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Amaterasu

Déesse japonaise

Amaterasu (天照?) est, dans le shintoïsme, la déesse du Soleil, et la plus importante divinité de cette religion. Selon la mythologie, elle a donné naissance à la lignée de tous les empereurs japonais. Elle aurait introduit la riziculture, la culture du blé et les vers à soie. Elle figure sur le drapeau japonais sous l'apparence du disque solaire, accompagné ou non de ses rayons.

Amaterasu
天照
Mythologie japonaise
Amaterasu sortant de la caverne, estampe de Shunsai Toshimasa (vers 1889).
Amaterasu sortant de la caverne, estampe de Shunsai Toshimasa (vers 1889).
Caractéristiques
Fonction principale Déesse du Soleil, de la Lumière et du ciel
Fonction secondaire Déesse de la création
Résidence Takama-ga-hara
Lieu d'origine Drapeau du Japon Japon
Parèdre Tsukuyomi
Famille
Père Izanagi
Mère Izanami
Fratrie
Premier conjoint Tsukuyomi
Deuxième conjoint Susanoo[note 1]
• Enfant(s) Ame-no-oshihomimi[note 2]

Ame no Hohi[note 2]
Amatsuhikone[note 2]
Ikutsuhikone (en)[note 2]
Kumanokusubi[note 2]
Takiribime[note 3]
Tagitsuhime[note 3]

Ichikishimahime[note 3]
Symboles
Attribut(s) Yata no Kagami, Yasakani no Magatama
Astre Le Soleil

Nom et étymologie

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Dans le Kojiki, la déesse est appelée Amaterasu-ōmikami (天照大御神?) ou Amaterasu-ōkami (天照大神?), signifiant « grande déesse Amaterasu », mais elle est désignée dans le Nihon shoki par ces variantes :

  • Ōhirume-no-muchi (大日孁貴?)[1],[2]
  • Amaterasu-sume(ra)-ōkami (天照皇大神?)(parfois également lu en on'yomi, Tenshō Kōtaijin)[1],[2]
  • Amaterasu-ōhirume-no-mikoto (天照皇大神?)[1],[2]
  • Hi-no-kami (日の神?)[1],[2]

« Amaterasu » est considéré comme une dérivation du verbe ama-teru (天照る?), « briller dans / illuminer le ciel », combiné au verbe auxiliaire honorifique -su[3]. « Ōmikami » signifie quant à lui « grande et auguste / belle divinité ». Le mot « Amaterasu » dans « Amaterasu Ōmikami » n’est pas techniquement un nom propre, mais un verbe à la forme attributive (rentai-kei) qui modifie le nom qui le suit : « Ōmikami ». Cette épithète est donc beaucoup plus transparente sémantiquement et étymologiquement que la plupart des noms enregistrés dans le Kojiki et le Nihon shoki, littéralement « la grande déesse auguste qui brille augustement dans les cieux ».

Son autre nom, Ōhirume (大日孁?), est principalement traduit par « grande dame du soleil / du jour »"[4],[5],[6]. Le titre honorifique muchi (?) utilisé pour les divinités ou les monarques est parfois ajouté.

Vue comme l’ancêtre de la lignée impériale, l’épithète Sume(ra)-ōkami (皇大神?) ou Sume(ra)-ōmikami (皇大御神?), littéralement « grande déesse (auguste) impériale » est également appliqué à Amaterasu dans certains de ses noms.

Durant la période médiévale et le début de la moderne, elle était parfois nommée « Tenshō Daijin » (on'yomi de 天照大神) ou « Amateru Ongami » (lecture alternative)[7],[8],[9],[10].

Légende

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Amaterasu sortant de sa grotte, partie d'une œuvre d'Utagawa Kunisada, 1856.

Elle est née de l'œil gauche de son père, Izanagi, quand il s'est purifié par ablution à l'embouchure du fleuve Tachibana, à Himuka (actuelle préfecture de Miyazaki)[11], après son retour du pays des morts. Izanagi lui ordonna de diriger le Takama-ga-hara, le royaume des cieux.

Selon la légende, Amaterasu et son frère Susanoo, kami de la mer et du vent, étaient rivaux (selon d'autres interprétations, Susanoo était simplement doté d'un caractère taquin qui, combiné à sa tristesse d'avoir perdu sa mère, le rendait particulièrement pénible). Aussi, lorsqu'il lui rendit visite, il y eut un long contentieux, à la suite duquel Amaterasu s'enferma dans une caverne céleste (Amano-Iwato), cachant par la même occasion le Soleil pendant une longue période. Pour persuader Amaterasu de sortir de cette grotte, les dieux organisèrent un banquet au cours duquel Uzume, la déesse de l'Aube, entama une danse. Intriguée par les rires et les mensonges des Amatsukami, prétendant lui avoir trouvé une remplaçante, Amaterasu poussa légèrement le grand roc bloquant l'entrée de sa caverne, puis éblouie par le miroir dans lequel elle se vit pour la première fois, elle fut tirée en dehors de la caverne par le dieu de la force, Ame-no-Tajikarao la prenant par la main, tandis que les autres dieux bloquaient l'entrée avec un shimenawa, une corde tressée sacrée.

