves are subject to interesting allomorphies targeting their featural content
and weight. 5 Although derived verbs may be subject to further derivational
processes, hence over-derivation, the possible combinations of morphemes are
constrained (see Jebbour, 1992).
With this background in mind, we move on to the haplologizing morphology of
Tashlhit.
The causative morpheme displays an alternation affecting its anteriority and voicing,
resulting in the variants [s(s)], [z(z)], [()], and [()]. The reflexive/reciprocal morpheme
has the variants [m(m)] and [n(n)], the latter depending on whether the root contains a
labial consonant. The passive has the variants [ttu], [ttaw], and [ttj]. For analyses of some of
the alternations above, see Bensoukas (2004a), Boukous (1987, 2009), Elmedlaoui
(1992/1995), Jebbour (1996), and Lasri (1991), among others.
156
Root
mgr
asi
Pass.
ttumgar
ttjasaj
Int. pass.
ttumgar/*ttttumgar
ttjasaj/*ttttjasaj
to harvest
to take
One might argue that what is taking place here is an assimilatory process followed
by some kind of simplification through deletion, given that a sequence of two
geminates that are similar is difficult to articulate. While this remains a possible
description of facts, we discard it on the basis of what happens in the causatives as
we will see immediately.
The intensive morpheme fails to be realized when the causative affix is involved,
regardless of whether the causative is derived or over-derived, as in (6a) and (6b),
respectively:
(6) Haplology in intensive causatives: Similar morphemes feature-wise
a- Root
nkr
bbaqqi
zri
m
u
Caus.
ssnkr
sbbaqqi
zzri
m
uu
b- Refl.
mmrg
mxassr
nubbu
Caus. refl.
smmrg
smxassr
snubbu
Int. caus.
ssnkar/*ttsnkar
sbbaqqaj/*ttsbbaqqaj
zzraj/*ttzzraj
am/*ttam
uu/*ttuu
Int. caus. refl.
smmrga/*ttsmmrga
smxassar/*ttsmxassar
snubbu/*ttsnubbu
to wake up
to explode
to pass
to be embarrassed
to smell good
to crack
to go bad
to love
Here again, we notice that the intensive [tt+] is not realized. Together with the
passive cases in (5) above, this reveals the generality of morphological haplology
in Tashlhit.
To sum up, when the prefix in a complex verb form is a [ttu+] or a [ss+], the
inflectional [tt+] is not realized. 6 The allomorphy affecting the intensive morpheme
is thus reduced to a two-way allomorphy: [tt+]/.
One exception we are aware of is the verb ssudu > ddu to go. In Tashlhit, this verb is no
longer perceived as a causative, but rather as a plain verb meaning mount (ssudu lka to
take the bus (literally to make the bus go), and ssudu ajjis to go on horse-back). This
verb has the corresponding intensive ttsudu.
157
Karim Bensoukas
First, when the derivational prefix is different feature-wise from the intensive
prefix [tt+], both affixes co-occur. This is the case of the intensive
reciprocal/reflexive forms exemplified in (7):
(7) Intensive reciprocals- Different morphemes: No haplology
Root
rg
xsr
ubbu
Recip.
mmrg
mxassr
nubbu
Int. recip.
ttmrga
ttmxassar
ttnubbu
to crack
to go bad
to love
As is clear in (7), the combination of a labial affix and a coronal affix does not
trigger morphological haplology. Note that the coronality of the nasal in ttnhubbu
is due to labial dissimilation (see section 5.2.1 below); also there does not seem to
be any evidence for the fact that the dissimilated nasal participates in haplology,
irrespective of its coronality.
Second, we examine what happens in situations where the [tt+] prefix co-occurs
with a radical coronal sound regardless of its continuancy.
(8) Morpheme and radical- Similar/identical feature-wise: No dissimilation
ttu
s
f
a- Root initial t
tt-ttu to forget
tt-s
to sleep
tt-f
to have
In the roots that are t-initial, the [tt+] prefix is retained, and so is the case in those
that are s-initial. It is noteworthy that in roots that are t-initial, two pronunciations
are possible: The [tt+] is retained separate from the [t] of the root, or it is totally
assimilated to the initial [t].
In this connection, a very informative pair of verbs with identical phonetic forms is
non-derived ssu to lay and causative ssu, derived from su drink. The causative
form ssu is decomposable into the root su to drink and the causative prefix, hence
the initial phonetic geminate, as opposed to the radical one in ssu to lay. As
expected, ssu to lay with a root geminate has a corresponding intensive with a
[tt+], ttssu, whereas the intensive causative is sswa/ *ttssu/ *ttsswa.
To sum up, a requirement in Tashlhit haplology, a contact dissimilation process, is
the fact that the segments with similar/identical features be affixes. The prefixes
concerned are the intensive, passive and causative morphemes, whose consonantal
make-up contains the feature [coronal].
158
4. Apparent exceptions
There are two apparent exceptions where the affixes involved are both coronal, but
their contact does not result in haplology: (i) some derived feminine nouns in the
Construct State and (ii) clitic pronouns involving a coronal consonant.
a- ia afullus
cf. afullus ia
c- taartt n ufullus ([uwfullus])
one chicken
CS
ufunas
ufullus
ufrux
bull
chicken
boy
b- FS
anu
ajjis
aggas
CS
wanu
wajjis
waggas
well
horse
injury
Fem. sg.
FS
tamart
tafunast
tafruxt
CS
tmart
tfunast
tfruxt
Fem. pl.
FS
timaarin
tifunasin
tifrxin
CS
tmarin
tfunasin
tfrxin
woman
cow
girl
159
Karim Bensoukas
Note that a class of feminine nouns that quite resembles that of the masculine
nouns in (10b) keeps the initial vowel in the CS form. In this case, neither is the CS
vowel realized, nor is the initial vowel deleted:
(12)
FS
tadgalt
targant
Fem. sg.
CS
tadgalt
targant
Fem. pl.
FS
CS
tadgalin
tadgalin
targinin
targinin
widow
Argan tree
FS
tasarut
tasukt
taskrft
tissgnit
CS
tsarut
tsukt
tskrft
tssgnit
key
passage (street)
fastening
needle, syringe
160
1st p.
2nd p.
2nd p.
3rd p.
3rd p.
masc.
masc.
fem.
masc.
fem.
+
t++t
i+
t+
Sg.
skr
tskrt
iskr
tskr
n+
t++m
t++mt
+n
+nt
Pl.
nskr
tskrm
tskrmt
skrn
skrnt
b2nd p. sg.
2nd p. pl.
3rd p. fem.
tssnkrt
tssnkrm/ tssnkrmt
tssnkr
This class of affixes is important in the sense that haplology may be restricted to a
certain domain. While haplology obviously applies in the domain of proper
affixation, it seems to be inapplicable at the morphosyntax interface, where clitics
are allegedly analyzed. A similar situation has been pointed out for the behavior of
these pronouns with respect to another dissimilation process affecting phonological
features (see Elmedlaoui, 1992/1995; Bensoukas, 2004a), in which clitics again
resist a general phonological process which applies to morphemes proper. This
definitely calls for a proper understanding of the interfaces between phonology,
morphology, and syntax as far as these elements are concerned.
Also relevant is data in which two clitics occur at the end of a verb.8 In (15), the
object feminine, singular, clitic pronoun tt is separated from the subject pronoun by
an inserted s. This operation does not apply if the subject clitic is not a geminate tt
or is any consonant other than t.
(15)
1st p. sg.
2nd p. sg.
3rd p. pl.
/fl--tt/
/ut--tt/
/t-fl-t-tt/
/t-ut-t-tt/
/fl-n-tt/
/ut-n-tt/
[fltt]
[uttt]
[tfltstt]
[tuttstt]
[flntt]
[utntt]
I left her
I hit her
you left her
you hit her
they left her
they hit her
It should be stressed that in case a clitic pronoun t co-occurs with a s, both are retained. If,
however, the t co-occurs with another t, the t is either assimilated or maintained (as in the
case of the passive tttjasaj/ttjasaj she was carried).
8
I would like to thank El Mehdi Iazzi for having brought this case to my attention.
161
Karim Bensoukas
The set of data in (15) is interesting in more than one respect. The inserted
consonant deserves phonological analysis in itself, in that a consonant is inserted to
split a consonant cluster. Additionally, the inserted consonant splits two elements
that would otherwise haplologize. To make the situation more complicated, the
inserted consonant is similar to the clitics feature-wise, which gives us exactly the
opposite of what is expected under haplology. This is not an isolated phenomenon
in the language, since another dissimilation process eliminating one of two round
features co-exists with the opposite process of copying round features. More
research is in order to elucidate all these aspects of the grammar of the language.
5. Extensions
In this section, we will point out possible extensions of our analysis. One is related
to the morphology of simple verbs. This case is very intriguing in that haplology
seems to have moved from the realm of derived verbs to that of non-derived ones.
The second extension is related to the larger array of dissimilation phenomena in
Tashlhit, which may be analyzed as cases of avoidance of repetition.
Verb
skr
srm
sti
zri
li
fi
Intensive
skar
srum
staj
zraj
laj
faj
to do
to whittle
to choose
to pass
to separate
to cut (olives)
One might argue that some of these verbs are causatives obtained from nouns. skr
for instance, is quite related to kra something, and is morphologically analyzable
just like sawl to speak, obtained from awal speech, and sunfs to breathe
obtained from unfus breath. However, this analysis does not account for all the
other items.
The verbs in (15) have sometimes been referred to in the literature as pseudocausatives. These are problematic in that they are expected to behave like short
verbal bases and be subject to gemination or tt-prefixation.9 A possible explanation
for their behavior is to consider that the phonological make-up of the initial root s
in these verbs results in interpreting it somehow as a causative morpheme that
induces haplology in case intensive morphology is involved. However, this fails to
9
162
apply to forms like skkiws to sit. It seems to us that a diachronic approach will be
quite illuminating in this respect and may help explain why the items in (15) are
aligning with the class of causatives, while skkiws and other verbs like it are not.
