La Magie Et La Sorcellerie en France Vol. I
La Magie Et La Sorcellerie en France Vol. I
La Magie Et La Sorcellerie en France Vol. I
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4'ft
,
&
HkS
Sa
1434
I
m
X
ROBAh
t*f'i
l *1
:\
HISTOIRE
DE LA
MAGIE ET DE LA SORCELLERIE
EN FRANCK
En
1
vente
la
mme
Librairie
et
D Friedrichs. La Franc-Maonnerie
lume
pet. in-8,
en Russie
eu
Pologne,
vofr,
de
payes.
Lesacher et Mareschal. Nouvelle botanique mdicale comprenant des champs susceptibles d'tre emles plantes des jardins et
ployes dans
d'aprs
latins
les
l'art
auteurs anciens
et franais,
noms
vulgaires, etc
in
volumes
-i
fr*
de
20"
planches
couleurs hors-texte,
dans un cartonnage
toile anglaise.
des Mtaux
l'oi
alchimique,
lettres
2
divers
procds
de
fabrication avec
et
fr.
documents
l'appui,
traduits
Rimpression
les
de
l'dition originale
de
1813
la-
quelle on a ajout
raisin.
11
30
fr:
Boeiime. Clef ou explication des divers points et termes principaux employs par Jacob Boehme dans ses ouvrages. Traduite de
l'allemand
sur l'dition de
ses
Un volume
pet.
Catalogue
prix
DU MEME AUTEUR:
Histoire de
/
Inquisition en
France
7
fr.
Tome
I.
La Procdure
inquisitoriale.
LA MAGIE
i:t
la
SORCELLERIE
EN FRANCE
Ils SORCIERS D'A rREFOIS
Ll
SABBA1
LA
QU'ERRE
X
\'
SORCIERS
|y>
LES SORCIERS Dl
FOURS
\K
TH. DE
CAUZONS
I
Origine de
Ce qu'on
la
Sorcellerie
des <-orcires
Bujel
r. limitait
V
LIBRAIRIE DORBOX-AINE
53 ter. Quai des GrandB-AugOBtins
PARIS
w
\
MICROFORME
SERVICES
DATE
BY PRESERVATION
AUG
19 89
AVANT-PROPOS
L'histoire
l'intrt
cit
de
la
Magie en
France,
malgr
a
sus-
jusqu' prsenl
n'eu
dans un ouvrage
travail
cellerie
la
en
1818,
tent un
la
d'ensemble sur
destines de
livre,
sor-
Histoire de
tous, bien
Magie
incomplet. Connue
se ressenl
aussi de l'esprit
faire
de l'Eglise
catholique
le
bouc
missaire
des
pchs
du
la
monde,
rendre
il
cherche,
malgr
de
la
l'vidence,
responsable
propagation de
la
magie.
Garinet
ne
peut
car
donc
la
tre
considr
comme un
de
d'avoir eu
historien,
premire qualit
l'histoire est
l'ide
l'impartialit.
VI
LA SORCELLERIE EN FRANCE
travail chronologique
beaucoup plus
faire,
utile,
mais
autrement laborieux
d'imagination, ou que
fort
les les
que
les
tableaux
discussions jusqu'alors
en honneur, clans
innombrables ouvrages
en
effet,
l'histoire
de
la
magie
elle-
mme
n'avait
pas
manqu
d'crivains.
et
Les
innombrables
liste
je crois
Ils
complte.
en
semblent
groupes
dits,
:
pouvoir
1
se
partager
plusieurs
Les
livres
les
magiques
les
proprement
formules
de
renfermant
recettes,
l'art
magique,
l'n certain
nombre de
ces livres
supposer un
exemple:
les
les
Secrets merveilleux
secrets
du Petit Albert,
la Clef des
Admirables
le
du Grand Albert,
Songes,
la
Clavicule
le
de Salomon, VEnchiridion du
pape Lon,
la
Trsor
le
du
vieillard des
Pyramides,
les
Poule
noire,
Dragon
rouge,
traits
de
Chiromancie,
de
Graphologie, de Cartomancie,
2
etc.
les
ouvrages histori-
\\
\\
l'RPOS
VII
pamphlets, donnant
sous
une
le
forme
rcit
tantt
des vne-
ments merveilleux pa
l'poque.
Parmi
les
Les livres
complets
qui
nous
fois
renseignent
parfois
dli-
incidemment, d'autres
de Eaon
|>lns
popu-
en
un
mol,
sur
l'un
tous
1rs
incidents
>e
illusties. qui
les faits
anciens pas
d'intervention
notre momie,
Mes
n'appartenant
comme
magie polmiqui
eon-
crits
dans
but
la
de dmontrer, ou, au
traire, de
mer
vrit des
se
naturels. Ces
ouvrages
la
partir
la
de
quand
suscit
audacieuse.
Nous aurons
l'occasion dt mention-
VIII
LA SORCELLERIE EX FRANCE
du droit
la
judiciaire,
dans
les
temps antrieurs
Rvolution,
ou moins
numrent ou commentent
et
les
civiles,
les
lois
canoniques
s'appuyer
cette
sur
lesquelles
doivent
A
les
catgorie
d'ouvrages
se
rattachent
directoires
de l'Inquisition,
plusieurs
conserv
spcimens,
Gui,
comme
de
plus
la
ceux
d'Eymeric,
de
Bernard
Bernard de
spcial
Cme,
se sont
etc.
Quelques
auteurs
proposs
d'appliquer
magie
le
les
rgles inquisitoriales
communes. Tel
fameux
Marteau des
sorcires
mands Sprenger
trait des
et Institor
tel
encore
le
gros
Recherches magiques
bien d'autres
citer
du
jsuite
Del
Rio,
et
l'occasion de
dans ce
Parmi
les
livres judiciaires,
la
Dmono;
manie
celle
du juge
Remy;
le livre
de
l'
In-
AVANT-PROPOS
IX
fameux dans
1rs
annales de la sorcellerie.
En
scientifiques
OU
mdicaux
peul
qui,
depuis
longtemps dj,
qu' Hippocrate,
rellement,
et
car on
remonter jus-
de
ranger
parmi
les
infirmits
faits,
cuises surnaturelles.
sciaient
Certains crits
car
ils
difficiles
classer,
appartiennent
vue
et
m. us lesquels
traite
la
magie
pu tre considre
autrefois. Ces
l'his-
la
considrer
l'histoire,
au point de vue de
de
la
pratique, de
e1
polmique, du droit
de
la
scien
lu
tous les
impos-
runir,
LA.
SORCELLERIE EN FI1AM
suffiet
prcises
tiotre
les
Nous' avons
va sans duc,
ment pour
ou de en
la
servir
l'histoire
de
l'Inquisition
Belgique,
de
Hansen en
Allemagne,
de
fait
le
prsent
et
ouvrage
la
fois
intresser
renseigner
ce
commun,
et
non
la
magie. Nous
causes de sa propagation au
Moyen-Age nous
;
KVANT -PROPOS
faisons
XI
ensuite
un
rsum de
ce
qu'on disait
ma-
laquelle forme
Dans
rons
les,
les
annales historiques de
notons
les
autorits
traiter
sorciers.
Les fluctuations de
la
lgislation
la
leur sujet
raison, car
raison est
naturellement
et
porte
supposer
juste
et
et
la
permanence
;
l'invariabilit
du
du vrai
SOUVenl
fort cruelles
la
l'honneur de
race
aurons
de
traiter
brivement, mais
et
pidmies
(le
nvroses
fait
le
quatrime
XII
LA SORCELLERIE EN FRANCE
et dernier, est
volume
consacre la sorcellerie
un
travail considrable et
le
ide exacte
prendre parti.
Notre rle
contente d'exposer
les
uns racontent,
tandis
que
de tous.
nous a sembl
que
les discussions
une
cette Histoire de
rire
la
ou de
nos
de nos aeux et de
difficile
contemporains.
Il
au
lecteur de retenir
un
magiques
D'abord, on se
sent
mal
l'aise
de
se voir
entour de tant de
AVANT-PROPOS
XIII
peu de progrs
faits
par l'huma-
au
monde
des esprits,
que
-prits
:
soient
en troitrop
sime
lieu,
le
cur
souffre de dcouvrir
on
ait
est surtout
cru.
tion
dans
la
sens
le
noncer
mort
contre
his
:s.
Plus
on
supplia
multi:
plus
la
mais
si
fallut
la
longtemps pour
dcid
douter de
streindre
xvnr
sicle
en vit
les der-
De
ou
l,
populaires
et
chez
des peuples
ment mal
organis.
La
crainte
du
XIV
LA SORCELLERIE EN FRANCE
cependant toujours,
mme
chez
un mal
l'homme
les
ne
lui
permet pas
toutes
les
de
forces
les les
combattre
de
dangers
Il
avec
bien
les
les
l'homme.
les
serait
fcheux
que
spirites,
occultistes,
villes,
somnambules,
sorciers des
chiromanciens des
et les autres
campagnes
magiciens
de nos jours, entretinssent cette crainte et surtout l'ide d'tre humains malfaisants revtus
de pouvoirs extranaturels;
la
peur est en
se
les
effel
mauvaise
anciens
conseillre.
le
Pour
peuple
dfendre
jeta
des
feu
;
sorciers,
au
nouveaux
sor-
malgr
les
raisonnements des
efficacit
savants,
il
attribuerait
une
malfai-
xx e
sicle ?
dans
l'esprit
de
nos
lecteurs.
ces
pages crites
dans
le
seul
AVANT-PROPOS
insuffisant.
XV
Nous
de
qui
La
tche, nous
voudront
faire
nous
apporter
leurs
lumires,
nous
connatre
archives dpartemen-
commencent
tre inventories
el
dans
tous
1rs
dpartements,
faire de cet
une
histoire
complte
que
possible
de
la sorcellerie
en France.
Th.
de
CAUZONS.
PREMIRE PARTIE
ORIGINES, DOCTRINES
et
RITES
de
la
SORCELLERIE
CHAPITRE PREMIER
Origines de la Sorcellerie
Sorcellerie
Il
est
difficile
de
prciser,
d'un
trait,
l'ide
que
forme: on y peroit nettement, ds les origines, la prdiction de l'avenir par des procds divers
:
mot de magie
rappelle
2
les
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
et, le
forces
les
naturelles,
plus
souvent,
surtout
dans
effet
nfaste,
essentielle
sorcier,
aux miracles antiques. Enfin, dans le nous voyons,d'aprs les souvenirs du Moyen-
Age, un
homme
les
dmons,
adorant
la terre
les diables, se
une
religion,
un
art
le
point
dnomination de magie
et,
cellerie
comme
synodifla
des
tymologies bien
la
sorcellerie
;
dsignant
spcialement
et la magie, la doctrine et la
si
loigns, ces
question
suffira
rsolue
dj
par bien
les
des
crivains.
Il
de rappeler que
prtres
de l'ancienne
religion assyrienne
observateurs du
ciel et
bon nombre
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
mouvements
de
la
terre.
Une
fois
qu'on
le
moins
de
vnration
que
leurs
connaissances sidrales,
quand
les
conqutes
fin
lone et quel.-, religion des Perses pntra avec ses prtres sur les bords de l'Euphrate, les prtres persans ou mages ne manqurent pas de joindre les pratiques chaldennes honorifiques et lucratives aux rites plus spiritualistes peut-tre de
la
'
religion
victorieuse.
Depuis
des
lors,
leur
nom,
att acha,
comme
celui
Chaldens, l'ide de
devins
par l'tude
des
astres, puis
de
devins
en
gnral, et les sorciers ou devins par le sort se trouvrent leurs confrres, faciles
confondre,
comme
(1).
la
rvlation de l'avenir
mages
de
se
la
rencontrrent
divination
;
donc sur
arrivrent
le
commun
ils
peu prs complte, quand onleur attribua, aux uns et aux autres, le pouvoir de faire
une ressemblance
(1)
et
l'Astrologie
dans V Antiquit
et
au
206
LA SORCELLERIE EN FRANC]
rites.
Dj
les
vieux mages de
la
don de
faire
le feu cleste.
De
plus, l'ancienne
croyance zoroaset
trienne
aux
du
mal,
Ahriman, en-
reprsentant
infini,
puissances
ou
les
vertus
de
l'Etre
les
la
en
formes
solaires,
phnomnes naturels
nature,
forces
vivantes de
la
avait
rites
et
naturellement conduit
la
cration
de divers
esprits
liturgie
pour s'assurer
Il
compose d'enchantements
d'vocations,
de
le
la
Chalde et assura
la
caractre spcial
s'adressant
vais,
que
les
vicissitudes
les
politiques
les
prtres
de l'Egypte,
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
comme
relation
sidral vaises.
mdecins, alchimistes
supposant
terre,
ceux du
ciel
les
divinits
invisibles
bonnes ou maucivilisations
Au
de
contact
de
ces
diverses
se
perses,
chaldennes,
science
gyptiennes,
constitua
une
sorte
occulte
rserve
des
soit
initis,
qu'elle
de
secrets
naturels
ou
extra-naturels
agit
lui
connus de
sur
qu'elle
seulement
l'imagination
les
des mortels, on
attribua peu
peu tous
maux
de l'humanit.
ces magiciens, dj
(1),
quel
moment dune
pas mal
posses-
seurs de
celui
de noms
Il
reurent-ils encore
de sorciers?
loi
de
le dire.
Dans
une
mort
pas
clbre o
les
le
1,-
devins
et
mages
il
ne.
prononce
mut de
sorciers,
dans
tiques de
sorcellerie
future
Que personne,
dit
ma thet
le
devin. Silence
aux
dclarations
perverses
des
augures
des
(1)
Del
Rio.
I.
l'issu
1.
>
magicarum
Win
sex.
in-4,
Mayence, L624J
c.
2,
p.
>;.
LA.
SORCELLERIE EN FRANGE
prophtes.
Que
les
le
Chaldehs,
les
mages
et
ci
(maleficos)
cause
de
la
grandeur de
peine capitale
iv c
Au
cien.
milieu du
sicle
par consquent,
le
mot
en est encore de
si
mme
au milieu du sicle
suivant,
Dans
ses
canons 14 et
16,
il
inflige en effet
une pnitence au
la
mode
paenne,
les devile
ou
croit
neresses,
terme
de sorcier.
En
revanche,
du
vi e
sicle,
une
Narbonne en
amende
ou
les
qu'on
appelait
carages
sorciers,
que
la
(+648),
les
Lettres
de
Grgoire
pape
(1),
(1)
Guegorius
I,
epistol.
1.
VII, 66 ad Januarium. (+
604)
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
fltrissent
comme
des
adeptes
de
superstitions
paennes,
teurs,
semblables
aux aruspices,
fabricants
aux
de
enchanmalfi<
Nous
doue
reporter
au
\
courant
et
du
son
vie sicdr
cration
du
mot
ns.
sorcier
identification
L'invention
tard,
mot
voit, la
sorcier
avait
suivi
fort
comme
magiques,
ni
sans
leur
apporter
connaissances
gnra] depuis
donc
comme synonymes
et
termes de sorcellerie
et
de magie, de sorciers
certains
ailleurs
ont onl
la
voulu
tent
mettre
d'tablir
quelque
1 i
il
une ligne de
et
la
dmarcation entre
magie, consistant
l'aide
sorcellerie
l'art
ou divination
des
en
;
de
faire
prodiges
du dmon
gure connues
en
pratique,
la
aussi,
enchanteurs,
autres
sorciers,
ncromans,
magiciens
personnages
de
la
mme mme
membres de
LA SORCELLERIE EN FRANCE
II
Mais, au
fait,
de
l'art
Nous en
trou-
mais quand
el
simplement
de
presti-
des phnomnes
digitation,
elle
ou
les
les
tours
diront
uvres
d'tres
non
humains, de nature,
invisible,
d'esprits en
un mot,
prcisment
faire
intervenir
s'agisse
ou d'influer sur
la
nature,
on
d'atteindre
ton-
l'homme directement,
jours en prsence: le
trois
choses
resteront
magicien,
source du
la
phnocrature
Si
mne;
l'esprit,
agent de ce phnomne;
nous
la
ou extra-
terrestres
pour le bien ou
le
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
Telle est
lu
magie noire ou
l'espril
S;.
sorcellerie,
dont l'agent
les chrle
suppos
tiens
tait
diable,
tan, Lucifer
dmon,
La
(".(.mine
Moyen-Age ne
des
mu
il
pas
les
bons anges
disposition
hommes,
il
n'eul pas
classa
donner un nom
les
voquer, mais
estims
parmi
dmons
les
esprits
autrefois
bienfaisants
chez
paens.
On
nomma
secrte
magie
rpute
bien
blanche
ou
naturelle,
une
science
souvent
ralit
diabolique
d'ordre
chez
les
igno(1).
r;mK
qu'en
la
tout
naturel
Elle consistait
connatre
des
proprits de
Prdire
vnements par
les toiles
pouvait
ainsi,
relle
suivant
les
prjugs, paratre
extra-naturel.
Si
ou
UI1
art
l'on
rapport
rel
constant entre
les astres el
La
hommes,
c'est-
l'astrologii
appartenait
magie blanche,
-dire
petit
formait
nombre d'hommes
,
l'on
n'ad-
mettai
p as ce
rapport,
d'tres
la
l'intervention
se rangeait
extra-naturels
noire.
dans
magie
Del
Rio,
p.
3,
10
modernes
de magie
ont
:
distingu
encore
d'autres
varits
l'ide
la
magie
imitative,
base
sur
d'une
relation
ncessaire
entre
si
une
cause
se pro-
l'effet
par exemple,
la terre :1a
fait
magie imitative,
cause de
qui
l'effet.
On
celle
admet une
ou
(2).
Ainsi.
il
suffisail
ressemblant ou un
Toutefois
ces
magies
les
secondaires
rentrent
et
vi-
demment dans
magies prcdentes
supposent
ou de forces extra-naturelles
et
spirituelles.
Nous
magie
est la
dfinition de la
esprits,
ce qui
la
de ct
question
(1) (2)
d'or, d'or.
t.
t.
1, p. 4,
1,
15,
36 seq. 86 seq.
p. 4 seq. 45.
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
11
de
fait
susceptible de
si
l'infini,
tel
ou
tel
rput
magique
autre-
fois, le fut
rellement.
III
La magie
religion,
se distingue ainsi
la
fort
nettement de
comprise
le
la
en ce que
religion bien
la
pour
l'ado-
but
le
bien ternel de
crature,
culte
el
ration du Crateui
temel,
se
incommunicable,
le
que
la
magie
el
propose directement
la
terrestre,
fort
indirectement
destine
ultrieure
de
l'homme.
Buprme,
De
plus,
elle
s'adresse,
non
au
de
Dieu
mais aux
qu'elles
divinits
secondaires
quelque
nom
soient
revtues.
le
On
saut
sait
les
en effet que
difficile
files-
mmes, a admis
moins nettement
et
le
motrice
de tous
les
momies,
laquelle
on a donn
a
nom
de
humain
12
plus
tact
faite.
il
LA SORCELLERIE EN FRANCE
a d
ce
faire
effort,
afin
d'expliquer
le
con-
entre
Ce contact,
mdiaires
foi
il
l'a
tabli
plus
ou
moins
nettement
dfinis,
qui
hirarchie
classes
varies.
h' Ide
platonicienne, issue
tait
du Plrme ou Essence
divine
qui,
de Dieu,
la
la
une vertu
dfinie
passant en
dj
forme mal
d'on, s'approchait
de
il
y a bien de
marge jusqu'aux
mme
on
a
imagins par
sans
religions
ou
les
superstitions
nombre
attribu
des
mortels,
auxquels
la
cependant
mrer
les
dsigner.
Ces
noms
gus et
dj varis
du
Ciel
chrtien,
diables,
farfadets,
etc.,
y en a pour tous
les
gots et toutes
il
les fonctions.
Naturellement, quand
divergen-
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
l'on se
13
donnera un mal
sujet,
il
Pour notre
reue dans
le
suffira
de rappeler
la
doctrine
comme
sur tant d'autres, a pur et prcis les croyances vulgaires plus anciennes.
intelligents, autres
Il
admet
et
l'existence d'tres
les
que Dieu
que
se
hommes. Ce
des
sonl les
distinguent
hommes
sens,
ne
peroivenl
surtoul
bien qu'on
ne puisse,
de
la
nos jours,
dire trs
esprit.
nature d'un
reste,
il
Parmi
sous
docteurs chrtiens, du
s'est
produit
ce
pantes
ciens
de
sentiments,
puisque
bon
anges,
et
nombre d'an-
Pres
supposaient
aux
comme aux
peut-
voulaienl
ou
Puissances
la
divines, manifestations
de
Divinit,
ons
ternels
tout
soit,
spirituels
connue Dieu.
Quoiqu'il en
en
deux branches
opposes
et
les
diviss
en
neuf
churs
et
les
mauvais,
ou ou
dmons,
rebelles la
Satan. Ces
cellerie
le
dmons ou
rle
grands
dtails, qu'il
nous
14
les
LA SORCELLERIE EN FRANCE
donnes principales de
la
doctrine
catholique
Le
ciel,
l'enfer,
guement
naissances,
sont
avec
la terre.
D'abord,
les
de nouveaux htes,
vont,
s'ils
sans
ou aprs une
purifi-
donnables,
grossir
les
churs
et
angliques
s'ils
meurent
impardonns
impardonnables, fournir
De
plus, les
hommes
peuvent, d'aprs
la
croyance
vux
et leurs
prires
aux
habitants soit du
ciel, soit
rangrent
cette
parmi
les
invocateurs
dmons
et
invocation satanique
dommages
ainsi
l'intervention
des
puissances
mauvaises.
Anges
et
saints
les
Gnralement ceux-ci
ORIGINES DR LA SORCELLERIE
et,
15
sous ce rapport,
le cullc
haut de
la
magie.
:
c'est
la
prdominance
celui
du
bien
ternel
et
surnaturel
;
sur
plus
lieu,
temporel
d'aprs
demand explicitement
la le
en
second
vritable
doctrine
catho-
lique, la seule
chose que
son
dvot
sollicite
du saint ou
prire
de
l'ange,
est
intercession,
sa
propre
la
cration.
des infrieurs,
est
Le peuple
fidle
y va plus simplement.
et,
ne sait
que difficilement
le
le
qui
f-
l'esprit habite
dans son
ou n'est que
le
ftiche lui-mme.
Ne
soyons pas
La
;
ils
y tiennent
que
la
cependant
les
ou de
vanit
16
LA SORCELLERIE EN FRANCE
des
moyens
curatifs
d'invention
le
humaine,
ils
se
aux
leurs.
que
lui
la prire
adresse
un secours matla
vie, protection
de ce genre, ne
manque pas de
con-
Dmiurge
et son
uvre,
la
il
monde quand
a voulu,
comme
semble,
il
quand
dire,
bon
lui
s'il
le
arbitrairement,
jours
susceptible
de changement,
autant que
est
dans toutes
de sa puissance soit
soit la
ou d'un phnomne
rationaliste
nuisible.
Dans l'hypothse
ou dans
la
d'un
monde
ternel,
conception panthistique
les
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
17
que, dans
le
premier
cas, le
Dmiurge
le
n'existe pas
dans
le
monde
sont
mus
l'un
pas
la libert.
En
tout cas,
il
serait
injuste,
une
fois
les
admise
prires
les
la
thorie
chrtienne,
de
ranger
Dieu,
les
parmi
tant
magiques
celles adresses
pour
causes
spirituelles
que
pour
ncessits
temporelles.
la
La
prire
magique
est
exclusivement
prire dirige
un gnie ou
dieu
IV
La
ressemblance
entre
les
anciennes
religions
les
docteurs ecclsias-
tiques.
paens adoraient
le
vrai
leurs
la
croyances
fussent
grossiers
et
errons.
et des
Mais
crivains
les
dieux des
18
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
et,
par
que de
la
magie
Cette ide
les dcisions
des
ans.
autorits
de
l'Eglise,
plusieurs
du
lgislateur des
lui
la svrit d-
ploye par
Tu
les
magiciennes
et,
Deutro-
Prenez garde
des
peuples,
abominations
fils
ou sa
fille
passer
par
les
le feu,
ou qui consulte
les devins,
ou qui observe
et d'enchantements,
ou qui consulte
les
les
pythonisses
le
ou
les
devins,
ou qui interroge
morts, car
Dans
les
religions
polythistes,
telles
que nous
p.
2e
Hastings, art. Sorcery, Maury. La Magie, p. 32, note. Hagen, S. J. art. Teufel dans le Kirchenlezicon, dit. Tiomassin, De Incarnatione, 1. X c. 2, 6.
(1)
603.
ORIGINES DE
les connaissons,
il
LA.
SORCELLERIE
19
magicien
sacrifices,
des enchan-
mais proche
dinaire
l'accomplissement
des
rites
reus,
Prtre et
magicien
consulter
gurir
cer en
se
piquent
volont
l'autre
de
pouvoir
la
des
nature.
Aussi
mme homme
est-il
facilement
prtre
de son occupation
anciens,
cits
officielle.
Si,
dans
les
auteurs
les
magiciens
s'agit
ou de castes en
lutte,
mais non de
rites et
de rsul-
Ces rflexions
questions
certain
nous amnent
difficiles
la
discussion de
Il
bien
les
rsoudre.
les
est
bien
que
moyens,
procds
employs
ont une
par
les sorciers
du Moyen-Age
avec
et les ntres,
ressemblance
frappante
ceux
de l'antiquit
20
la
LA SORCELLERIE EN FRANCE
plus recule
;
supposer
comme
l'ont
tant paens que chrtiens, que les sorciers constituaient ds l'antiquit une caste, une cole ferme,
o s'enseignaient
des aeux
caste
moyen de
se
les
vicissitudes politiques ou
par un recru-
que sur
faut-il
Ou
que
sans qu'on
Ou
faudrait-il admettre,
phnomne
vaux
et
par hasard
qu'ayant
semblables aux
ils
leurs,
ont t
?
Chaque systme a
ce
qui
vrit
est
une quatrime
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
21
De
ressemblance entre
elle
la
magie
et le sacerdoce anti-
que,
conclut que
la
officiel,
qu'il
s'adresse
Chez
la
magie auiait
reprsent
rieures
aux
civilisations smitiques,
les restes
comme
la
magie
romaine aurait t
ques,
les
latins,
italiques,
forcs
de s'incliner devant
se
seraient
accrues
elles
rites,
d'alluvions
Chez
nous,
formules
druidiques,
qui
auraient
ainsi
liennes,
germaniques ou autres,
et
pris
magies connues.
Nous
pouvons
certainement
admettre
que
la
rsistance
souvent pris la
et
que l'accom-
22
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ou une autre,
c'tait la
compntration de
la .poli-
comme
d tous
les
temps.
Il
ne
me
dans
les
inbranlable
aux
de
croyances
la
ataviques,
aux
leur
dieux de
la famille et
nation,
quand mme
le dsert,
dans
sur la
isoles,
au milieu des
par
l'effroi
dieux vainqueurs
avaient
droit de se
les
mon-
trer
cortges officiels
s'il
la
Toutefois,
est
permis
comme
des conciliabules de
tous
les
(1).
(1)
Frazer, Le Rameau
t.
d'or.
1,
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
Est-il
23
rapports
les
possible
de l'expliquer ou
par
vifs
les
internationaux,
plus
moins
suivant
faciles,
comme nous
romaine,
et
l'avons
sous l'gide de
la
paix
?
11
dans
le
sein de l'empire
romain
trois
est
bien
certain que,
dans
re,
il
les
deux ou
premiers
sicles
de notre
diffu-
parat y avoir
cultes
:
eu
une extraordinaire
dans
la
sion
des
orientaux
prtres
direction
faisaient
de
l'Occident
merveille
les
gyptiens
offrait des
alors
Isis,
Rome,
qui
temples
de Phrygie,
le
ni
Mithra
persan.
Une
ces
fois
dtrns par
chris-
tianisme,
tous
et,
dieux
vaincus
se
sont-ils
dissimuls
thories
et
s'empruntant
mutuellement
leurs
constitu la religion
souterraine de
la sorcellerie future,
peu prs
la
mme
partout
et
imprgne
surtout
d'orienta-
l'admettre
en
partie.
de
la
ressemblance
impose
com-
mune ou
semblable.
24
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ici
un problme toujours
dfilais-
nitive, celui
sons de
musulmane,
du Yahveh judaque, de
hypothses
de
l'ide
imagines
religieuse
pour
expliquer
la
naissance
toute,
les
se ramnent,
somme
deux.
La premire,
commune
primitive
surtout chez
catholiques en
faite
particulier,
admet une
rvlation
au
premier homme,
qui
connut
et
Dieu
fit
plus
parfaitement
ses
que
ses
descendants
connatre
enfants
un certain
il
nombre
t
la
de qualits
du Dmiurge dont
avait
lui
moyens de
plaire
ou
de
l'honorer.
ses
fils,
Ces
donnes, transmises
par
Adam
s'obscurcirent
la
peu peu et se
mais nanqui en
corrompirent dans
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
leur origine sortirent, quelques traits de
25
commune.
s'appuient tort ou incessant dans l'humanit, ils croient l'apparaison sur les recils de la Gense; l'homme adulte, plus beau, plus
rition
soudaine de
parfait,
moins sauvage,
seul,
et,
si
on peut
le
dire d'un
homme
destines sortir de
non invente,
la
majo-
a la suite des ennemis actuels du christianisme, sicle, et surtout du des encyclopdistes du xvm" de tous L'origine de Dupuis
fameux
ouvrage
les cultes,
ou Rein/ion
universelle,
publi
en
1795,
livre
illisible
ne furent autre chose sa thorie, 1rs premiers dieux ou funestes, que les phnomnes naturels, bienfaisants
soleil,
lune,
terre,
eau,
tonnerre,
pluie,
maladies,
etc.,
la terreur
des
hom-
mes.
De
ces
phnomnes
conception
phno-
mnes,
par
les
et,
du
sorcier-prtre,
cerveau humain
25
finit
LA SORCELLERIE EN FRANCE
spirituel,
dgag
du
monde
contingent,
parfait.
En
fait
l'homme,
l'on
c'est
cr Dieu.
c'est--dire
Si
celle
adopte
la
de
la cration
adulte et de
tive, la
magie
est
pour
le
seul
Dieu.
Toutefois,
vu
l'origine
commune
des ides et
des
pratiques
religieuses,
est
rest
dans
les
diffrentes
religions
secondaires,
devenues magiques,
suffisamment de
de tous
les ges.
Si l'on se
range au contraire
la thorie
la
volutive
des religions
la
comme
des races,
magie devient
mre de
la
qu'elle inventait,
mesure qu'elle
magie ou
pri-
comme
la
bar-
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
27
le
vernis de la civi-
Cette
transmission
rendrait
compte
de
les sorciers
les
Il
deux
choix
les
mme parmi
la
catho-
est
ment
du monde
en vertu de
lois
nues de nous.
Dans
cas
o
la
l'homme
se
serait
rvlation primitive
plus
sa
raison
d'tre,
pas
plus
;
qu'elle
du reste de fondement
historique
la
mais alors
magie, nous
sommes
t de nous contenter
comme
ailleurs,
d'une solu-
VI
Quoi
qu'il
en
soit,
comme nous
l'histoire,
les
peuples,
28
religions,
la
LA SORCELLERIE EN FRANCE
croyance
l'homme ou
lui
l'homme
semblables,
secours,
tantt
un
la
du mal.
Parfois c'est
Dieu,
tel
qu'on
le
conoit, dont
on
appelle le secours par des imprcations ou des maldictions, et, sous ce rapport, les imprcations bibli-
celles
de Chryss,
dans
l'Iliade
(i,
'M),
celles
de Camille
c
Rome
et
des gnies
moins grands
et
et, soit
par
contraindre accomplir
les
volonts
c'est
reste,
tous
les
hommes connurent
peu d'exceptions
la prire
simple
et admirent,
prs,
cette inter-
procds censs
infaillibles, resta
secret
ou
le privilge
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
mages, sorciers ou autres, parfois bienfaisants
les prtres,
29
comme
surtout malfaisants
comme
!
les sorciers.
singulier
Les procds
ils
se retrouvent identiques
peu prs
partout
les
philtres
les
nuds,
tions
les
les
rubans,
conjura-
de
toutes
formes,
dj
chez
dites
vieilles
races chamites ou
touraniennes,
de
les
Summer
et d'Accad, habitant la
Chalde avant
cette poque,
Assyriens classiques.
El
dj,
on croyait que
les sorcires,
fmi-
de bois.
Il
est
particulirement intressant
et
de voir signa-
les
les
au second
au quatrime
,
sicle
de notre re,
spcialement l'voles
anneaux,
tables
tournantes
et
peut-tre
les
suggestions
(.\po-
hypnotiques.
log.
Les Magiciens,
dit Tertullien
ils
xxiii),
voquent
(1)
Soldas-,
Geschichte
der
Uexenprozease,
aeu
-.
gearbeitel
-
2, p. 20. von D r Heimich Heite. 2 in-S. Stuttganl. lSSCi, Darkhbebg et Saglio. DieHastings, art. Magic, p. 2is.
et
30
les
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ils
imitent
les
prodiges
en
habiles
charlatans,
le
ils
savent
mme
moyen
dmons,
qu'ils
leur pouvoir.
De son
ct,
Ammien
Marcellin
(1.
xxix,
c. i)
rap-
porte que des conjurs, conspirant contre l'empereur Yalens, qui rgna de 364 369, se livrrent
le
nom
t
successeur du prince.
et
la
saisis,
dcouverts
avoir subi
Hilarius,
d'eux,
aprs
question,
les dtails
avons construit,
l'instar
du trpied de Delphes,
de
cette
accompagnements, pendant de
sommes parvenus
;
enfin la
la
mettre en mouvement
or,
quand on voulait
le
procd pour
la
mouvoir
d'une
tait
celui-ci
on
plaait
au
milieu
maison
soigneusement purifie
;
par-
on posait dessus
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
31
tait fait
des crmonies
des chauset
ayanl
la
tl ceinte
d'une torsade
portant
du dieu
suspendu au
lil
dais,
lequel
anneau
est
tiess
d'un
trs fin et
tombant dans
l'inter-
valle
successi-
vement,
compose
des
vers
et
hroques
rpondant
rguliers
aux
questions
poses
la
parfaitement
(1)
comme ceux
de
Pythie....
Indpendamment de
il
tance de
la
sorcellerie
travers
tant
de
les
sicles
vu
plus
haut
hypo-
Les effluves odiquee, confrences faites d L866 pu 1.- baron prcdes d'une notice historique ur les Effets mcaniques de l'od par Albert DE Rochas, Paris, in-8,
(1)
i
de Reichenhacii.
p.
s. d.,
IX.
32
thses
certains
LA SORCELLERIE EN FRANCE
concernant
la
croient
l'action
voir
un
culte
satanique,
prolong
par
directe
le
comme
jusqu'
la
consommation des
sicles,
d'autres
esprances,
et
que
le
font,
faire
dit-on,
les
si
les
gitanos,
comme peuvent
le
prestidigitateurs.
loin,
pourrait-on
voir dans la similitude des moyens, le simple rsultat d'impostures analogues, car l'esprit de
l'homme,
peu inventif en
solutions peu
de
mmo
genre,
dans tous
les
pays.
il
est impossible de
;
il
nous
suffira
le
renouveau
de
la
sorcellerie,
de
la
le
magie,
milieu
laisse
gnral,
dans
ne
pas
de
constituer
un
problme
dj
complexe.
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
33
On
raisons,
l'on se
incompltes
chacune,
les
aptes
pourtant,
faire
si
garde de trop
les
gnraliser,
com-
prendre
en question.
ARTICLE DEUXIEME
Recrudescence de
la
Sorcellerie au
Moyen-Age
C'est
que
la
sorcellerie naquit
au Moyen-Age,
fluence ou
plus tard
et
d'attribuer son
existence
l'in-
aux croyances de
l'historique
les
l'Eglise.
En tudiant
de
rpression
des
mesures
adoptes contre
taterons
qu'elles
suivent
les
rgulirement
et
sans interruption
et
depuis
temps du paganisme,
du
que dj
les
frapper svrement
de
magiciens
du
Christianisme
et,
comme nous
du paganisme
n'en est pas
un
legs
Il
mourant
la
religion
victorieuse.
31
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sicle,
un regain de
lui
assurer
une
le
nom
le
paganisme du Nord
et
de l'Orient. Or,
les
danois,
Scandinaves ou slaves, regorgent de dieux peu mtaphysiques, fort batailleurs en revanche, sans compter
une
infinit
de demi-dieux souterrains
(1).
Autour de
du Nord avaient
sorcires et les
place,
large
firent
indubitablement
aptres
au merveilleux,
etc.
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
trouver un charme dans
feries et
les rcits paens, pleins
35
de
de
sorcelleries.
coupes de nombreuses
en
dter-
plus
frquentes
musulmans;
elles
firent
connatre certail'Orient,
lgendes
et
les
fantastiques
imaginations
les Mille et
le
humaines.
On
sait
les
aux
sybilles,
aux gnies
aux ogres
vie
et
tiques.
La
du prophte
parseme de trop de
beaucoup
noms
musulmans cadraient
assez. elfes,
(1).
l'hif'oire des Arabes (1) Cacssi.v de Perceval, Essai sur avant l'islamisme, 3 in-8, Paris, 1817. t. 1, \>. 261, 265, 370. Burton, Pilprimage to Al Medinah and Mcccali, Mmorial
36
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
Tous
les
peuples
non chrtiens
ont,
du
reste,
devait tre
impossible,
u'importe
quel
observateur,
de
n'tre
pas frapp
de
leur
existence.
fois qu'ils
eurent abanles
donn
la
mosaque
et
pour
puriles
suivre
pres-
criptions
multiplies
de
la
Mischna,
laissa
La doctrine
des anges et
veaux
finirent
dveloppements,
ces
esprits
infrieurs
culte
nombre incroyafurent
dmons ne
en
ralit,
comme
les
gouvernement d'un
esprit cleste,
le
nombre.
On
deux
mille
dont
la
terre
est
couverte,
;
et
leur
nombre
total
les
;
il
phnomnes
chaque
obtint
et
pour toutes
actions de
la
vie
plante,
le
chaque
Les
toile,
chaque
mtore
sien.
docteurs
affirmrent
que
la
ORIGINES DK LA SORCELLERIE
diffrence
37
anges, les-
des
sexes
existe
chez
les
noms
dans
tions.
la
conjura-
le
commandement de
a
Samal, l'ange de
Satan, sont crs
mort, qui
pris
la
place de
l'air,
les
la
ou de
de
les
les
l'eau,
ou de
:
trois sortes
les
troisimes
les
aux
lut
les
autres sont,
comme
anges, pourvus
a-t-il
d'ailes
connaissent
ordres
les
l'avenir.
Aussi Samal
et
les
sous
ses
maliens
enchanteurs.
engendrent
comme
ils
dserts ou impurs,
cloaques,
les
lieux
obscurs.
On
voit
les
que
c'est
mme
tiens.
premiers chrLililh,
ci
La croyance
un dmon incube,
aux
les juifs
il
que chez
Pour chasser
dmons,
aux
prires
mais
les
magiciens,
qui se sont
les
lis
voquent
consquence
38
LA SORCELLERIE EN FRANCE
.
Malgr
les
efforts
de
l'Eglise
nous
pouvons bien
admettre
que
les
spculations
rabbiniques contriburent
les
en quelque
mesure populariser
croyances fantastiques.
D'un autre
ct
si,
connaissance des
en
Perse,
malgr
et
parmi
membres habitant
y trouva
encore
des
une
races
infinit
de
dmons
les
anciens
dvas
les secta-
teurs du
mazdisme en des
auxquels
divinits
esprits
malfaisants et
uniesles
pervers,
taient
maintenant
ou
anciennes
rieurs
secondaires
esprits
sup-
(Amschaspands)
de
la
religion
d'Ormuzd,
les
chiites.
du
pour
par exemple
(1) Nous avons emprunt cette page l'ouvrage bien document de A. Matjry, La Magic et l'Astrologie dans l'antiquit et au Moyen-Age, livre qui nous a rendu bien d'autres services et
le
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
39
de l'Avesta, mais s'taient transforms dans l'imagination populaire en gants, ou en dmons infrieurs
ayant
populations de l'Inde,
y eussent retrouv
naturelle-
ment,
les
procdes
habituels
employs
pour
les
loigner,
incantations,
exorcismes,
formules magiIls
y eussent
vu
les
les
doustan
jours,
et
du Moyen-Age,
la
comme
la
sans que
rforme bouddhique
modifi
gnrale,
encore
moins diminu
les
superstition
ni le
nombre
rateurs du
aux formes
maux, sous
hommes.
II
a'nsi
une sorte
des
croyance
indracinable
40
LA SORCELLERIE EN FRANCE
croyances
Bible
el
sur
les
rcits
de
la
traditions
remontant,
d'ge
en
Il
ge,
est
aux
bien
religions primitives de
chaque peuple.
par
l'effet
vident
que
les
convertis,
des
armes
imaginations
antrieures
ils
apportaient dans
les
les
rcits
merne de
et
ces
rcits
devaient
leurs et
pas
trop
contrarier
les
tendances
de
auditeurs,
non
moins
ce
fut
avides
prestiges
de miracles.
nes
Que
de
donc par
ou
les
simples
relations,
la
guerre,
ft
du
commerce
ou de
la
la
paix
que ce
socit
chrtienne
de
membres
ravis
aux
des
nouveaux
venus sur
merveilles.
