Utilisateur:Pancrat/Essai7
L'empreinte carbone d’une activité humaine est une mesure des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui peuvent être imputées à cette activité durant une certaine durée de temps. Cette méthode de calcul impute l’ensemble des émissions de GES liées à la production et au transport d’un bien ou d’un service à son consommateur final. L’empreinte carbone intègre toutes les émissions induites par la consommation en France, de produits fabriqués en France et à l’étranger : elle comporte donc à la fois des émissions ayant lieu en France (lors de la production ou de la consommation des produits) et à l’étranger (produits fabriqués à l’étranger, importés et consommés en France), selon la définition du Ministère de l’économie, des finances et de la relance[4].
L’empreinte carbone doit être distinguée de l’inventaire national qui calcule les quantités de GES physiquement émises à l’intérieur d’un pays (approche territoriale) par ménages (voitures, logements) et les activités économiques (combustion d’énergies fossiles, procédés industriels, agriculture). C’est une approche « de production » par opposition à l’approche « par consommation » de l’empreinte carbone.
Données, évolution
[modifier | modifier le code]Monde
[modifier | modifier le code]La quantité mondiale de gaz à effet de serre émis lors de l'année 2019 s'établissait à 49,76 milliards de tonnes d'équivalent CO2, soit une augmentation de 53 % par rapport à 1990[5]. Cela correspond à environ six tonnes par Terrien, avec de fortes disparités entre les pays : États-Unis 17,54 t ; Russie 13,20 t ; Chine 8,41 t ; UE(27) 7,08 t (empreinte en CO2eq par habitant).
L’intérêt du graphique ci-dessus est de mettre en valeur pour chaque pays à la fois l’empreinte carbone de ses habitants et la totalité de ses émissions de GES. On constate que les pays à forte empreinte (Moyen-Orient, Canada, États-Unis, Arabie saoudite...) sont ceux disposant dans leur sous-sol de grande quantité de pétrole et de gaz qu’ils peuvent dépenser sans compter, et que les pays à forte émission sont des pays à l'économie dynamique, grand consommateur du charbon qu’ils trouvent chez eux comme la Chine et l’Inde. Le cas de la Chine est exemplaire : sa consommation de charbon par rapport au reste du monde qui était insignifiante dans les années 1960 a connu une croissance fulgurante à partir des années 2002[n 1] pour faire du pays le plus grand producteur et consommateur de charbon au monde[n 2] (cf. 5e rapport du GIEC-IPCC 2014, Bertrand Cassoret, 2020). En 2021, le charbon fournissait 55 % de la consommation totale d’énergies primaires en Chine[6] alors qu’en France, en 2018, il n’en fournissait que 4 %[7].
L’OCDE calcule les empreintes carbone en s’appuyant sur le principal GES, le CO2, à la différence des statistiques françaises de la SDES[8] qui comptent le CO2, le CH4 et le N2O.
Selon les estimations de l’OCDE, en 2018, l’empreinte carbone de la France était de 6,8 t CO2/habitant soit moins que la moyenne européenne établie à 7,8 t CO2/hab et moins que l’Allemagne qui vaut 10,4 tCO2/hab et beaucoup moins que les États-Unis qui atteignent 17,6 t CO2/hab.
Europe
[modifier | modifier le code]En 2019, selon un rapport de l'organisation à but non lucratif Carbon Disclosure Project (CDP), 882 entreprises européennes produisant 75 % des émissions de CO2 ont consacré 124 milliards € à de nouvelles actions de réduction de leurs émissions, dont 65 milliards € en recherche et développement et 59 milliards € en investissements. Or, il faudrait passer de 59 à 122 milliards € par an pour être sur la trajectoire permettant d'atteindre les objectifs européens de réduire de 50 % à 55 % les émissions en 2030 comparées à 1990, puis d'atteindre la neutralité carbone en 2050. Les dépenses de R&D sont surtout le fait du secteur des transports et les investissements du secteur de l'électricité ; par contre, le secteur des matériaux (acier, ciment, mines et chimie) n'a représenté que 5 % des investissements bas carbone alors qu'il est responsable de 38 % des émissions. Un quart des entreprises européennes classées A pour leurs investissements bas carbone sont françaises[9].
