Chapter Text
Chapitre 1
La pluie tombait à torrent aux alentours de la ville de Forks, comme cela était souvent le cas. Sur la route traversant la forêt et allant jusqu’à elle : une Dodge Caravan noire. Au travers d’une épaisse purée de pois, son conducteur peinait à se diriger convenablement. Pas un panneau n’avait éclairé sa lanterne depuis plusieurs kilomètres. Lui et son copilote commençaient sérieusement à fatiguer. Leur fuite effrénée devait prendre fin à l’orée de la ville. Mais plus ils se rapprochaient de leur destination, plus le temps leur semblait long.
A l’arrière du véhicule, les roulis du moteur et le clapotis de l’eau avaient glané les dernières forces de leur petit protégé, qui s’était endormit aussi paisiblement que lui permettait son esprit torturé. Le peu de paix qui lui était accordé fit sourire Sirius, l’apprenti copilote, lorsqu’il se tourna vers lui.
« -Nous avons perdu Harry, chuchota t-il. »
Severus jeta un coup d’œil furtif au rétroviseur pour vérifier ses dires. Le jeune brun était en position semi allongé. Sa tête posée sur un manteau roulé en boule. Ses cheveux noirs corbeaux, mi-longs, lui tombaient sur le visage. Sirius bailla à s’en décrocher la mâchoire.
« -J’adorerais pouvoir faire comme lui.
-N’y pense même pas ! J’ai besoin de toi pour m’aider à m’y retrouver dans ce brouillard. »
Sirius leva les mains en signe d’apaisement et continua à scruter l’horizon. Tant de concentration achevait de les épuiser, mais ils ne pouvaient s’offrir le luxe de s’arrêter maintenant. Ils devaient parvenir à destination avant la nuit tombée, ou sinon…
Soudain, ce fût la révélation. Forks s’annonçait enfin. Ne restait plus qu’à trouver leur nouvelle résidence. Elle devait se trouver à mi chemin entre la fin de la ville, et la réserve indienne. Le souci c’est qu’il avait beau scruter son plan aussi méticuleusement que possible, il ne savait toujours pas par où passer.
« -Sirius ! Où dois-je aller ? demanda Severus alors qu’il stoppait leur voiture à un feu.
-Nom de Merlin ! Si je le savais Severus, je te le dirais ! Mais cette foutue carte est une vraie vacherie ! »
A bout, Severus braqua son volant. Sur le bitume détrempé, les pneus grincèrent de concert. Sirius fut emporté contre la vitre.
« -Non Mais T’es Pas Bien ! S’égosilla t-il en se massant le crâne.
-Chuuuuut. Tu vas réveiller Harry. »
Sans plus de cérémonie, il se gara en trompe sur un parking de gravier en face d’un commissariat.
« -Voilà, les réponses à nos questions se trouvent dans ce bâtiment, déclara t-il en se calant confortablement dans son fauteuil.
-Hin-hin, fit Sirius. »
Severus lui jeta un regard torve, et un sourire goguenard.
« -C’est l’heure pour le chien de prendre sa douche annuelle. »
Sirius se mit à râler et souffla un bon coup avant de sortir en vitesse de l’habitacle et de se diriger encore plus vite vers les portes vitrées du commissariat, la « foutue carte » au-dessus de la tête, en guise de parapluie. Il y resta suffisamment longtemps pour que Severus se laisse bercer par le clapotis de l’eau sur la carrosserie. Un bruit finit par le tirer de sa rêverie. Harry grogna un peu dans son sommeil. Severus détacha sa ceinture et l’observa quelques instants. Du jeune homme, il ne voyait que la tête dépasser d’une couverture dans laquelle il s’était enroulé. Son visage était pâle, ses yeux cernés, ses joues bien trop creuses. Il le vit remuer sur l’oreiller de fortune qu’il avait fait avec leurs blousons. Il respira leur odeur, comme un enfant le ferait avec un doudou. Puis, il ouvrit un œil.
