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MÉMOIRE DE MASTER – PARCOURS THEOLOGIE FONDAMENTALE δ’impossible rendu possible μ “voir” Dieu dans l’Evangile selon Jean. Etude sémique des verbes de vision dans le quatrième Evangile. Mémoire présenté par Marie Fritsch Sous la direction de Mme Madeleine Wieger, maître de conférences en philologie biblique Année universitaire 2016-2017 INTRODUCTION δ’auteur1 ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ ἶevaitΝ rὧponἶreΝ ὡΝ unΝ ἶὧἸi μΝ raἵonterΝ l’ὧvὧnementΝ Jésus-ἑhristΝ ὡΝ unΝ leἵteurΝ quiΝ n’avaitΝ pasΝὧtὧΝtὧmoinΝ ἶireἵtΝ ἶeΝ ἵetΝ ὧvὧnement,Ν unΝ lecteur qui ἶevaitΝ vivreΝ aveἵΝ l’absenἵeΝ ἶurableΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν δ’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ aΝ tentὧΝ ἶeΝ répondre aux interrogations qui pouvaient naître de cette situation. Pour ce faire, il a choisi ἶ’insὧrerΝἶansΝleΝrὧἵitΝἶeΝlaΝvie,ΝἶeΝlaΝmortΝetΝἶeΝlaΝἤὧsurreἵtionΝἶeΝJésus – déjà connu de ses lecteurs – ἶesΝ thèmesΝ nouveauxΝ etΝ ἶ’enΝ ἶὧvelopperΝ ἵertainsΝ autres,Ν ἶὧjὡΝ prὧsentsΝ ἶansΝ lesΝ Evangiles synoptiques. ἧnΝ ἶeΝ ἵesΝ thèmesΝ estΝ ἵeluiΝ ἶeΝ laΝ vision.Ν χuΝ leἵteurΝ quiΝ n’aΝ jamaisΝ vuΝ Jὧsus,Ν l’auteurΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝproposeΝunΝrὧἵitΝoὶΝἵhaqueΝἵhoseΝestΝvisible.ΝΝἙlΝs’aἹitΝenΝeἸἸetΝἶ’unΝἶesΝ thèmes centraux ἶansΝl’ἓvanἹile,ΝparἵourantΝtouteΝlaΝnarration ; il est utilisé pour décrire les actions de Jésus (Jésus voit), les réactions que provoquent ces actions (on voit ce que fait Jésus), mais également et surtout les relations entre les différents protagonistes du récit : Jésus, le monde, les adversaires de Jésus, ses disciples. δ’ὧvanἹὧlisteΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ pouvaitΝ ἶὧvelopperΝ ἵeΝ thèmeΝ ἶuΝ voirΝ ἶeΝ plusieursΝ manières. Il pouvaitΝleΝἶὧvelopperΝἹrὢἵeΝὡΝl’histoire racontée – la narration –, en utilisant la symboliqueΝἶuΝvoir.ΝἑelaΝestΝleΝἵasΝἶansΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-nὧΝoὶΝl’histoire,Ν en elle-même, est liée au thème du voir μΝl’aveuἹleΝquiΝreἵouvreΝ laΝ vueΝsymboliseΝl’hommeΝ qui devient croyant (Jn2 9, 2-ἂ1).Ν δ’auteurΝ pouvaitΝ ὧἹalementΝ insὧrerΝ leΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ visionΝ dans la façon dont cette histoire est racontée – le style littéraire. La vision est utilisée comme filtre pour décrire les épisodes qui composent sa narration ; les événements ne sont pas racontés directement mais sont décrits visuellement μΝ ilΝ n’estΝ pasΝ ἶit : Ναγαθα ζΝ ζγ θΝ πλ μ θΝ β κ θ mais θΝὁ β κ μΝ θΝΝαγαθα ζΝ λξ η θκθΝπλ μΝαὐ θ3 (Jn 1, 47). Enfin, le narrateur pouvait développer le thème de la vision grâce aux mots utilisés pour raconter cette histoire – le lexique. Certains mots exprimant la vision prennent alors une sens technique, indépendant du contexte où ils se trouvent, et sont utilisés pour exprimer immὧἶiatementΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ thὧoloἹiqueΝ ἶuΝ voirΝ μΝ lorsΝ ἶeΝ l’apparitionΝ ἶuΝ ἤὧssusἵitὧΝ ὡΝ εarieΝἶeΝεaἹἶala,Νl’auteurΝneΝluiΝἸaitΝpasΝἶireΝμΝ πδ ́π ͅ ευλ́ͅ mais ώλαεαΝ θΝε λδκθ (Jn 20, 18). δ’ὧvanἹὧlisteΝaΝἵhoisiΝἶ’artiἵulerΝetΝparἸoisΝἶeΝsuperposerΝἵesΝtroisΝtypesΝἶeΝἶὧveloppement ; la portée théologique du thème de la vision se situe à ces trois niveaux. En décrivant une aἵtionΝaveἵΝl’aide du thème de la vision et en utilisant les mots de la vision à proximité les uns ἶesΝautres,ΝἶansΝunΝmêmeΝἵontexteΝlittὧraire,Νl’auteurΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝtenἶΝὡΝἶonnerΝὡΝ toute utilisation de ce thème, même banale en apparence, une signification théologique. La superpositionΝ ἶeΝ ἵesΝ troisΝ niveauxΝ s’observeΝ parΝ exempleΝ ἶansΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ ἹuὧrisonΝ ἶeΝ l’aveuἹle-né : Jésus voit un aveugle-nὧ,Ν ἵeΝ ἶernierΝreἵouvreΝlaΝ vueΝparΝl’aἵtionΝἶeΝ Jὧsus,ΝlesΝ Juifs le voient guéri et voient donc ce que Jésus a fait,ΝetΝl’aveuἹle-né confesse en définitive ἢarΝἵommoἶitὧ,ΝnousΝparlonsΝἶ’auteurΝauΝsinἹulierΝmêmeΝsi,ΝauΝniveauΝhistorique,ΝilΝestΝreἵonnuΝparΝlaΝmajoritὧΝ ἶesΝ ἵherἵheursΝ queΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ aΝ ἵonnuΝ plusieursΝ rὧἶaἵteursΝ etΝ qu’ilΝ ἵomporteΝ plusieursΝ ἵouἵhesΝ rédactionnelles. 2 Les abréviations des livres bibliques utilisées sont celles de la TOB. 3 Au cours de cette étude, les différents versets étudiés seront donnés, sauf exception, uniquement en grec. La traduction de la TOB pour tous les versets du corpus est cependant donnée en annexe. Cf. Annexes, B. 1 1 avoirΝvuΝleΝἔilsΝἶeΝl’hommeΝ(εα ώλαεαμΝαὐ θ : Jn 9, 37). A tous les niveaux, le thème de la vision est présent et semble avoir une portée qui dépasse le sens premier du récit. Ce choix est une particularité de l’auteurΝ quiΝ amène,Ν lorsqueΝ l’onΝ ὧtuἶieΝ unΝ thèmeΝ prὧsentΝ ἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝὡΝmettreΝenΝœuvreΝuneΝmὧthoἶeΝspὧἵiἸiqueΝaἶaptὧeΝὡΝl’artiἵulationΝ et/ou à la superposition des niveaux narratif, stylistique et lexicologique. Le présent travail est une étude des différents emplois et significations des verbes de vision utilisὧsΝ parΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹile.Ν ἢourΝ s’aἶapterΝ auxΝ spὧἵiἸiἵitὧsΝ ἶeΝ l’ὧἵritureΝ johanniqueΝquiΝartiἵuleΝentreΝeuxΝplusieursΝniveauxΝἶ’ὧlaborationΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvision,ΝἵetteΝ étude se fera en deux étapes. δaΝ premièreΝ ὧtapeΝ ἵonsisteraΝ enΝ uneΝ ὧtuἶeΝ menὧeΝ auΝ niveauΝ lexiἵoloἹique.Ν δ’ὧtablissementΝ des sens des verbes de vision dans la littérature classique permettra par la suite de faire ressortir leurs spécificités sémantiques dans laΝlanἹueΝἶeΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹile.ΝἢourΝ ce faire sera menée une étude sémique de toutes les occurrences des verbes de vision à partir ἶeΝleursΝἵontextesΝimmὧἶiats.ΝἑetteΝὧtapeΝpermettraΝἶ’ὧtablirΝlesΝliensΝsὧmantiquesΝentreΝἵesΝ verbes – liens synonymiques et liens différentiels – etΝs’aἵhèveraΝparΝunΝessaiΝlexiἵoἹraphiqueΝ ἶeΝprὧsentationΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝverbes,ΝsousΝlaΝἸormeΝἶ’unΝartiἵleΝἶeΝἶiἵtionnaire.Ν La seconde étape est une analyse des verbes de vision au niveau stylistique et littéraire, tels qu’ilsΝsontΝutilisὧsΝenΝJn 1, 1-51. Elle commencera par une brève analyse littéraire du premier ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝselonΝJean.ΝἑhaqueΝ versetΝ ἵomprenantΝ unΝverbeΝἶeΝ visionΝseraΝὧtuἶiὧΝ ensuite en lien avec le contexte littéraire de Jn 1, 1-51, mais également avec les autres versets ἶeΝl’ἓvanἹileΝquiΝpeuventΝὧἵlairerΝἵeuxΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝenΝraisonΝἶeΝliensΝlexiἵoloἹiquesΝ ouΝἵontextuels.ΝἙlΝseraΝalorsΝpossibleΝἶeΝvoirΝἵommentΝleΝthèmeΝἶeΝlaΝvisionΝs’insèreΝἶansΝleΝ tissu narratif, comment les différents types de vision présents dans le récit sont articulés les uns avec les autres de manière à faire de la vision un thème de portée théologique. ἡnΝ l’aΝ ἶit,Ν lesΝ niveauxΝ ἶeΝ laΝ narration,Ν ἶuΝ styleΝ etΝ ἶuΝ lexiqueΝ sontΝ utilisὧsΝ parΝ l’auteurΝ ἶeΝ manière interdépendante pour exploiter un thème, si bien que la séparation entre ces deux ὧtapesΝneΝreἸlèteΝpasΝstriἵtementΝl’ὧἵritureΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean. εaisΝ ellesΝ permettrontΝ ἶ’ὧtablirΝ ἶ’aborἶΝ lesΝ emploisΝ etΝ lesΝ sensΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ἶeΝ laΝ vision, puis la place et la fonction littéraire et théologique du thème de la vision dans l’ἓvanἹileΝselonΝJean.Ν 2 PROLÉGOMÈNES A. Délimitation du champ de la recherche I. Introduction δ’ὧtuἶeΝ linἹuistiqueΝ ἶuΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ visionΝ requiertΝ l’usaἹeΝ ἶ’uneΝ mὧthoἶoloἹieΝ spécifique et des termes techniques qui permettent de la décrire. Ces termes sont définis dès à présent νΝ sauἸΝ prὧἵisionΝ ἶeΝ notreΝ part,Ν ἵesΝ ἶὧἸinitionsΝ sontΝ reprisesΝ ὡΝ l’ouvraἹeΝ ἶeΝ rὧἸὧrenἵeΝ qu’estΝ l’introἶuἵtionΝ ὡΝ laΝ lexiἵoloἹieΝ ἶeΝ χ.Ν δehmanΝ etΝ ἔ.Ν εartin-Berthet 4 .Ν δ’approἵhe linἹuistiqueΝἵhoisieΝaΝἶesΝἵonsὧquenἵesΝauΝmomentΝἶ’ὧtablirΝuneΝἶὧlimitationΝἶuΝἵorpus ; les règles qui ont présidé à cette délimitation sont donc également définies et justifiées dans cette partie. II. Définition des termes δ’ὧtuἶeΝ ἶuΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ seΝ ἸeraΝ parΝ leΝ biaisΝ ἶ’uneΝ analyse sémique qui permettra de « ἶiἸἸὧrenἵier,ΝauΝseinΝἶ’unΝensembleΝlexiἵalΝἶonnὧ,ΝlesΝsensΝ des mots [lexème5]ΝlesΝunsΝparΝrapportΝauxΝautresΝenΝproἵὧἶantΝὡΝl’analyseΝἶuΝsiἹniἸiὧΝenΝtraitsΝ distinctifs [les sèmes] »6.Νδ’ensembleΝlexiἵalΝἵhoisiΝestΝleΝἵhamp 7 sémantique de la vision qui, au contraire du champ lexical de la vision, regroupe les différents mots liés à la notion de “vision”ΝquiΝviennentΝἶ’uneΝseuleΝἵatὧἹorieΝἹrammatiἵaleΝ– ici, les verbes. En effet, le champ sémantique estΝl’assoἵiationΝἶuΝἵhampΝlexiἵalΝetΝἶuΝἵhampΝnotionnelΝsurΝlaΝbaseΝἶ’uneΝmêmeΝ catégorie grammaticale 8 . Cette définition du champ sémantique et du champ lexical a été ἵhoisieΝἶeΝprὧἸὧrenἵeΝὡΝἶ’autresΝenΝraisonΝἶeΝsaΝpertinenἵeΝ et de sa clarté. La séparation entre des mots renvoyant à un même champ notionnel, mais appartenant à des catégories ἹrammatiἵalesΝἶiἸἸὧrentes,ΝpermetΝἶ’eἸἸeἵtuerΝuneΝὧtuἶeΝplusΝprὧἵiseΝἶeΝl’utilisationΝἶesΝmotsΝ ainsi isolés et des liens synonymiques entre ces mots, un substantif et un verbe ne renvoyant pasΝexaἵtementΝauΝmêmeΝsiἹniἸiὧΝouΝauΝmêmeΝrὧἸὧrent,ΝmêmeΝs’ilsΝrelèventΝἶuΝmêmeΝἵhampΝ notionnel. Le champ notionnel [vision] 9 estΝexprimὧΝparΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝὡΝtraversΝἶeuxΝ champs sémantiques : le premier regroupe les substantifs utilisés pour exprimer la notion de [vision],Ν leΝ seἵonἶΝ rassembleΝ lesΝ verbesΝ employὧsΝ pourΝ l’exprimer.Ν ἧnΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ rassembleΝἶiἸἸὧrentsΝmots,ΝἶeΝlaΝmêmeΝἵatὧἹorieΝἹrammatiἵale,ΝqueΝl’onΝpeutΝappelerΝlexème. ἧnΝ lexèmeΝ possèἶeΝ unΝ siἹniἸiantΝ quiΝ ἵonstituentΝ l’« entité sensible » du signe linguistique, l’imaἹeΝaἵoustique,ΝetΝunΝsiἹniἸiὧΝἵorresponἶantΝὡΝl’« entité abstraite » du signe linguistique, 4 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, Paris, Colin, 20134. δeΝ lexèmeΝ «Ν [rὧἸère]Ν ὡΝ l’unitὧΝ lexiἵaleΝ abstraite » (LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 18) 6 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 44. 7 Définition de la notion de champ : « DansΝl’ensembleΝἶuΝlexique, se dessinent les sous-ensembles organisés, les microsystèmes lexicaux dont les éléments ont un dénominateur commun : ils entretiennent entre eux des relationsΝ ἶ’iἶentitὧΝ ouΝ ἶ’oppositionΝ ouΝ ἶ’impliἵationΝ sὧmantiqueΝ [parΝ rapportΝ auΝ siἹniἸiὧΝ ouΝ auΝ siἹniἸiant]. Ce sont ces sous-ensemblesΝqueΝ l’onΝappelleΝἶesΝἵhamps » (BENNINGER C., Cours d’introduction à la lexicologie. Cours de première et deuxième année de Licence de Sciences du langage, Strasbourg, Faculté des Lettres, 2015). 8 BENNINGER C., Cours d’introduction à la lexicologie, 2015. 9 Les différentes notions seront notées entre crochet. Ex : [vision]. 5 3 le concept10 ; le signifiant et le signifié composent le signe linguistique. Le référent désigne l’objetΝ rὧelΝ auquelΝ renvoieΝ leΝ siἹneΝ linἹuistique11.Ν δ’analyseΝ sὧmiqueΝ ἵonsisteΝ enΝ l’ὧtuἶeΝ ἶuΝ signifié du lexème. δeΝsiἹniἸiὧΝἶ’unΝlexèmeΝestΝἵomposὧΝἶeΝplusieursΝsèmes : « laΝsubstanἵeΝsὧmantiqueΝἶ’unΝmotΝ est comparable à laΝsubstanἵeΝphonoloἹiqueΝἶ’unΝphonèmeΝ(prinἵipeΝἶeΝl’isomorphisme).ΝἓlleΝ estΝἵonstituὧeΝἶ’unΝἸaisἵeauΝἶeΝtraitsΝἶistinἵtiἸsΝἶeΝsiἹniἸiἵationΝappelὧsΝ sèmes »12. Pour plus de clarté etΝ ἵonἸormὧmentΝ ὡΝ l’usaἹe,Ν lesΝ sèmesΝ sontΝ notὧsΝ iἵiΝ entreΝ barresΝ obliques (ex : /ἵonἵret/).Ν δ’ensembleΝ ἶesΝ sèmesΝ quiΝ ἵaraἵtὧriseΝ unΝ motΝ (…)Ν estΝ appelὧΝ sὧmème.Ν ἓnἸin,Ν « l’arἵhisὧmèmeΝ ἶὧsiἹneΝ l’ensembleΝ ἶesΝ sèmesΝ ἵommunsΝ ὡΝ plusieursΝ sὧmèmes,Ν ἵ’est-à-dire leur intersection »13 ; les archisémèmes sont notés entre accolades (ex : {vision}).Ν δ’analyseΝ sémique consiste à distinguer les différents sèmes spécifiques à chaque lexème et à déterminer l’arἵhisὧmèmeΝἵommunΝὡΝtousΝlesΝlexèmesΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝὧtuἶiὧ.Ν δesΝtermesΝteἵhniquesΝἶὧἸinis,ΝilΝestΝmaintenantΝpossibleΝἶeΝprὧsenterΝetΝἶ’expliquer comment la délimitation du corpus a été effectuée. III. Délimitation du corpus χἸinΝἶeΝἵomprenἶreΝlaΝἸaὦonΝἶontΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝutiliseΝleΝthèmeΝἶeΝlaΝ vision,ΝnousΝavonsΝἶὧἵiἶὧΝἶ’ὧtuἶierΝleΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvision.ΝδeΝἵhoixΝἶ’ὧtuἶier le ἵhampΝ sὧmantiqueΝ etΝ nonΝ leΝ ἵhampΝ lexiἵalΝ ἶeΝ laΝ visionΝ s’expliqueΝ pourΝ ἶeuxΝ raisons.Ν δaΝ première est liée à la méthodologie appliquée μΝ l’analyseΝ sὧmiqueΝ ἵonsisteΝ enΝ l’ὧtuἶeΝ ἶ’unΝ ensembleΝ lexiἵalΝ ἵomposὧΝ ἶeΝ synonymesΝ aἸinΝ ἶ’ὧtablirΝ leΝ ouΝ lesΝ sèmesΝ ἵommuns (l’arἵhisὧmème)ΝetΝlesΝsèmesΝspὧἵiἸiquesΝὡΝἵhaqueΝlexèmeΝprὧsentΝἶansΝl’ensembleΝlexiἵal.ΝἡrΝ des lexèmes qui ne sont pas de la même catégorie grammaticale ne peuvent pas être des synonymes : ils ne sont pas utilisés dans les mêmes contextes linguistiques et ne peuvent pas être comparés. De plus, le champ sémantique que composent les verbes exprimant la notion de [vision] est ἵeluiΝ ἶontΝ l’ἓvanἹileΝ ἶeΝ JeanΝ useΝ leΝ plusΝ ἸrὧquemmentΝ pourΝ ἸormulerΝ ἵetteΝ notion.Ν δeΝ substantif ́οδμ n’est utilisé que deux fois14 ἶansΝl’ἓvanἹileΝ etΝ neΝ ἶὧsiἹneΝpasΝlaΝ « vue » ; le substantif ́λα δμ n’est jamais utilisé ; le substantif ̓φγαζήμ est présent quinze fois seulementΝ ἶansΝl’ἓvanἹile15.Νδ’auteurΝ ἶὧἵritΝlaΝnotionΝ ἶeΝ[vision]ΝprinἵipalementΝὡΝl’aiἶeΝ ἶeΝ verbes. Au sein de son Evangile, le champ sémantique de la vision comprend huit verbes : ὁλ́π, ίζ́ππ, ̓θαίζ́ππ, ηίζ́ππ, γ πλ́π, γ ́κηαδ, ́εθυηδ, φαθ λ́π. Parmi ces huit verbes, deux sous unités lexicales peuvent être repérées : les verbes causatifs ( ́εθυηδ, φαθ λ́π) et les verbes non-causatifs (ὁλ́π, ίζ́ππ, ̓θαίζ́ππ, ηίζ́ππ, γ πλ́π, γ ́κηαδ). ἡnΝ aΝ restreintΝ leΝ ἵorpusΝ enΝ supprimantΝ lesΝ ἶeuxΝ verbesΝ ἵausatiἸsΝ utilisὧsΝ parΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrième Evangile : ́εθυηδ (sept occurrences 16 ) et φαθ λ́π (neuf occurrences 17 ). Une 10 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 31. LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 32. 12 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 45. 13 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 46. 14 Jn 7, 24 ; Jn 11, 44. 15 Jn 4, 35 ; Jn 6, 5 ; Jn 9, 6.10.11.14.15.17.21.26.30.32 ; Jn 10, 21.37.41 ; Jn 12, 40 ; Jn 17, 1. 16 Jn 2, 18 ; Jn 5, 20 ; Jn 10, 32 ; Jn 14, 8.9 ; Jn 20, 20. 11 4 « analyseΝ sὧmiqueΝ (…)Ν s’appliqueΝ ὡΝ uneΝ sὧrieΝ ἶeΝ motsΝ appartenantΝ ὡΝ unΝ miἵro-ensemble lexiἵal.ΝἑetΝensembleΝἶeΝnatureΝparaἶiἹmatiqueΝestΝἵomposὧΝἶ’unitὧsΝlexiἵalesΝquiΝpartaἹentΝ une zone commune de signification »18.ΝἢarἵeΝqu’ilsΝ ἵontiennent le sème /causal/, absent de l’arἵhisὧmèmeΝ ἶesΝ autresΝ verbes,Ν lesΝ ἶeuxΝ verbesΝ ἵausatiἸsΝ prὧsentsΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ neΝ ἸontΝ pas partie de la même sous-unité lexicale que les verbes non-ἵausatiἸsΝetΝn’ontΝpasΝὧtὧΝἹarἶὧsΝ pour une étude comparative. Le corpus a aussi été restreint par la suppression de quelques occurrences de la forme ἶ’aoristeΝimpὧratiἸΝἶeΝὁλ́π (́ ), puisque cette forme est également une interjection. Sur les dix-neuf occurrences 19 queΝἵompteΝl’ἓvanἹile,ΝseizeΝontΝὧtὧΝἵonservὧesΝparἵeΝqu’ellesΝontΝuneΝ valeurΝ impὧrativeΝ ouΝ queΝ l’auteurΝ proposeΝ unΝ jeuΝ littὧraireΝ ὡΝ partirΝ ἶesΝ ἶeuxΝ siἹniἸiἵationsΝ possibles de cette forme. Au total, le champ sémantique que nous étudions est composé de quatre verbes et de deux verbes composés qui en sont dérivés. δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵeΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ seΝ ἸeraΝ enΝ ἶeuxΝ parties.Ν δaΝ premièreΝ ἵonsisteraΝ enΝ uneΝ analyse sémique qui permettra de distinguer les sens de ces verbes et leurs liens sémantiques lesΝ unsΝ parΝ rapportΝ auxΝ autresΝ ἶansΝ l’usaἹeΝ qu’enΝ ἸaitΝ l’auteurΝ ἶu quatrième Evangile. La seἵonἶeΝ auraΝ pourΝ butΝ ἶ’ὧtablirΝ leurΝ sensΝ différentiel 20 ,Ν parΝ l’ὧtuἶeΝ ἶesΝ verbesΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝἶansΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝἵontextesΝlinἹuistiquesΝoὶΝilsΝseΝtrouventΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝ Jean,ΝpuisqueΝ leΝsensΝἶ’unΝ lexèmeΝ estΝἶὧterminὧ, en partie, par le contexte dans lequel il se trouve et par les autres lexèmes avec lesquels il est en relation. La première partie est une étude linguistique qui a pour but de déterminer les sens absolus des verbes, indépendamment des contextes stylistiqueΝetΝlittὧraireΝoὶΝilsΝsontΝutilisὧs,ΝἹrὢἵeΝὡΝl’ὧtablissementΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝ sèmes qui composent chaque verbe du corpus. La seconde établira les sens contextuels des verbes ainsi que la signification littéraire des versets où le champ sémantique est utilisé ; elle mettra également en avant certains emplois de spécificités dégagés grâce à une étude précise du contexte. B. Description des classements I. Introduction δeΝἵorpusΝtelΝqu’ilΝaΝὧtὧΝἶὧἸiniΝἵomporteΝsixΝverbes.ΝχuΝtotal,ΝlesΝverbesΝἶeΝvisionΝsontΝ utilisés cent vingt-septΝἸoisΝἶansΝἵentΝquatorzeΝversetsΝauΝseinΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean.Ν Ils sont donc fréquents, et employés souvent dans un contexte proche, parfois même plusieurs ἸoisΝἶansΝunΝmêmeΝverset.ΝχuΝseinΝἶuΝ1erΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile,ΝparΝexemple,Νles occurrences des différents verbes de vision sont rapprochées (Jn 1, 14.18 ; Jn 1, 29 ; Jn 1, 32.33.34.36.38.39 ; Jn 1, 42.46.47.48 ; Jn 1, 50.51). 17 Jn 1, 31 ; Jn 2, 11 ; Jn 3, 21 ; Jn 7, 4 ; Jn 9, 3 ; Jn 17, 6 ; Jn 21, 1 ; Jn 21, 14. LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 45. 19 Cf. Annexes, A, IV, c, iii. 20 « δeΝsensΝἶ’uneΝunitὧΝlexiἵaleΝestΝἶiἸἸὧrentiel.ΝδaΝlanἹueΝὧtantΝunΝsystèmeΝἶeΝsiἹnesΝἶontΝtousΝlesΝtermesΝsontΝ solidaires, le signifié du signe linguistiqueΝ estΝ ἶὧterminὧΝ parΝ saΝ positionΝ ὡΝ l’intὧrieurΝ ἶuΝ systèmeΝ linἹuistique,Ν ἵ’est-à-ἶireΝ parΝ lesΝ rapportsΝ qu’ilΝ entretientΝ aveἵΝ lesΝ autresΝ siἹniἸiὧsΝ voisinsΝ quiΝ luiΝ sontΝ opposables » (LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 33.). 18 5 Le verbe ὁλ́π est utilisé soixante-quinze fois, ίζ́ππ est utilisé dix-sept fois, ̓θαίζ́ππ quatre fois, ηίζ́ππ deux fois, γ πλ́π vingt-trois fois et γ ́κηαδ six fois. ὁλ́π est le verbe le plus fréquent dans l’Evangile ; il est présent de manière homogène tout auΝlonἹΝἶesΝἵhapitres.ΝἙlΝs’aἹitΝἶuΝverbeΝἹreἵΝἹὧnὧriqueΝpourΝexprimerΝl’aἵtionΝἶeΝvoir 21. Le verbe ίζ́ππ et ses composés ηίζ́ππ et ̓θαίζ́ππ sont utilisés vingt-trois fois dans l’ἓvanἹile ; ils sont bien attestés (autant que γ πλ́π), mais ne sont pas employés constamment. ίζ́ππ (avec ses composés) est utilisé principalement dans trois péricopes : ἶansΝleΝ1erΝἵhapitreΝΝ(JnΝ1,Νβλ.ἁἄ.