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Pesticide

Pesticide
Épandage aérien de pesticides. Ce mode d'épandage est celui qui est le plus susceptible de polluer l'air. Il est peu utilisé en Europe, mais fréquent aux États-Unis.

Un pesticide est une substance émise dans une culture pour lutter contre des organismes nuisibles. C'est un terme générique qui rassemble les insecticides, les fongicides, les herbicides, les parasiticides. Ils s'attaquent respectivement aux insectes ravageurs, aux champignons, aux « mauvaises herbes » et aux vers parasites.

Le terme pesticide est souvent abusivement confondu avec les substances « phytosanitaires » ou « phytopharmaceutiques », mais il comprend aussi les produits zoosanitaires, les produits de traitements du bois, et de nombreux produits d'usage domestique : shampoing antipoux, boules antimites, poudres anti-fourmis, bombes antimouches, colliers antipuces, diffuseurs antimoustiques...

Dans une acception plus large, comme celle de la règlementation européenne[1] , ce peut être des régulateurs de la croissance, ou des substances qui répondent à des problèmes d'hygiène publique (par exemple les cafards dans les habitations), de santé publique (les insectes parasites poux, puces ou vecteurs de maladies telles que le paludisme et les bactéries pathogènes de l'eau détruites par la chloration), de santé vétérinaire, ou concernant les surfaces non-agricoles (routes, aéroports, voies ferrées, réseaux électriques...).

Sommaire

Étymologie

Le mot pesticide a été créé en anglais, sur le modèle des nombreux mots se terminant par le suffixe -cide (latin -cida, du verbe latin caedo, caedere, « tuer »), et sur la base du mot anglais pest (animal, insecte ou plante nuisible), lequel provient (comme le français peste) du latin pestis qui désignait notamment un animal nuisible.

Historique

La lutte chimique existe depuis des millénaires : l'usage du soufre remonte à la Grèce antique (1000 ans avant J.-C.) et l'arsenic est recommandé par Pline, naturaliste romain, en tant qu'insecticide. Des plantes connues pour leurs propriétés toxiques ont été utilisées comme pesticides (par exemple les aconits, au Moyen Âge, contre les rongeurs). Des traités sur ces plantes ont été rédigés (Ex : traité des poisons de Maïmonide en 1135). Les produits arsenicaux ou à base de plomb (Arséniate de plomb) étaient utilisés au XVIe siècle en Chine et en Europe.
Les propriétés insecticides du tabac étaient connus dès 1690. En Inde, les jardiniers utilisaient les racines de Derris et Lonchocarpus (roténone) comme insecticide. Leur usage s'est répandu en Europe vers 1900.

La chimie minérale s'est développée au XIXe siècle, fournissant de nombreux pesticides minéraux à base de sels de cuivre. Les fongicides à base de sulfate de cuivre se répandent, en particulier la fameuse bouillie bordelaise (mélange de sulfate de cuivre et de chaux) pour lutter contre les invasions fongiques de la vigne et de la pomme de terre, non sans séquelles de pollution sur les sols (cuivre non dégradable). Des sels mercuriels sont employés au début du XXe siècle pour le traitement des semences.

Structure chimique d'un insecticide, le DDT
Formule structurelle de l'atrazine, herbicide de la famille des triazines
Les pesticides (ici l'atrazine aux États-Unis) font l'objet d'usage géographiquement et temporellement ciblés, ce qui explique de fortes variations régionales et saisonnières dans la pollution de l'eau et de l'air par ces produits
L'usage et la préparation des pesticides fait l'objet de règlementation et précautions particulières, en raison de leur toxicité et parfois de l'inflammabilité des solvants. Ici , utilisation de l'herbicide Lasso® de la firme Monsanto

L'ère des pesticides de synthèse débute vraiment dans les années 1930, profitant du développement de la chimie organique de synthèse et de la recherche sur les armes chimiques durant la Première Guerre mondiale.
En 1874, Zeidler synthétise le DDT (dichlorodiphényltrichloroéthane), dont Muller en 1939 établit les propriétés insecticides. Le DDT est commercialisé dès 1943 et ouvre la voie à la famille des organochlorés. Le DDT a dominé le marché des insecticides jusqu'aux début des années 1970.

En 1944, l'herbicide 2,4-D, copié sur une hormone de croissance des plantes et encore fortement employé de nos jours, est synthétisé.

La Seconde Guerre mondiale a généré, à travers les recherches engagées pour la mise au point de gaz de combat, la famille des organophosphoré qui, depuis 1945, a vu un développement considérable encore de mise aujourd'hui pour certains de ces produits, tel le malathion.

En 1950-1955 se développe aux États-Unis les herbicides de la famille des urées substituées (linuron, diuron), suivis peu après par les herbicides du groupe ammonium quaternaire et triazines.

Les fongicides du type benzimidazole et pyrimides datent de 1966, suivi par les fongicides imidazoliques et triazoliques dits fongicides IBS (inhibiteurs de la synthèse des stérols) qui représentent actuellement le plus gros marché des fongicides.

Dans les années 1970-80 apparaît une nouvelle classe d'insecticides, les pyréthrinoïdes qui dominent pour leur part le marché des insecticides.

Auparavant, la recherche de matières actives se faisait au hasard en soumettant de nombreux produits à des tests biologiques. Lorsque un produit était retenu pour ces qualités biocides, on cherchait à en améliorer l'efficacité à travers la synthèse d'analogues. Cette procédure a permis de développer les techniques de synthèse qui sont de mise aujourd'hui.

Désormais, l'accent est mis sur la compréhension des modes d'action et la recherche de cibles nouvelles. Connaissant les cibles, on peut alors établir des relations structure-activité pour aboutir à l'obtention de matières actives. Ceci est possible grâce au développement de la recherche fondamentale dans les domaines de la biologie et de la chimie et aux nouveaux outils fournis par la chimie quantique, les mathématiques et l'informatique qui permettent la modélisation de ces futures molécules.

Actuellement, on assiste à une consolidation du marché au niveau des familles les plus récemment découvertes avec la recherche de nouvelles propriétés. Dans le même temps, de nouvelles cibles physiologiques de l'animal ou du végétal sont explorées dans le but de développer des produits à modes d'action originaux, des produits issus de la biotechnologie ou des médiateurs chimiques.

Catégories de pesticides

Les catégories de produits suivants, désignés commercialement comme « produits phytosanitaires », sont utilisées pour soigner ou prévenir les maladies des végétaux. Ce ne sont donc pas des pesticides au sens strict :

  • Les anti-russetings luttent contre la rugosité des pommes,
  • Les répulsifs luttent contre le gibier et les oiseaux,
  • Les régulateurs de croissance sont utilisés pour la prévention de la croissance excessive d'une plante (lutte contre la verse chez le blé), les anti-germinants, les produits favorisant la résistance des plantes, le bouturage, la mise en fruit.

Consommation

Depuis le 1er juillet 2010 la FAO a ouvert gratuitement à tous (sur simple enregistrement) sa base de données Pesticides dans l'outil FAOSTAT (la plus vaste base de données mondiale sur l’alimentation, l’agriculture et la faim) [2]

On distingue souvent les usage agricoles (ex 54% des ventes en 2000 en Wallonnie[3], qui en consomme moins que la Flandre) et non-agricoles (ex : environ 33% des ventes en 2000 en Wallonnie[3]) qui comprennent les produits utilisés par les jardiniers, les collectivités et les gestionnaires de routes, chemins de fer, canaux, zones d'activité, aéroports, etc. Dans le cas de la Wallonnie, en 2000, 13% des ventes en 2000 restaient « non-identifié avec une précision suffisante »[3], et pour certains produits, les enquêtes de terrain montrent que « les quantités totales appliquées sont supérieures aux quantités vendues (environ 20% des quantités) et inversement pour d'autres produits[3] ».
Les tonnages tendent à diminuer, mais au moins en grande partie en partie parce que les produits sont beaucoup plus actifs à des doses moindres.

Agriculture

Les quantités de pesticides utilisés dans le monde augmentent régulièrement depuis 60 ans. Elles semblent diminuer dans certains pays en Europe, mais à dose ou poids égal, les matières actives d'aujourd'hui, sont généralement beaucoup plus efficaces que celles des décennies précédentes ; la France est, en 2008, le quatrième consommateur mondial de pesticides[4]. Loin derrière les États-Unis, et derrière le Japon et le Brésil.
Les molécules commercialisées évoluent, pour contourner les résistances (des insectes, champignons ou végétaux), pour remplacer des produits interdits en raison de leur toxicité, ou quand des molécules a priori intéressantes viennent en remplacer d'autres.

Les pesticides les plus utilisés (en termes de quantité) sont les désherbants.
La molécule active la plus vendue comme désherbant et la plus utilisée dans le monde est le glyphosate.