« -On est arrivé ? Demanda-t-il d’une voix rauque.
-Non. Pas encore. Tu peux te rendormir Poussin. »
Sans en demander d’avantage, « Poussin » retomba dans un profond sommeil. Severus avait bien fait de lui donner un filtre de paix à son insu lors de leur dernier arrêt. Leur petit protégé avait du sommeil à rattraper. Son homme revint sur ces entres-faits, trempé jusqu’aux os !
« -Le chérif Swan va nous y conduire, énonça-t-il.
-C’est gentil à lui. »
Plus tard, ils suivirent une voiture de police, jusqu’à la sortie de la ville, près de la réserve Indienne.
La propriété était immense. Le Manoir aussi, comme ils avaient pu le constater avant d’arriver en Amérique. C’était une ancienne propriété des Blacks, abandonnée depuis plus d'un siècle. Ils avaient pu la retrouver grâce aux nombreuses recherches des Gobelins et des Services de Protection des Témoins du MACUSA. Les Blacks avaient voulu s'implanter dans l'Ouest et vivre le rêve Américain. Mais ils avaient vite déchanté après l'épisode de Salem et c'étaient enfui, Ils avaient laissé là leur fils cracmol qui avait épousé la fille du Chef de la tribut Quileute. Ils avaient laissé le Manoir et ses vieilles histoires derrières eux et préféré vivre dans la réserve. On n'avait plus jamais entendu parlé de lui. Et puis lors d'une inspection de routine quelques mois plus tôt, le MACUSA avait découvert la Meute de Change-formes, qui protégeait la réserve. De génération en génération, les guerriers de la tribu se changeaient en loups géants. L’apprenant, le MACUSA leur proposa de les aider à protéger leur secret et quoi de mieux pour leur apprendre le lois magiques que des membres éloignés de la famille du Chef. Les demandeurs d’asiles allaient se trouver une couverture des plus adéquates tout en retrouvant l’ancienne propriété de la très noble famille.
Le chérif Swan se gara devant un portail démesuré. Signe ostentatoire, s’il en est, de la présence de la très grande maison des Blacks.
« -Il avait l’air moins imposant sur les photos, soupira Sirius. »
Son compagnon ne put qu’hocher la tête, bien d’accord avec lui. Ce portail était presque aussi grand que les grilles de Poudlard. C’était dire !
Leur guide sortit de sa voiture, le visage abrité par un grand chapeau de cuir. Sirius abaissa sa vitre.
« -Messieurs Bienvenue chez vous ! Ravis de pouvoir mettre une tête sur ceux qui ont demandé de faire ces rénovations ! Ce manoir prenait des airs de maison hanté. Les gosses du coin s’y sont souvent retrouvés pour se faire peur. N’hésitez pas à contacter le poste si jamais ils reviennent. Je vous laisse vous installer. Bienvenue à Forks !
-Merci Chérif.
-Bonsoir Messieurs.
-Au revoir ! »
Les deux sorciers le regardèrent partir. Puis Sirius alla ouvrir le portail. Severus s’engouffra dans l’ouverture et roula tranquillement sur le gravier jusqu’au manoir de style victorien. Il se gara devant la porte du garage et attendit que Sirius aille lui ouvrit de l’intérieur. L’Animagus disparu entre les murs de leur nouvelle et grande maison, avant de réapparaître derrière la porte coulissante.
