Jaques-Melchior - La Vie de Dom Bosco
Jaques-Melchior - La Vie de Dom Bosco
Jaques-Melchior - La Vie de Dom Bosco
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JOHN
M. KELLY
LIBRARY
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Donated by
The Redemptorists of
the Toronto Province
University of
St.
HOLY REDEEML^^jaW^K,
>h.v DiU
\yy
VIE
DE DOM BOSCO
FONDATEUR DE LA SOCIT SALSIENNE
16' dition
fr.
fr.
Vie de
dom Marie-Augustin
la
Trappe
fr.
3
du rachat
50
c.
fondateur de l'uvre
des jeunes
75
8^ dition.
Le
fabuliste chrtien,
Zi2 pages
1
4 dition, suivies
fr.
25
de la Frigolade,
9" dition.
un
fort. vol.
in-S"
3
religieuse,
fr.
50
fr.
Cinas ou
Rome
sous Nron,
1869;
tude historique,
1
philosophique
fort vol.
de 520 pages
anglaises.
3 2
Deux
orphelines,
tude contemporaine de
murs
la
Paris, Lethielfr.
leux, 1868
L'Ange de
leux
2
rcit
fr.
50
fr.
Elisa de Montfort,
contemporain
2
du tlgraphe
La tlgraphie
V. Palm, 1870
franaise, tude
Villefranche,
directeur
Versailles, Paris,
3
chez l'auteur
fr.
Curs et Prussiens,
50
c.
D\/
un M non D
DOM BOSCO
,0D.TH. DBS S.US,..S
.
."-
VIE
DE
DOM BOSCO
FONDATEUR DE LA SOCIT SALSIENNE
J.-M.
VILLEFRANCHE
HUITIEME
PARIS
LIBRAIRIE BLOUD ET BARRAL
4,
59
http://www.arcliive.org/details/viededomboscofonOOvill
PREFACE.
connue en France.
Paris a vu et entendu
dom
Bosco,
il
mes
compatriotes, de le
Favouer?
je
n'ai
entrepris
moi-mme
cette
cher-
chant
me
Vincent de Paul de
me
mmes
de
dom
les autres,
ma
Fadmi-
ration la stupeur.
C'est bien
et
Sales. Aussi
passionn que
rits
le
vin
la terre; aussi
premier pour
et aussi
le
de ce monde,
comme
duca-
fut incomparable.
un degr
pareil
Tamour de
jeunesse et le don de
la
du
vice,
pour
fants dont le
sorte,
nombre
en quelque
Il
car son
uvre
a fond
pour
un
tiers
ranim
en Italie,
cela,
et
form
dj plus
de
six
mille
prtres.
Avec
btisseur
moindres
que pauvre,
n'est
Ce
Jean Bosco
pour
Il
la
plupart de
s'agit
mes
lecteurs.
faits
ne
extraordinaires qui
:
s'accomplirent
souvent sa prire
la
renomme en
leur
si
IX
que ce matre
vu oblig
tail-
de
faire,
le
cordonnier, le
;
que ce
temps
d'crire
une
imprimer?
voil le
surhumame,
grand
miracle.
A la bonne
penseur
;
heure
quelque
en est dont
les
ces pages)
expliquez-nous ce qu'a
fait
conteste
Notre
sicle,
en de
effet,
pour ce qui
est
la Foi,
croit
Un
un
mme,
aprs
une observation
gueur.
quoi servent,
ces
membres
invi-
fleurs
et
fruits;
un
travail inutile et
roser, de
fumer
les racines
on devrait
mme
les
cou-
Eh
n'ont
bien
la
proclame ;
les saints
de
si
qu'ils avaient
une grande
on chercherait
mme vaisup-
nement un
l'Eglise et
de ses sacrements.
tout,
resterait
non
seule-
et inexplicable.
de toute sa
vie.
vie,
Grce
la
et
au but de
je
constamment tous
les efforts
est
me
d'lite
les soins
de cette me,
et
mon travail
c'est
par
^ utile d'autres.
Aprs
la
Aucun de
ses biographes,
ma
connaissance, ne nous
dom
on en sourira peut-tre ma
trouver un
journaliste,
tel
me
confrre.
Dom
Bosco crivain,
dom
Bosco
dom
!
Bosco imprimeur,
dom
Bosco diteur,
livre
quelle
et
du journal
Il
me
que
mon
tag, et
grand
mon motion profonde devant Toeuvre de ce homme et de ce grand serviteur de Dieu devienne
que
contagieuse.
Puisse
Dom
Pie IX!
Je n'ose Pesprer. Et pourtant
dom
temps.
Bourg en-Drc5se, 29 mai 1888.
J.-M. ViLLEFRANCHE
VIE
DE DOM BOSCO
FONDATEUR DE LA SOCIT SALSIENNE
CHAPITRE PREMIER.
ENFANCE DE DOM BOSCO.
Dom Jean Bosco (0, l'aptre de la jeunesse, eut lui-mme une jeunesse des plus pures il est vrai qu'il n'y en eut jamais de mieux garde et de mieux dirige. Son pre, Franois Bosco, tait un simple paysan de
:
Murialdo,
hameau de Ghteauneuf
d'Asti, province
de Turin.
tait fille
de Melchior Occhiena
commune
d'Asti.
mais
vivifiant,
en prsence de toutes
les
(1)
ne se
et
il
dom Giovanni Bosco Bosco signifie bois; le deuxime o de ce mot pour ainsi dire pas entendre, mais on appuie fortement sur le premier, en rsulte une prononciation qui ne peut bien se figurer en franais que par
En
italien,
;
fait
Bosc.
Quant au mot
c'est
Dom ou
en
un
titre usit
Italie,
Don, abrviatiou du latiu Dominus (seigneur ou matre), pour les ecclsiastiques, et mme en France, pour loa
1
DOH
BOSCO.
2
libre et vaste nature,
que se formrent en
lui ce
temprament
potique, cette
si grandes de ces choses, et la pit, la foi, la charit qui les lui inspiraient, il les dut sa mre. Marguerite Bosco, dans sa simplicit, tait une femme suprieure. Elle avait une instruction fort ordinaire, mais
mme
beaucoup de jugement,
et surtout
un sens
veuve vingt-neuf ans, elle se consacra tout entire l'ducation de ses trois fils, dont deux seulement lui appartenaient par la naissance, le plus g, Antoine, tant issu d'un premier mariage de Franois Bosco mais elle ne faisait entre eux aucune distinction. Le deuxime s'appelait Joseph, Jean, le plus jeune, tait n le 15 aot 1815. Il n'avait pas encore deux ans la mort de son pre. La vie de Marguerite Bosco a *t raconte, d'aprs les souvenirs et les confidences de Jean, par un des disciples de ce dernier (1). Elle peut servir de modle toutes les femmes, et l'historien du fils est heureux d'emprunter quelques traits celui de la mre. Jean, trs ptulant, trs curieux, vivait dehors, dans les champs, autant que sa mre le lui permettait. Il tait par l mme devenu grand dnicheur d'oiseaux, non pas pour les dtruire, comme font beaucoup de petits bergers imprvoyants, mais pour les nourrir, les aimer et les tudier. Un jour, il avait dcouvert sous des broussailles une belle niche de rossignols, et de temps en temps il allait observer la mre qui leur apportait manger. Ce nid tait sa joie; il voyait les petits grandir, et piait le moment o ils auraient des plumes; mais voici que sur un arbre voisin vint s'abattre un gros oiseau qu'il reconnut son cri pour tre un coucou. La mre des petits rossignols tait sur le nid. Le coucou la
droits et des plus tendres. Reste
;
(1)
JUargKerila
Bosco,
racconlo edificante ed
amena
pel sac.
J.-B.
Lbmotne.
3
vit, fondit sur la jeune famille en cartant ses ailes pour qu'aucun n'chappt, et, coups de bec, il tua puis dvora tout, en rejetant dehors les os et les plumes. Aprs quoi, il
Le petit Jean, cach derrire un buisson, tait dsol du massacre d'oiseaux qu'il considrait dj comme lui appartenant; mais l'immobilit du meurtrier lui donna l'ide d'attendre encore pour voir ce qu'il faisait. Le coucou venait de
pondre un uf dans
autre brigand,
le
nid et
le couvait,
lorsque survint
un
un
par
la tte et l'engloutit
Un
trouvant
le
couva tant et si bien qu'un petit monstre en sortit, sans plumes, avec un gros bec et un air effar. Le rossignol lui portait nanmoins manger, comme s'il et t sien. Jean ne manquait pas d'aller, soir et matin, voir ce qu'ils devenaient l'un et l'autre. Ds que le jeune coucou lui parut
sur ce dernier.
assez fort, Jean, pour lui viter une sorte de parricide, car
il
avenir.
Jean
Et ton coucou ? lui demanda la mre. Jean y courut le petit monstre tait mort. En essayant de forcer les barreaux de sa
cage,
il tait rest la tte prise entre deux fils de fer. Le jeune garon n'en eut qu'un chagrin mdiocre; mais sa mre, qui ne ngligeait aucune occasion de former son cur, le retint devant le cadavre de l'oiseau et lui exposa la morale
l'odieuse conduite de la
mre du
et
aveugle tendresse
chtiment qui avait suivi, l'imprudente du rossignol qui avait couv l'uf
du pauvre
petit, hritier
des
4 _
mauvais instincts
et
du crime
paternels. Marguerite
appuya
particulirement sur le respect du bien d'autrui et sur le bonheur d'avoir de bons parents Bien vol ne profite
:
Tu
peux remercier Dieu de t'avoir donn un pre qui ne t'a pas mre, s'cria l'enlaiss un centime qui ne lui appartnt. fant, je le remercierai surtout de m'avoir donn une mre de qui j'ai reu de si beaux exemples et de si belles leons Et l'enfant embrassait sa mre, qui se trouvait ainsi paye de
tions dj
Il
nombreuses.
du jardin et porte au bras un beau panier de en prsente une son oiseau, qui l'avale gloutonnement, le noyau compris, et qui, ouvrant le bec et tendant le cou, en demande grands cris une seconde. Ce dsir est ausrevient
cerises. Il
sitt satisfait,
mais
:
la
pique un peu
voyons qui de nous deux se lassera le plus tt. La chouette en prit tant que, tournant les yeux et secouant la tte, elle tomba pour ne plus se relever. Jean porta sa mre le cadavre de l'oiseau, dj raide. Ainsi finissent les gourmands, dclara la mre. Pour hter la mort il n'est rien de tel que l'intemprance et la gloutonnerie.
femme
La maison
davantage
Elle le
avait
les
en-
aimait encore
pays natal, ses parents le leur laissa. Mais elle ne fut pas plus
tt
Il
b
comme
s'il
fait
une dsobissance
il
caresses habituelles,
et,
ne
Peu de jours aprs, les parents de Marguerite vinrent en personne et reprirent possession du chien. L'animal se laissa emmener, mais peine eut-il trouv sa libert, qu'il en profita pour reprendre le chemin des Becchi. Un des jeunes
garons, sitt qu'il l'eut vu, courut lui avec
Le chien, au
l'air,
lieu
acceptait
gardt.
Cette muette mais loquente supplication toucha les jeunes garons jusqu'au fond du cur. Voyez, leur dit la mre,
pour
qu'il nous a amplement nous avions seulement la moiti de cette fidlit pour Dieu qui nous devons tout, non seulement la nourriture, mais l'existence, et cette me fibre, cre son image et qui nous met si fort au-dessus des
Ah
si
chiens
la veuve Bosco n'tait point de la faine se fchait pas, mais ne savait pas non plus cder un caprice d'enfant. Un jour d't que Joseph et Jean rentraient ensemble, trs altrs, elle leur donna boire, en
L'extrme bont de
blesse. Elle
tait le
et,
de
la
main, repoussa
le
la
mre sans
voix
insister ni faire
aucune
aprs,
Un moment
la
Maman
soif.
maman.... Mais, pardon, maman, pardon! la bonne heure, mon pauvre enfant; j'ai lu dans ton cur un sentiment mauvais, aussi mauvais que faux est-ce que je ne vous aime pas tous galement? Mais tu en as honte; c'est bien ; demande pardon Dieu, et n'y pensons
!
Oh A
si,
plus.
En mme temps
Le
boire en accompagnant
puissance infinie
sures faites au
quelquefois
petits,
il
fut
notre
rcompense; il nous rchauffe encore comme un rayon de printemps gar dans notre hiver il nous rend ce que la vie nous a fait connatre de plus doux et de plus pntrant.
alors qu'il
n'est plus
qu'un souvenir,
et
mrissaient sous le
hommes. Qui vous ne serez pas un jour soldats? Des garons doivent s'habituer la fatigue et aux privations.
Marguerite avait tenu faire d'eux des
si
leur disait-elle,
capable de
longtemps avant, en hiver. La mais pas une minute d'oisivet. Elle rptait que la vie est trop courte pour en perdre la moindre partie. Quant la nourriture et aux commodits permises, elle poussait sur ce point la rigueur jusqu'aux plus extrmes hmites. Plus d'une mre, en nos jours de mollesse, va se rcrier, si nous ajoutons que les petits Bosco ne mangeaient que du pain sec djeuner et
soleil,
au lever du
prire,
le
en
t, et
travail,
le jeu,
Lorsque Jean fut au sminaire, il y perla un matelas qu! faisait partie du trousseau. Mais aux vacances, sa mre le
lui fit
Tu
le
reprendras
la
que
Elle
employait
comme
de leur
me que dans
;
leur corps.
La maison tait isole, seule sur le penchant d'une colline, avec un vignoble au-dessus plus bas, un pr plant d'arbres, qui descendait jusqu' la route borde de bois. Dans ce miheu presque sauvage, les enfants s'habituaient se passer
d'autrui, et n'avoir pas facilement peur.
tard, aimait raconter, ce propos,
Dom
Bcsco, plus
gaie.
sur
Dame
en
elle
maraudeurs, encore
il
moins de
lieu
les
avait
ne voulait voir la rcolte passer aux mains d'autrui. Elle avait remarqu un tranger rdant autour de sa vigne et se cachant, comme s'il tudiait les lieux. Elle se douta de quelque mauvais dessein, et rassem^blant ses
de
le faire, si
fils
leur dit
Cette nuit
nous
veillerons,
ou du moins je
s'il
veil-
y a lieu, tenezvous prts courir vers moi en faisant autant de bruit que vous pourrez. Les enfants ne voulurent pas la laisser seule; ils veillrent
avec
lerai, et
la
parut dans un sentier, s'avana, et se baissa parmi les ceps. Les enfants voulurent y courir; la mre les relmt du geste, jusqu' ce que le dcht ft flagrant; alors elle se leva elle-
8
mme, alla l'intrus, qui tenait dj une poigne de grappes, et lui demanda ce qu'il faisait l, et comment il pouvait bien^
de gaiet de cur, s'exposer
raisins.
aller
L'homme se redressa, voyant qu'il n'avait affaire qu' une femme mais Marguerite cria de toutes ses forces Au voleur Au voleur Et aussitt ce cri Au voleur Au voleur retentit comme d'une multitude d'chos. Les
;
:
! !
trois
pelles et
ajoutait
mme
le
chemin, ne
manquez pasl
chaude alerte laquelle il ne s'attendait point, le voleur perdu laisse l son panier de raisins, se prcipite, tte baisse, du ct oppos celui par o les carabiniers taient censs venir, et dgringole vers les bois, au risque de se rompre le cou. La mre, quand il eut disparu, se mit rire et dit ses en Vous voyez qu'il n'y a pas besoin de fusils pour se fants dbarrasser des voleurs, tant la mauvaise conscience les trouble et les rend peureux. Toute la joyeuse petite bande
cette
:
riait
avec
elle
pleins
poumons,
l,
et clbrait par
des gam-
bades sa
facile et
grotesque victoire.
A quelque temps de
d'autres mfaits de
on apprit que
le
voleur,
pour
mme
condamner
Marguerite
fit
cette rflexion
Il
que
l'ar-
du
linge,
de
Ah mes
!
mieux perdre la
que
de
camarades que
(1;
Geadarmee.
Les enfants
lui obissaient,
et
les
contre ces malfaiteurs d'une autre espce, dont elle leur avait
son table,
Les voisins plus ou moins loigns se runissaient dans l'hiver, pour la veille. C'est l une habitude des
;
sauvage
filent;
montagnes on on se
;
vit ainsi
un peu moins
solitaire,
un peu moins
;
voit,
les
femmes
les
hommes
celles
se livrent
bruyante que
et tous
de
conomisent
le feu et la
Dame
et
bonnes penses, racontait quelque histoire tire de la vie des saints, prenait garde surtout que rien ne se passt qui ft contraire la religion, la charit, aux bonnes murs. Elle terminait toujours par la prire. Or, un soir, deux jeunes gens, dj d'un certain ge, se laissrent aller des propos inconvenants; elle leur demanda s'ils n'avaient rien de mieux
dire.
Eh
rpliqua
le
Bah vous tes trop mais pas aux dpens de l'honntet. scrupuleuse, mre Bosco ce que nous disons, bien d'autres
!
Qu'on s'amuse,
oui,
le disent.
Et
si
mre de famille
et si les vilaines
choses
dont vous vous dlectez vous conduisent en enfer, sera-ce un grand soulagement pour vous que de vous y voir en nombreuse compagnie
?
'
Le jeune libertin sourit avec affectation au mot d'enfer, et entonna demi-voix une chanson impie. Marguerite se leva tout d'une pice, et d'un ton ferme qui ne dcelait point son Sortez! commanda-t-elle, je suis ici chez moi; motion
:
sortez! Et
comme
les
deux mauvais
sujets
fils
un de
ses
d'aller
ne se pressaient chercher
quelqu'un
y eut d'abord
la veille
chez
elle.
Mais
la qualit favorite, la
10
un
jour, devait illustrer son
admirable veuve
fils
Jean
la charit.
quoique proche de la route, comme nous l'avons maison Bosco avait chaque instant la visite des passants. Dame Marguerite possdait une aisance relative ni richesse ni pauvret, assez de bien pour n'avoir besoin de personne, mais trop peu pour donner largement. Nanmoins elle ne sut jamais rien refuser, ni un morceau de pain aux pauvres, ni un verre de vin aux malades, ni mme un gite pour la nuit ceux qui arrivaient tard. Bien souvent elle ouvrit son fenil, aprs sa huche, des marchands ambulants. Je n'ai qu'un lit de foin vous offrir, leur disait-elle, mais j'offre ce que
Isole,
dit, la
:
j'ai.
en amis,
et,
la prire
rpon-
qu'un Pater
fois
un Ave rciter pour elle et sa jeune famille, ou quelqueune image, si le colporteur en avait. Alors, sous prtexte
elle
de choisir,
c'tait l le
ne manquait pas de
fouiller jusqu'au
fond de
la balle portative.
Y dcouvrait-elle
suspect tait
un
livre,
elle
le retenait
pour
le
montrer au
l'ignorance,
femme tonnante ne
non pas
l'honneur de
montrer combien le bon sens et la pit peuvent suppler pleinement aux lacunes de l'instruction, tandis qu'il n'est pas d'instruction capable de tenir lieu de pit et de bon sens. Marguerite avait subi, comme la plupart des villageois de son temps, le contre-coup des malheurs de la grande Rvolution la Rpublique franaise, dont le Pimont faisait partie, ayant dtruit presque toutes les coles, en confisquant les
;
H
Les colporteurs d'obscnits ou d'impits rougissaient
de leur honteux mtier, et plus d'un brla spontanment, pour faire plaisir la bonne veuve, ce qui lui restait de marchandises corruptrices.
dises tait
Il
est vrai
ne
le
chez eux qu'aujourd'hui, et qu'ils portaient gure qu'en petite quantit, cache dans le
moins
commun
des brigands.
facile.
Comment
les
repousser
La chose
des
n'tait point
Et puis,
n'taient-ce
pas aussi
hommes, des
malheureux, de pauvres gars qu'elle ramnerait peut-tre de meilleurs sentiments? De fait, elle en renvoya plus
d'un touch
lui
conversions durrent,
nous ne saurions
Il
arriva
mme
de
les petits
si beaux exemples constamment sous les yeux, Bosco ne pouvaient manquer de s'prendre, eux aussi, d'un beau zle pour le service et la sanctification du
Avec de
Il
jouait,
mais
le
jeu pour
lui
se tournait en apostolat.
Dans
les veilles
ou rptait le sermiDn du cur pour ceux qui n'avaient pu se rendre l'glise. On le faisait monter sur une table, afin de le bien voir et do mieux l'entendre, et l'on raffolait de ses prdications enfan
d'hiver, c'tait lui qui faisait la lecture,
tines,
de ses histoires
le
et
de ses contes.
ce
fut
Lorsqu'il devint
bien autre
chose. Dans
poirier,
une courte distance d'un autre arbre. Jean attacha une corde de l'un l'autre, et se livra sur cette corde des exercices de gymnastique o il russit d'une faon peu
commune.
Il
les
qu'il avait
12
VUS et profondment tudis la foire. Ainsi prpar, il se fit saltimbanque et prestidigitateur, bien entendu sans sortir de chez sa mre. Ses camarades faisaient cercle autour de lui, en compagnie de leurs parents, car il y a des curieux tout ge. La corde tendue et une table sous le poirier, couverte d'un grand tapis, fixaient vivement l'attention. Le petit Bosco, une baguette dans une main, des gobelets dans l'autre, un long
la tte,
puis, avant d'ouvrir la sance, commenait une dizaine de chapelet ou un cantique pieux, en invitant les spectateurs
rpondre. La plupart s'excutaient de bonne grce, beaucoup mme avec entrain mais il s'en trouvait toujours qui s'impa;
tientaient,
en dclarant ces prliminaires plus qu'inutiles. Nous reviendrons quand les patentres seront finies, gromPartez, je ne vous melaient-ils en faisant mine de s'loigner.
fois sortis,
vous ne rentrerez
Et d'un
air d'autorit
il
de l'assemble et d'assurer l'excution de ses ordres souverains. Tout le monde restait. La prire ou le cantique achevs, le petit acrobate, doubl
amis, chargs de faire
la police
d'un magicien, se donnait carrire. Se promener et danser sur la corde raide, faire le saut prilleux, se suspendre par
les pieds
au poirier
et
de force qui paraissaient ne rien coter au jeune garon. Endosser ensuite un ample tablier, et, debout devant la table, faire voltiger les muscades d'un gobelet un autre, multiplier les ufs, vomir des rubans, extraire des noisettes du bout
du nez des regardants, escamoter leurs montres et les faire retrouver dans la poche d'un compre qui, naturellement,
jouait la
cela faisait
pmer
l'habilet
lui
13
ne connaissaient,
commerce avec
terminer
comme nous
la prire.
Dame
dernire s'merveiller.
sait
en chrtienne qui
les vertus,
et
que l'humielle
fondement de toutes
fils
non seulement
de
le
elle ne manquait aucune occasion de le prmunir contre les compliments plus ou moins intresss dont le monde est si
pour
lui.
Un
regardait aussi.
Une
?
Eh
bien, Marguerite
Marguerite,
fixa ses
comme
s'veillant
dit
avec feu
Mon
fils,
mon
?
fils
Jean....
que pensez-vous
qu'il arrivera
de
mon
fils
(0
(1)
p. 81.
CHAPITRE
II.
Les deux
blaient peu.
fils
des champs.
immense m-
lire,
tombaient sous
la
main,
pour voir ou entendre du nouveau. Il tait facile de conclure de ces aptitudes qu'il tait fait pour une carrire plus agite et moins humble que celle de son frre.
Un
je
matin, au djeuner,
il
raconta
dit-il,
un songe
qu'il avait
eu
la nuit
prcdente. J'tais,
Une
mener au pturage.
montre,
elles
Aussitt,
suivi,
une houlette,
je la leur ai
m'ont
et,
de brebis dociles.
Les commentaires de
ce rve furent
nom-
breux
et varis.
Que
signifiait-il ?
16
la
mre
Prends garde, s'cria Antoine, l'an, qui n'tait frre des deux autres que par leur commun pre, et qui avait huit neuf ans de plus qu'eux, prends garde de ne pas devenir
un chef de voleurs
Pourquoi chercher
si
loin
un
n'y
troupeau de brebis, ou tous les deux l'un aprs l'autre a l rien d'extraordinaire ni de bien effrayant.
il
progrs, reprit Jean avec son doux y ait progrs et que mes porcs ou mes btes sauvages se changent en brebis, et non mes brebis en btes sauvages! Mais j'ai confiance (i).
qu'il
Pourvu
ait
sourire,
pourvu
qu'il
que le bon Dieu demandera de toi, ajouta la mre en forme de conclusion, et tiens-toi bien tranquille; quand viendra l'heure, sa volont se manifaire tout ce
Sois dispos
festera.
Mais
elle se dit
en elle-mme
Qui
sait s'il
en
mme
une joie
et
une rcompense, ne
la quitta plus.
L'heure de
avait parl,
la manifestation de la volont divine, dont elle ne devait plus tarder longtemps sonner; voici
dans quelles circonstances elle se fit entendre. En Pimont comme en France, Dieu suscita,
vers cette
(1) Dom Bosco n'a t explicite sur ce rve qu' la fin de sa vie, Barcelone, o raconta que la voix mystrieuse tait celle de la trs sainte Vierge qui, habille en bergre, lui avait remis la houlette, lui avait annonc que ce qu'il voyait aurait lieu rellement, et qu'il apprivoiserait ainsi les btes elle lui avait mme indiqu ie quelle faon tout cela se produirait. Dom Rua, auquel cette confidence tait
il
;
adresse, lui
fit
un cas de conscience du
ville
Dans
cette
mme
silence persistant qu'il avait gard jusquepour l'honneur et la gloire do la cleste bergre. de Barcelone, dom Bosco dit deux ecclsiastiques franais
Torphelinat agricole de Saintdepuis l'ge de dix et onze ans me consacrer aux orphelins. Cette parole frappa vivement ces messieuis un semblable projet arrt par un enfant de la campagne dans un ge si tendre, serait inexplicable sans quelque incident extraordinaire tel que la vision dont nous venons de
directeur de
:
Rampon,
J'tais rsolu
parler, et
la Vie
de Marguerite
Boico.
partagrent
le
17
et
loquents qui se
le
pays et
le
reconqurir
y eut des missions dans toutes les villes, presque dans toutes les bourgades un peu imporla religion.
tantes.
les les
ts secrtes
hauts
de ce qu'on appelait l'ancien rgime; mais la courageuse campagne entreprise contre l'indiffrence religieuse et l'impit
n'en fut point arrte. Ses victoires furent merveilleuses,
la
pubhc;
si
bref,
elle
du Rhin,
la vie
de
la civilisation
chrtienne,
finir
par succomber
dans
la terrible lutte
elle
par la prtendue
Une de
ghera. La
l'attrait
renomme de ceux
la
qui
la
de
communes
voisines, et, le
des-
dom
Galosso, de
un long trajet pour bon exemple et aussi pour son dification personnelle. Il remarqua un jeune garon de taille moyenne, aux cheveux boucls, cheminant en grand silence et comme plong dans la
mditation.
Il
DOM BOSCO
18
maison,
ta
mre
un
ser-
mon plus
C'est vrai, monsieur, ma mre fait souvent d'excellents sermons, mais ceux des prdicateurs ne manquent pas pour
ta porte.
cela d'intrt.
Tu parles comme
si
Je te
si
presque mot mot. Le vieux prtre en fut ravi manda o il en tait de ses tudes de grammaire.
et lui
de-
La grammaire ? Je ne la connais que de nom mon grand frre Antoine ne veut pas que je l'apprenne. Et pourquoi cela? Il dit que c'est du temps perdu pour un cultivateur.
;
Et qu'en penses-tu? Moi, je pouvais tudier, ce serait avec Ton frre a raison peut-tre, tu dois rester au village;
toi,
si
plaisir.
si
mieux vaut un laboureur dont l'imagination ne divague pas au del des bornes de son champ, qu'un laboureur mcontent, ambitieux, dclass; les villageois qui ont fait des tudes incompltes, et qui n'ont pas l'ide de ce qui leur manque, sont souvent les pires ennemis de la socit. Qui
nous dlivrera des demi-savants .4.ussi, de contribuer en faire un de plus
!
!
le ciel
me
prserve
vous pensez
frre,
cela,
mon
ami,
donn une
I!)
pens
si
la pr-
J'ai
une
j'avais assez
en donner tant de pauvres enfants abandonns, qui ne sont pas mauvais, mais qui le deviennent parce que personne ne s'occupe d'eux. Ces dernires paroles et le ton de rsolution dont elles taient empreintes frapprent vivement dom Calosso. A l'endroit du chemin o il fallait se sparer, il recommanda Jean de venir le voir avec sa mre, le dimanche suivant, aprs
d'instruction, je voudrais
les vpres.
vous,
lui dit-il,
? Il
Savezveuve Bosco, au jour fix que vous avez un fils qui est un prodige de
:
mmoire
On
travaux de
campagne
laisseraient l'enfant
un peu de
loisir.
Dom
cherche
saisi
le rattrapa
on courant,
et lui dit
il y Le vieux cur tait dj sans parole, presque sans connaissance le mal tait une attaque d'apoplexie. Il fit son
le rclamait. Il
vola.
Au
il
La mort de
Bosco
la
fit
dom
vux du
petit tu-
volont du
dans cet vnement, un signe manifeste de ciel, et renouvela son opposition. Jean n'osait
;
et quoi
bon
les ouvrir?
pour se
ne
comprenait pas.
20
Cependant il ne pouvait se rsoudre s'en sparer. Lorsque Antoine remarqua cette obstination, il s'en plaignit la mre mais la mre se rangea du ct de Jean. Sommes-nous en mesure d'avoir un nouveau professeur ? insista Antoine. Avant que Jean arrive au bout de ses tudes il faudra des annes et combien d'argent ? Youlez-vous, pour la ralisation d'une ambition insense, nous mettre tous
;
;
sur la paille ?
pioche et la charrue.
avait
qu'il
appel leur
avant
vins^t
un
ans. Celui-ci
resta
la
maison o ses frres taient ns. Joseph et Jean s'installrent dans une autre maison plus modeste, o leur mre vcut avec eux de l'usufruit de leurs parts et de ses reprises matrimoniales. Mais le jeune tudiant put, sans nouvel obstacle, retourner au latin. Il frquenta cinq ou six ans les coles publiques de Chteauneuf (Gastelnuovo d'Asti) et de Chieri; avec quel profit, nous le verrons plus tard, quand nous aurons numrer
ses
il
nombreux ouvrages.
une surprenante
le
faciUt;
mais
l'his-
toire,
frences;
but qu'il
s'tait fix
moins
Son
l'acquisition d'une
il
la vrit et la vertu.
d'un chrtien.
Chieri,
il
l'avait confi,
les cours
religieux.
Il
2J
ou plutt ce
dsir,
communiqua
ce projet,
au
cur de
la
Immdiatement
son
fils, le
prsenta
comme
te
toujours.
M.
;
le
cur
ma
?
confi
que tu
gion
est-ce vrai
Oui, mre, je crois que vous ne vous y opposerez pas. Non certes, je ne m'y opposerai pas; je pas droit
et
n'ai
le
de m'y opposer. M.
le
un jour de
de
Songe uniquement au
salut de ton
me
et faire le plus
ou par calcul goste que j'ai un prtre parmi mes enfants? Non; si par impossible tu devenais riche, si tu parvenais aux hautes dignits ecclsiastiques, il me semble que je ne mettrais jamais les pieds chez toi, par crainte de diminuer la part des pauvres. Tels sont
les tiens doivent y rpondre. Oublie-moi choix d'une vocation soit une question entre Dieu seul et toi. Mais que mon absolu dsintressement dans
ai vcu, je mourrai que ce soit par orgueil souhait que Dieu daignt choisir
mes sentiments;
donc; que
le
cette circonstance
de rflchir
qu'il est
et
de consulter. M.
ne devienne pas un motif pour te dispenser le cur m'a fait observer aussi
moment donn,
qu'il
jeunes
filles
je
mme
le sais
par exprience
dont l'ima-
y a peu de
la
une fois, consulte voil tout ce que j'avais te dire. Le jeune homme embrassa sa mre, en remerciant Dieu
intrieurement de l'avoir mis, ds son enfance, sous
d'une
et
femme
aussi parfaite.
Il
de demander conseil
dom
Sales, Turin.
22
Tu ne
saurais
mieux
l'adresser, dit la
mre, je m'en
la
vais contente.
Dom
belle
temps
jeune
et
me
;
qui s'ouvrait
lui,
Entrez au sminaire,
lui dit-il,
tudes
vie
bons prtres de paroisse. Jean obit avec docilit. Lorsque la mre connut cette nouvelle et dfinitive dtermination, elle se montra galement satisfaite, son unique dsir tant que la volont de Dieu
que
s'accomplit.
la
premire
1835.
Il
le
de Ghteauneuf d'Asti,
et le
30 octobre suivant,
il
Des six annes qu'il y passa, on ne sait rien, sinon qu'il y fut un des meilleurs lves que cet tabhssement ait jamais
forms.
S'il
il
soupirait.
Arriva enfin
d'eii'orls.
le
de
la Trinit,
5 juin 1841.
de sa
Nous renonons peindre son bonheur et celui mre, amplement rcompense; ce jour-l, de toutes
l'autel
monta
de
pour
la
premire
fois, le
lendemain,
assist
dom
Gaffasso,
dans l'ghse
de Saint-Franois
d'Assise.
On
l'avait sollicit
dans son pays, o l'on n'avait pas vu de premire messe depuis longtemps. Mais il prfra clbrer sans bruit, dans une grande ville, prcisment parce qu'il y tait peu
tance
prs inconnu.
Le lundi
suivant,
il
23
l'glise
dit la
messe dans
appele Dlia
faveurs qu'elle lui avait obtenues et se mettre sous sa protection toute spciale.
y chanta
la procession traditionnelle
vita dner avec sa tants.
Chacun
de
sellement aime.
Mais
lorsque
l'abb
Jean
rentra
aux
Becchi, lorsqu'il
il avait eu ne put s'emOh combien
!
de dire Providence Dieu a vraiment ramass par terre un pauvre enfant pour le placer parmi les chefs de son peuple. Il me reste correspondre sa volont en devenant dompteur de btes humaines, car il me semble que c'est cela qu'il m'appelle. Je suis prt. Seigneur, je suis tout vous; faites de moi ce qu'il vous
et des brebis,
et
:
il
la
plaira.
Sa mre vint
seul
:
le
Te
voil
;
donc prtre,
mon
cher
fils,
te voil prs
du
Seigneur
tre,
mais,
souffrir. Ce ne sera pas demain peutmais ce sera bientt; ta mre ne demande pas pour toi le repos, mais du courage. Quelle haute philosophie chrtienne dans ces paroles d'une simple paysanne, et comme elle disait vrai Jean Bosco tait alors dans sa vingt-cinquime anne, et la veille de commencer la vingt-sixime,
tolat, c'est
!
commencer
CHAPITRE m.
PREMIERS DBUTS DE l'oEUVRE SALSIBNNE.
LES TRIBULATIONS l/UN FONDATEUR.
Nous avons
di rencontr le
nom
de
l'Institut
de SaintCaffasso,
dom
de
dom
une
sorte d'cole
pour les
On les y
exerait la pr-
on leur
faisait
complment de
ministre.
la thologie et
Dom
lieu d'accepter
lui offrait,
il
Bosco y fut naturellement attir par dom Caffasso. Au une des places plus ou moins lointaines qu'on
prfra s'attacher aux
le
suivit
dans
la
Le nombre des dtenus, leur misre morale, et surtout l'ge encore tendre de beaucoup d'entre eux, le frapprent d'tonnement et de piti. Comment tant de jeunes gens se voyaient-ils atteints par les rigueurs de la justice presque avant desavoir ce que c'est qu'une loi? Sans doute, la socit est oblige de se dfendre en les mettant hors d'tat de
nuire; mais
s'ils
leur faute,
eux,
26
rprimer ou redresser leurs instincts pervers? La prison les renvoyait non corrigs, souvent pires qu' leur arrive, et ne
tardait
pas les reprendre, les rendre la socit, les reprendre encore; cercle fatal d'existences malfaisantes et
la
mort, et
mort sur l'chafaud. Le terrible problme s'empara du jeune prtre comme une obsession. Il y rflchissait le jour, il en rvait la nuit. En thorie, la solution tait assez claire; pour empcher ces enfants de prendre le chemin de la prison, il s'agissait de les il et suffi de faire passer par l'cole, et surtout par l'glise leur enseigner la morale, de leur inspirer la crainte de Dieu, enfm de leur donner le got et l'habitude du travail. Mais comment y arriver, ces enfants tant justement ceux qui n'ont
;
sinon vicieuses?
Ramen
Ce
fut
ainsi la pratique, le
problme se compliquait au
dsolantes que
notre hros reut d'un petit incident un coup d'peron inatle fora se mettre l'uvre, au lieu de dlibrer, dmontrer en marchant, comme le philosophe antique, la possibilit du mouvement. Le 8 dcembre 1841, il se disposait, dans la sacristie de
tendu qui
et
ments sacerdotaux,
fit
une altercation qui lui gourmandait un enfant inconnu qui semblait s'tre gar dans ce heu et qui lui refusait Comde servir la messe. Je ne sais pas, disait l'enfant. ment! tu ne sais pas? alors, que viens-tu donc faire ici? Vat'en, je n'aime pas les mendiants. Et il le poussait dehors par les paules, non sans appuyer ses injonctions de quelques
lorsqu'il entendit
retourner la
tte.
Le
sacristain
Pourquoi
lui
27
Le sacristain, un peu confus, courut aprs l'enfant et le ramena. Dom Bosco rassura ce dernier, le caressa, le pria de l'attendre aprs la messe, et, lorsqu'elle fut termine, il eut avec ]ui un entretien que lui-mme a racont bien des fois Gomment t'appelles-tu, mon jeune ami?
:
As-tu parents Non, mon pre est mort. Et mre Morte galement.
tes
?
Sais-tu tes prires? Je vous que je ne sais rien. Quoi tu n'as pas premire communion? Pourquoi
ai dit
!
Je ne sais rien.
fait ta
ne vas-tu pas au catchisme? tout le monde y est admis.... C'est possible, mais je suis trop grand, maintenant mes camarades plus petits et plus savants se moqueraient de moi.
Et
si
ici
mme,
vien-
drais-tu l'entendre?
Oui, de bien
me donne
tu
pas de taloches.
seras
Oh!
sois
tranquille,
maltraitera;
mon
Quand veux-tu
Eh bien
Le jeune prtre
touch de cette
lui
docilit.
Il
ft
asseoir
le
signe
~
de
la croix et la
28
le voyant fatigu par une attenpeu familire son existence vagabonde, il le renvoya en lui recommandant bien de revenir. Garelli, pour qui tant de bont tait chose absolument nouvelle, n'euX garde de manquer au rendez-vous. Non seulement il revint, mais il amena des camarades. Moins de deux mois aprs, le 2 fvrier 1842, la sacristie comptait vingt
Au
tion
lves.
Saint-Franois de Sales.
d'oratoire, parce qu'il
Dom
il
commenait
le
toujours ses
mit sous
protection de saint
grand
que l'on
Aprs avoir catchis ses enfants, dom Bosco s'occupait encore d'eux toute la journe. Il les visitait chez leurs parents
ou leurs matres, leur cherchait de l'ouvrage, leur procurait des places, et, chemin faisant, recrutait de nouveaux auditeurs et en ramassait dans les bouges,
dans
les ruelles,
il
et
les
con-
lui-mme aux
dans quelque place publique. Ainsi se passrent deux annes, durant lesquelles il n'avait point cess de suivre les cours
de
l'Institut
de Saint-Franois d'Assise.
Mais
le
dom
Gaffasso,
son
directeur,
lui confier
un
poste.
Quel poste?
n'en
ai-je
demanda
le
catchiste
des vagabonds;
occuper
pas
un bien marqu
m'loigne de
?
et suffisant
un
homme ?
Si je
mes pauvres
Dom
tion.
Il
de cette observa-
et obtint
comme aumnier
fond par
la
29
et
marquise de Barolo,
il
dont
le directeur tait
l'abb Borelli.
tait
communment
le
thologien
docteur en thologie.
Il
n'eut aucune
dom
un de ses plus intimes amis et de ses meilleurs auxiliaires. Ensemble, et avec l'autorisation de la marquise de Barolo, ils disposrent, dans la maison de refuge, de deux grandes chambres compltement indpendantes, dont l'une fut arrange en chapelle. L'uvre de l'Oratoire s'y runit pour la premire fois le 8 dcembre 1844. Dom Bosco, en y donnant la communion la plupart de ses enfants, versa des larmes de bonheur. Son uvre marchait. Elle ne marchait mme que trop.
trois cents. La marquise de Barolo du tapage qui lui fut signal dans son immeuble, et des inconvnients que pouvaient prsenter les runions tar-
s'effraya
dom
Bosco et
le
du soir. Elle les Invita, en juillet 1845, transfrer leur vacarme ailleurs. Les deux amis furent atterrs. Mais o irons-nous? s'crirent-ils. Allez o bon vous semblera, rpliqua la marquise, j'ai besoin de tout mon immeuble. Ils eurent recours d'abord Dieu. Recueillis en sa prsence^ ils comprirent que toutes les fondations qu'il bnit sont marques du sceau de l'preuve, et que la voie sre, la voie
d'coles
nom
royale qui
Ils
mne
s'adressrent ensuite
Franzoni, archevque de
posa
la
municipalit de concder
dom Bosco
l'usage, cer-
taines heures et
moyennant
(1).
de l'glise de Saintlaissa
La municipalit se
gagner par
l'in-
^1)
trt
30
lui inspiraient les classes du soir. L'uvre fut donc dans un grand vestibule et dans la cour de l'glise Saint-Pierre. L'abb Borelli disait gaiement en aidant dmnager Mes enfants, les choux ne peuvent faire belle et grosse lte que si on les transplante; c'est donc pour votre bien qu'on
que
installe
vous a dlogs, et ce n'est peut-tre pas la dernire fois. Il ne se trompait point, et cette prdiction, il avait pu la faire sans tre un prophte. En efet, en changeant de local, les lves de dom Bosco n'avaient pu changer de caractre. Trois cents enfants, presque tous remarquables par leur indiscipline,
trois
ou sur
la
grande place de
lendemain,
l'glise,
ne poula
vaient
phy-
sionomie du quartier. Ds
gnirent. Le cur, homme g, paisible et peut-tre un peu ami de ses aises, ne fut pas le dernier appuyer une ptition
sa servante alla
fleur
mme
dom
jusqu' les
publiquement de
de
la canaille, fiore di
cana-
qlia
fait
et
comme
il
lui fut
rapport que
elle
Bosco n'avait
que
rire
de ce luxe d'pithtes,
l'invectiver
en personne,
et
de
lui
mettre
nez, au beau
miheu de son catchisme. de Turin tait alors le marquis de Gavour, pre Le syndic du comte Camille de Cavour, le rlbre homme d'Etat dont
l'intluence sur
Napolon
III fut si
fatale celui-ci, et
du mar-
VArmonia.
Il
du quartier
de
la ptition,
et sa servante,
Les enfants, chasss de leur installation qui avait peine le nom de campement, reflurent jusqu'au logement du bon pre. Mais s'y runir tait impossible ils n'auraient pas
mrit
;
pu y
tenir,
mme
prit
debout
et serrs les
uns contre
les autres.
Dom
Bosco
rapidement son
parti. Il
il
31
la dispersion
fallait
des enfants
Mes amiS; leur cria-t-il, le toit du bon Dieu nous reste, personne ne nous en refusera la jouissance. Donc, notre prochaine runion aura lieu en plein air. Je ne sais pas encore
nous manquera pas Et pendant deux mois, l'Oratoire fonctionna l'aventure, et mrita le nom que lui donnaient ses dtracteurs un ramassis de vagabonds. Ds le matin, les dimanches et jours de fte, les enfants, munis de leurs petites provisions, se runissaient la porte de dom Bosco mais donnons ici la parole l'un d'entre eux. A la prcdente runion, avant de nous sparer, le bon pre avait eu soin de nous communiquer le nom du but de
!
promenade
le
choisi pour le
le
la contenance tenir dans nous souhaitait d'tre aussi nombreux que possible. Si vous avez quelque camarade, ajoutait-il, invitez le de ma part. Plus nous serons, plus joyeuse sera la fte. La future promenade tait pour nous, pendant toute la semaine, un sujet inpuisable de conversations l'ateher ou dans nos familles. Ces dernires en profitaient pour exiger de
nous plus d'attention, plus d'obissance, plus d'application nos devoirs et plus de silence, pour ne point nous attirer, au
jour
si
de promenade, soigneusement varis, taient le Mont des Gapucms, Notre-Dame des Champs, Pozzo di Strada, la Superga, mais assez rarement, et Notre-Dame des Lacs d'Avigliana. Mais avec quel bonheur on marchait Des jours comme ceux-l s'imprimaient dans notre souvenir, donnaient presque une direction notre vie; la pit, qui en tait l'lment essentiel, comme la joie complte qu'ils nous apportaient toujours, rem!
plissaient notre
et
de grand
i*).
Arriv quelque glise de
dait l'autorisation
32
dom
Bosco demantait
lui
la banlieue,
de dire
la
messe, qui ne
jamais
un
faisait
Pas besoin de tables ni de nappes ; la pelouse ou les rochers en tenaient lieu on se passait galement trs bien de four;
mme d'y songer. Ceux qui avaient de reste donnaient ceux qui n'avaient pas assez; le bon pre trouvait pour ceux qui ne possdaient absolument rien ; le pain
mettaient pas
manquait parfois, la gaiet jamais, l'apptit encore moins. La fraternelle agape termine, on poussait la promenade
plus loin on chantait quelque part les vpres, car l'Oratoire ambulant possdait dj une belle socit chorale, on entendait un deuxime catchisme, on rcitait le chapelet tout en
;
marchant,
mon-
harasss,
mais
la
conscience lgre et
le
cur content.
;
Les enfants, qui ne voyaient pas au del de l'heure prsente, s'imaginaient que cela durerait toujours mais ce qui
tait
bon pour
et
la
en hiver,
ses pupilles.
chambres,
dom Bosco ne partageait point l'insouciance de A force de recherches, il put louer trois grandes chez un nomm Moretta, presque en face du lieu
o est aujourd'hui l'glise de Notre-Dame Auxiliatrice. Trois chambres, c'tait peu. Nanmoins on y passa l'hiver, que bien
difficults matrielles
ne furent
mme
pas,
comme on
disait
de l'uvre salsienne.
dlicate question de la conciliation
le service paroissial fut
La
avec
tendre un but
commun,
les
moyens
mmes>
et le
gloire
et
33
de ses conceptions
hommes
font l'uvre de
l'histoire
font en
hommes,
et jusque
dans
des
Les curs de Turin se plaignirent donc l'archevch des et du zle peu prudent du jeune prtre Jean Bosco. Il enlevait les enfants aux catchismes des paagissements bizarres
roisses
bref,
si
;
il
les dtournait
de l'assistance aux
offices rguliers
tout le
monde
faisait
comme
de
la ville
L'archevque
manda
le
de peine
lui faire
agrer sa rponse.
avant de
n'allaient aucun.
rpute irrgulire,
fidles
pour grossir
le
nombre des
dans
les paroisses
Evidemment non.
Mais
dom
Bosco
n'tait
que
de
si
pr-
chambres,
lui signifiait
trouvait sur le
que devenir ? Personne ne consentait loger la turbulente et souvent peu propre cohue que la servante du cur de Saint-Pierre aux Liens n'tait point seule baptiser de flore di canaglia. Dom Bosco frappa vainement toutes les portes. Alors, ne pouvant louer une maison, il loua un pr. C'tait au printemps de 1846. Il s'installa en plein air, au
faire et
Que
DOU BOSCO.
3-i
quartier de Valdocco, sur le terrain d'un nomm Defilippi, dans un endroit occup maintenant par une fonderie. L, lui et ses enfants ne craignirent pas de se donner en spectacle
aux curieux, dont ils n'taient pas mme spars par un mur, mais simplement par une haie. Et ce fut en vrit un beau spectacle, capable de charmer es regards des anges et des hommes. On voyait, les dimanches et ftes, ds le point du jour, le bon pre assis sur un tertre de gazon, prendre ct de lui ses enfants, un un, passer un bras autour de leur cou et les retenir quelques
minutes genoux, en coutant leur confession. Ceux qui se prparaient se tenaient immobiles, dans le silence du recueillement, d'un ct du tertre; ceux qui faisaient leur action de
grces, d'un autre ct. Leurs camarades, en les tttendant,
jouaient
les
jeux
A une
heure
un vieux tambour grossiretique; une ment raccommod donnaient le signal du dpart pour l'ghse o la messe de communion devait tre clbre, et qui n'tait presque jamais la mme. On s'y rendait sur deux rangs, avec un maintien modeste qui attestait les progrs raliss dans la disciphne et la vertu par ces jeunes mes nagure indomptes. Aprs la messe, chacun allait djeuner. On revenait ensuite
trompette fle et
passer la journe soit courir et s'amus-^r dans ce potique
t cru
trouva, pas plus que les autres, grce devant les dtracteurs.
Le propritaire du pr, Defihppi, fut circonvenu. Il dclara qu'il avait lou un pr, non une place publique, et il donna cong dans la huitaine. D'autres preuves nouvelles s'ajoutrent celle-l pour
accabler le
pauvre
elle crut
dom
Bosco.
L'autorit
civile,
par tous
exception
3?
ou moins ractionnaire. Le vieux marquis de Gavour, syndic de Turin, gourmanda svrement l'organisateur Qu'est-ce donc, lui demanda-t-il, que ces troupes de vagabonds que vous tranez aprs vous dans les rues? Ce sont mes enfants, rpondit le pauvre jeune prtre
:
je les ai adopts.
Adopts
en ce
cas, je
ne vous
fais
pas compliment de
cher abb, vous dupe de votre bon cur. O voulez-vous en venir ? A former des chrtiens, monsieur le marquis, chanpeupler les prisons.
il
mon
Mais
?
vous
peut-tre de vous-
mme, monsieur
l'utint
marquis,
de
mon uvre.
riant le syndic.
Pour le moment, je vous avertis que je vais demander l'Archevque de mettre bon ordre ce qui se passe. L'Archevque m'approuve, monsieur le marquis. Il ne vous approuvera pas toujours avant peu il vous de continuer. dfendra
;
Oh
alors,
monsieur
le
marquis, je
me
soumettrai, mais
pas avant.
cet entretien
que
le
pieux
ne fut pas
le seul
l'esprit.
Dom
le
Borelli, jusque-l
gagner par
dcouragement.
vous ferez bien de le hcencier. Peut-tre, plus tard, quand nous aurons amass quelques ressources et que les prven
tions seront calmes, pourrons-nous le reprendre.
36
Non,
s'cria
dom Bosco
nous rencontrons ne sont pas une preuve que l'entreprise soit mauvaise ni mme prmature c'est plutt le contraire. Connaissez-vous une seule uvre utile, vraiment chrtienne, qui n'ait pas t combattue sa naissance ? Vous parlez de nous rserver pour des temps meilleurs, mais, jusque-l, que deviendront ces chers enfants qui nous ont donn tout leur cur ?
;
Ils
la
divine misricorde
me les
a en;
j'ai
On ne veut
pas
me
louer, je bctirai.
j'ai l'invincible
une
Que
suis-je,
moi, infirme
pour en arriver l?.... Mais j'y arriverai, cher si vous voulez bien me continuer
votre concours.
suivrai seul.
Que
il
si
vous
me
le refusez,
eh bien,
ciel,
je pour-
En
parlant ainsi,
levait les
mains au
et ses
yeux
pour toute rponse, se contenta de l'embrasune tendresse laquelle se mlait autant de piti que d'admiration. Il s'loigna tout mu. La marquise de Barolo fut beaucoup plus tranchante dans ses apprciations, lorsque, mis en demeure de se consacrer uniquement aux modestes fonctions qu'il conservait encore dans sa maison de refuge, ou de les rsigner, dom Bosco opta pour la deuxime alternative. Elle n'hsita plus le croire fou, et pas davantage le dire. La malveillance grossit cette rumeur, que le clerg des paroisses tait gnralement dispos accueillir, si bien que deux ecclsiastiques se dterminrent faire acte de charit, et tentrent d'employer les grands moyens pour arracher le monomane son entreprise absurde.
Borelli,
Dom
ser avec
Ces
37
temps
moyens
se rendirent chez
ame-
Borelli et
la
description anticipe de
ses plans.
il
Il
en parlait
pass ce qui n'tait que mettait au prsent Voici, disait-il, dans un avenir des plus hypothtiques regardez; ici se trouve telle chose, l j'en ai mis telle autre.... Les deux prtres changrent un signe de tris:
tesse
C'est
donc bien
vrai, le
Dom
devina
le
but de
sur
la visite.
et se tint
ses gardes.
vrent et
lui
temps
lait
tait
fal-
en profiter;
la
dom
et, la
portire
de
deux
visiteurs.
Non,
mon
devoir; plu-
que d'y manquer, j'aimerais mieux rester dehors. Ce dbat de pohtesse dura longtemps; enfin, un des ecclsiastiques dit qu'il en fallait faire sa volont ou qu'on n'aboutirait pas. Il monta et attira son compagnon. Le mahn dom Bosco n'attendait que cela. Il ferma vivement la portire, et cria au cocher Allez, allez vite, et quoi qu'on puisse vous dire, ne vous arrtez pas avant d'tre
:
oi
vous savez.
Le cocher, qui avait dj un mot d'ordre dans ce sens, fouetta ses chevaux et emmena tout d'un trait ces messieurs, malgr leurs rcriminations, jusqu' la maison de sant.
Mais,
observa
le directeur,
lale;
comment
se
fait-il qu'il
alins les
38
dans ces deux prtendus mmes personnes qui taient venues s'entendre avec lui pour l'internement annonc. Et l'autre, le vrai malade, o est-il donc ? insistait le directeur. Les ecclsiastiques dups prirent gaiement leur parti. Ahl Monsieur, c'est lui qui nous a mis dedans, avec ou sans jeu de mots,
s'expliqua lorsqu'il eut reconnu
comme on
voudra. Nous
le
commenons
prtend.
Cependant,
le
dom Bosco ne savait o donner rendez-vous sa famille adoptive pour le jour de Pques. La matine de ce jour des Rameaux se passa comme les dimanches ordinaires. Dom Bosco mena les enfants en plerinage Notre-Dame de la Campagna, deux kilomtres de
Turin.
Gomme
ils
route, le chapelain
dom
dom
courage. Certes, je ne
Bosco, qui
le savait
au courant de sa situation
me
chape
lain; cependant, je
vous
le rpte,
dom
Bosco.
et
il
Il
aux pieds de
la
madone,
lui, car il avait demander une grande grce, une grce suprme. Vers deux heures de l'aprs-midi, les enfants et lui se retrouvrent sur le pr. Son attitude du matin, triste et proc-
tamment avec
vous tes bien ple, vous avez pleur, lui dirent autour de lui. Il clata en sanglots, et embrassant les plus proches mes enfants, mes chers enfants, si le bon Dieu ne vient notre aide, il va falloir nous sparer.
a Pre,
:
Il
39
Les enfants taient galement consterns. se prosterna terre, en les invitant prier avec lui. Mon Dieu, mon Dieu, nous avez-vous abandonns ? s'criait-
il.
soit faite;
de laisser sans
la prairie.
moment, un homme franchit la barrire. Il s'appelait Pancrace Soave, et tait connu de plusieurs des enfants. Il
En
ce
alla droit
au Pra
On m'a
laboratoire.
Ce
s'agit,
rpondit le prtre.
Monsieur l'abb, oratoire ou laboratoire, c'est tout un pour mon compre Pinardi, pourvu qu'on le paie. Pinardi possde un superbe hangar. Il veut le louer autant vaut que ce soit vous qu'un autre qui profitiez de l'occasion. Voulez;
le
fit
fois. Il suivit
Pancrace
Le hangar
il
tait
vaste
et
Ne
Les gouttires nombreuses, le toit crev en maints endroits; de plus, construit en pente trs incline, il s'levait sur les cts peine un mtre du sol. Dom Bosco l'examina longuement enfin, hochant la tte,
taient
;
fagots, le propritaire
ne
il
vraiment trop bas; quoique ses enfants ne fussent pas trs grands, et que lui-mme ne ft pas un gant, jamais ils ne pourraient se loger l-dessous.
dit
c'tait
que
Pinardi insista, et promit de faire creuser le sol tant qu'on voudrait, pour qu'on entrt commodment dans le laboratoire.
40
si
Tant mieux,
Oratoire, rpta
dom
Bosco.
c'est
reprit le propritaire;
une uvre
de pit que vous vous proposez d'tablir chez moi, cela se trouve bien, je suis chantre, je vous offre mon concours j'ai aussi une lampe d'argent, je vous la prterai ; seulement, si vous changez mon btiment en chapelle, j'y retiens deux siges, un pour ma femme et un pour moi.
;
Dom
demanda
quel serait
annuel.
mais deux condivous vous chargerez de faire nous ferons un tions creuser le sol d'un demi-mtre, d'ici dimanche prochain. Le propritaire accepta, le march fut conclu, et dom Bosco retourna tout joyeux la prairie o il avait laiss son petit
trois cent vingt,
:
Je vous en donnerai
pour rien
bail, et
peuple.
disperser, voil
Au lieu de nous que nous allons tre chez nous. Remercions le bon Dieu, sa trs sainte Mre a exauc nos prires de ce matin nous ne nous quitterons plus Les enfants sautaient de joie et ne pouvaient se contenir. Lorsqu'on leur eut indiqu de loin l'emplacement choisi, ils se dbandrent pour y courir. Mais dom Bosco les retint et voulut qu'ils rcitassent d'abord un chapelet en actions de grces aprs quoi ils vinrent tous ensemble visiter ce bienheureux hangar qui devait tre leur refuge, et qui le fut en raht, puisque c'est sur ce mme emplacement que s'lve
CHAPITRE
l'ap.che\*C)UE
IV.
charles-albert.
cur de
;
tenir rigou-
reusenaent parole son locataire. Les travaux d'appropriails furent achevs tion du hangar auraient pu durer des mois en une semaine. Il est vrai que dom Bosco ne quittait gure le chantier, et que les plus forts d'entre ses enfants se firent un bonheur de venir donner un bon coup de main aux ouvriers. Le sol fut abaiss et planchi, les murs enduits de chaux, la toiture rpare bref, ce fut une transformation vue d'oeil, et dom Bosco put prendre possession dans la
;
matme de
la fte
de Pques, 12
avril 1846.
La chapelle ainsi improvise n'tait qu'une longue chambre de quinze seize mtres, sur cinq ou six de large. Le plafond en tait si bas, que lorsque M^' Franzoni y vint ipour la premire fois donner la confirmation, il fut oblig,
pour circuler, de quitter sa mitre.
j
Dom
I
Bosco bnit
nouveau sanctuaire, avec Tautorisation il dit la messe, donna la commuenfants qui taient en tat de la recevoir,
le
tous
:
la solennit
du jour
Allluia
:
s'cria-t-il,
glorifions le Seigneur, et
les
rjouissons-nous
comme
Lui,
tourments de
la
Semaine-Sainte, mais la
Hsurrection a
chers enfants, Allluia
!
42
cri la
On devine avec
dans
le
quels transports ce
jeune
et
enthou-
siaste assistance.
La transformation pour
tt la
dire
ferique
du hangar
grande nouvelle, non seulement du Valdocco, mais de Turin tout entier. Les curieux afflurent. Ils constatrent
qu'auprs de la chapelle se trouvait un autre abri, plus modeste, mais susceptible d'un facile agrandissement, pour recevoir les enfants en cas de pluie que l'espace pour les jeux en plein air, ct, ne manquait pas, et les enfants
;
moins encore, puisqu'ils taient cinq cents que dom Bosco un bail en bonne forme pour plusieurs annes, et qu'il n'tait pas moins compltement en rgle avec l'archevch, puisque M^"" Franzoni lui accordait l'autorisation, non seulement de dire la messe dans sa chapelle, mais d'y prcher, d'y confesser, et mme d'y donner la communion pascale, ainsi que dans une vritable paroisse. L'opinion publique fut prompte se retourner le jeune prtre insens devint un saint prtre, un aptre, presque un homme de gnie; cela du jour au lendemain, et sans que son uvre ft meilleure que la veille; mais elle avait russi. Tels sont les jugements des hommes. La municipalit fut la dernire se laisser convaincre. Le vieux marquis de Cavour avait fait d'instantes dmarches
;
avait
comme
il
disait,
ville.
don de
l'horripiler
chaque
fois qu'il
les
Le
que
la loi
civile
chose
tait trop
grave pour
il
dfra
43
dom
la Ragioneria.
La runion fut convoque au palais archipiscopal, parce que l'Archevque avait le droit d'y assister, et qu'il tait
loyaut du marquis.
rait
malade. Notons, en passant, cet acte de gnrosit et de Un syndic (ou maire) de nos jours n'aupas
manqu de
saisir l'occasion
Mais
de l'ancien
rgime,
en avait aussi
la courtoisie.