UR
/krz/
/wu/
/aws/
/mgr/
/gwmr/
/frn/
/fr/
/b/
AN
amkraz
amwa
amawas
anmgar
angwmar
anfran
anfur
anab
to plow
to cheat
to help
to harvest
to hunt
to sort out
to follow
to injure
10
While there are mentions of syntactic OCP and syntactic haplology in the literature (see
for example Neeleman and de Koot, 2006), we unfortunately are not aware for the time
being of any syntactic phenomena in Amazigh that yield to such analysis. Syntactic
haplology would reveal yet another aspect of the avoidance of repetition and make the
presentation even more complete.
163
Karim Bensoukas
UR
/awn/
/rg/
/ada/
/fts/
/ubbu/
/sllm/
/xalf/
Recip.
mawan
mmrg
mada
nfattas
nubbu
nasallam
nxalaf
to help
to crack
to be near
to chop
to love
to greet
to change
In addition, Tashlhit displays a process of round velar dissimilation that has also
received extensive treatment (Bensoukas, 1999, 2006; Clements, 1991; Elmedlaoui,
1985, 1992/1995; Jebbour, 1985; Lasri, 1991; Selkirk, 1993). The Tashlhit
consonantal system contains five labialized consonants: kw, gw, xw, w, and qw. The
data below illustrates the alternation these sounds exhibit when they occur with
other round segments:
(18) Round velar consonant dissimilation in Tashlhit:
a-
b-
Aorist
knu
gnu
xlu
agwl
akwz
agwi
Singular
taglut
ajjul
agru
axws
awi
amddakkwl
Perfective
kwni
gwni
xwli
ugl
ukz
ugi
Plural
tigwla
iwjjal
igwra
uxsan
ua
imddukkal
to bend
to sew
to become crazy
to hang
to recognize
to refuse
oar
donkey
frog
teeth
calves
friends
164
ab-
Aorist
am
add
ar
awi
awz
aws
awn
Perfective
um
udd
ur
iwi / *uwi
iwz / *uwz
iws / *uws
iwn / *uwn
to catch
to press
to tread on
to take
to stay up
to help
to go up (a hill)
Although the number of verbs like those in (19b) is limited, this is a clear case of
round vowel dissimilation in Tashlhit, which makes the picture of dissimilating
features even more complete.
5.2.2 Degemination
Affecting the intensive, degemination is one of the salient aspects of the morphophonology of Tashlhit. Examples are in (20):
(20)
a-
b-
Aorist
gganti
mma
lluzzu
ddullu
bbaqqi
add
azzl
qrrs
Int.
ttgantaj
ttma
ttluzzu
ttdullu
ttbaqqaj
ttadd
ttazzal
ttqrras
to fall over
to fight
to disperse
to be mean
to explode
to press
to run
to await
As illustrated in (20a), when the geminate affix [tt+] is attached to the verb root, a
root-initial geminate consonant is degeminated via a process of contact
dissimilation and accordingly surfaces as the corresponding singleton consonant.
Other stem geminates that are distant from [tt+] are spared, as (20b) shows.
Dissimilatory degemination is interesting in other respects. For instance, a
treatment of the degemination process should be undertaken in the overall mold of
intensive aorist formation. Worthy of investigation is the relationship between this
degemination and the gemination process that is so specific to this verbal form.11
11
Degemination is even more intricate in three respects. First, some root-initial geminates
eschew degemination: for example, the verb bbi to cut has an intensive ttbbi rather than
the degeminated form *ttbi. Second, contiguous geminates are tolerated when they belong
to different words, and two non-contiguous geminates may also co-occur in a single word
(cf. all ffi to lift and pour and mmatti to get up). Third, while dissimilatory phenomena
in the language generally target affix elements (Bensoukas, 2004a; Selkirk, 1995),
degemination rather targets radical ones.
165
Karim Bensoukas
Stem II
ttazzal
ttazn
ttfam
ttini
fttu
Stem III
uzzl
uzn
fm
nni/a
fti/a
Stem III
uzzil
uzin
fim
nni
fti
to run
to send
to understand
to say
to go
Negative stem III morphology is marked overtly on the verb either through
prefinal vowel insertion or final vowel change. In either case, the quality of the
vowel is that of i.
In some Tashlhit dialects, stem III is absent (Agadir and Tiznit varieties, for
example (see Derkaoui, 1986; El Mountassir, 1989). In this case, the forms under
stem III in (21) are realized in third person as uzzl, uzn, fm, nna, and fta, which
reveals a full degree of syncretism between stems III and III. The claim in
Bensoukas (2009) is that this process consists in the neutralization of the
expression of negation by the morphology of the perfective stem. Accounted for in
the literature as a redundancy effect, the total absence of negative morphology is
argued to be the result of a dissimilation process in Tashlhit. Since negation is
expressed overtly and forcefully by the compulsory particle ur, then the
morphology of the verb is (unnecessarily!) marked.
To sum up, there is plenty of evidence that shows that haplology is not an isolated
case of dissimilation in Amazigh. In fact, featural dissimilation, degemination and
morphological neutralization show that dissimilatory phenomena permeate the
grammar of the language.
166
References
Abdel-Massih, E. T. (1968), Tamazight Verb Structure: A Generative Approach,
Bloomington: Indiana University Publications.
Ackema, P. and A. Neeleman. (2005), Word-formation in Optimality Theory ,
In Steckauer, P. and R. Lieber (eds.) Handbook of Word-formation, p. 285-313,
Dordrecht: Springer.
Alderete, J. (1997), Dissimilation as Local Conjunction , NELS No 27, p. 17-32.
Alderete, J. (2003), Phonological Processes: Dissimilation , In Frawley, W. (ed.)
International Encyclopedia of Linguistics, 2nd Edition, 323-324, Oxford: Oxford
University Press.
167
Karim Bensoukas
168
169
Karim Bensoukas
170
171
N en 1956 Taourirt Moussa Ouamar, Matoub Louns fait ses premiers pas dans le
monde de la chanson au milieu des annes 70, il commence chanter publiquement dans
des ftes animes au village avant de se produire en France dans des cafs frquents par
les migrs puis sur scne en concert. La production de Matoub Louns stale sur une
vingtaine dannes de 1978 1998. Il dbute sa carrire artistique dans la chanson
protestataire, il chante la cause identitaire et proclame ses origines. Bien que cette phase de
mobilisation soit dpasse vers la fin des annes 80, la question identitaire continue
constituer lune des thmatiques les plus rcurrentes du rpertoire de ce pote-chanteur. Son
combat ne se limite pas la lutte identitaire, Matoub Louns aborde dautres thmatiques
tant en rapport avec les vnements historiques, politiques et sociaux qua connue lAlgrie
quen rapport avec son vcu personnel li aussi aux situations qua traverse le pays. Le
rpertoire de Matoub Louns contient 218 textes dits rpartis en 32 albums. Le nombre
de chansons compris dans chaque album varie ; chaque album contient au moins 5
chansons rparties en 32 albums
173
Rachida Fitas
Toute figure implique une syntaxe : il ny a pas de figure hors contexte entretenant avec
un terme propre une relation sur le mode de la synonymie , crit J. Gardes-Tamine
Mtaphores et syntaxe, Paris, Langage, n 54, 1979, cit par E. Bordas (2003 : 20).
3
Lindicateur de thme est un concept propos par L. Galand en 1957 (voir bibliographie).
Cest une fonction syntaxique en expansion qui dsigne le constituant de la phrase antpos
au syntagme prdicatif caractris par une rupture intonative reprsente lcrit par une
virgule qui le dtache du reste de lnonc. Il correspond lexpansion nominale de la
phrase neutre comme le montre lexemple (1).
174
Le nom ddunit (la vie) qui est le thme sur lequel porte la mtaphore est mis en
relief dans cet nonc thmatisation4 en position dindicateur de thme ; il est mis
en relation avec le prdicat lakul (cole) actualis par lauxiliaire de prdication
spcifique, la copule d (cest/est).
La mtaphore en construction attributive se ralise galement en nonc
rhmatisation5, en voici quelques exemples :
(3) D kemm i d lfer-iw
N1
N2
Cest toi mon bonheur/ma joie
(Tu es mon bonheur)
(4) D lbael i d lesla-is
N1
N2
Cest linjustice qui est son arme
(Linjustice est son arsenal)
Le Tm qui est prdicat dans une phrase neutre, N1 de lexemple (1) et dans un
nonc thmatisation, N2 de lexemple (2), devient prdicatode dans un nonc
rhmatisation, lfer-iw (mon bonheur) de lexemple (3) et lesla-is (son arme) de
lexemple (4). Les termes rhmatiss kemm (toi) de lexemple (3) et lbael
(linjustice) dans lexemple (4) se trouvent encadrs par lauxiliaire de prdication
spcifique d (cest) et sont suivis du morphme i.
Mais le Tm peut aussi bien se positionner en expansion prdicatode. Cette
construction se ralise avec un syntagme prdicatif verbal (S.P.V), notamment avec
les verbes dits oprateurs, en nonc neutre comme le montre lexemple (5), en
nonc thmatisation exemplifie en (6) ci-dessous ou en nonc rhmatisation
comme cest le cas dans lexemple (7) :
(5) Ad am-yu$al d adaw lemri
N1
N2
Le miroir deviendra ton ennemi
(6) Xas temi tru d iceqfan
N1
N2
Mme si la jeunesse est partie en tessons
La thmatisation est la mise en relief des lments thmatiques du message (ce dont parle
le locuteur qui fait lobjet du discours : le thme). Elle sobtient par le dplacement de cet
lment connu du locuteur et de linterlocuteur en tte de lnonc suivi dune courte pause.
5
La rhmatisation est la mise en relief des lments rhmatiques (ce que le locuteur affirme
sur le thme), c'est--dire les lments de la phrase qui apportent linformation nouvelle.
Elle consiste dplacer llment rhmatique en tte de la phrase accompagn dune courbe
mlodique. La thmatisation et la rhmatisation rentrent dans le cadre de la vise
communicative, c'est--dire lorganisation de la rpartition de linformation (les lments
thmatiques et les lments rhmatiques) dans une phrase.
