Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Raissouni Et Al - Evaluation de La Pollution Métallique Dans Les Principaux Cours D'eau Débouchant Dans La Méditerranée Occidentale. Mobilité Et Impact Des Activités Anthropiques PDF

Télécharger au format pdf ou txt
Télécharger au format pdf ou txt
Vous êtes sur la page 1sur 6

Conférence Méditerranéenne Côtière et Maritime

EDITION 2, TANGER, MAROC (2011)


Coastal and Maritime Mediterranean Conference
Disponible en ligne – http://www.paralia.fr – Available online

Evaluation des polluants métalliques dans le bassin de Martil
(Maroc nord occidental). Mobilité et impact des activités
anthropiques
Ahmed RAISSOUNI 1, Mohammed RAISSOUNI 1,
Zakariyae DJEBARY TAHIRI 1, Saïda BOUZID 2,
Abdelkrim EL ARRIM 1, Hassan ER-RAIOUI 2

1. Laboratoire d’Océanologie, Environnement et Risques Naturels. Département des


Sciences de la Terre ; FST de Tanger. BP 416 Tanger, Maroc.
ah_raissouni@hotmail.com
2. Laboratoire de Biologie Appliquée et Sciences de l’Environnement. Département des
Sciences de la Terre, FST de Tanger, BP 416 Tanger, Maroc.

Résumé :
La présente étude s’inscrit dans le cadre d’un suivi de l’évolution des variations dans le
temps et dans l’espace des teneurs en éléments métalliques des eaux de surface de
l’oued Martil entre deux campagnes d’échantillonnage (mai 2010 et mai 2011).
La comparaison des résultats des analyses métalliques des deux campagnes montre des
variations différentes des teneurs des éléments métalliques. Ainsi la teneur en
magnésium a augmenté presque 10 fois plus, ce qui met en évidence l’intensité des
activités qui a provoqué cette augmentation pendant seulement une année.
Les concentrations du nickel et du plomb ont diminué en dessous des normes établies
par le Projet Marocain de Valeurs Limites (CNS, 1994) et indiquent une eau de qualité
moyenne à bonne, comme pour les concentrations en aluminium, en zinc et en cuivre,
qui ont été diminuées par rapport à la campagne de 2010 et qui sont toujours très faibles
et ne constituent pas de menace de manière générale. La concentration du cadmium a
connu aussi une légère diminution mais elle reste toujours élevée dépassant la norme
établie qui est de 5 µg/l, ce qui suscite une certaine inquiétude concernant cet élément et
ses sources possibles.
Concernant le fer, sa concentration a été doublée, ce qui explique qu’il y a un début de
contamination des eaux car les valeurs enregistrées sont comprises entre 1 et 2,
indiquant une eau de qualité moyenne.
Mots clés :
Eaux superficielles – Contamination – Oued Martil – Eléments majeurs – Eléments
traces – Maroc – Méditerranée

DOI:10.5150/cmcm.2011.080

385
La connaissance de la Mer :
un vecteur du développement durable en Méditerranée

1. Introduction
Les activités domestiques et industrielles génèrent des charges polluantes importantes et
diversifiées (micro-organismes, substances organiques et minérales, produits toxiques,
etc.) qui affectent plus ou moins profondément la qualité des eaux fluviales et côtières.
Dans un contexte de forte croissance démographique et de développement touristique et
industriel dans la région, l’objectif de notre étude est de suivre l’évolution de la qualité
des eaux de surface de l’oued Martil, qui constitue le principal réceptacle des eaux usées
domestiques et industrielles des centres de Tétouan et Martil, à partir de l’étude de leurs
teneurs en métaux, ainsi de déterminer l’impact de ces rejets sur l’environnement
fluviatile. On s’est basé sur des analyses des éléments majeurs (Fe, Al, Mg) et des
éléments traces (Cr, Zn, Pb, Ni, Cu et Cd) effectuées sur les eaux de surface de cinq
points positionnés non aléatoirement sur le cours de l’oued Martil et ses affluents
principaux. C’est une étude comparative de deux campagnes d’échantillonnage
effectuées au mois de mai 2010 et au mois de mai 2011 respectivement.

