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Turcs en Algérie

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L'expression Turcs en Algérie peut désigner :

Jusqu'en 1830, la régence d'Alger était une province autonomisée de l'Empire ottoman. Les descendants des Turcs établis dans le pays à cette période se définissent comme algériens-turcs, algériennes-turques, algéro-turcs ou algéro-turques[1],[2],[3],[4],[5],[6] ou encore turcs-algériens ou turques-algériennes[7] (en arabe : أتراك الجزائر ; en turc : Cezayir Türkleri). Certains descendent des Janissaires qui, vivant parmi les arabes et des berbères, intégrèrent la population algérienne[8],[9],[10]. Pendant la domination ottomane en Algérie, des Turcs, principalement d'Anatolie, se sont installés dans la régence d'Alger[11]. Parmi les populations issues de ces mélanges, on compte les kouloughlis[12],[13], du turc kul oğlu signifiant « fils de serviteur »[14].

À la fin du XIXe siècle, les colons français ont classé les populations « indigènes » comme « arabes », « berbères » ou « juifs » sans forcément prendre en compte leurs origines très diverses[15],[n 1].

Au début du XXIe siècle, des estimations suggèrent que les Algériens d'ascendance turque représenteraient encore environ 5 %[16],[17] de la population du pays. À l'ère ottomane, les Turcs étaient installés principalement dans les régions côtières d'Algérie ; il semble que leurs descendants continuent à vivre aujourd'hui dans les grandes villes. En outre, les familles d'ascendance turque ont continué la pratique d'origine ottomane de l'hanafisme[18], contrairement aux arabes et aux berbères qui ont pratiqué le malikisme. Beaucoup conservent leurs noms turcs qui expriment une provenance ou des origines ottomanes[19],[n 2]. La minorité d'origine turque a formé « L'Association des Turcs Algériens » pour promouvoir leur culture[20],[n 3].

Époque ottomane (1512-1830)

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La fondation de la régence d'Alger était directement liée à la mise en place de la province ottomane (eyalet), du Maghreb au début du XVIe siècle[21]. À l'époque, craignant que leur ville ne tombent entre les mains des Espagnols, les populations de Béjaia[22], puis d'Alger[23] ont fait appel aux frères corsaires Barberousse deux grec converti à l'Islam sunnite en tant que janissaire, pour obtenir du soutien[24].

Arudj et son frère Khayr ad-Din ont pris le contrôle d'Alger, et ont commencé à étendre leur influence dans les régions environnantes. Le Sultan Sélim Ier a accepté de prendre le contrôle des régions du Maghreb gouvernée par Khayr ad-din, et d'en faire une province, et d'octroyer le grade de gouverneur-général (beylerbey) à Khayr ad-din. En outre, le Sultan a envoyé 2 000 janissaires[25], accompagnés par 4 000 yoldaş[26] dans la nouvelle province ottomane, dont la capitale était Alger[21]. Ces Turcs, principalement d'Anatolie, s'appelaient entre eux yoldaş (en turc : « camarade »)[27] et appelaient leur fils nés d'unions avec les femmes locales « kouloughlis » (kul oğlu en turc soit « fils de serviteur » ou « de servante »). Cette appellation signifie qu'ils considéraient leurs enfants comme des serviteurs du Sultan d'Alger[21]. Pour indiquer dans les registres qu'une certaine personne est un descendant d'un Turc et d'une femme de la région, la note « ibn al-turki » (en français : fils de turc) été ajoutée a son nom[28].

Le nombre élevé de janissaires a marqué le caractère de la ville d'Alger et celui de l'ensemble de la régence.

