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« Chagossiens » : différence entre les versions

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{{Infobox Groupe ethnique
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== Histoire ==
== Histoire ==
=== Origines ===
=== Origines ===
À partir de 1784, l'archipel des Chagos jusque-là officiellement inhabité commence à être occupé de façon permanente. Pierre Marie Le Normand, un [[Plantation|planteur]] [[France|français]] spécialisé dans le [[sucre]] et la [[noix de coco]] et basé à l'Île-de-France, actuelle [[île Maurice]], installe la première concession de noix de coco dans l'île de Diego Garcia<ref name=":3">{{Lien web|langue = anglais|titre = Origins & History of the Chagossians|url = http://www.lexpress.mu/article/origins-history-chagossians|site = www.lexpress.mu|date = 11 novembre 2003|consulté le = 8 septembre 2015}}</ref>. Il emmène avec lui entre vingt-deux<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre=A History of Chagos and the Chagossians}}</ref> et soixante-dix-neuf [[Esclavage|esclaves]] originaires de Madagascar et du [[Mozambique]] ainsi que quelques « [[Gens de couleur libres|libres de couleur]] »<ref name=":3" />. Plusieurs planteurs français de noix de coco venus de l'Île-de-France le rejoignent ensuite avec leurs esclaves pour s'y implanter et exploiter l'huile de coco et le [[coprah]] : il s'agit de Monsieur Didier, les frères Cayeux et Monsieur Lapotaire<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" /> qui débarque en 1793<ref>{{Lien web|titre = Il était une fois les Chagos {{!}} Business Magazine|url = http://www.businessmag.mu/article/il-etait-une-fois-les-chagos|site = www.businessmag.mu|consulté le = 2015-09-08|auteur1 = Joanna Seenayen|date = août 2014}}</ref>. En 1808, les archives montrent que Monsieur Lapotaire possédait à lui seul une centaine d'esclaves sur Diego Garcia et en 1813, un nombre similaire pouvait être recensé sur [[Peros Banhos]]<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" />.
À partir de 1784, l'archipel des Chagos jusque-là officiellement inhabité commence à être occupé de façon permanente. Pierre Marie Le Normand, un [[Plantation|planteur]] [[France|français]] spécialisé dans le [[sucre]] et la [[noix de coco]] et basé à l'Île-de-France, actuelle [[île Maurice]], installe la première concession de noix de coco dans l'île de Diego Garcia<ref name=":3">{{Lien web|langue = anglais|titre = Origins & History of the Chagossians|url = http://www.lexpress.mu/article/origins-history-chagossians|site = lexpress.mu|date = 11 novembre 2003|consulté le = 8 septembre 2015}}.</ref>. Il emmène avec lui entre vingt-deux<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre=A History of Chagos and the Chagossians}}</ref> et soixante-dix-neuf [[Esclavage|esclaves]] originaires de Madagascar et du [[Mozambique]] ainsi que quelques « [[Gens de couleur libres|libres de couleur]] »<ref name=":3" />. Plusieurs planteurs français de noix de coco venus de l'Île-de-France le rejoignent ensuite avec leurs esclaves pour s'y implanter et exploiter l'huile de coco et le [[coprah]] : il s'agit de Monsieur Didier, les frères Cayeux et Monsieur Lapotaire<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" /> qui débarque en 1793<ref>{{Lien web|titre = Il était une fois les Chagos {{!}} Business Magazine|url = http://www.businessmag.mu/article/il-etait-une-fois-les-chagos|site = businessmag.mu|consulté le = 2015-09-08|auteur1 = Joanna Seenayen|date = août 2014}}.</ref>. En 1808, les archives montrent que Monsieur Lapotaire possédait à lui seul une centaine d'esclaves sur Diego Garcia et en 1813, un nombre similaire pouvait être recensé sur [[Peros Banhos]]<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":3" />.


Entre 1780 et 1828, l'archipel est aussi utilisé par les Français et les [[Royaume de Grande-Bretagne|Britanniques]] pour isoler et soigner les [[Lèpre|lépreux]] dans l'espoir que l'abondance de viande de [[tortue]]s puisse être bénéfique à leur [[régime alimentaire]]<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":15">{{Lien web|titre = RFI - Les « Palestiniens de l'océan Indien »|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/023/article_11291.asp|site = www.rfi.fr|consulté le = 2015-09-08|auteur1 = Olivier Péguy}}</ref>. Certains spécialistes pensent que des esclaves lépreux ont pu y être envoyés avant l'arrivée des premières concessions de coprah<ref>{{Lien web|langue = |titre = « On ne peut se mettre à dos la G.-B »|url = http://www.lexpress.mu/article/%C2%ABon-ne-peut-se-mettre-%C3%A0-dos-la-g-b%C2%BB|site = www.lexpress.mu|date = 3 juillet 2004|consulté le = 8 septembre 2015}}</ref>. En 1826, on comptait 375 esclaves, 9 blancs, 22 "libres de couleurs" et 42 lépreux dans l'archipel. Au total, les Chagos étaient peuplées à cette période par 448 habitants dont la moitié vivaient à Diego Garcia<ref name=":3" />.
Entre 1780 et 1828, l'archipel est aussi utilisé par les Français et les [[Royaume de Grande-Bretagne|Britanniques]] pour isoler et soigner les [[Lèpre|lépreux]] dans l'espoir que l'abondance de viande de [[tortue]]s puisse être bénéfique à leur [[régime alimentaire]]<ref name=":3" />{{,}}<ref name=":15">{{Lien web|titre = RFI - Les « Palestiniens de l'océan Indien »|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/023/article_11291.asp|site = rfi.fr|consulté le = 2015-09-08|auteur1 = Olivier Péguy}}.</ref>. Certains spécialistes pensent que des esclaves lépreux ont pu y être envoyés avant l'arrivée des premières concessions de coprah<ref>{{Lien web|titre = « On ne peut se mettre à dos la G.-B »|url = http://www.lexpress.mu/article/%C2%ABon-ne-peut-se-mettre-%C3%A0-dos-la-g-b%C2%BB|site = lexpress.mu|date = 3 juillet 2004|consulté le = 8 septembre 2015}}.</ref>. En 1826, on comptait 375 esclaves, 9 blancs, 22 "libres de couleurs" et 42 lépreux dans l'archipel. Au total, les Chagos étaient peuplées à cette période par 448 habitants dont la moitié vivaient à Diego Garcia<ref name=":3" />.


Après la prise de possession des [[Mascareignes]] par les Britanniques et l'[[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|abolition de l'esclavage]] en 1834, les anciens esclaves continuent à exercer leurs activités de [[Pêche (halieutique)|pêcheurs]], [[Ferme (agriculture)|fermiers]] ou travailleurs pour les plantations de [[cocotier]]s. En parallèle, des [[Engagisme à Maurice|engagés]] [[Provinces de l'Empire des Indes|indiens]] sont amenés dans l'archipel pour augmenter la [[Main-d'œuvre|main d'œuvre]] disponible. Ils se mettent en ménage avec les autres travailleurs d'origine africaine et adoptent les [[Rite|rites]] locaux<ref name=":3" />. Par la suite, des travailleurs venus de l'île Maurice, des Seychelles, des îles [[Rodrigues]] et [[Agaléga]] arrivent régulièrement dans l'archipel et s'y installent de façon permanente en [[concubinage]] avec un Chagossien<ref name=":20">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=David Vine|auteur institutionnel=City University of New York|champ libre=Thèse de Doctorat|titre=Empire's Footprint : Expulsion and the United States Military Base on Diego Garcia|éditeur=ProQuest|lieu=New York|année=2006|pages totales=382|isbn=0-542-85100-8}}</ref>.
Après la prise de possession des [[Mascareignes]] par les Britanniques et l'[[Abolition de l'esclavage au Royaume-Uni|abolition de l'esclavage]] en 1834, les anciens esclaves continuent à exercer leurs activités de [[Pêche (halieutique)|pêcheurs]], [[Ferme (agriculture)|fermiers]] ou travailleurs pour les plantations de [[cocotier]]s. En parallèle, des [[Engagisme à Maurice|engagés]] [[Provinces de l'Empire des Indes|indiens]] sont amenés dans l'archipel pour augmenter la [[Main-d'œuvre|main d'œuvre]] disponible. Ils se mettent en ménage avec les autres travailleurs d'origine africaine et adoptent les [[Rite|rites]] locaux<ref name=":3" />. Par la suite, des travailleurs venus de l'île Maurice, des Seychelles, des îles [[Rodrigues]] et [[Agaléga]] arrivent régulièrement dans l'archipel et s'y installent de façon permanente en [[concubinage]] avec un Chagossien<ref name=":20">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=David Vine|auteur institutionnel=City University of New York|champ libre=Thèse de Doctorat|titre=Empire's Footprint : Expulsion and the United States Military Base on Diego Garcia|éditeur=ProQuest|lieu=New York|année=2006|pages totales=382|isbn=0-542-85100-8}}</ref>.
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=== Vie dans l’archipel des Chagos jusqu'en 1973 ===
=== Vie dans l’archipel des Chagos jusqu'en 1973 ===
[[Fichier:Église Boddam.JPG|thumb|upright|Ruine d'une église envahie par la végétation, sur l'[[île Boddam]].]]
[[Fichier:Église Boddam.JPG|thumb|upright|Ruine d'une église envahie par la végétation, sur l'[[île Boddam]].]]
Après l'abolition de l'esclavage, les Chagossiens travaillent majoritairement dans les [[Cocos nucifera|cocoteraies]] de l'[[archipel des Chagos]]<ref name="CNIC history">{{en}} {{Lien web |url=https://www.cnic.navy.mil/DiegoGarcia/AboutCNIC/GeneralInformation/index.htm |titre=Commander Navy Installations Command - History |site=https://www.cnic.navy.mil/DiegoGarcia/index.htm |consulté le=4 février 2010}}</ref>{{,}}<ref name="CCT15">{{en}} {{Ouvrage |titre=The Chagos Archipelago: its Nature and the Future |éditeur=The Chagos Conservation Trust |pages=25 |année=2009 |mois=janvier |lire en ligne=http://www.reefnewmedia.co.uk/cmt_chagos/uploads/PDF/The%20Chagos%20Archipelago%20Its%20Nature%20and%20the%20Future_2009.pdf |passage=15}}</ref>{{,}}<ref name="World Factbook">{{en}} {{Lien web |url = https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/geos/io.html|titre = The World Factbook - British Indian Ocean Territory|site = https://www.cia.gov/|consulté le = 4 février 2010}}</ref>. Ils y récoltent les [[noix de coco]] qu'ils retraitent pour en tirer du [[coprah]]<ref name=":16">{{Article|langue = |auteur1 = Emmanuel Grégoire|titre = Des îles britanniques de l’océan Indien disputées : Diégo Garcia et l’archipel des Chagos|périodique = Hérodote|numéro = 137|jour = |mois = |année = 2010|isbn = 9782707164537|lire en ligne = http://www.cairn.info/revue-herodote-2010-2-page-185.htm|pages = 185-193}}</ref> et de l'[[Huile de coprah|huile de noix de coco]]<ref name="CNIC history"/>{{,}}<ref name="CCT15"/>{{,}}<ref name="World Factbook"/>. Des activités économiques autour de l'exploitation du [[guano]] et de [[miel]] sont aussi présentes sur l'île<ref name=":21">{{Lien web|langue = |titre = Chagos : chronique d'un drame humanitaire annoncé|url = http://www.lexpress.mu/article/chagos-chronique-dun-drame-humanitaire-annonc%C3%A9|site = www.lexpress.mu|date = 14 septembre 2004|consulté le = 12 septembre 2015}}</ref>. Tous les travailleurs n'ont pas un emploi fixe : beaucoup se voient attribuer de nouvelles tâches chaque matin dans la cocoteraie ou l'entretien des [[Infrastructure|infrastructures]]. Les travailleurs qui ont un emploi fixe sont employés comme domestiques par les [[Administration coloniale|administrateurs]] de l'île, [[Forgeron|forgerons]], [[Infirmier|infirmiers]], [[Charpentier|charpentiers]] ou moniteurs. La journée de travail s'achève à midi mais les travailleurs peuvent augmenter leurs revenus en revenant travailler l'après-midi. Pendant ce temps, les enfants sont à l'[[école]], dans une classe commune et les plus petits à la [[Crèche (enfant)|crèche]]<ref name=":17">{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS : Une journée dans les îles|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-journee-les-iles|site = www.lemauricien.com|date = 24 octobre 2013|consulté le = 10 septembre 2015}}</ref>. Les compagnies qui les emploient, notamment la société locale ''Chagos Agalega Limited''<ref name=":18">{{Article|langue = |auteur1 = André Oraison|titre = Diego Garcia : enjeux de la présence américaine dans l'océan Indien|périodique = Afrique contemporaine|numéro = 207|jour = |mois = |année = 2003|doi = 10.3917/afco.207.0115|lire en ligne = http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2003-3-page-115.htm|pages = 115-132}}</ref>, leur versent un petit salaire ainsi que des rations de [[riz]], d'[[huile]], de [[farine]], de [[Marais salant|sel]] et de [[Lentille d'eau|lentilles]] que les habitants complètent par la [[pêche côtière]], la [[Agriculture vivrière|culture vivrière]] ou l'élevage de [[Volaille|volailles]]<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":21" />. Les habitants reçoivent gratuitement des terres, des matériaux de construction, des [[Soins de santé|soins médicaux]], une [[Retraite (économie)|retraite]] et une éducation pour leurs enfants en plus de transports gratuits vers l'île Maurice<ref name=":21" />{{,}}<ref name=":20" />. Beaucoup ont des [[Chien|chiens]] ou des [[Chat|chats]]<ref name=":20" />.
Après l'abolition de l'esclavage, les Chagossiens travaillent majoritairement dans les [[Cocos nucifera|cocoteraies]] de l'[[archipel des Chagos]]<ref name="CNIC history">{{en}} {{Lien web |url=https://www.cnic.navy.mil/DiegoGarcia/AboutCNIC/GeneralInformation/index.htm |titre=Commander Navy Installations Command - History |site=cnic.navy.mil |consulté le=4 février 2010}}.</ref>{{,}}<ref name="CCT15">{{en}} {{Ouvrage |titre=The Chagos Archipelago: its Nature and the Future |éditeur=The Chagos Conservation Trust |pages=25 |année=2009 |mois=janvier |lire en ligne=http://www.reefnewmedia.co.uk/cmt_chagos/uploads/PDF/The%20Chagos%20Archipelago%20Its%20Nature%20and%20the%20Future_2009.pdf |passage=15}}</ref>{{,}}<ref name="World Factbook">{{en}} {{Lien web |url = https://www.cia.gov/the-world-factbook/countries/british-indian-ocean-territory|titre = The World Factbook - British Indian Ocean Territory|site = cia.gov|consulté le = 4 février 2010}}.</ref>. Ils y récoltent les [[noix de coco]] qu'ils retraitent pour en tirer du [[coprah]]<ref name=":16">{{Article|auteur1 = Emmanuel Grégoire|titre = Des îles britanniques de l’océan Indien disputées : Diégo Garcia et l’archipel des Chagos|périodique = Hérodote|numéro = 137|année = 2010|isbn = 9782707164537|lire en ligne = http://www.cairn.info/revue-herodote-2010-2-page-185.htm|pages = 185-193}}</ref> et de l'[[Huile de coprah|huile de noix de coco]]<ref name="CNIC history"/>{{,}}<ref name="CCT15"/>{{,}}<ref name="World Factbook"/>. Des activités économiques autour de l'exploitation du [[guano]] et de [[miel]] sont aussi présentes sur l'île<ref name=":21">{{Lien web|titre = Chagos : chronique d'un drame humanitaire annoncé|url = http://www.lexpress.mu/article/chagos-chronique-dun-drame-humanitaire-annonc%C3%A9|site = lexpress.mu|date = 14 septembre 2004|consulté le = 12 septembre 2015}}.</ref>. Tous les travailleurs n'ont pas un emploi fixe : beaucoup se voient attribuer de nouvelles tâches chaque matin dans la cocoteraie ou l'entretien des [[Infrastructure|infrastructures]]. Les travailleurs qui ont un emploi fixe sont employés comme domestiques par les [[Administration coloniale|administrateurs]] de l'île, [[Forgeron|forgerons]], [[Infirmier|infirmiers]], [[Charpentier|charpentiers]] ou moniteurs. La journée de travail s'achève à midi mais les travailleurs peuvent augmenter leurs revenus en revenant travailler l'après-midi. Pendant ce temps, les enfants sont à l'[[école]], dans une classe commune et les plus petits à la [[Crèche (enfant)|crèche]]<ref name=":17">{{Lien web|titre = CHAGOS : Une journée dans les îles|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-journee-les-iles|site = lemauricien.com|date = 24 octobre 2013|consulté le = 10 septembre 2015}}.</ref>. Les compagnies qui les emploient, notamment la société locale ''Chagos Agalega Limited''<ref name=":18">{{Article|auteur1 = André Oraison|titre = Diego Garcia : enjeux de la présence américaine dans l'océan Indien|périodique = Afrique contemporaine|numéro = 207|année = 2003|doi = 10.3917/afco.207.0115|lire en ligne = http://www.cairn.info/revue-afrique-contemporaine-2003-3-page-115.htm|pages = 115-132}}</ref>, leur versent un petit salaire ainsi que des rations de [[riz]], d'[[huile]], de [[farine]], de [[Marais salant|sel]] et de [[Lentille d'eau|lentilles]] que les habitants complètent par la [[pêche côtière]], la [[Agriculture vivrière|culture vivrière]] ou l'élevage de [[Volaille|volailles]]<ref name=":16" />{{,}}<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":21" />. Les habitants reçoivent gratuitement des terres, des matériaux de construction, des [[Soins de santé|soins médicaux]], une [[Retraite (économie)|retraite]] et une éducation pour leurs enfants en plus de transports gratuits vers l'île Maurice<ref name=":21" />{{,}}<ref name=":20" />. Beaucoup ont des [[Chien|chiens]] ou des [[Chat|chats]]<ref name=":20" />.


Durant leur temps libre, les habitants s'occupent de tâches quotidiennes : réparation des [[Filet de pêche|filets]], [[Tâche ménagère|tâches ménagères]], [[jardinage]], élevage. Ils passent leurs soirées entre voisins à se raconter des histoires et le samedi soir, un [[bal]] est organisé pour danser le [[séga]]. L'île est alimentée en [[électricité]] mais elle est réservée aux maisons des administrateurs et à l'[[hôpital]]<ref name=":17" />. La population vit donc en [[autarcie]], selon un mode de vie ancien et avec assez peu de contacts extérieurs, un seul [[bateau]] venant deux fois par an de [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]]<ref name=":16" />.
Durant leur temps libre, les habitants s'occupent de tâches quotidiennes : réparation des [[Filet de pêche|filets]], [[Tâche ménagère|tâches ménagères]], [[jardinage]], élevage. Ils passent leurs soirées entre voisins à se raconter des histoires et le samedi soir, un [[bal]] est organisé pour danser le [[séga]]. L'île est alimentée en [[électricité]] mais elle est réservée aux maisons des administrateurs et à l'[[hôpital]]<ref name=":17" />. La population vit donc en [[autarcie]], selon un mode de vie ancien et avec assez peu de contacts extérieurs, un seul [[bateau]] venant deux fois par an de [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]]<ref name=":16" />.


Des villages s'établissent dans quelques [[île]]s de l'archipel sous la forme de petites communautés comptant des habitations installées le long des routes, des [[commerce]]s, des ateliers d'artisans, une [[Église (édifice)|église]] ou une [[chapelle]], un [[cimetière]], des espaces de récréation et le centre administratif de la plantation. L'eau est puisée dans des réservoirs. Au milieu du {{s-|XX|e}}, des [[école]]s et des crèches sont installées ainsi que des systèmes de gestion des ordures<ref name=":20" />. Certaines îles comptent des cocoteraies mais pas d'habitations ce qui oblige les Chagossiens à aller d'île en île pour leur travail.
Des villages s'établissent dans quelques [[île]]s de l'archipel sous la forme de petites communautés comptant des habitations installées le long des routes, des [[commerce]]s, des ateliers d'artisans, une [[Église (édifice)|église]] ou une [[chapelle]], un [[cimetière]], des espaces de récréation et le centre administratif de la plantation. L'eau est puisée dans des réservoirs. Au milieu du {{s-|XX|e}}, des [[école]]s et des crèches sont installées ainsi que des systèmes de gestion des ordures<ref name=":20" />. Certaines îles comptent des cocoteraies mais pas d'habitations ce qui oblige les Chagossiens à aller d'île en île pour leur travail.
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=== Déportation vers Maurice et les Seychelles ===
=== Déportation vers Maurice et les Seychelles ===
En plein cœur de la [[guerre froide]]<ref name=":0"/>, les [[Gouvernement fédéral des États-Unis|Américains]] s'inquiètent de leur absence dans l'océan Indien et répèrent l'île de Diego Garcia dont l'isolement constitue un avantage en cas d'attaque. Au début des années 1960, ils débutent des négociations avec le gouvernement britannique qu'ils convainquent de détacher l'archipel des Chagos de l'ancienne colonie mauricienne pour le transformer en [[territoire britannique de l'océan Indien]]. Ainsi, les Chagos restent britanniques malgré l'indépendance de l'île Maurice. Le but de cette manœuvre est d'établir une [[base navale]] et [[Base aérienne|aérienne]] pour l'[[Forces armées des États-Unis|armée américaine]]. Pour y parvenir, les Américains demandent que l'archipel soit « balayé » et « assaini », sous-entendant qu'il doit être vidé de sa population. Un accord secret est finalisé le 30 décembre 1966 et le gouvernement américain verse 14 millions de dollars pour organiser la [[déportation]] des Chagossiens<ref name=":1">{{Lien web|langue = anglais|titre = The truth about Diego Garcia|url = http://mondediplo.com/openpage/the-truth-about-diego-garcia|site = Le Monde Diplomatique|date = 15 juin 2015|consulté le = 16 juillet 2015|auteur1 = David Vine|année = }}</ref>{{,}}<ref name=":Vine1">{{Article|langue = en-US|prénom1 = David|nom1 = Vine|titre = Island Of Injustice|périodique = The Washington Post|date = 2007-01-02|issn = 0190-8286|lire en ligne = https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/01/01/AR2007010100698.html|consulté le = 2015-07-06}}</ref>{{,}}<ref name="Nauvel intro"/>.
En plein cœur de la [[guerre froide]]<ref name=":0"/>, les [[Gouvernement fédéral des États-Unis|Américains]] s'inquiètent de leur absence dans l'océan Indien et répèrent l'île de Diego Garcia dont l'isolement constitue un avantage en cas d'attaque. Au début des années 1960, ils débutent des négociations avec le gouvernement britannique qu'ils convainquent de détacher l'archipel des Chagos de l'ancienne colonie mauricienne pour le transformer en [[territoire britannique de l'océan Indien]]. Ainsi, les Chagos restent britanniques malgré l'indépendance de l'île Maurice. Le but de cette manœuvre est d'établir une [[base navale]] et [[Base aérienne|aérienne]] pour l'[[Forces armées des États-Unis|armée américaine]]. Pour y parvenir, les Américains demandent que l'archipel soit « balayé » et « assaini », sous-entendant qu'il doit être vidé de sa population. Un accord secret est finalisé le 30 décembre 1966 et le gouvernement américain verse 14 millions de dollars pour organiser la [[déportation]] des Chagossiens<ref name=":1">{{Lien web|langue = anglais|titre = The truth about Diego Garcia|url = http://mondediplo.com/openpage/the-truth-about-diego-garcia|site = Le Monde Diplomatique|date = 15 juin 2015|consulté le = 16 juillet 2015|auteur1 = David Vine}}.</ref>{{,}}<ref name=":Vine1">{{Article|langue = en-US|prénom1 = David|nom1 = Vine|titre = Island Of Injustice|périodique = The Washington Post|date = 2007-01-02|issn = 0190-8286|lire en ligne = https://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2007/01/01/AR2007010100698.html|consulté le = 2015-07-06}}</ref>{{,}}<ref name="Nauvel intro"/>.


