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Cloche

Cloche
Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Cloche (homonymie).
Cloche de chapelle
Parties de la cloche : 1. joug, 2. anses, 3. cerveau, 4. épaule, 5. robe, 6. panse, 7. pince, 8. lèvre inférieure, 9. battant, 10. faussure

Une cloche est un objet simple destiné à l'émission d'un son. C'est un instrument de percussion et un idiophone. Sa forme est habituellement un tambour ouvert et évidé d'une seule pièce qui résonne après avoir été frappé. Un objet de cette forme est dit campaniforme.

La partie qui frappe le corps de la cloche est soit un battant, sorte de langue suspendue dans la cloche, soit une petite sphère libre comprise dans le corps de la cloche, soit un maillet ou un battant (souvent un tronc de bois suspendu par des cordes) séparé qui frappe la cloche depuis l'extérieur.

La cloche est généralement surmontée dans sa partie supérieure, au-dessus de l'axe support, d'une masse métallique ou de bois jouant le rôle de contrepoids : le mouton. L'ensemble des cloches est supporté par un ensemble complexe de poutres en bois, le beffroi : le bois absorbe les vibrations importantes, ce que ne pourrait faire directement une maçonnerie.

Les cloches sont généralement faites de bronze, mais certaines petites cloches peuvent être en fer (Fondeur Holtzer) voire très rarement en acier. Les cloches sont fondues (fabriquées) par le fondeur de cloches (ou encore « saintier »). Le métal traditionnel pour ces cloches est un alliage : le bronze (anciennement « airain »), comprenant 22 % d'étain et 78 % de cuivre. Connu comme du métal à cloche, cet alliage est aussi le même pour les cymbales.

L'étude des cloches s'appelle campanologie, et les collectionneurs de cloches sont appelés campanophiles.

De toutes les cloches, celle de Big Ben à Londres, est sans doute la plus connue au monde.

Sommaire

Histoire

Fichier audio
Son de cloches (info)
Les cloches de l'Église Saint Jean à Bechhofen (Bavière)

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La cloche est l'un des plus vieux instruments sonores que nous connaissions : elle est née probablement, quant à son principe, à l'époque où l'homme sut, par le feu, durcir l'argile et constituer ainsi un vase qui se révélera « sonore » en le percutant. Les premières cloches métalliques remontent à l'âge du bronze. On trouve des traces d'utilisation des cloches en Asie, il y a 4 000 ans. Les Annales de la Chine rapportent que l'Empereur Jaune Huángdì fit fondre, vers l'an 2260 av. J.-C., douze cloches. Plusieurs clochettes de l'époque de la dynastie Shang (XVIIIe siècle av. J.‑C. au XIe siècle av. J.‑C.) sont exposées au Musée de l'histoire chinoise à Pékin (Définition extraites du Vocabulaire campanaire édité par la Société française de campanologie – SFC - ).

On en trouve dans toutes les civilisations et toutes les religions (sauf en Islam). C'est un instrument universel dont la longue portée acoustique est utilisée pour communiquer au loin, soit vis-à-vis des hommes, soit vis-à-vis des dieux. Il en existe aussi des modèles très anciens et imposants, au Japon ou au Myanmar notamment.

Les cloches ont été utilisées dans les églises chrétiennes depuis le VIIe siècle. Mais ce ne fut qu’à partir du XIIIe siècle que les progrès en matière de conception et de technologie de la fonderie permirent la création de spécimens de grande taille, associés généralement aux cathédrales. Ces cloches furent créées en faisant couler du bronze, le seul alliage produisant des couleurs harmonieuses, dans un moule en briques couvert de cire.

Forme et modes de sonnerie

Cloche chinoise, dynastie des Zhou de l'Est (475 - 221 B.C.)

Sa forme la plus classique est la cloche d'église, en forme de coupe renversée, qui est suspendue dans une tour (le clocher) généralement via un portique en bois ou métallique, le beffroi (nom étendu par la suite à la tour maçonnée qui supporte l'ensemble), qui absorbe les vibrations de la mise en mouvement des cloches sans les retransmettre au clocher, qui risquerait la destruction, et sonnée en la faisant osciller manuellement ou mécaniquement, le battant accroché à l'intérieur frappant le corps de la cloche. La cloche est sonnée « à la volée » lorsqu'elle oscille sur son axe, le battant libre frappant l'intérieur. Il existe plusieurs types de volées.

