Nothing Special   »   [go: up one dir, main page]

Academia.eduAcademia.edu
DEVELOPPEMENT DURABLE DU TOURISME Le tourisme artificiel Bruno VEDRINE Novembre 2014 La croissance touristique ne se ralentit pas. Le chiffre d’un milliard de touristes par an est dépassé. Il confirme que le marché mondial du tourisme est présent et extrêmement compétitif. En 2013, la France est restée le pays le plus visité au monde avec 84,7 millions de touristes étrangers. La croissance des arrivées s'établit à + 2,0 %. La hausse des nuitées est plus dynamique : elle atteint + 4,6 %. Ce surcroît résulte d’un allongement des séjours des touristes étrangers en France, une tendance longue dans un pays parfois qualifié « de transit ». Les touristes européens sont les principaux contributeurs à la hausse des arrivées et, plus encore, des nuitées. Les touristes asiatiques sont à nouveau venus massivement (+ 12,9 % d’arrivées) mais leurs séjours sont plus courts qu'en 2012. La lente érosion de la part de l’hébergement marchand, engagée en 2009 avec la crise économique, a repris après un rebond en 2012. Ce sont les constats d’aujourd’hui, que seront-ils dans l’avenir ? Comment sera le tourisme demain ? Qu’elle sera la place de la France ? Le développement durable a pris sa place avec plus ou moins de constance, comment le marché va-t-il s’adapter ? Que souhaitera le touriste et comment se comportera-t-il ? Quelles vont être les réponses face à un tourisme mondial et de masse ? Faut-il créer des espaces dédiées à la consommation touristique, quelle que soit la thématique ? SOMMAIRE LA VALEUR EMBLEMATIQUE DU TERRITOIRE LA DIMENSION DE L’ESPACE : L’ETENDU L’ANATOMIE DE L’ESPACE : L’ENVIRONNEMENT LE FIL D’ARIANE TOURISTIQUE : L’EAU LE VECTEUR DE L’ESPACE : LE DEPLACEMENT LA PROBLEMATIQUE DU TERRITOIRE 2.1 LES ESPACES LEGITIMES 2.2 LES ESPACES SOCIAUX 2.3 LES ESPACES IMAGINAIRES 2.4 LES ESPACES MOBILES L’HOMO TOURISTICUS 3.1 LA PERSONNALISATION 3.2 LA MOBILITE 3.3 LA CONNEXION 3.4 LA SIMPLIFICATION LA VISION DURABLE DU TOURISME 4.1 LES FAITS ECONOMIQUES 4.2 LES FAITS POLITIQUES 4.3 LES PERSPECTIVES L’AVENIR D’UN TOURISME ARTIFICIEL 5.1 DE LA THEORIE A LA PRATIQUE 5.2 LES SITES AUTHENTIQUES 5.3 LES SITES ONIRIQUES 5.4 LES SITES SIMULES CONCLUSION PROPOS INTRODUCTIFS Si, le tourisme a commencé véritablement en Europe et dans le Nord de l’Amérique, dés la fin du XIXiéme siècle et le début du XX iéme siècle, le XXIeme siécle sera celui d’un tourisme mondial. Les transports ont une nouvelle fois modifié les paramètres du tourisme. Ce fût le cas, historiquement pour son émergence, c’est le cas pour son développement planétaire. Le tourisme de masse et les technologies de la communication modifient le rapport de l’homme à l’espace et au temps. Les conséquences sur son comportement présent et futur sont importantes. Elles créent un nouveau consommateur touristique. Le monde fait face à une révolution qui modifiera en profondeur les rouages économiques, qui touchent le voyage, la communication, l’usage des territoires, les espaces touristiques. Cette révolution arrive après une succession de phase de développement : La première est arrivée dans les années 60 avec l’accessibilité aux voyages pour un plus grand nombre. Elle a commencé à bouleverser la vision du monde et rapprocher les touristes des lieux qui paraissaient inaccessibles. Elle s’est effectuée par couche sociale successive, en partant des catégories sociales les plus élevées. Le transport aérien et les voyages organisés sont devenus de plus en plus abordables et la hausse des revenus moyens ou le crédit à la consommation ont permis à des individus de voyager vers des lieux de plus en plus éloignés de leur domicile. La deuxième est apparue avec les nouveaux moyens de communication qui ont permis à des millions de personnes de réserver des vols, des hôtels, des voitures et des forfaits sans l’entremise d’une agence de voyages. La troisième est celle du comportement. Une tendance très forte s’est fait jour avec l’émergence d’un individualisme porteur avec plus ou moins de réalité d’une prise de conscience du développement durable. Cette variation dépend très fortement de la maturité des individus dans leur manière de consommer le tourisme et des gouvernants dans leur approche environnementale. Ainsi, la France a accompagné ce mouvement par une politique réglementaire structurante depuis une vingtaine d’années : les Lois littorale et montagne en sont le parfait exemple. Mais ce n’est que, globalement, depuis 2005, que la prise de conscience s’est diffusé chez les professionnels et les touristes dans leur politique et leur choix. Tous ces changements rapides des dernières années ont des conséquences sur notre vision classique du tourisme. Tout d’abord, sur la valeur emblématique du territoire. Sa composition se fonde sur des éléments dits primaires mais qui fondent bien le périmètre : le paysage, la mer, la montagne, la campagne. Enfin, la dimension des territoires touristiques et leur qualité ; surtout leurs identités. Depuis peu, ils se créent, se modifient, s’adaptent à la demande touristique. Si certains sont des destinations classiques et matérielles, d’autres territoires sont plus innovants. Ils se définissent par rapport à l’homme. Son autonomie dans son comportement est devenue un vecteur du développement du tourisme. Le touriste d’aujourd’hui veut s’identifier à l’explorateur d’hier. Une sorte de syndrome de la Pérouse ou plutôt de James Cook qui, lui, revint en Angleterre. Il a bien préparé son périple, Il revient plus fort des expériences menées, il a ignoré les dangers grâce à la qualité de son expédition, il rapporte des souvenirs, et fait des conférences. Ce côté est une des bases du tourisme et prend aujourd’hui une dimension économique jamais atteinte. Sa transformation aux couleurs du développement durable implique une lucidité pour gérer la fréquentation. C’est le tourisme artificiel dont les perspectives sont grandissantes. LA VALEUR EMBLEMATIQUE DU TERRITOIRE LA DIMENSION DE L’ESPACE : L’ETENDU Le tourisme est le premier secteur économique devant l’automobile et l’énergie ; il emploie dans le monde 234 millions de personnes. Secteur transversal, il apparaît de façon ponctuelle ou partielle dans d’autres secteurs de l’économie. Cette originalité peut s’avérer une contrainte au moment de sa définition ou de son évaluation et de son impact. En 2006, le montant des recettes internationales réalisées par le tourisme s’établissait à 586 milliards d’euros pour 800 millions de visiteurs. Les pays émergents commencent à tirer leur épingle du jeu. Dans la région asiatique : la Chine, mais aussi le Vietnam, le Cambodge, la Thaïlande, la Corée du sud, et en Amérique du sud : le Brésil, et depuis peu, les Emirats Arabes. Même les pays en voie de développement se positionnent. Sur la base d’une politique nationale, le tourisme devient la principale source de devises étrangères. C’est le cas pour 28 des 49 pays les moins avancés. Ainsi les touristes apportaient aux pays en développement trois fois plus de ressources que l’aide publique au développement fournie par les pays de l’OCDE. Tous apportent majoritairement apportent, au-delà d’une vision patrimoniale, la notion d’espace. C’est l’émergence de nouveaux territoires. Cette couverture complète de la planète apporte une diversité et une différence apte à satisfaire les touristes. Elle renoue pour une clientèle de plus en plus nombreuse avec l’essence même de la quête d’un ailleurs réservé dans un premier temps à une élite. Toutefois cette recherche concerne aussi l’Europe qui reste pour l’instant, la première destination touristique mondiale avec 480 millions de visiteurs (2007). C’est à la fois une destination culturelle pour le plus grand nombre, mais aussi naturelle pour une clientèle interne. Les espaces de l’Europe centrale, de la Scandinavie, mais aussi de la France répondent à une demande constante pour la découverte d’espaces naturels. C’est une opportunité, notamment pour les pays entrants européens. Ainsi le tourisme compte pour 10% du PIB européen et emploie prés de 20 millions de personnes. C’est une priorité de l’union européenne. Une compétition s’engage entre les différents pays membres. La France dans ce contexte, première destination historique touristique doit évoluer. 112.2 Milliards d’euros de consommation touristique annuelle dont environ 55% imputables à la France apportent une spécificité qui est sujette à la crise économique. Sa place dans le trio de têtes des recettes touristiques après les Etats-Unis et l’Espagne est chaque année remise en cause par une compétitivité de plus en plus forte. Ces deux pays sont assez caractéristiques d’un positionnement sur la destination espace. Les Etats-Unis avec leurs sites naturels et leurs parcs qui restent la base de la naissance du tourisme au début du XXieme siècle. L’Espagne qui après avoir investi massivement sur les côtes méditerranéenne par une politique effrénée sous la période Franco s’est tournée vers les destinations intérieures avec une politique touristique rurale soutenue par l’Union Européenne. Dans ces conditions, la France doit accompagner une diversité de paysages, mais surtout un patrimoine culturel et historique. Les mesures législatives prises depuis une cinquantaine d’années ont permis d’apporter des réponses techniques qui doivent être suivi par un mouvement professionnel, ce qui reste à prouver en permanence au vu de la comparaison des balances commerciales touristiques des pays leader. L’ANATOMIE DE L’ESPACE : L’ENVIRONNEMENT Prés d’un milliard d’individus se déplacent annuellement et sont responsables d’émissions globales de gaz à effet de serres (GES), pollution qui n’épargne aucun recoin de la planète, des déserts : Sahara, Gobi, à la banquise : Antarctique, des fosses marines à la grande barrière de corail, et aux plus hauts sommets de l’Himalaya. Au banc des accusés, tant le tourisme de masse que d’aventure extrême, au bout du monde (plus de 40.000 touristes par an en antarctique). Ceux-ci font souvent rimer excursion, dégradation des sols et perturbation de la faune en particulier quand ils ne signent pas carrément l’arrêt de mort des lieux qu’ils prétendent faire admirer : les expéditions alpines dans les massifs népalais. Les déchets s’accumulent portés par eux ou gérés de façon sauvage par les pays qui accueillent. L’érosion est au rendez-vous. Le parc régional des volcans d’Auvergne a une politique d’entretien des chemins des puys particulièrement urgente compte tenu de sa fréquentation. L’accès au Puy Mary s’établit à 300 m du sommet par une piste bétonnée destinée à ralentir l’érosion du substrat fait de prés et de rocailles. Enfin, les espèces locales disparaissent ou sont concurrencées par l’introduction anarchique d’espèces exogènes. S’ajoutent la pollution visuelle sur certains visites et le mépris manifesté à l’égard des culturelles locales. La pandémie n’est pas loin. Ebola en est le dernier triste exemple. Dix-neuf îles Galapagos (Equateur) ont quitté la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO pour allonger celle, plus triste, des sites menacés. Les animaux, dérangés, changent de comportement et tout l’équilibre écologique est en danger. L’instauration d’une écotaxe dans un archipel du Brésil n’a pas réussi à faire diminuer le nombre de vacanciers, avec de graves conséquences pour l’environnement, et les autorités locales ont décidé de limiter le nombre de personnes autorisées à y séjourner. En France, des mesures réglementaires ont été prises pour instaurer une taxe pour accéder aux parcs naturels maritimes situés dans des îles. Les sommes sont allouées, de façon globale, aux structures gestionnaires. Le temps est proche pour des autorisations limitées d’accès sur d’autres lieux continentaux. C’est la cas du Parc naturel des calanques. La Machu Pichu (Pérou) pourrait bien intégrer, elle aussi, l’inventaire des chefs d’œuvre en péril, surtout depuis son classement parmi les sept nouvelles merveilles du monde par une fondation suisse. On abat une partie de la forêt tropicale pour faire place à des routes, des hôtels, des boutiques, un aéroport, et cette déforestation entraîne l’érosion des sols et provoque des glissements de terrain. Les « safaris cétacés » se multiplient en méditerranée, pourtant on veut éviter de voir le comportement des mammifères marins se « détraquer », comme dans l’embouchure du Saint Laurent (Canada, province du Québec) où le bruit incessant des moteurs de navires de promenade contraint ces derniers à chanter de plus en plus fort pour communiquer et désertent un lieu unique de rassemblement. Les plus hautes cimes ne sont pas épargnées et l’Everest, déjà strictement réglementé, est devenu la plus haute décharge du monde. Les environnementalistes réclament qu’on en ferme l’accès. Pourtant cet intérêt pour la montagne a suscité une économie touristique importante avec l’émergence de prestations de portage. Des questions chaque année se posent sur l’instauration d’un permis pour l’ascension du Mont-Blanc en raison d’un trop grand nombre de personnes pour des raisons de sécurité, mais aussi d’érosion des sols. S’ajoutent les souvenirs « défendus » et les végétaux rapportés dans les valises qui contribueraient à la dégradation de l’environnement. Ces phénomènes devraient être maîtrisables par un certain nombre de mesures pour ne pas entamer des économies nationales qui se fondent sur le développement d’un tourisme pour leur avenir. Le tourisme de masse attenue ses efforts, il attenue les scénarios de développement durable du tourisme. La fréquentation commence à poser, donc de graves problèmes. Elle atteint des pays qui s’investissent depuis peu dans le tourisme comme la Chine qui souhaitent maîtriser l’apport extérieur de touristes mais aussi les touristes chinois. La fréquentation de sites cultuels pose de réels difficultés. En France, une politique nationale constante de préservation des espaces avec la création des Parcs, du conservatoire du littoral, s’est appuyée sur deux Lois : littoral et montagne qui ont fondé les bases d’une approche environnementale opportune. Le littoral La première remonte au 3 janvier 1986. En réalité, elle n’est qu’une étape importante dans une politique qui remonte après de quarante ans. Les actes fondateurs ont été marqués par une circulaire du 26 novembre 1973 et surtout une directive du 25 août 1979 qui ont définis des objectifs restés à peu prés constants depuis. L’orientation générale est ainsi de concilier la valorisation économique du littoral due au tourisme et aux activités économiques avec la protection d’un patrimoine fragile et exceptionnel. Elle s’appuie sur deux actes majeurs : l’aménagement et la protection. Il s’agit d’aménagement durable avant l’heure. La Loi de 1986 s’inscrit dans la continuité des Lois de décentralisation ; son application centralisée rencontre des difficultés d’application dans des situations locales très diverses et des autorités locales aux compétences concernées par les territoires. Le littoral méditerranéen se détache de conditions harmonieuses d’application, notamment par les grands aménagements des années 1960 avec la création de stations touristiques créés pour accueillir un tourisme de masse. Cette stratégie intimement liée à une politique de développement trouve ses limites aujourd’hui avec une évolution de la consommation touristique. Depuis de multiples dispositifs complètent la loi : les schémas spécifiques au littoral : site, réserve naturelle, zone natura 2000. Les règles de protection restent globalement maintenues comme la zone des 100 mètres pour la construction ou le libre accès au rivage. Toutefois, on note une usure de ces limites sur la demande des édiles locaux pour des raisons de développement et la pression des citoyens attiré par des endroits emblématiques. Cette tendance s’est traduit par des dérogations qui mitent le caractère organisé des zones sensibles. Une expansion rapide et mal maitrisée des espaces humains et économiques serait préoccupante Le conseil national de la mer et des littoraux devrait être une instance de concertation utile. La montagne Cet espace préservé fait depuis longtemps l’objet d’un traitement politique et juridique particulier. Au XIX siècle, des lois spéciales s’attachaient déjà au problème de l’érosion des terrains de montagne et de leur nécessaire restauration. La loi Montagne du 9 janvier 1985 marque toutefois une étape charnière dans l’histoire de la politique de la montagne. Sans exemple comparable en Europe, elle constitue en effet l’aboutissement d’une réflexion sur les régions de montagne et leur devenir. Dépassant une approche jusque-là sectorielle de politiques spécifiques en matière de risques naturels, d’agriculture de montagne, de production énergétique notamment hydraulique, la directive Montagne de 1977, puis, la loi Montagne de 1985 ouvrent le champ à une démarche globale intégrant développement et protection, la loi Montagne préfigure une politique géographique de développement durable avant que l’expression ne soit consacrée. Il ne s’agit plus tant de déployer des réponses techniques et de développer un génie écologique mais de concevoir un projet de territoire et de développement équilibré pour la montagne. Depuis l’adoption de la loi en 1985, la montagne a connu des évolutions profondes et fortement diversifiées de ses territoires : Un renversement démographique qui voit des espaces croissants soumis à la pression conjuguée de l’expansion urbaine, des migrations régionales et générationnelles, pesant sur la disponibilité et le coût du foncier, alors que dans le même temps d’autres territoires de montagnes continuent à perdre des activités et à se dépeupler atteignant des seuils critiques ; Une remise en cause de l’approche économique adoptée par les stations avec une occupation de l’espace fondée sur des modèles plus orientés majoritairement sur des politiques d’équipements que la préservation des espaces. De fortes mutations dans l’agriculture entrainant la déprise des terres les plus fragiles, avec des conséquences dommageables pour la gestion des espaces naturels non protégés, la qualité des paysages et la sécurité des sols. Les objectifs initiaux de la loi définis par le législateur en son article 1, au demeurant, globalement atteints, n’ont plus de ce fait aujourd’hui la même acuité ni la même priorité. Certes, les fondamentaux de la spécificité montagnarde demeurent : surcoût de la plupart des équipements, entretien difficile des paysages, mais également attractivité touristique et résidentielle, qui nécessitent toujours, voire plus que jamais, la définition d’un équilibre entre l’aménagement et la protection pour le développement des espaces disponibles. L’identité de chacun des massifs est aujourd’hui plus lisible et plus porteuse que celle de la montagne en général, mais leurs réalités diverses et la perception même qu’en ont les montagnards ont connu des transformations profondes au cours de ce quart de siècle. Plus encore que ces transformations, c’est le bouleversement des rôles et des moyens des acteurs publics, acteurs de la politique de la montagne qui est, sans doute, l’élément le plus perturbateur du dispositif et des modalités de la politique publique imaginés par le législateur pour ces territoires : montée en puissance des régions, disparition de l’Etat aménageur, complexification du système d’acteurs qui rendent les contributions respectives illisibles et, en conséquence, en limite l’efficience comme l’efficacité. Les potentialités de la France restent réelles aux vues de la demande touristique et des évolutions dictées par le développement durable. Il s’agit peut-être d’une troisième voie à explorer entre rigorisme, facteur de qualité des espaces et l’adaptabilité des territoires touristiques à la demande de la clientèle. La situation de la France au centre de l’Europe, avec la participation à la gestion d’un des plus grands massifs : les Alpes donne des responsabilités. Les Pyrénées, les Vosges et le Jura complètent en donnant à la France, une responsabilité européenne déjà traduit dans les faits par une fréquentation des pays membres qui recherchent la beauté des paysages de montagnes. C’est une densité de population moyenne et une économie fragile, saisonnière qui qualifient ces territoires. L’existence de grands espaces préservés limités qui attirent des touristes internationaux, et la montée régulière du niveau le plus bas de l’enneigement qui semblent bien positionner les stations françaises de haute montagne, sont préoccupants . Toutes ces données impliquent une responsabilité européenne touristique et doit faire réfléchir sur des conditions appropriées de développement durable du tourisme. LE FIL D’ARIANE TOURISTIQUE : L’EAU Le problème majeur : l’eau ! Sous toutes ses formes : froide, chaude, solide, liquide…Qu’elle soit polluée, qu’elle fasse défaut ou que les eaux usées s’écoulent dans n’importe quelles conditions. Le touriste est un grand consommateur d’eau, les infrastructures touristiques usent beaucoup d’eau. Il en est ainsi des golfs et des piscines qui surgissent du sol. Il en est ainsi de la mer de détritus : canettes, sacs en plastique, ballons crevés,… qui vogue en plein Océan Pacifique, jetés du pont d’un bateau, du quai d’un port, ou plus généralement issus de l’activité humaine sur les littoraux. Le ratissage des plages pour obtenir un sable parfait perturbe les écosystèmes du littoral, quand ce ne sont pas les vagues qui finissent par les emporter. Les préoccupations environnementales focalisent l’attention sur l’eau. Les prévisions mettent en évidence une augmentation plus ou moins importante, mais inéluctable du niveau de la mer et de ses conséquences pour une large partie de la population mondiale qui habitent et vivent sur les littoraux. Le bassin méditerranéen toujours première destination mondiale touristique est concerné par ce phénomène. La situation est très inégale entre des pays où le secteur touristique est une priorité, ceux qui ont accompagné un développement anarchique et enfin des pays en voie de développement