Dans les années suivantes, de [[1967]] à [[1973]], environ {{formatnum:2000}} Chagossiens sont déportés<ref name="DEPORT">Le terme employé diffère entre « rapatriement » et « déportation » en fonction des sources{{lesquelles}}.</ref> par la force ou la ruse par le gouvernement britannique, d'abord sur l'île de [[Peros Banhos]], puis en 1973 vers l'Ile [[Maurice (pays)|Maurice]] et les [[Seychelles]]. À partir de 1968, les habitants qui ont quitté temporairement l'Archipel pour partir se soigner ou aller en [[vacances]] se voient interdire le retour sur leur île<ref>{{Lien web|titre = L'île de la relégation pour les Chagossiens|url = http://www.liberation.fr/monde/2004/07/27/l-ile-de-la-relegation-pour-les-chagossiens_487540|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Laurent Decloitre|date = 27 juillet 2004|site = Libération.fr}}</ref>{{,}}<ref name=":Vine1"/>. En parallèle, le gouvernement britannique commence à restreindre l'[[approvisionnement]] en nourriture pour encourager encore plus de Chagossiens à quitter leurs îles<ref name=":Vine1" />. Parmi les autres techniques employées pour pousser les habitants à partir, les autorités britanniques et américaines s'en prennent aussi à leurs chiens. Après avoir essayé de tirer à balles réelles sur les animaux puis de les [[Empoisonnement|empoisonner]], ils les attirent dans un [[hangar]] pour les tuer et les brûler, parfois vivants selon des témoignages<ref name=":1"/>{{,}}<ref name=":Pilger1">{{Lien web|langue = anglais|titre = John Pilger on the plight of Chagos' "unpeople"|url = http://www.newstatesman.com/human-rights/2008/11/pilger-british-chagos-law|site = NewStateman|date = 27 novembre 2008|consulté le = 16 juillet 2015|auteur1 = John Pilger|année = }}</ref>{{,}}<ref name=":12">{{Lien web|titre = The UK's Abuse of the Chagossian People|url = http://www.huffingtonpost.co.uk/katie-mcque/the-uks-abuse-of-the-chag_b_4202876.html|site = The Huffington Post UK|consulté le = 2015-09-09|langue = anglais|auteur1 = Katie McQue|date = 9 septembre 2015}}</ref>.
Dans les années suivantes, de [[1967]] à [[1973]], environ {{formatnum:2000}} Chagossiens sont déportés<ref name="DEPORT">Le terme employé diffère entre « rapatriement » et « déportation » en fonction des sources{{lesquelles}}.</ref> par la force ou la ruse par le gouvernement britannique, d'abord sur l'île de [[Peros Banhos]], puis en 1973 vers l'Ile [[Maurice (pays)|Maurice]] et les [[Seychelles]]. À partir de 1968, les habitants qui ont quitté temporairement l'archipel pour partir se soigner ou aller en [[vacances]] se voient interdire le retour sur leur île<ref>{{Lien web|titre = L'île de la relégation pour les Chagossiens|url = http://www.liberation.fr/monde/2004/07/27/l-ile-de-la-relegation-pour-les-chagossiens_487540|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Laurent Decloitre|date = 27 juillet 2004|site = Libération.fr|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref name=":Vine1"/>. En parallèle, le gouvernement britannique commence à restreindre l'[[approvisionnement]] en nourriture pour encourager encore plus de Chagossiens à quitter leurs îles<ref name=":Vine1" />. Parmi les autres techniques employées pour pousser les habitants à partir, les autorités britanniques et américaines s'en prennent aussi à leurs chiens. Après avoir essayé de tirer à balles réelles sur les animaux puis de les [[Empoisonnement|empoisonner]], ils les attirent dans un [[hangar]] pour les tuer et les brûler, parfois vivants selon des témoignages<ref name=":1"/>{{,}}<ref name=":Pilger1">{{Lien web|langue = anglais|titre = John Pilger on the plight of Chagos' "unpeople"|url = http://www.newstatesman.com/human-rights/2008/11/pilger-british-chagos-law|site = NewStateman|date = 27 novembre 2008|consulté le = 16 juillet 2015|auteur1 = John Pilger}}.</ref>{{,}}<ref name=":12">{{Lien web|titre = The UK's Abuse of the Chagossian People|url = http://www.huffingtonpost.co.uk/katie-mcque/the-uks-abuse-of-the-chag_b_4202876.html|site = The Huffington Post UK|consulté le = 2015-09-09|langue = anglais|auteur1 = Katie McQue|date = 9 septembre 2015}}.</ref>.


À partir de 1971, les Américains commencent la construction de la base et exigent l'accélération de la procédure de déportation. Les Chagossiens encore présents sur l'île sont embarqués de force sur des [[Navire de charge|cargos]] de 1971 à 1973<ref name=":Vine1"/> dans une ambiance de [[racisme]] du personnel britannique qui les désigne comme des "[[Tarzan]]s" et "[[Robinson Crusoé|Hommes Vendredis]]"<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Laura Jeffery|titre=Chagos Islanders in Mauritius and the UK|sous-titre=Forced displacement and onward migration|éditeur=Manchester University Press|lieu=Manchester|année=2011|pages totales=224|isbn=978-1-84779-789-6|isbn2=1-84779-789-X}}</ref>. Les cargos destinés à leur transport, en particulier le ''Norveder''<ref name=":15" />, sont surpeuplés, le voyage dure cinq jours et les passagers doivent dormir dans la [[Cale (navire)|cale]] sur des [[cargaison]]s d'[[excrément]]s d'oiseaux. À leur arrivée, l'[[urine]], le [[Vomissement|vomi]] et les excréments recouvrent le sol et au moins une femme a fait une [[fausse couche]]. Par contraste, certains cargos transportaient aussi des [[Pur Sang|chevaux de race]] qui ont été installés sur le [[Pont (bateau)|pont]]<ref name=":5">{{Lien web|titre = Forty Years of Heartbreak: Let the People of Diego Garcia Return to their Homeland|url = http://www.huffingtonpost.com/david-vine/forty-years-of-heartbreak_b_3344190.html|site = The Huffington Post|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|nom1 = David Vine|date = 28 mai 2013}}</ref>. Une fois arrivés à leur [[port]] de destination, les Chagossiens sont laissés sur les [[Quai|quais]], sans argent, sans travail et sans assistance pour trouver un logement<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":13">{{Article|langue = anglais|auteur1 = David Vine|titre = The Impoverishment of Displacement: Models for Documenting Human Rights Abuses and the People of Diego Garcia|périodique = Human Rights Brief 13|numéro = 2|jour = |mois = |année = 2006|issn = |lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/13/2vine.pdf|pages = 21-24}}</ref>, ce qui pousse le ''[[Washington Post]]'' à affirmer dans un article de 1975 qu'ils vivent dans un état de "[[pauvreté]] abjecte". En 1976, un officier du gouvernement reconnait qu'ils vivent dans une « situation déplorable »<ref name=":13" />.
À partir de 1971, les Américains commencent la construction de la base et exigent l'accélération de la procédure de déportation. Les Chagossiens encore présents sur l'île sont embarqués de force sur des [[Navire de charge|cargos]] de 1971 à 1973<ref name=":Vine1"/> dans une ambiance de [[racisme]] du personnel britannique qui les désigne comme des "[[Tarzan]]s" et "[[Robinson Crusoé|Hommes Vendredis]]"<ref name=":4">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Laura Jeffery|titre=Chagos Islanders in Mauritius and the UK|sous-titre=Forced displacement and onward migration|éditeur=Manchester University Press|lieu=Manchester|année=2011|pages totales=224|isbn=978-1-84779-789-6|isbn2=1-84779-789-X}}</ref>. Les cargos destinés à leur transport, en particulier le ''Norveder''<ref name=":15" />, sont surpeuplés, le voyage dure cinq jours et les passagers doivent dormir dans la [[Cale (navire)|cale]] sur des [[cargaison]]s d'[[excrément]]s d'oiseaux. À leur arrivée, l'[[urine]], le [[Vomissement|vomi]] et les excréments recouvrent le sol et au moins une femme a fait une [[fausse couche]]. Par contraste, certains cargos transportaient aussi des [[Pur Sang|chevaux de race]] qui ont été installés sur le [[Pont (bateau)|pont]]<ref name=":5">{{Lien web|titre = Forty Years of Heartbreak: Let the People of Diego Garcia Return to their Homeland|url = http://www.huffingtonpost.com/david-vine/forty-years-of-heartbreak_b_3344190.html|site = The Huffington Post|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|nom1 = David Vine|date = 28 mai 2013}}.</ref>. Une fois arrivés à leur [[port]] de destination, les Chagossiens sont laissés sur les [[Quai|quais]], sans argent, sans travail et sans assistance pour trouver un logement<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":13">{{Article|langue = anglais|auteur1 = David Vine|titre = The Impoverishment of Displacement: Models for Documenting Human Rights Abuses and the People of Diego Garcia|périodique = Human Rights Brief 13|numéro = 2|année = 2006|lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/13/2vine.pdf|pages = 21-24}}</ref>, ce qui pousse le ''[[Washington Post]]'' à affirmer dans un article de 1975 qu'ils vivent dans un état de "[[pauvreté]] abjecte". En 1976, un officier du gouvernement reconnait qu'ils vivent dans une « situation déplorable »<ref name=":13" />.


À la fin des [[années 1990]], le [[journaliste]] mauricien Henri Marimootoo consulte de nombreux documents britanniques [[Information classée secrète|déclassifiés]] et découvre que le gouvernement a volontairement menti à l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] afin d'empêcher les Chagossiens de pouvoir réclamer leurs droits. Les Britanniques avaient affirmé que les Chagossiens étaient de simples [[Saisonnier|travailleurs saisonniers]] et qu'ils n'étaient pas originaires de l'archipel. En effet, en les présentant comme des [[Ouvrier agricole|ouvriers agricoles]] en transit, le gouvernement pouvait contourner le [[Droit international des droits de l'homme|droit international]] qui exige qu'une population installée ne soit pas [[Migration humaine|déplacée]] sans son accord. Entre mai et août 1997, Henri Marimootoo publie le résultat de ses recherches dans une série d'articles intitulé ''Diego Files'' parus dans l'hebdomadaire mauricien ''Weekend''<ref name=":4"/>{{,}}<ref>{{Article|langue = en-GB|prénom1 = Sarah|nom1 = Tisseyre|prénom2 = Le|nom2 = Monde|titre = Return to Diego Garcia|périodique = The Guardian|date = 2005-05-19|issn = 0261-3077|lire en ligne = https://www.theguardian.com/theguardian/2005/may/20/guardianweekly.guardianweekly1|consulté le = 2015-07-06}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Exil forcé loin de Diego Garcia (Le Monde diplomatique)|url = http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/MALAISE/8242|site = www.monde-diplomatique.fr|consulté le = 2015-09-11|auteur1 = Hakim Malaisé|date = décembre 2001}}</ref>. Le journaliste [[John Pilger]] décrit la déportation de la population chagossienne comme {{citation|un kidnapping de masse opéré dans le plus grand secret}} et accuse les ministres des Affaires étrangères britanniques d'avoir {{citation|conspiré au mensonge, s'encourageant les uns et les autres à maintenir et défendre la fiction selon laquelle les Chagossiens n'existaient qu'en tant que population flottante}}<ref name=":Pilger1" />, le mot « [[fiction]] » ayant été effectivement utilisé par les ministres<ref name=":4"/>. Le déplacement d'une population entière n'avait encore jamais été réalisé<ref name=":0">{{Lien web|titre = The European Court of Human Rights urgently needs to decide on the Chagossians’ right to return {{!}} {{!}} Independent Notebook Blogs|url = http://blogs.independent.co.uk/2012/12/17/the-european-court-of-human-rights-urgently-needs-to-decide-on-the-chagossians%2525E2%252580%252599-right-of-return/|consulté le = 2015-07-06|auteur1 = Dr Sean Carey|date = 20 décembre 2012|langue = anglais}}</ref> et l'ancien [[Ministère des Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]] britannique [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] aurait même déclaré qu'il s'agissait de {{citation|l'épisode le plus sordide et le plus indéfendable que j'ai jamais connu.}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Pilger|titre=Freedom Next Time|éditeur=Random House|année=2011|pages totales=496|passage=p. 81|isbn=978-1-4070-8386-5|isbn2=1-4070-8386-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=grcb3zchpwYC&printsec=frontcover}}</ref>
À la fin des [[années 1990]], le [[journaliste]] mauricien Henri Marimootoo consulte de nombreux documents britanniques [[Information classée secrète|déclassifiés]] et découvre que le gouvernement a volontairement menti à l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] afin d'empêcher les Chagossiens de pouvoir réclamer leurs droits. Les Britanniques avaient affirmé que les Chagossiens étaient de simples [[Saisonnier|travailleurs saisonniers]] et qu'ils n'étaient pas originaires de l'archipel. En effet, en les présentant comme des [[Ouvrier agricole|ouvriers agricoles]] en transit, le gouvernement pouvait contourner le [[Droit international des droits de l'homme|droit international]] qui exige qu'une population installée ne soit pas [[Migration humaine|déplacée]] sans son accord. Entre mai et août 1997, Henri Marimootoo publie le résultat de ses recherches dans une série d'articles intitulé ''Diego Files'' parus dans l'hebdomadaire mauricien ''Weekend''<ref name=":4"/>{{,}}<ref>{{Article|langue = en-GB|prénom1 = Sarah|nom1 = Tisseyre|prénom2 = Le|nom2 = Monde|titre = Return to Diego Garcia|périodique = The Guardian|date = 2005-05-19|issn = 0261-3077|lire en ligne = https://www.theguardian.com/theguardian/2005/may/20/guardianweekly.guardianweekly1|consulté le = 2015-07-06}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Exil forcé loin de Diego Garcia (Le Monde diplomatique)|url = http://www.monde-diplomatique.fr/2001/12/MALAISE/8242|site = monde-diplomatique.fr|consulté le = 2015-09-11|auteur1 = Hakim Malaisé|date = décembre 2001}}.</ref>. Le journaliste [[John Pilger]] décrit la déportation de la population chagossienne comme {{citation|un kidnapping de masse opéré dans le plus grand secret}} et accuse les ministres des Affaires étrangères britanniques d'avoir {{citation|conspiré au mensonge, s'encourageant les uns et les autres à maintenir et défendre la fiction selon laquelle les Chagossiens n'existaient qu'en tant que population flottante}}<ref name=":Pilger1" />, le mot « [[fiction]] » ayant été effectivement utilisé par les ministres<ref name=":4"/>. Le déplacement d'une population entière n'avait encore jamais été réalisé<ref name=":0">{{Lien web|titre = The European Court of Human Rights urgently needs to decide on the Chagossians’ right to return {{!}} {{!}} Independent Notebook Blogs|url = http://blogs.independent.co.uk/2012/12/17/the-european-court-of-human-rights-urgently-needs-to-decide-on-the-chagossians%2525E2%252580%252599-right-of-return/|consulté le = 2015-07-06|auteur1 = Dr Sean Carey|date = 20 décembre 2012|langue = anglais}}.</ref> et l'ancien [[Ministère des Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]] britannique [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] aurait même déclaré qu'il s'agissait de {{citation|l'épisode le plus sordide et le plus indéfendable que j'ai jamais connu.}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=John Pilger|titre=Freedom Next Time|éditeur=Random House|année=2011|pages totales=496|passage=p. 81|isbn=978-1-4070-8386-5|isbn2=1-4070-8386-4|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=grcb3zchpwYC&printsec=frontcover}}</ref>


== Mobilisation et recours en justice ==
== Mobilisation et recours en justice ==
Dès leur arrivée à l'île Maurice, plusieurs Chagossiens, en particulier des femmes<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293 p.|passage=81-82|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover}}</ref>, se mobilisent pour défendre leurs droits. Parmi les figures marquantes du combat, on compte [[Lisette Talate]], [[Charlesia Alexis]] ou [[Rita Elysée Bancoult]] qui organisent des [[Jeûne|grèves de la faim]], des [[Manifestation|manifestations]]<ref name=":0"/> et sont même arrêtées par les autorités mauriciennes. Au début des années 1980, Alexis, Talate et Olivier Bancoult, le fils de Rita Elysée Bancoult, fondent le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) pour défendre leur cause en cour de justice<ref name=":0"/>. En 1995, le Chagossien Fernand Mandarin fonde le Comité Social Chagossien (CSC)<ref name=":4" />.
Dès leur arrivée à l'île Maurice, plusieurs Chagossiens, en particulier des femmes<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293 p.|passage=81-82|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover}}</ref>, se mobilisent pour défendre leurs droits. Parmi les figures marquantes du combat, on compte [[Lisette Talate]], [[Charlesia Alexis]] ou [[Rita Elysée Bancoult]] qui organisent des [[Jeûne|grèves de la faim]], des [[Manifestation|manifestations]]<ref name=":0"/> et sont même arrêtées par les autorités mauriciennes. Au début des années 1980, Alexis, Talate et [[Olivier Bancoult]], le fils de Rita Elysée Bancoult, fondent le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) pour défendre leur cause en cour de justice<ref name=":0"/>. En 1995, le Chagossien Fernand Mandarin fonde le Comité Social Chagossien (CSC)<ref name=":4" />.


=== 1972-1982 : compensations ===
=== 1972-1982 : compensations ===
En 1972, le gouvernement britannique verse {{formatnum:650000}} [[Livre sterling|livres sterling]] au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, majoritairement des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'[[inflation]], la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />.
En 1972, le gouvernement britannique verse {{formatnum:650000}} [[Livre sterling|livres sterling]] au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, majoritairement des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'[[inflation]], la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />.


En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une [[Procédure civile|procédure judiciaire]] devant la [[Haute Cour de justice (Angleterre et pays de Galles)|Haute Cour de Londres]] à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son [[exil]]. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britannique et mauricien décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent {{nombre|2976|livres}} sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à ne pas engager de nouvelles [[Procès|poursuites judiciaires]]<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web|titre = The Story of the Chagos Islands and Its People|url = http://www.counterpunch.org/2014/09/18/the-story-of-the-chagos-islands-and-its-people/|site = www.counterpunch.org|consulté le = 2015-09-13|langue = anglais|auteur1 = Alyssa Rohricht|date = 18 septembre 2014}}</ref>. De nombreux signataires, [[Analphabétisme|analphabètes]], ne parlant que le [[créole]] et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":0" />. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":28">{{Article|langue = anglais|auteur1 = Claire Grandison|titre = Stealing the Islands of Chagos: Another Forgotten Story of Colonial Injustice|périodique = Human Rights Brief|numéro = 20|jour = |mois = |année = 2013|issn = |lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/20/3woo.pdf|pages = 37-43|auteur2 = Seema Niki Kadaba|auteur3 = Andy Woo}}</ref>. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":28" />.
En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une [[Procédure civile|procédure judiciaire]] devant la [[Haute Cour de justice (Angleterre et pays de Galles)|Haute Cour de Londres]] à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son [[exil]]. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britannique et mauricien décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent {{nombre|2976|livres}} sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à ne pas engager de nouvelles [[Procès|poursuites judiciaires]]<ref name=":10" />{{,}}<ref name=":27">{{Lien web|titre = The Story of the Chagos Islands and Its People|url = http://www.counterpunch.org/2014/09/18/the-story-of-the-chagos-islands-and-its-people/|site = counterpunch.org|consulté le = 2015-09-13|langue = anglais|auteur1 = Alyssa Rohricht|date = 18 septembre 2014}}.</ref>. De nombreux signataires, [[Analphabétisme|analphabètes]], ne parlant que le [[créole]] et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":0" />. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques<ref name=":27" />{{,}}<ref name=":28">{{Article|langue = anglais|auteur1 = Claire Grandison|titre = Stealing the Islands of Chagos: Another Forgotten Story of Colonial Injustice|périodique = Human Rights Brief|numéro = 20|année = 2013|lire en ligne = https://www.wcl.american.edu/hrbrief/20/3woo.pdf|pages = 37-43|auteur2 = Seema Niki Kadaba|auteur3 = Andy Woo}}</ref>. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":28" />.


=== 1997-2016 : recours devant la justice britannique ===
=== 1997-2016 : recours devant la justice britannique ===
En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen des Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre, porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le [[Territoire britannique de l'océan Indien]]<ref name=":10" />. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, ''R (Bancoult) v Foreign Secretary'', est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien et annule l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le [[Secrétaire d'État]] [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des [[Étude de faisabilité|études de faisabilité]] pour organiser le retour de la population dans l'Archipel<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":29">{{Lien web|titre = La Cour de Londres confirme le droit de retour aux Chagos|url = http://www.lexpress.mu/article/la-cour-de-londres-confirme-le-droit-de-retour-aux-chagos|consulté le = 2015-09-13|date = 24 mai 2007|site = www.lexpress.mu}}</ref>.
En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen des Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre, porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le [[Territoire britannique de l'océan Indien]]<ref name=":10" />. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, ''R (Bancoult) v Foreign Secretary'', est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien et annule l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le [[Secrétaire d'État (Royaume-Uni)|Secrétaire d'État]] [[Robin Cook (homme politique britannique)|Robin Cook]] annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des [[Étude de faisabilité|études de faisabilité]] pour organiser le retour de la population dans l'archipel<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":29">{{Lien web|titre = La Cour de Londres confirme le droit de retour aux Chagos|url = http://www.lexpress.mu/article/la-cour-de-londres-confirme-le-droit-de-retour-aux-chagos|consulté le = 2015-09-13|date = 24 mai 2007|site = lexpress.mu}}.</ref>.


En 2002, un groupe de Chagossiens menés par le GRC porte un nouveau cas devant la justice britannique pour demander de nouvelles compensations, notamment pour [[fraude]] et exil illégal. L'affaire ''Chagos Islanders v Attorney General and HM BIOT Commissioner'' est jugée en 2003 devant la [[Haute Cour de justice (Angleterre et pays de Galles)|Haute Cour de Londres]]. Le [[juge]] rejette les demandes des Chagossiens, rappelant qu'une majorité d'entre eux avait renoncé à toute nouvelle plainte en acceptant les compensations de 1982. La Cour d'Appel saisie par la suite confirme ce jugement car elle estime entre autres que l'illégalité de l'exil ne peut être démontrée et qu'il n'y aucune preuve que les autorités savaient que l'ordonnance de 1971 était illégale<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />.
En 2002, un groupe de Chagossiens menés par le GRC porte un nouveau cas devant la justice britannique pour demander de nouvelles compensations, notamment pour [[fraude]] et exil illégal. L'affaire ''Chagos Islanders v Attorney General and HM BIOT Commissioner'' est jugée en 2003 devant la [[Haute Cour de justice (Angleterre et pays de Galles)|Haute Cour de Londres]]. Le [[juge]] rejette les demandes des Chagossiens, rappelant qu'une majorité d'entre eux avait renoncé à toute nouvelle plainte en acceptant les compensations de 1982. La Cour d'Appel saisie par la suite confirme ce jugement car elle estime entre autres que l'illégalité de l'exil ne peut être démontrée et qu'il n'y aucune preuve que les autorités savaient que l'ordonnance de 1971 était illégale<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":10" />{{,}}<ref name="Nauvel intro" />.
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Le {{date|21|mai|2002}}, le ministre britannique des Affaires étrangères [[Jack Straw (homme politique)|Jack Straw]] signe un document conférant la citoyenneté britannique aux Îlois, plus tard ajouté au ''British Overseas Territories Act 2002'' sous le nom de « Section 6: The Ilois: Citizenship ».
Le {{date|21|mai|2002}}, le ministre britannique des Affaires étrangères [[Jack Straw (homme politique)|Jack Straw]] signe un document conférant la citoyenneté britannique aux Îlois, plus tard ajouté au ''British Overseas Territories Act 2002'' sous le nom de « Section 6: The Ilois: Citizenship ».


