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Maquis (restaurant)

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Un maquis[N 1] désigne en Afrique francophone un type de restaurant, en particulier en Côte-d'Ivoire. En plus d'une fonction de restauration, il assure également une fonction sociale, devenant lieu de rencontre, de débat et d'échange, voire point de rassemblement pour les diasporas.

Étymologie

Le mot maquis pourrait avoir été introduit par les colons, corses éventuellement, en Afrique francophone sahélienne, de l'Ouest et centrale.

En Corse, le maquis désigne une végétation inextricable qui pousse souvent suite à une dégradation de la végétation primitive ou précédente. Les incendies de forêts sont de grandes sources de maquis. Le mot maquisard vient de ce sens : se cacher dans des lieux forestiers inextricables.

Description

En Afrique, les maquis sont, avant tout, des lieux de restauration très populaires. Ce sont aussi des lieux de rencontre, d’échange et de défoulement. Au départ il s'agissait, et il s'agit toujours, de lieux relativement discrets, non déclarés, ne possédant pas de façade sur rue et n'ayant rien qui permette d'identifier leur fonction. Il s'agissait d'espaces aménagés à l’intérieur des domiciles privés où les « clients » pouvaient se restaurer, boire un verre en regardant la télévision et/ou en écoutant de la musique. Véritables restaurants « africanisés », les maquis proposaient et proposent encore des plats et des boissons à des prix très abordables.

L'aspect discret, voire caché ou connu via le bouche-à-oreille, fait similitude avec le maquis végétal et les maquisards. Les maquis clandos (clandestins) d'Afrique permettaient et permettent encore de consommer les viandes dites « de brousse » — comprendre « de chasse » — parfois interdites de commercialisation ou de consommation, du fait des conventions internationales sur le braconnage, sur la protection des espèces menacées, ou encore pour des raisons sanitaires. De plus, la difficulté de préparer le mets en sus d'un nombre faible d'amateurs peuvent rendre difficiles l'exercice régulier d'une activité de restauration.

La difficulté pour préparer correctement, du point de vue gustatif voire sanitaire, les plats proposés donne de fait un statut informel aux maquis, qu'ils soient illégaux ou non. Certains maquis, clandos de préférence, abritent parfois les amours légitimes ou surtout illégitimes.

Plus tard[Quand ?], par extension, le terme maquis est devenu à la fois le mot qui désigne le maquis clandestin et le maquis officiel ayant lui tous les attributs d'un véritable restaurant et ou lieu de détente, voire lieu de danse également.

Le terme maquis en est venu à désigner ce type de lieu, clandestin ou non. Si l'on vous recommande un maquis, on peut vous préciser s'il est « visible » ou non et s'il ne faut y aller qu'accompagné par quelqu'un de connu et reconnu par les propriétaires du lieu. Le terme de maquis est parfois préféré au terme restaurant dans certains lieux, villes ou pays d'Afrique francophone.

Dans le monde

Le maquis La Station sur la rue Princesse.

Les maquis sont assez anciens en Côte-d'Ivoire. Une étude de 1991 sur la sécurité alimentaire ivoirienne en dénombre 907 en 1987, essentiellement détenus par des femmes. Sur ce point, il s'agit d'une opposition par rapport aux « kiosques, » autres lieux de restauration, principalement détenus par des hommes. L'usage marquait alors une différenciation sociologique, car si tout un chacun mange le midi dans un maquis, seuls les plus aisés s'y rendent le soir[2].

Les maquis constitue une forme importante de l'économie informelle à Abidjan, baptisée « ville des maquis », un modèle économique dans lequel prime « la débrouille[3]. » Toutefois, on assiste à une modernisation des maquis qui ressemblent de plus en plus à des night-clubs ou à des discothèques parfois luxueux avec espace en plein-air et scène de concert. Ceux du quartier de Yopougon ou sur la Rue 12 à Abidjan sont très connus. Toutefois, la répartition géographique des maquis d'Abidjan varie avec le temps. D'abord concentrés autour de la rue Princesse, sa destruction en 2011 les a fait soit fait se réinstaller le long de la nouvelle rue dite « Mille maquis », soit les a renvoyés ailleurs, par exemple sur le plateau Dokui[4].

Le maquis qui réussit devient donc officiel et visible, ne serait-ce que par sa taille, voire connu de toutes et tous. Certains grands et célèbres maquis, à Abidjan et dans toutes les capitales ou autres grandes villes d'Afrique francophone servent de tremplins pour faire connaître les artistes locaux, chanteurs et musiciens principalement. Mais c'est parfois également un lieu mal famé, repaire de brigands qui y préparent leur prochain coup ou qui y partagent leur butin[4]. Leur popularité en fait même un système alternatif pour se repérer en ville, en l'absence d'une signalisation routière efficace[5].