« -Les meubles ont été montés et les cartons sont dans les pièces appropriées. Nous n’avons plus qu’à aller nous coucher et nous installer demain. »
Severus coupa le moteur, sortit de l'habitacle, ouvrit la portière arrière et prit Harry dans ses bras. Sirius s'occupa des valises et les monta à sa suite. Ils grimpèrent ainsi chargé jusqu’au grenier aménagé spécialement pour Harry. Ils le bordèrent tendrement espérant que ses cauchemars le laisseraient tranquille encore quelques heures. Ils prirent tout de même le temps de poser un babyphone sur la table de chevet, puisque la magie ne leur était pas encore autorisée, ils ne pouvaient lancer un sort de surveillance. Si l'adolescent se réveillait après un cauchemar dans une maison inconnue, il risquait fort de faire une crise de panique et ils seraient rassurés de l'entendre et de pouvoir intervenir au plus vite. Puis ils allèrent se coucher sans demander leur reste.
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Lorsque son esprit sortit du sommeil, Harry commença par sentir son corps. D’abord son visage, ses mains, ses pieds, ses jambes,… Il appréciait cet instant, où l’esprit ne tourne pas encore. Où le cœur est anesthésié. Aucun des deux ne semblait avoir de souvenir. Aucune douleur, ni de remord ou de regret. Malheureusement, cela ne durait jamais longtemps. Seulement quelques minutes d'une paix totale. Jusqu’à ce que la machine reparte.
Souvenirs et sentiments surgissaient enfin comme la lame océanique d’une tempête. Elle ravageait la paix et le silence si durement acquise pendant ses courtes périodes de sommeil. Anéantit, le rempart de duvet que lui faisait ses couvertures lui semblait insurmontable. Il ne souhaitait plus rien connaître de son monde. Qu’importe qu’il soit tout neuf et qu’il n’ait plus qu’à si faire de nouveaux souvenirs…
Il avait tort de se cacher, car le cocon fabriqué par ses parrains et aménagé par les elfes du MACUSA, à leur demande, était parfait.
La chambre était mansardée, immense et ressemblait plus à un studio. Elle était divisée en deux alcôves. Toutes deux avaient les murs d’un blanc crème, Sauf les murs de parements au deux extrémités. Son lit était adossé à l'un et une immense cheminée habillait l'autre.
Sa chambre était légèrement surélevée, et lui donnait l'impression d'être juchée sur une estrade. Il y avait une porte qui menait à une salle de bain attenante et une autre à son dressing. Ce dernier était plein à craquer. Merci Draco et son goût prononcé pour la mode…
« -Je t’interdis de garder ses frusques qui te donnent un air de péquenaud sortit tout droit de sa cambrousse ! »
Telles avaient été ses paroles avant qu’ils ne quittent la France pour l’Amérique. Qui aurait pût lui en vouloir ? Ses frusques, comme il disait, il les avait héritées de son cousin Dudley, ce qui était loin d’être le summum de l’élégance. Que ce soit pour Sir Malfoy ou pour quelqu’un d’autre.
Au milieu trônait le lit, à ses pieds sa malle. Sous la fenêtre, qui faisait comme une avancée de toit, une banquette capitonnée en velours vert, et un nombre incalculable de coussin aussi moelleux qu'un nuage. De là Harry pouvait contempler la croisée à chaque nuit d’insomnie, lire ou même dessiner. A côté, Hedwige avait un beau perchoir de cuivre et de bois, tout en arabesque, où était suspendus nourriture et jouet. Elle pouvait sortir à tout instant, par une lucarne magique située juste au dessus de la fenêtre.
Deux marches plus bas, se trouvait dans le salon, bibliothèque, et cinéma privé, car on pouvait voir un projecteur accroché à une des poutres. Il y avait aussi un immense bureau qui se trouverais bientôt agrémenté de tout son matériel de dessin. Devant la cheminée, organisée en U, un canapé clic-clac de couleur crème et deux fauteuils jumeaux de chaque côté. Ainsi qu’une table basse. Chacun avait son jeu de coussins verts et chocolat. Les rideaux de la baie vitrée étaient dans les mêmes teintes. Le tout encadré par quatre bibliothèques de bois sombre, sculptées dans un style oriental. Vides pour l’instant. Les elfes n’avaient pas touché aux cartons contentant les affaires très personnelles des exilés. Des appliques de cuivre étaient accrochées au mur. Finement ouvragées, elles distillaient une douce lumière dans toute la pièce.