qui y voient une diversification opportune, mais dont les infrastructures de base sont insuffisantes quand elles ne sont pas déjà préoccupantes pour l’environnement. L’eau, c’est les rivières, les fleuves, les lacs qui sont autant d’éléments attractifs pour le touriste mais qui sont sujets à des variations de niveau. Le changement climatique apporte des conditions pluviométriques qui peuvent avoir des effets néfastes sur, par exemple, les habitations légères de loisirs implantées de façon dans les espaces d’hôtellerie de plein air. Les phénomènes cévenols bien connus dans le sud de la France sont complétés par des épisodes climatiques fondés sur une température différente entre la mer et l’atmosphère qui produisent des dégâts importants. C’est une conséquence du réchauffement climatique. La majorité des localisations de l’hôtellerie de plein air se situent dans des zones inondables. Très peu de responsables en liaison avec les collectivités acceptent des échanges de terrains. Ils verraient baisser la valeur de leur établissement de façon trop forte au bénéfice d’un concurrent. La destination montagne est tout aussi concernée par le problème de l’eau. Une disparition de la neige jusqu’à 1500 mètres annoncée pour la fin du siècle invite à une réflexion sur l’évolution des activités de montagne : ski, sports ludiques,… Des stations comme Abondance ont vu leur domaine skiable ne pas ouvrir certaines saisons, et cette tendance devrait s’accélérer même si on note des périodes d’enneigement convenable. D’autres s’essaient à une diversification, mais n’hésite pas à faire marcher les « enneigeurs » au bas de la station pour apparaître en bonne place sur les sites internet ou Tv et déclencher la réservation du skieur. Les Conseils Généraux concernés sont particulièrement sensibilisés à ce risque aux conséquences économiques, à faire un choix entre les différentes politiques des stations et ont du mal à trouver des diversifications innovantes. Sans compter, les collectivités qui pour l’instant, ont plus une attitude de subvention pour assumer des saisons déficitaires. La réalité de la baisse des contributions de l’Etat va obliger à des choix drastiques. Dans ces conditions, les efforts des stations qui voient leurs domaines skiables entamés de façon pour l’instant temporaire par l’insuffisance de neige, font, donc appel régulièrement à des « enneigeurs » que la profession refuse d’appeler des »canons à neige » pour des questions d’image. Cette technique qui consiste à asperger les pistes d’une eau réfrigérée comportant des composés chimiques, va en croissant d’année en année, se fonde sur des retenues d’eau artificielles de plus en plus importantes et qui ont, pour les environnementalistes, des impacts sur la faune et la flore, quand ce n’est pas sur la desserte en eau des particuliers. En Suisse, Les stations pratiquent cette technique et mettent en place des couvertures pour protéger les pistes de la fonte des neiges. Leur préoccupation est d’autant plus vive qu’avec l’Autriche, la situation de leurs stations dans les vallées est plus que préoccupante et obligent à revoir leur accès aux pistes. Les réseaux de trains peuvent y subvenir mais pas sur l’ensemble du territoire skiable. Toutes ces innovations sont mises en place avec les entreprises du secteur, privées ou semi-publiques, qui restent préoccupés par la baisse du chiffre d’affaires de leurs remontées mécaniques. Enfin, les infrastructures hôtelières. Elles sont consommatrices d’eau et viennent compléter une demande de plus en plus importante. Les activités de loisirs comme les piscines, les golfs d’altitude… sont autant d’éléments qui viennent se greffer sur une gestion de l’eau de plus en plus pointue. C’est le cas des émirats arabes. On ne fait pas de tourisme sans eau. Les émirats l’ont vite compris, eux déjà convaincus de la valeur de l’eau. Ils réalisent des usines de désalinisation à hauteur des projets immobiliers touristiques. Leur objectif de devenir une destination touristique est affichée. La gestion de l’eau devient, avec prés de 7 milliards d’habitants l’un des problèmes vitaux qui touchera l’offre touristique, et certains pays en développement qui ont choisi le tourisme comme facteur de développement devront faire des choix dans une répartition équilibrée avec les citoyens de leur pays. Les chiffres sont éloquents : un touriste utilise 4 fois plus d’eau que le citadin moyen et sous les tropiques cela monte à 7 à 10 fois plus d’eau. En Méditerranée, durant la saison touristique, le touriste consomme près de 850 litres d’eau par jour c’est-à-dire 4 fois la consommation moyenne par jour d’un citadin. Les hôtels de luxe, équipés de piscines, de golfs, etc. consomment jusqu’à 836l par jour et par chambre alors que les petits hôtels qui gèrent durablement leur eau atteignent 187 litres. Pour les populations des pays d’accueil, les conséquences sont lourdes: rationnement de l’eau, nécessité d’acheter de l’eau en bouteilles pour satisfaire leur consommation privée. Cette eau coûte mille fois plus cher que l’eau du robinet, participe à la réduction du niveau de vie de ces populations et contribue à aggraver la pollution et le réchauffement climatique. La réponse est loin d’être aisée. La démocratisation du tourisme par la baisse des coûts pour des séjours dans des pays du Sud s’est faite aux dépens d’un certain nombre de valeurs parmi lesquelles la gestion de l’environnement. Celle-ci a un coût auquel certains opérateurs touristiques en recherche de profits immédiats sacrifient volontiers. En l’absence de réelles mesures coercitives, c’est trop souvent le règne du n’importe quoi qui donne l’illusion aux touristes que tout est accessible à bas prix mais sans mettre en évidence les impacts négatifs. Ceux-ci ne sont  pas toujours perçus en quelques jours de vacances. Il semble donc important de rappeler au touriste-consommateur que préserver un milieu cela coûte et que s’il veut en bénéficier pour sa pratique touristique aujourd’hui, et pour celle de ses enfants demain, il doit aussi tenir compte de l’impact financier au moment où il choisit sa destination et ne pas choisir uniquement en fonction d’un bas prix. Quant aux croisières dans l’antarctique, elles ont un impact sur la tenue de la banquise, la faune et la flore. Environ 40.000 touristes par an mettent les pieds sur un continent qui avait été considéré comme sanctuaire. 1.4 LE VECTEUR DE L’ESPACE : LE DEPLACEMENT Les touristes se déplacent vers une destination, la visitent et en reviennent en utilisant les moyens de transport à leur disposition. Les modalités de ces déplacements peuvent varier quasiment à l’infini, mais le transport est toujours une partie intégrante et un élément clé de l’expérience touristique. Il représente très souvent la principale dépense qu’auront à effectuer les touristes et il est même parfois au cœur de l’expérience touristique (ex. : croisière, cyclotourisme). Les touristes s’attendent évidemment à un transport sécuritaire, abordable, fiable, efficace et, de plus en plus, un transport dont l’empreinte écologique est limitée. Si l’une ou l’autre de ces facettes du transport les déçoit, cela risque d’affecter la perception globale de leur voyage. Le désir de mobilité est présent chez l’humain depuis des temps immémoriaux, mais l’évolution des moyens de transport a complètement changé la nature même de nos déplacements et, en conséquence, des voyages touristiques. On peut ainsi relier les grandes transformations dans le tourisme depuis le début du XIXe siècle à l’évolution de la technologie des transports. Le phénomène de globalisation du tourisme, qui s’est accéléré au cours des 20 dernières années, repose sur des réseaux de transport mondiaux de plus en plus intégrés. En parallèle, on note l’émergence de moyens de transports ludiques individuels, qui viennent compléter la palette de déplacement souvent beaucoup plus intégré à la consommation touristique ou de loisirs. Finalement, si on regarde vers l’avenir, les menaces les plus sérieuses au développement du tourisme dans les prochaines décennies seront reliées aux changements climatiques et à la hausse prévisible du prix de l’énergie, deux questions intimement liées au transport. LA PROBLEMATIQUE DU TERRITOIRE 2.1 LES ESPACES LEGITIMES On entend par là ces projets menés de façon prioritaire par la volonté politique et qui mettent à disposition du plus grand nombre des témoignages de nos sociétés : la nature, les modes de vie, mais aussi les œuvres artistiques ou techniques. Les parcs La définition internationale des parcs nationaux a été élargie progressivement pour inclure des espaces comprenant des paysages culturels protégés avec parfois des vestiges archéologiques. Aujourd'hui, les parcs nationaux sont au centre des stratégies pour un développement durable. Leur évolution n’est pas terminée. Ils s’imposent pour être des lieux faisant passer dans le concret des règles de société où jusqu’à l’environnement et sa préoccupation était minime. D’une part, ils sont essentiels pour le maintien de la biodiversité ; ils sauvegardent la diversité des espèces sauvages et cultivées et leur procurent l’espace dont elles ont besoin pour vivre. D’autre part, en protégeant des sites d’une beauté et d’une signification culturelle exceptionnelle, les parcs nationaux enrichissent la qualité de la vie de l’humanité par le ressourcement qu’ils offrent aux populations européennes à 80% urbaines. L'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a défini un classement international des aires protégées en six catégories. Les parcs nationaux sont placés dans la catégorie II de ce classement. Après une première tentative concernant le parc Yosemite, en 1864, confiée à Frederic Olmsted, paysagiste qui avait créé Central Park à New York, Le parc national le plus ancien dans le monde est celui de Yellowstone, aux Etats-Unis. Il a été créé en 1872 par une loi fédérale. L'expérience de la colonisation du Nouveau Monde a entraîné chez les Américains une large réflexion sur la nature « sauvage » et les relations que les communautés humaines devaient entretenir avec elle. Dès le XVIIIe s. des mesures de préservation des forêts y ont été prises. Mais c'est au XIXe s. que George Catlin et Henry David Thoreau, notamment, ont développé la conception de la nature comme manifestation et partie intégrante de la nature divine, renvoyant à la notion de la poursuite du bonheur et de ses conditions affichée dans la constitution américaine. Ils ont été les premiers à demander la création de parcs nationaux pour la préserver. À cette période, en effet, le territoire américain est intensément exploré. La mise en valeur de nouvelles terres agricoles et de ressources minières est très rapide et peut entraîner une transformation et une altération définitive de paysages remarquables. Le concept du parc national américain s'est diffusé dès le début du XXe s. dans le monde entier. En Europe, les parcs nationaux sont des territoires protégés où la nature a évolué sur une très longue période et où l'utilisation des terres est très différente de celle de l'Amérique du Nord. Les guerres, les migrations de populations, les changements sociaux, les fluctuations économiques et démographiques ou les transferts de propriété l’ont profondément modifiée. Les territoires en Europe ont une mémoire collective à l’inverse des Etats-Unis où tout est presque neuf, la création des parcs se réalisera avec une faible conscience des premiers habitants. L'Europe compte actuellement plus de 300 parcs nationaux où plusieurs pays créent des parcs, la Suède en 1909, la Suisse en 1914, l'Espagne en 1918, l'Italie en 1922, la Pologne en 1932. En ce qui concerne la France, la Société zoologique d'acclimatation, après avoir essayé, à la fin du XIXe siècle. D'acclimater des espèces animales, s'est tournée au début du XXe siècle. vers la conservation. Elle a suscité la création d'une réserve de l'Antarctique (1924) et de plusieurs « parcs » en Algérie dans les années 1920. Parallèlement, à la fin du XIXe siècle, s'est développé un mouvement tourné vers le tourisme, surtout montagnard, qui a été progressivement sensibilisé à l'idée de protection de la nature (Club alpin français, Touring Club de France). En 1913, un espace protégé, sans aucun statut, est créé : le parc de la Bérarde. Parallèlement, des organisations scientifiques, notamment la Ligue pour la protection des oiseaux, créent des réserves : réserve des Sept-Îles en 1913, de Camargue en 1927, pour les premières. Par ailleurs, se créent des « parcs » en Afrique centrale et à Madagascar, sous l'impulsion des chasseurs et des spécialistes français de zoologie africaine. En Afrique du Sud, le parc Kruger est institué en 1926, et d'autres parcs en Centrafrique (1933), au Soudan (1935). Des parcs voient également le jour au Canada (1904), en Uruguay (1915), au Guyana (1929), au Japon (1934), au Mexique (1935), ainsi qu'au Chili (1935) et en Inde (1935). Il y a environ 4000 parcs nationaux dans le monde, représentant une superficie supérieure à 4,4 millions de km2. CATEGORIES Métropole Ultra-marin TOTAL PARCS NATIONAUX 7 3 10 PARCS NATURELS MARINS 4 3 7 PARCS NATURELS REGIONAUX 49 2 51 La répartition des parcs en nombre et par spécificité en France Les Musées Parmi les espaces légitimes figurent la culture qui porte l’histoire et le développement de nos sociétés. Les musées sont intimement associés à l’histoire moderne. Si les premiers renvoient au moyen-âge et à la renaissance avec un mouvement remarquable italien, ils se fondent sur une création par certains nobles ou bourgeois, de collections privés ou de cabinets de curiosités, les premiers véritables musées arrivent avec le souhait de faire partager au plus grand nombre la valeur historique. C’est dans la majorité des cas une volonté politique. Il y a dans cette attitude une réflexion moderne sur la démocratie et les moyens de la poursuivre. Les musées sont au même titre que les monuments et sites patrimoniaux, les cinémas, les opéras, les bibliothèques et les médiathèques, considérés comme des équipements culturels. Les musées sont des lieux de conservation, d'études et d'exposition d'éléments du patrimoine et de la culture et font ainsi partie du capital patrimonial de la France. Par conséquent, le musée joue un rôle fondamental dans la diffusion de la culture et les touristes représentent un public important pour les musées. La France dénombre 38 000 monuments, 40 000 immeubles classés Monuments Historiques, 31 sites culturels appartenant au patrimoine mondial de l’UNESCO, 600 villes de caractère et 149 villes et Pays d’Art et d’Histoire2. . Le nombre de musées serait compris entre 2000 et 10000, ce nombre varie beaucoup d’une publication à l’autre car il n’existe pas de recensement précis. Parmi les 27 sites culturels les plus visités en France en 2010, se trouvent 11 musées. Les musées ont une place incomparable. Chaque année, on compte près de 60 millions de visites au sein des établissements muséaux français4. La fréquentation est stable, voire en déclin pour les plus petits musées. Durant le XIXe siècle, on assiste à de nombreuses créations de nouveaux musées et à leur diversification : musée d'archéologie, d'art contemporain, de sciences et techniques, d'Ethnographie. Georges Henri Rivière joue un rôle important dans ce mouvement de renouveau muséologique : il cofonde en 1947 l'ICOM (le Conseil International des Musées), sous l'égide de l'UNESCO. Les premiers centres d'interprétation vont naître de préoccupations scientifiques. Les musées, qui ont vu le jour en Europe, vont se diffuser partout dans le monde. Le XXe siècle est marqué à partir des années 1970 par une « nouvelle muséologie », marquant un approfondissement considérable de la recherche sur les musées. En 1971 sont créés les écomusées. Ces dernières années sont marquées par le développement du tourisme culturel et la prise de conscience du rôle sociétal et économique des musées. MONUMENTS ET SITES CULTURELS NOMBRE FRANCE % FRANCE NOMBRE ETRANGER % ETRANGER MUSEE DU LOUVRE 2747199 30.2 6337612 69.8 MUSEE D’ORSAY 1178889 34.0 2288431 66.0 TOUR EIFFEL 842500 12.5 5897500 87.5 MUSEE GREVIN 499042 66.0 257082 34.0 MUSEE JACQUEMART 367832 94.0 23479 6.0 MUSEE GUIMET 316037 75.0 105346 25.0 MONTPARNASSE56 256796 22.0 910341 78.0 SAINTE CHAPELLE 201429 20.0 805715 80.0 CONCIERGERIE 199204 40.0 298807 60.0 MUSEE DE CLUNY 198879 69.9 98682 30.1 Répartition de la fréquentation nationale et internationale en 2013 en région parisienne, France 2.2 LES ESPACES SOCIAUX Les villes sont des destinations touristiques importantes, attirant des dizaines de millions de visitateurs chaque année. Paris, avec une dizaine de millions de touristes chaque année, est de loin le premier pôle touristique européen, New York est la grande porte d’entrée des touristes arrivant aux Etats-Unis. Les flux sont importants et étalés sur une grande partie de l’année, fait qui distingue le tourisme urbain des autres formes de tourisme et qui se traduit par un rôle économique important. Ce rôle influence souvent la politique d’aménagement des villes, notamment par la mise en valeur du patrimoine architectural. Le tourisme permet une politique de diversification des infrastructures de la ville et d’utilité des équipements, rendant ainsi possible la création d’emplois, de richesses. La politique de développement de la ville de Montréal exprime bien cela. Démarche globale, elle intègre le tourisme de façon cohérente, voire naturelle. Une approche difficile Le tourisme urbain comporte une grande complexité de flux et une grande variété de pratiques. Les flux vers les villes ont été longtemps sous-estimés, peu visibles par rapport aux autres activités économiques. En effet, même s’il représente une industrie importante, la ville compte sur des activités encore plus visibles : fonctions commerciales, administratives ou industrielles. L’analyse du tourisme dans ce cadre s’avère donc encore plus complexe par rapport à d’autres destinations de montagne ou de littoral qui ont une mono-structure économique centré sur le tourisme. Toutefois, cette complexité semble être apte à répondre à une touriste aux demandes variées, diverses et continues La définition du tourisme urbain La définition du tourisme urbain comporte 2 concepts essentiels : « tourisme » et « urbain ». Selon les recommandations sur les définitions de l’Organisation Mondiale du Tourisme, le touriste est une personne en déplacement qui passe au moins une nuit dans un lieu qui ne fait pas partie de son environnement habituel et dont le motif de la visite est autre que celui d’exercer une activité rémunérée dans le pays visité. Si la personne en déplacement passe moins de vingt-quatre heures dans le lieu, elle est définie comme excursionniste. Certaines notions demeurent imprécises et l’élimination de l’excursionniste du champ du tourisme ne se révèle pas très satisfaisant, notamment dans le cadre du tourisme urbain. Cette population génère en effet des retombées économiques importantes dans les transports, la restauration, les loisirs, l’hébergement, les évènements sportifs ou autres, les musées, etc. En ce qui concerne la définition de l’urbain, sa définition statistique est très hétérogène et varie de pays en pays : 2'000, 5'000, 10'000 habitants. La taille n’est pas toujours un élément satisfaisant pour distinguer le tourisme urbain du tourisme rural, des gros bourgs peuvent en effet atteindre une population importante et ne présenter pas d’attraits touristiques. Le potentiel touristique d’une ville est le résultat de plusieurs composantes, parmi lesquelles on trouve le patrimoine architectural et artistique, les activités offertes et la concentration de population. Le seuil minimal de 20 000 habitants induit un minimum de potentiel touristique. A partir de ces constats, le tourisme urbain représente l’ensemble des ressources et des activités touristiques qui se trouvent dans le tissu urbain et qui sont proposées à des visiteurs extérieurs, mais aussi et c’est nouveau à des permanents provisoires : étudiants, stagiaires,etc Une typologie des villes touristiques Les petites villes : Les petites villes, peuplées de quelques milliers d’habitants, présentent souvent un intérêt lié au patrimoine de la cité ou aux caractéristiques de la région, comme la proximité de littoraux, de montagnes ou de vignobles. Ces petits pôles touristiques peuvent compter sur un noyau historique ou sur un monument majeur. Le tourisme y joue un rôle économique fondamental, procurant des emplois directs et soutenant les activités de service. Les villes moyennes : Les villes peuplées de quelques dizaines à quelque centaine de milliers d’habitants sont des étapes touristiques majeures. Le tourisme y joue un rôle économique important. Les quartiers historiques constituent les parties les plus appréciées du tissu urbain. Les vieilles rues, les monuments et les grandes places créent une atmosphère qui est propre à chaque cité. En Europe le réseau de ces villes riches en histoire, art et culture est très dense. Les grandes villes touristiques Les villes d’art : Le riche patrimoine des grandes villes d’art en fait des villes-musées de grande taille, constituées d’un grand nombre de monuments disséminés dans un centre historique étendu. La ville est animée tout au long de l’année, offrant une gamme complète de services, d’hébergements, de restaurants et de loisirs. Les flux touristiques sont constitués par une clientèle diversifiée, nationale et étrangère, générant un impact économique considérable. L’Europe méditerranéenne compte plusieurs métropoles culturelles majeures : Venise, Florence ou Séville, comptant une population comprise entre 300'000 et 700'000 habitants. Les métropoles d’affaires : Les métropoles d’affaires sont les centres des fonctions économiques et politiques et ont une valence mondiale. Situées principalement dans les pays occidentaux, elles comportent des relations avec l’étranger intenses. Les manifestations professionnelles sont fréquentes et nécessitent de capacités d’hébergement importantes et de bon niveau. L’équipement