Son imagination se donna Mbre carrire dans l'expos de Il ne comprenait pas que l'opinion publique s'accommodt si aisment d'une institution que pas un de ceux qui l'avaient vue de prs n'avait pu tolrer. Rassembler les hommes, c'est les corrompre, a dit un grand crivain; l'imprudence n'tait-elle pas manifeste lorsqu'il s'agissait d'un
ses griefs.
L'Archevque plaida
la
de l'uvre taient excellents, les propritaires ou voisins ne l'avaient repousse que par amour de leur tranquillit personnelle,
et
non parce
qu'ils
lui,
lsmes, ne la laissait point sans surveillance ni contrle; quant aux dangers d'meute, ce n'tait point le moment d'en parler sous un prince aussi aim que le roi Charles- Albert.
En
mais ce ne
fut pas
peu d'impression.
Les membres de l'assemble, tous la'iques, quoique gnralement bons chrtiens, inclinaient plutt du ct de l'autorit
siastique, dont
sion.
On
alla
que de l'autorit ecclon n'avait pas pu obtenir la moindre concesaux voix. La majorit, videmment, tait sur le
ment, demanda
la parole.
44
C'tait le ministre
Messieurs,
ici,
dit-il, le
le
reprsenter
fait,
et
Majest a
qui
l'affaire
nous occupe. Le rsultat en a t compltement favorable. Sa Majest verrait donc avec dplaisir qu'on entravt, de quelque manire que ce soit, le zle du prtre Jean Bosco, moins, bien entendu, qu'il ne survienne quelque dsordre imprvu, auquel cas Sa Majest sait qu'elle peut compter sur l'nergie du syndic et des autres administrateurs de sa bonne ville de
Turin.
ils
haut degr
il
de sa race
en
une
pit profonde,
un
il
courage indomptable et un sincre amour de son peuple; assura ce jour-l, de haute lutte, la scurit dom Bosco. Il
plus.
fit
envoya trois cents francs avec cette suscription, trace de sa main Pour les petits drles de dom Bosco pei hirichini di dom Bosco. Celui-ci jugea sainement que tenir secrte une semblable marque de la faveur royale et t hors de propos. Il montra le billet. La vue de ce morceau de papier eut le don de faire tomber les dernires oppositions, et les pices d'or du souverain en attirrent quantit d'autres, empresses de prendre la mme route, ds qu'elles surent en quelle bonne compagnie elles s'y trouveraient; en un mot, l'esprit d'imitation et de courtisanerie acheva ce que l'esprit de charit avait commenc. Le marquis de Cavour lui-mme s'adoucit. Il n'avait plus, du reste, que peu de temps vivre mais lorsqu'il tomba malade et se mit au ht pour ne plus se relever, ce ne fut pas sans avoir rendu justice dom Bosco et s'tre rconcih avec
qui suivit,
il
Au premier janvier
lui
ses
45
les
mascalzoni.
;
Ajoutons
qu'il
par les
gardes civiques
ces agents de
et qu'il
la police
municipale,
dans
ne pt
de politique l'Oratoire,
avoir pour tmoin le
ne
conseil de
ville
en personne.
et hsi-
Les amis de
relH s'y
la
tants, revinrent
montra plus
que jamais,
et
de nouveaux aides,
avait rsolu de
renvoyer
dom
jusqu' la fin de
juillet.
et
avait
oia
rompue pour d'autres, mais non pour lui. Maintenant qu'il un abri sr et suffisant, il pouvait entrevoir un avenir
il
lui
serait
possible de
dimanche. Mais
Pour
le
moment,
les
manquait
c'taient les
emplacements d'abord,
matres ensuite.
Pour le recrutement de ces derniers, il inventa un ingnieux et, de plus, double profit. Quoique ce systme n'ait pu recevoir d'abord le plein dveloppement qu'il eut par la suite, c'est ici le lieu de l 'expliquer, puisqu'il fut imagin ds cette poque. Dom Bosco fit un choix parmi les jeunes gens qui manifestaient le plus de dispositions, les cultiva avec une assiduit
systme, trs conomique,
particulire,
l'arithmlatin,
mme un
peu de
ils
mais
la
devien-
l'uvre
les plus grands services; il permit de donner l'ensemble des tudes une impulsion merveilleuse. Les petits
leur
46
matres (maestrini) ne furent d'abord que trois ou quatre; nombre progressa rapidement, et leur habilet marcha du
pas. Rien de tel que d'enseigner pour bien apprendre eut ainsi bientt d'excellents professeurs, qui ne cotaient que leur entretien, et qui devinrent une ppinire
mme
On
d'auxiliaires et de collaborateurs
pour
la direction, et
bientt
mme
le soir
Les classes, durant la semaine, n'avaient encore lieu que le dimanche, on en faisait une dans la journe. Le pieux organisateur soupirait, devant Dieu, de ne pouvoir da;
;
vantage
les
il
aumnes, mesure qu'elles arrivaient, souvent sans qu'elles arrivassent. La prudence humaine lui aurait conseill
las
de n'eng-ager mais
Le dveloppement de l'Oratoire se fit bientt sentir jusqu'au dehors de son enieinte. Les dimanches et jours de fte, la chapelle tait ouverte non seulement aux enfants, mais
toutes les personnes qui voulaient assister aux offices
;
or, la
rputation de
dom
dj
il
y avait
le quartier du Valdocco n'tait pas alors ce devenu depuis, et qu'il avait grand besoin de s'assainir moralement et matriellement. Tout prs de l'enclos Pinardi se trouvait une auberge fort mal habite, appele de
Ajoutons que
qu'il est
Mais comment retracer les fatigues et ment de dom Bosco ? Aumnier l'asile
prdicateur, professeur,
il
;
l'excs de
dvouetait
Barolo, confesseur,
il
se multipliait. Le jour,
la nuit,
il
tout
sommeil
et faire sa corres-
il
s'instruisait
comme
trini.
47
connatre l'insuffisance ou
fait
les dfauts
il
pour
ne recula point devant cette tche norme de les refaire les rendre plus corrects, plus simples, plus clairs on le vit s'attacher les reprendre un un, les refondre conformment aux besoins spciaux de ses lves, crer ainsi toute une bibliothque de pit et d'ducation. Mais nous con;
ne
cessait pas,
pour
cela, d'accueillir
son confessionnal
sans au-
tous ceux,
mme
discrtion.
se
Un dimanche matin, comme ils arrivaient en confesser avant la messe, on leur annona que
absent
,
dom
Bosco
le la
tait
quelques jours de
re-
pos chez
pas de
journe.
Les enfants ne savaient pas exactement o se trouvait Sassi, mais seulement que c'tait du ct du P. Ils se mirent en route dans cette direction, traversrent le fleuve et, ne voyant
pas encore Sassi, comprirent que
l'avaient cru.
c'tait plus loin qu'ils ne Des personnes d'ge plus raisonnable eussent rebrouss chemin et cherch pour cette fois d'autres confesseurs. Mais nos coliers taient lancs, ils poursuivirent. Pour comble de mauvaise chance, ils voulurent abrger et se jetrent dans des chemins de traverse o ils s'garrent.
La pluie
les y surprit ils arrivrent enfin, mais tremps, affams, briss de fatigue. Le cur voulait fermer sa porte devant cette invasion ; mais ils demandaient dom Bosco, et dom
;
le
courage
la
de se drober.
Vous confesser,
tard
messe de paroisse sonne, et il vous sera impossible de communier aujourd'hui. Puis vous me paraissez extnus ; avez"vous apport quelques provisions
?
qu'ils
ne
que
ce ft
si
48
jeun
et qu'ils
n'avaient
rien
apport.
En
ce cas, je plains
je
mon
pauvre ami
le cur, dit
gaiement
dom Bosco;
ne puis pas
Le cur appela la cuisinire, qui leva les bras au ciel en voyant tant de convives, et protesta qu'il n'y avait pas au presbytre de quoi donner quatre bouches chacun. Elle finit par s'excuter en rquisitionnant tout ce qu'on put
trouver de pain chez les boulangers.
Pendant ce temps
cur en
fit
dom Bosco
messe
se mit au confessionnal
finie.
le
Aprs cela nos jeunes tourdis prirent leur premier repas, l'heure o l'on prend ordinairement le second aussi ce repas put-il compter pour deux ils ne laissrent pas une miette. Dom Bosco jugea de son devoir de les admonester mais il y mit si peu de
autant, sitt la
;
:
recommencer,
grommelait
la
servante toujours
ne recommencrent pas, mais cette aventure et d'autres de Turinois, qui ne pouvaient dj plus se passer de lui, ne permirent pas dom Bosco de tirer tout le profit qu'on avait espr de son court repos Sassi. Sa sant tait fortement branle; un peu plus tt, un peu plus tard, tous
Ils
visites
mme les excs de dvouement et de son retour Turin, il fut atteint d'une fluxion de poitrine et oblig de se mettre au lit. C'tait en juillet 1846. La maladie parut aussitt extrmement grave; le huitime jour, les mdecins ne conservaient
les excs se paient,
travail.
plus d'espoir.
supplia de
Si
rait, ce
le
demandiez,
lui disait-il, le
;
me
!
de vous
Mon
ami, rpondit
dom
Bosco,
il
faut s'abandonner
Borelli insista
:
49
gurir,
qu'il
I
Non, cela ne suffit pas, vous devez pour le bien de votre petit peuple; demandez Dieu vous gurisse, je vous en supplie.
mur:
mura
demi-voix
Basta
En
est votre
bon
plaisir.
s'cria Borelli;
prsent, je suis
rassur.
effet,
ds
le
lendemain,
le
malade
entrait
en conva-
lescence.
combien il tait aim. Les abords de sa chambre, l'asile Barolo, ne dsemplissaient pas d'enfants qui venaient, les larmes aux yeux, demander de ses nouvelles et solliciter la faveur de le veiller, faveur qui fut accorde quelques-uns des plus grands. L'autel de la madone Dclla Consolata tait galement assig de suppliants qui priaient pour leur pre. Afin d'obtenir sa gurison,
cette occasion
la plupart firent
On connut dans
des
vux de
pnitence et de mortification,
Bosco, lorsqu'il en eut reu
et des
la
vux
si
svres que
dom
commuer
et
les adoucir.
expansive
Autant leurs craintes avaient t vives, autant leur joie fut la premire fois qu'ils le virent au milieu d'eux.
Les larmes coulaient encore, mais c'taient des larmes de bonheur. Dom Bosco y mla les siennes mes amis, s':
cria-t-il,
prenant
la parole la suite
dans
chapelle, par le
thologien Borelli,
c'est
aimer!
qui
Si j'ai fait
m'en a donn
vous, puisqu'il
me
rend
pour l'amour de
nires forces.
lui, je
sant
Mais
qu'elle n'exiget
il
ne lui tait pas si compltement revenue beaucoup de mnagements et de repos ; or, n'tait capable ni de se reposer ni de se mnager, tant son BOSCO. 4
la sant
qu'il se trouvait
50
il
de Sassi
rtablir
n'tait pas
non plus
assez loigne,
en avait
fait
l'exprience.
se
aux Becchi; nul traitement, pour natal et les soins d'une mre.
Il
ne vaudrait
l'air
partit regret,
de
le
quoique le thologien Borelli se ft charg remplacer l'Oratoire, et que plusieurs amis, le tholo-
gien Vola,
dom
mis de veiller ce que rien ne souffrt de son absence. Mais mesure qu'il se rapprochait des Becchi, ses proccupations
se dissipaient peu peu devant la joie de revoir sa
les jeunes
mre
et
peine.
fut
une
mme
;
dont tout
le
monde
entourait
l'hospitalire
et
bienfaisante
dame
Marguerite.
Qu'on nous permette, ce propos, encore une anecdote. Elles abondent dans la vie de dom Bosco, les anecdotes; mais nous croyons n'en devoir omettre aucune, parce qu'elles n'ont
gnralement rien de vulgaire
fiant.
et
Vers
la fin d'octobre
doce, Jean Bosco avait accept de se rendre de Turin Lavriano, pour prcher le pangyrique de saint Bnigne. Il cheminait cheval, de grand matin, se promettant d'arriver
un peu avant
voici
la
messe, o
la
il
un champ de millet sem depuis peu, une bande de moineaux s'envola tout
Cinzano
Borsano,
longeait
comme
coup devant son cheval gui prit peur, s'emballa et se lana travers champs. Le cavalier fit de son mieux pour se tenir ferme; mais la selle tourna sous le ventre du cheval; Jean
en avant sur un tas de pierres. Heureusement l'accident avait eu des tmoins; un homme accourut en toute
la tte
tomba
hte,
Il
trouva
le
biesb
vanoui,
le
Hl
l'eut
:
vu reprendre ses sens moindre inquitude de vous Rassurez- vous, n'ayez pas la ici, rien ne vous manquera. voir dans la maison d'autrui J'ai envoy mon domestique chercher le mdecin, et une autre personne ramne votre cheval. Je ne suis qu'un paysan, mais, grce Dieu, pas la misre. Vous sentez-vous beaupropre
lit
;
coup de mal?
sera rien
dit
une
Vous tes
le
suis-je?
sur
la colline
surnomm
couru
trui.
moi
aussi
mdecin arrive. que l'embarras du choix ; coutez. Il y a cinq ans, peu prs la mme poque de l'anne quatre ou qu'aujourd'hui, j'tais all Asti faire mes provisions pour
dant que
le
Oh
je n'ai
l'hiver.
Ma jument, un peu
resta
trop charge,
donna dans un
foss et
immobile plat ventre. Tous mes efforts pour la relever furent inutiles. Il faisait nuit, point de lune, et il pleuvait. Ne sachant plus que devenir, je me mis crier au secours
;
je
ne
criai
pas longtemps; on
me
mesure
reconnus un jeune, tout jeune cur, avec deux paysans gure plus gs que lui. Ils m'aidrent dcharger ma bte, la tirrent de la fange, et remisrent le tout chez eux pour le reste de la nuit. J'tais en piteux tat,
comprendre le bonheur de s'entr'aider. En effet, observa le bless, nous sommes ainsi faits que, ce bonheur-l, on l'apprcie beaucoup plus aisment lorsqu'on reoit que lorsqu'on donne. Poursuivez.
52
Les
Puis elle
et
deux paysans
tandis qu'ils
s'occupaient de
ma
bte, leur
mre me
chauj'a
un
bouillon,
comme
!
me donna du
lit.
!
me
prpara un
Oh
la
brave femme,
Je
la
charitable et
imne suis pas aubergiste, gardez votre argent; qui sait si demain ce ne sera pas notre tour d'avoir besoin de vous ! Oh la brave femme, la brave femme
je voulus la payer avant de partir,
digne
femme
Quand
un sou
ces
paroles,
le
bless
le
narrateur.
mal?
vous
mu?
alors
riez
de
ma
mre.
le
le petit
les Boschetti.
Oui, moi-mme,
mre eut raison de
mon
ma
Vous me payez
longtemps aprs, mais vous me payez avec usure. Il est inutile de dcrire la surprise et la joie du bon paysan. Ce Jean Galosso Brina avait une femme, une sur et d'autres parents qui, merveills, firent au bless de vritables festins. La blessure, d'ailleurs, se trouva lgre le mdecin reconnut qu'il n'y avait aucune fracture, mais seulement une forte contusion. Au bout de peu de jours, dom Bosco remonta cheval, accompagn de Jean Galosso, avec lequel il conserva
;
blissait
comment
il
se portait et
s'ils
ne
saramenant pas assez vite leur gr, ils lui envoyrent une premire dputation, puis une deuxime et une troisime. Les Becchi sont une vingtaine de kilomtres de Tuiin ; ils
le
L'un d'eux
lui disait,
en prenant cong
trans-
de
lui
porterons
tout l'Oratoire.
il
Les pupilles de l'Oratoire n'taient pas tous sans famille; y en avait qui vivaient avec leurs parents. Ceux-ci, tmoins
l''heureuse
le
de
et
influence
du bon
Pre,
tremblaient
la
pense de
vinrent supplier
dame Marguerite de
elles
jusqu'alors.
pouvoir
en donner.
ma
toile
elle-mme.
Moi, Et moi,
dit
une
Qu'il
vienne seulement,
quera. Et
qu'il n'ait
il
man-
comme
Enfin
dame Marguerite
Dieu
soit faite!
CHAPITRE
LA VEUVE BOSCO VIENT ASSISTER
V.
SOx\ FILS,
ANECDOTES.
'
dit
un
moraliste.
aurait
pu ajouter que,
le
l'influence d'une
femme
et,
Dom
exemples
que
On
lit
dans
:
le Bulletin
salsien
{Bollettino
janvier 1880
La femme se retrouve dans tous les vnements plus ou moins glorieux la pauvre humanit et favorables au salut
des mes.
les
soit
Il
ici
en revue toutes
volont divine,
la
dans
les
temps anciens,
soit
sous
une
fait
;
et
pour
la
jeunesse en gnral,
la
un vnement de grande impornous devons noter combien les femmes y contriy contriburent,
les
burent.
))
Elles
mres
qui, avec
une pressante
sollicitude,
envoyrent leurs
burent, les
dames
fermirent cette uvre; elles y contriburent, les religieuses qui, jour et nuit, travaillrent pour l'ducation des enfants
56
nagure abandonns. Mais entre toutes il est une femme qui y prit une part singulire; une femme qui donna
l'exemple et le branle toutes les autres ; une femme qui la premire arbora sur ce sol bni la bannire de la charit; une
femme que
leur
titre
d'autres
et la
mre; une femme qui se mit rsolument la tte femmes innombrables qui la suivirent, la suivent
suivront jusqu' la fin
des sicles.
Cette
femme
fut
Marguerite Occhiena, veuve Bosco. Dom Bosco tait bien dcid rejoindre, ds qu'il le pourrait,
il
les lieux
sa demi-solitude des Becchi, diverses difficults dont, sur mmes, il n'avait pas eu le temps de se rendre bien
compte.
l'asile
Barolo,
il
allait habiter maintenant le clos Pinardi, mais l'habiter seul, ct d'une auberge mal fame. Qui tiendrait son petit m-
nage, et
comment
serait-il
;
tenu
Mince souci,
il
est vrai,
que
chemins presque dserts ou, ce qui est pire, par des rues moiti construites o l'on coudoyait le vice, ne serait-elle pas expose beaucoup de dsagrments? Dom Bosco fit part de ses proccupations au cur de Ghateauneuf d'Asti. Vous avez votre mre,
Et
lui dit le cur.
saisir, le
comme dom
:
cur
s'expliqua
Votre mre est assez ferme et assez digne pour impod'autre part, elle est encore assez verte ser respect tous
;
pour tenir une maison plus considrable que ne sera la vtre. Prenez votre mre avec vous. Dom Bosco objecta qu'il lui en coterait beaucoup d'exposer sa mre une vie de privations comme celle qu'il prvoyait, et qu'il lui en coterait plus encore de la mettre en quelque sorte sous sa dpendance. Sa mre, pour lui comme pour son frre Joseph, tait l'objet d'un vritable culte. Sous
son extrieur rustique
et sous
lettres
57
humaines,
elle cachait
monde, du
soumis qui n'avait su, jusqu'ici, qu'obir, der une telle mre ?
Je prvois votre intrieur
les
comman-
comme
le
si
;
je l'avais dj sous
cur
ne commandera, mais on y
tions prvoyantas; le
est la
fils
l'gard de la
mre;
la
mre
l'gard
du
fils,
Soyez donc bien tranquille. Songez en outre que personne mieux que la mre ne soignera le fils dont la sant a besoin de mnagements, et que le prtre recevra de dame Marguerite Bosco, simple paysanne qui ne sait pas lire, plus d'un bon
conseil et plus d'une haute inspiration qu'on demanderait vainement une doctoresse.
Dom
quitante qu'allait
offrir la
capitale
l'isolement du clos
et,
Pinardi, la fcheuse
renomme de
!
tout le Valdocco,
malles
gr ces inconvnients,
soins matriels.
la ncessit d'avoir
si les
quelqu'un pour
Ah
ne pourrait-on effacer la distance en transfrant Turin ce que j'ai de plus prcieux aux Becchi, c'est--dire ma mre? Dame Marguerite fit un soubresaut Quitter les Becchi, moi Ne plus voir nos montagnes et le clocher de notre ghse, m'loigner de Joseph, perdre mes petits-fils, cesser
: !
qui
commencent
!
s'ouvrir
comme
crifices,
Ah
!
me demandes
la
dame Marguerite
ment. Au bout de quelques minutes elle se leva et dit avec calme et rsolution, quoique ayant les yeux pleins de larmes Joseph et ses enfants se portent bien ils peuvent se pas:
malade
et tu n'es pas
encore
bien solide
je vais faire
mon
paquet.
la
que la nouvelle du prochain dpart de la veuve Bosoo. Joseph ici rien ne lui essaya de la faire revenir sur sa rsolution manquerait. Au lieu que l bas, c'tait l'inconnu, peut-tre la
:
comme
ne s'habituerait
Et lui-mme, et ses enfants, avaient-ils mrit qu'elle les abandonnt ainsi ? Ne valaient-ils pas, ses yeux, les petits vauriens trangers au miUeu desquels elle acceptait d'tre
jete?
La tendre mre
dis
avait le
cur
que Jean avait besoin de son assistance. A supposer ne pt s'habituer dans la grande ville, elle tait toujours temps de revenir. Quant au travail, jamais, grce Dieu, elle n'en avait eu peur, et elle comptait bien mourir en
qu'elle
travaillant.
Aux remontrances de
la
raison Joseph
fit
vainement succ
femme
des
elle s'arracha
Dom
le
quelques cahiers
Ils
voyageaient Httralement
choses du
Chieri
firent halte
la
manire apostolique,
ciel.
ils
dans
la capitale.
En passant au Rondeau
leur nouvelle demeure,
firent
que nous nous reprocherions de ne pas mentionner. celle du thologien Jean Vola, prtre turinois trs zl, venait souvent l'Oratoire.
et qui
Aprs les plus cordiales
Vola leur demanda d'o
poussire
ils
59
comme
ils
taient.
dom
Bosco, et nous
Quels motifs?
Dom
Bosco, riant toujours,
fit,
son pouce sur son index; pantomime muette, qui Que voulez- vous ? pas d'argent, pas de voiture I
Je
que
oui,
on a d allonger
le
hangar....
de mes enfants
et
Ainsi personne
Providence?
rien de prt!
piti.... et
ne vous attend, et vous ne trouverez Ah! mon pauvre Jean Bosco, vous me faites
j'osais.... tenez, j'ai l
vous me faites honte.... Si poche un objet parfaitement dans ma Comment votre montre ?
!
inutile, acceptez-le.
Oui,
j'ai
les
mmes
raisons que
vous pour
voyager pied.
Et
le
bon thologien imitait, avec le pouce et l'index, la pantomime expressive faite prcdemment par dom Bosco. Ma montre fera de l'argent pas beaucoup, hlas Mais
;
!
ds
le
le
mre
se trouvrent
60
deux chambres
deux petits lits, deux bancs, deux chaises, un coffre, une table, une marmite et quatre assiettes. Dame Marguerite faisait, du regard, l'inventaire de cette installation. Elle la trouvait un peu sommaire. Mais non,
se composait de
disait
dom
Bosco,
ils
ils
mme
ne
soir, car je
rponds de rien pour demain. Alors, gagne par la bonne humeur de son
prit dire
fils,
la
mre se
son tour
Oui, voil
entretenir.
Ici,
mnage qu'il me fallait. Aux Becchi, commander, surveiller, nettoyer, en deux tours de bras je serai au bout de mon
bien le
ouvrage. Trouverai-je seulement assez pour m'occuper? Si nous n'avons rien autre faire, nous chanterons. Plusieurs enfants de l'Oratoire taient venus se poster curieusement sous les fentres de la m.aison pour voir dom Bosco. Tout d'un coup ils entendirent la voix de leur si dsir matre, accompagne de celle de sa mre, entonner Angioletto del mio Dio. le cantique italien Le chant dura plus d'une heure (i). A dire vrai, la position tait des moins brillantes. Dom Bosco, n'tant plus attach aux uvres de la marquise de Barolo, ne recevait plus aucun traitement, tandis que ses
:
dpenses allaient croissant. Il y avait les maons payer, le loyer, la subsistance quotidienne de deux personnes. Que dis-je ? ce chifTt^e de deux personnes tait bien frquemment
multipli par plusieurs autres.
Gomment
Gomment refuser une cuelle de une paire de chaussures celui-l, quelques soupe sous pour acheter un livre ou une plume un troisime ?
(1)
[\.
114.
Dom
bois,
61
Bosco
et
fit
de bl
de
pommes de
Il
terre
ces provisions
durrent
n'tait rien
d de plus
sa mre, et
l'argent
manquait pour
il
faire
des emplettes.
de vendre quelques lopins de terre et une vigne qui lui appartenaient en propre. Dame Marguerite se montra plus gnreuse encore; elle fit venir son trousseau de marie, qu'elle avait soigneusement conserv intact jusqu' ce
Alors
prit le parti
mres lguaient
tit,
inusables, que du linge en grande quanselon l'usage des mnages campagnards, une grande
leurs filles,
elle les
con-
partie
nappes
fin en surplis, rochets, purichaque objet passa par les habiles mains
ft
il
en
dom Lemoyne,
fidence
:
cette con-
eu souvent les larmes aux yeux, quand je les regardais pour la dernire fois avant de les dfaire ou de les
J'ai
mais en m'apercevant de ma faiblesse, je leur disais chers souvenirs de mon poux et de mes parents, vous ne sauriez mieux finir que sur le dos des pauvres ou
aliner
; :
Allez
sur celui de
la
sainte pouse
du
nonc
rais
cet acte
d'abandon, je
me
sentais
si
au mme usage. Avec ce secours et d'autres semblables, dom Bosco se trouva en tat de louer, de M. Pinardi, d'abord une pice qu'il agena en sacristie, ensuite plusieurs chambres qu'il utihsa
livrer tous
pour
les coles
G2
du dimanche et du soir. Au commencement il tait si l'troit, que les classes se faisaient simultanment dans la cuisine, dans la chambre de dom Bosco, dans la sacristie, dans le chur de la chapelle, derrire l'autel et
si
nom
pour en faire des classes, l'architecture seule leur et manqu! mais la voix d'un professeur couvrait celle de l'autre, et les chants, les alles et venues, le moindre incident qui
survenait
ici,
faisait l.
Ces diverses
bandes d'coliers taient aussitt sens dessus dessous; mais on ne pouvait s'organiser autrement. Quel contraste ensuite, pendant toute la dure des dimanches et ftes, entre le calme des Becchi et le bruit d'un car dj on atteignait ce nombre. Que de millier d'enfants Quand je n'avais que les fois dame Marguerite dit son fils deux frres et toi, ma jeune famille me paraissait dj bien tapageuse o est-il aujourd'hui le vacarme dont je me plai:
:
gnais
et plt
la tte
plus
rompue que
Dieu que je n'eusse pas, sur mes vieux jours, je ne l'avais jadis, tant jeune et
je veuille
forte
m'en plaindre,
;
amne
il
du
courageuse Pendant les dix annes qu'elle vcut encore, femme ne donna aucune marque de lassitude srieuse ou d'impatience. Une seule fois elle parla de quitter l'Oratoire, la suite d'incidents comme celui que raconte le Bulletin {Bollettino Salesiano) de mars 1881 Aprs la campagne de 1848, un de nos anciens pupilles,
la
:
dom
Bosco
la
Il
avait
momentan-
ment
rellement nous ne l'appelions que le Bersailler {Bersagliere). Donc, sur nos instances et avec l'agrment de dom Bosco, il
imagina de nous apprendre l'exercice et forma, des plus alertes d'entre nous, un xietit bataillon. Nous obtnmes du
63
gouvernement deux cents fusils hors d'usage, nous compltmes notre armement avec des btons, le Bersailler apporta son clairon, et en peu de temps notre Oratoire disposa d'une
brigade dont l'instruction militaire pouvait largement lutter
avec celle de
la
perdu
ne s'occupaient plus d'autre chose. Dans toutes les solennits notre milice tait de service pour maintenir l'ordre, jusque dans la chapelle, et ces exercices ne serla tte
et
engags pour
Marguerite
la guerre....
(c'est ainsi
que nous l'appelions tous), en bonne mnagre, s'tait rserv au fond de la cour un petit enclos dans lequel, avec une tendre sollicitude, elle cultivait du persil et du cerfeuil, des poireaux et des carottes, voire de la sauge et de la menthe. Or, un jour de grande fte, nous ne savons plus lequel, le Bersailler rassembla son
arme,
la
Maman
offrir
de nom-
les rles et
breux spectateurs la reprsentation d'une bataille. Il distribua dtermina leqael des deux corps devrait cder
C'tait
la
limite
du
petit
jardin,
devant
la
haie,
armes.
Il prit le
commandement
donna
le signal
En avant!
cris for-
chargez
de bois contre
la
de bois.
Il
poudre et le bruit de la fusillade; mais les cris de joie, les applaudissements des spectateurs, pouvaient, la rigueur, tenir lieu des cris de douleur des blesss et des mourants, et
mme
des
dtonations
les
de
l'artillerie.
L'affaire
la
devint
si
chaude que
consigne, charle
jardinet de
;
maman
il
y a de vrais blesss, de vrais morts, et ce sont les poireaux et les carottes. Le gnral en chef criait, sonnait du clairon ; mais
les rires et les
64
Quand
les
net
il
ne
restait plus
Seule,
la
vue du dsastre,
en
fortement excite)
lo c
al
:
fait
V Bersaiie, al a guasta
le jardin
me
Bersailler
il
m'a gt tout
lui
Dom
rpondit,
:
en
patois galement
feie
A son giouvu
!
Cependant
tirer
le
en excuses.
Il
finit
par
de sa poche un sac de caramels, et pria la mre de dom Bosco de le distribuer tous les combattants, vainqueurs et
vaincus.
Dame
Marguerite
fit
escapade de
fils et lui
mme
dit
:
genre, elle
chambre de son Jean, je vais te parler en bon le bien dans cette maison. Tu
insupportables;
tour. Celui-ci,
Ecoute-moi,
faire
italien
je
ne puis plus
vois
comme
chaque
instant c'est
quelque mauvais
la
en courant, accroche
lessive encore
ma
table et
renverse
avec toute
exprs,
ma
humide;
comme
s'il le faisait
pauvre jardin, que En vrit, je n'y peux tenir. Sois j'ai d planter nouveau raisonnable, Jean, laisse-moi retourner aux Becchi pour y
quel bout commencer; et
!
terminer en paix
Dom
mue,
le peu de jours qui me restent vivre Bosco regarda sa mre fixement, avec une tendresse
!
et,
lui
montra
le
crucifix
pendu
la
muraille.
Tu
Et, paisiblement, elle
Oj
retourna son ouvrage. prendre son tour la dfense de ces tourdis encore mal disciplins. Un jour que l'un d'entre eux avait effray les poules par ses cris et s'amusait les chasser dans un pr voisin, Marie Occhiena, sur de Marguerite, qui,
On
la
vit
mme
tait
venue se
:
fixer l'Oratoire,
Veux-tu laisser ramnes pas, je te ferai renvoyer! Marguerite, sortant pour voir la cause de tout ce bruit, dit Prends patience, ma bonne tranquillement sa sur Marie, je le gronderai; mais ne vois-tu pas qu'ils ont du vifargent dans les veines? Nous avons nomm deux collaboratrices de dame Marguerite Marie Occhiena, tante de dom Bosco, et M^ (jastaldi. Elles ne furent pas les seules. D'autres femmes dvoues venaient se grouper autour de la mre du saint prtre et l'assistaient de leurs aiguilles; ou bien elles lui apportaient, chaque samedi, son linge tout lav, repass et rapic. La
ne
les
M^*"
Franzoni,
illustre ar-
en,
connu les sentiments du roi. Le conseil municipal de Turin lui-mme, cdant l'vidence, dsarma et fit mieux que de dsarmer. Il nomma une commission spciale pour visiter les coles de l'Oratoire. Cette commission, tonne des progrs accompHs par des
jeunes gens ramasss en grande partie sur
et qui devaient tout
le
dom
Bosco,
fit
un rapport tellement
louangeur, que
l'Oratoire
le
un subside annuel de trois cents francs. Vers le mme temps le chevalier Gonella, directeur d'une uvre dnomme la Mendicit instruite, uvre qui n'tait
dom
lui
un prix de mille
DOM
BOSCO.
francs,
dont
il
le pria
66
L'autorit ecclsiastique redoubla galement ses tmoignages de sympathie. Le fondateur de l'Oratoire ayant jug propos, pour encourager ses lves dans la pit et la vertu, de constituer les plus exemplaires d'entre eux en une congrgation spciale, sous le patronage de saint Louis de Gonzague, l'archevque de Turin vint prsider la crmonie
de l'inauguration,
la
le
29 juin 1847
il
chevque,
le
Nonce apostohque
et plusieurs
grands person-
nages de
la cour.
CHAPITRE
VI.
TABLISSEMENT DE l'iNTERNAT.
HEROQUES
ET TOUCHANTS SOUVENIRS.
dimanches
et ftes
ou pour
les coles
fruit des enseignements reus et la dure des bonnes rsolutions prises dans l'tabhssement se trouvaient, par suite, singulirement compromis les camarades rests dehors reprenaient possession, par leurs moqueries, de ceux qui avaient voulu s'amliorer. Les mauvaises rencontres taient frquentes, pour ainsi dire invitables; une heure dfaisait l'ouvrage de plusieurs semaines. Les patrons chez
chez eux. Le
lesquels
ils
non plus bon Pre devait enfants d'une maison suspecte pour les placer
taient en apprentissage n'taient pas
;
souvent
le
Il
conversations qu'ils avaient entendues, de combattre les mauvaises influences. Mais le mal s'apprend plus vite qu'il ne se dsapprend; sans compter que cette espce de police secrte que dom Bosco
bref, s'efforait
tait
obhg d'organiser
qu'il enlevait
un enfant
un patron,
il
il
se faisait
un ennemi.
De
serait ni
ne pourrait pas
Il
68
commena
par
la
offrir
de
fenil,
avec de
paille
parfois
mme une
coucher
fut assez
la belle toile.
commun
mal rcompens. Il ne faut pas croire, en effet, que les petits vagabonds furent tous de bons diables, ne demandant qu' devenir anges, et que le mtier de dompteur de sauvages civiliss n'ait que des succs et des jouissances.
Un
soir,
malades,
il
rencontra
du cours du Valdocco une bande de jeunes malandrins voyant venir une robe noire, se promirent de s'amuser qui, ses dpens. Ils commencrent par imiter, en le regardant, l'harmonieux cri du corbeau, le mme par tous pays, et,
l'entre
comme
cri
de ralliement par
les insul-
Dom
aux insulteurs, qui furent bien vite dcontenancs calme et par son air d'extrme bont. Le cercle se par son referma autour de lui. Regardez-moi bien, dit-il, ai-je donc la mine d'un mangeur de gens? Vous paraissez me traiter en ennemi; eh bien!
moi, je ne vois en vous que des amis. Si vous tes un ami, dit le plus hardi de
allez
nous
le
Et les autres de
Dom
Volontiers,
mes
des Alpes,
ici
prs.
Et
-uis
ils
s'attablrent tous
et
de deux
de
trois.
dom
ne
compagnons de
le cur.
vous paraissez vous moquer de moi, cela m'est assez indiffrent; mais je vous ai entendus blasphmer, insulter Dieu;
cela, c'est
69
plus fort
une folie et une ingratitude, car le bon Dieu est que vous, et vous tenez tout de lui. Promettez-moi
le faire
!
de ne plus
Pinardi.
Ils le lui
promirent tous
le
et ajoutrent,
la
voir
dimanche
maison
clusion
manire de conJe n'ai pas vous ferez bien de rentrer chez vous. Moi pas davantage, dclara de domicile, rpondit l'un. un autre. Sur une vingtaine qu'ils taient l, dix ou douze ne
Maintenant voici la nuit, observa-t-il en
:
connaissaient d'autre
toit fixe
que
la
vote du
ciel ni d''autre
parquet que
sista
le
dom
Bosco.
Quelquefois
O couchez-vous donc?
;
in-
promenades, quand
une maison en construction, quelquefois dans une voiture, ou prs des chevaux, lorsque les garons d'curie sont de bonne humeur; quelquefois dans le grand dortoir municipal; mais
pour celui-l
il
Pauvres enfants
aillent
soupira
:
dom
j'emmne
les
s'loigna
La bande se partagea alors en deux moitis, dont l'une du ct de la ville, aprs change d'une poigne de mains avec ce prtre charmeur; l'autre le suivit au Valdocco. Arrivs chez lui, il les mena au fenil, o l'on grimpait par une chelle, leur remit de quoi se couvrir tant bien que mal,
et,
persuad
qu'il tenait le
com-
tendit pas le
moindre
bruit.
Gomme
dorment!
pensa-t-il,
dommage de
Le nid
les rveiller?
Et
Le silence
se prolon-
geant,
se dtermina monter.
oiseaux
qui affligeait le plus
les reverrait plus,
70
dom Bosco, c'tait la certitude qu'il ne du moins plus l'Oratoire. Il cherchait donc le moyen d'arriver l'tablissement d'un asile ou hospice, c'est--dire d'un vritable internat; mais il reculait devant les difficults et les dpenses, lorsqu'un beau soir de mai 1847, par une pluie battante, comme sa mre et lui venaient de souper, un grand garon d'une quinzaine
d'annes, mouill jusqu'aux os, frappa leur porte,
deman-
dant un abri
et
un morceau de
lui
pain.
la cuisine, le fit asseoir
Dame
prs du feu et
modeste souper.
Une fois bien sch et restaur, il remercia et, avant de prendre cong, raconta son histoire. Je suis orphelin, je
viens de Valsesia et je sers les maons, quand
vrage. Mais pour le
j'ai
de l'ou-
As-tu
fait ta
me
vivement intress.
mais
je
ne connais personne.
que dame Marguerite ne lui ft compagnie. Si je savais que tu fusses un honnte garon, reprit dom Bosco, je trouverais peut-tre moyen de te loger quelque part, mais d'autres m'ont emport mes sacs et mes couvertures....
Monsieur
n'ai
pauvre, mais je
jamais vol.
Si tu
le
garderons, proposa
dame
Marguerite.
la cuisine;
au moins
il
n'empor-
du
feuil.
71
-- Non, mais
il
Eh bien
Ils
soit,
de
la paille,
une couverture,
la
et ainsi fut
Marguerite pourvut
porte au dehors.
Dom
dans sa poche. Tel fut le premier dortoir de l'asile salsien, qui en compte aujourd'hui plus de quarante, o dorment huit neuf cents
enfants qui n'auraient, sans cela, ni feu ni lieu.
petit
Avant qu'il s'endormt, dame Marguerite fit sermon sur la ncessit du travail et de la
faire sa prire.
Je
son hte
un
religion, et lui
recommanda de
ne
la sais
plus bien.
dit
dom
Bosco. Et
il
se mit dire
pt
le rpter.
Dame
ser, elle
Marguerite continua ainsi tous les soirs. Sans y pendonnait ainsi naissance un usage qui s'est mainbonsoir ses
le
nombreux
le
lendemain.
commencement de
Un mois
l'glise
l'hiver.
Alors
et
on
dom
de Saint-Franois d'Assise.
En suivant
le
cours Saint-
Maxime
rite),
il
un
petit
la lle
appuye
pourquoi pleures-tu
..::r72
je
ne
sais
que devenir
;
mon
pre est
pu
le connatre
ma
m'aimait tant, a t porte en terre ce matin. Le propritaire de notre chambre m'a mis dehors en gardant le peu de hardes
lui
devons un terme de
rflchit
Dom Bosco
une demi-
minute et dit Viens avec moi. Avec vous? Maisjenevous connais pas, monsieur le cur. Viens toujours, nous ferons connaissance.
Il le
prit par la
:
main,
et lorsqu'il fut
en prsence de dame
Marguerite
Dieu
non,
il
fils
que
le
sans doute
fait
proverbe
A mesure que
natre
un
pousser un chardon.
et devint
fut plac depuis comme commis un bon pre de famille, fut rejoint bientt par un troisime, ensuite par un quatrime, puis, en 1848, par un vingtime et un trentime. Dame Marguerite devint ainsi de plus en plus maman Marguerite, et une vritable matresse de pension, avec cette diffrence que la
dans un magasin
pension
tait
paye par
la charit
pubhque.
que l'Ora-
Bosco s'arrangea pour les remplacer tous successivement, l'expiration de leurs baux.
Il
Dom
occupa de
Mais plus
la sorte toute la
mesure de
pour
le
l'acheter.
il
s'agrandissait, plus
tait surtout
il
l'troit.
La place
Il
coucher
absolument
et afin
il
insuffisante.
eut
la
nuit Turin
que
cette organisa-
de cinquante, c'est--dire que cinquante enfants taient admis sa table depuis le dimanche matin jusqu'au samedi soir la semaine suivante, c'tait le tour de cinquante autres.
;
alors
73
et quotidiennes,
prirent
un nouvel
essor, et
Ton put
tablir
dpenses de
la
maison.
Dom
il
maman
:
Marguerite tait
Ceci, c'est
de l'argent
le
Mais
il
fallut
promptement, sous
aller
le
du moins
pour
sidrable.
un jour
s'tablir
dans
le
monde
et c'tait le
nombre
plus con-
qui variaient suivant les ges et le degr d'habilet de chatout, elle n'et pas commis une injustice, ne gagnaient rien que par elle mais elle les et dcourags. Le droit de proprit sera toujours, pour la masse
cun.
En gardant
puisqu'ils
des
hommes,
et
le
principal
aiguillon
du
travail
aiguillon
moins puissant
Bosco
toutefois
que
de
dom
ne
donner l'exemple?
cupations
Le fondateur de l'uvre salsienne se dlassait par des ocmanuelles de la trop grande tension d'esprit
litt-
Aussi, raconte
un de
scier
ses biographes,
on pouvait
le feu,
le
voir aider sa
mre dans
les gros
ouvrages de
bois,
la
maison, puicosser
du
allumer
et
il
pommes
de
terre,
ne ddaignait
de ceindre
le tablier et elle
de confectionner
acclame
lui-mme
la polenta.
Ce jour-l,
tait
comme
particulirement dhcieuse.
Un pantalon
tailler et
mme
7i
dessus de ses moyens, et les rparations qu'il faisait quelquefois aux vtements des enfants, si elles n'taient pas d'une
lgance suprme, taient au moins remarquables par leur
solidit.
s'asseyait
Quant au rfectoire, il tait des plus lmentaires. Chacun o il pouvait et comme il pouvait les uns dans la une pierre ou quelque pice de bois; les autres sur cour, sur
;
les
et les cuelles
se vidaient
comme
elle four-
une boisson
Le repas termin, chacun lavait son cuelle et la mettait en lieu sr; quant la cuiller, c'tait un objet si prcieux que, faute d'un tiroir o l'on pt la dposer, on la gardait
dans sa poche.
Petite cour,
joie
humbles chambres
!
Que de franche
:
et
douce
dans ce pauvre mnage Dom Bosco, aprs le Benedicite, Bon apptit, et cette avait coutume de dire ses convives
innocente recommandation par un formidable clat de
tait
rire.
immanquablement
accueillie
cur un fonds
comme
une
les enfants.
le trait,
Il
racontait avec
quable par sa finesse et sa tournure. Aussi les repas, faute d'assaisonnement phis solide, taient-ils signals par leur
entrain et leur joyeuse allure
*.
La
table
:
lves
du matre n'tait gure meilleure que celle des de la soupe, du pain et un plat, si bien que pas un de
:
ils
Notre soupe
Il
tait la sienne,
avait de plus
un
plat,
(1)
Dom
Bosco, p. 41.
faisait
75
le
vendredi matin,
elle
en
un
une tourte ou pt, et il Un peu rance, un peu moisi quelquefois, surtout l't; dom Bosco n'y regardait pas de si prs il se figurait que sa mre l'avait arros d'un filet de vinaigre, et il ne le mangeait pas avec moins d'apptit '.
suffisait
de
le rchauffer
pour
qu'il ft prt.
Un
ou bien en avait-il rellement commis tant que cela? Le fait est qu'il en remplit tout un cahier. Pour comble de malheur, ce cahier tombe de sa poche. Alors
cit qui les lui grossissait,
le
Dom
et refouiller, de chercher par tous ne trouvant rien, de pleurer chaudes larmes. Bosco avait ramass le cahier, l'insu de tout le monde,
lorsqu'on lui
ce qu'il a
;
amena
le petit
inconsolable.
Nous ne savons
Bosco avec ten-
il
Voyons, mon
trarit
?
dom
Et en
lui faisant
le caressait paternelle-
ment,
afin
de ralentir
cours de
ses larmes.
L'enfant,
essuyant ses yeux, et reprenant un peu de courage, rpon dit J'ai perdu mes pchs
: !
A
clat
de
il
rire, et
dom
quoi
s'agissait, ajouta
ne plus
iras
les retrouver,
Mais ce bon petit garon, craignant de n'avoir pas t compris, repartit J'ai perdu le cahier o ils se trouvaient crits.
:
certainement au Paradis
anne
Alors
sure-toi,
7C
mains,
dom Bosco tira de sa poche le grand secret Rasmon ami, tes pchs sont tombs entre bonnes les voici. A cette vue, le front de notre jeune afflig
il
se rassrna et
dit
en souriant
Si j'avais
me
serais
en allant me confesser, je vous aurais dit Mon pre, je m'accuse de tous les pchs que vous avez trouvs et qui sont actuellement dans votre poche.
Il
milles elles-mmes.
Un
d'entre eux,
pre,
ses forces,
un mrier.
les
dans
rclamrent imprieusement
dom
Il
dit
aux parents
il
que leur
n'tait
pas chez
qu'il
lui.
Et
pourtant
doit
tre.
Je
vous affirme
n'y est pas, et y ft-il, vous n'avez pas le droit de vous introduire de force dans la maison d'autrui.
nous irons la police, et nous saurons arracher mains des curs. Oui, allez-y, la police, je vous y suivrai, je ferai connatre la manire indigne dont vous traitez votre fils, et la justice vous dchargera du soin de le garder.
bien
!
Eh
cette
menace
les
s'en allrent et
on ne
dom
sous
Bosco,
le
maman
ils
mrier;
malheureux ne donnait aucun signe de vie. On regarde avec plus d'attention et, au clair de la lune, on le voit immobile,
Dom
Bosco
Descends,
a plus personne, et
parlait
au vent. Alors, un frisson parcourut tous les spectaon redouta quelque malheur. teurs de cette scne Dom Bosco se fait aussitt apporter une chelle, et, le cur
;
palpitant de crainte,
fant
et le
monte sur
l'arbre.
Il
s'approche de l'enIl
le
grandes prcautions
il
le
secoue, l'aplthar-
semble se
rveiller d'un
sommeil
il
se
met
crier
comme un
aigle. Il
mordait
et se dbattait
avec une
entranant
que peu s'en fallut qu'il ne tombt de l'arbre, Bosco dans sa chute. Le bon prtre se tenait d'une main une forte branche et de l'autre pressait troi N'aie pas peur, tement contre lui le pauvre garon
telle violence,
dom
mon
dom
Bosco; vois,
j'ai
l'habit
de
pas
prtre,
me mords
bien qu'il
que tu me ferais mal. En un mot, il fait si rend au sentiment de l'existence, et ramne le calme dans son esprit agit. Revenu lui, le petit garon pousse un profond soupir, puis, avec l'aide de dom Bosco, il descend de l'arbre. Maman Marguerite le reoit tendrement,
surtout, parce
et,
d'une bonne minestra, de Saint-Franois de Sales devient sa maison, et dom Bosco son pre. Plus humain que l'autre, dom Bosco le mit un mtier en rapport avec ses forces, celui de relieur; mais remarquant
l'emmne
la cuisine,
le rconforte
l'asile
partir de ce
moment,
en lui lieaucoup d'intelligence et de bonnes dispositions, il le poussa aux tudes et lui enseigna lui-mme l'italien, le latin et l'harmonium bref, il en fit son bras droit pour les ftes
;
la
musique
homme,
ses tude?
termines en 1857, a reu les ordres sacrs et a eu la gloire d'tre le premier prtre de dom Bosco. Il n'entra point dans
la
il
est
devenu un des
mem-
les lves et la
78
traitait
jamais d'gal
Un
pre
mme qu'il
pourvu qu'on
sache
Ijuste.
Dom
Bosco se
double mobile que ses collaborateurs et lui ne cessaient de prsenter aux enfants plaire Dieu et contenter le matre.
:
une double baguette qui suffisait rgir le petit troupeau et le faire marcher droit. Au besoin, la main du berger en laissait apercevoir une troisime la possibilit d'tre exclu de la maison. Devant cette dernire, il tait bien rare que tout ne rentrt dans l'ordre. S'il faUait absolument en arriver une excution, dom Bosco se raidissait contre son propre cur et se montrait intraitable. Plutt sacrifier une brebis
C'tait l
:
le
troupeau.
Un dimanche
lui baiser la
Bosco ayant admis ses internes main aprs la prire, en oubha un par mgarde.
soir,
dom
Le pauvre enfant
dsespoir.
se mit au
lit
un vritable demander ce qu'il avait. Ah gmit l'enfant, il faut que j'aie commis quelque grosse faute, le Pre n'a pas voulu que je lui baise la main. Le surveillant, mu, alla rveiller dom Bosco pour lui raconter ce qui se passait. Le bon Pre s'habilla en toute hte,
prolongrent jusqu'au milieu de
nuit; c'tait
Le surveillant
!
rprhensible, ce dont
lui
;
il
baisa et rebaisa la
main
de
79
dom
et souriant.
un signe, un regard de dom Bosco, avaient sur une action souveraine, instantane. Un jour, raconte un d'entre eux, nous tions quatre cents courir, jouer, crier, lorsque dom Bosco parut, ayant nous parler. Au seul signe de sa main leve, tout s'arrta, cris et jeux; en un clin d'il nous fmes autour de lai, tous immobiles, tous silencieux et attentifs. Un carabinier qui, depuis un moment, nous considrait, s'cria Voil un cur qui, s'il tait gnral, avec une arme aussi discipline, serait toujours sr de vaincre. La bont, chez le pre, tait releve par l'autorit dans la mre, dans maman Marguerite, elle tait toute ptrie de tendresse. Lorsqu'un enfant avait reu une rprimande, Marguerite estimait qu'il ne fallait pas le laisser seul ruminer sa rancune, et moins que dom Bosco n'et command de tenir le coupable dans l'isolement, on la voyait accourir pour
Une
parole,
ses lves
mettre
voil
le
baume
donc les consolations qu'on reoit de toi ? Nous ne cherchons que ton bien pourquoi ne veux-tu pas nous aider ? Si ta tais sage, si tu travaillais, nous serions heureux, et toi avec nous. Si tu te conduis ainsi l'ge o tu es, et dans une maison o tu n'as que de bons exemples sous les yeux, que feras-tu quand tu seras grand et loin d'ici ? O iras-tu ? Gomment finiras-tu ? Pauvre enfant Elle le laissait tout mu et
;
1
s'loignait,
mue elle-mme.
demand
l'au-
emmenait le coupable la cuisine et disait, en lui mettant dans la main une pomme ou un morceau de fromage avec du pain, car il n'y
avait pas de friandises l'Oratoire
:
Prends, c'est
!
qui te le donne. Gomme il travaille, dom Bosco prend de peine, jour et nuit, pour arriver nourrir tant de monde Et toi, n'as-tu pas honte de lui faire du chagrin pour tout remerciement? Que tu lui en as fait dj dom Bosco! A sa place, je n'aurais pas tant de patience que lui.
!
L'enfant baissait la tte,
pleurer, et gnralement
il
80
et confus,
muet
allait
Bosco.
Mais
le
pardon de
dom
? Sais-tu ce que c'est que grand bienfaiteur, le souverain matre? Dieu voit Dieu, noji seulement tes actions, mais les penses les plus secrtes,
nuait
maman
le
Marguerite, et Dieu
et peut-tre les
mauvais sentiments,
la colre et l'obstination
dom
Bosco
te faisait ses
Demande-lui
le
bon Dieu,
prpa-
sermonnant de
:
Mais
ne
le dis
;
personne,
dirait
ajoutait-elle, tu
me
ferais faire
fcheuse figure
on
que
l'as pas mrit, mais que tu as bon cur et, songes-y bien, partir de maintenant, je te suivrai de prs, j'aurai les yeux
je sais
sur
toi
Et
et les
comme elle
pousser
savait
faire
animer ceux qui se conduisaient bien, mieux encore Bravo viens prs de
!
moi, cher enfant, tu seras notre consolation. Dom Bosco est trs content de toi. Le bon Dieu aussi est content; il te bnira
embrasse ta maman Marguerite. encourag ne rpondait pas son attente, ou si l'enfant grond retombait dans les mmes fautes, elle le prenait part, et, comme n'ayant pas voulu croire d'abord ses manquements: Est-ce bien vrai ce qu'on m'a dit? Parlons plus bas, si quelqu'un l'ignore, je ne veux pas qu'il l'apprenne. Voil donc comme tu m'as tenu parole, comme
:
allons,
Si l'enfant ainsi
tu as rcompens
tais
maman
si
Marguerite de sa confiance
Si tu
?
mon
toi?
suprieur,
tu tais
ma place,
que
ferais-tu
Ne
un garnement
incorrigible tel
que
fassions de toi ?
Le
sont toute l'ducation.
81^-
minimes
dtails
ils
En
Ils
1846,
dom Bosco
et sa
joie
pour pourvoir leur entretien. Il a expHqu lui-mme plus tard, Paris, dans l'glise Notre-Dame des Victoires, ce
qu'tait alors sa vie
je rencontrais
un jeune
question
je
Veux-tu
aller.
travailler?
ne
sais
Je vais
ne
me
me
sui-
effet,
pauvres garons.
craient
Des jeunes gens riches, dvous notre uvre, consaune grande partie de leur temps leur trouver de
Ils s'adressaient aux industriels, aux chefs de magasins; ils en plaaient un grand nombre. Parmi les vagabonds recueillis, il s'en trouvait de trs
ils se voyaient en conavec de tout jeunes enfants que nous avions dj instruits, ils avaient honte de leur ignorance. Ils suivaient nos
ils
DOM BOSCO
CHAPITRE VH.
OBUX NOUVEAUX ORATOIRES DANS TURIN. ST LES VUOOIS.
DOM BOSCO
trop troit
petit
Cependant l'immeuble du Valdocco devenait absolument impossible d'y introduire un enfant de plus, si
:
que
ft cet enfant.
Dom
chevque Franzoni
pousser
la
L'entreprise
et sa
premier tablissement tant dj d'un si lourd entretien. Nanmoins, toujours confiant dans la Providence, dom Bosco chercha un local dans le quartier o se trouve actuellement le cours Victor-Emmanuel II, et o l'on ne voyait alors que des chemins demi tracs, des entrepts et des masures ha-
du P. une dame Vaglienti, demanda un prix de location si lev que dom Bosco ne pouvait raisonnablement accder ses prtentions. Les
bites par des blanchisseuses qu'attirait le voisinage
Il
fallait
mais
la propritaire,
pourparlers durrent
ils
dom Bosco invoquait si souvent. Pendant une confrence entre lui et l'obstine M"' Vaglienti, qui ne voulait rien entendre, le ciel, tout d'un coup, se voila
84
d'pais nuages; M^ Vaglienti alluma une lampe; un violent coup de tonnerre branla la maison, et la lampe s'teignit. Tremblante, affole, la dame oublia ses cus pour ne son-
Bon
pre, s'cria-t-
la
rai
qu'il
vous aide maintenant et toujours. La lampe fut rallume, le coup de tonnerre ne se renouvela pas, et l'acte- fut sign conformment aux propositions du
saint prtre.
Le nouvel Oratoire
le
Son
8 dcembre 1847. Cette date du 8 dcembre fait souvent poque dans l'uvre salsienne, pour laquelle tant d'anniversaires mmorables concident ainsi avec une des ftes principales de la grande protectrice, la Vierge Immacule ^ Il mit la tte de cette fondation tantt l'un, tantt l'autre de ses amis du clerg de Turin ; car, retenu au Valdocco, il ne pouvait la diriger personnellement, et il n'avait pas encore de prtre de sa congrgation qui ft compltement form et disponible. Parmi les prtres qui venaient bnvolement, chaque dimanche, prter leur ministre pour confesser, dire la messe, et surveiller les enfants l'Oratoire Saint-Louis, on
cite le
Dmonte, Lonard
Un
non
maisons
La main de la Protection divine fut d'autant plus visible dans une aussi rapide extension de l'uvre salsienne, que
(1) Le 8 dcembre 1841, dom Bosco avait recueilli son premier enfant; le 8 dcembre 1844, il inaugura l'Oratoire chez la marquise de Barolo ; le 8 dcembre 1847,
il
8S
les circonstances politiques taient
traires.
La proclamation de
Charles-Albert,
la
en particulier sur
l'Italie.
dence plus grande de poursuivre cette guerre tout seul Italia far d se, disait-il moins habile en cela que son
:
Victor-Emmanuel, qui rahsa tant de conqutes par les armes d'autrui. Vaincu Novare, Charles-Albert dut abdiquer. La dfaite ulcra les curs pimontais les Etats de l'Eglise tant parmi ceux dont on avait rv de s'emparer, la guerre contre l'Eglise et le Pape succda la guerre contre l'Autriche le successeur de Charles-Albert se jeta dans les
fils
;
Lyon;
^.
bref, les
la
faveur
officielle
Dom
Bosco
tait patriote,
les
En 1848
un
certain
nombre de
;
gagrent
comme
si
soldats
il
restaient, dj
faire place
eux-mmes par
o
;
les
troupes,
si
nombreuses qu'on ne
savait plus
les caserner.
La fivre de la guerre troublait toutes les ttes on ne parlait que guerre, on ne rvait que guerre sur les bancs des coles, aussi bien que dans les rues et les thtres. Les tudes s'en ressentirent, et dom Bosco fut obhg de faire la part du feu en autorisant, dans la cour de l'Oratoire, ces simulacres de bataillons et de batailles dont nous avons parl dj.
(1)
On ne
disait pas
encore
les
uvres
clricales; le
mot ne
fut invent
le
86
le
dom Bosco,
1
?des occupations, ce fut l'invasion du proslytisme vaudois. Charles -Albert avait cru devoir manciper les Vaudois et
leur donner
non seulement
le droit
de pratiquer librement
venir troubler les consciences catholiques. Les sectaires sortirent comme un torrent du fond des valles profondes o ils
vivaient depuis
si
longtemps
isols, et se
principales villes du Pimont. Leurs pasteurs, qu'on appelait Barbets, parce qu'ils portaient toute leur barbe, dfiaient les
prtres
audace
messe,
la confession, le
Pape,
le clibat
ecclsiastique.
ne con-
s'attendaient
comme
murs de Jricho au son des trompettes de Josu. Mais leur fougue se brisa promptement. Ils ne renversrent que les croyances dj plus que chancelantes. Un petit nombre de mcrants, qui pratiquaient mal la religion paternelle, allrent eux afin d'avoir un prtexte de n'en plus suivre aucune, et
ce fut tout. Les
mmes
dans ritahe entire. Le protestantisme, aprs vingt ans et plus de complte libert, est parvenu y dfaire des catholiques, mais non y faire des protestants. Ecoutons, sur ce point, dom Bosco lui-mme. Nous demandons si, parmi tous ceux qui ont pass du
cathohcisme au protestantisme, il s'en trouve un, un seul qui ait fait ce changement afin de devenir plus pratiquant du
culte divin et plus vertueux
;
sinon que les catholiques apostats sont tous des moins pieux
et des plus dissolus.
87
but de progresser dans la vertu
tant-l
?
On
ne se trouve point
catholicisme
*.
c'est
l'incroyance
mnent au protestantisme,
des
murs au
Dom
les plus
empresss
opposa brochures
uvre
lui
comme une
obligation.
un de
ses amis
En mettant mes
song qu'
la
douceur proverbiale de ce
sans cesse que, pour
faut avoir la patience
grand saint
pre, le
je voulais
me remmorer
il
d'un
que Dieu
tisme ;
il
De mme
;
autre-
ment je ne
Genve.
Il
;
que ne puis-je l'imiter en tout Les opuscules que dom Bosco publia alors sous le titre d'Avis aux catholiques et de Lectures catholiques, se vendirent deux cent mille exemplaires. L'auteur les runit en aa volume et les fit mettre, par le cardinal Antonelli, sous les yeux du souverain pontife Pie IX, qui lui envoya sa bndiction et tous ses remerciements pour ces excellents petits volumes {volumetti). C'est aussi vers le mme temps qu'il publia l'ouvrage de polmique religieuse intitul Le catholique dans le monde (Il cattolico nel secolo), dans lequel il confondit les
de sa vie
Barbets et leurs allis des socits bibliques.
