Work Text:
Ça faisait quelques jours que Liam avait des soupçons sur la fidélité du docteur Traoul. Il leur avait promis maintes fois qu'il ne travaillait qu'avec eux, mais les Families se méfiaient quand même. Et inévitablement, un matin, la vérité éclata : Traoul travaillait aussi avec les Vagos. En plus d'être sacrément con, et d'avoir envoyé par erreur à Liam un message destiné à Lenny.
Les Families n'allaient pas laisser passer ça, et se mirent tous d'accord sur le fait que le docteur devait apprendre qu'on ne se moquait pas des Verts comme ça. Ils donnèrent rendez-vous à Traoul en prétextant vouloir acheter des trousses de soin, et ils choisirent une ruelle bien sombre depuis laquelle personne ne l'entendrait appeler à l'aide. Mais, comme rien ne se passait comme il le fallait dans cette ville, le docteur ne se pointa pas au rendez-vous. Après une dizaine de minutes à attendre dans la ruelle, ils décidèrent de partir, et qu'ils allaient régler le problème un autre moment.
Liam contacta directement Vanessa, pour lui demander où il pouvait trouver Traoul. Elle lui répondit dans la seconde avec l'emploi du temps détaillé du docteur et les lieux où il était le plus probable qu'il se trouve, ainsi qu'un plan du LSMS en PDF avec la position de son bureau mis en évidence. Elle avait l'air de ne vraiment pas aimer son collègue.
Ces informations avec lui, Liam prit la route du LSMS, son fidèle cran d'arrêt dans la poche. Et quelques armes à feu, au cas où. Il était seul, les autres Families avaient déjà perdu assez de temps et avaient des livraisons à rattraper. Il se gara très mal, juste devant les portes de l'hôpital : il n'en aurait pas pour très longtemps, de toute façon.
D'un pas pressé, Liam parcourut le hall de l'hôpital et monta aux étages de bureau, là où Vanessa avait indiqué qu'il pourrait trouver le traître. Il arriva rapidement devant une porte où un post-it griffonné avait été scotché.
" Docteur Traoul - Ne pas entrer "
Liam entra.
La pièce ressemblait plus à un laboratoire de savant fou qu’à un bureau. Partout, des fioles, des tubes à essais, et d'autres récipients dont Liam ne connaissait pas les noms étaient remplis de différents liquides, de toutes les couleurs, tous plus étranges que les autres. Au milieu de la pièce, concentré sur ce qu'il faisait, le docteur Traoul, en blouse blanche, ne l'avait même pas entendu arriver. Liam sourit. L'autre homme s'apprêtait à avoir la peur de sa vie. Il sortit son couteau, et se racla la gorge. Le docteur sursauta, et quand il reconnut l'irlandais, lui lança un regard terrifié.
"Liam! Euh, désolé de pas vous avoir répondu," bredouilla-t-il, tout en reculant, "J'avais un souci avec mon téléphone. On va trouver un arrangement, hein?"
L'irlandais ricana et commença à jouer avec son couteau. Il s'avança, l'air menaçant, et rapidement Traoul ne put plus reculer, et tenta de bafouiller quelques excuses en gardant les yeux sur l'arme de Liam. Plus qu'un pas, et il pourrait attaquer. Le Families avait l'habitude, et il savait très bien comment planter quelqu'un pour éviter ses organes vitaux, mais en lui faisant assez mal pour qu'il s'en souvienne toute sa vie. Le docteur, dans une dernière tentative, essaya de passer derrière la table contre laquelle il était acculé. En faisant ça, il fit tomber presque tout ce qui était dessus, et une fiole alla se briser sur le torse de Liam. Ce dernier pesta en voyant que ses vêtements étaient tachés - Marcello allait encore râler - puis une sensation désagréable sur son bras lui fit remarquer qu’il en avait aussi sur la peau.
“Putain, j’en ai partout sur le bras, c’est pas corrosif ta merde j’espère ?”
“Euh…” Traoul réfléchit. “je sais plus trop ce que c’était, en fait.”
Cette réponse énerva encore plus Liam, mais alors qu’il levait la main pour le poignarder pour de bon, il fut pris d'un malaise soudain, et dût faire un pas en arrière. Sa tête lui tournait, et il se sentait mal, comme si un voile venait lui embrumer l'esprit. Il recula encore, confus, et finit par trébucher et se retrouva par terre.
Liam resta quelques secondes, sonné, au sol, avant d'entendre Traoul demander d'un ton inquiet :
"Vous allez bien, Liam?"
L'irlandais sentit deux doigts se poser sur son cou, comme pour prendre son poul, et il frissonna au contact. Il ouvrit les yeux, et prit soudain conscience de la proximité de l'autre homme. Il entendait sa respiration et sentait son souffle contre sa peau. Ses yeux le scrutaient, et il eut l'air soulagé quand il vit que Liam avait repris conscience.
Le Families se sentit rougir sous le regard du docteur. Merde, pourquoi est-ce qu'il ne remarquait que maintenant que le docteur n'était pas si mal, en fait ? Et depuis quand est-ce qu'il lui faisait autant d'effet, comme ça ?
"Liam?" La voix de Traoul le renvoya dans la réalité. "Vous m'entendez?"
" Je… " Merde, il n'arrivait même plus à remettre le doigt sur pourquoi il était ici. Il avait beau essayer de se concentrer, ses pensées le ramenaient au visage soucieux de l'homme penché sur lui. Une main attentionnée se posa sur son épaule, et le docteur lui lança un regard d'encouragement.
"Ouais, ça va," finit par répondre Liam.
Du coin de l'œil, il aperçut son couteau, par terre. Voilà pourquoi il était là. Il devait poignarder Traoul. Cette pensée mit mal à l'aise l'irlandais. Ce n'était pas si grave, ce que le docteur avait fait, après tout, et il avait sûrement une bonne raison. S'il y avait bien quelqu'un dans cette ville qui méritait une seconde chance, c'était lui.
"Je crois qu'on est partis du mauvais pied, toi et moi, " commença Liam, le cœur battant. "Ça te dirait d'aller boire un verre? "
Traoul sourit.
"Oui, ça me va très bien, Liam."
*
Et plus tard, dans la nuit, quand Liam rentra à Forum Drive, le voile brumeux sur son esprit s'étant dissipé, et que les autres lui demandèrent comment la mission s'était passée, et pourquoi il était parti aussi longtemps, Liam se garda bien de leur dire qu'il avait invité Traoul à boire un verre, puis qu'ils étaient allés danser, et qu’ils avaient passé une bonne partie de la nuit ensemble.
Et même si Liam ne comprenait pas tellement ce qui lui était passé par la tête, il se surprit à regretter de ne pas avoir embrassé le docteur.