Hedwige voyait tout de son perchoir, et se trouva mieux logé que jamais. Elle aurait voulu que son maître en profite également. Elle hulula et s’envola à travers la chambre jusqu’à son oreiller. Elle se mit à picorer la touffe de cheveux qui dépassait légèrement. Harry fut si surpris qu’il se redressa complètement. La chouette s’ébroua et pencha sa belle tête de côté pour qu’il la caresse.
Harry fut heureux de la voir. Elle avait traversé l’Atlantique se raccrochant à sa loyauté et à son amour pour lui, pour venir à bout de son périple. Mué par son exemple, Harry finit par trouver le courage d’affronter ce monde qui lui faisait si peur. Ce qui lui prit quelques minutes de plus.
Le contact du parquet ciré le fit frissonner. Ses yeux se posèrent sur son nouvel environnement, encore tout gonflés de sommeil, ils ne lui permettaient pas de voir aussi nettement qu'il l'aurait voulu. Il frotta ses paupières, avant de se traîner jusqu'à la salle de bain pour mieux se passer de l'eau sur le visage. Une fois les contours de son monde de nouveau net et précis, il prit un djean délavé et un sweet-shirt, dans le premier carton venu où était inscrit « vêtements ». Une fois fait, il descendit les deux étages, Hedwige sur l’épaule gauche.
Severus et Sirius étaient dans la cuisine. Ici aussi c'était le chantier. La vaisselle était étalée sur la table et le plan de travail, encore emballée dans du papier bulle ou en train de sécher sur l'évier. Les placards étaient tous ouverts et prêts à contenir toute la porcelaine possible. Severus essuyait la vaisselle, tandis que Sirius savonnait.
Harry les observa, ils semblaient être aimantés, comme incapable d'être trop loin l'un de l'autre. Lorsqu'il lui arrivait de songer à l'avenir, parce que son esprit n'était pas obscurci par trop de malheur, Harry se surprenait à souhaiter une pareille relation. Ses parrains s'aimaient plus que tout malgré des années de séparations et d'épreuves en tout genre. Plus qu'au premier jour. Ils ne pouvaient concevoir de vivre sans leur compagnon. Ils n'avaient de cesse de se séduire, de se chamailler pour un oui ou pour un non, espérant secrètement une réconciliation de plus sur l'oreiller.
C'était peut-être ça, leur secret ? Savoir se disputer pour mieux faire la paix ensuite de la plus douce et de la plus passionnée des façons. Ils étaient complices, sur la même longueur d'ondes ou presque... Ils étaient fait pour être ensemble, c'était immuable et ça leur avaient permis de survivre toutes ces années. Il semblait à Harry que si une chose dans le monde ne devait jamais changer c'était celle-là. Il se raccrochait désespérément à cette idée. Pourvut qu'il lui arrive la même chose.
Hululant soudain, Hedwige mit fin à ce charmant tableau. Le visage des deux hommes s’illumina. Sirius délassa son éponge pour aller vers lui:
« -Mais qui voilà?! Si ce n'est pas mon filleul préféré! »
Il s'avança doucement et posa une main sur l'épaule du dit filleul, lui laissant la possibilité de fuir le contact s'il ne se sentait pas assez fort pour le supporter. Sa magie était si puissante, que ses capacités augmentaient de façon exponentielle. Il se faisait l'effet d'être une sorte de super héros en pleine mutation génétique. Toutes les semaines, une nouvelle faculté à appréhender, puis à contrôler.