(1)
Dom
-SSmenait de front la controverse par la plume et par la On nous permettra bien de le citer encore Il y a quelques jours, j'ai eu la visite d'un ministre protestant fameux, dont il convient que je taise le nom. Aprs les compliments d'usage, il me tendit un livre, en disant pluII
parole.
sieurs reprises
cher
Voil
un bon
livre
Gomme
il
!
fait
tou-
du doigt
il
les infamies
de l'Eglise romaine
J'ouvris
le livre,
tait
d'un
nomm
;
Trivier, et renfermait,
sans
exagration, autant de
des allgations, dis-je
mensonges que de
il
paroles.
Gomment?
Voil
))
une infamie que votre reprit mon Dieu, et plus que Dieu? Pape se fasse adorer comme N'est-ce pas une infamie et une idoltrie d'adorer les
interlocuteur, n'est-ce pas
images et
les saints
comme
autant de dieux
N'est-ce pas
une infamie de prohiber la lecture de l'Evangile ? A ce dbordement de quousque tandem^ je le priai paisiblement de me chercher, dans le Hvre qu'il avait en main, ou dans quelque autre, un seul dcret des Papes ou des conciles, un seul passage des saints Pres prescrivant, ft-ce par une seule expression, une des trois normits qu'il me signalait.
Il
,
:
parcourut paragraphes et
Je reviendrai, dit-il, et
,
Oui
allez
rphquai-je
lisez
et si
vous pouvez me prouver les assertions ci-dessus, qui sont acceptes parmi vous comme monnaie courante, je proclaQuoi? sinon.... merai que vous avez raison; sinon....
le
Sinon, je suis
protestantisme vit
ne
l'ai
pas revu
0).
On
de
la
fut
gnralement tonn de
la
vigueur de dialectique et
puissance de persuasion du
jusqu' ce jour
gien et
comme un
saint,
un
(1)
Dom
Bosco,
Il
caUoUao
ml
secolo, p. 431.
89
-.
ils
se
bonhomme, quoique,
pour
du Valdocco,
et n'eussent
nouveaux assigeants. Le dimanche, quelques-uns d'entre eux se postaient sur les divers chemins qui aboutissent l'Oratoire Saint-Louis,
piaient les enfants qui s'y rendaient, engageaient conversation avec eux, et, tantt par flatlerie, tantt par raillerie,
Un
petit
nombre de
,
ou allrent
les
ques-uns suivirent
papisme contre l'exploitation de en particulier par certains prtres enfants pour les abtir et s'en faire des revenus.
et
Quant au
joli
livre distribu,
c'tait
une
diatribe infme
sur la confession.
s'taient laiss
Garpano leur expliqua tous le but et la tactique des sectaires et leur fit promettre de passer dsormais sans les
couter.
Dom
Gomme
preuve de leur
,
docilit
et
de leurs bonnes
Hvres hrtiques et firent une joyeuse flambe. Mais le thologien Garpano alla rendre compte dom Bosco, et, prvoyant que l'attaque serait renouvele, tous deux se
concertrent pour le dimanche suivant.
90
afin de protger leurs camarades plus jeuaes. Ils avaient ordre de n'engager aucune discussion, mais simplement de veillera ce qu'aucun ne se laisst embaucher et ce qu'ils se rendissent tous, directement et sans s'arrter, l'Oratoire. Cependant il y en eut qui ne surent pas se retenir de traiter les
Barbets de marchands de consciences, et leurs quelques adeptes de soldats de quinze sous. Il s'ensuivit un com-
mencement de rixe qui n'eut pas de suite. Mais le dimanche suivant, voyant que c'tait un parti pris de passer sans vouloir rien entendre, et que ce mot d'ordre, donn par le thologien Garpano, tait strictement suivi par
tous les enfants, les Earbets et leurs amis stipendis as-
coups de pierres. Alors les jeunes gens ramassant des cailloux, firent une sortie contre les assaillants et les mirent en fuite. La poUce fut prvenue; mais soit connivence, soit nglisaillirent l'Oratoire
gence dans ces temps troubls, elle n'empcha point les attaques brutales de se renouveler. Un dimanche, pendant que dom Garpano et dom BoreUi taient dans la sacristie
la bndiction,
occups revtir leurs ornements sacerdotaux pour donner deux coups de pistolet furent tirs sur eux
une fentre qui donnait sur la route. Les balles s'aplatirent sur un mur. Des jeunes gens s'lancrent la poursuite des assassins; ils ne purent les rejoindre; mais lorsque ce fait fut connu dans Turin, l'opinion publique indigne obligea la poUce faire un peu mieux son service dans ce quartier isol de la rive du P, et les dsordres ne se
par
reproduisirent plus. Les Barbets laissrent
paix,
dom Garpano en
du jour o
de
ils
ils
Leurs
efforts se
la
tre le chef
n'avaient
pu convaincre
dom
Bosco
Un dimanche de
dom
monter
la
garde
la
91
porte de leur bien-aim directeur pour veiller sa sret. Voici le dialogue qu'ils entendirent et que l'un d'eux a racont.
Le plus g des deux inconnus (on a su depuis que c'tait un ministre vaudois) commena par flatter dom Bosco. Le ministre. Vous avez reu de la nature, monsieur le thologien, un don bien grand et bien rare, celui de vous
faire lire et
comprendre par
le
homme
d'une
que
le
commerce,
sciences?
Dom
mes
Bosco.
la
mesure de
devoir.
que
je croyais tre
de
mon
t bien
accueillies, ce
qui
semble prouver qu'elles n'ont pas t inutiles. Le ministre. Pardon, Monsieur, elles seraient bien mieux
accueillies encore
le
si
d'intresser tout
c'taient des
traits
de physique
ou
cela,
Messieurs?
Dom
Il
est vrai
que
les sujets
que
;
t traits
pour
les savants,
non
pour
le
Le ministre.
tifs
Mais ces travaux ne sont nullement lucrapour vous, nous le savons trs bien; si vous les changiez
vous en tireriez un profit trs considrable et immdiat, au grand avantage de cet Institut si admirable qui reste,, aprs tout, votre uvre capitale. Tenez, si vous voulez bien suivre nos conseils, voil un premier prsent que je suis charg de vous ofTrir (c'taient quatre mille francs en billets de banque),
et ce
ne sera pas
le dernier.
92
Dom
Bosco.
Et
pourquoi voulez-vous
faire les frais
me
donner tant
d'argent ?
Le ministre.
Pour
ment
utiles
votre Institut.
Dom
Bosco.
"Vous m'excuserez,
moment je ne
celui
Messieurs,
je refuse
que
Le ministre.
inutile.
un
travail
Dom
Bosco.
Mais
Messieurs,
Le ministre.
refus ;
fera
Vous
un grand
pourra exposer
Dom
je
Bosco.
Assez,
Messieurs, je vous
et net
comprends....,
la vrit,
ne
crains personne.
En me
faisant prtre
de l'Eglise catho-
vou au bien des mes et en particulier au salut de la jeunesse. C'est dans ce but que j'ai commenc et que je compte poursuivre mes publications, Vous faites mal, et vous nous bravez, s'crirent les
lique, je
me
suis
deux
Qui
sait
Quand vous
sortirez
de votre maison, serez- vous sr d'y rentrer? Ces misrables parlaient sur un ton si menaant, que les
jeunes gens qui taient derrire
la porte la
secourent lgre-
ment
pour montrer qu'il y avait l des gardiens prts intervenir au premier signal. Mais dom Bosco, sans laisser paratre la moindre motion, rpondit gravement On voit bien que Vos Seigneuries ne savent et avec calme pas ce que c'est qu'un prtre cathohque; autrement elles ne
et
l'entr'ouvrirent,
Que nous
fait l'attente
de
la
93
le sort le
mort, quand
elle
plus en-
qu'ils firent
deux Vaudois parurent tellement furieux, un mouvement en avant pour mettre la main sur
se leva, plaa sa chaise entre eux et lui et leur
:
leur adversaire.
Dom Bosco
dit
me
vous voulez employer la violence, je de vous prouver qu'il en cote cher de violer le domicile d'un citoyen libre; mais non un prtre ne doit chercher sa force que dans la patience et le pardon; seulement, il faut que cela finisse. Puis il ouvrit la porte toute grande, et apercevant l le jeune Buzzetti, il lui dit Conduisez ces
froidement
fais fort
Si
messieurs dans l'escalier et jusqu'au portail extrieur, car il m'a paru qu'ils ne connaissent gure l'Oratoire; ils pourraient se tromper (i).
Dom
(1)
su Bots, p. 78^
CHAPITRE
VIII.
IL GRIGIO.
Aux ressentiments de
salsien, et
du
vice,
condiiisait progressivement et
La
vie
en sret.
jour qu'il faisait le catchisme dans sa chapelle,
fusil fut tir
Un
un
coup de
sur
lui,
par
la fentre
ouverte. La balle
mur. Les jeunes gens, effrays, se levrent en tumulte; les plus forts voulaient courir aprs l'assassin. Dom Bosco les calma et dit en regardant sa soutane Ah pauvre soutane, c'est toi qui paies pour moi J'en suis vrais'aplatir contre le
: ! !
ment dsol, car tu es mon unique Une autre fois, un forcen se prcipita
!
sur
lui,
couteau de boucher
la
main.
Dom
et
un norme le temps
de
fermer
clef. L'assas-
guettant sa
gens de l'Oratoire voulaient le dloger coups de pierres et de bton, mais dame Marguerite fit mieux elle alla chercher les gendarmes, qui arrivrent enfin aprs deux heures. Le
:
dom Bosco lui avait pardonn. C'tait exact seulement; en pardonnant, le saint prtre n'avait pas eu la
sous prtexte que
;
faiblesse
96
pardonne comme chrmais comme citoyen et comme chef d'institution, je rclame la protection des lois de mon pays. Le magistrat, probablement un courtisan de la canaille, fit semblant de ne pas comprendre la distinction. Inform de cette capitulation encourageante pour de nouveaux attentats, un ami de dom Bosco alla trouver l'assassin et lui demanda quel motif il avait de vouloir le tuer. Aucun, si ce n'est les quatre-vingts francs qu'on m'a donns. Quatre-vingts francs pour tuer un homme Et si je vous en donnais cent soixante pour le laisser tranquille? Ce serait juste le double, reprit le brigand, qui savait compter; en ce
de
solliciter l'impunit. Je
Le pacte fut conclu mais voil de quels honteux marchandages dpend la scurit des citoyens, l o la justice s'abandonne. On devine les inquitudes de dame Marguerite, chaque fois que son fils tait dehors et tardait rentrer. Elle ne le laissait plus sortir sans la compagnie de deux ou trois de ses jeunes gens. Ceux-ci voulaient prendre des armes; dom Bosco ne le permit jamais Ce n'est pas coups de fusil qu'on remporte des victoires du genre de celles que nous
;
:
cherchons,
Si
disait-il;
tenons-nous-en
la parole
du Matre
'
on vous frappe sur la joue droite, prsentez la gauche, et celui qui vous te votre tunique, abandonnez encore votre manteau. Mais la charit n'exclut pas la prudence. La maison de l'Oratoire tant isole au milieu des prs et sans mur d'enceinte continu, dame Marguerite fit mettre une petite barrire de fer au pied de l'escalier, afin de fermer le passage qui, par le balcon, donnait dans la chambre de dom Bosco. Elle fit mme venir de Chleauneuf son autre fils, Joseph, pour protger le trop charitable Jean, qui, en dpit des remontrances et des suppHcations, sortait toujours et ne savait se refuser aucun appel. Un soir on sonne l'Oratoire et l'on prie dom Bosco de ve-
97
nir confesser une malade qui touche ses derniers moments. Le bon prtre part, mais Marguerite fait signe quatre tu-
diants de le suivre.
La petite troupe arrive une maison de pitre apparence. Deux des jeunes gens restent dehors; les deux autres montent; mais dom Bosco les oblige demeurer la porte de la chambre. Il entre seul, s'approche du lit et remarque que, pour une mourante, la malade a le teint singulirement allum. Il commenait l'interroger
La nuit
tait noire.
s'teint;
la
pice est
Dom
il
reoit
un coup de bton
qui,
heureusement, glisse sur l'paule. Sans perdre sa prsence d'esprit, il saisit une chaise, s'en coiffe la tte, et cherche ttons la porte par laquelle il est entr; pendant ce temps,
les
coups deitins
lui
fendre
le
crne pleuvent
comme
grle sur son casque improvis. Mais voici que la porte s'ouvre avec fracas; les deux 'jeunes gens, qui, eux aussi,
Une
tait
11.
Bosco remarqua que sa main touch aucun hquide, pensa-thumide. Je n'ai pourtant
fois
dans
la rue,
dom
C'tait le
qui l'avait
bien protg.
n'avait
que
cette blessure,
mais
il
en porta longtemps
la
cicatrice.
L'histoire rencontre
ici
un de
reportent aux
de sainte Marie
Egyptienne, les loups apprivoiss que saint Franois d'Assise appelait mon frre loup ; ct d'eux elle mettra le chien
mystrieux, protecteur de
dom
Bosco.
?
D'o venait-il
et pas plus
et quel tait
son matre
;
les autres
mais
DOM BOSCO,
98
de
terre, et
s'il
tait sorti
gnra-
Pour ne rien exagrer ni amoindrir, nous emprunterons le rcit d'un des lves de dom Bosco, M. Buzzetli, coadjuteur salsien et inspecteur des ateliers des arts et mtiers. Ce narrateur est un tmoin fidle. Plus jeune, il faillit donner sa vie pour son matre et bienfaiteur. Il dtourna un pistolet dirig sur dom Bosco et reut sa place une balle qui lui enleva l'index et une partie du pouce de la main droite; il est mme probable que, sans ce glorieux accident qui le rendit impropre clbrer la
disparaissait
ensuite.
messe,
il
serait entr
dans
l'tat ecclsiastique.
Dom
Bosco,
dit-il,
une
heure avance de la soire, soit parce qu'il avait t retenu auprs d'un malade, soit parce qu'il s'tait attard au sein
d'une famille sduite par les hrtiques et qu'il voulait dtromper. Alors, sans songer sa sret personnelle,
mettait en route pour redescendre au Valdocco,
les nuits les plus
il
se
mme
par
sombres. Le terrain
ser, aujourd'hui bord de fabriques et clair au gaz, tait alors ingal, coup par des fondrires et bord c et l
que la pauvre bte remuait la ne voulait que le caresser, il la laissa approcher et lui rendit sa caresse. Le fidle animal l'accompagna jusqu' la porte de l'Oratoire, sans vouloir y entrer. Depuis lors, chaque fois que dom Bosco s'attardait et ne rentrait pas de jour, il voyait surgir auprs de lui, d'un ct ou de l'autre de
fiance; mais ayant observ
queue
et
la
route,
le
Gris
[il
de cet
norme
chien. Souvent
maman
Marguerite, inquite
du retard
de son fils, envoyait sa rencontre quelqu'un des jeunes gens de l'Oratoire; j'y suis all moi-mme et je me souviens
fois,
ma
dom
))
Bosco.
trs
brumeuse
et trs obscure,
dom
de de
la la
A un
le
certain point
route
il
s'aperut que
deux hommes
prcdaient
peu de distance et qu'ils rglaient leur pas sur le sien. Il comprit qu'ils taient anims de mauvaises intentions; aussi se dirigea-t-il vers une maison habite pour y chercher nn refuge. Il n'en eut pas le temps l'un des deux hommes lui jeta brusquement un manteau sur le visage. Dom Bosco voulut crier au secours; on le billonna avec un mouchoir. Notre
:
pauvre directeur se croyait perdu, quand tout coup on entendit un hurlement terrible, moins semblable l'aboiement d'un chien qu'au grognement d'un ours en furie. C'tait le Gris (il Grigio). Il s'lance sur un de ces brigands et le
force se tenir sur la dfensive, puis
qu'il
il
mord
se tient
immobile en continuant de gronder sourdement. En ce moment, les deux misrables, pouvants leur Mais rappelez donc tour, demandent grce et s'crient
:
Je
,
le
rappellerai,
dom Bosco, qui s'tait dbarrass de son billon, mais condition que vous passiez votre chemin et que vous me laissiez suivre le mien. Oui nous nous en allonS; mais retenez le chien, w
Alors
dom
Bosco rappela
il
Un
autre soir,
comme
il
et lui
tira
avec
il
dom Bosco pour en finir d'une autre manire; mais l'instant mme survint Grigio, qui assaillit l'assassin par derrire et le mit en fuite.
lui
100
Dans une dernire circonstance, il Chigio le dfendit contre une attaque plus redoutable encore, celle d'une vritable bande de sicaires. Il faisait pleine nuit dom Bosco traversait la place de Milan, aujourd'hui place Emmanuel-Philibert tout coup il s'aperut qu'il tait suivi par un homme arm d'un norme gourdin il doubla le pas, dans l'esprance de gagner l'Oratoire avant de pouvoir tre rejoint. Il tait dj parvenu au commencement de la descente, quand il aperut dans le bas, un peu plus loin, plusieurs autres malfaiteurs. Alors il attendit celui qui tait derrire, et lui donna avec tant de dextrit et d'adresse un coup de coude dans la poitrine, que ce malheureux tomba comme mort en poussant un cri d'angoisse. Mais ses camarades accoururent autour de dom Bosco, en le menaant avec leurs btons. A l'instant mme surgit le fidle Grigio, qui se mit aux cts de son protg en aboyant, en hurlant, en s'agitant avec une telle furie que ces misrables, craignant d'tre mis en pices, prirent
;
dom
la
Bosco de l'apaiser,
et
aprs l'autre.
Dom
un
porte de l'Oratoire.
Mais voici
fait
une
sorte d'intuition
dom
de
faire,
dans
la soire
pour
Maman
s'effora
il
der
cependant
il
de
la rassurer, prit
son chapeau,
il
ouvrit la porte, et
allait sortir,
quand
!
il
trouva
Grigio
couch tout de son long sur le seuil. Oh tant mieux, s'cria" t-il, nous serons deux au lieu d'un, et en tat de nous d fendre. Et
il
lui
montra
;
ne l'entendait pas
et faisait
ainsi
il
Deux
dom Bosco essaya de passer outre, et deux fois chien l'empcha de traverser le seuil de la porte.
fois
La bonne Marguerite
s'cria alors
Vous voyez
bien,
))
101
chien est plus raisonnable que vous; si vous ne m'coutez pas, coutez-le. Sur le refus du chien
fils,
mon
que
le
de
faire place, et
dom
Bosco
finit
d'heure aprs, un de ses voisins venait l'avertir de prendre garde, et lui dire qu'on avait vu rder non loin de sa porte
trois
l'air
de
Un
;
dom
il
Bosco
tait
prtres,
toire
quand
Ne
lui faites
pas
de mal,
c'est le
chien de
dom
Bosco
mnent au
table,
il
s'approchent, l'entourent, lui font mille caresses, et enfin le rfectoire. L, aprs^un premier regard jet sur la
Grigio en fait le tour, et va tout joyeux auprs de
lui offre
dom
tout,
Bosco, qui
tement dsintress. Mais enfin, que veux-tu donc? Le chien lui rpond en secouant les
queue. En
sur
oreilles et
mme
en
le
temps,
il
lui
la table,
regardant d'un il
satisfait et
il
sort par
qu'on st d'o
il
On
le revit
fois,
du 12 fvrier 1883. Dom Bosco, accompagn de dom Durando, un de ses prtres, se rendait l'tablissement que les Salsiens
possdent Vin ti mille, dans les faubourgs. Son arrive n'ayant pas t annonce, personne ne l'attendait. Les deux voyageurs
s'engagrent seuls dans une route assez longue, qu'ils ne connaissaient ni l'un ni l'autre et qui, de plus, se trouvait d-
102
Ils
oii
Ce
qu'un norme
chien parut.
Dom Durando fut effray Prenez garde, mon pre, prenez garde caressait l'animal, qui remuait Mais dom Bosco
I
la
queue
/....
et
lui.
On
dirait
il
Grigio
Mais
vraiment
mme
taille,
mme
couleur,
c'est lui,
ou
quelque autre qui lui ressemble, peut-tre son fils. Voyons, si tu es vraiment celui que j'imagine, tu vas nous tirer de l,
mon vieux
taine
suivi.
Grigio,
Le chien,
s'lance dans
une cers'il
direction,
est
marche de ce ct-l. Son compagnon, avec moins d'assurance, prend la mme direction. Bientt ils arrivent la porte de la maison qu'ils cherchaient.
Bosco n'hsite pas
sonnent, on leur ouvre; l'animal entre avec eux et reste
Dom
Ils
rder quelque
refusant,
tu
temps autour de
la table
du souper, mais en
comme
ne veux rien accepter, lui dit dom Bosco, retourne l'endroit d'o tu viens mais auparavant n'oublie pas d'tre poli et de saluer les convives. Le chien obit, toujours comme jadis, adressa un gracieux signe de tte chacun et dispa;
rut
(1).
(1) Extrait
auquel
dom
d'une lettre de M. l'abb Aumenir, cur de Farges, par Baugy (Cher), Bosco a fait lui mme ce rcit le 6 septembre 1887.
CHAPITRE
ACQUISITIONS ET CONSTRUCTIONS.
IX.
ET l'eX-ABB de SANCTIS.
Dom
Bosco
tait locataire
depuis
1846
quelles
il
Un beau dimanche de
fvrier 1851,
lui
il
vint
demanda
;
combien
il
offrait.
fr.,
rpondit
dom Bosco
la pr-
vaut 26 28,000
fr.;
que je puis faire. L'cart tant de 50,000 fr., il semblait que l'on ft plus loin que jamais de pouvoir s'entendre. Mais subitement Pinardi se
c'est tout ce
ravisa
30,000
fr., c'est
pour
rien....
fr.,
comme
pingles
Va pour 500 d'pingles. Et vous paierez comptant Je paierai comptant, dans quinze jours.
fr.
?
ma femme ?
main
;
im
s'cria
fr.
Eh bien, march conclu, Pinardi, qui se ddira paiera 100,000 J'accepte, rpliqua dom Bosco, qui
l'autre.
avanant la
prit la
main tendue
vers la sienne. Et cette laborieuse ngociation, qui tranait depuis cinq ans, fut termine ainsi en quelques minutes.
dom Bosco n'avait pas les 30,500 fr. difficult restait Mais Pinardi venait peine de sortir que dom Gaffasso, le pre spirituel de dom Bosco, apporta 10,000 fr., don de la
Une
:
comtesse Gasazza l'Oratoire. Le lendemain, un Pre Rosminien vint consulter dom Bosco sur le placement d'une somme de 20,000 fr., qui le placement lui tait confie. Je les garde, dit dom Bosco
;
chez moi portera intrt double d'abord celui que je vous compterai chaque anne, ensuite celui que vous paiera la divine Providence et qui dpassera, croyez-moi, cent pour
:
cent.
Le Pre Rosminien, qui avait mandat de faire une bonne uvre au moins autant qu'une bonne spculation, se laissa
persuader.
Du
reste,
en consultant
dom
Bosco,
il
avait bien
ne restait plus trouver que 500 francs et les frais. Le banquier Cotta les prit sa charge. Une deuxime afi'aire, moins importante par le chiffre,
Il
mais plus srieuse encore sous le rapport moral, fut conclue peu de temps aprs. Dom Bosco acheta l'auberge dlia Giardiniera, dont le voisinage, depuis tant d'annes, l'empchait en quelque sorte
de dormir.
Il
l'ajouta l'Oratoire.
Comme
sa
mre
lui
exemples
Mre,
dit
et
de l'odeur de vice
aptre
l'infatigable
nous allons maintenant reconstruire la maison de la prire et de la vertu le hangar Pinardi est absolument insuffisant et il devient indigne, ds lors que nous pouvons mieux faire ; je veux donc lever une belle glise, et nous la mettrons sou?
;
le
lOS
Mais
Mre,
o prendras-tu l'argent
demanda
la
bonne Mar-
guerite; tu sais bien que nous n'avons rien.... que des dettes.
neriez-vous?
Certes, je assez prouv que oui, mon pauvre Jean. Eh bien, mre, supposez-vous que bon Dieu
t'ai
le
soil
?
qu'il
bon Jean, conclut la mre. Nous allons prier et faire prier les mes innocentes que le bon Dieu a mises sous notre garde. Aprs tout, si nous sommes imprudents, c'est par amour pour lui. Il n'y eut pas plus d'imprudence pour cette entreprise que pour les autres. La premire pierre fut pose le 21 juillet, et
la
manque de
ressources
Le
et
soir
mmiorable,
:
dom
projet
veux
remplacer
les
remplac
Et
le
masures o grouillent mes enfants, comme j'ai hangar o pataugeait, les jours de pluie, le ser-
vice divin. M
commena, tout prs de la nouvelle glise un vaste deux tages, non compris le rez-de-chausse et les L'argent ne nous manquera pas, rptait-il sa sous-sols mre; un prtre qui dpense largement pour Dieu et les pauvres reoit largement il devient le canal des aumnes des fidles, et vous savez qu' mesure qu'un canal se vide d'un
il
,
difice
ct,
il
se remplit de l'autre.
De
fait, les
qu'au nouveau
Victor-Emmanuel, jusqu'au modeste et le monde lui envoyait son ofi'rande. Non content de transmettre tous les ans son frre et sa mre, quoiqu'il ne leur dt plus rien, une partie de sa rcoke, Joseph qutait pour eux auprs de leurs parents et de
leurs compatriotes.
que
dom
Il recevait avec empressement les enfants Bosco conduisait parfois aux Becchi pour leur faire
106
prendre un peu de vacances, et jaloux de conserver les traditions hospitalires de la maison, jamais il ne voulut accepter d'tre indemnis de ses dpenses.
Un jour
ter
et,
qu'il passait
deux veaux au march de Moncalieri, il s'arrta l'Oratoire touch de la pauvret dont il fut tmoin Tiens, dit-il
:
son frre, en lui vidant sa bourse dans les mains, voici trois
cents francs
toi ?
je regrette
de ne pouvoir t'en
toi
offrir
davantage.
j'achterai
mes veaux
Dom
J'accepte, dit-il,
cela.
Bosco l'embrassa avec des larmes de reconnaissance. mais seulement titre de prt. Non, non, rphqua Joseph, tu as assez de dettes comme
Tes enfants feront une prire pour
les
miens, et je m'es-
Et
il
Dom
ne voulut pas qu'on lui reparlt de cette somme. Bosco avait une confiance toute particulire dans
;
les
prires de l'enfance
il
mander aux
et
nombreux
bienfaiteurs,
on
le savait.
que le comte R. d'Agliano vint l'Oratoire demander des prires pour sa femme, qui tait gravement malade. En mme temps il remit dom Bosco une somme qui tait prcisment la moiti de
Ja
Un jour,
note du pain
le
celle
Les enfants et leur bon matre se mirent en prires, on devine avec quelle ferveur. Trois jours se passrent;
le
comte
d'AgUano reparut
Merci,
Mais, s'exclama dom Bosco, moi plutt de remercier. Mon Pre, comte,
reprit le
mon
me
semble que
s'est
c'est
ma femme
trouve
;
mieux du jour o vous et les vtres avez pri pour jourd'hui les mdecins rpondent de sa gurison.
elle
au-
Il
107
gale la premire, et le
remit
dom
Bosco une
somme
ou internat, prs de
l'glise
neuve,
tait
peu prs
du 2 au 3 dcembre 1852, la suite de pluies diluviennes, tout l'difice s'croula. Ce fut maman Marguerite qui la premire
termin, et habit dj
la nuit
s'veilla
la
heu du sinistre. Les enfants moiti nus, la plupart envelopps seulement des couvertures de leurs lits, sortaient en dsordre en poussant des cris de terreur. L'un se sauvait par la cour et tombait dans un bourbier,
hte, elle accourut sur le
l'autre
voisins,
un troisime
s'abritait l'glise et se
autels.
Leurs
viril,
cris n'taient
fracas de
murs qui
un
rassembla tout ce petit peuple affol, tribua du mieux qu'elle put dans l'ancien btiment,
courage
le dis-
et resta
debout toute
taille.
la nuit,
comme un
si
gnral sur
le
champ de
ba-
Quant
dom
tait rest, et
comme
par force
mre pour
l'obliger
demeurer
pour
auprs
Il
On en
fut quitte
btir
'
Mais o l'intrpidit de la mre et du fils clata au point de forcer l'admiration des jaloux et de dsarmer les ennemis, ce fut dans l'pidmie de 1854.
Le cholra asiatique
fit,
quelque chose de foudroyant. La ville de Gnes compta cinquante victimes par jour, elle seule, et cela durant plus de
deux mois.
A
laire
se fermrent, tout
grande que toutes les boutiques fut suspendu. Une erreur popuaugmentait l'pouvante on croyait la maladie contasi
commerce
108
que les mdecins tuaient les malades en leur faisant prendre une boisson empoisonne, qu'on appelait acquetta, afin de hter leur mort et de prserver ceux qui n'taient pas encore atteints. Les riches fuyaient vers les montagnes. Le flau les y suivait
et tendait
sans cesse
s'il
le cercle
sons abandonnes,
sans secours.
tait rest
On ne
le
trouvait
mme
Le quartier
les familles,
mes,
et
il
Dom
du
les
cholra.
murs en dedans
la
un sur-
de dpenses.
s'effora surtout
de purifier sa
en holocauste,
Vous avez
le
!
dit,
;
Seigneur, que
le
bon
vous-mme vous en
pasteur, acceptez
mon
sacri-
mais pargnez
les brebis
exauce, elle ne le fut heureusement que dans sa dernire partie. Mais on remarqua, tant que dura le flau, un redoublement de ferveur dans tout l'Oratoire. Aux mesures de prcaution et aux sentiments de rsignation succda la lutte directe; elle fut hroque. Les hpitaux tant devenus insuffisants, la municipaht de Turin tabUt des lazarets. Dom Bosco accepta avec empressement la direction de celui du Valdocco. Il adressa ses jeunes gens un chaleureux appel Voici, leur dit-il, le moment de rendre au prochain les bienfaits que vous avez reus de lui. O seriez-vous, du moins la plupart d'entre vous, sans la charit chrtienne? Quel et t votre avenir devant Dieu et
Si cette prire fut
:
devant
les
hommes? Une
109
dvouement pour dvouement; venez m'aider sauver ces malades abandonns de tous, comme plusieurs d'entre vous le furent jadis, et si quelqu'un doit succomber dans cet exercice de la charit, quel bonheur, mes enfants Mourir pour
!
mourir martyr
telle?
et
avec
la certitude
d'obtenir la palme
immor-
Ds
le soir
Il
mme
position.
s'en prsenta
les
Dom
seulement
Bosco leur donna ses instructions pour suppler non les mdecins du corps, mais ceux de l'me, en
attendant l'arrive du mdecin ou du prtre, et durant quatre mois on vit ces jeunes infirmiers se multiplier et au lazaret et
dans
les
maisons particulires. Lui-mme tait partout la connut et enregistra le nombre des malades
avec
la religion et la socit, et
il
des mourants
se jetait tout
auxquels
il
ainsi
dom
mme
nuit i'\
Maman
les combattants.
chaque instant on sonnait sa porte pour c'tait une adresse de malade qu'on signalait avec instances c'taient des orphelins qu'on amenait ou qu'on venait recommander; c'taient de pauvres gens pour lesquels les jeunes infirmiers de l'Oratoire venaient
demander secours
des chemises.
Maman
sa garde-robe,
et tant
donna. Le flau svissait toujours, que dj elle et les siens ne possdaient pluS; en fait de linge, que ce qu'ils avaient
sur
le
finit
de sa
der-
(1) Il
zle, ainsi
convient d'ajouter que le clerg paroissial dploya aussi que les Dominicains, les Oblats, etc.
le
plus grand
nire, je
la
no
les dbuts de pouvons-nous garnir et habiller le bois sur lequel nous mangeons, lorsque les pauvres, les membres de Jsus-Christ, sont dcouverts et
m'en
longtemps dans
nus?
fit
Elle
plus,
elle
d'autel, jus-
messe
fils,
mais
pour ce don,
elle
demanda
l'autorisation
de son
qui la lui
On
lches, qui sautent sur ceux qji leur tournent le dos et re-
La seule personne
qui,
un
instant, parut
Bosco lui-mme. Il se soigna dans sa chambre, sans vouloir alarmer ni dranger personne, se frictionna vigoureusement, se recomfrappe, fut
dom
manda
Dieu et s'endormit rchauff et baign de sueur. On ne sut que le lendemain quel danger il avait couru. Un Te Deuvi d'ac'ions de grces fut chant dans l'ghse de
Pie IX,
comme dogme
Dom
Bosco
fit
<ance.
Son loquence
elle allait au mais nourrie de doctrines sohdes et saines cur, parce qu'elle venait du cur; comment n'tre pas gagn par des sentiments qu'il prouvait si vivement tout le
qu'il et
le voir et l'entendre. Il
lui,
y eut des
fils
On remarqua
de
feu le marquis, mais
\\i
non
Ils
hritiers
l'uvre salsienne.
Giovane
j^i^o-
de toutes
mais de
la
Napolon
III,
et se prparait
mettre
le
de l'Europe, tant de pit avait de quoi surprendre. Il convient toutejfois, mme l'his'.oire, de se garder des jugements
tmraires. Dieu seul es- juge; seul
il
ne voit que des inconsqueDces, ou tout au plus des faiblesses et des lchets, dans ces abmes des contradictions humaines qui nous apparaissent comme
bien souvent peut-tre
il
des hypocrisies.
Dom
son
Vers
petit peuple.
mme
temps
il
renomm des
de
la
polmique doctrinale
et
comit
de
la
la
suprme magistrature de
dom
Bosco, qui
Monsieur,
Depuis quelque temps j'avais form le projet de vous de vous faire connatre mon vif dsir de vous parler et de vous offrir tout ce qu'un ami sincre peut offrir
crire, afin
un ami.
Mon
j'ai
cru
y dcouvrir une
vritable
J'apprends
112
maintenant, par certains articles de journaux, que vous tes en dsaccord avec les Vaudois; je viens donc vous inviter venir chez moi quand vous le trouverez bon. Et pourquoi faire? Pour faire ce que le Seigneur vous inspi-
Vous aurez une chambre votre disposition, vous parma modeste table et nous prendrons en commun la nourriture du corps et celle de l'esprit. Il va sans dire que vous n'aurez rien dbourser. Je suis heureux de pouvoir vous exprimer du fond de mon cur ces sentiments amicaux. Si vous pouvez connatre combien mon amiti pour vous est loyale et juste, vous accepterez mes propositions, ou tout au moins vous voudrez bien comprendre le sentiment qui lsa dictes et y rpondre. Paisse le bon Dieu seconder mes dsirs et faire de nous un seul cur et une seule me, pour ce Matre qui saura rcompenser dignement ceux qui l'auront servi pendant leur
rera.
tagerez
vie
ami en Jsus-Christ
'prtre.
Jean Bosco,
1854.
Turin, Valdocco, 17
novembre
Cette lettre
remua dans
rpondit
le
de Sanctis.
Il
lendemain
Monsieur,
Vous ne sauriez jamais vous imaginer l'effet qu'a produit sur moi votre si amicale lettre d'hier. Je n'aurais jamais cru trouver tant de gnrosit et d'affabiUt dans un homme qui m'tait ouvertement hostile. Nous n'avons pas nous le dissimuler entre nous vous combattez mes principes comme je combats les vtres mais en mme temps vous me donnez une preuve d'amour sincre en me tendant la main au jour de l'afiQiction. Vous prouvez ainsi que vous connaissez la pratique de cette charit chrtienne que tant d'autres savent si
:
comme un don
qu'elle a faite en
il.-
mais
la
profonde impression
En attendant, prions l'un pour l'autre afin que Dieu nous runisse....
s'effacera difScilement.
moi
Des
trs
dom
il
Bosco, la mari.
vux,
tait
Dom
la
femme
Lumire vanglique Pendant de dire dans son journal que les Vaudois traitent M. de Sanctis de la manire que chacun sait, le prtre catholique Jean Bosco lui adresse une
la
de charit,
et l'invite
partager avec
!
rhabitation.
Honneur
qui le mrite
remarqu de mme depuis, dans le schisme des Vieux catholiques et dans l'essai d'Eglise catholique nationale Genve, que gnralement ceux des prtres apostats qui se sont
On
venue l'heure de
ou
la dsillusion, tandis
que
Un
l'orgueil
de
l'esprit,
ou au
dsordre des sens. Tant que ce dernier n'a pas reu de conscration dfinitive et irrvocable,
il
y a
lutte
dans
le
cur
du malheureux,
et l'on
peut esprer.
Mais la gnrosit de
dom
mer
les colres
contre
lui.
Depuis ce jour
hrtiques ces;
ils
s'en tinrent
aux armes de
la
homme
comme
Un dimanche de
mme
anne
dom
il
Bosco
faisait,
ne se bornait pas faisait de frquentes excursions dans le domaine de l'histoire. Il venait de parler des perscuteurs de l'Eglise, lorsqu'un petit garon se leva et demanda poser une question. Sur un signe affirmatif du 8 COH BOSCO.
dogme
et
la
morale, mais
catchiste,
114
l'enfant s'exprima
en envoyant en exil le pape saint Clment, que faut-il penser de notre gouvernement nous, qui a exil notre archevque, M^' Franzoni ?
Si Trajan
injustice
commit une
La question
tait
compromettante;
l'enfant,
dans sa navet,
Dom
:
Bosco s'en
tira
connues
Mon ami, rpondit-il, Trajan commit une injustice; tous ceux qui perscutent l'Eglise commettent une injustice, et de plus une imprudence, l'obissance Dieu et ses lois tant le plus sohde appui de l'obissance aux princes et aux lois humaines voil la thse. Quant l'application aux temps actuels,
;
cen':
ans
alors
que
le
l'histoire;
l'autorit,
contentons-nous, pour
moment, de
respecter
rehgieuse.
insista l'enfanl, si
vous
tiez l'archevque?
l'archevque, et toi
non
plus,
mon
petit
ami; en attendant que tu le sois, occupe-toi de tes leons pendant la classe et de tes billes pendant la rcration. Le ton dcisif sur lequel fut donne cette rponse, qui tait un ordre^ ne permettait pas la rplique. On devait croire
l'incident clos.
Il
ne
l'tait pas.
Dans
la cour,
taille et
manire
la fois
tir.
On
comme
sdiroi:
gouvernement du
contrler?
Vous
Bosco.
tiez
me
demanda
dom
H5
Peut-tre. Mais Monsieur, voudriez-vous me dire qui l'honneur de parler Je suis Urbain Ratazzi, prsident du conseil des ministres. Quoi s'exclama dom Bosco en pimontais dialecte
alors,
j'ai
?
!
qu'il
employait quelquefois
!
comme
sa mre, coul
gran Rostaf!
flatt
fois,
ce grand Ratazzi
Lui-mme, reprit son interlocuteur videmment de ce tmoignage naf d'admiration mais, encore une
;
je m'applaudis
de ne m'tre pas content votre gard d'un rapport de police, et vous n'avez rien craindre de moi. Je vous remercie, monsieur le ministre, de l'honneur que j'ai eu, sans le savoir, de vous faire le catchisme, dit en riant dom Bosco Votre Excellence mettrait le comble sa bont si elle me permettait d'ajouter un mot.
Parlez.
-^
J'ai
dit
que
le
le
plus
solide appui
civiles,
c'est
demeura
un ton dgag
me
n'ait
mon
pour vous montrer que je tiens votre estime. Le ministre et le fondateur de l'Oratoire prolongrent
tretien durant plus d'une heure. Ratazzi
la
l'en-
demanda
visiter
maison
et
fit
moyens
et les ressources
au pouvoir,
ministre.
et qu'il
le
deux hommes
si
dissem'
convaincre
le
lui
l'amener
Le prtre voulait absolument ministre de l'excellence de sa mthode et promettre de l'appliquer dans toutes les prisons
chons-nous prvenir
ce sera plus
le
116
le
rprimer
humain et moins coteux. Chacun de nous trouve dans son cur en naissant le germe de tous les vices, et
aussi de toutes les vertus; c'est l'ducation de dvelopper
les
bons
l'enfant;
elle la
jire
moVe prend
alors
;
on
il
le brisera
On
parle d'ducation
faut l'du-
le
got qu'on en
a.
Pensez-vous,
qu'un
du devoir
selle
un homme
homme
nos actes pour les punir ou les rcompenser; un homme lorm en outre, par la pratique, aimer ce Dieu, voir en lui un pre autant qu'un juge, aimer les autres hommes parce que Dieu l'ordonne ainsi et que nous sommes tous frres; un homme habitu se vaincre, lutter sans cesse contre ses instincts pervers, pensez-vous qu'un pareil homme puisse tomber dans le vice ou, s'il y tombe, s'y
trouver bien et ne pas chercher en sortir? Faites des chrtiens,
monsieur
le
fait
des citoyens
faciles
conduire; et
parviendrons jamais,
si
tous les
hommes
et
taient de
juges et prisons, et
incorrigibles.
mme
police et
armes permanentes.
le prtre; je
Le ministre
Peut-tre,
objectait qu'il
y a des natures
rpondait
mme pour
on peut m'oc-
socit
ne sont videmment pas choisis dans TUte de la eh bien, il y en a quatre-vingt-dix sur cent qui, pris
Les dix autres
temps et avant que les mauvaises habitudes aient t contractes, subissent la transformation salutaire.
rsistent; je
H7
la tristesse dans l'me; mais, en garde encore la conviction qu'ils emportent les renvoyant, je quelque chose de mon enseignement. Oui, ils auront des remords dans le dsordre et ils sont capables de regretter leurs
m'en spare,
crimes, ne ft-ce qu' l'heure invitable qui les enverra, et nous aussi bien qu'eux, monsieur le ministre, devant le tribunal suprme. Ces raisons impressionnaient vivement Ratazzi. Il promit k dom Bosco de faire adopter son systme dans les prisons et maisons de correction. Le Bulletin salsien, qui nous donne ces dtails, ajoute que s'il ne ralisa pas compltement cette promesse, c'est qu'il manqua du courage ncessaire pour expliquer nettement et dfendre ses propres convictions. Mais il donna au fondateur de l'uvre salsienne un tmoignage public et bien singulier de sa bienveillante confiance. En mai 1855, dom Bosco prcha aux dtenus de la principale prison de Turin, appele la Gnrale, une retraite de huit jours qui donna les fruits les plus admirables. Trois cents et
plus, sur quatre cents, s'approchrent des
sacrements avec
marques de la pit la plus sincre. Le prdicateur, profondment touch, se demanda ce qu'il pourrait faire pour rcompenser tous ces chers pnitents. Il alla trouver le directeur de la prison et lui proposa de donner un jour de Hbert
toutes les
tous ceux qui avaient fait leur retraite.
Un
jour de libert
s'cria-t-il,
Une
fois
dehors, pas
;
un de mes vilains oiseaux ne reviendrait en cage il faudrait mettre en campagne, pour les rattraper, tous les carabiniers du royaume.
Bosco
je les connais
je
sais
d'honneur, leur conscience, et, sans qu'il soit besoin de gendarmes, pas un ne me faussera compagnie. L'honneur de petits voleurs, la conscience d'apprentis assassins
:
dom
Bosco
tait foui
~ H8 Le directeur leva
davantage.
Il
entendre
Bosco.
le
dom
Sa stupeur redoubla lorsque la ptition lui revint avec Accord, suivi de la signature de Ratazzi.
Il
mot
courut au ministre pour dcliner personnellement toute responsabilit. Le ministre, aussi fou que les autres, lui dit
que c'tait une exprience qu'il voulait faire. Pendant ce temps, dom Bosco haranguait son effrayant bataillon. Il le prit par les sentim.ents dont il avait parl; tous jurrent qu'ils ne feraient rien pour s'vader; les plus grands dclarrent qu'ils se chargeaient de chtier ceux qui tenteraient
le
aprs la messe. Plusieurs centaines de prisonniers traversrent les rues de Turin, en bon ordre, radieux et libres, sous
la
homme.
aux jardins royaux de Stupinigi.
c'est si
Dom
Le
par
Bosco
les conduisit
doux le grand air, la en a t longtemps priv! Gomme dom Bosco paraissait un peu fatigu de la marche, ils s'empressrent autour de lui, dchargrent un ne portant
travers
promenade
champs, quand on
des provisions qu'ils prirent eux-mmes sur leurs paules, et hissrent le bon Pre sur l'animal. Ils se relayaient pour
tenir la bride
auquel
ils
Le
soir, les
un ne manquait
le
l'appel.
Dom
de
lui
ministre et
y a chez vous, aptres de Dieu, une force morale plus grande que toute la force matrielle dont nous disposons. Vous pouvez persuader et dompteiles curs ; nous, nous ne le pouvons pas, c'est un domaine
En
rserv.
CHAPITRE X.
DOiM BOSCO
On en un besoin urgent, mais la fracheur des murs ne permettait pas de les habiter immdiatement sans danger. Que faire? Impatient de recevoir plusieurs enfants qui lui taient offerts et qui, s'il ne les acceptait pas, allaient passer encore de longs mois dans la misre et l'abandon, dom Bosco deruines, furent termins l'entre de l'hiver de 1856.
avait
manda
l'industrie ce
il
que
la
nature
lui
aurait
fait
trop
attendre;
fit
chambres
neuves et, fentres ouvertes, chauffa jour et nuit jusqu' ce que l'humidit et disparu. L'opration russit si bien que,
la fin de novembre,
la
et
reut
Tout tement
ble.
ateliers,
ces
comme
La reconnaissance inondait le cur de dom Bosco, et rien n'et manqu son bonheur si la sant affaiblie de sa bienaime et sainte mre n'et jet sur toute la maison un voile de
cristesse inquite.
Ah!
ridors
di^nit
la
allumer les
pauvre vieille,
120
humbles chambrettes o l'on avait t si gn, mais si pieux et si heureux. Avant de s'en loigner, les grands s'arrtaient avec amour contempler une fois
encore, pour se les bien graver dans la mmoire, quelqu'une
ils
dans
la
journe,
dame Marguerite
travaillant et
sur le dner, en
l'aider,
mme
trs
:
le petit
mais
prends un couteau, tu vas m'plucher ces lgumes; Pater noster, qui es in clis; toi, cherche du bois, cours!
tel,
Un
sanctificetur.... ^uiSy se
penchant lafentre
voilmon Unge
me
le
Ah
Toi, va voir
que de te raccommoder? Fiat voluntastua.... Bosco est rentr; il s'en donne trop, le cher homme.... cependant, vous savez.... il ne faut pas vous scandaliser de mes paroles inconsidres, mes enfants quand c'est pour le bon Dieu, on n'en fait jamais trop;.... sicut in
si
dom
clo et in terra.
C'tait ensuite le
moment du
dner
loppe d'un large tablier, une grande cuiller en main, distribuait la soupe tous ces affams qui tendaient leur cuelle,
ne disaient que bien rarement assez. Les enfants, pour manger, allaient s'asseoir et l dans la cour (il n'y avait pas
et
:
l'cuelle,
un
!
A une
fentre ct se montrait la
A moi A dom Bosco,
dom
moi!
criaient les
:
srieux et grave
Aux
plus sages
le
dans
l'assiette
121
les
de
dom
remerciaient, tout en
mordant
les
guerite,
les
on apprend crire en faisant des barres; d'autres tudient, coudes sur la table, la tte entre les mains, les yeux tantt attachs
l'air
pour se
eux-mmes; au fond de la chambre, un amateur de musique fait grincer un violon, et dom Bosco, paisible, ct du feu sur lequel mijole la polenta, lit son brviaire, ou achve de raccommoder une paire de chaussures; tout d'un coup il se bouche les oreilles en frissonnant, puis se tournant vers le violoniste qui a fait une fausse note, il se lve, prend la grande cuiller dans la marmite, et battant la mesure avec cet archet improvis, ramne dans les droits sentiers de l'harmonie le musicien gar. Humbles mais admirables scnes, quand on songe que ces
rciter
naissance, au pre et
la
mre qui
la leur
donnaient et
la leur faisaient si
Au
lit
lieu
la
de changer de chambre,
sienne et
dans
aucun devoir impos parla nature la veuve Bosco se mit au rclama ses deux fils et ses petits-enfants.
!
plus dangereuses
fut le
je souhaite
mes
mien
ils
les gar-
deront
Dieu.
si
122
eux-mmes
restent en
de
A Jean elle fit des recommandations d'une nature telle qu'il en demeura confondu; il croyait connatre sa mre, mais il n'avait pas souponn chez elle un esprit d'observation aussi Mon bon Jean, je vais te parler comme fin et aussi perant
:
en confession,
maintenant une autorit, et, comme du monde, circonvenu par la flatterie et en danger de ne connatre gure que les vrits agrables.
miais tu es
Aie grande confiance en ceux qui travaillent avec toi la vigne du Seigneur, mais ne les laisse pas perdre de vue la
gloire de Dieu.
Songe qu'au
lieu de la gloire
de Dieu, plusieurs
la la
recherchent leur propre gloire. Ddaigne l'lgance dans tes uvres ; aie pour guide
tive et relle. Plusieurs
splendeur et
pauvret
effec-
aiment
la
ou chez les autres, mais pas pour eux-mmes ta famille aura beau s'agrandir, il faut qu'elle reste pauvre et qu'elle soit humble, qu'elle ne se prfre point aux autres familles spirituelles, et que chacun de ses membres soit toujours dispos cder le pas quiconque marche ct de lui
en
ralit,
dans
Tant
le large sentier
de
la charit,
qu'il
en sera
ainsi,
Elle entra
en-
C'est pour moi une grande consolation de recevoir d'un de mes fils les derniers sacrements de notre rehgion, comme aussi de voir par la maison tant de jeunes clercs portant la soutane, de prtres mme, qui sont tes enfants, mon cher Jean, et les miens un peu. Je me recommande leurs prires tous, et si le bon Dieu daigne me recevoir dans sa misricorde, maman Marguerite n'oubliera personne l-haut.
Dom
Bosco
lui
apporta
le
saint
viatique,
lui
donna
tait si
l'extrme-onction et ne
la quitta plus.
Sa douleur
que
lui.
123
moi pour la dernire fois; ne pleurez donc pas ainsi; souvenez-vous que 1p travail et la souffrance sont le lot d'ici-bas. Ya-t'en, Jean, obis ta mre. Dom Bosco hsitait s'loigner. Marguerite fit un lger signe
si elle
Il
de mcontentement, puis leva son regard vers le ciel, comme et voulu dire Tu souffres et tu me fais souffrir
: !
glots,
Il
laissait
le
Marie-Anne Occhiena et M^ Jeanne-Marie Rua. A trois heures du matin il entendit le pas de Joseph qui s'approchait de sa chambre. Eh bien ? interrogea-t-il. Joseph montia le ciel, et Jean comprit que l se trouvait maintenant
leur mre.
Il
prit
avec
lui le
et alla dire la
messe
novembre 1856.
vit
mues
et d'aussi
siennes de Turin s'y que l'en conduisait sa dernire demeure terrestre, tait la mre des quinze ou seize cents enfants qui l'accompagnaient. Pour conserver notre rcit de justes proportions, peuttre devrions-nous prendre ici cong de cette douce m-
moire. Nous ne
le
mmes, mais traits d'un grand cur; or, le moindre trait du cur n'est-il pas beaucoup plus prcieux qu'un trait d'esprit,
ou mme de gnie? La pauvret qu'elle recommandait son fils fut sa compagne jusqu' la fin de sa vie; l'abondance, qui certains
point pour
elle. Il lui arrivait souvent de recevoir des visites; on ne venait gure voir le fils sans demander saluer la mre. On la trouvait dans sa cuisine ou dans sa chambre, les chaises encombres de hnge repasser ou raccommoder;
elle appelait
124
faisait
un enfant
de
la
meilleure grce du
monde
dans
cela,
de
la ville
ou de
l'Etat.
Nous sommes
malgr
des pauvres,
Elle
disait-elle,
et
comme
elle tait,
la fin,
il
n'tait
la
Dom
lui.
Bosco
un
autre,
pour l'amour de
Bah!
il
tu trouves qu'il
garde,
n'a pas
ne une tache.
il
me
Non, mre,
Mais
mendiantes
j'achte?
nous manquons
de tant de choses plus importantes! Nous nous arrangerons, mre, soyez tranquille; pendant quelques jours on se privera de pitance; mais je veux
absolument que vous ayez un autre manteau. Voyons, combien cela coterait-il?
Marguerite s'en
alla
Mre, et ce manteau?
Tuas
une emplette
quand on
n'a pas le
sou?
?
partis sans
que j'aie pu
les rete-
nir.
compte chez
l'picier; puis
un
tel
manquait de cravate, un
la
c'.est
les
mres de famille!
pas dtourner
la
Mre, je ne vous
fait
laisserai
conversation.
il
vous faut
y va de
mon
honneur.
123
Si tu
mon bon
Jean.
Et
comme
la
premire
fois, la
orphelins.
dom
faire servir
rgulirement un ou deux
maman
Marguerite
la
les prparait,
si
chait
sauce et voir
ou
c'tait
Un vquelui
cela
offrait
un jour une
Prenez,
vous dgagera
la tte.
Merci, Monseigneur;
bitude
!
ce n'est rien,
si
Gomment
ferais-je
je
tude semblable?
Comment
batire. M
ma
ta-
La tabatire
cepter,
settes.
en argent
l'ac-
mais
la
tabatire se transforma
en paires de chaus-
A sa mort on ne trouva dans sa chambrette aucun vestige de ce qu'on appelle confort ou commodits de la vie. Les
dames
qui l'ensevelirent avaient
demand
dom
Bosco
l'au-
vtements et son linge comme souvenir. Elles furent trompes maman Marguerite n'avait
torisation de garder ses
:
plus de garde-robe.
Son unique robe l'enveloppa dans son cercueil. Dans sa bourse on trouva douze francs que son fils lui avait remis pour s'acheter une coiffe, et dont elle n'avait pas eu le temps
de disposer.
Mais
c'tait
surtout
deuse de petites
en
lin
126
la
veuve Bosco
la famille salsienne^
de rappe-
incomparables.
Observait-elle
n'avait
un enfant maladif ou mlancolique, elle pas de repos qu'elle n'et soulag l'un et ramen le
mais non
le travail, et attentive,
quoique toujours
et
ne renvoyait perl'hiver,
Les apprentis restaient souvent fort tard, eu ville, chez leurs patrons. Elle notait
:
tra-
Pauvres enfants
qu'au
moins
ils
eux
elle les
pour eux
et
toujours
en rserve quelque chose pour les rchauffer ou pour les rgaler, bien que la rgle ft, cette poque, que les apprentis se pourvussent eux mmes de tout, hors la soupe et le pain, avec l'argent que dom Bosco leur donnait chaque semaine. Souvent le dimanche soir, aprs les vpres, un des plus
jeunes enfants se prsentait l'entre de
la cuisine.
Maman Marguerite, donnez-moi un croton. Gomment N'as-tu pas eu ton goter mais encore faim Pauvre dis pas aux autres, prends, mais ne
?
Que veux-tu,
petit
Si,
j'ai
si
petit, tiens,
ils
le
parce qu'ensuite
les
viennent tous
me piller,
Il
le dire.
)>
le
voyant manger encore alors qu'eux-mmes avaient lui demandaient d'o lui venait ce pain.
L'enfant, la bouche
127
pleine,
sans
le
G'esL
maman
refuser.
Et toute
bande courait
le
ne savait pas
Le dimanche suivant,
encore.
Toi,
mme
rpondait
maman
monde
le
:
croton que je t'avais donn, et lu m'as mise dans l'embarras souper. Aujourd'hui il n'est plus rest assez de pain pour
tu n'auras rien.
Pardon, maman, mais pouvais-je dire un mensonge? Ils m'ont interrog, il a bien fallu dire la vrit. Tu as raison, petit, tu as raison, on ne doit jamais
mentir,
Et, ce disant
,
elle coupait le
Parmi
jour.
les enfants
la
tudes latines,
un peu plus gs, qui faisaient leurs discrtion n'tait pas non plus l'ordre du
Un
abordait sournoisement
rire clin
maman
Marguerite
et,
avec un sou-
Kien autre
Le
commenait
et, la
troisime bouche
a
Maman,
ne passe pas.
la fontaine.
le ferait si
bien glisser,
mon
128
Et
Oh maman,
!
maman!
maman
finissait
Dame
Dom
Bosco
tait
chaque
demandait comment il pouvait suffire tant on ne s'tonnait gure moins de voir que rien, l'intrieur de l'Oratoire, ne paraissait souffrir de ses absences, et que l'ordre, la rgularit, y rgnaient toujours. C'est que maman Marguerite tait l; son activit, sa bont, la rectitude de sou jugement, valaient toute une administration et faisaient face tout. Elle donnait une solution, au moins provisoire, aux difficults, quelles qu'elles fussent, recevait
Si l'on
se
d'affaires,
Puis,
quand son
fils
Le
disait
rien,
remettant
de ce qui
Au
contraire, le voyait-
tel
sait lequel
le
plus admirer.
Il
maman
et
la fin
de sa
vie,
tait
moins indispensable
que sa perte se
dom
engags ne pas
le quitter et
sister
129
de religieux coadjuteurs, c'est--dire auxiliaires, chargs d'aspour le temporel leurs confrres absorbs par les travaux spirituels. Leurs confrres, disons-nous, car ils sont admis aux mmes vux, aux mmes faveurs de la vie religieuse commune seulement, les uns ont un genre de foncc'est Marthe et Marie tions, les autres en ont un autre
;
deux agrables
Il
ses yeux.
ou de congrgation qui n'ait ainsi ses frres coadjuteurs ou ses surs converses. Chez eux le travail des mains, dj noble par lui-mme, est encore relev par son objet. Chose admirable! La perfection vanglique ralise la perfection absolue sous toutes les formes possibles ici-bas si le monde, qui parle tant de fraternit entre ouvriers et bourgeois, dsirait voir le modle le plus accompU qui existe de cette fusion des classes, c'est dans les couvents qu'il devrait aller l'tudier. Paralllement aux frres servants, dom Bosco formait des
n'est pas d'ordre rehgieux
;
il
perdit le
mme
et atteignait ainsi
sem
BOSCO.
CHAPITRE
NOTRE-DAME AUXILIATRICE.
XI.
GUERISONS ETONNANTES.
culte,
comme objet de notre ou comme aliment de notre pit, n'tait tranger dom Bosco on remarquait cependant chez lui, l'gard des
Rien de ce que l'Eglise nous propose
;
:
modle de la douceur apostolique; saint Louis de Gonzague, patron de la jeunesse, et par-dessus tout la trs sainte Mre
de Dieu, invoque sous le nom de Secours des chrtiens, Auxilium christianorum , ou, plus brivement, Notre-Dame
Auxiliatrice.
Le culte de la sainte Vierge en cette quahtest aussi ancien que le christianisme, mais le mot lui-mme ne remonte gure qu' un petit nombre de sicles. Sa conscration officielle se rattache trois des principaux vnements de l'histoire de l'Eglise dans les temps modernes. En 1571, la flotte chrtienne dtruisit, dans le golfe de Lpante, au cri de Viva Maria ! la flotte turque qui menaait l'Italie et l'IUyrie elle brisa ainsi sur mer l'invasion du mahomtisme, et le pape saint Pie V, qui avait connu par rvlation, avant l'arrive d'aucun messager, cette insigne victoire, ajouta, par reconnaissance, aux htanies de la sainte
;
En
132
terre cette fois, inondait l'Autriche. La ville de Vienne allait succomber elle fut dlivre par le hros polonais^ Jean Sobieski, marchant au nom et sous l'tendard de la sainte
de Notre-Dame Auxiliatrice. Enfin le pape Pie VII, prisonnier de Napolon, avait promis d'tablir une fte sous le mme vocable, s'il recouvrait sa libert. Rentr Rome triomphalement le 24 mai 1814, il
fixa cette fte
La dvotion
de
lui
tait populaire
dom
Bosco rsolut
la
Valdocco qui se peuplait chaque jour, et pour lequel Se charger d'une nouvelle et
alors
cha-
importante construction,
que ses orphelinats taient loin d'tre achevs, n'tait-ce pas une folie? Le pupe Pie IX, bien capable de comprendre dom Bosco et bien digne de le seconder, n'en jugea pas ainsi. Il envoya au
constructeur sa bndiction, avec son obole
:
Bosco se mit l'uvre. La premire pierre fut pose le 27 avril 1865, par le prince Amde de Savoie, frre du roi Humbert, et qui a t lui-mme quelque temps roi d'Espagne;
ce pieux prince a toujours tmoign beaucoup d'intrt
Dom
l'uvre salsienne.
Le
travail
trois ans.
et
nomment
fonds
se
trouvrent-ils?
C'est
ici
du
dom
Bosco, la
renomme de
rellement des miracles, ou, pour parler plus exactement, Dieu fit-il des miracles sa prire? Il n'appartient qu' l'autorit de l'Eglise de prononcer, et nous nous garderons
Fit-il
elle
hrog.