ἂβ),ΝἶansΝlaΝpὧriἵopeΝrelatantΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-né (Jn 9, 7.11.15.18.19.21.25.39.41) et dans les récits à propos du Ressuscité (Jn 20, 1.5.9.20). Seules cinq occurrences ne sont pas présentes dans ces péricopes (Jn 5, 19, Jn 11, 9 et Jn 13, 22 ; Jn 21, 9.20). Le verbe γ πλ́π est fréquent dans l’Evangile, puisqu’il est présent vingt-trois fois, et ce, de manière continue. Il est cependant davantage utilisé dans le « Livre des signes »22 (Jn 2-12) et dans une partie des « ἶisἵoursΝἶ’aἶieu » (Jn 14-16). Enfin, γ ́κηαδ est un verbe peu fréquent dans l’Evangile ; il est utilisé six fois. Les six occurrences se trouventΝ ἶansΝlaΝpremièreΝpartieΝ ἶeΝ l’œuvre ; trois sont présentes dans le 1er chapitre et les trois autres occurrences sont réparties de manière non homogène dans le « Livre des signes » (Jn 4, 35 ; Jn 6, 5 et Jn 11, 45). Les occurrences des verbes de vision,Ν ἶontΝ laΝ rὧpartitionΝ etΝ leΝ nombreΝ ἶ’emploisΝ viennentΝ ἶ’êtreΝ rapiἶementΝ ἶὧἵrits,Ν ontΝ ensuiteΝ ὧtὧΝ ἵlassὧesΝ parΝ sujet,Ν COD et temps. Ces trois ἵlassementsΝ permettentΝ ἶeΝ repὧrerΝ lesΝ prinἵipalesΝ tenἶanἵesΝ ἶ’utilisationΝ ἶuΝ ἵhampΝ sémantique selon ces trois catégories et ainsi de discerner le rapport de synonymie entre les verbes du champ. Il sera possible de constater, par exemple, une tendance à utiliser un verbe plutὲtΝqu’unΝautreΝὡΝἵertainsΝtemps,ΝἶansΝunΝἵontexteΝlittὧraireΝpartiἵulierΝouΝpourΝexprimerΝlaΝ visionΝἶ’unΝ COD particulier. La brève analyse de ces classements mettra aussi en lumière les liens entre les verbes (si plusieurs verbes sont utilisés dans des contextes, avec des sujets ou des COD proches ou identiquse). Enfin, ces classements permettront ἶ’entrevoir,ΝpourΝἵertainsΝ verbes, des emplois spécialisés23. Ces classements ne permettent cependant pas de tirer des conclusions sur les emplois des verbes ouΝ surΝ leurΝ siἹniἸiἵation.Ν ἙlΝ s’aἹitΝ ἶ’unΝ travailΝ préparatoire dont le seul but est de dégager les tendances de l’utilisationΝ ἶuΝ ἵhampΝ sémantique ; ces tendances seront analysées dans la suite de ce travail. Les quatre verbes du champ sémantique de la vision24 ont été classés en fonction de leur sujet, de leur COD et de leurs temps et mode. Ces trois classements permettent de repérer différentes tenἶanἵesΝἶansΝleurΝemploi,ΝauΝniveauΝlinἹuistiqueΝetΝlittὧraire.ΝD’unΝpointΝἶeΝvueΝlinἹuistique,Ν le classement des occurrences par sujet permet de déterminer si le choix du verbe est lié au 21 Cf. Chapitre I, A, a et Chapitre I, B, II, d. ἑetteΝexpressionΝestΝἵlassiqueΝpourΝἶὧἸinirΝl’ensembleΝἶesΝonzeΝἵhapitresΝἶeΝl’ἓvanἹileΝraἵontantΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝ signes effectués par Jésus durant son ministère. 23 Nous devons cette définition à M. Wieger. Cf. WIEGER M., « Le vocabulaire de la Septante dans le Nouveau Testament » in BONS E., JOOSTEN J. (éd.), Handbuch zur Septuaginta. Die Sprache der Septuaginta. LXX.H 3, Munich, Gütersloher Verlagshaus, 2016, p. 445. 24 Les verbes composés ̓θαίζ́ππ ηίζ́ππ ont été classés avec ίζ́ππ et comptabilisés avec lui comme constituant un seul verbe, même si leurs emplois seront distingués dans cette étude. 22 6 sujet qui voit ou non et, ainsi, de circonscrire des sèmes propres aux verbes du corpus : y a-t-il différentes façons de voir pour un sujet ? Le classement des occurrences par COD amène à déterminer quels sont les principaux objets et les principaux personnages qui sont vus, mais également la manière dont ils sont vus : y a-t-il uneΝ ἶistinἵtionΝ ἸaiteΝ entreΝ laΝ visionΝ ἶ’uneΝ ἵhoseΝ etΝ laΝ visionΝ ἶ’uneΝ personne, ou les mêmes verbes sont-ils employés ? Certains personnages sont-ilsΝplusΝsouventΝvuΝqueΝἶ’autres ? Avec quel(s) verbe(s) est exprimée la vision de ces personnages ? Certains verbes sont-ils plus fréquemment utilisés de manière intransitive ? ἓnἸin,Ν leΝ ἵlassementΝ parΝ tempsΝ etΝ parΝ moἶesΝ permetΝ ἶ’examinerΝ siΝ ἵertainsΝ verbesΝ sontΝ davantage utilisés pour exprimer une vision au passé, au présent ou au futur ou pour exprimer un certain type de vision, durative ou non. Cette analyse des tendances au niveau du temps et du mode est particulièrement importante dans la mesure où, en grec koinè,ΝleΝἵhoixΝἶ’unΝverbeΝ du champ sémantique ἶeΝ laΝ visionΝ s’eἸἸeἵtuaitΝ enΝ ἹranἶeΝ partieΝ enΝ ἸonἵtionΝ ἶeΝ ἵesΝ ἶeuxΝ niveaux25.ΝDeΝplus,Νl’ὧtuἶeΝἶuΝἵlassementΝἶesΝoἵἵurrenἵesΝparΝtempsΝpermetΝὧἹalementΝἶeΝvoirΝ dans quels contextes narratifs (dialogue ou récit) sont utilisés le champ sémantique de la visionΝetΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝverbesΝquiΝleΝἵomposentΝἶansΝl’ἓvanἹileΝἶeΝJean.Ν II. Description et analyse sommaire des classements des occurrences a. Classement des occurrences par sujet 26 : qui voit ? Le classement des occurrences par sujet a été fait sans distinguer les différents verbes du ἵhampΝsὧmantique.ΝἙlΝestΝalorsΝpossibleΝἶeΝἶὧterminer,Νἶ’uneΝpart,ΝquelsΝsontΝlesΝsujetsΝlesΝplusΝ ἸrὧquentsΝet,Νἶ’autreΝpart,ΝsiΝlaΝvisionΝἶeΝἵertainsΝsujetsΝestΝexprimὧe,ΝἶeΝprὧἸὧrenἵe,ΝaveἵΝl’unΝ ouΝ l’autreΝ verbe.Ν ἡnΝ repèreΝ ἶeΝ laΝ sorte huit sujets différents, des individus particuliers, des groupes de personnes ou un sujet générique. Jésus « voit » dans dix-sept versets ; dans la majorité de ces versets (13/17), ὁλ́π est le verbe employé ; γ ́κηαδ est utilisé deux fois, ίζ́ππ et ηίζ́ππ une fois chacun ; γ πλ́π n’est jamaisΝ utilisὧ.Ν δaΝ ἸrὧquenἵeΝ ἶ’ὁλ́π correspond à la manière dont il est utilisé dans tout l’ἓvanἹile. La non utilisation de γ πλ́π, alors qu’il s’agit d’un verbe fréquemment employé par ailleurs, est un élément à ἵonsiἶὧrer,ΝἵarΝilΝpeutΝêtreΝrὧvὧlateurΝἶ’unΝsens spécialisé de ce verbe. Les disciples – un disciple en particulier ou le groupe en tant que tel – sontΝsujetΝἶ’unΝverbeΝἶeΝ vision dans trente-deux versets où se trouvent trente-sept occurrences. A dix-neuf reprises, le verbe est ὁλ́π ; onze fois intervient γ πλ́π, cinq fois ίζ́ππ, et γ ́κηαδ est utilisé une fois. Les disciples sont le sujet le plus fréquent des verbes de vision ; ils sont appelés à voir les aἵtionsΝἶeΝJὧsusΝetΝenΝsontΝlesΝprinἵipauxΝtὧmoins.Νδ’utilisationΝἸrὧquente de γ πλ́π (11/24) pourΝ exprimerΝ l’aἵtionΝ ἶeΝ voirΝ ἶesΝ ἶisἵiplesΝ tenἶΝ ὡΝ inἶiquerΝ queΝ ἵeΝ verbeΝ ἶὧἵritΝ uneΝ visionΝ ἶ’unΝ typeΝ partiἵulier.Ν δesΝ versetsΝ oὶΝ lesΝ ἶisἵiplesΝ sontΝ sujetΝ seΝ rὧpartissentΝ enΝ troisΝ partiesΝ principales : le 1er chapitre (Jn 1, 39.46.47.50.51), les « discours ἶ’aἶieu » (Jn 13, 22 ; Jn 14, 7.19 ; Jn 16, 10.16.17.19 ; Jn 17, 24) et les épisodes à propos du Ressuscité (Jn 20, 1.ἃ.ἄ.κ.1β.1ἂ.β0.βἃ.βι.βλ).Ν ἙlΝ s’aἹitΝ lὡΝ ἶeΝ passaἹesΝ ἵleἸsΝ ἶansΝ laΝ narrationΝ ἶuΝ quatrièmeΝ 25 26 Cette évolution linguistique sera étudiée de manière approfondie au chapitre I. Cf. Annexes, A, II. 7 Evangile. Cette répartitionΝ montreΝ ἶonἵΝ l’importanἵeΝ pourΝ ἵeΝ rὧἵitΝ ὡΝ laΝ ἸoisΝ ἶuΝ ἵhampΝ sémantique étudié et des disciples. Jean le Baptiste est celui qui « voit » dans sept versets. ὁλ́π est utilisé quatre fois, ίζ́ππ deux fois et γ ́κηαδ une fois. Par deux fois ίζ́ππ ( ηίζ́ππ) est utilisé pour décrire l’action de voir par Jean le Baptise dans le 1er chapitre, ce qui concerne 2/3 des occurrences de ίζ́ππ dans ce chapitre. Jean le Baptiste est un personnage qui disparaît rapidement de la narration (Jn 3) ce qui explique la présence de la majorité des occurrences dans le 1 er chapitre. Le fait queΝ JeanΝ soitΝ souventΝ sujetΝ ἶeΝ laΝ visionΝ tenἶΝ ἵepenἶantΝ ὡΝ montrerΝ queΝ l’aἵtionΝ ἶeΝ voirΝ caractérise en partie ce personnage. δ’aveuἹle-nὧΝestΝsujetΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝseptΝversetsΝἶeΝJnΝλ.Νίζ́ππ (avec ̓θαίζ́ππ) estΝleΝverbeΝutilisὧΝἶansΝl’ensembleΝἶesΝἵas,ΝἵeΝquiΝrὧvèleΝuneΝutilisationΝpartiἵulièreΝἶuΝverbeΝ dans ce contexte. Dans quatorze versets comptant dix-huit occurrences, le sujet des verbes de vision est générique ; dans la majorité des cas, le verbe est un participe substantivé (8/18) ou dépend ἶ’unΝpartiἵipeΝsubstantivὧΝ(ἂ/1κ).ΝδeΝsujetΝἶuΝverbeΝpeutΝὧἹalementΝêtreΝleΝpronomΝinἶὧἸiniΝ δμ ou κ̔ ́μ (4/18), et dans deux versets, le sujet générique du verbe n’est pas exprimé par un mot spécifique (Jn 4, 48 ; Jn 12, 40-41). Dans neuf versets, ὁλ́π est le verbe utilisé ; dans deux versets ίζ́ππ est employé quatre fois ; enfin, dans trois versets, γ πλ́π est utilisé quatre fois. A deux reprises (Jn 3, 36 et Jn 8, 51), les verbes sont utilisés dans une expression qui paraît idiomatique, « ne pas voir la vie » ou « ne pas voir la mort ». Dans la majorité des occurrences où ὁλ́π est utilisé, le verbe est conjugué au parfait (5/9), ce qui pourrait relever ἶ’unΝsens spécialisé. Dans onze versets et douze occurrences, le sujet du verbe de vision est un individu particulier : la femme adultère ou Marie de Magdala par exemple. Les verbes utilisés sont ὁλ́π (9/12), γ πλ́π (2/12) et γ ́κηαδ (1/12). L’emploi de γ ́κηαδ particulier : il s’agit de la seule occurrence où le verbe est conjugué à la 1 ère personneΝἶuΝplurielΝetΝoὶΝleΝsujetΝn’estΝpasΝ explicité par le contexte proche. Seize passages présentent la foule ou le groupe « les hommes »Ν ἵommeΝsujetΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶeΝ vision, ὁλ́π onze fois, γ πλ́π quatre fois et γ ́κηαδ dans un verset. Cette répartition ἵorresponἶΝauxΝtenἶanἵesΝobservὧesΝἶeΝmanièreΝἹὧnὧraleΝἶansΝl’usaἹeΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝ parΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ etΝ neΝ permetΝ pasΝ ἶeΝ ἶὧterminerΝ siΝ ἵertainsΝ ἶeΝ ἵesΝ emploisΝ pourraientΝ êtreΝ spécifiques ou non. Enfin, six versets placent les Pharisiens ou, plus généralement, les ennemis de Jésus en position de sujet. ὁλ́π est utilisé quatre fois, γ πλ́π et ίζ́ππ une fois chacun. Le nombre peu important de versets où les ennemis de Jésus sont sujet est surprenant, compte tenu de l’importanἵeΝ ἶeΝ ἵesΝ personnaἹesΝ surΝ leΝ planΝ narratiἸΝ etΝ ἶuΝ nombre de fois où Jésus est en dialogue avec eux. b. Classement des occurrences par COD27 : que voit-on ? Comme pour le classement des occurrences de verbes de vision en fonction de leur sujet, et pour les mêmes raisons, celui des COD a été fait sans que les verbes ne soient étudiés 27 Cf. Annexes, A, III. 8 sὧparὧment.Ν δesΝ verbesΝ ἶeΝ visionΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ ἶeΝ JeanΝ peuventΝ êreΝ reliὧesΝ ὡΝ neuἸΝ COD différents. Neuf versets comptant dix occurrences présentent Dieu (le Père) ou un objet lié à Dieu comme COD ἶ’unΝverbeΝἶeΝvision. Huit fois, la vision du Père est exprimée par le verbe ὁλ́π, une fois par γ πλ́π et une fois par ίζ́ππ. Le parfait du verbe ὁλ́π constitue sept des huit occurrences de ce verbeΝetΝsembleΝprivilὧἹiὧΝparΝl’ὧvanἹὧlisteΝpourΝexprimerΝlaΝvisionΝἶuΝἢère. Dans trente et un versets et pour trente-neuἸΝoἵἵurrenἵes,Νἵ’estΝJὧsusΝouΝunΝobjetΝliὧΝὡΝJὧsusΝ qui est COD. Jésus, le personnage principal du récit, est donc le COD le plus fréquent dans l’ἓvanἹile.ΝδesΝverbesΝἵonstruitsΝaveἵΝἵeΝ COD sont ὁλ́π à vingt-trois reprises, γ πλ́π treize fois, γ ́κηαδ une fois et ίζ́ππ ( ηίζ́ππ) deux fois. On se souvient que γ πλ́π est attesté vingt-quatreΝἸoisΝἶansΝl’ensembleΝἶeΝl’ἓvanἹile : force est donc de constater que ce verbe est utilisé dans la plupart des cas (13/24) pour décrire la vision de Jésus, au contraire de ίζ́ππ quiΝn’estΝutilisὧΝqueΝἶeuxΝἸoisΝὡΝἵetΝeἸἸet,ΝquiΝplusΝestΝἶansΝunΝmêmeΝἵontexteΝ(JnΝ1,Νβλ.ἁἄ).Ν δ’importanteΝ utilisationΝ ἶeΝ γ πλ́π avec ce COD laisse à penser que γ πλ́π est choisi, de manièreΝprὧἸὧrentielle,ΝparΝl’auteurΝpourΝexprimerΝlaΝvisionΝἶuΝἔilsΝouΝἶ’unΝobjetΝliὧΝὡΝlui.Ν γ πλ́π et ὁλ́π, les deux verbes principaux servant à décrire la vision de Jésus, sont présents ἶansΝ ἵetΝ emploiΝ toutΝ auΝ lonἹΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν mêmeΝ siΝ ὁλ́π est le seul à être utilisé dans la ἶernièreΝpartieΝἶeΝl’œuvreΝ(JnΝ1λ–21). Enfin, dans deux versets (Jn 12, 45 et Jn 14, 9) le même verbe, γ πλ́π ou ὁλ́π, est présent deux fois ; il exprime d’abord la vision du Fils puis celle du Père, ce qui suggère une relation étroite de cause à conséquence entre les deux visions. A ces versets il faut ajouter neuἸΝ versetsΝ mentionnantΝ laΝ visionΝ ἶesΝ siἹnesΝ ouΝ ἶesΝ œuvresΝ eἸἸeἵtuὧesΝparΝJὧsus.ΝδaΝvisionΝἶesΝsiἹnesΝestΝἶὧἵriteΝὡΝl’aiἶeΝἶeΝ ὁλ́π (5/9), γ πλ́π (3/9) et γ ́κηαδ (1/9) ; cette répartition ne permet pas à ce stade de discerner une tendance dans la construction des verbes de vision avec ce COD, mais confirme la place importante de γ πλ́π lorsqu’ilΝs’aἹitΝἶeΝparlerΝἶeΝlaΝvisionΝἶeΝJὧsusΝouΝἶ’unΝὧlὧmentΝquiΝdépend de lui. Par trois fois, un verbe de vision est utilisé dans les récits liés à la Résurrection pour décrire la visionΝἶ’unΝὧlὧmentΝseΝrapportantΝὡΝἵetΝὧvὧnement.ΝδeΝverbeΝίζ́ππ est utilisé à deux reprises etΝἶὧsiἹneΝlaΝvisionΝἶ’unΝobjetΝ(pierre,Νbandelettes), tandis que γ πλ́π est utilisé une fois et signale la vision de deux anges. Les disciples sont également objet de vision, dont le sujet est le plus souvent Jésus (4/8) ou un autreΝ ἶisἵipleΝ (β/κ).Ν δaΝ visionΝ ἶesΝ ἶisἵiplesΝ estΝ exprimὧeΝ ὡΝ l’aiἶeΝ ἶe ὁλ́π (quatre fois), de ίζ́ππ et ηίζ́ππ (trois fois) ou de γ ́κηαδ (une fois). Trois des versets concernés se situent ἶansΝleΝ1erΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile,ΝlesΝquatreΝautresΝὧtantΝplaἵὧsΝtoutΝauΝlonἹΝἶeΝl’ἓvanἹileΝ(JnΝ 13, 22 ; Jn 16, 22 ; Jn 18, 26 et Jn 21, 20). Ces éléments suggèrent que les disciples ne sont pas fréquemment objet ἶeΝlaΝvision.Νδorsqu’ilsΝleΝsont,Νἵ’estΝἶansΝἶesΝἵontextesΝspὧἵiἸiquesΝoὶΝ sont introduits des personnages (épisode de la vocation des disciples en Jn 1 28) ou décrit une relation entre les disciples (Jn 13, 22 ; Jn 21, 20). D’autresΝinἶiviἶusΝenἵoreΝsontΝplaἵὧsΝenΝpositionΝἶeΝ COD ἶ’unΝverbeΝἶeΝvision. ὁλ́π apparaît dans six des versets concernés (6/8), γ ́κηαδ et γ πλ́π sont utilisés une fois chacun. Trois parmiΝἵesΝversetsΝrelatentΝlaΝvisionΝἶeΝl’ἓsprit,ΝuneΝἸoisΝaveἵΝγ πλ́π, une fois avec γ ́κηαδ et une fois avec ὁλ́π. 28 Cf. Chapitre II, A, II, d. 9 D’autresΝ ἵonstruἵtionsΝ plus variées sont à signaler. Le verbe de vision peut être utilisé dans une expression du type « ne pas voir la mort » ou « ne pas voir la vie » (Jn 3, 36 ; Jn 8, 51) ; son COD estΝleΝloupΝouΝlesΝἵhampsΝἶ’uneΝparaboleΝ(JnΝἂ,Νἁἃ ; Jn 10, 12), le feu allumé au bord ἶeΝ l’eauΝ (JnΝ β1,Ν λ),Ν ouΝ bienΝ leΝ ἵiel,Ν leΝ royaumeΝ ἶeΝ Dieu,Ν laΝ lumièreΝ ἶuΝ monἶeΝ (JnΝ 1,Ν ἃ1 ; Jn 3, 3 ; Jn 11, 9). Le verbe est suivi parἸoisΝἶ’uneΝpropositionΝἵomplὧtiveΝintroἶuiteΝparΝ ́ δ (Jn 6, 22.24 ; Jn 12, 19). Dans ces cas, ὁλ́π (5/11), γ πλ́π (4/11) et ίζ́ππ (2/11) sont utilisés. Enfin, dans seize versets comptant dix-huit occurrences, le verbe de vision est construit de manière intransitive. ὁλ́π est le verbe employé dans sept cas et ίζ́ππ et ̓θαίζ́ππ sont utilisés à douze reprises. Toutes les occurrences de ίζ́ππ et ̓θαίζ́ππ, ainsi qu’une occurrence de ὁλ́π (Jn 12, 40, citation de la Septante) renvoient à la capacité physique de voirΝetΝseΝsituentΝ(ὡΝl’exἵeptionΝἶeΝJnΝ1β,Νἂ0)ΝἶansΝleΝrὧἵitΝἶeΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-né. Dans quatre autres cas, le verbe de vision est utilisé en lien avec un autre verbe (ηαλ υλ́π, πδ ́π) dans un contexte où il semble exprimer une réalité théologique. Enfin, dans un verset (Jn 19, 4), ́ est utilisé ; puisqu’ilΝs’aἹitΝἶ’uneΝἸormeΝὡΝlaΝἸoisΝverbaleΝetΝaἶverbiale,ΝenΝ partieΝ ἸiἹὧeΝ (traἶuἵtionΝ ἶ’uneΝ expressionΝ hὧbraïque),Ν ilΝ n’estΝ pasΝ possible,Ν ὡΝ ἵeΝ staἶe,Ν ἶeΝ déterminer si cette forme est utilisée, dans ce verset, avec une valeur verbale ou adverbiale. c. Classement des occurrences par temps29 : quand et comment voit-on ? ἧnΝ ἶernierΝ ἵlassementΝ ἶesΝ oἵἵurrenἵesΝ permetΝ ἶ’ὧtablirΝ laΝ rὧpartitionΝ ἶesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ verbesΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ enΝ ἸonἵtionΝ ἶuΝ tempsΝ etΝ ἶeΝ l’aspeἵt.Ν ἢourΝ ἵhaqueΝ tempsΝ et aspect, les occurrences sont classées par mode ; cette différenciation entre temps et modes permettra de voir quelle(s) temporalité(s) sont les plus utilisées (passé, présent, futur). Pour ce qui est du présent, vingt-six versets comportent un verbe de vision conjugué à l’inἶiἵatiἸ,Ν qu’ilΝ s’aἹisseΝ ἶeΝ ίζ́ππ pour onze occurrences, ou de γ πλ́π pour les quinze autres.ΝἑinqΝversetsΝetΝseptΝoἵἵurrenἵesΝattestentΝl’emploiΝἶuΝpartiἵipeΝprὧsentΝἶ’unΝverbeΝἶeΝ vision, γ πλ́π quatre fois, ίζ́ππ trois fois. Enfin, quatre verbes sont conjugués au subjonctif présent νΝἶansΝἶeuxΝversetsΝilΝs’aἹitΝἶeΝ ίζ́ππ et dans les deux autres de γ πλ́π. L’absence des autres verbes de vision dans ce tableau est frappante. Par ailleurs, ces versets contiennent la quasi-totalité des occurrences de γ πλ́π (21/24) et de ίζ́ππ (16/17). Ainsi, pour exprimer laΝ temporalitὧΝ ouΝ l’aspeἵtΝ prὧsent,Ν l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ n’utiliseΝ queΝ ἶeuxΝ verbesΝ quiΝneΝsontΝἶ’ailleursΝἹuèreΝutilisὧsΝpourΝexprimerΝunΝautreΝtempsΝouΝaspeἵt.ΝἑesΝἶeuxΝverbes sontΝ ὧἹalementΝ utilisὧs,Ν ἵhaἵunΝ uneΝ Ἰois,Ν pourΝ exprimerΝ l’imparἸaitΝ – équivalent du présent dans le passé –, ce qui indique que ίζ́ππ et γ πλ́π servent à exprimer le temps présent, et auΝniveauΝἶeΝl’aspeἵt,ΝὡΝinἶiquerΝlaΝἶurὧe.ΝἙlΝyΝaΝlὡΝtraἵeΝἶ’un sens spécialisé de ces verbes du pointΝἶeΝvueΝἶuΝtempsΝetΝἶeΝl’aspeἵt. δ’aoristeΝ estΝ leΝ tempsΝ etΝ l’aspeἵtΝ leΝ plusΝ utilisὧΝ parΝ l’ὧvanἹὧliste νΝ ἵetΝ usaἹeΝ s’expliqueΝ parΝ l’aspeἵtΝ zὧroΝ ἶeΝ l’aoriste30 etΝ parΝ leΝ ἹenreΝ littὧraireΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν unΝ rὧἵit.Ν Dix-neuf versets 29 Cf. Annexes, A, IV. δ’aoristeΝ aΝ unΝ aspeἵtΝ zὧro νΝ ilΝ n’estΝ pasΝ utilisὧΝ pourΝ marquerΝ ἵertainesΝ ἵaraἵtὧristiquesΝ ἶeΝ l’aἵtion.Ν ἑontrairementΝὡΝl’imparἸaitΝ(quiΝ marqueΝ laΝἶurὧeΝἶeΝl’aἵtion)ΝouΝauΝparἸaitΝ(quiΝ insisteΝsurΝleΝ lienΝentreΝl’aἵtionΝ passὧeΝetΝlaΝἵonsὧquenἵe,ΝἶansΝleΝprὧsent,ΝἶeΝἵetteΝaἵtion),Νl’aoristeΝἶὧἵritΝuneΝaἵtionΝquiΝaΝeuΝlieuΝὡΝunΝmomentΝ précis. 30 10 ἵontiennentΝunΝverbeΝὡΝl’inἶiἵatiἸΝaoriste ; quatorze portent un verbe au participe, dix-sept un verbeΝ ὡΝ l’impὧratiἸ νΝ ἶeuxΝ oἵἵurrenἵesΝ sontΝ ὡΝ l’inἸinitiἸΝ etΝ septΝ versetsΝ ontΝ unΝ verbeΝ auΝ subjonctif. On compte au total quatre-vingt-onze verbesΝ ἶeΝ visionΝ ὡΝ l’aoriste : quarante-huit fois ὁλ́π (48/76), six fois ̓θαίζ́ππ et ηίζ́ππ (6/6), cinq fois γ ́κηαδ (5/6). La majorité des occurrences de γ ́κηαδ ne sont pas à l’indicatif, mais à un autre mode (participe [3/6] ou l’impὧratiἸΝ [1/ἄ]). ̓θαίζ́ππ est le plus souvent employé à l’indicatif (3/4), ηίζ́ππ uniquement au participe (2/2). ὁλ́π à l’aoriste est utilisé à tous les modes (indicatif [15/76], participe [8/76], impératif [17/76], infinitif [2/76], subjonctif [6/76]). Le nombre d’emploisΝἶeΝ l’impὧratiἸΝ aoristeΝ s’expliqueΝ parΝ laΝ ἸrὧquenἵeΝ ἶeΝ laΝ ἸormeΝ ́ , utilisée souvent comme équivalent de la forme hébraïque ‫הנֵה‬. ִ ὁλ́π n’est cependant pas utilisé majoritairement à l’inἶiἵatiἸΝaoristeΝ(ἁἁ/ιἄΝemploiΝἶansΝunΝmoἶeΝhorsΝinἶiἵatiἸ). δ’aoristeΝ estΝ leΝ tempsΝ leΝ plusΝ utilisὧΝ (ἶix-neuf occurrences) pour exprimer le passé mais le parfait est également très fréquent (dix-huit occurrences) et le présent reste le temps le plus utilisé (vingt-sixΝoἵἵurrenἵes)ΝὡΝl’inἶiἵatiἸ.