175
Rachida Fitas
Notons ce niveau que A. Rabhi (2008 : 297) parle de lattnuation du statut des
mtaphores attributives en construction prdicatode nominale introduite par lauxiliaire de
prdication spcifique d (cest) due certains verbes, tels que : err (rendre) et u$al
(devenir). Selon lui, ce type de construction peut tre considr comme mtaphore
seulement si cette attnuation est nglige.
176
177
Rachida Fitas
178
179
Rachida Fitas
Cette configuration base sur le lien syntaxique dapposition est moins reprsente
dans les textes matoubiens, elle se limite aux quelques exemples prsents plus
haut.
Il est noter que lexpression des diffrents types de mtaphores nest pas
saturable. En effet, il y a lieu de constater que deux types de mtaphores peuvent
se rencontrer dans un mme nonc, lexemple (19) o le Tp tulawin (les femmes)
compares une montagne de courage/patience/rsignation est une mtaphore
fonde sur une double structure de dtermination et dapposition. Lexemple
suivant lillustre :
(22) Ddunit, d iger n twa$it
La vie est un champ de malheur
Lexpression mtaphorique de lexemple (22) est la fois prdicative et
dterminative, on voit bien que lon attribue ddunit (la vie) le fait dtre un
malheur, un coup de sort marqu par la copule d (tre). Quant au cadre dterminatif,
il se manifeste travers le syntagme iger n twa$it (champ de malheur) marqu par
le fonctionnel n (de). Le malheur constitue un champ, la figure traduit ainsi lide
dimmensit et le caractre considrable de lintensit du malheur. La vie est
compare, dans cet nonc, une tendue de terrain cultive en malheur.
Ces trois configurations sont fondes sur une relation contextuelle entre le Ca et le
C, ils sont explicitement exprims. Cette relation est tablie par un lien
grammatical 9 sous la forme dune prdication, dune dtermination ou dune
apposition qui porte sur un substantif. De ce fait, ces configurations sont dites in
presentia.
E. Bordas (2003 :17) souligne que ce type de mtaphore est reprable une forme
grammaticale qui la signale.
180
Lexpression d tafzimt n lfea (cest une broche en argent) de lexemple (23) cidessus na de valeur mtaphorique quen contexte, elle nest pas explicite par un
complment explicatif : une expansion rfrentielle ou un indicateur de thme qui
reprsente le C. Linterprtation mtaphorique de ce passage est prpare par ce
qui le prcde. Cette formulation mtaphorique o le C est absent fait rfrence
un systme smantique qui connote un idal esthtique : la beaut, le charme,
llgance.
La mtaphore nominale in absentia peut revtir des formes syntaxiques diverses.
Elle se manifeste en :
10
Texte Yyaw ad t-nemmaggret (Allons laccueillir) de lalbum intitul Ru ay aqcic (Tu
peux partir mon garon), sorti en 1979.
181
Rachida Fitas
Conclusion
Les mtaphores analyses rvlent que les mtaphores nominales regroupent deux
catgories. Dune part, des mtaphores in presentia qui unissent deux noms, elles
procdent par alliance des termes, elles se rpartissent en trois configurations : la
mtaphore prdicative, la mtaphore prpositionnelle, la mtaphore appositive.
Dautre part, les mtaphores in absentia ; ce sont des substitutions anaphoriques
dont le terme C est absent de lnonc. Ce type de construction peut revtir des
formes
syntaxiques
diverses.
Elle
se
manifeste
en construction
prdicative nominale, en expansion rfrentielle, en expansion directe et en
expansion indirecte. Il y a lieu de remarquer que la mtaphore de construction
prpositionnelle est la plus productive des mtaphores nominales, il faut aussi
souligner que lassociation des noms qui forment ce type de construction est lun
des plus originaux et inhabituels sur le plan smantique, en voici quelques
exemples illustratifs : abuqal n ddunit-iw (le vase de ma vie), i$uraf n walla$-iw
(les meules de mon cerveau), agelzim n zzman (la hache des temps/du destin). Il est
intressant de mesurer, par le biais de la comparaison avec des corpus de littrature
182
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183
Introduction
The object of this paper is to examine clitic placement in Amazigh, concentrating on
third person accusative clitics (CLs). The discussions are based on data from the
Tashelhit variety, spoken in the southwest of Morocco. We will argue that not only
morphological features (in the abstract morphosyntactic sense discussed in Chomsky
(1992, 1995), but also purely phonological properties of CLs, function as triggers for
CL placement. The paper is constructed as follows. First, we consider the
distribution of direct object pronominal CLs in Amazigh. Second, we present some
general properties of Amazigh clause structure, with particular reference to those
that are relevant for our discussion of the syntax of CLs. Third, we identify the
categorial status of CLs in Amazigh. We will argue that CLs are generated as heads
of the functional category CLP (Omari, 2001; Ouali, 2011). Fourth, we raise the
questions of why CLs get placed where they do, approaching their syntax from a
minimalist (Chomsky, 1992, 1995) and antisymmetric (Kayne, 1994) perspective.
Finally, we offer an explanation for the flexible ordering which CLs manifest with
respect to negation (Neg). We will show that the interaction of Neg and CL
placement can be described in an attractive way if a relaxed version of the shortest
move requirement is adopted.
1. Distribution of Clitics
As illustrated by the contrast in (1a) vs (1b) below, CLs may follow the verb (V) in
Amazigh:
185
Nama Omari
(1) a. i - sa
-tn.
he - buy+ Perf -them
He bought them.
The order is not available in the presence of the head elements tense (T), aspect
(Asp), Neg, and complimentizer (C), as the ungrammaticality of the (b) examples
in (2-5) demonstrates:
(2) a. rad - tn i - s.
Fut - them he- buy+A
He will buy them.
(3) a. ar -tn i - ssa.
Asp-them he- buy+Imperf
He is buying them.
(4) a. ur - tn i - si.
not- them he- buy+ Perf
He did not buy them.
(5) a. is - tn
i - sa?
C - them he- buy+ Perf
Did he buy them?
(2) b. *rad i - s
- tn.
fut he buy+ A- them
(3) b.* ar i - ssa
- tn.
Asp he- buy+Imperf- them
(4) b.* ur i - si
- tn.
not he- buy+ Perf - them
(5) b. * is i - sa
- tn?
C he- buy+ Perf- them
Given the above contrast, we wonder what the source is of the flexible order of
CLs in Amazigh. By contrasting the paradigm with the minimal pair in (6), (7) and
(8) below, we will demonstrate that T is relevant for CL placement1:
(6) a. rad - tn i - s.
Fut - them he- buy+A
He will buy them.
(7) a. ur rad- tn i - s.
Neg Fut- them he- buy+A
He will not buy them.
(8) a. is rad - tn i - s?
C Fut -them he-buy+A
Will he buy them?
(6) b. *rad i - s
- tn.
Fut he- buy+A- them
(7) b.*ur -tn rad i - s.
Neg-them Fut he- buy+A
(8) b.*is -tn
rad i - s?
C -them Fut he-buy+A
Concerning the order of CLs with respect to Neg, there is clear evidence that it is
not a fixed one. This is illustrated by the following examples:
(9) a. is rad- tn ur i - s.
C Fut- CL Neg he- buy+A
He WILL not buy them.
(10) a. is - tn ur i - si.
C - them Neg he- buy+Perf.
He DID not buy them.
(9) b. ur rad- tn i - s.
Neg Fut- them he- buy+A
He will not buy them.
(10) b. ur - tn i - si.
Neg- them he- buy+Perf
He didnt buy them.
Ouhalla (1988) states that when there is more than one potential host for the CL, there is
rigid order of preference which is based on hierarchical terms expressed by the Clitic
Placement Condition (CPC). This condition requires that CLs be attached to the highest
head in the clause at the S-structure level. Data in (7&8) illustrate that CPC is too strong.
186
(1-10) clearly demonstrates that CLs interact with the verb and the functional
elements of the clause. In the next section, we will briefly consider the
distributional properties of these functional elements.
[NegP
[TP
[AspP
[vP
[VP]]]]]]
2.1. Aspect
Amazigh expresses a binary aspectual distinction, namely imperfectivity and
perfectivity. We take this to mean that there is a category Asp(ect), immediately
above V, with a categorial feature [+V] and a syntactic feature [+/-Perf(ective)], as
part of the syntactic representation of sentences like (12) and (13) (cf. Omari,
2011):
(12)a. i -mmudda mad.
he-travel+Perf Hmad
Hmad travelled.
(12) b.
Asp
Asp
[+V, +Perf]
VP
NP
Hmad
V
V
[+V, +Perf]
Within the derivational approach, V is neither inflected for T/Asp nor for Agr; it picks up
its inflected forms through syntactic movement. However, within the minimalist approach,
the inflected forms of V are not created derivationally; V is lexically generated with its
associated inflectional properties. The functional categories, such as T and Asp, have their
own features to which the features encoded in V must correspond to. The function of these
features is to license the morphological properties of V taken from the lexicon.
3
See Boukhris (1998) and Omari (2001) for a discussion of the syntax of Neg and C in
Amazigh.
4
Omari (2001) argues that Agr is not itself a functional head. Rather, Agr is a relation
between a head and its specifier in which features of the head and specifier must match.V
agrees with its subject in its base position.
187
Nama Omari
(13) a. ar i -tmuddu
mad.
Asp he-travel+Imperf Hmad
Hmad is travelling.
(13) b.
Asp
Asp
[+V, -Perf]
ar
NP
VP
Hmad
V
V
[+V, -Perf]
When the verb is specified for [+Perf], it carries the morphological feature of the
perfective stem, (12). When it is specified for [-Perf] it carries the morphological
feature of the imperfective stem and is preceded by the aspectual morpheme ar,
(13). Following Boukhris (1998) and Omari (2011), we assume that AspP is
headed by a null morpheme in the context of sentences with perfective
interpretation, and by ar in the context of sentences with imperfective
interpretation. Concerning V-movement, there is clear evidence that it takes place
overtly. For example, if the postverbal subject in Amazigh5, as in (12) and (13)
above, is in the specifier of VP, as predicted by the VP-internal subject hypothesis
(cf. Koopman and Sportiche, 1991 among others), then this lends support to our
claim that V has overtly moved over the subject to Asp to check the corresponding
features [+V, +/-Perf].