Le gouvernement britannique publie plusieurs études de faisabilité concernant le retour des Chagossiens. En juin 2004, il affirme que seule une installation à court-terme serait envisageable et qu'un réel projet de réinstallation de la population serait trop coûteux<ref name=":10" />. Le 10 juin 2004, un [[décret en conseil]] de la [[Monarchie britannique|Reine d'Angleterre]] est promulgué. Dans des termes semblables à ceux de l'ordonnance de 1971, il décrète que toute visite du Territoire britannique de l'océan Indien est interdite sans autorisation spéciale<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":10" />. Les Chagossiens se mobilisent contre cette décision, soutenus par des personnalités politiques comme l'ancien [[président de la République de Maurice]] [[Cassam Uteem]] ou le député britannique [[Jeremy Corbyn]]<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens mettent la pression|url = http://www.lexpress.mu/article/les-chagossiens-mettent-la-pression|consulté le = 2015-09-13|date = 14 juillet 2004|site = www.lexpress.mu}}</ref>. Dans un débat au [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement britannique]] en juillet 2004, le gouvernement déclare que ces mesures sont nécessaires pour honorer son traité avec les États-Unis. De son côté, le gouvernement américain insiste sur l'importance de la base de Diego Garcia dans sa [[guerre contre le terrorisme]]. Un retour des Chagossiens mettrait en péril la sécurité de la base et augmenterait les risques d'une infiltration [[Terrorisme|terroriste]] selon le gouvernement britannique<ref name=":10" />{{,}}<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = Court victory for Chagos families|url = http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4760879.stm|site = BBC News|date = 11 mai 2006|consulté le = 13 septembre 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = RFI - Océan Indien - Nouvelle victoire des Chagossiens contre les Britanniques|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/077/article_43659.asp|site = www.rfi.fr|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Abdoollah Earally|date = 12 mai 2006}}</ref>. Olivier Bancoult décide de contester le décret en conseil et ouvre un nouveau recours en justice. Le cas ''R (Bancoult No 2) v Foreign Secretary'' est jugé par la Haute Cour de Londres le 11 mai 2006 qui renverse la décision royale<ref name=":29" />. Le gouvernement britannique fait appel mais la Cour d'Appel confirme le 23 mai 2007 que l'ordre royal de 2004 était un abus de pouvoir et qu'on ne peut déplacer une population entière autrement que pour son propre bien-être<ref name=":28" />{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Nicolas|nom1 = Wehmeier|titre = Oxford University Press {{!}} Online Resource Centre {{!}} Notes on key cases|url = http://global.oup.com/uk/orc/law/public/endicott2e/01student/ch07/03cases/|site = global.oup.com|consulté le = 2015-09-13}}</ref>{{,}}<ref name=":29" />.
Le gouvernement britannique publie plusieurs études de faisabilité concernant le retour des Chagossiens. En juin 2004, il affirme que seule une installation à court-terme serait envisageable et qu'un réel projet de réinstallation de la population serait trop coûteux<ref name=":10" />. Le 10 juin 2004, un [[décret en conseil]] de la [[Monarchie britannique|Reine d'Angleterre]] est promulgué. Dans des termes semblables à ceux de l'ordonnance de 1971, il décrète que toute visite du Territoire britannique de l'océan Indien est interdite sans autorisation spéciale<ref name="Nauvel intro" />{{,}}<ref name=":10" />. Les Chagossiens se mobilisent contre cette décision, soutenus par des personnalités politiques comme l'ancien [[président de la république de Maurice]] [[Cassam Uteem]] ou le député britannique [[Jeremy Corbyn]]<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens mettent la pression|url = http://www.lexpress.mu/article/les-chagossiens-mettent-la-pression|consulté le = 2015-09-13|date = 14 juillet 2004|site = lexpress.mu}}.</ref>. Dans un débat au [[Parlement du Royaume-Uni|Parlement britannique]] en juillet 2004, le gouvernement déclare que ces mesures sont nécessaires pour honorer son traité avec les États-Unis. De son côté, le gouvernement américain insiste sur l'importance de la base de Diego Garcia dans sa [[guerre contre le terrorisme]]. Un retour des Chagossiens mettrait en péril la sécurité de la base et augmenterait les risques d'une infiltration [[Terrorisme|terroriste]] selon le gouvernement britannique<ref name=":10" />{{,}}<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = Court victory for Chagos families|url = http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk_news/4760879.stm|site = BBC News|date = 11 mai 2006|consulté le = 13 septembre 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = RFI - Océan Indien - Nouvelle victoire des Chagossiens contre les Britanniques|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/077/article_43659.asp|site = rfi.fr|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Abdoollah Earally|date = 12 mai 2006}}.</ref>. Olivier Bancoult décide de contester le décret en conseil et ouvre un nouveau recours en justice. Le cas ''R (Bancoult No 2) v Foreign Secretary'' est jugé par la Haute Cour de Londres le 11 mai 2006 qui renverse la décision royale<ref name=":29" />. Le gouvernement britannique fait appel mais la Cour d'Appel confirme le 23 mai 2007 que l'ordre royal de 2004 était un abus de pouvoir et qu'on ne peut déplacer une population entière autrement que pour son propre bien-être<ref name=":28" />{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Nicolas|nom1 = Wehmeier|titre = Oxford University Press {{!}} Online Resource Centre {{!}} Notes on key cases|url = http://global.oup.com/uk/orc/law/public/endicott2e/01student/ch07/03cases/|site = global.oup.com|consulté le = 2015-09-13}}.</ref>{{,}}<ref name=":29" />.


Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du [[Mauritius Trochetia]] pour visiter le [[Territoire britannique de l'océan Indien]] pour la première fois depuis quarante ans<ref>{{Article|titre = In pictures: Chagossians' visit|périodique = BBC|date = 2006-04-10|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4897046.stm|consulté le = 2015-09-14|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref name=":30">{{Lien web|titre = Les déracinés de l'archipel des Chagos retrouvent leur paradis perdu|url = https://www.courrierinternational.com/chronique/2006/04/05/les-deracines-de-l-archipel-des-chagos-retrouvent-leur-paradis-perdu|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Philippe Randrianarimanana|date = 5 avril 2006|site = Courrier International}}</ref>. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles<ref>{{Lien web|titre = La visite aux Chagos sur fond de discorde|url = http://www.lexpress.mu/article/la-visite-aux-chagos-sur-fond-de-discorde|consulté le = 2015-09-14|date = 15 mars 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>{{,}}<ref name=":31">{{Lien web|titre = Faits et chiffres|url = http://www.lexpress.mu/article/faits-et-chiffres|consulté le = 2015-09-14|date = 2 avril 2006|site = www.lexpress.mu}}</ref>. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens<ref name=":32">{{Lien web|langue = |titre = MANSUÉTUDE BRITANNIQUE: Pèlerinage/hommage de Chagossiens-britanniques dans l'archipel occupé|url = http://www.lemauricien.com/article/mansu%C3%A9tude-britannique-p%C3%A8lerinagehommage-chagossiens-britanniques-larchipel-occup%C3%A9|site = www.lemauricien.com|date = 30 avril 2001|consulté le = 14 septembre 2015}}</ref> qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage<ref name=":31" />. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois [[escale]]s d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les [[Lieu de mémoire|lieux de mémoire]] tels que le [[cimetière]] et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre<ref name=":30" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens de retour à Port-Louis|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-chagossiens-de-retour-a-port-louis,14464.html|consulté le = 2015-09-14|date = 12 avril 2006|site = www.temoignages.re}}</ref>. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un [[laissez-passer]] à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la République de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni<ref name=":32" />.
Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du [[Mauritius Trochetia]] pour visiter le [[Territoire britannique de l'océan Indien]] pour la première fois depuis quarante ans<ref>{{Article|titre = In pictures: Chagossians' visit|périodique = BBC|date = 2006-04-10|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4897046.stm|consulté le = 2015-09-14|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref name=":30">{{Lien web|titre = Les déracinés de l'archipel des Chagos retrouvent leur paradis perdu|url = https://www.courrierinternational.com/chronique/2006/04/05/les-deracines-de-l-archipel-des-chagos-retrouvent-leur-paradis-perdu|consulté le = 2015-09-14|auteur1 = Philippe Randrianarimanana|date = 5 avril 2006|site = Courrier International}}.</ref>. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles<ref>{{Lien web|titre = La visite aux Chagos sur fond de discorde|url = http://www.lexpress.mu/article/la-visite-aux-chagos-sur-fond-de-discorde|consulté le = 2015-09-14|date = 15 mars 2006|site = lexpress.mu}}.</ref>{{,}}<ref name=":31">{{Lien web|titre = Faits et chiffres|url = http://www.lexpress.mu/article/faits-et-chiffres|consulté le = 2015-09-14|date = 2 avril 2006|site = lexpress.mu}}.</ref>. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens<ref name=":32">{{Lien web|titre = MANSUÉTUDE BRITANNIQUE: Pèlerinage/hommage de Chagossiens-britanniques dans l'archipel occupé|url = http://www.lemauricien.com/article/mansu%C3%A9tude-britannique-p%C3%A8lerinagehommage-chagossiens-britanniques-larchipel-occup%C3%A9|site = lemauricien.com|date = 30 avril 2001|consulté le = 14 septembre 2015}}.</ref> qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage<ref name=":31" />. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois [[escale]]s d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les [[Lieu de mémoire|lieux de mémoire]] tels que le [[cimetière]] et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre<ref name=":30" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les Chagossiens de retour à Port-Louis|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-chagossiens-de-retour-a-port-louis,14464.html|consulté le = 2015-09-14|date = 12 avril 2006|site = temoignages.re}}.</ref>. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un laissez-passer à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la république de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni<ref name=":32" />.


Malgré le jugement en appel de mai 2007, le gouvernement britannique décide de porter le dossier devant la cour de recours de la [[Chambre des lords]]<ref name=":33">{{Article|titre = Chagos exiles 'cannot return'|périodique = BBC|date = 2008-10-22|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk/7683726.stm|consulté le = 2015-09-15}}</ref>. Le 22 octobre 2008, les juges de la Chambre décident à la majorité de 3 contre 2 que le décret en conseil de la Reine de 2004 était légal, rationnel et ne violait pas les attentes de Chagossiens, annulant ainsi les précédents jugements<ref name=":34">{{Article|prénom1 = Jamie|nom1 = Trinidad|titre = A British Colony, a United States Military Base, and a People Dispossessed: Bancoult II in the House of Lords|date = 2010-05-01|lire en ligne = http://papers.ssrn.com/abstract=1999769|consulté le = 2015-09-15|périodique = East African Journal of Peace and Human Rights|volume = 16|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = RFI - Les Chagossiens ne peuvent pas retourner sur leur île|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/106/article_73851.asp|site = www.rfi.fr|consulté le = 2015-09-15|auteur1 = Muriel Delcroix|date = 23 octobre 2008}}</ref>. Ils se disent sensibles aux revendications des Chagossiens mais estiment que la décision de 2004 a été prise de « bonne foi » et reposait sur des arguments solides. Selon eux, un retour dans l'archipel serait [[précaire]] et coûteux et présenterait un risque inacceptable pour une base militaire « de la plus haute importance », en particulier après les [[attentat]]s terroristes du [[Attentats du 11 septembre 2001|11 septembre 2001]] aux [[États-Unis]]<ref>{{Article|prénom1 = David|nom1 = Vine|titre = Decolonizing Britain in the 21st Century? Chagos Islanders Challenge the Crown, House of Lords, 30 June-3 July 2008|périodique = Anthropology Today|volume = 24|date = 2008-08-01|lire en ligne = https://www.jstor.org/stable/20179938|consulté le = 2015-09-15|pages = 26-28|langue = anglais}}</ref>. Le juge Lord Hoffmann souligne que les Chagossiens, bien que floués dans le passé, ont depuis reçu une compensation pour leur perte et qu'ils n'ont montré {{Citation|aucun désir de retourner vivre à la manière de Crusoe dans des conditions de vie misérables}}<ref name=":33" />. En revanche, le juge Lord Bingham déclare que la décision de 2004 était nulle et illégale et que le pouvoir de la Reine de légiférer sans l'accord du Parlement représente une {{Citation|survivance anachronique}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|prénom2 = Matthew|nom2 = Weaver|titre = Chagos islanders lose battle to return|url = https://www.theguardian.com/politics/2008/oct/22/chagos-islanders-lose|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 octobre 2008}}</ref>. Il se dit d'autre part peu convaincu par les arguments américains sur la sécurité de la base de Diego Garcia<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|titre = Evicted Chagos islanders have no right to return home, law lords rule|url = https://www.theguardian.com/politics/2008/oct/23/chagos-islands-human-rights|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 23 octobre 2008}}</ref>. Selon certains spécialistes du [[droit britannique]], cette décision devant la Chambre des lords est importante du point de vue du [[droit constitutionnel]]<ref name=":10" /> ainsi que de celui de la reconnaissance des [[Libertés fondamentales|droits fondamentaux]] des peuples des anciennes colonies<ref name=":34" />.
Malgré le jugement en appel de mai 2007, le gouvernement britannique décide de porter le dossier devant la cour de recours de la [[Chambre des lords]]<ref name=":33">{{Article|titre = Chagos exiles 'cannot return'|périodique = BBC|date = 2008-10-22|lire en ligne = http://news.bbc.co.uk/2/hi/uk/7683726.stm|consulté le = 2015-09-15}}</ref>. Le 22 octobre 2008, les juges de la Chambre décident à la majorité de 3 contre 2 que le décret en conseil de la Reine de 2004 était légal, rationnel et ne violait pas les attentes de Chagossiens, annulant ainsi les précédents jugements<ref name=":34">{{Article|prénom1 = Jamie|nom1 = Trinidad|titre = A British Colony, a United States Military Base, and a People Dispossessed: Bancoult II in the House of Lords|date = 2010-05-01|lire en ligne = http://papers.ssrn.com/abstract=1999769|consulté le = 2015-09-15|périodique = East African Journal of Peace and Human Rights|volume = 16|langue = anglais}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = RFI - Les Chagossiens ne peuvent pas retourner sur leur île|url = http://www1.rfi.fr/actufr/articles/106/article_73851.asp|site = rfi.fr|consulté le = 2015-09-15|auteur1 = Muriel Delcroix|date = 23 octobre 2008}}.</ref>. Ils se disent sensibles aux revendications des Chagossiens mais estiment que la décision de 2004 a été prise de « bonne foi » et reposait sur des arguments solides. Selon eux, un retour dans l'archipel serait [[précaire]] et coûteux et présenterait un risque inacceptable pour une base militaire « de la plus haute importance », en particulier après les [[attentat]]s terroristes du [[Attentats du 11 septembre 2001|11 septembre 2001]] aux [[États-Unis]]<ref>{{Article|prénom1 = David|nom1 = Vine|titre = Decolonizing Britain in the 21st Century? Chagos Islanders Challenge the Crown, House of Lords, 30 June-3 July 2008|périodique = Anthropology Today|volume = 24|date = 2008-08-01|lire en ligne = https://www.jstor.org/stable/20179938|consulté le = 2015-09-15|pages = 26-28|langue = anglais}}</ref>. Le juge Lord Hoffmann souligne que les Chagossiens, bien que floués dans le passé, ont depuis reçu une compensation pour leur perte et qu'ils n'ont montré {{Citation|aucun désir de retourner vivre à la manière de Crusoe dans des conditions de vie misérables}}<ref name=":33" />. En revanche, le juge Lord Bingham déclare que la décision de 2004 était nulle et illégale et que le pouvoir de la Reine de légiférer sans l'accord du Parlement représente une {{Citation|survivance anachronique}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|prénom2 = Matthew|nom2 = Weaver|titre = Chagos islanders lose battle to return|url = https://www.theguardian.com/politics/2008/oct/22/chagos-islanders-lose|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 octobre 2008}}.</ref>. Il se dit d'autre part peu convaincu par les arguments américains sur la sécurité de la base de Diego Garcia<ref>{{Lien web|prénom1 = Duncan|nom1 = Campbell|titre = Evicted Chagos islanders have no right to return home, law lords rule|url = https://www.theguardian.com/politics/2008/oct/23/chagos-islands-human-rights|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 23 octobre 2008}}.</ref>. Selon certains spécialistes du [[droit britannique]], cette décision devant la Chambre des lords est importante du point de vue du [[droit constitutionnel]]<ref name=":10" /> ainsi que de celui de la reconnaissance des [[Libertés fondamentales|droits fondamentaux]] des peuples des anciennes colonies<ref name=":34" />.


En juin 2015, le Groupe Réfugiés Chagos décide de demander l'annulation du jugement de 2008 devant la [[Cour suprême du Royaume-Uni|Cour suprême de Londres]]. Leurs [[Avocat (métier)|avocats]] argumentent que ce jugement était en partie basé sur une étude de faisabilité qui n'a pas été présentée aux juges et que cela aurait pu changer le [[verdict]]<ref>{{Lien web|titre = Ruling that dashed hopes of Chagos Islanders to return to homeland should be quashed, Supreme Court hears|url = https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/ruling-that-dashed-hopes-of-chagos-islanders-to-return-to-homeland-should-be-quashed-supreme-court-hears-10337462.html|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015|auteur1 = Cahal Milmo}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Owen|nom1 = Bowcott|titre = Chagos islanders ask supreme court to overturn House of Lords decision|url = https://www.theguardian.com/law/2015/jun/22/chagos-islanders-supreme-court-house-lords-decision|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015}}</ref>. La présence de l'avocate internationale [[Amal Clooney]] dans leur équipe de défense favorise le combat des Chagossiens puisque sa [[notoriété]] attire une couverture médiatique de leurs procès sans précédent, y compris par la [[presse people]]<ref>{{Lien web|titre = Bancoult : «Amal Clooney se bat avec tout son cœur» {{!}} 5-Plus Dimanche|url = http://www.5plus.mu/actualite/bancoult-amal-clooney-se-bat-avec-tout-son-coeur|site = www.5plus.mu|consulté le = 2015-09-15}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Océan Indien : Amal Clooney, un atout médiatique de poids pour défendre la cause des Chagossiens|url = http://www.ipreunion.com/photo-du-jour/reportage/2015/06/29/ocean-indien-amal-clooney-un-atout-mediatique-pour-defendre-la-cause-des-chagossiens,31413.html|consulté le = 2015-09-15}}</ref>.
En juin 2015, le Groupe Réfugiés Chagos décide de demander l'annulation du jugement de 2008 devant la [[Cour suprême du Royaume-Uni|Cour suprême de Londres]]. Leurs [[Avocat (métier)|avocats]] argumentent que ce jugement était en partie basé sur une étude de faisabilité qui n'a pas été présentée aux juges et que cela aurait pu changer le [[verdict]]<ref>{{Lien web|titre = Ruling that dashed hopes of Chagos Islanders to return to homeland should be quashed, Supreme Court hears|url = https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/ruling-that-dashed-hopes-of-chagos-islanders-to-return-to-homeland-should-be-quashed-supreme-court-hears-10337462.html|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015|auteur1 = Cahal Milmo}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Owen|nom1 = Bowcott|titre = Chagos islanders ask supreme court to overturn House of Lords decision|url = https://www.theguardian.com/law/2015/jun/22/chagos-islanders-supreme-court-house-lords-decision|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 22 juin 2015}}.</ref>. La présence de l'avocate internationale [[Amal Clooney]] dans leur équipe de défense favorise le combat des Chagossiens puisque sa [[notoriété]] attire une couverture médiatique de leurs procès sans précédent, y compris par la [[presse people]]<ref>{{Lien web|titre = Bancoult : «Amal Clooney se bat avec tout son cœur» {{!}} 5-Plus Dimanche|url = http://www.5plus.mu/actualite/bancoult-amal-clooney-se-bat-avec-tout-son-coeur|site = 5plus.mu|consulté le = 2015-09-15}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Océan Indien : Amal Clooney, un atout médiatique de poids pour défendre la cause des Chagossiens|url = http://www.ipreunion.com/photo-du-jour/reportage/2015/06/29/ocean-indien-amal-clooney-un-atout-mediatique-pour-defendre-la-cause-des-chagossiens,31413.html|consulté le = 2015-09-15}}.</ref>.


La Cour suprême déboute les Chagossiens le 29 juin 2016 par une majorité de trois voix contre deux. Les juges déclarent que les nouveaux éléments apportés au dossier ne sont pas de nature à remettre en cause le jugement de la Chambre des Lords. Néanmoins, la Cour suprême précise qu'un rapport publié en mars 2015 sur la viabilité d’un retour dans l’archipel pourrait constituer la base d'une nouvelle demande<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=Géraldine Giraudeau|titre=La bataille des déracinés des Chagos n'est pas terminée - JeuneAfrique.com|périodique=JeuneAfrique.com|date=2016-08-09|issn=|lire en ligne=http://www.jeuneafrique.com/347982/politique/bataille-deracines-chagos-nest-terminee/|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Retour aux Chagos: pourquoi trois des cinq juges britanniques ont rejeté l’appel|url=https://www.lexpress.mu/amp/284556|site=www.lexpress.mu|date=30 juin 2016|consulté le=2017-04-17}}</ref>.
La Cour suprême déboute les Chagossiens le 29 juin 2016 par une majorité de trois voix contre deux. Les juges déclarent que les nouveaux éléments apportés au dossier ne sont pas de nature à remettre en cause le jugement de la Chambre des Lords. Néanmoins, la Cour suprême précise qu'un rapport publié en mars 2015 sur la viabilité d’un retour dans l’archipel pourrait constituer la base d'une nouvelle demande<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=Géraldine Giraudeau|titre=La bataille des déracinés des Chagos n'est pas terminée - JeuneAfrique.com|périodique=JeuneAfrique.com|date=2016-08-09|lire en ligne=http://www.jeuneafrique.com/347982/politique/bataille-deracines-chagos-nest-terminee/|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Retour aux Chagos: pourquoi trois des cinq juges britanniques ont rejeté l’appel|url=https://www.lexpress.mu/amp/284556|site=lexpress.mu|date=30 juin 2016|consulté le=2017-04-17}}.</ref>.


=== 2010-2019 : question du parc marin et recours à la justice internationale ===
=== 2010-2019 : question du parc marin et recours à la justice internationale ===
Le {{1er}} avril 2010, l’[[archipel]] des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique<ref name=":5"/>, à l'exception de l’[[atoll]] de [[Diego Garcia]]<ref>{{Lien web|titre = Chagos : damer le pion aux Anglais {{!}} Le Mauricien|url = http://www.lemauricien.com/blog/chagos-damer-le-pion-aux-anglais|site = www.lemauricien.com|consulté le = 2015-07-12|nom1 = Jean-Marc Poché|date = 21 décembre 2010}}</ref>. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le rétablissement de la population sur l'archipel<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Alain Dreneau|titre = La Cour Européenne des Droits de l’Homme est en vue|url = http://www.temoignages.re/la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-est-en-vue,40725|consulté le = 2015-07-06|site = www.temoignages.re|date = 22 décembre 2009}}</ref>. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web|prénom1 = Rob|nom1 = Evans|prénom2 = Richard|nom2 = Norton-Taylor|titre = WikiLeaks: Foreign Office accused of misleading public over Diego Garcia|url = https://www.theguardian.com/politics/2010/dec/03/wikileaks-cables-diego-garcia-uk|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|date = 3 décembre 2010}}</ref> et vantent une opportunité de créer une réserve naturelle unique au monde<ref name=":35">{{Lien web|titre = L’île de la discorde|url = https://www.courrierinternational.com/article/2010/03/31/l-ile-de-la-discorde|consulté le = 2015-09-15|site = Courrier International|auteur1 = Catherine Philip|date = 31 mars 2010}}</ref>. Cependant, des [[Câble diplomatique|câbles diplomatiques]] de 2009 publiés par [[Wikileaks]] l'année suivante<ref>{{Lien web|titre = US embassy cables: Foreign Office does not regret evicting Chagos islanders|url = https://www.theguardian.com/world/us-embassy-cables-documents/207149|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|date = 2 décembre 2010|langue = anglais}}</ref> dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait ainsi déclaré : {{citation|Établir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Ludovic|nom1 = Grondin|titre = Wikileaks révèle les réelles intentions de la Grande-Bretagne et des USA pour les îles Chagos|url = http://www.zinfos974.com/Wikileaks-revele-les-reelles-intentions-de-la-Grande-Bretagne-et-des-USA-pour-les-iles-Chagos_a23618.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.zinfos974.com|date = 2 décembre 2010}}</ref>{{,}}<ref name=":6"/>. Les autorités britanniques et américaines refusent de confirmer ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du [[secret diplomatique]]<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6"/>. Le spécialiste de l'[[environnement]] Mike Spalding estime que la création d'un parc sans l'accord des Chagossiens serait une catastrophe<ref name=":35" />.
Le {{1er}} avril 2010, l’[[archipel]] des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique<ref name=":5"/>, à l'exception de l’[[atoll]] de [[Diego Garcia]]<ref>{{Lien web|titre = Chagos : damer le pion aux Anglais {{!}} Le Mauricien|url = http://www.lemauricien.com/blog/chagos-damer-le-pion-aux-anglais|site = lemauricien.com|consulté le = 2015-07-12|nom1 = Jean-Marc Poché|date = 21 décembre 2010|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le rétablissement de la population sur l'archipel<ref>{{Lien web|nom1 = Alain Dreneau|titre = La Cour Européenne des Droits de l’Homme est en vue|url = http://www.temoignages.re/la-cour-europeenne-des-droits-de-l-homme-est-en-vue,40725|consulté le = 2015-07-06|site = temoignages.re|date = 22 décembre 2009}}.</ref>. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6">{{Lien web|prénom1 = Rob|nom1 = Evans|prénom2 = Richard|nom2 = Norton-Taylor|titre = WikiLeaks: Foreign Office accused of misleading public over Diego Garcia|url = https://www.theguardian.com/politics/2010/dec/03/wikileaks-cables-diego-garcia-uk|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|langue = anglais|date = 3 décembre 2010}}.</ref> et vantent une occasion de créer une réserve naturelle unique au monde<ref name=":35">{{Lien web|titre = L’île de la discorde|url = https://www.courrierinternational.com/article/2010/03/31/l-ile-de-la-discorde|consulté le = 2015-09-15|site = Courrier International|auteur1 = Catherine Philip|date = 31 mars 2010}}.</ref>. Cependant, des [[Câble diplomatique|câbles diplomatiques]] de 2009 publiés par [[Wikileaks]] l'année suivante<ref>{{Lien web|titre = US embassy cables: Foreign Office does not regret evicting Chagos islanders|url = https://www.theguardian.com/world/us-embassy-cables-documents/207149|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-06|date = 2 décembre 2010|langue = anglais}}.</ref> dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait ainsi déclaré : {{citation|Établir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Ludovic|nom1 = Grondin|titre = Wikileaks révèle les réelles intentions de la Grande-Bretagne et des USA pour les îles Chagos|url = http://www.zinfos974.com/Wikileaks-revele-les-reelles-intentions-de-la-Grande-Bretagne-et-des-USA-pour-les-iles-Chagos_a23618.html|consulté le = 2015-07-12|site = zinfos974.com|date = 2 décembre 2010}}.</ref>{{,}}<ref name=":6"/>. Les autorités britanniques et américaines refusent de confirmer ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du [[secret diplomatique]]<ref name=":5"/>{{,}}<ref name=":6"/>. Le spécialiste de l'[[environnement]] Mike Spalding estime que la création d'un parc sans l'accord des Chagossiens serait une catastrophe<ref name=":35" />.