ΝἑesΝtroisΝtempsΝne sont cependant pas utilisés dans un contexte identique. Le parfait et le présent se trouvent davantage employés dans des ἶialoἹuesΝ alorsΝ queΝ l’aoristeΝ estΝ plusΝ souventΝ utilisὧΝ ἶansΝ laΝ narration.Ν Cette répartition différente des temps entre récit et dialoἹueΝ expliqueΝ sansΝ ἶouteΝ l’utilisationΝ ἸrὧquenteΝ ἶeΝ l’aoriste – temps du récit – maisΝ laisse,Ν pourΝ l’instant,Ν enΝ suspensΝ laΝ ouΝ lesΝ raisonsΝ ἶeΝ l’importanteΝutilisationΝἶuΝparἸait.ΝΝΝΝ Le parfait des verbes de vision est utilisé dix-huit fois dans dix-sept versets au mode indicatif et le participe parfait est employé trois fois. Sur ces vingt-et-une occurrences, on en compte vingt de ὁλ́π et une de γ ́κηαδ. γ ́κηαδ est alors utilisé pour exprimer la vision de l’Esprit, alors que dans la plupart des cas (15/20), ὁλ́π est utilisé au parfait pour exprimer la vision ἶireἵteΝἶuΝἔilsΝouΝἶuΝἢère.Νδ’emploiΝἶeΝ ὁλ́π au parfait est majoritaire et semble spécialisé ; l’emploiΝuniqueΝἶuΝparἸaitΝaveἵΝγ ́κηαδ ne peut être expliqué pour l’instant. ἓnἸin,ΝleΝἸuturΝapparaîtΝἶouzeΝἸoisΝἶansΝl’ἓvanἹile,ΝuniquementΝὡΝl’inἶiἵatiἸ.Νὁλ́π est le verbe utilisé dans dix cas et γ πλ́π31 est employé deux fois. La première occurrence de γ πλ́π au ἓnΝJnΝκ,Νἃ1,Νl’ὧἶitionΝἶuΝἠesle-Aland a retenu la leçon γ πλ́ ͅ qui est présente dans le P75 et le Vaticanus (03). La leçon γ πλ́ δ que nous avons retenue est présente dans le Sinaïticus, le majuscule Γ (036) et certains lectionnaires. Une autre leçon (́ ͅ) existe, uniquement dans le P66. On rejette ici la leçon du P66,car il semble qu’ilΝ s’aἹisseΝ ἶ’uneΝ leὦonΝ inἸluenἵὧeΝ parΝ laΝ ἵonstruἵtionΝ ἶeΝ l’expressionΝ « voir la mort », avec ὁλ́π, dans la ἥeptanteΝetΝpotentiellementΝparΝl’expressionΝ« voir la vie » (Jn 3, 36) également construite avec ὁλ́π. La leçon γ πλ́ δ a été préférée pour deux raisons. La première est que l’utilisation du subjonctif aoriste avec le verbe γ πλ́π serait ici unique dans l’Evangile selon Jean et semble en contradiction avec les autres emplois de γ πλ́π et de γ ́κηαδ. Comme cela sera démontré dans la suite de ce travail, γ ́κηαδ est utilisé (à l’aoriste et au parfait) en complément de γ πλ́π (utilisé uniquement au présent, au futur et à l’imparfait) pour exprimer le mêmeΝ typeΝ ἶeΝ vision.Ν δ’emploiΝ ἶeΝ γ πλ́ ͅ à l’aoriste ne correspond pas, par conséquent, aux usages de l’auteur.ΝχuΝἵontraire,Νl’utilisationΝἶuΝἸuturΝἶeΝγ πλ́π, et ce, comme équivalent d’un subjonctif est conforme à l’usaἹeΝἶeΝl’auteurΝ(cf.ΝJnΝι,Νἁ).Νδ’utilisationΝἶuΝἸuturΝaprèsΝlaΝἶoubleΝneἹationΝκὐ ή est possible en grec koinè, bien que peu fréquente (cf. BLASS C. F., DEBRUNNER A., Grammatica del Greco del Nuovo Testamento. Nuova edizione di F. REHKOPF (edizione e traduzione di PISI G. BLASS C. F., DEBRUNNER A, MATTIOLI U.), Brescia, Paideia Editrice, 1982, § 365, p. 440-441). La seconde raison est que la forme γ πλ́ δ a facilement pu être confondue avec la forme γ πλ́ ͅ, puisque les prononciations de ces deux formes étaient identiques (cf. BRIXHE C., Essai sur le grec anatolien au début de notre ère, Nancy, Presses Universitaires de Nancy (Travaux et mémoires. Etudes anciennes 1), 1984.). Enfin, il nous paraît plus probable que la leçon γ πλ́ ͅ soit une correction de la leçon γ πλ́ δ (l’utilisation du subjonctif étant plus fréquente après la double négation κὐ ή), d’autant plus que dans la première proposition de la phrase un subjonctif aoriste est utilisé ( βλ́ ͅ). La leçon γ πλ́ ͅ pourrait cependant s’expliquer si l’expression « voir la mort » était une expression figée au 31 11 futur se situe dans une proposition de but (introduite par θα,ΝenΝJnΝι,Νἁ),ΝlaΝseἵonἶeΝseΝtrouveΝ dans une proposition introduite par une double négation (κὐ ή en Jn 8, 51) et n’exprime donc pas la temporalité du futur. ὁλ́π semble être le seul verbe utilisé par l’évangéliste pour dénoter le futur. En définitive, la vision est rapportée au passé trente-huitΝ ἸoisΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ (trente-et-une fois avec ὁλ́π, quatre fois avec ίζ́ππ, deux fois avec γ ́κηαδ et une fois avec γ πλ́π) ; la temporalité du présent est exprimée vingt-cinq fois (onze fois avec ίζ́ππ et vingt-quatre fois avec γ πλ́π) ; la vision est reportée dans le futur à dix reprises (uniquement avec ὁλ́π). La vision au passé est donc celle ἶontΝ ilΝ estΝ leΝ plusΝ questionΝ ἶansΝ l’ἓvanἹile.Ν δ’importanteΝ utilisation du passé est en cohérence avec le genre du récit (la narration étant généralement exprimὧΝauΝpassὧ),ΝlaΝἸrὧquenἵeΝἶeΝἸuturΝetΝἶuΝprὧsentΝs’expliqueΝparΝleurΝutilisationΝἶansΝἶesΝ dialogues. De plus, la majorité des emplois au futur (10/12) ainsi que ceux du parfait ont Jésus pour sujet et, dans une autre mesure, les disciples. Il semble, par conséquent, que le futur et le parἸaitΝsoientΝutilisὧsΝἶansΝἶesΝἵontextesΝspὧἵiἸiques.ΝἓnἸin,Νl’ὧtude du classement par temps et moἶesΝsuἹἹèreΝqueΝleΝἵhoixΝἶesΝtempsΝs’estΝὧἹalementΝἸaitΝauΝniveauΝaspeἵtuel et montre que l’auteurΝ exprimeΝ ἶavantaἹeΝ uneΝ visionΝ ἶontΝ l’aspeἵtΝ estΝ neutreΝ (aoriste)Ν ouΝ quiΝ aΝ ἶesΝ conséquences dans le temps présent (parfait) plutὲtΝqu’uneΝvisionΝquiΝἶureΝouΝseΝrὧpèteΝἶansΝleΝ temps (imparfait, présent). III. Conclusion δ’ὧtuἶeΝrapiἶeΝἶesΝtroisΝἵlassementsΝἶesΝoἵἵurrenἵesΝἶeΝverbesΝἶeΝvisionΝ(parΝsujet,ΝparΝ COD, par temps, aspects et modes) a permis de faire entrevoir quelques tendances dans les emploisΝqueΝἸaitΝl’ἓvanἹileΝἶeΝJeanΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝetΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝverbesΝ quiΝleΝἵomposent.ΝδeΝἹroupeΝἶesΝἶisἵiplesΝestΝleΝsujetΝprinἵipalΝἶansΝl’ἓvanἹile νΝl’aἵtionΝἶeΝ voir effectuée par ce groupe est principalement exprimée ὡΝ l’aiἶeΝ ἶuΝ verbeΝ γ πλ́π, au ἵontraireΝἶeΝlaΝvisionΝἶeΝJὧsus,ΝquiΝn’estΝjamaisΝsiἹnalὧeΝὡΝl’aiἶeΝἶeΝἵeΝverbe.Νδ’auteurΝsemble,Ν par conséquent, préférer le verbe γ πλ́π pour exprimer la vision, par les disciples, de Dieu et de Jésus ; γ πλ́π est en effet un verbe souvent construit avec un COD désignant Jésus ou Dieu, ce type de COD étant par ailleurs le plus fréquent après un verbe de vision). ίζ́ππ sembleΝ êtreΝ unΝ verbeΝ utilisὧΝ ἶeΝ manièreΝ trèsΝ spὧἵiἸiqueΝ parΝ l’auteur : la majorité des oἵἵurrenἵesΝontΝleΝmêmeΝsujetΝ(l’aveugle-né), sont employées de manière intransitive, dans un mêmeΝἵontexteΝ(leΝrὧἵitΝἶeΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-né) et le plus souvent au présent. ὁλ́π est utilisὧΝἸrὧquemmentΝetΝἶansΝἶesΝἵontextesΝvariὧs,ΝmaisΝsaΝἸormeΝauΝparἸaitΝs’emploieΝaveἵΝunΝ sujet (les disciples, Jésus) et un COD (Dieu, Jésus) plus spécifiques, ainsi que dans un contexte partiἵulier.ΝδeΝpassὧΝestΝlaΝtemporalitὧΝleΝplusΝsouventΝexprimὧe,ΝὡΝl’aoristeΝouΝauΝparἸait,ΝetΝ dans la majorité des cas avec des formes de ὁλ́π. La temporalité du présent est également ἸrὧquenteΝetΝseΝtrouveΝἸormulὧeΝexἵlusivementΝὡΝl’aiἶeΝἶeΝγ πλ́π et de ίζ́ππ. Les trois classements font voir que certains verbes de vision sont privilégiés dans certains usages, pour exprimer un temps, un aspect particuliers, ou en association avec un sujet ou un COD sinἹuliers.Ν ἙlΝ n’estΝ ἵepenἶantΝ pasΝ possible,Ν ὡΝ ἵeΝ staἶeΝ ἶeΝ notreΝ ὧtuἶe,Ν ἶeΝ déterminer si ces tendances sont dues à des choix linguistiques, stylistes, littéraires ou niveau verbal et au niveau temporel, ce qui nous paraît peu probable. Le choix de la leçon γ πλ́ δ n’implique pas de modification dans la signification du passage, mais se situe uniquement au niveau linguistique. 12 thὧoloἹiques.ΝἑeΝtravailΝseraΝl’objetΝ ἶesΝ ἶeuxΝproἵhains chapitres dans lesquels une analyse sὧmiqueΝ etΝ ἶiἸἸὧrentielleΝ seraΝ eἸἸeἵtuὧe.Ν ἕrὢἵeΝ ὡΝ l’ὧtuἶeΝ sὧmantiqueΝ etΝ l’ὧtablissementΝ lexiἵoἹraphiqueΝἶesΝsensΝἶesΝverbesΝἶeΝvisionΝainsiΝqueΝl’ὧtuἶeΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶansΝleΝ contexte littéraire du 1er chapitre ἶeΝ l’ἓvanἹile,ΝilΝseraΝpossibleΝ ἶeΝ ἶistinἹuerΝlesΝ emploisΝἶeΝ spὧἵialitὧsΝἶuesΝὡΝlaΝlanἹueΝἶeΝl’auteurΝ(ἶialeἵteΝetΝiἶioleἵte),ΝleΝsensΝἶesΝemploisΝspὧἵiἸiquesΝ etΝnonΝspὧἵiἸiquesΝutilisὧsΝἶansΝlaΝnarrationΝetΝlesΝemploisΝἶeΝspὧἵialisὧs,ΝtypiquesΝἶeΝl’auteur, ayant un sens théologique. 13 CHAPITRE I : ETUDE LINGUISTIQUE DU CHAMP SÉMANTIQUE DE LA VISION A. Etude du champ sémantique de la vision dans la littérature classique I. Introduction générale32 ἑhaqueΝ inἶiviἶuΝ utiliseΝ uneΝ lanἹueΝquiΝluiΝ estΝpropre.ΝἓtuἶierΝl’utilisationΝ ἶ’unΝ ἵhampΝ sémantique chez un auteur particulier revient à étudier ce champ sémantique dans sa langue propre,ΝsonΝiἶioleἵte.Νδ’iἶioleἵteΝἶ’unΝauteurΝrὧvèleΝuneΝutilisationΝpartiἵulièreΝἶ’unΝἶialeἵte,Ν leΝ ἶialeἵteΝ ὧtantΝ l’utilisationΝ ἶ’uneΝ lanἹue parΝ unΝ ἹroupeΝ ἶeΝ personnes,Ν ἶontΝ l’auteurΝ ἸaitΝ partie. Pour comprendre la manière dont un auteur utilise un échantillon de la langue, un champ sémantique, il faut pouvoir mesurer ses particularités, ses spécificités, sa conformité avec la langue et le dialeἵteΝ ἶansΝ lequelΝ s’insèreΝ l’iἶioleἵteΝ ἶeΝ l’auteur.Ν χinsi,Ν pourΝ ἵomprenἶreΝ l’utilisationΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝqueΝἸaitΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹile,ΝilΝἸaut,Ν dans un premier temps, établir la signification des verbes de ce champ sémantique dans la lanἹueΝ ἶeΝ l’iἶioleἵteΝ ἶeΝ l’auteur,Ν ἵ’est-à-ἶireΝ leΝ Ἱreἵ.Ν ἡr,Ν l’auteurΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ utilise un grec particulier, influencé par deux dialectes : le premier est le dialecte hellénophone propre à la région dans laquelle il vivait, le second est le grec biblique (marqué parΝl’inἸluenἵeΝἶesΝlanἹuesΝsὧmitiquesΝetΝqu’ilΝἵonnaîtΝparΝsesΝleἵtures).ΝἑesΝἶeuxΝἸormesΝἶuΝ grec sont une évolution particulière de la langue grecque dite classique. ἙlΝ ἸautΝ ἶonἵΝ examinerΝ ἶ’aborἶΝ l’usaἹeΝ ἶitΝ ἵlassiqueΝ ἶuΝ ἵhamp sémantique de la vision, inἶὧpenἶammentΝ ἶesΝ utilisationsΝ partiἵulièresΝ ἶesΝ auteurs,Ν telΝ qu’ilΝ aΝ ὧtὧΝ reἵonstituὧΝ parΝ lesΝ linἹuistes,ΝἶansΝlesΝἶiἵtionnairesΝnotamment.Νδ’ὧtuἶeΝἶesΝsensΝἵlassiquesΝἶesΝverbesΝἶeΝvisionΝ enΝἹreἵΝἵlassiqueΝtelsΝqu’ilsΝsontΝὧtablis par les lexicographes permettra par la suite de décrire l’ὧvolutionΝἶeΝl’utilisationΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶansΝleΝἶialeἵteΝpuisΝl’iἶioleἵteΝἶeΝl’auteur.Ν ἑetteΝ ὧtuἶeΝ ἵonstitueΝ laΝ premièreΝ ὧtapeΝ ἶ’uneΝ reἵonstitutionΝ ἶiaἵhroniqueΝ ἶeΝ l’utilisationΝ ἶuΝ champ sémantique de la vision. La méthode choisie pour faire droit aux emplois dits classiques consiste ici à décrire et à analyserΝ laΝ struἵtureΝ ἶesΝ artiἵlesΝ ἶeΝ ἶeuxΝ ἶiἵtionnairesΝ ἶeΝ rὧἸὧrenἵeΝ ἶansΝ l’ὧtuἶeΝ ἶuΝ ἹreἵΝ classique, le « Bailly »33 et le « Liddell-Scott »34, pour chaque verbe du champ sémantique ὧtuἶiὧ.Ν δaΝ struἵtureΝ ἹὧnὧraleΝ ἶeΝ l’artiἵleΝ ἶuΝ ἐaillyΝ seraΝ ἶ’aborἶΝ ἶὧἵrite,Ν avantΝ l’analyseΝ ἶeΝ ἵhaἵunΝ ἶesΝ sensΝ ἶὧἹaἹὧs,Ν ὡΝ partirΝ ἶ’unΝ ouΝ plusieursΝ ἶesΝ exemplesΝ ἶonnὧsΝ ὡΝ l’appuiΝ parΝ leΝ Bailly ou le Liddell-Scott. ἑetteΝanalyseΝpermettraΝnonΝseulementΝἶ’ὧtablirΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝsensΝetΝemploisΝἶeΝἵhaqueΝverbeΝ de vision, mais également de comprendre des liens synonymiques entre les verbes. 32 Les définitions utilisées dans ce chapitre (idiolecte, dialecte etc.) sont reprises de : BENNINGER C., Cours d’introduction à la lexicologie. ; LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie. 33 BAILLY A., Dictionnaire grec-français, Paris, Hachette, 20004. 34 LIDDELL H. G., SCOTT R., A Greek-English Lexicon. With a Revised Supplement, Oxford, Clarendon Press, 1996. 14 ἓlleΝpermettraΝἶeΝἶisposerΝἶ’unΝpointΝἶeΝrepèreΝἸonἶamentalΝpourΝἵomprenἶreΝl’utilisation que ἸaitΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ἶeΝ laΝ vision : quels sont les points communs, les évolutions, les emplois spécialisés, quelles sontles expressions déjà attestées dans la littérature classique et quels éléments semblent révéler une utilisationΝpartiἵulièreΝἶeΝl’auteur.ΝΝ a. Le sens de ὁλ́π dans la littérature classique i. Introduction δ’artiἵleΝ « ὁλ́π » du Bailly se divise en deux parties principales : les utilisations transitives et les utilisations intransitives du verbe. Au sein de chacune de ces deux sections, l’artiἵleΝestΝsubἶivisé en deux catégories ; la première regroupe les emplois du verbe au sens propre, la seconde ses emplois au sens figuré, découlant du premier 35 . Dans chaque subdivision sont mis au premier plan les emplois les plus généraux et/ou les plus fréquents. Cette subdivision peut elle-même être divisée lorsque le lexicographe a repéré une construction, un sens ou une expression particuliers découlant du sens exposé au niveau supérieur. ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ«Νὁλ́π » du Bailly L’article commence par les sens propres et premiers de l’emploi intransitif : κ̔λαπΝ siἹniἸieΝ ἶ’aborἶΝ «Ν avoirΝ ἶesΝ yeuxΝ »,Ν « être voyant ». Ce sens concret peut être opposé à un autre sens du même verbe, dans des expressions signifiant « avoir des yeux et ne point voir ». DansΝleΝtexteΝἶeΝἢlutarqueΝqueΝἐaillyΝἶonneΝὡΝtitreΝἶ’exemple 36, un balancement est fait entre le sens propre de « voir » et un sens plus figuré, où « voir » implique une compréhension cognitive. Le deuxième sens possible de κ̔λαπΝ est celui de « fixer les yeux », « porter ses regards » ; le verbe est construit avec une proposition introduite par la préposition ̓μ. La proposition peut également être introduite par π́ et le verbe signifie alors « fixer les yeux ἶ’enΝhautΝsurΝquelqu’un ». Le troisième sens propre possible est celui « ἶ’avoirΝleΝreἹarἶ » ou «Νl’airΝἶe », lorsque le verbe est construit avec un substantif ou un adjectif attribut du sujet. DansΝἵeΝsens,ΝleΝreἹarἶΝestΝleΝlieuΝpermettantΝuneΝἵonnaissanἵeΝἶeΝl’état de la personne37. L’article continue ensuite avec les sens figurés de κ̔λαπ.ΝIl dénombre quatre sens figurés. Le premier est celui de « regarder à », « faire attention à ».Ν δ’extraitΝ ἶeΝ ἥophoἵle 38 est un exemple frappant : Electre dit de ne plus regarder vers Oreste au sens où il ne faut plus « prêter attention à » lui. Il est intéressant de noter que le second texte (Iliade, 10, 239) est compris comme ayant un sens propre par le Bailly (I, 2, « fixer les yeux sur », « porter ses regards »), et un sens figuré par le Liddell-Scott (« regarder à », « faire attention à »). Ce ἵhoixΝἶiἸἸὧrentΝs’expliqueΝparΝuneΝinterprὧtationΝἶiἸἸὧrenteΝἶuΝpassaἹe.ΝδeΝ COD cependant, peu utilisé dans un sens concret, amène à considérer que le verbe κ̔λαπΝn’a pas ici un sens concret mais plutôt un sens abstrait, voire, comme le Liddell-Scott le suggère, un sens figuré. 35 LEHMAN A., MARTIN-BERTHET F., Lexicologie : sémantique, morphologie, lexicographie, p. 108. PLUTARQUE, De l’éducation des enfants (De liberis educandis), 13e : εαζ θ εα θδα ῶθ ηαλ βή πθ ηβ ’Ν ̓ ́θαδ κε ῖθ, ̓ζζ κ ΰ́λπμ ̓ηίζυῶ κθ εα ́ επφκθ π ΰδΰθ́η θα η αφ́λ δθ, μ θδα ῶθ πλα κήθπθ ὁλῶθ αμ η ὁλ θ εα η ̓εκ́ δθ ̓εκ́κθ αμ. 37 δeΝ texteΝ ἶ’ἘὧsioἶeΝ enΝ estΝ unΝ bonΝ exemple,Ν puisqueΝ leΝ verbeΝ ὁλ́π permet d’exprimer la fureur d’Arès. HESIODE, Le Bouclier, 426 : ἌλβθΝπλκ δ́θ αΝ κε ́ αμ,Ν δθ θΝὁλῶθΝ́ κδ δ. 38 SOPHOCLE, Electre, 925 : ́γθβε θ, ́ζαδθα· ̓ε ε ́θκυ ́ κδ π ́λδ’Ν λλ δ·Νηβ θΝ μΝε ῖθ́θΝΰ’Ν́λα.ΝΝ 36 15 Le second sens figuré est celui de « viser à », « tendre à » ; on le voit particulièrement avec le premierΝextraitΝἶ’ἓuripide39 : il est dit qu’un jeune homme « a les yeux tournés vers » Cypris. Le sens y est clairement figuré, puisqu’Euripide utilise κ̔λαπΝpour dire que le jeune homme estΝenἵlinΝauxΝpassionsΝἶeΝl’amourΝsymbolisὧesΝparΝἑypris.ΝδeΝtroisièmeΝsensΝἸiἹurὧΝestΝἵelui ἶ’« avoir les yeux fixés sur »,Ν ἶ’« observer », de « veiller à », « faire attention si ». Dans l’extraitΝἶ’ἓsἵhyle40, κ̔λαπΝest construit avec la conjonction ̓, amenant à donner au verbe un sens figuré ici. Le vers 589 du Philoctète41 de Sophocle montre comment κ̔λαπΝa un sens figuré qui exprime une vision cognitive, liée à la pensée (comme le montre la réponse de Noéptolème, qui comporte un autre verbe de vision utilisé dans un sens clairement cognitif : ΢εκπῶ ἐΰ̀ π́ζαδ). Un quatrième emploi figuré de κ̔λαπΝintransitif est signalé par le Bailly : il s’agit du cas où le verbe est placé dans une proposition interrogative ou une incise, au sens de « vois-tu ». Le verbeΝ estΝ utilisὧΝ ἶansΝ unΝ ἶialoἹue,Ν aἸinΝ ἶeΝ pousserΝ l’interloἵuteurΝ prenἶreΝ ἵonsἵienἵeΝ de ce qu’ilΝaΝἶitΝouΝἸait.ΝDeΝl’extraitΝἶ’Electre42, il ressort nettement que le verbe a, dans ce cas, un sens figuré et cognitif. L’article continue avec les emplois transitifs de κ̔λαπΝ dans le sens premier « voir ». Dans ἵetteΝ partie,Ν l’artiἵleΝ seΝ ἵonἵentre davantage sur les différentes constructions possibles. La construction la plus fréquente est celle où κ̔λαπΝ est suivi de l’accusatif. Le Bailly et le Liddell-ἥἵottΝs’attarἶentΝsurΝtroisΝexpressionsΝἸiἹὧesΝἸrὧquentes : « voir la lumière » et « voir de ses yeux », ainsi qu’une expression figée au niveau du temps employé pour κ̔λαπ,Νet non au niveau du COD comme cela est le cas pour les deux premières. Le Liddell-Scott signale que la construction avec κ̔λαπΝ au parfait (́πππα) s’utilise uniquement pour signifier « observer quelque chose », c’est-à-dire « voir avec attention ». Cet emploi montre comment l’aspect du parfait peut entraîner une modification du sens du verbe, en donnant à κ̔λαπΝ un sens plus intensif. Il est aussi fréquent que le verbe se construise avec le COD φῶμ ou avec le datif à sens instrumental ̓φγαζηκῖμ, auquel cas l’expressionΝ ἶevientΝplὧonastique.Ν δ’extraitΝἶeΝl’Iliade43 montre comment la construction de κ̔λαπΝavec ̓φγαζηκῖμ permet d’accentuer le sens du verbe et peut être traduite par l’expression « voir de ses yeux ». De la même façon, lorsque κ̔λαπΝse construit avec un adverbe, la modalité de la vision est précisée νΝ leΝsujetΝ voitΝἶ’uneΝ ἵertaineΝ manière (« avec plaisir », dans le De natura animalium de Claude Elien44). Enfin, le verbe peut être utilisé en ce sens avec un objet pour sujet (sujet de chose), comme cela est le cas ἶansΝ l’extraitΝ ἶes Trachiniennes 45 , où le φ́ΰΰκμ ζ́κυ est sujet de ́ο ά. Une dernière construction de κ̔λαπΝsignifiant « voir » au sens propre est signalée : le verbe est accompagné EURIPIDE, Fragments (Antigone), 162 : ̓θ λ μΝ ’Νὁλῶθ κμΝ ̓μΝΚ́πλδθΝθ αθ́κυΝ̓φ́ζαε κμΝ ́λβ δμ,Ν μΝε θΝ φα ζκμΝ ζζ’,Ν ̓μΝ λπ αΝπ μΝ̓θ λΝ κφώ α κμ·Ν 40 ESCHYLE, Euménides, 269 : ́οβδΝ ε ́ δμΝ ζζκμΝ ζδ θΝίλκ ῶθΝ γ θΝ ίθκθΝ δθ’Ν̓ ίῶθΝ κέαμΝφ́ζκυμ,Ν ξκθγ’Ν εα κθΝ μΝ ́εβμΝ π́ιδα. 41 SOPHOCLE, Philoctète, 589 : ́λα ́ πκδ ῖμ, παῖ. 42 SOPHOCLE, Electre, 628 : ὁλ μΝνΝπλ μΝ̓λΰ θΝ εφ́λͅ,Νη γ ῖ ́Νη Νζ́ΰ δθΝ ξλῄακδη’,Νκὐ ’Ν π́ α αδΝεζ́ δθ. 43 HOMERE, Iliade 13, 99 : π́πκδΝ ήΰαΝγα ηαΝ ́ ’Ν̓φγαζηκῖ δθΝὁλῶηαδΝ δθ́θ. 44 CLAUDE ELIEN, De natura animalium, 7, 43, 3 : ̓́θ αΝ Ν αὐ θΝ π μΝ θκη μΝ φαθ́ππζδθΝ ΰυθαῖεαΝ ὁλ θΝ ́πμ. 45 SOPHOCLE, Les Trachiniennes, 606 μΝ ηβ ’Ν ́ο άΝ θδθΝ ή Ν φ́ΰΰκμΝ ζ́κυΝ ήγ’Ν λεκμΝ ἱ λ θΝ ή ’Ν φ́ δκθΝ ́ζαμ. 39 16 ἶ’unΝ aἶjeἵtiἸΝ etΝ onΝ enΝ ἸaitΝ unΝ usaἹeΝ plὧonastique,Ν ἵommeΝ parΝ exempleΝ ἶansΝ l’extraitΝ ἶeΝ l’Anabase de Xénophon46,ΝoὶΝl’iἶὧeΝἶeΝvisionΝestΝprὧἵisὧeΝparΝl’aἶjeἵtiἸΝ υΰθ μ (« sombre »). Le deuxième sens principal relevé par le Bailly pourΝ l’utilisationΝ ἶeΝ κ̔λαπΝ de manière transitive est « fixer les yeux sur », « regarder », « observer ». On constate, grâce aux exemplesΝ sὧleἵtionnὧs,Ν qu’ilΝ s’aἹitΝ ἶ’uneΝ utilisationΝ auΝ sensΝ propre,Ν aveἵΝ uneΝ nuanἵeΝ intensive qui pourrait être retranscrite par « voir avec attention »ΝetΝquiΝpermetΝἶ’exprimerΝlaΝ visionΝ ἶ’unΝ speἵtaἵle,Ν parΝ exemple 47 . Un troisième sens est celui de « regarder pour chercher ». Le verbe y prend donc le sens de « chercher », « s’oἵἵuperΝἶe », comme on le voit ἶansΝl’extraitΝἶeΝl’Ajax de Sophocle48 μΝleΝverbeΝs’utiliseΝἶansΝuneΝphraseΝsiἹniἸiant : « Vois à faire au plus tôt creuser une fosse », dans le sens de : « Occupe-toi de faire au plus tôt creuser une fosse ».