Au niveau mondial, ce sont les pays producteurs de riz (Japon, Corée,..) qui consomment le plus de pesticides par hectare, 4 fois plus que la moyenne européenne, elle-même supérieure à celle des Etats-Unis. Parmi les pays européens, la France se classe au 4e rang, derrière notamment les Pays-Bas et autres pays chez lesquels les systèmes de production sont d’abord orientés vers l’horticulture et le maraîchage [5]. .

Le Grenelle de l'environnement (2007) demandait de réduire de 50 % les quantités de matière active utilisées, si possible avant 2018. Une réduction de 30% des pesticides serait possible en France, avec des changements de pratiques importants, mais sans bouleverser les systèmes de production, selon une étude "Ecophyto R&D", commandée par les ministres chargés de l'agriculture et de l'environnement à une équipe coordonnée par l'INRA, suite au Grenelle de l'environnement[6]. D'autres études (Projet Endure) estiment [7] qu'avec des technologies novatrices on pourrait réduire, pour le maïs, de 100% les produits de traitements de semences, jusqu'à 85% les épandages d'insecticides et de 90 % ceux d'herbicides.

Néanmoins, selon l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes [8]), avec 63.700 t de matière active vendue dans l'année, le marché a chuté de 19 % (en volume en 2009) [9]. Les fabricants invoquent les hausses de prix, une moindre pression parasitaire, de bonnes conditions climatiques (dont un printemps froid) ou la chute des revenus des agriculteurs exploitant de grandes cultures.

La loi Grenelle II prévoit que « le Gouvernement transmet chaque année au Parlement et rend public un rapport sur le suivi des usages agricoles et non agricoles des produits phytopharmaceutiques en France, ainsi que sur les avancées de la recherche agronomique dans ce domaine »[10]. Ce rapport fera un point annuel sur la diffusion des alternatives aux pesticides auprès des agriculteurs, sur la recherche appliquée et la formation, mais aussi sur « la santé des agriculteurs et des salariés agricoles, et des résultats du programme de surveillance épidémiologique tels que définis à l’article 31 de la loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en oeuvre du Grenelle de l’environnement. Ce rapport évalue l’impact sanitaire, environnemental, social et économique de ces usages. Il précise la portée de chaque nouvelle norme relative aux produits phytopharmaceutiques adoptée en France au regard des règles communautaires et des pratiques dans l’Union européenne ». Des éléments d'évaluation des impacts économiques d'une réduction en France, vue par l'INRA, a été publiée en mai 2011[11].

Arme de guerre

L'agent orange (produit par la multinationale Monsanto) est le surnom donné au plus utilisé des herbicides employés par l'armée des États-Unis lors de la guerre du Viêtnam, en particulier entre 1961 et 1971. Initialement, les effets pathogènes sur l'être humain étaient inconnus. Ce produit était utilisé exclusivement dans le but de dégager les abords des installations militaires et d'assurer une déforestation afin d'empêcher les combattants ennemis de se dissimuler.

Conception d'un pesticide

  • Un pesticide est composé d'un ensemble de molécules comprenant :
    • une (ou plusieurs) matière active à laquelle est dû, en tout ou en partie, l'effet toxique.
    • un diluant qui est une matière solide ou un liquide (solvant) incorporé à une préparation et destiné à en abaisser la concentration en matière active. Ce sont le plus souvent des huiles végétales dans le cas des liquides, de l'argile ou du talc dans le cas des solides. Dans ce dernier cas le diluant est dénommé charge.
    • des adjuvants qui sont des substances dépourvues d'activité biologique, mais susceptibles de modifier les qualités du pesticide et d'en faciliter l'utilisation.

Il existe de par le monde près de 100 000 spécialités commerciales autorisées à la vente, composées à partir de 900 matières actives différentes. 15 à 20 nouvelles matières actives s'y rajoutent tous les ans.

Au moins 8 à 10 ans sont nécessaires entre la découverte d'une matière active et sa mise sur le marché : cette durée inclue les tests d'efficacité et les études règlementaires de toxicité pour l'environnement et pour l'humain.

Les propriétés d'un pesticide découlent pour l'essentiel de la structure de sa matière active. Celle-ci présente 3 parties (ce découpage est artificiel, aucune partie ne pouvant être littéralement séparée) :

  • une structure active, qui assure le pouvoir pesticide.
  • des fonctions chimiques assurant la plus ou moins grande solubilité dans l'eau.
  • une partie support pour les deux autres conditionnant la solubilité dans l'huile.

Cette notion de solubilité est importante car c'est l'affinité d'un pesticide pour l'eau ou les corps gras qui va conditionner sa pénétration dans l'organisme ciblé.

Les autres constituants : la formulation d'un pesticide

La formulation d'un pesticide vise à présenter la matière active sous une forme permettant son application en lui ajoutant des substances destinées à améliorer et faciliter son action. Ce sont les adjuvants. Ils comprennent des tensio-actifs, des adhésifs, des émulsionnants, des stabilisants, des antitranspirants, des colorants, des matières répulsives, des émétiques (vomitifs) et parfois des antidotes.

  • La formulation d'un pesticide doit répondre à 3 objectifs essentiels :
    • assurer une efficacité optimale à la matière active : la matière active doit accéder dans les meilleures conditions à sa cible biochimique, c'est-à-dire y parvenir le plus rapidement possible avec le minimum de perte. On limite ainsi sa dispersion dans l'environnement (coût écologique) et le dosage à l'hectare nécessaire (coût économique). Dans ce but on améliore le contact avec l'organisme cible par l'adjonction d'agents mouillants (Les « mouillants » sont des adjuvants qui améliorent l'étalement du pesticide sur la surface traitée. Ils diminuent l'angle de contact des gouttelettes avec le support végétal (ou animal), avec deux conséquences : une meilleure adhésion et une plus grande surface de contact et d'action. Pour les produits systémiques, on cherche à améliorer la vitesse et les équilibres de pénétration ainsi que le transport des produits dans la plante. La formulation peut également améliorer l'efficacité biologique de la molécule active par des effets de synergie, des additifs qui retardent sa dégradation, prolongeant ainsi sa durée d'action. Inversement, d'autres additifs peuvent accélérer son élimination par les plantes à protéger ou dans le sol.
    • limiter les risques d'intoxication pour le manipulateur : en recherchant une toxicité minimale par contact et inhalation, en prévenant les ingestions accidentelles par l'adjonction de colorant, de répulsif, d'antidote ou de vomitif (cas du Paraquat au Japon qui est de couleur bleu et pourvu d'un vomitif). Dans le cas des liquides, les solvants les moins toxiques sont retenus. La dilution de la matière active est d'autant plus forte que cette dernière est hautement toxique.
    • rentabiliser la matière active : le solvant employé par l'utilisateur est généralement peu coûteux et facilement disponible. Divers additifs améliorent la conservation au stockage et/ou évitent la corrosion du matériel d'épandage.

Un code international de 2 lettres majuscules, placées à la suite du nom commercial indique le type de formulation. Les principaux types de formulation sont les suivants :

  • Les présentations solides :
    • Les poudres mouillables (WP) : la matière active est finement broyée (solide) ou fixée (liquide) sur un support adsorbant ou poreux (silice). Des agents tensio-actifs (dodécylbenzène, lignosulfonate de Ca, Al ou Na) et des charges de dilution (kaolin, talc, craie, silicate d'aluminium et magnésium ou carbonate de Ca) sont ajoutés ainsi que des agents antiredépositions, anti-statique ou anti-mousse. Des stabilisateurs (anti-oxygène et tampon pH) sont inclus pour les rendre compatibles avec d'autres préparations. Ces poudres doivent être dispersées dans l'eau au moment de l'emploi.
    • Les granulés à disperser (WG) : granulés obtenus par l'agglomération avec un peu d'eau de matière active, de charge et d'agents liants et dispersants, suivi d'un séchage. Ces poudres doivent être dispersées dans l'eau au moment de l'emploi.
    • Les micro-granulés (MG) : identiques aux WG mais d'une taille plus petite (0,1 à 0,6 mm).
  • Les présentations liquides :
    • Les concentrés solubles (SL) : c'est une solution de matière active à diluer dans l'eau, additionnée d'agents tensio-actifs.
  • Les suspensions concentrées (SC) : les matières actives solides, insolubles dans l'eau sont maintenues en suspension concentrée dans l'eau, en présence de mouillants, de dispersants, d'épaississants (bentonite, silice) ou d'agent anti-redéposition, d'antigel (éthylène glycol, urée) d'antimoussants et parfois de bactéricides (méthanal ou formol). Ces préparations sont diluées dans l'eau au moment de l'emploi.
    • Les concentrées émulsionnables (EC) : les matières actives sont mises en solution concentrée dans un solvant organique et additionnée d'émulsifiants chargés de stabiliser les émulsions obtenues au moment de l'emploi par dilution dans l'eau.
    • Les émulsions concentrées (EW) : la matière active est dissoute dans un solvant organique. La solution additionné d'agents émulsifiants est dispersée dans une petite quantité d'eau. Cette présentation est moins toxique et moins inflammable que les concentrés émulsionnables.

