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Lina Bo Bardi SESC Pompeia

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TP1 PENSÉE CONSTRUCTIVE D’ARCHITECTE


ÉTUDE D’UNE
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Lina Bo Bardi
SESC Pompéia (1977-1986)

Par :Clémentine Dufaut


Rosemarie Faille-Faubert
Marianne Legault
Gabrielle Turcotte

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14


A. APPROCHE DE L’ARCHITECTE À LA CONCEPTION / À LA CONSTRUCTION
INTRODUCTION UN RÉCIT VISUEL

Lina Bo Bardi réalise ses études d’architecture au Collège d’Architecture « To teach is to construct » - Bo Bardi, 1957 Aux yeux de Bo Bardi, l’architecture, saisie au travers de la théorie, représente
de l’Université d’ingénierie de Rome entre 1933 et 1940. C’est une période un artéfact d’un temps et d’une place particuliers. En d’autres mots, la
mouvementée pour l’Italie, alors déchirée par la guerre. Peu de temps après En 1957, Lina Bo Bardi publie un livre intitulé The propaedutic contribution création humaine artificialise des éléments naturels selon une période et
l’entrée en guerre de l’Italie contre les Alliés, en 1943, débute une guerre to the teaching of architecture theory. Elle présente ce texte à l’École ses technologies inhérentes ainsi qu’un lieu et ses caractéristiques locales.
civile entre l’Italie du Nord, alors sous Mussolini et l’Italie du Sud, alors sous d’Architecture et d’Urbanisme de l’Université Fédérale de Sao Paulo pour Sa théorie est non seulement décrite en texte, mais aussi en images.
contrôle des Alliés. Artistes et intellectuels se rallient au Parti Communiste appliquer sur un poste d’enseignement de la théorie de l’architecture, Souvent, les images deviennent complémentaires au texte et offrent une
Italien pour son caractère social fortement nationaliste et participent à une dans le cadre d’un concours international. Elle n’aura pas le poste qu’elle lecture différente, complémentaire à ses écrits. La lecture est ardue, parfois
vive opposition au Parti National Fasciste de Mussolini. Lina Bo Bardi se convoitait, mais sera invitée, plus tard à cette même université pour donner déconstruite. L’architecte pose beaucoup plus de questions qu’elle n’offre
trouvera en plein coeur d’une crise sociale existentielle pour les Italiens et des conférences. (Veikos, 2014) de réponses. Il est néanmoins facile de reconnaître sa passion pour certains
cette préoccupation sociale persistera, plus tard, dans ses créations. Deux sujets tels la nature, l’humain, la science et la technologie. (Veikos, 2014)
de ses professeurs lui transmettent des valeurs et idées qui la suivront
jusqu’au Brésil. Ceux-ci voient la ville comme un amalgame de vieux et de La nature est une thématique récurrente et constante dans son texte
nouveau, ils entretiennent une vision de la forme urbaine transitionnelle qui puisque celle-ci représente le cadre d’action de l’architecture ; elle inspire
montre ses itérations passées. Aussi, les Italiens voyaient la modernisation, et gouverne l’architecture. En effet, elle devrait être la source initiale pour
dans le langage architectural, comme rattaché à la tradition régionale, aux l’étude de l’architecture puisqu’elle fournit les matériaux et les instruments
caractéristiques du lieu et aux matériaux et artisans locaux. (Veikos, 2014) nécessaires pour harmoniser, pacifier et mettre en forme l’architecture.
Ce rapport respectueux qu’elle prône entre nature et architecture s’ensuit
« J’ai des inhibitions architecturales, je suis incapable de faire le projet dans son travail ; elle compose avec des matériaux simples, disponibles
d’une banque, une villa particulière, d’un hôtel. J’aurais peut-être adoré et les utilise en quantité minimale. « Her work is invariably tied to tangible
qu’on m’appelle pour faire le projet d’un hôpital, d’une école, d’une maison things, and this is the source of its mythical poetic character » (Oliveira,
populaire, mais cela n’est jamais arrivé. Dans le fond, je vois l’architecture 2006). On le remarque à la jonction entre deux matériaux (ce qui arrive
comme un service collectif et comme de la poésie. Quelque chose qui n’a
rarement puisqu’elle n’utilise souvent qu’une matière). Rien n’est dissimulé,
rien à voir avec l’art : une espèce d’alliance entre le devoir et la pratique
on comprend immédiatement le rapport que les éléments entretiennent
scientifique » (Lina Bo Bardi, Document Arte, 2012)
entre eux. Les éléments comme l’eau, le feu et la végétation se retrouvent à
leur état primaire son architecture puisqu’ils sont nécessaires à la condition
Lina s’installe à Milan où elle travaille pour l’architecte, designer et éditeur
humaine. D’ailleurs, l’humain est souvent représenté au travers d’allégories,
Gio Ponti, directeur de la triennale de Milan en 1930 et 1933. En tant que
soit la nature, la théorie, le design ou encore la trinité. C’est souvent une
journaliste, Lina publie et dessine pour plusieurs magazines grâce au
figure humaine qui personnifie les concepts étudiés. L’échelle humaine
réseau de contacts de Ponti. Au travers ses collages de mobilier, d’intérieurs
demeure la base de mesure, et ce, en théorie et en pratique. (Veikos, 2014)
et de jardins qu’elle réalise pour les magasines, on reconnaît des thèmes
qui caractériseront son style, le métissage de motifs anciens et modernes,
l’intégration de la nature et de simples constructions. Vers la fin de la
guerre, l’habitation et la reconstruction étaient au coeur des préoccupations « The stimulus to acquire a professional conscience, in other words, a
philosophical point of view towards the relationship between the architect and
des architectes et des magazines d’architecture, auxquels Lina Bo Bardi et
society, an understanding of his activities in connection with other activities,
Pietro Maria Bardi, mariés en 1946, participent activement. (Veikos, 2014) the responsibilities, the limits, and the issue of not overstepping these limits,
all this should be inlcuded in the teaching of Architecture Theory. It should be
Lina et Pietro Maria quittent l’Italie, comme plusieurs personnalités liées impaired with a sense of humanism. » (Lina Bo Bardi, 1957)
au Parti Communiste. Ils se dirigent au Brésil vers un potentiel créatif et
une prospérité presque assurés, chose que l’Europe d’après-guerre ne Elle y fait le croisement de sources classiques et modernes puisqu’on y voit
pouvait leur offrir. Dans les années 50, le couple lance la revue Habitat notamment des références à Louis Sullivan, Frank Lloyd Wright, Viollet-
dans laquelle ils font la promotion du travail d’architecte de Lina et des Le-Duc, Claude-Nicolas Ledoux et bien d’autres. On comprend rapidement
expositions tenues au Musée d’Art de Sao Paulo, alors dirigé par Pietro que l’architecte utilise l’écriture comme moyen de conception et vice versa :
Maria. Le musée connaît un succès international, ainsi que la revue, deux
médiums qui opèrent côte à côte pour le rayonnement de nouvelles idées,
de façons de penser souvent reliées au modernisme. Parallèlement aux
« The elaboration of theory may originate from practice
activités de son mari, Lina ouvre un bureau de design qui se concentre sur and be its consequence ». - Bo Bardi, 1957
une production de mobilier moderne. (Veikos, 2014)

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 1


doivent aussi s’y rattacher : « The scientist investigates the immutable
nature, and from this investigation he extracts the truth; what the artist finds
in nature is only inspiration » (Bo Bardi, 1957). C’est en alliant science et
art puis en prenant source dans la nature que l’homme a développé la
production sérielle, le préfabriqué.