2. Le secteur d’étude
Le bassin versant de Martil, qui couvre une superficie de 1170 km2, se situe dans la
partie nord occidentale du Maroc entre les latitudes nord 35°10' et 35°45' et les
longitudes ouest 5°17' et 5°38' dans la région Tanger-Tétouan. La zone d’étude s’étend
sur une aire géographique caractérisée par un paysage essentiellement montagneux à
topographie accidentée à l’exception de certaines zones à relief peu élevé et de la plaine
de Martil. Toutefois, l’ossature montagneuse est interrompue localement par des bassins
intérieurs, des couloirs et des vallées où la topographie est plutôt de type collinaire ou
semi plane.
La climatologie de la région comporte une diversité comparable à celle du relief. Mais
en général, l’existence de deux saisons différentes, une saison pluvieuse et humide du
mois d’Octobre au mois d’Avril et une autre sèche du mois de Mai au mois de
Septembre, permet de classer la zone parmi les régions à climat de type méditerranéen.
De point de vue hydrologique, les trois quarts des oueds de ce bassin passent par la
cluse de Tétouan, le cours d’eau principal reçoit ces eaux de trois grands affluents puis
il traverse la ville avant de se déverser dans la Méditerranée au niveau du centre de la
ville de Martil avec un débit minimal en périodes d’étiage de 0,23 m3/s.
De point de vue géologique, le bassin est localisé dans la partie occidentale de la chaîne
montagneuse du Rif. Ce dernier appartient à la terminaison occidentale de la chaîne
alpine péri-méditerranéenne. La bande orientale du bassin est constituée au Nord, par
des terrains anciens métamorphiques (micaschistes, gneiss, péridotites, …) appartenant
à l’unité des Sebtides et de roches paléozoïques (grès micacés, pélites et calcaires noirs)
vers l’extérieur au Sud qui forment les unités Ghomarides (DURAND DELGA, 1960,
1962, 1963 ; CHALOUAN,1986), auxquels sont adossées les écailles plus consistantes
du secondaire et tertiaire de la chaîne calcaire et qui prennent place en une bande

386
A best knowledge of the Sea:
A sustainable development vector in Mediterranean

continue de long de part et d’autre de la cluse de Tétouan. Cette ossature appartient au


domaine interne. A l’ouest, se développent des dépôts détritiques, alternance de bancs
de grès et de pélites à épaisseurs variables horizontalement et verticalement, et qui
appartiennent au domaine des nappes de flyschs représenté dans le bassin
essentiellement par la nappe de Bni Ider. Ces différentes nappes d’âge alpin et à origine
tectonique reposent sur l’unité de Tanger essentiellement marno-argileuse. Les
formations post-nappes plio-quaternaires sont représentées par des dépôts fluviatiles
essentiellement limoneux et argileux et de terrasses quaternaires composées
essentiellement de grès, de sables et de limons.
Les sols de la région sont représentés essentiellement par des sols peu évolués occupant
surtout les zones de basse altitude, des sols calcimagnésiques, des sols à sesquioxydes
de fer et de manganèse, des sols brunifiés, des sols minéraux bruts ainsi que des
complexes des différents types de sols (SANOUSSI MANZO, 2011).
Ces sols sont généralement occupés par des terrains agricoles dans les plaines alluviales
et les basses altitudes. Les terrains d’altitudes moyennes et de reliefs non accidentées
sont généralement occupés par des pratiques culturales traditionnelles et relativement
limitées. Les zones hautes sont occupées par une couverture forestière relativement
dense. Le reste représente des terrains nues ou à faible couvert végétal.
De point de vue démographique, les deux centres urbains principaux de ce bassin
versant sont les villes de Tétouan et de Martil. Tétouan connaît une forte croissance
démographique alors que Martil est une station balnéaire dont la population augmente
considérablement pendant la saison estivale. La province de Tétouan compte plus de
534.000 habitants en 2006 dont 143.412 en milieu rural, avec une augmentation de 30%
en nombre de ménages entre 1994 et 2004 (D.R.T.T., 2008).
Les statistiques émanant du Ministère du Commerce et de l’Industrie font apparaître un
relatif accroissement de l’industrie caractérisé par une certaine diversité. Le nombre
d’unités industrielles recensées en 2005 (enquête annuelle sur les industries de
transformation) s’élève à 261, réparties comme suit : 83 unités d’industrie agro-
alimentaire (32% ), 20 unités d’industrie textiles et de cuir (8% ), 97 unités de chimie et
parachimie (37%), 56 unités d’industrie métallique et mécanique (21%) et 5 unités
d’industrie électrique et électronique (2%).