Effets sur la qualité des produits

C'est une question débattue.
Les fabricants estiment que les pesticides améliorent la qualité des produits, notamment en réduisant le risque de développement de certaines bactéries ou champignons produisant des toxines.
Les détracteurs des pesticides ou de leur utilisation systématique arguent que :

  1. certains de ces pathogènes développent peu à peu des résistances aux pesticides, comme les bactéries le font face aux antibiotiques trop utilisés;
  2. les résidus de pesticides accumulés sur et dans les végétaux ou les produits animaux pourraient poser des problèmes pour la santé;
  3. les résidus de pesticides pourraient poser problème pour les animaux qui consomment les déchets de l'industrie agroalimentaire;
  4. les sols qui se dégradent sous l'action des pesticides finissent par produire des fruits et légumes de moindre qualité.

Selon une étude de l'Université de Californie, publiée dans la revue Chemistry & Industry (26 mars 2007), des chercheurs ont comparé les kiwis d'un même verger produits au même moment, les uns en agriculture bio, et les autres avec des pesticides. À la récolte, les kiwis « bio » contenaient significativement plus de vita­mine C, plus de minéraux et plus de polyphénols (composés organiques supposés « bons pour la santé », car réduisant la formation de radicaux libres). Les chercheurs estiment que les kiwis non traités développent mieux leurs mécanismes de défense ; étant plus stressés, ils fabriquent par exemple plus d'antioxydants.

De nombreuses autres études ne permettent pas de mettre en évidence une différence nutritionnelle significative des produits issus de l'agriculture biologique[12].

Effets sur l'environnement

La dispersion des pesticides dans les sols

Lors d'un traitement, plus de 90 % des quantités utilisées de pesticides n'atteignent pas le ravageur visé. L'essentiel des produits phytosanitaires aboutissent dans les sols où ils subissent des phénomènes de dispersion. Les risques pour l'environnement sont d'autant plus grands que ces produits sont toxiques, utilisés sur des surfaces et à des doses/fréquences élevées et qu'ils sont persistants et mobiles dans les sols.

Le sol comporte des éléments minéraux et organiques ainsi que des organismes vivants. Dans le sol, les pesticides sont soumis à l'action simultanée des phénomènes de transferts, d'immobilisation et de dégradation.

Les phénomènes de transfert

  • Les transferts à la surface du sol ne concernent qu'une faible part des produits appliqués (généralement moins de 5 %). Ils contribuent à la pollution des eaux de surface lorsqu'ils sont entrainés, soit à l'état dissout ou retenu sur des particules de terre elles-mêmes entrainées.

Les transferts dans le sol sont les plus importants. Ils y sont entrainés par l'eau de pluie et s'y déplacent selon la circulation de l'eau. Ces déplacements varient beaucoup selon le régime hydrique, la perméabilité des sols, la nature du produit. Par exemple, en sol limoneux, l'aldicarbe est une substance très mobile tandis que le lindane ne migre pas(la limite d'utilisation de l'aldicarbe a été fixée au 31/12/07,et sera interdite d'utilisation passé cette date, de même que le lindane qui a une interdiction depuis le 20/06/02 date de mise en vigueur)

Les phénomènes d'immobilisation

  • Ce phénomène est dû à l'adsorption, qui résulte de l'attraction des molécules de matière active en phase gazeuse ou en solution dans la phase liquide du sol par les surfaces des constituants minéraux et organiques du sol. De nombreux facteurs influencent sur la capacité d'adsorption d'un sol, liés soit aux caractéristiques de la molécule, soit à celles du sol (composants minéraux et organiques, pH, quantité d'eau). De même, les phénomènes de désorption qui correspond à la libération de la molécule dans le sol (phénomène inverse de l'adsorption).

Les pesticides sont en majorité adsorbés rapidement par les matières humiques du sol (colloïdes minéraux et organiques). Une molécule adsorbée n'est plus en solution dans la phase liquide ou gazeuse. N'étant plus disponible, ses effets biologiques sont supprimés ; elle n'est plus dégradée par les micro-organismes du sol ce qui augmente sa persistance. Elle n'est plus entrainée par l'eau, ce qui empêche la pollution de cette dernière. Sa désorption lui rend toutes ses capacités biotoxiques. Plus fortement retenu en général dans les sols argileux ou riche en matières organiques.

Les phénomènes de dégradation

  • Le sol est un écosystème qui possède une capacité de détoxification très élevée. Les processus de dégradation des matières actives aboutissent finalement à l'obtention de molécules minérales telles que H2O, CO2, NH3

La dégradation est assurée principalement par les organismes biologiques de la microflore du sol (bactéries, actinomycètes, champignons, algues, levures), celle-ci pouvant atteindre 1 t de matière sèche à l'hectare. Son action s'exerce surtout dans les premiers centimètres du sol. Il existe également des processus physiques ou chimiques de dégradation, tel que la photodécomposition. Ces actions contribuent à diminuer la quantité de matière active dans le sol et donc à réduire les risques de pollution. La cinétique de dégradation d'une molécule donnée est déterminée en estimant la persistance du produit. Pour cela, on détermine sa demie vie qui est la durée à l'issue de laquelle sa concentration initiale dans le sol a été réduite de moitié. Cette demie vie peut varier avec la température, le type de sol, l'ensoleillement, etc : ainsi, celle du DDT est d'environ 30 mois en région tempérée et de 3 à 9 mois sous climat tropical.
Le lindane, le DDT et l'endrine se dégradent en quelques semaines dans les sols inondés des rizières, au contraire de l'aldrine, de la dieldrine et du chlordane.

Les sols se comportent comme un filtre actif en assurant la dégradation des produits phytosanitaires, et sélectif, car ils sont capables de retenir certains de ces produits.

En exemple, nous citerons le cas de l'oxychlorure de cuivre qui s'accumule dans les sols et qui a entrainé la stérilisation de 50 000 ha de certains sols de bananeraies au Costa Rica. NB : le cuivre est autorisé en Europe en Agriculture Biologique (dose moyenne maxi de 6kg/hectare/an).

Impacts écotoxicologiques

Ils sont complexes, immédiats ou différés dans l'espace et dans le temps, et varient selon de nombreux facteurs, dont en particulier :

  • La toxicité et écotoxicité de la matière active, des surfactants ou adjuvants associés, de leurs produits de dégradation (parfois plus toxiques que la molécule-mère) et/ou de leurs métabolites ;
  • Une action synergique éventuelle avec d'autres polluants ou composés de l'environnement ou de l'organisme touché ;
  • La durée de demi-vie de la matière active ou des métabolites (si la matière active est biodégradable ou dégradable) ;
  • Le temps d'exposition et la dose (exposition chronique à faible dose, exposition à des doses élevées durant un temps bref) ;
  • La sensibilité relative des organes, de l'organisme, de l'écosystème exposé, au moment de l'exposition et dans la durée si le produit ou ses effets sont rémanents ; A des doses ne montrant aucun effet aigu sur les adultes, des effets de perturbation endocrinienne peuvent nuire à la reproduction d'espèces agronomiquement importantes (vers de terre par exemple [13]) ;
  • L'âge de l'organe ou l'organisme exposé (l'embryon, le fœtus, les cellules en cours de multiplication sont généralement plus sensible aux toxiques).

Les pesticides peuvent être responsables de pollutions diffuses et chroniques et/ou aigües et accidentelles, lors de leur fabrication, transport, utilisation ou lors de l'élimination de produits en fin de vie, dégradés, inutilisé ou interdits.

Les pesticides, leurs produits de dégradation et leurs métabolites peuvent contaminer tous les compartiments de l'Environnement [14]. Des contrôles réguliers sont réalisés par des organismes indépendants et spécialisés :

  • Air (extérieur, intérieur), comme l'a notamment montré une étude[15] faite sur 3 ans par l'Institut Pasteur de Lille, dans le nord de la France à partir de 586 prélèvements faits sur 3 sites différents (3 gradients de population/urbanisation et d'intensité de l'agriculture).
  • Eaux (salées, saumâtres, douces, de nappe, de surface). Les eaux météoritiques (pluies [16], neige, grêle, brume, rosée sont également concernées), En 1996, l'INRA de Rennes constatait une contamination de la pluie dans une région bretonne où les agriculteurs n'utilisaient pas ou peu de pesticides (Toutes les analyses de simazine dépassaient le seuil de 0,1ug/l [17]. Trois ans d'études par l'Institut Pasteur, l'Agence de l'eau et la Région dans le Nord Pas-de-Calais, sur 5 points de mesures (littoraux, urbains dense, urbain moyen, et rural) ont confirmé cette tendance. Les pluies de bord de mer, en 2000 à Berck, présentaient déjà des traces d'atrazine (venant probablement de Normandie, de Bretagne et d'Angleterre)[17]. D'autres analyses à Lille, Rennes, Strasbourg ou Paris ont montré que les pluies y contiennent des pesticides, parfois bien au delà des seuils qui seraient autorisés dans l'eau potable[17]. A Paris, les taux de pesticides dans l'eau de pluie, égalent ceux mesurés à 100 km de la capitale[17]. Ces produits se montrent souvent persistants. Par exemple, ) Hanovre (Allemagne), les taux de terbuthylazine et de son premier métabolite atteignaient respectivement 0,4 et 0,5 ug/l (cinq fois la norme pour l'eau potable) alors que le produit était interdit depuis cinq ans dans ce pays [17];
  • Sol. Certains pesticides peu dégradables sont fortement adsorbés sur les sols qu'ils peuvent polluer durablement (chlordécone, paraquat, cuivre, par exemple).

