Église Saint-Taurin d'Évreux
Église Saint-Taurin | |
Présentation | |
---|---|
Culte | Catholique romain |
Type | Église paroissiale |
Début de la construction | Xe siècle |
Protection | Classé MH (1840, 1846) Inscrit MH (1996) |
Géographie | |
Pays | France |
Région | Normandie |
Département | Eure |
Ville | Évreux |
Coordonnées | 49° 01′ 26″ nord, 1° 08′ 30″ est |
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L'église Saint-Taurin située à Évreux est dédiée à Taurin d'Évreux, premier évêque de la ville. L'ancienne abbaye est protégée au titre des monuments historiques : la tour Saint-Taurin fait l’objet d’un classement par liste de 1840 ; L'église est classé par liste de 1846 ; divers vestiges des bâtiments de l'abbaye sont inscrits par arrêté du [1].
Historique
[modifier | modifier le code]L'église Saint-Taurin faisait partie d'un ancien monastère bénédictin installé immédiatement à l'ouest du centre-ville d'Évreux, dans un secteur sillonné de canaux et de bras de l'Iton.
Selon la légende de saint Taurin, le tombeau de ce saint évêque aurait été découvert par Landulf au VIe siècle, lequel aurait construit sur cet emplacement un modeste oratoire en bois, détruit lors des invasions normandes à la fin du IXe siècle.
Après le traité de Saint-Clair-sur-Epte de 911 et à la suite de la réorganisation de la nouvelle province de Normandie, l'abbaye Saint-Taurin fut fondée par Richard Ier de Normandie dit « Richard sans peur », vers 950[2].
Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant, plaça l'abbaye sous la dépendance de l 'abbaye de la Trinité de Fécamp qui restaura l'abbaye d'hommes[3]. Le monastère fut l'objet de nombreuses destructions durant le conflit opposant les ducs de Normandie (devenus rois d'Angleterre) et les rois de France, et menaçait ruine. En 1195, lors de la prise de la ville par Philippe Auguste, l'abbaye fut incendiée en même temps que la ville d'Évreux, et dut être presque entièrement reconstruite. En 1197, le comte de Meulan, Robert II accorde à l'abbaye 20 sous angevins sur les cens de Beaumont[4], et le , il délivre un acte en faveur de Saint-Taurin d'Évreux à qui il donne l'usage du bois dans la forêt de Brotonne, in monte Gocelini[5].
Au XIIIe siècle, Gilbert de Saint-Martin fut élu abbé. Sous son gouvernement, l'abbaye devint indépendante. C'est à lui aussi que l'on doit la châsse de saint Taurin, ainsi que le portail sud. En , le roi Louis IX vint à l'abbaye à l'occasion du sacre de Raoul de Grosparmi, nommé évêque du diocèse.
Par la suite, avec la mise en place du régime de la commende, l'abbaye tomba en décadence[6]. Il fallut attendre le XVIIe siècle pour que la réforme bénédictine amène la congrégation de Saint-Maur à reprendre l'abbaye en 1642. L'église était en ruine ; les trois dernières travées de la nef durent d'ailleurs être démolies. Ce sont les mauristes qui construisirent le portail actuel, de style classique.
Sous la Révolution, le frère Louis Janthia[7], moine de l'abbaye, est conduit à Paris par les autorités révolutionnaires et exécuté le . L'église abbatiale est transformée en salpêtrière, les derniers moines en ayant été chassés. Elle n'est rendue au culte qu'en 1801 et devient alors église paroissiale, en remplacement de l'église Saint-Gilles située alors dans le cimetière qui occupait l'actuelle place Saint-Taurin qui, avec ses arbres, constitue un site naturel classé[8].
Liste des abbés
[modifier | modifier le code]- Henri
- Almond
- Arnoul
- Richard Ier
- Auscher
- Garicus
- Helgotus
- Fromond[note 1]
- Raoul Ier, moine de Fécamp.
- Guillaume Ier 1106-, prieur de Fécamp.