Mais
eux
aussi,
les
par
le fait
avec
Orientaux chrtiens
ne manqurent pas de
s'initier
hommes
d'une
part,
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
foisonnant
rcits et
l'infini
41
de croyances magiques.
Ds
le
commencement du
thologiens
et
tentrent d'incorporer
la
nouvelle
doctrine
hou
nombre
soit
d'lments
soit
puiss
dans
la
philosophie
hellnique,
persane.
De
dans
ces
les
les
essais, plusieurs
furent
ils
heureux;
entrrent
adopts par
trs bien
premiers
Docteurs,
et
cadres vangliques,
les rsultats
de cette fusion
de donnes philosophiques
et
de
dcisions dogmatiques du
vants.
iv
sicle el
le
tentatives trop
elle
donnrent
dj
cjui,
l'aptre
les
saint
Paul
d'une sainte
apostoliques,
maigre
a na thines
et
de diviser proprl'-
fondment
les
groupements
le
qui
cependant
signe
du Christ.Faire
partis
mme
le
l'numralion
des
divers
ns
ainsi clans
notre sujet.
suffit
mentionner
comme une
42
LA SORCELLERIE EN FRANCE
pourtant
les
penses
les
plus
abstruses
avec
les
images
les
les
plus matrielles.
Ainsi
gnostiques,
sur
le
aux
sectes
innombrables,
chris-
dont
l'influence
dveloppement du
la pit
avoir t beaucoup
de
la
cration impar-
bon.
ides
adoptrent
les
manes de Dieu,
comme
l'Ecole nopla-
systmes
les
deux en
les
sizygies,
mles et femelles,
suivant
les
s'engendrant
uns
les autres,
se
fils
de Dieu,
d'o
comptitions
et,
finalement,
l'tait
et de mal,
comme
Dans
les difices
gnostiques,
il
bons ou mau
nomms
par
l'Ecriture,
mme
le
beaucoup
Satan
matriel,
d'autres.
monde
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
quelques-uns en
firent
la le
43
Crateur et insistrent,
que Satan
d'un
ciel,
sjour
les
formes d'un
;
que matriel
le
ciel
d'une
terre,
a pos la
main par
Rdempteur
et son
Eglise,
la socit chrtienne.
giquement
saint
[rene de
Lyon entre
la
une
conception noplatonicienne
de vertus ou d'anges
saint Paul,
fit
orthodoxes
occidental,
iv e
et trouva le
moyen de
monde
par
l'intermdiaire
sicle
ou du v e
sicle, qui,
faux
nom
de Denys
l'Aropagite,
composa un
certain
nombre d'ouvrages
probablement gyptienne
le
toutefois, ses
nom du
clbre disciple de
44
l'Ecole,
LA SORCELLERIE EN FRANCE
presque l'autorit des livres apostoliques. Or.
les
traductions timides
Erigne,
se
du
vm e
sicle
et
de
Scot
dcida
manuscrits
et les
personnes capables de
les traduire,
faisant connatre
non seulement
les livres
dj fort
pour
la
possession de ce bas.
monde
Avec
lgendes de
mme
monde
d'un
tel
l'irrel.
Les
rcits
connus de Simon
le
Magicien
s'
envolant
le
la
prire
de
S.
Pierre
Trbinthe,
un
dmon
Bogomiles,
ses jour,
dis-
condamn
ciples qu'il
dis que,
tre
lapid,
annonant
le
ressusciterait
troisime
le
tanil
du monceau
de pierres qui
couvrait,
(1)
Soldax.
c.
10,
t.
1, p.
178 seq.
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
ne sortait au bout de trois jours qu'un
la
45
sous
dmon
mme
genre,
l'ide
de ce que le
aux
clercs de l'Europe.
Parmi toutes
ces lgendes,
et
celle
En
un certain Eutychien,
d'Adana.
fit
cl
traduction qu'en
au temps de Charles
Thophile
tait
le
Chauve ou de Charles
de
l'glise
le
Gros.
conome
d'Adana.
Homme
tantes,
et
plein de qualits,
il
d'ambition,
le
refusa
sige
piscppal
laissa
nommer un
l'conome
autre
nouvel vque
dvor
la
de colre et de
magie pour se
il
venger ou retrouver
y avait
les
dans
la
ville
un
juif
arts
alla
le
trouver
lui
la
nuit,
fait
plaignit
du
tort
que l'vque
avait
46
et
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Le
juif
lui
;
rpondit
Reviens demain
terai
mme
heure
je te prsen.
mon
s'en
matre, et
alla
te
Il
content et
le
lendemain
minuit. Le juif
conduisit au
verrait ou
le
entendrait,
et
surtout de ne pas
signe de la croix.
qu'il vit
dmon
assis
au
milieu
d'eux.
Le
juif
lui
prsenta
l'conome
demande.
Comment puishomme
qui
;
je,
rpondit
le
dmon, secourir un
veut
sert
Dieu
? S'il
il
me
mon
arme,
aura plus de
mme
au
l'vque
et
juif
le Fils
de Marie
et
tout ce
que
je hais, et qu'il
crit, s'il
veut
fit
un
crit, qu'il
de son sceau.
doute de
il
lui
rendit sa
charge
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
47
devant
renvoy
le
el
clerg et
le
habile que
hauteur
et
de
l'gard de tout le
monde,
et,
lui.
pendant
quelque
temps,
le
on
trembla
devant
lui
Le
juif venait
souvent
voir en secret, et
disait:
Yois-tu
comme mon
et je te
matre
le
est
venu prompte-
meut
ton secours.
Je
l'conome,
remercie de ta mdiation
cet
il
(.(pendant
qu'il avait
mene
;
autrefois,
(pie,
toucha
le
cur de
orgueilleux
se
de sorte
rentrant en lui-mme,
l'ait,
mit
et
penser
qu'il se prparait
un malheur ternel,
les
il
et
qu'il avait
chang
la
lumire contre
demandait ce
cette,
qu'il
heure o
secrets
des
le
piti
de
lui et
inspir
les
d'invoquer
le
secours
de Marie,
refuge de tous
me
plonge dans
l'tat
du pch,
il
lui et
dit
Lve-toi
les
va
te
prosterner
tous
maux
48
Il
LA SORCELLERIE KN FRANCE
se rendit aussitt l'glise
Notre-Dame
et
la
cher
la
gueule du dragon.
la
Il
Sainte Vierge
oses-tu,
apparut
Comment Comment
malheureux!
invoquer
mon
mon
Fils,
ton Sauveur ?
intercder pour
Comment
le
bouche en
ta
laveur devant
tu
(pie
((
tribunal
terrible
t'es
j'ai
loign?-
Je
rpondit-il,
et
je
sais
<
et
que
je
mais
le
comment
les
habitants de
Ninive, et David
!
saint
Pierre auraient-ils t
luvs ?
Comment
le
Zache
vase de
publicain ?
Comment
bien! dit
St
Paul, d'un
serait-il
la
devenu
un
<
vase d'lection ?
fesse
Eh
Vierge, con-
reni, et je le prierai
.
-
de
t'accuillir
Il
confessa Notre
lui
dit
qu' cause du
baptme
compassion qu'elle
prierait
il
elle
pour
lui
son divin
Fils.
Pendant
trois jours,
resta tendu
par
jenant.
La Sainte
des
ORIGINES DE L\ SORCELLERIE
Saintes
49
:
lui
-Homme
ta
Seigneur a vu
tes larmes, et
ni(
i,
accepte
si
pnitence.
fa pardonn cause de
-
tu
II
promit
Sainte
qu'il
la
Vieigc de l'aider
lui
reprendre au dmon
l'crit
avait donn.
crit
il
Au
cet
lui
le
l'ut
rendu
s'veilla,
trouva sur
joie.
I.e
sa poitrine et
nement
l'glise,
et
de
aux
pieds de l'vque,
peuple a Dieu
et la
le
miracle de misricorde;
Xotre-Dame,
et
.
prit
;
un peu de nour-
tomba malade,
saints (1)
mourut
nombre des
nos jours,
lequel
pensionnats, et dans
peine
les
nous
retrouverions
sans
appa-
(1)
le
texte de ce rcit
la
Mystique
l'allemand par M. Charles Sainte-Foi. Paris, Poussk-lgue-Rusand, 4 in-12, 1862, t. IV, p. 237, seq.
50
ritions
LA SORCELLERIE EN FRANCE
de Marie,
ses
et
voyants, les
traits
effusions mystiques
deve-
nus
classiques.
:
Ce que
croyance
nous
au
avons
sabbat
y remarrunion
quer
c'est
la la
ou
d'affdis
tion
si
sous
profondment
certains
ancre dans
les
esprits
du
Moyen-Age que
avec
le
hommes
le
faisaient
alliance
dmon
surtout,
fond
mme
de
la
lgende,
mme donne
primitive, d'un
me au
procur
dmon
Une
fois
bonheur
;
tricha
donc
le
dmon en obtenant
;
force de
bonnes
celle-ci arrachait
les
piges
les
dangers
fantastique du rcit
d'abord l'exal-
du dveloppement
tentation invitable
de
la
la
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
51
faire
comme Tho-
ou
les
Anges n'octroyaient
quand
la
ncessit s'en
III
Si la renaissance
il
de
la
sorcellerie,
jamais teinte
et
est vrai,
comme
parce
en
par-
dissimule
qu'elle tait
tie,
dans
les
rgions
chrtiennes,
relche,
tint
combattue sans
nous
le
comme
pour
supposons,
soi!
rieures, soit
sit
paennes,
byzantines,
se
produi-
elle
au
XIe
sicle,
un phnomne analogue
le
dbut du au
au
dveloppement
et
thologique, et
XIVe
la
renaissance littraire
trs
artistique paenne-,
mouvements
puissants
les
uns
et
les
autres.
hommes de
l'Orient.
effet
Nous croyons en
dveloppement de
la
leur
et
influence dans
le
magie
de
la sorcellerie occi-
mouse
vement tout
intrieur de la socit
chrtienne
52
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le
monde du Moyen-Age,
la
apte
magie,
mauvais.
culte
Ce
fut
et
l'extension
extraordinaire
du
des
saints
des
la
s'tre
dveloppe simultanment
voir
croyance du pou-
diabolique
(1).
et
tre
tait
devenue
loin
une
vritable
obsession
festations
On
catacombes,
des usages
celui-ci,
funbres
du
paganisme.
rituel,
foi,
Tandis que
servait des
devenu surtout
la
con-
coutumes survivant
fort
disparue
ou
devenue
les
indcise,
l'immortalit
sur
leurs
de
l'me,
chrtiens
multipliaient
mo-
redevenue vivante,
le
et,
dans
momentane par
avec eux. Dj
auprs de
sans
la
ils
inbranlable
de
revivre
Divinit,
pour arriver,
;
comme
secours
eux,
encombre,
ils
au
port
mais, cette
intercession
invi-
espre,
l'attendaient
comme un
(1)
Gebhart. Moines
et
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
sible de la grce,
53
non
comme une
opration thauma-
Lurgique.
la socit
la
manire
e
ds
plus
lit
la
fin
du
sicle,
la
devenu
rapide
et
profond, quand
disparatre
le
conversion d Constantin
d'tre
danger
chrtien
et
apportant
religieuse,
leurs
les
personnes
la
nouvelle
lui
socit
masses
des
populaires
leur
apportrent
des
aussi leur
leurs
got
rits,
amour
images,
tendances
vques de
gnantes
ou
l'poque,
aux opinions
r-
cdant
une
sage
condescendance,
chrtienne
les
semblaient
indracinables
pour
toujours
donc
les
thories
qui
s'accomplissaient
en
l'hon-
Le
culte
populaire de
madone remplaa,
suivant
les
ou de Vnus,
niscences
paennes
Les
lampes
allumes
54
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les
chaumires mridionales
dieux
lares.
pour laquelle
ses thologiens
provenance
les
paieane
analogies
trop nombreuses
Il
et trop
grandes pour
bien
voir
les
fortuites.
nous
semble
et
saints
nits
se
mettre
aux
lieux
place
des
divi-
anciennes
affectes
telle
ou
telle
maladie,
le
telle ou telle
fonction.
On
dira
chez nous
feu
de
saint
Antoine ou
la
de saint
Roch,
le
mal
de
saint
Men,
chargera de gurir
scrofules,
saint
Onufre les
rhumatismes, saint
rendra aux enfants
et sainte \Yildgeforth,
prononce Vierge
filles
forte,
don-
anmies.
aux
des
dieux gurisseurs
du paganisme. On en
ferait
litanies interminables
le
culte se
En
le
femmes
se frottent ailleurs
ventre,
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
55-
Ronan, ou sainte
dite de saint
Brigitte,
ou
mme
une pierre
Dans
jeunes
aux
le
mari dsir,
pied
;
si
on
lui
enfonce une
pingle dans
tel ou
tel
le
saint, procurent
;
du
lait
en manquent
saint
Gilles gurit
les
l'pilepsie,
Hubert,
des
la
rage.
Contre
bien
coliques ou diarrhes
saints
;
petits-enfants,
des
sont
faire
efficaces,
pour
marcher
on aura recours
de
suite
pour
(1).
toutes
misres
et
infirmits
les
humaines
joignent
dieux.
Aux
proprits euratives,
attributs
la
saints
d'autres
ravis
aux
anciens
Kn
Grce,
d'Aphrodite,
ouvre
portes
le
de
l'aurore,
et
:
les
rossignol
le
prin-
temps
c'est
Corfou.
les
saint
Spiridion
saint
Georges
protge
(1
Bien des
livres ont
et'-
crits
:
Nous nous contenterons de citer /.es saints gurisseurs le la Bretagne, par le D r Henri Ll GARD, Paris, in-S. 1903. Maury, dans son ouvrage La Magie et l'Astrologie dans ''antiquit et an Moyen- Age, dj mentionn, donne un grand nombre d'exemplrs et de citations. Nous lui en avons emprunt quelques exemples.
.*)6
LA
et
SORCELLERIE EN FRANC]
les
laboureurs
moissons
1rs
bergers
recommanqui
est
dent
leurs
troupeaux
saint
et
il
Dmtrius,
n'est
plus dbonnaire
inserit
que Pan,
pas de
nom
monl'on
dans
la
vnr sur
(illios),
les
substitu au
soleil
que
l'eux.
adorait
Italie,
sur
saint
les
cmes
a.
qu'il
dore de
ses
la
En
Antoine
place de
du cirque
Il
il
est
devenu
que
le
tait
vident
le
vainqueur
mon:
moins puissant,
(pie le
paganisme disparu de
la
dans
les
ouvrages hagioa
graphiques, des
racontait
juste
la
analogues
celles
que
tout
l'antiquit
les
paenne,
en se donnant
visions, les
peine de
dmarquer. Les
appa-
ritions, la
les
chute du tonnerre,
les bruits
si
mystrieux,
souvent mentionns
dans
Le P. Delehaye. S. J.. a publi (1 V. M.u-ry, 1. c. p. 153. an petit livre Les lgendes hagiographiques, in-12, Bruxelles, 1906, o se trouve une infinit d'exemples de saints substitus
)
:
aux
dieux.
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
57
innombrables dans
les
crits
du christianisme, en
Comme
autre,
il
ne
fallait
pas que
puissant
le
protecteur de
le
tel
que
protecteur
moine,
dvot
et, sans se
soucier de loyaut
il
pouvait,
rudit,
dans
les
autres
hagiographes, ou,
s'il
tait
dans
Ce
les fui
rves du paganisme.
alors,
au IVe sicle
et
dans
les sicles
post-
rieurs,
ne laissaient plus
place aux
pas,
il
lois naturelles.
Quand
l'crivain ne savail
A.
inventait
sans vergogne.
l'imagination,
fertile
nous devons
le
ton-
nelle foudroie
tissent, le
les
lupanar
sa
honte,
rcits merveilleux
tonnes surtout de
mort
finale
du martyr, autour
le
duquel ont
jailli
supplice, du reste,
les rcits
on pouvait
tre
thaumaturge,
le
et
cdent
souvenir des
53
LA SORCELLERIE EN FRANCE
point signaler dans cette avalanche de miracles
l'intervention
il
Un
est
frquente
du
diable,
toujours
et
vaincu,
est
vrai,
tire
Benot, et
jusqu', ce
de
l'glise
pendant
l'oraison,
que
le
fuir le premier.
Quand
le
le
pesantes
le
impossible de
les soulever,
jusqu' ce que
charme.
Que
l'on
parcoure
ce
les
hagiographes de tout
les
le
Moyen-Age,
sont
partout
mmes
rcits,
les
mmes
merveilles, les
mmes
jugement. Us
lais-
forme
la
la ralit
des faits
amenaient de plus
le
bien moral
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
diate.
59
Conclusion
archifausse
de
prmisses
mal
surnaturelle et contraire
aux
Malgi tout,
comme
aux imagi-
vnration
glises
et
les
offrandes
reli-
possdant des
se
crire,
des
orateurs
pour
les
raconter,
et
les
imaginations continuaient
de s'exalter de plus en
bonnes
ou
mauvaises,
encore
nervosit
aux gens
les
une frayeur
difficiles gurir
chez
les
tempraments
plus faibles OU
plus nerveux.
la
Dans
fort
ces conditions,
dvotion au
la
diable, risquait
dvotion aux
saints. Ceux-ci,
est
vrai, avaient
tecteur,
Comme
malgr
choix entre
les
deux matres
faible
et les
et
deux
royaumes
les
tait laiss
l'homme
pauvre;
63
la
LA SORCELLERIE EN FRANCE
souffrance,
si
plus
d'un
avait
se
rappelait
que Lucifer
encore
puissant
autrefois
domine presque
de ses adver-
mme, d'aprs
1rs dires
saires, le prince
et
il
facile,
sans croix
pines
que,
roi
dbonnaire,
et
que,
si
sa
encore
loin.
s'il
y eut,
partir du
xi e sicle,
si,
culte
diabolique,
se
comme
beau-
coup
la
donnrent
alors Satan
renoncrent
le
sant au
et
prsentant
le
diable
le
comme un
Dieu bon,
la
ne
pouvait
qu'apporter
un
encouragement
du moins
l'hypothse soutenue par un certain nombre d'crivains. Sans la rejeter compltement, nous
faire
le
devons
remarquer que
les
l'abhoraient
sa
propuis-
fondment
sance.
que toutes
saurait
les
uvres de
On
ne
culte
du diable directecesse
ment. Cependant,
le
fait
de
parler sans
de
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
Satan,
diable
le
(il
les
catholiques que
le
la
tait
dieux
et
les
diables, en
finissait
par
ne plus
hop
matres lgi-
bien pu tablir
la
une
certaine
dpendance
celle
entre
diffusion
du
Catharismeet
du culte diabolique.
Al:
l>
ROISIEME
La
Sorcellerie,
Bien
se
que
thoriquement
la
distincts,
:
deux
faits
confondent dans
le
sorcellerie
le
prodige d'ori-
gine satanique, et
des
esprits
culte de l'esprit
mauvais. Que
chrtien
empreints
disposs
du
merveilleux
le
fussent
tout
la
admettre
merveilleux
diabolique,
tache
qu'
11
est
nanmoins
les
surprenant,
auteurs
<}2
LA SORCELLERIE EN FRANGE
sorcellerie
et
de livres traitant de la
des
sciences
connexes,
vracit
et
une
la
confiance
sagacit
aussi
absolue
dans
la
des
auteurs
paens,
que
dans
les
tiennes.
sur
l'apparition
de
les
Thse
Marathon,
sur
le le
dmon
de
tu
par
habitants de Chrone,
la
sur
spectre apparais-
bataille
Philippe
les
ou
latins,
et
leurs
innombrables
(1).
en
hagiographie
chrtiens,
sacre
les
Miracles
extraoresprits
paens, miracles
tous
faits
dinaires
ainsi
n'offraient
aucune
difficult
aux
conforms.
difficile
aux rudits de
L'influence
mariages,
hommes
chan-
(1) On peut voir ces rapprochements entre autres dans les ouvrages de Le Loyer, Discours et histoires des spectres, visions Jean Wier, Histoires, et apparitions etc., Paris, in-8, 1605 disputes et discours des illusiotis et impostures etc. Rdition de De Laxcre, Tableau de l'inconstance des mauParis, in-8, 1885. Bodin, Dmonomanie, vais anges et dmons, Paris, in-4, 1613. Del Rio, Diquisitionum magicarum libri sex, souvent rdite. Lavater, De spectris, lemuribus, etc. Mayence, in-4, 1624. in-16, Genve, 1570, etc.
;
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
63
maladies soudaines,
en un
les
les dtails
mot de
la
magie mdivale,
tels
que
nous
les
En
fallait-il
davantage
prvenus
temps,
pour
fortifier leurs
croyances. .Mai s, en
mme
la
les
deux
de
religions,
l'ancienne
et
nouvelle,
sources
merveilles
identiques ?
Bon
nombre
mme
?
prfrence
Il
la
plus ancienne,
moins gnante
se pourrait
anciens
jamais
compltement
oublie,
reprenant
documents plus
nous l'avons
ail
nombreux,
dj
comme
signal,
la
contribu
conviction des
savants d'abord,
du
peuple ensuite,
diges,
que
visions,
enchantements, prodes
ici
n'taient
les cas
nullement
les
chimres,
sauf
suivant
l
attribuer
aux
esprits bons,
aux dmons.
64
LA SORCELLERIE EN FRANCE
II
d'oeil,
de
la
des Pres
de l'Eglise sur
le
paganisme.
dit,
la
suite
des Juifs,
et
nous l'avons dj
les
les
premiers
chrtiens
crivains
les
du
christia-
nisme avaient
affirm
que
dieux des
paens
du Christ
tait
et le
De
les
fait,
ce
replis
des mes
rests
;
mis en disgrce,
il
est vrai,
estims quand
mme
nom
un sens trop
sur ce
monde
ou
Quand
la foi
dcadence de
la
multiplication de ses
;
commandements,
excita la haine,
quand, de plus,
elle
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
65
surtout d'une
fortune
trop
;
accrue ou
lorsque, pr-
mme
temps,
le
contact de peuples
antique par
les livres,
il
eut rafrachi
le
souvenir des
anciens dieux,
terre
qurir
le
aux
les
rendre
elles
honneurs
mettre
dlaisss,
les
et,
puisque dmons
la
taient,
dmons
place
de
Dieu.
Une
fois le principe
admis que
les
dmons
taient
que de son ct
le
comme
le
hrtiques
quant
les
les
dmons,
dans
si
maux
le
droit
sicles
d'inter-
ruption, ce
les
06
LA SORCELLERIE EN FRANCE
en
un mot,
si
souvent dsigns
comme pouvant
car,
nuire ou servir
aux hommes
hypothses,
?
-
De
toutes
ces
malheureuse-
et
non
tirer
des conclusions
Ce qui
que
une certaine
poque, dans
croyances et
les
pratiques magiques,
et qu'alors elle
s'occupa
accentues, au lieu
fait
traiter,
comme
elle l'avait
en d'autres
les
docu-
citer l'appui
de cette
le
Hai-
Non seulement
non 4
:
il
dit
ca-
Nous dcrtons
comme mon
pre
mais
il
joignit
canons une
liste
des
superstitions
les
titres,
en
obser-
bien suffisants
persistance des
la
ORIGINES DE LA SORCELLERIE
souvenirs paens.
67
En
Histoire des
Conciles
362)
2
Du
des morts
dire
du
dadsisas,
probablement
particulier
diverses
crmonies
imits
fte
paennes,
l'antiquit
en
;
des
banquets
fvrier,
de
du carnaval en
soleil
;
germa-
nique l'honneur du
ou temples de
feuillages,
;
dans
les glises
bien germani-
pierres,
;
c'est--dire
des
sacrifices
sur
les
pierres sacres
ter
;
8 des sacrifices
Mercure ou Jupi-
9 des
saints,
;
sacrifices offerts
aux
devenus
les
dieux
de
toute, sorte,
que
11 des fon-
taines consacres
aux
12 des enchante-
ments
13 des augures
cris
excrments, et des
15 du feu obtenu
en frottant
le
68
LA SORCELLERIE EN FRANCE
16
animaux servant de
servant aux prsages
sacrifice,
;
comme
quel-
commencement de
que action
comme
de divinits ca-
si
19 de certaines herbes,
;
que
le
20 des ftes
;
21 des
;
23 des
fosses
les
traces
;
autour
des
villas
pour en carter
sorcires
21 des courses ou
vtements et
les
chaussures
25 des
morts que
le
comme
les
anciens
le
Walhalla
ou paradis
27 des simu-
lacres de bois
ts
ou de racines
;
dans
les
champs
ou mains de
la
bois, consacres la
les
mode paenne
la lune,
30 de
croyance que
femmes mangent
ou
lui
ORIGINES DE
LA.
SORCELLERIE
69
mais, longtemps
les
encore, les
capitulaires
des
souverains et
reviendront
sur
des
superstitions
conciles
analogues que
loigns
mentionnent d'autres
plus
du
ment
le
considrer
comme
siastique intelligente
saisir
du temps.
nous permet de
sorcellerie,
sur le vif
combien magie,
paga-
comme
comme
paganisme.
CHAPITRE
II
Article premier
Les
la
si
prfre,
l'accroissement
est'
de
la
sorcellerie
fait certain,
au
Moyen-Age n'en
mille
pas moins un
que
documents contemporains confirment. D'autre part, la sorcellerie, sous une forme ou sous une
autre, supposait
un gnie auquel
le sorcier
rendait
honneur
suivant
du magicien.
le
La manire d'honorer
suivant
elle
les circonstances.
En bon nombre
sacrifice,
accom-
pagn de prires
aucun
avec
dmoniaque
attribue
culte
polythiste
ancien.
On
au
LE POUVOIR DES ESPRITS
71
et
Il
nous
de tout ce qui a t
les
s'ils
offert
aux idoles ;-
preuve que
continuent
de
la
le
faire
aprs
cette
dfense,
on
les
excluera de
loin,
communion pendant
le
cinq ans.
Un
peu plus
:
mme
docule
ment
On
ceux
qui
les
sacrifient
idoles
auspices,
fait
l'augure,
observ
les
auspices,
fait
une divination
ou un
vu
trois
ans
Les malfices,
supposs
les
le faire,
se retournent
homme ou
ou sa
fille,
femme,
fivres son
fils
72
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
;
quiconque
de lune par
l'clips
;
la
de
six annes
:
Un
explicite
Celui qui
choses
minimes,
c'est--dire
ou des arbres,
pendant une
les
canons.
A mon
les
les sorts
enchantements,
des
caractres
;
maints
objets
le
suspendus ou attachs
toutes
choses par.
moyen
hommes
.
Par consquent,
prdictions,
gurisons,
enchante-
auteurs dont
il
emprunt
les
forme
d'idoltrie.
magie
et
paga-
si
souvent. Mais
73
plus grande
faire
une remarque de
la
importance pour
l'histoire qui
va
nous
la
ce qui
n'en est
la
pas. Les
documents,
grouper en deux
sries
la
premire comprend
bulles, des
les pices
dcisions
autres
sources
indpen-
civils
de
la
c'est
la
;
partie spcialement
histori-
la
bulles pon-
tificales
procs
et les
naturellement,
judi-
les
dpositions
des accuss
sentences
ciaires font
catgorie de
documents
l'on
vue d'ensemble
ces
deux
sries d'informations,
des
points
analogues
au
premier
coup
d'il,
invocations,
la
charmes, malfices,
apparitions,
mais
seconde
nous prsente un
je
ne
sais
On
les
religions
Catholiques,
le
pain de
la
Cne chez
74
LA SORCELLERIE EN FRANCE
orgies,
pour
la
description
humaine
magie des
fait
encore
moins complet,
n'est plus
les
sorcellerie
du groupe
judiciaire
affole.
Et quand on
les
s'aperoit
que
les rcits
sont
peu prs
mmes
en
France,
dans
n'importe
PLspagne, en Angle-
en
Allemagne,
partout
nous
pouvons
n'est
capable d'effacer
sorciers
Malgr
monde,
il
est
ces folies
de ne pas
aux rvlations
ides courantes
terrible
les
moyen de
ont
obtenu, force de tourments, l'adhsion de malheureuses cratures une liste de questions prpares,
presque partout
les
mmes.
;0
trs
protocoles
dans
les
autres
mmes
protocoles, est
est-il
impossible de consiles
comme
convaincues de magie,
innombrables
en aucune faon
les
considrer toutes, ni
elles,
mme la
plus
comme membres
d'une
estimant dnues de
tout
fondement,
les
diableries
il
extravagantes
qui
nous
est
de
voir,
dans
les
la trace des
croyances ou
pratiques
des
Moyenque
les
Age.
Ces accusations
ne
disent
pas
ce
sorciers faisaient ou
pouvaient
racontars,
faire,
elles rvlent,
ce que, d'aprs
les
on
leur
attribuait.
sorcellerie
servent
ques
tique,
et
cri-
en
dans
les
tableaux d'ensemble
tracer.
7G
L.\
SORCELLERIE EN FRANCE
faits-
au diable dans
primitive
et
les sabbats, se
rattachaient la magie
polythistes.
aux
religions
Les
pr-
tendus
immols
dans
les
mmes
runions,
peuvent
se
considrer
comme
La
dmon,
si
souvent
sicle,
mentionne dans
fait
dmonologies du xvi e
culte de
divinits impures.
les.
Le
syn-
pour
on aperoit encore
dans
la
mystique
satanique
de
tous
les
temps r
II
les
mes des
meut
cette
les
corps et cesse
son
action
lors
du
a
trpas,
force
que nous
appelons l'me,
toujours
intrigu les
hommes.
77
haut
que
nous
pouvons
remonter
dans
l'histoire,
croyance
a toujours t considre
comme
survivant
la
sparation
de
l'tre
qu'elle
agitait.
On
de
sait
l'ani-
mme
misme,
et
qu'une
thorie
faire
moderne,
culte
dite
veut
du
comme
l'essai
primitif
seraient,
principales
culte
formes
suivant
si
uns
le
des anctres
rest
et le totmisme,
de bien d'autres,
tribus,
les
fa-
milles
(1).
D'aprs
d'autres
systmes,
l'animisme
consisterait
attribuer
aux
phnoqu'il
mnes
que l'homme
Quoi
les
mes
(1) Sur le culte des anctres et le totmisincon peut consulter l'ouvrage de Chantepie de la Satjssaye, Manuel d'histoire de religions, traduit de l'allemand sous la direction de Henri Hubert et de Isidore Lvy, Paris, in-8, 1904.
78
LA SORCELLERIE EX FRANCE
et capables d'agir
mme
mort.
il
De
coup
ce monde,
difficile
mais que
les
Spirites, nos
contemporains, et bon
nombre de nos
aeux, ont
Les mes
de
la
terre.
Un exemple
fameux,
tir
de
la
Bible,
cette
7)
(I.
Reg.
xxvm,
que
le roi Saiil,
des claircissements
sur
trouva Endor
de
faire apparatre le
effet,
il
Jui
annona pour
le
que
fut l'inter-
prtation donne
fameuse,
esprits
elle
dans
tronome (xvm,
vous
ni
11)
Qu'il
ne se trouve parmi
ni
enchanteur,
ni
,
Pythonisse,
devins,
ni
consulteurs de morts
79
abominations
se
En
la
et
XI)
se
rend sur
il
le conseil
de Circ dans
le
revenir
tue
l'me de Clonice,
jeune
fille
qu'il
avait
Pompe
la
la
;
guerre de Pharsale.
rsurrection d'une
On
attribua aussi
fille,
Apollonius
jeune
l'vocation d'Achille
Apion
le
gram-
mairien, celle
l'empereur
d'Homre
Othon,
Nron, celle de sa
mre
celle
magiciens,
spcialement
de
de
chez
les
Grecs
le
nom
Psychagogues,
salie
et,
jouissaient
d'une
rputation
extraordinaire
dans
sa
Pharsale
(1.
VI),
un
faite
Erichto,
la
demande
de
Sextus
Rio, p. 226, 237. Le Loyer. Discours et histoires et apparitions des esprits, angesr, dmons et mes se monstrans visibles aux hommes, divisez en huit livres. Paris, in-8, 1605, p. 202, seq. 520 seq. 672.
(1
)
Del
80
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sujet choisi tait
Pompe. Le
un lgionnaire rcemles
ment
cires
tu.
sor-
leurs
devancires,
sous
des
noms
diffrents,
taient
vraiment
ques,
latin,
il
les
nous
celle
Alors
lui
faisant au
elle
ml des
flots
de l'cume
bave des
le
rmora qui
yeux du dragon,
et
la pierre
sonore
que
l'aigle
la
couve
Arabes,
vipre de la
mer Rouge,
la
la
membrane
poisons
et les poissons
fameux,
elle
tous
les
tres se fait
d'abord qu'un
murmure confus
la fois
de
la
l'aboiement du chien,
81
le
hurlement du loup,
des serpents,
le
il
cri
lugubre du hibou,
aussi
sifflement
tient
du gmisse-
se brisent contre
un
cueil,
du
les forts, et
du bruit du
sons
divers
dchirant
la
nue.
Tous
ces
enfers (1)
la
Mort, Pers-
Noires divinits,
ma
prire, et,
si
ma bouche
criminelle
jamais
elle
ne
si
vous
j'ai
nomma
gorg tant de
mre
dans ses
rempli
vases
rpondre
la
magicienne.
Celle-ci, furieuse
de ce
et
un serpent vivant,
(1) Nous avons emprunt la traduction et le rsum de cette eone la traduction de la Pharsale par M. Durand, Paris, in-18, et Goerres, Mystique, traduite par Sainte-Foi, t, IV, p. 134 seq.
82
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le silence
du
Tisiphone, mgre
l'oreille
de
fouet
ombre maudite
chane
les
chiens du
Styx
les
la
tombeaux
bchers
toi,
je
vous chasserai de
!
Et
et
Hcate
je t'enchanerai
dans
ta
forme ple
;
plus en changer
je rvlerai tes
appt tu
prendre et
royaumes sombres
t'es livre
tueux amour tu
et
au morne
des morts,
que
pas voulu te
juges,
je
rappeler.
Pour
toi,
le
plus
mchant des
du jour y pntrera.
j'invoque
terre, afin
Obirez-vous ?
fait
Faut-il
que
celui
dont l'apparition
la
trembler la
que
Enfin,
et
dfaite de
Pompe
enfers.
On
voit,
Anciens
avait
;
la
voie
aux
des
la
inventions
mdivales
heurta
toutefois,
le
l'vocation
morts
thorie
se
dans
christianisme
du
83
fixe
le
jugement
dfinitif
divin, qui
suit la
mort
et
sort
seul.il
voquer par
les sor-
cires
les
dmonologues tournrent
la difficult. Ils
donner une me
la facult
de rapparatre, mais
Si
que
ces
donc
les esprits
la terre, ce n'tait
le
que par un
du dmon
en d'autres termes,
dmon
et reprsentait le
En bonne
pratiques de
rgle,
on
voulait s'en
l'appel
tenir
aux
et
l'Antiquit,
d'un dfunt
;
comnous
les
mandement d'un
annales de
tiers,
sorcellerie
du Moyen-Age. Je ne
Il
sais
mme
s'il
en existe un formel.
de
faire parler
sous
que semble
des
tique
l'vocation
mes,
c'est--dire,
suivant
dmons
On
appela
les
magiciens capables
de consulter
les
mans.
Ils
84
LA SORCELLERIE
EN*
FRANCE
Nous aules
pro-
mdivaux.
de
les
contenter
avoir simplement
et
propos de
la
fin
de renvoyer
de
ou
Spirites.
III
les
spectres ou
innombrables ont
depuis
des
sicles.
charm ou
Sur
la
terrifi
l'humanit
les
:
opinions se partas'il
et, en tous
les
traitrent
de fumis-
les
85
permission de Dieu
d'autres supposrent
fantmes
envoys
par
Dieu
un
troisime
en
d'autres
circonstances.
les
fallut
donc discerner
et
des
;
mauvais anges,
les
celles
anges
et
des
mes
de livres
tous
considrables,
qui
ne satisfirent pas
monde
croyait
aux appala
comme
preuves de
vrit
de ses croyances,
prcisment
la
rendit
l'entente
Ainsi
les
menson-
gres
les
visions
catholiques,
qui
proclamaient
les
:
l'erreur
du
Protestantisme.
ripostrent
Naturellement,
le
Catholiques
sur
si
mme
ton
ils
que
les
faire
reste,
pour
assez
en
contrebalancer
ils
l'importance.
Au
les
volontiers,
concdrent
effet
que
rformateurs avaient eu en
elles
taient
d'origine
diabolique
car
les
deux
86
partis
se
LA SORCELLERIE EN FRANCE
concdaient
le
diable mutuellement
(1).
La
difficult
tentions
opposes, provenait
de ce que
les
thofacult
sainte,
dmon
la
de se transformer ou d'apparatre en
me
il
n'tait
et
savait
fort
bien,
conseiller
de gagner
la
il
confiance, mais,
une
fois
dans
la place,
peu
peu,
utiles,
souvent
effi-
ments,
la
direction
le
du
confesseur, n'empchaient
l'obis-
cependant pas
sance
l'Eglise
complte
pouvait
empcher la
fois, les
immdiatement
l'influence
se
mauvaise,
et,
pendant
de longues annes,
laissrent
(1)
Lavater. De
spectris,
lemuribns
et
frayoribus, in-16, Genve, 1570, passim. D. Calmet, Trait sur les apparitions des esprits, 2 in-12, Paris, 1751, t. 1, p. 371.
jour,
87
fin.
peut-tre
aussi
conserves jusqu' la
faire les
mes dans
le
monde
quitt ?
Elles
faisaient savoir ce
l'autre, disaient
leur situation
donnaient
cela,elles
des
avertissements
aux
vivants.
porelle,
Pour
On
disait
les
en partiaines
comme
chez
les
Anciens, que
des
assassins apparaissaient
pour
faire
connatre leurs
contaient en meurtriers. Les rcits de ce genre se nous parat tous les pays.avec des variantes. Ce qui crance devant des plus fort, c'est qu'ils aient trouv
la
Tournelle de
femme du
de
la
il
fut
seul. 'nu
que
la
son mari
noms
des meurtriers.
le
A
des
mme
poque,
jugement capital
analogues.
et
Un marchand
dans un
cellier
assassin par
femme
enterr
apparaissait son
Le
y trouvait
tre
le
cadavre,
et
la
femme
fut
condamne
pendue, puis
88
LA SORCELLERIE EX FRANCE
(1).
brle
Quelquefois
les
victimes se chargeaient
elles seules de la
vengeance.
J'ai
vu,
le
raconte
rapport de
de son temps,
l'an
j'ai
vu un jeune
homme
prisonnier
colre et
MDLXIX,
se
qui avait tu sa
lui
femme en
nanmoins
plaignait
les
qu'il
n'avait
aucun repos,
tant toutes
disait.
nuits
battu par
icelle,
comme
:
il
Avec bon
Et
que
cela n'advient
pas tous
meurtriers (2)
Il
suffit
vies
des
pour y
trouver
des
apparitions
le
bonheur,
les
jouissent dans le
ciel.
En
revanche,
damns viennent
ce genre,
Je
un
juste
jugement de Dieu
puis,
dans
renvoy
(1)
Le Loyer,
Discours
et histoires
de spectres, visions
et
appa~
ritions etc., Paris, in-4, 1605, p. 677 seq. (2) Bodin. De la Dmonomanie des sorciers, in-16, Anvers,
1586, p. 123.
89
suis gnral Je au lendemain par suite de l'moi Dieu , et enfin, une jug par un juste jugement de
troisime reprise
Je
suis
condamn par un
juste
jugement de Dieu
Le jeune Bruno
assistant cette
rsolution de quitter le scne terrible y prit, dit-on, la Chartreux, puis alla fonder l'ordre fameux des
monde,
(vers 1084). dans une valle dserte du Dauphin visible, les mes Parfois, sans revtir une forme
elles
grattaient
pierres
;
aux
jetaient
des
flammes,
des
impri-
livres
ou du bois l'em-
si les
le feu,
on en concluait
que l'me
se trouvait en enfer
ou au purgatoire. La
mes dfuntes, rcits plupart des rcits touchant les littrature chrtienne, ont
fort
nombreux dans
la
Comme spcimen rapport des prires demandes. suivant Doni Calmet, de ces rcits, j'emprunte le des esprits (Tome I, dans son trait sur les Apparitions
p. 364).
Un
ses
bourgeois de
la ville
d'Oppenheim,
nomm
certains
Humbert
suivit
(1620).