2.2. Tense
Amazigh distinguishes two general classes of tense: future and non-future. This
latter class includes present and past6. This opposition results from the observed
fact that future is morphologically realized by the verbal particle rad while past and
present are not:
(14) rad i -mmuddu mad.
Fut he-travel+A Hmad7
Hmad will travel.
(15) a. i -mmudda mad.
he-travel+Perf Hmad
Hmad travelled.
(15) b. ar i -tmuddu
mad.
Asp he- travel+Imperf Hmad
Hmad travels/ is travelling.
Amazigh is a pro-drop language. The subject may or may not be represented by an overt
NP. The usual order is VSO as in (i):
(i) i -mmudda Hmad.
he-travel+Perf Hmad
"Hmad travelled."
This language also exhibits SVO order. In this case, NPs occur before V when they are
topicalised or focussed, as shown in (ii )and (iii) respectively:
(ii) Hmad i -mmudda.
(iii) Hmad ad i -mmuddan.
Hmad he-travel+Perf
Hmad that he-travel+Perf
"Hmad, he travelled."
"It was Hmad who travelled."
6
Omari (2011) provides a detailed analysis of T and Asp in Amazigh.
7
The A(orist) stem in Amazigh is defined as a verbal form that expresses the verbal action
without reference to its aspectual or temporal values (cf. Boukhris, (1998)).
188
As argued in Omari (2011), when T is specified for the feature [+Fut], as in (14),
the tense morpheme is a free particle: There is no need for overt V-movement to T;
the free particle rad is base generated under T and will check the relevant feature.
In (15a), where no tense particle projects, V is allowed to occupy tense via a
stepwise raising operation. We take this to mean that the feature [-Fut] is strong,
and so necessitates explicit checking. The two stages of the derivation are given in
(16):
(16)
T
[-Fut,+V]
T
Asp
[+Perf, +V]
Asp
Spec
Hmad
VP
V
V
[+Perf, -Fut, +V]
i-mmudda
As for (15b), since we are claiming that the feature [-Fut] is strong, this requires
that checking take place in the overt syntax. Following Omari (2011), we argue
that the verb i-ttmuddu, though a potential checker, is not attracted to T by the main
features it can check, namely [+V] and [-Fut]. Ar, being of a verbal nature, blocks
the potential landing site of the main verb due to the Minimal Link Condition
(MLC) (Chomsky, 1995). Ar is closer to T, and it can enter into a checking relation
with T. Thus, the MLC prohibits T from attracting V.
So far, we have presented some aspects of Amazigh clause structure8. In the
following section, we return to the main topic of this work and discuss the
structural analysis of CLs.
See Omari (2001) for two related issues in the grammar of Amazigh clause: Agreement
and word order.
189
Nama Omari
190
(21) and (22) show that the existence of the lexical pronoun forces the presence of
the CL. Coordination facts provide further reasons to assume that the CL is a basegenerated head. It is a well-known fact that coordination operates only between
elements with identical structural and categorial identity.
(23)*zri
-- tti [ti d mad ].
see+ Perf -I- heri [ti and Hmad ]
I saw her and Hmad.
(23) illustrates that -tt, which is an X-element, must be assumed to be base
generated in its surface position since it cannot enter into a coordination relation
with mad, which behaves as a maximal projection. This seems to argue against
generating the CL in argument position. Thus, both the movement analysis and the
base generation analysis of cliticization phenomena are supported by some of the
data. For this reason, Sportiche treats cliticization phenomena as involving both
movement and base generation and assimilates the syntax of CLs to that of other
functional heads, and we will follow him in this respect. As argued by Sportiche,
associated with CLs are full noun phrases in the argument position, which may be
overt in clitic doubling constructions or empty in all other constructions, and which
move to the Spec position of CLP (or Clitic Voice, as Sportiche terms it) for
licensing which relates to an interpretive property which he identifies as specificity.
At some point in the derivation, these elements, being arguments, will also need to
check Case/ agreement features in Spec-CLP. The proposed structure is given in
(24):
(24)
Spec
CLP
[]
CL
CL
4. Matters of placement
In what follows, we will show that the occurrence and the distribution of CLs in a
clause are subject to well-defined principles based on feature checking requirement
as well as on a purely phonological requirement. From a syntactic perspective, the
main motivation for CL placement arises from the specific referential nature of
CLs (cf. Uriagereka, 1995). The CL, which takes TP as a complement, attracts T to
check the morphological feature [+Ref(erential)] inside it in overt syntax. From a
morphophonological perspective, the factor that triggers CL placement is the
phonologically enclitic nature of the CL. Specifically, the CL must move to an X
at PF to avoid being stranded as an affix.
191
Nama Omari
Referential definite articles like the French le must undergo movement. In this
respect, le differs from the indefinite article une (one). The latter cannot move; it is
simply frozen where we see it at Spell-Out.
Under Laabdelaouis analysis, the underlying structure of the grammatical
sentences in (1-8) is (28):
Adapting Shlonskys (1997) account of Semitic accusative clitics, Omari (2001) claims
that V and all functional categories have associated CL projections, so that a VP, AspP, TP,
NegP, or CP can appear dominated by CLPs. However, her analysis cannot predict the data
in (6-8): T is relevant for CL placement.
192
(28)TP
T
T+CLi
AgrP
Spec
Agr
Agr
AspP
Spec
Asp
Asp
VP
ti
Spec
V
V
NP
ti
Asp
Asp
VP
Spec
As the structure (29) shows, rather than considering the CL to move to T, we take
them to head the phrase that complements NegP and takes TP as a complement.
The CL attracts T to check the morphological feature [+Ref] inside it. In its
movement upward, T left-adjoins to CL, in tune with Kaynes LCA which
eradicates rightward movement operation. The adjoined element (T) in (29)
asymmetrically c-commands the element adjoined to CL; and hence must occur to
its left. This follows from the definition of c-command assumed by Kayne. In the
adjoined structure, [CLT,CL], T c-commands CL, but CL does not c-command T
10
In Oualis (2011) analysis, CLs are functional heads that morphologically merge with
any available higher head. When no such a head is available, V to T movement takes place
at PF. The proposed structure is as follows:
(i) [CP [NegP [TP
[CLPDat [CLPAcc [AspP
[VP]]]]]]]
It is the grammaticality of (ii) that runs counter to this analysis:
(ii) ma ad -as -t ur ifkin?
Who that-him-it Neg he-give+Perf
"Who did not give it to him ?"
If Neg in (ii) is the higher phonologically overt head that is available to act as a host for the
object CLs, it is not clear how C can host them.
193
Nama Omari
because CL does not exclude T. As a result, T must precede CL, and right
adjunction is not allowed.
[[]w] CL]w
(Wilder and Cavar, 1994: 66)
CL
T
radi -
CL
CL
tn
T
ti
VP
As far as present and past tenses are concerned, the tense element is not endowed
with a lexically realized affix. In this case, the V-category is raised to T, as
depicted in (34) and (35):
194
(34) a. i - sa
-tn.
he-buy+Perf-them
b.
Ti
CL
-
i- sa
CL
CL
tn
ti
Asp
Asp
Spec
VP
V
ti
NP
Ti
CL
T
CL
CL
tn
T
ti
Asp
ti
Asp
The factor that triggers V-raising and Asp-raising to CL, in (34) and (35)
respectively, is the phonologically enclitic nature of CL: CL cannot stand in string
initial position. We attribute this to the fact that (32) requires the PF-form of CL
lean on a phonologically independent element immediately to its left in the string.
That (32) is the sole trigger for V-raising to CL in (34), for example, is suggested
by the fact that V-raising is blocked in the case where other material stands before
the CL: an overt T (33), Neg(4), or C(5) stands before the CL, enabling (32) to be
fulfilled without resort to V-raising to T.
One important aspect of CL placement in (33-35) is the directionality of CL
adjunction. When CL in Amazigh moves to a head, it always yields a structure as
in (36):
(36)
X
-
CL
195
Nama Omari
b. is - tn ur i - si.
C -them Neg he- buy+Perf
He DID not buy them.
(38) a. ur rad- tn i - s.
Neg Fut- them he- buy+A
b. ur - tn i - si.
Neg- them he- buy+Perf
196
(39)
C
CP
is [T]ij
Mod
Mod
Mod
Neg
rad-tn
(40)
C
is
ur
C
- [T]ij
tn
C
Mod
[T]ij
Mod
Mod
Neg
ur
Neg
CL
T - CL
ti
tj
Neg
T
ti
CL
CL
T
ti
CL
CL
tj
T
ti
In (39), two heads are allowed to skip over Neg, namely T and CL. Mod has a
strong [+Intentional] feature and under Chomskys Greed principle, T raises
overtly to check this feature. In its way to Mod, T proceeds via CL to check the
[+Ref] feature. After left-adjoining to the CL, in the way illustrated in (29), T hosts
CL. T plus CL form the complex [T] that subsequently continues to Mod,
skipping Neg in the process. As for (40), we attribute the order C CL Neg to the
fact that T that moves to Mod proceeds via CL- to which it left-adjoins- and
subsequently carries CL along to Mod for feature checking purposes. Being
activated by the former operation, the tense element renders the empty T able to
host CL. Thus, CL placement operation applies deriving an output where CL is
placed on T. At PF, however, CL cannot be hosted by T in Mod since the T
element, in this instance, is not endowed with a morphologically realized affix. To
satisfy (32), the complex [T] must incorporate into an adjacent head. Being the
closer head, C hosts the latter at PF.
In (38 a&b), however, T does not move up to Mod which is not specified for any
feature, hence not projected. The difference in interpretation between (37) and (38)
indicates that [T] movement is not optional and that it is affected by the feature
specification of the functional head Mod. It then follows that head skipping is
legitimate if it renders Mod a checking position, in conformity with the Greed
principle.
