Interpretation Du Texte PDF
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Centre de Lyon
Odile Lacheret
Anne 2002-2003
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INTRODUCTION P. 4
CONCLUSION P. 34
REFERENCES BIBLIOGRAGHIQUES P. 36
4
INTRODUCTION
Cest la rentre 2002 que les nouveaux programmes de lcole primaire sont
entrs en vigueur. Grce eux, la littrature sest officiellement vue ouvrir les portes
de cette institution alors que jusque-l elle apparaissait uniquement dans les textes
officiels relatifs au collge et au lyce.
Je me suis demble demand comment un domaine aussi complexe que la
littrature, souvent considr comme tant lapanage dexperts, pouvait trouver sa
place lcole auprs de lecteurs dbutants et denseignants qui ne sont pas
spcialiss sur le sujet.
Les constats qui ont orient le choix de mon sujet de mmoire
Cest donc motive et curieuse que jai assist des sances de lecture en classe
et des ateliers thmatiques lInstitut Universitaire de Formation des Matres. Jy ai
rencontr des enseignants soucieux de faire dcouvrir leurs lves des textes
littraires. Lorsque je demandais ces enseignants quels avaient t les critres
dterminants dans le choix du texte, ils me parlaient de lhumour, de lmotion ou de
toutes sortes dlments qui faisaient, selon eux, la richesse du texte. Mais, malgr ces
choix conscients, aucun enseignant ne ma jamais dit comment il comptait aborder
avec ses lves cette richesse du texte. Lorsque jai pu assister des sances, les
questions qui accompagnaient les textes ne portaient jamais que sur des lments
ponctuels, sans retour sur ce qui avaient t lu lors des sances prcdentes, et les
lments, dterminants dans le choix de ladulte, ntaient jamais traits explicitement
avec les lves. Face ce constat, deux hypothses peuvent tre proposes. Soit
lenseignant ne se sent pas capable de rendre explicite un fait littraire, de faire
partager une motion quil a ressentie durant sa propre lecture ; soit il considre que
les lves ont la mme sensibilit que lui et sont en mesure de faire les infrences
ncessaires la comprhension, de saisir les ambiguts qui peuvent les mener sur
plusieurs pistes interprtatives, etc. Jtais donc surprise de ce que je dcouvrais et jai
commenc me demander sil ntait pas possible daborder les textes littraires
diffremment.
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ajoute qui peut permettre denrichir le regard que lon porte sur le monde et sur les
autres.
Comment travailler les textes littraires avec des lecteurs dbutants ?
Cest pourquoi, compte-tenu de la complexit de ces crits, il mest apparu
important de ne pas les livrer simplement aux lves, mais de leur apprendre les lire,
les comprendre et les interprter. Jai donc voulu, durant mes stages essayer plusieurs
approches des textes littraires et mettre en place diffrents dispositifs didactiques pour
en observer les avantages et les inconvnients. Lentre de la littrature lcole
primaire ne peut se faire, selon moi, sans un travail sur la comprhension et
linterprtation des textes, sans montrer aux lves la posture du lecteur de textes
littraires qui nhsite pas relire tout ou partie de texte car lauteur lavait men sur
une fausse piste. En effet, mettre les lves en prsence dun texte littraire ne suffit pas
leur faire saisir la littrarit de celui-ci. Il faut apprendre aux lves comprendre les
textes, saisir la ncessit des infrences, devenir le complice de lauteur en prenant
en compte les rfrences culturelles prsentes dans le texte. Si ce nest pas fait
explicitement avec les lves, le travail autour dcrits littraires na pas lieu dtre.
Il me semble que cest uniquement par le travail sur la comprhension et sur
linterprtation des textes que lon pourra esprer russir lentre de la littrature
lcole. Mais est-il possible de permettre aux lves de dvelopper leurs capacits
interprtatives alors que le dchiffrage nest pas automatis ? Comment favoriser
lobjectivation des stratgies cognitives qui permettent aux lves de comprendre les
textes littraires ? Quels dispositifs didactiques mettre en place pour permettre un travail
interprtatif des textes ?
Prsentation des deux classes avec lesquelles jai travaill
Le dveloppement de ce mmoire montre la faon dont jai abord les
phnomnes de comprhension et dinterprtation de textes avec une classe de CE1 et
une classe de CE2. Le premier stage que jai effectu tait le stage mass qui a eu lieu
durant trois semaines peu avant les vacances de Nol. Il sagissait dune classe de CE2
de 29 lves dans une cole de Villeurbanne. Le deuxime stage tait un stage fil de
six semaines durant lesquelles jtais responsable de la classe les mardis et les vendredis
en janvier et fvrier. Il sest droul en classe de CE1 avec 26 lves dans une cole
classe en zone dducation prioritaire Vaulx-en-Velin. Il sagissait toutefois dune
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classe assez calme dont six lves taient suivis par le matre E, spcialiste de laide
pdagogique ncessaire aux lves en difficult scolaire, et un lve par le matre G qui
apporte une aide rducative aux enfants en difficult scolaire. Dautre part, un
dispositif de dcloisonnement entre les deux classes de CE1 de lcole tait mis en place
afin de travailler la lecture selon les besoins des lves avec laide du matre E et dun
autre enseignant.
Si lon se rfre aux nouveaux programmes, cest uniquement au cycle 3 quil
est ncessaire de mettre en place un travail visant acqurir des comptences relatives
la comprhension et linterprtation des textes littraires. Au cycle 2, si les
programmes prconisent de lire des textes littraires, cest uniquement la prise
dinformations explicites qui doit tre travaille. Or, un texte littraire nest en aucune
faon une suite dinformations explicites qui, ajoutes les unes aux autres dvoilent le
sens du texte. Des infrences peuvent tre ncessaires la comprhension. Si
lenseignant veut que les lves comprennent un texte littraire, il ne peut pas se
contenter de traiter les indices explicites. Par ailleurs, si lon souhaite uniquement
travailler sur les informations ponctuelles du texte, il ny a aucun intrt choisir un
texte littraire et il me semble mme que ce serait contre-indiqu car on induirait de la
part des lves une mauvaise posture de lecteur face ce type de texte. Ainsi, jai dcid
dessayer daborder la comprhension et linterprtation des textes littraires dans ma
classe de CE1 mme si linterprtation nest pas une des comptences travailler au
cycle 2.