Certains pesticides rémanents peuvent, longtemps après leur utilisation, persister et passer d'un compartiment à l'autre ; soit passivement (désorption, évaporation, érosion…) soit activement via des processus biologiques (métabolisation, bioturbation, bioconcentration, etc.). C'est le cas par exemple du DDT qu'on retrouve encore des décennies après son interdiction dans certaines régions, éloignées de toute source de pollution directe.

On les trouve sous forme de « résidus » (molécule mère, produits et sous-produits de dégradation ou métabolites) dans nos aliments et boissons. Des lois ou directives de l'Union européenne imposent des seuils à ne pas dépasser, y compris dans l'eau potable.

Dans les aliments, ces limites sont les LMR (Limite maximale règlementaire, en mg de résidu par kg d'aliment), bien inférieures aux Doses Journalières Admissibles, elles-mêmes au moins 100 fois plus faibles que les Doses Sans Effet observées lors des études de toxicité.

Coût croissant de la pollution

Un rapport (2011) du CGDD[18] a calculé que les coûts externes de gestion « des pesticides diluées dans les flux annuels ruisselés dans les rivières ou écoulés des nappes à la mer, soit environ 74 tonnes par an : respectivement environ 48 tonnes par les rivières et 26 tonnes transférées des nappes à la mer » (calcul fait sur la base des concentrations moyennes du SEQ pour les eaux de surface). Le coût de traitement de ces apports annuels de pesticides aux eaux de surface et côtières se situerait dans une fourchette de 4,4 à 14,8 mil­liards. Au total, le coût annuel du traitement de ces flux annuels d’azote et de pesticides serait compris entre 54 et 91 mil­liards. Ces coûts n'incluent pas ceux des impacts sur la faune, la flore, la fonge, les écosystèmes, la ressources halieutique, mais seulement les couts de dépollution. Toujours selon le CGDD, si l'on voulait aussi dépolluer les nappes, il faudrait encore ajouter une somme comprise entre 32 et 105 mil­liards (dont seulement 7 mil­liards pour le respect de la directive eaux souterraines). Au total, le coût de dépollution des eaux souterraines serait compris entre 522 et 847 mil­liards (hors coûts d’énergie du pompage avant traitement)[18].
Ces coûts sont aujourd'hui en grande partie assumé par les ménages. Ceux des zones les plus polluées qui pourraient voir ce coût atteindre 494 €/an (+ 140% par rapport à une facture d'eau moyenne) ». Il faut de 800 euros/ha/an à 2 400 euros/ha/an pour assainir l'eau des captages situés en zone d'« agriculture conventionnelle » .
Ceci confirme un rapport de la Cour des comptes publié en 2010, qui notait aussi que des pays comme la Bavière ou le Danemark avaient par des écotaxes et des actions préventives significativement réduit (- 30%) les consommations d'azote et de pesticides, les rapprochant plus rapidement de l'objectif de bon état écologique des masses d'eau à atteindre avant 2015 en Europe. Le mode curatif coute 2,5 fois plus au mètre cube traité que la prévention, et n'améliore nullement la qualité de la ressource ajoutait la Cour des comptes.

Effets sur la santé humaine

Les intoxications aigües

Le délai qui sépare l'exposition au produit et l'apparition des troubles est relativement court, de quelques heures à quelques jours, permettant le plus souvent de relier les effets à la cause.

Les dérivés organochlorés induisent tout d'abord des troubles digestifs (vomissement, diarrhée) suivis par des troubles neurologiques (maux de tête, vertige) accompagnés d'une grande fatigue. À ceux-ci succèdent des convulsions et parfois une perte de conscience. Si le sujet est traité à temps, l'évolution vers une guérison sans séquelles survient généralement. L'intoxication aiguë avec ce type de produit est relativement rare, à moins d'ingestion volontaire (suicide) ou accidentelle (absorption par méprise, dérive de nuage, jet de pulvérisateur…).

Les dérivés organophosphorés ainsi que les carbamates, en inhibant la cholinestérase, induisent une accumulation d'acétylcholine dans l'organisme débouchant sur une hyperactivité du système nerveux et à une crise cholinergique. Les signes cliniques sont des troubles digestifs avec hypersécrétion salivaire, nausée, vomissement, crampes abdominales, diarrhée profuse. Il y a de plus des troubles respiratoires avec hypersécrétion bronchique, toux et essoufflement. Les troubles cardiaques sont une tachycardie avec hypertension puis hypotension. Les troubles neuromusculaires se traduisent par des contractions fréquentes et rapides de tous les muscles, des mouvements involontaires, des crampes puis une paralysie musculaire générale. La mort survient rapidement par asphyxie ou arrêt cardiaque. Un antidote spécifique existe pour cette catégorie de produit : le sulfate d'atropine qui neutralise rapidement les effets toxiques.

Chez l'adulte, les produits rodenticides à base d'anticoagulants n'entrainent généralement pas -à moins d'absorption massive à but suicidaire- de troubles de la coagulation, ni d'hémorragie. Par contre, chez l'enfant, des hémorragies graves peuvent survenir. Ils agissent en abaissant le taux de prothrombine dans le sang, nécessaire à la formation du caillot sanguin, entrainant ainsi des hémorragies internes. Les symptômes apparaissent après quelques jours pour une dose élevée, après quelques semaines pour des prises répétées: sang dans les urines, saignement de nez, hémorragie gingivale, sang dans les selles, anémie, faiblesse. La mort peut survenir dans les 5 à 7 jours qui suivent.

Selon la Mutualité sociale agricole (MSA) et le laboratoire GRECAN, de premières études MSA ont conclu en France qu'environ 100 à 200 intoxications aiguës (irritations cutanées, troubles digestifs, maux de têtes) par an sont imputées aux pesticides pour les personnes en contact direct avec (agriculteurs et entourage).

Les intoxications chroniques

Atteintes dermatologiques : rougeurs, démangeaisons avec possibilité d'ulcération ou de fissuration, urticaire sont très fréquemment observées, touchant plutôt les parties découvertes du corps (bras, visage). Nombre de produits provoquent des problèmes cutanés, dont les roténones responsables de lésions sévères au niveau des régions génitales.

Atteintes neurologiques : les organochlorés font apparaitre une fatigabilité musculaire, une baisse de la sensibilité tactile. Les organophosphorés entrainent à long terme des céphalées, de l'anxiété, de l'irritabilité, de la dépression et de l'insomnie, alliés parfois à des troubles hallucinatoires. Certains provoquent une paralysie, comme les dérivés mercuriels ou arsenicaux.

Troubles du système hématopoïétique : les organochlorés peuvent provoquer une diminution du taux de globules rouges et de globules blancs, avec risque de leucémie.

Atteintes du système cardiovasculaire : les organochlorés développent des phénomènes de palpitation et de perturbation du rythme cardiaque.

Atteintes du système respiratoire : ces atteintes sont souvent en relation avec les phénomènes d'irritation engendrés par bon nombre de pesticides, favorisant ainsi les surinfections et être à l'origine de bronchites, rhinites et pharyngites.

Atteintes des fonctions sexuelles : un nématicide (DBCP) a provoqué chez les employés de l'usine où il est synthétisé un nombre important de cas d'infertilité. D'autres substances semblent impliquées dans la délétion croissante de la spermatogenèse, soit directement comme reprotoxiques soit à faible doses ou via des cocktails de produits comme perturbateur endocrinien. Dans ce cas, l'embryon peut être touché, même par une exposition à de faibles doses (anomalies génitales, et peut-être risque augmenté de certains cancers et de délétion de la spermatogenèse chez le futur adulte).