197
Nama Omari
5. Conclusion
In this paper, we offered an analysis for the distribution of accusative clitics in
Amazigh. We showed that CL is generated as the head of CLP, basically following
Sportiche (1992). We argued that CL placement in a clause is subject to welldefined principles based on feature checking requirement as well as on a purely
phonological requirement. From a syntactic perspective, the main motivation for
CL placement arises from the specific referential nature of CLs. The CL, which
takes TP as a complement, attracts T to check the morphological feature
[+Ref(erential)] inside it in overt syntax. From a morphophonological perspective,
the factor that triggers CL placement is the phonologically enclitic nature of the
CL. Specifically, the CL must move to an X at PF to avoid being stranded as an
affix.
The proposed analysis accounts for the flexible order of CLs and the functional
head Neg. We showed that that the relevant facts require a certain qualification of
Chomskys (1992/1995) system. In the suggested analysis, we have proposed that
CL placement in the context of Neg is not problematic from the minimalist point of
view, if a relaxed version of the Shortest Move requirement is adopted, according
to which non-local head movement is legitimate if the position skipped does not
check features of the moved head.
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Nama Omari
200
. S. Zenia, Tafrara, Bjaia, Tira, [2.E], 2010, 208 p. S. Zenia est la fois journaliste,
pote, romancier et militant de la cause berbre. Il est lauteur de trois recueils de posie :
Les rves de Yidir [Tirga n Yidir], publi en 1993 : Tifeswin-printemps, publi en 2004 : Iij
aderal, publi en 2008 et dun recueil de contes Yella Zik-nni, publi aussi en 2008. Il est
aussi auteur de deux romans : Tafrara, publi en 1995 (rdit en 2010) et Iil d Wefru,
publi en 2002. Pour plus dinformations sur la bio-bibliographie de lauteur, voir la
prface de M. A. Salhi pour le recueil de posie de S. Zenia, Iij aderal, Pen catal/eaccent
editiral, 2008, p.11-24 ou la prsentation que fait S. Chemakh de cet auteur dans
Dictionnaire Biographique de la Kabylie (DBK) Hommes et Femmes de Kabylie, Volume
1, S. Chaker (dir), Edisud, Aix-en-Provence, 2001
2
. M.-N. Nouago Lespace et le temps romanesques : deux paramtres potiques de
lisibilit de lchec de la qute de la modernit dans laventure ambigu de CHIKH
HAMIDO KANE . http:// www.
Editions harmattan.fr/auteurs/article_
pop.asp ?no_10125 & no_artiste=16894.
201
Nabila Sadi
(1980 :189), o celui-ci (lespace) figure dans le texte en qualit de circonstant des
actions narres, mais aussi en tant que vecteur dun discours traduisant une vision
ou une idologie particulire. Cest cette figuration de lespace quil sera question
de problmatiser dans ce travail. Plus concrtement, il sagira de voir comment le
thme de lidentit se formalise dans Tafrara travers les diffrents lments
constitutifs de lespace narratif (tels les toponymes et les proprits descriptives).
Ce dernier sera aussi interrog dans ses rapports avec les personnages pour pouvoir
reprer son impact sur leur identit. Lespace est envisag comme un lment actif,
ayant la capacit dengendrer laction et dtre investi dune dimension idologique,
voir identitaire. Cest ce dont il sera question de voire tout au long de ce travail.
Tafrara est lhistoire de Yidir, un jeune habitant du village dAgwni dont la vie,
notamment au dbut de lhistoire, ne semblait pas lui rserver un destin particulier.
Ce nest quaprs avoir reu une lettre contenant lalphabet du tifine (par le biais
de son ami Meqqran) que Yidir se retrouve investi dune prise de conscience qui le
plongea corps et me dans la lutte pour la reconnaissance de son identit quil va
payer de sa vie la fin de lhistoire. La lutte de Yidir est aussi de conqurir sa bien
aime eloeyya. Cette dernire est une veuve dont lge dpasse celui de Yidir de
quelques annes. Lhistoire damour, unique et inhabituelle, qui runit ces deux
personnages tait perue dun mauvais il par les habitants du village, vu quelle
reprsentait une sorte de violation des murs et des valeurs du groupe. Yidir finit,
toutefois, par prendre eloeyya pour pouse malgr les rticences de ses parents.
Voil en somme, un bref rsum de lhistoire de Tafrara. Il sagit, prsent, de
dconstruire cette catgorie de lespace pour tenter de mettre en relief la dimension
identitaire que vhicule chacune de ses composantes, commencer dabord par les
toponymes.
202
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle. Cas de Tafrara de Salem Zenia
203
Nabila Sadi
Les femmes dIlmaten, sont toutes instruites, cest pour cela quelles font
toujours lobjet des critiques des habitants dAgwni. Ils se disent : "les
habitants dIlmaten qui ont scolaris leurs filles nont ni point dhonneur, ni
virilit" .
Si les toponymes ont donn lieu des ethnonymes, le contraire est aussi valable. Il
arrive quun ethnonyme fournisse de la matire la cration dun toponyme
(Cheriguen, 2008 : 41). Cest le cas du toponyme Tamurt n Yezwawen form
selon le principe de composition (nom+nom) qui permet de rvler lethnonyme
complet de Izwawen. Cest aussi le cas du toponyme Tamaza form laide dune
drivation nominale partir de lethnonyme Imazien. Si ces remarques mettent en
vidence le lien qui existe entre lhomme et son espace, elles traduisent aussi le
rapport qui existe entre lidentit de lhomme et lidentit de son espace. Comme le
cite F. Cheriguen : [] Cest toujours par la dsignation toponymique que les
lieux, en tant quespaces dlimits existent et saffirment pour les hommes (ibid. :
41-48). Lidentit de lhomme et lidentit de son espace sinfluencent
mutuellement. Le sujet construit lespace tout en tant construit par lui. Il suffit,
parfois, dnoncer un toponyme pour que des traits caractristiques de ses habitants
se mettent en place. Le toponyme nest plus alors quun simple indicateur de lieu
mais il entretient une relation consubstantielle avec le groupe qui y habite, ou y a
dj habit. Cest le cas, par exemple, des toponymes de Tamurt n Yezwawen et
Tamaza qui contribuent davantage marquer leur identit ainsi que celles des
groupes quils abritent. Dire et nommer son espace, cest dire son identit, lui
permettre de snoncer toutes les fois o cet espace est cit. La dsignation
toponymique devient un enjeu possessif (ibid. : 42), et un outil
de diffrenciation identitaire. Comme lnonce J. C. Bouvier : Il nen reste pas
moins que les toponymes et anthroponymes, aussi limite soit dun point de vue
quantitatif, leur place dans la communication linguistique quotidienne, sont des
indices trs prcieux de cette qute constante de lidentit culturelle (op.cit. :
166). Nommer un espace et le prsenter comme marquant une identit particulire,
cest dabord reconnatre lexistence de cette identit et, ensuite, souligner sa
spcificit par rapport dautres identits.
204
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle. Cas de Tafrara de Salem Zenia
iwala ccbaa-s. Ur tt-yessin. Almi i t-id-sukken Berwageyya, i rsent wallenis fell-as. " Da tura i ixeddem baba ! Tif-itt tmurt. Da ula d azwu ur yelli, as
yella azgen deg-s d awwu " i yeqqar wed-s, wed-s. (p.139)
Lorsque nous passons au second ple, c'est--dire Tamurt II, il est plus difficile de
retrouver toutes ses proprits pour la simple raison que les lments descriptifs le
concernant se font beaucoup plus rares. Parmi les rares passages o il est dcrit, cet
205
Nabila Sadi
206
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle. Cas de Tafrara de Salem Zenia
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Nabila Sadi
un chne. Il avait pris un couteau de sa poche, et avait inscrit en lettres
tifinia, son nom. Il allait le laisser tel message pour tous ceux qui allaient
emprunter le mme chemin aprs lui, pour quils le trouvent .
Cette vitalit que lui procure cet espace sestompe au fur et mesure que Yidir sen
loigne. Un sentiment de malaise le gagne ds quil quitte Agwni pour rejoindre
Bab-zzwar. Les mmes sentiments dinconfort et dinstabilit sont ressentis par
Lwennas lorsquil se retrouve sur son lieu de travail, Tamanat/ la capitale .
Ce malaise que ressent Lwennas est aussi la rsultante dun manque de libert. Le
lien tabli entre les personnages et leurs espaces est crucial. Ds que les
personnages quittent leurs espaces, ils se sentent dstabiliss, mal--laise, touffs.
Ce rapport fusionnel entre les personnages et leurs espaces est rendu par limage de
la terre-mre . Un rapport privilgi qui sintensifie surtout lorsquils se
retrouvent en terre dexil :
Tamurt ur telli fell-as tatut, Imazien ddren i wakal-nsen. D ilelliyen deg
wakal-nsen, s wakal-nsen. Tamurt deg wulawen i tezga. as tea-ten lerba,
as mmen timura n medden, du leqrar akal-nni i ten-id-yurwen ad senyessiwel. D akal n lejdud ad sgunfun degs, asgunfu aneggaru, asgunfu
amelal. (p.09)
Tamurt ne peut tre oublie, les Imazien vivent pour leurs terres. Ils sont
libres dans leurs terres, grce leurs terres. Bien que lexil ait pris toute leur
vie, et quils se soient implants dans des pays trangers, mais leurs terres
finissent toujours par leur faire appel. Cest dans la terre de leurs anctres
quils trouveront le repos, le dernier repos, le repos ternel.