Le samedi qui
d'our
obsques, on
commena
il
premire
femme,
car,
lorsqu'il
mouiat,
il
s'tait
90
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Le matre de
cette
y revenait,
lui
dit
Si
trois
trois
coups seulement
plusieurs
car
Il
pour l'ordinaire
faisait
il
frappait
coups.
la
se
aussi
quelquefois
entendre
et
effrayait
tout le voisinage
articules
;
il
ne profrait pas
il
toutefois
des voix
mais
se
faisait
un gmissement, un coup de
sifflet,
ou
par
cri,
comme
Tout
cela
tout coup.
il
Au
et
se fit
Le matre de
hardis lui
et en quoi
maison
et ses
domestiques
ce
qu'il
les
plus
demandrent
on pourrait
enfin
;
souhaitait,
l'aider
:
il
samedi
incommod ne put
mais
il
rendre au
jour
y vint
le
nombre de personnes.
On
en avertit Humbert,
intelligible.
qui
rpondit
s'il
d'une
manire fort
On
lui
demanda
deman-
91
s'il
il
il
en
demanda
trois
voulait
dit
:
qu'on
fit
des
aumnes
son intention,
Je
que
ma veuve donne
Il
quelque
chose
tous
mes
enfants.
On
lui
demanda
pourquoi
autre;
il
il
infestait
cette
s'il
sacrements de l'Eglise: Je
prdcesseur.
les rcita
les ai
On
lui
fit
dire le
Pater
et
Y Ave
il
par un mauvais
dire
ne
lui
permettait pas de
Le
prmontr de l'abbaye de
le
mardi 12 janvier
singulire
on
lui
donna
Ils
trois
religieux
pour
l'aider
de leurs conseils.
se rendirent la
;
ses instances
qu'il
car
avait
demand.
Il
s'y
Humbert de
;
il
la
lui dit
de nouveau
92
LA SORCELLERIE EN FRANCE
il
diffra
une
le
:
pierre, et
matre dit
bas
il
qu'il
pt
qu'il
Il
frappe sept
fois,
et aussitt
frappa sept
fois.
avec
la
mme
comme on
lui
en demanda
le S.
Sacrement
ils
avaient dit la
Le lendemain, on
dit
les
trois
messes
qu'il
avec
lui
on promit de
faire les
aumnes
au premier
plus
.
jour.
IV
Comment
agir
les
elles revenir,
sur
les
objets
visible
ou tangible
De
Moyen-Age durent
agiter,
avant que
les Spirites
ne
93
ces
phnomnes
Les
discussions
nombreuses,
les
ardentes
entre
les
croyants,
des
interrompues par
et
attaques de flanc
d'objections
la
incrdules,
parsemes
sans
cons-
bien
les
superflue
de
l'ignorance
humaine,
puisque
pas, plus
nature de l'me,
inhrentes la
et
le
d'un esprit,
les
proprits
la
matire
mode de
deux
sortes de
substances
ait
questions mtaphysiques
comme
qu'il
de bien d'autres,
o l'homme
dguise
son
ignorance en fabriquant
en
soit,
les
thol'opi-
moins
nion modre
qui,
du
reste,
ne solutionnait aucun
problme,
et
consistait
dire
aux
mes
une
facult
extraordinaire
nous pouvons
(1
Suarez. De anima.
1.
6, c. 2, n. 3.
GRRE9,
t.
TU ,p.
417.
94
LA SORCELLERIE EN FRANCE
car les
mes
ainsi
monde
faits,
en sont
Elles
semblent en
effet
comme
des dmons,
au contraire,
pour
terre
faire
enrager
les
hommes
habitant encore la
(Del Rio,
p. 264).
ginations
dans
toutes
les
teurs.
Dans
l'impossibilit
lgendes,
nous nous
faits,
loignes
l'une
s'agit
En
1583,
raconte Grres
fut
(1.
V,
xxin),
hante par un
l'habitaient.
table,
esprit, aprs la
Pendant que
les
maison taient
Toute
trs
la paille,
;
menue
les
95
mes au verrou
de leurs gonds,
et
et
Un
plusieurs jours
demi-mort.
ces faits,
et
Un
ce
tmoin de tous
et
bnit la
tout
l'eau
bnite,
mme
la
qu'il et recours
les
aux
la
propritaires de
de
grces
et
baptise dans
la
mis-
nommait Catherine.
la
raconta
la
Dans
fut
nuit o
maison
cadavre en plein
de
sa
air.
le
Le
frre
;
de l'htesse
fut
tir
chambre par
bras
les
paules quelque
en porta
les
un
cheval, trs
et se
auparavant, devint
les
furieux
curie,
murs de son
pendant toute
firent
les chiens,
de leur ct, ne
le
qu'aboyer
et
courir.
Lorsque
cadavre fut
l'ap-
enterr,
96
LA
SORCELLERIE EN FRANCE
vit,
sans
tait
un vase qui
et
les
ville
enviions
dans
maison
de
feuilles
de palmiers,
comme
Une
tire
presque toutes
fut,
les
autres maisons de la
ville.
servante
en pr-
sence de toutes
les autres,
par
la
jambe, sans
alle,
le
qu'on vit
7 octobre,
personne.
Une
autre,
tant
le
chercher un vtement
dans
vestiaire,
elle
un vase.
Comme
avec une
telle force
contre
le
mur
qu'il se brisa
en
mille morceaux.
mur de
cette
chambre, en
fut
mme
jour,
pendant
que
la
le jardin,
une moiti de
tuile
tomba
Va
petit
mme
au cou
temps
'
crier
gle
On
ne put
le
maison
et se retirer
97
Le 19 du mme
mois,
comme une
elle
de
celles-ci
s'entendit appeler
elle fut
de Dieu, et de retourner
ensuite avec
l'avait
un
cierge allum
elle
au
lieu
la
voix
appele,
le
fit,
accompagne de deux
dans
la salle,
elles
premire
qu'elle
devait
compagnes,
sa tte
et,
comme chtiment
avait autour des
elle
La servante
plit
:
le
Approche donc,
disait
Bon
Jsus,
comment ne pas
tre pou-
vante en te voyant
Comme
elles
parlaient
dit
disait,
afin
de
le
98
LA SORCELLERIE EN FRANCE
purifier
lui
pour se
Catherine
de
:
toutes
ses
fautes.
je suis
L dessus
damne,
et
dit
Sache que
que
je souffre horriblement,
les
particulirement criminels...
contradictions
de
telles
histoires,
mais considres
comme
vritables par
Inutile
des
mes
simples,
portes au
merveilleux.
la facilit
avec laquelle
ceptibles de croire
et
des
sorciers.
chaire,
dans
les
soires
familiales,
les
ne pouvaient
manquer d'impressionner
et les
rendre plus
faciles interprter
un
bruit,
comme une
verrou de
la
chaumire pouss avec prcaution par crainte d'irruption subite d'un revenant,
un voyageur ou un moine
il
Les
enfants
se
reprsen-
au bec crochu,
99
dans
les
tnbres, et
se
sentaient
mal
l'aise. C'tait
les
dans
et,
les
de leurs amis,
durant
cement
vite et
le
On
disait
que
les villages
y trouvaient des
en sortait un
morts engraisss,
fleuris.
On
leur perait le
;
cur d'un
pour
se
sang vermeil
aussi,
dbarrasser de leurs
il
morsures mortelles,
les
tuer dfinitivement,
les
fallait
absolument
les
consumer dans
flammes. Heureu-
sement cette sorte de flau naquit assez tard. Jusqu'alors inou, malgr les tentatives de le rattacher
relles
des temps
dans
les
Moravie, de la
Silsie.
Bohme, de
Il
la
Hongrie, de
les
Pologne, de la
y excita beaucoup
imaginations, semble-t-il,
(1).
(1)
t.
les
II,
100
LA SORCELLERIE EN
FRANCE
ARTICLE DEUXIEME
Les Gnies
Sur
ritions
la cause, la
manire,
la signification
des appas'agi-
des
revenants,
bien
des
discussions
trent,
comme nous
l'avons vu,
;
d'autres crurent
d'autres admirent
que Dieu
mes
revenir,
commune
ils
acceptrent
la
forme
chose fut
diffi-
cela
la
va de
Aussi
les discussions
avancrent peu
mnes, dont
la vrit.
Il
connaissance intime
de phno-
bien
en fut de
mme
gracieux
de l'imagination
ou des
terreurs
popu-
101
ces
gnies veillaient
profondeurs des
la
germe, sur
moisson
toits
dans
les
greniers,
ne mprisaient pas
les
de
d'autres
monde ne
aucun
car le
follet,
phnomne
phnomne,
n'chappait
c'tait
influence;
fe,
besoin de l'esprit
humain de
afin de
concrtiser, de prciser
croire.
quand
il
le
peut,
comprendre, ou de
la
Dans
fallait-il
classification
mettre
ces
mille
que l'antiquit
du couchant
veillance, plus
et,
rarement
(1)
Trithme,
cit
par
1.
Del
Divinis inatitutionibus,
2, c. 15.
Wier,
Rio, p. 279.
1.
Lactance.
20,
t. 1,
De
1, c.
p. 109.
102
et les
LA
SORCELLERIE EN FRANCE
c'tait trop
dmons;
les tho-
fallait
appartenir
l'un ou
suffisantes,
sans doute,
nu casa
tous
nos pauvres
Dans
l'enfer, les
si
les
bergers
;
d'autan avaient
l'enfer,
souvent admir
les
bats
dans
que
:
le
danser dans
la
lande
dans
le
lover pauvre
a soin
levs du
demment,
savait
la
et
le
peuple en
qui,
au
moment de
couverts
elle
voulut
prciser
ce
qui
se
cachait
derrire,
votre
apparence brumeuse,
votre prestige,
le
fil
elle
vous dpouilla
la
ainsi
de
et,
dchirant
de
la
Vierge au manteau de
mre de Jsus,
elle
On
s'ils
les
lgendes,
la
avaient pu
remplacer, et surtout
si
con-
103
les
gnies-
que
des diables,
les
attendre,
les
les
prier,
voir,
se
ranger parmi
adorateurs de Satan,
crime antisocial au
seul
premier chef,
dont
le
bcher
telle
menace
est
ait
de nos demi-divinits
survcu au Moyen-Age.
Mais
elles
taient
si
ancres
si
dans
les
mmoires,
ce qu'on
commode de
si
chants,
elles
continurent d'animer
mme
condescen-
le
comment, consentirent
laisser
l'enfer.
De
ces
dmons,
dit l'abb
Trithme
(1),
les
(1) Trithme ou Tritheim (Jean) n en 1462, mort en 1516, abb des bndictins de Spanheim, a crit un grand nombre d'ouvrages d'histoire et de thologie. Le passage, que nous citons, est tir de ses Questions Maximilien Csar ; il ^ t donn par
Del
101
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les forts et les
;
uns habitent
piges
bois
ils
tendent des
aux chasseurs
ils
plaines malsaines,
la
nuit
et les cavernes
les
demeures humaines.
grand
chef.
Du
reste,
les
populaire,
spcul'exis-
doute
touchant
demi-dieux
divers
ou
demi-dmons.
leurs
se
Leurs noms
leurs
taient
;
comme
pays et
diver-
fonctions
ils
avaient un sexe, et
sifiaient
complaisants,
hommes.
II
Fes,
nains,
korrigans,
gants,
elnes,
elfes,
goblins,
follets,
gnomes,
ondins
>
ogres,
lutins,
sylphes, nations,
les
salamandres, trs
varies
leurs
dnomisuivant
et
encore
changeaient-elles
langues,
On
ne l'taient
pas moins.
doute
105
sur le
on
se
des
choses
compte de
rond dans
rivires
clairires,
ou des mares,
de
la lune,
mais
l'in-
punissaient
se
foyer
s'amusaient
les
le
pav
tait lav,
repass ou recousu, le
lin fil, le
feu allum,
invisibles, reconnaissantes
la
gnie tutlaire, de
bonne
arrivait parfois
que
beauaussi
coup,
mais
ne
faisaient
pas
grand'chose
dmon. De
ces esprits,
(1),
mdecin du duc de
de
l'ellbore
que du bcher
de ces esprits
les
uns
(1) Histoires,
disputes
et
et
impostures
etc.
t. 1,
empoi sonneurs,
vol. In-8,
p. 124.
106
LA SORCELLERIE EN
et plaisants, et
:
FRANCE
sont doux
nomms
esprits familiers
cipalement dans
maisons au plus
coi (tranquille)
de
la nuit et
on entend monter
les
descendre
tirer
les
degrs,
ouvrir
portes,
et
;
faire
faire
le
feu,
de
l'eau,
apprter
manger,
toutes
choses
ncessaires
rien.
une
maison
On
en entend
longtemps auparavant
nous voyons tre
faites,
les
choses,
ce qu'ils font
futures,
pr-
voyance
le
qu'ils
ont
des choses
au moyen
tissent
que bientt
la
les
pour emporter
ce
marchandise qui
j'ai
en vente
fort
que,
autrefois
observ,
et
tant
la
jeune,
Mathias, en
pre et
maison de
Thodore
et
Agns,
mon
mre (desquels
nous
grandement,
car
lorsqu'il
y
les
avait
.
beaucoup de houblon au
chands
taient
grenier, et
que
mar-
en
chemin
la
pour venir
l'acheter,
le
jeter
que
le
107
marchands avisent
quelque voyage
dise, ils
leurs
trafics,
et
qu'ils
ont
faire
Ce que
le
diable
ses
ayant
entendu,
montre
beaucoup auparavant
lesquels les
marchands s'acheminent
en donne tout
loisir
:
car la distance
il
des lieux
lui
et ainsi
semble
dj commences.
Nous
bilit
laissons naturellement
Wier
la
responsa-
parat,
somme
toute,
un bon
diable.
Revenons
nos gnies.
Les uns,
la
prposs
aux
trsors
les
mtalliques
de
terre,
les
accumulaient et
;
gardaient
le
dans
leurs cavernes
ils
aimaient
manier
marteau
contemils
sur
l'enclume,
et,
d'un
il
fraternel,
ren-
les
mineurs, avides
On
reconnaissait (1)
deux
(1)
J'emprunte
t.
le
Apparitions,
1, p.
108
LA SORCELLERIE EN FRANCE
trois
:
ou
mines
uns sont
fort
;
petits et ressemblent
les
autres sont
comme
des mi-
vtus
comme
un
tablier
de
des reins
aux
ne font mal
ne rsulte rien de
En
reux,
les
qui
maltraitent
les
ouvriers,
chassent,
tuent
quelquefois et les
trs
contraignent
et
d'aban-
riches
trs
abondantes.
Couronne de roses
un
esprit en
forme de cheval
et obligea
fougueux
les
et ronflant tua
douze mineurs,
cette
entrepreneurs
trs
d'abandonner
entreprise,
quoique d'un
nomme
ayant
saisit
S.
Gregori en Siseberg,
parut un esprit
noir,
le
la
tte
couverte
l'leva
d'un
fort
chaperon
haut,
puis
qui
un mineur,
et
le
laissa
tomber
blessa considrablement.
Certains gnies,
liers,
l'occasion, cousaient
les
sou-
les
faisaient l'office de
109
Islande,
On
racontait ainsi
qu'en
des
les
dmons
familiers,
nommes
Trols,
servaient
des
accidents
les
ou
des
rveillaient
pour
aller la
pche quand
il
faisait
bon
s'ils
On
dit aussi
chambre
et ses
habits.
Comme
le
Suprieur
entendit
causer
il
un
insista
de
l'existence
du gnie
celui-ci,
apporta
une chaise
aussi,
sans
vouloir
bruiter
l'affaire, le
dmons
familiers
manifestent leur
s'ils
colre
sont
mcontents.
les
toits
ou
dans
livre
les
appartements;
des
;
entrechats, sous
de
mains
invisibles
les lits
aux
sorciers,
tantt
aux
peuvent
a,
l'tre
gnies.
On
du
reste, fait
HO
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ils
circonstances,
se
mchants. peu espigles sans doute, mais pas trop du bon l'affirmation ce dmon qui, suivant
Tel
m,
c.
5 n.
.>,
fidlement
un chevalier
allant cher-
et ourit sa
cher, en Arabie,
le
corps de
(1)
la
sart
Il
connaissait
nous conte, en
effet, l'histoire
clerc,
et
dmon
les
allait
voyager
venait
raconter son
passait
matre
nouvelles de
ce qui se
dans
le
monde.
Dans
certains cas,
la
le
le rle
de ce que
gardien;
il
thologie
catholique
appelle
l'ange
visite.
cit,
est
rput
tel
Bodin,
le
jurisconsulte,
nous
parle
d'une
personne
de sa connaissance,
depuis 37 ans,
duite, tantt
lui
pour
(1)
t. Il, p.
1.
3,
c.
22
Edition du Panthon
littraire,
111
lui aider
pratiquer
la vertu,
ou pour
rsoudre
la lecture
les
difficults
qu'elle
rencontrait dans
conseils
il
sur
propres
affaires.
Ordinairement,
ma-
tin,
pour
l'veiller
cela,
et
comme
cette personne se d-
fiait
de tout
ange, l'esprit se
fit
un banc.
et d'utile,
s'il
bon
touchait
l'oreille
droite
mais
tait
il
question
lui
temps-l,
ne
dont
il
n'et t
a entendu sa voix,
un jour
sa
vie,
qu'il
il
se
de
vit
son
gnie
sous la
forme d'un
l'en
enfant d'une
rantit (1)
Si le
.
beaut
extraordinaire, qui
ga-
dmon
familier se fche,
il
devient facilement
dont
le plaisir, si l'on
en croit
le
(1) Nous donnons le rsum fait par D. Calmet. Trait des Apparitions, t. 1, p. 260, du rcit beaucoup plus long de Bonrx dans sa Dmonomanie, 1. 1, c. 2, p. 17, seq.
112
LA SORCELLERIE EN FRANCE
marmitons.
De
narrateur
(1),
un
esprit malin
apparut plusieurs,
et
pour ce
qu'il portait
un
bonnet,
les
villageois
l'appelaient
communment
nommait Hutgin,
les
prenait
singulier plaisir de
hanter
en
Il
forme
visible,
parfois
parlant
si
ne faisait
mal personne
lui
on
ne l'agaait
il
mais
si
quelqu'un
faisait outrage,
Bur-
card,
t tu par
Herman,
en proie
au moyen de quoi,
heim, et
le
rveillant, lui
ment
la
et
L'vque
se levant,
joignit
1 Nous empruntons la traduction du passage suivant dans l'ouvrage rdit, cit plus haut. t. 1, p. 127, seq.
(
)
Wier
113
pour toujours
l'vch de Hildesheim,
du consen-
tement de l'Empereur.
Le mme
coutume) avertir
Il
se
montrait maintes
servant
il
parmi
maison de l'vque,
les cuisiniers,
assez
promptement
avec lesquels
la
devisait
presque ordinairement en
cuisine.
mance,
gnait,
il
devint
si
familier,
que personne ne
il
tellement
qu'un jour
advint
qu'un
des
valets de cuisine
trager,
commena
lui
le brocarder et ouqu'il
jetant
contre
pouvait trouver en
fois le
plusieurs
le valet,
autre-
ment
s'en vengerait
:
Tu
le
un
esprit et tu crains
:
un valet?
tu ne
le
quoi
diable rpliqua
Puisque
je t'en prie,
avant
qu'il soit
je le crains.
Cela
jour,
dit,
Tt
aprs,
comme un
dpea
il
laquelle
dcouvert
commena
maudire
l'esprit, lequel,
114
LA SORCELLERIE EN FRANCE en
sur le
rti
table de l'vque et de
outrag derechef,
les fosss
le jeta
du chteau. Puis
faisait la
ronde toute
contraignit toutes
les
gardes de faire
le guet.
Tri thme
fait
:
un autre conte de
ce
diable,
comme
point
s'en suit
Un homme du
tant
dit,
Hutgin
Oh
bon compagnon,
retour,
je te
La femme, en
l'absence
de son mari,
uns
aprs
les
autres
se mettait invisible-
en bas
les paillards,
introduisait
en
sa
maison
nouveaux
pail-
mais
sitt
qu'ils
au loin contre
ment
le
mari revint, et
comme
il
115
le
vint recueillir
trs
joyeusement, et
dit
Je
suis
baille.
Sur
ce,
le
mari demanda
Je
suis, dit-il
femme en
temps. Je
garde,
les
peines du
monde
commis
prie
:
que dsormais
car j'aimerais
m'en
laisses plus la
les
charge
(I
pu
pour
me tromper
et faire folie
de son corps.
Finalement
contraignit
esprit sortir
l'vque sus
malin
du pays.
trait
Ce dernier
est
caractristique de l'poque
siastiques effrayaient les
les
le
censures ecclles
hommes,
animaux
et
diables
elles
n'empchaient pas,
comme on
familiers.
des
hommes,
ni
les
tours
des
esprits
Ceux-ci
frisaient
souvent
l'impertinence.
le
Ainsi,
tonnerre
dans
la
et se
mit
chambre.
On
116
LA SORCELLERIE EN FRANGE
coffre
;
ramassa un grand
saient de
fai-
mal
personne
quand Latomy,
pr-
sident
du Parlement de Toulouse,
s'avisa de venir
pierre et le fora
de dguerpir
Un
dans
l'eau de sortir.
Fort souvent,
si
les esprits
la
Un
camarades virent
bte sortir de sa
un ruisseau
l'esprit rentra
mme
qui
chemin, sous
se rveilla
la
mme
homme,
aussitt
raconta
qu'il
il
venait de faire
(1)
Bodin. Demonomanie,
1.
3, c. 6, p.
(2)
Wier,
1.
1, c.
14,
t. 1,
p. 68.
271.
semblables se disent
Rameau
tous les pays. Cf. Frazer, Le les mes des gens endormis qui vont se promener hors de leurs corps sous une forme animale.
un peu en
Ce sont
117
un pont en
fer.
Ces
les
faits et
citer,
raconts
crivains
t
par
les
chroniqueurs
les
nafs
ou
sont
par
loin
spciaux qui
discutent,
d'avoir
tous considrs
comme
des apologues,
comme de
(1).
ARTICLE TROISIEME
Les vrais
Dmons
I
Tous
les
portaient en bloc
nom
demi-terrestre
faisait
cependant
d'eux un
monde
ne se hasardant pas
uns distinguaient
des
dmons
igns,
ariens,
autres,
per-
(1 ) Garinet. Histoire de la Magie en France, in-8, Paris, 1818 Dissertation sur les dnions, p. XXXVII, p. 123.
118
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ainsi
mettant
d'introduire
les
dans
les
catgories
l'antiquit
;
dmoniaques tous
demi-dieux
de
demeures
prtendues
tous
de
les
tous
ces
gnies
et
souponnant, dans
le
produit
des
imaginala
bonne
;
envie
qu'ils
avaient
d'y
croire
eux aussi
ils
des
deux grandes
classes d'esprits
les
bons
et les
mauvais.
Une
ils
inbranlables
ni
mauvais, sur
et
les vrais
dmons, habitants de
l'enfer,
sujets
compagnons
dogme
ecclsiastique
comme
de purs
esprits, autre-
fois anges,
lutte
es
cts St Michel
et
les
bons anges.
(1)
Sous
une
de
se
Dieu
et
des gants,
ou des gnies,
les
mythes
reli-
Cette
concidence est
(1)
c. 3.
Suarez, De Angelis,
I.
7,
cl.
Petau, De Angelis,
1.3,
119
l'explica-
mais se rattache,
comme
particulier
celui
premires pages de
ici
du
Bien qu'tant en
de
la
ces
dmons
jouissaient
hommes.
7),
avait
attribu
le
rle
anciens de
la
Gense (m,
seq.),
qui con-
homdu
me.
Chacun connat
par
fruit prsent
le
serpent
Eve
et
par Eve
occi-
Adam,
fruit
narrations
dentales,
une
pomme; nous
dans
les
la
trouverons
plus
d'une
fois
rappele
compter
ses
passions
naturelles,
avait
au mal
et
La thologie mystique,
surtout, avait
insist
sur
120
la
LA SORCELLERIE EN FRANCE
humaine, proie
convoite par
les terribles
Pour
se dfendre, elle
sa propre nergie,
ncessit
mais on
rappelait surtout la
la
du secours divin
Malgr
de
des
et
de
protection des
bons anges.
l'ensemble
restrictions
de
principe
l'enseignement
mdival,
surtout
du plagia-
nisme sur
la grce,
Satan autour
de
celle-ci
sort
aux
dire
que seule
elle
celui
de
la thologie
de
l'effort personnel.
les
En
pch,
rsum,
dmons
instigateurs
la
du premier
connu par
Gense, s'taient
vu
la
imputer tous
les
autres crimes
commis depuis
ne
faisait
pas disparatre
elle
la
culpabilit
la
humaine
et d
diminuer beau-
121
tentation,
la faute, la
insistaient
de
pnitence mrite et
gran-
deur de l'expiation future, en sorte que l'homme, expos aux sductions diaboliques, impuissant
lutter seul, avait
que ce secours
cet
tait
toujours
suffisant.
Comment avec
appui
suffisant et tout-puissant,
le
vague, et
les
discussions qu'ale
souleves
Gotteschalc
dans
courant
du
ixe sicle,
difficiles,
n'avaient
pu que
troubler les
mes par
la
perspective d'une
;
prdestination
absolue,
irrsistible
c'est--dire,
la faiblesse
la
somme
toute,
bonne
les fautes
de l'hula
toujours
considre
comme
de
la nationalit d'Isral,
n'avait pas
la
manqu
thologie
morale du christianisme,
remontait
C'tait,
fait
elle
et,
du
reste, les
s'taient
idoles.
forme des
122
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le
que
souffert,
en apportant
(1).
au
monde
la
Rdemption
vanglique
II
Maintenue
la
ces hauteurs
dogmatiques
et morales,
d'autres
que
celles
des
adversaires de
fondements
sement,
elle
essentiels
du christianisme. Malheureu-
De bonne
heure, par
dmons
de tous
pos
le
les
maux
de l'ordre matriel
(2).
Une
fois
dmons,
Neptune, Amphitrite
et
domaine des
ces
flots ?
pas
dclar
que
dieux
assists
l'air,
(1
c.
Thomassin. De Incamalione,
;
1.
2, c. 9
34
1.
1, c. 1,
3 16
(2)
1.
9, c. 8.
1.
Suarez. De Angelis,
8, c.
20, n. 10.
123
Ce raisonnement avec
Comme,
d'un
de plus,
sorciers,
disposition des
malheur
la
pauvresse qui au
la falaise
;
moment
un
il
fallait
diable,
une
elle
sorcire, et
ma
la
foi
tant pis
si
payait pour
vraie coupable.
fait
Le raisonnement,
naturellement
pour
tous
autres phnomnes,
Il
est bien
que
l'interprtation
littrale
de
certains
courante.
les
pileptiques
en
chassant leurs
dmons,
il
semblait
tait
bien dcouler
un dmonia-
la
notion vraie
phnomnes
le
dont
peuple se
celles,
dont
le
caractre,
les efforts
pidmique ou
terrifiant,
semblait djouer
et dpasser les
quelques
124
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
de
la rage,
gravement que
les ressources
le
de
que
maladie,
si
ou
diabolique.
De nos
que
au bcher
le
du dmon.
Avec l'imagination surabondante des poques mdivales agites, et s'appuyant sur les principes poss,
considrs
et le
comme
dmon
donc
paules du
ou
mme
troublait
Elles furent
rares, les
(1)
Del
Rio,
1.
3, pars. 1,
1.
4. c. 3,
125
la neige, la grle,
la pluie,
devinrent gnants,
car,
s'ils
rendaient
on
les
considrait
la
comme un
bienfait divin,
le
passrent de
esprits,
mtorologie dans
domaine des
Au moment
d'une tempte,
qu'ils
des tmoins se
avaient
on savait
mme que
des
ces
dmons marins
pre-
dmons
s'y
tenaient cachs,
la des-
ou
les tiraient
Naturellement
les
pidmies,
comme
les pizooties,
Une
fois
de
la vie ordi-
homme,
chaque
famille,
On
thologiens,
la
conteurs et dmonologues se
la
donnent
main dans
composition
des
rcits
reli-
les
Au
126
LA SORCELLERIE EX FRANCE
nomm
mais physiquement.
Il
il
y eut de part
et d'autre,
en
par
lui
et,
pendant
dans
qui
la
qu'il le tranait
les
cheveux,
bris,
il
lui resta
main une
partie
il
du crne
en
lui
avec
les chairs
le
recouvraient, et
Il
sortit
dmon
disparut, laissant
;
aprs
car,
le
pendant une
anne
saisi,
entire, la main,
avec laquelle
novice l'avait
cur
feu,
(1)
Sous toutes
le
les
formes,
homme,
animal,
vie
l'un,
fume, odeur,
;
monastique
on
le voit,
on l'entend.
le
Il
griffe
troisime,
;
emjette
enlve la nourriture
la tte
en bas
touffe
mme
(1)
in-fol.
Lyon, 1642
seq.
t. 1,
par G-rres,
t.
IV, p. 494.
127
il
n'est
leurs
on veut
atteindre.
Les
anciens
connaissaient
dmons de
la
qurante de Wladislas
certains cas, le
roi
de Pologne
(1).
Dans
dmon apparat
dans d'autres,
il
des
homme
faire sus-
Dans
telle
maison,
les
meubles dansaient,
les
casse-
Impossible
!
de trouver
On
ne pouvait y
ni
prier en paix, ni
manger tranquillement,
dormir.
Les
lits
Heureux
s'es-
lit
ou de leur cham-
ou dans un puits
Del Rio,
p. 294,
d'aprs V Histoire
10
128
ble,
LA SORCELLERIE EX FRANCK
ne
se
communes encore
:
il
nous
suffira
En
1654,
dit
Brognoli,
auteur d'un
ouvrage
Bergame
qui tait
la Valteline,
civil. Il
me raconta
chaque
dmons
lui jetaient
tel
bruit qu'il ne
ni
mme
dans
lui
la valle.
Un
jour,
proposer de passer
se
les
dmons.
Il
y
le
bruit
commence,
la terre tremble,
homme
ne pouvaient ni parler,
ni se
remuer dans
leurs
lits.
(1) Brognoli, de l'ordre des frres mineurs eut l'occasion de prendre part bon nombre d'exorcismes. Son ouvrage est intitul Alexicacon, hoc est de maleficiis ac moribus maleficis cognoscendis, "Venise, 1714. Le passage que nous donnons est tir de la Dispidatio, II, n. 429. Traduction dans Grres, t. IV, p. 267.
:
129
la
fivre,
si
et l'autre la dyssenterie,
deux eurent
Un pasteur protestant du comt de Hohenlohe, nomm Schupart, fut, suivant son propre rcit, soumis des perscutions de mme genre (1) Le jour et
la nuit,
on
lui jetait
Bien des
fois, la nuit,
on
femme,
toute en flammes.
avec
la
mme
force
que
si elles
eussent
cependant. (Heureusement)!
cent tmoins, lui et sa
En
prsence de plus de
femme
de
la
rejeter.
On
salissait d'en-
ou on dchirait
les feuilles
de sa Bible.
Un jour
on
lui
emporta tous
les livres
dont
il
(1) Tir
tnonum
existentia,
130
qui
l'y
LA SORCELLERIE EN FRANGE
avait mise.
Dans
leur angoisse,
le secours
ils
tombrent
de Dieu, et com-
mandrent au dmon, au
rapporter tous
le soir
nom
de Jsus-Christ, de
;
les
et,
mme, ils
ils
de
lampe qui
ou bien
elle tait
Tantt on
sige
sur lequel
il
devait s'asseoir
tantt on
si
le
piquait
avec des
aiguilles,
ou on
le
mordait
fort
que la trace
J'ai reu le
(1),
montagne de Vge,
la
il
Basse-
me
dit
que
vit
fit
un pot de
fer,
t. 1,
p. 254, seq.
131
qu'il
y et personne qui
pierre,
mit en mouvement.
chambre
mme
mmes
Le
main qui
la
jetait.
fit
personne
la nuit.
le rituel le
et
ne
fit
jour, et jamais
Le cur employa
les prires
et,
;
marques dans
t<
depuis ce
mps-l,
mais
il
continua
apportait de l'eau de
la
fontaine,
dans
le
seau
jour,
le
il
se
mit ensuite
la
servir
dans
la cuisine.
Un
comme
Gnie
servante
arrachait
les
:
monceaux
la
servante
le
Un
au jardin, on trouva
on remarqua sur
la
bche un ruban,
et,
au ct de
la
132
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sols,
de deux
que
la
la veille
prenait plaisir
la
porche, ou
mme
dans
il
le cimetire,
et toujours
en plein jour.
Un
le
jour,
de son, de
l'alle
une autre
fois,
il
le
le feu.
La servante ayant
pour
le
petit plat
souper du
cur, le Gnie
la
autres en sa prsence,
le
dos pour y
il
mettre du
all
dire la messe,
lait
et autres choses,
rpandus dans
maison.
Quelquefois,
il
formait sur
le
pav ds
cercles,
cur
fit
venir
le
maire du
lieu, et lui
maison
curiale.
Dans
dit
du
que
les
choux du
jardin,
un trou en
terre.
On y
on trouva
la
chose
comme
133
le
On ramassa
moment
liards.
que
cur avait
:
non enferm
et
un
deux
rpandu dans sa
cuisine.
que tout
ils
lui
de
les
tirer
il
Le Gnie jeta en
fficiers
il
mme temps
de
:
la
poche d'un de
lis
et,
de]
temps,
ne se
fit
quelques ineu:
n plus
tts
s,
de maisons ha
ils
sem-
mais
sont fort
]
nombreux
ssession diabolique
je
si
times du
dmon
^aient de vo;
:
les in<
les
dmons
se jois,
les
tra-.
si
rev
pourrait-or
en
do
l'his-
apr es
134
toire,
le
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sans oublier celui
de Romulus.
Tel
(1),
tait
des
sa
n'osant dsobir
avec l'homme
C'tait
et
doute, pour les blasphmateurs, les impies qui appelaient le diable, se donnaient lui
ou
lui
envoyaient
!
va-t-en au diable
ils
mritaient que le
dmon
les
emportt;
n'ont
il
ne faut pas
puisqu'ils
trouv
est
que ce
que Satan
venait
mme
souvent,
s'emparer du
mot.
Il
ce
phnomnes y
dans
rle considrable
(1)
Bodin. Dmonomanie,
I.
2, c. 4, p.
146.
135
III
Ma
fort
foi
connus
et fort
vrita-
Dans
le
langage thologique,
Il
et la possession.
n'y
l'in-
du diable
est extrieure
au corps
et l'me,
homme
qui en harcle
un
and
soit
un souvenir
que
l'esprit
du patient
la
revient, sans
pouvoir s'en
dgager, sur
mme
le
ide, jusqu' ce
Il
qu'un incident
vienne briser
charme.
est vident
que
le libre
s'il le
veut
il
est
matre
de
lui,
mais
se trouve
nanmoins oblig
une certaine
lutte
Dans
du diable
est interne,
13G
LA SORCELLERIE EN FRANGE
du corps
et s'unit tellement
la
nom
du dmon,
je,
nous,
comme
s'il
tait le
dmon.
certain
la
possession,
:
communment
comprendre
;
parler
les
voir
dpassant
la
force
du
sujet.
Naturellement, dans
il
critres,
pouvait se trouver
facilit,
suivant la
le
monde, ou peu
le
au Moyen-Age que
diable peut
possder un
homme.
la
Le rsultat de
redoutable.
libre
En
en gardant son
Il
arbitre,
au gr du dmon,
son seigneur.
la tte
Il
en bas, roulait
yeux, bavait.
l'opacit
Il
voyait,
assurait-on,
toute
il
distance,
n'arrtait
137
blasphmes
le
dmon
qui
parlait mal, ne la parlait une langue trangre la pas; souvent les pchs, imputs quel-
comprenait
absente, se qu'un des assistants ou une personne une pure calomnie aprs enqute, mais
trouvaient
diable est
si
menteur, disait-on,
et cette
il
rponse
accusait
suffisait
tout.
quelqu'un d'tre
et des milliers de
on
le.
malheureux prirent de
la
confiance
parole du dmon.
le
d'expliquer
pourquoi de
ainsi
la
posses-
du pouvoir concd
au dmon
sur
un corps
sanctifi parole
tous les
maux
physiques, considrs
comme
punissaient
le
crimes
le
blasphme,
l'imprcation,
ou appar-
tenant un saint
l,
surtout
quand
1!
s'agissait de
138
LA SORCELLERIE EN FRANCE
doxcs, pieuses
mme, on
les
estimait
des preuves
nous
les
verrons sou-
vent considres
des sorciers,
par consquent
mais,
la
malice du
mme
en ce cas,
comme
autres
maux
produits
par
la
Dieu pouvait
tirer sa gloire,
le
dmon
de
possession, en obisla
et, enfin,
en quittant
place
et leurs prires.
On
se
racontait
des
phnomnes de possession
non sans
terreur, le
recueillir
si
avec
soin
mre.(DEL Rio,
En
Angleterre,
les
habitants de tout un
district
naissaient avec
commise
St-Thomas de
Cantorbry
ils
avaient coup
la
(Del Rio,
p. 112).
Un
139
l'touf-
sous
la
fait, et
nombre
incalculable
pouvait con-
cisme,
il
la
et
tout ce
(1).
imaginer d'objets
htroclites
livres de
genre,
ou
d'autres
foi
non moins
bizarres,
rapports
entire
;
croire,
rogation
le
plus souvent,
;
il
conviction inbranlable
puissant ses yeux,
et,
le
dmon
est
en effet
les
si
naturellement, toutes
pos-
(1
Gurre9,
t.
V, p. 587, scq.
Del Rio,
p. 407.
110
LA SORCELLERIE EN FRANCE
IV
Il
Avec des
qu'il
nuances,
elles
le
se
ressemblent
tellement
ne
peut y avoir
moindre doute
qu'elles n'appartien-
commune.
ment sans
ici le
procs-verbal
d'homme
il
de
la
rgne de Louis
XIV,
l'poque
la
plus
florissante
de
la
civilisation
franaise.
ques
et
quatre
docteurs
en
Sorbonne,
nous
intel-
appartenant
aux
plus
hautes
classes,
sociales et
intellectuelles,
la
pecter,
ni
foi.
science
pour
leur
temps,
ni
la
bonne
141
Nous,
soussigns
(1),
rapport
de l'vque de Chalon-sur-Sane
se
phnomnes qui
sont
manifests
Auxonne,
paraissaient possdes du
malin esprit
roi,
lorsque
la
le dit
et d'aprs
dirig,
mmes,
les
exor-
grand mrite
et
et
M. Morel,
sa
connu par
science
le
mme
comme prouvs
Premirement,
que toutes
dix-huit,
ces
filles,
sans exception, au
avoir eu
le
nombre de
paraissent
cette langue;
saise,
elles,
Anne
l'Ecos-
appele sur de
Purification, a compris ce
que
traduit
plusieurs
fois
en
franais.
Secondement,
(1) Nous empruntons la traduction de ce document Grres, Mystique, traduct. de M. Sainte-Foi. L'auteur l'avait extrait du recueil Les Causes clbres, t. XI, p. 278, probablement celui de Lebrun vers 1848.
142
LA SORCELLERIE EN FRANCE
toutes,
que
le
don de con-
exorcistes leur
que chose,
elles
faisaient exactement.
L'vque
du
lieutenant-gnral
se faire exorciser,
d'Auxonne, de venir
lui
pour
qu'elle
et elle lui
lui.
La mme chose
de
fut
essaye
avec
la
sur
M. Janini
l'Enfant-Jsus, et avec
Humberte de
au
Saint-Franois,
qui
l'vque
recommanda,
se prosterner,
le
Saint-Sacreecclsiastiles
ment, ce qu'elle
lit
aussitt.
Les autres
mme
ces religieuses les ordres qu'ils voulaient leur donner que par
la
pense.
elles
concerne
les
malfices
le
que
l'on
voulait
trouver,
le
clotre,
n'avaient
143
rendaient
pu s'entendre auparavant,
ensuite au
et
qui
les
moment
par
les
ont
dit,
au
ou leur
maison.
Une
fois
mme, on
lui
indiqua l'poque
d'un voyage
poque
qu'il
que
tr
toutes, surtout
lirement de L'Eucharistie et de
sorte que, plus d'une fois,
il
Pnitence,
de
fallut
employer plusieurs
de ces religieuses,
Avant
des
la
communion,
elles taient
la
tourmentes
n'avait
par
convulsions, o
volont
qu'elles
videmment
la
aucune
part.
Ds
avaient reu
hurlements effroyables
se
roulaient par
terre;
pendant ce temps,
l'hostie restait
au bout de leur
elles se
permissent
aussitt le calme
ti
144
qui
s'tait
LA
SORCELLERIE EN FRANCE
La seule approche des reliques
de fusaint
pass.
d'un saint
reur,
et
leur
souvent
disaient
reliques,
le
nom du
leur
qui appartenaient
vues.
les
ces
avant d
les
avoir
Lorsque
le
seigneur
et
vque
imposait
le
mains, en secret
savoir,
elles
en ressentaient
leur tait
et s'criaient
dant
elles
la
vomissaient
et
la
d'effroyables
blasphmes
contre
Dieu
sainte Vierge,
la
mement, toutes
les fois
les forait
de montrer
prsence du dmon,
donna,
le
entre
autres
choses,
Denise,
d'arrter
et le
t parfaitement
trois fois
La mme chose
arriva
deux ou
la sur de la Purification.