Le passage de la classe de CE2 la classe de CE1 a t un peu difficile car je
navais pas ide de lcart de niveau entre ces deux classes. Jai vraiment pu observer la
diffrence entre la fin du cycle 2 et le dbut du cycle 3. Mtant base sur le niveau des
lves de CE2 pour imaginer celui des lves de CE1, jai d, au dbut du stage fil,
revoir mes exigences concernant le travail sur les textes littraires que je souhaitais
mettre en place. Il a fallu que jadapte le travail en fonction des difficults de
dchiffrage des lves et de certaines subtilits grammaticales du texte quils ne
pouvaient pas saisir car ils taient alors en train dtudier le nom.
Dbutant dans lenseignement, je navais que peu dattentes concernant le travail
que les lves devaient raliser car je navais pas rellement conscience de leurs
capacits. Dans mes lectures, je nai trouv que peu de comptes-rendus dexpriences
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concernant le travail littraire avec des classes de CE1 ou CE2. La plupart du temps, il
sagissait de travaux mens avec des classes de CM1 ou CM2. Qui plus est, ces travaux
ne sont pas trs nombreux. Ma principale attente tait donc de me rendre compte de la
faon dont les lves allaient comprendre et interprter les textes et dadapter mon
travail pour leur permettre de progresser dans ces domaines.
Lorganisation de mon mmoire
Durant mes stages, jai voulu aborder diffrentes formes de comprhension et
dinterprtation afin de me rendre compte de celles qui pouvaient faire lobjet dune
tude avec des lecteurs dbutants et celles qui ne semblaient pas leur porte. Dautre
part, jai mis en place diffrents dispositifs didactiques pour en apprcier les qualits et
les dfauts. Le dveloppement de ce mmoire tente dexpliquer la faon dont jai
travaill les phnomnes de comprhension et dinterprtation avec les classes de CE1
et de CE2 et analyse ces travaux. Jessaie de montrer comment je me suis appuye sur la
thorie pour mettre en place des pratiques professionnelles mais aussi comment il ma
fallu recourir la thorie pour analyser a posteriori certaines de mes sances.
Dans un premier temps, jexplique ce que sont rellement la comprhension et
linterprtation des textes littraires dun point de vue thorique. Janalyse dans un
second temps les dispositifs didactiques que jai mis en place durant mes stages. Ces
dispositifs font lobjet dune analyse critique qui met en vidence leurs avantages et
leurs inconvnients.
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1.1 La comprhension
Catherine Tauveron propose dans son livre une analyse des problmes de
comprhension auxquels un lecteur peut tre confront face un texte quil lit. Elle
organise une typologie de ces problmes suivant deux axes principaux : les problmes
de comprhension qui sont imputables aux lves et ceux qui sont dlibrment
construits par le texte .
identifier les personnages, la hirarchisation des qutes des protagonistes, ainsi que la
rorganisation mentale des informations pour retrouver la cohrence du texte. Ce sont
des difficults qui sont de plus en plus prises en compte dans les manuels et dans les
classes. Catherine Tauveron dplore toutefois que lon puisse encore trouver des
dispositifs visant viter aux lves de se trouver confronts ce genre de difficults en
ne les mettant en contact quavec des textes ayant atteint le degr maximal de
lisibilit (Tauveron, 2002, p. 25). Ce nest en effet pas en pargnant aux lves toute
difficult de comprhension que nous leur permettront de progresser dans leurs
comptences lecturales. Il vaut mieux mnager les rencontres avec des textes recelant
des difficults potentielles comme celles dj cites, plutt que de ne leur fournir que
des textes labors pour une comprhension immdiate et maximale qui leur vite alors
tout questionnement et toute rflexion. Ainsi, par exemple, un texte riche en anaphores
et posant des problmes de comprhension aux lves, doit tre prtexte dune part
identifier la difficult et dautre part trouver des moyens de lever celle-ci afin de
comprendre le texte lu.
Les rcits les plus lisibles en apparence sont aussi ceux qui vhiculent le plus
grand nombre de lieux communs culturels (strotypes, symboles courants,
canons du genre) quon suppose partags quand on na jamais pris, en classe,
la peine de les construire.
Jai moi-mme fait cette exprience lors de mon stage mass qui sest droul dans une
classe de CE2. Je souhaitais travailler sur le strotype de logre, ou plus prcisment le
strotype de lapparition de logre dans une intrigue. Il me semblait que les lves
devaient avoir de nombreuses connaissances concernant les ogres grce aux contes
traditionnels, aux dessins anims, etc., ctoys dans le milieu familial ou scolaire. Je
pensais que je naurais qu organiser lobjectivation des connaissances plus ou moins
conscientes des lves concernant les ogres. Cette conception initiale a t remise en
cause par un questionnaire que jai soumis aux lves. Avant de dbuter la squence
dapprentissage, jai voulu me rendre compte des connaissances concernant les ogres
que les lves avaient dj. Je leur ai donc fait passer une valuation diagnostique avant
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1.2 Linterprtation
Mais, selon les auteurs de La matrise de la langue (1992, p.159) :
La comprhension dun texte nest pas lunique but que lon puisse poursuivre,
en particulier face des uvres potiques, dramatiques ou narratives (contes,
nouvelles, romans). Sans attendre de jeunes enfants quils se livrent aux exercices
difficiles de lexplication littraire, on peut ds lcole lmentaire aller du
partage des motions morales ou esthtiques, vers la prise de conscience que
lcriture est un procd susceptible de produire des effets puissants, de crer des
univers de rfrence imaginaires, de donner vie des fictions de langage, de
donner sens des paroles dnues de toute urgence sociale et de toute utilit
fonctionnelle.