208
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle. Cas de Tafrara de Salem Zenia
Cette terre-mre ne cesse de rejeter ses enfants qui, pourtant lui ont toujours t
fidles. Malgr tous les sacrifices consentis, le lien maternel tabli entre Tamurt et
ses enfants, se fond et se rompt petit petit. Cette rupture entrane un sentiment
dtranget. Les personnages de Tafrara finissent par se sentir trangers dans un
espace qui leur appartient. Cette perte de lespace traduit implicitement la perte
dune identit. Si lespace de Lzzayer dans sa totalit, est un espace alin o le
peuple est priv de sa libert et de son identit. La prison de Berwageyya est le lieu
qui matrialise ce ct sombre et pourri de Lzzayer. La souffrance que subit Yidir
Berwageyya est autant morale que physique. Berwageyya est lespace du dni des
liberts, mais aussi, le lieu o les personnages sont privs de toute identit. Cest le
cas pour le personnage de Yidir qui avait subi une torture des plus atroces pour
avoir simplement parl dans une langue autre que larabe ses parents. Les
personnages, Berwageyya, ne sont pas privs uniquement de leur identit
culturelle mais aussi de toute identit humaine. Les descriptions de Berwageyya
brossent plusieurs scnes qui frlent les limites du bestiaire. Cette souffrance
quaffligent les espaces aux personnages a des rpercussions trs fortes sur leurs
psychologies. Yidir, qui a toujours mis en avant son principe de lutte pacifique,
sest retrouv, sa sortie de Berwageyya, compltement mtamorphos. Lide de
commettre un crime gagnait pour la premire fois son esprit. Mais Berwageyya
nest que le prototype de ce que deviendra lespace Lzzayer au fil du temps. Selon
Azwaw, tout le pays est en voie de devenir une norme prison o toute libert sera
occulte :
Akka alamma tual akk Lezzayer d lebs ameqqran. Ula d nnig lkanun ad
a-yual d lebs, i iman- nne ; yal wa ad yettawi lebs deg walla-is ; yal
wa d amebus n yiman-is (p.127)
Ce sera ainsi jusqu ce que Lzzayer devienne une norme prison. Dans
chaque maison, ce sera une prison pour nous, chacun portera une prison dans
son esprit, chacun sera prisonnier de lui-mme
La souffrance quinfligent ces espaces aux personnages est avant tout identitaire.
Elle quivaut une occultation des droits et des liberts, mais elle est, surtout,
relie un processus de dni identitaire. Ces espaces font violence sur les
personnages pour en faire des tres humains au second degr, c'est--dire des tres
dnus de toute identit.
209
Nabila Sadi
Quoi quil en soit, les soucis comme lespoir dune socit mergeaient de
luniversit ; il les avait rencontrs, il les avait touchs, l, il avait gagn en
exprience .
Le second type de lieux est celui de la lutte violente. Lexemple le plus frappant est
celui de la rue ou plutt des rues de Tizi Wezzu qui ont abrit de nombreux et
violents affrontements dont les traces demeurent mme aprs le refroidissement des
heurts :
Tamdint n Tizi-wezzu, tufa-d iman-is d tamanet n Yezwawen, nettat d
Bgayet. Deg wass tettevu d imdanen i d-iserrun deg idurar, tameddit
tettima d tilemt, slid imezdaen-is. Di yal timert n izenqan n temdint,
takemmict n yemsulta, ussen. Deg iberdan, qqiment ccwami n tsegrarabin
yean di herwel-nni yezrin (p. 75)
La ville de Tizi-Wezzu est la capitale des Izwawen, elle et Bgayet. Dans la
journe, des gens qui descendent de la montagne la peuplent. Le soir, elle
redevient vide, seule avec ses habitants. Dans chaque recoin des ruelles de la
ville, un groupement de policiers qui guettent est l. Les rues portent les
traces des pneus brles lors des agitations passes .
Le narrateur fait jouer ces diffrents espaces et les dispose de sorte produire
certains effets sur les personnages. Cet effet-espace se dcline en deux grandes
catgories de lieux : les lieux euphoriques et les lieux dysphoriques. Certains
espaces entranent un sentiment de malaise chez les personnages. Cest le cas de
lespace aerbaz/cole o Yidir a limpression de ne rien apprendre de son
histoire et de son identit. Cest le cas aussi pour lespace Lzzayer tamanat, qui
na procur Lwennas quinconfort et fatigue depuis le jour o il a d sy installer
pour travailler. Yidir fait aussi une exprience dysphorique de lespace Bab-zzwar
qui entrane en lui un sentiment dangoisse et dtouffement. Mais Berwageyya est
le lieu qui le priva de tout droit, de toute libert et surtout de toute identit. La
consommation que fait Yidir de ce lieu est sans doute lune des plus
traumatisantes de lhistoire.
En contraste avec cette exprience dysphorique des espaces, une autre
consommation des lieux, plus euphorique, est dcelable au niveau de certains
personnages. Lwennas retrouve son plein confort lorsquil est chez lui, et prend du
mal quitter son foyer pour retourner Tamanat. Yidir se sent aussi plus laise
et plus vivant lorsquil est Agwni, Ilmaten ou Tamadat. Mais ce sentiment
euphorique gagna aussi Yidir lorsquil mit les pieds pour la premire fois
luniversit de Bab-zzwar, lieu des liberts dexpression. Les espaces dans Tafrara,
aussi clats quils soient se regroupent pour former cette double articulation des
espaces en lieux euphoriques et lieux dysphoriques. Les espaces euphoriques sont
ceux o les personnages ont la possibilit dexprimer librement leur identit, par
opposition aux lieux dysphoriques o lidentit des personnages est compltement
stigmatise, voir nie. Dans ces espaces, les personnages se retrouvent privs de
leur identit culturelle, linguistique et humaine. Ainsi Berwageyya, Yidir fut
interdit de sexprimer en kabyle ses parents, et fut trait et battu, de la plus
sauvage des manires. A Tamanat et Bab Zzwar, Yidir et Lwennas se sentaient
constamment surveills et privs de leur libert pour la simple raison quils furent
des Izwawen. Cette catgorisation des espaces euphoriques vs dysphoriques
210
De lespace comme signe identitaire dans le roman kabyle. Cas de Tafrara de Salem Zenia
H-I : Berwageyya-Agwni
211
Nabila Sadi
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212
.
.
Le questionnement sur lidentit typographique du vers et du pome kabyle est
rcent. Il date de la fin des annes soixante-dix. La premire sinterroger sur
cette identit est, notre connaissance, Nadia Mecheri-Saada (1979). Dans son
mmoire de matrise (en musicologie) consacr aux chants traditionnels de Grande
Kabylie, elle rfute la spatialisation, en vers simple gnralement de sept syllabes,
adopte par les transcripteurs qui lont prcde. Elle commence dabord son
argumentation par constater que le passage de loral lcrit, dans le cas de la
posie kabyle, trahit le texte transcrire car ce passage passe sous silence
quelques aspects essentiels du vers tels que son intonation, son accentuation et son
rythme musical. Elle mentionne par ailleurs que les transcripteurs de cette posie
ont privilgie la rime dans la dfinition du vers. Pour caractriser les tudes dj
ralises, Mecheri-Saada souligne que jusqu lheure actuelle, les spcialistes
ont tudi la posie berbre sous une forme quelle ne revt jamais : le texte crit
do le rythme qui accompagne et scande une action est exclu. () La
transcription dun chant puis son tude nous place dans la situation paradoxale
dun zoologiste qui ntudierait que des animaux empaills (Mecheri-Saada,
1979). Ses arguments sont de trois ordres. Le premier est linguistique (syntaxique
et smantique), le second est musical (les rptitions de vers accompagns du
rythme musical) et le troisime est potique (la rime). A propos de la rime, elle
affirme quelle nest observable dans son corpus qu la quatorzime syllabe.
Cest dans cette position que la rime est rgulire ; lassonance la csure ( la
septime ou la cinquime syllabe) est, selon elle, occasionnelle. En sappuyant
prioritairement sur cette affirmation, Mecheri-Saada relve que le systme de
segmentation du pome en vers quelle adopte est cautionn par deux autres
aspects : sur le plan smantique, le vers ainsi dfini [vers complexe deux
hmistiches avec une csure la septime, ou rarement la quatrime, cinquime
ou sixime syllabe] constitue un tout alors que dans la disposition en distiques, il
faut toujours deux vers pour constituer une phrase complte. Dautre part, si lon
213
Mohand-Akli Salhi
2-
214
Cet nonc est pour Mammeri (1988 : 414) le premier vers dun pome de six vers.
O est la rime de cet nonc ? Daucuns rpondront quelle est dans la dernire
syllabe de lnonc mais condition de donner le second vers car la syllabe
liw ne sera rime que si elle est rpte au bout dun deuxime vers. Donc il ny
a pas de rime dans cet nonc. Donnons le deuxime vers :
Ixaq wul-iw
ib$ ad iub $er Temda
215
Mohand-Akli Salhi
vers impairs comme faux ou (vers) mal russis, soit, suivant la fonction de
dmarcation du vers de la rime, on refait la reprsentation typographique de sorte
ce que les vers (tous les vers) riment entre eux. Nous aurons un texte avec cette
typographique :
Ixaq wul_iw, Ib$ad iub $er Temda
$er At Qasi, ar at rrekba l-la$a
Llaheled, amzun ur eddan ara
Ce texte nest donc pas un sizain mais un tercet. Tous les vers riment en a .
Mais cette rime ne dfinit pas, l aussi, le vers isolment. Si on prend chaque vers
isolment on se rendra compte quil ny a pas de rime. Pourtant les vers ne cessent
pas dtre vers car leur mesure est identique. Elle est dans le cas de lexemple
tudi 4-7s. Cest prcisment au bout du deuxime vers (laa) que la terminaison
du premier vers est devenue rime. Autrement dit, la rime est une relation
dquivalence entre au moins deux vers. Elle nest pas une caractristique
individuelle remarquable du vers en soi, et donc ne dfinit pas le vers. Toutefois,
on peut postuler quelle aide sentir dans le temps la mesure des vers.
Sur le plan statistique, la rime, dans la posie kabyle traditionnelle est plus
rgulire dans les vers pairs (suivant la disposition typographique la plus
rpandue). Elle est mme sporadique dans les vers impairs de la plupart des types
potiques fminins (Aia, asbu$er, aserqes, azuzzen, acekke, adekke, etc.). Le
dpouillement des recueils de Yacine (1990) sur les izlan, de Rabhi (1995), de
Rabia (1988, 1993), de Lacoste-Dujardin et Ait Ahmed (1981), de J. Amrouche
(1988), de R. At Mensur (1998), de Mahfoufi (1988-1989, 1992) confirme cette
affirmation. Si donc la rime limite le vers en indiquant sa fin, le ressort
typographique de la majorit des pomes kabyles traditionnels serait fait de vers
complexes avec des pauses.