commercial est lui aussi à la mesure du rôle international de la ville. En Europe on trouve par exemple Paris et Londres, deux métropoles d’importance mondiale qui détiennent une part de marché importante du tourisme d’affaires. Les centres polyvalents : Les grandes villes comportent souvent une structure économique et des fonctions diversifiées. L’Europe comte plusieurs centres aux premiers rangs mondiaux pour la fréquentation touristique. Les capitales politiques et administratives comme Vienne, Rome ou Madrid, sont particulièrement favorisées. La variété du patrimoine urbain, le grand nombre de restaurants et d’hôtels et l’offre culturelle sont les atouts principaux de ces villes, facilement accessibles par les moyens de transport terrestres et équipées d’aéroports internationaux. Une spécificité importante du tourisme dans ces métropoles est le rôle du tourisme de haut de gamme, qui se manifeste dans les quartiers centraux par des boutiques de luxe, des hôtels et des restaurants prestigieux. Le tourisme d’affaire et des congrès y joue également un rôle important, exploitant en particulier la bonne image de marque dégagée par la ville. Les villes spécialisées : Un certain nombre de villes sont des centres touristiques qui se sont spécialisés dans une seule fonction. Les villes de frontière attirent les touristes des pays voisins jouant entre autre de la différence des taux de change. Ce tourisme de transit constitue une source de revenus importante pour des villes de frontière, notamment dans le cas où la frontière sépare deux pays qui ont des potentiels économiques différents. Les aéroports font parties de cette catégorie, ces villes où se situent des hubs au croisement des grandes routes aériennes où le touriste peut en quelques heures retrouvaient toutes les activités commerciales, hier dévolues aux villes frontières. Les villes de pèlerinage attirent de grands mouvements de foule, souvent étalés sur toute l’année. Elles sont généralement bien desservies par les moyens de transport, comptent une capacité d’accueil très forte et surdimensionné par rapport à la population résidante. Le tissu urbain se développe autour du sanctuaire. Les villes de pèlerinage principales sont Lourdes qui reçoit chaque année 5 millions de visiteurs et dont la densité d’hôtel est une des plus importantes de France, et La Mecque, principale ville sainte de l’islam qui accueille 2 millions de pèlerins chaque année. Les villes de jeux attirent une clientèle intéressée par les jeux d’argent pratiqués au casino. La physionomie de ces villes prévoit une place centrale pour les casinos, élément majeur structurant la ville. Les villes de jeux plus importantes se trouvent aux Etats-Unis, en particulier Reno et Las Vegas. En Chine Macao, mais aussi Hong-kong. Les pratiques actuelles et dans l’avenir du tourisme urbain La ville offre une variété énorme d’activités et de richesses, elle est pourtant appropriée à une fréquentation diverse liée à différentes motivations. Le tourisme d’affaires se déroule dans un contexte professionnel et peut avoir des buts variés : rencontre commerciale, scientifique, sociale ou politique. L’enjeu économique lié à cette forme de tourisme est important : la dépense journalière d’un congressiste serait de 3 à 5 fois supérieure à celle d’un visiteur classique (Cazes G., Potier F., 1996). On peut en distinguer différentes formes : Les voyages d’affaires: Les voyages d’affaires sont strictement liés au rôle économique et administratif des villes. Les congrès: Sur les 7'000 congrès internationaux, environ 4'000 ont lieu en Europe, atteignant un chiffre d’affaires de 60 milliards de dollars. Les villes les plus considérées par cette forme de tourisme sont Paris avec 400 congrès internationaux par année, Londres avec 300 congrès et Genève avec 200 congrès. La concurrence est rude dans ce domaine avec l’émergence de l’Allemagne et de l’Espagne. Les festivals ou les événements artistiques : une exposition internationale, une thématique théâtrale, une rencontre de politiques. Tous ces temps forts permettent d’apporter un revenu complémentaire sur la ville et surtout donner envie de revenir aux personnes concernées. Les incentives: Les incentives ou les voyages de stimulation sont des voyages offerts par les entreprises à leurs collaborateurs. Ils sont très appréciés par les destinations, parce qu’ils contribuent activement à l’allongement de la saison touristique. Les foires et les salons: Les foires et les salons sectoriels jouent un rôle promotionnel et touristico-économique important, notamment dans les cas des foires spécialisées pour les hommes d’affaires. Les centres commerciaux qui développent des stratégies de diversification sur des activités touristico-ludiques aptent à convaincre les consommateurs de devenir des touristes. Des hôtels s’installent dans ces zones permettant aux populations de brefs séjours de consommation. Le tourisme commercial est une autre pratique importante du tourisme urbain. La motivation principale de cette forme de tourisme est le shopping. Lorsque ces activités sont réalisées sur les rues commerçantes du centre-ville, la consommation est renforcée par l’animation, l’atmosphère et l’effet de mode des boutiques et de la présence de grand nom du luxe. Le tourisme culturel représente souvent la pratique la plus courante du tourisme urbain. La motivation principale de ce type de déplacement est la recherche de connaissances et d’émotions par la découverte d’un patrimoine. Le patrimoine est représenté par tout ce qui mérite d’être conservé, donc par les composantes matérielles et immatérielles de l’identité d’une société humaine. Il est souvent en relation avec des attractions culturelles comme les concerts, les musées, les expositions ou les spectacles. Le tourisme culturel présente une très grande variété d’activités. Visiter un musée ou assister à un spectacle en sont les formes traditionnelles, mais on compte aussi le folklore, les manifestations sportives, l’artisanat ou les concerts. Il est pratiqué par des catégories sociales relativement étroites, mais il engendre un flux touristique important et il permet à une ville de promouvoir une image de marque positive en tant que ville de culture ouverte au monde. Les principaux thèmes du tourisme culturel sont : La religion, en particulier le pèlerinage vers des sanctuaires ou des lieux saints comme Lourdes, Fatima ou Jérusalem. Les études : le tourisme d’études est un déplacement motivé par une demande d’études qui peut avoir différentes formes comme un cours de vacances ou un cours de perfectionnement. L’histoire : le but de la visite est la visite de lieux de mémoire ou la visite des témoignages archéologiques ou d’autres monuments. La découverte d’une ville, d’une région, d’un pays ou d’un musée particulièrement reconnu comme par exemple le Prado de Madrid ou le Louvre de Paris. Un festival, une manifestation, une exposition ou un concert. La gastronomie, particulièrement variée dans les villes. Les caractéristiques du tourisme urbain Saisonnalité et météo : contrairement aux autres formes de tourisme, le tourisme urbain se caractérise par un étalement des flux touristiques assez régulier. Les conséquences économiques de cette faible saisonnalité sont importantes, permettant un apport financier constant et un amortissement aisé des infrastructures mises en place pour les touristes. Les raisons qui déterminent cette régularité sont nombreuses, en particulier on peut citer la complémentarité temporelle de deux composantes du tourisme urbain. Le tourisme d’affaires compte principalement des séjours qui se distribuent du lundi au vendredi hors périodes des grands congés, alors que le tourisme d’agrément devient prépondérant pendant les week-ends et les grandes vacances. Le tourisme urbain jouit en outre d’une forte indépendance par rapport aux conditions météorologiques, fait qui distingue encore plus cette forme particulière de tourisme. En effet, la présence ou l’absence de neige ou de soleil se révèlent des facteurs déterminants dans les flux vers les stations de montagne ou sur Le littoral. Grands investissements : contrairement aux autres formes de tourisme, au cours des années ’90 les investissements pour les installations liées au tourisme urbain ont enregistré une forte croissance. Il s’agit en particulier des investissements pour la mise en place d’équipements pour l’accueil des réunions, congrès, colloques ou séminaires. Dans un marché fortement concurrentiel, les villes se sont engagées dans une véritable course aux équipements les plus modernes et sophistiqués Berlin, Barcelone, Nice. Les investissements concernent aussi les centres commerciaux, toujours plus grands et équipés, capables de devenir une véritable destination touristique comme le West-Edmonton Mall au Canada. Cycle de vie : Chaque produit touristique suit un cycle de vie qui obéit à un certain nombre de règles communes à tout bien ou service. Les stades qui caractérisent ce cycle sont l’introduction, la croissance, la maturité et le déclin. L’introduction est une période de croissance lente et difficile qui enregistre un taux d’échec élevé. L’absence de profits est attribuable au marché restreint et aux efforts d’investissements pour la conception, la réalisation et la promotion du produit. Le stade de croissance est marqué par un déblocage de la demande sur le marché : le produit est connu et accepté, les ventes augmentent et les profits s’accroissent. Le stade de maturité correspond à une croissance des ventes qui se fait de plus en plus limitée dans un marché bien segmenté. La compétition s’accroît entre les divers concurrents offrant des services similaires. Pendant le stade de déclin, les ventes et les profits baissent. Le produit n’est plus attractif à cause de l’arrivée sur le marché de nouveaux produits qui répondent mieux aux nouveaux besoins des touristes ou qui offrent des services à un prix plus compétitif. Dans le cadre du tourisme urbain le cycle de vie est particulièrement complexe, étant donné la diversification de l’offre de la destination urbaine. En effet la ville permet de pratiquer des formes de tourisme très différentes entre elles: tourisme d’affaires, culturel ou de loisir. Cette diversification permet de diminuer les risques liés à une perte d’attractivité conséquente au cycle du produit. Composante anthropique Dans les villes, le milieu naturel joue un rôle limité : en ce sens les potentialités touristiques naturelles sont secondes par rapport aux composantes anthropiques. Grâce à la ville on découvre les témoignages de l’histoire du pays ou de la région et le génie des hommes du présent et du passé. Ce constat n’empêche nullement la création d’espaces où la nature est valorisée. De grandes villes ont pris conscience de la nécessaire mixité des deux caractéristiques. Les parcs municipaux se dotent d’équipements d’animation qui permettent aux touristes de se mêler aux habitants. Copenhague a compris depuis longtemps le phénomène de capillarité sociale des jardins de Tivoli. Londres en fait des lieux de transit entre les différents points de vie et se révèlent des endroits festifs. Imprévisibilité et liberté d’action Les séjours de courte durée sont imprévisibles car ils s'effectuent tout au long de l'année et car la décision de partir se prend souvent au dernier moment. Une fois sur place, le contenu du séjour tend à évoluer au fil du séjour en fonction des opportunités offertes. Différents scénarios sont construits en fonction de l'intérêt de telle visite, de la météo ou d'autres imprévus. Les séjours deviennent alors totalement imprévisibles. Les touristes construisent leur propre séjour, un séjour qui leur corresponde, qui corresponde à la vision qu'ils ont de la ville et de ses environs, grâce à Internet, aux documents, cartes, avant le départ. La mutation des pratiques touristiques Le tourisme est un phénomène social strictement lié à l’essor de la civilisation industrielle qui se met en place au cours du XVIIIe siècle sous l’impulsion des Anglais. Les transformations économiques, sociales et technologiques qui se sont suivies depuis ont déterminé des changements radicaux dans la consommation et la perception du tourisme, changements qui lui ont permis dans l’espace d’un siècle de passer du phénomène élitiste au phénomène de masse. Au cours du XXe siècle, le tourisme se démocratise progressivement et prend les traits d’une industrie. Avant la Seconde Guerre mondiale le tourisme se montre très sensible à la conjoncture et aux événements de l’époque: la Première Guerre Mondiale en particulier entraîne des changements profonds au niveau politique et social. La crise économique de 1929 représente le point final du tourisme aristocratique. L’explosion du tourisme populaire a été favorisée par l’introduction des congés payés: aux États-Unis ils sont introduits à partir de 1914, en Italie en 1924, au Royaume-Uni et en Allemagne en 1934, en France en 1936, mais surtout en 1945. Après la Seconde Guerre mondiale se produit la véritable expansion de la pratique touristique dans tous les pays industrialisés. Outre le congé payé, les facteurs qui encouragent ce grand changement sont à rechercher dans la rapide croissance économique et dans celle du pouvoir d’achat de la population. L’urbanisation croissante entraîne un besoin d’évasion en raison des contraintes subies à la ville et au bureau. Les coûts de transport par rail, mais également routiers et aériens, s’abaissent nettement, permettant à la clientèle touristique internationale de gagner de nouvelles destinations à des prix concurrentiels. Désormais on dépense plus pour une semaine de ski en Suisse que pour une semaine aux Caraïbes. Si le temps libre augmente, l’élévation de l’espérance de vie, la retraite, la facilité de crédit à la consommation malgré la crise économique, contribuent également à l’expansion du tourisme. Le tourisme urbain dans le cadre des mutations des pratiques touristiques On peut relever trois grandes tendances: Le fractionnement des départs touristiques et un raccourcissement des durées de séjour. L’évolution de la pratique des courts séjours est déterminée par plusieurs facteurs d’ordre démographique, sociétal, juridique, économique et technologique. En particulier, il faut souligner le rôle de l’accroissement du temps libre, l’amélioration des conditions de déplacement, le renouvellement des modes et des images et le développement d’une offre touristique de plus en plus variée et accessible. Ces facteurs ont entraîné une tendance au fractionnement des séjours, devenant ainsi plus fréquents et plus courts dans leur durée. L’attraction des villes est indissociable de cette croissance des mobilités de brève durée. L’intérêt renforcé des individus pour les ressources culturelles et patrimoniales. L’intérêt suscité par les grandes expositions et les événements, la mise en valeur des musées et des monuments de la cité illustrent cette tendance. La variété de l’offre culturelle est un élément important, étant donné que le touriste devient de plus en plus exigent et informé. Le renouveau du cadre urbain. L’attractivité et l’image des villes sont à l’origine d’une certaine régénération du cadre urbain, notamment dans les pays émetteurs traditionnels. On assiste en effet à une importante évolution de la perception: la ville active devient ville festive, participative, évènementielle. Une fonction en relation à l’émergence d’une nouvelle conception urbaine fondée sur une économie tertiaire qui supplante l’industrielle. Le renouveau de l’attraction de la ville n’est pas seulement dû au réinvestissement en faveur du décor urbain, il est aussi le résultat de la mise en place d’une politique pour équiper et promouvoir l’espace urbain en tant que destination touristique. Le tourisme apparaît alors comme une opportunité de diversification de la structure économique de la ville, créateur de revenus, d’emplois et d’installations. Les autres impacts du tourisme sur les villes La mise en valeur du patrimoine architectural est un des aspects qui a pris une grande importance dans la gestion des villes et qui permet de développer une argumentation touristique très performante. Cette politique urbaine comprend plusieurs volets: L’entretien et la mise en valeur des grands édifices comme les églises, les palais ou les musées. Ces éléments sont strictement liés à l’image de marque d’une ville et demandent à l’administration des efforts considérables au niveau financier. Dans certains cas, notamment où le coût des travaux est très important, le financement des travaux est partagé entre collectivités locales, régionales et nationales. La remise en état peut aussi entraîner un financement international, notamment dans le cadre du patrimoine mondial de l’humanité défini par l’Unesco. Le remodelage de l’ensemble du tissu urbain central est en cours dans plusieurs villes pour des raisons économiques, sociales et aussi touristiques. Des voies piétonnières, repavées et équipées sont souvent aménagées à l’occasion de travaux de réhabilitation, des parkings ou des centres commerciaux renforcent l’attractivité des quartiers centraux, favorisant ainsi le shopping, activité très importante et lucrative dans le cadre du tourisme urbain. La mise en valeur du patrimoine urbain a des retombées bénéfiques sur la physionomie, la population et les activités du centre-ville. Les vieux quartiers menacés par le déclin démographique ou par une excessive tertiarisation, retrouvent un certain souffle. Le tourisme permet en ce sens le développement d’équipements de quartier et une desserte efficace par les moyens de transport publics. D’autre part, un développement excessif des restaurants, d’hôtels, de musées, de magasins et des boutiques peut entraîner une spéculation immobilière qui fait flamber les prix du logement, chassant ainsi du centre les populations aux revenus modestes. Le lieu idéal d’une certaine forme de culture comme les spectacles de rue, les événements qui trouvent dans Les artères des villes leur public. Si le carnaval dans certains pays ne s’est pas éteint, il est complété par des festivités qui d’autonome, deviennent participative. On passe d’un concept de théâtre de rue comme le festival d’Avignon avec des adaptations comme le in et le out (l’officiel et l’officieux) à la mobilisation du public la participation au travers d’ateliers comme celui d’Aurillac. Congestion et saturation Des phénomènes de congestion et de saturation de l’espace urbain peuvent se manifester sous la pression touristique, en particulier pendant certains périodes de pointe. Les conséquences qui en découlent sont la pollution, l’encombrement et la présence de files d’attentes pour touristes et résidents. Ce problème se pose parce que les villes n’ont pas mis en place une politique globale pour la gestion des flux touristiques. Conséquences sur le plan social et culturel Les conséquences sur le plan social et culturel du phénomène touristique urbain sont moins tangibles par rapport à celles sur le plan économique. Plus en particulier, la confrontation de cultures et de modes de vie différents peuvent donner lieu à des modifications culturelles et sociales. On peut par exemple mettre en place un système touristique qui exploite la prostitution et le tourisme sexuel, entraînent évidemment des conséquences négatives sur le tissu urbain. La confrontation avec le touriste peut devenir facteur de tension surtout avec une activité permanente d’animation et dépasser le seuil de tolérance. La promotion de l’espace urbain comme destination touristique Un des éléments qui caractérisent le plus la destination ville est la communication. Les stations de montagnes et de littoral adoptent des stratégies de communication centrée sur l’affirmation de leur existence, elles doivent avant tout se faire connaître par les touristes. La ville par contre n’a pas cette exigence. En effet elle est déjà connue grâce à ses fonctions administratives, politiques, économiques ou industrielles. La communication de la destination urbaine se par conséquent sur les attractivités qu’elle offre. La difficulté principale des organisations qui s’occupent de la promotion de la ville est de définir quels aspects mettre en évidence, faire un choix pertinent parmi des innombrables activités offertes. La valorisation touristique permet de dresser un décor exploitant les éléments du tissu urbain comme les parcs, les monuments, les musées ou les événements, tout en dissimulant les composantes urbaines moins appréciées telles que les usines, les zones à risque, ou les quartiers dégradés. Ces campagnes d’image comportent des retombées directes aussi sur les produits associés à la région de la ville: vins, fleurs, produits d’artisanat ou souvenirs de toutes sortes. Mais une ville qui jouit d’une bonne image peut aussi enregistrer des retombées positives à un niveau indirect, notamment par l’attraction auprès des individus des entreprises et des investisseurs potentiels. Le tourisme dans la ville est souvent présenté comme une solution permettant de faire face à la crise des activités urbaines traditionnelles. En effet il permet une plus forte structuration de l’économie urbaine, d’autre part, il est à l’origine de toute une série de problèmes, en particulier celui du partage entre résidents et touristes d’un espace limité et densément occupé. Comme dans d’autres formes touristiques, des espaces entiers ont été asservis à l’activité touristique. L’enjeu touristique urbain influence la restauration du patrimoine et le remodelage du tissu urbain, favorisant aussi la promotion d’une image de marque et stimulant la croissance. Le tourisme rural Il demande à lui tout seul un paragraphe. La présence dans un même espace, de populations liées pour une plus grand part à l’activité agricole avec un baisse très importante des exploitants et de « rurbains » vivant à proximité des villes réduit comme peau de chagrin la véritable ruralité. En France, tous les 10 ans, la superficie d’un département disparaît au profit de l’espace urbain. Le développement touristique pour compléter les revenus de la terre semble devoir s’appuyer sur les réseaux des Parcs nationaux et régionaux suivant leur réglementation. C’est une toute autre approche économique, qui sera globale, qui peut rendre moins autonome les ruraux. C’est une nouvelle manière de gérer un espace particulier à préserver de façon urgente. 