Julien Panchot
Naissance | Canohès (Pyrénées-Orientales) |
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(à 43 ans) Valmanya (Pyrénées-Orientales) |
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Prosper |
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Julien Panchot (Canohès, - Valmanya, ), est un militant communiste et résistant français. Engagé très jeune dans la vie politique, il participe à la guerre d'Espagne au sein des brigades internationales puis, lors de la Seconde Guerre mondiale, se tourne tout naturellement vers la résistance contre le Troisième Reich. Membre des Francs-tireurs et partisans et personnalité importante de la résistance dans les Pyrénées-Orientales, il est tué lors de l'attaque de son maquis par l'armée allemande.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et engagement
[modifier | modifier le code]Julien Panchot naît le 16 avril 1901 à Canohès dans les Pyrénées-Orientales, au sein d'une famille de cultivateurs[1],[2]. À l'instar de leur père, inscrit à la SFIO depuis 1904, Julien et son frère aîné Barthélémy adhèrent à la section socialiste de Canohès dès la fin de la Première Guerre mondiale et prennent position pour la IIIe Internationale[3]. En 1921, Julien commence son service militaire dans la Marine. Incorporé le 1er avril 1921 au 5e dépôt des équipages de la flotte à Toulon, il effectue une première campagne en mer du 23 juillet 1921 au 7 juin 1922 à bord du croiseur cuirassé Waldeck-Rousseau[2]. Promu matelot de 3e classe le 11 juin 1922, il est ensuite affecté sur l'Edgar Quinet du 23 novembre 1922 au 28 février 1923[2]. Libéré le 5 avril suivant avec un certificat de très bonne conduite, il adhère au Parti communiste français (PCF) puis part pour la Tunisie où il rejoint son frère Barthélémy qui a participé à la création du Parti communiste tunisien[2],[3]. Les deux frères militent ensemble jusqu'au retour en France de Julien en 1926[4]. Devenu chauffeur routier à Canohès, il continue de militer activement au niveau local.
Dans le cadre de la guerre d'Espagne, il est volontaire pour les brigades internationales dès leurs création en 1936[4]. Il effectue pour le compte du Comité d'aide à l'Espagne républicaine des livraisons de matériel, aidé par son plus jeune frère, Aristide[3]. Le 15 avril 1937, les deux frères sont arrêtés près de Tortosa par des soldats italiens qui les livrent aux troupes franquistes[3]. Internés au camp de San Pedro de Cardeña, ils sont transférés au camp de Miranda au début de l'année 1939 mais en sont libérés dès le mois de février à la suite des interventions d'André Marty et du journal Le Travailleur catalan auprès du gouvernement français[3],[4].
Seconde Guerre mondiale
[modifier | modifier le code]Au début de la Seconde Guerre mondiale, Julien Panchot n'est pas mobilisé[4]. Le PCF étant interdit en France pour avoir approuvé le pacte germano-soviétique, Julien et Barthélémy contribuent à le perpétuer localement de manière clandestine. Après l'opération Barbarossa, les communistes étant officiellement entrés en résistance contre l'occupant allemand, Julien Panchot participe à la mise en place du Front national dans les Aspres[3]. À l'été 1942, il est l'un des organisateurs des Francs-tireurs et partisans (FTPF) dans les Pyrénées-Orientales[3],[4]. Au bout de deux ans d'action, la menace d'arrestation étant de plus en plus forte, il entre dans la clandestinité totale à l'été 1944 et rejoint le maquis FTPF Henri-Barbusse[3].
Constitué au-dessus de Vernet-les-Bains, ce maquis opère sur le versant Conflent au nord du massif du Canigou et travaille en étroite collaboration avec l'Agrupación de Guerrilleros Españoles (AGE) qui occupe le versant Vallespir au sud[4]. Barthélémy Panchot se voit confier le commandement du maquis Henri-Barbusse et nomme son frère Julien comme adjoint, le chargeant de la direction politique[4]. Le maquis affronte régulièrement les troupes allemandes et la milice française. Le 8 juin 1944, un accrochage a lieu avec des soldats de la wehrmacht près de Fillols puis un combat a lieu contre des miliciens le 27 juin près du pic de Cogoullo, au-dessus de Vernet-les-Bains[3]. Les maquisards se regroupent alors au refuge des Cortalets près duquel un autre accrochage a lieu le 7 juillet[3]. Après s'être emparé d'un butin au bureau de la perception de Prades le 29 juillet en compagnie de l'AGE, les hommes d'Henri-Barbusse se réfugient aux mines de la Pinosa, près du village de Valmanya[3],[4].
Dans le même temps, envisageant un débarquement allié sur les côtes méditerranéennes, l'armée allemande entreprend de réduire au silence les maquis opérant entre Toulouse et la vallée du Rhône, notamment ceux des Pyrénées-Orientales, de l'Aude, de l'Hérault et du Gard[4]. Les maquis du massif du Canigou étant visés et l'attaque de Prades ayant peut-être servi d'accélérateur, l'armée allemande, aidée de la milice et bénéficiant des renseignements fournis par Nessim Eskenazi, envisage de détruire le maquis Henri-Barbusse en passant par Valmanya[4],[5]. Prévenus de l'attaque le 31 juillet 1944, les FTPF organisent la défense et, retardant l'ennemi, permettent à la majeure partie des habitants du village de se réfugier dans la montagne[3],[4]. Entre le 1er et le 3 août, les résistants sont cependant contraints de se replier et les allemands détruisent le village et massacrent quelques villageois qui n'avaient pu s'enfuir[4],[5]. Pendant ce temps, Julien Panchot est posté près du puig de l'Estella sur la crête qui domine les mines de la Pinosa[4]. À la tête d'une dizaine d'hommes et armé d'un fusil-mitrailleur MAC 24/29, il est chargé de ralentir les troupes ennemis arrivant par le versant sud en provenance d'Arles-sur-Tech[4]. Le 2 août au matin, il doit à son tour se replier sur les mines de la Pinosa.