« Serial production, which must now be taken into


account as a basis of modern architecture, exists
in nature itself, and intuitively, in ‘popular work’. »
- Lina, 1957

« … But time is a spiral, something with no end. Beauty alone, in itself, is
something that doesn’t exist. It exists for a historical period, then tastes
change and it becomes a mess. Instead, when it is something unmistakably
connected to collectivity, it is beautiful because it is useful and continues to
live. » (Lina Bo Bardi, revue A+U, 1999)

La publication de textes et de dessins, les expositions, l’enseignement


et finalement, la construction, sont les méthodes utilisées par Lina pour
diffuser sa théorie et ses idées. Ses débuts en tant que journaliste lui ont
permis de pratiquer une écriture qui lui sert d’outil de conception, au même
C’est en étudiant de nombreux traités d’architecture que Lina Bo Bardi titre que le dessin et le collage. Son architecture s’imprègne de l’homme et
réussit à lier le rôle qu’ils ont occupé dans le développement des pratiques de la nature en tentant d’allier science et art. Son rapport envers la nature
et pensées architecturales aux procédés de fabrication sérielle. Elle l’oblige à être honnête et pleinement exprimer les matériaux tels qu’ils sont.
représente les éléments préfabriqués comme un catalogue de « choses » Que ce soit le bois, la pierre, l’eau ou le métal, ils sont dosés et justes.
avec lesquels il est possible de composer une infinité de solutions, au même
titre que les traités d’architecture qui offrent des «  ordres  », grammaires Elle termine son texte en décrivant le romantisme comme suit :
avec lesquels l’architecte peut composer. En quelque sorte, les catalogues « [...] an indeterminate state of anxiety, a dissatisfaction and, for this reason,
d’éléments préfabriqués sont les ordres du 20e siècle, outils extrêmement a polemic against all fixed and definite regulations » (Bo Bardi, 1957). Le
utiles pour les architectes. (Veikos, 2014) romantisme n’étant pour Lina ni un mouvement stylistique ou artistique, mais
« If the scientist may offer some kind of certainty and plutôt un état d’esprit. Cette philosophie traduit bien l’architecture de Lina,
truth, then what is art’s truth ? » - Lina, 1957 Ces aller-retours dans le temps sont fréquents dans son texte. Et puisqu’elle qui semble avoir délibérément laissé beaucoup de questions en suspens
a construit son texte de la même manière qu’elle construit un bâtiment, il pour les générations futures.
Pour Lina, la théorie et la pratique architecturale devraient, dans un futur
est difficile de situer son architecture dans le temps. D’apparence moderne,
idéal, s’agencer en un tout. Elle présente souvent la pratique comme le
aux intentions expressionnistes et d’inspiration organique, ses constructions
penchant scientifique de l’architecture et la théorie comme un aspect plus
sont en quelque sorte atemporelles. Lina semble vouloir se détacher de
abstrait, mythique ou même spirituel qui s’approche de l’art. L’architecture
considérations stylistiques qu’elle désire écarter. (Veikos, 2014)
se trouve donc à l’intersection de ces deux concepts, science et art, qui
parfois ne se joignent pas, aux yeux de Lina Bo Bardi, mais qui devraient.
L’architecte devrait être ce lien, entre scientifique et artiste. Et puisque
l’architecture est régie par la nature et ses lois, le scientifique et l’artiste

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B. DESCRIPTION DU PROJET
Le centre de loisirs SESC Pompeia, à Sao Paulo, est un des projets de Lina
Bo Bardi qui reflète son approche à la conception et sa vision générale de
l’architecture. Le centre de loisirs fut réalisé en deux étapes, entre 1977 et
1986 : la première consistait à recycler les ateliers d’une vieille usine en
centre culturel et la deuxième étape à construire un nouveau bâtiment :
deux tours logeant un centre sportif. L’architecte souhaitait, en récupérant
ce bâtiment, faire ressurgir l’histoire du lieu industriel. Elle voulait changer le
sentiment lié à l’idée du travail et de la souffrance, qui est associée au milieu
industriel, pour un sentiment de communauté et de joie. (Oliveira, 2006)

Situé dans le quartier populaire de Palmeiras, le centre de loisirs est une


commande du SESC (servicio social do comércio). Cet organisme à but
non lucratif a pour objectif l’amélioration de la qualité de vie des travailleurs
et de leur famille. Il met donc en place des centres de soins de santé ainsi
que centres sportifs et culturels, où les résidents des quartiers populaires
peuvent se rencontrer et se divertir.

En 1970, la SESC fait l’acquisition d’une ancienne usine. Cette dernière


fut construite en 1938 selon le système structurel conçu par l’ingénieur
français François Embick. La structure est donc réalisée avec des systèmes
en béton préfabriqué renforcés dans une trame régulière créant de grands
espaces. L’usine ferme 30 ans plus tard et le SESC commence à utiliser les
lieux de manière informelle en 1973 pour y pratiquer des sports et organiser
des activités pour les enfants. En premier lieu, l’organisme avait en tête
de tout raser pour construire des bâtiments neufs sur le terrain de l’usine.
Cependant, cette proposition était trop coûteuse. Cette même année, une
conférence sur le loisir et la culture amène le président de la SESC, José
Papa Junior, et le directeur régional, Renato Requixa à créer une équipe de
recherche qui a pour but d’introduire une approche humaniste aux activités
sportives, aux loisirs et aux récréations, et ce pour toutes les classes
sociales. (Arte, 2012)

L’approche de Lina Bo Bardi concordait grandement avec cette philosophie,


elle est donc désignée comme architecte du projet. Elle propose de recycler
l’usine en gardant son caractère industriel. Au Brésil, pays jeune en 1977,
l’idée d’un patrimoine architectural industriel est inexistante, l’idée de Bo
Bardi est donc considérée extravagante.

Vu de l’extérieur, rien ne laisse prévoir que les ateliers et les tours de béton
ne forment qu’un seul et même équipement à valeur sociale. Le programme
du centre communautaire comprend une bibliothèque, un théâtre, des
ateliers d’artisanat, un cabinet dentaire, une grande cantine, sa cuisine,
un hall d’exposition, des bureaux administratifs, de nombreuses salles de
sports et une piscine. Ces dernières prennent place dans les nouveaux
bâtiments de béton brut, qui se joignent par des passerelles. Le reste des
fonctions sont disposées à travers les anciens ateliers qui se divisent en
deux parties par une rue piétonne. Cette rue servait autrefois aux camions
à desservir les ateliers de l’usine. Aujourd’hui, la rue piétonne donne accès
aux différentes fonctions du centre culturel en plus de rassembler les gens.

