Jean Jaquet
Naissance |
Chambésy (France) |
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Décès |
(à 84 ans) Grand-Saconnex (Suisse) |
Nationalité |
Française (de 1754 à 1813) Genevoise (de 1813 à 1815) (dès 1815) |
Pays de résidence | Suisse |
Profession | |
Activité principale |
Conseiller municipal de Genève et de Pregny, membre du Conseil Représentatif de Genève et membre de la Société des arts de Genève |
Jean Jaquet, né le à Chambésy (à l'époque en France) (originaire du même lieu) et mort le au Grand-Saconnex (GE), en Suisse, est un artiste, sculpteur, décorateur, architecte, personnalité politique genevoise.
Artiste de la fin du XVIIIe siècle et du tout début du XIXe siècle, qui a beaucoup travaillé dans la région genevoise et dans le canton de Vaud, Jean Jaquet est le plus connu des artistes actifs dans la région à cette époque[1].
Biographie
[modifier | modifier le code]Jean Jaquet[N 1] est le fils illégitime de François Jaquet, laboureur originaire de Cruseilles, et de Pernette Dupuis (?-1804), originaire de Maconay. Il est baptisé catholique, par le curé Burdet, le à l'église de Pregny. Son parrain est Jean Darnex et sa marraine Benoiste Dupuis[2]. En 1762, sa mère épouse François-Étienne Dupuis (?-1804), originaire de Saint-Martin de Tours (Lorraine). Sa mère et son beau-père sont alors fermiers au domaine du Château de Tournay, propriété de Charles de Brosses dont le locataire était, à cette époque, Voltaire. Après avoir passé sa scolarité à l'école du village, en 1767, il commence un apprentissage chez un maître plâtrier de Chambésy[3]. C'est à ce moment où il découvrit son goût pour l'art. À côté de cela, il suit des cours de dessin à l’École de dessin de Genève. Son travail minutieux et méticuleux attira l'attention de plusieurs personnalités genevoise tel que François Tronchin qui l'envoie, en 1781, à Paris chez Joseph Vernet, grâce auquel il peut s’inscrire à l’Académie royale de peinture et de sculpture[4]. Ce dernier lui trouva « de la modestie et du talent ». Jean Jaquet est alors présenté au sculpteur Augustin Pajou avec qui il apprend à devenir sculpteur d'ornement. Pendant son séjour à Paris, Jean Jaquet remportera un prix pour un trophée en bas-relief qu'il offrit plus tard à la Société des arts de Genève.
Jean Jaquet revient vire à Genève et, dès 1790, il est membre de la Société des arts de Genève, au sein de laquelle il prend une part active, occupé dès 1787 à l’administration des classes de dessin et comme conservateur des collections, qu’il s’attache à enrichir par de nouvelles acquisitions. Il s'occupera notamment de décoration de plusieurs demeures genevoises. Entre 1795 et 1796, sous l'impulsion de François Tronchin, il est même envoyé en Italie aux frais de la Société des arts pour y étudier l’architecture civile[5]. Au cours de ce voyage il acquiert un certain nombre d’œuvres d’art et notamment des plâtres, dont le moulage de l’Hercule Farnèse[6]. À Rome, il se lie d’amitié avec Antonio Canova, à qui il offre par la suite deux bustes en marbre, l’un de Voltaire, l’autre de Jean-Jacques Rousseau[7].
De retour à Genève, Jean Jaquet s'y établit un atelier et s'occupe presque exclusivement de la confection d'ornements des maisons des appartements de ville et des maisons de campagne. Au même moment, il se faisait architecte mais s'occupant seulement de la partie décorative[8]. Par la suite, il enseigne notamment aux écoles de dessin de la Société des arts de Genève et à l’école de l’ornement qui forme toutes sortes de professionnels, architectes, orfèvres, graveurs, plâtriers, tourneurs, ébénistes, menuisiers, serruriers, potiers. Il aura comme élève James Pradier[9].
Genève étant devenue française en 1798, Jean Jaquet cessa d'y être étranger. Il put, dès lors, devenir conseiller municipal de cette ville en 1799 et fut nommé directeur des fêtes nationales. Lors des discussions sur la constitution du département du Léman, Jean Jaquet est alors nommé comme commandant militaire du département.
