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Oeuvres de Tacite. Tome 6

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Tacite (0055?-0120?). (latin-franais). 1830-1838][La Germanie (latin-franais). 1833]Germanie ; Agricola ; Des orateurs. 1995.

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C.
L.F.PANCKOUCKE.
PAMS.IMPRtMERmr)En.r.PANCKOCC~E
rue des Poitevins, n. n4.
OEUVRES
DE
C. C. TACITE
TRADUITES
PAR C. L. F. PANCKOUCKE.
GERMANIE. AGRICOLA.
DES ORATEURS
'"fME SIXIME.
PARIS
C. L. F. PANCKOUCKE
MEMBRE DE T.'ORDRK ttO~AI. CE LA t.ZGION n'aONN~CR
F.UtTE.CR,
ECE DES
POITZVms, ?
!/j.
MDCCCXXXHI.
GERMANIE
TRADUITE DE TACITE
PAR C. L. F. PANCKOUCKE
AVEC UN NOUVEAU COMMENTAIRE
EXTRAIT
DE
MONTESQUIEU
ET DES rRtJ fCTFATJ X rFRDCiSTES.
Tacite fait un
ouvrage cxpf'-s
sur les nxrurs des
Germains; il est court, cet
nuvt-e,
mais c'fst
l'ouvrage
de
Tacite, qui abr~fait tout,
parce qu'it
il
voy ait
tout.
(Esprit
</pj !iv.
3n.)
QUATRIME
ED'TION.
LA
i.
INTRODUCTION.
i_ AGITE,
encrivant cet
ouvrage
sur les
Germains,
et
en
traant
lesmurs deces
peuples,
avait les
yeux
sur
les
Romains,
dont il a faitconnatre l'histoire au
temps
o il existait
peignant
avec vrit ces nations encore
sauvages
etdans
l'enfance,
et sansvouloir les
placer
au
dessusdes
peuples polispar
la
civilisation,
il
reproche
indirectement aux Romainsleurs dissolutionsetleur ou-
bli des
usages antiques;
il ne loue
point cependant
ces
Barbares avec
complaisance,
il clbreleurs dfaites et
se
rjouit
deleursdiscordes mais
Tacite,
aimant sa
pa-
triecommeles
premiers
Romainsl'avaient
aime,
y
vou-
lait
rappeler
les vertus
qui
fondrent sa
puissance,
et la
ramener a la svrit de ses
premires
coutumes. En
mme
tempsque
cet
ouvrage
sur lesGermains est lasa-
tiredeladissolution desmurs
romaines,
il estun
loge
desmurs austres et
pures qui
tablirent la
grandeur
de la
rpublique,
tandis
que
leur
dpravation
amena
successivementsa
dcadence,
dont Tacite
indiquedj
la
plupart
des
causes;
ainsi la
pense
se
reporte
au mo-
ment decette
grandecatastrophe,
et une lecture rfl-
chiede cet crit
peut
faire
embrasser,
pour
ainsi dire
la
fois,
cestrois
grandes poques
de l'histoirede lar-
publique
romaine.
INTRODUCTION. J v
v
Les
peuplesgermains,
dans leurs
migrations
et
par
leurs
tablissemens,
que prcdrent
tant de
ravages,
apportrent
la
Gaule,
l'Italie et
l'Espagne,
des
usages que
lessiclesn'ont
pas
encore
effacs,
et ont
imprim
leurs lois et leurs
gouvernemens
un carac-
tre
qui subsiste,
mme encore
aujourd'hui, plus
ou
moins fidlement
conserv,
et
que
l'on reconnat
pres-
que
enentier dans les commencemcnsde la monarchie
francaise.
Ceuxdeces
peuplesqui
restrent dansleur
patriey ont
maintenu leurs
coutumes,
que
l'on retrouve encoreau-
jourd'hui plus
ou moins
altres
leurs moeurs
prsen-
tent aussi
quelquesrapprochemens
avec cellesdesdiff-
rentes nations
sauvages
de
l'Asie,
de
l'Afrique
et de
l'Amrique.
J 'ai eu
pour
but dans cet
ouvrage
d'tablir
quelques-
unsdeces
rapprochemens,
et de
marquer
enmme
temps
ce
que
Tacites'est
propos
deblmer danslesicleo il
crivait,
et de louer dans les
premiers temps
delar-
publique.
C'est ainsi
que
seraconfirmle
jugement pro-
noncsur cet
ouvrage
deTacite
par
l'illustre Montes-
quieu jugement quej'ai prispour pigraphe,
et
qui
m'a
conduit la
plupart
de cesrecherches.
Il serait inutile de faire
l'loge
de ce chef-d'uvre
l'antiquit
n'en a
produit
nul autre de ce
genre,
et il
n'ena
point paru
dans les
temps
modernes
qui
lui soit
comparable
aucun autre
ouvrage
des anciens n'a t
i~o/~
le
Voyage
dansle
Saterlandl'Ost-Frise,par
J . Ho
<'hn;Brme,
1800.Ce
voyage,
crit en
a!J emand,n'apaset
tra<h)it.
tNTRODUCTO~
v
crit dansce
style.
C'est le
style
de
Tacite,
maisavecune
nuance
particuliretoujours
soutenue crivant en
prose,
Tacite
y
est
beaucoupplus
concis
que
Persedanssessa-
tires, quoique
Perse ait
passjusqu'
ce
jour pour
le
plus
concisdetousles
crivains
et Taciteacet
avantage
sur l'auteur des
satires, que
sa
pense
n'est
presque
ja-
mais obscure. Le manuscrit
ayant prouve peu
d'alt-
rations,
lesens
y est
en
gnra!
clair,
et
je
dirai mme
facile.Le
style
n'a aucune
duret;
il est
toujours
serr,
toujours rapide,
sans
jamais
tre
brusque;
il
y rgne
mme
quelquefois
un
abandon,
une
simplicitqui
tonne
et charme
l'esprit
mais avec
quelle
sensibilitTacite
parle
d'une
patrie,
avec
quelle
candeur des
vertus,
avec
quelleloquence
des
Bataves,
des
Cimbres,
deRomeet
de
l'empire
L'historien
prouveparticulirement
ici com-
bien il connaissait fondl'art destransitions
quoiqu'il
parcoure
incessamment des
sujets
diffrens,
il sait tou-
jours
en lier le
rcit,
quelquefoispar
une
pense,
sou-
vent mme
par
un mot. Dansla
premirepartie,
il
rgne
un ordreadmirabledont latablesommairedonnera une
juste
ide. La manire dont il dcrit ces
peuples
nou-
veaux et si
peu
connus,
doit tre unmodledemthode
dans toute
description gographique
il
passe
del'un
l'autre
par
un enchanement
insensible;
le Rhin et le
Danube lui servent d'abord de
guides,
et c'est en sui-
vant ces fleuves
qu'il dpeint
tour-a-tour les nations
qui
en habitent les
rives;
et
aprs
avoir faitconnatre
lecaractre desGermainsen
gnral,
il
indique
tousles
traits
caractristiques particuliers
chacunedecesna-
tiens
sauvages.
INTRODUCTION.
'']
Quelques personnes
ont
pens que
Tacite avait fait
cet
ouvrage plutt d'aprs
son
imagination que d'aprs
des
renseignemens
exacts. Sansdoute la Germanie n'-
tait
pas
connue desanciens autant
que
nous laconnais-
sons
aujourd'hui;
mais
lorsqu'on
retrouve,
aprsdix-sept
sicles,
lesmurs et les
usages
dcrits
par
Tacite,
non-
seulement dans ces
contres,
mais mmedans les
pays
o se sont
transports
ces
peuplesconqurans,
faut-il
d'autres
preuves
del'extrme exactitude de leur histo-
rien? H en rsulte mme le
plus grand loge que
l'on
puisse
fairede sa
sagacit, puisqu'il
est
prouv par
cela
mme
que
Tacite a su
saisir,
au milieu d'une foulede'
rcits
que
l'on faisait sans doute alors de ces nations
nouvelles,
lestraits
principaux qui
devaient constituer

jamais
lecaractre de ces
peuples.
Sans
contredit,
cet
ouvrage
est
satirique;
maislasa-
tire
y
est
toujours
indirecte
pas
une seule
apostrophe;
cenesont
point
les
transports
de
J uvna),
ni les
plaintes
de
Perse
ni leshonteuses
peintures
de
Ptrone;
et l'on
reconnat ici cette
sagessequi
brille dans tous lescrits
deTacite.
On
pourra
trouver les notes
trop nombreuses;
j'a-
vouerai mme
que
c'est avec
quelque peinequej'ai
sur-
charg
detant d'accessoiresun crit dont la
plusgrande
beautestsa
simplicit.
Mais
j'ai
cru
qu'il
serait de
quel-
que
intrt devoir
runie,
ces
descriptionsrapides
de
tant de
peuples
non
civiliss,
une
partie
de lasuitede
leur
histoire,
et d'tablir
quelquesrapprochemens
entre
leurs murset cellesd'autres nationsdu
globe.
Cet
ouvrage
si court dut tonner lesRomains ils
y
INTRODUCTION.
~'j
trouvrent l'histoire conciseet exacte d'une foule de
hordes de
Barbares,
qui chaquejour menaaient, pres-
saient, assigeaient
les vastesfrontiresdeleur
empire;
ils
y
trouvrent aussi la satire de leurs
drglemens;

chaquephrase
le
reprocheressort,
pour
ainsi
dire,
et le
moraliste
parat
sans cessect de l'historien.
Dj
la
vieillessen'tait
plus
honore
Rome;
le
mariage
n'tait
plus qu'un
vain
nud;
les droits sacrsde la
paternit
taient
mconnus;
une femme avait os
prendre
un
dixime
mari
on
y
riait des
vices,
et cela
s'appelait
vivre suivant le
~/cc/e;
on faisait des
testamens,
on
dshritait ses
proches
lesexcsdela tabletaient
por-
ts au dernier
degr;
les descendans des
plus
illustres
familles
paraissaient
sur le
thtre;
aux exercices du
Cirque
succdrent des
jeux pleins
de mollesseet deli-
cence
desaffranchis
occupaient
les
places
les
plus
mi-
nentes
les
rgles
del'ancienne
discipline
taient
mpri-
ses
lesRomains taient sans cesse
battus,
et l'onfaisait
sans cessedes
reprsentations
de faux
triomphes
Do-
mitien,
toujours
vaincu en
Germanie,
prenait
le titre
pompeux
de
Germanique;
et cesfleuveso lesRomains
s'taient avancsautrefoisen
repoussant
les
Barbares,
ne
semblaient
plus que
des
objets
deconversationet d'an-
cien
souvenir;
lesmaximesd'tat taient misesen
oubli,
etnon-seulement Romeavaitunmatre
absolu,
maisune
femmeosait s'asseoir sur le
trne
ctde
l'empereur,
et faisait
porter
les
aigles
devant
elle;
enfinles
parentes
les
plus
dbauchesdesCsarstaientmisesau
rang
des
desses. J e viens
d'indiquer
en
peu
de mots tous les
vices
qui peuvent
entraner laruined'un tat telle
est,
INTRODUCTION.
Mij
en
rsum,
[ajuste
satire de
Tacite.;
maiselleest
pr-
sente avec tant d'art dans cet
crit,
elle
y
est si bien
voile,
que
lacensure
impriale
la
plus
facile mou-
voir aurait eu
peine
lasaisir.
Brotier, auquel
nous devons un si beau travail sur
Tacite,
dit avec raison Il faut
plutt
mditer
que
lire
l'ouvrage
de Tacite sur la
Germanie;
nous
y
trou-
vons les
origines
caches de notre droit
politique.
Il
ajoute:
LelivredeTacite est
court,
maisil
prsente
le
tableau d'une multitude tonnantede
choses;
c'est l'ou-
vrage
d'un
gnieprofond.
a
Montesquieu
en
parlait
dans les mmes
termes,
Montesquieu qui
a sans cessecit
Tacite,
et
particu-
lirement son
ouvrage
sur la
Germanie,
dans
lequel
il
a
indiqu
tant de sources de nos
usages
et denoslois.
Aussi,
en lisant
Montesquieu, je pensais

Tacite,
et
en lisant
Tacite, je pensais

Montesquieu je
metrou-
vaisheureux de
comparer
et de
rapprocher
lesuvres
decesdeux
grands gnies.
Mais,
avant de
parler
denotre
origine germanique,
je
vais
jeter
un
coupd'il
sur l'tat o setrouvaient ces
peuples
au
temps
ou crivait Tacite.
Les
guerres,
les
conqutes,
les
ngociations
et les
traits ont en tout
temps chang
et fixles
positions
des
nations;
mais c'est le
langage
et la nature du sol
qui
ont
toujours
trac les limites
primitives
d'un tat.
Des
montagnes,
de
grandes
rivires et
l'Ocan enfer-
maient le
premier
tablissement des Germains avant
qu'us
eussentt
attaqus par
des
puissances voisines
INTRODUCTION
j~-
le
langage
et une crainte
rciproque
neles
sparaient
pas
moinsdesautres nations.
Les
Romains,
il est
vrai,
poussaient
leurs
lgions
et levaient leurs forteresses
jusqu'au
del du
Rhin,
mais leur domination
y
tait mal
affermie
dj
Civilis
avait dtruit ce
rempart
artificiel entre les habitans
desdeux rives de ce
fleuve,
et
peu aprs
lesGermains
envahirent des
provinces
romaines
entires,
et
y
for-
mrent des
tablissemens;
mais on voit
qu'en
formant
ces tablissemens ils restaient
toujours
fidles la
nature.
Chaque peuple s'emparait
d'autant de terrain
qu'il
lui en fallait
pour
son
existence,
et
prenait
les
limites les
plus
favorables sa dfense. Les nou-
veaux tats fonds
par
les Germains
avaient,
comme
leur
premier
tablissement, pour bornes,
des chames
de
montagnes,
des rivires et la diffrence du lan-
gage.
Csar et Tacite ont t les
pangyristes
des Ger-
mains,
et le caractre de cette
nation,
tel
qu'ils
nous
l'ont
dpeint,
s'est conserv
jusqu'
nos
jours. Cepen-
dant les
progrs
delacivilisationontdncessairement
l'altrer. Du
temps
deCsar et de
Tacite,
lesmoeursdes
babitans des bords duRhin s'adoucissaient
dj
la re-
ligion
chrtienne et l'influencedu
clerg
deRome effa-
crent
plus
tard
quelques-uns
decestraits
marquans,
et
les
remplacrent par
d'autres. Les cours des
princes,
le
commercedes
villes,
ont aussi modifiencertaines
par-
tiesleshabitudes dela
nation;
mais,
travers toutesces
additions
trangres,
on reconnat
toujours
lefond du
caractre allemand. On l'admire dans ses
souverains,
x INTRODUCTION.
dans ses savanset dans ses
rformateurs,
dans les fa-
milleset dansdes
peuples
entiers.
Cefut au commencement du dernier sicle
particu-
lirement
que
le caractre national
commena
s'al-
trer. L'influence des murs des cours
allemandes,
leurs
relations,
le
commerce,
les
passages
des
troupes,
l'adoption
des modes
trangres
et la
prdilection
du
grand
Frdric
pour
les
Franais,
ont
chang
en beau-
coup
de
points
lecaractre
germanique.
LesGermains doivent leur
existence,
non
pas
l'-
tablissementd'une
colonie,
mais
peut-tre
la
premire,
la
plus
recule des
migrations
des
peuples.
Ils se
distinguent aujourd'hui
mme
par
une consti-
tution
physique
toute
particulire.
On trouvechezeux
encoreces
yeux
bleus,
cettechevelure
blonde,
ces
corps
robustes,
le
courage,
la
persvrance,
lachastetetl'a-
mour de la libert. Ils ont tvaincus
par
desnations
trangres,
mais ils l'ont t
parceque l'esprit
d'ind-
pendance
a fait natre
parmi
euxla
dsunion, qui,
dans
tous les
temps,
atlacausedeleur faiblesse.
Le tableau
que
Tacite afait dela Germaniea con-
serv,
sousle
rapport gographique,
une ressemblance
et une fidlit
parfaites.
Les noms des
peuples,
des ri-
vires,
des forts
que
cet historien
indique,
existent
encore
aujourd'hui;
si d'autres dnominations nes'ex-
pliquent pas
aussi bien
par
la seuleconnaissance du
latin,
ellessont entendues
au moins deceux
qui
savent
la
langue
allemande.
Malgr
les
changemens,
les
mlanges
et les
migra-
tions
qui
ont eu lieu
parmi
les Germains
depuis
leurs
INTRODUCTION.
xj
relations avec les
Romains
la
majeure partie
deshabi-
tans de
l'Allemagne
descend directement des anciens
Germains,
et enaconserv lecaractre.
La
Westphalie
nous donne encore une ide de ce
qu'tait l'Allemagnelorsque
Tacitela dcrivait. On re-
trouvedans ce
pays
les
vestiges
et les
usages
de la con-
stitution
germanique, que
ni les
sicles,
ni les circon-
stances,
ni la
religion catholique
elle-mme,
n'ont
pu
effacer.
Il faudrait
parcourir
avecsoin toutes ces
contres,
et
en rechercher tous les
usages
alors on tablirait sans
doute
beaucoup
de
rapprochemens
curieux mais nous
avonsd choisir ce
qui
tait en
rapport
avecnoscou-
tumes et nos institutions.
Tacite nous
apprend que
lesGermains vivaient dans
des maisons
disperses
selon
que
lanature du
sol,
une
rivire,
une
fort,
leur avaient
indiqu
les
avantages
de
leurs
positions.
Laconstitution desGermains tait fon-
desur larunion de ces
maisons,
de ces famillesdis-
perses,
en
corps
de nation. Pour
garantir
la
paix
int-
rieure,
lesGermainstaient runis en
canton,
ochacun
pouvait
trouver
justice
et
protection
devant lestribu-
naux ou dans les assembles
gnrales.
Dans lescas o
un ennemi du dehors les
attaquait,
tous s'armaient sous
lenomde
landwer, pour
ladfensedu
pays.
Il existeune diffrenceessentielleentre les constitu-
tions des
peuples
de
l'antiquit
et celledesGermains.
Chaque citoyen
libre avait
part
la
lgislation
et au
gouvernement
d'un
tat,
mais seulement en tant
que
les affairesconcernaient le canton ou il vivait. Celles
INTRODUCTION.
xij
qui regardaient
le
corps
delanation furent abandonnes
la dcisionde leurs
princes
ou
reprsentans. D'aprs
cesconstitutions decantonssesont modelesensuitedes
constitutions
d'empire pour
des
peuples
entiers.
Lorsque
l'on fut un
peu
remis des soudaines
irrup-
tions de ces
conqurans qui
avaient
port partout
le
dsordreet
l'anarchie,
on
conut qu'un pareil
tat de
choses ne
pouvait
durer les
peuples conquis
taient
sans cessetourments et soumis aux
plus pnibles
tra-
vaux
lesfemmestaient
enleves;
leschefsou ducsde
ces
Barbares,
renferms dans des
forteresses, portaient
aux environs l'effroi
par
leurs
rapines
et leur frocit.
On institua la
chevalerie
toutes ses
rgles
furent
pui-
sesdans les
usages
des
Germains
et c'est encoredans
l'ouvrage
de Tacite
qu'il
faut chercher
l'origine
de
ces institutions nouvelleset
singulires,
inconnues aux
Romains.
Tous ces redresseurs de torts durent avoir lesvertus
qui manquaient
ceux
qu'ils
allaient
punir
et exter-
miner. La
bonne-foi,
le
respect pour
les
dames,
la
loyaut, l'humanit,
furent les
principalesqualits
du
chevalier.
Commeles
guerriers germains,
ceschevalierstaient
arms de la lance et du
bouclier;
ils
prenaient
le cri
d'armes dela damedeleurs
penses,
et levassal le
pre-
nait du
seigneur
dont il relevait.
Lesdameslessuivaientdansleursincursions comme
lesfemmes
germaines,
elles
pansaient
leurs
blessures,
et
plusieurs
montrrent de l'habiletdans cettescience.
Les combats
singuliers
taient usits chez les Ger-
INTRODUCTION.
xi!j
mains;
tous les chevaliers
appellent
au combat leurs
adversaires en
prsence
des
armes,
et cette fureur du
duel
inconnueaux
Romains,
s'est transmisedelaGer-
maniedansla
Gaule,
et
s'y
maintient encore. Les
jeux
ducarrousel
rappellent parfaitement
lesdanses
guerri-
res des
jeunes
Germains.
Tacite nous a fait connatre la
premire origine
de
nos
fes,
protectrices
des chevaliers.
Les crmonies de
rception
du chevalier trouvent
encoreleur
origine
dans lemmecrit.
Les voeuxbizarres des
chevaliers,
leur amour des
guerres,
leur horreur
del'oisivet,
lafoi leurs
engage-
mens,
sont aussi
indiqus
d'une manire
prcise par
Tacite.
Ayant
nottous ces
rapprochemens curieux,
je
crois inutile de m'tendre ici sur lemme
sujet,
et
je
laisselelecteur les tablir lui-mme.
Mais une desinfluences les
plus remarquables
heu-
reusementtransmisesaux nationsmodernes
par
cescon-
qurans
froces
que
suivait
partout
la
dvastation,
at
leur
respect,
leur culte
pour
les femmes ainsi a t
change
ladestinede la
plus
belle
portion
de
l'espce
humaine. A
Rome,
lesfemmestaient
presqueesclaves,
ellestaient excluesdes affaires et des
places
dans le
fond des forts de la
Germanie,
elles taient adores
commedes
divinits,
elles
gouvernaient
des
nations
on
avait foi leurs oracles. Ainsi s'tablit
partout
leculte
pour
lesexe
fminin
culte
qui
s'est accru
par
lesmurs
chevaleresques, par
les coursd'amour et
par
la
galan-
teriedenosrois.
En
effet,
les femmes suivaient leurs
poux
dans
xiv INTRODUCTION.
leurs
conqutes,
ellesassistaient aux
combats,
elles
ap-
portaient
desvivresetdesexhortations au fortdelam-
le,
elles
pansaient
les
blesss, et,
commedit
Tacite,
ellessavaient
toujours
souffrir etoser.
Lebeausexe
ignore
sansdoute
que
c'est dessauva-
gesqui,
semblablesdesbtes
froces,
faisaientretentir
leschosde leurs
cris,
sebarbouillaient de noir et de
rouge pour prendre
un
aspect
infernal,
qu'il
doit cette
puissance
si habilement
maintenue,
ces
adorations,
ces
privilges enfin
c'est aux
usages
transmis
par
cesBar-
bares
que
Catherine dut letrne des
czars,
et lisabeth
celui dela
Grande-Bretagne.
Tacite ne
parle qu'une
seule fois des
pontifes ger-
mains,
et
dj
on voit toute leur influence s'tablir
avec les
vainqueurs.
Les
prtres
les
suivaient;
seulsils
avaient ledroit de
frapper,
seuls ils avaient le droit
d'emprisonner;
les
rois,
les chefs
militaires,
n'avaient
de
pouvoir que
celui
que
leur donnait leur
courage
ou
leur
loquence.
Aussi
voit-on,
ds
l'origine
de la mo-
narchie
franaise,
des
vques parler
en matres dans
lesconseilsde nosrois.
Leurs rois taient
presque toujours pris
dans les fa-
milles
nobles,
suivant l'ordre de
primogniture chaque
peuplade
avait le sien.
Grgoire
de Tours dit
qu'il y
avait alors tant deroisen
Europe, qu'il
et tdifficile
d'ensavoir exactementlenombre. LesGermainstaient
venus en
conqurans,
et avaient fondunefoulede
pe-
tits
royaumes
en
Italie,
en
Afrique,
en
Espagne,
en
France,
en
Angleterre.
Cesfaibles
tats,
trop
nombreux,
ne
pouvaient
subsister;
des
combats,
le
meurtre,
le
INTRODUCTION. XV
poison,
dtruisirent une
partie
de ces
rois,
jusqu'
ce
que
de
plus grandes
divisions territoriales se fussent
tablies
peu

peu
en
Europe,
et
que
de
grandes
mo-
narchies sefussentconsolidesde manirerstster les
unes aux
autres,
et conserver leur
juste quilibre.
J en'tendrai
pasplus
loinces
rapprochemens,
lelec-
teur
qui y
trouvera
quelque
intrt
pourra
lestablir fa-
cilement lui-mme
par
la lecture des notes il
y
verra
l'origine
desducs et des
comtes,
celledes redevanceset
des
compensations usage
si
remarquable
et si
profon-
dment enracin chez les nations du
Nord,
qu'il
s'est
conserv
jusqu'
nos
jours.
Ces
rapprochemens
curieux
ont
paru
mriter
quelque approbation puisqu'aprs
avoir
imprim,
en
182~,
deux ditions de laGermanie
in-
ctin-8'etptus
tard une dition
in-32,
je publie
aujourd'hui
la
quatrime
ditiondecet
ouvrage.
C. L. F. P.
C. CORNELIt TACITI
GERMANIA.
I. GERMANIA
omms a Gallis
Rhaetisquc
et Pannoniis
Rheno et Danubio
fluminibus
a Sarmatis
Dacisque
mutuo metu aut montibus
separatur
cetera Oceanus
ambit,
latos sinus et insularum immensa
spatia
com-
plectens, nuper cognitis quibusdam gentibus
ac
regi-
bus, quos
beUum
aperuit.
Rhenus,
rhaeticarum
Alpium
inaccesso ac
praeciptti
vertice
ortus,
modicoflexuin occidentem
versus,
sep-
temtrionali Oceano miscetur
Danubius,
molli et cle-
menter edito montis Abnobae
jugo
effusus,
plures po-
pulosadit,
donecin Ponticummaresexmeatibus erum-
pit septimum
enimos
paludibus
hauritur.
II.
Ipsos
Germanos
indigenas crediderim,
minime-
que
aiiarum
gentium
adventibus et
hospitiis mixtos;
quia
nec terra
olim,
sed
classibus,
advehebantur
qui
mutaresedes
quserebant,
et immensus
ultra, utque
sic
dixerim,
adversus Oceanus raris ab orbe nostro navi-
[.
LA GERMANIE
DE C. C. 1 AGITE.
I. LA Germanieest
spare
des
Gaules,
de la Rhtie
et de la Pannonie
par
le Rhin et
par
le
Danube;
des
Sarmates et des
Daces,
par
des
montagnes
ou
par
une
crainte
rciproque
le resteest ferm
par l'Ocan, qui
embrasse devastesctes et des les
immenses,
dont on
a nouvellement reconnu
quelques
nations et leurs
rois,
que
les
guerres
nous ont montrs.
Le
Rhin,
qui
se
prcipite
sanaissancedessommets
escarps
et inaccessiblesdes
Alpes
de
Rhtie,
aprs
s'tre
dtourn
par
une
lgre
sinuosit vers
l'occident,
mle
ses flots ceux de l'Ocan
Septentrional
leDanube,
qui s'panche
doucement des hauteurs
peu
levesdu
mont
Abnoba,
visiteun
plus grand
nombrede
peuples,
et se
jette
danslePont-Euxin
par
six embouchures une
septime
se
perd
en desmarais.
II. J e crois
que
lesGermains sont
indignes
et n'ont
point
tmlsavecd'autres
peuples
ni
par
destablis-
semens,
ni
par
des
passages
en effet les hommes
qui
cherchrent autrefois
changer
de
demeures,
ne drent
point
se
transporter par terre,
maissur des
esquifs;
et
l'Ocan
sansbornes au
del,
se
refuse,
pour
ainsi
dire,
GERMANIA.
r,
bus aditur.
Quis porro, praeter periculum
horridi et
ignoti
maris, Asia,
aut
Africa,
aut Italia
relicta,
Ger-
maniam
peteret,
informem
terris, asperam
ccelo,
tris-
temcultu
adspectuque,
nisi si
patria
sit
Celebrant carminibus
antiquis (quod
unum
apud
illos
memoriaeet annatium
genus est)
Tuistonem
deum,
terra
editum,
et filium
Mannum, originemgentis
con-
ditoresque.
Mannotresfilios
adsignant,
e
quorum
nomi-
nibus
proximi
Oceano
Ingaevones,
medii
Hermiones,
ceteri Istaevonesvocentur.
Quidamautem,
licentiave-
tustatis, plures
deo
ortos,
pluresque gentis.appellatio-
nes, Marsos, Gambrivios, Suevos,
Vandalios
affirmant;
eaque
vera et
antiqua
nomma ceterumGermanisevo-
cabulumrecenset
nuper additum; quoniam, qui primi
Rhenum
transgressi
Gallos
expulerint,
ac nunc Tun-
gri,
tuneGermani vocati
sint;
ita nationis
nomen,
non
gentis,
evaluisse
paullatim,
ut
omnes, primum
avictore
ob
metum,
mox ase
ipsis,
invento
nomine,
GERMANt
vocarentur.
III. Fuisse
apud
eos et Herculem
memorant, pri-
mumque
omniumvirorum
fortium,
ituri in
prtia,
a*
LA GERMANIE. 5
toute
navigation;
rarement
aujourd'hui
mme il est
visit
par
les vaisseauxde nos contres.
Quel mortel,
bravant les
dangers
d'une mer
effrayante
et
inconnue,
et donc abandonn ou
l'Asie,
ou
l'Afrique,
ou
l'Italie
pour passer
dansla
Germanie,
qui
n'offre
qu'un
sol in-
forme,
un ciel
rigoureux,
un
aspect
et un
sjour
sau-
vages,
moins
qu'elle
nesoit une
patrie!
LesGermains clbrent
par
deschants
antiques, qui
leur servent d'histoire et
d'annales,
un dieu nomm
Tuiston,
issudela
Terre,
et sonfils
Mann,
origine
et
fondateurs de leur nation. Mann
eut, disent-ils,
trois
fils
qui
transmirent leurs noms aux
Ingvones, pta-
csaux bords de
l'Ocan,
aux
Hermiones,
habitant le
centre de la
Germanie,
et aux
Istvones,
qui
forment
lerestede la
nation mais,
lafaveur de
l'antiquit,
on
prtend
aussi chezces
peuples, que
cedieueut
plu-
sieursautres
enfans,
dont lesnomssetransmirent un
plusgrand
nombrede
peuplades,
aux
Marses,
auxGam-
brives, auxSuves,
aux
Vandales;
et ils assurent
que
cesont lleurs nomsvritables et
primitifs; que
celui
deGermanie est rcent et nouvellement
adopt,; qu'en
effet les
premiers
d'entre eux
qui passrent
le
Rhin,
chassrent les
Gaulois,
et
maintenant
forment la cit
des
Tungres,
ont tnomms
Germains,
qui,
dans leur
langue, signifie hommes deguerre
et
que
ce
titre, pris
d'abord
par
uneseule
peuplade,
et non
par
la nation
entire,
s'accrdita
peu

peu,
au
point qu'ilsadoptrent
tous cettednomination
que
le
vainqueur
s'tait donne
pour jeter l'pouvante; et, par
la
suite,
ilssesont tous
nommsentre eux Gt:RMA!NS.
III. On
prtend qu'il y
a euaussi chez eux unHer-
cule,
et
lorsqu'ils
marchent aux
combats,
c'est le
pre-
CKRMANIA.
6
nunt. Sunt illis haec
quoque
carmina,
quorum
relatu,
quem
~r~M/K
voeant,
accendunt
animes,
futurseque
pugnse
fortunam
ipso
cantu
augurantur
terrent
enim,
trepidantve, prout sonuit
acies. Nec tam voces
iH,
quam
virtutis concentus videntur affectatur
prsecipue
asperitas
soni,
et fractum
murmur, objectis
ad os scu-
tis, quo plenior
et
gravior
vox
repercussu
intumescat.
Ceterum et Ulixcm
quidamopinantur, longo
illo et
fabulosoerrore in hune oceanum
detatum
adissc Ger-
ma)ilae
terras, Asciburgiumque, quod
in
ripa
Rheni si-
tum
hodiequeincolitur,
ab illo constitutum nomina-
tumque
aram
quin
etiamUlixi
consecratam,
adjecto
Laertse
patris
nomine,
eodemlocoolim
repertam;
mo-
numentaque,
et tumulos
quosdam,
Graecislitteris in-
scriptos,
in confinioGermanise
Rhaetiaeque
adhuc ex-
stare
quaeneque
confirmare
argumentis, ncque
refel-
!ere in animo
est;
ex
ingenio
so
quisque
demat vel-
addat fidem.
IV.
Ipse
eorum
opinionibus accedo, qui
Germanise
popu!os
nuttis aliis aliarumnationum conaubiis infec-
tos, propriam,
et
sinceram,
et tanturri sui similem
gen-
temcxstitissearbitrantur unde habitus
quoquecorpo-
rum, quamquam
in tanto hotmnum
numro,
idcntom-
LA GERMANIE.
7
mier de tous leurs hros
qu'ils
clbrent. Ils ont aussi
des chants
qu'ils
nomment
bardit;
ilsles
rptent
en-
semble
pour
enflammer leur
courage
et ces chants
mmes leur servent
augurer
du sort du
prochain
combat en
effet,
ilssont terriblesoutremblans suivant
l'intonation deschants de leurs
bataillons;
et cesvoix
semblentmoins un vainbruit
que
leconcert de la va-
leur ils cherchent surtout
produire
des sons
pres
et des murmures
entrecoups,
en
plaant
lesboucliers
au devant deleurs
bouches,
afin
que
la voixdevienne
plus pleine
et
plus grave,
et se
grossisse
en se
rper-
cutant.
Du reste on dit aussi
qu'Ulysse, gar
en ses
longs
et
incroyablesvoyages,
fut
port
verscet
ocan,
et
qu'il
aborda en
Germanie;
qu'Asciburgium,
ville situesur
lariveduRhin et habite encore
aujourd'hui,
fut fon-
deet nomme
par
lui;
qu'un
autel consacr
Ulysse,
et
portant
aussi le nomde son
pre
Larte,
fut
jadis
trouv au mme
lieu; qu'enfin
desmonumenset
quel-
ques
tombeaux avec des
inscriptions grecques,
existent
encoresur les confinsdelaGermanieet delaRhtie
je
n'ai le
projet
ni
d'appuyer
ces
assertions,
ni delesr-
futer chacup,
son
gr, peut
les
rejeter
ou lesad"
mettre.
IV.
J 'adopte, quant

moi, l'opinion
de ceux
qui
pensent que
leshabitans delaGermanien'ont
point
t
altrs
par
des
mariages
avec d'autres
peuples,
et
que
cettenation est
Intacte,
pure,
semblable elle seule.
Aussi les conformations des
individus,
quoiqu'en
si
grand nombre,
sont
partout
les mmes les
yeux
sont
GERMANIA. 8
nibus;
truces et crutei
oculi,
rutUse
comae,
magna
corpora,
et tantumad
impetum
valida laboris
atque
operum
non eadem
patientia; minimeque
sitimaestum-
que
tolerare,
frigoraatque
inediamcto
soloque
adsue-
verunt.
V.
Terra,
etsi aliquantospeciediffert,
in universum
tamen aut silvis
horrida,
aut
paludibus
foeda humi-
dior
qua Gallias,
ventosior
qua
NoricumacPannoniam
adspicit
satis
ferax frugiferarum
arborum
impatiens;
pecorumfecunda,
sed
plerumque improcera;
nearmen-
tis
quidem
suus
honor,
aut
gloria
frontis numero
gau-
dent, eque
sotaeet
gratissima*opes
sunt.
Argentum
et aurum
propitii
an
irati du
negaverint
dubito.
Nec tamen
afHrmavenm,
nullamGermaniseve-
nam
argentum
aurumve
gignere quis
enim scrutatus
ijn<~
~tUt
est?
possessione
et usu
haud
pertnde
afnciuntur.
Est
videre
apud
illos
argentea
vasa,
legatis
et
principibus
eorummuneri
data,
non inaliavilitate
quamquae
humo
finguntur quamquamproximi,
ob usumcommercio-
rum,
aurumet
argentum
in
pretio
habent,
formasque
quasdam
nostrae
pecuniaeagnoscunt atque eligunt
in-
teriores
simplicius
et
antiquius permutatione
mercium
utuntur. Pecuniam
probant
veteremet diu
notam,
ser-
ratos, bigatosque. Argentumquoque magis quam
au-
rum
sequuntur,
nullaaffectione
animi,
sed
quia
nume-
LA GERMANIE.
9
tous fiers et
bleus,
les chevelures
blondes,
les
corps
grands
et seulement
propres
un
premier
choc ilsen-
durent
peu
la
fatigue
et les
travaux;
ils ne
supportent
point
du tout ni lasoif ni les
chaleurs,
mais
plutt
le
froid et la
faim,
par
l'influence de leur climat et de
leur sol.
V. Le
terrain,
quoiqu'il
diffreassez souvent d'as-
pect,
est en
gnral
ou hriss de forts ou infectde
marais; plus
humide vers les
Gaules, plus expos
au
ventductdela
Norique
et dela
Pannonie;
fertileen
grains,
contraire aux arbres
fruits,
abondant en trou-
peaux
mais la
plupart y
sont
petits,
et le
gros
btail
ne
porte pas
ce
qui
fait l'ornement et la
gloire
de son
front. Ils se
plaisent
les
multiplier;
cesont leurs
plus
douceset leurs
uniques
richesses.
Les dieux leur ont refus l'or et
l'argent
fut-cefa-
veur ou courroux?
je
ne
sais;
et
je
n'affirmerais
point
toutefois
qu'il
ne
pt
s trouver chez les Germains
aucune mine d'or ou
d'argent qui
d'eux lesarecher-
ches? Ils n'estiment cesmtaux
que par
leur utilit et
par
leur
emploi
il faut voir chezeuxlesvases
d'argent,
donns en
prsens
leurs
dputs
ouleurs
chefs,
aussi
peu apprcis que
lesvases forms
d'argile; cependant
ceux deces
peuplesqui
sont
plus rapprochs
de
nous,
attachent
quelqueprix
l'or et
l'argent, indispensa-
bles
pour
commercer ils connaissent
quelques espces
denos
monnaies,
ilsleschoisissentmme ceuxdel'in-
trieur,
plus simples,
et suivant
l'usage antique,
tra-
fiquent par change.
Ils
prfrent
lesmonnaies ancien-
nes,
connues
depuis plus
de
temps,
les
pices
denteles
ou
empreintes
d'un
char;
et aussi
l'argent

l'or,
non
par
aucune
prdilection,
mais
parceque
les
pices
d'ar-
GERMANIA. 10
rus
argenteorum
facilior usui est
promiscua
ac vilia
mercantibus.
VI. Neferrum
quidemsuperest,
sicut ex
genere
te-
lorum
colligitur.
Rar[
gladiisautmajoribuslanceis
utun-
tur.
Hastas,
vt tpsorumvocabulo~/Yi'/Hea.~gerunt:,
an-
gustoet
brevi
ferro,
sedita acri et ad usum
habili,
ut,
eodem
telo,
prout
ratio
poscit,
vel cominus vel eminus
pugnent.
Et
eques quidem
scuto
frameaque
conten-
tusest. Pedites et missilia
spargunt, plura singuli,
at-
que
inimmensum
vibrant,
nudi aut
sagulo
leves nulla
cultus
jactatio
scuta tantum lectissimis coloribusdis-
tinguunt paucis loric
vix uni alterive cassis aut
galea.
Equi
non
forma,
non veldbitate
conspicui
sednec
variare
gyros
in moremnostrum
docentur;
in rectum
aut uno flexu dextros
agunt,
ita.
conjuncto orbe,
ut
nemo
posterior
sit. In universum
stimanti, plus pe-
nes
peditem
roboris
eoque
mixti
prliantur, apta
et
congruente
ad
equestrempugnam
velocitate
peditum,
quos
ex omni
juventute
delectosanteaciemlocant. De-
finitur et
numerus;
centeni ex
singulis pagis
sunt;
id-
que ipsum
inter suos
vocantur
et
quod primo
nume-
rus
fuit,
jam
nomen et honor est.
Acies
per
cuneos
componitur.
Cedere
loco,
dum-
modorursus
instes
consitii
quam
formidinis arbitran-
LA GERMANIE. 1 1
gent
sont d'un
plus
facile
usagepour
acheter deschoses
communeset debas
prix.
VI. Lefer mmen'abonde
pas
chez
eux,
en
juger
d'aprs
leurs armes
peu
se servent de
glaives
ou de
grandes piques;
ils
portent
des lances
ou frames,
sui-
vant leur
expression,
termines
par
un fer
troit, court,
maisfort
acr;
elles sont d'un
usage
si
facile, qu'avec
cette mmearme ils combattent de
prs
ou de
loin,
selonl'occasion.Lecavalier n'a
que
lebouclier etla fra-
me
lesfantassins lancentaussi des
javelots,
et chacun
d'eux en
porte plusieurs, qu'ils jettent
une distance
prodigieuse.
Ils sont nusou couverts d'une saie
lgre
nullerecherche de
parure
ils
peignent
seulement leurs
boucliersaveclescouleursles
plus
brillantes et en com-
partimens trs-peu
sont arms de
cuirasses;

peine
s'entrouve-t-il un ou deux
portant
des
casques
de fer
ou decuir.
Leurs chevauxnesont
remarquables
ni
par
labeaut
ni
par
la
vitesse,
et ne sont
pas
instruits courir en
tournant entous
sens,
commeles
ntres
ilsles
poussent
en
avant, ou,
les
appuyant

droite,
forment un cercle
tellement
ferm,
qu'aucun
cavalier nesetrouvele der-
nier. En
gnral,
leur force consiste
plutt
en infan-
terie
ils mlent aux cavaliers des
fantassins,
dont la
lgret
est
propre
et favorable ce
genre
de combat
c'est l'litedeleur
jeunesse;
ellese
place
aux
premiers
rangs.
Le
contingent
fournir est
dtermin,
cent
par
bourgade
aussi
s'appellent-ils
entre eux
centeniers;
et
ce
qui
d'abord
dsignait
leur
nombre,
fut bientt leur
dnominationet un titre d'honneur.
Leur ordre de bataille se forme
par
coins. Reculer
dansle combat
pour
revenir aussitt la
charge,
est
GERMANIA. n
tur. Corpora
suorum etiamin dubiis
priits
referunt.
Scutum
reliquissepraecipuumflagitium
nec aut sacris
adesse,
aut concilium
inire,
ignominioso
fas
multique
superstites
belloruminfamiam
laqueo
finierunt.
VII.
Reges
ex
nobilitate,
duces ex virtute sumunt.
Nec
regibus
infinitaaut libera
potestas
et duces exem-
plo potius quam imperio
si
prompti,
si
conspicui,
si
ante aciem
agant,
ad)t)ira~onc
prsunt.
Ceterum,
ne-
que animadvertere, neque vincire,
ne verberare
qui-
dem,
nisi sacerdotibus
permissum
non
quasi
in
p-
nam,
nec ducis
jussu,
sed velut deo
imperante, quem
adessebellantibus credunt
eHigiesque,
et
signa quae-
dam,
detracta
lucis,
in
proellum
ferunt.
Quodque prBe-
cipuum
fortitudinis incitamentuni
est,
non
casus,
nec
fot'tuita
conglobatio
turmamaut cuneum
facit,
sed fa-
miliaeet
propinquitates
et in
proximo pignora
unde
feminarumululatus
audiri,
unde
vagitus
infantium hi
cuique
sanctissimi
testes,
hi maximi taudatores. Adma-
tres,.ad conjuges
vulnera ferunt ne illae
numerare,
aut
exsugereplagaspavent cibosque
et hortamina
pu-
gnantibus gestant.
VIII. Memoriae
prodttur quasdam
acies,
incliuatas.
LA GERMANIE. )3
chez eux
plutt
un artifice de
guerre qu'une
lchet.
l!s
remportent
les
corps
de leurs
guerriers,
mmelors-
que
lavictoire
est.
incertaine. Abandonner sonbouclier
est la
plusgrande
des
ignominies;
elleexclut dessacri-
ficeset des
assembles,
et souvent ceslches
ayant
sur-
vcu au
combat,
ont misfin leur honte en s'tran-
glant.
VII. Ils choisissent leurs rois
d'aprs
la
naissance,
leurs chefs
d'aprs
le
courage.
Leurs roismmesn'ont
pas
une
puissance
illimiteni
arbitraire;
et c'est
plus
par l'exemp.equepar
autorit
que
commandent leurs
chefs s'ilssentardensau
combat, toujours
en
vue,
tou~
jours
au
prenier rang,
l'admiration consacreleur
pou-
voir. Du
restt, svir, charger
de
liens,
frapper mme,
n'est
permis qu'auxpontifes,
et cen'est
point
comme
chtiment ni
par
ordre du
chef,
mais comme
par
la
volontdudieu
qu'ils
croient
prsider
auxbatailles. Dans
le
combat,
ils
portent
certaines
images
et des ten-
dards, qu'on
retiredesboissacrs. Ce
qui
enflammesur-
tout leur
valeur,
c'est
que
lehasard ne
prsidepoint
la
formation de lelrs bandes et deleurs
bataillons
cene
sont
pas
des
attioupemens fortuits,
cesont des
parens,
desfamilles
rassembles;
tout
auprs
d'eux sont lesob-
jets
deleurs
affections;
ils
peuvent
entendre lescrissau-
vages
deleurs
femmes,
les
vagissemens
deleurs
enfans;
ce sont
l, pour chacun,
les tmoins les
plus sacrs,
les
plus imposans pangyristes.
C'est des
mres,
c'est des
pouses, qu'ils
viennent montrer leurs bles-
sures
elles ne
craignent pas
de
compter
et desucer
leurs
plaies;
et,
durant le
combat,
ellesleur
apportent
lafoiset des vivreset desexhortations.
VIII. On se
rappellequelques-unes
deleurs
armes,
GERMANIA.
'4!f
jam
et
labantes,
a feminis
restitutas,
constantia
pre-
cum,
et
objectu pectorum,
et monstrata cominus
cap-
tivitate,
quam longe impatientius
feminarumsuarum
nomine timent adeo ut efficacius
obligentur
animi ci-
vitatum, quibus,
inter
obsides,
puellaequoque
nobiles
imperantur.
Inesse
quinetiam
sanctum
aliquid
et
pro-
vidum
putant;
nec aut consiliaearum
asperaantur,
aut
responsanegligunt.
Vidimus,
subdivo
Yespasiano,Ve-
ledam,
diu
apud plerosque
numinis locohabitam. Sed
et olim
Auriniam,
et
complures
alias
venerati
sunt,
non
adulatione,
nec
tamquam
facerent deas.
IX. Deorum maxime Mercurium
cobnt,
cui certis
diebus,
humauis
quoque
hostiis,
litare fashabent. Her-
culem ac Martem concessisanimatibm
placant pars
Suevorumet Isidi sacrificat. Unde caussaet
origo pe-
regrino sacro, parumcomperi,
nisi
quodsignumipsum,
in modum uburnaB
Hguratum
docetadvectam
religio-
nem. Ceterum nec cohibere
parietibus
deos,
neque
in
ullamhumani oris
speciem
assimulare,
ex
magnitudine
ctestium arbitrantur lucos ac nemora
consecrant,
deorumque
nominibus
appellant
secretum
Hhtd, quod
solareverentia vident.
X.
Auspiciasortesque,
ut
qui
maxime,
observant.
LA GERMANIE. t5
qui djpliaient
et allaient
succomber,
et
que
desfem-
mes ont rallies
par
leur fermetet
par
leurs
prires
ellesles arrtrent enleur
prsentant
leurs
poitrines
et
en leur faisant
envisager
la
captivitqui
les
menaait,
et
qu'ils
redoutent
plus
vivement
pour
leurs
pousesque
pour eux-mmes; aussi,
afinde mieuxnousassurer de
la foi de leurs
cits,
nous
exigeons plusieurs
de leurs
filles nobles
parmi
les
otages.
Ils croient mme
qu'il
est dans ce sexe
quelque
chosedesacret de
proph-
tique
ilsn'en
ddaignent point
les
avis,
et en
accep-
tent les
prdictions.
Nous avons
vu,
sous
1 empereur
Vespasien,
Vldahonore
par
la
plupart
deces
peuples
comme un tre
divin;
ils ont aussi
jadis port
une
grande
vnration Auriniaet
quelques
autres fem-
mes
mais ce culte tait sans
adulation,
et non
pas
adress des dessescres
par
eux-mmes.
IX. Detousleurs
dieux,
celui
qu'ils
honorent le
plus
est
Mercure,
et ils ne
craignent pas,
certains
jours,
delui immoler desvictimeshumaines. Ils
apaisent
Her-
cule et Mars
par
desoffrandes d'animaux une
partie
des Suves sacrifie aussi Isis. D'o vient ce culte
tranger? jel'ignore
mais
peut-tre
la statuemmede
la
desse, figure
en forme de
vaisseau,
indique-t-elle
que
cette
religion
fut
transporte
chezeux. Du
reste,
ils
pensent que, par respectpour
la
majest
des
dieux,
on
nedoit ni les enfermer entre des
murs,
ni les
reprsen-
ter sousaucune
espce
deforme
humaine;
ilsconsacrent
desboiset des forts
entires,
et donnent desnoms de
divinitsces
profondeurs mystrieuses,
o ilsadorent
ce
que
leurs
yeux
nevoient
pas.
X.
Quant
aux
auspices
et la
divination,
ils
s'y
mon-
GERMANA.
Sortiumconsuetudo
simpjex virgam, frugiferae
arbori
decisam,
in surculos
amputant, eosque,
notis
quibus-
dam
discretos super
candidam vestemtemere ac for-
tuito
spargunt mox,
si
publice
consulatur,
sacerdos
civitatis,
sin
privatim, ipsepaterfamiti, precatus deos,
coelumquesuspiciens,
ter
singulos toUit; subiatos, se-
cuuduin
impressam
ante
notam, interpretatur.
Si
pro-
hibuerunt, nulla,
de eadem
re,
in eumdem
diem,
con-
sulatio
sin
permissum, auspiciorum
adhuc fides
exigi-
tur. Et illud
quidem
etiam hic
notum,
aviumvoces
volatusqueinterrogare; propriumgentis, equorumquo-
quepraesagia
ac monitus
experiri publice
aluntur iis-
dem nemoribus ac
lucis, candidi,
et nullo mortali
opere
contacti;
quos pressos
sacro curru
sacerdos,
ac
rex,
vel
princeps
civitatis, comitantur,
hinnitusque
ac
fremitus observant. Nec ulli
auspicio major fides,
non
solum
apud plebem,
sed
apud proceres, apud
sacerdo-
tes se enimministres
deorum,
illos conscios
putant.
Est et aUaobservatio
auspiciorum, qua gravium
bel-
lorum eventus
explorant ejusgentis,
cum
qua
be)tum
est,
captivum, quoquo
modo
interceptum,
cumelecto
popularium
suorum, patriis quemque
armis,
commit-
tunt victoria
hujus,
vel
illius, pro praejudicio
acci-
pitur.
LA GERMANIE.
'7
v:.
2
trent des
plus superstitieux.
Pour consulter le
sort,
leur
mthodeest
simple
ilsdtachent une
baguette
d'arbre
fruit,
ladivisenten morceaux
qu'ilsdistinguent par
cer-
taines
marques; puis
ilsles
jettent ple-mle
et au ha-
sard sur une toile
blanche; ensuite, lorsqu'il s'agit
d'af-
faire
publique,
le
prtre
de la
cit,
ou de
particulire,
le
pre
de
famille, invoquant
les dieux et
regardant
le
ciel,
lvetrois fois
chaquemorceau, et,
d'aprs
lesmar-
ques
faites
prcdemment,
en donne
l'explication.
Est-
elle
dfavorable, plus
deconsultationsur cetteaffairedu-
rant lamme
journe;
est-elle
propice,
laconfirmation
des
augures
est encore
indispensable,
car l aussi on
sait
interprter
lescris et le vol desoiseaux. Ce
qui
est
particulier
cette
nation
c'est
l'usage
detirer deleurs
chevaux,
des
prsages
et desavertissemens. Onnourrit
frais
publics,
dansces mmesforts et dans cesbois
sacrs,
des chevaux blancs
qu'aucun
travail
profane
n'a
assujettis
on lesattle au char du
dieu;
le
prtre
et le
roi,
oulechef dela
cit,
les
accompagnent
et observent
leurs hennissemens et leurs frmissemens. Aucun aus-
pice
n'aun
plusgrand
crdit,
non-seulement
auprs
du
peuple,
mais
auprs
des
grands
et mmedes
pontifes;
car ces derniers se'
regardent
commeles ministres des
dieux,
et ils croient
que
cesanimaux en sont les v-
ritables
interprtes.
Ils ont aussi une autre manire
de
prendre
les
auspices, lorsqu'ils
cherchent conna-
tre lersultat de
guerres importantes
un
captif
de la
nation avec
laquelle
on doit
combattre,
pris
d'une ma-
nire
quelconque,
et un
guerrier
choisi
parmi
leurs
peuples,
sont misaux
prises,
chacun avec lesarmesde
son
pays;
lavictoire del'un ou de l'autre est
accepte
comme
pronostic.
:8 &ERMANIA:
XI. De
minoribusrebus
principes consultant,
dema-
joribus
omnes
ita
tamen
ut ea
quoque, quorumpenes
plebem
arbitrium
est,
apud principes prtractentur.
Coeunt,
nisi
quid
fortuitumet subitum
inciderit,
cer-
tis
diebus,
quum
aut inchoatur
luna,
aut
impletur
nam
agendis
rbus hoc
auspicatissimum
initium credunt.
Nec dierum
numerum,
ut
nos,
sed nocLium
compu-
tant. Sic
constituunt,
sic condicunt nox ducere diem
videtur. Htud ex libertate
vitium,
quod
non
simul,
nec
ut
jussi conveniunt,
sedet
alter,
et tertius dies cuncta-
tione coeuntium absumitur. Ut turba
placuit
consi-
dunt armati. Silentium
per sacerdotes, quibus
tumet
coercendi
jus est,
imperatur.
Mox
rex,
vel
princeps,
prout setascuique,proutnobilitas, prout
dus
bellorum,
prout
facundia
est, audiuntur,
auctoritate suadendi
magis, quamjubendi potestate.
Si
displicuit sententia,
fremitu
aspernantur;
sin
placuit,
frameas
concutiunt.
Honoratissimumassensus
genus
est armis laudare.
XII. Licet
apud
conciliumaccusare
quoque,
et dis-
crimen
capitis
intendere. Distinctio
pnarum
ex de-
licto
proditores
et
transfugas
arboribus
suspendunt;
ignavos,
et
imbelles,
et
corpore infames,
cnoac
pa-
lude, injecta insuper crate, mergunt.
Diversitas
sup-
plicii
illuc
respicit, tanquam
scelera ostendi
oporteat,
LA GERMANIE.
'9
XI. Les chefs dlibrent sur les affaires
peu impor-
tantes,
lanation entire sur les
grandes;
toutefois
lesaf-
faires mmedont la dcision
appartient
au
peuple
sont
d'abord discutes
par
leschefs.Ils
s'assemblent,
a moins
decasfortuits et
soudains,
des
jours
dtermins,
lors-
que
la lune est
nouvelle,
ou
lorsqu'elle
est dans son
plein; car,
pour
traiter les
affaires,
ils croient ces
poques
du
plus
heureux
augure.
Ils ne
comptent point
commenous
par jours,
mais
par
le nombredes nuits
c'est ainsi
qu'ils
fixent lesdateset les
transactions;
chez
eux,
c'est la nuit
qui
semble amener le
jour.
L'un des
inconvniens de leur libert est
qu'ils
n'arrivent
point
la
fois,
commes'ils
craignaient
de
paratre
obir;
deux
et trois
jours
sont
perdus par
leur lenteur serunir.
Ds
que
l'assemble
parat
assez
nombreuse,
ils
pren-
nent
place
tout arms. Lesilenceest d'abord command
par
les
pontifes, qui
alors ont ledroit demaintenir l'or-
dre
puis
leroi ou lechef dela
cit,
suivant son
ge,
sa
noblesse,
l'clat de ses
exploits,
son
loquence,
sefait
couter
plutt par
l'ascendant de la
persuasion que par
la
puissance
du commandement. Si la
proposition
d-
plat,
ils la
rejettent par
des
murmures;
si elle est
agre,
ils
agitent
leurs frames
applaudir avec
lesar-
mesest leur
plus
honorable
tmoignage
d'assentiment.
XII. On
peut
aussi
porter
devant cesassemblesles
accusations et les affaires criminelles. La
peine
varie
suivant le
dlit;
les tratres et les
transfuges
sont
pen-
dus des
arbres;
les
lches,
les
poltrons,
les infmes
prostitus
sont
plongs
dansla
fange
d'un
bourbier;
une
claieest
jete par'dessus.
Montrer les crimessubissant
leur
supplice,
mais ensevelir
jamais
les
infamies,
est
lebut decette diversitde
peines.Quant
auxdlits
plus
GERMANIA. 20
dum
puniuntur, flagitia
abscondi. Sedet levioribusde-
lictis,
pro modo, pna equorumpecorumque
numero
convicti multantur
pars
multac
regi,
vel
civitati,
pars
ipsi (lui vindicatur,
vel
propinquis ejus
exsolvitur. Eti-
guntur
in iisdemconciliiset
principes, qui jura per pa-
gosvicosque
reddunt. Centeni
singulisexplebe
comits,
consiliumsimul et
auctoritas,
adsunt.
XIII. Nihil autem
nequepuHicseneque privataerei,
nisi armati
agunt.
Sed arma sumere non ante
cuiquam
moris, quam
civitas suffecturum
probaverit.
Tum
in
ipso concilio,
vel
principumaliquis,
vel
pater,
vel
pro-
pinquus,
scuto
frameaque juvenem
ornant
haec apud
illos
toga
hic
primusjuventae
honos
ante domus
pars
videntur,
mox
reipubhcse. Insignis nobilitas,
aut
magna
patrum merita,
principis dignatipnem
etiamadolescen-
tulis
adsignant.
Ceteri robustioribus ac
jampridempro-
batis
aggregantur
nec rubor inter comites
adspici.
Gra-
dus
quinetiam
et
ipse
comitatus
habet, judicio ejus,
quem
sectantur:
magnaque
et comitum
aemulatio, qui-
bus
primus apud principem
suum
locus;
et
principum,
cui
plurimi
et acerrimi comites. Hc
dignitas,
hae
vires
magnosemper
electotum
juvenum globocircumdari,
in
pace
decus
in bello
praesidium.
Nec solumin sua
gente
cuique,
sed
apud
finitimas
quoque
civitatesid
nomen,
ea
gloria
est,
si numro ac virtute comitatus emineat
LA GEKMANIE. aii
levers,
ils sont
punis par
demoindres chatimens les
coupablespayent
une amende en chevaux ou en trou-
peaux
une
partie
est livreau roi ou la
cit,
l'autre
au
plaignant
ou ses
proches.
On choisit en cesmmes
assemblesdeschefs
qui
rendent la
justice
danslescan-
tons et dans les
bourgades;
on
adjoint
chacun d'eux
cent assesseurstirs du
peuple, pour
former leur con-
seil,
et
pour ajouter
leur autorit.
XIII. Usnetraitent nulle affaireni
publique
ni
par-
ticulire,
sans tre
arms;
maisaucun ne
porte
les ar-
mesavant
que
lacit l'enait reconnu
digne
c'est dans
leurs assemblesmmes
que
l'un des
chefs,
ou le
pre
du
jeune candidat,
ou un
parent,
le dcore du bou-
clier et de laframe. C'est l leur robe
virile;
c'est la
le
premier
honneur de la
jeunesse jusque-l
on n'es)
que
membred'une
famille,
dsormais on fait
partie
de
l'tat. Une haute
naissance,
les services
signals
des
parens,
donnent la
dignit
de
chefs,
mme desen-
fns
quant
aux
autres,
ilsvontservir de
cortge
des
chefs
dj
dans laforcede
l'ge
et d'une valeur
prou-
ve
ilsne
rougissent pas
des'attacher lasuited'autres
guerriers;
cette
place
a mmedivers
grades
dont est
juge
celui
qu'ils
entourent. Ces
compagnons
d'armesou
comtesmettent une
grande
mulationtenir le
premier
rang auprs
de leur chef ou
(/.MC,
et les ducs avoir
le
plusgrand
nombre de comteset les
plus
ardens aux
combats leur
dignit,
leur
force,
est d'tre
toujours
entours d'un essaimd'une
jeunessed'lite.;
durant la
paix
c'est leur
honneur,
durant la
guerre
leur sret.
Ces ducs obtiennent un renomet
une grande gloire,
non seulementdans leur
propre nation,
mais mme
GERMANIA. 2t
expetuntur
enim
tegationibus,
et muneribus
ornantm,
et
ipsa plerumque
famabella
proftigant.
XIV.
Quum
ventumin
aciem,
turpe principi
virtute
vinci;
turpe
comitatui virtutem
principis
non
adaeqnare.
J amvero infame in omnemvitam ac
probrosum,
su-
perstitem principi
suo ex acie recessisse. Illumdefen-
dere, tueri,
sua
quoque
fortia facta
gloriaeejus
adsi-
gnare, prcipuum
sacramentumest.
Principes pro
vic-
toria
pugnant;
comites
pro principe.
Si
civitas,
in
qua
orti
sunt,
longapace
et otio
torpeat, plerique
nobilium
adolescentium
petunt
ultro eas nationes
quae
tum bel-
lum
aliquod gerunt; quia
et
ingrata genti quies,
et fa-
cilius inter
ancipitia
clarescunt,
magnumque
comita-
tumnon nisi vi
belloque
tueare
exigunt
enim
princi-
pis
sui liberalitateillumbellatorem
equum,
illamcruen-
tam
victricemque
frameam nam
eputae,
et
quamquam
incompti, largi
tamen
apparatus, pro stipendio
cedunt.
Materiamunificentiae
per
bellaet
raptus.
Necarare ter-
ram,
aut
exspectare
annum,
tam facile
persuaseris,
quam
vocare hostes et vulnera mereri
pigrum quin-
immo et iners videtur sudore
adquirere, quod possis
sanguineparare.
XV.
Quotiens
bella non
ineunt,
mult:um
venatibus,
LA GERMANIE. 23
auprs
des cits
voisines,
lorsqu'ils
ont une suite
qui
se
distingue
et
par
sa valeur et
par
son
nombre;
ils
sont alors recherchs
par
des
ambassades,
combls de
prsens,
et leur renommeseulea souvent termin des
guerres.
XIV.
Lorsqu'on
envient aux
mains,
il serait honteux
au duc de le cder en
courage
ses
comtes,
honteux
aux comtesdene
pas galer
le
courage
deleur
duc
ce
serait surtout une infamieet un
opprobre pour
toute
leur viedesortir ducombatensurvivant leur duc. Le
dfendre,
le
protger,
consacrer sa
gloire
leurs
pro-
pres exploits,
est le
premier
deleurs sermens. Lesducs
combattent
pour
la
victoire,
les comtes
pour
le duc.
Si la cit
qui
les a vus natre
languit
dans l'inaction
d'une
longuepaix,
la
plupart
decesnobles
jeunes gens
vont chercher d'eux-mmes les nations
qui
sont en
guerre;
tant le
repos
leur est
pnibte!
D'ailleurs,
au
milieu deshasards ilsont
plus
d'occasionsde
s'Illustrer,
etceschefsne
peuvent
attacher tant de
guerriers
leur
suitesans
pillage
et sans
guerre.
Ils rclament en effet
delalibralitdeleur ducleur cheval de
bataille,
cette
trame
sanglante
et victorieuse sa
table,
et desfestins
abondans,
quoique
sans
dlicatesse,
leur tiennent lieu
de sotde. La
guerre
et les
rapines
fournissent cesd-
penses
ils
prfrent appeler
les combatset
s'exposer
aux
blessures, que
labourer laterre et attendre lesr-
coltes. Bien
plus,
il leur semblerait lche et honteux
d'acqurir par
la sueur ce
qu'on peut
obtenir
par
le
saug.
XV. Tout te
tempsqu'ils
ne sont
pas
en
guerre,
ils
GERMANIA.
plus per
otium
transigunt,
dediti somno
ciboque.
For-
tissimus
quisque
acbellicosissimusnihil
agens, delegata
domuset
penatium
et
agrorum
cura feminis
senibusque
et infirmissimo
cuique
ex
familia,
ipsi hebent;
mira di-
versitate
haturae,
quum
iidemhotnines sic ament iner-
tiam,
et oderint
quietem.
Mos est civitatibus ultro ac
viritim conferre
principibus,
vel
armentorum,
vel fru-
gum, quod pro
honore
acceptum,
etiamnecessitatibus
subvenit. Gaudent
praecipue
finitimarum
gentium
donis,
quae
non modoa
singulis,
sed
publice
mittuntur;
electi
equi, magnaarma, phalerse, torquesque.
J amet
pecu-
niam
accipere
docuimus. ;i
XVI. Nullas Germanorum
populis
urbes
habitari,
satis notum
est;
ne
pati quidem
inter se
junctas
sedes.
Colunt discreti ac
diversi,
ut
fons,
ut
campus,
ut ne-
mus
placuit.
Vieos
locant,
non innostrum
morem,
con-
nexis et cohaerentibusaediuciis suam
quisque
domum
spatio
circumdat,
siveadversuscasus
ignis remedium,
siveinscitiaaedincandi. Necaementorum
quidem apud
illos,
aut
tegularum
usus materia ad omnia utuntur
intormi,
et citra
speciem,
aut delectationem.
Quaedam
loca
diligentius
inlinunt
terra,
ita
pura
ac
splendente,
ut
picturam
ac lineamenta colorumimitetur. Soient et
subterraneos
specusaperire, eosque
multo
insuper
fimo
onerant, suffugium
hiemi et
receptaculum frugibus;
LA GERMANIE. x!<
le
passent
la
chasse,
mais
plus
souvent dans
l'oisivet,
s'abandonnant ausommeilouauxexcsdetable.Les
plus
vaillans,
les
plusbelliqueux,
devenus inactifset laissant
les soins dela
maison,
des
pnates
et des
champs
aux
femmes,
aux
vieillards,
aux tres les
plus
faiblesdela
famille,
semblent
frapps d'engourdissement trange
contradiction decaractre! lesmmeshommesse
plaire
dans
l'inertie,
et har le
repos.
Les cits ont
l'usage
de
fournir
spontanment
et
par
tte leurs ducsdu btail
et des
grains.
Ces
dons, reus
comme
honneur,
sont
des subsides
pour
leursbesoins ilsse
glorifient
surtout
des
prsens
des nations
voisines,
qui
leur sont offerts
par
des
particuliers,
ou au nom mme des cits ce
sont deschevaux de
choix,
desarmes
proportionnes

leur
grande
stature
des housses et des colliers
dj
aussi nous leur avons
appris
recevoir de
l'argent.
XVI. Il est assez connu
que
les
peuples germains
n'habitent
point
de
villes,
et
qu'ils
ne souffrent
pas
mme
que
leurs demeures soient
contigus
entre elles.
Ils vivent isolset
disperss
aux lieux o une
fontaine,
une
prairie,
un bois les a charms. Ils forment leurs
villages,
non
pas
notre
manire, par
des maisons
runies et
jointes
entre
elles;
chacun entoure son ha-
bitation d'un certain
espace,
soit
pour
se
prserver
des communications d'un
incendie,
soit
par ignorance
del'art de contruire. Ils ne font
usage
ni des cimens
ni destuiles leurs matriauxsont
toujours
bruts rien
n'est donn la dcoration ni
l'agrment. Quelques
parties
seulement sont enduitesavec
plus
desoin d'une
terre si
pure
et si
brillante, qu'on
la dirait
peinte
et
nuancedecouleurs. Ilsont aussi coutumedesecreuser
descavernes
souterraines,
qu'ils
couvrent de monceaux
GERMANIA. ~s
quia rigoremfrigorumejusmodi
locis
molliunt; et,
si
quando
hostis
advenit,
aperta populatur
abditaautem
et
defossa,
aut
ignorantur,
aut eo
ipsofallunt,
quod
quaerenda
sunt.
XVII.
Tegumen
omnibus
sagum, fibula aut,
si
desit,
spina
consertum cetera
intecti,
totos dies
juxta
focum
atque ignemagunt. Locupletissimi
vestedistin-
guuntur,
non
Huitante,
sicut Sarmataeac
Parthi,
sed
stricta et
singulos
artus
exprimente.
Gerunt et ferarum
pelles, proximi ripaenegligenter,
ulteriores
exquisitius,
ut
quibus
nullus
per
commercia cuttus.
Eligunt
feras,
et detracta velamina
spargunt
maculis
pellibusque
bel-
luarum, quas
exterior
Oceanus, atque ignotum
mare
gignit.
Nec alius feminis
quam
viris
habitus,
nisi
quod
fe-
minae
saepius
lineis amictibus
velantur,
eosquepurpura
variant,
partemque
vestitus
superioris
in manicasnon
extendunt,
nudbrachia ac
lacertos;
sed et
proxima
pars pectoris patet.
XVIII.
Quamquam
severaillic
matrimonia ne
ullam
morum
partemmagis
laudaveris nam
prope
soli bar-
barorum
singulis
uxoribus contenti
sunt, exceptis
ad-
modum
paucis, qui
non
libidine
sed ob
nobilitatem,
pturimisnuptiis
ambiuntur.
LA GERMANIE.
~7
defumier c'est un
refuge
contre
l'hiver,
c'est un lieu
de
dpt pour
leurs
grains.
Lefroid
n'ypeut pntrer;
et si
par
hasard l'ennemi
survient,
il
ravage
le
pays
dcouvert;
mais ces
provisions
caches et
enfouies,
ou
sont
inaperues,
ou ledroutent
par
la ncessitdeles
chercher.
XVII. Levtement detous est une
saye
fixe
par
une
agrafe, ou,
s'ils en
manquent, par
une
pine;
nus du
reste,
ils
passent
tout le
jour prs
de leur
foyer.
Les
plus
riches se
distinguent par
un habillement
qui
ne
flotte
pas
commecelui desSarmateset des
Parthes,
mais
qui
est troit et dessinetouteslesformes. Ils serevtent
aussi de
peaux
desbtes les
plus
voisinsdu Rhin n'en
font
jamais
une
parure;
maisles
peuplades plus
loi-
gnesy apportent
une sorte de
recherche,
ne
pouvant
se
procurer par
le commerceaucun autre vtement. Ils
font choix decertains
animaux,
en dtachent lesfou-
rures, qu'ils parsment
de
taches,
et
y
fixent des
por-
tions de
peaux
de diversmonstres marins
que produit
l'Ocanultrieur et uneautre mer inconnue.
L'habillement desfemmesest lemme
que
celui des
hommes;
seulement lesfemmessecouvrent le
plus
sou-
vent demanteaux de
lin,
varisd'un
mlange
de
pour-
pre.
La
partie suprieure
de leur vtement n'a
pas
de
manches,
leurs bras sont nus
jusqu' l'paule,
et le
haut de leur sein reste dcouvert.
XVIII. Toutefois les unions sont
chastes,
et cet
gard
leurs murs mritent les
plus grands loges
car ils sont
presque
les seulsde tous les barbares
qui
secontentent d'une seule
pouse;

peinequelques-uns
d'entre
eux,
non
point par
incontinence,
mais
pour
augmenter
leur
noblesse,
forment
plusieurs
alliances.
GUtMAMA. 28
Dotemnonuxor
marito,
seduxori maritusoffert. Inter-
sunt
parentes
et
propinqui
acmunera
probant;
munera
non ad delicias muliebres
quaesita
nec
quibus
nova
nupta comatur;
sed
boves,
et frenatum
equum,
et scu-
tumcumframea
gladioque.
n haecmunerauxor acci-
pitur, atque
invicem
ipsa
armorum
aliquid
viro adfert.
Hocmaximum
vinculum,
haecarcana
sacra,
hos
conju-
gales
deosarbitrantur. Nesemulier extra yirtutumco-
gitationes, extraque
bellorum casus
putet, ipsis
inci-
pientis
matrimonit
auspieiisadmonetur,
venireselabo"
rum
periculorumque sociam
idem in
pace,
idemin
prtio passuram ausuramque
hoc
juncti
boves,
hoc
paratus eqnus,
hoc data arma
denuntiant,
sic viven-
dum~
sic
pereundum; accipere
se,
qu
liberisinviolata
ac digna
reddat,
quae
nurus
accipiant, rursusque
ad ne-
potes
referant.
XIX.
Ergo septcepudicitia agunt,
nullis
spectacuto-
rum
inlecehris,
nullis convivioruminritationibus cor-
) uptae.
Litterarum secreta viri
pariter
ac feminaj
igno-
rant. Paucissimaintamnumerosa
gente
adulteria; quo-
rum
pna prsesens,
et maritis
permissa.
Accisiscrini-
bus, nudatam,
coram
propinquis expellit
domo mari-
tus,
ac
per
omnem vicum verbere
agit publicata'
cnim
pudicitiac
nulta
venia;
non
forma,
non
aetate
non
opibus
mritum invenerit. Nemo cmmillic vitia
LA GERMANIE.
~9
L'pouse n'apporte point
de dot au
mari,
mais le
mari son
pouse.
Le
pre,
la
mre,
et les
proches,
placs
entreles
poux,
sont
chargsd'agrer
les
prsens
denoces. Ces
prsens
ne sont
pas
ces
objets,
dlicesde
nos
femmes,
ni ces
parures
dont une nouvelle marie
se
dcore;
c'est un
couple
de
bufs,
un cheval avec
son
frein,
un bouclier avec laframeet le
glaive.
Avec
ces
prsens
un
poux
est
accept
et
l'pouse
son tour
offre
quelques
armes son mari. Tels sont les
garans
sacrs et
mystrieux
deleur
union,
telssont leursdieux
d'hymne,
et
pour que
la femme ne se croie
point
trangre
aux ides de
courage, trangre
mmeaux
hasards des
combats,
ces
auspices,
sous
lesquels
com-
menceson
union,
lui
apprennent qu'elle
vients'associer
aux travaux et aux
prils; qu'elle
doit,
dans la
paix,
dansla
guerre,
souffrir et oser autant
que
son
poux;
ces bufs
unis,
ce cheval
quip,
ces armes
offertes,
lui annoncent
qu'ainsi
il lui faudra
vivre,
ainsi
mourir;
qu'elle reoit
ce
dpt pour
lerendre sans tache ses
fils,
et
par
eux ses
brus, qui
le transmettront
digne-
ment sesdescendans.
XIX. Ellesvivent donc
environnes,
protges par
la
vertu;
aucune dessductions denos
spectacles,
aucune
des sensualits denos festins ne les
corrompent.
Hom-
meset femmes
ignorent galement
lecommerce
myst-
rieux des
lettres, et,
dans une si nombreuse
nation,
il
est
trs-peu
d'adultres la
punition
en est
soudaine,
et
l'poux l'inflige
lui-mme lescheveux
coups, nue,
en
prsence
des
parens,
la
coupable
est chassede la
maison
par
son
mari, qui
la conduit travers toute la
bourgade,
en la
frappant
de
verges.
La femmedont la
pudeur
s'est
prostitue
n'obtient aucun
pardon
ni
GERMANIA. 3o
ridet;
nec
corrumpere
et
corrumpi
saecutnmvocatur.
Melius
quidem
adhuc ese
civitates,
in
quibus
tantum
virgines
nubunt,
et cum
spe votoque
uxoris semel
transigitur.
Sic unum
accipiunt
maritum,
quo
modo
unum
corpus, unamque vitam,
ne ulla
cogitatio
ul-
tra,
ne
longior cupiditas, ne tamquammaritum,
sed
tamquam matrimonium,
ament. Numerum liberorum
finire,
aut
quemquam
ex
adgnatis necare,
flagitium
ha-
betur
plusque
ibi boni mores
valent, quam
alibi bonae
leges.
XX. In omni domo nudi ac
sordidi
in hos
artus,
in haec
corpora, quaemiramur,
excrescunt. Sua
quem-
que
mater uberibus
alit,
necancillis ac nutricibus de-
legantur.
Dominumac servumnullis educatiouis deti-
ciis
dignoscas.
Inter eadem
pecora,
in eademhumo de-
gunt,
donectas
separet ingnues,
virtus
agnoscat.
Sera
juvenum
Venus,
eoque
inexhausta
pubertas
nec
virgines
festinantur;
eadem
juventa,
similis
proceritas; pares
validaeque
miscentur;
ac robora
parentum
liberi refe-
runt. Sororum filiisidem
apud
avunculum,
qui apud
patrem
honor.
Quidam
sanctiorem
arctioremque
hune
nexum
sanguinis
arbitrantur,
et in
accipiendis
obsidibus
magis exigunt, tamquam
ii et animumfirmius et do-
mumlatius teneant. Heredes tamen successoressui cui-
queliberi; ettuuum
testamentum. Si liberi non
sunt,
LA GERMANIE. 3i
beaut,
ni
jeunesse,
ni richessesnelui feraient trouver
un
poux.
La
personne
ne rit des
vices;
corrompre
et
tre
corrompu
ne
s'appelle point
vivreselonle sicle.
Plus
sages
encoresont les citso les veuves ne
peu-
vent
plus
former
d'union,
et o
l'espoir
et levud'tre
pouse
nesont
permisqu'une
seulefois elles
reoivent
alors un mari comme elles ont
reu
un seul
corps,
une seule
vie;
ellesn'tendent au del ni leur
pense
ni leur
dsir;
l'homme
auquel
elless'unissent n'est
pas
seulement
pour
ellesun
mari,
il est le
mariage
tout en-
tier. Limiter lenombre de ses
enfans,
faire
prir
les
derniers,
est un crime.
Ainsi, l,
debonnesmursont
plusd'empire qu'ailleurs
debonnes lois.
XX. En toutemaison lesenfanscroissentnus et dans
lasalet ainsi seforment ces
membres,
ces
corps qui
nous tonnent.
Chaque
mre nourrit son enfant deson
lait,
et nelelivre
point
desservantes et desnour-
rices. Le matre nese
distingue
del'esclave
par
aucune
dlicatesse
d'ducation;
ils vivent
ensemble,
au milieu
des mmes
troupeaux,
sur la mme
terre, jusqu'
ce
quel'ge spare
l'homme
libre,
et
que
lavaleur le dis-
tingue.
Les
jeunes gens
se livrent tard aux
plaisirs
de
Vnus;
aussi leur
pubert
n'est
pas puise.
Onnehte
point
non
plus
les
mariages
desElles d'unemme
jeu-
nesse,
d'une mme
taille, gaux
ensantet en
vigueur,
ilss'unissent et transmettent leurs forcesleurs enfans.
Les
filsdes surs sont aussi chris de leur oncle
que
deleur
proprepre;
on
regarde
mmechez eux celien
du
sang
comme
plus
sacr et
plus troit,
et dans les
tages
on choisit
prfrablement
les
neveux,
comme
inspirant plus
d'attachement dans les
familles,
par
des
liens
plus
tendus.
Chacun, toutefois,
a
pour
hritiers
GERMAN1A.
proximus gradus
in
possessionefratres, patrui,
avun-
culi.
Quanto plus ~ropinquorum, quo major
adfinium
numerus,
tanto
gratiosior
senectus
nec ulla orbitatis
prctia.
XXI.
Suscipere
tam
inimicitias,
seu
patris,
seu
pro-
pinqui, quam
amicitias necesse est nec
implacabiles
durant. Luitur enimetiamhomicidiumcerto armento-
rumac
pecorum
numero,
recipitque
satisfactionemuni-
versa
domus,
utiliter in
publicum, quia periculosiores
sunt inimicitiae
juxta
libertatem. Convictibus et
hospi-
tiis non aHa
gens
effusius
indulget. Quemcumque
mor-
taliumarcere
tccto,
nefashabetur
pro
fortuna
quis-
queapparatis epulis
excipit. Quumdefecere,
qui
modo
hospes
fuerat,
monstrator
hospitii
et
cornes,
proximam
domumnon invitati adeunt nec
interest
pari
humani-
taie
accipiuntur:
notum
ignotumque, quantum
ad
jus
hospitii,
nemodiscernit
abeunti,
si
quid poposcerit
concederemoris et
poscendi
invicemeademfacilitas.
Gaudent
muneribus;
sednecdata
imputant,
nec
accep-
tis
obligantur
victus inter
hospites
comis.
XXII. Statim e
somno, quem plerumque
in diem
extrahunt, lavantur,
ssepiuscalida,
ut
apud quos plu-
rimumhiems
occupat.
Lauti cibum
capiunt separata"
LA GERMANIE. 33
vf.
v
3
et successeursses
propres enfans jamais
detestament
s'il
n'y
a
point
d'enfans
les
plus proches degrs
succ-
dent,
les
frres,
les oncles
paternels,
maternels. Plus
le nombre des
parens, plus
celui des allis est
grand,
plus
lavieillesseest
honore,
et la
privation
de
postrit
n'y
est
pas
mis en calcul.
XXI. Prendre
part
aux inimitis d'un
pre
ou d'un
proche,
aussibien
qu'
ses
affections,
est
obligatoire
mais
leshaines ne sont
point implacables
l'homicide mme
est rachet
par
une certaine
quantit
de
grand
et de
petit
btaii toute lafamille
accepte
cette
satisfaction
usage
utile au bien
public, parce que
lesinimitissont
d'autant
plus
terribles,
qu'il ya plus
delibert. Aucune
autre nation n'accueille ses convives et ses htes avec
plus
de
gnrosit
fermer sa maison une
personne
quellequ'elle
soit,
estuncrime. Chacun
accueille,
et pr-
pare
un
repas,
selon sa
fortune;
et
lorsque
les
provi-
sions sont
puises,
celui
qui,
tout--l'heure, recevait,
indique
lamaison
voisine
ils
s'y
rendent l'un et l'autre
ils entrent chezcenouvel hte sans
invitation,
peu
im-
porte
ils sont
reus
avec une
gale
bont
connus,
inconnus, sont, quant
aux droits
d'hospitalit,
traits
aveclesmmes
gards.
Si en
partant
vousavezdemand
quelque
chosevotre
hte,
il est
d'usagequ'il
vousl'ac-
corde
et il demande son tour avec lamme
facilit.
Ils aiment les
prsens,
mais ils ne croient
pas,
en les
donnant,
imposer
des
obligations,
ni
s'engager
en les
recevant. Leur
hospitalit
est
pleine
d'affabilit.
XXII. Sitt
qu'ils
sont
veills,
et ils
prolongent pres-
que
tous leur sommeil
jusque
dans le
jour,
ils se bai-
gnent
le
plus
souvent l'eau
chaude,
l'hiver
ayant
chez
eux une
longue
dure.
Aprs
le
hain,
ils
prennent
GERMANIA.
34
singulis
sedes
et sua
cuique
mensa tum ad
ncgotia,
nec minus
saepe
ad
convivia,
procedunt
armati. Diem
noctemque
continuare
potando,
nulli
probrum.
Crebrae,
ut
inter vinolentos, rixse,
raro
conviciis, saepius
csedeet
vulneribus
transiguntur.
Sed et dereconciliandis
invi-
cem
inimicis,
et
jungendis adfinitatibus,
et adsciscen-
dis
principibus,
de
pacedenique
ac
bello,
plerumque
in
conviviis
consultant;
tamquam
nullo
magis tempore,
aut ad
simplicescogitationespateat
animus
aut adma-
gnas
incalescat. Gens non
astuta,
nec
callida
aperit
adhuc secreta
pectoris
licentia
joci ergo
dtecta et
nuda omnium mens
postera
die
retractatur,
et salva
utriusque temporis
ratio est
deliberant,
dum
fingere
nesciunt; constituunt,
dumerrare non
possunt.
1(,(-
XXIII. Potui humor ex hordeo aut
frumento,
in
quamdam
similitudinem vini
corruptus.
Proximi
ripas
et vinummercantur. Cibi
simplices; agrestiapoma,
re-
cens
fera,
aut lacconcretum sine
apparatu,
sineblan-
dimentis, expellunt
famem. Adversus sitimnon eadem
temperantia:
si indulseris
ebrietati,
suggeren<doquan-
tum
concapiscunt,
haud minus facile
vitiis, quam
ar-
mis,
vincentur.
XXIV. Genus
spectaculorum unum,
atque
in omni
coetuidem. Nudi
juvenes, quibus
id tudicrum
est,
inter
LA GERMANIE.
35
3.
quelque nourriture;
chacun asa
placespare,
chacun
asatable. Ensuite ilsserendent leurs
affaires,
et
plus
frquemment
des
festins, toujours
arms il n'est ds-
honorant
pour personne d'y passer
boire tout le
jour
et toutelanuit. Les
rixes,
suitesinvitablesde
l'ivresse,
y
sont
frquentes
il est rare
qu'elles
seterminent seu-
lement
par
des
invectives;
c'est le
plus
souvent
par
des
blessures et
par
des meurtres. Mais c'est aussi dans ces
banquets qu'ils
traitent des
rconciliations,
des allian-
ces,
del'lection des
chefs,
dela
paix
et dela
guerre;
ils
pensent qu'en
aucun autre
temps
l'me ne s'ouvre
mieux la franchisedela
pense,
ou nes'chauffeda-
vantage pour
lesnobles ides. Ceshommessincres et
sansartifice
panchent,
au milieu dela libert
joyeuse
des
festins,
tous les secrets de leurs
curs;
alors les
sentimensdetous semontrent dcouvert et s'offrent
sans voile. Le
jour
suivant leurs
projets
sont discuts
de
nouveau, et,
dans l'uneet l'autre
circonstance,
il
y
a
sage
discernement ilsont
dlibr,
lorsqu'ils
ne
pou-
vaient
feindre;
ils
rsolvent, lorsque
leur raisonne
peut
s'garer.
XXIII. Leur boissonest une
liqueur
extraitede
l'orge
ou
du
bl,
que
lafermentation
rapproche
denos vins.
Les
plus
voisinsdu fleuveachtent mmedu vin. Leurs
mets sont
simples;
desfruits
sauvages,
de la venaison
nouvelleou du lait caill ils
apaisent
leur faim sans
apprts
et sans raffinement.
Quant
la
soif,
ils sont
moins
temprans
si l'on favoriseleur
ivrognerie,
en
y
fournissant autant
qu'ils
le
dsirent,
onlesvaincra
par
les
vices,
non moinsfacilement
quepar
lesarmes.
XXIV. Leur
genre
de
spectacle
est
toujours
lemme
danstoutes leurs runions. Des
jeunes gens
nus se
jet-
GERMANIA. 36
gladios
se
atque
infestas frameas saltu
jaciunt.
Exerci-
tatio artem
paravit,
ars decorem non in
quaestum
ta-
men,
aut
mercedem; quamvis
audacisiascivise
pretium
est,
voluptas spectantium.
Aleam
(quod mirere)
sobrii
inter seria
exercent,
tanta lucrandi
perdendive
temeri-
tate, ut, quum
omnia
defecerunt,
extremo ac novis-
simojactu,
de libertate et de
corpore
contendant. Vic-
tus voluntariam servitutem
adit; quamvis juvenior,
quamvis
robustior, alligari
se ac venire
patitur
eaest
in re
prava pervicacia; ipsi
fidemvocant servoscon-
ditionis
hujus per
commercia
tradunt,
ut se
quoquepu-
dorevictoriaeexsolvant.
XXV. Ceteris
servis,
non in nostrum
morem,
de-
seriptis per
familiam
ministenis,
utuntur. Suam
quis-
que
sedem,
suos
penates regit.
Fi umentimodumdomi-
nus,
aut pecoris,
aut
vestis, ut colono,
injungit;
et
servushactenus
paret.
Cetera domusofficiauxor ac li-
))eri
exsequuntur.
Verberare
servum,
ac vinculis et
opere
coetcere,
rarum occidere
solent
non
disciplina
et
severitate,
sed
impetu
et
ira,
ut
iuimicum,
nisi
quod
impune.
Lihertini non multum
supra
servos
sunt;
raro
aliquod
momentumin
domo,
nunquam
in
civitate;
ex-
ceptis
duntaxat us
gentibus, qua*regnantur.
Ibi cnim
LA CERMANI);.
~7
tent ensautant au milieudes
glaives
et destramesme-
naantes.
Pour
eux,
c'est un
jeu
dont l'habitude afait
un
art,
et l'art a mmedonne descharmes et del'l-
gance
ce
spectacle, qui jamais
n'a lieu
pour
aucun sa-
laire
il est toutefois un
prix
leur adresse
audacieuse,
le
plaisir
des
spectateurs.
Maisce
qui
tonne,
c'est de
les
voir,
tant
jeun,
se
livrer,
commedesaffairess-
rieuses,
aux
jeux
de
hasard,
avecune ardeur si tm-
raire dans le
gain
et dans la
perte, qu'aprs
avoir tout
perdu,
ilsen viennent
jouer, par
undernier
coup,
leur
propre
libert et leurs
personnes.
Levaincu subit cette
servitude
volontaire, et,
quoique plus jeune, quoique
plus robuste,
se laisse
garotter
et vendre sans rsis-
tance telle
est,
dans une chosesi
honteuse,
leur rsi-
gnation
ils
l'appellent
bonnefoi. Ils
changent promp-
tement lesesclavesobtenus
par
ce
moyen,
afinde s'af-
franchir sans doute de la honte d'une telle victoire.
XXV. Leurs autresesclavesneservent
pas
commeles
ntres,
avecdes
emplois
distincts danslamaison. Cha-
cun
rgit
son
gr
sa
demeure,
ses
pnates
le matre
exige
seulement unecertaineredevanceen
froment,
en
btail ou en
vtement,
commed'un
fermier,
et la ser-
vitude neva
pas
au del.
Quant
aux dtails delamai-
son, l'pouse
et les enfans s'en
chargent.
Il est rare
qu'ils frappent
un
esclave qu'ils
le
punissent
enlechar-
geant
de liens ou
par
excsde
travail;
s'ilsenfont
p-
rir,
cen'est
point pour infliger
unchtiment ou donner
un
exemple
c'est
par emportement
et
par
fureur,
commes'ils tuaient un
ennemi,
cette diffrence
prs,
qu'Us
le font
impunment.
Leurs affranchis ne sont
gure
au dessus des
esclaves;
rarement ils ont
quelque
influence dans la
maison; jamais
ils n'en ont dans la
GERMANIA.
38
et
super ingenuos
et
super
nobiles ascendunt
apud
ceteros,
impares
libertini libertatis
argumentum
sunt.
XXVI. Fenus
agitare,
et in usuras
extendere, igno-
tum,
ideoque magis servatur, quam
si vetitumesset.
Agri, pro
numro
cultorum,
ab universis in vicesoc-
cupantur, quos
mox inter
se,
secundum
dignationem,
partiuntur
facilitatem
partiendi camporumspatiaprae-
stant. Arva
per
annos
mutant;
et
superest ager
nec
enimcumubertate et
amplitudine
soli labore conten-
dunt,
ut
pomaria conserant,
et
prata sparent,
ethor-
tos
rigent
sola terrae
seges imperatur.
Unde annum
quoque ipsum
non in totidem
digerunt species hiems,
et
ver,
et sestasintellectum ac vocabula
habent;
au-
tumni
perinde
nomenac bona
ignorantur.
XXVII. Funerum nulla ambitio id solumobserva-
tur,
ut
corpora
clarorumvirorumcertis
lignis
cremen-
tur.
Struem
rogi
nec
vestibus,
nec
odoribus,
cumulant
sua
cuique
arma,
quorumdam igni
et
equus adjicitur.
Sepulcrum cespes erigit
monumentorum arduum et
operosumhonorem,
ut
gravem
defunctis,
adspernan-
tur lamenta ac
lacrymas cito,
doloremet tristitiam
tarde,
ponunt:
feminis
lugere
honestum
est,
viris me-
minisse.
LA GERMANIE.
39
cit,
except
toutefois chez cellesdeleurs nations
qui
obissent desrois
l
lesaffranchis s'lventau des-
sus des hommes libres et au dessus des nobles. Chez
leurs autres
peuples,
lalibert se reconnat l'abaisse-
ment mmedes affranchis.
XXVI. On ne sait chez eux ni
trafiquer
deson ar-
gent,
ni l'accrotre
par
des
usures,
ignoranceplus
salu-
taire
que
deslois
prohibitives.
Leurs terres sont succes-
sivement
occupespar tous,
suivantlenombredes
bras;
ellessontensuite
partages
selonles
rangs.
L'tendue de
leur territoire offrela facilitdeces
partages.
Ils chan-
gent chaque
anne de
terres,
et ilsen ont
toujours
de
reste. Ilsne rivalisent
point parle
travail aveclafcon-
dit et l'tendue du
sol,
et ne
s'occupent
ni de
planter
des
vergers,
ni d'encloredes
prairies,
ni d'arroser des
jardins
ils ne demandent la terre
que
du bl. Aussi
nedivisent-ils
pas
l'anneenautant desaisons
que
nous:
ilsont
distingu
et nomm
l'hiver,
le
printemps
et
l't;
mais lenomet lesfruits de l'automne leur sont
gale-
ment
inconnus.
XXVII. Nul fasteen leurs funrailles seulement les
corps
des hommesles
plus
Illustressont brls avec des
bois
particuliers.
Ils ne
prodiguent
sur le bcher ni les
riches toffesni les
parfums
lesarmesdu
mort, quel-
quefois
son
cheval,
sont brls avec
lui;
un
simple
ter-
tre de
gazonmarque
lelieu du tombeau.
Quant
tous
ceshonneurs demausolesconstruits
grands frais,
ils
les
ddaignent
comme
pesant
aux morts leurs lamen-
tations,
leurs
pleurs
cessent
promptement;
tard,
leurs
regrets
et leur douleur auxfemmesil convientde
pleu-
rer, aux
hommesdesesouvenir.
40
GERMANIA.
XXVIII. Haeclu communedeomniumGermanorum
origine
ac moribus
accepimus
nunc
singularum gen-
tiuminstituta
ritusque, quatenus
differant;
quae
natio-
nese Germania in Gallias
commigraverint, expediam.
Validiores olim Gallorum
res fuisse,
summus aucto-
rum,
D. J ulius
tradit; eoque
credibile est etiamGallos
in Germaniam
transgressos.
Quantulum
enim amnis
obstabat,
quo
minus,
ut
quaequegensevaluerat,
occu-
paret permutaretque
sedes
promiscuas
adhuc, et nulla
regnorum potentia
divisas?
Igitur
inter
Hercyniam
sil-
\'am, Rhenumque
et Mnum
amnes, Hetvetii,
ulte-
riora
Boii,
Gallica
utraque gens,
tenuere. Manet adhuc
Boihemi
nomen, sigtdRcatque
loci veterem
memoriam,
quamvis
mutatis cultoribus. SedutrumAravisci inPan-
noniamab
Osis,
Germanorum
natione,
an Osi ab Ara-
viscis in
Germaniam,
commigraverint, quum
eodem
adhuc
sermone, institutis.moribusutantnr,
incertum
est; quia, pari
olim
inopia
ac
libertate,
eademutrius-
queripae
bona
malaque
erant. Treveri et Nervii circa
affectationemGermanicae
originis
ultro ambitiosi
sunt,
tamquam, per
hanc
gloriamsanguinis,
a similitudine
et,
inertia Gallorum
separentur. Ipsam
Rheni
ripam
haud dubie Germanorum
populi colunt,
VaHgiones,
Triboci,
Nemetes neUbii
quidem, quamquam
romana
colonia esse
meruerint,
ac libentius
~~7'MW/e/~J ,
LA GERMANIE.
41
XXVIII. Voil ce
quej'ai appris
touchant
l'origine
et lesmurs de toutes les nations
germaniques
en
g-
nral
maintenant
je
vaisdire en
quoi
chacune d'elles
diffre d'institutions et de
coutumes,
et
quels
furent
ceux de leurs
peuples qui
ont
pass
de la Germanie
dans lesGaules. J ules
Csar,
dont l'autorit est la
plus
imposante, rapporte que
les Gaulois furent
jadis plus
puissansque
les
Germains;
on
pourrait
en conclure
que
des Gaulois
aussi ont
pass
autrefois en Germanie. Un
fleuven'tait
qu'un
bien faible obstacle
pour empcher
quelqu'une
desnations
gauloises,
ds
qu'elle
avait accru
ses
forces,
d'aller envahir et
occuper
des
paysqui
sem-
blaient tre du domaine commun et
qu'aucune puis-
sancene s'tait
appropris.
Ainsi,
entre la fort d'Her-
cynie,
le Rhin et le
Mein,
se sont tabli les Helv-
tiens,
et
plus
au delles
Boens,
deux
peuples
sortisde
la.Gaule. Le nomdes Boens se conserve encore dans
celui de
Bohme,
qui rappelle
le souvenir decette an-
cienne
migration quoique
ce
pays
ait
depuischang
d'habitans. Maisil serait difficilededcider si lesAra-
viscessont une colonie des
Oses,
nation
germanique,
venue dans la
Pannonie,
ou si les Osessont des Ara-
visces
passs
dans la
Germanie,
parce que
ces nations
ont encore un
langage,
des institutions et des
usages
semblables. J adis
gaux
en misre et en
libert,
ces
deux
peuples
n'avaient trouver sur l'une ou l'autre
rive du Danube
que
les mmes
biens, que
les mmes
maux. Les Trvirs et lesNerviens mettent un certain
orgueil
affecter
l'origine germanique, afin,
par
cette
alliance
glorieuse,
d'chapper
au
reproche
de ressem-
bler aux
Gaulois,
et d'avoir leur mollesse.
Mais,
sans
nul
doute
larivedu Rhin est toute couvertede
peuples
GERMANIA. 42
2
conditoris su
nomine, voceiitur, origine
erubescunt
transgressi olim,
et
exprimente
fidei
super ipsam
R!ieni
ripam col-locati,
ut
arccrent,
non ut custodi-
rentur.
XXIX. Omnium harum
gentium
virtute
prsecipui
Ratavi,
nonmultumex
ripa,
sedinsulamRheni
amnis,
(o)unt;
Cattorum
quondam populus,
et seditione
do-
mesticain cas sedes
transgressus,
in
quibus pars
ro-
mani
imperii
fierent. Manet honos
andqusp
societatis
insigne
namnec tributis
contemnuntur,
nec
publicanus
adterit
exempti
oneribus et
collationibus,
et tantumni
usum
proeliorumsepositi,
velut tela
atque
arma,
bellis
reservantur. Est in eodem
obsequio
et Mattiacorum
gens protulit
enim
magnitude populi
romani ultra
Rhenum
ultraque
veteres
terminos imperii
reveren-
tiam. Ita sede
finibusque
in sua
ripa,
mente
animoque
nobiscum,
agunt;
ceterasimiles
Batavis, nisi quodipso
adhuc terrae susesoloet cio acrius animantur. Non
numeraveriminter Germaniae
populos, quamquam
trans
RhenumDanubiumque
consederint, eos,
qui
decumatcs
agros
exercent. Levissimus
quisqueGattorum
et
inopia
audax,
dubise
possessionis
solum
occupavere.
Moxlimite
LA GERMANIE.
43
germains;
tels sont les
Vangions,
les
Triboques,
les
Nmtes. LesUbiens
eux-mmes,
quoiqu'ils
aient m-
rit deformer une colonie
romaine,
et
qu'ils
senom-
ment
~~rKWMM/M,
du nomdeleur
fondatrice,
nerou-
gissentpas
deleur
premire origine aprs
leur
migra-
tion,
leur fidlit
prouve
les fit
placer
sur la rive
mmedu
Rhin, pour
nousservir de
rempart,
et non
pour
tre nos
prisonniers.
XXIX. Detoutes ces
nations,
la
plus distinguepar
son
courage
est celle des Bataves ils s'tendent
peu
sur larivedu
Rhin,
maisilsen
occupent
unele. C'tait
autrefoisune
peuplade
de
Cattes,
qui,
l'occasiond'une
guerre
intestine,
passrent
dans ces
cantons,
o ils de-
vaient un
jour
devenir
partie
de
l'empire
romain. L'non-
neur et la distinction decette
antique
allianceleur sont
conservs en
effet,
ils ne sont ni avilis
par
les tri-
buts,
ni crass
par
nos
percepteurs exempts
de
charges
et
d'impts,
etseulementdestinsaux
combats,
ilssemblent des traits et des armes rservs
pour
nos
guerres.
Nous trouvons le mme dvouement chez la
nation des
Mattiaques;
car la
grandeur
du
peuple
ro-
main a su se faire
respecter
et au del du
Rhin,
et au
deldes ancienneslimites de son
empire.
La
patrie
de
ces
peuples,
leur territoire est sur cesbords
trangers;
leur
me,
leur cur est avec nous du
reste,
ils sont
semblables aux
Bataves
si ce n'est
que
le climat et
lesol leur ont donn une
plus grande nergie.
J e ne
compterai point parmi
les
Germains,
quoique
tablies
au del du Rhin et du
Danube
les
peuplades qui
cultivent les
champs
dcumatcs ce furent des Gau-
lois
vagabonds,
audacieux
par
leur misre
mme, qui
viment
occuper
ceterritoire d'une
possession
douteuse.
GERMANIA.
44~t
acte,
promotisque pra'sidiis,
sinus
unperii et parspro-
vinciaehabentur.
XXX. Ultra
hos,
Catti initium sedis ab
Hercynio
saltu
incboant,
non ita effusisac
palustribus locis,
ut
cetera*
civitates,
in
quasGermauiapatescit
durant si-
quidem
colles,
paullatimque
rarescunt;
et Cattos suos
saltus
Hercyniusprosequitur simul, atquedeponit.
Du-
riora
genti corpora,
stricti
artus,
minax
vultus,
et ma-
jor
auimi
vigor.
Multum,
ut inter
Germanos,
rationis
ac solertiae
praeponere
electos,
audire
praepositos,
nosse
ordines, intelligere occasiones,
differre
impetus,
disponere
diem, vallare noctem,
fortunaminter
dubia,
virtutem inter certa
numerare; quodque
rarissimum
nec nisi ratione
disciplinae
concessum,
plusreponere
in
duce, quam
in exercitu. Omnerobur in
pedite, quem,
super arma,
ferramentis
quoque
et
copns
onerant. Alios
ad
prlium
ire
videas,
Cattos ad bellum rari excursus
et fortuit
pugna. Equestrium
saneviriumid
proprium,
cito
parare
victoriam,
cito cedere velocitas
juxta
for-
midinem,
cunetatio
propior
constantiest.
XXXI. Et aliisGermanorum
populisusurpatum
rara
et
privatacujusque
audentia,
apud
Cattosinconsensum
yertit, utprimun) adolcveriut,
crincm
barbamque
sub-
LA GERMANIE.
4'.
~)
Bientt nos limitas
ayant
t
recules,
et nos
prsides
s'tant
avancs,
ces nations sesont trouves enclaves
dans
l'empire,
et font ainsi
partie
d'une de nos
pro-
vinces.
XXX. Plus loinsont lesCattes': leur territoire com-
menceavec leshauteurs dela fort
d'Hercynie.
Ce
pays
n'est
point plat
et
marcageux
comme la
plupart
des
autres
rgions
del
Germanie,
qui
s'tendent tout d-
couvert
il
y rgne
au contraire une chane decollines
qui
s'abaisse
peu