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À l’intérieur des ateliers, le plan est complètement décloisonné. L’espace
bibliothèque est agrémenté par de petites mezzanines où les plus solitaires
peuvent se recueillir tandis que les enfants participent à des activités en
dessous. L’espace libre est divisé par une rivière intérieure. Son parcours
sinueux structure l’espace en surfaces plus petites rendant l’endroit plus
facile à s’approprier. Dans les racoins de la rivière, Lina Bo Bardi a designé
des fauteuils modulables que les occupants peuvent placer au gré de leurs
envies soit pour converser, pour se reposer ou encore simplement pour
rêver.

Dans les ateliers, seuls la salle de théâtre et son foyer sont fermés. Pour
les besoins du programme, les murs sont insonorisés et coupent la salle
de toute lumière naturelle. La travée en longueur de l’atelier original mène
l’architecte à construire un théâtre où le public est disposé en face à face.

En 1982, l’opération de recyclage de la vieille usine est terminée. La


deuxième partie du programme destinée aux activités sportives commence.
À l’inverse de ses interventions minimales dans le recyclage de la vieille usine,
l’architecte conçoit des nouveaux bâtiments qui transformeront le paysage
urbain. Bien qu’aujourd’hui le SESC soit entouré de tours d’habitation
de trente étages, lors de leur construction, les deux tours de béton se
distinguaient grandement par leur hauteur et leur massivité. (Oliveira, 2006)
Les ateliers prennent la majeure partie du terrain. Il ne restait de disponible
pour la construction qu’une petite parcelle à une extrémité traversée par
une rivière (zone inondable). L’architecte a donc séparé le programme du
centre sportif en deux bâtiments distincts qui se joignent par des passerelles
à air libre. Un troisième élément vient compléter l’ensemble : une tour d’eau
déguisée en cheminée caractéristique des paysages industrielle.

Le bâtiment principal est composé de cinq étages. Chaque étage est


identique : un espace libre sans parois porteuse ayant un haut plafond pour
laisser toute la place aux terrains de jeux. Au rez-de-chaussée, il y a la
piscine ; au premier étage, il y a un terrain de football, au deuxième étage,
il y a une salle d’entrainement ; au troisième étage, des terrains modulables
pour le football ou encore le handball ; même chose au quatrième étage.
Pour identifier les terrains de sports et les étages, l’architecte décore les
murs selon un code de couleur lié aux saisons.

Afin de ne pas empiéter sur l’espace alloué aux terrains de sports, un


deuxième bâtiment accueille les vestiaires, les douches et les circulations
verticales. Une fois de plus, tous les niveaux sont identiques. Une moitié
du niveau est occupé par les circulations verticales et l’autre moitié par des
vestiaires ou des salles de danse et gymnastique. Des passerelles de 25
mètres de longueur relient les deux bâtiments aux quatre niveaux. Chaque
passerelle est un bloc massif ayant un angle différent créant ainsi un effet
visuel très puissant.

La rivière qui passe entre les deux bâtiments est canalisée, l’architecte
décide tout simplement de la recouvrir d’un deck. Cette promenade de bois
devient un espace de repos bordé de plantes et de douches. Le lieu rêvé
pour un bain de soleil en pleine ville.

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C. INTENTIONS CONCEPTUELLES SOUS-JACENTES AU PROJET
L’architecture de Lina Bo Bardi se traduit par une multitude d’éléments croisés
qui sont identifiables dans nombre de ses projets. Ces éléments forment une D’autres éléments naturels plus organiques interviennent également dans D’autre part, les intentions conceptuelles de Lina Bo Bardi sur ce projet se
base conceptuelle et formelle d’inspiration qui lui est propre, mais qu’elle la manière dont elle pense les espaces du SESC Pompeia : des arbres, des rapprochent de celles déployées par Aldo Van Eyck en ce qui concerne la
développe différemment dépendamment du projet dans lequel ils prennent colonnes assimilées ou encore des escaliers. Lina Bo Bardi reste proche transition des espaces, la dualité entre intérieur et extérieur, l’individualité
place. Ce sont des notions qui sont nettement perceptibles dans le projet des allégories naturelles en plaçant des éléments verticaux isolés forts (de et la collectivité. Ces notions s’illustrent à travers des cages d’escaliers,
du SESC Pompeia qui nous intéresse. Les intentions de Lina Bo Bardi en colonnes circulaires dans le cas du pavillon investi par le bassin sinueux), des passerelles, des vides, et par, de manière générale, tout autre espace
terme de concept sont étroitement reliées à des thèmes ou des courants de comme ceux-ci avaient poussé à proximité du point d’eau. Les éléments de transition. Dans l’une de ses premières esquisses, Lina avait d’ailleurs
pensée qui lui sont chers en temps que femme et non pas seulement en verticaux de l’architecture de Lina Bo Bardi se retrouvent d’ailleurs toujours dessiné des pentes, des passerelles, s’enchaînant dans une circulation
tant qu’architecte. Sa démarche, que l’on peut qualifier d’humaniste, touche près de l’eau, comme si celle-ci pouvait fertiliser, purifier, et apporter la continue. Un rêve de liberté, de mouvement dont il reste l’essentiel, et qui
des thèmes tels que la nature (ses formes, ses allégories, son influence sur vie. L’eau et la vie sont présentées comme des éléments étroitement liés trouvera son sens dans sa pensée « Neither walls nor doors ».
l’homme), le fait social (les interactions sociales entre personne, leur bien- spatialement, et il n’est pas impossible d’apercevoir des poissons dans le
être, la joie comme sentiment prédominant), la verticalité et son rapport aux bassin ou encore des végétaux. Un traitement matériel, colorimétrique,
influences occidentales. formel ou de texture est appliqué à ces éléments afin d’exprimer tout à fait
ses intentions.
DES INSPIRATIONS NATURELLES
VERTICALITÉ ET FLUIDITÉ
La nature, et l’élément aquatique en particulier sont des thèmes centraux
des inspirations de Lina Bo Bardi. Ainsi on retrouve des cours d’eau Dans ce même esprit, toute l’oeuvre de Lina Bo Bardi est marquée par
artificiels, des points d’eau, des bassins dans plusieurs de ses projets. Le des concepts forts tels que la verticalité évoquée plus haut, ou les axes
SESC Pompeia ne fait pas exception : un des éléments majeurs du grand verticaux en général. Ces éléments verticaux sont ainsi reliés tantôt à la
pavillon des activités générales est la piscine réfléchissante qui se déploie Nature (métaphore de l’arbre à travers la colonne), tantôt aux influences
à l’intérieur de celui-ci. La forme sinueuse des espaces autour du bassin européennes qui ont marqué le début de sa carrière d’architecte. Ces
évoque les mouvements de la rivière Sao Francisco. C’est un souvenir frais influences occidentales sont assumées par l’architecte : elle admet que le
dans l’esprit de Lina Bo Bardi, car au moment de réaliser cet espace elle caractère expressionniste de ses tours provient d’un background Européen
vient d’achever un projet pour la communauté Camurupin, dans le nord-est même si elle n’a jamais désapprouvé le surréalisme des travaux populaires Elle affirme d’ailleurs à ce sujet :
du Brésil. Cet espace est l’hommage le plus remarquable qu’elle ait fait brésiliens, de leurs interventions, ou leur plaisir à créer du « être ensemble ».
à son Nordeste (région évoquée précédemment) bien-aimé. Son intention Ce langage vertical se retrouve évidemment dans les tours de l’édifice « These spaces acquire an ambiguous meaning : at once one thing and
conceptuelle de recréer les ambiances sauvages de tels paysages devient comprenant les complexes sportifs, reliées entre elles par un système de another, above and below, big and small, past and present, the world of living
un soutien pour ses intentions en d’ambiances physiques. La présence de passerelles tendues entre les deux volumes. and the world of dead, sanctity and play, dreams and reasons. A simultaneous
l’eau, celle d’une étendue plane naturelle et minérale, la manière dont on place where time stops. » - Lina Bo Bardi (Oliveira, 2006)
se déplace autour, tout cela correspond à sa volonté d’apaisement au sein
de ce grand espace libre et ordonné qu’est le pavillon principal des activités Selon elle, ces espaces seraient donc une pause dans le parcours du
majeures. visiteur, une sorte de brèche temporelle qui pourrait leur permettre de vivre
une expérience en architecture, mais en rapport avec des grandes questions
et pensées humanistes. Le vivant est toujours au centre de ses intentions
et elle replace ainsi toujours l’Homme relativement à des questions sur sa
position dans le monde, dans l’espace et le temps. Finalement, à moindre
échelle, cette démarche rejoint celle de la découverte d’un nouveau lieu
architectural complexe et à notre manière de l’appréhender.