2.3 LES ESPACES IMAGINAIRES Les parcs de loisirs : les villes loisirs Si Eurodisney est le leader incontesté des parcs d’attractions avec plus de 15 millions de visiteurs, en France, d’autres parcs sur des thématiques diverses se créent. Leur création est récente. Le parc Astérix mais aussi plus ludique Walibi. Mais les tendances lourdes indiquent une volonté de certains associations de sanctuariser certains espaces aux qualités incomparables, mais se heurtent à la volonté d’investisseurs de développer des projets vecteurs de croissance et d’emploi. Rien que poser cette question peut faire naître des conflits entre les tenants d’une écologie préservatrice et une économie du tourisme. Le cas du Languedoc-Roussillon est intéressant. 3eme destination touristique française. On constate une volonté de rénovation des stations littorales, de diffusion des flux touristiques exclusivement concentrés sur le littoral vers les territoires en arrière-pays en souhaitant l’émergence d’une offre touristique nouvelle. Cette stratégie est partielle, même en identifiant des équipements culturels pour tracter la région entière. La situation concurrentielle, et l’absence d’espaces imaginaires de niveau international comme, en Catalogne, Port Aventura, ne peuvent relayer un concept touristique né dans les années 1970 avec la mission interministérielle d’aménagement touristique du Languedoc-Roussillon. Le touriste a changé et les sites de dimension régionale comme les parcs animaliers, réserve africaine de Sigean ou des aquariums ne sont suffisants pour être structurants. La voie consiste à faire cohabiter une région à préserver et un parc de loisirs avec des infrastructures performantes. Les parcs de loisirs résistent plutôt bien à la crise à la crise jusqu'en 2012, du succès du Puy du Fou aux déceptions de Disneyland Paris et du Futuroscope. L'enjeu: attirer, mais aussi faire dépenser et revenir le visiteur. En 2013, le numéro un européen Disneyland Paris a vu sa clientèle reculer de 7%, soit 1,1 million de visiteurs en moins, et ses hôtels perdre 100.000 nuitées, après une année 2012 record où l'on fêtait les 20 ans du Mickey parisien. Les clients français ont manqué (600.000 en moins), surtout ceux des alentours, mais aussi les Espagnols et les Italiens. Bilan : une perte d'exploitation de 27,5 millions d'euros. Mais, la construction d’un concept : culture, commerce, loisirs, hôtels dénommé Europacity , pour un coût prévisionnel de 2 milliards d’euros, devrait créer des synergies et accompagner sa stratégie du groupe américain. De son côté, le Futuroscope, attraction majeure pour la région de Poitiers, a perdu environ 200.000 visiteurs (-14%), ramenant sa fréquentation à 1,46 million d'entrées contre 1,8 million en 2011, et alors qu'il visait les 2 millions en 2020. Vulcania et la cité de l’espace ont compris la nécessité vitale de la vulgarisation, d’animations ludiques et d’ateliers pédagogiques. Le Parc Astérix a lui aussi eu du mal à séduire les familles, de l'aveu de son propriétaire Compagnie des Alpes. Un concept trop étroit pour une clientèle de plus en plus internationale. Les parcs à la peine ont eu "un problème de positionnement d'offre et/ou de prix", certains réussissent : A commencer par le Puy du Fou en Vendée, élu en 2012 meilleur parc de loisirs au monde et ancré dans l'Histoire, avec ses spectacles de vikings, de chevaliers et autres mousquetaires: le parc a accueilli 1,74 million de visiteurs en 2013 (+8%), mieux que le Futuroscope, pour un chiffre d'affaires de 63,8 millions d'euros. Beaucoup de parcs qui marchent ont une forte identité qui répondent à la demande touristique et des investissements pour assurer la nouveauté. Tous les parcs qui n’ont pas cette politique sont fragiles et mettent en péril leur existence. Fort de sa réputation, le Puy du Fou dispense désormais ses conseils à l'étranger. Après une mission aux Pays-Bas, il vient de remporter un appel d'offres en Russie pour épauler la création d'un parc à thème sur l'histoire russe au sud de Moscou. Le secteur français des attractions et des loisirs, dont le chiffre d'affaires était estimé à deux milliards d'euros en 2012, possède une expertise et une créativité mondialement reconnues. Les parcs animaliers : l’animal acteur Assez atypique lui aussi, le Marineland d'Antibes, célèbre notamment pour ses orques et ses dauphins, a attiré 1,3 million de visiteurs en 2013 (+3%), pour un chiffre d'affaires de 42 millions d'euros. Côté allemand, le numéro deux européen Europa Park, proche de Strasbourg, a attiré près de 5 millions de visiteurs, un record, notamment parce qu'il bénéficie d'une clientèle au pouvoir d'achat plus élevé (allemande, suisse...) et qu'il n'a pas de concurrent dans la zone. Parmi les gagnants de 2013 figurent précisément des parcs régionaux, à l'ambiance familiale, qui ont diversifié leur offre, mais aussi des sites qui ont "un rapport qualité-prix excellent » et le respect de l’environnement. Tel que Nigloland, le royaume du hérisson près de Troyes en Champagne (un demi-million de visiteurs), ou le PAL en Auvergne, mi-parc d'attraction et mi-parc animalier, qui comprend un hébergement en "lodges" haut de gamme. La bataille devrait se renforcer pour attirer le client, le faire dépenser davantage et l'inciter à une nouvelle visite. "La règle d'or dans les parcs est de renouveler l'attractivité pour faire revenir le client. Dans ce but, plusieurs parcs inaugurent de grosses attractions, la principale étant "Ratatouille" chez Disneyland Paris et estimée à plus de 100 millions d'euros, alors que le Futuroscope vient de lancer ses "Lapins crétins". Ces espaces imaginaires sont en train d’évoluer très fortement, en diversifiant leur offre, en augmentant le temps de présence des clientèles, et en tenant compte de l’individualisme de la clientèle en s’appuyant sur les réseaux sociaux. 2.4 LES ESPACES MOBILES Le transport pèse sur la quantité d’émissions de CO. Aujourd’hui, le déplacement est passé à 4500km par an et par habitant (1500km en 1950) Dans ces conditions, il ne peut y avoir de développement durable du tourisme sans une refonte complète des modes des déplacements des biens et des personnes. Même le touriste a des idées bien claires sur son mode de déplacement. A Davos, l’ensemble des participants s’entendent pour considérer que le tourisme représente 5% des émissions mondiales de CO2.Les ¾ sont liées aux transports utilisés pour aller sur le lieu de vacances et dont 40% sont liés à l’aérien. L’aérien ne doit pas être accusé, mais il doit s’adapter à une croissance du trafic. En 2015. Les 3 Milliards de personnes transportés seront dépassés et seul 1 milliard sera liée au trafic international. La progression la plus forte sera sur les marchés domestiques : Chine et Inde, notamment. Plusieurs voies possibles en Europe : Améliorer l’efficacité énergétique des avions Système unifié de contrôle aérien (ciel unique) Echange des quotas d’émission de CO2 (2011) Ces solutions ont un coût qui viendra s’ajouter à l’augmentation du Kérosène. Dans ces conditions, l’accès au transport aérien deviendra peut-être aléatoire pour certaines catégories sociales. La réponse est dans les mains des compagnies low-costs. La voiture reste le mode de transport dominant. En France comme en Europe, ce moyen de transport est accusé d’être à l’origine de la pollution la plus forte. Malgré, les premiers efforts des constructeurs, il est indéniable que les comportements des automobilistes ont un impact direct sur la consommation touristique. La grande majorité des touristes qui se rendent en France utilisent leur automobile. Dans un contexte où est privilégiée la démarche nomade sous forme d’itinéraire de découverte par exemple ou par un moyen de transport autonome : le camping-car. Il paraît difficile de revenir à des pratiques différentes. Une des voies possibles est la construction de réseaux de systèmes de transports intermodaux qui permettraient de se rendre sur les lieux de villégiature sans perte de temps. En utilisant : le train, puis un transport collectif, et enfin un transport individuel à énergie propre pendant son séjour. Le tourisme urbain a une longueur, grâce à ses réseaux de transport pour répondre à cette attente. Malheureusement, la politique des transports dans lez zones d’habitat dense n’intègre que rarement la demande touristique. La Suisse a su toutefois mixer un transport pour des touristes, des clientèles alpines et des citoyens pour leur déplacement. Cela reste une exception. Le train est toutefois plébiscité par la majorité des français. Le réseau français de train à grande vitesse est le plus long du monde. Il se double d’une particularité de dessertes importantes sur la base de demandes locales, mais avec l’abandon en parallèle d’un réseau secondaire dense. En plus, l’entretien et le développement du T.G.V. coûtent très cher. Les futurs projets se heurtent à un déséquilibre du modèle et à l’ouverture à des partenariats privé-public pour continuer une politique de transporteur national dans un contexte de dérégulation. Cette évolution peut être une solution aux trajets aériens sur courte distance. La donnée intéresse Air France qui recherche des rapprochements entre hubs avec des opérateurs intéressés par le transport ferroviaire et rentrait dans une stratégie de trains spécifiques, comme le transport du courrier avec la poste. Ce moyen de transport pourrait d’une part rendre plus efficace le réseau Air-France-KLM dans des régions à forte densité économique, et d’autre part de répondre à des critères de baisse du CO2. Un exemple significatif est la progression de la fréquentation des T.E.R. en Bretagne qui est un signal fort d’une nouvelle reconnaissance de ce moyen de transport par les usagers : habitants ou touristes. Le train est peut-être une solution à des déplacements touristiques régionaux ou inter-territoires. Mais n’est-ce pas trop tard au vu du déferrage entrepris depuis des années. Des initiatives existent déjà pour des déplacements week-ends vers les stations de ski, d’autres activités, et d’autres lieux pourraient être envisagés. Enfin, pour la voiture ou le camping-car, le réseau autoroutier doit servir de promotion à des conduites plus environnementales et sensibiliser l’automobiliste aux territoires traversés qui développement une offre touristique de développement durable. Ce qu’il risque d’arriver, compte tenu de l’évolution de la demande touristique, des échanges mondiaux et des acheminements qui en découlent, c’est un retour à des moyens de transports proposant des prestations qui vont au-delà du simple billet de voyageur. Les trains : la nostalgie Ils reviennent à la mode : Orient Express, mais aussi Saint-Petersbourg-Nice. Tous ces trains qui proposent des activités ludiques : boîtes de nuit, casino, etc. des trains comme Moscou-Vladivostok reviennent à la mode et la mixité voyageurs touristes apportent cette part d’exotisme. Demain, même si les trains à grande vitesse raccourcissent les distances, ils seront tous équipés d’activités diverses et de prestations. C’est déjà le cas sur le réseau chinois. En Europe, les trains sur des distances plus courtes seront les interfaces avions-déplacements locaux. Pour cela, ils seront équipés de tous les moyens nécessaires pour s’une clientèle européenne puisse réaliser des courts séjours ou une clientèle internationale puisse commencer à consommer son séjour. Pour un habitant de la Chine ou de l’Inde atterrir sur un aéroport régional et se retrouver deux heures après à Paris n’est pas choquant (surtout si le train est équipé de manière à les accueillir, les trains en Amérique du nord ont des wagons panoramiques qui sont très appréciés, malgré une vitesse relative) Le Japon a fait du train un objet d’admiration. Il s’inscrit dans les images de ce pays. Son développement moderniste situe son pays à la pointe de la recherche dans ce transport. Certaines compagnies ont déguisé les trains pour attirer une clientèle touristique : les trains manga qui remportent un succès auprès des enfants et donc des parents. L’avion : les espaces volants L’avance cruciale des matériaux est en train de répondre à la préoccupation des avionneurs sur la dépense énergétique des avions, en particulier des courts courriers. Même si la concurrence est vive. La mondialisation du tourisme et la longueur des trajets reposent la question des transports et des prestations que l’on peut proposer aux voyageurs. Au-delà des nouveaux équipements pour le confort des passagers tels que les espaces individuels : couchage et vie, espace clos, etc… d’autres projets traduisent la volonté des constructeurs d’investir dans des équipements de loisirs permettant d’occuper les passagers et de trouver d’autres sources de revenus. La typologie des avions est aussi à l’ordre du jour avec des projets d’avions réservés à des catégories de hauts revenus avec des prestations de jeux, de détente. Des projets existent avec l’ A380 et des compagnies asiatiques qui ont émis l’intérêt sur des lignes comme Macao-Las Vegas. Les populations chinoises inscrivent dans leur souhait de vacances, la pratique des jeux comme le casino. Le bateau : les villes flottantes Après les années d’après guerre, le voyage maritime sur de longues distances par paquebot avait presque complètement disparu au profit du transport aérien. Seuls subsistaient quelques navires pour la desserte des iles isolées. C’est dans les années soixante que furent mis en service les premiers navires conçus exclusivement pour la croisière ? Jusqu’à ces dernières années la capacité de la plupart de ces navires était de 500 à 1000 passagers. Les américains se sont positionnés rapidement sur ce marché avec des croisières mythiques à partir de leur pays. Les clientèles se sont révélées au fil du temps issus des classes moyennes. Leur consommation limitée se fondait sur le plus souvent la mobilisation de leurs crédits à la consommation pour accéder à ses croisières. Peu d’excursions ou de dépenses à bord. Plusieurs escales se sont investis dans des infrastructures d’accueil pour ses croisières, comme les Antilles françaises et n’ont pas eu les retours escomptés. Aujourd’hui, deux tendances. L’une comprend des unités luxueuses de faible tonnage, l’autre des navires de très grande capacité. Le plus gros navire du monde en 2011, est l’ « allure of the seas » qui possède un jumeau l’ »oasis of the seas » : 361 m de long, 66 m de large, 100.000 tonnes et 16 ponts. C’est une capacité d’accueil de 6360 passagers encadrés par 2100 membres d’équipage, dans un bateau d’une valeur de plus d’un milliard d’euros. Cette évolution n’est pas prés de s’arrêter les architectes travaillent sur des unités beaucoup plus grandes, aux formes permettant la mixité entre hébergement et loisirs. Leur taille pourrait modifier la notion de croisière pour des positions plus statiques dans certaines mers du globe. Le camping-car : l’escargot roulant C’est le dernier moyen de transport. Celui qui rassemble tous les retraités du monde. Cette facilité de déplacement a généré un marché énorme d’achat et de location de camping-cars. Cette autonomie des touristes a eu du mal a trouver sa place dans des territoires touristiques plus habitués à recevoir soit des individus en voiture soit en groupes. Aujourd’hui, cette tendance a eu pour conséquence de créer dans les communes des aires de réception mais aussi des dispositifs pour empêcher ces clientèles de s’installer sur les zones touristiques. Le camping-car a le vent en poupe et de plus en plus de gens optent pour le camping-car pour les vacances. Au fil des années les modèles de camping-cars se sont diversifiés et ont connu des évolutions tant au niveau du design que de l'aménagement à bord. Ils bénéficient également de nombreuses innovations qui ont facilité leur utilisation et la vie dans ces petites maisons sur roues. Un engouement qui se traduit bien dans les chiffres. Chaque année, on compte en moyenne 20 millions de camping-caristes, caravaniers et utilisateurs de résidence mobile. Avec la multiplication des offres d'accueil, l'attrait pour ce mode de vacances n'est pas prêt de s'atténuer. Quelques statistiques sur le camping-car et son utilisation en France : un camping-car est utilisé en moyenne 17 fois par an. un camping-car est utilisé en moyenne 75 nuits par an. un camping-car parcourt en moyenne 11000km par an. L’HOMO TOURISTICUS 3.1 LA PERSONNALISATION 3.2 LA MOBILITE 3.3 LA CONNEXION 3.4 LA SIMPLIFICATION L’homo touristicus se définit au travers de segments relativement homogènes qui s’expliquent en termes quantitatifs (prix, taux d’occupation, durée de séjour), qualitatifs ordonnés (tranches d’âges, de revenus, de dépenses), ou qualificatifs quelconques (nationalités, voyages en groupes et individuels). Ces différents critères permettent d’établir une segmentation en termes de “besoins et avantages recherchés” en respectant un équilibre entre les valeurs objectives, les symboles et les signes qui prévalent chez le consommateur considéré. Plusieurs catégories de segmentation sont utilisées dans le domaine du tourisme : Le touriste s’est risqué au fur et à mesure des années à se désolidariser des groupes de vacances. Son pouvoir d’achat et ses comportements de consommer dans la catégorie sociale supérieure ont développé chez lui des besoins d’autonomie et ainsi conduire à une segmentation des besoins. Il a besoin d’être reconnu, les techniques de communication lui donner les moyens de cette autonomie et surtout d’être considéré comme tel. Les trois règles du tourisme réussi sont : S’approprier, se satisfaire, se souvenir S’appropier : les démarches marketing ont toutes besoin d’identifier le futur client, et de le connaitre. Les différents moyens accordés par les communications permettent d’identifier, de suivre, de connaître, et de fidéliser. Le client lui-même fait de son autonomie le meilleur moyen de choisir et de commencer à consommer sa prestation. Pour cela tous les moyens de communication sont bons. Documents papier, malgré la part d’internet, film, envoi d’email, réseaux sociaux. Deux objectifs Pour le client : commencer à réaliser son séjour, son itinéraire, son rêve en étant tranquilliser. Tout est bon, la comparaison des prix, la qualité des agences, la comparaison des commentaires. Pour le prestataire : avoir qualifié son client, l’assurer du bon déroulement de la prestation. Se satisfaire : la prestation doit être pour le client la réponse complète à ses attentes. On est dans une démarche qualité et les critères de développement durable sont des facteurs importants pour lui. Il demande une réponse individualisée. Deux objectifs : Pour le client : être dans un état de confiance maximum, jouer un rôle d’acteur dans sa propre prestation Pour le prestataire : traiter le client en client unique, avoir une capacité de réaction maximum à ses attentes, ne pas hésiter à réaliser l’alternative : météo, santé, événements politiques, … Se souvenir : fin de la prestation et le retour. La réalisation complète de l prestation aura lieu quand le touriste rentre chez lui et témoigne de son séjour, que son voisin lui renvoie l’image de quelqu’un d’envieux lors d’une soirée, lors d’un échange sur les réseaux sociaux. Pour cela le prestataire doit fournir tous les éléments dignes de figurer dans la mémoire du touriste. : Une activité mémorable, une visite inoubliable, mais aussi des photos, des témoignages qui rendent compte de la réalisation des activités, des photos, des souvenirs. Tout ce qui peut entrainait la nostalgie, mais surtout la position de promoteurs. - La segmentation géographique et socio-démographique De nos jours, les variables les plus utilisées pour distinguer différents groupes de touristes sont de type géographique (pays, régions d’origine, taille de la localité, densité de population…) ; démographique (sexe, âge, taille de la famille…) ; et sociodémographique (profession, revenus, niveau d’études…). Il paraît, en effet, difficile de segmenter une population sans considérer ces éléments. Ce type de segmentation permet une collecte rapide d’information et une simplicité d’analyse. - La segmentation psycho graphique Dans le cas présent, on doit tenter, par exemple, de déterminer pourquoi une personne choisit telle structure d’hébergement et quelles sont ses préférences et opinions. La segmentation psycho graphique permet d’apporter un éclairage à ce type de question. - La segmentation par avantages recherchés La segmentation des touristes par avantages recherchés est liée aux bénéfices désirés ou connus de l’utilisation d’un produit et/ou d’un service. On essaie par cette méthode de définir des segments reflétant des attitudes à travers des activités spécifiques et pouvant par exemple se nommer “touriste promeneur”, “amoureux d’eau et de soleil “, etc. - La segmentation fondée sur d’autres variables comportementales Indépendamment des catégories précédemment décrites, un certain nombre d’éléments peuvent être utilisés pour segmenter les consommateurs de produits touristiques. On inclut, en effet, fréquemment les éléments comme la longueur du séjour, les médias habituellement utilisés par la cible visée, la fréquence de consommation des activités de loisirs proposées, le niveau moyen de dépenses et l’hébergement choisi. - La segmentation fondée sur les niveaux de dépenses Elle peut s’avérer pertinente. En effet, actuellement, de nombreux consommateurs rencontrent des situations économiques difficiles et sont particulièrement attentifs aux budgets qu’ils consacrent à leurs loisirs et à leurs vacances. L’identification de vacanciers dont les niveaux de dépenses sont élevés constitue alors une information intéressante pour les professionnels du tourisme. Cependant, les résultats des études de segmentation sont partiellement remis en question