- La volée en rétrograde : L'axe de balancement de la cloche se situe au-dessous de l'axe de balancement du battant, et lorsque la cloche balance, le battant, qui est alors un poids mort, retombe sur la lèvre inférieure du vase sonore. Ce type de sonnerie est assez courant dans le Sud de la France, dans les petits clochers où le manque de place et/ou la robustesse du beffroi font défaut. L'avantage de cette sonnerie est donc le gain de place, mais la cloche ne développe pas toute sa puissance sonore et dans le cas d'une sonnerie lente, due à un mauvais équilibrage du joug, le battant peut, le temps que la cloche change d'oscillation, rester collé à la panse et par conséquent, étouffer le son. Le Rétro mitigé utilise la même disposition mécanique que le rétro-lancé, mais sans contre-poids au dessus de l'axe du battant, il en résulte une sonnerie rétrograde où la cloche doit pratiquement se trouver à l'horizontale pour que la masse du battant entre en contact avec la cloche.

- La volée en lancé franc : Dans ce cas, l'axe de balancement du battant est au-dessous de l'axe de balancement de la cloche, et, lorsque la cloche balance, le battant, qui n'est alors plus un poids mort, vient frapper la lèvre supérieure de la cloche. Cette sonnerie permet à la cloche de sonner à pleine puissance et de bien mettre en valeur ses harmoniques, surtout le hum, l'octave inférieure, en particulier pour les grosses cloches. L'inconvénient de cette sonnerie est qu'elle requiert plus de place, et la cloche doit avoir des oscillations plus importantes pour que le battant puisse faire son rôle. Le beffroi doit également absorber une force égale à trois fois le poids de la cloche lorsque celle-ci est en mouvement, imposant donc de lourdes constructions pour les cloches de gros profils.

- La volée en rétro-lancé : Il s'agit d'un mélange des deux sonneries précédentes, l'axe de balancement de la cloche est positionné de manière similaire à une sonnerie en rétrograde, mais à l'intérieur de la cloche, l'axe de balancement du battant est sur-abaissé. Le battant peut également être muni d'un contrepoids. On combine ainsi une puissance de frappe meilleure, avec un gain de place.

- La volée en super-lancé : Même principe que la volée en lancé-franc, sauf que l'axe de balancement de la cloche se trouve même au-dessus des anses. Ce mode de sonnerie peut être utilisé pour plusieurs raisons. Dans un premier cas, il peut être utilisé pour ralentir la fréquence de balancement de la cloche, dans le but de ne pas imposer de trop gros efforts au beffroi ou par exemple, par manque de place, il aussi peut être utilisé afin d'augmenter la puissance de frappe du battant et par conséquence obtenir un son plus fort.

- La volée tournante : Il s'agit d'une pratique assez courante dans le Sud de la France, en pays Occitan ou dans le Lauragais, ainsi qu'en Espagne. Le poids du joug, beaucoup plus lourd, est étudié pour obtenir un meilleur équilibre de la cloche, et permet ainsi de réaliser des tours complets. Cette sonnerie développe au maximum le son de la cloche qui s'entend de fort loin. Le joug est généralement du type bois, avec montage de la cloche type lancé, ou montage type rétrograde avec joug cintré et contrepoids (joug type louison).

Cloche "Demoiselle de Louison" équipée pour la volée tournante (Gaulène - Tarn (cl carillons en pays d'oc))

Il s'agit également du type de sonnerie le plus spectaculaire.

Un autre mode de sonnerie très largement utilisé est le tintement. Cette méthode est employée pour faire retentir la cloche en utilisant un tinteur, extérieur ou intérieur à la cloche, dont la masse vient percuter la partie la plus épaisse de la panse de la cloche. Dans certains cas, si la cloche est fixe, le battant peut être utilisé à cet effet.