Ν δeΝ quatrièmeΝ sensΝ ἶeΝ l’emploiΝ transitiἸΝ ἶuΝ verbeΝ estΝ ἸiἹurὧ,Ν puisque κ̔λαπΝ est utilisé ici pour signifier « comprendre ».ΝDansΝl’extraitΝἶuΝProméthée enchaîné ἶ’ἓsἵhyle49, le sujet est invité à comprendre quelle est son erreur, à la constater : « Ne vois-tu pas que tu as fait erreur ? ». Une construction spécifique est signalée, lorsque le verbe se construit avec un participe accordé avec le sujet νΝ ἶansΝ l’extraitΝἶeΝ l’Histoire de la guerre de Péloponnèse de Thucydide50, κ̔λαπΝest suivi du participe ́θ μ et exprime une compréhension intellectuelle : les sujets ont compris qu’ilsΝsontΝ« horsΝἶ’ὧtatΝἶ’avoirΝleΝἶessusΝaveἵΝ[leurs]ΝseulesΝἸorἵes ». Enfin, le cinquième sens donné par le Bailly est celui de « voirΝparΝl’ouïe » νΝilΝs’aἹitΝἶ’unΝjeuΝ ἶeΝmotsΝpourΝparlerΝἶ’ŒἶipeΝaveuἹle, dans Œdipe à Colone51 νΝŒἶipeΝyΝἵompareΝleΝsens de la visionΝetΝἵeluiΝἶeΝl’ouïe,ΝpourΝἵeΝquiΝleΝἵonἵerne.Ν iii. Conclusion L’étude de l’article « κ̔λαπΝ» permet de mettre en avant plusieurs éléments. κ̔λαπΝest leΝverbeΝἹὧnὧriqueΝpourΝexprimerΝl’iἶὧeΝἶeΝvision.ΝἙlΝpeutΝêtreΝἵonstruitΝἶeΝmanièreΝtransitiveΝ ou intransitive, dans un sens propre, abstrait ou figuré et comporte un nombre important de sens. Il est également utilisé dans des expressions ou avec des constructions particulières. Lorsqu’il est utilisé de manière intransitive, κ̔λαπΝa principalement un sens figuré ; il décrit uneΝvisionΝἵoἹnitive.Νδorsqu’ilΝestΝἵonstruit de manière transitive, κ̔λαπΝpeut être utilisé dans de nombreuses constructions qui expriment davantage un sens propre qu’un sens figuré. A ce stade, il est déjà possible de faire un parallèle entre ces deux emplois principaux de κ̔λαπΝ (transitif et intransitif) avec les tendances de l’utilisation de κ̔λαπΝdans l’Evangile selon Jean ἶὧἵritesΝ ἹrὢἵeΝ ὡΝ l’analyseΝ ἶesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ ἵlassements 52.Ν ἓnΝ eἸἸet,Ν l’utilisationΝ intransitiveΝ ἶuΝ verbeΝainsiΝqueΝlesΝsensΝἸiἹurὧsΝetΝἵoἹnitiἸsΝsontΝmarἹinauxΝἶansΝl’ἓvanἹile, contrairement à son emploi classique. ἙlΝs’aἹitΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶontΝ lesΝ liensΝsynonymiquesΝaveἵΝ lesΝautresΝ verbesΝ ἶeΝ visionΝ ἶuΝ ἵhampΝ sémantique sont nombreux. Ainsi, le sens I, 2 correspond au sens B, I de ίζ ππΝ νΝ la construction κ̔λαπ+accusatif est à relier au sens II de ίζ ππΝd’après le Liddell-Scott ; les sens XENOPHON, Anabase, 2, 6, 9 μΝεα ΰ λΝὁλ θΝ υΰθ μΝ θΝεα φπθ λαξ́μ. HOMERE, Iliade, 23, 323 μΝἀ ́λη’Νὁλ́πθΝ λ́φ δΝ ΰΰ́γ θ 48 SOPHOCLE, Ajax, 1165 : ̓ζζ’Ν μ ́θα αδ, Σ ελ , αξ́θαμ π κθ εκ́ζβθ έπ ́θ δθ’Ν̓ ῖθ ͅ . 49 ESCHYLE, Prométhée enchaîné, 259 μΝ ́ι δΝ πῶμΝνΝ ́μΝ ζπ́μΝνΝκὐξΝὁλ δμΝ́ δΝ ηαλ μΝν 50 THUCYDIDE, Histoire de la guerre du Péloponnèse, 1, 32, 5 μΝεα η ῖμΝ̓ ́θα κδΝὁλῶη θΝ́θ μΝ κ̓ε ́ ήθκθΝ υθ́η δΝπ λδΰ θ́ γαδ 51 SOPHOCLE, Œdipe à Colone, 138 : ́ ’Ν ε ῖθκμΝ ΰώ·Νφπθ ΰ λΝὁλῶ,Ν φα δάη θκθ. 52 Cf. Prolégomènes, B. 46 47 17 II, 2 et II, 3 sont équivalents avec le sens B, I de ίζ ππΝet les sens I, 1 de γ πλ πΝet I, 2 de γ ́κηαδΝont aussi des équivalences parmi ceux de κ̔λαπ. b. Le sens de ίζ́ππ dans la littérature classique i. Introduction δ’artiἵleΝ « ίζ́ππ » du Bailly se divise en deux parties principales. Contrairement au ἵhoixΝquiΝaΝὧtὧΝἸaitΝpourΝl’artiἵleΝ « ὁλ́π », l’article « ίζ́ππ » est divisé selon les deux sens principaux du verbe, « voir » et « regarder ». Dans la partie dédiée au premier sens, « voir », estΝ inἶiquὧΝ ἶ’aborἶΝ leΝ sensΝ leΝ plusΝ Ἰrὧquent,Ν ὡΝ savoirΝ « avoir le sens de la vue, jouir de la vue », lorsque le verbe est employé absolument. Ce sens de ίζ́ππpeut être utilisé au propre et au figuré. Dans la section dédiée au deuxième sens lié à « voir », le Bailly regroupe deux constructions utilisées dans des expressions où ίζ́ππ signifie « vivre ». Quant au second sens principal du verbe, lorsque ίζ́ππ est utilisé pour signifier « regarder », le Bailly dénombre deux sens : « diriger ses regards sur » ou « vers quelque chose » et « avoir un regard (bienveillant ou hostile) ». Le Liddell-ἥἵottΝἵonstruitΝl’artiἵleΝἶiἸἸὧremment,Νpuisqu’ilΝleΝἶiviseΝenΝἸonἵtionΝἶeΝtroisΝsensΝ principaux de ίζ́ππ ; les deux premiers correspondent à ceux du Bailly, le troisième regroupe des constructions et sens spécifiques de ίζ́ππ. Ainsi, le Liddell-Scott organise son article en fonction des sens principaux et des constructions (transitives, intransitives) de ίζ́ππ, comme pour l’article « ὁλ́π », contrairement au Bailly qui se focalise sur les différents sens. Pour chacun des sens principaux (« voir », « regarder »), le Bailly distingue, pour les sens secondaires, le sens propre et le sens figuré, découlant du sens propre (ex : « être voyant », « être devin »). ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ« ίζ́ππ » du Bailly Bailly fait remarquer que ίζ́ππ est fréquemment employé pour exprimer la capacité physiqueΝ ἶeΝ voir,Ν ἵommeΝ leΝ montreΝ l’extraitΝ ἶuΝ Ploutos ἶ’χristophane 53 distinguant les voyants des non-voyants νΝplusΝprὧἵisὧment,ΝἵetΝexempleΝestΝutilisὧΝpourΝillustrerΝl’emploiΝauΝ propre du premier sens principal : « avoir le sens de la vue, jouir de la vue ». Ce sens est ensuite distingué du sens figuré correspondant, « voir aveἵΝlesΝyeuxΝἶeΝl’esprit », qui peut être utilisὧΝpourΝparlerΝἶ’unΝ ἶevin.Ν δ’extraitΝἶ’Œdipe Roi de Sophocle54, tout comme celui de la Septante55, montrent que le participe substantivé peut être utilisé pour désigner le devin. Le deuxième emploi du sens « voir » du verbe ίζ́ππ se trouve dans une expression figée : le verbe est construit avec le nom « lumière » et l’expression signifie alors « être vivant » ou « vivre ».ΝἡnΝleΝvoitΝἶansΝl’Hélène ἶ’ἓuripiἶe56 où il est dit : « aussi longtemps que Protée vit la lumière », signifiant « aussi longtemps que Protée vécut ». Ce sens peut également être ἸiἹurὧΝlorsqu’ilΝseΝrapporteΝὡΝunΝsujetΝἶeΝἵhose : il signifie alors « [des choses] vivantes », ce qui veut dire « [des choses] actuelles »57. ARISTOPHANE, Ploutos, 15 μΝκἱ ΰ λΝίζ́πκθ μΝ κῖμΝ υφζκῖμΝ ΰκ́η γα. SOPHOCLE, Œdipe Roi, 747 μΝ δθῶμΝ̓γυηῶ η ίζ́ππθΝὁ ήθ δμΝ . 55 1Rois 9, 9 (LXX) : ́ δΝ θΝπλκφ βθΝ ε ζ δΝὁ ζα μΝ ηπλκ γ θΝὁ ίζ ππθ. 56 EURIPIDE, Hélène, 60 : πμΝη θΝκ θΝφῶμΝ ζ́κυΝ ́ ’Ν ίζ π θΝΠλπ ́μ. 57 SEXTUS EMPIRICUS, Adversus mathematicos, 1, 184 μΝ ́π λΝ κὐεΝ ζζπμΝ δθΝ ζζβθ́α δθΝ θΝ η ΰλαηηα δε μΝήγπη θΝ ζζβθδέθ,Ν κδΝ θαλΰ́μΝ δΝ κ κΝεα ιΝἁ κ ίζ π́η θκθΝ ̓ βζ́ λκθ. 53 54 παλ 18 Le deuxième sens principal du verbe ίζ́ππ est « regarder ». Le Bailly en distingue deux emplois. Le premier est « diriger ses regards sur » ou « diriger ses regards vers quelque chose » ; cet emploi renvoie lui-même à trois sens secondaires correspondant à des constructions ou des emplois particuliers. Il peut alors avoir un sens propre ou figuré. Un exempleΝ ἶuΝ sensΝ propreΝ seΝ trouveΝ ἶansΝ l’extraitΝ ἶeΝ l’Ajax de Sophocle58 où le personnage principal est invité à tourner son regard vers le Coryphée. Le sens figuré est « tourner les yeux vers quelqu’unΝouΝquelqueΝ ἵhose » νΝἶansΝl’extraitΝἶ’Antigone, du même auteur59, ίζ́ππ est employὧΝἶansΝἵeΝsensΝἸiἹurὧ.ΝἡnΝpourraitΝparaphraserΝlaΝἶὧἵlarationΝἶ’χntiἹoneΝἶeΝlaΝsorte : « À quoi bon, malheureuse, chercher du secours auprès des dieux ? »ΝἙlΝn’yΝestΝpasΝquestionΝ ἶ’unΝ « voir »Ν ἵonἵretΝ ouΝ abstrait,Ν maisΝ ἶeΝ l’iἶὧeΝ ἶeΝ « chercher du secours », exprimée métaphoriquement avec un verbe de vision. Le deuxième sens est « avoir les yeux sur », « surveiller », « veiller sur ».Νδ’exempleΝqueΝnousΝavonsΝsὧleἵtionnὧΝseΝtrouveΝἶansΝl’ἓvanἹileΝ selon Marc 60 ,Ν oὶΝ leΝ verbeΝ estΝ traἶuitΝ parΝ l’expression : « prenez garde ». Le Liddell-Scott utiliseΝ l’extraitΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ εarἵΝ pourΝ illustrerΝ leΝ sensΝ « look to a thing, beware », qu’ilΝἵonsiἶèreΝaussiΝἵommeΝὧtantΝunΝsensΝpropre.ΝἓnἸin,ΝlaΝtroisièmeΝseἵtionΝreliὧeΝauΝpremierΝ emploi de ίζ́ππ « regarder » met en avant une construction particulière : « avoir en vue »+πλ́μ+ δ. Là aussi, le sens semble être figuré dans la mesure où, dans l’extrait tiré du Banquet de Platon61,Ν l’expressionΝ estΝ traἶuiteΝ par : « ilsΝ n’ontΝ enΝ vueΝ queΝ ἶ’arriverΝ à leurs fin »,Ν ἵeΝ queΝ l’onΝ pourraitΝ paraphraserΝ ainsi : « leurΝ seulΝ butΝ estΝ ἶ’arriverΝ ὡΝ leursΝ Ἰins ». Le deuxième emploi correspondant à ίζ́ππ au sens de « regarder » est le suivant : « avoir un regard (bienveillantΝ ouΝ hostile)Ν ».ΝDansΝl’extraitΝ ἶesΝ Mémorables de Xénophon62, ίζ́ππ est utilisé au sens propre : il est question des différentes expressions (affection, haine) qui sont exprimées par le regard. Enfin, le Liddell-Scott ajoute un autre sens au verbe ίζ́ππ : « look longingly », « expect », « propose » que le Liddell-Scott place après le sens « look to », « rely on » et avant le sens « look to a thing », « beware ».Νδ’exempleΝservantΝὡΝillustrerΝἵeΝsensΝseΝtrouveΝ dans Les Acharniens63 ἶ’χristophane,Ν oὶΝ ίζ́ππ peut être traduit par « attendre » ; ce sens présent dans le Liddell-Scott est un sens figuré ; il peut être rapproché du sens « tourner les yeuxΝversΝquelqu’unΝouΝquelqueΝἵhose » donné par le Bailly. iii. Conclusion δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ l’artiἵleΝ « ίζ́ππ » du Bailly a permis de mettre en évidence certaines particularités du verbe. ίζ́ππ est en partie relié par des liens synonymiques avec le verbe ὁλ́π (les sens I, 2 ; II, 3 ; B, 1 ; B, 2 ; B, 4 de ὁλ́π sont synonymes de sens de ίζ́ππ), mais les sens les plus fréquents sont différents de ceux du verbe ὁλ́π. ίζ́ππ est le plus souvent utilisé pour exprimer le sens de « regarder »,Ν inἵluantΝ l’iἶὧeΝ ἶ’uneΝ visionΝ intentionnelle,Ν ouΝ SOPHOCLE, Ajax, 345 μΝ ́ξ’Ν θΝ δθ’Νἀ ῶ ἐπ’Ν ηκ ίζ́οαμΝζ́ίκδ. SOPHOCLE, Antigone, 923 μΝ ́Νξλ́Νη Ν θΝ ́ βθκθΝ μΝγ κ μΝ δΝίζ́π δθ ; 60 Mc, 8, 15 : ὁλ ,Νίζ π Ν̓π μΝα ηβμΝ ῶθΝΦαλδ α πθΝεα μΝα ηβμΝ λῴ κυ. 61 PLATON, Le Banquet, 181b : π δ αΝ μΝ θΝ θπθ αδΝ ̓θκβ κ πθ,Ν πλ μΝ δαπλ ια γαδΝ η θκθΝ ίζ πκθ μ,Ν ̓η ζκ θ μΝ κ εαζῶμΝ η · 62 XENOPHON, Mémorables, 3, 10, 4 : Ἆλ’Ν κ θ,Ν φβ,Ν ΰ́ΰθ αδΝ θΝ ̓θγλώπͅ ́Ν Ν φδζκφλ́θπμΝ εα ξγλῶμΝ ίζ́π δθΝπλ́μΝ δθαμ ; 63 ARISTOPHANE, Les Acharniens, 37 : ῶθΝ ’Να ΰ λ́θ πθΝκ αΝ μΝουξ μΝ́ δΝκὐ θ ίζ́πκυ δθ ζζκ πζ θ όφͅ ́εθ δθ. 58 59 19 pour exprimer la capacité physique de voir. Enfin, ίζ́ππ est le plus souvent utilisé de manière transitive, au sens propre ou figuré. c. Le sens de γ πλ́π dans la littérature classique i. Introduction Le Liddell-ἥἵottΝ ἶiviseΝ l’artiἵleΝ «Ν γ πλ́π » en trois parties principales : « to be a γ πλ́μ » (ou « to be sent to consult an oracle »), « of spectators at games » « to see, to go as a spectator » « look at, behold » (au sens propre, ainsiΝ qu’au sens de « contemplate, consider » [« observe », « perceive », « speculate, theorize »]). δ’artiἵleΝ ἶuΝ ἐaillyΝ est,Ν lui,Ν divisé en deux sens principaux : le sens « observer » (« examiner, contempler », « inspecter, passer en revue », « contempler », « ἵontemplerΝparΝl’intelliἹenἵe ») et le sens « aller comme ἶὧputὧΝ ἶ’unΝ ἓtatΝ pourΝ ». Les différents sens du verbe γ πλ́π selon le Bailly et le LiddellἥἵottΝ sontΝ iἶentiques.Ν δaΝ ἶiἸἸὧrenἵeΝ laΝ plusΝ importanteΝ ὡΝ noterΝ estΝ l’orἶreΝ ἶansΝ lequelΝ sontΝ classés ces deux ou trois sens, puisque le sens « to be a γ πλ́μ » est second dans le Bailly, qui semble classer les deux sens principaux du plus au moins générique, contrairement au Liddell-Scott. Le premier sens « observer »,Ν ἶansΝl’artiἵleΝ ἶuΝἐailly,Ν estΝleΝsensΝ leΝplusΝἸrὧquentΝ etΝ leΝplusΝ Ἱὧnὧral.Ν δ’artiἵleΝ luiΝ relieΝ quatreΝ sensΝ seἵonἶaires.Ν δeΝ premierΝ renvoieΝ ὡΝ ἵeuxΝ quiΝ sont speἵtateursΝ ἶeΝ jeux,Ν leΝ seἵonἶΝ estΝ ἵeluiΝ ἶ’« inspecter », « de passer en revue ». Les deux ἶerniersΝ sensΝ reἸlètentΝ unΝ sensΝ Ἱὧnὧral,Ν ἵeluiΝ ἶ’«Ν observer » (en général ou dans un sens ἸiἹurὧ).Ν δeΝ ἶernierΝ ἶ’entreΝ euxΝ (« observer » au sens figuré) est élucidὧΝ enἵoreΝ ὡΝ l’aiἶeΝ ἶeΝ plusieurs emplois spécifiques. Enfin, le deuxième sens principal est « aller comme député ἶ’unΝἓtat ». ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ« γ πλ́π » du Bailly δ’artiἵleΝ ἶuΝ ἐaillyΝ ἵommenἵeΝ parΝ leΝ sensΝ « observer ». γ πλ́π peut être utilisé pour parlerΝἶeΝl’aἵteΝἶeΝvoirΝἶesΝspeἵtateursΝauxΝjeux,ΝἵommeΝἵ’estΝleΝἵasΝἶansΝleΝtexteΝἶ’Ἐὧroἶote 64 parlant des Grecs regardant des « concours gymniques et hippiques ». γ πλ́π peut également être utilisé pour parler du fait de passer en revue, des troupes par exemple, comme le montre l’extraitΝἶeΝl’Anabase de Xénophon65. Dans les deux cas, γ πλ́π est utilisé pour exprimer le fait de regarder avec attention, avec intensité. γ πλ́π peut également être employé pour exprimer le fait de contempler. Cela peut être le cas avec un sens général et propre, comme lorsqu’Ἐὧroἶote 66 raἵonteΝ qu’χnaἵharsisΝ « a contemplé » 67 de nombreuses contrées. Cela peut aussi être le cas avec un sens figuré (« ἵontemplerΝparΝl’intelliἹenἵe »). Dans le texte du Gorgias de Platon 68 , une âme contemple une autre âme ou, dans le Contre Midias 69 , Démosthène parle du fait « ἶ’observerΝlesΝsiἹnes quiΝontΝsuiviΝleΝvoteΝaἶverseΝ»,Νἵ’est-à-dire de percevoir intellectuellement ces signes. Quant au sens « observer » au figuré, il se HERODOTE, Histoires, κ,Ν βἄΝ μΝ Οἱ ́Ν φδΝ ζ ΰκθΝ μΝ Ὀζ́ηπδαΝ ΰκυ δΝ εα γ πλ́κδ θΝ ̓ΰῶθαΝ ΰυηθδε θΝ εα ἱππδέθ. 65 XENOPHON, Anabase, 1, 2, 16 : γ ώλ δΝκ θΝὁ Κ λκμΝπλῶ κθΝη θΝ κ μΝίαλί́λκυμ. 66 HERODOTE, Histoires, ἂ,ΝιἄΝμΝΣκ κΝη θΝΰ λΝἈθ́ξαλ δμ,Ν π ́ ΰ θΝπκζζ θΝγ πλ́ αμΝεα ̓πκ ίη θκμΝεα ’Ν αὐ θΝ κφ́βθΝπκζζ θΝ εκήα κΝ μΝ γ αΝ ΢ευγ́πθ,Νπζ́πθΝ δ’Ν ζζβ π́θ κυΝπλκ ́ ξ δΝ μΝΚ́αδεκθ· 67 La traduction que nous avons utilisée porte : « avoir visité ». 68 PLATON, Gorgias, 523e μΝ εα θΝ ελδ θΝ ῖ ΰυηθ θΝ θαδ,Ν γθ ῶ α,Ν αὐ ουξ αὐ θΝ θΝ ουξ θΝ γ πλκ θ αΝ ιάφθβμΝ̓πκγαθ́θ κμΝ έ κυ. 69 DEMOSTHENE, Contre Midias, 199 μΝ ̓ κῖμΝη θΝξ δλκ κθ́αθΝ εηβλ́κδμΝγ πλ́ αδ . 64 20 subdivise en deux autres sens. Le premier est celui de « juἹerΝ ἶ’uneΝ ἵhoseΝ ἶ’aprèsΝ ἶesΝ preuves »,Ν ἵommeΝ ilΝ estΝ possibleΝ ἶeΝ leΝ voirΝ ἶansΝ l’extraitΝ ἶuΝ ἶisἵoursΝ Sur la Couronne de Démosthène70, où γ πλ́π est traduit par « considérer » : les Athéniens doivent considérer « each transaction with due regard to its occasion ». Le second, « réfléchir, méditer », est un sensΝ abstraitΝ partiἵulier.Ν δ’extraitΝ proposὧΝ parΝ leΝ ἐaillyΝ seΝ situeΝ ἶansΝ laΝ Métaphysique71, où Aristote utilise γ πλ́π pour exprimer l’idée de réfléchir : « Nous avons suffisamment approfondi ces principes dans la Physique ». δ’artiἵleΝ ἶuΝἐaillyΝseΝtermineΝparΝleΝ ἶeuxièmeΝ emploi de γ πλ́π « aller comme député d’un Etat pour assister à », qui peut être employé pourΝparlerΝἶesΝjeuxΝouΝpourΝparlerΝἶuΝἸaitΝἶ’allerΝconsulter un oracle, ce qui constitue un sens spécifique du verbe. iii. Conclusion δ’ὧtuἶeΝἶeΝl’artiἵleΝ« γ πλ́π » a permis de mettre en avant plusieurs éléments pour la compréhension du verbe en grec classique. Le verbe γ πλ́π possède deux sens principaux, l’un est spécifique et particulier (« aller comme député pour assister à »),Ν l’autreΝ estΝ plusΝ ἹὧnὧralΝ etΝ exprimeΝ l’iἶὧeΝ ἶ’uneΝ visionΝ assiἶue,Ν intensiveΝ (« contempler »).Ν δorsqu’ilΝ estΝ employé avec le sens de « contempler » dans un sens figuré, γ πλ́π exprime principalement une vision ayant une composante cognitive. Enfin, γ πλ́π est utilisé uniquement de manière transitive. On verra également que les sens du verbe γ πλ́π correspondent en grande partie aux sens de γ ́κηαδ : I, III, IV, V. Peu de sens exprimés par γ πλ́π correspondent à un sens de ὁλ́π (sens A, II, 2) ou de ίζ́ππ. d. Le sens de γ ́κηαδ dans la littérature classique i. Introduction ἥelonΝl’artiἵleΝἶuΝἐailly,ΝleΝverbeΝγ ́κηαδ possède cinq sens qui sont hiérarchisés selon leurΝ Ἰrὧquenἵe.Ν δ’article du Liddell-ἥἵottΝ estΝ ἵonstruitΝ ἶiἸἸὧremment,Ν puisqu’ilΝ seΝ ἶiviseΝ enΝ fonction de deux emplois principaux : le premier au moyen-passiἸΝ etΝ leΝ seἵonἶΝ ὡΝ l’aἵtiἸ,Ν lὡΝ aussi classés par ordre de fréquence. Le premier emploi regroupe quatre sens qui ne corresponἶentΝqu’enΝpartieΝauΝquatreΝsensΝἶonnὧsΝparΝl’artiἵleΝἶuΝἐaillyΝetΝἶontΝl’orἶreΝἶiἸἸère.Ν δesΝ quatreΝ sensΝ ἶistinἹuὧsΝ parΝ l’artiἵleΝ ἶuΝ ἐaillyΝ sontΝ lesΝ suivants : « contempler » (sousdivisions : « enΝparlantΝἶeΝἵhosesΝquiΝexἵitentΝl’ὧtonnementΝouΝl’aἶmiration », « examiner »), « être spectateur au théâtre », « passer en revue », « ἵontemplerΝparΝl’intelliἹenἵe » et « voir » (« parΝextensionΝ(…)ΝenΝparlantΝἶeΝἵhosesΝenΝquelque sorte prὧsentesΝetΝqu’onΝaΝsousΝlesΝyeux,Ν joint à ̓ , avec l’idée d’une connaissance plus précise »). Dans l’article du Liddell-Scott, les quatre sens sont : « gaze at, behold » (souvent avec le sens de « wonder »), « contemplate », « view as spectators », « review ». Le Bailly semble classer les sens par ordre de fréquence, contrairement au Liddell-Scott qui sembler les classer du plus au moins Ἱὧnὧrique.Ν DeΝ plus,Ν leΝ plusΝ ἹranἶΝ nombreΝ ἶeΝ sensΝ ἶansΝ l’artiἵleΝ ἶuΝ ἐaillyΝ montreΝ queΝ ἵeΝ dictionnaire effectue ici des divisions plus précises, distinguant, par exemple, le fait de DEMOSTHENE, Sur la couronne, 17 : δΝ ’Ν ̓θαΰεαῖκθ,Ν θ λ μΝ Ἀγβθαῖκδ,Ν εα πλκ εκθΝ ́ πμ,Ν μΝ εα ’Ν ε ́θκυμΝ κ μΝξλ́θκυμΝ ξ Ν πλ́ΰηα ’Ν̓θαηθ αδ,Ν θαΝπλ μΝ θΝ̔π́λξκθ αΝεαδλ θΝ εα αΝγ πλ . 71 ARISTOTE, Métaphysique, A, 3, 983a33 : γ ώλβ αδΝη θΝκ θΝἱεαθῶμΝπ λ αὐ ῶθΝ ηῖθΝ θΝ κῖμΝπ λ φ́ πμ 70 21 contemplerΝ etΝ leΝ ἸaitΝ ἶeΝ ἵontemplerΝ parΝ l’intelliἹenἵe,Ν ἵ’est-à-dire le sens propre et le sens abstrait, contrairement au Liddell-Scott qui les regroupe sous le sens « contemplate ». ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ« γ ́κηαδ » du Bailly δ’artiἵleΝἶὧἶiὧΝauΝverbe γ ́κηαδ ne possède pas de subdivision à l’intérieur des sections quiΝprὧsententΝἵesΝquatreΝsens,ΝὡΝl’exἵeptionΝἶeΝlaΝpremière,ΝἵeΝquiΝtenἶΝὡΝmontrerΝqueΝlesΝsensΝ de ce verbe sont assez spécifiques et peu diversifiés. Le premier sens « contempler », « considérer » est souvent employé pour parler de « choses quiΝexἵitentΝl’ὧtonnementΝouΝl’aἶmiration »,ΝἵommeΝἵelaΝestΝleΝἵasΝἶansΝl’extraitΝdu Charmide de Platon72, oὶΝleΝverbeΝestΝemployὧΝaveἵΝuneΝἵonnotationΝpositive,ΝmontrantΝl’aἶmirationΝἶuΝ sujet envers la personne regardée (« ils le regardaient comme on contemple une statue »). Le deuxième sens du verbe est « examiner » νΝ ilΝ renvoieΝ ὡΝ l’emploiΝ ἶeΝ γ ́κηαδ utilisé pour décrire une vision intensive et analytique. Dans les deux extraits donnés, le verbe est utilisé pourΝexprimerΝleΝἸaitΝἶeΝἵherἵherΝὡΝreἵonnaîtreΝlaΝpositionΝἶ’uneΝville.