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Quatrième partie
Lorsque Dessel se sentit reprendre conscience, il était de retour dans sa chambre. Sec, enroulé grossièrement dans une serviette de bain, assis au sol près de la porte.
Il cligna des yeux, dérouté.
Un ronflement sonore le sortit de sa torpeur et de sa confusion, et il tourna vivement la tête vers l'origine du bruit. Hurst était allongé en travers de sa couchette, et dormait du sommeil de l'ivrogne dans ses bleus de travail crasseux.
Dess ne savait pas depuis combien de temps son père pouvait être rentré, ni combien de temps il était lui-même revenu dans la chambre en pilotage automatique. La petite horloge luminescente accrochée au mur en face de lui affichait une heure particulièrement tardive, et il réalisa seulement en cet instant que la nuit était tombée de l'autre côté de la fenêtre sans volets.
Son dernier souvenir semblait être l'air triomphant de Keetal, dans la cabine de douche, et l'adolescent frissonna en imaginant sans mal ce qui avait pu provoquer son euphorie. Beaucoup de choses étaient floues dans sa tête, et il se dit que c'était peut-être mieux comme cela, après tout.
Il se leva péniblement, et chancela sur ses deux jambes encore maigrelettes. Il troqua rapidement sa serviette de bain pour les vêtements propres qu'il avait préparés et posés sur sa couchette. Il refusa de s'attarder sur son propre corps, conscient qu'il pourrait y trouver des choses qui pourraient ne pas lui plaire, ou bien éveiller dans son esprit des souvenirs récents qu'il ne voulait surtout pas voir ressurgir.
Il s'allongea, et recroquevilla rapidement son grand corps encore sans masse musculaire en position fœtale. Il se sentait exténué, lessivé à la fois par le travail et la terreur, mais il savait qu'il ne dormirait pas – et il craignait le sommeil, potentiel catalyseur de pensées terrifiantes, réelles ou fabriquées de toutes pièces.
Aucune méthode ne lui avait permis d'échapper aux griffes de Keetal, tout comme aucune méthode n'avait pu l'empêcher de tomber sous les coups de Hurst. Il semblait donc fortement probable que le voisin de palier recommence ses agissements ignobles, une ou plusieurs fois, tout comme il était certain que le monstre ronflant sur l'autre couchette continuerait de se faire un plaisir à le rouer de coups.
Telle était la vie sur Apatros.