Les 12 travaux de Bob la Chkoumoun
Par P. Marin
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
P. Marin puise son inspiration dans son quotidien, sa vie professionnelle et ses relations avec ses proches, partageant avec humour des anecdotes savoureuses de son existence.
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Aperçu du livre
Les 12 travaux de Bob la Chkoumoun - P. Marin
La jeunesse de Bob la Chkoumoun
L’école
Tout a commencé à l’école primaire, ou peut-être avant, mais je ne m’en souviens pas.
J’avais appris une chansonnette à réciter à la maison.
Je suis rentré à la maison très fier de réciter ma chansonnette. Elle commençait par « La pluie ».
Je ne me souvenais plus de la suite.
Quand la maîtresse nous montrait le globe terrestre, je lui expliquais que ma mère avait visité la Nouvelle-Calédonie à l’autre bout du monde avant ma naissance. J’avais donc poussé la tête en bas, et j’ai dû y perdre un morceau.
Si certaines maîtresses y trouvaient une tendresse enfantine, d’autres étaient exaspérées.
Lors de jeux interclasses, je participais à une course de relais.
Quelle ne fut pas la consternation de mon équipe quand ils me virent partir en sens inverse !
En 1987, nous avons déménagé.
Nous sommes partis de la petite maison de Sainte Martine en Ré, pour emménager de l’autre côté du village à La Roue.
Je rentrais à pied de l’école.
Quand je trouvai ma maison fermée, il m’a fallu un moment avant de me rappeler que nous avions déménagé. Je suis rentré assez tard dans notre nouvelle maison. De toute façon, je n’arrivais pas à me rappeler du chemin, ni de laquelle il s’agissait.
Souvent, j’arrivais à l’école, et je me rendais compte que j’avais oublié mon cartable à la maison.
Souvent, je rentrais à la maison, et je me rendais compte que j’avais oublié mon cartable à l’école.
Il me fallait parfois plus d’une heure pour me rendre de la maison à la boulangerie au bout de la rue.
Où avait bien pu tomber le billet que maman m’avait donné ?
Je crois que je vivais dans un monde parallèle. Je pouvais passer des heures sur une balançoire à imaginer que je pilotais un vaisseau spatial.
Alors en Nouvelle-Calédonie, ma sœur avait apprivoisé un jeune poulain appelé Sandy.
Chaque fois que je le montais, il m’envoyait valser comme dans un rodéo !
Il m’arrivait de réaliser de superbes sauts périlleux à atterrissages dorsaux.
Lors d’une course à cru dans un pré, je me retrouvai accroché sous son encolure.
Le football est un sport de combat en Nouvelle-Calédonie !
Alors que les kanaks accomplissaient de superbes retournées, j’étais plus doué pour me prendre le ballon dans la joue, où il laissait son quadrillage, ou pour tirer contre mon camp !
Le collège
Plus tard, au collège, j’avais toujours du mal à retrouver ma classe qui changeait régulièrement de salle.
En classe de sport, je trébuchais inopinément, devant toute la classe. Personne ne riait.
Pour une fois, je me dis que mes camarades n’étaient pas si bêtes pour se moquer de moi.
Peu après, la déléguée vint me voir gentiment en me disant qu’elle avait donné la consigne aux autres élèves de ne pas rire.
J’avais en effet pris l’habitude d’être traité comme un bouffon. Ce qui donnait l’avantage de participer à l’animation.
En sport d’équipe, j’étais toujours le dernier à être choisi dans une équipe, même féminine.
Malgré une bonne condition physique, je devais exercer un manque patent de coordination.
Mon frère me demandait de temps en temps où avait bien pu passer le vélo que nous utilisions d’habitude ?
Quelques mois plus tard, il l’a retrouvé au garage à vélo du collège.
Je ne me souvenais plus qu’un jour j’étais parti à vélo, alors que ce soir-là, j’étais rentré en bus.
Un soir, j’avais pris le train avec mon petit frère et ma petite sœur pour retrouver nos parents dans les Vosges où se trouve notre maison secondaire : « La Birakeim ».
La gare d’arrivée était dans la ville de Remiremont.
Quand nous avons passé la frontière allemande, j’ai compris que j’avais manqué la bonne gare.
Mon petit frère et ma petite sœur sont rapidement devenus plus responsables.
Peu à peu, j’ai pris l’habitude de me rendre aux objets trouvés, de faire connaissance avec les policiers ou les éboueurs, de faire appel aux contrôleurs de trains pour me rapporter des livres lors de leur prochain passage, de retrouver les commerçants chez qui j’étais passé, et où j’avais pu laisser ma carte bleue, et mes proches ne sont plus surpris lorsque des inconnus les appellent pour leur dire qu’ils ont trouvé un téléphone sur un banc.