Electrotinteurs pour cloches fixes du carillon de ND de la Drêche (Tarn)

Il existe aussi des cloches tubulaires. En Extrême-Orient, une cloche peut aussi reposer sur un coussin, en position renversée ; elle est alors frappée de l'extérieur, par le côté pour celles en métal, ou par dessus pour celles en bois.

Usages

Signal collectif

La cloche "Big Ben" à Londres

Les cloches rythment la vie quotidienne tant profane (indication des heures et des moments de l'emploi du temps) que sacrée : angélus, messe, vêpres, mariage, enterrement, glas[1]...

Les cloches des églises pouvaient autrefois être utilisées comme système d'alerte d'un danger avec le tocsin ou d'une mort avec le glas.

Cependant, les cloches ont pour fonction normale de signaler les temps réguliers. Dans ce cas, une séquence particulière de sons peut être produite par un groupe de cloches pour indiquer l'heure et ses subdivisions. L'une des plus connues et celle dite des « quart de Westminster », une série de seize notes qui est émise par le carillon de l'horloge du palais de Westminster dont la grande cloche qui sonne l'heure même jouit du nom de Big Ben. La plupart du temps, seules les heures pleines sont sonnées (en général à raison d'un coup par heure, en allant de 1 à 12), parfois en deux séries de coups : le pic et le repic (ou rappel).

Signaux privés

On trouve des cloches pour appeler à l'entrée des maisons, dans les maisons pour appeler aux repas, à table pour appeler le service, etc.

Actuellement, des systèmes de production de son sont fondés sur des cloches miniatures dans des alarmes, des sonneries de téléphone, de carillon de portes d'entrée ou de réveille-matin par exemple. Pour les sons se répétant rapidement produits par de tels systèmes, le terme employé est sonnette.

Avertissements

En Inde, aujourd'hui encore, toutes les femmes portent des chevillières équipées de clochettes afin de signaler leur arrivée[réf. nécessaire].

Les premières automobiles avaient comme avertisseurs des cloches ou des clochettes.

Au Moyen Âge, les lépreux devaient signaler leur passage au moyen d'une cloche à main afin de signaler le danger d'épidémie[réf. nécessaire].

Les cloches portées par les animaux d'élevage conduits dans un pâturage ont également une fonction d'avertissement, permettant au berger de repérer ses bêtes dans la brume (lire le paragraphe sonnaille et clarine).

Clochers

Les cloches publiques sont souvent installées dans le haut d'une tour élevée permettant une diffusion plus lointaine du son. Lorsque celle-ci est sur une église, on l'appelle clocher, et beffroi ou tout simplement "tour de l'horloge" lorsque c'est pour loger des cloches municipales. Dans nombre de régions méridionales, on les trouve enfermées mais exposées aux intempéries dans des cages en fer forgé parfois très travaillées au sommet de ces tours, ce sont les campaniles. Ailleurs, comme en Lozère (France), certains clochers qui servaient à guider les voyageurs ou les habitants par temps de neige, sont nommés les « clochers de tourmente ».

Lors de l'inauguration d'une cloche d'église, l'usage veut qu'une cérémonie religieuse lui soit consacrée, appelée « baptême », « bénédiction » ou « consécration », durant laquelle un nom est attribué à la cloche. La tradition considère en effet la cloche comme une personne, et lui affecte un parrain et/ou une marraine.

Instrument de musique

Les cloches peuvent être de toutes les dimensions : depuis des accessoires de robe minuscules (clochettes ou grelots) jusqu'à celles destinées aux églises, pesant plusieurs tonnes.

Les cloches sont utilisées comme des instruments de musique, organisées en carillon : un ensemble d'au moins 4 cloches (quadrillon) couvrant tout ou partie de la gamme. Cependant l'ensemble campanaire n'est souvent reconnu en tant qu'instrument de musique que si le nombre de cloches est supérieur ou égal à 23. Un tel ensemble peut être commandé, soit par un seul musicien par l'intermédiaire d'un clavier "coup de poing" ou artisanal et d'un système de transmission, soit par un ensemble de joueurs de cloches, commandant chacun à la main une ou plusieurs cloches aux tons différents. Certains carillons sont composés de cloches dont le corps est constitué d'un simple tube métallique : ce sont des cloches tubulaires.