433
Mais un fait est certain, et nous le notons en historien humain, qui juge sur les apparences et sans prtendre lui dom Bosco parut forcer attribuer une porte surnaturelle bien des fois la main la divine Providence, en invoquant Marie Auxiliatrice en faveur des besoins tant corporels que
:
spirituels
il
la suppliait d'intervenir. la
Aprs
la
premire pierre de
nouvelle glise,
il
lui restait
de Pie IX,
Il
du prince Amde
bien d'autres
du
terrain.
laire. Ils
mais au bout de quinze jours, plusieurs rclamrent leur sane pouvaient plus attendre. Dom Bosco leur devait
millier
Il
un
se souvint d'une
dit que,
pour
Il
recouvrer
demanda
la
tait
toujours dans
mmes
dispositions.
je
et faire
ma chambre
Ayez confiance, Madame, faisons ensemble une neu J'en deux, quatre, autant que vous voudrez.
et
soir
le Pater, VAve, le
je m'unirai
cas
o vous seriez
Le huitime jour de
s'enqurir
neuvaine
il
alla,
du
rsultat.
La servante qui lui ouvrit la porte s'cria Vous ne savez donc pas ce qui est arriv? Madame est gurie; elle est dj sortie deux fois. La matresse survint toute joyeuse et confirma la bonne
nouvelle
:
Oui,
mon
et voici la petite offrande que pour votre glise du Valdocco; c'est la oremire, mais ce ne sera pas la dernire. Et elle lui remit un rouleau de mille francs, la somme dont il avait un si imprieux besoin. Quelque temps aprs il alla rendre visite au baron com-
mandeur
son
lit.
!
Gotta, snateur
du royaume,
qu'il trouva
tendu sur
le
Ah mon
fini,
ce soir, je
Et que feriez-vous,
vous gurissait?
Si elle
monde!
Notre-Dame
Auxilia-
dit le prtre, si
trice
me gurissait! je donnerais pour son glise deux mille francs par mois, pendant mois. Eh bien retourne je vais mettre
six
!
je
l'Oratoire,
faire
tout
en prire. Bon courage! Trois jours aprs, dom Bosco tait dans sa chambre lorsqu'on annona un visiteur. C'tait le baron Gotta, complte-
mon monde
ment
guri
qui venait
faire
son
il
premier
versement
Notre-Dame
en
fit
bien d'autres en
Le docteur Despiney
relate encore
deux
faits
surprenants
mme poque.
son internat
et
faisait travailler
reconstruction de
Ds
le
matin
dom
mis en campagne. Ils rapportrent mille francs, onze heures, mais avec la conviction la plus absolue que toute nouvelle recherche serait une pure perte de temps et qu'on ne trouois de Sales, et quelques autres collaborateurs s'taient
d'un
dom
Bosco, celui-ci,
le
sourire aux lvres,
fit
13d
gaiement.
Aprs
le
Tout
monde
tard,
11
il
vers la Porte-Neuve.
allait
au hasard, ou plutt
la
Provi-
Un domestique en
d'une trs belle maison, l'arrte et l'invite monter. Dom Bosco ne connaissait pas la maison. Il entre et se trouve en prsence d'un homme d'un certain ge, couch et paraissant
souffrir
beaucoup.
!
Ah mon
homme, vous
devriez bien
me
Je
a-t-il
perdraient rien.
Vraiment
somme
Si
de
Le malade se
rcria
!
encore
ne
Et,
que de
mais
trois mille....
dit le
prtre.
retirer.
?
aprs quelques
paroles banales,
fit
mine de se
n'ai
le
pouvoir de vous
gurir.
Dieu,
videmment,
lui....
a ce pouvoir; mais
quand on
marchande avec
Et
il
se leva de nouveau.
Enfin,
et, d'ici
mon
pre, obtenez-moi
un peu de soulagement,
la fin
de l'anne
?
dit qu'il
me
136
Ce
soir, ce soir.... Je
ne
les ai
faudrait
envoyer
la
Banque,
cher monsieur,
les formalits
seront moindres.
Vous
Dom
mon
pre,
ne vous
ai-je
depuis trois ans je ne suis seulement pas descendu de mon lit? Rien n'est impossible Dieu ; faisons appel l'intercession de Marie Auxiliatrice.
Bosco
ft
nombre d'une
francs
prouve que
n'taient pas
Il
malade.
cela
rcita
fait, il
une prire, laquelle tout le monde s'unit ordonna qu'on habillt le malade. Les serviteurs
!
se rcrirent.
Habiller monsieur
ne
fait
trouver.
Qu'on aille m'en acheter, dit le malade avec impatience, mais qu'on obisse au Pre. Le mdecin survient pendant cette scne il se demande si son malade n'a pas perdu la tte et le conjure de ne pas
;
bouger.
Cependant des vtements ont t trouvs, le malade les a il se promne grands pas, l'inexprimable stupdu mdecin et de tout le monde. faction Il commande qu'on attelle et, en attendant la voiture, se fait servir manger. Depuis longtemps il ne s'tait senti aurevtus,
tant d'apptit.
Bien restaur,
tendait
tifia
il
l'aide,
Banque
la
la
somme
qu'atil
dom
dernire dont
gra-
ses uvres.
Vous
prtre.
Je suis
compltement guri, ne
faites sortir
cessait-il
la
de rpter,
et
vos cus de
Banque,
Notre-Dame
du
lit,
lui dit
en
riant le saint
veurs obtenues;
137
l'difice,
huit
fa-
fait foi.
La ddicace solennelle
attirrent
le 19
un concours immense de tout le nord de l'Italie. Pie IX avait bien voulu accorder une indulgence plnire. Depuis lors le sanctuaire de Notre-Dame Auxiliatrice est' devenu un lieu de plerinage et de singulire dvotion, comparable ceux de Lourdes, de Fourvire, de Notre-Dame des Victoires, et tant d'autres o la Reine du ciel se plait dispenser ses grces. Les murs y disparaissent sous les ex!
voto.
l'anne suivante (1869), une jeune yeux couverts d'un pais bandeau noir. Elle tait aveugle depuis prs de deux ans et ne pouvait se conduire ; sa tante et une autre personne l'accompagnaient son nom tait Marie Stardero, du village de Vinovo. Aprs avoir pri l'autel de la Sainte- Vierge, elle demanda
fille
Un samedi de mai de
y entrait,
les
parler
dom
Bosco, qui
fil
la
tentivement
grav
et lui
fille
remdes possibles, mais ils n'ont qu'agmdecins ne veulent plus m'en donner Otez ce bandeau, ordonna dom Bosco, et plaant lajeunt Voyez-vous la luen face d'une fentre bien claire
mon
mal;
les
Malheur moi je ne vois rien du tout. Voudriez-vous voir je voudrais je suis une pauvre
?
Si
le
fille,
j'avais besoin
de mes yeux pour gagner mon pain; mon Dieu, que je suis donc malheureuse Elle clata en sanglots. Si le bon Dieu vous rendait la vue, vous en serviriez vous pour le servir ou pour l'of'enser? Comment pouvez-vous douter, mon pre?.... Pour re
!
ma
vie
138
ne pleurez plus, ayez confiance en Marie pour vous obtenir votre gurison, elle n'a qu' vouloir. Oui, j'espre qu'elle aura piti de vous. Il cessa un instant de parler; puis il reprit A la gloire de Dieu et de la bienheureuse vierge Marie nommez l'objet que je tiens dans la main. La jeune fille fit un grand efi'ort des yeux, dans la direction qui lui tait indique. Tout d'un coup elle s'cria
bien,
;
Eh
Auxiliatrice
Et de
De
:
la
l'autre ct
de
la
mdaille
ce ct,
un
homme
!
lis
la
main
saint Joseph.
donc ?
!
moment
elle
mdaille
celle-ci
tombe
et roule
la sa-
cristie.
la
ramasser;
dom
laissez-la faire,
on saura
si elle
recouvr
la
vue.
fille
La jeune
retrouve et ramasse
elle se
la
mdaille.
cris
Alors,
comme
et,
saisie
de dhre,
elle
de joie,
re-
mme
songer
mercier Dieu,
femme qui l'avait accompagne. ne tarda pas venir rendre grces la sainte Vierge, sans oublier une petite offrande, en rapport avec ses facults, pour l'glise de Notre-Dame Auxiliatrice. Depuis ce temps elle n'a plus souffert des yeux et sa vue est reste parsuivie de sa tante et de l'autre
Mais
elle
faite.
la tante
qui l'avait
amene
a t
dUvre en
rhumatismale
l'avait
139
rendue incapable des travaux de la campagne (0. Quoique dom Bosco vitt de parler de ces vnements, le bruit s'en rpandit par toute l'Italie. De Gnes Venise et de Milan Palerme, les faits que nous venons de rapporter furent
l'Oratoire dei
|
On
dit,
mon
pre,
de maladies.
!
et
Ton m'a
cit les
noms de
per-
sonnes
monsieur le docteur, sur les causes sinon. sur les faits. Beaucoup de personnes viennent ici solliciter des. grces par l'intermdiaire de Notre-Dame Auxiliatrice. Si elles les obtiennent, je n'y suis pour rien, c'est la sainte Vierge qu'elles les doivent. Or, vous savez, docteur, que la
se trompe,
On
Le mdecin hocha
crois pas
un
an, et qu'il ne
Eh
bien,
;
dit
le
prtre,
l
;
il
conscience
Me confesser, moi Et pourquoi non Seriez-vous sans pch Oh! pour mon pre.... mais je ne crois
!
mettez-vous
je vais
vous confesser,
?
cela,
pas la
(1)
Dom
-140
mme
Mettez-vous
peut vous
Ibesoin.
faire
l tout de mme, cher monsieur; cela ne aucun mal, et, ne ft-ce que par l'attitude
vous
les grces
Le docteur se
avec
lui les
prononcer
paroles
fut
du signe de
les
la croix.
il
Le docteur
tonn de
couta le
pleura,
prtre, se sentit
lui,
finit
par se
La confession acheve, dom Bosco l'embrassa Vous voil guri de votre plus grand mal,
celui auquel
vous ne songiez pas; j'espre que l'autre, celui qui vous a amen ici, a disparu de mme; si cette esprance se confirme, vous remercierez Notre-Dame Auxiliatrice, et non le pauvre
prtre Jean Bosco, qui n'est qu'un pcheur
comme
vous.
Le mdecin, depuis
atteinte de
lors,
moindre
son mal.
souvent venu rendre grces Notre-Dame Auxiliagurison de son corps et
celle,
Et
trice
il
est
pour
la
cieuse, de son
me
le
^^).
(1)
CHAPITRE
VIES DE QUELQUES LVES DE
XII.
PAR LUI-MME.
moral que dom Bosco a lgu au monde prenait corps mesure que les pierres de ses difices sor-
L'immense
difice
taient de terre, et
il
Un
progrs en amenait
un autre. On n'avait song d'abord qu' discipliner l'enfance; on en vint poser pratiquement et rsoudre plusieurs des grands problmes contemporains celui de l'association du
:
travail
pour
faciliter la
life,
jeunesse
la lutte
pour l'existence
[the
struggle for
comme
ment des haines sociales; celui du recrutement du clerg dans un sicle indiffrent et matrialiste; bientt, non content d'assainir et
de
le
vieux
mers son
ou concurremment avec elle, maisons salsiennes, ou une cole professionnelle d'arts et mtiers, ou des cours d'insl'cole primaire
les enfants
Au sortir de
suivent,
dans
les
ou se
laisse guider
dans
le
choix,
sitions particulires.
De mme
qu'il cra
il
142
tablit
tion
comme
des colonies agricoles dans les campagnes. Son acinitiateur au travail fut ainsi universelle.
Mais avec quel soin particulier il surveillait les aptitudes des enfants Ses orphelinats furent comme des ppinires o il choisissait chaque anne les arbres d'hte pour les transplanter dans un milieu plus lev. De l'cole primaire, il les
!
faisait passer
sique, et de
Il
au collge ou gymnase de l'enseignement clasquand il y avait lieu, aux grands sminaires. s'attachait seconder toutes les vocations, sans en violenl,
ter
aucune. Et
fruits
comme
I
il
chacun
le
plus
de
dans ses minentes facults de matre de la jeunesse. Donnons-lui la parole et bornons-nous traduire
mires pages d'un de ses crits
les pre-
Un
soir
chemin de
tait
fer
le
temps
nbuleux
un pais brouillard
se rsolvait en pluie
personne
bres,
la distance
gare mettaient des clarts ples qui, tout prs des rverse perdaient dans les tnbres. Mais cela n'arrtait
point les
ne manque pas
occuper
des voyageurs.
Au
que
elle tait
comme
la
une rigoureuse
Aussitt se
docilit.
un
certain ordre dans
143
le
un
tel
vacarme. J'pie
et,
moment o
en deux sauts, je
me
Tous se sauvent,
comme
pouvants.
les
Un
seul reste, se
et, les
poings sur
me
faire tte.
si
le
permettiez, prendre
ma
Mais qui tes-vous Je ne vous connais pas. Je le rpte, je suis un ami, dsireux de me
?
te
rcrer
avec
))
Ici et tes
compagnons. Et
toi,
qui es-tu?
Moi,
dit-il
Magon, gnral de la rcration. Pendant ce dialogue, les autres enfants, qu'une panique
avait disperss, revenaient l'un aprs
l'autre
et formaient
J'ai treize
Mon
te
Et
il
clata de rire.
fait ta
Oui, je As-tu appris quelque profession? appris profession du farniente, Ce mtier-l ne mnera pas Vas-tu l'cole troisime lmentaire. As- tu encore ton pre? Non, mon pre est mort.
l'ai
As-tu
premire communion
faite.
J'ai
la
te
loin....
J'ai fait la
Et mre Ma mre
ta
travaille
au service d'autrui
et fait ce qu'elle
144
peut pour nous donner du pain, mes frres et moi, qui la faisons continuellement endver. Pauvre mre Mais que veux-tu faire, toi, pour l'ave-
nir?
))
Il
correcte de s'exprimer,
le
de langage, jointe une manire claire et me fit prouver une vive douleur de voir abandonn ainsi. Il me sembla que si cette ardeur, ce
Cette franchise
on pourrait obtenir beaucoup de ce garon. Mon cher Magon, repris-je, l'existence de vagabond n'est pas faite pour toi. Voudrais-tu apprendre un mtier, ou
continuer tes tudes
Pourquoi pas? rpondit-il avec motion; vous dites la vie que je mne ne me va pas. Plusieurs de mes cavrai, marades sont dj en prison pareille aubaine m'attend un de ces jours, j'en ai peur; mais qu'y faire? Mon pre est mort, ma mre est pauvre ; je n'ai personne pour m'aider.
;
tu sais
cur
et
prends confiance
ce
il
une prire au bon Dieu, Fais-la du fond du aura soin de toi, de moi et de
fais
tous.
En
moment
la
cloche de
la
mon
nouvel ami, prends cette mdaille, et demain va trouver dom Ariccio, vicaire de cette paroisse dis-lui que le prtre qui t'a donn la mdaille dsire des renseignements sur ta conduite.
;
Il
prit la mdaille
:
me
pressant de
questions
Dom
Ariccio
vous connat-il? Je ne lui rpondis pas le train sifflait je montai en wagon pour Turin. Mais le fait de n'avoir pu connatre son interlocuteur produisit chez Magon un vif dsir de savoir qui tait ce prtre si bien que, sans attendre au lendemain, il se rendit de ce pas
; ;
;
chez
145
lettre
dom Ariccio. Le
sait, et le
jour suivant
m'adressa une
ce que
Dom
Bosco
le fit
venir l'Oratoire de
dit-il,
mais
la
condition que tu ne
me
mettras pas
ma maison
sens dessus
dessous.
Oh
grin.
ne craignez rien, je ne vous donnerai aucun chaEssayez seulement de moi, et vous verrez Puisqu'il en est ainsi, puisque tu as bonne rsolution
!
!
de devenir docile
tudes
et laborieux, je te garde.
,
Mais, dis-moi,
faire
qu'aimerais-tu mieux
?
apprendre un mtier ou
si
tes
Je
tes
ferai ce
vous
me
laissez
choisir, je
vous avouerai que j'aimerais bien les tudes. Et si tu tudies, que serais-tu dsireux de faire, une fois classes termines ?
Si
un
{u)i
bir-
bante).... dit-il
Eh bieU; continue.
Si, dis-je,
en baissant
la tte.
un vaurien tel que moi pouvait encore devenir bon pour faire un cur, un bon cur comme vous.... Nous verrons, mon ami, nous verrons ce qu'on pourra faire d'un birbante de bonne volont. Tu vas te mettre l'uvre rsolument, et nous examinerons ensemble, plus tard, pourvu que tu te conduises bien, nous examinerons si le bon
assez
l'tat ecclsiastique.
donna pour compagnon spcial, ou, comme on dit l'Oratoire, pour ange gardien, un excellent camarade qui, soit dans les jeux, soit au travail ou l'glise, prenait soin de le
On
lui
(1)
Cenno
Magone,
allievo
deW Oratorio
10
di SantO'
DOM BOSCO.
Nous aimerions
redire
ici
146
de sa transformation, comment cette transformation s'opra. Il tait devenu tout triste, raconte dom Bosco le sourire
;
ne se montrait plus sur ses lvres souvent, tandis que ses camarades taient corps et me en rcration, il se retirait dans quelque coin penser, rflchir, parfois pleurer. Je
;
l'observais de prs
aussi,
:
quand
le
moment me
parut venu,
Mon cher Magon, je dsirerais que tu me fisses un plaimais je ne voudrais pas un refus. Parlez seulement, rpondit-il empress, parlez, vous ne pouvez rien me demander que je ne sois dispos faire
sir,
pour vous.
de ton cur; oui, ouvre-le-moi, mon cher enfant, que j'y puisse lire la cause de ce chagrin qui te mine et qui m'afflige.
mon
il
pr
Un
damment.
un
ton de plaisanterie
Gomment
le voil
chef de
fais
!
Quel gnral tu
me
Toi
qui as le verbe
si facile,
!
tu ne trouves plus
m'exprimer ce
Yoil
que
le
moi.
j'ai la
SufiB.t,
soin
tu
mon cher enfant, j'ai tout compris. J'avais beprononces ces premires paroles pour que je
lui fit faire
Et
bon Pre
qui,
pour
toute nouvelle.
Le
vertus de
l'enfance.
Je l'avais
i47
dans
le bois, et tout
emmen en
Or,
un jour
de
feuilles,
et,
Magon
dans
Un camarade
s'en
aperut
la crainte qu'il
le suivit.
personne et va droit la chapelle. Celui qui l'avait accompagn de loin le trouva tout seul, genoux aux pieds du trs saint Sacrement et plong dans le recueillement de la prire.
))
ainsi,
rpondit
J'ai
pour cela que je vais supplier Jsus, dans son sacrement, de me donner force et persvrance. Une autre fois, pendant les ipmes vacances, j'entendis pleurer, la nuit, quand tout le monde dormait. Je me mets tout doucement la fentre et je vois, dans un angle de l'aire battre le grain, un enfant qui regarde en l'air et qui sanglote et soupire. C'tait Magon. Je l'appelle Es-tu malade,
c'est
:
Magon ?
Il ne que rpondre. Mais lorsque j'eus renouvel la question, il rpondit exactement ceci Je pleure en admirant la lune, qui depuis tant de sicles reparat avec rgularit pour claircir les tnbres, sans jamais dsobir aux ordres du Crateur tandis que moi, qui suis raisonnable, j'ai dsobi tant de fois, si jeune encore, j'ai de mille manires offens mon Dieu, m
))
savait
ces mots,
il
se remit
pleurer. Je le consolai en
il
quelques mots,
le rassurai, l'encourageai, et
alla
reprendre
son sommeil interrompu. Mais j'admirai, dans un jeune homme de quatorze ans peine, de si hautes proccupations et une conscience si tendre (i).
C'est ainsi
que
dom
et lever les
mes.
(1)
CfiMO
Magone, p. 56.
Si le
-148
il
serait aujourd'hui
italien,
un des
hommes
du clerg
:
qui en compte
nous voulions nous en tenir pour cet enfant, mais nous venons de relire le rcit de sa l mort et nous ne rsistons pas la satisfaction de prolonger, sur ce point encore, la profonde dification du petit livre de
dom
Bosco Tout d'un coup il m'appela par Nous y sommes, venez mon aide
:
mon nom
!
et
me
dit
Sois tranquille,
sois
lui rpondis-je, je
ne
te quitterai pas
que tu ne
crois
avec le
au
moment de
le
donner
))
Non, Ne
elle?
dernier adieu ta
rpondit-il, je
mre?
lui
ne veux pas
occasionner une
me
laisses-tu pas
pour
causs pendant
ma
afin d'occuper
Qu'ils fassent toujours de bonnes confessions. De toutes actions de quelle plus de joie? donne ce moment, Ce qui me console plus en ce moment,
en
te
le
i)
le
c'est le
peu
Marie, Marie, en l'honneur del sainte Vierge. que bon de mourir votre serviteur! Toutefois, mon pre, qu'il est il y a une chose qui m'inquite. Quand mon me, spare
j'ai fait
de
mon
que
devrai-je dire
qui m'adresse
lo
li'J
Ne crains
donner une commission. ferai de mon mieux pour obir. et que tu auras vu la vierge
et
ici.
Marie, prsente-lui
et celle
mon humble
respectueuse salutation
;
qu'elle
Prie-la de nous bnir nous garde sous sa protection de telle sorte que pas un de ceux qui sont dans cette maison, ou que la divine Providence y enverra, ne se perde pour l'ternit. Je ferai votre commission, mon pre; n'en avez-vous
pas d'autres?
Pour
le
Peut- on imaginer
moment, rien de plus; repose-toi Ci). une foi plus entire et plus nave que
celle
La biographie du jeune Dominique Soave, par le mme auteur, n'est pas moins difiante et ne donne pas une moindre
ide de l'esprit qui rgnait dans ce pieux Oratoire de Saint-
du dogme de l'Immacule Conception, Dominique voulut en perptuer le souvenir parmi nous d'une manire vivante. Dans ce but, il choisit plusieurs de ses camarades disposs se joindre lui pour former une association portant le titre auguste que l'Eglise venait de reconnatre la Reine du ciel. Il fit un rglement que le directeur approuva aux conditions suivantes Les promesses des associs n'auront pas force de vu elles n'obligeront mme pas sous peine de pch quelconque, et aucune pratique nouvelle ne pourra tre ajoute sans la permission du suprieur. Dans les runions qui auront lieu une fois par semaine, on indiquera un acte extrieur de charit faire, comme de
Aprs
la dfinition
:
ignorants, procurer
(1) Michle
Migone,
p. 70.
ait
IbO
qu'il
y en
la
Le but fondamental de
le trs saint
l'association sera
de propager
dvotion envers
Sacrement
et la sainte
Vierge.
fut un des membres les plus zls; il se comen docteur dans les confrences tenues et prsides portait par l3S jeunes gens eux-mmes. Plusieurs de ses amis marchrent sur ses traces; mais comme ils vivent encore, il me parat prudent de ne les point nommer. Je parlerai seulement de
Dominique
et
de Joseph Bongiovanni,
espace de temps
sa saintet.
en sculpture, tellement que la municipalit de Turin se dtermina lui venir en aide pour lui faire continuer ses tudes
artistiques.
Arriv l'Oratoire,
il
de son
loignement de
la
remarqua son
Non, mais vos jeux me donnent autant de distractions Quel ge as-tu? Quinze ans accomplis. Tu parais souffrant? Oui, une maladie qui m'a conduit aux portes du tombeau, je ne suis pas encore pleinement rtabU. Tu voudrais sans doute gurir? Pas prcisment; j'aime mieux m'abandonner vo
Eh
que
si j'y
participais.
triste
serais-tu
j'ai fait
et
))
la
lont de Dieu.
Ces
continua ainsi
Celui
'
la voie
de
saint?
loi
C'est mon plus ardent Tant mieux nombre de mes amis va s'accrotre. Ds
dsir.
:
le
Bien volontiers; que faire? Je vais dire en deux mots notre premier soin est
faut-il
te le
d'viter le pch
comme un
ennemi, car
il
te la grce de
exactement nos devoirs et d'tre toujours contents. Voici une maxime que tu devras mettre en pratique pour entrer dans
l'esprit
de notre association
le
Servite
Domino
in ltitia
servez
M Cette
baume
Il
maladie dont
il
les
atteignit
un degr
lev, si
Dom
vouement de
de
lui
Je l'interrogeai
cet gard;
rpondit
Je
heu de ses
tribulations,
il
de l'Angleterre, parce que Dieu prpare dans ce royaume un grand triomphe son Eglise.
Voici,
munion,
(1)
mais n'en parlez personne, on se moquerait de mon action de grces aprs la com-
une distraction
etc., pel sac.
trs forte.
Il
me
Cenna
sul giovane
Domcnico Soave.
Giovanni Hosco,
p.
71.
1S2
comme
des gars
:
Ce pays qui ne savent o mettre les pieds. Une voix me dit est l'Angleterre. J'allais adresser des questions, lorsque parut
Pie IX, tel qu[on le reprsente dans ses tableaux.
Il
tait
vtu
majestueusement et tenait en main un flambeau d'une clatante lumire. A mesure qu'il avanait, on voyait reculer les tnbres, mais elles ne se reformaient pas derrire lui, si bien que la foule immense resta dans la lumire, comme en plein
jour.
La voix
me
dit
encore
1858,
Ce flambeau est
Bosco
la
religion ca-
Etant
Rome en
dom
fit
au souverain pontife, qui les couta avec intrt et dclara n'en tre nullement surpris. Il venait en effet de rtablir la hirarchie catholique en Angleterre, et apprenait chaque jour quelque nouvelle conversion dans ce noble pays qui fut jadis
File des saints et qui le redeviendra.
Dom Bosco
ciel devant lui, il n'en fallait pas davantage pour qu'il perdt connaissance; ses camarades le recevaient dans leurs bras. Il en tait ensuite si humili et si confus qu'il ne voulait plus s'amuser avec eux et cherchait
promener seul. Que voulez-vous, disait-il, je suis assailli de distractions, j'oublie chaque instant o je me trouve, et je ne voudrais pas dire des choses qui feraient rire de moi.
se
Il
entra
:
dom
Bosco
un jour dans ma chambre en courant, continue Venez, mon pre, venez vite; il y a une bonne
!
lui
demandai-je.
Yite,
le
vite,
mais en
voyant
Il
mon
agita la sonnette
153
en disant
C'est l
mon
pre, et
:
il
partit aussitt.
On ouvre
Oh!
vite,
me
dit
une femme,
vite,
autrement
il
serait
trop tard.
il
le
Mon mari a eu le malheur de se faire protestant regrette et demande en grce de mourir dans la foi cam'approchai du malade, qui attendait avec anxit. Je
avec l'Eglise
et lui
tholique. M
M Je
le rconciliai
acte',
que la famille du malade avait envoy chercher; mais il commenait peine d'administrer le dernier sacrement, et n'en tait qu' la premire onction, que dj il n'avait plus sous les yeux qu'un cadavre. Je voulus savoir comment Dominique avait dcouvert ce moribond. Au lieu de me rpondre, il me regarda d'un air
de
la paroisse,
'
douloureux
lai
et se
lui
en par-
plus.
Aprs
la
nues par son intercession. Dom Bosco en cite une dizaine, de son tude biographique (i) mais il les fait suivre de cette prudente dclaration, que nous nous approprions notre tour et que nous allons reproduire en y changeant un seul mot le nom de Bosco substitu celui de Soave
la suite
;
: :
ici
l'gard de
dom
Jean Bosco,
l'auteur celle
)>
d'un simple
rcit historique.
au jugement de
dire le
fils
la sainte Eglise,
se fait gloire de se
prsente.
(1)
Cenno, p. 87.
CHAPITRE Xin.
DOM BOSCO
ECRIVAIN.
C'est vers la
publia la
et
la
poque, de 1845 1860, que dom Bosco plupart de ses ouvrages. O trouvait-il les moyens
mme
force
et
de remplir en
quelque sorte plusieurs carrires simultanes, dont chacune et suffi absorber un homme ordinaire? Ce secret est celui
de sa
la foi,
foi;
mais
le
lastique, et
Dom
grand nombre. Tous convergent vers un sion du rgne de Dieu dans les mes,
tendent par un
mme
et
but
l'exten-
presque tous y
mme moyen
l'ducation de la jeunesse.
Leurs
tion.
communes
lui
Qu'on ne
demande pas
d'une
n'en a cure;
persuader.
Aucune
de son
phrase
sujet,
effet,
jamais
d'excursions
.^oiseuses hors
1
peu de descriptions et toujours beaucoup de dialogues, beaucoup d'exemples entrecourtes, mls ses dmonstrations, bref, un ddain complet de ce qu'on a appel l'art pour l'art; m?is, en compensation, une phrase nourrie, quoique gni^alement courte, des exprs-
456
sions simples, quoique toujours coulantes, toujours
nieuses
une
discussion
bien
enchane
ait
harmoune narration
convictions et
:
va au cur parce qu'elle vient du cur tel est dom Bosco, la plume la main. Un de ses disciples nous Ta peint avec amour et exactitude
qui
:
Je
me
sens tout
mu quand
je
me
annes pendant lesquelles notre bien-aim Pre nous racontait avec sa rare simplicit , la peine inoue qu'il s'tait
,
les fleurs
de
ensuite les efforts qu'il dut faire, la lutte qu'il dut engager
et
me
Histoire ecclsiastique et de sa vnrable mre, doue d'un grand sens catholique, mais tout fait ignorante en littrature. Afin de rendre sa composition intelligible tous, il lui en faisait la lecture, puis retouchait et corrigeait d'aprs ses conseils. Il lui arriva souvent de refaire des chapitres entiers, sans tenir compte de la fatigue. Son unique dsir fat, sans ddaigner l'art dans sa sobre beaut, d'tre bien compris (^). Les crits de dom Bosco peuvent se distribuer en quatre
catgories
uvres de
pit;
Cours classiques.
Nous ne pourrions
mme sommairement,
Nous devons au
de
dom
p. 42.
moins mentionner
pas
157
les principaux;
Bosco tout entier. Ses principales uvres de pit sont le Jeune Il Glovane proveduto, en franais
:
:
dom
homme
instruit
dans
(la
dom
titres franais)
La Jeune
fille
instruite
dans
la pratique
de ses devoirs;
Le Chrtien selon
l'esprit
La Clef du paradis mise aux mains des bons chrtiens ; Le Vade-mecum, ou Avis importants pour le salut; Prires du matin et du soir avec d'autres pratiques ;
Manire pratique
des glises ;
d'assister
et
la sainte
messe;
visite,
et
la
Neuvaine en l'honneur de
sainti
Louis de Gonzague;
Un
Mois de Marie;
Vie de saint Joseph
;
Une
V Apparition
Parmi
les
etc., etc.
uvres de discussion religieuse ou d'expositioni nous citerons doctrinale Le Catholique dans le monde, entretiens familiers d'un pre'
:
Fondements de
la religion catholique
;
Deux confrences
tre catholique
entre
et
unpr-<
sur
le
Purgatoire;
mitiistrei
Capitole
Marie Auxiliatrice , histoire de son culte, etc., etc. Plusieurs de ces publications se sont coules des centaines de milliers d'exemplaires, et le bien qu'elles ont fail;
est incalculable.
Les
la
458
dom
Bosco. Nos lec:
la
biogra-
en
toutes remplies de
charme
autant que
d'dification
le Petit
ptre des
Vie de
Notice sur
Il
dom
Caffasso, etc.
composa
aussi
gination,
la
de
nesse de tous les pays bon nombre de recueils dans ce genre, depuis Berquin jusqu' M""^ la comtesse de Sgur; l'Angleterre s'honore des petits romans de miss Edgeworth l'Allemagne, de ceux du chanoine Schmidt, le meilleur de
;
tous;
l'Italie,
grce la plume de
la
dom
les
mais soutenir
tres.
comparaison avec
Pierre,
ou
la
On
retrouve
le
mme
mme
:
parles
fum de bon sens pratique et de sentiments dlicieux dans autres rcits moraux et religieux de dom Bosco
Angelina, ou V Orpheline des Apennins;
Sverin, ou Aventures d'un enfant des Alpes;
j
Contes
et
Nouvelles [Novelle
Racconti)
Dom
thtre
Bosco a
d'coliers
Dispute entre
publi deux petits drames pour un La Maison de la fortune et Louis, ou un avocat et deux ministres protestants.
:
mme
Histoire sainte
IK)
Manire
facile
jours.
Adopts
traits
dans
les
divers
tablissements
salsiens,
ces
un
chiffre
consid-
compact n'est pas, comme tant d'autres, un squelette sans vie, une indigeste accumulation de faits, de dates, de noms propres, ni un plaidoyer pour ou contre un parti politique. Elle est un ex pos clair, judicieux, concis, des vnements; elle carte les conjectures incertaines et les incidents secondaires, qui ne servent, qu' embrouiller, et qu'un lve ne devrait pas tre invit retenir, puisqu'on sait d'avance qu'il ne les retiendra pas; elle s'attache (ce que nous voudrions bien voir aussi dans nos Histoires de France) conduire de front la marche de l'esprit humain avec celle
ractre
de l'humanit, en mme temps que les rois ne perdant jamais de vue ceux qui
jeunesse un sujet d'tonnement ou de
la
aux ouvrages spciaux tout ce qui pourrait tre pour discussion; mais il est un ordre de faits qu'elle met plus particulirement en relief, ce sont ceux qui peuvent porter l'amour de la vrit,
elle laisse
de
la
vertu et de la patrie.
est
Pour ce qui
de
dom
Bosco dans
que
que possible, contemporains ou au moins voisins de chaque vnement important. Je ne me suis pas non plus pargn la fatigue de lire avec soin tous les historiens italiens modernes, afin d'extraire de chacun ce qui m'a paru
convenir
mon
dessein.
Nicolas
lie
IGO
Tommaseo, juge comptent, a fait de l'Histoire d'Itadom Bosco un loge sans rserves L'abb Bosco, dans un volume relativement petit, a condens toute notre
de
histoire
;
il
trs vive....
ter,
il
Dans une
si
conserve l'ordre
et la clart qui, se
les
dans
srnit.
Pour
faire
ment
est
un puissant
elle
complte
d'hommes
tel
d'Etat et leur
cir-
ou
une
bataille
de choses
qu'ils
ne peuvent comprendre
de leurs
suivent
rcits la
du commencement
ils
se montrent ainsi eux-mmes sans cesse, eux et leur projet, s'obstinant ne laisser apparatre qu'un ct de la vrit, et, sous des formes diffrentes, vont rptant satit la mme chose; ni narrateurs ni peintres, mais dclamateurs importuns. Ils ne s'aperoivent pas que l'histoire, ainsi que la nature entire, est comme une grande parabole propose aux hommes nar Dieu,
ils
et
161
faire avorter
que vouloir la restreindre une thse, c'est la striliser et misrablement le plan divin.... Dom Bosco avait offert au ministre de l'instruction publiM. Lanza, un des premiers exemplaires de
l'Histoire
que,
Le ministre, aprs examen srieux, fut si satisfait de l'ouvrage, qu'il le fit adopter pour les coles publiques et remit l'humble auteur un prix de mille francs. Plus tard,
d'Italie.
la
sages
dit-il
dom
Bosco,
un changement
reflterait-il
proverbe:
faut
chaque
fois
que
sur la table,
une
il
sauce nouvelle.
Pour
n'est pas
la volaille, d'accord,
rpondit
dom
Bosco, mais
mme,
le vrai
ne peut devenir
le
que
le
le noir. Il refusa
ne
sais quoi
de
flot-
Les
mm^s
dans
l'Histoire sainte
de
dom Bosco
la
et
eccl-
siastique,
conues d'aprs
dimensions.
cessifs,
Le dernier de ces ouvrages a t publi par fragments sucdans Tordre chronologique, sous les titres de Vie de
Vie ds saint Paul,
etc., etc.
(il
saint Pierre,
Clet
e*<
Clment,
lumes de IGO
de Tours,
faits et
Lon
Par leur
dveloppent dans
le do-
maine de l'apologtique et de lasctisme autant que dans celui de l'histoire proprement dite. L'auteur, chemin faisant, prend
DOU BOSCO.
11
contre l'Eglise. Ainsi,
la
1<>2
en appendice, sur
la fin de la Vie de saint Pierre, il a mis venue de saint Pierre Rome, conteste depuis peu par certains protestants, une dissertation lumineuse et qui est un modle de discussion courtoise, mais ser-
re et irrfutable.
La prface de ce mme ouvrage est une profession de foi o se manifeste, dans sa pathtique navet, toute l'me de l'auteur nous ne rsistons pas au plaisir de la reproduire. A qui veut entrer dans un palais clos et en prendre possession, le premier soin doit tre de s'entendre avec celui qui en tient les clefs. Malheur qui se trouvant sur un navire en mer, n'est pas dans les bonnes grces du pilote M Malheur la brebis qui erre loin du berger et refuse
;
!
d'couter sa voix
Cher lecteur, tu as un palais la possession duquel tu dois aspirer; mais, en attendant, tu navigues sur une mer
orageuse, en danger constant de te briser sur les cueils; pour
employer encore une autre comparaison, tu es une brebis errant parmi des pturages dont quelques-uns sont empoisonns, expose tomber dans les prcipices, pie par des loups
rapaces.
Ah!
oui, tu as besoin
de
te
grand
pilote
du navire du
Christ,
ment
gers.
le
qui seul te guidera dans les pturages sains, l'abri des dan-
Eh
bien, le portier
du royaume du
ciel, le
grand pilote et
des aptres,
pasteur des
hommes,
du souverain pongouverne
l'Eglise,
guide
et ferme,
donc point, lecteur pieux, de parcourir la courte vie que je te prsente; apprends connatre Pierre,
Ne
respecter son autorit
distinguer la voix
est avec Pierre est
163
suprme d'honneur et de juridiction, du pasteur, l'aimer et la suivre. Qui avec Dieu, chemine dans la lumire et
court la vie. Qui n'est pas avec Pierre est contre Dieu, va trbuchant dans les tnbres, et se prcipite la perdition.
En deux mots,
o Pierre
dom
Bosco
s'at-
son industrie favorite; l'imprimerie, travail matriel, mais levier intellectuel et moral le plus puissant de notre poque. Les ateliers du Valdocco embrassrent peu peu tout ce qui concourt la confection d'un livre fabrication du
rie fut
:
papier,
fabrication
nets et parfaits,
des caractres
composition
et correction
pour
liers
le
ateali-
de brochage, de reliure
menter une vaste et riche Hbrairie, o s'talrent les plus beaux livres liturgiques, les ouvrages classiques dits ou rdits par dom Bosco ou sous son impulsion, et les publications
italiennes et franaises
les plus
utiles.
Ces impri-
plus tard,
dans
presque toutes
les
maisons salsiennes.
fut installe prs
La papeterie principale
de Turin, Mathi.
mort du saint fondateur. grande exposition de Turin, en 1884, une Il envoya synthse complte de l'industrie typographique, dont un visiannes avant
la
la
et fonctionnant,
vous touchez
et
em-
brassez d'un regard, toutes les branches d'industrie qui se rapportent au livre, depuis la fabrication du papier jusqu' la
librairie,
en passant par
la
et la reliure; rien
164
droite,
la pte desfaite
tout
rcemment d'aprs
progrs de la science;
commander un livre, faire avec cette mme pte qui attend le moment de circuler dans la machine, pour s'y transformer
en papier.
Faites
cette pte
elle est
tombant
tourmente
;
pour se mler intimement l'eau la plus Hmpide suivez-la, devenue liquide et blanchtre, sur les divers tamis qui la sparent de l'eau; puis soutenue par des toiles sans fin, voyezla passer enfin sous les grands cylindres qui la compriment,
schent et la changent en un papier souple et rsistant, que l'on dcoupe sous vos yeux pour le livrer bientt, feuille immacule, aux jeunes imprimeurs. Ceux-ci ont dj compos
la
la
faits,
tout auprs
ils
soumettent
bref,
reHeur, qui la phe, l'unit ses surs par une soUde couture,
en forme un livre couvert en maroquin et le passe au celui-ci transmet enfin au libraire un magnifique volume dor sur tranches et artistement orn des filets d'or
doreur;
les plus gracieux.
))
On imprimait
alors
Fabiola, avec
de nombreuses et trs fines gravures dont l'excution ne laissait rien dsirer. J'tais merveill ce charmant ensemble,
:
du travail et la confection rapide et conomique qu'elle permet d'obtenir, sans rien enlever la perfection des produits, est sans nul doute ce que j'ai vu de
plus intressant et de plus utile l'exposition de Turin; ce
sera
mon
meilleur, peut-tre
mme mon
unique souvenir
(0.
(1)
Eq
si
16o
chose invitable l'on veut conserver l'ordre des matires, nous mentionanticipant sur l'ordre chronologique
ici
nerons
qu'il
dom
Bosco, celle du
mensuelle
commena en
publication
franais partir de
devenue indispensable pour relier entre elles les diffrentes maisons salsiennes, lorsqu'elles se furent multiphes et rpandues pour amsi dire par toute la terre. Elle a pour pigraphes les textes suivants
Cette
:
(c
II
enseigna
le
peuple,
il
pubha
il
ce qu'il avait
fait.... Il
utiles, et
de droiture et de vrit. Les paroles des sages sont comme des aiguillons, et comme des clous enfoncs profondment,
le
le conseil et la
Le
immense
je
remde, la fondation d'une imprimerie catholique, place sous le patronage du saint-sige; de faon que nos rponses
ne se faisant pas attendre, nous puissions descendre dans l'arne avec avantage et rpondre avec un succs certain aux
provocations des aptres de l'erreur.
fS.
Franois de Sales.)
Il ne se tromperait gure celui qui attribuerait principalement la mauvaise presse l'excs du mal et le dplorable tat de choses auquel nous sommes arrivs prsentement.
la
presse en quel-
les
au salut de
(LON
XIII.)
la
l'autorit hirarchique,
inspire par
immense
illumine, elle
dmasque
l'erreur,
166
peut
devenir un sublime
(Cardinal Alimonda.)
sauve
et
civilise;
elle
apostolat.
Ces textes sont un magnifique encouragement pour tous ceux qui se sont vous servir la vrit dans la presse priodique, l'exemple de dom Bosco. Ils n'ont pas toujours, comme lui, l'tendue du savoir, la finesse et la sret de la
logique, ni l'agrment et le pittoresque
ils
avoir du moins
cette
du langage; puissentdvouement, la docilit, la charit, et modestie qui sied dans une carrire o l'on sait d'avance
le
la
La carrire conduit au
et
Mais
il
est glorieux et
aux impri
meurs
que
dom
CHAPITRE XIV.
COMMENT DOM- BOSCO
LA VOLONT.
ENTENDAIT
l'DUCATION.
A.
SYSTEME
s'aTTACHER
FORMER
DIEU PARTOUT.
dans
le
des doctrines
si
les
elles
ne seront pas
les
moins instructives
tressantes.
ni,
pour
moins
in-
Tout
le
rit chrtienne.
dom Bosco repose sur la chaLes courtes mais admirables instructions sur systme prventif, qu'il plaa en tte du rglement de ses
le
plan d'ducation de
me
Il
et
existe
deux systmes,
dit-il, le
prventif et le rpressif.
fuB
ceux
qui
systme
le
plus
et,
pnible;
il
en
le
tat
de connatre
les
de ne pas
systme prventif.
Il
commence galement
plique surveiller ensuite
si
168
loi,
mais
il
s'ap-
qu'on
et
le
manquer
qu'on
en te
le dsir,
en a
la
facult.
la
de dvouement de la part
la
de
l'autorit.
convient surtout
ce qui
est naturellement si
et la loi et le chtiment,
donne strictement
droit
beaucoup d'indulgence,
L'ducateur, selon
seiller,
et aussi parce
dom
un
pre,
un con-
un ami,
commun,
chemin du
vice
on prviendra
les
manquements,
afin
de saint Paul
La charit
est
bonne, patiente;
elle souffre
supporte tout.
ner son temps et son cur, les prcder, les assister, les suivre partout, par lui-mme ou par d'autres aussi srs et
aussi dvous
que
cette
lui,
ne
les laisser
inoccups.
De
manire ceux
mmes
;
l'occasion leur
commanque-
Dom
Bosco
allait
jusqu' voiler
la
ceux qui en sont
pas
le
1G9
lui,
l'objet.
prsident
nom
En
rcration,
de surveillants, mais celui d'assistants. ils se mlent aux jeux des enfants et se r-
que
rienf
faire
que ces maisons doivent de pouvoir subsister; on en retrouve mme des vestiges plus ou moins dcousus dans les lyces, gymnases et collges d'Etat; l; beaucoup de matres bien intentionns s'efforcent de corriger le vice d'un systme qui
mais ce vice est radical et incuheureusement pour l'enseignement libre. Si les collges d'Etat, qui, grce aux ressources du Trsor public, ont pour leurs professeurs une prparation spciale et des garanties de carrire que seuls ils sont en situation d'offrir, pouvaient y ajouter le don de l'ducation, tous leurs concurrents disparatraient en peu d'annes. Quoi qu'il en soit, personne, avant dom Bosco, n'avait si bien dfini la mthode prventive, et personne ne l'a mieux
sacrifie tout l'instruction;
rable,
pratique.
En
s'il
faut absolufaire
donne
comme
On
moins affectueux
le cas
quand une chose est bien faite, le blme dans traire, sont dj une rcompense et un chtiment.
con-
170
Sauf en des cas trs rares, que les corrections, les chti-
ments, ne se donnent pas en public, mais part, loin des compagnons, et qu'on use de la plus grande prudence et patience
pour que, l'aide de la raison et de la religion, l'lve comprenne son tort.... Il semble parfois que les lves ne gardent oas rancune des punitions infliges; mais qui les a observs de prs sait combien sont amers leurs ressentiments, surtout
si
amour-propre;
ils
oublient les
mais rarement
on en a vu se venger bru-
talement dans
justifis,
la
vieillesse
de certains chtiments,
mme
encourus dans
les classes.
Au
dshonneur
et
Frapper de quelque manire que ce soit, mettre genoux dans une position douloureuse, tirer les oreilles, et autres
choses semblables, doivent s'interdire absolument;
soit parce
les
parce
Que
le directeur fasse
rcompenses
et les
sauve-
en disant Je ne savais pas. Depuis quarante ans que je m'efforce de pratiquer ce systme (dom Bosco crivait ceci en 1877) je ne me souviens
,
(1) Nous avouons que dans celte interdiction de frapper dom Bosco nous parat un il y a des enfants qu'on ne peut gure redresser, un certain peu trop absolu ge, que par des sensations, attendu qu'ils n'ont pas encore de raison, et souvent peu de sentiments. La douleur physique est le moyen, l'unique moyen de les amener la contrition morale. Vaut-il mieux les abandonner que les avertir par le seul endroit sensible chez eux? Les laissera-t-on prir plutt que de les relever par les verges? La sainte Ecriture est fort loin de nous donuer un tel avis. Mais o dom Bosco est rigoureusement dans le vrai, c'est dans son observation
:
quand
il
ea mre,
de l'autorit paternelle et leurs mande frapper. Ce qu'un enfant acceptera de sou pre ou de est rare, bien rare, qu'il le comprenne venant d'un matre.
les dpositaires directs
il
s'agit
Dieu,
voir,
j'ai
171
et,
avec
la
grce de
mais ce qui
si
vu de
la
simplement un dsir de ma part, et dont on paraissait dsesprer.... J'en ai bien pntrs de leurs fautes et de la lgitimit de
mansutude et la patience ne sont pas encore assez pour mener bien l'uvre si difficile de l'ducation. Estce que, si ces vertus suffisaient, chacune de nos mres n'auMais
la
rait
L'attrait
galement des moyens utiles, ncessaires mme, et le fondateur de l'Institut salsien les mettait au premier rang de ses recommandations
dirig de la curiosit enfantine, sont
:
Qu'on donne, crit-il, ample libert pour courir, sauter, s'amuser La gymnastique, la musique, la dclamation, le thtre juvnile, la promenade, entretiennent la sant de Vme et celle du corps; qu'on prenne garde seulement que
crier et
la
y interviennent
Faites ce que vous voudrez, cela m'est gal, pourvu que vous ne fassiez
pas de pch.
que
moyens d'ducation ne sont encore Le jeu empche l'enfant de rver au mal ou de s'y abandonner; il lui te le loisir de clabauder, de mdire, de soupirer aprs beaucoup de choses qui ne sont
Toutefois, ces divers
l'accessoire.
il
ne
suffit
donner
le
got
et l'habitude
de
but
le
but principal,
le
suprme atteindre; mais ils ne naissent pas dans les amusements ni dans la jouissance. Bien loin de l, c'est dans
le travail et
dans
l'effort qu'ils
mauvais penchants de
la
fortifient. Il
y a bien la paix de
l'exaltation
du devoir accompli,
de
la victoire
172
morale remporte; tout cela constitue une jouiset un encouragement que nous sommes loin de mconnatre; mais cette jouissance est dlicate et peu [accessible aux tout jeunes enfants. La ralit rigoureuse n'en la vertu vit de sacrifices ireste pas moins ceci un rayon rayon du courage. Si la victoire le chaud .t)rille sur son front sur la paresse du corps et les rbellions de l'esprit devient la vie de l'homme gardfinitive, alors tout est gagn
sance trs douce
:
dera ce
pli
admirable
ressemble au
cachet de l'honneur et qu'on appelle le caractre. Le caractre, c'est--dire la fidlit laborieuse tous les devoirs et
un mot la vertu dgage de tout alliage, pure de tout compromis et de toute dfaillance, nette comme le mtal au sortir du creuset. Il entre toujours de l'immolation dans la trempe du caractre, observe un grand crivain contemporain, comme il entre toujours du feu dans la trempe de l'acier; c'est cette trempe douloureuse qui en fait une si grande chose, si grande vraiment que lorsqu'on a dit d'un homme il a du caractre! on a fait de lui le plus
toutes les saintes causes, en
:
(').
Au
paradis terrestre
lis
ne
se quittaient pas.
Mais
c'est
de savoir
suivre le Devoir.
Dom
une
les signale
avec
Si l'on lve si
dit-il,
mal
mais
c'est aussi
par gosme et
due.
On cherche jouir de l'enfant au lieu de se sacrifier lui. Ce qu'une affection sincre, il est vrai, mais troite et impr-
(1)
L'abb Buathier,
le
Sacrifice
dans
la vie chrtienne,
i.
320.
173
voyante dans son inconscient gosme, demande ce fils si tendrement, mais si aveuglment aim, c'est avant tout un triomphe pour l'amour-propre, et un rgal pour la sensibilit.
du
petit prodige.
On
boit
avidement
don-
ns
on
le
mme
et
s'apercevoir
un orgueil
afi'ec-
On
comme comme
meur
contemplaprovoque ses clineries l'on ferait des caresses d'un jeune chien, on le flatte comme cet animal, on le chtie avec hucet animal
On
reoit et
et colre lorsqu'il
tranquille.
On
imprudence
et quelle erreur
Un dveloppement
Mais ce
qu'il
la
c'est la
nature et
ne faut pas perdre de vue un instant, dpendance mutuelle de nos facults. Mall'on ne s'attache qu' dvelopper en lui la
et celle
mer;
et
si,
du vritable et pur amour, dont qu'une trompeuse image, la volont. Si parfois ces parents insenss s'occupent de cette pauvre volont, ce n'est pas pour la rgler et la fortifier par l'exercice rpt de petits actes de vertu demands l'affection de l'enmatresse, l'unique source
la sensibilit n'est
cur. Tout au contraire, sous prtexte de la ncessit de dompter une nature rebelle, ils s'attachent rduire la vo=
lont par l'emploi de
la dtruire
moyens
violents, et
ne russissent qu'
au
lieu
de
la redresser.
17 i
me, et faussent les trop dlicats instruments confis leurs mains inexprimentes.
L'intelligence et la sensibilit, surexcites par cette cul-
absorbent toute sa
reuse dlicatesse.
vie.
mais aussi
la
plus dange-
L'enfant conoit
avec une scrupuleuse exactitude, les moindres dtous ceux qui rapprochent.
d'quilibre
!
Mais, dplorable
manque
honteuse insuffisance,
jeune homme, emport par la promptitude de ses conceptions, ne sait ni penser ni agir avec suite il manque absolument de
;
bon sens, de tact, de mesure, en un mot d'esprit pratique. N'allez pas chercher en lui l'ordre et la mthode.
brouille tout, confond tout,
Il
raisonnement comme dans la conduite. Il vous dconcerte par de brusques et imptueuses saillies, par d'tranges inconsquences. Hier, il vous affirmait avec enthousiasme une prtendue vrit; dedans
le
main, avec
la
mme
et irrsistible conviction,
il
vous soutienfai-
le contraire.
jugements, et les adopte par cela seul qu'ils ont sduit son imagination ou flatt sa sensibilit; la mme ils ont cess de lgret les lui fait abandonner ensuite
rieures, tous ses
:
plaire,
intelhgence mobile.
Trop agit pour pouvoir lire clairement au fond de son il n'en connat que la surface, c'est--dire les motions passagres. Prompt saisir tous les mouvements de cette sur
me,
face,
il
croit
;
approuver
l'excute
autrement lui paratrait un manque de franchise; il veut se montrer au dehors tel qu'il est au dedans; s'il domptait ses passions, il s'imaginerait faire
avec empressement....
Agir
ne veut ne pas vouloir ce qu'il veut. La vertu le sduit, pas, mais comme elle rpugne la lchet de sa nature, il prend cette rsistance intrieure pour une volont contraire; dupe de sa sottise, il se dsespre de ns pouvoir croire ou vouloir
acte d'hypocrisie. Ainsi, croyant vouloir ce qu'il
il
un
croit
ce qu'au fond
))
il
croit et
il
veut....
S'agit-il
:
de dcider
motifs,
s'il
doit
ou non
faire
portante
examiner
les
circonstances, la un,
interroge
qu'il
Tout entier ses impressions, il se demande Qu'est-ce m'en semble? et selon l'inclination ou la rpugnance
:
il
agit
ou
s'abstient. C'est
appelle rflchir!
:
S'il s'est
le lui
reprocher
il
a fait
mieux, sa faon.
suivre
)>
ma
conscience, vous
dit-il, j'tais
de bonne
foi.
Plus tard, s'il faut, en des circonstances difficiles, faire preuve de caractre, n'attendez rien de lui. Capable des plus gnreux lans, il est aussi sujet aux plus tranges faiblesses.
La violence
Au moins
les qualits
si
dfauts? La sensibilit
et le plus aimant des curs ? on retrouvera ici le mme vide et la mme incohrence que dans l'intelligence. Le jeune homme s'affectionne facilement, mais il est aussi prompt se dtacher. Son
Hlas
cur
est,
comme
sa conscience,
que
son caprice.
licences
Il
170
qu'il n'a
i
n'a jamais
une
allusion cruelle,
un soupon injurieux et sans fondement, une insolente boutade Et il s'tonne que l'amiti mconnue, froisse dans ce qu'elle a de plus dlicat, se retire de lui Pauvre tre incomplet, il se plaint d'tre toujours incompris. Promptitude et inconstance, voil les traits fondamentaux de ce caractre. On a voulu former un homme, on n'a russi qu' produire un tre intelligent et aimant, mais faible un animal perfectionn 0). et draisonnable La citation est un peu longue; mais connaissez-vous, dans les livres des moralistes les plus illustres, beaucoup d'analyses du cur humain aussi fines et aussi senses que ces rflexions -du bonhomme Bosco? Il en est, parmi elles, que nous voudrions voir inscrites ct de tous les petits lits, dans la chambre de toutes les jeunes mres. L'uvre capitale est donc de former la volont, de tremper
pointe blessante,
! !
le caractre.
Mais
trempe morale
comment l'allumer, ce feu vivifiant qui oprera la ? O trouver le mobile insinuant et fort qui p-
laborieux, gnreux, en
la
rponse
L'instruction,
rhom.me
.'ns-
ncessairement un hounte homme. aphorisme a fait fortune de nos jours. Il a t adopt Cet par la socit modernO; et elle a fond l'cole sans Dieu, sous
le
nom
madans
chimrique que
l'affirmation
un
trait
ou la ngation de de cosmographie.
la gravitation universelle,
(1)
p. 23
31.
comme
rale.
177
l'instruction,
mme
mosal-
le travail de la formation
L'instruclioQ est en
elle y de prcepte et on l'y distribue complte et progressive, allant de l'alptiJibet la littrature, aux sciences, la philosophie. Dom Bosco y conduit par des mthodes ingnieusement
;
es^
dagogues
officiels. Il la
veut pratique
et individuelle, et,
plus
heureux que
les
lyces ou
gymnases
d'Etat,
ou
les collges
le
chef
de
la famille.
aux tudes
littraires
ou scientifiques sup-
ou simplement aune carrire industrielle, un mtier. Il entend galement que l'instruction il demande aux arts, nous l'avons dit, soit varie et dlicate
rieures, qui la culture des arts
;
musique, leur charme d'adoucissement, leur puissance d'lvation, en mme temps que le rehef et l'clat des crmonies religieuses et des runions publiques.
et
en particulier
la
Tout cela forme un ensemble assez complet. Et cependant si vous insistez auprs de dom Bosco Matre, vous qui avez eu de tels succs dans l'ducation, est-ce l
:
votre
t-il,
? Non, diraqu'un accessoire, comme les jeux le savoir ne fait point l'homme, car il ne touche pas directement son cur; le savoir rend l'homme plus puissant dans l'exercice du bien ou dans celui du mal; le savoir est
moyen ? Peut-on
se borner instruire
l'instruction n'est
une arme
le
cur,
;
comme
l'pe vaut ce
que vaut
le
la
tient
mais
le savoir
ne cre pas
got et l'habitude de
vertu.
Hlas
sera,
et en dpit de l'engouement contemporain, qui pasmais qui n'aura que trop dur pour la scurit des soci!
DOH BOSCO.
12
tistique
178
depuis l'institution de l'cole sans Dieu, se charge de rabattre, sur ce point, les audacieuses prla criminalit,
de
humain.
Mais alors, quel est donc
tout au long dans sa rgle
le secret
:
de
dom
Bosco?
Il l'a
crit
La confession frquente, la communion frquente, la messe tous les jours, voil les colonnes qui doivent soutenir
il
y a chaque
nombre de communions, et pendant la messe de communaut, un ou plusieurs Pres se trouvent constamment la disposition de ceux qui veulent se confesser. Dom Bosco lui-mme fut un confesseur infatigable. Il se plaisait confesser; il consacra la confession un nombre
retraites annuelles
aux
il
runissait
!
au Pre,
et lui,
du matin au
une chaise ordinaire, place au fond d'un corridor; ct, une petite banquette pour le pnitent, et puis les bras, la poitrine du saint pour appui comme les consciences se mettaient facilement l'aise sur son cur Commentant le trs naf, mais trs net aphorisme de dom
:
!
que
?
me
L'homme est
Et cette pente
vous
le savez,
nous
le
savons tous.
drais pas
il'J
Malheur moi
mal que
je
ne vou-
gmissement de
Toute me abandonne ses nergies natives rpte le l'Aptre, moins que l'orgueil ne lui suggre
de lgitimer ses faiblesses en les rigeant en lois. Notre cur est un malade, qui n'a pas en soi-mme son remde. En Jsus
seulement se trouve
pour redresser
le
baume
rparateur
et c'est pourquoi,
citoyen
temps que l'hritier des cieux, dom Bosco demande la grce, par une pit assidue, sa force pntrante, son action salutaire, permanente, indispensable l est son grand ressort. Et rien de facile, vous en t'es tmoins dans les maisons
;
mme
des lves
L'me de
l'adoles-
comme la plante au soleil et la rose.... Avez-vous jamais observ quelle attraction rciproque exercent le religieux et l'enfant ? Regardez-les ensemble, dans un angle de la classe ou du jardin. Malgr les diffrences entre la livre du clotre et celle du monde, malgr le front blanchi de l'un et la blonde chevelure de l'autre, au fond rien de plus semblable que ces deux existences voues chaque jour au
la
grce
mme
labeur, assujetties la
;
mme
rgle,
prsente, sans matrise d'elles-mmes ; chacune n'ayant que son cur, mais attires l'une vers l'autre, celle-ci par le besoin de donner, celle-l par le besoin de recevoir.
Et
chez
le religieux,
Si
cette sympathie!
iira-t-il,
votre ge,
travail,
mon
temps du
de
la
Il suffit
;
180
la seule
beaut
toute
discussion
ou plutt
il
Maisons bnies
luttes
de
la
vie,
Le jeune homme en sortira arm pour les tremp par une sorte d'infiltration lente,
qui fasse les caractres
:
dans
le seul airain
la fidlit
au del'exiset for-
pour lui voir au prix du sacrifice; et si pre que tence, il marchera, soutenu jusqu'au bout par ce mle
soit
tifiant
arme du Calvaire qu'aura respir longs traits son adolescence, prs des genoux et du cur de ces crucifix
vivants
().