Quelques années plus tard, lors du passage de Napoléon Ier à Genève, Jean Jaquet profita du défilé militaire pour crayonner rapidement le portrait de celui-ci. Le lendemain, le croquis fut alors reproduit plusieurs fois par gravure et circulait dans la foule. Arrivé jusqu'à Napoléon Ier celui-ci le convoque et lui demande de devenir son dessinateur personnel. Offre que Jean Jaquet refusera[10].
Profitant de ses relations puissantes, Jean Jaquet s'éloigna un peu de sa carrière artistique. Il obtint la direction de la construction de la route du Simplon.
Le 30 décembre 1813, veille de la Restauration genevoise, Jean Jaquet ne voulant pas que les Autrichiens envahissent Genève, facilita le départ des français en direction des bivouac autrichiens stationnés près de Genthod. Il fut finalement attrapé par les soldats autrichiens et attaché à un arbre dans le but d'être fusillé. il ne leur échappa que par miracle.
Genève étant redevenu indépendante, Jaquet acquit la nationalité genevoise. Il est alors nommé membre du Conseil Représentatif. Dès 1815, avec l'adhésion de Genève à la Confédération Suisse, il acquiert la nationalité suisse.
Ayant acquis une bonne fortune, Jean Jaquet acheta, en 1820, l'ancienne maison du frère de Calvin appelée « Ile Calvin », à Pregny[11]. Cette même année, il devient conseiller municipal de cette commune. Le Conseil municipal décida de reconstruire un clocher à l'église de Pregny, ne possédant plus de clocher depuis 1794, pour prévenir des éventuels dangers de feu. La cloche et le clocher seront payés 700 francs suisses par Jean Jaquet en 1825[12]. Sentant sa santé se dégrader, il décida de léguer de son vivant, à sa fille, tous ses biens mobiliers et immobiliers ne gardant que le mobilier de sa chambre et ses effets personnels. Sa fille et son mari, s'engagèrent à accueillir Jean Jaquet à l'« Ile Calvin » et de lui verser une rente annuelle et viagère de 2 000 francs de France et de lui remettre 20 000 francs de France après signature de la convention le . Cependant, cet accord créa une tension entre lui et sa fille. En 1828, Jean Jaquet quitte ses fonctions d'enseignant. Le 28 décembre 1829, il décide de quitter l'« Ile Calvin » et de s'établir dans un appartement de son ami M. Pannisod, alors propriétaire du château de Tournay. Seul, Jean Jaquet décide de reporter son intérêt sur sa commune d'origine de Pregny. Il fera, dès lors, partie du comité de l'école. Jaquet s'étant préparé à la mort, il s'était déjà préparé une tombe dans le cimetière de Pregny.
Le 19 septembre 1833, Jaquet offre la somme de 10 000 francs à la commune de Pregny afin d'y créer une école de jeunes filles[12].
En 1835, la commune de Pregny construit une école au lieu-dit Monthoux. Le 12 février 1837, Jean Jaquet offre, par donation, la possibilité d'embellissement de la face de la nouvelle école.
Étant de plus en plus malade, Jean Jaquet ne sortait plus du château de Tournay. Son voisin, M. Giroud-Périer, le fit transporter chez lui au Grand-Saconnex. Jean Jaquet meurt finalement le 21 janvier 1839, à l'âge de 84 ans, d'apoplexie. À sa mort, il donne toute sa fortune à la commune de Pregny[3].
Œuvres
[modifier | modifier le code]Si Jean Jaquet réalise un certain nombre de bustes, la plupart d’entre eux sont aujourd’hui introuvables ou mal identifiés. Jaquet est réputé surtout pour ses décors virtuoses, occupant durant près d’un quart de siècle une position centrale dans le domaine de la décoration architecturale à Genève[1]. Jaquet est devenu « le représentant par excellence des Arts décoratifs à Genève. »[13], et une référence en matière d’ornements sculptés à Genève au tournant du XVIIIe – XIXe siècle[1].