Cest alors dinterprtation quil est question. Catherine Tauveron organise galement
les problmes interprtatifs daprs un classement qui lui permet de distinguer les
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Sils comprennent lintrigue, les lves ont toutefois du mal comprendre ce que le
texte signifie. Cest travers ltude du terme refrain contenu dans le titre ainsi que
par les paroles du dieu Nkong la fin de lintrigue quils ont pu accder une lecture
plus symbolique. On peut interprter la lecture de ce texte en y voyant une fable
moralisatrice. Le refrain du kangourou est le mme que celui de la plupart des gens : la
volont dtre diffrent, remarquable. Seulement cest quelque chose quil recherche
sans vouloir dployer dnergie, sans faire deffort pour parvenir au changement. Le
kangourou aimerait que le changement lui vienne dun charme alors quil va finalement
y parvenir aprs un effort physique prouvant. Alors que lintrigue avait t comprise,
un travail dinterprtation peut donc avoir lieu pour accder une signification autre.
Le liseur est dfini comme la part du sujet qui, tenant le livre entre ses mains,
maintient le contact avec le monde extrieur ; le lu comme linconscient du
lecteur ragissant aux structures fantasmatiques du texte ; et le lectant comme
linstance de la secondarit critique qui sintresse la complexit de l uvre.
(Jouve, 1993, p.34)
1.1 Le questionnaire
Le moyen le plus rpandu pour permettre un enseignant de sassurer de la
comprhension que les lves ont dun texte est certainement le questionnaire. Celui-ci
semble postuler quil existe un sens au texte. Ce sens unique, littral devrait tre
retrouv par les lves en rpondant des questions ponctuelles. Souvent les mots de la
question se retrouvent dans le texte au niveau de la rponse. Cest propos de cette
conception de la comprhension quYves Reuter (1992, p.14) dit :
Mais quand je posais [ des adultes qui ont compris lhistoire] des questions du
type de celles que trop souvent on propose aux enfants pour vrifier sils ont
compris ce quils ont lu , les trois quarts chouaient. [] Pour la plupart, cet
lment [celui sur lequel ils taient interrogs] navait pas une importance
suffisante pour quils le mmorisent. Ou plutt, dans leur rorganisation
personnelle du sens, ce ntait quun lment secondaire auquel, ventuellement,
ils savaient pouvoir accder de nouveau, si ncessaire, par la lecture.
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parlait. Javais pens a priori en regardant les rponses aux questions poses que cette
lve avait compris le texte alors quelle navait fait que relever des lments
ponctuels de celui-ci sans faire le lien entre eux. Jai donc fait preuve dune erreur
dapprciation concernant la comprhension du texte quavait eue cette lve. Cette
mprise avait t confirme par le fait que la lecture voix haute quelle avait eue du
texte me laissait galement penser quelle lavait compris.
On peut ainsi montrer que de jeunes lves qui ont lu un texte sans achopper
peuvent fort bien ne pas en avoir retenu grand chose et ne pas lavoir compris,
alors que dautres qui lont lu de manire plus hsitante et moins expressive
peuvent en avoir gard des souvenirs et en avoir saisi le sens.
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1.3 Le rsum
Toutefois, il ne faut pas, selon moi, mettre sur un mme plan en avoir retenu
grand chose et avoir compris . En effet, la premire expression peut relever du
rsum qui est la dernire faon traditionnelle dvaluer la comprhension que je
dvelopperai ici. Le rsum est en effet souvent utilis par les enseignants pour
sassurer de la comprhension que les lves ont eu du texte lu. Mais tre capable de
reformuler ce que lon vient de lire ne met pas en jeu uniquement la facult
comprendre un texte. Il sagit galement dutiliser des comptences linguistiques
complexes. Un lve peut avoir compris un texte mais avoir des difficults le rsumer
du fait, par exemple, dune mauvaise matrise de la langue orale ou crite, ou plus
prcisment dun de ces constituants comme le vocabulaire, ncessaire la
reformulation. Les lves se contentent alors souvent de paraphraser sans connecteur
logique ou temporel. Mais, la paraphrase nest pas le gage dune bonne comprhension
car les lves peuvent utiliser des phrases ou des expressions du texte sans les avoir
comprises. Ctait le cas de certains de mes lves de CE1 qui crivaient dans leur
rappel du Refrain du vieux Kangourou : Fais de moi un animal diffrent de tous les
autres et trs populaire , sans savoir ce que trs populaire signifiait. Dautres, au
contraire, avaient repris cette expression dans leur texte mais en connaissaient le sens
quils ont pu mexpliquer lorsque je leur ai demand. En faisant crire mes lves de
CE1 un rappel dune partie du texte que nous avions lu ensemble, il me semblait que je
pourrais vrifier le niveau de comprhension quils avaient eu de notre lecture. Javais
lu quelques explications thoriques sur le rappel dans le N25 de Recherches (1996)
consacr la lecture. Aprs la rdaction des lves, je me suis trouve confronte des
crits qui ne semblaient pas reprsentatifs dune quelconque comprhension ou
incomprhension. Je pouvais classer les productions crites en trois groupes :
- des productions qui montraient de la part des lves de grandes qualits dans la
reformulation et, me semble-t-il une bonne comprhension du texte ;
- des productions dans lesquels les lves semblaient stre enliss dans des
problmes de reformulation ;
- des productions qui taient une suite de paraphrases du texte.
Il ma t impossible, uniquement par la lecture de leurs textes, de savoir si dans les
deux derniers types, les productions taient le reflet de difficults de comprhension ou
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dcriture. Il ma fallu interroger certains lves pour men rendre compte. De plus, on
peut trs bien rsumer toutes les tapes dun rcit (donc les avoir comprises) sans pour
autant avoir compris leur signification profonde, sans en avoir fait une interprtation
pertinente.