Un
Il
lve de
dom
un
Bosco,
dom
reine d'Anil
gleterre visitait
Tarin
(videmment
s'agit ici
d'un institut salsien). Il fut conduit dans une vaste salle oii cinq cents jeunes garons taient l'tude. Le visiteur
s'merveilla de leur silence parfait et de leur attention laborieuse, et sans surveillants. Sa surprise s'accrut encore lors-
qu'on
la discipline ft trouble et
nition.
Comment cela un secret rvl aux seuls catholiques. Vous plaisantez, mon rvrend Pre me semble pourtant que ma question puisque vous tenez Ma rponse Test aussi, mylord,
comment faites- vous? detemps il se tourna vers son secrtaire et le chargea de noter exactement la rponse. Mylord; dit le directeur, nous possdons un moyen qui n'est pas de mise chez vous.
Est-ce possible? Et
et
manda- t-il;
en
mme
C'est
il
tait srieuse....
et
(1) Discoure
ratioQ de l'glise
rote,
IcSI
absolument ce que je m'explique, voici notre secret, formul dans notre rgle la confession frquente, la communion frquente, la messe chaque jour le tout, bien entendu, pratiqu dans toute la sincrit et avec toute l'ardeur dont nous sommes capables, nos enfants et nous.
:
Vous
avez raison,
mon
moyens d'du-
cation sont hors de notre porte. Mais ne se peuvent-ils remplacer par d'autres
celui-ci
par
le
dveloppement toujours regrettable de l'ormais le plus souvent, du gueil et de l'intrt personnel moins ici, chez des enfants de l'espce des ntres, par
celui-l par
;
l'exclusion.
C'est
(0.
trange, trange
!/
s'exclama l'homme
raconterai
d'Etat
cela
britannique;
ou messe,
ou bton! Je
Londres
dom
Bosco ne
Il
devenu sur
ce point d'une
admirer qu' imiter, car ce don de seconde vue, chez lui, touchait au surnaturel. Combien de fois dom Ronchail, M^"" Cagliero et d'autres
ont racont la rvlation que
alors
dom
Bosco
le
fit
de leur vocation,
qu'eux-mmes
devant
de
lieu parfois
dom
Bosco, et
joie.
dom
Bosco
ciel.
comme
En 1884, une dame de l'aristocratie turinoise vint le trouver, accompagne de son plus jeune fils. Dom Bosco lui demanda
ce qu'elle comptait faire de lui et de ses autres enfants.
L'an,
comme
dit la dame, suivra la carrire diplomatique, son pre. Le second entrera dans l'arme. Quant au
troisime....
(1)
La
Gioventil e
dom
Dom&nico Giordani,
p. 73.
182
interrompit
Le troisime,
c'est celui-ci,
dom
Bosco en
un prtre, et un bon caressant l'enfant; nous Madame. prtre, s'il plat Dieu.... et vous, La mre parut atterre et demeura un instant sans voix; Prtre, puis, tout d'un coup, avec une nergie sauvage jamais! s'cria-t-elle qu'il meure plutt!
en ferons
:
Le saint
vieillard essaya
de
lui faire
puter ses enfants Dieu, Dieu de qui nous les tenons, n'est-ce pas une ingratitude et une folie ? La malheureuse
mre ne voulut
et se retira bouleverse.
baigne de larmes
secours,
Venez,
fils
dom
Bosco,
venez notre
mon
plus jeune
se meurt.
l'enfant; on y trouve des mdecins runis en consultation; ils n'ont, disent-ils, aucune ide de la nature du mal qui emporte le petit moribond. Celui-ci a tout entendu. Il appelle sa mre et lui dit d'une voix faible, mais distincte, en prenant la main de dom Bosco Mre, rappelez-vous, chez ce monsieur, ce que vous avez
On
arrive dans la
chambre de
dit
que
meurs;
le
cela
Dom
ter la
CHAPITRE XV.
:(
NATURA-
RSULTATS OBTENUS.
L'enseignement, pour
tion, car
il
dom
ne
visait faire
hommes.
La
religion tait
De
l,
professeurs,
il
maxime morale ou en dveloppant l'esprit, lve le cur. Ce n'est pas assez de proclamer l'inanit de la morale indpendante, il ne faut pas la pratiquer en enseignant la jeunesse.
De nos
jours,
on ne
le dira
jamais trop,
la classe est
ronge
qu'il est
presque partout par un mal d'autant plus pernicieux souvent ignor; ce mal,
le
c'est le naturalisme, autrement dit paganisme ressuscit. Des classes lmentaires jusqu'aux cours suprieurs, du petit livre de lecture jusqu'aux leons de la chaire, le fondateur de l'Oratoire salsiea s'est appliqu dissiper cet air
lourd et
suffoque; d'avant
Il
nous
treint et
n'admettait pas
qu'on en
revnt aux
nous temps
et ni Ignace de Loyola,
ni
Jean-Bap-
184 ~
le bon RoUin ne les eussent comne comprenait pas ces prtendues leons de choses qui, sous prtexte que l'enfant doit se familiariser avec les objets, ne lui donnent que des ides matrielles, pour ne pas dire animales, et, au lieu de l'lever, l'abaissent. Les habits, les aliments, les boissons, tout ce qui se touche
tiste
de
la Salle, ni
prises plus
que
lui
mme
il
intelli-
le
pour
le
gnralement prmatures. Quant lui montrer Crateur dans la cration, lui parler du Christ, de la Vierge
elle, et
il
mme
que
met
natu-
splendide cration de
mais dont
l'Etat
s'empare pour
lisez
le dfi-
gurer sous
le
nom
d'cole enfantine.
ces institutions
;
le
les
aux pres
pour
la vertu.
que les catchismes et les prires voy supplent. Mais d'abord, ces prires et ces catchismes n'ont pas heu partout; puis, l o ils ont lieu, ils sont relgus part, comme choses accessoires et dont on peut se passer, car la religion ne fait pas partie du propauvres petits tres, que deviendront-ils ainsi gramme. tiols et fltris dans leur premire closion intellectuelle? Quels sentiments gnreux, quelles habitudes viriles peuvent germer dans cette atmosphre tout imprgne de positivisme et d'gosme? Le crime, le grand crime des Loges maonniques, le voil elles se sont empares de l'enseignement pour le ravaler, et leur compression avilissante se fait sentir jusque sur les coles libres, qu'elles tiennent par leurs programmes. Dom Bosco mit toute son nergie ragir
dira peut-tre
cales
:
On
contre elles partout,
taires.
18S
les
commencer par
classes
lmen-
Cette raction,
il
la
ne pouvait
souffrir,
par exemple,
ces traits
prtendus vulgarisateurs de
la science,
romans ou
la jeu-
commun
et
unique
montrer
lui
permettre
chr-
mme
enseignement de l'athisme par omission. Nous n'avons pas trouv dans ces livres un seul mot contre Dieu, dit-on pour se tranquilliser. C'est vrai; mais dans ces livres il y a tout, tout except Dieu. Et vous esprez que vos enfants rempliront spontanment ce vide immense, qu'ils pourront encore voir Dieu partout, alors qu'on les aura habitus ne le voir nulle part, et qu'en eux la formation chrtienne ne sera pas touffe ? aveuglement Si l'on n'en tait pas chaque jour tmoin attrist, on ne le
!
Naturellement l'attention de
la
dom
Un de
ses disciples,
dom
Comme
faire
mme
principe
des
hommes,
faire
humanistes ou des savants. La formation d'un cur est une uvre difficile et de longue haleine. De mme qu'un verre de bon vin ne saurait changer un tonneau de vinaigre, ainsi deux heures d'instruction religieuse par semaine ne sauraient infuser de fortes
croyances et d'austres vertus. Mais de mme qu'un verre de vinaigre suffit pour gter un tonneau de bon vin, ainsi une
demi-heure de mauvaise lecture ou de conversation corruptrice peut bouleverser une me innocente et la dvoyer jamais. Il faut au jeune homme un enseignement continu, o
la loi divine se trouve
186
et
rpandue rellement,
o ne se mle
dom Bosco
voulait-il
qu'on mt rsolument de ct
foi
et
la forme, au moins ils soient rigoureusement expurgs et comments avec prudence par le professeur. Dans cet ordre
de
d'ideS;
il
un jour, que de jeunes intelligences, dont on pouvait tout esprer, ont t perdues par la mytho
Hlas
s'criait-il
jeunes professeurs runis de thmes, point de versions, point d'exemples mythologiques Honte la mythologie La nala vie, dans sa ralit vraie ture, dans sa virginale beaut
logie
!
Et
il
autour de
lui
Point
l'histoire,
un ample abandonne
sonnel
:
d'images,
les lieux
communs
Il
travail personnel.
nous nous contentions de relever chez cet auteur l'lgance du langage, et mme quelques bonnes maximes, si nous ne le
condamnions comme
il
le
n'est pas
l'est
chrtiens,, bien
de
les relguer
au second
plan,
il
Je veux bien,
officiis
le
De
disait-il, qu'on explique tani qu'on voudra de Cicron, mais j'exige qu'on explique aussi le
ainsi la morale chrtienne de ; ou compltera la morale paenne de celuil. Les uvres de Cicron ne sont pas ddaigner, et saint Charles Borrome lui-mme propose aux jeunes sminaristes
De
officiis
de saint Ambroise
celui-ci corrigera
les
187
il veut qu'on simultanment la Rhtorique de lise et que l'on commente saint Cyprien, afin que le jeune homme n'acquire pas uniquement les sductions du style, l'clat des images et l'harmonie des sons, mais qu'il se tienne en garde contre l'art de tromper, contre la flatterie et le mensonge dont l'orateur de Rome paenne est un trop fameux matre; tromper n'est per-
mme
des avocats
(i)!
Une autre
catholiques,
thorie,
tion
il
fois, le
si
sont qu'en
s'criait
Non,
mon
aux
trois
combattu
toute
(et ici il
eut
un accent de
.
profonde douleur),
fin j'ai entrepris
j'ai lutt
ma
cette
une double publication, celle des classiques profanes les plus usits dans les classes, revus et corrigs, celle aussi des classiques chrtiens. Parmi ces derniers, j'ai choisi de prfrence ceux dont le style est concis et lgant, dont la saintet et la puret de doctrine peuvent corriger et
attnuer
le
miers. Rendre aux auteurs chrtiens la place qui leur appartient, faire
que
les
constamment
les
vis
et
dans
les
travaux
que
j'ai
entrepris,
dans tous
avis
conseils
que
j'ai
de ce monde,
mais avec la douleur de n'avoir point vu parfaitement comprise et ralise une rforme laquelle j'ai consacr la partie vive de mes forces, et sans laquelle nous n'aurons
jamais, je le rpte, une jeunesse bien forme, franchement
et entirement catholique
(2).
(1)
Cerutti,
p.
les
5.
Ides de
dnm
(2) Ibid.,
18S
Cette plainte d'un saint qui fut en mme temps un lettr nous touche vivement. Sans vouloir ranimer ici la fameuse querelle que Pie IX termina d'autorit, par son encyclique Inter multiplices, en date du 21 mars 1853, on ne peut s'empcher de reconnatre que bien peu de chose a t fait dans cet ordre d'ides cher dom Bosco, et que, dans ce peu, on
manqu de persvrance.
Il
que la rforme tait aussi difficile que dsirable. La libert d'enseignement n'existe, en notre sicle de prtendue- libert, que pour les Anglais et pour les Belges parest vrai
;
comme un dragon
de toutes
En
:
France, nous
sommes gnralement de
la
facile
composition
qu'un leurre sans la hbert des mthodes et des programmes. Nous avons le droit d'enseigner, sous l'troite surveillance de l'Etat, les ides de l'Etat, le scepticisme de l'Etat et nous nous croyons libres
;
!
Quoi
qu'il
en
soit, l'exprience,
mme
l'impulsion de
heureux rsultats des colmthode est la bonne. Ce n'est pas sans raison que Lon XIII, dans son encyclique Immortale Dei, met les fidles en garde contre le naturaBosco,, et les
dom
hsmeet
Que
tgrit de la foi.
les classiques profanes,
lement bon, servent d'introduction aux classiques chrtiens; que le beau naturel de ceux-l reoive son perfectionnement du beau naturel de ceux-ci; que les lumires suprieures des uns s'ajoutent la splendide efQorescence des autres ; ainsi on ramnera l'unit dans les jeunes mes, et dans les
lettres et les arts la
et
absolument unis.
Sur cette union repose non seulement l'ducation, mais encore l'difice chrtien tout entier.
Il
nous
resterait
examiner
les
tudes philosophiques et
extrait
189
du rglement gnral en
:
dira plus
mentaires
Les prtres
et tous les
membres de
des sciences ecclsiastiques pendant quatre annes contudieront principalement, en y employant toutes
scutives.
Ils
les forces
de leur intelligence,
la
siastique,
ainsi
thologie dogmatique,
spculative et
morale,
que les livres et les traits faits pour instruire la jeunesse dans ces hautes matires. 3 Notre premier matre sera saint Thomas, et ensuite les
comment
le
catchisme
fruits, la
et
m-
thode salsienne ne redoute la comparaison avec aucune autre, mme au point de vue des rsultats purement humains.
Chose tonnante, mais uniquement pour les esprits superficiels, s'appliquer former des citoyens pour le ciel est encore
le meilleur
moyen
Le nombre des
de
dom
ne soient encore que des dbutants dans la vie. Celui des docteurs qu'il a prsents avec succs aux diverses universits italiennes ne se compte plus. Dom Rua, dom Lemoynne, dom Gerruti, dom Durando, M*"" Cagliero, ont pris rang, comme
crivains ou compositeurs, au
leur pays.
deux mondes.
Mais ce n'est pas seulement dans les lettres et dans
le
clerg
grand ducateur des vagabonds a plac haut de brillants lves; il en a dans le barreau, dans le commerce, dans
que
le
l'agriculture,
Un jour,
traver-
sait le
lui
190
un
:
demanda
n'tait pas
dom
Bosco
Pourquoi cette question? rpondit-il. Je vous demande si vous tes dom Bosco
faudrait-il savoir....
tes-vous,
oui ou non,
dom
oui,
celui
Dom
nom que
mains
le colonel,
et les lui
en pleine embrassa
:
que faites-vous ? bon pre, vous ne reconnaissez donc mon pre, mon pas votre enfant, le petit orphelin un tel, que vous avez adopt la mort de ses parents? Que serait-il devenu sans vous? Moi
Colonel, relevez- vous
je croyais bien
vous reconnatre, mais je n'en tais pas sr.... moutard? fit dom Bosco en souriant et une tape sur la joue. Tu as joUment chang deen lui donnant puis l'poque de notre premire rencontre.
Tiens,
J'ai
c'est toi,
mon
pre adoptif.
En vous
vous
voil co-
quittant je
me
suis
engag
vous m'aviez
au travail,
fait instruire,
m'aviez form
lonel.
la discipline et
et....
me
Le colonel ne voulut pas quitter dom Bosco sans avoir obtenu la promesse qu'il viendrait dner chez lui le lendemain. 11 lui prsenta alors sa femme et trois beaux enfants, et tous ensemble ils rendirent grce Notre-Dame Auxiliatrice, qui a bni l'uvre du Valdocco.
Mais
tion, la
le
dom
mthode
est
dans le fait suivant la mort du saint ducateur, aucun de ses lves n'avait encore t frapp, pour crimes ou dlits de droit commun,
par
les tribunaux.
Ce
fait
191
moment o nous ne saurait subsister bien longtemps les plus purs ruisseaux prennent de la fange en s'loignant de leur source et en s'largissant, en devenant fleuves. La famille salsienne a cess d'tre une famille restreinte et choisie elle
a peut-tre dj cess d'tre vrai au
crivons
en tout cas
il
s'il
d'hommes,
gnralement prdestins par leur naissance la prison et au gibet, soient restes durant quarante ans immacules drvant
la justice
de leur pays
CHAPITRE XVI.
l'oEUVRE SALSIENNE DOM BOSCO ET LE COMTE DE CAVOUR. SE RPAND HORS DE TURIN.
Si la
guerre de 1848
et la
hain,e des
Vaudois avaient
attir
des tracas dom Bosco, la guerre de 1859 et la politique pimontaise, appele par euphmisme politique annexionniste,
ne
lui
Ils
douces compensations
les chefs
runion pour
ayant
fait
Dom Bosco
et mis leur disposition une salle avec des livres, des plumes, de l'encre et mme des professeurs d'italien et d'arithmtique, on vit, au bout de quelques jours, comme une procession de pantalons rouges descendre au Valdocco, aux heures de
libert. Plusieurs centaines
frquemment
nombre de ceux qui connaissaient personnellement dom Bosco et dom Rua tait si considrable,
les rues sans tre
et
de Solfrino avaient
le
lits
fait
bien
des enfants
13
se rapprochaient
194
veaux
arrivs.
Le
un peu plus, afin de faire place de nouroi Victor-Emmanuel envoya deux lgers
secours, 250 francs d'abord, puis 200 francs. Mais on apprit que dom Bosco avait crit Pie IX pour essayer de le consoler au milieu des amertumes dont la politique l'abreuvait, et les
dispositions changrent.
Dom
il
Bosco ne
ft
aucun mystre de
cette
correspondance
catholiques
du mois
:
d'avril 1860, la
....
uvres que vous avez entreprises pour la gloire de Dieu et l'utilit de l'Eglise. Supportez, si Dieu vous les envoie, les tribulations, quelle que soit leur gravit, et soutenez avec magnanimit les preuves des temps que nous traversons.
Notre esprance repose
Continuez, bien-aim
la protection
la trs sainte
de
la
Reine du
ciel
et
Souveraine du monde,
Mre de Dieu, Marie, Vierge Immacule, nous dlivrera de ces et consolera son Eglise si profondment afflige, en lui donnant la victoire sur ses ennemis. Nous ne dou-
maux extrmes
mme
Dieu, avec
une ferveur toujours croissante. Aussitt l'Oratoire passa pour un foyer de raction, et son directeur pour un conspirateur redoutable. Les plus minutieuses perquisitions furent faites dans la maison, et les ins-
un prtexte
les divers
fermer l'tablissement.
Dom
Bosco accueillit
fermet ordinaire, refusant de rien leur montrer s'ils n'exhibaient des mandats en rgle, puis de signer leurs procs-ver-
baux mais
s'ils
il
ne
et si adroite, qu'il
se confesser.
Somm
d'ouvrir
un
tiroir, le
crdit et de la rputation
193
Bosco demanda d'en tre dispens il y allait, disait-il, du de sa maison. Naturellement cette
hsitation ne
fit
au nombre de cinq, se mirent en devoir de briser le meuble. Dom Bosco ouvrit; ils se serrrent tous, anxieux, autour du
prcieux
tiroir,
pas
le laisser
saisit
:
ne une
liasse
le
de papiers
sa figure rayonne;
il
semble dire
Nous
le
tenons,
le voil! et
commence
:
d'tre
entendu de tous
:
Pain fourni
fr.
dom
Bosco par
boulanger Magra, d
7,800
Eh!
de ct
l'atelier
en extrait un autre
Cuir fourni
de cordonnerie de
:
dom
Bosco,
2,150
1,500
fr.
fr.
puis
lui
un troisime
Il fit
Huile fournie
dom
Bosco
voulait s'arrter;
dom
s'il
Bosco
le pria
de poursuivre et
Vous devez
comprendre, ajouta-t-il, que je ne fusse pas empress de vous rvler mes dettes; maintenant que vous les connaissez, je vous prie de les consigner sur votre rapport; peuttre cela donnera-t-il au gouvernement ou quelque bonne me l'ide de me payer une de ces notes. On fouilla des caves au grenier; on ne put saisir que l'original du bref de Pie IX, mais on le laissa, car il tait sans
valeur, la traduction tant dj
connue du public
et se trou-
vant exacte.
les enfants,
Les ennemis des Salsiens ne furent pas plus heureux avec dans leurs interrogatoires multipHs et auxquels n'chappa ni une cole ni un ateher. A un lve de quatrime
le
chevalier Gatti
demanda
le
s'il
connaissait Victor-Emmanuel.
nom du
souverain. L'inspecteur,
s'cria
:
affectant alors
un
air
de profond mpris,
vrai,
196
jeune
homme?
vous ne l'avez pas appris dans au moins vous entendu Monsieur, nos matres ne nous ont jamais parl du
l'histoire,
l'avez
dire.
roi
qu'une fois qu'il tait malade; dom Bosco nous dit alors de prier pour lui, et je l'ai fait de tout mon cur. Mais en somme, mon jeune ami, ceux qui perscutent
la religion
le roi
perscute la religion,
donc
le roi est
un
sclrat.
si
Je ne sais pas
seriez en
mesure d'tablir ce raisonnement; pour moi, je n'ai jamais entendu dire ici, par personne, que le roi soit un sclrat; dom Bosco ne parle qu'atec respect, dans son Histoire d'Italie, du roi et de ses anctres.
M. Katazzi, qui savait quoi s'en tenir, tait alors simple dput et ne pouvait ou ne voulait rien faire pour clairer le gouvernement. Le ministre de l'intrieur tait M. Farini, et
le
que moi,
comte Camille de Cavour. Dom Bosco les connaissait l'un et nanmoins ce ne fut pas sans peine qu'il parvint jusqu' eux. Le chevalier Spaventa, secrtaire gnral l'intrieur, le laissa faire antichambre des demi-journes entires
l'autre;
Dom
dom
lui
Bosco s'obstina et
finit
par
mauvais vouloir.
ft
Farini
tout d'abord
Bosco
au
l'accueil le plus
em-
press
il
lui serra la
main,
et le flicita,
nom du gouvernement,
dit
;
de tout
le
Prcisment,
monsieur
le ministre,
dom
Bosco, je
vos agents
me
;
la nourrir et l'lever
je
me
Tant que
197
VOUS ne vous tes occup que des enfants pauvres, vous avez t, monsieur l'abb, le favori du gouvernement mais du jour o vous avez quitt le terrain de la charit pour celui de la
politique,
veiller
et sur-
Comment, gneusement de
vos agissements.
dom
si
soi-
de
la politique! Je suis
on ne peut plus
la
mme fran-
Les
runions ractionnaires qui se tiennent chez vous, vos correspondances avec M^"" Franzoni, avec le cardinal Antonelli, avec
tous les ennemis de l'Etat, voil les
l'veil
faits
donn
af-
Dom
affirma
le sien,
les Lectures
catholiques.
pouvez nier tant que vous voudrez, insista le mimais il est prouv qu'une bonne partie des articles de VArmonia sortent de la plume de dom Bosco. Monsieur le ministre, j'attends avec confiance les preuves
nistre,
Vous
et que je suis un menteur et un calomniateur? La discussion prit ainsi, de la part du ministre, une tournure des plus aigres. Il s'emporta, menaa son interlocuteur de la prison et le traita de fou, bien loin de penser que luimme, trois ans plus tard, devait mourir enferm dans un asile d'ahns. Le calme et l'amnit des rponses de dom
lui. Il se leva et, sans plus adresser la parole, se mit se promener avec agitation.
Tout d'un coup une porte s'ouvrit, mier ministre, comte de Cavour,
les
souriant et se frottant
mains.
198
h!
dom
Bosco, ce cher
Bosco
et
ar-aiigeons
tout
l'amiable.
j'ai
toujours aim
dom Bosco.
En
parlant ainsi,
prit
dom Bosco
par la main et le
ft
asseoir.
A
vit
que son affaire se terminerait heureusement non qu'en politique Cavour valt mieux que Farici ces deux matres conspirateurs pouvaient marcher de pair; mais Cavour tait incomparablement mieux inform en ce qui touchait l'Oratoire. Dom Bosco reprit donc, le cur et le visage plus ras;
surs
Monsieur
le
Excellence a
si
souvent
dtruira.
les carrefours, je
trait
en chef de rvolte, on m'a soumis des perquisitions, des tracasseries, on m'a publiquemeni
dshonor, au grand prjudice de
a jusqu'ici soutenu raison de
On m'a
la
charit
Il
bonne rputation.
y a
plus
la
morale,
la religion, les
en drision par
n'avoir
tre
les
scandaliss. Tout cela me semble ordonn qu'avec le consentement de Votre pu Excellence. En tous cas, de pareils faits ne peuvent pas rester longtemps inconnus au public, et, tt ou tard, Dieu saura les
venger.
deux amis,
leurs, cher
et je
du mai. Nous avons toujours t, vous et moi, veux que nous continuions l'tre. D'ailBosco, vous avez t tromp, et certaines
faire suivre
dom
Quelle politique
de tristes consquences.
et quelles
consquences
Le prtre ca-
il
199
sorte.
cependant
me
croient coupable et
ciel,
ils
me
quatre vents du
Puisque vous
vous
je parlerai. Je
donc nettement que l'esprit qui depuis et dans votre institution est
la politique suivie par le gouvernement. raisonnement Vous tes avec le Pape, le gouvernement est contre le Pape donc vous tes contre le gouvernement. Pas moyen d'chapper cette conclusion.
mon
Et cependant, monsieur
que
le
le
gouvernement
se soit
Comte, j'chapperai votre si je suis avec le Pape mis contre le Pape, il ne s'en-
que je me sois mis contrede gouvernement, mais bien plutt que c'est le gouvernement qui s'est mis contre moi;
suit pas
subtilits. Voici ce
le
que
et,
je
veux rpondre
en
Pape,
ne m'empche nullement
d'tre
comme
la politique n'est
pas
mon
aucune manire et ne fais rien a vingt ans que je vis Turin; j'ai crit, j'ai parl, j'ai agi sous les yeux du public; je dfie qui que ce soit de citer une hgne, une parole, un fait qui puisse me mriter la censure des autorits gouvernementales. S'il en est autrement, qu'on en donne la preuve, et si je suis coupable, que l'on me punisse,
j'y consens. Mais, si je suis innocent,
que l'on
me
laisse
en
paix travailler
dire, monsieur l'abb, intervint Farini, mais vous ne me donnerez jamais entendre que vous partagez nos ides, les ides du gouvernement. Eh quoi monsieur le ministre, en un temps de si grande Hbert d'opinions, voudrait-on causer des ennuis un citoyen parce que, dans le secret de sa conscience, il pense
mon
uvre.
-_ 200
Un homme ne peut-il pas penser dans son que quelqu'un agit mal, et cependant n'en rien laisser paratre au dehors, soit parce que cela ne le regarde pas, soit parce que toute opposition de sa part serait inutile, peut-tre mme dangereuse? Or, quelle que soit mon opinion prive sur la conduite du gouvernement, pour certaines affaires du moment, je le rpte, ni au dehors, ni l'intrieur de mon domicile, je n'ai jamais dit ni fait aucune chose de nature fournir le moindre motif de me traiter comme un ennemi de la patrie. Les autorits ne peuvent rien exiger de
poser des ides?
for intrieur
plus.
Et cependant. Excellence, je
fais
encore davantage,
puisque je recueille dans ma maison des centaines d'enfants pauvres et abandonns. Je vous donne ainsi une coopration directe, en diminuant le nombre des vagabonds et des fainants pour accrotre celui des citoyens laborieux, instruits
et
ma
point d'autre.
Les deux ministres ne purent s'empcher de trouver la dom Bosco trs bonne, et d'autant meilleure qu'elle tait confirme par les faits. Mais Cavour se piquait de
rponse de
religion et de connaissance de l'Evangile
qu'il tait,
il
proposa
dom
Voyons,
dom
Bosco,
sans nul
dit
doute,
vous croyez
tes avec le
l'Evangile, or l'Evangile
nous
que
Si
monde.
donc vous
Pape,
et,
SU sermovester : est, est; non, ou avec Dieu, ou avec le diable. D'aprs ce raisonnement, rpondit dom Bosco, il semblerait, monsieur le Comte, que vous voudriez faire croire que le gouvernement est non seulement contre le Pape, mais contre
pas tre avec le gouvernement.
:
'
Pour moi, j'ai peine comte de Cavour et le commandeur Farini soient arrivs un tel excs d'impit, qu'ils aient rcnonce mme cette religion dans laquelle ils sont ns et ont t levs, et envers laquelle, dans leurs paroles comme dans
me
persuader que
le
leurs crits,
ils
201
citer,
est
Dieu. Le sujet d'un Etat, quel qu'il soit, peut donc tre
et,
dans
lui
mme
les lois
du gouvernement, sauf
l'on rclamerait
de
des
Est, est
pas
il
un
entend se ranger, pour Jsus-Christ ou contre lui ? prtre, je suis en tat d'expliquer Vos Excella sentence de l'Evangile que vous me citez. Ces paroles lences n'ont rien faire avec la pohtique elles signifient que, s'il est permis d'employer le serment pour la confirmation solendrapeau
Comme
nelle de la vrit,
on ne doit cependant en
la
faire
usage que
lorsque
la ncessit le
un
homme
d'honneur,
prudence, cher abb, prudence, parce que nous sommes en des temps difficiles, et je vous avertis de vous garder de certains amis qui vous trahissent en
secret.
deux
la
se retira tranquillement.
ne
s'tant point
modifie,
ne retrouva jamais
la bienveillance
des anciens
l'ins-
du ministre de
du Valdocco. Mais on avait eu la prcaution de s'y soumettre tous les examens spciaux qu'exigeait depuis peu
classes
la jalouse surveillance
de
l'Etat.
Dom
Bosco fut
le
premier
202
donner, sous ce rapport, un exemple qui fut bientt suivi
par les vques, afin de ne pas se voir exclus, faute de di-
Au dbut
que
fisc,
le petit
d'lves, tait
supplia,
du fond de son
relever.
Le saint prtre accepta. dans l'arcbidiocse de Turin, que les demandes d'admission commencrent affluer. Ds les premiers mois l'tablissement tait sauv, et pour la bonne tenue et pour le nombre
des lves
,
Mais c'est surtout dater de 1865 que l'extension de l'uvre de dom Bosco a march pas de gant. En 1858 il sjourna quelque temps Rome, afin de soumettre tous ses projets au pape Pie IX et d'tudier une maison clbre qui ressemble beaucoup aux siennes, l'hospice ou orphelinat Tata-Giovanni, dont Pie IX avait t jadis aumnier pendant quatre ans. En 1863, il ouvrit un vritable collge Mirabel, dans le Montferrat; un second Lanzo en 1864, et, les annes suivantes, plusieurs Oratoires complets sur divers points de l'Italie, Alassio, Magliano, Randozzo en Sicile, Varse, Val-Salice aux portes de Turin Trente dans le Tyrol. Il possdait maintenant assez de sujets forms, unissant une exprience prcoce la hardiesse entreprenante de leur ge, pour pouvoir suf,
fire
CHAPITRE XVn.
L ATELIER
SALESIEN,
Nous avons dcrit l'cole salsienne; pour donner une ide complte de l'uvre qui dsormais va s'tendre de proche
en proche jusqu'au del des mers, il nous reste dcrire l'atelier salsien. L'ordre chronologique rclamerait peut-tre que nous attendions encore, les grandes fondations de Marseille, de Lille, de Paris, de Barcelone, de Montevideo, de BuenosAyres, n'ayant eu lieu que plus tard; mais celle de Turin, type de toutes les autres, est dj en pleine vigueur, et nous
pouvons ds maintenant pressentir ce que sera l'ensemble. Ce n'est pas une nouveaut dans l'Eglise que des religieux enseignant travailler des mains et sanctifier le travail. Dom Bosco et ses fijs ne font que continuer la grande tradition des Bndictins et des moines de4ous les sicles; mais celui o nous vivons avait besoin plus qu'aucun de ses devanciers qu'elle ft reprise son profit, comme remde une
de ses plus grandes infirmits, qui est
des classes laborieuses.
la dchristianisation
Nul spectacle n'est plus admirable que celui des ateliers dans les maisons salsiennes, et ce travail incessant de la vaste cit ouvrire o l'on n'entend que le bruit des machines au milieu d'un silence volontaire, mais
d'arts et mtiers
strict.
Voici
:
un
extrait
dom
Bosco
heures en hiver;
^
I
204
et
demie en
t,
cinq
commun
et la
messe.
dans leurs ateliers respectifs. L, ils doivent tre ponctuellement obissants au sui veillant et au contrematre. Chacun doit demeurer dans son
et sans bruit
ment
nul ne peut aller, sans permission, dans l'ateher d'un autre. Le surveillant et le contrematre sont presque toujours des rehgieux.
atelier et
Le silence est de rgle, moins de ncessit absolue. Chacun doit se souvenir que l'homme est n pour le travail. Aucun ne doit quitter l'ateher sans avoir rang ses outils. Mais la description suivante, faite par un tmoin oculaire, expliquera mieux encore ce qu'est l'atelier salsien. C'est une lettre crite peu de temps avant la mort de dom Bosco et qui peint son uvre dans tout le dveloppement qu'elle a pris; on nous pardonnera la longueur de la citation cause
de son
intrt.
J'avoue,
mon
cher ami
principal tabhssement salsien de Turin, je n'tais pas sans certaines prventions. Parce
un trs saint homme, je m'tais un couvent bien pieux et bien calme, une espce d'oasis chrtienne dont les heureux habitants, soigneusement prservs des vents brlants du dehors, seraient mal prpars aux pres luttes de la vie. On me donna pour guide un jeune Pre franais, qui me fit les honneurs de rtabnssement d'une manire aussi intvent que
dom
Bosco
tait
imagin que
j'allais voir
ressante qu'aimable.
natre
Ds mes premiers pas dans les ateliers, je dus reconque je m'tais tromp absolument. Je me trouvais, en effet, dans une cole industrielle organise d'une manire exirmement pratique et intelligente. Rien sans doute ne rappelait nos exploitations modles, qui sont souvent des
modles de
20o
te-
nues d'uniforme, pas de boutons, pas mme de casquettes galonnes, aucune rminiscence de caserne. A y regarder de prs, JG crois mme que certaines culottes taient un peu bien spacieuses et d'autres un tantinet trop courtes pour pouvoir tre considres comme la chose du premier occupant.
tait
parfaitement dcente.
Quant aux
salles
de
travail,
puis pleines mains l'argent des contribuables ou des actionnaires, pour l'enfouir dans les briques et le mortier et
faire
ment
Il
o l'on a
l
fait
ses affaires.
y avait
graphes au grand complet, y compris la fonte des caractres, possde mme Mathi une grande
la force
un
mme temps de
J'ai
calorifre, la chaleur
le
perdue chauffant
je
l'glise.
pouvais
disposer ne
me
surprise de me trouver dans une vritable usine, et non pas seulement dans un pieux asile. Il se mit rire de bon cur L'ambition de notre Institut n'est pas du et me rpondit tout de former des dvots, mais simplement de bons et sohdes chrtiens et des ouvriers capables et satisfaits de leur sort.
:
le salut
de l'me de
but
)>
206
mme
temps un
joint nous, de
me
donner quelques
moyens
employs pour atteindre les rsultats merveilleux dont j'tais tmoin. J'appris de ces messieurs que le principe fondamental de l'uvre de dom Bosco tait l'absence de toute contrainte. Ainsi, bien que le rglement conseille de s'approcher des sacrements tous
tut s'ils
les
peuvent quitter
difficile
l'Insti-
ne
La
discipline,
qui
me
semblait bien
faire
observer dans un milieu o les lments d'insubordination abondent, est maintenue admirablement sans aucun moyen de
rigueur,
uniquement par
morale.
Les apprentis sont au nombre d'environ trois cent cinquante. On les admet ds l'ge de onze ans et demi, et d'ordi
naire
ils
Ils
comme
ouvriers, et
anciens matres.
conservent en gnral les meilleures relations avec leurs Un certain nombre y restent jusqu' l'poque
de
la
Le
il
maximum
de 15
fr.
par mois,
fourni est
mais
diminue au fur
reste,
et
mesure que
le travail
plus productif.
un quart au plus des apprentis paient cette modique rtribution; les autres sont des orphelins abandonns par leurs parents ou recueillis leur demande. A ma quesles jeunes gens condamns tre enferms dans une tion maison de correction sont-ils galement admis ici ? il me fut rpondu ngativement, parce que cela tait contraire au
Du
manche, mais leur
tiers
207
comme
pcule le
150
fr.
sortie
on leur remet
quivaut en
la
de leur
salaire, ce qui
moyenne
La dure du
travail est,
au
par jour.
gens reoivent tous les jours des leons de religion, de dessin, de commerce, de franais, plus une bonne instruction
primaire italienne. L'enseignement technique est donn en
gnral par d'anciens lves appels Capi d' arte. Les Pres,
dont chacun surveille un atelier, n'ont intervenir en rien dans cet enseignement. J'allais oublier de dire qu' ct de l'cole industrielle, il y a un pensionnat comptant environ 400 lves, qui suivent
sminaire,
puisqu'un
la
C'est une espce de environ de ces jeunes Congrgation ou dans les ordres. La
classiques.
quart
les
trois
En tout la maison compte environ un de personnes. On comprend sans peine quelles millier charges un tablissement aussi considrable doit faire face, et l'on se demande comment il peut se soutenir. Sans doute
la charit
y pourvoit en partie, mais cependant l'organisation de cette uvre est si intelligente et son administration si
vit,
soigneuse, qu'elle
part,
de ses propres
de typographie en particuher, avec ses annexes, a d'ordinaire, m'a-t-on dit, sa production engage pour quinze mois l'avance.
vail, et l'atelier
J'ai visit
race,
en
mme
avec toute l'ardeur de leur ge et de leur temps qu'avec un calme joyeux et beaucoup
de dextrit.
]'ai
208
cur
l'ouvrage.
On
remarqu notamment, dans l'atelier des forgerons, un jeune homme qui maniait son marteau avec tant de bonheur que je regrettais vivement de n'tre pas artiste je n'aurais pas voulu de meilleur modle pour un Vulcano infante. Je me suis surtout arrt dans l'ateher de typographie. Dieu me garde de chercher querelle aux typographes de certains journaux belges, mais je n'ai pu m'empcher de penser que sous quelques rapports leurs jeunes confrres de Turin
:
bonnes rcrations tout ce petit monde de travailleurs prenait, la besogne consciencieusement acheve! Quelles joyeuses parties de balles, quelles courses animes! Les bons Pres, retroussant leurs soutanes, s'y mlaient avec entrain on et dit les frres ans d'une famille. Tout cela se passait avec une grande libert d'allures et cependant rien
Et quelles
;
de dsordonn. Ces enfants du peuple n'auraient t dplacs dans n'importe quel collge. De temps en temps l'un ou
l'autre s'chappait des
tait vrai-
ment touchant de
w Impossible de
ils
accompUssaient
ne pas tre frapp de la bonne tenue que les excellents Pres salsiens ont su donner ces enfants ramasss un peu partout. Us ont russi leur ter jusqu' ce penchant inn des Italiens pour la bonne main. Dtail assez
caractristique
:
ayant
fait
quelques emplettes
la Hbrairie,
tenue avec un srieux et un zle tout fait amusants par trois jeunes gens d'une quinzaine d'annes, j'eus beaucoup de
peine leur faire accepter pour
la bote
ques sous
Je
qu'ils voulaient absolument me rendre. ne saurais vous dire jusqu' quel point les relations entre les jeunes gens et leurs matres sont en mme temps respectueuses, confianteo et cordiales; c'est vraiment quelque chose de paternel. Ils parais::env, du reste trs fiers de leurs excellents Pres. Ainsi, ay^nt demand au gamin qui m'intro-
le
209
fait gentille
Je crois bien
il
parle
:
devenir des
je
En voyant ces jeunes gens si heureux, si bien prpars membres utiles de la grande famille humaine,
d'entre eux, sans cette admirable
la
me demandais combien
institution,
proie
du
si
est
La foule stupide
et blase n'a
pour
me
cette
mme
en
fouillant les
bas-fonds du peuple pour en taler cyniquement toutes les turpitudes dans leurs immondes crits. Ma pense se reportait vers ces moines qui, il y a treize sicles, sauvrent l'humanit, alors que toute trace de culture semblait submerge
par les
flots
de
la
Germanie
civilisrent
le fait
nos
comme dom
Bosco
pour
Com-
mune
mis de se demander
les
et toujours la devise
de
la
de
la charit
un
homme
et
non une
DOM
DUSCO.
14
moine
autres
210
et
comme
consquence,
considration des
gaux devant le Pre qui est en valeur relle, quelle que soit leur richesse, s'ils sont moins vertueux que lui. L'atelier chrtien sera le moule do gncraions ouvrires selon le type de Jsus ouvrier qui, fils de Dieu et Die-u lui-mme, se fit l'apprenti et le compagnon d'un artisan, et choisit, au lieu d'une profession lgante et distingue, un rude mtier qui rend les mains calleuses.
ses frres, ses
hommes
que
au
ciel;
Dom Bosco, dans ses atehers M. Harmel, dans le sien le comte de Mun, dans les cercles catholiques, et en gnral tous les chrtiens qui s'occupent d'uvres ouvrires, sont les seuls adversaires srieux du socialisme; aussi ce qu'on
;
est-il irrconciliable
la
la socit
livre entre
paix,
la frater-
dans la mesure o ces splendides utopies sont ralisables en ce monde; ainsi, selon la foi, les anges, messagers de Dieu et nos gardiens, travaillent et circulent, dans un empressement joyeux, sans que rien trahisse pour nous leur prsence tutnit, aussi bien
la
que
libert et l'galit,
laire.
demeure au sociaUsme athe, il faudra travailler encore, car on ne peut vivre sans nourriture et sans vtements mais on travaillera sous le fouet de la ncessit, en grinant des dents, comme on se dmne dans l'enfer et, hlas! dans un trop grand nombre d'ateliers contemporains.
Si la victoire
;
CHAPITRE
MORT DE JOSEPH BOSCO.
XVIII.
Un
dom
?
viste l'Oratoire.
Pourquoi cette
visite
inattendue
s'cria
dom
ne
Bosco
sais
en
Je viens rgler un
me
sens
comme
compte
pour-
quoi je
affaires
un
si
mes
temporelles et celles de
ma
conscience.
lui, ab-
Dom
Bosco voulait
le retenir
de temps.
Gomment, c'est toi! demanda son frre; il y a donc du nouveau la maison ? Oh non je suis venu pour te demander un conseil. J'ai un doute. Tu sais que je me suis fait garant pour un tel. Si je vis, c'est bien, je paierai, au cas o un tel ne paierait pas; mais si je meurs?
Si tu
fini
dom
s'est
faire tort
au crancier, qui
fi
Sois tranquille,
l'chance et
si
ma
moi; je
me
212
Merci,
me
voil content.
Aprs cette satisfaction donne sa dlicatesse de conscience, ce digne fils de dame Marguerite rentra chez lui en
parfaite sant et mit ordre ses affaires,
comme
mal
s'il
avait eu
En
effet,
il
fut saisi
subitement d'un
qui,
en peu
d'heures,
le rduisit
courut aux Becchi et prodigua son frre les soins les plus
tendres. Tout fut inutile.
Au mois de
et
lui
res-
prit
avec eux
des arrangements
pour y venir
toutes les fois que bon lui semblerait, avec autant d'enfants
en voudrait amener, et il continua clbrer Chteauneuf d'Asti, chaque anne, en nombreuse et bruyante comqu'il
ne l'entendait plus discourir avec lui sur le bonheur d'aimer Dieu ou sur les moyens d'hberger la bande joyeuse; il ne la voyait
fois,
;
ne trouvait plus ses cts sur la route, dame Marguerite avec son panier au bras
comme
il
autre-
plus, ds
et
les
gagn
Mais
il
commencer
chur.
de transmettre d'autres. gnralement tape Ghieri, moiti de la route, chez des amis, soit le chevalier MarcGonella, soit le chanoine Galosso, soit l'avocat GaUimberti, dont les maisons hospitatenant
il
s'efforait
Il faisait
renomme
d'apptit.
Souvent
dom
Bosco
profitait
'
213
part, tout
il
dans
la
notice biogra-
phique dont nous avons parl dj a La vertu que je dcouvris en lui dans
passa
cette causerie d-
mon
attente.
Il
me
serrait afFectueusement la
:
main
et,
ne sais comment vous exprimer ma gratitude, me disait-il, pour la grande charit que vous avez eue de m'accepter auprs de vous.... La pluie nous surprit en chemin nous arrivmes mais l'excellent chevalier Marc Chieri tout ruisselants
Je
; ;
me
de vtements
et
de provisions de
bouche;
aussi
il
comme
La modeste chambre o tait n Jean Bosco et o s'coulrent les premires annes de sa vie, loin de s'embellir, tait reste daus un tat de dlabrement complet. Elle servait, elle
sert peut-tre encore remiser
les outils et
instruments de
labour.
maison de Joseph, consmanire ancienne. C'est l que l'on s'entassait le moins mal possible. Mais 'a famille avait mnag une place un peu moins mesquine pour le bon Dieu; il y avait en effet une petite chapelle rige sous le vocable du Rosaire. Dom Bosco y prchait lui-mme une neuvaine quelques jeuues privilgis, mais seulement dans les annes o il avait assez de loisirs pour faire neuf jours de
Les visiteurs logeaient dans
en
face,
la
truite
un peu en
biais, la
villgiature.
Ecoutons, aprs celles du matre, les impressions des lves; nous en trouvons
tin salsien
un cho dans un
rcit insr
au Bulle-
il
tait
et Turin,
214
Bosco ne redoutait la marche. Il ne pouvait on le comprend, d'installer tout le monde en omnibus. Nous allions donc tous pied, le bon Pre en tte, sans nous inquiter pour lui de la fatigue. On passait par Ghieri, Riva et Buttigliera d'Asti voil notre chemin de fer
tre question,
:
dom
d'alors.
On
partait
et
demie ou neuf
o de nombreux amis de dom Bosco se faisaient un plaisir de donner l'hospitalit la petite caravane. Il nous souvient que quelques intimes, connaissant le jour et l'heure de l'arrive, venaient notre rencontre.
Pour n'en
citer
qu'un
seul,
nommerons M.
le
chanoine Calosso.
la plus
Ge vnrable ecclsiastique a toujours eu pour dom Bosco grande affection il l'aim-ait tendrement, et les quali;
ts
fils
spirituel
pendant
les
annes de collge Ghieri, l'avaient vivement frapp. Qu'ils taient heureux les lus qui, placs aux premiers rangs, accompagnaient dom Bosco! Gertes, ce bonheur, d-
de tous cependant, n'excitait point de basse jalousie, grce Dieu, nous ne connaissions que seulement, sans prendre la place des autres, nous le nom aurions souhait d'avoir la ntre, nous aussi, dans le cortge
sir
privilgi.
La course, pour qui veut y rflchir, tait longue et l'est nous c'tait l le moindre de nos soucis avions au milieu de nous qui savait l'abrger. Dom Bosco tait alors en train d'crire son Histoire d'Italie. Nous instruire en nous intressant n'tait pour lui qu'un jeu; il fallait voir quel charme revtaient, sous sa parole, les rcits de tous genres vocations du pass, actuahts saisissantes des vnements
rellement, mais
contemporains.
Plus tard, l'Histoire ecclsiastique tait son sujet favori
Souvent
il
nous
parlait
en dialecte pimontais,
et ses tableaux
21o
des vicissitudes de l'Eglise mettaient en lumire les trsors d'une prodigieuse rudition.
et,
Le narr des
faits, les
observations qu'ils
facilit
lui
suggraient,
moindres paroles, tout s'imprimait sans peine dans notre me, et ces chers souvenirs, nous les avons encore vivaces et profondment gravs. Pendant ce temps, on cheminait, sans penser la longueur de la route chacun oubliait sa fatigue. On ne remarquait
:
vu granfte du Ro-
paroissiens,
modeste dner
de
dom
Afin d'obir
un ordre
si
com-
menait s'branler.
pour un peu, on et recommenc sans trop se faire prier. M, le cur s'tait excus de ne pouvoir nous offrir qu'un peu de polenta. Pour nous, c'tait une joie, une fte, une jubilation, qui peuplait nos souvenirs et nos rves pendant douze mois, bien longs,
On
avait dj djeun
en conscience,
et
je
vous assure.
polenta
comme
la
aprs
tant
d'annes tu
nous
fais
bouche!....
o trouver un chaudron, un fourneau, o trouver surtout des bras assez vigoureux pour traiter avec les gards convenables et amener au point voulu ce formidable monceau de farine? C'est que nous dpassions la centaine. Et pas de bouches inutiles chacun comptait bien pour trois. Pendant qu'un tourbillon de flammes enveloppait le chaudron vnrable et faisait bouillir l'eau, nous, les invits, assis au petit bonheur et l dans la cour, nous atten:
216
les
uns distribuaient
le
les
naient
un acompte sur
la
en respirant
fumet savou-
un va-et-vient pittoresque, un coup d'il charmant. Les plus srieux et les plus grands avaient des occupations plus releves. M. le cur aimait beaucoup le chant religieux; nous en avions
la
preuve dans
la belle
matrise tablie
par
lui.
mena sa carrire artistique sous M. l'abb Ginzano. Quand nous arrivions il fallait donc faire de la musique,
))
et
de
la
musique bonne,
on terminait
le
si
populaire en Pimont,
Salut la
du
bienheureuse portion.
pierres,
Il
Aprs
le
quelque sorte,
froid,
mets national, traditionnel, sacramentel, en et plat de rsistance s'il en fut, on servait, avec
:
du pain frais, un menu dont voici le dtail fromage, bouilli ufs et miel. Et toutes ces bonnes choses disparaissaient comme par enchantement. Quand nous tions installs, dom Bosco, avec les ans de sa nombreuse famille adoptive, prenait place la table de M. le cur, qui ce jour-l, pour honorer son hte, avait pri
dner tous les prtres des paroisses voisines....
Dans un
blic
comme
partie
MajJion....
"217
Le sjour aux Becchi n'tait point perdu pour la pit et pour l'dification, tant s'en faut. Le soir, l'heure o les occupations ne retiennent presque plus personne aux champs, cette bonne population nous arrivait en nombre respectable. La minuscule chapelle ne pouvait jamais contenir tous les fidles, la majeure partie se tenait l'extrieur, dans un
recaeiilement parfait.
j)
Aprs
la rcitation
du
rosaire,,
le
la
bien convenable encore, regagnait sa maison. Dom Bosco dsirait en effet, et n'a jamais cess de recom-
crmonies. Pour beaucoup, cette neuvaine et cette fte amenaient la communioQ omise Pques, et devenaient le point
de dpart d'une vie fermement et rsolument chrtienne. Pour le pasteur improvis, c'taient l de durs labeurs, sans doute; mais aussi quelle belle moisson d mes, et comme elles iaieut bien payes, toutes ce.^ fatigues' Rien ne manY,
quait, pas
mme
l.
M La journe tait remplie par l'tude on faisait du latin, de l'itahen et mme du franais. Le professeur, il va de soi, c'tait toujours dom Bosco, dans les premiers temps du
moins
Il
et
ou plutt enchants.
avait,
des thories
d'une
facilit
somme
culte
pour saint
quelques
Jrme. Pour
comme
il
pages que nous traduisions de ses Lettres choisies nous paraissaient vraiment admirables. Encore longtemps aprs,
d'tat
les
yeux tous
une
'
beau,
puissant et d'un
Nous
dans
jour.
exemple, Mondole
nio, Passerano;
mme
titre
pompeux
du
saint Rosaire.
les
La
veille
de
la solennit, la chorale,
vers
le soir,
arrivaient de Turin
en mme temps que les tudiants en tout, cent et souvent cent cinquante amis qui venaient nous trouver. On se mettait bien en roule ensemble mais comme tout le monde n'avait ni le mme ge ni les mmes jambes, qui arrivait plus tt, qui plus tard, et le gros de la communaut tait presque toujours le trs petit nombre. De sorte que la fin de la journ'e trouvait encore chelonne sur la route la bruyante cai^avane, dont les chants et les joyeuses fanfares, se rpercutant de vallons en vallons, entretenaient la joie et
musiciens et
et les apprentis
: ;
sonnaient
le ralliement.
d'une
Plusieurs
mme, dans
commencements
uoe existence o l'imprvu occupait une si grande nous dbarquaient tout juste le lendemain matin. Quels clats de rire accueillaient alors les chevaliers del belle toile! Quelle provision de gaiet nous fournissait leur petit air malheureux Avec quelle compassion bonnement malicieuse on soulignait le rcit tragi-comique de leurs aventures Nous devons confesser ici ingnument que, dans les premiers temps, nous avons maintes fois mnag plusieurs personnes de vritables surprises. Nous croyions d'une foi
prises avec
place,
!
mme
que nous
fils.
le
connaissions nous-
mmes,
tout le
monde
devait connatre
dom
il
Bosco,
et,
par
Quand
nous
arrivait
route,
:
219
donc d'entrer dans quelque ferme pour demander notre on nous disait O allez-vous, chers enfants? Et nous,
:
dom
le
nous allons
!
du
Rosaire
nous tions simples et nafs! quo le nom de dom Bosco ne ft point parvenu jusqu' nos inlerlocuteurs, et nous tombions des nues, si on ajoutait que ce nom ne dsignait aucun pays connu, rapproch ou loign. Cependant nous avons toujours trouv partout et chez tous excellent accueil et bienveillance vraiment patriarcale. Nous ne pouvons penser sans motion aux soins tout particuliers que nous avons reus quelquefois dans les plus humbles demeures. Les mres, qui tiennent de Dieu le secret de ces attentions dlicates, nous comprendront sans peine. Ainsi il fallait s'arrter un peu, au moins le temps de
prendre un instant de repos et de se rconforter avec un gnreux cordial, avant de se remettre en voyage. Et puis, on venait nous indiquer notre route, si d'aventure nous l'avions perdue
;
on
s'offrait
mme
nous
pagner pour nous viter les pertes de temps et des coles souvent ennuyeuses, fatigantes toujours. On attendait, pour saluer dom Bosco, que toute la troupe ft runie.
accomnous pargner
Avec quel bonheur les nouveaux venus le revoyaient, le bon Pre, au milieu des amis arrivs avant eux! C'tait qui raconterait les incidents de l'quipe. Et lui, exemple vivant de
charit,
souffrait,
faisait
monde
parlant la
fois,
et
en souriant, cette
exubrance d'importunit.
On
!
comme
de repos, du reste, et puis.... la paille, la paille Pour ne rien oublier, je dois dire que plusieurs prenaient dj un acompte de sommeil table. La patience de dom Bosco tait sans bornes et il en avait tous les bnfices. Un soir, sur la foi sans doute du proverbe italien bien connu A table et au lit, point de contrainte, un cher petit, qui avait l'habitude de distribuer des coups de pied, mme en dormant,
:
220
l'agresseur
faire,
involontaire; mais
dom
Bosco donna
ordre de laisser
))
rptant que
Un mot sur
et accable
nuit. J'ai
le systme adopt pour loger la gent remuante de sommeil, qui arrivait toutes les heures de la dit plus haut que dom Bosco avait une pauvre mai-
nom.
Des gens mal intentionns inventrent ds ce temps-l, peut-tre plus mchants encore, ont rpt depuis une pure calomnie. Dom Bosco aurait lev pour lui et pour son frre, auxin
et
d'autres,
liaire
tt,
lev, dis-je,
l'air
une maison superbe, un vrai chteau, qui n'avait de rien moins que d'un palais princier. Qu'on le sache donc une fois pour toutes, dom Bosco,
fait
qui a
assurment doter d'une petite chapelle son pauvre hameaa natal, et y installer un prtre demeure mais la crainte de
;
r-
qu'il
toujours
En consquence,
les
y a trente-cinq ans, et
l'avenir?
Quoi qu'il en soit, encaqus comme un baril d'anchois, nous n'avions pas prcisment toutes nos aises mais on se trouvait bien, et personne ne songeait rver mieux. Lorsque le bon Joseph Bosco vivait encore, c'tait lui qui tendait les bottes de paille sur le plancher de l'tage suprieur, grenier devenu dortoir. Puis, le soir arriv, chacun recevait un drap, embaum d'une bonne odeur de lessive, et accompagns de nos surveillants, nous grimpions l'endroit assign. Les autres chambres de la maison recevaient aussi des htes nombreux, et nous avions bientt trouv un lit, point trop
:
_
somme
assure.
221
moelleux peut-tre, encore moins un lit de plumes, mais, toute, excellent, et qui nous suffisait bien, je vous
Nous
assistions
Tel,
dans
l'table.
le
mon homme
Vous
mal; que
le voisin, veill
s'empresse
naturellement
trouver
le
se blottit de son
mieux dans
Sa surprise,
coucher sur
sur
la
le foin le soir, et se
paille,
?
mystre
ces
bonhomme
Un
autre de
dormeurs ambulants s'avisa de rouler jusque dans les jambes des vaches celles-ci, pouvantes, battaient des entrechats aussi amusants que dangereux pour tout ce petit monde. Mais ces choses-l taient rares gnralement, aprs les prires du soir, en moins de rien, il rgnait un silence profond, et le jour retrouvait chacun son poste. Cependant, de temps autre, un enfant, genoux au
:
milieu de ses compagnons endormis, disait encore un mot au bon Dieu; et tous ceux qui se rveillaient un instant, dans le cours de la nuit, n'oubliaient jamais cette pratique difiante. Quel grand et vigoureux esprit de prire on avait alors Le matin de la fte arriv, chacun avait sa besogne l'glise, la musique et le thtre occupaient tout le monde. Car nous avions un thtre, pour gayer un peu ces bonnes gens, qui les rjouissances de la ville taient presque inconnues. On faisait d'abord la sainte communion, et une
!
9^0
communion
dtails
gnrale;
dom
les
de
la fte, l'glise et
installait l'orchestre.
tions de Turin
un
petit
On nous
mme
4}etite colline
de ces braves gens, qui avalent la patience de camper sur la jusqu' une heure assez avance de la nuit. Les fidles de Chteauneuf d'Asti, paroisse de dom Bosco et oii il reut le baptme, composaient en trs grande partie cette foule, malgr les trois ou quatre kilomtres qui sparent les
Becchi de Chteauneuf. Et puis arrivait la clture
:
lancement
d'artifice,
formaient,
cette heure
en ce
lieu,
un
spectacle enchanteur,
inconnu jusque-l
des collines
Comme
les habitants
que
ma plume qu'il
faudrait
pour vous dcrire! Mais je dfie la plus habile de dire, mme moiti; de quel enthousiasme et de quelle allgresse nous
avions
le
cur rempli
(^).
Dom Bosco
et,
profitait aussi
pourquoi ne pas
l'ajouter,
pour
faire
un sentiment naturel qui n'a rien' d'illgitime. Il menait donc ses lves en excursions dans les villages voisins, et partout o se rencontrait une glise, un village, un point de vue, il leur en faisait les honneurs en leur donnant sur chaque sujet les dtails les plus intressants. ....Nous fmes ainsi au Vezzolano, o notre aimable et vnr cicrone, nous ayant fait asseoir sur l'herbe autour de et lui, nous droula une lgende locale sur Charlemagne.
L'amour de
la patrie est
. . .
mai,
juillet et
aot 1887.
gnano ? Si vous jetez
tes
223
les
d'Italie,
vous
assur de ne
point trouver
et
cependant, c'est
presque une injustice l'gard de ce dlicieux coin de terre. Le site est on ne peut plus agrable une colline ensoleille, un peu au nord de Gbteauneuf d'Asti, qui doit lever la
:
pour saluer son voisin baut perch. ce temps-l, les routes taient encore l'tat de raidillons et en biver, l'ascension devait tre un problme assez
tte
En
compliqu.
les
A l'heure monde de
pentes d'Albugnauo
le
et
s'il
de tout
se procurer le plaisir
du magnifique pa-
jouit
une
fois
illis,
teau fort, que les gens d'Asti rasrent aprs en avoir dlog
les
Chemin
sonner midi
aussitt, tout le
monde
fut
genoux pour
la rcitation
de
V Anglus.
La chose nous
il
de respect hu-
main,
paysans qui, debout sur la porte des fermes, ou disperss dans les vignes, nous considraient avec un visible tonnement.
le
la prire
de
dom
Bosco,
le
une grande partie du Pimont; c'est de cet observatoire que l'excellt-nt prtre avait, pour ainsi dire, assist la dsastreuse bataille de Noil pouvait vare en 1849 presque compter les coups de Quelques jeunes gens de la paroisse se trouvaient canon. parmi les combattants tous sont revenus au village sains
plateau d'o le regard embrassait
: :
et saufs
;
224
le
~
!
canon grondait au loin, qu Chaque coup semblait les frapper au cur elles croyaient tre sur le champ de bataille, voir leurs enfants tomber et mourir.... Le digne cur, afin
mais pendant que
de procurer cette foule plore un peu de paix, l'excita la confiance en Dieu et en la trs sainte Vierge en faisant
rciter le rosaire
;
puis,
la
il
donna
la
ment. Les pleurs etles sanglots ne cessrent point, mais un peu de rsignation et d'esprance entra dans les curs.