L'énergie des autres, leur magie, leurs souvenirs, leurs peurs, leur joies, leurs regrets, se saisissaient de lui avec tant de force, que parfois il perdait le contrôle. De tout, son corps, son esprit, sa magie.... Comment parvenir à vivre avec ses traumas et ceux des autres ? Il avait plusieurs fois manqué devenir fou. Et au lieu de l'aider, certains « amis » et « bienfaiteurs » l'avaient enfermé comme un animal dans l'aile de haute sécurité du département psychiatrique de Sainte Mangouste....
Il serra la main de Sirius et respira un grand coup. Heureusement, Sirius et Severus possédaient des boucliers d'Occlumencie dès plus performants. Cela limitait les interférences. Mais il ne pourrait pas supporter plus que cela aujourd'hui. Il avait encore trop de mal à être lui-même.
Il lui sourit et répondit d'une voix encore rauque de sommeil.
« -Je suis ton unique filleul Sirius. Bonjour Sev'.
-Bonjour Poussin, lui répondit le potionniste en lui baisant furtivement le front. Ta chambre te plaît ?
-Oui beaucoup, elle est parfaite! Merci!
-Ravi qu'elle te plaise. »
Harry se dirigea vers un des cartons où le nom de sa chouette était inscrit. Il y retira une boîte de miam hibou et entreprit de la nourrir.
« -Qu'est ce qui te plairait pour le petit déjeuner ? Demanda Sirius avec la même énergie qu'un jeune chien.
-Vous êtes déjà allez faire les courses? »
Merlin ! Combien de temps avait-il dormi ?
-Le MACUSA nous offre nos repas jusqu'à ce que nous soyons installés. Un elfe est à notre disposition, expliqua Severus.
-C'est cool, s'enchanta Harry. »
Il aurait voulut paraître plus enthousiasme, mais il n'y parvenait pas. Les ombres de la nuit maltraitaient encore son cœur en plus de son estomac et il n'était pas sûr de parvenir à manger...
« -On va passer commande de tout ce qui est possible et imaginable ! Histoire de fêter notre emménagement ! S'exclama l'animagus.
-Goinfre. »
Pour toute réponse sa tendre moitié se contenta de lui tirer la langue. La seconde suivante, Sirius prit le torchon imbibé d'eau en pleine figure.
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Dans la matinée, un employé du MACUSA atterri dans leur jardin grâce à un portoloin, pour finir d'enclencher les dernières protections du Manoir et des hectares qui l'englobaient. Ainsi aucune personne non autorisée ne pourrait y pénétrer. Il y avait également des alarmes qui préviendraient les Aurors en cas d'attaque ou d'intrusion de sorcier Britannique, entre autre. Il ouvrit également les cheminées du Manoir pour que la psychomage d'Harry, la Doctoresse Julia Sagne, puisse venir le voir pour ses séances. Une fois tout cela fait, les trois sorciers eurent la certitude de pouvoir enfin faire de la Magie, sans que quiconque ne puisse les détecter. Cela leur était déjà arrivé une fois et ils n'étaient pas question de recommencer...
Tandis que ses parrains aménageaient les pièces de la maison, Harry fit de même avec ses affaires. Il libéra sa Magie, comme on libère un oiseau de sa cage et la guida vers les différents cartons, pour ranger ses effets personnels. D'abord son matériel de dessin. Il installa son chevalet devant la baie vitrée et rangea ses toiles déjà montées prêt de la cheminée. Sur le bureau, se rangèrent les mallettes, les trousses et le pots, contenant ses feutres à alcool, quelques marqueurs, une armée de crayons, des aquarelles et autre peinture à l'huile. Puis ce fut au tour de ses carnets de croquis. Certains se glissèrent dans les tiroirs d'autres se rangèrent dans une des bibliothèques, cela étaient déjà terminés. Il agitait doucement les mains, à l'image d'un chef d'orchestre, quoiqu'il n'avait plus de baguette, d'ailleurs cela faisait bien longtemps qu'il n'en avait plus besoin.