Or,
l'une et l'autre
et
ce phno-
tre
attribu
volont de l'exorciste.
La
poitrine de la
sur
son
Marguerite de l'Enfant-Jsus,
sur
l'ordre
de
145
et
s'leva
volume ordinaire
deux ou
la
trois fois
de suite. La sur
L. Arri-
vey de
Rsurrection, en
ecclsiastiques,
garda
pendant
longtemps
qu'il
en
Siximement,
simple
commandement
mde-
On
lui
ordonna
l'pingle
sang,
et
l'on
retira
sans que
ordonna
de couler,
coula en
lui
effet,
veau, lorsqu'on
commanda de
plus tard
Ce phla
nomne
se renouvela
chez
sur de
employer
ce
qu'on
lui
Plusieurs
d'entre
elles
qui,
ches,
lthargie,
lieu,
au
et
moment mme o
cet
tat
146
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
sur de
elle
la
Purification.
Tous
tait sans
les
mou-
bras en
de
voir.
Lorsqu'elle
revint
de cette extase,
elle
raconta
comment
elle
et tout ce qu'elle
leur sortait
comme
de sorte
les
qu'il
nous parat
la
difficile
qu'elles
eussent pu
rendre par
Bien
plus,
Denise,
aprs
un exorcisme de
trois
par
gros
la
comme
timement,
filles
se
ment,
leur
des
signes
surnaturels
et
convaincants
de
dpart.
147
montra du
La sur Humberte
jour
de
la
Prsentation
de
la
Sainte Vierge,
et,
comme
inscrits
un morceau de
roul, sur
le
lequel
taient
en caractres rouges
nom
de Marie et qua-
de Sales. La sur de
le jour de ayant t dlivre de plusieurs dmons, Thaumaturge, rendit fte de saint Grgoire le
la
comme
nom
signe de sa gurison,
cercle
de
cuir,
le
sur
de Grgoire. Et
avait
t
mme
de
comme comme
signe
qu'elle
dlivre
gros
et
avec du sang, sur sa ceinture, en Joseph; caractres, ces mots: Jsus, Marie,
les
cependant
exorcistes,
un moment aupara-
vant,
Neuvimement, parmi
de
ces
mouvements
les
et
les
poses
possdes
taient
si
pendant
exorcismes,
qu'elles
celles
quelques-unes
surpassaient
extraordinaires,
leurs forces,
videmment
mme
de la
se prosreu l'ordre d'adorer le Saint-Sacrement, qu'elle ne touchait terna terre, mais de telle sorte
148
le
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sol
qu'avec
la
la
le
reste
du
La sur de
la
Rsur-
rection
la
mme
le
que
la
Constance
en ne
tout
la
touchant qu'avec
le
le reste
du corps tant en
cet
tat.
et elles
mar-
chrent
en
Toutes
ou
presque
toutes,
poitrine,
le
se
renversaient en arrire,
touchait
la
de sorte que
haut de
la tte
dis
que
la
bouche baisait
de
la terre et
faisait
avec
la
langue
le signe
la croix.
deux doigts
dans
ses accs,
et
si
un
lourd
trs
fortes auraient eu
de
la
d'entre
se frappaient
le
de
la
tte contre le
mur
ou contre
l'ordre
sol
avec une
des
;
telle
naturel
choses,
elles
auraient
il
se
mettre
en
sang
et
cependant,
ni
ne paraissait
de blessure. Diximetaient
femmes
de
diffrents
149
professes,
ville,
sculires,
les
protestantes,
novices,
unes jeunes,
les
les
autres autres
de
basse
extraction
les
unes
pauvres,
riches.
Ces
phnomnes ont
commenc
ans,
et
si
l'on
un
femmes
de dispositions
si
opposs, l'imposture,
elle avait
eu
un examen
attentif, le seigneur
le clotre.,
soit
qui
ne
lui ait
cence et de
ecclsiastiques
qui
;
ont
travaill
en
sa
prsence
les a
dans
jours
les
exorcismes
et lui,
de son ct,
touces
trouvs exemplaires.
et,
Considrant
toutes
choses
de plus,
le
et qui
de
la
dmon
nous
croyons
que
tous
ces
faits
extraordinaires
humaine
et
Donn
Paris,
le
20
janvier
;
Ont
sign
150
LA SORCELLERIE EN FRANCE
t Nicolas, vque de
Rennes
f Henri, vque de
Rodez
Jean,
vque
de
Chalon-sur-Sane
Grandin, frre
F. Morel,
Nicolas Cornet, N.
Phi-
lippe
scienti-
les plus
minents
psychiatres
ne
diffrerait
probablement qu'en
convulsions,
sa conclusion.
et
les
nous
supercheries, et
caractre pidmique de
qu'il
la folie le
dmoniaque, en
mme temps
les
nous rvle
Ils
prononcent dmoniaques
tion,
phnomnes en quesla
nature,
ni l'origine
c'est trs
humain
ils
Nous
des
verrons
malgr l'apparence
les
surnaturelle
phnomnes noncs,
ralit
de
possession.
Ce que
prconue
subsistait
l'ordre
que
des
le
diable
et
agissait
au compte
et sur
sorciers,
la
que
la
mort
seule
pouvait dbarrasser
terre
151
ARTICLE
QUATRIEME
et
Les
Dmons Incubes
I
succubes
Une
les
des questions
les
savants,
touche
les
apparitions
diaboliques.
effet, pleins
ici,
de
le
diable se rend
sensible,
la vue,
l,
l'oreille,
un
cri, le
roulement du tonnerre,
bruit
du vent
ailleurs, l'odorat,
plus
souvent acre,
difficiles
se
152
LA SORCELLERIE EN FRANGE
les
sceptiques niaient
les
et
mme
de cette action,
cerveaux
les
sans excep-
rejetaient
et se
en admettaient d'autres,
construisaient
les
croyances. Pour
saient
qui
suppose
difficult
Aux
crivains
chacun
se tira d'af-
comme
le
il
put.
que
un grand nombre de
tenus
l,
il
les concilier
;
avec
ils
les
thories
modernes sur
aussi
les
nvroses
mais-
reconnurent
que
les
patients
voyaient,
rel
entendaient
ou
sentaient
quelque
objet
en
en prenait, assurait-on,
lui
la
matire
dans
l'air,
donnait une
il
forme visible
la
Au
besoin,
empruntait
dpouille
d'un
cadavre,
le
corps
d'un animal
le corps,
qu'il agitait,
remuait
comme
l'me remue
le
comme
il
mouvait lui-mme
LE POUVOIR DES
ESPI'.I
153
les
Aux
objections poses
fort
thologiens
rudits
manquaient
pas
de
propices,
sans
compter
certains
incidents
inter-
bibliques
prts,
el
ou vangliques,
divers
convenablement
des
passages
Pres
les
de
l'Eglise,
auxquels on attribuait,
le
suivant
la
circonstances,
don d'inerrance.
sous
il
Dans
multitude de lgendes
nes
sicle,
la
partir
du VI"
incidents
typiques,
capables de
reste,
bouche
aux
incrdules.
Du
les
an
Moyen-Age,
comme
de nos jours,
crivains
intransigeants avaient
leur disposition
pouvait remplacer
autres,
ils
accusaient
d'hrsie,
les
pour
fidles
soucieux
des
de
leur
foi
et
de leur ne pou-
croyants, niais
;
accusation
tribunal
en
un
temps
l'Inquisition,
et,
selon la dispo-
ou
les
convictions
;
des
juges,
convaincre
effectivement d'hrsie
ce
une peine
fort
grave,
quelquefois au bcher.
154
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ces questions sur les corps des
dmons,
se
m-
monde
?
crer ou
non
Leur pouvoir
d'un
la
jusqu' trans-
lieu
un
autre,
changer
rendre
l'or
quer de
mille
vritable,
transmuter
les
mtaux
et
autres
oprations
analogues. Naturellement,
sens.
Il
est curieux
de voir
modrs, refuser au
dmon
le
fabri-
mme
tomie,
encore
inconnue,
ne laissait pas
en
effet
le
On
croyait que le
monstre
offrait plus
que
la
montagne
ralisait
En
tout
des
ces
problmes
se
trouvaient discuts en
fort
crits
nombreux, parfois en de
qui
doctes lucu-
brations
supposent
des
lectures nombreuses,
sicles, elles
aient suscit
violemment
155
II
Dj
les
les
dans
Sara,
fille
les filles
dos
hommes
couraient
Ces
eux
la
femme
du
lutin,
celui-ci
mchants
tours.
L'un volait
pain de
la
jeune
fille
un troisime
disait
On
mme
qu'un
follet
dame de Pavie
avait
jou
la
mauvaise
156
plaisanterie
LA SORCELLERIE EN FRANCE
de
la
dshabiller
en
pleine
rue
(1).
Evidemment
les
mauvais
esprits,
une
fois
pris,
jusqu'
la
conqu'ils
naissance
charnelle
des
hommes.
Suivant
s'attaquaient des
femmes ou
;
des mles,
on
les
et les
rapports sexuels
la
habitants de
les
terre
furent
plus srieux.
les
leur
thoga-
c'est--dire
les
unions
hommes,
ples, et
les
si
thologiens du
la
Moyen-Age ignoraient
Chine
et
lgendes de l'Inde, de
du Prou,
nombre
celles
de contres africaines
de la Grce sur
les
(2),
ils
connaissaient
ou d'Apollon,
et celles
Rome sur la
et
naissance divine
de ses fondateurs,
ils
Romulus
Rmus.
la
De
plus^
connaissaient
le
fameux texte de
Gense (VI,
SiMsTiiAiii d'Amexo. In lu Dmonialit et des animaux <t succubes. Paris, in-18, 1ST5, ]>. :;:; seq. (Wirres, t. V. p. 114 t. IV, p. 284 seq. (2) Saintyves. Les Vierges Mres et les naissances miraculeuses, in-16, Paris 1908, ouvrage intressant, dont je ne conseillerais cependant la lecture qu'aux personnes munies d'une foi inbranlable et d'un sr jugement critique.
(1)
incubes
157
les filles
4)
des
hommes
celles
mes
il
terre
des gants
des
hommes,
il
en sortit
et
la
furent
sicle
.
des
-
hommes
Dans
puissants
fameux dans
le
ce passage,
nombre d'auteurs
ternie d'enfants
lors, se
anciens,
ils
supposaient
les
que
et,
le
de Dieu
le
signifiait
Anges,
la
des
croyaient
droit
d'admettre
possibilit
et
mor-
Non seulement
procration d'tres,
et
union
fils
charnelle,
tout
la
niais
encore
lois
de l'homme
la
du dmon
Parmi
citait
les
ici
rsultats de
copulation
monstrueuse, on
certains monstres
mi-hom-
niaques;
leurs,
filles,
les
enfants du
dmon
et
tous les
;
hommes
or,
grands, robustes,
audacieux
mchants
l'rudition de certains
trop
imbus de pr-
158
les
LA SORCELLERIE EX FRANCE
grands
sous
Alexandre,
l'empereur
dclaration
la filiation
semblait
la
flatte-
ries officielles.
Dans un autre
veux
dire en
flatterie,
certains catholi-
renomms
collaborateurs
avaient aussi d
(1).
le
jour
On
trouvait la
confirmation
de ces hypothses,
qui
affir-
et d'autres semblables,
dans
les historiens la
maient
la
gnration dmoniaque de
race des
la
discussion de toutes
thologiens,
surtout
les dtails
les
mais rien
n'approchait
de
ce
le diable,
(1)
Laxcre
et
(Pierre de)
anges
seq.
159
forme
animale
ou humaine, s'accouple
avec
les
femelles prsentes.
hriss
d'caills,
il
Son membre
est dur,
affreux,
froide
quelquefois
en
deux, l'un
les
devant,
narra-
l'autre derrire.
teurs,
Pour compenser,
compagnons,
l'un
mmes
ou
leurs
donnent
haut,
aussi
l'autre
au
en
la
diable
bas.
Il
deux
serait,
la
visages;
en
nous
le
croyons,
impossible
crdulit
plus grande
de
nos
contemporains,
et,
d'ajouter
foi
de
telles
billeveses,
pourtant,
graves et suscitrent
fondies.
Comme
mettre
chez
il
va de
soi, les
discu leurs
si
ne purent se
d'accord.
Pourtant,
plusieurs admirent
les esprits
jection de
vrai sperme, la
des
crivains
srieux se
rangea
derrire
bannire
du grand
d'Aquin. d'une intelligence remarquable, dont personne ne peut contester ni l'norme science
thologien
scolastique,
saint
Thomas
Cet homme,
ni
la
le
comme une
le
phnomne.
12
160
LA SORCELLERIE EX FRANCE
de
saint
L'explication
Thomas
le cot
(1)
consista
apparent ou
rel
dmon
et la
mais
la
fcondation ne
pouvait cependant
du
diable,
ne pouvait mettre
la
semence du
:
mle.
faisait
Il
il
se
recevait ainsi la
il
liqueur spermique,
allait
la
fcon-
toute
trouve.
Que devenaient,
de l'hritage,
le
mme
fait
de l'hrdit
princire ?
Il
Nous
laissons
deviner au lecteur.
est
mme,
si
un
intermdiaire
invisible
venait
ainsi
troubler
Les plus
les
dmonologues
explications.
Une
thorie, assez
conforme au
scien-
dmons une
(1) S.
articul. 3
161
capable
de
suppler
par un
procd
artificiel
l'opration
pleines de
fleur,
d'un
d'un mle
dans
la
mmoire de
ou
telle
contre, facilita
On
l'ap-
puya du
tables
(2).
En
Portugal, assurait-on,
vent d'ouest
:
elles
pouvaient concevoir
et
rien
les
esprits
pussent produire
un
effet
Aux
incrdules,
rests
inbranlables
malgr
cet
(1)
Mens
et
les
naissances miracu-
leuses, p. 19 seq.
voir dans Hansex, Quellen und Uriieisuchungen zur Hexemsahns undder Hexenverfolgung,um Mittelalter Bonn, in-8, 1901, des extraits de plusieurs auteurs relatifs aux incubes. Les deux exemples, que nous donnons, sont la page 85. Ils sont tirs d'un trait manuscrit sur les dmons, qui semble du xv e sicle, et paraissent emprunts Guillaume de Paru, + 1249 philosophe assez hardi du xm e sicle, et vque de
(2)
On peut
Geschichte des
Paris.
162
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
femme d'un
et porte
un ours
la
connut;
elle
en eut
festait
semblable
de la tte de l'ours.
les expli-
masculin,
l'ani-
jouir
fort
vraiment
filles
de Satan et de
la
femme
l'homme ou
la
femme au
excite
dans
en
dans
fictif
les
yeux
du patient, par
corps
d'un
dmon incapable
pour tre
partie. Ajoutons,
163
mme
l'homme
et l'esprit.
Convaincus dj, ou
doutant
ils
expli-
qurent par
plus,
si
le
cauchemar,
la folie, le
rve
tout au
grand
contemporains.
ges sui-
De
ces contradicteurs, le
xm
sicle et les
ils
n'attach-
aux opinions,
Aussi,
diabolique se
truosits.
fit
Nous
des jeunes gens brls parce qu'on les affirmait ns de l'union de leurs mres avec Satan; maintes
sorcires subirent le
mme
(1)
sort,
comme
coupables
si
d'inceste diabolique.
Comment
qualifier,
elle
fut
rellement prononce,
la sentence de l'inquisi-
Tire de la chronique de Guillaume Bafdix, dans l'HisDom Vaissette, dition Privt, t. IX, preuves, col. 8. Certains dtails permettent de mettre ce rcit
(1)
toire
du Languedoc, de
en suspicion.
164
LA SORCELLERIE EN FRANCE
teur de Toulouse,
Hugues de
firme par
feu une
le
snchal de la
condamnant au
la
femme de
Barthe,
comme
deux
CHAPITRE
III
ARTICLE PREMIER
Tous
les
Un
ration de la foi
de
Satan,
quelquefois un
naissait
lui
crit,
par lequel
magicien se recon-
l'homme
lige
remise l'homme
du redoutable pouvoir
la disposi-
tion des
hommes,
afin
de leur procurer
la fortune, la la facult
monde, surtout
de
166
L'ide
LA SORCELLERIE EN FRANCE
d'un pacte
entre
Satan
et
les
hommes
l'histoire.
dieux et
les
magiciens, ou
mme
leurs adorateurs.
les
dieux enchans ?
disait
(1).
Lucam,
magiciens de Thessalie
De
de l'Eglise,
S.
Cyprien,
S.
Augustin
avec
la
les
dmons.
Il
n'en
fallait
supposer
La
lgende, mentionne
le
les
ne man-
une
fleur,
un
fruit,
un objet quelconque,
sorte de sacrifice
offert,
croyait-on,
comme une
causes
rle,
Satan. pactes
Dans
certaines
de
sorcellerie,
il
ces
jourent un grand
facile
mais
accusa(2),
possession de
Loudun
comme
magicien
le
(1)
Pharsale,
1.
6,
vers
le
milieu, traduct. de
Durand, Paris,
466, 467, 500.
p. 213.
(2)
la sorcellerie, p.
167
possdes
Urbain
Grandier,
les
religieuses
deux pactes,
un bouquet de
C'est par ce
la
roses,
bouquet de
le
roses,
Suprieure, que
elle.
Pendant
d'autres
possdes
qu'elles
suivant
Le premier, de cendres, de
gles de
de, l'exorcisme
du 15 mai.
gristre, qu'il
deux morceaux
de quelque chose de
pacte rapport
la
le
Le dernier, de
l'ap-
On
d'oie,
rendu par
M me
de Belciel
ainsi
elle le
(la
Suprieure)
l'exorcisme
du 13
juin,
de cinq
pailles,
trouv sur
On
brla
mais que
signifiaient-ils,
dans
la
168
LA SORCELLERIE EN FRANCE
comme
des
ferm en eux
? Il est inutile
du
si
reste de chercher
une
souvent contradictoires
sicles.
de
la sorcellerie,
Quoiqu'il
en
emblmes du
pacte,
nous trouvons
signales,
en
dmon
et le magicien.
On
prtendait que
et,
le
dernier
devait
les signer
de son sang
pour
le faire, se
piquer
les doigts
ou
de recueillir
la
goutte de
le
procs de sorcellerie,
mode de pacte,
sabbat,
qui revient
la
ou de
synagogue,
comme
disaient
les
diable.
la
Dans
il
comportait
novice,
un
renoncement
foi
de
la
chr-
tienne
enfin
la
promesse
d'obir
dsormais
au
l'hommage rendu au
diable.
Le baiser du dmon,
les
promesse
rci-
169
voqu par
le sorcier.
II
le
plus souvent
malfaisants.
On
les
accordait
aux
magiciens ou aux
ou de calmer
certains
hommes une
dj
influence
le
sur
les
phnomnes
mtorologiques,
la
puisque
populaire de l'Egypte
prtres.
supposait
les
dans ses
chez les
croit
si
On
la
retrouve chez
les
Grecs,
Romains, chez
peuples barbares, et
les lgislateurs
on y
srieusement que
ne ddaignent pas
de
la
dire, se
moquait de ce qui
se racontait
dans
le
public
:
des sacrifices
Clorns,
dit-il,
il
observateurs
officiels
de
Quand
ils
annon-
homleurs
soi,
leurs
manteaux ou
170
LA SORCELLERIE EN FRANCE
l'un immolait
un agneau,
l'autre
un poulet,
et
la
un peu de
sicle,
sang. (1)
S.
croyance
(2)
telles
croyances, les
les
Beaucoup de
(3),
gens,
une
loi
de l'empereur Constance
ils
ont recours
aux
arts magiques,
ils
invoquent
les
mnes
la
et
nature
tion
fait
galement mensuscitent
les
des
hommes
et
,
malfaisants,
qui
temptes
la grle
recevront
branler
Sans
se
laisser
les objections, le
(1)
Disquisit magie.
(2) (3)
1.
4,
cit
par
Del
Rio.
171
aussi, quand la
mode
Et de
fait,
nous
raconte Bodin
il
est
dit,
advint au diocse de
grle,
foudre et tem-
Tous
deux
paysans accusaient
les
sorciers
on
prit
femmes,
l'autre
Agns.
Etant prsentes
d'eau, et,
une
dedans
qu'il n'est
besoin de
savoir,
invoquant
furent furent
de retour en
la
elles
brles vives.
Puissants sur
les
la terre.
ou
va de
soi
ces malfaiteurs
une
srie
le
de dispositions lgislatives,
mal.
impuissantes enrayer
Une croyance
curieuse
(l)
Dhnonologie,
1.
2. c. 8, p. 191.
172
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
le
les
mme
dans
L'vque de Lyon,
Agobard, eut
croyance, trois
,
hommes
le
et
une
dont
costume
qu'on
affirmait
venus
Lyon dans
un
navire
arien. (1)
les
amis
rpandue dans
les
campagnes,
ils
infestaient
des
de
des
loups mme.
cits.
Ils
envoyaient
la
peste meurtrire
:
son
lpreux
comme eux
victimes
(1) S.
Agobard, De Grandine.
Soldan,
p. 129.
Del Rio,
p. 141, 392.
173
III
les sorciers,
marque
dans
l'il,
deux
pupilles,
ou dans
la
prunelle une
naient et enchantaient
mauvais il
est
du charme, font
les
par
terre.
puissance
(1),
du mauvais
C'est
particulirement
en
Espagne,
que
femmes doues de
franaise
cette facult
nomme
un
Voyage en Espagne,
gens, qui ont
tel
2, qu'il
y
les
venin dans
et
(1) La mystique divine naturelle et diabolique, par Gorres ouvrage traduit de l'allemand par M. Charles Sainte Foi, 5 in-12,
Paris, 1861,
t.
III. p. 296,
174
celui-ci
LA SORCELLERIE EN FRANCE
dit avoir
connu
un homme
qui rendait qui avait un il contagieux, et de de cet il malades tous ceux qu'il regardait couvrir d'un empltre, car sorte qu'on le fora le
;
Quelquefois
apportait
je
quand
il
on
lui
des coqs, et
Il
disait
tue ?
regardait fixement
qu'on
lui
dsignait, et
comme
prise
de vertiges,
instants.
et
Vida
(1)
connaissait
un
son regard tous possdait aussi la facult de tuer de ce qui avait une les petits oiseaux et tout
les reptiles,
vie chtive.
sang,
ses
Au printemps, tout son extrieur tait repoussant. pousser et que les lorsque les germes commencent
arbres fleurissent,
s'il
entrait dans
;
un
jardin, c'tait
comme em-
I066), Jrme.chanoine de^t- Jean de Latran (1) Vida Marcson temps, crivit un ouput un des meilleurs potes latin de tire 1 anecJLe sur les vers soie (Lyon et Ble, 1537 d ou est vrage Grrres par dote cite
(
!'
).
175
Le mdecin Borel
(1) a
connu
tique, plusieurs
tarissaient le lait
dans
le
sein
des nourrices,
mais endommageaient
des arbres, que l'on
si
encore
loin
le
temps d'avertir
les petits
enfants et
nourrices de
animaux nouvellement
ils
pouvaient nuire.
usait peu
le
regard
ils
peu
les
se
de temps en temps,
des trous dans
le
et
que souvent
mme
il
se
formait
verre. Saint
femme
mms
lunettes
elle lui
On
hommes dous
devaient tre
terribles.
Heureusement pour
genre
humain,
les
(1) Borel Pierre (+ 1689), mdecin du roi, membre de l'Acadmie des sciences, a crit entre autres Historiarum et observaiionum medico-physicarum centuri (1653 in-8), d'o est tir<^
176
LA SORCELLERIE EN FRANCE
et
humaine
l'on en
allemands fort
experts, Sprenger
ses
collaborateurs, dont
les
nous
juges
se
laissaient
voyaient sans
les punir,
neux du mauvais
avait pu toucher
il, sur
sorcier
mme
lgrement
les
maux pou-
dmons s'empa-
d'eux,
les
corps.
IV
En
ou leurs
os,
aux
malfices.
Parfois, elles
faisaient
ces
tendres victimes,
les
ou
dterraient
des
cadavres
d'enfants, pour
;
dvorer
en
d'effroyables
banquets
le
quelquefois,
en cendres et
177
hommes,
sous
ongles
le
pas
en mourir.
enfonaient
des
aiguilles
;
dans
le
crne ou sous
s'il
ajoutaient,
pour
faire
(1).
avorter
les
femmes ou
animaux
Pierre
fit
condamner au
qui
se
feu
un
sorcier
nomm
fait
Stedelein,
reconnut
coupable
d'avoir
et,
avorter sept
fois la
pendant
Tous
par
le sorcier
sous
le seuil
de
la
maison.
On
chercha
le
mais
la terre,
qui
cou-
dre,
y compris
le sorcier,
(2).
Malgr toutes
si
les
eux-mmes
se trou-
Hansen,
t.
(1)
III,
(2)
Lba. Histoire de V Inquisition, traduct. franc, t. III, p. 602 Mmoires de Jacques du Clercqp. 93, 122, 229. Grres, t. V, p. 367 seq. p. 16 seq.*- Le Loyer, p. 706. Nider. Forniicarius, dans Hansen, p. 92.
1
178
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Pierre,
au
munir du signe de
la croix,
il
se
car
le
le
mit au
p.
pour
trois
semaines (Nider,
p.
98
Del
Rio,
134).
Les
sorciers
pouvaient
les
bien
d'autres
choses
ne
les
mirent pas
l'abri
du chtiment,
bchers.
Ils
un malheureux,
le
dans
le
cachot,
il
tait de notorit
publique que
petit incon-
C'tait
un
vnient.
En
donner
la
Chacun
savait,
au Moyen-Age, que
les
Huns
avaient
(1) Historia comitum ardensium dans le Recueil des historiens de la Gaule el de la France, t. XI, p. 298.
I79
leurs succs
aux magiciens
que
si
les
Tartares bat-
les
premiers portaient
fortement agit, produisait une fume intense, des nuages opaques dans lesquels
les
un tendard
qui,
Polonais perdaient
la
tte.
incantations
n'ignorait
produisaient
les victoires
leur
personne
que
Les
sorciers,
comme
l'avait
admis l'Antiquit,
savaient transformer leurs victimes en btes. L'exemple biblique de Nabuchodonosor arrivait point comme confirmation de cette merveille,
et
dans
les
auteurs
paens,
depuis
l'aventure
il
du
loi
Midas
sur ce point, naquirent de vives controverses. Les thologiens, en prsence de telles mutations,
durent
en
effet
trancher
la
question connexe de
les
la
transfor-
un
privilge
divin.
gaider
les droits
souverains de
et
refusrent
aux diables
aux
sorcires le pouvoir
fantastique de changer un
homme
en animal.
Ils
instincts,
plus
encore,
par des
183
prestiges
LA SORCELLERIE EN FRANCE
tout
puissants,
de
leur
fabriquer
des
substance humaine,
animale,
simplement apparente.
d'un
Quelques lignes
dmonologue fameux, Le
Loyer
(1),
temps:
mme
avoir connu
chang en mulet,
des
soldats.
Il
le
bagage
estime
que
cette
mtamorphose
et
que jamais
le
et
que ce n'taient
que
yeux des
per-
pre de Prestan-
mulet
et portait les
corps huqu'il
les
leur
entendement,
pouvoir de changer
le
corps.
et apparitions (1) Discours et histoires des spectres, visions des esprits, anges, dnions et mes se montrans visibles aux
hommes... par
Le Loyer,
conseiller
du
roi
au
sige prsidial
181
rait
peu
la
bride au diable
l'exprience
et
procs
s'aide
infinis
faits
aux
sorciers,
que
il
le
diable
des
corps
humains, auxquels
un temps,
afin de
Et
autrement
si
difficile,
crois
peut
faire,
n'tant
admirable
telle-
ment
et
oubli
leur
naturel
d'homme, qu'on ne
qu'ils
les
pris
eussent
l'histoire
la figure
d'un
enfant
parmi
les
loups,
marchant
fut, dit-on,
prsent au landgrave
au Livre de
la
Rudyard Kipling
homme
ajoute
Ceux des
sorciers qui
se
penseront tre
de se jeter sur
et de foin
la
comme
ils
se
hum aine,attaquemais
le
hommes pour
les dvorer,
plus sou-
182
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les
vent
de rsistance.
mais des
hommes
se
croyant loups
thorie des
moque
une
ces
affections
mlancolie, un dlire, en un
tale,
du
diable
punissaient
en
ceux
!
qu'ils,
auraient d soigner
comme
des alins
la
transformation
plus
de l'homme en animal.
Elle
tait
unanime
admetpro-
la singulire
dmons, dont
avaient
taient
l'habitation
ou
les
(1).
serviteurs,
De
cette croyance
coutume de
afin
jeter les
sorcires
Si
elles
dans une
n'allaient
rivire,
de
les
convaincre.
vident, de la prsence du
n'tait pas besoin d'autre
les
dmon chez
elles, et
il
rivire,
Paris,,
faire passer
fin
au bcher. Le Parlement de
e
encore la
du xvn
sicle,
[1)
Laxcrk,
p. 11.
Le Loyer, p
413.
Gkres,
t.
V, p.
4.40.
183
l'extirper
compltement.
du
lieu
fit
jeter
et sa
;
lis,
un homme
femme
hommes
et
femmes, accuss de
subir
sorcellerie,
deman-
drent eux-mmes
de Sernin.
Il
parat
mme, au
la
mme
superstition
les les
dans
de
Prusse
(1).
polonaise,
le
Montngro
et
l'Herz-
govine
pouvait s'estimer
la
la
facult
figure d'autres
utile
hommes:
qu'ils
qu'ils
arme
deux tranchants,
sauver,
leurs
amis
voulaient
terrible
aux
innocents
voulaient perdre.
Toutefois, certains
auteurs estila
maient que
gns par
Proviafin
En
pouvoir de
se
(1)
Tanon,
Histoire
des
p.
Tribunaux de
V Inquisition
en
321, note.
181
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la nuit, c'tait
une sorcire
cache,
qui, le
lendemain,
(1).
longtemps
les
ouvrages
de
dmonologie
sont
Nous
sur
le
que
ce ft la croyance dominante,
mutations
des
victimes
des
sorciers.
mme aux
sorcires le droit
ainsi
de
les
se
dans
maisons,
se
d'entrer
trouvait
rsolue
d'une
autre
faon.
Car,
vertes,
dmon, adroit
service
d'ou-
(1)
Soldan,
et la
p. 184.
Bodin,
7.
p. 166.
Janssen,
L'Allet.
magne
VI,
p. 456. j
185
S'il
se prsentait des
de
un trou dans
les
murs
V A
tous ces mfaits, les sorciers, magiciens et sorcelui
cires, ajoutaient
d'envoyer
soit
une maladie
aux hommes
(2).
On
sait
rpandue
lait
ou
tarisse,
que
les
femelles
des
troupeaux
avortent,
qu'une pidmie ou
mme
une maladie
il
n'est
besoin ni de vtrinaire,
ni
de consultation. Chacun
connat bien
le
du
ridicule
empchent
et
dont on raconte
en secret
redoutables
prouesses.
On concde
(1)
Del
Lea,
Rio, p. 185.
t.
(2)
De
III, p. 499, 601, 612. Lance, p. 327. Daneau, veneficis, Cologne, in-32, 1575, p. 16, 85, et^. Del Rio,
p. 140, seq.
186
LA SORCELLERIE EN FRANCE
d un poison natu-
rpandu dans
dans ce
les
et,
un simple empoisonneur,
il
mais
doit y avoir
autre chose
de nos jours,
le
comme au Moyen-Age,
dont
dispose.
avec
le
venin,
la puissance surnaturelle
Nous avons vu
plus
pays, l'influence nfaste est attribue l'il du sorcier; parfois, sans regarder,
mme
dmon peut
et
agir
il
suffit
de ses enchantements
naires,
faut
extraordinaires
loin
il
comment
suffira
on
ici,
nous
charmes
tations
plus
Mais
on
discuta
sur
la
lgitimit de tels
moyens de
diable
lui-mme?
se
Non
sans
hsitation,
la
les
;
thologiens
prononcrent pour
les
ngative
ils
recommanmais
drent
l'Eglise,
du
car
le
charme une
confectionn et lanc
187
retirait
Si
le
le
sorcier le
d'une personne,
il
devait
loger dans
une autre
lui
le
En
se
magi-
commerce avec
les
dmons.
assez
Somme
avantages
paraissent
restreints.
Quelques sorcires prtendirent prouver une jouissance intense dans l'accouplement diabolique
;
qui
il
fit
la
fortune ou mieux
la
popularit du sorcier,
la
dans
conviction que
le
dmon mettait
la
On
pays
les
et
dans tous
serviteurs d'un
si
matre
riche fussent
le
eux-mmes
montre en
pauvres, on
ses
affirma que
diable
effet
trsors
les
aux
sorciers,
et leur
joie,
remplissent de
servir,
l'or
veulent s'en
s'est
trouv
chang
en
charbon,
en
188
LA SORCELLERIE EX FRANCE
fois,
les affaires
du
diable, tant
et,
ils
avaient t hallucins
relle,
pas-
de fortunes feriques.
Des innombrables
sataniques,
rcits
brods sur
les
trsors
nous
nous
contenterons
du
suivant
:
Michel
Schramm
envoy par
Il
(1),
jeune
homme
de dix-sept
ans, fut
ses parents
fit
Wrzburg pour y
et ces
de mauvaises connaissances,
!
comme
il
n'arrive, hlas
le
faux amis
un
homme
On but
il
et
par
la parole,
ou qui, introduite
(1 Nous empruntons ce conte l'ouvrage dj cit de Grres qui l'a puis dans un livre difiant d aux Jsuites et intitul Gloria Posthuma S. Ignatii, compilation de faits baroques, qu'on ne se douterait pas compose par les collgues des futurs Bol) :
landistes.
189
les
les
portes
et
caisses,
du
chanes
et
faisait
fit
beaucoup
d'autres
merveilles.
Le magicien
pour cela
la
seulement avoir
le
courage de soutenir
vue du
dmon, qui du
et
Ils
reste
de
lui signer
un
petit crit.
La chose
leur plat.
croient prudent
tion
fait
ils
dans
le
;
le
cas o
auront
droit de le reprendre.
ils
La condition
il
est
accepte
en coule
signent leur
le diable.
Le magicien
leur
donne
la
ville,
chacun un bton,
et
il
les
conduit hors de
un carrefour;
l,
trace
et
un
cercle
le
autour d'eux, y
voque
cercle,
du
sous
deux novices,
saisis
Mais
lis
le
magicien, pr-
voyant
le
danger,
les
avait
Ils
de
ne purent s'chapper.
rage
et
190
LA SORCELLERIE EN FRANCE
diable
parla
quelque
temps avec
;
le
magicien
puis
il
fixa la
fameuse
sang,
retournent
sissent
comme on
ouvraient
comme
en
l'aimant attire
fer
d'eau se renversait,
l'air
;
mait
une chane de
fer,
roule
autour de leur
eorps,
tomba
en
morceaux.
Les
hommes
lgers
taient charms la
et auraient volontiers
vue de
Ja racine merveilleuse.
fit
merveille
avec son
les
comme
il
serrures,
le
car on
une fort
et le
menacrent de
le
tuer l'instant,
leur en
s'il
Il
donna une
la
191
fait
c'est
qu'il
chappa de
Cefvnement
il
danger auquel
me
rien, et
pensa srieusement ds
alla
de cet tat.
Il
trouver un prtre,
c'est ainsi qu'il
qui
le fortifia
dans sa rsolution. Et
les les
le
vint
s'il
Molsheim, chez
Jsuites,
pour essayer
dmon.
Il
resta chez
eux
le cilice,
jenant et se prparant
le
Au
du
jour dsign, on
saint,
conduisit
dans
la
chapelle
o taient runis un
le
grand nombre de tmoins, entre autres gant de Strasbourg. Le recteur dit la messe,
sufra-
et
Michel
cette parole:
Je renonce.,
il
sentit
quelque chose
qui lui
liait la
gorge
comme pour
l'trangler, de sorte
que
de
de
lui faire le
Il
signe
la croix,
put alors
achever de
l'autel.
formule, que
le
Mais
ni le diable ni l'crit
ne reparaissaient.
On
de zle encore,
janvier 1613,
la le
pnitences et
les prires.
Le 13
192
le
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
dmon
crit,
de
l'autel, lui
le
montrer son
On
Dieu
au
saint.
ARTICLE
DEUXIEME
Changez
le
nom du
saint,
les dtails et
des peuples.
Narrations difiantes
doute,
propres
jusqu'
un certain point
la
crance
commune au pouvoir
sorciers.
celui
des
arc
Il
serait impossible
d'numrer tous
les
moyens,
I.E
193
atten-
variaient
suivant
pays et
les caprices
comment
auteur
les
pour susciter
des temptes,
voici
ce
bien
renseign
(Le
diable),
il
dit-il
tormente
l'esprit
de ces femmelettes,
les
remplit
comme
si
pour
se
devaient troubler
l'air,
et faire
tomber
la grle.
Par quoi,
elles
jettent
;
des
cailloux
contre
le
soleil
couchant
quelquefois
;
en
l'air
quelqueelles
fois elles
en aspergent vers
ou bien
elles font
un trou
remuent avec
lir
le
doigt
des
poils
de pourceau
dedans un chaudron
une
infinit
de
telles folies.
(1) Wier. Histoire disputes et discours, etc. t. 1, p. 357. Fbazer, Le Rameau d'or, t. 1, p. 69, seq. donne de nombreux exemples des charmes employs par les sauvages pour avoir de la pluie ou du beau temps.
194
LA SORCELLERIE EN FRANCE
inquisiteur
Un
fille,
(1),
champs,
Hlas
La
petite
lui
dit
il
incontinent,
en
ferait
venir
quand
voudrait.
Il
rpondit
Et
qui
elle,
t'a
enseign ce secret ?
te
C'est
ma
mre, dit-
le dire
personne.
ce
Et comment
pour
donner ce pouvoir ?
Elle m'a men un matre qui vient moi, au Et as-tu vu tant de que
fois
-
je
l'appelle.
j'ai
matre ?
Oui, dit-elle,
hommes
voue.
chez
ma
ce
m'a
Aprs
elle
pre
lui
demanda
comment
d'eau
ferait
pour
faire
pleuvoir, seulement
il
la
mena
l'eau
ayant
nomm
au
nom
champ
+ 1495) est un des auteurs du Maliens maie(1) Sprenger ficarum, vritable code de l'Inquisition des sorciers. Les ditions de cet ouvrage ont t fort nombreuses, car il a exerc une influence vritable sur tous les procs de sorcellerie. On poiurait presque dire qu'il les a crs en Allemagne. Nous citons le passage qxie nous donnons, d'aprs Calmet, Livre des apparitions, t. 1,
(
p. 156.
195
pre,
convaincu
femme
tait
sorcire,
l'accusa
feu.
devant
les
juges, qui la
condamnrent au
;
La
se et
voue Dieu
mais
elle
perdit alors
!
pou-
fait
dj plus
(1).
Nous
lisons aussi en
livre Y,
Pontanus,
dit-il,
une histoire
mmorable au
que
les
Franais se voyant
au
royaume de Naples,
resse
et
lors
et
de chaleur,
Franais taient
il
se
le
trouva
crucifix
par
phmes, et
ils
baillrent
un ne,
l'glise,
qu'ils
enterrrent
et aprs
quelques
besoin
charmes
et
blasphmes dtestables
il
(qu'il n'est
de savoir),
blait
si
un vrai dluge
le
par
ce
moyen, l'Espagnol
quitta
sige.
(1)
Bodix. Dmonomanie,
1.
2, c. 8, p.
103.
193
LA SORCELLERIE EN FRANCE
II
Si l'imagination
moyens
on doit bien
le
but
soit
d'imposer,
qui
concerne
moyens
partags
naturels,
comme
l'application
de pigeons
en
deux,
mnin-
ou
la fivre
typhode.
La
Un
(2)
lit
;
prtre
monomanie mystique
s'tant mise
une
paysanne qui
le
servait,
au
aprs
un
tomba dans de
un morceau de
elle
se
trouva mieux,
mais
le
morceau de chair
t.
nombreux
IV. p. 415.
197
il
devenu
il
sec
et
rid.
Mis dans
l'eau,
de-
vint noir, et
et purulente.
Le
prtre,
ayant remarqu
la
chose,
essaya
la
chair
de canard
comme un
Il
prservatif
se
mit sur
le
Ce moyen
tement,
dans
une
circonstance
assez
fils
singulire.
et le
croyant
La dou-
et,
quand
partie,
morceau de
partir de ce
moment,
prouva
il
continua l'usage
plus
de ce moyen,
effets.
dont
il
les
heureux
(Cf.
Frazer,
t.
n, p.
259 seq.)
les
raient
d'autres remdes.
cas,
Rien de plus
efficace,
(1).
en certains
que
le
le
pape Jean
XXII
croyait la
le poison.
Des
;i)
Sur
la
magie des
pierres, v.
Frazer,
t.
I,
p. 13.
