Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Salut à trois doigts

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le salut à trois doigts est réalisé avec le pouce, l'index et le majeur tendus et les autres doigts pliés, dans le cas du salut serbe par exemple, ou bien avec l'index, le majeur et l'annulaire tendus et le pouce venant se replier sur l'auriculaire dans le cas entre autres du salut scout. C'est un geste dont l'usage et la symbolique peuvent varier en fonction des usages héraldique, religieux, protocolaire ou politique. Il est communément[évasif] utilisé lors de prestation de serment. Il peut être désigné sous différents noms en fonction de l'usage.[réf. nécessaire]

Prestation de serment

[modifier | modifier le code]
Prestation de serment d'Elisabeth Kopp, élue au Conseil fédéral, le .
Photographie de quatre personnes, trois hommes et une femme, levant leur main droite au ciel avec le pouce, l'index et le majeur écarté.
Assermentation du gouvernement glaronais lors de la Landsgemeinde en 2014.

En Suisse, il est coutumier de lever la main droite avec trois doigts levés (pouce, index, majeur) lors de la prestation de serment. Ce geste rappelle la prestation de serment du Grütli qui est souvent représentée par trois hommes faisant ce signe pour marquer l'alliance des trois premiers cantons de Suisse centrale fondateurs de la Confédération des III cantons contre leur ennemi commun la maison des Habsbourg. Ce signe est une invocation à la Trinité et rappelle que le serment est pris avec Dieu comme témoin[1].

Prestation de serment de nouvelle recrue en 2013.

Un autre exemple de l'utilisation de ce signe est la prestation de serment des nouvelles recrues de la garde suisse pontificale qui se déroule chaque année, le , dans la cour Saint-Damase au palais du Vatican devant un représentant du pape[réf. nécessaire]. Ceux-ci prêtent serment en faisant le salut à trois doigts de la main droite et en empoignant l'étendard de la garde de la main gauche[2].

Salut à trois doigts scout en 1996.

Le salut se pratique couramment avec la main droite après avoir prononcé sa promesse[réf. nécessaire]

Selon les Scouts et Guides de France, « Les trois doigts levés symbolisent les trois devoirs (envers soi, envers les autres et envers Dieu), le pouce sur le petit doigt symbolise le fort qui protège le faible »[3].

Signe de ralliement national

[modifier | modifier le code]

Asie du Sud-Est

[modifier | modifier le code]
Des manifestants contre le coup d'État de 2021 en Birmanie font le salut à trois doigts.

La série de films Hunger Games diffusée à partir de 2012 est un succès en Asie du Sud-Est. Elle montre des oligarques qui détiennent le pouvoir et une révolte de villageois faisant un salut à trois doigts comme signe de résistance. Le symbole est récupéré d'abord en Thaïlande en 2014 par les militants pro-démocratie contre le coup d'État de 2014 en Thaïlande[4],[5]. Certains manifestants expliquent au début de la révolte que les trois doigts signifient chacun des éléments de la devise Liberté, Égalité, Fraternité[6]. Au début du mouvement, le signe des trois doigts d'une main était accompagné de l'autre main sur la bouche, en référence à la liberté d'expression[7].

Ce symbole a également été repris en Birmanie à la suite du coup d'État militaire du renversant le gouvernement d’Aung San Suu Kyi[8]. Dans le contexte de la Milk Tea Alliance, les militants pro-démocratie birmans reprennent le symbole utilisé en Thaïlande[9].

Le salut à trois doigts est également utilisé par les militants pro-démocratie de Hong Kong[10].

Le salut à trois doigts est utilisé par les nationalistes et les séparatistes siciliens. Il représente le Trinacria présent sur le drapeau de la Sicile[11].

Il a particulièrement été utilisé durant le mouvement pour l'indépendance de la Sicile.

Lithographie de 1882 comportant des saluts à trois doigts lors du Second soulèvement serbe de 1815.
Salut à trois doigts serbe moderne.

Il existe plusieurs hypothèses quant à l'origine de ce geste, la plus répandue étant que les Serbes, en majorité chrétiens orthodoxes, utilisent ces trois doigts pour se signer en référence à la Trinité chrétienne, il est utilisé depuis la conversion des Serbes au christianisme au début du Moyen Âge. Il était un salut qui montrait que l'on était chrétien et non bogomile.

Il existe depuis quelque année une théorie que l’hypothèse serbe à l’origine de ce geste, soit plus ancienne daterait de l’antiquité qui lie a une divinité Phrygienne, Sabazios.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le salut aurait été utilisé en signe de résistance aux Oustachis soutenus par les nazis[12],[13],[14].

Certains partis politiques ont tenté de récupérer ce symbole national, comme le Mouvement politique royaliste serbe, le symbolisme chrétien a alors été remplacé par : « le premier doigt pour Saint Sava, le second pour Njegoš et le troisième pour Karađorđe », sans grand succès.

Plus tard les Tchetniks ont aussi utilisé ce salut lors de la guerre de Yougoslavie[15].[Quoi ?]

Lors de la cérémonie d'ouverture de Jeux olympiques d'été de 2008, le ministre des affaires étrangères serbe du Parti démocratique (Serbie), Vuk Jeremić salua la délégation serbe avec un salut à trois doigts. En , après un match au Portugal validant la qualification de la sélection nationale serbe pour le Mondial 2022 au Qatar, plusieurs joueurs célèbrent la victoire en effectuant ce geste, dont Dušan Vlahović et Stefan Mitrović[16].

