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Chapter Text

Il n’avait jamais vu les couleurs.

Même lorsqu’il n’était encore qu’un pantin de bois, qu’une marionnette qui n’avait rien d’humain, il ne voyait le monde qu’en noir et blanc et son univers était uniquement constellé d’une infinité de nuances de gris.

Geppetto lui avait alors expliqué, lui avait parlé du principe des âmes-sœurs, du fait qu’on ne voyait le monde tel qu’il était vraiment, avec les couleurs, que lorsqu’on voyait son âme-sœur pour la première fois.

Une fois transformé en véritable petit garçon, il avait continué de voir le monde en noir et blanc, en espérant qu’en grandissant il rencontrerait celle ou celui qui lui permettrait d’enfin voir les couleurs.

Sauf que peu de temps après, la méchante reine avait lancé le Sort Noir et il s’était retrouvé propulsé seul dans le monde sans magie avec un bébé et une mission qu’il n’était pas sûr de pouvoir accomplir.

Seulement voilà.

Il n’y avait pas de magie dans le monde sans magie.

Et le concept d’âme-sœur ne semblait pas y exister, ne pouvait pas marcher puisque c’était la magie qui indiquait à ceux qui ne voyaient pas les couleurs quelle était la personne à laquelle ils étaient destinés lorsqu’ils la rencontraient.

Du moins ce fut ce qu’il en conclut en arrivant dans le monde sans magie et que le gris qui peuplait d’ordinaire son champ de vision disparut quelques secondes après son arrivée dans la forêt entièrement vide.

Ainsi, une fois passé le choc du voyage à travers l’armoire magique, Pinocchio, en découvrant le bleu du ciel pour la première fois, ne put s’empêcher de se sentir un petit peu déçu.

§§§§

Même en arrivant à Storybrooke, rien ne changea, il continuait de voir les couleurs, ce qui prouvait bien qu’il n’y avait pas de magie en ville.

Si il n’avait pas été si préoccupé par le fait d’avoir enfin trouvé la ville où vivaient son père et les autres personnes maudites, et si il ne s’était pas demandé si Emma allait oui ou non parvenir à trouver le chemin de Storybrooke (puisqu’il ne l’y avait pas guidée alors qu’il aurait dû le faire) il s’en serait probablement attristé.

Sauf qu’il n’était plus un enfant, et qu’au final dans ce monde les âmes-sœurs n’étaient rien de plus qu’un conte de fées pour enfants.

Alors à quoi bon y croire ?

§§§§

Il ne s’était pas attendu à ce que Henry Mills s’avère être la clef qui allait sans doute les aider à briser la malédiction, parce qu’il y croyait, parce qu’il avait fini par ramener Emma alors que lui avait échoué.

Il ne s’attendait pas non plus à rencontrer un chasseur devenu shérif, ou à partir dans une quête folle pour retrouver son cœur et le sauver du contrôle de Regina, pourtant, c’était arrivé.

Il ne s’attendait pas non plus à en tomber amoureux.

Et pas une seule fois, il ne s’imagina que Graham puisse être son âme-sœur.

Ce n’est pas comme si il y avait des âmes-sœurs dans le monde sans magie, non ?

§§§§

Ironiquement, ce fut Rumplestiltskin qui lui donna tort, en amenant la magie à Storybrooke.

Il sut aussitôt, en fait il aurait su même si la fumée violette n’avait pas envahi les rues, il sut quand, en rouvrant les yeux, il ne vit rien à part du gris.

Oh.

Oh, en effet.

Ce n’était pas du tout prévu ça.

Il était de nouveau déçu, et pas vraiment très motivé à l’idée de devoir voir en noir et blanc à nouveau, il s’était rapidement habitué à voir le monde en couleurs, surtout après vingt-huit ans passés à les voir.

Il soupira, avant que la voix d’un autre membre de l’opération Cobra ne le tire de ses pensées.

« Je pense que ton père te cherche en ce moment. »

Se tournant vers Graham pour lui répondre, il se figea en croisant son regard et en réalisant que pour la première fois depuis que le Ténébreux avait ramené la magie dans ce monde, il voyait à nouveau les couleurs.

Et au vu du choc dans les yeux de son petit-ami, il n’était pas le seul.

Alors, il sourit en réalisant qu’il avait eu tort.

Il avait une âme-sœur finalement.

Il lui avait fallu juste un peu de temps pour enfin la trouver.

Chapter Text

C’était terrifiant.

C’était le mot qui, selon August, convenait le plus à la situation.

Ce qui était terrifiant là-dedans, c’était le fait d’avoir un cœur dans les mains.

Un vrai cœur, un cœur battant, lumineux, enchanté, arraché injustement de la poitrine de son propriétaire.

Henry avait eu raison, évidemment, comme il avait raison sur à peu près tout depuis le début, et Pinocchio aurait vraiment aimé qu’Emma le croit, ça leur aurait facilité la vie à tous.

Mais voilà, la Sauveuse était bornée et têtue et elle ne croyait pas en la malédiction, et c’était entièrement de sa faute, alors il allait devoir faire avec.