Je ne remets pas en question tous ces dispositifs qui servent traditionnellement
valuer la comprhension. Je veux montrer linsuffisance quil y aurait ne sappuyer
que sur lun dentre eux. Il convient de varier nos faons dvaluer en impliquant
dautres faons de travailler la comprhension mais aussi linterprtation. Il sagit bien
entendu aussi de dispositifs imparfaits.
2. Quelques dispositifs didactiques que jai mis en place durant mes stages
Les dispositifs que je mapprte dcrire ne sont pas des dispositifs qui visent
uniquement valuer la comprhension que les lves ont eue de leur lecture. Ils
envisagent une co-construction de la comprhension et de linterprtation dun texte par
les lves et par lenseignant en objectivant au maximum les procds de faon les
rendre explicites et rutilisables, terme, par les lves. Je considre, comme Catherine
Tauveron lexprime dans un article du n19 de Repres (1999, p.17) que la lecture
littraire est une activit de rsolution de problmes, problmes que le texte pose de lui-
mme ou que le lecteur construit dans sa lecture.
Jai choisi de prsenter les dispositifs didactiques mis en place durant ltude de
LOgre-doux sans les sparer les uns des autres. Cela permet, je pense, dillustrer la
faon dont plusieurs activits doivent tre menes autour dun mme texte pour
permettre aux lves de le comprendre et de linterprter.
Ils ont d les commenter puis en crire afin de mieux comprendre et de sapproprier le
fonctionnement des phrases polysmiques. Ils ont ensuite relev toutes les expressions
qui pouvaient tre interprtes de diffrentes faons dans LOgre-doux. Certaines
dentre elles ont servi aux lves darguments en faveur de lhypothse selon laquelle ce
sont les enfants qui imaginent que Ventru est un ogre. Dautres ont laiss les lves
dans lindtermination.
Le lecteur de fiction pose lauteur des questions sur les blancs et lauteur
absent ne rpond pas. Le lecteur doit donc puiser dans sa propre imagination, ses
souvenirs, ses rfrences et cest ainsi que le lecteur devient co-nonciateur de
l uvre.
Jai donc choisi, pour travailler sur limportance de combler les blancs et objectiver ce
phnomne qui se ralise inconsciemment, dtudier et de mettre en scne, avec mes
lves des petites scnes de thtre dans lesquelles les lves devront vritablement
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interprter. Il sagira dabord de combler les blancs pour pouvoir laborer une mise en
scne. Il faudra trouver dans les textes des indices pour infrer certains gestes, certaines
intonations, etc., grce, par exemple, aux didascalies, aux contenus des rpliques et aux
formes des phrases utilises. Il sera galement ncessaire de sappuyer sur les
connaissances culturelles afin de choisir le costume dun personnage, ses
caractristiques comportementales, etc. Il sagit dun double phnomne dinterprtation
dans le sens o il intervient en amont de la comprhension pour aider construire celle-
ci en comblant les blancs laisss par le texte et en aval quand linterprtation est
lillustration dune comprhension du texte lorsque les lves jouent les scnes.
Jai compris limportance du passage par la production crite pour permettre aux lves
de mieux comprendre certains fonctionnements de la langue crite et pouvoir ainsi
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mieux comprendre et interprter un texte durant mon premier stage. Lorsque nous avons
tudi LOgre-doux, jai eu recours la production crite deux reprises.
La premire fois, ctait dans le cadre de ltude de la polysmie des phrases
aprs avoir comment certains extraits des albums dAlain Le Saux. Les lves ont
propos des mots qui avaient plusieurs sens (bouton, cloche, baleine, clair, trombone,
opration). Ils ont ensuite d rdiger une phrase avec lun de ces mots et
laccompagner dune illustration mettant en vidence lautre sens possible de la phrase.
Ainsi, la phrase le docteur a dit quil allait faire une opration tait accompagne
dun dessin montrant un mdecin assis face une feuille sur laquelle il avait pos une
addition. Cela a permis aux lves de vritablement comprendre le fonctionnement des
phrases polysmiques. Jai pu, quant moi, massurer de leur comprhension. Grce
cette activit, la recherche des phrases polysmiques dans le texte de LOgre-doux sest
droule sans difficult et les lves taient ravis de dcouvrir des phrases qui avaient
plusieurs sens alors qu leur premire lecture, ils ne les avaient pas lues de cette faon.
La relecture a ainsi vritablement pris sens pour eux.
Les lves ont eu plusieurs reprises mettre par crit certaines de leurs
observations. Ils ont ralis un tableau pour montrer si les indices quils relevaient
servaient de justification lhypothse selon laquelle Ventru serait un ogre ou celle
selon laquelle ce serait une ide des enfants. Un autre tableau a permis de mettre en
parallle les invariants des intrigues dans lesquelles un ogre apparat. Mais cest par la
rdaction dun texte mettant en vidence le strotype de lapparition de logre que les
lves ont rellement pu se lapproprier. Ils ont d rinvestir les invariants de
lapparition de logre dans une intrigue en crivant eux-mmes une histoire mettant en
scne un ogre. Cela ma servi dvaluation pour savoir si la notion de strotype, et plus
particulirement celle de logre, tait comprise par les lves.
On pourrait galement imaginer des dispositifs dcriture visant faire
transposer, par les lves, des textes narratifs en scnes de thtre et vice versa. Les
lves se rendraient alors compte de limportance des indices linguistiques (niveau de
langue ou description dun personnage) pour pouvoir comprendre puis interprter un
texte.
La production crite est donc un bon moyen daider la comprhension de
lcrit. Mais cest un dispositif que je nai pu mettre en place quavec ma classe de CE2
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car le passage lcrit tait un vritable obstacle pour mes lves de CE1 avec lesquels
il aurait fallu mettre en place des situations de dicte ladulte. Jai test ce dispositif
mais il ma sembl que les interactions verbales taient plus riches et permettaient des
changes plus intressants lorsquil ny avait pas lobjectif du passage lcrit.