Risques fœtaux : des pesticides franchissent la barrière placentaire et ont une action tératogène sur l'embryon. C'est le cas du DDT, du malathion, des phtalimides (fongicide proche de la thalidomide). Il peut survenir des accouchements prématurés ou des avortements, ainsi que des malformations de l'appareil génital du garçon. Il est conseillé à la femme enceinte d'éviter tout contact avec des pesticides entre le 23e et le 40e jour de la grossesse, mais certains produits ont une longue durée de demie-vie dans l'organisme (lindane, DDT par exemple).

Craintes de perturbations hormonales : Certains pesticides se comportent comme des « leurres hormonaux ». Chez 100 % des 308 femmes enceintes espagnoles, ayant ensuite donné naissance à des enfants jugés en bonne santé entre 2000 et 2002, on a trouvé au moins un type de pesticide dans le placenta (qui en contenait en moyenne 8, et jusqu’à 15, parmi 17 pesticides recherchés, organochlorés, car étant aussi des perturbateurs endocriniens). Les pesticides les plus fréquents étaient dans cette étude le 1,1-dichloro-2,2 bis (p-chlorophényl)-éthylène (DDE) à 92,7 %, le lindane à 74,8 % et l’endosulfan-diol à 62,1 %[19] (Le lindane est interdit, mais très persistant).

Maladies neurodégénératives : Une étude publiée en 2006 a conclu à une augmentation des risques de maladie de Parkinson suite à l'exposition à certains pesticides, notamment... [7]. L'exposition aux pesticides augmenterait le risque de maladie de Parkinson de près de 70 % : 5 % des personnes exposées aux pesticides risqueraient de développer la maladie contre 3 % pour la population générale[20]. Cette maladie est d’ailleurs plus fréquente en milieu rural qu’en milieu urbain. On ne dispose malgré tout d’aucune étude épidémiologique incriminant un produit particulier dans la maladie de Parkinson. En France, cette maladie ne figure cependant dans aucun tableau de Maladie Professionnelle mais un cas récent pourrait faire jurisprudence[21].

Cancers : Le GRECAN a mis en évidence un plus faible nombre de cancers chez les agriculteurs que dans la population générale, mais avec une occurrence plus élevée de certains cancers (prostate, testicules, cerveau (gliomes)...). Une étude commencée en 2005 est en cours et concerne le suivi de 180 000 personnes affiliées à la Mutualité sociale agricole (MSA)[22]. Il existe dans le monde une trentaine d'études qui montrent toutes une élévation du risque de tumeurs cérébrales. Selon l'INSERM il semble exister une relation entre cancer du testicule et exposition aux pesticides [23].
L'étude d'Isabelle Baldi : Une étude a conclu mi-2007 que le risque de tumeur cérébrale est plus que doublé chez les agriculteurs très exposés aux pesticides (tous types de tumeurs confondues, le risque de gliomes étant même triplé). Les habitants utilisant des pesticides sur leurs plantes d'intérieur ont également un risque plus que doublé de développer une tumeur cérébrale[24] L’étude ne permet pas de dire si un produit ou une famille de pesticide serait plus responsable que d’autres, mais l’auteur note que 80 % des pesticides utilisés par les vignerons sont des fongicides.
Une autre étude[25], portant sur la population masculine française, établit des liens statistiques entre les pesticides employés et les lymphomes développés, et montre que l'incidence des lymphomes est deux à trois fois plus élevée parmi les agriculteurs.
Au niveau moléculaire, une étude française[26] a démontré qu'il existait une relation entre l'exposition professionnelle aux pesticides et l'acquisition d'une anomalie chromosomique connue pour être l'une des étapes initiales de certains cancers.
Une étude de l'Observatoire Régional de Santé de Poitou Charente (septembre 2011) a montré une « surmortalité significative » des adultes par lymphomes (19 %) dans certains territoires agricoles. Un rapport[27] du Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles (rnv3p) a confirmé un risque accru de tumeurs chez les personnes exposées aux pesticides en milieu agricole.

Pesticides retirés du marché et controverses

En dépit du processus long et complexe des homologations, certains produits antérieurement autorisés sont interdits en raison de leur dangerosité démontrée ultérieurement (pollution rémanente des eaux, apparition de résistance de souches, influence métabolique à long terme...).

En France, depuis plusieurs années, de nombreux produits jusqu'alors autorisés (donc considérés comme efficaces et ne présentant pas de risque inacceptable) ont été interdits à la mise sur le marché et à l'utilisation. Ces produits sont appelés « Produits Phytosanitaires Non Utilisables » (PPNU).

L'utilisation de pesticides retirés du marché est interdite et soumise à contrôle. L'article L.253-17 du Code rural prévoit des peines qui peuvent aller jusqu'à 30 000 euros d'amende et six mois d'emprisonnement.

Le cas de l'atrazine

Un exemple typique de changement de classification est celui de l'atrazine, utilisé massivement en France et dans de nombreux autres pays comme un herbicide d'une grande efficacité pour le désherbage du maïs. L'atrazine (comme toute la famille des triazines) est à présent reconnue comme à l'origine de pollutions majeures des nappes souterraines et des eaux de surface qui sont polluées à 50 % en France (par rapport aux normes édictées pour les triazines). Par exemple, en Bretagne, comme dans le Sud-Ouest et l'Île-de-France, il est courant de trouver, dans des prélèvements d'eau potable, des taux de triazine dix fois plus élevés que le seuil autorisé de 0,1 microgramme par litre.
Jusqu'en 2002, la famille des triazines constituait les produits phytosanitaires les plus employé s en France, utilisés à 80 % en termes de surface par les producteurs de maïs conventionnel. Ils avaient été introduits en 1962 et étaient caractérisés par une excellente efficacité et un faible coût. Protégé des UV solaires dans le sol, ils se sont avérés moins dégradables que ce qu'avait annoncé le fabricant. 9 ans après son interdiction en Allemagne, l'atrazine était encore le pesticide quantitativement le plus présent dans la pluie, et ses produits de dégradation (ex : désisopropyl--atrazine, déséthyl-atrazine) sont encore très présentes alors que la molécule-mère commence à disparaître .

En raison de sa toxicité et de sa pollution rémanente dans les eaux (molécule peu biodégradable), l'atrazine a été bannie en Allemagne puis après quelques années en France en 2001, comme le reste de la famille des triazines (mise en application en juin 2003 pour la France) après des années d'utilisation (1962-2003).

Ce revirement pourrait être lié à une prise de conscience progressive de la dangerosité de certains produits phytosanitaires, ou éventuellement aux deux condamnations de la France par la cour de Justice européenne pour avoir manqué à ses obligations en matière de qualité de l'eau. De nombreux autres produits sont en discussion, tel l'arsénite de soude (produit cancérigène très utilisé en viticulture). Le programme européen global de réforme écologique de l'agriculture prévoit d'interdire d'ici 2008 près de 400 produits jugés dangereux pour la santé de l'homme qui avaient été cependant agréés par la directive de 1991. [8] L'arsénite de soude est dorénavant inutilisable en viticulture. Tous les résidus (bidons vides ou partiellement vides)ont été récupérés lors de collectes spécifiques organisées par les autorités compétentes. Des contrôles du Service Régional de la Protection des Végétaux (SRPV) peuvent être réalisés dans toutes les exploitations agricoles et des sanctions sont prévues en cas de détention de produits phytosanitaires interdits (=PPNU:Produits Phytosanitaires Non-Utilisables).

Le Gaucho

Un exemple de cas très débattu au début du XXIe siècle est celui du Gaucho, accusé par les apiculteurs d'être à l'origine de la diminution importante de certaines populations d'insectes (abeille). Voir l'article sur le Gaucho pour plus d'information.

Le DDT

Article détaillé : DDT.

Bien qu'interdit depuis longtemps dans les pays occidentaux, on en trouve encore des traces dans les graisses des animaux, mais aussi dans notre nourriture.
L'OMS cependant estime que le DDT est irremplaçable dans la lutte contre les moustiques vecteurs du paludisme et continue à préconiser son utilisation, uniquement à l'intérieur des habitations. [9].

Prévention et contrôle

L'Europe a annoncé en 2011 un renforcement de la prise en compte de la biodiversité dans ses politiques d'autorisation et contrôle des pesticides ({{Citation[phyto- et zoosanitaires}}.)[28].
Elle a adopté en janvier 2009 un paquet législatif sur les pesticides, incluant une nouvelle législation durcissant les usages et autorisation en Europe, base d'une directive-cadre sur l'utilisation durable des pesticidesvisant à mieux protéger les consommateurs européens et l'environnement, interdire les pesticides toxiques et encourager le développement d'une agriculture durable. En 2010, un nombre important et inhabituel de dérogations, voire des « arrangements officieux » semblent avoir cependant permis un usage significatif de pesticides normalement interdits par les nouvelles normes européennes [29].

Les agriculteurs effectuant les épandages sont les personnes les plus exposées à un impact sur leur santé. Lors des épandages, il leur est couramment recommandé de porter une combinaison et des gants adaptés à ce pesticide, ainsi qu'un masque de protection lors de la préparation.