Déjà, ils avaient trouvé le cœur de Graham, et même si ce n’était pas grand-chose, c’était une victoire de plus arrachée à la méchante reine.

Et alors qu’il le lui rendait, qu’il le remettait dans sa cage thoracique, que Graham redevenait enfin lui-même, le shérif lui sourit.

Et l’ancien pantin de bois ne se demanda pas pour quelle raison c’était son cœur à lui qui battait d’une manière rapide et désordonnée désormais.

Il aurait bien le temps de répondre à cette question plus tard, une fois la malédiction brisée par exemple.

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Pinocchio se souvenait bien de la Forêt Enchantée.

Il se souvenait de son père, il se souvenait de ne pas avoir de mère, d’être né par magie et d’avoir été un pantin de bois, une marionnette avant d’enfin être transformé en humain.

Il se souvenait qu’il était le Sauveur aussi.

Il l’avait toujours su, il avait été littéralement créé pour ça, c’était son destin, d’être un héros, de briser le Sort Noir.

Et ça le terrifiait.

Lorsque lui et Emma, la princesse du royaume, chargée de veiller sur lui, avaient dû passer par l’armoire magique pour aller dans le monde sans magie, il avait été terrorisé.

C’était elle qui l’avait rassuré, c’était elle qui l’avait guidé alors même qu’elle avait aussi peur que lui, qu’elle aussi allait devoir grandir sans parents dans un monde qu’aucun d’eux deux ne connaissait.

Les années avaient passé, il avait grandi, et il avait continué à avoir peur.

Sa peur avait grandi elle aussi alors qu’ils ne parvenaient pas à retrouver Storybrooke.

Et si ils n’y arrivaient jamais ?

Et si ils ne retrouvaient pas le chemin de la maison ?

Et si jamais il échouait  ?

§§§§

Il était supposé être un héros.

Être un Sauveur.

Être courageux.

Sincère, altruiste et courageux .

Il n’était pas sûr d’être capable d’être une seule de ces choses.

Il n’était qu’August, un auteur, un écrivain qui s’était découvert ce talent caché de raconter des histoires alors qu’il grandissait peu à peu et qu’Emma faisait tout qu’il ait la vie la plus normale possible.

Trouver Storybrooke n’avait rien changé.

Il était rentré à la maison, et alors ?

Comment pouvait-il appeler cet endroit maison alors que personne ne se souvenait de lui ?

§§§§

Il n’aimait pas Graham.

Vraiment pas, il n’aimait pas la manière dont il faisait tout pour le chasser de la ville, dont il ne semblait être rien de plus que le pantin de Regina.

Il avait été un pantin lui aussi autrefois.

Il ne souhaitait ça à personne.

§§§§

Il n’avait pas de cœur.

Graham, le shérif, le chasseur, son cœur lui avait été arraché.

August comprenait mieux maintenant.

§§§§

«  Je… je ne ressens plus rien du tout. Je voudrais juste pouvoir ressentir quelque chose. »

August comprenait, évidemment.

Il aurait juste aimé que le shérif ait eu une autre raison que ça de l’embrasser, il aurait voulu que ce soit vrai, que ce soit réel, que ce soit sincère .

Mais comment réussir à être sincère quand on avait littéralement pas de cœur ?

§§§§

Il avait son cœur.

Et maintenant il ressentait et tout était différent, ce que lui et August pouvaient avoir était réel.

Et alors qu’ils s’embrassaient et partageaient un baiser du véritable amour, brisant la malédiction, August réalisa pleinement à quel point ça l’était.

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Le shérif Graham n’avait véritablement rencontré Pinocchio qu’après la fin de la malédiction.

En tant que chasseur doté de tous ses souvenirs et en sachant que l’auteur était en réalité l’ancien pantin de bois.

Et ayant son cœur aussi.

Ça avait toute son importance.

Avant cela, privé d’émotions, de souvenirs et de sentiments, il avait vécu à Storybrooke en côtoyant August sans en penser grand-chose.

Puis il avait récupéré son cœur grâce à Emma, puis ses souvenirs et les choses avaient changé.

Il s’était souvenu de ce que Regina lui avait fait, de ce qu’elle lui avait infligé, de sa souffrance et il était devenu évident que toute une vie de thérapie avec Archie ne serait probablement pas suffisant pour réussir à guérir.

C’était en allant le voir qu’il avait croisé August et de fil en aiguille ils avaient fini par discuter, devenir ami, et plus tard, bien plus, alors que l’ancienne marionnette finissait par trouver un moyen de devenir humain à nouveau.

Graham se souvenait assez peu des premiers jours qui avaient suivi la fin de la malédiction, tant tout était flou et confus dans sa tête.

Mais il savait en revanche qu’il se souviendrait toujours de leur premier baiser.

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Si il y avait bien une chose que le shérif Graham aimait faire, c’était regarder son petit-ami travailler sur son livre.

Si il s’était souvenu avoir été le Chasseur, il se serait rappelé qu’autrefois, quand il vivait dans les bois, les livres n’étaient pas ce qu’il maniait le plus souvent ou avec le plus d’habileté , mais plutôt l’arc et les flèches ou les couteaux.

Mais voilà, il ne se rappelait pas.