Olivier Bancoult décide de porter la question du parc marin devant les cours de justice britannique. Le 11 juin 2013, la Haute Cour de Londres déclare que celui-ci n'est pas incompatible avec le [[droit européen]], qu'il n'est pas illégal et qu'il a été créé non pas pour empêcher le retour des Chagossiens mais bien pour des motifs environnementaux, les documents de Wikileaks n'ayant pas été pris en compte comme preuves en raison du secret diplomatique<ref>{{Lien web|titre = Le procès en appel contre le parc marin|url = http://www.temoignages.re/social/droits-humains/le-proces-en-appel-contre-le-parc-marin,77668.html|consulté le = 2015-09-15|site = www.temoignages.re|date = 10 mai 2014}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Chagos marine park is lawful, High Court rules - BBC News|url = https://www.bbc.com/news/uk-22852375|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 11 juin 2013|site = BBC News}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS : Londres protégé des révélations de Wikileaks|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-londres-protege-des-revelations-wikileaks|site = www.lemauricien.com|date = 19 avril 2013|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>. Les Chagossiens font appel mais le jugement est confirmé le 23 mai 2014. Il rappelle que certains arguments des plaignants ne sont pas recevables, notamment le droit à la pêche puisque dans les faits, aucun Chagossien ne pêche plus dans les eaux de l'archipel depuis 1973. En revanche, la cour ouvre la possibilité de prendre en compte les câbles de Wikileaks dans un futur jugement<ref>{{Lien web|langue = |titre = DEVANT LA COUR D’APPEL DE LONDRES—CHAGOS : Londres obtient gain de cause sur le MPA|url = http://www.lemauricien.com/article/devant-la-cour-d-appel-londres-chagos-londres-obtient-gain-cause-sur-mpa|site = www.lemauricien.com|date = 24 mai 2014|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>.
Olivier Bancoult décide de porter la question du parc marin devant les cours de justice britannique. Le 11 juin 2013, la Haute Cour de Londres déclare que celui-ci n'est pas incompatible avec le [[droit européen]], qu'il n'est pas illégal et qu'il a été créé non pas pour empêcher le retour des Chagossiens mais bien pour des motifs environnementaux, les documents de Wikileaks n'ayant pas été pris en compte comme preuves en raison du secret diplomatique<ref>{{Lien web|titre = Le procès en appel contre le parc marin|url = http://www.temoignages.re/social/droits-humains/le-proces-en-appel-contre-le-parc-marin,77668.html|consulté le = 2015-09-15|site = temoignages.re|date = 10 mai 2014}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Chagos marine park is lawful, High Court rules - BBC News|url = https://www.bbc.com/news/uk-22852375|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 11 juin 2013|site = BBC News}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = CHAGOS : Londres protégé des révélations de Wikileaks|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-londres-protege-des-revelations-wikileaks|site = lemauricien.com|date = 19 avril 2013|consulté le = 15 septembre 2015}}.</ref>. Les Chagossiens font appel mais le jugement est confirmé le 23 mai 2014. Il rappelle que certains arguments des plaignants ne sont pas recevables, notamment le droit à la pêche puisque dans les faits, aucun Chagossien ne pêche plus dans les eaux de l'archipel depuis 1973. En revanche, la cour ouvre la possibilité de prendre en compte les câbles de Wikileaks dans un futur jugement<ref>{{Lien web|titre = DEVANT LA COUR D’APPEL DE LONDRES—CHAGOS : Londres obtient gain de cause sur le MPA|url = http://www.lemauricien.com/article/devant-la-cour-d-appel-londres-chagos-londres-obtient-gain-cause-sur-mpa|site = lemauricien.com|date = 24 mai 2014|consulté le = 15 septembre 2015}}.</ref>.


Le 18 mars 2015, le [[Tribunal international du droit de la mer]] saisi par le [[Premier ministre]] mauricien déclare illégale la création du parc marin par le Royaume-Uni. Il estime que {{Citation|le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le {{1er}} avril 2010}}. Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos<ref>{{Lien web|prénom1 = Nilen|nom1 = Kattany|titre = Zone maritime des Chagos : la création du parc marin décrétée illégale|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/69734-zone-maritime-des-chagos-la-creation-du-parc-marin-decretee-illegale.html|consulté le = 2015-07-12|site = www.defimedia.info|date = 20 mars 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = |nom1 = Sam Jones|titre = UN ruling raises hope of return for exiled Chagos islanders|url = https://www.theguardian.com/world/2015/mar/19/un-ruling-raises-hope-of-return-for-exiled-chagos-islanders|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-12|langue = anglais|auteur2 = Owen Bowcott|date = 19 mars 2015}}</ref>.
Le 18 mars 2015, le [[Tribunal international du droit de la mer]] saisi par le [[Premier ministre]] mauricien déclare illégale la création du parc marin par le Royaume-Uni. Il estime que {{Citation|le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le {{1er}} avril 2010}}. Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos<ref>{{Lien web|prénom1 = Nilen|nom1 = Kattany|titre = Zone maritime des Chagos : la création du parc marin décrétée illégale|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/69734-zone-maritime-des-chagos-la-creation-du-parc-marin-decretee-illegale.html|consulté le = 2015-07-12|site = defimedia.info|date = 20 mars 2015|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|nom1 = Sam Jones|titre = UN ruling raises hope of return for exiled Chagos islanders|url = https://www.theguardian.com/world/2015/mar/19/un-ruling-raises-hope-of-return-for-exiled-chagos-islanders|site = The Guardian|consulté le = 2015-07-12|langue = anglais|auteur2 = Owen Bowcott|date = 19 mars 2015}}.</ref>.


Entretemps, les Chagossiens décident de porter leur cas devant la [[Cour européenne des droits de l'homme]]. Le 20 décembre 2012, celle-ci rejette leur plainte contre le gouvernement britannique. Selon elle, la plainte est irrecevable car en acceptant une compensation financière en 1982 lors de l'affaire Ventacassen, les Chagossiens ont renoncé à toute autre prétention<ref name=":36">{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS: Sérieux revers devant la Cour européenne|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-serieux-revers-devant-la-cour-europeenne|site = www.lemauricien.com|date = 21 décembre 2012|consulté le = 15 septembre 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Rédaction de|nom1 = RadioPlus|titre = Les Chagossiens déboutés à la Cour européenne des droits de l'Homme|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/23918-les-chagossiens-d%25C3%25A9bout%25C3%25A9s-%25C3%25A0-la-cour-europ%25C3%25A9enne-des-droits-de-lhomme.html|consulté le = 2015-09-15|date = 21 décembre 2012|site = www.defimedia.info}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = John|nom1 = Vidal|prénom2 = Owen|nom2 = Bowcott|titre = Chagos Islanders forced into exile left 'dumbstruck' by court ruling|url = https://www.theguardian.com/world/2012/dec/20/chagos-islands-court-ruling|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}</ref>. Elle souligne aussi que les Chagossiens n'ont plus de perspective de retourner s'établir dans les îles des Chagos, que leur combat est politique et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la [[Convention européenne des droits de l'Homme]]<ref name=":36" />. Le gouvernement britannique déclare qu'il s'est excusé à plusieurs reprises pour le traitement des Chagossiens dans les années 1960 mais qu'il était en droit de se défendre devant la cour et réexaminera la possibilité de réinstaller les Chagossiens dans l'archipel<ref>{{Lien web|titre = Chagos Islanders lose court bid - BBC News|url = https://www.bbc.com/news/uk-20801992|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}</ref>.
Entretemps, les Chagossiens décident de porter leur cas devant la [[Cour européenne des droits de l'homme]]. Le 20 décembre 2012, celle-ci rejette leur plainte contre le gouvernement britannique. Selon elle, la plainte est irrecevable car en acceptant une compensation financière en 1982 lors de l'affaire Ventacassen, les Chagossiens ont renoncé à toute autre prétention<ref name=":36">{{Lien web|titre = CHAGOS: Sérieux revers devant la Cour européenne|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-serieux-revers-devant-la-cour-europeenne|site = lemauricien.com|date = 21 décembre 2012|consulté le = 15 septembre 2015}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = Rédaction de|nom1 = RadioPlus|titre = Les Chagossiens déboutés à la Cour européenne des droits de l'Homme|url = http://www.defimedia.info/live-news/item/23918-les-chagossiens-d%25C3%25A9bout%25C3%25A9s-%25C3%25A0-la-cour-europ%25C3%25A9enne-des-droits-de-lhomme.html|consulté le = 2015-09-15|date = 21 décembre 2012|site = defimedia.info|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|prénom1 = John|nom1 = Vidal|prénom2 = Owen|nom2 = Bowcott|titre = Chagos Islanders forced into exile left 'dumbstruck' by court ruling|url = https://www.theguardian.com/world/2012/dec/20/chagos-islands-court-ruling|site = the Guardian|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}.</ref>. Elle souligne aussi que les Chagossiens n'ont plus de perspective de retourner s'établir dans les îles des Chagos, que leur combat est politique et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la [[Convention européenne des droits de l'Homme]]<ref name=":36" />. Le gouvernement britannique déclare qu'il s'est excusé à plusieurs reprises pour le traitement des Chagossiens dans les années 1960 mais qu'il était en droit de se défendre devant la cour et réexaminera la possibilité de réinstaller les Chagossiens dans l'archipel<ref>{{Lien web|titre = Chagos Islanders lose court bid - BBC News|url = https://www.bbc.com/news/uk-20801992|consulté le = 2015-09-15|langue = anglais|date = 20 décembre 2012}}.</ref>.


En juin 2016, le gouvernement mauricien signale son intention de porter le cas des Chagos devant la [[Cour internationale de justice]] si le gouvernement britannique ne restitue pas l'archipel<ref>{{Article|langue=fr|titre=Expiration du délai du 30 juin: Maurice n’a qu’une seule option|périodique=lexpress.mu|date=2016-06-30|lire en ligne=https://www.lexpress.mu/article/284550/expiration-delai-30-juin-maurice-na-quune-seule-option|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Archipel des Chagos : le ton monte entre Maurice, Londres et Washington - RFI|périodique=RFI Afrique|date=27 juin 2016|issn=|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20160627-archipel-chagos-le-ton-monte-entre-ile-maurice-londres-washington|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>. Les négociations entre les deux parties doivent prendre fin au plus tard en juin 2017<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=André Oraison|titre=La décision britannique au sujet de Diego Garcia : le bail stratégique concédé aux Américains prorogé pour 20 ans|périodique=Témoignages.RE - http://www.temoignages.re|date=2017-01-10|issn=|lire en ligne=http://www.temoignages.re/social/droits-humains/la-decision-britannique-au-sujet-de-diego-garcia-le-bail-strategique-concede-aux-americains-proroge-pour-20-ans,88575|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>. Le gouvernement britannique annonce son refus d'envisager le repeuplement des Chagos le 16 novembre 2016. Il exprime ses profonds regrets quant à la déportation des Chagossiens mais il met en avant le risque sécuritaire et le coût que représenterait le repeuplement pour le contribuable britannique. Il propose cependant une enveloppe de 45 millions d'euros pour l'amélioration des conditions de vie des Chagossiens. Olivier Bancoult répond que la dignité des Chagossiens "n'est pas à vendre". D'autres représentants de la communauté chagossienne soulignent que l'enveloppe du gouvernement britannique ne pourra être versée en échange d'un abandon de leur revendications <ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Océan Indien: Londres dit «non» au repeuplement de l'archipel des Chagos - RFI|périodique=RFI Afrique|date=18 novembre 2016|issn=|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20161117-ocean-indien-londres-dit-non-repeuplement-archipel-chagos|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Bassy|titre=Chagos: plus question d'attendre 2017 pour l'ONU|périodique=lexpress.mu|date=2016-11-24|lire en ligne=https://www.lexpress.mu/article/294355/chagos-plus-question-dattendre-2017-pour-lonu|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|prénom1=Owen|nom1=Bowcott|titre=Chagos islanders cannot return home, UK Foreign Office confirms|périodique=The Guardian|date=2016-11-16|issn=0261-3077|lire en ligne=https://www.theguardian.com/world/2016/nov/16/chagos-islanders-cannot-return-home-uk-foreign-office-confirms|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|titre=Chagos Islanders will not be allowed home, UK government says|périodique=BBC News|date=2016-11-16|lire en ligne=https://www.bbc.com/news/uk-38003791|consulté le=2017-04-17}}</ref>. Un projet de visite des Chagos, soutenu en partie par le gouvernement britannique, fait l'objet de nombreux débats. Olivier Bancoult estime notamment qu'il s'agit d'un piège<ref>{{Lien web|langue=|auteur1=Amy Kamanah-Murday|titre=Visite des Chagos : La guerre des bateaux lancée  {{!}} 5-Plus Dimanche|url=http://www.5plus.mu/actualite/visite-des-chagos-la-guerre-des-bateaux-lancee|site=www.5plus.mu|date=|consulté le=2017-04-17}}</ref>. En parallèle, le Premier Ministre mauricien se plaint des pressions et de l'attitude méprisante de ses interlocuteurs britanniques et américains dans le cadre des négociations diplomatiques<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Patrick Hilbert|titre=Dossier Chagos - SAJ : «Les Britanniques m’ont parlé comme à un esclave»|périodique=Defimedia|date=2016-11-30|issn=|lire en ligne=http://defimedia.info/dossier-chagos-saj-les-britanniques-mont-parle-comme-un-esclave|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>.
En juin 2016, le gouvernement mauricien signale son intention de porter le cas des Chagos devant la [[Cour internationale de justice]] si le gouvernement britannique ne restitue pas l'archipel<ref>{{Article|langue=fr|titre=Expiration du délai du 30 juin: Maurice n’a qu’une seule option|périodique=lexpress.mu|date=2016-06-30|lire en ligne=https://www.lexpress.mu/article/284550/expiration-delai-30-juin-maurice-na-quune-seule-option|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Archipel des Chagos : le ton monte entre Maurice, Londres et Washington - RFI|périodique=RFI Afrique|date=27 juin 2016|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20160627-archipel-chagos-le-ton-monte-entre-ile-maurice-londres-washington|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>. Les négociations entre les deux parties doivent prendre fin au plus tard en juin 2017<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=André Oraison|titre=La décision britannique au sujet de Diego Garcia : le bail stratégique concédé aux Américains prorogé pour 20 ans|périodique=Témoignages.RE - http://www.temoignages.re|date=2017-01-10|lire en ligne=http://www.temoignages.re/social/droits-humains/la-decision-britannique-au-sujet-de-diego-garcia-le-bail-strategique-concede-aux-americains-proroge-pour-20-ans,88575|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>. Le gouvernement britannique annonce son refus d'envisager le repeuplement des Chagos le 16 novembre 2016. Il exprime ses profonds regrets quant à la déportation des Chagossiens mais il met en avant le risque sécuritaire et le coût que représenterait le repeuplement pour le contribuable britannique. Il propose cependant une enveloppe de 45 millions d'euros pour l'amélioration des conditions de vie des Chagossiens. Olivier Bancoult répond que la dignité des Chagossiens "n'est pas à vendre". D'autres représentants de la communauté chagossienne soulignent que l'enveloppe du gouvernement britannique ne pourra être versée en échange d'un abandon de leur revendications <ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Océan Indien: Londres dit «non» au repeuplement de l'archipel des Chagos - RFI|périodique=RFI Afrique|date=18 novembre 2016|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20161117-ocean-indien-londres-dit-non-repeuplement-archipel-chagos|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Bassy|titre=Chagos: plus question d'attendre 2017 pour l'ONU|périodique=lexpress.mu|date=2016-11-24|lire en ligne=https://www.lexpress.mu/article/294355/chagos-plus-question-dattendre-2017-pour-lonu|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|prénom1=Owen|nom1=Bowcott|titre=Chagos islanders cannot return home, UK Foreign Office confirms|périodique=The Guardian|date=2016-11-16|issn=0261-3077|lire en ligne=https://www.theguardian.com/world/2016/nov/16/chagos-islanders-cannot-return-home-uk-foreign-office-confirms|consulté le=2017-04-17}}</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en-GB|titre=Chagos Islanders will not be allowed home, UK government says|périodique=BBC News|date=2016-11-16|lire en ligne=https://www.bbc.com/news/uk-38003791|consulté le=2017-04-17}}</ref>. Un projet de visite des Chagos, soutenu en partie par le gouvernement britannique, fait l'objet de nombreux débats. Olivier Bancoult estime notamment qu'il s'agit d'un piège<ref>{{Lien web|auteur1=Amy Kamanah-Murday|titre=Visite des Chagos : La guerre des bateaux lancée {{!}} 5-Plus Dimanche|url=http://www.5plus.mu/actualite/visite-des-chagos-la-guerre-des-bateaux-lancee|site=5plus.mu|date=|consulté le=2017-04-17}}.</ref>. En parallèle, le Premier Ministre mauricien se plaint des pressions et de l'attitude méprisante de ses interlocuteurs britanniques et américains dans le cadre des négociations diplomatiques<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Patrick Hilbert|titre=Dossier Chagos - SAJ : «Les Britanniques m’ont parlé comme à un esclave»|périodique=Defimedia|date=2016-11-30|lire en ligne=http://defimedia.info/dossier-chagos-saj-les-britanniques-mont-parle-comme-un-esclave|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>.


En janvier 2017, plusieurs titulaires du [[prix Nobel de la paix]] lancent un appel au [[Président des États-Unis|président américain]] [[Barack Obama]]. Ils lui demandent de régler le problème des Chagos avant la fin de son mandat, de laisser les Chagossiens retourner à Diego Garcia et y travailler aux côtés des militaires américains. L'appel est signé par [[Desmond Tutu]], [[Jody Williams]], [[Mairead Corrigan|Mairead Maguire]], [[Tawakkol Karman]] ainsi que par Yu Joe Huang, Stephen P. Myers et Edward L. Vine, [[prix Nobel de la paix]] 2007 au titre du [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]. Malgré le prestige de ses signataires, cet appel ne produit pas d'effet<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Des prix Nobel demandent à Barack Obama de rendre justice aux Chagossiens - RFI|périodique=RFI Afrique|date=6 janvier 2017|issn=|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20170106-prix-nobel-demandent-barack-obama-rendre-justice-chagossiens|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr, en|titre=50 ANS APRÈS - CHAGOS : Sept lauréats du Nobel en appellent à Barack Obama {{!}} Le Mauricien|url=http://www.lemauricien.com/article/50-ans-apres-chagos-sept-laureats-du-nobel-en-appellent-barack-obama|site=www.lemauricien.com|date=|consulté le=2017-04-17}}</ref>.
En janvier 2017, plusieurs titulaires du [[prix Nobel de la paix]] lancent un appel au [[Président des États-Unis|président américain]] [[Barack Obama]]. Ils lui demandent de régler le problème des Chagos avant la fin de son mandat, de laisser les Chagossiens retourner à Diego Garcia et y travailler aux côtés des militaires américains. L'appel est signé par [[Desmond Tutu]], [[Jody Williams]], [[Mairead Corrigan|Mairead Maguire]], [[Tawakkol Karman]] ainsi que par Yu Joe Huang, Stephen P. Myers et Edward L. Vine, [[prix Nobel de la paix]] 2007 au titre du [[Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat|GIEC]]. Malgré le prestige de ses signataires, cet appel ne produit pas d'effet<ref>{{Article|langue=fr-FR|auteur1=|titre=Des prix Nobel demandent à Barack Obama de rendre justice aux Chagossiens - RFI|périodique=RFI Afrique|date=6 janvier 2017|lire en ligne=http://www.rfi.fr/afrique/20170106-prix-nobel-demandent-barack-obama-rendre-justice-chagossiens|consulté le=2017-04-17|pages=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=fr, en|titre=50 ANS APRÈS - CHAGOS : Sept lauréats du Nobel en appellent à Barack Obama {{!}} Le Mauricien|url=http://www.lemauricien.com/article/50-ans-apres-chagos-sept-laureats-du-nobel-en-appellent-barack-obama|site=lemauricien.com|date=|consulté le=2017-04-17|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>.


Le {{date|22|juin|2017}}, l'[[Assemblée générale des Nations unies]] (94 voix pour, 15 contre et 65 abstentions) a demandé à la [[Cour internationale de justice]] de rendre un avis consultatif portant sur le respect, par le Royaume-Uni, des règles pertinentes du [[Droit international public|droit international]] lors du processus de [[décolonisation]]. La [[Résolution de l'Assemblée générale des Nations unies|Résolution]] interroge également la Cour sur les conséquences juridiques de la séparation de l'archipel de Maurice en 1965 et du maintien de l'archipel sous administration britannique<ref>{{Lien web|langue=|titre=Cour internationale de Justice - Communiqué de Presse 2017-27|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/169/169-20170629-PRE-01-00-FR.pdf|site=|date=|consulté le=7 juillet 2017}}</ref>. L'analyse du vote révèle un soutien des pays majeurs du Sud (Afrique du Sud, Algérie, Cuba, Égypte, Inde, Nigeria, Philippines, Vietnam, etc) à Maurice, alors que l'opposition provient des proches alliés des États-Unis et du Royaume-Uni (Australie, Israël, Japon, France, etc)<ref name=":4" />. En [[septembre 2018]], [[Maurice (pays)|Maurice]] a porté l'affaire devant la [[Cour internationale de Justice]] pour obtenir un avis consultatif contre les objections [[britanniques]]<ref>{{Article |auteur1= |titre=Diplomatie. Îles Chagos : le Royaume-Uni se bat pour garder sa “dernière colonie africaine” |périodique=[[Courrier international]] |date=06-09-2018 |lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/iles-chagos-le-royaume-uni-se-bat-pour-garder-sa-derniere-colonie-africaine |accès url=payant |consulté le=23-09-2020}}.</ref>. En 2016, les autorités britanniques reconduisent pour 20 ans le prêt de l'île de Diego Garcia aux États-Unis<ref name=":4" />.
Le {{date|22|juin|2017}}, l'[[Assemblée générale des Nations unies]] (94 voix pour, 15 contre et 65 abstentions) a demandé à la [[Cour internationale de justice]] de rendre un avis consultatif portant sur le respect, par le Royaume-Uni, des règles pertinentes du [[Droit international public|droit international]] lors du processus de [[décolonisation]]. La [[Résolution de l'Assemblée générale des Nations unies|Résolution]] interroge également la Cour sur les conséquences juridiques de la séparation de l'archipel de Maurice en 1965 et du maintien de l'archipel sous administration britannique<ref>{{Lien web|titre=Cour internationale de Justice - Communiqué de Presse 2017-27|url=http://www.icj-cij.org/files/case-related/169/169-20170629-PRE-01-00-FR.pdf|date=|consulté le=7 juillet 2017}}.</ref>. L'analyse du vote révèle un soutien des pays majeurs du Sud (Afrique du Sud, Algérie, Cuba, Égypte, Inde, Nigeria, Philippines, Vietnam, etc) à Maurice, alors que l'opposition provient des proches alliés des États-Unis et du Royaume-Uni (Australie, Israël, Japon, France, etc)<ref name=":4" />. En [[septembre 2018]], [[Maurice (pays)|Maurice]] a porté l'affaire devant la [[Cour internationale de Justice]] pour obtenir un avis consultatif contre les objections [[britanniques]]<ref>{{Article |auteur1= |titre=Diplomatie. Îles Chagos : le Royaume-Uni se bat pour garder sa “dernière colonie africaine” |périodique=[[Courrier international]] |date=06-09-2018 |lire en ligne=https://www.courrierinternational.com/article/iles-chagos-le-royaume-uni-se-bat-pour-garder-sa-derniere-colonie-africaine |accès url=payant |consulté le=23-09-2020}}.</ref>. En 2016, les autorités britanniques reconduisent pour 20 ans le prêt de l'île de Diego Garcia aux États-Unis<ref name=":4" />.