Une fois fait, il s'attaqua aux cartons notés livres. Le plus gros de la collection des Black avait été récupéré grâce aux Gobelins. Ainsi tout ce que Dumbledore avait subtilisé et tout ce qui se trouvait encore au square de Londres avaient été rapatrié dans les coffres de Gringots, il en allait de même avec la bibliothèque des Princes et des Potter. Les ouvrages les plus controversés, précieux et ou dangereux, étaient bien en sécurité à la banque, les autres avaient été envoyé à Forks et attendaient d'être rangé dans l'immense bibliothèque sur deux étages, qu'il avait hâte de visiter.
Les livres qu'il avait devant lui n'était que sa petite collection personnelle, tous les ouvrages qu'Hermione lui avait conseillé de lire toutes ses années, romans moldus, traités de Magie, et autres, ainsi que ses livres d'écoles et tout ceux qui pourraient lui servir pour exercer sa magie continuellement, étaient rassemblés ici, dans une dizaine de cartons. S'y ajoutait les différents titres en Français qu'il tenait de Fleur, et ceux en Russe qu'il tenait de Victor. Peu de gens le savaient mais il avait sympathisé avec les autres champions et encore plus pendant la guerre. Ils lui avaient été d'un grand soutient et d'une grande aide. Ils avaient appris la langue de l'autre et cette exercice, loin d'être enseigné à Poudlard, lui plaisait beaucoup.
Pour dire la vérité, il y avait un monde entre ce que les gens pensaient de lui, ce qu'ils voulaient de lui et ce qu'il était. On l'avait bridé pendant de longues années, de façon détourné ou non. Il avait toujours plus ou moins senti qu'il était nettement en dessous de ce qu'il pouvait faire. Il avait eu l'habitude d'être médiocre avec les Dursley. Rapporter de meilleures notes que son cousin lui avait coûté très cher... Alors il avait gardé cette habitude, cachait ce qu'il faisait et ce qu'il aimait faire, sortant des sentiers battus. Hermione et Ron le savaient. Ils l'avaient remarqué au courant de la deuxième année. Compte tenu de l'aide apporté par les adultes depuis leur entrée à Poudlard, les sous estimer semblait être la meilleure stratégie. Surtout pour Harry.
Hermione lui passait ses devoirs Arithmomancie et de Runes régulièrement. Ron faisait l'idiot pour endormir tout le monde, et leur stratégie avait marché, pendant un temps... Et puis un jour...
Une insidieuse douleur, qu'il ne connaissait que trop bien le prit dans la poitrine. Il porta une main à son cœur, l'autre sur son sternum. Le premier battait soudain de façon erratique et l'autre semblait se ratatiner pour empêcher ses poumons de se remplir d'air. Les livres se mirent à voler dans la pièces comme autant de chauve souris furieuses prêtent à vous bondir dessus. Une alarme s'enclencha dans la maison, tandis qu'il peinait à reprendre souffle et que la crise de panique le privait de ses maigres forces.
Des points noirs apparurent devant ses yeux au moment où ses jambes le lâchèrent. Il serait probablement tombé au sol, si Severus ne l'avait pas rattrapé. Il avait accouru dès les premières notes de l'alarme pour l'aider à gérer sa crise, une de plus... IL n'aurait pas dût ! Non ! Il n'aurait pas dût penser à Ron et Hermione, non non non...
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Pendant ce temps, Sirius faisait ses emplettes dans le supermarché moldus de Forks. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas été seul pour un tel exercice et maintenant qu'il y était il se souvenait pourquoi...
Grand moment de solitude face à sa liste de course longue comme le bras et des rayons emplis de centaines de marques qui proposaient Toutes ! Relativement la même chose au pourcent prêt ! Les moldus aimaient se compliquer la vie ! Planté devant les étals, il s’en était sorti sans dommage au rayon fruits et légumes.