108
colliers
LA SORCELLERIE EN FRANCE
de cailloux, de jaspe, d'herbes, gurissaient
des
fivres.
Les
herbes
encore,
mais en
potion,
jouissaient
et
bien
d'autres, avaient
pour rsultat
par
les
la
gurison
de
maladies
envoyes
sorciers,
du
du
l'on
en
(1)
croit
:
l'inquisiteur
allemand,
dj
est
cit,
Sprenger
la sorcire qui a
mallici,
boyaux
tranant
la
jusques
quelque
mais par
logis,
porte
terre,
commune,
et
l
la
font
brler les
boyaux du
va droit
la
maison o
boyaux
Et
si
on ne
lui
ouvre
la porte, la
maison
menace de
ruine,
si
veulent ouvrir.
En
ts srieux,
on
se
(1
1,
Nous empruntons
250,
3, c. 5, p.
199
les multiplier
indfiniment,
extrait
c.
galement de
Dmonomanie de Bodin
du
(1.
3
il
5).
corps,
laisse
de Laon, car
les
la vrit
moyen
le
quand
il
procs de
sorcire de Ste-Preuve,
et
maon impotent
tte
courb, en
les
presque entre
jambes
mal.
que
lit
dire la sorcire,
comme
n'y avait
moyen de sauver
elle se
sant
le
maon. Enfin
apporter par sa
fille
et aprs avoir
invoqu
diable,
la
face
en
terre,
marmottant quelques
chacun,
elle
charmes,
en
prsence
d'un
bailla
le
paquet au maon,
bain
;
baignt en un
le
et qu'il
paquet en
le diable
Va, de par
le
autrement
qu'il
n'y avait
moyen de
gurir.
Le
maon
fit
On voulut
elle
savoir ce qu'il
de
le
200
dfendu
:
LA SORCELLERIE EN FRANCE
on trouva
le
trois
petits
lzards
le
vifs.
il
Et
pendant que
maon
tait
dedans
et
bain,
sentait
comme
trois
grosses carpes,
;
puis on rechercha
ni carpe,
diligemment au bain
ni lzard.
La
jamais
dtail
se repentir.
De
toute l'histoire,
le
dernier
cette
parat
III
ces
recettes
pseudo-scientifiques,
les
sorciers
ajoutaient
naturels.
d'autres
C'taient
procds
de
gurison
extra-
d'abord
certaines
le
paroles
de
la Ste-Ecriture.
il
vin ne se gtt,
:
suffisait
d'crire
le
tonneau
Gotez
et
voyez que
Au
je
nom du
par
t'exorcise
le Fils
ou adjure
f et par
le
toi ver,
par Dieu
le
Pre f
et
sang, ni les os de ce
que tu
qu'a t ce bon
lors-
baptisait
Notre-Seigneur
au
Jourdain,
au
201
l'oreille
Saint f Esprit.
trois
la
f.
Ave Maria
Sainte-Tri-
du cheval, l'honneur de
nit,
de
choses
sacres.
une religieuse
malade de
la vessie et
consultation
(1).
Premirement
le
et
un
qui
bien
s'ensuit.
Prenez
une
des
drachme
de
de
rhubarbe
de
la
lue
(choisie),
racines
campane,
rouge,
l'armoise
vulgairement
surnomme
de
petite centaure et de la
le
faites bouillir
saints noms,
mettez l'armoise
Faites
bouillir
en
une
chopine
d'eau.
de
plus
dire
par quelque
fois, la
Patentre et Y Ave
(1)
cit,
donne de nombreuses
recettes magiques. Nous lui en avons emprunt quelques-unes. Mais le plus curieux recueil de secrets T. II, p. 80 et passim. magiques est un rarissime petit livret, soigneusement pourchass
parla Commission d'examen des livres de colportai;!' (30 novembre 1852), qui a pour titre: Phylactres ou prservatifs contre les
maladies, les malfices et enchantements. E.vorcismcs, pratiques croyances populaires. Publication " Albano, noble portugais.
et
202
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
Maria,
premire
et
;
de
la fille
ensorcele
men
Jsus-
au jardin
la
la troisime,
;
en souvenance
quatrime, en
condamn
la
la
cinquime
fois se dira
en l'honneur de
la
Passion,
croix
;
et afin
il
lui plaise
de con-
cause,
il
faut qu'un
homme
la
il
l'eau
baptismale,
les
les
cierges bnits,
Agnus
et autres choses de
liques,
mme
composition
gurissant
est
ici
des
la
charmes
maladie,
et
la
des contre-charmes,
donnant
le
ailleurs.
\\
en
effet
assez curieux
que
mme
objet
se
trouve not
comme
curatif dans
un
endroit, et,
au
un
autre.
cette diablerie,
203
appartenaient
les
conjurations,
enchantements,
bndictions
diabo-
comme
comme
curatifs. C'taient
animaux enfouis
ici
ou
l,
en che-
la
personne ensorcele.
On
sit
dans
les
charmes
liste
qu'il
d'en
dresser
une
mme
incomplte.
variaient
inventeurs
Il
en tait de
mme
incantations,
adjurations,
I
dont
les
formules
sont
excessivement diverses.
teurs
prires
ont imit,
sans
les
ou
la
les
formules
dj usites
dans
par conse
squent,
ils
sont
d'en
aucun
sens.
Les crivains
ont
la
voulu
voir
la
dans
ces
tait
imitations
saugrenues
preuve que
magie
Il
une contre-
faon diabolique de
l'Eglise.
211
trop
LA SORCELLEIUE EN FRANCE
simple
sans
doute,
d'y
reconnatre
tout
bonnement
grande
leur
l'industrie de
pauvres hres,
qui sans,
imagination,
cherchaient
les
utiliser, pour-
bnfice
la
personnel,
foi
prires
ecclsiastiques
auxquelles
efficacit.
des
peuples
Quoi
qu'il en soit,
on a pu
ou
dresser
de
longues
ques.
listes
de
conjurations
prires
magi-
Dans
celles qui
langues
se
trouvent
reprsentes, j'entends
le
les.
pays, et
mme
un peu
sans,
partout
paraissait
bizarre,
plus
surprenant
(1).
le rsultat
obtenu
ces.
le
mal de dents*
g aides
galdat.
suffisait
de
dire
Galbes
galbt,
Comme
en
trois
une
pomme
crit
:
morceaux
sur
l'un,
le
sorcier
(1)
sieurs
Papus, Trait lmentaire de magie pratique, a donn pluexemples de ces conjurations magiques.
205
;
sur le
second
Immensis pater
le
Mternus
pater. Si
remde n'est
hosties
pas suffisant,
lesquelles
il
l'oprateur
:
prend
trois
sur
crit
puis
languorem sanitati
:
gauchis ascribendum*
:
et enfin
Pax
max
vita
f fax f ou encore
Pater pax f
adonay f
filins
fetragrammaton.
l'effort
du patient, pour
en
le
charabias, suffisait,
certain
lui
faire
oublier son
la
mal, et
Il
mettre
sur la
voie de
gurison.
en tait de
mme
de
mme
S'il
acabit,
indiques dans
d'arrter
:
les
giimoires.
s'agissait
ou externe, on disait
Spiritus
In nomine Patris
cara
farite
Filii et
Sancti
Curt,
:
confirma,
-
con-
sana insaholite ou
arrte-toi.
sang y
Tout
et
est
padendi f
du Fils f pandera f
soit avec toi,
du Saint Esprit f
d'autres-
pandorica f paix
Amen. Bien
Le
avec
parole
il
Consum-
matum
employait
suivante
:
206
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sang d'Adam
est
Au
la
mort
est
,
sortie f,
au sang du
Christ la mort
amortie f
je te
commande,
sang
en vertu de
celte
de
faire
remarquer une
de plus que
le
libell
de l'adjuration, tant
pouvait varier
laiss
au gnie du magicien,
l'infini (1).
Contre
recours
la
morsure
Un
insti:
tuts
Pasteur,
crire
fere,
dans du pain
Irioni Khiriori
Kuder
puis l'avaler.
On
l'homme mordu ou
le
le
chien
enrag,
l'effet
produit tant
mme,
la
formule
suivante
au nom du Pre t
ma.r,
nom du
Contre
Saint-Esprit prav,
~\
thazar f prax
max
f Dieu imax.
quelle calamit,
les
n'importe
sorciers
pays de Clves,
chenilles
la
les
du jardin
Chenilles
bien
aimes,
ce
(1) Le transfert des maladies ou leur gurison par procds magiques sont de tous les pays. On peut en voir de nombreux exemples dans Fuazrr, t. II, p. 256.
207
que
et
la
Vierge
Marie prenait de
plaisir
quand en buvant
nom
Dieu.
Amen. Afin
d'viter les
pizooties
quelquefois,
qu'il
enterrer au
contraire,
la
sous
le
seuil
de
l'curie,
en accompagnant
crmonie de quelques
paroles
magiques
le
(1).
Comme
les
sorcier
pouvait envoyer
la
maladie
mmes moyens
;
se
trouvaient aptes
la
faire
disparatre
disait
qu'il
la
que
le
malade et confiance,
Il
sinon
y avait
un savetier
din
(2),
en touchant seulement
voulait
main
mais
celui qui
ne
ne gurissait
point. J'en ai
vu un autre qui
tait de
Mirebeau
la
mme
sorte
et
(1)
(2)
Frazer, t. I, p. Dmonomanie, 1.
41.
3, c. 1, p.
215.
208
LA SORCELLERIE EN FRANCE
et pair
vque de Langres
fivre quarte,
il
homme
il
qui
le
gurirait srement.
Le jour suivant,
toucha
la
lui lui
amena un homme
demanda comment
su son nom,
tes guri.
il
qui lui
il
main
et
s'appelait.
:
Et aprs avoir
lui
dit
J'tais alors en
pris sourire,
chambre. Et parce
aussi
fit
que
je
me
comme
je
Le Fvre,
mdecin
trs docte,
:
de miracles
Non,
l'vque de Laon, que c'tait la faon la plus ordinaire des sorciers d'attirer la confiance des
hommes
pour
les
dtourner de
se fier
en Dieu, et de rapporter
La
foi
aux
sorciers,
lui
faisait
voir
partout
satanique,
nous
au miracle, pour
l'obtenir, elles
nous donnent
l'esprit
supposer une
suppliant et
condition
certaine
relation
entre
lui.
du
le rsultat dsir
par
Cette relation,
d'une
gurison
religieuse,
ne
l'est
pas
les
naturelles.
la
De nos
jours,
confiance de leurs
et leur
dvouement
influe
209
l'emploi
rtablissement,
non
moins
que
physique ou chimique des remdes. Et cette analogie entre le sorcier, le prtre et le mdecin,
si
trange
qu'elle paraisse
au premier coup
d'oeil,
peut donner
l'explication
de certains
faits rels,
clans lesquels,
du
confiance inbranincontestable,
du miracul
et
l'influence
l'homme.
ARTICLE TROISIEME
devait sa rputation
le
que
210
LA SORCELLERIE EN FRANCE
paraissait incertain.
srs, le
Au
ou moins
ce fait n'tait
pas incon-
il
tait
au
contraire bien
racontait,
assur, puisque
l'inquisiteur Sprenger le
qu'une sorcire
d'elle
en
pen-
dant
la
donna
cette
subitement
femmes
et les
l'avons
ou ravissaient leur
que
celui des
troupeaux.
la
suffisait parfois
donner
mort.
dmon,
elles
voulaient frapper,
mme
le
diable se
(1)
Del
393.
rum?\.
211
un
avait,
Bodin
(1),
un
sorcier qu'on
appelait
PumCru-
coups de
et
traits le
pou-
hommes,
ayant vus
et
pos de
en
la
les faire
du monde. Enfin
les
pay-
sans du village
dmembrrent en
pices, sans
forme
commis par
lui plu-
On
racontait ga-
lement que
les
magiques, mettre
Si
les
feu
aux maisons de
les
leurs ennemis.
conjurations,
les
adjurations diaboliques,
les fascinations,
dj des effets
les
si
redou-
herbes cueillies
se
au
clair
de
la lune,
ou genoux en
tournant
(1
Bodin. Dmonomanie,
1.
2, c. 8, p. 201.
212
LA SORCELLERIE EX FRANCE
St Jean,
la clart
d'un
cierge magique.
Que
comme
des bestiaux
;
admis au sabbat
recueilli, se
leur corps
mlait avec
la
du sang d'enfant, de
la graisse
pollution
de pendu, des
et
bave
les
de chien enrag, de
serpents,
moelle de cerf
mang par
Le
pommades infmes,
les
dans lesquelles
substances
plus htroclites
mais
la guiison, ce
Une
des convic-
par
les
on
pouvait
l'amour,
inspirer
soit
la
un
homme
pour
soit
l'affection et
haine
213
Brognoli
(1)
nous raconte
qu'une jeune
reut
fille
un
philtre
On
nuit
Je vais mourir,
l'on ne
me
conduit vers
lui.
Je fus appel
la
le
et je
demandai
qu'elle
jeune
c'tait bien
de propos
Elle
dlibr
avait
me
d'amour pour
imagination
nuage,
et
domestique
t
que son
esprit et son
avaient
troubls
comme
lui
par un
difficile-
ment
la magie
du
philtre en question.
On
raconte
cependant d'autres
En
1589
(2),
vivait Gnes
un jeune
homme bien
(1) Brognoli, frre mineur, auteur d'un ouvrage plein de faits extraordinaires, Alexicacon hoc est de maleficiis ac moribus maleficis cognoscendis. Venise 1714. Le passage est dans Grres t. V, p. 361. (2) Cit par Del Rio, 1. 6,c. 2. sce. 1 qu. 3 p. 948 et Grres,!.
c.
214
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sa
jusqu' ce que
le
jeune
homme tomba
dangereuse-
ment malade. On ne
des cheveux de femme, des coquilles d'oeuf, du coton,, des pingles, des morceaux d'aiguille, d'os et de fer
le
tout ml de sang.
tait prsent,,
l'engagea rompre
aussi pernicieux
pour
lui,
et lui
demanda
avait en sa possession
d'elle. Il lui
quelque lettre
ou quelque objet
il
rpondit
avait
ses
est vrai,
mais
qu'il
foi
dans
Le malade ayant
t averti de la chose
cris terribles
de son armoire,
l'avaler,
il
la
porta sa
Il
bouche pour
mit sous son
vue. Sa mre
mais on
l'en
empcha.
il
la
mme,
Il
perdit la
le supplia de la rendre.
;
la chercha et
ne
se
la
trouva point
il
mit
cherch
si elle
n'tait
lit.
Pendant
ce temps-l,.
215
retrouva sa
partir de ce
moment, commena
et
il
sa
fut
bientt
parfaitement rtabli.
de Ranfoin.
Un
mdecin, Poiret,
lui
ayant donn
deux
et
comme
tait agite
violents
que,
malgr
trs
la faiblesse
de sa constitution, quatre
la
hommes
s'en-
forts
pouvaient peine
et se
tenir.
Tantt son
il
crne s'ouvrait
flait
fit
du
bruit.
Le mdecin
et
phnomnes
que
la fit
a l'imagination de la malade.
venir
Nancy
six des
mdecins
dclarrent
unanimemenLque, parmi
il
les
symptmes
de cette maladie,
pouvaient s'expliquer d'une manire naturelle. L'vque chargea les ecclsiastiques les plus savants.
et
les
la
malade v
216
et plusieurs
LA SORCELLERIE EN FRANCE
vques s'adjoignirent
eux.
On employa
possde du dmon.
l'air,
En
effet,
elle
tait enleve en
avec une
la
telle force
que
six personnes
pouvaient
peine
retenir.
Elle grimpait
l'agilit
qu'on
lui
commandait en
;
en
allemand, en
latin,
en grec, en hbreu
une
une
lettre
qu'on avait
omise.
Un
du mal, de
damn et excut,
tir
ce
On
brla
ses
et
mourut en 1622,
de
la
manire
la plus
difiante (1).
philtres
Les
les
paens,
manquaient quelquefois de
(1) Le fait trs connu de Poiret, brl par ordre du duc Henri de Lorraine, a t racont bien des fois nous l'avons extrait de
:
Gbkes,
1.
c.
217
Institor
(1),
Nous avons
connu,
disent
Henri
et
une
amoureuses,
aussi
mais
(comme
commun
mourir, et
n'a-t-elle
fait
mit
le
quatrime hors du
sens.
Encore
mchancet
et la fait encore, et
que
les
abbs
qu'ils
ne se sont pu
avaient
gros.
retirer
mang autant de
La
vieille
tait
malpropre chappa,
parat-il,
au
ses
On
sait
au reste que
les philtres
s'admi-
non-seulement
soumettre
les
volont du sorcier;
ils
opraient
comme
autres
charmes magiques.
II
Un
(1
qu.
7, cit
1.
218
le
LA SORCELLERIE EN FRANCE
des limaces, et
le
tionne
la
crapauds taient
saient et
sorcire
les
amis des
mme
les habillaient.
On
(l)
racontait qu'une
un
empoisonn un fermier
aussi
fut-elle
Une
ses
on
trouva
deux crapauds en
:
pochettes.
Plus
fort
encore
Et pendant que
Bodin,
dmonologue,
on
m'avertit
qu'une
femme
De
cra-
quoi
la
sage-femme tonne
paud au
logis
du Prvt,
que plusieurs
ont
vu
(1)
Bodix. Dmonomanie,
1.
2, c. 8, p. 195.
219
une
sorcire,
et
le
qui
lui
dit qu'il
fallait
baptiser
un crapaud
nommer,
ce qu'il
manger une
hostie consacre,
fit
ont
fait le
mit dedans
un
pot,
elle nourrissait
un crapaud,
le
et
mit
le
tout
diable lui
bailla
pour
ques paroles,
mourir
qu'il
pour
faire
le btail.
Et
toute vive.
amulettes,
disparates,
charmes,
mille
objets
surtout
de
fil,
ou
de
rubans nous,
la
le
sorcier
recourait
Il
pour empcher
est
vritablement
de
les
la
trouver
cette
esprits d'une
que
les
le
papes
mentionnent
dans
leurs bulles et
que
grand tho^gien m-
220
dival
LA SORCELLERIE EN FRANCE
St-Thomas en
fait
lique (1).
On
son gr l'homme ou
natre dans leur
femme
impuissant, de faire
cur
pour
l'autre.
La
ligature,
nud ou
aiguillette de
les habits,
la
fil,
se plaait assez
l'oreiller.
indiffremment dans
sous
Fait
aux
(2)
sicle
par
sicle,
depuis cette
poque.
En
1567, pendant
roi Poitiers,
du procureur du
sorcires.
on
lui,
lui
il
dnona plusieurs
tait
une femme
trs estime
et,
comme
elle
avait
Mais la foi catholique (1) St Thomas, Quodlibct XI, a. 10 veut que les dmons soient quelque chose et puissent nuire par leurs oprations et empcher la copulation charnelle. Bible d'IlASTiNGS (2) Art. Magic, dans le Dictonary of the t. III, p. 208; Frazer, t, I, p. 319 seq. texte cit par (3) Bodin, 1. 2, c. 1, p. 99. Nous donnons le
:
Ctrres,
t.
V, p. 365.
221
Jacques de Beauvais,
res
homme
li
et
une
femme
ou dans
l'homme ou dans
fois l'un
femme seulement
que d'autres
supporter, ou bien
ardemment
l'un l'autre,
mais ds
ils
du mariage
se
;
beaucoup plus
facile
la
de jeter un sort de ce
l'on
femme, que
pouvait
pour un
jour,
pour un an ou pour
inaccessibles
toute la vie
qu'il
aux influences de
l'taient
que quelques-uns
lui
seulement avant
mariage. Elle
les
com-
lgendes et toutes
aucune langue.
Virgile,
dans sa
;
huitime
elle
glogue,
n'en demandait
devait tre.
Comme
le
cette espce
le
commune dans
Poitou,
juge
d'une jeune
qui accu-
222
LA SORCELLERIE EN FRANCE
fit
jeter celle-ci
l'y laisser
menaa de
elle
avait ensorcel.
savoir
Deux
charme
il
tait
rompu.
de
Aussitt que
prison.
la fit sortir
III
plusieurs
reste combien,
une poque de
objets
considrs
-comme
saints
Agnus
Dei,
les
dbris de vtements
sacerdotaux,
l'on veut,
le
pour
ainsi dire,
form
le culte
moderne
envers
Saint-Sacrement.
de
la
communion, sur
la
223
et
de
Y
Il
eut-il
est impossible
On
on accusa
l'avourent
sorciers
d'en
avoir
commis
et
ils
frquemment.
rcits
(1).
Dans
effet
les
du sabbat, l'Eucharistie
est
en
souvent mentionne.
On y
composition des
Surtout dans
les
charmes
relatifs l'amour,
on
Evidemment,
l'auguste
l'Eglise
cette plus
celui
le
que
plus
mdivale vnrait
comme
les
gage
hommes, tmoi-
Soudan,
(1)
Del
Hansen,
G-rres,
t.
p.
245 seq.
p. 192.
16
221
gnait d'une
superstition,
sacrs.
LA SORCELLERIE EN FRANCE
foi
vive,
mme
qu'il
plus
Quoi
en
employe deux
les
fins
contradictoires. Tandis
que
comme
d'un puissant
secours antidmoniaque
(1), les
sorbiers l'employaient
pour
Ils
oprer
leur
besogne
malfaisante
d'amour.
crivaient sur
le
pain sacr,
perles
sonnes, produisait en
portait
elles
ardemment
l'une l'autre.
fallait
sinon
le diable,
du moins un
esprit diabolique,
le
pour emle
On
corps nu de la
femme
le
On
dmons.
insectes,
une
(1)
Grres,
t.
225
la fabri-
maison,
apparatre un bois,
un
village,
un
et mille
maux
relativement
minimes,
encore imputs
Au Moyen-Age,
on supposait
qu'il
par l'anus,
la
bouche,
le
peau
p.
56 seq). Les
de toutes
les
samment connu de
mal
d'aprs l'Evangile
le
la
danse de St-Guy,
la catalepsie,
somnambulisme
que
phnomnes divers
tre les
de l'hystrie,
assura
caractres
un
corps.
Au
non toujours,
des
mais souvent,
apparitions
des
fantmes,
elles
pouvaient natre
leur
de l'opration
des
diables
;
et
avoir
origine
il
en tait de
mme
de bien
228
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la posses-
que
le sorcier fut
Ces terribles
ner,
ils
frappaient
si
mme,
l'on
les
comme nous
l'avons dit
si
sorciers,
dmon pouvait
dans un
cadavre et
lui
factice,
ou former
celui
du dfunt.
des
Dans l'numration
exploits
forcment
incomplte
des magiciens,
d'oublier l'envotement,
le
moyen de
statuettes de cire
et
ou
ds
de
lors,
plomb,
censes
baptises
les
reprsentant
au moins moralement,
personnes aux-
quelles
combattre, rece-
(1)
art.
Bodix, p. 99 Chevillement.
227
blessures
la
assurait-on,
le
contre-coup
des
leurs images.
loi-
comme
si
modernes, une
efficacit relle.
et,
a t en tous cas
les
pratiqu partout
de nos jours,
sorciers
des
(1).
Une
pingle traversant
le
cur ou
la tte
de
la statue,
cire,
statuette,
on affirmait que
la
vie de la personne
s'il
se
mettait
Nous aurons
l'occasion de signaler
bon nombre
la
ma-
(1)
Lea,
Gui, Practica inquisitionis hreticcc praMaspro, Peuples de l'Orient vitatis, Paris, in-4, 1886, p. 292. classique, t. I, p. 213. Hastings, art. Magic, Babyloniau Daremberg et Saglio, art. Magic. Du Cange, religion. Glossarium, art. Vultivoli.
p. 341.
Bernard
t.
Soldan,
p. 137.
Wier,
t.
I,
228
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sans
efficacit.
Quelquefois,
s'oprait
mais
trs
rarement,
l'envotement
par
un
crapaud,
qu'on
perait d'aiguilles et
dont
(1).
les blessures se
rpercu-
Une
fois lanc
dans
les rcits
cires, le
racontait,
non
sans trembler, les mfaits vraiment extraordinaires de quelques-unes de ces atroces femmes voues au
dmon.
d'enlever
un homme
;
son
hache et de
rir
laisser,
dans cet
tat, leur
victime dp-
mon
avis,
que
le
pauvre
;
homme
Wier,
t.
se
I,
contentt de
p. 57).
(1) Fbazer, Le rameau d'or, traduit par Stiebel et Toutain, A. de Rochas, L'Envote3 in-8, Paris, 1903,seq. t. 1, p. 5 seq. ment, in-18, Paris. Decrespe, On peut envoter, in-18, Paris.
229
ARTICLE QUATRIEME
Le Sabbat
Tout
cela
des runions
les
sorciers
et
les
sorcires
prsentaient leurs
hommages au
porelle,
y recevaient
lui,
ordres,
prsents,
s'y
le
prostituaient
ou,
entre
eux,
clbraient
Il
faut
ont
les
laisss
sur
ces
conciliabules
;
contradictions
fourmillent
la
toutefois
:
l'ide
mme
c'est celle
d'une runion
secrte,
dans
laquelle
les
associs
foi,
adopter de nouveaux
fice
frres,
communier au
le
sacri-
sabbat
il
faire
230
LA SORCELLERIE EN FRANCE
;
mais
il
capables d'arle
hommes
bien tremps.
les
font connatre
procs de sorcellerie et
se
les
ouvrages spciaux.
les
Le sabbat
glises
tenait
parfois,
renomm.
spcifi,
bons.
Dans
ou
certains
le
pays
cependant,
le
lundi, le mercredi
de saint
Del Rio, p. Bodin, p. 143 seq. 78 seq. Collin du Plancy, Dict. V, p. 190. tionnaire Infernal, art. Sabbat.
(1)
Daneau,
1C7 seq.
Gorres,
p.
231
Au
jour
fix,
la sorcire, seule
dans sa chambre,
se dpouillait de ses
vtements
et se frottait le corps
le
diable quelqueelle,
dans
sa
Il
suffisait
parfois
vtements
un bton, un manche
qui
ail
balai ou
la
une chaise.
sorcire se mettait
bton,
s'envolait,
transportant
comme un
certains cas,
la
coursier
le
l'trange
voyageuse.
En
dmon
d'enfourcher
ailleurs,
sans
moyens
visibles,
femme voyageait
elle
emportant avec
les
ou
Hrodiade
ailleurs,
ici
il
Scandinave,
de
dame Habonde,
Bizazia,
d'un
dmon
appel Benzozia ou
ou encore de gnies
16, n. 8, 23.
Le Loyer,
Suarez,
1,
p. 137 seq. p.
De
2,
p. 109.
232
LA SORCELLERIE EN FRANCE
:
Habonde
magne,
et
Bizazia venaient,
disait-on
en
Alle-
la nuit,
manger
et boire
dans
les
demeures
de
de
femmes
enfants
pour
les tuer
ou
c'est
pourquoi des
aux
petites
la
cratures.
Avec
ses
compagnes
ou
si
seule,
sor-
cela se pouvait,
les
semblaient en
effet
enchantes.
Les variantes
entre
l'extraordi-
les
inquisi-
pendant que
les
masses popu-
et
comme Jean de
vers 1180), traiet de folie, les
(+
mensonge
233
compte par
passait. La plupart des expriences de ce qui se du dpart du temps, avertis par le sorcier de l'heure
mystrieux,
onctions se
ils
dsiraient
assister,
voyaient
les
faire, le
voyageur
s'asseoir et s'endormir
en
et,
leur prsence.
Ils
magicien, qu'ils
moins avoir
part aux
assist la runion
dmoniaque, pris
rites et
il
rencontr bon
sances, dont
rvlait les
la
noms
De
nos jours,
ou de
de
rves.
Au Moyen-Age,
tmoins oculaires
l'erreur,
admirent que
le
dmon, pou r
avait remplac jouer un tour aux juges incrdules, ressemblant, tandis que sorcier par une figure lui
le
le
rellement au sabbat. vrai corps se transportait cette supercherie, Les autres, incrdules mme
le
expliqurent que
place,
sorcier
mais par
l'artifice
du dmon
sa
propre
234
laquelle
il
LA SORCELLERIE EN FRANCE
avait vu, ou cru voir, ce qu'il rapportait
aux
juges.
c'est
que cette
explication,
un certain point,
y avait
(1).
II
Il
cheval, les
au sabbat.
affectait
formes
les
le
souvent aussi,
il
avait
homme
noir,
ou rouge, quelquefois
animales,
la
partie la plus
remarquable de
(1)
Bodix,
p. 158.
Del Rio,
p. 167, 802.
Lancbe,
p. 97.
235
mem-
devant l'autre
derrire,
emblme des
dmonologie sont
difficiles dire
en franais.
On
la
semence du diable
tant des
fillettes
mense
son retour.
consistait
baiser
le
du
diable, quelle
en Savoie
on
complissement du
deux
cas
tait
Une malheureuse
que
savoyarde, mise
deux
le
juge, en particulier,
celle
rvrence, en
le
baisant au
(1)
Les prliminaires
termins
on
prsentait
il
au
dmon
les
nouveaux
convertis,
auxquels
impri-
Cette
la
retrouvons
(1)
Laxcre,
p. 71,
Danbau, Calmet,
p. 36, 61.
Kansen,
p. 191,
t. 1.
p. 140.
236
LA SORCELLERIE EN FRANCE
signale sans cesse. Elle avait toutes les formes possibles et se logeait
que dans
l'anus.
Sa caractris-
modernes
On
Plus souvent
la sagacit. Aussi,
prtexte de
suspects de
tout
le
corps,
compltement
se sentaient piqus
mdicale,
jusqu' ce
que pt
dcouvert un
c'tait la
fameuse
et
par
consquent,
messagre du
supplice.
les
donnes sur
un
homme
et
que
237
qu'il
membres
se
vouaient
Satan.
Il
tait
vu
celui
le
tortures.
qui, tenaces
les
pendant une
disloqus,
membres
jambes ou
les
faim, finissaient tt ou tard par succomber la souffrance. Ils disaient alors tout ce qu'ils savaient,
ou
le
mme
les
l,
on
prtendait
le
aussi
que certaines
dmon, empchaient
de
souffrir.
aveux, ou enlevaient
le soin
la possibilit les
De
suspects, dans
les
plus
le
prcieux
talisman.
De
plus,
comme
on
joignait
toutes les
prcautions naturelles,
celle
des
exorcismes.
les
On
inondait
les
accuss
mmes
prcautions permettaient
cela,
et risqu lui
238
LA SORCELLERIE EN FRANCE
prendre feu
(1).
On
racontait encore
satani-
que par
que,
les
l'effet
de
la
marque ou du talisman
sorciers
ne pouvaient pleurer,
mme au
milieu de tortures,
mme
malgr
les
objurgations
III
Une
fois les
trou-
peaux de crapauds,
de ses
fidles, les
le
dmon
moins obscnes,
de nouveaux
s'ils lui
leur
un chtiment. Ce diable
l n'tait
Loudun.
p. 128, 189.
239
il
bon
diable.
Il
l'tait
au contraire leur
les obli-
au
banquet commun ou
la fabrication
des malfices.
menu
les invits
avec
tait
un assaisonnement digne du
parfois
lieu.
La coupe
servait
commune
une
fois
vide, elle
aux
ainsi
rondes en tournant
le
une
grand
plaisir.
Tout
ce
que l'imagination
la plus
mala-
fameux
bals
du sabbat.
(1).
(1)
Lancrb,
223 et passim.
I?
240
LA SORCELLERE EN
FRANCE
Comme
intermdes,
Nous en connaissons dj
crapauds voisins y taient
les
les
les
enfants
os,
souvent
il
avait des
os de mort, des
dbris
de cadavres, et
fournissait le
dmon de
son cru.
On
liques.
disait aussi
dmon, ou
place
souille.
Tantt
le
diable
le
pre-
la
du
la
crucifix.
Quelquefois
les pieds
prtre
l'air;
clbrant tenait
d'autres
fois,
tte
en bas,
en
rle
de clbrant. L'aspersion
d'urine
il
rglementaire se faisait
cette liturgie
du
diable.
Dans
autel,
extraordinaire,
y avait un
pains,
des
chandeliers,
une
croix,
des
des
orne-
241
De
tels
rcits,
multiplis en
abondance dans
les
de
sorcellerie, finissent
par nous
pu couter
gravement
ments,
le
et faire crire,
dans
le libell
de leurs juge-
rsum de
telles
normits. Et pourtant,
du
Moyen-Age
et
dans
les
modernes, dgnrant
en
vritable
pidmie.
Italie,
Au
en
nous
retrouvons
maladie,
les
des
rcits
analogues.
les
Devant
cette
princes,
l'Eglise,
contes dlirants,
(1)
Laxcre,
129. Grres,
t.
V, p. 224, 232.
242
tait
LA SORCELLERIE EN FRANCE
de faire confirmer
hors de
la les
la
question,
chambre o
malheureux
De
plus, la
fait dire
des cer-
veaux
faibles ?
Ils
un aveu
fictif
et se tirer
indemnes. Combien de
fois
avec quelle
facilit
les
gens craintifs,
facile-
faibles de
ment par
demande.
En
propension
de
monde
et
pu
croire
un instant aux
fables
du Sabbat.
faire,
il
Mme si
les
que
les
243
O donc
le
amateurs
Il
dans
la misre.
reconnaissaient
le fait et
connat
l'existence
d'autre
part,
ils
supposaient
que que
la curiosit
le
dmon
plaisir
trouvait
moyen de
faire
goter un
grand
fois
dgager de ses
filets.
Qui cela
aurait-il
pu
hommes ou femmes,
les injures
d'aller
chevaucher sur
le
un bton, un bouc ou un
froid,
diable,
dans
dsert ou le
pour recevoir
ou
les coups,
et,
que Satan
comme rcom-
On
de
par de
vieilles
femmes.
aimables et dsirables
qui ne l'taient plus ?
les
244
LA SORCELLERIE EX FRANCE
IV
nous est rest bien des
11
rcits
du sabbat
et des
livres entiers
composs son
sujet.
En donner
des
beaucoup de
profit.
dtails
fameux de
Castille,
ils
sorcellerie
(1).
dans
la
vieille
en 1610
paraissent s'tre
florissante
donna
comme du reste, dans tout le pays basque, mme franais, tait appel du nom d'aquelarre, comme qui dirait,
Le sabbat, dans
le
nord de l'Espagne,
la
lane ou lande, o
le
Diable s'y
cette occasion est Relacion de las personas qvie salieron al auto de la f que los senores don Alonso Becerra Holguin, del habito de Alcan tara licencia clo Juen Valle Alvarado, y licenciado Alonso de Salasar y Frias, inquisidores apostolicos del reino de Navarra y su distrito celebraron en la ciudad de Logrono, en 7 y 8 del mes de noviembre de 1610 aiios. Nous donnons quelques passages des extraits de cette relation faits pa^ Jules Baissac. Les Grand* jours de la sorcellerie, in-8, Paris, 1890, c. 6, p. 107 seq.
(1)
intitul
245
plus
communment
bouc. Lorsqu'une personne, sduite par un ou une des matres ou matresses chargs de propager le
culte de Satan, avait promis son
hommage,
le diable,
une nuit o
il
dormait,
lui frottait
mains,
les
tempes,
honteuses
ftide
maison par
la
porte
ou
la fentre,
que
le
un
y en
au
avait, et
les
airs
lieu
de la runion. L,
au
en
dmon,
bois,
assis sur
il
un
sige,
tantt en
et
or,
tantt
trnait
gravement
avec majest. La
triste et renfro-
figure
du diable
Il
tait
gnralement
gne.
avait
le
cornes,
avec
trois
semblables
la tte et
devant de
le derrire.
De
la
grande corne
que
celle
du
soleil,
celle
de
la lune,
avait les
yeux
le
246
LA SORCELLERIE EN FRANCE
et d'un
homme
mains
les doigts
des
et des pieds
crochus
comme
comme
le
dtonnante
quand
il
parlait,
Ses
paroles
taient
confuses,
mal
articules,
il
parlait
Quand
elle
la
lui
matresse
disait
:
Seigneur, je vous
amne
et
vous prsente
une
telle.
Le diable
l'accueillait
la
avec bienveillance
en l'invitant
et lui
promettait de bien
traiter,
faire le
genoux,
on
lui
faisait
elle
prononcer
la
formule
renonait Dieu, la
les
saints et
chrtienne, en
un
mot.
Elle
serait
Aprs quoi,
bouche,
le
baisait
la
main gauche,
du cur
et
la
la poitrine,
;
au-dessus
aux
parties honteuses
la
puis
le diable, se
247
puant,
et,
au moment du
baiser,
le
il
lchait
dmon
tendait la
main gauche,
la
posait sur
l'paule
trs
gauche de
il
la novice, et
douloureux,
marquait
l'initie
d'un signe,
du corps
lui faisait
au coin de
l'il
mais sans
marque
celle
signe
distinctif
auquel
reconnaisoffices,
Pour prix de
ses
bons
la
mon-
vingt-quatre heures,
si
elle
ne voulait
les
voir
se rduire
pour
lui servir
d'ange gardien.
l'abjuration termine, le diable
sorciers
les
La crmonie de
les
et
anciens
d'entre les
prvenaient la
et
noms de Jsus
le
de
signe de la
Croix
248
les autres,
lui
l.\
SORCELLERIE EN FRANCE
le
diable
traverser,
et
pour
lui
montrer
qu'ils
ne brlaient point,
que
tout
que
de
les
la flte
que
sous
l'on dansait.
le
Les divertissements et
les
danses,
contemplait
le
coq
le
chanter,
la
fte
prenait
fin
tout
monde
emport
comme
il
mudi
l, le
deux
lieues
de
tendu chanter
au milieu de son
jusque-l
le
chemin
qu'il
voyage
avait t arien.
Pour
tre
admis aux
ftes
du sabbat,
il
fallait
les enfants,
qu'on y amenait,
un grand
les sorciers,
les
en compagnie
faire
du
dans
champs pour en
ne dussent pas, ce
249
les traiter
avec un grand
Une Marie de
de se
ramener un qui
s'cartait
du troupeau, au
lieu
donne
pour
pince de
les
si
cruelle faon
qu'elle en porta
longtemps
marques.
comme
ce sont en
qui ne quittent
le
service
la foi et
que
tions
complmentaires,
le
bndiction
du
diable.
D'aprs
roi
roi
de
quelques autres
tait" donne
levait la
l'air,
de
la
manire suivante
Le diable
en
ture,
le relevait
et,
d'un demi-tour
250
LA SORCELLERIE EN FRANCE
il
devant jusqu'au
dessous du ventre.
Ils
portaient un chaperon, la
collier
de grelots
y manquaient,
:
vous
me
au
maigre chre
dit
donnez-moi manger.
qu'elle
donnait tter
sorciers, s'ils
dormaient, pour
au sabbat,
faciliter
et les oignaient
c'taient
eux encore
:
le
mal
qu'il
y avait
faire
champs
dtruire, personnes
composer.
furieux, les
Encore, encore
paud
se redressant rendait,
par
la
bouche ou par
251
les jours
neuf heures du
avant de partir,
les sorciers se
honteuses et
la
Sei;
gneur
c'est
en ton
nom que
faire
je fais
cette onction
toi
;
dsormais
je
ne veux
qu'un avec
de
je serai
dmon,
Dieu
!
et
commun
un
petit
avec
Puis
crapaud
habill,
dmon
une
ou trou quelconque,
il
pour
les
elle
souvent,
ils
faisaient leur
voyage par
ayant
mais quelque-
prcds de ces
mmes
tous
A
la
YAquelarre de Zugarramurdi,
il
comme
les
autres sabbats,
suffisait
que
le
nom
de Jsus ou
de
dispart.
y a cependant une
particularit noter
pour
faire le mal.d'autre
forme que
celle
252
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ils
du chat ou du loup-garou,
pouvaient, Zugarra-
en mules ou mulets, en tous autres animaux quelconques, selon l'avantage qu'ils y avaient,
brebis.
mme
en
Zugarramurdi,
les
comme
Berroscoberro, dans
le
pays basque,
avaient lieu
la veille
du Corpus
le
procs-
verbal ne mentionne ni
la
se clbrait la
le
messe
noire.
On
se confessait
de tout
pas
des
puis
fait et
que
l'on et
pu
faire.
Le diable imposait
pnitences,
il
souvent
accompagnes du fouet;
passait, six
l'occurrence,
dressaient
un
toile sale,
dgotante.
en contre-faon
dans
une niche
calice,
hostie,
missel
et
burettes.
Le diable
se vtait
d'habits
pontificaux,
253
diff-
comme
le
le reste, noirs et
crasseux.
servaient
remplissaient,
en
circonstance,
le
acolytes
lui la
dans
les
crmonies ecclsiastiques
l'autre
l'tole,
le
l'un
passait
l'aube,
un
troisime
etc.
chasuble,
il
un quatrime
manipule,
Sur
l'autel,
y avait un grand
une grosse
pierre, et la messe,
Le
diable, l'endroit de sa
messe correspondant
il
rappe-
que
le
ouvrir
paradis
il
qu'ils auraient
beaucoup
qu'il
souffrir
en cette vie,
est vrai,
mais
leur rservait
le
plus de
mal
possible,
reprenait
il
l'office,
c'est--dire
que .arriv
et la
l'offertoire,
s'asseyait sur
un
sige noir,
doyenne des
sorcires, celle
qu'on nommait
lui,
la reine
tenant d'une
main une
du
diable, et de l'autre,
un
petit plat,
comme
celui
dont
254
LA SORCELLERIE EN FRANCE
se sert
on
elle
pour
les
qutes dans
les glises
du Midi
chaque anneau
avanant
le
plat
;
les
liards,
un
rosit jusqu'
le bassin.
mettre
trois raux,
un
franc.