France
[modifier | modifier le code]Le Service des données et études statistiques (SDES) a publié en décembre 2022, les estimations de l’empreinte carbone de la France de 1995 à 2021[8]. Pour le SDES, les trois gaz à effet de serre retenus sont le CO2, le CH4 et le N2O[n 3]. Les émissions prennent en compte aussi bien les émissions intérieures (hors exportations) que celles faites à l’étranger associées aux importations.
Entre 1995 et 2005, l’empreinte carbone par personne s’est maintenue à un niveau d’environ 11 tonnes CO2eq/personne. En 2005, l’empreinte carbone de la France a atteint un maximum de 699 millions de tonnes équivalent de CO2, correspondant à une empreinte carbone par personne de 11,1 tCO2eq/pers. Ces deux valeurs ont ensuite diminué plus ou moins régulièrement jusqu’à atteindre 552 Mt CO2eq et 8,2 tCO2eq/pers en 2020.
Mais en 2021, selon les estimations provisoires, l’empreinte carbone de la France a rebondi à 604 MtCO2eq. Ce rebond des émissions de + 7,4 % par rapport à 2020 s’explique par la contraction historique en 2020 de l’économie et donc des émissions de carbone liées à la pandémie de Covid-19. Ramenée à l’ensemble de la population, l’empreinte carbone est estimée 8,9 tCO2eq pour 2021.
En 2021, les émissions associées aux importations représentent environ la moitié (51 %) de l’empreinte. L’empreinte carbone est composée de 78 % de CO2, 15 % de CH4 et 7 % de N2O. Les déplacements, l’habitat (chauffage et refroidissement) et l’alimentation représentent les trois quart de l’empreinte carbone.
Notes
[modifier | modifier le code]- Le 11 décembre 2001, la Chine adhérait à l'Organisation mondiale du commerce
- Le charbon source d’énergie la plus utilisée au monde pour produire de l’électricité, est aussi la source émettant le plus de gaz à effet de serre avec 820 gCO2eq/kWh alors que le nucléaire n'émet que 12 gCO2eq/kWh
- . En 2021, la méthodologie a été ajustée afin de mieux tenir compte de l'évolution des coûts du pétrole brut, du gaz et du charbon ; la méthode précédemment utilisée ne permettait pas de corriger de façon satisfaisante la forte volatilité des prix de ces produits. L'ensemble de la série a ainsi été révisée, l’essentiel des ajustements a porté sur les émissions importées de CH4
Références
[modifier | modifier le code]- Our World in Data (United Kingdom), « Total greenhouse gas emissions » (consulté le )
- Our World in Data, « Coal consumption (by region) » (consulté le )
- Hannah Ritchie, Pablo Rosado and Max Roser Our World in Data, « Per capita : where do people consume the most energy from fossil fuels ? » (consulté le )
- Pascal Dupuis, Richard Lavergne, Didier Pillet, Claude Nahon, Empreinte carbone Thème de l’année 2021 de la section « Innovation, Compétitivité et Modernisation » (Rapport au Conseil général de l’économie), Ministère de l’économie, des finances et de la relance, , 70 p. (lire en ligne)
- (en) « Total GHG emissions including LUCF (tonnes CO₂e) », sur Our World in Data (consulté le ).
- Executive summary (August 5, 2022), « eia Energy Information Administration » (consulté le )
- Bertrand Cassoret, Transition énergétique Ces vérités qui dérangent !, Deboeck supérieur,
- Service des données et études statistiques (SDES) (publié le 04/11/2022), « Estimation de l'empreinte carbone de 1995 à 2021 » (consulté le )
- Les entreprises européennes doivent faire plus pour réduire leur empreinte carbone, Les Échos, 25 février 2020.