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Revue de Sciences humaines Traduire et introduire Calveiro / Smail / Strathern Coordonné par Olivier Allard, Guillaume Calafat et Natalia La Valle 2014 | hors-série Sommaire Avant-propos Traduire et introduire les sciences humaines 7 Pilar Calveiro Introduction. Pilar Calveiro : la violence et la mémoire Par Natalia La Valle et Marc Lenormand Politique et/ou violence. Une approche de la guérilla des années 1970 Par Pilar Calveiro (traduction : Natalia La Valle) Autour de l’intervention de Pilar Calveiro Par Alejandra Oberti et Roberto Pittaluga (traduction : Marie-Laure Stirnemann et Natalia La Valle) Quand le phare illumine de mille feux. Promesses et naufrage de l’héritage guévariste Par Vera Carnovale (traduction : Simon Hecht) Penser la violence politique, de l’Argentine à l’Europe. Entretien croisé avec Fanny Bugnon, Isabelle Lacroix et Isabelle Sommier Par Fanny Bugnon, Isabelle Lacroix et Isabelle Sommier 11 17 43 57 73 Daniel L. Smail Introduction. Daniel L. Smail et la « neuro-histoire » Par Guillaume Calafat 85 Civilisation et psychotropie Par Daniel L. Smail (traduction : Marc Lenormand et Christelle Rabier) 87 L’historien, le cerveau et l’ivresse des profondeurs Par Rafael Mandressi 113 Aux paradis artiiciels de l’historien Par Alexandre Vincent 127 Comment la psychologie pourrait être utile aux historiens Par Olivier Morin 139 Retour sur On Deep History and the Brain Par Daniel L. Smail (traduction : Guillaume Calafat) 151 Marilyn Strathern Introduction. Marilyn Strathern et l’anthropologie française Par Olivier Allard 167 Le brevet et le malanggan Par Marilyn Strathern (traduction : Olivier Allard) 175 Marilyn Strathern en Mélanésie : un regard critique sur le genre, les objets et les rituels 203 Par Pascale Bonnemère Vadrouiller dans Partial Connections de Marilyn Strathern Par André Iteanu 223 La théorie sociale après Strathern : une introduction Par Alice Street et Jacob Copeman (traduction : Victor Cova, Barbara Turquier et Olivier Allard) 235 AVANT-P R OP OS Traduire et introduire les sciences humaines A-t-on encore vraiment besoin de traduire des textes de sciences humaines en français ? La question se pose parfois, et certains soulignent une asymétrie fondamentale : si les auteurs francophones doivent traduire leurs travaux pour espérer avoir une inluence mondiale, l’inverse ne serait pas ou plus vrai. Le monde de la recherche serait uniié par une langue véhiculaire – l’anglais –, la mobilité internationale des universitaires, ou encore l’accès immédiat aux publications électroniques. Publier en français les textes d’auteurs étrangers pourrait avoir un intérêt pour le grand public, mais très peu pour les chercheurs eux-mêmes, puisqu’ils auraient déjà les compétences et les moyens techniques (légaux ou pirates) de lire tout ce qui compte – c’està-dire tout ce qui est disponible en anglais. Sans nier aucunement l’existence d’un espace intellectuel et universitaire mondialisé (en a-t-il jamais été autrement ?), ce hors-série de Tracés repose sur l’idée qu’un tel espace est cependant loin d’être homogène : si beaucoup de travaux étrangers sont (plus ou moins) accessibles aux chercheurs français, ils ne sont pas tous également lus et discutés. Il y a donc un intérêt à débattre spéciiquement de l’œuvre d’auteurs étrangers, qui occupent une place centrale dans leur sphère d’inluence mais n’ont pas suscité l’attention qu’ils ou elles méritent en France. Nous avons choisi de le faire en réunissant plusieurs commentaires qui permettent de présenter et de discuter le travail d’un auteur, dont nous traduisons également un texte signiicatif. Pour ce hors-série, nous avons choisi la politiste argentine Pilar Calveiro, l’historien américain Daniel L. Smail et l’anthropologue britannique Marilyn Strathern. Aucun des trois n’a été complètement ignoré en France, au moins dans leurs disciplines respectives, mais les traduire aujourd’hui nous semble pertinent pour ouvrir la discussion à un auditoire plus large et soulever certains enjeux liés à la réception des textes de sciences humaines. T R A C ÉS 2 01 4 / HORS-SÉRIE PAGES 7-8 AVA N T- P R O P O S La qualité et l’originalité des recherches hors des pays francophones et anglophones sont souvent méconnues, alors que la portée du travail de Calveiro dépasse largement le cadre d’un pays ou d’une aire régionale. Analysant l’escalade de la violence qui a marqué l’Argentine dans les années 1970, elle a montré comment la militarisation du conlit entre un État répressif et des organisations révolutionnaires a conduit à l’écrasement d’un mouvement populaire large et radical ; ses travaux interrogent aussi en miroir l’escamotage de la violence politique dans l’histoire récente des démocraties européennes. Smail, pour sa part, est sans doute connu en France pour ses travaux en histoire médiévale. En revanche, son livre On Deep History and the Brain, en partie dirigé contre le créationnisme dont les thèses sont en pleine expansion aux États-Unis, n’a eu qu’un très faible écho en France – sans doute pour cette raison même. Or, les perspectives interdisciplinaires que Smail propose – entre histoire et sciences cognitives – nous semblent y mériter un droit de cité. Le dossier sur Strathern, enin, aborde plusieurs facettes d’une œuvre très variée : anthropologue de la Mélanésie, elle s’est fait connaître en critiquant certains concepts des sciences sociales à partir de son analyse des conceptions locales de la socialité et de la personne, puis elle s’est engagée dans un travail comparatif fondé sur des rapprochements souvent inattendus entre la Mélanésie et l’Euro-Amérique. Son style ardu et sa posture analytique expliquent peutêtre que les Français la reconnaissent (un peu) sans la connaître (vraiment) – état auquel nous espérons remédier. Olivier Allard, pour le comité de rédaction de Tracés 8