Ce rcit nous transportait sur le thtre de l'action, que nous connaissions dj par ou-dire. Un de nos musiciens, que nous avions baptis le hersdgliere, avait vu ces jour*; de dsolation le combat auquel il avait assist tait le thme
))
;
qu'un pre
sait
(1)
Bxdleiin talsien,
aovembre 1886
et fvrier
1887.
CHAPITRE XIX.
MARIE MAZARELLO; FONDATION DE LA CONGRGATION
DE MARIE-AUXILIATRICE.
L'uvre salsienne
nesse masculine
;
tait
la jeu-
elle
gnement second
rien dsirer,
il
lire et
y manquait une srie d'institutions analogues en faveur de la jeunesse fminine, non moins dlaisse que
l'autre
dans
les
bas-fonds de
la socit
moderne,
et
non moins
la misre.
Maman
filles
vagabondant par
elle.
Marguerite avait Lien souvent rencontr des petites les rues et dplor de ne pouvoir les
prendre avec
geait,
Elle se bornait
Mais on ne peut tout embrasser la fois. exprimer son regret son fils, qui le partarecommandait Dieu la solution dsire et en cherchait
les
vaguement
Ils
ils
pourraient venir.
le
dom
Bosco.
le
vallon
(1)
Numro de dcembre
1881. -
DOM
BOSCO.
IS
leur
226
faire
commune
enfance
et
on ne saurait mieux
leur pre,
que de re-
produire son
rcit.
Leurs parents
ce qui aurait
les
notamment
homme
d'une vertu
et pourtant
il
avait souvent
Marie
trs
fille
douce et trs pieuse, mais avise, intrpide et robuste. Le pre tant devenu infirme, elle le remplaa pour la direction de ses travaux extrieurs, en abandonnant sa sur les soins du mnage. Elle mettait elle-mme la main la culture, et avec une ardeur telle, t comme hiver, que le pre, qui ne pouvait plus l'assister que de ses conseils, fut oblig de si la modrer. Vas-y donc plus doucement, lui disait-il tu continues ainsi, je ne pourrai plus trouver de manuvres qui veuillent venir travailler chez nous tu les mettrais tous sur les dents par ton exemple, car ils ont honte d'en faire moins qu'une fille. Marie le promettait, mais, entrane par l'ardeur de son courage, elle ne tenait parole qu'imparfaitement. Elle avait dix-sept ans lorsque son cur, dom Pestorino, imagina de grouper les jeunes filles de sa paroisse dans une congrgation dite de Marie-Immacule. Elle faillit en tre la premire suprieure; mais quelques-unes de ses compagnes objectrent son extrme jeunesse. Dom Pestorino ne trouvait pas que ce ft un obstacle, vu sa rare prcocit, mais il en laissa lire une autre, laquelle Marie fut la premire se soumettre avec empressement, comme la dlgue de la Providence. Les obligations qu'imposait le rgle;
laissaient
surs Mazarello ne changrent rien leurs habitudes actives. Marie travaillait toujours
dans les champs, et lorsqu'elle rentrait, dans les soires d'automne et d'hiver, elle se mettait avec zle aux travaux
d'aiguille,
227
;
il
elle
excellait
ainsi
Quand venait la semaine sainte, elle rservait quelques moments de la matine et de l'aprs-midi la rcitation de
l'office
de
la
Sainte-Vierge et la mditation
mais
elle
pro-
compenser
et les
mme
les
dimanches
les
jours de fte, tout ce qui tait trop voyant; ainsi, ayant reu
vernies, elle
l'clat.
ne consentit
chausser
Sa parure
tait la propret, la
bonne humeur
et la
bonne grce.
la
Une de
mme
du
tombeau.
Se croyant sur le point de mourir, elle manifestait une joie
si
grande
et avait
de
qu'on et
dit
un
qui
ange.
tus,
On
Un de
ses voisins,
absolument profane, en fut repris par elle affectueusement; il fut si touch de ses paroles et encore plus de ses exemples, qu'il revint la pratique, depuis longtemps abandonne, de ses devoirs religieux. Marie finit par recouvrer la sant, mais non les forces qui la faisaient remarquer avant cette grave maladie. Les durs travaux des champs lui devinrent trop pnibles.
dom Pestorino, son directeur, elle embrassa la profession de couturire, oii elle russit merveille, car elle tait pleine d'adresse et de got. Elle allait travailler tout le jour chez des voisins, et ne rentrait que le soir la chaumire patermelle. Cependant elle eut l'ide de louer une ou deux chambres prs de l'glise paroissiale. L, dans ses moments de loisir, elle runissait quelques jeunes filles du village,
de
'
Sacrement.
228
On
la
prosterne devant
pour ses dvotions matinales, elle prolongeait ordinairement son travail jusque bien avant dans la nuit. Comme fille de Marie-Immacule, elle suivait toutes les prescriptions du rglement qui lui tait impos. Mais elle voulut faire quelque chose de plus. Elle tablit un oratoire et un ouvroir dans lequel elle apprit coudre aux toutes petites filles du village, en leur enseignant les premiers lments de
la religion.
Dieu devait
lui
Dom
et de visiter la communaut de Saint-Franois de Sales, conut la pense de s'y affilier et ainsi de consoUder, d'tendre et de rendre plus durable ce qu'il avait fond au val de Mornese. Il retourna donc trouver dom Bosco, le supplia de l'accepter et entra dans son Institut, dont il devint un des membres les plus actifs. Son inten-
d'entendre parler de
dom
Bosco
une cole de
petits
montables fissent chouer ce projet et que dom Bosco, dsormais son suprieur, sollicit par l'vque d'Acqui, prfrt fonder une maison d'ducation pour les filles. Marie Mazarello fut charge de diriger cette maison. Mais il fallut modifier en consquence la rgle des Filles de Marie-Immacule de la valle de Mornese; c'est ce qui fut fait, par un -commun accord et aprs de srieuses confrences entre l'vque d'Acqui, dans le diocse duquel se trouvait la
valle, et
dom
dom
Pestorino.
parallle
salsien,
La nouvelle congrgation devint donc une socit et, autant que cela fut possible, identique l'Institut
tait
pour
les
allait le
jeunes
Mes.
229
Dom
celle
mme sens,
mais qui rpondait mieux la tradition dj tablie dans ses uvres, et qui, de plus, avait cet avantage de n'tre porte
par aucune autre congrgation.
la
premire suprieure.
Le 5 aot 1872, fte de Notre-Dame des Neiges, Marie et ses compagnes reurent l'babit religieux des mains de l'vque
d'Acqui; elles prononcrent les trois
vux
d'obissance, de
pauvret et de chastet.
la saintet
Une
joie
ineffable
inondait leur
cur. Elles taient pleines de confiance dans les lumires et d'un directeur auquel Dieu avait dparti ce don revisible,
marquable, et dj bien
bientt, et avec
de sanctifier
et
de fconder
une plnitude
prvue.
Il
est vrai
de
celui
filles
aux heures des repas, elles n'avaient pas de quoi allumer leur feu et faire la polenta. Alors Marie, aprs en avoir demand. l'autorisation au propritaire d'une fort voisine, allait ramasser du bois mort elle
bien pauvres.
Quelquefois,
;
De bons
voi-
lgumes
et
puis,
l'heure venue, on se mettait a table. Le repas tait bien frugal; les plats, les assiettes, tout manquait, except l'apptit
et la cordialit
;
c'tait la rptition
du
Valdocco,
et, loin
de s'en
affliger,
dom
Bosco en remerciait la
bont divine. Pas une plainte, pas un murmure, pas mme une inquitude parmi les nouvelles religieuses. Ah pensait le
!
saint fondateur,
intrpide lui
se raliser
ma mre tait l comme cette pauvret plairait, et comme elle serait heureuse de voir
si
! !
un de ses plus chers dsirs La construction de la maison n'tant pas acheve, Marie
elle charriait le sable et la
230
Quand
pagnes;
elle
rentrait
ensuite baigne de
sueur,
elle
ne
com-
changer de linge et leur servait des boissons chaudes. Grce sa prvoyance, il n'y eut, durant ce temps d'preuves, ni maladies ni indispositions dans la
petite
communaut.
Cependant
dom
Il
elle l'excs
d'un zle
inexpriment.
religieuses la vie
monastique par d'autres plus anciennes, et s'adressa la suprieure du couvent de Sainte-Anne, Turin. Celle-ci choisit deux surs, des plus rgulires et des
mission. Le jeune personnel de Marie-Auxiliatrice mit profit
ces leons, mais nulle
ne se les assimila plus compltement que Marie Mazarello. Le couvent du val de Mornese reut son organisation dfinitive le 14 juin 1874, par la nomination d'une coadjutrice, d'une assistante et d'une conome. Marie Mazarello fut confirme dans le titre et les fonctions de suprieure.
Mais
c'tait
dom
Bosco l'achevt
Il
pour Pie IX, personnellement, une admiet depuis que les chemins de fer avaient rendu les voyages faciles, il n'hsitait pas aller rclamer souvent ses conseils et sa bndiclion. Cette afi'ection et cette estime, Pie IX les lui rendait bien. Un jour qu'un malade sollicitait le saint Pape de le gurir Si vous
reste
du
ration et
dsirez
un
dom
charit, et je
core.
Consult sur
la
231
demanda
il
cration
du
nouvel Institut tait n pour la plus grande gloire de Dieu et le plus grand avantage des mes. Le bon Matre vous a choisi une
le
que
fois
dit-il
dom
Bosco; remer-
ceci et le reste, sa
misricorde
mais
j'ai la
les
Le fondateur ayant exprim une certaine inquitude sur la des rapports tablir @t conserver entre les deux Quant cela, atfirma Pie IX, pas d'hsitacongrgations faut que les surs restent sous votre direction et -il tion votre dpendance et sous la dpendance de vos successeurs,
difficult
:
si
l'uvre,
comme j'en
ai la
que furent
les
surs de
la
alors
pour
le
mieux.
principes que
Marie Mazarello, lorsqu'elle mourut, jeune encore, en 1884, d'une sainte, une socit
que
moins habitu que dom Bosco considrer le surnaturel comme la chose la plus naturelle du monde. La premire maison des filles de Marie-Auxiliatrice ne fut compltement organise qu'au milieu de 1874. Dix ans aprs, en 1884, on en comptait plus de trente en Italie, en France et en Amrique. Les tablissements salsiens prexistants favorisrent celte extension toute ville o fonctionnait un Oragens souhaitait naturellement une fontoire pour les jeunes dation analogue pour les jeunes filles. L'expansion pour ainsi
;
232
moins sur-
prenante y en ait eu jamais d'autre exemple. Marie Mazarello n'avait Mornese que treize religieuses sa mort, huit ans aprs, elle en comptait deux cent cinquante. La deuxime cration de dom Bosco semble devoir non seulement galer, mais dpasser en fcondit la
qu'il
premire.
Toutes deux vivront, pour l'honneur de la religion et le bonheur de l'humanit, tant qu'elles resteront pntres de
l'esprit
de
dom
Bosco.
joie qui fut
donne au
poque. Le 22 mai 1873, son patron de choix, saint Franois de Sales, fut mis par Pie IX
mme
modle,
au nombre des docteurs de l'Eglise, et son compatriote et le chanoine Joseph-Benot Gottolengo, fut dclar vnrable. Double fte au Valdocco, car c'tait dans cette mme valle, quelques pas les unes des autres, qu'taient
closes
les
merveilleuses
crations
de Gottolengo
et
de
Bosco
(*).
occisorum, cause du martyre des saints Adventeur et aujourd'hui d'tre appel Val-Gharit. Le chanoine Gottolengo y a fond, sans aucune ressource, un felit asile qui s'est transform peu peu en vastes hpitaux, et une congrgation de religieuses hospitalires et enseignantes, les Vincentines, sous le patronage de saint Vincent de Paul. Il mourut le 30 avril
(1)
Le Valdocco,
Vallis
et dit que
les fondements de ses propres uvres. Ou premier, au lieu de remonter au ciel, passa dans l'me du second pour y respleudir encore davantage. Nous no voyons pas que les deux saints personnages aient eu ensemble des rapports particuliers; ce qui est certain, c'est qu'ils eurent dos amis communs
184'^,
jetait
le
M'^'
Gastaldi, le thologien
et
Vola,
la
le
grand
mme
le roi Charles-Albert.
CHAPITRE XX.
PIE IX
PREMIRES
Les rgles et constitutions de la socit de Saint-Franois de Sales furent approuves solennellement par dcret du souverain pontife en date du 3 avril 1874. Celles de la congrgation de Marie-Auxiliatrice le furent peu de temps aprs. D'aprs le texte du paragraphe premier, le but que poursuit la pieuse Socit salsienne, c'est
s'efforant
aux uvres de charit, tant spirituelles que corporelles, envers les enfants et les adolescents, et s'apphquent donner
l'ducation aux jeunes clercs....
avant tout les enfants pauvres et dlaisss. Elle se compose de prtres, de clercs et de laques.
Le vu de chastet y
ts rehgieuses
;
est le
mme
prs
que dans toutes les socipeu de chose moins absolu que chez les
Il
regarde uni-
quement
cun.
non
la
Les clercs et les prtres, mme quand ils ont mis des vux, peuvent garder leur patrimoine ou des bnfices
simples, mais
ils
ne peuvent ni
les
revenus,
si
du
recteur,
de
234
tout ce qui est apport la Socit, appartient au suprieur
gnral, qui fera administrer par lui ou par d'autres
;
et tant
qu'un Salsien restera dans sa congrgation, ce rieur percevra les revenus annuels.
mme
sup-
Tous les prtres remettront mme leurs honoraires de messes au suprieur. Tous les Salsiens, soit prtres, soit clercs, soit laques, feront de mme pour l'argent qu'ils percevront soit titre de don, soit tout autre titre.... Si quelqu'un sort de la Socit, il ne pourra revendiquer de revenus ni aucun rglement de comptes de l'administration de ses biens pour le temps qu'il y aura pass; il recouvrera seulement son droit de proprit.... Les constitutions disposent encore que les membres de la pieuse Socit salsienne auront pour arbitre et suprieur suprme le souverain pontife, qui, dans tous les temps et tous les lieux, ils resteront humblement fidles et soumis et qu'ils seront galement soumis l'vque du diocse o ils
;
Le suprieur gnral a
cit;
il
le
gouvernement de toute
la
So-
peut
lire
les
immeubles, sentiment du chapitre gnral.... Il soumet au Pape, tous les trois ans, un compte rendu des actes et de l'tat de la Socit. Le suprieur gnral est lu pour douze ans. Il pourra tre rlu, mais alors il ne tiendra pas les clefs de l'administration, moins d'tre confirm par le saint- sige, m Le chapitre gnral se compose 1 du suprieur gnral, qu'on appelle plus communment recteur majeur {rettor maggiore); 2 de l'assistant, qu'on appelle aussi prfet; 3" du directeur spirituel, qu'on appelle chez les Salsiens le catchiste (il catechista); 4" de l'conome; 5 de trois conseillers lus. Tous, moins le suprieur gnral, sont lus pour six ans.
:
s'il lui
Le prfet ou assistant a charge d'avertir le recteur majeur arrivait de manquer ses devoirs il le remplace pro;
visoirement
s'il
vient mourir.
Un
dans
233
le
rec-
tudes.
Chaque maison a de
tant qui,
mme un
un
prfet
ou
assis-
temps les fonctions d'conome, un catchiste et un nombre de conseillers proportionn l'importance de l'tablissement. Toute mai-^ son nouvelle doit compter au moins six membres salsiens. Pour les fondations, il faut avant tout obtenir le consentement de l'vque du diocse dans lequel la maison est sur le
gnralement, remplit en
point de s'ouvrir.
mme
Du
reste,
il
reil cas,
faire
quelque chose
trois ans.
....
Ces trois ans une fois couls, aprs avoir obtenu le consen-
tement du chapitre, le nouveau membre a la facult de les pour trois autres annes, ou de faire des vux perptuels.... La Socit n'est strictement oblige qu'envers ceux qui ont fait des vux. La vie essentiellement active, qui est le but principal de la Congrgation, empche ses membres de se runir souvent pour des exercices de pit. Que tous y supplent par de bons exemples respectivement donns et par l'accomplissement de tous les devoirs du christianisme. Les membres font en sorte de dire la messe tous les jours, ou, s'ils ne sont pas prtres, d'y assister- Ils donnent en outre, chaque matin, au moins une demi-heure l'oraison mentale, rcitent une partie du rosaire et doivent se rserver un certain temps pour de pieuses lectures.
ritrer
Ils
de
la
nom
d'exer-
a"aires splri-
236 tuelles et temporelles comme s'il fallait sortir de cette terre pour entrer dans l'ternit, et font chaque anne une retraite de six ou dix jours, Voici deux choses que tout Salsien doit avoir particu1" viter de se laisser aller des habilirement cur tudes quelconques, fussent-elles indiffrentes 2 que chacun tienne propre et en bon tat son vtement, son lit et sa cellule. La parure d'un religieux est la saintet de sa vie. Que chacun soit prt, si la ncessit l'exige, supporter courageusement la chaleur, le froid, la faim, la soif, les durs travaux et le mpris des hommes, toutes les fois que cela peut servir la plus grande gloire de Dieu, l'utilit spirituelle du
:
me
propre.
parat
cult le
que le souverain pontife n'agra point sans diffitemprament apport au va de pauvret; mais il
:
les
membres de
l'Oratoire
de Saint-
Philippe de Nri et
du cardinal de
Dom Rua
c'est--dire
fut choisi comme prfet de la Socit nouvelle, comme assistant du suprieur gnral. Nul n'tait
A
'
peine
dom
Bosco
avait-il
Dom
Rua, en
effet, est
bien de la
mme
famille que
vraie
figure de saint, avec je ne sais quoi de diaphane dans les traits, d'anglique dans
regard et de cleste dans le sourire. Le cardinal Alimonda, archevque de Turin, Rua Maintenaat dom Bosco peut mourir,
le
:
disait,
il
au
sortir
a quelqu'un
ici-bas.
tion d'orphelinats et
237
de collges.
Car le
nombre de
collaborateurs dont
il
la
Rpublique argentine
en et fait tablir un semblable dans son propre pays, au del de l'Atlantique. Gagns par lui, ses concitoyens joignaient leurs instances aux siennes. Un prtre
originaire
de Modne,
dom
importante de Saint-Nicolas,
aprs Buenos-Ayres, crivait
premire de
:
la
rpublique
La maison que j'habite, crdit, je mets tout vos pieds, mon rvrend^ Pre, et la disposition de vos Pres salsiens, que je veux regarder dsormais comme
des frres bien-aims.
Pie IX n'hsita point
:
J'ignore, dit-il, si
l'Institut sera
accaeillir les
demandes
;
mais
il
commencer par un
rique du Sud.
Il
du Sud, depuis
nglige
;
avaitpour ce choix plusieurs raisons. D'abord l'Amrique la suppression des Jsuites, avait t un peu
les rvolutions et les
et
une grande
sans cependant y teindre la foi ; il tait d'une souveraine importance de ne pas diffrer davantage d'arracher ces belles
contres aux socits secrtes et l'indiffrence religieuse qui
les envahissaient; plus tard le
rable.
En
le Chili et le
Prou, o, jeune prtre, il avait pass plusieurs annes en qualit d'auditeur de nonciature. Enfin, ce qui devait tre d'un poids dcisif sur le cur de Pie IX et de dom Bosco, tous deux Italiens, c'tait le nombre considrable
le
la Plata et tout
23S
Autrefois les Anglais, les Espagnols, les Portugais, les Hollandais et les Franais revendiquaient seuls le privilge de
peupler les terres lointaines plus ou moins dsertes. Dans notre sicle, pendant que l'migration de France et celle de
l'Allemagne, l'Irlande
L'Allemand migr, gnralement, pour chapper aux charges crasantes du service militaire prussien l'Irlandais
;
L'Allemand semasse
le
dis-
bue
fortifier
monde
entier
l'Italien se
rend dans
le
sud-est de l'Amrique
mridionale.
Les sduisantes promesses de prosprit que prodiguait l'unit italienne avant sa ralisation se sont traduites en de
tels
le cultivateur,
dans certaines
mme
de quoi
satisfaire le fisc. Il se
en France, ou bien traverse l'Atlantique. Les statistiques ontrelev, dans ces trente dernires annes, un total de 1,219,172 immigrants dans la Rpublique argentravailler
un demi-million dans celle de l'Uruguay (ou Banda Orien(*), un peu plus de cent mille dans le Paraguay. Un bon tiers de ces nouveaux venus est italien. L'immense cit de Buenos-Ayres, aussi grande que Lyon
tine,
tal),
autant au Brsil
quelques annes, toute peuple d'Italiens. Ils s'y sont empars du commerce de dtail, et par les rues on ne voit pas d'autres marchands, colporteurs ou
ou Marseille,
parat, depuis
et
Ce sont eux aussi qui excutent les constructions urbaines (comme en France) la plupart des travaux de chemins de
au Brsil, pour 1887, et de 55,986, dont (1) Le chiffre officiel de l'migration 48,000 Italiens; mais la proportion de ces derniers n'est devenue aussi forte que depuis une dizaine d'annes.
fer.
2.^0
et se livrent la
Pendant quatre mois de l'anne ils courent les campagnes moisson et au battage des bls ce travail
ils
achev,
tamer
tries.
le
mandant
moyens
les
florissantes cultures
los
de
la
bachichos,
la
navigation
comme on les appelle, ont presque monopolis fluviale^ Ah combien seraient riches ces rpu!
bliques sud-amricaines
si
elles
sans rvolutions
Dom
surs de Marie-Auxilia-
mit sous
la direction
n comme lui Chteauneuf d'Asti, et qui, entr l'ge de treize ans, en 1851, l'Oratoire de SaintFranois de Sales, ne l'avait plus quitt. Il lui donna pour second dom Fagnano, prfet du collge de Varse. Tous ensemble, accompagns du commandeur Gazzolo, se rendirent Rome, afin de solliciter la bndiction apostolique pour leur entreprise. Pie IX les reut le 1" novembre 1875. Avec cette voix paaims,
Cagliero,
ternelle, cette
dom
il
dom
leur dit
Voici ce
puis, s'adressant
dom
en audience particulire Prsentez-moi tous vos jeunes compagnons de dpart, que je leur exprime mon regret de ne pouvoir faire comme eux. O comptez-vous vous rendre d'abord? Dans la Rpubhque argentine. Beau pays! dit Pie IX; vous irez plus loin encore, vous irez au Ghih, que j'ai habit jadis, et dont j'ai gard si bon soyiveair; c'est la
aussi
240
Vous
irez
plus loin, peut-tre vangliserez-vous ces sauvages de Patagonie, mfiants et intraitables, les seuls que les anciens Jsuites n'aient
naires.
pu dompter,
car
!
ils
Courage
et confiance
Vous
bonne semence. Sachez la rpandre avec discernement et avec zle la moisson sera abondante et consolera les der:
nires annes de
Il
mon
pontificat tourment.
d'affectueuse et spciale
si vif
bienveillance, et leur
qu'ils brlaient tous
communiqua un
enthousiasme
la
propagation
de
la foi.
Revenus Turin,
chevque Gastaldi
de leur dpart
dfinitif. L'ar-
dans son oratoire priv et leur donna sa bndiction du fond du cur, en les remerciant
Aprs
les vpres,
dom
et
fit
le dis-
cours d'adieu.
L'glise regorgeait de
monde
tout l'auditoire.
Allez
Il
termina ainsi
fils
en saint Franois de Sales, et aprs les bndictions du successeur de Pierre, chef des aptres, aprs celles de notre vnrable archevque, permettez mes faibles mains de vous bnir encore. Catholiques, n'oubliez pas le Pre de l'Eglise tout entire, le Pape ; Saldonc,
siens,
mes chers
gardez partout
le
souvenir des
membres de
la famille
dont vous vous sparez matriellement, et de votre pre qui vous y a reus ; nos curs vous suivront, laissez-nous une
part des vtres.
En prononant ces
cendre de chaire.
faiblit,
il
fut oblig
de des-
qui les emporta.
241
La Savoie,
comme
mme
ou franais du pays basque. Dom Cagliero leur faisait des instructions dans les trois langues les missionnaires disaient la messe dans une chapelle improvise sur le pont le comman;
;
escale le 7 d-
Brsil. cembre Rio de Janeiro, capitale L'archevque, que les missionnaires s'empressrent de visiter, leur tmoigna d'abord quelque froideur et une mfiance marque. Gela tenait, comme il l'expliqua plus tard, aux cruels dsagrments que lui avaient donns de mauvais prtres venus d'Europe. Mais quand il sut qu'il avait afi"aire aux
du
les
combla
d'attentions et de bonts,
livres,
d'hommes manquaient de
rien et
prtres. Son clerg tait rduit ne se recrutait pas son grand sminaire ne lui donnait que cinq ou six prtres par anne. Le correspondant de VUnit cattolica, tmoin de cette conversation, dit que le bon prlat donnait toutes les marques de l'affliction la plus vive
: : i(
Il
il
levait
au
ciel ses
yeux.
5U1 ne se baissaient vers nous qu'en se remplissant de larmes. La corruption des murs avait dessch les racines de son
Eglise.
Si
au moins,
DOM BOSCO.
ajoutait-il, j'avais
un bon
242
Ah!
Quel
bien-
me
ferait
fils
mes
diocsains
Ils
aims
Les missionnaires se retirrent douloureusement impressionns des plaintes de l'excellent prlat; elles leur prsageaient qu'ils ne manqueraient pas
eux-mmes de besogne.
ils
A
core,
s'arrtrent en-
un
nomm Franois
ou
Brun,
leur raconta
fils
faisaient
tudes au collge de
Quelle
dom
envoyer si loin disait-il n'aurons-nous jamais un collge salsien ici mme? Ce souhait
dure ncessit de
;
se raliser.
Ils abordrent enfin Buenos-.\yres, le 14 dcembre. Plus de deux cents ItaHens, dont quelques-uns avaient t levs l'Oratoire de Saint-Franois de Sales de Turin, les attendaient
tonns et
qui,
presque confus de trouver l'archevque, M^' Frdric Aneyros, dans son impatience de les voir, tait venu leur ren-
comme
de vieux amis.
ils
avec
lui,
s'y fixa
personnellement, en gardant
Baccino, et
comme
organiste et
comptable,
dom
de
los
Arroyos.
Buenos-Ayres en personne et par dom Fagnano, qui avait amen un convoi de surs de Marie-Auxiliatrice pour desser-
243
vir
un
hpital.
il
quante lves. Chose plus remarquable encore, sept de ces lves demandrent, ds la premire anne, que leurs tudes
-ussent diriges spcialement vers le sacerdoce.
Dom
Bosco
fit
Buenos-Ayres devint pour eux dans le nouveau monde ce que Turin avait t dans l'ancien un centre d'o ils rayon:
Les populations civihses de l'Amrique du Sud, toutes de race latine (Espagnols, Portugais, ItaHens), ont un sentiment
catholique trs profond, mais une incroyable ignorance des
enseignements de
la foi, et cette
passions imptueuses.
ceux qui les observent en ignorent l'objet prcis. La bonne volont, gnralement, ne leur manque point, ils s'abreuvent de la parole de Dieu
raconte un missionnaire, ou
y en
a,
comme un
dans un t brlant.
venus tourner autour de nous pour savoir ce que c'taient que des Salsiens, nous leur fmes les demandes les plus simples du catchisme; ils ne purent y rpondre. Nous les primes de faire le signe de la croix ils nous regardrent tonns, ne sachant pas ce que cela voulait dire. Je donnai l'un des plus grands un crucifix il me demanda quel saint c'tait.... Nous sommes dix ici en ce moment, mais nous
; ;
que ce ne
serait
pas encore
dom
Bosco furent
l'autre
si
promptement fconds,
qu'ils
purent tabhr
pour
mme
sminaire de Montevideo
CHAPITRE XXI.
COOPRATKURS ET COOPRATRIGES
,
GRACES SIGNALES.
Un problme
prit
qui a
l'es-
de nos lecteurs,
la
c'est celui-ci
Gomment
tretien
sions
seules des
sommes
tant
elles
comment
ont-
effrayer l'imagination
pu
et peuvent-elles subsister
encore?
mort de son
la
Quand
:
vous
ai
envoys sans
sac,
a-t-il
manqu?
ont le
mme
la parole
de Notre-
(1) ItM.,
xzn.
cart
246
Regardez
ni
les oiseaux
du
ciel; ils
ne sment,
ni
ne moisPre
sonnent,
n'amassent dans
lis
des greniers,
et votre
Voyez
les
des champs,
filent.
comme
travaillent ni
ne
Or je vous
comme
l'un d'eux.
combien
plus vous,
hommes
de peu de
foi ?
:
Ne vous
Que mangerons-
Votre Pre
que vous en avez besoin. Cherchez premireroyaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera
sait
surcrot CO.
foi,
A
et
qui a la
problme, humainefacile.
ment
devient
d'une explication
C'est
du
reste un problme universel et quotidien, qui ne cesse de recevoir sa solution pratiquement et sous nos yeux; c'est le problme du souverain pontife spoli de son patrimoine et
faisant
le
nanmoins face toutes ses obligations essentielles, problme de l'entretien des missions, celui de la subsistance de tous les ordres religieux, des coles, et, en gnral, de toutes les uvres catholiques. Qui dira combien de centaines de millions sont indispensables chaque anne toutes
ces
uvres
Dieu seul
le sait.
Mais
il
il
en-
on en
serait
les miracles.
un des hommes qui ont le plus obtenu de la charit, parce qu'il est un de ceux qui se sont le plus pleinement fis la parole du Matre Ne vous inquitez pas,
est
:
(1) Malth.,
VI.
~
disant
:
247
Que mangerons-nous? que boirons-nous? de quoi nous vtirons-nous?.... Cherchez d'abord le royaume de Dieu
et sa justice....
Dom
Bosco n'eut
pas
plus
tt
remarqu
l'extension
Et
il
en
tablit
assure, dans
:
mesure,
Cette
uvre commena par les dames de Turin, qui venaient blanchir et raccommoder les vtements des orphelins du Valdocco, et par le rglement qui fut donn leurs actes
de pieuse misricorde. Ce rglement, retouch plusieurs
fut enfin
fois
termin
et dfinitivement
soumis au saint-sige en
la
dom
Bosco;
premire tant
seconde, les
les
reli-
la
il
vou-
tre
inscrit
lui-mme sur
la
liste,
et
il
accorda aux
membres
tiaires
tiaires
de Saint-Franois d'Assise.
:
Un
Une pieuse
nous en a t rfr) sous le nom de Soou union des cooprateurs salsiens, et ses membres se proposant, outre l'exercice des diffrentes uvres de pit et de charit, de prendre un soin spcial des jeunes gens pauvres et abandonns, afin que ladite association prenne de jour en jour un nouvel accroissement, nous confiant en la misricorde de Dieu tout-puissant et eu l'autorit des bientablie (selon qu'il
cit
les fidles
248
heureux Pierre et Paul, ses aptres, nous accordons tous de l'un et de l'autre sexe, qui ont donn ou don-
neront l'avenir leur nom cette Socit, l'indulgence plnire au moment de leur mort, pourvu que, vritablement
repentants et munis des sacrements de Pnitence et d'Eucharistie,
ou
s'ils
invoquent dvotement
le
nom
main
de Jsus de bouche
s'ils le
et qu'ils acceptent la
mort en
chtiment du pch. de Dieu et Nous accordons pareillement, en la misricorde du Seigneur, une autre indulgence plnire et la rmission de tous
le
comme
mmes
se confessent et
glise
ou ora-
mme
y adressent Dieu de ferventes prires pour la concorde des princes chrtiens, pour l'extirpation des hrsies, pour la conversion des pcheurs et pour l'exaltation de notre mre la sainte Eghse. Cette indulgence sera
glise
ou
oratoire,
aussi apphcable
les indulgences,
de notre spciale bienveillance, nous leur accordons toutes tant plnires que partielles, que peuvent
les tertiaires
gagner
autorit apostolique,
de Saint-Franois d'Assise, et de notre nous concdons qu'ils puissent licitedes prtres salsiens, toutes les inet
ment
et
Sales et
dans
les glises
dans
249
bonnes uvres qu'accomplissent les enfants de dom Bosco, les conditions sont de se faire inscrire (ce que l'on peut ds l'ge de seize ans), de rciter chaque jour un Pater et un Ave en l'honneur de saint Franois de Sales, suivant l'intention du souverain pontife, de s'approcher souvent des sacrements, de faire chaque mois, moins d'empchement absolu, l'exercice de la Bonne Mort, enfin de vivre en bon chrtien. Les cooprateurs et coopratrices doivent aussi soutenir les enfants abandonns, favoriser les vocations religieuses, s'occuper de rpandre les bonnes lectures, et, chacun selon ses facults, favoriser les uvres salsiennes, soit en faisant une offrande mensuelle ou tout au moins annuelle, soit en recueillant des dons et des aumnes. Les religieux les considrent comme des frres en Jsus-Christ et s'adressent eux toutes les fois que leur concours est ncessaire (0. Lorsque Lon XIII, le digne successeur de Pie IX, prit, en 1878, le gouvernement de l'Eglise universelle, il dit dom Bosco Pie IX a t votre ami, je veux l'tre autant que lui; il tait inscrit au nombre de vos cooprateurs, je revendique l'honneur d'tre le premier sur la liste. Afin de lui bien marquer sa bienveillance, il nomma le cardinal Laurent Nina protecteur de la pieuse Socit salsienne. Dom Bosco adressait tous les ans ses collaborateurs, par la voie du Bulletin, une lettre ou rapport destin leur rendre compte des travaux de l'anne prcdente et ranimer leur
:
zle.
Au nom du
un
ciel,
de ces pauvres petits tres qui ne peuvent vous tendre la main, au nom du Christ qui a promis une ternit de bonheur ceux qui soulageront leur dtresse, n'oubliez pas l'uvre que nous avons entreprise ne perdez jamais de vue vos jeunes protgs Si vous faites pour eux tout ce qui est en votre pouvoir, si vous dpassez mme les
vait-il
,
!
jour, au
nom
(1) Les personnes qui dsireraient des renseignements plus complets les trouveront la direction des cooprateurs salsiens, Turin, place Marie-Auxiliatrice, et
dans tous
les
tablissements salsiens.
limites de ce
2S0
que vos moyens vous permettent de faire, il vous nous recommander aux personnes charitables que vous connaissez; faites-nous de nouveaux cooprateurs, parlez souvent du bien qui peut en rsulter pour eux-mmes et pour la socit. Formez une espce de ligue qui arrtera les progrs de la dmagogie, de l'immoralit et du scandale affreux d'une jeunesse dissolue qui marche grands pas vers l'athisme. Et quand vous avez fait tout ce que l'amour de la religion inspire aux grandes mes, soyez assurs qu'il vous reste encore quelque bien accomphr. Dans une autre lettre, commentant ces paroles du Sauveur Faites-vous des amis avec les richesses injustes, afin qu'ils vous reoivent dans les demeures ternelles, il dit
reste encore celui de
: :
la
ce se-
chemin de
les
la
ciel
ce seront
viendront plus tard en leur compagnie par vos soins; ce seront les saints et les saintes qui se rjouiront de voir aug-
menter, grce vous, le nombre de leurs frres et de leurs surs; enfin, ces amis seront la bienheureuse Vierge, Dieu
le Pre, Fils et Saint-Esprit,
fait
con-
natre,
aimer
et glorifier sur
humaine que
le
uniquement
la
de sacrifices
et d'es-
de dvouement, entre dom Bosco et ses cooprateurs. Les grces insignes, gnralement spirituelles, quelquefois temporelles, dont
il
une
part.
Combien de chr-
en
effet,
de manquer eux-mmes
Saint
:
Ils
Celui
251
trt
;
celui qui
l'indi-
gence.
Il
il en est que nous que nous croyons devoir omettre, pour chapper la monotonie. On cite, par exemple, la gurison d'une demoiselle Ganton Geva, des environs de Turin celle d'un paralytique dans l'glise de Notre-Dame Auxiliatrice de Turin, le 4 juin 1874; celle de deux jeunes filles presque aveugles, de Fnestrelle ; celle de la femme d'un officier qui, dans sa joie, apporta dom Bosco un bracelet d'or, le 24 mai 1878, celle de M""' Paul-Nol le Mire, fille de M. le Mire, de
Nous sommes
connaissons
et
Lyon
mais l'crivain
formes.
il
dom Bosco cherchait se procurer 12,000 fr., doni absolument besoin. La tte fatigue de ses vaines recherches, il sort et va respirer l'air du dehors, un peu l'avenUn
jour, avait
ture.
fait quelques pas qu'une femme l'aborde Mon matre, qui est au plus mal, vous ici se dsole de ne pas vous voir on vous disait absent. Conduisez-moi chez votre matre. Il arrive, trouve le matre au lit, en proie une fivre vio-
peine a-t-il
!
Gomment
On
rison,
avait l'habitude
s'il
de parler
ainsi
de
la
confiance; au
il
contraire,
la
prvoyait
un dnouement
tait trs
fatal,
exhortait
rsignation.
Aussi l'on
attentif
au sens de ses
une induction.
mieux aus-
il
se levait et portait
dom
Bosco 12,000fr.; ce n'taient pas 11, 000 ni 13,000 que homme cherchait; c'tait exactement la somme apporte par
le
le saint
malade
guri.
San Pier
d'
Arena ou Sangolfe
pierdareria) est
une
ville
assez considrable du
de
- 252
peu florissante avant l'arrive de y suffisait pour administrer une paroisse de 30,000 mes; l'glise tait presque dserte; en revanche, il y avait trois loges maonniques. La femme d'un employ du chemin de fer, mre de cinq
Gnes, o
la religion tait
dom
Bosco.
Un
seul cur
enfants, tomba malade et fut condamne par les mdecins. Le cur se prsenta. Je ne veux pas du cur, dit-elle si je me confessais, ce serait dom Bosco, mais aucun autre prtre. Le mari, auquel la confession importait peu, ne voulut pas la contrarier supposant d'ailleurs que dom Bosco ne se drangerait pas pour une femme confesser, soixante
;
;
lieues
de sa rsidence.
dom Bosco accourut. La malade prouva un premier soulagement rien qu' le voir entrer dans sa chambre. Il l'exhorta se confier en NotreDame Auxiiiatrice et la confessa. Pour la communion, ditcompte rester ici il, nous serons plus l'aise l'ghse. Je plusieurs jours je vais dire une messe et faire prier mes enfants pour vous venez donc, un de ces matins, et je vous donnerai la sainte communion. Ces paroles firent au mari l'effet d'une plaisanterie hors de saison. Ne voyez-vous pas que cette femme est mourante ?
Mais au premier avis,
; ;
s'cria-t-il
indign^
lui
Dom
vous vouliez
avec nous,
celle
de votre femme.
!
Dom Bosco, au lieu de rpliquer, se mit genoux et rcita un Pater, un Ave et un Salve Regina. Le mari, presque automatiquement, s'agenouilla aussi.
Il
Nol,
1872); et
la
dcembre une mdaille au cou de malade et en avoir fait accepter une au mari. Peu de jours aprs, l'employ tait l'glise, de grand male
recommanda
il
bon
tin,
2b3
communion des
avec sa
femme
mains de
dom
Bosco.
J'attends
La
ville
fut
le
bruit de cette
double
vicaires
merveille.
conversions
eurent
lieu,
vide
le
Dom
aprs
lui.
On
lui offrit
une maison
il
l'accepta et btit ct
une grande
et
une douzaine de
Un
un jour
dom
Bosco
;
Mon
pre,
je voulais faire
m'annonce
la
perte d'une
somme
de 20,000
sur laquelle
je comptais.
Et
si
manda dom
le
Je vous en donnerais
gnreux en paroles?
faire
Mon homme
ni
je
monsieur le marquis, c'est pour mes enfants, vais les mettre en prires pour votre crance. Quelques jours aprs le marquis envoyait 5,000 fr. l'Orasait?
Qui
toire
Voici la moiti
de ce que
j'ai
tendais gure;
si le
reste arrive,
Le
demanda
faire la
voir
dom
et,
la
grande surprise de
la famille et
le
communion
Dame
AuxiUatrice.
254
sait
Le lendemain 23, l'tat du gnral empira; la mort paraisimminente. On courut au Valdocco, huit heures du
soir.
Bosco avait pass au confessionnal toute cette journe, veille d'une grande fte; il n'avait mme pas fini et tait
entour de beaucoup d'enfants qui attendaient leur tour.
Vite, vite,
Dom
mon
!
pre, venez,
et
puissions-nous ne pas
qu'il
Dom
ne pouvait
mon
pre,
pour donner l'extrme-onction. Non, vous direz au gnral de m'attendre pour mourir.... s'il doit mourir; qu'il invoque Marie Auxiliatrice et
Et
prenne patience;
il
j'irai
ds que j'aurai
fini.
il
se rendit au
rfectoire
mais on
l'arrta
on
une voiture. Je veux bien, fit-il observer ; mais je n'ai rien pris depuis midi, et demain il faut que je retourne au confessionnal cinq heures du matin et que je dise la messe. Si je ne
prends rien maintenant,
tout ce qu'il
il
On monte en
gnral
! :
et,
ds que
dom
pourvu que vous soyez encore temps foi Doutez-vous que Marie Auxiliatrice, si elle le dsire, puisse mettre le gnral en tat de venir communier demain son glise, comme je vous l'ai annonc? Il est prs de minuit; donnez-moi quelque chose manger,
pre,
!
Gens de peu de
Ah mon
je
vous
Il
prie.
mine,
entra dans
la
chambre du malade
et le trouva
dans
un
Il
2o5
redemanda la voiture et repartit. Quant au gnral, il dormait, tout simplement. Le lendemain, de grand matin, il appela son fils Aide-moi m'habiller; il est convenu avec dom Bosco qu'il me donnera la sainte communion dans son glise de
:
Marie-Auxiliatrice.
Mais, Aide-moi,
messe, lorsque
dit le fils,
te dis-je, c'est
gnral parut
ment
et lui
dfait
que
dom
le
reconnut pas
demanda
dsire
ce qu'il dsirait.
Je
me
confesser,
m.esse,
comme
c'est
convenu.
soit la
le
si
press
de mourir hier
soir. ...
une avant-hier.
Pardon,
mon
le
pre,
j'ai
manqu de
donna
foi,
je
veux tre
absous de ce pch.
Dom
et le
Bosco
rconcilia, lui
la sainte
communion,
Le comte Cays de
soixante- trois ans.
Giletta, ancien
Veuf
et
unique,
il
dom
Bosco une dcision qui ne venait pas. Le 23 mai 1877, veille de la fte de Notre-Dame Auxiliail
trice,
dom
chambre tait pleine de visiteurs; chacun passait son tour, et celui du comte arrivait, lorsque son attention fut attire par une femme de la campagne qui attendait comme lui et qui tenait sur ses genoux une petite fille de dix ans, estropie
par les convulsions, incapable de se tenir ni debout ni assise, et
256
le
Vous voulez
parler
dom
Bosco ? demanda
comte
la
paysanne.
mon
il
Je vous cde
mon
tour,
> dit le
me dans une
fervente prire,
mme Dom
pour
La pauvre
malade,
comment
l'appelez-vous?
ma bonne
faire
Marie-Auxiliatrice. Faites-lui
le
Non, pas avec la main gauche, mais avec la droite. Elle ne peut pas se servir de sa main droite, observa
mre.
la
Laissez,
laissez-la essayer
allons, petite,
cela,
soulve ton
bras, porte la
trine....
main au
front,
comme
ensuite la poi-
les paroles
dis avec
moi
Au nom du
du
Fils, et
du Saint-
Et sous les yeux de sa mre, qui croyait rver, l'enfant un mois, obit docilement, puis
maman, la sainte Vierge m'a gurie En l'entendant parler, la mre se mit pleurer de joie.
I
prsent, continua
dom
Bosco,
il
s'agit
de remercier
la
tincte et avec
Josphine Longhi rcita cette prire d'une voix bien disbeaucoup de dvotion mais ce n'tait pas encore
;
tout;
il
marcher sans tre soutenue. Dom Bosco l'invite se promener dans la chambre; elle en fait plusieurs fois le tour d'un pas
libre et bien assur.
elle s'tait
257
la
En un mot
la
fille,
gurison
tait parfaite, et
opre de
ce
mo-
ne pouvant plus contenir l'lan de la reconnaissance qui dbordait de son cur, ouvre la porte de l'antichambre, se prsente aux personnes qui, peu de minutes auparavant, l'avaient vue trane avec tant de peine, boiteuse et muette, puis avec une assurance suprieure son ge et un accent qui semb ait inspir
ment, l'heureuse petite
:
Messieurs,
dit-elle,
la
trs
la
sainte
Voyez
je
remue
main,
marche
je n'ai plus
aucun mal.
et ces paroles produisirent une motion indesTous entourrent la jeune enfant; l'un pleurait, l'autre priait, un autre s'criait grand Dieu Marie Oh quel miracle heureuse jeune fille Dom Bosco lui-mme tait si impressionn qu'il tremblait de la tte aux pieds. Aprs tre demeure pendant quelques minutes l'objet de l'admiration et de la joie de tout le monde, la jeune fille sortit avec sa mre de la chambre de dom Bosco; toutes deux se rendirent de nouveau devant l'autel de MarieAuxiliatrice, et, plus par leurs larmes que par leurs paroles,
Ce spectacle
criptible.
la
Le comte
et
La sainte Vierge
entra au noviciat
comme
la
prtre,
Quant
aussi,
membre de
Marie-Auxiliatrice.
Terminons par un
trait
que
rapporte M^" Marcel Spinola y Maestre, vque de Milo. Nous traduisons de l'espagnol
:
pieusement l'Oratoire de Saint-Franois de Sales, avait eu le malheur de perdre la foi, tait l'article de la mort, Rome, et refusait obstinqui, bien qu'lev
Un
jeune
homme
ment de
se confesser.
Dom
triste
DOU BOSCO.
258
nouvelle vint
le
il
se mit en route
pour
Rome
mais
il
On comprend
luttant contre
calme.
et,
Laissez-moi seul,
dit-il
et,
Charles, lve-
toi
en prsence de ses parents et de ses voisins stupfaits, reut la sainte communion. Ce dernier acte achev, dom Bosco embrassa tendrement son
se leva, se confessa et,
Le mort
ancien lve et
jtu tiens le ciel
'
lui dit
Mon
Je
laissa
(1)
aller, ou rester avec nous? veux aller au ciel, rpondit le jeune homme. Et il il tait de nouveau un cadavre C^). retomber sa tte
ouvert
veux-tu y
Dom
CHAPITRE
XXII.
ANECDOTES.
Le succs, qui
est
pour toutes
les
couragements l'Institut de Saint-Franois de Sales. En mme temps qu'il envoyait des missionnaires au del de l'ocan
Atlantique, l'Institut avait travers la
lienne. Entre le httoral
frontire franco-ita-
du
blissements salsiens, et celui du golfe de Marseille, la distance tait trop faible pour n'tre pas bientt franchie.
La gracieuse ville de Nice fut la premire qui donna l'hosaux Salsiens, sur le territoire franais. L'vque, W" Sola, M. Michel, avocat, et le baron Hraut prirent l'initiative. On loua trois chambres, et l'on commena aussi pauvrement qu'au Valdocco. DomRonchail fut envoy du colpitalit
la
villa
Les dbuts de ce premier Oratoire furent d'ailleurs encourags par l'autorit municipale.
mtiers fonctionnrent
comme
au
sortit,
depuis 1879, l'dition franaise du Bulletin, peut tre appele la sur et l'mule de l'imprimerie salsienne de Turin.
260
Dom Bosco dsimaritime un pied--terre pour ses expditions Buenos-Ayres. Il s'adressa M^"" Place,
lieu Marseille.
immdiatement
une
insista
pour
les
l,
-terre.
dans
mais
de
annales du dveloppement
catholique
comme
nent,
la
quentent
par
ils
entretenues
grands
frais
ia
charit?
Au lendemain de
le
leur premire
communion,
gouffre
immense
d'ateliers infests
de socits secrtes. Tous ne sont pas immdiatement, il est vrai, soustraits aux salutaires influences qui, la veille encore,
suffisaient
hommes
et qu'ils
l'glise
de
la
premire communion
(i).
il
l'a
dom
hebdomadaires de
la prairie,
'
ne
accomph un
tra-
vail srieux
que
le jour
il
o des
fonds
chez
le
lui
car alors
un
Un groupe de fervents cathohques, sous l'inspiration de M. Clment Guiol, cur de Saint-Joseph, et celle de son frre l^)^
Dom Bosco et l'Oratoire Saint-Lon, Mameille, par l'abb L. Mendre, p. 36. Dcd recteur des Facults catboliques de Lyon.
(1)
(2)
offrit
261
la
dom
La nouvelle
rsi-
dence reut le nom d'Oratoire Saint-Lon, en l'honneur du pape Lon XIIL Trois jours aprs la fondation de l'Oratoire Saint-Lon Marseille, dom Perrot et d'autres disciples de dom Bosco, appels par M^*" Terris, vque de Frjus et Toulon, prenaient la direction de l'Orphelinat agricole de la Navarre, prs
la
Grau d'Hyres.
Dom
vier,
Bosco
et le
visita
Nice
dom
un songe qui
datait
de
trois
annes dj
Dom
Une
un de
pre,
la sienne.
Mon
j'ai fait un songe j'tais dans une campagne, au milieu d'enfants dont les uns jouaient, les autres labouraient la terre, mais aucun ne parlait italien. Ils avaient pour surveillants des prtres de Saint-Franois de Sales cette maison tait donc ntre ; mais o peut-elle bien
:
lui
demanda-t-il le lendemain.
se trouver
le
Dom
Bosco reut
jour
:
indication sur
la signification
de ce rve
visite,
Mais lors de sa
quand
les enfants,
lui
sous
la
conduite
de de
dom
Perrot,
vinrent au-devant de
il
jusqu'aux limites
la proprit,
dit,
fut frapp
btiments et
attention
:
l'avait
dj entendu
parler de ce songe, et
moment o
il
avait
262
Vous reconnaissez cette maison, ce paysage, mon pre ? Sans aucune hsitation, dit dom Bosco je reconnais
voix de l'enfant qui vient de chanter, car
il
mme la
chantait
aussi dans
mon
!
rve.
il
I
s'cria
:
Et pour conclusion,
Auxiliatrice
Loue
soit
Notre-Dame
de
Nice,
il
runit
les
cooprateurs et coopratrices
de Saint-Pierre, o nous sommes runis, dit-il, a un extrme besoin d'tre agrandi pour recevoir plus d'enfants; mais surtout, il faut btir une glise; cette chapelle n'est
la faire
;
que provisoire
on
s'est servi
de deux
salles
pour
ce n'est pas
du
tout convenable.
Ne vous
effrayez pas,
mes chers
cooprateurs, l'ide de vous avouerai qu' Turin mme chose. Dans une des der bonheur de faire au grand pape
et des coles
du temple
du peuple.
que
les protes-
y attirer
Pie
les enfants
IX
me
Il
faut
mettre
le
remde
aussi
du mal faites construire une glise et un asile prs que possible de ce temple et de ces coles des proct
testants.
l'uvre,
un an ou deux
achev.
le
tait
patron du
un monument lev
cet
effet, et
donner une
somme
qui a
263
certainement vous feront plaisir. La dernire fois que j'eus le bonheur de me prsenter Sa Saintet Lon XIII, il me dit Chaque fois que vous parlerez aux cooprateurs salsiens, vous leur direz que je les bnis de tout mon cur, que le but de la Socit consiste empcher la ruine de la jeunesse, et qu'ils ne forment tous qu'un cur et qu'une me pour vous aider atteindre la fin que se propose la congrgation de
Saint-Franois de Sales.
vous dsirez des nouvelles plus gnrales du rsulefforts, je vous dirai qu' l'heure o je avons plus de quatre-vingts maisons et que vous parle, nous plusieurs autres vont s'ouvrir. Le nombre des enfants que nous soignons atteint bien prs de quarante mille, dirigs par
si
Que
tat
de nos
communs
environ six cents pres ou frres salsiens, et soutenus par quinze mille cooprateurs ou coopratrices de Saint-Franois de Sales.
Dom
Il
passa le
lorsqu'il
tait l'objet d'un vritable plerinage. Pour donner une ide de ce concours de visiteurs, racontait le journal le Citoyen du 21 fvrier 1880, nous dirons que jeudi, deux heures, au moment o nous nous prsentions la porte de la chambre de dom Bosco, une dame, au milieu d'une afQuence considrable, nous avoua qu'elle tait l depuis huit heures du matin attendre son tour. Voici un autre fait qui tmoigne encore de cette action sur les mes. Un aumnier d'hpital nous raconte que, visitant une salle de malades, la sur lui en montra un de loin, dont l'tat tait trs grave, mais les dispositions trs mauvaises il vous recevrait mal. L'aum N'y allez pas, mon pre nier ne tint pas compte de cet avertissement; il s'approcha. Le malade dtourna la tte avec une expression haineuse. Un enfant, son fils, sans doute, tait ct du lit. Le prtre lui mit amicalement la main sur la tte et lui offrit une mdaille. C'est une mdaille de dom Bosco, mon enfant. Mets-la ton
: ;
cou. Puis
il
s'loigna.
la
sur
264
le
rappelle
Mon
en
pre,
demande.
Et,
effet,
au
nom
venez de
vite;
le
malade vous
le
dom
Bosco,
pauvre
s'tait
homme
rveill
s'tait
senti
;
remu.
il
Un
souvenir
lointain
en son esprit
avait
connu
douce et vnrable figure revenait devant ses yeux, ranimant de bonnes penses depuis longtemps teintes, et dissipant les prventions accumules par une vie de dsordres. Il se confessa et communia. Avant de mourir, il recommanda son
fils
au prtre, puis
s'teignit, calme,
dom
pre mourant
l'a confi, et
dont
lui.
mot charmant
Dom
servait
Malgr l'exigut du
brillante
;
local,
le
bon Pre,
la fin,
pour ses enfants. Un monsieur venait de dposer une pice d'or. Dieu vous le rende! dit dom Bosco d'une voix claire. Oh! s'il en est ainsi, qu'il me rende un peu plus. Et le donateur mit dans le plateau une seconde pice d'or. La qute produisit 750 fr. Dans sa circulaire de janvier 1881, voici comment dom Bosco s'exprimait sur le progrs de ses uvres en France Plusieurs de nos maisons ont pris, en 1880, un tel dveloppement que le nombre de nos lves y a doubl. Je mentionnerai particulirement la colonie agricole de la Navarre, prs de Frjus. Le local a t agrandi.... A SaintCyr, prs de Toulon, aprs de grandes difficults, nous avons pu fonder une autre colonie agricole pour les jeunes filles abandonnes. Les surs de Marie-Auxiliatrice en sont les di:
))
rectrices; elles
la science lmentaire.
26d
aux travaux domestiques, la culture des jardins et mme des champs, selon leur ge et leurs forces. L'orphelinat de Nice a reu aussi une notable augmentation.
l'obligation de donner de Saint-Lon, Marseille, des proportions exceptionnelles. Grce aux nouvelles constructions, nous avons pu
l'Oratoire
tripler le
Bosco continua, jusqu'en 1886, visiter ses tablissements du midi de la France et les principaux bienfaiteurs de
Dom
son uvre Menton, Monaco, Nice, Cannes, Toulon, Marseille. Ce climat, l'hiver, convenait sa sant, qui commenait
rclamer quelques mnagements.
Ds
lors,
en
effet,
il
tranait
un peu
la
jambe,
il
yeux
qu'il avait t
pens par
le
immenses
et insatiables
de fondations
Le passage de
dom
Bosco
tait
pour chacune
d'elles le
mo-
ment de
la
moisson.
que menait le vritable serabandonns Il se levait sept heures, terminait sa messe huit heures, djeunait rapidement et se rendait dans sa chambre, rgulirement assige par de nombreux visiteurs. Il recevait jusVoici quelle tait alors la vie
soupait avec la
gracieux, et
soir, moins qu'il ne se rendt en' communaut, toujours gai, toujours ne ngligeant pas l'occasion de placer un bon
mot.
Dans une confrence on lui parlait de ses miracles Non, dit-il, dom Bosco ne fait pas de miracles; mais j'avoue que
:
Dieu
leurs
>l
266
dom
Bosco;
s'est
ne
En deux
j
de pinceau, joignez
dit
Vincent de Paul
Sales, et
le portrait
la cordiale affabilit
un de
ses
compagnons
d'alors,
communaut de relipour dames, non loin de la gare, on lui prsenta ub enfant de sept ans, qui n'avait jamais pu marcher sans bquilles. C'tait le fils du chef ou d'un souschef de la gare. Au sortir de la chapelle o dom Bosco avait dit la messe, la mre pria le saint prtre de lui donner sa bndiction. La bndiction de Notre-Dame Auxiliatrice, bien volontiers, rpondit dom Bosco. Et immdiatement aprs avoir donn cette bndiction, accompagne d'une caresse sur la joue enfantine, il recula jusqu' l'extrmit du parloir et com Nice, dans le parloir d'une gieuses,
Un jour,
maison de
manda
peur
geait
!
Viens,
mon
la
petit
donnez pas
main.
Bosco,
il
dom
pu
il
Dom
Bosco
lui
commande
alors de retourl,
et sa
mre
de
C'est
mon
.enfant, c'est
Dom
dom
dom
de
ainsi
ligieuses et plusieurs
Bosco.
autre
fois,
Une
mme
anne,
Bosco
messe chez
les Ursulines,
au haut
la ville.
En descendant
il
surs du Trs-
Saint-Sacrement.
267
la suprieure,
Dom
Dom
il
quand
de malades,
le
s'approche
la
du
lit
foi?
de la malade et Etonnement de
demande
:
Ma sur,
avez-vous
la
!
rehgieuse
Mais, j'espre
mon
sible.
site,
pre.
Eh bien
me
que
oui,
ma
sur, qui a
posvi
!
Une
politesse en vaut
la rendre.
il
faudra
Mais quand?
et s'en va.
Ce soir mme;
il il
Ah
une autre;
!
je vous fais
une
plt Dieu,
mon
il
pre
plus tt
un
acte de politesse
salue
Dans
l'aprs-dner,
se rendit l'vch, en
fait(0.
compagnie de
celui qui
nous a racont ce
En
sur le quai,
un point d'o
:
Mon ami, demanda dom Bosco son nage Saint-Pierre compagnon, vous avez de meilleurs yeux que moi, n'aperceRien, mon pre. vez-vous rien devant notre maison? C'est tonnant, Non, rien. Pas de voiture arrte? ajouta dom Bosco comme se parlant lui-mme; elle ne sera
s'arrta
et
tre.
Qui? La voiture,
une
religieuse en descendre?
Effectivement, le
religieuses sor-
du Trs-
Saint-Sacrement.
midi
la suprieure.
On en
Dom
Bosco se
le
contenta de dire
bon
M. l'abb
J.
Rulland, professeur aujourd'hui la Providence agricole de au Patronage Saint-Pierre, Nice. Une trs grande partie
268
la
correspondance.
Dom
Bosco recevait quantit de lettres, jusqu' cent et davantage par jour. Il tenait rpondre toutes; il avait, pour cela,
deux secrtaires, un Italien et un Franais. Il ne lisait pas lui-mme ordinairement, mais il se faisait rendre compte, indiquait les rponses donner et, le lendemain, se faisait
lire
la
rdaction et signait.
;
On
:
foule de familles
chacun
parlait
confesseur;
il
y avait de tout
grande
la
Bosco se couchait vers onze heures. M. Harmel, frre du directeur de l'usine du Val-des-Bois, se trouvait Nice en mars 1880. Il rgala tous les enfants du Patronage Saint-Pierre d'un bon dner, auquel furent invits
les professeurs salsiens et, naturellement,
Dom
dom
Bosco.
Avant de se mettre table, M. Michel, autre catholique minent et bien connu par son zle pour toutes les bonnes
uvres, s'entretenait avec
affliction
dom
de n'avoir pu encore btir pour le Patronage une chapelle convenable. Il avait bien un plan que venait de lui
remettre son architecte, M. Levrot; mais le devis s'levait
trente mille francs.
moment
Nous avons eu
de sermons
me
Au dessert, le notaire de la maison, M. Sajetto, se lve Mon Pre, dit-il, je vous annonce que vous pouvez faire
:
me
les a
269
Notre-Dame Auxiliatrice s'cria dom Bosco en levant les yeux au ciel et en joignant les mains. Quant M, Michel, il resta tout saisi en voyant ainsi arriver la somme prcise rclame par dom Bosco une demi-heure
Loue
soit
auparavant.
Une
autre fois,
dom
Bosco
tait
19 mars, fte
du directeur dom Ronchail, qui s'appelle Joseph. On parlait d'un achat de matriel devenu ncessaire pour l'imprimerie.
Dom
N'est-
sommes
il
dix
ici,
en
pour
mille francs,
Ce disant,
passe la feuille
M. Har-
somme
Dom
la
divine
dom
Ronchail, M. Harmellui
demanda
quelles conditions
il
un
ta-
bhssement.
soit ncessaire
ou grandement
Fort bien; mais ct matriel Dieu y pourvoit toujours, mon cher monsieur; demandez
?
un
directeur capable.
dom
lui ai
donn en l'envoyant
Nice.