3. Matériels et méthodes
Le choix des points a été basé d’abord sur la notion amont – aval et sur la position des
principaux rejets (figure 1).
L’échantillonnage a été fait en utilisant des bouteilles en plastique, préalablement
préparées (acide nitrique 1/10 pendant 24h, acide nitrique 1/3 et rinçage avec de l’eau
distillé trois fois). Au moment d’échantillonnage, les bouteilles ont été rincées trois fois
avec de l’eau de l’oued avant le prélèvement. Pour les éléments métalliques, les
échantillons ont été prélevés dans des flacons de 100 ml et fixés directement après le

387
La connaissance de la Mer :
un vecteur du développement durable en Méditerranée

prélèvement avec de l’acide nitrique (1 ml/l). On a également effectué un processus de


filtration afin de supprimer toute suspension susceptible de contenir des contaminants
organiques hydrophobes. Les échantillons ont été ensuite transportés au laboratoire dans
une glacière à 4°C et ils ont été transportés au Centre Nationale de Recherche
Scientifique et Technique (CNRST) à Rabat pour les analyser par la méthode d’ICP.

Figure 1. Localisation des points choisis pour le prélèvement.

4. Résultats et discussions (tableau 1)


Le magnésium a des concentrations très élevées, dépassant beaucoup les normes
établies (1 mg/l), avec un maximum de 153,992 mg/l enregistré à l’embouchure de
l’oued. Ce pic de magnésium, même s’il reste toujours un point d’interrogation, pourrait
être attribué d’une part aux rejets de différents activités urbaines et industrielles qui se
rassemblent en aval et d’autre part, au lessivage des sols calci-magnésiques et des sols à
sesquioxydes de fer et de manganèse occupant de vastes parties du bassin versant.
Pour l’aluminium et le fer, ils affichent des concentrations qui augmentent en allant de
l’amont du bassin vers l’aval, (1,534 mg/l) en aval pour le fer, et 0,573 mg/l pour l’Al.
L’étude des relations entre ces deux éléments métalliques a fait apparaitre une
corrélation positive ce qui permet de conclure qu’ils ont une origine commune, attribué
aux déchets d’utilisation d’aluminium et de fer et les diverses activités industrielles
présentes dans la zone.

388
A best knowledge of the Sea:
A sustainable development vector in Mediterranean

Concernant les éléments traces, les concentrations en cadmium, dépassent les normes
établies, (>5 μg/l) presque dans tous les points. En effet, ce métal, provient des effluents
industriels, des eaux usées domestiques, aussi des industries des alliages métalliques.
Dans la nature, le Cd est l’un des rares éléments de la biosphère. Sa concentration
moyenne dans la croûte terrestre est de l’ordre de 0,15 μg/g (LEVESQUE, 1980).
Les concentrations en chrome, zinc et en cuivre sont très faibles, ils ne constituent pas
de menace de manière général. Pour le chrome, les concentrations sont très faibles.
Dans les eaux des rivières et des lacs, la concentration du chrome est comprise entre 1 et
10 µg/l, alors que dans les mers et les océans, elle n’atteint pas 0,5 µg/l. Les eaux
destinées à la consommation contiennent entre 1 et 40 µg/l (BLINDA, 2007). Les
minerais de chrome sont utilisés essentiellement par l’industrie métallurgique,
l’industrie des pierres réfractaires et l’industrie chimique, constituent les principales
sources de pollution des eaux continentales par le Cr.
Bien qu’inférieures aux normes admises, les concentrations en plomb enregistrées sont
plus élevées que celles du Cr, Zn et Cu au niveau de l’ensemble des sites étudiés. Les
résultats montrent également que les variations spatio-temporelles sont irrégulières, ce
qui rend difficile l’interprétation des tendances.
Le nickel et le plomb en concentration dans la zone affichent des valeurs qui ne
dépassent pas les normes (50 μg/l).