En 1587, les provinces ont été divisées en trois, qui ont été établis là où les États modernes de l'Algérie, la Libye et la Tunisie, ont émergé. Chacune de ces provinces été dirigée par un pacha, envoyé de Constantinople, pour un mandat de trois ans. La division du Maghreb a lancé le processus qui a finalement conduit des janissaires à régner sur la province. À partir de la fin du XVIe siècle, les élites d'Alger ont choisi de mettre l'accent sur leur identité turque et nourrir leur culture turque au point que cela est devenu une idéologie. En agissant de la sorte, la province algérienne a pris un chemin différent de celui de ses provinces voisines, où des élites locales vont aussi émerger. Le but de nourrir l'élite de l'identité turque était double : il permit de limiter le nombre des privilégiés (ocakbaşı : « ceux des foyers ») tout en démontrant leur loyauté envers le Sultan[29]. Au XVIIIe siècle, il y avait 15 000 janissaires concentrés dans seule ville d'Alger. La ville était très bien gardée, car elle permettait aux Ottomans d'exercer le contrôle direct de la Méditerranée occidentale[30].

Le mode de vie, la langue, la religion, ou la région d'origine de l'élite ottomane ont créé des différences remarquables entre l'élite algérienne ottomane et la population indigène[31]. Par exemple, les membres de l'élite ont adhéré à l'école juridique coranique du hanafisme tandis que le reste de la population souscrivait à l'école du malikisme. La plupart des élites étaient originaires des régions non-arabes de l'Empire et parlaient le turc ottoman tandis que la population locale parlait l'arabe ou le berbère[31].

Le recrutement de l'armée

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Depuis sa création, l'administration militaire de l'élite travaillait pour relancer ses activités par l'enrôlement de volontaires originaires de régions non-arabes de l'Empire ottoman, principalement à partir de l'Anatolie. Par conséquent, le recrutement local des Arabes était limité et pendant le XVIIIe siècle, un réseau permanent de recrutement d'officiers a été gardé dans certaines villes côtières d'Anatolie et sur certaines îles de la mer Égée[32]. La politique de recrutement est donc l'un des moyens employés pour perpétuer l'identité turque de l'élite de l'empire Ottoman. Cependant, vers la fin de la régence, le gouvernement s'appuie de plus en plus sur l'aristocratie arabe et berbère du pays, et la minorité s'y dissout progressivement.

En 1830, il y avait 15 000 soldats turcs en Algérie, mais la plupart se sont retirés de la région après l'expédition d'Alger[33],[34],[35].

Mariages entre femmes locales et kouloughlis

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Ahmed Bey ben Mohamed Chérif, un kul oğlu, était le dernier bey de Constantine dans la régence d'Alger, de 1826 a 1848[36].

Au cours du XVIIIe siècle, l'élite ottomane a pratiqué une politique restrictive sur les mariages entre ses membres et des femmes locales. Les soldats mariés à des indigènes perdaient leur droit de séjour dans certaines casernes, la ration quotidienne de pain gratuit à laquelle ils avaient droit et leur droit à l'achat de divers produits à prix réduit[32]. Néanmoins, la politique de mariage des soldats fait clairement la distinction entre les différents grades : plus le rang est élevé, plus le mariage avec une indigène est acceptable[37]. En outre, la loi des mariages de la milice, a en partie émergé a cause de la crainte d'une potentiel augmentation du nombre de kul oğlu[38].

Kul oğlu désigne la progéniture mâle des membres de l'élite ottomane et de femmes locales algériennes[38]. En raison de leur lien avec la population locale algérienne par sa famille maternelle, la fidélité du kouloughlis à l'Empire ottoman pouvait parfois être mise en doute par crainte qu'ils développent une autre allégeance : ils étaient alors considérés comme un danger pour l'élite. Ce n'était pas le cas des fils d'une femme non locale, elle-même étrangère à la population locale[38].

Dans le beylık voisin de Tunisie, les kul oğlu pouvaient atteindre les plus hauts rangs du gouvernement[39]. Cependant, le corps des janissaires perdit sa suprématie pendant la dynastie des Mouradites et des Husseinites. Cette situation tunisienne explique en partie le maintien en Algérie du corps des janissaires dont la politique de recrutement avait pour but de tenir les kul oğlu loin du pouvoir[39]. Néanmoins, les hauts kouloughlis étaient au service de l’ocakbaşı, dans le domaine militaire et dans les offices administratifs, occupant des postes qui leur été réservés ; en outre chaque siècle, à la seule exception du XVIIIe siècle, a eu des deys kouloughlis y compris à Alger[40].