peu;
lafort suitfidlementses
Cattes,
et neles
quittequ'
leurs frontires. Chez cette
nation,
les
corps
sont
plus
robustes,
les membres
nerveux,
le
visage
fier,
et l'me
pleined'nergie.
Ils
ont,
pour
des
Germains,
beaucoup
deraison et de
sens
ils savent se
choisir des
chefs,
couter leurs
ordres,
former des
rangs,
saisir les
occasions,
rserver leur
imptuosit,
se dis-
poser
le
jour,
seretrancher la
nuit,
se fier moins la
fortune, qui
souventnous
abuse, qu'au courage, qui
ne
trompejamais; et,
ce
qui
est
trs-rare,
ce
qui
n'est d
qu'aux
leons de la
discipline,
ils
comptent plus
sur
le
gnie
de leur chef
que
sur le nombre des soldats.
Toute leur forceesten
infanterie, qui,
outre ses
armes,
porte
encore des
bagages
et des
provisions.
Les au-
tres
peuplades paraissent
marcher un
combat,
les
Cattes la
guerre.
Peu
d'excursions, peu d'attaques
fortuites car il
n'appartient qu'aux
forces dela cava-
leriededcider
rapidement
ou lavictoireou la retraite.
La
prcipitation
est souvent
prs
dela
crainte
une
sage
lenteur se
rapproche plutt
du vrai
courage.
XXXI. Un
usageque
labravoure afait
adopter
seu-
lement
quelques
individus
parmi
les autres nations
germaniques,
est
gnralement
reu chf'z lesCattes il
GERMANIA.
~6
6
mittere, nec,
nisi ]]oste
eaeso,
exuere votivum
obtiga-
tumque
virtuti oris habitum.
Super sanguinem
et
spo-
liarevtant
frontem, seque
tumdemum
pretia
nascendt
retulisse,
dignosquepatria
ac
parentibus
ferunt.
Igna-
vis et ImbeMibusmanet
squalor.
Fortissimus
quisque
ferreum
insuper annulum, ignominiosum
id
genti,
velut
vinculum, gestat,
donec se caedehostis absolvat.
Plurimis Cattorum hic
placet
habitus
jamque
canent
insignes
et hostibussimul
suisque
monstrati omnium
pnes
hos initia
pugnarum
haec
prima sempcr acies,
visu
torva
namne in
pacequidem
vultu mitiore man-
suescunt.
Nulli domus
aut ager, aut aliqua cura; prout
ad
quemquevnre
aluntur
prodigi
alieni,
contemp-
torcs
sui
donec
exsanguis
senectus tam duraevirtuti
impares
faciat.
XXXII. Proximi Cattis ccrtum
jam
alveo
Rhcnum
quique
terminus esse
sufficiat,
Usipii
ac
Tenctcri,
co-
lunt. Tencteri
super
solitumbellorum
decus
equestris
disciplina;
arte
prseceUunt
nec
major apud
Cattos
pc-
ditum
laus,
quam
Tencteris
cquitum.
Sic instituere ma
jores, poster!
imitaniur. Ii tusus
infantium,
hc
juv<
LA GERMANIE.
47
consiste,
ds leur
adolescence,
laisser crotre leurs
cheveux et leur
barbe,
et ne
quitter
cet
aspect
fa-
rouche
qu'aprs
avoir immolun
ennemi
suivant l'o-
bligation que s'impose
leur
courage.
Ce n'est
que
sur
son
sang
sur ses
dpouilles qu'ils
se dcouvrent le
front;
alors seulement ils croient avoir
pay
le
prix
de leur
existence,
alors ils
peuvent
se
prsenter
di-
gnes
de la
patrie
et de leurs
parens
les lches et les
timidesrestent cachs sous leur chevelurehideuse. Les
plus courageux portent
aussi un anneau de
fer, signe
d'ignominie
chezcette
nation
c'est unesorte dechane
qu'ils
conservent
jusqu'
ce
qu'ils
s'en soient dlivrs
par
la mort d'un ennemi. Un
grand
nombre de Cattes
adoptent
cet
usage.
Ils blanchissent ainsi avec cescha-
nes
honorables, qui
les
dsignent
et leurs ennemis et
leurs
concitoyens;
c'est eux
qu'il appartient d'enga-
ger
les combats
toujours
ils forment le front de ba-
taille,
dont la vue
frapped'pouvante;
mmedurant la
paix,
leur
physionomie
n'est
pas
moins
effrayante.
Sans
maison,
sans
champs,
sans nul
souci,
nourris
par
le
premier
habitant
auquel
ils se
prsentent, prodigues
du
bien
d'autrui, mprisant
le
leur,
ils vi~*entde cette
manire, jusqu'
ce
que
les
glaces
delavieillesselesren-
dent
incapables
d'un
courage
aussi extraordinaire.
XXXII. Prs des
Cattes,
sur les bords
du Rhin, qui
dj
est fixdans son lit et suffit
pour frontire,
habi-
tent les Tenctres et les
Usipiens
les
Tenctres,
outre
la
gloire que
donne la
valeur,
excellent dans l'art de
combattre cheval. Chez les
Cattes,
l'infanterie n'est
pas plus
renomme
que
ne l'est la cavalerie chez les
Tenctres. Cet
exemple
donn
par
les
anctres,
s'est
conserv chez les descendans c'est l'amusement de
GERMANIA 48
8
num
aemulatio,
perseverant
sns inter
familiam
et
penates,
et
jura successionum,
equi traduntur; excipit
filius, non,
ut
cetera,
maximus
natu,
sed
prout
ferox
bello,
et melior.
XXXIII. J uxtaTencteros Bructeri olimoccurrebant
nunc Chamavos et
Angrivarios immigrasse
narratur,
pnlsis
Bructeris ac
penitus
excisis
vicinarum consensu
nationum;
seu
superbiaeodio,
seu
praedaedulcedine,
seu favore
quodamerga
nos
deorum
namne
specta-
culo
quidem proelii
invidere
super
Lx
millia,
non
armistelisque romanis, sed, quod magnificentius est,
oblectationi
oculisque
ceciderunt.
Maneat,
quaeso,
du-
retque gentibus,
si non amor
nostri,
at certe odium
sui;
quando, urgentibus imperiifatis, nihiijamprae-
stare fortuna
majus potest, quam
hostium discordiam.
XXXIV.
Angrivarios
et Chamavosa
tergo Dulgibini
et Chasuari
cludunt,
alia~quegentes,
haud
perinde
me-
morat. A fronteFrisii
excipiunt majoribus
minori-
busque
Frisiisvocabulumest ex modovirium
utraeque
nationes
usque
ad OceanumRheno
prsetexuntur,
am-
biuntque
immenses
insuper
lacus et romanis classibus
navigatos. Ipsumquin
etiamOceanumillatentavimus
et
superesse
adhuc Herculis columnasfama
vulgavit;
siveadiit
Hercules; seu,
quidquid uhique magnincum
LA GERMA'NIE.
~9
v,.
4
l'enfance,
la
passion
dela
jeunesse,
c'est encorel'exer-
cicedes vieillards. Les chevaux font
partie'
de lasuc-
cession,
commeles esclaveset les maisons ceiui
qui
les obtient n'est
pas,
ainsi
que pour
le
reste,
lefilsle
plus g;
c'estle
plusintrpide
au combatet le
plus
ha-
biledans
l'quitation.
XXXIII. Prs des
Tenctres,
on trouvait
jadis
les
Bructres,
aujourd'hui
lesChamaveset les
Angrivariens
venus, dit-on,
s'tablir sur leur territoire. Les Bruc-
tres furent chassset entirement massacrs
par
une
ligue
des nations
voisines,
soit en haine de leur or-
gueil,
soit
par appt
du
butin,
soit
par
une faveur des
dieux
pour
nous;
car ilsnousfirent
mmejouir
du
spec-
tacldececombat
plus
desoixante mille de cesbar-
bares
succombrent,
non
pas
sous lesarmes et sousles
traits des
Romains,
mais,
ce
qui
est
plus admirable,
devant nos
propres yeux
et
pour
notre seul
plaisir.
Puis-
sent durer
jamais
danslecur deces
nations,
dfaut
d'affection
pour
nous,
ces haines contre elles-mmes
Car notre
empire
s'tant levau fatedeses
destines,
dsormaislafortunene
peut
rien nousoffrir de
plusque
les discordes denosennemis.
XXXIV. Les
Angrivariens
et lesChamaves ont der-
rire eux les
Dulgibins,
les Chasuares et d'autres na-
tionsmoins connues
devant,
sont les
Frisons, que
l'on
distingue
en
grands
et en
petits Frisons, d'aprs
leurs
forces. Cesdeux
peuplades
sont bordes
jusqu'
l'Ocan
par
le Rhin on trouve dans l'Intrieur des lacs im-
menseso lesflottesromaines ont
navigu;
nous avons
mmetent de
pntrer par
l
jusqu'
l'Ocan. La re-
nommeavait
publiqu'il
setrouvait decectdenou-
vellescolonnes
d'Hercule,
soit
qu'Hercule
ait visitces
GERMANIA. 50
est,
in claritatem
ejus
referre consensimus. Nec defuit
audentia Druso
Germanico
sedo~M~
Oceanus,
in se
simul, atque
inHerculem
inquiri.
Mox nemo
tentavit;
sanctiusque
ac reverentius
visum,
deactisDeorumcre-
dere, quam
scire.
XXXV. Hactenus in OccidentemGermaniam novi-
mus in
septemtrionem ingenti
flexi
redit;
ac
primo
statimChaucorum
gens, quamquamiucipiat
a
Frisiis,
ac
partem
litoris
occupet, omnium, quas exposui, geu-
tiumlateribus
obtenditur,
donec in Cattos
usque
sinue-
tur. Tamimmensumterrarum
spatium
non tenent tan-
tum
Chauci,
sed et
implent. Populus
inter Germanos
nobilissimus, quiquemagnitudinem
suammalit
justitia
tueri sine
cupiditate,
sine
impotentia, quieti
secreti-
que,
nulla
provocant
bella,
nullis
raptibus,
aut latro-
ciniis
populantur. Idque prsecipuum
virtutis ac virium
argumentumest,
quod, ut superiores agant,
non
per
injuriasadsequuntur. Prompta
tamenomnibus
arma, ac,
si res
poscat~
exercitus
plurimum
virorum
equorum-
que
et
quiescentibus
eademfama.
XXXVI. In latereChaucorum
Cattorumque
Cherusci
nimiamac marcentemdiu
pacem
inlacessiti nutrierunt
idquejucundius, quamtutius, fuit; quia
inter
impo-
tentes et vatidos falso
quiescas
ubi manu
agitur,
mo-
LA GERMANIE. 5t
4-
bords,
ou
que
nous
soyons
convenus d'accrotresa c-
lbrit des merveilles
qui peuvent apparatre
en tous
lieux.L'audacene
manquapas
Drusus
le Germanique,
mais l'Ocan serefusacesrecherches et sur lui et sur
Hercule.
Depuis, personne
n'a fait de
tentatives,
et il a
paru plus religieux
et
plus respectueux
de croire aux
actions desdieux
que
deles
pntrer.
XXXV.
J usqu'ici
nous connaissons la Germanie
l'Occident elleremonte vers le Nord
par
une
longue
sinuosit;
et
d'abord,
se
prsente
la nation desChau-
ques. Quoiqu'elle
commenceau territoire desFrisons et
occupe
une
partie
de la
cte,
elle se
prolonge
le
long
de toutes les
peupladesque j'ai dcrites,
et s'enfonce
par
unesinuosit
jusque
dans le
pays
desCattes. Cette
nation,
non-seulement
possde,
maiscouvreunesi
pro-
digieuse
tendue! Parmi les
Germains,
ce
peuple
est le
plus
illustre,
et
l'quit
seulefut lesoutien desa
gran-
deur. Sans
cupidit,
sans
ambition,
tranquille
et ren-
fermdansses
frontires,
il ne
provoque
aucune
guerre,
s'interdit toute dvastation et tout
brigandage;
et,
ce
qui prouve
la foiset sa
vertu
et sa
puissance,
c'est
qu'il
nedoitcette
supriorit
aucune
espced'injustice.
Tous
cependant
sont
prts
au
combat,
et si le besoin
l'exige,
unenombreusearmeva
paratre;
ilsont beau-
coup
de
guerriers
et dechevaux et la
paix
n'affaiblit
pas
leur renomme.
XXXVI. Actdes
Chauques
et des
Cattes,
lesCh-
rusques,
sans
ennemis,
sesont
assoupistrop long-temps
au sein d'une
paix
funeste ils
y
ont trouv
plus
de
charme
que
de
sret; car,
au milieudesambitieux et
des
puissans,
le
repos
est
dangereux
lalutte
engage,
les titres demodret de
juste appartiennent
au
plus
GERMANIA. 5?.
destiaac
probitas
nomina
superioris
sunt.
Ita, qui
olim
boni
aequique
Cherusci,
nunc inertes ac stulti vocan-
tur
Cattisvictoribusfortunain
sapientiam
cessit. Tracti
ruina Cberuscorumet
Fosi,
contermina
gens,
adversa-
runi rerumex
sequo
socii,
quum
in secundis minores
fuissent.
XXXVII. EumdemGermaniae
sinum, proximi
Ocea-
no,
Cimbri
tenent,
parva
nunc
civitas,
sed
gloria
in-
gens veterisque
famselata
vestigia
manent; utraque
ripa
castra ac
spatia, quorum ambitu,
nunc
quoque
metiaris molem
manusquegentis,
et tam
magni
exerci-
tus fidem. Sexcentesimumet
quadragesimum
annum
urbs nostra
agebat, quumprimum
Cimbrorum audita
sunt
arma,
CseciuoMetello ac
Papirio
Carbone coss.
Ex
quo
si ad alterum
imperatoris Trajani
consulatum
computemus,
ducenti fermeet decemanni
colliguntur
tamdlu Germaniavincitur Mediotam
longi
aevi
spatio,
multa invicemdamna. Non
Samnis,
non
Pni,
non
Hispani
Galliaeve,
neParthi
quidemssepiusadmonuere
quippe regno
Arsacis acrior est Germanorum libertas.
Quid
enimaliud
nobis, quam
caedem
Crassi,
amissoet
ipsoPacoro,
infra Ventidium
dejectus
Oriens
objecerit?
At Germani
Carbone,
et
Cassio,
et Scauro
Aurelio,
et
Servilio
Caepione,
Cn.
quoque
Manlio
fusis,
vel
captis,
quinque
simul consularesexercitus
populo romano,
Va-
LA GERMANIE. 5:t..i
fort. Ainsi les
Chrusques,
autrefoisestimset
honors,
ne sont
plus appels
maintenant
que
lcheset
stupides
la
fortune,
en donnant aux Cattes la
victoire,
les a fait
passer pour
habileset
prudens.
Les
Foses,
nation limi-
trophe
des
Chrusques,
entrans dans leur
ruine, par-
tagent
tout leur
malheur,
quoiqu'ils
n'aient
joui que
d'une
partie
deleur
prosprit.
XXXVII. Voisins de
l'Ocan,
les Cimbres
occupent
cemmectde laGermanie. Leur tat est
aujourd'hui
resserr,
maissarenomme est immense destraces de
son ancienne
gloire
subsistent au
loin;
ces
camps, qui
occupaient
les deux rives d'un
fleuve,
ces vastes en-
ceintes, qui prouvent
encore
aujourd'hui quel
tait le
nombre
prodigieux
deces
peuples, quelles
taient leurs
forces et leurs nombreuses armes. Rome
comptait
six
cent
quarante
annes
d'existence, lorsque, pour
la
pre-
mire
fois,
les armes des Cimbres retentirent
jusqu'
nous;
CciliusMetelluset
Papirius
Carbontaient con-
suls. De cette
poque
au secondconsulat de
l'empereur
Trajan,
nous trouvons un
espace
de
prs
dedeux cent
dix annes
que
de
temps pour
vaincre la Germanie!1
Et durant un si
longpriode, que
dedsastres
rcipro-
ques
Ni les
Samnites,
ni les
Carthaginois,
ni les Es-
pagnes,
ni les
Gaules,
ni mme les Parthes ne nous
donnrent
plus
souventde
justes
alarmes car la libert
germanique
est
plus
redoutable
que
le trne desArsa-
cides et,
en
effet, except
le massacre de
Crassus,
qu'aurait
donc nous
opposer l'Orient, qui perdit
son
roi
Pacorus,
l'Orient foulaux
pieds
deVentidius? Les
Germains, aprs
avoir mis en fuite ou fait
prisonniers
Carhon, Cassius, Scaurus, Cpion, Manlius,
enlev-
rent aveceuxau
peuple
romain
cinq
armes
consulaires,
GERMANIA.
54
rum,
tresque
cumeo
legiones,
etiamCsesari abstule-
runt nec
impune
C. Marius in
Italia,
D. J ulius in
Gallia, Drusus, ac Nero,
et Germanicus in suis eos
sedibus
perculerunt,
Mox
ingentes
C. Caesarisminaein
ludibriumversa*.Inde
otium,
donecoccasionediscordiae
nostrseet civilium
armorum,
expugnatislegionum
hi-
bernis,
etiamGallias affectavere ac rursus
pulsi
inde,
proximis
temporibus triumphati magisquam
victi sunt.
XXXVIII. Nunc de Suevis dicendum
est, quorum
non
una,
ut Cattorum
Tencterorumve,
gens majorem
enimGermaniae
partem
obtinent,
propriis
adhuc natio-
nibus
nominibusque discreti,
quamquam
in commune
Suevi vocentur.
Insigne gentisobliquarecrinem,
nodo.
quesubstringere.
Sic Suevi aceteris
Germanis,
sic Sue-
vorum
ingenui
a
servis, separantur.
In aliis
gentibus,
seu
cognationealiquaSuevorum
seu
(quod saepe
acci-
dit)
imitatione, rarum,
et
intra juventoespatium; apud
Suevos,
usque
ad
canitiem,
horrentem
capillum
rtro
sequuntur,
ac
saepe
in solovertice
religant. Principes
et
ornatiorem habent eacura
formae,
sed
innoxia; neque
enimut ament
amenturve;
in altitudinem
quamdam
et
terrorem,
adituri
bella, compti,
ut
hostium
oculis,
or-
nantur,
LA GERMANIE. 5!;
et
Auguste
Varus et sestrois
lgions
et ce ne fut
pas impunmentque
Mariusdans
l'Italie,
Csar dans la
Gaule, Drusus,
Tibre et Germanicus sur leur
propre
territoire,
parvinrent
lesabattre et les
comprimer.
Ensuite,
toutesces
grandes
menacesde
guerrepar
Cali-
gula
ne
furent, pour
eux,
qu'un objet
de drision ils
restrent en
repos jusqu'au
moment
o, profitant
de
nos troubles et de nos
guerres
civiles,
et
forant
nos
camps d'hiver,
ils
prtendirent
la
conqute
desGau-
les
ils furent arrts de
nouveau, et,
de nos
temps,
on en afait un
triomphe,
on ne lesa
pas
vaincus.
XXXVIII. Maintenant
je
dois
parler
des Suves ils
ne forment
pas
un seul
peuple
commelesCattes et les
Tenctres,
car ils
occupent
la
plus grande partie
de la
Germanie,
sous des dnominations
diffrentes,
et sont
divissen
peuplades particulires, quoique
conservant
encommunlenomdeSuves.Un
usageparticulier
ce
peuple
est de relever sachevelure et de
l'assujtir par
un
nud;
c'est ainsi
que
lesSuvesse
distinguent
des
Germains, et,
chez les
Suves,
les hommes libres des
esclaves.Si cet
usage
seretrouve chez d'autres
peuples,
il
provient
de
quelque
allianceavec les
Suves, ou,
ce
qui
arrive
souvent,
enest seulementuneimitationassez
rare,
et
qui
n'est
gure permisequ'
des
jeunes gens,
tandis
que
les Suvesconservent
jusqu'
lavieillessela
plus
avanceet ramnent
par-devant
leurs cheveuxh-
risss souvent ilslesfixent ensembleau sommet de la
tte: leurs chefs
y
mettent
plus
d'art et desoins. Telle
est
l'unique
recherche de leur
parure,
recherche inno-
cente,
et
qui
n'a
pour
but ni decharmer ni desduire.
De cette manire ilsse
grandissent
et se donnent un
air terrible
lorsqu'ils
marchent au
combat
ilsnese
pa-
rent
quepour
les
yeux
del'ennemi.
GERMANIA. 56
XXXIX. Vetustissimosse
nobilissimosque
Suevorum
Semnonesmemorant. Fides
antiquitatis religione
firma-
tur. Stato
tempore
in
silvam,
auguriis patrum
et
prisca
formidine
sacram,
omnes
ejusdemsanguinis populi
le-
gationibus coeunt, CtCsoque
publice
homme celebrant
barbari ritus horrenda
primordia.
Est et aiialucoreve-
rentia. Nemo nisi vinculo
ligatus ingreditur,
ut
minor,
et
potestatem
Numinis
prae
sefereus si forte
prolapsus
est,
adtolli et
insurgere
haud licitum
per
humumevol-
vuntur
eoque
omnis
superstitio respicit, tarnquam
inde initia
gentis,
ibi
regnator
omnium
Deus,
cetera
subjecta atque parentia. Adjicit
auctoritatem fortuna
Senmonum,
centum
pagis
habitantium
magnoquc
cor-
pore efficitur,
ut seSuevorum
caput
credant.
XL. Contra
I;angobardos paucitas
nobilitat
pluri-
mis ac valentissimis nationibus
cincti,
non
per
obse-
quium,
sed
pr~tiis
et
periclitando
tuti sunt.
Reudigni
deinde,
et
Avio~es,
et
Angli,
et
Varini,
et
Eudoses~
et
Suardones,
et
Nuithones,
flunilnibus aut silvis mu-
niuntur nec
qmdquam
notabilein
singulis,
nisi
quod
in commune
Her~ham,
id
est,
Terram
matrem,
co-
lunt,
eamque
intervenire rbus
hominum,
invehi
po-
pulis,
arbitrantur. Est in insula Oceani
castumitemus,
LA GERMANIE.
57
XXXIX. Les Semnonesse disent les
plus
ancienset
les
plus
nobles des Suves. La
religion
confirme cette
antiquit.
A une
poque
dtermine,
dans une fort
consacre
par
lecultedeleurs aeux et
par
une
antique
terreur,
serendent
par dputations
toutes les
peuplades
du mme
sang
lesacrificed'une victime
humaine,
im-
mole
publiquement, y
commenceleshorriblescrmo-
niesde leur rite barbare. lls vnrent
par
d'autres
pra-
tiques
encorece bois sacr
personne n'y pntre que
charg
de
liens
emblmedesa faiblesseet dela
puis-
sancedu dieu. Si
par
hasard on vient
tomber,
il n'est
permis
ni dese
relever,
ni mmede se
soulever;
on ne
peut plus que
serouter terre. Toute cette
superstition
a
pour
but defaire sentir
que
ce fut l le berceau de
la
nation, que
l rside le dieu souverain de
tous,
et
que
le restedoit flchir devant lui et se soumettre. La
puissance
des Semnonesdonne une nouvelleautorit
leurs
prtentions;
ils
occupent
cent
cantons,
et cette
massed'tats leur
persuadequ'ils sont
lattedelanation
desSuves.
XL. Les
Lombards,
au
contraire,
ont trouv leur
gloire
dans leur
petit
nombre investis d'une foulede
nations
trs-puissantes,
c'est en cherchant les combats
et les
dangers,
et non
par
la
soumission, qu'ils
assurent
leur
tranquillit. Aprseux
onrencontre les
Reudignes,
puis
les
Aviones,
les
Angles
les
Varins,
les
Eudoses,
lesSuardoneset lesNuithones. Des fleuveset desforts
sparent
ces
peuples, qui
n'offrent rien de
remarquable
que
leur cultecommun deladesse
Hertha
c'est--dire
laTerre-Mre ils
pensent que
cette divinit
prendpart
aux choses
humaines
et
qu'ette
vient mmevisiter les
mortels. Au milieud unelede
l'Ocan,
s'lveun bois
GERMANIA.
58
dtcatumque
in eo
vehicutum,
vestecontectum
adtingere
uni sacerdoti concessum. Is adesse
pntrait
Deamin-
telligit, vectamquebubus
feminismulta cumveneratione
prosequitur
taeti tune
dies,
festa
loca, quaecunque
ad-
ventu
hospitioquedignatur.
NonbeMa
ineunt,
nonarma
sumunt;
clausumomneferrum
pax et quies
tune tan-
tum
nota,
tune tantum
amata,
donec idemsacerdossa-
tiatamconversatione mortalitim Deam
templo
reddat
mox vehicutum et
vestes, et,
si credere
velis,
Numen
ipsum
secreto lacu abluitur servi
ministrant, quos
statim idem lacus haurit arcanus hinc
terror,
sanc-
taque ignorantia, quid
sit
iiud, quod
tantum
perituri
vident.
XLI. Et haec
quidem pars
Suevorum in secretiora
Germaniae
porrigitur. Propior (ut, quo
modo
paullo
ante
Rhenum,
sic nunc Danubium
sequar)
Hermun-
dut'prumcivitas,Hda Romanis, eoque
solis Germano-
rum non in
ripa
commercium,
sed
penitus, atque
in
splendidissima
Rhaetiae
provincise
colonia
passim
et
sinecustode
transeunt; et, quum
ceteris
gentibus
arma
modo
castraque
nostra
ostendamus,
hisdomos
villasque
patefecimus,
non
concupiscentibus.
In Hermunduris
Albis
oritur,
flumen
inclytum
et notum
olim
nunc tan-
tumauditur.
LA GERMANIE.
59
sacr un char couvert d'unvoile
yest
ddila
desse;
le
pontife
seul a ledroit
d'y
toucher. Il sait
quand
la
desseest
prsente
au
sanctuaire
elleen sort trane
par
des
gnisses;
le
pontife
lasuit dans un
profond
re-
cueillement. Partout alorscesont des
jours
de
rjouis-
sances
lesftes
rgnent
aux lieux
que
ladivinithonore
desa
prsence
et de son
sjour.
On
n'entreprend point
de
guerres,
on
quitte
les
armes,
tout fer est
cach;
alors
seulementon
connat,
alorsseulementonchrit la
paix
et le
repos, jusqu'au
moment ole
pontife
ramnedans
le
temple
la
desse,
fatigue
de sarsidence chez les
mortels. Ensuite lechar etle
voile, et,
si vousvoulezle
croire,
la desse
elle-mme,
sont
baigns
dans un lac
cart. Desesclavessont
employs
cet
office,
et aussi-
tt
aprs
le mmelac les
engloutit.
De lcette terreur
secrte et cette
ignorance religieuse
sur des
mystres
qu'on
ne
peut pntrer qu'en y
trouvant lamort.
XLI. Cette
partie
de la Suvies'tendaux contres
les
plus
reculesdelaGermanie.
Maintenant,
ainsi
que
prcdemmentj'ai
suivi lecoursdu
Rhin, je
vaissuivre
celui du Danube. Prs denotre
frontire,
on rencontre
les
Hermondures,
fidlesallisdes
Romains; aussi,
non-
seulement,
commelesautres
Germains,
ilscommercent
avec nous sur la
rive,
mais ils
peuvent librement,
et
sans
gardes, pntrer
dans
l'intrieur,
jusqu'
lacolo-
nie la
plus
florissantede la Rhtie. Nous ne montrons
aux autres nations
que
nos armes et nos
camps;
mais
nous ouvrons ces
peuples
nosmaisons deville et de
campagne,
et ils
n'y portent
aucune envie. Chez les
Hermondures,
prend
sasource
l'Elbe,
fleuveclbreet
jadis
connu de nos soldats
aujourd'hui
on en entend
seulement
parler.
GERMANIA. 6o
XLIL J uxta Hermunduros
Narisci,
ac deinde Mar-
comanni,
et
Quadi agunt. Prsecipna
Marcomannorum
gloria viresque, atque ipsa
etiam
sedes, pulsis
olim
Boiis,
virtuti
parta.
Nec Narisci
Quadive degenerant;
eaque
Germanisevelut frons
est, quatenus
Danubio
pro-
tegitur.
Marcomannis
Quadisqueusque
ad nostramme-
mot'iam
reges
manserunt ex
genteipsorum
nobileMa-
robodui et Tudri
genus jam
et externos
patiuntur.
Sed
vis et
potentia regibus
ex auctoritate romana raro
armis
nostris,
saepiuspecunia juvantur.
XLIII. Nec minus valent retro
Marsigni, Gothini,
Osi, Burii terga
Marcomannorum
Quadorumque
c!au-
dunt e
quibus Marsigni,
et Burii sermone
cultuque
Suevosreferunt. Gothinos
Gallica,
OsosPannonica lin-
gua, coarguit
non esse
Germanos,
et
quod
tributa
pa-
tiuntur
partem
tributorum
Sarmatae,
partem Quadi,
ut alienigenis, imponunt.
Gothini,
quomagispudeat
et ferrumeffodiunt
omnesque
hi
populi paucacampes-
trium,
ceterumsaltus et vertices montium
jugumque,
insederunt. Dirimit enim
scinditque Sueviam
continuum
montium
~ugum, ultra quodpturimgentesagunt
ex
quibus
latissime
patet Lygiorum
nomenin
plures
civi-
tatesdiffusum. Va!cntissimasnominasse
sufficiet, Arios,
Heiveconas, Manimos, Eiysios,
Nahat'vatos.
Apud
Na-
LA GERMANIE. 6tc
XLII. Prs des Hermondu)es sont les
Narisques
viennent ensuite les
Marcomans, puis
les
Quades.
Les
Marcomanssont les
plus
renommset les
pluspuissans,
et le territoire mme
qu'ils occupent,
ils l'ont
conquis
par
leur
courage
Usen chassrentlesBoens. Les Na-
risques
etles
Quades
neleur
cdent~gure
c'estlcomme
lefront dela
Germanie,
du cto elleest borde
par
le Danube. Les Marcomans et les
Quades
furent
gou-
verns
par
desrois tirs
jusqu'
nos
jours
de leur
pro-
pre nation,
et issus dela noblerace deMaroboduuset
de
Tuder;
mais
dj
ils en souffrent
d'trangers,
et
mmela
force,
la
puissance
decesrois
dpend
del'au-
torit romaine. Rarement nous lesaidons denos
armes,
plus
souvent de notre or.
XLIIL Derrire eux se trouvent des
peuplades
non
moins
considrables,
les
Marsignes,
les
Gothins,
les
Oses,
les Buriens ils sont adosss aux Marcomanset
aux
Quades.
Parmi ces
peuples,
les
Marsignes
etlesBu-
riens, par
leur
langage
et leur
coiffure,
rappellent
les
Suves. LesGothins
parlent
le
gaulois,
lesOsesle
pan-
nonien
ils
payent
des
tributs, preuves qu'ils
nesont
pas
Germains.Une
partie
decestributs leur est
impose
par
les
Sarmates,
une
partie par
les
Quades,
qui
les
regardent
commedes
trangers.
Les
Gothins,
pour
sur-
crot de
honte,
sont mme
assujtis
aux travaux des
mines. Tous ces
peuples
habitent
peu
les
plaines,
ils se
sont en
gnral
fixsdans les
bois,
au sommet et sur
le
penchant
des
montagnes.
La Suvie est en effet di-
viseet
coupepar
une chanecontinuede
montagnes,
au del
desquelles
habitent
plusieurs
nations celle
qui
s'tendle
plus
au loin est celledes
Lygiens, qui,
sous
le mme
nom
comprend beaucoup
de
peuplades
il
GERMANIA. 6z
harvalos
antiquaereligionis
lucus ostenditur. Praesidet
sacerdos muliebri ornatu sed
Deos,
Interpretatione
romana, Castorem
Pollucemque memorant;
ea vis nu-
miiu,
nomen Alcis. Nulla
simulacra,
nuUum
peregrinas
superstitionis vestigium;
ut fratres
tamen,
ut
juvenes,
venerantur. CeterumArii
super vires, quibus
enume-
ratos
paullo
ante
populos
anteceduut truces,
insitaefe
ritati arte ac
tempore
lenocinantur
nigra scuta,
tincta
corpora;
atras ad
prlia
noctes
legunt ipsaque
formi-
dine
atque
umbra feralis
exerciLus,
terrorem
inferunt
nullohostiumsustinente novumac velut infernum ad-
spectum
nam
primi
inomnibus
prHIs
oculi vincuntur.
Trans
Lygios
Gothones
regnantur, paullojam
adduc-
tius,
quam
ceterasGermanorum
gentes;
nondumtamen
supra
libertatem. Protinus deindeab Oceano
Rugii,
et
Lemovii
omniumque
harum
gentiuminsigne,
rotunda
scuta,
breves
gladii,
et
ergaregesobsequium.
XLIV. Suionumlune
civitates,
ipso
in
Oceano, prae-
ter viros
armaque
classibusvalent forma Mavinmeo
differt, quod utrimque prora paratam semperappuisui
frontem
agit
necvelis
ministrant,
nec remos in ordi-
nemlateribus
adjungunt;
solutun~
ut in
quibusdam
ftu-
LA GERMANIE. 6'1
suffiradenommer les
plus
considrables,
les
Arles,
les
Hetvcones,
les
Manimes,
les
lysiens
et lesNaharvales.
Chezles Naharvales
onmontreunboisconsacr
par
leur
culte
depuis
unehaute
antiquit
le
prtreauquel
la
garde
en est confieest enhabit de femme.Les Romains ont
cru voir dans lesdivinits deceboisCastor et
Pollux;
mmes
attributs;
leur nomest Alcis.Nul
simulacre,
nul
vestige
d'une
religiontrangre; cependant
cesdivinits
sont adores comme deux
frres,
comme deux adoles-
cens. Les
Aries, suprieurs
enforces tous les
peuples
queje
viens de
nommer,
ont de
plus
un
aspect
farou-
che
ils
ajoutent
encore leur frocit naturelle
par
l'art et lechoix desmomens ils
teignent
en noir leurs
boucliers et tout leur
corps
ils attendent
pour
com-
battre les nuits les
plus
obscures
l'aspect
affreux de
cette sombre et
lugubre
arme
imprime
la
terreur;
il
n'est
point
d'ennemi
qui
rsiste ce
spectacle
nouveau
et
pour
ainsi dire
infernal
car danslescombatsles
yeux
sont
toujours
les
premiers
vaincus. Au del des
Lygiens
sont les
Gothones,
chez
qui
les rois ont un
pouvoir
plus
absolu
que
dans lerestede la
Germanie,
non ce-
pendant
encore au dtriment de toute libert. Imm-
diatement
aprs,
le
long
de
l'Ocan,
sontles
Rugiens
et lesLmoves. Toutes ces nations ont
pour
caractres
distinctifsleurs boucliers
ronds,
leurs
pes
courtes et
leur soumissionentire des rois.
XLIV. Plus
loin,
au sein mmede
l'Ocan,
sont les
cits des
Suiones,
puissantes par
leurs
flottes,
outre
leurs armes et leurs
guerriers.
Leurs navires diffrent
des ntres en ce
que,
au
moyen
des deux
extrmits
termines en
proues,
ils sont
toujours prts
aborder.
Ils nese
dirigent pas
au
moyen
de
voiles,
et lesrames
GERMANIA.
64
minum,
et
mutabile,
ut res
poscit,
tune vel iUincre-
migium.
Est
apnd
illos et
opibus
honos
coque
unus
imperitat,
nullis
jam exceptionibus,
non
precario jure
paretidi
nec
arma,
ut
apud
ceteros
Germanos,
in
pro-
miscuo,
sedclausasub
custode,
et
quidem
servo,
quia
subitoshostiumincursus
prohibet
Oceanus;
otiosse
porro
armatorum manusfacile
lasciviunt;
enimvero
nequeno-
biiem, neque ingenuum, uftibertinumquidem,
armis
praeponere, regia
utilitas est.
XLV. Trans Suionas aliud
mare,
pigrum
ac
prope
immotum, quo ciugi claudique
terrarum orbemhinc
fides,
quod
extremus cadentis
jam
solis
futgor
in ortus
eduratadeo
clarus,
ut sidera
hebetet;
sonurn
insuper
immergentis
audiri,
formasqueequorum,
et radios ca-
pitisadspici, persuasioadjicit.
Illuc
usque (etfama
vera)
tantumnatura.
Ergo jam
dextro Suevici maris litore
~Estyornmgentes
adluuntur
quibus
ritus
habitusque
Suevotum tingua
Britannicae
propior.
Matremdeum
venerantur
insignesuperstitionis,
formas
aprorumges-
tant id
pro
armis
omnique
tutela securumDeaecul-
toremetiaminter hostes
praestat.
Rarus
ferri, frequens
fustiumusus. Frumenta
ceterosque
fructus
patientius,
LA GERMANE. 65
VI. 5
ne
sont. pas
fixs
par rangs
dans les flancs du
navire;
mais ils sont
mobiles,
ainsi
qu'il
est
d'usage
sur
quel.
ques-uns
de nos
fleuves,
et l'on
peut,
selon
l'occasion,
les
placer
et les
dplacer.
Chez eux lesrichessessont en
honneur;
aussi sont-ils soumis au
gouvernement
d'un
seul
matre,
dont le
pouvoir
sans
limites,
commande
une
obligation
absolue.Les armes
n'y
sont
pas,
comme
chez les autres
Germains,
confiesaux mains de
tous,
mais elles restent enfermes sous la
garde
d'un seul
homme,
et cet hommeest un
esclave;
car l'Ocan met
ce
peuple
l'abri de toute invasion subite d'ailleurs
on neconfie
point
sans
danger
des armes des mains
oisives;
il serait de
plus
contraire aux intrts d'un des-
pote
d'en donner la
garde
un
noble,
un homme
libre,
on mmeun affranchi.
XLV. Audeldes
Suiones,
il estuneautre
mer,
dor-
manteet
presque
immobile on
croit qu'elle
entoure et
qu'elle
ferme
lecercledela
terre, parceque
ladernire
clart dusoleil soncouchant se
conserve,
jusqu'
son
lever,
assez vive
pour
effacer l'clat des toiles. La
crdulit
ajouteque
l'on entend lebruit del'immersion
du dieu,
que
l'on
distingue
laformede ses chevaux et
les
rayons qui
couronnent sa
tte;
mais ce
qui
est
plus
vrai,
c'est
que
l finit le monde. En revenant vers la
cte orientale de la mer
Suvique,
on trouve le
pays
des
jEstyens, baign par
sesflots leurs
usages
et leurs
habillemens
sont ceux des
Suves,
leur
langageplutt
celui desBretons. Ils adorent lamredes dieux
pour
marque
de ce
culte,
ils
portent
des
ngures
de san-
gliers
les adorateurs de la desse n'ont
pas
d'autres
armes;
ellessufusent leur dfenseet leur
sret,
au
GERMATftA. 66
quampro
solitaGermanorum
inertia,
laborant. Sedet
mare
scrutantur,
ac soli omnium
succinum, quod ipsi
g'/e~~TMvocant,
inter vada
atque
ni
ipso
litore
legunt
nec,
quae
natura,
quaeve
ratio
gignat,
ut
barbaris, quae-
situm
compertumve
diu
quin
etiaminter cetera
eje<~
tamenta maris
jacebat,
donec luxuria nostra dedit
uomen
ipsis
in nullo usu rude
legitur,
informe
per-
fertur,
pretiumque
mirantes
accipiunt.
Succumtamen
arborum esse
iutelligas, quia
terrena
qusedamatque
etiamvolucriaanimalia
plerumque
interlucent,
quae
im-
plicata
humore, mox,
durescente
materia,
ctuduntur.
Fecundiora
igitur
nemra
lucosque,
sicut Orientis se-
cretis,
ubi thura
balsamaque
sudantur,
ita Occidentis
insulis
terrisqueinesse, crediderim; quae
vicini solisra-
diis
expressa, atqueliquentia
in
proximum
marelabun-
tur,
ac vi
tempestatum
in adversa litora exundant. Si
naturam succini admoto
igne
tentes,
in modumted
accenditur,
alitque
flammam
pinguem
et olentem mox
ut in
picem
resinamve lentescit. Suionibus Sitonum
gentes
continuantur;
cetera
similes, unodifferunt,
quod
feminadominatur in tantum non modo a
libertate,
sedetiama servitute
dgnrant
HieSueviaefinis.
LA GERMANIE.
6?
5.
milieu mmedesennemis rarement ilssont armsd~
fer,
maisle
plus
souvent debtons. Ils cultivent lebl
et lesautres
productions
delaterre avec
plus
desoins
qu'on
n'en attendrait de la
paresse
habituelle des Ger-
mains. Ilsfouillent mme la
mer, et,
seulsde tous ces
peuples,
ils
recueillent,
au milieudes
bas-fonds,
et sur
le
rivage,
le
succin,
qu'ils
nomment
gless.
Sa
nature,
la
manire dont il se
produit,
n'ont
t,
chez des bar-
bares, l'objet
d'aucune
recherche,
d'aucune
dcouverte
long-temps
mme il resta confondu au milieu detout
ce
que rejette
la
mer,
jusqu'
ce
que
notre luxe lui
et donn une
rputation.
Il n'est d'aucun
usage pour
eux;
ils le recueillent
brut,
nous
l'apportent
sans le
prparer,
et s'tonnent du
prix qu'ils
en
reoivent.
On
doit croire
cependant qu'il
est lesucde
quelques
arbres,
parcequ'onaperoit,
au
travers,
desinsectes
terrestres,
et
quelquefois
mme des insectes ails embarrasses
d'abord dans cette matire
lorsqu'elle
est
fluide,
ils
y
restent enferms
lorsqu'elle
estdurcie. J e
penserais
donc
que, pareilles
ces
rgions
secrtes de
l'Orient,
dent
les
plantes
distillent l'encenset les
parfums,
les les et
les contres de l'Occident
produisent
des forts et des
arbres d'une
trop
vive
fcondit,
qui,
s'chauffant aux
rayons
voisins du
soleil,
laissent couler dans la mer
qu'ils
bordent ces
espces
de
sucs,
pousss
ensuite
par
les vents vers les rives
opposes.
Si,
pour
reconnatre
la nature du
succin,
vous
l'approchez
du feu. il s'al-
lumecommeun
flambeau,
et
produit
une flammehui-
leuse
odorifrante;
puis
il s'amollit commede la
poix
ou delarsine.
Aprs
lesSuiones viennent immdiate-
ment les
Sitones, qui
leur ressemblent en
tout,
except
qu'ils
ont unefemme
pour souveraine,
tant ils ont d-
GERMANIA. 68
XLVI.
Peucitiorum, Venedorumque,
et Fennor um
nationes Germanis an Sarmatis
adscribam,
dubito
quamquam Peucini, quos quidam
Bastarnas
vocant,
sermone, cultu, sede,
ac
domieitiis,
ut Germani
agunt
sordesomniumac
torpor procerum
connubiis
mixtis,
nonnihil in Sarmatarum habitum fdantur. Venedi
multum ex moribus traxeruht nam
quicquid
inter
Peucinos
Fennosque
silvarumac montium
erigitur,
la-
trociniis
pererrant
hi tamen inter Germanos
potius
refertintur, quia
et domos
fingunt,
et scuta
gestant,
et
pedum
usu ac
pernicitate gaudent quae
omniadiversa
Sarmatis
sunt,
in
plaustro equoque
viventibus. Fennis
mira
fermas,
fda
paupertas
non
arma,
non
equi,
non
Penates;
victui
herba,
vestitui
pelles,
cubile humus:
solain
sagittis spes, quas, inopia ferri,
ossibus
aspe-
rant
idemque
venatus viros
pariter
ac feminas
alit;
passim
enim
comitantur, partemque praedaepetunt.
Nec
aliud infantibus ferarum
imbriumque suiffugium, quam
ut in
aliquo
ramorumnexu
contegantur;
hue redeunt
juvenes,
hoc senum
receptaculum.
Sedbeatiusarbitran-
tur,
quamingemere agris,
inlaborare
domibus,
suas
aienasque
fortunas
spemetuque
versare. Securi adver-
sus
deos,
rem difficillimam
adsecutisunt,
ut illis ne
LA GERMANIE.
69
grad,
non-seulementla
libert,
mais laservitudeelle-
mme L se termine laSuvie.
XLVI.
Quant
aux
Peucins,Vendes, Finnois,
les
rangerai-je parmi
les Germains ou les Sarmates?
je
ne
sais. Les
Peucins,
quequelques
auteurs nomment toute-
fois
Bastarnes,
par
leur
langage,
leur habillement et
leurs habitations
fixes,
se
rapprochent beaucoup
des
Germains;
ils
croupissent
tous dans la
salet,
les chefs
dans la
fainantise,
et leurs
mariages
avecles Sarmates
leur ont donn deladifbrmitdeces
peuples.
Les Ve-
ndesont
adoptbeaucoup
deleurs
murs
tout le
pays
de
bois et de
montagnesqui
est entre lesPeucinsetles
Finnoisest en
proie
leurs
brigandages.
Ces
peuples
ce-
pendant
doivent
plutt
tre
rangs parmi
les
Germains,
parce qu'ils
construisent des
maisons, portent
desbou-
cliers,
aiment marcher etsefont honneur deleur
agi-
lit,
choses
trangres
aux
Sarmates,
toujours
cheval
ou dans leurs chariots. L'tat
sauvage
des Finnois est
extraordinaire,
leur
pauvret
hideuse
point
d'armes,
point
de
chevaux, point
de
maisons; pour nourriture,
l'herbe;
pour
habillement,
des
peaux
de
btes pour
lit,
la terre leur seule ressource est dans des flches
auxquelles,
faute de
fer,
ils
ajustent
des os
pointus.
La
mmechassenourrit
galement
et lemari et la
femme;
elle
l'accompagne
dans ses
courses,
et
exige
sa
part
de
dpouilles
leurs enfans n'ont
pour refuge,
contre les
pluies
et lesbtes
froces, que
l'entrelacement de
quel-
ques
branches d'arbres
qui
les
cachent;
c'est l'asile
qui
reoit
les
jeunesgens
leur
retour,
c'est laretraite des
vieillards;
ils
s'y
croient
plus
heureux
que
dese
fatiguer
cultiver des
champs,
construire
des
maisons,
tour-
menter leur fortune et celled'autrui
par l'espoir
et
par
GERMAMA.
70
voto
quidemopus
esset. Cetera
jam
fabutosa
Hellu-
sios et Oxionasora
hominum
vultusque, corpora atque
artus
ferarum,
gerere.

Quod
ego,
ut
incompertum,
in
medium.
relinquam.
LA GERMANIE.
T
1
la crainte. Assurs contre les
hommes,
assurs mme
contreles
dieux,
ilsont atteint ce
degr,
le
plus
rare de
laflicit
humaine,
celui den'avoir
pas
mmebesoinde
former un vu. Ce
qu'on ajoute
de
plus
est fabuleux
on va
jusqu'
dire
que.
les Helluseset lesOxionesont
latteet lafacede
l'homme,
le
corps
et lesmembresde
la bte.

J ene
prononcerai pas
sur ces
faits,
qui
n'ont
aucuncaractre decertitude.
NOTES
SUR LA GERMANIE.
CnAp.I. La Germanie
comprenait
non-seulement
l'Allemagne,
mais le
Danemarck,
la Sude et la
Norvge.
Au nord du Da-
nube,
la Germanie tait connue
jusqu'
la
Vistule,
et
jusqu'aux
bords delamer
Baltique, qu'on prenait pour
une
partie de l'Ocan.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
l, pag. 220. )
Dela Rhtie. Le
pays
des
Grisons,
avec une
partie
de laSouabe
et dela Bavire.
La Pannonie. La basse Autriche et la
partie
de la
Hongrie

l'ouest du. Danube.
Des Sarmates et des Daces. Les Sarmates sont les habitans de
laRussie
d'Europe
et de la
Pologne;
les
Daces,
ceux de laTran-
sylvanie,
de laMoldavie et de la Valachie.
Des <7cj-immenses. La Sude et la
Norvge, que
les anciens
prenaient pour
une
le,
et les les du
Danemarck, qui
taient nou-
vellement dcouvertes. Ces
pays
furent reconnus sous le
rgne
de
Domitien.
Le Rhin a sessources aumont
Adule;
il traverse te lac de Con-
stance
sa
premire
direction est du midi au
nord;
mais en sor-
tant du
lac,
il se
porte
du levant au couchant
jusqu' Ble;
de l
il
reprend
son cours du midi au
septentrion.
Du mont Abnoba. Les
gens
du
pays
le nomment encore Abe-
nove
il est situ dans le
Wrtemberg;
ses
pieds
sont les sources
du Danube et du Necker. Tacite en fait avec raison sortir la
source du Danube.
(PINKERTON,
tom.
111, pag. 477- )
Sur un au-
tel de
pierre,
dcouvert en
1778
dans la Fort-Noire au mont
Abnoba,
on lit une
inscription qui porte
~&/M6o?,
en
!78~
on a
encore trouv sur lamme
montagne
un
fragment
de colonne ou
de
statue, qui porte
.DKM<r~&o6.
(Voyez
Hist. de&<!
~o/2Vo~e,
tom.
i, pag. 7.)
NOTES.
73
Par six embouchures.
Aujourd'hui
les divisions des embouchures
de cefleuve ne sont
plus
les mmes.
Une
septime.
Elle senommait
Thiagola
ou
Psilon,
c'est--dire
petite, faible.
II. toute
navigation. Voyez
aux
~M/M,
liv. it et
111,
les
dsastres de la flotte de Germanicus sur les ctes del'ocan Ger-
manique.
Qui
leur servent d'&o/~e d'annales. C'est l'imitation deces
chants
hroques que,
ds la
premire
race de leurs
rois,
les Fran-
ais
avaient des chansons
militaires,
appeles
chansons de
gestes,
qui
taient crites et rimes en latin on
y
clbrait les hauts-faits
des
guerriers
les soldats les chantaient en
chur,
lorsqu'ils
mar-
chaient au combat.
Charlemagne
avait fait recueillir avec soin la
plus grande partie
de ces anciennes
posies
elles ne sont
pas
ve-
nues
jusqu'
nous. C'est une
perte que
nous devons sentir vive-
ment, puisque,
si l'on en croit
Eginhard,
elles
contenaient,
comme
celles des
Germains,
l'histoire du
peuple qui
les chantait.
?*MM<o/
d'o est venu le nom des Teutons. On ne
peut gure
douter
que
ce nom n'ait t commun toutes les nations
germa-
niques, qui prtendaient
descendre d'un dieu
Teuto,
et
qui
en-
core,
dans leur
langue
si
peu change, s'appellent Teutsche,
nom
qui
n'est
que l'adjectif
du substantif
Teut,
dont le
pluriel
ancien
est 7'ef/o/ cenomest
identique
avec celui de Theostici du
moyen
ge. ( Gogr.
de Malte-Brun, tom. i,
pag. a38.)
Mann en allemand
signifie
homme.
Les-
7.t<efo/!M,
nomms
depuis
les
Francs,
furent les
Bructres,
les
Chamaves, les Sieambres,
les
Marses, les Chrusques,
les
Cattes,
et
plusieurs
autres
peuples
demoindre
importance, qui occupaient
l'espace depuis
le mont
Hactz,
vers le
Rhin
et
depuis
lemilieu
de l'ancien cercle de
Westphalie, jusqu'aux
bords de la
Saale,
en
Franconie. Ces nations formaient vraisemblablement la race
par-
ticulire nomme
~tF~onc~, que
l'on voit souvent en
guerre
avec
les nations
plus septentrionales composant
larace des
7/?g'<ef0/!6y.
(Gogr.
de
~Ma&e-~H/z,
tom.
i, pag. 2~7.)
Germains,
deCe~-m~~M
Ger, combat,
d'o nous avons fait le
mot
guerre; Mann,
homme. La dnomination de
g~M-f/~rMc.t
remonte en France aux
premiers temps
de la monarchie. Le mot
LA GERMANIE. 74
Germains se trouve dans les Fastes
Capitolins,
vers l'an 531 de la
fondation de Rome.

III. Hercule. Comme les
promontoires
nomms eo/o/MMd'Her-
cule
marquaient
l'entre de l'ocan
Occidental,
cette dnomination
donna ensuite occasion de
transporter
les colonnes d'Hercule
jus-
qu'au
fond du Nord. C'est l
que
Drusus se
proposa
de les cher-
cher
c'est l
que
deux crivains du
cinquime
ou du sixime sicle
connaissaient un dtroit des colonnes
qu'ils distinguent
de celui
deGades.
(Gogr.
de
Ah~c-~n~
toin.
i, pag. M~. )
Les an-
ciens Germains avaient
aussi,
au
rapport
de
Tacite,
un Mars et
un Hercule. Il est vraisemblable
que
le
premier
fut
Odin;
le se-
cond tait
Thor,
clbre
par
sa force dans l'Edda.
C'est
lepremier
de tous leurs hros
qu'ils
clbrent. C'est ainsi
que long-temps
les soldats
franais,
en marchant au
combat,
en-
tonnrent la chanson de
Roland,
de l'Hercule moderne. Elle tait
encore en
usage
dans nos armes sous la troisime race.
Ces chants mmes.
Voyez
laonzime Dissertation de
Ducange,
la suite de
J oinville,
sous letitre de Cri
d'armes,
et ladouzime
intitule,
De
l'usage
du cri des armes.
Voyez
encore le
chap.
xv
du Cri de
guerre,
dans le livre de La
Colombire,
De la science
hroque.
C'est sans doute
par
une suite de cet
usage que
les em-
pereurs,
certaines
ftes,
ont chant
l'vangile,
tenant la main
leur
pe
nue.
Des ~M<~)MH/~
entrecoups.
Ammien nous
apprend ( xvi, 13)que,
pleins
d'ardeur
pour
les
combats,
ces
guerriers poussaient
de
temps
en
temps
un
grand cri, qui
s'accroissait
peu

peu,
la manire
des flots briss contre les rochers.
En se
rpercutant.
Saint
Germain, vque
d'Auxerre,
tant
pass
du
temps
de Childric en
Bretagne,
se mit la tte des
Anglais
.contre les Pictes et les Saxons
( on
sait
qu'une
colonie
germaine
passa
en
Angleterre
au sixime
sicle).
Il choisit
pour
son
camp
un vallon environn de hautes
montagnes propres

rflchir
et
)muA:)')/M/'
le
son,
et commanda aux
Anglais
de crier tous ensemble
et de toutes leurs
forces,
au commencement de la
bataille,
alle-
luia. Tous leurs ennemis
prirent
la fuite.
( Mm.
~e~ca< des
Belles-Lettres,
tom.
n, pag. 6~8.)
Ulysse.
Au lieu de croire le savant
Eratosthene, qui regar-
~OTES.
75
dait l'Ocan d'Homre comme une mer
imaginaire,
on s'est ob-
stin
expliquer gographiquement
la route tenue
par Ulysse,
route aussi
peu
relle
que
les enchantemens de Circ ou les sorti-
lges
de Tirsias. Strabon cherche ladescente aux enfers dans les
environs du
Vsuve,
et dcouvre une ville
Odyssea
en
Espagne;
Solin donne au nom delaville
Olysipo
uneallusion force au nom
du roi
d'Ithaque;
il connat en Chalcdoine un autel avec des in-
scriptions graves par
ce
hros,
et
peu
de distance il nous re-
trouve mme
Ogygia,
ou l'ite enchante de
Calypso.
Le
pote
Claudien connat
parfaitement
une caverne des morts dans les
Gantes
et Tacite lui-mme ne
ddaigne pas
de
rapporter l'opi-
nion de ceux
qui
faisaient
voyager Ulysse jusqu'au
milieu de la
Germanie
pour y
fonder la ville
d'~c:'&~!<y7:.
Les rudits mo-
dernes ont
profit
du mauvais
exemple
donn
par
les anciens on
les avus retrouver l'le de Circ
Z!'r:~zcc,
dans la
Hollande,
et
le
peuple
des
Songes
dans la
Grande-Bretagne
enfin,
il s'est
trouv un. Danois
qui, aprs
avoir dmontr l'identit
d'Ulysse
et
d'Odin,
a heureusement conduit ce hros
jusqu'au
Malstrom,
en
Norvge, qui,
sans doute mieux
que
le dtroit de
Sicile,
repr-
sente la fabuleuse
Charybdis
d'Homre.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
j,
pag.
a'?
et
aa8.)
~ct7'M7'gmy/
On croit
que
c'est le
village d'Asburg,
sur la rive
gauche
du
Rhin, prs
de
Mrs,
dans leduch de Clves.
Inscriptions grecques.
On a
prtendu que
ces tombeaux
por-
taient des caractres
runiques;
mais Tacite dit lui-mme
( ch.
11et
xix de cet
ouvrage) que
les Germains ne connaissaient
pas
l'cri-
ture. Le
plus
ancien crivain
qui
ait
parl
des caractres
runiques
est Venantius Fortunatus
(Ca/K.
vu,
18)
il
vivait
vers la findu
sixime sicle
Barbarafraxineis
pingatur
runalahellis.
IV.
Les yeux
sont
tous fiers
et bleus. La
plupart
des habitanss
du nord de
l'Allemagne
ont les cheveux blonds et les
yeux
bleus.
Quant
la
figure
de ces
barbares,
l'histoire leur donne des che-
veux
blonds,
des
yenx bleus,
un
regard farouche,
une voix ef-
fra'ante,
une stature
prodigieuse, qu'ils augmentaient
encore en
mettant sur leur
casque
des
aigrettes
de
plumes,
des ailes d'oi-
seaux
singuliers,
destetesoudd'autres
dpouilles
d'animaux
sauvages.
76
LA GERMANIE.
V. Hriss
~oMf~.f.
Il subsiste encore des restes considrables
des anciennes forts
qui
traversaient la Germanie. On trouve des
bois immenses au sud du
MeeMenbourg;
ils secontinuent l'est
dans diffrentes
parties
des domaines
prussiens.
Plus humide vers /M Gaules. La Hollande et la Frise sont cou-
vertes de lacs.
Et la
gloire
de
.f<M~o/ Hippocrate,
au livre des ~f et des
Eaux,
dit
que
ces bufs taient
privs
de cornes
par
l'effet du
froid.
vases
forms <a/g7e.
L'on a banni des
temples
les vases
de Numa et les ustensiles d'airain du
temple
de
Saturne;
on a
remplac
les urnes des
vestales,
et les vaisseaux
d'argile
des Tos-
cans.
(PEESE.Sat.II.)
Lespices
denteles ou
empreintes
d'un char. On voit la Bi-
bliothque Royale
un
trs-grand
nombre de ces monnaies dente-
les, La dentelure
parat
faite avec la
lime,
et
probablement pour
s'assurer
que
la monnaie tait entirement
d'argent,
et c'est
par
cette raison
que
les Germains les
prfraient.
Il
s'y
trouve aussi
beaucoup
de monnaies
empreintes
de chars. Ces chars sont attels
tantt de
deux,
tantt de
quatre chevaux;
celles dont
parle
ici
Tacite taient
empreintes
d'un char attel de deux chevaux seu-
lement.
VI. Des lances
ou frames.
Sous la
premire
race des rois de
France,
tous lessoldats taient arms d'une lance et d'un bouclier.
Mais fort
ace~ Il
parait
mme, par
des frames et des lances
trouves dans des
spulcres antiques, qu'elles
avaient eu la
pointe,
non du
fer,
mais un caillou tranchant et
aiguis. (~~)r/<
/7~. </e~
Germains,,
p. 41. )
Nulle recherche de
leur parure.
Ceci s'adressait aux
jeunes
Ro-
mains, qui
affectaient les recherches les
plus
effmines dans
leurs habillemens.
7&
/?e~7MMf
seulement leurs &o~c&e/ C'est l sans doute l'ori-
gine
des
pals,
des
fasces, desbandes, des
chiquiers,
des
losanges
et des autres
partitions
du blason. Ces boucliers taient
quelque-
fois
blancs, quelquefois
orns de
peintures,
tels
que
celui
que
Marius
apporta

Rome,
et sur
lequel
tait
reprsent
un
coq.
NOTES.
77
~4
peine
s'en tmuve-t-il un ou
~CMr~'Or~Mf
~M
C<UM. L'usage
des cuirasses et des
casques,
ainsi
que
celui del'arc et des
flches,
presque
inconnu sous la
premire
race,
devint une loi militaire
sous la
deuxime.
Centenier.r.
Aprs
la
conqute,
ces centeniers devinrent chefs de
bourgade
et de
village.
La
plupart
des ordonnances des rois de la
premire
et de la deuxime race sont adresses des centeniers.
~&<:7!~o/Mc/' .KMbouclier. Ces
peuples guerriers
taient extrme-
ment sensibles tout ce
qui pouvait
blesser leur
rputation
comme
soldats. Par la loi des
Saliens, si
un homme en
appelait
un autre
livre,
ou s'il l'accusait d'avoir laiss son bouclier au
champ
de
bataille,
il tait condamn
payer
une
grosse
amende.
(7.
'Sa-
lior.,
tit.
32, g et,
6.)
VIL jKi'choisissent leurs rois. La nation desFrancs crut
qu'il
tait
plus
sr demettre la
puissance
entre les mains d'un maire
qu'elle
lisait,
et
qui
elle devait
imposer
des
conditions qu'entre
celles
d'un roi dont le
pouvoir
tait hrditaire. Un
gouvernement
dans
lequel
une nation
qui
avait un roi lisait celui
qui
devait exercer
la
puissance royale, paratra
bien
extraordinaire; mais, indpen-
damment des circonstances dans
lesquelles
on se
trouvait, je
crois
que
les Francs tiraient leurs ides de bien loin. Ils taient descen-
dus des
Germains,
dont Tacite dit
que,
dans lechoix de leur
roi,
ils se dterminaient
par
sa
noblesse, et,
dans le choix de leur
chef, par
savertu. Voil lesrois de la
premire
race et les maires
du
palais.
Les
premiers
taient
hrditaires,
les seconds taient
lectifs.
(~.fpr.
des
&M'.f,
liv.
xxxi,
ch. 3 et
~.)
Une
puissance
illimite. Les roisn'avaient
point d'autorit,
mais
ils avaient un
nom;
le titre de roi tait
hrditaire,
et celui de
maire tait lectif.
Quoique
les
maires,
dans les derniers
temps
eussent mis sur le trne celui des
Mrovingiens qu'ils voulaient,
ils n'avaient
point pris
de roi dans une autre
famille,
et l'ancienne
loi, qui
donnait la couronne une certaine
famille,
n'tait
point
efface du cur des Francs. La
personne
du roi tait
presque
in-
connue dans la
monarchie;
mais la
royaut
ne l'tait
pas. Pepin,
fils de Charles
Martel,
crut
qu'il
tait
propos
de confondre ces
deux
titres;
confusion
qui
laisserait
toujours
de l'incertitude si la
royaut
nouvelle tait hrditaire ou
non
et cela suffisait celui
LA GERMANIE.
?s
qui joignait
la
royaut
une
grande puissance pour
tors,
l'auto-
rit du maire fut
jointe
l'autorit
royale.
Dans le
mlange
de ces
deux
autorits,
il se fit une
espce
de conciliation: le maire avait
t
lectif,
et le roi
hrditaire;
la
couronne
au commencement
de la seconde
race,
fut
lective, parce que
le
peuple choisit;
elle
fut
hrditaire, parce qu'il
choisit
toujours
dans la mme famille.
( Esprit
des
lois,
liv.
xxxt,
ch.
t6. )
Charger
de liens. Bonehard de
Montmorency
refusa de dfrer
au
jugement que Philippe
Ie'' avait rendu contre lui. L'abM
Suger,
si instruit de nos
usages,
dit
que.le
roi ne fit
point
arrter cesei-
gneur, qu'on
lui
permit
de se
retirer,
parce que
ce n'tait
pas
la
coutume
d'emprisonner
les
Franais. (~t/K.
de~e<N<<&.fBelles-
Lettres,
tom.
11, pag. 63a.)
N'est permisqu'aux pontifes.
Csar dit lecontraire
(Bell. ~
lib.
vi, cap. 33).
A l'en
croire,
les
Germains,
en
temps
de
guerre,
choisissaient des chefs
auxquels
ils donnaient
pouvoir
de vie et
demort. C'est envain
que J uste-Lipse
essaie de concilier les deux
auteurs
en disant
que
Csar n'a
parl que
des
temps
de
guerre,
et Tacite
que
des
temps
de
paix.
Ce
qui suit,
dans
Tacite, prouve
videmment.
qu'il
entend
parler
de l'un et de l'autre
temps,
et
plutt
mme de la
guerre que
de la
paix
En subissant lech-
timent ordonn
par
les
prtres,
ils ne croient
pas, dit-il,
obir
au commandement du
chef,
mais celui du dieu
qui prside
aux
batailles.

Oberlin
qui
reconnait cette
contradiction, prfre
l'autorit de Tacite celle de Csar.
Le hasardne prside point. Dj,
sous
Nron,
la
plupart
des
soldats romains ne voulaient
plus
se
marier, pour
n'avoir
pas

nourrir des enfans. Cen'taient
plus,
comme
autrefois,
des
lgions
unies entre elles
par
un amour mutuel et
par
les mmes sentimens
d'affection
pour
la
rpublique;
c'taient des
gens
inconnus les
uns aux autres,
tirs de divers
corps,
sans nulle affection mu-
tuelle,
et comme un
assemblage
de diffrentes
espces
d'hommes
placs
ensemble tout
coup,
et
appels
seulement
pour
former un
nombre de
troupes. (TACtT., Annal., chap.
xiv et
xxvn.)
Des familles
7'<M.)'fM~/ee.f. Ce fut cette coutume de mener avec
eux leurs femmes et leurs
enfans, qui
mit les Germains en tat de
former un nouveau
peuple partout
o ils s'tablissaient. Durant
tout le
temps
de la
chevalerie,
les femmes suivaifnt les
guerriers, y
NOTES,
"g
et
beaucoup passrent
avec eux dans la Terre-Sainte. Tout ceci
tait bien
oppos
aux murs des Romains.
Voyez
dans les An-
nales de
Tacite,
liv.
!V,
les
plaintes
du snat sur ce
que
les
gn-
raux se faisaient suivre
par
leurs
pouses.
Les Germains
pntr-
rent
jusque
dans
l'Italie,
furent
prs
de
s'emparer
de la ville
d'Aquile,
et dtruisirent celle
d'Opitergium;
ils eurent entre les
mains
plus
de soixante mille
captifs
romains enlevs dans des
courses ou
pris
dans des actions. En
gnral
ils montrrent un
courage
et une obstination
indomptables,
et sur un
champ
de
bataille on trouva
parmi
leurs morts des femmes
soldats, qui
avaient
pri
les armes la main.
De
compter
et de sucer leurs
plaies.
Ceci
prpara
les murs de
la chevalerie. Les dames dsarmaient les
chevaliers,
lavaient le
sang
et la
poussire
dont ils taient
couverts,
et
pansaient
leurs
blessures.
Regner Lodbrog,
roi de
Danemarck,
avait dans ses
troupes
des femmes
prtes

panser
les
blesss,
et
auxquelles
leurs mres avaient
appris

gurir
les blessures les
plus dange-
reuses.
Yseult,
fille du roi
d'Angleterre,
tait la
plus
char-
mante
princesse qui
ft alors dans
l'univers,
et la
plus
habile dans
l'art de
gurir
les
plus dangereuses
blessures.
(TMSTANM
Lfo-
NOJ S.)
VII. Et de
prophtique.
On croit avec raison
que
ces devi-
neresses sont
l'original
de nos
fes,
et leurs
prtendus prodiges
le
canevas de toutes les merveilles de laferie.
(LABi/ETTMiE.)
Ils n'en
ddaignent point
les a~
Plutarque,
dans le livre sur
les vertus des
femmes,
dit des Celtes ou Germains ( Ils dlib-
rent avec leurs
femmes
touchant la
paix
ou la
guerre
c'est
par
elles
qu'ils
claircissent les
difncults
qui
s'lvent entre eux.
Vlda. Tacite en a
parl ( N~f.~
ch.
IV,LXI,
LXV. )
Cette
femme,
au
rapport
de Stace
( Silv.
i, 4)
Sa),
fut
prise
et conduite en
triomphe. Ganna, qui
lui succda dans l'art de la
divination,
fut,
selon Dion
( M7'ag\ cap. XLix, 67,
5), appele auprs
de
Domitien, qui
lui fit des
prsens. Vlda,
femme
bructre,
eut
beaucoup
de
part
au
projet que
forma Civilis de chasser les Ro-
mains de la Gaule. Rutilius Gallicus la fit
prisonnire
et la mena
Rome. Elle vivait retire dans une tour leve. Il
y
eut une
LA GERMANIR. 8o
autre
prophtesse
du
pays
des
Cattes, qui prdit
Vitellius
que
son
rgne
serait
long
et
heureux,
s'il survivait sa mre.
Des desses cres
par
eux-mmes.
Caligula
voulant faire de
sa sur une
desse,
ordonna aux snateurs d'en dlibrer le
snateur Livius Geminius
jura qu'il
l'avait vue monter au.
ciel,
et fut
gratifi
d'un million de sesterces.
Cloptre
ne
parais-
sait en
public que
vtue de la robe consacre
Isis;
elle se fai-
sait
appeler
la
jeune
Isis. Cette folie
grossire d'usurper
le nom et
'les emblmes des dieux fut commune
plusieurs
autres
empereurs.
Caligula, Nron, Domitien,
affectrent les honneurs divins avec
une insolence inoue.
(~:e~7wce
des
empereurs romains.)
IX.
Mercure,
dieu du commerce. Les Romains donnaient les
noms de leurs divinits aux dieux des autres
peuples qui
avaient
les mmes attributions.
Des victimes humaines. Les anciens
parlent
souvent de ces
barbares
sacrifices,
comme tant communs aux Gaulois et aux
Germains; je remarque que
cette frocit subsista dans les
ges
suivans.
Procope
nous
apprend (liv. 11,
eh. 25 de la Guerre des
Go~), que
les
Franais, dj
convertis au
christianisme,
immo-
lrent des victimes humaines
jusqu'au
sicle oil
vivait;
et Dithmar
(liv. i) rapporte que
les Normands et les Danois sacrifiaient
leurs dieux,
au mois de
janvier
de
chaque anne, jusqu' quatre-
vingt-dix-neuf
victimes
humaines,
avec autant de
chiens,
de che-
vaux et de
coqs.
Henri l'Oiseleur dtruisit cet abominable
usage.
Une
~aMM
~M .S'MCfe.i'
sacrifie
aussi Isis.
Quelques personnes
pensent que
lenom moderne de Paris vient d~un
temple
consacr
Isis dans le
voisinage
de cette
capitale, ~p'
~. Les armes de
Paris sont un
navire,
et l'on sait
que
la desse Isis tait
repr-
sente tenant un navire dans sa
main,
comme
protectrice
de la
navigation.
Une statue d'Isis a
t, dit-on,
conserve avec
grand
soin dans
l'glise
de
Saint-Germain, jusqu'au
commencement du
seizime
sicle. M.
Petit-Radel,
consult
par
le
prfet
de laSeine
sur le titre des armoiries de
Paris,
a
propos
les attsiennes. On
avait crit
depuis long-temps pour
et contre
l'opinion qui
fait
driver du culte
d'Isis,
et le nom des
jP~n~K'
et le
symbole
de
la nef
qui,
ds le treizime
sicle,
faisait la
pice principale
de
leurs armoiries. M. Petit-Radel rtablit la
premire opinion
dans
NOTES. 8t
V!. 6
ses droits. En
adoptant pour principe
fondamental
l'antiquit
du
culte
d'Isis,
dont l'introduction chez les Suves tait d'une
poque
inconnue
Tacite,
l'auteur a
suivi,
sur la trace mme des mo-
numens,
l'extension de ce culte dans les
rgions septentrionales
qui
taient
ignores
des Romains. Fixant ensuite
l'objet princi-
pal
de son
Mmoire,
il montre
que
le nom de Parisii se trouve
toujours
dans les chartes avec des circonstances locales
qui
en
expliquent
la
signification.
Les Parisii de Lutece avaient leur
Iseum au
village d'Issy
les Parisii des
Brigantes d'Angleterre
taient voisins d'un
Isurium;
dans la
rgion
des
Brigantes
du lac
de
Constance,
les noms drivs d'Isis sont
nombreux; enfin,
se-
lon les savans les
plus
verss dans les
antiquits
de leur
pays,
J ~Me~j
dans l'ancien idiome
germanique, signifie,
non du
fer,
mais voisin
<~&M;
une ville d'-Isenach
a,
comme
Paris,
une nef
pour
armolne. M. Petit-Radel conclut en
allguant qu'on
ne
trouve ce
symbole
dans un sceau
municipal
du treizime
sicle,
qu'
raison du
rapport
des anciens ~y~tV avec le culte
d'Isis,
et non
pas
raison de la y/M/'c~M~Mede
~e~M,
comme on l'a
pens;
la
preuve
en est
que,
dans cesceau
municipal,
la nef ala
quille
arrondie,
que
son extrmit s'vase en
paulement, qu'enfin
la voile en est
triangulaire,
comme celle du &a/~f
gyptien,
tel
qu'on
le voit sur les mdailles de
l'empereur
J ulien;
enfin la nef
du sceau ressemble en tout ce
baris,
et nullement aux bateaux
plats qui,
detout
temps,
ont ten
usage
sur la Seine.
( CM~MMe
Mmoire de
M. Petit-Radel, juillet 1810.)
Dulaure n'est
pas
de
cette
opinion;
mais ce
passage
de Tacite lui a
chapp.
Ni les
enfermer
entre <~ MH/y.Il existait
cependant
un
temple
de
Tanfana,
chez les
Marses
Tacite en a
parl
dans les
guerres
de Germanicus.
Donnent des noms de divinits.

Certainement,
dit
Grgoire
de Tours
(liv. n,
ch.
!o),
les
Franais
ne connaissaient
pas
le
vrai
Dieu,
mais ils s'taient formdes simulacres deforts et d'eaux
qu'ils
adoraient comme des divinits. Claudien
parle
de ceculte
(i,
M&)
Nos haches
frappent impunment
ces bois
affreux,
consacrs
par
une
antique superstition;
on
abat
ces chtMsrv-
rs comme des divinits barbtes. Lucain dit aussi
(il!, 3~9)
Il
y
avait un bois consacr
depuis
un
long ge;
l on rendait
aux dieux un culte
barbare;
l s'levaient d'affreux
autels,
et
LA GERMANIE. S2
chaque
arbre tait arros de
sang
humain. Maxime de
Tyr
( xxxvii i)
rapporte que
les Celtes adoraient le
chne,
et
qu'ils
l'appelaient
du mme nom
que J upiter.
Ceculte subsista dans les
sicles suivans nous avons de
Luitprand,
roi des
Lombards,
une
loi sur les
devins, qui
fixe le
prix qne paiera
celui
qui
aura fait
quelque sacrilge
ou
quelque
enchantement
auprs
des
fontaines,
ou d'un arbre
que
les
paysans regardent
comme sacrs. Les Ro-
mains avaient aussi
des bois sacrs.
(PuN.,
Dearboribus,
lib.
xn,
cap.
i,
et
SENEC.,ep. 41.)
X. Ilsdtachent une
baguette.
Les Romains avaient divers modes
pour
connatre les vnemens futurs c'taient des ds de
bois;
on lesfaisait
rouler, et, d'aprs
le
point qu'on amenait,
les
prtres
prdisaient
ce
qui
devait arriver. Tacite
rapporte que, pour
devi-
ner
l'avenir,
les anciens Germains se servaient de
petits
btons
qui
avaient une entaille
l'extrmit, et,
comme les
Chinois,
ils
les
jetaient
trois
fois,
en cas
qu'ils
ne fussent
pas
contens de ce
qu'ils
leur avaient d'abord annonc.
( ~o~ag~
de 7.
2?<~70ff,
tom.
11, pag. t83.)
Sur l'autel de
chaque temple
on voit une
coupe
de bois
remplie
de
btons,
sur les bords
desquels
il
y
a
certains caractres. L'homme
qui
veut consulter le sort
prend
la
coupe
dans ses
mains,
et laremue
jusqu'
ce
qu'un
des
petits
b-
tons tombe terre.
Aprs
avoir examin le caractre trac sur le
petit bton,
il cherche cemme caractre dans un livre
qui
est
suspendu
aux murailles du
temple.
Le sort est consult de cette
manire
plusieurs reprises
si en trois fois il sort de la
coupe
un bton
heureux,
on le
regarde
comme un
augure
favorable.
(~ pag. 3~5.)
Lorsqu'ils
cherchent <teo/M<re le /~M~< de
g~ey/ie.timpor-
tantes. Des
peuples qui croyaient que
le combat
singulier rgle-
rait les affaires
publiques, pouvaient
bien
penser qu'il pourrait
encore
rgler
les diffrens des
particuliers. ( Esprit
des
lois,
liv.
xxvin, chap. 17.)
Les combats
singuliers
usits chez les
Germains se retrouvent
galement
dans les lois saxonnes.
(7M<?'r/
ind. sur la
chev.
par ~De/a&o/~e. )
Un Teuton dfia Marius
en combat
singulier,
et lui
proposa
de dcider ainsi du sort des
deux armes.
(FRONTIN, Stratag., liv. iv, chap. ~.)
XI. Les
chefs
~<?'&&erey!f .f~ les
affaires.
Les nations
germa-
NOTES. 83
6.
niques qui conquirent l'empire
romain
taient,
comme l'on
sait,
trs-libres. On n'a
qu'
voir l-dessus Tacite sur les Murs des
Germains. Les
conqurans
se
rpandirent
dans le
pays;
ils habi-
taient les
campagnes,
et
peu
les villes.
Quand
ils taient en Ger-
manie,
toute la nation
pouvait s'assembler; lorsqu'ils
furent dis-
perss
dans la
conqute,
ils ne le
purent plus.
Il fallait
pourtant
que
lanation dlibrt sur ses
affaires,
comme elle avait fait avant
la
conqute;
elle le fit
par
des
reprsentans.
Voil
l'origine
du
gouvernement gothique parmi
nous.
(Esprit
des
lois
liv.
xi,
chap. 8.)
Sont d'abord discutes
par
les
c/~e/y.
Les
princes,
dit
Tacite,
dlibrent sur les
petites choses,
toute la nation sur les
grandes,
de sorte
pourtant que
les affaires dont le
peuple prend
connais-
sance sont
portes
de mme devant les
princes.
Cet
usage
se
conserva
aprs ta conqute,
comme on le voit dans tous les mo-
numens. Zc.f consensu
populifit
et constitutione
/fgM. (Capitu-
laires de
Charles-le-Chaupe,
ann.
064,
art.
6; Esprit
des
/oz.t,
liv.
xvni, chap.
3o.
Si l'on veut lire l'admirable
ouvrage
de
Tacite sur les Moeursdes
Germains,
on verra
que
c'est d'eux
que
les
Anglais
ont tir l'ide deleur
gouvernement politique.
Cebeau
systme
attrouv dans les bois.
( Esprit
des
lois,
liv.
xi,
ch.
6.)
Le
snat,
aux
premiers temps
de
Rome,
avait une
grande
autorit les rois
prenaient
des snateurs
pour juger
avec
eux;
ils
ne
portaient point
d'affaires au
peuple qu'elles
n'eussent tdli-
bres dans le snat.
( Ibid.
liv.
xr, chap. 12. )
Ils s'assemblent. Tout ce
qui
avait
rapport
au bien
gnral
de
la nation tait mis en dlibration
publique,
et se concluait
par
les
suffrages
du
peuple,
dans les assembles annuelles
appeles
Champs
deMars et
Champs
deMai. On donnait lenomde
champs
ces sortes
d'assembles, parce que,
conformment la coutume
de tous les
peuples
barbares,
elles se tenaient en
plein air,
dans
quelque plaine
assez
grande pour
contenir la multitude de ceux
qui
avaient droit
d'y
assister.
(RoBBRTSON,
Charles introd.
u,
pag. 3/)Q.)
Les dites de
l'empire
taient
parfaitement
sem-
blables aux assembles de mars et de
mai;
les dites s'assemblaient
au moins une fois
l'an;
tout homme libre avait droit
d'y
assister.
C'taient des assembles dans
lesquelles
le
monarque
dlibrait
avec ses
sujets
sur les intrts communs.
(Ibid., pag. /)o3.~
LA GERMANIE.
84
Les assembles de la
nation,
connues sous lenom
d'e<a~<w-
raux,
furent
convoques pour
la
premire
fois en
i3ot,
et setin-
rent de
temps
en
temps jusqu'
l'anne
t6t/);
on ne les a
pas
convoques depuis.
Ces assembles taient bien diffrentes des
anciennes assembles de la nation franaise sous les rois de la
premire
et dela seconde race. Les
tats-gnraux
n'avaient
point
droit
de
suffrage pour
la
promulgation
des
lois,
et ne
possdaient
point
de
juridiction qui
leur ft
propre.
Il
n'y
aaucun
point
dans
les
antiquits franaises,
sur
lequel
les savans soient
plus gnra-
lement
d'accord,
et toute la teneur de l'histoire de France con-
firme cette
opinion.
Voici
quelle
tait la manire de
procder
dans
les
tats-gnraux.
Le roi s'adressait tout le
corps
assembl dans
un mme
lieu,
et lui
exposait
les
objets pour lesquels
il l'avait
convoqu;
les
dputs
de chacun des trois
ordres,
c'est--dire de
la
noblesse,
du
clerg
et du
tiers-tat,
se runissaient en
particu-
lier,
et
prparaient
leur cahier ou
mmoire,
contenant leurs r-
ponses
aux
propositions qui
leur avaient t
faites, avec les re-
prsentations qu'ils jugeaient
convenable d'adresser au roi. Ces
rponses
et ces
reprsentations
taient ensuite examines
par
le
roi dans son conseil,
et donnaient ordinairement lieu une or-
donnance. Les ordonnances n'taient
pas
adresses aux trois or-
dres en commun
quelquefois
le roi adressait une ordonnance
chaque
ordre en
particulier; quelquefois
il
y
faisait mention de
l'assemble des trois
ordres; quelquefois
il
n'y
tait
question que
del'assemble de celui des ordres
auquel
l'ordonnance tait adres-
se
quelquefois
on
n'y
faisait aucune mention de l'assemble des
tats
qui
avait
suggr
l'ide de faire la nouvelle loi.
( .Pn~
du
<oMem<.f~
0/o/M.,pag.
2o.
Ainsi,
les
tats-gnraux
n'avaient
que
le droit
d'aviser et de
remontrer,
et l'autorit
lgislative
rsi-
dait dans la
personne
du roi seul.
( RoBEnTSON,
Charles
intro-
duction. )
Par lenombre <~MMM~.Hs
comptent
le
temps par
les nuits et
par
les
jours,
suivant la coutume des anciens Germains.
( f~y~Ff
de7. ~TocAc~tM!le
Saterland, pag. 197. ) Les expressions
an-
glaises
et allemandes
qui dsignent
un certain nombre de
jours
sont
exprimes par
le nombre des nuits. Dans
plusieurs
cantons de la
France,
on dit nuit
pour aujourd'hui.
Ils
prennent place
tout ayfKM. Les
Franais
ne
quittaient
les
NOTES. 85
armes
que lorsqu'ils
allaient
l'glise,
ainsi
que
nous
l'apprenons
des
Capitulaires
de
Charlemagne ( liv. vu pag.
202
).
Son
loquence.
Dans cette nation
indpendante
et
guerrire,
il fallait
plutt
inviter
que
contraindre.
( Esprit
des
lois,
liv.
xxxt,
chap.
6.)
XII. On
peut
aussi
porter,
devant cesassembles. Tacite dit
que
les crimes
capitaux pouvaient
tre
ports
devant
l'assemble;
il
en fut de mme
aprs
la
conqute,
et les
grands
vassanx
y
furent
jugs. (Esprit
des
lois,
liv.
xvtH, chap. 3o.)
La
peine
varie suivant le dlit. Il
parait que
les Germains ne
connaissaient
que
deux crimes
capitaux
ils
pendaient
les tratres
et
noyaient
les
poltrons;
c'taient chez eux les seuls crimes
qui
fussent
publics. Lorsqu'un
homme avait fait
quelque
tort un
autre,
les
parens
de la
personne
offense ou lse entraient dans
la
querelle,
et la haine
s'apaisait par
une satisfaction. Cette satis-
faction
regardait
celui
qui
avait t
offens,
si
l'injure
ou letort
leur tait
commun,
ou
si, par
lamort de celui
qui
avait toffens
ou-ls,
lasatisfaction leur tait dvolue.
Les tratres et les
transfuges ~on~~c~H~.
Le
supplice
des che-
valiers flons condamns tait d'tre trans aux fourches
qu'on
levait au bout de la
lice
et
d'y
tre
pendus.
Des
peuples qui
ha-
bitaient les bois
pendaient
les criminels aux
arbres;
de cet
usage
le
supplice
de la
potence
s'est tabli chez toutes les nations con-
quises par
les Germains.
( DeSainte-Palaye,
tome
I.)
Par de moindres chdtimens. De la manire dont
parle Tacite,
ces satisfactions se faisaient
par
une convention
rciproque
entre
les
parties aussi,
dans les codes des
peuples barbares,
ces satis-
factions
s'appellent-elles
des
compositions. ( Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. ig.)
Les
coupables paient
une amende en chevaux ou en
troupeaux.
Nos
pres,
les
Germains,
n'admettaient
gure que
des
peines p-
cuniaires
ces hommes
guerriers
et libres estimaient
que
leur
sang
ne devait tre vers
que
les armes la main.
( Esprit
<.fM
&)~,
liv.
vt, chap. 18.)
la
cit,
l'autre au
plaignant.
Cette amende tait nomme
y~&Mdans
lesmonumens dela
premire race,
et
&<M{<M
dans ceux
de la seconde
race,
et forma ensuite les
profits judiciaires.
Ce
86 LA GERMANIE.
lredum tait un droit local
pour
celui
qui jugeait
dans leterritoire.
J e vois
dj
natre la
justice
des
seigneurs,
dit
Montesquieu. ( ~.fpr.
des
lois,
liv.
xxx,
ch.
M. ) Celui qui
avait le&ef avait aussi
la us-
tice, qui
ne
s'exerait quepar
des
compositions
aux
parens
et des
profits
aux
seigneurs.
On choisit en ces TTze~/ze~ assembles. La
justice,
sous nos rois
mrovingiens,
s'administrait
par
le roi et ses
conseillers, qu'on
nommait
seigneurs, et,
dans
les provinces, par
des
seigneurs
aussi
qui
avaient une
espce
de snat
compos
de cent
personnes.
(Ii&
blissem. des
Francs, par Hnault,
tome
11,
p. aSy.) -)
Qui
rendent
la justice.
Il
y
a encore en
Hongrie
des comtes
que
l'on nomme comtes de
paroisse,
et
qui
sont
juges
et
gouverneurs
des
petites
villes ou
villages.
Chez les
Cosaques,
avant
qu'ils
fussent
conquis,
la
puissance lgislative n'appartenait qu'
la na-
tion,
et
chaque bourgade
avait un ou
plusieurs
centuriens
qui ju-
geaient
lesdiffrens
des particuliers,
maintenaient la
police,
et
pr-
sidaient aux exercices militaires de ceux
qu'ils
devaient conduire
la
guerre.
Plusieurs centuries formaient une
brigade (polk)
commande
par
un
polkowinck. ( Mmoires
.Mcyc~sur la
Russie,
tom.
ni,
pag. io5.)
On
adjoint
chacun d'eux. Dans la seconde
race,
quoique
le
comte et
plusieurs
officiers sous
lui,
la
personne
de ceux-ci tait
subordonne,
mais la
juridiction
nel'tait
pas.
Ces
officiers,
dans
leurs
plaids,
assises ou
placites jugeaient
en dernier ressort
comme le comte mme toute la diffrence tait dans le
partage
de la
juridiction; par exemple,
le comte
pouvait
condamner
mort, juger
de la libert et de larestitution des
biens;
le cente-
nier ne le
pouvait pas. (~ijpr~<~
lois,
liv.
xxvrri, chap. 28.)
Cent assesseurs.
~~KfonM
ccy!fM/M.' d'o est venu
probablement
l'expression
de canton. Les
troupes
de
France,
dit
Grgoire
de
Tours
( liv. v, chap. M),
taient commandes
par
des centeniers
qui
leur servaient de
capitaines
la
guerre
et de
juges
en
temps
de
paix.
XIII. Il.r ne traitent nulle
affaire ,ni publique
ni
particulire,
sans tre arms. Les
peuples
barbares
qui
ne cultivent
point
les
terres n'ont
point proprement
de
territoire,
et sont
plutt gou-
verns
par
le droit des
gens que par
le droit
civil;
ils sont donc
NOTES. 87
presque toujours arms;
aussi Tacite dit-il
que
les Germains ne
faisaient aucune affaire
publique
ni
particulire,
sans tre arms.
Ils donnaient leur avis
par
un
signe qu'ils
faisaient uvec leurs
armes. Sitt
qu'ils pouvaient
les
porter,
ils taient
prsents

l'assemble
on leur mettait dans les mains un
javelot.
Ds cemo-
ment ils sortaient de
l'enfance
ils taient une
partie
de la fa-
mille,
ils en devenaient une de la
rpublique.
Les
aigles,
disait le roi des
Ostrogoths,
cessent de donner la nourriture
leurs
petits
sitt
que
leurs
plumes
et leurs
ongles
sont
forms;
ceux-ci n'ont
plus
besoin du secours. d'autrui
quand
ils vont eux-
mmes chercher une
proie.
il serait
indigne que
nos
jeunes-gens
qui
sont dans nos armes fussent censs tre dans un
ge trop
faible
pour rgir
leur bien et
pour rgler
la conduite de leur vie.
C'est lavertu
qui
fait la
majorit
chez lesGoths.
(jE.f/f
des
/OM,
liv.
xvin, chap. x6.)')
~e~ ne
porte
les armes. Comme chez les Germains on deve-
nait
majeur
en recevant les
armes,
on tait
adopt par
le mme
signe; ainsi,
Gontran voulant dclarer
majeur
son neveu Childe-
bert, et,
de
plus, l'adopter,
il lui dit '<J 'ai mis ce
javelot
dans tes
mains comme un
signe que je
t'ai donn mon
royaume;
o
et se
tournant vers l'assemble :"Vous
voyez que mon
fiIsChildebert est
devenu un
homme,
obissez-lui.
(Esprit des lois,
1.
xvtu,
ch.
28.)
Le
pre du jeune
candidat. Le
jeune gentilhomme,
nouvelle-
ment sorti hors de
page pour
tre
reu chevalier,
tait
prsenta

l'autel
par
son
pre
et sa
mre, qui,
chacun un
cierge
la
main
allaient l'offrande.
(DE SAtHTE-PAi,AyE,
tom.
i, pag. n. )
Le f/cco/c du bouclier et de la
frame.
L'auteur de la vie de
Louis-Ie-Dbonnaire
rapporte que
ce
prince,
tant encore
jeune,
alla trouver
l'empereur Charlemagne,
son
pre,
au chteau de
Reusbourg,
o il
reut
de samain son
pe
et ses
premires
armes.
Au
rapport
de
Cluvier,
cette crmonie est encore en
usage
dans
quelques
cours
d'Allemagne, lorsqu'un jeune
homme doit sortir
de la condition de
page
d'abord il ne
s'appelait qu'en/<M<,
et
alors on
l'appelle
homme.
(LABLETTMIE.)
~M~Me-~
on n'est
que
membre d'une
famille.
Cela fit
que
les
enfans de
Clodomir,
roi
d'Orlans,
et
conqurant
de la Bour-
gogne,
ne furent
point
dclars
rois, parce que,
dans
l'ge
tendre
o ils
taient,
ils ne
pouvaient pas
tre
prsents

l'assemble;
LA GERMANIE.
88
ils n'taient
pas
rois
encore,
mais ils devaient l'tre
lorsqu'ils
se-
raient
capables
de'
porter
les armes.
(Esprit des
lois,
liv.
xvin,
chap. 27.)
Mrne des
enfans.
Il ne faut
pas
omettre
que
Clovis tait la
tte des
Franais

l'ge
de
quinze
ans. Si'ce n'avait
pas
tle
roi,
auraient-ils
pris
un
capitaine
de cet
ge pour
les commander?a
(tabliss.
des
jF~Ke~, par Hnautt,
tom.
11,
pag. 181.) Sige-
bert, g
de
cinq ans,
ayant chapp
aux fureurs de
Frdgonde,
fut
prsent
Metz l'assemble des
grands,
et reconnu roi d'Aus-
trasie. Le dlire de la nation
pour
la famille de
Ppin
alla si
loin, qu'elle
lut
pour
maire un de ses
petits-fils, qui
tait en-
core dans l'enfance.
7& ne
/-o~f.M7:~<M.
Goetz de
Berlichingen,
la main
defer,
raconte,
dans l'histoire de sa
vie, qu'il
v cu
cinq
ans au service
d'un de ses
cousins,
Conrad de
Ber)ichingen, uniquement occup
seller et brider ses
chevaux,

porter
les
casques
et les lances
de son matre. Une des coutumes introduites
par
les Francs
dans la
Gaule
y
mit ladomesticit en
honneur,
et contribua l'av]-
lissement
gnral.
Les
Romains,
pour
leservice de leur
personne,
avaient des
esclaves;
tes
Francs, orgueilleux
comme lesont tous
les
barbares,
trouvrent cet
usage indigne d'eux;
ils continu-
rent,
suivant leurs
antiques coutumes,
se faire servir
par
des
hommes d'une naissance
illustre, par
les fils de leurs
parens,
de
leurs leudes ou
fidles;
ils
renvoyrent

l'agriculture
et aux tra-
vaux
mcaniques
les esclaves
romains,
et les serviles
emplois
de
ces derniers furent
remplis par
des fils de
princes
ou de nobles
jeunes-gens que Grgoire
de Tours
qualifie de pueri, employs
au
service
domestique. (DdA~jEE,
&'M. de
.Pa/M,
tom.
i, pag. 133. )
C~co~M~7:o/?~
d'armes ou COMTES. J 'ai
parl
de cesvolontaires
qui,
chez les
Germains,
suivaient les
princes
dans leurs entre-
prises
lemme
usage
seconserva
aprs
la
conqute.
Tacite les d-
signe par
lenomde
compagnons;
laloi
salique, par
celui d'hommes
qui
sont sous la foi du
roi;
les formules de
Marculfe,
par
celui
d'antruStion.s
du
roi;
nos
premiers historiens, par
celui de
leudes,
de
&dtes
et les
suivans,
par
celui de vassaux et
seigneur.s.
On
trouve,
dans les lois
saliques
et
ripuaires
un nombre infini de
dispositions pour
les
Francs,
et
quelques-unes
seulement
pour
les
antrustions. Les
dispositions
sur ces antrustions sont diffrentes
NOTES.
89
de celles faites
pour
les autres
Francs;
on
y rgle partout
les biens
des
Francs,
et on nedit rien de ceux des
antrustions,
ce
qui
vient
de ce
que
les biens de ceux-ci se
rglaient plutt par
la loi
poli-
tique que par
la loi
civile,
et
qu'ils
taient le sort d'une arme et
non le
patrimoine
d'une famille. Les biens rservs
pour
les leudes
furent
appels
des biens
fiscaux,
des
bnfices,
des
honneurs,
des
fiefs,
dans les divers auteurs et dans les divers
temps. (Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. 16.)
~t<p7iM
deleur
c~e~oM
mjc. En entrant dans la
Gaule,
les Francs
laissrent subsister l'tat des choses en tout ce
qui
ne contrariait
pas
leurs coutumes
barbares;
ils conservrent les dnominations
de
ducs,
de
comtes,
mais en
approprirent
les fonctions ces
coutumes.
Chatjue due,
sous la findeladomination
romaine,
com-
mandait la force arme dans une
province; chaque comte,
subor-
donn au
duc,
la commandait dans une ville ou cit. Sous les
Francs, chaque
duc
exerait
dans sa
province
un
empire
souve-
rain,
levait son
gr
des
troupes,
les
dirigeait
contre ses
voisins,
avait le droit de vie et de
mort,
de
paix
et de
guerre.
Le comte
conduisait,
sous les ordres du
duc,
son
contingent
de
troupes,
le-
vait les
contributions,
rendait la
justice
avec sesassesseurs il
agis-
sait en souverain dans sa cit. Dans cet tat de
choses,
les institu-
tions
prexistantes,
les ordres
municipaux,
les snats des Gaules
ne purent
subsister
long-temps. (DcLAUBB
Hist. de
Paris,
tom.
i,
pag.iz8.)
~.f sont alors recherchs. Les condottieri taient des chefs de
troupes qui
vendaient leurs services au
plus
offrant.
XIV. En survivant leur duc. Chnodomaire fut
pris
en se reti-
rant et,
ce
qui
nous donne ici un trait des moeurs militaires de
ces
nations,
deux cents de ses satellites ou
gardes-du-corps, qui
pouvaient
viter lemme
malheur,
revinrent aussitt serendre vo-
lontairement et recevoir des
chanes, regardant
comme un crime
de vivre sans leur
roi,
ou de ne
pas
mourir
pour
lui.
( AMMtZN
liv.
xvi, chap. it.)
Ils rclament en
e~<
dela /z6f/Y<~ede leurduc.
Ainsi,
chez les
Germains,
il
y
avait des
vassaux,
et non
pas
des fiefs. H
n'y
avait
point
de
fiefs, parce que
les
princes
n'avaient
point
de terres
donner,
ou
plutt
les fiefs taient des chevaux de
bataille,
des
LA
GERMANIE.
9
armes,
des
repas, parce qu'il y
avait des hommes fidles
qui
taient
lis
par
leur
parole, qui
taient
engags pour
la
guerre,
et
qui
fai-
saient
peu prs
le mme service
que
l'on fit
depuis pour
les fiefs.
(Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. 3. )
Tant
que
les Germains res-
trent dans leur
propre pays,
ils cherchrent s'attacher ces com-
pagnons par
des
prsens
d'armes et dechevaux et
par
les services
d'hospitalit.
Tant
qu'ils
n'eurent aucun droit fixe de
proprit
sur
les
terres
c'taient les seuls dons
que
les chefs
pussent faire,
et
la seule
rcompense que
leurs suivans
pussent
attendre. Mais ds
que
ces
peuples
se furent tablis dans les
provinces conquises,
et
qu'ils
eurent connu
l'importance
de la
proprit,
les rois et les
chefs,
au lieu de ces
prsens peu considrables,
donnrent
pour
rcompense
leurs suivans des
portions
de terre. Ces concessions
s'appelrent bnfices ( beneficia), puisqu'elles
taient
gratuites
et ~o/MM/y
(Ao'KM'M),parce qu'on
les
regarda
comme des mar-
ques
dedistinction.
(RoBEMSON,
Charles tom.
u, pag. 49
et
50.)
Leur cheval de bataille. D'autres
fois,
des chevaliers abandon-
naient des chevaliers
pauvres (qui manquaient peut-tre
demon-
ture)
les chevaux
qu'ils
avaient
pris;
sur
quoi je
ferai
remarquer
que
toutes les vertus recommandes
par
la chevalerie tournaient
au bien
public,
au
pro&t
del'tat.
(PERCEFOREST,
tom.
i, pag. 26.)
Sa
table,
et
o~~M
abondans. Le chevalier libral et
magni-
fique
se
distingue par l'usage qu'il
fait de ses richesses
pour
tenir
cour ouverte tout le
monde,_y
faire
grande chre,
et
rpandre
l'argent

pleines mains;
ces trois
qualits runies
forment un che-
valier
accompli. (DE .SAitfTE-PALAYE,
tom.
t, part. 2.)
La
guerre
et
rapines.
Dulaure
(~R.f~.
de
Paris,
tom.
11,
pag. 264)
cite une foule
d'exemples
de ces
pillages.
Les
seigneurs,
dit-il,
continurent
pendant
cette
priode
leurs
guerres prives;
mais elles furent moins
multiplies qu'aux
sicles
prcdens. Quel-
ques-uns
volaient mme les
passans
sur les chemins. Saint Louis
fut
oblig d'assiger
et de faire dmolir en
partie
lechteau dela
Roche de
Gluy,
situ sur le
Rhne,
dont le
seigneur, appel
Ro-
ger, s'occupait

piller
les
voyageurs.
Le roi rendit.le chteau au
seigneur Roger,
cette
condition, qu'il
ne volerait
plus
les
pas-
sans.
(Hist.
de saint
Louis, par J oinville,
dit. de
1761, pag. ~7.)
Ce
qu'on peut
obtenir
par
le
sang.
L'histoire entire du
moyen ge prouve que
la
guerre
tait la seule
profession
de la
NOTES.
91
noblesse,
et
l'unique objet
de son ducation. Lors mme
que
les
murs
changrent,
et
que
les arts eurent
acquis quelque
consid-
ration,
les anciennes ides sur les
qualits qui
forment et distin-
guent
le
gentilhomme
subsistrent
long-temps
dans toute leur
force.
(RoBEMsoN,
Charles tom.
11, pag. ~70.)
XV. Laissant.
aux femmes.
On
a gnralement
observ
parmi
les
sauvages
de
l'Amrique, que
lesfemmes sont rserves aux
plus
pnibles travaux,
et
que
les hommes ne
s'occupent que
de la
chasse et de la
guerre.
Du btail et des
gTMMJ .
Plus tard on leur accorda des
terres;
ces
concessions se nommaient le
bnfice
militaire c'tait la
jouis-
sance d'un
hritage que
le
prince
donnait ses
capitaines
et sol-
dats, pour
leurs vivres et
entretien,
tant
qu'ils
taient son ser-
vice et
portaient
les armes sous son
enseigne.
Cette concession fut
depuis
accorde
pour
un
an, aprs pour trois,
et enfin
vie,
la
charge
du service
militaire,

peine
de
privation
du bnfice
voil
l'origine
df0 fiefs. Le
prince
les distribuait ses
gens
de
guerre pour
en
jouir
et user en manire de
solde, qu'en
leur
langue
ils
appelaient fod, qui
veut dire
jouissance
de la solde.
(HNAULT,tom,
n,
pag. jo5
et
107.)
Sont des subsides.
Lorsque
les hommes libres accordaient
leurs souverains
quelque
subside
extraordinaire,
c'tait un
acte
purement
volontaire. Dans les assembles de mars et de
mai,
qu'on
tenait
annuellement,
on avait coutume de faire au roi un
prsent d'argent,
de
chevaux, d'armes,
ou de
quelques
autres ob-
jets prcieux.
C'tait une coutume
ancienne, que
les Francs te-
naient de leurs anctres Mos est civitatibus ultro ac viritim con-
ferreprincipibus,
vel
armentorurra,
vel frugum, quod pro
honore
acceptum,
etiamnecessitatibussubvenit.
(TAciT.~eMO~. Ge/w!
cap. xv. )
Ces dons taient
considrables,
si nous en
pouvons ju-
ger par
les termes
gnraux
dans
lesquels s'expriment
les anciens
historiens,
et ce n'tait
pas
lamoindre
partie
des revenus de la
couronne.
Ducange rapporte
ce
sujet
un
grand
nombre de
pas-
sages. (Dissert. iv, .w.AM~M?/e.
pag. i53.) Quelquefois
une na-
tion
conquise spcifiait
le don
qu'elle s'obligeait
de fournir au roi
chaque anne; et, lorsqu'elle y manquait,
on
exigeait
ce don
comme une dette.
(~M/. metenses, ap. Ducange, pag. t55.)
II
est
probable que
le
premier pas qu'on
fit vers
l'imposition
fut d'as-
LA GERMANIE.
9s
surer lavaleur de ces dons
qui,
dans leur
origine,
taient
pure-
ment
volontaires,
et
d'obliger
le
peuple

payer
la somme la-
quelle
ils avaient t valus. Mais on a conserv
jusqu'
ce
jour
la mmoire de leur
origine,
et l'on sait
que
les subsides accords
alors aux
souverains,
dans tous les
royaumes
de
l'Europe,
taient
appels
bienveillance ou
dons gratuits. (RoBEMsoN,
Charles
introd.,
tom.
ti, pag.
355 et
suiv.)
L'auteur de la
Chronique
de Hildeshein
(ann. 75o), aprs
avoir
rapport
les diffrentes
affaires
qui
se traitaient dans ces
grandes
assembles
qui
estoient
comme le
parlement gnral de
la nation,
ajoute,
<'et
pour
lors
on offroit aux rois des
prsens,
suivant l'ancienne coutume des
Franois.

( 7Me/
de Z'~c. des
Belles-Lettres,
tom.
ti,
pag. 626. )
Ce sont des chevaux de
choix,
des armes.
Dfrays
de tout,
pendant
leur
sjour,
eux et leur
suite,
ils
partaient
combls de
prsens
on leur donnait des armes et des robes
prcieuses
des
chevaux et mme de
l'argent. (DE
SAINTE-PALAYE,
J Mp~?!. surla
chevalerie, tom.
i.)
<
recevoir de
~'<~CM~i;e~ plus grande seigneurs acceptaient
sans
scrupule
ces sortes de
libralits,
mme celles
qui
sefaisaient
en
argent.
Un
chevalier, qui
s'tait fait un
nom,
se
voyait pr-
venu
par
les
plus grands seigneurs
et
par
les
plus grandes
dames
les
princes,
les
princesses,
les rois et les reines
s'empressaient
de
l'enrler, pour
ainsi
dire,
dans l'tat deleur
maison
de l'inscrire
dans la liste des hros
qui
en faisaient l'ornement et le
soutien,
sous le titre de cnevatier d'honneur. Le mme
pouvait
tre tout
la fois attach
plusieurs
cours
diffrentes,
en toucher les
appoin-
temens,
avoir
part
aux
appointemens
des
robes,
livres ou four-
rures,
et des bourses d'or et
d'argent, que
les
seigneurs rpan-
daient avec
profusion. (DESMNTE-PALAYE,
~Mem..iw
cAef'a/e~c,
tom.
i, part. 4. )
XVI.
N'habitent point
de villes. Les anciens Germains n'avaient
point
de
villes;
mme dans leurs hameaux ou
villages,
ilsne b-
tissaient
point
demaisons
contigus
les unes aux autres. Ils
regar-
daient comme une
marque
de servitude d'tre
obligs
d'habiter
une ville entoure de murs.
Lorsqu'une
de leurs tribus avait se-
cou le
joug
des
Romains,
les autres
exigeaient
d'elle,
comme
une
preuve qu'elle
avait recouvr sa
libert, qu'elle
dmolit les
NOTES.
</i
murailles de
que)que
ville btie
par
les Romains sur son terri-
toire. Les animaux mme les
plus
froces, disaient-ils,
perdent
leur ardeur etleur
courage lorsqu'ils
sont renferms.
(TACIT.,
~M<
liv.
iv, chap. Lxiv. )
Les Romains btirent
plusieurs grandes
villes
sur les bords du
Rhin;
mais dans toutes les vastes
provinces qui
s'tendent, depuis
cetterivire
jusqu'aux
ctes dela mer
Baltique,
il
y
avait
peine
une seule
ville,
avant leneuvime sicle de l're
chrtienne.
(CONRING,
Exercit. de urbib.
Gc/7?!.)
Heinneccius dif-
fre en ce
point
de
Conring;
mais en convenant mme de toute la
force de ses
argumens
et de ses
autorits,
il en rsulte seulement
qu'il y
avait dans ce vaste
pays quelques
endroits
auxquels
cer-
tains historiens ont donn le nom de villes.
(Elem. jur. Germ.,
lib.
i,
102.)
Sous
Charlemagne
et les
empereurs
de son
sang,
l'tat
politique
de
l'Allemagne commenant

prendre
une meil-
leure
forme,
on fonda
plusieurs villes,
et les hommes s'accoutu-
mrent serunir et vivre ensemble dans un mme lieu. Char-
lemagne fonda
dans les villes les
plus
considrables
d'Allemagne,
deux archevchs et neuf vchs. Ses successeurs en
augment-
rent le
nombre;
et comme les
voques
fixaient leur rsidence dans
ces
villes,
et
qu'ils y
clbraient le service
divin,
cette circon-
stance
engagea
bien des
gens

s'y
tablir.
(CONRIN&,
Exercit. de
H/M'.
Gc/77!
48.)
Mais Henri
l'Oiseleur, qui
monta sur le trne
en
QM,
doit tre
regard
comme le
grand
fondateur des villes en
Allemagne. L'empire
tait alors
ravag par
les incursions des Hon-
grois
et d'autres
peuples
barbares.
Henri,
dans le dessein d'en ar-
rter le
cours, engagea
ses
sujets
s'tablir dans des villes
qu'il
fortifia de murailles et de tours. Il ordonna et
persuada
une
partie
des
nobles,
de fixer aussi leur rsidence dans les
villes,
et
rendit ainsi la condition des
citoyens plus
honorable
qu'elle
ne
l'avait t
auparavant. Depuis
cette
poque,
lenombre des villes
ne fit
qu'augmenter. (RoBEMSON,
Charles
~.)
Chacun entoure son habitation d'un certain
espace. J 'expli-
querai, dit Montesquieu (~M/OM,
liv.
xviii, chap.
ta),
comment ce texte
particulier
de la loi
salique, que
l'on
appelle
ordinairement la loi
salique,
tient aux institutions d'un
peuple
qui
ne cultivait
pas
les
terres, ou,
du
moins,
les cultivait
peu.
La
loi
salique
veut
(tit. 62) que, lorsqu'un
homme laissedes
enfans
les mles succdent la terre
salique
au
prjudice
des filles. Pour
LA GERMANIE.
94
savoir ce
que
c'tait
que
les terres
saliques,
il faut chercher ce
que
c'tait
que
les
proprits
ou
l'usage
des terres chez les
Francs,
avant
qu'ils
fussent sortis de la Germanie. M. Echard a trs-bien
prouv que
le mot
salique
vient du mot
M~
qui signifie
maison,
et
qu'ainsi
la terre
salique
tait la terre de la maison.
J 'irai
plus loin,
et
j'examinerai
ce
que
c'tait
que
la maison
et la terre de la maison chez les Germains. lis n'habitent
point
de
villes,
dit
Tacite,
et ils ne
peuvent
souffrir
que
leurs maisons
se touchent les unes aux
autres;
chacun laisseautour de sa maison
un
petit
terrain ou
espace qui
est clos et ferm. Tacite
parlait
exactement;
car
plusieurs
lois des codes barbares ont des
disposi-
tions diffrentes contre ceux
qui
renversaient cette enceinte et
ceux
qui pntraient
dans la maison mme. Nous savons
par
Ta-
cite et Csar
que
les terres
que
les Germains cultivaient ne leur
taient donnes
que pour
un
an, aprs quoi
elles redevenaient
pu-
bliques
ils n'avaient de
patrimoine que
la maison et un morceau
de terre dans l'enceinte autour de la
maison;
c'est ce
patrimoine
particulier qui appartenait
aux mles. En
effet, pourquoi
aurait-il
appartenu
aux filles? elles
passaient
dans une autre maison. La
terre
.salique
tait donc cette enceinte
qui dpendait
de la maison
du
Germain;
c'tait laseule
proprit qu'il
et. Les
Francs, aprs
la
conqute, acquirent
denouvelles
proprits,
et continurent
les
appeler
des terres
saliques.
Des cavernes souterraines. Les
paysans
russes enfouissent dans
la terre tous les
grains;
II .fautsonder avec de
grandes perches
fer-
res
pour
dcouvrir ces
magasins
souterrains. Les Moscovites et
les Sudois se servirent tour tour de ces
provisions. ( Hist.
de
Charles J F77,
par Voltaire,
ann.
1708.)
C'c.~un lieu de
dpt pour leurs grains.
M.
Ternaux,
l'un de
nos
plus
honorables
industriels ayant
dsir donner
l'agriculture
franaise les
moyens
les
plus
srs et les
plus conomiques pour
la
conservation des
bls,
afait
enfouir,
en
1818,
dans des fossessou-
terraines ou
silos,
des bls annuellement
rcolts;
ces silos ont
t ouverts le i octobre 1822 les bls ont t reconnus dans un
tat
parfait
de conservation.
XVII. Mais
qui
est troit et dessine <OK<<M les
formes.
Cluvier
rapporte que
les
paysans
de la Franconie et de la Souabe
por-
NOTES.
95
tent un habit extrmement
juste,
et mme immodeste. Un v-
tement serr et
qui
ne descendait
pas jusqu'aux jarrets, laissait
voir toute la forme de ces
grands corps. (Esprit
milit. des Ger-
mains, pag. 3o5. )
Les &m'cc<fou culottes furent dans tous les
temps
la
grande marque
distinctive des
Scythes
ou Goths.
(PIN-
KERTON,
~!ec~c/ic~ sur les
Scythes, pag.
80.)
Une autre mer inconnue. La mer
glaciale.
Le haut de leur sein reste dcouvert. Toutes les femmes en
Saxe,
en
Livonie,
en
Prusse,
et les
paysanes
dans lereste del'Al-
lemagne,
ont des chemises sans manches et la
gorge
dcouverte.
( Voyez
leCommentaire de
Cluvier. )
XVIII. Les unions sont chastes. Les
mariages
chez les Ger-
mains sont
svres,
dit Tacite les vices
n'y
sont
point
un
sujet
de
ridicule
corrompre
ou tre
corrompu
ne
s'appelle point
un
usage
ou une manire de
vivre;
il
y
a
peu d'exemples,
dans une nation
si
nombreuse,
de la violation de la foi
conjugale.
Cela
explique
l'expulsion
de Childric il
choquait
des murs
rigides, que
la
conqute
n'avait
pas
eu le
temps
de
changer. ( Esprit
des
lois,
liv.
xvui, chap. a5.)
Childric
1~,
fils de
Mrou,
lui succda
en
456,
et fut
dpos
l'anne
suivante,
cause seulement de la
dissolution de sesmoeurs.LesfilsdeClotaire se dshonorrent en
rpudiant
leurs femmes
lgitimes pour pouser
des
esclaves,
ce
qui
choquait
les murs delanation.
(Hist.
de la
/M~<Mp., p. 188.)
Pour
augmenter
leur noblesse. Chez les
peuples qui
ne culti-
vent
point
les
terres,
les
mariages
taient
beaucoup
moins
fixes,
et on
y prenait
ordinairement
plusieurs
femmes. Les Germains
talent
presque
les seuls de tous les barbares
qui
se conten-
tassent d'une seule
femme,
si l'on en
excepte,
dit
Tacite, quel-
ques personnes qui,
non
par dissolution,
mais cause de leur
noblesse,
en avaient
plusieurs.

Cela
explique
comment les rois
de la
premire
ra~e
eurent un si
grand
nombre de femmes. Ces
mariages
taient moins un
tmoignage
d'incontinence
qu'un
at-
tribut de
dignit
c'et tles blesser dans un endroit bien
tendre,
que
de leur faire
perdre
une telle
prrogative.
Cela
explique
com-
ment
l'exemple
ne fut
pas
suivi
par
les
sujets. (Esprit
des
lois,
liv.
xvm, chap. a/j.) Dagobert
1~ eut trois femmes dans le
mme
temps,
sans
compter
les concubines.
LA GERMANIE.
96
Uncheval avec
.m~/r<'M.
Voyez
lesdtails donns
par Grgoire
de
Tours
( liv. vti)
sur le
mariage
de la fille de
Chilpric.
Childe-
bert lui envoie des ambassadeurs
pour
lui dire
qu'il
n'ait
point

remettre des vHIesdu
royaume
deson
pre
sa
fille
ni de sestr-
sors,
ni des
serfs,
ni des
chevaux,
ni des
attelages
de
boeufs,

parce que,
dit
Montesquieu ( Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. 4),
le trsor dn roi fut
regard
comme ncessaire la
monarchie,
et
qu'un
roi ne
peut,
mme
pour
la dot de sa
fille,
en faire
part
aux
trangers
sans le consentement des autres rois.
trangre
mmeaux hasards des combats. On voit les femmes
des Cimbres immoler des
prisonniers
avant la
bataille, pour
en
deviner l'vnement dans de
grands
vases
remplis
du
sang
des vic-
times,
combattre sur les chariots
qui
fermaient le
camp
se
jeter
dans la mde
pour
ranimer leurs
gens, frapper
et
percer
les
fuyards, gorger
leurs
propres
enfans
aprs
la
dfaite,
les faire
craser sous les roues des chariots ou sous les
pieds
des
chevaux,
s'trangler
elles-mmes
pour
se soustraire la
captivit,
ou sed-
truire
par
d'autres
genres
de mort
plus
affreux.
(Esprit
milit. des
Germains, pag. t~.) Interroges par
Bassien si elles aimaient
mieux se rsoudre mourir
que
d'tre vendues comme
esclaves,
elles n'hsitrent
point
choisir la
mort; et, quand
elles virent
qu'on
leur conservait la vie
pour
la
servitude,
elles se turent
toutes
elles-mmes, plusieurs aprs
avoir
gorg
leurs enfans.
( Ibid., pag. 186.)
Dans la
guerre, souffrir
et oser. On vit
plus
tard des femmes
se couvrir d'armures et chercher des
dangers;
les romans de che-
valerie ont clbr les
Bradamante, les Marfise,
les
Clorinde, etc.,
qui
combattaient contre les
guerriers
les
plus vaillans,
et
qui par-
tageaient
la
gloire
et les
dangers
des batailles.
XIX.
L'poux l'inflige
lui-mme. Il
parait par
les divers codes
des lois des
barbares, que
les
femmes,
chez les
premiers Germains,
taient aussi dans une
perptuelle
tutelle. Cet
usage passa
dans les
monarchies
qu'ils fondrent,
mais il ne subsista
pas. (-E~e.f
/<M.~liv.vii,chap. n.)
~Vo~M/:<aucun
pardon.
La loi de Rcessuinde
permettait
aux
enfans de lafemme adultre ou ceux de son
mari,
de
l'accuser,
NOTES.
97
V!.
7
et de mettre la
question
les esclaves de la maison.
(.&t/~<~e!
lois,
liv.
xxvi, chap. ~.)
Plus
sages
encore sont les cits. On
peut compter parmi
ces
cits celles des
Hrules,
chez
qui
les
femmes
taient tellement
loignes
d'un second
mariage, que
si les vetH~esne
s'tranglaient
pas
sur letombeau deleurs
poux,
elles vivaient
jamais
odieuses
et infmes.
(PRoeopE,
77/.f<.des
Goths,
tom.
11, pag. i~.)
Ne
peuvent plus former
<7:M/<. Livie accoucha
peu
de
temps
aprs
son divorce avec son
premier poux
et son union avec Au-
guste,
et l'on disait
publiquement
Rome
que
les
gens
heureux
avaient des enfans
aprs
trois mois de
mariage,
ce
qui passa
mme en
proverbe. (Voyez
Ann.
liv.
T.)
Ne sont
permis qu'une .fc/e~/oM.
Martial a fait une
pigramme
contre une dame romaine
qui,
en moins de trente
jours,
en tait
son dixime
poux.
Limiter le nombre de ses
enfans.
Les Romains
exposaient
une
partie
de leurs
enfans,
ou les faisaient
prir.
Trence
qui,
bien
qu'il
ait
toujours
mis dans la Grce la scne de ses
comdies,
a
peint cependant
les murs
romaines,
introduit
plusieurs
de ces
personnages qui
avouent froidement avoir commis de ces hor-
reurs,
et ces
personnages
sont les honntes
gens
de ses
pices
ce
qui prouve
combien cette atrocit tait
commune, puisque de pa-
reils aveux ne rvoltaient
pas
les
spectateurs. (DELAMALLE,
note
au livre ni des
~M~M. )
Faire
prir
les derniers. Les Romains avaient droit de vie et
demort sur leurs
enfans,
et ils taient les matres de ne
pas
les
reconnatre. Ce ne fut
que
sous Constantin
que
l'infanticide fut
regard
comme un crime
digne
de
mort;
et ce nefut
que
sous Va-
lentinien I*
que
l'on
commena

punir
les meurtriers de leurs
enfans.
XX. Son
enfant
deson lait. Cet
loge
des vertus des femmes
ger-
maines tait une
critique
des dames
romaines;
Tacite
parat
insister
sur le
peu
de soins
que
celles-ci donnaient leurs
enfans,
et se
trouve ainsi d'accord avec J .-J .
Rousseau, qui
avait traduit une
partie
des
Histoires,
et
qui
tait
plein
d'admiration
pour Tacite,
aussi
pur
moraliste
que profond
historien.
Les
~Kf
def sceurs. C'est
pour
cela
que
nos
premiers
historiens
LA GERMANIE.
98
(GMSGOtM
M
Touns,
liv.
vin, chap.
18 et
ao;
liv.
ix, chap.
if!
et~o)
nous
parlent
tant del'amour des rois francs
pour
leurs surs
et
pour
lesenfans de leurs
surs, que
si les enfans des sceurstaient
regards
dans la maison comme les enfans
mmes,
il tait natu-
rel
que
les enfans
regardassent
leur tante comme leur
propre
mre.
( Esprit
des
lois,
liv.
xviii, chap. 22.)
J amais on
nefait
de testament. Tacite
dplore
ainsi les abus des
nombreux testamens
qui
se faisaient alors
Rome,
au dtriment
des hritiers
lgitimes,
et
rappelle
indirectement
que,
dans les
pre-
miers
temps
de
Rome,
il n'tait
pas permis
de faire de testament.
La
privation
de
postrit. Silvanus,
proconsul
d'Afrique,
tait
accus de
concussion
mais il fallait du
temps pour
fournir les
preuves. Silvanus
demanda tre
jug sur-le-champ
il tait d'un
grand ge,
sans enfans et fort riche. Dans
l'espoir
d'tre
appels

sa
succession,
les
juges
le
sauvrent;
mais Silvanus survcut tous
ceux dont les
intrigues
l'avaient favoris.
(Annal.,
liv.
xm,
ch.
52.)
Calvia
Crispinella
avait tl'intendante des
plaisirs
de
Nron;
elle
passa
en
Afrique pour
animer Macer la
rvolte,
et fit ouverte-
ment ses efforts
pour
rduire le
peuple
romain la famine on
demanda son
supplice. L'empereur
Othon la sauva force de d-
tours et
d'adresse,
et se couvrit lui-mme de dshonneur. Elle
parvint
une
grande puissance
dans
la suite, parce qu'elle
tait
riche et sans
enfans,
ce
qui,
de nos
jours,
en toutes les circon-
stances,
fut un
grand moyen
defortune.
(Hist. liv. f, chap. ~3.)
XXI. Prendre
part
aux inimitis d'un
pre.
Les
peuples ger-
mains n'taient
pas
moins sensibles
que
nous au
point d'honneur;
ils l'taient mme
plus.
Ainsi les
parens
les
plus loigns pre
naient une
part
trs-vive aux
injures,
et tous leurs codes sont
fonds l-dessus. La loi des Lombards veut
que
celui
qui,
accom-
pagn
de ses
gens,
va battre un homme
qui
n'est
point
sur ses
gardes,
afin delecouvrir dehonte et de
ridicule,
paye
lamoiti de
la
composition qu'il
aurait due s'il l'avait
tu;
et
que si, par
le
mme
motif,
il le
lie,
il
paye
lestrois
quarts
de la mme
composi-
tion.
( Esprit des
lois,
liv.,
xxvin, chap. 20.)Rothanc dclara,
dans la loi des
Lombards, qu'il
avait
augment
les
compositions
de la coutume ancienne
pour
les
blessures,
afin
que
le bless
tant
satisfait,
les inimitis
pussent
cesser.
(Ibid.,
liv.
xxx,
NOTES.
99
7-
chap. ig.)
La
vengeance,
chez les
Franais
comme
parmi
les
Germains,
regardait
toute lafamille de
l'offens,
et faisait mme
partie
de sasuccession. L'histoire de
Grgoire
deTours est
remplie
de cessortes de
guerres particulires. ( Mm.
de/ea< des Belles-
Lettres,
tom.
ii,
pag. 638.)
L'homicide mme est rachet. La
personne
ou la famille
qui
a
reu
une
injure peut
en tirer la
vengeance qu'elle
veut. Ils sont
implacables
dans leur
ressentiment,
et le
temps
ne
peut
teindre
ni mmeaffaiblir le dsir d'une
juste vengeance.
C'est le
principal
hritage que
les
pres,
en
mourant,
laissent leurs
enfans
et le
soin de
venger
un affront se transmet de
gnration
en
gnra-
tion, jusqu'
ce
que
l'occasion arrive de satisfaire ce sentiment.
Quelquefois cependant
la
partie
offense
s'apaise
on fixe une
compensation pour
un meurtre
qui
aura t commis. Les
parens
du mort
reoivent
le
prsent
dont on est
convenu,
et il consiste
ordinairement en un
prisonnier
de
guerre qui prend
la
place
et le
nom decelui
qui
at
tu,
et
qui
est
adopt
dans la famille.
(Ro-
MRTSON,Charles Y, Intr.,
tom.
11, pag. 35.)
De
grand
et
depetitbtail.
Le
paiement
d'une
amende,
enforme
de satisfaction
pour
la
personne
ou la famille
qui
avait souffert
quelque
affront ou
dommage,
fut le
premier expdient qu'un
peuple grossier imagina pour
arrter lecours du ressentiment
per-
sonnel,
et
pour
teindre
ces~Kf&c
ou
vengeances cruelles, qui
se
transmettaient de
parens

parens,
et ne
s'apaisaient que par
le
sang.
Cet
usage
remonte
jusqu'au temps
des anciens
Germains,
et
rgna
chez d'antres nations aussi
peu
civilises
que
les Germains.
On en connat
beaucoup d'exemples qui
ont t recueillis
par
l'in-
gnieux
et savant auteur de
l'ouvrage
intitul Hirtorical &:ff-
<yac&fj
tom.
pag.
4t.
Cesamendes taient fixes et
perues
de
trois manires diffrentes elles furent d'abord tablies
par
une
convention volontair entre les
parties opposes. Lorsque
les
pre-
miers mouvemens du ressentiment taient un
peu calms,
elles
s'apercevaient
des inconvniens
'qui
rsultaient de la dure d'une
inimiti
rciproque,
et la satisfaction
qu'on
fixa en faveur de l'of-
fens fut
appele coMpo~MT~
ce
qui supposait qu'elle
avait t
fixe d'un consentement mutuel. On
peut juger, par quelques-
uns des
plus
anciens codes de
lois, que quand
ils furent
compi-
ls,
les choses taient encore dans ce
premier
tat de
simplicit.
ioo
LA GERMANIE.
-1 1
Il
y
avait des cas o la
personne qui
avait commis une
offense,
restait
expose
tout le ressentiment de ceux
qu'elle
avait offen-
ss, jusqu'
ce
qu'elle pt
les
apaiser
de
quelque
manire,
et re-
couvrer leur
amiti, ~o~Mo
modo
~oa<e/<.
(7LM-Frision.,
tit.
ti,
i. )
La seconde manire dont on fixa ensuite ces
amendes,
fut de s'en remettre la dcision de
quelques
arbitres. Dans le
livre connu sous le titre de
7!e~a!7?!M~/e~f<<e~
un arbitre est
appel
amicabilis
<:oM~o.f:'<oy. (ROBERTSON,
CAa~f
Intr.,
tom.
n, pag.
a'!8. )
La nature du crime et de l'offense tait d-
termine
par
le
magistrat,
et la somme due la
personne
offen-
se fut
rgle
avec une exactitude minutieuse et souvent bizarre.
Rotharic,
le
lgislateur
des
Lombards, qui rgnait
vers lemilieu
du
septime sicle,
fait bien connaitre son intention,
en fixant la
composition qui
devait tre
paye par l'agresseur,
et en
augmen-
tant lavaleur
primitive
de cette amende C'est
afin, dit-il que
l'inimiti
s'teigne, que
la
poursuite
ne soit
pas perptuelle
et
que
la
paix
se rtablisse.