- Paul
- Philippe Ier[note 2]
- Ranulfe Ier v. 1154-
- Lambert v. 1157-1159
- Ranulfe II ap. 1159-1172
- Richard II v. 1173-
- Mathieu 1193-av. 1205
- Guillaume 1205
- Jean de Martigny 1206-1223
- Guillaume III de Courdieu, moine du Bec, abbé de Jumièges en 1240.
- Gilbert de Saint-Martin -1255
- Thomas 1257-1259
- Richard III -1283
- Simon Ier -1296
- Richard IV de Cormeilles -1312
- Robert Ier de Cornuel
- Jacques Ier de Senlis 1338
- Guillaume III Guitard 1348
- Jean II
- Robert II
- Adam Pinchemond 1353-1379
- Pierre Le Roy 1384-1385
- Simon II Chauvin 1385-1403
- Philippe II Prunelé 1408-1417
- Robert III Beurière 1421
- Jean III de Surville 1424-1489
- Louis de Chatillon 1431
- Jean IV Trunquet 1432
- Étienne Ier Berthier
- Benoît le Duc 1491-1502
- Raoul du Fou -1511, évêque d'Évreux, il obtient la commende de l'abbaye.
- Étienne II de Saint-Amand 1511-1528
- Jean V le Grand[note 3]
- Jacques d'Annebault -1558
- Gabriel Le Veneur de Tillières -1574, évêque d'Évreux.
- Jean VI le Doys -1580
- Guillaume de Péricard -1608[note 4], doyen et chanoine de Rouen.
- Jacques Davy du Perron -1618
- Jacques Le Noël du Perron[note 5], évêque d'Angoulême.
- François Vaultier -1652
- Jules Mazarin -1661, cardinal.
- Henri de Bourbon[note 6] -1668
- Jean Casimir 1669-1672[note 7], roi de Pologne, abbé de Saint-Germain-des-Prés.
- Nicolas du Fresnoy -1685[note 8]
- Hercule-Mériadec de Rohan -1689[note 9]
- Daniel de Cosnac -1695, archevêque d'Aix.
- Jules de Clérambault de Palluau 1695-1714
- Jean VII le Normand 1714-1733, évêque d'Évreux.
- Louis Abraham de Harcourt de Beuvron 1733-1750
- Louis de Beaupoil de Saint-Aulaire 1753-
Description
[modifier | modifier le code]Le chœur est de style gothique du XVe siècle, tandis que la nef est un mélange de roman du XIIe siècle, par les piliers et arcatures du bas-côté nord, et par le pilier sud-ouest de la croisée du transept, et gothique du XVe siècle, par ses voûtes, fenêtres et triforium nord. On y trouve aussi du style Renaissance.
De l'extérieur, en plus du portail de style classique, du XVIIe siècle, on peut voir le portail sud, donnant sur la place, avec son tympan martelé, représentant le Christ entouré des Évangélistes qui possédaient un corps humain et une tête montrant l'animal symbolique qui leur était attribué.
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Le chœur de style gothique.
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La nef.
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Le portail ouest.
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Le portail sud.
Vitraux
[modifier | modifier le code]- Les trois verrières de l'abside du chœur datent du XVe siècle. Elles représentent des scènes de la vie de saint Taurin, l'annonce de sa naissance, son baptême, son arrivée dans la ville, etc.
- Les deux grandes verrières du chœur sont aussi du XVe siècle, et représentent la dormition de la Vierge et l'Ascension.
- Les fenêtres intermédiaires représentent la légende de saint Leufroy, elles sont du XIXe siècle[9].
- La verrière du croisillon sud est du XVe siècle et représente un évêque, sainte Catherine, saint Augustin, saint Ambroise et saint Grégoire.
- Les verrières du bas-côté sud sont de Max Ingrand et montrent successivement :
- Noé après le déluge ;
- Le sacrifice d'Isaac ;
- Le pressoir mystique ;
- La Messe.
- Les vitraux du chœur de l'église, relatant la vie légendaire de saint Taurin.
Statuaire
[modifier | modifier le code]- Dans le croisillon nord, on trouve une statue de saint Fiacre du XVe siècle et un saint Michel du XVIIe siècle.
- Dans la chapelle latérale, se trouve un bas-relief en marbre du XVIIe siècle et un retable en bois du XVIe siècle, dédié aux litanies de la Vierge.