Le rapport musique/posie
Une bonne partie de la posie kabyle est chante. La musique ne fonctionne pas
dans la majorit des cas comme simple support de transmission et de diffusion
mais plutt comme lment important tant au niveau de la performance potique
quau niveau de la structuration mtrique des textes. Le rapport que peuvent
entretenir les paroles dun texte avec la musique dans le chant peut renseigner sur
la typographie de ce texte. La correspondance qui stablit entre les paroles et lair
musical dans un chant est importante. Elle constitue mme la structuration formelle
du chant. A propos de cette correspondance entre les paroles et lair musical, Dell
(2003 : 520) affirme que pour quun texte puisse se chanter sur un air donn, il
faut quil y ait moyen de mettre le texte en correspondance avec lair dune faon
conforme aux contraintes locales sur la CTA [correspondance entre texte et air].
Les allongements et les rductions morphologiques des mots, par le truchement du
rajout ou de la suppression dune syllabe comme cest le cas de lallongement du
prnom me (qui devient yeme) dans le troisime vers du texte suivant, sont
expliquer par le souci du pote-chanteur dtablir la correspondance de la mesure
syllabique avec la mesure musicale du vers chant :
216
Lexamen des notations musicales de quelques chants, faites par Mahfoufi (1992),
rvle que chaque syllabe se superpose une note musicale. Chaque syllabe
correspond une note. Il y a lieu de noter ici que la phrase musicale comporte deux
segments spars par une pause. Ces segments correspondent aux deux hmistiches
dun mme vers, et la pause mlodique la csure. Dun autre ct, la prsence
dune syllabe non linguistique, cest--dire indpendante du matriau linguistique
du vers, marque la fin des deux segments de la phrase musicale. La syllabe ah,
dans le texte prcdent, nest ralise quune fois la cohrence smantique, la
cohsion syntaxique et lunit prosodique du vers sont assures. De ce fait, elle
fonctionne comme un signe dmarcatif du vers.
217
Mohand-Akli Salhi
218
Yiwen Ubudrar :
as ebbi weroin necciv
nekwni nusa-d $er laafu.
L aussi les vers impairs ne riment pas entre eux. La seule rime qui existe dans ce
dernier pome est celle des vers pairs en iv . Compte tenu de la rgularit de la
rime au bout du deuxime vers de chaque distique de ce dernier pome iv et
de la rgularit de la rime u pour les deux premiers, le ressort typographique
de ces trois pomes est le suivant :
1- Lao Lmexpa :
Neqqim di leomaa nemsal, neda ten s Lleh annefru
Abrid -ebbi d amellal, win s-ixvan ad $efs ilqu
Ar $as win iss izerri lal, nekwni sbe i nezzwer aggu.
219
Mohand-Akli Salhi
2- Yiwen Ubudrar :
$as ebbi weroin necciv, nekwni nusa-d $er laafu.
3-
220
critre doit tre une unit indcomposable. En ralit, le chiffre cent exig par
lange recouvre le nombre de vers. Par ailleurs, si on suit linterprtation de
Mammeri, on sapercevra rapidement que le pote (Ahmed Arab dIghil Hemmad)
na pas pu subir avec succs lpreuve laquelle il tait soumis. Car, selon
Mammeri lui-mme, il na mme pas compos la moiti de ce qui est lobjet de
lpreuve. Nous voyons mal comment lgitimer un discours, ici une expression
potique, tout en chouant lpreuve. Il est rappeler que la squence de
lpreuve fonctionne comme un moment important dans le droulement de
lhistoire de lgitimation de discours. Elle remplit, selon les termes de Barthes,
une fonction cardinale qui consiste faire suite et donner consquence au rcit. Il
est aussi opportun de signaler que ce type de squence est lun des lments
constitutifs de la narration traditionnelle. Le dnouement heureux du rcit est
conditionn par la russite durant lpreuve (ou les preuves) que le personnage,
gnralement le hros, est appel subir. Ce qui nest pas le cas pour lhistoire de
Ahmed Arab dIghil Hemmad propos de la deuxime partie de son pome
(taqsi), Lmersel. Par contre si nous interprtons le chiffre de cent en termes de
cent vers, nous nous rendrons compte que le pote a subi avec succs lpreuve
demande. Les trente strophes (Taseddat tettabaa tayev, armi yebbwev $er tis
tlatin (afir 180)) dont parle Mammeri sont en ralit 90 vers. Le calcul est simple.
Il suffit de multiplier le chiffre 30, reprsentant le nombre des strophes, par 3. Car
chaque strophe, telle que dfinie par Mammeri, est compose de trois distiques.
Un autre calcul est possible. Il sagit de diviser le chiffre 180 vers, donn par
Mammeri, par deux. Etant donn que la strophe est compose de distiques
regroups en trois, nous aurons 90 vers. Chaque distique forme en ralit une
phrase complte du point de vue intonatif, syntaxique et smantique : cest--dire
un vers de deux parties spares par une pause intonative qui reprsente au niveau
mtrique la csure. Nous constatons l que la dcision de lange darrter le pote
est favorise par le fait que ce dernier est trs proche du chiffre demand. Dautant
plus que le nombre total des vers de cette partie du pome Lmersel est de 103 vers.
Cest--dire juste au dessus du chiffre, objet de lpreuve. Toute cette
gymnastique mathmatique pour argumenter le nombre de vers de la deuxime
partie du pome en question est renforce par la rime. Cette dernire est
statistiquement plus rgulire dans les vers pairs (suivant la typographie propose
par Mammeri). En effet, six vers impairs ne riment pas avec les autres. Il sagit
des vers nos 41 (an), 57 (e), 85 (a), 91 (il), 103 (fa) et 203 (a). Les lettres
donnes entre parenthses aprs les numros de vers reprsentent les syllabes (ou
une partie de la syllabe) de chaque vers. La rime dans les autres vers impairs est
en el , tandis que la rime des vers pairs est en ya . Cette dernire connat
deux lgers carts qui concernent les vers nos 6, 70, 160, 178 et 204. Le premier est
en fait un durcissement du son y en gg (comme dans les vers 6,
lemuegga, et 178, lemzegga) alors que le second est un rtrcissement de la rime
de ya a (comme dans les vers 70, aggaa, 160, liala, et 204,
loahannama).
Le discours mtapotique
Certains pomes, notamment les plus anciens, contiennent des indications
renseignant sur leur forme. Ces indications concernent essentiellement la rime du
221
Mohand-Akli Salhi
Le deuxime pome
la lik ya asul, - ism-inek id ef yiles,
a Muemmed laabi, - zzin lewayef keawes,
iv l-lewjab wans-iyi, - ass lesab tagnip tees.
222
Le troisime pome
A ouin irran deg eljdaouel,
Elqoul o u idda ref erra
223
Mohand-Akli Salhi
Ces trois pomes sont transcrits respectivement par Mammeri (1988 : 116-118),
Hanoteau (1867 : 69-74) et Ben Sedira (1887 : 407-417). Le deuxime texte a t
retranscrit par Djellaoui (2001 : 63-65, 2004 : 69-71). A lissue de cette
retranscription, il a une autre reprsentation typographique qui est la suivante.
Nous ne donnons ici que les deux premires strophes telles que reprsentes par
Djellaoui :
la lik ya asul
Ism-inek id ef yiles
A Muemmed laabi
Zzin lewayef keawes
Iv l-lewjab wans-iyi
Ass lesab tagwnip tees
D lqe a tedda ef ssin
Willan d udiq yemes
R
ecde willan d lediq
I wungif ad iesses
Le troisime texte possde une variante. Cette dernire est prsente par Rinn
(1887 : 55-72).
Dans ces trois pomes, il y a respectivement dans leurs introductions, une
indication importante relative la rime du pome. Chaque pote mentionne la rime
de son texte. Cette dernire est en fa (Taqsi a tt-nebdu $ef lfa) dans le pome
de Youcef Ou Kaci ; elle est en sin (D lqe a tedda ef ssin, - willan d udiq
yeme) dans le pome attribu Si Larbi n At Cherif ; elle est en erra (Elqoul
ou idda ref erra) dans le troisime pome (attribu par Rinn Si Said Ben
Djelouah). Ces potes utilisent les lettres alphabtiques arabes, seules connues
lpoque, pour reprsenter la rime du pome. Il est notable que la pratique
consistant dsigner certains pomes par leurs rimes est connue dans la culture
arabe. Lon dit par exemple siniyatu El Bouhtouri ou nouniyatu Ibnu Zaydoun.
Par ailleurs, mme si celle du premier texte connat un lger rtrcissement vers la
fin, toutes ces rimes sont rgulires dans les pomes. Plus que cela, les vers impairs
du deuxime pome tel que reprsent typographiquement par Djellaoui ne riment
224
pas entre eux. La typographie du troisime pome suivant ldition de Rinn semble
tre conforme celle du manuscrit en caractres arabes.
Que pensent les transcripteurs de ces pomes de cette indication de la rime ? Pour
Mammeri, elle na pas dincidence ni sur la configuration mtrique ni sur la
typographie du texte. Il (crit quil) sagit l seulement dune lettre de lalphabet
arabe qui correspond f, ici purement symbolique (1988 : 117). Pour Djellaoui
(2001 : 106, note 114 ; 2004 : 111, note 114), cest de lindication de la rime du
pome quil sagit ; [] le pome est bas sur la lettre sin [la lettre s en arabe]
[], qui forme la lettre essentielle de la rime, appele en arabe [errawi] , crit-il.
Ben Sedira (1887 : 407) traduit, en note, le vers porteur de lindication de la
rime comme suit : Ma rime finit par la syllabe ra . Si Mammeri nattribue
aucune valeur mtapotique cette indication, il nen est pas de mme pour Ben
Sedira et Djellaoui pour qui cette indication constitue bel et bien la rime du pome.
Contrairement Hanoteau, par exemple, ils ne tirent aucun profit de cette
reconnaissance pour la typographie du texte.
Suivant ce discours sur la rime dvelopp par le pote dans son texte, il est clair
que la typographie du vers doit tre autre que celle de Mammeri, de Djellaoui et de
Ben Sedira. Les reprsentations typographiques respectivement de Hanoteau et de
Rinn sont plus proches de la ralit du vers. Ce dernier est donc un alina assez
long entrecoup ou non par un espace blanc. Cette typographie est par ailleurs
renforce par le rapport quentretiennent les paroles avec la musique dans le chant.
