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Arméniens de Bulgarie

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Arméniens de Bulgarie
Description de cette image, également commentée ci-après
Arméniens de Varna manifestant pour la libération de l'Artsakh de l'occupation azerbaïdjanaise.

Populations importantes par région
Population totale 20 000 à 30 000 (2022)
Autres
Régions d’origine Caucase et Anatolie
Langues Arménien, bulgare
Religions Christianisme orthodoxe arménien et Christianisme orthodoxe bulgare
Ethnies liées Arméniens

Les Arméniens de Bulgarie sont une minorité vivant en Bulgarie. Ils constituent 0,46% de la population bulgare en 2022, et représentent ainsi la quatrième plus grande minorité ethnique du pays[1].

Bâtiment de la société arménienne, à Varna.
Club arménien "Erevan", à Bourgas.

Le 9 septembre 1982, l'Armée secrète de libération de l'Arménie (ASALA) perpètre une tentative d'assassinat à Bourgas contre Bora Suelkan, le consul général turc de la ville, tuant son attaché administratif.

Vagues migratoires

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Du VIIe au Xe siècle, les empereurs byzantins installèrent en Thrace, dans les Rhodopes et en Macédoine plusieurs centaines de milliers d'Arméniens, notamment des Pauliciens et des Thondrakiens. Au XIe siècle, des Arméniens de Chalcédoine construirent, sous les ordres de Grégoire Pakourianos, le Monastère de Bachkovo, encore aujourd'hui un des plus importants lieu saints de Bulgarie. Ces Arméniens issus de la première vague migratoire se sont généralement fondu dans la population bulgare et ont perdu leur identité au fil des générations.

Les Arméniens ont également joué un rôle important dans la gouvernance du Premier Empire bulgare et certaines familles arméniennes faisaient partie de la haute aristocratie, allant même jusqu'à se mélanger avec les familles royales bulgares de souche, comme la femme du tsar Pierre Ier et mère de Boris II Irina Lakapina, petite-fille de l'empereur byzantin d'origine arménienne Roman Ier Lécapène. La femme d'Ivan (fils de Siméon Ier) ou encore Rhipsimia, la mère du tsar Samuel, étaient également d'origine arménienne[2],[3].

Pendant la période des conquêtes ottomanes (1363-1693), des vagues successives d'immigrants arméniens venus d'Arménie, de Crimée, de la République des Deux Nations et d'Anatolie atteignirent le territoire de l'actuelle Bulgarie. Entre 1606 et 1610, une série de massacres contre les Arméniens perpétrée par l'Empire ottoman provoqua une importante vague d'immigration d'Arméniens vers la Bulgarie et tous les Balkans.

Après le soulèvement arménien de 1894-1896, le sultan Abdülhamid II ordonna la déportation de milliers d'Arméniens, ce qui provoque une nouvelle vague d'immigration vers la Bulgarie. Pendant la Première guerre balkanique, le nombre d'Arméniens en Bulgarie atteignit les 35 000 et continua de croître. Entre 1915 et 1925, à la suite du génocide arménien, ce sont entre 22 000 et 40 000 Arméniens qui quittent l'Anatolie pour s'installer en Bulgarie, terre chrétienne où ils peuvent pratiquer leur religion sans risquer leurs vies. Au fil des années, de nombreux Arméniens bulgares se sont déplacés à travers le monde, mais beaucoup sont restés en Bulgarie.

Après la Seconde Guerre mondiale, environ 5 000 Arméniens ont été expulsées d'Arménie à la suite d’une campagne d’émigration organisée par l'URSS. Certains de ces émigrants ont plus tard fait le choix de retourner vivre en Arménie. Cette remigration est contrôlée et activement soutenue par divers organismes gouvernementaux en Bulgarie.

Dans les années 1960, plusieurs milliers d'Arméniens bulgares ont réussi à émigrer de la République populaire de Bulgarie malgré les restrictions très strictes du régime communiste sur tout voyage à l'extérieur du pays et se sont installés principalement aux États-Unis.

Cette vague d’émigration reste peu connue, le régime communiste censurant toute sortie au-delà du rideau de fer. L’émigration arménienne entre 1962 et 1969 était une anomalie par rapport à la réalité de l’époque, caractérisée par des restrictions généralisées sur les voyages à l’étranger pour tous les Bulgares. Le régime avait souvent tendance à fermer les yeux lorsque les émigrés étaient issus de la communauté arménienne. Le processus passe par différentes phases, les autorités autorisant à certaines périodes l'émigration, quoique à contrecœur, et ceux qui souhaitaient émigrer étaient limités par diverses procédures bureaucratiques. L'émigration fut interdite à deux reprises et les départs furent finalement complètement stoppés en 1969, à la fois en raison de la menace d'une émigration massive de la communauté arménienne, qui comptait alors environ 22 000 personnes, et en raison du risque d'effet de propagande négatif dans le pays et à l'étranger[4] [1]

Cette importante perte de population est compensée par l'arrivée de nombreux Arméniens venus travailler en Bulgarie à la chute de l'URSS et par les réfugiés arméniens du Haut-Karabakh, fuyant l'occupation azerbaïdjanaise depuis 2020.

Traces dans la culture spirituelle

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En plus des nombreuses églises arméniennes existantes sur tout le territoire de la Bulgarie, de nombreux manuscrits arméniens sont conservés dans différents musées de Bulgarie, et celui conservé à la Bibliothèque nationale de Sofia, provenant du Monastère de Bachkovo, est l'un des cinq plus anciens manuscrits arméniens connus à ce jour. Ce manuscrit est un quatrain de 267 pages datant de 966, écrit sur un parchemin sombre et épais.