Le {{date|25 février 2019}}, dans un avis consultatif, la Cour internationale de justice estime que le [[Royaume-Uni]] a « illicitement » séparé l’archipel des Chagos de l’[[île Maurice]] après son [[indépendance (politique)|indépendance]] en [[1968]]<ref>{{lien web |titre=Le Royaume-Uni doit mettre fin à son administration des Chagos, selon la CIJ |url=https://www.nouvelobs.com/topnews/20190225.AFP2175/le-royaume-uni-doit-mettre-fin-a-son-administration-des-chagos-selon-la-cij.html |accès url=libre |site=nouvelobs.com |périodique=L'Obs |date=25-02-2019 |consulté le=23-09-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=|titre=Cour internationale de Justice - Avis consultatif du 25 février 2019|url=https://www.icj-cij.org/files/case-related/169/169-20190225-01-00-FR.pdf|site=|date=|consulté le=25 février 2019}}</ref>.
Le {{date|25 février 2019}}, dans un avis consultatif, la Cour internationale de justice estime que le [[Royaume-Uni]] a « illicitement » séparé l’archipel des Chagos de l’[[île Maurice]] après son [[indépendance (politique)|indépendance]] en [[1968]]<ref>{{lien web |titre=Le Royaume-Uni doit mettre fin à son administration des Chagos, selon la CIJ |url=https://www.nouvelobs.com/topnews/20190225.AFP2175/le-royaume-uni-doit-mettre-fin-a-son-administration-des-chagos-selon-la-cij.html |accès url=libre |site=nouvelobs.com |périodique=L'Obs |date=25-02-2019 |consulté le=23-09-2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre=Cour internationale de Justice - Avis consultatif du 25 février 2019|url=https://www.icj-cij.org/files/case-related/169/169-20190225-01-00-FR.pdf|date=|consulté le=25 février 2019}}.</ref>.


== Résolution de l'ONU du 22 mai 2019 ==
== Résolution de l'ONU du 22 mai 2019 ==
Le 22 mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution<ref>Communiqué [https://www.un.org/press/fr/2019/ag12146.doc.htm]</ref> demandant au Royaume-Uni de rétrocéder sous six mois à l’île Maurice l’archipel des Chagos<ref>« L’ONU demande à Londres de rendre les Chagos à l’île Maurice », ''Le Monde'', 22 mai 2019 [https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/22/l-onu-demande-a-londres-de-rendre-les-chagos-a-l-ile-maurice_5465708_3210.html]</ref>.
Le 22 mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution<ref>Communiqué [https://www.un.org/press/fr/2019/ag12146.doc.htm]</ref> demandant au Royaume-Uni de rétrocéder sous six mois à l’île Maurice l’archipel des Chagos<ref>« L’ONU demande à Londres de rendre les Chagos à l’île Maurice », ''Le Monde'', 22 mai 2019 [https://www.lemonde.fr/international/article/2019/05/22/l-onu-demande-a-londres-de-rendre-les-chagos-a-l-ile-maurice_5465708_3210.html]</ref>.


En mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté à une très large majorité une résolution, non contraignante mais à forte valeur politique, donnant six mois à Londres pour procéder à cette rétrocession. Ce délai a pris fin le 22 novembre 2019 sans que le Royaume-Uni se conforme à cette résolution, ni à l'avis consultatif formulé en février par la Cour internationale de justice (CIJ) demandant à Londres de mettre fin "dans les plus brefs délais" à son administration des Chagos<ref name="la 1ère France TV info - manifestation">{{lien web |date= 22 novembre 2019 |titre=Archipel des Chagos : manifestation à Maurice suite à l'expiration du délai donné à Londres |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/archipel-chagos-manifestation-maurice-suite-expiration-du-delai-donne-londres-774139.html |site=la 1ère France TV info }}</ref>.
En mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté à une très large majorité une résolution, non contraignante mais à forte valeur politique, donnant six mois à Londres pour procéder à cette rétrocession. Ce délai a pris fin le 22 novembre 2019 sans que le Royaume-Uni se conforme à cette résolution, ni à l'avis consultatif formulé en février par la Cour internationale de justice (CIJ) demandant à Londres de mettre fin "dans les plus brefs délais" à son administration des Chagos<ref name="la 1ère France TV info - manifestation">{{lien web |date= 22 novembre 2019 |titre=Archipel des Chagos : manifestation à Maurice suite à l'expiration du délai donné à Londres |url=https://la1ere.francetvinfo.fr/archipel-chagos-manifestation-maurice-suite-expiration-du-delai-donne-londres-774139.html |site=la 1ère France TV info }}.</ref>.


Le {{date|15 janvier 2020}}, [[Pravind Jugnauth]] premier ministre des île Maurice, était à Londres pour assister à un sommet sur les investissements de la Grande-Bretagne en Afrique. il s'est entretenu avec les chefs des gouvernements de l'Afrique du Sud, du Kenya, de Côte d'Ivoire et du Mozambique. Il a indiquait que : "Port-Louis étudiait la possibilité d’entamer des poursuites contre des responsables britanniques devant la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité", écrit IonNews<ref name="la 1ère France TV info - plainte">{{lien web |date=2019-11-16 |titre=Chagos : l'île Maurice envisage de déposer une plainte pour crime contre l'humanité|url=https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/chagos-ile-maurice-envisage-deposer-plainte-crime-contre-humanite-790199.amp |site=la 1ère France TV info}}</ref>.
Le {{date|15 janvier 2020}}, [[Pravind Jugnauth]] premier ministre des île Maurice, était à Londres pour assister à un sommet sur les investissements de la Grande-Bretagne en Afrique. il s'est entretenu avec les chefs des gouvernements de l'Afrique du Sud, du Kenya, de Côte d'Ivoire et du Mozambique. Il a indiqué que : "Port-Louis étudiait la possibilité d’entamer des poursuites contre des responsables britanniques devant la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité", écrit IonNews<ref name="la 1ère France TV info - plainte">{{lien web |date=2019-11-16 |titre=Chagos : l'île Maurice envisage de déposer une plainte pour crime contre l'humanité|url=https://la1ere.francetvinfo.fr/reunion/chagos-ile-maurice-envisage-deposer-plainte-crime-contre-humanite-790199.amp |site=la 1ère France TV info}}.</ref>.


Le [[25 mai]] [[2020]], la nouvelle carte publiée par l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] fait apparaitre l'archipel comme territoire Mauricien.<ref name="Chagos apparaît comme un territoire mauricien sur la nouvelle carte du monde des Nations Unies">{{lien web |titre=Chagos apparaît comme un territoire mauricien sur la nouvelle carte du monde des Nations Unies |url=https://defimedia.info/chagos-apparait-comme-un-territoire-mauricien-sur-la-nouvelle-carte-du-monde-des-nations-unies |site=[[Le Défi Plus]] |consulté le=23-09-2020}}.</ref>
Le {{date|25 mai 2020}}, la nouvelle carte publiée par l'[[Organisation des Nations unies|ONU]] fait apparaitre l'archipel comme territoire Mauricien<ref name="Chagos apparaît comme un territoire mauricien sur la nouvelle carte du monde des Nations Unies">{{lien web |titre=Chagos apparaît comme un territoire mauricien sur la nouvelle carte du monde des Nations Unies |url=https://defimedia.info/chagos-apparait-comme-un-territoire-mauricien-sur-la-nouvelle-carte-du-monde-des-nations-unies |site=[[Le Défi Plus]] |consulté le=23-09-2020}}.</ref>.

La Chambre spéciale du [[Tribunal international du droit de la mer]] des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]] a conclu dans son arrêt du 28 janvier 2021 que la revendication de souveraineté par la Grande-Bretagne sur l’archipel des Chagos va à l’encontre des conclusions faisant autorité formulées dans l’avis consultatif l’Assemblée générale de l'ONU (résolution 73/295<ref>[https://undocs.org/fr/A/RES/73/295 Avis consultatif de la Cour internationale de Justice surleseffets juridiques de la séparation de l’archipel desChagos de Maurice en1965] Résolution adoptée par l’Assemblée générale le22mai2019</ref>)<ref>{{pdf}} [https://www.itlos.org/fileadmin/itlos/documents/cases/case_no_28/A28_arret_excprelim_28.01.2021_orig.pdf Différend relatif à la délimitation de la frontière maritime entre Maurice et les Maldives dans l'Océan Indien] affaire n° 28 du Tribunal international du droit de la mer. Arrêt du 28 janvier 2021. Paragraphe 246 et suivant p. 75</ref>.


== Société et culture ==
== Société et culture ==
En raison de l'isolement de l'archipel et des conditions de vie particulières sur l'île, principalement rythmées par le travail dans les cocoteraies, une culture chagossienne distincte s'est progressivement développée, ainsi qu'un [[créole chagossien]], proche des [[Créole mauricien|créoles mauriciens]] et [[Créole seychellois|seychellois]]<ref name=":3" />. L'accent et le vocabulaire du créole chagossien diffèrent cependant du créole des îles Maurices et [[Rodrigues]]<ref name=":22">{{Lien web|langue = |titre = NATIONAL HERITAGE FUND: Quatre éléments discutés pour être envoyés à l’UNESCO|url = http://www.lemauricien.com/article/national-heritage-fund-quatre-%C3%A9l%C3%A9ments-discut%C3%A9s-%C3%AAtre-envoy%C3%A9s-%C3%A0-l%E2%80%99unesco|site = www.lemauricien.com|date = 15 septembre 2011|consulté le = 12 septembre 2015}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=David Vine|titre=Island of Shame|sous-titre=The Secret History of the U.S. Military Base on Diego Garcia|éditeur=Princeton University Press|année=2011|pages totales=288|isbn=978-1-4008-3850-9|isbn2=1-4008-3850-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3ankJb0skpwC&printsec=frontcover}}</ref>. Le sentiment d'exil a poussé la communauté chagossienne à entretenir ses traditions et sa culture hors de son territoire d'origine, notamment pour cultiver le souvenir de ce qu'ils ont perdu<ref name=":23">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Rosabelle Boswell|titre=Le Malaise Créole|sous-titre=Ethnic Identity in Mauritius|éditeur=Berghahn Books|collection=New directions in anthropology|lieu=Providence (R.I.)|année=2006|pages totales=236|passage=p.52-55|isbn=1-84545-075-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gN9Kc6685BQC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref name=":22" />. Ainsi, les Chagossiens continuent à vénérer leurs ancêtres et consomment toujours une cuisine à base de fruits de mer et de lait de coco<ref name=":23" />.
En raison de l'isolement de l'archipel et des conditions de vie particulières sur l'île, principalement rythmées par le travail dans les cocoteraies, une culture chagossienne distincte s'est progressivement développée, ainsi qu'un [[créole chagossien]], proche des [[Créole mauricien|créoles mauriciens]] et [[Créole seychellois|seychellois]]<ref name=":3" />. L'accent et le vocabulaire du créole chagossien diffèrent cependant du créole des îles Maurices et [[Rodrigues]]<ref name=":22">{{Lien web|titre = NATIONAL HERITAGE FUND: Quatre éléments discutés pour être envoyés à l’UNESCO|url = http://www.lemauricien.com/article/national-heritage-fund-quatre-%C3%A9l%C3%A9ments-discut%C3%A9s-%C3%AAtre-envoy%C3%A9s-%C3%A0-l%E2%80%99unesco|site = lemauricien.com|date = 15 septembre 2011|consulté le = 12 septembre 2015|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=David Vine|titre=Island of Shame|sous-titre=The Secret History of the U.S. Military Base on Diego Garcia|éditeur=Princeton University Press|année=2011|pages totales=288|isbn=978-1-4008-3850-9|isbn2=1-4008-3850-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3ankJb0skpwC&printsec=frontcover}}</ref>. Le sentiment d'exil a poussé la communauté chagossienne à entretenir ses traditions et sa culture hors de son territoire d'origine, notamment pour cultiver le souvenir de ce qu'ils ont perdu<ref name=":23">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Rosabelle Boswell|titre=Le Malaise Créole|sous-titre=Ethnic Identity in Mauritius|éditeur=Berghahn Books|collection=New directions in anthropology|lieu=Providence (R.I.)|année=2006|pages totales=236|passage=p.52-55|isbn=1-84545-075-2|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gN9Kc6685BQC&printsec=frontcover}}</ref>{{,}}<ref name=":22" />. Ainsi, les Chagossiens continuent à vénérer leurs ancêtres et consomment toujours une cuisine à base de fruits de mer et de lait de coco<ref name=":23" />.


Un élément culturel important est la pratique du [[séga]] chagossien, une [[musique]] et une danse traditionnelle que les autorités mauriciennes souhaitent proposer pour inscription à la liste du [[Patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]<ref name=":22" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Patrimoine mondial: trois musiques locales en lice après le séga typique|url = http://www.lexpress.mu/article/255825/patrimoine-mondial-trois-musiques-locales-en-lice-apres-sega-typique|consulté le = 2015-09-12|site = www.lexpress.mu|date = 1er décembre 2014}}</ref>. Le séga chagossien est chanté presque essentiellement par des femmes<ref>{{Lien web|titre = 1. Le séga chagossien - RFI|url = http://www.rfi.fr/emission/20130406-1-le-sega-chagossien|consulté le = 2015-09-12|site = www.rfi.fr|auteur1 = Laurence Aloir|date = 6 avril 2013}}</ref>{{,}}<ref name=":4" />, en créole chagossien<ref name=":22" /> à l'aide d'instruments traditionnels comme le ravanne, un tambour à peau de chèvre utilisé exclusivement par les hommes, le [[maravanne]], un [[bâton de pluie]] ou le [[Triangle (instrument)|triangle]]<ref name=":4" />. Les chants les plus anciens parlent de la vie dans la plantation tandis que les plus modernes décrivent l'exil, les conditions économiques difficiles et peuvent être utilisés à des fins militantes<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":23" />{{,}}<ref>{{Lien web|langue = |titre = Tambour Chagos : au rythme de la déportation|url = http://www.lexpress.mu/article/tambour-chagos-au-rythme-de-la-d%C3%A9portation|site = www.lexpress.mu|date = 11 octobre 2004|consulté le = 12 septembre 2015}}</ref>. Parmi les représentants du séga chagossien on compte la militante [[Charlesia Alexis]] ou le groupe Tambour Chagos<ref name=":4" />.
Un élément culturel important est la pratique du [[séga]] chagossien, une [[musique]] et une danse traditionnelle que les autorités mauriciennes souhaitent proposer pour inscription à la liste du [[Patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]]<ref name=":22" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Patrimoine mondial: trois musiques locales en lice après le séga typique|url = http://www.lexpress.mu/article/255825/patrimoine-mondial-trois-musiques-locales-en-lice-apres-sega-typique|consulté le = 2015-09-12|site = lexpress.mu|date = 1er décembre 2014}}.</ref>. Le séga chagossien est chanté presque essentiellement par des femmes<ref>{{Lien web|titre = 1. Le séga chagossien - RFI|url = http://www.rfi.fr/emission/20130406-1-le-sega-chagossien|consulté le = 2015-09-12|site = rfi.fr|auteur1 = Laurence Aloir|date = 6 avril 2013}}.</ref>{{,}}<ref name=":4" />, en créole chagossien<ref name=":22" /> à l'aide d'instruments traditionnels comme le ravanne, un tambour à peau de chèvre utilisé exclusivement par les hommes, le [[maravanne]], un [[bâton de pluie]] ou le [[Triangle (instrument)|triangle]]<ref name=":4" />. Les chants les plus anciens parlent de la vie dans la plantation tandis que les plus modernes décrivent l'exil, les conditions économiques difficiles et peuvent être utilisés à des fins militantes<ref name=":4" />{{,}}<ref name=":23" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Tambour Chagos : au rythme de la déportation|url = http://www.lexpress.mu/article/tambour-chagos-au-rythme-de-la-d%C3%A9portation|site = lexpress.mu|date = 11 octobre 2004|consulté le = 12 septembre 2015}}.</ref>. Parmi les représentants du séga chagossien on compte la militante [[Charlesia Alexis]] ou le groupe Tambour Chagos<ref name=":4" />.


Les Chagossiens sont principalement [[Église catholique|catholiques romains]]<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":7" />. Cependant, l'archipel des Chagos ne disposait pas d'une autorité religieuse permanente. Un [[Prêtre catholique|prêtre]] itinérant venait de l'île Maurice pour les cérémonies importantes mais la [[messe]] du dimanche était célébrée par les administrateurs<ref name=":7" />. En conséquence, certaines pratiques comme celle du [[mariage]] diffèrent fortement des pratiques catholiques : l'[[Concubinage|union libre]] est traditionnellement privilégiée par les Chagossiens<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":24">{{Lien web|langue = |titre = Françoise Botte décrit l'Iloise|url = http://www.lexpress.mu/article/fran%C3%A7oise-botte-d%C3%A9crit-liloise|site = www.lexpress.mu|date = 20 janvier 2006|consulté le = 12 septembre 2015}}</ref>. Une femme peut ainsi facilement quitter un compagnon qui ne lui convient pas et possède une certaine indépendance et liberté sexuelle<ref name=":23" />{{,}}<ref name=":24" />. Le rôle des femmes dans la structure sociale chagossienne est similaire à celui des femmes dans d'autres sociétés post-esclavage : elles représentent la tête du foyer et sont les premières responsables des besoins de la famille<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":24" />{{,}}<ref name=":23" />.
Les Chagossiens sont principalement [[Église catholique|catholiques romains]]<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":7" />. Cependant, l'archipel des Chagos ne disposait pas d'une autorité religieuse permanente. Un [[Prêtre catholique|prêtre]] itinérant venait de l'île Maurice pour les cérémonies importantes mais la [[messe]] du dimanche était célébrée par les administrateurs<ref name=":7" />. En conséquence, certaines pratiques comme celle du [[mariage]] diffèrent fortement des pratiques catholiques : l'[[Concubinage|union libre]] est traditionnellement privilégiée par les Chagossiens<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":24">{{Lien web|titre = Françoise Botte décrit l'Iloise|url = http://www.lexpress.mu/article/fran%C3%A7oise-botte-d%C3%A9crit-liloise|site = lexpress.mu|date = 20 janvier 2006|consulté le = 12 septembre 2015}}.</ref>. Une femme peut ainsi facilement quitter un compagnon qui ne lui convient pas et possède une certaine indépendance et liberté sexuelle<ref name=":23" />{{,}}<ref name=":24" />. Le rôle des femmes dans la structure sociale chagossienne est similaire à celui des femmes dans d'autres sociétés post-esclavage : elles représentent la tête du foyer et sont les premières responsables des besoins de la famille<ref name=":7" />{{,}}<ref name=":24" />{{,}}<ref name=":23" />.


Après la déportation, les Chagossiens pâtissent d'une très forte pauvreté découlant de plusieurs facteurs décrits par l'universitaire David Vine : une expulsion traumatique, le [[chômage]], la [[discrimination ethnique]], la privation d'éducation, une marginalisation économique et socio-psychologique, l'absence d'un domicile fixe, la perte de leurs terres et de l’accès à une propriété commune, la [[malnutrition]] et l'[[Sécurité alimentaire|insécurité alimentaire]], une [[morbidité]] et une [[Taux de mortalité|mortalité]] grandissante et une fragmentation socio-culturelle<ref name=":20" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les blessures à vif des Chagossiens|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-blessures-a-vif-des-chagossiens,5464.html|consulté le = 2015-09-12|date = 17 septembre 2004|site = www.temoignages.re}}</ref>{{,}}<ref name=":21" />. Avant la déportation, les Chagossiens étaient majoritairement analphabètes et sont toujours touchés par ce phénomène aujourd'hui<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":25">{{Lien web|titre = Le Comité pour l'Élimination de la discrimination raciale examine le rapport de la Maurice|url = http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=13105&LangID=F|site = www.ohchr.org|consulté le = 2015-09-12|date = 21 février 2013}}</ref>.
Après la déportation, les Chagossiens pâtissent d'une très forte pauvreté découlant de plusieurs facteurs décrits par l'universitaire David Vine : une expulsion traumatique, le [[chômage]], la [[discrimination ethnique]], la privation d'éducation, une marginalisation économique et socio-psychologique, l'absence d'un domicile fixe, la perte de leurs terres et de l’accès à une propriété commune, la [[malnutrition]] et l'[[Sécurité alimentaire|insécurité alimentaire]], une [[morbidité]] et une [[Taux de mortalité|mortalité]] grandissante et une fragmentation socio-culturelle<ref name=":20" />{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Les blessures à vif des Chagossiens|url = http://www.temoignages.re/international/pays-emergents/les-blessures-a-vif-des-chagossiens,5464.html|consulté le = 2015-09-12|date = 17 septembre 2004|site = temoignages.re}}.</ref>{{,}}<ref name=":21" />. Avant la déportation, les Chagossiens étaient majoritairement analphabètes et sont toujours touchés par ce phénomène aujourd'hui<ref name=":18" />{{,}}<ref name=":25">{{Lien web|titre = Le Comité pour l'Élimination de la discrimination raciale examine le rapport de la Maurice|url = http://www.ohchr.org/FR/NewsEvents/Pages/DisplayNews.aspx?NewsID=13105&LangID=F|site = ohchr.org|consulté le = 2015-09-12|date = 21 février 2013}}.</ref>.


== Statut international ==
== Statut international ==
=== Statut juridique international ===
=== Statut juridique international ===
Le statut du peuple chagossien à la suite de son déplacement forcé et son interprétation par le [[Droit international public|droit international]] est un enjeu important qui peut lui permettre de légitimer certaines de ses revendications<ref name=":9">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Maureen Tong|champ libre=Thèse de Doctorat|titre=Le droit à l'autodétermination et à restitution : L'affaire du peuple de l'archipel des Chagos (territoire britannique de l'océan Indien)|éditeur=Université de Strasbourg|lieu=Strasboug|année=2009|pages totales=296|isbn=|lire en ligne=http://scd-theses.u-strasbg.fr/394/01/TONG_Maureen_2009_fr_eng.pdf}}</ref>.
Le statut du peuple chagossien à la suite de son déplacement forcé et son interprétation par le [[Droit international public|droit international]] est un enjeu important qui peut lui permettre de légitimer certaines de ses revendications<ref name=":9">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Maureen Tong|champ libre=Thèse de Doctorat|titre=Le droit à l'autodétermination et à restitution : L'affaire du peuple de l'archipel des Chagos (territoire britannique de l'océan Indien)|éditeur=Université de Strasbourg|lieu=Strasbourg|année=2009|pages totales=296|isbn=|lire en ligne=http://scd-theses.u-strasbg.fr/394/01/TONG_Maureen_2009_fr_eng.pdf}}</ref>.