Elle est aussi conforte par les manuscrits potiques en caractres arabes.
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227
Mohand-Akli Salhi
228
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205 p. + XVII p. Thse pour lobtention du Doctorat. (Dir.) Kamal Nait-Zerrad,
Institut national des langues et civilisations orientales.
231
Situe au Sud-Est du Maroc, la province de Zagora est passe d'un espace local
passif un espace local de plus en plus actif. Ce passage est d en grande partie
l'mergence d'une bauche de stratgie de dveloppement local, labore
partiellement par les associations de proximit. Actuellement, plus de 590
associations oprent dans la province de Zagora. Elles ont mis en place de
nouvelles approches, de nouveaux projets et se sont progressivement imposes sur
lchiquier local. Par la force de leur prsence quotidienne, elles sont devenues un
acteur incontournable.
L'apport des associations de proximit au dveloppement de la province de Zagora
est analys travers cinq domaines cls.
Le premier se rapporte la mise en place d'une dmarche participative. A partir de
la seconde moiti des annes quatre-vingt-dix, lentre sur scne des associations
de dveloppement, appuyes par la coopration internationale, a permis de raliser
des perces participatives par la formation des acteurs locaux, llargissement du
cercle de la participation, la rduction du rle des intermdiaires et la minimisation
des effets pervers des programmes durgence. Lapplication dune telle dmarche a
permis dagir sur les attitudes passives et de responsabiliser davantage les acteurs
locaux. Certes, on peut formuler plusieurs critiques et numrer plusieurs drives
lors de la mise en uvre de la dmarche participative. Mais il nen demeure pas
moins que l'action associative locale a favoris l'exprimentation de cette approche
sur une longue dure et a pu jeter les fondements dune participation oprationnelle
dont il faudrait tablir une assise socio-politique.
Le deuxime a trait lexprimentation dune dmarche de planification villageoise.
Plus de 33 plans de dveloppement de villages ont t labors. Ce qui a favoris
une forme de planification en rupture totale avec les procds adopts tant par les
communes que par les services dcentraliss de lEtat. Lapproche a contribu au
passage dune dmarche o le processus de prise de dcision est pratiquement
contrl par les administrateurs, experts, agents de dveloppement et notables une
dmarche qui laisse aux populations et leurs associations plus de marge en
matire dcisionnaire.
Le troisime concerne l'amlioration du statut de la femme. Depuis la seconde
moiti des annes quatre-vingt-dix, on a assist la naissance de plusieurs
associations fminines. Celles-ci agissent au profit de groupes de femmes
dfavorises, habitant le plus souvent en milieu rural. Elles sinvestissent dans
quatre domaines : le renforcement des capacits, lducation, lautonomisation
financire et la sant.
Le quatrime porte sur la contribution des associations de proximit dans le
domaine de lenvironnement travers des activits de fixation des dunes, de
232
un
dialogue
233
Textes - iin
ssusv i uzwu
Fssusv i uzwu
Da av iswlellu
Tin lki a mma pllu
Ur skiv vif walu
Azwu am tnbat inu
Zlan anaviz inu
Azgar a mi iyvrf iddu
Iomu yi ur ukizv au
Irbi umrdul a ya mma nu ^
As iyi yuwi uzwu
S icrgan ddan iobann inu
apt idammn a^ s ttddu
Isnnanen d ikif inu
Tauyyi d attag inu
Ig wari tiram inu
b i tasmmi n uvu
d usuy n ubazin g uvu
amay nkk a asslku
iag iga vlilu
Aprda d asmun inu
Aknnud aja inu
Ig umrdul amaal inu
Robv ur ipnin uzwu
Rru ! rru ! nu ! rru !
Ur bav i wau
Illa uya g uduku
As i ixub wau
Ur da i iswunfu
Xs tafi n warru
237
upa bnsayn
ssusv i uzwu
Nb i tifawt inu
Ad d i tali tbuvlu
Tizlit n layt tfukku
Askka nu ar issa ifsu
Yacck ; izl umdlu
Yili aha ufud ipu
Tplu yi tudrt tjju
Inna bab axatar nu
Ad iqqim yi aha, uhu
Ussan aha, aha, uhu
Mqqar iolulm ulmu
A ul ad ur k ivwwu
Isul ad ig armmu
iwriv yasi t uzwu
upa bnsayn
238
abid pimmic
239
bdlla
imzgida n ssuq
imzgida n ssuq
smun wass timlsa nns. tasukt tssidda s tifawt n wasidd. ipuna n
ssuq ar tqqnt tiggura nnsnt. unn d zun d ku ass, ddu ugadir n
ssuq. ^%m oli tassnduqt n jjaj, ar ittpasab iqai(n da smunn v
wass. Zwarn s idrimn n lkaot.
-*id gan 200drhm, ad inna oli lliv tn izzri.
ssnti ar ismuna iqai(n n nnqurt, ar tn ittpasab gras d ixf nns.
/pus, ur nn yuzn afus, mac alln nns qqurnt v ifassn n oli ar zzrayn
tidrimin yat s yat aylliv txwa tssnduqt.
-wid gan 235drhm. ass ad nsmun 435 drhm.
3all i%i nns v lpus yini as:
-awa nska timzgida zikk !!!!
rar as lpus :
-ini yi ukan mck a rad iyi tfkt ass ad. amma timzgida i%a as
walli mu tga tinns.
fiss oli yat tizi idrusn, yini as :
- rad ak fkv 35 drhm, asiv 50drhm, ajjv 350 i tmzgida.
- yak nniv ak tsmar iyi buagaz ! awa smd iyi 50 drhm.
- lpus ! mayad iga win tmzgida, awa qnou, fad ad dark yili ula
kyyin imik n laj dar bbi.
yam% lpus 35drhm, yasi tawlaft lli sa tmntran, iswulu as udm i
tfgga nns, yawn i uvaras, aylliv nn yaggug s imik yini as :
-timnsiwin a oli !
-timnsiwin a lpus ! askka, v tizi lli bdda d udvar lli bdda, ad
iplu yi( nnk !
7ra igat ass ar ttmaggarn dar waggur wiss 7 n ssuq v tiss
mrawt n tifawt, kcmn s ssuq ar tmntran i tmzgida. oli yusi
tassndduqt n jjaj mani v ttlupn middn tikki nnsn. /pus, yusi yat
twlaft f ittyara asnfar n tusska n tmzgida n ssuq ityara
ddaw nns s torabt man bana masjidan bana llahu llhu daran fi
ljanna . s tjllabiyin nnsn tumlilin rkanin, ar zrayn v tswak n ssuq,
oli ur ar ittfissas, imi nns gant d gis layat n lquran zun d asif.
241
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oli, ar fllas itrara s amin, llahumma amin .
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ili n lpus idrus bdda f win oli. 3an wass, i% lpus ifssi nns,
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Exploitant les rsultats dun travail de terrain, cet article tente de mettre en
exergue le rle des savoir-faire locaux dans le faonnement et le renforcement
de lidentit dun groupe dartisans de la tribu des Ait Bou Yahia (province de
Tata). Spcialistes de larchitecture litaire dans la rgion Bani-Draa, ces
derniers ont trs vite acquis la reconnaissance nationale voire internationale
dans le domaine.
Larticle vise mettre en lumire ce savoir-faire, son origine, sa transmission,
ses caractristiques, et surtout son rle dans la promotion de la communaut
des Ait Bou Yahia, jusqu au-del des frontires nationales
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- 2012 44-29
Dans la rgion des Zemmour, comme partout ailleurs en milieux amazighes, la
)production du tapis relve de lactivit fminine. La femme zemmourie a pu (su
garder, dvelopper et transmettre le savoir-faire tapissier. De ce produit de
fabrication ancestral, elle a tir divers avantages et fait une source de revenu
complmentaire ou principale pour la famille. Ce qui nest plus le cas
aujourdhui. Des facteurs endognes et exognes dcouragent la production du
)tapis et le savoir-faire y affrent. Les fabricantes et les vendeuses (ou vendeurs
du tapis sont conscients des obstacles qui freinent son essor, mais ils se sentent
dsarms devant leur ampleur. Toutefois, avec des moyens de bord et de
diffrentes manires, certaines associations tentent dviter lart tapissier de
se fragiliser davantage.
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73-45 2012 -
Le mtier des artisans du livre a attir lattention de nombreux Marocains ds
les premires annes de lre islamique. Cet intrt est justifi par plusieurs
raisons matrielles et morales. Dabord, lindustrie du livre garantissait une
source de revenus pour les artisans ; ensuite, elle permettait la diffusion du
savoir en rponse des besoins manifests par les mosques, les coles
coraniques, les zaouias et les grands centres ddis la recherche scientifique.
Ainsi, les villes comme Ceuta, Fs, Marrakech, Taroudant taient de grands
espaces de circulation des livres manuscrits. De mme, le Maroc exportait
ceux-ci vers les pays de lAfrique subsaharienne.
Les artisans du livre marocains, inspirs par leurs homologues de lorient
islamique, ont trs vite dvelopp des techniques, des mthodes et des outils
adapts la culture et aux matriaux locaux et ont mme initi ce que lon peut
nommer lcole marocaine de confection des manuscrits . Il faut souligner
que les matires premires taient toutes dorigine locale et que lindustrie du
livre mettait en relief les savoirs et les savoir-faire locaux.
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74
- 2012 83-77
:
2003
Naciri, M. (1995) L'amnagement et le dveloppement des montagnes au Maroc,
Projet MOR/88/PO9; Ministre de lEnvironnement.
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83
- 2012 87-85
.
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) Fichier
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asinag@ircam.ma
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) (A4 ) ( 24/17
Arabic Transparent ) (11 Exactement 12
) ( 2.5 ) ( 2 .
Tifinaghe-ircam Unicode 11
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Conditions gnrales
Tout article propos doit tre original, accompagn dune dclaration de lauteur
certifiant quil sagit dun texte indit et non propos une autre publication.
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REVUE
- Asinag
Bulletin dabonnement
Priodicit : 2 numros par an
Bulletin retourner :
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