Tableau I. Résultats des analyses des éléments métalliques dans les eaux superficielles
de l’oued Martil (mg/l).
Cette étude RAISSOUNI (2010)
M1 M2 M3 M4 M5 Martil
Al 0,087 0,115 0,142 0,097 0,537 0,694-1,026
Fe 0,113 0,064 0,163 0,268 1,534 0,083-0,516
Mg 25,755 18,039 24,292 24,69 153,992 16,326- 240,833
Pb 0,017 0,015 ≤ 0,004 0,007 0,016 0,008- 0,14
Cd 0,006 0,005 0,006 0,01 0,01 0,01
Cr ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤0,002 0,001- 0,002
Zn ≤ 0.002 0,004 ≤ 0.002 0,003 0,003 0,001- 0,053
Ni 0,015 0,015 0,022 0,015 0,017 0,002- 0,105
Cu ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤ 0,002 ≤ 0,002 0,008 - 0,02

5. Conclusion
L’Oued Martil montre une qualité bonne à moyenne en amont de la ville de Tétouan, à
l'instar des autres oueds de la région ; mais en aval de cette grande ville, il devient très
dégradé par les rejets urbains et industriels, qu'il véhicule sans traitement jusqu’à la mer.

389
La connaissance de la Mer :
un vecteur du développement durable en Méditerranée

Si les concentrations enregistrées n’incitent pas à des inquiétudes immédiates et ne


peuvent pas être à l’origine de toxicité aiguë, il faudra souligner que le risque
écotoxicologique réside dans le caractère cumulatif des métaux lourds qui interviennent
dans des phénomènes de bioaccumulation et de bioamplification.

6. Références bibliographiques
BLINDA M. (2007). Pollution tellurique du littoral nord-ouest du Maroc entre Tanger
et Tétouan : caractérisation, impact sur l’environnement et proposition de solutions.
Thèse de Doctorat, Univ. Mohammed V, Rabat, Maroc, 194 p.
CHALOUAN A. (1986). Les nappes ghomarides (Rif septentrional, Maroc): Un terrain
varisque dans la chaîne alpine. Thèse d’Etat, Univ. Strasbourg, 317 p.
CNS -Comité Normes et Standards- (1994). Projet marocain de valeurs limites
générales de rejets directs industriels. Ministère de l’environnement du Maroc. Rabat.
D.R.T.T. -Direction Régionale de Tanger Tétouan- (2008). Monographie de la région
Tanger-Tétouan. Rapport du Haut Commissariat au Plan du Maroc, 178 p.
DURAND DELGA M. 1960. Sur l'origine ultra-rifaine de certaines nappes du Rif
septentrional. C. R. Somm. Soc. Géol. France., Vol. 2, pp 22-23.
DURAND DELGA M., 1962. Données actuelles sur la structure du Rif. Mém. h. sér.
Soc. géol. Fr., I, pp 399-422
DURAND-DELGA M. 1963. Essai sur la structure des domaines émergés autour de la
Méditerranée occidentale. Geol. Rundsch., Stuttgart, 53, pp 534-535.
LEVESQUE L. (1980). Les rejets d’eaux chaudes des centrales thermiques. I : Etudes
sur sites des effets sur la vie aquatique. Association Française pour l’Etude des Eaux,
Paris, 177 p.
RAISSOUNI M. (2010). Etude géochimique et métallique des eaux des principaux
oueds débouchant dans la méditerranée occidentale marocaine. Mémoire de Master,
Tanger, Maroc, 80 p.
SANOUSSI MANZO L.M. (2011). Utilisation de la géomatique pour la contribution à
la cartographie des sols de la région de Tétouan. Mémoire IAV Hassan II. 198 p.

390

Vous aimerez peut-être aussi