(Leg. Longob.
liv. vi et
vu, io.)
(ROBERTSON, Charles Y, Introd.,
tom.
11 pag.
18).') L'homi-
cide se
payait quatorze livres,
savoir trois livres
pour
leroi et onze
pour
la
rparation
du meurtre. Chez les habitans du
Cattaro,
on
peut
encore se racheter
par argent
de tous les crimes une
blessure est
paye
dix
sequins,
deux blessures
vingt,
et un assas-
sinat cent
vingt sequins. ( ~/Ma/e.y
des
Voyages, quinzime cahier.)
Celui
qui
tueun homme
libre,
est-il dit dans la loi des Bava-
rois, paiera
la
composition
ses
parens,
s'il en
a;
et s'il n'en a
point,
il la
paiera
au duc ou celui
auquel
il s'tait recommand
pendant
sa vie. On sait ce
que
c'tait
que
se recommander
pour
un bnfice.
(Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. 22. )
Les inimitis sont d'autant
~&M
terribles. La coutume barbare de
se faire
justice
soi-mme
par la
force,
et d'associer toute sa famille
sa
vengeance,
tait
passe
de la Germanie dans les
Gaules,
et
elle
s'y
conserva
pendant plus
de six cents
ans,:
les
Franais,
uniquement
levs dans la
profession
des
armes,
et
jaloux
de leur
libert,
ne
pouvaient
sersoudre renoncer un
usage qu'ils
re-
gardaient
comme le
privilge
de la noblesse et le caractre
pr-
tendu de leur
indpendance.
Il faut
remarquer que,
si
quelqu'un
de la famille offense trouvait la
poursuite
et la
vengeance
des
torts
trop dangereuses,
en
cecas
laloi
salique
lui
permettait
de se
NOTES. loi c
dsister
publiquement
de cette
guerre particulire;
mais aussi la
mme loi
(titre 63)
le
privait
du droit de
succession,
comme tant
devenu
tranger
sa
famine,
et en
punition
de son
peu
de cou-
rage. (Hist.
de France du
prs. Hnault, pag. 8t.)
Qu'il y
a
plus
de &'&c/ Les
Germains, qui
n'avaient
jamais
t
subjugus, jouissaient
d'une
indpendance
extrme les fa-
milles se faisaient la
guerre pour
des
meurtres
des
vols,
des in-
jures.
On modifia cette coutume en mettant ces
guerres
sous des
rgles;
elles se firent
par
ordre et sous les
yeux
du
magistrat,
ce
qui
tait
prfrable
unelicence
gnrale
de senuirf.
( Esprit
des
lois,
liv.
xxvin, chap. i~.)
Bientt suivirent les combats entre
quatre lances,
les
carrousels,
les
tournois,
les
joutes,
etc.
Aucune autre nation n'accueille .M~convives et .t<'j'htes avec
plus degnrosit.
La loi des
Bourguignons
veut
que chaque
Bour-
guignon
soit reu en
qualit
d'hte chez un Romain. Celaest con-
forme aux murs des Germains
qui,
au
rapport
de
Tacite
taient
le
peuple
de laterre
qui
aimait le
plus
exercer
l'hospitalit. ( ~.t-
prit
des
lois,
liv.
xxx, chap. <)
Est unc/f. Laloi
ripuaire
faisait de
t'hospitatit
un
devoir pr-
cis,
et
punissait
d'une amende ceux
qui y manquaient. (Hnault,
tom.
11, p. 2o3.)
XXII.
7'oH/oM~
arms. De l
vient,
dans tous les tats forms
par
des
peuples germaniques, l'usage
de
porter l'pe,
si
gnral
en
quelques-uns, que, par exemple,
en
Espagne,
il s'tend aux
artisans et aux laboureurs. Cette coutume ferait croire aux Ro-
mains et aux
Grecs,
s'ils revenaient au
monde, que
nous sommes
toujours
en
guerre. (
LABLETTEins. )
Les
rixes,
suites invitables del'ivresse. Le
got
dtermin
pour
levin tait si
gnral
en
Allemagne, queplusieurs princes
del'em-
pire
se runirent
pour
en modrer les excs. L'ordonnance du
tournoi d'Heilbron
porte
des dfenses svres cet
gard.
En
15~~
les lecteurs de
Trves
de
Wurtzbourg,
de
Spire
et deRa-
tisbonne,
avec
cinq
comtes
palatins
du
Rhin,
le
margrave
Casimir
de
Brandebourg
et le
landgrave Philippe
de
Hesse,
se runirent
galement pour
abolir
l'usage
immodr des
juremens,
des blas-
phmes
et de
l'ivrognerie.
L'ordonnance
qu'ils rdigrent
est ainsi
conue '<Aprs
avoir assisten
personne
au tir de l'arbalte des
tox LA GERMANIE.
artisans de
Heidelberg,
nous nous sommes tous convaincus
que
l'usage grossier
des
juremens
et des excs du vin occasione une
foule de maux dans lanation
allemande;
c'est
pourquoi
nous
tous,
lecteurs ou
princes sus-mentionns,
tant
ecclsiastiques que
la-
ques,
nous nous sommes
engags
d'un commun
accord,
la
louange
du Dieu
tout-puissant,
et sous notre
parole
de
prince,

nous
abstenir,
en ce
qui
nous concerne
personnellement,
de
ju-
rer,
de
blasphmer
et de nous
enivrer, ou,
du
moins,
ne
plus
le
faire
qu'
moiti. Nous ordonnons en mme
temps,
sous des
peines spciales,
tous nos
magistrats suprieurs
et
infrieurs,
aux
officiers et
employs
de la
cour,
de suivre notre
exemple.
Les che-
valiers sous notre
juridiction
sont
galement
invits nous imiter,
et ne
plus
se livrer ni au
blasphme
ni
l'ivrognerie,
ou,
du
moins,
ne
plus
le faire
qu'
moiti.

( Mrn.
manuscr. sur la
chevalerie,
par
lecomte A.
Delaborde.)
Ils ont illibr
/o~<jm'~
ne
~OKcaM/zt~eM~e
L'Anglais,
le seul
Anglais
instruit dans l'art de
vivre,
Pense et raisonne encore au moment
qu'il
s'enivre;
Le coude sur le
table,
appuy gravement;
L'esprit proccup
d'un bill du
parlement,
Il
contemple
sa
coupe,
en silence
vide,
Et, plein
de ses
vapeurs,
il creuse son ide.
~.E~K/re
de Colardeau
jOuAame/.J
XXIII. Achtent mef/!e<&< vin. LesRomains avaient fait de
l'Eu,-
rope,
de l'Asie et de
l'Afrique,
un vaste
empire
la faiblesse des
peuples
et la
tyrannie
du commandement unirent toutes les
par-
ties dece
corps
immense. Pour
lors,
la
politique
romaine fut dese
sparer
de toutes les nations
qui
n'avaient
pas
t
assujties
la
crainte de leur
porter
l'art de vaincre fit
ngliger
l'art de s'enri-
chir
ils firent des lois
pour empcher
tout commerce avec les
barbares.
n
Que personne,
disent Valens et
Gratien,
n'envoie du
vin,
de l'huile ou d'autres
liqueurs
aux
barbares,
mme
pour
en
goter.
Qu'on
ne leur
porte point
de
l'or, ajoutent Gratien,
Va-
lentinien et
Thodose,
et
que mme,
ce
qu'ils
en
ont,
on leleur
te avec finesse. Le
transport
du fer fut
dfendu,
sous
peine
de
la vie.
Domitien, prince timide.
fit arracher les
vignes
dans la
Gaule,
de
crainte,
sans
doute, que
cette
liqueur n'yattirt* tes
bar-
NOTES. to3
bares,
comme elle les avait autrefois attirs en Italie.
(jE'w/<
des
lois,
liv.
xxt, chap. t5. )
Leurs mets
sont simples. Tacite, par cet loge,
blme indirecte-
ment les honteuses
profusions
de la table chez les Romains. Plu-
tarque
raconte
qu'un jour
le mdecin Philotas
voyant
dans lacui-
sined'Antoine un
appareil extraordinaire, et,
entre autres
choses,
huit
sangliers qu'on
faisait rtir tout
entiers,
fut bien
surpris quand
on lui dit
que
les convives n'taient
que
douze.
Sans raffinement. Aujourd'hui
lesmoissonneurs mmes assaison-
nent leurs mets de diverses
pices,
dit Perse
( liv.
vt
). Voy.,
Hist.,
liv, n et
ni,
la
description
desfestins de
Vitellius, qui employait
des
villes entires fournir sa
gloutonnerie.
On connait leluxe et les
dpenses
de Lucullus et
d'Apicius pour
leur table.
XXIV..&! sautant au milieu des
glaives.
Auhameau du Pont-
de-Cervires, chaque anne
le
jour
de lafte
patronale,
on ex-
cute diverses
danses;
le bal s'ouvre
par
une danse
que
des
jeunes
gens
du
pays
excutent
l'pe
la main. Cet
usage parat
avoir
t transmis
par
une colonie descendue de laGermanie.
( royez
la
description
de cette danse
guerrire
dans le Moniteur du22 mars
1806.)
Les
jeux
du carrousel furent une suite de ces danses au
milieu deslances et des
pes;
c'tait ce
que,
dans les tournois de
chevalerie,
on
appelait
l'tour ou le &<~<w~ les
chevaliers,
rangs par escadrons,
se
chargeaient
la lance en
arrt
ceux dont
la lance tait. brise au
premier
choc,
combattaient
l'pe
la
main,
etc. Ces
jeux
ne furent d'abord
que
des danses
qui
simu-
laient des combats semblables ceux
qu'on appelait depuis
eoM-
&<~t
la foule, ou, peut-tre, f~.ty~c'c.f
ils se
perfectionn-
rent dans les sicles suivans.
(DE
SAINTE-PALAYE, pag. t~o.)
Pour aucun salaire. Nron fit
paratre
sur la scne les descen-
dans des
plus
illustres familles leur misre leur fit recevoir le
prix
de tant de honte. Ils ne sont
plus je
ne dirai
pas
leur
nom;
c'est un tribut
que je
crois devoir leurs anctres. Nron
fora aussi, par
des dons
immenses,
des chevaliers romains des-
cendre sur l'arne. Ils
n'y
eussent
pas consenti,
si les
prsens que
fait celui
qui peut
ordonner n'avaient toute la force de la con-
trainte.
(~M/
liv.
xiv,chap. i4.)
Ils
l'appellent
bonne
foi.
Nous avons conserv ce sentiment
LA GERMANIE.
IO/)
d'honneur
pour
toutes les dettes de
jeu, que
nous
regardons
en-
core comme les
plus
sacres detoutes les dettes. Labonne foi et la
loyaut
taient le caractre de ces
peuples,
et ce caractre s'est
conserv
jusqu'
nous. Les
plus grands reproches que
se font les
hros dans les romans'de
chevalerie,
sont ceux de
dloyal,
de
chevalier
flon, parjure
sa
foy, mensongier, couard,
et
foy
mentie.
( DeSainte-Palare,
t.
i, p. 77.)
XXV. Leurs autres MC/~f&tne servent
pas
comme les /!<M'.
Il
y
a deux sortes de servitude la relle et la
personnelle.
La
relle est celle
qui
attache l'esclave au fonds de terre. C'est ainsi
qu'taient
les esclaves chez les Germains. Au
rapport
de Tacite,
ils n'avaient
point
d'offices dans la
maison;
ils rendaient leurs
matres une certaine
quantit
de
bl,
de btail ou d'toffe. Cette
espce
de servitude est encore tablie en
Hongrie, en
Bohme,
et dans
plusieurs
endroits de la
Basse-Allemagne.
Les
peuples
simples
n'ont
qu'un esclavage rel, parce que
leurs femmes et
leurs enfans font les travaux
domestiques.
Les
peuples voluptueux
ont un
esclavage personnel, parce que
le luxe demande le ser-
vice des esclaves dans la maison. Vous ne
pourriez,
dit
Tacite,
distinguer
le matre de l'esclave
par
les dlices de la vie.
(Esprit
deslois,
liv.
xv, chap. 10.)
Le Ma~ye
exige
seulement. En lisant les monumens de-nos
pre-
miers rois
captiens,
il
parait que
lesdeux tiers du
royaume
taient
serfs de
corps
et de
biens, ou,
du
moins,
serfs de biens. Personne
n'ignore qu'on appelait
alors serfs de biens ou
d'hritages
ceux
qui
tenaient de
quelque seigneur
une
portion
de terre
qu'il
ne
pouvait pas
leur ter
arbitrairement,
condition de labien tenir
en
valeur
et de
payer
ce
seigneur
une redevance fixe.
(
de /'f&!&M. des Francs dans les
Gaules, par
le
prsident
H-
nault,
tom.
u, pag. ~5.)
Le nombre des serfs chez toutes les
nations de
l'Europe
tait
prodigieux.
En
France,
au commence-
ment de la troisime
race,
la
plus grande partie
de la classe in-
frieure du
peuple
tait rduite cette condition.
(jE~p/e~/oM,
liv.
xxx, chap. 11.)
La servitude ne va
/MM
au del. Les nations
simples
et
qui
s'attachent elles-mmes au travail ont
plus
de douceur
pour
leurs
esclaves
que
celles
qui y
ont renonc. Mais
lorsque
les Romains
NOTES. ro5
se furent
agrandis, que
leurs esclaves ne furent
plus
les
compa-
gnons
de leur
travail,
mais les instrumens de leur luxe et de
leur
orgueil,
comme il
n'y
avait
point
de
moeurs,
on eut besoin
de
lois,
et il en fallut de terribles
pour
tablir la sret de ces
matres
cruels, qui
vivaient au milieu de leurs esclaves comme
au milieu de leurs ennemis.
(Esprit
f/c.f
lois,
liv.
xv, chap. 16.)
Qu'ils le font impunment. Quand
laloi
permet
au matre d'ter
la vie son
esclave
c'est un droit
qu'il
doit exercer comme
juge
et non
pas
comme matre il faut
que
la loi ordonne des forma-
lits
qui
tent le
soupon
d'une action violente.
( Esprit
des
lois,
liv.
xv,
chap. 17. )
La libert se reconnat l'abaissement mme des
affranchis.
Polycletus,
l'affranchi de
Nron,
fut
envoy pour rprimer
les
Bretons. Il
fatigua
l'Italie et la Gaule de son nombreux
cortge,
et, par
sa
duret,
se fit redouter mme de nos
propres
soldats.
Mais ce fut un
sujet
de rise
pour
ces
barbares,
brlant encore de
tout l'amour de la
libert,
et
qui
ne savaient
pas
encore
qu'un
af-
franchi
pt
tre
puissant,
devoir un
gnral
et des soldats victo-
rieux obir un esclave.
(~/M.,
liv.
xiv, chap. 3/)
-Othon
ayant
t lu
empereur,
un affranchi de
Nron,
Crescens
(car
c'est au
milieu de tous les troubles
publics que
ces hommes cherchent
s'immiscer dans
l'tat),
se
permit
d'offrir un
grand
festin au
peuple, pour
clbrer cenouvel avnement.
(77M<Hv. i,ch. 76.)
Voyez
comme Horace insulte un affranchi
arrogant. (Epod.
iv.)Dans
le
gouvernement
de
plusieurs
il est souvent utile
que
lacondition des affranchis soit
peu
au dessous de celle des
ing-
nus,
et
que
les rois travaillent leur ter le
dgot
de leur con-
dition
mais dans
le gouvernement d'un seul, lorsque
leluxe et le
pouvoir
arbitraire
rgnent,
on n'a rien faire cet
gard
les af-
franchis setrouvent
presque toujours
audessus des hommes
libres;
ils dominent la cour du
prince
et dans les
palais
des
grands,
et
comme ils ont tudi les faiblesses de leur matre et non
pas
ses
vertus,
ils le font
rgner,
non
pas par
ses
vertus,
mais
par
ses
faiblesses.
( Esprit
des
lois,
liv.
xv, chap. ig.)
XXVI.
L'accroitre par
des usures. Perse
(.M~. v)
se
plaint
de
l'amour des Romains
pour
l'usure.
Ah!
que
dsirez-vous! faire
travailler vos
fonds, qu'ici
vous
placiez
un intrt
modeste,
et
LA GERMANIE. io6
les forcer vous
rapporter
cent
pour
cent Ah
jouissez plutt
de la vie.
.Ignorance plus
salutaire
que
des lois
prohibitives. Quand
un
peuple
n'a
pas l'usage
dela
monnaie, on ne connat gure
chez lui
que
les
injustices qui
viennent dela
violence;
et les
gens faibles,
en
s'unissant,
se dfendent contre la violence. Il
n'y
a
gure
l
que
des
arrangemens politiques.
Mais chez un
peuple
o la monnaie
est
tablie,
on est
sujet
aux
injustices qui
viennent de la
ruse;
et
ces
injustices peuvent
tre exerces de mille
faons.
On
y
est donc
forc d'avoir de bonnes lois
civiles;
elles naissent avec les nou-
veaux
moyens
et les diverses manires d'tre mchant.
(Esprit
des
lois,
liv.
xvm,
chap. 16.)
Leurs terres sont successivement
occupes par
tous. Csar dit
que
les Germains nes'attachaient
point

l'agriculture que
la
plu-
part
vivaient de
lait,
de
fromage
et de
chair; que personne
n'avait
de terres ni de limites
qui
lui fussent
propres; que
les
princes
et
les
magistrats
de
chaque
nation donnaient aux
particuliers
la
por-
tion de terre
qu'ils voulaient,
et dans le lieu
qu'ils voulaient,
et
les
obligeaient
l'anne suivante de
passer
ailleurs.
(Esprit
des
lois,
liv.
xxx, chap. 3.)
Les
magistrats publics
distribuaient
tous les ans aux familles des
portions
de
terre,
qui changeaient
de matres l'anne
suivante,
de
peur, disaient-ils, que
le
got
de
l'agriculture
ne
remplat
la
passion
des
armes,
et
que
le dsir
d'agrandir
des
proprits
hrditaires nedtruist
l'galit
des for-
tunes.
(CESAR,
Ctte/Tf~c.f
Gaules,
liv.
vi,
chap. 22.)
Leur sont
galement
inconnus. L'automne n'a
point
de nom
dans la
langue anglo-saxonne
les
Anglais
ont
emprunt l'expres-
sion
franaise.
XXVII. Les armes du mort. Les
chevaliers,
si l'on s'en
rap-
porte
l'auteur du roman de
Lancelot,
n'taient
point
ancienne-
ment mis en terre
qu'ils
ne fussent arms de toutes leurs armes.
t Le
corps
de messire
Corneille,
dit La
Colombire,
fust en-
voy

Bruxelles,
et lefeit enterrer laduchesse
(de Bourgogne)
Sainte-Goule moult
honorablement
car elle l'aimoit moult
pour
sesbonnes
vertus,
et fust mise sur lui sa
bannire,
son tendart
et
son pennon.

(DE
SAjNTE-PALAYE,
torn.
j, pag. 4-)
Quelquefois
~o/t cheval. On a trouv dans le tombeau de Chil-
NOTES.
!07
pric
sesarmes et son cheval enterrs avec lui.
(
Mm. de l'Acad.
des
Belles-Lettres,
tom.
n,
pag. 648. )
Enfin Rammont de Ve-
nout,
ou Raimon le
Venoul,
se fit amener trente
chevaux, et,
pour
donner le
spectacle
d'une
magnificence qui
n'avait
point
d'exemples,
il fit brler ces malheureuses victimes de vanit aux
yeux
de tous les assistans.
(DE
SAINTE-PALAYE,
tom.
n, pag. 78.)
(~Mt
tous les honneurs de mausoles.
Licinius,
barbier et
affranchi
d'Auguste,
avait
acquis
des biens immenses sa mort
on lui leva un tombeau de marbre.
( ~bj~M
la sat.
11,
de
Perse.)
Aux femmes
il convient
depleurer.
Chez les
Iroquois,
il
n'y
a
que
lesfemmes
qui pleurent
la
perte
d'un
parent
ou d'un ami.
(~o~~<;
de M.
Malouet. )
XXVIII.
Diffre
~'M~'<M<MK.f
et de coutumes. Les nations
ger-
maines,
dit
Tacite,
avaient des
usages communs;
elles en avaient
aussi de
particuliers.
La loi
salique
et la loi des
Bourguignons
ne donnrent
point
aux filles le droit de succder la terre
avec leurs
frres;
elles ne succdrent
pas
non
plus
la cou-
ronne. La loi des
Wisigoths,
au
contraire,
admit les filles suc-
cder aux terres avec leurs
frres
les femmes furent
capables
de
succder la couronne.
(Esprit
des
lois,
liv.
xvni,chap. 2~.)
Les Gaules furent envahies
par
les nations
germaines.
Les
Wisigoths occuprent
la Narbonnaise et
presque
tout le
midi;
les
Bourguignons
s'tablirent dans la
partie qui regarde l'orient,
et
les
Francs
conquirent

peu prs
le reste. Il ne faut
pas
douter
que
ces barbares n'aient
conserv,
dans leurs
conqutes,
les
murs,
les inclinations et les
usages qu'ils
avaient dans leur
pays,
parce qu'une
nation ne
change pas,
dans un
instant,
de manire
de
penser
et
d'agir. (Ibid.,
liv.
xxx, chap. 6.)
Des
Gaulois aussi ont pass autrefois en
Germanie. C'est
appa-
remment cet
alliage qui
a fait
regarder, par
des auteurs du
moyen
ge,
la nation allemande comme
trangre
la
Germanie,
et non
sans
quelque raison,
car il
parait trs-probable qu'elle
fut d'abord
forme d'aventuriers
gaulois qui,
suivant
Tacite,
enhardis
par
la
pauvret, s'emparrent,
au del du Rhin et du
Danube,
de terres
d'une
possession douteuse,
c'est--dire sans matres ce
qui
d-
signe
assez bien les
pays
abandonns
par
les
Marcomans, lorsque,
sous le
rgne d'Auguste,
leur roi Maroboduus les
transporta
dans
LA GERMANIE. !08
la Bohme. Ces
Gaulois,
migrs
en
grand nombre,
accrus des
restes des anciens
habitans,
ensuite des dbris d'autres
peuples
germaniques,
et
par
des
incorporations successives,
taient deve-
nus Germains avec le
temps,
ou ne conservaient
que
de faibles
traces de leur
origine gauloise.
Z<:ybn~<fe/'c~n:e.
Cette fort tait nomme
Orcynie par
Era-
tosthne,
Arcinie
par Aristote;
une
partie s'appelle
encore au-
jourd'hui
le
Hartz,
nom
corrompu d'Hercynia,
ou
qui
tait
peut-
tre le nom
primitif
de ces
forts,
et dont les Romains avaient
adouci la
prononciation
en les
dsignant
sous lenom
d'Hercynia.
Csar,
d'aprs
les
gographes grecs,
avait confondu toutes les
forts et toutes les
montagnes
de laGermanie sous le nom de fo-
rt
Hercynienne;
cette
vague
tradition se
propagea parmi
les
go-
graphes romains
ni
Pline,
ni
Tacite,
ne surent s'en former une
ide
plus
exacte.
(GeogT-.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 2~2.)
M.
Peyer-Imhoff,
lieutenant-colonel
d'artillerie,
nous commu-
nique
une note
qui peut
servir au trac de ces vastes forts sur la
carte.
En traversant leRhin
Basle,
se
dirigeant
au
N.-E.,
on
arrive,
aprs
six heures de
marche,
un
groupe
de
montagnes
nomm
Fichtelberg, qu'il
ne faut
pas
confondre avec le
Fichtelberg
dela
Franconie c'est au
premier que
commence lafort
Hercynienne.
Continuant de marcher vers
l'E.,
on
arrive,
en suivant la rive
gauche
du
Danube,
la
petite
ville de
Huffingen,
et ensuite
,
t"
Haartz-Beyern
la
plus
ancienne
abbaye
de
l'Allemagne;
a. Haartz
village
trois lienes
plus loin,
et une demi-lieue
du Danube;
3. Haartz-Wald
grande
fort une lieue au
couchant;
/(.
Haartz-Auf sommet de la
montagne,
unelieue au
N.;
5. Haartz-Lauch rivire
sept
lieues
plus bas,
vers le
Danube;
6. Haartz-Haussen sur )a rivire de la
Scheer,
six
lieues;
7. Haartz-Lau,enfacedeSigmarin;
8.
Haartz-Hausen,
six lieues du Danube.
Suivant le fleuve
pendant
neuf
lieues
se
dirigeant
ensuite vers le
N.,
on trouve a
trois
lieues,
<).
Haartz-Hof. A trois lieues
plus
loin la
NOTES.
109
m. Haartz
grande
fort au N.
A neuf
lieues,
vers le
N.,
on
rencontre,
sur la rive
gauche
du Neck-Ar on Neck-
Haartz,
i i. Haartzen-Hoffen. A une lieue son
couchant,
jx. Haartz-Platten. A une lieue auN.-E.
plus loin,
t3. Haartz-Mur. A neuf lieues droit au
N.,
14- Haartz-Hauser-Wald. A six lieues son
couchant,
15.
Haartz-Hausen;
et neuf lieues
plus
bas
qu'Ulm
on
trouve,
sur la rive droite du
Danube,
16. Haartz-Hausen.
En suivant le cours du Rhin
17.
Haartz
village prs d'Alstetten,
au bord du
fleuve,
avant
son entre dans le lac de Constance.
18. Haartz-Ober
grande
fort aux environs de
Bas)e;
ig. Haartz-Mittel,
entre
Huningue
et
Bauzenheim;
20.
Haartz-Nider,
de Bauzenheim
Colmar;
21. Haartz-Hausen-
village
et fort
prs
de
Haguenau;
M. Haartz-Neustatt ville et fort au N. de
Landau;
a3.
Haartzen-Berg chteau
2~.
Haartz-Hausen
village
l'embouchure de la
Speyerbach;
25.
Haartz-Wald;
rive
gauche du Mein, prs Carelsruh;
26. Haartz Delbele
rivire;
27.
Haartz-Spes,
rive droite du
Mein;
~8, Haartz-sur-l'Alme,
versant dans la
Lippe;
ta. Haartz-Wald,
entre laFulde et
l'Ulster;
3o.
Haartz-Rhein,
au N. de
Hessen-Cassel;
3i. Haartz
Wald,
sur le
Haartz, prs
de
Quedlibourg.
Les Helvtiens. Aux
Boens,
Tacite associe les
Helvtiens,
autre
nation
gauloise qu'il
fait rester entre le
Rhin,
leMein et
l'Hercy-
nie. Strabon ne
parle que
des
Boens, qu'il
tablit dans la vaste
enceinte de la mme
fort;
et l'identit du lieu ne
permet gure
de douter
que Csar,
Strabon et
Tacite,
n'aient
parl
de la
mme
expdition, que
Tite-Live date du
rgne
de
Tarquin
l'Ancien.
Celledes Helvtiens
pourrait
d'ailleurs n'tre
pas prcisment
du
mme
temps,
et les
Gaulois,
soit
avant,
soit
aprs
cette
poque,
avaient
peut-tre
fait
beaucoup
d'autres tablissemens dans la
LA GERMANIE. t!0
Germanie,
ainsi
que
dans la Pannonie et
l'Illyrie,
o l'on voit
des cantons
occups par
des
Seordisques,
des
Teuristes,
des Tau-
risques,
des
Bastarnes,
que
les
plus
anciens auteurs reconnaissent
pour
les nations
migres
de laGaule.
( Esprit
milit. des
Germains,
pag. 10.)
Plus au ~e/a les Boens. Les Boens taient la
principale
na-
tion
celtique
de ces
contres;
ils
tendirent,
un sicle avant Stra-
bon,
leur domination sur une
grande partie
de la Bavire et de
l'Autriche actuelles leurs terres
atteignaient
mme le lac
Peiso,
probablement
le
lac
Balaton en
Hongrie.
Dans lenrs
migrations,
ils envahirent le
-BoK)A<nK/n,
et lui donnrent leur nom.
( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
t,
pag. t i3.)
Se conserve encore dans celui de Bohme. Le mot
germanique
haim
signifiait
demeure
~B<M'o~7Mm7!,
demeure des Boens.
De cette ancienne
ey/<!<M/
Du
temps
de
Tarquin l'Ancien
vers l'an de Rome
162, prs
de six cents ans avant l're
vulgaire,
les
Gaulois,
embarrasss d'une
population surabondante, envoy-
rent une nombreuse arme au del des
Alpes,
aux ordres de Bel-
lovze
une autre au del du
Rhin,
sous la conduite de son frre
Sigovze, qui
la mena vers la fort
Hercynie.
Les
peuples
de la
Gaule
qui,
selon
Csar,
firent cet tablissement dans l'intrieur de
la fort de ce
nom,
sur les terres les
plus
fertiles de la
Germanie,
sont nomms dans ses Commntaires
/~b/ce.f-?'ecto.e.f, proba-
blement
par
une ancienne erreur des
copistes, puisque Tacite,
en
s'appuyant
de l'autorit de
Csar,
appelle
ces
peuples Boens
et
dit
positivement qu'ils
donnrent au
pays
le nom de
-BoMMMM,
qui
subsistait de son
temps, quoique
les Boens eussent t d-
placs.
La mme contre
s'appelle
encore Boheirn dans les
langues
allemandes,
et Bohme dans la ntre. Les Boens
sortaient-ils,
comme on lecroit
eomomnment,
du
Bourbonnais, qui pouvait
tre alors
plus
tendu,
ou taient-ils une
portion
des
Squanais?
Quoique ce pays
ait
depuis chang
d'habitans. Du
temps
d'Au-
guste
ilsfurent chasss
par les Marcomans,
et ils seretirrent dans
la
Norique.
Les -cMce.f habitaient la
Haute-Hongrie.
Les O~e~taient situs dans la
partie
orientale de la Silsie
et vers la source de la Vistule. On
s'imagine apercevoir
le nom
d'Ose dans celui d'Osvicezin,
ville de
Pologne.
NOTES. ni 1
Les Trvirs et les Nerviens. Les Trvirs
occupaient
le
pays
de
Trves les Nerviens habitaient une
grande partie
de la
Flandre;
Carneracum, Cambrai,
tait leur
capitale.
Les Nerviens s'ten-
daient dans tout le Hainaut et dans le midi de la
France;
leurs
villes taient
Cambrai, Cameracum, Tournai, Turnacum,
et Ba-
vai,
Bagacum,
la
plus
anciennement connue des trois. De
petites
tribus soumises aux Nerviens
occupaient probablement
la cte de
la Flandre
actuelle, qui
fut nomme 2Vf'MCMa7:M.i' tractus.
( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 272.)
Les
~<MgT07M' occupaient
les territoires de
Mayence
et de
Worms,
en
de
du Rhin.
Les
Triboques
rsidaient dans la
partie septentrionale
de l'Al-
sace.
Les Nmtes
occupaient
la
portion
du
pays
de
Spire qui
est sur
la rive
gauche
du Rhin. Dans la Germanie
suprieure,
nous
trouvons du nord au sud les
Vangions,
les Nmtes et les Tri-
boques
la
capitale, Moguntiacum, Mayence, qui
est
probable-
ment le
.M~e~o&na
deCsar.
(Gpog7-.<&
Malte-Brun,
t.
i, p. 27~.)
Du nomde leur
fondatrice. Agrippine, pouse
de
l'empereur
Claude et mre deNron. La mmeanne
( de
l're
vulgaire 5o),
marque par
les discordes des
Quades
et
par
les incursions des
Cattes,
le fut aussi
par
l'ambitieuse fantaisie
qu'eut l'impratrice
de
transporter
des soldats vtrans dans la ville des Ubiens
(Co-
logne ), pour
donner le nom de colonie
~opt/M
une nation
germanique
tablie
depuis plus
de
quatre-vingts
ans sur les terres
delaGaule.
(TACITE,
liv.
xii, chap. 27.)
-Par ses
ordres,
le brave
Agrippa,
le second
gnral qui
ait montr les
aigles
ro-
maines au del du fleuve de
sparation,
entra dans la Germanie
pour protger,
ou
plutt pour
recueillir les
Ubiens,
vaincus
par
des
peuples Suves, probablement par
les
Cattes,
leurs anciens
ennemis, poursuivis
avec acharnement et forcs de venir chercher
un asile dans la
Belgique.
En les
plaant
larive
gauche
du
Rhin,
sur le territoire des
Mnapiens
et des
Condruses,
il
paraissait g-
nreux envers des allis
fidles,
dont il ne voulait
que
se servir
utilement
garder
une certaine tendue du fleuve contre d'autres
nations transrhnanes. Il donna aux
Ubiens, pour
tre la
capitale
de leurs nouveaux
tats,
la ville
qui s'appela
dans la suite la co-
lonie
~~c'pM~ne, aprs que
la fameuse
Agrippine,
femme de
nxa LA GERMANIE.
l'empereur Claude,
et
petite-fille d'Agrippa, y
eut
envoy
uneco-
lonie de vtrans. C'est
aujourd'hui Cologne,
nomme Koln
par
ses habitans.
(Esprit
milit. des
Germains, pag.
48
et
~g.)
XXIX. Des Bataves. Derrire les Frisons habitaient les Ba-
taves,
entre les bras du
Rhin;
ce
peuple
tait une colonie des
Cattes.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom. i.
pag.. a.46.)
Mais ils en
occupent
une ~/e. L'ancienne le des Bataves se
trouve renferme entre les deux bras du
Rhin,
s'tendant ainsi
sur une
longueur
d'environ cent milles
romains,
et sur
vingt-deux
dans sa
plus grande largeur. (PiNMMON,
tom.
:n, pag. t88.)
Cette
le
forme
par
le
Rhin,
le Wahal et
l'Ocan,
tait situe
l'extrmit de laGaule
Belgique.
Rservs
pour
nos
guerres. Lorsque
les Cimbres et les
Teutons,
l'an de Rome
640,
environ
quatre
cent soixante-dix-huit ans
aprs l'expdition
de
Sigovze,
et cent treize avant l're chr-
tienne,
se
jetrent
sur les
Gaules,
ils ne trouvrent de rsistance
invincible
que
dans la
Belgique.
De
Mattiaques.
Ils habitaient la
Vtravie,
laHesseet le
pays
de
Fulde;
il
y
avait dans leur territoire un fort
qui portait
leur
nom,
Castrum
Mattiacorum,
Marpurg;
ZocoTthHKleur
appartenait
en-
core,
Lorhr ou
Forcheim,
et
~!<<B
J MaaMC<c,
vis--vis de Ba-
den.
( Gogr. comp.
de J .
~o~r.)
Les
champs
dcumates. Ces
peuples
habitaient les
champs
dcu-
mates, qui comprenaient presque
toute laSouabe. Les Marcomans
ayant
abandonn ces contres
pour
se fixer en
Bohme
des
peuples
errans vinrent
s'y
tablir. Les Romains leur accordrent
leur
protection,
sous la condition
qu'ils
leur
payeraient
ledixime
deleur rcolte.
~'M/'e/:<
occuper
ce territoire. Vers le confluent du Rhin et du
Mein,
une foule deGaulois avaient
occup
des terrains
vagues qui
reurent
le nom
d'agri
decumates,
parce qu'ils
ne
payaient que
la
dme de leurs fruits. Ces
terrains,
voisins du
pays
des
Cattes,
selon
Tacite,
et mal
propos placs par
d'Anville sur les bords du Da-
nube,
taient entours d'un
rempart
dont les ruines existent en-
core souslenom de
Pohlgraben;
ce
rempart parat
avoir embrass
les environs de
Wisbaden,
de Francfort et
d'Aschaffenbourg.
Les
eaux thermales du
premier
rie ces endroits taient connues des
NOTES n33
vh 8
Romains sous le nom
d'<:M<p
ThhMMe~,
nom
qui rappelle
celui
des
Mattiaques, petite
nation vassale de ces
conqurans. ( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 240. )
XXX. Les Cattes habitaient la
Hesse,
une
partie
de la
Thuringe
et duduch de Brunswick. Une de leurs colonies allas'tablir chez
les
Bataves,
o les deux
villages
de Cattevisch
portent
encore leur
nom. Leurs rsidences taient
Sterenontium, Cassel, Munitium,
Gottingen, De<wM, prs Wurtzbourg, Calegia,
Weimar,
et ~y-
MM~/y~
aux environs de Rotzbach.
(Gf'o~~p~'e compare
de
J oly. )
Ces
peuples
restrent
plus tranquilles que
les autres Is-
taevons;
ils
occupaient
laHesse et les
pays
de Fulde et
d'Hanau
avec une
partie
de la Franconie. La fort de
Bacenis, qui
les bor-
nait au
nord-est,
est une
partie
decelle dite
aujourd'hui
de Thu-
rin ge,etqui
encoredansle
moyen ges'appelait
Buchonia. LesCattes
semontrent rarement
aprs
le
premier
sicle de l're
vulgaire;
ils
paraissent, pour
la dernire
fois,
en
Sot,
comme allis des
Francs.
( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
t, pag. 2/)Q.)
Il s'leva
entre les Cattes et les Hermondures de violentes
querelles pour
la
proprit
des salines abondantes
places
sur les confins des deux
peuples.
Telle tait avant le combat leur
animosit,
quercipro-
quement
ils avaient dvou leurs dieux les
hommes,
les
chevaux,
et tout ce
qui
resterait de vivant dans l'arme vaincue.
(TAdT.,
Annal.,
liv.
xtii, chap. S~.)
L'an deRome
744) Drusus,
se-
cond de
Tibre,
son frre
an,
et clair
par Auguste, qui
ob-
servait de la Gaule les vnemens de la
Germanie, attaqua
les
Cattes, que
les Sicambres venaient enfin de runir la
ligne pa-
triotique.
Il rduisit
pour
le moment
quelques peuples
de la con-
fdration,
et dvasta d'autres contres sans faire d'ailleurs de
grands progrs. (.E~~f/M~.
des
Germains,
pag.5~.)
Au
commencement du
printemps
de l'an de Rome
a68
et le
quin-
zime de l're
vulgaire,
les
Cattes, surpris par
la
diligence
de
Germanicus
prvenir
lasaison ordinaire
par
l'extrme clrit de
sa
marche, prouvrent
la mme inhumanit
que
les Marses. Les
femmes,
les
enfans,
les
vieillards,
dans les cantons sur
lesquels
tomba l'arme,
furent d'abord massacrs ou enlevs
pour
l'escla-
vage,
les
campagnes ravages,
et le chef-lieu de la
nation
ap-
pel
Mattium,
et
qu'on
croit tre
aujourd'hui Marbourg,
dans la
LA GERMANIE.
)~,il
Hesse,
livr aux flammes. Les
gens
de
guerre
et la
jeunesse
des
Cattes
chapprent
en traversant l'Eder la
nage
ils osrent
mme
disputer
le
passage
de la
rivire,
avec des
flchespent-trc,
ou d'autres armes de
jet, jusqu'
ce
que, foudroys par
les ma-
chines de
guerre qui protgeaient
la construction d'un
pont,
et
prs
d'tre accabls
par quatre lgions
et
plus
de dix mille auxi-
liaires,
ils n'eurent d'autre
parti

prendre que
de se
disperser
dans les forts.
(Ibid., pag.
80 et
8t.)
Leur
force
est en
infanterie.
L'Infanterie faisait la
principale
force des armes sous Clovis.
( TKff.
de France du
prsident
R~
/MM/<, pag. /).) L'usage
de la cavalerie s'tant introduit dans les
armes sous la
deuxime race,
la ncessit de trouver des four-
rages engagea Ppin
remettre les assembles de la nation au
mois de mal.
(7&f7., pag. 36.)
La
prcipitation
est souvent
/~c.f
de la crainte. La cavalerie fut
peu
nombreuse chez les
premiers Romains;
elle ne faisait
que
la
onzime
partie
de la
lgion
et trs-souvent
moins et,
ce
qu'il y
a
d'extraordinaire,
ils en avaient
beaucoup
moins
que nous,
qui
avons tant de
siges

faire,
o la cavalerie est
peu
utile
quand
les Romains furent dans la
dcadence,
ils n'eurent
presque plus
que
de la cavalerie. Il me semble
que plus
une nation se rend
savante dans l'art
militaire, plus
elle
agit par
son
infantfrie,
et
que
moins elle le
connat,
plus
elle
multiplie
sa
cavalerie;
c'est
que,
sans la
discipline,
l'infanterie
pesante
ni
igre
n'est
rien,
au
lien
que
la cavalerie va
toujours,
dans un dsordre mme l'ac-
tion de celle-ci consiste
plus
dans son
imptuosit
et un certain
choc;
celle de
l'autre,
dans sa
rsistance,
et une certaine immo-
bilit
c'est
plutt
une raction
qu'une
action. Enfin la force de la
cavalerie est
momentane,
l'infanterie
agit plus long-temps;
mais
il faut de la
discipline pour qu'elle puisse agir long-temps. ( C/M~.
et dcad. des
Romains,
chap.
xviii.)
XXXI. se laisser c/c~re les ef<'fM.t' et la barbe. Dans la
guerre que
Clovis fit aux
Ariens,
ses soldats
jurrent
de laisser
crotre leur barbe
jusqu'
ce
qu'ils
eussent vaincu.
(7Ki<.
de la nat.
franaise, pag.
i3o.)A
soixante ans
gnralement
en
Suisse,
on
a le droit de
porter
la barbe
longue;
c'est de
plus
une
marque
qu'on
est
dispens
de
porter
les armes.
(~o/M~
f/<;
Coxe,
lett.
iv.)
NOTES. i.5
8.
Aprs
avoir /Mmo/f? un ennemi. Dans tes
Pays-Bas,
vers la fin
du seizime
sicle, aprs
l'excution des comtes de Horn et
d'Ed-
mond, quelques-uns
firent l'ancien vu
germanique, promet-
tant de ne
point
toucher leurs
cheveux
jusqu'
ce
qu'ils
eussent
veng
ces deux victimes de la cruaut du duc d'Albe.
(LABLET-
TEME.)
Ce n'est
t~e .i'Mr
son
sang,
sur ses
dpouilles qu'ils
se <&'comwy!<
lefront.
Les
chevaliers,
comme on
peut
l'infrer d'un
passage
du
manuscrit de
J oinville,
se rasaient le devant de la
tte,
soit de
peur
d'tre saisis
par
tes
cheveux,
s'ils
perdaient
leur
casque
dans le
combat;
soit
qu'ils
les trouvassent Incommodes sous la coiffe de fer
et sous le heaume dont ils taient continuellement arms. ~Dr.
SAiNTt.-PM.AYE,
tom.
t.)
J e crois
plutt qu'ils
se rasaient ainsi
le devant de la
tte, d'pres
cet ancien
usage
des
Cattes,
et
parce
qu'ils
avaient
dj, par quelque
action
d'clat,
mrit le titre de
chevalier et le droit de se dcouvrir le front.
Cachs sous leur chevelure hideuse.
Civilis, qui
avait
rprimand
justement
les violateurs de la foi des
traits,
eut nanmoins tant
de
joie, qu'aussitt
il se
coupa
les
cheveux,
s'applaudissant
d'tre
dgag
du voeu
qu'il
avait
fait,
au commencement de la
guerre,
de les
porter pars
et
ngligs, jusqu'
ce
qu'il
et tir
quelque
vengeance
clatante de ses ennemis.
(~.iyy~
f/M7/<.f/f.)
Germa/~s,
pag. l5z.)
Les
plus courageux portent
de
plus
~M anneau f/<*
fer.
Les che-
valiers
qui
faisaient des
emprises
ou
entreprises d'armes
soit cour-
toises,
soit
outrance,
c'est--dire
meurtrires, chargeaient
leurs
armes de chanes ou d'autres
marques,
attaches le
plus
souvent
par
la main des dames.
(D~ SAiNTE-PALAYB,
tom.
i pag. 3.)
Saintr et ses
compagnons
avaient
promis
de ne
point
ter de des-
sus tours
paules
le
signe
ou le
gage
de leur
entreprise
d'armes,
jusqu'
ce
qu'ils
eussent trouv un nombre de chevaliers ou d'-
cuyers
de nom et
d'armes,
sans
reproche, pareil
au
leur, qui
les
combattissent de lances de
ject,
de haches
d'armes, d'pes
de
corps
et de
dagues. ( Hist.
de Te~aK de
Saintr, pag. 5x2.)
Le
comte de
Loiseleng,
l'un des
plus grands seigneurs
de la
Pologne
et
grand
officier de cette couronne,
se rendit en
France;
ce brave
et riche
palatin
venait admirer la cour du roi
J ean, accompagn
de
quatre
autres
palatins
d'un
rang

peine
infrieur au sien. Tous
LA GERMANIE. n66
les
cinq ayant
fait la mme
entreprise
d'armes, portaient
au bras
un carcan d'or et une chane
qni
t'attachait an
pied,
sans leur ter
la libert de se servir de l'un et de l'autre. Ils frent
supplier
le
monarque
de leur
permettre
d'attendre dans sa cour
qu'il
se
pr-
sentt le mme nombre de chevaliers
pour
les dlivrer.
(Ibid.,
pag.
i
3.)
En
i4l4,
J ean de
Bourbon, pour
viter
l'oisivet,
acqurir
de la
gloire
et la bonne
grce
de sa
dame,
fit
vu,
avec
seize autres chevaliers et
cuyers
de nom et
d'armes,
de
porter
pendant
dix
ans,
tous les
dimanches,
la
jambe gauche, un fer
de
prisonnier,
savoir en or
pour
les
chevaliers
et en
argent pour
les
cuyers, jusqu'
ce
qu'ils
eussent trouv
pareil
nombre deche-
valiers et
d'cuyers pour
les combattre.
T~~K'M
ce
qu'ils
s'en soient dlivrs
par
la mort d'un ennemi.
Les chevaliers faisaient aussi vu de ne dormir au
lit,
ne d-
pouiller
ne de
jour
ne de nuit
qu'ils
ne fussent venus bout de
leur
entreprise.
D'autres
chevaliers, par
une ambition encore
plus
dlicate et
plus leve
ne voulaient
point prendre
de
noms,
de cris ou de
devises,
ni
d'armoiries,
avant
que
de les mriter
par
leurs
propres exploits. (DE SAINTE-PALAYE, tom.
i, pag. aga.)
La
demoiselle,
au lieu d'un
doigt,
lui en accorde
deux,
et lui
ferme si bien
l'il, qu'il
ne
peut
en faire aucun
usage;
aussitt le
chevalier
jure
de ne
point
l'ouvrir
qu'il
ne soit entr sur les terres
de
France,
et
que, pour venger
les droits
d'Edouard,
il n'ait
combattu l'arme de
Philippe
en bataille
range.
En
effet, pen-
dant tout le
temps que
dura la
guerre,
lecomte
de Salisbery
ne se
permit pas
de voir de cet il.
( Ibid.,
tom.
111,
pag. 5.)
Sans
maison,
sans
champs.
Tels furent les chevaliers
errans,
qui
ne
possdaient
aucuns
biens,
cherchaient des
aventures, pro-
tgeaient
les
faibles,
redressaient les torts et taient
dfrays par-
tout oils se
prsentaient.
Courage
aussi extraordinaire. J e crois intressant de citer un
fait
qui prouve
l'ardeur extrme de ces
peuples pour
les
combats,
ardeur
que
les
glaces
mmes de
l'ge
ne
pouvaient
refroidir. Le
roi de Bohme tant devenu
aveugle,
cebrave et
gnreux
vieil-
lard dit deux de ses
chevaliers,
la veille de labataille Eh!

chiers
amis,
ne me
procurerez-vous pas
lebonheur de faire en-
core tm
coup
de lance on brane d'acier? e
Oui-d, sire,

di-
rent-ils. Sitt ils enresnerent leurs chevaux avec le
sien, et,
le
NOTES.
"7
lendemain,
les trois donnerent au
plus
fort de la bataille et fu-
rent trouvs
aprs
tous trois
tus,
unis encore ensemble.
(Hist.
de
France de
Froissart. )
XXXII. Les Tenctres taient situs vis--vis de
Cologne,
dans
le duch de
Berg
et'le comt de la Mark.
Les
Usipiens occupaient
le duch de Clves au del du
Rhin,
et une
partie
del'vch de Munster. Les Tenetres et les Usi-
piens, que
J ules-Csar n'avait
pas
dtruits aussi
compltement
qu'il
l'avait
cru,
s'tant
ligus
avec les Sicambres
par
le ressenti-
ment
commun
de leurs anciennes
injures,
firent mettre en
croix,
comme
espions, quelques
Romains
qu'ils surprirent
dans leur
pays, passrent
leRhin
aprs
ce
premier signal
de
guerre,
s'avan-
crent dans la Gaule avec leur avidit ordinaire
pour
le
butin,
durent la cavalerie romaine
envoye
contre eux
par
le
gnral
Lellius, arrivrent,
en
poursuivant
les
fuyards, jusqu'
l'infan-
terie, qu'ils
battirent
galement,
et enlevrent
l'aigle
de lacin-
quime lgion. (DioN,
liv.
xnv, chap. ao;
'VELLEIUS
PATEnc.,
liv.
n,
chap. 49.)
Trois ans
aprs
la dfaite
d'Arioviste,
les
Tenctres et les
Usipiens, peuples
de la
Westphalie,
chasss de
leur
pays par
des voisins
plus puissans, passrent
le Rhin
pen-
dant
l'hiver,
l'anne
6~7
de la fondation de
Rome,
au nombre de
plus
de
quatre
cent
mille; femmes, enfans, vieillards, gens
de
guerre,
se fixrent dans la
Gaule,
sur les terres des
Mnapiens,
nation
gauloise,
mais
d'origine germanique,
dont le territoire
s'tendait du Rhin la
Meuse,
et
probablement
de la Meuse au
Denier et l'Escaut. Il est
trs-probable qu'avant
leur
expulsion,
ces deux
peuples
habitaient sur les bords de la
Lippe; qu'au
cou-
chant ils s'tendaient
jusqu'au Rhin,
et
qu'au
levant ils taient
voisins des Cattes.
(STRAB.,
liv.
iv; CnjviM;
~<.
~c/Tn.,
liv.
11,
chap. 16;
liv.
ni, chap.
t0.)
L'exercice des vieillards. L'habitude du maniement des armes
et des chevaux se conserva
long-temps parmi
notre
noblesse
qui
en faisait un
jeu
continuel dans les
chteaux,
comme on
peut
le voir
par l'exemple
du duc
d'Epernon. (DE Tnou,
liv.
xcn.)
XXXIII. Les Bructres. 11
y
avait de
grands
et de
petits
Bruc-
tres les
petits,
voisins des Frisons et des
Chauques,
habitaient
LA GERMANIE. n8
des deux cts de la
Lippe;
les
grands
s'tendaient
jusqu'
l'Ems,
occupaient
une
partie
de la
Westphallc,
les
pays
de
Munster,
d'Osnabruek,
etc.
(Cnjv., Antiq. germ.,
liv.
111, chap. t3.)
Cette
tribu, qui
habitait le
pays
de Munster et
d'Osnabruck,
exis-
tait sous
Trajan,
seretrouva
parmi
les
peuples
confdrs,
sous le
nom de
Francs,
et ne
s'teignit que
dans lehuitime sicle.
(Gecg?-.
de
Malte-Brun,
tom.
t pag. 248.)
Constantin
conquit
dans la
suite le
pays
des
Bructres,
brla tous les
villages,
et fit
gorger
indistinctement les hommes et les animaux.
( EfMEN., AMpg'.
Constant.
chap. xii. )
Le.f C/Mm<zcMavaient leur demeure vers le fleuve
~/K<M'K:,
l'Ems;
mais
ayant
chass les
petits
Bructres de leur
pays,
ils oc-
cuprent
cette tendue o sont
prsent
la
partie
mridionale de
l'vech de Munster et la
partie
orientale de celui de Paderbonn )e
avec les comts de
Lippe
et de
Rietberg;
enfin s'tant
approchs
du
Rhin
ils se
joignirent
aux Francs
pour
ne faire
plus qu'un
mme
peuple
avec eux. Ils habitaient
.A/e~o/a/M~ Munster,
hM
~Mo/H' Alsen,
~c~/g-Mm, Doesbourg,
et Pontes
~o/?~
entre Ham et Alom.
( Gogr. comp.
de
7o/ )
Les
~/?~7-f<'orM~'
taient dans la
Westphalie;
ils se
joignirent
:ux Francs
Saliens,
ainsi
que
les
Chamaves,
et
prirent
leur nom
et leurs
costumes;
on leur donne
pour
habitation ~Vaf'a~c.
Quel-
ques-uns supposent
cette ville
auprs
de
Doesbourg
dans la
Gueldre,
les au l'es
Kempen, partie
l'embouchure de l'Issel.
( G<og7-. comp.
de J .
/o~ )
Devant nos
~j/f~rM yeux
et
pour
notre seul
~rt'
Les choses
changrent
bien dans la
suite,
et les
Romains, conquis
et asser-
vis sous le
joug
de ces
peuples,
dont les massacres n'taient
alors
pour
eux
que
des
jeux
de
gladiateurs
et une occasion de se
rjouir, prouvrent
toutes les humiliations de la servitude. Nous
en citerons
quelques exemples puiss
dans
r-E.fp/M~e.r
lois.
(P.)
La loi
salique
tablit entre les Francs et les Romains les distinc-
tions les
plus affligeantes.
Quand
on avait tu un
Franc,
un bar-
bare ou un homme
qui
vivait sous la loi
salique,
on
payait
ses
parens
une
composition
dedeux cents
sols;
on n'en
payait qu'une
de
cent, lorsqu'on
avait tu un Romain
possesseur,
et seulement
nne de
quarante-cinq quand
on avait tu un Romain tributaire.
La
composition pour
le meurtre d'un Franc vassal du roi tait de
NOTES.
"9g
six cents
sols,
et celle du meurtre d'un Romain convive du roi
'n'tait
que
de trois cents. Elle mettait donc une cruelle diffrence
entre le
seigneur
franc et le
seigneur
romain,
et entre le Franc et
le
Romain qui
taient d'une condition mdiocre. Ce n'est
pas
tout si l'on assemblait du monde
pour
assaillir un Franc dans sa
maison,
et
qu'on
le
tut,
la loi
salique
ordonnait une
composi-
tion de six cents
sols;
mais si on avait assailli un Romain on un
affranchi,
on ne
payait que
la moiti de la
composition.
Par la
mme
loi,
si un Romain enchanait un
Franc,
il devait trente
sols de
composition;
mais si un Franc enchanait un
Romain,
il
n'en devait
qu'une
de
quinze.
Un Franc
dpouill par
un Ro-
main avait soixante-deux sols et demi de
composition
et un Ro-
main
dpouill par
un Franc n'en recevait
qu'une
de trente. Tout
cela devait tre accablant
pour
les Romains.
(Esprit
des
lois,
liv.
xxvm,
chap. 3.)
CM haines contre e~M-~e/MM Rhadamiste
ayant
trahi Mithri-
date,
et
l'ayant
fait
prir
avec toute sa
famille, s'empara
de son
trne. Le lieutenant
Quadratus
assembla son conseil et
parla
ainsi
Tout crime commis entre les barbares doit tre un
sujet
de
joie
pour Rome
elle doit mme leur
jeter
des semences de dissen-
sions.
Que
Rhadamiste
jouisse
de son
injuste conqute, pourvu
qu'il
soit
odieux,
infme la haine
qu'on
lui
portera
nous sera
pro-
fitable;
sa
gloire,
son honneur ne nous le seraient
pas.

(TACITE,
flnn.,
liv.
xn,
chap. 58. )
1
La
fortune
ne
peut
rien 72oz<.v
offrir de plus que
le.s disconles f/e
nos ennemis. Tacite semble ici
prvoir
les destines de
l'empire.
En
effet,
ds
que
les barbares ne
s'attaqurent plus
entre
eux,
et
ds
qu'ils
se
runirent,
Rome fut
perdue
et sa destine fut accom-
plie. (P.)
XXXIV. Les
Dulgibins
habitaient
prs
des sources de la
Lippe.
Les CAtMmzrM s'taient tablis entre l'Ems et le
Weser; long-
temps
ils
dpendirent
des
Chrusques,
mais
ayant
secou le
joug,
ils entrrent dans la
ligue
des Istoevons. Ce fut sur leur territoire
que
les
lgions
commandes
par
Varus furent tailles en
pices
dans une fort
qui
s'tendait entre l'Ems et la
Lippe.
n
y
a
prs
de
l un
village qui s'appelle
~iV!/c&
c'est--dire
champ
de la vic-
toire. Ce fut dans ce lieu
que, plus tard, Charicmagne
dfit les
Saxons.
( Crco~y'. <;o/ f/e
J .
7b~. )
LA GERMANIE. !~6
Les ~M<MM,
dont le nom a survcu toutes les rvolutions)
s'tendaient
depuis
l'Ems
jusqu'
l'embouchure la
plus
occidentale
du
Rhin
qui s'appelait
~fe/my~,
et
qui aujourd'hui,
sous le nom
de la
Meuse, spare
laHollande de laZlande.
( Gogr.
le Malte-
Brun,
tom.
i, pag. 246.) Sous
Tibre,
lesFrisons s'taient sou-
mis
livrer, par
forme de
tribut,
ou
plutt
comme une
marque
d'affection et de
reconnaissance,
un certain nombre de cuirs de
bufs destins des
usages
militaires. La manire
tyrannique
dont un des
principaux
officiers d'une
lgion,
homme avide et
crue), imagina
de
percevoir
cette
lgre contribution, indigna
tellement les Frisons
qu'ils prirent
les
armes,
et
que,
dans leur
fureur,
ilsattachrent des
potences
les soldats ministres des vio-
lences
d'Olennius, qui
n'eut
que
le
temps
de se
rfugier
dans le
fort
appel Flevurn,
o les Romains tenaient une
garnison
consi-
drable. Inform
que, pour
se faire rendre le
fugitif,
les mcon-
tens tenaient la
place investie, Apronius,
commandant de labasse
Belgique, appele djla Germanieinfrieure,
accourut avec toutes
ses
forces, augmentes
d'un
puissant
renfort
qu'il
avait tir des
par-
ties du haut
Rhin,
ou de la Germanie
suprieure.
Le seul bruit
deson arrive fit retirer les
assigeans;
mais
lorsqu'Apronius
se fut
avanc dans l'intrieur de leur
pays,
ilsse
prsentrent
firemen ten
bataille
range,
dfirent d'abord son infanterie et sacavalerieauxi-
liaires,
mles de mercenaires
germains,
soutinrent un rude com-
bat entre les
lgions,
demeurrent matres du
champ
de bataille
et des morts de
l'ennemi,. parmi lesquels
il
y
avait un
grand
nombre de
tribuns,
de
prfets
et de centurions
distingus.
Lelen-
demain neuf cents
Romains envelopps
dans un bois
sacr
fu-
rent taills en
pices, aprs
un combat
que
la nuit avait inter-
rompu
et
quatre
cents
autres, qu'un
homme du
pays
autrefois
au service de
l'empire
dans les
troupes auxiliaires,
avait retirs
sur son
habitation,
seturent entre
eux,
dans la crainte d'tre li-
vrs aux
vainqueurs.
Cet vnement rendit le nomdes Frisons c-
lbre
parmi
les nations
germaniques,
et fltrit celui des
Romains,
sans branler
Tibre, qui
ainM mieux dissimuler sa honte
que
de
la
venger. (TACITE,
-M.,
liv.
tv,
chap.
i~
et
72.) Vainqueurs
des armes de
Tibre,
les Frisons furent soumis
par Corbulon,
sous le
rgne
de
Claude;
mais l'imbcile
monarque
ordonna au
gnrai
victorieux d'abandonner cette
conqute
ce
qui
fit
perdre
NOTES. !2t
de vueles Frisons
pendant
deux sicles.
( Gogr.
de
Malte-Brun
tom.
t, pag. 2~6.)
Ce fut avec lesecours des Frisons
que
Civi-
lis dtruisit ou fit
prisonnires
les
garnisons
romaines
rpandues
dans l'i!e
desBataves, qu'il s'empara
d'une flotte
ennemie,
et
qu'il
dfit ensuite deux
lgions prs
du
camp
de
Vtra, aujourd'hui
Santen,
oelles se
rfugirent. (&.)<
liv.
iv, chap. i5,
i6et 18.)
')
Les
Frisons,
au
septime sicle,
tendirent leurs
conqutes jus-
qu' l'Escaut;
dans le huitime
sicle,
les
Francs, ayant
leur
tte Charles
Martel, subjugurent
lesFrisons. -Les
Saterlandais,
qui
ont conserv
presque
tous les
usages germaniques, paraissent
descendre deces
peuples. ( ~o~c~e
de J . Hochedans le
Saterland,
pag..59.)
En grands e~M~e~
Frisons. Les
grands
Frisons taient ta-
blis
depuis
l'Ocan
jusqu'au
Zuiderze et larivire
d'Ems;
ils oc-
cupaient
la Frise
moderne,
le
pays
de
Groningue
et une
partie
de
l'Over-Issel- Les
petits
Frisons taient
placs
entre l'Ems et le
Weser,
mais ilsn'allaient
pas jusqu'
l'Ocan comme les
autres,
et
taient renferms dans la
partie
mridionale de l'Ost-Frise.
(C<'c~
co~
J .
Tb~r.)
Des /<i'c.fimmenses. Tout ce
pays
est maintenant couvert
par
la
mer de
Zuiderze, depuis
l'inondation de
1569, qui submergea
une
grande partie
de la Frise. Avant son
extension,
leZnider-
ze se nommait le lac .fYecc.
(PlKMETON,
Recherches sur les
Scythes, pag. 268.)
De nouvelles colonnes d'Hercule. Les anciens les
plaaient
aux
extrmits des les de Scanie et dela Zlande.
Drusus le
Ge//K<~~K<
fils de Livie et frre de
Tibre, porta
ses armes
jusqu'
l'Elbe et
jusqu'au J uttand;
il mourut trente
ans, regrett
de tous les Romains.
( ~(ycs
les dtails de cette
glo-
rieuse
expdition,
dans les Annales de
Tacite,
liv-11.)
XXXV. Elle n'M(M~<?vers le Nord. Tacite
exprime par
l
que
la cte de ce
pays, qui
faisait face
l'ouest,
revient tout
coup
faire face au
nord,
ce
qui
alieu dans les
provinces
de Frise
et de
Groningue.(P:NKERTOJ t,~ee~eye~M~M/M ~c~M, part.
11,
chap. v, pag. 268.)
Des
Chauques.
A la suite des Frisons vient )a nation consid-
rable des
Chauques,
les
prinoipaux
anctres des
Francs.
(PINKER-
tM LA GREMANI.
TON,
Recherches sur /e.f
Scythes, part.
n, chap. 5.)
Sur les
bords de
l'Ocan,
entre l'Elbe et
l'Amisia,
habitaient les Chau-
ques.
Pline,
qui
avait visit leur
pays,
les
peint
comme trs-mal-
heureux
obligs
demeurer sur des
collines,
au milieu d'une
plage* Inondepar
la haute
mare,
leurs cabanes ressemblaient
des vaisseaux
voguant
dans la
mer,
et
quand
leflot s'tait
retire,
des navires chous sur
quelque
cuei).
N'ayant
ni
bestiaux,
ni
laitage,
ni mme un
arbrisseau,
ils vivaient du
poisson qu'ils pre-
naient avec des filets de
jonc,
et
qu'ils
cuisaient un feu de
tourbe.
Tacite,
au
contraire
nous les
reprsente
comme un des
peuples
les
plus puissans
et les
plus
clbres delaGermanie. Leurs
nombreuses tribus
peuplent
tous les
pays
sur le
Weser, jusqu'au
pays
des
Cattes,
la Hesse
moderne;
maltraits
par
les
Romains,
dont ils avaient t les
amis,
ils
ravageaient
les ctes des Gaules.
Cependant
ils.avaient
pour principe
de conserver leur
puissance
force de
justice;
ils ne
provoquaient jamais
la
guerre,
mais ils
repoussaient vigoureusement
toute
attaque;
au sein de la
paix,
ils
ne
perdaient point
leur
rputation
de valeur. Ces contradictions
se lveraient naturellement
si,
en se
rappelant que
les
Chauques,
vers le
quatrime sicle,
paraissent
fondus dans la confdration
des
peuples
nomms
Saxons,
on admettait
que
cette confdra-
tion aurait
dj
t forme du
temps
de
Tacite, quoique plus
con-
nue alors sous le nom de
Chauques que
sous celui de Saxons.
Pline aurait
parl
du
peuple
des
Chauques,
et Tacite de la conf-
dration.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 2~5
et
2~6.)
Les
Chauques
touchaient aux Frisons du ct du couchant et du
midi;
ils
occupaient
au nord de vastes
rgions
sur les bords de la
mer
Germanique, depuis
l'embouchure de l'Ems
(~M/~a) jusqu'
celle du
Weser,
et duWeser l'Elbe.
(jBjpyA
milit. des
Germains,
pag. 52.)
XXXVI. Les
Cherasques-
habitaient la contre
qui
contient au-
jourd'hui
les duchs de Brunswick et de
Lunbourg,
et
partie
du
terroir de
Magdebourg
et
d'Ilalberstaedt;
ils furent
subjugus par
les
Cattes,
dont ensuite Arminius leur fit secouer le
joug.
Ils ha--
bitaient
Leuphana, Hanovre, jHMf~t'Me~, Campus
et -?M~' Sur-
giurn, qui parait
tre
Brunswick,
etc.
( GA)g7\cornp.
de J .
7b/ )
Les
Ca)tcs,
avant
que l'empereur
se montrt chez
eux,
taient
NOTES. 123
en
guerre
avec
Cariomer,
roi des
Chrusques,
et n'en devinrent
que plus ardens, aprs
la retraite
prcipite
de t'arme
romaine

poursuivre
un
prince qu'ils
avaient dtrn en haine de ses liai-
sons avec
l'empire.
Rtabli
par
les armes de
quelques peuples
voi-
sins, qui
l'abandonnrent
ensuite,
il
implora
celles de
Domitien,
dont il n'obtint
que
des secours
pcuniaires;
et ce fut
probable-
ment alors
que
la nation des
Chrusques,
si fameuse sous Armi-
nius, perdit
saconsidration et sa
puissance, pour s'tre livre trop
long-temps (peut-tre depuis
lamort du roi
Italus)
aux douceurs
trompeuses
de la
paix. (Esprit
milit. des
Ge/aM~, pag. 166.)
Les
Chrusques, ces
destructeurs des
lgions romaines,
tombrent
aprs
la mort de leur
Hermann,
l'Arminius des
Romains,
dans
un tat de
langueur
et de mollesse
qui permit
aux
Longobardes
d'envahir les
pays
sur le haut
Weser,
et d'arriver
jusqu'au
Rhin.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. a/j8.)
Les Foses. On croit
que
letexte est ici
corrompu
ce
peuple
est entirement inconnu. Comment
pourrait-on
donc
indiquer
avec certitude la demeure des
Foses, que
l'on a cherchs tantt
sur l'ile de
Helgoland,
nomme
Fosetisland,
et
tantt,
avec
plus
de
probabilit,
sur les bords de la
Fuse, prs
de Brunswick?
( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. t~8.)
Cluvier a
pris
sans
fondement ces
peuples pour.les Saxons,
oubliant
que
les Saxons
taient une association dediffrons
peuples qui,
comme les Francs
et les
Allemands,
s'taient runis sous une seule dnomination.
(PiM.ERTON.
Recherches.sur les
Scythes, pag. 268.)
XXXVII. Les Cimbres.
D'aprs
une
opinion
diffrente tablie
parmi
les Romains dans lesicle dePline et de
Tacite,
suivie
par
Ptolme,
les Cimbres existaient encore cette
poque
sous leur
ancien
nom,
dans le coin
septentrional
du J utland cette
pnin-
sule,
appendice
de la
Germanie,
tait nomme Chersonse Ci'M-
brique.
C'tait la mer
qui,
en inondant leur
pays,
les avait en
par-
tie
obligs
de chercher une nouvelle
patrie.
Ce
dluge,
dans
lequel
les
Cimbres, dit-on,
marchrent les armes la main
pour
com-
battre la mer
irrite,
semble
indiqu par
les auteurs du
sicle
d'Alexandre. Le nom de
Kimbri,
dans la
langue germanique
de
ce
peuple, signifiait guerrier,
comme le fait encore
aujourd'hui
le
mot
Kiemper,
en danois. Ils
justifiaient
cette
orgueilleuse
dno-
LA GERMANIE.
t~t
mination
par
une valeur
extrme;
lis ensemble au
moyen
de
chaines de
fer,
ils s'taient t la
possibilit
de fuir leurs femmes
mmes sedonnrent la
mort,
elles et leurs tendres
nourrissons,
plutt que
de recevoir les fers du
vainqueur.
Un taureau de cuivre
tait leur idole
principale
on en a trouv un
prs d'Odense,
en
Fionie. Les faibles restes de cette nation conservrent la
gloire
de
leurs
anctres; Auguste reut
d'eux une de ces chaudires consa-
cres au culte
sanguinaire
de leurs
dieux,
et si souvent nommes
dans
les sagas
d'Islande.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i pag. 23f).)
Les <v/M'~des Cimbres ~<'<M~<?/M
y~o:
nous. Ce
qui
carac-
trise le
plus particulirement
les Cimbres et les
Teutons,
c'est un
esprit
de
guerre perptuelle,
l'habitude
incorrigible,
lafausse
gloire
de vivre de
brigandage, qui
donnrent lieu des crivains de les
regarder
comme des voleurs
attroups plutt que
comme des
guer-
riers
c'est cette humeur
vagabonde qui
les fit errer si
long-temps,
peut-tre plus
d'un
sicle,
dans tant de
pays diffrens,
sans
prendre
de
repos,
sans enlaisser aux
autres,
et sans
penser
sefixer nulle
part.
Leurs
forces, quand
ils entrrent dans les
provinces gauloises,
ont t values
plus
de trois cent mille
hommes,
non
compris
les
Helvtiens, qui
devaient aussi tre trs-nombreux.
( PMjTAncn.,
in
Mario; STRAB.,
lib.
VII; Esprit
~M'&'<. <t
Gennains,
pag. J O
et
ao.)
La libert
germanique
est
plus
redoutable
que
le ~r)/!edes ~r-
sacides. Ce
que
Tacite avait avanc dans un
ouvrage
antrieur aux
grandes conqutes
de
Trajan sur
les
Parthes <: Que
la libert
ger-
manique
avait bien
plus
de
vigueur que
lamonarchie des Arsa-
cides,
tait donc
plus
vrai
quejamais
lamort deMarc-Aurte
Non-seulemenHes Germains conservaient lamme
valeur,
lemme
caractre militaire
qu'on
leur avu cent
quarante
ans
auparavant,
sous
Caligula;
mais ils sentaient mieux leurs
forces,
ilsredoutaient
moins celles de
l'empire. (~)r/<
milit. des
Germains, pag. j8o.)
~cy!
fait
prisonnier
dans la
guerre sociale,
tant encore
enfant,
fut tran au
triomphe
de
Pompeius Strabo pre
du
grand
Pompe;
il devint ensuite
citoyen
romain,
et fut
distingu par
Csar, passa par
toutes les
charges,
battit les Parthes et leur
gagna
trois
batailles
la dernire
desquelles
il tua
Pacorus
fils du roi
Orods il revint
Rome,
o il
jouit
des honneurs du
triomphe.
Il vcut
considr,
et l'tat voulut se
charger
de ses funrailles.
NOTES. n5
./z/t~c/'f~<;<'ce
CK.faK~cM~)/c
romain
cinq armesconsulaires. Ce
fut vraisemblablement
par
un deces
grands vnemens, qui appar-
tiennent autant l'histoire naturelle de notre
globe qu'
celle des
nations, que
les Cimbres sortirent delaChersonse
Cimbrique,
au-
jourd'hui
le
J utland,
et les
Teutons,
leurs
voisins,
de laCodano-
nie ou des autres les
qui composent

prsent
leDanemarck. Une
violente inondation de
l'Ocan, rapporte par
d'anciens
auteurs,
et
trs-croyable, malgr
les
objections
de
Strabon, ayant
couvert
une
partie
de ces
contres,
et fait
prir beaucoup d'habitans,
les
deux
peuples
ne
prirent pas
les
armes,
comme l'ont cont des
crivains trop
amateurs des
fables, pour
combattre firement les
flots de la
mer,
contre
lesquels
il
n'y
arien
gagner;
mais avec
de
grandes
armes ils allrent d'abord chercher des
subsistances,
l'pe
la
main,
dans le continent de la
Germanie,
et s'avanc-
rent,
selon des auteurs cits
par
Strabon et
par Plutarque, jus-
qu'aux
Palus-Motides d'autres
expditions
les conduisirent au-
prs
des
Boens, qu'ils attaqurent
sans succs.
Repousss par
cette
colonie
gauloise,
ils se
portrent
sur le Danube et sur d'autres
peuples gaulois
tablis dans
l'Illyrie.
7~
Auguste
~<~K.fet ses trois
lgions.
Il se forma chez les
Chrusques
une
conspiration secrte
dont le clbre Arminius
fils de
Sgimre,
l'un des
princes
de sa
nation,
fut l'auteur et le
chef
principal.
D'une
prudence
consomme
vingt-cinq ans,
d'un
gnie gal
son
grand courage,
ennemi d'autant
plus dangereux,
qu'ayant
servi et mrit les titres de
citoyen
et de chevalier dans
les
camps romains,
il
y
avait tudi l'art de combattre un
jour
ses
matres Arminius s'tait d'ailleurs insinu dans la familiarit de
Varus,
et mesurait lahardiesse de ses
projets
sur
l'aveuglement
du
gnral.
Tout tant
dispos pour
l'excution,
le fils de
Sgimre
et ses
associs, qui
avaient
dj
rassembl clandestinement une
partie
de leurs
troupes,
firent soulever sur la frontire des Ch-
rusques
d'autres Germains de la
ligne,
dans
l'esprance que
Va-
rus irait
promptement
au secours des
quartiers
romains
attaqus;
qu'il
marcherait sans
prcaution,
en
croyant
traverser un
pays
ami; que
les confdrs trouveraient l'occasion de le battre en
chemin;
et l'vnement
prouva
la
justesse
de leurs mesures. At-
tendus,
selon leur
promesse,
avec
quelques
bandes
auxiliaires,
les
Chrusques parurent
bientt comme ennemis avec une a;')!e
LA GERMANIE. n6
nombreuse,
la vuede celle des
Romains, engage
alors dans une
paisse fort, dj fatigue
du travail
pnible
d'abattre des arbres
pour
s'ouvrir des routes et de construire des
ponts
et des
marais,
embarrasse d'une multitude excessive de voitures
qui portaient
les vivres et les
bagages, parse
dans les
bois,
sans
point
derallie-
ment,
sans terrain libre
pour
former un ordre de bataille. Les
Germains, profitant
aussitt de la
position
et de l'tonnement de
l'ennemi,
l'assaillirent detoutes
parts;
ilss'attachrent surtout aux
corps
les
plus
carts du
centre,
et firent un
grand carnage jus-
qu'
la nuit Les
Romains, obligs,
le
jour suivant,
de continuer
leur retraite travers les
bois, et, pour l'acclrer,
de brler ou
d'abandonner leurs
gros quipages,
marchrent avec
plus d'ordre,
avec
plus
de
circonspection que
la
veille,
et ne furent
pas
moins
battus dans
plusieurs
actions
sanglantes.
En vain tentrent-ils de
faire une
charge gnrale
avec toute leur infanterie et leur cavale-
rie
jointes ensemble;
les deux
corps trop presss,
embarrasss
par l'interposition
des
arbres,
se confondirent et sefirent
plus
de
mal eux-mmes
qu'
l'ennemi. Enfin la
valeureuse,
la
magni-
fique
arme de
Varus,
ainsi
que
Velleius la
nomme, compose
d'abord de trois
lgions,
d'autant d'ailes de cavalerie et de six
cohortes
auxiliaires,
mais fort diminue
par
les combats
prc-
dens,
succomba la troisime
journe
sous les nouveaux efforts des
Chrusques
et des autres
Germains, que
les
premiers
succs d'Ar-
minius avaient fait accourir des cantons voisins.
Varus, bless,
constern de voir les siens recevoir la mort ou des
fers,
et crai-
gnant
de tomber au
pouvoir
des
vainqueurs,
se tua lui-mme.
Des officiers de diffrens
grades
et des soldats
l'imitrent;
d'autres
combattirent
jusqu'au
dernier
moment;
une
partie jetrent
leurs
armes
par dcouragement.
La
nuit,
les
bois,
les ailes
que
donne
la
peur,
la
ngligence
des
Germains, trop occups
des
dpouilles
des
vaincus,
sauvrent
quelques
faibles dbris de l'arme. Les
pri-
sonniers, pour
le
plus grand nombre,
furent
gorgs
dans la
pre-
mire
fureur; quelques-uns,
les officiers
surtout,
rservs
pour
l'esclavage,
ou
pour
tre immols sur des
autels,
et leurs
ttes,
cloues des troncs
d'arbre,
tinrent lieu de
trophes.
Celle de Va-
rus fut
porte
Maroboduus et
renvoye

Auguste par
ce
poli-
tique
ambitieux
qui
osa se
placer pour quelque temps
entre la
Germanie et
l'empire. (TAn)T~,
~Kn.,
liv.
i, chap. 61
VEnr.ns
NOTES.
1277
PATERcnnjs,IIv. u,chap. t t<);~y/'<<M~. ~e~Ce/OM.t, pag. 66.)
Auguste imposa
si
peu
aux
peuples germaniques, que
la troi-
sime anne
aprs
les victoires
d'Actium,
l'an de Rome
735,
ils
prtrent,
comme
autrefois
des
troupes
auxiliaires des cits
gauloises
rvoltes contre les
Romains,
et les Suves firent des in-
cursions en
de
du Rhin.
(Ibid., pag. 4g.)
~!r;M~. Les
Cimbres, aprs
avoir
parcouru
dans leurs
longues
courses une
grande partie
de
l'Europe, s'approchrent
enfin de
l'Helvtie, partage
alors en
quatre cantons,
dont trois se laiss-
rent dbaucher. Seconds de ces
allis,
aussi braves
qu'eux,
aussi
avides de
butin, peu
attachs
apparemment
ce
qu'ils
devaient au
nom de
Gaulois, peut-tre trop
serrs dans leur
pays,
les Cimbres
et les Teutons
ravagrent
les Gaules
pendant
douze ans avec la
rapidit
d'un violent
incendie,
battirent
partout
les
troupes gau-
Inises, except
celles des
Belges,
dtruisirent
cinq
armes consu-
laires
envoyes par
les Romains au secours de leur
province
Nar-
bonnaise,
prirent
l'audacieuse rsolution de marcher au
capitole
sur les
vestiges
des anciens Gaulois il fallut un Marius
pour
les
arrter.
Aprs
avoir dfait aux environs d'Aix les
Teutons,
les
Ambrons et les
Tugnes
dans deux batailles
trs-sanglantes,
le
nouveau Camille suivit les
Cimbres, qu'il
n'avait
pu empcher
de
pntrer
en
Italie,
et les
joignit
dans les
champs Raudiens, prs
de
Verceil,
o il
acheva, par
leur
dfaite,
de ruiner entirement
les deux armes
germaniques.
Des trois cantons
helvtiques,
dont
on n'a d
parler
ici
qu'en passant, parce qu'ils
taient
Gaulois,
les
Tigariens
furent les seuls
qui chapprent
la
vengeance
des Ro-
mains.
(PLUTARCH.,
in
./Ms/70; PATERCUL.,
lib.
II, cap. 12;
FLO-
Rus,
lib.
111, cap.
3
Esprit
rnilit. des
Germains, pag.
i3 et
suiv. )
Drusus. La
premire campagne
de Drusus se borna
ravager
quelques
cantons des
Usipiens
et des
Sicambres
reconnatre
avec une flotte lecours infrieur du Rhin et lesrivires
affluentes;
plus
loin les ctes de la mer
occidentale,
et l'embouchure des
fleuves
par lesquels
on
pourrait pntrer
dans l'intrieur de la
Germanie. Il aborda chez les
Frisiens
dont il se fit des allis
utiles,
toucha aux terres des Cauces leurs
voisins,
et rentra dans
la Gaule en remontant le Rhin.
L'ayant pass
une seconde
fois,
au commencement du
printemps suivant,
il accabla les
Usipiens,
qui
ne furent
point
secourus
par
leurs
allis, jeta
un
pont
sur la
LA GERMANIE. 1x8
Lippe,
traversa librement leterritoire des
Sicambres,
et
s'avana
par
celui des
Chrusques jusqu'au
Weser, qu'il
aurait
entrepris
de
passer,
s'il n'et t retenu
par
la crainte de
manquer
devivres et
par
les
approches
de l'hiver. Les
Sicambres,
en sortant contre-
temps
de chez
eux, pour
aller avec toutes leurs forces contraindre
les Cattes se
joindre
aux autres nations
ligues pour
la
libert
avaient
imprudemment
favoris les
oprations
de
Drusus;
mais
lorsqu'il s'loigna
du
Weser, pour
se
rapprocher
des Frisiens et de
sa
flotte,
les
confdrs,
devenus
plus audacieux,
le suivirent de
prs
lui dressrent souvent des
embches,
et leresserrrent enfin
dans une valle troite et
profonde,
o il devait
prir
avec toute
son arme. Il n'en sortit son honneur
que par
la tmrit des
Germains, qui, regardant
les
lgions
romaines comme des vic-
times
dj
lies
qu'il
tait facile d'immoler d'un seul
coup,
les at-
taqurent
sans
prcaution,
sans
garder
aucun
ordre,
et si inconsi-
drment, qu'ils
se firent battre eux-mmes.
(Esprit
milit. des
Germains, pag.
53 et
5/j.)
Germanicus. Les
campagnes
de Germanicus dans la Germanie
sont dcrites dans les
premiers
livres des ~/M~M de Tacite.
Ces
grandes
menaces de
guerre par Caligula. Caligula
rentra
en Germanie la seconde anne de son
rgne,
la tte de deux
cent ou dedeux cent
cinquante
mille
hommes,
y commena,
avec
de
grandes
menaces,
un
genre
de
guerre
sans
exemple,
et
reut
de
son
~rme,
autant de fois
qu'il
le
voulut,
le titre
d'Imperator
ou
de
gnral
victorieux,
sans
presque s'loigner
du
Rhin,
sans li-
vrer
d~
combats,
sans avoir vu d'ennemis. Il
envoyait
se
cacher,
dans
quelques
forts,
des Germains de sa
garde
ou des
jeunes gens
de la mme nation
qu'il
avait eus en
otages;
ensuite il se faisait
annoncer,
tantt
aprs
son
dner,
tantt au milieu du
repas, que
les Barbares
paraissaient.
A l'instant il volait
prcipitamment,
avec des
troupes
d'lite,
o le
danger
semblait
l'appeler,
et reve-
nait
toujours
couvert de
gloire
et suivi de
captifs qu'il
n'avait
pas
t difficile d'atteindre.
Quelquefois
aussi il faisait marcher toute
&on
arme,
comme s'il allait donner une
grande
bataille. Dans
une de ces marches
de
parade,
il
chappa

quelqu'un
de
dire,
en
plaisantant, que
le chemin tait
troit,
et
qu'on
verrait bien des
visages
consterns si les ennemis venaient
paratre.
Aussitt le
fils deGermanicus
quitte
savoiture
pour
sesauver
plus vite,
court
NOTES.
tT<)
~1.
au
pont
du
Rhin, qu'il
trouve
engag par
les
quipages
et
par
les
valets de
l'arme; et,
dans
l'impossibilit
de
percer,
il se fait
pas-
ser de main en main
par dessus
les ttes.
Aprs
cette belle
retraite,
il vint continuer ses horribles
rapines
dans la
Gaule,
et
triompher
fastueusement de la
Germanie,
tranant
aprs
son char des Ger-
mains
transfuges,
d'autres enlevs
par surprise,
un
plus grand
nombre de Gaulois de la
plus
haute
stature, qu'il
avait
obligs
de
sevtir et de
rougir
leurs cheveux lamanire des nations trans-
rhnanes.
(SuETON-,
in
Calig., cap. XI,VII; Esprit milit.
des Gf7'-
mains, pag.
t33 et
i3~.)
Plutdt
que
les rsultatf d'une victoire.
Domitien, pour
faire
croire aux Romains
qu'il
avait vaincu les
Germains,
fit
acheter,
dans le
commerce,
des esclaves
auxquels
il donna l'habillement et
la coiffure des
peuples
de
Germanie;
ces
esclaves,
chargs
de
chanes,
suivirent son
triomphe.
On
s'aperut
de ta
supercherie,
et cefut un
grand sujet
derise dans Rome.
~~y/eo/a, cap. xxxix.)
Domitien n'eut
pas
honte de
prendre
le nom de
Cer/TMTM'fjwe
sur des mdailles dont il nous reste un
grand
nombre.
XXXVIII.c </o/.f
parler
des Suves. Le nom de Suves vient
du mot allemand
~c~ff~f~ qui signifie
une tresse de cheveux. Les
Suisses du canton de Schwitz se
prtendent
issus des Suves.
La Germanie
orientale,

laquelle
l'Atbis ou l'Elbe servait debou-
levard contre les
Romains,
ne
prsente pas
mme chez Tacite au-
tant de clart
que
les
pays
sur laVistute On
y place
commun-
ment les
Suves,
connus
depuis
les
expditions
de
Csar;
mais ce
nom a-t-il
jamais,
avant le
quatrime
sicle,
dsign
une nation
particulire?
Csar dcrit les Suves comme un
peuple qui
chan-
geait
tous les ans de
demeure, qui
mettait sa
gloire
transformer
en de vastes dserts tous les
pays limitrophes,
et
qui
vivait
prin-
cipalement
du
produit
de ses
troupeaux
et de lachasse. Ce Ro-
main marcha mme contre les
peuples qu'il croyait
faire
partie
des
Suves,
et
qu'il
chercha dans le
pays
o les
gographes pla-
cent les
Cattes,
anctres des Hessois.
(Gographie
de
.A!B/7M,
tom.
i,
pag.
a34
et
235.) Strabon,
fidle aux ides
que
Csar
avait
puises
dans les relations des
Gaulois,
tend la Suvie de-
puis
le Rhin
jusqu'
l'Elbe;
il
place
en mme
temps
des Suves
sur le
Danube,
et donne cenom aux
.Sc~MO/K'.t~
peuple qui
habi-
LA GERMANIE. j3o
tait le
Brandebourg
actuel. A
l'poque
o vivait Strabon
une
horde de
Suives,
nomms aussi
A~reo~/KM~K,quittrent,
sous la
conduite de
Maroboduus,
leur
pays,
voisin de la Pannonie et de
Noricum, passrent
le
Danube,
et
conquirent
sur les Boens la
contre nomme
-BoMe/KMM,
notre Bohme. Plus
tard,
nous
voyons
Tacite tendre le nom de Suvcs tous les
peuples qui
demeuraient entre l'Elbe et
l'Oder,
et mme ceux dela Scandi-
navie. Ptolme ne donne lenom de Suves
qu'aux
seuls
Longo-
bardes, quoiqu'il
connaisse un fleuve
Suevus,
vraisemblablement
la Peenne avec le dtroit de Stralsund.
Enfin,
dans le
quatrime
sicle,
]e nom de Suves
reparat
comme
appartenant
une na-
tion
qui occupait
une
partie
de la Souabe actuelle. Y a-t-il un
moyen d'expliquer
tant de
variations,
si ce n'est celui de consi-
drer la dnomination des Suves comme tant collective et dri-
ve du mot allemand
~c~tfe~r,
e'est--dire
vagabonds
ou no-
mades ? Tacite convient
que
lenom de Suves est
collectif;
il en
donne nne autre
tymologie
mais lantre semble ncessaire
pour
expliquer
comment les tribus les
plus loignes
les unes des autres
ont
pu
successivement
porter
on
quitter
ce
nom,
selon
qu'elles
se
livraient la vie de
nomades,
ou se choisissaient des demeures
fixes.
(Gographie
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. a35.)
Les
Suves
d'Espagne
rsistrent vaillamment aux
troupes romaines,
aux milices du
pays,
ainsi
qu'aux Wisigoths.
De
l'assujtir par un
no"f~.Les
guerriers
de Golconde
portent
leurs cheveux
longs
et relevs sur latte
par
un noeud.
(PUFFEN-
noM,
tom.
vu, pag. ')';3.)
Les Caires tressent leurs
cheveux et les attachent en fo-rmede
houppe
sur le haut de la
tte.
(~b~~e
de
D~&e/e/
tom.
i, pag. t4~')
Les Musco-
gulges
laissent au sommet de la tte une touffe de cheveux d'en-
viron deux
pouces
dehaut et de
large,
etc.
( /~o/<7~e
/<!
Floride,
parW. Bartram,
tom.
, pag. 3Q2.)
Les Indiens
portent
au
sommet de la tte une touffe de cheveux
qu'ils
ornent de
grains
de verre et de colifichets
d'argent;
ils enlvent avec
beaucoup
d'adresse cette touffe leurs ennemis
vaincus,
et la
remportent
comme un
signe
de leur victoire.
(royage
d'Isaac Weld au
fa/M~,
tom.
ni, pag. 17.)
C'f.i<am.n
que
.~M~~f.~ fe
~MfM~fy:<
des <M~f.t G<'y/?!<]'Mt.
NOTES. !~Ii
9
Comme ce ne fut
que
les Suves
guerriers
et libres
qui passrent
dans les
parties septentrionales
de
l'Espagne,
tous les habitans
de ces contres
qui
se
regardent
comme leurs descendans se
pr-
tendent
nobles;
ils ont conserve le mme
usage d'assujtir
leur
longue
chevelure
par
un nud.
Les hommes libres des e~c/a~M. Cette distinction
prouve que
les hommes libres avaient les cheveux
longs,
et'les esclaves les
cheveux
coups;
en
effet,
si les esclaves n'avaient
pas
le droit de
tresser leurs cheveux et de les
assujtir par
un
nud,
sans doute
ils taient dans
l'obligation
de les
couper
cet
usage
se
conserva,
et Clodion le Chevelu fit une ordonnance
par laquelle
il ne fut
permis qu'aux ingnus
de
porter
les cheveux
longs. L'usage
contraire subsistait chez les
Romains;
leurs esclaves
portaient
les
cheveux fort
longs;
ils les
coupaient
ds
qu'ils
taient affranchis.
Ds
qu'un
Franc ou un autre barbare embrassait l'tat eccl-
siastique,
il tait
rput
avoir renonc sa
nation,
et
avoir, pour
ainsi
dire, pass
dans la nation
romaine;
il sefaisait
couper
les
cheveux,
et vivait selon le droit romain.
(Hist.
de l'tabliss. des
Francs dans les
Gaules, par
le
prs. Hnault,
tom.
11, pag. 5a.)
La coutume de
porter
une
longue
chevelure n'tait
permise
qu'aux nobles;
elle tait une
prrogative de
leur
dignit.
Lesnobles
taient
appels
~7/M~'et
c</~7/<2f/.
Il n'est
point permis,
dit
Aga-
thias,
aux rois francs de se faire
couper
les cheveux ils conser-
vent leur chevelure ds l'enfance. Elle !eur descend noblement
sur les
paules;
et sur le front elle se
partage
des deux cts. Tel
est
l'honneur,
telle est la
prrogative
dn
sang royal.
Pour les su-
jets,
ils sont tondus
orbiculairement,
et c'est difficilement
qu'on
leur
permet
de laisser crotre leur chevelure
trop longue.
n
C'est
cesentiment
qu'il
faut encore
rapporter
les
paroles par lesquelles
Childebert
consulte,
dans
Grgoire
de Tours
()iv.
ni, chap. 18),
son frre
Clotaire, pour
savoir comment il traitera les enfans de
Clodomir,
et
s'il doit,
en leur
coupant
les
cheveux
les faire
~c.f-
cendre <7<Mla classe
du peuple.
En d'autres
endroits, Grgoire
parle
encore de la
longue
chevelure des rois de
.P/'<MM
liv.
vi,
chap.
24;
liv.
viii, chap. 10).
La loi des
Bourguignons porte
(liv.
t,
tit.
v, i)
Nous ordonnons
qu'un
homme libre
qui
aura
entrepris
de
couper,
dans sa
maison,
les cheveux une
femme de lamme
condition,
lui
paie
trente sous. Unelettre
LA GERMANIE. t3a
du roi
Thodoric,
adresse aux Barbares et aux Romains
qui
ha-
bitaient la
Souabe, porte

A tous les
peuples
de
provinces,
et
qui
ont les cheveux
longs (<'<M//a~f).
Un dit du mme
prince
nomme
plusieurs
fois les Barbares et les
distingue
des Romains
par
le nom de
capillati.
Une
paisse
et
ample
chevelure
plai-
sait aux Barbares
d'origine germanique,
et c'tait
par
l
que
l'on
distinguait
l'homme libre de
l'esclave,
et non
pas
seulement le
noble du
plbien
ou de l'homme libre. La dnomination de cri-
niti convenait tous les
citoyens;
toutefois il est constant
que
les
nobles,
et surtout ceux
qui
taient du
sang royal,
avaient une
chevelure
plus longue
et
plus
orne. Les rois et les
citoyens
diff-
raient en ce
que
les
premiers
laissaient flotter
par
derrire leurs
cheveux sans
jamais
les
couper,
et
que
les autres
portaient
une
chevelure en
partie coupe,
en
partie
ramasse sur le sommet de
la
tte,
tandis
que,
de
chaque ct, tombaient
des boucles
qui
leur couvraient les
tempes
et les
orettles,
de sorte
que
la
nuque
tait
dcouvert,
selon
Agathias
et
Sidoine, qui
a dit encore
(ca/TM.v)

La
chevelure
ramasse
par devant,
forme une touffe
couleur d'or sur lefront des
Franais,
et lederrire de la tte est
dpouill
de
cheveux
et dans
l'pit. i,
a

Le sommet de la
tte des Goths est
rond;
ils
y
ramassent leurs
cheveux,
qui
s'l-
vent en touffe un
peu
au dessus du front. De lsans doute
cette mode de
perruques
la Louis
xiv,
ornes d'un nombre in-
fini de
boucles,
et dont se
parrent
tous leshommes de la
cour;
de
llamode de ces
amples perruques
de la
magistrature
ces
usages
eussent t un
objet
de ridicule sans cette vnration
que
tous les
peuples
francs et
germains
accordaient
depuis
des sicles la
pr-
rogative
des
longues
chevelures.
.Leurs
chefs y
mettent
plus
d'art et desoins. Les
peuples qui
ne
cultivent
point
les terres n'ont
pas
mme l'ide du luxe. Il faut
voir,
dans
Tacite,
l'admirable
simplicit
des
peuples germains;
les arts ne travaillaient
point
leurs
ornemens,
ils les trouvaient
dans la nature. Si la famille de leur chef devait tre
remarque
par quelque signe,
c'tait dans cette mme nature
qu'ils
devaient
le chercher. Les rois des
Francs,
des
Bourguignons
et des Wisi-
goths
avaient
pour
diadme
leur longue
chevelure.
(~<p~f
des
lois,
liv.
xvm, chap. x~.) Grgoire
de Tours
rapporte que
les Fran-
ais, aprs
s'tre tablis sur les confins de la
Thuringe,
avaient
NOTES. t33
cr
pour
les
gouverner
des rois chevelus de la
premire
et
plus
noble famille
qui
ft
parmi eux,
de
laquelle
tait Clovis.
(Rist.
de
l'tabliss. des Francs dans les
Gaules,
par
le
prs.
Hnault,
tom.
n,
pag.
146.)
Clovis est
appel
le
beau,
le
chevelu,
l'illustre roi
des Francs.
(Eccav. Leg.
Franc.,
pag. /) Grgoire
de Tours
dit
que
les Francs sont sortis de la Pannonie et vinrent s'tablir
dans la cit de
Tongres,
o ils vivaient en
plusieurs
cits ou can-
tons,
dont chacun avait luson roi
longs
cheveux.
(.H:
de/'<'&
bliss. des Francs dans les
Gaules, par
le
prs. Hnault,
tom.
t,
pag. a6.)
Une des
louanges que
Claudien donne
Stilicon,
c'est
que
sarenomme eut rduit ces rois Francs
longue
et blonde
cheve)ure
crinigero flaventes
vertice
reges. (Ibid., pag.
/)8. )
Ceux de nos rois
qui,
sous les deux
premires races,
furent chas-
ss du
trne,
eurent leurs cheveux
coups.
En
654,
Grimoald
fit
couper
les cheveux au
jeune Dagobert
11,
et le fit
transporter
en cosse. ChHdnc
m,
en
7&o,
fut
dtrne,
ras et enferm
dans un monastre.
Telle est
l'unique
recherche de
leur parure.
Trait desatire contre
les
jeunes
Romains
qui ngligeaient
la
discipline
et selivraient
tous les
gots
dela
coquetterie
et de la frivolit.
Horace,
dans ses
odes,
avait
dj signal
ces honteux raffinemens
qui
nervaient la
j&unesse
de Rome.
Quis
multa
gracilis
te
puer
in
rosa.
(Carm.,
lib.
x,
ode
5,
y.
i.)
Quumtn, Lydia,Telephi
Cervicem
roseam,
cerea
Telephi
Landasbrachia.
(Carm.,lib.
t,
ode
i3,
v.
i.)
De cette manire ils se
~7M<&fM/!<.
Les
guerriers germains
se
couvraient de
plus
la tte de diverses
peaux
de
btes,
et en for-
maient des coiffures extrmement leves;
les bonnets denos
gre-
nadiers sont
peut-tre
un reste decet
usage.
XXXIX. Les Semnones. Le
premier peuple
des Suves tait les
Semnones,
nation
compose
de cent
districts, placs
avec raison
dans le
Brandebourg d'aujourd'hui. (PiNMMON,
Recherches sur
les
tSc~~f.i\)
Les
Semnones,
la nation la
plus puissante,
selon
LA GERMANIE. i34
Tacite,
et
qui
se
regardait
comme la
premire
des
Suves,
occu-
paient
au del de
l'Elbe,
entre ce
fleuve, l'Oder,
la Warta et la
Vistule,
de vastes
pays
une
partie
de laMarche de
Brandebourg,
de la
Silsie,
de la
principaut
d'Anhalt,
de la
Saxe,
de la Mis-
nie,
etc.
(CnjviBR,
4nt.
germ.,
liv.
lu,
chap. ~5.)
Les Sem-
nones s'tant
prodigieusement multiplis, passrent
l'Elbe et
l'Oder,
qui
leur avaient servi de
bornes,
et allrent s'tablir dans iaMisnie
et dans la
Pologne;
ils avaient cent
bourgs, parmi lesquels
on dis-
tinguait Lugidinurn que
la
plupart
des
gographes placent
Glo-
gaw,
en
Silsie; Bunitiarn, aujourd'hui Schwibusien; .S~/Y'co!
'~ui
est Stentow ou Wladislaw.
( Gogr. co/Ttp.
de
~b~r.)
Quel
rside ledieu souverain. On croit
que
cedieu est le
grand
Tod, que
les Celtes
regardaient
comme le crateur de l'univers et
le souverain des dieux.
XL. Les Lombards ou
Zo~o&ay~
devaient leur clbrit la
petitesse
de leur
nombre;
entours de nations
plus puissantes,
ce
n'tait
point
dans la
soumission,
c'tait dans les hasards des com-
bats
qu'ils
cherchaient leur sret.
C'tait, d'aprs
leurs
propres
traditions,
une colonie deWinlies
qui
habitaient
probablement
le
Wan-Syssel,
dans k J utland cette tradition s'accorde bien avec
leur conduite hostile envers les
peuples germaniques. (CcogT-.
de
~c~c-Z?~M,
tom.
i, pag. a36.)
Les
Longobards,
ainsi nom-
msdeleur
longue
barbe,
ou les
Lombards,
s'taient tablis entre
l'Elbe et
l'Oder;
ils
occupaient
une
grande partie
dela Marche de
Brandebourg.
On les nommait
ainsi,
suivant Paul
Diacre,
cause
de leur
longue
barbe,
dont ils sefaisaient une
marque
d'honneur
c'tait un
peuple guerrier
et redout de ses voisins. Velleius Pater-
culus dit
qu'ils surpassaient
les autres
peuples
en frocit. L'em-
pereur
J ustinien les fit venir en Italie
pour
s'en servir contre les
Goths, et,
en
rcompense
de leurs
services
il leur cda laNo-
rique
et une
partie
de la Haute-Pannonie.
Quelques
annes
aprs
ils rentrrent en
Italie,
la sollicitation de
Narss; Alboin,
leur
gnral,
fut
proclam
roi
par
son
arme,
l'an
5~o,
Milan. Le
royaume
des Lombards subsista
jusqu'aux conqutes
de
l'Allemagne
en Italie. La ville
capitale
de ce
peuple
en Germanie se nommait
Aff/oytg~K, aujourd'hui Brandebourg,
suivant
quelques
modernes,
et,
selon d'autres. Breslaw.
( Ceo~?'.camp.
de7.
,/o~. )
Le nom
NOTES. tM
de Lombard est driv dela
longueur
du
bar,
ou
hallebarde,
dont
ces
peuples
t.tientarms. Thorlacius
( Spec.
ant.
Boreal.; &!M/<
J 778,
in-8)
donne en
gothique
l'ancien vers
suivant,
avec la
traduction littrale en latin
Lutu
Laugbardor
o~~J a/iM'ft.
Imminebant
iongaebipennes
T/~ ~cr~m.
(PiNKERTON,7{ccA<rA~
sur les
Goths, pag. 326. )
-Paul Diacre,
qui
suit
J ornands,
l'oracle du
moyen ge
fait venir lesLombards
dela
Scandinavie;
mais il faut
prfrer
lesentiment de
Tacite, qui
les trouve au centre dela
Germanie;
ils se
portrent
delausud-
ouest,
et s'tablirent dans la
Pannonie,
environ
quatre
cents ans
aprs J .-C.,
ou
plutt,
selon mes
prsomptions, aprs
la mort
d'Attila,
ou vers l'an
/)53; lorsque lesGpides,
dont les anciens
auteurs disent
que
les
Zo~o~cr~faisaient partie, s'emparrent
de
la Dacie. Les Lombards restrent dans la Pannonie
jusque
vers
l'an
570, poque

laquelle
ils
s'emparrent,
sous
Alboin,
du nord
de
l'Italie;
ils
possdrent
ensuite cette contre
presque
toute en-
tire,

l'exception
deRome et deRavennes,
jusqu'en
l'anne773,
o
Didier,
leur dernier
roi,
fut vaincu
par Charlemagne. (7&K/.)
Il
y
adans les lois
saliques
et
ripuaires,
dans celles des Alle-
mands,
des
Bavarois,
des
Thuringiens
et des
Frisons,
une
simpli-
cit admirable on
y
trouve une rudesse
originale
et un
esprit qui
n'avait
point
t affaibli
par
un autre
esprit.
Elles
changrent peu,
parce que
ces
peuples,
si on en
excepte
les
Francs,
restrent dans
la
Germanie;
les Francs mmes
y
fondrent une
grande partie
de
leur
empire
ainsi leurs lois furent toutes
germaines.
Il n'en fut
pas
de mme des lois des
WIsigoths,
des Lombards et des
Bourgui-
gnons
elles
perdirent beaucoup
de leur
caractre, parce que
ces
peuples, qui
se fixrent dans leurs nouvelles
demeures, perdirent
beaucoup
du leur.
( Esprit
des
/o;t,
liv.
xxvm, chap.
i. )
Les
Reudignes,
les ~M'OT! Ces
peuples
sont
inconnus
mais il
n'est
pas
douteux
qu'ils
habitaient une
portion
de la
Pomranie,
le
Mecklembourg,
le Holstein et une
partie
du Sleswick.
Les
~n~~
et
quelques
autres tribus
disperses
dans leMecklem-
bourg
et leHolstein
actuel,
adoraient
Herta,
ladesse scandinave
de la
terre;
son
temple
s'levait dans une le
( probablement
Fer-
mern), auprs
d'un lac
qui
devenait le tombeau des esclaves
par
LA GERMANIE. t36
les mains
desquels
les sacrifices taient offerts. Il est
probable que
plusieurs
de ces
petites
tribus,
nommes
par Tacite,
faisaient
par-
tie de la
nation,
ou
plutt
de la confdration des
Saxons,
dont
lenom
cependant
ne se trouve
pas
avant Ptolme.
( Geo~/M/?/!M
de
Malte-Brun,
tom.
i,
pag. a37.)
-Les
Angles
taient situs
au levant des
Lombards;
ils habitaient le duch de
Sleswich,
la
Stormatie dans le
Holstein,
la
Wagrie
et une
partie
des duchs de
Mecklembourg
et de
Lawembourg.
Une de leurs colonies
passa
en
Espagne
au
cinquime sicle;
une autre alla s'tablir dans l'le
d'Albion,
et ce
qui
resta de ce
peuple
se fixa dans l'lectorat de
Saxe et dans la Lusace.
(Gogr. comp.
de J .
/o/ )
Les
Angles,
que
Tacite
place
dans une liste de noms
obscurs,
taient destins
a donner le leur un
pays
fameux
par
les arts et
par
la
guerre,
par
la
sagesse
et
par
la libert.
(PiNMRTON,
Recherches sur les
Scythes, pag. 246.)
Les Farins faisaient
partie
des Vandales. Selon
Pline,
ils ti-
raient leurs noms de la rivire de
Varne, qui baigne
les murs de
Rostock;
ils
occupaient
la
plus grande partie
du
Mecklembourg.
Le seul lieu
remarquable qu'ils
aient
occup
est
/M/M,
dont
le nom est rest au
bourg
de
Waren,
de la
principaut
de Wen-
den.
(Gogr. comp.
de J .
7b~)
Les ~:yM<de Tacite sont les
Warnes du
moyen ge. ( Gogr.
de
~&!&e-~r~ j
tom.
i, pag. 236. )
Les
Leges
~arMOruM et
~n~oruM
existent encore et ont t
pu-
blies
par
Leibnitz.
(PmMRTON
Recherches sur les
~c~A~,
pag. 341.)
Les Eudoses sont les Yeutones ou
peuples
de
l'Yeutland;
car
c'est ainsi
que
les Danois
prononcent
J utland. Ceux-ci
paraissent
avoir tlanation la
plus considrable,
celle
qui occupait
lecentre
de la
Chersonse,
et
qui
a donn son nom toute la
presqu'le
du Nord-J utland et duSud-J utland. Plus voisine des
provinces
ro-
maines de la haute et basse
Germanie, que
les ctes mridionales
de la mer
Baltique,
il tait bien
impossible que
cette
pninsule
ne ft
pas
aussi mieux connue des Romains.
(PiNMMON,
Rech.
sur
l'origine
des
Scythes, pag. ~71.)
Les &Mr~onM taient
peut-tre
les
~(f~f/M~
auxquels
les
historiens
anglais
Henri de
Huntington, Roger Heveden,
Ma-
thieu de
Westminster,
donnent une
place parmi
les
peuples
da-
NOTES.
'3?
Mus
qui
envahirent
l'Angleterre
aux neuvime et dixime sicles.
(Pj~KERTON,
Recherches sur les
Scythes, pag. 271.)
Les Nuithones habitaient laPomranie Citrieure et une
partie
du
Mecklembourg
et du
Brandebourg;
ils s'unirent aux
Bourgui-
gnons
et
ravagrent
ensemble le
pays
des
Rausarques
et celui
des
Helvtiens;
ils ruinrent
Augusta, Vindonissa,
Aventicum.
Plusieurs de ces barbares s'tablirent dans une contre
laquelle
ils ont donn le nom de
Nuithland,
dans les territoires de Berne
et de
Fribourg. ( G<og7'. comp.
de .A
Toly.)
Les Nuithones sont
vraisemblablement les
Huitoni,
dont
parle
Pontanus dans son ou-
vrage
intitul
Descriptio Da/Mp,
c'est--dire les habitans de la
pointe
du J utland la
plus loigne, qui
forme le Witland de l'At-
las de Blaen.
(PiNKERTON,
Rech. sur les
~c~~e.f~pag. 971.)
Herthe,
c'est--dire laTerre Mre. Dans la
langue anglo-saxonne,
~fea~fA
signifie
encore la terre. Les sublimes horreurs de la
religion odinique
n'taient
point trangres
la
Germanie;
mais
les Romains
appliqurent,
au
gr
de leurs
caprices,
les noms des
divinits
grecques
celles
que
rvrait le
Nord;
celui de
Herthtz,
chapp
la
plume
de
Tacite,
fait entrevoir la vrit. Il est ce-
pendant
conforme toutes les traditions
historiques
de consid-
rer la Scandinavie comme le centre du culte
odinique,
de m6me
qu'elle
seule
possde
des monumens
marqus
de runes. L'influence
de cette
religion
est visible dans toute l'histoire des anciens Ger-
mains le
mpris
de la vie et la soif des combats dcoulaient de
cette source.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. a55.)
~M milieu d'une
le
de l'Ocan. On croit
que
c'est l'le de Ru-
gen,
dans la mer
Baltique;
d'autres l'ont cherche dans la mer
du Nord.
Indpendamment
de
plusieurs
motifs
qui
font
pencher
en faveur de la
premire opinion,
une tradition venue nous
des
temps
les
plus reculs,
semble la confirmer
presque
entire-
ment. Cette tradition concerne le culte
primitif
del'le de
Rugen.
Dans une
partie
de cette
ile, que
l'on nomme la
presqu'le
de J as-
mund,
se trouve une
grande fort, appele
le
Stubbenitz, qui
s'tend
jusqu'
la rive de
Terre-Blanche, qui
est trs-leve et
trs-escarpe.
Cette rive est connue sous lenomde Stubben-Kam-
mer
elle est situe la
pointe
nord-ouest de l'le et de l'Alle-
magne.
Cette contre est
sauvage et romantique,
et savuesur une
mer immense attire
beaucoup
de
voyageurs.
II en existe
plusieurs
LA GERMANIE. tM
descriptions
la meilleure se trouve dans le
royage
dans /'<7cde
Rugen,
de M. Zollner. On montre dans cette fort l'endroit o
se trouvait le
temple.
Cet endroit est entour d'une lvation en
terre. Tout
prs de
l se voit le lac
que
l'on nomme le lac
noir,
o l'on
noyait
des hommes
pendant
la clbration du culte. Les
gens
du
pays
disent
que
ce lac trouve encore tous les ans une
victime
humaine;
les bons habitans de cette contre croient
par
consquent que
le diable
y
avait des autels. Albert
Schwarz, pro-
fesseur
Greisfwalde, qui
a
publi,
il
y
a une
quarantaine
d'an-
nes,
un
ouvrage
sur la
gographie
ancienne de
l'Allemagne
du
nord,
a aussi mis
l'opinion,
fonde sur la ressemblance d'une
tradition
populaire
avec la
description
de
Tacite, que
cette le de
Rugen
est l'MM/o Oceani de l'crivain romain. Les
personnes
qui
ont vu les lieux en ont
acquis
la conviction. J 'ai
remarqu
que
cette
opinion
est aussi
reue
en
France
il en est
question
dans latraduction de Tacite de M.
Dotteville,
tom.
t,
pag.
~3~
dela
quatrime dition;
on
y
examine et on
y
rfute les
objections
contre cette
opinion.
Les
Rugiens habitrent,
outre l'le
qui porte
encore leur
nom,
une
grande partie
de la terre-ferme
qui
s'ten-
dait
jusque
dans l'Autriche. Cette le a
cinq
lieues de
longueur
sur
quatre
de
largeur;
elle setrouve sur la cte de la
Pomranie,
vers
Stralsund.
On
K~M~ep/~ncfjOom~
de
guerres.
La trve du
seigneur
fut ta-
blie en
10~1,
sous Henri i c'tait une loi
qui
dfendait les com-
bats
particuliers depuis
lemercredi au soir
jusqu'au
lundi
matin,
pour
le
respect que
l'on doit ces
jours, que
J sus-Christ a con-
sacrs
par
les derniers
mystres
de sa vie. L'autorit
royale
et ec-
clsiastique
n'en
pouvaient pas
faire
davantage
alors
pour emp-
cher les
sujets
de se dtruire.
(~
de France
du prs.
Hnault,
pag. to6.)
On convint d'une trve de
quatre jours
rien n'-
tait alors
plus religieusement
observ
que
ces sortes de
trves;
toute animosit
paraissait suspendue,
et les chevaliers des deux
partis, passant
librement d'un
camp