-dans
disait:
En
le plat,
on
monde
et l'honneur de la
fte.
Les
femmes
offraient
aussi
des
gteaux,
et
comme
il
t dit
l'endroit,
levait en l'air
un morceau arrondi de
marque
.
sa laide figure,
en disant
Ceci est
mon corps
Toute l'assemble
:
se prosternait et adorait
goyti, Aquerrabeyti,
en s'criant
:
Aquerra-
Bouquin en
Le diable
levait de
mme
255
:
adoraient encore
ce calice
est
une
sorte
de
mangeait
l'hostie, c'est--dire le
morceau de savate,
puis les sorciers
leur donnait la
;
le calice,
lui,
et
il
communion
chose de dur,
difficile
Ds que
le
diable avait
fini
sa
messe,
il
les
connaissait tous,
hommes
et
femmes,
dit le procs-
l.
Comme
d'un
il
avait,
ses
parat-il,
sens
il
dtracteurs,
faisait
certain
nombre de
garramurdi,
reine
jolies filles
le
que
Zu-
mme du
Il
Barrenechea.
du rapport
inquisitorial que,
se tenaient
pour
trs
honors
un
nomm Juan
de
que
sa
femme
tait en apart
avec
le diable...
fois
par an,
et les
sorcires
doyennes faisaient au
18
236
LA SORCELLERIE EN
FRANCE
Pour
de nuit aux
glises,
emportant avec
eux un
le
diable des
bouches savoureuses
coffret,
et les mettaient
dans leur
avec tous
les
ici
morceaux
de friands
;
tendres, c'est--dire
pourris, qualifis
la fosse
puis
ils
bouchaient
retrou-
en y rejetant
ver
le
Matre.
Ils s'clairaient
,
dans ce
travail,
d'une
elle
non plus
et
Un Juan
accompagns du
cierge
fait
;
diable,
taient
prcds d'un
baptme
mis
le
feu,
comme une
telle,
lanterne
sourde.
que
les sorciers
De
leur
puant butin, au
prsen-
taient
en faisant
en mettant
le
le
pouce
entre l'index et
mdius
et
fermant
poing, signe
le
de mpris) de
la
recevait en
257
en jonc tress,
qu'il avait ct
de
lui.
;
La
au diable
c'tait,
et le
rapport qualifie
au dmon. Ces
chairs,
avec
les
os, le
dents,
qu'il
blanches
comme
celles
gloutonnement,
sait
frtillant
comme un
les
porc.
Il
en
lais-
sorciers,
qui la
mangeaient
spciale
du
que
ft le mets.
Il
comme une
sorte
la force et disposait
mal
faire
encore un
mode de profanation
des
mystres chrtiens.
des
on
fabriquait
des
poisons
et
des
poudres.
qui
il
campagnes
parcourir,
l'effet
etc.,
:
On
visitait
de prfrence
les lieux
de rochers,
les
crevasses
258
LA SORCELLERIE EN FRANCE
et l'on
de vieux murs,
en rapportait tous
les cra-
que
l'on
apport au sabbat,
de
la
main
gauche naturellement
nous avons
dit,
et
avec
le singulier
geste que
et l'on
On
cris,
avec
ces
les lacertiens et
bouillir,
tirs
les
os
et
chairs
putrides
excrt
liquide verdtre,
par
Les poisons
le
prparation,
et sorcires.
rcoltes,
Il
diable les
aux
sorciers
dtruisait les
et gens...
que
tuait le
monde, btes
arrivait parfois,
toujours cette
le
mme poque
sabbat,
diables
travers
champs rpandre, de
Pour
la
del, les
poudres
et
pestilentielles.
circonstance,
;
sorciers
sorcires avaient
chang de formes
les
chats ou chattes,
il
autres
chiens
ou chiennes
truies,
beaucoup
259
de
l'enfer.
;
On
ne dit pas
la
diable
peut-
trs bien,
mais
dant
les
pas devant
formes
animales,
boucs,
chvres,
ou des pieds,
se servaient
pour cela de
la
main gauche.
coraffi-
Quant
tge,
lis,
cires
par
la
on chercherait vainement
oculaire....
Toutes
les
les
fois
que
les
sorciers
;
mouraient,
on
laissait
d'abord enterrer
lieu,
puis,
au premier
on
se rendait
en chur, diables
en tte,
parl,
comme
au
en
la procession
dont
vient
d'tre
lieu
de leur spulture,
et des bches.
exhums,
bnits,
et
ce
;
qui permettait,
puis, avec de
d'a\oir prise
sur eux
260
exprs,
LA SORCELLERIE EN FRANCE on
les
les
entrailles.
C'taient
parents
les
plus
proches
cette
opration,
comme
le
le
son pre,
le
mari
On
faisait
:
d'ordi-
morceaux de tout
le
corps
l'un tait
Une
et
bande
s'attablait
tout
autour pour
festin.
honneurs
le
convives un morceau
bouilli,
un morceau
rti
;
et
un morceau cru de un
triple
le fds
t son
pre, etc.
Le diable
se rservait le
cur
part cela,
les
sorciers et sorcires
mor-
habills
qu'ils
mangeaient en se
dire
des.
disputant et en
croassant.
Au
sorciers,
pour
si
ftides et
ces
que
mouton, chapons
tait,
et poulets.
La
chair
des
hommes
nanmoins, leur
dire,
encore meil-
261
plus savoureuse que celle des femmes. Ce n'taient pas seulement des sorciers et sorcires que l'on dterrait pour les manger, on dterrait
et
aussi
et
l'on
mangeait
les
cadavres d'autres
avait
le
droit
elle.
emportait chez
huche,
qu'elle
une grande
pour que
fermait
filles
soigneusement,
les
vissent point
et
quand son
l,
et son
tirait
ces restes de la
faisait
rtir
et les
ses
filles,
comme
elle,
de Michel
et
Juan de Goyburu,
ses parents.
On
noms d'une
foule de
personnes,
petites
larre.
hommes
et
filles,
Vaque-
son propre
et l'avait
mang chez
en socit
d'autres sorciers, qui lui avaient pay chacun leur cot de ce festin.
Au
on
avaient
manges
dire,
chairs putrfies
262
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ce bouillon des feuilles, branches et racines
donnant
d'une
plante
appele
en
basque
les os et
balarrona,
qui
notre
procs-verbal,
comme
des
navets
On
l'on
le reste
dans
des mortiers,
jus,
que
Ce jus
un peu jaune,
fiole.
diable
le
recueillait
dans une
pulvrisait
Le sdiment
:
tait sch, et
la
on
le
ensuite
sons.
Le venin de
pharmaques
la
qu'une
liqueur ou un
atome de
poudre
suffisait
ce
cas
d'apoplexie
foudroyante.
Chaque
sorcier
et
et
li"
sorcire recevait
de
263
ARTICLE
CINQUIEME
Les Devins
le
sabbat.
Il
est
connu partout
se
resfoi
1
pays.
Ma
diable
Bien qu'on
fer,
il
dcore des
noms de Satan
et
de Luci-
n'est pas
mme
le
commun
le
avec
premier,
tel
que nous
sente
la
police de
Yahveh
ment
la confiance
que
celui-ci a
dans
la fidlit
de ses serviteurs.
En
quoi ressemble-t-il,
malgr
au splendide
de tous
celui
les
image de l'archange
matie contre Michel
pour
la supr-
264
toujours
LA SORCELLERIE EN FRANCE
l'adversaire
lui
indomptable
des
de
son
et
vainper-
queur, pouvait
mettre, dans
le
attirer
partisans,
la
langage apocalyptique,
constitu-
Nous comprenons
malgr sa dfaite,
il
que,
rest
toujours
le
second,
monde
inf-
lumire. Mais
sorciers est
vraiment trop
Et son
runions secrtes de
de
si
la
nature,
de Misram
n'taient
pas
?
cherchant par
la
lutte
contre leurs
monde
et
de l'homme?
paganisme avec
265
dieu
bon
et
trs
grand,
le
dont
le
froncement
;
ciel
et la terre
avec
;
Apollon, dieu
des
potes
et pre des
Muses
avec
Minerve,
prside
la
aux combats,
et Crs la
blonde couronne
Dieux gracieux,
faisantes ou
de
la
Gaule
et
de
la
Germanie, malgr
les plaisirs
longtemps
encore
votre
rgne,
malgr
Et vous,
fes
divinits
lgres,
mnes,
lares,
pnates,
capricieux,
l'air,
follets volages,
gnomes,
korrigans, esprits de
de
la terre et
de l'onde,
sale,
ou
est clair
que
le
la
plte; c'est
266
LA SORCELLERIE EN FRANCE
dlire
;
cerveaux en
ou plutt,
c'est le produit
d'une
le
diable,
singe et
ennemi de
tel
que
religions
la
qu'il
suffit
d'ajouter
l'absurde,
salet
la liturgie
celle
du
diable. Impossible
un lecteur de sang-froid, de
ralit
croire
un instant
la
La
seule
rcit, c'est
pu y
croire, et,
arrachaient
de pauvres gens,
par des
tortures
impossibles.
la
sorcellerie
comme
magie.
la
Il
suite
et
la
continuation
si
de
l'antique
en est diffremment,
nous considrons
les sorciers
divination,
qu'ils
donnrent
;
la
aux astrologues
c'est
par
que leur
nom
devint
commun
ques instants
les tudier
267
II
Comme
l'humanit
avait
cherch
depuis
longet
aux impuissances de
elle
sa nature mortelle,
de
mme
bles,
lui
a toujours pes
beaucoup
dont
elle
s'affranchir.
La
connaissance
de
l'avenir,
provi-
elle
limite trop
aux temps
bien
que
tout
du Paganisme,
comme celle du
futurs.
ments
Or,
ceux-ci,
assurait-on,
lui leur
sont
connus de Dieu,
les rvle
connaissance et ne
fait
exception-
mais
ils
plus
complaisant
pour
les
hommes,
ou dsireux de
faire chec,
268
malin,
si
LA SORCELLERIE
l'on
sait
le
ENT
FRANCE
de
prendre,
communiquer
entre
thologiens,
sur la
question de savoir
les diables
en savaient plus
ou des hommes,
ni les
penses internes et
les actes
caces,
ils
pouvaient
procder
ce
par
conjecture
ferait
et
deviner, la plupart
du temps,
que
l'homme
agiles,
il
dans
telle
ou
telle
circonstance.
Etres
tant
mme
tres intelli-
gents et expriments,
de la nature, les proprits des plantes, des minraux, les lois de l'atmosphre, bien des choses
nous inconnues.
laient,
Ils
pouvaient donc,
s'ils
le
vou-
nous
dsirerions
savoir.
les
Communiquer avec
inspirations
esprits
et recevoir leurs
devint
comme un
sacerdoce
les
grandepeuples
269
mme
l'uni-
que sacerdoce
rgulier, sans
(1)
d'amulettes.
Leur
influence
est
considrable,
s'entretiennent,
du
reste,
et
provoquent
regardent
comme un enthousiasme
ils
Dupes de
ils
en imposent
rsi-
mme quand
trompent
les
Europens,
sent par
croire.
Leur organisation
nerveuse,
plus facilement
dans ce
(1) Voir Maury, La Magic et l'Astrologie dans l'Antiquit et au Moyen-Age. auquel nous empruntons les dtails qui suivent.
270
la fureur,
LA
SORCELLERIE EN FRANCE
tic-ut
qu'on
pour
le
plus
les
haut degr de
<!
l'inspiration.
Les Germains
el
Celtes avaienl
la
semblables prophtt
qu'entourait
vnration
publique et dont
couts,
mme
des
Chacun
oracles de Delphes,
pas
le
bien des
leurs
temples,
bien
;
antres
possdaient
fin
aussi
devineresses
les devins,de
jusqu' la
de l'empire romain,
rent d'tre consults,
tout genre ne
quelquefois,
officiellement
quand
ils
remplissaient
venus d'Egypte ou de
Lorsque
classer
les
Chalde.
thologiens du
Moyen-Age voulurent
ils
tous
ces
prophtes,
et
les
mirent part
les
prophtes
juifs
justes,
huit classes.
la tte
de tous, on plaait
par
la
les
devins
qui
connaissaient
l'avenir
communication
des
dmon
des
chrtiens,
et
les
pythonisses
27t
un dmon
familier. Venaient,
;
les
les
breux prestiges
les
ment au dmon,
se servaient
de signes intermdiaires
affaire.
Simples impos-
hommes
fai-
ce qu'ils voulaient.
sait la
Quant aux
sorciers,
;
on en
leur caractristi-
que
de
(1)
plus
le
confondre
tous les
les
les
devins,
les
prdiseurs
d'avenir et
industriels
sorciers,
ou charlatans de
ils
mme
d'eux
acabit avec
car
se servaient
de
les distinguer.
Nous empruntons cette division au curieux petit livre du Lambert Daneau De veneficiis, quos olim eortilegos, nunc autem vulgo sortiarios vocant dialogus, in- 16,
(1)
thologien protestant
Cologne, 1575, mais elle n'a pas t gnralement reue par les crivains, qui en ont tabli d'autres leur guise.
10
272
LA SORCELLERIE EN FRANCE
III
En
les
fait,
leurs
noms
taient fort
ils
divers,
comme
phnomnes
sur lesquels
prtendaient appuyer
leur science.
De
considrs
comme
une
ou
les tres,
du monde sublunaire. En
n'tait pas
com-
pltement fausse cette opinion, car nous reconnaissons bien nous-mmes, par une exprience personnelle,
que
le
temps, c'est--dire
les
phnomnes
vent,
mtorologiques,
l'tat lectrique
ou orageux de l'atmosphre,
dispositions
le froid,
agissent
sur
nos
nerveuses,
par con-
Nos aeux ne
s'taient
;
donc pas
si
gros-
se
montrrent
toujours
fins
observateurs.
Leur
phno-
mnes, en imaginer
vnements
273
la
terre
dpendaient du
ciel,
non de
volont
sommes gure
l'on
pouvait,
certitude,
le
mais avec
quelque probabilit,
enfant d'aprs
conjecturer
caractre d'un
de sa naissance.
les
l'homme ou de
ses
membres. Chez
les
Ra ou
;
soleil
le
nez et
les lvres
Anubis, dieu
et lune
;
chacal
les
les
yeux
la
les
la desse Hthor,
vache
dents
cleste
;
le
Nil
genoux
du
Pendant
la vie,
chaque
isols,
diviet,
membres
en
On
sait
aussi
l'ide
les
d'une association
entre
dieux plantes et
les alchi-
mdivaux
Saturne,
c'tait
le
plomb
274
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le
Mars,
fer
le
Jupiter,
;
l'tain
le
Vnus,
l'or
;
le
cuivre
Mercure,
l'argent.
vif argent
soleil,
et la lune,
Somme
Perse
toute, en Egypte, et
et
il
en tait de
mme
aux
en
en
Chalde,
les
phnomnes
un
lien troit
astres et
aux
les
divinits
astres,
ou qui
gouvernaient.
De
hommes
aeux
la
reurent.
Une
fois la
chose admise,
les
il
de dterminer
conditions de cette
la terre
dpendance,
ciel, et,
au
vu
la
vidus ns sous
ou
d'une
ou
mauvaise
d'annoncer
ainsi
les
les
vnements
nations ou
empcher
le rsultat
prvu.
A
ciel
le
nom de
chal-
de
l'Egypte
s'occuprent
aussi
du calcul
275
comme
leurs
jours
fastes
et
les
jours
nfastes,
les rgles
des relations
comme nous
la
c'est--dire,
car
les
ils
uns sur
solaire
principaux du sysles
ils
tme
ils
notrent aussi
et nocturnes
;
vements diurnes
il
prononcer
En
rsum,
elle
y trouvaient
leur
compte
et,
elle ralisa
tition
sicles,
commune,
eussent
rclam
bien
d'autres
En
de leur pays
276
LA SORCELLERIE EN FRANCE
quand
le
conseil
de
l'astrologue
titulaire
ne pouvait tre
demand
ou s'estimait
trop
dispendieux. Le
se
man-
que pas de
parat-il,
moquer de
les
parmi
que leur
prdit
un astrologue
maner du
temple de Jupiter
Ammon,
car
Delphes ne rend
des
phmrides
qui
est
si
forte
en astrologie
elle
est con-
sulte
de
celle
qui,
sur
l'inspection
des astres,
un
mille
l'heure
du dpart
lui
est prise
livre
l'tre
d'astrologie.
L'il
dmange-t-il
frott ?
elle
ne prendra
fixes
ainsi s'appelait
un
trait
d'apotlesmatique
emprunt
le
(1) Ju vnal, Satire VI. Nous en donnons Maury, op. cit., p. 74.
le
rsum d'aprs
277
le
aprs quoi,
au devin leur
elles
main
et leur visage.
faisaient
venir grands
de l'Inde et de
la
la
connaissance
de
la
crdulit
Si
les
gnrale
se
la
divination
par
les
astres.
empereurs
dcidrent
parfois
foi,
les
conseils
Ils
eux
seuls
et
leur
empereurs
et
de l'em-
exercer
sa
une poque
relati-
les
astres
et
manifesta par
la
croyance d'autres
la
Comme
nous,du
reste, les
Anciens attachaient
;
mais,
terre
moins conscients de
la
place modeste de la
ils
admettaient volon-
278
tiers
LA SORCELLERIE EN FRANGE
que
le
les
but que
hommes. La Bible
cette
elle-mme nous a
croyance dans
le
soleil,
un tmoignage de
l'histoire
afin
que
le
chever
la
victoire
mme
le
aux
historiens espa-
grand
de
Ferdinand
le
Catholique,
;
de
tant la fiert
nationale d'un peuple croit de son honneur d'intresser sa cause les cieux
eux-mmes.
la
Parmi
les
manifestation de
mme
mentalit,,
les rcits
pres-
que innombrables
les chrtiens,
que chez
sibles
homme
et des
Si la lune
ou
vnement
terrible
comme
celle qui
apparut aprs
la
279
aprs
l'vnement,
lorsque
le
pouvoir
d'Auguste
Certains
lumineuses
apparues dans
Constantin
les
airs,
la
autres
quand
leur
les
Anglais de
patrie,
quand
Albuquerque
partit
pour
la
la
cardinal
son
expdition
d'Oran
telles
d'armes
lumineuses
ou
obscures
combattant
dans
le ciel, ces
chroniques et
tionnent
si
les rcits
;
souvent
telles
outils,
du temple de Jrusalem
duisit,
si
phnomne qui
les
se repro-
nous en croyons
III,
chroniques, au
le
temps
de Childric
Palais, et
lorsque Ppin
280
LA SORCELLERIE EN FRANCE
natre sans
cite
de nouveau
avertissemen
(1),
attaches
et
aux vtements,
aux Allemands
d'avoir
Notre-Seigneur,
mditer
d'avoir,
l'poque
guerre
franco-prussienne,
croix
en-
semblables vues
du commentateur.
IV
place d'honneur
aux
astro-
vu
dration dont
les
jouirent au
Il
temps anciens.
nous
suffira
mrer rapidement
les
au hasard, sor-
visions et (1) Le Loyer. Discours et histoire des spectres, apparitions, in-4, Paris, 1605, t. IV, p. 389, 396. Les faits de mtores estime miraculeux sont trs nombreux dans les chroniques, mais je ne connais pas d'ouvrages qui en aient fait la liste.
281
donn leur
nom
toute la corpo-
le cas, ils
pratiquaient
rhapsodomancie.
vaient de btons
la
direction
de
rabdomancie
mais ce
nom
piquaient de dcouappartenait aussi aux gens qui se cachs ou les voleurs, au les sources, les trsors
vrir
moyen d'une
baguette
baguette.
De
nos
jours
encore,
il
de
coudrier
pour
la
dcouverte des
si
le
caches,
- -
car
il
ne s'agit
comme
autrefois,
est
la la
une vertu de une proprit nerveuse du sujet, ou appuy sur baguette, ou n'est qu'un instinct
connaissance des terrains.
On
viduel
dans
les
pass de mode. appele chiromancie est loin d'avoir des livres qui Encore de nos jours, on imprime de vie savoir ce que signifient la ligne
apprennent
ou du cur,
la fortune et
celle
de
la
sant et de
ce
l'esprit, celle
de
du bonheur,
la
que prsagent
les parties
renfles
de
paume,
modestement surnommes
282
LA SORCELLERIE EN FRANCE
soleil,
de Mars,
ont
la spcialit
font
mans, devenus
quaient
les
les
spirites
contemporains,
vo
leur
esprits
des
morts.
Obissant
ou moins brillants.
On
sait
que
les
ncromans de
ments de
la
main du mort,
et,
plus perfectionns
les
mme
les
si
vnre
Chacun connait
a. J. C.)
:
l'pisode
du consul
au moment de livrer
lui
annoncer que
mauvais augure
jette la mer,
Eh
bien
rpondit-il,
qu'on
boiront
les
.
s'ils
ne mangent
pas,
ils
283
Le consul eut
clbres,
les
tort,
car
il
fut battu.
Non moins
animaux frachement
de l'aruspicine ou de
servait de prsages
les discerner et
nommait
faire
d'aprs la rencontre de
ou
tel
son
cri,
quel dtail
les salisateurs
s'observaient eux-mmes,
sur
le
vaient
le
voile
des
La Bible
l'oniroscopie.
les
Ici,
le
excrments des
prtait
une
oreille attentive
aux sons
dans
l'eau.
Tantt on
crivait
des
paroles
une vierge
on emplissait de
liquide
un vase d'argent
et,
dans
la
la surface
du vase,
284
le
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Chez
on
faisait
avoir
question dont
et,
du fond
due. Ailleurs,
il
suffisait
de contempler
la
surface
c'tait
de l'eau pour y
l'hydromancie.
Souvent l'avenir
quelconque,
miroir,
se
lisait
sur un
objet brillant
mtal, anneau, ongle, pe, acier, ivoire. Les mthodes de consultation de cette sorte surnommes cap-
ony-
chomancie
variaient
suivant
les
devins,
qui,
au
de
prires,
d'invocations
de
saints
ou
de
dmons. Tout,
les
parat-il, n'tait
brillant est
un moyen de produire
le
sommeil hyp-
mne
et
celui
285
remar-
les ait
ques,
les faits
miroirs par
le
foi.
En
tout cas,
client,
les figures
mystrieuses,
commentateur.
Si,
du
un
chec, bien
:
d'autres divinations
il
aux noms
y avait en
effet la
;
gomancie, au
moyen d'une
;
poigne de terre
l'alfridarie,
espce d'astrologie
blessures
l'oculomancie
qui
servait
il
dcouvrir
un
larron, suivant la
manire dont
tournait les
yeux.
La tephramancie
;
tudiait la cendre
le jet
du
;
feu
la
des sacrifices
la
blomancie,
feuilles
;
des flches
;
sycomancie,
le
les
du
la
figuier
la
gloscopie,
les
rire
des personnes
;
sternomancie,
la
bruits
du ventre
la
le
xylomancie,
contrs sur
ariolistes
sait
chemin
l'ariblacie
ou science des
connaisla
consultait
la
les
autels.
Mais on
de
encore
des
;
palmoscopie,
;
tude
palpi-
tation
victimes
l'hippomancie,
tude
des
;
chevaux
et
nombres
bien
d'autres
et bizarres
286
aromancie,
mancie,
LA SORCELLERIE EN FRANCE
pgomancie,
castronomancie,
brizo-
cleidomancie,
ophiomancie,
ingromancie,
alectryo-
myomancie,
aspidomancie,
lithomancie,
phyllorhodomancie,
cosquinomancie,
stolisomancie,
tiro-
mancie,
nigromancie, nomancie^
pratoscopie,
ragalomancie,
spodomancie,
omo-
lychnomancie,
mancie,
etc.
margaritomancie,
oomancie,
chao-
daphnomancie,
ornomancie, pyromancie,
l'avenir,
car nous en
les
du pass.
CHAPITRE La
Sorcellerie
IV
ARTICLE PREMIER
L'art
Nous avons vu
quelles
causes probables
il
est
la
dveloppement de
se pourrait
au Moyen-Age.
Il
que
les per-
deux
sicles,
furent
cartes
alors
l'objet,
firent
natre la
croyance au sabbat.
Cette
runion
diabolique
paennes encore
nuit
288
JLA
SORCELLERIE EN FRANCE
bois,
dans des
culte dia-
un
Comme
on savait que
les
Cathares mani-
de
la
du dernier seu-
De
par
dmon,
il
Peut-
que
dut
la
admise, entre
membres de
Cathares peuvent
les
justement
comme
propaga-
teurs
du
culte satanique,
l'effroi
qu'ils causaient
Depuis
la
du
roi
1022,.
jusqu'
cents
la
disparition
de
terrible
hrsie,
la
trois
Quand on
vit
rpandue en France, o
LE PEUPLE ET
Midi s'taient
rallis
l'
GLISE
289
les
elle,
en Champagne, sur
bords du Rhin, en
Italie,
dont plusieurs
cathares,
villes
se
donnrent
des
municipalits
Rome
mme
sa
son
organisation
puissante
La
implacable. Bientt
firait
;
il
fut visible
que
:
la
parole ne suf-
la force
et ce fut l'pique
guerre albigeoise,o
inaccessibles la crainte,vrita-
possible.
Quiconque
n'est pas
pour moi,
est contre
moi ,
fidles
jugement des
11
faut
de
la
mentalit de ces
il
temps
agits.
:
Que
les
les
avait de quoi
ler
ixe et
x e sicles venaient de
s'cou-
au milieu de scandales
290
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Normands
et l'organi-
les
monastres
pape,Foimose,
;
romaine, se
le
trne pon-
d'o
la
rvolution prochaine
les plongeait,
les
yeux
du
fort St-Ange.
y empeIl
Othon, descendent en
le
Italie,
remettent un
chaos,
les
installent
un nouveau
autres
mais, ds qu'ils
le
culbutes recommencent et
pontife
remonte vers
le
les
comtes
de Tusculum(l)
et l'Europe chrtienne
crut
que
(1) Nous empruntons la page suivante au livre si intressant du regrett M. Emile Gebhart, Moines et Papes, in-16, Paris,
1897, p. 53.
L PEUPLE ET L'GLISE
les
291
le
visionnaire
de Pathmos
coiffer
commenaient
la tiare.
Il
ne
fit
que
piller et
le
que tuer
de ses successeurs,
grave Victor
Quand
il
sembla
si
affreux,
que
les capitaines
de
Rome
il
jurtien-
moment o
Dieu dans
le
ses
les
sauva
pouvants n'osrent
le rtablit
en 1038.
Pendant
six
nouvelles annes,
il
rgna au Latran
il
faillit
mme un
de
Sil-
Le peuple
Rome
et
prit
vestre III.
On
Benot IX,
les livres
magiques, qui
lui
servaient pour
que quarante-neuf
jours.
commena
Il
abdiqua
par contrat
lui
assu-
comme
prix de
la
papaut,
le
denier de saint
292
LA SORCELLERIE EN FRANCE
un
paroisse de
Rome
et passait
pour simple
le
matre de
qu'il s'attacha
lui
qu'avec respect.
Cependant
fois,
c\r Benot
IX
tait toujours
reconnu par
le
un chfit
teau-fort des
monts de
la
Sabine.
L'empereur
dposer et clotrer du
Grgoire et Silvestre,
Clment consacr
dans
et ce
la nuit
couronnement
la
pompes
les
plus
magnifiques de
Rome
mdivale.
Le nouveau
Csar ger;
la discipline, le
manique couvrait
la chr-
Mais
elle oubliait
Benot
IX
de sa tour de Tusculum,
couvait
;
Rome du
pape impfois,
le
fut
empoisonn
le
et,
pour
la
quatrime
en
le
octobre 1047,
pontife
Il
sige de St-Pierre.
comte de
LF.
PEUPLE ET L'GLISE
II.
293
dfinitive.
allemand,
Il
Damase
Ce fut sa retraite
et l'histoire
n'a plus
rencontr son
nom
de Grotta-Ferrata, toujours fidles au lointain souvenir des tyrans de Tusculum, racontent qu'il s'ensevelit
dans une
cellule
en odeur de saintet.
montrent, dans leur
clotre,
sous laquelle
le
pape
Benot IX.
II
Que
les
coutant
cela
les
sicle, une
la
France
et l'on racontait
se laissrent aller
manger de
du
fallait
concilier
la
tout
Providence
comme
la
gardienne conser-
294
LA SORCELLERIE EX FRANCE
dominant
l'vo-
comme une
rgle,
puissance qu'on
mais
non
toujours
obligatoirement les
mmes. Elle
non, car
elle
une
fin
connue
d'elle
seule
ou plutt, cette
c'tait
fin
tait bien
l'exaltation
du rgne
terre, la
Du
moins,
si la fin
moyens semblaient
de ce que nous
divers.
Ne souponnant pas
les lois naturelles,
la fixit
appelons
faute d'un
terme plus
appropri,
revtait
il
chaque incident
de
la
vie journalire
:
ou
de
chtiment,
tantt
de rcompense,
tantt
d'avertissement et de menace.
Il
suffit
de parcourir
les
chroniques
et,
a fortiori,
les
sinon
En dehors
des faits
nue L'homme y
est
accoutum, tout ce
LE PEUPLE ET
L*
GLISE
295
qui lui parat tant soit peu trange, doit tre divin ou
diabolique,
fait
avec
une intention
spciale
que
l'vnement
dcouvrira.
les
Consultons, par
plus connus
exemple,
sicle,
un des chroniqueurs
du xi e
au
comme
Dieu.
A
Il
ses
yeux
le
au Cieux
les avertisse-
ments
et les
menaces.
emploie
la nature, les
ph-
nomnes inattendus de
des astres
flaux qui
comme
affligrent la
France sous
le
rgne de Robert
ont
Le
et lance
milles,
et
l'incendie
les villes
d'Italie et de France,
mme
chaque aurore,
prcde
du Mont-Saintdevint
les
;
Le 29 juin 1033,
:
le soleil s'clipsa et
couleur de safran
Les
hommes
en se regardant
uns
les autres, se
voyaient ples
comme
curs
des morts
La stupeur remplit
on s'atten-
(1) La page suivante est emprunte l'ouvrage cit ci-dessus de Gebhart, Moines et Papes, p. 37.
296
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Le mme
jour, en effet,
Rome,
les
barons romains
nouvelle
clipse
,
de lune, qui
parat
et, le
mme
Henri
et les fds
du comte de
Blois.
Un
soir,
tait
moins bon
trs
brillante
qui
s'agitait
violemment
craser
ciel et
Tous
tendaient ramener
hommes une
vie meilleure,
par
la voie
de
la pnitence. la
Les esprits de
ils
se
comptaient par
milliers
de
sur
la ntre, les
manquaient de proportion
leurs vues
:
de perspective dans
le
mme
plan et
de
mme
importance;
un petit incident
terrestre,
mmes
comme un
pour
les
LE PEUPLE ET L'GLISE
297
sa couche qu'un
artifice
le
n'tait
de Satan
l'envie de drober
au monasfruits
ou quelques
l'enfer.
Du
ainsi
chacun jugeait
que
le
fcheux,
de ce qu'inventait
et aussi
la
hommes,
de ce qui troublait
quitude
personnelle.
III
Devant
du Moyen- Age
n'est gure
immdiatement, ou plutt
il
inusit,
dira-t-on,
satanique.
qu'il sait se
Satan,
du
reste,
fin,
qu' moins de
beaucoup de sagacit
laisse prendre.
et
De
juger de l'origine du
extraordinaire.
Etait-il
298
LA SORCELLERIE EN FRANCE
beaucoup
ne venait
de l'intrt personnel.
point de la nature.
En
tout cas,
il
La
conviction, qui
la
rattachait
ainsi
Dieu ou
au diable
jugeait de la
mme
manire
les individus.
Ils
Ceux-ci
taient Dieu ou
hommes,
la
les
les
autres moins
chacun
De
que
l'intervention
des
tres
suprieurs dans
le
destin
sortait
le
homme
divine
ou
diabolique,
saints,
les
devait
amis des
monastres,
entours
les
d'une
veilles,
ennemis.
Dans un camp
oppos, mauvais, se rangeaient tous ceux qui troublaient les ides courantes. Si donc de malheureux
hrtiques, mcontents, vivaient part, c'est qu'ils
LE PEUPLE ET L'GLISE
taient attirs par le diable
;
299
si
quelque
la
homme
nature, par sa
veaux
troits,
ses
connaissances ne pouvaient
lui
comme
les plus
nous
le
aux personnages
nom
fait
;
en Espagne
il
ne man-
ce qui
mais
par
lui,
reur
Othon
III,
de rformer
moines de St-Paul-
On
raconta que
(1)
fit
Un
rompu,
dit le saint,
mme
1000
auquel
il
s'tait consacr.
Le pape de
l'an
(1)
Gebhart, Moines
et
Papes, p. 20.
303
LA SORCELLERIE EN FRANCE
dcourag, isol dans sa mtropole, encore frmissante de la rvolte de Crescentius, reprit donc ses
et
ses
horloges
mais,
la
rgion
du
Ccelius,
il
apercevait,
au sommet de
blait
pencher sur
Rome
ciel.
endormie
c'tait
le
miques
les
secrets
du
Le
du Christ en
collo-
que
La mme accusation de
d'autres papes, Benot (1024-1033), Jean
sorcellerie atteignit
bien
IX
(1033-1056), Jean
XX
VII
XXI
(1276-1277), S. Grgoire
comme
que
la
dmon
familier,
illustres
et d'autres encore.
d'hommes
lgende
mdivale
:
envelopps d'une
le
atmosphre magique
Alexandre
Grand, Csar,
bon
Charlemagne.
magicienne
;
La
mre de
Clovis, tait
diable.
Tous
les princes,
I er ,
jusques
et
y compris Napolon
:
eurent
Henri
II et
Henri VIII
LE PEUPLE ET
d'Angleterre
;
L'
GLISE
Philippe
le
301
Bel,
et
I er ,
Charles-Martel,
;
d'autres en France
et
de Casfamilier,
tille,
dmon
souverains,
jusqu'au
xvm e
sicle,
se
laissrent
moyen d'expliquer
leurs-
Nous verrons
cet ouvrage,
la
que dans
la
les
de
la socit,
les
noblesse,
vo-
ques,
fut
dans
reproche de sorcellerie
jet la tte des
pendant tout
Moyen-Age
pour tous,
innocentes
mme
les
choses
les
plus
s'interprtaient
;
.
facilement
les
de sciences
ou d'arts coupables
rpandus rendaient
de plus,
prjugs alors
;
la dfense
presque impossible
refus de confesser
302
LA SORCELLERIE EN FRANCE
faisait des recherches
et,
s'il
Quiconque
hors
des voies
l'tait pas,
ne
tel.
miste.
Par .le
fait
mme
qu'il cherchait
dcouvrir
ou exploiter
les secrets
de
la
nature, on le soup;
ses cornues
le
neaux
n'tait
que
celui
enflammes,
reprsentaient
Satan
obissant
son vocation.
ne
s'estimait
pas
capable
d'examiner
les
astres
pour dcouvrir
les lois
Du
de l'observateur dsintress du
Cette astro-
logie, crivait
Jean Kepler
(1),
qui pourtant ne la
fille
rejetait
bien folle
Mais, seigneur
Dieu
comment
sa
mre, la
trs
vagante
Le monde
est encore
(1) Cit
par Janssen,
t.
VI, p. 423.
LE PEUPLE ET
-(.
l'
GLISE
303
pour permettre sa
fille folle
<(
parvient
La
peu
de faim,
si
la fille
ne
lui
Il
en tait de
mme
et
de
la pacifique
mdecine.
si
On
deux comfaisaient
la
pagnes,
cortge.
l'alchimie
l'astrologie,
ne
lui
science
plus ncessaire
que
cin
les
celle
Le mdeconnatre
ment ou d'une
ma
foi
la
rputation
au docteur du Moyen-Age,
le
la clientle, la
renom-
me,
IV
Malgr
reste,
les
leurs
connaissances
rudimentaires,
du
de
mdecins d'antan,
comme beaucoup
304
si
LA SORCELLERIE EN FRANCE
si
les
mala-
dies rsistaient
aux remdes,
:
la
ils
ne savaient
douter
comme
elle
nous
de
trouvons
jours
;
:
encore
trop
souvent
m'chappe,
des
exprime
est
nos
telle
elle
infirmit
surnaturelle
j'ignore, ce
se
gurit par
moyens que
Il
par miracle.
n'tait
venu encore
crate,
Hippo-
dans tout
cours du Moyen-Age, et
la
mme
bien
Renaissance, de
mettre en question
la
ralit
de causes occultes,
trangers,
cacodmons
ou
esprits
consciemment
pour tre recon-
mauvais, beaucoup
de maladies qui,
parfaitement
nues
aujourd'hui
natuielles,
n'en
cette ralit.
Les grands (1 ) La page suivante est extraite de Jules Baissac, jours de la sorcellerie, p. 184, seq.
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
le
335
Ce catholique
ainsi
est
l'a
Jean Fernel,
Galien mo-
derne,
qu'on
justement dnomm,
une
Fernel
mde-
et
Comme
n'a
:
pas eu
peut-tre
d'gal
dans tout
xvi e
sicle
Il
a dit de
Guy
le
Patin.
Eh
bien
cet
homme
extraordinaire,
premier
il
est
cependant
question,
quoique
en
termes
un
peu
de
la
manie,
de
la
mlancolie,
comme
des
de
maladies
naturelles,
croit
l'action
il
malins
l'homme
croit
moyen d'imprca-
veulent
et
il
dislingue
selon
lui,
de
lire
dans
le
pass et de
deviner
du
reste,
deviennent
tremblants
quand
la
on
prononce
louange de Dieu.
par
le
303
LA SORCELLERIE EN FRANGE
les
vida et que
sous ce
il
tenait
la
lycanthropie pour
chose
trs
certaine, indubitable.
Le protestant,
que Fernel
;
lui,
n'est pas
gloire
c'est
Ambroise Par,
restaura-
un
homme
de gnie
en
mme temps
dit-il,
;
dmons
Les dqu'il
nions,
se
leur plat
souvent on
void
se
transformer
corbeaux,
;
en
serpents,
crapaux,
chats-huants,
ils
transmuent en hommes
;
et
et.
aussi en
anges de
lumire
s'ils
ils
hurlent la nuit
;
font bruit
comme
tables,
taient enchanez
les
ils
remuent bancs,
bercent
comp;
comme cacodmons,
incubes,
incomprhensibles,
humain,
et
l'ai-
mant
qui attire
le
LE PEUPLE ET
L'
GLISE
le
307
ventre, par
la
;
bouche, par
ils
lieu
en un autre, soulesvent
un chasteau
yeux
et le
remettent en sa place,
etc.
fascinent les
et les esblouissent,
inutile
Quant aux
sorciers,
de
dire,
aprs
la
pas
le
tient
et
de
la socit
ennemi
dit-il,
de
l'homme,
;
nous pour
afflige
cela,
il
souvent,
de terribles maladies
les
se concerte
avec
sorciers,
que
Par
qualifie
de pendars.
nent dranger
la
fait
avec
les
malins esprits.
Un
glais,
y a une diffrence
Tous
;
les
le
pos-
sds ne
n'a pas
le
diable
pour agir
le
plus souvent
mme
il
agit directement
303
LA SORCELLERIE EN FRANCE
raison,
dit
La
les
malades sont
affligs
puissance surnaturelle
:
la
pr-
te
la
se-
vue du vulgaire.
le
mdecin
docte
naissait qu'il
deuximement,
remdes employs.
En
d'autres termes,
mdecin
il
se trouvait en prsence
de symptmes
auxquels
ne comprenait
rien, ce qui,
pour beaufr-
si,
remde
comme
d'habitude,
ce n'tait
pas douteux.
Comme
depuis la rvlation et avec l'enseignement ressortant des divines Ecritures, on n'avait plus s'occu-
per
de
la
recherche
le
des
causes
premires
que,
foi
d'ailleurs,
et
de l'ordre social
lui-mme,
il
eut t impie,
athe,
lui,
LE PEUPLE ET L'GLISE
309
sairement
du
diable
monde,
offi-
pensait de
mme
cet gard.
Comment
vulgaire et-il
ARTICLE
DEUXIEME
les
Ce qu'taient
sorciers
sans parler
difficile
du
ntre,
le
plus
souvent
amene
par
l'intervention
des
:
sorciers.
se pose
Au
fond,
devins,
magiciens,
autres ?