Νχinsi,ΝἶansΝ l’Histoire de la guerre du Péloponnèse de Thucydide, il est dit : ζγώθΝ Ν εα εαγ́ αμΝ π ζ́φκυΝ εαλ λκ πλ μΝἈηφδπ́ζ πμΝ θΝ λα θΝαὐ μΝ γ κΝ ζδηθῶ μΝ κ ΢ λυήθκμΝεα θΝ γ́ δθΝ μΝ π́ζ πμΝ π Θλ εͅ μΝ ξκδ.Ν DansΝ ἵetΝ extrait,Ν leΝ sujetΝ estΝ allé « observer », regarder avec attention, « la région marécageuse du Strymon et la façon dont se présentait la situation de la ville du côté de Thrace ». δeΝ troisièmeΝ sensΝ estΝ ἵeluiΝ ἶ’« être spectateur au théâtre » νΝἵommeΝἵ’estΝleΝἵasΝἶansΝleΝtexteΝἶesΝ Nuées ἶ’χristophane73, le participe peut être employé pour désigner les spectateurs. Le quatrième sens est celui de « passer en revue » pour parler des troupes notamment, comme dans le cinquième livre de la Cyropédie de Xénophon 74 νΝ ilΝ s’aἹitΝ ἶ’unΝ sens spécialisé. Le cinquième sens « contempler par l’intelliἹenἵe »Ν estΝ ἸiἹurὧ.Ν δeΝ ἐaillyΝ ἶonneΝ enΝ exempleΝ l’extraitΝ ἶuΝ Protagoras 75 où il est question de la « vision » de ce que Protagoras a pensé « ἶeΝ l’aἹrὧableΝ etΝ ἶuΝ bien ». Pour le Liddell-Scott, le verbe γ ́κηαδ est utilisé, dans ce passage, pour signifier « voir clairement » et son sens est, par conséquent, plus proche du sixième des sens donnés par le Bailly. Cette ἶiἸἸὧrenἵeΝ s’expliqueΝ parΝ uneΝ interprὧtationΝ sensiblementΝ ἶiἸἸὧrenteΝ ἶuΝ passaἹe,Ν leΝ ἐaillyΝ insistantΝ surΝ leΝ lienΝ eἸἸeἵtuὧΝ parΝ ἢlatonΝ aveἵΝ laΝ pensὧe,Ν l’intellect de Protagoras. La construction avec ́ δ (γ ́κηαδ+ ́ δ) implique, dans tous les cas, une vision ayant une composante cognitive76. Le sixième sens est un emploi particulier où γ ́κηαδ au sens de « voir » est relié, dans le contexte immédiat, à ̓ signifiant « connaître », et exprime donc une vision permettant ἶ’avoirΝuneΝἵomprὧhensionΝplusΝprὧἵiseΝἶeΝl’objetΝreἹarἶὧ.,ΝἑeΝsensΝestΝattestὧΝἶansΝleΝContre Panténète de Démosthène77. Enfin, le Liddell-Scott met en avant un emploi tardif du verbe à l’aἵtiἸ,Ν enΝ prenantΝ pourΝ exempleΝ unΝ extraitΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ εarἵ 78 , montrant ainsi l’ὧvolutionΝἶeΝl’emploiΝἶeΝγ ́κηαδ dans le grec koinè. PLATON, Charmide, 154c : ̓ζζ π́θ μΝ π λΝ ΰαζηαΝ γ ῶθ κΝαὐ ́θ. ARISTOPHANE, Les Nuées, 518 : γ ώη θκδ,Ν εα λῶ πλ μΝ ̔η μΝ ζ υγ́λπμΝ ̓ζβγ , θ θ δ́θυ κθ εγλ́οαθ ́ η . 74 XENOPHON, Cyropédie, 5, 5, 1 μΝεα ́ππμΝγ α ́η θκμΝ λ́ υηα. 75 μ φῄμ. PLATON, Protagoras, 352a : γ α ́η θκμ ́ δ κ πμ ξ δμ πλ μ ̓ΰαγ θ εα 76 BIZOS M., Cours de thème grec, Paris, Vuibert, 19779, p. 46-47. 77 DEMOSTHENE, Contre Panténète, 44 : θα ’Ν ̓ γ’Ν̔φ’Νκ φβ εα δθ π πκθγ́θαδ, γ ́ α γ . 78 Mc 16, 11 μΝἐε ῖθκδΝ̓εκ αθ μΝ́ δΝα εα γ γβΝ̔π᾽ αὐ μΝ π β αθ. 72 73 θ 22 iii. Conclusion δ’ὧtuἶeΝἶeΝl’artiἵleΝ« γ ́κηαδ » a permis de montrer quels sont les principaux sens du verbe. Comme le verbe γ πλ́π, dont γ ́κηαδ est un synonyme proche, γ ́κηαδ est utilisé pour exprimer la vue intensive de quelque chose (au sens propre ou au sens figuré) ou, plus spὧἵiἸiquement,Ν pourΝ exprimerΝ leΝ ἸaitΝ ἶ’allerΝ voirΝ unΝ speἵtaἵle ; ce sens étant spécifique à γ ́κηαδ, il n’est pas exprimé par γ πλ́π, mais peut l’être par ὁλ́π (sens B, 2). γ ́κηαδ est un verbe avec des sens spécialisés, qui,Νlorsqu’ilΝestΝutilisὧΝauΝsensΝἸiἹurὧ,ΝsertΝὡΝexprimerΝuneΝ vision cognitive, comme γ πλ́π. II. Conclusion générale δ’ὧtuἶeΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝartiἵlesΝqueΝἐaillyΝἵonsaἵreΝauxΝverbesΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝ la vision présents aussi dansΝ l’ἓvanἹileΝ ἶeΝ JeanΝ aΝ permisΝ ἶ’ὧtablirΝ lesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ sensΝ ἶeΝ chaque verbe dans le grec classique, de déceler les liens synonymiques entre ces verbes, mais également de faire ressortir les particularités sémantiques et syntaxiques de chaque verbe. Ainsi, ὁλ́π est le verbe générique pour exprimer la vision. Il est utilisé de manière transitive etΝintransitive.ΝDansΝlesΝἶeuxΝἵas,ΝilΝpeutΝrevêtirΝunΝsensΝpropre,ΝabstraitΝouΝἸiἹurὧ,ΝmaisΝἵ’estΝ lorsqu’ilΝestΝἵonstruitΝἶeΝmanièreΝintransitiveΝqu’ilΝaΝleΝplusΝsouvent un sens abstrait ou figuré (exprimantΝalorsΝuneΝvisionΝἵoἹnitive).Νδorsqu’ilΝestΝἵonstruitΝἶeΝmanièreΝtransitive,Νὁλ́π est utilisé dans de nombreuses constructions et des expressions différentes ; il présente également quelques sens de spécialités (le sens de la forme ́πππα, par exemple). ὁλ́π étant le verbe le plus générique et celui ayant le plus grand nombre de sens variés, il est le verbe offrant le plus de parallèles avec certains sens des trois autres verbes, en particulier ίζ́ππ. ίζ́ππ est un verbe principalement utilisé de manière transitive et exprimant une vision intentionnelle, ce qui peut être traduit en français par le verbe « regarder », ou la capacité physiqueΝ ἶeΝ voir.Ν ἙlΝ n’estΝ pasΝ utilisὧΝ ἶavantaἹeΝ pourΝ exprimerΝ unΝ sensΝ propre qu’unΝ sensΝ figuré, ou inversement. γ πλ́π est sémantiquement proche de γ ́κηαδ : leurs les emplois se correspondent en grande partie. γ ́κηαδ semble être un verbe ayant des emplois plus techniques que γ πλ́π, souvent liὧsΝauΝsensΝpropre.Νδorsqu’ilsΝexpriment une vision cognitive cependant, ces verbes peuvent avoir le même sens. Les quatre verbes du champ sémantique peuvent revêtir un sens abstrait ou figuré (cognitif), mais avec des nuances ; γ ́κηαδ et γ πλ́π sont plus fréquemment utilisés pour exprimer un lienΝ aveἵΝ l’intelleἵtΝ (« ἵontemplerΝ parΝ l’intelliἹenἵe », « constater », « réfléchir » etc.), alors que ὁλ́π et ίζ́ππ sont plus souvent utilisés en ce sens figuré dans des expressions ou des constructions figées. Cette étude a également permis de mettre en avant certaines spécificités ἶeΝ l’unΝ ouΝ l’autreΝ verbeΝ ἵomme,Ν parΝ exemple,Ν leΝ ἸaitΝ queΝ laΝ ἵapaἵitὧΝ physiqueΝ ἶeΝ voirΝ soitΝ davantage exprimée avec ίζ́ππ ou que ὁλ́π soit fréquemment utilisé de manière intransitive. δeΝrὧsultatΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶes différents articles de dictionnaires et des rapports, en grec classique, entre les verbes du champ sémantique de la vision peut être schématisé comme suit 79 : 79 Les parties où les différents cercles se superposent correspondent aux sens et sèmes communs. 23 Maintenant que les sens classiques des verbes présents dans le champ sémantique de la vision et les liens synonymiques entre ces verbes ont été établis,ΝetΝavantΝἶ’aborἶerΝlesΝsensΝἶeΝ ἵesΝ verbesΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν ilΝ ἵonvientΝ ἶeΝ ἶὧἵrireΝ rapiἶementΝ lesΝ moἶiἸiἵationsΝ principales que le champ sémantique de la vision a connu dans le grec postclassique dans lequelΝ s’insèreΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean.Ν ἑetteΝ ὧtapeΝ intermὧἶiaireΝ permettraΝ ἶeΝ ἶistinἹuerΝ lesΝ ἶiἸἸὧrenἵesΝ marquantΝ l’utilisationΝ ἶuΝ ἵhampΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ quiΝ sontΝ ἶuesΝ ὡΝ l’ὧvolutionΝ générale de la langue, et les différences pouvant être typiquesΝ ἶeΝ l’auteur.Ν χΝ partirΝ ἶeΝ lὡ,Ν ilΝ sera possible de distinguer les spécificités des emplois du champ au niveau linguistique des spὧἵiἸiἵitὧsΝ reἸlὧtantΝ unΝ ἵhoixΝ stylistique,Ν littὧraire,Ν voireΝ thὧoloἹique,Ν quiΝ seraΝ l’objetΝ ἶeΝ laΝ partie suivante de cette étude. B. Du grec classique littéraire au grec koinè et à ses variantes dialectales I. Introduction générale DansΝlaΝmesureΝoὶΝilΝestΝἹὧnὧralementΝaἶmisΝqueΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝaΝὧtὧΝrὧἶiἹὧΝὡΝ la fin du 1er siècle80 etΝqu’ilΝaΝὧtὧΝὧἵrit,ΝparΝἵonsὧquent,ΝenΝἹreἵΝkoinè, une brève définition de ἵeΝ qu’estΝ leΝ ἹreἵΝ koinè va être proposée, avant que certaines spécificités du dialecte de l’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝsoitΝὧvoquὧes.ΝἓnἸin,ΝuneΝὧtuἶeΝplusΝpoussὧeΝἶeΝl’utilisationΝetΝ de la signification du champ sémantique de la vision dans le grec koinè sera effectuée ; cela permettraΝἶeΝἵomprenἶreΝἶèsΝὡΝprὧsentΝἵertainesΝἶesΝtenἶanἵesΝἶeΝl’utilisationΝἶuΝἵhampΝἶansΝ l’ἓvanἹileΝ quiΝ avaientΝ ὧtὧΝ misesΝ enΝ avantΝ ἶansΝ laΝ brèveΝ analyseΝ ἶesΝ ἵlassementsΝ ἶesΝ occurrences du corpus81. Le grec koinè est considéré par la majorité des chercheurs comme étant une forme de la lanἹueΝ ἹreἵqueΝ issueΝ ἶeΝ l’attiqueΝ etΝ ἶeΝ l’ionien 82 . A la fin de la période classique, une ZUSMTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), Genève, Labor et Fides (Commentaire du Nouvau Testament IVa), 2014, p. 37. 81 Cf. Prolégomènes, B. 82 LOPEZ-EIRE χ.,Ν «Ν δ’inἸluenἵeΝ ἶeΝ l’ionien-attique sur les autres dialectes épigraphiquesΝ etΝ l’oriἹineΝ ἶeΝ laΝ koiné », in BRIXHE C. (éd.), La koiné grecque antique. La concurrence. II. Nancy/Paris, Presses Universitaires de Nancy/Boccard (Etudes anciennes 14), 1996, p. 7-42. 80 24 influence réciproque de ces deux dialectes grecs, notamment au niveau du lexique 83 , est ἵonstatὧeΝἶansΝlesΝὧἵritsΝἶeΝἵetteΝpὧrioἶe.ΝἢourΝneΝprenἶreΝqu’unΝseulΝexemple,ΝleΝmotΝattiqueΝ ̓λ́θβ est considéré comme étant une assimilation du mot ionien ̓λ́θβ, retranscrit de manière proche dans une partie importante des autres dialectes grecs à la même époque. Le grec koinè attique-ionien,ΝὡΝsonΝtour,Νn’ὧtaitΝpasΝuneΝlanἹueΝuniἸorme,ΝmaisΝuneΝlanἹueΝquiΝseΝ subdivisait en différents dialectes régionaux 84 qui avaient chacun des particularités lexicales, syntaxiques, morphologiques et phonétiques. δaΝlanἹueΝutilisὧeΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝpossèἶeΝἶesΝpartiἵularitὧsΝpropresΝauΝἶialeἵteΝἶeΝ laΝ rὧἹionΝ supposὧeΝ ἶeΝ laΝ rὧἶaἵtionΝ ἸinaleΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile : l’χsieΝ mineure 85 . Ce dialecte est l’anatolien.ΝχvantΝἶ’ὧtuἶierΝprὧἵisὧmentΝl’utilisationΝἶuΝἵhampΝ sémantique de la vision dans l’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝonΝὧnumèreΝiἵiΝquelquesΝspὧἵiἸiἵitὧsΝἶeΝl’anatolien.Ν δesΝpartiἵularitὧsΝphonὧtiquesΝ ἶeΝ l’anatolienΝauΝ1 er siècle créent un certain décalage entre la ἹraphieΝ ἶ’unΝ motΝ etΝsaΝprononἵiation,Ν ἵeΝquiΝamèneΝplusieursΝ leἵturesΝpossiblesΝἶ’unΝ mêmeΝ mot.Ν χinsi,Ν laΝ ἶiἸἸὧrenἵeΝ entreΝ unΝ verbeΝ ὡΝ l’inἶiἵatiἸΝ ἸuturΝ etΝ unΝ verbeΝ auΝ subjonἵtiἸΝ aoristeΝ n’estΝplusΝphonὧtique,Ν maisΝuniquementΝ Ἱraphique ; cela peut expliquer la présence, dans le grec du Nouveau Testament et en partiἵulierΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν ἶeΝ ἵonstruἵtions conditionnelles αθ+futur et non αθ+subjonctif aoriste. De même, la distinction entre un accusatif et un datif masculin singulier ne peut plus se faire phonétiquement puisque la prononciation est identique.Ν ἢourΝ marquerΝ l’aἵἵusatiἸΝ ἶ’unΝ lexème,Ν ἵeΝ ἶernierΝ estΝ plaἵὧΝ ὡΝ proximité du verbe auquel il est lié (deux ou trois places) 86, ce qui se retrouve également dans l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean.Ν ἓnἸin,Ν l’utilisation plus fréquente du lexème ́ δκμ pour marquer la possession87 seΝretrouveΝὧἹalementΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝoὶΝἵeΝpronomΝestΝplusΝsouventΝ utilisé que dans les Evangiles synoptiques par exemple. ἑertainesΝ ἶesΝ partiἵularitὧsΝ spὧἵiἸiquesΝ ὡΝ l’anatolienΝ ἶuΝ 1 er sièἵle,Ν tellesΝ qu’ellesΝ ontΝ ὧtὧΝ démontrées ἶansΝ l’ouvraἹeΝ ἶeΝ ἐrixhe,Ν etΝ quiΝ portaitΝ prinἵipalementΝ surΝ lesΝ spὧἵiἸiἵitὧsΝ présentes dans la langue populaire ne se retrouvent peu ou pas du tout dans le grec de l’ἓvanἹileΝselonΝJean.ΝἑesΝὧlὧments,ΝouΝplutὲtΝleurΝabsenἵeΝetΝleΝmaintienΝἶeΝἵertainsΝὧlὧments Ἱrammatiἵaux,Ν ἵommeΝ l’utilisationΝ correcte du datif, la flexion des participes par exemple, 83 CONSANI C., « La koiné et les dialectes grecs dans la documentation linguistique et la réflexion métalinguistique des premiers siècles de notre ère », in BRIXHE C., La Koiné grecque antique : une langue introuvable ? p. 26. 84 CONSANI C., « La koiné et les dialectes grecs », p. 23-40 ; LOPEZ-EIRE A., « DeΝ l’attiqueΝ ὡΝ laΝ koinὧ », in BRIXHE C. (éd.), La koiné grecque antique. Une langue introuvable ? p. 41-58. 85 GRAPPE C., Initiation au monde du Nouveau Testament, Genève, Labor et Fides (Le monde de la Bible n°63), 2010, p. 154 ; THORDARSON F., « ΟΡΩ-ΒΛ ΠΩ-Θ ΩΡΩ. Some Semantic Remarks », Symbolae Osloensis 46, 1971, p. 122 ; ZUSMTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 38. La longue période de rédaction de l’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝs’estΝeἸἸeἵtuὧe,ΝselonΝlesΝspὧἵialistes,ΝenΝἥyrieΝ(yΝἵomprisΝenΝἢalestine)ΝetΝenΝχsieΝεineure.Ν δesΝ ὧlὧmentsΝ paraissantΝ releverΝ ἶuΝ ἶialeἵteΝ ἶeΝ l’auteurΝ sontΝ enΝ ἵohὧrenἵeΝ aveἵΝ ἵertaines des spécificités du dialecte anatolien. Le manque de données et d’ὧtuἶesΝ surΝ lesΝ spὧἵiἸiἵitὧsΝ linἹuistiquesΝ ἶuΝ ἹreἵΝ syrienΝ etΝ palestinienΝ nousΝ empêἵheΝ ἵepenἶantΝ ἶ’exἵlureΝ uneΝ inἸluenἵeΝ ἶeΝ ἵesΝ ἶialeἵtes-lὡΝ ὧἹalementΝ surΝ l’iἶioleἵteΝ ἶeΝ l’auteur,ΝnotammentΝauΝniveauΝlexiἵal.ΝΝΝΝΝ 86 BRIXHE C., Essai sur le grec anatolien au début de notre ère. Nouvelle édition augmentée, Presses Universitaires de Nancy, Nancy, 1984, p. 21. 87 BRIXHE C., Essai sur le grec anatolien au début de notre ère, p. 83. 25 sont en corrélation avec la conclusion de Horrocks selon laquelle le grec utilisé par l’ὧvanἹὧlisteΝestΝunΝ« bon, et basique grec koinè de son époque »88. Cette brèveΝ approἵheΝ ἶeΝ l’anatolienΝ montreΝ queΝ laΝ rὧἶaἵtionΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ aΝ ὧtὧΝ influencée, à certains niveaux, par ce dialecte mais que certains usages classiques ont ἵepenἶantΝὧtὧΝἵonservὧ.Νδ’ὧtapeΝsuivanteΝἶeΝἵetteΝὧtuἶeΝpermettraΝἶeΝvoirΝἶansΝquelles mesure ἵetteΝἵonἵlusionΝἵonἵernantΝl’usaἹeΝἹὧnὧralΝἶeΝlaΝlanἹueΝἹreἵqueΝseΝretrouveΝἶansΝl’utilisationΝ et la signification du champ sémantique de la vision. a. Du grec classique au grec koinè et à ses variantes dialectales à propos du champ sémantique de la vision ἙlΝ estΝ plusΝ ἶiἸἸiἵileΝ ἶeΝ ἶὧἵiἶerΝ ἶeΝ lierΝ ouΝ nonΝ lesΝ partiἵularitὧsΝ ἶeΝ l’utilisationΝ etΝ lesΝ siἹniἸiἵationsΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝauΝἹreἵΝkoinè ou à l’anatolienΝ ἶuΝ 1er siècle, dans la mesure où cette question n’aΝ queΝ peuΝ ὧtὧΝ traitὧeΝ etΝ oὶΝ lesΝ ὧtuἶesΝ ἶesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ ἶialeἵtesΝ ἹreἵsΝὡΝ ἵetteΝὧpoqueΝseΝἸoἵalisentΝsurΝ l’ὧvolutionΝphonὧtique,Ν morpholoἹique,ΝsyntaxiqueΝἶeΝlaΝlanἹueΝetΝnonΝsurΝl’ὧvolutionΝsὧmantique.Ν DeΝ manièreΝ Ἱὧnὧrale,Ν ilΝ estΝ ἵepenἶantΝ possibleΝ ἶ’entrevoir certaines évolutions du champ sémantique de la vision dans le grec koinè grâce à son emploi dans la Septante et dans le ἠouveauΝἦestament,ΝtellesΝqu’ellesΝontΝὧtὧΝἶὧἵritesΝparΝJ.Νχ.Νδee 89 et F. Thordarson90. On en effectue ici une brève présentation. La partie suivante de cette étude permettra de voir dans quelleΝmesureΝleΝἹreἵΝutilisὧΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝs’ὧloiἹneΝouΝnonΝἶeΝἵesΝtenἶanἵesΝἶeΝ l’utilisationΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝrelevὧesΝparΝἵesΝἶeuxΝauteurs.Ν Selon J. A. Lee, le verbe ὁλ́π, verbe générique le plus utilisé en grec classique, perd de sa suprématie et prend également le sens particulier de « take care »91 ; les livres du Nouveau Testament les plus littéraires tendent néanmoins à conserver le sens classique de ce verbe lorsqu’ilΝestΝἵonjuἹuὧΝauΝprὧsentΝὡΝetΝl’imparἸait.ΝδeΝverbeΝίζ́ππ est généralement conjugué auΝprὧsentΝetΝὡΝl’imparἸaitΝetΝremplaἵeΝalorsΝὁλ́π ; ίζ́ππ garde le sens générique de « voir », mais perd le sens plus spécifique de « regarder ».Ν δorsqu’unΝ auteurΝ veutΝ exprimerΝ l’aἵteΝ ἶeΝ voirΝὡΝl’aoriste,ΝauΝparἸaitΝouΝau futur, ὁλ́π est le verbe le plus fréquemment utilisé. γ πλ́πΝ et γ ́κηαδ deviennent plus fréquents et correspondent en grande partie, pour le sens, à ίζ́ππ et ὁλ́π. γ ́κηαδ n’est jamais conjugué au présent, mais essentiellement à l’aoriste ; γ πλ́π, conjugué le plus souvent au présent, perd, dans la plupart des cas, sa signification classique (« contempler ») et est le plus souvent synonyme des autres verbes du champ sémantique. Ainsi, ίζ́ππ a remplacé en grande partie ὁλ́π pour parler de la vision au présent et à l’imparἸait,Ν alorsΝ queΝ laΝ ἸormeΝ aoristeΝ ἶeΝ ὁλ́π s’est maintenue. La Septante montre une première fois la tendance à cette répartition des emplois des verbes en fonction du temps, sauf pour ce qui concerne les verbes γ πλ́πΝet γ ́κηαδ qui sont peu présents dans la Septante et totalement absents dans le Pentateuque. F. Thordarson, dans son étude de trois verbes du champ sémantique de la vision (γ πλ́π, ίζ́ππ, ὁλ́π), relève des tendances similaires à celles décrites par J. A. Lee. Plus 88 HORROCKS G., Greek : A History of the Language and its Speakers, Londres/New-York, Longman, 1997, p. 95. Trad. pers. 89 LEE J. A., A lexical study of the Septuagint version of the Pentateuch, Chico, Scholars Press (Society of biblical literature Septuagint and cognate studies 14), 1983. 90 THORDARSON F., « ΟΡΩ-ΒΛ ΠΩ-Θ ΩΡΩ. Some Semantic Remarks », p. 108-130. 91 LEE J. A., A lexical study of the Septuagint version of the Pentateuch, p. 133. 26 spécifiquement, F. Thordarson signale que ίζ́ππ, en remplaçant presqu’entièrement ὁλ́π, était principalement utilisé de manière transitive et dénotait une perception passive et non intentionnelle 92,Ν ἵorresponἶantΝ ὡΝ l’aoristeΝ ἶeΝ ὁλ́π. F. Thordarson, en étudiant le contexte proἵheΝ ἶeΝ plusieursΝ versets,Ν ὧtablitΝ ὧἹalementΝ uneΝ synonymieΝ entreΝ leΝ parἸaitΝ etΝ l’aoristeΝ ἶeΝ ὁλ́π et le présent de γ πλ́π 93 au niveau sémantique. γ πλ́π est, selon F. Thordarson, « clairement utilisé avec la dénotation généraleΝ etΝ neutreΝ ἶeΝ “laΝ perἵeptionΝ passiveΝ ouΝ nonintentionnelle” : γ πλ́π alterne dans une moindre mesure avec ίζ́ππΝν en tant que verbe du présent ilΝἵorresponἶΝὡΝl’aoriste α, au futur ́οκηαδ, et au parfait ώλαεα »94. La fréquence de γ πλ́π dans l’Evangile selon Jean peut donc s’expliquer au moins en partie parΝ laΝ spὧἵiἸiἵitὧΝ ἶuΝ ἹreἵΝ ἶansΝ lequelΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ὧἵrivait.Ν ἣuiΝ plusΝ est,Ν ἵommeΝ leΝ ἸaitΝ remarquerΝἔ.Νἦhorἶarson,Νl’emploiΝἸrὧquentΝἶeΝγ πλ́π peut s’expliquer aussi par l’influence ἶeΝ l’anatolien, où ce verbe était particulièrement fréquent. Par ailleurs, conformément à ce queΝ ἔ.Ν ἦhorἶarsonΝ ἶitΝ ἶeΝ l’usaἹeΝ ἶeΝ ίζ́ππ, ce dernier verbe est utilisé pour exprimer la ἵapaἵitὧΝphysiqueΝἶeΝvoirΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝὧἹalement. Ce bref parcours à propos de l’ὧvolutionΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝleΝἹreἵΝkoinè a permis de mettre en évidence une mutation du champ se basant principalement sur une nouvelle répartition temporelle des verbes : ὁλ́π est le verbe le plus fréquemment employé à l’aoriste,ΝauΝἸuturΝ etΝauΝparἸait,Ν γ πλ́π au présent, γ ́κηαδ à l’aoriste et ίζ́ππ au présent. Ces quatre verbes perdent certaines de leurs spécificités sémantiques comme, par exemple, le sème /intentionnel/ pour les verbes ίζ́ππ et γ πλ́π ou le sème /intensif/ pour γ ́κηαδ et γ πλ́π. Ces trois verbes (γ πλ́π, γ ́κηαδ et ίζ́ππ) prennent un sens générique, remplaçant ainsi ὁλ́π aux différents temps où ce dernier n’est plus usité. εaintenantΝqueΝl’utilisationΝetΝlesΝsiἹniἸiἵationsΝἹὧnὧralesΝἶes verbes de vision en grec koinè ontΝὧtὧΝἶὧἵrites,ΝuneΝὧtuἶeΝsὧmantiqueΝ ἶὧtaillὧeΝ ἶeΝ ἵhaqueΝ verbeΝ ἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝ peut être faite. Cette étude mettra en avant les usages du champ correspondant au grec de l’ὧpoqueΝ ἶuΝ rὧἶaἵteur,Ν ainsiΝ queΝ lesΝ usaἹesΝ quiΝ s’enΝ ὧloiἹnent ; elle établira les différentes significations et les sens spécialisés des verbes du champ sémantique de la vision dans le quatrième Evangile. II. δeΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean : entre continuités et ruptures a. Introduction Les tendances dans l’emploiΝἶesΝverbesΝἶuΝἵhampΝsὧmantique ἶeΝlaΝvisionΝparΝl’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹile,Ν tellesΝ qu’ellesΝ ressortentΝ ἶeΝ l’examenΝ ἶeΝ leursΝ tempsΝ etΝ moἶes 95 , correspondent, à première vue, à la répartition temporelle des verbes du champ sémantique en grec koinè décrite par J. A. Lee et F. Thordarson. DansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝaussi,Νau présent etΝὡΝl’imparἸait,ΝlaΝvisionΝestΝexprimὧeΝὡΝl’aiἶeΝἶesΝverbesΝίζ́ππ et γ πλ́π, à l’aoriste, ὁλ́π THORDARSON F., « ΟΡΩ-ΒΛ ΠΩ-Θ ΩΡΩ. Some Semantic Remarks », p. 118. THORDARSON F., « ΟΡΩ-ΒΛ ΠΩ-Θ ΩΡΩ. Some Semantic Remarks », p. 119. 