- À l'entrée du chœur, se trouve une Vierge à l'Enfant du XVIIe siècle.
- Dans le chœur, est érigée une statue moderne de saint Taurin, œuvre de Gérard Vincent, sculpteur ébroïcien.
Orgue
[modifier | modifier le code]L'orgue de l'église a été fabriqué en 1842 par Callinet et Daublaine et restauré en 1974 par Alfred Kern.
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L'orgue en fond de nef.
La châsse de saint Taurin
[modifier | modifier le code]La châsse a été exécutée au XIIIe siècle sur l'ordre de Gislebert de Saint-Martin. Elle est faite de bois et d'argent et est recouverte d'une feuille d'or repoussé.
Le décor de cette châsse retrace les différents épisodes de la légende de saint Taurin.
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Portail sud de l'église Saint-Taurin.
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La châsse de saint Taurin.
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Statue de saint Fiacre du XVe siècle.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Il souscrit à la charte de fondation de l'abbaye de Conches en 1035.
- Il assiste au concile de Rouen en 1128.
- Neveu d'Étienne II de Saint-Amand, il doit céder la commende à Jacques II d'Annebault.
- Il devient évêque d'Évreux en 1608.
- Il introduit la Congrégation de Saint-Maur.
- Fils d'Henri IV et d'Henriette d'Entragues. Il se marie en 1668.
- Il reçoit la commende de Saint-Taurin du pape Clément IX.
- Il se résigne.
- À la mort de son frère, il se marie en 1689 et prend le titre de prince de Rohan.
Références
[modifier | modifier le code]- Notice no PA00099403, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- François Neveux, La Normandie des ducs au rois, Xe – XIIe siècle, Rennes, Ouest-France université, , 676 p. (ISBN 2-7373-0985-9), p. 310.
- Neveux 1998, p. 308.
- Anne-Marie Flambard Héricher (préf. Vincent Juhel), Le château de Vatteville et son environnement, de la résidence comtale au manoir de chasse royal, XIe – XVIe siècle, vol. Mémoire de la Société des antiquaires de Normandie, t. XLVIII, Caen, Société des antiquaires de Normandie, , 393 p. (ISBN 978-2-919026-27-2), p. 62.
- Flambard Héricher 2023, p. 65.
- Les abbés commendataires furent alors successivement Raoul du Fou, évêque d'Évreux, constructeur de l'ancien évêché ; Sully ; et Casimir V, roi de Pologne.
- in Les martyrs de la foi pendant la révolution française, 1821.
- « La place Saint-Taurin avec ses arbres à Évreux », sur Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement Normandie (consulté le ).
- La légende de saint Leufroy est due à l'atelier du verrier Duhamel-Marette (XIXe siècle) et de Max Ingrand (1908-1969).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Dom Michel Germain, Matériaux du Monasticon Gallicanum, ms. Latin 11820 « Regalis abbatiæ Sancti Taurini Ebroycensis topographia »
- Georges Bonnenfant, L'église Saint-Taurin d'Évreux et sa châsse, Éditions Picard, 1926
- Auguste Le Prévost, Mémoires et notes pour servir à l'histoire du département de l'Eure., t. 2, Évreux, Imprimerie Auguste Hérissey, 1862-1869 (présentation en ligne), p. 68-69
- Louis Debidour, Essai sur l'histoire de l'abbaye bénédictine de Saint-Taurin d'Évreux jusqu'au XIVe siècle, Évreux : Imprimerie de C. Hérissey et fils, 1908.
- L. T. Corde, La châsse de Saint Taurin: premier évêque d'Évreux, Pierre Huet, Évreux, 1866, 47 p., lire sur Google Livres
- Monographie dans l'église Saint-Taurin.
- Connaissance de l'Eure, numéro 81, juillet 1991, article de Gabriel Gendreau (architecte des Bâtiments de France).
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressources relatives à la religion :
- Ressources relatives à l'architecture :
- Photos de l'église
- Veüe de l'Abbaye St Taurin lez Evreux, de l'ordre de St Benoist
- Évreux
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