De nombreux militants Chagossiens s'identifient comme [[peuple autochtone]]. Des organisations chagossiennes ont participé au Groupe de travail des Nations unies sur les populations autochtones, ayant été reconnu comme peuple autochtone par ce groupe de travail en 1996<ref name=":4"/>{{,}}<ref name=":10">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen Allen|titre=The Chagos Islanders and International Law|éditeur=Bloomsbury Publishing|lieu=Londres|année=2014|pages totales=272|isbn=978-1-78225-474-4|isbn2=1-78225-474-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=VOrsBQAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>. Le statut de peuple autochtone permettrait aux Chagossiens de bénéficier du [[Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes|droit à l'autodermination]] comme garanti dans la [[Déclaration des droits des peuples autochtones]] des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]<ref name=":9" />. Le gouvernement et plusieurs personnalités politiques mauriciennes s'opposent à ce statut car il pourrait être une menace à la revendication de [[souveraineté]] de l'Ile Maurice sur l'Archipel des Chagos<ref>{{Lien web|langue = |titre = ANALYSE: La souveraineté territoriale et l’auto-détermination des peuples…|url = http://www.lemauricien.com/article/analyse-la-souverainete-territoriale-et-l%E2%80%99auto-determination-des-peuples%E2%80%A6|site = www.lemauricien.com|date = 10 avril 2012|consulté le = 7 septembre 2015|auteur1 = Joël Toussaint}}</ref>{{,}}<ref name=":11">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Catherine Lutz|directeur1=Catherine Lutz|auteur2=Cynthia Enloe|directeur2=Cynthia Enloe|auteur3=David Vine|auteur4=Laura Jeffery|titre=The Bases of Empire : The Global Struggle against U.S. Military Posts|éditeur=New York University Press|année=2009|pages totales=378|passage=p. 281-217|isbn=978-0-8147-5296-8|isbn2=0-8147-5296-9|titre chapitre=Give us Back Diego Garcia: Unity and Division Among Activists in the Indian Ocean}}</ref> Ainsi, le gouvernement mauricien estime que les Chagossiens constituent une [[minorité nationale]] au sein du peuple mauricien et non un peuple autochtone. Il affirme que le peuple mauricien dans son ensemble s'est formé par les migrations et les déplacements de population. D'après les universitaires Laura Jeffery et David Vine, reconnaître ce statut pourrait faire du mal au « mythe national mauricien »<ref name=":11"/>. Pour l'universitaire Stephen Allen le critère de précédence requis pour être considéré comme autochtone est mal interprété dans le cas des Chagossiens : le peuple en question doit avoir été le plus ancien peuple à habiter un territoire donné, peu importe sa date et son mode d'arrivée. Dans le cas des Chagos, les registres historiques tendent à montrer que les premiers habitants étaient français, retirant la précédence aux Chagossiens. Cependant, ces derniers étant le seul peuple disposant d'un lien sur plusieurs générations avec le territoire de l'archipel et ayant développé une culture distinctive, il satisfait d'autres critères lui permettant d'accéder au statut de peuple autochtone<ref name=":10"/>{{,}}<ref name=":9" />.
De nombreux militants Chagossiens s'identifient comme [[peuple autochtone]]. Des organisations chagossiennes ont participé au Groupe de travail des Nations unies sur les populations autochtones, ayant été reconnu comme peuple autochtone par ce groupe de travail en 1996<ref name=":4"/>{{,}}<ref name=":10">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Stephen Allen|titre=The Chagos Islanders and International Law|éditeur=Bloomsbury Publishing|lieu=Londres|année=2014|pages totales=272|isbn=978-1-78225-474-4|isbn2=1-78225-474-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=VOrsBQAAQBAJ&printsec=frontcover}}</ref>. Le statut de peuple autochtone permettrait aux Chagossiens de bénéficier du [[Droit des peuples à disposer d'eux-mêmes|droit à l'autodermination]] comme garanti dans la [[Déclaration des droits des peuples autochtones]] des [[Organisation des Nations unies|Nations unies]]<ref name=":9" />. Le gouvernement et plusieurs personnalités politiques mauriciennes s'opposent à ce statut car il pourrait être une menace à la revendication de [[souveraineté]] de l'Ile Maurice sur l'Archipel des Chagos<ref>{{Lien web|titre = ANALYSE: La souveraineté territoriale et l’auto-détermination des peuples…|url = http://www.lemauricien.com/article/analyse-la-souverainete-territoriale-et-l%E2%80%99auto-determination-des-peuples%E2%80%A6|site = lemauricien.com|date = 10 avril 2012|consulté le = 7 septembre 2015|auteur1 = Joël Toussaint|brisé le = 2023-10-28}}.</ref>{{,}}<ref name=":11">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Catherine Lutz|directeur1=Catherine Lutz|auteur2=Cynthia Enloe|directeur2=Cynthia Enloe|auteur3=David Vine|auteur4=Laura Jeffery|titre=The Bases of Empire : The Global Struggle against U.S. Military Posts|éditeur=New York University Press|année=2009|pages totales=378|passage=p. 281-217|isbn=978-0-8147-5296-8|isbn2=0-8147-5296-9|titre chapitre=Give us Back Diego Garcia: Unity and Division Among Activists in the Indian Ocean}}</ref> Ainsi, le gouvernement mauricien estime que les Chagossiens constituent une [[minorité nationale]] au sein du peuple mauricien et non un peuple autochtone. Il affirme que le peuple mauricien dans son ensemble s'est formé par les migrations et les déplacements de population. D'après les universitaires Laura Jeffery et David Vine, reconnaître ce statut pourrait faire du mal au « mythe national mauricien »<ref name=":11"/>. Pour l'universitaire Stephen Allen le critère de précédence requis pour être considéré comme autochtone est mal interprété dans le cas des Chagossiens : le peuple en question doit avoir été le plus ancien peuple à habiter un territoire donné, peu importe sa date et son mode d'arrivée. Dans le cas des Chagos, les registres historiques tendent à montrer que les premiers habitants étaient français, retirant la précédence aux Chagossiens. Cependant, ces derniers étant le seul peuple disposant d'un lien sur plusieurs générations avec le territoire de l'archipel et ayant développé une culture distinctive, il satisfait d'autres critères lui permettant d'accéder au statut de peuple autochtone<ref name=":10"/>{{,}}<ref name=":9" />.


Le statut de [[réfugié]] a aussi été évoqué, l'organisation militante chagossienne la plus importante ayant choisi pour nom le Groupe Réfugiés Chagos<ref name=":9" />. Une fois encore, ce statut pourrait contrarier les revendications de souveraineté mauricienne sur les Chagos puisque cela impliquerait que les Chagossiens viennent d'une terre étrangère n'appartenant pas à l'État qui les a accueillis<ref name=":11"/>. D'autre part, les Chagossiens déplacés aux Seychelles ou à l'île Maurice ayant reçu la nationalité de leur pays d'accueil peuvent difficilement répondre aux critères définissant le statut de réfugié qui exigent de vivre hors de son propre pays<ref name=":9" />.
Le statut de [[réfugié]] a aussi été évoqué, l'organisation militante chagossienne la plus importante ayant choisi pour nom le Groupe Réfugiés Chagos<ref name=":9" />. Une fois encore, ce statut pourrait contrarier les revendications de souveraineté mauricienne sur les Chagos puisque cela impliquerait que les Chagossiens viennent d'une terre étrangère n'appartenant pas à l'État qui les a accueillis<ref name=":11"/>. D'autre part, les Chagossiens déplacés aux Seychelles ou à l'île Maurice ayant reçu la nationalité de leur pays d'accueil peuvent difficilement répondre aux critères définissant le statut de réfugié qui exigent de vivre hors de son propre pays<ref name=":9" />.


=== Citoyenneté ===
=== Citoyenneté ===
Puisque l'Archipel des Chagos appartenait à l'empire britannique avant la déportation des Chagossiens et l'indépendance des îles voisines, plusieurs problèmes juridiques relatif à la [[nationalité]] des Chagossiens se sont posés au cours des décennies. Ceux qui ont été envoyés à l'île Maurice ont reçu la citoyenneté mauricienne à l'[[Indépendance (politique)|indépendance]] du pays<ref name=":8">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|passage=p. 105-124|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre=Chagossians twice forgotten: Exile in Seychelles}}</ref>, dans de nombreux cas sans qu'ils en aient connaissance ou y aient consenti<ref name=":9" />. En 2015, le premier ministre [[Anerood Jugnauth|Sir Anerood Jugnauth]] a confirmé que puisque le gouvernement mauricien considère qu'il détient la souveraineté de l'Archipel des Chagos, toute personne née aux Chagos avant ou après 1965 est de nationalité mauricienne<ref>{{Lien web|langue = |titre = CHAGOS : Le comité présidé par SAJ se rencontrera la semaine prochaine|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-comite-preside-saj-se-rencontrera-la-semaine-prochaine|site = www.lemauricien.com|date = 7 avril 2015|consulté le = 7 septembre 2015}}</ref>. Les Chagossiens déplacés aux [[Seychelles]] ont connu une situation plus compliquée, leur pays d'accueil ne leur ayant pas octroyé la nationalité seychelloise automatiquement. Pendant plusieurs décennies, les Chagossiens des Seychelles ont donc été de fait [[apatride]]s. Beaucoup ont dû acheter la citoyenneté seychelloise à un prix élevé, parfois prohibitif<ref name=":8"/>{{,}}<ref>{{Lien web|langue = |titre = Convention relative aux droits de l’enfant: Cinquante - huitième session, Compte rendu analytique de la 1654 e séance|url = http://docstore.ohchr.org/SelfServices/FilesHandler.ashx?enc=6QkG1d%2FPPRiCAqhKb7yhsialUb%2BZGftp59yZHGEX78%2B%2BQfiYil7sbKsWsTvQEc5DSDsP18nRwordseEzgATxb1QWQHHcsfwBLOBcSBSFfNgWwgLWsRiQgXMQoKJSORxd|site = Nations Unies|date = 17 janvier 2013|consulté le = 7 septembre 2015}}</ref>.
Puisque l'Archipel des Chagos appartenait à l'empire britannique avant la déportation des Chagossiens et l'indépendance des îles voisines, plusieurs problèmes juridiques relatif à la [[nationalité]] des Chagossiens se sont posés au cours des décennies. Ceux qui ont été envoyés à l'île Maurice ont reçu la citoyenneté mauricienne à l'[[Indépendance (politique)|indépendance]] du pays<ref name=":8">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|passage=p. 105-124|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre=Chagossians twice forgotten: Exile in Seychelles}}</ref>, dans de nombreux cas sans qu'ils en aient connaissance ou y aient consenti<ref name=":9" />. En 2015, le premier ministre [[Anerood Jugnauth|Sir Anerood Jugnauth]] a confirmé que puisque le gouvernement mauricien considère qu'il détient la souveraineté de l'Archipel des Chagos, toute personne née aux Chagos avant ou après 1965 est de nationalité mauricienne<ref>{{Lien web|titre = CHAGOS : Le comité présidé par SAJ se rencontrera la semaine prochaine|url = http://www.lemauricien.com/article/chagos-comite-preside-saj-se-rencontrera-la-semaine-prochaine|site = lemauricien.com|date = 7 avril 2015|consulté le = 7 septembre 2015}}.</ref>. Les Chagossiens déplacés aux [[Seychelles]] ont connu une situation plus compliquée, leur pays d'accueil ne leur ayant pas octroyé la nationalité seychelloise automatiquement. Pendant plusieurs décennies, les Chagossiens des Seychelles ont donc été de fait [[apatride]]s. Beaucoup ont dû acheter la citoyenneté seychelloise à un prix élevé, parfois prohibitif<ref name=":8"/>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = Convention relative aux droits de l’enfant: Cinquante - huitième session, Compte rendu analytique de la 1654 e séance|url = http://docstore.ohchr.org/SelfServices/FilesHandler.ashx?enc=6QkG1d%2FPPRiCAqhKb7yhsialUb%2BZGftp59yZHGEX78%2B%2BQfiYil7sbKsWsTvQEc5DSDsP18nRwordseEzgATxb1QWQHHcsfwBLOBcSBSFfNgWwgLWsRiQgXMQoKJSORxd|site = Nations Unies|date = 17 janvier 2013|consulté le = 7 septembre 2015}}.</ref>.


Selon la [[Droit de la nationalité et de la citoyenneté britannique|loi de 1981 portant sur la citoyenneté britannique]], tous les Chagossiens nés dans l'Archipel étaient éligibles à recevoir un statut de citoyen des [[Territoire britannique d'outre-mer|Territoires britanniques d'outre-mer]]. Cela leur donnait la possibilité de visiter les territoires du [[Royaume-Uni]] mais pas de s'y installer. Pour des raisons de coûts et de manque d'accès à l'information, peu de Chagossiens ont demandé ce statut<ref name=":7" />. En 2002, la loi sur la citoyenneté des territoires d'outre-mer est modifiée, donnant aux habitants de ces territoires un accès à la nationalité britannique de plein droit. Cependant, le citoyen d'outre-mer ne pouvait initialement transmettre sa nationalité britannique que si ses enfants étaient aussi nés dans le territoire d'outre-mer, excluant ainsi les enfants des Chagossiens nés en exil aux Seychelles ou à l'île Maurice. Après une campagne du Chagos Refugees Group, le gouvernement britannique accepte d'étendre l'occtroi de citoyenneté aux enfants de Chagossiens nés en exil entre le 26 avril 1969 et le {{1er}} janvier 1983 mais pas à leurs descendants<ref name=":7"/>{{,}}<ref name=":14">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gina Clayton|auteur2=Caroline Sawyer|titre=Textbook on Immigration and Asylum Law|éditeur=OUP Oxford|année=2012|pages totales=688|passage=77-80|isbn=978-0-19-969943-8|isbn2=0-19-969943-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wEDS5H22hbgC&printsec=frontcover}}</ref>. Ainsi, la loi exclut toujours les Chagossiens nés en exil avant avril 1969 et après 1983 de la nationalité britannique, même si le déplacement de population a commencé avant 1969. D'autre part, selon les dispositions de la loi de 1981, la nationalité britannique d'outre-mer ne peut qu'être transmise par un père à un enfant né dans le cadre du [[mariage]], alors même que le mariage n'était pas une pratique courante et accessible dans l'Archipel des Chagos<ref name=":7"/>{{,}}<ref name=":14" />{{,}}<ref>{{Article|langue = anglais|auteur1 = Laura Jeffery|titre = ‘Unusual immigrants’, or Chagos islanders and their confrontations with British citizenship|périodique = Anthropology in Action|numéro = 18|jour = |mois = Eté|année = 2011|issn = |lire en ligne = https://www.academia.edu/4721871/Unusual_immigrants_or_Chagos_islanders_and_their_confrontations_with_British_citizenship|pages = 34-44}}</ref>. Malgré tout, on suppose aujourd'hui qu'environ {{formatnum:1000}}<ref name=":19">{{Lien web|titre = Les chagossiens des Seychelles se demandent, quel sera leur avenir après la décision du tribunal d’Arbitrage|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/2638/Les+chagossiens+des+Seychelles+se+demandent,+quel+sera+leur+avenir+aprs+la+dcision+du+tribunal+dArbitrage.|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Hajira Hamla|auteur2 = Sandra Barbier|date = 27 mars 2015|site = Seychelles News Agency}}</ref> à {{formatnum:1400}} Chagossiens<ref name=":26">{{Lien web|titre = Rouvrir de vieilles blessures: les Chagossiens des Seychelles racontent leur récent voyage sur leurs îles natales.|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/3043/Rouvrir+de+vieilles+blessures+Les+Chagossiens+des+Seychelles+racontent+leur+rcent+voyage+sur+leurs+les+natales.|consulté le = 2015-09-12|auteur1 = Hajira Hamla|date = 30 mai 2015|site = Seychelles News Agency|auteur2 = John Lablache}}</ref> auraient demandé la citoyenneté britannique et que tous les Chagossiens nés avant la déportation possèdent une double nationalité britannique et mauricienne ou britannique et seychelloise<ref name=":9"/>.
Selon la [[Droit de la nationalité et de la citoyenneté britannique|loi de 1981 portant sur la citoyenneté britannique]], tous les Chagossiens nés dans l'Archipel étaient éligibles à recevoir un statut de citoyen des [[Territoire britannique d'outre-mer|Territoires britanniques d'outre-mer]]. Cela leur donnait la possibilité de visiter les territoires du [[Royaume-Uni]] mais pas de s'y installer. Pour des raisons de coûts et de manque d'accès à l'information, peu de Chagossiens ont demandé ce statut<ref name=":7" />. En 2002, la loi sur la citoyenneté des territoires d'outre-mer est modifiée, donnant aux habitants de ces territoires un accès à la nationalité britannique de plein droit. Cependant, le citoyen d'outre-mer ne pouvait initialement transmettre sa nationalité britannique que si ses enfants étaient aussi nés dans le territoire d'outre-mer, excluant ainsi les enfants des Chagossiens nés en exil aux Seychelles ou à l'île Maurice. Après une campagne du Chagos Refugees Group, le gouvernement britannique accepte d'étendre l'octroi de citoyenneté aux enfants de Chagossiens nés en exil entre le 26 avril 1969 et le {{1er}} janvier 1983 mais pas à leurs descendants<ref name=":7"/>{{,}}<ref name=":14">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Gina Clayton|auteur2=Caroline Sawyer|titre=Textbook on Immigration and Asylum Law|éditeur=OUP Oxford|année=2012|pages totales=688|passage=77-80|isbn=978-0-19-969943-8|isbn2=0-19-969943-7|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wEDS5H22hbgC&printsec=frontcover}}</ref>. Ainsi, la loi exclut toujours les Chagossiens nés en exil avant avril 1969 et après 1983 de la nationalité britannique, même si le déplacement de population a commencé avant 1969. D'autre part, selon les dispositions de la loi de 1981, la nationalité britannique d'outre-mer ne peut qu'être transmise par un père à un enfant né dans le cadre du [[mariage]], alors même que le mariage n'était pas une pratique courante et accessible dans l'Archipel des Chagos<ref name=":7"/>{{,}}<ref name=":14" />{{,}}<ref>{{Article|langue = anglais|auteur1 = Laura Jeffery|titre = ‘Unusual immigrants’, or Chagos islanders and their confrontations with British citizenship|périodique = Anthropology in Action|numéro = 18|mois = Été|année = 2011|lire en ligne = https://www.academia.edu/4721871/Unusual_immigrants_or_Chagos_islanders_and_their_confrontations_with_British_citizenship|pages = 34-44}}</ref>. Malgré tout, on suppose aujourd'hui qu'environ {{formatnum:1000}}<ref name=":19">{{Lien web|titre = Les chagossiens des Seychelles se demandent, quel sera leur avenir après la décision du tribunal d’Arbitrage|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/2638/Les+chagossiens+des+Seychelles+se+demandent,+quel+sera+leur+avenir+aprs+la+dcision+du+tribunal+dArbitrage.|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Hajira Hamla|auteur2 = Sandra Barbier|date = 27 mars 2015|site = Seychelles News Agency}}.</ref> à {{formatnum:1400}} Chagossiens<ref name=":26">{{Lien web|titre = Rouvrir de vieilles blessures: les Chagossiens des Seychelles racontent leur récent voyage sur leurs îles natales.|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/3043/Rouvrir+de+vieilles+blessures+Les+Chagossiens+des+Seychelles+racontent+leur+rcent+voyage+sur+leurs+les+natales.|consulté le = 2015-09-12|auteur1 = Hajira Hamla|date = 30 mai 2015|site = Seychelles News Agency|auteur2 = John Lablache}}.</ref> auraient demandé la citoyenneté britannique et que tous les Chagossiens nés avant la déportation possèdent une double nationalité britannique et mauricienne ou britannique et seychelloise<ref name=":9"/>.


== Répartition géographique ==
== Répartition géographique ==
Avant leur déplacement, les Chagossiens vivaient sur quelques [[île]]s de l'[[archipel des Chagos]] et notamment [[Diego Garcia]]<ref name="World Factbook"/>{{,}}<ref name="CNIC history"/>{{,}}<ref name="CCT15"/>. Entre 1966 et [[1973]], ils ont été entièrement déportés à [[Maurice (pays)|Maurice]] et aux [[Seychelles]] où ils vivent aujourd'hui en majorité<ref name="World Factbook"/>{{,}}<ref name="Nauvel intro">{{en}} {{Ouvrage |titre = A Return from Exile in Sight? The Chagossians and their Struggle'|nom1 = Nauvel|prénom1 = Christian|éditeur = Northwestern Journal of International Human Rights|pages = 31|passage = |lire en ligne = http://scholarlycommons.law.northwestern.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1049&context=njihr|date = automne 2007|volume = 5}}</ref>. En 2013, l'île Maurice évaluait sa communauté chagossienne, descendants compris, à {{nombre|8674|individus}} dont 482 natifs<ref name=":25" />. Ils vivent principalement à [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]], notamment dans les quartiers de Roche-Bois et Cassis<ref name=":23" />. Sur {{formatnum:2000}} déportés, 250<ref name=":19" /> à 500 personnes<ref name=":26" /> ont été envoyées aux Seychelles. En 2014, on estimait à 350 le nombre de Chagossiens et de leurs descendants qui vivaient à [[Mahé (Seychelles)|Mahé]], l'île principale<ref name="Vannier">{{Lien web|titre = Les Chagossiens des Seychelles réfléchissent à la possibilité de retour dans leurs îles|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/1106/Les+Chagossiens+des+Seychelles+rflchissent++la+possibilit+de+retour+dans+leurs+les|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Rassin Vannier|auteur2 = Joanna Nicette|date = 5 août 2014|site = Seychelles News Agency}}</ref>. Une partie des Chagossiens a aussi [[Migration humaine|émigré]] au Royaume-Uni<ref>{{en}} {{Ouvrage |titre=''The Chagos Islanders'' |auteur1=House of Commons Library |pages=23 |lire en ligne=http://www.parliament.uk/briefing-papers/sn04463.pdf}}</ref>, en particulier après la loi de 2002 leur accordant la nationalité britannique. La grande majorité des Chagossiens du Royaume-Uni ont choisi de s'installer dans la ville de [[Crawley]] dans le [[Sussex de l'Ouest]]<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":7">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre='A Lost People?': Chagossians onward migration and echoes of marginalisation in Crawley}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = The Chagossians: The Indian Ocean islanders exiled from their home and struggling to make ends meet in Britain|url = https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/the-chagossians-the-indian-ocean-islanders-exiled-from-their-home-and-struggling-to-make-ends-meet-in-britain-10169107.html|consulté le = 2015-09-09|langue = anglais|auteur1 = Katie McQue|date = 10 avril 2015|site = The Independent}}</ref>, et une minorité s'est établie à différents endroits du territoire comme [[Haywards Heath]] dans le Sussex de l'Ouest, [[Horley]] dans le [[Surrey (comté)|Surrey]], la [[Grand Londres|périphérie londonienne]], notamment les quartiers de [[Borough londonien de Croydon|Croydon]] et [[Purley]], ou encore la région de [[Manchester]]<ref name=":7" />.
Avant leur déplacement, les Chagossiens vivaient sur quelques [[île]]s de l'[[archipel des Chagos]] et notamment [[Diego Garcia]]<ref name="World Factbook"/>{{,}}<ref name="CNIC history"/>{{,}}<ref name="CCT15"/>. Entre 1966 et [[1973]], ils ont été entièrement déportés à [[Maurice (pays)|Maurice]] et aux [[Seychelles]] où ils vivent aujourd'hui en majorité<ref name="World Factbook"/>{{,}}<ref name="Nauvel intro">{{en}} {{Ouvrage |titre = A Return from Exile in Sight? The Chagossians and their Struggle'|nom1 = Nauvel|prénom1 = Christian|éditeur = Northwestern Journal of International Human Rights|pages = 31|lire en ligne = http://scholarlycommons.law.northwestern.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1049&context=njihr|date = automne 2007|volume = 5}}</ref>. En 2013, l'île Maurice évaluait sa communauté chagossienne, descendants compris, à {{nombre|8674|individus}} dont 482 natifs<ref name=":25" />. Ils vivent principalement à [[Port-Louis (Maurice)|Port-Louis]], notamment dans les quartiers de Roche-Bois et Cassis<ref name=":23" />. Sur {{formatnum:2000}} déportés, 250<ref name=":19" /> à 500 personnes<ref name=":26" /> ont été envoyées aux Seychelles. En 2014, on estimait à 350 le nombre de Chagossiens et de leurs descendants qui vivaient à [[Mahé (Seychelles)|Mahé]], l'île principale<ref name="Vannier">{{Lien web|titre = Les Chagossiens des Seychelles réfléchissent à la possibilité de retour dans leurs îles|url = http://www.seychellesnewsagency.com/articles/1106/Les+Chagossiens+des+Seychelles+rflchissent++la+possibilit+de+retour+dans+leurs+les|consulté le = 2015-09-10|auteur1 = Rassin Vannier|auteur2 = Joanna Nicette|date = 5 août 2014|site = Seychelles News Agency}}.</ref>. Une partie des Chagossiens a aussi [[Migration humaine|émigré]] au Royaume-Uni<ref>{{en}} {{Ouvrage |titre=''The Chagos Islanders'' |auteur1=House of Commons Library |pages=23 |lire en ligne=http://www.parliament.uk/briefing-papers/sn04463.pdf}}</ref>, en particulier après la loi de 2002 leur accordant la nationalité britannique. La grande majorité des Chagossiens du Royaume-Uni ont choisi de s'installer dans la ville de [[Crawley]] dans le [[Sussex de l'Ouest]]<ref name=":12" />{{,}}<ref name=":7">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Sandra Evers|auteur2=Marry Kooy|titre=Eviction from the Chagos Islands : Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers|volume=1|titre volume=African History|éditeur=Brill|année=2011|pages totales=293|isbn=978-90-04-20260-3|isbn2=90-04-20260-9|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Q-sQISQZKhoC&printsec=frontcover|titre chapitre='A Lost People?': Chagossians onward migration and echoes of marginalisation in Crawley}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|titre = The Chagossians: The Indian Ocean islanders exiled from their home and struggling to make ends meet in Britain|url = https://www.independent.co.uk/news/uk/home-news/the-chagossians-the-indian-ocean-islanders-exiled-from-their-home-and-struggling-to-make-ends-meet-in-britain-10169107.html|consulté le = 2015-09-09|langue = anglais|auteur1 = Katie McQue|date = 10 avril 2015|site = The Independent}}.</ref>, et une minorité s'est établie à différents endroits du territoire comme [[Haywards Heath]] dans le Sussex de l'Ouest, [[Horley]] dans le [[Surrey (comté)|Surrey]], la [[Grand Londres|périphérie londonienne]], notamment les quartiers de [[Borough londonien de Croydon|Croydon]] et [[Purley]], ou encore la région de [[Manchester]]<ref name=":7" />.