Colonisation française (1830-1962)

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Messali Hadj était le chef du mouvement national algérien. Il était d'origine turque et fonda le premier mouvement moderne pour l'indépendance algérienne[41],[42],[43],[n 4].

Une fois l'Algérie entrée dans la domination coloniale française en 1830, environ 15 000 Turcs ont été expulsés vers Smyrne ; de plus, de nombreux Turcs (aux côtés d'autres indigènes) ont fui vers d'autres régions de l'Empire ottoman, notamment en Palestine, en Syrie, en Arabie et en Égypte[43]. En 1832, de nombreuses familles d'ascendance turque qui n'avaient pas quitté l'Algérie, ont rejoint la coalition de l'émir Abd el-Kader pour forger le début du principal mouvement de résistance contre le régime colonial français.

Ahmed Taoufik El Madani, un des chefs nationalistes algériens était d'origine turque. En tant que leader de l'Association des oulémas algériens, il a continué à influencer le nationalisme algérien. Il a soutenu que l'ère turque en Algérie a volontairement été diffamée par les historiens européens afin de fournir aux Français des arguments convaincants pour justifier leurs actions coloniales[44]. Il a soutenu que les Turcs ottomans avaient unifié le territoire algérien et ont sauvé le pays de l'emprise de l'inquisition espagnole (implantée dans les villes portuaires pendant leur occupation par les Espagnols : 1509-1511 à Oran, 1510-1519 à Alger, 1510-1555 à Béjaïa, 1535-1537 à Annaba[45]). En outre, il a déclaré que les Turcs qui se sont installés en Algérie étaient « la perfection et la noblesse elle-même » et a souligné leur contribution à la société algérienne, comme l'établissement de fondations religieuses, la construction de mosquées et d'aqueducs[46]. En 1956, les oulémas réformistes, sous la direction d'Ahmed Taoufik, ont rejoint le Front de libération nationale luttant pour l'indépendance algérienne[47].

Après l'indépendance (1962-)

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En 2011, le journaliste algérien Mustafa Dala a rapporté dans l’Echorouk El Yawmi (الشروق) que les Algériens d'origine turque se distinguent par leurs différentes coutumes, surtout en ce qui concerne les vêtements et les aliments, ainsi que leurs noms de famille turcs[48].

La mosquée Ketchaoua (turc : Keçiova Camii[49]) à Alger, construite en 1612 par les ottomans et transformée en église catholique par les français (la façade est d'Amable Ravoisié), a été rendue au culte musulman en 1962 et restaurée aux frais du gouvernement turc de 2008 à 2018[50].

Les Algériens concernés sont généralement fiers de leurs racines turco-ottomanes, mais aussi d'avoir réussi à s'intégrer à la population algérienne. Leur identité est fondée sur leurs origines turques mais aussi les coutumes, la langue, et la culture locale de l'Algérie[51].

En raison des trois siècles de la période ottomane en Algérie, aujourd'hui, de nombreux traits culturels, architecturaux, ainsi que les éléments de la musique algérienne sont d'origine ou d'influence turque.

Cuisine et musique

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L'influence ottomane est aussi présente dans la gastronomie avec les börek, la çorba, les lahmacun (لحم بعجين / laḥm bi-ʿajīn), le café turc… et dans les mélodies habituellement attribuées (trop) exclusivement à l'influence arabo-andalouse, comme le havuz (الحوزي / al ḥawzī) ou le zandır.

Au cours de l'ère ottomane, le turc ottoman était la langue officielle de l'Empire, mais les langues locales étaient largement tolérées et pratiquées : aujourd'hui, la plupart des Algériens d'origine turque parlent la langue arabe, mais l'héritage de leur langue est encore apparent à travers 634 mots turcs dans le lexique des langues d'Algérie aujourd'hui[52]. Par conséquent, en arabe algérien, il est possible pour une phrase unique d'inclure un sujet arabe, un verbe français et un prédicat berbère ou turc[53].