3.1.2 La justification
Il me semble que jai russi faire passer le message, dans les deux classes o je
suis alle, que je ne dtenais pas la vrit du texte, mais que les niveaux de sens de
celui-ci taient dcouvrir par la lecture et que jacceptais des interprtations
diffrentes de la mienne si elles taient justifies. Ce rapport sest progressivement
construit car jai toujours pris garde de ne pas dire oui ou non face des hypothses
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interprtatives. Il convient de ne pas accepter demble une rponse qui ne repose pas
sur un indice, mme si cette rponse est exacte. Jai donc toujours demand aux lves
de justifier leurs interprtations en relevant des indices dans le texte ou par des
rfrences culturelles. Si lauteur de linterprtation navait pas dindices, je demandais
au reste de la classe dessayer den trouver soit pour confirmer, soit pour rfuter
linterprtation.
3.1.3 Lexplication
Dautre part, malgr mon travail de prparation, il mest arriv de ne pas avoir
envisag une voie interprtative que les lves, eux, empruntaient. Je lai toujours
assum en leur disant alors que je navais pas vu tel indice ou telle interprtation. Cela
est arriv avec ma classe de CE1. Je venais de lire une partie du Refrain du vieux
Kangourou mes lves. Aprs quils men ont fait un rappel oral, je leur ai prsent
lensemble des illustrations du livre en leur demandant de choisir celles qui
correspondaient au passage et ensuite de les remettre dans lordre. Je ne mattendais
qu des rponses du type celle-ci est la premire car le kangourou est sur des
rochers ; celle-ci est la troisime car le personnage est dans le marais salant . Jai
obtenu des rponses de ce type, montrant la comprhension que les lves avaient eue
du texte. Mais, certains lves ont bas leur choix sur des critres interprtatifs auxquels
je navais pas pens. Certains mont dit que la premire illustration tait celle o le
personnage tait le plus petit car lillustrateur voulait montrer que ctait le plus petit
dieu et quil navait que peu dimportance. Dautres lves ont propos un ordre (le
bon) en le justifiant par le fait que lillustrateur voulait nous faire entrer dans lhistoire
en nous donnant limpression de nous approcher des personnages. Jai accept ces
explications alors que je ne les attendais pas.
Dans la classe de CE2 avec laquelle jai travaill sur LOgre-doux, alors que les
lves relevaient les expressions polysmiques du texte, ils mont propos la phrase
dont lnonciateur est le personnage souponn dtre un ogre : On va passer une
bonne soire. Je navais pas relev cette expression, mais les lves ont expliqu leur
choix en disant que Ventru pouvait sadresser aux enfants en tant que voisin et leur dire
quils allaient passer une bonne soire ensemble. Mais il pouvait aussi sagir dune
phrase quun ogre se dit lui-mme en pensant la bonne soire quil va passer en
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dvorant les enfants. Jai accept cette interprtation et jai expliqu aux lves que je
navais pas relev la phrase, mais quils mavaient convaincue.
3.1.4 La mtacognition
Il est galement primordial de favoriser la transparence vis--vis des stratgies
de construction des niveaux de sens dun texte. Pour cela, lenseignant doit mettre en
place un tayage permettant aux lves de passer progressivement dintuitions au sujet
dun texte des indices prouvant leur interprtation. Il est ncessaire de demander aux
lves dexpliquer comment ils en sont arrivs telle ou telle interprtation du texte.
Cette formulation de leurs stratgies leur permet de lobjectiver, de rflchir leur
manire de faire, et, le cas chant dadapter cette stratgie pour la rendre plus
performante. Cela permet aussi aux autres lves daccder des stratgies quils
nutilisent pas forcment.
Une de mes amies, en stage dans une classe de CE1 a eu une exprience de ce
type. Aprs que ses lves ont lu la phrase Il sassit sous un gommier lcorce qui
pendait pour souffler un moment (La sagesse du Wombat de Mickael Morpurgo),
lenseignante leur a demand ce qutait un gommier. Une de ses lves a rpondu sans
hsiter quil sagissait dun arbre. Mais cest seulement grce la sollicitation orale et
ltayage de son enseignante que cette lve a pu comprendre et montrer quelle se
servait du mot corce pour infrer que celui quelle ne connaissait pas tait le nom
dun arbre.
Outre rendre compte de limportance des connaissances et des indices
linguistiques et culturels le travail mtacognitif montre la ncessit de se construire une
reprsentation mentale du texte. Jai pu travailler de faon assez explicite sur la
reprsentation mentale et laide quelle apporte la comprhension dun texte. Ceci a
t ralis autour dun texte documentaire. Celui-ci prsentait chacune des tapes de la
fabrication du papier accompagne dun petit dessin lillustrant. Ces tapes taient
nettement spares par la mise en page qui semblait suivre un chemin du haut de la
feuille vers le bas. Ce texte tait dans lensemble assez bien compris des lves qui
taient capables de donner dans lordre quasiment chaque tape. En leur demandant
dexpliciter la faon dont ils sy prenaient pour se souvenir aussi bien du texte sans
toutefois le paraphraser, ils se sont aperus quils saidaient beaucoup de la mise en
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page et des images quils avaient mmorises. Nous avons donc t amens rflchir
sur limportance dorganiser mentalement le texte et de se crer des images qui
facilitent la comprhension globale.
Un tayage de lenseignant parat ncessaire pour amener les lves
sinterroger sur leurs propres stratgies et les faire partager aux autres. Il est important
de prendre le temps avec les lves de parler des stratgies, de les tester pour
ventuellement pouvoir se les approprier. Ltayage se fera ensuite de lui-mme plus
discret lorsque les lves se les approprieront progressivement.
ncessite galement, de la part des lves, daccepter que la vrit ne sorte pas de la
bouche de lenseignant. Il leur faut sexprimer pour eux-mmes et non pour obtenir une
quelconque reconnaissance de ladulte. Etre capable de favoriser les interactions
verbales entre les lves est donc une des grandes difficults rencontres lors dun
travail interprtatif.