Ils savent aussi que 24 heures de retard ne sont pas anormales pour moi.
Je m’appuie encore sur mes neveux et nièces pour m’aider à retrouver ma route…
Je ne me doutais pas alors que mes mésaventures quotidiennes allaient me poser quelques contrariétés dans mes différentes expériences professionnelles.
Saint-Jacques-de-Compostelle
Lorsque j’arrivai sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle dans les Pyrénées basques, la nuit tombait et la neige volait en tempête.
En m’arrêtant, je me suis rendu compte qu’il me manquait deux choses : mon sac de couchage, et ma carte bancaire.
Je trouvai refuge dans une grange où je cassai le robinet d’eau en essayant de l’ouvrir.
Les propriétaires alertés par le bruit me demandèrent ce que je faisais là.
Je leur dis que je cherchais à rejoindre le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Ils éclatèrent de rire et m’apprirent que j’avais dû me perdre !
Alors que je me demandais comment j’allais pouvoir dormir par le froid, je vis deux jeunes filles m’apporter une couverture et un bol de soupe chaude !
Depuis ce jour j’ai compris que malgré mes déboires, une bonne étoile veillait sur moi.
À la fin de mon pèlerinage, j’avais retrouvé mes compagnons croisés en chemin, avec qui nous avions formé un groupe international : québécois, américains, brésilienne…
Un Anglais avec qui nous avions fait une sieste dans un champ nous invita à partager des chambres à l’hôtel des Rois Catholiques, le palace de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Je le retrouvai par hasard après une excursion à la pointe ouest de l’Espagne, le cap Finistère, appelée aussi bout du monde par les anciens où j’avais brûlé mes vêtements de marche comme la tradition l’exigeait. Je me retrouvais en pyjama.
Je lui expliquai que ma sœur se trouvait aux îles Canaries en échange Erasmus pour ses études, et qu’elle m’avait proposé de la rejoindre, mais j’avais grillé mes dernières économies.
Il m’emmena dans une agence de voyages et me dit : je t’offre ton billet d’avion, à la condition que tu fasses de même quand tu en auras les moyens pour quelqu’un qui en aura besoin.
La brocante
Mon ami Greg est brocanteur.
Il a toujours eu le sens des affaires !
Au collège, il avait investi une salle de jeux vidéo clandestine où il faisait payer ses copains !
Plus tard il bricolait des scooters à l’aide de pièces volées.
Parti en Martinique, il y importait des planches de surf !
Il me vendit d’ailleurs son ancienne : elle était à sa taille, et je restai donc le plus nul surfeur de l’île de Ré, en basculant à chaque fois que j’essayais de me lever quand par chance, une vague m’entraînait ! Elle était rafistolée au niveau du nez, bouché par un peu de wax !
À son retour, il n’avait pas les mains vides :
Il vendait des vêtements de contrefaçon sur la plage !
Après sa période teufeur, il s’orienta naturellement vers la brocante :
Il pouvait y retrouver son mode de vie !
Une lampe trouvée en déchetterie lui permit d’investir dans un camion !
Parfois, il me propose de l’accompagner.
En arrivant tôt sur le lieu de la brocante, je l’aide à décharger son camion.
Comme il a l’habitude de l’entasser lui-même, j’entends un bruit de vaisselle cassée après avoir retiré un objet.
Je ramasse une vieille sculpture en porcelaine.
Voyant sa tête, je m’excuse d’avoir cassé cet objet que j’imaginais bien venir de la commode de salon d’une dame âgée.
Il s’agissait de sa plus belle pièce.
Un peu plus tard, il me demande de garder son stand.
Un vieux client me propose d’acheter un petit cendrier 5 euros.
J’accepte en pensant que Greg me féliciterait d’avoir conclu une affaire en son absence.
Le vieil homme met le cendrier dans un sac plastique noir.
Greg revient et demande où est passé le cendrier en voyant le vieux monsieur resté devant le stand.
Je lui tends avec fierté les 5 euros.
Il les rend au monsieur et déchire doucement son sac poubelle pour récupérer le cendrier.
Le monsieur s’indigne sans conviction.
La petite signature dans le fond du cendrier lui accordait une valeur de plus de 150 euros.
Greg achetait et vendait aussi des objets sur E Bay.
Alors qu’il attendait les dernières secondes pour surenchérir un objet depuis plusieurs jours, il était en panne de connexion.
Je lui propose de venir chez moi plutôt qu’au cybercafé.
Il accepte, et je lui prête mon pc portable.
Je le laisse seul pour être sûr de ne pas le perturber.
Après quelques minutes, je reviens le voir.