En guise de punition, Amaterasu bannit Susanoo du royaume des cieux. Pour se racheter auprès de sa sœur, Susanoo lui offrit par la suite l'épée Kusanagi no tsurugi.

Dans le shinbutsu shūgō, elle est considérée tantôt comme une incarnation de Dainichi-Nyōrai (Shingon-shū, etc.), tantôt comme une personnification des fonctions qui protègent la prospérité de ceux qui ont foi dans le dharma correct (Nichiren-shū).

Dans le passé, il y eut de nombreuses spéculations parmi les théologiens et les autres, sur la nature exacte d'Amaterasu, à savoir si elle est le Soleil en tant qu'objet physique, la déité de la Lumière (ou de tous les soleils), le mitama du Soleil ou une entité extérieure au Soleil contrôlant celui-ci. Certaines théories la lient aussi à Himiko des légendes chinoises, mais elles sont férocement combattues par le grand théologien shintoïste, Motoori Norinaga, qui les appelle des « théories malignes » influencées par la culture chinoise, et qu'il affirme n'être guère nouvelles mais sans rapport avec l'Antiquité.

En l'absence de théorie concluante, les Japonais ont pour habitude d'utiliser le nom de Ō-tentō-sama (お天道様?) pour désigner le soleil de notre système solaire en tant que déité, et taiyō (太陽, litt. « grand yang ») en tant qu'objet physique.

Liens avec la famille impériale

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Au fil des générations, Amaterasu est liée à l'Empereur du Japon au travers du sanctuaire shintoïste ; le sanctuaire d'Ise[12] et le kamidana (神棚, « maison des kamis »)[13].

Origines

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Selon le Kojiki[14], Amaterasu ordonna à son petit-fils Ninigi de descendre sur la Terre et de la gouverner, événement appelé tenson kōrin[15]. À cette fin, elle lui confia en plus de l'épée qu'elle avait reçue de son frère, le miroir Yata no Kagami et le joyau Yasakani no Magata. Ces trois objets devinrent les insignes sacrés de la famille impériale et furent transmis ensuite à Jinmu, le premier empereur, petit-fils de Ninigi et ancêtre de tous les empereurs japonais.

D’après le Kojiki Jinmu est né le 1er janvier 711 av. J.-C. Lors d’un conflit, Jinmu considère le fait que ses frères ont perdu devant Nagasunehiko pour avoir combattu à l’est contre le Soleil. Suivi de ses troupes, il décide de débarquer à l’est de la péninsule de Kii, au sud du Yamato, et de se battre avec l’ennemi tourné vers l’ouest. Jinmu et ses compagnons défont Nagasunehiko et remportent la victoire. Le 11 février de 660 av. J.-C., son couronnement en tant que Tenno, empereur, au palais de Kashihara est considéré comme l’acte fondateur du Japon[16].

Ère Meiji

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De la restauration Meiji jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'empereur fut donc considéré comme un dieu vivant dont le culte était pour cette raison une affaire nationale. Au XXe siècle, cette ascendance constituait l'un des fondements de l'expansionnisme du Japon Shōwa et du koshitsu shinto. En , le commandant suprême des forces alliées promulgua toutefois la directive shinto instituant la séparation de la religion et de l'État et abolissant les subventions aux lieux de culte. Dans sa proclamation impériale du Nouvel An 1946, émise à la demande des forces d'occupation, l'empereur Shōwa affirma que la croyance voulant qu'il était un dieu à forme humaine (akitsumikami) était erronée, sans toutefois renoncer à son ascendance divine[17].

Dès les temps anciens, les princesses impériales qui n'étaient pas mariées devenaient prêtresses du temple d'Ise qui est dédié à Amaterasu. Kazuko Takatsukasa, l'une des filles de l'empereur Shōwa, fut grande prêtresse de 1974 à 1988. Sa sœur, Atsuko Ikeda, l'a remplacée depuis. )

Nouvelle ère, ère Reiwa

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L'ère Reiwa (令和時代, Reiwa jidai?, « ère de la belle harmonie[18] »), nouvelle ère du Japon a débuté le et succède à l'ère Heisei. L'ère Reiwa — la deux cent quarante-huitième de l'histoire du pays[19] — a commencé le lendemain de l'abdication au trône de l'empereur Akihito par l'intronisation de Naruhito, qui est devenu le 126e empereur du pays issu de la lignée Yamato par la déesse Amaterasu. Accompagné de serviteurs portant le bicorne (symbole remémorant les liens étroits entre le Shogunat Tokugawa et l'Empereur Napoléon III, rappelé officiellement au travers du toit du Budokan Miyamoto Musashi), l'empereur Naruhito monte en calèche le 23 novembre 2019 pour une visite au Naiku, ou sanctuaire intérieur, du sanctuaire d'Ise Jingu afin de rendre compte à Amaterasu-omikami, la légendaire déesse du soleil, de l'achèvement de ses cérémonies d'intronisation[12].