Et ça, August le savait très bien.

Tout comme il savait très bien ce que la méchante reine lui avait fait, qu’elle l’avait privé de son cœur, et qu’au final, il n’était pas sûr que ce qu’ils avaient ensemble soit vraiment réel ou ne dure parce qu’il avait un creux à la place du cœur.

«  Encore une histoire de contes de fée je suppose, s’amusa Graham, et August lui sourit même si le cœur n’y était clairement pas.

- Évidemment, lui répondit-il, tu sais bien que c’est ce que je sais raconter de mieux. »

Surtout quand il s’agissait de sa propre histoire, de leur histoire.

Ainsi, même si Emma n’arrivait jamais à Storybrooke, même si la malédiction n’était jamais brisée, au moins, il pourrait hurler la vérité quelque part sans que personne n’en sache jamais rien.

C’était la seule consolation qu’il avait réussi à trouver.

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Graham détestait profondément la magie maintenant.

C’était la magie qui avait donné la vie à August, certes, mais aujourd'hui, c’était la magie aussi qui le lui reprenait, qui remplaçait August par Pinocchio, l’homme qu’il aimait par l’enfant qu’il était autrefois, avant la malédiction.

En théorie, la magie réparait, remettait les choses telles qu’elles devaient être, lui donnait l’enfance qu’il aurait toujours dû avoir, que la malédiction leur avait volée, à lui et Emma.

C’était vrai, et le shérif ne le niait pas.

Mais il aimait August, l’homme adulte qu’il était devenu, avec ses qualités, ses défauts, ses failles, sa culpabilité et ses erreurs, et la magie le lui avait volé et maintenant il était redevenu un enfant qui l’avait oublié.

Il avait perdu pour peut-être toujours celui qui l’avait aidé à reprendre pied quand il avait récupéré son cœur et ses souvenirs.

La seule chose qu’il pouvait faire, c’était aider son père à s’occuper de lui quand il avait besoin d’aide avec Pinocchio, parce qu’il ne voulait pas le perdre complètement.

Ça et espérer pour qu’un jour enfin, August lui soit rendu, comme avant, et qu’il se souvienne enfin de lui, qu’il l’aime à nouveau, comme autrefois.

Il voulait juste récupérer sa fin heureuse.

Était-ce trop demander ?

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Nerveux n’aurait sans doute pas été suffisant pour décrire l’état émotionnel dans lequel se trouvait August Booth actuellement.

En même temps, ce n’était pas tous les jours qu’on faisait une balade en forêt avec son petit-ami pour rencontrer l’animal de compagnie du dit petit-ami qui en plus de ça était un putain de loup.

Bordel.

Pourquoi il avait dit oui lui déjà ?

Ah oui, il était faible, un crétin amoureux et surtout il n’avait aucun instinct de conservation ou de survie c’est vrai.

«  Ça va bien se passer, le rassura Graham. »

Il aurait aimé être aussi confiant que lui, vraiment.

En arrivant à Storybrooke, précédant Emma de quelques jours, il ne s’était pas imaginé que les choses se dérouleraient ainsi.

Il n’avait pas vraiment signé pour ça, mais hé au moins la malédiction était brisée et ils étaient tous libres maintenant.

Et lui il allait rencontrer un loup.

Tout. Allait. Bien.

Aussi, alors qu’il avançait la main pour caresser le pelage de la bête, il regretta presque de ne plus être en bois.

Au moins si le loup le mordait, ça ferait moins mal que s’il était fait de chair.

« Je crois qu’il t’aime bien, s’amusa le Chasseur, et August s’autorisa enfin à respirer.

- Et moi qui pensais que la vie dans le monde sans magie était dangereuse, marmonna-t-il. »

Graham éclata de rire et August sourit, se souvenant que c’était dans ces moments qu’il se souvenait qu’il serait capable de faire toutes les folies pour lui.

Y compris risquer de se faire dévorer par un énorme loup.

Détail.

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Le loup ne se souvenait pas avoir déjà vu son humain être heureux comme ça.

En vérité, aucun des membres de la meute ne s’en souvenait, parce que cet humain qui avait grandi parmi eux, élevé par eux, qu’on appelait autrefois le chasseur et qui se nommait désormais Graham, avait toujours eu un air sombre et triste.

Lorsqu’il vivait au sein de leur meute, il était seul, loin des humains, mais sa vie lui convenait, du moins ça semblait être le cas.

Et puis il avait disparu, d’un seul coup, pour ne réapparaître que des décennies plus tard, sans même sembler les reconnaître.

Maintenant, tout était différent.

Maintenant ses yeux brillaient, il souriait, et surtout il n’était pas seul.

Il ne semblait pas aussi désespéré qu’il pouvait l’être autrefois, quand la malédiction n’était pas encore brisée et qu’il ne se souvenait plus de qui il était.

Alors le loup ne savait pas vraiment qui était l’autre humain, ce August, que Graham avait emmené pour qu’il les rencontre et qu’il semblait aimer, et dans le fond ça n’avait pas d’importance.

S’il rendait heureux cet humain qui faisait parti de sa meute, alors ça lui suffisait amplement.