Cependant, ces combinaisons sont peu portées, car elles présentent des inconvénients ergotoxicologiques : peu adaptées à la diversité des tâches de l'agriculteur, elles constituent une source d'inconfort, notamment thermique, favorisent la sudation et la rémanence des imprégnations. Dans certains cas, même, les porteurs d'une telle combinaison sont plus contaminés que ceux qui ne la portent pas[30]. Enfin, les combinaisons, et plus particulièrement le masque, exigent un entretien peu aisé[31].

Leur usage peut nuire à l'image de l'exploitation agricole : les habitants voisins peuvent se sentir menacés par les épandages, ou les consommateurs peuvent associer cette tenue à une mauvaise qualité de la production. Ce risque social constitue un facteur supplémentaire dissuadant souvent l'épandeur d'utiliser cette protection[31].

Dans les tracteurs, les cabines pressurisées climatisées et munies de filtres, bien que coûteuses, fournissent un complément de protection. Elles présentent cependant elles aussi des défauts d'utilisabilité et ne constituent pas une protection totale[31].

Pour pallier ces contraintes, des pratiques supplémentaires sont mises en œuvre : La limitation des durées d'exposition est la première précaution. Parfois, l'odeur alerte quand au danger d'exposition [31], bien que tous les pesticides n'aient pas d'odeur, et qu'une substance peut être nocive bien en deçà du seuil de perception. Les personnes sensibles, notamment les femmes enceintes, doivent être mises à l'écart des zones que l'on sait traitées. Depuis l'arrêté du 12 septembre 2006 en France, des délais de ré-entrée dans les zones traitées sont fixés (6 à 48h selon le pesticide) pour toute personne.

Concernant la protection des consommateurs et les contrôles ;

  • En Europe, le programme Physan (Phyto-Sanitary Controls) regroupe :
- une base de donnée qui renforce d'autres bases. Elle regroupe les données issues de la mise en œuvre de la législation relative aux contrôles de l'UE sur les cultures, les produits végétaux, les semences et variétés végétales, ainsi que des pesticides.
- le Réseau européen des systèmes d'information sur la protection des végétaux (EUROPHYT [32]), qui fournit des renseignements sur la santé des plantes;
- PEST (I, II, III, IV et V) - Physan Pesticides, relatif aux notifications de résidus de pesticides par la Commission européenne et par les administrations compétentes ou autorisées des États membres ;
- CAT (I et II) - Physan Catalogue, qui met à jour des catalogues de produits de semences commercialisés librement;
- FEED (I et II) - Physan Feedingstuff (Physan aliments composés), focalisé sur l'utilisation et la commercialisation d'additifs pour l'alimentation animale.

Les enfants sont particulièrement vulnérables. Selon l'EPA (2008 ), beaucoup de bébés ne développent pas de capacité à métaboliser (dégrader) les pesticides qu'ils ont absorbés durant les 2 premières années de leur vie, ce qui les expose particulièrement. L'EPA a interdit deux pesticides domestiques aux États-Unis (Diazinon et Chlorpyrifos), ce qui a conduit à une rapide décroissance de ces produits et de l'exposition de ces produits à New York, où les enfants se montrent en meilleure santé depuis l'interdiction de ces produits [33]. De plus, par kg de poids corporel, comme pour la plupart des toxiques, les enfants en respirent et en absorbent plus (en moyenne) que les adultes.

Nouveaux produits pour les cultures mineures

Ces produits spécifiques n'existaient pas, ou n'étaient pas recherchés par les fabricants, faute de marché rentable. En Europe, un nouveau règlement de 2009 (CE) [34] contient des dispositions visant à accroître la disponibilité des produits phytopharmaceutiques pour les cultures d'importance mineure [35].

Dérogations pour usage de produits interdits

L'Europe autorise [36],[37] certains usages dérogatoires - à certaines conditions et quand il n'y a pas d'alternatives - Il faut par exemple un «danger imprévu pour la santé humaine et l'environnement», ou la nécessité de répondre à des « attaques d'organismes nuisibles réglementés, à l'encontre desquelles les États membres sont tenus de prendre des mesures d'urgence) des produits interdits » [35].
Pour l'Europe, ce sont les États-membres qui doivent veiller au respect des limites maximales de résidus (LMR) fixées par le règlement (CE) n° 396/2005 [35]. La Commission reconnaît « la nécessité urgente d'établir des lignes directrices plus harmonisées concernant le processus d'évaluation et de décision sur lequel reposent ces autorisations ». De plus, « il y a lieu d'améliorer le système de notification existant, en imposant aux États-membres de soumettre des informations complémentaires à la Commission en ce qui concerne les motifs détaillés de l'octroi de l'autorisation et les mesures d'atténuation des risques appliquées »[35].
De nouvelles lignes directrices pourraient être élaborées mi 2011 « dans le cadre du règlement (CE) n° 1107/2009, qui abrogera la directive 91/414/CEE au 14 juin 2011 »[35]
Cependant, le nombre réel des dérogation ou leurs justifications ne sont pas publiés [38], et la commission « n'en est informée qu'a posteriori » et selon un rapport [29] en 2011, produit par PAN-Europe (qui rassemble plus de 600 ONG), daté du 26 janvier 2011 par PAN-Europe, il y a eu une augmentation anormale et exponentielle (de plus de 500 %) du nombre de dérogations pour des pesticides non autorisés sur une période de quatre ans. Ainsi en 2010 les États membres ont demandé 321 dérogations.

Des plantes pesticides ?

Article détaillé : Compagnonnage (botanique).

De nombreuses plantes produisent naturellement des substances pour se protéger : ainsi le tabac produit l'insecticide nicotine, et le chrysanthème de la pyréthrine. Cette logique a été poussée plus loin par l'introduction de plantes génétiquement modifiées qui produisent elles aussi, généralement tout au long de leur cycle de croissance, leurs propres matières actives (ainsi le Bt, une protéine insecticide produite à l'origine par une bactérie, qui est produite dans la plante génétiquement modifiée au niveau des racines, tiges, feuilles et pollen, mais pas dans la graine) ou des substances fongicides ou bactéricides. Cependant, la question se pose s'il faut classer ces organismes artificiellement créés parmi les pesticides.

Résistances aux pesticides

Définition

La résistance aux pesticides est la résultante d'une sélection d'organismes tolérant des doses qui tuent la majorité des organismes normaux. Les individus résistants se multiplient en l'absence de compétition intraspécifique et ils deviennent en très peu de générations les individus majoritaires de la population.

La résistance est définie par l'OMS comme « l'apparition dans une population d'individus possédant la faculté de tolérer des doses de substances toxiques qui exerceraient un effet létal sur la majorité des individus composant une population normale de la même espèce ».

Elle résulte de la sélection, par un pesticide, de mutants qui possèdent un équipement enzymatique ou physiologique leur permettant de survivre à des doses létales de ce pesticide.

Un pesticide se contente de sélectionner la résistance, mais ne la crée pas.

Résistance aux insecticides

Graphique présentant le nombre croissant d'adaptation à des pesticides chez les insectes les pathogènes de plantes (parasites et champignons) et les adventices [39]

Depuis le premier cas enregistré (résistance du pou de San José aux polysulfures dans les vergers de l'Illinois en 1905) les cas de résistance ont augmenté de manière exponentielle : 5 cas en 1928, 137 en 1960, 474 en 1980. En 1986, 590 espèces animales et végétales présentaient une résistance : 447 espèces d'insectes ou d'acariens, une centaine de pathogènes des végétaux, 41 espèces de mauvaises herbes ainsi que des nématodes et des rongeurs.

De nombreux cas de résistances aux insecticides sont certes anecdotiques, ne concernant qu'un lieu particulier. Par contre, d'autres se sont généralisées au monde entier, comme pour la mouche domestique Musca domestica résistante aux organochlorés ou le Tribolium (ver de la farine) résistant au lindane et au malathion. Le moustique Culex pipiens a développé des résistances élevées aux organophosphorés.

Toutes les familles d'insecticides peuvent induire des résistances chez les insectes. Les pyréthrinoïdes et analogues des hormones juvéniles n'échappent nullement à la règle, avec 6 cas de résistance aux pyréthrinoides en 1976, explosant à 54 cas en 1984.

En revanche, au niveau taxonomique, les différents ordres d'insectes expriment des sensibilités variées. Les Diptères présentent le plus grand nombre de cas de résistance, suivi par les hémiptères (pucerons et punaises). Les Coléoptères, Lépidoptères et Acariens représentent chacun 15 % des cas de résistance. Par contre, les Hyménoptères (abeilles, guêpes) semblent réfractaires au développement de résistance, sans doute pour des raisons génétiques.