l'autre,
necombattaient
plus
ensemble
que
de courtoisie.
(Roman
de Gurin de
Monglave. )
Dans les tats o les
guerres
ne sefont
pas par
une dlibration
commune,
et o les lois ne se sont laissaucun
moyen
de les ter-
miner ou de les
prvenir,
la
religion
tablit des
temps
de
paix
ou
de
trves, pour que
le
peuple puisse
faire les choses sans les-
s
NOTES.
t'~
quelles
l'tat ne
pourrait
subsister,
comme les semailles et les tra-
vaux
pareils. Chaque anne, pendant quatre mois,
toute hostilit
cessait fntre les tribus arabes lemoindre trouble et t uneim-
pit. Quand chaque seigneur
faisait en France la
guerre
ou la
paix,
la
religion
donna des trves
qui
devaient avoir lieu dans de
certaines saisons.
(Esprit
des
lois,
liv.
xxiv, chap. 16.)
XLI. Les jN~7KM/:<?i?.f. Les contres intrieures et orientales
<lela
Germanie,
n'ayant point
t traverses
par
les
lgions
ro-
maines,
restrent
presque
inconnues aux
gographes
anciens.
Nous
savons, par Tacite, que
les
Hermundures, grande
nation du
centre de la
Germanie,
taient amis des Romains.
Distingus
du
reste des
Germains, qui
ne
pouvaient
commercer
que
sur la fron-
tire,
ils taient admis dans les Hoiissantes villes de la VindIIcie
et de laRhtie. Sans
escorte,
ils
parcouraient
leterritoire
romain;
et tandis
qu'on
ne montrait aux autres
que
les
lgions
et les
camps
on ouvrait aux Hermundures les
palais
et les maisons de
plai-
sance,
dont ils n'taient
point jaloux.
Mais si l'on demande les
frontires exactes de cette
nation,
la
gographie
est rduite des
conjectures.
Il est
probable que
laSaale de Franconie les
spa-
rait des Cattes les
salines, auxquelles
cette rivire doit son
nom
devinrent,
entre les deux
nations,
le
sujet
d'une
guerre qui
se
termina
par
la
presque
extinction des Cattes.
( Gogr.
de ~a/~c
Brun,
tom.
pag. x5i.)
Librement
et sans
gardes, pntrer.
L'effet naturel du com-
merce est de
porter
la
paix
deux nations
qui ngocient
en-
semble serendent
rciproquement dpendantes
si l'une a intrt
d'acheter,
l'autre aintrt de
vendre,
et toutes lesunions sont fon-
des sur des besoins mutuels.
( Esprit des
lois, liv. xx,
chap. n.)
Notre riche
et florissante
colonie de Rhtie. On croit
que
c'est
Augsbourg.
La Rhtie
comprenait
une
partie
du
Tyrol,
de la
Souabe et de la Bavire.
Prend sa source. Ce n'est
point l'Elbe,
c'est
l'Eger qui prend
sa source chez les Hermundures. Les Romains n'avaient
pas p-
ntr
jusqu'aux
sources de
l'Elbe, qui
sort des confins delaBohme
et dela Silsie.
L'ger
se
jette
dans l'Elbe.
On en
parle
seulement.
Depuis
la mort de Germanicus on lais-
LA GERMANIE. J .tO
n
sait
reposer
les
Barbares,
et
dj
ils
apprenaient
ne
plus
redou-
ter les Romains.
XLII. Les
Narisques
habitaient entre la Bohme et le Da-
nube, vis--vis de Ratisbonne et de Passaw. Les
Narisques
bornaient les Hermundures au
sud-est,
et
occupaient
une
partie
du Haut-Palatinat. Tacite les
joint
aux Marcomans et
Quades,
ha-
bitans de la
Bohme,
de la Moravie et de l'Autriche
septentrio-
nale. Ces trois
peuples
formaient
pour
ainsi dire le front de la
Germanie de ce ct. Plus
tard,
les Romains
apprirent
les noms
indignes
de
quelques-unes
deces nations et des tribus dont elles
se
composaient.
Voil
pourquoi
Ptolme
distingue
entre
autres,
les
Kampcs, qui
demeuraient sur la rivire du mme nom en Aur
triche. Les
Baimes,
que
ce
gographe indique
comme un
grand
peuple,
nous
paraissent
tre les mmes
que
les
Marcomans,
con-
qurans
du
Boiohemum,
ou la Bohme.
(Gogr.
de
~a~e-~7-K/
tom.
ir, pag.
a5t et
25x.)
Les Marcomans s'taient tablis dans la
Bohme,
autrefois le
pays
des
Boens;
c'tait un des
plus
vaillans
peuples
dela Germa-
nie, Maroboduus
qui,
de
simple particulier,
devint leur roi
par
le
secours
d'Auguste,
tablit
parmi
eux la
discipline
militaire des
Romains;
il
s'assujtit
une multitude de
peuples
voisins,
et laissa
ses successeurs une
puissante
monarchie. Leurs
principales
de-
meures taient
.io&0f&<w!,
Prague jR~M/K,
o Maroboduus
faisait sa
rsidence, aujourd'hui Sudweih; Casurgis,
Kauris
et
~fM/K~ aujourd'hui Arnesteim,
sur leNeeker.
( Gc'ogT-. comp.
de
7.7o~.)
Les
(~M'~e.toccupaient
la Moravie et une
partie
de l'Autriche.
La noble race de Tuder
y rgna long-temps;
ils habitaient jH-
/'HO/M, Olmutz, jMe~o.f/o'7!MW!, Znaym,
Rhobodunum, aujour-
d'hui Brunn.
( Gco~T'. co/np.
de 7.
J oly.)
Maroboduus. Ce roi des
Chrusques
fut le rival
d'Arminius,
chef desSuves Tibre
envoya
Drusus au secours
desSuves. Ma-
roboduus fut dfait et se retira chez les
Marcomans,
d'o il fit
demander Tibre de le secourir. Drusus
parvint
rtablir la
paix
entre ces barbares.
(TAciT.,
Ann.,
liv.
11,
xt.v et
xLvi.)
XLIII. Les
Marsignes
habitaient la
partie septentrionale
de la
NOTES.
i.~r
I
Silsie,
et
Hegithmatia
tait leur
principale
demeure. On croit
que
c'est
prsent Libnitz,
ville situe au confluent du Katzbach et de
laSwartz.
( Gogr. comp.
J e
7o/ )
Les Gothins habitaient la
partie
mridionale dela
Silsie;
Pa-
rienna tait dans leur
territoire,
Parn ou Frdeck. Tacite dit
que
les
Gothins, peuples
du sud de la
Germanie, parlaient
la
langue gauloise
ou
celtique.
Il est
probable qu'ils
taient des restes
des Celtes
proprement dits, qui
s'taient avancs
jusque
l dans
cette
direction,
et
qui,
se trouvant dans un
pays
de
montagnes,
furent
employs par
les Germains aux travaux des mines.
(PIN-
KERTON,
Rech. sur les
Scythes, pag. 83.)
Les O~M
occupaient
la
partie
de la
Hongrie qui
s'tend
jus-
qu'au
Danube.
Les ~m/e/M. Leur
pays
tait situ au mont
Krapach
et aux en-
virons des sources de la Vistule.
Sesoumettant <tdes tributs. Il
rgne
en Asieun
esprit
deservi-
tude
qui
ne l'a
jamais quitte,
et dans toutes les histoires de ce
pays
il n'est
pas possible
detrouver un seul trait
qui marque
une
me libre on
n'y
verra
jamais que
l'hrosme de la servitude.
(Esprit des /o/f,
liv.
xvn,
chap. y. )
Les
Lygiens.
Sur la
Vistule
et vers lemilieu deson
cours,
Ta-
cite connat encore une
grande nation,
les
Zyg7!,
nomms ~t7
par Strabon,
Luti et
Longi
chez Ptolmc. Pline les
passe
sous si-
lence. Leur nom
parat slavon,
et
signifie
habitans des
plaines;
ce
sont
probablement
les LIches du
moyen ge
et les anctres des
Polonais.
(Gogr. de Malte-Brun,
tom.
i, pag. a3z.)Les Ly-
giens sont,
avec
raison, placs par
Cluvier dans la Silsie ac-
tuelle.
(PiNKERTON,
Recherches sur les
Scythes.)
Les
Lygiens
taient situs entre les
Bourguignons
et les Sarmates chacune de
leurs nations avait son tendard
particulier,
et se
gouvernait
aris-
tocratiquement.
Le lieu de leur
assemble,
qui
se tenait tous les
ans,
tait
Co'o~M/M/K,
qu'on
croit tre Cracovie.
(Ceo~v. comp.
J e
~o~.)
Une tradition
apporte
sans doute a
Rome,
soit
par
des marchands
romains,
soit
par
des Germains
prisonniers
ou
fugitifs,
avait fait connatre au
gographe grec
les noms des
peuples
qui
habitaient vers la
Vistule,
et mme au
del,
et sur
lesquels
Maroboduus avait tendu sa domination. Parmi ces
peuples,
les
7.MHnous
paraissent tre
les
7~yMdes
auteurs
romains,
les Liches
LA GERMANIE.
i4~
du
moyen ge,
et
par consquent
les anctres des Polonais mo-
dernes.
( Gographie
de
Malte-Brun,
tom.
i,
pag. 110)
Les -Y'M. On trouve chez les le culte de deux dieux
ju-
meaux,
connus dans la
mythologie
slavone. Les noms de
plusieurs
endroits dans le
pays
des
Lygiens,
ainsi
que
dans celui des Gtes
ou
Daces,
donns
par
Ptolme,
sont videmment
d'origine
sla-
vone. Ces
circonstances, jointes
aux traits
plus europens qu'asia-
tiques
des
Polonais,
des
Bohmes,
des Esclavons de
Hongrie,
et
en
partie
des
Russes,
nous font considrer les Gtes ou
Daces,
les
Bastarnes,
les
Lygiens,
les Vendes,
et
peut-tre quelques
autres
nations
anciennes,
comme la vraie et
unique
source des nations
slavones modernes. On
conoit que
Tacite a
pu
hsiter s'il devait
compter
ces
peuples parmi
les Germains ou
parmi
les
Sarmates;
ilsn'taient ni l'un ni
l'autre;
mais les
Romains,
neles
ayant
con-
nus
que deloin,
ne
pouvaient gure
s'en former une ide dis-
tincte.
(Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
r, pag. a3a.)
Les
Be/ceco/M.t,
les
Manimes,
les
Elysiens
et les ~V~a/f'a/e.
Ces
peuples,
de la nation des
Lygiens,
devaient tre
placs
entre
laVarra et la
Vistule,
dans lecoude
que
fait cefleuve du ct de
l'est. On
pense que
les
Lygiens
ont
pu
donner leur nom la Si-
lsie.
En habit de
~e~Me.
Parce
que
sans doute il tait revtu d'une
large robe, qui
contrastait avec l'habillement troit des Germains.
Nos
prtres
ont conserv cette manire de se vtir.
Les .H<MM'M
~nre/!<~e~.
On
sait,
de
plus, que
les Romains
avaient coutume de donner aux divinits
trangres
les noms de
celles des leurs
qui y
avaient le
plus
de
rapport. ( Grandeur
et d-
cadence des
jRo/?M/yM,chap. xvi.)
Ils
teignent
en noir. Dans le roman de Gurin de
Monglave,
cent chevaliers couverts d'armes
noires,
et
portant
des lances de
feu,
s'lancrent contre les Sarrasins.
Charlot,
fils de Char]e-
magne,
voulant se
venger d'Ogier,
fils du roi de
Danemarck,
arme
ses
varlets,
les fait couvrir d'armes noires et cacher dans une em-
buscade.
(Voyez
le roman intitul la Fleur des
&<7~.)
Dans le
pome
de Roland
furieux,
figure
un chevalier nomm
Griffon le
noir,
ainsi nomm
parce qne
toute son armure tait
noire d'autres chevaliers avaient aussi
adopt
cette couleur.
Le
prince
de
Galles,
fils d'Edouard
m,
roi
d'Angleterre,
fut sur-
NOTES. t~
nomm le
prince
noir, peut-tre par
lamme raison.
( Dp
SAiNTH-
PAi.AYK,
Mm.
~Kr
chev.
tom.
i pag. 2i3. )
Les chefs de
guerre
amricains ont le
visage,
les
paules,
la
poitrine,
noircis
de charbon.
(PUFFENDORF, ~MC/Y~e,
tom.
vm, pag. 556.)
A
peine
elle eut fini sa
danse, qu'elle s'approcha
de moi d'un air
obligeant, prit
dans un sac de
jonc quelques
charbons
qui s'y
trouvaient,
les crasa dans sa
main,
et se
disposa

m'appliquer
une couche du fard ordinaire de ces
rgions.
J e me
prtai
volon-
tiers ce
caprice obligeant
M. Heirisson eut la mme
complai-
sance,
et reut un
pareil masque.
Nous
parmes
tre alors un
grand sujet
d'admiration
pour
les
femmes;
elles semblaient nous
regarder
avec une douce
satisfaction
et nous fliciter des nou-
veaux
agrmens que
nous venions
d'acqurir.
Ainsi
donc,
cette
blancheur
europenne
dont notre
espce
est si
fire,
n'est
plus
qu'un
dfaut
rel,
une sorte de difformit
qui
doit le
cder,
dans
ces climats lointains,
la couleur noire du
charbon
au
rouge
sombre de l'ocre ou de la terre
glaise. ( ~<y~e
de dcouv. au.x
terres
austr. pag. 253.
-ZMcyMnc
la terreur. tl est
impossible
d bien
dpeindre
l'hor-
rur
qui rgne
dans un
village
amricain
surpris
ou forc. Le
vainqueur,
barbouill de noir et de
rouge,
d'une manire
propre

inspirer
la
plus grande
terreur, court
partout
comme un
forcen,
en chantant son
triomphe
et insultant au malheur des vaincus
par
ses cris.
(PtjFtENDOEF,~Me'
tom.
vin, pag. 5/)8.)
Les
sauvages
dela baie d'Hudson voulant
dtruire
une habitation d'Es-
quimaux,
rsolurent de les
attaquer par surprise
ils s.e
peignirent
le
visage,
les uns de
noir,
les autres de
rouge, plusieurs
d'un m-
lange
de ces deux couleurs. A une heure du matin ils
attaqurent
leurs victimes
surprises,
et lesmassacrrent entirement.
( ~o~<M~
de Samuel Hearne ~'Oce<M du
/:o/'<)
Et
pour
ainsi dire
M/e/7M/.
Les
Indiens, quand
ils vont la
guerre,
cherchent se rendre aussi horribles
qu'ils peuvent;
ils
se couvrent tout le
corps
de
rouge,
de noir et de
blanc,
et res-
semblent
plus
des diables
qu'
des cratures humaines.
( ~o~c
au
Canada par
Isaac
Weld,
tom.
m pag. 80. )
Les Gothones. Les ctes o laVistule mle ses eaux
tranquilles
aux flots de la
Baltique,
avaient
pour
habitans les
Gothones,
chez.
qui
la libert s'alliait avec le
gouvernement
d'un seul.
( Gfo~
<~
LA GERMANIE.
I~'IF
Malte-Brun,
tom.
i,
pag. a36. )
Les
peuples qui
habitaient !a
Scandinavie,
le
Danemarck,
la
Prusse, portaient
lc nomcommun
de Goths ce sont les
Guttones, ou, plus exactement,
les GoH-
tones de
Strabon,
vaincus
par Maroboduus,
les Gothones de Ta-
cite,
les
Gythones
et les G~a? de
Ptolme,
les Gaute de Pro-
cope
et des Islandais.
Pythas
a videmment
employ
lenom de
Guttones dans cette
signification gnrale, signification que
les re-
cherches des vrais savans ont
depuis long-temps
mise hors de
doute.
( Ibid., pag. to6.)
Les G~c taient certainement les
Gutones de Pline et les Gothones de
Tacite, qui,
du
rivage op-
pos,
avaient
pass
dans cette
contre;
et leur
pays rpond

l'Ostrogothie d'aujourd'hui. (PtNMMON,
Rech., sur les
Scythes.)
Nous
trouvons,
sur les mmes
bords,
les
Gothones,
C~o~f.r
ou
Gytones,
selon
qu'ils
sont nomms
par Tacite,
ou
par
Pline ou
par
Ptolme. H serait difficile
d'assigner
la canse
qui
fit donner
cette
peuplade
une dnomination si voisine de celle des
Goths,
moins
qu'on
ne
suppose que
lenom
~H<
ou
good ( bon), appli-
qu
au
sol,
au
peuple, etc.,
ne soit
l'origine
du G~f/e scau-
dique
traduit en latin
par
Gothlandia;
nos Gothones tirent
pro-
bablement leur nom de la mme
source,
ou
peut-tre
du mot
g'o~e(cavalier),
parce qu'ils
confinaient aux
2?<M~/7!tf, qui,
de
mme
que
les
Sarmates,
avaient
beaucoup
de
cavalerie;
et
comme,
selon toute
apparence,
les Gothones en avaient aussi
beaucoup,
ils
reurent
cette dnomination des autres Germains
qui
enavaient
peu
ou
qui
n'en avaient
point.
(/&/<)
Les
Rugiens
habitaient le
long
de la mer
Baltique
ils se
parta-
grent
en trois
corps
vers le
Bas-Empire;
l'un se
joignit
aux H-
rules dans leur
expdition;
lesecond allas'tablir dans une ile de
lamer
Baltique, qui
aretenu
leur nom;
et les
derniers, qui taient
moins
nombreux,
restrent dans ce
pays,
o ils btirent
T~K~M~,
Rugenwald,
dans laPomranie Ultrieure.
( Gographiec'077~.
de
J .
7o~. )
Le nom de
Rugiens
fameux dans l'histoire des
grandes migrations
du
cinquime
sicle,
se trouve dans
Tacite,
tandis
que
Ptolme le
dfigure
entirement.
( Gographie
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 236.)
Sur
l'Ocan,
les
Rugiens,
exactement
placs
dans l'le de
Rugen,
et les
Lmoves, que
Clu-
vier croit tre les mmes
que
les
Heruli,
et
qu'il place
dans laPo-
mranie. Mais la narration de Tacite fait entendre
que
les L-
NOTES. 145
Vf. J O
moves taient l'ouest des
Rugiens
car il arrive chez eux
successivement, deinde,
aprs
tre
parti
des Gothones et des
( PjNKERTON,
Recherches sur
/'o/f:C
des
~'e/~e.f. )
Les
Rugiens
et les
Thilringiens
sont les seuls
peuples que
nous trouvions ran
gs
sous les bannires d'Attila dans les
plaines
de Chlons.
(.?/<)
Les Lrnoves rsidaient dans une
partie
de la Pomranie.
Les Lmoves taient ncessairement l'ouest des
Rugiens
ou de
Rugen,
comme
l'exprime
le texte littral de
Tacite, qui
semble
renfermer,
dans le nom
gnral
de
Gothones,
les trois autres na-
tions
dsignes par
Ptolme,
et tendre ainsi ces derniers
sur la
Pomranie,
aussi bien
que
sur laPomrellie. Les
Lemovii, par
une
consquence naturelle,
existaient dans les
provinces
de Lubeck et
de
Wageriand. ( PiNKEMON,
Recherches sur
l'origine
des
~c~f~M.)
-On a
conjectur que
les tonnantes rvolutions
opres
dans le
nord de
l'Europe par
les fureurs des
Huns,
avant et immdiate-
ment
aprs Attila,
avaient fait retourner les Lmoves ou Hrules
vers leur ancienne
patrie; qu'ils
s'taient ensuite
transports prs
de l'Ocan
Germanique,
entre les embouchures de l'Elbe et du
Wser;
et
que
c'est de l
qu'ils
altrent insulter
l'Espagne. (jF~y.
milit. des
G~?/MM.f, pag. 425.)
Les Lmoves sont
placs par
Tacite dans les
provinces
de Lubeck et de
Wagerland. (PttfKnn-
TON,
Recherches sur
l'origine
des
Scythes.)
XHV. ~H sein mme de /'0c<?< Les anciens
pensaient que
la Scandinavie tait une le. Tacite dcrit les
Suiones,
anctres
des Danois et non des
Sudois,
comme l'ont cru
quelques go-
graphes.
Les tats de ces
peuples
taient situs dans la
mer,
sui-
vant
Tacite,
c'est--dire dans les les de Ziande et
autres,
qui
forment encore le
sige
dela
puissance
danoise il serait facile de
le
prouver;
tous les
dtails,
aussi bien
que
le cours de la narra-
tion,
s'appliquent
aux
Danois,
et non aux
Sudois,
qui
sont les
Sitones de ce
grand
crivain.
(
PinMR'roN,
tom.
Mi, pag. ~34. )
Des Suiones. Des
Lmoves,
aux environs de
Lubeck,
Tacite
passe
l'le de
Zeeland,
de lchez. les
~Estions, possesseurs
de la
pninsule
de
Glessaria,
situe
vis--vis; puis,
traversant la mer
Baltique;
il arrive sur la
cte,
encore
vis--vis,
habite
par
les
Sudois de
Smaland; enfin,
en droite
ligne,
et
pour
finir sa des-
cription,
chez les
Peucins,
les Vendes et les Fennois.
Ajoutez

LA GERMANIE.
i46
cela
que
les restes des Sitones mentionns dans
Ptolme, etc.,
sont exactement sur lacte en face de la
province
de
Smaland;
et
comme ils n'ont laiss aucune trace derrire
eux,
il
y
acertaine-
ment
plus
devraisemblance
qu'ils
sesont
ports
sur le
rivage op
pos que
dans la
Norwge,
distante de
plus
de trois cents milles.
Ces raisons
pressantes
et dcisives
doivent, je crois,
fixer
pour
toujours
les Suiones dans l'le de Zeeland et les les
environnantes,
en
y
runissant
Schonen,
Halland et la
Westrogothie,
leurs vri-
tables civitates in
Oceano
ainsi
que
les
Sitones,
faisant
partie
des
Suitones ou
Sudois,
dans
l'angle
au sud-est de la
Sude,
o est
aujourd'hui
la
province
de Smaland.
(PINKERTON,
Rech. sur l'o-
rigine
des
Scythes.)
Le
professeur
Schwarz afait un
ouvrage
sur les
campagnes
en Autriche des anciens
Rugiens.
Les
Suiones,
dont
parle
Tacite,
habitaient aussi l'le de la desse Hertz. Un des
bras de
l'Oder, qui
donne dans la mer
Baltique, s'appelle
encore
maintenant la
Suine,
l'embouchure de
laquelle
est situe lacom-
mune de Suinamunde.
Tacite, qui
ne s'tait
pas propos
de
tracer
une
description gographique,
nomme un des
peuples
les
plus loigns
de la Scandinavie. Les
Suiones dit-il,
habitaient
plusieurs
cantons
garantis par
l'Ocan contre une invasion subit.
Ces
peuples, puissans
sur mer comme sur
terre,
savaient
appr-
cier leurs
richesses; leurs monarques possdaient
un
pouvoir
ab-
solu, comme,
selon les
sagas islandaises,
les
pontifes-rois,
suc-
cesseurs Immdiats d'Odin. Les armes de tout le
peuple
taient
sous la
garde
d'un esclave du roi. Une tribu de
Suiones,
les Si-
tones,
obissaient mme des
princesses. (Geogv.
de
Malte-Brun,
tom.
i, pag. 244.')
Le nom de Svons ou
Sudois,
conserv
chez les
voyageurs
du
moyen ge,
nelaisse aucun lieu des doutes
surla demeure des Suiones deTacite. On avoulu retrouver cenom
dans celui des Relleviones de
Pline, qui
nous semble
plutt
une d-
nomination
gnrale qu'un
vrai nom de
peuple. (TZ*)
Puissantespar
leurs
flottes.
Ces
peuples,
sous le nom de Nor-
mands,
vinrent dans la suite
ravager
les ctes de la
France,
et
enfin
s'y
tablir.
Les richesses sont'en honneur. Les
Suiones,
nation
germa-
nique,
rendent honneur aux
richesses,
dit
Tacite;
ce
qui
fait
qu'ils
vivent sous le
gouvernement
d'un seul. MLeluxe est ncessaire
dans ls tats
monarchiques;
il l'est encore dans les tats
despo-
NOTES
i47
tO.
tiques.
Dans les
premiers,
c'est un
usage que
l'on fait de ce
qu'on
possde
de
libert;
dans les
autres,
c'est un abus
qu'on
fait des
avantages
de sa servitude. Dans lesnat de
Rome compos
de
graves magistrats,
de
jurisconsultes
et d'hommes
pleins
de l'ide
des
premiers temps,
on
proposa,
sous
Auguste,
la correction des
murs et du luxe des femmes. II est curieux devoir dans Dion avec
quel
art il luda les demandes
importunes
des snateurs. C'est
qu'il
fondait une monarchie et dissolvait une
rpublique. (Esprit des
/o/.f,
liv.
vu,
chap. /)
Elles restent
enfermes.
Il existait
encore
en
n 53,
une loi en
Sude,
qui
dfendait
l'usage
des armes toute
personne, except
aux
gardes
du roi.
( .Hu~.
de
Suede,
par
Dalin
dans la Biblio-
<~Ct7He
raisonne,
tom. XLet
XLv.)
XLV. Une autre
//M/,
dormante. Hecatus
appelle
~/Ka~cA:Mf/t
l'Ocan du
Nord, depuis
lelieu ole fleuve
.Pa/zM~
arrose la
Scythie;
et ce
nom,
dans le
langage
des
habitans, signifie conge-
latum ou
glacial.
Philmon dit
que, jusqu'au promontoire Rubeas,
cet Ocan est nomm
par
les Cimbres
-oy//M<<~<
mot
qui
si-
gnifie
mer ~o/e.
(PLINE, Hist.
nat.,
liv.
iv, chap. i3.~
La dernire clart du soleil soncouchant. Dans ces cantons du
nord,
les nuits d't sont
agrables;

peine
lesoleil
gagne-t-il le
couchant, qu'il reparat
bientt l'orient. L'intervalle d'un
point
l'autre n'est
qu'un crpuscule
assez clair
pour qu'il
soit
possible
de lire et de
vaquer
ses affaires.
(~oyc~e
en
~Vorf~~e
de T.-C~.
.f~/YCMMen
1778.)
La mer
Suevique.
La mer
Baltique.
La mer
qu'on
nomme
prsent
la
Baltique, s'appelait
anciennement sinus
Codanus,
d'o
Pline et Mela donnent le nom de Codanie ou de Codanonie aux
les et aux terres
adjacentes.
Des
~E~e/M'.
Lenom d'Esthiens ou ./EfMa.f est
donn,
dans les
sixime et neuvime
sicles,
une nation
qui
habitait non loin de
la Vistule,
et
qui
rcoltait l'ambre
jaune.
C'tait
probablement
une
dnomination
gnrale,
donne
par les
Scandinaves ou les Ger-
mains aux
peuples
du
rivage
oriental de la
Baltique.
Peut-tre aussi
les Esthes modernes de l'Esthonie ont-ils demeur
quelque temps
en Prusse.
(Gogr.
de
Malte-Brun, i, p. 234.)- L'analogie
des
noms a fait
placer
assez
lgrement
les ~Estions dans
l'Estonie,
LA GERMANIE.
j/,8
quoique
l'on convienne
que
leur le de Giessaria est rellement
dans laPrusse
actuelle, loigne
de deux cents milles au sud-ouest
de
l'Estonie
et
qu'aujourd'hui
on ne trouve
plus
de semblables
quantits
d'ambre
que
sur les ctes dePrusse.
Estonie,
il faut bien
le
dire,
signifie
tout
simplement pays
de
l'est
et c'est
peut-tre
une dnomination
moderne,
car il
n'y
arien de
plus
ordinaire
que
les noms de
pays
tirs des
points
cardinaux vers
lesquels
ils sont
situs,
tels
qu'c~e.rM
ou
Essex,
en
Angleterre,
etc., etc.,
etc.
Les jEstiens taient certainement dans la Pninsule au del de
Dantzick, c'est--dire,
selon la
description
de
Tacite,
main
droite,
en faisant voile vers le Suevicum mare ou vers la
partie
mridionale de la
Baltique, qui
tait au nord des Suves.
(PiN-
KFRTON,
Rech sur
l'origine
des
AyfAM.
Leur
langage plutt celui des
Bretons. Tacite
parle
des
~Estions,
nation situe sur la
Baltique,
dans la Prusse
d'aujourd'hui,
et il
dit
qu'ils
se servaient d'un
langage approchant
du
breton,
c'est-
-dire du
t'o/K/M~
ou
(fe&e
ils taient videmment des dbris
des anciens habitans confins dans ces contres recules.
(PtN-
KERTON,
Rech. sur
l'origine
des
Scythes.)
Des
figures
de
sangliers.
Sur le
rivage
occidental de la mer
Baltique,
Tacite connat
par
ou-dire les jEstiens. Leurs murs
taient celles des
Germains;
leur idiome
ressemblait
la
langue
britannique.
Ils adoraient
spcialement
la mre des
dieux;
ils
por-
taient en son honneur
l'image
d'un
sanglier;
c'tait
prcisment
l'animal consacr
Freya,
la Vnus des
Scandinaves,
souvent
confondue avec
Frigga,
la mre des dieux dans lamme
mytho-
logie.
Ces
peuples,
adonns
l'agriculture,
recueillaient aussi sur
leurs
rivages
et dans lamer mme l'ambre
jaune, qu'ils
nommaient
glesum. ( Gogr.
de
Malte-Brun
tom.
i, pag. a34- )
Le plus
souvent de btons. Dans le roman de Tristan le Lo-
nois,
le
gant
Nabon le Noir combat arm d'un escu et d'un
baston
propre
/'f.fC/W<e.
Le
succin,
nomm ambre
jaune
ou
karab,
est le
plus
beau de
tous les bitumes
par
ses caractres
extrieurs
il est en morceaux
irrguliers,
d'une couleur
jaune
ou
brune, transparens
ou
opaques,
forms
par
couches ou
par cailles;
il est
susceptible
d'un trs-
beau
poli; lorsqu'on
le frotte
quelque temps,
il devient
lectrique
et
capable
d'attirer des
pailles.
Les
anciens, (lui
connaissaient
NOTES.
149
cette
proprit,
avaient donn au succin le nom
d'electium,
d'o
est venu celui d'lectricit. Ce bitume est d'une consistance assez
dure,
et
qui approche
de celle de certaines
pierres,
ce
qui
a en-
gag quelques auteurs,
et
particulirement
Hartmann,
naturaliste
qui
vivait sur la fin du dernier
sicle,
le
ranger parmi
les
pierres
prcieuses; cependant
il est friable et
cassant; lorsqu'on
le
pulv-
rise,
il
rpand
uneodeur assez
agrable.
On rencontre souvent dans
son intrieur des insectes trs-bien conservs et trs-reconnais-
sables
ce
qui prouve qu'il
a t
liquide,
et
que
dans cet tat il
envelopp
les
corps qu'on y
trouve. Il
nage
encore sur le bord de
la mer on le ramasse sur les bords de la mer
Baltique,
dans la
Prusse ducale. Les
montagnes
de
Provence, prs
laville de Siste-
ron,
la Marche d'Ancne et leduch de
Spolette
en
Italie,
la Si-
cile,
la
Pologne,
la
Sude,
et
plusieurs
autres
pays
en fournissent
aussi.
Quoiqu'il
soit trs-vraisembtabte
que
ce bitume doit sa
naissance des matires rsineuses
vgtales, plusieurs
natura-
listes ont eu des
opinions
diffrentes sur sa formation
quelques-
uns l'ont
regard
comme de l'urine durcie de certains
quadru-
pdes,
d'autres comme un suc de la terre
que
la mer a
dtach,
et
qui, port par
les eaux sur le
rivage, s'y
est dessch et durci
par
les
rayons
du soleil. Cette classede naturalistes le
dsigne
comme
un suc minral
particulier.
Telle tait
l'opinion
d'un ancien natu-
raliste nomm
Philmon,
et cit
par Pline; Georges Agricola
l'a
ensuite fait revivre. Frdric Hoffmann
croyait qu'il
tait form
d'une huile
lgre, spare
de bois bitumineux
par
la
chaleur,
et
paissie par
l'acide des vitriols. On ne
peut
admettre cette
opi-
nion
d'Hoffmann;
car on ne conoit
pas
comment une
huile, spa-
re dans les entrailles de la
terre, pourrait
contenir des animaux
qui
ne vivent
qu'
sa surface. On acru
jusqu'ici que
lesuccin tait
d un sue rsineux
qui
acoul d'abord fluide de
quelque arbre
que
ce
suc,
enfoui
plus
ou moins
profondment
dans la terre
par
des bouleversemens
que
le
globe
a
prouvs,
s'tait durci et im-
prgn
des
vapeurs
minrales et salines
qui
circulent dans son in-
trieur. Il
n'y
a
pas
mme
d'apparence qu'il
ait t altr
par
des
acides
concentrs;
car
l'exprience
nous
apprend que
l'action de
ces acides l'aurait noirci et mis dans un tat charbonneux. Pline
pensait que
le succin n'tait autre chose
que
larsine du
pin,
dur-
cie
par
la fracheur de l'automne. Le succin
expos
au feu ne se
LA GERMANIE.
t5o
Uqufiequ'
une chaleur assez
forte;
il se ramollit et seboursoufle
beaucoup. Lorsqu'on
le chauffe avec le contact de
l'air,
il s'en-
flamme,
et
rpand
une fume
trs-paisse
et trs-odorante. Sa
flamme est
jauntre,
varie de vert et de
bleu;
il laisse
aprs
la
combustion un charbon noir
luisant, qui
donne
par
l'incinration
une terre brune en
trs-petite quantit. (lm.
d'hist. nat. et de
chimie de
7)~foM/tyoy,
tom.
iv, pag. 445.)
Gless,
en
langue germanique, signifie verre, glace.
Les Elec-
trides, que
l'on
appelait
aussi les
Glessaires,
sont situes l'em-
bouchure de la
Vistule,
s'tendent
depuis
Dantzick
jusqu'
K-
nigsberg.
Solin vante l'ambre ou succin
qu'on
recueille sur leurs
ctes.
(Gogr. co/Mp.
de7.
Tb~r.
Nous
Z'o~e~
sans le
prparer.
Les les de la cte occiden-
tale du J utland taient
probablement
un des
siges
du commerce
de l'ambre
jaune;
du moins les Romains donnrent une d'elles
lenom deGlessaria oule au succin.
( G~ogT~e
de
7Ma'/<e-HM,
tom.
i, pag. 241.)
La
partie
de la Germanie situe vers l'em-
bouchure de la
Vistule
ou la Prusse
actuelle, tait,
n'en
pas
douter,
connue des Grecs avant le
temps
d'Hrodote
c'tait lla
contre
qui,
dans les
temps anciens,
ainsi
que
de nos
jours,
four-
nissait tout
l'ambre,
et o on le trouve encore en si
grande
abon-
dance, qu'il
forme une branche de revenu
trs-importante. (PiN-.
KERTON,
.Hec~.sur
l'origine
des
Scythes.)
~'ecAau~M~<!K.;f rayons
voisins du soleil. Chez un auteur fidle
aux anciennes
traditions,
la douce
temprature
dont
jouissait
le
pays
des
Hyperborens
est
explique par
la
proximit
momenta-
ne du
Soleil, lorsque, d'aprs
les ides
d'Homre,
il
passe pen-
dant la nuit
par
l'Ocan
Septentrional pour
retourner son
palais
dans l'orient. Cette tradition
antique, qui
le croirait? n'a
pas
en-
tirement
dplu
l'historien le
plus philosophique
des Romains
Tacite ne
rougit pas
de
rapporter que,
dans les extrmits de la
Germanie,
on
croyait
entendre le bruit
que
faisait lechar du So-
leil en se
plongeant
dans
la
mer; qu'on distinguait
les
rayons
de sa
tte qu'on y voyait
mme
apparatre
les autres
dieux
K
enfin,
ajoute-t-il, je
croirais volontiers
que,
de mme
que
le
soleil,
dans
l'orient,
fait natre l'encens et les
baumes,
sa
plus grande proxi-
mit dans les
rgions
o il se couche fait
transpirer
les sucs
les,
plus prcieux
de la terre
pour
former le succin. C'est ce
que
les
NOTES. 'St
potes
avaient dit
long- temps auparavant;
c'est ce
que
dnotait la.
bsllc
allgorie d'aprs laquelle
le succin tait les larmes d'or r-
pandues par Apollon, lorsqu'il
tait all chez les
Hyperborens
pleurer
la mort de son fils
Esculape,
ou
par
les surs de Pha-
ton,
changes
en
peupliers
c'est ce
que
dnote le nom
grec
de
l'ambre
jaune,
~.sxrpM, pierre
du soleil. Les savans
grecs avaient,
long-temps
avant
Tacite,
dit
que
cette matire si
prcieuse
tait
une exhalaison de la terre
produite
et durcie
par
la force des
rayons
du
soleil, plus grande,
selon
eux,
dans l'Occident et le
Nord. Toute cette docte thorie est videmment
puise
dans le
systme cosmographique
d'Homre;
elle vaut
toujours
autant
que
les
explications
moins
merveilleuses,
mais non moins
fausses, que
plusieurs
historiens et
gographes
anciens tentrent de donner de
cette
production
naturelle.
( Geo~TM/e
de
~aZ~s~,
tom.
l,
pag.
36et
S?.)
Les Sitones doivent avoir habit les
provinces
au sud de la
Sude,
et leur nom doit avoir
pris
son
tymologie,
ou de
Sictuna,
qui
fut
jadis
celui d'une ville
principale,
ou de
.S~/f~co~,
nom des
natifs,
dont les
Romains,
suivant leur
coutume,
avaient adouci la
prononciation. (PiNKE&TON,
7!ce~eyeeysur les
.9c~~<M,
tom.
111.)
Sitones ou Sudois de Smaland sur la cte
oppose;
et comme
les Suiones taient indubitablement les
peuples qui
habitaient l'le
de
Zeeland,
les autres les circonvoisines et une
petite partie
du
midi de la
Scandinavie
en remontant le
long
de lacte occiden-
tale
jusqu'au
lac
Wener,
les Sitones
n'occupaient qu'une portion
fort resserre dela Sude ou
Suitiod,
savoir celle
qui correspond
la
province
de Smaland.
Quoique
Tacite
paraisse
avoir lu
Pline,
puisqu'il copie
l'histoire de
l'origine
de l'ambre donne
par
cet
crivain,
il ne
parle pas
de la
Scandinavie;
mais il fait entendre
implicitement qu'une partie
de cette contre tait habite
par
les
Suiones et les Sitones.
(7&K/.)
Les Sitones me
paraissent
tre
infailliblement les Sudois
actuels,
et leur nom a la
plus grande
ressemblance
possible
avec l'ancien nom de la
Sude, -</o<
tandis
que
celui des Suiones a
plus d'analogie
avec le mot zee-
ft'o/zc~,
ou habitans de la
mer,
d'o l'le clbre et fertile
qui
forme la
plus
belle
partie
des
possessions danoises,
est au-
jourd'hui appele
Zeeland. Le su
parait
tre en effet la combinai-
son de lettres dont les Romains se servaient
pour exprimer
leson
LA GERMANIE. i5~
propre
au z desGermains. Dans le
Knytlinga ~<:ga
et autres livres
islandais,
l'le de Zeeland est
appele
Sio-land;
nom
qui prsente
autant d'affinit avec celui des
Suiones, que
le mot
Suitiod,
em-
ploy
dans les mmes
ouvrages pour dsigner
l'ancienne dnomi-
nation des Sudois et de la
Sude,
a de
rapport
avec le nom de
Sitones.
(Ibid.)
J e trouve
qu'Eginarht,
crivain du neuvime
sicle,
ale
premier, depuis Tacite,
fait mention des
Sudois,
d-
signs par
Tacite sous le nom de Sitones.
(7&)
Unefemrne pour
.fo'w<K/K'. Ici l'auteur fait sentir
nergique-
ment combien ladomination des femmes
dplaisait
aux Romains
l'ancienne maxime tait
qu'elles
ne devaient avoir aucune
part
au
gouvernement;
une femme tait toute sa vie sous latutelle deson
pre,
de son
mari,
de ses frres.
Depuis l'expulsion
des
rois,
les
Romains ne donnrent
jamais
aux femmes de titre relatif aux em-
plois
de leurs maris. Le latin n'a
pas
de mot
pour
dire une .'c/M-
trice,
ni mme une
impratrice;
car le mot
d'augusta
n'tait
point
un titre de
dignit. Lorsque
Tibre disait dans le snat
qu'il
ne
fallait
pas prodiguer
les honneurs :.ux
femmes, ~M~a/K/o.f~/e-
/MHK:~m
honores,
c'tait autant
pour
afficher lamaxime des vieux
Romains, quepar
mauvaise humeur contre Livie samre. Freinsh-
mius
qui,
dans ses
supplmens
de Tite-Live
(liv. ctv),
donne une
description
de la
Germanie, s'emporte
avec amertume contre Ta
cite et contre les Romains. Il observe
que,
dans le mme
temps
o Tacite
crivait,
des hrones
norwgiennes
et sudoises se si-
gnalaient par
leurs
exploits. Remarquons,
en
passant, que
les
supplmens
de Tite-Live taient ddis la reine Christine.
(LA-
XLETTERiE)
-En
6~
Nantilde
gouverna pendant
laminorit
de son
fils,
Clovis n. En
660, Batilde,
mre de Clotaire
jn,
gouverna
la
Bourgogne
et laNeustrie. Childebert
n'ayant
laiss
que
des filles de sa femme
Ultrogothe,
ce fut le
premier exemple
de la loi fondamentale
qui
n'admet
que
les mles la couronne.
Les Flamands furent
long-temps gouverns par
des
femmes;
avant et sous le
rgne
de
Philippe 11, par Marguerite d'Autriche,
par Marie,
reine de
Hongrie,
et
par
la duchesse de
Parme,
sur
de
Philippe;
la Russie fut sous les lois de
plusieurs femmes;
Eli-
sabeth
gouverna l'Angleterre,
et Mdicis la France. Vaillant a
trouv
plusieurs
hordes de
ngres gouvernes par
des femmes.
Z servitude f~e-Mf'Mf;. I\cron recevait des
ambassadeurs;
sa
KOTES. i5~
mre
s'approchait
et allait se
placer auprs
de
lui,
si
Nron, pr-
venu
par Snque,
n'eut t au devant d'elle comme
par respect,
et ne l'et
empch
de
profaner
la
dignit impriale. (TACITE,
~/M.,
liv.
xm.) Nron,
dans sa lettre an
snat,
se
plaignant
d'Agrippine,
dit n Elle a voulu s'associer
l'empire,
faire
jurer
le serment
par
les cohortes
prtoriennes
une
femme,
et souiller
du mme dshonneur et le snat et le
peuple
romain.
( TACITE,
~y:
liv.
xiv, chap. n. )
Vousavezvucent foisnossoldatsencourroux
Porter enmurmurantleurs
aigles
devant
vous,
Honteuxderabaisser
par
cet
indigneusage
Leshrosdontencoreelles
portent l'image.
(~<H;yi;t~,
acte
iv,
scne
z.)
Cataractacus
chef des
Bretons ayant
obtenu son
pardon
de
l'empereur Claude,
vint au
pied
de son tribunal lui en rendre
grce,
et ensuite
Agrippine
mme, qui
se faisait
remarquer
sur
une estrade
leve; spectacle nouveau,
sans
doute,
et bien
loign
des
usages antiques
de voir une femme au mme
rang que
le
prince;
elle-mme se disait associe un
empire
fond
par
ses
aeux.
(TACITE,
Ann.,
liv.
xn, chap. 3y.)
XLVI. Ze.t Peucins doivent avoir habit lacte de la mer Bal-
tique,
l'embouchure de la
Vistule,
sur le bord oriental de cette
rivire,
c'est--dire laPrusse
actuelle;
delils s'tendirent au
sud,
jusqu'aux
Basternae,
leurs
frres,
dans la
partie
occidentale de la
Hongrie d'aujourd'hui,
sur nn
espace
de terrain
long
d'environ
cinq
cents
milles,
et
large
de cent
cinquante
deux cents.
( PtN-
KERTON
Rech. sur les
AyfA&f.)
Tacite fait une mention
sp-
ciale de
plusieurs
nations
germaniques
au del de la
Vistule,
et
principalement
du
grand peuple
des .Pe/<f ou
.&~fe/7:tp, que
Pline value un
cinquime
des Germains.
(~)
LesPecins,
en
particulier, qui
formaient la
plus grande
et la
plus
clbre di-
vision des
.B<M~y/!,
en
juger par
l'extension de leur nom
tout cet immense
peuple,
ont laiss derrire eux de tels
vestiges
depuis
la Thrace
jusqu'
la mer
Baltique, que
nous
pouvons
les
suivre
pas

pas. ( /&K/.)
Les
Pcucins,
ou cette nation Baster-
nique
sortie de l'le de
Peukc, semblent,
avec le
temps,
avoir sur-
LA GERMANIE.
i~4 'k
pass
en nombre toutes les autres branches de
.BfM~c/vM' detelle
sorte
que
Pline et Tacite
regardent
les noms de ~a~fer/~ et de
.Pc/M<comme
appartenant
au mme
peuple;
mais
Strabon,
Pto-
lme et d'autres auteurs
qui
ont crit ex
professo
sur la
gogra-
phie,
et
qui, par consquent,
sont
plus
exacts en ces divers
points,
ne considrent les /'eH/!</M
que
comme une division des .B~.f~/7~.
(~)
Strabon dit
que,
de son
temps,
les .PeK~M
propre-
ment
dits,
ou
originaires,
taient cette
portion
de -B~~e/vi
qui
habitait la
grande
le de
Peuk,
dans le
Pont-Euxin,
l'embou-
chure du Danube. Ptolme fait aussi la mme
remarque
relative-
ment au
temps
o il
vivait;
et
ce,
sont
peut-tre
leurs descendans
qui
conservent encore
leurs demeures
Piczina,
nom moderne de
Peu:k.
(76~.)
Les ~HM</M. Plus au
nord,
vers l'embouchure de la
Vistule,
nous
voyons
un
peuple
nomm
~.Me~'par
les
Romains,
et ~?-
yMf&schez
Ptolme;
ces
brigands, malpropres
et
froces,
ten-
daient au loin leurs courses
vagabondes,
mais avaient
cependant
des demeures
fixes,
et seservaient de boucliers.
( Gcog-y.
de~z/<e-
Brun,
tom.
i, pag. 23x.)
Les Finnois. Parmi les Sarmates et les nations
slavones,
il de-
meurait deux
peuples
d'une classe diffrente. Les
Fenni, placs par
Ptolme au sud-ouest de la
Lithuanie
mais
que
Tacite recule
plus
au
nord, paraissent dj
chez Strabon sous lenom de
Zourni,
le mme
que
celui de
Suome, que
les Finnois se donnent a eux-
mmes.
(Gcog?-.
de
Malte-Brun
tom.
i,
pag. 233.)
Les Fin-
nois ou Finlandais
paraissent
avoir t une race
europenne
indi-
gne peut-tre
ne firent-ils
que prcder
les Sarmates dans leur
migration
d'Asie. Les
Lapons
ont
beaucoup
de
rapports
avec les
Samoydes d'Asie
maisla
pauvret
de leur
propre langue
les obli-
gea d'emprunter beaucoup
de mots aux
Fins,
leurs
voisins,
plus
civiliss,
de sorte
que
leur
langage
est
presque
entirement fin-
landais,
tandis
que
leur conformation
physique
et leurs murs
sont tout--fait diffrentes.
(PiNKERTON,
Recherches sur
l'origine
des
Scythes.)
-Les Fins du
nord,
ou les
Lapons,
semblent tre
les
aborignes
du
pays qu'ils habitent;
car ils sont si faibles et si
pacifiques,
leur sol est si
ingrat
et si
malheureux, qu'ils
n'ont
pu
vaincre aucune
nation,
et
qu'aucune
nation n'a
pu porter
envie
leurs
possessions relgues
dans des climats inaccessibles aux
NOTES.
i55
rayons
du soleil.
(7~K/.)
Tacite avait entendu dire
vaguement
que,
au del de ces
nations,
il
y
avait un
peuple qui
se couvrait
de
peaux
de btes
sauvages,
et
que
cette manire de sevtir avait
fait
passer pour
un
peuple
debtes ttes humaines.
D'aprs
la re-
lation de
Tacite,
c'tait certainement les
Fenni, qui
n'taient s-
pars
des Peukini
que par
les forts et les collines habites
par
les
~Me< Il ne
s'agit point
ici des habitans de la Finlande,
comme
on l'a
chimriquement imagin,
mais bien des
Fins, grande
na-
tion
aborigne.
Les Fenni de Tacite taient dans la Livonie et
l'Estonie;
et Ptolme
(liv. 111)place
mme des Fenni sur la Vis-
tule.
(~K/.)
Bastarnes.
Interprte
de
l'opinion gnrale,
Strabon dit ex-
pressment que
les .Sa~TTMF
occupaient
la Scandinavie.
(PiN-
KERTON,
Rech. sur
l'origine
des
&y~<M.)
Mais tous ces Ger-
mains
~a/MM~/om,
l'immense nation de ceux
appels
.Z~M~'n~?,
qui, d'aprs
le calcul de
Pline,
formaient la
cinquime partie
des
Germains,
habitaient au del de la
Vistule
dans les contres con-
nues
aujourd'hui
sous les noms de
Prusse,
de
Polachie,
de Maso-
vie,
et de
Russie-Rouge. (7&)
-Lemot
.B<M~/7M:
dans la
langue franque
et
tudesque, signifiait
un
chariot,
vraisemblable-
ment
couvert,
comme le chariot d'honneur
que
nous trouvons sur
les mdailles de Faustine et autres.
Voyez Grgoire
de Tours
(liv. 111, chap.
26).
Le mme mot se trouve aussi dans
Lampri-
dius
(in Rc~'o~. ),
dans
Simmachus,
dans les
Capitulaires
des rois
de
France,
dans AmmienMarcellin
(liv.xiv); Vopiscus (inProbo)
dit
que
Probus n'tablit
pas
moins de cent mille jS<Mfer/M" dans la
Thrace.
( Ibid. ) Quelques
auteurs mal informs ont dit
que
les
&Mfy7M?taient
Gaulois
mais en rflchissant la
profonde
con-
naissance
qu'avait
Tacite de la
Germanie,
son
tmoignage
suffit
pour
nous convaincre de la fausset de cette assertion.
(Ibid.)
La
premire apparition
des ~tM~ dans
l'histoire,
semble avoir
lieu l'occasion du secours
qu'ils
donnrent
Perse,
roi de Ma-
cdoine,
contre les
Romains,
cent soixante-six ans avant J sus-
Christ.
Polybe,
crivain
contemporain, rapporte que
Pcrsc
reut
un renfort de dix mille
hommes,
.B~e/T! et Gaulois.
(-?7. )
Cette immense race d'hommes
appels
j~M~tV/Kene descendait
pas
seulement jusqu'aux ~c.)
T~M~Mc~
ou monts
Carpathiens,
et
<f)i
Danube,
elle s'tendait
encore
du ct du
nord, jusqu'
cette
LA GREMANIE. i56
partie
de la mer
Baltique,
sur
laquelle
est maintenant situe la
Prusse,
et
qui
est la
plus
voisine du Pont-Euxin.
( Ibid. )
De la
~~)f7~~
de ces
peuples.
J omands
indique
assez la
grande
diffrence entre les
Scythes
et les Huns et nous
pouvons
encore
aujourd'hui
la
reconnatre,
en
comparant
la
grande
taille,
les
yeux
bleus et les cheveux blonds d'un
Allemand,
avec la
petite
stature,
les
petits yeux
noirs et les cheveux noirs d'un Tatr.
(PIN-
nMTON,
Rech. sur
l'origine
des
tS~cy~M, pag. ta. )
Est en
proie
leurs
brigandages.
La mthode defaire la
guerre
en dvastant le
pays
est trs-ancienne
parmi
les
Tartares,
et
pra-
tique par
eux tous
depuis
les bords du Danube
jusqu'
l'extrmit
de la
Tartarie,
du cot de l'est.
( Voyage
de Bell
.Pc~M, par la
Sibrie,
en
1710, pag. 174.)
Toujours
cheval ou dans leurs chariots. Ce sont les Tartares
que
les Grecs et les Latins
appelaient
les
Essdens, d'esseda,
chariot.
Leur pauvret
hideuse. Les
princes
des
grands
tats ont ordi-
nairement peu
de
pays voisins qui puissent
tre
l'objet
de leur am-
bition s'il
y
en avait eu de
tels,
ilsauraient t
envelopps
dans
le cours de la
conqute.
Ils sont donc borns
par
des
mers,
des
montagnes
et de vastes dserts
que
leur
pauvret
fait
mpriser
aussi les Romains laissrent-ils les Germains dans leurs
forts,
et
les
peuples
du nord dans leurs
glaces,
et il
s'y
conserva,
ou mme
il
s'y
forma des nations
qui
enfin les asservirent eux-mmes.
(Gra'm~My
et dcadence des
Romains,
chap. xvi.)
Ils
.f'jr
croient
plus
heureux. Il
y
a deux sortes de
peuples pau-
vres ceux
que
laduret du
gouvernement
a rendus
tels
et ces
gens-l
sont
incapables
de
presque
aucune
vertu, parce que
leur
pauvret
fait une
partie
de leur servitude les autres ne sont
pau-
vres
que parce qu'Us
ont
ddaign,
ou
parce qu'ils
n'ont
pas
connu
les commodits de la
vie;
et ceux-ci
peuvent
faire de
grandes
choses, parce que
cette
pauvret
fait une
partie
de leur libert.
( ~r.f'f
des
lois,
liv.
xx, chap.
n. )
Ces
peuples
en effet enva-
hirent tout
l'empire
romain.
Les Helluses et les Oxiones. Les
Samoydes,
et non
pas
les
Lapons.
Ze.f ~M~t&re.tde la &e~e.C'taient les
peuples
les
plus
laids de
la terre leurs femmes taient affreuses comme eux. Cela donna
VARIANTES.
~7
lieu cette tradition du
nord, rapporte par
le Goth
J ornands,
que Philimer,
roi des
Goths,
entrant dans les terres
gtiques y
ayant
trouv des femmes
sorcires,
il les chassa loin de son
arme
qu'elles
errrent dans les
dserts,
o des dmons incubes s'accou-
plrent
avec
elles,
d'o vint la nation des Huns.
(Grandeur et
<7cc<7t~Mce des
Romains,
chap. xxm.)
Comme l'observe aussi
M. de
Labletterie,
les
peaux
debtes dont ces
peuples
secouvraient
le
corps
ont d donner lieu ces fables.
VARIANTES.
II. A*t't ~t
/) 'y;'M<
sit. Le manuscrit de Zurich
porte
nisi
j/&<~att't'o
~;<.
( E. )
~m se troun' dans F~ition de
Rome
dans celle de
Nn) t'mber~,
pt aitteors.
~b~ez
Dc~ER, tur jRforu.t, ) ~<i5 Snque qui
a
parl
ducjitnat de ia Germanie
( /~e/~roftW., cap. tv ),
s'accorde avec Tacite
dans la
peinture qu'il
en fait
perpetua
t7~~
Atent~,
triste c/t;m
premit,
m<t'~e
to~;m sterile
sustentat,
etc.
( 0 )
Tuisionem. Le manuscrit de
Zurich
le texte de
Kappius,
et Fedition
de
Rhagius portent
2hMcc"'em; plusieurs
antres
ditions,
comme la
pre-
mire de J ean de
Spire,
rM<o/tt!fn.J 'ai souvent observe dans les anciennes
ditions au lieu de
sc;
on tit dans les ditions de J ean de
Spire
et du
Pog~e
stutis au lieu ')e .tcuM'j.
( E. )
Licentia vetustatis. On lit dans
Kappius,
Lit;;<licentia. Cette
tteon
se
trouTc encore dans deux <nan;tsrriLs dn Vatican, cits
par
Brolier.
(E.)
Ainsi
porte
l'dition de
Nuremberg, q"i
n'est autre chose
que
le texte de
Kappius etd'Artoiphe cependant
t&mot autem ne
s'y
trome
point.
L'-
dition
de Rome
porte la
mme
I( con approuve par Zinzerfing. ( /<!
crft.
juv. prom cap. LI.) 0 )
Deoortos. Alciat crit cleos
Cftte)econ
est vicieuar. Les diteurs de
Deux-Ponts
prfreraient
</eo
ortos,
de eo
( ~Mnno)
orM.
~<fn(fa<M~Le texte de
Kappius porte
~~f/t7to~,
ainsi
que
l'dition de
Rome;
le manus'rit d'Artindel, Rhagius,
Broalde,
~an~H/oJ . La
leon
vulgaire
n'est donc
pas
aussi sre
que
le
pense Hardouin,
dans ses uottu
'-urPtiT)erAncien()iv.tV,ch~p. 14). (E.)
LA GERMANIE. i58
Recens et
;er fi~ttum. J uste-Lipsc prfre
nif<H/;<
additum,
dans
te mme sens
qu'nuttttur, chap.
xn.
Quant
au mot
nuper,
il
ajoute que
ce
nom ne leur fut
pas
donn si
nouvellement, puisqu'il
date du
temps
de
J ules
Csar,
poque

laquelle
les Germains firent une
irruption
dans la
Gaule. Selon Gronovius, atM/<Hmconvient ici bien mieux
qu'nuf/~um
il
signifie
ici
donn, impos,
etc., commedans
Vtrgi!e(~E~
lib
i, v.aG~):
1.1. Puer Ascanius,
cui nunc
cognomenIulo
Additur.
et dans
Sneque ( Hre. /ur., t3'i~)
Quis
nomen
unquam.scctfns
erroriaddidit?
111. jfu/Me
apud
eos. Dans tontes les ditions cette
phrase
se lie au
ch.ip.
n ces divisions sont
arbitraires,
et
j'ai pens qu'elle
se liait mieux
au chapitre
suivant,
o
Ulysse
est mentionn.
Barditum vocatzt. Ainsi
porte
le texte de
Farnse,
et
je
sais
que
les
chanteurs on
potes gaulois sont appels
bardes..BfH'ifMm me
plairait
da-
vanlage;
ce mot aurait
pour
no~s un air de
famille,
car nr)usav"ns le mot
allemand beren ou
baerea, crier,
lever la voix, Atthatuer voudrait
qu'on
lt &/a'rtttfm.
(J .-L.)
Le manuscrit d'Arundel et le texte de
Kappius por-
tent
&ar<~['tM/H;
d'autres
ditions,
barilum.
(E.)
L'dition
d'Artolphe
et
de Rome
portent
barditum. Ammien Marccijin
( liv. xxvt, chap. 'j,
et
xxxi, ';)
e)
Vgee ( liv. in,chap. to) adoptent &Nrrt'!um~Perizoaiu.s,
tf!rtim.
(0.)
Crten litteris, Ce
sont,
selon
moi,
les
lettres,et
non la
langue, qui
taient
grecques.
Les Helvtiens et les Gaulois se servaient des lettres
grecques
avant de connatre les caractres des
Romains
ni leur domina-
tion.
(J .-L.)
Csar laissa aux Gaulois
l'usage
des lettres
grecques (Guerre
des Gaules, tiv.vi,
chap. i/j.) ( E. )
V. Non M alia ft~ttatc. Non alia est ici
pour pari
non m/ttnft. Rhena-
nus
(i5to)
a d'abord
adopt
utilitate,
mais ensuite a
prfr ~7/~e;
J uste-Lipae
lit utilitate.
(E.)
Perizonius veut
que
l'on retranche
<yu<tm
Cet
endroit est
corrompu
dans l'dition de Rome. L'dition de
Nuremberg
porte
vilitate,
lecon qu'ont gatement adopte
Broalde
etKappias. (0.)
VI. i~nr/are. On trouve aussi dans le manuscrit de Zurich
varielate
ainsi
que
dans les ditions de J . de
Spire
et du
Pogge. (E. )
Les ditions
de Rome et de
Nuremberg
ont ~a<;e!a~e: au contraire
Broaide,
Puteola-
nus et
Rhenanus,
lisent fffrMre.
(0.)
Vil. Nec t7/<f numerare,
aut
e~ugere plagas pavent.
Ainsi
porte le
texte
deRhenanus. Homre adit de Machaon
(~t'a~
liv.
iv
v.
218)
Il suce
)e
sang,il applique
sur la
ptaiedesremt'dcs
adoucissans.
(J .-L.)~.r;~f'e
me
plat,
m.ds dans le sens o l'on dit Mrta <<<:<<!
exigere;
ad mmm~tM
~er/tn<em
/M.<e.)!'<~erf'.(G.)
J 'ai mis
e.~e<'e d'aprs
tous ies
textes, ex-
VARIANTES.
i5()
ceptc
celui d'Arundel. Rhenanus est le
premier qui
ait crit
c~cp'e.il
il
a suivi son
sentiment,
contre l'autorit des manuscrits. l'avent ne con-
vient
point
avec
exsugere qui exprime
une action dans
laquelle
il entre
plus
de sensibilit
que
de
courage.
Le manuscrit de Zurich
porte
nec exi-
gere,
ainsi
que
les ditions de J . de
Spire
du
Pogge
de
Rhagius,
Pu-
teolanus,
Broalde.
(E.)
Le mot
yafent peut
s'accorder
galement
avec
exigere
et
e~M~ere,
il faut examiner
lequel
des deux
exige
le
plus
de cou-
rage.
J e ne
change
donc rien aux anciens textes. Les diteurs de Deux-
Ponts lisent
exsugere leon appronve par
Colerus et
Conring. (0.)
J 'ai
prfr exsugere,
sucer,
parce que
la crainte
qu'une plaie
ne soit
empoi-
sonne,
ou
qu'il
ne
s'y
soit introduit
quelque corps tranger,
a
port
tous
les
peuples
~Mcer les
plaies,
afin d'ec obtenir une
plus parfaite
guri-
son. J e
pense que ~ape/;<
va fort bien avec
exsugere
il faut en effet un
certain
courage pour
sucer une
plaie ensanglante.
VIII. -f*M~/fB
quoque
nobiles. Heinsius
prfrerait
nubiles.
Auriniam. Le texte de Farnse
porte
Fluriniam
.'je
crois
qu'il
faut
lire
~<ur!nMm, d'aprs
J ornands
(Hist.
des
Goths,
chap. xxiv).
On
trouve, dit-il, parmi
le
peuple,
des
magiciennes
nommes
en
langue
du
pays,
aliorunas.
Voyez,
sur ces
prophtesses,
CSAR
(Guerre des Gaules,
Hv. i, chap. 5o. ),
PLUTARQUE
(~'e~
de Marius et de
Csar, chap. xix ),
STRABON
(liy. VII,
pag. 2~<})
CLEMENTD'ALEXANDRtE
(~romn!
ch.
[,
pag. i3i). (J .-L.)
XI. Hoc
ffu~icattM'mum
initium. Le texte de
Kappius,
l'ditinn de
J . de
Spire,
du
Pogge, de Puteolanus, de Rhagius, portent auspicacissi-
mum;
Broalde est le
premier qui
ait
chang
ce mot en
M~t'ea~Mimum je
ne sais s'il
y
a t autoris
par
aucun
manuscrit;
mais la correction est
bonne.
(E.)
L'dition de Rome
porte
aussi
nu~i'cattMt'mufn. (0 )
XV. Multum fenatt'&'t~. Plusieurs ditions
portent
non
mu/h/H
ce
qui
serait en contradiction avec un
passage
de Csar
(
De
M/. ga/
lib.
v;,
c.
xi), qui
dit
que
Kla vie des Germains se
passe
la chasse et dans les
exercices militaires. Il dit encore
(liv.
iv
ch.
i),
en
parlant
des Sudes
Ils s'adonnent
beaucoup
la chasse. Cette
opinion
est d'accord avec
la raison et
l'exprience
des
peuples braves,
sauvages,
entours de fo-
rts,
doivent tre des
peuples
chasseurs.
(J .-L.) Cluvier, Conring,
Pe-
rizonius et les diteurs de Deux-Ponts
suppriment
la
ngation
et lisent
multum fena~ttM.
( 0. )
XVI. Non in nostrum morem. Le manuscrit d'Arundel
porte
noMro
F/207'e.
~erta popt'~ur.
Le texte de
Kappius porte aperta populatio. (E.)
Le manuscrit de
Longolins
et l'dition de Rome offrent la mme le-
on. (0.)
L\ GKRMAME. !6o
XIX. J t~(.v<<tee'M'm. J e
prfre
etiam et je
ne
rapporte pas
cette ide
aux femmes
adultres; je
crois
qu'il s'agit
ici des femmes
qui
se
prusti-
tuaient sans tre maries
(J . L.)
Si les textes ]e
permettaient, je
suivrais te
sentiment ')e
J uste-Lipse. (E.)
/ener<t. Telle est la leon des di~ionsde R~meet de
Nuremberg.
Pu-
teolanus lit t'f~en/t.
(0.)
&eeu/Mm M'cat~t'.
Snque
a di' aussi Il
n'y
a
plus
de
rem do,
d~s
que
]es vices sont devenus les m!)rs
publiques. j[J .-L.)
Le texte de
Kap-
pms porte
vocantur,
comme l'a
dj remarqu
Rhenanus.
(E )
On lit vo-
eatur dans Sdition de Rome.
(0 )
Ne ulla
cn~ttaft'o.
Groslotius veut
qu'il y
ait trois fois
ne
sur la foi
tTun ancien
texte;
mais il ne faut
qu'une ngation
moins de
corriger
aussi amant,
ce
que j'approuverais,
si l'on
pouvait
s'appuyer
de
quelque
autorit.
(E.)
L'dition de Rome et celle de
Nuremberg portent
ne u//<t
c.
ultra,
"e
c.,
ne
t~m<y.,
etc.
leon adopte par
Puteolanus.
(0.)
T/tm~uam
MrttMTH.Dans la troifiem)* dition de
J uste-Lipse,
on trouve
meritum,
ce
qui
peut
tre une fa'tte d'impression. Dans la
quatri&me
on
lit
/H<!f'<ttm )' conadopte par
tous les testes
qui
ont
prcde
les di-
tions de
J nste-LipM et quej'ai pu
consulter.
(E.)
Ex
~g<it/<
necure. J 'aimerais mieux
simplement gHatit.
II est ton-
nant
que
Tacite ne
parle point
ici d'une coutume
singulire,
et
particu-
lire aux
Germains, pour
s'assurer de la
lgitimit
de )eur? enfans. H<
plaaient
le nouveau-n sur un
bouclier,
et l'abandonnaient ainsi sur les
eaux si le bouc)i[
r s'enfonait,
l'enfant tait
regard
comme le fruit de
l'adnttre;
s'il
surnageait,
t'enfant tait cru
lgitime.
Claudieu
(7f!
Ru-
liv.
tt,
vers
n~) parle
des enfans
dont le Rhin
prouve
la nais-
sance
Et
quoi;nascenLcS ex..loratgur~ite
Rhenus.
(J .-1.
-~t~Mtt signine
ne<en
surcroit, fi~oto;. Quant
cette
preuve
H la-
quelle
on soumettait les
enfans, Amelang,
dans un
opuscule joint
a une
traduction allemande de la Germanie de
Tacite,
publie par
J .-H.-M. Er-
nesti, la
regarde
comme fabuleuse, et
pense que
Tacite a.eu raison de )a
passer
sous silence ce
qui
a donn lieu cette
erreur, c'est
que
les Ger-
mains avaient coutume de
plonger
les enfans dans le Rhin
pour
endurcir
leurs membres.
(0.)
XX.
/~Hj'nMe~
Les
plus
anciennes ditions
portent
</t;KMC~!
telle est
la
leon
des textes de
Kappius
et deJ . de
Spire. (E.)
L'dition de Nurem-
betg porte
dinoscas,
celle de
Rome, no!C;M,
et celle de Puteolanus,
d'gno~cc~. (0.)
/~onec ata~
separet t'tigenMO~,
virtus
cg;:ojcf<.
Cttte
phrase
doit s\'n-
tendre comme s'il
y
avait ~o/MC
ae~~ ~c~f
ut
~c~rc~r~?* u~r~~?~T/c~t
M~
<~ioK'an~ (G.)
C'est (ians le mme sens
que Snquc ( el,. t9o)
et
Pline le J eune
( ep.
5
t~. ) emploient
le
tnotag~Mc~t (0.)
VARIANTES. 161
V. j[ [
Pares
ua&'f/a't/He.
Le texte de
Kappius
t'ditiou de J . de
Spire
l'di-
tion de
Bologne
et toutes celles
que j'ai
sous les
yeux,
antrieures cette
de
J uste-Lipse, portent ~NZfW<yue,et.je
l'ai rtabli.
(E.)
Pichena vou-
lait
fa/tf/f'~ue,
mais Ernesti a choisi la leron de
raMfp~ue,
suivie aussi
par Latlemant, Brotier, et les diteurs de Deux-Ponts.
(0.)
-~u~ patrem.
Le texte de
Kappius
et celui de
Rhagius portent
ad
pa-
trem. C'est ainsi
qu'on
trouve dans Cicron adme
pour
apud me, (~d
~M., 2, 16,
et
t, 16.) (0.)
Obsidibus. Le manuscrit de
Longolius porte
o~M~M.
(0.)
T~m<ytMm
)' On lit
tam~Hom
in dans les ditions de Rome et de Nu-
remberg,
dans le texte de
Rhagius
et dans les manuscrits de
Longolius
et
d'Hummel.
(0.)
XXI. ~te~< !f;<e''
hospites
comis.
L.ab!ctteric,
dans sa traduction
franaise,
a omis cette
phrase, qu'il
ne croit
pas
tre de Tacite elle est
au moins
suspecte
la
place qu'elle occupe. (E.
Il est vraisemblable
que
cette
phrase
n'est autre chose
qu'une glose, (0.)
Nous l'avons
conserve,
parce qu'eile
se trouve dans toutes les ditions latines,
(P.)
XXII. Ut tn<erM'f;o/ento~. Vainement Rhenanus veut
qu'on
lise violentos,
parce que
les Germains ne connaissaient
point
le vin. Il faut entendre
ici,
non le vin de
raisin,
mais celui
qu'ilsfaisaient
avec de
l'orge.
Les anciennes
ditions
portent
!u/en<o.t.
(E.)
Nec callida. Groslotius dit
qu'un
ancien texte
porte
aut callida.
(0. )
Aperit
adhuc secreta
pectoris.
Le manuscrit d'Arundel et le texte de
Kappius portent
ad ~toe. On' lit ad /t<Bcdans une ancienne dition cite
par
J . Gronovius. Gros)otius
pensait que
l'on devait admettre l'une ou
l'autre de ces corrections. Colerus
prfre
n~/ie;
moi je pencherais pour
<!f//tue,
qui
d'ailleurs est dans le manuscrit de Zurich
(E.)
L'dition de
Rome
porte
ad
hec;
le manuscrit de
Longolius adhoc;
celui
d'Humme),
<!t//tUC.
(0.)
XXIII.
~t'tt, quam.
Le manuscrit de
Bamberg porte
!7t;to
quam
a?'-
f7i~;
vino n'a
pu
s'introduire
que par
le
caprice
de
quelque
scotiaste.
~tttCt'Mt' etc.,
a ici le memesfns
quedanscette phrase
de J ustin
(liv. t,
chap. 8)
6'cy!&<p
prius ebrietate, quam
bello
~;<tC!t~!tfr,
et dans cette
autre
phrase
de Florus
(liv. i, chap. 8)
Rex
jam
luxuria sua debel-
<a:ur.
(G.) Conring
aimerait mieux
vino;
mais les manuscrits de
Longn-
lius et
d'Hummel,
ainsi
que
les ditions
anciennf s, portent
t~t'M.
(0.)
XXV. J VM;
'yuo~ impune.
Le manuscrit de Zurich
porte impune
est.
{E.)
Cette
leon
est
adopte par
les diteurs de Deux-Ponts.
(0.)
XXVI. 7;tM!urtMej:<fnf7crt:. J [
s'agit
ici de l'usure
(&fum<7t.!e,
jPe~'C'-
sure, pag.2~).
jfn;MU?- ej:/en~et'e
quivaut

perm~ra~
extendere Vir-
gile
a dit
( nide
)iv.
x
v.
~68 )
Famamque
eatenderc Incti..
LA GERMANIE. i6~
Pem-trs Tacite avait-il mis
ettiMrn on pe;' u~ura~
exten~re on voit
que
l'on a confondu un
pen plus
bas in vices et
per
vices.
(E. )
Heo~ue magis
servatur.
Que signifie
servatur? Y)
y
a
quelque
faute
dans le texte
peut-tre
faudrait-il
spernitur
ou
.!per<Mtu)' (J .-L. )
Sau-
maise
remplace
servatur
par
ot~er~an~Mr.Mais comment les Germains d-
testeraient-ils ce
qu'ils ignorent ?
Ser~aMr
signifie que
les Germains sont
prservs
de l'usure
par
leur
ignorance beaucoup
mieux
que par
les lois
qui
la leur interdiraient.
(E.)
Amplitudine
soli /<!&oracoftteft~unt. Les ditions de
Bologne,
deJ . de
Spire,
de
Puteolanus,
de
Rhagius,
de
Broalde,
de Rhenanos
(r5ig) por-
tent
luborare;
mais ce dernier a
prfre
ensuite labore.
(.)
Les ditions
de
Nuremberg
et de
Rome, avec les manuscrits d~Hnmmet et de
Longo-
lius,
portent
labore.
(0*)
XXVII.
Operosum
honorem. On lit
peroperosum
dans les ditions de
J . de
Spire,
de Puteolanus et de Broalde. Rhenanus aintroduit
o~eroM~n
d'aprs
le texte de
Kappius. (E.) Quelques
manuscrits
portent peropero-
sum
et cette
leon
est
prfrable
Pichena l'a
adopte.
C'est ainsi
que,
dans les Annales
(liv. xv, chap. 26),
on trouve
perasper. ( H. )
L'dition
de Rome
porte operosum. (0.)
t/t~vt~/n defunctis.
Broalde et Rhenanus lisent
et gravemdefunctis.
Les ditions antrieurfs et le manuscrit de Zurich
portent
ut
yacem. (E.)
Ponunt. On lit
deponunt
dans le manuscrit d'Arundel.
(E.)
~:rM<nem!Mte.
Sn~que
adit de mme
(Epist. too) ~t'rprttden):
me-
minisse
~Me~er~t, lugere
desinat.
XXVHI.
Dffm J u~m tradit.
BeHMmga~cum()ib vi, cap. 3~). (E.)
Potentia divisas. L'dition de J . de
Spire
et tontes les autres avantcelles
de Rhenanus
portentdiversas.
Rhenanus est
le premier qui ait
crit
divisas,
d'abord ea
i5ig,
la
marge
de son
texte,
parmi
les diverses leons, et
enfin,
en
i533,
dans son texte mme. H avait tir cette
leon
du texte
d'Artolphe, que
nous
appelons
texte de
Kappius. (E.)
Ce texte d'Ar-
totpho ou
de
Kappius
est l'dition de
Nuremberg
l'dition de Rome s'ac-
corde avec elle sur ce
passage. Conring regarde
divisas comme
plus
clair.
Lallemant,
Brotier et
Longolius sont
de cet avis. Les diteurs de Deux-
Ponts
prfrent
au contraire
<fErM.f,
auquel
ils donnent le sens de dis-
yMncM~. (0.)
CtiStojftfeNtuf. Le manuscrit de Zurich
porte
cK!<o~trent.
(E.)
XXX.
Copiis
on~rcHt. L'dition de J . de
Spire
et toutes les autres
antrieures celle de
J uste-Lipse portent
coonerant.
J uste-Lipse
a in-
troduit
onerant,
sans rien
allguer pour
ce
changement.
Pichena a rtabli
cooprant,
et il s'est conserv dans les ditions suivantes. J 'avoue
que je
prfre
oneraM
et
parce que je
trouve cette
leon
dans le texte de
Kap
plus,
et
parce que je
crois la
syllabe place
devant onerare une
surcharge
VARIANTES. tM
11.
inutile au
sens,
et
peut-tre
sans
exemple. (E.)
Les manuscrits de
Longo-
lius et d'Hummel,
ainsi
que
l'dition de
Rome,
portent
aussi onerant.
(Q.)
XXXI. ~ara
et/)t'~o<<
Le manuscrit de Zurich
porte
rare.
(E.)
L'-
dition de Rome
porte
aussi
raro;
mais l'dition de
Nuremberg,
celles de
Rhenanus et de Puteolanus
prsentent
raya.
(0.)
In consensum verM. Groslotius
prfre
cOK~e/i~u/M,
d'aprs
un ancien
texte.
(E.)
L'dition de
Rome
celle de
Nuremberg
et celle de Pn.teo)a-
nus
portent
COMM'TMUM.
(0.)
Nec,
nisi Ao~e ejo. J e
prfre
cette leon celle de ~ee non hoste.
(J .-L.) ~M
TACITE
( ~M<,
liv.
IV, chali. 6f ). ( 0.)
XXXHL Penitus excisis. Il est
parl cependant
des Bructres
plu-
sieurs sicles
aprs
Tacite
(Claudien, quatrime
consulat
~~To/tort~
liv.
Y, Y. ~52). (0.)
Urgentibus t'n?/)ert'atM.
Mon manuscrit
porte
avec raison
vergen.
tibus, au lieu de
ifr~entt6m que
l'on trouve dans la
plupart
des di-
tions.
(J .-L.) On
lit dans le manuscrit
d'Arundel, quando
in
t~rg'e;:H-
&uj~
dans le manuscrit de
Zurich,
l'dition de J . de
Spire
et celles
qui
l'ont
suivie,
jusqu'
Rhenanus, quando
in
Mrg'e~<t'&m. Gronovius, d'aprs
un ancien
texte
lit
~UN/M~o/amu~e~ti~u~
mais il croit
qu'on
doit
plu-
tt
lire,
~uan~oya/M vergentibus,
comme dans les Annales
(J iv. xit,
chap. /j~) vergentibus jam
annis. Tite-Live a dit
( liv. v,
chap. 36)
y'a~ ur~nt!~u~itt'
Cet
exemple
me
dcide,
et
je tt)e
tiens la
leon
de
M'ge<!tt&K~imperiifatis. (E.)
Les ditions de Rome et de
Nuremberg,
les manuscrits de
Longolius
et d'Hummel
portent urgentibus.
Huet vou-
lait
que
ce ft
vigentibus,
et Labletterie suivi cette )econ dans sa traduc
tion
franaise. (0.)
XXXVII. Eundem GerMMn!<Tsinum. Le manuscrit du
Vatican,
ie nia-
nuscrit
d'Arundel,
le texte de
Kappius
et une ancienne dition cite
par
Gronovius, portent
situm.
(E.)
Cn. Marilio. Freinshemius voulait
qu'on
lt C. Manlio; c'est une
erreur
le vrai
prnom
est
C/
tel
qu'on
letrouve dans Cicron.
XXXVIII.
O&~uaK
o't'nen!. Le manuscrit d'Hummel
porte
obli-
.(0.)
XXXIX.
~4Mg'urtM/)~trum et~r~ca~Brmidtne
.Mcmct. Co)erua
pense
que
ce vers s'est form
par
hasard on trouve en effet dans les
ouvrages
de Tacite d'autres hexamtres
chapps
de sa
plume
sans intention de
faire des vers
( ~nn.,
iiv.
r,
cb.
r ).
Cependant je
crois
que
celui-ci est
une citation de
quelque pote
les mots
de patres, d'aHgurta, de~o~?tWo,
oe sont
gure employs
dans ce sens
par
les
prosateurs. ( E. )
Dureau De-
iamaUe
cite,
dans une
note,
le vers
suivant, qu'il
attribue
VirgUe
heH~ianf;patrum
et
prisca
formidine'iacram
LA GERMANIE.
i64
et il
ajoute

Tacite, qui
ne le citait
apparemment que
de
mmoire, l'a,
comme on
voit,
lgrement
attr. Nous avons vainement cherch ce
vers dans
Virgile
nous n~'n avons trouv
que quelques expressions par-
tie!)es,
comme
Rdligione paf rum
multos servata
per
annos.
(7En.,t!b.il,v.)
Horrendum si1vis et
relligione parentum.
(~d.,)ib.vtl,l~.)
Relligione
sacroe et ~oevi formidine 1\larti5.
(MM.,iib.vn,v.Co8.)
Est ingens gelidum
Iacus
prope
Coeritis
amnem,
Hclligione patrum
late sacer.
(~M.,):b.YIII,V.i~.)
XLIII. Co~in*. On trouve
toujours
Gothuni dans Claudien.
(J .-L. )
Il
y
a Gothini dans le texte de
Kappius. (E.)
L'dition de Rome
porte
Go-
h'nt.(0.)
~t'toj;,
etc. Le texte de
Kappius porte .Har/m, ~e~efo;;o~, Mammo~,
~e/Mt'0. Nahanarvalos,
et ensuite Naharvalos. Les ditions de J . de
Spire
et de Puteolanus varient
galement
sur ce dernier mot. Le manu-
scrit de
Zurich porte
coastammentA~a~fiyiarfa/f)~.
(E.)
L'dition de Rome
porte
H~rto~ ~~nmo~.
On lit dans le manuscrit d~Hummel
Harios.
~nnt'mo~.
( 0.)
XLJ V.
rpsoin
Oceano. Telle est la
leon adopte
en 533
par
Rhenanus.
Avan lui il
y
aTait t'p~<B
dans tous les
textes,
et mme dans le manuscrit
d'Arundel. Le texte de
Kappius porte
:f: Oceanum.
(E.)
XLV.
Formasque equorum.
ns manuscrits
portent ~/orv?Mj<jrue
deo-
yu/M. T. Lefvre
veut~o~Ma~c~MOr~m <Tui
est
prfrable
cette dernire
leon
est aussi celle du manuscrit de Zurich.
( E.)
Brotier
approuve for-
masque equorum.
Les diteurs de Deux-Ponts conservent la
leon
com-
mnncntcnt reue.
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE
Des
faits
Mt~i~uc'.t' par
Tacite dans son
ouvrage
sur la
Germanie,
des
guerres
des
peuples g'cf/7!<7!'n.tj
de leurs
incursions,
de leurs
conqutes,
de leurs tablissemens.
LA Germanie et l'histoire de ses
peuples
furent
long-temps
in-
connues aux Romains lefait le
plus
ancien
auquel
Tacite ait
pu
remonter date de
l'migration
des
Boens, peuple gaulois qui passa
dans la Germanie vers J 'an
cinq
cent
quatre-vingt-onze
avant J -
sus-Christ,
et l'an cent soixante-trois de Rome.
Depuis,
les Ro-
mains n'entendirent
plus parler, pendant prs
de
cinq sicles,
de
ces
peuples sauvages
retirs dans le fond de leurs vastes forts.
Quatre
cent
soixante-dix-scpt
annes
aprs l'migration
des
Boens,
c'est--dire l'anne cent
quatorze
avant
J sus-Christ,
et de lafon-
dation de Rome six cent
quarante,
les Cimbres
s'approchrent
du
Danube;
c'est de cemoment
que
les
Romains, occups jusqu'alors
par
tant de
guerres
en
Italie,
en
Espagne,
en
Afrique,
commen-
crent
porter
des
yeuxattentifs
vers ces
rgions
du
Nord, qui
leur taient totalement inconnues. Rome
comptait
six cent
qua-
rante annes
d'existence, lorsque
des masses immenses deces
peu-
ples sauvages accompagns
de leurs femmes et de leurs
entans,
descendirent des
rgions glaces
de laChersonse
Cimbrique
vers
les riantes contres du midi de laGaule des consuls furent en-
voys,
et leur fermrent le
passage.
Dix-neuf annes
aprs
cette
premire apparition,
ils revinrent en
foule, gorgrent quatre-
vingt
mille
Romains, pntrrent
en
Italie, et,
sans la victoire de
Marius et de
Catulus,
l'empire
romain n'existait
plus,
les destines
du monde taient
changes. Depuis,
J ules Csar
subjugua
laGaule
et
quelques parties
de la
Germanie
Drusus
y
fit
quelques
con-
LA GERMANIE. i66
qutes;
Tibre soumit les Marcomans et les
Chrusques;
mais les
Germains,
bien loin de se laisser
abattre,
semblaient
reprendre
sans cesse de nouvelles forces. Commands
par Arminius,
ils at-
taqurent,
au milieu de leurs forts
profondes, Varus, envoy par
Auguste,
et taillrent en
pices
ses trois
lgions
Germanicus
consola Rome d'un si
grand dsastre,
et dfit Arminius sur les
bords du Weser. La
politique
entretint habilement des discordes
parmi
ces
peuples, qui ignoraient
l'art dela
dissimulation,
et dont
plusieurs
se soumirent d'abord des
tributs;
mais bientt ce
joug
leur
pesa,
ils se
rvoltrent,
furent soumis
par Galba,
servolt-
rent de
nouveau, et, toujours pousss par
cet amour des combats
dont Tacite les a
dpeints
sans cesse
tourments,
ils vinrent rava-
ger
les ctes de la
Belgique,
et battirent Cornelius Fuscus. Ce fut
trois ans
aprs
cedsastre
que Tacite,
sous le second consulat de
Trajan,
en l'an huit cent
cinquante-un
de
Rome,
et
quatre-vingt-
dix-huit ans
aprs J sus-Christ,
crivit son
ouvrage
sur les Ger-
mains.
Que
d'vnemens ont suivi cette
poque
Rome avait
conquis
tout le monde
connu;
les Germains
s'emparrent
des
conqutes
des Romains. De tous cts se forment leurs
confdrations;
sans
cesse la
paix
est conclue et aussitt
rompue
ils s'entranent les
uns les
autres
leurs incursions menacent
l'empire
de toutes
parts
on leur avait
impos
des
tributs,
ils
reoivent
un tribut annuel
pour
ne
point attaquer l'empire;
ils traversent tous les
fleuves,
ils
pntrent partout portant
en tous lieux l'effroi et la
dsolation
ils refusent la
paix,
et
l'empereur Gallus, suppliant,
l'achte d'eux
au
prix qu'ils imposent.
Leurs nombreuses tribus forment de
vastes coalitions
qui
inondent la
Gaule, l'Italie, l'Espagne,
et s'-
lancent
jusque
sur
l'Afrique;
on les voit de tontes
parts,
tels
que
les a montrs
Tacite, mprisant
le
travail j
appelant
les combats
et les
blessures, prenant
des noms
qui inspirent
d'abord
l'effroi,
celui de
Germains, qui signifie
hommes avides de
guerre,
celui
d'~&'M<M~
d'hommes
de couragepar
excellence,
celui de Francs
ou d'hommes
libres, qui
ne veulent ni obir ni
payer
de tributs.
Le Pont-Euxin n'est
pas
l'abri de leurs
ravages
ils
pillent
la
Bithynie,
dvastent la
Grce;
envain Claude leur tue trois cent
mille
hommes,
ils
reparaissent
sur
l'Hellespont, prennent Athnes,
ravagent
la
Botic,
l'Arcadie et
l'Epire.
On marche
pour
les arr-
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE. 167
ter,
et ils forcent Aurlien leur cder la
province
de
Dacie
l'em-
pire pouvant
cherche se
prmunir
contre les
Barbares, qui
l'assigent
sans
cesse,
et Probus fait construire une
large
muraille
depuis
le Rhin
jusqu'au Danube, pour
tre
protg
contre les na-
tions
germaniques
ledsordre suit ces
attaques
sans cesse renou-
veles bientt
quatre empereurs
se
disputent
le trne et
rgnent
en mme
temps;
le
sige
de
l'empire
est
transport
Constanti-
nople.
Les Romains avaient fait de ces
peuples
des
esclaves,
et
dj
un Barbare
d'origine germaine, Magnence,
est
proclam
em-
pereur
d'Italie. Valens est dfait la bataille
d'Andrinople,
et les
Goths,
sous lecommandement
d'Alaric,
envahissent
l'Italie;
Rome
est trois fois
assige prise d'assaut,
elle est livre au
pillage.
Ds
cette
poque
la
puissance
romaine est
abattue,
et ses
conqurans
sauvages, fatigus
de tant
d'incursions, pensent
former des ta-
blissemens dans les contres fertiles
qu'ils ravagent depuis
tant de
sicles. Ils fondent des
royaumes
en
Italie,
en
France,
en
Espagne;
ils en tablissent un en
Afrique,
sur les ruines mmes de Car-
thage
ils se livrent entre eux de
longues guerres qui
semblent
n'avoir
pas
encore
cess
et leurs
chefs,
sous les titres de
ducs,
de
comtes et de
centeniers,
ainsi
que
les nomme
Tacite, gouvernent
ces
portions
de terres
qu'ils
sont venus saisir. Tous les habitans.
du
sol,
les
Romains,
les
Ibres,
les
Gaulois,
sont traits en es-
claves attachs ces terres
conquises:
des
tributs
des
droits,
des
redevances,
sont
imposs
de la manire mme
indique par
Ta-
cite,
et les murs
germaines
se retrouvent tout
entires,
et telles
que
l'historien les afait
connatre,
chez ces
peuples
barbares
que
Rome avait vus
jadis
avec tant de
joie s'gorger
entre eux.
Aprs
des sicles de fer o les
sciences,
les arts semblent
ja-
mais
perdus,
la civilisation renat
peu

peu;
avec elle les vain-
queurs
s'adoucissent et se
rapprochent
des
vaincus,
la servitude
s'allge, et, aprs
une lutte
opinitre
et
sanglante,
un nouvel ac-
cord semble devoir semaintenir sur
d'gales
lois entre les
princes
et les
peuples.
Il tait sans doute d'un
grand
intrt de connatre l'ordre des
faits
que
Tacite
rapporte
dans son
ouvrage
sur la
Germanie,
et il
nel'tait
pas
moins de suivre dans leur existence militaire et
poli-
tique
ces
peuples barbares,
si
nombreux,
si
divers, que
Tacite a
si bien
dcrits,
dont les murs et les
usages
se sont maintenus
LA GERMANIE.
i68
jusqu'
nos
jours,
et
formeront, pendant
des sicles
encore,
les
bases de la
politique
et de la civilisation
europennes.
Af.J .-C.Deftmne.
~53
t
RomuI'J S.
591
t63 Les
Eoens,
peuple gaulois, .nigrcnt
en Germanie. xxvm
et xm*.
3oo
454
Les
Belges passent
dans ieaud de la
Grande-Bretagne
et de
l'Irlande.
Les Picks
passent
dans le nord de la
Grande-Bretagne.
n~ 6~0
Les Cimbres
s'approchent
du
Danube;
Carbon est
envoy
dans les
Aipes pour
leur fermer le
passage.
xxxvti.
106
6~8 Q.
S.
Cepion
est
envoy
contre les Cimbres. xxxvn.
io5
6~<)
Les Cimbres dfont les Romains et leur tuent
quatre-vingt
mille hommes.
101 C5i Les Cimbres
pntrent
en Italie.
653 Marius et Catulus dfont les Cimbres. xxxvif.
58
69~
Guerre entre Csar et
Arioviste,
roi des Suves.
tr,
XXXViU.
5~ 6()5
Confdration des
Belges.
55
6~7
Les Suves
attaquent
]e5 Ubiens et les Cattes.
n, xxxvn~
52
~02
Crassus est
tu,
et son arme taille en
pirces par
les Par-
thes. XXXYtt.
3t) ';t5
Dfaite des Parthes
par
Ventidius.xxxv~i.
an
"3~
Tibre
rapporte
ies
aigles
romaines enleves
par
les Parthes.
!L5
~3<) Conqutes
de Drusus en Germanie,
xxiv,
xxt.vn.
t t
~3
Drusus bat les Sicambres et les
Chauques.
10
~5
Drusus fait la
guerre
aux Cattes et aux
Chrusques,
et s'a-
vance
jusqu'
la
pointe
du J utland.
xxxiv,
xxxvti.
6
7~8
Tibre
atlaque Maroboduus,
roi des Marcomans.
4 ~5t)
Tibre
passe
le Weser et soumet les
Chrusques.
Ap
J .-C.
10
~63
Arminius taille en
pices
trois
tgions
romaines comman-
des
par Q.
Varus.
i/t ~67
Tibre.
Expdition
de
Germanicus,
fils de
Drusus
en Ger-
manie. xxxfn.
tC
~69
Germanicus dfait Arminius
prs
le W~eser.t.xxvn.
Maroboduus et Arminius se font la
guerre.
3y 790 Caligula.
Rvolte des Frisons. xxxvii.
~f ~g~
Claude. Galba soun.et les
Cattes,
qui
refusaient de
payer
le
tribut.
'H 797
Galba dfait les
Cattes,
la
quatrime
et dernire anne du
rgne
de
Caligula;
Gabinius dfait les
Marses,
ensuite
les
Chauques;
et,
peu
de
temps aprs, l'empereur
Claude,
Gc~i.;J tL~tt&nN ft;u\~t;[ii.an\
~t.'gr.bc~. deruuvra~'M
&utL<C'crmanie.
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE.
169
A}'-
J .-C. DeRome.
en arrivant au
trne,
se laisse dcerner les honneurs du
triomphe pour
des victoires antrieures son
rgne.
I)
accorde toutffoisuGabitiusie surnom de
Chaucique.
xxxv.r*.
46 ~Q~
Les
Chauques ravagent
les cotes de la
Belgique.
xxxv. Cor-
bulon fait couler bas leurs vaisseaux.
800 Les Cattes dsolent la Germanie
suprieure
L.
Pomponius
les force seretirer.
xxx,
xxxi.
48
Soi Guerre civile chez les Suves.
5o 802
Agrippine
envoie une colonie chez lesUbiens cette colo-
nic s~tablit o est maintenant
Cologne.
58 8tt Les Frisons
passent
dans la
Belgique. xxVtii,
xxxtv.
77
83o Second consulat de
Trajan.
Tacite,
xxx\)[ de la Germa-
ttte
compte,
de l'an de Rome
6~0
cette anne
83o,
prs
de denx cents annes
employes
dit-il,
soumettre la
Germanie.
95 S'jS
Les
Quades,
runis aux
Marcomans,
battent Cornelius
Fuscus.
<~8
85t
Trajan.
Tacite crit son
ouvrage
sur les moeurs des Ger-
mains,
M. Cocceins Nerva tant consul
pour
la
quatrime
fois,
M.
Ulpius Trajan
Csar
pour
la seconde.?.
145 8()8
Antonin
remporte
une victoire sur les Germains.
i6t
<)'~
Les Sarmates entrainent les
Germains;
Lucius Verus leur
demande la paix.
16~) g22
Les barbares
campent prs d'Aquile
et sont battus
par
Marc-Aurele.
1~5 C)'26
Marc-Antonin
repousse
les
Quades
et les Marcomanp.
1~3 ~26
Incursions des
Hermondures.xn.etdesJ azyges.
181
~3~
Commode fait la
paix
avec les Germains.
21~ <)<~
Caracalla
passe
en
Germanie,
propose
aux
jeunes guerriers
de les
prendre
sa
solde,
et les fait massacrer.
2t5
g68
Entre le Leck et ]e
Rhin,
des
peuplades germaines
forment
une confdration sous le nom
d'Allemands,
et
passent
dans l'Italie et la
Gaule,
dont ils sont
repousses;
ils se
fixent ensuite en!re le Mein et le Rhin.
222
C)';5
Alexandre Svre. Les Goths reoivent
un subside annuel
pour
ne
point attaquer l'empire.
~3~ <)8~
Les Germams menacent
de nouveau la Gaule.
2/t0 g~3
Les Goths
pntrent
dans la Msie.
a5o roo3 Les Gtes ou Goths
passent
le
Tyras
ou
Niester,
entrent
dans la
Dacie, et,
ravageant
cette
province,
marchent
Leenotee
muuluos
d'nu P euot
emtmunles
.
Pin1.~rbJ tl) Hecherc%r.,r nw
l'ori~ine
dre
~c.;t..
t;o
LA GERMANIE.
A).J .-C.
au
sud,
arrivent sur le
Danube,
et
pntrent
dans 1"
Thrace. P
Les
chronologistes
cessent ici de
compter l're
romaine.
2$; Dcius est battu <'ttu dans la Msie
par
les
Wisigoths
ou Gtes
de l'Ouest.
~5x Gallus achte la
paix
des Goths
par
un tribut
anauef;
ils
repas-
sent dans leur
patrie.
a53 Les
Francs,
sortis des
Palus-Motides,
o ils habitaient la Si-
cambrie,
sont
employs par
Valrien contre les
Alains;
il les
exempte
de leur
tribut,
et c'est la
premire
fois
qu'on
entend
prononcer
le nom des Francs.
'~60 Les
Chauques, xxxv,
les
Chrusques,
xxxvi,
et les Cattes, xxx,
xxxi, grandes
nations de la Germanie
(
en
comprenant
sous ces
trois dnominations les
Bructres, xx:xm,
les
Usipiens,xxx[[,
les
Tenctt'res,Tmxi[, tesS~tiens, tesAnsivariens,
les
Chamaves,
xxxm,
les
Dulgibiens,
les
Chassuares, xxxtv,
les
Angriva-
riens, xmn,
autres
peuples
moins
considrabtes),
forment
une immense
coalition,
sous le nom de Francs ou hommes
libres,
inondent la Gaule et
ravagent l'Espagne;
une
partie
mme
passe
en
Afrique.
Toutes les nations ci-dessus mention-
nes sont nominativement
dsignes par
diffrens crivains an-
ciens,
comme faisant
partie
des Francs. r.
Vers le mme
temps,
les Alamanni envahissent
PItatie,
et s'en re-
tournent
chargs
de ses
dponittes.
Ce
peuple
tait
compos
de
plusieurs
tributs de la vaste nation des
Suves,
qui,
runissant
leurs
forces,
[)rireot,
au
rapport
des
auteurs,
le nom de ~4M
msft,
tous les
hommes,
c~est--dire hommes de toutes les tri-
bus. Il sembic nanmoins
plus
vraisemblable
que
leur nom ex-
primait
la
supriorit
de leur
courage
et
signi&ait (out-<t~/a[t
hommes,
hommes
par
excellence. p.
Vers ce mme
temps,
les Goths
s'emparrent
du
petil royaume
du
Bosphore
Cimmrien,
depuis long-temps
sous la
protection
des Romains. Comme il tait situ A l'extrmit mridionaie
des
possessions
des
Ostrogoths,
tandis
que
les
Wisigoths
en
taient une
grande distance,
il
y
a tout lieu de croire
qu'il
s'agit
ici des
premiers.
Ils
prennent
ensuite Trbisonde dans
une
expdition
navale,
et
ravagent
le
Pont-Euxin
dans un
second mouvement vers
l'Ouest,
ils
piUent
la
Bithynie.
dans
un troisime
ils dvastent la Grce. F.
267
Les Goths sont dfaits
par
Atheneus.
268 Claudius II bat les Goths et leur tue trois cent mille hommes.
La dernire anne du
rgne
de
Gallien
les Hrules
paraissent
avec une flotte nombreuse sur
l'HeUespont, piUent
lessttes<Ie
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE i7t
ApJ .-C.
Lemnos et de
Scyros, prennent Athnes, ravagent
la
Botie,
l'Arcanieett'Epire.F.
a6f)
Les
Goths,
avec un autre armement
maritime,
abordent en Ma-
cdoine.
L'empereur
Claudes'tant avanc leur
rencontre,
une
grande bataille s'engage Naissus,
en
Dardanie,
et
Claude,
reste
vainqueur,
obtient le surnom de
Gothique.
f.
270
Aurlien marche en Pannonie
pour
arrter les
Scythes.
2~2
Aurlien est forc de cder aux Goths la
province
de Dacie il
faut entendre ici les
Wisigoths, qui
confinaient avec la Dacie
au nord et l'ouest.
2~6
Les Alains font une
irruption
sur le
royaume
de Pont, et sont
dfaits
par l'empereur'1'acite.
2~8
Probus construit une <:)nrai!]c
depuis
le Rhin
jusqu'au
Danube,
longue
d'environ deux cents milles
anglais, pour protger
l'empire
contre les nations
germaniques.
285 Diocttien. Les Barbares
attaquent l'empire
et envahissent
plu-
sieursprovinces.
3o~ Quatre empercnrs rgnent
en mme
temps.
3'2'J Les Goths de
rOue.~t,
qui
avaient
dj
envahi la
Dacie,
fondent
sur
l'Illyrie;
i]s sont
repousss par
Constantin I.
828 Le
sige
de
l'empire
est
transport

Constantinople.
33t Des Vandales
ayant
trouv )a Germanie ouverte
par
les
frquens
passages,
au sud-ouest,
des Francs et des
Alamans
et s'tant
insensiblement
panchs
au
sud-est,
jusqu'
ce
qu'ils
fussent de-
venus
limitrophes
des
Wisigoths, engagent plusieurs
combats
avec ce dernier
peuple.
Constantin 1
repousse
de nouveau t~s
Goths et
subjugue quelques peuples
sarmates. P.
350
Magnence,
Germain
d'origine
sefait
proclamer empereur,
et at-
tire en Italie un
grand
nombre de Francs et de Saxons.
35l Les
Barbares,
invits
par Constance,
entrent dans les Gaules.
355 Les Francs et les Alamans
passent
le Rhin et
ravagent
la
Gaule;
J ulien les dfait et les
repousse.
358 J ulien confirme ]es Francs dans leurs
possessions
de Batavie.
363 A la mort de
J ovien
l'empire
est divis en
empire
d'occident et
en
empire
d'orient-
365 Les Alamans se
reportent
sur la Gaule et sont vaincus.
370
Les
Bourguignons, peuple d'origine vanda)iqne, qui parut
sous
ce nom au sud-ouest de la
Germanie
aux environs de l'Alsace
d'aujourd'hui,
envahissent la Gaule. Vers ce
temps
les
Saxons,
aussi
d'origine vandalique,
et dont Ptolme
parle
le
premier
comme tant situs l'embouchure de
l'Elbe,
ravagent
les
ctes maritimes de la Gaule et de la
Grande-Bretagne.
F.
A ]a mme
poque,
les
Picks,
nation
germanico-gothique
de la
Scandinavie,
qui,

peu prs
trois sicles avant J sus-
172
LA GERMANIE.
A~.J -C.
Christ s'taient tablis dans l'Ecosse
actuelle,
ravagent
le
nord de la
Bretagne romaine,
comme c'tait leur
usage, selon
Eumne le
pangyriste,
avant le
temps
de J ules Csar Tho-
dose,
gnral
de
Valentinien,
trouva les
Picks,
et les Scots,
leurs
allis,
avancs jusqu'
Londres, d'o il les
repoussa;
et
chassant les Picks dans leurs anciennes
possessions,
au del de
la
Clyde
et du
Forth,
il
conquit
la
rovince qu'il appela
Va-
lentia. r.
3yo
Le
grand Hermanric,
roi des
Ostrogo ths, pousse
si loin ses ccn
qutes
et les tend sur un si vaste
territoire,
que
J ornands
l'a
compar
Alexandre. Les rois
wisigoths
furent rduits
prendre
le titre de
juges.
Les Hrules et les Venetes de la Po-
logne,
les Aestiens de la
Prusse
et
plusieurs
autres
peuples
fu-
rent
subjugus par
ses armes, p.
3~5
Les
Goths,
sortis du midi de la
Su de,
s'tablissent dans la
Thrace.
Les Huns
sortant de la
Tartarie,
tombent

la fois sur les
pos-
sessions des Aiains et des
Ostrogoths.
J ulien bat les Allemands
prs Strasbourg.
3y6
Les
Huns,
commands
par
Balamir
(
ils eurent encore trois autres
chefs avant le fameux
Attira),
entrent sur ]e territoire des Wi-
sigoths.
3~7
Les Goths
pntrent
dans la Thrace.
k8
Le
g
aot fut livre la fameuse bataitle
d'Andrinople,
dans la-
quelle
Valens fut dfait et tu
par
les Goths.
3g2 Argobaste,
de la nation des
Francs,
commande l'arme ro-
maine.
3~5
Les Goths se lvent en masse sons le commandement du
grand
Alaric.
3a6
Alaric
ravage
la Grce.
3()8
Alaric est lu roi des
Wisigoths.
Les
Os~rogoth&demeurent
dans
le territoire des Huns en
qualit
d'aUis.
( /)00
Alaric fait une
irruption
dans
.l'Italie
il est dfait
par
Stilicon,
( ~o3 qui
tait lui-mme un Goth Vandale.
~oH
Les
Suves, xxxvm,
les Vandaies et les
Bourguignons,
sous la
conduite de
Radagaise, quittent
les bords de la
Baltique
et se
prcipitent
sur l'Italie. Stilicon le bat devant Florence.
Honorius cde aux Goths
l'Espagne
et une
partie
des Gaules.
~08
Alaric envahit l'Italie.
Rome, assige
trois fois, est enfin livre
par
lui au
pillage
en
~)o.
Plusieurs crivains
contemporains
donnent de
grandes louanges
la modration des
Goths;
ils
respectrent
les monumens des
arts,
qui
ne souffrirent d'au-
tres atteintes
que
celles du
temps
et des
pontifes
barbares.
Aiaric menrt en
~jfo.
r.
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE. '73
ApJ .-C.
~}o<)
Les Suves
pntrent
en
Espagne.
xxxvin.
~12 Ataulphe,
beau-frre
d'Alaric,
et choisi
pour
son
successeur,
fait la
paix
avec les
Romains;
il marche dans le sud de la
Gaule,
dont
les
Wisigoths
conservent
long-temps
la
possession.
~i3
Les
Bourguignons
s'tablifsent dans la Gaule.
~t5
Les
Wisigoths
se fixent. Toulouse.
Les
Suves, xxxvtii,
les Vandales et les Atains
ayant,
en
4og,
pntr,
du sud-ouest de la
Germanie,
dans la
Gaule qu'ils
ra-
vageaient,
sont forcs
par Constantin,
beau-frre
d'Honorius,
d'abandonner la Gaule et de
passer
en
Espagne.
Les
Wisigoths passent
en
Espagne.
420
Pharamond.
Les Francs, les
Bourguignons
et les
Wisigoths
fixent leur
sjour
et leur domination dans la Gaule.
.~2g
Les Vandales
d'Espagne passent
en
Afrique,
sous leur roi Gense-
ric,
et tablissent le
royaume
des Vandales
d'Afrique.
.j3o
C'est vers ce
temps que
commence le
rgne
du
grand Attila,
roi
des Huns.
447
Attila,
la tte des
Huns, ravage l'Europe.
449
Les
Anglais
et les
Saxons, appc)s par
les
Bretons, dbarquent
en
Angleterre
et fondent
l'Heptarchie.
XL.
~5l
AttHaenvahiLla Gaule avec une arme de
sept
cent mille
hommes
il est battu Chatons
par
Aetius.
~5a
Attila marche de nouveau sur l'Italie.
;}53
Attila meurt en Pannonie
~5
Odoacre,
la tte des Hrules et d'autres nations
mixtes,
partie
sarmates, partie gothiques,
achve la ruine de
l'empire
romain
dans
l'Ouest,
rgne
Rome
pendant quatorze
ans, et fonde le
nouveau
royaume
d'Italie.
~<)o
Les
Francs,
sous
Clovis,
subjuguent
les
Wisigoths
de la Gaule
et les
Bourguignons.
~g3
Les
Ostrogoths conquirent
l'Italie.
/jg6
Clovis bat les Allemands et les Suves Tolbiac
prs
J uliers.
5i~
Les Goths
assigent Constantinople.
53~
Blisaire dfait les Vandales en
Afrique.
568 Les
Lombards,
originaires
des bords de la
Baltique,
fondent un
royaume
en Italie.
583 Les Snves tablis en
Espagne
sont
subjugus par
les
Wisigoths.
626 Arnoul,
maire du
palais, vu, xni, x)v,
xv.
635
Eudes
duc
d'Aquitaine.
Vti.
xm, xiv,
xv.
6~6 Ppin,
maire du
palais.
vu, xiti, x:v,
xv.
G56
Arehamband,
maire du
palais
et duc d'Austrasie.
V[i, xm,
XtV,
Xt.
t)~ Ppin
et Martin sefont dclarer ducs.
vit, xrn,xtv.
xv.
!7~
LA GERMANIE.
1
Ap.J .-C.
~ta
Les Sarrasins dtruisent les
Wisigoths
tablis en
Espagne.
~IQ Chiipric
est forc de reconnatre Charles Martel
pour
son
maire du
palais, vu, xitt, xiv,xv.
;y2 Charlemagne
fait
laguerre
aux
Saxons,
les bat
prsdefaderborn,
et
pille
le
temple
d'rminsu).
Char!emagne
dtruit, la monarchie des Lombards.
~85
Tassilon, duc de Bavire.
vu, xm, xiv,
xv.
800
Charlemagne, empereur
d'Occident.
8a3
Popie~,
duc de
Pologne
Yft, xi[t, xiY,
xv.
853 Les Normands
ravagent
la France. Ce sont les
peuples
Suiones et
Sitones de Tacite. xnn.
888 Paris est
assig par
les Normands.
Voyez
ce
que
dit Tacite des
flottes nombreuses des Germains du Nord.
gt<
Les Normands s'tablissent en France. Rolion est leur
premier
duc.
t u8 L'ordre des chevaliers du
temple
est inst) tu.
Ces institutions vien-
nent de la Germanie.
xxx, xxxt.
t33t Les chevaliers de l'ordre
teutonique.
xxx,
xxxi.
1~8~
On dcouvre au mont
Abnoba, dans la
Fort-Noire,
une
inscrip-
tion
qui porte
le mot /~<an<.e~f~no~. t.
i"go
Assemble nationale en
France,
qui rappelle
les assembles de la
nation chez les Germains. xi.
DAGRICOLA
Cette vie d'
Agricola
est le chef-d'~nvre de
Tacite,
qu! n'avait que des chefs-d'uvre.(LAnA.hpB,Cotf/-j qui
na fait
que
des chefs.d'uvl'e.
(tUU.llPE,
Co,~r@
f/e/f~f~Mre,t.iv,Historiens.)
VIE
CN. J ULII AGRICOLE
VI TA
SCRIPTORE C. C. T ACITO.
I. ~J LARORUMvirorumfacta
moresqueposteris
tradere
antiquitus
usitatum
ne nostris
quidemtemporibus,
quamquam
ineuriosa
suorum,
setas
omisit quotiens
magna,aliqua
ac nobilis virtus
vicit
ac
supergressa
est
vitium
parvis magnisque
cititatibus
commune,
isno-
rantiam
recti,
et invidiam. Sed
apud priores,
ut
agere
memoratu
dignapronum, magisque
in
aperto erat;
ita
celeberrimus
quisque ingenio,
ad
prodendam
virtutis
memoriam,
sine
gratia
aut
ambitione,
bontantum
conscientise
pretio
ducebatur. Ac
plerique,
suam
ipsi
vitam
narrare,
fiduciam
potius morum,
quam
arro-
gantiam
arbitrati sunt nec id Rutilio et Scauro citra
fidem,
aut obtrectationi fuit adeovirtutes iisdemtem-
poribus optime
aestimantur,
quibus
facillime
gignuntur.
At
mihi,
nunc narraturo vitam defuncti
hominis,
ve-
Y), t~
DE CN. J ULIUSAGRICOLA
PAR C. C. TACITE.
I. J LRANSMETTRE la
postrit
lesactionset lescarac-
tres des hommes illustres est un
usage antique que
notre sicle
mme,
malgr
son indiffrence
pour
ceux
qu'il
a
produits,
n'a
pas nglige
toutes lesfois
qu'une
vertu nobleet
suprieure
a vaincu et surmontces vices
communsaux
plus petits
commeaux
plus grands
tats
lasottise et l'envie.
Mais,
chez nos
anctres
comme
on se
portait davantage
et
plus
ouvertement fairedes
choses
dignes
de
mmoire,
demmealors
chaque
cri-
vain
distingu par
son
gnie,
sans flatterie et sans cal-
cul,
s'empressait
consacrer lesouvenir de la
vertu,
n'acceptant pour prix
et
pour guide que
le sentiment
qu'onprouve
bienfaire. Plusieurs
pensrent, qu'crire
soi -mmesa
propre
vie,
tait delaconfianceenla
pu-
ret de ses murs
plutt que
dela
prsomption;
et ce
ne fut
pour
Rutilius et Scaurus un motif ni deblme
ni d'Incrdulit tant il est vrai
que
les vertus ne sont
jamais
si bien estimes
que
dans les
temps
mmes o
elles se
produisent
le
plus
facilement Pour
moi,
qui
vaiscrire lavied'un homme
qui
n'est
plus, j'ai
besoin
VIE
J ULII AGRICOLIE VITA.
178
nia
opus fuit; quam
non
petissem,
ni incusaturus tam
saeva
et infestavirtutibus
tempora.
II.
Legimus, quum
Aruleno Rustico Paetus
Thrasea,
Herennio Senecioni Priscus Helvidius laudati
essent,
capitale
fuisse
neque
in
ipsos
modo
auctores,
sed in
libros
quoque
eorum
ssevitum, delegato
triumviris mi-
nisterio,
ut monumenta ciarissimorum
ingeniorum
in
comitioac foro urerentur
scilicet,
illo
igne
vocem
po-
puli romani,
et libertatem
senatus,
et conscientiam
generis
humani aboleri
arbitrabantur,
expulsis
insuper
sapientiaeprofessoribus, atque
omni bona arte in exsi-
lium
acta,
ne
quid usquam
honestum occurreret. De-
dimus
profectograndepatientiae
documentum
et,
sicut
vetus setas
vidit,
quid
ultimum in libertate
esset,
ita
nos, quid
in
servitute,
adempto per inquisitiones
et
loquendi audiendique
commercio memoriam
quoque
ipsam
cumvoce
perdidissemus,
si tamin nostra
pote-
stateesset
oblivisci, quam
tacere.
111.Nunc demumredit animus et
quamquam, primo
statim beatissimi sseculi
ortu,
Nerva Caesar res olim
dissociabiles
miscuerit,
principatum
ac
libertatem,
au-
geatque quotidie
facilitatem
imperii
Nerva
Trajanus,
nec
spem
modoac votumsecuritas
publica
sed
ipsius
voti Hduciamac robur
assumpserit;
natura tamen in-
firmitatis humanaetardiora sunt
remedia, quammala;
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
'79
ja.
d'une
indulgence que je
n'eusse
pas
demande,
si
je
n'avais
parcourir
des
temps
si cruels et si funestes
aux vertus.
IL Nous
apprenons qu'alors
Arulenus
Rusticus, pour
avoir fait
l'loge
dePtus
Thraseas,
Herennius
Sncion,
celui de Priscus
Helvidius,
furent mis
mort,
et
que
l'on svitnon-seulement contre les
auteurs,
mais mme
contre leurs
crits,
l'ordre
ayant
t donnaux trium-
virs debrler dans les
comices,
au
forum,
cesmonu-
mensdes
plus
illustres
gnies.
Sans
doute,
on
pensait
touffer
jamais
en ces
flammes,
et lavoix du
peuple
romain,
et lalibert du
snat,
et laconsciencedu
genre
humain.
Dj
taient
expulss
ceux
qui enseignaient
la
sagesse, relgu
en exil tout art
libral,
de
peur que
dsormais rien d'honorable
pt
se
prsenter. Certes,
nous avonsdonn un
prodigieux exemple
de
patience,
et si lessicles
prcdens
ont vu ce
qu'il y
ad'extrme
dansla
libert,
nous avons
vu, nous,
ce
qu'il y
a d'ex-
trme dans la
servitude,
alors
qu'on
nous
piait pour
nous ter tout
usage
de
parler
et d'entendre. L'onnous
et mmeravi lesouvenir avecla
parole,
s'il nous et
t
possible
d'oublier aussi bien
que
de nous taire.
III. Maintenant enfin nous
commenons

respirer
et
quoique
ds l'aurore du siclele
plus
fortun Nerva
Csar ait assocideschoses
jadis incompatibles,
l'auto-
rit d'un seul et la
libert; quoiquechaquejour
Trajan,
son fils
adoptif,
rende le
gouvernement plus facile,
et
que
lascurit
publique
nesoit
plus
un
espoir,
un
vu,
maislacertitude et
l'accomplissement
decevu
mme;
cependant, par
la nature de la faiblesse
humaine,
les
J ULII AGRICOLE VITA. i8o
et,
ut
corpora
lente
augescunt,
cito
exstinguuntur,
sic
ingnia studiaque oppresseris
facilius, quam
revocave-
ris. Subit
quippe
etiam
ipsius
inertisedulcedo
et invisa
primo
desidia
postremo
amatur.
Quid?
si
per quinde-
cim
annos grande
mortalis aevi
spatium
multi fortui-
ils
casibus,
promptissimus quisque
saevitia
principis
in-
terctderunt?
Pauci,
ut ita
dixerim,
non modo
aliorum,
sed etiamnostri
superstites sumus
exemptis
e media
vita tot
annis, quibus juvenes
ad
senectutem,
senes
prope
ad
ipsos
exactaesetatis
terminos,
per
silentiumve-
nimus non tamen
pigebit,
vel incondita ac rudi
voce,
memoriam
prioris servitutis,
ac testimonium
praesen-
tium bonorum
composuisse.
Hic interim liber honori
Agricolae,
soceri
mei, destinatus, professione pietatis
aut laudatus
erit,
aut excusatus.
IV. CnseusJ ulius
Agricola,
veteri et illustri
Foroju-
lieiisiiimcolonia
ortus,
utrumque
avum
procuratorem
Caesarumhabuit
quaeequestris
nobilitas est. Pater J u-
lius
Graecinus,
senatorii
ordinis,
studio
eloquentiae
sa-
patientiseque
notus,
iisque
virtutibus iramCaii Caesaris
meritus
namque
M. Silanumaccusare
jussus, et,
quia
abnuerat,
Interfectus est. Mater J ulia Procilla
fuit,
raraecastitatis in
hujus
sinu
indulgentiaque
educatus,
per
omnemhonestarum artium cultum
pucritiam
ado-
lescentiamque transegit.
Arcebat eumab iuecebris
pec-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. )i-!ft
remdessont moins
prompts que
les
maux,
et demme
que
les
corps
s'accroissent
lentement, s'teignent
en un
Instant,
ainsi il est
plus
facile d'touffer le
gnie
et l'-
mulation
que
delesranimer. Car ladouceur del'oisivet
mme,
s'insinue
peu

peu,
et
l'inaction,

charge
d'abord,
finit
par
nous charmer.
Que
sera-cedonc
si
durant
quinze annes,
espace
considrable de la viedes mor-
tels,
beaucoup
d'entre nous ont succomb
par
desacci-
dens
fortuits,
et les
plus gnreux
sous la cruaut duu
prince?
Nous restons en
petit
nombre,
survivant,
non-
seulementaux
autres,
mais
pour
ainsi dire
nous-mmes,
si noustonsdu coursdenotre existencetant
d'annes,
durant
lesquelles
nous sommes
parvenus
en
silence,
les
jeunes
la
vieillesse,
les vieillards
presque
autermede
leur carrire.
Toutefois, je
n'hsiterai
point

exposer
ici,
quoique
d'une voix sansart et
peu
exerce,
lesouvenir
de la
prcdente
servitude et les
tmoignages
du bon-
heur
prsent.
En
attendant,
celivreconsacrl'honneur
d'Agricola,
mon
beau-pre, pourra,
dans
l'expression
dema
pit
filiale,
trouver son
loge
ousonexcuse.
IV. Cn. J ulius
Agricola, originaire
de
Frjus,
colo-
nieancienneet
clbre,
eut sesdeux aeuls
procurateurs
des
Csars,
dignitqui gale
celledechevalier. Son
pre,
J uMusGrcinus,
del'ordredes
snateurs,
connu
par
son
amour
pour l'loquence
etla
philosophie,mrita, par
ces
qualits
mmes,
la colrede
l'empereur Caligula;
et en
effet,
il
reut
l'ordre d'accuser Marcus
Silanus,
refusa
et
prit.
Sa mre fut J ulia
Procilla
de la
plus
rare
chastet. levdans son sein et
par
sa
tendresse
il
passa
aumilieu destudes de touslesarts libraux son
enfanceet
sajeunesse.
Ce
qui l'loigna
dessductionsdu
vice
fut,
outre sonnaturel
pur
et
vertueux,
larsidence
J ULII AGRICOLE VITA.
!8-:
cantium~
praeter ipsius
bonam
integramque
naturam,
quod
statim
parvulus
sedemac
magistram
studiorum
Massiliam
habuerit,
locum
graeca
comitate,
et
provin-
ciali
parcimonia
mistum,
ac bene
compositum.
Memoria
teneo,
solitum
ipsum
narrare,

se in
prima juventa
studium
philosophise
acrius,
ultra
quam
concessumRo-
mano ac
senatori, hausisse,
ni
prudentia
matris incen-
sumac
flagrantem
animum coercuisset.
Scilicet,
su-
blimeet erectum
ingenium, pulchritudinem
ac
speciem
excelsoe
magnaeque g)oriaevehementius, quam caute,
adpetebat
mox
mitigavit
ratio et
setas;
retinuitque,
quod
est
difficillimum,
ex
sapientia
modum.
V. Prima castrorum rudimenta in
Britannia,
Sueto-
nio
Paullino,
diligenti
ac moderato
duci, approbavit,
electus,
quem
contubernioaestimaret.Nec
Agricola
licen-
ter,
more
juvenum, qui
militiam in lasciviam
vertunt,
neque segniter,
ad
voluptates
et commeatus titulum
tribunatus et inscitiam
retulit;
sed noscere
provin-
ciam,
nosci
exercitui,
discerc a
peritis, sequi opti-
mos,
nihil
appetere jactatione,
nihil ob formidinem
recusare, simulque
anxius et intentus
agere.
Non sane
alias
exercitatior,
magisque
in
ambiguo
Britannia fuit
trucidati
veterani,
incensse
cotonia;, intercepti
exerci-
tus tum de
salute,
mox
devictoria,
ccrtavere.
Quae
(uncta etsi consinis
ductuqne
alterius
agebantur,
ac
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. i83
qu'il fit,
ds son
jeune ge,
et les
leonsqu'il
recueillit