Ce dynamisme se traduit par une métaphore technologique  : l’édifice


serait comme une machine qui effectue une rotation qui convertit l’énergie
mécanique en énergie électrique (les flux de circulation au sein des cages
d’escalier, tels un carrousel, la spirale, l’idée d’une chute d’eau, ainsi que
des totems en référence à la culture sud-américaine).

Une telle logique industrielle se retrouve d’ailleurs dans le discours de Bo


Bardi qui souhaite, avec ce projet, «  Transformer l’usine en révolution  ».
C’est cet aspect qui a attiré l’attention de l’architecte lors de sa première
visite du site : la répartition rationnelle des sheds a été la chose qui l’a la
plus marquée.

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CONVIVIALITÉ ET SOCIABILITÉ intervient lorsque l’on investit les coins du plateau, tandis que l’on peut se
rassembler en son centre pour échanger. Des vides verticaux rythment
les espaces séparant deux plateaux, les rendant encore plus libres dans
l’espace, toujours dans cette optique de favoriser le lien social entre les
utilisateurs du complexe. À propos des espaces permettant de s’isoler
tout en restant visuellement et spatialement en contact avec les autres,
Lina Bo Bardi disait que « la sociabilité, c’est aussi avoir la liberté de
pouvoir s’isoler. » ;

SCANNN

Le code graphique et didactique donné aux quatre gymnases des tours


des activités sportives éveille aussi la sensibilité des visiteurs. Chaque
étage porte le nom d’une saison (printemps, été, automne, hiver), ainsi
que son code couleur (tons chauds et bruns pour l’automne, couleurs
pâles et froides, à base de blanc et gris bleuté pour l’hiver, etc.) : ainsi
on dira «  je me rends à l’été  » au lieu de formuler «  je me rends au
troisième étage ». Bo Bardi introduit conceptuellement une poésie dans
l’expression et l’appellation des espaces architecturaux, ce qui rend le
dialogue ludique entre les usagers des lieux. ;

Lors de sa seconde visite, qui a eu lieu un samedi, les intentions conceptuelles L’utilisation de l’environnement industriel direct et de son aspect pratique
de Lina Bo Bardi se sont orientées vers des notions plus sociales que le à des fins de convivialité : recouvrir la rivière et le canal d’évacuation des
traitement pur d’une architecture industrielle. L’édifice ne se bornait plus eaux pluviales afin d’y installer une promenade. L’architecte construit
seulement à l’élégante structure solitaire qu’elle avait aperçue lors de sa ainsi un long plancher, un deck de bois bordé de plantes et équipé
première rencontre avec le lieu. La foule joyeuse d’enfants présents avec de couches. Cela vient constituer un immense solarium au milieu des
leurs parents, ainsi que les personnes âgées présentes, vaquant d’un blocs de béton de l’ancienne usine. L’espace inconstructible et insalubre
pavillon à un autre, la poussent à ancrer son projet dans la même dynamique devient ainsi un lieu de rencontre, de plaisir, un agréable parcours : tout
sociale. Conserver les lieux tels quels, tant physiquement en gardant les un symbole de sa pensée en somme. Elle réussit à transformer un lieu
bâtiments, que socialement en entretenant l’ambiance déjà existante des de souffrance au labeur en énergie positive à des fins de créer et de
lieux a été le fil rouge de ce programme. Elle déclare à ce propos : promouvoir du lien social ;

« L’usine est un endroit où on travaillait dur, un témoignage de souffrance


« I thought all of that would have to continue as it was, de l’homme. Je voulais le transformer en lieu de loisir sans y effacer son
with all that joy. » - Lina Bo Bardi (Oliveira, 2006) histoire. Le soin apporté à conserver les détails de l’ancienne usine, dont
les murs et les toits, cela voulait dire que l’espace conserverait une nouvelle
Elle n’a pas de volonté de changer l’ambiance du lieu, au contraire, elle n’a vie, pleine de chaleur et d’animation, avec une âme, une personnalité. Nous
aucune ambition que son architecture créerait quelque chose de différent. avons seulement ajouté quelques petites choses, le moins d’objets inutiles
Elle exprime le désir de garder le même esprit de ce lieu en y adaptant possible » - Lina Bo Bardi (Oliveira, 2006)
le programme, ainsi qu’en gardant les matériaux et l’architecture du site.
L’aspect formel (architecture) et informel est conservé selon ses volontés. Le SESC Pompeia est un exemple concret de la principale poursuite de Bo
Bardi en terme de concept : montrer que la culture est un fait d’une réalité
Un tel concept trace un fil conducteur fort dans toutes les différentes parties de tous les jours, pas un événement spécial ou un domaine réservé à une
du projet : élite hautement éduquée. Elle considère son projet comme « un faisceau
de lumière, un courant d’air, un peu de joie dans une ville triste » (traduction
La décision de conserver la disposition de l’allée centrale entre les libre). Le SESC Pompeia est avant tout son hommage le plus mature et le
workshops découle de l’envie de garder les vis-à-vis induits par la plus complet fait au peuple brésilien, à la liberté, à la démocratie, et surtout
circulation centrale, et ainsi encourager les flux communs aux visiteurs ; à l’intégration sociale.
Les mezzanines, conçues comme des plateaux flottants dégagés des
murs périphériques de la salle ainsi que des poteaux structurels, sont
des espaces dans lesquels on peut s’isoler ou se réunir. L’isolement