En outre, les familles d'origine turque ont souvent conservé leurs noms de famille, comme par exemple Bachtoubji, Beyoglou, El-Mansali, Hafidi, Hayreddin, Karamostefa, Kardjali, Khodja, Malioglou, Osmanî, Ouloudjali/Ulucali, Stambouli, Torki, Turki, ou encore Zmir, Zemirli, Zmirli, Zermirline provenant de la ville d'Izmir[54]… ; les noms de métiers comme Demirdji, Bachterzi, Haznedji, Tchaouche, Silahtar… sont également devenus des noms de famille au sein de la communauté algéro-turque[55].

Noms de famille courants

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Selon la provenance
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La liste suivante est un exemple de noms de famille d'origine turque qui expriment une origine ethnique et de provenance de la Thrace orientale et de l'Anatolie. - régions qui forment aujourd'hui les frontières modernes de la République de Turquie :

Nom de famille utilisé en Algérie Turc Traduction en français
Baghlali Bağlılı de Bağlı (à Çanakkale)[56]
Bayasli Payaslı de Payas[57]
Benkasdali
Benkazdali
Ben Kazdağılı Je suis de Kazdağı[58],[59]
Benmarchali Ben Maraşlı Je suis de Maraş[60]
Benterki Ben Türk je suis Turc[61]
Bentiurki
Benturki
Ben Türk Je suis Turc[61]
Ben Turkia
Ben Turkiya
Ben Türkiye Je suis de Turquie[61]
Bersali
Borsali
Borsari
Borsla
Bursalı de Bursa[61],[62]
Boubiasli Payaslı de Payas[57]
Chatli Çatlı de ÇatErzurum)[63]
Chilali Şileli de Şileli (à Aydın)[64]
Cholli Çullu de Çullu (à Aydın)[64]
Coulourli Kuloğlu Kouloughli (mixte Turc et d'origine algérienne)[65]
Dengezli
Denizli
Denzeli
Denizli de Denizli[66]
Dernali Edirneli d'Edirne[67]
Djabali Cebali de Cebali (une banlieue d'Istanbul)[68]
Djeghdali Çağataylı Chagatai (langue turque)[69]
Djitli Çitli de Çit (à Adana ou Bursa)[70]
Douali Develi de DeveliKayseri)[67]
Guellati Galatalı de GalataIstanbul)[69]
Kamen Kaman Kaman (à Nevşehir)[71]
Karabaghli Karabağlı de Karabağ (in Konya)[71]
Karadaniz Karadeniz de la Mer Noire region[71]
Karaman Karaman de Karaman[71]
Kasdali
Kasdarli
Kazdağılı de Kazdağı[58]
Kaya
Kayali
Kayalı de Kaya (s'applique aux villages de Muğla et Artvin)[58]
Kebzili Gebzeli de Gebze (dans Kocaeli)[58]
Keicerli Kayserili de Kayseri[59]
Kermeli Kermeli du Gulf of Kerme (Gökova)[58]
Kezdali Kazdağılı de Kazdağı[59]
Kissarli
Kisserli
Kayserili de Kayseri[59]
Korghlu
Korglu
Koroghli
Korogli
Kuloğlu Kouloughli (mixte Turc et d'origine algérienne)[72]
Koudjali
Kouddjali
Kocaeli de Kocaeli[59],[65]
Koulali Kulalı de Kulalı (à Manisa)[65]
Kouloughli
Koulougli
Kouroughli
Kouroughlou
Kuloğlu Un Kouloughli (mixte Turc et d'origine algérienne)[65]
Kozlou Kozlu de KozluZonguldak)[59]
Manamani
Manemeni
Manemenni
Menemenli de MenemenIzmir)[73]
Mansali Manisalı de Manisa[73]
Meglali Muğlalı de Muğla[73]
Merchali
Mersali
Maraşlı de Maraş[73]
Osmane
Othmani
Osman
Osmanlı
Ottoman[51]
Ould Zemirli
Ould Zmirli
İzmirli de Izmir[74]
Rizeli Rizeli de Rize[75]
Romeili
Roumili
Rumeli de Rumelia[75]
Sanderli Çandarli de Çandarlı[75]
Sandjak
Sangaq
Sancak de [a] sanjak (une unité administrative de l'Empire Ottoman)[63]
Satli Çatlı de ÇatErzurum)[63]
Sekelli İskeleli de Iskele (à Muğla, Seyhan, ou l'ile de Chypre)[63]
Sekli Sekeli de Seke (à Aydın)[63]
Skoudarli Üsküdarlı de ÜsküdarIstanbul)[64]
Stamboul
Stambouli
İstanbulu de Istanbul[76]
Tchambaz Cambaz Cambaz (tr) (dans Çanakkale)[77]
Takarli Taraklı de Taraklı (dans Adapazarı)[64]
Tchanderli
Tchenderli
Çandarlı de Çandarlı[67],[75]
Tekali Tekeeli de Teke Peninsula[76]
Terki
Terqui
Türki langue Turque[78]
Terkman
Terkmani
Türkmenli Turkmène (d'Anatolie/Mesopotamie)[78]
Torki Türk Turc[78]
Tourki
Tourquie
Turki
Türk Turc[78]
Yarmali Yarmalı de Yarma (dans Konya)[74]
Zemerli
Zemirli
Zmerli
Zmirli
İzmirli de Izmir[74],[79]
Zemir
Zmir
İzmir Izmir[79]