Dans la région du Valais en Suisse, il existe aussi un genre particulier de carillon. Celui-ci, dit carillon valaisan, est constitué d’un nombre de cloches variant entre trois et environ une dizaine. Il n’y a pas de clavier, le carillonneur, assis sur un banc parfois au milieu du beffroi, parfois à l’étage en dessous, actionne directement une mécanique très simple constituée de cordes et de chaînes reliées aux battants des cloches.

Des cloches sans battant en métal sont un composant important de la musique latino-américaine. Elles reprennent la forme des cloches de campagne utilisées pour les animaux, appelées aussi « cloches à vaches » ou sonnailles. Elles sont frappées avec un bâton ou une baguette ; le son est modulé en touchant différentes parties et en l'assourdissant avec la main.

Dans divers endroits du monde (notamment en Afrique de l'ouest), des paires ou des trios de cloches sans battant sont jointes de manière qu'elles puissent être frappées séparément ou ensemble. La plus fréquente est l'agogô, aussi utilisé au Brésil. Dans la musique cubaine, une cloche appelée cencerro est utilisée comme instrument de percussion. Le même musicien jouant aussi les bongos, il est appelé bongocerro.

Cloche à main

Alpenglocken :

Il s'agit d'un instrument formé d'un ensemble de petites cloches alpines (clarines) accordées et secouées soit par une même personne tour à tour, soit par un ensemble musical. On parle aussi d'austrian bells dans les pays anglo-saxons où elles sont très en vogue.

Sonnaille et clarine

Sur les territoires où les troupeaux d'élevage bovin, ovin ou caprin sont conduits dans des pâturages collectifs, les paysans attachent des clochettes au cou des bêtes. Ces cloches possèdent plusieurs utilités : identification des animaux appartenant à un troupeau particulier, localisation des bêtes, notamment en cas de brume, et cohésion du troupeau.

Il existe des concours de « musique pastorale » utilisant ce type de cloches.

Le terme sonnaille (Kuhglocken en allemand) s'applique aux cloches qui sont forgées ou formées à l'aide de plaques soudées. Ces cloches légères sont généralement fabriquées en tôle de fer rivetée, de forme trapézoïdale, cylindrique ou en forme de coupe.

Le terme clarines s'applique aux cloches de bovin en bronze ou laiton de fonderie qui sont plus lourdes.

Symbolisme

Selon la tradition catholique, les cloches rapportent les œufs de Pâques lors de leur retour de Rome après la Semaine sainte. Cette tradition s'explique par le fait que pour marquer le deuil du Christ, on s'abstient de sonner les cloches le Vendredi et Samedi Saint. Des crécelles sont alors utilisées dans les communautés religieuses. Ce n'est qu'au Gloria[2] de la Messe de la Vigile Pascale que les cloches résonnent à nouveau. L'attachement aux cloches comme élément identitaire, de l'esprit de clocher au sens premier, s'est manifesté lors des mouvements d'opposition aux réquisitions de cloche pendant la période révolutionnaire et sous le Premier Empire, comme en 1806 à Lageyrat (Haute-Vienne).

Le symbolisme de la cloche est lié à la perception du son. En Inde elle symbolise l'ouïe et ce qu'elle perçoit, le son, reflet de la vibration primordiale. En Chine on associe le bruit de la cloche à celui du tonnerre et du tambour. La musique des cloches y est musique princière et symbole de l'harmonie universelle. Les clochettes suspendues au toit des pagodes sont chargées de répandre le son de la loi bouddhique. Le bruit des cloches a universellement un pouvoir d'exorcisme et de purification : il éloigne les influences mauvaises ou avertit de leur approche.

Fabrication

Une cloche en coupe

La fonte d'une cloche[3] se fait à partir d'un moule dans lequel on versera un alliage appelé « airain » (78 % de cuivre et 22 % d'étain). Le moule lui-même comprend deux parties qui correspondent à la forme intérieure et extérieure de la future pièce.