par les problèmes d’instabilité du comportement des consommateurs. Il convient alors d’étudier et d’intégrer cette notion dans le processus de segmentation du tourisme(1). - Les spécificités du comportement du touriste C’est l’Organisation Mondiale du Tourisme qui a défini le comportement du touriste et qui a identifié comme paramètres d’étude : la durée du voyage, la distance et le but de la visite. D’un point de vue conceptuel, le tourisme peut être analysé comme un ensemble d’activités de déplacement vers des destinations inhabituelles. L’individu acquiert temporairement le rôle de «touriste», en satisfaisant ses besoins récréatifs (relaxation, repos, visites, distractions) et en participant à des activités de transports, d’hébergement, de restauration et de vacances. La réalisation de ces activités prouve l’intérêt du consommateur et son implication dans les phases initiales du processus d’achat et de consommation. - les facteurs influençant le comportement du touriste Le comportement relatif à l’achat peut être influencé par les catégories de facteurs suivants : Facteurs externes : Facteurs économiques, politiques, légaux. Les facteurs économiques La croissance du produit intérieur brut, le taux d’inflation, les taux de change et d’intérêt, le prix du carburant, le taux de chômage sont autant d’éléments qui influencent le marché touristique international. Les facteurs politiques Les changements politiques à l’intérieur d’un pays provoquent des fluctuations importantes sur les arrivées des touristes d’une année à l’autre. D’ailleurs, les statistiques de voyages internationaux constituent un excellent baromètre pour mesurer le niveau de stabilité politique d’un pays. Les facteurs légaux La limitation des sorties de devises et le droit aérien sont, parmi d’autres contraintes légales, des éléments qui peuvent influencer le comportement de vacancier. Facteurs culturels : Facteurs culturels, religieux. Les facteurs culturels Un individu assimile les valeurs inhérentes à sa culture par le processus de socialisation. La culture lui transmet des modes de perception et de comportement bien spécifiques. L’un des principes fondamentaux du marketing international repose sur la diversité des cultures. En contre point, le réseau internet lui apporte à la fois une approche de la diversité culturelle mais aussi une forme globale. Les facteurs religieux Les différentes cultures représentées par des groupes ethniques ou religieux ont également des modes de comportements bien spécifiques en matière de vacances. Facteurs personnels : Facteurs civiles, professionnels Les facteurs liés à l’âge, à la profession, au cycle de vie, au style de vie, à la personnalité. En effet, l’âge, le cycle de vie familiale et la profession sont des variables qui discriminent fortement le comportement des vacanciers. Ainsi, les personnes du troisième âge ressentent moins, que toute autre personne de catégorie d’âge différente, la nécessité du dépaysement. Par contre, pour ces personnes la durée du voyage vers certaines destinations éloignées peut les freiner. Dans le même ordre d’idées, un couple marié avec des enfants risque d’avoir des comportements autres que ceux d’un couple sans enfant. De même l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle, influence directement le choix de la destination, les modes de transport et d’hébergement. Facteurs psychosociologiques : groupe de références, famille. Facteurs psychologiques : facteurs liés aux besoins, à la motivation, à la perception, à l’attitude et à l’apprentissage. Toutefois, ces derniers facteurs paraissent très perméables à la mondialisation. L’émergence d’éléments primordiaux tels que, paraissent importants : Individualisation, Mobilité, Connexion, Simplification Individualisation Cette tendance touche l’ensemble de touristes dans le monde. Les populations asiatiques quittent la notion de groupes pour développer des séjours individualisés. L’ensemble souhaite être traité de façon unique. La personnalisation des prestations devient incontournable, dans leur déplacement, dans leur hébergement, les touristes souhaitent être reconnus. Cette individualisation c’est aussi la synthèse d’un certain comportement : l’infidélité dans les choix des séjours, le droit aux vacances toute l’année avec des séjours brefs mais intenses, le respect de certaines valeurs dont l’environnement fait aujourd’hui partie. Cette tendance touche tous les populations, asiatiques compris. L’image des groupes qui reste néanmoins pour ces pays émetteurs de l’orient cohabite avec des comportements individualistes. Mobilité La voiture est le mode de déplacement préféré. Pour les trajets plus longs, c’est l’avion. Les low costs ont véritablement révolutionné le transport. Mais le bateau, les croisières voient leur part de marché augmenter. Le voyage fait partie intégrante des vacances. Cette évidence donne un regain d’intérêt à des moyens de transports comme le train. Les trains du début du XXieme siècle reprennent du service avec des prestations modernes. Les déplacements en camping-car après une première période aux Etats-Unis pour des raisons de mobilité dans le travail, se traduit aussi en Europe par un attrait auprès des populations de retraités. Cette volonté d’autonomie ne devrait pas être altérée par les problèmes d’énergie. L’itinéraire ou les randonnées procèdent aussi de ce souhait de mobilité, d’indépendance. Les premiers essais de voiture électrique anticipent les conditions futures de déplacement pour des motifs touristiques. Elles trouveront leur utilité dans les aéroports et les gares pour des touristes ayant programmé leurs séjours sur le territoire desservi. Ce dispositif renvoie à des déplacements à vélo, à cheval ou même à pied. Rien n’est plus d’actualité que les itinéraires, les pèlerinages, les chemins… aujourd’hui tout ceci ne peut se faire sans un outil de communication personnel, le sac à dos du communicant. Quant au tourisme spatial, il se prépare, avec ses tâtonnements, et les réservations sont nombreuses. Connexion C’est le fait le plus remarquable de ces dix dernières années. Une adaptation sans commune mesure aux outils de communication qui donne au touriste une liberté d’action. Cette présence est valable dans les deux sens : les réseaux vers l’usager et l’usager vers les réseaux. D’une part, l’accès grâce à internet à une information dense, actualisée, totale avec ou sans discernement. D’autre part une fonction active de l’usager, apporteur d’informations, générateur de dialogue avec ou sans objectivité. Cette technologie a accompagné et consolidé la mondialisation. Elle perturbe la notion de temps et rend le monde plus accessible car toujours opérationnel. Internet a profondément bouleversé le marché du tourisme en permettant l’émergence de nouveaux acteurs comme les agences de voyage en ligne (OTA - Online Travel Agency) ou les comparateurs de voyage en ligne. En Europe, le tourisme en ligne représente à présent 42% du marché du voyage et en France, il pèse plus de 12,4 milliards d’euros en 20132. En constante progression depuis 2006, sa croissance est confortée par les comportements de consommation. Près de 30 millions de français (62%) ont consulté des sites web en amont pour préparer leurs vacances en 2013. Le développement du tourisme en ligne a modifié la chaîne de valeur traditionnelle qui séparait d’un côté les producteurs de voyage (compagnies aériennes, hôteliers, loueurs de voitures...) et de l’autre les distributeurs / assembleurs de produits de voyage (réseaux d’agences de voyage, tour-opérateurs,...). En facilitant la distribution en ligne, Internet a permis aux producteurs de développer leur propre distribution directe et de diversifier ainsi leurs canaux de distribution. Si la tendance générale confirme une baisse des plaintes en volume tous secteurs confondus (-2,3% depuis 2011), le nombre de plaintes dans le secteur du tourisme augmente, particulièrement dans le tourisme en ligne (35,9% des plaintes du secteur en 2013). Ce constat s’applique également à l’échelle européenne. En 2013, la Commission européenne et les autorités nationales chargées de la consommation ont établi que 382 des 552 sites web de voyages examinés ne respectaient pas le droit européen en matière de consommation. Simplication Il s’agit de la relation entre l’usager et la technique, son entrée dans la vie courante, modifie la demande du consommateur, il souhaite une compréhension rapide des choses qui doit accompagner la décision, l’avis. Les technologies complexes ne trouvent pas d’écho chez lui. Cet aspect parait paradoxal par rapport à la diversité des touristes à leur origine. Mais cela devient un défi pour les professionnels de la communication. Comment rendre unique ce qui est divers ? il se double d’une simplification souhaitée pour vaincre d’une certaine manière la barrière de la langue. LA VISION DURABLE DU TOURISME 4.1 LES FAITS ECONOMIQUES 4.2 LES TENDANCES POLITIQUES 4.3 LES PERSPECTIVES La France, première destination touristique au monde, reste "numéro 1 dans le domaine du rêve" pour les touristes étrangers mais elle doit innover pour conserver sa place. Pour atout France : "La France est numéro un dans le domaine du rêve, le rêve de France existe", En Asie, on a la vision d'un pays romantique mais ce que signifie le romantisme pour les Chinois comprend aussi beaucoup de vêtements, de chaussures, des parfums, de sacs à main et de produits de luxe griffés", Pour conserver sa place de leader dans le tourisme, la France doit investir telles que les parcs de loisirs et le secteur du bien-être, où le savoir-faire français est "reconnu" En 2013, la France a attiré 84,7 millions de touristes étrangers, l'Hexagone conservant sa place de pays le plus visité au monde devant les Etats-Unis et l'Espagne. Est-ce compatible avec les grands principes édictés depuis 10 ans sur le développement durable et son impact par le biais de nouvelles activités de tourisme ? 4.1 LES FAITS ECONOMIQUES Les investissements dans la lutte contre le changement climatique progressent fortement au niveau mondial. L'incertitude règlementaire calme toutefois l'ardeur des investisseurs internationaux qui se précipitaient en Europe jusqu'à maintenant. L'Europe attire énormément d'investisseurs internationaux, notamment pour le solaire et l’éolien. Cependant, une politique plus progressiste est nécessaire en vue de renforcer le mouvement, selon un réseau d'investisseurs tournés vers le développement durable. Les fonds de financement publics et privés Par ailleurs, l'Europe obtient des financements pour lutter contre le changement climatique de la part des banques multilatérales de développement (BMD), telles la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque mondiale. Ces institutions publiques financent des programmes d'adaptation au réchauffement climatique, y compris pour les infrastructures et les projets de développement des énergies renouvelables, principalement au sein des économies émergentes et en voie de développement. Les pays non membres de l'UE en Europe et en Asie centrale (Albanie, Kosovo, Arménie, etc.) et les 13 nouveaux États membres (UE 13) ont reçu respectivement 22 % et 14 % des financements en provenance des BMD, selon un rapport commun sur le financement des BMD qui a été publié le 19 septembre. À l’échelle mondiale, les fonds climatiques investis par les BMD ont chuté de plus de 11 % en 2013 pour atteindre un niveau de 23,8 milliards de dollars (18,5 milliards d'euros) . « La prise de conscience sur l’importance des financements climatiques a encouragé une bonne coopération et à un partage de l’expertise entre les BMD, les banques commerciales renouvelables, les entreprises privées, les gouvernements, etc. Le maintien de cette dynamique afin de continuer à attirer des investisseurs dans le tourisme est primordiale. Donner confiance en ces projets, en leur efficacité à la fois environnementale et financière, notamment quand il s'agit de basculer d'un modèle basé sur les énergies fossiles vers un système fondé sur les énergies propres en Afrique ou ailleurs, représente un autre défi de taille et bouscule des modèles de rentabilité d’investisseurs du nord vers le sud. Dans toutes les stratégies conçues par les entreprises, deux doivent être mises en exergue d’ordre différent : la première fondée sur une nouvelle conception des hôtels, la seconde sur une politique de nouvelle exploitation. Celle du groupe SCANDIC, qui dés les premières actions publiques sur le développement durable a souhaité s’investir entièrement dans des hôtels avec des normes très draconiennes. Après 10 ans d’efforts, la chaîne hôtelière commence à engranger des profits pour une orientation très exigeante et à laquelle a répondu la clientèle. Malgré son rachat par le groupe Hilton. Celle du groupe ACCOR qui a mis en place rapidement des investissements pour maîtriser ses coûts, engranger des économies d’échelle, et tenir les règles du développement durable. Sa politique a permis de réorienter ses politiques d’achats tout en développant une politique marketing, appuyée sur une sensibilisation des clients sur l’avenir de la planète. Enfin, le Crédit Agricole Mutuel Pyrénées Gascogne a créé en février dernier la Banque du Tourisme. Il ne s’agit pas d’une nouvelle banque mais bien d’une organisation au sein de la banque entièrement dédiée au secteur touristique. En emplois comme en chiffre d’affaires, le tourisme est la première activité des Hautes-Pyrénées, Gers, et Pyrénées-Atlantiques devant l’agroalimentaire et l’aéronautique. L’union européenne en mouvement Dans le domaine du tourisme, l’Europe est imbattable. Pendant longtemps, il n'y a pas eu de politique européenne du tourisme, bien que le poids économique de ce secteur ait poussé les institutions communautaires à intervenir. Il faut attendre 1992, pour que le traité de Maastricht introduise la possibilité pour la Communauté européenne de prendre des mesures dans ce domaine, afin de contribuer à atteindre les objectifs de convergence de la Communauté, comme la croissance économique et l’emploi, la cohésion économique et sociale et le développement durable et ce, dans le respect du principe de subsidiarité. Toute mesure communautaire dans ce domaine nécessitait l’unanimité. Le traité de Lisbonne crée une nouvelle base juridique consacrée au tourisme. Il ne s'agit pas pour autant d'une politique autonome du tourisme : l'UE encourage un cadre favorable au développement économique et facilite à travers l'échange de bonnes pratiques la coopération entre États membres. Les décisions sur le tourisme peuvent désormais être prises à la majorité qualifiée. L’Union européenne a compétence pour appuyer, coordonner et compléter l’action des États membres sur le tourisme. Il s'agit des compétences d'appui de l'UE (article 6 d). L'article 195, partie 3, titre XXII développe ce concept, en précisant que l'Union complète les actions des États membres dans le tourisme, en particulier en promouvant la compétitivité des entreprises de l'UE. Depuis 1997, l'UE a accordé davantage d'attention à la contribution du tourisme à l'emploi européen. En avril 1999, elle a ainsi publié la communication intitulée "accroître le potentiel du tourisme pour l'emploi". Au sein de l'Union européenne, le secteur touristique dans sa définition stricte concerne environ 2 millions d'entreprises. Il contribue au PIB et à l'emploi à raison, respectivement, de 5 et de 5,2 % de la population active (9,7 millions d'emplois). Ce secteur entretient des liens étroits avec d'autres secteurs économiques. Cette contribution est encore plus élevée [10 % du produit intérieur brut (PIB) et 12 % de l'emploi total] car il s'agit de la 3e branche d'activités socio-économiques de l'UE. Quatre actions prioritaires ont été définies dans la communication de 2010 sur le tourisme : Stimuler la compétitivité du secteur touristique en Europe ; Promouvoir le développement d'un tourisme durable, responsable et de qualité ; Consolider l'image de l'Europe comme un ensemble de destinations durables et de qualité ; Exploiter au maximum le potentiel des politiques et instruments financiers de l’UE pour développer le tourisme. L'Union européenne est la première destination touristique sur le marché mondial. La politique en matière de tourisme joue un rôle significatif dans la poursuite d'objectifs généraux en matière d'emploi et de politique de croissance. Dans le domaine de l'environnement, le tourisme devient de plus en plus présent. La Commission européenne a pris plusieurs mesures dans l'intérêt des touristes-voyageurs et/ou vacanciers (ex : sécurité des hôtels).  Ces mesures tendant à faciliter le franchissement des frontières, à protéger la santé et la sécurité ainsi que les intérêts matériels des voyageurs. Elle a également souhaité promouvoir les destinations touristiques européennes en créant un portail dont la vocation est de fournir des informations pratiques aux touristes voyageant en Europe. Plusieurs actions multiples et diversifiées ont été développées en ce sens, notamment : Le concours des Destinations européenne touristiques d’excellence (EDEN) Organisé à l’initiative de la Commission européenne, le concours d'EDEN vise à récompenser des destinations touristiques d’excellence encore peu connues se distinguant par la poursuite d’un objectif alliant croissance économique et développement durable. En 2013, la thématique du concours fut "tourisme et accessibilité". Le label européen qualité tourisme Un règlement d’application optionnelle relatif à la création d’un label européen qualité tourisme a été proposé par la Commission européenne en 2013. Premier texte normatif pris sur la base de l’article 195 TFUE, l’objectif de règlement serait d’accroître la sécurité et la confiance du consommateur dans le produit touristique et de récompenser les démarches engagées par les professionnels du tourisme recherchant la qualité des services touristiques. Les voyages, vacances et circuits à forfait En juillet 2013, la Commission européenne a présenté ses propositions pour la refonte de la directive voyage à forfait, précisant que "la révision actuelle des dispositions de 1990 vise principalement à adapter la directive sur les voyages à forfait à l'ère numérique". La Commission européenne souhaite inclure les forfaits dynamiques afin de protéger "120 millions de consommateurs supplémentaires". Pour les acheteurs de forfaits traditionnels et personnalisés, la Commission européenne propose : Des contrôles plus stricts sur les suppléments de prix ; Un renforcement des droits d'annulation ; Une information plus claire concernant la responsabilité ; De meilleures voies de recours ; Un point de contact unique en cas de difficulté. Lutte contre le tourisme sexuel La communication de la Commission européenne de 1999 à ce sujet a servi de cadre général aux mesures communautaires en la matière telles que rapportées dans la communication de la Commission du 26 mai 1999 sur la mise en œuvre des mesures de lutte contre le tourisme sexuel impliquant des enfants et les conclusions du Conseil du 21 décembre 1999 sur le même sujet.  En 2011, le Parlement européen a adopté quasi à l'unanimité une résolution législative sur la proposition de directive relative à "l'exploitation et aux abus sexuels concernant des enfants". Grâce à cette avancée, le tourisme sexuel impliquant des enfants sera une infraction criminelle dans toute l'UE, même si elle est commise sur le territoire d'un État membre ou par l'un des ses ressortissants à l'étranger. "50.000 touristes" En 2011 a été lancée l'initiative-pilote "50.000 touristes". Elle encourage, d'une part, 25.000 Sud-Américains à voyager vers l'Europe (octobre 2012-mars 2013), et d'autre part 25.000 Européens à voyager vers l'Amérique latine (mai-octobre 2013). Les instruments financiers de l'Union destinés à soutenir le tourisme L'Union européenne dispose de plusieurs fonds afin de financer ses politiques. Certains de ces fonds peuvent permettre de soutenir le tourisme : Le Fonds européen de développement régional (FEDER) : ce fonds prévoit le financement de projets durables liés au tourisme ; Le Fonds de cohésion : il finance les infrastructures en matière d'environnement et de transports, deux domaines de la plus haute importance pour le tourisme ; Le Fonds social européen (FSE) : le développement du tourisme, étant donné son potentiel de création d'emplois, est un domaine important d'intervention du FSE ; Le programme Leonardo da Vinci : selon la Commission, le tourisme peut être un secteur pilote pour favoriser la mobilité dans le domaine de la formation professionnelle ; Le Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) : le tourisme est devenu une importante source de diversification de l'économie rurale ; Le Fonds européen pour la pêche (FEP) : le FEP soutient des programmes de reconversion dans ce secteur et encourage des initiatives dans l'éco-tourisme ; Le Programme-cadre pour l'innovation et la compétitivité (CIP) : le 'Programme CIP' soutient la compétitivité des entreprises de l'Union européenne et plus particulièrement celle des PME, ce qui est profitable à celles actives dans le domaine du tourisme ; 7e PCRD : les recherches soutenues par le 7e Programme-cadre communautaire pour la recherche et le développement comportent des avantages pour le secteur du tourisme. 4.2 LES TENDANCES POLITIQUES Après une période d’exubérance et de grands principes énoncés à des conférences internationales : Rio ou Johannesbourg, le principe de réalité rejoint les décideurs, les prochaines étapes les plus importantes : 23 septembre 2014 : sommet de l'ONU sur le climat et des principes généraux légers malgré les efforts du secrétaire général 23-24 octobre 2014 : les dirigeants européens se sont mis d'accord sur le paquet énergie-climat 2030 et sur les recommandations pour la conférence sur le climat de l’ONU en 2015 qui se tiendra à Paris Du 30 novembre au 11 décembre 2015 : la Conférence sur le climat 2015 se tiendra à Paris et les États essaieront de trouver un accord contraignant en vue de lutter contre le changement climatique 2020 : le nouvel accord sur le changement climatique entrerait en vigueur 2020 : date butoir pour respecter les objectifs sur la réduction de 20 % en émission de gaz à effet de serre, l'amélioration de l'efficacité énergétique, les parts de marché dédié aux énergies renouvelables. 