Les maquis sont voisins des allocodromes, restauration rapide « à l'africaine » où l'on déguste des spécialités comme l'alloco[6]. Par opposition, les maquis servent à la fois une cuisine traditionnelle ivoirienne mais également des plats importés par les colons[7].

Les maquis français sont devenus le point de rencontre des diasporas des différents pays d'Afrique francophone.

À Paris, on en comptait en 2004 entre trente et trente-cinq, principalement aux environs de la porte de Clichy, dans le quartier des Épinettes. Mais l'existence de ces lieux y est difficile, avec une cinquantaine de fermetures administratives en 2004 comme en 2005. Mais 2006 semble être l'année du calme, avec moins de troubles à l'ordre public constatés[8].

À Lyon, on recense seize maquis en 2012, et dix-huit en 2013. Ils sont situés en majorité au quartier de la Guillotière, et comme en Afrique, ils ont débuté par un régime clandestin, dans des appartements, puis au fond de salons de coiffure ou d'épiceries. Désormais, ils ont pignon sur rue, et sont pour la plupart détenus par des ressortissants congolais, camerounais, ou ivoiriens, et encore un restaurant guinéen, et un autre sénégalais. Il s'y mêle une clientèle africaine et française. Néanmoins, la clientèle africaine est principalement une clientèle d'immigrés plutôt que de personnes nées en France ; ces bars un peu particuliers conservent les « codes » africains, que les jeunes nés en France ne maîtrisent pas forcément[9],[10].

En Guinée, les maquis sont considérés comme des lieux troubles. Construits bien souvent sans autorisation, le pouvoir lutte contre leur prolifération anarchique, comme lors d'une décision de fermeture massive de quarante-huit établissements illégaux à Labé en janvier 2014. Toutefois, même si certains y voient une réponse aux demandes des religieux musulmans guinéens de voir fermer ces débits de boissons, les autorités rappellent le caractère laïc de l'État guinéen[11].

Maquis « Le Partage », à Ouagadougou.

Notes et références

Notes

  1. On trouve parfois aussi les termes de circuit ou nganda[1].

Références

  1. « "A la Guillotière, la petite Afrique" à voir au Musée Africain jusqu'au 28 juillet 2013 », sur www.echosdafrique.net, Échos d'Afrique, (consulté le ).
  2. [PDF] Francis Akindès, « Restauration populaire et sécurité alimentaire à Abidjan », Cahiers des sciences humaines, vol. 27, nos 1-2,‎ , p. 169-179 (ISSN 0768-9829, lire en ligne).
  3. Geneviève Marchand, L'économie informelle au Sénégal : Logique de fonctionnement de quelques entreprises informelles à Saint-Louis, Québec, Université Laval, . Mémoire de thèse non publié. Résumé consultable - notamment son chapitre 2 sur les maquis à Abidjan - en ligne sur Faculté de sciences sociales, « L'économie informelle au Sénégal. Logique de fonctionnement de quelques entreprises informelles à Saint-Louis », sur theses.ulaval.ca, (consulté le ).
  4. a et b Jacques Kouao, « Abidjan: Plateau Dokui, la nouvelle rue princesse ? », sur www.avenue225.com, Avenue 225, (consulté le ).
  5. Jacques Kouao, « Yopougon: maquis, églises et pharmacies remplacent les pancartes indicatives », sur www.avenue225.com, Avenue 225, (consulté le ).
  6. (en) « The Hip Hop Generation in Africa: Ghana's Hip-Life and Ivory Coast's Coupe-Decale », sur www.afropop.org (consulté le ).
  7. (en) Tom Sykes, « Côte d’Ivoire: Blokosso, where angels dare to tread », sur www.newafricanmagazine.com, (consulté le ).
  8. Frédéric Gouaillard, « Les maquis africains divisent les Epinettes », Le Parisien,‎ (lire en ligne).
  9. Bassératou Kindo, « Immigrés africains à Lyon : Des maquis et bars pour chasser la nostalgie », sur lefaso.net, (consulté le ).
  10. Laurent Burlet, « Maquis de la Guillotière : pousser les portes des bars africains », sur www.rue89lyon.fr, Rue89, (consulté le ) : « en ligne le= ».
  11. Alpha Ousmane Bah, « Le préfet fait fermer les maquis, les mollahs s’en réjouissent ! », sur www.guinee7.com, Guinée 7, (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

Liens externes