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D. ATTRIBUTS CONSTRUCTIFS ET DÉTAILS DU PROJET
Le projet du SESC Pompeia s’est réalisé en deux étapes; d’abord la large et en hauteur ils sont surmontés d’un chapiteau triangulaire. Chaque
réhabilitation de la fabrique, puis la construction d’un nouveau bâtiment poteau est relié par deux niveaux de poutres minces. La trame structurale
pour le centre sportif. À tout moment de la réalisation du projet, Lina Bo est de 3,5 mètres par 10 mètres, ce qui permet de grandes aires de jeux.
Bardi était régulièrement présente sur les lieux. La majorité des rencontres Toujours dans l’idée de faire voir l’histoire industrielle du lieu, Lina Bo Bardi
qu’elle avait avec les ingénieurs et contracteurs avait lieu à Pompeia. Il choisit de valoriser la structure intérieure et de la dénuder. En retirant toutes
s’agit d’une façon de faire qu’elle avait expérimenté lors de la construction les cloisons inutiles, elle conçoit un grand plan libre entre les bâtiments.
du musée d’art de Sao Paulo (MASP). De cette manière, le designer et Les murs extérieurs, de briques, sont eux aussi, comme la structure, mis à
l’ingénieur mettent davantage à profit leurs connaissances respectives. nu. Le crépi recouvrant la brique est retiré pour donner à voir le travail du
Cependant, les délais étaient parfois plus longs que prévu en raison de briqueteur, qui est d’ailleurs particulièrement intéressant. Les briques sont
la minutie de l’architecte et son souci du détail. Il est difficile de trouver positionnées d’une telle façon qu’elles puissent faire pénétrer la lumière
des dessins techniques révélant la méthode de construction, les techniques naturelle dans le grand volume de la fabrique.
d’assemblage ou encore la structure du bâtiment. Cependant, sa simplicité
et son honnêteté permettent de comprendre bien des choses sans l’aide de
documents techniques.

La charpente en bois de la toiture, s’appuyant sur les poutres en béton, est


elle aussi conservée. Ce n’est que récemment que celle-ci fut renforcée.
Les architectes Marcel Ferraz et André Vainer, qui ont tous deux travaillé
avec Bo Bardi lors de la réalisation du projet, ont proposé de renforcer la
RÉHABILITATION DE LA FABRIQUE
structure par des ferrures peintes en rouge ; couleur marquante du travail de
Lina Bo Bardi. Toutefois, aucun travail n’a été effectué pour isoler la toiture
ou les murs de la fabrique. Ceux-ci montrent ce qu’ils sont simplement,
La première phase de la réalisation, de 1978 à 1982, se résume à la
sans artifice. L’architecte a légèrement modifié la toiture, afin d’augmenter
réhabilitation de l’ancienne fabrique. L’architecture de la fabrique rappelle
la quantité de lumière naturelle entrant dans l’espace intérieur. La partie
une architecture industrielle, par sa modularité, sa répétition d’éléments et
son utilisation de matériaux peu couteux. L’architecte conserve et met en
la plus basse de la toiture asymétrique fût remplacée par des briques de UN BÂTIMENT EMBLÉMATIQUE
verres, apportant ainsi une lumière zénithale.
évidence tous les éléments pouvant faire référence à l’idée du bâtiment
Depuis les années 1980, au Brésil une nouvelle culture du béton s’est
industriel.
Tout comme dans la bibliothèque, dans les ateliers manuels, Bo Bardi développée en réaction critique au béton armé. Se sont développées des
Les façades de la fabrique, emblématiques de l’architecture industrielle du
délimite des zones de travail en se détachant de la structure de la fabrique. techniques alternatives plus rustiques et primitives se rapportant à des
19e siècle, sont entièrement conservées. Celles-ci révèlent un squelette
C’est d’autant plus l’intérêt qu’elle porte pour la notion de temporalité qui idéologies régionalistes. Lina Bo Bardi s’inscrit d’ailleurs dans ce mouvement.
structural en béton, au travers duquel un remplissage de briques et de verre
la pousse dans cette direction. Elle raconte l’histoire du lieu. Cette façon Elle développe pour son projet du SESC Pompéia un langage constructif
est visible. En façade, les poutres et poteaux entourent les ouvertures et
d’interagir avec le patrimoine, s’apparente à l’architecte vénitien, Carlo fondé sur la simplification des moyens et des matériaux. Souvent, on parlera
désigne le faîte du bâtiment ; le point le plus haut.
Scarpa, qui lui aussi se détache des lieux anciens en y laissant toujours du concept d’architecture « pauvre ». C’est-à-dire d’une architecture qui se
un joint creux. Les plates-formes des mezzanines sont soutenues par de construit à l’aide de matériaux peu coûteux et d’une esthétique formelle forte
La structure de la fabrique de Pompéia est, la seule au Brésil, conçue
larges piliers pour obtenir une continuité des sous-espaces. Des espaces exprimant une simplicité constructive par des moyens presque artisanaux.
selon un principe développé par un ingénieur français, François Embick,
de création sont délimités par des murs tous en rondeur. Les cloisons en
à la fin du 19e siècle. Précurseur des techniques de béton, Embick fait
blocs de béton s’arrêtent à demi hauteur et conservent, ainsi, la fluidité de
breveter, en 1892, un type de poteau que l’on retrouve majoritairement
l’espace tout en le divisant. La technique constructive employée pour ces
dans la composition structurale des usines du monde entier. Dans le SESC
murs est simple et artisanale. Il s’agit d’un empilement de blocs de béton,
Pompéia, les poteaux sont élégamment dessinés ; leur base au sol est plus
maintenu par un mortier grossier.
ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 7
C’est cette pauvreté de moyens et de matériaux qui fait la richesse tectonique possible. Ils ont été conçus sous le principe d’un emporte-pièce. Le vide des un béton précontraint vu la portée qu’il traverse et pour éviter que celui-ci
architecturale de Bo Bardi. Avant la construction du centre sportif, Lina Bo ouvertures a d’abord été sculpté en taille réelle dans du polystyrène. Les travaille en tension, mais plutôt en compression. On remarque l’épaisseur de
Bardi avait déclaré à la presse : coins des fenêtres sont sculptés en biseau pour que l’écoulement des eaux la passerelle, environ la moitié de sa hauteur est occupée par de la masse
de pluie se fasse vers l’extérieur du bâtiment et non pas dans les gymnases. pleine. Un peu à la manière d’une poutre, les garde-corps occupent la moitié
“ I hope the sports complex will be ugly, uglier than Ensuite, l’emplacement des ouvertures avait été préalablement discuté supérieure de la passerelle et présentent des petites fentes régulières qui,
avec les ingénieurs pour que l’armature du béton s’écarte à l’endroit prévu nous estimons, permettent une certaine flexibilité.
MASP. It is a silo, a bunker, a container, and more, pour l’insertion des formes sculptées. Une fois le béton coulé, il ne restait
divided by an area where nothing can be built.” plus qu’à retirer le polystyrène. Les trous préhistoriques sont conservés tels
(Oliveira, 2006) quels. On y ressent l’épaisseur du mur de béton et le travail artisanal de
la découpe des formes. Enfin, les ouvertures ne possèdent aucun vitrage,
La première tour, la plus au nord, est la plus basse et la plus large des pour ainsi privilégier une circulation d’air naturelle.
trois volumes. Elle se divise en cinq niveaux, où se situent la piscine et
les gymnases. Son empreinte au sol est de 30 mètres par 40 mètres. Elle
est réalisée en béton armé précontraint formé dans un coffrage en bois
et possède une structure gaufrée permettant de grands plans libres pour
les gymnases. Le béton armé est laissé apparent à l’intérieur et l’extérieur
puisque les conditions climatiques permettent l’absence d’isolation
thermique. Les techniques utilisées pour la construction sont simples,
efficaces, et les moins couteuses.