A le voir ainsi, avec son air mi- absorbé, mi- agacé, il n’était pas passé inaperçu. Toutes les ménagères avaient les yeux braqué sur lui, ravies de croiser un nouvel arrivant, beau, ténébreux, et faisant les courses pour sa petite famille. Il se sentait comme une pauvre gazelle sur le point de se faire bouffer par une meute de louves affamées, le regard fauve et la bave aux lèvres.
La partie la plus déprimante de l’histoire, se passa à la caisse. Sirius était tombé sur une jeune fille peu aimable, et d’une lenteur sans pareil. Le « tut » incessant des produits sur la douchette était à deux doigts de le rendre complètement dingue. Sans compter ses yeux de poisson mort et cette façon parfaitement crispante qu’elle avait de mâcher son chewing-gum. La bouche ouverte comme un ruminant qui regarde le train passer, entre deux bulles qu’elle prenait un malin plaisir à faire éclater aussi bruyamment que possible.
Merlin lui vienne en aide ! Il allait passer la nuit-là si elle continuait son cirque !
Au bout d’une longue demi-heure, il finit par sortir, sans avoir commis un meurtre. Ses sacs de courses remplis à ras bord ne l’empêchèrent qu’à peine de courir ventre à terre vers sa voiture. Il en avait oublié qu’il n’avait pas conduit depuis plus de 16 ans et que l’aller avait déjà été une rude épreuve. Severus avait beau lui répéter que ce n’était pas plus difficile que sa moto, chaque fois il en avait des sueurs froides. Vu l’état de nerfs dans lequel il était… Il se demanda s’il allait rentrer en un seul morceau au manoir. Et c’était sans compter sur les moldus qui étaient des fous du volant !
Il finit tout de même par arriver à bon port, sans trop de frayeur.
Il trouva la maison étrangement silencieuse et se dépêcha de ranger les courses d'un coup de baguette. Il allait pour monter à l'étage pour s'enquérir de l'état de sa petite famille, lorsque Severus arriva à sa rencontre, la mine lasse et préoccupée.
«-Tout va bien ? Demanda-t-il fébrile.
-Harry a fait une crise de panique, souffla le potionniste d'une petite voix. Tout est sous contrôle, mais il est épuisé. Alors je l'ai couché avec une dose de filtre de paix. »
Sirius soupira avant de se laisser tomber sur un des canapés du salon.
« -J'ai hâte que le Dr Sagne revienne pour ajuster son traitement... On a quitté Menton si vite...
-Faudra remercier ce Cher Directeur lorsque nous le croiserons... J'ai quelques maléfices en réserve.... »
Sans crier gare, Sirius saisit son compagnon et l'allongea à demi sur le canapé avant de recouvrir son corps du sien et de ravir ses lèvres.
« -Tu m’excites quand tu fais cette tête, murmura-t-il contre son oreille. Mon Serpentard revanchard et si charismatique...Faudra que tu viennes avec moi la prochaine fois que je pars faire les courses... »
Il n'avait de cesse de le caresser partout où il pouvait, éveillant son désir coincé contre une de ses cuisses. Le potionniste avait les yeux brillants et le souffle court. Cela faisait longtemps...
« -Pourquoi, réussit-il à demander.
-Les ménagères sont folles dans cette ville ! J’ai cru que j’allais me faire bouffer !
-Je te plaindrais presque, ria Severus. Si je me souviens bien, ça ne te déplaisais pas autant il y a quelques années. Tu trouvais ça amusant.
-Moui… Mais c’était avant ! Maintenant, ça me fait flipper ! »
Le potionniste s’approcha lascivement et murmura tout contre ses lèvres :
« -Il va falloir que je leur montre à qui tu appartiens, n'est ce pas ?»
Le Serpentard saisit les fesses de l'animagus et les malaxa longuement, jusqu'à entendre Sirius haleter.
« -Tu aimerais cela ? Demanda-t-il en lui mordant le lobe d'oreille. Que je te baise jusqu'à ce que tu portes mes couleurs ?
-Oh ouiiii... »