En 1984, on connaissait 17 espèces d'insectes et d'acariens résistants aux 5 principaux groupes de pesticides : Leptinotarsa decemlineata le doryphore de la pomme de terre, Myzus persicae le puceron du pêcher, Plutella xylostella la teigne des crucifères, le ver de la capsule, des noctuelles Spodoptera et des espèces d'Anophèles.

La résistance est parfois recherchée : c'est le cas pour l'acarien prédateur Phytoseiulus persimilis utilisé contre les Tétranyques des serres.

Les cultures les plus concernées par les phénomènes de résistance sont le coton et l'arboriculture fruitière. On peut citer le cas de la mouche blanche Bemisia tabaci (Aleurode) dans les cultures de coton de la plaine de Gézira au Soudan au début des années 1980 ou celui des cicadelles du riz en Extrême Orient et dans le Sud Est asiatique. En particulier, en Indonésie, la lutte chimique contre Nilaparvata lugens s'est avérée impossible au milieu des années 1980, obligeant le pays à se tourner vers un concept de protection intégrée des rizières en 1986.

Les facteurs de résistance

Les facteurs favorisant l'apparition d'une résistance sont classés en 3 groupes :

  • Les facteurs génétiques : fréquence, nombre et dominance des gènes de résistance, expression et interaction de ces gènes, sélection antérieure par d'autres matières actives, degré d'intégration du gène résistant et de la valeur adaptative.
  • Les facteurs biologiques : temps de génération, descendance, monogamie ou polygamie, parthénogénèse et certains facteurs comportementaux (mobilité, migration, polyphagie, zone refuge).
  • les facteurs opérationnels : structure chimique du produit et son rapport avec les produits antérieurs, persistance des résidus, dosage, seuil de sélection, stade sélectionné, mode d'application, sélectivité du produit, sélection alternative.

Les deux premiers types de facteurs sont inhérents à l'espèce et ne peuvent être -a priori- modifiés par l'homme, qui ne pourra intervenir qu'au niveau du troisième groupe.

Il est possible d'établir une hiérarchisation des facteurs prépondérants à l'apparition des phénomènes de résistance. Les plus importants sont :

  • le nombre de génération annuelle : le risque d'apparition d'une résistance est d'autant plus grand que la durée du cycle de développement est courte et le nombre de générations annuelles élevé. L'apparition de la résistance est donc liée au nombre de générations ayant subi une pression de sélection continue.
  • la mobilité des populations : l'afflux de migrants diminue fortement la fréquence de la résistance parmi les survivants d'un traitement en diluant les gènes de résistance dans la population.
  • la dominance des gènes de résistance : la résistance apparaitra plus rapidement, en interaction avec la dose appliquée qui va influer sur l'expression de la dominance : pour une faible dose, les hétérozygotes sensibles sont détruits mais les hétérozygotes résistants vont survivre, entrainant une dominance fonctionnelle du gène résistant.

Stratégie de limitation de la résistance

Rappelons que l'augmentation de dose appliquée ne fait qu'accroitre la pression de sélection. De même, la multiplication des traitements ne conduit qu'à éliminer les migrants sensibles susceptible de diluer les gènes de résistance. Il faut donc jouer sur les facteurs opérationnels en cherchant à limiter au maximum la pression de sélection. Dans ce but, il faut :

  • Choisir un insecticide suffisamment différent de ceux utilisés auparavant
  • Respecter la dose d'application
  • L'application doit être localisée dans le temps et dans l'espace
  • Utiliser des produits synergiques
  • Diversifier les méthodes de lutte.

De nombreuses plantes ont été modifiées génétiquement pour être tolérantes à un désherbant total (le glyphosate). Elles contribuent donc à généraliser l'usage de ce désherbant, au risque d'étendre les résistances qui commencent à apparaitre chez certains végétaux.

Résidus

La teneur en résidus de pesticides est règlementée au niveau européen (règlement 396/2005 et ses annexes : règlement 178/2006, règlement 149/2008 et modifications). Ces règlements concernent à la fois les denrées alimentaires (alimentation humaine) et les aliments pour animaux.

la Commission européenne conduit un programme annuel de suivi des résidus de pesticides dans les aliments, basé sur les résultats d’analyses de plus de 30 000 échantillons prélevés dans toute l’Union européenne.

Les résultats sont disponibles sur le site de la DG Sanco (direction générale de la santé des consommateurs de la Commission européenne) : http://www.efsa.europa.eu/fr/prapertopics/topic/pesticides.htm (cliquer sur : "Rapports annuels sur les résidus de pesticides").

Pour l'année 2006, la présence de pesticides avait été décelée dans 49,5 % des fruits, légumes et céréales placés sur le marché de l'UE, le plus haut niveau de contamination jamais enregistré, selon le rapport de la Commission de Bruxelles mais seulement 4,5 % dépassent les limites règlementaires (rapport publié en 2008).

En 2008, plus de 70 000 échantillons alimentaires ont été analysés dans les 27 états-membres de l'UE par les autorités compétentes pour y rechercher des résidus de pesticides. 96.5% des échantillons respectent les LMR (3,5% les dépassent). L'EFSA conclue que l'exposition à long terme des consommateurs ne porte pas atteinte à leur santé. La vérification de l'exposition à court terme montre que pour 134 échantillons analysés (0,19%) la dose de référence aigüe (ARfD) pourrait avoir été dépassée si l'aliment concerné était consommé en quantité élevée. {http://www.enviro2b.com/2010/07/13/les-residus-de-pesticides-en-baisse-dans-les-fruits-et-legumes}

En France, pour 2008 les contrôles de la DGCCRF (Direction de la Concurrence du Ministère des Finances) indiquent :

  • moins de 4 % des fruits et légumes contrôlés en France présentent des teneurs en pesticides supérieures à la Limite Maximale Règlementaire autorisée
  • Les céréales et les produits céréaliers présentent 2,6 % de non conformité sur 352 échantillons.
  • 1,5 % de non conformité sur les produits transformés
  • 0%, aucune non conformité sur les produits destinés à l'alimentation infantile.

Ces résultats sont à insérer dans une réflexion critique sur les circuits économiques de la fabrication et la commercialisation des pesticides. Parmi d'autres, les auteurs des livres La peur est au-dessus de nos moyens (Plon, 2011), Printemps silencieux (Rachel Carson, 1962) et Pesticides. Les révélations sur un scandale français (2007). Un observatoire de l'alimentation a été créé une évaluation des pesticides dans l'alimentation a été faite par l'ANSES, publiée en 2011[40],

Étiquetage

Chaque produit est assorti à une homologation pour un ou plusieurs usages spécifiques qui doivent être spécifiés sur l'étiquette. La classe de danger doit également figurer sur l'étiquette, représentée par un logo international.

L'étiquetage ici en question est celui du récipient contenant le pesticide. Pour ce qui est des fruits et légumes à destination de l'alimentation humaine, à ce jour, aucune mention des pesticides utilisés pendant les phases de croissance et maturation n'est mise à disposition pour le consommateur final.

Surveillance

Les données commerciales (ventes, commandes) précises et géo-référencées seraient utiles aux épidémiologues et écoépidémiologues, à condition de pouvoir relier les quantités achetées à celles réellement appliquées par surface chez les producteurs, mais aussi chez les particuliers. Il est difficile de réunir ces données à cause de la dispersion des informations à recueillir.

Les pesticides en suspension dans l'air, ou transportés par l'eau et adsorbés sur les particules du sol sont difficiles à suivre. On sait pourtant mesurer une partie des molécules utilisées et des produits de dégradation.

Aussi, pour disposer de données et respecter la convention d'Aarhus sur l'accès à l'information environnementale, certains pays construisent-ils des structures de surveillance à long terme, dont la France avec un Observatoire français des pesticides Observatoire des résidus de pesticides (ORP) créé par l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail (AFSSET) qui a dès 2007 commencé à mettre en ligne une carte de France interactive donnant accès aux données disponibles sur la présence de résidus de pesticides dans l'air, l'eau, les sols et certaines denrées alimentaires. L'agence encourage les propriétaires de données sur les pesticides à contribuer volontairement à mettre à jour cet outil.

Denrées alimentaires : Les résultats sont disponibles sur le site de la DG Sanco (direction générale de la santé des consommateurs de la Commission européenne) : http://www.efsa.europa.eu/fr/prapertopics/topic/pesticides.htm (cliquer sur : "Rapports annuels sur les résidus de pesticides").