Je ne suis pas parvenue, lissue de ces stages compltement dpasser cette
difficult, mais je lai amnage de faon ce que le passage par loral ait toutefois des
incidences positives quant au travail littraire ralis. En effet, le fait de ntre prsente
dans la classe que pour une dure restreinte ne ma pas permis de rellement meffacer
des phases de travail loral. Ceci pour deux raisons : pour les lves, la prise de parole
ntait pas seulement faite pour enrichir la comprhension du texte, mais aussi pour tre
reconnus par une enseignante qui ne les connaissait pas ; pour moi, javais besoin, je
pense, de sentir que je matrisais ce moment doral et jai donc contraint mes lves
pendant une grande partie de mes stages lever la main lorsquils souhaitaient prendre
la parole. Je savais quel point cela risquait de brider les interactions verbales, mais je
lai tout de mme fait.
petit les amener vers un discours plus personnel. Le simple fait de travailler avec une
partie de la classe, lenseignant tant assis avec ses lves, peut permettre certains de
sexprimer plus facilement.
Jai fait cette exprience en masseyant avec un groupe de huit lves qui
devaient expliquer ce quils avaient compris du Refrain du vieux Kangourou. A ct de
moi taient installs deux lves que je nentendais que peu parler dans les phases de
travail avec lensemble du groupe-classe : Mathieu, un lve sourd qui habituellement
ne prend la parole que lorsquil est sr de la rponse ; et Alexandre qui, lui, ne participe
quasiment jamais et prend un air ddaigneux lorsquil est interrog. Durant cette sance,
ils ont pris plusieurs fois la parole pour dire ce quils avaient compris. Tout dabord ils
sadressaient moi voix basse. Lorsquils ont vu que je leur demandais de rpter plus
fort, ils ont progressivement pris la parole avec plus dassurance.
parole pour montrer quil a compris et pour avoir la confirmation que sa comprhension
est bonne. Lenseignant ne doit alors pas ngliger cet lve mais bien lui signaler que
celui-ci compris. Le second cas de prise de parole montre que llve ntait pas
satisfait des explications donnes sur un sujet particulier et quil avait conscience que
lon pouvait aller plus loin dans la comprhension et linterprtation. Alors que
lensemble du groupe a chang de sujet dtude, cet lve a persvr et a trouv
dautres explications. Dans les deux cas, lenseignant doit montrer quil comprend et
quil respecte le fait que certains lves passent plus de temps sur un sujet qui les
intresse et dont ils pensent ne pas avoir exploit toute la richesse. Toutefois, cest
quelque chose de difficile grer car la prise en compte du rythme de chaque lve na
que peu de place dans le discours oral.
Malgr les difficults rsultant du travail loral, il me semble quil sagit dun
dispositif suffisamment riche pour que lenseignant lui accorde une place privilgie
lors des choix didactiques quil fait pour aborder la comprhension et linterprtation
des textes littraires avec sa classe.
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CONCLUSION
A lissue de mes deux premiers stages, et aprs avoir port un regard rflexif sur
le travail concernant la comprhension et linterprtation des textes littraires que jy ai
men, il me semble vident que la littrature peut trouver sa place lcole, mme
auprs de lecteurs dbutants. Je pense toutefois quelle ne devrait pas tre introduite
lcole primaire sans tre accompagne par un travail de comprhension et
dinterprtation. Jai en effet remarqu que sans tayage ni mise en place de dispositifs
didactiques particuliers par lenseignant, les lves ne peuvent accder la signification
profonde du texte et leurs capacits interprtatives ne peuvent alors se dvelopper.
Travailler les phnomnes de comprhension et dinterprtation des textes
littraires lcole demande lenseignant un gros travail de rflexion et dimagination
pour plusieurs raisons. La premire tant quil sagit dun sujet trs peu trait dans les
ouvrages thoriques et didactiques. Dautre part, chaque texte ayant ses particularits,
les niveaux de sens des textes littraires sont rechercher par lenseignant, grce ses
connaissances, mais aussi grce sa sensibilit.
Pour ma part, je suis assez satisfaite du travail que jai pu raliser autour de
LOgre-doux avec ma classe de CE2 lors de mon premier stage. Je pense que la
progression de mes sances, largement inspire des travaux de Catherine Tauveron, tait
intressante. Elle faisait toujours ressortir des problmes que les lves devaient lever
pour comprendre et interprter ce texte. Cela leur a permis de se rendre compte de la
posture de lecteur quil est ncessaire dadopter face un crit littraire en faisant des
investigations aussi bien culturelles que linguistiques. Jai eu loccasion daborder la
grammaire et le vocabulaire de faon motivante pour les lves car ils se rendaient
compte que a leur servirait comprendre le texte. Toutefois, si je devais refaire un
travail partir de ce texte pour aborder le strotype des histoires dogres, je ferais
tudier plus de textes lors de la mise en rseau afin de ne pas construire ce strotype
sur un corpus trop rduit au risque de donner aux lves une fausse ide de ce quest un
strotype. Mme dans un temps dtude aussi court que celui dont je disposais, il tait
possible de mettre en place des dispositifs qui auraient permis de travailler partir de
plus de textes. Les lves auraient pu travailler par groupe sur des textes diffrents, puis
dans un second temps, en mixant les groupes de dpart, ils auraient pu mettre en
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communs leurs dcouvertes concernant le texte initialement tudi. Ainsi le corpus mis
en rseau aurait t plus consquent et cela aurait pu montrer aux lves limportance de
multiplier les rfrences pour vritablement se rendre compte des invariants culturels.