Marseille
ville ol'urbanit
grecque
et l'conomie
denos
provinces
setrouvaient runies et heureusement
associes.J eme
rappellequ'il
racontait assezsouvent lui-
mme
que,
dans sa
premirejeunesse,
il seserait
jet
dans l'tude dela
philosophie
avec
trop d'entranement,
et
plus qu'il
neconvient un Romainetun
snateur,
si
la
prudence
desamre n'et
tempr
son me ardente
et
pleine
defeu. C'est
que
son
gnie
sublimeet enthou-
siaste,
aspirant
l'clat d'une
gloire
leveet
suprieure,
en saisissait les
apparences
avec
plus d'imptuositque
de
circonspection.
Bientt
l'ge
et la raison le modr-
rent,
et del'tude dela
philosophie
il
recueillit,
ce
qui
est le
plus difficile,
la
juste
mesure
qui
fait la sa-
gesse.
V. H
reut
sa
premire
ducation militaire en Bre-
tagne,
sous Suetonius
Paullinus,
gnral
actif et
sage,
(lui
le
distingua
et
l'apprcia
d'autant mieux
qu'il parta-
geait
satente avec lui.
Agricola,
loin de la licencedes
jeunes gens, qui
font du serviceun tat de
dissolution,
loin deleur
oisivet,
ne se
prvalut jamais
deson titre
de tribun ni deson
inexpriencepour
selivrer aux
plai-
sirs et obtenir des
congs;
mais il voulut connatre la
province,
tre connu de
l'arme,
s'instruire
auprs
des
habiles,
selier avec les
plus recommandables,
nerien
briguer par jactance,
ne rien refuser
par
timidit,
se
montrer lafoiset
vigilant
et
circonspect. J amais,
sans
doute,
la
Bretagne
ne fut
plus agite,
son sort
plus
incertain: nos vtrans taient
gorgs,
noscoloniesin-
cendies,
nos armes
interceptes
elles combattirent
alors
pour
leur
salut,
bientt
aprs pour
la victoire.
J ULII AGMCOM VITA. t84
summa rerumet
reciperatseprov~ncisegloria
in ducem
cessit; artem,
et
usum,
et
stimules
addidere
juveni
intravitque
animum militaris
gloriae cupido, ingrata
temporibus, quibus
sinistra
erga
eminentes
interpreta-
tio,
nec minus
periculum
ex
magna fama, quam
ex
mala.
VI. Hmc ad
capessendos magistratus
in Urbem di-
gressus,
Domitiam
Decidianam,
splendidis
natalibus
ortam,
sibi
junxit idque
matrimonium ad
majora
ni-
tenti decus ac robur fuit
vixeruntque
mira
concordia,
per
mutuam
caritatem,
et invicemse
anteponendo
nisi
quod
in bona uxore tanto
major laus, quanto
in mala
plus culpae
est. Sors
quaesturaeprovinciam Asiam,
pro-
consulem Salvium
Titianum,
dedit
quorum
neutro
corruptus
est; quamquam
et
provincia
dives
ac
parata
peccantibus,
et
proconsul
in omnemaviditatem
pronus,
quantalibet
facilitate
redempturus
esset mutuam dissi-
mulationemmali. Auctus est ibi
filia,
in subsidiumet
solatium
simul;
namliumante sublatumbrevi amisit.
Mox inter
quaesturam,
ac tribunatum
plebis atque
etiam
ipsum
tribunatus annum
quiete
et otio
transiit,
gnarus
sub Nerone
temporum, quibus
inertia
pro
sa-
pientia
fuit. Idem
praeturoe
tenor et silentium nec
enim
jurisdictio
obvenerat. Ludos et inania
honoris,
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. 185
Tousces
vnemens,
quoique dirigspar
lesconseilset
sous les ordres d'un
autre,
et
quoique
!a
gloire
des
principalesoprations
et deladlivrancedela
province
appartnt
au
gnrt,
donnrent au
jeune Agricola
de
l'habilet
de
l'exprience,
de
l'mulation,
et firent en-
trer danssonmela
passion
de la
gloire
militaire,
pas-
sion
ingrate
en ces
temps,
o desinistres
soupons
en-
veloppaient
tout ce
qui s'levait,
eto une
granderpu-
tation n'tait
pas
moins
prilleusequ'une
mauvaise.
VI. De l revenu Rome
pour y
solliciter les ma-
gistratures,
il
pousa
Domitia
Decidiana,
issue d'il-
lustres
aeux;
cettealliance
prta
delaforceet del'clat
ses
projets
d'lvation. Ils vcurent dans une
parfaite
concorde,
parleur
mutuelletendresse et leur dfrence
rciproque; galementadmirables,
s'il n'tait dd'autant
plus d'loge
lafemme
vertueuse, que
celle
qui
nel'est
pas
mrite
plus
deblme. Nomm
questeur,
le sort lui
donna
pour gouvernement l'Asie, pour proconsul
Sal-
vius Titianus. Ni
l'Asie,
ni le
proconsul
ne
purent
le
corrompre, quoique
cette
province
ft richeet ouverte
aux
dprdations,
et le
proconsul port
toute
avidit,
et
prt

acheter,
par
une facilitsans
bornes,
un si-
lence
rciproque
sur lemal.
L,
safamilles'accrut d'une
fille
soutien et consolationla
fois,
car il
perdit
bien-
tt un filsn
auparavant.
Tout le
tempsqui suivit,
de-
puis
sa
questure jusqu'
ce
qu'il
devnt tribun du
peu-
ple,
et l'anne mmedeson
tribunat,
il les
passa
dans
le
repos
et
l'oisivet,
ayant appris,
sous
Nron,
qu'il
est des
temps
o l'inaction est de la
prudence.
Durant
sa
prture,
mme
conduite,
mme
silence,
et d'ailleurs
il ne lui fut attribu aucune
juridiction. Quant
aux
jeuxpublics
et aux vains honneurs desa
place,
il
y
mit
J ULII AGRICOLE VITA. i8G
modo rationis
atque
abundantiae
duxit,
uti
longe
a
luxuria,
itafamse
propior.
TumelectusaGalbaad dona
templorumrecognoscenda, diligentissimaconquisitione
fecit,
ne
cujus
alterius
sacrilegium respublica, quam
Neronis sensisset.
VII.
Sequens
annus
gravi
vulnere animumdomum-
que ejus
afflixit namclassis
Othoniana,
licenter
vaga,
dumIntemelios
(Liguriae pars est)
hostiliter
popula-
tur,
matrem
Agricotae
in
praesidiis
suisinterfecit
prae-
diaqueipsa
et
magnampatrimonii partemdiripuit, quae
causa caedisfuerat.
Igitur
ad solennia
pietatis profec-
tus
Agricola
nuntio affectati a
Vespasianoimperii
de-
prehensus,
ac statimin
partes transgressus
est. Initia
principatus,
ac statumUrbis Mucianus
regebat,
admo-
dum
juvene Domitiano,
et ex
paterna
fortuna tantum
licentiam
usurpante.
Is missum ad delectus
agendos
Agricolam, integreque
ac strcnue
versatum
yvicesimse
legioni,
tarde ad sacramentum
transgressae, prseposuit,
ubi decessor seditiose
agere
narrabatur
quippe legatis
quoque
consularibus nimiaac formidolosaerat. Nec le-
gatus praetorius
ad cohibendum
potens, incertum,
suo
an militum
ingnie
itasuccessorsimul et ultor
electus,
rarissima
moderationc,
maluit videri invenisse
bonos,
quam
fecissc.
~111. Praecrat tune BriLannia'Vcttius
Bolanus, piaci-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
.87
une
juste
mesure d'conomie et de
magnificence,
et il
sut,
en
s'loignant
de la
profusion,
se
rapprocher
da-
vantage
del'estime
publique.
Ensuite,
choisi
par
Galba
pour
reconnatrelesoffrandesdes
temples,
ses
diligentes
recherchesne laissrent la
rpublique
d'autres sacri-
lges
ressentir
que
ceux
jadis
commis
par
Nron.
VII. L'anne suivante
affligea
son meet sa famille
par
une
perte
cruelle. Dessoldats de laflotte
d'Othon,
portant a
et lleur
licence,
et
dvastant,
comme
pays
ennemi,
l'Intemeliumdansla
Ligurie,
assassinrent,
au
sein deses
domaines,
lamre
d'Agricola, pillrent
ses
proprits
et une
partie
deson
patrimoine,
seul motif
d'un tel meurtre.
Agricola
serendait aux solennits de
ses
funrailles, quand
il fut
surpris par
lanouvelle
que
Vespasien aspirait

l'empire,
et aussitt il
passa
dans
son
parti.
Mucien
dirigeait
les commencemens de ce
rgne,
et
gouvernait
dans Rome
Domitien,
fort
jeune
encore,
n'avait
usurp
dela
puissance
de son
preque
lalicence
pour
ses vices. Mucien choisit
Agricolapour
fairedes
leves;
saconduite
intgre
et habilelui mrita
bientt le commandement de la
vingtime lgion, qui
avait tard
prter
le
serment,
et dans
laquelle
son
pr-
dcesseur
passait pour agir
sditieuscment. Elletait en
effet,
mme
pour
les lieutenans
consulaires,
redoutable
et
trop exigeante,
et lelieutenant
prtorien
ne
pouvait
la
contenir,
soit sa
faute,
soit celle des soldats. Choisi
pour
lui succder et
punir, Agricola, par
lamodration
la
plus
rare,
aimamieux
paratre
lesavoir trouvs
que
lesavoir rendus fidles.
VIII. Alors commandait en
Bretagne
Vcttius Bo!a-
J ULII AGRICOL/E VITA. i88
dius,
quam
feroci
provincia dignum est; tcmperavit
Agricola
vim
suam, ardoremque compescuit,
ne incres-
ceret,
peritus obsequi, eruditusque
utilia honestis mis-
cere. Brevi deindeBritannia consularemPetiliumCeria-
lem
accepit
habuerunt virtutes
spatium exemplorum.
Sed
primo
Cerialis modolabores et
discrimina,
moxet
gloriam
communicabat
saepeparti exercitus,
in
expe-
rimentum,
aliquandomajoribus copiis
ex
eventu, pras-
fecit nec
Agricola unquam
in suam famam
gestis
exsultavit;
ad auctorem et
ducem,
ut
minister,
fortu-
nam referebat ita virtute in
obsequendo,
verecundia
in
praedicando,
extra
invidiam,
nec extra
gloriam
erat.
IX. Revertentem ab
legatione legionis
D.
Vespasia-
nus inter
patricios
adscivit,
ac deinde
provinciaeAqui-
taniae
praeposuit, spleudidae
in
primis dignitatis,
admi-
nistratione ac
spe
consulatus
cui destinarat. Credunt
plerique
militaribus
ingeniis
subtilitatem
deesse;
quia
castrensis
jurisdictio
secura et
obtusior,
ac
plura
manu
agens,
calliditatem fori non exerceat.
Agricola
naturali
prudentia quamvis
inter
togatos,
facile
justeque age-
bat. J am vero
tempora
curarum
remissionumque
di-
visa ubi conventus ac
judicia poscerent, gravis,
in-
tentus, severus,
et
saepius
misericors ubi officiosatisfa-
ctum,
nulla ultra
potestatis persona tristitiam,
et
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
'89
nus,
avec
plus
de douceur
que
n'en mritait cette
pro-
vince intraitable.
Agricola tempra
sa
propre nergie
et modrasonardeur
pour
ne
point paratre
s'lever au
dessus deson
chef,
sachant dfrer ses
suprieurs,
et
ayant appris
unir les
gards
aux devoirs. Bientt la
Bretagnereut pour
consulaire Petilius Cerialis. Alors
les mrites eurent un libre
espace pour
se montrer.
D'abord Cerialis l'associa seulement aux travaux et aux
prils,
et bientt la
gloire.
Souvent, pour l'prouver,
il lui fit commander
quelque portion
de
l'arme; quel-
quefois, d'aprs
ses
succs,
il lui confiade
plusgrandes
forces
et
jamais Agricola
n'exalta sesactions
pour
ac-
crotre sarenomme se
regardant
comme
simple
sub<
alterne,
il rapportait
sessuccs son
gnral,
comme
leur seul auteur.
Ainsi,
par
son
esprit
de subordina-
tion, par
sa modestie dans ses
rapports,
il
chappait

l'envie,
non
pas
la
gloire.
IX. Asonretour dece
commandement,
Vespasien
l'ad-
mit entre les
patriciens,
et ensuite lui confia le
gouver-
nement de
l'Aquitaine, dignit
des
plus
considrables
par
son
administration,
et
parcequ'elle
donnait
l'espoir
du consulat
qui
en tait revtu. On croit en
gnral
que
les
esprits,
vous aux tudes
militaires,
manquent
de
finesse,
parceque
la
juridiction
des
camps prompte,
peu complique,
et
agissant
le
plus
souvent
par
voiede
fait,
n'a
point
recours aux subtilits dela
justice
civile.
Agricola, par
sa
pntration
naturelle,
dploya,
sous
la
toge
mme
autant defacilit
que
de
justesse
d'esprit.
Tout aussitt les momensdesestravaux et desesloisirs
furent
rgls
ds
que
lesassemblesetles
jugemens
l'exi-
geaient,
il tait
grave,
attentif, svre, et,
le
plus
sou-
vent, indulgent;
ds
qu'il
avait satisfait au
devoir,
le
J ULII AGRICOLE VITA.
Ygo
arrogantiam,
et avaritiam exuerat nec
illi,
quod
est
rarissimum,
aut facilitas
auctoritatem,
aut severitas
amorem,
deminuit.
Integritatem atque
abstinentiam in
tanto viro
referre,
injuria
virtutum fuerit. Ne famam
quidem,
cui etiam
saepe
boni
indulgent,
ostentanda
virtute
aut
per
artem
qusesivit procul
ab mulatione
adversus
collegas, procul
a contentione adversus
pro-
curatores,
et vincere
inglorium
et attcri
sordidum
arbitrabatur. Minus trienniuminea
legatione
detentus,
ac statim ad
spem
consulatus revocatus
est,
comitante
opinione,
Britanniam ei
provinciam
dari nullis in
hoc suis
sermonibus,
sed
quia par
videbatur. Haud
semper
errat
fama,
aliquando
et
eligit.
Consul
egregiae
tum
spei
filiam
juveni
mihi
despondit,
ac
post
consu-
latum
collocavit
et statim Britanniae
praepositus
est,
adjecto pontificatus
sacerdotio.
X. Britanniae
situm,
populosque,
multis
scriptoribus
memoratos,
non in
comparationem
eurse
ingeniive
rc-
feram
sed
quia
tum
primum perdomita
est
itaquc,
qu3epriores,
nondum
comperta, eloquentiapercoluere,
rerum fide tradentur.
Britannia, insularum, quas
ro-
mana notitia
complectitur,
maxima, spatio
ac cto In
orientcm
Germanise,
in occidentem
Hispanise,
obtendi-
tur
Gallis in meridiem etiam
inspicitur; scptentrio-
nalia
ejus,
nullis contra
terris,
vasto
atqueaperto
mari
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
i9'
personnage
du
pouvoir
n'tait
plus.
J amais la
morosit,
l'arrogance
et la
cupidit
n'avaient trouvaccsdansson
me; et,
ce
qui
est le
plus
rare,
pour
lui lafacilitnedi-
minua
point
la
puissance,
ni lasvritl'affection.Parler
d'intgritet de
dsintressementdansunsi
grand
homme
serait
injure

ses ~tus.
Quant
la
renomme,
la-
quelle
souvent mmeles
plus
vertueux
sacrifient,
il ne
la recherchani
par
ostentation
deson
mrite,
ni
par
ar-
tifice. Loin de
toutej.ivalit
avec ses
collgues,
loin de
toutes contestations avec ses
subordonns,
il
pensait
qu'en
de telsdbats il est
peu glorieux
de
vaincre,
hon-
teux d'chouer. Il neresta
pas
trois annesdansce
gou-
vernement,
etfut
rappel
aussitt
l'espoir
duconsulat
l'opinion publiquey ajoutait
la
Bretagnepour gouverne-
ment,
non
qu'aucun
desesdiscours le fit
penser,
mais
parce qu'il
en
parut digne.
La renommenese
trompe
pas toujours; quelquefois
mmeelle choisit.
Consul,
il
me
promit, quoiqueje
fusse
jeune encore,
sa
fille,
dj
dela
plus
belle
esprance: aprs
son
consulat,
il m'unit

elle,
et aussitt il fut
prpos
au
gouvernement
dela
Bretagne
avec la
dignit
de
pontife.
X.
Beaucoup
d'auteurs ont dcrit la
Bretagne
et ses
peuples.
J 'en
parlerai,
non
pour
fairenatre une com-
paraison
derecherches oude
talent,
mais
parcequ'alors,
pour
la
premire
fois,
ellefut entirement
dompte
ainsi,
ce
que
mesdevanciers n'ont
pu
connatre et ont
par
deleur
loquence,
serecommandera
par
lafidlit
desfaits..La
Bretagne,
la
plusgrande
deslesconnues
des
Romains,
s'tend
l'orient,
vers la
Germanie;

l'occident,
vers
l'Espagne;
au
midi,
vers les
Gaules,
d'o mmeon
l'aperoit
sesctes
septentrionales,
en
face
desquelles
il n'est
plus
de
terres,
sont battues
par
J ULti AGRICOLE YITA.
192
pulsantur.
Formam totius
Britanniae,
Livius
veterum,
Fabius Rusticus recentium
etoquentissimi
auctores,
oblongae
scutulse,
vel
bipenni
assimulavere et est ea
faciescitra
Caledoniam
unde et in universumfamaest
transgressa
sed immensumet
en~~ie
spatiumprocur-
rentium extremo
jam
litore
terrarum,
velut in cuneum
tenuatur. Hanc oram novissimi maris tune
primum
romana classis
circumvecta,
insmam esse Britanniam
afHrmavit,
ac simul
incognitas
ad id
tempus
insulas,
quas
Orcadas
vocant,
invenit
domuitque:dispecta est
et
Thule, quam
hactenus nix et hiems
abdebat;
sed
mare
pigrum
et
grave remigantibus perhibent,
ne
ventis
quidem perinde
attolli
credo, quod
rariores
terrae
montesque,
causa ac materia
tempestatum
et
profunda
motes continui maris tardius
impellitur.
Na-
turamOceani
atque aestus, nequequaererehujus operis
est,
ac multi retulere unum
addiderim, nusquam
la-
tius dominari
mare,
multumfluminumhue
atque
iUuc
ferre, nec litore tenus adcrescereaut
rsorber!,
sed in-
fluere
penitus atque ambire
et
jugis
etiam
atque
mon-
tibus
inseri,
velut in suo.
XI.
Ceterum,
Britanniam
qui
mortales initio colue-
rtnt, indigense
an
advecti,
ut inter
barbaros, parum
compertum.
Habitus
corporumvarii
atque
exco
argo-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
vi.
13 3
une mer immenseet sans bornes. Nos auteurs les
plus
loquens,
Tite-Live
parmi
les
anciens,
et Fabius Rusti-
cus
parmi
les
modernes,
l'ont assimile un
plat oblong
ouunehache deux
tranchans,
et telleest en effetsa
figure
en
de
de la
Caldonie;
et de lon l'a admise
pour
toute
l'le
mais un vaste et
prodigieux espace
de
terres,
se
prolongeant jusqu'
son
extrmit,
va
s'y
rtrcir enformedecoin. Ce fut alors
que
laflottero-
maine,
ayant, pour
la
premire
fois,
visitletour de
cesbordsd'unemer toute
nouvelle,
s'assura
que
la Bre-
tagne
tait une
le; et,
en mme
temps,
elledcouvrit
et
subjugua
des les inconnues
jusqu'alors,
et
qu'on
appelle
les
Orcades;
elle entrevit aussi
Thul,
quoique
cache sous les
neiges
et les frimats. Du
reste,
cette
mer est dormante et lourde la rame on dit mme
que
les vents la soulvent
peu
c'est,
je
crois
parce
que
les
terrains,
les
montagnes,
o seforment et
gros-
sissent les
temptes, y
sont
plus rares,
et
que
lamasse
profonde
de cette mer sans bornes est
plus
lente
s'mouvoir. Il n'est
point
dans
l'objet
de cet
ouvrage,
derechercher
quelle
est lanature de l'Ocan et de ses
mouvemens,
dont
beaucoup
d'autres ont
parl; j'ajouterai
seulement
que
nulle
part
la mer ne fait
plus
sentir sa
puissance;
ellerefoule
a
et l deseauxdans
l'intrieur,
et non-seulement elle s'lve au dessus du
rivage,
ou
mmese
rpand
au
loin,
mais elleflue
intrieurement,
y
circule,
et s'enfermedans les
valles,
au milieu des
montagnes,
commeenses
propres
bords.
XI. Du
reste,
lesmortels
qui
habitrent les
premiers
la
Bretagne,
taient-ils
indignes
ou
trangers?
comme
cheztousles
barbares,
onlesait
peu.
Les conformations
varient,
etdel des
conjectures.
Lescheveluresrousses
J ULII AGRICOLIE VITA.
i94
menta
namque
rutilaeCaledoniamhabitantium
comse,
magni artus,
germanicam originem
adseverant. Silu-
rumcolorati
vultus,
et torti
plerumque crines,
et
po-
sita contra
Hispania,
Iberos veteres
trajecisse, casque
sedes
occupasse,
fidemfaciunt
proximi Gallis,
et simi-
les
sunt;
seu durante
originisvi, seu, procurrentibus
in
diversa
terris, positio
coeli
corporibus
habitum ddit
in universum tamen
sestimanti,
Gallos vicinum solum
occupasse,
credibileest. Eorumsacra
deprehendas,
su-
perstitionumpersuasione
sermohaudmultum
diversus;
in
deposcendis periculis
eadem
audacia; et,
ubi adve-
nere,
in detrectandis eademformido
plus
tamen fero-
ciaeBritanni
praeferunt,
ut
quos
nondum
longa pax
emollierit namGallos
quoque
in bellis floruisseacce-
pimus
mox
segnitia
cumotio
intravit,
amissavirtute
pariter
ac
libertate; quod
Britannorum olimvictiseve-
nit ceteri
manent, quales
Galli fuerunt.
XII. In
pedite
robur;
quaedam
nationes et curru
prUantur
honestior
auriga,
clientes
propugnant
olim
regibus parebant,
nunc
per principes
factionibus
et studiis trahuntur nec aliud adversus validissimas
gentespro
nobis
utilius, quamquod
in commune non
consulunt. Rarus duabus tribusve civitatibus ad
pro-
pulsandum
commune
periculum
conventus
ita,
dum
singuli pugnant,
universi vincuntur. Clumcrebris im-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
tt)ft
13.
des habitans de la
Caldonie,
leur
grande stature,
at-
testent
l'origine germanique.
Le teint basan des Si-
lures,
leurs cheveux!a
plupart crpus,
et leur
position
en facede
l'Espagne
font croire
que
desIbres ont
ja-
distravers cesmers et
occup
cesdemeures. Les Bre-
tons les
plus
voisins des
Gaulois,
leur
ressemblent,
soit
que
la force de
l'origine
se
conserve,
soit
que,
dans
cescontres
qui
s'avancentl'une vers
l'autre,
un mme
climat ait donn au
corps
une mme conformation.
Cependant d'aprs
les
probabilits gnrales
il est
croyable que
des Gaulois ont
occup
ce
sol,
rappro-
chdu leur. Vous
y
dcouvrez leur cultedict
par
la
superstition
le
langage
diffre
peu
mme audace
chercher les
prils, et,
ds
qu'ils
sont
prsens,
mme
terreur
pour s'y
soustraire.
Cependant
les Bretons of-
frent
plus d'intrpidit
une
longue paix
neles
ayant
pas
encore amollis car nous savons
que
les Gaulois
ont aussi brilldans les
guerres.
Bientt
l'apathie
s'in-
troduisit avec l'inaction la
perte
delalibertentrana
celle du
courage;
c'est ce
qui
est arriv aux
premiers
Bretons,
jadis
vaincus les autres sont encore tels
que
furent lesGaulois.
XII. Leur forceest dans l'infanterie
quelques peu-
plades
se servent aussi de chars la
guerre
le
plus
noble
conduit,
sesvassauxcombattent autour. J adis ils
obissaientdes
rois;
ilssont maintenant
partags
entre
divers
chefs,
par
les
brigues
et lesfactions et
rien,
contre les nations les
plus puissantes,
ne nous fut
plus
utile
que
leur dfaut de concert. Rarement deux ou
trois cits se runissent
pour repousser
le
pril
com-
mun
aussi,
tandis
qu'elles
combattent
sparment,
ellessont toutes vaincues. Le ciel est souvent obscurci
J ULH AGRICOLE VITA.
jgS
bribus ac nebulis
fdum;
asperitas frigorum
abest
dierum
spatia
ultra nostri orbis
mensuram
et nox
clara,
et extremaBritanniae
parte brevis,
ut finemat-
que
initium lucis
exiguo
discrimineinternoscas.
Quod
si nubesnon
officiant,
adspici per
noctem solis
fulgo-
rem,
necoccidereet
exsurgere,
sedtransire affirmant
scilicetextrema et
planaterrarum,
humili
umbra,
non
erigunt
tenebras,
infraqueclum
et sidera nox cadit.
Solum,
praeter
oleam,
vitemque,
et cetera calidioribus
terris oriri
sueta,
patiensfrugum,
fecundum tarde mi-
tescunt,
cito
proveniunt;
eadem
utriusque
rei causa
multus humor terrarum
coelique.
Fert Britannia
aurum,
et
argentum,
et alia
metalla, pretium
victoriae
gignit
et Oceanus
margarita,
sed subfusca ac liventia.
Qui-
damartemabesse
legentibus
arbitrantur nam in ru-
bro mari vivaac
spirantia
saxis
avelli,
in
Britannia,
prout expulsa
sint, colligi ego
facilius
crediderim,
naturam
margaritis deesse, quam
nobisavaritiam.
XIII.
Ipsi
Britanni
de!ectu)n,
ac
tributa,
et
injuncta
imperii
munera
impigre
obeunt,
si
injuriaeabsint;
has
aegre
tolrant,
jam
domiti,
ut
pareant;
nondum,
ut
serviant.
Igitur primus
omniumRomanorumD. J ulius
cum exercitu Britanniam
ingressus, quamquam pro-
sperapugna
terruerit
incolas,
aclitore
potitussit,
potest
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
197
de
pluies
et de
brouillards;
le froid
n'y
est
pas rigou-
reux. Les
jours
ont
plus
de dure
que
ceux de notre
monde;
les nuits sont
claires,
et si
courtes,
l'extr-
mit de la
Bretagne, qu'entre
la finet lelever du
jour
il n'y
a
qu'un
faible intervalle. On affirmemme
que,
si les
nuages
ne
s'y opposent pas
on voit durant la
nuit la clart du
soleil
et
qu'il
ne secoucheni ne se
lve,
mais ne fait
que passer
l'horizon. Sans doute
que
lesextrmits
planes
dela
terre,
neformant
qu'une
ombre
trs-basse,
ne
peuvent
lever lestnbres-de la
nuit, qui
tombe sans atteindre lefirmament et lesas-
tres. Le
sol,

l'exception
des
plantes
accoutumes
crotre en des climats
plus
chauds,
de l'olivier et
de la
vigne
les admet
toutes,
et mmeavec abon-
dance
lamaturit est
tardive,
la
vgtation rapide,
et
cela
par
une seuleet mme
cause,
la
grande
humidit
de l'air et du terrain. La
Bretagne
renferme de
l'or,
de
l'argent,
et d'autres
mtaux, prix
desa
conqute.
L'ocan
y produit
aussi des
perles,
mais ternes et livides on a
pens qu'il
fallait en accuser l'inhabilet des
pcheurs
car,
dans lamer
Rouge,
on arrache desrochers lesco-
quilles
mres vivantes et
respirant
encore,
tandis
qu'en
Bretagne
on lesramasse mesure
qu'elles
sont amenes
par
les
flots; moi,
je
croirais
que
ces
perlesmanquent
de
qualit plutt que
nous d'avarice.
XIII. LesBretonssesoumettent aux
tributs,
auxle-
ves,
auxautres
chargesqu'imposel'empire,
avecbonne
volont,
si l'on
n'y joint pas l'injustice, qu'ils
tolrent
impatiemment,
assez
dompts pour
obir,
pas
encore
assez
pour
tre esclaves.J ules Csar tant donc entrle
premier
desRomainsen
Bretagne
avec une
arme, quoi-
que par
un combat heureux il et
pouvant
les ha-
198
J ULII AGRICOLE VITA.
videri ostendisse
posteris,
non tradidisse. Mox bellaci-
vilia,
et
in rempublicam
versa
principum
arma,
ac
longa
oblivio Britanniaeetiam'in
pace:
co/M~MMid D. Au-
gustus vocabat,
Tiberius
~<a"c~M/K. Agitasse
C. Cae-
sarem de intranda
Britannia,
satis
constat,
ni velox
ingenio,
mobilis
pnitentia,
et
ingentes
adversus Ger-
maniamconatusfrustra
fuissent.,
Divus Claudius.auctor
operis,
transvectis
legionibusauxiHisque,
et
assumpto
in
partem
rerum
Vespasiano; quod
initium venturae
mox fortunaefuit domitae
gentes, capti reges,
et mons-
tratus fatis
Vespasianus.
XIV. Consularium
primus
Aulus Plautius
praeposi,
tus,
acsubindeOstorius
Scapula, uterque
bello
egregius
redactaque paullatim
in formam
provmciae proxima
pars
Britanniae addita
insuper
veteranorum colonia
quaedam
civitates
Cogidunoregi donatae,
isad nostram
usque
memoriamfidissimus
mansit,
vetere ac
jampri-
dem
recepta populi
romani
consuetudine,
ut haberet
instrumentaservitutiset
reges.
MoxDidiusGallus
parta
a
prioribus
continuit,
paucis
admodumcastellis in ul-
teriora
promotis, per quee
famaaucti ofncii
quaoreretur.
DidiumVeranius
excepit, isque
intra annumexstinctus
est. Suetonius hinc Paullinus biennio
prosperas
res ha-
buit,
subactis
nationibus, firmatisque praesidiis quo-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
*99
bitans et se ft
empar
du
rivage, peut paratre avoir
montr la
Bretagne
ses
successeurs,
non leur avoir
livre. Bientt survinrent nos
guerres civiles;
lesarmes
de nos
gnraux
se tournrent contre la
rpublique
del un
long
oubli de la
Bretagne,
mme
pendant
la
paix.
C'tait le
plan d'Auguste;
ce fut une loi
pour
Tibre. Il est assez certain
que l'empereur Caligula
se
disposait
entrer en
Bretagne,
sansla mobilitde son
esprit
avidede
changemens,
et si ses
grandsprparatifs
contre laGermanien'eussent tun vain
projet.
L'em-
pereur
Claude
accomplit l'entreprise
en
transportant
en
Bretagne
des
lgions
et des
auxiliaires,
et en associant

l'expdition Vespasien.
Cefut lecommencement dela
fortune
qui
l'attendait desnations furent
domptes,
des
rois
captifs,
et
Vespasiendsignpar
les destins.
XIV. Le
premier
consulaire
envoy
fut Aulus Plau-
tius,
et, peu aprs
lui,
Ostorius
Scapula,
tous deux
excellens hommesde
guerre; peu

peu
fut rduite en
formede
province
la
partie
dela
Bretagne
la
plus
voi-
sine on
y
tablit de
plus
une colonie
de
vtrans. Le
roi
Cogidunus, qui jusqu'
nos
jours
est rest
trs-fidle,
reut
en
prsent quelques
cits coutume ancienne et
depuislong-temps pratique par
le
peuple
romain,
d'a-
voir
pour
instrumens deservitudemme desrois. En-
suite vint Didius Gallus il conservales
conqutes
de
ses
devanciers,
et leva seulement
quelques
forts
plus
avant dansle
pays, pour
sedonner larenommed'avoir
agrandi
son
gouvernement.
A Didiussuccda
Veranius,
et celui-ci, mourutdansl'anne
aprs,
SuetoniusPaulli-
nus eut deux ans de
succs,
soumit des
nations,
for-
tifianos
prsides.
Plein deconfianceences
dispositions,
il alla
attaquer
l'lede
Mona, qui
fournissait desforces
J ULII AGRICOLE VITA.
aoo
rum
fiducia,
Monam
insulam,
ut viresrebellibusminis-
trantem,
aggressus, terga
occasioni
patefecit.
XV. Namque
absentia
legati
remoto
metu,
Britanni
agitare
inter semala
servitutis,
conferre
injurias,
et in-
terpretando
accendere Nihil
profici patientia,
nisi ut
graviora, tamquam
ex facili
tolerantibus, imperentur
singulos
sibi olim
reges fuisse,
nunc binos
imponi;
e
quibus legatus
in
sanguinem, procurator
in bona sae-
viret
aeque
discordiam
praepositorum, que
concor-
diam, subjectis
exitiosam alterius
manus,
centuriones
alterius,
vimet contumeliasmiscere nihil
jamcupidi-
tati,
nihil libidini
exceptum
in
prceMo
fortiorem
esse,
qui spoliet;
nunc ab
ignavis plerumque
et imbellibus
eripi
domos,
abstrahi
liberos,
injungi
delectus,
tam-
quam
mori tantum
pro patria
nescientibus
quantum
enimtransisse
militum,
si seseBritanni numerent? sic
Germanias excussisse
jugum;
et
flumine,
non
Oceano,
defendi sibi
patriam, conjuges, parentes,
illis avari-
tiamet luxuriamcausasbelli esse
recessuros, ut
D. J u-
lius
recessisset,
modo virtutes
majorum
suorumsemu-
larentur
neve
proelii
unius aut alterius eventu
pavesce-
rent
plusimpetus, majorem
constantiam
penes
miseros
esse
jam
Britannorumetiamdeos
misereri, qui
roma-
num ducem
absentem,
qui relegatum
in alia insula
exercitum detinerent
jam ipsos, quod
difficillimum
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. aoi
aux
rebelles,
et ainsi laissaderrire lui une occasionde
soulvement.
XV. En
effet,
l'absence du
gouverneur loignant
toute
crainte,
les Bretons discourent entre eux sur les
maux dela
servitude,
se
rappellent
les uns aux autres
leurs
outrages,
etles
aigrissent
encore
par l'Interprtation
La
patience
nemne
rien,
se
disent-ils, qu'
faire
subir un
joug plus pesant
ceux
qui
semblent ainsi le
supporter
avec facilit. J adis nous n'avions
qu'un
roi,
maintenant deux nous sont
imposs,
un
gouverneur
avide de notre
sang
un
procurateur
avide de nos
biens dans notre
soumission
l'accord de ces ma-
tres et leur discorde sont
galement
funestes. Les sa-
tellites de
l'un,
les centurions de
l'autre,
mlent la
violence aux
outrages. Dj
rien
n'chappe
la
cupi-
dit,
rien labrutalit. Dansles
combats,
les
dpouilles
sont le
prix
des
plus
braves; maintenant,
des
lches,
des
poltrons
enlvent nos
demeures
ravissent nos
enfans,
imposent
des
leves,
comme si c'tait
pour
la
patrie
seulement
que
nous ne sussions
pas
mourir.
Car combien de soldats ont
pass
sur ces
bords,
si les
Bretons se
comptent
eux-mmes! Ainsi la
Germanie,
dfendue
par
un
fleuve,
non
par
l'Ocan,
a secou le
joug.
Pour
nous,
patrie, pouses, pres, mres;
pour
eux,
avarice et luxure sont des causes de
guerre!
Ils
fuiront commeafui leur divin
J ules,
pour peuque
nous
imitions les vertus de nos anctres. Ne nous
effrayons
pas
de l'issued'un ou de deux combats
plus
de rso-
lution, plus
de constance
appartient
aux malheureux.
Dj
les dieux mmes ont
compassion
de nous les
dieux, qui loignent
le
gnral romain, qui
retiennent
J ULII AGRtCOLjE VITA. &M
fuerit, deliberare; porro
in
ejusmodi
consi!IIs
pencuio-
sius esse
deprehendi, quam
audere.
XVI. His
atque
talibus invicem
tnstincti, Boadicea,
generis regii femina, duce,
neque
enim sexumin im-
periis
discernunt, sumpsereuniversi
bellum: ac
sparsos
per
castella milites
consectati, expugnatis praesidiis,
ipsam
coloniam
invasere,
ut sedemservitutis nec ullum
in barbaris ssevitise
genus
omisit ira et victoria.
Quod
nisi Paullinus,
cognito provineise
motu,
propere
sub-
venisset,
amissa Britannia foret
quam
unius
proelii
fortunaveteri
patientiaerestituit,
tenentibus
armapleris-
que, quos
conscientia
defectionis,
et
propius
ex
legato
timor
agitabat.
Hic
quum, egregius cetera,
arroganter
in
deditos, et,
ut suae
quoqueinjuriaeultor,
durius con-
suleret,
missus
Petronius Turpilianus, tamquam
exo-
rabilior et delictis hostium
novus,
eoquepcenitentiae
mitior, compositis prioribus,
nihil
ultra
ausus,
Tre-
bellio Maximo
provinciam
tradidit.
Trebellius
segnior,
et nullis castrorum
experimentis,
comitate
quadam
cu-
randi
provinciam
tenuit. Didicere
jam
barbari
quoque
ignoscere
vitiis blandientibus et interventus civilium
armorum
prEebuitjustam segnitiae
excusationem sed
discordia
laboratum, quum
adsuetus
expeditionibus
mi-
les otio lasciviret.
Trebellius fuga
ac latebris vitata
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. 2033
son arme
relgue
dans une autre le
dj
nous-
mmes,
ce
qui
tait le
plus
dificile,
nous dlibrons.
Or,
ende tels
projets,
il est
plusprilleux
d'tre
surpris
que
d'oser!
XVI. Mutuellement
enflammes
par
ces discours et
de
semblables,
et
prenant pour
chef
Boadicea
femme
du
sang royal,
car
pour
les commander ils ne distin-
guent point
de
sexe,
touscourent aux
armes,
dispersent
les soldats dissminsdans les
citadelles,
enlvent nos
forts,
et envahissent lacoloniemmecomme
sige
dela
tyrannie.
La
rage
et lavictoiren'omirent aucun
genre
de
cruaut connu des
barbares
et si
Paullinus,
instruit du
soulvement de la
province
neft
promptement
sur-
venu,
la
Bretagne
tait
perdue.
Lesuccsd'unseul com-
bat larendit sonancienne
soumission, quoique
la
plu-
part gardassent
leurs armes
inquiets
du rsultat de
leur
rvolte,
la
prsence
du
gouverneur
leur
inspirait
plus
decrainte.
Paullinus,
si estimable
d'ailleurs,
trai-
ta lesrebelles soumisavec
arrogance
et
duret,
ce
qui
semblait la
vengeance
desa
propre injure;
on
envoya
Petronius
Turpilianus,
commemoins inexorable tran-
ger
aux crimes des
ennemis,
il devait
par
lmmeac-
cueillir
plus
facilement leur
repentir. Aprs
avoir
paci-
fi la
province,
sans oser rien de
plus,
il la remit
Trebellius Maximus.
Trebellius quoique
sans
nergie
et sansaucune
exprience
des
camps,
lacontint
par
une
certaine urbanit d'administration. Ds lors ces bar-
bareseux-mmes
apprirent

pardonner
aux sductions
des
vices,
et l'occasion de nos
guerres
civilesoffrit
l'inertieuneexcuse
plausible;
maisladiscordevint tout
troubler,
ds
que
le
soldat,
accoutumaux
expditions,
eut
puis
la licence dans 1oisivet.Trebellius
fuit,
se
J ULII AGMCOUE VITA.
M4
exercitus
ira,
indecorus
atque
humilis,
pt'ecario
mox
prfuit
ac velut
pacti,
exercitus
licentiam,
dux salu-
tem haecseditio sine
sanguine
stetit nec Vettius Bo-
lanus,
manentibus adhuc ivilibus
bellis,
agitavit
Bri-
tanniam
disciplina:
eademinertia
erga hostes,
similis
petulantia
castrorum;
nisi
quod
innocens
Bolanus,
et
nullis delictis
invisus,
caritatem
paraverat
loco aucto-
ritatis.
XVII. Sed ubi cumcetero orbe
Vespasianus
et Bri-
tanniam
reciperavit, rnagni
duces,
egregii
exercitus
minutahostium
spes
et terroremstatimintulit Petilius
Cerialis,
Brigantumcivitatem, qua*
numerosissima
pro-
vincIsBtotius
perhibetur, aggressus
multa
prlia,
et
aliquando
non
incruenta;
magnamque Brigantum par-
temaut victoria
amplexus,
aut bello
et, quum
Ceria-
lis
quidem
alterius successoriscuram
famamque
obruis-
set,
sustinuit
quoque
molemJ ulius
Frontinus,
vir ma-
gnus, quantum licebat, validamque
et
pugnacem
Si-
lurum
gentem
armis
subegit super
virtutem
hostium,
locorum
quoque
difficultateseluctatus.
XVIII. Hune Britanniae
statum,
has bellorumvices
media
jam
aestate
transgressus Agricola
invenit, quum
et milites,
velut omissa
expeditione,
ad
securitatem~
et
hostesad
occasionem,
verterentur. Ordovicum
civitas,
haudmulto antc adventum
ejus, alam,
in finibussuis
VIE DE J UL1US AGRICOLA. ao!<
cache
pour
sesoustrairelafureur des
troupes
humili
et
dgrade
il ne retrouva
qu'un pouvoir prcaire
comme si l'arme et
stipul pour
la
licence
et le
gnral pour
sonsalut cettesditionnefit
point
couler
de
sang.
Vettius
Bolanus,
les
guerres
civilesdurant en-
core,
n'apporta pas
la
Bretagne plus
de
discipline
mmeinertie envers
l'ennemi,
semblabledsordre dans
le
camp;
si ce n'est
que
Bolanus,
homme
pur
et
qui
ne s'tait rendu odieux
par
aucun
crime,
se concilia
l'affection dfaut de
respect.
XVII. Mais ds
qu'avec
le restedu monde la Bre-
tagne
eut reconnu
Vespasien,
de
grandsgnraux,
d'ex-
cellentes armes
parurent
les
esprances
des enne-
mis
diminurent,
et aussitt Petilius Cerialis les
frappa
deterreur en
attaquant
la cit des
Brigantes qui passe
pour
la
plus populeuse
de toute la
Bretagne
il livra
beaucoup
de
combats,
et
quelquefois
de
trs-sanglans
la victoireou la
guerre
enchanala
plus grande partie
decette cit. Et
lorsque
Cerialis et d accabler
par
ses services et sa renomme son
successeur
J ulius
Frontinus en soutint le fardeau
grand
hommeautant
qu'on pouvait
l'tre
alors,
il
subjugua, par
les
armes,
la nation vaillante et
belliqueuse
des
Silures aprs
avoir,
outrela valeur des
ennemis, triomph
des diffi-
cults deslieux.
XVIII. Tel fut l'tat de la
Bretagne,
telles furent
les chances de
guerre que
trouva
Agricola qui s'y
rendit vers le milieu de
l't,
alors
que
les
soldats,
commeoubliant
l'expdition,
selivraient la
scurit,
et
que
les ennemis attendaient une occasion. Les Or-
doviques, peu
avant son
arrive
avaient massacr
J ULII AGRICOLES VITA. 206
agentem, prope
universam obtriverat
eoque
Initio
erecta
provincia; et, quibus
bellum volentibus
erat,
probareexemplum,
aut recentis
legati
animum
opperiri.
Tum
Agricola, quamquam
transacta
aestas, sparsi per
provinclam numeri,
praesumpta apud
militem illius
anni quies,
tardaet contraria bellum
inchoaturo, et ple-
risque
eustodiri
suspecta pothjs
videbatur,
ire obviam
discrimini statuit
contractisque legionum
vexillis et
modicaauxiliorum
manu, quia
in
sequumdegredi
Or-
dovices non
audebant,
ipse
ante
agmen, quo
ceteris
par
animus simili
periculo
esset,
erexit aciem cae-
saque prope
universa
gente,
non
ignarus
instandum
famae,ac, prout prima cessissent,
fore
universa,
Mo-
nam
insulam,
cujus possessione
revocatum Paullinum
rebellione totius Britanniae
supra memoravi, redigere
in
potestatem
animo intendit.
Sed,
ut in dubiis consi-
liis,
navesdeerant ratio et constantia ducis transvexit.
Depositis
omnibus
sarcinis, lectissimosauxiliarium qui-
bus nota
vada,
et
patrius
nandi
usus,
quo
simul se-
que,
et
arma,
et
equosregunt,
ita
repente
immisit,
ut
obstupefacti
hostes,
qui classem, qui naves,
qui
mare
exspectabant,
nihil arduum aut invictum crediderint
sicad bellumvenientibus. Ita
petita pace,
ac dedita in-
sula,
clarus ac
magnus
haberi
Agricola quippe
cui in-
gredienti provinciam, quodtempus
aiii
per
ostentatio-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
t0~
presque
tout un
corps
de cavalerie
camp
sur leur
territoire. A ce
dbut,
la
province
se
soulve et
pour
ceux
qui
voulaient la
guerre,
c'tait un
exemple

suivre,
ou
uj]
moyen
desonder lecaractre du nou-
veau
gouverneur.
Alors
Agricola quoique
l't ft
passe,
les
troupes parses
dans la
province,
lesoldat
s'attendant au
repos pour
cette
anne,
la
guerre
con-
trarie
par
des retards et des
obstacles
et
quoiqu'
la
plupart
il semblt
prfrable
de
garder
les lieux
exposs,
rsolut d'aller au devant du
danger.
Il. ras-
sembledesdtachemens
de
lgions
et une
petite troupe
d'auxiliaires et,
comme les
Ordoviques
n'osaient
pas
descendre en
plaine
marchant lui-mme en tte de
l'arme,
pour
lui donner son
courage
en
partageant
ses
prils,
il la fait monter en
bataille,
tailleen
pices
presque
toute cette
peuplade;
et,
n'ignorant pas qu'il
faut
presser
la
renomme
et
que
des
premiers
vne-
mens
dpendent
tousles
autres,
il
conoit
le
projet
der-
duirel'le de
Mena,
dont Paullinus avait t
rappelpar
la rbellion detoute la
Bretagne,
ainsi
queje
l'ai
rap-
port plus
haut.
Mais,
en cedessein
imprvu,
lesvais-
seaux
manquaient;
le
gnie
et laconstancedu
gnral
n'en furent
point
arrts. Il choisit
parmi
nos auxiliaires
ceux
qui
connaissaient les
gus, et,
suivant
l'usage
de
leur
pays, savaient nager
enconduisantlafois
eux,
leurs
armes et leurs
chevaux,
ordonne
qu'ils dposent
les
bagages,
et lesfait
passer
si
soudainement,
que
lesenne-
mis,
qui
attendaient une
flotte,
desvaisseauxet leseffets
duflux,
sont
stupfaits
et
comprennent qu'il n'y
a rien
d'inaccessible,
rien d'invincible
pour
ceux
qui
allaient de
lasorteau combat. La
paix
fut donc
sollicite,
l'lesou-
mise,
et larenommedu chef en
acquit
un
grand
clat.
J ULII AGRICOLE VITA. 208
nem,
aut officiorum
ambiturn, transigunt,
labor et
pe-
riculum
placuisset.
Nec
Agricola, prosperitate
rerum
invanitatem
usus,
expeditionem
aut victoriam
vocabat,
victoscontinuisse nelaureatis
quidemgestaprosecutus
est sed
ipsa
dissimulatione iamaefamam
auxit,
sesti-
mantibus,
quanta
futuri
spe
tam
magna
tacuisset.
XIX. Ceterum animorum
provinciae prudens,
si-
mulque
doctus
per
aliena
experimenta, parum profici
armis,
si
injuriaesequerentur,
causas bellorum statuit
excidere ase
suisqueorsus, primam
domumsuamcoer-
cuit quod plerisque
'haud minus arduum
est, quam
provinciamregere. Agere
nihil
per
libertos
servosque
publicae
rei non studiis
privatis,
nec ex commenda-
tione,
aut
precibus
centurionum milites
accire,
sed
op-
timum
quemque
fidelissimum
putare
omnia
scire,
non
omnia
exsequi parvis peccatis
veniam, magnis
severi-
tatemcommodare nec
pnasemper,
sed
ssepiuspni-
tentia contentus
esse
officiiset administratiombus
po-
tius non
peccaturos prseponere, quam
damnare, quum
peccassent.
Frumenti et tributorum exactionem
aequa-
litate
munerummollire, circumcisis, quse,
in
quaestum
reperta, ipso
tributo
gravius
tolerabantur
namqueper
ludibriumadsidereclausis
horreis,
et emereultro fru-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
209
Vt.
f."j ~l
En
effet,
dsson entre dans son
gouvernement,
tout
le
tempsque
lesautres
passent
enostentation et dansles
brigues,
il nes'tait
plu qu'aux
travaux et aux
prils.
Et
alors,
ne tirant nulle vanit dela russite des
choses,
il
n'appelait
ni
expdition
ni victoire la soumissionde
peuples
vaincus aussi ne fit-il
pas envelopper
ses d-
pches
de
lauriers; mais, par
la dissimulationmmede
sa
gloire,
il
augmentait
cette
gloire
aux
yeux
de ceux
qui apprciaient
en
quel espoir
del'avenir il avait t de
si
grands exploits.
XIX. Du
reste,
l'tude du caractredeces
peuples,
et en mme
temps l'exprience
d'autrui lui
ayant ap-
pris que
l'on
gagnait peu par
les
armes,
si les
injustices
suivaient,
il rsolut d'teindre lescausesdeces
guerres.
Commenant par
lui et
par
les
siens,
il
rgla
d'abord
sa
maison;
ce
qui, pour
bien des
personnes,
est non
moins difficile
que
de
rgir
une
province.
Rien du ser-
vice
public
nesefit
par
sesaffranchisou
par
sesesclaves
ni affection
particulire,
ni
recommandation,
ni
prires
des centurions n'levrent le
soldat
mais
pour
lui le
meilleur
citoyen
tait le
plus digne
desa confiance.Il
voulut tout
savoir,
nontout excuter aux fautes
lgres
rserver le
pardon,
aux
grandes
la
svrit;
ne
pasexiger
toujours
le
chtiment,
mais
plus
souvent secontenter du
repentir; prposer
aux
places
et auxadministrations ceux
qui
ne
prvariqueraient pas, pour
n'avoir
pas

punir
lorsqu'on
aurait
prvar'qu;
adoucir
l'augmentation
des
impts
enblou autres
par l'galit
des
rpartitions,
en
retranchant cesinventionsdu
fisc,
plus
intolrables
que
les tributs mmes. En effeton
forait
les
Bretons,
par
raillerie
d'attendre
auprs
de leurs
greniers
ferms,
d'acheter leurs
propres bls, puis
delesrevendre
prix
J ULII AGRICOLE VtTA. 210
menta,
acvendere
pretiocogebantur
devortiaitinerum
et
longinquitas regionum indicebatur,
ut civitates a
proximis
hibernis in remota et avia
referrent, donec,
quod
omnibusin
promptu erat, paucis
lucrosumfieret.
XX. Haec
primo
statim anno
comprimendo, egre-
giam
famam
paci
circumdedit;
quae
vel
incuria,
vel
tolerantia
priorum,
haud minus
quam
bellumtimeba-
tur.
Sed,
ubi aestas
advenit,
contracto
exercitu,
militum
in
agmine
laudare
modestiam, disjectos
coercere;
loca
castris
ipsecapere;
aestuariaac silvas
ipsepraetentare;
et
nihil interim
apud
hostes
quietumpati, quo
minussubi-
tis excursibus
popularetur atque,
ubi satis
terruerat,
parcendo
rursus irritamenta
pacis
ostentare.
Quibus
re-
bus multae
civitates, quse
in illumdiemex
sequoege-
rant,
datis
obsidibus,
iram
posuere,
et
prsidiis
castel-
lisque
circumdatae,
tanta ratione
curaque,
ut nullaante
Britannisenova
pars
illacessitatransierit.
XXI.
Sequens
hiemssaluberrimis consitiis
absumpta
namque,
ut homines
dispersi
ac
rudes,
eoque
in
bello
faciles, quieti
et otio
per voluptates
adsuescerent,
hor-
tari
privatim, adjuvare pubtice,
ut
templa, fora,
do-
mus
exstruerent,
laudando
promptos,
et
castigandoseg-
nes itahonoris aemulatio
pro
necessitateerat. J amvero
principum
filiosliberalibus artibus
erudire,
et
ingnia
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. -m
i4~E
fix. Des chemins dtourns et des
rgions
lointaines
taient
indiqus
aux cits
pour qu'elles
fissent leurs
transports,
non
pas
aux
quartiers
les
plus
voisins,
mais
en des
paysloigns
et
presque
inabordables, jusqu'
ce
qu'ainsi,
ce
qui
et tconvenable
pour tous,
ft devenu
lucratif
pour quelques-uns.
XX. En
rprimant
aussitt cesabus ds la
premire
anne,
il fit estimer et honorer la
paix, qui,
soit
par
l'incurie,
soit
par
la mollessedeses
prdcesseurs,
n'-
tait
pas
moinsredoute
que
la
guerre. Mais,
ds
que
l't
fut
arriv,
il rassemble
l'arme, loue,
dans les
marches,
lasubordination des
soldats,
contient ceux
qui
s'cartent,
prend
lui-mmedes
positions pour
ses
campemens,
re-
connat lui-mme les marais et les
bois,
ne souffrece-
pendant
nul
repos
chez les
ennemis, qu'il
dsole
par
des
incursions
subites; et,
quand
il aassez
effray,
dslors
il les
mnage,
et exciteeneux touslesdsirsdela
paix.
Par ces
moyens, beaucoup
de
cits,
qui jusqu'
ce
jour
avaient trait en
gales,
donnrent des
tages, dpo-
srent tout
ressentiment,
et furent cernes
par
desforts
et des
garnisons
avec tant
d'intelligence
et de
soins, que
jamaisauparavant
aucune
partie
nouvellement
conquise
de la
Bretagne
n'avait tsi
peu inquite.
XXI. L'hiver suivant fut
employ
en
dispositions
des
plus
salutaires. Et en
effet,
pour que
ceshommes
pars
et
grossiers,
et
par
lmme
toujours prts
la
guerre,
s'accoutumassent
la
tranquillit
et au
repos par
les
plaisirs,
il lesexhortait
particulirement,
les aidait des
deniers
publics
construire des
temples,
des
forums,
des
maisons,
louant les
actifs,
excitant les indolens.
Ainsi une mulation honorable tint lieu de contrainte.
Dj
il faisait instruire les filsdes
principaux
Bretons
J ULII AGRICOLE VITA. an
Britannorum studiis Gallorum
anteferre, ut, qui
modo
linguam
romanam
abnuebant,
eloquentiam
concupis-
cerent inde etiam habitus nostri
honor,
et
frequens
toga paullatimque
discessumad delinimenta
vitiorum,
porticus,
et
balnea,
et conviviorum
elegantiam idque
apud imperitos
AMM<!M~a'~
vocabatur, quumpars
servi-
tutis csset.
XXII. Tertius
expeditionum
annus novas
gentes ape-
ruit,
vastatts
usque
ad Taum
(sestuario
nomen
est)
na-
tionibus
qua
formidineterriti
hostes,
quamquam
con-
flictatumssevis
tempestatibus,
exercitum lacesserenon
ausi; ponendisqueinsuper
castellis
spatium
fuit. Adno-
tabant
periti,
non aliumducem
opportunitates
locorum
sapientius legisse
nullumab
Agricola positum
castel-
lum,
aut
vi hostiumexpugnatum,aut pactione, aut fuga
desertum. Crebrae
eruptiones
namadversusmoras ob-
sidionis annuis
copiis
firmabantur ita
intrepida
ibi
hiems,
et sibi
quisque praesidio,
irritis
hostibus, eoque
desperantibus, quia
soliti
plerumque
damna aestatishi-
bernis eventibus
pensare,
tumstate
atquehiemejuxta
pellebantur.
Nec
Agricolaunquamper
alios
gesta
avi-
dus
intercepit
seu
centurio,
seu
praefectus, incorrup-
tumfacti testemhabebat.
Apud quosdam
acerbior in
conviciis
narrabatur,
ut bonis
comis,
ita adversusma-
los
injucundus
ceterum ex iracundia nihil
supererat
VIE DE J ULIUS AGRICOLE. 2i3
dans lesarts
libraux,
et disait
prfrer
le
gnie
natu-
rel desBretons
l'esprit
cultivdesGaulois. Ainsi ceux
qui auparavant ddaignaient
la
langue
latine,
ambition-
nrent dela
parler
avec
loquence
del aussi fut mis
enhonneur notre
habillement,
et la
toge
devinten
usage.
Peu
peu
survinrent les recherches de nos
vices,
les
portiques
et les
bains,
et
l'lgance
des festins ce
que
dans leur
imprvoyance
ils
appelaient
civilisation,
c'tait
une
partie
deleur servitude.
XXII. La troisime anne de
l'expdition
dcouvrit
des
peuples
nouveaux toutescesnationsfurent
ravages
jusqu'
l'embouchure du Tas. Les ennemis en furent
frapps
d'une telle
terreur,
qu'ils
n osrent
pas
harceler
notre
arme
quoiqu'elle
ft harasse
par
des
temps
affreux;
et l'on eut mmele loisir d'tablir des forts.
Les habiles
remarquaient que
nul autre
gnral
n'avait
choisi
plus
savamment les
avantages
des
positions;
qu'aucun posteplac par Agricola
n'avait tenlevde
force
par
les
ennemis,
ou abandonn
par capitulation
ou
par
dsertion. Lessortiestaient
frquentes;
car des
ap-
provisionnemenspour
l'annesoutenaient contreleslon-
gueurs
des
siges.
Ainsi l'hiver
s'y passait
avec
scurit,
et
chaquegarnison s'y
suffisait
elle-mme.Lesennemis
attaquaient vainement,
et se
dsespraient, parce que,
accoutums le
plus
souvent
compenser
les
pertes
de
l't
par
lessuccsde
l'hiver,
alorsilstaient
galement
repousss
et l'hiver et l't. Et
jamais Agricola
nes'at-
tribu,ait, par ambition,
les
exploits
d'autrui.
Centurion,
prfet,
avaient en lui le tmoin le
plus
sincre de ses
actions.
Quelques-uns
le disaient
trop
acerbedans ses
reproches
affableaux
bons,
il tait svre
pour
lesm-
chans
d'ailleurs,
rien ne restait de sa colre vous
J ULII AGRICOLE VITA. 214
secretumet silentium
ejus
non timeres honestius
pu-
tabat
offendere,
quam
odisse.
XXIII.
Quarta
aestas
obtinendis,
quaepercurrerat,
insumpta
ac,
si virtus exercituumet romani nominis
gloriapateretur,
inventus in
ipsa
Britannia terminus.
Nam Clota et
Bodotria,
diversi maris aestibus
per
im-
mensum
revectae, angusto
terrarum
spatio
dirimuntur:
quod
tum
prsidiis
Srmabatur
atque
omnis
propior
sinus
tenebatur,
summotis velut in aliaminsulamhos-
tibus.
XXIV.
Quinto expeditionum
anno,
nave
prima
trans-
gressus, ignotas
ad id
tempus gentes
crebris simul ac
prosperis prceUis
domuit
eamque partemBritanniae,
quae
Hiberniam
adspicit, copiis
instruxit,
in
spem
ma-
gis, quam
ob formidinem
siquidem Hibernia,
medio
inter Britanniam
atque Hispaniam
sita,
et Gallico
quo-
que
mari
opportuna,
valentissimam
imperii partem
magis
invicemusibus miscuerit.
Spatiumejus,
si Bri-
tannise
comparetur, angustius,
nostri maris insulas su-
perat.
Solum
ctumque,
et
ingenia cultusquc
homi-
num haud multum a Britannia differunt. Meliusadi-
tus
portusque per
commercia et
negotiatores cogniti.
Agricota expulsum
seditionedomesticaunumex
regulis
gentisexceperat,
ac
specie
amicitiaein occasiouemreti-
nebat.
Saepe
ex eo
audivi, legione
una et modicisuuxi-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. ti5
n'eussiez craint ni sarserve ni son
silence;
il
croyait
plus
honorablede
choquer que
dehar.
XXIII. Le
quatrime
t fut
employ
s'assurer des
pays qu'on
avait
parcourus; et,
si la valeur de nos
armes et la
gloire
du nomromain devaient rencon-
trer des
limites,
elles les trouvrent dans la
Bretagne
mme car les rivires deGlota et de
Bodotria, que
refoulent une immensehauteur les flux de deux mers
opposes,
nesont
spares
l'une del'autre
que par
une
langue
troite de
terre,
alors fortifie de
citadelles;
nous tenionstout le
pays
denotre
ct,
et lesennemis
taient au
del,
comme
rejets
dansune autrele.
XXIV. La
cinquime
annede
l'expdition, Agricola
passa
en
Caldonie,
sur le
premier
de nosvaisseaux
qui
vt ces
bords; et, par
des combats aussi heureux
que
multiplis,
il
dompta
des
peuplades
inconnues
jusqu'
ce
temps,
et
garnit
de
troupes
la
partie
dela
Bretagnequi
regarde l'Hibernie, plutt
dans un
espoir
de
conqute
que par
crainte. En effet
l'Hibernie,
situe entre la
Bretagne
et
l'Espagne,
et
porte
aussi de la mer des
Gaules,
pouvait
un
jour runir, par
de
grands rapports,
cette
portion trs-puissante
de
l'empire.
L'Hibernie,
plus petite que
la
Bretagne, surpasse
en tenduetoutes
leslesdenotre mer. Le sol et le
climat,
le caractreet
les
usages
des
habitans,
diffrent
peu
deceuxdelaBre-
tagne.
Le commerce et les marchands nous ont fait
mieux connatre ses ctes et ses
ports. Agricola
avait
accueilli un des
petits
rois de cette
nation,
chass
par
une sdition
domestique,
et,
sous
apparence
d'ami-
ti,
il leretenait
pour
l'occasion. Souvent
je
lui ai en-
tendu dire
qu'avec
uneseule
lgion
et
quelques
auxi-
J ULII AGRICOLE VITA. ti6
lus debellari
obtinerique
Hiberniam
posse; idque
etiam
adversus Britanniam
profuturum
si romana
ubique
arma,
et velut e
conspectu
libertas tolleretur.
XXV. Ceterum
a*state, qua
sextumocnannumin-
choabat,
amplexus
civitates trans Bodotriamsitas,
quia
motus universarum ultra
gentium,
et infesta hostili
exercitu
itinera, timebantur, portus
classe
exploravit
quas, abAgricolaprimum assumpta
in
partem
viriurn
sequebatur egregia specie, quum
simul
terra,
simul
mari bellum
impelleretur,
ac
saepe
iisdemcastris
pedes,
equesque,
et liauticus
miles,
mixti
copiis
et
laetitia,
sua
quisque
facta,
suescasusadtoUerent ac modosilvarum
et montium
profunda,
modo
tempestatum
ac fluctuum
adversa,
hinc terra et
hostis,
hinc auctus Oceanusmi-
litari
jactantia compararentur.
Britannos
quoque,
ut ex
captivis audiebatur,
visa classis
obstupefaciebat,
tam-
quam, aperto
maris sui
secreto,
ultimum victis
perfu-
gium
clauderetur. Ad manus et arma conversi Caledo-
niamincolentes
populi, paratu magno, majore
fama,
uti mos est
de
ignotis, oppugnasse
ultro,
castellaad-
orti, metum,
ut
provocantes,
addiderant
regredien-.
dumque
citra
Bodotriam,
et excedendum
potius, quam
pellerentur, specie prudentium ignavi admonebant;
quum
interim
cognoscit,
hostes
pluribus agminibus
ir-
rupturos. Ac,
ne
superante
numero et
peritia
locorum
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
-H7
liaires on
pouvait subjuguer
et
occuper l'Hibernie
que
ceserait mmetrs-utile contrela
Bretagne,
si elle
ne
voyait
detoutes
parts que
les armes
romaines,
et si
lalibert tait commeravie ses
regards.
XXV. L't
suivant, qui commenaitla
siximeanne
deson
gouvernement,
il fit cerner les cits
places
de
l'autre ct dela
Bodotria effray
du soulvement de
toutes les
peuplades
ultrieures,
et devoir les chemins
infests
par
l'arme ennemie,
il fit
explorer
les
portspar
saflotte.
Employe pour
la
premire
fois
par Agricola,
comme
partie
deses
forces,
ellesuivait
l'arme,
et for-
mait un admirable
spectacle.
Alors la
guerre
se
pous-
sait la fois et sur terre et sur
mer
et
souvent
dans le mme
camp,
fantassin, cavalier, marin,
con-
fondant et leurs
rangs
et leur
joie,
exaltaient chacun
ses
exploits
ses aventures. Tantt c'tait les
profon-
deurs des forts et des
valles
tantt les furies des
flots et des
temptes
ici leur victoire sur
terre
l
leur
conqute
sur l'Ocan
qu'ilsdpeignaient
avectoutela
jactance
militaire. La vuede la
flotte,
ainsi
qu'on l'ap-
prenait
des
prisonniers,
consternait les
Bretons,
comme
si,
lesecretde leur mer tant
dcouvert,
le dernier re-
fuge
et tfermaux vaincus. Ne
comptant
donc
plus
que
sur leur valeur et leurs
armes,
tous les
peuples
dela Caldonie
vinrent,
avecun
grand appareil que
la
renomme,
selon
qu'il
arrive dansleschoses
inconnues,
agrandissait encore attaquer
les
premiers
nos forte-
resses, et,
comme
agresseurs, rpandirent l'effroi;
dj
les
plus pusillanimes,
sous le voile de la
prudence
conseillaientderetourner en
de
dela
Bodotria,
et de
se retirer
plutt que
d'tre
repousss, lorsque Agri-
cola
s'aperoit que
les ennemis se
prparent
fondre
J ULII AGRICOLE VITA.
2t8
circumiretur,
diviso et
ipse
in tres
partes
exercitn in-
cessit.
XXVI.
Quod
ubi
cognitum
hosti,
mutato
repente
consilio,
universi nonam
legionem,
ut maximeinvali-
dam,
nocte
aggressi,
inter somnumac
trepidationem
caesis
vigilibus, irrupere. J amque
in
ipsis
castris
pugna-
bant,
quum Agricola,
iter hostium ab
exploratoribus
edoctus,
et
vestigiis
insecutus,
velocissimos
equitumpe-
ditumque
adsultare
tergis pugnantium jubet,
mox ab
universis
adjici
clamorem et
propinqua
luce fulsere
signa
ita
ancipiti
malo territi
Britanni;
et Romanis
redit
animus, ac,
securi de
salute,
pro gloria
certa-
bant ultro
quin
etiam
erupere;
et fuit atrox in
ipsis
portarum angustiis prlium,
donec
pulsi hostes;
utro-
que
exercitu
certante, his,
ut tulisse
opem, illis,
ne
eguisse
auxilio viderentur
quod
nisi
paludes
et silvae
fugientestexissent,
debellatumillavictoriaforet.
XXVII.
Cujus
constantia ac fama ferox
exercitus,
nihil virtuti suse
invium
penetrandam
Caledoniam,
inveniendumque
tandemBritanniaeterminum continuo
prliorum
eursu,
fremebant
atque
illi modo cauti ac
sapientes, prompti post
eventumac
magniloqui
erant
iniquissima
haecbellorumconditio
est,
prospera
onmes
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
xi9
en
plusieurs troupes. Craignant que, par
la
supriorit
du nombre et laconnaissancedes
lieux,
ils ne
parvien-
nent
l'entourer,
il diviseson arme en trois
parties,
et lui-mmemarcheen avant.
XXVI. Ds
que
celafut connudes
ennemis, changeant
aussitt de
projet,
ils vinrent tous la fois
attaquer
de
nuit la neuvime
lgion, qu'ils
savaient la
plus
faible,
et, ayant
au milieu du sommeil et de la consterna-
tion
gorg
les
sentinelles
ils
pntrrent. Dj
ils
combattaient dans le
camp
mme,
lorsque Agricola,
instruit
par
ses claireurs de la marche de
l'ennemi,
s'attache leurs
traces,
ordonneaux
plus
alertes deses
cavalierset desesfantassinsdese
prcipiter
sur sesder-
rires,
puis
de
pousser
un
grand
cri tous ensemble.Aux
premires
lueurs du
jour
brillent nos tendards les
Bretons sont
effrays
decedouble
danger.
Le
courage
revint aux
Romains, et,
assurs de leur
salut,
ils
combattirent
pour
la
gloire;
bien
plus,
ils devinrent
agresseurs
et se
prcipitrent.
Lecombat fut terribleau
passage
mme des
portes, jusqu'
ce
que
les ennemis
fussententirement
repoussspar
nos deux
troupes, qui
voulaient, l'une,
paratre
avoir fourni un secours n-
cessaire, l'autre,
n'avoir
pas
eu besoin de renfort. Si
les marais et les bois n'eussent couvert les
fuyards,
la
guerre
tait termine
par
cettevictoire.
XXVII. Fire de son
intrpidit
et de sa
gloire,
l'arme
criait,
en
frmissant, qu'il n'y
avait rien d'inac-
cessible sa
valeur; qu'il
fallait
pntrer
dans la Cal-
donie,
et trouver enfin l'extrmit de la
Bretagne par
unesuite
rapide
de combats et ces
hommes,
tout--
l'heure rservset
prudens,
se montraient hardis
aprs
1 vnement,
et en
parlaient
avec
jactance.
Tel
est,
dans
J ULII AGRICOLE VITA. 220
sibi
vindicant,
adversauni
imputantur.
At Britanni non
virtute,
sed occasioneet arte usos
rati,
nihil ex arro-
gantia
remittere,
quo
minus
juventutem armarent,
con-
juges
ac liberos in loca tuta
transferrent,
ctibus ac
sacriSciis
conspirationem
civitatumsancirent
atque
ita
irritatis
utrimque
animisdiscessum.
XXVIII. Eademsestatecohors
Usipiorum, per
Ger-
manias
conscripta,
in Britanniam
transmissa,
magnum
ac memorabilefacinus ausa est. Occiso centurione ac
militibus, qui,
ad tradendam
disciplinam
immixti ma-
nipulis, exemp!uin
et rectores
habebantur,
tres liburni-
cas,
adactis
per
vim
guberjjatoribus,
ascendere et uno
remigrante, suspectisduobus, eoqueinterfectis,
nondum
vulgato
rumore,
ut miraculum
prvehebantur
mox
hac
atque
illa
rapti,
et cum
plerisque Britannorum,
sua
defensantium,
proeiiocongressi,
ac
saepe
victores,
aliquando pulsi,
eoad extremum
inopiae
venere,
ut in-
firmissimos
suorum,
mox sorte
ductos,
vescerentur at-
que
ita circumvecti
Britanniam,
amissis
per
inscitiam
regendi navibus,
pro proedonibushabiti, primum
aSue-
vis,
mox a Frisiis
intercepti
sunt ac
fuere,
quos per
commercia
venumdatos,
et innostram
usqueripam
mu-
tatione ementium
adductos,
indicium tanti casus illu-
stravit. Initio aestatis
Agricola,
domesticovulnere
ictus,
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. 221
les
guerres,
le
trop injuste jugement
tous
pour
eux
rclament les
succs,
un seul sont
imputs
les revers.
Cependant
les
Bretons,
attribuant leur dfaitenon
pas

notre
valeur,
mais l'occasion et l'adresse de notre
gnral,
nerabattent rien deleur
arrogance;
ilsarment
leur
jeunesse, transportent
en lieux srs leurs femmes
et leurs
enfans,
et
par
des assembles et dessacrifices
sanctionnent la
ligue
de toutes leurs cits ainsi l'on se
spara,
les
esprits
anims des deux
parts.
XXVIII. Cemme
t,
unecohorte
d'Usipiens,
leve
en Germanie et
transporte
en
Bretagne,
osauneaction
extraordinaireet mmorable.
Ayant gorg
lecenturion
et les soldats romains mls leur bataillon
pour
leur
apprendre
la
discipline
et leur servir
d'exemple
et de
chefs,
ilsmontrent sur trois
galres,
en
y
retenant de
forcenos
pilotes.
L'un d'eux s'tant
chapp,
les deux
autres,
devenus
suspects,
furent
massacrs;
et lebruit
n'en tait
pas
encore
parvenu, qu'ilsvoguaient
en
pleine
mer comme miraculeusement.
Puis,
emports
et
l,
ayant
combattre les Bretons
qui
dfendaient leurs
proprits,
souvent
vainqueurs, quelquefoisvaincus,
ils
furent rduits unedtressesi
affreuse, qu'ils
se nour-
rirent des
plus
faiblesdes
leurs,
et bientt deceux
que
le sort
dsignait.
Ils errrent ainsi autour de la Bre-
tagne, perdirent
leurs
vaisseaux,
faute de savoir les
gouverner, et, pris pour
des
pirates,
furent saisisd'a-
bord
par
les
Suves,
ensuite
par
les
Frisons;
il s'en
trouva mme
qui,
vendus comme esclaves et amens
jusque
sur notre frontire
par
lasuccessiondes
achats,
y acquirent
laclbritdue desi
grands
vnemens.
Au commencement de
l't, Agricola, frapp
dans sa
propre
famille,
perdit
son
fils, g
d'un
an;
et cemal-
J ULII AGRICOLE VITA. K99
anno ante natum filiumamisit.
Quem
casum
neque,
ut
plerique
fortium
virorum, ambitiose,
neque per
la-
mentarursus ac mceroremmuliebriter tulit et in luctu
belluminter remdia erat.
XXIX.
Igitur prmissa classe, quae, pluribus
locis
praedata, magnum
et incertumterrorem
faceret,
expe-
dito
exercitu,
cui ex Britannis fortissimoset
longapace
exploratos addiderat,
ad montem
Grampiumpervenit,
quemjam
hostesinsederant. Nam
Britanni,
nihil fracti
pugnaeprioris
eventu,
et ultionemaut servitium
exspec-
tantes,
tandemque
docti,
commune
periculum
concordia
propulsandum, legationibus
et foederibusomniumcivi-
tatum vires exciverant.
J amque super triginta
millia
armatorum
adspiciebantur,
et adhuc adfluebat omnis
juventus, et quibus
cruda acviridis
senectus,
clari
bello,
ac sua
quisque
decora
gestantes; quum
inter
plures
duces virtute et
genere praestans,
nomine
Galgacus,
apud
contractam
multitudinem, prliumposcentem,
in
hunemodumlocutus fertur
XXX.

Quotiens
causas belli et necessitatem nos-
tram
intueor, magnus
mihi animus
est,
hodiernum
diem, consensumque
vestrum,
initiumlibertatis totius
Britamiifore. Nam et universi servitutis
expertes,
et
nuUseultra
terre,
ac nemare
quidem
securum,
immi-
nente nobis classeromana ita
proeliumatque arma,
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. z23
heur.
il nele
supporta
ni avec ce
courage orgueilleux
affich
par quelques
mes
tories,
ni avec cette fai-
blessefminine
qui
s'abandonne aux
pleurs
et aux la-
mentations. La
guerre
tait une des distractions de ses
douleurs.
XXIX. La flottetant donc
partie
en avant
pour
r-
pandre
le
ravage
en
plusieurs
lieux,
et semer ainsi une
grande
et
vague
terreur,
Agricola,
avec sonarmesans
bagages,

laquelle
il avait
joint
les
plus
vaillans
des
Bretons
prouvs par
une
longuepaix, parvint
au mont
Grampius, que dj
couvraient les ennemis:

car les
Bretons,
nullement abattus
par
l'vnement du
dernier
combat,
n'attendant
plus que
la
vengeance
ou
l'esclavage,
et sachant enfin
que
l'accord seul re-
pousse
le
pril
commun, avaient, par
des ambassades
et des
confdrations,
rassembl les forces de toutes
leurs cits.
Dj
l'on
voyait
runis
plus
de trente
mille
combattans;
toutela
jeunesse
accourait
encore,
et,
de
plus,
les
guerriers
d'unevieillesseforte et
vigoureuse,
qui
s'taient illustrsla
guerre,
et chacun
portant
sesin-
signes.
Cefut alors
qu'un
deleurs
chefs,
le
plusdistingu
par
sa valeur et
par
sa
naissance,
nomm
Galgacus,
parla,
dit-on,
en ces termes au milieudela multitude
assemble, qui
demandait lecombat
XXX. Touteslesfois
queje
considrelescausesde
la guerre
et l'extrmit
laquelle
nous sommes
rduits,
un
grand espoir m'anime; oui,
ce
jour
mme et votre
accord fonderont
l'poque
dela libertdetoute laBre-
tagne.
Et en
effet,
tous nous fmes
exempts
dela ser-
vitude
au del
plus
de
terres;
la mer mmene serait
pas
un asile la flotteromaine nous
y
menace. Ainsi
le combat et les
armes,
seul
parti
honorable
pour
les
J ULII AGRICOLE VITA. a a4
quae
fbrtibus
honesta,
eademetiam
ignavis
tutissima
sunt. Priores
pugnae, quibus
adversus Romanos varia
fortuna certatum
est, spem
ac subsidiuminnostrisma-
nibushabebant
quia
nobilissimi totius
Britanniae,
eo-
que
in
ipsis penetralibus siti,
nec servientium littora
adspiclentes,
oculos
quoque
a contactu dominationis
inviolatos habebamus.
Nos,
terrarum ac libertatis ex-
trems,
recessus
ipse
ac sinus farnsBin hune diemde-
fendit nunc terminus Britanniae
patet atque
omne
ignotumpro magnifico
est. Sed nulla
jam
ultra
gens,
nihil nisi
fluctus,
et
saxa;
et infestiores
Romani;
quorum
superbiam
frustra
per obsequium
et modestiam
effuge-
ris
raptores
orbis,
postquam
cuncta vastantibus de-
fuere
terrae,
et mare scrutantur si
locuples
hostis
est,
avari;
si
pauper,
ambitiosi
quos
non
Oriens,
non Oc-
cidens
satiaverit
soli omnium
opesatqueinopiampari
affectu
concupiscunt. Auferre, trucidare,
rapere,
falsis
nominibus
imperium; atque,
ubi sontudinem
faciunt,
pacemappellant.
XXXI. Liberos
cuique
ac
propinquos
suos natura
carissimosessevoluit hi
per delectus,
alibi
servituri,
auferuntur
conjuges sororesque,
etsi hostilemlibidi-
nem
effugiant,
nomine amicorum
atque hospitumpol-
luuntur. Bona
fortunasque
in tributum
egerunt;
in an-
nonamfrumentum
corpora ipsa
ac
manus,
silvis ac
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. a5
vr. r55
braves,
sont ici mmele
plus
sr
pour
les lches. Les
guerres prcdentes,
o l'on combattit contre les Ro-
mainsavecunefortune
diverse,
avaientleur
espoiret
leur
ressource en
nous,
nous les fils les
plus
noblesde la
Bretagne,
et
qui, placs
aufondmmedeson
sanctuaire,
et ne
voyant pas
les
rivages
dela
servitude,
avonseunos
yeux
mme
prservs
du contact dela
tyrannie.
Placs
l'extrmit du
monde,
derniers restes de sa
libert,
cette
retraite,
qui
nous cachela
renomme,
nousavait
jusqu'ici protgs
maintenant les dernires limites
dela
Bretagne
sont
dcouvert;
ce
qu'on ignore
est ce
qui
en
impose.
Maisderrire nous
plus
de
nation, rien,
que
des flots et des
rochers
et l'intrieur sont les
Romains,

l'orgueil desquels
vainement vous
penseriez
chapper par
l'obissance et
par
la soumission enva-
hisseurs de
l'univers, quand
les terres
manquent

leurs
dvastations,
ilsfouillent mmeles
mers; avares,
si l'ennemi est
riche; ambitieux,
s'il est
pauvre.
Ni
l'Orient ni l'Occident neles ont
rassasis; seuls,
detous
les
mortels,
ils
poursuivent
d'une
gale
ardeur et les
richesses et la misre:
enlever, gorger, piller, c'est,
dansleur faux
langage, gouverner; et,
oils ont faitun
dsert,
ilsdisent
qu'ils
ont donnla
paix.
XXXI.

La nature a voulu
que
les enfans et les
parens
fussent chacun ce
qu'il
et de
plus
cher ils
noussont enlevs
par
des
enrlemens pour
aller obir
en d'autres climats. Si nos
pouses
et nos surs
chap-
pent
la brutalit
ennemie,
les Romainsles dshono-
rent sous le nom d'htes et d'amis. Nos
biens,
nos
fortunes,
sont absorbs
par
les
tributs;
nos
bls, par
les
rquisitions
nos
corps
mmes et nos bras
s'usent,
J ULII AGRICOLE V1TA. 926
paludibus
emuniendis,
verbera inter ac
contumelias,
conterunt. Nata
servituti mancipia
semel
veneunt,
atque
ultro a dominis
aluntur;
Britannia servitutem suam
quotidie
emit,
quotidie pascit ac,
sicut in familia re-
centissimus
quisque
servorumet consrvisludibrio
est;
sic,
in hoc orbis terrarum vetere
famulatu,
novi noset
viles in excidium
petimur. Neque
enimarva
nobis,
aut
metalla,
aut
portus
sunt,
quibus
exercendisreservemur.
Virtus
porro
acferocia
subjectorum ingrata imperanti-
bus
et
longinquitas
ac secretum
ipsumquo tutius,
eo
suspectius.
Ita,
sublata
spe veniae,
tandemsumite ani-
mum,
tam
quibus
salus,
quamquibus gloria,
carissima
est.
Trinobantes,
femina
duce,
exurere
coloniam,
ex-
pugnare
castra, ac,
nisi felicitasin socordiam
vertisset,
exuere
jugumpotuere;
nos
integri
et
indomiti,
et liber-
tatem non in
praesentia
laturi,
primo
statim
congressu
nonne
ostendemus,
quos
sibi Caledonia viros
sepo-
suerit?a
XXXII.
An eamdemRomanis in bello
virtutem,
quam
in
pace lasciviam,
adesse creditis? Nostris illi
dissensionibusac discordiis
clari,
vitiahostiumin
glo-
riamexercitus sui
vertunt; quem
contractum ex diver-
sissimis
gentibus,
ut secundaeres
tenent,
ita adversae
dissolvent;
nisi si
Gallos,
et
Germanos,
et
(pudet dictu)
Britannorum
plerosque,
licet dominationi alienaesan-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
~27
~L_"n ~1-
10.
.sousles
coups
et les
opprobres,
des travaux au mi-
lieu des bois et des marais. Les malheureux ns dans
l'esclavage,
uneseulefois
vendus,
sont nourris
par leurs
matres la
Bretagne
achte
chaque jour
sa
propre
ser-
vitude, chaquejour
elle l'entretient.
Et,
comme dans
unemaisonle
plus
nouveaudesesclavesestle
jouet
mme
de ses
camarades, ainsi,
dans cet
antique servage
du
monde,
nouveaux et
mprises,
nous sommes destins
tre victimes. Nous n'avons
point,
en
effet
des
champs,
des
mines,
ou des
ports
aux travaux
desquels
on
puisse
nous
rserver
nous n'avons
que
du
courage
et de la
fiert,
vertus
insupportables
des domina-
teurs
et
plus
notre
loignement
et le
mystre
de nos
retraites nous
protgent, plus
nous sommes
suspects.
Ainsi, perdant
tout
espoir
de
pardon
enfin
prenez
courage,
et vous
qui
la
vie,
et vous
qui
la
gloire
est la
plus
chre. Les
Trinobantes,
conduits
par
une
femme,
ont
pu
incendier la colonie des
Romains,
d-
vaster leur
camp;
et,
si leur
prosprit
ne leset en-
dormis,
ils eussent secou
jamais
le
joug. Nous,
intacts et
indompts
nous
qui
n'avons
point
con-
qurir
une
libert,
dsle
premier
choc nemontrerons-
nous
pas quels
hommeslaCaldonies'tait rservs?a
XXXII.
Croyez-vous
aux Romains autant decou-
rage
dans la
guerre que
d'insolence dans la
paix?
Ces
hommes,
qu'ont
illustrsnosdissensionset nos
discordes,
tournent la
gloire
de leur arme les fautes deleurs
ennemis;
cet
assemblage
des nations les
plus diverses,
lesuccsle
maintient,
un revers ledissoudra. A moins
que
vous ne
pensiez que
ces
Gaulois,
ces
Germains,
et, j'ai
honte de le
dire,
ces Bretons
qui prtent
leur
sang
une
tyrannie trangre,
toutefois
plus long-
J ULII AGRICOLE VITA. 2X8
guinem
commodent,
diutius tamenhostes
quam
servos,
fide et affectu teneri
putatis
metus et terrer
est,
in-
firma vincula
caritatis;
quae
ubi
removeris,
qui
timere
desierint,
odisse
incipient.
Omniavictoriaeincitamenta
pro
nobis sunt nultaeRomanos
conjuges
accendunt;
nulli
parentes fugamexprobraturi
sunt
aut nulla
ple-
risque patria,
aut aha est
paucos numero, trepidos
ignorantia,
coelum
ipsum,
ac
mare,
et
silvas, ignota
omnia
circumspectantes,
clausos
quodam
modo ac vin-
ctos dii nobis tradiderunt. Ne terreat vanus
adspectus,
et auri
fulgor atque argenti, quod neque tegit, neque
vulnerat. In
ipsa
hostiumacieinveniemus nostras ma-
nus
agnoscent
Britanni suam
causam
recordabuntur
Galli
priorem
libertatem
deserent illoseeteri
Germani,
tamquamnuper Usipii reliquerunt
nec
quidquam
ultra
formidinis
vacua
castella,
senum
colonise,
inter male
parentes
et
injuste imperantes, segramunicipia
et dis-
cordantia hic
dux,
hic
exercitus;
ibi
tributa,
et me-
talla,
et ceteraeservientium
pnse; quas
in seternum
proferre,
aut statim
ulcisci,
inhoc
campo
est.
Proinde,
ituri in
aciem,
et
majores
vestros,
et
posteros cogi-
tate.
XXXIII.
Excepere
orationem
alacres
et barbari mo-
ris
cantu,
et
fremitu, clamoribusque
dissonis.
J amque
agmina,
et armorum
fulgores,
audentissimi
cujusque
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
229
temps
ennemis
qu'esclaves,
soient retenus
par
fidlit
et
par attachement;
c'est
par
la crainte et la
terreur,
faiblesliens
d'affection;
brisez-les cessantde
craindre,
ils commenceront har. Tout ce
qui peut
exciter la
victoire est
pour nous
nulle
pouse
n'enflamme le
courage
des
Romains,
nul
pre
ne va leur
reprocher
leur fuite. Pour la
plupart, point
de
patrie,
ou ilsser-
vent une
patrie qui
n'est
point
laleur. Peu
nombreux,
tremblans, incertains,
ne
voyant
autour d'eux
qu'un
ciel,
une
mer,
des forts
inconnues,
enfermset commeen-
chanes,
ils nous sont livrs
par
les dieux.
Qu'un
vain
appareil
nevous
pouvante,
ni cet clat d'or et
d'argent
qui
ne blesse ni ne dfend. Dans les
rangs
mmes de
l'ennemi nousretrouverons les bras de nos
frres;
les
Bretons reconnatront leur
cause;
les Gaulois se
rap-
pelleront
leur ancienne libert ce
qui
leur reste de
Germains les
abandonnera,
ainsi
que nagure
les Usi-
piens
les ont
dlaisss,
et ds lors
plus
de crainte.
Des forts
vacus,
des coloniesde
vieillards,
desmu-
nicipes
affaiblis et en
proie
aux discordes entre des
matres
injustes
et des
sujets prts
la rvolte. Ici est
votre
chef,
ici est votre
arme; l,
des
tributs,
lestra-
vauxdesmineset touslesautres chtimensdesesclaves
lesrendre
ternels,
ou s'en
venger aussitt,
vasedcider
sur ce
champ
mme.
Ainsi,
en marchant au
combat,
pensez
et vosanctres et vosdescendans.

XXXIII. Ils
reurent
cette
harangue
avec
transport,
et,
selonlacoutumedes
barbares,
avec des
chants,
des
frmissemenset desclameurs discordantes.
Dj s'agi-
taient les bataillons et brillaient les armes des
plus
J ULII AGRICOLE VITA. ~3o
procursu
simul instruebatur
acies;
quum Agricola,
quamquam!setun),
et vix munimentis
coercitum,
mili-
tem
adhortatus,
ita disseruit Octavus annus
est,
commilitones,
ex
quo
virtute et
auspiciis imperii
ro-
mani,
fide
atque opera
vestra
Britanniamvicistis tot
expeditionibus,
tt
prtiis,
sen fortitudine adversus
hostes,
seu
patientia
ac
labore, paene
adversus
ipsam
rerum naturam
opus
fuit
neque
me
militum, neque
vosducis
pnituit. Ergo egressi, ego
veterum
legato-
rum,
vos
priorum
exercituum
terminos,
finemBritan-
niae,
non
fama,
nec
rumore,
sedcastris et
armis,
tene-
mus. Inventa
Britannia,
et subacta.
Equidemsaepe
in
agmine, quum
vos
paludes
montesve,
et flumina
fatiga-
rent,
fortissimi
cujusque
vocesaudiebam
Quando
da-
biturhostis,
quando
acies?
Veniunt,
e latebris suisex-
trusi et vota
virtusque
in
aperto, omniaque prona
victoribus,
atque
eademvictis adversa.
Nam,
ut
supe-
rassetantum
itineris,
silvas
evasisse,
transisse
aestuaria,
pulchrum
ac decorumin
frontem;
ita
fugientibus peri-
culosissima, quae
hodie
prosperrima
sunt
neque
enim.
nobis aut locorumeadem
notitia,
aut commeatuumea-
dem
abundantia;
sed manus et
arma;
et in hisomnia.
Quod
ad me
adtinet, jam pridem
mihi decretum
est,
nequeexercitus, neque
ducis
terga
tuta esse. Proindeet
honestamors
turpi
vita
potior;
et incolumitasac decus
VIE DE J LLIUS AGRICOLA. 9.3f
audacieux,
qui
se
prcipitaient
en avant. En mme
temps
leur arme se
rangeait
en bataille. Alors
Agri-
cola,
quoiqu'il
vt le soldat anim et
peine
contenu
par
les
retranchemens,
parla
ainsi :. Voicilahuitime
anne,
compagnons
d'armes,
que,
sous le
gnie
et les
auspices
de
l'empireromain, par
votreconstanceet vos
exploits,
vous
triomphez
de la
Bretagne.
En tant d'ex-
pditions,
de
combats,
soit
qu'il
ft besoin de valeur
contre les
ennemis,
soit de
patience
et d'effortscontre
lanature
mme,
nous n'avons eu nous
plaindre,
ni
moi demes
soldats,
ni vousdevotre
gnral. Aprs
avoir
t
plus
loin,
moi
que
les anciens
lieutenans
vous
que
les
prcdentes armes,
nous
occupons
l'extrmit
de la
Bretagne
non
par
la renomme ni
par
un
vain
bruit,
mais
par
nos
camps
et nos armes. La Bre-
tagne
est dcouverte et soumise.
Souvent,
dans les
marches, lorsque
les
marais,
les
montagnes,
les
fleuves,
vous donnaient tant de
fatigues j'entendais
ces cris
des
plus
braves
Quand
se
prsentera
l'ennemi?
quand
lecombat?
Ils
viennent,
arrachs de leurs
repaires
vos vux sont
accomplis,
votre valeur
peut
se mon-
trer
tout sera favorable au
vainqueur; tout,
fatal
au vaincu. En
effet,
s'il est beau et
glorieux d'avoir,
en marchant
l'ennemi
franchi tant de
contres
travers tant de
forets, pass
tant de bras de
mer
ces
avantages,
si heureux
aujourd'hui,
se
changeront
en
prils
si nous
fuyons.
Nous n'avons
pour
nous ni
la mme connaissance des
lieux,
ni la mme abon-
dance de
vivres,
mais nos bras et nos
armes,
et
tout est l.
Quant

moi je
tiens
pour
maxime
qu'il
n'y a,
dans la
fuite,
de salut ni
pour
l'arme ni
pour
le
gnral.
Une mort honorable est donc
prfrable

J ULII AGRICOLE VITA. 23~


eodemlocosita sunt nec
inglorium
fuerit,
in
ipsoter-
rarumac natursefinececidisse.
XXXIV. Si novae
genles atqueignota
acies consti-
tisset,
aliorumexercituum
exemplis
voshortarer nunc
vestra decora
recensete,
vestros oculos
interrogate.
Ii
sunt, quos proximo anno
unam
legionem
furto noctis
aggressos,
clamore
debellastis;
u ceterorum Britanno-
rumfugacissimi, ideoque
tamdiu
superstites. Quomodo,
silvas
saltusquepenetrantibus,
fortissimum
quodque
ani-
mal
robore
pavida
et inertia
ipso agminis
sono
pelluntur;
sicacerrimi Britaunorujh
jampridem
cecide-
ruut
reliquus
est numerus
ignavorum
et metuentium
quos, quod
tandem
invenistis,
non
restiterunt,
sedde-
prehensi
sunt
novissimi
ideo extremo metu
corpora
defixerein his
vestigiis,
in
quibus pulchram
et
specta-
bilemvictoriam ederetis.
Transigite
cum
expeditioni-
bus
imponite quinquaginta
annis
magnumdiem; ap-
probate reipublicaenunquam
exercitui
imputari potuisse,
aut moras
belli,
aut causasrebellandi.