Le bâtiment dévoile sa structure et ses caractéristiques constructives. Son


architecture ne ment pas. Tellement elle est véritable et simple, les éléments
de services mécaniques, comme les tuyaux d’eau et fils électriques sont
mis à nu. Ils longent les parois bétonnées du bâtiment, à l’intérieur comme
à l’extérieur. Au-dessus de la salle de théâtre, Bo Bardi a non seulement mis
à découvert de gros tuyaux de ventilation, mais elle les a peint de couleur.
Toujours dans une idée d’honnêteté, de démocratisation de l’architecture.
De plus, le système d’écoulement des eaux pluviales de cette première
tour est visible. Des petits volumes de béton creusés posés sur le parapet
permettent de rejeter l’eau loin de la façade et d’éviter les traces de sel sur
le béton.
La seconde tour, la plus à l’est, est la deuxième en hauteur et possède
Le bâtiment est en apparence très brut et donne une impression de douze niveaux. Son empreinte au sol représente environ le quart de celle
robustesse, malgré qu’il se présente à la fois comme un grand volume de de la première tour. L’intérieur est divisé de la même façon sur tous les
béton évidé. Sur les façades est et ouest, Lina Bo Bardi a dessiné seize étages et crée de petits espaces répondant aux usages ; le plus grand pour
ouvertures larges et irrégulières. Dans sa recherche du brut et son rejet des salles de cours, le deuxième pour des vestiaires et ce qui reste pour la
pour le beau, l’architecte refuse la simple fenêtre traditionnelle. Elle conçoit circulation. Les techniques constructives utilisées sont les mêmes que pour
des trous aux formes primitives ; une idée tirée de l’un de ses voyages au la première tour. Le plancher des salles de cours reprend la structure gaufrée
Japon. En intégrant des formes simples et aucunement identifiables, elle pour permettre un espace libre, alors que les vestiaires sont construits sur
oppose les ouvertures à la monumentalité et brutalité du volume. C’est avec un plancher lisse puisque la portée de ceux-ci le permettait.
l’aide de Marcel Ferraz, que la réalisation de ces trous préhistoriques était
Les circulations intérieures sont desservies par un escalier en colimaçon
alors qu’une circulation extérieure permet aux utilisateurs de passer d’un
étage à l’autre par cette deuxième circulation, cette fois-ci en porte-à-faux.
Les deux tours sont reliées entre elles par des passerelles de béton
qui permettent un lien entre les vestiaires et les terrains de sport. Ces
passerelles sont impressionnantes et vertigineuses. L’architecte a su
développer le travail du béton lors du travail sur le MASP, musée suspendu
par deux énormes arcs de béton. On imagine très bien que les passerelles
ont d’abord été préfabriquées puis simplement déposées sur le cadre des
ouvertures des deux tours préalablement construites. C’est visiblement

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 8


Finalement, la dernière tour en béton brut du trio est la plus haute et la plus Finalement, la réhabilitation de la fabrique de Pompéia par Lina Bo Bardi se
élancée. Elle s’élève jusqu’à 76 mètres dans le ciel. Il s’agit d’une fausse fait par une valorisation des éléments évoquant la nature ouvrière du lieu et
cheminée qui rappelle le passé industriel du lieu, qui cependant sert de tour par l’intégration d’éléments architecturaux simples et dynamiques prônant
à eau. Dans un premier temps, les ingénieurs proposaient, pour la réalisation une appropriation collective de l’espace.
de la tour, l’utilisation rationnelle de cylindres préfabriqués en béton. Avec
l’aide de l’ingénieur Toshio Ueno, Lina Bo Bardi imposa sa volonté à faire un Tout au long de son travail de conception et de réalisation du SESC Pompeia,
bâtiment à l’aspect brute, où les coulées de béton sont visibles. Le coffrage Lina Bo Bardi porta une attention particulière aux caractéristiques, textures
pour la réalisation des cylindres, d’un mètre de hauteur, se divise en quatre et sensations que procurent les matériaux. Elle combine des matériaux
sections de bois, formant des demi-cercles. Par le moyen de toile de jute bruts, polis ou naturels aux finis artisanaux. Autant dans les ateliers de la
retenant la coulée de béton, un effet de broderie se matérialise dans le bas fabrique que dans les deux volumes du centre sportif et de la tour d’eau,
des cylindres. Cette technique constructive artisanale, presque primitive, des détails particuliers y sont insérés, donnant un caractère humaniste au
met en évidence le travail manuel de l’homme. Ce type de technique sur un projet ; des éléments sculpturaux et d’une fine esthétique contrastant avec
volume aussi monumental rend au projet une identité architecturale unique la brutalité de la brique de la fabrique et de la structure en béton du centre
et lui redonne une échelle plus humaine. La préfabrication, appliquée à sportif.
plusieurs éléments de la construction du SESC permettait à Lina Bo Bardi
de contrôler de manière précise le rendement des plus fins détails. Sa Un bon exemple d’élément s’opposant à la matérialité brute du béton sont
présence constante sur le chantier en est aussi pour compte. les volets rouges que l’on retrouve sur la façade intérieure du centre sportif.
Ceux-ci sont principalement une réponse à des problèmes de ventilation et
d’apport lumineux trop intense. Les volets sont amovibles et faits d’un grand
treillis en bois s’inspirant des systèmes de ventilation des pays chauds. Ils
permettent la ventilation transversale des gymnases. De plus, le module
en treillis limite l’éclat du ciel et la violence des rayons du soleil. Enfin, au
plus grand bonheur des sportifs, ils empêchent les ballons de s’envoler à
l’extérieur.

UNE ÉCHELLE HUMAINE

“ To be an architect obligatorily implies that one has to know how to design L’importance que Lina Bo Bardi accorde aux détails fait en sorte qu’elle
any civic building, and by the anticipation of every detail, to be able to guide contrôle tout de son projet. Malgré l’ampleur du programme et du site, elle a
the construction from the foundation to the smallest decoration, to equipment pu en imaginer le moindre détail. L’architecte a d’ailleurs dessiné, elle-même
and furniture, where the final result corresponds to a coherent end.” le logo du SESC Pompeia ; une fumée de fleurs sortant de la « fausse »
-Gian Battista Vico (Veikos, 2014) cheminée. De plus, elle s’est préoccupée de concevoir le mobilier et la
signalétique du centre culturel.