La fabrication d'un noyau en briques réfractaires, sorte de cheminée à l'intérieur de laquelle on entretient un feu de charbon de bois (n° 1), constitue la première étape. Ce noyau est recouvert de plusieurs couches de « terre » – en réalité un mélange d'argile, de crottin de cheval et de poils de chèvre (n° 2) – lissées à l'aide d'un gabarit en laiton. Il existe deux formats de gabarits (n° 2), l'un définissant la forme intérieure de la cloche, l'autre la forme extérieure (n° 3). Malgré leur ressemblance, ils sont bien différents, ce que la coupe d'une cloche permet de visualiser ci-contre.

Une « fausse cloche », composée d'argile et de poils de chèvre, est construite à l'aide du gabarit extérieur. Une fois lissée avec du gras de bœuf, elle reçoit décors et inscriptions en cire, notamment son nom, la date et le nom du donateur. Ce travail très minutieux s'effectue élément par élément. Pour l'estampage des ornements, on utilisait autrefois des matrices en bois gravé (n° 4), une technique qui imposait un dessin préalable au miroir. Désormais de nouveaux matériaux permettent de concevoir le décor à l'endroit et sont également plus souples.

La « fausse cloche » – préfiguration de la pièce finale – est à son tour recouverte de terre. En séchant, cet enduit constitue une sorte de carapace, que l'on appelle la chape. Au bout de quelques jours, lorsque les moules sont bien secs, on les ouvre pour libérer la « fausse cloche ».

On enterre alors le noyau, la chape et le moule de la couronne dans une fosse remplie d'une terre soigneusement damée. Le métal porté à une température de 1 180°C dans un four y est déversé au moyen d'un canal en briques traversant la fosse. Les très grosses pièces, d'un poids supérieur à 500 kg, sont placées dans une fosse spéciale (n° 6). Le lendemain on dégage la terre et quelques jours plus tard on casse le moule, manuellement, avec des sortes de marteaux, pour retirer la cloche définitive (n° 8). Il reste à la nettoyer et à vérifier sa sonorité, que l'on rectifie au besoin en la polissant. On ajoute alors les accessoires de suspension et le battant.

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Les cloches en France

Cloches notables

Emmanuel, le bourdon de Notre-Dame de Paris

La cloche dite « de St-Ronan » à Locronan (Finistère) et la « cloche miraculeuse » de la vieille cathédrale de Saint-Pol-de-Léon (Finistère, cf. illustration) sont les plus anciennes de France, toutes deux sont du VIe siècle. ( références nécéssaires )

Il existe encore plusieurs cloches d'église antérieures à l'an 1300 : Fontenailles (Calvados), Arlanc (Puy de Dôme), le Moutier d'Ahun (Creuse), Marines (Val d'Oise), Fouqueure (Charente), Gros-Horloge de Rouen (Seine-Maritime), Saccourvielle (Haute-Garonne), Le Tech (Pyrénées Orientales), La Villedieu (Dordogne) et surtout les deux cloches de l'église Saint-Georges de Haguenau (Bas-Rhin), l'un des plus anciens duos conservés en Europe.

La plus vieille cloche de France est celle de Fontenailles, un hameau appartenant à la commune de Longues-sur-Mer (Calvados), datant de 1202. Elle est conservée au musée du Baron Gérard à Bayeux. La deuxième plus vieille cloche de France, classée Monument Historique, est celle de Sidiailles (Centre) datant de 1239.

La cloche la plus grosse de France mesure 3 mètres de diamètre , surnommée " la Savoyarde " elle se trouve au Sacré Cœur à Paris.

Les plus grosses cloches de France :

Nom Lieu Masse (en kg) Note Année
La Savoyarde Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre (Paris) 18 835 Do#2 1891
Emmanuel Cathédrale Notre-Dame de Paris 12 800 Fa#2 1685
Savinienne Cathédrale Saint-Étienne de Sens environ 11 000 Ré2 1560
Charlotte Cathédrale Notre-Dame de Reims 10 640 Fa2 1570
La Mutte Cathédrale Saint-Étienne de Metz environ 9 800 Fa#2 1605
Jeanne d'Arc Cathédrale Notre-Dame de Rouen 9 600 Fa2 1959
Thérèse Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux 8 800 Fa2 1948
Ferdinand Tour Pey-Berland (Cathédrale Saint-André de Bordeaux) 8 350 Fa#2 1869
Marie-Joséphine Basilique Notre-Dame-de-la-Garde de Marseille 8 234 Ré#2 1845
Bourdon Cathédrale Notre-Dame de Strasbourg environ 8 000 Sol#2 1427