La liste suivante est constituée d'exemples de noms de famille d'origine turque qui expriment une provenance d'installation de familles turques dans les régions d'Algérie :

Nom de famille utilisé en Algérie Turc Traduction en français
Tlemsanili
Tilimsani
Tilimsanılı de Tlemcen[78]

Les listes suivantes sont des exemples de noms de famille d'origine turque traditionnellement utilisés par les familles turques de Constantine : Acheuk-Youcef[80], Ali Khodja[80], Bachtarzi[80], Benabdallah Khodja[80], Benelmadjat[80], Bestandji[80], Bendali Braham[80], Bentchakar[80], Bensakelbordj[80], Bentchikou[80], Khaznadar[80], Salah Bey[80], Tchanderli Braham[80].

Par profession
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La liste suivante présente des exemples de noms de famille d'origine turque qui expriment l'occupation traditionnelle des familles turques installées en Algérie :

Nom de famille utilisé en Algérie Turc Traduction en français
Agha ağa agha[81]
Ahtchi ahçı, aşçı cuisinier, gardien de restaurant[81]
Anberdji ambarcı magasinier[81]
Aoulak ulak messager, coursier[56]
Arbadji arabacı conducteur[81]
Atchi atçı éleveur de chevaux[81]
Bacha paşa un pasha[82]
Bachagha başağa chef agha[82]
Bachchaouch başçavuş sergent-major[82]
Bachesais başseyis chef d'écurie[82]
Bachtaftar başdefterdar trésorier[82]
Bachtarzi baş terzi chef tailleur[82]
Bachtoubdji baştopçu chef canonnier, artilleur[82]
Baldji balcı fabricant ou vendeur de miel[82]
Bazarbacha
Bazarbarchi
pazarbaşı chef du bazar[57]
Benabadji ben abacı [Je suis] un fabricant ou un vendeur de vêtements[83]
Benchauch ben çavuş [Je suis un] sergent[60]
Benchoubane ben çoban [Je suis un] berger[61]
Bendamardji ben demirci [Je suis] un métallurgiste[83],[67]
Bendali ben deli [Je suis un] deli (Ottoman troops)[83]
Benlagha ben ağa [Je suis un] agha[60]
Benstaali ben usta [Je suis] un maître, un ouvrier, un artisan[60]
Bentobdji ben topçu [Je suis un] canonnier[61]
Bestandji
Bostandji
bostancı bostandji[62]
Bouchakdji bıçakçı coupeur[77]
Boudjakdji ocakçı ramoneur[77]
Boyagi boyacı peintre[62]
Chalabi
Challabi
çelebi personne instruite[77]
Chaouche çavuş sergent[63]
Chembaz
Chembazi
cambaz acrobate[64]
Damardji
Damerdji
demirci métallurgiste[83],[67]
Debladji tavlacı garçon d'écurie ou joueur de backgammon[66]
Dey dayı officier ou oncle maternel[66]
Djadouadji kahveci fabricant de café ou vendeur[84]
Djaidji çaycı vendeur de thé[84]
Doumandji dümenci timonier[84]
Doumardji tımarcı homme d'écurie[68]
Dumangi dümenci timonier[84]
Dumargi tımarcı homme d'écurie[68]
Fenardji fenerci gardien de phare[68]
Fernakdji fırıncı boulanger[68]
Hazerchi hazırcı vendeur de prêt-à-porter[70]
Kahouadji kahveci propriétaire de café ou cafetier/producteur de café[70]
Kalaidji kalaycı étameur[71]
Kaouadji kahveci propriétaire de café ou cafetier/producteur de café[70]
Kasbadji kasapcı boucher[58]
Kassab Kasap boucher[58]
Kaznadji hazinedar chargé du Trésor[58]
Kebabdji kebapçı vendeur de kebab[85]
Kehouadji kahveci propriétaire de café ou cafetier/producteur de café[58]
Ketrandji katrancı vendeur de goudron[59]
Khandji hancı aubergiste[70]
