Lire, c’est devenir une autre pour quelques heures.
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Dans les romans, même les personnages les plus tristes, avaient leurs moments de joie et de rédemption, et je les enviais.
Je réalise que j’ai toujours cru vouloir être aimée, alors que tout était bien plus simple. Je n’avais pas besoin d’être aimée. j’avais besoin d’être acceptée.
Nous ne nous contentons pas de condamner tel ou telle à cinq ou dix ans de prison. Notre système transforme chaque jugement en un jugement à vie. Chaque peine de prison est à perpétuité.
La pire erreur que j’aie commise aura été de bâtir mon identité autour des pires choses que j’avais pu faire.
En vérité, la réinsertion est un casse-tête quasi insoluble. Pour rester en liberté conditionnelle, il faut un travail. Pour trouver un travail, il faut remplir un dossier et cocher la case " Casier judiciaire ", qui empêche de trouver un travail. Si vous y arrivez quand même, il vous faudra un toit pour être à l'heure chaque matin. Mais pour ça, il vous faut un travail. Le système tout entier est une absurdité, et pour quel résultat ? Les anciens prisonniers ont dix fois plus de chances que les autres de se retrouver SDF.. et les SDF ont onze fois plus de chances d'être envoyés en prison. (...) Tout le système de réinsertion est vicié, illogique dans sa conception et médiocre dans son exécution.
Je pense avoir accompli beaucoup de bonnes choses dans ma vie. Beaucoup de mauvaises, aussi. Elles ne s'annulent pas mutuellement ; elles cohabitent, voilà tout. Et j'ai fini par comprendre que le pire que j'aie jamais fait n'était pas de tomber dans la drogue, de voler ou de mentir. La pire erreur que j'aie commise aura été de bâtir mon identité autour des pires choses que j'avais pu faire. J'en ai voulu à tant de gens de ne pas être capables de regarder au-delà de mon passé - mais la première qui restait bloquée sur ce passé sans parvenir à voir au-delà, c'était bien moi.
Écrire, c'était le seul moyen de donner un sens à mon enfance cabossée -à ma famille, mes peurs, les sensations, tout ce monde qui bouillonnait à l'intérieur. En écrivant, je devenais une meilleure version de moi-même. Plus lucide, mais aussi plus courageuse : sur le papier, les mots faisaient tomber une à une les barrières qui me retenaient.
La vérité, c'est que je n'ai jamais eu qu'une seule addiction - la mère de toutes les addictions, peut-être : le besoin de m'échapper. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours pensé qu'il y avait mieux à trouver ailleurs. Une meilleure version de moi-même. Les livres m'ont aidée à fuir mon enfance.
Et je ne parle pas ici d'une consolation face à des angoisses existentielles précoces, non : avec les livres, je m'échappais. Littéralement.
Le vrai pouvoir, c’est le pouvoir de dire les choses à haute voix, et de contrôler sa propre histoire, comme on contrôle une entreprise ou un organe de presse.
Le vrai pouvoir, c’est celui de pouvoir mettre son nom sur les choses. Et de profiter de sa position pour mettre en lumière d’autres personnes, afin qu’ à leur tour elles trouvent leur propre pouvoir.
Dans mes rêveries, parfois, j’imagine qu’en me voyant pour la première fois, le dalaï-lama reconnaîtra immédiatement quelqu’un de spécial.
En bien ou en mal, selon mon humeur, mon imaginaire est très flexible.