Nota: à titre de comparaison , la plus grosse cloche du monde se trouve en Russie . Il s'agit de la "Tsar Kolokol" d'un diamètre phénoménal de 6,6m pour 6,1m de hauteur et 160 tonnes ... Elle n'a cependant jamais fonctionné . ( voir lien en bas d'article )

Conservation du patrimoine campanaire

Le patrimoine campanaire a été menacé à plusieurs reprises depuis la Révolution française. Pour convertir le bronze en monnaie ou en canons, plusieurs lois furent votées par les assemblées révolutionnaires entre 1791 et 1795. Le décret du 23 juillet 1793 ordonnait que « chaque commune a la faculté de conserver une cloche qui serve de timbre à son horloge » (cloche civique). Au total, cent mille cloches disparurent dans la tourmente. Napoléon, pour les besoins de son immense armée, en fit aussi grande consommation. La cloche de Lignières (Cher) a heureusement échappé à ces mesures : fondue à Orléans pendant la révolution en 1790, elle porte la mention « Vive la nation, vive le Roi » et des fleurs de lys. Celle de Quintat (Haute-Savoie) porte la mention « Si je survis à la Terreur c’est pour annoncer le bonheur ». Dès la date de la signature du Concordat le 8 avril 1802, la reconstitution du patrimoine campanaire dans les édifices ouverts au culte se fit lentement. Le véritable repeuplement des clochers ne se fit cependant que sous le Second Empire et la IIIe République[4].

L’art campanaire regroupe plusieurs corps de métier : la fonderie, la musique, la charpente, la serrurerie, la mécanique, la mécanique horlogère, l’électricité, l’électronique. Aujourd’hui, aucune norme ni règle officielle ne régit la profession. Devant ce fait, des artisans campanaires réunis en coopérative d’entreprises ont décidé : d’établir un programme de formation reconnu des personnels (première en France et en Europe) ; d’établir des cahiers des charges précis pour les prestations d’électrification, de restauration et d’installation en matière de cloche et d’horlogerie.

L'École nationale du patrimoine a organisé en juin 1997 un séminaire sur « la connaissance et la gestion du patrimoine campanaire », qui portait en particulier sur :

  • Le récolement

Inventaire et vérification systématique des cloches lors des tournées de visites des églises rurales ; Récolement des cloches classées au titre des monuments historiques (154 cloches recensées) ; Inventaire général du patrimoine départemental (époques, sonneries, coutumes) ; Demandes de protection des cloches anciennes nouvellement repérées ; Publications.

  • L’entretien

Contact avec les entreprises spécialisées et visites sur place des installations sous contrat d’entretien. Vérification du lien « joug cloche » ainsi que de la fixation du battant ; Analyse des éléments extérieurs liés à l’entretien et au bon fonctionnement ; échelles d’accès, abat- son, lumière, présence de pigeons (conservation préventive). Sensibilisation des propriétaires et affectataires.

  • Les travaux

Avis sur devis d’entreprises. Restauration des « ensembles » cloche-beffroi, cloche-clocher, beffroi-clocher, cloche-beffroi-clocher ; Propositions d’interventions particulières à chaque cas en milieu rural ; Soudures (apport scientifique, précautions, intérêt et difficultés de création de cloches neuves) ; Programmations à long terme.