Voir aussi

Notes

  1. Règlement (CE) n° 304/2003 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2003 concernant les exportations et importations de produits chimiques dangereux [1]; ce sont des produits chimiques « fabriqués ou naturels ne contenant pas d'organisme vivant »:
    • « Produits phytopharmaceutiques (directives européennes 91/414/CEE)[2] : les substances actives et les préparations contenant une ou plusieurs substances actives qui sont présentées sous la forme dans laquelle elles sont livrées à l'utilisateur et qui sont destinées à :
      • protéger les végétaux ou les produits végétaux contre tous les organismes nuisibles ou à prévenir leur action, pour autant que ces substances ou préparations ne soient pas autrement définies ci-après;
      • exercer une action sur les processus vitaux des végétaux, pour autant qu'il ne s'agisse pas de substances nutritives (par exemple, les régulateurs de croissance);
      • assurer la conservation des produits végétaux, pour autant que ces substances ou produits ne fassent pas l'objet de dispositions particulières du Conseil ou de la Commission concernant les agents conservateurs;
      • détruire les végétaux indésirables ou détruire les parties de végétaux, freiner ou prévenir une croissance indésirable des végétaux »
    • « produits biocides (directives européennes 98/8/CE)[3]: Les substances actives et les préparations contenant une ou plusieurs substances actives qui sont présentées sous la forme dans laquelle elles sont livrées à l'utilisateur, qui sont destinées à détruire, repousser ou rendre inoffensifs les organismes nuisibles, à en prévenir l'action ou à les combattre de toute autre manière, par une action chimique ou biologique. »
    • Les médicaments vétérinaires et à destination humaine (directives européennes 2001/82/CE[4] et 2001/83/CE[5])
  2. Base de donnée statistiques mondiale sur les pesticides (Système Harmonisé (SH) sous le code 3808) FAO, [FAOSTAT] (données sous droit d'auteur, pour usage personnel, « toutes les références aux données de FAOSTAT devront mentionner l'URL approprié et la date d'accès ».
  3. a, b, c et d Audrey Pissard, Vincent Van Bol, Juan David Piñeros Garcet, Péter Harcz & Luc PussemierCalcul d’indicateurs de risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires. Étude préliminaire : détermination du niveau d’utilisation de pesticides en Région Wallonne. Rapport final Août 2005, CERVA/CODA/VAR, Centre d’Etude et de Recherches Vétérinaires et Agrochimiques, Tervuren ; étude financée par la D.G.R.N.E. Wallonne pour la réalisation des rapports sur l'état de l'environnement wallon
  4. « rapport de l'Office Parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, [lire en ligne]
  5. « La réduction des usages de pesticides : le plan Ecophyto 2018, [lire en ligne]
  6. rapport INRA "Ecophyto R&D" Consulté 2010/02/01
  7. Perspectives à long terme pour réduire l'utilisation des pesticides dans le maïs, 28 avril 2011, en anglais
  8. site UIPP
  9. conférence de presse de l'UIPP (Union des industries de la protection des plantes ; producteurs de pesticides), 22 juin 2010
  10. voir art 188 page 218 de la loi Grenelle II
  11. Ecological Economics, In Press, Corrected Proof, Available online 26 May 2011 An economic analysis of the possibility of reducing pesticides in French field crops Original (Résumé)
  12. Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l’agriculture biologique, AFSSA - juil 2003
  13. Bustos-Obregon, E. and R. I. Goicochea (2002). "Pesticide soil contamination mainly affects earthworm male reproductive parameters." Asian Journal of Andrology 4(3): 195-199.
  14. ORP : Observatoire des résidus de pesticides
  15. étude sur les pesticides dans de l'air échantillonné de mars 2003 (année exceptionnellement sèche et chaude) à Mars 2005), la première à inclure le glyphosate, produit qui était antérieurement non recherché car très difficile à mesurer dans l'air (il le reste, car se fixant mal sur les filtres adsorbant disponibles)
  16. BRIAND O.  ; SEUX R.  ; MILLET M.  ; CLEMENT M. ; Influence de la pluviométrie sur la contamination de l'atmosphère et des eaux de pluie par les pesticides ; Revue des sciences de l'eau ; 2002, vol. 15, no4, pp. 767-787 ; 21 pages ; Ed : Lavoisier] (ISSN:0992-7158) (Fiche Inist CNRS avec Résumé)
  17. a, b, c, d et e La qualité de l'eau et assainissement en France : Rapport de l'OPECST n° 2152 (2002-2003) de M. Gérard MIQUEL, fait au nom de l'Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et techniques (PDF,2,2 Moctets), déposé le 18 mars 2003, Voir 5 - Les pesticides dans les eaux de pluie ; Audition du Dr René SEUX, Professeur à l'école nationale de santé publique, consulté 2011/02/27
  18. a et b Commissariat général au développement durable, [6], CGDD, Service de l’économie, de l’évaluation et de l’intégration du développement durable ; Septembre 2011 ISSN:2102-4723
  19. Étude Maternal-child exposure via the placenta to environmental chemical substances with hormonal activity conduite à l’Université de Grenade par Maria José Lopez
  20. (en)bin/abstract/112660877/ABSTRACT Pesticide exposure and risk for Parkinson's disease, A Ascherio, H Chen, M Weisskopf, E O'Reilly, M McCullough, E Calle, M Schwarzschild, M Thun, Annals of Neurology, 2006;60;197-203
  21. En France, le 12 mai 2006, pour la première fois, un tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) (celui de Bourges, Département du Cher) a reconnu comme maladie professionnelle la maladie de Parkinson dont souffrait un ancien salarié agricole, M. V., 52 ans qui a développé les symptômes de cette maladie à 44 ans (en 1998) et qu'il a été prouvé qu’il avait manipulé de grandes quantités de produits phytosanitaires au cours de sa vie professionnelle.
  22. Étude Agrican
  23. Expertise collective de l’Inserm, Cancer et environnement, octobre 2008
  24. étude conduite par Isabelle Baldi (Institut de santé publique, d'épidémiologie et de développement, Bordeaux) dans le sud-ouest viticole français, publiée mardi 5 juin 2007 en ligne, dans la revue britannique spécialisée Occupational and Environmental Medicine, qui confirme de premiers résultats de mars 2006. L'étude portait sur 221 adultes de Gironde ayant une tumeur cérébrale et 442 témoins « sains ».
  25. Occupational exposure to pesticides and lymphoid neoplasms among men: results of a French case-control study, A. Monnereau et al., 2009
  26. J. Agopian et al., Agricultural pesticide exposure and the molecular connection to lymphomagenesis, 2009
  27. Anses, Réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles Rapport scientifique
  28. Action 15 de la Nouvelle stratégie européenne (2011) pour la biodiversité - Renforcer les régimes phytosanitaires et zoosanitaires de l'UE 15
  29. a et b Questions parlementaires 17 février 2011 E-001436/2011 Question parlementaire européenne avec demande de réponse écrite à la Commission sur « Augmentation considérable du nombre de dérogations pour l'utilisation non autorisée de pesticides en 2010 » (selon Article 117 du règlement) par Frédérique Ries (ALDE) , Alojz Peterle (PPE) , Dan Jørgensen (S&D) , Corinne Lepage (ALDE) et Michèle Rivasi (Verts/ALE)
  30. [PDF] Garrigou et al., Apports de l'ergotoxicologie à l’évaluation de l’efficacité réelle des EPI devant protéger du risque phytosanitaire : de l’analyse de la contamination au processus collectif d’alerte, 2008 (Résumé)
  31. a, b, c et d Vertigo, Volume 9 Numéro 3, décembre 2009, Le coût humain des pesticides : comment les viticulteurs et les techniciens viticoles français font face au risque, Christian Nicourt et Jean Max Girault
  32. Europhyt (présentation, en anglais), consulté 2010/09/27
  33. [Communiqué United Press International du 4 mars 2008, intitulé « EPA report covers children's enviro-health »
  34. Règlement CE n° 1107/2009 du Parlement européen et du Conseil concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques
  35. a, b, c, d et e Réponse écrite à une question posée en vertu de l'Article 117 du règlement, par Chris Davies (ALDE) sur l'usage de pesticides interdits (réponse faire pa M. Dalli (au nom de la Commission) le 23.3.2011)
  36. L'article 8.4 de la directive 91/414/CE concernant la mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques et l'article 53 du règlement (CE) no 1107/2009 concernant la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques permettent également de telles dérogations permettant l'usage provisoire (120 jours) de produits interdits
  37. conformément aux dispositions de l'article 8, paragraphe 4, de la directive 91/414/CEE
  38. Questions parlementaires à la Commission (11 février 2011 E-001196/), portant sur l'utilisation de pesticides interdits et demandant réponse écrite en vertu de l'Article 117 du règlement, posée par Chris Davies (ALDE) et réponse de M. Dalli (au nom de la Commission) le 23.3.2011)
  39. d'après données collectées par Holt, J. S. and H. M. Lebaron. 1990. in "Significance and distribution of herbicide resistance"
  40. ANSES Avis et rapport relatifs à l’étude de l’alimentation totale française 2 (EAT 2) - Tome 2 : Résidus de pesticides, additifs, acrylamide,hydrocarbures aromatiques polycycliques, 21/06/2011

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