Des
hallucins,
des
imposteurs,
des
charlatans, ou de
voleurs,
Il
vulgaires
sins,
coquins,
empoisonneurs,
assas-
est impossible
:
dans l'ensemble
il
nous
En
devons
310
distinguer
a donn les
judiciaire.
LA SORCELLERIE EN FRANCE
trois
sortes
d'astrologies, auxquelles
on
et
La premire,
l'astrologie
mtorologique,
base
la lune, et certains
phno-
mnes
intressant
la
terre,
comme
l'abondance
des pluies, du vent, la frquence des orages, la chute des neiges, la chaleur ardente, et par consquent
les
travaux correspondants de
la
culture,
ou
les
prcautions prendre pour la cueillette des moissons et des fruits, semble fort lgitime et prouve
les
anciens persondcouvertes,
ils
concrtisrent
leurs
en
attachrent
un rapport de cause
concomitance
les
;
effet,
Hyades
tait
se
levaient,
que l'apparition
de
il
Sirius
suivie
l't,
de donner
le
nom
au second,
et bientt
ils
dcla-
rrent les
Hyades causes de
de
la
chaleur.
les astrologues c-
ne
faisaient
intervenir
aucune
puissance?
LE PEUPLE ET L'GLISE
extranaturelle dans leurs calculs
lgitime,
les
;
311
services
commises.
:
sur
leurs
expriences
les
Mdard, sur
interprts,
les
ils
servent
infaillible,
le
mrite srieux
l'troite
du moins pressenti
de tous
les
S'ils
durent, au
l'observation du
ciel,
du
temps
des
et la ncessit
de vivre. Etudier
les
le
retour
la
clipses,
calculer
lunaisons,
dcouvrir
ne rapportait gure
ner l'avenir
il
Du reste,
312
LA SORCELLERIE EN FRANGE
elle
L'astrologie mdicale,
aussi,
Il
pouvait
jus-
phnomnes mtorologiques
ne
pas
l'tendre
reste,
nos
notre notre
cerveau,
notre
ressent
complexion
les
san-
guine,
tout
corps
changements
n'a
atmosphriques.
dire
Qui
d'entre
nous
entendu
ses
douleurs
font prvoir
le
temps
Depuis long-
d'autres
il
en
t, et
de suite.
Comme,
d'autre part,
mtorologiques,
il
admettre
une entre
les
maladies du corps.
Que
phnomnes
environn
simplement
concomitants,
qu'ils
aient
leurs conseils de
ds
la
lois
Il
naturelles,
ou exigs par
la
crdulit
gnrale.
LE PEUPLE ET
les vrais astrologues. Ils
L*
GLISE
313
lorsqu'
ils
l'astrologie
mdicale
ou
mtorologique,
Celle-ci
joignaient l'astrologie
judiciaire.
avait
les astres,
surtout
la
destine d'un
des sur
les
aspects,
c'est--dire,
la
o
les
la
se trouvaient le soleil,
au
moment de
certaines
de
d'une
personne
et
sur
influences
que
Dans
le
but de
faciliter la
ciel
maisons du
Elles
taient
limites
par
le
les
cercles
mri-
extrmits
de
la rotation
vingt-quatre
clestes.
heures,
chacune des
le
douze
maisons
On
donnait
la
nom
d'horoscope
au
com-
mencement de
au moment
mme
de l'ob-
servation.
Le thme
314
LA SORCELLERIE EN FRANCE
divers astres au
moment
de
la
consultation, et la
proprits
attaches
fort
aux
la
maison du
elles
paraissaient au
moment
de
la consultation.
Chaque
d'hommes,
le soleil
;
sur les
rois,
Mercure sur
les
phi:
losophes, etc.
le
et
soleil
tait
bienfaisant
favorable,
Mercure
Saturne
triste,
morose
et
froid,
etc.
Suivant donc
que
ou runies, dans
ou
telle
maison du
ciel,
on
mme
la
vie
la
deuxime,
celle
des richesses,
la
troi-
sime
celle
parent,
etc.
Chaque
modifier
cole
ces
d'astrologie
pouvait,
naturellement,
principes
les cas.
arbitraires
pour tous
mme, jusqu'
un certain
LE PEUPLE ET
car
il
L*
GLISE
315
gurison
que
les
astres.
En admettant
relle
une relation
qui
semble bien
en rsulte simplement la
de
quelques
prcautions
les
aux
poques
devront
dlicats
aux froids;
les
prendre
mfier
garde
aux chaleurs
et
les
tuberculeux, se
feuilles.
du printemps
de
la
chute des
Quant
mme
pas indif-
Mais
l'astrologie judiciaire ne
trouver d'excuses.
malgr
la
faveur dont
fut
il
l'objet
jusqu'au
xvm
sicle et
mme
au-del,
est impossible de
En
dpit de
316
LA SORCELLERIE EN FRANCE
concidences, sur lesquelles
ils
quelques
insistrent
outre mesure,
car
enfin
ils
taient
assez
nom-
breux pour
il
samment de
qu'est
l'homme
et la
place de
telle
ou
telle
ciel.
ne lgre rflexion
la
suffit
convaincre
le
plus naf
de
ciaire, c'est
que,
s'il
s'agit,
jugement sur
les
l'un doit
enfants ns
mme
temps, au
identiques.
les
mme
Or,
sidrales
croire
qui
voudra-t-on
le
faire
que
enfants, ns
Paris
la
mme
jour,
la
mourront ensemble,
auront
mme
fortune,
mme
tit
ils
russite ou les
mmes
des influences
plantaires
ni
de leurs berceaux,
le
n'auront
le
certainement
sort.
mme
caractre,
ni
mme
L'exprience quotidienne
nous
est
un bien sr garant de
de
il
nos astrologues. Si
faut
longtemps,
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
317
II
les
cas,
il
gues et
dmons,
cela
va de
soi. Il
en est de
mme
mettre sur
le
mme
de quelques phnomnes
la
par
exemple
les
chiromanciens.
Sans
eforts,
ils
l'atelier et celui
femme du monde,
approximatif du
les
mots
peuvent devipour
s'agit
d'une
consultation
Le hasard
juste.
fait
le
reste,
si
les
prophtes tombent
Souvent
du danger
ils
ne voient rien,
comme
ii
fut toujours
318
Augures,
LA SORCELLERIE EN FRANCE
auspices,
cartomanciens, tous
les
pro-
doivent
tre
donc
comme
ni les
que
uns
ne paraissent bien
qu'ils
commettaient,
monde
peu
Astrologues
et
devins,
imposteurs
ou tromps
juge
ne constiturent qu'une
la
sorciers
aussi,
un nombre
mes de
la
haine contre
les
magiciens,
et les
les
invocateurs ou adora-
teurs
du diable
sorciers
du sabbat. Quelle
et-il
les
art,
dans
eut-il
les supplices
A
du
les
auteurs rpondent
dans nos
affaires,
LE PEUPLE ET L'GLISE
affirment la ralit des faits raconts,
invraisemblance.
Ils
posent de plus
leurs adver-
Com-
ment expliquez-vous,
leur
disent-ils,
et
la
persis-
et, si
vous tes
Surtout,
comment
de
faits
extraordinaires renversants,
diable et ses
que
la troisime
question
nous expliquons
soleil
fort
depuis des millions d'annes, sans que nous ayons pu encore bien en savoir
les raisons.et le bl
germe cha-
que automne,
et les
fleurs
clair
aux
motifs,
ou diabolique
Divin, oui,
si
nous croyons
lui
;
un Dmiurge, en
et
la
ce sens
que nous
attribuons
non, dans
l'origine
le
conservation du
intervention
monde
sens
d'une
spciale,
occasionnelle
bien
pour
notre
science
incomplte,
320
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les
appelons naturels,car
qu'ils
sont
mus par
les
vernent
deux
abmes
fixit,
la possibilit
qu'ils
dmon-
Pour eux,
les
prestidigitateurs
couvert
des
crimes
il
fort
vulgaires,
trs
naturels.
Sous ce rapport,
se pourrait
que
la
rputation d'emJuifs
poisonneurs, faite
aux
sorciers,
comme aux
ou
;
aux lpreux,
n'ait pas t
compltement usurpe
point,
comme
documents
officiels,
toujours
supposs
infaillibles.
LE PEUPLE ET
Si les lois,
si
i/
GLISE
les
321
sorciers
les
juges ont
il
condamn
comme
tels, et
empoisonneurs,
est naturel de
les
croire
beaucoup en
son jugement
et,
Comme,
lrent
des
ou des imposteurs,
dlit,
foi
il
que plus
est diffi-
inbranlable.
gme
ce
que
l'astro-
nomie n'obtenait
bourses crdules.
pas,
Il
l'astrologie
l'arrachait
aux
put bien
se faire
que
le four-
et ses
cens diabolique de
employs pour
il
fallait,
pour
dlit
de mensonge,
322
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
un
observateur
et
devait
avoir
beaucoup
de sang-froid
rpute
diabolique, pour
s'il
du
spectre
et s'assurer
III
d'autres
tres
pervertis,
l'adoration
de
Satan
semble bien
qu'en
effet le culte
on en accusa
de Lucifrianisme,
trouble gnral
furent tort
mais, dans
le
des esprits,
put
que
reprsent partout
comme
puissant prince
eut quelsacrifices.
de ce monde, distributeur de
la fortune,
que,
si
quelques groupes
LE PEUPLE ET
sataniques se fondrent,
sans
l'
GLISE
323
ils
grandes
ramifications,
tait
sans
influence,
car
ce
l'autorit
ecclsiastique
vigilante
sous
rapport,
et, si elle
tort,
comme
nous
le
croyons, du moins
constituer
un groupe
rel et agissant
de Satanistes.
Malgr
habitus
sicles
tmoignent d'esprits
penser souvent
au diable
de voir
dans
les
dont nous
parlons. Il suffit
les vieilles
:
glises
du xn e
sicle et
le
dans
les gar-
grimace dans
dans
de
les bnitiers,
suffit
constater
:
les
expressions
le
diable t'emporte
Va-t-en au diable
les
vocations trouvrent
une
place
toute
croyance
donns
suffirent
321
LA-
SORCELLERIE EN FRANCE
ils
bon sens
trouva
suffisamment dmontr
le diable,
que
des
femmes
la
est
permis d'admettre que certaines de ces prtendues runions diaboliques furent des conventicules d'hrti-
ques ou de
rebelles,
majorit des cas dont nous avons les procs, reconnatre que des exemples d'hallucinations, de suggestion ou d'abattement moral, suite de tortures ritres.
de mdecin tant
lui
soit
peu observateur,
pas
mme
femme
la
elle-mme et sur
trs
les autres.
souvent plus ou
elle
croit
un premier
mensonge chapp
sa faiblesse devient
promptement
Et
puis, vivant,
comme
alors,
au milieu de
fixit
phnomnes
naturels, l'esprit
LE PEUPLE ET L'GLISE
325
de miracles
sre,
et
de dmons,
les nerfs
tendus par
il
la
mi-
ou
la douleur,
ou
la
lui tait
l'interro-
et,
comme
mme qu'elle
mentait.
Beaucoup
le
Un
le
certain
nombre de
dans ce
par empoisonnement,
comme
contemporains.
Mme
tiques,
devant
nombre
incalculable de sorciers et de
sorcires
un
326
LA SORCELLERIE EN FRANCE
avec
dices
le
dmon
et,
du
supplice
plus
terrible,
enlevrent
hsitations
de beaucoup d'inquisiteurs ou de
pas que d'intriguer
sans .parti
les
les
pris,
parcourent
des procs ou
les
auteurs des
xyi e
du xvn
sicle
ont accumul
connaissance.
IV
La
Ils
compri-
jugements, l'emploi
de
la
torture, d'une
part
le
mode absurde
Pour
d'interrogatoire, de l'autre.
la
comprendre, et
d'un il calme,
LE PEUPLE ET
sentei
hcae*
l'
GLISE
327
comment pouvait
s'engager
un procs de
Un
mdecin, qui
que
la
possible. Or,
une
femme
maison,
elle
connat l'enfant,
a peut-tre
l'a
donn
menace pour
une
dans
raillerie,
le
ou un
fruit vol
demande des
les parents.
Que veut
la vieille ?
disent
On
leur explique ce
qu'elle
demande.
Peut-tre laissent-ils chapper quelque parole d'impatience. L'enfant a entendu, sans le vouloir.
Dans
son dlire,
le
il
nom
de
la
vieille
revient
il
sur ses
lvres, tantt
la
repousse
donc
L'imagination
serait-elle
famille
est
en travail. La
vieille
sorcire ?
Pourquoi l'enfant
parle-t-il d'elle ?
?
Pour-
nom
Oh
Vengeance
Le bruit
sions,
s'est
rpandu de
la
on en chuchote
effroi
dans
village
ou
la
ville,
on regarde avec
la vieille
toit.
Qui
On
a entendu des
328
LA SORCELLERIE EN FRANCE
:
bruits sinistres
soi,
pour ses
Et
l'autorit
officiai
est
chevin,
pasteur,
bailli,
juge, vidame,
ecclsiastique,
peu
:
importe. Tout ce
c'est
monde
.
s'agite, l'opinion
se cre
une
sorcire
On
Des
sbires
vont chercher
lui veut,
le
magistrat, forte
de sa conscience,
innocence.
la
femme veut
protester
de son
le juge,
Oh
il
sait bien
tel
enfant ?
Allons, vous
;
donc.
Mais
je
vous avouez
sinon,
pacte
le
Quel pacte
quand tes-vous
Allons,
sorcire ?
Mais
ne
le suis pas.
bon
comme
le jour.
Et
-
le
deux heures.
La
vieille est
lui
conduite en prison,
enchane, rudoye, on ne
LE PEUPLE ET L'GLISE
et
329
sorcire, lui
de l'eau
ses gardiens
l'appellent
pauvre femme ne
est sorcire, et,
elle
le
cauchemars de sa
le
nuit.
Comme
que
est
tout
monde,
ce qui se passe
au sabbat,
alle sur
un manche
balai, elle a
vu
le diable, l'a
bais, a assist sa
lui
messe
on
diable, noir pose des questions. Comment sur un ou rouge Rouge. Sur quoi pas donn un crapaud trne? Oui. Ne vous plus de Oui,
tait le
?
tait-il assis,
a-t-il
et ainsi
suite.
Si la vieille est
rsis-
tante,
on
la laisse
demi morte
de faim, de
flchir.
salet,
La pauvre,
!
preuves
le
est plus
voisine,
hommes
veut-on, reprend,
la vieille
femme
? L'interrogatoire habituel
le
juge s'arrte.
Vous
330
LA SORCELLERIE EN FRANCE
dicte la
Il
soumettre l'inculpe
s'avancent,
la dshabille,
elle
question. Les
hommes
noirs
recule,
lui lie les
proteste; on l'entrane,
on
on
mains derrire
le
dos et une
commence
lentement dans
crie-t-elle,
-
les
airs,
c'est l'estrapade.
les
Horreur,
vous
me
cassez
bras.
Avouez.
Oh
les
monstres.
Et
la vieille s'lve
lentement, ses pieds quittent terre, ses bras disloqus se rejoignent sur la tte. Et, tout coup, douleur affreuse la corde subitement relche laisse choir
!
dans un
cri
C'est
une dou.
nom. Avouez,
lui dit-on.
Et quelquefois
ce
vaincue par
la douleur,elle
avoue tout
qu'on veut
donn une
son
la
pomme
Elle
ensora tout
empoisonn de
regard.
tout,
mais qu'on
dtache.
par
un
un signe vident
l'a
que
le
diable
marque.
Alors,
des
chirurgiens l'inspectent,
la
sible,
trace de la griffe
faite,
il
du
preuve est
une
fois
tant
l'infortune
LE PEUPLE ET
L*
GLISE
331
Mais on
chevalet,
lui
entrent
trois,
dans
soulvent son quatre pintes d'eau qui l'touient, grce demande estomac. Il faut qu'elle fasse signe, on a les brodequins et avoue. Si cela ne suffit pas, doigts les os pour les jambes, les poucettes pour les
:
craquent, se brisent,
quelquefois
le
le
sang
membre cde
le.
La
ce rgime, supporte
il
faut qu'elle
?
- Et
les
complices
!
La
sorcire
gare le supplice va n'en a pas.Elle doit en trouver ou Et elle en trouve, ce sont ses parents,
recommencer.
et tous les
noms sont
par
le greffier
ils
Comme
fix.
elle
Le jour
est prs
o on
la brlera, et,
comme
un
spectacle,
un feu de
joie, le
jetes au vent, cha son agonie. Les cendres sont conscience d'avoir cun retournant chez soi avec la
332
LA SORCELLERIE EN FRANCE
un
un
tel,
A
!
moins de protection
spciale,
moins de
r-
quelles ponses juges suffisantes et Dieu nouveaux inculps, soumis au mme taient
sait,
elles-
les
menacera d'teindre
le
royaume,
si
le
peuple
yeux
une
fin
aux
poursuites.
La
aveux de
sorcellerie, et d'autres
le
nombre extraordinaire des victimes immoles la croyance aux sorciers, croyance minemment populaire, puisqu'elle a
survcu jusqu'
nous, peut
tre
fleurit plus
que jamais.
LE PEUPLE ET L'GLISE
333
ARTICLE TROISIEME
civils,
en France,
comme
nat
ce
ailleurs.
Ce
fait incontest
de quiconque con-
un peu son
histoire ressortira
tard.
abondamment de
n'en a pas moins
On
procs de magie
dogmes sur
et,
le
par ses
tri-
bunaux
d'inquisition,
les
donn
modles
que suivirent
autres tribunaux.
Comme
sicles,
pendant quelques
publique de l'Occident,
sommes
obligs,
dans
une
de
la
magie,
reproches que
334
LA SORCELLERIE EN FRANCE
il
est
bien
clair,
des antiques
longtemps avant
la
naissance
du
Christianisme.
Comme
condamna
la peine
il
du
feu,
devenue
la
peine
lgale de la sorcellerie,
d'imputer
de
la
l'invention
du
dlit et
que
la
dveloppe dans
les
les
le
lgendes
plus sou-
si
ont pu
dite
faire
croire
la
il
sorcellerie
proprement
folies,
pays auxquels
elles
romaine.
Pour
par
elle
les
papes contre
l'hrsie,
LE PEUPLE ET
calomnie.
l'
GLISE
335
ni les
Nous n'ignorons
lui
ni ses faiblesses,
reprocher, ni les
condamna-
ment la
faites
sorcellerie, plusieurs
honnis .D'abord,
le
c'est que,
bien lev, trop lev dj nombre des sorciers brls par ses ordres, trente mille, un inquisiteur des derniers temps de son
dit
activit,
est
modeste auprs du
second
lieu,
En
dans
le
rement savante,
le
chiffre
des
et,
sorciers
brls
se
quand l'autodaf de
Logrono
de l'Inquisition, c'est--dire ce
qu'on
appelait
la
Suprme de Madrid,
elle
les
instructions
prs,
donnes par
mirent
il
fin,
ou peu
aux condamnations.
les
Enfin,
appade
rences
l'aveu,
extrieures,
la
l'obligation
la
torture,
la
seconds.
Non seulement
l'arrestation tait
moins
arbitraire,
336
LA SORCELLERIE EN FRANCE
mais
elle
l'tait
moins
aussi,
Ils
rgles imposes
aux
inquisiteurs.
procder
l'vque
;
la torture, ni la sentence,
ils
vent appels
bons hommes
parmi lesquels se
De
plus, la
peine
d'irrgularit
pour
le
juge ecclsiastique, tre assez modre pour ne comporter ni mutilations, ni la mort. Elle ne devait pas
tre
ritre.
des
inquisiteurs aient
elles
humaines,
n'en
champ
compltement
libre
(1).
la torture n'tait
;
comme
chtiment
,
ce qu'on appeinutile
question
dernier
pralable
supplice,
souffrance
tait
ajoute
au
lui
inconnue.
Chez
de
il
elle, la
la
preuve
beaucoup
trop,
il
est vrai.
Du moins, si
en
tait
indemne. Je
d'avouer
(1) Sur tous ces points, nous prions le lecteur de se reporter notre ouvrage sur l'Inquisition en France, t. 11, La Procdure
inquisitoriale.
LE PEUPLE ET
L'
GLISE
337
me
je
garderais
d'approuver
d'avouer
le
conseil
l'Inquisition, dispensait
si,
une
souvent
soumis
des
pnitences
relativement
insignifiantes.
Dans
ces conditions,
c'tait
un vrai
mer que,
si le
comme
le
on aurait eu certes dplorer bien des morts d'innocents, mais que l'humanit n'aurait pas sur la
conscience les effroyables sacrifices que nous aurons
mentionner.
II
la vrit
une question
pens
c'est--dire
relativement
la
sorcellerie.
Quand nous
338
LA SORCELLERIE EN FRANCE
qu'il veut,
o chacun met ce
pape
pape
seul,
;
avec ou sans
Curie romaine
nous prenons
l'expression
glise
et,
que thologique,
les les
le
fidles
toujours,
de
la
socit
les
chrtienne
ides
en
fournirait
plus
d'un
exemple,
populaires
les
rejaillissent plus
ou
chefs,
autour desquels
d'opinion
;
une
certaine
atmosphre
et
manque pas de
crer,
dans
les
la sor-
la
feste,
suivit,
dis-je,
d'une
manire
sensible
LE PEUPLE ET L'GLISE
339
sorcellerie,
car,
on peut
ou
les
si
dont
en gros,
tendances.
Le premier
la
comme vrais,
l'effraie
des
Le Dieu de Platon
dont
ides, plus
ternelles, qui a
cr le
du parti pren-
nent
la lettre ou,
s'accordent
la
Ils
puis-
comme
Provi-
mai-
Yahveh
drange
oublia
ailleurs,
de
crer
femme
elle
rpare
ici,
s'occupe
nous devons
le
dire
immdiatement,
il
y a
trem-
blements de
terrestres en
terre,
les
pidmies,
340
colre de
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Dieu
et
de sa puissance en courroux.
Aux
parti
yeux de
ce parti
le
de va comme
je te pousse, rien
ne se passe naturelle-
ment dans
aucune
difficult
le
dos du
dmon
tout ce
l'intelli-
ou surprend
la fin
de cet ou-
survivance de ce parti
intransigeant
pour
le
mo
ment,
tous
contentons-nous de
les
signaler sa
prsence
ges,
et
en particulier
dj pu
le
au
voir.
Moyen-Age,
comme
Il
nous avons
et,
a for-
tiori,
dans
les autres
compltement oppose
tisans, qui
de Dieu, ni
nisme,
dogmes fondamentaux du
ils
Christiani catho-
car
sans cela
ne seraient plus
liques, ni
chrtiens,
le
Crateur, le Dmiurge,
par compa-
agit sur le
qu'on appelle
la
Providence.
sait et
il
fait ce
LE PEUPLE ET L'GLISE
qu'il
341
l'a
toujours
et
fait,
su et
pour employer
ds
l'origine.
un
terme
humain,
la
prvoyante
Les dtails de
vie animale,
ternelle
humaine,
terrestre,
immuable,
comprendre, tellement
sans
horizon,
elle diffre
sans
puissance.
Les
divers
phnoqu'on
dirigs par ce
car
ils
anglique,
diabolique, ni
mme
divin, puisque le
reconnaissent
au reste que
les
hypothses
la science
peuvent
c'est--dire
trs
pas
de
vraies
des
principes
de causalit gnrale
incompltes,
mais simplement
indiquant
des des
formules
rapports,
imparfaites,
de cause
effet.
l'aise,
quand
il
s'agit
le
sens de bouleverse-
attache
une
grande
312
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
importance
peu dispose
la
les
admettre
sur ce point,
la fait
donne
main aux
les
rationalistes, ce
qui
intransigeants.
et trop puissant
le
commencement.
ni plus ni
;
phnomnes constants
les
comme
les
dpassent notre
oppose les
adhrents
textes
bibliques
ou
vangliques,
les
les autres,
dont
le rcit
Si les chrtiens
pas
admettre
c'est--dire
me,
si
ni
pliquer,
en sorte
admettre
nous tenter,
seils, les
les diables
anges gardiens,
ils
se refusent
que jamais
rieure,
LE PEUPLE ET L'GLISE
spirituel,
343
n'est pas
mouvement
;
mme
les
ides
noplatoniciennes
en
faveur,
;
et depuis
longtemps, dans
les
sphres chrtiennes
des
conformment aussi
bien
passages
biblisi elle
peut
se
prouver,
soient,
ces
esprits, s'ils
ont une
conformment
rieure,
les
Une
tiens
fois ces
l'unique
raisonneurs se
des
admettre
l'action
les
arbitraire
affaires
rielles,
anges
des
dmons
les
dans
de ce
monde
dans
d'eux-mmes,
soient
actionns
344
LA SORCELLERIE EN FRANCE
:
1 ces esprits
aux
ntres,
sinon
leur
ils
2 admettre
intervention
supposer
un bouleverse-
ment toujours
on ne btirait pas, on ne
on n'in-
mourir
si
les
hommes
qui
ils le
croient
aux diables
travaillent
quand mme,
en gnral,
le
font par
;
manque de
logique
c'est la
et,
font mal
3 surtout, car
raison fondamentale,
ou diabolique. La plu-
les
phnomnes
le
personne
autres,
persis-
moyens diaboliques ou
phy-
naturelles
ou
miracles
pour suspects,
est
lui-mme
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
et
345
d'htrodoxie
les
grandement
par
les
suspect
d'hrsie
intransigeants, et
mme
Il
par
est
modrs
certain
il
bien
avancs,
les
si
matrialistes
desquels
D'autre part, de
la sorcelle-
on passe en revue
nie en bloc,
rie, qu'il
lui-mme rejet
Thomas, Suarez
le
refusent
pouvoir de
Si,
commander
la nature et
de l'univers.
de faire
la pluie,
comme
la for-
Agobard
la grle,
de
la neige,
de l'ora-
phnomnes.
S'agit-il
si
le
travail
magiquement,
les
gendarmes
lement
le
vol
s'agit-il
346
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les gurir,
;
chercher
le
v-
non
les
sorciers
quant
l'enlvement
champ
un autre,
mme
leur desschement
d'un
sort,
toutes
oprations concdes
plusieurs,
de
mettre
le
feu
les
toucher, ou
enlever les prisonniers de leurs cachots ? Oui, rpondait-on assez facilement jadis
:
en doute
la facult la
du diable de
amis
si
fortune,
aux honneurs,
la
papaut;
plusieurs lui
la
donner
victoire sur le
ces
champ de
bataille,
nous
laisserons
nos tats-majors.
encore ce secret.
parler,
les btes,
les
faire
les
en apparence
moyen
actes incroyables
La
cration
de
petits
le
animaux
semblait
possible
autrefois,
quand
LE PEUPLE ET L'GLISE
347
Depuis
nard,
la
les
nul
homme
contraire
aux
lois
de conservation
et
de
gnration des espces naturelles, bien qu'un mystre pais enveloppe encore toutes ces choses.
Parle-t-on de
jadis ?
Peu d'hommes
de nos jours,
En
faudrait
aller
bien
pour trouver
les rcits
quelqu'un qui y
croie, et,
de tout temps,
nombreux
et srieux
con-
longtemps l'opinion de bon nombre de dmonologues. Si les magiciens peuvent faire parler les ani-
maux autrement
de
la
modifier
dmon, suivant
savants
lui
les
grands thologiens.
le droit
Ces
mmes
refusent
de changer
infuse.
Est-il
possible au
?
forme de spectres
certains
Oui,
rpondent
ajoutent
les
anciens et
modernes,
se
qui
cependant qu'il
tandis
faut beaucoup
que
348
les autres
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ne voient dans ces apparitions que des
et
fantmes
seul
des hallucinations.
Somme
toute,
le
de ceux qui consentent admettre une certaine relation entre les esprits et les
tenter, et, tout
hommes,
est celui de
nous
au
plus,
pouvoir dj
formidable
et
malfaisant,
dont on
mme
III
Entre
le parti
intransigeant de la diablerie et du
il
trouve un troisime
il
limites
fort indcises,
car
embrasse une
infinit
de variantes. Dans ce
parti,
peuvent
dont
le
but a
t,
on
le sait,
de conraison-
en prouvant par
le
nement
Ils
la
vracit des
les
l'autorit.
s'approchent
uns plus,
moins, des
opinions extrmes,
LE PEUPLE ET L'GLISE
spciale.
349
En
gnral,
il
est facile
croyance
la
sorcellerie et
au pouvoir du dmon,
dont
ils
cause,
savent en
;
l'occasion la combattre ou la
braver
mais,
hommes
ils
qu'exprimental,
se laissent impressionner
dans
la Bible.
Ce n'est pas
qu'ils
Temple. Depuis
l'cole allgo-
large
d'Alexandrie
jusqu'aux
protes-
d'explications allgoriques,
cess d'tre au service des
raires.
l'usage
commentateurs scriptules
autres moins;
l'on s'en
donnait
de trouver un seul
qui
l'a
fait
miraculeux
ou
extraordinaire,
n'ait
dpouill
de
nous
les
350
LA SORCELLERIE EX FRANCE
il
en est ainsi
du serpent dmon
de
la
d'Endor,de l'Ange de
Sennachrib, de
la
mutation de Nabuchodonosor,
du Seigneur au
et
dsert,
de l'pileptique de Gzara,
possds vangliques,
en gnral de
tous les
Aucune de
que ft l'autorit
tain,
le
parti
modr.
En somme,
se dbarrasser
c'est
un camp de
milieu.
Ne pouvant
l'on voit le
dmon
diabolique dans
des coups
monde
matriel
et,
a fortiori,
;
celui
mais, sous
un prtexte ou
sous un autre,
dit.
ils
les
minimisent
ils
comme
l'on
Souvent, dans
la
la
pratique,
ces
refusent de recon-
natre
les
ralit
de
interventions
ils
divines
phnomnes
dits miraculeux,
les
ils
expliquent
nous plon-
LE PEUPLE ET L'GLISE
qu'ils multiplient
351
ciations individuelles.
rie,
ils
Quant aux
faits
de sorcelle-
sont
l'uvre
de malfaiteurs naturels,
ou
les hallucinations
que de
ils
la
justice
civile
ou
ecclsiastique.
les
Quand
vont
sont
jusqu' ce point,
trs prs
adhrents du
tiers parti
du parti ngateur.
les
Ils s'en
approchent ou
d'aprs
s'en
le
loignent, suivant
souffle,
circonstances,
vent qui
l'esprit d'action
ce parti
l'Etat, la divers,
s'il
mitoyen
grosse
dans l'Eglise
masse,
le
compose d'lments
et
dont
poids l'emporte
Il
de beaucoup,
s'avise de
la sorcellerie.
352
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ARTICLE
Fluctuations de
QUATRIEME
A
il
se.
si
nous ne
direct
pouvons
toujours
apporter
il
le
tmoignage
est
du moins
facile,
en
des orateurs
crdules
contre
le
monde
La chose
est
au reste
nous
le
facile
Mais
aux
porta
la
grande
masse
des
chrtiens
amorphes,
car, suivant
non de
or, la
momentane
de
la
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
353
Une premire
de Jsus-Christ
du
vi e
sicle.
En
gnral,
les
y considrent
les
dieux
paens
comme
paens soucelui
diffi-
que
les
dieux dmons du
les
paganisme
chrtiens
fassent des
tours
ont
les
Influencs par
divinits,
consentent
les
admettre; de
mme
que
les
paens,
de prode bien
diges trs
semblables,
ou de
l'Evangile.
C'est
entre les deux religions en prsence. Les interprtations sont cependant diffrentes. Tandis
que
les
les la
Pres
de
bont
(1)
Thomassin, De Incarnaiione
Verbi,
1.
12, c.
1.
i.
354
LA SORCELLERIE EN FRANGE
Autrefois, nous dit saint Athanase, les
les
dmons
environnaient
hommes
de prestiges vains et de
fantmes;
ils
les
mainte-
nant que
le
Verbe de Dieu
est
le
chrtien
Le signe de
;
la les
la
puissance dmoniaque
jouissent du
mme
privilge.
Les dmons,
mme
vue de
Prenez,
la
dit-il,
un
homme
possd d'un
dmon en
les reli-
fureur, amenez-le
ardents,
sort
du vestibule du temple
mme
lever les
le
yeux sur
la chsse.
Ces Pres ne
le
nient
pas
pouvoir satanique,
ils
dclarent
mme
un peu partout
cette
poque,
les
LE PEUPLE ET
a
L'
GLISE
355
manire autre,
autre encore
privs
les
; ;
les
les
les
bons
apparences ou les
aux
clipses
une signification
Origne,
Tertullien,
saint
Jean Damascne,
les
comtes annoncent
la guerre,
mort des
rois,
ou
la peste,
ou
il
comme
et cela
dogmatique
ils
les
l'avenir,
ne
vivement
la
croyance l'astrologie,
ils
ne veulent
Pourles
lois,
pourquoi
la scurit
desinno-
les astrologues,
?
non
A quoi bon
travail
356
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les privilges
que
remplissent d'eux-mmes
recueillies sans
de moissons
labeur
?....
Comme,
la
mme
les
poque, nous
rencontrons
les
temptes,
grles,
et
d'une manire
soit
phnomnes tant
peu dconles
certants
dmons sont
ploi
XXI,
si
6)
que
prcieux
nous parle
de prodiges
crainte,
dans
les
cieux qui
remplissent d
sans
en faveur de ses
saints,
foi
bien suffisantes de la
commune aux
prestiges,
aux merveilles
l'essentiel
de
l'action
monde
matriel.
LE PEUPLE ET
L*
GLISE
H57
II
la
nouvelle
y apportent
la
masse,
soit qu'ils
dans
la
;
thistes
mais
ils
mieux.
les
les
en
mdailles,
Dianes en Vierges,
naades
;
en saints ou
saintes
protecteurs
sources
lui
en donne ?
l'intelligence
gile
faire subir
l'Evan-
la
magie.
partir
du vn e
sicle
au moins, car
le
mouvement
353
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les
habi-
la divina-
tion par les sorts, les augures, par ce qu'on appelle les
sorts des saints,
les
conciles
d'Agde (514)
d'Orlans (511)
puis, le retour
aux pratiques
le
concile d'Orlans
(533)
la
foi
mangent
les chairs
immoles dans
des glises.
Gers)
diable,
(Eauzedansle
du
;
prtendent enchanter
les
cornes boire
un
concile de
les sacrifices
paens et
les rites
aux
dmons.
tions
anti-paennes
multiplient,
la
se
prcisent,
conversion, force ou
amener dans
les
rangs
un nouveau
flot
de polythisme.
Mais
le
LE PEUPLE ET
naturelle, c'est le
I.'
GLISE
359
dans
tiges
dmoniaques
anciens
quelconques.
leur
Tandis
ralit,
que
ceux
les
Pres
admettaient
de
l'poque o nous
S'ils
sommes ne semblent
les
plus
croire.
combattent
sorciers,
devins,
astrologues,
ils les
considrent
comme
des reve-
non cause de ce
qu'ils
peuvent
faire,
mais
les
une
et
les
seulement de
ne pas
Ils
tiques
les
voient
d'un autre il
chose,
ils
quelque
possdaient
certain
pouvoir
maintenant,
le
Que tout
monde
crance
ne
dgag compltement de
soi,
la
antique, cela va de
officielle.
Dans
anathmes contre
les
Priscillianistes,
360
le
LA SORCELLERIE EN FRANCE
la
Quiconque
choses
que
le
le diable,
parce qu'il a
fait certaines
dans
le
Quiconque
mes
hommes
Quiconque
observs
croit
que
les
par
les
mathmaticiens,
et
du
anaqui
Ce semble bien
le
tre le
mme
esprit
dans
813
Les
et
prtres
doivent
avertir
les
peuples
les
fidles
arts
magiques,
incantations,
ne peuvent
;
servir
de
ne peuvent
;
rendre
aucun
service
toutes piges
ces
lacs
et
les
de
tromper
le
genre humain.
vque de Lyon,
les
lutte de tout
Le simple
opinion du
titre
de son ouvrage
Contre
.a
folle
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
361
indique
supers-
ce que pense
titions
le
il
prlat lyonnais.
s'agit,
Il fltrit les
dont
fait,
comme
mun
vante
et
que
de
nous
la
pourrons
:
retrouver
dans
toute
l'histoire
sorcellerie
Ce
qu'il
a de plus
des
hommes
et des
le
femmes, que
la
populace voulait
prcipiter dans
ges, dtruit
avouaient
en
de
douteux que
Bon nombre de
conciles
;
du
vm e
et
du ixe
sicle
en gnral,
ils
dfendent les
comme
des
idoltriques,
si
sans
bien nette
l'efficacit
les
des
moyens dmoniaques. Un
dit
on
sait
que
les
de seigneurs et d'vques,
par exemple
les ans,
chaque vque
visite
362
LA SORCELLERIE EN FRANCE
les
phylactres,
Un
fort
beaucoup
plus formel
Il
dit-il,
bien d'autres
des
maux
rites
pernicieux,
tels
restes
incontestables
paens,
lges,
les
empoisonneurs,
les
devins,
les
enchan-
que
Il
la loi divine
rmission...
le
n'est pas
dou-
comme beaucoup
les philtres
la
plupart
croient
devenus
fous,
car
ils
ne comprennent
prtendent en
abaissement.
Ils
ou
les fruits,
pour
les
donnei d'au-
peuvent
mes,
le
on en dcouvre,
hommes ou fem-
mchante
le
et tmraire,
ils
diable
plus
ostensiblement.
LE PEUPLE ET L'GLISE
363
En
revanche,il existe
le
un autre
capitulaire de Char-
lemagne, dont
but
de com-
Dans
l'assemble
les
:
de Paderborn
conQui-
est prescrit
conque
sonne
croit, la
est sorcire et
mange
les
hommes,
et,
pour ou
mange
sa chair
manger
mais
Le texte
le
comme preuve du
mouvement de
canon
mence,
dit
episcopi
cause du
mot qui
du x
le
e
comsicle,
des
collections canoniques
insr dans le
du
longtemps de code
l'Eglise.
dont
l'un, intitul
De
l'esprit et de
V me, remonterait
jusqu'au
vi e
sicle et aurait t
estim faussement
En
tout cas, ce
canon
fameux
reflte
e
l'opinion
sicle.
rgnante
des
premires
le
annes du x
Vu
donnons en
entier.
364
LA SORCELLERIE EN FRANCE
s'effor-
cer,
du
sortilge, pernicieuse
invention du diable.
S'ils
dcouvrent un
homme
ou
couvrent de honte et
L'aptre
chassent de leur
territoire.
dit en effet
Fuyez
l'hr-
seconde
rprimande,
et
sachez
que
quiconque
effet
Us sont en
qui,
du diable ceux
la
abandon-
protection diabo-
telle peste.
1.
suit
Quelques femmes
des
illusions
sduites
par
et
des
fantmes
dmoniaques,
la
nuit,
innombrable
sur
certains
d'autres
femmes,
et
elles
chevauchent
de
animaux
franchissent
grands
espaces au milieu du
cette desse
comme
femmes eussent
mes de
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
de
365
l'incrdulit.
beaucoup
d'mes
dans
l'abme
En
effet,
croyant, abandonne
le sentier
de
la foi droite.
il
peut exister
puissance.
quelqu'autre
quelqu'autre
Aussi, les prtres, dans les glises qui leur sont confies,
le
non par
l'esprit
malin.
2.
Satan, en
qui
se
transfigure
l'infidlit
matre
forme
et les
et,
se jouant,
pendant
captive, lui
tristes,
tantt
la conduit
quement dans
l'esprit,
mais l'me
rel.
qui n'arrive-t-il
les
songes
veille,
il
Qui donc
serait assez
born
et assez sot
pour s'ima-
366
LA SORCELLERIE EN FRANCE
quand
le
prophte Ezchiel
les
esprit,
:
non dans
le
comme
il
le dit
lui-mme
Je fus sur
champ
ravi en esprit.
dire
qu'il a t ravi
en corps.
mme
le
genre, a perdu la
et
Seigneur une
il
foi droite,
croit, c'est--dire
au
il
est crit
Tou-
tes
lui
Quiconque donc
une crature
croit
fait,
change en mieux ou en
ou transforme en
diffrente,
a tout
fait,
En
dmonole
logues postrieurs,
que
ou
les
la lycanthropie, et
C'tait
autres
merveilles
diaboliques.
bien
aussi
LE PEUPLE ET
l'
GLISE
la collection
1.
367
canoni1026)
:
mand du xe
il
sicle, insr
dans
19
(+
met en
effet sur le
mme
de
y ont cru
Avez-vous ajout
foi
ou avez
vous
enchanteurs et de
comme
pouvaient au moyen
d'incantations dmonia-
hommes
? Si
vous y avez
cru,
ou
si
vous
canoniques
vm e
ixe et
xe
sicles,
l'opinion
d'une
partie
au
moins
des
hommes
comme
existait des
oppo-
lement par
les
nombre de
connu
de Raban Maur (+
856), savant
Il
abb de Fulda
crivit
un
trait
368
autres
LA SORCELLERIE EN FRANCE
prestiges
magiques
n'ont
par
eux-mmes
s'ils
permission divine
videmment de
gue
et triomphantes,
avec
la ralit
En
revanche,
l'esprit
le
ngateur continua
e
de se
sicle,
dans un
crit clbre
de Chartres
(+
1181),
2, c.