Les grandes sonneries de cloches de France

Lorsque plusieurs cloches de volée sont accordées entre elles, on parle de « sonnerie ». La France est, en la matière, bien moins dotée que les pays voisins, mais possède néanmoins quelques ensembles d'exception :

Fonderies françaises

Fonderies encore en activité

  • La fonderie Paccard, a été créé en 1796 à Quintal, transférée en 1856 à Annecy-le-Vieux, puis plus récemment 1989 à Sévrier (74), est la plus grosse fonderie française de cloches. Un musée campanaire a été créé en 1984. Auteur de records tel que « la Savoyarde » (18,835 kilos) installée au Sacré-Cœur de Montmartre en 1892, et plus récemment de la "Cloche du Millénaire" Millenium Bell (33 tonnes) à destination des États-Unis en 1999. C'est le spécialiste des carillons depuis 1937, Chambery 30 tonnes 70 cloches et bien d'autres.
  • La fonderie de cloches Bollée, itinérante de 1715 à 1838 Jean-Batiste Amédée Bollée installa sa fonderie à Saint-Jean-de-Braye, près d'Orléans en 1838 (en 1842 Ernest-Sylvain (son frère cadet) installa sa fonderie au Mans, elle ferma en 1917 à la mort d'Amédée son fils) [6], a fondu quelques cloches prestigieuses (Ottawa, basilique de Yamoussoukro…). Elle abrite un musée campanaire depuis 1992.
  • À Strasbourg, l'entreprise Voegele créée en 1908, au service du patrimoine campanaire a commencé le métier de fondeur de cloche en l'an 2000, grâce à la collaboration des fonderies de cloches allemandes de Karlsruhe et Maria-Laach. La plus grosse cloche sortie de cette jeune fonderie a été livrée en 2010 à l'abbaye normande du Bec-Hellouin et pèse 4,3 tonnes.
  • À Labergement-Sainte-Marie, la fonderie Obertino est la plus ancienne entreprise de France à fondre des cloches en bronze pour le bétail. Cette famille originaire du Piémont italien – comme la plupart des familles de fondeurs suisses et français des XIXe et XXe siècles tel les Albertano, Barrinotto, etc. – s'est installée dans le Haut-Doubs en 1834. Une branche de la famille Obertino s'est installée à Morteau au début des années 1930, et produit aussi des cloches de vaches. À Labergement ainsi qu'à Morteau sont produites artisanalement des clarines, c'est-à-dire des cloches en bronze, pour l'usage agricole et actuellement aussi pour le tourisme et les cadeaux.
  • A Hérépian dans l'Hérault, fonderie de cloches créée en 1600 par la famille Granier. La fonderie, toujours en activité, a été rachetée en 1995 par Stéphane Zorzopian. À proximité a été implanté le musée de la cloche et de la sonnaille. A noter que les cloches encore fondues par la maison Granier sont de modeste taille, n'excédant que rarement la quarantaine de kilos. La fonderie de cloches monumentales et d'église est définitivement arrêtée.

Fonderies de cloches disparues

A côté d'innombrables fondeurs itinérants, la France a également connu de nombreuses fonderies sédentaires, aujourd'hui fermées, parmi lesquelles on peut citer :

Notes et références

  1. Code et langage des sonneries de cloches en Occident Éric Sutter, Société française de campanologie, 2006
  2. Le Gloria (comme l'Alléluia) n'est pas chanté durant tout le Carême.
  3. Les explications qui suivent s'appuient sur la documentation et la visite guidée de la Fonderie Cornille-Havard à Villedieu-les-Poêles où ont également été prises les photos de la galerie.
  4. René Dinkel, L'Encyclopédie du patrimoine (Monuments historiques, Patrimoine bâti et naturel - Protection, restauration, réglementation - Doctrines - Techniques - Pratiques), Paris, Les Encyclopédies du patrimoine, 1997 « Notices Cloche p.4558-568 ».
  5. Cathédrale Notre Dame de Strasbourg - La sonnerie du 9 juillet 2000 dite Sonnerie pour la France, ordonnancée par le chanoine Jean Ringue.
  6. Note sur les fondeurs de carillons sur le site ARPAC à Douai
  7. www.ouest-france.fr

Annexes

Bibliographie

  • (fr) Jean Ringue, Chanoine, expert en campanologie du diocèse de Strasbourg, Cloches et carillons, Traditions Wallonne, Ministère de la Communauté française de Belgique, s.d.
    axé sur la musicalité et Les cloches, instruments de musique de la chrétienté – messagères du ciel.
     