Khaznadar hazinedar Chargé du Trésor[70]
Khaznadji hazinedar Chargé du Trésor[85]
Khedmadji hizmetçi servant, aide[85]
Khodja
Khoudja
hoca enseignant[85]
Louldji lüleci fabricant ou vendeur de tuyaux[73]
Koumdadji komando commando[65]
Moumdji
Moumedji
mumcu fabricant de bougies[86]
Ouldchakmadji çakmakçı fabricant ou vendeur de silex/
maker or repairer of flintlock guns[86]
Nefradji nüfreci prépare des amulettes[86]
Pacha paşa un pasha[86]
Rabadji arabacı conducteur[65]
Rais reis chef, dirigeant[65]
Saboudji
Saboundji
sabuncu fabricant ou vendeur de savon[75]
Selmadji silmeci nettoyeur[64]
Serkadji sirkeci fabricant ou vendeur de vinaigre[64]
Slahdji silahçı armurier[64]
Staali usta maître, ouvrier, artisan[76]
Tchambaz cambaz acrobate[77]
Autres noms de famille
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Nom de famille utilisé en Algérie Turc Traduction en français
Arslan aslan un lion[81]
Arzouli arzulu désireux, ambitieux[81]
Baba
Babali
baba un père[56]
Badji bacı sœur aînée[56]
Bektach bektaş membre de l'Ordre Bektashi[57]
Belbey bey monsieur, messieurs[57]
Belbiaz beyaz blanc[57]
Benchicha ben şişe [Je suis] une bouteille[60]
Benhadji ben hacı [Je suis] un Hadji[83]
Benkara ben Qāra De l'Anatolie occidentale[60]
Bensari ben sarı [Je suis] blond[60]
Bentobal
Bentobbal
ben topal [Je suis] infirme[61]
Bermak parmak doigt[61]
Beiram
Biram
bayram vacances, festival[62]
Beyaz beyaz blanc[61]
Bougara
Boulkara
bu kara [c'est] sombre[61],[77]
Boukendjakdji kancık méchant[77]
Caliqus çalıkuşu crête d'or[77]
Chalabi
Challabi
çelebi personne instruite[75]
Chelbi çelebi personne instruite[63]
Cherouk çürük pourri[64]
Dali
Dalibey
Dalisaus
deli courageux, fou[67]
Damir demir métal[67]
Daouadji davacı plaideur[67]
Deramchi diremci monnaie[66]
Djabali çelebi personne instruite[68]
Doumaz duymaz sourd[68]
Eski eski vieux[68]
Gaba kaba brut, lourd[68]
Goutchouk küçük petit[70],[72]
Gueddjali gacal domestique[69]
Guendez gündüz jour[69]
Guermezli görmezli aveugle[70],[72]
Guertali kartal aigle[70]
Hadji hacı Hadji[70]
Hidouk haydut bandit[85]
Ioldach yoldaş compagnon[86]
Kara kara sombre, noir[86]
Karabadji kara bacı soeur sombre, noire[71]
Kardache kardeş frère[71]
Karkach karakaş sourcils foncés[86]
Kermaz görmez aveugle[70],[72]
Kerroudji kurucu fondateur, bâtisseur, vétéran[59]
Kertali kartal aigle[59]
Koutchouk küçük petit[70],[72]
Lalali
Lalili
laleli tulipe[72]
Maldji malcı éleveur de bétail[86]
Mestandji mestan ivre[86]
Oldach yoldaş compagnon[86]
Oualan oğlan garçon[74]
Ouksel yüksel réussir, atteindre[74]
Ourak orak faucille[74]
Salakdji salakça idiot[75]
Salaouatchi
Salouatchi
salavatçaı prière[75]
Sari sarı jaune ou blond[63]
Sarmachek sarmaşık vin[63]
Sersar
Sersoub
serseri paresseux, vagabond[64]
Tache taş pierre, caillou[77]
Tarakli taraklı ayant un peigne, une crête[77]
Tchalabi çelebi personne instruite[77]
Tchalikouche çalıkuşu crête d'or[77]
Tenbel tembel paresseux[78]
Tobal
Toubal
topal handicaper[78]
Yataghan
Yataghen
yatağan yatagan[74]
Yazli yazılı écrit[74]
Yekkachedji yakışmak convenir[79]
Yesli yaslı deuil[79]
Yoldas yoldaş compagnon[86]