Le travail ralis durant mon deuxime stage avec la classe de CE1 me parat
moins satisfaisant. La progression que jai labore se basait sur un problme de lecture
que les lves ont eu du mal sapproprier. En effet, jai demand aux lves de
sinterroger, avant la lecture, sur le titre et ce quil pouvait signifier. Ctait, je pense, un
faux problme puisque la lecture navait pas encore eu lieu. Il me semble maintenant
quil aurait t plus judicieux dinterroger les lves aprs la lecture sur le lien entre le
texte et le titre. Ils auraient alors pu sappuyer directement sur des indices pour exposer
leurs interprtations. Ils se seraient peut-tre mieux appropris le problme de lecture de
cette faon. Ce nest pas la seule erreur que jai commise lors de la prparation et du
droulement de ce stage. Jai choisi ce conte car il me servait de prtexte un travail en
arts visuels concernant lart aborigne. Je regrette un peu ce choix car Le Refrain du
vieux Kangourou est un conte la fois difficile comprendre et interprter pour des
lecteurs dbutants. Il est difficile comprendre cause de certaines tournures de phrases
qui sont complexes pour de jeunes lves. Il est galement difficile interprter car
cest au lecteur de dcider que le texte a une signification profonde laquelle il veut
accder et cest donc lui de mettre en place une lecture permettant daccder au sens
symbolique de ce conte. Vouloir travailler sur un problme dinterprtation de ce type
tait trop ambitieux lors dune premire approche des phnomnes de comprhension et
dinterprtation des textes littraires, qui plus est avec des lecteurs de ce niveau.
Malgr mes erreurs et mes difficults, je ne pense pas que le travail de
comprhension et dinterprtation soit exclure avec des lecteurs dbutants. Mes lves
de CE1 sont en effet parvenus, grce un guidage important de ma part, comprendre
et interprter ce texte. Je compte donc continuer cette approche de la comprhension et
de linterprtation des textes littraires lors de mon prochain stage dans cette classe, en
travaillant linterprtation de textes de thtre. Je souhaiterais galement travailler sur
un autre aspect de linterprtation que je nai pas abord durant mes stages. Il sagirait
de donner la possibilit aux lves de mettre en rsonance des indices textuels et
culturels avec leur propre vision du monde en leur proposant, par exemple, des
questions comme celle-ci : Est-ce que tu ferais la mme chose que le hros ?
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REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages thoriques :
Benot, J.-P. (1992). Des propositions pour observer et dvelopper les comptences
interprtatives des lves. In Pratiques, 76 (p.79 - 100). Metz : CRESEF.
Tauveron, C. dir. (2002). Lire la littrature lcole. Pourquoi et comment conduire cet
apprentissage spcifique ? de la GS au CM. Collection Hatier pdagogique. Paris :
Hatier.
Littrature de jeunesse :
Le Saux, A. (1996). Le prof ma dit que je devais repasser mes leons. Paris : Rivages.
Le Saux, A. (2000). Papa ma dit que son meilleur ami tait un homme-grenouille.
Paris : Rivages.
ANNEXES
ANNEXE 1
Maman dit quon nouvre pas nimporte qui. Mais Silvre nobit jamais.
Jaurais voulu lui crier : Nouvre pas ! Cest Ventru ! Il va nous croquer crus.
Mais la peur avait coinc les mots dans ma gorge.
Quand jai rouvert les yeux, logre navait mang personne : ctait maman.
Merci, ma puce, elle a dit mon frre en lui bouriffant les cheveux. Jai oubli
mes cls et le porte-monnaie. Je repars. A plus tard mes canards !
Nempche, on avait eu chaud !
Jai propos quon joue aux trois petits cochons sous la table. Tout le monde
voulait la maison en brique ; personne la cabane en paille que le loup souffle en
premier. Alors, on a jou aux Matres de lUnivers. La table est devenue le
chteau des Ombres.
Mirabelle voulait que Silvre tue les ogres avec lpe magique. Silvre prfrait
combattre un dragon dix ttes qui fouettait la muraille de sa queue
monstrueuse.
Dabord, a dit Silvre, les ogres, a nexiste pas. Pas dans les villes en tout cas.
-Tas la preuve ? jai demand.
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-Oui. Ils ont besoin de forts pour attraper ceux qui sy perdent. Aprs, ils les
enferment et les engraissent. Comment veux-tu faire dans un appartement ? Cest
trop petit !
-Et les conglateurs, a demand Mirabelle, cest pour les chiens ?
Silvre na pas pu prtendre le contraire. Le pre Ventru, cest vrai, il est gant
comme un ogre ; avec un ventre norme ; gros comme une barrique. Une
barrique molle qui ballotte quand il marche. On dirait un pingouin. Quelle
panique quand il vous embrasse ! On aimerait devenir nos souris noires pour fuir
et disparatre.
Mais maman veut quon soit aimables. Elle dit que le pre Ventru rend des
services, surtout pour le bricolage, depuis que notre papa est parti vivre avec une
autre maman.
Le pre Ventru nous appelle ses tendre tripls . Tripls, je veux bien :
Mirabelle, Silvre et moi, nous sommes ns le mme jour. Mais tendres ,
franchement, cest louche. a cache quelque chose, non ?
La cloche a sonn huit coups. Mirabelle a commenc pleurnicher. Quest-ce
quelle fabriquait maman ?
Quand la sonnerie du tlphone a retenti, on a tous sursaut. Silvre a dcroch.
Il a cout. Il faisait une drle de tte.
Ctait maman. Elle avait eu un accident en empchant mm Agla de se faire
craser. Mm Agla, cest une vieille dame qui traverse sans regarder et qui
habite au rez-de-chausse avec son chat Belzbuth qui nest pas copain avec Tric,
Trac, Troc, vous pensez bien. Bref, lhpital voulait garder maman cette nuit,
mais ce ntait pas grave. La grosse catastrophe, ctait que le pre Ventru allait
nous emmener chez lui pour manger et dormir !