4.3 LES PERSPECTIVES Deux voies semblent se développer, l’une au travers une application des réglementations, l’exemple paraît cohérent pour la France, et l’autre au travers d’une politique nationale le Costa-Rica La Bretagne innove fortement pour le tourisme durable Avec 9 millions de touristes en 2013 la Bretagne se doit de devenir exemplaire d'autant que les touristes commencent nettement à prêter attention à leur empreinte écologique. Près de 50 % des voyageurs prennent en compte la certification dans leur choix d’un hébergement touristique. Cette sensibilité est plus importante encore pour la clientèle étrangère et en particulier anglo-saxonne (Enquête 2011 AFNOR Certification). En Bretagne la Région et le Comité au Tourisme ont engagé une démarche de tourisme durable depuis 2009 et lancé le site web Voyager Responsable en Bretagne. Il existe 7 labels créés par des réseaux comme le label Écogîte attribué par les Gîtes de France ou le label Hôtel au Naturel attribué par les Parcs Naturels Régionaux. Mais il existe 3 labels indépendants : L' Écolabel Européen, La Clef Verte et Green Globe. L'Écolabel Européen: la certification sur la preuve L' Écolabel Européen est le seul à exiger une certification sur la preuve. Le seul aussi reconnu dans toute l'Europe et obligatoirement renouvelé tous les 2 ans. C'est l'AFNOR qui vérifie une trentaine de critères obligatoires comme le tri des déchets ou l'utilisation des produits ménagers. Ainsi par exemple chaque ampoule d'éclairage à LED est comptée pour favoriser l'équipement en lampes à économie d'énergie; le débit de chaque point d'eau est mesuré etc. L'implication du personnel, la communication et l'éducation des clients en matière d'environnement sont aussi vérifiées. Au final le label génère des économies substantielles et souvent améliore l'organisation, le confort et la propreté des établissements". Pour l'essentiel, le "tourisme durable" oscille à l'heure actuelle entre tentatives et pratiques très minoritaires, voire encore marginales, et politiques de marketing des collectivités territoriales comme des entreprises qui communiquent beaucoup sur le thème bien plus qu'elles ne le mettent en pratique. Autrement dit, pour l'instant, si le "tourisme durable" est omniprésent dans les discours, il l'est encore peu sur le terrain ; et lorsqu'il l'est, c'est à travers des mesures ou des réalisations sectorielles qui ne mettent presque jamais en œuvre la globalité et l'ambition du concept de base. Le Costa-Rica, un coup d’avance Ce pays a vu sa fréquentation touristique s'envoler et le tourisme est devenu le premier poste économique avant l'agriculture ! Destination de pointe en matière d'écotourisme, le Costa Rica doit gérer son succès, c'est-à-dire une fréquentation souvent massive, liée notamment à l'arrivée de navires de croisières, sur des littoraux qui commencent à être par endroits transformés par l'économie touristique (golfe de Papagayo), dans une nature protégée. (...) A l'heure actuelle, sur le plan de l'écotourisme et plus largement du "développement durable", la stratégie costaricaine semble avoir été largement payante et cette destination demeure la référence internationale incontournable en matière d'écotourisme et de développement touristique jusqu'à présent à peu près contrôlé. Mais on concevra que ce fonctionnement, ajouté à la massification des flux, justifie des critiques internes à l'égard de cet écotourisme et la promotion d'autres formules, plus artisanales mais qui se veulent plus conformes au modèle idéal, tel, par exemple, "l'agrotourisme communautaire" qui permet à des agriculteurs et artisans de recevoir en petits groupes des touristes étrangers afin de les initier à la véritable culture locale. Et ce, dans l'attente probable, si le succès de cette formule vient, d'une autre forme qui se présenterait comme moins dévoyée, chaque forme nouvelle de produit, dans la sphère écotouristique, prenant généralement soin de commencer par faire le procès en insuffisance d'authenticité et d'orthodoxie de celle qui l'a précédée. Dans les pays en développement, aux enjeux de la conservation environnementale et culturelle s'ajoute la question cruciale d'une meilleure répartition des produits du tourisme, les élites au pouvoir ayant parfaitement su monopoliser la rente touristique. Une réponse de long terme passe notamment par la formation de cadres. Ainsi, en Indonésie, le gouvernement investit actuellement dans les écoles et les universités offrant des formations spécialisées dans le tourisme et l'hôtellerie. Il octroie des bourses aux étudiants, mais aussi aux enseignants de ces formations (dont le niveau n'excède pas généralement la Licence), afin qu'ils se perfectionnent au sein de leurs institutions et à l'étranger (accord notamment avec des universités australiennes et françaises). L'objectif du gouvernement est de multiplier les cadres locaux, à même de contribuer à l'orchestration du développement touristique présent et à venir sur ses îles – notamment sur Bali. Ce tourisme durable est-il "rentable" ? Le tourisme étant à la fois un enjeu de société, une opportunité de rencontre (y compris entre cultures différentes), une manière de s'éduquer au Monde et donc de le voir autrement, mais aussi une source de richesse matérielle considérable, on ne nous en voudra peut-être pas de conclure par une question aussi triviale. Une question qui, pourtant, conditionne largement le succès ou l'échec des objectifs du "tourisme durable" car, si les touristes n'adhèrent pas vraiment à ces principes, ce tourisme demeurera un tourisme de niche pour militants convaincus de la justesse de leur thèse. Sur cette question, la littérature scientifique est déjà abondante. Leurs conclusions sont nuancées, voire contradictoires. La "nature" en général, la biodiversité en particulier, y est bien présentée comme un facteur qui influence la demande. Et ce, même si l'association de la protection de l'environnement et du développement n'est pas toujours perçue comme allant de soi, surtout dans les pays pauvres, en quête d'essor d'économique. De même, pour nombre de militants de la cause environnementale, l'innocuité du développement touristique en matière de biodiversité reste à démontrer. Or, pour nombre d'auteurs, l'enjeu se situe justement dans ces pays en développement, dans la mesure où le "tourisme durable" peut y être conçu comme une opportunité d'accéder d'emblée à un type de développement plus maîtrisé et moins perturbateur des milieux concernés, sans passer par les erreurs ou les excès du tourisme de masse des dernières décennies du XXe siècle. Mais, pour le moment, les études de cas empiriques dont nous disposons nous montrent plutôt une cohabitation plus ou moins déséquilibrée entre "bon" (surtout à destination des catégories les plus riches de la population mondiale des touristes) et "mauvais" tourisme. Le vertueux "tourisme durable" conserve donc encore une dimension utopique, au moins tant qu'il y aura des sites à mettre en tourisme. Le citoyen dans son profil de touriste ou de professionnel semble faire preuve de plus de maturité D'un coté des touristes toujours plus concernés par l'impact de leurs vacances sur l'environnement, en particulier les anglo-saxons qui accordent aux critères de développement durable une place importante dans le choix de leur future destination. De l'autre: hôtels, campings, gîtes et chambres d'hôtes ont encore beaucoup de progrès à faire pour mieux gérer l'eau, l'énergie et leurs déchets. Les professionnels ont tout à gagner dans cette démarche... mais l’émergence de trop de labels ou de marques nuit à une lisibilité de la démarche environnementale. Fini le temps du gaspillage. Pendant le temps des vacances comme à la maison. Plus question pour les citoyens de faire "comme à l'hôtel" On ne jette plus un gobelet en plastique chaque fois qu'on se lave les dents et on ne met plus au sale la serviette de bain après chaque douche. Nous sommes tous devenus très sensibles à ces petits gestes en faveur de la planète. De même que nous trions nos déchets au quotidien à la maison, nous n'imaginons plus de jeter dans la même poubelle du camping nos épluchures de légumes, la bouteille de lait et les piles de la lampe de poche. Pourtant on trouve encore des chambres d'hôtel avec des éclairages mal étudiés, trop de serviettes dans les salles de bain, ou des chasses d'eau qui fuient toute la nuit. Dans un pays touristique comme la France certains professionnels de l'hébergement ont commencé à s'efforcer d'améliorer de nombreux points à l'instar des particuliers. D'abord en ciblant l'isolation et le chauffage des bâtiments, puis en adoptant des solutions durables pour l'eau chaude ou l'éclairage par exemple. Et pour fermer ce cercle vertueux, priorité à l'économie locale et responsable pour le choix des fournisseurs. Dès 2003, l'agence a publié un "Guide de sensibilisation à l'environnement des stations de sports d'hiver pyrénéennes", contenant tout un ensemble de mesures pratiques : améliorer la gestion des déchets, préserver la qualité de l'eau et en économiser la consommation, réduire les nuisances de bruit, éviter les pollutions du sol et du sous-sol, etc.. En 2006, l'Ademe et Voyage-sncf.com ont collaboré à la création de l'EcoComparateur® des émissions de CO2 des voyageurs (voir ci-contre). Partenaire de l'Association nationale des maires des stations de montagne depuis mai 2007, l'agence a accompagné des opérations de Bilan Carbone, soutenu des démarches de management environnemental et de sensibilisation des touristes des stations de sport d'hiver à leurs impacts.  L'Ademe participe également aux opérations Ports Propres menées en région Languedoc-Roussillon et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Soutenus par l'Agence de l'eau et les DIREN, les labels décernés concourent à l'amélioration de la qualité environnementale des ports de plaisance PACA (gestion des déchets, qualité des eaux...). Dans le secteur hôtelier, l'Ademe a développé plusieurs initiatives : elle accompagne une dizaine d'hôtels de la région Aquitaine dans le processus de certification à l'éco-label européen. En 2003, les gîtes de France en PACA ont développé avec l'aide de l'agence le label "Ecogites" (label décerné aux gîtes respectant démarche environnementale et sensibilisation de leur clientèle à la protection de l'environnement). L'agence s'est aussi engagée à promouvoir certaines démarches innovantes du programme "Earth Guest" (du groupe Accor), afin de permettre une meilleure diffusion des bonnes pratiques à l'ensemble de la branche hôtellerie, restauration et discothèques (voir ci-contre). Ce programme, qui répond à la devise "la Terre nous accueille et nous accueillons le monde", est un conglomérat de programmes divers mais politiquement très corrects : actions contre le tourisme sexuel, le SIDA, pour le commerce équitable, la construction d'hôtels solaires, charte Environnement de l'hôtelier, etc. Dans le domaine des transports et des mobilités, sources majeures d'impact de l'activité touristique, les outils de calcul et de comparaison se sont multipliés sur le web. Ces outils, qui ont des fonctions indéniables de communication et de promotion des entreprises initiatrices, font parfois des efforts réels de vulgarisation scientifique. Earth Guest : "La Terre nous accueille et nous accueillons le monde" Lancé en 2006 pour fédérer les initiatives du Groupe en matière de responsabilité sociétale et environnementale, le programme "Earth Guest" est une réponse concrète à la montée des préoccupations sociétales et environnementales ainsi qu'aux fléaux sanitaires qui nous menacent." (groupe Accor). Cet ensemble d’initiatives sera-t-elle suffisante, et surtout pérenne dans le temps face à la montée du tourisme de masse ? L’AVENIR D’UN TOURISME ARTIFICIEL Le marché mondial du tourisme est donc extrêmement compétitif. Pour attirer des visiteurs ou bonifier leur offre touristique, certaines destinations sont prêtes à reproduire des attraits naturels ou à créer de toutes pièces des lieux qui transformeront à jamais leurs paysages. La chirurgie plastique n’est pas réservée au seul corps humain Nombreux sont les territoires qui voient leurs paysages naturels se modifier au fil du temps. Bien que ce ne soit pas toutes les destinations qui regorgent de sites artificiels tels qu’à Dubaï), depuis toujours, l’occupation humaine laisse des traces. Véritable levier de développement touristique, le paysage contribue à l’attractivité des territoires. C’est pourquoi certaines destinations, parfois moins avantagées par la nature ou voulant devenir encore plus attrayantes pour les touristes, se tournent vers des options « artificielles », afin d’améliorer leur physionomie ou leurs attributs. Ainsi, on crée des chutes, des îles, des plages, des montagnes et des lacs; on simule le vent, la neige et même les vagues. Prenons l’exemple de grottes, de récifs artificiels ou de structures ludiques, mais aussi de monuments historiques. Cette contribution artificielle a joué un rôle important dans la revitalisation de sites qui, après avoir été délaissés durant plusieurs années, attirent à nouveau les touristes en grand nombre. La nature est souvent comparée à un terrain de jeux. Il n’est donc pas surprenant de s’en inspirer pour créer des centres récréatifs ou des parcs thématiques. Les stations de ski, les parcs aquatiques et les centres de golf intérieurs en sont des exemples. Après les îles tropicales de Berlin, voici que les Émirats arabes unis créent le Ice Land Water Park, ayant pour thème le réchauffement climatique. Dans ce parc, on a intégré des pingouins et des glaciers à de nombreuses activités aquatiques. Le cabinet d’architecture américain Studio Shift a également conceptualisé un projet de parc aquatique, écologique cette fois, dans le comté de Miyi, en Chine. En plus de créer une série de bassins, d’infrastructures de service et d’espaces verts, il envisage de construire un lagon. Afin de respecter au maximum l’environnement, il prévoit faire usage de panneaux solaires, instaurer des toits végétalisés, traiter les sols, utiliser l’eau provenant de la rivière Anning comme source primaire et faire appel à un système de récupération des eaux de pluie. On effectuera le traitement des eaux à l’aide d’une technologie avancée qui permettra de filtrer et de purifier cette ressource essentielle au site. Le milieu événementiel suit cette tendance en créant des attraits temporaires aux accents naturels, comme des jardins ou des plages en zone urbaine. Par exemple, en mai 2010, durant deux jours, les Champs-Élysées étaient recouverts de verdure pour célébrer la Journée mondiale de la biodiversité. Souligner le rapport entre l’homme et son environnement était au cœur de cette démarche. Baptisée Nature Capitale, cette œuvre de trois hectares, comprenant 150 espèces végétales, se «déplacera» vers d’autres métropoles au cours des prochaines années. Le concept de paris Plage connait un succès estival et vient conforter une démarche politique de création d’espaces sociaux de détente. Implanté sur les rives de la Seine, il attire les touristes, mais aussi les parisiens qui ne peuvent se payer des vacances. Des idées de toutes sortes émergent partout sur la planète, y compris au Québec. Par exemple, on trouve depuis 2009, au Centropolis de Laval, SkyVenture Montréal, un centre qui permet aux amateurs de sensations fortes de vivre l’expérience d’une chute libre, grâce à un simulateur qui propulse l’air à 175 km à l’heure. Cette fois, c’est le vent qu’on reproduit. Le Centropolis de Laval est également le lieu choisi par Maeva Surf pour créer une nouvelle attraction qui permet aux amateurs de surf de s’initier au flowboard, un sport de planche qui se pratique sur une vague artificielle de type FlowRider®. L’établissement permet à ses adeptes de s’adonner à cette activité à l’intérieur et de profiter de la vague, même en hiver. Grâce aux technologies, on arrive aujourd’hui à contrôler une multitude d’éléments naturels. Peu importe la situation géographique ou la saison, on se donne maintenant accès à tout. Mais jusqu’où ira-t-on? Est-ce que certaines régions tireraient avantage à créer des produits d’appel artificiels? Est-ce la voie à emprunter pour renouveler ou bonifier son offre? Cette tendance s’impose face à un autre courant, celui de l’authenticité, elle constitue néanmoins pour certaines destinations une voie de développement que certains pays absents de la compétition touristique souhaitent prendre qui mérite d’être considérée. Ces évolutions peuvent se rejoindre, mais elles sont encore bien identifiées. 5.1 DE LA THEORIE A LA PRATIQUE Avec le mouvement du tourisme durable, l’authenticité, la nostalgie, et plus largement la découverte occupe le devant de la scène, mais elle suscite aussi de multiples questions pour répondre à la permanence de l’accessibilité, à l’augmentation du nombre de touristes, à l’usure des choses, L’authenticité, de la théorie à la pratique De la théorie… L’authenticité représente ce qui est conforme à la vérité, à l’original. Ses antonymes, fausseté et imitation, permettent de mieux cerner sa signification. L’authenticité en tourisme, c’est: la quête d’un monde différent ce qui représente l’expression identitaire d’une population, d’un peuple ce qui gravite autour des coutumes et des traditions _ faire connaître ses différences et offrir une vitrine sur sa culture, son patrimoine, son histoire, sur ce qui modèle l’identité d’une destination ce qui permet de contrer la mondialisation et la standardisation qui en découle _ aujourd’hui, les plages, les palmiers et les hôtels se ressemblent quand la découverte nous amène là où le modernisme n’a pas encore envahi un coin de pays et modifié les façons de faire et de vivre ce qui rime aussi avec valeur ajoutée et qualité de l’expérience En outre, pour faire le lien entre authenticité et tourisme durable, il n’y a qu’un pas. C’est un concept qui s’inscrit «de façon naturelle» dans un tel mouvement. La quête de l’authenticité reflète un besoin du touriste urbain occidental. Ce dernier recherche en effet le contraste avec la vie quotidienne, la différence, la nouveauté, l’évasion. Il veut vivre de nouvelles expériences et avoir la sensation d’être là où se situe le vrai, l’original, le fantasme même, de pouvoir dire «qu’il y était». À titre d’exemple, même si le voyageur japonais peut se procurer aisément le vêtement d’un grand couturier parisien à Tokyo, le fait de l’avoir acheté à Paris où le couturier a pignon sur rue revêt une tout autre signification. L’authenticité peut se mesurer selon l’échelle de valeurs du touriste lui-même, lorsqu’il revient à la maison avec l’impression d’avoir été dépaysé ou de mieux comprendre le coin de pays qu’il a visité et son évolution ou encore d’avoir établi un contact avec la population locale. … à la pratique La richesse d’une destination réside dans son caractère authentique. Pas besoin des pyramides d’Égypte; chaque collectivité possède une histoire et une culture uniques. Il s’agit d’en faire la mise en scène pour le bénéfice du touriste, par exemple: l’introduction de la visite d’un site d’une production locale dans un circuit de visites une visite à la recherche du brame du cerf en forêt qui, guidée par un autochtone, prend une tout autre connotation une soirée où l’on raconte les histoires du pays autour d’une cheminée les économusées qui mettent en valeur les métiers et les savoir-faire traditionnels les villages avec ses manifestations culturelles, sa cuisine et son artisanat les couleurs automnales et un bon repas cuisiné avec des produits locaux des souvenirs fabriqués par des artisans locaux et la possibilité de les rencontrer la découverte de la migration des cigognes ou l’observation de la faune dans un parc naturel régional simplement le voyageur qui, au détour d’une randonnée, tombe sur une fête locale et côtoie la population. … à l’ambiguïté Mais voila, y aura-t-il tout cela pour tout le monde ? , et jusqu’où peut aller l’authenticité ? Plusieurs exemples viennent à l’esprit pour donner un coup d’arrêt à ces images d’Epinal. L’exemple de la visite d’une ferme avec le désir des touristes de voir comment on traite une vache, alors que les machines automatiques ont envahi la plupart des fermes. L’oubli que la ferme est une exploitation agricole avec ses horaires, une disponibilité conditionnée de ses propriétaires et ses odeurs, sa propreté et le souhait des visiteurs hébergés dans les gîtes de goûter le lait frais… avec toutes les conséquences que cela peut avoir !!!   L’exemple de la culture de la lavande dans un village de Haute-Provence où toute la production est mécanisée et où le gaz propane remplace la paille dans la distillation du produit, alors que l’image touristique renvoie à celle de gens en costume provençal coupant la lavande à la faucille. Lors de la Fête de la lavande, on ressort un vieil alambic en cuivre et des charrettes, les gens se costument, vendent leurs produits et l’étonnement de rencontrer son étudiant de voisin costumé dans le cadre d’un emploi saisonnier… L’authenticité recherchée par le touriste fait fi de l’activité économique et même du cycle naturel des saisons; il recherche en novembre une distillerie active, alors qu’elles ont toutes déjà terminé leurs activités. Une ferme opérationnelle alors que les vaches sont à l’estive pendant les périodes de vacances. Peut-on s’insurger contre une telle pratique et crier à la fausse représentation? De même, en ce qui a trait aux souvenirs, on se demande si le fait que l’artisan adapte souvent sa production aux goûts des touristes doive être considéré comme un processus normal où si l’on doit y voir une menace à l’authenticité du produit. La fabrication artificielle d’une offre touristique où l’on invente un monde ou encore où l’on reproduit certains attraits d’une autre destination s’oppose à l’authenticité. Pourquoi alors Walt Disney World et Las Vegas sont-ils si populaires et surpassent-ils même le nombre de touristes qu’un pays tout entier peut accueillir? Pourquoi plusieurs destinations se lancent dans la surenchère et la démesure? Ces mondes «fabriqués» constituent un autre type de représentation d’une tendance actuelle pour maîtriser, accompagner et fidéliser la clientèle.   