Démographie

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Selon l'ambassade turque en Algérie, il y a entre 600 000 et 700 000 personnes d'origine turque vivant en Algérie[87]. En 1953, Sabri Hizmetli suggéré que les personnes d'origine turque représentent 25 % de la population totale en Algérie[88]. Cependant, un rapport de l'Oxford Business Group en 2008, a déclaré plus de prudence dans l'estimation, qui suggère que les personnes d'origine turque représentent 5 % de la population totale de l'Algérie[89].

Zones d'établissement

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Depuis l'ère ottomane, la société urbaine des villes côtières d'Algérie s'est transformée, plus bigarrées que la campagne, en raison d'une forte présence turque, kouloughlie, arabe, berbère et judéo-berbère[90]. En effet, les Turcs se sont installés principalement dans les grandes villes de l'Algérie qui comptaient alors leurs quartiers turcs : parfois ces vieux quartiers turcs sont encore visibles aujourd'hui[91], comme à Alger, en particulier dans la Casbah[92],[93], Béjaia[94],Constantine dans la vielle ville, Biskra[95], Bouïra[96], Médéa[97],[93], à Mostaganem[98] qui comptait beaucoup de kouloughlis, et à Tlemcen qui à sa conquête par la France en 1842 comptait 10 % de population turque dont un fort pourcentage de kouloughlis[99], Oran (comme dans La Moune[100] notamment autour de la mosquée Hassan Pacha[101]). Aujourd'hui, les descendants des turcs ottomans continuent de vivre dans les grandes villes, en particulier dans la wilaya de Tlemcen, où les kouloughlis ont traditionnellement une forte présence[102].

La minorité turque a également été importante dans diverses autres cités et villes : il existe une communauté d'origine turque à Arzew[103], à Cherchell[104], à Constantine, à Djidjelli[94], à Mascara, à Mazagran[103], à Oued Zitoun[105], à Mila, à Tébessa[94].Il en est de même s'agissant de Bordj Zemoura situé à 34 Km au Nord de Bordj Bou Arreridj,ancien fort Ottoman,fondé par Hassan Pacha, fils et successeur de Kheir Eddine qui vers 1560 luttait contre la tribu des Beni Abbas.De nombreuses familles de Bordj Zemmoura portent à ce jour des noms à consonance turque[106]: Berendji, Kal'Ali, Salakdji, Cherouk,Osmane, bestandji,Boufedji, Grig-ahcine, Dali-Osmane, Chelebi, Kara, Bendali,Beredjem...).