Partager le sort des Bulgares

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Les Arméniens de Bulgarie ont beaucoup aidé les Bulgares pendant la domination ottomane, la Première guerre balkanique et surtout la Guerre russo-turque, durant laquelle de nombreux Arméniens venus de tout l'Empire ottoman se sont volontairement joints aux troupes bulgares.

Des Arméniens comme Eranos Eranossian et Hovhannès Savadjian, qui ont aidé à sauver Kavarna et Pazardjik, Kristapor Mikaelyan, Stepan Zorian, le lieutenant Bedros Siremdjian, Onik Torossian ou Tatoul Zarmarian ont participé à la lutte pour la libération des Bulgares restés en Macédoine, Thrace occidentale et Thrace orientale.

Dans la guerre des Balkans, les Arméniens, dirigés par leurs commandants, les officiers Andranik Ozanian et Garéguine Njdeh, faisaient partie de l'armée bulgare et combattaient contre les Turcs. Lors du soulèvement d'avril, l'Arménien Artin Gidikov, marchand à Plovdiv, a sauvé la vie de 52 révolutionnaires bulgares condamnés. Son petit-fils, le colonel Boghos Boghossian est un proche du colonel Boris Drangov, avec qui il a participé à la préparation du soulèvement d'Ilinden-Preobrazhensky. Les deux officiers, Boghossian et Drangov, ont combattu pour la Bulgarie lors des guerres balkaniques et de la Première Guerre mondiale.

Les Arméniens apportent leur contribution au développement de l'artisanat et de l'industrie bulgares. Après la Libération, beaucoup deviennent horlogers, orfèvres, bijoutiers, photographes, couturiers, chapeliers, dentelliers, ou encore tisserands. Les Arméniens ont fondé la première usine de tapis de Bulgarie, à Panagyurishté, des entreprises de filature de soie à Asenovgrad et Haskovo, une industrie du tabac moderne et de nouvelles technologies dans le textile, le cuir, la fonderie, etc.

La première usine de tissage de soie, basée à Sliven, a également été créée par un Bulgare et un Arménien. Les Arméniens participent à l'agriculture bulgare principalement en tant que jardiniers et vignerons. L'arrivée de capitaux arméniens depuis l'étranger est également importante pour le pays, grâce à laquelle des banques arméniennes ont été ouvertes à Sofia et à Plovdiv. Un certain nombre de personnalités culturelles revêtent également une certaine importance pour la Bulgarie, comme le compositeur Nathan Amirkhanian, chef d'orchestre de l'Opéra de Sofia, et auteur d’œuvres sur l'histoire bulgare, comme l'opéra "Ivanko" ou le ballet "Hadji Dimitar".

Démographie

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Les Arméniens ont été présents en Bulgarie depuis la première vague migratoire, au VIIème siècle, avec une présence quasi-permanente, variant de quelques familles à plus de 80 000 individus selon les époques. En 2001, la communauté de compte officiellement que 10 832 personnes, réparties dans toute la Bulgarie, avec les communautés les plus importantes dans les oblasts de Varna, Plovdiv et Sofia-ville. Cependant, ces chiffres ne reflètent pas la réalité, puisque les recensement ne proposent pas systématiquement l'option "Arménien", étant donné que la communauté est très bien fondue dans la population et n'intéresse donc pas les autorités, contrairement aux communautés turque et rom, qui sont beaucoup plus souvent recensées. On remarque ainsi que les estimations de 2020 donnent des chiffres bien plus importants (plus de 20 000).

Recensement de 2001

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Oblast Nombre Proportion (en %)
Total 10 832 0.13
Blagoevgrad 32 moins de 0.01
Bourgas 904 0.21
Varna 2240 0.48
Veliko Tarnovo 35 0.01
Vidine 29 0.02
Vratsa 23 moins de 0.01
Gabrovo 25 0.01
Dobritch 127 0.05
Kardjali 41 0.02
Kyoustendil 11 moins de 0.01
Lovetch 12 moins de 0.01
Montana 19 0.01
Pazardjik 175 0.05
Pernik 14 moins de 0.01
Pleven 56 0.01
Plovdiv 3140 0.43
Razgrad 19 0.01
Roussé 886 0.33
Silistra 82 0.05
Sliven 223 0.10
Smolyan 42 0.02
Sofia 20 moins de 0.01
Sofia-ville 1672 0.14
Stara Zagora 153 0.04
Targovishté 10 moins de 0.01
Haskovo 338 0.12
Shoumène 357 0.17
Yambol 147 0.09

Notes et références

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  1. Dessislava Semkovska, « Bulgarie – Arménie : 30 ans de relations diplomatiques »,
  2. Пламен Павлов, Цар Самуил и „българската епопея“, София – Велико Търново, 2002
  3. Роман е син на Теофилакт Непоносимия, арменец-служител в имперската охрана, роден е в Лакапе, откъдето идва и прозвището му – Лакапин. Роман има 6 деца от брака си с Теодора. Едно от тези деца е Христофор Лакапин, съимператор от 921 до 931, който е баща на Мария (наречена по-късно Ирина).
  4. (ru) Юра Константинова et Ивайло Начев, С ПОГЛЕД КЪМ АМЕРИКА: ИЗСЕЛВАНЕТО НА БЪЛГАРСКИ АРМЕНЦИ ОТ СОЦИАЛИСТИЧЕСКА БЪЛГАРИЯ, София, Факел,‎ , 43-55 p. (ISBN 978-954-411-278-3)

Articles connexes

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Bibliographie

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– REGARD SUR L’AMÉRIQUE : L’ÉMIGRATION DES ARMÉNIENS BULGARES DE LA BULGARIE SOCIALISTE. Collection documentaire Compilé par Yura Konstantinova et Ivaylo Nachev Sofia : Maison d'édition « Fakel », 283 p. (ISBN 978-954-411-278-3)