Qui détient la capacité légitime de définir l’authenticité d’un produit? Le voyagiste modèle l’offre à partir de la demande et le stratège reprend les arguments publicitaires qui répondent aux attentes du touriste. Le risque de la sur-fréquentation et de la disparition des images de la destination Du concret… La croissance constante du nombre de touristes à travers le monde soulève la problématique de la sur-fréquentation de certains lieux. Les conséquences qui en découlent sont nombreuses: dégradation des environnements naturel et culturel, problèmes sociaux, diminution de la qualité de l’offre touristique, etc. À l’heure où le développement durable d’une destination est perçu comme une priorité, certains acteurs adoptent des mesures afin de contrôler les flux de voyageurs. Même si elles déplaisent le plus souvent à l’industrie touristique, elles sont essentielles pour assurer la pérennité de la destination. Qu’est-ce qu’une destination sur-fréquentée? L’atteinte ou le dépassement du seuil de capacité d’accueil d’un territoire est le signal d’une sur-fréquentation. Le nombre de touristes est utilisé comme mesure pour évaluer le niveau de fréquentation temporelle ou spatiale. Les destinations de tourisme de masse sont les premières touchées par ce phénomène. il est nécessaire de considérer le type de destination, car les effets de la sur-fréquentation sont bien différents selon qu’il s’agit d’un musée, d’une plage ou encore d’une ville. Les conséquences d’une sur-fréquentation Lorsque sa capacité d’accueil est dépassée, la destination risque de subir des dommages environnementaux: difficultés pour un milieu naturel à se régénérer, entraînant son éventuelle destruction; sur-utilisation des ressources en eau et en énergie; pollution d’un milieu; dégradation visuelle des paysages due aux infrastructures touristiques; etc. Les conséquences peuvent porter sur la dimension socioculturelle et se faire sentir de différentes manières: perte de la qualité de vie pour les résidents; pénurie de logements; problèmes de prostitution et de violence; perte d’identité des résidents; altération de la qualité du séjour des touristes; détérioration des sites historiques; etc. Enfin, la surexploitation d’un lieu peut aussi avoir des effets sur le plan politico-économique: inflation des prix; hausse des taxes; manque de main-d’œuvre dans les autres secteurs; éviction des activités non touristiques (p. ex.: rachat de champs de cultivateurs pour la construction d’infrastructures, rachat de commerces pour y établir des hôtels et des restaurants); etc. Un cadre juridique est nécessaire pour réguler ce problème. C’est au gouvernement et aux autorités locales que reviennent le pouvoir et la responsabilité de réguler le tourisme, par la création de lois et de réglementations. Ils se doivent de créer un environnement qui favorise et encourage le secteur privé, les touristes et les autres parties prenantes à mener des actions durables. Cela peut être réalisé en établissant et en appliquant un ensemble de politiques pour le développement durable du tourisme et de sa gestion. De plus, certaines entreprises touristiques mènent des actions indépendantes, en s’aidant par exemple des outils (calculs, études de planification) servant à l’estimation de la capacité de charge touristique, mis en place depuis de nombreuses années. En effet, le défi est d’établir un niveau de tolérance au-delà duquel des mesures s’imposent. Certains tours opérateurs s’appuient sur les commentaires de leurs clients et des responsables à destination pour leur permettre d’évaluer le niveau acceptable de fréquentation et d’être proactifs. L’instauration d’un processus de dialogue devient crucial, de même que la collaboration avec les acteurs sur place, mais aussi avec les autres voyagistes présents sur le lieu de destination. Des restrictions du nombre de touristes De nombreux milieux naturels sont balisés et aménagés avec des passerelles et des escaliers, servant au contrôle du passage des visiteurs et donc à la réduction du piétinement des sols. Des sites fragiles ne sont ouverts au public qu’une partie de l’année ou uniquement lors de visites guidées. Aux États-Unis et au Canada, certains parcs nationaux limitent ainsi le nombre de visiteurs par jour, comme au parc Gwaii Haanas, en Colombie-Britannique. Le Québec joue la carte du tirage au sort pour réguler l’accès à ces réserves fauniques aux chasseurs. À Hawaii, le parc Hanauma Bay Nature Préserve est fermé tous les mardis. Les Bermudes, qui comptent un peu plus de 65 000 habitants, ont accueilli près de 350 000 croisiéristes en 2010. Afin que les effets néfastes de cette affluence soient réduits, seuls deux bateaux peuvent accoster au port en même temps. De plus, le gouvernement envisage de limiter le nombre de croisiéristes à bord des bus publics, afin de laisser des places pour la population locale. En Norvège, le village d’Eidfjord, d’une population de 960 personnes, restreint le nombre de passagers débarquant au port à 4 000 par jour. Des politiques de transport Venise est en train de mettre un plan en place pour que les bateaux de croisière soient directement dirigés vers le terminal maritime, sans passer par le centre-ville, grâce à un nouveau canal. Cette décision a pour but de protéger le site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO d’éventuels accidents comme le naufrage du Costa Concordia. En France, la station de ski des Gets a pu désengorger les lieux les plus fréquentés en instaurant une politique de transport: navettes et stationnements gratuits, aménagement d’une «voie blanche» l’hiver, qui permet aux touristes de traverser le village en ski, et expérimentation de vélos électriques l’été. De nombreuses autres solutions ont été adoptées, telles que le repositionnement de la destination en misant sur un nouveau produit vedette, une meilleure répartition des activités dans l’espace, ou encore une montée en gamme. Au Québec, cette problématique est loin d’être généralisée, mais il est toutefois important que les capacités d’accueil de chaque destination soient respectées, si l’on veut éviter d’en arriver à une situation d’urgence. Et si l’on calibrait ou inventait de nouveaux espaces, pour protéger les authentiques ? C’est une des grandes préoccupations de demain, elle est synonyme d’une difficulté pour tenir les critères de développement durable, la sur-fréquentation des monuments. Dans les 10 premiers sites culturels français dont 8 sont situés dans la région parisienne, 6 sur 8 ont plus de 100 ans. Les touristes qui visitent Versailles, usent les jardins, mais aussi les parquets des appartements du Roi ou la galerie des glaces. On imagine dans les années à venir, comte tenu de l’attractivité de ces monuments, notamment pour les clientèles asiatiques, la création de salles témoins permettant de reconstituer à l’identique certaines parties fragiles du château. La politique de gestion des espaces en réalisant un tour s’avère limitée. Cela a été le cas à Lascaux. 5.2 DES SITES AUTHENTIQUES Depuis toujours, l’occupation humaine a laissé des traces. Cascata delle Marmore, chutes créées par les Romains en 290 avant Jésus-Christ, Dans l'Antiquité, la rivière Velino se perdait dans les marais de la plaine de Rieti. La cascade fut créée par le consul Manius Curius Dentatus pour que les eaux stagnantes puissent s'écouler. La cascade fut élargie au Moyen Âge, puis de nouveau au XVIIIe siècle par l'architecte Andrea Vici. La Cascata delle Marmore est une chute d'eau artificielle dont des sels de calcium donnent aux roches l'aspect du marbre. Elle est située à 7,7 km de Terni, capitale provinciale de la région de l'Ombrie. Sa hauteur totale est de 165 m ce qui en fait le plus haut d'Europe et de la plus haute chute d'eau artificielle dans le monde. De ses 3 sections, le plus haut qui mesure 83 m est le plus grand. Ses eaux proviennent en partie de la rivière Velino dont le restant est utilisé pour une centrale hydroélectrique de 530 MW[1], après avoir traversé le Lac de Piediluco près de la localité de Marmore. Les eaux se déversent dans la vallée inférieure, formée par la rivière Nera. Le débit de la cascade est activé et désactivé selon un horaire bien défini, pour satisfaire conjointement les besoins du tourisme et ceux de la compagnie d'électricité. Islas de los Uros, îles flottantes construites par les Uros sur le lac Titicaca au Pérou. Les Uros sont un peuple disparu peuplant anciennement les îles flottantes du même nom, du lac Titicaca au Pérou. Le nom indien originel des Uros en langue uru était Kïotsuñi. Les Uros se sont éteints complètement, dans les années 1950, abandonnant leur terre de roseaux aux Indiens aymaras de Puno. Ces derniers occupent les îles flottantes à des fins touristiques, en y perpétuant les traditions Uros. Macchu Picchu , la forteresse du ciel du Pérou C'est le symbole d'un développement touristique mal contrôlé. Il y a 25 ans, visiter le sanctuaire du Machu Picchu était un privilège réservé à quelques passionnés, avec moins de 70 000 visites par an. Aujourd'hui, le site dépasse souvent les 2500 visites par jour, limite fixée par l'Unesco pour le protéger des risques d’érosion et de glissements de terrain, et approche du million de visiteur par an. Demain, la construction d'un nouvel aéroport, plus proche du site et bien plus grand, pourrait attirer jusqu'à trois millions de personnes par an. Au risque de transformer le Machu Picchu en parc d'attraction. Ce projet, annoncé en 2012 par le président de la République du Pérou, Ollanta Humala, est déjà en route. En 2025, les autorités visent plus de cinq millions de passagers par an, contre deux millions dans l’aéroport actuel. Or plus de 70% des voyageurs qui se rendent dans la région viennent pour visiter le Machu Picchu. L'Unesco pourrait décider de mettre le site sur la liste des monuments en péril "C’est un site mixte très complexe dans une région naturelle vulnérable et qui est soumis à une très forte pression touristique, paradoxalement en raison de son succès, Certains problèmes se sont renforcés et d’autres sont apparus : la pression urbaine, avec la multiplication des constructions dans le village d’accès au site et la gestion et le contrôle des flux touristiques. Si les menaces se renforcent et que le site risque de perdre sa valeur universelle exceptionnelle, le Comité peut décider d’inscrire Machu Picchu sur la liste des sites en péril. La limite de fréquentation pourrait toutefois être multipliée par trois avec "quelques aménagements", comme des visites organisées limitées à trois heures et des parcours balisés qui éviteront les terrasses les plus fragiles. Cette organisation atténuerait l'impact des millions de chaussures, mais les spécialistes doutent que cela suffise. Et cela ne règlerait pas la question de l'équilibre économique, social et environnemental de la région. Ce projet s'accompagnera en effet du développement de routes, de commerces et d'hôtels, à proximité de l'aéroport de 350 hectares et jusqu'au pied du Machu Picchu. Or l'impact environnemental de ces projets n'a pas été pris en compte. Il pourrait en revanche conduire au renchérissement du coût de la vie et du foncier et à la disparition de certaines activités traditionnelles comme l'agriculture vivrière. Nombreux sont les territoires qui voient leurs paysages naturels se modifier au fil du temps. Le regard des hommes est une donnée qu’on ne peut pas ignorer dans toute opération d’aménagement de l’espace. Les sociétés modernes accordent en effet une place croissante aux paysages qui constituent leur cadre de vie, leur patrimoine, et deviennent même hypersensibles à tout ce qui peut les modifier. Certes, les menaces de pollution et autres nuisances inhérentes au développement économique ont montré que le paysage n’est pas une denrée impérissable. Mais c’est aussi la qualité esthétique de l’environnement qui est de plus en plus en jeu. Sachant qu’un développement ne peut être durable que si les divers aspects de son processus emportent l’adhésion de la majorité des acteurs, on comprendra toute l’importance d’une bonne inscription d’un aménagement dans son milieu d’accueil. L’anthropisation des lieux implique des appréciations différentes, parfois opposées. Le paysage peut être sujet d’affrontements entre intérêts collectifs et individuels ce qui conduit parfois à la recherche de mesures de mitigation et, au minimum, à l’étude de l’impact des aménagements envisagés. Cet impact peut être négatif lorsqu’il engendre une modification de ce qui est perçu comme un équilibre naturel, une harmonie ou le témoin d’un passé dont on peut avoir la nostalgie. Plus gravement, il peut résulter d’une construction massive, inadaptée, enlaidissant durablement le paysage. Mais un aménagement peut avoir aussi un impact positif s’il valorise un élément de ce paysage ou s’il s’intègre à l’existant par ses formes et ses couleurs. Ile de Bora Bora : le mythe de la nature des origines Pour certains résidents, les infrastructures destinées à des vacanciers qui ne fréquentent l’île que fugitivement occupent une place disproportionnée, réduisant les espaces de l’agriculture, de la pêche ou tout simplement les itinéraires de la mobilité quotidienne. Qu’il s’agisse de l’île haute et aujourd’hui des motu, le littoral semble abusivement privatisé, les bungalows dérobent en certains points la vue sur le lagon. Or la population est liée à son territoire par un sentiment d’appartenance très fort. Comme partout, les paysages constituent un élément de la mémoire collective, un patrimoine naturel et culturel, et cette perception s’enrichit en Polynésie d’un lien quasi organique entre l’individu et la terre (fenua) qui l’a vu naître ; des tensions peuvent naitre. Deux espaces se côtoient et la destination sur équipée peut se voir concurrencer par d’autres destinations et créer des friches touristiques. Mais l’authenticité touche les musées. L’irruption du tourisme culturel de masse, il y a une trentaine d’années, a pris au dépourvu musées monuments et sites. C’est ainsi que les opérateurs professionnels du tourisme, détenteurs des choix d’itinéraires et de l’organisation des visites de groupes, adaptant leurs programmes à des publics identifiés et ciblés ont pris une place dominante dans l’économie, l’image, ma pratique et l’interprétation même du patrimoine. L’irruption d’internet n’a pas modifié l’approche de la clientèle et a rendu simplement son approche plus individualisée. Tandis que les musées et monuments n’incluaient pas les touristes dans leur mission éducative, considérant les groupes comme un mal nécessaire bien que convoité. Le marché du tourisme en associant systématiquement voyage et visites contribuait puissamment à faire accéder aux lieux de culture le plus grand nombre. Car le comportement du visiteur a changé. Il souhaite découvrir sans contrainte, sans longueur, sans emphase. Les petits musées de province ont été les plus vite concernés par une désaffection et un rôle passif du guide en décalage avec un visiteur souhaitant une approche plus souvent ludique de sa découverte. Des exemples positifs sont à signaler qui témoignent d’une réaction : Montpellier avec le Musée Fabre qui s’inscrit dans une politique urbaine d’animation, plus récemment le Musée Soulages à Rodez avec l’incorporation d’une restaurant. Les musées font preuve d’une stupéfiante capacité d’adaptation en l’espace d’une génération. La tendance avait démarré avec la création en Scandinavie ou dans les pays anglo-saxons où les musées rejoignent le concept de « places culturelles » où le visiteur est appelé à participer, à vivre dans les espaces. Pour les grands musées, l’étendue de leur offre et leur présence sur le marché touristique, traduit un rôle de véritables entreprises. Le Château de Versailles : une entreprise culturelle C’est un site de renommée internationale ce qui inclut une forte attractivité. L’histoire forte du château et sa mise en valeur explique son attractivité et donc sa fréquentation en évolution constante. En 2011, ce site a accueilli 6,75 millions de visiteurs au sein du Château même, du Grand et Petit Trianon ainsi qu’aux spectacles (1,4 millions de spectateurs). Ce chiffre représente une augmentation de 12 % par rapport à la fréquentation de 2010. La fréquentation de ce site concerne des touristes de tous horizons sociaux mais aussi du monde entier. Les chiffres des arrivées de touristes au sein de ce site sont impressionnants par leur volume et laissent envisager une augmentation d’années en années. Mais, à quel moment les gestionnaires vont-t-ils considérer que cette sur fréquentation peut devenir un problème pour les visites des touristes mais aussi pour la protection physique de ce site ? La faiblesse de ce site : la saturation touristique Si le Château de Versailles est un site très fréquenté. Même s’il n’est pas question de saturation touristique d’après les responsables, ils ont tout de même mis en place certains dispositifs pour tenter d’orienter les flux touristiques dans le temps et dans l’espace. Une volonté de gérer les flux touristiques… Le site étudie certaines formes de gestion des flux à l’intérieur du domaine de Versailles pour en démontrer les limites par la suite. La réduction du sentiment d’attente Les gestionnaires du Château de Versailles ont pris conscience que le temps d’attente sur site est très important et peut créer une certaine insatisfaction auprès des visiteurs. Leur but n’est pas de réduire cette attente car ils n’ont pas d’intérêt à mettre en oeuvre des dispositifs de réduction d’attente. En effet, l’attente permet une régulation naturelle des flux touristiques. Ce sont les aspects psychologiques de l’attente qui sont étudiés ici. L’objectif est de réduire le sentiment d’attente auprès des visiteurs en mettant de l’eau à disposition par exemple, en informant les visiteurs sur l’organisation des visites au sein du domaine ou encore le personnel en profite pour administrer les questionnaires de satisfaction lors des périodes de grande affluence. Cependant, la mise en place est difficile lorsqu’il y a des pics de fréquentation et l’insatisfaction des visiteurs peut vite se ressentir. Dans tous les cas, la réflexion sur ces élèments ou sur des espaces moins fréquentées par des circuits différenciées ne sont pas des solutions pérennes. Elle s’inscrivent dans une politique à court terme, mais ne réponds pas complètement aux problèmes de l’usure de la fréquentation du site. Enfin, l’exemple du château de Versailles est exemplaire de la concurrence et des risques à venir et de l’orientation vers un tourisme artificiel que les responsables refusent. Pour eux la sur-fréquentation de ce site ne représente pas une menace au niveau architectural et physique. Les dégradations seraient dues à des actes isolés de vandalisme comme les graffitis ou les vols. Ces dégradations ne sont donc pas quantifiées par les gérants de site et ainsi, il est difficile d’en connaître la raison. Cependant, il est possible d’admettre qu’une forte fréquentation facilite ce genre de pratiques car elles sont plus difficilement identifiables lorsque les lieux sont « noirs de monde ». De plus, lors de la visite des Grands Appartements (circuit principal), des plaques de plexiglas sont positionnées sur les bords de chaque porte, les protégeant. Les termes « saturation touristique » ou « sur-fréquentation » ne sont pas utilisés pour parler de l’affluence touristique bien existante au sein du domaine de Versailles. Pourtant quelques dispositifs sont mis en place pour la satisfaction des visiteurs lors de leur journée à Versailles. Cependant ceux-ci restent insuffisants face à l’ampleur du problème, la plupart des touristes ont des remarques à faire sur l’organisation du site et la gestion des flux. Plusieurs habitués de ce lieu, se posent même des questions sur le devenir du site face aux dégradations physiques qu’ils remarquent lors de leurs visites successives. Si, pour l’instant rien n’est envisagé pour faire visiter des copies, le « turn-over » de certaines visites montre ses limites dans la fréquentation. 