Sur le site des mines, il couvre la retraite de ses camarades maquisard qui se replient vers le nord[4]. Blessé pendant l'action, il est capturé par les Allemands qui le torturent et le mutilent[3],[4]. Ne pouvant plus tenir debout, il est fusillé assis contre le mur de la cantine des mines[4]. Son corps est récupéré le 29 août suivant par son frère Barthélémy[3],[4]. Il est inhumé dans son village natal de Canohès[4].
Hommages
[modifier | modifier le code]- Une importante avenue de Perpignan a été baptisée en son honneur[6]. Son nom a aussi été donné à des rues de Alénya[7], Argelès-sur-Mer[8], Brouilla[9], Cabestany[10], Ille-sur-Têt, Le Soler[11], Toulouges[12] et Villeneuve-de-la-Raho[13].
- Dans son village natale de Canohès, l'école élémentaire et une salle communale ont été baptisées en son honneur[14]. Son nom figure également sur le monument aux morts de la commune[15].
- À Valmanya, son nom est inscrit sur une plaque commémorative dans la crypte aménagée en hommage aux victimes du massacre d'août 1944[16], aux résistants et aux déportés. Une plaque est également apposée sur les murs d'un bâtiment des mines de la Pinosa, à l'endroit même de son exécution[17].
Controverse
[modifier | modifier le code]Plusieurs versions s'opposent sur les raisons du massacre de Valmanya et l'attaque du maquis Henri-Barbusse. Plan d'attaque globale prévu de longue date pour les uns, volonté de représailles renforcée par l'obédience communiste du maquis pour les autres[4],[5]. Une controverse existe également sur les circonstances de la mort de Julien Panchot, certains acteurs de l'époque ayant évoqué sa sévérité idéologique et stalinienne[4],[5]. Un témoin de l'attaque des mines de la Pinosa aurait affirmé que Julien Panchot a tiré sur certains de ses propres hommes qui s'enfuyaient et qu'il aurait lui-même été blessé par l'un de ses maquisards, facilitant ainsi sa capture par les allemands[4],[5].
Références
[modifier | modifier le code]- Acte de naissance Julien Panchot - Côte 2E4409 - Archives Départementales 66
- « Registre Matricule Julien Panchot - Côte 1R575 », sur Archives Départementales 66
- « Canohès : hommage aux frères Panchot, « combattants antifascistes de la première heure » | Ouillade.eu » (consulté le )
- « PANCHOT Julien, Baptiste, Pierre ["Prosper" dans la clandestinité] - Maitron », sur fusilles-40-44.maitron.fr (consulté le )
- Valmanya : autopsie d'une tragédie - André Souccarat
- « Avenue Julien Panchot - Perpignan », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Alénya », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Argelès-sur-Mer », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Brouilla », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Cabestany », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Le Soler », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Toulouges », sur GoogleMaps
- « Rue Julien Panchot - Villeneuve-de-la-Raho », sur GoogleMaps
- « École Julien Panchot - Canohès », sur Ministère de l'Éducation Nationale
- « Monument aux Morts - Canohès », sur MémorialGenWeb
- « Crypte de Valmanya », sur MémorialGenWeb
- « Plaque commémorative Julien Panchot - Mines de la Pinosa », sur MémorialGenWeb
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- .
- Ramon Gual et Jean Larrieu, Vichy, l'occupation nazie et la résistance catalane, Terra Nostra, (ASIN B000X9Y9C8).
- Franck Liaigre, Les FTP : Nouvelle histoire d'une résistance, Éditions Perrin, (ASIN B07LH3CZ7P).
- Étienne Frenay, « Les communistes et le début de la Résistance en Roussillon », Le Travailleur catalan, .
- SEB, « Valmanya : quand la légende résiste ! », L'Indépendant, .
- André Balent, Pierre Chevalier et Georges Sentis, « Le maquis Henri-Barbusse, la mort de Julien Pancho », Midi rouge, Association Le Maitron, no 31, .
Filmographie
[modifier | modifier le code]- André Souccarat, Valmanya : autopsie d'une tragédie, 2007-2011
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Libération de la France
- Maquis (résistance)
- Liste de massacres perpétrés par les forces allemandes en France durant la Seconde Guerre mondiale
- 1944 dans les Pyrénées-Orientales
Liens externes
[modifier | modifier le code]- André Balent, « Julien Panchot », sur Maitron.fr
- Charlotte Coutard, « Il y a 70 ans, la bataille de Valmanya », sur Francebleue.fr
- Résistant communiste français
- Personnalité liée aux Pyrénées-Orientales
- Résistance dans les Pyrénées-Orientales
- Naissance en avril 1901
- Naissance dans les Pyrénées-Orientales
- Décès en août 1944
- Décès dans les Pyrénées-Orientales
- Décès à 43 ans
- Personnalité exécutée par le Troisième Reich
- Personne fusillée en France