XXXV. Et
adloquente
adhuc
Agricola
militumardor
eminebat,
et finemorationis
ingens
alacritas consecuta
est, statimqu
ad armadiscursum. Instinctos
ruentesque
ita
disposuit,
ut
peditumauxilia,
quae
octomillia
erant,
mediamaciem
nrmarent
equitum
tria millia cornibus
adi~nderentur
legionespro
vallo
stetere,
ingens
victo-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. z33
une vie honteuse. Au mmelieu rsident
pour
nous
honneur et
sret; et, d'ailleurs,
il ne serait
pas
sans
gloire
desuccomber lofinissentlemondeetlanature.
XXXIV. Si denouvelles
nations,
desbataillons in-
connus,
taient devant
vous,
je
vousexhorterais
par
les
exemples
d'autres armes. Maintenant
comptez
vos
triomphes, interrogez
vos
yeux.
Cesbarbares sont ceux
qui,
l'anne
dernire, ayant,
la faveur de la
nuit,
attaqu
une
lgion,
furent dfaits
par
un seul de vos
cris;
ces
barbares,
detous les
Bretons,
sont les
plus
habiles
fuir,
et voil
pourquoi
ilsont si
long-temps
survcu. Ainsi
qu'au
fonddesfortslesanimaux les
plus
courageux
necdent
qu'
la
force,
lesanimaux craintifs
et
faibles,
au seul bruit dela
chasse;
demmeles
plus
intrpides
desBretonsont
depuislong-temps
succomb
ce
qui
resten'est
plus qu'une
foule de lches et de ti-
mides. Si enfin vous les avez
dcouverts,
cen'est
pas
qu'ils
vousaient
attendus
maisils viennent d'tre sur-
pris
les
derniers; et, immobiles
de
terreur,ils
restentfixs
enceslieux mmeso vousallez
remporter
unebelleet
mmorablevictoire.Mettezuntermetant
d'expditions;
couronnez
cinquante
annes
par
un
grandjour; prouvez
la
rpubliquequejamais
on nedut
imputer
l'arme
ni les lenteurs dela
guerre,
ni lescausesdesrvoltes.
XXXV.
Agricolaparlait
encore,
l'ardeur des soldats
ne se contenait
plus.
De
grands transports
clatrent
la finde son
discours,
et aussitt oncourut aux armes.
Pleins
d'imptuosit,
ils se
prcipitent
leurs
rangs.
Agricola
les
disposa
dela manire suivante. Les auxi-
liaires
pied,
au nombredehuit
mille,
formrent le
centre de
bataille;
trois mille cavaliersse
rpandirent
auxdeux
ailes;
les
lgions
setinrent devant lesretran-
J ULII AGRICOLE VITA.
~4
risedecuscitra romanum
sanguinem
bellanti,
et auxi-
lium,
si
pellerentur.
Britannorum
acies,
in
speciem
si-
mul ac
terrorem,
editioribus locis
constiterat,
ita ut
primumagmenaequo,
ceteri
per
acclive
jugum
connexi
velut
insurgerent;
media
campi
covinariuset
eques
stre-
pitu
ac discursu
complebat.
Tum
Agricola, superante
hostium
multitudine
veritus ne simul in
frontem,
si-
mul et tatera suorum
pugnaretur,
diductis
ordinibus,
quamquamporrectior
acies futura
erat,
et arcessendas
plerique legiones
admonebant,
promptior
in
spem,
et
firmus
adversis,
dimisso
equo, pedes
ante vexillacon-
stitit.
XXXVI. Ac
primo congressu
eminus certabatur
simul
constantia,
simul arte
Britanni, ingentibus gla-
diis,
et brevibus
cetris,
missilianostrorum
vitare,
vel
excutere, atqueipsi magnam
vimtelorum
superfundere;
donec
Agricola
tres Batavorumcohortesac
Tungrorum
duas
cohortatus est,
ut remad mucrones ac manus ad-
ducerent
quod
et
ipsis,
vetustate
mititise, exercitatum,
et hostibus
inhabile,
parva
scutaet enormes
gladiosge-
rentibus namBritannorum
gladii
sine mucronecom-
plexum
armorum,
et in
aperto pugnam
non tolerabant.
Igitur,
ut Batavi miscere
ictus,
ferire
umbonibus,
ora
fdare, et,
strtis
qui
in
aequoobstiterant,
erigere
in
collesaciem
cpere,
ceterae
cohortes,
aemulationeet im-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. ~35
chemeus.C'et tun
grand
clat
pour
sa
victoire,
dela
remporter
sansverser de
sang
romain,
une
ressource,
si
l'ontait
repouss.
L'arme des
Bretons, pour
sedve-
lopper
et lafois
pouvanter,
s'tait
poste
endeslieux
levs;
desorte
que
leur
premireligne
tait sur unter-
rain
uni;
les
autres, par
chelonssur la
pente
des col-
lines,
s'levaientcommeen
amphithtre.
Lescavalierset
les
chars,
courant

et
l remplissaient
deleur fracas
le milieu dela
plaine. Agricola,
la vue de ce
grand
nombre
d'ennemis,
craignant
d'tre lafois
attaqu
de
front et de
ct,
ddoublases
lignes, quoique
ainsi l'ar-
me
part tropdploye,
et
que
la
plupart
conseillassent
d'y
runir les
lgions.
Plus
prompt

esprer
et necdant
point
aux
obstacles, Agricola
renvoie son
cheval, et,

pied,
se
place
audevant des
enseignes.
XXXVI. D'abord on ne combattit
que
de loin. Par
leur fermetet la fois
par
leur
adresse,
les
Bretons,
arms de
petits
boucliers et de
longuespes,
vitaient
ou dtournaient les
javelots
des
ntres,
et firent
pleu-
voir sur nous une
grande quantit
de
traits, jusqu'
ce
qu'Agricola
exhorta trois cohortes de Bataves et deux
de
Tongres

engager
la mle la
pointe
de
l'pe;
genre d'attaque depuis long-temps
familier
pour
eux,
et
dsavantageux
desennemis arms de
petits
bou-
cliers et de
glaives
normes car ces
glaives,
sans
pointes,
ne leur
permettaient pas
decroiser lesarmes
et de combattre mls.
Aussi,
ds
que
les
Bataves
en venant aux
mains,
heurtant l'ennemi deleurs
larges
boucliers,
lui en meurtrissant
le
visage,
eurent
rompu
tout ce
qui
les arrtait dans la
plaine,
et commenc
de monter en bataille sur les
coltines,
les autres co-
J ULII AGRICOLE VITA. 236
petu commist, proximos quosque
cdere ac
plerique
semineces,
aut
integri,
festinatione
victoriae relinque-
bantur. Interim
equitum
turmae
fugere,
covinarii
pedi-
tumse
proelio
miscuere
et,
quamquam
recentemter-
rorem
intulerant,
densis tamen hostium
agminibus
et
insequalibus
locis
haerebant;
minimeque equestris
ea
pugaae
facies
erat, quum,
in
gradu
stantes,
simul
equo-
rum
corporibus impeUerentur;
ac
spevagi
currus,
ex-
territi sinerectoribus
equi,
ut
quemque
formido tule-
rat, transversos,
aut obvios incursabant.
XXXVII. Et
Britanni, qui
adhuc
pugna* expertes
summa collium
insederant,
et
paucitatem
nostrorum
vacuispernebant, degredi paullatim,
et
circumireterga
vincentium
coeperant
ni id
ipsum
veritus
Agricola
quatuor equitum
alas,
ad subitabelli
retentas,
venienti-
bus
opposuisset, quantoque
ferocius
accurrerant,
tanto
acrius
pulsos
in
fugamdisjecisset.
Ita consitiumBritan-
norumin
ipsosversum transvectaequepreecepto
ducisa
fronte
pugnantium
alae,
aversamhostium aciem inva-
sere. Tumvero
patentibus
locis
grande
et atrox
specta-
culum sequi, vulnerare, capere, atqueeosdem,
oblatis
aliis,
trucidare. J am
hostium, prout cuique ingenium
erat,
catervaearmatorum
paucioribus terga prstare,
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
~37
lnortesrivalisent de zle et
d'imptuosit,
massacrent
tous lesennemis
qu'elles approchent, et,
dans la
pr-
cipitation
de la
victoire,
en laissent
beaucoup
demi-
morts ou sans blessures. Pendant
que
la cavalerie des
Bretons
fuyait,
leurs chars vinrent semler aux fan-
tassins
qui combattaient; et,
quoique
d'abord ils
y
eussent
jet quelque pouvante
ils furent toutefois
arrts
par
les bataillons serrs des Romains et
par
l'Ingalit
du terrain aussi ce combat n'offrit-il
point
du tout
l'aspect
d'une
attaque
de cavalerie. D'un
cot,
des
soldats, placs
sur la
pepte
de la
montagne,
taient
poussspar
lechocdeleur
propre cavalerie;
d'un
autre,
descharserrant
l'aventure,
deschevaux
pouvants
et
sans
guide,
se
prcipitaient,
dans toutes les
directions,
sur tousceux
que
la
frayeur
leur
prsentait.
XXXVII. Alors ceux des Bretons
qui,
sans avoir
encore
prispart
au
combat,
couvraient lessommetsdes
collines, et,
tranquilles, mprisaient
le
petit
nombredes
ntres,
commencrent descendre
peu

peu;
et ils
allaient
envelopper
les derrires des
vainqueurs, si,
craignant
cela
mme,
Agricola
n'et
oppos
leur ren-
contre
quatre
ailesde
cavalerie,
rserves
pour
lesbe-
soinssubits du combat. Les ennemis furent culbuts et
mis en droute avec d'autant
plus
de
vigueur, qu'ils
taient accourus de leur ctavec
plus d'orgueil
et de
confiance. Ainsi le dessein des Bretons tourna contre
eux-mmes
et notre
cavalerie, quittant, par
ordre du'
gnral,
lefront de
bataille,
fonditsur lesderriresdes
lignes
ennemies. Mais
alors,
dansunevaste
tendue,
ce
fut un
grand
et horrible
spectacle
devoir lesRomains
poursuivre,
blesser,
saisir des
Bretons,
puis
les
gorger
sitt
que
d'autres se
prsentaient
et
parmi
nos enne-
J ULII AGRICOLE VITA. a38
quidam
inermes ultro
ruere,
acsemorti offerre. Passun
arma,
et
corpora,
et laceri
artus,
et cruenta
humus;
et
aliquando
etiamvictisira
virtusque postquam
silvisad-
propinquarunt,
collecti
primos sequentium,
incautos
et locorum
ignaros,
circumveniebant.
Quod
ni
frequens
ubiqueAgricola
validas et
expeditas
cohortes,
indaginis
modo,
etsicubi arctiora
erant,
partemequitum,
dimissis
equis,
simul rariores silvas
equitempersultarejussisset,
acceptumaliquod
vultius
per
nimiamfiduciamforet. Ce-
terum,
ubi
compositos
firmis ordinibus
sequi
rursus
videre,
in
fugam
versi,
non
agminibus,
ut
prius,
nec
alius alium
respectantes,
rari et vitabundi
invicem,
longinquaatque
avia
petiere
finis
sequendi
nox et sa-
tietas fuit. Caesahostium ad decem
millia;
nostrorum
trecenti sexaginta
cecidere;
in
quis AulusAtticus,
prae-
fectus
cohortis,
juvenili
ardore et ferocia
equi
hostibus
iutatus.
XXXVIII. Et nox
quidemgaudioprdaque
taetavic-
toribus
Britanni
;palantes, mixtoque
virorum mulie-
rumque ploratu,
trahere
vulneratos;
vocare
integros;
desereredomosac
per
i)'amultro
incendere; ehgerela-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
~3g
mis,
selon les diverses
impulsions,
des soldats arms
fuir
par troupes
devant
quelquepeu
de
Romains;
d'au-
tres, isols,
sans
armes,
se
prcipiter
d'eux-mmes,
et s'offrir lamort
c
et l des
armes,
des
cadavres,
des membres
mutils
la terre
ensanglante.
Et
quel-
quefois
aussi renaissaient chez les vaincus la fureur
et le
courage.
Ds
qu'ils
furent
prs
des
forts,
ils se
rallirent:et entourrent ceux desntres
qui
les
poursui-
vaient de
plus prs,
sans
prcaution
et sans connais-
sancedes lieux et
si, prsent partout, Agricola
n'et
donn des cohortes fraches et
lgres
l'ordre d'en-
tourer ces
forts,
comme dans un
rseau;
une
por-
tion de ses cavaliers mis
pied,
de
pntrer
dans le
plus pais
de ces
bois,
et en mme
temps
aux autres
de battre cheval tous les endroits les
plus clairs
nous eussions reu
quelque
chec
par
cet excs de
confiance.
Mais,
ds
que
les Bretons virent les Ro-
mains les
poursuivre
de nouveau les
rangs serrs,
ils
reprirent
la
fuite
non
par troupes
comme
aupara-
vant,
ni s'attendant les uns les autres
mais, pars
et s'vitant
rciproquement,
ils
gagnrent
des sentiers
lointains et dtourns lanuit et lasatit mirent fin
la
poursuite.
Il fut massacr
prs
dedixmille enne-
mis troiscent
quarante
desntres
succombrent;
parmi
eux Aulus
Atticus, prfet
de
cohorte,
que
sa
jeune
ar-
deur et la
fougue
de son cheval avaient
emport
au
milieu des ennemis.
XXXVIII. La nuit ne fut
que joie pour
les vain-
queurs
entours de butin. Les
Bretons,
hommes et
femmes,
errant

et
l,
et confondant leurs
lamentations,
la
passrent
traner leurs
blesss,

rappeler
ceux
qui
nel'taient
pas,
dserter leurs
maisons, puis,
de
rage,
J ULII AGRICOLE VTA.
2/(0
tebras et statim
relinquere;
miscere invicemconsilia
aliqua,
dein
separare aliquando frangi adspectupigno-
rum
suorum, saeplus
concitari
satisqueconstabat,
sae-
visse
quosdamin conjuges
ac
liberos, tamquam
misere-
rentur. Proximus dies faciemvictoriaelatius
aperuit
vastum
ubique
silentium,
secreti
colles,
fumantia
pro-
cul
tecta,
nemo
exploratoribus
obvius
quibus
in om.
nem
partem dimissis,
ubi incerta
fugaevestigia, neque
usquam conglobari
hostes
compertum,
et exacta
jam
sestate
spargi
beltum
nequibat;
in fines Horestorum
exercitumdeducit. Ibi
acceptis
obsidibus,
prsefecto
clas-
siscircumvehi Britanniam
prascepit
datsead id
vires,
et
praecesserat
terror
ipsepeditematque equites
lento
itinere,
quo
novarum
gentium
animi
ipsa
transitus mora
terrerentur,
inhibernis locavit. Et simul classissecunda
tempestate
ac fama Trutulensem
portum tenuit,
unde
proximo
latereBritanmselecto omni redierat.
XXXIX. Hunererum
cursum
quamquam
nullaver-
borum
jactantia epistolis Agricolaeauctum,
ut Domi-
tiano moris
erat,
fronte
laetus,
pectore
anxius,
excepit.
Inerat
conscientia,
derisui fuisse
nuper
falsumeGerma-
nia
triumphum, emptisper
commercia, quorum
habitus
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
241
vj. '6
les
incendier;
choisir des
retraites,
et aussitt les
abandonner;

changer quelquesavis,
puis
se
sparer:
quelquefois
ils sont briss de
douleur, plus souvent,
transports
de fureur lavuedes
gages
de leur ten-
dresse
et l'on assure mme
que quetques-uns,
comme
par
un sentiment de
piti,
gorgrent
leurs femmeset
leurs enfans. Les
premires
lueurs du
jour
dcouvrirent
plus largement
tout le
spectacle
de lavictoire
partout
un vaste
silence,
des collines
dsertes,
des toitsfumant
au
loin,
pas
un Breton rencontr
par
nos
claireurs,
qui
furent
envoys
de tous cts. Ds
qu'il
ne resta
plus
detraces certainesdelafuitedes
ennemis,
et
qu'on
fut assur
qu'ils
neserunissaient enaucun
lieu,
comme
i't tait
dj pass, Agricola,
ne voulant
pas
diviser
ses
troupes,
conduisit son armedans le
pays
desHo-
restes.
L,
ayant reu
des
tages,
il ordonna au com-
mandant delaflottedese
porter
autour dela
Bretagne.
Les forcesncessaireslui furent
donnes,
et laterreur
les
prcdait. Agricola,
afin
d'pouvanter
les
esprits
de
ces nouvelles nations
par
la lenteur mme de sa
marche, alla,

petites journes, placer
son infanterie
et sacavaleriedans leurs
quartiers
d'hiver. En mme
temps
la
flotte,
seconde
par
lesventset
par
larenom-
me,
atteignait dj
le
port
de
Trutute,
d'o elletait
revenue, aprs
avoir
long
toute la cte voisinede la
Bretagne.
XXXIX. Le rcit de ces
vnemens, quoique Agri-
coladans ses lettres
n'yjoignt
aucune
expression
or-
gueilleuse,
fut
reu par
Domitien,
selon sa
coutume,
la
joie
au
front,
le tourment au cur. Il lui restait le
ressentimentdesdrisions
qui
avaient accueilli
nagure
sonfaux
triomphe
dela
Germanie, triomphe
o deses-
J ULII AGRICOLE VITA.
2/)2
et crines in
captivorum speciem
formarentur at nunc
veram
magnamque
victoriam, tot mulibus hostiumcse-
sis,
ingenti
fama celebrari. Id sibi maximeformidolo-
sum, privati
hominis nomen
supra principis
adtolli
frustra studia
fori,
et civiliumartiumdecusin silentium
acta,
si militarem
gloriam
alius
occuparet
et cetera
utcunque facilius~dissimulan,
ducisboni
imperatoriam
virtutem esse. Talibus curis
exercitus,
quodque
ssevse
cogitationis
indicium
erat,
secreto suo
satiatus, opti-
mumin
prsentia
statuit
reponre
odium,
donec im-
petus
fama' et favor exercitus
languesceret
nametiam
tum
Agricola
Britanniamobtinebat.
XL.
Igitur triumphalia
ornamenta,
et illustris sta-
tu
honorem,
et
quidquid pro triumpho datur,
multo
verborum honore
cumulata,
decerni in senatu
jubet
additque insuper opinionem, Syriamprovinciam Agri-
colae
destinari,
vacuamtummorte Atilii Rufi consu-
laris,
et
majoribus
reservatam. Credidere
plerique,
libertum ex secretioribus ministeriis missumad
Agri-
colam, codicillos, quibus
ei
Syriadabatur, tulisse,
cum
praecepto, ut,
si in Britannia
foret, traderentur;
eum-
que
libertumin
ipso
freto Oceani obvium
Agricolae,
ne
appellato quidem eo,
ad Domitianum
remeasse;
sive
verum
istud,
siveex
ingenioprincipis
fictumac
compo-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
a/,3
i6.
ciaves,
achets
exprs, figuraient
des
captifs germains
par
la forme de leurs habillemens et de leurs coif-
fures
et maintenant une victoire relle et
clatante,
o tant de milliers d'ennemis'avaient.
pri,
tait cl-
bre avec une
grande
renomme. Ce
qu'il
redoutait le
plus vivement,
c'tait
qu'un
nom
priv
ft lev au
dessus decelui du
princ.
Vainement avait-il rduit au
silenceles talens du forumet lesarts de la
paix,
si un
autre
s'emparait
de la
gloire
militaire. Peut-tre et-il
pardonn plus
facilementd'autres
succs;
mais
laqualit
de
grand gnral
tait exclusivement une vertu
imp-
riale.
Agitpar
detels
soucis, et,
ce
qui
tait l'indicede
pensers
cruels,
rassasi de
solitude,
il
jugea
toutefois
prfrable, pour
le
moment, d'ajourner
sa
haine,
jusqu'
ce
que
les
premiers transports
de larenomme
et la faveur de l'arme
commenassent

languir;
car
alorsencore
Agricola
commandaiten
Bretagne.
XL. Il ordonna donc au snat de lui dcerner les
ornemens
triomphaux,
l'honneur de la
statue,
et tout
ce
qui
est offert au lieu du
triomphe; joignant
tout
cela une
profusion
de
complimens,
et donnant de
plus

penser qu'il
lui destinait le
gouvernement
de la
Syrie,
vacant alors
par
la mort du consulaire
Atilius
Rufus,
et rserv aux
personnages
les
plus
distingus.
On a cru mme
gnralement qu'un
af-
franchi,
de ses
plus
intimes
confidens,
fut
dpch
vers
Agricola,
avec les titres de
gouverneur
de
Syrie,
qu'il
tait
charg
de lui remettre s'il tait encore en
Bretagne;
et
que
cet
affranchi, l'ayant
rencontr dans
le dtroit de
l'Ocan,
et ne
l'ayant pas
seulement
averti,
retourna subitement versDomitien. Ce fait est
peut-trevrai; peut-tre
aussi fut-il
imagin
et
compos
J ULII AGRICOLE VITA. 244~r
situmest. Tradiderat interim
Agricola
successori suo
proviuciam quietamtutamque.
Ac,
nenotabiliscelebri-
tate et
frequentia
occurrentium introitus
esset,
vitato
amicorumofficio, noctu in
urbem,
noctu in
palatium,
ita ut
praeceptum
erat, venit;
exceptusque
brevi
osculo,
et nullo
sermone,
turbseservientiumimmixtusest. Ce-
terum,
ut militare
nomen,
grave
inter
otiosos,
aliis
virtutibus
temperaret, tranquillitatem atque
otium
pe-
nitus
auxit,
cultu
modicus,
sermone
facilis,
uno aut
altero amicorum
comitatus;
adeo ut
plerique, quibus
magnos
viros
per
ambitionemaestimart; mos
est,
viso
adspectoqueAgricola quaererent
famam
pauci
inter-
pretarentur.
XLI. Crebro
per
eos dies
apud
Domitianum absens
accusatus,
absens absolutus est causa
periculi
non
crimen
ullum,
aut
querela
iaesi
cujusquam,
sed infen-
sus
virtutibus
princeps,
et
gloria
viri ac,
pessimum
inimicorum
genus,
laudantes. Et ea insecuta sunt rei-
publicaetempora, quae
siteri
Agricolam
non sinerent
tot exercitus in Msia
Daciaque,
et
Grermania
Panno-
niaque,
temeritate aut
per ignaviam
ducumamissi tot
militaresviri cumtot cohortibus
expugnati
et
capti
nec
jam
delimite
imperii
et
ripa, sedde
hibernis
legionum
et
possessione
dubitatum.
Ita, quum
damna damnis
continuarentur, atque
omnis annus funeribus et cladi-
j
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. 5
d'aprs
lecaractredu
prince. Cependant Agricola
avait
livr son successeur la
Bretagne tranquille
et assu-
re
et,
dans la crainte
que
sa clbrit et l'affluence
de ses amis ne rendissent son entre
trop
remar-
quable, pour
sesoustraire leur
empressement,
il se
rendit denuit dans
Rome,
denuit dansle
palais
deDo-
mitien,
ainsi
qu'il
lui avait t
prescrit reu
avec un
lger
baiser et sans une
parole,
on le laissaconfondu
au milieu delafoule descourtisans.
Depuis, Agricola,
voulant
temprer par
d'autres vertus l'clat d'un nom
militaire
qui pse
au milieu des
oisifs,
se concentra
entirement dans la retraite et le
repos
modeste en
sa
tenue,
simple
dans ses
discours,
il n'tait accom-
pagnque
d'un ou dedeux
amis;
et le
vu'gaire,
dont la
coutume est
d'apprcier
les
grands
hommes leur en-
tourage,
en
voyant
et en considrant
Agricola,
cher-
chait enlui sarenomme
peu
de
gens
se
l'expliquaient.
XLI.
Frquemment
durant ces
jours,
accus,
en son
absence,
auprs
de
Domitien,
en sonabsence il fut ab-
sous.
L'origine
de ces
prils
nefut ni unedlation ni
le ressentiment d'aucune
personne
offense,
mais un
prince
ennemi de toutes les
vertus,
sa
gloire
de
grand
homme,
et
l'espce d'ennemis
la
plus
funeste,
ceux
qui
le
louaient bientt il survint dans la
rpublique
des cir-
constances
qui
ne
permirent.plus
detaire lenom
d'Agri-
cola. Tant d'armesenMsieet en
Dacie,
enGermanie
et en
Pannonie,
avaient t
perdues par
latmritou
la lchet de nos
gnraux;
tant de braves
militaires,
avec tant de
cohortes,
avaient t assailliset faits
pri-
sonniers, que dj
ce.n'taient
plu's
leslimitesde l'em-
pire,
et la rive d'un
fleuve,
mais les
quartiers
de nos
lgions
et notre
propre
territoire
qui
taient en
question.
J ULII AGRICOLE VITA.
a~6
bus
insigniretur, poscebatur
ore
vulgi
dux
Agricola;
comparantibus
cunctis
vigorem,
constantiamet
exper-
tumbellis
animum
cuminertiaetformidineceterorum.
Quibus
sermonibussatisconstat Domitiani
quoque
au-
res
verberatas,
dum
optimusquisque
libertorumamore
et
fide, pessimi malignitate
et
livore, pronum
deterio-
ribus
principem
exstimulabant. Sic
Agricola
simul suis
virtutibus,
simul vitiis
aliorum,
in
ipsarngloriamprse-
cepsagebatur.
XLII. Aderat
jamannus, quo proconsulatum
Asiae
et Airic
sortiretur,
et occisoCivica
nuper,
ne
Agri-
co!aeconsitium
deerat,
nec
Domitl~no
exemplum.
Ac-
cessere
quidamcogitationum prindtpisperlti, qui,
itu-
rusne esset in
provinciam,
ultro
Agricolaminterroga-
rent ac
primo
oceultius
quietem
etotium
laudare,
mox
operam
suamin
approbanda
excusatione
offerre;
pos-
tremo non
jam obscuri,
suadentes simul
terrentesque,
pertraxere
ad Domitianum
qui paratus
simulationi,
in
aprogantiamcompositus,
et audiit
preces excusantis,
et, quumadnuisset,
agi
sibi
gratiaspassus est;
neceru-
buit beneficii invidia salarium
tamen,
proconsulari
solitum
offerri,
et
quibusdam
a
seipso
concessum,
Agri-
cotsenon
dedit;
siveoffensusnon
petitum,
siveex con-
scientia, ne, qud vetuerat,
videretur emisse.
Proprium
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
a47
Ainsi,
commelesdsastressuccdaientaux
dsastres,
et
comme
chaque
annetait
marquepar
desdeuilset des
dfaites,
la voixdu
peuple
romaindemandait
pour
chef
Agricola;
tous
comparant
son
nergie,
safermetet son
courageprouv
au milieudes
combats,
avecl'inertieet
la
pusillanimit
desautres
gnraux.
Ces
discours,
il est
assez
certain, frapprent
aussi les oreillesdeDomitien.
Les
plus
estimables deses
affranchis, par
attachement
et
par fidlit,
les
plus perfides, par malignit
et
par
envie,
exaspraient, par
leurs
rapports,
un
prince
dis-
pos
n'couter
que
les
plus pervers.
Ainsi
Agricola
et
par
ses
propres
vertus et
par
lamchancet
d'autrui,
tait
prcipit
au milieudesa
gloire
mme.
XLII.
Dj
tait venue l'anne o le
proconsulat
d'Asieet
d'Afrique
devait tre tir au
sort; et,
Civica
avant
trcemment
gorg,
il ne
manquait
ni d'aver-
tissement
pour Agricola,
ni
d'exemplepour
Domitien.
Agricola
futcirconvenu
par quelquespersonnes
instruites
dela
pense
du
prince, qui
lui
demandrent,
comme
d'elles-mmes,
s'il
accepterait
cecommandement: et d'a-
bord,
plus
dissimules,
elleslui firent
l'loge
delatran-
quillit
et dela
retraite; ensuite,
elleslui offrirentleurs
services
pour
faire
agrer
son
excuse; enfin,
nese ca-
chant
plus, persuadant
et
menaant
la
fois,
ellesl'en-
tranrent vers
Domitien, qui,
exerc
feinte
coutaavec un
orgueil
tudisa
prire
et son
excuse,
et, lorsqu'il
leseut
accueillies,
souffrit
qu'il
lui en rendt
grces,
et ne
rougit pas
d'avoir
envison
propre
bienfait.
Toutefoisil nelui donna
point
les indemnits
qu'il
est
d'usage
d'offrir aux
proconsuls,
et
que
lui-mmeavait
accordes
quelques-uns,
soit
qu'il
ftblessdece
qu'il
neleslui et
pas
demandes,
soit
par
la craintede
pa-
J ULII AGRICOLE VITA.
x/jS
fi
humain
ingenii
est
odisse, quem
laeseris;
Domitiani
vero
naturapraeeeps
in
iram, et, quo
obscurior,
eo ir-
revocabilior,
moderationetamen
prudentiaqueAgricotBe
leniebatur;
quia
non
contumacia,
neque
inani
jacta-
tione
libertatis,
famam
fatumque provocabat.
Sciant,
quibus
moris est illicita
mirari,
posse
etiamsub malis
principibus magnos
viros
esse; obsequiumque
ac mo-
destiam,
si industria ac
vigor adsint,
eo laudis exce-
dere, quo plerique per abrupta
sed in nullum
reipu-
bticte
usum
ambitiosamorte inclaruerunt.
XLIII. Finis vitse
ejus
nobis
luctuosus,
amicis tris-
tis,
extraneisetiam
ignotisque
non sinecura fuit. Vul-
gusquoque,
et hic aliud
agens populus,
et ventitavere
ad
domum,
et
per
fora et circulos locuti
sunt;
nec
quisquam,
audita morte
Agricolae,
aut taetatus
est,
aut
statim oblitus.
Augebat
miserationem constans
rumor,
veneno
interceptum.
Nobisnihil
comperti
affirmareau-
sim
ceterum
per
omnemvaletudinem
ejus,
crebrius
quam
ex more
principatus, per
nuntios
visentis,
et u-
bertorum
primi,
et medicorumintimi
venere;
sivecura
illud,
sive
inquisitio
erat.
Supremo quidemdie,
mo-
mentadeficientis
per dispositos
cursoresnuntiata con-
stabat,
nullo
credente, sic accelerari
quae
tristis audi-
ret.
Speciem
tamendolorisanimo
vuttuquepraesetulit,
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
''49
t'atre avoir achetce
qu'il
avait refus. Le
propre
de
l'esprit
humain est dehar
qui
l'onaoffens mais le
caractre de
Domitien,
quoiqueprompt
la
haine,
et
d'autant
plus implacablequ'il
tait
plus
dissimul,
tait
adouci
par
lamodration et
par
la
prudenced'Agricola,
qui
sanslarsistanceni l'ostentation d'unevaine
libert,
n'e
provoquajamais
ni larenomme ni le
trpas.
Qu'ils
sachent,
ceux dont
l'usage
est d'admirer tout ce
qui
frondele
pouvoir, que,
mmesouslesmauvais
princes,
il
peut y
avoir des
grands
hommes,
et
que
ladfrence
et la
modration,
unies l'habiletet au vrai
courage,
sont aussi
dignes
de
louangesque
latmrit
qui,
sans
nul
avantage pour
la chose
publique
se
prcipite

travers les
cueils,
et
y
chercheunemort ambitieuse.
XLIII. Sa
mort, dplorablepour nous, affligeantepour
ses
amis,
ne fut
pas
sans
deuil,
mme
pour
destran-
gers
et des inconnus. La multitude
aussi,
et ce
peuple
qu'agitent
d'autres
soucis,
vinrent maintes foissade-
meure ons'entretint delui et danslescercleset dansles
placespubliques; personne,
en
apprenant
lamort
d'Agri-
cola,
ou ne s'en
rjouit
ou ne l'oublia aussitt. La
commisration
s'augmentait
du bruit accrdit
qu'il p-
rissait
par lepoison: pour moi, je
n'oseraisrienaffirmer
decertain. Au
reste,
pendant
toute sa
maladie,
Domi-
tien,
plus frquemment qu'il
n'est de coutume un
prince qui s'enquiert par
des
envoys,
lefit visiter
par
les
premiers
desesaffranchiset les
plus
intimes de ses
mdecins fut-ce intrt? fut-ce
inquisition?
Au dernier
jour
mme,
il est certain
qu'on
lui
annona
les
progrs
de
l'agonie par
des courriers
dispossexprs
et
per-
sonnene
put
croire
qu'il
et ainsi hte de savoir ce
qu'il
devait
apprendre
avecaffliction. Il
prsenta
toute-
J ULII AGRICOLE VITA.
~5o
securus
jam
odii,
et
qui
faciliusdissimularet
gaudium
quam
metum. Satis
constabat,
lecto testamento
Agri-
colae,
quo
coheredem
optimae
uxori et
piissimas
nlise
Domitianum
scripsit,
taetatum
eum,
velut honore
judi-
cioque
tamcsecaet
corrupta
mensassiduisadulationi-
bus
erat,
ut
nesciret,
abono
patre
nonscribi
heredem,
nisi malum
principem.
XLIV. Natus erat
Agricola,
Caio Csare tertium
consule,
idib.
juniis;
excessit sexto et
quinquagesimo
anno,
decimo ka!.
septemb..Collega Priscoque
coss.
Quod
si habitum
quoque ejus posteri
noscere
velint,
decentior
quam
sublimior fuit nihil metus in
vultu
gratia
oris
supererat
bonum virum facile
crederes,
magnum
libenter. Et
ipsequidem, quamquam
medioin
spatio integr<B
aetatis
ereptus, quantum
ad
gloriam,
longissimum
aevum
peregit. Quippe
et vera
bona,
quae
in virtutibus sita
sunt,
impleverat;
et consularibus ac
triumphalibus
ornamentis
praedito, quid
aliudadstruere
~brtunapoterat? Opibus nimtisnongaudebat; speciosse
contigerant
filia
atque
uxore
superstitibus, potest
vi-
deri etiam
beatus,
incolumi
dignitate,
norente
fama
salvisadfinitatibus et
amicitiis,
futura
effugisse.
Nam,
sicuti durare in hac beatissimi ssecuti
luce,
ac
princi-
pemTrajanum videre, quodamaugurio votisque apud
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. ':5[1
fois,
sur son
visage
et
dat)~<t'expression
de ses senti-
mens,
l'apparence
de la
douleur; djtranquille
sur sa
haine,
et sachant
plus
facilementdissimuler la
joieque
la crainte. Il est assez certain
qu'
lalecturedu testa-
ment
d'Agricola, qui
lenommacohritier avec la
plus
digne
des
pouses
et la
plus pieuse
des
filles,
il s'en
rjouit
commed'un honneur et d'une
marque
d'estime.
Sonmetait si
aveugle
et si
corrompuepar
lesadula-
tions
assidues, qu'il
nesavait mme
pas qu'un
bon
pre
n'inscrit
pour
hritier
qu'un
mchant
prince.
XLIV.
Agricola
tait nsousletroisimeconsulatde
Caligula,
aux ides de
juin.
Il succomba dans sa. cin-
quante-sixime
anne,
ledix descalendesde
septembre,
sousleconsulat de
Collega
et dePriscus. Si la
postrit
veut aussi connatre son
extrieur,
il tait d'une taille
plutt
bien
proportionne qu'leve
rien de dur dans
sa
physionomie,
la
grce respirait
en ses
traits;
vous
l'auriez cru facilementun hommede
bien,
volontiersun
grand
homme.
Quant

lui-mme,
quoique
enlev au
milieuducoursdela
vie,
quellelonguepriode
de
gloire
n'a-t-il
pas parcourue!
En
effet,
combldesvraisbiens
qui
rsident dans les
vertus,
dcor des honneurs du
consulat et du
triomphe, que pouvait aprs
celalui
rserver la fortune? Sans
jouir
de
grandes
richesses,
il en avait de convenables. Sa fille et son
pouse
lui
survivant,
ses
dignitsintactes,
sarenomme
florissante,
ses
proches
et ses
parens
sans
prils,
il
peut
mme
pa-
ratre heureux d'avoir
chapp

l'avenir; car,
si c'et
tune
grande
consolation
pour
lui devivreencoreaux
beaux
jours
du siclele
plus fortun,
et devoir
Trajan
empereur,
ce
que
son
pressentiment
et sesvux
prdi-
saient nos seules
oreilles,
ainsi danssa mort
prma-
J ULII AGRICOLE VITA. a5T! 9~
nostras aures
ominabat~~ta
festinataemortis
grande
solatium
tulit,
evasisse
postremum
illud
tempus, quo
Domitianus,
non
jam per
intervalla ac
spiramenta
temporum,
sed contitiuo et velut uno
ictu,
rempubli-
camexhausit.
XLV. Non vidit
Agricola
obsessam
curiam,
et clau-
sumarmis
senatum,
et eadem
strage
tot consularium
caedes,
tot nobilissimarum feminarum exsiliaet
fugas.
Una.adhuc victoriaCarus Metius
censebatur;
et intra
AlbanamarcemsententiaMessalini
strepebat;
et Massa
Bebius
jam
tum reus erat. Mox nostraeduxere Helvi-
diumin carcerem
manus
nos Maurici
Rusticique
vi-
sus,
nos innocenti
sanguine
Senecio
perfudit.
Nero
tamen
subtraxitocutos, jussitque
scelera, non
spectavit;
praecipua
sub Domitiano miseriarum
pars
erat,
videre
et
adspici; quamsuspiria
nstra
subscriberentur;
quum
denotandis tot hominum
palloribus
sufficeretsaevusille
vultus et
rubor,
quo
se contra
pudorem
muniebat.
Tu vero
felix, Agricola,
non vitse tantum
claritate,
sed etam
opportunitate
mortis,
lit
perhibent qui
in-
terfuerunt novissimis sermonibus
tuis,
constans et
libensfatum
excepisti; tamquampro
virili
portione
in-
nocentiam
principi
donares. Sed mihi
ntiaeque, praeter
acerbitatem
parentis erepti, auget
mstitiam,
quod
adsidere
valetudini
fovere
deficientem
satiari vultu
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. ~53
ture il
y
eut une
consolation
puisqu'elle
le droha
cesderniers
temps
o
Domitien,
non
plus dj par
intervalles et laissant les momens de
respirer,
mais
sans relche et commed'un seul
coup,
accahla la r-
publique.
XLV.
Agricola
n'a
pas
vule
palais
du snat
assig,
l'assembleinvestie
par
les
armes,
tant de consulaires
expirans
dansunmme
massacre,
tant defemmesillustres
exileset en fuite. Une seulevictoire encore
signalait
Carus Metius c'tait dans lesmurailles d'Albe
que
re-
tentissaient lesvocifrations
sanguinaires
de
Messalinus,
et
dj
MassaBebius tait accus. Bientt nos
propres
mains tranrent Hcividius en
prison
les
regards
de
Mauricus et de Rusticus nous couvrirent de
honte,
Sncion,
deson
sang
innocent. Nron du moins d-
tourna les
yeux;
il ordonna des
supplices,
et nes'enfit
pas
un
spectacle.
Sous
Domitien,
la
plus grande partie
denosmisrestait delevoir et d'entre
vus,
alors
que
chacundenos
soupirs
tait
enregistr;
alors
que, pour
faire
plir
et
dsigner
tant de
victimes,
il suffisaitd'un
seul
regard
decet affreux
visage,
couvert decetterou-
geur
dont il semunissait contre la honte. Tu fusheu-
reux, toi, Agricola,
non-seulement
par
l'clat de ta
vie,
mais mme
par l'opportunit
de ta
mort et,
commele
rapportent
ceux
qui
assistrent tesderniers
entretiens,
tu la
reus
avec fermet et
rsignation,
comme
si,
autant
qu'il
tait
possible
un
mortel,
tu
eussesvoulu absoudreton bourreau. Mais
quant

moi,
quant
ta
fille,
outre l'amertume dela
perte
d'un
pre,
notre afflictions'accrot de n'avoir
pu
assister ta ma-
ladie,
ranimer ta vie
dfaillante,
nous rassasier de ta
J ULII AGRICOLE VITA.
M~
comp)exu,
non
coutigit excepissemus
certe mandata
vocesque, quas penitus
animo
figeremus.
Noster hic
dolor,
nostrum
vulnus;
nobis tam
!ongae
absenticon-
ditione ante
quadriennium
amissus es. Omnia sine du-
bio,
optime parentum,
adsidente amantissima
uxore,
superfuere
honori
tuo; paucioribus
tamen
lacrymis
com-
positus
es,
et novissimain luce desideravere
aliquid
oculi tui.
XLVI. Si
quis piorum
manibus
locus si,
ut
sapien-
tibus
placet,
non cum
corpore exstinguuntur magnas
ammae;
placidequiescas, nosque,
domum
tuam,
ab in-
firmo
desiderio,
et muliebribus
lamentis,
ad
contempla-
tionem virtutum tuarum
voces,
quas neque Iugeri,
neque plangi
fas
est
admiratione te
potius
te im-
mortalibus
laudibus, et,
si natura
suppeditet,
simili-
tudine decoremus is verus
honos,
ea
conjunctissimi
cujusquepietas.
IdBUae
quoque, uxoriqueprceperim,
sic
patris,
sic mariti memoriam
venerari,
ut omnia
facta
dictaqueejus
secum
revolvant,
famamque
ac
figu-
ramanimi
magis quam corporis complectantur
non
quia
intercedendum
putem imaginibus, quae
marmore
aut re
finguntur; sed,
ut vultus
hominum,
ita simula-
cra vultus imbecilla ac mortalia
sunt;
forma mentis
aeterna; quam
tenere et
exprimere,
non
per
alienam
materiamet
artem,
sed tuis
ipsemoribus, possis.Quid-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. 255
vue,
de tes embrassemens. Certes nous eussions
reu
tes volonts et tes
paroles, qui
se seraient
graves
au
fond denotre me. C'est l notre
douleur,
notre bles-
sure.L'arrt d'une
troplongue
absencenous fitte
perdre
quatre
ans
plus
tt. Tout sans
doute,
le meilleur des
pres, puisque
la
plus
aimantedes
pousesy prsida,
tout fut
rempli
et au del
pour
teshonneurs
suprmes
cependant
tufusenseveli avec
trop peu
de
larmes,
et tes
yeux,
leur dernier
regard,
dsirrent
quelque
chose.
XLVL S'il estun
sjour pour
leshommes
vertueux;
si,
commeil
plat
aux
sages,
avecle
corps
ne
s'teignent
pas
les
grandesmes, repose
en
paix,
et
rappelle-nous,
denos
regrets
terrestres et delamentations
qui
ne con-
viennent
qu'
des
femmes,

la contemplation
detes
vertus,
sur
lesquelles
il nefautni
pleurer
ni
gmir
c'est
par
l'ad-
miration
plutt,
c'est
par
des
louanges
sans
fin et,
si la
nature nous
l'accorde,
c'est en te ressemblant
que
nous
t'honorerons. Tel est levritable
hommage,
telleest la
pitqu'imposent
lesliensles
plus
troitsde
parent;
voil
ce
quejeprescrirai
ton
pouse,
tafille:
qu'ainsi
elles
vnrent lammoired'un
poux,
d'un
pre,
en seretra-
ant
sans cesse toutes ses
actions,
toutes ses
paroles,
enembrassant sarenommeet
l'image
deson me
plu-
tt
que
celledeson
corps.
Non
queje pensequ'il
faille
proscrire
les
images que
nous
reproduisent
le marbre
ou
l'airain mais
ainsi
que
les traits des
hommes
lessimulacresdecestraits sont
fragiles
et
prissables
laforme del'meest
ternelle
nous
pouvons
lasaisir
et la
reprsenter,
non
par
aucunematire
trangre
ni
par l'art
mais
par
nos
propres
vertus. Tout ce
que
nous avons
aim,
tout ce
que
nous avons admird'A-
J ULII AGRICOLE VJ TA. a56
quid
ex
Agricola
amavimus,
quidquid
mirati
sumus,
manet
mansurumque
est in animis
hominum,
in aeter-
nitate
temporum,
famarerum. ~am multos'
veterum,
velut
inglorios
et
ignobiles,
oblivio obruet
Agricola,
posteritati
narratus et
traditus, superstes
erit.
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
257
Yt.
J 7
gricola,
reste et restera dans lammoiredes
hommes,
dans l'ternit des
temps, par
l'clat desesactions. Car
beaucoup
denos
anctres,
commes'ilseussent tsans
gloire
et sans
honneur,
gissent,
couverts
par
l'oubli
Agricola
dont la vie sera transmise et raconte la
postrit,
survivra.
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE
De la vie
d'~TTfo~
de la
conqute
et de l'abandon de la
Bretagne par
les Romains.
1r. J ..C. AndeRome.
55
6g~
J . CSAR.. J . Csar entre en
Bretagne
avec une arme.
))3 Il
Triumvirs. Guerres civiles les
gnrant
tournent lenrs
armes contre la
rpnbtiqnc.
La
Bretagne
reste dans nu
long
oubli,
mme
aprs
la
paix.
3t
7*!3
AuocsTE.
Auguste
veut
qu'on
abandonne la
Bretagne.
Ap.
J .-C.AndeRome.
g ~62 La
Germanie secoue le
joug.
Dfaite de
Q. Varus.
'4 7~7
TtB~BE. Tibre se faisait une loi des
To~ontsd'Augnste.
3? 7t)
CALionLA.
Caligoia
veut
conqurir
la
Bretagne.
~o
793 (t3 juin)
Naissance
d'Agricola sous
le troisime consulat
de
Caligula.
~i ~t)~
CLATBE. Claude
conquiert
la
Bretagne.
43 7g6
Aulus Plautius en est nomm
gouverneur.
52 8o5 Paullinus
s'empare
de l'ite de Mena
54 80~
NRON.
Rgne
de
Nron, sous
lequel
l'inaction fut de la
sagesse.
On
place

peu prs
cette
poque
la nais-
sance de Tacite.
56
8og Agricole
est nomm
questeur.
68 Sa GALBA
( rgne sept mois Agricola
est choisi
pour
recon-
natre les offrandes des
temples.
69 Saa Agricola perd
sa mre.
6c)
822 OTHON
( rgne
trois
mois. )
Trebellius
gouverne
la Bre-
tagne.
VITELLIUS
( rgnesept
mof'j
).
Vectins Bolanus.
Agricola passe
dans le
parti
de
Vespasien.
69
8~9 Vt!SFAS!EN.
~8
S3t
Agricola
se rend en
Bretagne.
83a Ttn. Premire
expdition d'Agricola.
TABLEAU
CHRONOLOGIQUE. 2~
Ap.J .-C.AndeRome.
80 833 Troisime
expdition.
81
83/}
DOMITIEN.
Rgne
de Domitien,
qui
dure
quinze
anne.

Quatrime expdition d'Agricola.


82
835
Cinquime expdition.
H3 836 Cette anne est la sixime du
gouvernement d'Agricola.

Agricola
livre la
province
son successeur.
88
8~t
Guerre de Dacie,
qui dure
treize ans.
Dsastres de la
rpublique
romaine sonsDomhien-
()3 8~6 (a3t;ou<)AgricoiameurtI'agedecinquante-sixans.
95 8~8
Le snat est investi de soldats.
~6 8~g
NERVA.Enfio sons
NervaPesprance
renat.
Q';
850 Tacite crit
la vied'Agricola.
98
85t Un snateur ose arrter de ses
pro~rt's
mains Helvidius
en
plein
snat.
g8
85t TRAJ AN.
Trajan adopt par
Nerva.
'17 8~0
ADRtEN. Il abandonne aux Catdociecs tout le
pays
entre
la
Thyne
et les deux
golfes
et lve un
rempart
de
quatre-vingt-dix
milles dtendue.
fi3
8~G
CoMMODE Les Caldoniens
passent
)e
rempart. U)piusMar-
cellus les dfait.
Commode
jaloux
de la
gloire
de
Marce))us, )e
rappeHc
et le fait
prir.
206
~5g
SEvBE. Les Catdoniens menacent de nouveau
l'empire.
Svre
passe
en
Bretagne
et les soumet.
t5o ioo3 La
plupart
des
chronologistes
cessent ici de
compter par
l're de Rome.
36~
VALENTimEN I~ La
Bretagne
est
attaque
]a fois
par
les
Caldoniens,
les Francs et les Saxons.
Thodore dlivre la
Bretagne.
3':5
VALIENTINIENIl.
Maxime, gouvernenr
de la
Bretagne.
3~
THEODORE.
3~5
HONORIUS.Victorinus
gouverne
en
Bretagne
et traite les
Caldoniens avec
trop
de svrit.
Les
Ca)doni<'ns,
au
dpart
de
Victorinus,
envahissent
toute ]a
Bretagne.
-Les
Bretons, n'esprant plus
rien
des Romains,
prennent
]e
parti
d'tir un
empereur
Marc est lu et Gratien lui
succde.
Leur conduite irrite les
esprits,
et ils sont massacrs.
Constantin,
simple soldat,
est )u
par
les Bretons. II veut
s'emparer de
tout
l'empire,
et Honoriuete reconnait mme
pour
son
collgue.
Il est
pris
dans Arles et
prit.
Les
Caldoniens,
ces
nouvelles,
fondent de nouveau sur
ja
Bretagne.
260 TABLEAU
CHRONOLOGIQUE.
Ap.J .-C.
~t0 Honoriua,
ne
pouvant
secourir les
Bretons,
renonce
toutesouverainetsurlaBretagne.
~9~ fF
VALEttTiNtEN111. La
Bretagne
est encore
ravage par
les
Caldoniens.
AtiM
y
envoie une
lgion, qui
bientt est
rappele.
~26
Les Romains abandonnent
jamais
la
Bretagne.
NOTES
SUR LA VIE D'AGRICOLA.
I. Cette vie
d'Agricola
fut crite vers le commencement du
rgne
de
Trajan, quatre
ans
aprs
la mort
d'Agricola;
de sorte
qu'elle
est
peu prs
de lamme date
que
le trait des ~o?Mr~
des Germains.
Rutilius. Priscus Rutilius
Rufus,
lieutenant de la
rpublique
en
Asie. Faussement accus de
concussion,
il se retira dans la
pro-
vince mme
qu'on
lui
reprochait
d'avoir
opprime;
il
y
fat
reu
avec de
grands honneurs; et,
comme on l'avait
dpouill
de tous
ses
biens,
des
peuples
et des rois fournirent sasubsistance.
Scaurus. Marcus milius
Scaurus,
homme
rempli
de
vertus,
et
qui
fut
vingt-cinq
annes de suite
prince
du snat.
Tant il est vrai
que
les vertus. Les
grandes
vertus se cachent
ou
reposent
ordinairement dans la servitude.
( Gr~M~ear
<&*c/
dence des Romains,
ch.
2o.)
II. Arulenus Rusticus. Tribun du
peuple
sous
Nron, prteur
sous Vitellius. Pline le
J eune, charg
de marier sa
fille,
crivait
J e ne
puis
mettre
trop
de soins
pour
choisir l'homme
digne
de
donner
des
petits-fils
Arulenus Rusticus.
Ptus 7*AnMe<M.
~o~&s,
au liv.
xvi,
ch. 26 des
Annales,
son
discours Rusticus
Arulenus, qui
voulait le dfendre et
s'opposer
au dcret du snat
prt
le condamner. Il le dissuade de cette
entreprise
et se donne la mort.
Herennius Sncion. N dans le
Portugal.
On lui fit de
plus
un
crime d'avoir renonc aux honneurs
depuis
sa
questure.
C'est de
lui
que
Tacite
dit au liv. des ~M<o/re.f
L'acceptation,
lerefus
des honneurs devint un crime.
~MCtM Helvidius. Il semble
propos, puisque
nous avom
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
262
fait une seconde fois mention d'un
personnage
dont nous de-
vons
parler
souvent
encore,
de dire en
peu
de mots
quels
furent
sa
vie,
ses travaux et sa destine. Helvidius Priscus
naquit
en Ita-
lie,
au
municipe
de
Terracine;
son
pre
Cluvius avait eu le
rang
de
primipilaire jeune encore,
il
dirigea
son
esprit distingu
vers
les tudes les
plus leves, non,
comme bien des
gens,
afin de voi-
ler de titres
pompeux
une honteuse
inaction
mais
pour
s'affer-
mir contre les vicissitudes du sort et seconsacrer la
rpublique.
Il suivit la doctrine des
philosophes pour qui
le seul bien est ce
qui
est
honnte,
le seul mal ce
qui
est
honteux,
et
qui
ne
comp-
tent la
puissance,
la noblesse et tout ce
qui
est hors de
l'me,
ni
parmi
les biens ni
parmi
les maux.
N'ayant
encore t
que ques-
teur,
il fut choisi
pour gendre par
Ptus
Thraseas; et
dans toutes
les vertus de son
beau-pre,
il
puisa
surtout l'amour de lalibert
citoyen,
snateur,
poux, gendre, ami,
il
accomplit galement
tous les devoirs de la
vie,
contempteur
des
richesses, toujours
ardent
pour
le
bien
inbranlable lacrainte.
(TACITE,
Hist.,
liv.
tv,
ch.
5.)
De
parler
et <c/~<M~f. Dans une nation
libre,
il est trs-sou-
vent indiffrent
que
les
particuliers
raisonnent bien ou
mal;
il suf-
fit
qu'ils
raisonnent de l sort la
libert, qui garantit
des effets
de ces mmes raisonnemens. De
mme,
dans un
gouvernement
despotique
il est
galement pernicieux qu'on
raisonne bien ou
mal;
il suffit
qu'on raisonne, pour que
le
principe
du
gouverne-
ment soit
choqu. (MoNTESQ.,
liv.
xix,
eh.
27.)
III. Maintenant
enfin
nous
commenons

respirer.
Bossuet a
imit ce
passage
en son .Hu~o!~ universelle. Domitien est
tu;
l'c//z/?!e
<'OM~cy:ce
respirer
sous Nerva. Son
grand ge
ne lui
permet pas
de rtablir les
affaires; mais, pourfaire
durer le
repos
public,
il choisit
Trajan pour
son successeur.
Nerva. Nerva
adopta Trajan, prince
le
plus accompli
dont l'his-
toire ait
jamais parl;
cefut un bonheur d'tre n sous son
rgne:
il
n'y en
eut
point
de si heureux ni de si
glorieux pour
le
peuple
romain. Grand homme
d'tat, grand capitaine, ayant
un cur bon
qui
l
portait
au
bien,
un
esprit
clair
qui
lui montrait le meil-
leur,
une me
noble, grande, belle;
avec toutes les
vertus,
n'-
tant extrme sur
aucune; enfin,
l'homme le
plus propre
honorer
NOTES.' ~63
la nature humaine et
reprsenter
la divine.
(Grandeur
et dca-
dence des
Romains,
ch.
l5.)

L'autorit d'un seul et la libert.
Qu'importe que
Csar continue nous
croire,
Pourvu
que
nos conseils ne tendent
qu'
sa
gloire;
Pourvu
que,
dans le cours d'un
rgne florissant,
Rome soit
toujours libre
et Csar
tout-puissant
P
(RACtBK,Britannicus,
acte
i,
sr.
2.)
Rende le
~oce/'7M77!Mt plus facile.
Il
y
a une certaine facilit
dans le
commandement;
il faut
que
le
prince encourage,
et
que
ce
soient les lois
qui
menacent.
(MoNTESQ.,
Hv.
XII,
ch.
~5. )
Durant
quinze
annes. Domitien
rgna
ce
temps.
IV..H"c/M.
Ville situe sur la cte de laGaule
Narbonnaise,

l'ouest de l'le de Lro. Il
y
a
apparence que
le Forum T~&tsub-
sistait avant la
conqute
de la
province,
et
que
Csar n'en fut
que
le restaurateur. Il
y
fit btir des maisons et commena le
port,
qui
ne fut achev
que
sous
Auguste, qu'on peut regarder
comme
le vritable fondateur de la ville. Un
aquduc,
dont on voit en-
core des
vestiges superbes,
avait
sept
lieues de
long, et,
en cer-
tains
endroits,
les.
pilastres
sont
loigns
de
quarante-trois pieds
l'un de l'autre. A
cinq
cents
pas
de la
ville,
du ct dela
mer,
on
voit les restes d'un
palais antique
nomm le Panthon. Il
y
avait
aussi un thtre et un
amphithtre. Auguste y
entretenait une
flotte
pour protger
le commerce et les ctes de Provence.
Quel-
ques-uns
de ses successeurs imitrent son
exemple;
mais les trou-
bles
qui
survinrent
occuprent
leurs forces
ailleurs,
et insensi-
blement le
port
cessa d'tre
considrable aujourd'hui
il s'est
combl.
Procurateurs des Csars. Les
procurateurs
taient
chargs
de
percevoir
et d'administrer les revenus du
prince, particulirement
dans les
provinces impriales, qui
relevaient entirement de l'au-
torit de
l'empereur.
Elles taient
garnies
de
troupes
commandes
par
un lieutenant
prtorien
nomm sous
l'empereur pour
un
temps
illimit;
tandis
que
les
provinces,
dont
Auguste
avait abandonn
l'administration aux consuls et au
snat,
n'avaient
quepeu
de
gar-
nisons et taient
gouvernes par
un
proconsul,
officier
civil, qui
VIE DE jtiLIUS AGRICOLA. a64
m'atut
pas
ledroit de
porter l'pe,
et
qui
ne restait
qu'une
an-
ne en
charge.
Grcinus.
Snque
ed
parle
avec
loge
Si
exemplo magni
animi
o~K~M~(inquit),
utemur C7'<ee!7H~& viri
egregii, quem
C. C<aM~
occidit ob hoc
WMW!,quod
melior vir esset
quam
esse
quemquam
tyranno expediret (SENMA,
de
Ff/:<
lib. n
). Dans
sa
to~lettre,
il
appelle
encore J ulius Grcinus un excellent
personnage
vir
fg~fegru~.
Il avait crit sur
l'agriculture
/& Attici velut
discipu-
lus,
duo volumina similium
~/t~cep~o/!</K
de
vineis,
J ulius Gro?-
cinus
ec/7:po~M ~!ce~~
et eruditius
posteritati
tradenda cH7NM<
(COLUMELLE,
lib.
i,
cap. t).
Pline le Naturaliste le
compte
aussi
parmi
les auteurs.
(
T~'ce lib. xiv et
xv.)
Silanus.
Beau-pre
de
Caligula. Caligula qui
avait runi Ti-
bet dans saretraite
Capre, pousa Claudia,
la fille de Silanus.
Il couvrait une me atroce sous une modestie feinte. Ni la con-
damnation
de
sa
mre,
ni l'exil de
son freM,
ne lui ont arra-
ch une seule
parole.
Tel
que
Tibre se montrait
chaque jour,
tel
il savait
composer
et son air et ses
discours;
ce
qui
fit dire l'o-
rateur
Papurius
cemot si connu Il
n'y
eut
jamais
ni de meilleur
esclave ni de
plus
mchant matre.
(~/M.,
liv.
vi.)
Marseille. Ville de la ci-devant
Provence,
et la
plus
ancienne
de
France, ayant
t fonde
par
une colonie de
Phocens,
envifom cinq
cents ans avant J sus Christ.
Presque
ds son
origine,
elle devint une des
plus commerantes
de
l'Occident.
Il
s'y
forma une acadmie clbre. Strabon dcrit cette ville
comme la
plus magnifique
de son
temps;
mais
aujourd'hui
iot
ne
retrouye
plus
de traces des monumens dont elle tait
a~tfs
dcore.
V.
7~ar<sg'eat<to tente.CoMtH&eyTMO,
chambre,
certain nom-
bre d'hommes de
guerre
runis. Le
petit manipule, compos
de
dix hommes'et command
par
un
dcurion, s'appelait particuli-
rement contubernium. Le
grand manipule
tait
compos
de cent
vingt
hommes.
*V. Salvius y:<M!MM. Frre de
l'empereur Othon,
Il en est sou-
vent
parl
aux liv. i et H des Histoires.
t~/Kf
n
auparavant.
On
dposait
les
enfans,
aussitt leur nais-
sance,
sur la
terre;
et si le
pre
les
reconnaissait,
il les relevait.
NOTES. a65
Voyez,
~M.
11, 37,
le discours d'Hortalus au snat Hos
quorum
numerum et
~MCy!<!a/n
videtis,
non
sponte sustuli,
sed
quia prin-
ceps
monebat.
Durant sa
jo~M~.
Les
prteurs
rendaient la
justice
au
criminel et au civil. Sous les
empereurs, qui
voulurent affaiblir
l'autorit des
magistrats
en
multipliant
les
charges,
et de
plus
se
faire ainsi des
cratures,
le nombre des
prteurs augmenta
beau-
coup
aussi
plusieurs
d'entre eux n'avaient-ils souvent aucun
juge-
ment rendre durant leur ministre.
2!eeo/M~ les
offrandes.
C'tait la
charge
des diles
curules
ainsi nomms
parce qu'ils
avaient le droit d'aller
par
la ville sur
un char. Ils avaient de
plus
l'intendance de la
police,
des
jeux
publics
et de tout ce
qui
concernait le culte des dieux.
VII.
Vespasien. Galba, Othon, Vitellius,
ne firent
que passer.
Vespasien
fut lu comme eux
par
les soldats il ne
songea,
dans
tout le cours de son
rgne, qu'
rtablir
l'empire, qui
avait t
successivement
occup par
six
tyrans galement cruels, presque
tous
nirieax,
souvent
imbciles, et,
pour
comble de
malheur, pro-
digues jusqu'
la folie.
( Grandeur
et cfec~e/zce des
.o/?MM.f j
chap.
i5.)
Mucien.
En cet tat de
choses, lorsque
ladiscorde tait au s-
nat,
la
rage
chez les
vaincus,
nulle autorit chez les
vainqueurs,
Rome sans lois et sans
prince,
Mucien
y
fit son
entre,
et aussitt
attira tout lui. La
puissance d'Antonius,
celle de
Varus,
furent
brises ds
qu'on
reconnut la
haine,
mal
dissimule,
de Mucien
contre
eux,
et
quoiqu'il
n'en
part
rien sur son
visage. Dj
les
Romains, par
leur
sagacit

prvoir
les
disgrces,
s'taient re-
tourns et
reports vers
lui. Seul il eut leur cour et leurs hom-
mages,
et il
s'y
offrait de lui-mme les
guerriers qui
l'environ-
nent,
les
palais,
les
jardins qu'il
habite
tour--tour,
son
appareil,.
sa
dmarche,
la
garde qui veille,
disent
qu'il
runit en lui toute
la
puissance
du
prince,
et fait
grce
du nom.

(~Mf.,
liv.
iv,
chap. 11.~
Domitien.
f Domitien avait
accept
le nom et le
palais
des C-
sars encore'inattentif aux
affaires,
c'tait
par
des dbauches et
des adultres
qu'il
se montrait fils
d'empereur.

( THy!
liv.
iv,
eh.
)
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. t66
VIII. ~/o/'t commandait en
Bretagne.
Il sera intressant de
pr-
senter ici l'ordre des
gouverneurs
de la
Bretagne.
GOUVERNEURSDE LA
BRETAGNE,
Depuis
l'an
706dala fondation
deRome
(43
de
J ,-C.), jusqu'
l'an 836
(83
de
J .-C.).
AoLosPLACTius
(Vied'Agricola,
14;
Supplm.
aux ~/Ma& par Brotier,
tx,
5o
et suiv.;xr, 3).
Dion
l'appellepersonnage
nonconsulaire.
OsTORiusSCAPULA
(~;e d'Agricola, 14; ~nn.; xii,
3i et
suiv.;Supplm.
aux
4nnales, xi,
3).
Tacitelui donnelenom
deproprteur, Ann., xn,
3Tet
40.
DiDtusGAI.T.US
(Fie
<<<'tco/a,
14; Ann., xn, 40; xxv,
~o).
Q.
VERANIUS
(Fie<r<eo~<
14; ~/M., xiv, 2g).
SuETONmsPAULHNCs
(Fie~7'tco~a', j4
et
suiv.; ~<n., xiv, 20
et
suif.).
P~TRONips TuRpiHAinja
(fie ~r~o~,
16; ~n/., xiv, 3Q).
TREBEi.i.tusMAXtMns(~e d'Agricola, 16; Hist., i,
60et
suiv.).
VETTIOS BOLANus
(~e d'Agricola,
t6; Hist., H, 6A).
PETfLIUS CKRtAtN
(rie d'Agricola, ,17).
Agricola tempra
sa
/~op/'e nergie.
Par un malheur attach
la condition
humaine,
les
grands
hommes modrs sont
rares;
et
comme il est
toujours plus
ais de suivre sa force
que
de
l'arrter,
peut-tre,
dans la classe des
gens suprieurs,
est-il
plus
facile de
trouver des
gens
extrmement vertueux
que
des hommes extrme-
ment
sages. (MoNTEso.,
liv.
xxvm,
eh.
41.)
.Na&MerMtvirtutes
spatium exemplorum.
Tous les commenta-
teurs et traducteurs ont hsit sur le sens de cette
phrase.
J e
crois
quevirtutes
se
rapporte
directement
Agrtcola, qui d'abord,
pour ne pas
offenser
Bolanus,
s'tait
contraint,
avait
tempr
son
nergie
et ses
vertus,
ses
qualits.
Ds
queCerialis
arriva en Bre-
tagne,
alors les mrites eurent un libre
espace. ~iMe&aa~MC
locus
Mr~:&!M~<CC<M (~/M.,
XHI,
8). ).
IX.
Consul,
il
mepromit.
Le consulat
d'Agricola,
selon l'o-
pinion
la
plus probable,
tombe en l'an
77
de
J sus-Christ
il faut
donc dire
que
Tacite semaria l'an
78.
Cette
remarque
sert rfu-
ter
l'opinion
de ceux
qui
croient
que
Pline avoulu
parler
denotre
Corneille
Tacite,
et d'un
fils qui,
trois
ans,
tait d'une taille ex-
traordinaire
car Pline mourut l'an
70
ou l'an 80.
~(yez
BAYM,
Dict.,
art. TAciTE
(Calus Corneille).
NOTES.
367
~WM
son consulat. Le consulat sous la
rpublique
durait une
anne entire sous les
empereurs
on n'accordait
plus
cette di-
gnit que pour quelques mois,
et
Commode,
durant une seule an-
ne,
nomma
vingt-cinq
consuls.
X. La
Bretagne,
la
plus grande
des <*&.f.La
superficie
de
l'Angleterre
et du
pays
de Galles est value
/jQ,45o
milles an-
glais
carrs.
(PittKERTON,
t.
il p. X.)
Dispecta
est et Thule. Clomde dit
qu'on rapporte qu'
l'le de
Thul,
o l'on
prtend qu'a
t le
philosophe Pythas,
de
Marseille,
le
tropique
d't est tout--fait au dessus de l'ho-
rizon,
et
que
ce
cercle, pour
les
habitans,
est lecercle
polaire
arc-
tique.
Les auteurs ne sont
pas
d'accord sur la situation de Thul.
Virgile,
dans un
compliment

Auguste,
lui
demande,
entre au-
tres choses relatives ce
qu'il
fera
quand
il sera dans le ciel
Andeusimmensiveuias
maris,
actuanaut
Numinasola
colant;
tibi serviatultimaThule
Par le terme ultima
7'Au/e,
il semble faire entendre
que
c'tait la
partie
la
plus
recule du monde connu au
temps d'Auguste.
En
sup-
posant que
le
globe
se trouve dans les circonstances dont vient de
parler Clomde,
et
que
le
tropique
d't devienne lecercle
polaire
des habitans de ce
pays,
suivant ladoctrine des
anciens,
il devient
vident
que
cette Thul est situe au 66 3o' de latitude
nord,
et
que, par consquent,
c'tait
probablement
l'Islande. Ceci n'est
dit
que
dans la
supposition que
la Thul des anciens tait une
ile. Mais Strabon
affirme, page 175, que Pythas
n'avait donn le
nom de Thul
qu'
la
partie
la
plus septentrionale
de la Grande-
Bretagne,
sans faire mention si c'tait unele ou non. Si cela est
vrai,
alors Thul
peut
n'avoir t autre chose
que
l'extrmit la
plus septentrionale
de l'cosse. Les observations des anciens n'-
taient
pas
faites avec assez
d'exactitude,
ni leurs relations avec as-
sezde
prcision, pour pouvoir ycompter.
Dans les contres
septen-
trionales,
les rfractions sont
trs-considrables,
et lvent leso-
leil et la lune au dessus de
l'horizon;
mais cela tait connu de
Pythas,
de sorte
que,

Thul,
l'lvation du
ple
ad tre moindre
de 66 3o'.
(&o:MC
de
/<o/?o/H/c, par
G.
Costard, page t6.)
Thul.
Pythas,
natif de
Marseille,
avait dit
qu'elle
tait dans
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. a68
un climat o l'hiver n'est
qu'une longue
nuit et l't un
jour
con-
tinuel.
Eratosthne letraita devisionnaire.
Pline,
plus
clair,
d-
fendit
l'opinion
de
Pythas. Procope, qui
se
figurait
cette lebeau-
coup plus grande que l'Angleterre,
a cru
que
c'tait laScandina-
vie. Ortelius l'a
place
dans la
Norwge,
et Camden en l'le de
Schetland d'autres veulent
que
ce soit
Thyl-insel,
la
plus septen-
trionale des Orcades. Mais
Cluvier,
faisant
plus
d'attention aux
passages
de Mela et d'autres
anciens
ne doute nullement
que
ce
soit
l'Islande, qui
fut dcouverte l'an
890 par
un
pirate
norw-
gien. ~oye~
la
Gographie compare
de J . R.
J oly,
t.
i, p. 3o5.
Les
MOMMgT!
o
se forment et grossissent
les
temptes.
Il ne
faut
qu'une montagne
considrable
pour
faire
changer
de direc-
tion au
vent,
ou
pour
lerendre
plus
fort et
plus imptueux. ~tyez
les Dictionn.
de physique.
XI. La Caldonie. M.
Thierry,
dans son Histoire dela
co/M~e
d'Angleterre par
les
~Vb~M<f, pense que
le mot Caledonia
vient du
kymric Calyddon,
fort.
Des Silures. Le
pays
de Galles tait divis en trois tribus bre-
tonnes,
les
Silures,
les Dimtes et les Ordovices.
( GcogT'opAte
de
Malte-Brun,
t.
m,
p. 255.)
Des Ibres. Les
premiers
habitans de
l'Espagne.
Les Bretons les
plus
voisins des Gaulois. En remontant
jus-
qu'aux temps
les
plus reculs
on ne trouve
pas
de
plus
anciens
habitans
que
les Gaulois. On croit
que
les Gaulois vinrent des
plus prochains rivages
de France et de Flandre.
( Gographie
de
jPM~7~0/:j
t.
H, p. 3.)
XII. Leur
force
est dans
l'infanterie.
Leurs
troupes
ne sont
pas
seulement
composes
d'infanterie et de
cavalerie,
mais ils se
servent encore, dans le
combat,
de chariots
que
deux chevaux
tranent,
et
qui
sont arms
de faux. Ils
appellent
cet
attelage
des
c~P~e~en
langage du pays. (J onNANDs.)
Le ciel est
.fo~e~ o&fCH~'
de
pluies
et de brouillards.
L'air,
en
Angleterre,
est
surcharg
de
vapeurs, que
le vent d'ouest
chasse de l'Ocan
Atlantique. ( Gogr.
de
Malte-Brun,
tom.
Ili,
pag. :o.)
Le froid n c~~<r~oM~eM~.
L'cosse
jouit
d'une
tempra~
ture
plus
douce
que
ne le ferait croire sa situation au nord. Ce
NOTES.
aSg
pays
doit surtout cet
avantage
au
voisinage
de la
mer,
d'o lui
viennent,
ainsi
qu'en Angleterre,
des vents chauds
qui
adoucissent
la vivacit naturelle de l'air.
( Gographie
de
~M'<e-~yt<
t.
in
p. 278.)
On voit durant la nuit la clart du soleil. Dans les iles de
Schetland et
d'Orkneg
on
peut
lire minuit aux mois de
juin
et
de
juillet. (Gogr. deMalte-Brun,
t.
lit, p. a6/t.)
Ne se couche ni ne se ~fc. Le nord de l'cosse est dans le
soixantime
degr
de
latitude; par consquent l'quateur s'y
abaisse
d'environ trente
degrs
sousl'horizon ductdu
nord,
et le
tropique
d't, seulement
desix
degrs et
demi: lors donc
que
le soleil dcrit
ce
tropique,
vers le2
juin,
cet astre ne descend
pasplus
de six de-
grs
au dessous de
l'horizon,
et la rflexion de sa lumire est as-
'ez vive
pour
effacer les toiles.
La
Bretagne renferme
de
l'or,
de
l'argent. L'Angleterre possde
d'excellentes mines de fer. On a dcouvert de l'or en divers en-
droits de
l')Ie,
nommment
auprs
de
Silso
en Bedforshire. Cor-
nonaille recle cette
espce d'argent que
les
minralogistes ap-
pellent
mine
d'argent
corne.
7.'Oe<MM
y produit
aussi des
perles.
On
pche
encore des
perles
dans larivire de
Tay. (~<y.
FACJ ASDE
SAINT-FOND, t. n p. <86.)
On les ramasse. Selon
Cambden
c'est vers l'embouchure de la
petite
rivire
dTrt,
dans le
Cumberland,
qu'on pche.les
hutres
perles,
ou
plutt qu'on
les
ramasse;
car les habitans de cette cte
ne
plongent point,
mais attendent
que
la mer se soit
retire,
comme ils faisaient du
temps
de Tacite.
( Extrait
de LABLKT-
TERIE.)
XIII. Tout lemonde sait l'action
extravagante
de
Caligula. Cet
empereur
fit avancer son arme sur les ctes de la Gaule il avait
publi qu'il
voulait soumettre les Bretons. Il
parut
sur le
rivage
oppos,
d'o il
menaa
t'ile,
fit ensuite ramasser des
coquilles

ses
soldats,
et les ramena
chargs, disait-11,
des
dpouilles
de
l'Ocan.
7M~M</c7?MMe/:t.
Les hommes s'accoutument tout et la servi-
tude
mme, pourvu que
lematre nesoit
pas plus
dur
que
la ser-
vitude.
(MoNTESQ.,
liv.
xv,
ch.
t6.)
ft~Ht le
plan J '~Hg~e.
Si une monarchie
peut agir long-
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
t~o
temps
avant
que l'agrandissement
l'ait
affaiblie,
elle deviendra
redoutable,
et sa force durera tout autant
qu'elle
sera
sige par
les monarchies voisines. Elle ne doit donc
conqurir que pen-
dant
qu'elle
reste dans les limites naturelles son
gouvernement;
la
prudence
veut
qu'elle
s'arrte sitt
qu'elle passe
ces limites.
( MoNTESQ.,
Hv.
x,
eh.
<).)
Contre la Germanie. Les
grandes
menaces de
guerre
de Cali-
gula
ne
furent, pour
les Germains
mme, qu'un objet
de drision.
( ~tc~M
des
Germains, chap. xxxvii.)
Et
Yespasien dsign par
les <~ej<!M.
Ostendentterris hunetantumfata.
(ViRGn.
-eM. lib.
vi,
v.
869.)
XIV. Aulus Plautius. La
Bretagne
fut
tranquille jusqu'au rgne
de
Claude, qui y
tablit sa domination. Cet vnement fut la suite
de l'exil d'un
seigneur anglais
nomm
Bercius, qui,
banni de son
pays,
se
rfugia
Rome. Anim du dsir de se
venger,
il
repr-
senta
l'empereur
la situation des affaires de sa
patrie,
d'une ma-
nire lui
persuader que
la
conqute
en serait aise. Claude l'-
couta,
fit demander aux Bretons le tribut
qu'ils devaient, et,
sur
leur
refus
donna ordre
Plautius, qui
commandait dans les
Gaules, d'embarquer
les
lgions.
Ce
gnral obit,
et nt la des-
cente dans l'le
par
trois endroits diffrens. Les
Bretons,
embar-
rasss
par
cette
diversion,
ne savaient de
quel
ct faire tte aux
ennemis. Aussi
prirent-ils
le
parti
de
gagner
leurs marais et leurs
montagnes.
Plautius les
poursuivit,
les
attaqua sparment,
les
battit dans toutes les
rencontres
et s'ouvrit le chemin
jusqu'
leurs
retranchemens, aprs
avoir
pass
la
Tamise,
le
long
de la-
quelle
il nt
camper
son arme.
Plautius
gouverna
de
706

800,
et
obtint,
son retour
Rome,
les honneurs de l'ovation. Ostorius
Scapula
commanda de
8ob
8o3,
et mourut en
Bretagne.
Prs de la ville
d'Herford,
dans la
paroisse
de
Dinder,
il existe
un
camp romain, que
les
Anglais
croient avoir
appartenu
aux ex-
pditions d'Ostorius,
dans un lieu
qui porte
encore le nom de
Oy~e7'-A:7/,
Ostorii
mons;
mais ne serait-ce
pas plutt
la colline
des
coquillages ?
P
Le roi
Cog~MKy. reut en prsent quelques
ct~. I
[le snat]
NOTES.
a71
i
tait une
partie
du domaine du
peuple
vaincu
pour
ladonner aux
allis,
en
quoi
il faisait deux choses il attachait Rome des rois
dont elleavait
peu
craindre et
beaucoup

esprer,
et il en af
faiblissait d'autres dont ellen'avait rien
esprer
et tout craindre.
( Grandeur
et dcadence des
Romains
ch.
6. )
Didius Gallus.
Voyez
~n., XII, ~o X!v,2g,
o il est
parl
de
Didius Gallus et de ses successeurs.
L'ile de Mona. C'est l'ile
d'Anglesey que
les Gallais
appellent
encore l'ile de Y~on. L'le de Mon est
probablement
laMonda
des
anciens. La
plus grande longueur d'Anglesey
est d'environ
vingt-cinq
milles
anglais,
sa
plus grande largeur
de dix-huit.
(PlNKERTON,t. II, p. 236.)
XV. ~M~t la
Germanie. a secou
le joug.
Par la dfaite de
Q. Varus
(~M/M,
liv.
u).).
XVI. Boadicea. Veuve de
Prasugatus,
roi des Icnes.
~*o~M
la
note du
chap. 43.
La coloniemme.
Cainalodunum,
dans le
pays
des Trinobantes.
On croit
que
c'est Colchester.
Et si Paullinus. Leur
prsence inopine [des
soldats
romains]
glaait
les
esprits;
ils se montraient surtout
aprs
un mauvais suc-
cs,
dans le
temps que
leurs ennemis taient dans cette
ngligence
que
donne la victoire.
(Grandeur
et dcadence des
Romains,
chap. n.)
XVII. Des
Brigantes.
Ils habitaient la
province
d'Yorck.
XVIII. Les
Ordoviques. Peuple
sur la cte occidentale de l'le
d'Albion,
au sud des
Brigantes
et l'ouest des
Cornavii,
dont
Ptolme fait mention. Il
occupait
les comts de
Flint,
de Den-
big,
de
Caernarvon,
de Merioneth et de
Montgomery.
Presser la renomme.
Et ce
vainqueur,
suivantde
prs
sa
renomme,
Hier aveclanuitarrivadansl'arme.
(RACINE, Iphignie,
acte
i,
scne
i.)
Il
choisit parmi
nos auxiliaires. C'taient les Bataves
qui,
dix-
sept
annes
auparavant,
avaient fait ce
trajet
avec Paullinus.
Et,
.tHK'a/:f
l'usage
de leur
pays,
savaient
nager.
Les Romains
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
-~2
prenaient,
dans toutes ces
nations,
les divfs
corps
de
troupes
qui
convenaient leurs
desseins,
et combattaient contre une seule
avec les
avantages
de toutes les autres.
( G/'<Mo~cr
et dcadence
des
Romains,
ch.
xx. )
De lauriers. Les
gnraux vainqueurs enveloppaient
len~a d-
pches
de lauriers. L
Vitellius,
s'tant
empar
de
Terradn,
en-
voya
son
frre, l'empereur
de
Rome,
le laurier
que
lui avaient
mrit ses succs.
(~K~
liv.
ni,
ch.
77.)
XIX.
77n~/<:
d'abord sa maison. Il mit une
rgle
admirable dans
sa
dpense;
il fit valoir ses domaines avec
sagesse,
avec
attention,
avec
conomie;
un
pre
de famille
pourrait apprendre,
dans ses
lois,

gouverner
sa maison.
(MONTESQUIEU,
Hv.
xxxv,
ch.
18,
parlant
de
Charlemagne. )
Revendre
a~/M-~re.
H est
bon,
dans le
gouvernement despo-
tique, que
les marchands aient une
sauvegarde personnelle,
et
que l'usage
les fasse
respecter
sans
cela,
ils seraient
trop
faibles
dans les discussions
qu'ils pourraient
avoir avec les officiers du
prince. (MONTESQUIEU, liv. xm,ch. to.)
Des chemins <~e<<M/7:e,y.
Rgle gnrale
on
peut
lever des tri-
buts
plus forts,

proportion
de la libert des
sujets;
et l'on est
forc de les
modrer,
mesure
que
la servitude
augmente.
Cela
a
toujours
t et cela sera
toujours
c'est une
rgle
tire delana-
ture
qui
ne varie
point. (MotftMQ.,
liv.
xm,
ch.
ia.)
XXII. J E?<a<TMnomen est. Le terme
expressif MfKayy
atsou-
vent
employ
dans son
acception
latine
par
M.
Pennant, pour signi-
fier les
larges
embouchure.sf~M/w;e/~
~H!~o/!<guables
<M
peu
~yo/o/M~M
aux basses
eaux,
mais
qui,
dans la haute
mare,
res-
semblent des bras de mer. Telles
sont,
sur la cte
occidentale,
celles de
De,
du
Mersay,
de
Ribble, Morecambe-Bay
et
Sohfy-
Firth.
( DrAKiN.)
Ce mot
dsigne
aussi les
anses,
les baies un
peu profondes que
forme l'Ocan. Peu de
pays
offrent autant
que
les ctes del'cosse ces dchirures
qui
semblent avoir t formes
par
la violence des flots.
T~~M'A
l'embouchure du 7<MM. Le
Tay,
rivire
d'cosse,
et
qui
traverse ce
pays

peu prs
vers le milieu. Elle
prend
sa source

l'ouest,
dans le mont
Grantsbain,
qui spare
lecomt
d'Argyle
NOTES.
~73
vr. )8
de celui de
Perth,
coule l'est et se
jette
dans l'Ocan Britan-
nique,
en formant un
golfe

quinze
milles Est de Dunde.
Le mot tM<M<!yY'M77!
signifie plus
souvent encore un ter-
rain
qu'inonde
le flux de la
mer,
et
qu'elle
laisse en se retirant
couvert de
flaques
d'eau. Il
peut galement
s'entendre de l'em-
bonchure d'un
fleuve,
et surtout en
cosse,
o l'vasement des
terres,
l'endroit o les rivires tombent dans la
mer,
n'est
pas
en
rapport
avec le
peu
d'tendue de leur cours.
Campden
et Baxter ont cru
qu'il s'agissait
ici du
Tay.
La Blet-
terie semble assez
port
admettre cette
supposition,
et Dureau
Delamalle n'a
pas
hsit. J e ne crains
pas
de dire
que je
la re-
jette entirement,
soit
qu'il
faille entendre
par
aM~M7'H<yK
Taum,
l'embouchure du
Tay,
ou le lac
Tay.
On ne
peut
voir l'excursion d'un
parti
dans
l'expression
vasta-
tis
nationibus, qui
ne
peut
s'entendre
que
d'un
systme parfait
d'une offensive dcide.
Or,
les Romains ne
pntrrent
dans
l'cosse
septentrionale que
dans la
cinquime campagne;
il est
donc absurde de voir leurs
lgions
sur le lac ou larivire de
Tay,
ds la troisime
campagne.
Ce fleuve Taus
pouvait tre,
ou la
Tyn qui
se
jette
dans la mer
dans le comt de
Hadington
sur la cte mridionale de
Forth,
ou mieux encore la
Tweed, qui
traverse une
grande partie
des
provinces
mridionales de
l'cosse,
et
qui
tombe dans la mer
Berwick,
o elle fait encore la limite de
l'Angleterre
et de l'-
cosse.
La difficult
qu'il y
a de fixer avec certitude la
position
du
Taus,
tient
peut-tre
la science
tymologique.
La Bletterie
rap-
porte, d'aprs
Baxter, que
tav ou .Me
signifient
de l'eau dans la
langue
des anciens
Bretons,
c'est--dire le
celtique.
Aussi voit-bn
ce
nom,
modifi
par
sesterminaisons ou
mmepar
le
changement
trs-frquent
du t end,
s'appliquer
encore un
grand
nombre de
rivires,
soit en
Angleterte,
soit en cosse.
Le
T~ef,
le
Dovey
et la
Dee,
dans la
principaut
de
Galles;i
la Tees dans l'vch de
Durham;
la
Tyne
dans le Northumber-
land
la
Tweede,
le
Tay
et la Dee en
cosse
sont des
exemples
qui
viennent
l'appui
de cette
hypothse.
(M.
COOI,S
DMtMYEXS.)
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
~74
XXIII. Clota. La
Clyde grande
rivire de l'cosse mri-
dionale. Elle a sa source l'extrmit du comt de
Larnack
passe
travers
Gauford-Moor,
laisse sa
gauche
la chane de
LeadhIUs,
sedtourne au dessous de lahaute
montagne
de
Tinto,
prs Syming-Tou,
et
poursuit
son cours au nord. Environ
deux
milles an sud de
Caru-Wath,
elle retourne vers l'ouest et re-
prend
sa
principale
direction.
(PtNMRTON,
tom.
11, pag. ao8.)
Bodotria.
Boderia,
selon Ptolme. Ce doit tre Le
Forth,
ri-
vire d'cosse. Elle sort du lac Men Teith au comt de
Perth,
et
forme,
son embouchure dans la
mer,
un
golfe qui porte
son
nom. Le Forth tire son
origine principale
de Ben
Lomond,
la rivire
Gondie qui
sort du lac de Men
Teith,
se
joint
au Forth. Il
reoit
ensuite celle de
Teith,
alimente
par
les lacs
Ketterin, Lubuaig,
etc. Grossi du tribut de toutes ces
eaux,
le
Forth forme un
grand
courant d'eau
quatre
milles au dessus de
Sterling. (PjM.EB.TON,
tom.
11, p. 2~7.)
Une
langue
troite de terre. Cet
espace
est
peu prs
de huit
lieues. Ce fut aussi l
que Septime-Svre,
l'an
aog
fit lever une
muraille dont on
aperoit
encore
quelques
ruines.
.Pby<?ee
de e/Mf/e~M. Nous
vmes,
dans nos incursions Dum-
barton,
des amas immenses de basalte rduit en
fragmens
ces
laves
dures, noires,
ainsi brises et entasses les unes au dessus
des
autres,
forment des collines entires. On est vritablement
tonn de voir une aussi
grande
runion de laves en
fragmens,
particulirement
un
quart
de lieue de
Dumbarton,
sur la route
de
Glascow,
o ces laves forment une vaste chausse
qui
va s'unir
au loin des collines
plus
leves. On nous dit
que
c'taient l
les restes d'un mur tonnant
par
son
paisseur
et sa
longueur, que
des Romains avaient t
obligs
de construire du
temps d'Agri-
cola, pour
se
garantir
des incursions des Caldoniens.
(~cy<:gB
de
Faujas
de
Saint-Fond,
tom.
i, pag. 26/).)
XXIV. Le
prernier
de nos vaisseaux.'En traversant le-F/f/: de
la
Clyde,
ou
Dumbarton-Bay,
et tournant vers la cte occiden-
tale
d'g/&?~tre,
ou vers les les d'~rr.cM'et .F~.
Peut-tre,
ce-
pendant, que
Tacite ali
par
erreur cette traverse
d'Agricola
sur
un
btiment,
avec l'tablissement des
postes
militaires
qu'il plaa
dans cette
partie
de
l'cosse, qui
est
oppose

l'Irlande, puisque
NOTES.
a~5
i8.
le
point
de l'cosse le
plus proche
de celle-ci est
Wigton
en Gal-
loway,
vers
lequel Agricola pouvait
s'avancer sans traverser ni ri-
vire ni bras de
mer,
et
qui
est situ l'extrmit d'une
langue
de
terre bien
plus capable
de tenter un
conqurant que
les
montagnes
striles et nues de
l'Argyleshire. (Dr. AKiN.)
-Z/~h&e/TKe. L'Irlande est une des~Iles
Britanniques
l'ouest de
l'Angleterre,
dont eUeest
spare par
le canal de
St-Georges,
et
au sud-ouest de
l'cosse par
un canal de
cinq
lieues. Sa
longueur
est de cent dix lieues du sud au
nord,
et sa
largeur
de soixante-
deux lieues.
XXVI. Dans le
camp
mme. Le
camp
de la neuvime
lgion,
selon
Gordon,
tait dans le
Fife,
et on en voit encore
quelques
vestiges
Loch-ore.
L'aspect
de la nature n'a
pas chang
dans
cette contre. Les marais et les lacs en
occupent toujours
une
grande partie.
A deux mille
pas
du
camp
de Loch-ore est un vaste
marais
appel
Loch-leven.
XXVIII. Cohors
C~pMnw!. Usipiens, peuples
dela
Germanie,
qui
s'tendaient le
long
de la rive droite de la
Lippe.
On ne sau-
rait dcider
quel espace
ils
occupaient
sur les bords du
Rhin;
peut-tre
tait-ce
jusqu'
l'endroit o ce
fleuve,
se
partageant,
for-
mait l'le des Bataves.
XXIX. ~Mmont
Grampius.
Chane de
montagnes qui
conserve
encore lenom de
Grampian.
Cruda <zeviridis senectus.
J am
senior,
sedcrudadeo
viridisque
senectus.
(ViRGn,<e;We,liv. vi,
v.
3o4.)
Ga~aeM.f, que
les historiens cossais
appellent
encore Cor-
bied,
tait le
vingt-unime
roi de la race de
Fergus 1~, qui
fut
lefondateur de la
monarchie; et, quoiqu'on
ait lev des doutes
sur l'authenticit de cette
monarchie,
il est
cependant certain,
par
le
tmoignage
de l'histoire
romaine, que
les Caldoniens fu-
rent
gouverns par
une suite de rois
sages
et
courageux
durant le
sjour que
les Romains firent dans la
Bretagne. (Gographie
de
/Me~<<'&et de
Malte-B;un,
tom.
Ht, pag. 33o.)
XXX. ~ff~oyc.r Romani. On a fort tourment ce
texte. Pes
VIE DE J ULIUS AGRICOI~.
ditions
portent
eo
~MM~~M~M, <y~~t:o~e~, inferiores,
inter
<*at'M
infestiores,
etc. L'dition de Brotier
porte infestiores.
XXXIII. ~b:'c!a huitime anne. Lahuitime anne
depuis
son
entre dans la
province,
l'an
83~
de Rome.
XXXVII.
Fronte,
front de
bataille;
aversam hostium
aciem,
les
premires lignes
de l'arme
ennemie, qui ont
tourn le dos.
~fctMira
virtusque.
Cette
pense
setrouve dans
Virgile (nide,
,1,367)=
Quondam
etiamvictisredit in
preordia
virtus.
~~<~77MM~ac/-c~r~
de dix mille ennemis. On retrouve dans le
Strathern ce
champ
de
bataille, prs
du lieu
appel Kirkhof-Go-
merie. On
y voit
encore les ruines des deux
camps
dont Gordon
fait mention dans son 7<:ne/'at/'e
septentrional,
et
qu'il
a relevs
(pi. 5). ).
La ville
d'Abernety,
nomme alors
Victoria,
et btie l'em-
bouchure du
Tay,
en mmoire de ce mmorable
vnement,
est
attsst un monument de cette victoire.
C'est de
l,
ou
peut-tre
d'un
port
un
peu
au dessus et
appel
Montross, que partit
la flotte
romaine,
qui
remonta la cte vers
le nord
pour
faire le tour de l'le et revenir
par
la cte occiden-
tale dans le
port
de Sandwich. Ce fut dans cette traverse
qu'on
acquit
de nouveaux dtails sur la
prilleuse navigation
des Usi-
piens.
Ils avaient fait
peu prs
lemme
trajet
en sens
contraire,
tant
partis
dela
province
de
Galloway.
XXXVIII. Des Horestes. Ils
occupaient peut-tre
le
pays
d'An-
gus, province d'cosse,
entr ceHesde Strathern et de Mernes.
Trutule. On
conjecture que
le texte est altr et
qu'il y
avait
rutupensem portum. Rutupis
tait une ville clbre situe
peu
prs
o setrouve maintenant Sandwich.
XXXIX.
~/<M<~7!<?f
sa haine.
J !<<M<*ye
odium. D'Alembert
atraduit laisser
reposer
sa haine. La haine ne
repose point.
XL. Syriam provinciam.
La
Syrie,
contre de l'Asie. Dans l'-
criture,
on ne
comprend
sous ce nom
que
la
Msopotamie
et la
Clsyrie mais,
suivant les auteurs
anciens
elle renferme la
Phnicie,
la
Palestine,
la
Msopotamie,
le
pays
de
Babylone
et
NOTES.
~7-
l'Assyrie.
Certains
auteurs,
entre antres
Apollonius
de Rhodes
( liv. il,
v.
946
et
964), prtendent qu'elle
s'tendait
jusqu'
Si-
nope,
ou le
promontoire Carambis,
sur le
Pont-Euxin. Mais il
faut
remarquer qu'Apollonius
de Rhodes
parle
en cette occasion
de la
Cappadoce,
ou
plutt
de la
Paphlagonie,
dont il ne fait
qu'un
seul et mme
pays
avec ]a
Cappadoce. Or,
l'on sait
qu'an-
ciennement la
Cappadoce s'appelait Syrie,
ou
Leuco-Syrie.
Les
plus
clbres
auteurs,
parmi
les
anciens,
bornent la
Syrie propre-
ment
dite,
vers le
nord,
au
golfe Issieus, et,
vers le
midi,
l'-
gypte
et l'Arabie Ptre.
Les
Europens,
ne connaissant
point particulirement l'Asie,
donnrent le nom
d'Assyrie
cette vaste tendue de
pays qu'oc-
cupaient
les
Assyriens, et,
venant ensuite retrancher la
premire
syllabe,
ils en firent le mot
Syrie.
Les Grecs se servirent de ce
terme,
et laissrent aux autres nations celui
d'Assyrie.
Hrodote
(liv. v~, S ?3) dit,
en
parlant
des habitans dece
pays
n LesGrecs
les
appellent Syriens,
et les
Barbares,
Assyriens. oJ ustin(liv.
i, 2)
dit
peu prs
de mme. Cicron
( Tusc.,
lib.
v, 35,
De
Fin.,
lib.
Il, 3a,
et
ailleurs )
se sert assez indiffremment des termes
Syrie
et
Assyrie. (LARcHEtt,
~ya<
d'Hrodote,
tom.
vin.)
Il se rendit denuit dans Rome.
Ceux qui
eurent
quelque
com-
mandement
craignirent d'entreprendre
de
trop grandes
choses il
fallut modrer sa
gloire,
de
faon qu'elle
ne rveillt
que
l'atten-
tion et non
pas
la
jalousie
du
prince,
et ne
point paratre
devant
lui avec un clat
que
ses
yeux
ne
pouvaient
souffrir.
(G/<M~CK/
f< ~cc<M~:ce<s!M7{of7M!M~, chap. xin.)
77n'tait
accompagn que
d'un ou de 6~.c amis. On sait
qu'il
tait
d'usage
Rome
que
les
personnages distingus parussent
en
public
suivis d'une foule de cliens. Des affranchis et des histrions
osrent se
promener
dans les rues de
Rome,
suivis d'un
cortge
des
personnages
les
plus illustres;
il fallut un snatus-consulte
pour
dfendre aux histrions de
paratre
en
public,
suivisde snateurs et
de chevaliers
( Voyez
Annales,
i). ).
Depuis
l'an de Rome
~So,
le
triomphe
avait cess d'tre ac-
cord aux
simples citoyens,
ces souverains
passs
du trne la
servitude. Il fut rserv aux seuls Csars et aux
princes
de leur
sang.
C'tait
Agrippa qui
avait
imagin
cette recherche d'adula-
tion
pour Auguste;
et cette bassesse avait t convertie en loi.
278
VIE DE J ULIUS AGRICOLA.
XLI. Et
l'espce
d'ennemis la
plus
funeste.
Dtestablesflatteurs,
prsent
le
plus
funeste
Quepuisse
faireauxroislacolrecleste
( Phdre,
actetv, scne
dernire.)
Dispos
n'couter
que
les
plus pervers,.
Les
poussent
au
penchant
oleur curest
enclin,
Etleur osentducrime
aplanir
lechemin
(Phdre,
acte
iv,
scne
dernire.)
Ces deux beaux vers ne sont
pas
sans doute latraduction du
pas-
sage
de
Tacite,
mais
je
ne doute
pas que
Tacite ne les ait
inspirs.
Domitien,
en
etfet,
se laissait
pousser
au
penchant auquel
son
coeur tait enclin.
tait
prcipit
au milieu de sa
gloire
mme.
Bossuet
rappe-
lant ces belles
expressions,,les
a
employes
dans l'Oraison
~!<-
nbre <fBe~cMe
~K~etc/re
Ne
puis-je pas dire, Messieurs,
pour
me servir des
paroles
du
plus grave
des
historiens, qu'elle
allait
tre
prcipite
dans la
gloire.

XLII. Civica. Gouverneur de l'Asie. Domitien
supposa qu'il
voulait se
rvolter,
et lefit assassiner.
Envi son
propre bienfait.
On atraduit odieuxd'un tel
bienfait,
qu'on
fe/t remercidt coMMe d'une
grdce, souffrit
ses ye~e/'c~
mens,
etc. Dcmitien avait
promis
la
province
c'tait
une rcom-
pense,
un
bienfait; et,
au momento il doit
l'accorder,
il ne rou-
git pas
d'envier son
propre
bienfait. C'tait une
peine
extrme
pour
l'homme
gnreux
de ne
pouvoir rcompenser;
ce fut une
joie pour
Domitien
d'extorquer
une
rcompense promise
et m-
rite. On
trouve
au liv. !V des
~/M~f,
un mme trait de
Tibre.
XLIII. Le nomma cohritier. Le roi des
Icnes, Prasugatus,
depuis long-temps
clbre
par
son
opulence,
avait associ Nron
sa
succession,
avec ses deux
filles, esprant qu'une
telle dfrence
mettrait son
royaume
et sa famille a l'abri de toute insulte. Le
contraire arriva son
royaume
fut dvast
par
les
centurions,
sa
maison
par
des
esclaves;
son
pouse
Boadice fut
frappe
de
verges,
et ses filles livres la brutalit des soldats.
(
~n/:a~j
i4, xxvt.)
NOTES.
~79
Mela,
frre de
Snque
et
pre
du
pote Lucain, prs
d'tre
la victime de
Nron, qui
voulait
engloutir
ses
richesses,
se fit ou-
vrir les veines et
laissa, par
son
testament,
de
grandes
sommes
Tigellinus
et son
gendre Capiton
les favoris de
Nron, pour
conserver lereste de ses biens ses hritiers.
(Annales 16, i?.)
XLV. Carus Metius. Ce fut lui
qui
accusa et fit
prir Sncion i
et il se
prparait
tre ledlateur de Pline le
J eune, lorsque
Do-
mitien mourut. Arulenus Rusticus avait aussi t sa victime. Re-
gulus,
dlateur aussi atroce
que Metius,
fit unesatire contre Aru-
lenus, qui
n'existait
plus;
Metius
s'emporta
contre
Regulus
et lui.
dit:
Qu'avez-vous
dmler avec mes morts?
ai-je t, moi,
trou-
bler la cendre devos
morts,
celle des Crassus et des Camerinus?

( ~q~cz
PLINE, ZeM.
1,5.)
Albanam arcem. Palais de
Domitien douze milles de Rome
sur la voie
Appienne.
C'est de l
que Domitien,
assist d'un con-
seil de
dlateurs,
envoyait
des arrts de mort aux
plus
illustres
citoyens
de
Rome
et c'est l
que
setint cette sance
burlesque
si
bien dcrite
par
J uvnal
(satire iv),
au
sujet
d'un turbot mon-
strueux et dela manire de le
prparer.
./MM.M~M.i.Il tait
aveugle,
et
fut,
sous
Domitien,
le d-
lateur de tous les
gens
de bien.
J uvnal l'appelle
Grande et con-
.~tc~M/K
nostro
quoque tempore
monstrum. CeMcssalinus donna
lieu un mot trs-heureux et trs-hardi. Il tait mort avant Do-
mitien,
et il avait ainsi
chapp
au
juste
chtiment
que
subirent
les dlateurs sous Nerva. Nerva avait eu toutefois lafaiblesse d'en
pargner quelques-uns,
entre autres Fabricius Veiento,
le
plus
mchant de tous les
hommes,
dont le nom
seul,
dit
Pline,
tait
une satire. A un
grand souper
dont Faliscius avait t
pri,
et o
il
occupait
mme la
place d'honneur, ayant
t
plac
cot du
prince
la
conversation
tomba sur Catulus
Messaliuus,
sur sesbas-
sesses,
ses
cruauts,
ses avis
sanguinaires.
Que pensez-vous,
ajouta
Nerva qu'il
lui ft arriv s'il et vcu
jusqu'
ce moment?
Il
mangerait
avec
nous rpondit Mannius,
frre d'Arulenus.
( Extrait
de la traduct. de M.
DELAMALLE. )
.A~M.MA'7~ Un des
procurateurs
de
l'Afrique,
homme ds-
lors funeste tous les honntes
gens,
et
qui reparaitra trop
sou-
vent commecausedesmaux
quenousavons
soufferts.
(.Hu7.iv,5o.)
VIE DE J ULIUS AGRICOLA. x8o
Nos
propres
mains trainrent Helvidius en
prison.
Domitien
voulut la mort d'Helvidius. Il fut donc accus devant le
snat,
et lesnateur Publius Certus osa
porter
les mains sur lui et le trai-
ner en
prison,
o il
prit.
Tacite dit nos
propres mains, parce
qu'alors
il tait lui-mme snateur.
De le voir et d'en ~tre vus.
Domitien,
pour
insulter la
pa-
tience de ses
victimes,
ne
pronona jamais
l'arrt d'un
supplice
sans un
prambule
de
clmence,
desorte
qu'il n'y
avait
pas
d'indice
plus
certain d'un sort
affreux, que
les
paroles
de douceur
par
les-
quelles
il dbutait.
( -SIMONE. )
Cette
rougeur
dont il se munissait contre lahonte. Domitien &t
voir un nouveau monstre
plus cruel,
ou da moins
plus impla-
cable
que
ceux
qui
l'avaient
prcd, parce qu'il
tait
plus
ti-
mide.
( Grandeuret
dcadence
des Romains, chap. xv.)
On a cru
qu'il
tait
rouge
comme
Sylla.
Sutone dit
qu'il
avait
le
visage
couvert d'une
rougeur modeste,
et
qu'il
dit un
jour
aux
snateurs Vous avez trouv
jusqu'ici
del'honntet dans macon-
duite et sur mon
visage.
VARIANTES.
II.
Legimus, quum.
Faut-il mettre
legimus,
ou
plutt
Mt/Mim? Cela
se
passa
sous
Domitien,
comme Tacite
l'indique
la fin de cet
ouvrage
(chap.~5).(J .-L.J
Et,
sicut. On lit
ut, ~eu<,
dans
Puteolanus, Alciatus,
Rhenanus.
J uste-Lipse
a
corrig
cette
leon.
III. Facilitatem
imperii.
Ne serait ce
pointfelicitalem imperii? Cepen-
dant la
leon vulgaire
est
plus
conforme l'ide de l'crivain.
(J .-L.)
Gronovius n'admet
pas
la leon de
Pichena,
qui
lit~e&c'tatem, suivi
par
tous les diteurs. Pichena a abus de l'dition de Venise donne
par
Puteolanus;
il a cru
y voir~e/icttatem,
mais ce mot
n'y
est
pas,
on
y
trouvefalicitatem
au lieu
de~eHcttatem.
C'est une
transpositi
de let-
tres
qui
a induit Pichena en erreur.
( E. )
VII. OMntJ nteme~M. Savi)iHSveut:Dum
Intemelio,
et Vulvius dit avoirr
ludans une ancienne dition Dum in
Temelium, ~tgt;)'!
urbs est. J e con-
viens de
cela,
et voudrais seu)fment Dum
Tn~eme~to~;
car il
s'agit
du
peuple
et non de la ville.
(J .-L. )
Colerus et Scheffer
prfrent
7/t!eme&0!. J e crois cette
leon
la meil-
leure.
Voyez
des claircissemens sur le fait dont il
s'agit,
Hist.
3, ) 3,
o
il est
parl
des Intmliens. Brotier est aussi de mon
opinion. (E.)
Les IntmHfns habitent la
Ligurie. ~o~'ez
STRABON
(liv. tv, pag. 402),
etTACtTE(Rt'!t.. H, .3). (0. )
Nuntio.
depiehensus.
Les diteurs de Deux-Ponts
conjecturent
re-
prehensus pour
retractatus,
refoeatu!.
VIII. Vettius. C'est ainsi
qu'il
faut
lire,
et non ~ecf<Mf.
Voyez
ce
qui
est
dit, T~Mt.,
il. 65.
Brotier,
en ctaircissant ce
passage,
donne l'num-
ration de tous ceux
qui
ont
gouvern
la
Bretagne. ( 0. )
X. Nix et hiems abdebat. ~Me~t est une correction de Rhenanus.
On lisait avant
luia~ete&at.
Pour
moi, j'aurais prfr
abdiderat, qui
est plus
conforme au
gnie
de la
langue
latine,
et aux restes de ce
passage
qui
at
corrompu. (E. ) Appetebat
est
imposant
et
par
lesens
qu'il pr-
sente et
par
la
place qu'il occupe.
J 'aimerais njieux
lire,
avec les diteurs
de
Deux-Ponts,
~ua<A;m<enM
au lieu de
~MaM
/toetcftM.
( 0. )
VARIANTES. t82
VIII. Et, ~fut~~
bel/um ro'entt~u~ er<. J e voudrais ut
~ut&uM/M.
(J .-L.)
Ces mots
quibus
~e~'uM volentibus e/t sont
expliqus
ailleurs.
( Voyez
~M.,i,5g;HMt.,m,~3,53.)
Un manuscrit du Vatican
porte
et
quibus.
Brotier admet cette
leon,
qui
du reste est bonne.
(E.)
Nihil arduum aut t/tp';c<MM Invium
parat prfrabte.
7n~M virtuti
<tu</<! est via, et,
p!us bas
on
lit
chap.
Kxvn ~Vt7;:7virtuti ~utnff'Hm.
J e metsici la
leon vulgaire,
de
peur que
Tacite ne
paraisse
se servir
deux fois de la t~me locution.
( H.)
XIX. Non omnia
exsequi.
Ce mot
exsequi 6 goifie,
dans ce
passage,
pu-
nire, u'cfjct. Sutone
(Vespas.
,chap. xiv; Ca&g-, chap. xn)etSeneque
l'ont
en~ploy
dans cette
signification. (J .-L.)
Scheffer traduit
ej:~e~m'parej:am{ftare ~HK/~e/M~uent
mereatur.
(0.)
?'n'&'rMm auctionem
t)?</tfH/:Me
munerum MoMre. J e lirai exuctio.
?iem.(J .-L.)
Ainsi faisait Rhenanus. Muret vouait aussi e.cactf'onem, et Brotier
a
trouv ce mot dans un manuscrit du Vatican.
(E. )
~eH~ere
pretio.
J e
souponne
ac vendere
~r~o pretio. ( G. )
Le sens ic montre
videmment.
C'est sans raison
que
Brotier
.tjoute/i/t
meMumo'iCMtum. (E.) 7'<Mtodcmandet/M/)Crt)M,~:cr<~o;
Dureau
DeIamaDeiit~arco. (0.)
ERRATA.
Page
~08,
tigae
20. Au lieu d'~oc~MCH!, lisez aMc<t'oM/K.
Page z.. ligne
m. Au lieu
d'infestiores,
lisez interiores.
DES ORATEURS.
DE
ORATORIBUS
SIVE
DIALOGUS
DE CAUSIS CRRUPT~
ELOQUENTI~E.
I.
~~EPEex me
requiris,
J uste
Fabi,
cur, quumpriora
saecutatoteminentiumoratorum
ingeniisgloriaque
efflo-
ruerint,
nostra
potissimumaetas,
desertaetlaude
eloquen-
tiae
orbata,
vix nomen
ipsum
oratoris retineat
ueque
enimita
appellamus,
nisi
antiquos;
horumautem
tempo-
rum
disert!, causidici,
et
advocati, etpatroni,
et
quidvis
potius quamoratores,
vocantur. Cui
percontationi
tuae
respondere,
et tam
magnsequsestionispondusexcipere,
ut aut de
ingnus
nostrismateexistimandum
sit,
si idem
adsequi
non
possumus,
aut de
judiciis,
si
nolumus
vix hercule
auderem,
si mihi measententia
proferenda,
ac non
disertissimorum,
ut nostris
temporibus,
homi-
num
sermorepetendus
esset,
quos
eamdemhanc
quaestio-
nem
pertractantes
juvenis
admodumaudivi. itanon
inge-
DES ORATEURS
ou
DIALOGUE
SUR LES CAUSES DE LA CORRUPTION DE
L'LOQUENCE.
I. -Lu medemandes
souvent,
J ustus
Fabius,
pourquoi
lessicles
prcdons
ayant
brill dela
gloire
et du
gnie
de tant d'minens
orateurs,
notre
poque,
abandonne
par l'loquence,
sembleen tre
veuve,
et avoir mme
oublitout--faitlenomd'orateur car nousnedonnons
plus
ce nom
qu'aux
anciens
pour
les
gens
de talent
contemporains,
nous les
appelons
dfenseurs,
patrons,
avocats,
oude toute autre
dnomination,
plutt qu'ora-
teurs.
Rpondre
seul ta
demande,
et
prendre
l res-
ponsabilit
d'une si
grande question,
ceserait ou don-
ner mal
penser
denos
esprits,
si nous ne
pouvonspar-
venir auxmmes
rsultats,
ou denos
jugemens,
si nous
nelevoulons
pas;
et certes
je
n'aurais
pas
cette
audace,
si
je
n'avais mettre
que
mon
propre avis,
et si
je
ne
pouvais
te
rpter les
observations deshommesles
plus
disertsdenos
temps, que,
fort
jeuneencore, j'ai
entendus
traiter cette mme
question.
Ainsi il nemesera
pasbesoin
de
gnie,
mais seulement demmoireet de
souvenirs,
DE ORATORIBUS. 286
nio,
sedmemoria ac
recordatione, opus est, ut,
quae
a
praestantissimis
viriset
excogitata
subtiliter,
etdicta
gra-
viter
accepi, quumsinguli diversas,
vel
easdem,
sed
pro-
babiles causas
adferrent,
dumformamsui
quisque
et
animi et
ingnuredderet,
iisdemnunc
numeris,
iisdem.
que
rationibus
persequar,
servato ordine
disputationis
neque
enim
dfuit,
qui
diversam
quoque partemsuscipe-
ret, ac,
multumvexata et irrisa
vetustate,
nostrorum
temporumeloquentiamantiquorum ingeniis
anteferret.
II. Nam
postero die, quam
Curiatius Maternus Ca-
tonem
recitaverat,
quum
offendisse
potentium
animos
diceretur,
tamquam
in eo
tragdi argumento,
sui
oblitus,
tantum Catonem
cogitasset, eaque dere per
Urbem
frequens
sermo
haberetur,
venerunt ad eumM.
Aper,
et J ulius
Secundus,
celeberrimatum
ingenia
fori
nostri;
quosego
in
judiciis
non
utrosque
modo studiose
audiebam,
seddomi
quoque
et in
publico
adsectabar,
mira studiorum
cupiditate,
et
quodamardorejuvenili,
ut fabulas
quoque
eorum,
et
disputationes,
et arcana
gemotae
dictionis
penitus exciperem quamvis maligne
plerique opinarentur,
nec Secundo
promptum
esseser-
monem,
et
Aprum ingenio potius
et vi
naturae, quam
institutione et
litteris,
famam
eloquentiae
consecutum.
Namet Secundo
purus,
et
pressus, et,
in
quantum
satis
erat,
proHuens
sermo non
defuit;
et
Aper,
communi
DES ORATEURS.
287
pour rappeler
ce
quej'ai
entendu
spirituellement
mettre
et
gravement
discuter
par
ces hommes du
plus
haut
mrite,
qui exposaient
leurs
opinions,
diversesousem-
blables,
mais
toujoursplausibles,
chacun aveclesformes
deson
esprit
et desoncaractre. J e les
rproduirai
au-
jourd'hui
avec leurs mthodes et leurs
raisonnemens,
en conservant l'ordre de la discussion car il neman-
qua pas
d'orateurs
qui
soutinrent une
opinion
contra-
dictoire,
et
qui, aprs
avoir maltrait et ridiculis le
vieux
temps,
osrent mettreaudessusdes
gniesantiques
l'loquence
denotre
poque.
II. En
effet,
lelendemaindu
jour
o Curiatius Ma-
ternus lut
publiquement
sa
tragdie
de
Caton,
dans la-
quelle,
oubliant sa
propre sret,
il
avait, dit-on,
offens
les
puissans
du
jour, pour
ne
penser qu'
son
personnage,
cefut
par
lavilleun
grand sujet d'entretien,
et il re-
ut
la visite de M.
Aper
et deJ ulius
Secundus,
alors
les
plus
illustres
gnies
denotrebarreau. Non-seulement
je
mefaisaisune tude de les couter l'un et l'autre au
forum,
maisje
lesvisitais
chezeux;
je
lessuivaisen
pu-
blic, pousspar
une merveilleuse
passion
dem'instruire
et
par
une certaine ardeur de
jeune homme; je
faisais
profit
deleurs
discours,
de leurs
discussions,
et des se-
cretsmmedeleur conversation
intime, quoiquegnra-
lementla
malignitjuget que
Secundustait lourddans
ses
plaidoyers,
et
qu'Aperdevait
sa
rputation d'loquence
plutt
son caractre et la forcede la nature
qu'
l'tude et aux lettres. En
effet,
Secundus ne
manquait
pas
d'une locution
pure,
serre et abondante autant
qu'il
tait
ncessaire;
et
Aper,
nourri de
l'rudition ordi-
naire, ddaignait
les belles-lettres
plutt qu'il
ne les
DE ORATORIBUS. &88
eruditione
imbutus,
contemnebat
potius
litteras, quam
nesciebat;
tamquammajorent
industriaeet laboris
glo-
riamhabiturus,
si
ingeniumejus
nullisalienarumartium
adminicuiis
inniti videretur. Igitur,
utintravimus
cubi.
culum
Materni,
sedentem
ipsum,
et,
quempridie
reci-
taverat,
librumintramanus
habentem,
deprehendimus.
III. TumSecundus Nilne
te, inquit, Materne,
fabulae
malignorum
terrent,
quominus
offensas Catonis tui
mes?Anideolibrumistum
apprehendisti,
ut
diligentius
retractares, et, sublatis,
si
qua* pravam interpretandi
materiam
dederunt, emitteresCatonem,
non
quidem
me-
Horem,
sedtamen securiorem? Tumille
Leges
tu
qui-
dem si
volueris
et
agnosces, quae
audisti
quod
si
qua
omisit
Cato, sequenti
recitatione
Thyestes
dicet.
Hanc enim
tragd!amdisposuijam,et
intra me
ipsefor-
mavi
atque
ideomaturarelibri
hujus
editionem
festino;
ut,
dimissa
priore
cura,
novae
cogitationi
toto
pectore
in-
cumbam. Adeote
tragdiae
istsenon
satiant, inquitAper,
quominus,
omissisorationumet
causarumstudiis
omne
tempus
modocirca
Medeam,
eccenunc circa
Thyesten
consumas!*
quum
tot amicorum
causae,
tot coloniarum
et municipiorum
elientelae,
in
forumvocent,
quibus
vix
sufficeres,
etiamsi nonnovun)tibi
ipsenegotiumimpor-
tasses,
Domitiumet
Catonem,id est,
nostras
quoque
hi-
storias,
et romananominaGraecorumfabulis
adgregares.
DES ORATEURS.
~8<)
Y).
19
ignorait
il
pensait acqurir
une
plus granderputation
descienceet detalent en ne cherchant
pas pour appui
son
gnie
de
petits emprunts
dans lesarts
trangers.
Ainsi
donc,
tant entrs danslachambrede
Maternus,
nous letrouvmesassiset tenant lamainson
ouvrage,
qu'il
avait lu laveille.
III. AlorsSecundus
Quoi! Maternus,
les
propos
de
la
malignit
nete dtourneront-ils
pas
deton affection
pour
ton cher Caton et ses traits offensifs? ou bien
n'as-tu
pris
cet
ouvragequepour
leretoucher avec
soin,
enlever ce
qui
donne matire de sinistres
interprta-
tions,
et
publier
une
tragdie
de
Caton,
sinon
meilleure,
moins
dangereuse?
Maternus
rpondit
Lis,
si tu
veux,
et tu reconnatras ce
que
tu as ou la
premire
lec-
ture. Si
quelque
trait est omis
par Caton, Thyeste
le
rappellera
dansma
prochaine tragdie
car
j'ai dj
dis-
pos
le
plan
de
celle-ci,
et il esttout trac en mon
esprit.
Aussi
je
mehtedemettre au
jour
le
premier ouvrage,
afin
que, dgage
dece
soin,
toutema
pense
soit con-
sacre cette nouvelle
conception.
N'en as-tu donc
pas
assezdecesuvres
tragiques? interrompit Aper;
et
faut-il
que, ngligeant
et tes
harangues
etl'tude detant
de
causes
tu consumestoutes tes veilles tantt
pour
Mde et tantt
pour Thyeste, pendant que
ladfense
detant
d'amis,
lesclientelles detant de colonieset de
municipes, t'appellent
au barreau? A
peiney
suffirais-
tu,
lors mme
que
tu ne
t'imposeraispaspour
nouveau
travail des
tragdies
de
Domitius,
de
Caton,
c'est--dire
de
t'occuper
la
fois,
et
de,nos
propres
histoires et
des nomsromains et desfablesdela Grce!
DE ORATORIBTJ S.
290
IV. Et Maternus Perturbarer hac tua
severitate,
nisi
frequens
ac assidua nobis contentio
jam prope
in con-
suetudinem vertisset. Nam nec tu
agitare
et
insequi
poetas intermittis,
et
ego,
cui desidiamadvocationum
objicis, quotidianum
hoc
patrocinium
defendendaead-
versus te
poeticse
exerce.
Quo
laetor
magis,
oblatum
nobis
judicem, qui
me vel in futurum vetet versus fa-
cere, vel,
quodjam pridemopto,
sua
quoque
auctori-
tate
compellat, ut,
omissis forensiumcausarum
angu-
stus,
in
quibus
satis mihi
superque
sudatum
est,
san-
ctioremistamet
augustioremeloquentiam
colam.
V.
Ego
vero,
inquit
Secundus,
antequammejudicem
Aper recuset,
faciam
quod probi
et
modesti judices
so-
lent,
ut inhis
cognitionibus
se
excusent,
in
quibus
ma-
nifestum
est,
alteram
apud
eos
partemgratia praevalere.
Quis
enim
nescit,
neminemmihi
conjunctioremesse,
et
usu
amicitise,
et assiduitate
contubernii,
quam
Saleium
Bassum, quumoptimum virum,
tum absolutissimum
poetam? porro,
si
poetica
accusatur,
non alium video
reum
locupletiorem.
Securus
sit, inquit Aper,
et Sa-
leius
Bassus,
et
quisquis
aliusstudium
peticae
et carmi-
num
gloriamfovet, quum
causas
agere
non
possit. Ego
enim,
quatenus
arbitrum litis
hujus inveni,
non
pa-
tiar Maternum societate
plurium
defendi;
sed
ipsum
solum
apud
vos
arguam, quod,
natus ad
eloquentiam
DES ORATEURS.
agi
~9-
IV. Maternus
rpondit
J eseraisdconcert
par
tas-
vrit,
si une
oppositionfrquente
et continuellenes'-
tait
changepour
nousen une
espce
d'habitude.
Car,
toi,
tu necessesdeharceler et de
poursuivre
les
potes
et
moi,

qui
tu
reproches
ma
paressepour
les
plaidoi-
ries, chaque jour je plaide
contre toi en faveur de la
posie.
J e m'en
rjouis
d'autant
plus, qu'il
nous soit of-
fert un
juge qui
va ou medfendre de
jamais
faire de
vers
l'avenir,
ou
bien,
ce
queje
dsire
depuislong-
temps, m'encourager par
son autorit renoncer aux
routes obscureset troitesdes
plaidoiries
du forumdans
lesquellesj'ai
vers assez et
trop
de
sueurs, pour
me
vouer au culte decette autre
loquence plus
sainteet
plusauguste.
V. Pour
moi,
reprit
Secundus,
avant
qu'Aper
ne
me
rcuse, je
ferai comme
cesjugesintgres
et modestes
qui
s'excusent de
prononcer
dans les causes o il est
vident
qu'une
des
parties
trouverait en eux des
juges
trop
favorables.
Qui
ne
sait,
en
effet, que personne
ne
m'est
plus
attach,
et
par
tous les
rapports
dei'amiti
et
par
l'habitude devivre
ensemble,
que
Saleius
Bassus,
homme aussi excellent
que pote accompli?
Or,
si la
posie
est miseen
accusation,
je
ne voisnulle
part
un
coupableplus
richeen mfaits.J e ne veux
troubler,
dit
Aper, ni
Saleius
Bassus,
ni
quiconque
selivre l'tude
desvers et en recherche la
gloire, parcequ'il
ne
peut
atteindre cellede
l'loquence quant

moi,
puisque
voici un
juge
dece
dbat,
je
ne souffrirai
pas que
l'on
dfendeMaternus en lui associant
plusieurscomplices;
mais
j'arguerai
contre lui seul
auprs
devous. N
pour
cette
loquence
virile et oratoire
par laquelle
il et
pu
acqurir
et conserver tant
d'amis,
se concilier des na-
DE ORATORIBUS.
aga
virilemet
oratoriam
qua parare
simul et tueri amici-
tias,
adsciscere
nationes,
complecti provincias possit,
amittit
studium, quo
non aliud in civitate nostra vel
ad utilitatem
fructuosius,
vel ad
dignitatem amplius,
vel ad Urbis famam
pulchrius,
vel ad totius
imperii
at-
que
omnium
gentium
notitiamillustrius
excogitari po-
test.
Nam,
si ad utilitatemvitaeomniaconsilia
factaque
nostra
dirigenda
sunt, quid
et'tt
tutius,
quam
eamexer-
cere
artem,
qua semper
armatus
prsesidiumamicis,
opemalienis,
salutem
periclitautibus,
invidis vero et
inimicismetumetterrorem ultro
feras, ipse
securus,
et
velut
quadamperpetua potentia
ac
potestate
munitus?a
cujus
viset
utilitas,
rebus
prospere
fluentibus,
aliorum
praesidio
et tutela
intelligitur
sin
proprium periculum
increpuit,
non herculelorica aut
gladius
in aciefirmius
munimentum,
quam
reo et
periclitanti eloquentia
praesidium
simul et
telum, quo propugnare pariter
et
incessere,
vel in
judicio,
sive in
senatu,
sive
apud
principempossis. Quid
aliud infestis
patribus nuper
Eprius
Marcellus, quameloquentiamsuam opposuit ?
a
qua
accinctuset
minax,
disertam
quidem,
sed inexer-
citatam,
et
ejusmodi
certaminum
rudem,
Helvidii sa-
pientiam
elusit? Plura deutilitate non
dico,
cui
parti
minime contradicturum Maternum meum arbitror.
VI. Ad
voiuptatem
oratoriae
eloquentiae transeo
DES ORATEURS.
9~3
tions,
s'attacher des
provinces,
il abandonnela
profession
qui, plusqu'aucune
autredansnotre
ville,
assureles
plus
utiles
produits,
la
plusample
considration,
la
plus
belle
renomme dans
Rome, et,
dans tout
l'empire
et chez
toutes lesnations. la
rputation
la
plus
illustre
que
l'on
puisse imaginer.
En
effet,
si c'est vers notre intrt
personnel que
doivent tendre nos
plans
et nos
actions,
qu'y
aura-t-il de
plus
sr
que
d'exercer cet art
par
le-
quel, toujours
sousles
armes,
on
peut
son
grporter
secours
l'amiti, appui

l'tranger,
assistance aux
malheureux en
pril,
crainte et terreur l'envie et
l'inimiti,
en restant soi-mme l'abri et comme
pro-
tgpar
une forceet un
pouvoir
continuels? La
puis-
sanceet l'utilit decet
art,
si la fortunet'est
prospre,
servlent
par
les
appuis
et la
protection que
tu
prtes
autrui si ht esen
pril
toi-mme, non, grandsdieux,
ni cuirasseni
pe
ne t'offriraient sur le
champ
deba-
taille un
plus
fermesecours
qu'au
barreau
l'loquence,
arm
qui prserve
et
qui blesse; galement propre
la
dfenseet
l'attaque,
dans le
palais,
au
snat,
devant
le
prince. Et, nagure, qu'opposa
donc aux snateurs
irrits
Eprius
Marcellus? son
loquence
arm de ses
traits,
et
menaant,
il
chappa
au
sage
Helvidius,
disert
sans
doute,
mais
inexpriment
et
peu
faitce
genre
de
combats. J en'en dirai
pas plus
sur l'utilit del'art ora-
toire,
et
je
ne
pense pas que
mon cher Maternus me
contrediseen ce
point.
VI. J e
passe
aux charmes de
l'loquence
oratoire,
DE ORATORIBUS.
~94
cujusjucunditas
non uno
aliquo
momento,
sedomnibus
prope diebus,
et
prope
omnibus horis
contingit. Quid
enimdulcius libero et
ingenuo
animo,
et ad
voluptates
honestas
nato, quam
videre
plenamsemper
et
frequentem
domum suam concursu
splendidissimorum
hominum?a
idquescu'e,
non
pecunise,
non
orbitati, neque
officiiali-
cujusadministrationi,
sedsibi
ipsi,
dari? illos
quia
imo
orbos,
et
locupletes,
et
potentes
venire
plerumque
ad
juvenem
et
pauperem,
ut aut
sua,
aut amicorumdiscri-
mina commendent. Ullane tanta
ingentium opum
ac
maguaepotentiaevoluptas quam spectare
homines ve-
teres,
et
senes,
et totiusurbis
gratiasubnixos,
insumma
omniumrerum abundantia
confitentes,
id
quod opti-
mum
sit,
se non habere? J am
vero, qui togatorum
comitatus et
egressus! quae
in
publico species quae
in
judiciis
veneratio!
quod gaudiumconsurgendi
adsisten-
dique
inter
taceutes,
in unum conversos! coire
popu-
tmn,
et circumfundi
coronam
et
accipere
afectum
quemcunque
orator induerit
Vulgata
dicentium
gau-
dia,
et
imperitorumquoque
oculis
exposita, percenseo.
Hta
secretiora,
et tantum
ipsis
orantibus
nota, majora
sunt. Sive
accuratammeditatamque
affert
orationem,
est
quoddam
sicut
ipsius
dictionis,
ita
gaudii pondus
et constantia sivenovamet recentemcuram non sine
aliqua tt't ptdationc
aninu
adtulerit,
ipsa
sollicitudo
DES ORATEURS.
~5
dont lesdouceursnousravissent non
pour quelques
mo-
mens,
mais
presque
tous les
jours
et
presque