- Buste en terre cuite représentant Jean-Jacques Rousseau, 1774;
- Les Délices, François Tronchin, début des années 1780[14];
- Ancienne campagne Vieusseux, Genève (Châtelaine) vers 1780[15];
- Buste en marbre représentant Charles Bonnet, 1789;
- Ancienne maison Necker, Genève (Rue Calvin), vers 1790[14];
- Maison Choisy;
- Ancienne Maison Roux, Genève (Terraux de Chantepoulet);
- Maison Chauvet-Lullin, famille Gallatin, Vernier;
- Château de Choully, famille Châteauvieux, Satigny;
- Maison Chappuis, Chougny;
- Château du Reposoir, famille Pictet, Pregny;
- Cour de justice criminel, Genève;
- Villa Barton, Genève[16];
- Cure de Genthod, Marianne Argand-Picot, Genthod, après 1790[14];
- Buste en marbre représentant Jean-Jacques Rousseau, 1795;
- Buste en marbre représentant Voltaire, 1795;
- Temple de la Nature, Montenvers, 1795;
- Ancien théâtre, Genève;
- Villars, après 1802[14];
- Château de Cartigny, famille Duval, 1805[17];
Postérité
[modifier | modifier le code]- Une plaque commémorative à son effigie a été apposée sur le mur principal de la mairie de Pregny-Chambésy ;
- Une rue porte son nom dans le quartier des Pâquis, la "Rue Jean-JAQUET"[18].
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Le château de Tournay où vécut Jean Jaquet de 1754 à 1781 et de 1829 à 1839.
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La maison de maître «Île Calvin» où vécut Jean Jaquet de 1820 à 1829.
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La Rue Jean-JAQUET à Genève.
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Plaque commémorative sur la façade de la maire de Pregny-Chambésy.
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La cloche Jean offerte à l'église de Pregny par Jean Jaquet en 1825.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Dans sa jeunesse, Jaquet signait son nom avec un C (Jacquet); plus tard il cessa d'employer le C[2].
Références
[modifier | modifier le code]- Magnusson 2015, p. 209
- Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 127
- Guillaume Fatio et Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, , 360 p., p. 136
- Magnusson 2015, p. 180
- Magnusson 2015, p. 190
- Magnusson 2015, p. 191
- Magnusson 2015, p. 177, 191
- Magnusson 2015, p. 187
- Magnusson 2015, p. 189
- « Bonaparte et Jaquet », National Genevois,
- Pour une photo (datant d'avant 1914) de la maison de l'Île Calvin, cf. le site de la Bibliothèque de Genève: https://bge-geneve.ch/iconographie/oeuvre/jds-01-pcy-019
- Guillaume Fatio & Raymond Perrot, Pregny-Chambésy, commune genevoise, Pregny-Chambésy, Commune de Pregny-Chambésy, 1947 / 1978, 360 p., p. 135
- Magnusson 2015, p. 196
- Magnusson 2015, p. 98
- Magnusson 2015, p. 103
- Nadine Doublier, « Classement du décor et du mobilier de la Villa Barton et mise à l'inventaire des cinq pavillons de l'IHEID » , sur ge.ch, (consulté le )
- Benjamin Chaix, « Jean Jaquet est le sculpteur préféré des Genevois » , sur Tribune de Genève, (consulté le )
- « JAQUET », sur ge.ch (consulté le )
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Carl Magnusson, Les sculpteurs d’ornement à Genève au XVIIIe siècle : Jean Jaquet et ses émules obscurs, Genève – Paris, Librairie Droz, coll. « Ars Longa n° 5 », , 312 p. (ISBN 978-2-600-01937-8)
Liens externes
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- Ressource relative aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Monique Bory, « Jaquet, Jean » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne, version du .
- Sculpteur français du XVIIIe siècle
- Sculpteur français du XIXe siècle
- Sculpteur de la république de Genève
- Sculpteur suisse du XIXe siècle
- Naissance en novembre 1754
- Naissance dans l'Ain
- Décès en janvier 1839
- Décès dans le canton de Genève
- Personnalité liée au canton de Genève
- Artiste genevois
- Décès à 84 ans
- Personnalité liée à la commune de Pregny-Chambésy