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 9


E. RAPPORTS ENTRE LES INTENTIONS CONCEPTUELLES ET LES ATTRIBUTS CONSTRUCTIFS DU PROJET
«Her approach to design was an exemplary exercise of translation between UNE APPROCHE COLLECTIVE
craft, art, architecture, ethnography, and culture through a way of thinking
and practising that was at the same time political and poetic.» Comme dit précédemment, Lina Bo Bardi pense son architecture dans un
(Lima, 2013)
ensemble collectif. Le moindre détail est imaginé dans le désir de créer
des liens sociaux. On est projeté dans une architecture, où l’humain est le
UNE ARCHITECTURE PROCHE DE LA NATURE centre d’attention. Le SESC Pompeia est généreux dans les espaces qu’il
offre ; une abondance de liberté, de lumière et d’attentions particulières.
Il est surprenant de constater le souci du détail apporté par Lina Bo Bardi, L’approche architecturale de l’architecte est empathique. Elle arrive à
et ce, même lorsqu’il vient le temps de penser aux plantations végétales. comprendre les besoins de l’humain par rapport à lieu précis et à concevoir
On remarque dans ses croquis qu’elle perçoit la nature dans sa globalité ; une architecture répondant à ceux-ci. Lina Bo Bardi ne cherche pas à faire
l’eau qui tombe sur les toits sera amenée à des endroits stratégiques pour du centre Pompeia, un lieu pour l’élite social. Elle tend à créer un lieu pour
nourrir la végétation. le peuple. Son approche se rapporte à la technique domestiquée décrite par Enfin, pour Lina Bo Bardi, la conception des lieux et les techniques
Von Meiss. constructives de leur réalisation doivent servir à des fins sociales et
Elle dessine même un plan d’écoulement des eaux. Les éléments qui collectives.
permettent la redirection de l’eau sont fortement exprimés et prennent « La technicité [de la technique domestiquée] est entrée dans l’ordre du
part au jeu architectural qu’elle orchestre. La végétation prend une place quotidien. Elle nous préserve de la famine, elle nous offre confort et santé, « ...il faut [la technique] la réinventer et mesurer son
importante dans ses croquis, elle semble parfois envahir le projet à une extraordinaire liberté de mouvement et nous accorde aussi le luxe d’un
la manière d’une ruine qui se laisse dominer par la nature. Ces croquis temps pour la pensée, les études ou le jeu. » (Von Meiss, p.190)
emprise sur la terre que nous habitons. »
rapellent la définition de romantisme dans The propaedutic contribution to (Von Meiss, p.190)
the teaching of architecture theory. L’architecture du SESC Pompeia exprime sa capacité d’appropriation
collective, entre autres, par une division ingénieuse de l’espace et un UNE ARCHITECTURE “PAUVRE”
La matérialité est, aux yeux de Lina Bo Bardi, un prétexte pour exprimer les mobilier simple. En survolant le projet, voici quelques exemples soutenant
éléments naturels ; la texture du bois de coffrage laissée apparente sur les l’approche collective de Lina Bo Bardi : “C’est ainsi que dans une ville surpeuplée et malheureuse peut naître par
parois de béton, de petits galets incrustés dans les dalles de ciment du sol surprise un rais de lumière, un souffle de vent. C’est l’usine de Pompeia,
de la fabrique. • Elle a d’abord imaginé l’organisation des circulations du lieu, la joie d’une usine dont on a fait sauter le couvercle et qui continue; une
petite allégresse dans une ville triste. Personne n’a rien changé, l’idée initiale
comme un seul parcours fluide, où les visiteurs se sentent encouragés à
de récupération de ce complexe a été celle d’un ”architectura povra”, non
emprunter les flux communs ; dans le sens d’une indignation mais dans le sens d’un artisan, une meilleure
communication, à travers des moyens plus limités et plus humbles.”
(Lina , document ARTE)

Il est essentiel de comprendre l’architecture « pauvre », non comme un geste


brut, mais comme un rapport respectueux à la nature ouvrière et artisanale
• Ensuite, les espaces proposés pour s’isoler sont conçus, d’une époque et/ou d’une région. Par son expression technique, le centre
paradoxalement, pour rassembler. Les plateaux de lecture dans l’ancienne Pompeia rend hommage aux gens du peuple et critique une société qui
fabrique sont volatiles dans l’espace, et visuellement et spatialement en fait abstraction de la faiblesse humaine. Cette approche humaniste pourrait
contact avec les autres. Il est donc possible pour l’usager de s’isoler, tout rapidement se lier aux premières formes de régionalisme critique, dont les
en faisant partie de la communauté ; fondateurs Alexander Tzonis et Liane Lefaivre préconisaient la célébration
• Finalement, pour le mobilier, Lina Bo Bardi affirme prioriser une de l’histoire culturelle du lieu, l’utilisation des technologies et matériaux
approche d’appropriation collective à un discours d’ergonomie individuel. locaux et la préservation des écosystèmes. Des préoccupations que Bo
Plus précisément, les meubles qu’elle crée sont pensés dans leur Bardi considère aussi.
ensemble et vise le bien-être de plusieurs individus à la fois. On a qu’à
penser aux divans modulaires et aux bancs de la salle de théâtre.

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 10


« La beauté est l’expression vraie et choisie en raison de UNE ARCHITECTURE ATEMPORELLE s’emboîtent l’une dans l’autre et se contreventent. La forme des pièces de
bois a, avec évidence, été pensée avant la réalisation.
l’élément matériel dont on dispose, du besoin physique
La notion de temporalité dans la conception architecturale de Bo Bardi est Enfin, l’approche de la technique architecturale pour Lina Bo Bardi se réfère
ou moral auquel il faut satisfaire… » fondamentale. Son architecture traverse le temps. Hier comme aujourd’hui, au concept d’architectonique élaboré par l’historien Frampton, où celle-
(Viollet-le-duc, Entretient, Tome 2 p.120) le SESC Pompeia est toujours fonctionnel et répond aux besoins primaires ci n’est pas que construction, mais davantage un potentiel d’expression.
de l’humain, qui d’ailleurs est une constante entre les époques et les régions. Lina choisira les matériaux et les techniques constructifs, de son projet du
C’est en partie pour cette raison que le centre culturel est un bâtiment SESC, en fonction de leur utilité et leur nécessité, leur coût peu élevé et
atemporel. leurs qualités à exprimer une nature ouvrière, une architecture collective et
une sensibilité humaine
De plus, on ne peut affirmer que le projet s’approprie un style architectural
net ; une apparence moderne et des inspirations organiques. En effet, sa
forme épurée ainsi que la simplicité des moyens utilisés pour la réalisation
du bâtiment suggère une approche moderniste. Cependant, sa pratique
et sa théorie portant sur la nature la poussent à explorer du matériau.
Ainsi, elle développe des formes organiques dans le travail du béton de la
cheminée ou encore dans la forme des « trous préhistoriques » qui assurent
la ventilation naturelle dans la tour des sports. Le mélange des styles porte
à croire que l’architecte souhaite donc se détacher d’un courant précis et ne
pas se rattacher à une époque précise.
Le concept d’atemporalité se retrace également dans la façon que se vit le
bâtiment. La poésie qui découle des éléments présents dans la bibliothèque
amène l’utilisateur à vagabonder et à laisser le temps filer sans s’en
apercevoir.