94 γ πλ́π « clearly used with the general and neutral denotation of “passive or unintentional perception”,Ν to some extent alternating with ίζ ππ νΝasΝaΝpresentΝstemΝitΝἵorresponἶsΝwithΝtheΝaoristΝ δ͂ α,Νthe future κοκηαδ,Νand the perfect π ̔ λαεαΝ» (THORDARSON F., « ΟΡΩ-ΒΛ ΠΩ-Θ ΩΡΩ. Some Semantic Remarks », p. 211. Trad. E. Fritsch). 95 Cf. Annexe, A, IV et Prolégomènes, C, II, c. 92 93 27 est le plus fréquemment utilisé, suivi de ίζ́ππ et de γ ́κηαδ, au parfait seul ὁλ́π est utilisé (ὡΝl’exἵeptionΝἶ’uneΝoἵἵurrenἵeΝaveἵΝγ ́κηαδ). Au futur, ὁλ́π est systématiquement utilisé à l’exἵeptionΝde deux occurrences avec γ πλ́π96. La question qui reste en suspens est celle de savoir si cette répartition temporelle implique des modifications sémantiques identiques à ἵellesΝqueΝl’onΝconstate de manière générale dans le grec koinè. Cette question amènera à voir ἶansΝquelleΝmesureΝlaΝnonΝsuivanἵeΝἶeΝἵertainesΝἶeΝἵesΝὧvolutionsΝrelèveΝἶ’uneΝἵaraἵtὧristiqueΝ linguistique spécifique au dialecte ouΝ ὡΝ l’iἶioleἵte ἶeΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ouΝ siΝ ellesΝ relèventΝ ἶ’unΝ choix littéraire et/ou théologique. Notre étude du champ sémantiqueΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ aΝ pourΝ butΝ ἶ’aboutir,ΝἶansΝunΝpremierΝtemps,ΝὡΝunΝtravailΝlexiἵoἹraphiqueΝἹlobal,ΝsousΝlaΝἸormeΝἶ’artiἵlesΝ de dictionnaire, prenant en compte toutes les occurrences de chacun des quatre verbes dans toutΝl’ἓvanἹile97.ΝDansΝlaΝmesureΝoὶΝilΝn’estΝpasΝpossibleΝiἵiΝἶ’expliquerΝetΝἶeΝjustiἸierΝἵhaqueΝ sens de chaque occurrence en amont de cet essai de lexicographie, on se limitera à signaler les principaux sens de chaque verbe et/ou à analyser de manière plus détaillée des sens spécifiques ou des sens spécialisés, tout en établissant les liens synonymiques que chaque verbe entretient avec les autres. Dans la mesure où certains sens, emplois ou sèmes ne peuvent être déterminés que par la prise en compte du contexte proche ἶ’uneΝ oἵἵurrenἵe,Ν ἵertainsΝ versetsΝἶeΝl’ἓvanἹileΝἶeΝJeanΝserontΝἶèsΝὡΝprὧsentΝὧtuἶiὧsΝἶeΝmanièreΝapproἸonἶie,ΝἶansΝleurΝ ἵontexteΝlittὧraire,ΝἶansΝleΝἵaἶreΝἶeΝἵeΝtravailΝprὧparatoireΝὡΝl’essaiΝlexiἵoἹraphiqueΝἸinal.Ν b. ίζ́ππ dans l’Evangile selon Jean98 Le premier constat à faire au sujet du verbe ίζ́ππ (et de ses composés) est qu’il n’est pasΝleΝverbeΝἶeΝvisionΝleΝplusΝἸrὧquentΝἶansΝl’ἓvanἹile,ΝmêmeΝauΝprὧsent,ΝἵeΝquiΝneΝἵorresponἶΝ pasΝὡΝl’usaἹeΝ majoritaireΝ enΝ ἹreἵΝ koinè. ίζ́ππ est employé seize fois au présent, tandis que γ πλ́π est utilisé vingt-deux fois au présent. Au niveau temporel, à ces seize fois sur trente-sept où ίζ́ππ est au présent (tous modes ἵonἸonἶus),ΝrὧponἶentΝuneΝoἵἵurrenἵeΝὡΝl’imparἸaitΝetΝsixΝὡΝl’aoriste.ΝἑetteΝrὧpartitionΝmontreΝ que ίζ́ππ n’est pas uniquement utilisé pour exprimer l’action de voir au présent, même s’il s’aἹitΝἶuΝἵasΝleΝplusΝἸrὧquent.Ν Ces deux remarques, même si elles ne sont pas en contradiction avec les tendances discernées dans le grec koinè,ΝmontrentΝἶ’oresΝetΝἶὧjà que ίζ́ππ est employé de manière plus restreinte ἶansΝl’ἓvanἹile. Au niveau sémantique, ίζ́ππ semble être utilisé avec trois sens principaux dans l’Evangile. Le premier, du point de vue de la fréquence, est celui de « voir »Ν ἶansΝ leΝ sensΝ ἶ’avoirΝ laΝ capacité physique de voir. ίζ́ππ paraît être utilisé onze fois pour exprimer ce sens, et ce, ἶansΝleΝseulΝἵhapitreΝλΝἶeΝl’ἓvanἹile99. Le verbe composé ̓θαίζ́ππ est utilisé, dans ce même chapitre, pour exprimer le fait de recouvrer la vue (ce qui correspond à un des sens classiques de ce verbe composé 100). Ces 96 Sur la signification de ces deux occurrences. Cf. Prolégomènes, B, II, c. Cf. Chapitre I, B, III, a. 98 Toutes les occurrences du verbe ίζ ππ sont regroupés en annexes. Cf. Annexes, A, I, b. Une traduction de l’ensembleΝἶesΝversetsΝseΝtrouveΝὧἹalementΝenΝannexes.ΝCf. Annexes, B. 99 Jn 9, 7.19.21 par exemple. 100 BAILLY A., Dictionnaire grec-français, Paris, Hachette, 20004. 97 28 deux sens (« avoir la capacité physique de voir » et « recouvrer la vue ») se situent uniquementΝἶansΝleΝrὧἵitΝἶeΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-né (Jn 9, 7-41), où les deux verbes sont utilisés de façon intransitive et dans un contexte101 où le sens du verbe fait peu de doute. Il est important de noter cependant que, dans les derniers versets de cette péricope (Jn 9, 39 ; Jn 9, ἂ1),Νl’auteurΝjoueΝsurΝleΝsensΝἶuΝverbeΝenΝutilisantΝίζ́ππ avec un sens propre et figuré à la fois, explicitant la portée symbolique du récit. Ainsi, lorsque Jésus affirme en Jn 9, 39102, dans la section « conclusion théologique »103,Νqu’ilΝestΝvenuΝἶansΝleΝmonἶeΝpourΝqueΝἵeuxΝquiΝ ne voient pas voient et que ceux qui voient deviennent aveugles (ίζ́ππ), l’évangéliste exprime métaphoriquement une réalité du salut selon laquelle le voyant est celui qui « accepte le salut offert par Dieu et révélé en Jésus, lumière du monde »104. En Jn 9, 41105, le propos des Pharisiens relevé par Jésus exprime également de manière métaphorique la question du salut : les Pharisiens pensent voir et ne pas être dans le péché mais, en ne croyant pas en Jésus et en le rejetant, les Pharisiens ont refusé de voir, ils ont refusé le salut qui leur été proposé et révélé en Jésus. ἙlΝestΝὧἹalementΝpossibleΝqu’unΝἶoubleΝentenἶreΝseΝtrouveΝἶansΝl’emploiΝἶeΝίζ́ππ en Jn 11, 9. Dans ce verset, le verbe est construit avec le COD ́ φῶμ ; la proposition « θΝ δμΝπ λδπα θΝ η λ ,Ν κὐ πλκ ε π δ,Ν ́ δΝ φῶμΝ κ ε ηκυΝ κ κυΝ ίζ π δ » exprime à la fois la capacité physique de voir et, métaphoriquement, la vision du Fils, qui est la lumière. Il est aussi possible que cette proposition ( φῶμΝ κ ε ηκυΝ κ κυΝ ίζ π δ)Ν veuilleΝ siἹniἸierΝ « vivre », dans la mesure où la construction ίζ́ππ+φῶμ existe en grec classique et signifie « vivre »106. Dans ce cas, cette propositionΝexprimeΝleΝἸaitΝqueΝἵeluiΝquiΝvoitΝlaΝlumière,Νἵ’està-dire voit le Fils, vit. ίζ́ππ et son composé ηίζ́ππ sont également utilisés pour exprimer une vision active et intentionnelle du sujet, avec une insistance sur le caractère physique de la vision ; la forme ηίζ́ππ marquant une emphase par rapport à la forme simple. C’est le cas en Jn 1, 36 ; Jn 1, 42 ; Jn 5, 19 ; Jn 13, 22 ; Jn 20, 1 ; Jn 20, 5. Sur ces sept occurrences, quatre sont au présent (dont un subjonctif), les deux occurrences de ηίζ́ππ sont au participe aoriste ; la dernière occurrence est un imparfait. Pour exposer ce sens du verbe qui est quelque peu spécifique par rapport au sens général de ίζ́ππ dans le grec koinè, quatre exemples seront présentés. Trois des versets étudiés se trouventΝ ἶansΝ leΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν ἵhapitreΝ quiΝ seraΝ ὧtuἶiὧΝ ἶeΝ manièreΝ approfondie dans la deuxième partie de cette étude 107. δ’utilisationΝἶeΝίζ́ππ en Jn 5, 19108 permet de constater que ce verbe peut encore comporter les sèmes /intentionnel/,Ν/physique/ΝetΝ/intensiἸ/Ν(prὧsentsΝenΝἹreἵΝἵlassique)ΝetΝn’estΝpasΝutilisὧΝ La présenἵeΝ ἶeΝ l’aἶverbeΝ λ δ en Jn 9, 25, par exemple, permet clairement de comprendre ίζ́ππ comme indiquant la capacité physique de voir. 102 Κα π θΝ ὁ β κ μ·Ν ̓μΝ ελ ηαΝ ΰ̀ ̓μΝ θΝ ε ηκθΝ κ κθΝ ζγκθ,Ν θαΝ κἱ η ίζ πκθ μΝ ίζ ππ δθΝ εα κἱ ίζ πκθ μΝ υφζκ ΰ θπθ αδ. 103 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 329. 104 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 331. 105 π θΝαὐ κῖμΝὁ β κ μ·Ν ̓ υφζκ ,ΝκὐεΝ θΝ ́ξ Ν ηαλ αθ·Νθ θΝ ζ ΰ Ν́ δΝίζ πκη θ,Ν ηαλ αΝ̔ηῶθΝ η θ δ. 106 Cf. Chapitre I, I, a. 107 Cf. Chapitre II, B. 108 Ἀπ ελ θα κ κ θ ὁ β κ μ εα ζ ΰ θ αὐ κῖμ· ̓η θ ̓η θ ζ ΰπ ̔ηῖθ, κὐ θα αδ ὁ υἱ μ πκδ ῖθ ̓φ’Ν αυ κ κὐ θ θ η δ ίζ πͅ θ πα λα πκδκ θ α· ΰ λ θ ε ῖθκμ πκδ , α α εα ὁ υἱ μ ὁηκ πμ πκδ ῖ. 101 29 uniquement comme un équivalent du présent de ὁλ́π. Dans ce passage, ίζ́ππ est utilisé afin ἶ’exprimerΝlaΝrelationΝentreΝleΝἢèreΝetΝleΝἔils,ΝἵeΝquiΝestΝuniqueΝἶansΝl’ἓvangile avec ce verbe. JὧsusΝexprimeΝsaΝrelationΝaveἵΝDieuΝenΝutilisantΝuneΝmὧtaphoreΝimpliquantΝl’usaἹeΝἶ’unΝverbeΝ de vision : le narrateur utilise la terminologie de sa christologie (πα ́λ, υἵμ), ainsi que le champ sémantique de la vision. Jouant sur un double niveau du discours, le narrateur colore sa métaphore « inspirὧeΝ ἶuΝ monἶeΝ ἶeΝ l’artisanat »109 : comme un fils apprend le métier de son père en observant ses gestes, ses actions, le Fils a observé le Père pour faire semblablement. La présence à trois reprises du verbe πκδ́π dans le contexte étroit du verset, ainsi que la construction verbe de vision+participe110,Ν renἸorἵentΝ l’aspeἵtΝ physiqueΝ ἶuΝ voirΝ telΝ qu’ilΝ estΝ exprimé par le verbe ίζ́ππ. En Jn 13, 22111, où ίζ́ππ est à l’imparfait, le verbe semble également avoir conservé le sème /intentionnel/ qui tend à disparaître dans le grec koinè. La proposition « ίζ πκθΝ ̓μΝ̓ζζ ζκυμΝ κἱ ηαγβ ά » décrit la réaction des disciples face à l’annonce de Jésus selon laquelle l’un ἶ’entreΝ euxΝ leΝ livrera.Ν δ’utilisationΝ ἶeΝ l’imparἸaitΝ permetΝ auΝ narrateurΝ ἶ’insisterΝ surΝ l’aspeἵtΝ ἶuratiἸΝἶeΝl’aἵtionΝetΝleΝverbeΝίζ́ππ marque à la fois le caractère actif et intensif de la vision (lesΝἶisἵiplesΝs’observent,ΝseΝsἵrutentΝlesΝunsΝlesΝautres)ΝetΝl’aspeἵtΝphysique,ΝἵonἵretΝἶeΝἵetteΝ vision. Le composé ηίζ́ππ n’est présent que deux fois dans l’Evangile selon Jean, dans le prologue (Jn 1, 36 ; Jn 1, 42). Dans les deux versets qui se répondent, la forme est identique μΝilΝs’aἹitΝ ἶ’unΝpartiἵipeΝaoriste.ΝDansΝlesΝἶeuxΝἵas,ΝleΝsensΝintensiἸ,ΝaἵtiἸΝἶe la vision se comprend par le sens premier du verbe composé (« fissare » 112 ) dans le grec classique, conservé dans la Septante113, et vraisemblablement dans le Nouveau Testament. Le sème /actif/ se comprend aussi grâce au contexte 114 . En Jn 1, 36, par exemple, la vision décrite par le participe ηίζ οαμΝest celle de Jean le Baptiste qui voit Jésus ; elle amène Jean à confesser, à propos de Jésus, qu’ilΝestΝl’aἹneauΝἶeΝDieu.Νἡr,ΝἵetteΝaἸἸirmationΝaΝἶὧjὡΝὧtὧΝἸaiteΝparΝJeanΝ(JnΝ1,Νβλ,ΝaveἵΝ ίζ́ππ) ; l’usage du verbe composé au v. 36 semble introduire un sens un peu différent de celui du verbe simple en 1, 29 μΝ ilΝ permetΝ ἶ’insisterΝ surΝ l’ὧvὧnementΝ ἶeΝ laΝ renἵontreΝ entreΝ JὧsusΝetΝJeanΝἵommeΝneΝrelevantΝpasΝἶuΝhasarἶΝἶ’uneΝvisionΝquiΝauraitΝpuΝtoutΝaussiΝbienΝneΝ pas avoir lieu. Jean regarde activement Jésus. Le troisième sens principal de ίζ́ππ dans l’Evangile selon Jean est celui de « voir ». Dans ce ἵas,ΝleΝverbeΝἹarἶeΝl’insistanἵeΝsurΝl’aspeἵtΝphysiqueΝἶeΝlaΝvision,ΝmaisΝneΝἹarἶeΝpasΝleΝsèmeΝ /actif/, /intentionnel/. Les occurrences regroupées sous le sens « voir » peuvent se comprendre de ἶeuxΝmanièresΝἶiἸἸὧrentes.ΝδesΝpremièresΝrelèventΝἶ’unΝemploiΝἶuΝverbeΝίζ́ππ que l’on ne trouve que ἶansΝlaΝ ἶeuxièmeΝἸinaleΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ(JnΝβ1,Νλ115 et Jn 21, 20116), où ίζ́ππ est ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 187. BLASS C. F., DEBRUNNER A., Grammatica del Greco del Nuovo Testamento., § 416, p. 503-504. Cette construction est également présente dans différents autres versets qui seront étudiés par la suite. Contrairement à ce qui se produit dans ces autres versets, cette construction ne porte pas en elle-même le sème /intentionnel/ du verbe, qui dépend ici du contexte et de la métaphore employée. 111 ίζ πκθΝ ̓μΝ̓ζζ ζκυμΝκἱ ηαγβ α ̓πκλκ η θκδΝπ λ θκμ ζ ΰ δ. 112 MONTANARI F., GAROFALO I., MANETTI D., Vocabolario della lingua greca, Torino, Loescher Editore, 20033 ; BAILLY A., Dictionnaire grec-français, Paris, Hachette, 20004. 113 LUST J. (éd.), A Greek-English Lexicon of the Septuagint I, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschäft, 1992. 114 Cf. Chapitre II, B, e. 115 Ὡμ κ θ ̓π ίβ αθ ̓μ θ ΰ θ ίζ πκυ δθ ̓θγλαεδ θ ε δη θβθ εα ̓ο λδκθ πδε η θκθ εα λ κθ. 109 110 30 utilisé dans des contextes et avec un sens identiques à ὁλ́π. Dans ces versets, contrairement aux autres versets où il se trouve, ίζ́ππ n’insiste pas sur le caractère physique de la vision ; il estΝemployὧΝἵommeΝverbeΝἹὧnὧriqueΝἶeΝvision,ΝἵeΝquiΝἵorresponἶΝὡΝl’usaἹeΝἶeΝ ὁλ́π ailleurs ἶansΝl’ἓvanἹileΝet à l’utilisation de ίζ́ππ dans le grec koinè. δeΝseἵonἶΝἹroupeΝἶ’oἵἵurrenἵesΝseΝtrouveΝἶansΝuneΝἵonstruἵtionΝpartiἵulière,ΝspὧἵiἸiqueΝauxΝ verbesΝἶeΝperἵeption.ΝδeΝ verbeΝ ἶeΝ vision,ΝἵonjuἹuὧΝὡΝl’inἶiἵatiἸ,Ν etΝsituὧΝἶansΝlaΝpropositionΝ prinἵipale,ΝestΝsuiviΝἶ’unΝpartiἵipe.ΝDansΝἵeΝἵasΝprὧἵis,Νl’insistanἵeΝseΝἸaitΝὡΝἶeuxΝniveaux ; sur l’aspeἵtΝἵonἵretΝἶeΝlaΝvisionΝἶontΝilΝestΝquestionΝetΝsurΝl’aἵtionΝobservὧe.ΝἑetteΝἵonstruἵtionΝestΝ miseΝenΝœuvreΝaveἵΝleΝverbe ίζ́ππ en Jn 1, 29, Jn 20, 1 et Jn 20, 5. En Jn 20, 1 117 et Jn 20, 5 118 , cette même construction apporte encore une insistance partiἵulièreΝsurΝlaΝἵonsὧquenἵeΝἶeΝlaΝvision.ΝἑesΝἶeuxΝversetsΝseΝsituentΝἶansΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝ Résurrection et décrivent la vision du tombeau vide par les disciples. En Jn 20, 1, Marie de Magdala « voit que la pierre avait été enlevée du tombeau ». La construction verbe de vision+participe insiste sur le caractère physique de la vision, mais également sur la signification de la chose vue, « le tombeau vide », ce qui permet au narrateur de préparer narrativementΝ auxΝ rὧἵitsΝ ἶeΝ l’apparitionΝ ἶuΝ ἤessusἵitὧ.Ν ἓnΝ JnΝ β0,Ν ἃ,Ν l’utilisationΝ ἶeΝ laΝ construction est la même ; le disciple que Jésus aimait, « observant, voit les bandelettes posées »119. ἙἵiΝ aussi,Ν l’insistanἵeΝ estΝ ἸaiteΝ surΝ l’objetΝ vuΝ etΝ laΝ ἵonsὧquenἵeΝ queΝ ἵette vision aura pour la suite de la narration. Ces éléments nous amènent à traduire ίζ́ππ dans ces versets par « constater » ; dans les deux versets, ίζ́ππ est utilisé pour marquer le caractère physique de la vision et la conséquence de cette vision, sans que la vision dont il est question ait un caractère intentionnel (cet aspect étant présent néanmoins en Jn 20, 5 grâce au verbe παλαέπ π). ἓnἸin,ΝἵetteΝἵonstruἵtionΝestΝprὧsenteΝenΝJnΝ1,Νβλ.ΝἙlΝs’aἹitΝἶuΝversetΝintroἶuisantΝlaΝnarrationΝ racontant le début du ministère terrestre de Jésus 120, le premier verset où il est question de la visionΝphysiqueΝ ἶeΝJὧsus.Νδ’utilisationΝ ἶeΝ ἵetteΝ ἵonstruἵtionΝ etΝ ἶuΝ verbeΝ ίζ́ππ s’expliquent peut-êtreΝ narrativementΝ parΝ laΝ volontὧΝ ἶeΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ ἶ’insisterΝ surΝ laΝ rὧalitὧΝphysiqueΝἶeΝl’inἵarnationΝἶuΝδoἹos.ΝδeΝsèmeΝ/intentionnel/ΝneΝsemble pas présent dans le verbe ίζ́ππ en Jn 1, 29. Jn 1, 29 est également à mettre en parallèle avec Jn 1, 47 121, qui reprend de manière quasi identique le v. 29. La différence se situe notamment au niveau du verbe de vision utilisé. Au v. 29, ίζ́ππ est utilisé au présent, alors qu’au v. 47, ὁλ́π est utilisὧΝ ὡΝ l’aoriste.Ν δeΝ parallèleΝ rapproἵhὧΝ entreΝ lesΝ ἶeuxΝ versets,Ν laΝ ἵonstruἵtionΝ iἶentiqueΝ amènent à considérer que les principales différences entre ces deux versets et les sens de ces deux verbes se situe au niveau temporel – ἵeΝquiΝἵorresponἶΝὡΝl’usaἹeΝἶuΝἹreἵ.Ν πδ λαφ μ ὁ Π λκμ ίζ π δ θ ηαγβ θ ὃθ ΰ πα ὁ β κ μ ̓εκζκυγκ θ α, ὃμ εα ̓θ π θ θ ͅ πθͅ γκμ αὐ κ εα π θ· ε λδ , μ δθ ὁ παλα δ κ μ ν 117 Σ ηδ ῶθ αίί πθ Μαλ α Μαΰ αζβθ λξ αδ πλπ εκ αμ δ κ βμ ̓μ ηθβη ῖκθ εα ίζ π δ θ ζ γκθ λη θκθ ε κ ηθβη κυ. 118 εα παλαε οαμ ίζ π δ ε η θα ̓γ θδα, κὐ η θ κδ ̓ ζγ θ. 119 Cette construction « παλαε οαμΝ ίζ π δΝ ̓γ θδα » estΝ iἶentiqueΝ ὡΝ ἵelleΝ queΝ l’onΝ trouveΝ enΝ δἵΝ βἂ,Ν 1β,Ν ὡΝ laΝ ἶiἸἸὧrenἵeΝnotableΝqueΝleΝsujetΝn’estΝpasΝleΝἶisἵipleΝbien-aimé, mais Pierre. 120 Cf. Chapitre II, A, II, a ; c. 121 θ ὁ β κ μ θ Ναγαθα ζ λξ η θκθ πλ μ αὐ θ εα ζ ΰ δ π λ αὐ κ · ́ ̓ζβγῶμ λαβζ βμ θ ᾧ ζκμ κὐε δθ. 116 π 31 δ’ὧtuἶeΝ ἶuΝ verbeΝ ίζ́ππ a permis de mettre en avant les trois principaux sens de ce verbe,Ν lesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ ἵontextesΝ ἶ’emploiΝ ainsiΝ queΝ lesΝ spὧἵiἸiἵitὧsΝ etΝ lesΝ ἵontinuitὧsΝ ἶansΝ l’emploiΝ ἶeΝ ίζ́ππ dans l’Evangile selon Jean par rapport au grec koinè. Ainsi, le verbe ίζ́ππ, tel qu’il est utilisé dans l’Evangile, reprend les trois principaux sens du verbe que l’on trouve dans la littérature classique (« avoir la capacité physique de voir », « regarder », « voir »), même si le sens « regarder »ΝestΝutilisὧΝἶeΝἸaὦonΝplusΝmarἹinaleΝἶansΝl’ἓvanἹile.ΝἢarΝ conséquent, la tendance générale, observée dans le grec koinè, montrant une perte du sème /intentionnel/ pour ίζ́ππ ne se retrouve que partiellement dans l’Evangile. L’équivalence établie encore par le grec koinè entre ίζ́ππ au présent et ὁλ́π à l’aoriste ne semble pas se retrouverΝἶansΝl’ἓvanἹile,ΝἶansΝlaΝmesureΝoὶ,Νἶ’uneΝpart,Ν ίζ́ππ et ὁλ́π ne sont pas utilisés fréquemment dans un contexte identique, etΝ oὶΝἶ’autreΝpart,Ν ίζ́ππ est utilisé afin d’insister surΝ l’aspeἵtΝ physiqueΝ etΝ ἵonἵretΝ ἶeΝ laΝ vision,Ν ἵontrairementΝ ὡΝ ὁλ́π qui est utilisé comme verbeΝἹὧnὧriqueΝetΝquiΝn’insisteΝpasΝsurΝunΝaspeἵtΝἶeΝlaΝvision.ΝἡnΝἵonstateΝἶonἵΝqueΝ ίζ́ππ présente plusieursΝspὧἵiἸiἵitὧsΝsὧmantiquesΝἶansΝl’usaἹeΝquiΝenΝestΝἸaitΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝ JeanΝ (/insistanἵeΝ surΝ l’aspeἵtΝ physique/,Ν /intentionnalitὧ/),Ν etΝ qu’ilΝ aΝ aussiΝ ἶesΝ emploisΝ spécifiques dont le principal est « avoir la capacité physique de voir »122. c. γ πλ π et γ ακηαδ δ’ὧtuἶeΝ ἶesΝ ἶeuxΝ verbesΝ γ ́κηαδ et γ πλ́π dans une seule et même partie se justifie parΝ leΝ ἸaitΝ queΝ ἵesΝ ἶeuxΝ verbesΝ apparaissent,Ν ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν ἵommeΝ ἶesΝ équivalents au niveau sémantique. La grande synonymie entre ces deux verbes avait déjà été relevὧeΝlorsΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝlaΝlittὧratureΝἵlassique.ΝἡnΝl’aΝ vu, la majorité des sens de γ ́κηαδ pouvaient être exprimés par γ πλ́π, à l’exception du sens « examiner »123. Dans le grec koinè, le verbe γ ́κηαδ est utilisé dans la majorité des cas à l’aoriste,ΝalorsΝqueΝγ πλ́π est principalement utilisé au présent. Cette distinction d’utilisation auΝniveauΝtemporelΝseΝretrouveΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝoὶΝγ ́κηαδ est utilisé à l’aoriste et au parfait, alors que γ πλ́π est utilisé au présent (imparfait compris) ou au futur. δesΝἵontextesΝἶeΝl’utilisationΝἶesΝἶeuxΝverbesΝainsiΝqueΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝsèmesΝἶeΝἵesΝverbesΝsontΝ identiques, ce qui nous amène à considérer que ces deux verbes étaient utilisés par l’ὧvangéliste pour décrire, au niveau sémantique, le même type de vision, mais à des temps ἶiἸἸὧrents.