Dom
le
encore hsitant.
Vous ne comprenez pas, cher monsieur? Eh bien, rpondez-moi Les enfants abandonns des hommes sont-ils, oui ou non, les enfants du bon Dieu et de la Providence ?
:
J'admets
Si
ceci,
mon
pre.
le bon Dieu une mauvaise mre?
soit
un mauvais
M. Harmel,
quer
(0.
270
rien rplii
saisi
d'admiration, ne trouva
Dom
Bosco,
un
la
Un bomme
la vie.
demande
bourse ou
vie, c'est
me
l'a
donne,
de
la re-
prendre.
Allons,
frappe.
la bourse,
ou bien
je
ce
un tel fit-il en l'appelant par son nom ; il que tu tiens bien mal tes promesses, et que tu fais un vilain mtier. J'avais tant de confiance en toi, et te voil Le voleur avait galement reconnu qui il avait afi"aire, et il baissait la tte, tout penaud
Tiens, c'est toi,
!
faut avouer
(1)
11
dom
et
sa con-
Dom Ronchail avait parfois de terribles migraines, lorsqu'il voyait arriver l'chance d'une traite et que sa caisse sonnait creux. Un matin, entre autres, M. l'abb Rulland entra chez lui pour prendre de ses nouvelles : il avait t alit la veille. Prenez une de mes cartes sur mon secrtaire, dit-il, et donnez-moi ce qu'il
faut pour crire.
Il
crivit quelques
avant midi,
proteste
1
et
une adresse et dit Envoyez quelqu'un porter j'ai une traite de deux mille francs payer pas un sol Que Dieu nous pargne la honte de voir ma signature
lignes, mit
:
Une heure
Voici
aprs, M.
RuUand
lui rapportait la
rponse
j'ose esprer
que
le
Deux billets de mille francs accompagnaient la carte de celle que les enfants la bonne maman. aimaient appeler Une autre fois, le mme dom Ronchail attendait une traite de douze cents francs dans la quinzaine. Pendant le dner, le cocher d'une voiture de place lui apporta un pli cachet, contenant un billet de cent francs, envelopp d'un petit carr de Et pendant douze papier qui ne portait que cette mention Priez pour moi jours conscutifs, le mme fait se renouvela, la mme heure; c'tait chaque fois un messager diffrent, mais toujours la mme somme et les trois mmes mots du billet, sans signature. On n'a jamais connu ce singulier anonyme.
: :
!
271
mon pre, si j'avais su que c'tait vous vous pouvez croire que je vous aurais laiss bien tranquille, Gela ne sufEt pas, mon enfant, il faut absolument changer de vie. Tu lasses la bont divine, et si tu ne fais bien vite pnitence, prends garde que tu n'aies pas le temps de te reBien sr,
Certainement,
promets.
mon
Il
faudra te confesser.
Je le ferai.
Et quand cela?
!
c'est plus
^
sr; mets-toi
l,
mon
EL s'asseyant sur
une grosse
pierre,
dom
Bosco dsigne
une place
Bosco
ses pieds.
Aprs quelques hsitations, l'autre se met genoux. lui passe un bras autour du cou, comme autrefois, pressant sur son cur, il entend l'aveu de ses fautes.
Puis
il
Dom
et le
peu d'argent qu'il avait sur lui. Aprs quoi compagnie de son voleur, qui le conduit jusqu'aux portes de la ville et qui devint, par la suite, un trs bon sujet. Nous avons signal dj le don de seconde vue dont jouisAuxiliatrice et le
ilpnrt en
sait
dom
Bosco.
Un jour,
il
ne connaissait pas,
mais qui devait tre l'Oratoire. Il en fit le portrait; on chercha dans la cour et on amena un enfant qui rpondait au signalement donn. Dom Bosco se recueillit pour prier intrieurement, caressa l'enfant, et aprs l'avoir renvoy ses
jeux
de
la
bonne
mort. Prparez-le;
Le catchiste
fut confess et
prit la recommandation au srieux. L'enfant communia. Le soir mme, aprs une chute
malheureuse,
il
dut se mettre au
lit,
naissance et mourut.
__ 272
il
En
1878,
dom
moins.
donna leurs noms, qui furent inscrits sance tenante sur un papier cachet ensuite soigneusement, et,
Il
recommanda de
en
effet
annona
le
de
la
dom
Bosco
s'est
tromp.
Il
avait
il
n'y
en a eu que quatre.
Mais
le
le soir lui
mme
l'enfant tombait
temps de
expira
au
Les Pres qui avaient inscrit la prdiction rouvrirent le billet cachet; ils y trouvrent les noms des cinq enfants
enregistrs dans l'ordre
mme
ils
avaient succomb
(').
(1)
Dom
CHAPITRE
MISSIONS DE PATAGONIE.
XXIII.
l'VANGLISTE a TURIN.
Il existe, la pointe mridionale du continent dcouvert par Christophe Colomb, une vaste contre encore mal explore par les Europens, froide et d'un climat trs rude, mais o
au rebours des ntres le soleil y brille du ct du nord, et les vents glacs sont ceux du midi l'hiver
;
;
svit
de mars septembre,
que pendant
dcembre, janvier
Elle est divise,
comme
Mon-
l'autre extrmit
tale,
tagnes rocheuses, qui courent du nord au sud, de l'une de l'immense continent. La partie occidenentre les montagnes et l'Ocan, est de beaucoup la plus
troite.
La
prsente les aspects les plus varis, quoique non les plus riants du ct des Cordillres, pics gigantesques, couverts de
:
du ct de l'Atlantique, vastes prairies appeles pampas, mais beaucoup moins fertiles que les pampas de la Rpublique argentine, que fconde un soleil plus
ps peine praticables
;
chaud; lacs saumtres, champs couverts de sel et faisant l'effet de la neige, mme en t ; point de collines, aucun acciiS DOM lOKO.
274
dent de terrain ; de grands fleuves torrentueux qui ne soufi'rent que difScilement la navigation bref, rien qui rjouisse le regard de l'homme. L'impression de tristesse est plus vive
;
le dtroit
de Magellan,
on
le ainsi
la
La Patagonie ne possde point de villes dignes de ce nom, mais on y rencontre et l des campements de nomades (en espagnol talderias), composs de quelques habitations qui tiennent le milieu entre la tente de l'Arabe et la hutte du ngre africain. Ce sont des peaux de chiens sauvages [huanacos) qui,
toits et
de murs
miheu d'une fume paisse dans une sorte de promiscuit. Le Patagon, dfaut de tabac, fume des excrments de buf ou de cheval, animaux qui se sont multiplis prodigieusement dans les pampas depuis que les Espagnols y en laissrent quelques-uns en libert. Il est grand chasseur, de haute
ces mobiles demeures. L, au
et ftide, les familles vivent
taille,
comme
premiers explorateurs
il
mange beaucoup
et
dans
les intervalles
de ses chasses
de ses guerres,
mne
une vie oisive, monotone et bestiale. Le mlange du sang espagnol avec celui des indignes a form un type particulier, les Gauchos, population composite qui emprunta aux Indiens leurs armes, le lazo et les bolas, l'Espagnol le cheval. Il semblait que cette race pourrait sersauvage et le civilis il n'en a Patagon se montre aussi rfractaire tout rapprochement avec les Argentins et les Chiliens que ses aeux le furent avec le gouvernement de Madrid; il a toujours la
vir d'intermdiaire entre le
;
rien t
le
mme horreur pour les usages et la religion des Europens. Dom Bosco voyait ses vaillants missionnaires, incessamment
renforcs par des envois successifs, s'tendre de proche
en proche, de Buenos- Ayres, leur quartier gnral, sur l'Uruguay, o ils s'tablissaient Montevideo, Villa -Colombo,
275
Paysandu, Las Piedras, et sur le Brsil, Rio de Janeiro et Nichteroy. Mais si ncessaires et si fructueuses pour les mes que fussent ces colonies en des pays riches et civiliss,
elles lui
le zle
apostolique
que
les
avec empressement, en
et d'aller vangliser
fit
Buenos-Ayres, de passer
les
le
Rio-Negro
Patagons.
dom
Fagnano, dj
install
Carmen de Paet
dom Gostamagna
quelques
un premier
essai
dans
les
pampas. M*' Espinoza, vicaire gaccompagnait. L'expdition fut heuqui, s'tant spares de la
deux surs,
gouvernement du pays, nous engage chaleu reusement accepter cette mission si coteuse; et moi j'ai consenti, plein de confiance en votre gnrosit. La premire tentative, bien que rude et prilleuse, nous a parfaitement lussi cinq cents indignes ont t runis au bercail du
d'accord avec
le
:
276
le
sud de ces
plusieurs
immenses
lages
ou
hameaux
placs
une distance
de
journes.
Au mois de mars
tt,
un peu
tard, les Salsiens et nos rehgieuses iront ouvrir des coles dans ces pays -l. Patagones sera le centre nouveau duquel nos ouvriers vangliques s'lanceront dans les rgions in-
connues.
Ces projets ne s'excutrent pas sans entraves; le
manque
dom Bosco
du commencement de
faire
1881
Voici
d'expdition
les
moyens
Toutefois,
nous avons compt sur votre coopration, bien-aims confrres, et nous avons dcid de faire un envoi de douze pres ou frres et de huit surs. Ils partiront, les uns le 22 janvier, les autres le
conseil de la ncessit et de la gravit des besoins,
3 fvrier....
L'agriculture a pris
un dveloppement
;
tout particulier
nous avons lev des glises, ouvert des coles, construit des habitations pour les curs et les instituteurs, et des hospices pour les Indiens errant sur les deux rives du Rio-Negro. Ces sauvages se montrent trs dociles la voix de la charit et de la vrit; ils manifestent le plus vif dsir d'apprendre les arts, les mtiers et surtout l'agriculture, inconnue encore de ces peuplades errantes.... Le gnral Roca, prsident de la Rpubhquc argentine,
dans nos fondations patagones
donnait
dom
lettre
en
est la
preuve
277
de Sales, Turin.
J'ai
que
les
la
Patagonie
tiendront toujours, pour notre Rpublique, la place que mritent les entreprises civilisatrices, et
politiques
du pays.
la
supporter
Votre
fils,
RocA,
Prsident de la Rpublique.
Les autorits religieuses, de leur ct, ne ngligeaient rien pour seconder les Salsiens. L'vque de Saint-Sbastien de
Rio Janeiro,
csains,
dom Pedro Maria de la Gerda, adressa ses dioen 1883, une lettre pastorale dans laquelle il faisait
un loge enthousiaste de dom Bosco et de ses uvres. Enfin, en novembre 1883, la cour de Rome, prenant en considration les propositions de dom Bosco, cra deux provinces religieuses dans la Patagonie. Le nord et le centre du pays formrent un provicariat apostolique, et le midi, runi la Terre de Feu et aux les voisines, devint une prfecture
apostolique.
En mme temps. Sa
apostolique,
il
Saintet choisissait,
comme provicaire
prfet apostohque
dom
comme
domFagnano;
enfants.
mme un
d'Asti,
Ghteauneuf
comme dom
tait
il
278
depuis
lors^
il
s'empressa de se donner
lui et,
n'a cess
d'tre
un de
en
mme
temps que sa
consolation et sa gloire.
Il
cong que
l'tat
lui
il
dit,
des travaux de
:
dom Bosco
et
rique du Sud
que nous occupons dix-sept maisons et vingt stations. Ce sont de bien beaux commencements, soupira Lon XIII mais qu'est-ce que cela pour des besoins si tendus ? Mais nous avons confiance dans votre zle et dans celui de votre pre dom Bosco vous ne vous en tiendrez pas l les missions salsiennes dans l'Amrique mridionale sont une des plus chres esprances de l'Eglise universelle. Nous avons parl dj de la construction de l'glise de SaintJean l'Evangliste, commence Turin en mmoire de Pie IX, sur le cours Victor-Emmanuel II, tout prs du temple vausiens, tant religieux
dois.
Le dfaut de ressources,
en retarda l'achvement jusqu'en 1882; alors on eut non seulement un temple magnifique, mais ct de lui une maison nouvelle comprenant orphelinat, coles, ateliers, en un mot un Oratoire complet comme les entendait dom
primitifs,
Bosco.
en marbre blanc de Carrare, due au ciseau de Franois Confalonieri, de Milan, y fut rige. Elle dut servir, comme dit l'inscription place sur le pidestal, de monument d'amour et de reconnaissance des Sal-
Une
un
pre.
cet
Dom
Bosco fut
si
heureux de
achvement de
de
au 23 octobre
279
Au jugement
est, disait-il,
les
un des monuments religieux les plus parfaits et plus lgants qui enrichissent la ville du trs saint Sacre-
ment et de la trs sainte Vierge Marie. Nous devons maintenant remercier Noire-Seigneur de
nous avoir, en tant de manires, aids surmonter les diverses et innombrables difficults que nous avons rencontres pour lever cet difice sa gloire.... Je voudrais que tous nos cooprateurs non seulement de Turin, mais de toute l'Italie et des autres nations, pussent assister aux solennits de la conscration....
cette
nouvelle glise sous sa protection toute-puissante, et de regarder d'un il de bienveillance et d'amour ceux qui y vien-
ne cesserai jamais d'unir mes pauvres jeunes gens confis leurs soins, pour que Dieu rcompense nos bienfaiteurs et rpande sur vous, sur vos parents, sur vos amis, les meilleures bndictions en cette vie, et vous accorde en l'autre une couronne de gloire, suivant les divines promesses
De mon
ct, je
de
la sainte
Ecriture
Ma
un
;
temple l'honneur de
le
mon nom,
et j'tablirai
royaume
stabiliam
ternel
.*
Misericordiam
et
thronum regni
Veuillez, Monsieur,
me
pourrons ensemble
surtout la
mains. Par l, nous un peu de bien notre prochain et pauvre jeunesse abandonne en attendant,
faire
;
avec
les
sentiments de
la plus
profonde gratitude,
serviteur.
j'ai
l'hon-
neur de
me
dire
Votre trs
humble
M
Un post-scriptum
tion et d'ornementation,
il
280
cinq mille francs solder. Ce passif fut combl partie par les
fidles qui se rendirent la fte
un plerinage de
dom
Bosco
et rece-
voir sa bndiction.
CHAPITRE XXIV.
DOM BOSCO A PARIS, A AVIGNON, LYON, LILLE, DIJON
En
1882,
dom
le cercle
de ses excur-
sions en France.
Va-
'
nouveaux cooprateurs.
Brignoles,
il
promen
sa bourse
lui-mme travers
il
les
rangs de
la foule
o, selon l'usage,
Il
taient rests.
mais celui-ci
l'arrta par
un geste
:
de refus.
Merci,
dom
Bosco,
L'homme, tonn et touch, mit la main sa poche, en retira un sou, et le dposa dans la bourse. Ah! merci, encore une fois; et il faut mon tour que je Oui, vous donne quelque chose. Avez-vous une femme ? monsieur l'abb. Eh bien, donnez-lui cette mdaille. Avezvous une fille ? En voil encore une pour elle. Dites-leur de se
ami.
mon
bonheur elles et vous. l'homme le retint. Monsieur l'abb, c'est que j'ai aussi une vieille mre Ah! elle sera jalouse. oui; eh bien, voil encore une mdaille.... Mais (et il souriait malicieusement) je vous ai donn trois mdailles, il est bien
la
mettre au cou
Dom
Bosco s'loignait
me
quelque chose.
Oh
gent que je vous demande; vous m'en avez dj donn. Mais voyons, mon ami, avez-vous fait vos pques ? Non, mon-
anne; promettez-le-moi.
282
nous
dit
le
tenir cette
promesse.
L'anne des grands voyages en France fut 1883. Dom Bosco il voulut profiter de ses dernires forces.
et
De Nice
de Marseille,
il
arriva
Avignon
le
3 avril, et
Mqi"
de Saint-Irne, dom Pothier, bndictin, et le suprieur gnral de la congrgation de Saint-Sulpice, assistaient cette
crmonie.
Lyon
;
est
une
terre classique
genre que celles de dom Bosco l'y ont prcd on connat, pour ne ciler que les principales, l'uvre des catchismes du Prado, tabUe par l'abb Ghevrier, de
fondations du
mme
283sainte
mmoire;
la cit
ouvrire de l'abb
Rambaud;
l'orpheli-
nat d'Oullins, par l'abb Rey; dans la mme rgion, Gouzonsur-Sane, l'asile Saint-Lonard, par l'abb Villon, ot Bourg,
la
Providence agricole de Saint-Isidore, par l'abb Griffon. Dom Bosco visita le Patronage de Notre-Dame de laGuillorue de Grmieux). L se trouvait un atelier chrtien
tire (13,
modle des
ateliers
du Valdocco
le
tait all
chercher Turin
mo:
avait besoin.
Aprs
le
Le*s enfants,
compte rendu de M. Boisard, dom Bosco se leva dit-il en commenant, sont les dlices d
tablit la ncessit
lui
Dieu. Et
cet tat
il
de vertu qui
Si la
dit-il
faut donc,
pour sauver
la socit,
sauvegarder
la jeunesse.
il
Le
est
Messieurs, o
est?
Il
dans votre poche. Ces enfants que le Patronage, que l'uvre des Ateliers accueillent, ils ont besoin de votre aide,
ils
re-
vous
les
la
le
couteau sur
Dom
La
elle
quer aux uvres lyonnaises. Que je parte d'ici, Messieurs, avec cette conviction que l'entreprise de M. l'abb Boisard,
si
la
prola
que
bndiction de Dieu ^
De Lyon
Paris est
il
une Babylone,
de luxe et de frivoHts, de
(1)
"284 ^
folie et
nul au monde ne l'ignore. Mais Paris une Jrusalem, ville de prire et de travail, de dvouement et de charit sous ce deuxime aspect, Paris n'est gure connu que de ceux qui l'ont habit et qui ont cherch
de perdition
est aussi
le pntrer fond.
'
La
mais
la
capitale de la rvolution et
de
la
mode,
le centre
de
de
de ces
mmes socits,
malgr tous
les obstacles,
et qui
construction de la basilique
du Sacr-Cur,
y ap-
porte, pierre par pierre et sou par sou, son million de contributions volontaires chaque anne, la ville des confrences de
la
le
bien et
se
ils
immense. On peut sjourner des annes Paris sans y voir autre chose que des magasins et des cafs, des journaux et des thtres mais il est des gens,
meuvent
et
il
si
pleinement absorbs
par les bibliothques, les glises, la famille et les bonnes uvres, que le bruit des boulevards leur arrive peine. Ainsi,
dans un
mme lieu, un
peuple de poissons
et
un peuple
d'oi-
seaux se meuvent l'un au-dessus de l'autre et se touchent presque, sans que l'habitant des eaux rencontre l'habitant de
l'air,
ou que l'habitant de
l'air
Le
du saint
Vincent de Paul
des
flots
on ne se contentait pas de
le suivre;
de
de longues heures
et se prcipitaient
avec un enthousiasme dont rien ne saurait rendre le doux et imposant spectacle. L'branlement se communiqua au Paris
frivole, celui qui se lve
Athnes, en se demandant
28b
Quoi de nouveau? Un thaumaturge, un saint, n'est-ce pas quelque chose d'trangement nouveau Paris, en plein dix-
neuvime
Et
le
sicle
peuple gouailleur
par
et sceptique, entran
par la curio-
sit d'abord,
la surprise ensuite, et
par
il
ne savait quelle
motion
Dieu.
irrsistible, s'inclina
affectait
On
respectueux en sa prsence, on ne
dresse, qui tait
une protestation nergique contre les forfanteries d'athisme. Si un terme aussi profane tait ici de mise, nous dirions que dom Bosco fut pendant deux semaines le lion du jour. D'o venait-il ? o tait-il ? que faisait-il ? Quinze jours auparveil de la foi
et
ce
un
endormie
ravant son
nom
tait
Dom
monde,
le
monde
chacun
comme
de
On
on s'tonnait de joyeux et doux plutt qu'austre, au regard profond plutt que vif, et dpenser que
et l'agitation la foule qui le cherchait
l'air
;
un
homme
aussi simple,
cet
homme
faisait
si
n'en
fallait
rien rabattre.
racle quotidien
persistant,
c'tait
celui
de l'tonnante
extension et de
Je
ne
l'ai
prtres qu'il
a forms, crivait
un observateur, mais
je
l'ai
nom
transporte,
qui se
mais ce qui
fait la
l'objet.
il
Vierge. Lui,
c'est
286
fils
un
fils
de paysan
il
est rest
de paysan, ne visant
aucun prestige. Le cur d'Ars avait sainte Pliilomne; lui, il a Notre-Dame Auxiliatrice, et c'est elle qu'il attribue toutes
les merveilles qui se sont
accomplies par
lui.
donnant tous, sans choix et Il va sans prdilection. On le prend, on le mne. L'autre jour, Saint-Thomas de Villeneuve, deux petits garons se faufilant, et passant pour ainsi dire entre les jambes des assistants, parfaisant le bien et se
et, le contemplant en souriant, lui prirent chacun une main. Le bon prtre leur adressa un sourire, quelques paroles, et, sans essayer de se dbarrasser de leur treinte, les laissa matres de ses mains, que les enfants taient tout fiers de tenir. Dom Bosco coutait cependant
il
restait
comme
Ubert
il
que
rendre
la
de ses
rsister,
mouvements au bon
prtre,
(^).
mme
des enfants
il
une
convenu qu'il recevrait, dans une maison de la on avait rue la Ville-l'Evque. Chacun prenait son rang des numros; mais bien avant l'heure indique, les salons
Les premiers jours
avait t
Ceux qui n'avaient pu avoir des numros espraient voir au moins au passage l'homme de Dieu et recevoir sa bndiction.
On
et
On
rcitait le
chapelet
on
faisait
des prires
dom
Il
n'tait
extrme con-
descendance il en trt du premier venu, et cet emploi flottant de sa journe faisait perdre beaucoup de temps, sinon lui, du moins d'autres. Mais l'absolu dans la perfection n'est pas de ce monde, et personne n'osait lui reprocher une imperfection
si belle.
Au
(1)
LoQ uBiNEAU,
Dom
287
elle-mme tait un spectacle touchant. Elle tait vraiment elle tait patiente, elle dans l'atmosphre du bon Dieu savait cder, et elle laissait passer au milieu d'elle et devant elle les malades qu'on amenait en grand nombre.
Un jour, un
vieillard est
dom
Il
Bosco
et voulant le
avait l
heures
et
des
du
vieillard
tous applaudirent en
voyant emmener
dom
Bosco, et sacrifirent
joyeusement
la
eux-mmes
que l'enfant a t guri; j'ai heu de l'esprer, je ne puis cependant l'aQrmer ('). Les prdications de dom Bosco Paris furent nombreuses; elles commencrent par l'glise de Notre-Dame des Victoires. Notre-Dame Auxihatrice devait bien sa premire visite . Notre-Dame Refuge des pcheurs. C'tait un samedi. Dom Bosco dit la messe hebdomadaire de l'Archiconfrrie; ensuite, en franais correct, mais avec un accent italien trs marqu, il exposa le but de ses uvres et fit appel la charit. Mme sujet de sermon le lendemain, aux vpres, la Madeleine, o sa qute obtint une dizaine de mille francs; Saint-Sulpice, le mercredi 2 mai, o elle en produisit six, et SainteGlotilde, le lendemain jeudi, o elle fut galement fructueuse.
ardente qui les dvorait.
dit
On
s'exprimait
il
n'avait
il
avait le
cur
plein
ses
enfants.
Il assista la runion de l'uvre des Orphehnats agricoles, chez les Lazaristes, rue de Svres, ou plutt il prsida cette runion. Elle avait un caractre priv et un encombrement
la
modestie du bon
(1)
Dom
il
France, qui composent les comits de patronage des orphelinats agricoles, et assis ct de Mar Dufougerais, prsident de la Sainte-Enfance. Mais
vite, et rattacha,
il
plus grands
noms de
se remit bien
uniquement celle qui avait runi ses auditeurs Votre uvre ressemble tellement la mienne, dit-il, que, au premier coup d'il, je ne vois entre elles aucune diffrence; mais quand je regarde ce qui m'entoure ici, je ne sais plus comment les concilier. La mienne est celle de la pauvret, de l'ignorance et de la misre la vtre me semble appuye
l'occupait
que pour mener bonne fin des uvres si il faut deux choses d'une part la richesse, qui a de quoi donner et qui donne ; d'autre part la pauvret,
Il est vrai
si
belles et
grandes,
La
de Paris; je la trouve aussi dans votre uvre. Messieurs, mais l, elle se dverse dans la pauvret. Pour nous, cette dernire fut et restera notre unique apanage;
cette
grande
vous avez honor quelquefois le savez, Monseigneur de votre prsence la ville de Turin, et c'est une faveur dont nous conserverons toujours le plus cher souvenir. Aprs cet exorde insinuant, il parla de ses orphelins comme toujours, et exhorta tous ses auditeurs donner le bon exemple et s'occuper, avec une ardeur croissante, de prvous
:
Dom
siaste,
trice
ments du nord.
Bosco passa ensuite quelques jours dans les dparteIl y trouva partout une rception enthoumais nulle part plus qu' Lille, cette opulente fondale
sens pratique et
la tnacit
hardiment, depuis
quinze ans,
du mouvement catholique.
Les souscriptions UUoises permirent dom Bosco de se charger d'un orphelinat fond en 1870 par la baronne Sguier. Cet orphelinat devint l'Oratoire de Saint-Gabriel (rue
prentis,
et
289
la
dont M.
le
raison
d'tre
bouleversement
allis
formidable,
les
ouvriers,
qui
taient
autrefois
endes
semble
et
la corpora-
en proie
la cupidit
la classe
ils
pauvre de
L'ouvrier,
l'Eglise
cathoHque, qui,
libre, s'est
comme une
tendre mre,
devenu
ne reculent ni devant le mensonge ni devant la calomnie, quand il s'agit de discrditer la religion et ses ministres. Et pourquoi? Parce que le socialisme sait par exprience que ses doctrines perverses n'ont pas d'adversaire plus redoutable que l'enseignement chrtien, et qu'elles ne pourront jamais prvaloir dans les
excits par des journaux hostiles, qui
mes
Qu'est-il rsult
Un immense danger pour leur foi et pour leurs murs? En effet, l'esprit d'impit et d'immoraht rgne dans la plupart des ateliers. En vain les meilleurs patrons
apprentis?
essaient-ils de ragir contre cet tat
ils
de choses dplorable
esprits,
gangrens par
les
Dom
Bosco apporta
l'installation
leur aptitude spciale, et
ils
290
salsiens. Ici
main
vertu
se
forme au
eu....
il
Puis
promesses qu'il n'avait pu remplir son premier passage, et Saint-Augustin, Saint-Pierre visita encore quelques glises du Gros-Caillou, Sainte-Marguerite, dans les quartiers populeux de Popincourt et de la Roquette; c'est dans ces quartiers
:
qu'il aspirait
fonder un Oratoire.
il fit
Saint-Augustin,
commencement
ver tout
genre humain,
et
il
hommes. Mais
la
jeu-
nesse a t, pour ainsi dire, l'objet prfr de sa tendresse. Il laissait approcher les petits enfants, il menaait, comme ja-
mais
il
la jeunesse; enfin
ne menaa pour aucun crime, ceux qui scandalisent il a voulu que les Livres saints, par leur
du
du Gros-Caillou, dom Bosco se trouva en du cardinal Lavigerie, qui voulut se charger luiprsence mme de le recommander aux fidles Depuis que j'ai appris la prsence Paris du saint Vin-
Saint-Pierre
le
cardinal,
de
me
rencontrer avec
lui
glises et de
aise.
recommander
les
la
ses
ai
uvres
vues
gnrosit fran
Ces
uvres, je
commencer
Turin,
trait
France, et devenir
comme un
(1)
Discours prononc
rorphelinat de
Saint-Gabriel.
2lii
les Italiens
sont en
nistre
un mi-
mes
trs
chers frres,
grande pense de l'aptre saint Paul, savoir que nous ne formons tous qu'un mme corps, dont tous les membres doivent s'entr'aider. C'est ce que vous faites, mon trs Rvrend Pre, lorsque vous, prtre italien, vous recueillez et levez les orphehns de la France, c'est ce que je cherche faire en Tunisie, o moi, prtre franais, j'aime comme mes fils les enfants de votre Italie,
de vous rappeler
paix,
Vous consommerez cette uvre de rapprochement et de mes trs chers frres, en venant en aide ce prtre humble et dvou. Il faut qu'en rentrant dans sa patrie, il
la
fidle sa
grande mis-
L'minent restaurateur du
aptre
lui aussi
et,
sige piscopal
de Garthage,
avec
dom
Bosco
et les
papes Pie IX et
Lon
suite
licit
une des plus grandes figures de ce sicle, fit enun magnifique loge de la charit, puis, aprs avoir solXIII,
pour
:
dom
Bosco,
il
se mit solliciter
dom
Bosco
lui-
mme
J'habite
un pays o
le
saint Vincent
la force et
de Paul de
la
plong, durant
deux annes, dans l'esclavage. Aujourd'hui, il faut la Tuniun saint Vincent de Paul nouveau, qui y soit conduit non par la violence, mais par l'amour. Ce saint Vincent de Paul, c'est vous-mme, mon trs cher Pre; avec votre famille religieuse, moiti italienne, moiti franaise,
vous accomplirez
mieux que tout autre l'uvre de concihation et de .paix qui nous est le plus ncessaire. Votre place y est tout fait marque. Jusqu'ici, ce sont
les familles italiennes qui
forment presque seules la partie europenne de ce grand pays dsert, plac dsormais sous la protection gnreuse de la France. Ces familles, dont je suis
le pasteur,
trop souvent,
comme
292
chefs.
et
Il
mme
dcimes prmaturment et prives de leurs nous faudrait pouvoir recueillir tous ces orphelins, tous les enfants qui manquent d'un appui ncessaire.
Pre des orphelins italiens, je fais un appel votre cur. Il a dj rpondu celui de l'Europe et de l'Amrique; voici
l'Afrique qui lui prsente ses enfants dlaisss. Votre
les contenir.
la fois la
Envoyez-leur vos
fils.
Nous
les
aimerons ensemble
Dieu et
la
bnir
France.
Et vous, mes trs chers frres, vous porterez aujourd'hui vos aumnes ces mains qui vous sont tendues. Souvenezvous que vous allez servir deux causes galement sacres la cause de la charit et la cause de la patrie.
:
Bosco ne pouvait rsister cet appel. Il protesta contre les loges qui lui taient dcerns, mais il promit son Oui, dit-il, la gnreuse, la grande nation, la concours
:
Dom
chevalier de l'Eglise et de l'huen vain mon cur. Lorsqu'elle manit, ne me rclame de mes enfants pour venir en aide mes compatriotes italiens, j'ai deux raisons au heu d'une pour lui en donner. Et il promit d'employer en Tunisie une partie de (i). ces aumnes qu'il avait reues si abondamment en France
le
saurait s'adresser
Empruntons encore
de
Lon ubineau
le rcit
d'une visite
dom
Bosco Paris.
Des relations anciennes, des grces particuhres, une gurison entre autres, avaient depuis longtemps mis dom Bosco en relations avec le libraire Josse, rue de Svres. Ce dernier runit chez lui les dames quteuses de Saint-Sulpice, qui avaient vers dans les mains du saint prtre une collecte de
plus de six mille francs.
ser,
Dom
intime
on
la fixa
deux heures.
(1)
ralis, s'il
Nous avons tout lieu de croire que cet engagement ne l'est dj au moment o nous crivons.
pris par
dom
Bosco sera
Toute chose se
partout.
sait Paris
293
;
tait
cour
On
prenait patien-ce
six
comme on
heures
le
L'homme
et
emmener
et tait
venue
chercher l'attendait ds
et t
fit
difficile
La foule
s'arrtrent,
sage se mlrent
la foule.
On fit remarquer dom Bosco qu'il tait attendu patiemment dans cette cour depuis dj cinq heures, que cependant
les
magasins
et les
impossible de parler
la
du marchepied de
voiture,
adressa
hommes
donner
taient
la
bn-
ment. Aucun de ceux qui ont assist cette bndiction donne par dom Bosco la foule entasse dans la cour du
n" 31 de la rue de Svres n'en oubliera le spectacle. C'tait
la
communion des
saints.
la livre
du
ou sous la richesse des vtements, hommes, enfants, grandes dames, ouvriers et ouvrires, tout ce peuple tait chrtien, faisait acte de foi Dieu, de respect et de vnratravail
tion la saintet.
Une heure
et
demie plus
il
de M. Josse, o
avait, sinon
moins patiemment cout en bloc. Mais quand dom Bosco voulut accder
qui l'attendait,
il
dom Bosco sortit du logis longuement parl chacun, du peu prs tout le monde et rpondu
tard,
la voiture
la
trouva dans
qu'il
en avait son arrive. On
vers
lui,
'Ji
tout le
monde
alors le
Nous avons eu
dans
mme
du
mme
procd pour
pr-
Un homme
le
de chaque ct,
protgeaient
zle et de
emportements du
suivait,
putaient l'envi
un autre enfin
il
en rsistant au
flot
l'homme de
Dieu.
et
Mont en voiture,
lorsque
la cueillie, clata
l'air
en mouchoirs, les casquettes et les chapeaux. L'Ad multos annos du peuple chrtien tait dans tous les curs. Cette manifestation que nous avons vue et laquelle nous avons assist dans une maison de la rue de Svres se renouvela chaque jour dans les divers quartiers de la ville, et elle
les
accompagna dom Bosco le 26 mai, jusque sur le quai de la gare de Lyon. Le saint prtre partait pour rentrer Turin. Il n'avait pas annonc l'heure de son dpart, il ne s'tait pas
arrt dans l'intrieur de la gare,
il
en avait rapidement
tra-
mme que son secrtaire et retir de voyage. Nanmoins il se fit autour du guichet du compartiment o il tait entr un petit concours qui attira bien vite l'attention de tous. Y en avait-il beaucoup ignorer lo nom qu'on donnait ceux qui s'informaient? Ils s'tonnaient de l'empressement manifest autour de ce prtre aux allures si simples et que rien ne relevait aux yeux du public.
lui
tait destin,
avant
les billets
fallut
homme
tait
un
faiseur de mi-
racles. Gela pouvait
295
tonner quelques-uns
prlat,
dans
l'tat
dom
de Mnilmontant. Cet tablissement existait dj. Fond par l'abb Pisani, confi ensuite aux Frres de Saint-Vincent de
Paul,
il
s'tait
d'ordre intrieur.
fice
vu compromis subitement par des difficults Dom Bosco ne recula devant aucun sacri-
pour le maintenir. Lorsque, en juin 1887, Mgr Gay, vque d'Anthdon, vint y riger solennellement une statue de Marie Auxiliatrice, due au ciseau de David d'Angers, et laquelle
on avait
par
fait faire le
voyage de Turin,
dom Bosco, l'inspecteur des maisons salsiennes de France, dom Albra, trouva que FOratoire de Mnilmontant
tait dj
le
plus
d'avenir.
Au
retour,
le
chez M.
dom Bosco s'arrta Dijon et passa trois jours marquis de Saint-Seine. L comme partout, il fut
assig; c'tait par cent, cent cinquante peril
entour et
se rendait.
vu faire d'extraordinaire Dijon. Les carmlites l'avaient beaucoup dsir, dans l'espoir qu'il gurirait leur suprieure malade; la suprieure ne fut pas gurie. On se rappelle seulement qu'aprs sa premire messe, clbre au Carmel, il dit, en montrant trois cents francs qu'il venait de recevoir C'est d'une dame qui avait promis cette somme si elle obtenait une certaine grce, et elle l'a obtenue. Quand il revenait des courses qu'il faisait un peu parlui
Un tmoin On ne
tout,
en descendant de voiture
Dom
il
(1)
Loa AuDiNEAU,
Bnxr.o
Pari$,
Veuillez
29()
or, billets,
en
lui
disant
me
garder cela.
;
raient s'exprimer
lui
on peut dire qu'une vertu sortait de lui, attirait les curs on voyait des hommes,
;
prvenus l'avance contre lui, se trouver retourns rien qu'en le regardant, et ne vouloir plus le quitter, mus jusqu'aux larmes, et convenant de leur transformation.
arrive, on lui demanda comment il fallait l'appemonsieur l'abb? mon Pre? Appelez-moi dom Bosco, ler: et, si vous tenez ajouter quelque chose, dites Pauvre dom
A son
Bosco
Mais
particulier,
dit, !a veille
il
de son arrive
Dom Rua
sera
ici
demain; vous
le considrerez,
vous l'tudierez,
c'est
un
saint
Dom
l't
de 1883, au ht de
comme
le crut
tel
qu'on
la
ne
fut
et que l'histoire rvlera peut-tre un jour, reurent bientt une aggravation nouvelle et qui, cette fois, amena le dnoue-
ment
fatal
cher-
cha se venger sur dom Bosco. On publia les plus viles calomnies contre son institut de Turin; nous n'avons pas besoin d'ajouter que les infmes dsordres dont on parla
n'existaient
sectaires.
CHAPITRE XXV.
l'glise
du sacr-coeur a ROME.
DOM
BOSCO EN ESPAGNE,
dom
Bulletin salsien de
Dom
Il fit insrer au dcembre la note ci-aprs Bosco remercie du plus profond de son cur ses bien-
alarmes.
les prires
publiques
et prives
que,
ils
pour sa gurison.
il
pu
ret-
Comme
moignage de
fte
il
a, le
21
novembre
dernier,
de
la
Prsentation de
la trs sainte
la sainte
de leurs prires.
))
ne cesse de prier
le
Seigneur de
prouvs,
de prosprits,
grces.
si difficiles et si
L'uvre
Il
poque
fut
semble que
les glises
plaaient pas.
Une population de quinze
se
sial.
298
mont
Esquilin,
songea
un peu avant de mourir, remarqua ce vide et combler II en parla au grand btisseur d'glises, qui avait achev dj celle de Marie-Auxiliatrice et plusieurs
moment,
celle
de Saint-Jean
l'Evangliste, Turin.
que vous en fassiez une de plus, ici Rome; elle sera le couronnement de votre carrire et, afin d'attirer plus srement le concours de la divine Providence, nous la mettrons sous le vocable du SacrCur. Dom Bosco trembla d'abord la pense d'accepter une nouvelle charge aussi lourde. La fondation et l'entreLien de ses asiles ou orphelmats, qui s'levaient alors prs de quatrevingts, et les missions de l'Amrique du Sud engloutissaient
Il
dj des
sommes
fabuleuses,
humaine pour
les
De
plus, le
la ville
ternelle,
coterait
souverain pontife,
n'ayant pour subsister lui-mme que la charit de ses enfants, n'tait pas
en mesure
d'offrir
une contribution
efficace.
bienveillance
Son successeur ne vit pas de meilleure preuve de donner dom Bosco , ni de plus haut tmoignage de confiance, que de lui confirmer et de lui
renouveler
Dom
la
le mandat de cette construction nouvelle. Bosco n'avait rien refuser Lon XIII. Aprs avoir
ciel,
il
se mit parcourir
l'Italie,
France
et bientt l'Espagne.
si
A
raire
audacieux,
si
:
mme
!
il
faisait
!
toujours
trs
la
mme
rponse
pris
il
tmConsa
fiance
Confiance
La
mais
sainte
Vierge a
sous
non seulement
accepta
pnurie du saint-sige, fut
299
Les travaux durrent six ans et cotrent prs de trois mais bientt la ville ternelle put voir surgir du millions
;
mont
tours.
Bramante a comte Franois Vespignani, architecte romain, que son confrre et compatriote, M. Valentin Grazzioli, a brillamment second. L'ensemble est des plus imposants.
Le
style est celui
du
attach son
nom;
le
le travail
des enfants
de l'Oratoire
(D.
(1) La coupole, d'une hardiesse pleine de grce et de majest, retrace un sujet merveilleusement trait par Menti la glorification du Sacr-Cur. Le Sauveur montre son cur environn de flammes Marguerite Alacoque et Catherine de Racconigi les deux vierges, le visage resplendissant, le contemplent en extase. Les peintures sont de Caraselli et de Monti les mosaques sont de Perozzi. Le matre-autel est en marhre de Californie. Des deux autels latraux, les premiers mis en place, l'un, don du prince Torlonia, provient d'un sanctuaire dmoli dans la rue Porta Pia; l'autre a appartenu l'glise des Cento preli Ponte Sisto, difice qui, lui aussi, a d disparatre. Une inscription latine, approuve de Sa Saintet Lon XIII, dont elle rappelle le style par sa souveraine lgance, resplendit au fronton du monument. Elle apprendra aux gnrations venir que ce temple grandiose, commenc par Pie IX, a t construit par les Salsiens avec les aumnes des amis du Cur de Jsus un mot spcial dit que le fronton est d la munificence de Lon XIII, aid dans celte uvre par les deniers de la pit catholique; Voici du reste le texte de cette inscription TEilPLVM SACR03A.NCT1 C0RDI3 IB8V A PIO IX PO.NT. MAX. SOLO EMPTO INCHOATVM SODALES SALESIANI CVLTORVM EIVSDEM SS. C0RDI3 STVDIO ET CONLATIONE
:
ERIGENDVM
MVNIFICENTIA LEONIS XIII ET NOVIS PIORVM SVBSIDIIS FHONTE ADSTRVCTA CVLTVQVE ADDITO PERFICIENDVM CVRARVNT ANNO CH. M DCCC LXXXVH A l'intrieur, droite en entrant, sur un magnifique pidestal, se dresse la statue monumentale de Pie IX, due au ciseau de Confalonieri, de Milan.
Toutefois le
300
compltement achev,
et plusieurs chapelles
monument
n'tait pas
la faade attendait
de
On
aurait
pu attendre
mais
dom
il
avait
grandement cur de
de
fte,
allait
apporter.
Le
solennellement
et
l'glise
du
Sacr-Cur, en prsence de
d'invits, car
il
dom
Bosco
monde. La messe
nouvelle paroisse.
dom
Dalmazzo, cur de
cette occasion,
prive
dom
Bosco
dom Rua,
de
la ville
et leur
sa reconnaissance au
nom
de
Rome
universelle.
anne
le
voyage de
dom
!
Bosco en Espagne.
arriva Barcelone;
il
C'est le 8 avril
1886
qu'il
y resta
jusqu'au 8 mai
nire fois
Ah
premire
l'aime
et la der-
que
;
je
visite
l'Espagne
je
cependant
beaucoup
sions!
elle
est la
mre
patrie des
Ds
le
il
gnral
dom
maison de Turin,
Le grand pape, tenant de la main gauche un parchemin, la main droite leve pour bnir, semble prendre son lan vers le ciel cette attitude heureuse et l'anglique sourire qui illumine le visage donnent l'uvre quelque chose de saisissant elle rappelle l'effigie si vivante et si rayonnante du cur d'Ars, par M. Emilien Cabuchet, et celle du B. de la Salle, par le mme statuaire, qui est en France, notre poque, le grand interprte de la saintet par le bronze et le marbre. Ne nous donuera-t-il pas quelque jour une statue de dom Bosco?
:
pour
dit-il,
301
Il
s'agit, lui
le
de fonder un collge Utrera, prs deSville; vous vous y rendre mais ce ne sera pas pour des annes vous recevrez en son temps une lettre d'une dame trs riche, de Barcelone, qui vous demandera d'tablir une maison salsienne dans cette ville, et cette maison sera appele de
allez
;
:
grandes destines.
Branda partit de Turin en janvier 1881, avec un personnel de cinq autres Salsiens et accompagn de dom Gagliero, aujourd'hui vicaire apostolique xle la Patagonie. Il ne resta qu'un an Utrera et fut envoy ensuite Malaga, pour organiser et diriger un orphelinat, celui de Saint-Barthlmy, dont
le directeur venait d'tre
Dom
qui,
pour ce motif,
le le
tait
Branda
purent
reconstitua et
Au mois
tune
et
de Barceoffrait
dame
trs
connue
et par sa for-
dame
que
la socit
la
de Saint-Franois de Sales
fut frapp
fit
quelque chose en
faveur de
Dom
Branda
il
de cette
lettre.
tout lu,
se
rappela
la
prdiction de
dom
Dans
sa rponse
M^
Serra,
:
il
raconta ce que
dom
Bosco
Peut-tre,
Madame,
seriez-vous
directement Turin,
acheta donc,
son
On
la fin
de 1883,
la
maison de
fit
Sarria.
Dom
dom
Bosco,
faire les
travaux
modeste chapelle provisoire, qui existe encore. le 1" mars 1884. Ce jour-l, il rece-
302
vait cinq enfants. A la fin de l'anne, il en avait trente. Actuellement (1), la maison renferme cent cinquante personnes, y compris le personnel dirigeant; de plus, environ deux cent cinquante jeunes gens viennent suivre des cours primaires
pour adultes, pendant le jour ou le soir, et les Pres salsiens dirigent dans Barcelone un cercle qui compte environ deux
cents
membres.
dans
la foule qui
ne
ment.
Dom Bosco tait dj d'une faiblesse extrme; seule l'nergie de sa volont le soutenait. Il ne marchait qu'appuy sur un
bton, et, quand il n'en avait pas, il ne pouvait avancer qu'en formant une sorte de balancier avec ses bras ramens dernire le dos mais il paraissait reprendre des forces pour sa messe, qu'il disait avec une anglique pit, et cependant vite, en homme trs occup. Les visiteurs taient toujours les uns sur
;
on ne faisait que dfiler devant la bndiction du saint, et, mme pour affaires, celuici ne pouvait gure soutenir plus de vingt minutes d'entreles autres;
d'affaires graves,
tien.
moins
Un
l'avait
dom
Rua, qui
accompagn en Espagne, et dom Branda, il leur dsigna du doigt un grand champ voisin Achetez ce terrain,
:
dit-il
dom
Branda, ce sera pour votre jardin, car votre jarje n'ai point d'argent.
serva
la
dom Branda,
?
Mais,
ob-
Vous doutez de
tre
Providence
un jardin contigu Achetez encore ceci; vous placerez l une maison de Marie-AuxiliaPuis, dirigeant son doigt vers
:
(1)
25 avril 1888.
trice; on mera des
303
filles
s'y
C'est impossible,
un
ne
est
et
il
homme
la cderait
pas pour quarante mille douros (deux cent pas un centime, achetez, car c'est la
la sainte
mille francs).
N'eussiez-vous
et
les
volont formelle de
comme
Vierge qu'il y ait ici une maison pour nos missions. Vous verrez, du reste, difficults vont disparatre.
dom Rua
le supplia
de vouloir bien parler plus clairement. Alors il leur raconta que dans la nuit du 10 au 11 mars de celte mme anne, c'est--dire une des premires nuits qui
suivirent son arrive, la sainte Vierge lui tait apparue. Elle
tait
en costume de bergre,
comme
je la vis
une
fois
quand
encore enfant, et qu'elle m'annona bien des choses que j'ai faites depuis pour les pauvres orphelins de Turin.... ;
j'tais
bref, elle
ici
m'a ordonn
l'achat
de ce jardin
et l'tablissement
L'vnement ne tarda pas vrifier ces paroles. Le propridu terrain vendit, quoique non sans peine. Quant au propritaire du jardin ou maison de campagne, il rpondit qu'il ne cderait point sa villa pour son pesant d'or. Quelques jours aprs, il mourut, son hritier aimait aussi beaucoup cette protaire
s'empressa de
la
trs
avantageuses
les
pour
les Salsiens,
est rest
un des collaborateurs
dom Branda
deux cts, et, ds le mois de novembre 1886, les religieuses de Notre-Dame Auxiliatrice furent installes. Elles ont dj un petit collge et un noviciat. La maison des jeunes gens a des ateliers de menuiserie,
d'bnisterie, de sculpture,
typographie et de
strotypie, ainsi
musique vocale
et instrumentale.
304
Dom Bosco, en s'loignant, laissa en Espagne, plus que dans aucun autre pays, la rputation d'un thaumaturge, car nulle part ailleurs, en aussi peu de temps, on ne vit autant de grces merveilleuses obtenues par lui. Nous en raconterons trois, en reproduisant textuellement, dans sa scheresse loquente de procs-verbal, l'extrait du Journal de la maison, que dom Branda lui-mme a bien voulu nous communiquer Sarria-Barcelone, 28 avril 1886. Rosa Tarragona y Dore, fille de feu Joseph et de Sraphine, ge de trente ans, du village de Pons, diocse d'Urgel, malade une jambe depuis trois ans, la suite d'une chute, les efforts des mdecins et chirurgiens n'ayant rien pu pour la gurir, est venue visiter dom Bosco. C'tait une espce de plerinage plus de cinquante personnes du mme diocse se trouvaient avec elle. Rosa marchait appuye sur deux femmes, ses compagnes, et, mme avec cet appui, se tenait grand'peine. Elle reut la bndiction de dom Bosco six heures du soir, dans le parloir de la maison. Sortie et peine descendue de l'escUer, sur la porte qui donne dans la cour de l'tablissement, elle se trouva tout d'un coup gurie. Elle revint immdiatement, suivie de ses compagnes, remercier dom Bosco et la trs sainte Vierge de la grce re_:
ue.
Domingo Mdina y Pujol, fils de Joseph et de Glestine, de Barcelone (rue Feu de la Greu, n 22, quatrime tage), g de treize ans, atteint de la gangrne un doigt de la main droite nulle cure n'avait russi l'amputation du doigt, et
;
;
tait
dom
Stefania Marty
une maladie de nerfs qui ne lui permettait de rien faire, pas mme son mnage; voulut visiter dom Bosco; trouva opposi-
oi il tait sorti, prit
30a
une voiture
et arriva
commenait sa messe; y
partit pied, sans
Venue en
voiture, re-
mme
remercier
dom
elle et lui
mercier.
L'homme
tait
une grce
obte-
spirituelle tait
descendue sur
tandis que la
femme
Une
terrible catastrophe,
ni viter,
prouva en 1887
disait
Dom Bosco
culaire
une
cir-
est venu ruiner en un instant des pays presque entiers. Les dommages sont immenses et les victimes nombreuses, surtout en Ligurie. Pour ce qui nous concerne, je dois avant toutes choses, et
fvrier,
Le 23
un tremblement de terre
l'me pleine de reconnaissance envers Dieu, vous dclarer que nous n'avons dplorer aucun accident de personnes. Salsiens, religieuses et enfants de toutes nos maisons, tous
littoral,
Varazzo, Alassio,
Bordighera,
dans
comment, en
effet,
se risquer,
mme
instant?....
la
collge d'Alassio
menace ruine;
la
prs Bordighera, a t
filles, et
en
mme temps
demeu-
ou dont les maisons s'taient croules.... Gomment faire pour rparer tant de dsastres ?.... Je ne puis abandonner des uvres oui nous ont cot beaucoup
DOU BOSCO.
20
de voyages, de rparations,
enfants
j'irais
306
Il
faut pourvoir
aux
frais
comme
Si
encore valide,
j'ai
moi-mme vous
tendre la main
nanmoins
la
De
cette charit
il
fut le
compter.
Il adopta vingt jeunes filles ou jeunes garons devenus orphelins. Il ft galement cette remarque, que plusieurs de ses coop-
servs
comme
par miracle.
Je vois l, disait-il, la
preuve
;
Dieu a tant de manires de rendre ainsi, quelquefois sans que Ton s'en doute, le centuple promis dans l'Evangile qui
fait
Rendons grce Notre-Dame Auxiliatrice, et demandons-lui de nous couvrir toujours de son manteau maternel Malgr sa faiblesse,, il ne rsista pas au dsir d'aller luimme solliciter des secours, sans cependant dpasser Gnes, que les chemins de feront mise, en quelque sorte, dans la banlieue de Turin. Il s'y montra, le 21 avril 1887, dans la vaste basilique de Saint-Sire. Quand il parut, entour de ses principaux collaborateurs gnois et de quelques-uns de ses religieux, l'assemble entire se leva avec respect; un sympathique murmure parcourut la profondeur des nefs, et tous les yeux cher-
Et
chrent
le
saint vieillard
qui,
lentement et pniblement,
vque vint s'asseoir auprs de lui. Le prdicateur, M^' Omode-Zorini, avait son sujet tout indiqu d'une part, les dsastres du tremblement de terre; de l'autre, l'loge de la charit personnifie devant lui dans le fondateur de l'Oratoire, et aussi celui du zle apostolique, personnifi dans l'archevque de Gnes, si souvent sur la brche pour la vrit et la justice. M^*" Omode fut loquent ;
:
307
si
difiant,
la pit
des
du
littoral
sortir, la foule,
jusque-l retenue
un
cercle
rompre. Tout
monde
une
fois encore. Il
On
de vnration,
:
dit le
tout prs de
nous, Sampierdarena, une des maisons salsiennes exerce une telle influence chrtienne que, par le spectacle seul qu'elle
nous
teur
offre,
Bosco, lors
(*).
nous chririons et admirerions l'uvre de dom mme que nous ne connatrions pas le fonda-
Cependant, plus
dom Bosco
approchait de sa
fin,
plus le
quelques semaines avant de se mettre en route pour l'Espagne, recevant l'Oratoire de Turin les quatre-vingts lves environ qui formaient les
classes de quatrime et de cinquime,
drais bien avoir des trennes
joie
il leur dit Je vouvous donner, car vous tes la
:
Le
de
ma
maison.
des noisettes
vant
Et
le
il
cadeau.
chacun reut autant de noisettes qu'en pouvaient contenir ses deux mains runies. Tout le monde tant enfin pourvu, on fit observer l'aimable distributeur que trois ou quatre des lves se trouvaient absents.
(1)
Le Cilludino, de Gaes, 22
avril 1887.
308
Il
Il
ne
qu'on
dom Bosco.
la part
replongea
main dans
le sac et
en
tira
encore
des
absents.
Lorsqu'on
faisait
de ce fait, il avoua que pareille chose pour des chtaignes, dans le temps o parfois lui-mme la cuisine de ses enfants. Puis,'
lui reparla
aprs
ajouta
un
:
instant,
il
Une
;
autre
fois,
il
cependant j'ai pu donner la communion toutes les personnes qui se sont prsentes la sainte table.... et il y en avait beaucoup (i).
ciboire
(1)
:^'trr^^_-
CHAPITRE XXVI.
DERNIRES VISITES A DOM BOSCO.
DERNIERE CIRCULAIRE
ET DERNIRES FONDATIONS.
Dans Turin une des dernires, sinon la dernire, fut sa visite au restaurant Sogno, o l'attendaient neuf cents ouvriers des cercles catholiques du nord de la France, se rendant en plerinage Rome, et qui avaient sollicit le honheur de le
voir.
Dom
Harmel
Bosco y descendit appuy sur les bras de M. Lon et de dom Rua. Il s'arrtait presque chaque pas
pour dire, des yeux plus que de la voix, combien il tait heureux de retrouver d'anciens amis; l'attendrissement, autant que la faiblesse, lui coupait la parole.
salle n'avait
Prvenu que
la
pu
il
s'assit
l'extrieur, de-
Aprs quelques minutes de repos, et quand tous les plerins furent runis autour de lui, dom Bosco les bnit de
toute son me, eux et leurs familles absentes, puis, se sentant trop fatigu et trop
la
mu,
il
chargea
dom Rua
de prendre
parole sa place.
Dom Rua
Bosco,
lui et ses
remercia et
flicita la
dom
uvres doivent beaucoup. Il voudrait pouvoir laisser monter ses lvres le cri qui est au fond de son cur
310
Vive la France Gela ne lui est point permis; mais ce que personne ne pourra lui dfendre, c'est de le jeter vers Dieu avec un lan de reconnaissance et de particulire affection.
Aprs cette allocution, chacun des plerins vint devant Bosco et lui baisa la main; on se mettait genoux pour recevoir de lui une mdaille de Marie-Auxiliatrice. Pendant cet mouvant dfil qui dura trois quarts d'heure, le vnr
dom
vieillard
ne cessait de faire les meilleurs souhaits Que la sainte Vierge vous protge et vous guide jusqu'au paradis! Que Dieu vous accorde de lui et, s'il parlait des prtres donner beaucoup d'mes Un plerin de Chartres lui ap:
: !
dom
Bellamy
et qu'il l'aimait
Dom nom
il
Bosco
:
retint par la
main
beaucoup. prononc ce
Mais alors,
le
lui dit-il, si
dom Bellamy
vous tes
est
mon ami
vrai.
mien, parce que moi aussi je l'aime beaucoup et.... ti^s mon bel ami. Son bon sourire
senti-
ment
la possibilit
bonne tenue de
:
la
y avait donc trs peu de monde au Valentino. Un incident trs remarqu, ce fut que des hommes de la pohce firent comme les autres, et vinrent s'agenouiller aussi pour recevoir une mdaille. Dom Bosco, en regagnant l'Oratoire, rappelait avec un vif
daient assez inutile
il
pieuse;
il recommanda de les donner tous les cooprateurs, dans les bulletins publis en diffrentes langues. Pouvonsnous ne pas dire aussi, ajoute le Bulletin, que dom Bosco
devenue proverbiale? 11 faut qu'on sache bien et partout quelle longue et lumineuse trane de foi laissent derrire eux les plerinages de France.
fit,
Un correspondant d'un journal belge a racont au mois de dcembre 1887, dom Bosco
:
la visite qu'il
311
caliers, et l,
lui j'eus gravir d'innombrables escombles, j'entrai dans une trs modeste
chambre. J'y remarquai toutefois deux magnifiques tableaux plume, qui attestent que si l'Institut a pour but de former des artisans, on y rencontre aussi des artistes. Je me trouvais
la
en prsence des principaux collaborateurs du fondateur, l'un, le rvrend dom Rua, son vicaire gnral, et l'autre, le rv-
dom Durando, son assistant. Le premier, jeune encore, dans lequel on reconnat de prime abord l'homme d'action, le second, dont la figure asctique rappelle singulirement les
rend
macis de saint Vincent de Paul. l'antichambre tait pleine de visiteurs o se confondaient toutes les classes de la socit, dom Durando eut
traits
Comme
cellule. En y pnun pareil dnuement. Bien des pauvres sont mieux logs et mieux meubls que cet minent religieux, et je me dis part moi que l'tat-major
faire passer
l'obligeance de
trant, je fus
me
dans sa
me
vint l'instant
chefs de ces
buleuses
et
mme. Et voil comment vivent les communauts rehgieuses, dont les richesses fal'avidit lgendaire fournissent un thme inpui-
laborieux que des manouvriers, plus pauvres que les pauvres eux-mmes, ils peuvent rpter cette parole de l'Aptre De
:
l'or et
de l'argent, je n'en
:
ai
!
pas, mais ce
que j'ai,
je te le
donne
Lve-toi et
j'allais
marche
Enfin
dom
cur me battait un peu plus qu'en approchant des puissants du monde, en pensant que j'allais me trouver en
Bosco. Le
hommes que
Dieu se
plat susciter
La saintet
que de
mme
fait
sourire
Et cependant,
au point de vue humain, les saints ont jou un rle immense dans la vie des peuples. Qui oserait
312
dire, par exemple, que l'influence sociale d'un saint Vincent de Paul n'a pas t autrement profonde, autrement durable et surtout autrement heureuse que celle d'un Richelieu ou d'un Mazarin? Qui oserait dire que l'initiative providentielle de
dom
res?
si
elle
Je jetai
Tout en faisant ces rflexions, mon tour d'entrer arriva. un rapide coup d'il dans la chambre aussi pauvrement, aussi misrablement meuble, devrais-je dire, que possible, et j'aperus avec motion un vnrable vieillard, assis sur un canap us, courb par l'ge et les labeurs d'un long
apostolat.
Ses forces dfaillantes
ne
lui
permettaient plus
mme
de
il
pus voir ses yeux un peu voils, mais pleins encore d'une intelligente bont. Dom Bosco parle parfaitement le franais;
sa voix tait lente et marquait un certain efl'ort, mais il s'exprimait avec une remarquable nettet. Je trouvai chez lui un
accueil d'une simplicit chrtienne, la fois digne et cordiale.
Ce qui
trer chez
toucha bien profondment, ce fut de renconun vieillard presque moribond et sans cesse assailli
vrai,
me
pour
En quels termes mus il me parla del'vque de Lige et de son zle ardent pour les uvres ouvrires Chez dom Bosco l'pe a us le fourreau, mais quelle force d'me encore dans
!
Avec quels accents d'intime regret il dploque sa faiblesse ne lui permt plus de se dvouer activement la direction de ses innombrables uvres Et cependant qui plus que lui a le droit d'entonner avec confiance le cantique du saint vieillard Simon Nunc dimittis servum tuum in pace ? La discrtion m'obligeait malheureusement abrger beaucoup plus que je ne l'aurais dsir cette mouce corps dbile
rait
!
de son sceau
et qui,
ces magnifiques
313
Permettez-moi de recommander instamment ceux de vos lecteurs qui se rendent en Italie la visite de l'Institut de la via
Cottolengo.