Quand le pre Ventru sest accroupi pour nous parler, on sest fait petits, petits.
Ce nest rien, disait-il. On va passer une bonne soire.
-Je peux emporter Tric, Trac et Troc ? a demand Silvre ?
-Tout ce que tu voudras, mon bon petit.
Alors l, quand il a dit bon , jai bien cru que Mirabelle allait se sauver
Cest riquiqui chez Ventru. Une seule pice avec un grand lit, quelques chaises,
un fauteuil, une table.
Mirabelle a demand voir le conglateur. Ventru a paru tonn. Il nen avait
pas. Plutt rassurant, non ? Mirabelle en tout cas, ntait pas convaincue.
Cest peut-tre un ogre glouton qui dvore les enfants tout de suite , elle ma
dit loreille.
Elle na rien mang, pas mme le gteau.
Tu naimes pas ? a demand Ventru ?
-Si, a dit ma s ur. Mais je veux rester dure et maigre.
Le pre Ventru a paru trs du. Aprs tout, Mirabelle avait peut-tre raison.
Moi, jai quand mme craqu pour le gteau. Silvre a mang de tout, lui.
Tu nas pas peur de grossir, toi. Tu fais honneur ma cuisine. Jaime a, a dit
Ventru.
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ANNEXE 2
Le Kangourou gris et laineux et fou de vanit dansait sur une dune en plein
milieu de lAustralie quand il sen alla trouver le Grand Dieu Nqong.
Il sen alla le trouver dix heures du matin, avant le djeuner, pour lui dire :
-Fais de moi un animal diffrent de tous les autres, trs populaire aussi et puis
trs trs couru, et tout cela avant cinq heures cet aprs-midi.
Nqong, qui se baignait dans le marais salant, sauta en lair et scria :
-Entendu, je men charge !
Nqong appela Dingo, le Chien Jaune toujours affam, Dingo toujours couvert de
poussire sous le soleil, et lui dsigna Kangourou.
-Dingo ! Rveille-toi Dingo ! dit Nqong. Tu vois ce monsieur qui danse au
milieu du crassier ? Il veut tre trs populaire et trs, trs couru. Dingo, occupe-toi de
cela !
Dingo le Chien Jaune toujours affam, le Chien gueule de seau charbon ne
manqua pas de sursauter :
-Quoi ! Ce lapin-chat, l ?
Et Dingo le Chien Jaune toujours affam, le Chien gueule de seau charbon,
se lana aux trousses de Kangourou.
Sur quoi le fier Kangourou dtala comme un lapin de toute la force de ses quatre
petites pattes.
Ainsi sachve, ma Trs-Aime, la premire partie de lhistoire !
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Et Dingo courait toujours, Dingo le Chien fourbu que tenaillait de plus en plus la
faim et la stupfaction. Quelle puissance au monde, ou hors du monde, arrterait le
Kangourou ?
L-dessus Nqong sortit du bain quil prenait dans le marais salant :
-Il est cinq heures, dit-il.
Dingo sassit par terre, le pauvre Dingo que la faim tenaillait toujours et qui tait
couvert de poussire sous le soleil. Il tira la langue et entreprit de geindre.
Kangourou, le Vieux Kangourou, sassit par terre lui aussi et allongea sa queue
derrire lui comme un tabouret traire les vaches :
-Grce au ciel, cest fini maintenant !
Nqong, en parfait homme du monde, lui demanda :
-Pourquoi nexprimes-tu pas ta reconnaissance envers Dingo le Chien Jaune ?
Pourquoi ne le remercies-tu pas ? Il a tant fait pour toi !
A quoi le Vieux Kangourou bien las rpondit :
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-Il ma chass des demeures o jai pass mon enfance ; il a chamboul mes
heures de repas ; il a mis mon anatomie sans dessus dessous au point que jamais je nen
retrouverai de pareille ; quant mes jambes, il les a rabotes de belle manire.
-Me tromp-je donc en croyant que tu mavais demand de faire de toi un animal
diffrent de tous les autres, et trs couru de surcrot ? rpondit Nqong. Il est maintenant
cinq heures.
-Cest vrai, je regrette de lavoir demand. Je croyais que vous y parviendriez au
moyen de charmes et dincantations tandis que cela, cest une mauvaise plaisanterie.
-Une plaisanterie ! scria Nqong qui se vautrait parmi les gommiers bleus.
Rpte cela et je siffle Dingo. Quand il taura bien cours, il ne restera plus rien de tes
pattes arrire !
-Non, faites excuse, dit le Kangourou. Une patte est une patte aprs tout, et pour
moi, je ne sens nul besoin de les abrger. Je souhaitais seulement que Votre Grandeur
comprenne que je nai rien mang depuis ce matin et que jai lestomac vide.
-Oui, ajouta Dingo le Chien Jaune, et je suis exactement dans la mme situation.
Jen ai fait un animal diffrent de tous les autres, mais quaurai-je pour mon th ?
Nqong, qui tait entr dans le marais salant pour prendre un bain, rpondit :
-Venez me parler de tout cela demain. A prsent, je vais me laver.
Et cest ainsi que le Vieux Kangourou et Dingo le Chien Jaune se retrouvrent
tout seuls au beau milieu de lAustralie.
Cest ta faute ! se lanaient-ils.
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ANNEXE 3
Etant entendu que les ventuelles restrictions de diffusion de mes travaux ne stendent
pas leur signalement dans les catalogues des bibliothques accessibles sur place ou par
les rseaux.
La prsente autorisation de diffusion vaut galement pour la reproduction limite aux
seules fins des diffusions ainsi dfinies.
Je renonce toute rmunration pour les diffusions et reproductions effectues dans les
conditions prcises ci-dessus.
ANNEXE 4
Mots-cls :
Littrature
Comprhension
Interprtation
Lecteurs dbutants
Discipline :
Franais (littrature)