Éponymie

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Le nom d'Amaterasu a été donné à un rayon cosmique découvert en 2021.

Notes de bas de page

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  1. Ils n'étaient pas mariés, ils ont créé des kami ensemble dans le cadre d'un défi. Les cinq fils sont souvent considérés uniquement comme les fils d'Amaterasu et les trois filles sont souvent considérées uniquement comme les filles de Susanoo.
  2. a b c d et e Souvent considéré uniquement comme fils d'Amaterasu
  3. a b et c Souvent considérée uniquement comme fille de Susanoo

Références

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  1. a b c et d Katsumi Kuroita, Kundoku Nihon Shoki, vol. 1 (訓読日本書紀 上巻), Iwanami Shoten,‎ , 27 p. (lire en ligne)
  2. a b c et d (en)"Wikisource link to  Book I". Nihongi: Chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697. Kegan Paul, Trench, Trübner & Co.. Wikisource. 1896. Wikisource page link  18. 
  3. (ja) Akira Matsumura, 大辞林 [« Daijirin »], Sanseido Books,‎ , 2e éd. (ISBN 978-4385139005)
  4. (ja) Masaaki Tatsumi, « 天照らす日女の命 (Amaterasuhirumenomikoto) » [archive du ], sur 万葉神事語辞典, Kokugakuin University (consulté le )
  5. Nelly Naumann, « 'Sakahagi': The 'Reverse Flaying' of the Heavenly Piebald Horse », Asian Folklore Studies, vol. 41, no 1,‎ , p. 26–27 (DOI 10.2307/1178306, JSTOR 1178306)
  6. Toshio Akima, « The Myth of the Goddess of the Undersea World and the tale of Empress Jingū's Subjugation of Silla », Nanzan Institute for Religion and Culture, vol. 20, nos 2–3,‎ , p. 120–121 (DOI 10.18874/jjrs.20.2-3.1993.95-185 Accès libre , lire en ligne)
  7. Teeuwen, Mark (dir.), The Culture of Secrecy in Japanese Religion, Routledge, (ISBN 9781134168743), « Knowing vs. owning a secret: Secrecy in medieval Japan, as seen through the sokui kanjō enthronement unction », p. 1999
  8. Engelbert Kaempfer (trad. Beatrice M. Bodart-Bailey), Kaempfer's Japan: Tokugawa Culture Observed, University of Hawaii Press, (ISBN 9780824820664, lire en ligne), p. 52
  9. Helen Hardacre, Kurozumikyo and the New Religions of Japan, Princeton University Press, (ISBN 0691020485, lire en ligne), p. 53
  10. Brian Bocking, The Oracles of the Three Shrines: Windows on Japanese Religion, Routledge, (ISBN 9781136845451, lire en ligne)
  11. Naoki Matsumoto, « Amaterasu, la déesse du soleil : l’origine de la dynastie impériale du Japon », sur Nippon.com, (consulté le ).
  12. a et b (en) The Asahi Shimbun, Asia and Japan watch, « Naruhito informs sun goddess that all ceremonies now completed », sur www.asahi.com, (consulté le ).
  13. (en) Elizabeth Kenney, Shintō Mortuary Rites in Contemporary Japan, Cahiers d'Extrême-Asie, (lire en ligne), p. 404, 439
  14. Kojiki. Chronique des choses anciennes, France, Maisonneuve et Larose, 1969.
  15. (en) Yoshihiko Fukui, « Tenson kōrin », sur eos.kokugakuin.ac.jp (consulté le ).
  16. Yoshihiko Fukui, « La naissance mythique du Japon 11 février 2020 », sur tresordupatrimoine.fr (consulté le )
  17. Michael Lucken et Anne Bayard-Sakai, Sengo, le Japon après la guerre, Paris, Presses de l'Inalco, (ISBN 9782858312474, SUDOC 23796409, lire en ligne), « Rescrit impérial sur la construction d’un nouveau Japon »
  18. « Japan assures world that Reiwa is all about 'beautiful harmony' and has nothing to do with 'command' », The Japan Times, .
  19. Le Point magazine, « "Reiwa": un nom qui vénère l'harmonie pour la nouvelle ère du Japon », sur Le Point, (consulté le ).

Annexes

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Bibliographie

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  • « Amaterasu ōmikami », dans Dictionnaire historique du Japon, vol. 1 : Lettre A, Tokyo, Librairie Kinokuniya : Maison franco-japonaise, (lire en ligne), p. 31-32.
  • (en) John Breen et Mark Teeuwen, A New History of Shinto, Malden et Oxford, Blackwell Publishing, .

Articles connexes

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