UNE ARCHITECTURE HONNÊTE


Cependant, une architecture « pauvre » ne se traduit pas nécessairement
par une simplicité constructive, une esthétique banale ou une méthode
constructive archaïque. Toutes les subversions sont possibles, telles la
“La technique est domestiquée lorsqu’elle s’occupe de
poésie, la couleur et la folie. À Pompeia, entre autres, l’architecte choisit de l’habitabilité et du plaisir, sans orgueil ni honte de sa
peindre en différentes couleurs, les éléments de la mécanique du bâtiment propre raison et de ses lois.” (Von Meiss)
pour rendre un objet banal en source de plaisirs visuel.
Enfin, Lina Bo Bardi accorde une grande importance à l’expression poétique Finalement, l’architecture de Lina Bo Bardi, comme la technique
du détail et de la technique constructive utilisée. Celle-ci doit être expressive domestiquée décrite par Von Meiss, est tout de ce qu’il y a de plus véritable.
et doit aller de pair avec les intentions. Dans son projet, la technique constructive ne précède pas les intentions
conceptuelles. Toutefois le résultat construit n’en fait pas abstraction.
“La technique rendue apparente est admise et même sollicitée, mais l’objectif
doit rester global Elle doit avoir un sens dans le concept architectural
de l’édifice, ne pas se contenter d’être le simple résultat d’un processus
“Elle [la technique] n’est ni édifiée en monument, ni
constructif” (Von Meiss) caché, mais utilisée avec discernement et inventivité”
(Von Meiss)
Malgré que les techniques employées, pour l’édification de la cheminée
de 76 mètres, soient très artisanales et économiques, celles-ci servent Dans son architecture comme dans sa conception de mobilier, Bo Bardi
les intentions architecturales. L’utilisation de toiles en jute, rendant visible recherche une expression constructive compréhensible pour le non-
la coulée du béton sur chaque cylindre, exprime avec évidence le travail architecte, où rien n’est dissimulé. Quiconque, s’intéressant à l’aspect
manuel, le monde ouvrier et la faiblesse humaine. De plus, la coulée de constructif du projet, peut rapidement émettre des hypothèses sur le rapport
béton crée une broderie élégante en bordure du cylindre et donne un brin qu’entretiennent les éléments entre eux.
de folie à l’objet.
À travers l’exemple d’une chaise qu’elle a conçu pour le SESC, on peut
essentiellement comprendre le concept d’honnêteté architecturale. Les
détails techniques de la chaise sont simples et visibles. Dans le cas de
cette chaise-ci, il s’agit d’un assemblage par emboîtement. Quatre surfaces

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 11


CONCLUSION

En conclusion, la conception du SESC Pompéia de Lina Bo Bardi est une BIBLIOGRAPHIE


architecture, où programme et attributs constructifs vont de pair. La mission
de l’organisme SESC a nourri les intentions de l’architecte qui se les a gran- A. LIMA, Zeuler R. M. (2013) Lina Bo Bardi. Yale Books : New York.
dement appropriés. Lina Bo Bardi a ainsi spatialisé et matérialisé le souhait
d’offrir une meilleure qualité de vie aux travailleurs du quartier de Palmeiras Arte (2012) La Citadelle du loisir : le centre social Pompeia à São Paulo.
de Sao Paolo. Son approche à la conception et à la construction lui a permis Architectures. DVD. France.
de réaliser un lieu où l’espace a une réelle influence dans la vie des gens.
La visite du complexe de loisirs permet, en effet, d’y constater une architec- DE CASTRO, Maria Beatriz (1999) SESC Pompéia Factory Leisure Cen-
ture authentique et généreuse, qui place le bien-être de l’humain au centre ter. A + U Volume 341, p. 3-102.
de ses préoccupations.
OLIVEIRA, Olivia de. (2006) Subtle Substances. The Architecture of Lina
Ce bâtiment, construit de 1977-1986, est encore, aujourd’hui, très actuel. Bo Bardi. Romano Guerra Editora Ltda : Sao Paulo.
Les intentions et les techniques de construction de Lina Bo Bardi sont
grandement valorisées par les principes du développement durable. Tout OLIVEIRA, Olivia de. (2002) Lina Bo Bard : Built Works. Éditions 2G :
d’abord, les principes de justice et d’équité sociales qui sont à la base du Espagne.
projet de Lina Bo Bardi sont également mis à l’avant par la philosophie du
développement durable. Une communauté viable passe par l’équité entre VEIKOS, Cathrine. (2014) Lina Bo Bardi : The Theory of Architectural
les membres qui la composent. Practice. Éditions Routledge : New York.

Les principes du développement durable se retrouvent également dans la Von MEISS Pierre (2012) De la forme au lieu + de la tectonique : une in-
vision de l’architecte pour ce qui a trait à la nature. Sa façon de mettre en troduction à l’histoire de l’architecture. Lausanne : Presses polytechniques
valeur les éléments de la nature, que ce soit les plantes ou encore l’eau, fait et universitaires romandes.
ressortir le rapport très respectueux qu’elle entretient avec l’environnement.
Ainsi, son architecture se construit avec des matériaux locaux et simples.
Elle se soucie de l’économie de ces matériaux afin d’éviter le gaspillage.
Elle maintient également le principe d’économie par son refus d’installer
un système de climatisation mécanique et privilégie plutôt un système de
ventilation complètement naturelle, inspirée des traditions vernaculaires
brésiliennes. Le recyclage d’un bâtiment vétuste figure également comme
un geste empreint d’une philosophie à caractère durable. Force est de re-
connaître que le SESC Pompéia et la pensée architecturale de Lina Bo
Bardi sont empreints d’un souci pour le bien commun tant au niveau humain
qu’écologique, tel que défendu par les principes du développement durable.

L’approche à la construction de Lina Bo Bardi est grandement inspirante


pour de jeunes futurs architectes. L’architecture «  pauvre  » qu’elle prône
nous enseigne à réaliser de grandes choses avec peu de moyens, une
approche que nous devrions intégrer dans notre apprentissage et notre
pratique architecturale. Dans une période où l’austérité budgétaire se fait
sentir, tout porte à croire que les investissements pour les équipements
publics à caractère social tendront à diminuer. Il sera donc de notre ressort
de proposer des solutions simples, réfléchies et innovantes afin de mettre
de l’avant l’architecture sociale : celle qui fait du bien aux gens qui l’habitent.

ARC-6021 - LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE | Semestre A-14 12


ANNEXE
CROQUIS CONCEPTUELS / PHOTO DE CHANTIER

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PHOTOS DE VOYAGE

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