ΝἓnΝeἸἸet,ΝlesΝἶeuxΝverbesΝsemblentΝêtreΝutilisὧsΝpourΝparlerΝἶ’uneΝvisionΝἵontenantΝ les sèmes /implication du sujet/, /amenant une compréhension de la chose vue/, /intensif/, /non insistanἵeΝsurΝl’aspeἵtΝἵonἵret/.Νγ πλ́π et γ ́κηαδ sont également utilisés dans des contextes proches ou avec des COD identiques, ἵommeΝlaΝvisionΝἶeΝl’ἓspritΝ(JnΝ1,ΝἁβΝaveἵΝγ ́κηαδ et Jn 14, 17 avec γ πλ́π) ou de la gloire (Jn 1, 14 avec γ ́κηαδ et Jn 17, 24 avec γ πλ́π), sans que l’onΝ puisseΝ ἶὧterminerΝ uneΝ ἶiἸἸὧrenἵeΝ sὧmantique 124 . ἙlΝ n’estΝ ἵepenἶantΝ pasΝ possibleΝ ἶ’ὧtablirΝaveἵΝἵertituἶeΝsiΝἵetteΝutilisationΝἶesΝἶeuxΝverbes,ΝsὧparὧsΝauΝniveauΝἶesΝtempsΝmaisΝ 122 ἧnΝemploiΝspὧἵiἸiqueΝἶ’unΝverbeΝestΝunΝsensΝexprimὧΝuniquementΝparΝunΝverbe.ΝἙἵi,ΝleΝsensΝ« avoir la capacité physique de voir » de ίζ ππ est spécifique dans le mesure où il n’est pas exprimé par un autre verbe dans l’ἓvanἹile.Ν 123 Cf. Chapitre I, A, c ; d. 124 δ’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,Ν1ἂΝmontreraΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝliensΝlittὧrairesΝentreΝ laΝpropositionΝ« εα γ α η γαΝ θΝ ιαθΝ αὐ κ » (« nous avons vu sa gloire ») et la vision des signes, qui sont la manifestation de la gloire, exprimée avec γ πλ́π (Jn 17, 24), la vision de la gloire et celle des signes renvoyant, en partie, à la même réalité (voir le Fils). 32 ὧquivalentsΝauΝniveauΝsὧmantique,ΝestΝtypiqueΝἶeΝl’iἶioleἵteΝἶeΝl’auteurΝuniquement, ou si elle relèveΝ ἶ’uneΝ ὧvolutionΝ ἶeΝ laΝ lanἹueΝ etΝ seraitΝ alorsΝ typiqueΝ ἶuΝ ἶialeἵteΝ ἶeΝ l’auteur,Ν voireΝ ἶuΝ grec koinè. La faible présence de γ ́κηαδ au présent et au futur, la faible utilisation de γ πλ́π à l’aoriste 125 et au parfait, également attestées dans le grec koinè (Septante, inscriptions et papyri), nous font considérer que cette utilisation des deux verbes ne se limite pasΝὡΝl’iἶioleἵteΝἶeΝl’auteur. γ πλ́π et γ ́κηαδ sont fréquemment utilisés : ils sont présents trente fois dans l’Evangile. Cette forte utilisation, unique dans le Nouveau Testament, est caractéristique du dialecte de l’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹile,ΝnousΝl’avonsΝἶit126.Νεais,ΝἵontrairementΝὡΝἵeΝqu’aἸἸirmentΝἔ.Ν ἦhorἶarsonΝetΝJ.Νχ.Νδee,ΝἵesΝverbesΝneΝsemblentΝpasΝêtreΝutilisὧsΝparΝl’ὧvanἹὧlisteΝἵommeΝἶesΝ équivalents ou des synonymes très proches de ὁλ́π ou de ίζ́ππ. A partir de l’étude des différentes occurrences johanniques dans leurs contextes, la distinction entre γ ώλ π, γ ́κηαδ et ὁλ́π ne peut pas être définie comme uniquement temporelle, comme le suggère Lee pour le grec koinè enΝἹὧnὧral.Νδ’utilisationΝἶeΝγ ́κηαδ suggère le contraire : si ὁλ́π est utilisé pour exprimerΝ l’aἵteΝ ἶeΝ voirΝ ὡΝ l’aoristeΝ etΝ auΝ parἸait,Ν maisΝ qu’ilΝ estΝ ὧἹal,Ν ἶ’unΝ pointΝ ἶeΝ vueΝ sémantique, à γ ώλ π, alors l’auteur n’aurait pas de raison d’utiliser γ ́κηαδ à l’aoriste et au parἸait.Νδ’utilisationΝἶeΝγ ́κηαδ au parfait et à l’aoriste suggère qu’une différence sémantique persiste entre ce verbe et ὁλ́π. Mais, dans la mesure où l’utilisation à la fois de γ ώλ π et de γ ́κηαδ ne semble se faire que pour des motifs temporels et non sémantiques, la différence sémantique entre γ ́κηαδ et ὁλ́π se retrouve logiquement entre ὁλ́π et γ ώλ π. δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ plusieursΝ versetsΝ reἸlὧtantΝ lesΝ prinἵipauxΝ sensΝ ἶesΝ verbesΝ γ πλ́π et γ ́κηαδ permettraΝἶ’ὧtablirΝlesΝἵontextesΝἶ’utilisation,ΝlesΝsèmesΝspὧἵiἸiquesΝetΝlesΝemploisΝspὧἵialisὧsΝ de ces verbes. On constate que γ πλ́π et γ ́κηαδ sont utilisés au sens propre, au sens propre et figuré à la fois, ou dans un sens abstrait. χuΝ sensΝ propre,Ν lesΝ verbesΝ peuventΝ êtreΝ utilisὧsΝ pourΝ parlerΝ ἶeΝ laΝ visionΝ intensiveΝ ἶ’uneΝ personne, avec une insistance sur le sujet de la vision. Cela est le cas en Jn 20, 14 127 où Marie de Magdala, en se retournant, « voit » Jésus Ressuscité, sans le reconnaître. Dans ce verset, la visionΝἶeΝJὧsusΝparΝεarieΝn’estΝpasΝneutre νΝilΝneΝs’aἹitΝpasΝuniquementΝἶ’uneΝvisionΝἵonἵrète, maisΝ ἶ’uneΝ visionΝ quiΝ insisteΝ surΝ l’importanἵeΝ ἶeΝ ἵetteΝ visionΝ pourΝ leΝ sujet : si Marie veut « voir »,ΝenΝl’hommeΝquiΝluiΝparle,ΝJὧsusΝἤessusἵitὧ,ΝelleΝἶoitΝrὧellementΝleΝ« voir » (γ πλ́π). ἦoutΝauΝlonἹΝἶeΝl’ἓvanἹile,Νγ πλ́π était utilisé uniquement pour parler de la vision du Fils. Ici, en utilisant γ πλ́π, le narrateur établit un lien entre la vision du Fils et la vision du Ressuscité, les deux comprenant les sèmes /subjectif/, /connaissance/, /insistance sur la conséquence/. Pour γ πλ́π, quelques participes aoristes sont utilisés dans la Septante mais aucune forme au parfait. ἣuelquesΝ ἸormesΝ ὡΝ l’inἶiἵatiἸΝ aoristeΝ etΝ parἸaitΝ sontΝ prὧsentesΝ ἶansΝ lesΝ insἵriptionsΝ etΝ lesΝ papyriΝ (pourΝ l’aoristeΝ uniquement). γ ́κηαδ n’est utilisé, dans le Nouveau Testament et la Septante, qu’à l’aoriste et au parfait. Dans les inscriptions et papyri, il y a quelques formes du verbe au présent mais pas au futur. 126 Cf. Chapitre I, B, I, a. 127 α α ̓πκ α λ φβ ̓μ ̓π π εα γ πλ ῖ θ β κ θ ῶ α εα κὐε ᾔ δ ́ δ β κ μ δθ. 125 33 γ πλ́π peut aussi exprimer la vision d’une personne amenant à percevoir quelque chose de ἸonἶamentaleΝἶansΝsonΝiἶentitὧ.Νἑ’estΝἶansΝἵeΝsensΝqueΝ γ πλ́π est utilisé en Jn 9, 8128. Les personnes « contemplant »Ν l’aveuἹle-né le reconnaissent et le définissent comme « κ μΝ δθΝὁ εαγ η θκμΝεα πλκ αδ ῶθ ». γ πλ́π peut également être utilisé pour décrire l’action de contempler une chose ayant un sens important et renvoyant à une réalité qui la dépasse. ἑ’estΝ le cas en Jn 20, 12129, par exemple, où Marie de Magdala « γ πλ ῖ » (« contemple ») deux anges assis là où était le corps de Jésus. La vision dont il est question est une vision physique, concrète130 des anges, mais elle ne se limite pas à cette réalité, puisque la présence ἶesΝ anἹesΝ ὡΝ l’enἶroitΝ oὶΝ ὧtaitΝ plaἵὧΝ leΝ ἵorpsΝ ἶeΝ JὧsusΝ siἹnaleΝ laΝ survenueΝ ἶ’unΝ ὧvὧnementΝ extraordinaire μΝ laΝ ἤὧsurreἵtion.Ν χuΝ niveauΝ littὧraire,Ν l’auteurΝ joueΝ surΝ unΝ ἶoubleΝ niveauΝ ἶeΝ cette vision μΝεarieΝneΝἵomprenἶΝpasΝἵeΝqu’elleΝvoit,Νelle n’enΝperὦoitΝpasΝlaΝportὧe,ΝmaisΝleΝ leἵteur,ΝἹrὢἵeΝauΝἵontexteΝetΝὡΝl’emploiΝἶuΝverbeΝγ πλ́π, comprend que cette vision annonce unΝὧvὧnementΝextraorἶinaire.ΝἢarΝailleurs,ΝlaΝvisionΝἶesΝanἹes,ΝἵommeΝἵelleΝl’ἓspritΝ(JnΝ1,Νἁβ ; Jn 14, 17), est décrite avec les verbes γ ώλ π/γ ́κηαδ sans doute parce que les anges et l’ἓspritΝsontΝ ἶesΝ « personnes » extraordinaires. Au niveau sémantique, on voit que dans ces différents emplois, les verbes γ πλ́π et γ ́κηαδ possèdent les sèmes /subjectif/, /conséquence/, /intensif/. γ πλ́π et γ ́κηαδ sont également utilisés régulièrement pour parler de la vision des signes. En Jn 2, 23 131 ,Ν versetΝ transitiἸΝ seΝ situantΝ aprèsΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶesΝ ἠoἵesΝ ἶeΝ ἑanaΝ etΝ ἵeluiΝ ἶeΝ l’expulsionΝ ἶesΝ marἵhanἶsΝ ἶuΝ ἦemple,Ν γ πλ́π est utilisé pour exprimer la cause de la conséquence « πκζζκ π υ αθ ̓μ ́θκηα αὐ κ » : si la foule croit en le nom de Jésus, ἵ’estΝparἵeΝqu’elleΝaΝvuΝἶesΝ« signes » effectués par Jésus. Cette vision amène la foule à croire en Jésus, à reconnaître, en partie, son identité 132. En Jn 11, 45, la même annonce est faite : la vision de la résurrection de Lazare,Ν ἶernierΝ siἹneΝ ἶeΝ Jὧsus,Ν amènentΝ beauἵoupΝ ἶ’hommesΝ ὡΝ croire en lui133. γ πλ́π et γ ́κηαδ peuvent également être utilisés pour parler de la vision de Jésus, appelé alors « Fils ». γ πλ́π est employé quatre fois dans le seizième chapitre de l’Evangile pour exprimer cette vision ; dans ces mêmes versets, la forme future de ὁλ́π est également présente. Puisque ὁλ́π et γ πλ́π sont utilisés dans le même contexte, l’analyse précise de ce dernier permettra de comprendre quelles sont les différences et les similitudes entre les deux verbes dans cet emploi particulier. Ce sont ces versets, ainsi que Jn 14, 19 dont il sera également question, qui ont amené plusieurs auteurs à considérer γ ώλ π et ὁλ́π comme ὧquivalentsΝauΝniveauΝsὧmantiqueΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean.Ν Οἱ κ θ ΰ κθ μ εα κἱ γ πλκ θ μ αὐ θ πλ λκθ ́ δ πλκ α βμ θ ζ ΰκθ· κὐξ κ μ δθ ὁ εαγ η θκμ εα πλκ αδ ῶθ ν 129 εα γ πλ ῖ κ ̓ΰΰ ζκυμ θ ζ υεκῖμ εαγ ακη θκυμ, θα πλ μ ε φαζ εα θα πλ μ κῖμ πκ θ, ́πκυ ε δ κ ῶηα κ β κ . 130 Comme le suggère la construction verbe de vision+participe utilisée ici. Cf. BLASS C. F., DEBRUNNER A., Grammatica del Greco del Nuovo Testamento., § 416, p. 503-504. 131 Ὡμ θ θ κῖμ λκ κζ ηκδμ θ ͅ π ξα θ κλ , πκζζκ π υ αθ ̓μ ́θκηα αὐ κ γ πλκ θ μ αὐ κ βη ῖα πκ δ· 132 Les versets suivants, Jn 2, 24-25, atténuent le caractère positif du croire amené par la vue des signes, car ce « croire »Ν estΝ enἵoreΝ limitὧ,Ν JὧsusΝ n’estΝ pasΝ reἵonnuΝ ἵommeΝ ἔils.Ν Cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4). Tome I, Paris, Editions du Seuil (Parole de Dieu), 1988, p. 285. 133 Πκζζκ κ θΝ εΝ ῶθΝ κυ α πθΝκἱ ζγ θ μΝπλ μΝ θΝΜαλδ ηΝεα γ α η θκδΝ πκ β θΝ π υ αθΝ ̓μΝαὐ θ. 128 34 Les quatre versets en question (Jn 16, 10.16.17.19) contiennent la proposition « εα κὐε δ γ πλ ῖ η » (avec la négation κὐ en Jn 16, 17.19) et trois de ces versets ont également la proposition « εα π ζδθ ηδελ θ εα ́ο γ η ». Dans ce passage (Jn 16, 10-19), Jésus annonce à ses disciples, de manière cryptée, sa mort et sa Résurrection, en utilisant le thème du voir134. δeΝverbeΝἶeΝvisionΝn’estΝpasΝleΝmêmeΝἶeΝpartΝetΝἶ’autre.ΝἙlΝestΝpossibleΝqueΝἵetΝὧἵartΝseΝlaisseΝ ramener aux constats déjà évoqués à propos du champ sémantique des verbes de vision dans le grec koinè μΝlaΝvisionΝauΝprὧsentΝs’exprimeΝvolontiersΝὡΝl’aiἶeΝἶeΝ γ πλ́π, celle au futur à l’aiἶeΝἶeΝ́οκηαδ. Mais dans ce contexte, cet écart paraît recouvrir aussi une différence de sens entre le verbe γ πλ́π et le futur ́οκηαδ. En effet, la première partie de la proposition (ηδελ θΝ εα κὐε δΝ γ πλ ῖ η )Ν annonἵe le temps de la mort de Jésus où celui-ci se dérobe à la vue de ses disciples. Cette première proposition est construite avec γ πλ π qui a clairement une valeur de futur à cause de la précision ( δ)Νηδελ θ.Νγ πλ πΝest donc, dans la proposition « ηδελ θ εα κὐε δΝγ πλ ῖ η Ν », un présent à valeur de futur 135.ΝδeΝprὧsentΝὡΝvaleurΝἶeΝἸuturΝpermetΝὡΝl’auteurΝἶeΝ«ΝἶὧἵrireΝunΝ événement futur, bien que (contrairement au présent conatif) celui-ci ajoute généralement les ἵonnotationsΝ ἶ’immὧἶiatetὧΝ etΝ ἶeΝ ἵertituἶe » 136 .Ν δeΝ prὧsentΝ ὡΝ valeurΝ ἶeΝ ἸuturΝ n’estΝ pasΝ unΝ ὧquivalentΝἹrammatiἵalΝἶuΝἸutur,ΝmaisΝunΝoutilΝstylistiqueΝquiΝpermetΝauΝnarrateur,Νἶ’uneΝpart,Ν ἶeΝrenἸorἵerΝl’artiἵulationΝet/ouΝlaΝἵontinuitὧΝentreΝprὧsentΝetΝἸutur,ΝetΝἶ’autreΝpart,Νἶ’aἵἵentuerΝ l’aspeἵtΝἶὧἸinitiἸΝ ἶeΝ l’aἵtionΝὡΝvenir : elle adviendra forcément. Enfin, le présent à valeur de ἸuturΝ permetΝ ὡΝ l’auteurΝ ἶeΝ ἹarἶerΝ l’aspeἵtΝ ἶuΝ prὧsentΝ (laΝ ἶurὧe)Ν etΝ ἶeΝ l’appliquerΝ ὡΝ laΝ temporalité du futur. Par conséquent, lorsque Jésus dit : « ηδελ θΝεα κὐε δΝγ πλ ῖ η », il insiste,Νἶ’uneΝpart,ΝsurΝleΝἸaitΝqueΝἵetteΝsituationΝn’aΝpasΝenἵoreΝeuΝlieu,ΝqueΝpourΝl’instantΝlesΝ ἶisἵiplesΝ peuventΝ leΝ ἵontempler,Ν ἶ’autreΝ partΝ surΝ laΝ ἵertituἶeΝ queΝ ἵetteΝ rὧalitὧΝ nouvelleΝ adviendra : il ne sera bientôt plus visible. LaΝ seἵonἶeΝ propositionΝ (εα π ζδθΝ ηδελ θΝ εα ́ο γ η )Ν ἶὧsigne sa vision après ce temps ἶ’absenἵe,Νἵ’est-à-dire après sa Résurrection137 ; cette vision vision du Ressuscité amène à la pleineΝ reἵonnaissanἵeΝ ἶeΝ l’iἶentitὧΝ ἶuΝ ἔils.Ν χinsiΝ ἵetteΝ pὧriἵopeΝ oὶΝ JὧsusΝ estΝ l’objetΝ ἶuΝ voirΝ futur (́ο γ η )ΝneΝposeΝpasΝἶeΝproblème quant à son interprétation ; lorsque Jésus dit à ses disciples « vous me verrez », il leurΝannonἵeΝqueΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἑroixΝn’amèneΝpasΝὡΝlaΝἸinΝ définitive de leur relation. δ’ὧtuἶeΝpoussὧeΝἶeΝἵesΝversets,ΝetΝἶesΝἶeuxΝἸormesΝverbalesΝquiΝs’yΝtrouvent, permet de mieux comprendre les liens synonymiques et les différences sémantiques entre γ πλ́π et ́οκηαδ. δ’emploiΝἶuΝἸuturΝimpliqueΝuneΝmoἶiἸiἵationΝἶuΝ COD et, par conséquent, une modification du sens de la proposition : voir Jésus au futur désigne la vision du Ressuscité, ce qui implique une vision plénière de son identité. Voir Jésus au temps présent (γ πλ́π) exprime une vision de Jésus durant son ministère. On constate ici que la temporalité de la vision, par son lien avec ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), Genève, Labor et Fides (Commentaire du Nouveau Testament IVb), 2007, p. 144-145. 135 WALLACE D. B., Greek Grammar. Beyond the Basics. An exegetical syntax of the New Testament. With Scripture, Subject, and Greek Word Indexes, Grand Rapids, Zondervan, 1996, p. 535. 136 WALLACE D. B., Greek Grammar, p. 535. Trad. E. Fritsch. 137 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 144-145. LEON-DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 13-17). Tome III, Paris, Editions du Seuil (Parole de Dieu), 1993, p. 246-247. 134 35 le temps de la narration, implique des changements sémantiques dans une même expression (iἵi,Νl’expressionΝ« voir le Fils »). Au niveau sémantique cependant, on voit que le verbe γ πλ́π conserve les sèmes déjà ὧvoquὧsΝ lorsΝ ἶeΝ l’analyseΝ ἶesΝ autresΝ passaἹes : /implication du sujet/, /connaissance/, insistance sur la conséquence/, tout comme le verbe ὁλ́π qui conserve les sèmes /objectif/, /concret/. Enfin, γ πλ́π est utilisé dans une construction où il est suivi de la conjonction ́ δ et prend alorsΝunΝsensΝabstrait,ΝἵoἹnitiἸ.ΝἑetteΝἵonstruἵtionΝestΝprὧsenteΝtroisΝἸoisΝἶansΝl’ἓvanἹileΝaveἵΝ γ πλ́π, ce qui est proportionnellement plus important que les occurrences de la même construction avec ὁλ́π (cette construction est utilisée deux fois avec ὁλ́π sur soixante-seize occurrences et trois fois sur vingt-quatre occurrences de γ πλ́π). L’utilisation plus importante de cette construction avec le verbe γ πλ́π suggère que ce dernier est plus à même,ΝpourΝ l’auteur,Ν ἶeΝ ἶὧἵrireΝ uneΝ visionΝabstraite,Ν ἵoἹnitive,Ν nonΝ ἵonἵrète.ΝDeΝ plus,Ν ἵetteΝ même construction est utilisée avec γ πλ́π et avec ὁλ́π dans des contextes différents. Les trois occurrences avec γ πλ́π se trouvent en Jn 4, 19 ; Jn 6, 5 et Jn 12, 19. En Jn 4, 19 138 , la femme adultère confesse voir en Jésus un « prophète »,Ν ἵ’est-à-dire un homme de Dieu139,Ν alorsΝ qu’elleΝ leΝ ἵonsiἶὧraitΝ avantΝ ἵommeΝ unΝ simpleΝ thaumaturge140. En considérant Jésus comme un « prophète », la femme adultère progresse au sujet de la ἵonnaissanἵeΝἶeΝl’iἶentitὧΝrὧelleΝἶeΝJὧsus.Νδ’emploiΝἶuΝverbeΝγ πλ́π exprime cette réalité : la natureΝ ἶuΝ ἵonstatΝ qu’elleΝ Ἰait,Ν exprimὧeΝ parΝ ἵetteΝ ἵonstruἵtion, est une compréhension ἵoἹnitive,ΝnonΝpasΝsurΝunΝὧvὧnement,ΝmaisΝsurΝl’iἶentitὧΝἶeΝJὧsus.ΝἓnἵoreΝuneΝἸois,Νγ πλ́π est utilisé pour exprimer une vision impliquant une connaissance de la chose vue et une importance de cette vision pour le sujet. En Jn 12, 19141,Ν lesΝ ἢharisiens,Ν aprèsΝ l’entrὧeΝ ἶeΝ JὧsusΝ ὡΝ JὧrusalemΝ etΝ laΝ ἵonἸession,Ν parΝ laΝ Ἰoule,ΝἶeΝl’iἶentitὧΝἶeΝJὧsusΝ(JnΝ1β,Ν1ἁ),ΝὧtablissentΝunΝἵonstatΝἶeΝlaΝsituation.Ν« γ πλ ῖ ́ δ κὐε φ ζ ῖ κὐ θ » car « ὁ ε ηκμ ̓π π αὐ κ ̓π ζγ θ ». Le dernier signe effectué par Jésus, la résurrection de Lazare, amène une foule nombreuse à suivre Jésus. La mention du « monde » placée dans la bouche des Pharisiens par le narrateur semble ironique. Les Pharisiens, en parlant du « monde », parlent de la foule, mais « ὁ ε ηκμ » est une expression typὧeΝἵhezΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝetΝsonΝemploiΝiἵiΝἸaitΝἵomprenἶreΝauΝleἵteurΝqueΝleΝ messaἹeΝ ἶeΝ JὧsusΝ s’aἶresseΝ auΝ monἶeΝ entier.Ν δ’emploiΝ ἶuΝ verbeΝ γ πλ́π s’explique probablement par ce contexte, chargé théologiquement. En faisant se dire « constatez que vous ne gagnez rien »ΝauxΝἢharisiens,Νl’auteurΝἸaitΝἵomprenἶreΝauΝleἵteurΝqueΝleΝ« monde », en suivant Jésus à cause de la vision (γ πλ́π) des signes, gagne tout (sème /conséquence/). La deuxième fois que cette construction est utilisée est en Jn 6, 5142, où Jésus est sujet de la vision. La mention de la vision est présente deux fois dans ce verset, les deux concernant Jésus μΝ ilΝ lèveΝ ἶ’aborἶΝ lesΝ yeuxΝ etΝ voit,Ν ἵonstateΝ queΝ laΝ ἸouleΝ nombreuseΝ vientΝ versΝ lui.Ν δ’emploiΝ ἶuΝ verbe γ ́κηαδ par le narrateur lui permet d’insister sur l’intensité de la vision, Λ ΰ δ αὐ ͅ ΰυθ · ε λδ , γ πλῶ ́ δ πλκφ βμ . ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 152. 140 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 153. 141 κἱ κ θΝΦαλδ αῖκδΝ παθΝπλ μΝ αυ κ μ·Νγ πλ ῖ Ν́ δΝκὐεΝ φ ζ ῖ Νκὐ θ·Ν́ Νὁ ε ηκμΝ̓π πΝαὐ κ ̓π ζγ θ. 142 π λαμΝ κ θΝ κ μΝ ̓φγαζηκ μΝ ὁ β κ μΝ εα γ α η θκμΝ ́ δΝ πκζ μΝ ́ξζκμΝ λξ αδΝ πλ μΝ αὐ θΝ ζ ΰ δΝ πλ μΝ Φ ζδππκθ·Νπ γ θΝ̓ΰκλ πη θΝ λ κυμΝ θαΝφ ΰπ δθΝκ κδΝν 138 139 36 surΝl’impliἵationΝἶuΝsujet,ΝsèmesΝtypiquesΝἶesΝverbesΝγ πλ́π et γ ́κηαδ, mais il n’insiste pas surΝl’aspeἵtΝnonΝἵonἵretΝἶeΝlaΝvision.Ν δ’analyseΝἶesΝemploisΝἶeΝγ πλ́π et γ ́κηαδ a permis de mettre en avant différents éléments sὧmantiquesΝ etΝ linἹuistiques.Ν ἙlΝ semble,Ν toutΝ ἶ’aborἶ,Ν queΝ γ ́κηαδ et γ πλ́π soient équivalents au niveau sémantique, mais pas au niveau temporel : γ ́κηαδ permettrait à l’ὧvanἹὧlisteΝ ἶ’exprimerΝ leΝ même type de vision que γ πλ́π, mais à l’aoriste et au parfait. γ πλ́π et γ ́κηαδ sont utilisés dans des contextes spécifiques. Les verbes γ πλ́π et γ ́κηαδ n’apparaissentΝ pasΝ êtreΝ ἶesΝ ὧquivalentsΝ ouΝ ἶesΝ synonymesΝ proἵhesΝ ἶeΝ ίζ́ππ et ὁλ́π, contrairement à ce qui apparaît en grec koinè, car ils sont utilisés pour insister sur l’impliἵationΝ ἶuΝ sujet et expriment une vision qui ne se limite pas à la vue concrète de la personneΝouΝἶeΝl’objet.Ν δ’utilisationΝἶuΝἵoupleΝγ πλ́π/γ ́κηαδ est donc stable et, même s’ils sont utilisés dans des ἵontextesΝ ἶiἸἸὧrents,Ν ilsΝ exprimentΝ toujoursΝ sensiblementΝ leΝ mêmeΝ typeΝ ἶeΝ vision.Ν ἙlΝ s’aἹitΝ ἶ’emploisΝquiΝsembleΝêtreΝἶevenusΝspὧἵialisὧs. d. ὁλαπ δeΝ ἵhoixΝ ἶ’eἸἸeἵtuerΝ l’analyseΝ ἶuΝ verbeΝ ὁλ́π en dernier lieu s’explique par son caractère générique. Contrairement aux autres verbes du champ sémantique qui comportent des sèmes et des emplois spécifiques, ὁλ́π est utilisé, par l’auteur de l’Evangile selon Jean, non pas pour ses spécificités sémantiques, mais pour ses non spécificités sémantiques. En clair, on pourrait dire que ὁλ́π a, comme l’aoriste, un « aspect zéro ». De plus, les sens de ὁλ́π dépendent davantage des contextes où il est utilisé. Par conséquent, pour comprendre les différents emplois de ὁλ́π, une étude comparative en contexte sera effectuée. ὁλ́π est le verbe de vision le plus fréquent dans l’Evangile selon Jean, il revêt le nombre le plus important de sens et est utilisé dans des contextes, avec des sujets et des COD variés. ὁλ́π est le verbe générique utilisé pour exprimer l’action de voir, ce qui correspond à l’utilisationΝἶuΝverbeΝenΝἹreἵΝἵlassique. Dans la majorité des cas, ὁλ́π est conjugué à l’aoriste, mais il est également présent au parfait et au futur, ce qui correspond aux usages temporels du grec koinè. Dans la mesure où l’emploiΝἶeΝὁλ́π au parfait est, selon nous, un emploi spécialisé, il sera étudié séparément. De manière générale, on constate que ὁλ́π peut avoir un sens propre, un sens concret et ἸiἹurὧΝouΝunΝsensΝabstraitΝetΝqu’il est utilisé de manière transitive et intransitive. Lorsqu’il est utilisé avec un sens propre, κ̔λαπΝ est utilisé pour parler de la vision de quelqu’un,ΝἶeΝquelqueΝἵhoseΝouΝἶ’uneΝsituation.