Ils
que
le
de ces formidables questions sociales sphinx du xix* sicle pose aux hommes d'Etat et aux
penseurs,
car
il
est crit
donn par
fil.
En
examen par
cette dclaration
On
est libre
choses merveilleuses de
miracle est qu'il puisse
dom Bosco. Pour moi, le plus grand vivre, us comme ill'est. Il ressemble
si
un vtement qui ne
on veut le conserver encore un peu de temps. Malgr cet excs de faiblesse, dom Bosco n'acceptait aucune trve avec les immenses solhcitudes que lui imposaient ses uvres. Former des projets et en poser les jalons avec
une sret de coup d'il tonnante, assister avec une persvrance surhumaine toutes les dhbrations du Chapitre;
lire,
lui
arrivaient
si
nom-
(1)
les
314
:
il
retrouvait immdiatement
et la situation
moindres
ici
en entier sa dernire
de
la Socit sal-
l'tat
bout ce que l'avenir appellera l'esprit de dom Bosco, zle, chasaint Franois de Sales doubl de saint Vinlit, douceur cent de Paul, comme nous l'avons dit dj; nous avons la
:
Gnreux
me permet pas de vous crire longuement que mon cur le souhaiterait; mais je ne puis me rsoudre ne point vous adresser, cette anne encore, la lettre prescrite par notre rglement, pour m'entreten'tes-vous pas les bienfaiteurs nir quelque peu avec vous de mes enfants, et n'est-ce pas vous qui soutenez avec une infatigable charit les uvres confies par Dieu la pieuse Socit de saint Franois de Sales? Et que dois-je vous dire? Je vous inviterai tout d'abord rciter avec moi au moins un Pater, Ave et Bequiem aeternam pour plus de 1,000 cooprateurs et coopratrices, retourns Dieu dans le cours de l'anne qui s'achve. Je vous demanderai de remercier avec moi le Seigneur de ce que, parmi tant de victimes del mort, nous faire voir un il a eu la bont de nous pargner et de
Ma
sant chancelante ne
aussi
:
nouvel an. Rjouissons-nous aussi ensemble, pleins d'une sainte allgresse, des bonnes uvres sans nombre qu'avec
le
secours d'en haut nous avons pu accomplir pour le salut des mes et pour le plus grand bien de la socit. Apprenez
enfin que ce qui
nous reste faire semble se multiplier mesure que grandissent nos efforts c'est vous dire que la raison et la rehgion exigent de nous une bonne volont plus
:
sidrable
31o
COUP UIL RAPIDE SUR L'ENSEMBLE DES PRINCIPALES UVRES ACCOMPLIES PENDANT L'ANNE 1887.
dans l'ordre de leur accomplissement, les principales uvres auxquelles nous avons consacr l'anne qui vient de finir je crois nan
fait
connatre,
grouper sous vos yeux tableau qui vous donne une vue d'ensemble.
moins
utile
de
les
comme en un
La premire et la principale est la conscration de l'glise du Sacr-Cur de Jsus Rome. La splendeur des rites sacrs, la prsence de nombreux prlats et membres du Sacr
Collge, le choix de
musique
;
manqu
mais ce qui m'a caus la plus grande joie, c'est la pleine satisfaction de notre saint-pre Lon XIII, qui m'avait confi, ds le commencement de son
cette inauguration solennelle
monument.
on a rpar
les dgts
de terre du 23 fvrier dernier. Il a fallu reprendre presque depuis les fondements la construction entire, qui tait devenue peu prs inhabitable; les dortoirs, les classes et le clocher de l'ghse ont exig de srieuses et longues rparations l'difice pourra tre livr au culte le 1 8 dcembre. A Mathi (prs Turin) on a
))
:
excut l'usine papier des travaux importants qui feront monter 4,000 kilos par jour la fabrication, actuellement de
1,500 seulement; cet accroissement de production, en permettant d'abaisser le prix de vente, viendra en aide la
presse cathohque.
A Catane
(Sicile),
nous avons
fait l'acquisition
d'une pro-
prit dite
Villo.
Piccioni. Elle
une humble maisonnette, destine cder la place une vaste construction pour un Oratoire et une cole
de
terrain, et
316
professionnelle.
fera pas dfaut
:
La
nous
c'est l'instrument
dont se servira
la
Provi-
dence pour ouvrir un asile de plus aux enfants du peuple, qui on enseignera, avec le moyen de gagner honorablement
leur pain, le secret de devenir l'appui de leurs familles et
d'honntes citoyens. La
ville sera la
premire ressentir
les
nous avons d aussi acheter un lot considrable de terrain pour agrandir l'Oratoire Saint-Lon, devenu insuffisant; nous aurons par consquent bientt la consolation de pouvoir admettre un plus grand nombre d'enfants. Les mmes mesures ont t prises pour donner une nouvelle extension aux maisons de Paris et de Lille, pour la France ; d'Utrera (Sville) et de Sarria-Barcelone, en Espagne ; enfin de Faenza et Florence, en Italie. A Trente (Tyrol) la haute bienveillance de Son Altesse le
rsultats de cette institution.
heureux
A Marseille,
et laques, toutes
permis de
dvoues aux uvres charitables, nous ont une fondation, en acceptant la direction d'un
la
Providence
et le zle
des
nombre dans
d'une noble
le vaste
empire.
Londres,
la pit
gnreuse
o se deux cents lves, garons et filles ; en outre pressent environ M*'' l'vque de Southwark a confi aux Salsiens l'administration d'une paroisse d'environ 30,000 mes, presque tout
dame nous
que
le
temps amnera
de nombreuses conversions W.
Je dois
mes cooprateurs de
procurer
les
la plus grande gloire de Dieu. Dans diffrents pays, les autorits tmoignages les plus honorables.
le chiffre
civiles leur
ont rendu
trs
peu oom-
la
3i7
Catane
(Sicile) et
Rpublique Argentine,
prcieuse consolation
de porter aux victimes du flau des secours spirituels et temporels; et le tremblement de terre
qui a ravag la Ligurie et en particulier la petite ville de Diano-
Pour ce qui concerne l'Amrique, je serais certainement bien long si j'entreprenais de vous indiquer, mme brivement, tout ce que la protection divine et la charit catholique nous
ont permis d'y oprer durant l'anne qui vient de
finir.
En
dehors des missions, dontje vais vous dire un mot aussi, les Salsiens ont ouvert Conception du Chili une cole professionnelle, et dispos des rsidences
:
Punta-Arenas (Chili),
et ailleurs encore,
on
a construit des
chapelles assez grandes pour servir l'instruction des infidles et pour assurer en
mme temps le service du culte. Beaucoup de maisons, surtout les Oratoires et les coles
ont
reu
professionnelles,
un abri; pour ne parler que des principales, je gones et Viedma sur les rives du Rio Negro, Paysandii dans
l'Uruguay, et Saint-Paul de Nictheroy au Brsil. Les missions
n'ont pas t ngliges.
la
M^""
Fagnano, prfet
se sont avancs,
dans
la
Terre
de Feu, au prix de fatigues inoues et au miheu des plus graves prils, mais avec de grands et consolants rsultats. Les missionnaires ont eu en effet le bonheur de jeter le germe de la divine parole dans le sein d'une terre dshrite;
ils
murs
la foi
318
que personne encore n'a porte ces pauvres mes. Je ne puis passer un autre sujet sans offrir mes bien-aims cooprateurs mes plus vives actions de grces pour leur
inpuisable charit. Tout
une
leur gnrosit en
faveur des
il
ma
les
me
m'apportent
le
moyen de
du monde. une expdition de huit Il Salsiens faisait route pour Quito, capitale de la Rpublique de l'Equateur. Leur premier soin sera d'ouvrir des classes et d'installer des atehers pour les enfants; mais ils ne tarderont
sion de l'Evangile dans les plus lointaines contres
foi
encore
les bienfaits
de
la civilisation
chrtienne.
heureux de vous annoncer que la pieuse un titre si rel ne sera pas la dernire concourir au spectacle qu'offre le monde catholique; cette joie sainte et filiale qui remplit tous les curs l'approche du jubil sacerdotal de Lon XIII, nous l'prouvons vivement, nous aussi, et nous avons cherch la tmoigner dans la mesure de nos humbles forces. w Toutes nos maisons d'Europe et d'Amrique, et nos chers nophytes eux-mmes, du fond de la Patagonie, ont runi
n Enfin, je suis
d'objets prcieux; l'vque salsien les dposera luiau pied du trne auguste du Pre commun des mme fidles, avec notre hommage de profonde vnration pour ses vertus, d'inbranlable attachement sa personne sacre, et de vive allgresse en prsence des gloires de ses noces d'or.
nombre
NOUVELLES MAISONS
la consolation, elles
319
des enfants de l'autre sexe. Elles ont pris la direction de salles d'asile, ouvert des coles, des ouvroirs et des patro-
Italie,
Gattinara,
Torre di Baio,
Moncrivello et Novare,
Je n'ai fait
moyen de
:
travailler la
des mes
le Bulletin
vous en
me
vous parler d'une autre uvre qui doit nous tre particuhrement cur, l'anne prochaine. Ce
coup d'il, un peu rapide peut-tre, jet sur nos labeurs, vous permettra cependant de voir quelle abondance de fruits
a produits votre charit. Secours temporels., ducation et instruction donns
hs quelque
fessionnelles,
titre
une foule d'enfants des deux sexes, recueilque ce soit dans les oratoires, coles propatronages du dimanche, ouvroirs, classes
nom-
le
inexplores,
civUisation chr-
320
d'Amrique surtout, o chaque anne le torrent de l'migration amne par centaines de mille de pauvres gens qui,
pour trouver le bien-tre ici-bas, risquent toujours et perdent souvent leur hritage du ciel; ajoutez ce rsultat magnifique le bien incalculable opr par la publication incessante,
et
tous de nature exciter l'esprit religieux et nourrir la pit, vous aurez alors une ide gnrale, mais bien incomplte,
du
de vos aumnes. Aprs Dieu, auteur de tout bien, vous que la Socit salsienne doit la joie suprme d'avoir procur le salut des mes. Nous ne l'oublions pas, soyez-en srs, et nous demandons continuellement au Seifruit
c'est
retomber sur vous, en bndictions abondantes, vos sacrifices de tous les jours en faveur de nos enfants, dont vous tes la providence visible.
gneur
qu'il
daigne
faire
i888.
Les entreprises que je devrais recommander votre chapour le cours de l'anne qui commence, sont nombreuses et importantes; mais il en est une qui me tient cur d'une manire toute particulire. Les fidles peuvent maintenant jouir de l'glise du SacrCur de Jsus Rome; ils peuvent y entendre la parole
rit,
divine,
y recevoir les sacrements, y trouver enfin tous les sede nature entretenir et augmenter en eux la vie chrtienne. C'est beaucoup, sans doute, mais ce n'est pas
cours
tout.
Lon XIII dsire que l'Oratoire, commenc comme complment de l'glise salsienne, soit achev
Notre saint-pre
selon les proportions dj rgles. L'tabhssement pourra recevoir au moins cinq cents lves, qui reprsenteront les
petits
la
enfants de la Palestine accourant se grouper autour personne adorable de Jsus pour tre comme eux bnis, de instruits, dirigs dans le chemin de la vertu et forms pour
le ciel.
Cette
321
^
les circons-
uvre
est
tances.
Rome compte
ou venus d'un peu partout, que la pauvret, l'tat d'abandon ou les embches des mauvais exposent aux plus grands dangers du corps et de l'me. Beaucoup d'entre eux, de
la ville
grandissent dans
le
le vice, et,
aprs avoir
fait
leurs
vont
finir
dans
D'autres, et
ils
sont
nombreux aussi, accourus de divers points pour chercher du travail, se consolent de leur insuccs dans une honteuse inaction; entrans par de mauvaises compagnies, ils perdent mme cette religion qui a dans la ville ternelle son centre, d'oii elle rpand sur le monde entier la vivifiante ardeur de
ses rayons bienfaisants. Quel
doive trouver le
ment dans
fier les
cette
Rome
Si
de Jsus-Christ, a
peuples
une douleur
cruelle
quand
elles se
constamment,
comme
de
en notre pouvoir de mettre un baume souverain sur cette blessure faite au cur de Rome; nous pouvons, par
Or
il
est
le
mme
acte,
vous avez devin que l'rection de l'Oratoire projet est le moyen de procurer ce multiple rsultat. Il n'est plus permis
d'en douter, aprs la parole du Pape
;
et le zl pontife a
daign
me
eu
le
DOM BOSCO.
322
plaisir l'inauguration
de
l'glise
les Salsiens
Mettez-
vous maintenant l'uvre pour achever le plus tt possible l'Oratoire dj commenc, afin que nous ayons la
d'y sauver tant de pauvres en-
en leur apprenant devenir de bons chrtiens et d'honntes citoyens. A cette fin, je vous bnis, vous et tous ceux qui vous viendront en aide. Ces paroles du Vicaire de Jsus-Christ sont graves au plus profond de mon cur, et j'avais hte de les livrer vos
mditations.
Il serait
zle,
en 1887-1888,
d'honorer
les
me-
nant bonne
uvres principales qu'il vous a confies^ sige de Pierre. La premire est termi-
1887;
c'tait
Et maintenant,
comme une mauguration du jubil sacerdotal. le nouveau monument sacr excite, avec tant
Rome, l'admiration des
plerins qui y
d'autres merveilles de
vous procurerait votre charit si, la fin de l'anne qui commence, nous pouvions couronner dignement ces ftes L'asile que vous apdes noces d'or et dire au saint-pre peliez de vos vux les plus ardents est prt sauver des enfants; plusieurs centaines de ces chers petits y ont trouv jun abri protecteur; prs devons et comme l'ombre de votre chaire suprme, ils grandiront en vrais fils de l'Eglise et en bons citoyens, avec les plus srieuses garanties de moralit, et prpars toutes les luttes do la vie.
solation
:
323
la
un
sidrable son immensit n'est pas amoindrie pour cela c'est que ces nuages, chargs d'eau, se rsolvent en pluie, en neige, en glace, et aprs avoir, sous ces diverses formes, arros et fcond la terre, se htent de rentrer, sous forme de fleuves, dans le sein de l'ocan.
C'est exactement l'image de ce qui arrive une personne, une famille qui consacre ses biens, ou seulement son su perflu, procurer la gloire de Dieu et le salut du prochain. L'aumne de chacun peut n'tre qu'une goutte mais unie tant d'autres, elle forme comme un nuage qui se rsout en une pluie de bienfaits sur une infinit d'infortunes, sur les fidles et les infidles, sur des enfants en danger de se per:
vertir, sur
la socit
hu-
maine tout entire. Et ces bienfaits ne sont jamais perdus. Ceux qui les reoivent les reconnaissent par des prires, et ces prires ont une force particulire pour obtenir des grces ; de plus, l'ducation religieuse et morale que permettent de leur donner les aumnes accumules les forme la vertu ; grandissant dans un bon milieu, ils prchent plus tard sans
efbrt,
et prive, la
concorde
et la paix
le travail, l'industrie et le
commerce
formation; les vols, les rixes, les rbelhons diminuent, et, pour ainsi dire, sans qu'il s'en doute, tout citoyen ressent les heureux eflets de cet tat de choses et voit rentrer dans sa maison, en scurit prospre, le centupjie de ce qu'il avait consacr aux uvres de religion et de charit, Le premier souvenir peut donc revtir la forme suivante Si nous tenons prendre un soin vritable de nos intrts spi:
de Dieu,
chain.
et
avant tout de soigier les intrts procwons, par l'aumne, le bien temporel du profournit l'occasion de vous rappeler
l'in-
Le second souvenir me
324
on a
sorte d'ultimatum. Si cette
m est
aumne,
telle
offrande.
Ce
mode de
demande
ainsi
une dfiance
vis--vis
de Dieu, de
la trs sainte
Vierge
seule-
offrir
ment aprs avoir obtenu la grce sollicite. Donner avant, c'est accomplir une bonne uvre qui, fconde par la foi et la confiance en Dieu, a sur son cur une puissance particulire. Donner aDan^ c'est obliger en quelque
))
nous sommes comme abandonns leur bont souveraine et leur prcieuse intercession. Donner avant, c'est procurer l'accomplissement des paroles de Jsus-Christ, qui recommande en ces termesl'aumne Donnez, et on vous donnera : date, et dahitur vobis. Gomme on le voit, Jsus-Christ ne dit pas Promettez de donner, et on vous donnera, mais bien Donnez, vous autres, d'abord, et ensuite on vous donnera. L'exprience dmontre que ce moyen est extraordinairement efficace pour obtenir les grces les plus signales; j'ai pu m'en convaincre des milliers de fois. Voici donc le second souvenir Si vous voulez obtenir plus facilement une grce, faites d'abord vous-mme la grce, c'est--dire l'aumne aux autres, ava7it que Dieu ou la trs
reste de gnrosit avec nous, qui
:
:
En
un
nous puissions nous dispenser sans porter tort notre me, mais que c'est un prcepte vritable et rigoureux, compris dans les commandements de la loi divine les uns nous obligent honorer Dieu et l'aimer, les autres
:
325
nous font un devoir de l'amour du prochain. Le simple conseil, c'est l'abandon total de ce que l'on possde,
comme
le
y a un prcepte qui oblige donner le superflu de son avoir, selon ce passage de l'EvanQuod superest date elemosynam. EL c'est pour l'inobgile
pauvret volontaire; mais
:
du jugement, dira
Retirez-vous de moi, maudits, dans le feu aux rprouvs ternel ! Et pourquoi ? Parce que vous n'avez pas fait l'aumne qui en avait besoin. C'est pour n'avoir pas donn le superflu de ses biens au pauvre Lazare que, selon la parole de JsusChrist, le
est dives
mauvais riche
est
fut enseveli
dans l'enfer
Mortuus
etsepultus
le
une
foi
morte, sans
utilit
pour
le salut ternel.
Le
mme
la religion
pure
et
immacu-
consiste pourvoir
aux
uvres de misricorde spirituelles Tous ces passages, comme les autres paroles de l'Esprit-Saint sur le mme sujet, prouvent jusqu' l'vidence que ne pas faire l'aumne selon ses moyens, est d'un chrtien qui ne l'est que de nom, d'un homme qui, au jour du jugement, entendra prononcer contre lui une sentence de condamnation, d'un homme enfin qui aura beau apporter d'autres
c'est--dire accomplir les
et corporelles.
mrites
comme
le riche
il
le
troisime souvenir
Au moyen
des
nous fermons sous nos piif^ds les portes de l'enfer, et nous ouvrons celles du Paradis. Enfin, je dois vous dire que ma sant va dclinant vue d'il je sens que je
uvres de
:
vous
payer
quitte,
et je prvois le jour
prochain o
il
me
faudra
Si
mon
tribut la
mort
et
si
descendre au tombeau.
mes
prvisions se ralisaient et
que vous recevrez de moi, voici le quatrime souvenir que je vous laisse Je recommande votre charit toutes les uvres que Dieu a daign me confier pendant frs de cinquante ans;
:
je vous
32G
la jeunesse, les
vocations ecclsiastiques et
et
ma
mon
cur,
mrites de Notre-Seigneur
Jsus-Christ,
nant,
il
ne
ma couronne et ma joie dans le ciel. Et mainteme reste plus qu' invoquer Dieu, afin qu'il daigne
les vtres et sur
;
si
ma prire
justes.
est exauce,
vous aurez
et pleine
de
la
mort des
de nos mai-
nous retrouver tous runis au sein de l'ternit bienheureuse. Ayez la charit de prier votre tour pour moi, qui me dis avecla plus profonde reconnaissance, bien-aims cooprateurs,
dcembre 1887.
Aprs les fondations que mentionne sa dernire circulaire Rome, en Angleterre, en Autriche, l'Equateur), dom Bosco (
eut la joie d'en inaugurer quelques autres qui furent le cou-
ronnement de
sa carrire.
o il avait dj un collge, il ajouta, en 1887, un sminaire pour les missions trangres, et donna de ses propres mains, le 24 novembre, mais dans l'glise de MarieVal-Salice,
ce sminaire,
et
au
la prsider, ft
empch
pai
la maladie.
Ce fut un
Veni, Creator,
327
mais
claire
moment solennel que celui o, aprs le chant du dom Bosco, debout, pronona d'une voix faible encore, exuat vos Dominus veterem hominem
:
cum
actibus suis
et
que
le
vieil
homme
les
mme
gloire apostolique.
En France,
la
mois de janvier 1888, l'orphelinat agricole de Gevigney (Haute-Sane), don de M. Willemot, ancien prsident du conseil gnral de ce dpartement. Ayant perdu depuis 1838 son unique enfant, M. Willemot avait rsolu de consacrer sa fortune aux orphelins. Aprs bien des difficults surmontes, un contrat conforme ses dsirs fut pass, le 11 novembre 1887, entre lui et
dom
que
dom
Rua, au
nom
de
dom
Bosco.
mme
Les religieuses de Marie-Auxiliatrice fondrent aussi vers la poque, Guines, prs de Calais, une maison pour les
filles.
jeunes
En Belgique,
piscopale.
Mg"
sollicitait
ville
Le chapitre de
runi Turin
le
8 ddlai
illimit, et
donner qu'un
avis.
visite
donna
sa parole et fixa
l'poque
On
se
demanda
changement d'ide chez un homme dont les dterminations, une fois mrement prises, restaient gnralement immuables. Faut-il en chercher la raison dans une chappe sur des vues ordinairement caches aux conseils humains ? Dieu le sait. Enfin, en Angleterre, la maison projete fut tablie
quel
tait
mystre d'un
tel
328
ouvrire compose en majeure partie d'Irlandais. Cette fondation a pris le
elle
nom
de
Dom
toire
paisible et doux,
Bosco surveillait et dirigeait tout cela, de son regard du fond de son petit appartement de l'Ora-
de Saint-Franois de Sales, sa premire maison. Son appartement, compos de deux chambres troites, peine meubles, et d'une salle d'attente, s'ouvrait sur une petite
au midi. C'est l qu'il faisait encore quelques pas, au bras d'un de ses prtres, depuis que ses jambes affaiblies lui refusaient leur service. Il se plaisait tantt sourire aux enfants, qui jouaient dans une des cours que dominaient ses fentres, tantt mesurer, sur des cartes appendues la
galerie
Lui-mme
les
se considrait
la
comme un
:
mains de
serait
Providence
Bosco,
opre par
dom
un
rptait-il
souvent; sans
dom
Bosco
prtre ignor,
enseveli
dans
la
dernire
paroisse
du Pimont.
Son humilit avait quelque chose de naf et ne ressemdes autres. Si on l'interrogeait sur ceril
exemple sur
faits
il
Grigio,
le
fameux chien,
souffrit que,
confirmait les
sans
sans nulle
recherche ni coquetterie.
seulement son enfance et la vie admirable de sa mre, mais quelques-uns de ses miracles personnels fussent mis par crit et publis. On s'en est tonn parfois, on a mme trouv l un sujet de scandale; on s'est demand s'il tait sincrement humble. C'est qu'on connaissait mal son extrme simplicit.
si
Mon
cher ami,
disait-il
un jour
un de
ses condisciples,
petit,
il l'et coup sr charg de cette uvre. Pour moi, je devrais tre desservant dans quelque pauvre hameau de montagne c'est tout ce que je mrite.
;
CHAPITRE XXVn.
comme un
avertissement
pour dom Bosco. Les meilleurs de ses amis dans le monde, en dehors de ses enfants, le prcdrent de quelques mois ou de quelques jours seulement. Ce fut d'abord l'illustre abb
Jacques Margotti, directeur de VArmonia, le Louis Veuillot de l'Italie (^) ; ce fut ensuite l'diteur parisien Josse, qui eut
(1) Dom Bosco ne rencontra pas d'ami plus fidle ni de dfenseur plus intrpide que M. MargoUi. En 1860, quand l'Oratoire eut les honneurs de la perscution officielle, ce fut M. Margotti, qui, plus vivement traqu lui-mme que nul autre, oublia ses propres dangers pour apporter les conseils et les encouragements
au Valdorco. On lit dans le Bidletin salsien de juin 1887 La presse catholique de tous les pays porte le deuil de l'abb Margotti; elle a lou la sagesse et la constance du champion autoris, convaincu, loquent, de la religion et du droit, du pape et de la patrie-, elle a retrac en termes mus les quarante annes de labeur qui ont couvert de gloire ce prtre admirable et procur l'Eglise, comme la socit civile, des bienfaits immenses. Pour nous, il fut un bienfaiteur, et nous ne sommes pas prs de l'oublier. Quand il pensait qu'une visite pourrait apporter un peu de joie dom Bosco dj souffrant, M. Margotti accourait, malgr ses propres infirmits, et passait auprs de son ami, des moments o il n'tait pas seul tre heureux. Le lundi de Pques a t le dernier de ces jours qui, en nous le faisant mieux connatre, nous
:
aimer davantage. causa longtemps cur cur avec dom Bosco, lui offrant de nouveau, et pour la millime fois, son concours, ses ressources, son influence, se me'tant, en un mot, compltement la disposition de notre Pre. El comme dans le cours de sa vie, en qualit d'homme d'action, il en venait toujours aux actes, apprenant que dom Bosco se rendait Rome pour la conscration de l'glise du Sacr-Cur, il voulut remettre une dernire aumne pour cette uvre, qu'il avait appuye de tout son pouvoir, avec un zle plein d'aimables industries. Il embrassa dom Bosco et lui souhaita prompt et heureux retour, sans se douter que cet adieu tait le dernier. Il mourut le 6 mai, fte de saint Jean ante portant Latitiam, qui est la fte des imprimeurs, et aussi un peu des journalistes.
le
faisaient
Il vint l'Oratoire et
le
330
bonheur de mourir
dont
le
confessionnal; enfin, le 31 janvier, ce fut M. Colle de la Farle jeune fils, Louis-Fleury-Antoine, avait eu dom pour biographe. Bosco Dom Bosco les pleura et en conut pour lui-mme, nous ne dirons pas les plus sombres, car la mort ne l'effrayait pas,
lde,
mais
rit
les
plus vifs
pressentiments,
tutoyer tous ses
Hte-toi,
disait-il
et paternelle familia-
enfants), hte-toi de tombe. Afin de condescendre ce dsir plusieurs fois exprim, on entama des ngociations avec la municipalit de Turin; et comme elles tranrent en longueur Si tu ne te htes pas davantage,
faisait
ma
ajouta-t-il
sur
un ton de
quand je
serai mort, je
me
dans
ta
chambre.
de mai 1887
la conscration
lui
de
l'glise
l'tat la
:
opposaient
de remettre
consacre;
du Sacr-Cur peu avanc des tracrmonie l'anne sui Je sais tout cela,
vante,
rpondait invariablement
l'glise
si
mais
veux voir
l'on difi're, je
ne
la verrai
pas.
On
tes
parlait quelquefois
;
dotal, en 1891
en sa prsence de son jubil sacermais alors il disait ses plus intimes Vous
:
dans
l'illusion
Une minente
la
bienfaitrice
de ses son
Ah
madame
comtesse, lui
vous deviez
;
immoler deux veaux gras pour mon jubil sacerdotal c'tait convenu entre nous ; est-ce que vous allez faillir la parole donne ? Mais rassurez-vous, je n'ai pas le droit de vous reprendre de manquer ce rendez-vous de fte, car, de mon ct, je n'y serai pas plus fidle que vous. Enfin, au mois de novembre 1887, se trouvant au chevet d'un de ses prtres gravement malade et dj administr, il Ton tour n'est pas lui commanda de reprendre confiance encore venuj c'est un autre qui doit prendre ta place. En
:
effet, le
331
le
lui,
malade
la
gurit, et le
premier dans
les infirmiers,
maison, ce fut
:
dom
Bosco. Circonstance
son
lit
tant peu
commode pour
il
on
le
mit dans
le lit
mme
avait trouv,
Il
moribond,
venu consoler.
ne pouvait
En dehors des
coup,
la
Le 6 dcembre, les missionnaires salsiens demands par la rpubhque de l'Equateur partaient pour leur lointaine destination. Dom Bosco voulut descendre l'glise pour prsider la crmonie des adieux. Soutenu par son secrtaire dom Viglietti et par l'abb Festa, il prit place dans le sanctuaire, pendant le sermon de dom Bonetti. L'assistance entire se tenait debout pour le voir. Mais lorsque les chers voyageurs eurent dfil devant lui pour lui baiser la main, il faillit tomber, traversa la cour au milieu des acclamations des enfants, et rentra chancelant dans sa chambre. Le lendemain lui apporta une grande consolation, M*"" Gagliero arriva de Patagonie. Dom Bosco le reut dans ses bras en pleurant, et aussitt l'ide lui vint de runir une
dernire fois ceux de ses enfants, les ans de l'Oratoire, qui
les divers emplois parmi lesquels ils taient disperss. Il manda dom Cerutti, dom Branda, dom Albra. En les attendant, ou mesure
qu'ils arrivaient,
il
semblait rajeunir,
il
douleurs,
plus,
il
et,
chanson pimontaise
(1)
Tu
confesser tous les matins,
332
lui interdisaient
de
comme
il
l'avait fait
durant presque
et celui
un demi-sicle mais
;
il
vraiment
le
du mercredi
du samedi. Aprs
de
nos jours, n'a autant confess que lui. Le 17 dcembre, une trentame de pnitents, la plupart des classes suprieures et en voie de dterminer leur vocation, se prsentrent dans son antichambre. L'abb Festa, second secrtaire de dom
Bosco, voulait les loigner; mais
lui,
:
un
c'est
la dernire fois
Il
Le 20 dcembre, il voulut sortir encore; on le transporta dans son fauteuil jusqu' une voiture, o dom Viglietti, son premier secrtaire, pt dom Bonetti s'installrent ses cts. Devant l'glise de Notre-Dame Auxiliatrice, un inconnu fit arrter la voiture. C'tait un brave homme de Pignerol, qui tenait absolument parler dom Bosco. A peme le vnrable vieillard l'eut-il aperu, qu'il le reconnut pour un de ses premiers enfants, un de ceux qu'il avait recueillis tout au dbut de son orphelinat. Eh! lui demanda-t-il, comment vont tes affaires? Tantt bien, tantt mal, rpondit le paysan, mais je tche d'tre toujours un digne fils de dom Bosco. Bravo, je te remercie. Dieu te rcompensera, prie pour
lui recommandant de sauver son me. Puis se tournant vers son secrtaire Viglietti, lui dit-il, ds que nous serons rentrs la maison, souviens-toi d'crire ces paroles, qui seront pour
le
congdia en
vous tous
Que
les
suprieurs
gens de service!
il
On
le conjurait
ne voulut jamais y consentir Vous vous rappelez, disait-il, ce que je vous ai rpt souvent lorsque j'tais en sant
L'unique sacrifice
333
de
la
que
mort,
Un de
Ils
venu
dit
de fort
loin,
dom
Bosco
ne sont pas riches, tu leur paieras leur voyage tous deux en mon nom. Nous avons dj not la plnitude avec laquelle il se donnait ses amis et ses interlocuteurs; chacun le possdait si bien qu'il croyait le possder sans partage. Un de ses fils, au sortir d'un entretien avec lui durant sa dernire maladie, C'est donc moi, je le vois maintedisait plein d'motion nant, c'est moi que le bon Pre aimait le plus. Dieu le sait! lui rpondit un autre Salsien, mais, de mon ct, j'ai des raisons de penser que c'est moi. Et tous les autres confrres prsents avourent qu'ils avaient pu croire, chacun pour soi, une prfrence analogue. Il n'y avait eu l ni calcul de la part de dom Bosco, ni exagration hypocrite; seulement l'amour paternel avait chez lui un rare dveloppement. L'amour paternel, l'amour le plus dsintress qui soit sur terre, et, par suite, le plus parfait, est un fidle reflet de l'amour universel du Crateur. De mme que le Crateur veille sur chaque chose individuellement, sans perdre de vue l'ensemble de l'univers, de mme l'amour paternel a ce doux privilge que, parmi les enfants, selon la belle expresde
:
dom Rua
Chacun en a
mais
si
leurs
yeux ou
un
manit Cependant,
!
la
lioration
Cagliero
demanda
l'autori-
de prise d'habit.
et
334
une crmonie
:
Va, rpondit
dom
ne tarde pas. Un instant aprs, il dit son secrtaire Cher Yiglietti, te souviens-tu pourquoi, lors du premier dpart de Cagliero pour l'Amrique, je n'ai pas voulu te
avec lui?
laisser aller
Dom
dom
car je te
l'ai
annonc ds ce temps-l
yeux.
ville
C'est
toi
qui dois
me fermer
Toute
fants de
les
la
dire, l'univers
dom
;
dom
d'absence
il
dsirait aller
aux
de Rome.
Non, attendez
la Saint-Fran
encore, rpondit
ois
dom
de Sales
alors,
un
commandera.
Le cardinal Alimonda, qui vint en personne plusieurs fois, duc de Norfolk, l'archevque de Malines, l'archevque de Cologne, l'vque de Trves, l'archevque de Paris, et un certain nombre d'amis pimontais ou de plerins trangers
le
qui se rendaient
Rome ou en
sivement
la faveur
l'ar-
chevque de Paris, il demanda avec instance sa bndiction. Mgr Richard obtempra ce pieux dsir, mais aussitt il se jeta lui-mme genoux pour recevoir celle du Pre des
orphelins.
Oui, dit
dom
Paris.
Et moi,
que
j'apporte la bndiction de
dom
Bosco.
Salsiens.
Mais les mdecins n'avaient jamais partag l'illusion des Dom Bosco est Le docteur Fissore crivait
:
perdu.
Il
est atteint
le foie
est attaqu; la
engendre
la paralysie
333
elle
est le rsultat
d'une
Le 25 janvier, au lendemain de la visite de l'archevque de Paris, dom Bosco tomba dans un dlire intermittent, ou plutt dans un assoupissement profond. Mais on l'entendait souvent prononcer avec amour quelque courte prire, ou
murmurer
le
nom
Le
27,
on
parlait autour de
son
lit
de
Colle de la Farlde.
eris
Dom
adjutor
:
Tu
M^""
Cagliero aurait
et
prfr
pauperem
Heureux qui
tien,
pauvre
et
l'abandonn!
Dom
yeux
si
et
syllabe
toutes les
salsienne
Vous graverez,
Pater meus
et
mater
:
mea
pre
me
Mon
ma mre
le
Seigneur m'a
adopt.
Le 29 janvier, fte de saint Franois de Sales, il reut le Pendant plusieurs heures il levait frquemment les bras vers le ciel en disant Fiat voluntas tua. Mais comme la paralysie gagnait peu peu le ct droit, il continua avec le bras gauche son acte de rsignation, et lorsqu'il eut perdu compltement la parole, on le vit, durant tout le jour et la nuit suivante, employer le peu de forces qui lui restaient lever sa main gauche; cette offrande muette tait un spectacle de profonde dification. Le mardi 31 janvier, vers deux heures du matin, il entra en agonie. Joseph Buzzetti rappela en toute hte les suprieurs majeurs qui s'taient retirs trs tard d'auprs de lui. Bientt dans la chambre du mourant se trouvrent runies, on peut
saint viatique.
:
le
dire,
du
lit.
336
faire
Mais
ici
que de transcrire
cde
l'tole et
simplement
l'arrive
de
M^""
Gagliero,
dom Rua
lui dit-il
l,
les
lui
passe la droite de
du bien-aim Pre
nous, vos
Nous vous
pu
et
de paternelle bienveillance
donnez-nous une
duirai la
fois
Tous
les fronts se
dom
du moment, prononce les patemps qu'il lve la main de dom Bosco pour appeler la protection de dj paralyse Notre-Dame Auxiliatrice sur les Salsiens prsents et sur ceux qui sont disperss sur tous les points du globe. Vers trois heures, on recevait de Rome la dpche suiSaint-pre donne du fond du cur la bndiction vante Cardinal Ram' apostolique dom Bosco gravement malade.
forces que lui laisse l'angoisse
roles de la bndiction, en
mme
polla.
Monseigneur avait dj lu
le Proficiscere.
autour du
lit.
dom
une oraison
jours prcdents
Tout coup le faible rle qui durait depuis une heure et demie cessa; et pour un instant la respiration redevint rguHre et tranquille. L'insVive Marie!
:
Bosco meurt
Dom
s'cria
dom
:
la lassitude
une chaise accoururent aussitt M^"" Gagliero prire suprme Jsus, Marie, Joseph, je vous donne
mon
cur,
mon
esprit et
ma
Joseph,
assistez-moi dans
ma
Le moribond poussa
trois
337
:
Il
La pendule marquait
la force
4 heures
Dom
Rua, prenant
dom
Bosco
ronnant une
peu assure, entonna le Subvenite, sancti Dei, puis bnit la vnrable dpouille, en demandant pour l'me qui venait de lia quitter le repos ternel. Il ta ensuite son tole et en revtit le dfunt, qui on joignit les mains pour y faire tenir le crucifix o s'taient poses tant de fois, et avec une indicible ferveur, les lvres du mourant. Le De profundis, rcit genoux, ne fut qu'un long sanglot.
DOM BOSCO,
CHAPITRE XXVIII.
FUNERAILLES DE DOM BOSCO,
Le corps
d'expirer
;
matine sur
le lit
il
venait
dom
Bosco, et
Un
un peintre furent autoriss prendre les traits du dfunt; c'est tout ce que les suprieurs voulurent perla pense seule de mouler ce visage vnrable leur mettre semblait une profanation. La mme dlicatesse les fit s'opposer un embaumement. Un des mdecins disait Je connais dom Bosco depuis longtemps son corps m'inspire un tel respect que je ne me sentirais pas le courage de le prophotographe
et
:
:
faner.
La
ville
tait
portaient l'inscription
suivante
La
Dieu,
On ne put
le
personnel de
surs de Marie-Auxiliatrice et un petit nombre de personnes connues. Le corps, revtu des ornements sacerdotaux violets, la barrette sur la tte et le crucifix entre les mains jointes, fut assis dans un fauteuil, au fond de la galerie situe derrire la chapelle prive de dom Bosco. Quand on entrait dans cette
au fond de
la galerie, le
340
dfunt adoss la fentre qui a vue de Saint-Franois de Sales. Les traits n'taient sur nullement altrs, et sans la pleur du visage et des mains qui tranchait sur le violet de la chasuble, on et dit dom
l'glise
Bosco endormi et rjoui par une vision du ciel. Cette illusion n'tait pas seulement celle de ses enfants; tous les visiteurs
la
devant
lui et
pour bnir.
Dom
dom
Bosco, do-
En
rece:
vant
la
ciel et s'cria
Dom
un
santo,
un
santo,
un
santo
C^)!
Dom Rua
Avec le concours
la
et les conseils
sr d'avance que
soutenue par
le
de Notre-Dame Auxiliatrice, cooprateurs, chers enfants confis nos soins, nous n'avons plus notre bon Pre au milieu de nous mais nous le retrouverons
;
au
ciel,
si
et
si
nous
Dom
:^2,000
Rosrn esl un saint, un saint, un saint! pour rilalie, 13,000 pour la France, 8,000 pour
les
pays de langue
spajjQole.
mme
mire
341
Cependant la galerie intrieure tait trop troite pour recevoir les visiteurs. L'glise de Saint-Franois de Sales elledevait tre peine suffisante
qu'il et
le
;
mais
avait
c'tait
la
pre-
difie;
berceau de
la
il
remplaait
misrable hangar o
;
commenc son
pouvait-on choisir un autre endroit pour y recevoir les derniers hommages du peuple l'ami de ses enfants abandonns? Et quelle prdication lo-
de ce pauvre prtre endormi du sommeil des ouvriers qui succombent la fatigue, au soir d'une vie prmaturment use par la charit Pouvait-on garder pour
celle
!
quente que
et fortifiant spectacle?
Le corps
fut
donc transfr,
le
1"
fvrier au matin,
dans
le
le transport, la
communaut
assistait,
grande glise de Marie-Auxihatrice, une messe solennelle de Requiem, prcde de la rcitation du rosaire et pieusement couronne par une communion gnrale. A l'issue de cette crmonie, les enfants et les ouvriers de
dans
la
admis visiter les restes vnrables de leur Le jour commenait paratre, mais les tentures noires entretenaient une demi-obscurit qui et impos le
l'Oratoire furent
bienfaiteur.
recueillement,
si
le
une grande du bien-aim dfunt, qui tait assis comme l'ombre de l'instrument du salut. Autour de lui, des cierges nombreux; leur lumire douce laissait voir ce
croix, l'unique esprance
mort
Cependant
trop troite.
Dans
l'attitude
d'un
homme
riants, les
3i2
yeux lgrement entr'ouverts, mais dirigs vers le pieusement dans ses mains jointes, dom Bosco repose. Notre Pre! Il tait notre Pre! rptaient dans un mme cri douloureux ces mille curs briss, et tous pleuraient cette vue et celle de cette chaire, de cet autel,
crucifix qu'il serre
de ce confessionnal,
et
qu'il avait
il
ne reparatrait plus.
dom
Bosco pre-
en prires adresses
lai.
pubhc
vers huit heures du matin. La grande cit s'branla tout endpouille du patriarche. Le cours du Yaldocco livraient passage une foule immense et recueillie. La place de Marie-Auxiliatrice tait encombre d'quipages. Une multitude de vendeurs de journaux criaient et distribuaient par milliers Unit cattolica et le Corriere nazionale, tous deux pleins de dtails sur
tire
la
Reine-Marguerite
et celui
le
le
Les prcautions prises pour maintenir l'ordre permettent de croire que ce chiffre n'avait rien d'exagr. Le comman-
deur Voli, maire de Turin, en magistrat prvoyant, avait mis la disposition de dom Rua de fortes escouades d'agents, tant pour les cours intrieures que pour les abords de la maison.
Autour du fauteuil o
dom
Bosco recevait
les
la
dernire visite
du peuple
le clerg
de l'hospice Cottolengo. Il y avait aussi quelques bancs disposs pour les vtrans de l'Oratoire, dont plusieurs venus de loin, et qui ne pouvaient s'arr.'.cher cette filiale et suprme entrevue avec celui auquel
de Turin
et les prtres
ils
devaient tout.
Ou
lui
faisait
main pieuse
3i3
sous sa cnasuble une offrande pour ses orphelins, enveloppe dans un papier portant ces
et dlicate glissa
simples mots
Bien-aim
dom
il
Adeline Marchesi se
reposait
fit
conduire
la
chapelle ardente o
dom
En y
quelques
traits
retenir, elle
la
l'instant
mme
Elle
elle
recouvra pleinement
la
renvoya
personne qui
et s'en
longtemps qu'on
le lui
heureux serviteur,
soir,
chre dacheve,
pour
faire la prire
du
toujours agenouill,
Voyez-vous l, devant vous, notre ^bien-aim pre, avec ce calme imposant du dernier repos, avec ce sourire qui est
1er, et
On dirait qu'il veuille encore vous parvous attendez presque qu'il se lve et vous fasse entendre pour la dernire fois le son pntrant de celte voix
par une
lettre,
en date du 12 avril, do
la
suprieure du cou-
sur Thrse.
si chre....
344
fini!....
Il
vous
si
les
souvent.
Et c'est
dom
:
Bosco
s'est sacrifi
la
pour
je
dernire parole
nous
a lgue
pour vous
Dites
Pendant
srnif.
dcm
Bosco, dans la
de
runie autour de
On
toirs
:
eut de la peine
emmener
les enfants
immobiles,
ils
Des prtres et des cooprateurs salsiens passrent la nuit dans la chapelle ardente. A l'aube du jeudi 2 fvrier, le corps, revtu des ornements sacrs, fut dpos dans trois cercueils
le
premier,
oii il
cond, enfermant
le
troisime,
en chne avec vis, poignes et ornements en bronze dor; sur le couvercle s'tend une large
le tout,
enveloppant
croix.
On ne le ferma
La messe des funrailles fut chante dans l'glise de MarieDs le point du jour, le cours Reine-Marguerite fut sillonn par une foule considrable se dirigeant vers cette glise. Dans la rue Gottolengo, les gardiens de la paix, les agents de police et les gendarmes avaient fort faire pour contenir et pour ainsi dire endiguer ce flot de peuple qui grossissait vue d'il. Les voitures ne pouvaient plus avancer. A la porte de l'Oratoire, les gendarmes ne russissaient qu' grand'peine frayer un passage aux amis du dfunt, aux
Auxiliatrice.
cooprateurs et coopratrices.
l'glise se
343
du
catafalque
des chaises
la
un grand
nombre
Rome,
ou irlandais, les uns se dirigeant sur en revenant aprs avoir assist aux ftes jubilaires, mais tous ayant modifi leur itinraire pour assister aux derniers honneurs rendus dom Bosco. Le silence tait universel, le recueillement profond seul, un murmure
rins franais, suisses
les autres
;
un peuple de s'associer une dmonstration de amour. Un peu aprs neuf heures, une psalmodie encore loigne annona l'arrive du corps. Bientt une porte latrale s'ouvrit, et l'on vit apparatre les ecclsiastiques qui portaient ou accompagnaient le cercueil de leur pre. Parmi eux se trouvaient trois curs des paroisses de Turin, tous trois enfants
de
par
dom
lui.
Bosco
'0,
et
Quand
la
porte se fut
referme, d'innombrables
salsienne et charles mimesse commena. aussi compose par
la Socit
lentement et
la
ceux qui
la
du vnr pre;
la
c'tait
une vriet
o l'esprance
surmontaient
momentane. deux heures, avant de faire souder le cercueil, le procs-verbal suivant, aprs que lecture en eut t donne haute voix, fut scell dans une bouteille de verre et dpos sous les pieds du dfunt
terrestre et
0) Les thologiens Reviglio, cur de Saial-ugustin, Piano, cur de Madr di Dm. cl Muriano, cur da Sainte-Thrse. 22* DOji nosco.
la
Gran
346
la
Les soussigns
certifient
dpouille mortelle de
la
dom
de Marie-
naquit Gastel-
nuovo
de Franois et de Marguerite Occhiena, et mourut d'une consomption lente de la moelle pinire, comme il rsulte du bulletin de dcs remis au Mud'Asti, le 15 aot 1815,
nicipe et sign
du mdecin
traitant, le
docteur Albertotti, le
Vierge Auxiliatrice
neuvime du glorieux pape Lon XIII, sous l'piscopat de S. E. le cardinal Alimonda, archevque de Turin, et sous le rgne de Humbert P"" de Savoie, notre souverain.
pontificat
du
trs sage
tions diverses, la
mort.
est revtu de la soutane et des ornements pour clbrer la sainte messe. Le cercueil renferme, avec le prsent parchemin, et scel. les galement dans un tui de verre, trois mdailles de
Le cadavre
violets,
comme
Notre-Dame Auxiliatrice et une autre mdaille commmorative du jubil sacerdotal de Lon XIII. Restes prcieux, objets de si douloureux regrets et arross de tant de larmes, reposez en paix jusqu'au jour o la trompette de l'ange vous appellera, vous aussi, l'ternit de la gloire; que l'me dont vous tiez anim veille sur nous des splendeurs des cieux, o nous avons la douce persuasion de la savoir dj heureuse en Dieu et en Marie, qu'elle aima d'un si grand amour et en qui elle eut toujours la plus inbranlable confiance.
Turin, 2 fvrier 1888.
(Suivent
les
et Bestente, et
de
triste
3i7
Pour la dernire fois, les quelques personnes admises la crmonie purent contempler les traits de ce pre bienaim, et baiser cette main bnie, parfaitement souple encore;
puis le couvercle fut soud.
Notre-Dame Auxiliatrice et dans un caveau prpar tout exprs que les enfants de dom Bosco avaient compt garder ses saintes dpouilles. Mais les gnreuses et pieuses traditions de la maison de Savoie ont fait naufrage au
C'est sous l'glise de
indpendance du petit roi de Sardaigne. L'autorisation fut dele gouvernement, avec une expression de regret sincre sans doute, mais inexorable, la refusa. Le choix du
mande;
dom
ciel s'attardait
en dehors de l'enceinte de la ville, le bon vouloir offiencore en une telle srie d'hsitations, qu'on
le cas
dut prvoir
o les restes mortels du plus illustre peutdu Pimont contemporain seraient dirigs
l'Italie.
Ds que
sur
la
possil'effet
la
perspective de
le
qu'un
le
patrio-
fit tomber les oppositions; pour Val-Salice. Mais le caveau ne se trouvant pas immdiatement prt, le corps dut tre ramen l'glise, le cortge des obsques revint donc son point de dpart. Il se mit en marche 3 heures 1/2. L'assistance a t value par les journaux cent ou cent dix mille personnes, et l'on peut croire que ce chiffre est plutt infrieur la ralit sur une longueur de deux kilomtres, le cortge funbre dfila constamment entre deux ranges profondes de spectateurs attendris, tous dans une attitude aussi respectueuse que le permettait le peu dplace dont chacun disposait la largeur des avenues regorgeait de monde,
libell
les arbres
3i8
des maisons,
balcons,
sait
en taient garnis,
toits.
et les fentres
On
qu'en
Italie les
mme
dans
les plus
humbles demeures
et se
changent, l'occasion,
en tribunes commodes pour tous les spectacles du dehors. Les jeunes filles des coles primaires et de l'cole suprieure de Marie- Auxiliatrice ouvraient la marche venaient ensuite les garons et jeunes gens des patronages des dimanches, puis les lves de l'Oratoire de Saint-Franois de Sales et de la maison de Saint-Jean l'Evangliste, partags par classes et par ateliers ensuite les anciens lves de dom Bosco professeurs et artisans, hommes de lettres et avocats,
;
;
:
comme
beaux jours
de dus
commun.
On ne pouvait voir sans motion ces milliers d'enfants de dom Bosco, la plupart encore tout jeunes, mais quelques-uns
la tte dj
malgr
le froid,
o
Le
les
dans
se revoyait rcitant
devant lui une leon apprise avec amour, pour lui faire plaisir; ou bien encore il se sentait press entre ses bras et sa poitrine, au confessionnal, et panchant son cur dans son
cur.
Tous
les
membres du
clerg et des
ordres religieux de
Turin et des environs qui avaient pu venir, le grand sminaire, toutes les
Celui-ci
trois
vques
M^""
M^""
349
dotaux
et les
l'aptre de la
dmie de Barcelone. A mesure que passait la vnrable dpouille, beaucoup tombaient genoux, mais tous s'inclinaient, tte nue, et rp Dom Bosco, un santo ! taient l'exclamation de Lon XIII
:
un
santo!
L'Italie
gouvernementale
et
n'tait reprsente
que par
l'ta-
un cortge de deuil ? N'tait-ce pas plutt un Le second mot rendait seul convenablement l'impression universelle. Sans-jdoute on allait rendre la terre, au silence, et peut-tre tt ou tard l'oubli, les membres morEtait-ce bien
?
triomphe
mais cet homme tait plus vivant que jamais dans la vnration de la multitude il vivait surtout dans les institutions nes de sa grande me et dt la multitude perdre son souvenir, dussent ses institutions elles-mmes prir un jour. Dieu n'oubhe pas, lui Dieu
tels
dom
Bosco
rcompens et le rcompenserait jamais cet homme donc atteint le but suprme de l'existence humaine et avait il avait aim et servi Dieu ralis la vie dans sa plnitude ; il le possderait ternellement. Tel tait le sentiment plus ou moins confus ou plus ou moins prcis qui rsumait toutes
l'avait
;
:
les
prement parler, le triomphe de la saintet. La foule en eut une intuition particuhrement vive lorsqu'on passa devant l'hospice de Cottolengo. L, une niche pratique dans la faade contient un trs beau groupe rappelant les actions merveilleuses de cet autre saint ami des pauvres, qui fut le compatriote, le contemporain et un des modles de dom Bosco. Debout, Cottolengo jette un regard de tendre compassion
prs de
lui,
350
dans
l'attitude
de
la supplication
mais ce regard
:
purement philanthropique le Vnrable, qui tend une main aux deux malheureux, de l'autre leur montre le ciel, oi ceux qui souffrent chrtiennen'est pas celui d'une tendresse
ment ont
Tout
clairant
une
pour
les enfants
malades.
Au moment o
le cercueil s'arrtait,
prcisment devant
la
mignonnes, se pressant et s'agitant pour connatre la cause de cette affluence inaccoutume. La vie que dgageait ce tableau d'un charme ineffable sembla passer dans le marbre et lui prter le mouvement ; on
crut voir Cottolengo montrant le ciel
dom
Bosco, et en:
tendre
dom
Bosco
Dieu
lui
I
Nous l'avons bien aim, vous et moi, et nous avons bien aim nos semblables par amour pour lui.
Oui, gloire
Il
le
La rentre
champ,
l'glise s'effectua
dans l'ordre
plus parfait.
Les agents n'avaient qu' faire signe pour tre obis sur-leet ils
Dj au sortir de
le
quand
Un
seul
empressement. de Lorsque l'absoute fut termine, le peuple donna un tmoignage difiant de sa foi profonde. Tous se prcipitrent pour baiser le cercueil comme on baise les choses saintes. En un instant, les couronnes eurent disparu. Ceux qui n'avaient pu avoir une fleur se prparaient metire en pices le drap
mortuaire
protg et
si
un
service d'ordre,
le drap et le cercueil, galement menacs. Le prcieux cercueil resta encore deux jours avant d'tre mis au tombeau. Il quitta dfiniiivement l'Oratoire le soir du
4 fvrier, vers cinq heures.
351
couvrit de baisers et
le corbillard.
Dom Rua le
dans
le glissait
Avec dom Rua, prirent place dans la voiture qui servait aux promenades de dom Bosco dans les dernires annes de sa
vie,
Mgr Gagliero,
dom
Sala et
dom
Bonetti.
De Turin
Val-
Salice
on
rcita le chapelet.
Les scolastiques
et les pro-
fesseurs de la maison,
et huit d'entre
un
eux transportrent la bire dans l'glise, o M9f Gaghero donna l'absoute, immdiatement suivie de l'office
minaire.
de
la congrgation,
entoura
le cercueil
rubans de
soie, fixs
la
portant le sceau de
Sales.
tiqu 120
Pendant ce temps on achevait de prparer le caveau, pradu sol, dans le mur plein de l'escalier double qui relie la grande cour la terrasse de la chapelle. Dom Gerruti,
dom
Auxiliatrice
certain
filles de Notre-Dame accompagne de deux de ses religieuses, et un nombre de confrres salsiens venus de Turin, se joi-
gnirent au cortge, qui parcourut tout le clotre avant de s'arrter devant la tombe.
dom
de sa dernire demeureEnfin, en prsence de plus de cent trente personnes, les ouvriers fermrent le caveau avec une pierre qui est un peu
Bosco
en
la place d'une plaque de marbre desune inscription (0. Le moment o le cercueil disparut aux regards fut une minute dchirante.
retrait, afin
de laisser
tine recevoir
(1) Oq peut se rendre de Turin Val-Salice en voiture. De la gare, le trajet est d'un quart d'heure, et de l'Oratoire, trente minutes. Les trangers sont admis tous les jours visiter la tombe de dom Bosco.
vux
332
Ni le spulcre ni l'emplacement choisi ne rpondent aux des Salsiens; mais ce n'est pas l'absence de pompe
si
surtout,
comme on
lui
le
raconte dj,
plat
prodigua vivant
(0.
Du
de disposer en ce lieu
et
pri-
vilgi
quelque chose de
moins provisoire
de moins
dsol.
Il nous faut te quitter maintenant, nous aussi, aprs t'avoir accompagn du berceau au seuil de l'ternit; nous ne te
donna chacun de nous, heureux dom Bosco. Heureux dom Bosco Heureux croyant qui ranimas dans
!
notre sicle de
ardente
la
et
apostoliques; heureux
amant de
la
mis
la
base de l'ducation
(1) Le Bollettino salesiano de mai 1888 parle de diverses grces extraordinaires obtenues par l'intercession de dom Bosco aprs sa mort; elles sont rserves, dit-il, l'examen de la sainte Eglise; il cite seulement une lettre de M^"' Franois Zamhi, prfet apostolique de la haute Egypte, racontant la gurison merveilleuse d'une femme ropte catholique, le 23 lvrier 1888. Voici un extrait de cette lettre, date de Louqsor, 12 mars
:
a Gu(a
l'ou'io
Abd Mariam, ge de
la
25 ans et dj mre de trois enfants, assaillie, vers maladie des bronches, avait perdu
elle
le
parole....
21
fvrier.
Le
il
secours de Marie Auxiliatrice par l'intercession de son serviteur dom Bosco et s'engagea, s'il obtenait la faveur qu'il sollicitait, la publier la gloire de l'une
et
do
l'autre.
Athanase m'ayant, son retour notre maison, communiqu l'inspiraavait eue, je confirmai son vu et unis mes prires aux siennes.... Toutefois, comme je devais partir dans la nuit pour Kn, nous primes toutes les dispositions ncessaires pour les funrailles, au cas probable o la malade succomberait durant mon absence, qui devait durer deux jours. Dans la matine du 22, le P. Athanase trouva Guta Abd Mariam dans un tat qui ne semblait plus permettre aucun espoir. Il lui posa sur la tte une image reprsentant dom Bosco, et l'y laissa. Eh bien, partir de ce moment, la malade prouva un mieux aussi rapide qu'inexplicable ; en peu de jours elle revint la
Le
P.
tion
qu'il
sant....
Nous sommes convaincus, le P. Athanase et moi, du caractre surnaturel do pour accomplir notre vu que nous sollicitons la publicade
cette lettre....
353
menbs heureux crivain, dont la plume laborieuse ne traa pas une ligne qui ne ft la gloire de la vrit; heureux hlas de nos jours, les plus dompteur de sauvages rebelles ne sont pas ceux qui errent dans les dserts! heureux initiateur de vocations de prtres, de religieux et de religieuses; heureux pre d'innombrables enfants que
tienne?
des
grandes
la
les portes
tabernacles ternels;
science et la
ta
charit, auxquelles
mmoire; la postrit te rendra des honneurs auxquels tu ne songeais point; ton nom restera comme un encouragement tes humbles cooprateurs et comme un appel quiconque voudra, ton exemple, s'en tenir la parole du Matre Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et le reste vous sera donn par surcrot.
garderont
:
Prface
....,,,
Enfance
de
vu
dom
Bosco.
les
Les tribulations
Dom
ordres
15
III.
Premiers
d'un fondateur
25
,
Chapitre IV.
Charles-Albert.
Chapitre V.
Chapitre
Maladie de dom Bosco La veuve Bosco vient assister son Anecdotes ... VI. Etablissement de l'internai. Hroques touchants soufils.
L'archevque Franzoni
le
marquis de Cavour
et
le
roi
41
55
et
venirs
G7
VII.
Chapitre
Deux nouveaux
Dom
Il
Bosco
et le3
Vaudois
83
Chapitre
VIII.
Attentats
contre la vie de
et
dom
Bosco.
Grigio
...
Bosco
95
Chapitre IX.
et
Acquisitions
Dom
constructions
Le cholra.
Dom
l'ex-abb de Sanclis.
Dom
Bosco
et Eatazzi.
103
Chapitre X.
femme incomparable
Chapitre
Chapitre
119
Gurisons tonnantes
...
131
dom
mme
Chapitre
Chapitre XIV.
prventif et
Dom Bosco crivain. Dom Bosco imprimeur .... Comment dom Bosco entendait l'ducation. Systme systme rpressif. S'attacher former la volont. Dieu
dom
Bosco entendait l'enseignement.
155
partout
167
Chapitre XV.
lisme
et
Comment
Dom
Natura18S
193
christianisme.
Rsultats obtenus
et le
Chapitre XVI.
se
Bosco
comte de Cavour.
L'uvre salsienne
203
Cbapitrb XVII.
L'atelier salsien
Chapitre XVIII.
Becchi
356
Excursions
diverses
Mort de
Joseph
Bosco,
aux
2If
Chapitre XIX.
Marie Mazarello;
Pie
Auxiliatrice
225
la rgle salsicnnc.
Chapitre XX.
tions
Premires
fonda-
233
Chapitre XXI.
Coopratcurs
et coopratrices,
ou
tiers
ordre salsien.
245
.
Grces signales
Chapitre XXII.
Chapitre
Dom Bosco dans midi de la France. Anecdotes XXIII. Missions de Patagonie. L'Eglise de Saint-Jean l'Evanle
.
2.59
gliste
Turin
273
Dora Bosco Paris, Avignon, Lyon, Lille, Dijon
L'glise
.
Chapitre XXIV.
281
Chapitre XXV.
Espagne.
du Sacr-Cur Rome.
terre de Ligurie
Dom
Bosco
en
Le
tremblement de
297
Dernire circulaire et
Chapitre XXVI.
Dernires visites
dom
Bosco.
dernires fondations
....
dom Bosco
309
Chapitre XXVII.
Chapitre XXVIII.
Mort de
329
339
BESANON.
IMPR. ET STROTYP.
DE PAUL JACQUIN.
f-ryt^M
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lef ranche
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