En outre, plusieurs quartiers, cités et villes, habitées par les Turcs durant des siècles, ont des noms évoquant cette ancienne présence : le district d'Aïn El Turk (littéralement « fontaine des Turcs ») à Oran, la ville d'Aïn Torki dans la wilaya de Aïn Defla, la commune d'Aïn Turk à Bouïra, la ville de Bir Kasdali dans la daïra de Bir Kasdali dans la province de Bordj Bou Arréridj, la ville de Bougara et la daïra de Bougara situé dans la wilaya de Blida, la commune Hussein-Dey dans la daïra de Hussein-Dey dans la wilaya d'Alger, ainsi que dans la ville de Salah Bey dans la daïra de Salah Bey, nommée en l'honneur de Salah Bey, moudjahidin mort au combat durant la guerre d'Algérie, dans la wilaya de Sétif[107].

De nombreux algériens turcs ayant émigré vers d'autres pays, font partie de la diaspora algérienne : par exemple, il y a une communauté algérienne d'origine turque en Angleterre[108],[109] qui se réunit à la mosquée de Suleymaniye de Londres[110].

Personnes notables

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Notes et références

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  1. Dès le début, les Français ont vu l'Afrique du Nord à travers une vue manichéenne. Les arabes et les berbères sont devenus les principales catégories ethniques par lesquelles les Français classent la population (Lorcin 1995: 2). Cela s'est produit malgré le fait que le territoire abritait une population diverse et fragmentée comprenant non seulement divers groupes tribaux arabes et berbères, mais aussi des Turcs, des Andalous (descendants des Maures exilés d'Espagne pendant la reconquista), les Kouloughlis (descendants d'hommes turcs et de femmes nord-africaines), des Noirs (principalement esclaves ou anciens esclaves) et des Juifs.
  2. Parmi les noms de famille d'origine turque, les plus nombreux sont ceux qui expriment une provenance ou une origine ethnique, c.-à-d., les noms qui sont dérivés de toponymes ou d'ethnonymes turcs.
  3. Les Turcs ou leurs descendants en Algérie sont bien considérés, ont même une association (Association des Turcs algériens), sont souvent des lettrés se fondant naturellement dans la société...Les Kouloughlis (kulughlis en Turc) sont des descendants de Turcs ayant épousé des autochtones pendant la colonisation (la régence) au XVIe et XVIIe siècle... Ce qu'il reste des Turcs en Algérie ? De nombreux éléments culturels, culinaires ou architecturaux, de la musique... Des mots et du vocabulaire, des noms patronymiques comme Othmani ou Osmane (de l'empire Ottoman), Stambouli (d'Istambul), Torki (Turc) ou des noms de métiers ou de fonctions, qui sont devenus des noms de famille avec le temps.
  4. Messali Hadj est né le 16 mai 1898 à Tlemcen. Sa famille d'origine kouloughli (père turc et mère algérienne) et affiliée à la confrérie des derkawa vivait des revenus modestes d'une petite ferme située à Saf-Saf.

Références

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  128. Achour Cheurfi (2001), La Classe Politique Algérienne (de 1900 à nos jours): Dictionnaire Biographique, Université de Michigan, p. 96. « BENSMANIA Abdelhalim (1866-1933) Né à Alger dans une famille d'origine turque, son père Ali Ben Abderrahmane Khodja, dernier muphti malékite d'Alger, attacha une grande importance à son éducation morale et religieuse »
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Bibliographie

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  • Pessah Shinar, "The Historical Approach of the Reformist ‘Ulama’ in the Contemporary Maghrib", Modern Islam in the Maghrib, Max Schloessinger Memorial Foundation, 2004.

Articles connexes

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