5.3 DES SITES SIMULES HIROSHIMA Dans la ville d’Hiroshima, il y a un vaste espace découvert appelé le parc de la Paix. Il est situé à l’endroit où la première bombe atomique est tombée, en 1945. Non seulement il en marque l’emplacement mais il fut créé par la bombe elle-même. Seul un hall d’exposition endommagé est resté debout près de l’épicentre. Construit dans les années 30, sa structure en béton armé l’a sauvé d’une totale destruction. Cette ruine est le symbole fort d’un événement effroyable. Un nouvel édifice le jouxte ; musée et centre de conférences, il contient d’autres vestiges, des photographies et des témoignages contemporains. Ce site est visité chaque année par un grand nombre de touristes-pèlerins en provenance du monde entier et accueille les rassemblements pour la paix à l’initiative d’un large éventail de tendances politiques. Tout important symbole qu’il puisse être, ce hall d’exposition est un faux. Quand il a menacé de s’effondrer totalement – les éléments naturels ayant relayé le travail de la bombe –, la municipalité l’a fait reconstruire dans cet état de semi-ruine. Tout compte fait, comme le reste du Japon ne se fatigue jamais de le répéter, c’était une attraction trop lucrative. Les Japonais comparent Hiroshima à Nagasaki, dont les habitants n’ont jamais cherché à commercialiser la bombe qui leur est tombée dessus mais ont, au contraire, reconstruit leur ville et continué leurs vies. Ces derniers ont bien un parc de la Paix mais il est petit et modeste. Bien sûr, leur bombe ne fut que la deuxième, et non la première, à tomber ; et les habitants d’Hiroshima clament que les reproches qu’on leur fait sont largement du type « ces raisins sont trop verts ». Quoi qu’il en soit, on ne peut pas se méprendre sur l’horreur qu’inspire le site d’Hiroshima. Quelques-uns des gardiens sont (ou furent) eux-mêmes des survivants de la bombe. Bien que le site ait pour centre un faux, il suscite des émotions profondes et authentiques. Il fait parti de la catégorie des sites simulés. Le faux authentique n’est pas simplement l’objet en lui-même mais la relation entre les visiteurs et les guides, relation dont l’objet n’est que le médiateur. LES CHUTES DU NIAGARA Niagara falls, à la frontière américano-canadienne, les chutes figurent parmi les premiers sites d’Amérique du nord pour sa fréquentation, elles ne sont que la réalisation d’un rêve des touristes de se promener sous la cascade. Hors la promenade proposée ne se réalise que sous une chute contrôlée. En effet, pour des raisons de sécurité bien compréhensibles, le visiteur est invité à passer sous les chutes dans un périple sous forme d’une promenade sous caillebotis sur les quelles tombent de l’eau. Cette eau provient d’une dérive des chutes permettant une régulation tout le long de l’année. Cette précaution ne préoccupe pas trop le visiteur. Celui-ci souhaite immortaliser ce moment avec une photographie le présentant habillé d’un ciré, témoignant de sa présence aux chutes du Niagara. Ce faux authentique ne trahit pas la notion de rêve attachée à cette destination. Il permet en particulier au touriste américain qui a toujours plébiscité cette chute d’eau, de traduire son goût pour la nature. Sa proximité des grandes cités américaines des côtes atlantique a répondu à cette attente durant de nombreux week-ends. LASCAUX En France, la découverte des Grottes de Lascaux, leur fragilité face à une trop forte fréquentation a obligé à créer une infrastructure identique à proximité de la vrai pour canaliser le public, éviter les dégradations de visites trop importantes. Cette réalisation qui s’est déroulée en plusieurs étapes n’a pas modifié la fréquentation mais au contraire a permis de créer un espace touristique plus en adéquation avec la demande des visiteurs. Plusieurs phases ont déjà eu lieu, la phase IV doit apporter un surcroit d’éléments sur le site de Lascaux. L’Avatar n’a pas dimnué la curiosité des touristes. Le montant des investissements traduit la volonté des responsables de réaliser au delà de Lascaux un dispositif de découverte touristique qui se rapproche des centres touristiques et leur impact en termes d’emplois et de richesse. GUEDELON La construction d’un château médiéval dans le département de l’Yonne est un des exemples les plus remarquables d’un tourisme artificiel sur les fondements d’une reconstitution historique qui a trouvé sa clientèle. Ce projet en cours de réalisation, ouvert aux touristes avec des visites commentées et même des ateliers de sensibilisation des différents corps de métiers est devenu le deuxième site touristique payant de la région Bourgogne. La France demeure la destination préférée des touristes étrangers mais aussi des Français. Ce constat est d’autant plus vrai avec la conjoncture actuelle où les destinations de proximité – moins coûteuses – sont largement privilégiées par les Français. Les Français privilégient la France pour leurs vacances pour le coût mais aussi pour se reposer. Mais quels sont les monuments et les sites touristiques les plus visités en France ? La DGCIS (Direction générale de la compétitivité, de l’industrie et des services) a publié récemment un classement des sites touristiques les plus populaires en France l’année dernière. Paris domine incontestablement le haut du classement dans le domaine culturel… Les autres grands stars du classement sont les parcs d’attractions, avec en tête Disneyland Paris qui a enregistré l’année dernière 15 millions d’entrées ! ILE NOTRE DAME C’est une île artificielle de l'archipel d'Hochelaga qui fait partie de la ville de Montréal. Elle a été érigée en 10 mois en 1965 avec la terre déplacée pour creuser le métro de Montréal. Elle fut créée pour l'Expo 67 pour souligner le centième anniversaire du Canada. Elle est située sur le Fleuve Saint-Laurent, à l'est de l'île Sainte-Hélène et à l'ouest de la voie maritime du Saint-Laurent. Avec l'île Sainte-Hélène, elle forme le parc Jean-Drapeau, un des plus grands parcs de Montréal. Le parc a été nommé à l'honneur de l'ancien maire de Montréal, Jean Drapeau. Véritable levier de développement touristique, le paysage contribue à l’attractivité des territoires. C’est pourquoi certaines destinations, parfois moins avantagées par la nature ou voulant devenir encore plus attrayantes pour les touristes, se tournent vers des options « artificielles », afin d’améliorer leur physionomie ou leurs attributs. Ainsi, on crée des chutes, des îles, des plages, des montagnes et des lacs; on simule le vent, la neige et même les vagues. BOSCOMBE En Angleterre, une station balnéaire située à proximité de Bournemouth. Celle-ci connaît un essor remarquable grâce, entre autres, au premier récif artificiel en Europe, le Boscombe SurfReef, qu’on a créé afin d’attirer les surfeurs en quête de la vague parfaite. Cette contribution artificielle a joué un rôle important dans la revitalisation de ce site qui, après avoir été délaissé durant plusieurs années, attire à nouveau les touristes en grand nombre. 5.3 DES SITES ONIRIQUES Bien que ce ne soit pas toutes les destinations qui regorgent de sites artificiels tels qu’à Dubaï. Dubaï fait partie de ce que l’on pourrait appeler les « stations artificielles ». La ville est complètement artificielle, mais elle touche une clientèle avide de rêve d’un autre monde. Quelque chose qui rejoint le ludique, l’onirique qui touche au rêve réalisé. Dubaï met en avant son aspect futuriste et ultra moderne pour attirer ces touristes. La ville s’est efforcée de développer des infrastructures absolument remarquables pour être au cœur des flux de la mondialisation et notamment grâce à sa situation entre Occident et Orient. La compagnie aérienne Émirats est devenue la première mondiale et c’est en partie dû à l’importance croissante de l’aéroport de la ville. La clientèle arabe, en plein essor, vient en masse et en particulier pour y investir dans le secteur immobilier. Sans oublier le port de Dubaï qui prend une place importante. Concernant les paysages, malheureusement il n’y a rien à voir de consistant. Les profils caractéristiques sont tout d’abord les catégories aisées et en particulier très aisées, friandes de séjourner dans de beaux hôtel et qui s’occupent avec les activités mises en place par Dubaï et ses projets pharaoniques connus mondialement (ski, casino, centre commerciaux de luxe). Les populations du Golfe et de tout le monde arabe se sentent libres à Dubaï. Contrairement à Doha (Qatar) où les autorités religieuses sont beaucoup plus strictes. Les autorités sont beaucoup plus tolérantes et libérales en ce qui concerne les mœurs, ce qui plait à toute une clientèle fortunée et « occidentalisée » du Golfe . Dubaï apparait comme une zone de liberté ce qui la rend très populaire chez les musulmans modérés. On observe également une clientèle fortunée européenne. Effectivement on peut observer la multiplication de clients aisés et en particulier ceux venus des pays émergents. Les clients fortunés apprécient Dubaï car ils ont le sentiment  de ne pas avoir à se cacher, et ne sont soumis à aucune contrainte. Dubaï mise la dessus. Leur choix touristique du luxe n’est pas hypothétique car le marché se développe beaucoup y compris venant d’Asie. Les clients fortunés recherchent la tranquillité, la discrétion et la sécurité ce qu’ils trouvent à Dubaï. On pourrait qualifier la ville de « Monaco du 21ème siècle ». Le marché européen Qui ne rêverait pas de passer des vacances dans un paradis tropical sans devoir prendre l’avion, sans contrainte de vaccination ni de passeport, un jour ou quelques heures, pour se dépayser ou relaxer après une semaine de travail trop stressante? Au coeur de l’Europe, un riche homme d’affaires malaisien, Colin Au, invente une nouvelle façon de voyager. Récemment, a été inauguré en Allemagne, dans la banlieue berlinoise, le Tropical Islands, une incroyable station balnéaire intérieure. Cet ancien hangar d’assemblage de Zeppelin, en Allemagne de l’Est, propose maintenant un complexe récréo-éducatif incluant avec un parc aquatique; un jardin botanique pour plantes tropicales et orchidées où seront organisées des expositions; une forêt vierge; un village asiatique avec des bars et restaurants typiques; la réplique d’une maison thaïlandaise; une lagune rappelant celle de Bali; 200 m de plages de sable blanc accueillant bon nombre de terrains de volley-ball de plage; plusieurs scènes pour les spectacles nocturnes et autres comédies musicales et enfin, un horizon changeant, projeté sur un écran de 140 mètres de long. À deux pas d’une capitale allemande qui se présente comme une destination touristique en forte progression (13 millions de nuitées en 2004 pour 6 milliards d’euros en retombées touristiques) et qui occupe maintenant la troisième position au niveau européen après Paris et Londres, ce nouveau complexe a tout pour plaire. Les chiffres ont de quoi impressionner: 66 000 m2 au sol, une longueur de 360 m, une largeur de 210 m pour une hauteur de 107 m (assez grand pour contenir la statue de la Liberté et 14 Boeing 747), 850 chaises longues, un investissement de 111,4 millions $CA, 800 emplois créés dans une région où le taux de chômage s’élève à 20%. À seulement une heure d’autoroute de la capitale allemande Berlin, ce nouveau parc est ouvert 24 heures sur 24, 365 jours par année. Le billet d’entrée coûte 24 $CA la journée (8 $CA pour 4 heures), un tarif très concurrentiel en comparaison avec d’autres parcs d’attractions aquatiques européens, beaucoup plus petits. Les personnes intéressées à passer plusieurs jours sur place peuvent également y louer des tentes. La température de l’air est de 25°C (35°C sur la plage) et celle de l’eau navigue entre 28 et 31°C, le tout sur fond sonore de forêt vierge, sans les insectes qui viennent généralement avec. Le public cible: toute personne habitant à moins de trois heures de voiture du site, soit 16 millions de visiteurs potentiels. Ailleurs, des aéroports industriels et de passagers ont été recyclés: en centre sportif (le complexe Helliniko, construit sur le site de l’ancien aéroport d’Athènes, en Grèce), en parc d’exposition et centre de congrès (comme Alpexpo, le centre d’exposition de Grenoble, en France), en centre de Formule 1 ou de tennis, en Disneyland, etc. Même engouement en Amérique du Nord L’industrie des parcs d’attractions aux États-Unis est de loin la plus grande du monde. On compte approximativement 40 parcs à grande échelle et 55 parcs de grandeur moyenne. Durant les dix dernières années, ceux-ci ont vu leur croissance friser un taux annuel composé d’environ 3%. Caractérisé par une période de lancement, initiée par Disney vers la fin des années 1950-1960 et suivie d’une période de croissance rapide durant les années 1970-1980, ce secteur vit actuellement une phase de maturation qui nécessite une diversification et l’instauration de nouveaux concepts. On peut citer aussi le développement de parcs historiques, où la population locale participe souvent de manière gratuite à des représentations du passé. Ce phénomène bien connue des pays anglo-saxons se développe et se rapproche des tendances de certaines populations à s’impliquer pour faire découvrir leur pays. Cette attitude renvoie aux notions humaines de développement durable. Trois grands principes Puisque l’industrie devient de plus en plus concurrentielle, il est nécessaire de tenir compte des trois grands principes suivants: Création d’une identité unique: par le développement d’un caractère propre (comme Mickey et ses amis), une forme architecturale originale, des événements et une programmation spéciale ou une combinaison de ces derniers; Proposition d’une masse critique d’attractions: selon certains analystes, le niveau d’investissement pour attirer le touriste international doit généralement excéder 150 millions $US. Le succès sera plus important si la haute technologie est combinée avec un service de qualité; Développement d’activités complémentaires: comme les hôtels haut de gamme, proposer des équipements permettant la tenue de séminaires et de conférences, des activités sportives – golf, tennis, nautisme, excursions touristiques dans la région, etc. Diversification et retailtainment Face à l’explosion du nombre de «baby-boomers», plusieurs de ces attractions ont compris la nécessité de revoir leur positionnement. Jadis situés aux abords des grandes villes (au temps où le terrain était peu coûteux), les lieux de divertissement commencent à réintégrer les zones suburbaines en se localisant, par exemple, dans des centres commerciaux. C’est ce qu’on appelle aujourd’hui le retailtainment (une contraction des mots retail, distribution et entertainment, divertissement). Certains magasins, qualifiés déjà «d’espaces d’aventure» ou encore de «lieux de vie», offrent des mises en scène d’un niveau jusqu’à maintenant pratiquement inégalé: décors de cinéma, ambiance de parc d’attractions, etc. Et l’on voit apparaître de nouveaux types de centres de divertissements, conviviaux, ludiques et interactifs, parfois combinés à des activités récréatives extérieures comme un mini-golf, des restaurants à thèmes, des attractions spécifiques pour les enfants, des mini-aquariums et beaucoup plus (par exemple, le West Edmonton Mall). En raison des retombées directes (chiffre d’affaires au m²) et indirectes (image des enseignes), ce phénomène ne peut être réduit à une simple anecdote. Selon certains spécialistes du secteur, cette diversification devrait continuer tandis que les entrepreneurs cherchent de nouveaux créneaux encore mal ou inexploités. Aux États-Unis, le premier parc aquatique intérieur a vu le jour en 1989 dans le Wisconsin (le Polynesian Resort Hotel & Suites, Wisconsin Dells). C’est aussi dans cet État que l’on retrouve la plus grande concentration de parcs aquatiques américains, soit 18 centres intérieurs et 3 extérieurs, pour un total de plus de 200 glissoires. C’est également là que l’on retrouve le plus grand parc aquatique des États-Unis, avec 11 615 m2 de surface (le Kalahari Resort). Mais, c’est au Canada que l’on peut voir le plus grand parc aquatique d’Amérique du Nord: le World Waterpark, situé dans le West Edmonton Mall (Edmonton, Alberta). Avec ses 20 235 m2, il est 18 fois plus spacieux que le plus grand parc aquatique des États-Unis. Aménagée dans l’enceinte d’un centre commercial, la plage intérieure à vagues offre aussi des bains tourbillons, un promontoire pour les sauts de bungee, 23 glissoires, des barboteuses pour les tout-petits, etc., le tout dans une température variant entre 26 et 30°C. L’Asie n’est pas en reste Elle compte des complexes où les chinois peuvent goûter aux joies dde la détente dans des espaces dont l’architecture reprend souvent les grands monuments ou sites européens ou américains. Aujourd'hui, on découvre que le pays le plus peuplé au monde se passionne pour l'architecture occidentale, au point de vouloir la recréer sur son sol. De quartiers entiers inspirés de leurs modèles français, autrichiens ou italiens aux copies pures et simples de monuments célèbres, visitez ce pays qui rêve d'ailleurs. C'est dans la banlieue de Shijiazhuang, à 300 km au sud-ouest de Pékin que se dresse au milieu de nulle part une reproduction grandeur nature du Sphinx de Gizeh (Egypte). Cette sculpture monumentale fait partie d’un parc d’attractions encore inachevé qui accueillera également des studios de télévision et de cinéma. Tiandu Cheng est un quartier dans la banlieue de Hangzhou, une ville de l'est de la Chine, a été construit sur le modèle de Paris, tour Eiffel incluse (mais trois fois plus petite que l'originale).C'est à 25 km du centre de Pékin que Zhang Yuchen, un ancien garde rouge devenu milliardaire, a fait construire une réplique exacte du château de Maisons-Laffitte (Yvelines). Soit disant pour permettre aux Chinois de mieux connaître la culture française, il s'agit plutôt pour ce magnat de l'immobilier de montrer ses talents de promoteur. Situé au sud de la Chine, Huizhou est un village conçu comme le double oriental du village de Hallstatt (Autriche). D'ailleurs, ceux qui ont plus d'affinités avec nos voisins anglais peuvent se rendre à Suzhou, près de Shangai, où se trouve une copie du célèbre Tower Bridge londonien. La Chine possède également sa Florence (Italie), située dans le district de Wuqing, à 150 km de Pékin. Il aura fallu 2 milliards d'euros pour construire cette réplique de la capitale toscane. Le parc de Shaping à Chongqing au sud-ouest de la Chine accueille une réplique du mont Rushmore, mémorial national américain situé dans le Dakota du Sud (Etats-Unis). Depuis 2009, la province du Sichuan (Sud-Ouest) s'est dotée d'un bassin dont la salinité se rapproche de celle de la mer Morte au Moyen-Orient. Devenu un des parcs de loisirs le plus prisé en Chine, ce bassin artificiel reçoit, les jours de grosses chaleurs, jusqu'à 10 000 baigneurs. L’appel lancé auprès du musée du Louvre par les émirats arabes est de ces phénomènes qui marquent l’évolution du tourisme. Il procède d’une volonté politique d’inscrire la destination culturelle dans l’offre locale. C’est une démarche quasiment iconoclaste pour ceux qui plaidaient pour une politique de conservation endogène. La Chine n’est pas en reste, sa frénésie de construction de musées par les plus grands architectes va bousculer la hiérarchie touristique dans quelques années et surtout maîtriser un marché touristique interne en pleine expansion. Conclusion Cette nouvelle approche du tourisme avec un aspect artificiel, doit s’établir sur un regard précis de l’évolution du marché touristique et surtout du comportement des consommateurs. Une instantanéité et une transparence. Le client est conscient du rôle d’internet et l’utilise rapidement. Il devient un acteur avec ses qualités et ses défauts. Une des conséquences est l’économie collaborative. Le consommateur préfère profiter qu’acquérir, louer plutôt qu’acheter. Il dépense moins en hébergement, mais pour se donner plus de flexibilité pour les activités. Ce rôle fondé sur une action forte sur les réseaux sociaux génère une plus grande confiance dans la communauté à laquelle il appartient. On assiste à la naissance de communautés d’intérêt. Pour partir, mais aussi pour se conseiller, pour donner des avis… et faire profiter le groupe des nouveautés. En parallèle, la croissance s’accélère pour le tourisme urbain. L’urbanisation très forte des économies émergentes fait apparaître de nouveaux touristes à la recherche d’expériences nouvelles et exotiques. L’épicentre touristique devient urbain, fondé sur des investissements aéroportuaires conséquents, devient un point important ou se retrouve des équipements touristiques artificiels doit se responsabiliser sur le tourisme durable. Le concept qui va tirer ces évolutions sera le « commerce-loisir ». Les centres commerciaux sont face à la concurrence des achats sur internet, et pour répondre de façon efficace, ils vont se doter d’équipements de détente : cinéma, piscine, musée, mais aussi hôtel et tendre ces espaces de détente vers des ouvertures permanentes. Pour les professionnels, l’une des actions qui peut en découler ce sont les alliances commerciales de destination, le co-branding doit prendre ici toute sa valeur. Et de façon plus permanente : les concentrations, les fusions ou même les alliances totales ou partielles. Les hôteliers ont devant eux un défi, certes différents si ce sont des indépendants ou des chaînes, mais représentatifs des effets internet : client autonome et connecté, monopole des agences en ligne. La flexibilité devient le maître-mot, un seul but : la standardisation dans la différenciation. Si les indépendants ont du faire face à des successions d’investissements dans les normes, ils doivent se replacer dans une relation client nouvelle. Pour les chaînes, leurs efforts dans le domaine des équipements de développement durable ne les empêchent pas de rentrer dans une démarche de wellcomers (Accor) qui permet de mixer accueil et conseil. Dans ce contexte de nouveaux acteurs vont se manifester pour s’intégrer dans le marché touristiques : des centres commerciaux, des entités culturelles, des villes, tous voudront maîtriser le chiffre d’affaires grâce à une fidélisation de la clientèle. Réaliser des économies d’échelle, source de profits sous formes d’alliances. Ces équipements touristiques seront de plus en plus oniriques, historiques, participatifs. Ils s’appuieront sur la volonté du touriste de s’investir, d’être le propre acteur de sa vie de détente, et ainsi participer à une véritable expérience dont il pourra se prévaloir et le promouvoir. Pour les habitants d’un territoire touristique, leur position devient plus active. Il devient promoteur de sa communauté. Il est en interaction, sa première conscience sur le développement durable était une prémisse de sa position présente et future. D’un tourisme vert, il s’engage dans un tourisme engagé. C’est un marketing de l’implication sociale locale. Il recoupe des actions telles que le crowdsourcing, le crowdfunding, le crowdlearning. Chaque habitant devient un ambassadeur et les offices de tourisme seront des facilitateurs et des intermédiaires. Enfin, les grands vainqueurs de cette révolution touristique sont les agences en ligne qui privilégie l’expérience client avec une écoute, une adaptabilité grâce à des logiciels évolutifs appuyés sur les outils individuels de communication. Le tourisme artificiel devient la fenêtre d’internet, tout sera possible et permettra au touriste après avoir recherché et réservé sur des sites touristiques de se plonger dans un univers différent, une nouvelle frontière de l’exotisme. 68 Bruno VEDRINE le tourisme artificiel