Il a l’air d’avoir vu un fantôme.
N’ayant pas l’habitude des petits claviers, il a écrit des signes de ponctuation à la place de son chiffre d’offre finale. Il lui aurait fallu appuyer sur la touche majuscule.
Vinrent ensuite mes premières expériences en restauration.
Restauration
Le Piolet
L’été que nous passions dans les Mosges, à La Birhakeim, dans notre maison secondaire, ma mère, toujours très forte en relationnel, nous avait trouvé un hôtel-restaurant au col de La Choucroute, à la frontière alsacienne : Le Piolet. Ma sœur y avait brillamment travaillé l’année précédente comme femme de chambre. Elle avait laissé le meilleur souvenir à la patronne.
Les patrons étaient adorables.
J’y exerçais à sa suite mon nouveau métier de plongeur.
Mon frère travaillait dans un 3 étoiles voisin.
Je lui rendais visite habillé de mes frusques de plongeur.
Il devait quant à lui se tenir à 4 épingles.
Le patron qu’il n’appréciait pas trop lui accorda de m’offrir un apéro.
Au milieu d’un gros service, Boris, le jeune cuisinier, adepte de produits locaux, dont certains champignons qui poussaient sur les hauteurs, me dépose un seau de pommes de terre.
Je le garde consciencieusement derrière ma plonge.
Il revient quelques dizaines de minutes plus tard pour me le demander.
En fait, il aurait apprécié que je pense à les éplucher…
Boris portait les attributs d’un punk des montagnes. Il était le seul punk d’un village de Skins !
Il m’avait fait découvrir le folklore vosgien où des jeunes au crâne rasé débarquaient brusquement dans des fêtes de village puis repartaient aussi promptement imaginant provoquer un effet de stupeur.
Son collègue Edouard Philipe nous avait fait découvrir un restaurant de nuit : La Chaudière.
On y voyait passer des gens en sous-vêtements pour rejoindre le club échangiste mitoyen.
Boris m’a aussi démontré qu’un Vosgien pouvait boire un pack de bière entier tous les soirs.
À la fin du service, lorsque j’avais fini le ménage de ma plonge, le chef la refaisait très gentiment derrière.
Je les revois toujours avec plaisir !
Le Rest Room
L’été suivant, je retournai dans les Mosges, où la saison avait déjà commencé.
Je m’orientai donc sur un nouveau restaurant, le Rest Room sur la place de Mauricemer.
La serveuse faisait des erreurs de caisse, alors la patronne m’avait proposé de la suppléer.
Le côté relationnel du métier de serveur me convenait beaucoup mieux, et je nouai rapidement des affinités avec les clients réguliers.
Les pourboires le confirmaient.
Je me souviens de deux militaires fêtant leurs retrouvailles de façon bien arrosée, dont la note rendait le sourire à la patronne.
Le patron jouait tard le soir dans un groupe folklorique avec l’un de mes amis, un artiste allemand qui sculptait des têtes de mort : Franky.
Le soir du 15 août, le restaurant était complet entre le rez-de-chaussée et l’étage et j’enchaînais les allers-retours. Des clients patientaient à l’extérieur dans l’espoir qu’une table se libère.
Croisant une cliente dans les escaliers, je me retournai avec dextérité, tenant le plateau à bout de bras au-dessus de la salle du bas.
Je vis alors au ralenti les bouteilles de Coca-cola chavirer lentement du plateau pour exploser au milieu de la table en contrebas.
Les convives copieusement arrosés ne tardèrent pas à se lever pour réclamer l’addition.
La patronne garda son calme, et ne me fit aucun reproche quand elle vit les clients de l’extérieur s’engouffrer à l’entrée pour récupérer la table tant convoitée.
Lors d’une pause d’après-midi, ma mère m’avait prêté une voiture Peugeot 306 récemment acquise au nom de ma sœur Véronique.
Je décidai de rendre visite à mon ami Marc Aurèle, videur du casino du sac.
Étant alors fan de hard Rock à haut volume, j’avais allumé l’autoradio.
Avant de traverser la rue qui conduisait au casino, je regardai patiemment les voitures passer sur ma droite, sur ma gauche comme on me l’avait enseigné à l’auto-école, puis enfin de nouveau à… je n’avais pas apprécié la distance que la voiture de droite avait largement eu le temps de parcourir pour me percuter sur le flan coupant net l’autoradio et déclenchant l’air bag.
Les deux véhicules emboutis étaient bons pour la casse.
Comme je n’avais plus de véhicule à disposition, mon ami Franky me laissa squatter la caravane de son jardin en compagnie d’un adepte de Michael Jackson.
Son rêve était de tout mettre