== Notes et références ==
{{Références|taille=30}}


== Annexes ==
== Annexes ==
=== Sources et bibliographie ===
=== Sources et bibliographie ===
{{Sources à lier|date=août 2024}}
; Bibliographie
; Bibliographie
* {{en}} « Chagos Conservation Management Plan » {{Dr}} Charles Sheppard et {{Dr}} Mark Spalding, Department of Biology Sciences, université de Warwick (Royaume-Uni) {{quand}}
* {{en}} « Chagos Conservation Management Plan » {{Dr}} Charles Sheppard et {{Dr}} Mark Spalding, Department of Biology Sciences, université de Warwick (Royaume-Uni) {{quand}}
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* Rapport Prosser « Mauritius-Resettlement of persons transferred from Chagos Archipelago », septembre 1976, Government Printer, Port-Louis, île Maurice
* Rapport Prosser « Mauritius-Resettlement of persons transferred from Chagos Archipelago », septembre 1976, Government Printer, Port-Louis, île Maurice
* {{en}} « Important Dates of the Provisional People's Democratic Republic of Diego Garcia » {{précision nécessaire}}, Ted A. Morris
* {{en}} « Important Dates of the Provisional People's Democratic Republic of Diego Garcia » {{précision nécessaire}}, Ted A. Morris
* {{en}} David Vine, City University of New York (thèse de doctorat), ''Empire's Footprint: Expulsion and the United States Military Base on Diego Garcia'', New York, ProQuest, <time>2006</time>, 382 {{p.}} {{ISBN|0542851008}}
* {{en}} David Vine, City University of New York (thèse de doctorat), ''Empire's Footprint: Expulsion and the United States Military Base on Diego Garcia'', New York, ProQuest, <time>2006</time>, 382 {{p.}} {{ISBN|0542851008}}
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Thierry Ollivry|titre=Diego Garcia. Enjeux stratégiques, diplomatiques et humanitaires|éditeur=L’Harmattan|lieu=Paris|année=2008|pages totales=193|isbn=978-2-296-05276-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=PgowkrKCS5cC&printsec=frontcover}} (cf. [https://books.google.com/books?id=PgowkrKCS5cC&printsec=frontcover&dq=Diego+Garcia.+Enjeux+stratégiques,+diplomatiques+et+humanitaires.+Thierry+Ollivry&source=bl&ots=_t19xpMpr3&sig=1z7h7943hSpsd7L1oSDzh7CHumk&hl=fr&ei=XKZoS_aYKZDQjAee_625CQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CAcQ6AEwAA#v=onepage&q=&f=false Google books])
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* {{en}} Maureen Tong (Thèse de Doctorat), ''[http://scd-theses.u-strasbg.fr/394/01/TONG_Maureen_2009_fr_eng.pdf Le droit à l'autodétermination et à restitution : l'affaire du peuple de l'archipel des Chagos (territoire britannique de l'océan Indien)]'', Strasboug, Université de Strasbourg, <time>2009</time>, 296 {{p.}}
* {{en}} Maureen Tong (Thèse de Doctorat), ''[http://scd-theses.u-strasbg.fr/394/01/TONG_Maureen_2009_fr_eng.pdf Le droit à l'autodétermination et à restitution : l'affaire du peuple de l'archipel des Chagos (territoire britannique de l'océan Indien)]'', Strasboug, Université de Strasbourg, <time>2009</time>, 296 {{p.}}
* {{en}} Sandra Evers et Marry Kooy, ''Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers'', {{vol.}} 1 : ''African History'', Brill, <time>2011</time>, 293 {{p.}} {{ISBN|9004202609}}
* {{en}} Sandra Evers et Marry Kooy, ''Eviction from the Chagos Islands: Displacement and Struggle for Identity Against Two World Powers'', {{vol.}} 1 : ''African History'', Brill, <time>2011</time>, 293 {{p.}} {{ISBN|9004202609}}
* {{en}} Laura Jeffery, ''Chagos Islanders in Mauritius and the UK: Forced Displacement and Onward Migration'', Manchester, Manchester University Press, <time>2011</time>, 224 {{p.}} {{ISBN|184779789X}}
* {{en}} Laura Jeffery, ''Chagos Islanders in Mauritius and the UK: Forced Displacement and Onward Migration'', Manchester, Manchester University Press, <time>2011</time>, 224 {{p.}} {{ISBN|184779789X}}
* {{en}} Stephen Allen, ''The Chagos Islanders and International Law'', Londres, Bloomsbury Publishing, <time>2014</time>, 272 {{p.}} {{ISBN|1782254749}}
* {{en}} Stephen Allen, ''The Chagos Islanders and International Law'', Londres, Bloomsbury Publishing, <time>2014</time>, 272 {{p.}} {{ISBN|1782254749}}
* Sands, Philippe, ''La dernière colonie'' ( The last colony. A tale of exile, justice and Britain's colonial legacy ), traduit de l'anglais par Agnés Desarthe, Albin Michel, Paris, 2022.
* {{Ouvrage|prénom1=Abdelwahab |nom1=Biad |titre=La Cour internationale de justice au chevet des Chagos, le dernier confetti de l’Empire britannique dans l’Océan Indien |pages=647–662 |éditeur=Éditions Panthéon-Assas |date=2020-07-17 |isbn=978-2-9569738-4-3 |lire en ligne=http://dx.doi.org/10.3917/epas.ferna.2020.01.0647 |consulté le=2024-05-15}}


; Articles de presse
; Articles de presse
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; Dans la littérature
; Dans la littérature


*[[Shenaz Patel]], ''Le Silence des Chagos'', [[Éditions de l'Olivier]], collection "Littérature française", 2005, 154p {{ISBN|978-2879294544}}
* [[Shenaz Patel]], ''Le Silence des Chagos'', [[Éditions de l'Olivier]], collection "Littérature française", 2005, 154p {{ISBN|978-2879294544}}
*Caroline Laurent, ''Rivage de la colère'', [[Éditions Les Escales|Éditions les Escales]], collection "Domaine français", 2020, 412p {{ISBN|978-2365694025}}
* [[Caroline Laurent (écrivaine)|Caroline Laurent]], ''Rivage de la colère'', [[Éditions Les Escales|Éditions les Escales]], collection "Domaine français", 2020, 412p {{ISBN|978-2365694025}}


; Filmographie
; Filmographie
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* ''Les Sentinelles écologiques'', « Le dessous des cartes », Didier Ozil, Lépac-Arte, diffusé sur Arte le {{1er}} novembre 2008. [http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/le-dessous-des-cartes/392,CmC=2289010.html Site web]
* ''Les Sentinelles écologiques'', « Le dessous des cartes », Didier Ozil, Lépac-Arte, diffusé sur Arte le {{1er}} novembre 2008. [http://www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/le-dessous-des-cartes/392,CmC=2289010.html Site web]
* ''Il était une île, Diego Garcia'', [[documentaire]], réalisé par Michel Daëron, diffusé le 21 janvier 2010 sur [[France 2]]. [http://programmes.france2.fr/documentaires/index-fr.php?page=infrarouge&id_rubrique=683 Site de la chaîne]
* ''Il était une île, Diego Garcia'', [[documentaire]], réalisé par Michel Daëron, diffusé le 21 janvier 2010 sur [[France 2]]. [http://programmes.france2.fr/documentaires/index-fr.php?page=infrarouge&id_rubrique=683 Site de la chaîne]

; Discographie
* ''La Voix des Chagos'', [[Charlesia Alexis]], Takamba, 2004.
* "Diego", ''Racine la vie'', [[Cassiya]], 1996.
* "Nu Zil", ''Zizman dernier'', Double K, 2007.
* "Diego", ''Zulu'', [[Zulu (chanteur mauricien)|Zulu]], Ludmila et Fano, 2013.

=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
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* {{en}} [http://www.kuro5hin.org/story/2003/3/27/154441/816 Spreading democracy, by any means necessary. the US/UK and Diego Garcia]
* {{en}} [http://www.kuro5hin.org/story/2003/3/27/154441/816 Spreading democracy, by any means necessary. the US/UK and Diego Garcia]
* {{en}} [http://homepage.ntlworld.com/jksonc/docs/bancoult-d16b1.html US/UK BIOT defence agreements, 1966-1982], Archives de l'US Court
* {{en}} [http://homepage.ntlworld.com/jksonc/docs/bancoult-d16b1.html US/UK BIOT defence agreements, 1966-1982], Archives de l'US Court
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== Notes et références ==
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Dernière version du 23 août 2024 à 09:31

Chagossiens
Îlois
Description de cette image, également commentée ci-après
Chagossien avec une récolte
de noix de coco en 1969.

Populations importantes par région
Drapeau de Maurice Maurice 8 674 (2013)[1]
Drapeau des Seychelles Seychelles ≈ 350 (2014)[2]
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni ?
Population totale au moins 10 000
Autres
Régions d’origine Archipel des Chagos[3]
Langues Créole chagossien, Créole mauricien et Créole seychellois
Religions Catholicisme romain[réf. nécessaire]
Ethnies liées Créoles

Les Chagossiens ou Îlois sont un groupe ethnique créole, originaire de l'archipel des Chagos dans l'océan Indien. Métissage de population provenant de Madagascar, du Mozambique, d'Inde et de France, ils vécurent dans l'île de Diego Garcia et dans deux autres groupes d'îles de l'archipel des Chagos pendant près de deux siècles avant leur expulsion par le gouvernement britannique à la fin des années 1960 vers l'île Maurice et les Seychelles.

À partir de 1784, l'archipel des Chagos jusque-là officiellement inhabité commence à être occupé de façon permanente. Pierre Marie Le Normand, un planteur français spécialisé dans le sucre et la noix de coco et basé à l'Île-de-France, actuelle île Maurice, installe la première concession de noix de coco dans l'île de Diego Garcia[4]. Il emmène avec lui entre vingt-deux[5] et soixante-dix-neuf esclaves originaires de Madagascar et du Mozambique ainsi que quelques « libres de couleur »[4]. Plusieurs planteurs français de noix de coco venus de l'Île-de-France le rejoignent ensuite avec leurs esclaves pour s'y implanter et exploiter l'huile de coco et le coprah : il s'agit de Monsieur Didier, les frères Cayeux et Monsieur Lapotaire[5],[4] qui débarque en 1793[6]. En 1808, les archives montrent que Monsieur Lapotaire possédait à lui seul une centaine d'esclaves sur Diego Garcia et en 1813, un nombre similaire pouvait être recensé sur Peros Banhos[5],[4].

Entre 1780 et 1828, l'archipel est aussi utilisé par les Français et les Britanniques pour isoler et soigner les lépreux dans l'espoir que l'abondance de viande de tortues puisse être bénéfique à leur régime alimentaire[4],[7]. Certains spécialistes pensent que des esclaves lépreux ont pu y être envoyés avant l'arrivée des premières concessions de coprah[8]. En 1826, on comptait 375 esclaves, 9 blancs, 22 "libres de couleurs" et 42 lépreux dans l'archipel. Au total, les Chagos étaient peuplées à cette période par 448 habitants dont la moitié vivaient à Diego Garcia[4].

Après la prise de possession des Mascareignes par les Britanniques et l'abolition de l'esclavage en 1834, les anciens esclaves continuent à exercer leurs activités de pêcheurs, fermiers ou travailleurs pour les plantations de cocotiers. En parallèle, des engagés indiens sont amenés dans l'archipel pour augmenter la main d'œuvre disponible. Ils se mettent en ménage avec les autres travailleurs d'origine africaine et adoptent les rites locaux[4]. Par la suite, des travailleurs venus de l'île Maurice, des Seychelles, des îles Rodrigues et Agaléga arrivent régulièrement dans l'archipel et s'y installent de façon permanente en concubinage avec un Chagossien[9].

Ruines d'une plantation sur Diego Garcia, en 1982.

Vie dans l’archipel des Chagos jusqu'en 1973

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Ruine d'une église envahie par la végétation, sur l'île Boddam.

Après l'abolition de l'esclavage, les Chagossiens travaillent majoritairement dans les cocoteraies de l'archipel des Chagos[10],[11],[12]. Ils y récoltent les noix de coco qu'ils retraitent pour en tirer du coprah[13] et de l'huile de noix de coco[10],[11],[12]. Des activités économiques autour de l'exploitation du guano et de miel sont aussi présentes sur l'île[14]. Tous les travailleurs n'ont pas un emploi fixe : beaucoup se voient attribuer de nouvelles tâches chaque matin dans la cocoteraie ou l'entretien des infrastructures. Les travailleurs qui ont un emploi fixe sont employés comme domestiques par les administrateurs de l'île, forgerons, infirmiers, charpentiers ou moniteurs. La journée de travail s'achève à midi mais les travailleurs peuvent augmenter leurs revenus en revenant travailler l'après-midi. Pendant ce temps, les enfants sont à l'école, dans une classe commune et les plus petits à la crèche[15]. Les compagnies qui les emploient, notamment la société locale Chagos Agalega Limited[16], leur versent un petit salaire ainsi que des rations de riz, d'huile, de farine, de sel et de lentilles que les habitants complètent par la pêche côtière, la culture vivrière ou l'élevage de volailles[13],[16],[14]. Les habitants reçoivent gratuitement des terres, des matériaux de construction, des soins médicaux, une retraite et une éducation pour leurs enfants en plus de transports gratuits vers l'île Maurice[14],[9]. Beaucoup ont des chiens ou des chats[9].

Durant leur temps libre, les habitants s'occupent de tâches quotidiennes : réparation des filets, tâches ménagères, jardinage, élevage. Ils passent leurs soirées entre voisins à se raconter des histoires et le samedi soir, un bal est organisé pour danser le séga. L'île est alimentée en électricité mais elle est réservée aux maisons des administrateurs et à l'hôpital[15]. La population vit donc en autarcie, selon un mode de vie ancien et avec assez peu de contacts extérieurs, un seul bateau venant deux fois par an de Port-Louis[13].

Des villages s'établissent dans quelques îles de l'archipel sous la forme de petites communautés comptant des habitations installées le long des routes, des commerces, des ateliers d'artisans, une église ou une chapelle, un cimetière, des espaces de récréation et le centre administratif de la plantation. L'eau est puisée dans des réservoirs. Au milieu du XXe siècle, des écoles et des crèches sont installées ainsi que des systèmes de gestion des ordures[9]. Certaines îles comptent des cocoteraies mais pas d'habitations ce qui oblige les Chagossiens à aller d'île en île pour leur travail.

Au milieu des années 1960, l'archipel reste peu peuplé. Sa population est estimée entre 1 500 et 2 000 personnes réparties en 450 à 500 familles[17] et regroupée sur trois îles ou groupe d'îles qui sont Diego Garcia, la plus peuplée, les îles Salomon (notamment l'île Boddam) et Peros Banhos.

Déportation vers Maurice et les Seychelles

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En plein cœur de la guerre froide[18], les Américains s'inquiètent de leur absence dans l'océan Indien et répèrent l'île de Diego Garcia dont l'isolement constitue un avantage en cas d'attaque. Au début des années 1960, ils débutent des négociations avec le gouvernement britannique qu'ils convainquent de détacher l'archipel des Chagos de l'ancienne colonie mauricienne pour le transformer en territoire britannique de l'océan Indien. Ainsi, les Chagos restent britanniques malgré l'indépendance de l'île Maurice. Le but de cette manœuvre est d'établir une base navale et aérienne pour l'armée américaine. Pour y parvenir, les Américains demandent que l'archipel soit « balayé » et « assaini », sous-entendant qu'il doit être vidé de sa population. Un accord secret est finalisé le 30 décembre 1966 et le gouvernement américain verse 14 millions de dollars pour organiser la déportation des Chagossiens[19],[20],[21].

Dans les années suivantes, de 1967 à 1973, environ 2 000 Chagossiens sont déportés[22] par la force ou la ruse par le gouvernement britannique, d'abord sur l'île de Peros Banhos, puis en 1973 vers l'Ile Maurice et les Seychelles. À partir de 1968, les habitants qui ont quitté temporairement l'archipel pour partir se soigner ou aller en vacances se voient interdire le retour sur leur île[23],[20]. En parallèle, le gouvernement britannique commence à restreindre l'approvisionnement en nourriture pour encourager encore plus de Chagossiens à quitter leurs îles[20]. Parmi les autres techniques employées pour pousser les habitants à partir, les autorités britanniques et américaines s'en prennent aussi à leurs chiens. Après avoir essayé de tirer à balles réelles sur les animaux puis de les empoisonner, ils les attirent dans un hangar pour les tuer et les brûler, parfois vivants selon des témoignages[19],[24],[25].

À partir de 1971, les Américains commencent la construction de la base et exigent l'accélération de la procédure de déportation. Les Chagossiens encore présents sur l'île sont embarqués de force sur des cargos de 1971 à 1973[20] dans une ambiance de racisme du personnel britannique qui les désigne comme des "Tarzans" et "Hommes Vendredis"[26]. Les cargos destinés à leur transport, en particulier le Norveder[7], sont surpeuplés, le voyage dure cinq jours et les passagers doivent dormir dans la cale sur des cargaisons d'excréments d'oiseaux. À leur arrivée, l'urine, le vomi et les excréments recouvrent le sol et au moins une femme a fait une fausse couche. Par contraste, certains cargos transportaient aussi des chevaux de race qui ont été installés sur le pont[27]. Une fois arrivés à leur port de destination, les Chagossiens sont laissés sur les quais, sans argent, sans travail et sans assistance pour trouver un logement[25],[28], ce qui pousse le Washington Post à affirmer dans un article de 1975 qu'ils vivent dans un état de "pauvreté abjecte". En 1976, un officier du gouvernement reconnait qu'ils vivent dans une « situation déplorable »[28].

À la fin des années 1990, le journaliste mauricien Henri Marimootoo consulte de nombreux documents britanniques déclassifiés et découvre que le gouvernement a volontairement menti à l'ONU afin d'empêcher les Chagossiens de pouvoir réclamer leurs droits. Les Britanniques avaient affirmé que les Chagossiens étaient de simples travailleurs saisonniers et qu'ils n'étaient pas originaires de l'archipel. En effet, en les présentant comme des ouvriers agricoles en transit, le gouvernement pouvait contourner le droit international qui exige qu'une population installée ne soit pas déplacée sans son accord. Entre mai et août 1997, Henri Marimootoo publie le résultat de ses recherches dans une série d'articles intitulé Diego Files parus dans l'hebdomadaire mauricien Weekend[26],[29],[30]. Le journaliste John Pilger décrit la déportation de la population chagossienne comme « un kidnapping de masse opéré dans le plus grand secret » et accuse les ministres des Affaires étrangères britanniques d'avoir « conspiré au mensonge, s'encourageant les uns et les autres à maintenir et défendre la fiction selon laquelle les Chagossiens n'existaient qu'en tant que population flottante »[24], le mot « fiction » ayant été effectivement utilisé par les ministres[26]. Le déplacement d'une population entière n'avait encore jamais été réalisé[18] et l'ancien ministre des Affaires étrangères britannique Robin Cook aurait même déclaré qu'il s'agissait de « l'épisode le plus sordide et le plus indéfendable que j'ai jamais connu. »[31]

Mobilisation et recours en justice

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Dès leur arrivée à l'île Maurice, plusieurs Chagossiens, en particulier des femmes[32], se mobilisent pour défendre leurs droits. Parmi les figures marquantes du combat, on compte Lisette Talate, Charlesia Alexis ou Rita Elysée Bancoult qui organisent des grèves de la faim, des manifestations[18] et sont même arrêtées par les autorités mauriciennes. Au début des années 1980, Alexis, Talate et Olivier Bancoult, le fils de Rita Elysée Bancoult, fondent le Groupe Réfugiés Chagos (GRC) pour défendre leur cause en cour de justice[18]. En 1995, le Chagossien Fernand Mandarin fonde le Comité Social Chagossien (CSC)[26].

1972-1982 : compensations

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En 1972, le gouvernement britannique verse 650 000 livres sterling au gouvernement mauricien pour participer à l'installation des Chagossiens mais l'argent n'est pas redistribué. En 1977, des militants chagossiens, majoritairement des femmes, organisent un mouvement de protestation pour exiger le versement de l'argent, ce qu'elles obtiennent l'année suivante puisque le fonds du gouvernement britannique est réparti entre 595 familles. Cependant, avec l'inflation, la somme est considérablement réduite et ne soulage pas vraiment les difficultés des Chagossiens[26],[33].

En parallèle, le Chagossien Michel Ventacassen lance une procédure judiciaire devant la Haute Cour de Londres à titre privé, déclarant avoir été victime de plusieurs préjudices pendant son exil. Son cas est jugé en 1982 et les gouvernements britannique et mauricien décident d'ouvrir un fonds d'aide aux Chagossiens : 1344 d'entre eux reçoivent 2 976 livres sterling chacun ainsi que quelques terres. En échange, les bénéficiaires doivent signer un document en anglais les engageant à ne pas engager de nouvelles poursuites judiciaires[33],[34]. De nombreux signataires, analphabètes, ne parlant que le créole et dans le besoin, ne réalisent pas qu'ils abandonnent le droit à toute nouvelle compensation et au retour dans leur archipel[34],[18]. Plusieurs familles refusent de recevoir la compensation et s'engagent dans des grèves de la faim pour protester contre la gestion de leur cas par les autorités britanniques[34],[35]. Aux Seychelles, les exilés chagossiens n'ont toujours rien reçu[26],[35].

1997-2016 : recours devant la justice britannique

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En 1997, les Chagossiens découvrent que toute personne née aux Chagos est un citoyen des Territoires britanniques dépendants et peut, à ce titre, porter plainte contre l'interdiction de visiter ou de s'installer sur le Territoire britannique de l'océan Indien[33]. Olivier Bancoult du GRC s'engage dans une affaire judiciaire. Son cas, R (Bancoult) v Foreign Secretary, est jugé le 3 novembre 2000 et la cour de justice reconnait que la déportation des Chagossiens est contraire aux lois du Territoire britannique de l'océan Indien et annule l'ordonnance de 1971 qui légitimait la dépopulation de l'Archipel. Le Secrétaire d'État Robin Cook annonce qu'il ne fera pas appel de la décision et le gouvernement britannique vote une nouvelle loi autorisant les Chagossiens à retourner dans l'archipel sans permis, à l'exception de l'île de Diego Garcia. Il s'engage aussi à lancer des études de faisabilité pour organiser le retour de la population dans l'archipel[26],[33],[21],[36].

En 2002, un groupe de Chagossiens menés par le GRC porte un nouveau cas devant la justice britannique pour demander de nouvelles compensations, notamment pour fraude et exil illégal. L'affaire Chagos Islanders v Attorney General and HM BIOT Commissioner est jugée en 2003 devant la Haute Cour de Londres. Le juge rejette les demandes des Chagossiens, rappelant qu'une majorité d'entre eux avait renoncé à toute nouvelle plainte en acceptant les compensations de 1982. La Cour d'Appel saisie par la suite confirme ce jugement car elle estime entre autres que l'illégalité de l'exil ne peut être démontrée et qu'il n'y aucune preuve que les autorités savaient que l'ordonnance de 1971 était illégale[26],[33],[21].

Le , le ministre britannique des Affaires étrangères Jack Straw signe un document conférant la citoyenneté britannique aux Îlois, plus tard ajouté au British Overseas Territories Act 2002 sous le nom de « Section 6: The Ilois: Citizenship ».

Le gouvernement britannique publie plusieurs études de faisabilité concernant le retour des Chagossiens. En juin 2004, il affirme que seule une installation à court-terme serait envisageable et qu'un réel projet de réinstallation de la population serait trop coûteux[33]. Le 10 juin 2004, un décret en conseil de la Reine d'Angleterre est promulgué. Dans des termes semblables à ceux de l'ordonnance de 1971, il décrète que toute visite du Territoire britannique de l'océan Indien est interdite sans autorisation spéciale[21],[33]. Les Chagossiens se mobilisent contre cette décision, soutenus par des personnalités politiques comme l'ancien président de la république de Maurice Cassam Uteem ou le député britannique Jeremy Corbyn[37]. Dans un débat au Parlement britannique en juillet 2004, le gouvernement déclare que ces mesures sont nécessaires pour honorer son traité avec les États-Unis. De son côté, le gouvernement américain insiste sur l'importance de la base de Diego Garcia dans sa guerre contre le terrorisme. Un retour des Chagossiens mettrait en péril la sécurité de la base et augmenterait les risques d'une infiltration terroriste selon le gouvernement britannique[33],[38],[39]. Olivier Bancoult décide de contester le décret en conseil et ouvre un nouveau recours en justice. Le cas R (Bancoult No 2) v Foreign Secretary est jugé par la Haute Cour de Londres le 11 mai 2006 qui renverse la décision royale[36]. Le gouvernement britannique fait appel mais la Cour d'Appel confirme le 23 mai 2007 que l'ordre royal de 2004 était un abus de pouvoir et qu'on ne peut déplacer une population entière autrement que pour son propre bien-être[35],[40],[36].