17 e )
croient
misrablement
C'est ainsi
et
faussement
rel
et extrieur.
qu'ils disent
ou Hrodiade convoque,
nuit,
comme
souveraine de la
ou
les
uns
parla misricorde de
prsidente,
serait assez
qu'une mchante
dmons
Il
ne faut
LE PEUPLE ET
L'
GLISE
369
et crdules.
fermement la
et
foi,
de ne pas prter
l'oreille
ces
mensonges
car,
en 1310,
au
aux heures de
nuit,
avec Diane,
car
c'est
une
dmoniaque.
Le mme
esprit inspirait
le
au concile de Prague
:
dcret suivant
Les curs
sortilges
les
maladies, la grle,
orages et la scheresse
leur est
donc
interdit,
ou
superstitions,
d'interroger
ou
370
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
III
Les
efforts
la
croyance
Mme
dans
priode de raction,
il
ne
partager
la
conviction de la ralit
malfices
ds aux de
sorciers.
le
On
lit
Charles
:
Chauve,
Kiersy-sur-Oise,
en 873
hommes
hommes
et ces
femmes
comme
tard, le pnitentiel
du
roi
Edgard
dans
imposer par
le confesseur,
cas de philtre
vnrien ou autre.
C'est
rant contraire.
le
xn e
sicle,
malgr
devait
des Cathares
manichens,
qui
donner
l'ide
d'un
culte
LE PEUPLE ET L'GLISE
diabolique, en dpit de la croyance
371
aux merveilles
la trans-
les
chroniques
malgr
diable
commence
les
prendre une
prpondrante
dans
ides
monastiques
mme
dans
les
contes
diabolique
dpit
ciers,
sur
des
imaginations
souffrantes
en
sor-
donc du mouvement
malgr
les
vers la crance
aux
ou
l,
pouvoir des
c'est
plutt
soit
je
ne
mais
je
D'autre part,
les
de
la
372
la
LA SORCELLERIE EN FRANCE
rien.
Le cardinal Henri
III,
d'Ostie,
il
pape Alexandre
de
la
numre
silence
mais qu'on
supers-
tition populaire.
est assez
comprend au moins
suivant,
du
on ne trouve men-
tionns ni
ni supplices
de sorciers, et pourtant
les
hrtiques
commenaient
qu de combattre
les travers
de
la
magie,
s'il
y eut
en
fois,
recommandant au
roi
de
Danemark de ne pas
laisser
rendu
IV
sicles,
dont
LE PEUPLE ET L'GLISE
implantant partout
l'ide
373
monde
occidental en
paennes. Probablement,
la
puissance
En
elle
gagna
les
co.
les alors
La tableau qu'offre
le
xm e sicle, la fleur du
un respect exYApostole,
le
Moyen-Age,
dictoires.
D'un
ct,
une
foi intense,
traordinaire
est
successeur et
immenses de
charit, de
dvouement
;
vie
dbordante
et,
en face, l'appel
la personnification
la
commencent
papes
la lutte
des souverains
reprendre.
Epoque de renaissance
et
d'panouis-
iire.
rn
e.
dissimule pendant
deu
.
toutes
qui en
ment
leur pouvoir -s
On
et
il
discute publique
le
-
dm
des
ires
on
fallait
les
ent_
ette
le
xm*,
le
mais
eflc
in
tendance gnrale.
gens affirmer.
le
Comment
(ne
:
de
mment
aux
rois
se
aux papes
beaucoup
(
>
soient
>
pour d:~
-
imag
-
souvent pour
plus tard.
raisons
Mais beaucoup
le
les
LE PEUPLE ET
croit
L'
GLISE
disent, qu'ils
375-
vraiment
sorciers, qu'ils le
s'en
vantent quelquefois.
Au
contre
mais
elle le
la
renomme, sur
quand
il
s'agit
toute:
on cre
va
suffire
pour
l'ou-
De
plus,
dans
la
jurispru-
suffit
--dire,
un bruit
pour ordonner
plus
la torture, qui la
parvenait
arracher au
tenace
reconnaissance
de
n'importe quel
parce qu'on
le
crime imaginaire.
On
verra
donc,
les
aura dits
iers
monter sur
de nouvelles enqutes.
Faut-il donc, comme certains le font, accuser l'Inquisition d'avoir cr la sorcellerie en
inventant
le
crime ?
Nous ne
le
croyons pas.
Il
faut
mme
s
accorder
temps,
elle
magiciens
Ils
taient
peu
376
LA SORCELLERIE EN FRANCE
sans
influence
sociale,
nombreux,
ce
n'tait
pas
contre de tels ennemis que l'Inquisition devait combattre. Les dcisions pontificales, qui soumirent
aux
ves;
elles
irr-
sistible
du mal,
des inquisiteurs un
moyen
efficace de le rprimer.
Le
fait
tait insuf-
fisante
une
telle
le
fit
tche,
et
mme, qu'en
traitant
les sorciers
avec
ne
ne
elle,
aux hr-
tiques,
elle
sorcellerie,
avant
continua
fut
de
vivre avec
comme
aprs
elle.
Ce
mme
magie,
la disparition
du Saint
aux juges
de
sculiers
l'
examen
exclusif
des
causes
puissance diabolique, et
le
dveloppement
le
moment,
que
l'Inquisition
la
de
Ce qui
priode dont
du conCette
l'intelli-
dmons avec
l'homme.
ouvrages o
de l'poque et dans
les
crits
LE PEUPLE ET i/GLISE
377
S.
du
plus
grand
thologien
du temps,
Thomas
les
d'Aquin.
fices,
Il
faut savoir,
dit
dit-il,
touchant
mal-
que
le
et
dmons ne
les
fussent que
et,
des
imaginations,
les
hommes
imaginant
s'en
les
pouvants
de
cette
fantasmagorie,
laissant
dominer.Mais
la foi
dmons
Ailleurs,
mme
S.
Thomas d'Aquin
Dieu
l'air,
dit encore
Il
faut
reconnatre que,
le
permettant,
les
les
dmons
peuvent troubler
le feu
soulever
tombe du
ciel
relle
Dieu
seul,
cependant
ses
la
pour suivre en
nature
seul
mouvements l'impulsion de
montre dans l'homme.
volont,
spirituelle,
ce qui se
Au
les
commandement de
se
la volont.
la
en
effet,
membres
dtermin par
par
le
Tout
local,
seul
mouvement
mais aussi
non seulement
le
les
esprits bons,
faire,
les
mauvais
peuvent donc
Mais
autres perturbations de
378
l'air
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le seul
il
mouvement
pour
vertu natu-
rsulte que,
il
suffit
de
la seule
du dmon.
S.
Thomas
temps
qu'il
ne
;
dmons incubes
humain. Le
et succubes
le
de
l,
il
cherche expliquer
le cot
comment
dmon
prjug
mme
fait
comme
principe,
que
dmon
mmes
droits et les
mmes
prin-
Car,
dit-il, les
hommes
copu-
opration, la castration,
ou d'autres
la
procds, empcher un
lation charnelle,
homme
d'accomplir
donc
le
dmon, qui
pourra
le faire
avec
la
permission de Dieu.
Ne
permission de Dieu
dans
une acception
de
fait
S.
trs
pense ne se
les
Thomas
sans
la
permission de Dieu
pas
mme
malgr
la clause restric-
LE PEUPLE ET L'GLISE
379
maux.
S.
A cette
le
srie
de
faits,
correspond, d'aprs
Thomas,
ratre
un objet non
deux proc-
ou
le
sens corporel
du
sujet,
simplement apparent
son corps
animales,
;
celui
et,
naturelle active
de
mme
quelquefois faire
uvre rserve
Somme
estime
forces
S.
Thomas
des
surnaturelles,
c'est--dire,
dehors
naturelles, le diable
soit. l'instigation
peut tout
faire.soit
les
de lui-mme,
de ses amis
S.
sorciers.
L'immense autorit de
porains et
les
Thomas
fit
ges suivants
que
conclusions
devinrent
celles
malgr
les
adopts
alors, soit
Une
IX tmoigne,au
laquelle
si
reste,de son
aller
crdulit
se
laissaient
les cercles
romains jusqu'alors
le
prudents. Conrad
de Marbourg, auquel
voirs extraordinaires
d'inquisiteur
Allemagne,
380
LA SORCELLERIE EN FRANCE
il
fit
IX un rapport
fort
mais im-
pressionnables.
Tout notre
le
esprit se fond en
amertume,
crit
donc
notre
me
gonfl de douleurs
vons
ni
Comme
non dnues
en
aux narrateurs
aux auditeurs;
l'Eglise et
elle
membres nobles de
elle
chez
Cependant
la raison,
elle est
et de la terre
contre
les
elle
hommes
LE PEUPLE ET L'GLISE
381
eux-mmes.
fait
dans
le
dont on baise
derrire.
Ecoutons comment
le dtail
le
de
la
cause
de tant de douleurs.
en sret la bonne
de
la chancellerie
:
romaine,
reoit
un
Quand on y
les
adeptes baisent
reoivent aussi
les lvres,
et sa
bave. Parfois,
bon,
voit venir
un
homme
la
de
chair,
mais seulement
;
peau sur
les os.
Le novice
de la glace,
baise ce squelette
il
le
sent froid
comme
de son ancienne
catholique.
La
fte se continue
les
dans un banquet
or, voici
qu'au
qui
moment o
trouve
se
habituellement
dans
les
lieux
de
382
LA SORCELLERIE EN FRANCE
runion, sort
la grosseur
un chat
noir, la
queue en trompette, de
derrire
tel
honneur,
reoivent
le
baiser de paix
monde
les ttes
Nous
le
savons,
matre
puis,
un quatrime
les
lampes et l'assemble
fois le
Une
crime commis
hommes
que
ses
sort
un homme clatant
le soleil,
bien
membres
comme ceux
de lumire.
la salle
ments du novice
je te
l'homme
brillant
Matre,
et l'tre lumi-
neux de rpondre
et tu
Tu
.
me
serviras
mieux encoreje
Puis
il
disparat.
LE PEUPLE ET
((
l'
GLISE
383
du Seigneur,
et,
le
le
que
le
Dieu du
ciel
tiennent pour
crateur du
ciel,
monter dans
sa gloire,
une
fois
Dieu dtrn
ils
lui le
bonheur
ternel. Ils
lui dplat.
est difficile
n'tait pas
dupe
de sa propre imagination
Lucifriens,
et
n'avait rv de faux
quand
il
crivait
au pape
les lettres
qui
;
au diable,
ses apparitions,
aux assembles
non seule-
d'hommes vous au
Grgoire
IX
n'avait oubli
deux
dtails,
celui
du
voyage travers
de l'onguent fabri-
384
LA SORCELLERIE EN FRANCE
effet,
en
dans sa
tel
bulle,
le
la
description complte
les
du
sabbat,
rieurs.
que nous
racontent
le
procs post-
En Allemagne
donc,
pays de Conrad de
Marbourg, et en
Italie,
on
le
voit,
le
admettre
et
rcits
les
plus
tranges
sur
diable
ses
manifestations terrestres.
Cette priode du
xm e -xve sicle
devient un temps
;
elles
ont
des dfenseurs ardents contre les ngateurs audacieux, qui voudraient voir
pour
croire
les
ngateurs
sont traits d'impies, d'hrtiques mot qui mal dans ce temps d'Inquisition, en tout
sonne
cas, ils
Com-
ment ne pas
s'incliner
devant l'autorit de
la Bible,
de l'Eglise
fait, c'tait
mme
reprsente
;
par son
En
troublant
et
dont
gnant pour eux-mmes, dcourags, surtout en prsence de la crdulit gnrale, et que leurs protestations,
ou leurs rflexions
faites
pu
adversaires victorieux.
LE PEUPLE ET L'GLISE
385
Nous aurons
sacrifices
devaient
se multiplier
la
magie, jusqu'alors
crime ecclsiastique,
civil,
fin
du xv e
et
com-
mencement du
la
consquence,
quelque redoutable,
incohrente,
ou
mence par
les
mots
Summis
a
desiderantes.
On
qu'elle
fond
la
sorcellerie
que
la parole
pontificale donnait
la croyance
de Grgoire
faire
IX
dont nous
aurons
mention en racontant
;
les poursuites
de cette priode
les amplifier, et
elle les
confirmait, sans
beaucoup
il
champ
dont
le
nom
est rest
fameux dans
annales de l'Inquisition
allemande.
Ces hommes,
383
Institor,
et
LA SORCELLERIE EN FRANCE
leurs
laiss
la
preuve
la
qu'ils
Ce
trait exera
en
fait
de
la torture
les affaires
venus
;
les
rapports sollicitant la
fut
bulle
d'Innocent VIII
ce
aux Allemands
dtail
Elle nous
donne en
aux
sorciers la fin
du xv e
sicle
Il
est
rcemment
certaine,
Haute Allemagne,
territoires,
ainsi
que
et
dans
les
provinces,
villes,
localits
et de
de la
foi
catholique, se livrent
et,
et succubes,
mes,
leurs
conjurations,
excs,
crimes
dans
les
sein
des
femmes,
la
produits de la terre,
le raisin
LE PEUPLE ET L'GLISE
des arbres, aussi bien que les
le
387
les
hommes,
femmes,
btail et autres
les
animaux de
les
rcoltes,
vignes,
vergers,
prairies,
les
;
tourmentent de douleurs et de
maux
mmes hom-
maux,
drer,
et
les
empchent que
les
hommes
les
puissent engenle
femmes concevoir,
maris remplir
et les
femmes
ils
femmes
que, en outre,
foi
renient d'une
bouche
sacrilge
;
la
qu'ils
baptme
qu'ils
et crimes
la
abominables, au
Majest divine,
et
trois sicles,
la
doctrine
du diable
dfinitive,
s'tablit d'une
o
sont
les
dmons
et les
hommes
peuvent
tudies,
prouves
de
autant
qu'elles
l'tre,
l'ide
runions
sataniques
38S
finit
LA SORCELLERIE EN FRANCE
par s'imposer aux esprits
de
les plus levs,
avec
celle
la rpression ncessaire,
l'histoire
de
la
poursuite
meurtrire, sans
rmission
celle
l'abri
du vent de
folie,
loin de l, la
France n'en
pas au
mme
les tristes
rsultats
auxquels conduisit
la
crdulit outrance.
Comme
nous ne
convic-
nous tudions
ici
ce
que pensait
l'Eglise,
voyons
gure de
modifications
dans
ses
en tat de diriger
les
pour-
autres,
comme
tout
le
monde,
et qu'elle
ne crt,
ou,
du moins,
les sorcires
se transles
pour y accomplir
crmonies
les
plus abominables.
Le sabbat,
poque
;
c'est
en
effet la caractristique
de cette
depuis
;
les
mme
leurs
ils
mres
les
donnent au diable
cet ge
si
tendre,
connaissent dj la concupis-
LE PEUPLE ET L'GLISE
cence dmoniaque.
389
Eux
aussi,
ils
fabriquent de l'on-
est stupfiant
telles
enfants des
bcher pour
parents ou
les
affolement.
Un
ce fut
des possessions,
les
mentionner
tristes
pisodes
sentence
et
l'excutaient,
prenaient
en
effet,
de posses-
vques de
la rgion.
Nous verrons
eux
se
laissrent
se
aller
une ngligence
persuader trop
singulire,
ou mme,
laissrent
facilement que les contorsions de religieuses hystriques avaient une cause prternaturelle. Ngli-
gence
ou
crdulit,
la
conduite
des prlats
fut
telle qu'elle
cota
la
vie
plus d'un
malheureux
prtre.
Bien qu'il nous paraisse trange de voir de nombreux ecclsiastiques tomber victimes de la foi diabolique, la
chose s'explique assez facilement. Les prtendues possdes, interroges sur le sorcier qui leur avait
envoy
390
les
LA SORCELLERIE EN FRANCE
dmons,
se trouvaient tout
naturellement portes
communauts se trouvaient en
En ce qui
se prsenter sur la
de plus naturel de
et
les
de
le
qu'on
avait
vu
souvent
officier
pour Dieu
le xvi e
et le
xvn e
sicles
o succomba de beaucoup
la
la la
plus
croyance
magie.
ils
durent ne parler
dans
elle
les
bchers,
ne
que
les
Catholiques
et
protestants
d'Allemagne
sembl-
LE PEUPLE ET L'GLISE
rent alors rivaliser qui brlerait davantage.
fut
391
Ce
de
l'honneur
de quelques
hommes de
en
bien,
quelques jsuites
tt
suivis
allemands
certains
particulier,
bienenfin
par
pasteurs,
Ils
d'lever
le
fltrirent
mode
que
conviction
par
la
torture,
dmontrrent
tmoignage d'un
homme
par
les les
sur le
chevalet n'a
aux souffrances
pour
inventes
les
bourreaux,
plus
ne
pas avouer
choses
invraisemblables,
pour ne pas, en de
famille,
ses
telles circonstances,
il
accuser sa
meilleurs amis,
milieu du
xvn e
sicle, ces
voix gnreuses
se firent entendre.
Peu
les
pauts allemandes,
rendit
famille
bchers s'teignirent.
On
se
y avait
t dcime.
les
Beaucoup taient
on
se dcida
rui-
nes
on pleura
qu'on
morts
et
sauver
prisons
fois
ceux
pouvait
sauver
encore.
;
Les
on crut cette
leur innocence,
ils
firent
aveux avaient
frayeur.
t le rsultat de la torture et de la
D'un pays
finit
l'autre,
le
mouvement de
si
rprobation
par se gnraliser et
le
xvni e
quelques supplices,
comme
392
les
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Parlements,
s'taient
les princes, l'Eglise, l'opinion publi-
que
ressaisis, ce
tincelles, souvenir
VI
Une
force puissante,
celle
du groupe
d'intellec-
xvm e
leurs
sicle,
sarcasmes,
apporter
ralit au-
car, jusqu'alors-,
reproches
s'adressaient
aux juges
et
leurs
de
la
les
possibilit
d'une action
diabolique,
tandis
et
que
la lice
rejetrent
l'action
et l'existence
efforts
mme du
diable.
En
aux
de tous,
la lgislation
civile se modifia
tol-
rant, jusqu' ce
que
de
la
Rvolution
LE PEUPLE ET L'GLISE
franaise,
393
dlit
ignorrent
mme
jusqu'au
le
de
la
magie.
Ils laissrent,
d'autre part,
champ ouvert
aux
aux
la ressusciter,
le
monde.
Nous
ngations
du xvnr3
sicle
que
dans
le
courantes.
La cour romaine
sorcellerie.
Ds
le
les les
juges ecclsiastiques
accusait,
des sorciers
elle
comme
soutenaient alors
les jsuites
allemands, d'arracher
par
elle
la torture
maintenait
dment
rant du
dans
lui,
le
cou-
xvm
sicle, l'Eglise a,
comme
renonc,
394
LA SORCELLERIE EN FRANCE
peu peu,
crois
inutiles.
Je ne
de magie, dans
se soit
Mais dans
la
pense de
la
comment
est
considre la
Les
trois
partis,
affirmatif
outrance,
que de
la raction, se
maintenir en face
et des
les
uns des
haut
comme
les
force
de
un
comme
parti-
la
situation difficile
aux
ngation absolue.
faire
une
statis-
un
douteuse.
Parmi
les
plus
convaincus,
nous nous
LE PEUPLE ET L'GLISE
sieurs crits, entre autres de la France trompe
les
395
par
magiciens
et
dmonoltres du dix-huitime
Il
sicle.
est
d'une
complte,
soutient
que
les
ventriloques
dmons
accuse de dmonoltrie
et d'autres
;
les
Maons
christ.
il
annonce
venue de l'Antcrivit
la Ralit de la
prouve l'existence
foi
apparitions, la
vrit des
trs
prcise
vue, depuis
nos jours,
en
de ce livre
Mirville
indique
mlange
anciennes
genot des
dmonologies
(Paris,
1853-1868)
Gou-
Mousseaux,
Magie au dix-neuvime
ses
ses
vrits,
mensonges,
livre
que
le
clbre
prdicateur
vant que
aiavet.
le
396
et
LA SORCELLERIE EN FRANCE
tenta d'expliquer quelques rcits an-
diabolique,
ciens et
scientifiques
il
le
complet
de critique,
taient de rationaliste
il
est
de toutes les
dehors des
En
philosophes
et des libres-penseurs,
ennemis ns
de n'importe
quelle
intervention
surnaturelle
ou
sur-
et,
dans les
ont
cas de possession,
semblables,
vu tout simplement des maladies d'ordre mental ou nerveuses, tranges sans doute, dans leurs manifestations
extrieures
comme dans
les forces
leurs
causes,
de l'homme.
de dire
et le premier, inutile
que
les
toises, les
ss
aux incroyants,
virent
compenss par
les
pithtes
adversaires.
Quand
dans
le
sens ngatif,
le firent
coup de prcautions
et
de rticences; gnralement
LE PEUPLE ET L'GLISE
ils
397 ou
tel
se
tel
ph-
nomne
ne
au lecteur dcider
il
si,
dans
la
pense de l'crivain,
cadres de la nature
ne
fallait
les
voulaient
absolument
trouver
la
marque de Satan.
Trouble par
les rcits
qu'on pr-
comme engageant
de l'autre, par
trop
part
des
les
exagrations manifestes
crivains
crdules,
l'immense
majorit
:
nier.
En
fait,
en
la pierre
ou que
que
le
tlgraphe tait
par
le
dmon
que
le
rayons
X pour faire
se rallier,
398
bien
des
LA SORCELLERIE EN FRANCE
faits
contemporains
naturelle
n'ont
pas
trouv
encore
d'explication
suffisante.
Tables
suggestion
la
distance,
seconde
vue,
corps,
ddoublement de
personnalit et
mme du
une opinion
qu'on en
ou plutt
les rcits
ont laiss
les
ecclsiastiques
dans l'embarras.
les
Somme
toute,
en
entendant attribuer
phnomnes en question
ils
les
nature. Si le
c'tait
Moyen-Age en avait
le diable,
charg
le diable,
que
mythique ou
l'homme.
Les
modernes
changeaient
claire,
mot,
la
et la prudence s'imposait.
Pour
leur part,
reprises,
LE PEUPLE ET L'GLISE
d'une intervention diabolique ou non.
bl
Il
399
leur a sem-
que l'hypnotisme,
la suggestion, l'usage
du madevait
gntisme animal,
comme on
disait
alors,
du mdecin, soucieux de
;
du
St-Office, en date
du 23 juin 1840
En
car-
sortilge,
invocation,
explicite
ou implicite, du
dfendu, pourvu
qu'il
fin illicite
Dans
d'autres
illicite
cas,
la
les
mmes
congrgations
ont
dclar
il
pratique
du magntisme, mais
s'agissait
la morale
ou pour
soit
Ce fut
ainsi
que rpondit
la
Sacre Pnitencerie
400
LA SORCELLERIE EN FRANCE
ni
le
plus grand
feu
ne sauraient
l'en
tirer.
Le magntiseur
seul,,
qui elle
car le concette
sentement
la fait
il
tomber dans
quand
est
par un simple
commandement
intrieur,
s'il
est loign,
mme
de plusieurs lieues.
ment ignorante
se
beaucoup, en science,
elle
mdecins de profession
tions
la
les
elle
indique
la
cause, le sige,
taille
souvent
elle
en pronos-
est prsente, le
i
magntiseur
par
ses
le
la
met en
relation avec
la
magntise
contact.
Est-elle
absente ?
cette
une mche de
cheveux
suffit.
Ds que
LE PEUPLE ET L'GLISE
401
la
mche de cheveux
main de
que
o
c'est,
est
seulement approche de
celle-ci
dit,
la
magntise,
l'instant, ce
est actuellement la
personne de qui
;
ils
viennent
et,
concernant sa maladie,
donne tous
les
faisait l'autopsie
du corps
Sans discuter
faire
en date du
juillet
semble
mme que
la
Congrgation se repentit en
quelque
par un dcret
du 28
juillet 1847,
(1).
renvoya
la dcision
du
St-Office
de 1840
Si plusieurs
aller
plus loin,
s'ils
ont
affir-
mation que
La masse des
:
tholo-
1 le
dmon
(1)
402
venir dans
LA SORCELLERIE EN FRANCE
certains
phnomnes
qui
faire
;
2 les
hommes
pchent
gravement
ou
l'invoquent,
pour con-
natre l'avenir,
un mal quelconque, ou
judiciaire
obtenir
une faveur
des
3 l'astrologie
;
est
une
fable
temps passs
;
4 les
possessions
peuvent
se produire
une grande
faits extraor-
7 ce jugement,
qu'il
s'agisse
de posses-
l'autorit comptente,
mme
du
Saint-Sige.
LE PEUPLE ET L'GLISE
403
ARTICLE
CINQUIEME
La dfense contre
les sorciers
Dans notre
tableau
jusqu'
nos jours.
Revenons maintenant
les
Comme
le
on
le
pense bien,
en sens
du
enthousiasm par
les
culeux o
les
il
thaumaturges chrtiens
triomphent
de
le
l'enfer,
dmon avec
terribles
qui l'effrayaient,
les
404
LA SORCELLERIE EN FRANCE
puis certains
l'Esprit malin,
ciens,
hommes,
les
magi-
habiles l'invoquer.
manquaient
;
cependant
pas
de
partisans
et
d'amis
bon nombre
les caressaient
pour connatre
moins curieux,
services.
contentaient
l'espoir
de
leur
faire
demander des
du
sorcier
Dans
fidle,
de se
un serviteur
est pleine
de princes, de seigneurs,
piqurent
temps
un astrologue, ou un alchimiste, ou
cier,
mme un
sor-
Comme, de nos
commun
des
hommes
a des docteurs pour tous, autrefois, ct des magiciens des princes vivaient des sorciers banals, plus
les
consultations
vivant part,
le sorcier,
ou
;
la sorcire,
suscitait
le flattait
On
venait
;
le succs,
si
on trem-
devant
la
puissance occulte
les
conjurations
chouaient,
le
LE PEUPLE ET L'GLISE
405
vivait
toujours,
peu
lucratifs, auxquels,
Le ct dsagrable de
du caractre tout
la
profession provenait
La
sor-
jamais aime.
Mme
et
par
mme
de
qui usaient
la
ne
pouvaient
s'empcher
craindre.
il
hassait
En
sorte
du
la crainte.
mauvaise
conseillre, elle
le
aveugle
;
le plus
sage,
rend enrag
plus
timide
elle
quand
n'avait
se
donc
la sorcire,
quand
il
quand
il
406
LA SORCELLERIE EN FRANCE
le
on
mit publique.
Dans
ces conditions, le
moyen
si
le
ennemis
pense
redoutables vint
s'en
le
tout naturellement la
dbarrasser
par
la
mort.
On ne
saura jamais,
nombre
des.
..
Nous aurons
manifestations de
qu'ils le
la foule,
suites lgales.
de
l.
La seconde
II
Comme
ils
les
geance,
on
la
eut
recours
d'autres
moyens pour
paralyser
nfaste
Dans
les.
LE PEUPLE ET L'OLISE
socits antiques,
407
la
t considre
comme un
les dtails
qus donnrent
contre
elle,
de conjurations employer
ques chez
et
fait
les
plus,
avant
connatre un certain
Il
nombre de
leurs formules
d'incantations.
fallait les
prononcer consciencieu-
de
s'attirer
des
misres
plus
les
grandes.
Plusieurs
tte,
maux
de
ds,
quelque
dmon
Une
classe
de dmons
nomms
Labartu,
spciale-
et de leurs mres,pouvaient
(1).
D'autres
ce
que
les
Un
de
cire,
formules sacres.
Tandis que
la
la
que
du feu
et finissait
(1
Hastings, Didionary
Religion of Balylonia.
408
LA SORCELLERIE EN FRANCE
comme
existait
ter
spcialement
rserve
aux
au
sur
les
statuettes
on
les
jetait
quelquefois
dans
l'eau,
on
les
s'agissait
d'enchanoprait
le
prtre
exorciste
faisait
le sorcier
tait cens en
paroles
La
foi
les
victimes du dmon..
Ce
disait-on,
au
nom
les
de Dieu, de Jsus-Christ, de la
les prires, les
messes et
les prati-
ques pieuses,
dmons
La prsence d'un
si
saint ou la possession
de ses reliques,
le
pays
effi-
LE PEUPLE ET L'GLISE
et hagiographes ne cessrent en effet,
sicles,
409
pendant des
de raconter
les
Tout
ce qui, dans
un but de
sanctification, tait
l'Eglise,
l'estimait,
malfices ou chasser le
dmon
(1).
Il
tait
bon
de se purifier par
la confession,
pour que
le diable,
ment
le corps.
L'Eucharistie, cela va de
soi,
consti-
que plusieurs
par
malfices
la
l'employassent
ou,
si
aussi.
Consomme
communion,
approche
elle
amenait
huile bnite,
lotions,
bue ou employe en
puis les
oeuvres de
ou de pnitence,
susceptibles
puis le port
d'attirer
la
protection
d'En-Haut
(1)
Del
Rio,
1.
6, c. 2, sect. 3, p.
975 soq.
410
usuels
LA SORCELLERIE EN FRANCE
de
pit,
mdailles,
crucifix,
;
Agnus Dei
ou des saints
le
et les cierges
sel
bnit sur la
ou
encore
pieuses
et le
port d'amulettes
portes
sur
le
au
col,
composes de papier ou
crites
d'toffe,
lesquels
taient
des
paroles
saintes,
symbole,
;
des
textes
de l'Evangile
ou
d'analogues
enfin l'usage
du
signe de la Croix.
Tous
aux
uns
autres,
produisaient
ce
qu'ils
pouvaient.
En
que
le
diable devait
lui,
bon gr mal gr
tonnante,
le
de dire
la
vrit.
d'un
malheureux opposa
vainement
sations
aux accula
du dmon,
bouche
que
le
nus lgitimes
et rguliers.
LE PEUPLE ET L EGLISE
411
III
Soit
donc
inefficacit
de leur
la
part,
soit
aussi
sentiment instinctif de
ncessit
d'un
certain
la
dans cet
tat,
moins exigeants
moins
spirituels, qui
cependant,
de Tobie, du
dmon
amant de
fume du
mer
On
au cou des
la fcondit; les
ne fut pas
difficile
d'en inventer
d'analogues.
des sorciers.
Il
trs
comme
avec
les doigts,
ou
412
et
LA SORCELLERIE EN FRANCE
montrer
le
le
et le
mdius en
dans
le pli
fermant
poing
ou cracher
trois fois
le
Dmons
tes prises
et
sorciers
perdaient,
croyait-on,
leur
quelquefois
suffisait
de pendre
les
dites
herbes
aux
fentres,
aux
portes,
aux
lits,
n'importe o.
les diables.
On
vantait
comme
de
maldes
ces
fices, le
port
de certaines pierres,
quelques animaux
l'influence
dpouilles
(2).
A
on
tous
moyens semi-naturels de
mille pratiques plus ou
les
protection,
ajoutait
ces
d'une fivre,
(3)
:
se servir
du charme suivant
Ils
(1)
(2) (3)
Bodin,
p. 248.
d'or,
t.
1,
p. 41.
Wier, ouvrage
LE PEUPLE ET L'GLISE
413
mnent
le
puis
ils
disent
Aujourd'hui est
la croix,
lui,
jour
auquel
le
Seigneur vint
que
la croix
ne viendra plus
toi.
chaud
ni
le froid
ne viennent plus
Au nom du P
fait,
il
| re,
et
du
Fifls, et
fois trois
faut dire
neuf
efficace ce
charme,
malheureux qui
s'en servent
sonnent
on donne
la
recette
qui s'ensuit
un jour de
di-
manche, allumez
les
gouttes sur
:
les
disant
Au nom du
puis brlez
un peu
avec
le
Ce qui restera de
la cire
les
btes entrent
endom-
mag
des
sorcires.
forts,
Les esprits
ils
c'tait
de ne pas
414
croire
fait
LA SORCELLERIE EN FRANCE
aux
sorciers.
On
disait en effet
couramment,
ne
psychologique moderne,
que
les
gens qui
les
foulaient
aux
pieds,
les
frappaient
ou
attaquaient
sans
crainte,
taient
exempts de
leurs atteintes.
Aux
que
le diable,
par lequel
nombre
se racontaient
en
effet,
que
le
dmon
finissait
dont
ces
il
Un
de
laisser
d'une manire ou
de l'autre,
le
il
maux dont
hommes
avaient
si
longtemps pli
(1).
(1)
Wier,
t. I,
p. 178.
Le Loyer,
p. 781, seq.
LE PEUPLE ET L'GLISE
415
IV
Enfin
le
monde alarm
avait un dernier
moyen de
aux
soit
sorciers
eux-mmes.
parat que la chose n'allait pas toujours toute car une opinion reue dans
le
seule,
monde de
la
Si
donc on
le
retirait
d'un
homme,
il
fallait
sui-
dmon, ne sachant o
sorcier
aller
fixer,
venait s'emparer du
lui-mme
et
mettait mort.
En
fort
cas de
non
du
malfice,
que
Les dmons
et les sorciers
les
sont en effet
;
hirarchiss tout
comme
la
hommes
(1)
il
ne s'agit
coupable.
Aux
malfices dmoniaques
(1) S.
Thomas, Summa
thologien, 3 e qu.
XLIII,
art. 2
'28
ad
3.
416
LA SORCELLERIE EN FRANCE
il
d'un sorcier,
rit
dmon
suprieur,
secours obtenu
moyennant rcompense
convenable. Des histoires assez plaisantes se racontaient sur cette concurrence des sorciers.
la
cour
un jour prsents,
offrant
de donner un spectacle.
Pour ne pas
l'un l'autre
chacun une
fois.
La promesse
par
faite,
un
mage
la fentre.
au
cornes de cerf
retourne,
il
lui
poussent sur
front
et,
quand
il
se
se voit, son
grand
dplaisir, l'objet
des
bientt prise.
Il
maine sur
trer
le
mur
prend que
prie donc,
mur va
pleure,
s'ouvrir, l'engloutir
il
vivant
il
implore.
la
Tout
est inutile, li
doit obir.
Il
Un dmon
sup-
Un
LE PEUPLE ET L'GLISE
417
on
le
devant
l'assis-
tance.
y consentit
et,
la
demande
de
gnrale,
coupa
la tte la
viteurs
l'htel,
promettant de
gurie. Or,
il
place, bien et
dment
au
quand
voulut rat-
tacher
la
tte
col,
s'adresse donc
au
il
bon
grce sa malice,
le
le
dcapit ne pourra
faire ?
recouvrer
crne dtach.
Que
Le premier
Aux yeux
lui
la table
il
est peine
que
le
magicien
coupe
la tte, et,
la
du
il
mme
tombe
coup,
le sorcier
opposant perd
que,
sienne;
dcapit,
tandis
tte
triomphant,
son
et la
la
confrre
prend
la
du serviteur patient
laisser
rattache
singulire
au tronc, sans
opration.
aucune trace de
ainsi malficis, le
mdecin
sans scrupule,
se faisait sorcier
pour combattre
clans l'intrt
de
ordonnances
d'antan,
mais
gurissaient
sans
celles
418
LA.
SORCELLERIE EN FRANCE
que pas de
ques
la
mme
exemple quel(
conseils
d'Arnaud
rois
de Villeneuve
+ 1312),
d'Aragon
dmons
Le fiel
et les malfices.
(Hansen,
le
dmon de
si
l'on asperge
les
chien, on la dbar-
du
fiel
vont se
coucher, qu'ils
et qu'ils s'enveloppent
de
la
fume, produit de
la
combustion du
fiel,
empcher de
s'unir
l'insu
des
deux poux, on
reoit de l'argent et
qu'un serviteur
bouch de
Si
cire,
dmons
dmons
et tous
animaux farouches,
et
il
hommes
Une
aux femmes,
et loquent.
la
les
promptement
les
sant
aux malades,
charmes,
les
dbarrasse
et
gens
leur
lis
par
gurit
leur rend
vigueur...
Comme
Arnaud de
Ville-
mdecins
LE PEUPLE ET L'GLISE
419
le
du Moyen-Age, qu'on
faire
lui
attribua
moyen de
expriences
de
l'or,
et,
mieux encore,
au
des
de
et
fabrication d'hommes,
moyen de spermes
ensemble
dans
de
certaines
herbes
chauffes
une cornue,
frres
nous
devons
trouver
srie
moins
savants
une
de prescriptions
premiers mdecins du
xm
sicle,
et l'auteur d'un
Compendium
tendait gurir
de
la
mdecine
longtemps tudi,
pr-
dans
le lit
il
du malade. Dans
la fivre
traitement de l'apo-
plexie,
provoquait
conseillait,
pour vaincre
la strilit
ou l'im-
f Dixit
Dot
minus
Crescite
et
ulhibolh
et
multiplicamini
.
f lhabechay t
replte terrain
amath f
Un
mme
du
sicle,
Bernard de Gordon,
le
clbre
auteur
(1)
Nous empruntons les pages qui suivent A. Germain, commune de Afon<peMter,Montpellier,1851, t. III
420
LA SORCELLERIE EN FRANCE
medicin,
dsireux
n'tait
Lilium
Est-on
gure
moins
original.
traite-
ment
Il
il
l'pilepsie ?
citer,
le
Quand
patient,
dans
le
paroxisme, quelqu'un
oreille
;
et
et aussitt,
le
patient se relvera.
Or
dont
il
s'agit
Gaspar
fert
Hc
tria qui
Gaspar
porte
l'or.
la
myrrhe,
Melchior
soi
l'encens, ces
trois
Balthasar
noms
par
la
grce du Christ.
l'oreille
de l'pileptique,
ont, d'aprs
recette
de Bernard de Gordon, la
le
vertu de
le
gurir et de
On
a rpt
frquemment, pour-
l'exprience de ce procd.
;
Le succs n'en
si
mais
la
malade porte
les
LE PEUPLE ET L'GLISE
son
cou.
421
On
dit
aussi
que,
si
le
malade, aprs
mre
et ses amis, se
la
l'glise
pour
y entendre
sa
tte
messe, et que l
de septembre, o on
t
les
mots
Erat spumans
stridens,
:
et
se
trouve
passage
jejunio
lible,
cum
et
complte est
infail-
pourvu
mme
vangile
son cou.
collyre
capable de
un
ture la plus
menue
il
du suc d'une
du bois
d'alos,
du
lait
d'aigle, d'pervier
ou de
Bernard prescrit
le
lait
le
rduite en poudre,
taure,
le
mlang de
miel.
rend
vue.
J'en
du
roi
422
herbe,
LA SORCELLERIE EN FRANCE
qu'on crve au moins
les
yeux de
petites
Aux presbytes,
yeux, tous les
on recommande de s'humecter
jours, d'un
les
mlange de
fiel
de corbeau, d'pervier,
mique.
Et tous
les livres
de mdecine jusqu'au
effi-
xvn
sicle
caces, contre
celles
mdecins de gurir
comme
ils
pouvaient.
Ils
que
mme
de pape,
magicien.
rle de
Prtres,
moines,
naturelles, les
connaissances du
monde
manit.
LE PEUPLE ET L'GLISE
423
comme nous
de
la
bonne heure
les
mme, contre
adeptes
xm e
sicle,
civile,
surtout
la
la
justice
chasse de
ces tres
trantes.
Ce
procd lgal
d'extermination
de
la
sorcellerie
rsultat
diam-
les accuss,
Il
donna en
effet
un
frappaient
si
fort,
que
le
et
les
imaginations
de
la
magie eut
vigoureuse s
;
comme elle
se
cerveaux en
dlire, ou
de dnonciarpan;
manqua pas de
dre par
l'effet
l'exprience
prouva trop
abondamment.
Cette
monde de
se ressaisir.
424
LA SORCELLERIE EN FRANCE
Moyen-Age
et sur-
la rpression
par
la
puissance
de
de Satan.
. . .
Pag
-s
Avant-propos
Origines de l.\ sorcellerie. Chapitre I. Antiquit de la sorcellerie ... premier. Article Recrudescence de la sorArticle deuxime.
.
1
1
cellerie
au Moyen-Age
-
33
61
Article troisime.
La
sorcellerie, renaissance
du paganisme antique Le pouvoir des esprits Chapitre IL Les mes des morts Article premier.
Article deuxime. Les gnies Les vrais dmons Article troisime. Les dmons incubes et Article quatrime. succubes Les pouvoirs des sorciers. Chapitre Article premier. Les crimes des Article deuxime. Les procds des Article troisime. Les nombreux malfices Article quatrime. Le Sabbat Article cinquime. Les devins Chapitre IV. La sorcellerie en face du
- -
70
70
100
117
III.
165
sorciers
165
192
sorciers.
...
209 229
263
287
PEUPLE ET DE L'EGLISE
Article
premier.
L'art
magique
rpandu
- 309
'
partout
Article deuxime.
Ce
426
Article
Opinions diverses dans relativement aux Article quatrime. Fluctuations de l'opinion relativement aux de Article cinquime. La dfense contre
troisime.
l'Eglise
sorciers
333 352
l'Eglise
sorciers
les sor-
ciers
403
425