Si ce salut en Serbie n'est pas strictement lié au nationalisme serbe, son usage reste controversé. Comme la politologue Anamaria Dutceac Segesten le remarque, l'importance du salut reste diverse : bien qu'il ait été utilisé par les nationalistes, il n'est pas pour autant monopolisé en tant que tel car il existait déjà avant l'apparition du nationalisme[17].

Drapeau du parti Svoboda avec son salut à trois doigts.

Le salut à trois doigts apparaît comme une référence au tryzoub présent sur les armoiries de l'Ukraine. Ce salut serait apparu comme signe lié au ralliement pour l'indépendance de l'Ukraine à la fin des années 1980[18],[19]. On le trouve également employé par le parti nationaliste Svoboda[19] dont il devient le symbole à partir de 2004.

Salut politique

[modifier | modifier le code]

Salut de Kühnen

[modifier | modifier le code]

Le salut de Kühnen, ou Kühnengruss en allemand, est une alternative au salut nazi souvent utilisée par les militants nationalistes ou néo-nazis afin de contourner les législations interdisant le salut nazi. Ce salut est illégal en Allemagne[20],[21],[22],[23].

Ku Klux Klan

[modifier | modifier le code]

Depuis 1915 le Ku Klux Klan, organisation suprémaciste blanche utilise le geste des 3 doigts en références au trois K du mouvement[24].

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Joseph Barthélemy et Paul Duez, Traité de droit constitutionnel, Dalloz, , 955 p., p. 85.
  2. Anne Kurian-Montabone, « Garde suisse : prêter serment c’est prendre Dieu à témoin », sur fr.zenit.org, .
  3. « LA LOI ET LA PROMESSE CHEZ LES SCOUTS-GUIDES », sur scoutsguides.sgdf.fr (consulté le ).
  4. Elisabeth Pierson, « Trois doigts levés vers le ciel : comment le film Hunger Games inspire la contestation en Birmanie », sur lefigaro.fr, .
  5. Pablo Maillé, « Comment « Hunger Games » a inspiré les manifestants thaïlandais », sur usbeketrica.com, .
  6. AFP, « Thaïlande: le salut de The Hunger Games, symbole de révolte », sur lexpress.fr, .
  7. Bruno Philip, « Thaïlande : trois doigts levés en signe de défi », sur lemonde.fr, .
  8. « Contestation. Birmanie : le salut à trois doigts de “Hunger Games” comme geste de ralliement », sur Courrier International, (consulté le ).
  9. Radio Free Asia, « Politique. En Asie, l’“Alliance du thé au lait” soutient les manifestants birmans », sur courrierinternational.com, .
  10. AFP, « Des figures du combat prodémocratie à Hongkong au tribunal pour une manifestation en 2019 », sur letemps.ch, .
  11. (it) Uboldi, Raffaello, I giorni dell'odio e della libertà. Mondadori, Mondadori, 25 aprile 1945, p86.
  12. (en) Nataša Mataušić (hr), « Racial Laws in the Independent State of Croatia », dans Jasenovac Concentration Camp, Routledge, , 55–73 p. (ISBN 978-1-003-32663-2, lire en ligne).
  13. (en-US) « United States Holocaust Memorial Museum », sur ushmm.org (consulté le ).
  14. (en) « JUSP Jasenovac - Jasenovac Memorial Site », sur jusp-jasenovac.hr (consulté le ).
  15. (en) International Tribunal for the Prosecution of Persons Responsible for Serious Violations of International Humanitarian Law Committed in the Territory of Former Yugoslavia since 1991 (lire en ligne).
  16. Yann Dey-Helle, « Serbie: une qualification et une célébration ultra-nationaliste », sur Dialectik Football, (consulté le ).
  17. (en) Anamaria Dutceac Segesten, 2011. Myth, Identity, and Conflict: A Comparative Analysis of Romanian and Serbian Textbooks. Lexington Books.
  18. (en) « Orange Revolution serves as a model for public school students in the South Bronx », The Ukrainian Weekly (en),‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le ).
  19. a et b (en) Tadeusz Olszański (pl), Svoboda party – the new phenomenon on the Ukrainian right-wing scene « https://web.archive.org/web/20120401070710/http://www.osw.waw.pl/en/publikacje/osw-commentary/2011-07-05/svoboda-party-new-phenomenon-ukrainian-rightwing-scene »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), , Centre for Eastern Studies ().
  20. (de) « "Kühnengruß oder sechs Bier bei FPÖ-Parteitag?" »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur kleinezeitung.at (consulté le ) : « Second paragraphe: "Le Kühnengruß est considéré comme une variation du salut nazi. Le bras droit est levé avec les trois doigts tendus. En Autriche, contrairement à l'Allemagne, ce salut n'est pas interdit." »
  21. Nicolas Massol, « Salut néonazi et drapeau marocain piétiné : la soirée foot de militants de Reconquête », sur Libération, (consulté le ).
  22. Ricardo Parreira, « kuhnen - Indextreme : Observer, répertorier et connaître les symboles graphiques du fascisme en France », sur indextreme.fr (consulté le ).
  23. Nathan Chaize, « Des militants d'extrême droite s'introduisent à l'université Lyon 3 », sur Lyon Capitale, (consulté le ).
  24. (en) « Ku Klux Klan hand sign », sur adl.org.