chaque
heure.
Quoi
de
plus
doux
pour
un
esprit
libre,
gnreux
et n
pour
les
plaisirs honntes, que
devoir sa maison
toujours frquente
et
remplie
d'un concours de
per-
sonnes du
rang
le
plus lev,
et desavoir
que
cen'est
ni votre
argent,
ni votre
hritage,
ni
quelqueplace
dans
l'administration,
maisvotre
propre
mrite
que
l'onrecher-
che? Bien
plus,
cesont des vieillards sans
enfans,
des
riches,
des
puissans, qui
le
plus
souvent viennent trou-
ver le
jeune
avocat
pauvre, pour
lui confier leurs in-
trts et ceuxde leurs amis. J amais le
plaisir que
don-
nent de
grandes
richesses et unehaute
puissance
fut-il
aussi vrai
que
celui devoir deshommesancienset
vieux,
que
Romeentire
appuie
desa
faveur,
dans l'abondance
complte
de toutes
choses,
avouer
que
ce
premier
des
biens, l'loquence,
leur
manque?
Il
sort,
et
djquel
cor-
tge
de
personnes
en
toge quel appareil
audehors
quelle
vnration dansle sanctuaire de la
justice quellejoie
ds
qu'il
selveet
parle
au milieudu
silence,
tous les
regards
fixssur lui!
lorsque
lafouleattire fait
cercle,
et
reoit
toutes les
impressions
dont il s'affecte lui-
mme J edcris les
joies vulgaires
des
plaideurs,
telles
qu'ellesfrappent
les
yeux
des moins
clairvoyans;
il en
est de
plus
secrtes,
etcesont les
plusgrandes,
connues
seulementdel'orateur.
Apporte-t-il
une
harangue
mdi-
teavec
soin,
sa diction est
mesure,
son
triomphe
est
calmeet assur arrive-t-il avec une
composition
nou-
velleet
peine
acheve,
ce n'est
pas
sans un certain
trouble
d'esprit,
et cette
inquitude
mme favoriseson
succset
augmente
le
plaisir.
Maisla
jouissance
vient
par-
ticulirement del'audaceet d'une tmrit inattendue
DE ORA.TORIBUS.
ag6
commendat
eventum
et lenocinatur
voluptati.
Sedex-
temporalis
audaciae,
atqueipsius
temeritatis
vel
praeci-
pua
jucunditas
est. Nam in
ingenio quoque,
sicut in
agro, quamquam
alia diu serantur
atque
elaborentur,
gratiora tamen, quse
sua
sponte
nascuntur.
VII.
Equidem,
ut de me
ipse
fatear,
non eumdiem
tsetioremegi, quo
mihi latus clavus
oblatusest,
vel
quo
homo
novus,
et in civitate minime favorabili
natus,
quaesturam,
aut
tribunatum,
aut
praeturam accepi,
quameos, quibus mihi, pro
mediocritate
hujus quantu-
tcumque
in dicendo
facultatis,
aut reum
prospere
de-
fendere,
aut
apud
centumviros causam
aliquam
feliciter
orare,
aut
apud principemipsos
illoslibertoset
procu-
ratores
principum
tueri et defendere datur. Tummihi
supra tribunatus,
et
prturas,
et consulatus ascendere
videor
tum
habere, quod
in
se
nonin
alio
oritur,
nec
codicillis
datur,
neccum
gratia
venit.
Quid?
famaet laus
cujus
artis cumoratorum
gloria comparanda est, qui
non illustres in urbe
solum, apud negotiosos
et rebus
intentos,
sed etiam
apud juvenes
et
adolescentes, qui-
bus
modorecta,
et indoles
est,
et bona
spes
sui?
Quorum
nomina
prius parentes
liberissuis
ingerunt? quos
sse-
pius vulgus imperitum,
et
tunicatu&hicpopulus
trans-
euntes nomine
vocat,
et
digito
demonstrat?
A,dyenae
quoque
et
peregrini, jam
in
municipiis
et coloniissuis
DES ORATEURS.
~97
car,
dans les uvres
d'esprit,
ainsi
qu'en
un
champ,
quoique
bien desfruits soient
produits par
lessemences
et le
travail,
toutefoisnousadmirons
davantage
ceux
qui
naissent d'eux-mmes.
VII.
Et, pour parler
franchement des
jours
heureux
pour moi,
ni celui o
je
fus dcor du
laticlave,
ni
ceux
o, quoique
homme nouveau dans
Rome,
et n
dansuneville
peu
en
faveur,
je
fusnomm
questeur, puis
tribun, puisprteur,
aucunn'est
plus
beau
que
celui
o,
malgr
la faiblesse demes facults en l'art
oratoire
il m'est donn ou de sauver un
accus,
ou de
plaider
heureusement devant les
centumvirs
ou de dfendre
avecsuccs
auprs
dusouverainlesaffranchiset les
pro-
curateurs dessouverains
prcdens.
Alors
je
mecroisau
dessus
destribunats,
des
prtures
etdes
consulats;je
crois
possder
ce
qui
nousvientdenous-mmes
et nond'autrui,
ce
que
nedonnent
point
des
titres,
ce
qui
nevient
pas

la suited'une faveur. Eh
quoi!
est-il aucune
renomme,
aucune
louange
dans un art
quelconque, comparable

la
gloire
des
grands
orateurs
qui
sont
remarqus
dans
Rome,
non-seulement
par
ceshommesaffairstout en-
tiers leur
ngoce,
mais aussi
par
ces
jeunesgens, par
ces
adolescens,
pour peuqu'ilsjoignent
un
esprit
droit
une honorable ambition?
Quels
noms les
pres
incul-
quent-ilsprfrablement
leurs fils?
quelspersonnages
le
vulgaire
illettr et ce
peuple
en
simpletuniqueappel-
lent-ils
plus
souvent de leurs
noms,
et montrent-ils du
doigt?
Les
trangers
mmeet les
voyageurs, qui dj
en
ont entendu
parler
dans les
municipes
et les
colonies,
DE ORATORIBUS.
auditos, quum primum
Urbem
adtigerunt, requirunt,
ac vu)Lus
agnoscereconcupiscunt.
VIII. Ausim
contendere,
Marcellum hune
Eprium,
de
quo
modoiocutus
sum,
et
Crispum
Vibium
(liben-
tius enimnoviset
recentibus, quam
remotis et oblite-
ratis
exemplisutor)
non minus notos essein extremis
partibus te) ) arum,quamCapuoe,aut Vercellis,
ubi nati
dicuntur nechoc illi alterive ter miUiessestertium
prae-
stat quamquam
ad ttas
ipsas opespossunt
videri elo-
quentiae
beneficio
venisse),
sed
ipsaeloquentia; cujus
nu-
menet coelestisvismu!ta
quidem
omnibussaeculisexem-
pla
edidit,
ad
quantamusque
fortunamhomines
inge-
nii viribus
pervenerint.
Sedhaec,
ut
supradixi, proxima,
et
quae
non
auditu
cognoscenda,
sed oculis
spectanda
haberemus
nam, quo
sordidiuset
abjectius
nati
sunt,
quoque
notabilior
paupertas,
et
angustia rerum
nascenteseos
circumsteterunt; eoclariora, et,
ad de-
monstrandamoratoriae
eloquentiaeutilitatem,
illustriora
exemplasunt; quod
sinecommendatione
natalium,
sine
substantia
facultatum,
neuter moribus
egregius,
alter
habitu
quoquecorporis contemptus, per multos jam
an-
nos
potentissimi
sunt
civitatis, ac, doneclibuit,
princi-
pes
fori,
nunc
principes
in Caesaris
amicitia, agunt
fe-
runtque
cuncta,
atque,
ab
ipso principe,
cum
quadam
rcvereutia,
dihguntur quia Vespasiauus,
venerabilisse-
DES ORATEURS.
~99
ds leur abord dans
Rome,
les
cherchent,
et dsirent
connatreleurs traits.
VIII. J enecrains
pas
d'avancer
que
Marcellus
Eprius,
dont
jeparlais
tout--l'heure,
et
Crispus
Vibius
(je
me
sers
plus
volontiers
d'exemples
nouveaux et rcens
que
d'exemples
vieilliset
oublis),
nesont
pas
moinsconnus
aux extrmitsdu monde
qu'Capoue
et
Verceil,
o
l'ondit
qu'ils
sont
ns
et cette
renomme,
pour
l'unni
pour l'autre,
n'est
point
dueleurstroiscent millionsde
sesterces,
quoique
cesrichesses
puissent
treconsidres
commele
prix
deleur
loquence,
maisleur
loquence
mme,
dont la
puissance
admirableet divine a si sou-
vent
prouv,
danstous les
sicles,

quelle
haute for-
tune
parviennent
leshommes
par
lesseulesforcesdeleur
gnie.
Et cesfaits
sont,
comme
je
l'ai
dit,
tout
prs
de
nous
nous n'avons
pas
les
apprendre par
ou-
dire,
mais lesvoir denos
yeux:
car
plus
ceshommes
sont nsdansune
position
humbleet
abjecte, plus
at
notable leur
indigence, plus
de
gne
les aentours ds
leur
berceau
plus
aussi ilssont des
exemples
illustreset
brillans
qui
dmontrent l'utilit de l'art oratoire. En
effet,
sans recommandation de
naissance,
sans
appui
d'ambition,
tousdeuxdemurs
quivoques,
l'un mme
d'extrieur assez
ridicule,
ils sont
devenus,
et
depuis
long-temps,
les
plus puissans
de
l'tat; et, aprs
avoir
t tant
qu'il
leur a
plu les premiers
au
forum,
ils sont
aujourd'hui
les
premiers
dansl'amitidu
souverain,
m-
nent et
dirigent tout,
et sont chris du
prince
mme
avec unesortede
respect
c'est
que Vespasicn
vieil-
lard
vnrable,
et le
pluspatient
couteur dela
vrit
comprend
bien
que
ses autres amis sesont levs
par
DE ORATORIBUS.
3oo
nex,
et
patientissimus
veri,
bene
intelligit,
ceteros
quidem
amicos suos niti
lis,
quae
ab
ipso
acceperint, quaeque
ipsi
accumulareetinalios
congererepromptumest;
Mar-
cellumautemet
Crispum
attulisse ad
amicitiamsuam
quod
non a
principeacceperint,
nec
accipi possit.
Mini-
muminter tot ac tanta locumobtinent
imagines,
ac ti-
tuli,
et
statuae,quaenequeipsa
tamen
negliguntur,
tam
hercule
quam
divitiaeet
opes, quas
facilius
invetiies,
qui vituperet, quamqui
fastidiat. His
igitur
et honori-
bus,
et
ornamentis,
etfacultatibusrefertasdomoseorum
videmus, qui se,
ab ineunte
adolescentia,
causis foren-
sibus et oratorio studio dederunt.
IX. Nam carmina et
versus,
quibus
totam vitam
Maternus insumere
optat (inde
enimomnis fluxit ora-
tio), nequedignitatem
uHamauctoribussuis
conciliant,
neque
utilitates
alunt; voluptatem
autem
brevem,
tau-
deminanemet infructuosam
consequuntur.
Licet haec
ipsa,
et
quae
deindedicturus
sum,
aures
tuae, Materne,
respuant,
cui bono
est,
si
apudte Agamemnon,
autJ a-
son
diserteloquitur?Quis ideo domumdefensus,
tibi obli-
gatus,
redit?
Quis
Saleium
nostrum, egregiumpoetam,
yet, si
hoc honorificentius
est, prctarissimum
vatem
deducit,
aut
salutat,
aut
prosequitur? Nempe,
si ami-
cus
ejus, si propinquus,
si
deniqueipse
in
aliquod
ne-
gotiuminciderit,
ad hune Secundum
recun'ct,
aut ad
DES ORATEURS. 3cn
les
avantages qu'il
leur a
accords
et
qu'il
lui est
si ais d'accumuler
pour
lui-mme et de dverser
autrui;
mais
que
Marcelluset
Crispus
ont
apport
son
amitides titres
qu'ils
n'ont
point reus
du
prince,
et
qui
n'en
pouvaient
tre
reus.
Parmi tant et desi
grands
biens,

peine
est-il une
place pour
des
images,
des
titres,
des
statues,
que
toutefoisl'on ne
ddaignepoint,
pas plusque
la fortune et les
richesses,
sur
lesquelles
on
jette
si facilement tant de
blme,
mais
peu
de d-
dains. Eh
bien,
ces
honneurs,
ces
dcorations,
cecr-
dit,
nous les
voyons
affluer dans les maisons de ceux
qui,
dsleur
adolescence,
se sont adonnsaux causes
duforumet auxtudes oratoires.
IX. Mais la
posie,
les
vers,
auxquels
Maternus d-
sire de consacrer sa vie
entire,
car de l vient tout
ce
discours
ne donnent aucune
dignit
leurs au-
teurs,
ne lesmnent aucun but utile. Un
plaisir
bien
court,
une
louange
vaine et sans
fruit,
voilce
qu'ils
acquirent.
Peut-tre mes
paroles
et celles
que je
vais
y ajouter fatiguent
tes
oreilles,
Maternus? A
quoi
bon
qu'en
tes vers
parlent loquemment
J ason ou
Agamem-
non?
quelqu'un, par
toi
dfendu,
en retourne-t-il en sa
demeureton
oblig?
Notre Saleiusest un
pote
excel-
lent, ou,
si l'on veut un titre
plus magnifique,
c'est le
plus
illustreamant desMuses
qui
lesalueou l'accom-
pagne?
Mais si son
ami,
si son
parent,
si enfin lui-
mmfa
a quelque
affaire sur les
bras,
il recourra Se-
cundus,
ou
toi, Maternus,
non
parceque
tu es
pote,
ni afin
que
tu fassesdesvers
pour
sa
cause,
car lesvers
DE ORATORIBUS.
3o2
te, Materne,
non
quiapoeta
es,
neque
ut
pro
eoversus
fadas hi enimBassodomi
nascuntur,
pulchri quidem
et
jucundi; quorum
tamen hic exitus est, ut,
quum
toto
anno,
per
omnes
dies,
magna
noctium
parte,
unumh-
brumextudit et
elucubravit,
rogare
ultro et ambireco-
gatur,
ut
sint,
qui dignentur
audire
et ne id
quidem
gratis:
namet domum
mutuatur,
etauditorium
exstruit,
et subsellia
conducit,
et libellos
dispergit;
et,
ut beatis-
simusrecitationem
ejus
eventus
prosequatur,
omnis illa
laus intra unumaut alterum
diem,
velut in herba vel
flore
praecepta,
ad nullamcertam et solidam
pervenit
frugem
nec aut amicitiaminde
refert
aut
clientelarn
aut mansurum in animo
cujusquam beneficium
sed
clamorem
vagum,
et voces
inanes,
et
gaudium
volucre.
Laudavimus
nuper,
ut miram et
e&imiam,
Vespasiani
liberalitatem, quod quingenta
sestertia Basso donasset.
Pulchrum id
quidem, indulgentiam principis ingenio
mereri; quanto
tamen
pulchrius,
si ita res familiaris
exigat, se ipsum
colere,
suum
ingeniumpropitiare,
suam
experiri
Iiberalitatem
Adjice, quod poetis
si modo
dignumaliquid
elaborareet efficere
velint, relinquenda
conversatio
amicorum,
et
jucunditas urbis,
deserenda
cetera
officia,
utqueipsi
dicunt,
in nemoraet
lucos,
id
est,
in solitudinemrecedendumest.
X. Ne
opinio quidem
et
fama,
eut soli
serviunt,
et
DES ORATEURS. 3o3
naissentd'eux-mmeschez
Bassus;
ilssont
beaux,
agra-
bles eh bien!
quelle
estleur fin?
Aprsqu'il
les a re-
travaills toute une
anne, chaqueune partie
des
nuits,
et enafait un
volume,
il est forcd'aller solliciter
et mendier des auditeurs
qui daignent l'couter;
et ce
n'est
pas
mme
gratis,
car il lui faut
emprunter
le
local,
disposer
la
salle,
louer les
banquettes,
distribuer les
pro-
grammes.
Et
quand
mmele
plus
heureux succsasuivi
la
lecture,
toute cette
gloire
dure un
jour
ou
deux,
semblableces
plantescoupes
en herbeouen
fleur,
et
dont aucun fruit utileet certain ne
peut provenir
de
tout ceci il ne
rapporte
ni
amiti,
ni
clientelle,
ni recon-
naissance
grave
aucur de
qui que
ce
soit,
maisuneac-
clamation
vague,
devains
bruits,
une
joiefugitive.
Na-
gure
nous avons lou commeadmirable et extraordi-
nairelalibralitde
Vespasien, qui
fit donBassusde
cinq
cent millesesterces. Il est beausansdoute dem-
riter l'intrt du
prince par
son talent: mais combien
n'est-il
pas plus
beau,
quand
la
positionl'exige,
dere-
courir
soi-mme,
deserendre son
gnie propice,
et
de
n'prouver que
sa
propre
libralit!
Ajoutezque
les
potes,
s'ilsveulent laborer et
produire quelque
uvre
digne,
doivent renoncer aux
rapports
de
l'amiti,
aux
charmes de la
ville,
abandonner tous
devoirs, et,
commeils ledisent
eux-mmes,
serecler dans le sein
des
forts,
c'est--diredans lasolitude.
X.
L'opinion
m~mcet la
renomme,
auxquelles
seules
DE ORATORIBUS.
3o4
quod
unumesse
pretium
omnis sui
taboris
fatentur
sequepoetas quam
oratores
sequitur; quoniam
medio-
cres
poetas
nemo
novit,
bonos
paci. Quando
enimra-
rissimarumrecitationumfamaintotam Urbem
penetrat,
nedumut
per
tot
provincias
innotescat?
Quotus quis-
que, quum
ex
Hispania,
vel
Asia,
ne
quid
de Gallis
nostris
loquamur,
in Urbem
venit, Sa!eium_Bassum
requirit ? Atque
adeo si
quis requirit,
et semel
vidit,
transit et contentusest
ut,
si
picturamaliquarn,
vel sta-
tuam vidisset.
Neque
hune meumsermonemsic
accipi
volo,
tamquam
os,
quibus
natura sua oratorium in-
geniumdenegavit,
deterream a
carminibus,
si modo
in hac studiorum
parte
oblectareotiumet nomeninse-
rere
possunt
famse
ego
vero omnem
eloquentiam
om-
nesqueejuspartes
sacraset venerabiles
puto
nec solum
cothurnumvestrum,
aut heroici carminis
sonum,
sed
iyricot'umquoquejucunditatem,
et
elegorumlascivias
et iamborum
amaritudinem,
et
epigrammatumlusus,
et
quamcunque
aliam
speciem eloquentia habeat,
ante-
ponendam
ceteris aliarumartium studiiscredo sedte-
cum
mihi, Materne,
res
est, quod, quum
natura tua
in
ipsam
arcem
eloquentiae
te
ferat,
errare
mavis, et,
summa
adeptus,
inlevioribussubsistis.
Ut,
si inGraecia
natus
esses,
ubi ludicras
quoque
artes exercere hone-
stum
est,
ac tibi Nicostrati robur acvires dit
dedissent,
DES ORATEURS. 305
VI.
-xo
ils
sacrifient,
et
qu'ils
avouent tre
l'uniqueprix
detout
leur
labeur,
nesont
pas
aussi fidlesaux
potesqu'aux
orateurs,
parce que personne
ne connat les
potes
mdiocres,
bien
peu
lesexcellens.
Quand,
en
effet,
la
renommedeslectures les
plus
intressantesa-t-elle
p-
ntr dans tout
Rome,
loin de s'tendre travers tant
de
provinces? quel
est celui
qui,
venant ou d'Asieou
d'Espagne, je
ne
parlepas
denos
Gaulois,
enarrivant
Rome,
s'enquiert
du
pote
SaleiusBassus?
puis,
s'il l'a
recherch et
aperu
une
fois,
il
passe,
il est satisfait
commes'il avait vu
quelquepeinture
ou statue.
Cepen-
dant il ne faut
pas penser d'aprs
mon discours
queje
veuilledtourner de la
posie
ceux
auxquels
la nature
arefusle
gnie
de
l'loquence,
si toutefoisils
peuvent
charmer
par
ce
genre
de travail leur oisivet et con-
fier leur nomla renomme:
je pense,
au
contraire,
que
toute
l'loquence
et toutes ses
parties
sont sacres
et
respectables;
et non-seulement votre cothurne ou
l'clat du vers
hroque,
maisaussi la
grce
du vers
ly-
rique,
les
caprices
de
l'tgie,
la verve mordante de
l'ambe,
les
jeux
de
l'pigramme
et toutes lesformes
que
revt l'art dela
parole,
mesemblent
prfrables
toute
autre tude. Maisvoici
l'objet
de mon dbat avec
toi,
Maternus
Quand
la nature t'a
plac
dans le sanctuaire
mmede
l'loquence,
tu aimesmieux
errer, et, parvenu
au
sommet,
tu
aspires
descendre. Si tu tais n en
Grce,
o il est honorable de s'exercer aux
jeux
du
gymnase
si tu tais dou
par
les dieux de laforceet
de la
vigueur
de
Nicostrate, je
ne souffrirais
pas que
cesbras
puissans
et forms
pour
la lutte s'amollissent
lancer un
disque
ou un
lger javelot
demme
aujour-
d'hui,
du thtre et des sallesde
lecture, je t'appelle
DE ORATORIBUS. 3o6
non
paterer
immanesillos et ad
pugnam
natos lacertos
levitate
jculi,
aut
jactu
disci
vanescere;
sicnunc teab
auditoriis et
theatris,
in
forum,
et ad
causas,
et ad vera
proeliavoco; quumprsertim
ne ad id
quidem
confu-
gere possis, quodplerisque patrocinatur, tamquam
minus obnoxium sit offendere
poetarum quam
orato-
rumstudium. Effervescit enimvis
pulcherrimae
naturae
tuae;
nec
pro
amico
aliquo, sed, quodpericulosiusest,
pro
Catone offendis nec excusatur offensa necessitu-
dine
ofHcii,
aut fide
advocationis,
aut fortultaeet subitae
dictionis
impetu;
at tu meditatus videris
elegisse per-
sonam
notabilem, et cum
auctoritate dicturam.
Sentio,
quid responderi possit
hinc
ingentes
exsistere
adsensus,
haec in
ipsis
auditoriis
praecipue!audarl,
et mox om-
niumsermonibusferri. Tolle
igitur quietis
et securitatis
excusationem,
quum
tibi sumas adversarium
superio-
rem
nobis satis sit
privatas
et nostri saeculicoutro-
versias
tueri,
in
quibusexpressis,
si
quando
necessesit
pro periclitante
amico
potentiorum
aures
offendere,
et
probata
sit fideset libertas excusata.
XI.
Quaequum
dixisset
Aper acrius,
ut
solebat,
et
intento
ore,
remissus et subridensMaternus
Paravi,
inquit,
me,
non minus diu accusare
oratores quam
Aper
laudavit. Fore enim arbitrabar
ut,
a
laudatione
eorum
digressus,
detrectaret
poetas, atque
carminum
DES ORATEURS.
307
20.
au
forum,
aux
plaidoiries,
devrais
combats;
quand
sur-
tout tune
peux
recourir cet
argument, invoqu
si sou-
vent,
que
l'art du
pote
est moins
expos
offenser
que
celui del'orateur. C'est fairebriller tout l'clat de ton
beau
naturel,
et
pourtant
ce n'est
pas pour attaquer
un
ami, mais,
ce
qui
est bien
plus dangereux,
c'est
Caton
que
tu
offenses;
et cette offensen'a
pour
excuse
ni
l'exigence
du
devoir,
ni lebesoin dela
cause,
ni l'im-
ptuosit
hardie d'une
improvisation
subite. Tu
paras
avoir choisi avec mditation un
personnage
notable,
dont la
parole
fasseautorit. J esaisce
qu'on peut
r-
pondre
de l naissent cet assentiment
gnra!,
ces
applaudissemens
de tous les
auditeurs,
et bientt ces
chos
rpts par
toutes les bouches. Ne donne donc
plus pour
excuseset ton
repos
et ta
scurit,
puisque
tu
attaques
un adversaire
qui
te vaincra. C'est assez
pour
nous de dfendrelesintrts
privs
et de notre sicle
si,
dans nos
expressions,
un ami en
pril
nous force
blesser l'oreille du
pouvoir,
on excuserala
libert,
on
loueralezle.
XI. Ds
qu'Aper
eut termin son discours d'un ton
pre
et
accentu,
suivant sa
coutume,
calmeet souriant
Maternus
rpondit
J emesuis
prpar
fairele
procs
aux orateurs non moins
long-temps qu'Aper
en a fait
l'loge je
m'attendais mme
qu'aprs
sa
digression
toute
louangre,
il enviendrait dblatrer contreles
potes
DE ORATORIBUS. 308
studium
prosterneret;
arte
quadam mitigavit,
conce-
dendo
his qui
causas
agere
non
possent,
ut versus
facerent.
Ego
autem
sicut in causis
agendis
efficere
aliquid
et eniti fortasse
possum,
itarecitatione
trag-
diarum
ingredi
famam
auspicatus
sum,
tum
quidem
quum
in Nerone
improbam
et studiorum
quoque
sacra
profanantem[vaticmn]potentiamfregi;
et
hodie,si quid
in nobis notitiac nominis
est,
magis
arbitrer carmi- t
num, quam
orationum
gloria partum
ac
jam
me se-
jungere
aforensi labore
constitui;
nec comitatus
istos,
et
egressus,
aut
frequentiam
salutationum
concupisco
non
magisquam
araet
imagines, quae, etiam
me
nolente,
in
domum meam
irruperunt.
Nam statum
cujusque
ac~
securitatemmeliusinnocentia
tuetur,
quameloquentia;
nec
vereor,
nemihi
unquam
verba in
senatu,
nisi
pro
alterius
discrimine,
facienda sint.
XII. Nemora
vero,
et
luci,
et secretum
ipsum, quod
Aper increpabat,
tantam mihi adferunt
voluptatem,
ut
inter
pra'cipuos
carminumfructus
numerem,
quod
nec
in
strepitu,
nec sedenteante ostium
litigatore,
necin-
ter sordes ac
lacrymas reorumcomponuntur;
sedsecedit
animusin loca
pura atque innocentia,
fruiturque
sedi-
bus sacris. Haec
eloquentiaeprimordia, bsec
penetralia
hoc
primum
habitu
cultuque commendatamortalibus,
in
illa
casta,
et nulliscontacta
vitiis, pectora influxit;
sic
DES ORATEURS.
3og
et fouler aux
pieds
l'art de la
posie.
Il a
mitig
son
arrt avec un certain
art,
eu concdant ceux
qui
ne
peuvent
s'lever au
barreau la
permission
de fairedes
vers. Pour
moi,
si
je puis
dans les
plaidoiries
montrer
quelque
talentetfaire
quelque
tentative
hasardeuse,
c'est
en rcitant
mes
tragdies que j'ai pu prluder
ma
renomme,
alors
que,
dans ma
pice
de
Nron, j'ai
bris cette
puissance
barbare
qui protanait
mme le
cultesacrdes Muses. Et
aujourd'hui,
s'il m'est rest
quelque
nom,
quelque clbrit, je
crois devoir cette
gloireplus
auxvers
qu'
des
plaidoyers. Djj'ai
rsolu
deme
squestrer
destravaux du forum. Ces
cortges,
ces
visites,
cette foulede
gens qui saluent, je
ne les
dsire
pasplusque
cesbronzesetces
imagesqui,
mme
malgr moi,
ont envahi ma demeure. En
effet,
la
po-
sition d'un
citoyen,
sa
scurit,
n'a-t-elle
paspour
sr
garant
son innocence
plutt que
son
loquence?
et
je
necrains
pas
d'avoir
jamais

porter
la
parole
devant le
snat,
si cen'est
pour
le
pril
d'autrui.
XII.
Lesforts,
les
bocages,
leur
solitude,
ridiculiss
par Aper,
medonnent une si
parfaite volupt, queje
compteparmi
les
plus dignesprix
dela
posie, qu'elle
ne
s'inspirepas
au
milieudu
bruit,
avecun
plaideur qui
assige
notre
porte,
ni dansledeuil et leslarmesdesac-
cuss
maisl'meseretireendeslieux
purs
et
innocens,
et elle
yjouit
de sa retraite sacre tel fut leberceau
de
l'loquence,
tel est son sanctuaire. Ce fut d'abord
souscette
forme,
souscette
parure, que,
charmant les
mortels,
elles'infiltradans descurschastes et
qu'au-
cunvicen'avait souills ainsi
parlaient
lesoracles.
Car,
cette
loquence
lucrativeet
sanglante, l'usage
en est r-
DE ORATORIBUS. 3io
oracula
loquebantur.
Nam,lucrosae
hujus et sanguinantis
eloquentiaeusus, recens,
et malismoribus
natus, atque,
ut tu
dicebas,
Aper,
in locumteli
repertus.
Ceterumfe-
lix illud, et,
ut more
nostro loquar,
aureum
saeculum,
et oratorumet criminum
inops, poetis
et vatibus abun-
dabat, qui
benefacta
canerent,
non
qui
male admissa
defenderent. Nec ullis aut
gloria major,
aut
augustior
honor; primumapud deos, quorumproferreresponsa,
et intresse
epulis
ferebantur;
deinde
apud
illos diis
genitos sacrosque reges,
inter
quos
neminemcausidi-
corum,
sed
Orphea
ac
Linum, ac,
si
Lntrospicere
altius
velis, ipsumApollinemaccepimus;
vel,
si haec fabu-
losa nimiset
compositavidentur,
illud certemihi con-
cedis, Aper,
non minoremhonorem
Homero, quam
Demostheni, apudposteros;
nec
angustioribus
terminis
famam
Euripidis
aut
Sophoclis, quamLysiae
aut
Hy-
peridis,
includi
plures
hodie
reperies, qui
Ciceronis
gloriam, quamqui Virgilii,
detrectent. Nec ullus Asi-
nii aut Messallaeliber tam illustris
est, quam
Medea
Ovidii,
aut Varii
Thyestes.
XIII. Ac ne
fortunamquidemvatum,
etilludfelixcon-
tubernium, comparare
timuerimcum
inquita
et anxia
oratorumvita. Licet illos
certamina,
et
pericula
sua ad
consulatus
evexerint;
malo securumet secretum
Virgi-
Ut
secessum,
in
quo
tamen
neque apud
Divum
Augu-
DES ORATEURS. 3it
cent: elleest nedesmauvaises
murs, et,
commetu
disais, Aper.
ellefut invente
pour
servir d'arme.
Age
heureux sicle
d'or,
pour parler
notre
langage
Sansac-
cusationset sans
orateurs,
ii abondait en
potesinspirs
qui
chantaient les
bienfaits
et n'avaient
pas
d-
fendrece
qui
tait mal. Pour nul
autre,
ni
gloire plus
grande
ni honneurs
plus brillans d'abord
auprs
des
dieux,
dont ils
passaientpour profrer
lesoracleset
partager
les
festins; ensuite, auprs
desfilsdes
dieux,
ces
rois
sacrs, parmi lesquels
il nesetrouveaucune
espce
d'avocat,
maisun
Orphe,
un
Linus, et,
si vousvoulez
regarder plus
haut, Apollon
lui-mme ou
bien,
si ce
que j'avance
vous
parat
fabuleux et le fruit de mon
imaginative,
dumoinsvousm'accorderez
bien,
Aper, que
la
postrit
accueilleavecautant d'honneur Homre
que
Dmosthne,
et
que
la renomme
d'Euripide
ou deSo-
phocle
n'a
pas
de limites
plus
restreintes
que
celle de
Lysias
ou
d'Hypride.
Voustrouverez
aujourd'hui plus
dedtracteurs de la
gloire
de Cicron
que
decellede
Virgile,
et aucun
ouvrage
d'Asiniusou deMessallan'a
autant declbrit
que
la Mded'Ovideou le
Thyeste
deVarius.
XIII.
Quant
la
position
du
pote
et cette heureuse
cohabitationavecla
posie, je
necraindrai
pas
non
plus
deles
comparer
la vie
agite
et
inquite
desorateurs.
Quoique
descombatsetdes
prils
lesaientlevs
jusqu'au
consulat, jeprfre
laretraite
paisible
etsecrte
deVir-
gile,
retraiteoil ne
manqua
ni desfaveursde
l'empereur
DE ORATORIBUS. 312
stum
gratiacaruit, neque apud populum
romanumno-
titia testes
Augusti epistolae,
testis
ipsepopulus, qui,
auditis in theatro versibus
Virgilii,
surrexit
universus
et forte
praesentemspectantemque Virgilium
veneratus
est,
sic
quasi Augustum.
Ne nostris
quidemtempori-
bus Secundus
Pomponius
Afro
Domitio,
vel
dignitate
vitse,
vel
perpetuitate
famae,
cesserit. Nam
Crispus
et
Marcellus,
ad
quorum exempla
me
vocas, quid
habent
inhac sua fortuna
concupisceudum? quod
timent? an
quod
timentur
quod, quumquotidiealiquidrogeatur,
hi, quibus prstant, indignantur? quod adligati
cum
adulatione,
ne
imperantibusunquam
satisservi
videntur,
necnobissatisliberi?
Quae
haecsummaeorum
potentia
est?tantum
posse
liberti sotent. Mevero
<~M~c&y,
ut Vir-
gilius
ait, J MMJ <x'
remotuma sollicitudinibuset
curis,
et necessitate
quotidie aliquid
contra animum
faciendi,
in illasacra
illosque
fontes
ferant;
ne insanumultra
etlubricum
forum,
famamquepaUentem, trepidus expe-
riar nonmefremitus
salutautiutn,
ne anhelans liber-
tus
excitet; nec,
incertus
futuri,
testamentum
pro pi-
gnorescribam;
nec
plus
habeam,
quamquod possim,
oui
velim relinquere quandocunque
fatalis et meus
dies
veniet; statuarque
tumulo,
non mstuset
atrox
sed hilaris et
coronatus;
et
pro
memoriamei nec con-
sulat
quisquam,
nec
roget.
DES ORATEURS. 3i3
Auguste,
ni des
applaudissemens
du
peuple
romain t-
moin leslettres
d'Auguste,
tmoinle
peuple
mme
qui,
entendant au thtre les versde
Virgile,
seleva tout
entier,
etoffrit
Virgile, par
hasard
spectateur
et
pr-
sent,
ses
tmoignages
devnration comme
Auguste
mme.
Et,
de nos
jours, Pomponius
Secundus lecde-
t-il
DomitiusAfer,
soit
par ladignit
desa
vie,
soit
par
la renomme
qui
se
perptue
avec son nom? En
effet,
Crispus
et
Marcellus,
dont vous
me.rappelez
lesexem-
ples, qu'ont-ils
de si dsirable en leur fortune? est-ce
parce qu'ils craignent
ou sont craindre? est-ce
parce
que chaquejour
on les
prie,
en maudissant leurs ser-
vices? est-ce
parceque,
enchans
l'adulation,
ils ne
paraissent jamais
assez serviles au
pouvoir, jamais

nousassez
indpendans?Quelle
est donc
cette
puissance
si haute?
pouvoir
autant
quepeuvent
des affranchis.
Pour
moi,
veuillent les
Tt/M~e-y
si
pleines
de N~M-
ceur,
commeledit
Virgile, m'loigner
et dessouciset
des
inquitudes,
et de cette ncessitde faire
chaque
jour quelque
chosecontre ma
pense qu'elles
metrans-
portent
leurs
fontaines,
en des retraites sacres J e
n'irai
pas,
tremblant,
faire
preuve
de ce barreau si
glissant,
si
fou,
ni de cette renomme au teint
ple;
lesfrmissemensdes
salutations,
l'affranchi
haletant,
ne
m'veilleront
pas; je
neferai
pas,
incertain de
l'avenir,
un testament
pour
sauver mon
patrimoine je
n'aurai
pas
tant de
biens,
queje
ne
puisse
les laisser
qui je
voudrai, quand
mon
jour suprme
viendra
alors,
mon
image
sera
grave
sur ma
tombe,
non
pas
tristeet
Src,
mais
joyeuse,
avecunecouronne,
et,
pour
consacrer ma
mmoire,
il nefaudrani
enqute
ni
supplications.
DE ORATORIBUS. :~4
XIV. Vixdumfinierat
Maternus,
concitatus et velut
instinctus, quumVipstanus
Messalla
cubiculumejus
in-
gressusest, suspicatusque,
ex
ipsa
intentione
singulo-
rum, altiorem
inter eos esse
sermonem Numparum
tempestivus, inquit, interveni,
secretum consiliumet
causae
alicujus
meditationem tractantibus
Minime,
minime,
inquit Seeundus, atque
adeo vellemmaturius
intervenisses:delectasset enim
te,
et
Apri
nostri accura-
tissimus sermo, quumMaternum,
ut omneingeniumac
studium suum ad causas
agendas converteret,
exhor-
tatus
est,
et Materai
pro
carminibus suis
laeta,
utque
poetas
defendi
decebat, audentior,
et
poetarumquam
oratorum
similior,
oratio. Me
vero,
inquit,
et sermo
ipse
infinita
voluptate
affecisset, atque
id
ipsum
dele-
ctat,
quod
vos,
viri
optimi
et
temporum
nostrorumora-
tores,
non forensibustantum
negotiis
et declamatorio
studio
ingenia
vestra
exercetis,
sed
ejusmodi
etiamdis-
putationes adjungitis, quae
et
ingenium
alunt,
et eru-
ditionis et litterarum
jucundissimum oblectamentum
quum
vobis,
qui
illa
disputatis,
adferunt,
tum etiam
his,
ad
quorum
aures
pervenerint. Itaque
hercule non
minus
probari
videoin
te, Secunde, quod,
J ulii Asia-
tici
vitam componendo,spem
hominibusfecisti
plurium
ejusmodi tibrorum, quam
in
Apro, quod
nondum a
scholasticiscontroversiis
recessit,
et otiumsuumma-
DES ORATEURS. 3i5
XIV. A
peine
Maternus avait-il
fini,
encore
plein
de
son
enthousiasme, et,
pour
ainsi
dire,
de son
inspira-
tion,
Vipstanus
Messallaentradanslachambreet
soup-
onna,
l'air attentif de
chacun,
que
la conversation
tait des
plus
releves Ne
suis-jepoint
venu
mal--pro-
pos, dit-il, interrompre
une confrencesecrteo l'on
mditesur unecause?Point du
tout,
dit
Secundus,
et
mme
je
voudrais
que
tu fussesintervenu
plus
tt tu
aurais eu
plaisir
au discours si
lgant
de notre cher
Aper, qui
exhortait Maternus ne
plus employer
ses
tudes et son talent
qu'
dfendre des
causes,
autant
qu'au
discoursde
Maternus, qui protge
sesvers
chris,
commeil convient de
parler
de la
posie,
avec
nergie
et en termes
plus potiques qu'oratoires.
Pour
moi,
dit
Messalla,
ce
qui
mecharme le
plus,
c'est devoir des
hommes
pleins
devertus et lesorateurs denos
temps
ne
pas
exercer leurs talens seulement aux affairesdu bar-
reau et au
genredclamatoire,
mais
y joindre
aussi des
dbats
qui
nourrissent
l'esprit
et ofrent les
plus
douces
jouissances
del'rudition et des
belles-lettres,
tant
pour
vous, qui discutez, que pour
ceux
qui peuvent
vous
entendre.
Aussi,
grands
dieux!
jevois, Secundus,
qu'on
ne
t'approuve pas
moins
d'avoir,
par
ta Fie de J ulius
~M~CM~
donn
l'espoir que
tu
composerasplusieurs
livres de ce
genre, qu'on n'approuve Aper
de n'avoir
pas
renoncaux controversesde
l'cole,
et de
prfrer
employer
ses loisirs comme nos rhteurs modernes et
non commelesanciensorateurs.
DE
ORATORIBUS. 3<6
vult novorumrhctorum
more,
quamvetermn-ol'atorutu
consumere.
XV. Tum
Aper
Non
desinis, Messalla,
veteratantum
et antiqua mirari,
nostrorum
autemtemporuni studia
irridere
atque
contemnere. Namhune tuumsermonem
saepeexcepi, quum,
oblituset tuaeetfratris tui
eloquen-
ti,
neminemhoc
tempore
oratoremesse
contendres
atque
id
eo, credo,
audacius, quodmaligni
inlis
opinio-
nemnon
verebaris, quum
cam
gloriam, quam
tibi alii
concedunt, ipse
tibi
denegares. Nequeillius, inquit,
ser*
monis mei
poenitentiamago; neque
aut
Secundum,
aut
Maternum,
aut
teipsum Aper ( quamquam
interdum
in contrarium
disputes),
aliter sentirc credo. Ac velim
impetratum
ab
aliquo
vestrum,
ut causas
hujus
mnnit.c
differentiscrutetur ac
reddat,
quas
mecum
ipse ple-
rumque conquiro;
et
quod quibusdam
solatio
est,
mihi
auget quaestionem,quia
videoetiamGratis
accidisse,
ut
longius
absit ~Eschineet DcmostheneSacerdosisteNi-
cetes,
et si
quis
alius
Ephesum
vel
Mitylenas
contentis
scholasticorumclamoribus
quatit, quam
Afer,
aut Afri-
canus,
aut vos
ipsi
a
Cicerone,
aut Asiniorecessistis.
XVI.
Magnam, inquit
Secundus,
et
dignam
tractatu
quaBStionem
movisti scd
quis
eam
justius explicaverit,
quant tu, adcujus
summameruditionemet
praestantissi-
mum
ingenium
cura
quoque
et meditatio accessit? Et
DES ORATEURS.
3,7
XV. Alors
Aper
Tu ne
cesses, Messalla,
d'admirer
exclusivementle
pass
et
l'antiquit,
derailler et dem-
priser
lestravaux de notre
poque
car souvent
je
t'ai
entendu
rpter,
oubliant ton
loquence
et celledeton
frre,
que
tu
prtendais qu'il n'y
avait
pas
un seul ora-
teur dans notre
sicle,
et tu le
soutenais,
je
crois,
avec
d'autant
plus
d'assurance,
que
tu ne redoutais
pas
en
ceci le
reproche
de
malignit,puisque
tu terefusaistoi-
mmecette
gloirequi
t'est concde. J e ne me
repens
nullement dece
langage,rponditMessalla,
et
je
necrains
pas que
ni
Secundus,
ni
Maternus,
ni
toi-mme,
Aper,
quoique
tu dfendes
quelquefois
l'avis
contraire,
vous
pensiez
autrement
je
voudrais mme obtenir de l'un
de vous
qu'il
voult bien discuter et dterminer les
causesde cetteextrme
diffrence,
causes
que
souvent
j'ai
recherchesmoi-mme. Et une
remarque qui
com-
pliquepour
moi la
question, quand
ellel'claircit
pour
d'autres,
c'est
que
mmechoseest arrivechezlesGrecs.
Certes,
ce Sacerdos
Nicts,
et tout autre rhteur
qui
branle
phse
ou
Mitylne
desesdclamations
ampou-
leset
pdantesques,
sont
plus
loind'Eschine et deD-
mosthne
qu'Afer, Africanus,
et
vous-mmes,
n'tes loin
deCicronou d'Asinius.
XVI. Tu
as,
dit
Secundus,
soulevune
grandeques-
tion,
digne d'examen;
mais
qui
la traitera avec
plus
d'exactitude
quetoi, qui
as su
joindre
une trs-haute
rudition et au
gnie
le
plus
brillant,
l'tude et la m-
ditation? Messalla
rpondit
J e vous dcouvrirai toute
DE ORATORIBUS. 3i8
Messalla
Aperiam, inquit, cogitationes
meas,
si illuda
vobisante
impetravero,
ut vos
quoque
sermonemhunc
nostrumadjuvetis.
Pro
duobus,
inquit Maternus, pro-
mitto namet
ego,
et
Secundus,
exsequemurpartes quas
intellexerimus,
te non tam
omisisse,
quam
nobis reli-
quisse. Aprum
enimsolere
dissentire,
et tu
paullo
ante
dixisti,
et
ipse
satis manifestusest
jamdudum
in contra-
rium
accingi,
nec
quo
animo
perferre
hanc nostram
pro
antiquorum
laudeconcordiam. Non
enim, inquit Aper,
inauditumet indefensumsseculumnostrum
patiar
bac
vestra
conspiratione
damnari. Sed hoc
primum
interro-
gabo, quos
vocetis
antiquos, quam
oratorum aetatem
significatione
ista determinetis.
Ego
enim, quum
audio
antiquos, quosdam~eteres
et olimnatos
intelligo; ac
mihi
versantur ante oculos
Ulysses
et
Nestor, quorum
setas
millefereet trecentis annissaeculumnostrum
antecedit
vosautemDemosthenemet
Hyperidemprofertis, quos
satisconstat
Philippi
etAlexandri
temporibus,
floruisse,
ita
tamen,
ut
utrique superstites
essent. Ex
quo adparet
non multo
plures quam
cccc annos interesse inter
nostramet Demosthenisaetatem
quod spatiumtempo-
ris,
si adinfirmitatem
corporum
nostrorum
referas,
for-
tasse
longumvideatur;
si adnaturamsaeculorumet re-
spectum
immensi
hujus aevi,perquam
breveet in
proxi-
mo est. Nam
si,
ut Ciceroin Hortensio
scribit,
is est
DES ORATEURS.
319
ma
pense,
si
j'obtiens
d'abord
que
vousmesecondiez
vous-mmesdans mesraisonnemens. J e
m'engagepour
deux,
dit Maternus Secunduset moi nous
dveloppe-
rons les
points que
tu auras non
pas
omis,
mais
que
tu
nousauras abandonns.
Quant

Aper,
sonrleest
l'op-
position,
toi-mmeviens de
l'avouer,
et il montre
que
depuis long-temps
il est
prt
la
rpartie,
et
qu'il
ne
supportepas patiemment
notre
intelligence
en faveur de
la
gloire
des anciens. Non
certes,
dit
Aper, je
ne souf-
frirai
pasque
notresicle
succombe,
sansexamenet sans
dfenseur,
sous votre
conspiration.
Maisd'abord
je
de-
manderai
Qu'appelez-vous
anciens?
quelle poque
limitez-vouscet
ge
desorateurs?Pour
moi,
quand
on
me
parle
des
anciens, je
me
figurequelques personnages
ns
jadis,
et mes
yeux
se
prsentent Ulysse
et
Nestor,
dont
l'poque
remonte
prs
de treizecents annesau
del denotre sicle. Mais vous nous citezDmosthne
et
Hypride, qui
fleurirent,
on le
sait,
aux
temps
de
Philippe
et
d'Alexandre,
et
qui
mmeleur ont
survcu;
d'o il est clair
qu'il n'y
a
pas beaucoupplus
de
quatre
siclesentreDmosthneet notre
poque.
Cet
espace
de
temps,
si onle
rapporte
notre faiblesse
physique,
doit
sans doute
paratre long;
si c'est la dure des sicles
et cellede cet immense
univers,
il est court et vous
touche
pour
ainsi dire. En
effet, si,
commedit Cicron
dansson
Hortensius,
il
n'y
a devritableet entire an-
ne
que
celleola
position
du ciel et des
astres,
dans
touteleur
tendue
se
reproduit
en
entier,
et si cettean-
neen
comprend
douzemilleneuf cent
cinquante-quatre
des
ntres,
votre
Dmosthne,
que
vous nous faites
vieux et
antique,
aexistnon-seulementlammeanne
que vous,
mais
presque
lemmemois.
DE ORATORIBUS. 3ao
magnus
et verus
annus, quo
eadem
positio
c!i siderum-
que,quaequum
maxime
est, rursumexsistet,
isque
annus
horum, quos
nos
vocamus,
annorum xn M. DCCCCLIV
complectitur; ineipit
Demosthenes
vester, quem
vos
veteremet
antiquumfingitis
non solumeodem
anno
quo
nos,
sed fereeodemmense exstitisse.
XVII. Sedtranseo ad latinos
oratores,
in
quibus
non
Menenium,
ut
puto, Agrippam, qui potest
videri anti-
quus,
nostrorum
temporum
disertis
anteponere
soletis,
sed
Ciceronem,
et
Caesarem,
et
Ccetium,
et
Calvum,
et
Brutum,
et
Asinium,
et Messallam
quosquidem
eur an-
tiquis temporibus potius adscribatis,
quamnostris,
non
video
nam,
ut deCicerone
ipso loquar,
Hirtio
nempe
et Pansa
coss.,
ut Tiro libertus
ejus scripsit,
vji idus
decembris occisus
est,
quo
anno Divus
Augustus
in lo-
cumPansse~tHirtii seet
Q.
Pediumcoss.
suffecit;
statue
sexet
quinquaginta
annos,
quibus
moxDivus
Augustus
rempublicamrexit; adjice
Tiberii treset
viginti, et prope
quadrienniumCaii,
acbis
quaternos
denosClaudii et Ne-
ronis
annos,
atque ipsum
Galbae,
et
Othonis,
et Vitellii
unum
annum,
ac sextam
jam
felicis
hujus principatus
stationem, quaVespasianusrempublicam
fovet: centum
et
viginti anni,
abinteritu Ciceronisin hune
diem,
colli-
guntur,
unius hominis aetas.Nam
ipseego
inBritannia
vidi
senem, qui
se-faterctur ei
pugnae
interfuisse, qua
DES ORATEURS. 32t
VI. 2tI
XVII. Mais
je
viensaux orateurs romains:I'un
d'eux,
Menenius
Agrippa, peut passer pour
un
ancien;
ce
n'est
pas lui, jepense, que
vous
prfrerez
auxtalensde
notre
poque,

Cicron, Csar, Clius, Calvus, Brutus,
AsiniusetMessalla.
Quant

ceux-ci,je
nevois
paspour-
quoi
vouslesrattacheriez auxanciens
tempspluttqu'aux
temps
modernes. En
effet, pour parler
seulement deCi-
cron,
ce fut sous le consulat d'Hirtius et de
Pansa,
commel'a crit sonaffranchi
Tiron, qu'il
fut
assassin,
le
sept
des idesde
dcembre,
cettemmeanne oAu-
guste
se nomma consul avec
Q.
Pedius la
place
de
Pansa et d'Hirtius.
Comptez
les
cinquante-six
annes
qu'Auguste gouverna
la
rpublique, ajoutez
les
vingt-
trois annes de
Tibre,
les
quatre
ans
peu prs
de
Caligula,
les
vingt-huit
de Claude et de
Nron,
cette
seule anne aussi des
rgnes
de
Galba,
d'Othon et de
Vitellius,
et
l'espace
desixansdecet heureux
gouverne-
ment de
Vespasien
tout entier au bien del'tat dela
mort deCicron cemoment noustrouvons cent
vingt
ans;
c'est lavied'un seul homme. Car
j'ai
vu moi-mme
en
Bretagne
un vieillard
qui
dclaraavoir
pris part
la
batailleoles Barbares
essayrent
de
repousser
deleurs
rivages
et de chasser
Csar,
dont l'arme allait lesen-
vahir.
Or,
si ce
guerrier qui
combattit Csar et t
DE ORATORIBUS.
3 M2
Caesarem,
inferentemarma
Britanni,
arcerelitoribuiset
pellereaggressi
sunt.
Ita,
si
eum, qui
armatus C. Caesari
restitit, vel
captivitas,
vel
voluntas,
vel fatum
aliquod
in
Urbem
pertraxisset,
idemCaesarem
ipsum,
et Ciceronem
au~ire potuit, et
nostris
quoque
actionibus interesse.
Proximo
quidemcongiario ipsi
vidistis
plerosque
senes,
qui
seadivo
quoqueAugusto
semel
atque
iterumaece-
pissecongiarium
narrabant ex
quocolligi potest,
et Cor-
vinumab
illis, et Asiniumaudiri
potuisse. Nam
Corvinus
inmdium
usqueAugusti principatum,
Asinius
paene
ad
extremumduravit. Nec
dividatis soeculum,
et
antiques
ac
veteresvocetis
oratores, quos
eorumdemhominumaures
agnoscere,
ac velut
conjungere
et
copulare potuerunt.
XVIII. Hcideo
praedixi,ut,
si
qua
exhorumorato-
rumfama
gloriaque
laus
temporibusacquiritur,
eamdem
docerent inmediositamet
propioremnobis, quam
Ser.
Gatbse,
C.
Carboni, quosque
alios
antiquos
merito vo-
caremus. Sunt enim
horridi,
et
impoliti,
et
rudes,
et
informes,
et
quos
utinam nulla
parte
imitatus esset
Calvus
vester,
aut
Clius,
aut
ipse
Cicero'
Agere
enim
fortius
jam
et audentius
volo,
si illud ante
praedixero,
mutari cum
temporibus
formas
quoque
et
genera
dicendi.
SicCatoni seni
comparatus
C. Gracchus
plenior
et ube-
rior
sicGraccho
politior
et ornatior
Crassus;
sic utro-
quedistinctior,
et
urbanior
et attior
Cicero;
Cicerone
DES ORATEURS.
5x3
21.
par captivit, par
sa volont ou
par quelque hasard,
amendans
Rome,
il et
puy
entendre et cemmeC-
sar et
Cicron,
et assister encorenosdiscussions. Aux
dernires
distributions,
vousavez vu des vieillards
qui
disaient en avoir
reu
uneou deux fois
d'Auguste,
d'o
l'on doit conclure
qu'ils
ont
pu
entendreet Corvinuset
Asinius;
car Corvinus
prolongea
son existence
jusqu'au
milieu du
rgne d'Auguste,
Asinius
presque jusqu'
la
fin. Nedivisezdonc
pas
le
sicle;
n'appelez pas
anciens
et nouveaux desorateurs
que
lesmmeshommesont
pu
connatre, et, pour
ainsi
dire,
runir et
rapprocher.
XVIII. J 'ai commenc
par m'exprimer
dela
sorte,
afin
que,
si
quelquegloire
est
acquise
ausicledecesorateurs
par
leur renommeet
par
leurs
succs,
ellenenoussoit
pastrangre,
et nous
appartienne plus qu'
S.
Galba,
C.
Carbon,
et
quelques
autres
que
nous
appelle-
rions
juste
titre desanciens. En
effet,
ceux-ci sont h-
risss, pres,
rudes et sans
formes,
et
plt
aux dieux
qu'en
aucune
partie
ilsn'eussent timitsni
par
votre
Cal vus,
ni
par Clius,
ni mme
par
Cicron car
je
veux
m'expliquer
maintenant avec
plus d'nergie
et dehar-
diesse, quand j'aurai
dit
que
les
poques changent
la
formeet le
genre
del'art dela
parole.Ainsi, compar
au
vieux
Caton,
C. Gracchusest
plusplein, plusabondant;
ainsi Crassus est
plus poli
et
plus
orn
que
Gracchus;
ainsi, plusque
l'unet
l'autre,
Cicronadela
varit,
de
DE ORATORIBUS.
3~4it
mitior Corvinus et
dulcior,
et in verbis
magis
labora-
tus. Nec
qusero, quisdisertissimus;
hoc interim
probasse
contentus
sum
non esseunum
eloquentiae
vultum,
sed
in illis
quoque, quos
vocatis
antiques, plures species
deprehendi;
nec statim deterius
esse, quod
diversum
est;
vitioautem
malignitatis
humanaevetera
semper
in
laude,
praesentia
in fastidio esse. Num
dubitamus,
in-
ventos qui pro
Catone
Appium
Caecum
magis
miraren-
tur ? Satis
constat,
ne Ciceroni
quidem
obtrectatores
defuisse, quibus inflatus,
et
tumens,
nec satis
pressus,
sed
supra
modum exsultans et
superfluens,
et
parum
atticus videretur.
Legistis utique
et Calvi et Bruti ad
Ciceronemmissas
epistolas,
ex
quibus
facileest
depre-
hendere,
Calvum
quidem
Ciceroni visum
exsanguem
et
attritum,
Brutum autem otiosum
atque disjunctum
rursumque
CiceronemaCalvo
quidem
male
audivisse,
tanquam
solutumet
enervem;
aBruto
autem,
ut
ipsius
verbis
utar, tanquam, fractum
et elumbem. Si meinter-
roges,
omnesmihi videntur verumdixisse.Sedmox ad
singulosveniam
nunc mihi
cumuniversis negotiumest.
XIX.
Nam, quatenus antiquorum
admiratores hune
velut terminum
antiquitatis
constituere
soient, quem
usque
ad CassiumSeverum
faciunt, quemprimum
affir-
mant flexisseab illa vetere
atque
directa dicendi
via;
non infirmitate
ingenii,
nec inscitialitterarum transtu-
DESORATEURS. 32~
t urbanitet
del'lvation;
Corvinus est
plus
doux
que
Cicron,
plus
sduisant et
plus
travaill enson
style.
J e
ne cherche
paslequel
est le
plus
disert il mesuffit d'a-
voir
prouvceci, quel'loquence
n'a
pas
une seule
phy-
sionomie,
mais
que
l'on en dcouvre
plusieurs genres,
mmechezceux
que
vous
appelez
anciens;
qu'un genre
n'est
pas pirepar
celaseul
qu'il
est
diffrent; mais,
par
ce
penchant
vicieuxdela
malignithumaine, toujours
ce
qui
estancien est
lou, toujours
le
prsent
est
ddaign.
Doutons-nous
qu'il
sesoit trouv desadmirateurs
d'Ap-
pius
Ccusau dtriment deCaton?0n saitassez
que
Ci-
cronne
manqua pas
de
dtracteurs,
auxquels
il
pa-
raissait enfl et
ampoul, pas
assez
serr,
mais bouffi
outre
mesure,
redondant et
trop peu attique.
Vousavez
lu,
sans
doute,
leslettrescrites
par
Calvuset Brutus
Cicron;
il estfacile
d'y
dcouvrir
que
Calvus
paraissait
Cicronuset sans
vie,
Brutus
nglig
et sans liaison.
Et,
de son
ct,
Cicron tait maltrait
par
Calvus
commeun crivainlcheet
nerv,
et
par
Brutus,
dont
je rappelle
ici lestermes
mmes,
commeun orateur d-
bileet sansreins. Si vous
m'interrogez,
tousme
parais-
sent avoir dit vrai. Maisbientt
je
reviendrai chacun
d'eux
maintenant mon examen les
comprend
tous en
masse.
XIX. En
effet, puisque
les admirateurs des anciens
ont coutume
d'assigner

l'antiquit pour
limite
l'poque
deCassius
Severus, qui,
selonleur
dire,
s'cartale
pre-
mier de cettevoiedirecte et
antique
de
l'loquence je
prtends que
cene fut
point par
lafaiblessedeson
g-
nieni
par ignorance
deslettres
qu'il
s'adonna cenou-
DE ORATORIBUS.
326
lisse seadillud dicendi
genus
contendo,
sed
judicio
et
intellectu vidit
namque,
ut
paullo
ante
dicebam,
cum
conditione
temporum
ac diversitate
aurium,
'formam
quoque
ac
speciem
orationis essemutandam. Facile
per-
ferebat
prior
iste
populus,
ut
imperitus
et
rudis, impe-
ditissimarum orationum
spatia; atque
id
ipsum
laudi
dabatur,
si dicendo
quisdiem
eximeret. J amvero
longa
principiorum praeparatio
et narrationis a!te
repetita
series,
et multarum divisionum
ostentatio,
et millear-
gumentorumgradus
et
quidquid
aliud aridissimisHer-
magorae
et
Apollodori
libris
praecipitur,
inhonore
erat
quod
si
quis,
odoratus philosophiam,
exea locum
aliquem
orationi suae
insereret,
in e!umlaudibus ferebatur.
Nec
mirum
erant enimhaecnova et
incognita
et
ipso-
rum
quoque
oratorum
paucissimi praecepta
rhetorum,
aut
philosophorum placita cognoverant.
At hercule
pervulgatisjamomnibus,
quum
vixincortina
quisquam
adsistat, quinelementisstudiorum, etsi
non
instructus,
at certeimbutus
sit,
noviset
exquisitisetoquentise
itinen-
bus
opusest,
per quae
orator fastidiumaurium
effugiat,
utique apud
eos
judices, qui
vi aut
potestate,
non
jure
et
legibus,cognoscunt,
etnec
accipiunttempora,
sedconsti-
tuunt,
nec exspectandumhabentoratorem, dumilli
libeat
de
ipso negotio
dicere,
sed
saepeultro
admonent, atque
alio
transgredientemrevocant,
et icstinarese testantur.
DES ORATEURS.
3~7
veau
genre,
mais
par systme
et
par
combinaison.Car
il
dcouvrit,
comme
je
disais
peu auparavant, qu'il
fal-
lait modifierles formeset les
genres
de
l'loquence
sui-
vant
l'esprit
des
temps
et le
changement
d'auditeurs. Ce
premier public,
encorerude et
ignorant, supportait
fa-
cilement les
longueurs
des
harangues
les
plus
embrouil-
les,
et c'tait un motif de
louangepour
l'orateur
que
d'tre un
jour
entier
parler.
Alors donc les
longues
prparations
de
l'exorde,
lefil delanarration
repris
de
trs-haut,
celuxededivisions
multiplies,
cesmille de-
grs d'argumens,
et tout ce
qu'enseignent
les livressi
arides
d'Hermagoras
et
d'Apollodore,
taient en
honneur;
et si
quelque
orateur avec une odeur de
philosophie
en
imprgnait
certains endroits deson
discours,
on l'exal-
tait
jusqu'aux
cieux.Et cen'est
pasmerveilleux;
car ces
chosestaient nouvelleset
inconnues,
et
trs-peu
deces
orateurs mmesconnaissaientles
prceptesindiquspar
lesrhteurs etles
philosophes.
Mais,
grands
dieux! tout
celaesttellement
vulgaireaujourd'hui, que,
dansuneas-
semble,

peine
assiste-t.ilune
personnequi
n'ait tsinon
imbue,
dumoinsinstruitedeceslmensd'tude il faut
donc
l'loquence
desroutes nouvelleset
choisies, pour
que
l'orateur vitede rebuter ses
auditeurs,
surtout
devant des
juges qui procdent par
autorit et
par
force,
et non
par
droit et
par
les
lois; qui
ne se sou-
mettent
point
au
temps que
demandent les
audiences,
mais le
fixent; qui
ne croient
pas
devoir attendre
qu'il plaise
l'orateur d'envenir enfinson
affaire,
mais
souvent
l'avertissent,
le
rappellent
s'il
s'carte,
et d-
clarent
qu'ils
sont
presss.
DE ORATORIBUS. 3a8
XX.
Quis
nunc ferat
oratorem,
deinfirmitate valetu-
dinis suas
prsefantem? qualia
sunt fere
principia
Cor-
vini.
Quisquinque
inVerremlibros
exspectaverit?
Quis
de
exceptione
et formula
perpetietur
illa immensavo-
lumina, quaepro
M.
Tullio,
aut A. Ceina
tegimus?
Praecurrit hoc
tempore judex
dicentem, et,
nisi aut
cursu
argumentorum,
aut colore
sententiarum,
aut ni-
tore et cultu
descriptionum
invitatus et
corruptus
est,
aversatur dicentem.
Vulgus quoque
adsistentium,
et ad-
fluens, et
vagus
auditor adsuevit
jam exigere
laetitiam
et
pulchritudinemorationis;
nec
magisperfert
in
judiciis
tristemet
impexamantiquitatem, quam
si
quis
in scena
Roscii aut
Turpionis
Ambivii
exprimere gestus
velit.
J am
verojuvenes,
in
ipsa
studiorumincude
positi, qui
profectus
sui causaoratores
sectantur,
nonsolum
audire,
sed etiamreferredomum
aliquid
illustre et
dignum
me-
moria
volunt;
traduntque
invicem,
ac
saepe
in colonias
ac
provineias
suas
scribunt,
sivesensus
aliquisarguta
et
brevi sententia
effulsit,
sivelocus
exquisito
et
poetico
cultu enituit.
Exigitur
enim
jam
aboratoreetiam
poeti-
cus
decor,
nonAccitaut Pacuvil veterno
inquinatus,
sed ex
Horatii,
et
VirgHn,
et Lucani sacrario
prolatus.
Horum
igitur
auribuset
judiciisobtemperans
nostrorum
oratorum
setas,pulchrior
et ornatior exstitit.
Neque
ideo
minus efficacessunt orationes
nostr, quia
ad aurcs
DES ORATEURS.
329
XX.
Qui supporterait aujourd'hui
un orateur dbu-
tant
par exposer
la faiblessede sa sant? tels sont le
plus
souvent les exordes de Corvinus.
Qui
couterait
cinq
livrescontreVerrs?
Qui,
sur uneformuleou une
exception,
tolrerait ces immenses cahiers
que
nous
lisons en faveur de M. Tullius et de Ccina? De nos
temps,
le
juge
devance
l'orateur;
et si la
rapidit
des
argumens,
le coloris des
penses
ou l'clat et la re-
cherche des
descriptions
n'invitent et ne sduisent le
juge,
il
prend
en aversionlediscoureur. Lafoulemme
des
assistans,
cet auditoire
qui
tour--tour
vague
et
aflue,
s'est
dj
habitu
exiger que
le
plaidoyer
lui
plaise
et le
charme;
et il nesouffre
point
au barreau ce
styleantique,
triste et
sauvage, pasplus que
si l'onve-
nait sur la scneimiter les
gestes
deRosciuset deTur-
pion
Ambivius.Et de
plus,
les
jeunesgens
encore
poss
sur l'enclume des
tudes,
et
qui, pour
se
former,
sui-
vent les
orateurs,
veulent non-seulementles
entendre,
maismme
rapporter
chezeux
quelque
trait
remarquable
et
digne
de mmoire. Ils se les
communiquent
l'un
l'autre,
ilscriventdansleursvilleset dansleurs
provin-
ces,
soit
qu'unepense
neuveait
paru
dansunecourteet
ingnieuse sentence,
soit
qu'un passage
ait brill d'un
clat
potique
et nouveau car
dj
l'on
exige
del'ora-
teur ce vernis
potique,
non
pas
souill de la rouille
d'Accius ou de
Pacuvius,
mais extrait du sanctuaire
d'Horace,
de
Virgile
oudeLucain.
Ainsi, pour complaire
aux oreilleset au
got
deces
auditeurs,
lesorateurs de
notre
ge
sesontmontrs
plus
ornset
plus
brillans. Nos
discoursensont-ilsmoins
efficaces,
parcequ'ils parvien-
nent l'oreille du
juge
en le charmant?
Quoi donc,
croinez-vous les
temples
de nos
jours
moins
solides,
DE ORATORIBUS. 33o
judicantium
cum
voluptate perveniunt.
Quid enim
si
innrmiora horum
temporum templa
credas,
quia
non
rudi
csemento,
et informibus
tegulis
exstruuntur,
sed
marmore
nitent,
et auro radiantur?
XXI.
Equidem
fatebor vobis
simpliciter
mein
qui-
busdam
antiquorum
vix
risum,
in
quibusdam
autemvix
somnum,
tenere nec unumde
populo,
Canutium,
aut
Arrium,
Furniumve
nominabo,
quique
at'i in eodem
valetudinario haec ossa et hanc maciem
probant. Ipse
mihi
Calvus, quum
unumet
viginti,
ut
puto,
librosreli-
querit,
vix una aut altera oratiuncula satisfacit. Nec
dissentire ceterosabhocmeo
judicio
vido
quotus
enim
quisque
Calvi in
Asitium,
aut inDrusum
tegit?
At her-
culein hominumstudiosorummanibusversantur accu-
sationes,
qu
in Vatinium
inscribuntur,
ac
prcipue
secundaex hisoratio est enimverbisornata et senten-
tiis,
auribusquejudicum
accommodata;
ut
scias,
ipsum
quoque Calvumintellexisse, quidmeliusesset, nec
volun-
tatem
ei,
quin
sublimiusetcultius
diceret,
sed
ingenium
ac
vires, defuisse.
Quidex
Clianisorationibus?
nempe
hae
placent,
si non
universae,
atpartes
earum
in
quibus
uitorem
et altitudinem horum
temporumagnoscimus.
Sordesautemillae
verborum,
et hians
compositio,
et
inconditi sensusredolent
antiquitatem;
ne
quemquatn
adeo
antiquarium puto,
ut Coeliumex ea
parte
}audct,
DES ORATEURS. 331
parce qu'ils
ne sont
pas
construits avec de
grossier
ci-
ment et des
briques informes,
tandis
que
le marbre
y
brille et
que
l'or
y
scintille?
XXI. J e vous avouerai mme tout
simplement,

propos
des
anciens, qu'en
lisant
quelques-unsje
r-
siste
peine
l'envie de
rire,
en lisant
quelques
au-
tres l'envie de
dormir;
et
je
n'en cite
pas
un decette
multitude,
ni
Canutius,
ni
Arrius,
ni
Furnius,
ni au-
cun autre de ceux
qui,
en cette mme
infirmerie,
montrent nu leur
maigreur
et leurs os. Calvus lui-
mme, qui
a
laiss, jecrois,
vingt-un
volumes,
mesatis-
fait
peine
en un oudeux
petits plaidoyers.
Et
par
ce
jugement je
ne vois
pas queje
diffredu
jugement g-
nral.
Qui
alu sondiscourscontre Asitius ou Drusus?a
mais, certes,
les hommes studieux ont
toujours
sous
la main ses accusations contre Vatinius et surtout le
second discours. En effet les
expressions,
les
penses
en sont
brillantes,
et
disposespour
charmer l'oreille
du
juge
ce
qui
vousdmontre
quedj
Calvus avait le
sentiment du
beau,
et
que
cen'est
pas
savolont
qui
l'a
empch
d'tre
plus
-sublimeet
plus
orn,
mais le
manque
de talent et deforces.
Que
dire des oraisons
de Clius? combien elles
plaisent,
sinon dans leur en-
tier,
du moins en ces
parties
o nous reconnaissons
l'clat et l'lvation de
l'loquence
moderne! Maislesex-
pressionsignobles,
la
composition
embarrasse,
le
style
dcousu,
sentent levieux
temps,
et
je
ne
pensepas que
personne
soit
pris
de
l'antique
au
point
delouer Clius
ence
qu'il
a
d'antique.
PardonnonsCsar
si
causede
)a
grandeur de
ses
penses
et des
occupations
detant de
DE ORATORIBUS.
33a
qua antiquus
est. Concedamussane C.
Caesari,
ut
pro-
pter magnitudinemcogitationum,
et
occupationesrerum,
minus in
eloquentiaeffecerit, quam
divinum
ejus inge-
nium
postulabat
tam
hercule, quam
Brutum
philosophiae
suae
relinquamus nam,
in orationibus minorem esse
fama
sua,
etiam admiratores
ejus
fatentur. Nec forte
quisquam
aut Caesaris
pro
Decio
Samnite,
aut Bruti
pro
Dejotaro rege, ceterosqueejusdem
lentitudinis ac
tepo-
ris libros
legit,
nisi
qui
et carmina eorumdemmiratur
fecerunt enimet
carmina,
et in bibliothecas
retulerunt,
non melius
quam
Cicero
at
felicius
quia
illos fecissc
pauciores
sciunt. Asinius
quoque, quanquam propiori-
bus
temporibus
natus
sit,
videtur mihi inter Menenios
et
Appios
studuisse.PacuviumcerteetAcciumnonsolum
tragdus,
sedetiamorationibus suis
expressit;
adeodu-
rus et siccusest! Oratio
autem,
sicut
corpus
hominis,
eademum
pulchra
est,
in
qua
non eminent
vense,
nec
ossa
nurnerantur
sed
temperatus
ac bonus
sanguis
im-
plet membra,
et
exsurgit
toris,
ipsosque
nervosrubor
tegit,
et decorcommendat. NoteCorvinum
insequi, quia
non
per ipsum
stetit,
quo
minus laetitiam
nitoremque
nostrorum temporumexprimeret, viderimus
in
quan-
tum
judicio ejus
visaut
animi,
aut
ingenii
suffecerit.
XXII. Ad Ciceronem
venio,
cui eadem
pugna
cum
quaHbus
suis
fuit, quae
mihi vobiscumest. Illi enim
DES ORATEURS. 333
choses,
il a fait en
loquence
moins
que
ne ledeman-
dait son divin
gnie.
Et
laissons,
grands
dieux! laissons
Brutus sa
philosophie;
car il fut dans ses oraisons au
dessous de sa
rputation
ses admirateurs mmes en
conviennent.
Et,
sans
doute,
personne
nelitles
plaidoyers
deCsar
pour
Decius le
Samnite,
ni ceux de Brutus
pour
leroi
Dejotarus,
ni tant d'autres uvres tideset
languissantes,
si ce n'est
quelque
admirateur deleurs
posies;
car Csar et Brutus ont aussi fait des
vers,
et
lesont
placs
dans les
bibliothquespubliques potes
aussi faibles
que
Cicron
mais
plus
heureux,
parceque
moinsde
personnes
ont su
qu'ils
lefurent. Asinius
aussi,
quoique
nune
poquemoinsloigne,
me
parat
avoir
tudi
parmi
lesMeneniuset les
Appius.
Il
rappelle
cer-
tainement Pacuvius et
Accius,
non-seulement dans ses
tragdies,
maismmeen sesdiscours tant il est dur et
sec.
Or,
lediscoursestainsi
que
le
corpshumain,
dont la
beautneconsiste
pas
enveines
apparentes,
enos
que
l'on
compterait,
maisdans un
sang pur
et
temprqui
rem-
plit
leschairset les
anime,
dansuncoloris
qui
recouvre
les
nerfs,
et dans la
grcequ'il dploie.
J eneveux
point
m'attaquer

Corvinus,
puisqu'il
n'a
point dpendu
de
lui
qu'il n'exprimt l'enjouement
et lebrillant denotre
poque
nous
pourrions
voir
jusqu' quel point
laforce
de son meet deson
gnie
a secondson
jugement.
XXII. J 'en viens
Cicron, qui
eut avecsescontem-
porains
ledbat
quej'ai
avec vous-mmes.Car ilsadmi-
DE ORATORIBUS.
~4
antiques
mirabantur; ipse
suorum
temporumeloquen-
tiam
anteponebat;
nec ullare
magisejusdem
setatisora-
tores
prcecurrit, quamjudicio.
Primus enim excoluit
orationem, primus
et verbis delectumadhibuit et com-
positioni
artem
locos
quoque
laetiores
adtentavit,
et
quasdam
sententias
invenit; utique
in his
orationibus
quas
senior
jam
et
juxta
finemvit
composuit,
id
est,
postquammagisprofecerat, usuque
et
experimentis
di-
dicerat,
quodoptimum
dicendi
genus
esset.Nam
priores
ejus
non carent vitiis
antiquitatis
lentus est in
princi-
piis, longus
in
narrationibus,
otiosuscirca
excessus,
tarde
commovetur,
raro
incalescit;
pauci
sensus
apte,
et cum
quodamlumine
terminantur: nihil
excerpere,
nihil referre
possis; et,
velut in rudi
aediScio,
fir mussane
paries
et
duraturus,
sednonsatis
expolituset splendens.Ego
autem
ordtorem,
sicutlocupletemac
laudatum
patremfamiliae,
noneotantumvolo tecto
tegi, quod
imbremac ventum
arceat,
sedetiam
quod
visumet oculos
delectet;
non ea
soluminstrui
supellectile,qusenecessariisusibussuficiat,
sedetiamsit in
apparatu ejus
et
aurum,
et
gemmae,
ut
sumerein
manus,
et
adspiceressepius
ticeat
quaedam
vero
procul
arceantur,
ut
jam
obliterata et
olentia;
nullum
sit verbumvelut
rubigine
infectum
nulli sensustarda
et inerti
structura,
in morem
annalium,
componantur;
fugiat
fdamet insutsam
scurrilitatem,
variet
composi-
tionem,
necomnesclausulasunoeteodemmodoterminet.
DES ORATEURS. 335
t'aient les
anciens, et, lui,
il
prfrait l'loquence
deson
poque,
et
par
nulleautre choseil ne
devana
les ora-
teurs deson sicle
plus que par
son
jugement.
Le
pre-
mier il
polit
le
langage,
le
premier
il fit choix des ex-
pressions
et
composa
avec
art;
il
risqua
mme
quelques
morceaux
brillans,
donnaun tour neuf
quelques
sen-
tences, particulirement
danscesoraisons
qu'il produisit
tant
dj
vieux et
prs
de sa
fin,
c'est--dire
aprs
qu'il
eut mri son talent et
appris, par l'usage
et l'ex-
prience, quel
tait le meilleur
genred'loquence.
Car
ses
premiers
discours ne sont
pas exempts
des dfauts
de
l'antiquit
il est lent ses
dbuts, long
dans ses
narrations,
oiseux dans ses
digressions;
il s'meut tar-
divement,
rarement il
s'chauffe; peu
deses
phrases
se
terminent avec convenance et un certain
clat;
on ne
peut
rien
dtacher,
rien
retenir; et,
commedansundifice
grossier,
sans doute lesmurs sont fermes et
durables,
mais
pas
assez
polis
et brillans. Pour
moi,
je
veux un
orateur semblable un
pre
defamille riche et
digne
d'loge, occupant
unehabitation non-seulement
prser-
ve de la
pluie
et du
vent,
mais
qui
charme la vue et
les
regards qui
non-seulement soit
garnie
desmeubles
suffisans aux
usages indispensables,
mais tale dans
son
luxe,
de l'or et des
pierres
fines
qu'on puisse
li-
brement admirer et toucher. J eveux
qu'il
mette l'-
cart les
objets
sales et
vieillis;
qu'il
n'ait
pas
une ex-
pression
infecte, pour
ainsi
dire, par
la
rouille,
au-
cune
phrase
d'une structure lente et
inerte compose
en
faon d'annales; qu'il
fuielabouffonnerie
ignoble
et
sans
sel,
qu'il
varie sa
composition,
et
qu'il
netermine
pas
toutes ses
priodes
d'une manire uniforme.
DE ORATORIBUS. 336
XXIII. Nolo irridere /'o~m
/o~M/?a*,
et
jus
~e/<-
/!MM,
et
illud
tertio
quoque
sensuinomnibusorationi-
bus
pro
sententia
positum,
essevideatur. Namet hoc
invitus
retuti,
et
plura omisi,
quae
tamen solamirantur
atque exprimunt hi qui
se
antiquos
oratores vocant
neminemnominabo,
genus hominumsignassecontentus;
sed vobis
utique
versantur ante
oculos, qui
Lucilium
pro Horatio,
et Lucretium
pro Virgilio, legunt; quibus
eloquentia
tui Aufidii
Bassi,
aut Servilii
Noniani,
ex
comparatione
Sisennaeaut
Varronis, sordet;
qui
rheto-
rumnostrorumcommentarios
fastidiunt, oderunt,
Calvi
mirantur;
quos,
more
prisco apud judicemfabulantes,
non auditores
sequuntur,
non
populus audit,
vix deni-
que litigator perpetitur
adeo msti et inculti illam
ipsam, quamjactant,
sanitatem,
non
firmitate, sedje-
junio, consequuntur.
Porro nein
corpore quidem
vale-
tudinemmedici
probant, quae
animi anxietate
contingat
parumest, aegrum
non
esse; fortem~et laetum,
et ala-
cremvolo
prope
abestab
infirmitate,
in
quo
solasanitas
laudatur.
Vosvero, disertissimi, ut potestis,
ut
facitis,
illustratesaeculumnostrum
pulcherrimo genere
dicendi.
Nam et
te, Messalla,
video laetissima
quaequeantiquo-
rum
imitantem;
et
vos,
Materneac
Secunde,
ita
gravi-
tati sensuumnitoremet cultumverborum
miscetis
ea
electio
inventionis,
is ordo
rerum, et, quoties
causa
DES ORATEURS.
337
VI. 2'j
XXIII. J eneveux
pas
me
moquer
dela roue
~e~/o/-
tune,
ni
duy~ ~c/T~M~,
ni del'esse
videatur,
pos
dans tousles
discours,
comme
pense,
de trois en trois
phrases;
car
je
n'enfaismention
qu'regret,
et
j'ai
omis
bien des
traits,
unique objet
d'imitation et d'admiration
pour
ceux
qui s'appellent
orateurs
antiques.
J e nenom-
merai
personne
il mesuffit d'avoir
signal
cetteclasse
d'individus. Mais sous vos
yeuxpassent
sans cessedes
gensqui
lisentLucilius au lieu
d'Horace,
et Lucrceau
lieude
Virgile; pour qui l'loquence
devotre Aufidius
Bassus et de Servilius
Nonianus,
compare
cellede
Sisenna et de
Varron,
n'offre
que dgot; qui repous-
sent lescommentairesdenos
rhteurs,
lesont en aver-
sion,
et
qui
admirent
Calvus; qui,
suivant l'ancieune
mode,
causent avecle
juge; que
nul auditeur
n'entoure,
que
le
public
n'coute
pas,
et
qu' peine
leur
propre
client
tolre,
tant est triste et inculte cettesant dont
ilsse
vantent,
et
qu'ils
doivent
plutt
au
jene qu'
leur
vigueur.
Certes,
lesmdecins
n'approuvent pas que
la
sant s'obtienne
par
l'anxit de l'me. C'est
peu
de
n'tre
pas
malade,
je
veux
qu'on
soit
fort,
gai
et alerte:
onn'est
pas
loindela
maladie, quand
il
n'y
a
qu'absence
des maux. Pour
vous
amisdousdetant
d'loquence,
commevousle
pouvez,
commevousle
faites,
illustrez
notresicle
par
les
plus
bellesmthodesdel'art oratoire.
En
effet,
je
te
vois,
toi
Messalla,
imiter lestraits les
plus
vifsdes
anciens; vous,
Maternuset
Secundus,
vousm-
lez si bien la
profondeur
des
penses
l'clat et le
poli
de
l'expression;
un tel choix
prside

l'invention,
un
tel ordreaux
phrases,
et
quand
lacause
l'exige
unetelle
abondance,
et
quand
ellele
permet
une telle
brivet;
tel est lecharme dela
composition,
telleest l'harmo-
DE ORATOMBUS.
338
poscit, ubertas; ea, quoties permittitur,
brevitas;
is
compositionisdecor;
easententiarum
planitas est;
sic
exprimitis affectus, sic libertatem
temperatis,
ut, etiamsi
nostra
judicia malignitas
et
invidia~tardavertt,
verum
devobisdicturi sint
posteri
nostri.
XXIV.
Quaequum Aper
dixisset
Adgnoscitisne
inquit Maternus,
vimet ardorem
Apri
nostri?
quo
tor-
rente, quo impetu
saeculumnostrum defendit!
quant
copiose
ac varie vexavit
antiquos! quanto
non solum
ingenio
ac
spiritu,
sedetiameruditione et
arte,
ab
ipsis
mutuatus
est per quae
mox
ipsos
incesseret Tuumta-
men, Messalla,
promissum
immutassenon debes
neque
enimdefensores
antiquorum exigimus,
nec
quemquam
nostrum, quanquam
modolaudati
sumus, his, quos
in-
sectatus est
Aper, comparamus;
ac ne
ipsequidem
ita
sentit, sed,
more veteri et a vestris
philosophis saepe
celebrato, sumpsit
sibi contradicendi
partes. Exprome
nobis,
non laudationem
antiquorum,
satis cnimillos
fama sua
laudat,
sedcausas cur
in tantumabeloquentia
eorum
recesserimus; quumprsertim
centumet
viginti
annos ab interitu Ciceronis in hune diemeffici ratio
temporumcollegerit.
XXV. TumMessalla
Sequar
a te
praescriptam
for-
mam,
Materne
neque
enim diu contradicendum est
Apro, qui primum
ut
opinor,
nominiscontroversiam
DES ORATEURS.
339
29..
niedes
sentences,
les
passions
sont si bien
exprimes
lalibertsi bien
tempre, que
si mme la
malignit
et l'envie ont retard la
juste approbation
de notre
sicle,
nos descendans
proclameront
la vrit
qui
vous
est due.
XXIV.
Quand
Aper
eut cess
Reconnaissez-vous,
dit
Maternus,
la force et l'ardeur de notre
Aper?
Quel torrent,
quelle imptuosit, pour
dfendrenotre
sicle
quelleabondance,
quelle
varit
pour dprimer
lesanciens! avec
quel gnie, quel esprit,
et mme
quelle
rudition et
quel
art leur a-t-il
emprunt
les
moyens
de
les
attaquer
eux-mmes!
Toutefois, Messalla,
tu nedois
pas manquer
ta
promesse
nous
n'exigeonspas
ded-
fenseurs
pour
les
anciens,
nous ne
comparons
aucunde
nous,
quoiqu'on
viennedenous
louer,
ceux
qu'Aper
a
combattus. Et lui-mme ne
pensepas
ainsi; mais,
sui-
vant un
usage antique,
souvent usit
par
vos
philoso-
phes,
il a
pris pour
lui lerledelacontradiction. Fais-
nous
donc,
non
pas
un
pangyrique
des
anciens,
leur
renommesuffit leur
loge,
mais
l'expos
des causes
qui
nousont tant
loigns
de leur
loquence, puisque
J ecalcul des
temps
nenous offre
que
cent
vingt
annes
de lamort deCicron nos
jours.
XXV. AlorsMessalla J e
suivrai~Maternus,
laforme
que
tu me
prescris;
car il ne faut
pas plaider long-
temps
contre
Aper, qui, je pense,
n'a soulev
clu'une
controversede
mots
en
prtendant qu'il
tait
impropre
DE ORATORIBUS.
34o
movit,
tanquamparumproprieantiqui
vocarentur
quos
satis constat ante centumannos fuisse. Mihi autemde
vocahu)o
pugna
non
est;
siveillos
anhquo~,
sive
majo-
res,
sive
quo
aliomavult
nomine, appellet;
dummodoin
confesso
sit,
eminentioremi!torum
temporumctoquen-
tiamfuisse.Neilli
quidemparti
sermonis
ejusrepugno,
si
quatenus
fatetur
plures
formas
dicendi,
etiam iis-
dem
ssecutis,
nedum
diversis,
exstitisse.
Sed, quomodo
inter atticos oratorcs
primae
Demostheni
tribuuntur,
proximum
autem locum
~schines,
et
Hyperides,
et
Lysias,
et
Lycurgus
obtinent,
omniumautemconsensu
haecoratorumaetasmaxime
probatur;
sic
apud
nos Ci-
cero
quidem
ceteroseorumdem
temporum
disertosante-
cessit
Calvus
autem,
et
Asinius,
et
Caesar,
et
C)ius,
et
Brutus,
suojure, et prioribuset sequentibus antepo-
nuntur nec
refert
quod
inter se
speciedifferant, quum
genere
consentiant. Adstrictior
Cal vus,
numerosior Asi-
nius,
splendidior Caesar,
amarior
Clius, gravior
Bru-
tas,
vehementior et
plenior
et valentior
Cicero;
omnes
tamen eamdem sanitatem
eloquentiaeferunt ut,
si
omnium
pariter
librosinmanum
sumpseris, scias,
quam-
vis in diversis
ingeniis,
esse
quamdamjudicii
ac volun-
tatis simiMtudinemet
cognationem. Nam,
quod
invi-
cemse
obtrectaverunt,
et sunt
aliqua epistolis
eorum
inserta,
ex
quibus
mutua
malignitasdetegitur,
non est
DES ORATEURS.
34i
d'appeler
anciens des orateurs
qui,
comme il est con-
stant,
ont vcucent ansavant nous.
Or, pour
moi,
point
de
querelle
sur
l'expression
soit
anciens
soit
anctres,
qu'il
les
appelle
dunom
qu'il voudra,
pourvu que
l'on
accorde la
supriorit
de
l'loquence
de ces
temps.
J e me rends aussi cette
partie
de son discours o il
dclare
qu'il
a exist
plusieurs
formesoratoiresdans les
mmes
sicles, pour
ne
pas
direendessiclesdiffrons.
Maiscomme
parmi
lesorateurs
antiques
le
premier rang
est donn
Dmosthne,)es
secondes
places

Eschine,

Hypride,

Lysias
et
Lycurgue,
et
que,
d'un avis
unanime,
cette
poque
des orateurs est celle
qui
est le
plus approuve
demmecheznous
Cicron,
sansnul
doute,
a
dpass
les
plus
habilesdeson
temps; puis
Cal-
vus, Asinius, Csar,
Cliuset
Brutus,
sont
placs,
bon
droit,
au dessusdeleurs devancierset de leurs succes-
seurs et
peuimportequ'ils
diffrentdans
l'espce, puis-
que
le
genre
est lemme. Calvusest
plus serr,
Asinius
plus
nombreux,
Csar
plus
brillant,
Clius
plus
amer,
Brutus
plus grave,
Cicron
plus vigoureux, plus plein
et
plus puissant.
Tous
cependant
ont
galement
une
saine
loquence;
et si vous
prenez
la fois leurs ou-
vrages,
vousdcouvrezences
gnies
diversunecertaine
similitudede
jugement
et de
principes,
et comme une
parent.
Car,
s'ils sesont dchirs lesuns les
autres,
si
dansleurs lettres il s'est
gliss
une
malignit rcipro-
que qui
se
trahit,
n'accusons
pas
l'art
oratoire,
mais
l'humanit. En
effet,
ni
Calvus,
ni
Asinius,
ni Cieron
lui-mme,
ne
furent,
je
crois,
exempts
d'envie,
deri-
valits et des autres vices de 1innrmithumaine. Un
seul entre
eux, Brutus,
sans
malignit
et sans
haine,
mais
simplement
et
ingnument,
me sembleavoir mis
DE ORATORIBUS. 342
oratorum
vitium,
sed hominum. Nam et
Calvum,
et
Asinium
et
ipsum
Ciceronemcredosolitoset
invidere,
et
livere,
et ceterishumanaeinfirmitatis vitiisaffici so-
lum inter hos arbitror Brutum non
malignitate,
nec
invidia,
sed
simpliciter
et
ingenue, judicium
animi sui
detexisse an ille Ciceroni
invideret, qui
mihi videtur

neCaesariquidemmvidtssePQuodad
Ser. Galbamet C.
Laellum
adtinet,
et si
quos
alios
antiquorumagitare
non
desistit,
non
exigit detensorem, quum
fatear,
quaedam
eloquentiaeeorum,
ut nascenti
adhuc,
nec
satisaduttce,
defuisse.
XXVI. Ceterum
si
omisso
optimo
illoet
perfectissimo
genereeloquentiae, eligeuda
sit forma
dicendi,
malim
herculeC. Gracchi
impetum,
aut L. Crassi
maturitatem,
quam
calamistros
Maecenatis,
aut tinnitus Galtionis
adeomelius
est,
oratoremvel hirta
togainduere, quam
fucatis et meretriciis vestibus
insignire. ~feque
enim
oratorius
iste,
immo hercule ne virilis
quidem
cultus
est,
quopleriquetemporum
nostrorumactores itautun-
tur,
ut lascivia
verborum,
et levitate
sententiarum,
et
licentia
compositionis,
histrionales modos
exprimant
quodque
vixauditu fasesse
debeat, laudis,
et
gloriae,
et
ingenii
loco
plerique jactant,
cantari
saltarique
com-
mentariossuos.Undeoritur IMa&edaet
prpostera,
sed
tamen
frequens quibusdam
exclamatio
ut oratores
DES ORATEURS. 343
dcouvert le
jugement
desaconscience.Et-il t
ja-
loux de
Cicron,
lui
qui
ne
parat pas
mmel'avoir t
deCsar?
Quant
Servius
Galba,
C.
Llius,
et aux
autres anciens
qu'Aper
ne cessede
poursuivre,
la d-
fensen'est
pas ncessaire, puisqueje
conviens
que
leur
loquence,
encore naissante et non assez
dveloppe,
eut des
imperfections.
XXVI. Du reste
si,
taissant le
genre d'loquence
le
meilleur et le
plus parfait,
it enfallait choisir un
autre,
certes
jeprfrerais
la
fougue
deC. Gracchus ou lama-
turit de L.
Crassus,
aux ornemens
coquets
deMcne
et aux
glapissemens
de Gallion. Ne vaut-il
pas
mieux
revtir l'orateur de la
toge
la
plus
rude
que
de le
pr-
senter avec lefard et la toilette d'une
courtisane? Et
en
effet,
grands
dieux! est-ceun
orateur,
est-cemme
un homme
que
convient cette
parure
dela
plupart
des
avocats
d'aujourd'hui, qui, par
leurs
expressionscapri-
cieuses,
leurssentences
lgres,
leurs
compositionslibres,
nous
rappellent une musique
d'histrions? Et ce
que
l'on
nedevraitour
qu'avechonte,
est
pour
euxune
louange,
une
gloire
et une
preuve
de
gnie
ils sevantent
qu'on
chante, qu'on
danseleurs
plaidoyers.
De l est venue
cetteexclamationsi
ignoble,
si
dplace,
ettoutefois
trop
frquente Quelle volupt
dansle
style
de cet orateur!
quelleloquence
dansles
pas
decethistrion J enenierai
DE ORATORIBUS.
3/,4
nostri tenere
dicere,
histriones ~6~e
saltare,
dicantur.
Equidem
non
negaverim,
Cassmm
Severum, quemso-
lum
Aper
noster nominareausus
est,
si his
cbmparetur
qui postea
fuerunt,
posse
oratorcm
vocari,
quanquam
in
magnaparte
librorumsuorum
plus
vis
habeat,
quam
sanguinis.
Primus
enim, contempto
ordine
rerum,
omissa
modestiaac
pudore verborum, ipsisetiam, quibus
uti-
tur,
armis
incompositus,
et studio feriendi
plerumque
detectus,
non
pugnat,
sed rixatur.
Ceterum,
ut
dixi,
sequentibuscomparatus,
et varietate
eruditionis
et le-
pore
urbanitatis,
et
ipsarum
viriumt'oboremultumce-
teros
superat quorum
neminem
Aper nomiaare,
et
velut in aciemeducere sustinuit.
Ego autemexspecta-
bam, ut,
incusato
Asinio,
et
Clio,et Calvo,
aliud nobis
agmen produceret, pluresque
vel certe totidemnomi-
naret,
ex
quibus
alium
Ciceroni,
alium
Csari,
singulis
demum
singulos, opponeremus. Nunc,
detrectasseno-
minatim
antiquos
oratores
contentus,
neminem
sequen-
tiumlaudareausus
est,
nisi in
publicum
etin
commune;
veritus, credo,
ne multos
offenderet,
si
paucos
excer-
psisset quotus
enim
quisque
scholasticorumnon hac
sua
persuasionefruitur,
ut seante
Ciceronemnumeret,
sed
plane post
Gabinianurn?
XXVII. At
ego
non verebor nominare
singulos, quo
facilius,
propositisexemplis, appareat quibus gradibuis
DESORATEURS.
3/,5
point
sans doute
que
Cassius
Severus,
le seul
qu'Aper
ait os
nommer,
si on le
compare
ceux
qui
lesuivi-
rent,
ne
puisse
tre
appel orateur, quoiqu'on
la
plus
grande partie
deses crits il
y
ait
plus
devhmence
que
de solidit
car, mprisant
le
premier
tout ordre
dans les
choses,
ddaignant
la modestie et la
pudeur
dans les
paroles,
mal revtu desarmes choisies
par
lui-
mme,
nes'tudiant
qu' frapper,
et
toujours
dcou-
vert,
il necombat
pas,
il
querelle.
Du
reste,
comme
je
l'ai
dit, compar
ses
successeurs,
il s'lvede beau-
coup
au dessusd'eux et
par
lavaritdeson
rudition,
et
par
les
grces
deson
enjouement,
et
par
l'ensemble
vigoureux
deces
moyens.
Aussi
Aper
n'a-t-il osennom-
mer aucun et l'amener sur le terrain. Pour
moi, je
m'attendais
qu'ayant attaqu Asinius,
Cliuset
Calvus,
il ferait
apparatre
sur le
rang oppos
un
plus grand
ou du moins un mmenombre
d'adversaires,
pour que
nous les
opposions,
celui-ci
Cicron,
celui-l
Csar,
et enfinchacun chacun.
Maintenant,
content d'avoir
dnigr
nominativement lesanciens
orateurs,
il n'a os
louer les nouveaux
qu'en
masse et en
commun,
crai-
gnant, je crois,
de blesser
trop
de
rputations
en n'en
signalant que peu.
Combiende
rhteurs,
en
effet,
dans
leur
proprepersuasion,
se
placent
avant
Cicron, qui
devraient se
placer
bien
aprs
Gabinianus
XXVII.
Quant

moi, je
necraindrai
pas
de lesde-
signer individuellement, pour qu'il apparaisseptus
vi-
DE ORATORIBUS. 346
fracta sit et deminuta
eloquentia. Adpropera, inquit
Maternus,
et
potius
exsolve
promissum. Neque enirn
hoc
colligi desideramus,disertiores
esse
antiques, quod
apud mequideminconfesso,est;
sedcausas
exquirimus,
quas
te solitumtractare
paullo
ante
dixisti,
plane
mi-
tior,
et
eloquentiaetemporum
nostrorum non
iratus,
antequam
te
Aper offenderet, majores
tuos lacesseudo.
Non
sum,
inquit, offensus Apri
nostri
disputatione
nec vosoffendi
decebit,
si
quid
forte auresvestras
per-
stringet quum
sciatishanc esse
ejusmodi
sermonumle-
gem, judiciumanimi
citradamnum
affectus, proferre.
Perge, inquit Maternus, et, quum
de
antiquis loquaris,
utere
antiqua
libertate,
a
qua
vel
magisdegeneravimus,
quam
ab
eloquentia.
XXVIII. Et Messalla Non
reconditas, Materne,
causas
requiris;
nec aut tibi
ipsi,
aut huic
Secundo,
vel
huic
Apro ignotas,
etiamsi mihi
partes adsignatis pro-
ferendi in
medium, quse
omnes sentimus.
Quis
enim
ignort,
et
eloquentiam,
et ceteras artes descivisseab
ista vetere
gloria,
non
inopia
hominum,
sed desidia
juventutis,
et
negtigentiaparentum,
et inscientia
prae-
ciplentium,
et oblivione moris
antiqui? quae mala
primum
in Urbe
nata,
mox
per
Italiam
fusa, jam
in
provincias
manant.
Quamquam
nostravobisnotiora
sunt,
ego
de
Urbe,
et bis
propriis
ac vernaculisvitiis
loquar;
DES ORATEURS.
347
demment
par
les
exemplesdonns,
comment
par degrs
l'loquence
a t morcele et
rapetisse.
Hte-toi
plu-
tt, interrompit Maternus,
de
remplir
ta
promesse;
car nousnevoulons
pas
conclure
que
lesancienstaient
plushabiles,
ce
qui, pour
moi,
estbien
dmontr;
mais
nous en recherchons les
causes,
dont tu t'essouventoc-
cup,
comme tu l'as dit
tout--l'heure, plus
doux et
non encoreirrit contre
l'loquence
denos
temps,
avant
qu'Aper
ne t'offenst
par
ses
attaques
contre tes ans.
J e nesuis
point
offens,
dit
Messalla,
de
l'opposition
d'Aper;
maisnevousoffensez
pas
non
plus
si
par
hasard
je
blessevos
oreilles, puisque
vous savez
que
la loi de
cesdiscussionsest
d'exprimer
le
jugement
deson
esprit
sans heurter l'affection.
Continue,
dit
Maternus, et,
puisque
tu
parles
des
anciens,
use decette libertan-
tique
dont nous avons encore
plus dgnr que
de
l'loquence.
XXVIII. AlorsMessalla Les causes
que
tu recher-
ches, Maternus,
nesont
pas
introuvables;
ellesnesont
inconnues,
ni
toi,
ni
Secundus,
ni
Aper, quoique
vous
m'ayez assign
le rle d'mettre ici ce
que
nous
pensons
tous
galement.
Qui
ignore
en effet
que
l'lo-
quence
et lesautresarts sont dchus deleur
gloire
anti-
que,
non
par
le
manque
d'hommes
capables,
mais
par
la
nonchalance de la
jeunesse,
la
ngligence
des
parens,
l'ignorance
des
instituteurs,
et l'oubli des murs anti-
ques?
maux
qui,
nsd'aborddans
Rome,
bientt
rpan-
dustravers
l'Italie,
dj
se
glissent
dansnos
provinces.
Quoique
nosmursvoussoientles
plusconnues, je
vous
parlerai
deRomeet decesvices
propres
et
domestiques
qui
nous saisissent
peine
ns,
et
s'aggravent

chaque
DE ORATORIBUS.
3~
quae
natosstatim
excipiunt,
et
per singulos
aetatis
gradus
cumulantur;
si
prius
de severitateac
disciplinamajo-
rum,
circa
educandos,formandosque
liberos,
pauca
praedixero.
J am
primum,
suus
cuique
filius,
ex casta
parente natus,
non in cella
emptae
nutricis,
sed
gremio
ac sinu matris
educabatur; cujus prsecipua
laus
erat,
tueri
domum,
et inservireliberis.
Eligebatur
autemali-
qua major
natu
propinqua, cujus probatis spectatisque
moribus omnis
ejusdem
familiaesoboles
committeretur,
coram
qua, neque
dicerefaserat
quod turpe
dictu,
ne-
que
facere
quod
inhonestum factu videretur. Ac non
studia modo
curasque,
sed remissionesetiam
lususque
puerorum,
sanctitate
quadam
ac verecundia
tempera-
bat. SicCorneliam
Gracchorum,
sic Aureliam
Caesaris
sic Atiam
Augusti
matrem
prfuisse
edncationibus,
ac
produxisseprincipes
liberos
accepimus qusedisciplina
acseveritaseo
pertinebat,
ut
sincera,
et
integra,
etnullis
pravitatibus
detorta,
uniuscujusque
natura,
'toto sta-
tim
pectoreadriperet
artes
honestas, et,
siveadremmi-
litarem,
sivead
juris scientiam,
sivead
eloquentiae
stu-
dium
inclinasset,
idsolum
ageret,
iduniversumhauriret.
XXIX. At nunc natusinfans
delegatur graecuta*
alicuii
anciUae,
cui
adjungitur
unus aut alter ex omnibusser-
vis, plerumque
vilissimus,
nec
cuiquam
serio ministerio
accommodatus.Horumfabuliseterroribus teneri statim
DES ORATEURS.
3/.<)
degr
denotre
ge. Auparavant je
dirai en
peu
demots
la svritet la
discipline
de nos aeux
pour
lever et
former les enfans. Et
d'abord,
chaque
Romain
gardait
prs
de lui son
fils,
qui,
nd'une mre
chaste,
crois-
sait,
non
pas
dans le rduit d'une nourrice
gages,
maisau
giron
etau seindesa
mre,
dont toutela
gloire
tait l'entretien desamaisonet lesoindesesenfans. On
choisissaitaussi une
parente
d'un
geplus
mr c'est
ses murs
pures
et
exemplaires qu'taient
confistous
les
rejetons
d'une mme
famille, et,
devant
elle,
il n'tait
jamais permis
de rien dire
qui part
honteux,
derien
faire
qui
semblt
peu
honorable;
et cen'tait
pas
seule-
ment les tudeset les
occupations
des
enfans,
maisleurs
jeux
et leursdlassemens
qu'elletemprait par
unecer-
taine
puret, par
unecertaineretenue. Nous
apprenons
qu'ainsi
Cornelia,
mredes
Gracques, Aurelia,
mrede
Csar, Attia,
mre
d'Auguste, prsidrent
leur du-
cation,
et
produisirent
ainsi deshommes
suprieurs.
Il
rsultait decette
discipline
et decettesvrit
que
ces
naturels
francs,
purs, qu'aucun
vicen'avait
dtourns,
selivraient
aussitt,
et detout
cur,
aux arts
honntes;
soit
qu'ils
inclinassent vers l'art
militaire,
ou versla
sciencedu
droit,
ou versl'tude de
l'loquence,
ils
s'y
portaient
exclusivement,
et en
pntraient
fondtoutes
lessources.
XXIX. Mais
aujourd'hui,
l'enfant avant de
parler
est
confi
quelque petite
servante
grecque

laquelle
on
adjoint
un ou deux esclaves
pris
sans
choix,
souvent
mmele
plus
vil et lemoins
propre
aucun devoir s-
rieux. C'est de leurs fables et de leurs
prjugs qu'est
DE ORATORIBUS. 350
et rudesanimi
imbuuntur
nec
quisquam
in totadomo
pensi habet, quid
coraminfantedomino aut
dicat,
aut
faciat quando
etiam
ipsi parentes
nec
probitati, neque
modestiae,
parvulos adsuefaciunt,
sed lasciviaeet liber-
tati per quaepaullatimimpudentia irrepit,
et sui alie-
niquecontemptus.
J amvero
propria
et
peculiariahujus
urbis vitia
paene
in utero matris
concipi
mihi
videntur,
histrionalis
favor,
et
gladiatorum equorumque
studia
quibusoccupatus
et obsessusanimus
quantulum
loci bo-
nis artibus
relinquit! Quotumquemque invenens, qui
domi
quidquam
aliud
loquatur ? quos
aliosadolescentu-
lor umsermones
excipimus,
si
quando
auditoria intravi-
mus? Ne
praeceptoresquidem
ullas crebriores cumau-
ditoribus suisfabulashabent:
colligunt
enim
discipulos,
non severitate
disciptinae,
nec
Ingnu exprimente,
sed
ambitionesalutantiumet illecebris"adulationis. Transeo
prima
discentium
elementa, in quibus
et
ipsisparum
ela-
boratur
ne in auctoribus
cognosceudis,
nec in evol-
vendaantiquitate,
necin
notitia vel rerum, vel hominum,
vel
temporum
satis
operse
insumitur
sed
expetuntur
quos
rhetoras
vocant;
quorumprofessioquando primum
in hanc urbem
int.roduetasit,quamq)]e nullamapud
ma-
jores
nostrosauctoritatem
habuerit,
statimdocuero.
XXX. Referamnecesseest animumad eam
discipli-
nam,
quaysos
esseeosoratores
accepimus, quorum
infi-
DES ORATEURS. 3~rr
imbue aussitt cette me neuve et
tendre;
et
per-
sonnedans toutela maison ne
porte
de sollicitudece
qui
est oudit oufait devant
l'enfant,
chef futur demai-
son.
Quelquefois
mme cesont les
parens qui
l'habi-
tuent,
non
pas
lavertu et la
modestie,
mais une
licenceetun dsordre
qui peu

peu
font
germer l'impu-
deur etle
mpris
de soi etd'autrui.
Dj
mmeil est des
vices
particuliers
et inhrens cette
ville,
et
qui
sem-
blent natre dans le seinmaternel tels sont la
passion
pour
les histrions et l'amour
pour
les chevaux et les
gladiateurs, passionsqui
obsdent et
occupent l'me,
au
point
de ne laisser
que
bien
peu
de
placepour
les arts
honntes. Combien
peudejeunesgens
tiennent chezeux
d'autres discours! si nous entrons dans les
coles,
en-
tendons-nousautre chose? Les matreseux-mmesn'ont
gure
d'autres conversations avec leurs
auditeurs;
car
ils
accaparent
des
lves,
non
par
la
svrit,
la disci-
pline,
leurstalens
reconnus,
mais
par
les
intrigues
et les
amorces de la flatterie. J e
passe
sur les
premiers
l-
mens
d'instruction,
donton
s'occupetrop peu
ondonne
peu
de
temps
la lecture des
auteurs,
l'tude de
l'antiquit,
la connaissancedes
choses,
des hommes
et des
temps;
mais on court des
gens qu'on
nomme
des rhteurs. A
quelle poque
leur
profession
fut-elle
introduite danscette ville? combien
peu
decasen ont
faitnosanctres? J evousledirai aussitt.
XXX. U est ncessaire de
reporter
ma
pense
vers
cestudessvres
auxquelles
selivraient lesorateurs dont
DE ORATORIBUS. 352
nitus
labor,
et
quotidiana
meditatio,
et momni
genere
studiorum
exercitationes,
ipsorum
etiamcontinentur li-
bris. Notusest nobis
utique
Ciceronis
liber, qui
Brutus
inscribitur;
in
cujus
extrema
parte (namprior
comme-
morationem veterumoratorum
habet)
sua
initia,
suos
gradus
suae
eloquentiae
velut
quamdam
educationem
refert;
se
apud
Q.
Mucium
jus
civile
didicisse;
apud
Philonem
academicum,
apud
Diodotum
stoicum,
omnes
philosophiaepartes peuitus hausisse neque
his doctori-
bus
contentum,
quorum
ei
copia
in
Urbecontigerat,
Achaiam
quoque
etAsiam
peragrasse,
utomnemomnium
artiumvarietatem
complecteretur. Itaque
hercule in li-
bris Ciceronis
deprehendere licet,
non
geometriae,
non
music,
non
grammaticae, non denique uniusingenuse
artis scientiamei defuisse. Ule dialecticae
subtilitatem,
illemoralis
partis
utilitatem,
ille rerum motus causas-
que cognovit.
Ita enim
est,
optimi
viri;
ita ex multa
eruditione,
ex
pluribus
artibus etomniumrerumscientia
exundat,
et exuberat illaadmirabilis
eloquentia; neque
oratoris viset
facultas,
sicut ceterarum
rerum, angustis
et brevibus terminis
cluditur;
sed is est
orator,
qui
de
omni
qusestionepulchre,
et
ornate,
et ad
persuadendum
apte
dicere, pro dignitate
rerum,
ad utilitatem
tempo-
rum,
cum
voluptate
audientium
possit.
XXXI. Heec sibi illi veteres
persuadebant.
Ad hoc
DES ORATEURS. 353
vt. a3
lestravaux
infinis,
les mditations
journalires,
lesexer-
cicesde tout
genre
seretrouvent mmedans leurs
pro-
pres
crits. Nousconnaissons touscet
ouvrage
deCic-
ronintitul Brutus dans ladernire
partie,
car la
pre-
mire contient l'histoire des anciens
orateurs,
Cicron
fait connatre ses
dbuts,
ses
progrs,
et, pour
ainsi
dire,
l'ducation de son
loquence.
H
apprit
le droit
civil chez
Q. Mucius;
il tudia fond toutesles
parties
de la
philosophie
chez Philon
l'Acadmique
et chez
Diodotus le
Stocien; et,
non content decesmatres
que
Romelui offraiten
abondance,
il
parcourut
laGrceet
l'Asie
pour
embrasser touteslesdiverses
parties
detoutes
lesconnaissances.
Aussi, grandsdieux,
dansles
ouvrages
de
Cicron,
on reconnat
que
ni la
gomtrie,
ni la
musique,
ni la
grammaire,
ni la scienced'aucun art li-
bral ne lui ont
manqu.
Il connut les subtilits de la
dialectique, l'importance
dela
morale,
lescauseset les
effetsdeschoses. C'est
ainsi,
chers
amis, que
de cette
immense
rudition,
decette varit de
talens,
de cette
sciencedetoutes
choses,
jaillit
et dbordecetteadmira-
ble
loquence.
Les
moyens
et lesfacultsdel'orateur ne
sont
pas,
commetous autres
objets,
renferms en des
bornestroiteset
resserres;
maiscelui-lest un
orateur,
qui,
sur toute
question, peut parler
d'une manireno-
ble,
brillante et
propre

persuader,
suivant la
dignit
du
sujet,
laconvenancedu
moment,
et
toujours
enchar-
mant sesauditeurs.
XXXI. Telles taient les
rgles
desanciens
pour y
DE ORA/TOR1BUS.
M44
efficiendum
inteUigebantopus
esse,
non ut in rhetorum
scholis
dectamarent,
nec ut
fictis,
nec ullo modo ad
veritatemaccedentibus
controversiis,
linguam
modoet
vocem
exercerent;
sedut his artibus
pectus implerent,
in
quibus
de bonis ac
malis,
de honesto ac
turpi,
de
justo
et
injusto
disputatur.
Haecenimestoratori
subjecta
ad dicendummateria. Namin
judiciis
ferede
aequitate,
in deliberationibus dehonestate
disserimus,
ita ut
pte-
rumque
hsec
ipsa
invicem
misceantur;
de
quibuscopiose,
et
varie,
et ornate nemo dicere
potest,
nisi
qui cognovit
naturam
humanam
et vim
virtutum
pravitatemque
vitiorum,
et intellectum
eorum, quse
nec in
virtutibus',
neque
in vitiis numerantur. Ex bis fontibus etiamilla
profluunt,
ut facilius iram
judicis
vel
instiget,
vel le-
niat, qui
scit
quid ira; promptius
ad miserationemim-
pellat, qui
scit
quid
sit
misericordia,
et
quibus
animi
motibus concitetur. In his artibus
exercitationibusque
versatus
orator,
sive
apud infestos,
sive
apud cupides,
sive
apud invidentes,
sive
apud
tristes
sive
apud
timen-
tes dicendum
habuerit,
tenebit habenas
animorum et
prout cujusque
natura
postulabit,
adhibebit
manum,
et
temperabit
orationem, parato
omni instrumento et ad
omnemusum
reposito.
Sunt
apud quos
adstrictum,
et
collectum,
et
singula
statim
argumenta concludens,
di-
cendi
genusplus
fidei
meretur; apud
hos dedisse
ope-
DES ORATEURS. f355
a3.
parvenir,
ils
comprenaient
bien
qu'il
faut,
non
pas
d-
clamer dans descolesde
rhteurs,
non
pas
exercer sa
langue
et sa voixdescontroverses feinteset
opposes
la
vrit,
maisnourrir son
esprit
dessciences
qui
ta-
blissent lesdiffrencesdu bien et du
mal,
du
juste
et
de
l'injuste,
deschoseshonntes et deschoseshonteuses.
Telle
est,
en
effet,
la matire o s'exercent les talens
d'un
orateur; car,
dans
les jugemens,
on disserte
pres-
quetoujours
sur
l'quit;
dans les
dlibrations,
sur la
probit;
souvent,
sur l'une et sur l'autre lafois.Peut-
on
parler
avec
abondance,
avec
varit,
avec
talent,
si
l'on n'a
pasapprofondi
lanature
humaine,
la
puissance
dela
vertu,
lesexcsdu
vice,
et si l'on ne
distingue
ce
qui
ne
peut
tre
compt
ni
parmi
lesvicesni
parmi
les
vertus? De cessources dcoulent encoreces
avantages,
que
vous
pourrez
bien
plus
facilementouexciter oucal-
mer lecourroux du
juge,
si voussavez ce
que
c'est
que
la
colre;
on ledterminera
pluspromptement
lacom-
passion, quand
on saurace
que
c'est
que
la
piti,
et
par
quels
ressorts l'me
y
est excite. Form
par
ces exer-
cices et
par
ces
tudes, l'orateur, qu'il
ait
parler
soit
devant des
ennemis,
soit devant des
ambitieux,
soit
devant des
envieux,
soit devant descaractres
sombres,
soit devant des
gens
timides,
tiendra en ses mains les
rnes des
esprits;
et,
selon
que
la nature de chacun le
demandera,
il saura les
gouverner, temprera
son dis-
cours,
et sera matre detous
moyens
utiles et rservs
tout
usage.
Il est des
gens qui
ont
plus
defoi dansun
genre d'loquence
serr,
compacte,
et
qui
conclut de
suite
l'argument; auprs
d'eux l'art dela
dialectique
sera trs-utite. D'autres se
plaisent davantage
un dis-
cours
abondant, gal,
et
qui
suitles
rgles
du bon sens
DE ORATORIBUS. 3 M
ram diateeticae
proficiet.
Alios
fusa,
et
aequalis,
et ex
communibus ducta
sensibus,
oratio
magis
dlectt;
ad
hos
permovendos
mutuabimur
aliquid
a
peripateticis
hi
aptos
et in omnem
disputationem paratosjam
locos
dabunt
academici
pugnacitatem,
Plato altitudinem
Xenophon jucunditatem;
ne
Epicuri quidem
et Metro-
dori honestas
quasdam
exclamationes
assumere,
hisque,
prout
res
poscet,
uti alienumerit oratori.
Neque
enim
sapienteminformamus, neque
stoicorum
civitatem,
sed
eum,
qui
non
quasdam
artes
haurire,
sed omnesliberali-
ter,
debet.
Ideoque
et
juris
civilisscientiamveteresorato-
res comprehendebant,
et
grammatica, musica,
et
geome-
tria imbuebantur.Incidunt enimcausae
plurimaequidem,
ac
paeneomnes, quibus juris
notitia
desideratur;
ple-
raequeautem,
in
quibus
ha'
quoque
scientise
requiruntur.
XXXII. Nec
quisquam respondeat
sufficereut ad
tempus simplex quiddam
et uniforme doceamur. Pri-
mumenimaliter utimur
propriis,
aliter
commodatis;
longeque
interessemanifestum
est, possideat quis quae
profert,
an mutuetur. Deinde
ipsa
multarum artium
scientiaetiamaliud
agentes
nos
ornat,
atque,
ubi
minime
credas,
eminet et exceUit.
Idque
non doctus modo et
prudens auditor,
sedetiam
populus intelligit,
ac statim
ita laude
prosequitur,
ut
legitime
studuisse,
ut
per
omnes
eloquentia'
numeros
isse,
ut
denique
oratorem
DES ORATEURS. 35~
gnral pour
les
mouvoir,
on fera
quelqueemprunt
aux
pripatticiens.
Ils nous donneront des armes dis-
poses
et
prpares pour
toute discussion
empruntons
l'Acadmiela
polmique,
Platon
l'lvation,
X-
nophon
la
grce,

