Pessi
Les Pessi sont des membres d’un mouvement francophone de trollage Internet apparu dans les années 2020 et particulièrement actifs sur le média social X (anciennement Twitter).
Étymologie
[modifier | modifier le code]Le terme serait un mot-valise issu de « penalty » — loi 14 du football, une sanction de tir au but infligée en cas de faute grave commise dans la surface de réparation — et du nom de famille du joueur argentin Lionel Messi. Ce dernier serait vu comme avantagé par les arbitres par une quantité excessive de penalties qui lui seraient accordés ou bien pour le nombre important qu’il en raterait[1],[2],[3].
Histoire
[modifier | modifier le code]Le mouvement, pensé comme une blague, prend naissance à la fin de l’année 2020 sur le réseau social Twitter. Passionnés de football, ses premiers adeptes, à travers leurs propres codes, investissent les publications Twitter du compte ActuFoot (qui a alors 2,8 millions d’abonnés). Ces Pessi ramifient par la suite leur activité à travers les « FC », équivalents des clubs de football ; fin , BFM TV en dénombre une quarantaine, dont « FC Gênant », « FC Hominisme » et « FC Boulangerie ». La connaissance des règles du média social, couplée à la coordination des comptes impliqués, permet un mode opératoire rodé autour des raids numériques. Ces derniers permettent ainsi de noyer un profil de commentaires inoffensifs (donc non modérés), de faire remonter des sujets en « tendances » ou de donner une visibilité à des causes importantes pour eux, de signaler massivement un profil en vue de sa suspension[4].
Les Pessi peuvent s’aligner avec des sujets d’actualité. Parmi les personnalités, ils s’attaquent ainsi début 2021 au polémiste Jean Messiha, au journaliste sportif Pierre Ménès, au Premier ministre Jean Castex, à l’adolescente Mila dont le compte parvient à être suspendu (Twitter rétropédalant ensuite en invoquant l’« erreur ») ou encore à la ministre Marlène Schiappa qui fait passer provisoirement son compte en « privé » avant de déposer plainte. Le compte de l’ambassade de Chine en France devient également une cible : près de 27 000 réponses sont glissées sous un seul tweet en soutien à la cause ouïghoure[4],[3],[5].
Si l’espace médiatique cesse d’en faire l’écho, l’activité du mouvement n’en demeure pas moins existante. Celui-ci attire d’ailleurs de nouveau l’attention début 2024 en déclinant son activité sur le réseau professionnel LinkedIn. Partant de l'idée du compte Pid Puu sur X qui souhaite « que les Pessi se créent un compte Linkedin et aillent polluer l’appli », plus de 2 000 comptes sont créés sur ce réseau LinkedIn aux antipodes de l’esprit plaisantin[6],[7]. Victime de nombreux commentaires sur ce réseau, la députée Sandrine Le Feur (Renaissance) les désactive et dénonce une « vague de harcèlement »[7].
Identité
[modifier | modifier le code]Sur X (anciennement Twitter), les photos de profil des comptes affiliés reprennent le photomontage d’un selfie de Lionel Messi dont les cheveux sont effacés. Le mot d’ordre lors des raids se veut être « Pas d’insulte ou de menace de mort, soyez de bons Pessi » et les échanges trollesques sont généralement ponctuées de réponses typiques comme « hurle », « miaule », « chiale », « aboie », « couine » ou « reste digne »[1],[4],[3]. Il peut parfois s’agir d'extraits de chansons (en particulier Dans le club de Michou) ou d’« hymnes à leur gloire ». De fait, l’idée est d’éviter un humour agressif au profit d’un humour absurde[6],[3].
Références
[modifier | modifier le code]- « Les Pessi, les trolls du moment sur Twitter », France Inter, (lire en ligne , consulté le )
- Aubin Laratte, « Des ratés de Messi aux raids politiques sur Twitter... le drôle de délire du mouvement Pessi », Le Parisien, (lire en ligne , consulté le )
- Lise Lohez, « Qui sont les Pessi, ces trolls qui envahissent Twitter ? », Cnews, (lire en ligne , consulté le )
- Elsa Trujilo, « Schiappa, Ménès : qui sont les “Pessi”, ces “justiciers” du web qui enchaînent les raids numériques », BFM TV, (lire en ligne , consulté le )
- Elise Viniacourt et Julien Lecot, « Les “Pessi”, justiciers autoproclamés de Twitter et spécialistes des raids numériques », Libération, (lire en ligne , consulté le )
- Jean-Loup Delmas, « Réseaux sociaux : “On vient semer le troll et la vérité”… LinkedIn va-t-il survivre à l’invasion des Pessi ? », 20 Minutes, (lire en ligne , consulté le )
- « Réseaux sociaux : trois questions sur les “Pessi”, ces trolls apparus sur Twitter qui s’attaquent désormais à LinkedIn », France Info, (lire en ligne , consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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