Bravo à Stéphanie Trouillard qui vient de recevoir le Prix Patrick Quentin 2024 pour son oeuvre et son engagement dans la transmission, que nous sommes fiers d'accompagner, décerné par la Licra !
#luttecontreleracisme #licra #desrondsdanslo
Je fatigue ma famille avec mes sempiternelles questions, mes demandes insistantes pour aller fouiller dans les greniers, mes visites dans les cimetières : certains préféreraient que je laisse les morts là où ils sont. Pourquoi remuer la terre de nos ancêtres ? A quoi cela nous avance-t-il ? Ils ne ressusciteront pas et ils n'ont pas demandé qu'on les dérange. D'autres rient de mon obsession historique. "Un véritable passe-temps de vieux, à la limite du glauque ou du carrément macabre", aux dires de certains. Ce n'est pas sain de côtoyer autant les morts ! Une jeune femme n'a-t-elle pas mieux à faire que de passer son temps à prendre des cafés avec des personnes âgées ou de mettre son nez dans des documents poussiéreux ? Pourquoi ne consacres-tu pas ton énergie au temps présent ? Vis ta vie au lieu de regarder vers le passé ! Tous les jours, je me heurte à un mur d'incompréhension ou à des sarcasmes.
Je pense que les Grecs avaient raison de considérer comme plus grande souffrance, celle de ne plus voir la lumière du soleil. Pouvoir respirer de l'herbe, voir le soleil dans les champs, et à défaut, voir même les couchers de soleil à Paris, admirer les étoiles, c'est bien la première joie. La joie est bien en nous.
Je voudrais pouvoir lire, lire en ne m'arrêtant que pour penser à mes lectures.
Je comprends maintenant ce texte latin que j'ai traduit en 5ème et dont je ne me rappelle plus que ceci "Un homme ayant perdu ses biens, dont les filles ont été emmenées en esclavage, et qui dit on ne m'a pas pris ma richesse car ma richesse est en moi"
Bien sûr que si. J'ai peur que papa se fasse de nouveau arrêter. J'ai peur de disparaître comme certains de nos camarades. J'ai peur de ne plus pourvoir retourner à l'école à la rentrée. J'ai peur de ne plus pouvoir étudier...
Si mon grand-père était face à moi, je le saoulerais de questions à n'en plus finir. Cela m'aurait certainement fait gagner du temps dans mes recherches, mais m'aurait-il tout dit ? En retraçant le parcours d'André, je comprends mieux ses silences et ses regards vagues. Il a voulu nous protéger de la violence des hommes de de sa propre douleur. Pourquoi nous infliger ce qu'il avait vécu ?
Elle était promise à un bel avenir mais ils l'ont tuée. J'ai voulu la protéger mais je n'y suis pas arrivée.
J'ai vraiment l'impression de courir depuis des mois après un fantôme. André a vécu 23 ans ; mais, à en croire mes vaines recherches, personne ne se souvient de lui. Personne ne l'a vu, ne l'a entendu, ne l'a connu. Je finis même parfois par douter de son existence. J'assiste en quelque sorte à sa seconde mort. Les hommes qui l'ont tué n'ont pas seulement écourté sa vie ; ils l'ont aussi plongé dans un éternel oubli. Il ne reste rien de ce petit résistant, mis à part cette photo, une pochette d'archives et une petite-nièce qui s'acharne à vouloir le ressusciter.
Pouvoir respirer l'odeur de l'herbe, voir le soleil dans les champs, et à défaut, voir même les couchers de soleil à Paris, admirer les étoiles, c'est bien la première joie. La joie est bien en nous.
Vous voulez que je choisisse un livre qui sera mon ami pendant plusieurs années ? Existe-t-il un chef-d'œuvre assez parfait pour répondre à toutes mes exigences ? Un tel livre doit me distraire en me faisant oublier les horreurs de la vie, me redonner du courage. Il doit aussi me former le caractère et surtout, il faut que je le relise sans me lasser.