picure
mmeet Mtrodore
quel-
ques
sentences
convenables;
user de
tous, quand
lasause
le
demande,
nesera
point
interdit
l'orateur;
car nous
neformons
pas
un
sage
ni une citde
stociens,
mais
celui
qui,
sans
approfondir
seulement
quelques
sciences,
doit
puiser
toutes: aussi lesanciensorateurstudiaient
d'abord toute la sciencedu droit
civil, puis prenaient
une teinture des
belles-lettres
de la
musique
et de la
gomtrie.
Car,
dans la
plupart
des
causes,
pour
ne
pas
dire dans
toutes,
la sciencedu droit est
indispensable;
mais,
dans la
plupart
aussi,
ces autres connaissances
peuvent
tre rclames.
XXXII. Et
qu'on
nemedise
pasqu'il suffit,
au mo-
ment
utile,
de s'instruire de
quelque objet
isolet
sp-
cial car, d'abord,
l'emploi
dece
qui
nousest
propre
est
tout autre
que
celui deschoses
empruntes.
Diffrence
est
grande,
d'user dece
qu'onpossde
ou de ce
qui
est
prt.
Ensuitelarunion de
beaucoup
detalens enrichit
la
parole,
mme
lorsqu'on s'occupe
d'autres
objets; et,
oon lecroirait le
moins,
ils lafontbriller et exceller.
Et celaest senti non-seulement
par
un auditeur rflchi
et
clair,
maismme
par
le
peuple.
Aussittles
louanges
clatentet
proclament que
vousavezfaittouteslestudes
convenables,
que
vousavez
parcouru
tous les
degrs
de
l'loquence,
et
qu'enfin
voustesunorateur. Selon
moi,
DE ORATORIBUS.
358
etiam
fateatur; quem
non
posse
aliter
exsistere,
nec
exstitisse
unquam confirmo,
nisi eum
qui, tanquam
in
aciemomnibus armis
instructus,
sic in Forum omnibus
artibus armatus exierit
quod
adeo
negtigitur
ab horum
temporumdisertis,
ut in actionibus eorumix
quoque
quotidiani
sermonis
fdaac
pudenda
vitia
deprehen-
dantur
ut
ignorent leges;
nonteneant
senatusconsulta
jus
civitatis ultro
derideant
sapientiae
vero studiumet
prseceptaprudentium penitus
reformident;
in
paueissi-
mos sensus et
angustas
sententias detrudant
eloquen-
tiam,
velut
expulsamregno
suo; ut,
quae
olimomnium
artiumdomina
pulcherrimo
comitatu
pectora implebat,
nunc circumcisa et
amputata, sine apparatu,
sine ho-
nore,
paene
dixerimsine
ingenuitate, quasi
unaex sor-
didissimis
artinciis,
discatur.
Ergo
hane
primam
et
prcipuam
causam
arbitror,
cur tantum ab
eloquentia
antiquorum
oratorumrecesserimus. Si testesdesideran-
tur, quos potiores
nominabo,
quamapud
GraecosDe-
mosthenem, quem
studiosissimumPlatonis auditorem
fuissemmorise
proditum
est? et Cicero
his,
ut
opinor,
refert
verbis
quidquid
in
eloquentia effecerit,
id se
non
rhetorum,
sedAcademiae
spatiis
consecutum. Sunt
anse
causse
magn
et
graves, quas
a vobis
aperiri
aequum
est, quoniamquidemegojam
meummunus ex-
plevi, et,
quod
mihi in consuetudine
est,
satis multos
offendi; qui
si forte hoc
audirent,
certumhabeo dictu-
DES ORATEURS.
35~
1 il il
on ne
peut l'tre,
on nelefut
jamais,
si,
semblableau
guerrier
arm detoutes
pices,
onne
parat pas
au Fo-
rumarmdetoutes lessciences.Ceconseil est tellement
ngligpar
leshabilesdenotre
poque, que,
dansleurs
plaidoyers,
on dcouvre
toujours,
commelaliedu
par-
tagevulgaire,
des dfauts
choquans
et
honteux;
on
y
voit
qu'ils ignorent
les
lois,
ne
possdent pas
les sna-
tus-consultes,
se rient du droit
civil,
redoutent l'tude
dela
sagesse
et les
prceptes
de
l'exprience,
et rdui-
sent aux
plus petitsdveloppemens,
et d'troites
pen-
ses, l'loquencequ'ils
ont commechassede son em-
pire
de sorte
que
cettesouveraine detous les
talens,
qui jadis remplissait
les curs de toutes ses
magnifi-
cences,
aujourd'hui
mutileet
amoindrie,
sans
cortge,
sans
honneurs,
je
dirais
presque
sans
noblesse,
est
ap-
prise
ainsi
que
le
plus
vil mtier. Telle
est,
suivant
moi,
la cause
premire
et
principale
de notre
loignement
de
l'loquenceantique.
Si l'on veut des
tmoignages,
en
pourrai-jeproduire
de
prfrables
celui deDmosthne
chez les
Grecs;
Dmosthne
qui,
dit-on,
fut un des
plus
studieux lves de Platon?
A celui de
Cicron,
qui
diten
propres
termes
que
sessuccsdans
l'loquence
sont dus non
pas
aux
rhteurs,
mais la
frquentation
del'Acadmie.Il estd'autres causes
importantes
et
graves
que
vous trouverez bon
d'exposer, puisque,
moi,
j'ai
rempli
ma
tche, et,
selonma
coutume,
offensassezde
gensqui,
s'ilsm'eussent
entendu,
diraient
certainement,
qu'en
louant la science du droit et de la
philosophie
comme
indispensable

l'orateur, je
n'ai fait
qu'applau-
dir mes
propres inepties.
DE ORATORIBUS.
360
ros
me,
dum
juris
et
phitosophise
scientiam,
tanquam
oratori
necessariam, laudo,
ineptiis
meis
ptausisse.
XXXIII. Et
Maternus Mihi
quidem, inquit
sus-
ceptnm
a temunus adeo
peregisse
nondum
videris,
ut
inchoasse
tantum,
et velut
vestigia
ac lineamenta
quae-
dam
ostendisse,
videaris.
Nam,
quibus
instrui veteres
oratores soliti
sint, dixisti, differentiamque,
nostraede-
stdiaeet inscientiaeadversus acerrima et fecundissima
eorumstudia
demonstrasti;
cetera
exspecto,
ut,
quem-
admodumex te
didici, quid
aut illi
scirent,
aut nos
nesctamus,
ita hoc
quoque cognoscam, quibus
exerci-
tationibus
juvenes, jam
Forum
ingressi,
confirmareet
alere
ingenia
suasoliti sint
neque
enimarteet
scientia,
sed
longemagis
facultate
eloquentiamcontineri,
nec
tu,
puto, abnues,
et hi
significare
vuttu
videtur. Deinde,
quumAper quoque
et Secundus idem
adnuissent,
Mes-
salla,
quasi
rursus
incipiens: Quoniam
initia et semina
veteris
eloquentiae
satisdemonstrasse
videor,
docendo
qui-
busartibus
antiqui oratoresinstitui er udirique
soliti sint,
persequar
nunc exercitationes eorum
quanquam ipsis
artibus inest
exercitatio,nec quisquampercipere
totre-
conditas,
auttamvariasres
potest,
nisi utscientimedita-
tio,
meditationi
factiltas,
facultati vis
eloquentiae
accedat:
per quaecoHigitur,
eamdemesserationemet
percipiendi
quaeproferas,
et
proferendi quaeperceperis. Sed,
si cui
obscuriorahaec
videntur, isquc
scientiamabexercitatione
DES ORATEURS. 36t
XXXIII. Alors Maternus Tu me
parais
si loin en-
core, dit-il
d'avoir
accompli
ton
entreprise, que
tu
me sembles l'avoir seulement commence et ne nous
en avoir trac
qu'une esquisse
et
quelques
dlina-
mens. Car tu as dit comment seformaient les anciens
orateurs;
tu as dmontrcombien notre
paresse
et notre
ignorance
diffrent deleurstudes si
persvrantes
et si
fcondes. J 'attends le
reste;
et commetu nous a
appris
combien ils savaient et combien nous
ignorons,
fais-
nous aussi connatre
par quels
exercices leur
jeunesse,
son entre au
Forum,
nourrissait et fortifiait sesta-
lens. En
effet,
ce n'est
point
un
art,
une science
que
l'loquence;
maisbien
plutt
une
facult;
tu nele nie-
ras
pas, jepense,
et
je
lis sur le
visage
de nos amis
qu'ils m'approuvent.
Alors
Aper
et Secundus firent un
signe d'approbation,
et Messalla,
reprenant
la
parole,
commena
ainsi
Puisquej'ai paru
vousdmontrer suf-
fisamment et
l'origine
et les
germes
de l'anciennelo-
quence
en
dveloppant par quelles
tudesse formaient
et s'instruisaient
jadis
les
orateurs,
maintenant
j'expo-
serai leurs cours d'tudes. Du
reste,
lestalens
s'acqui-
rent
par
l'exercice,
et
personne
ne
peut acqurir
tant de
connaissances varies et
ignores
du
vulgaire,
s'il ne
joint pas
lamditation la
science,
lamditation la
facultde la
parole
et cette facult les
moyens
de
l'loquence
d'o il rsulte
que
c'est mme
chose,
et de
percevoir
lesides
que
l'on doit
mettre,
et desavoir
mettre les ides
que
l'on a
acquises.
Maissi ceci vous
parat
obscur,
et si vous
sparez
lathorie dela
prati-
que,
vous accorderez du moins
qu'un esprit plein
et
DE ORATORIBUS. 362
separat
id certe
concedet,
instructum et
plnum
hi$
artibus animum
longeparatiorem
ad eas exercitationes
venturum, quaepropt-iae
curaeoratorumvidentur.
XXXIV.
Ergo apud majores
nostros
juvenis
ille, qui
Foro et
etoquenticeparabatur,
imbutus
jam
domestica
disciplina,
refertushonestis
studiis,
deducebatur a
patre,
vel a
propinquis,
ad
eum
oratorem
qui pnnctpem
in
civitatelocumobtinebat hune
sectari,
hune
prosequi,
hujus
omnibus dictioRtbus
intresse,
sive in
judiciis,
sive in
concionibus, adsuescebat,
ita ut altercationes
quoque excipere,
et
jurgiis
interesse,
utque
sic dixe-
rim,
pugnarc
in
proelio
disceret.
Magnus
ex hoc
usus,
muttum
cons!ant!ae,
plurimumjudicii juvenibus
statim
contingebat,
inmdialuce
studentibus,
atque inter ipsa
discrimina,
ubi nemo
impune
stulte
aliquid
aut contrarie
dicit, quominus
et
judex respuat,
et adversarius
expro-
bret,
ipsi denique
advocati
adspernentur. Igitur
vera
statimet
incorrupta eloquentia
imbuebantur; et,
quan-
quam
unum
sequerentur,
tamen omnes
ejusdem
aetatis
patronos
in
plurimis
et causis et
judiciis cognoscebant;
habebantque ipsius populi
diversissimarumauriumco-
piam,
ex
qua
facile
deprehenderent quid
in
quoque
vel
probaretur,
vel
displiceret.
Ita nec
praeceptor
deerat,
optimus quidem
et
electissimus,
qui
faciem
eloquentiae,
non
imaginempraestaret;
neadversarii et
aemuli,ferro,
DES ORATEURS. 363
muni de cessciencesserabien
plus prt
aux exercices
qui
semblent
appartenir
en
propre
aux orateurs.
XXXIV.
Ainsi,
chez nos
anctres,
un
jeune
homme
qui
sedestinait l'art oratoire et au
Forum, dj p-
ntr de la
discipline
intrieure de sa
maison,
nourri
d'tudes
honorables,
tait conduit
par
son
pre
ou ses
proches
versl'orateur
qui,
dansla
ville,
tenait le
rang
le
plus
lev il sefaisaituneloi dele
suivre,
del'accom-
pagner,
d'couter tout ce
qu'il
disait,
soit dans les
ju-
gemens,
soit dans les
confrences,
desorte
qu'il profi-
tait des dbats et des
discussions,
et
apprenait, pour
ainsi
dire,
l'art des combats au milieu mmedes com-
bats. Del ce
grand usage,
cettehaute
assurance,
cette
facultdediscernement dont les
jeunesgens
taient sitt
pourvus,
tudiant ainsi en
pleine
lumire,
au milieu
mme des controverses dans
lesquelles
ne
pouvait
se
dire
impunment quelquesottise,
ou sedonner
quelque
dmenti, qu'ils
ne fussent
rprims par
le
juge, repro-
chs
par l'adversaire,
et enfin condamns au
mpris
par
les avocatseux-mmes. Ils taient donc imbustout
aussitt d'une
loquence pure
et
vierge; et, quoi-
que
attachs un seul
orateur,
ils
apprenaient cepen-
dant
connatre,
dans cette
grande
varit de causes
et de
jugemens,
toutes les sommitsdu barreau de l'-
poque
ilsrecueillaient aussi cettemultitude
d'opinions
si variesdu
public,
et
y
saisissaientfacilement ce
qui,
dans
chaque avocat, plaisait
ou
dplaisait.
Ainsi il ne
leur
manquai
ni un matre ilsen avaient un excellent
et de
premier choix, qui
neleur montrait
pas
unevaine
image
de
l'loquence,
mais
l'loquence
dans tous se&
DE ORATORIBUS.
364
non
rudibus, dimicantes;
sed auditorium
semper ple-
num, semper
novum,
ex invidiset
faventibus,
ut nec
benedicta dissimutarentur. Scitis
enim, magnam
illam
et duraturam
eloquentiae
famamnon minus in diversis
subselliis
parari, quamsuis; quin
immoconstantius sur-
gere
ibi,
fideliuscorroborari.
Atque
hercule sub
ejus-
modi
praeceptoribusjuvenis
ille,
de
quo toquimur,
oratorum
discipu!us,
fori
auditor,
sectator judiciorum,
eruditus et adsuefactusalienis
experimentis, cui, quoti-
die
audienti,
not
leges,
non novi
judicum
vultus,
frequens
in oculis
consuetudo concionum, ssepecognitae
populi
aures,
siveaccusationem
susceperat,
sivedefen-
sionem,
soinsstatimet unus
cuicumque
causae
par
erat.
NonodecimosetatisannoL. Crassus C.
Carbonem,
uno
et vicesimoCaesar
DolabeMam,altero
et vicesimo Asi-
nius Pollio C.
Catonem,
non multo tate antecedens
Calvus
Vatinium,
iis orationibus insecuti
sunt,
quas
hodieque
cumadmiratione
legimus.
XXXV. At nunc adolescentuli nostri deducuntur in
scenas
scholasticorum
qui
~e~o/'e.t
vocantur
quos
paullo
anteCiceronis
tempora
exstitisse,
nec
ptacuisse
majoribus
nostris,
exeomanifestum
est, quod,
L. Crasso
et Domitio
censoribus, cludcrc,
ut ait
Cicero,
ludum
impudentisejussi
sunt.
Sed,
ut dicere
institueram,
de-
DES ORATEURS. 365
traits
ni desadversaires et desmules ilsen avaient
qui escrimaient,
non
pas
la
baguette,
mais avec le
fer l'auditoire tait
toujours plein, toujours
renouvel
et
par
l'envie et
par
la
faveur,
desorte
que
rien n'tait
dissimul,
pasplus
lestraits heureux
que
lesfautes. Car
voussavez
que
cette
grande
et durable
rputation
d'lo-
quence
nes'tablit
pas
moinssur lesbancs
oppossque
sur les
vtres,
et
que,
bien
plus,
c'est l
qu'ellesurgit
avec
forceet secorroborele
plusvigoureusement. Et, grands
dieux,
sousde tels
prcepteurs,
ce
jeune
hommedont
nous
parlons, disciple
des
orateurs, toujours
coutant au
Forum,
toujours
assistant aux
jugemens,
instruit et fa-
onnpar
les
exemples
d'autrui;

qui, par
uneattention
journalire,
lesloistaient
connues,
les
visages
des
juges
point
nouveaux;
dont les
yeux
taient habitus au fr-
quent spectacle
des
assembles; qui
avait souvent
appris
ce
qui
convenait auxoreillesdes
Romains,
soit
qu'il
en-
treprt
l'accusation ou la
dfense,
tait
aussitt,
seul et
sans
appui,
la hauteur detoute
cause, quellequ'elle
ft. A dix-neuf ans L. Crassus
attaqua
C.
Carbon';

vingt-un
ans
Csar, Dolabella;

vingt-deux
ansAsinius
Pollion,
C.
Caton;

peu
d'annes de
plus
Cal vus,
Va-
tinius
et ils
prononcrent
ces discours
qu'aujourd'hui
mmenous lisonsavecadmiration.
XXXV. Mais
maintenant,
nos
jeunes gens
sont con-
duitssur lesthtresdecesdclamateurs
que
l'onnomme
rhteurs, qui parurent peu
avant
l'poque
de
Cicron,
et ne
plurent pas
nos
anctres,
comme le
prouve
l'ordre
qu'ils reurent
des censeurs Crassus et Domi-
tius,
de
fermer,
commedit
Cicron,
leur cole
d'impu-
dence.
Mais,
ainsi
queje
levoulais
expliquer,
nos en-
fanssont conduits danscescoleso
je
ne
puis
dire fa-
DE ORATORIBUS. 366
ducuntur in
scholas,
in
quibus,
non facile
dixerim,
utrumne locus
ipse,
an
condiscipuli,
an
genusstudiorum
plus
mali
ingeniis
adferant. Namin loco nihil reveren-
tiee,
sed in
quemnemo,
nisi
aequeimperitus,
intrat;
in
condiscipulis
nihil
profectus, quumpueri
inter
pueros,
et adotescentuMinter
adotescentulos, pari
securitate, et
dicant,
et audiantur.
Ipsae
vero exercitationes
magna
ex
parte
contrariae
nempe
enim duo
genera
materia-
rum
apud
rhetoras
tractantur;
jM~~or~
et co/we/ME'.
Ex iis suasoriae
quidem, tanquam plane
levioreset mi-
nus
prudentiaeexigentes, pueris delegantur;
controver-
siaerobustioribus
adsignantur, quales, per fidem,
et
quam
incredibiliter
compo&itae! Sequitur autem,
ut ma-
teriaeabhorrenti a veritate declamatio
quoqueadhibea-
tur. Sic
fit,
ut
tyrannicidarum praemia,
aut vitiatarum
electiones,
aut
pestilentiaeremedia,
aut incesta
matrum,
aut
quidquid
inschola
quotidieagitur,
in
Foro,
vel
raro,
vel
numquam, ingentibus
verbis
persequantuF; quum
ad veros
judices
ventumest. rem
cogitare,
nihil hu-
mile,
nihil
abjectumeloqui poterat.
XXXVI.
Magna eloquentia
sicut
flamma,
materia
alitur,
et motibus
excitatur,
et urendo clarescit. Eadem
ratio in nostra
quoque
civitate
antiquorum eloquentiam
provexit. Nam,
etsi horum
quoque temporum
oratores
ea consecuti
sunt, quae, composita
et
quieta
et beata
republica,
tribui fas
erat
tamen ista
perturbatione
ac
DES ORATEURS.
367
cilement
lequel
estle
plus pernicieuxpour
leurs
esprits,
ou du lieu
mme,
ou deleurs
condisciples,
ou deleur
genre
d'tude.
Car,
ence
lieu,
nul
respect
tous
y
en-
trent avec une
galeignorance;
nulle instruction re-
tirer des
condisciples
ce sont des enfansmls des
enfans,
des
jeunes gens
des
jeunes gens;
ils
parlent,
ils coutent avecune
gale
indiffrence.
Quant
aux exer-
cices,
ils sont en
grande partie opposs
au but.
Car,
en
effet,
on traite chez cesrhteurs deux
matires,
les
.H~Mor/cFet les eo/ofer~M?. Les
premires,
comme
plus
facileset
exigeant
moins
d'exprience,
sont confies
aux
enfans
lescontroversessontrservesaux
plus
forts
lves eh!
quellescontroverses, quellesincroyables
com-
positions
Il s'ensuit
qu'
un
sujet oppos
toutevrit
on leur fait
joindre
desdclamations. Il en rsulte donc
que
les
rcompenses
des
tyrannicides
l'alternative lais-
se la
pudeur viole,
les remdes la
peste,
les fils
incestueux
et toutes ces
questions agites
dans les
coles,
rarement ou
jamais
au
Forum,
y
sont discutes

grands
mots
mais,
lorsqu'ils paraissent
devant les
vrais
juges.
L'esprit plein
du
sujet,
il ne
pouvait
rien
dire de
bas,
rien
d'abject.
XXXVI. La haute
loquence,
commela
flamme,
a
besoin
d'aliment;
elles'anime
par
le
mouvement,
elle
jette
sesfeux eu brlant. Unemmecauseafait briller
dans Rome
l'loquenceantique.
Car,
quoique
les ora-
teurs de nos
temps
aient obtenu les succs
que pou-
vaient leur fournir un tat de choses
rgulier, paisible
et
heureux,
cependant
cette
perturbation,
cette licence
DE ORATORIBUS. 368
licentia
plura
sibi
assequi videbantur,
quum,
mixtisom-
nibus,
et moderatore uno
carentibus
tantum
quisque
orator
saperet, quantum
erranti
populo persuaderi po-
terat. Hinc
leges
assiduseet
populare
nomen;
hinc con-
ciones
magistratuum, paenepernoctantiuin
in
rostris;
hinc
accusationes potentium
reorum,
et
adsignatae
etiam
domibus
inimicitiae
hinc
procerum
factiones,
et assidua
senatus adversus
plebem
certamina
quaesingula,
etsi
distrahebant
rempublicam, exercebant
tamen iuorum
temporum eloquentiam,
et
magnis
cumulare
prsemiis
videbantur;
quia, quanto quisqueplus
dicendo
poterat,
tanto facilius honores
assequebatur;
tanto
magis,
in
Ipsis
honoribus,
collegas
suos
anteibat;
tanto
plus apud
principesgratiae, plus
auctoritatis
apudpatres, plus
no-
titiaeac nominis
apud plebem parabat.
Hi clientelis
etiam exterarum nationum
redundabant;
hos ituri in
provincias magistratus
reverebantur,
hos reversi cole-
bant
hos et
prseturse
et-consulatus vocare ultro vide-
bantur
;hi
neprivati quidemsinepotestateerant, quum
et
populum
et senatumconsilioet auctoritate
regerent
quin
immo sibi
ipsi persuaserant,
neminemsine elo-
quentia,
aut
assequi posse
in
civitate,
aut tueri
conspi-
cuumet eminentemlocum. Nec
mirum,
quum
etiamin-
viti ad
populumproducerentur; quumparum
esset,
in
senatu breviter
censere,
nisi
qui ingenio
et
eloquentia
DES ORATEURS.
~9
V).
2~
prcdentes, paraissent
leur avoir donn
plus
de car-
rire lorsque,
dans ce trouble
gnral,
on
manquait
d'un modrateur
unique,
l'habilet de
chaque
orateur
consistait dans son
plus
ou moins de
persuasion
sur un
peuple
errant sans
guide.
Delcesloissanscesse
propo-
sesetcesnomsdevenus
populaires;
delces
harangues
denos
magistrats
restant desnuitsentiresla
tribune;
de l cesaccusations contre les
puissans,
ces inimitis
voues des familles
entires
de l ces factions des
grands
et cesluttesrenouvelesdusnat contrele
peuple
toutes choses
qui,
bien
qu'elles
dchirassent la
rpu-
blique, exeraient cependant l'loquence
deces
temps
et
paraissaient
lui offrir de
trs-grands avantages parce-
que, plus
on avait la
puissance
dela
parole, plus
facile-
ment on
acqurait
les
honneurs; plus,
dans cesmmes
honneurs,
on
l'emportait
sur ses
collgues; plus
onob-
tenait defaveur
auprs
des
grands,
d'autorit
auprs
des
snateurs,
derenomet de clbrit
auprs
du
peuple.
Lesclientellesdes nations
trangres
affluaientvers ces
orateurs;
nos
magistrats, partant pour
leurs
provinces,
leur
apportaient
leur
respect;
leur
retour,
ils lesvi-
sitaient
les
prtures
et lesconsulatssemblaientles
ap-
peler simplesparticuliers,
alorsmmeilsn'taient
pas
sans
pouvoir, puisqu'ilsrgissaient
et le
peuple
et les-
nat
par
leurs conseilset leur autorit bien
plus,
eux-
mmestaient
persuadsquepersonne
sans
loquence,
ne
pouvait
dansl'tat ou
parvenir
un
rang
minent et
remarquable,
ou
s'y
maintenir. Et celan'est
pas
ton-
nant, puisqu'on
tait souvent conduit vers le
peuple
mme
malgr soi lorsque
c'tait
peu d'opiner
brive-
ment au
snat,
si l'on
n'appuyait
son
opinion par
le
talent et
l'loquence; lorsque
victime de l'envie ou
370
DE ORATORIBUS.
sententiamsuam
tueretur; quum,
in
aliquam
invidiamaut
crimen
vocati,
sua voce
respondendumhaberent; quum
testimonia
quoque
in
publicis
causis non
absentes,
nec
per
tabellam
dare,
sedcoramet
prsentes
dicere
coge-
rentur.
Ita,
ad summa
eloquentiaepraemia,magna
etiam
necessitat
accedebat;
et
quomodo
disertum
haberi,
pul-
chrum
et,
gloriosum;
sic contra mutum et
elinguem
videri,
deforme habebatur.
Ergo
non minus
rubore,
quampraemiis
stimulabantur;
ne elientelarumloco
po-
tius, quampatronorum, numerarentur;
netraditaeama-
joribus
necessitudines ad alios
transirent;
ne
tanquam
inertes,
et non suffecturi
honoribus,
aut non
impetra-
rent,
aut
impetratos
maletuerentur.
XXXVII.
Nescio,
an venerint in manus vestrashsec
vetera, quae
etin
antiquorum
bibliothecisadhuc
manent,
et
quum
maximeaMuciano
contrahuntur;
ac
jam
un-
decim,
ut
opinor,
Actorumlibris et tribus
Epistolarum
composita
et edita sunt. Ex his
intelligi potest,
Cn.
Pompeium
et M.
Crassum,
non viribus modoet
armis,
sed
ingenio quoque
et
oratione, valuisse; Lentulos,
et
Metellos,
et
Lucullos,
et
Curiones,
et ceteram
procerum
manum,
multum
in hisstudiis
operaecuraequeposuisse;
nec
quemquam
iUis
temporibusmagnampotentiam,
sine
eloquentia,
consecutum. Hisaccedebat
splendor rerum,
et
magnitudo
causarum,
quae
et
ipsaplurimumeloquen-
DES ORATEURS.
9,4.
d'une
accusation,
il fallait
rpondre par
sa
propre
bouche lorsque,
dans les causes
publiques,
il fallait
tmoigner
non
par
un
reprsentant
ou
par
crit,
mais
parler
en
personne
devant l'assemble.
Ainsi,
auxavan-
tages
les
plus
minens de
l'loquence,
s'unissait une
grande ncessit;
et si la
rputation
dela
parole
tait
belle et
glorieuse,
celleau contraire de rester court et
sans voix tait humiliante. On n'tait donc
pas
moins
stimul
par
la honte
que par
l'intrt. On ne voulait
pas
tre
compt
au nombre desclienset
perdre
le
rang
de
patron
voir
passer
d'autres des
charges
transmi-
ses
par
ses
aeux;
ni
paratre
inactif et
indigne
des
honneurs,
et ne
plus
en obtenir ou ne
pas
les conserver
aprs
lesavoir obtenus.
XXXVII. J e nesaiss'il vousest tombsous lamain
de ces vieux crits
qui
setrouvent encoredans les an-
ciennes
bibliothques, que
Mucien
s'occupe particu-
lirement
rassembler,
et
dont, je crois,
il a
dj
t
runi et ditonzelivresd'Acteset trois deLettres on
peut
voir
par
cesrecueils
quePompe
etCrassus durent
leur
puissance,
non-seulement laforceet aux
armes,
mais leur
gnie
et leur
loquence; que
lesLentu-
lus,
les
Metellus,
les
Lucullus,
lesCurionset cettelite
denos
illustrations,
consacrrent
beaucoup
detravail et
desoinsces
tudes,
et
qu'en
ces
tempspersonne
n'ac-
quit
une
grandepuissance
sansletalent dela
parole.
II
s'yjoignait
l'clat des
sujets
et
l'importance
des
causes,
qui
aident
puissamment l'loquence.
Car il
importe
beaucoup que
vous
ayez

parler
d'un
vol,
d'unefbr-
DE ORATORIBUS.
tiae
prstant.
Nammultum
interest,
utrumne
de
furto,
aut
formula,
et
interdicto,
dicendum
habeas,
an de
ambitu
comitiorum,
expilatissociis,
etcivibustrucidatis
quae
mala sicut non accideremelius
est, isqueoptimus
civitatis status habendus
est,
in
quo
nihil tale
patimur;
ita, quum
acciderent,
ingentem eloquentiae
materiam
subministrabant. Crescit enim cum
amplitudine
rerum
vis
ingenii;
ne
quisquam
claram et illustrem oratio-
nemefficere
potest,
nisi
qui causamparem
invenit.
Non,
opinor,
Demosthenemorationes
illustrant, quas
adver-
sus tutores suos
composuit;
nec Ciceronem
magnum
oratorem P.
Quintius defensus,
aut Licinius
Archias,
faciunt; Catilina,
et
Milo,
et
Verres,
et
Antonius,
hanc
illi famam
circumdederunt non quia
tanti fuit rei-
publicae
malos ferre
cives,
ut uberem ad dicendum
materiamoratores
haberent; sed,
ut subinde
admoneo,
quaestionis
meminerimus, sciamusque,
nosdeea re lo-
qui, quae
faciliusturbidis et
inquietistemporibus
exsti-
tit.
Quis ignorat
utilius ac meliusesse frui
pace, quam
bellovexari?
plures
tamenbonos
prcetiatoresbella, quam
pax
ferunt. Similis
eloquentiae
conditio
nam,
quo
sae-
pius
steterit
tanquam
in
acie, quoqueplures
et intulerit
ictus et
exceperit, quo major
adversarius et
acrior,
quicumpugnas
sibi
asperas desumpserit,
tanto
altior,
et
excelsior,
et iUisnobilitatus
discriminibus,
in ore
hominum
agit, quorum
eanatura
est,
ut securanolint.
DES ORATEURS.
~3
mule,
d'un
interdit,
oubien des
brigues
des
comices,
de
nos allis mis au
pillage,
denos
concitoyensgorges
ces
maux,
il est sansdoute mieux
qu'ils
n'arrivent
pas,
et l'tat le
plus parfait
dela villeest celui o l'on n'a
rien souffrir de
tel;
mais
enfin,
quand
ils avaient
lieu,
ils fournissaient une
ample
matire
)'!oquence
car
avecla
grandeur
deschosess'accrot laforcedu
gnie;
et
personne
ne
peut produire
un discours
remarquable
et
digned'illustration,
s'il n'atrouvun
sujetqui l'inspire.
J e ne
pense pas que
Dmosthnese
soi.t
illustr
par
ses
discours
composs
contre ses
tuteurs,
ni
que
Cicron
soit devenu un
grand
orateur
par
sa dfense de P.
Quintius
ou deLicinius Archias c'est
Catilina,
et Mi-
ton,
et
Verrs,
et
Antoine,
qui
l'ont environndetoute
cette
gloire.
Non
pas qu'il
ft heureux
pour
la
rpu-
blique
d'avoir
produit
cesmchans
citoyens, pour que
les orateurs eussent unematireabondante leurs dis-
cours mais, je
vousen
prviens
encore,
n'oublions
pas
la
question,
et sachons bien
qu'il s'agit
d'un art
qui
puiseprincipalement
saviedans les
temps
detrouble et
d'inquitude.
Qui
nesait
qu'il
est meilleur et
plus
utile
de
jouir
de la
paix que
d'tre
agitpar
la
guerre?
ce-
pendant
les
guerresproduisentplus
de
grands capitaines
que
la
paix. L'loquence
estsousuneloi semblable:
car,
plus
ellesesera
prsente
comme
pour
un
combat,
plus
elle aura
port
et
reu
de
coups, plus
son adversaire
aura t
grand
et
vigoureux, plus
elle l'aura
engag

de rudes
assauts
plus
aussi elle aura
acquis
d'lva-
tion et de
sublimit,
plus
ellese sera ennoblie en ces
prils
aux
yeux
des
hommes,
dont lanature est de ne
vouloir
pas
lecalme.
DE ORATORIBUS.
3?4
XXXVIII. Transeo ad formamet consuetudinemve-
terum
judiciorum; quae
etsi nunc
aptior
est
veritati,
eloquentiam
tamen illudForum
magis
exercebat,
in
quo
nemo intra
paucissimas
horas
perorare cogebatur,
et
liberae
comperendinationes
erant,
et modumdicendi sibi
quisquesumebat,
et numerus
neque
dierum,
neque pa-
tronorumfiniebatur.
Primus,
tertio
consulatu,
Cn. Pom-
peius adstrinxit, imposuitque
veluti frenos
eloquen-
tiae,
ita
tamen,
ut omniain
Foro,
omnia
legibus,
omnia
apud praetores gererentur; apud quos quanto majora
negotia
olimexerceri solita
sint,
quodmajus argumen-
tumest, quam quod
causse
centumvirales, quae
nunc
primum
obtinent
locum,
adeo
splendore
aliorum
judi-
ciorum
obruebantur,
ut
neque
Ciceronis, neque
Caesa-
ris, neque
Bruti,
neque
CoetII,
nequeCalvi,
non
denique
ullius
magni
oratoris
liber,
apud
centumviros
dictus,
legatur, exceptis
orationibus
Asinii,
quaepro
~eyec~&MJ
Z7/~MMp
inscribuntur,
ab
ipso
tamen
Pollione,
mediis
divi
Augusti temporibus,
habitse,
postquamlonga
tem-
porum quies,
et continuum
populi otium,
et assidua
senatus
tranquillitas,
etmaximi
principisdisciplinaIpsam
quoqueeloquentiam,
sicut omnia
alia, pacaverat?
XXXIX. Parvumetridiculumfortasse
videbitur, quod
dicturus
sum;
dicam
tamen,
vel ideout rideatur.
Quan-
tum humUitatis
putamus eloquentiae
adtulisse
paenulas
DES ORATEURS.
3~
XXXVIII. Passons laformeet aux
usages
desan-
ciens tribunaux.
Quoique
la forme actuelle soit
plus
favorable la
vrit,
toutefois alors le Forum exer-
ait
davantagel'loquence;
on n'tait
pas oblig
de ter-
miner en
peu
d'heures;
lesremisestaient
libres;
cha-
cun
prenait
son
temps
son
gr,
et l'on nelimitait ni
le nombre des
jours
ni celui des avocats.
Pompe,

sontroisime
consulat,
restreignit
le
premier,
et
brida,
pour
ainsi
dire,
l'loquence
toutefoislesaffairesfurent
traites toutes au
Forum,
toutes selon les
lois,
toutes
devant les
prteurs
car c'tait devant eux
qu'il
tait
alors
d'usage
de
plaider
les
plus grandes
affaires
et ce
qui
le
prouve
le
plus,
c'est
que
les causescentumvi-
rales,
qui
sont maintenant au
premier rang,
taient tel-
lement
clipsespar
l'clatdesautres
jugemens, quepas
un seul
plaidoyer
de
Cicron,
de
Csar,
de
Brutus,
de
Clius, deCalvus,
ni enfind'aucun autre
grand
orateur,
ne fut
prononc
devant les
centumvirs,
except
les
discours d'Asinius
pour
leshritiers
d'Urbinia;
encore
furent-ils
composs
vers le milieu de
l'empire
d'Au-
guste, aprsqu'un longtemps
de
scurit,
un
repos
sans
interruption
chezle
peuple,
une
tranquillit
non trou-
bleau
snat,
et l'administration svredu
plus grand
prince,
eurent
impos
lecalme
l'loquence
ainsi
qu'
tout lereste.
XXXIX. Peut-tre ce
que je
vais dire
paratra-t-il
mticuleuxet ridicule
je
ledirai
toutefois,
mme
pour
qu'on
en rie. A
quel degr
d'humiliation
pensez-vous
qu'aient
rduit
l'loquence
cesmanteaux troits
qui
nous
376
DE ORATORIBUS.
istas, quibus
adstricti et velut inclusi cum
judicibus
fa-
bu}amur?
quantum
viriumdetraxisseorationi auditoria
et tabularia
credimus
in
quibus jam
fere
plurimae
causae
exp!icantur?Nam, quomodo
nobiles
equos
cursus
et
spatia probant;
sic est
aliquis
oratorum
campus, per
quem
nisi liberi et soluti
ferantur,
debilitatur ac
frangi-
tur
eloquentia. Ipsam quin
immo curam et
diligentis
stili anxietatemcontrariam
experimur
quiassepe
inter-
rogat judex, quando incipias;
et ex
interrogatione ejus
incipiendum
est.
Frequenter prohationibus
et testibus
silentium
patronus
indicit unus inter hc dicenti ac
alter
adsistit,
et res velut in solitudine
agitur.
Oratori
autemclamore
plausuque opus est,
et velut
quodam
theatro
qualia quotidie antiquis
oratoribus
continge-
bant, quum
tt
pariter ac
tamnobilesForum
coarctarent,
quum
clientelae
quoque,
et
tribus,
municipiorum
etiam
legationes
ac
pars
Italiae
periclitantibus adsisterent;
quum
in
plerisque judiciis
crederet
populus
romanus
sua
interesse,
quidjudicaretur.
Satis
constat,
C. Corne-
lium,
et M.
Scaurum,
et T.
Milonem,
et L.
Bestiam
et P.
Vatinium,
concursu totius civitatiset
accusatos,
et
defensos;
ut
frigidissimos quoque
oratores
ipsa
cer-
tantis
populi
studiaexcitareet incendere
potuerint.
Ita-
que
hercule
ejusmodi
libri
exstant,
ut
ipsi quoque, qui
egerunt,
non aliis
magisorationibus
censeantur.
DES ORATECRS.
3?-
gnent
et
qui, pour
ainsi
dire
nous
emprisonnent
lorsque
nous
parlons
aux
juges?
combienlediscoursne
perd-il pasd'nergie
dansces
auditoires,
dansces
greffes
o maintenant se
plaident
la
plupart
descauses? Ainsi
que
les nobles coursiers demandent de
l'espace pour
s'lancer dans la
lice,
de mme il faut l'orateur un
champ
oil s'avancesanscontrainteet sans
gne
sinon
son
loquence
se dbilite et tombe. Et bien
plus,
les
soinset les
peinesque
nous
prenonspour
orner le
style
tournent contre
nous-mmes, parceque
souventle
juge
interroge quand
on va commencer sa
question
force
alors un tout autre dbut.
Frquemment
l'avocat s'in-
terrompt pour
our
preuves
et tmoins sur
ce,
il ne
lui reste
qu'un
ou deux
auditeurs,
et la causese
plaide
commeenun dsert.
Or,
il faut l'orateur
acclamations,
applaudissemens
et
thtre, avantagesqu'avaient chaque
jour
lesanciens
orateurs,
alors
que
tant et desi nobles
personnages
encombraient le
Forum,
alors
que
lesclien-
telles,
les tribus et mmeles
envoys
des
municipes
et
une
partie
de l'Italie venaient soutenir des accussen
pril,
alors
qu'en
la
plupart
desaffairesle
peuple
ro-
main
pensait que
ce
qui
allait tre
jug
tait sa
propre
cause.On sait assez
que,
dans lesaccusationset les d-
fensesdeC.
Cornelius,
deM.
Scaurus,
deT.
Milon,
de
L.
Bestia,
deP.
Vatinius,
lavilleentireaccourut et
y
prit
une telle
part, que
lechoc mmedes affectionsdu
peuple
et
pu
exciter et enflammerles orateurs les
plus
froids.
Aussi,
grandsdieux,
detels
plaidoyers
n'ont
pas
pri,
et ceux
qui
les ont
prononcs
n'ont
point
de
plus
beauxtitres au barreau.
DE ORATORIBUS.
378
XL. J amveroconciones
assiduae,
et datum
jus poten-
tissimum
quemque
vexandi,
atque' ipsa
inimicitiarum
gloria, quum
se
plurimi disertorum,
ne a P.
quidem
Scipione,
aut
Sulla,
aut Cn.
Pompeioabstinerent,
et ad
incessendos
principes
viros,
ut est natura
invidioe,
populi
etiam histriones auribus
uterentur,
quantum
ardorem
ingeniis quas
oratoribus faces admovebant Non de
otiosa et
quieta
re
loquimur,
et
quae
probitate
et mo-
destia
gaudeat
sedest
magna
illaet iiotabilis
eloquen-
tta,
alumna
licentiae,
quam
stulti libertatem
vocabant,
comes
seditionum,
effrenati
populi
incitamentum
sine
obsequio,
sine
servitute, contumax, temeraria,
arro-
gans, qu
in bene constitutis civitatibus non oritur.
Quem
enimoratorem
tacedaernonium,quem
cretensem
accepimus?quarum
civitatum severissima
disciplina
et
severissimae
leges
traduntur. NeMacedonum
quidem
ac
Persarum,
aut ullius
gentis, quae
certo
imperio
contenta
fuerit,
eloquentiam
novimus. Rhodii
quidam,
athcnien-
ses
plurimi
oratores
exstiterunt,
apud quos
omnia
p'0-
pulus,
omnia
imperiti,
omnia,
ut sic
dixerim,
omnes
poterant.
Nostra
quoque
civitas,
donec
erravit
donec
se
partibus,
et
dissensionibus,
et discordiis
confecit
donecnullafuit inForo
pax,
nulla insenatu
concordia,
nulla in
judiciis
moderatio,
nulla
superiorum
revercn-
tia,
nullus
magistratitum
modus;
tulit sine dubio va-
DES ORATEURS.
379
XL. Bien
plus,
ces
harangues
continuelles,
ce droit
donn chacunde
poursuivre
l'hommele
pluspuissant,
et la
gloire
mmedes
inimitis,
alors
que beaucoup
d'orateurs habiles ne
mnageaient
mme ni
Scipion
ni
Sylla
ni
Pompe
alors
que, pour attaquer
des
sommits sociales
(telle
est la nature de
l'envie),
des
histrions s'adressaient aux oreilles mme du
peuple
quelles
ardeurs toutes ces circonstances ne donnaient-
elles
pas
aux
gnies, quels
feuxaux orateurs? Nous ne
discutons
pas
sur un art oisif et
paisible, qui
se
rjouit
de vertu et de
modration,
mais sur cette
grande
et
magnifiqueloquence,
nourrisson decettelicencenom-
me libert
par
la
sottise
sur cette
loquence,
com-
pagne
des
sditions, aiguillon
d'un
peuple
sans
frein,
ennemiedu
respect
et de la
soumission,
prte
lar-
volte, tmraire, arrogante,
et ne naissant
jamais
dans
lestats calmeset fixes.En
effet,
de
quels
orateurs de
LacdmoneoudeCrte nous a-t-on
parl?
C'est
que,
dans ces
cits,
trs-svretait la
discipline,
trs-s-
vres les lois. Nous ne connaissons
pas
non
plus
d'lo-
quence
ni en
Macdoine,
ni en
Perse,
ni chez aucune
autre nation
qui
s'est contente d'un
gouvernement
r-
gulier.
A Rhodes il
y
eut
quelquesorateurs,
Athnes
un
grand
nombre dans ces tats le
peuple pouvait
tout,
les inhabiles
tout,
enfin
tous, pour
ainsi
parler,
pouvaient
toutes choses. Notre ville
aussi,
tant
qu'elle
n'eut
point
de
rgles
fixes,
tant
qu'elle
fut en
proie
aux
partis,
aux
dissensions,
aux
discordes,
tant
qu'il n'y
eut
point
decalmeau
Forum,
de concorde au
snat,
demodration dans les
jugemens,
nul
respect pour
les
grands,
nulle
rgle pour
les
magistrats,
nourrit sans
doute une
loquence plusferme,
semblable au
champ
DE ORATORtBUS. 380
ientiorem
eloquentiam
sicuti indomitus
ager
habet
quasdam
herbas itiores. Sed ne tanti
reipublicae
Gracchorum
eloquentiafuit,
ut
pateretur
et
leges;
nec
bonaeformam
eloquentiae
Cicerotali exitu
pensavit.
XLI. Sic
quoque, quod superest antiqui
oratoribus,
Forumnon
emendatae,
nec
usque
ad votum
compositae,
civitatis
argumentum
est.
Quis
enimnos
advocat,
nisi
aut
nocens,
aut miser?
Quod municipium
in civitatem
nostram
venit,
nisi
quod
aut vicinus
populus,
aut do-
mestica
discordia,
agitt? Quam provinciam
tuemur,
nisi
spoliatam vexatamque? Atqui
melius fuisset non
queri, quam
vindicari.
Quodsi inveniretur aliqua
civitas
in
qua
nemo
peccaret, supervacuus
essetinter innocentes
orator,
sicut inter sanos medicus.
Quo
modo tamen
minimum
usus minimumque profectus
ars medentis
habet in his
gentibus, quae
nrmissimavaletudineac sa-
luberrimis
corporibus
utuntur sic minor oratorumob-
scuriorquegloria
estinter bonos
mores,
etin
obsequium
regentis paratos. Quid
enim
opus
est
longis
in senatu
sententiis,
quumoptimi
cito consentiant?
Quid
multis
apud populum concionibus, quum
de
republica
non
imperiti
et multi
deliberent,
sed
sapientissimus
et unus?
Quid
votuntariis
accusationibus,
quum
tamraro et tam
parcepeccetut- Quid
invidiosiset excedentibusmodum
defensionibus, quum
clementia
cognoscentis
obviam
DES ORATEURS. 3Sr
qui,
encore
inculte, produit
alors des
plantes plus
vi-
goureuses.
Mais
l'loquence
des
Gracques
ne
profita
pas
la
rpublique, puisqu'il
fallut subir leurs
lois,
et les beauts de la
plus pure loquence
de Cicron
n'ont
point compens
safin
dplorable.
XLI.
Aujourd'hui, par
ce
qui
nous restede
l'antique
loquence,
leForumne
prouve pas
un tat de choses
pur
et
qui remplisse
touslesvux en
effet, qui
nous
appelle,
si cen'est le
coupable
ou lemalheureux?
quel
municipe
envoieversnous
Rome,
si cen'estcelui
que
trouble
quelquepeuple
voisin ou
quelque
discordein-
trieure?
quelleprovince
nous faut-il
dfendre,
sinon
celle
qui
est
spolie
ou
opprime?
Or,
il serait mieux
de n'avoir
pas
se
plaindre que
de se
venger.
S'il se
trouvait
quelque
cito
personne
ne
pt
tre
coupable,
un orateur serait
superfluparmi
cesmes
pures,
comme
lemdecin
parmi
des
gens
bien
portans.
Et commel'art
mdical n'est nullement
usit,
nullement
progressif
chez
les
peuples
dont les
corps
sains
jouissent
d'une sant
inaltrable
de mme l'clat du barreau est moindreet
plus
faiblechez ceux
qui
ont des murs
pures,
et
qui
obissent avec
respect

qui
les commande.
Qu'est-il
besoin,
en
effet,
de
longues
discussionsdansun
snat,
si
les bons
esprits
sont aussitt d'accord? A
quoi
servent
tant de
harangues
au
peuple, quand
les
dlibrationssur
l'tat ne sont
pas
livres
l'ignorance
dela
multitude,
maisla
sagesse
d'un seul ?
Pourquoi
cesvoix
toujours
accusatrices, quand
ledlit estsi faibleet si rare? Pour-
quoi d'aigres
dfensesexcdanttoutes
limites,
lorsque
la
clmencedu
juge
court au devant del'accusen
pril ?
Croyez-moi,
excellens
amis,
hommes savans autantt
qu'on peut 1tre,
si vous tiez
ns, vous,
dans ces
DE ORATORIBUS. 38a
periclitantibus
eat?
Credite, optimi,
et,
in
quantum
opus est,
disertissimi
viri,
si aut vos
prioribus saeculis
aut
isti, quosmiramur,
his nati
essent,
ac deus
aliquis
vitas
vestras,
vestra
tempera, repente mutasset;
nec
vobis summa illa laus et
gloria
in
eloquentia, nequc
IHismoduset
temperamentum
defuisset.
Nunc, quoniam
nemo eodem
tempore' adsequi potest magnam
famam
et
magnamquietem
bono soeculisui
quisque,
citra ob-
trectationem
alterius,
utatur.
XLII. Finierat Maternus. TumMessalla Erant
quibus
contradicerem; erant,
de
quibus plura
dici
veHem,
nisi
jam
dies esset exactus.
Fiet, inquit
Maternus,
postea
arbitratu
tuo et,
si
qua
tibi obscura in hoc meo ser-
mone visa
sunt,
de his rursus conferemus. Ac simul
adsurgens,
et
Aprumcomplexus Ego, inquit,
te
poetis,
Messalla
antiquariis
criminabimur. At
ego
vos rheto-
ribus et
scholasticis, inquit.
Quumarrisissent,
disces-
simus.
DES ORATEURS. 383
sicles
antrieurs,
et ces hommes
que
nous
admirons,
dans le
ntre,
et
qu'un
dieu et tout
coup chang
vos
existenceset vos
poques,
vous n'eussiez
pasmanqu,
vous,
ni decette
gloiresuprieure
ni des
louanges
dues

l'loquence;
eux,
ni demesures ni deconvenances.
Maintenant, puisque personne
ne
peut
obtenir la
fois une
grande
renomme et une
grandetranquillit,
que
chacun usedesbiens
que
lui offreson
sicle,
sans
dnigrer
les autres
poques.
XLII. Maternus avait fini. Alors Messalla J 'aurais
bien contredire et
beaucoup

demander,
si
dj
la
journe
n'tait termine. On fera
plus
tard,
reprit
Ma-
ternus,
suivant ton
gr;
et
si,
dansmes
paroles, quel-
ques parties
t'ont
paru obscures,
nous en confrerons
deEouveau.En mme
temps
il se
leva
puis,
embrassant
Aper:
Nouste
dnoncerons, s'cria-t-il,
moi aux
potes,
et Messallaaux amans de choses
antiques.
Et
moi,
dit
Aper, je
vousdfrerai tous deux aux rhteurs et
aux
scolastiques.
Tous se
prirent

rire,
et nous nous
sparmes.
SUR LE DIALOGUE INTITUL DES ORATEURS.
CET
ouvrage
est un de ceux
qui
ont le
plus
exerc la
critique
et la
sagacit
des traducteurs et des commentateurs. Le titre de
cet
crit,
l'poque
de sa
composition,
et
jusqu'au
nom mme de
son
auteur,
ont t vivement et
long-temps
contests.
Quant
au
titre,
Brotier a trouv celui-ci dans les manuscrits
du Vatican C. Corn. Taciti
Dialogus
de Oratoribus. Celui de
l'dition
Princeps
est ainsi
conu
Cornelii Taciti
equitis
romani
Dialogus
de Oratoribus claris. Ceux de Puteol. et Br.
portent
Cor/!e& Taciti
equitis
romani
Dialogus,
an sui ~<~CM~' oratores
antiquioribus,
et
quare
concedant. Nous avons suivi celui d'Er-
nesti, qui
lit De
Oratoribus,
.f;cede causis
co/T'M~'fe/oo~eMM?
Dialogus.
L'poque suppose
de ce
Dialogue
se
rapporte
l'an de R.
8~1,
de J .-C.
78,
sous le consulat de Flavius
Vespasianus Augustus
et
de Titus
Vespasianus
Csar.
Quant

l'auteur,
on s'accorde
gnralement aujourd'hui
lere-
connatre dans
Tacite,
contre
l'opinion d'Ernesti,
dont les sa-
vantes recherches et les
prcieux
commentaires semblent attribuer
cet
ouvrage
tout autre crivain. Si notre conviction cet
gard
n'atteint
pas
le mme
degr
de certitude
que
celle de MM. Du-
reau Delamalle et
Burnouf,
nous ne saurions non
plus
nous ran-
ger
entirement
l'opinion
des commentateurs et traducteurs
qui
sont d'un avis
oppos. Qu'il
nous suffise donc de
renvoyer
le
lecteur aux raisons
plus
ou moins
fortes,
plus
oumoins
spcieuses,
que
font valoir
l'appui
de leur sentiment ces
judicieux
critiques,
et
qu'il
serait
trop long
d'numrer ici.
I. J ustus Fabius. On voit
par
les lettres de Pline leJ eune
(i,
II
et
7, ~) que
ceFabius J ustus fut aussi son ami. M. Dureau Dela-
NOTES
NOTES. 385
VI. 25
malle
trouve,
dans cette
circonstance,
une
lgre probabilit
de
phis
que
ce
Dialogue
est de Tacite
Car, dit-il,
d'aussi intimes amis
que
Tacite et Pline devaient avoir des amis communs.
II. C~rM~M.~Maternus. Pote
qui
n'est
gure
connu
que par
ce
Dialogue
et
par
ce
passage
de Dion
(.DoMi</M,
Lxvu,
tt)
Mct-
T6p~0~
~6
OOfp~TY~
OT[XKTN
TUp~'<m<
6~6 T[
aOXmt,a~E'XT6~6.
Du
reste,
M. de
Sigrais pense que
le Maternus dont
parle
Dion n'est
pas
ce--
lui dont il
s'agit
ici. M. Dureau Delamalle inclinerait croire le
contraire.
~Marc/M
Aper
p~./M/;M~~cuTif/u~. Ce Marcus
Aper
est
peut-ctrc
le
pre
de M. Hav.
Aper,
consul l'an de Rome 883.
Quintilien
( x t
et
xn 10)
clbre les
louanges
de J . Secundus.
~VoM/Tt de l'rudition ordinaire. On
lisait,
avant
Rhenanus
<'M7?:
e/t/~M/K',
au lieu de communi eruditione. L'rudition ordi-
naire s'entend des arts libraux
auxquels
se livrent communment
les hommes bien ns. Communi vient de
Rhen.;
Heins.
conjectu-
rait
comi; Acid.,
omni.
H. jDoM~/u.t. Il
parait que
ce fut celui
qui
montra tant d'achar-
nement contre
Csar,
et
qui
resta sur le
champ
de bataille Phar-
sale. -Sutone
(Nron, 2 )
et Cicron
( O~c~r,
ji,
56 )
font men-
tion de ce
Domitius,
surnomm nobarbus.
T'occuper /a~OM.
Au lieu de la
leon
commune
adgregares
Pithou et Muret mettent
adgregare,
en le
rapportant

/n</a/K.
Oberlin et Schulze l'ont aussi
reu,
et font
dpendre
cet infinitif
de
negotium importasses.
Cette
prtendue correction,
dit M. Bur-
nouf, gte
une
phrase
trs-claire et
trs-lgante.
Domitium et
C<!<oyMW!ne sont
point rgimes
du verbe
aggregare
c'est tout
simplement
une
apposition

~fgohHA/
V. &eM.f ~<MM.f.
Quintilien (x, i)
dit
que
ce
pote
avait de
la vhmence et de
l'imagination,
mais
que
ia vieillesse mme ne
put
mrir son talent Nec
ipsa
senectute maturum. Le
petit
pome

C.Fison,
ordinairement attribu
Lucain, serait,
suivant
Wernsdorff, l'ouvrage
de Bassus.
/?/~m.f
Marcellus. Fameux dlateur
qui
fit condamner Ptus
Thrascas
beau-pre
d'Helvidius Priscus.
( ~f~. TACITE, ~.?< iv,
6 et/,3.)
386 DES ORATEURS.
Helvidius. Gendre de Ptus
Thrasas,
dont il est
question
dans
la note
prcdente.
Tacite
(&~<
iv,
5) parle
d'Helvidius avec
beaucoup d'loges.
VII. N dans une ville
peu fy:f<*Hf. Maternus, Secundus,
Aper,
taient Gaulois. On lit en
effet, chap.
x de ce
Dialogue
Ne
quid
de Gallis nostris
loquamur. Voyez
aussi la note du cha-
pitre xvii,
relative
l'origine d'Aper.
iMais
pourquoi
la ville o
il tait n tait-elle
peu
en faveur
auprs
des Romains?
C'est,
dit M. de
Sigrais, que plusieurs
villes des Gaules avaient t des
dernires reconnatre
Vespasien.
VIII.
Crispus
~i'~M~.
Complaisant
et
parasite
de
Vitellius,
sui-
vant Dion
(Lxv, a).
Quintilien
(x, i) en parle
avec
loge,
comme
d'un orateur dou d'une
loquence
facile et
agrable. ( Voyez
aussi
TAC1T]!,.HM~II,
10.)
Z'oM cent millions de sesterces. Cette
somme,

l'poque
de
Vespasien, quivalait

53,o~Q,6~Q
fr. de notre monnaie. L'accu-
sation deThrasas avait valu Marcellus
cinqmillions de
sesterces.
(TACtTE, ~M/ XVI,33.)
Mnent et
A~e/!<
tout.
Voyez, pour l'explication
de ces
mots, a~~j~H/t~Me cuncta,
la note
que
nous avons
donne,
page 31g,
tome iv de notre Tacite.
IX. Mendier des auditeurs. Cefut sous
Auguste qu'eurent
lieu
ces
premires
lectures Pline le J eune rcita son
Pangyrique
de
7'yN/a~
devant une assemble
choisie,
et Ammien Marcellin eut
recours au mme
moyen pour
faire connatre les
premiers
livres
de ses Histoires.
Qui fit
don < Bassus de
cinq
cent mille jf.~e~cM. Cette
somme,

l'poque
de
Vespasien, quivalait

88,466
fr. de notre mon-
naie. Cet
empereur
fut le
premier qui
rtribua les rhteurs
qui
enseignaient
cet art. Leur traitement fut de cent mille sesterces
par
an
(17,693 fr.).
X. ~co.M'/MM.Athlte
qui
vcut dans le
premier sicle,
et dont
Quintilien
fait mention
(
II,
8). ).
Un adversaire
qui te
vaincra. C'est--dire le
prince, que
vous
offenserez avec votre Caton.
NOTES.
387
a5.
Si,
dans nos
expressions.
A la
place
de ces
mots, quibus
ex-
pressis si quando
/zec~.f<?
sit, peut-tre
faudrait-il in
quibus expres-
sit si
quando
necessitas. Acid. convient
qu'il
ne
comprend point
ce
que
c'est
que expressis. Schulting. conjecture
in
quibus M'o/M-
sis,
ce
qui
est
beaucoup plus
obscur. Schelius
approuve
la
conjec-
ture de
Lipse.
Schulze retranche
avec Heumann, expressis
comme
une
glose. Expressis
est
pour
Oberlin lamme chose
que expo-
sitis;
c'est ainsi
que
Cicron
(pour
~/t~M~, chap. ix)
se sert de
ce mot
Mithridaticum. bellum. totum ab hoc
expressum
est.

XI. Dans
mapice
de NERON.Gronovius voulait
qu'
la
place
de ces
mots, !mp/'o&<!M
et studiorum
quoque
sacra
profanantern
~a'hCMM,
on lt
Quum
in Nerone
//K~io&a<aM
et studiorum
quo-
que
j<!c/M
profanantem ~h/?K~o<c/!<Mmy/
Il est
vident,
dit
Ernesti, que
le discours roule sur un homme c'est
pourquoi j'ai
reu
~~MK. Brotier a fait de mme. On
demande,
dit
Oberlin,
comment Maternus
!/Kp/'o&a~m( carje recois
ce
texte)
in Nerone
et MMj<M sacra
y~~o~K< /)0<e/!<M!Wfrangere po-
/&e~~Gron.,
l'endroit
cit, conjecture que
Vatinius avait
pro-
fan les muses
par
une
tragdie qu'il
rcita aux ftes de Nron
(dont parle Sutone, chap. xu),mals que
Maternus fut
couronn,
et
que
Vatinius succomba. 7/!Nerone
w~yu&a/a
~t~H
potentia,
c'est--dire blme dans ce
prince par
tous les
gens
de bien dont
nous avons
parl plus
haut
( ~/M.,
xv,
34
Heumann, que
suit
Schulze,
lit
IpsiNeroni improbatam,
ce
qui
n'est
pas
mal. II en
est
qui
conservent le mot de vaticinii. En effet Barthius lit
Nerone
improbam.
vaticinii
potentiam fregi,
et il
pense que
Maternus fait allusion certains endroits de ces
tragdies
o le
peuple
avait
applaudi
toute outrance contre Nron. Dureau
Delamalle
aussi,
ayant
suivi M. de
Sigrais,
conserve
M~cMM,
et
traduit ainsi cet endroit
n Lorsque,
dans mon
Nron, j'humiliai
ce
tyran, profanateur
d'un art
sacr, qui
avait besoin de soutenir
ses vers de tout
l'appareil
de son
pouvoir. Ennn lorsque
Schulting.
refait les mots sa
manire,
sa tmrit est extraor-
dinaire. Cf. ~cmjLZE.M. Burnouf convient aussi
qu'il
est
impos-
sible de rien
prononcer
de certain sur ce
passage. Cependant
il
n'admet
pas
la
leon ~a~KKj
mais bien TM~cMH, qu'il
enferme
388 DES ORATEURS.
.7_ .J ~- _1.L- _1_ 1 TT_
dans des crochets comme
glose
de studiorum. Nous
d~M
avec
lui Le
champ
reste ouvert la
sagacit
du lecteur.
Cesbronzes et c&f
images.
Au lieu de non
~/M~u'quam
o?y<tet
imagines, Cujacius
lisait non
magis quam
ceras et
imagines,
c'est-
-direles
images
deciredeses
anctres, dont parle J uvnal(vm, 10).
Pour
Brotier,
<~r<xsont les statues d'airain et les tables
d'hospita-
lit dont il est fait mention
chap.
Il r.
La
position
d'un
citoyen,
sa scurit. A la
place
de ces mots
statum
cujusque
ac
securitatern
J uste-Lipse prfrerait
~fa~M
~KCH~MC. Maternus, dit-il, parle
de
lui-mme,
et
rpond
cette
partie
du discours
d'Aper,
o il
prtend que l'loquence
est un
trait
qui
doit
repousser
tous les
dangers.
Pichena conserve
c~H~-
que,
et lit
tuetur,
pour que
l'innocence et
l'loquence
soient en
premire ligne.
Brotier et les ditions de Deux-Ponts
pensent
comme
Lipse.
XII. Asinius. Asinius
Pollion,
si souvent clbr
par Horace,
protecteur deVirgile
et fondateur de la
premire bibliothque pu-
blique qui
fut ouverte Rome.
~M.M//< Valerius Messalla
Corvinus, qu'il
ne faut
pas
con-
fondre avec le Messalla de ce
Dialogue.
La A/f~ee d'Ovide. Cette
pice
n'est
pas
venue
jusqu'
nous.
Quintilien
en fait
l'loge (x,
i
).
Le
T~Mte
de Parius. Ce Varius tait l'ami de
Virgile
et d'Ho-
race, qui
en
parle
dans le
~oj~~c
Brindes. Le
Thyeste
nous est
inconnu.
XHL Cette heureuse cohabitation
aveclaposie. Gronovius,
au
lieu
de ces mots et illud felix co/c/7!/M/M,
conjecturait
et :7/
~e~MMf?o/:<M&pr/:z'H7n, d'aprs
Perse
(iv. Sa),
tecum habita. Less
ditions de Deux-Ponts entendent bien
le felix contubernium,
des
forts,
des bois sacrs et de la solitude o les
potes
vivent avec
eux-mmes,
et
prtendent
cohabiter avec les dieux et les hros.
Ainsi il n'est
point
ncessaire
d'ajouter Elysii
avec
Barthius,
ou
.~<V<M' avec
Schulting.
Pom~'o~t'~
Secundus. crivain
tragique
dont il est fait mention
f ~nn., xn
~8)'
Quant
Domitius
Afer,
il en est
parl (~M.,
iv,
5'~),
et dans
Quintilien (x, i,
et
xn,
n
).
~OTES.
38~
En maudissant /<'Hr.f .im'K'M.
J uste-Lipse
voulait
qu'
ces mots
hi
~M'&M.t~MM~M!, indignantur,
on
ajoutt
la
ngation, hi qui-
&~
/!OH~tp.~s/
Il se
trompe,
dit
Gronovius,
car cela
signifie
la mme chose
que
ce
que
dit FIorus de Csar
(iv,2):
Clemen-
tiam
principis
vicit
invidia gravisque
erat liberis
ipsa
beneficio-
rum
potentia.
~OH/- .M'fC~mon
patrimoine.
Pro
/Mg7My'f;,
c'est--dire
pour
ma
tranquillit,
en
adjoignant
mes hritiers ceux dont le crdit
me soit un
gage que
mon testament sera ratifi. C'est ainsi
que
nous
lisons dans la Fie
~r/co/a, chap.
xLMi Tam cc.i et cor-
rupta
mens adsiduis adulationibus
erat
ut nesciret a bono
patre
non scribi
h'aeredem,
nisi malum
principem.
M
Ni
enqute ni j'!<p//ccho/M. D'aprs
un
usage reu
chez les Ro-
mains,
il fallait une dlibration du snat ou une autorisation du
prince pour
honorer la mmoire d'un
citoyen,
ou dcorer son
tombeau, quand,
en cessant de
vivre,
il s'tait trouv sous le
poids
d'une condamnation ou d'une accusation
quelconque.
Gronovius cite une
inscription lapidaire qui prouve
cet
usage
M. Atftf~O. LUCANO. CoRDVEENSt. BENEFICIO. NERONIS. FAMA.
SKRVATA.
XIV.
~f~MMy
~M".t\M/ On lisait
auparavant
t/& Tt~o-
sala
mais un ancien manuscrit
porte
~'<7/M/y,
d'o il a t facile
de rendre cet homme cibre son vrai nom de
famille, ~Mfa'-
nus ~MM.M//a. C'est le mme dont il est
question (Hist.,
liv.
tu,
chap. o,
et liv.
iv~chap.
42
)- Rptons
ici ce
que
nous avons
dj
dit dans nos notes sur le liv. m des ~f~o/~ct
n L'loge que
Ta-
cite
y
fait de ce
personnage
ne fournirait-il
pas
un
appui

l'opi-
nion
que
ce
Dialogue
est bien rellement
l'ouvrage
de ce
grand
historien ?
J ulius ~<a~cK~. C'est vraisemblablement ce chef
gaulois qui
avait combattu
pour Vindex,
et dont on demandait J e
supptice

Vitellius
(Hist., 11, 94).J .
XV. De
M/7'e/-f. Quel
est ce frre de MessaUa? J e
pense,
dit
J uste-Lipse, qu'il s'agit
de
Regulus,
de celui
qui
vcut du
temps
de
Pline,
et
qui
fut lou
plus pour
son locution
que pour
sa con-
3go
DES ORATEURS.
duite. Ce
qui
me le fait
souponner,
c'est cet endroit de Tacite
(Hist., tv,
~a) Magnarn
eo die
pietatif e/o~Me~Mp<yMe~:mam
~o~a~M~
Messalla
adeptus
est,
nondum senatoria
<f<afe,
ausus
~7'o~<!<re ~K/o Regulo Kf~~ca/
Sur
Regulus, voyez
PuNE
LE
J EUNE Z<?M.1,5; TV,
Sacerdoce ~Vtce<c~. Fameux dclamateur de cette
poque.
Pline
(ZeKy. vi,
6)
convient l'avoir entendu
jE'yofKO/!~~H<<?K)~on<M
tantum,
~e/'H/Metiam ~<M<~torMM
a!~a/!fM~K~, ac prope quotidie
ad audiendos, ~!M~
~C
ego frequentabam,
MMCft'/i'aMMn!
et Sa-
cerdotem ~VK'cfe~! ventitabat. H
y
a dans les ~M des
Sophistes,
par
Philostrate de Lemnos
(t, 10),
un
loge
de ce
Nicts,
ce
que
dit Pithou.
Snque
le
pre
le nomme aussi
(Cont., ix, &)
Ne J ulio nec atii
contigisse
suo
(/'ec/'t/'aM
nec
Vibio,
nec
aHI
contigisse scio), quam apud
Grsecos
Nleet<B,apud
Romanes
Latroni,
ut a
discipulis
non audiri
desiderarent; et,
dans le
mme J ivre Ntcetes
egregie
dixit in
eodem
loco.
(J USTE-
J ~IPSE. )
-py,
~MM/M.t.o~ezcequ'enditQuintHien(/Mtf.
Orat.,
x,
J )
sur Asinius
Pollion voyez QcmTif.iM, ibid., et, plus
haut,
chap.
xti.
XVI.
Quatre
sicles entre Dmosthne et notre
poque.
On li-
sait,
avant
J uste-Lipse,
ccc annos. C'est lui
qui,
le
premier,
a
pro-
pos
la correction cccc
annos, qu'ont
admise
depuis
tous les di-
teurs. Le
premier
nombre tait videmment
fautif, puisque
la
mort de Dmosthne eut lieu l'an 3 Mavant J .-C. Du
reste,
ce
chiffre de
quatre cents ans,
depuis
la mort de
Dmosthne, pr-
sente un nombre
rond,
comme l'observe Mercier.
Et si cette anne en
comprend
douze
M!c 7MK/~
cent
cinquante-
quatre
des ndtres. Cenombre varie dans les
exemplaires
de SBR-
vius
(c~eMf.,
i,
s6g,
et
ni,
284),
et aussi dans CENSOMNUS
(chap. xviu),
sur
le jour
natal
Q. Cerellius; MACROBE,
Com-
mentaire .!M7- le
Songe de ~'C<0y! II H
et J uL. FiRMtCCS
(liv. i).
comme en
prvient
avec raison Pithou. Le vrai nombre est
xn M.
nccccLiv,
crit en entier dans ic
Fragment
d'Hortensius
Cicron
et nous l'avons admis. L'anne delarvolution
complte
de tous les
astres, qui
est la
grande
de
Platon, d'aprs
le caieut
des
astronome:,
est de
':5,020.
NOTES.
391
XVII. Menenius
~gr<p/M. /~o~'fz,
sur ce
personnage,
TITE-
LIVE, Il, 32.
Cf7~. M. Clius Rufus. II se trouve de ses lettres
parmi
celles
de Cicron.
~ojrcz aussi,
sur ce
personnage, CICRON, ~~fM~,
~g.
Calvus.
~cyez SNQUE,Contr., 111,
ig; CICRON,
Bru-
~Mj 82,
et
chap.
xviii de ce
Dialogue.
Brutus. M. J unius
Brutus,
celui mme dont Cicron a donn le
nom son
Dialogue
de Claris oratoribus.
Cette seule anne aussi des
?'<gy!M
de
Galba,
etc. Il
y
a dans
l'dition
Princeps Alque
unum G. et 0.
/o/?g~MM
et unum
annum. De
mme,
dans Put. et
Br.,
en omettant
longum
et.
Lipse
a
mis, d'aprs
son ancien
manuscrit, :)?.tu~, qui, peut-tre,
est
de
trop
aussi bien
que M/MM,qui
est
avant; autrement, y~w/x
unumserait
/?/'<ccMe
unum.
Longum
semble tre inutile. Toute-
fois,
Schurzn.
pense que
cela est
dit, parce que,
entre lamort de
Nron et le commencement du
rgne
de
Vespasien,
il
y
a eu un
intervalle d'une anne et
vingt-deux jours.
vu rnoi-mme en
Bretagne.
De cet
endroit,
Schulze con-
jecture,
dans les
Prolgom., p.
38,
et avec lui Louis G.
Crome,
dans le
programme
sur la lecture du
Dialogue
t/M
Orat. in-4,
Luneb., 17~0, qu'Aper
tait
Breton,
ce
qu'ils pensent
tre con-
firm
par
]e
ehap. vu,
o il se dit in civitate
minimefavorabili
~a~K/K.Ce
qu'il
dit
expressment
au
chap. x,
ne
quid
de Gallis
7!o~~7.t'
/o<MMMr, s'oppose
cette
opinion.
Aux ~ern/c/iMdistributions.
Brotier,
sur cet
endroit, donne,
avec
beaucoup
de
clart, l'historique
des
congiaires (distributions
ex-
traordinaires).
Celui dont il est ici
question
avait t donn sous
Vespasien par
son fils
Titus,
l'an de Rome 8x6.
XVIII. S, Galba.
Schulting.
croit avec assez de
probabilit
qu'il
a
chapp
ici C.
Za?&o~
qui
est
plus
bas,
chap.
xxv;
il est
nomm avec Galba
parmi
ceux dont
Aper
a fait mention.
Quant

Galba voyez CicERON,


de Claris
orat.
xxi et
suiv;
et C. Car-
bon, ibid."
XXVII.
CoM/M'y~
au vieux
Caton,
etc. Sur
Caton, voyez QuiNTtL.,xn
il;
sur
Grt<cchus, PLUT.,
et Cic. dans
Brutus, 33;
sur
Crassus,
Cic.,
de
Orat., 111, J ,
in
~e/?- 111, t,
et aussi dans
Brut.,
38.
VoM/OH~
<;<;
qui
est ancien M<lou. VeUcius
(11, n'2)
dit exac-
3;)2
DES ORATEURS.
tement la mme chose: '<
Prsentia
invidia, praeterita
vnration"
prosequimur.
c
Appius
Ccus au dtriment de CaM/z. Au lieu de
pro
Ca<o~e,
Groslotius
prfrait/?/YF
Catone.
D'autres, parmi lesquels
Schurzfl.,
veulent
qu'on
retranche
rnagis
un autre veut
qu'on
efface
pro.
Ernesti admet la correction de Groslotius. Les diteurs de Deux-
Ponts lisent Porcio Catone. Sur
Appius Ccus, voyez CtCERON
-S/'M<M~, xiv,
et de
.Se~ecf.,
vi.
Cicron Are
MN~~<! pas
de </e~ae<eH/'t.
~o~ez
ce
sujet
QuiHTft.J FN, XII,
10.
XIX.
L'poque
de C~f:~ ..Set'e~H.i.
J uste-Lipse,
en admettant
ad Cassium
.Sefc/-MM/<CM~<,
observe
cependant
qu'un
ancien
manuscrit donne Cassiurn
<~fM /-<'Km_/<!cw/ Brotier, d'aprs
les
traces des manuscrits du Vatican et l'dition
Princeps,
refait ainsi
le texte Solent
usque
ad Cassium -S'cfe/'H7/:
quem
reH/n
faciunt
<yMt'/H~e~/M~ adf., etc.,
ce
qui
ne
ptait point
Ernesti. Con-
.i~Mf/'eterminurn ad
<i'&<y~c//<, dit-il,
n'est
pointlatin. Dj
Puteot.
a donn
usque
ad Cassium .~w/'MM. A ce
sujet, voyez
TACtTE
..4/M~C.i, IV, 2) QtJ tNTiLtEN, X, 1
et
SENQUE,
~.tC. contr.
3,
P~-a?/:
Des
/!ay<gK< les plus
e/~6yoz7/pM.On Usait
auparavant,
im-
/~f/~.f.t7Ma/T<
o/'a~<J M~M.
Quintilien explique
trs-bien
l'f
<<
oratio, vtii, 6
de l'Institution oratoire.
/)'f/'y?!~o~ et d'Apollodore.
Il faut entendre ici cet Herma-
goras qui
vcut sous
Auguste,
et
que
cite
Quintilien
(ni, i),
et non
un autre rhteur nomm aussi
Hermagoras,
dont il est fait men-
tion dans
Cicron, Brut., ~S,
et
Quintilien, passirn. Apollodore
de
Pergame
fut
prcepteur d'Auguste
il lui
enseigna l'loquence
dans la ville
d'Apollonie. Voyez
sur ces
rhteurs, QuiNT!-
HEN, IH, t; ScETONM,~~H~<C, 89; STRABON,l3,
et
SulDAS,
aux mots
~f/'Mct~o/M~
et
~o//o~Q7'e.
Dans une a~fm~/ec. D'autres lisent cu~o/M. Si corlina est
bon,
dit
J uste-Lipse, je
ne le recevrai
que
comme
signiSant
les ban-
quettes mnages prs
du
tribunal,
o taient
placs
les
avocats,
les
greffiers,
les
huissiers,
et tout ce
qui
tenait au barreau. S-
vre,
dans le
porne
de
l'Etna,
vers
aoS
semble s'en tre servi
pour signifier lapartie
courbe du thtre:
a Magni
cortina theatri..
NOTES.
3g3
I) faut
examiner,
de
plus,
si assistere nes'entend
pas
ici des cliens et
des tmoins
qui
se
joignaient
l'avocat. C'est de l
qu'on
trouve
aussitt
vulgus quoque
assistentium et
af .fluenset vagus
auditor.
Il les
distingue
des auditeurs
qui
se trouvent l
par
hasard. Er-
nesti et Brotier ont conserv
cortina, qu'approuve
Dureau Dela-
malle,
et
qu'a
maintenu M. Burnouf.
XX. Sur
une formule
ou une
exception. ~o~.
le
Digeste,
xnv,
titre i~. ~'o/'M&!s'entend de celle
qui
est
prescrite pour chaque
action.
En
faveur
de Tullius.
Macrobe,
de
Diff. et
~oc.
g7'<~c/
lati-
/M~Hewr&
ch. du
temps parfait,
loue cette oraison
qui
est
perdue.
Les
gestes
de Roscius et de
?'ur~My:
~M~tcHM. Les manuscrits
ajoutent mal--propos
une
disjonction 7*f<ypM/K.f
aut
~&<~H,
car les
inscriptions
de
Terentius,
et Cicron
(de Senect., xtv),
apprennent que
c'est un mme individu. Roscius est ce fameux
comdien,
seul
digne, par
son
talent,
de monter sur la
scne, et,
par
son
caractre,
de
n'y
monter
jamais. (~'o~ez CiCEMN,/?/-o
()MMtM, xxv.) Turpion
Ambivius,
beaucoup plus
ancien
que
Roscius, jouit
aussi d'une
grande
clbrit. C'tait un des chefs
de la
troupe qui joua presque
toutes les comdies de Trence.
Non
pas
souill dela rouille J '~eeH/.f oude Pacuvius. C'est ainsi
qu'on
lit dans Sidon.
Apoll., Epit.
i Veternosum dicendi
ge-
nus.
o Accius,pote tragique, naquit
Rome l'an
584,
et mourut
l'ge
de
quatre-vingt-trois
ans. Pacuvius
naquit

Brindes,
vcut
Rome vers le commencement du
septime sicle,
et mourut Ta-
rente en
624. ~'o)'ez, pour
le
jugement que Quintilien porte
de
ces deux
potes,
Institut.
orat.,
liv.
x, chap.
i.
XXI. Ni
Canutius, ni Arrius,
ni 7't</7:m.t.Cicron donne au
premier
de ces
personnages
le surnom de Publius dans son Bru-
tus, 56
et dans
l'Oraisonpour
Cluentius,
18: AccusabatP. Ca--
nutius,
homo in
primis ingeniosus
et in dicendo
exercitatus;
mais
il
l'appelle
Titus dans la
Philipp. 11, o
T.
Canutius,
a
quo
erat
honestissimis contentionibus et
saepe
et
jure
vexatus. Sutone
(~
Clar.
rhet.,
vi)
lenomme Caus. Dans leBrutus de
Cicron, 6,
il est
question
d'Arrius
Quod
idem faciebat
Q. Arrius, qui
fuit
3~
DES ORATEURS.
M. Crassi
quasi
secundarum. N Nous
pensons que
ce 7'</y/!Mtest
celui dont Csar
parle

Cicron,
liv.
ix,
aprs l'rcv:

Atticus,
o ces
paroles
font voir
qu'il
fut un avocat
clbre
et mis au
rang
des hommes diserts 0mi
Furni, quam
tu causam tuam non
nosti, qui
alinas tam facile discas!
Contre ~M/u.
Quintilien (vi,iet3;!x,a)
fait mention des
discours de Calvus contre ce
Vatinius,
lemme
que
Cicron crasa
par
cette
foudroyante
invective
parvenue jusqu' nous,
et
que,
deux ans
plus tard,
il dfendit d'une accusation de
brigue
intente
par
Calvus.
Que
dire des oraisons deCe7wP
Toyez,
sur cet
orateur,
le
jugement qu'en porte Quintilien (x,
i et
a).
Pardonnons C~~y.
~O/ez
ce
sujet, QtJ INTIHEN X,
I.
Z<!M~OH.t Brutus A.fa
philosophie.
Conf.
QuiNTILIEN, X,
). Les
anciennes ditions avaient
auparavant,
Brutum in
e&~H<~M!
sua
7'e/M!/MH.r.
Parmi ~c.fMenenius et les
~~y/Hf.
Voici ce
qu'on
lit au
sujet
d'AsinIus dans
Quintilien (x, Y) ~<
Asinius Pollion est tellement
loign
du
style
net et
agraMe
de
Cicron, que
l'on
pourrait
croire
qu'il
vivait un s!c]e
auparavant,

XXII. Peu de ses
phrases
se terminent avec convenance et ~
certain clat. Au lieu de
pauci
sensus
apte
et c//M
quodarn
/H~!M<*
<e/~M/
nantur,
on lisait: ~<!KC/~C/M~
0/
et cum
<jrMO<<
&/?!.Mr~
Acidalius et Freinshemius ont ]u
apte, que
nous
prfrons.
C'est
ainsi
qu'on
lit dans Cicron: K Ctausulae
apte numeroseque
caden-
tes." On voit videmment ce
que signifie
e~M~<m/e, d'aprs
ces
mots du
chap.
xx Ubi sensus
<!rg'M&7
et &cM ~CK~
f~M&<.
L'usage
a
prva)u,
dit
Quintilien (vin, 5),
et l'on
appelle
sensus
les
conceptions
de notre
esprit
et sententias les traits saillans
placs
la fin des
phrases.
XXIII. La nouE DE FORTUNE. J eu de mots
qui
se trouve dans
le Discours contre
~uo/
10. Cicron
y dit,
en
parlant
de Gabi-
nius
Quumipse nudus
in convivio
saltaret,
in
quo
ne tum
qui-
dem, quum
illum suum sattatorium versaret
orbem,~or<H/:<pyo-
tam
pertimescebat.
Du J USVERRi~UM.Autre
J eu
de
mots, plus
ridicule encore
que
NOTES.
le
prcdent:
dtestable
quivoque qui
rsulte de ce
quey'fM
~r-
n/?uM
peut signifier
la fois et
justice
de ~e~r~ et
jus
~7e
/?o~r-
ceau. C'est dans la
premire
Verrine
que se
trouve cette
plaisan-
terie de mauvais
got.
Du
reste,
Cicron lui-mme
dsapprouve
ces
pointes
chez les autres.
(~oyczQttinTii.iM,
vi, 3.)
Zz/e.:7~au lieu
~OT~ce.qye~,
ce
snjet, QuitfTiUEN, x,
HonACE,
Sat.
i,
et 10. Lucilius
naquit
l'an 606 de la fondation
deRome. Ce fut le
premier
Romain
qui
se
distingua
dans le
genre
satirique.
De votre
~H/MM.f
.B<M.iwet deSernilius Nonianus.
~oj-fz,
sur chacun de ces
historiens, QUINTILIEN,x, i,
et aussi
TACITE,
~y?/?.~xiv, ig.
&K7:a. L. Cornelius
Sisenna,
orateur
mdiocre,
assez bon
historien, quoique
fort
loign
de la
perfection.
Cicron
parle
de
lui dans son
.B/7f~, 64.
~arroy:. M. Terentius
Varron
le
plus
savant de son
sicle,
mais
beaucoup plus
rudit
qu'loquent. Fbjrcz
ce
qu'en
dit
Quin-
tilien,
x, i.
Les ont en a<'e/~M/ H
y
a dans le
texte, ~.f~my?~,
oderunt.
Schulze et Heumann retranchent ledernier mot comme
un~glose;
mais notre auteur
emploie
souvent les
synonymes.
Telle est l'harmonie des sentences. J e ne
sais,
dit
J uste-Lipse,
si,
au lieu de ea sententiarum
planitas,
il ne faudrait
pas
lire sa-
nitas. Ernesti croit vraie la
conjecture
de
Lipse.
f/a~t
peut
se
confirmer
d'aprs Quintilien, qui
dit
(viii, 5)
'<Lesmouvemens
qui
s'lvent
par
des efforts
frquens
et faibles ne sont
qu'ingaux
et comme
rompus;
ils n'obtiennent
point
l'admiration des en--
droits brillans ni la
grce
de ce
qui
coule de source.
Schulting.
prfrerait g7w:~M;
les diteurs de
Deux-Ponts, plenitas, pour
que
la
phrase
ft
pleine, acheve,
mesure et
oppose
au
style
dchiquet.
Ce
qui
favorise
l'opinion
des diteurs de
Deux-Ponts,
c'est
qu'au chap.
xxv on
reproche trop
de
plnitude
Cicron.
Oberlin croit en
consquence qu'on
doit l'admettre. Nous avons
conserv
planitas
avec M.
Burnouf, qui justifie
ainsi cette
expres-
sion Les
penses sont~M<p, dit-il, lorsqu'elles
ne font
point,
en
quelque sorte,
une saillie
trop marque lorsqu'elles
ne .)''<e-
<'m<
point
d'une manire inattendue et
choquante; enfin,
lors--
396
DES ORATEURS.
qu'elles
sont amenes si naturellement et si bien fondues avec le
reste, qu'elles
semblent ne
pas
sortir du niveau commun.
XXVI. Aux ornemens
coquets
de Mcne.
T~ojrcz,
ce su-
jet, SnETONE,
~M~ 86; QC!NT!LIBN,IX, 4; S~Nt:QOE,-Z.cKr.,tl~
MACROBE,Saturn., n, 4- Calamister,
ou
c<<MMfyM7n,est,
au
propre,
le fer
qu'on employait pour
friser les
cheveux;
au
figur,
il
dsigne
la recherche et l'affterie du
style.
Aux
glapissemens de
Gallion.
Quintilien ( ti,
3
raille aussi les
tinnulos
oratores;
il cite
galement ( III, i)
les travaux oratoires
de Gallion le
pre.
C'est
peut tre
celui dont il est
parl
An-
nales, xv, ~3.
Il est assez difficile de trouver dans notre
langue
un mot
qui
rende exactement ce ~M/H'fM.f. M. Burnouf traduit
les
cliquetis
de
Gallion
nous avons
peine
admettre cette
expression,
sans nous flatter toutefois d'avoir t
beaucoup plus
heureux
que
lui. Disons
cependant que ~/opM~<w:ey:.f
nous semble
mieux convenir un tre anim
que c~M~.f-
Quelle ~o//~e<&M'
le
style
decet orateur
J uste-Lipse
dclare
qu'il
a rtabli hardiment tenere
<&:< quoique par conjecture car,
dans tous les
livres,
il
y
a~eme~e. Pline claire assez cette correc-
tion,
et la
con6rme(Z..eMr., n, i4)
"Pudet
referre, quce, quam
fraeta
pronunciatione,
dicantur
quibus, quam
teneris clamoribus
excipiantur.
Plausus
tantum,
ac
potius
soli)
cymbala
et
tympana,
illis cantibus desuat. Cicron
( in
Pis"
36),
Saltatores teneri.
'j
Ga&MM~M.r. Il fut rhteur du
temps
de
Vespasien.
C'est de lui
qu'Eusbe
dit dans sa
Chronique,
l'a!\
8 du
rgne
de
Vespasien
n
Gabinianus,
celeberrimi nominis
rhetor,
in Gallia docuit. La
construction de cette
phrase
a
long-temps
embarrass les diteurs
et les commentateurs. Oberlin voulait
qu'on
lt ainsi Ut se non
quidem
ante Ciceronem
Mu~eret; Dronke,
ut se ante Ciceronem
i,iiirneret. M.
Burnouf,
dont nous
adoptons
le
texte,
lit ainsi ~<
se ante Ciceronem
niinteret,
sed
plane post
Gabinianum. Le sens
est
parfaitement
clair, dit-il;
chacun de ces
beaux-esprits
se met-
tait bien au dessus de
Cicron; mais,
comme il ne sied
pas
de
s'adjuger
soi-mme le
premier rang,
il
y plaait
Gabiniamis.
XXVII..Pay
ses attaques
contre tes <H~M.M. Dureau
Detamalle
traduit
En
attaquant
tes anctres. M. Burnouf En
attaquant
vos anctres. La double
acception
du mot syzeci'rc.fdevait nous
NOTES.
397
empcher
d'admettre cette
expression.
M.
Bumouftui-mme acru
ne
pouvoir
la faire
passer qu'
la faveur de la note suivante
Ceci, dit-il,
est une allusion vidente aux mots du
chap. xxv,
':ce <7/oj
antiquos,
sive
M<o/'M. appellet, que
l'auteur met dans
la
bouche de Messalla. Il ne faut donc
pas entendre,
par majores,
les
propres
anctres de
Messalla, qu'on supposerait attaqus
dans
la
personne
de Corvinus le Messalla du
Dialogue s'appelait
Vipstanus,
et Corvinus Messalla tait de la maison des Valerius.
Lorsque
Maternus dit son ami
qu'Aper
a
attaqu
ses
anctres,
il ne fait
que jouer
sur lemot
mo/oyc~, que
celui-ci avait
propos
pour dsigner
les anciens,
n
XXVIII. Cornlie.
~'0~'ez
son
sujet, Cic., Brut., xxvti,
et
PLINE, XXXtV,
6
(l3);
sur
~H~cVM,PLUT., Cs.,
eh.
Q;
sur
~M,
StJ ETONEAug., 4.
XXIX.
Quelquepetite servante grecque.
C'est ainsi
qu'on
lit dans
le
Pangyrique
de Pline
(xm)
'<Gra;eulus
magister.
)'
TMaM une licence et un c/Mor~e. Au lieu de sed
/<z~c<~Kp et
libertati,
l'ancienne
leon portait
lascivire et
bibacitati, dit J uste-
Lipse. Rutgers. conjecture
mf<!c/<t:f/.Les diteurs de Deux-Ponts
mettent
dicacitati
correction
qu'admet
Oberlin avec Schulze.
C'est ainsi
qu'on
lit
dans Quintilien
(vi, 3),
'<
lascivi et dicaces.
Malgr
les
exemples que
cite Oberlin en faveur de la
leon qu'il
adopte,
nous conserverons libertati
qui
s'accorde fort bien avec
~c~M?.
L'exprience
de tous les
jours prouve que,
chez les en-
fans
surtout,
la libert non
rprime dgnre
bientt en licence.
Aussi avons-nous traduit libertati
par
dsordre.
Par les
intrigues.
Au lieu de ces
mots,
ambitione
salutantium,
Acidalius et Schelius
prfrent
ambitione
salutationum,
c'est--
dire,
suivant
Ernesti, qu'ils captent
lafaveur en saluant les
parens.
Mais .M/<<MMm
prsente
lemme sens il ne
faut, pour cela, que
sous-entendre
ipsorum.
XXX.
..A&CHM. Voyez,
sur ce
personnage, Cic., Brutus,
80,
o il
parle
de
Philon,
et
oo,
o il est fait mention de Dio-
dotus
car c'est ainsi
qu'on
doit le
nommer,
et non Diodore.
Voyez
aussi de
Peregrinatione,
c.
Qt.
XXXI. ~H.r
/W~M'/Mf.
7/.Ynous donneront des
f!r7/7f.r,
DES ORATEURS.
3g8
J uste-Lipse
voudrait
qu'on
crivt et
qu'on ponctut
ainsi
/~<?-
ripateticis. ~~f0~
et in ornnern
f/Me;<<!M paratos ~<F7!
/OCO~da-
bunt
academici, stoicipugnacitatem.
Mais il se
trompe,
dit Gro-
novius
car
Cicron,
dans le livre
qu'il
a intitul
?'o/~KM,
ac-
corde aux
pripatticiens disciplinam
inveniendorum
argumen-
torum,
ut sine ullo errore ad eam rationem via
perveniremus
ab Aristotele
inventa,
contineri. "Nous avons
suivi,
avec Schulze
et M.
Burnouf,
la
leon
et la
ponctuation
le
plus gnralement
reues.
l'acadmie la
polmique.
On lit dans Cicron
(Orat.,
l, !o)
Carncades vero multo uberius de iisdem rbus
loquebatur;
non
quo aperiret
sententiam suam
(hic
enimmos erat
patrius academiae,
adversari
semper
omnibus in
disputando),
sed tunt maxime tamen
hoc
significabat,
etc.; neque posse quemquam
facultatem
assequi
dicendi, nisi qui phUosophoruminv enta
didicisset.
~o~cz
aussi
QuiNTII,!EN, XII,
2.
.d Platon l'lvation. Pline
(Lettr., t,
10)
lui accorded'tre su-
blime et
profond.
Mtrodore. L'ami et le
principal disciple d'picure, qui
n'hsita
pas
lui donner lenom de
sage. (~o~M
CicER.,
de
~<:6~ 111,
2.)
XXXIV. Pas
plus
/M traits heureux
~e fautes.
Le texte
porte
seulement ut nec 6e~e dicta.
Rodolphe l'allonge
ainsi nec
M<e nec &Me. A la
vrit,
lesens
l'indique,
dit
J uste-Lipse.
Ce
n'est
point
l'avis
d'Oberlin;
il
prtend que
lesens nefavorise
point
ce sentiment
car, dit-il,
notre auteur tend ici
instruire, et,
comme en avertit avec raison
Schulze,
la
rputation d'loquence
vient mme des adversaires et des envieux.
dix-neuf ans
L. Crassus. L.
Crassus,
dans le Trait le l'O-
y~eM/'de
Cicron,
dit
qu'il
avait alors
vingt-un
ans. Le succs de
Crassus,
en cette
occasion, pouvanta
tellement
Carbon, que,
ds-
esprant
de sa
cause,
celui-ci
prvint
sa
condamnation,
en s'em-
poisonnant
avec des cantharides.
vingt-un
ans
Csar,
Dolabella. Sutone
(Csar, iv) reporte
cette accusation au
temps
de la
guerre
de
Lepidus,
c'est--dire
sous le consulat de M. milius
Lepidus
et de D. J unius Brutus.
Or,
dit
J uste-Lipse,
Csar avait alors
vingt-quatre ans, d'aprs
les
fastes et son
jour
natal.
NOTES.
1
3<)<)
C. Caton. C. Porcius
Caton, qui
fut tribun du
peuple
l'an
608
de lafondation de Rome.
Yatinius. Voyez,
ce
sujet,
les
chap.
xvn et xxi de ce Dia-
iogue,
et les notes
qui s'y rapportent. ~oycz aussiQujNT.,XM,6.
XXXV. Commedit Cicron.
Voyez Orateur, 111,2~. Comme,
en
d'autres endroits des
anciens,
il
parait que
c'est le censeur L. Cras-
sus
qui
fit cet
dit,
Ernesti n'a
pas
hsit de rtablir Z. Cr<MW
pour
M.
Cya.MO;
mais il craint
que
Tacite n'ait
ajout
le
prnom,
car
il
n'y en
a aucun devant Domitius. Sutone
(de
Clar.
rhet.,
c,
i)
et
Quintilien (xv, n)
nous
apprennent qu'un
snatus-consulte et
cet dit des censeurs avaient t rendus contre les
rhteurs,
ds les
annes
5o2
et 63a.
Les suAsoRijEe~/MCONTROVERsi~E.Les
.MM.iWM",
dit M. Dureau
Delamalle,
taient dans le
genre dlibratif;
on
demandait, par
exemple, si, aprs
labataille de
Cannes,
Annibal devait marcher
droit
Rome;
si
Sylla
devait
abdiquer
ou non la
dictature,
etc.
Les co~~yofc/a? taient dans le
genre judiciaire.
Il
y
en a un vo-
lume entier dans
Quintilien;
ce
qui parat,
et avec
raison,

M. de
Sigrais,
une nouvelle
preuve que
le
Dialogue
sur les ora-
feM/yn'est
pas
de
lui; car, certainement,
un homme
qui
avait
pass
toute sa vie faire des
co/!<oce~
n'en et
pas
dit autant de
mal.
On
leurfait joindre
des dclamations. Il
parait,
dit
Ernesti, qu'il
manque
un mot c!ec&M/M~o
quoquepar,
ou
sirnilis,
ou talis adhi-
beatur,
comme en aaverti Acidalius. Schulze
supplait <pym!,
dont
est venu
quoque;
il
n'y
arien l
corriger.
L'alternative laisse
la pudeur
viole. Allusion la loi de l'-
cole dite des
rapts Rapta raptorum
mortem vel
nuptias optet,
comme l'a
dj
observ Pithou. On trouve des
exemples
de ces
inepties
dans
Snque, Calpurnius Flaccus, Libanius,
et mme
jus-
que
dans
Quintilien, quoiqu'il les
blme lui-mme dans son In-
stitution
oratoire, II,
10.
Les remdes la
peste. Ptrone,
au commencement du Satiri-
con,
agite
cette
matire,
et il
s'exprime loquemment
en disant
Ae~o/Mt:
in
/<7e/:fMHM
~<a.
Voyez
tout cet endroit. Conf-
rez
aussi pour
toutes ces
questions,
les Dclamations attribues
Quintilien, 268, 288, 3oo,
3s6 et
38/
~no
DES ORATEURS.
7M~f,
lorsqu'ils paraissent
devant
/Mt)/'ftMyKge.
C'est ici
qu'il y
a une
grande
lacune dont on ne se doute mme
point,
dit J uste-
Lipse
mais un vieux manuscrit lefait
voir, et, aprs
avoir laissun
grand espacejusqu'
ces
mots,
?w/:
co~<<H~,il ajoute,
hic /Mu~t<m
deficit;
ce
qui
est
vident,
puisqu'au chapitre suivant,
cen'est
plus
Messalla
qui parle,
mais Maternus. L'diteur del'dition
Princeps
ne s'tait
pas aperu
de cette
lacune,
car il n'a rien laissen
blanc,
ni Puteolanus ni Broalde. Brotier
pense qu'il manque
lafindu dis-
cours de
MessaHa,
le discours entier de
J fulius Secundus
et le
commencement de celui de
Maternus,
et il
y
a
suppl
de son
propre
mouvement.
Schulting. pense qu'il y manque
bien
peu
de
chose;
l'on
peut
voir dans l'dition de Gronovius comment il le
remplace.
XXXVL On tait souvent
conduit par le peuple
mme
malgre
soi. Les
orateurs,
les consuls
eux-mmes, pouvaient
tre
produits
la tribune aux
harangues par
les
tribuns, pour qu'ils
rendissent
compte
au
peuple
de l'affaire
qu'on agitait
dans le
snat,
comme
Apuleius produisit
Cicron sous le consulat
d'Antoine, poque
o
il
pronona
sasixime
Philippique.
XXXVII.
T~o/~ee
et Cy<m~.
~'o~'M,
ce
sujet, CicEnoN,
de Clar. <vafo7'/i&M, chap. Lxvi,
Lxvin et
suiv.;pro lege
Mani-
lia, l4;
et
QuufTILIEN,
Institut.
orat., XI,
I.
D'un
vol, d'une formule
d'un interdit.
Voyez
De
furto
et in-
terdicto,
le
Digeste,
XLIII,
tit.
i,
et
XLVII, tit. 2.
/)eyo/-mM&
ci-dessus, chap.
xx,
et la note
qui s'y
rattache. Conf. aussi le dis-
cours de
Cicron/xMy
Ccina.
Qui
l'ont environn de toute cette
gloire.
On lit ainsi dans la Vie
~r:co/a! (chap. xx) '( Egregiam
famam
paci
circumdedit.
Conf. aussi les T~o~.f
( iv,
u
). Nouvelleprobabilit
en faveur
de
l'opinion qui
attribue Tacite ce
Dialogue.
De ne
vouloir pas
le calme. On lisait
auparavant,
ut secura ve-
lint.
Rodolphe
met une
parenthse,
et
lit,
ut dubia
laudent,
~f-
cura nolint. Vouloir
nier,
dit
J uste-Lipse, qu'elle
soit convenable
au
sens,
c'est
manquer
soi-mme de sens.
Toutefois,
il ne la
reut
point,
et admit seulement la correction de
Rhenanus, ut
secura
nolint. Acidalius
donnait,
ut dubia
laudent,
secura malint. Schulze
a bien
expos
la
leon reue.
NOTES.
/,ot
i
VI. 26
XXXVIII.
Pompe,
son troisime consulat.-
Yoyez,
cet
gard, CicEEON, Brutus, o4.
Les causes ce~t</K<ra/M.
~o/ez CiCERON, Oratio, l,
38.
Pline
( Lettr. 11, i~; v, ai vi,
33) parle
des
jugemens
des cen-
tumvirs.
Pour les hritiers d'Urbinia.
Quintilien (iv, t,
et
vu,
2) parle
avec de
grands loges d'Asinius,

propos
des hritiers d'Urhinia.
Dans les ditions communes il
y
avait
7/'{MM, et,
dans une an-
cienne,
C~7'y:M6' c'est
J uste-Lipse qui
a fait cette
correction,
d'a-
prs Quintilien.
XXXIX. Cesmanteaux troits. Cicron
(pro Milone,
xx) parle
de cette
espce
de
manteaux, qui
d'abord ne se
portrent qu'en
voyage.
On
peut, d'aprs
ce
passage,
deviner
presque l'poque
o
at
compos
ce
Dialogue; car,
dit
Ernesti, l'usage
des manteaux
auForum
parat
n'avoir t en
usage que depuis Domitien,
comme
le fait observer
Magius
dans son trait de l'un et de l'autre
~'<
nula,
page
318.
Frquemment l'avocat s'interrompt.
Morabin
lit~M~o~o
Mt//f/~
De la
Monnoye, ~M~/0/M.t'.
Broticr
rejette
cette
conjecture,
et
pense que l'avocat,
comme si l'affaire tait assez
instruite,
et les
juges
ne
s'y opposant point,
avait
Impos
silence aux
preuves
et
aux tmoins.
Mais, dit~DberHn,
l'auteur me semble vouloir faire
connatre comment le
juge
mettait fin aux dbats. Cela arrivait
lorsqu'il
demandait les
preuves
et les tmoins avant
que
les avo-
cats eussent fini. J e lis donc
patronis,
et
je reporte
le verbe
judicem. Ici,
dit M. Burnouf,
l'auteur ne
parle plus
des causes
qui empchent
l'avocat de
pronter,
devant le
tribunal,
du travail
qu'il
avait savamment labor dans son cabinet il
signale
une
circonstance
qui frappe
son
gnie
d'un froid
mortel,
le
dsagr-
ment de
parler
dans la solitude.
Or,
souvent c'est l'orateur lui-
mme,
ou
plutt
le besoin de sa
cause, qui
donne lieu la d-
sertion de l'auditoire au milieu de son
plaidoyer,
il
s'interrompt
pour
faire lire les
pices
ou
produire
les
tmoins, et, pendant
ce
temps,
le
public disparat. J 'entends, par .H/c/~MW./MO~M~~
et testibus
indicit,
non
pas que
l'avocat
impose
silence aux
preuves
et aux
tmoins,
comme si la cause tait assez claircie
(cela
ne
ferait
pas
fuir le
public),
mais
qu'il garde
lui-mme le silence
4M DES ORATEURS.
pour
faire entendre les tmoins et les
preuves.
Silentium indicere
signifiera
donc ici '< annoncer le
silence,
annoncer
qu'on
va se
taire.
Z. Bestia. Asconius Pedianus n'a conserv
que
de faibles restes
des oraisons
pour
Cornelius et M. Scaurus. L'oraison
pour
Bestia
a
pri.
Cicron en fait mention dans une lettre son frre
Quin-
tus(n.3). ).
XLI. Il .fc~Ht mieux de n'avoir
pas
se
plaindre que
de se
t'f/c7'.0n
lisait d'abord non
queri, quamjudicari; J uste-Lipse
a
mis,
quam
vindicari.
Acidalius,
tout en
approuvant
la
leon
de
Lipse,
dit
que
ce n'est
pas
assez,
et
que
Muret a
parfaitement
corrig
tout le
passage Atqui /Ke/M~~MM~e~7:o/ert, quam
vin-
dicari. Gronovins ne
partage point
cette
opinin:
Non
queri signi-
fie, dit-il, qu'ils
ne furent
pas outrags,
et
qu'ils n'eurent, par
consquent, point
de
plaintes
faire.
A la
sagesse
f7'M/: MM~. C'est
Vespasien. (Conf.
PLINE,
tt, 7.)
VARIANTES.
]. '~Mdem~ue
f't'tton~M. On lisait autrefois orationibus. J .
L)pac
's( !e
premier fjui
i'a
corrige
dans ses dernires ditions.
III.
Leges
tu
quidem,
si fo/MerM. Le manuscrit
porte
tout autrement
Leges, ~~tt~
Maternus sibi
t~uertt,
et
.~gno~ce~,
etc.
(J .-L.)
Les deux ma-
nuscrits du Vatican ont de
mme;
l'un a
~uoetMuter/tM. (E.)
L'dition
Princeps
de
Spire /ege~;
tu
quidem
Maternus sibi
debueris,
et
agno~cM.
Puteolanus en afait
Leges fu~H/~ent,
si volueris. Broalde l'a
suivi.
nf
mme
Lipse, qui cependant,
dans l'dition de
'6~, juge
cette
leon
comme introduite.
V. ~mht~tu~tHBt.Rhn.
prferait om;M;t,.)dopt par
Dronke;
mais
nous avons
dj remarqu
ailleurs
que
omiuit se dit dans le mme sens.
( E.)
Conf.
~t., xiv,
26.
VIII. Patientissimus veri. Acidalius lit
t.)te;;t:MtmM<
f/r. Oberlin et
Dronke
rtaMissentdans)eurte]He~'a<ten(Mttn!u~ ~M',
qui se
trouvait dans
toutes les ditions avant.
J uste-Lipse.
IX. Non
quia poeta
es.
Oberlin, lorsqu'il
crit ad hune tSecu;t~[<mre-
curret,
non
ad te, ~ftefoe,
quia poeta
es,
oublie
que
Maternus tait
orateur aussi bien
que
Secan~us.
X..Rec/(<;<MMtH. L'dition
Princeps
de
Spire
et celle de Poteo)anu<
ont y!arrn<;0t!ftm C'est Broaide
qui
a
ccrrig
ce texte.
XV. ~'o~MMe~t, Aeidatius
corrigeait.
snlutio. Brotier i'a admis.
( E. )
Nanmoins cela n'est
point
ncessaire. La
leon
ordinaire est bonne.
XVI.
&gytt/c.t'f'o/<e
ista ~e<ermt;te<;t ? L'dition de Rome
porte ~Mft-
tione.
( L. )
Pichena a r~ab)i
ttgMatiOMe. que j'ai
trouv dans toutes les
ditions avant celles de
Lipse. ( E. )
XVIII. A!eft(o vocaremus. Brotier
prfre
vocaverimus des manuscrits
du
Vatican
mais docerem demande ~ocaremtt~.
( E. )
Cela revient au
mme Il faut donc faire honneur aux manuscrits du Vatican.
Num dubitamus.
Lipse
a mis ainsi. Avant on
lisait,
n<< non dubi-
<<!mM.Muret voulait numnam.
Acidalius,
num
~MtattntHS,
quum
~~t
constet.
404 VARIANTES.
XIX. ~ft'gumentor ;mgrd'f/M.
L'dition de
Rome, <2~Mme~o<umgrera.
(J .-L.)
1)
y
a ainsi dans toutes les ditions
jusqu' Lipse, qui a mis~ra-
dus. Dronke rtablit
genera.
J KtfCt')t!'prcepta.
Avant Rhenanus il
y
avait
/)a'HCMitma. ( E. )
XXI. In Asitium. N'est-ce
pas
~<;M'Mm?
(J .-L.)
Muret lit
~ct't'Mn:,
d'aprs
son manuscrit. SchurzfL, Fuscinium.
XXM. ~fc /.<McfatHm
pafrem/amt/t'tB.
J e n'hsite
point
d'crire ac
lautum.
(J .-L.)
Bien.
(E.) Nepos s'exprime
de mme danB~ttcut,
chap.
xm.
XXIII. ~Vamet hoc invitus retuli. Le manuscrit de Rome et l'dition
Princeps
ont
invitatus,
qui
est assez
bien, parce que
cela
signifie qu'il
tait lui mme
fatigue
defaire ces sortes de demandes Messalla.
(J .-L.)
/fMtM vaut
mieux
aussi bien
que
Ac,
qui plat
Acidalius.
(E. )
XXVI. Fas esse debeat. Muret lit ~ete6at Bien.
( E. )
Acidalius
t'ap-
prouve.
XXVIII. Etiamsi nu'At. Les anciennes ditions ont et
junz
m:/. Pithou
le conserve. Dans un autre manuscrit il
y
avait
ete~tm/am
M. d'o Pi-
chena a fait sa correction.
Ou~Tp
omnes sentimus. Tel est le texte de l'dition
J PrMce/
Puteolanus
et Broatde ont omis sentimus.
Lipse
L'artabti.
XXIX. In notitia. Pichena a mis ainsi. Il
y
avait
auparavant
in noti-
<<?!f~tttnttfr qui
suit vient dePithou onlisait avant
e.c~ecta~tMf.
XXXI. Oratort
subjecta,
met
J uste-Lipse;
il
y
avait
auparavant
ora-
tOfM.
Ex comm. ducta sensibus. Les anciennes ditions ont ex omnibets ducta
~ern:f)t~ut.
f ipse
afait la correction.
XXXIII.
.Cong~MrNaorc'K. Lipse
lit ainsi. Avant il
y
avait
longe pa-
rf;!uM:Para&atHr, qui
se trouve au commencement du
chapitre
suivant,1,
vient de
Puteo!anus;
l'dition
~'[fice/ty
a
probatur.
~MtBpro~rt
cur<Bofatorum videntur.
Rodolphe
a
/M'o/)f/<B
esse orato-
rum videtitur.
J uste-Lipse propose ~yt'<e
circo oratorio videntur.
Schelius
l'approuve,
mais il
prfre
nratorum t\ oratorio. On lisait d'a-
bord
pr.~rt
cirea ora~o~'am. Brotier veut
que
l'on retranche
circa,
et
qu'on
lise
pr~fttB
oratorum.
(E.)
Pour
moi, j'ai reu
cur orator~m
avec les diteurs de deux-Ponts etSchntze.
(0.)
XXXIV. Ita nec. Acidalius met
/am
vero nec.
So~'Mstatim et unus
cuicumque
c<!H~<c. J I
y
a ainsi dans les
iancienne;i
ditions. La
leon
commune,
statim
ttf;fcu;e
c~mte,
ne
manque pas
de
vraisemblance.
(J .-L.)
VARIANTES.
4o5
_L_a__ D_.1_t_L_ :17:_t_it_
FIN DU TOME SIXIME ET DERNIER.
XXXVI.
7n/?H&c~
causis non absentes.
Rodolphe t'n~HMt'CM/uf/i'c)~
non absentes. On lisait d'abord
in pub!icis
non absentes.
(J . L.)
I) et
peut-tre
suffi
pour publicis
de lire
/u~tCtM (E.)
Pour
moi, publicis
me
parait
avoir t form
de/u~t'Ct'M,
et
je
rtablis cetui-ri.
(0.)
~ec~ente~orum loco. L'dition
Princeps
a
c/ientH/d~um,
dont on afait
ensuite
c/t'entu~oruM;
mais c'est un mot inconnu aux
Latins,
et il
parait
~u~i)
faut crire e&'ente~arun?-
(E.)
XXXVII. Similis
e/o~uenHfB
conditio. ScLetius dit
que
c'est
peut
trc
eZo~uentt~.
7n ore nom~zum
ag;
J 'ai fait la mme correction dans tes
B~OMM, tu,
36. Il
y
a ordinairement more.
(J .-L.)
XL. Populi etiam ~tutt'tone~aurt&u~Htet'en<ur. Acidalius lit histriones
~uo~ue~opM/t
aurt'&u~
uterentttr.'Setitmft., populi ceu
/;M<rtone~.Les diteurs
de Deux-Ponts
conjecturent
histricis auribus. Heumann abien
pens qu'il
n'tait
pas
ici
question
d'histrions,
et il a donn
adrectioribus,
que je
crois recevable. C'est ainsi
que Virgile (.ttfM/e,
r,
:56)dit
Adrc-
etisque
anribusadstaat. Schutzer~ aussi
reu
intentioribus lui tait venu
.)
l'esprit. (0.)
Sine servitute. Il
y
a ainsi dans les anciennes
ditions,
et avec raison.
D'antres
portaient
tort sine severitate. Heumann retranche aussi sans
motifs ces
mots,
et lit sine
obsequio
contumax.
Sed nec tanti
re[/)MMte.
Rhenanus met ainsi. Il
y
avait
avant,
sed
/;ec tuta
respublica.
XLII.
~nt~uM/us.
L'ancien manuscrit de Pithou
porte cumuntiquariis.
ICONOGRAPHIE
DELA
8I8UO"Q".
LATINE-FRANAISE
ET PARTICULIREMENT DE TACITE.
Nous nous sommesborns
vingt-quatre portraits,
parceque
lesautres offraient
trop peu
decertitude his-
torique.
MM. les
souscripteurs
verront avec
intrt,
au des-
sousde
chaque
buste,
une belle suite demdailles sur
lesdeux
faces,
et
qui, par
un
coloriageperfectionn
rappelleront
exactement le mtal
d'or,
d'argent
ou de
bronze
qui
les
compose.
Avecla dernire
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nous
publierons
une des-
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de ces mdailles et de leur
revers,
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l'ouvrage
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Mionnet,
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VINGT-QUATRE
portraits
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de
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