Du 30 mars au 6 avril 2006, un groupe d'une centaine d'îlois reçoit l'autorisation d'embarquer à bord du Mauritius Trochetia pour visiter le Territoire britannique de l'océan Indien pour la première fois depuis quarante ans[41],[42]. 75 d'entre eux sont issus du Groupe Chagos Réfugiés, 15 du Comité social des Chagossiens et 10 sont des Chagossiens établis aux Seychelles[43],[44]. Le voyage est organisé conjointement par les gouvernements britanniques et mauriciens[45] qui délèguent chacun un représentant pendant le voyage[44]. Le programme prévu par les voyageurs est de faire trois escales d'une journée sur les îles Salomon, Peros Banhos et Diego Garcia, de les nettoyer, de remettre en ordre les lieux de mémoire tels que le cimetière et d'ériger des monuments commémoratifs en pierre[42],[46]. Les membres du Comité Social des Chagossiens refusent cependant de montrer un laissez-passer à l'arrivée dans l'Archipel, arguant que la république de Maurice est le pays souverain et non le Royaume-Uni[45].

Malgré le jugement en appel de mai 2007, le gouvernement britannique décide de porter le dossier devant la cour de recours de la Chambre des lords[47]. Le 22 octobre 2008, les juges de la Chambre décident à la majorité de 3 contre 2 que le décret en conseil de la Reine de 2004 était légal, rationnel et ne violait pas les attentes de Chagossiens, annulant ainsi les précédents jugements[48],[49]. Ils se disent sensibles aux revendications des Chagossiens mais estiment que la décision de 2004 a été prise de « bonne foi » et reposait sur des arguments solides. Selon eux, un retour dans l'archipel serait précaire et coûteux et présenterait un risque inacceptable pour une base militaire « de la plus haute importance », en particulier après les attentats terroristes du 11 septembre 2001 aux États-Unis[50]. Le juge Lord Hoffmann souligne que les Chagossiens, bien que floués dans le passé, ont depuis reçu une compensation pour leur perte et qu'ils n'ont montré « aucun désir de retourner vivre à la manière de Crusoe dans des conditions de vie misérables »[47]. En revanche, le juge Lord Bingham déclare que la décision de 2004 était nulle et illégale et que le pouvoir de la Reine de légiférer sans l'accord du Parlement représente une « survivance anachronique »[51]. Il se dit d'autre part peu convaincu par les arguments américains sur la sécurité de la base de Diego Garcia[52]. Selon certains spécialistes du droit britannique, cette décision devant la Chambre des lords est importante du point de vue du droit constitutionnel[33] ainsi que de celui de la reconnaissance des droits fondamentaux des peuples des anciennes colonies[48].

En juin 2015, le Groupe Réfugiés Chagos décide de demander l'annulation du jugement de 2008 devant la Cour suprême de Londres. Leurs avocats argumentent que ce jugement était en partie basé sur une étude de faisabilité qui n'a pas été présentée aux juges et que cela aurait pu changer le verdict[53],[54]. La présence de l'avocate internationale Amal Clooney dans leur équipe de défense favorise le combat des Chagossiens puisque sa notoriété attire une couverture médiatique de leurs procès sans précédent, y compris par la presse people[55],[56].

La Cour suprême déboute les Chagossiens le 29 juin 2016 par une majorité de trois voix contre deux. Les juges déclarent que les nouveaux éléments apportés au dossier ne sont pas de nature à remettre en cause le jugement de la Chambre des Lords. Néanmoins, la Cour suprême précise qu'un rapport publié en mars 2015 sur la viabilité d’un retour dans l’archipel pourrait constituer la base d'une nouvelle demande[57],[58].

2010-2019 : question du parc marin et recours à la justice internationale

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Le 1er avril 2010, l’archipel des Chagos est déclaré zone marine protégée par le gouvernement britannique[27], à l'exception de l’atoll de Diego Garcia[59]. Les militants chagossiens et de leurs soutiens soupçonnent cette décision d'être motivée par le désir d'empêcher le rétablissement de la population sur l'archipel[60]. Les autorités britanniques assurent que ce n'est pas vrai[27],[61] et vantent une occasion de créer une réserve naturelle unique au monde[62]. Cependant, des câbles diplomatiques de 2009 publiés par Wikileaks l'année suivante[63] dévoilent des discussions qui auraient eu lieu entre les Américains et les Britanniques et qui confirmeraient la thèse du parc marin comme obstacle pour les Chagossiens. L'un des officiels britanniques aurait ainsi déclaré : « Établir une réserve marine pourrait bien, en effet, être la façon la plus efficace à long terme d'empêcher les anciens habitants des Chagos ou leurs descendants de se réinstaller sur l'île »[64],[61]. Les autorités britanniques et américaines refusent de confirmer ou démentir les révélations de Wikileaks puisqu'il s'agirait d'une violation du secret diplomatique[27],[61]. Le spécialiste de l'environnement Mike Spalding estime que la création d'un parc sans l'accord des Chagossiens serait une catastrophe[62].

Olivier Bancoult décide de porter la question du parc marin devant les cours de justice britannique. Le 11 juin 2013, la Haute Cour de Londres déclare que celui-ci n'est pas incompatible avec le droit européen, qu'il n'est pas illégal et qu'il a été créé non pas pour empêcher le retour des Chagossiens mais bien pour des motifs environnementaux, les documents de Wikileaks n'ayant pas été pris en compte comme preuves en raison du secret diplomatique[65],[66],[67]. Les Chagossiens font appel mais le jugement est confirmé le 23 mai 2014. Il rappelle que certains arguments des plaignants ne sont pas recevables, notamment le droit à la pêche puisque dans les faits, aucun Chagossien ne pêche plus dans les eaux de l'archipel depuis 1973. En revanche, la cour ouvre la possibilité de prendre en compte les câbles de Wikileaks dans un futur jugement[68].

Le 18 mars 2015, le Tribunal international du droit de la mer saisi par le Premier ministre mauricien déclare illégale la création du parc marin par le Royaume-Uni. Il estime que « le Royaume-Uni n'a pas été en mesure de fournir une explication satisfaisante pour l'urgence avec laquelle il a proclamé la zone marine protégée le 1er avril 2010 ». Selon le jugement, l'Ile Maurice aurait dû être consultée et détient une souveraineté sur le territoire maritime des Chagos[69],[70].

Entretemps, les Chagossiens décident de porter leur cas devant la Cour européenne des droits de l'homme. Le 20 décembre 2012, celle-ci rejette leur plainte contre le gouvernement britannique. Selon elle, la plainte est irrecevable car en acceptant une compensation financière en 1982 lors de l'affaire Ventacassen, les Chagossiens ont renoncé à toute autre prétention[71],[72],[73]. Elle souligne aussi que les Chagossiens n'ont plus de perspective de retourner s'établir dans les îles des Chagos, que leur combat est politique et ne s'inscrit donc pas dans le cadre de la Convention européenne des droits de l'Homme[71]. Le gouvernement britannique déclare qu'il s'est excusé à plusieurs reprises pour le traitement des Chagossiens dans les années 1960 mais qu'il était en droit de se défendre devant la cour et réexaminera la possibilité de réinstaller les Chagossiens dans l'archipel[74].

En juin 2016, le gouvernement mauricien signale son intention de porter le cas des Chagos devant la Cour internationale de justice si le gouvernement britannique ne restitue pas l'archipel[75],[76]. Les négociations entre les deux parties doivent prendre fin au plus tard en juin 2017[77]. Le gouvernement britannique annonce son refus d'envisager le repeuplement des Chagos le 16 novembre 2016. Il exprime ses profonds regrets quant à la déportation des Chagossiens mais il met en avant le risque sécuritaire et le coût que représenterait le repeuplement pour le contribuable britannique. Il propose cependant une enveloppe de 45 millions d'euros pour l'amélioration des conditions de vie des Chagossiens. Olivier Bancoult répond que la dignité des Chagossiens "n'est pas à vendre". D'autres représentants de la communauté chagossienne soulignent que l'enveloppe du gouvernement britannique ne pourra être versée en échange d'un abandon de leur revendications [78],[79],[80],[81]. Un projet de visite des Chagos, soutenu en partie par le gouvernement britannique, fait l'objet de nombreux débats. Olivier Bancoult estime notamment qu'il s'agit d'un piège[82]. En parallèle, le Premier Ministre mauricien se plaint des pressions et de l'attitude méprisante de ses interlocuteurs britanniques et américains dans le cadre des négociations diplomatiques[83].

En janvier 2017, plusieurs titulaires du prix Nobel de la paix lancent un appel au président américain Barack Obama. Ils lui demandent de régler le problème des Chagos avant la fin de son mandat, de laisser les Chagossiens retourner à Diego Garcia et y travailler aux côtés des militaires américains. L'appel est signé par Desmond Tutu, Jody Williams, Mairead Maguire, Tawakkol Karman ainsi que par Yu Joe Huang, Stephen P. Myers et Edward L. Vine, prix Nobel de la paix 2007 au titre du GIEC. Malgré le prestige de ses signataires, cet appel ne produit pas d'effet[84],[85].

Le , l'Assemblée générale des Nations unies (94 voix pour, 15 contre et 65 abstentions) a demandé à la Cour internationale de justice de rendre un avis consultatif portant sur le respect, par le Royaume-Uni, des règles pertinentes du droit international lors du processus de décolonisation. La Résolution interroge également la Cour sur les conséquences juridiques de la séparation de l'archipel de Maurice en 1965 et du maintien de l'archipel sous administration britannique[86]. L'analyse du vote révèle un soutien des pays majeurs du Sud (Afrique du Sud, Algérie, Cuba, Égypte, Inde, Nigeria, Philippines, Vietnam, etc) à Maurice, alors que l'opposition provient des proches alliés des États-Unis et du Royaume-Uni (Australie, Israël, Japon, France, etc)[26]. En septembre 2018, Maurice a porté l'affaire devant la Cour internationale de Justice pour obtenir un avis consultatif contre les objections britanniques[87]. En 2016, les autorités britanniques reconduisent pour 20 ans le prêt de l'île de Diego Garcia aux États-Unis[26].

Le , dans un avis consultatif, la Cour internationale de justice estime que le Royaume-Uni a « illicitement » séparé l’archipel des Chagos de l’île Maurice après son indépendance en 1968[88],[89].

Résolution de l'ONU du 22 mai 2019

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Le 22 mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU adopte une résolution[90] demandant au Royaume-Uni de rétrocéder sous six mois à l’île Maurice l’archipel des Chagos[91].

En mai 2019, l'Assemblée générale de l'ONU avait adopté à une très large majorité une résolution, non contraignante mais à forte valeur politique, donnant six mois à Londres pour procéder à cette rétrocession. Ce délai a pris fin le 22 novembre 2019 sans que le Royaume-Uni se conforme à cette résolution, ni à l'avis consultatif formulé en février par la Cour internationale de justice (CIJ) demandant à Londres de mettre fin "dans les plus brefs délais" à son administration des Chagos[92].

Le , Pravind Jugnauth premier ministre des île Maurice, était à Londres pour assister à un sommet sur les investissements de la Grande-Bretagne en Afrique. il s'est entretenu avec les chefs des gouvernements de l'Afrique du Sud, du Kenya, de Côte d'Ivoire et du Mozambique. Il a indiqué que : "Port-Louis étudiait la possibilité d’entamer des poursuites contre des responsables britanniques devant la Cour pénale internationale pour crime contre l’humanité", écrit IonNews[93].

Le , la nouvelle carte publiée par l'ONU fait apparaitre l'archipel comme territoire Mauricien[94].

La Chambre spéciale du Tribunal international du droit de la mer des Nations unies a conclu dans son arrêt du 28 janvier 2021 que la revendication de souveraineté par la Grande-Bretagne sur l’archipel des Chagos va à l’encontre des conclusions faisant autorité formulées dans l’avis consultatif l’Assemblée générale de l'ONU (résolution 73/295[95])[96].

Société et culture

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En raison de l'isolement de l'archipel et des conditions de vie particulières sur l'île, principalement rythmées par le travail dans les cocoteraies, une culture chagossienne distincte s'est progressivement développée, ainsi qu'un créole chagossien, proche des créoles mauriciens et seychellois[4]. L'accent et le vocabulaire du créole chagossien diffèrent cependant du créole des îles Maurices et Rodrigues[97],[98]. Le sentiment d'exil a poussé la communauté chagossienne à entretenir ses traditions et sa culture hors de son territoire d'origine, notamment pour cultiver le souvenir de ce qu'ils ont perdu[99],[97]. Ainsi, les Chagossiens continuent à vénérer leurs ancêtres et consomment toujours une cuisine à base de fruits de mer et de lait de coco[99].

Un élément culturel important est la pratique du séga chagossien, une musique et une danse traditionnelle que les autorités mauriciennes souhaitent proposer pour inscription à la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO[97],[100]. Le séga chagossien est chanté presque essentiellement par des femmes[101],[26], en créole chagossien[97] à l'aide d'instruments traditionnels comme le ravanne, un tambour à peau de chèvre utilisé exclusivement par les hommes, le maravanne, un bâton de pluie ou le triangle[26]. Les chants les plus anciens parlent de la vie dans la plantation tandis que les plus modernes décrivent l'exil, les conditions économiques difficiles et peuvent être utilisés à des fins militantes[26],[99],[102]. Parmi les représentants du séga chagossien on compte la militante Charlesia Alexis ou le groupe Tambour Chagos[26].

Les Chagossiens sont principalement catholiques romains[16],[103]. Cependant, l'archipel des Chagos ne disposait pas d'une autorité religieuse permanente. Un prêtre itinérant venait de l'île Maurice pour les cérémonies importantes mais la messe du dimanche était célébrée par les administrateurs[103]. En conséquence, certaines pratiques comme celle du mariage diffèrent fortement des pratiques catholiques : l'union libre est traditionnellement privilégiée par les Chagossiens[103],[104]. Une femme peut ainsi facilement quitter un compagnon qui ne lui convient pas et possède une certaine indépendance et liberté sexuelle[99],[104]. Le rôle des femmes dans la structure sociale chagossienne est similaire à celui des femmes dans d'autres sociétés post-esclavage : elles représentent la tête du foyer et sont les premières responsables des besoins de la famille[103],[104],[99].

Après la déportation, les Chagossiens pâtissent d'une très forte pauvreté découlant de plusieurs facteurs décrits par l'universitaire David Vine : une expulsion traumatique, le chômage, la discrimination ethnique, la privation d'éducation, une marginalisation économique et socio-psychologique, l'absence d'un domicile fixe, la perte de leurs terres et de l’accès à une propriété commune, la malnutrition et l'insécurité alimentaire, une morbidité et une mortalité grandissante et une fragmentation socio-culturelle[9],[105],[14]. Avant la déportation, les Chagossiens étaient majoritairement analphabètes et sont toujours touchés par ce phénomène aujourd'hui[16],[1].

Statut international

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Statut juridique international

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Le statut du peuple chagossien à la suite de son déplacement forcé et son interprétation par le droit international est un enjeu important qui peut lui permettre de légitimer certaines de ses revendications[106].

De nombreux militants Chagossiens s'identifient comme peuple autochtone. Des organisations chagossiennes ont participé au Groupe de travail des Nations unies sur les populations autochtones, ayant été reconnu comme peuple autochtone par ce groupe de travail en 1996[26],[33]. Le statut de peuple autochtone permettrait aux Chagossiens de bénéficier du droit à l'autodermination comme garanti dans la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations unies[106]. Le gouvernement et plusieurs personnalités politiques mauriciennes s'opposent à ce statut car il pourrait être une menace à la revendication de souveraineté de l'Ile Maurice sur l'Archipel des Chagos[107],[108] Ainsi, le gouvernement mauricien estime que les Chagossiens constituent une minorité nationale au sein du peuple mauricien et non un peuple autochtone. Il affirme que le peuple mauricien dans son ensemble s'est formé par les migrations et les déplacements de population. D'après les universitaires Laura Jeffery et David Vine, reconnaître ce statut pourrait faire du mal au « mythe national mauricien »[108]. Pour l'universitaire Stephen Allen le critère de précédence requis pour être considéré comme autochtone est mal interprété dans le cas des Chagossiens : le peuple en question doit avoir été le plus ancien peuple à habiter un territoire donné, peu importe sa date et son mode d'arrivée. Dans le cas des Chagos, les registres historiques tendent à montrer que les premiers habitants étaient français, retirant la précédence aux Chagossiens. Cependant, ces derniers étant le seul peuple disposant d'un lien sur plusieurs générations avec le territoire de l'archipel et ayant développé une culture distinctive, il satisfait d'autres critères lui permettant d'accéder au statut de peuple autochtone[33],[106].

Le statut de réfugié a aussi été évoqué, l'organisation militante chagossienne la plus importante ayant choisi pour nom le Groupe Réfugiés Chagos[106]. Une fois encore, ce statut pourrait contrarier les revendications de souveraineté mauricienne sur les Chagos puisque cela impliquerait que les Chagossiens viennent d'une terre étrangère n'appartenant pas à l'État qui les a accueillis[108]. D'autre part, les Chagossiens déplacés aux Seychelles ou à l'île Maurice ayant reçu la nationalité de leur pays d'accueil peuvent difficilement répondre aux critères définissant le statut de réfugié qui exigent de vivre hors de son propre pays[106].

Citoyenneté

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Puisque l'Archipel des Chagos appartenait à l'empire britannique avant la déportation des Chagossiens et l'indépendance des îles voisines, plusieurs problèmes juridiques relatif à la nationalité des Chagossiens se sont posés au cours des décennies. Ceux qui ont été envoyés à l'île Maurice ont reçu la citoyenneté mauricienne à l'indépendance du pays[109], dans de nombreux cas sans qu'ils en aient connaissance ou y aient consenti[106]. En 2015, le premier ministre Sir Anerood Jugnauth a confirmé que puisque le gouvernement mauricien considère qu'il détient la souveraineté de l'Archipel des Chagos, toute personne née aux Chagos avant ou après 1965 est de nationalité mauricienne[110]. Les Chagossiens déplacés aux Seychelles ont connu une situation plus compliquée, leur pays d'accueil ne leur ayant pas octroyé la nationalité seychelloise automatiquement. Pendant plusieurs décennies, les Chagossiens des Seychelles ont donc été de fait apatrides. Beaucoup ont dû acheter la citoyenneté seychelloise à un prix élevé, parfois prohibitif[109],[111].

Selon la loi de 1981 portant sur la citoyenneté britannique, tous les Chagossiens nés dans l'Archipel étaient éligibles à recevoir un statut de citoyen des Territoires britanniques d'outre-mer. Cela leur donnait la possibilité de visiter les territoires du Royaume-Uni mais pas de s'y installer. Pour des raisons de coûts et de manque d'accès à l'information, peu de Chagossiens ont demandé ce statut[103]. En 2002, la loi sur la citoyenneté des territoires d'outre-mer est modifiée, donnant aux habitants de ces territoires un accès à la nationalité britannique de plein droit. Cependant, le citoyen d'outre-mer ne pouvait initialement transmettre sa nationalité britannique que si ses enfants étaient aussi nés dans le territoire d'outre-mer, excluant ainsi les enfants des Chagossiens nés en exil aux Seychelles ou à l'île Maurice. Après une campagne du Chagos Refugees Group, le gouvernement britannique accepte d'étendre l'octroi de citoyenneté aux enfants de Chagossiens nés en exil entre le 26 avril 1969 et le 1er janvier 1983 mais pas à leurs descendants[103],[112]. Ainsi, la loi exclut toujours les Chagossiens nés en exil avant avril 1969 et après 1983 de la nationalité britannique, même si le déplacement de population a commencé avant 1969. D'autre part, selon les dispositions de la loi de 1981, la nationalité britannique d'outre-mer ne peut qu'être transmise par un père à un enfant né dans le cadre du mariage, alors même que le mariage n'était pas une pratique courante et accessible dans l'Archipel des Chagos[103],[112],[113]. Malgré tout, on suppose aujourd'hui qu'environ 1 000[114] à 1 400 Chagossiens[115] auraient demandé la citoyenneté britannique et que tous les Chagossiens nés avant la déportation possèdent une double nationalité britannique et mauricienne ou britannique et seychelloise[106].

Répartition géographique

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Avant leur déplacement, les Chagossiens vivaient sur quelques îles de l'archipel des Chagos et notamment Diego Garcia[12],[10],[11]. Entre 1966 et 1973, ils ont été entièrement déportés à Maurice et aux Seychelles où ils vivent aujourd'hui en majorité[12],[21]. En 2013, l'île Maurice évaluait sa communauté chagossienne, descendants compris, à 8 674 individus dont 482 natifs[1]. Ils vivent principalement à Port-Louis, notamment dans les quartiers de Roche-Bois et Cassis[99]. Sur 2 000 déportés, 250[114] à 500 personnes[115] ont été envoyées aux Seychelles. En 2014, on estimait à 350 le nombre de Chagossiens et de leurs descendants qui vivaient à Mahé, l'île principale[2]. Une partie des Chagossiens a aussi émigré au Royaume-Uni[116], en particulier après la loi de 2002 leur accordant la nationalité britannique. La grande majorité des Chagossiens du Royaume-Uni ont choisi de s'installer dans la ville de Crawley dans le Sussex de l'Ouest[25],[103],[117], et une minorité s'est établie à différents endroits du territoire comme Haywards Heath dans le Sussex de l'Ouest, Horley dans le Surrey, la périphérie londonienne, notamment les quartiers de Croydon et Purley, ou encore la région de Manchester[103].

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Sources et bibliographie

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Bibliographie
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  • Auguste Toussaint, L’Océan Indien au XVIIIe siècle, éd. Flammarion, Paris, 1974
  • Rapport Prosser « Mauritius-Resettlement of persons transferred from Chagos Archipelago », septembre 1976, Government Printer, Port-Louis, île Maurice
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  • (en) Laura Jeffery, Chagos Islanders in Mauritius and the UK: Forced Displacement and Onward Migration, Manchester, Manchester University Press, , 224 p.  (ISBN 184779789X)
  • (en) Stephen Allen, The Chagos Islanders and International Law, Londres, Bloomsbury Publishing, , 272 p.  (ISBN 1782254749)
  • Sands, Philippe, La dernière colonie ( The last colony. A tale of exile, justice and Britain's colonial legacy ), traduit de l'anglais par Agnés Desarthe, Albin Michel, Paris, 2022.
  • Abdelwahab Biad, La Cour internationale de justice au chevet des Chagos, le dernier confetti de l’Empire britannique dans l’Océan Indien, Éditions Panthéon-Assas, , 647–662 p. (ISBN 978-2-9569738-4-3, lire en ligne)
Articles de presse
Dans la littérature
Filmographie
  • Diego l’interdite, David Constantin, 52ʹ, Maurice, 2002, Résumé du film p. 7, « D’encre et d’exil » 9e rencontres internationales des écritures de l’exil. Insulaires, du 27 au 29 novembre 2009, Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou
  • Diego Garcia, « Le dessous des cartes », Alain Jomier, Lépac-Arte, décembre 2003, diffusé sur Arte le 3 mars 2004. Site web
  • (en) Stealing a Nation, John Pilger, 2004, récompensé par la Royal Television Society (2004) et le Chris Award du Columbus International Film and Video Festival (2004-2005). Voir le site du journaliste-réalisateur
  • Les Sentinelles écologiques, « Le dessous des cartes », Didier Ozil, Lépac-Arte, diffusé sur Arte le 1er novembre 2008. Site web
  • Il était une île, Diego Garcia, documentaire, réalisé par Michel Daëron, diffusé le 21 janvier 2010 sur France 2. Site de la chaîne
Discographie
  • La Voix des Chagos, Charlesia Alexis, Takamba, 2004.
  • "Diego", Racine la vie, Cassiya, 1996.
  • "Nu Zil", Zizman dernier, Double K, 2007.
  • "Diego", Zulu, Zulu, Ludmila et Fano, 2013.

Articles connexes

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Liens externes

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