  • (en) Thomas D. Rossing (dir.), Acoustics of Bells, R. Van Nostrand, 1984.
  • (en) Edwards V. Williams, The Bells of Russia. History and Technology, Revue de musicologie, 1987
    T. 73, n° 1, p. 122-123
     
  • (de) Margarete Schilling, Glocken : Gestalt, Klang und Zier, VEB Verlag der Kunst, 1988, 369 p. 
  • (fr) L-R Aram, sous la direction de Laurent Pie, Chants des cloches, voix de la terre, Carillons et traditions en Languedoc-Roussillon, Max Chaleil Éditeur, s.d. 
  • (fr) Frédéric Baillot, Eric Brottier, Christine Laugie-Vanhoutte et Eric Sutter, Beffrois et carillons, Assecarm, 1988, 179 p. (ISBN 2-950266-00-2) 
  • (fr) Joseph Berthelé, Enquêtes campanaires. Notes, études et documents sur les cloches et les fondeurs de cloches du VIIIe au XXe siècle, 1903, 758 p.
     
  • (fr) Joseph Berthelé, Archives campanaires de Picardie, Abbeville et Montpellier, 1911, 491 p. 
  • (fr) Collectif, Cloches et sonnailles. Mythologie, ethnologie et art campanaire, Édisud/ADEM, 1996, 176 p. (ISBN 2-85744-868-6) 
  • (fr) Collectif, Cloches et carillons, Liège, CEFAL, 1998, 486 p. 
  • (fr) Alain Corbin, Les cloches de la terre. Paysage sonore et culture sensible dans les campagnes au XIXe siècle, 1994, 360 p. (ISBN 2226067523) 
  • (fr) Jacqueline Goguet, Le carillon des origines à nos jours, Le Cerf-volant, 1958, 127 p. 
  • (fr) Hervé Gouriou, L'Art campanaire en Occident. Histoire, facture et esthétique des cloches de volée – Le cas français, Éditions du Cerf, 2006, 336 p. (ISBN 2-204-07612-0) 
  • (fr) Alain Jouffray, Art campanaire, Centre-Musée européen de l'art campanaire, 1993, 170 p. 
  • (fr) Gérard Lomenec’h, Cloches et carillons de Bretagne, Coop Breizh, 200, 207 p. (ISBN 9782843460746) 
  • (fr) J. Nicourt, Fabrication des cloches fondues. Permanence des techniques, Ethnologie Française, 1971
    t. 1, 1971, n° 3-4, p. 55-82
     
  • (fr) Jean-Pierre Rama, Cloches de France et d'ailleurs, Le Temps Apprivoisé, 1993, 240 p. 
  • (fr) Lucie Rault-Leyrat et Alain Jouffray, La Voix du dragon : trésors archéologiques et art campanaire de la Chine ancienne, Cité de la musique, 2000 
  • (fr) Arnaud Robinault-Jaulin, Cloches. Voix de Dieu, messagères des hommes, Desclée de Brouwer, 2003, 125 p. (ISBN 2904365389) 
  • (fr) Arnaud Robinault-Jaulin, Cloches, Histoire générale des cloches et des techniques campanaires en France des origines à nos jours, Union Rempart
    Collection « patrimoine vivant »
     
  • (fr) Eric Sutter, La grande aventure des cloches, Éd. Zélie, 1993, 280 p. 
  • (fr) Eric Sutter, Ressources documentaires concernant les cloches, clochettes et carillons, SFC, 1996, 115 p. 

Presse spécialisée :

  • (fr) Bulletin campanaire, Association campanaire Wallonne
  • (en) Bells and Bellringing. A Quarterly Journal Devoted to their History
  • (fr) L'Art campanaire
  • (fr) Patrimoine Campanaire

Filmographie

  • (de) Wo Himmel und Erde sich berühren. Eine klangvolle Bilderreise durch die Welt der Glocken, Butzon & Bercker, Kevelaer, 2006
  • (fr) "Au fil des cloches" de Didier Lannoy, 1994 (France 3 Nord Pas de Calais - RTBF Bruxelles )
  • (fr) Sons de cloches d'Alain Leonard-Matta, 1996

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