Ν ὁλ́π peut décrire la vision d’une personne ouΝ l’aἵtionΝ ἶeΝ ἵette personne (construction du verbe avec une préposition pour décrire un mouvement) ; dans ce cas, la description se trouve dans un passage narratif. Ainsi, en Jn 1, 47 143 , Jésus voit Nathanaël venir vers lui. La vision dont il est question semble caractérisée par sa neutralité et son objectivité (sèmes /objectif/, /neutre/). La construction [voir]+participe montre également que le verbe a un sens concret 144, mais aucune insistance neΝsembleΝêtreΝἸaiteΝsurΝl’impliἵationΝἶuΝsujet,ΝleΝἵaraἵtèreΝintensiἸΝouΝphysique de la vision. θΝ ὁ β κ μΝ θΝ Ναγαθα ζΝ λξ η θκθΝ πλ μΝ αὐ θΝ εα ζ ΰ δΝ π λ αὐ κ · ́ Ν ̓ζβγῶμΝ λαβζ βμΝ θ ᾧ ζκμΝκὐεΝ δθ. 144 BLASS C. F., DEBRUNNER A., Grammatica del Greco del Nuovo Testamento, § 416, p. 503-504. 143 37 ὁλ́π peut également être utilisé sous la forme ́ , qui est utilisée pour exprimer à la fois un sens propre et un sens abstrait.Ν δ’ὧvanἹὧlisteΝ joueΝ surΝ l’oriἹine verbale de cette forme adverbiale fréquemment utilisée en grec biblique145. Jn 1, 29146 est un bon exemple pour voir ἵommentΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝjoueΝsurΝlesΝἶeuxΝsensΝpossiblesΝἶeΝἵetteΝἸorme.ΝJeanΝ le Baptiste, après avoir vu Jésus venir vers lui, le désigne en disant « voici [́ ] l’agneau de Dieu ». La forme ́ permet également à l’auditoire de Jean de comprendre cette phrase comme une invitation : « voyezΝl’aἹneauΝἶeΝ Dieu ». Avec ce double sens, la désignation de Jésus comme agneau de Dieu est renforcée et prend un caractère visuel. ὁλ́π peut avoir l’Esprit pour COD. Il s’agit d’un cas unique en Jn 1, 33147.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵetΝ exemple va être développée dans son contexte, car cet emploi montre clairement les spécificités sémantiques du verbe ἹrὢἵeΝ ὡΝ l’emploi,Ν ἶansΝ leΝ ἵontexteΝ proἵhe,Ν ἶansΝ laΝ mêmeΝ expression [voir]+esprit, du verbe γ ́κηαδ. Jn 1, 33 formule une justification du témoignage que Jean le Baptiste a effectué plus tôt (à partir de Jn 1, 29). Il a affirmé alors queΝJὧsusΝὧtaitΝl’aἹneauΝἶeΝDieuΝ(JnΝ1,Νβλ), car celui qui l’aΝ envoyὧΝ baptiserΝ ἶ’eauΝ (ἵ’est-à-dire Dieu) lui avait dit : φ᾽ ὃθΝ θΝ ἴ ῃ πθ ηαΝ εα αίαῖθκθΝεα η θκθΝ π᾽ αὐ θ,Νκ μΝ δθΝὁ ίαπ απθΝ θΝπθ ηα δΝ ΰ ͅ. Cette affirmation en Jn 1, 33 justifie le témoignage effectué en Jn 1, 32 par Jean : α α πθ ηαΝ εα αίαῖθκθΝ μΝ π λδ λ θΝ ιΝ κὐλαθκ εα η δθ θΝ π’Ν αὐ θ.Ν DieuΝ avait ἶitΝ ὡΝ JeanΝ qu’ilΝ verrait (ὁλ́π) l’Esprit et que cet événement lui permettrait de reconnaître celui qui baptise ἶ’ἓsprit.Ν εêmeΝ siΝ lesΝ ἶeuxΝ versetsΝ exprimentΝ laΝ mêmeΝ rὧalitὧΝ (uneΝ ἸoisΝ annonἵὧe,Ν uneΝ ἸoisΝ accomplie), la formule utilisée est différente, puisque le verbe et le temps utilisés pour exprimer le voir changent entre les deux syntagmes.ΝἑeΝn’estΝplusΝγ ́κηαδ à l’indicatif parfait qui est utilisé, mais ὁλ́π au subjonctif aoriste. Comme cela a été dit, γ πλ́π et γ ́κηαδ exprimentΝ uneΝ visionΝ quiΝ metΝ enΝ avantΝ l’impliἵationΝ ἶuΝ sujet etΝ laΝ ἵonsὧquenἵeΝ ἶeΝ l’aἵtionΝ vue, notamment. Ici,Ν ilΝ estΝ possibleΝ queΝ leΝ ἵhoixΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶiἸἸὧrentΝ entreΝ lesΝ ἶeuxΝ versetsΝ (γ ́κηαδ en Jn 1, 32 et ὁλ́π en Jn 1, 33) s’explique par une volonté de neutralité dans la propositionΝἶuΝv.ΝἁἁΝoὶΝDieuΝannonἵeΝὡΝJeanΝleΝἐaptisteΝqu’ilΝverraΝl’ἓsprit, contrairement à la priseΝ ἶeΝparoleΝ ἵonἸessanteΝ ἶeΝJeanΝ lorsqu’ilΝtὧmoiἹneΝ etΝ ἶit : « j’aiΝ ἵontemplὧΝl’ἓsprit » 148. ὁλ́π comporte le sème /objectif/, il est utilisé pour décrire l’action qui se déroulera et non la perception de cette action par le sujet. ὁλ́π peut également être employé de manière intransitive avec un sens propre. Cette ἵonstruἵtionΝ estΝ prὧsenteΝ quatreΝ ἸoisΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ (JnΝ 1,Ν ἁλ,Ν JnΝ 1, 46, Jn 11, 34 et Jn 20, 29) : deux versets ont des formes impératives (Jn 1, 46 ; Jn 11, 34), une fois le verbe est auΝἸuturΝ(JnΝ1,Νἁλ)ΝetΝuneΝἸoisΝauΝpartiἵipeΝaoriste.ΝJnΝ1,ΝἂἄΝetΝJnΝ11,ΝἁἂΝreprennentΝl’expressionΝ de Jn 1, 39149 « λξ γ Νεα ́ο γ ». En Jn 20, 29150, la proposition « ηαε λδκδΝκἱ η ̓ θ μΝ εα πδ αθ μ »Ν ἶὧsiἹneΝ lesΝ ἵroyantsΝ quiΝ n’ontΝ pasΝ vu,Ν historiquement,Ν JὧsusΝ etΝ saΝ 145 Cf. Prolégomènes, A, III. Σ πα λδκθ ίζ π δ θ β κ θ λξ η θκθ πλ μ αὐ θ εα ζ ΰ δ· ́ ὁ ̓ηθ μ κ γ κ ὁ άλπθ θ ηαλ αθ κ ε ηκυ. 147 ἐΰ̀ κὐε ᾔ δθ αὐ θ, ̓ζζ’Ν ὁ π ηοαμ η ίαπ α δθ θ α δ ε ῖθ μ ηκδ π θ· φ’Ν ὃθ θ ́ ͅμ πθ ηα εα αίαῖθκθ εα η θκθ π’Ναὐ θ, κ μ δθ ὁ ίαπ απθ θ πθ ηα δ ΰ ͅ. 148 ἥurΝl’ὧtuἶeΝἶeΝἵesΝἶeuxΝversetsΝἶansΝleΝἵontexteΝlittὧraireΝἶuΝ1er chapitre ἶeΝl’ἓvanἹile,Νἵf. Chapitre II, B, c. 149 Sur la reprise littéraire de cette expression et sa signification littéraire et théologique, cf. Chapitre II, A, II, d et chapitre II, B, d ; e. 150 ζ ΰ δΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Ν́ δΝ ώλαε μΝη Νπ π υεαμ ν ηαε λδκδΝκἱ η ̓ θ μΝεα πδ αθ μ. 146 38 Résurrection : elle est adressée aux croyants de la deuxième génération 151 . Elle peut être rapprochée de la formule de Jn 9, 39 « θα κἱ η ίζ πκθ μΝίζ ππ δθ », dont il a été question déjà, mais ici aussi, le verbe ὁλ́π a un sens plus générique que ίζ́ππ où les « voyants » désignent les personnes ayant la capacité physique de voir. ὁλ́π exprime, dans cette construction, uneΝvisionΝἵonἵrèteΝἶ’unΝὧvὧnementΝhistoriqueΝ(laΝvisionΝἶeΝJὧsus),ΝetΝnonΝpasΝlaΝ capacité de voir. Un autre emploi de ὁλ́π qu’il est nécessaire d’étudier de manière plus approfondie est son utilisationΝ ἶansΝ l’expressionΝ [voir]+[siἹne], puisque cette expression est également utilisée avec γ πλ́π. Dans la mesure où ces deux verbes sont utilisés dans une même expression et dans des contextes proches, une étude comparative permettra de mieux saisir les particularités sémantiques de ὁλ́π. δ’expression [voir]+[signe] est construite avec ὁλ́π en Jn 4, 48, Jn 6, 14, Jn 6, 26 et Jn 6, 30. En Jn 4, 48152,Ν JὧsusΝ ὧmetΝ uneΝ ἵritiqueΝ ἸaἵeΝ ὡΝ laΝ ἶemanἶeΝ ἶ’unΝ solἶat.Ν JὧsusΝ luiΝ reproἵheΝ ἶ’avoirΝ besoinΝ ἶeΝ « voir » des « signes » et des « prodiges »Ν pourΝ ἵroire.Ν δ’expression « βη ῖαΝ εα λα α »Ν estΝ uniqueΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν toutΝ ἵommeΝ l’emploiΝ ἶuΝ motΝ ́λαμ seul, et semble comprendre une connotation péjorative153.Νδ’ὧvanἹὧlisteΝparaîtΝutiliserΝ ἵetteΝ expressionΝ enΝ ἵontrebalanὦantΝ unΝ termeΝ qu’ilΝ ἵonsiἶèreΝ ἵommeΝ nὧἹatiἸ,Ν λα αΝ « prodige », par unΝ termeΝ plusΝ positiἸΝ ἶansΝ leΝ voἵabulaireΝ johannique,Ν βη ῖα.Ν χΝ laΝ ἸinΝ ἶeΝ l’ὧpisoἶe,Νl’enἸantΝmalaἶeΝἶuΝsolἶatΝestΝsauvὧΝnonΝpasΝἹrὢἵeΝὡΝuneΝaἵtionΝphysiqueΝἶeΝJὧsusΝ pouvant être vue et donc perçue directement comme un « signe » ou un « prodige », mais grâce à une parole (Jn 4, 50)154. Dans ce verset, ὁλ́π est utilisé dans un contexte négatif ; le choix de ce verbe pour former l’expressionΝ [voir]+[siἹne]Ν employée avec une connotation négative peutΝ s’expliquerΝ parΝsa « neutralité » par rapport à γ πλ́π, qui possède des sèmes spécifiques impliquant une vision connotée positivement (/implication du sujet/, /compréhension/ notamment). Le verbe ὁλ́π semble être choisi par l’auteur dans la mesure où il permetΝἶ’exprimerΝuneΝvisionΝn’exprimantΝpasΝuneΝἵomprὧhensionΝἶeΝl’objetΝvu. δesΝ troisΝ autresΝ oἵἵurrenἵesΝ ἶeΝ l’expressionΝ [voir]+[signe] avec ὁλ́π se situent dans le ἵhapitreΝsix,ΝtoutΝἵommeΝl’unΝἶesΝemploisΝἶeΝἵetteΝexpressionΝaveἵΝ γ πλ́π. Dans la mesure ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), Genève, Labor et Fides (Commentaire du Nouveau Testament ivb), 2007, p. 292-293. 152 π θΝκ θΝὁ β κ μΝπλ μΝαὐ θ·Ν θΝη βη ῖαΝεα λα αΝ́ β ,Νκὐ η πδ β . 153 δ’expressionΝest plutὲtΝἸrὧquenteΝἶansΝl’χnἵienΝἦestamentΝetΝyΝrevêtΝunΝἵaraἵtèreΝpositiἸ, ἵommeΝl’ontΝmontrὧΝ Zumstein et Léon-Dufour (cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 171 et LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 407.). Pour des exemples de cette expression, voir par exemple Dt 6, 22 ou Es 8, 18). Elle est aussi présente dans le Nouveau Testament (cf. Mc 13, 22, Act 4, 30, Rm 15, 19 par exemple). δ’aspeἵtΝnὧἹatiἸΝἶuΝtermeΝ λα αΝpeutΝêtreΝexpliquὧΝparΝἶeux raisons. La première est que λα αΝrenvoieΝὡΝuneΝ« manifestation tangible » (LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 408), sans que celle-ἵiΝ n’amèneΝὡΝ laΝreἵonnaissanἵeΝἶeΝ l’iἶentitὧΝἶeΝJὧsus. La suppression de ce terme dans la fin du récit en Jn 4, 54 : « Σκ κΝ[ ]Νπ ζδθΝ λκθΝ βη ῖκθΝ πκ β θΝὁ β κ μΝ ζγ̀θΝ εΝ μΝ κυ α αμΝ ̓μΝ θΝΓαζδζα αθ » arἹumenteΝenΝἵeΝsens.ΝἧneΝautreΝpossibilitὧ,ΝquiΝn’exἵlut cependant pas la première, est que l’ὧvanἹὧlisteΝaΝὧtὧΝinἸluenἵὧΝparΝleΝἵontexteΝpolὧmiqueΝἶeΝl’expression en Mt 24, 24 et Mc 13, 22 « βη ῖαΝεα λα α ». Les deux passages parlent des « faux messies » et « faux prophètes » qui feront des « signes et des prodiges ». La rareté de cette expression dans les Evangiles synoptiques et le contexte négatif dans lequel elle est utilisὧeΝauraientΝpuΝinἸluenἵerΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝetΝl’amenerΝὡΝutiliserΝἵetteΝexpressionΝἶansΝunΝsensΝ négatif. 154 ζ ΰ δΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Νπκλ κυ,Νὁ υἱ μΝ κυΝα . π υ θΝὁ θγλππκμΝ ͅ ζ ΰͅ ὃθΝ π θΝαὐ ͅ ὁ β κ μΝεα πκλ κ 151 39 où le lien contextuel entre ces occurrences est très étroit etΝ qu’ilΝ ὧἵlaireΝ leΝ sensΝ ἶeΝ ἵetteΝ expression, les quatre occurrences seront étudiées ensemble, y compris celle avec γ πλ́π. En Jn 6, 2 il est dit : εκζκ γ δΝ αὐ ͅ ́ξζκμΝπκζ μ,Ν ́ δΝ υ βη ῖαΝ πκ δΝ π ῶθΝ ̓ γ θκ θ πθ. Cette description du narrateur laisse à penser que les signes opérés jusqu’alorsΝ parΝ JὧsusΝ ontΝ euΝ unΝ impaἵtΝ positiἸ, puisque « une foule nombreuse » suit Jésus après les avoir « vus » (γ πλ́π). La suite du récit tend à nuancer cette affirmation positive. En Jn 6, 14, il est dit que ceux ayant vu (ὁλ́π est au participe aoriste) le « signe » de la multiplication des pains ont confessé, en Jésus, « le prophète venant dans le monde ». Le ἵontexteΝpermetΝἶ’ὧἵlairerΝle choix de ὁλ́π. En affirmant que Jésus est « le prophète venant dans le monde », la foule confesse en la personne de Jésus un prophète eschatologique semblable à Moïse155. Jn 6, 15156 et Jn 6, 26 tendent à montrer que cette confession de foi de la foule est erronée. En Jn 6, 15 il est dit que la foule veut faire de Jésus son « roi », ce qui l’amèneΝ ὡΝ seΝ retirerΝ ἶansΝ laΝ montaἹne. En Jn 6, 26, Jésus va même plus loin en affirmant : ̓η θΝ̓η θΝζ ΰπΝ̔ηῖθ,Ναβ ῖ η ΝκὐξΝ́ δΝ ἴ βη ῖα,Ν̓ζζ᾽ ́ δΝ φ ΰ Ν εΝ ῶθΝ λ πθΝεα ξκλ γβ .Νδ’annonἵeΝἸaiteΝparΝleΝnarrateurΝenΝJnΝἄ,ΝβΝestΝἵontreἶiteΝparΝJὧsusΝlui-même. La ἸouleΝn’a pas, en contemplant les signes (γ πλ́π), reconnu en Jésus, le Fils, l’envoyé du Père, mais elle a simplement « vu » (ὁλ́π) en lui, le « prophète », leur « roi » (Jn 6, 15). Autrement ἶit,Ν laΝ ἸouleΝ n’aΝ pasΝ vu,Ν ἶansΝ laΝ multipliἵationΝ ἶesΝ pains,Ν unΝ « signe » de l’êtreΝ vὧritableΝ ἶeΝ Jésus et de sa relation au Père. Ce renversement littéraire permet de constater que l’ὧvanἹὧlisteΝ utiliseΝ ὁλ́π dans un contexte négatif pour décrire une vision, où le véritable sens du « signe »Ν n’estΝ pasΝ perὦu.Ν ἢarΝ ἵonsὧquent,Ν ὁλ́π n’est pas utilisé pour exprimer les sèmes /implication du sujet/, /conséquence/, présents dans le verbe (γ πλ́π) dans ce passage, mais exprime avant tout le sème /concret/. La demande de la foule en Jn 6, 30 157 sembleΝ ἵonἸirmerΝ ἵetteΝ tenἶanἵeΝ ἶeΝ l’utilisation du champ sémantique. Certains parmi la foule demandent à Jésus quel « signe » il « fait » pour qu’euxΝ« voient » (ὁλ́π) et « croient », en donnant pour exemple la manne donnée à « [leurs] pères »Ν parΝ εoïse.Ν ἑetteΝ ἶemanἶeΝ aΝ pourΝ butΝ ἶeΝ lὧἹitimerΝ l’autorité de Jésus 158. La foule demande un « signe », une preuve claire et tangible à Jésus. Sa réponse (Jn 6, 32-36) montre encore une fois la méprise de la foule : il est lui-même la manne (v. 33 et v. 35). δ’emploiΝ ἶeΝ ὁλ́π au futur est spécifique ; il a déjà été évoqué lors de l’étude de Jn 16, 16-19 dans la partie précédente. Mais, dans la mesure où la spécificité de cet emploi est amplement liée au contexte dans lequel il intervient, les différentes occurrences de ́οκηαδ seront uniquement étudiées lors du prochain chapitre portant sur la péricope de Jn 1, 1-51. δ’emploiΝἶeΝ ὁλ́π au parfait est un emploi spécialisé : le sens de la forme ̔πλαεα n’évolue pasΝ enΝ ἸonἵtionΝ ἶuΝ ἵontexte,Ν auΝ ἵontraire,Ν ilΝ inἸluenἵeΝ leΝ sensΝ ἶuΝ ἵontexte.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵetΝ emploiΝ n’auraΝ pasΝpourΝ butΝ ἶ’entrerΝ ἶansΝ lesΝ ἶὧtailsΝ surΝ leΝ ἵontexteΝ ἶansΝ lequelΝ ̔πλαεα est Zumstein affirme μΝ «Ν δeΝ sensΝ ἶuΝ titreΝ “prophète”Ν (ὁ πλκφ́ βμ) est controversé : si les uns voient ici une allusionΝ ὡΝ εoïseΝ (DtΝ 1κ,Ν 1ἃ.1κΝ annonἵeΝ laΝ venueΝ ἶ’unΝ prophèteΝ esἵhatoloἹiqueΝ semblableΝ ὡΝ εoïse),Ν ἶ’autresΝ contestent toute connotation mosaïque. Aussi bien le v. 3 que le jeu intertextuel avec le motif de la manne dans l’entretienΝ(vvΝβἄ-ἃλ)ΝplaiἶentΝpourΝlaΝprὧsenἵeΝἶ’unΝ“ἵoloris”Νmosaïque » (ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 213.). 156 Jn 6, 15 : β κ μΝκ θΝΰθκ μΝ́ δΝη ζζκυ δθΝ λξ γαδΝεα λπ α δθΝαὐ θΝ θαΝπκδ π δθΝία δζ α,Ν̓θ ξώλβ θΝ π ζδθΝ ̓μΝ ́λκμΝαὐ μΝη θκμ. 157 Jn 6, 30 μΝ πκθΝκ θΝαὐ ͅ·Ν κ θΝπκδ ῖμΝ βη ῖκθ,Ν θαΝ́ πη θΝεα πδ πη θΝ κδΝνΝ λΰ ᾳ ; 158 Sur la signification de cette demande, cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 223. 155 40 utilisé et de savoir quelle est sa signification théologique – puisque cette étude sera menée au ἵhapitreΝsuivantΝenΝlienΝaveἵΝl’analyseΝἶeΝJnΝ1,Ν1κ 159 –,ΝmaisΝs’attarἶeraΝsur les sèmes présents dans la forme ̔πλαεα, ainsi que sur les deux types de parfait que cette forme exprime. χΝ l’exἵeptionΝ ἶeΝ γ́αηαδ en Jn 1, 32, π ̔ λαεα est la seule forme utilisée par l’évangéliste pour exprimer la vision au parfait. Comme cela été constaté en grec koinè, ὁλ́π est préféré pour exprimer le parfait160,Ν ἵeΝquiΝ ἵorresponἶΝὡΝl’usaἹeΝ ἶeΝ l’ὧvanἹὧliste.ΝἙlΝ neΝ nousΝ apparaîtΝ ἵepenἶantΝ pasΝ queΝ leΝ ἵhoixΝ majoritaireΝ ἶeΝ l’emploiΝ ἶeΝ ώλαεα par l’auteur du quatrième ἓvanἹileΝs’expliqueΝuniquement par les usages du grec koinè νΝl’emploiΝἶeΝ ̔πλαεα ne semble pas dépendre seulementΝἶ’uneΝprὧἸὧrenἵeΝἶialeἵtale, maisΝs’expliquerΝaussiΝparΝleΝsensΝprὧἵisΝ etΝspὧἵialisὧΝqueΝluiΝἵonἸèreΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹile.ΝΝἑeΝsensΝspὧἵialisὧΝestΝliὧΝau COD deΝlaΝvisionΝauΝparἸaitΝὡΝl’intὧrieurΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean.ΝἓnΝeἸἸet,Ν ̔πλαεα est utilisé pour exprimerΝ laΝ visionΝ plὧnièreΝ ἶuΝ ἔils,Ν ἵ’est-à-dire pour exprimer la reconnaissance de Jésus comme Fils de Dieu et comme Logos incarné 161. Deux occurrences sur vingt-quatre ne semblent pas être liées à ce thème : Jn 4, 45 et Jn 8, 57. Mais la forme ̔πλαεα en Jn 8, 57 est liée à ce thème par le contexte, au sein du dialogue entre Jésus et les Juifs 162 , et la présence de ̔πλαεα en Jn 4, 45 semble être due à la forme participiale non substantivée dans une narration (cas unique). Jn 4, 45 163 est un verset résumant la situation de Jésus en Galilée : Jésus alla en Galilée où il fut bien reçu par les Galiléens qui avaient vu ce que Jésus avait fait à Jérusalem pendant la fête (la Pâque, cf. Jn 2, 23-25). Tous les verbes sont au passé : les verbes principaux ( ζγ θ,Ν ιαθ κ,Ν πκ β θ,Ν ζγκθ)ΝsontΝὡΝl’aoristeΝetΝleΝseulΝpartiἵipeΝ( πλαε μ) est au parfait. Ce participe est lié à des verbes : « ιαθ κ » et « πκ β θΝ ».Ν JὧsusΝ estΝ bienΝ aἵἵueilliΝ parΝ lesΝ ἕalilὧens,Ν ἵarΝ ilsΝ ontΝ « vu »Ν toutesΝ lesΝ ἵhosesΝ qu’ilΝ « avait faites »Ν ὡΝ Jὧrusalem.Ν δeΝ ἵhoixΝ ἶuΝ parἸaitΝ s’expliqueΝ ἹrammatiἵalementΝparΝlaΝvolontὧΝἶeΝl’auteurΝἶ’exprimerΝuneΝsimultanὧitὧ 164 temporelle entre l’aἵtionΝ exprimὧeΝ parΝ leΝ partiἵipeΝ etΝ ἵelleΝ exprimὧeΝ parΝ leΝ verbeΝ prinἵipal,Ν maisΝ ὧἹalementΝ pour exprimer « l’aspeἵtΝ imperἸeἵtiἸ »165. Le choix du verbe ὁλ́π au parfait à cet endroit semble être un choix par défaut, puisque les participes parfaits de γ πλ́π et de γ ́κηαδ ne semblent plus être usités en grec koinè, ou, à tout le moins, en grec biblique166. εisΝὡΝpartΝἵetteΝoἵἵurrenἵe,Νl’emploiΝἶeΝ ̔πλαεα permet d’exprimer la vision plénière du Fils, cette re-ἵonnaissanἵe.Ν Ν δeΝ ἵaraἵtèreΝ systὧmatiqueΝ ἶeΝ l’emploiΝ ἶuΝ parἸaitΝ ἶeΝ ὁλ́π devant un COD évoquant le « Fils » (indépendament du contexte, du locuteur, etc.) semble aller à l’enἵontreΝ ἶesΝ autresΝ emplois de ὁλ́π, où le verbe a été utilisé pour sa signification plus générique et neutre que γ πλ́π et γ ́κηαδ ou ίζ́ππ. Il semble que π ̔ λαεα fonctionne, dans Cf. Chapitre II, Β, ί. Cf. Chapitre I, B, I, a. 161 Cf. Chapitre II, B, b. 162 Cf. Chapitre II, Β,Νb, iv. 163 ́ Ν κ θΝ ζγ θΝ ̓μΝ θΝ Γαζδζα αθ,Ν ιαθ κΝ αὐ θΝ κἱ ΓαζδζαῖκδΝ π θ αΝ πλαε μΝ ́ αΝ πκ β θΝ θΝ λκ κζ ηκδμΝ θΝ κλ ,Νεα αὐ κ ΰ λΝ ζγκθΝ ̓μΝ θΝ κλ θ. 164 CAMPBELL C. R., Verbal Aspect and Non-Indicative Verbs. Further Soudings in the Greek of New Testament, New-York, Peter Lang (Studies in Biblical Greek 15), 2008, p. 26-27. 165 CAMPBELL C. R., Verbal Aspect and Non-Indicative Verbs, p. 27. 166 Le participe parfait de γ ́κηαδ n’est présent qu’une seule fois dans la Septante, en 2Mac3, 36. Aucune attestation de γ πλ́π au parfait, même à l’indicatif, n’a été trouvée, y compris dans les inscriptions ou les papyri (cf. http://inscriptions.packhum.org/allregions ; http://papyri.info/search [consulté le 09/06/2017]). 159 160 41 l’iἶioleἵteΝ ἶeΝ l’auteur167, comme étant un terme technique, un verbe à part entière, et non seulement comme la forme de ὁλ́π au parfait. De la même manière que la forme κ α, qui ὧtaitΝὡΝl’oriἹineΝ laΝἸormeΝ ἶeΝparἸaitΝἵorresponἶantΝὡΝ κθ (aoriste de ὁλ́π), est devenue un verbe à part signifiant « savoir », ̔πλαεα semble avoir des spécificités sémantiques que ὁλ́π n’aΝpasΝὡΝl’aoriste.ΝCet emploi de la forme ̔πλαεα peut être rapproché de l’emploi du parfait du verbe en grec classique, où la forme ́πππα est utilisée pour signifier « observer quelque chose »,Ν ἵ’est-à-dire « voir avec attention » 168 . ̔πλαεα est utilisé dans l’Evangile pour exprimerΝ l’iἶὧeΝ ἶ’uneΝ ἵertaineΝ ἵonnaissanἵeΝ ἶὧpenἶantΝ ἶ’uneΝ aἵtionΝ physiqueΝ ἶeΝ voir.Ν δ’aἵἵentΝpeutΝêtreΝἶiἸἸὧremmentΝmisΝsurΝl’aἵtionΝἶeΝἶὧpartΝ(laΝvision)ΝouΝsurΝsaΝἵonsὧquenἵeΝ (« je sais »). Ces deux accents différents reflètent deux usages du parfait : le premier est le parfait intensif, le second le parfait extensif 169. Le parfait intensif, plus généralement appelé le parἸaitΝ rὧsultatiἸ,Ν insisteΝ surΝ leΝ rὧsultatΝ ouΝ l’ὧtatΝ prὧsentΝ rὧsultantΝ ἶeΝ l’aἵtionΝ passée, il a été schématisé comme suit par Wallace170 : Le parfait extensif, aussi appelé « consummative perfect » (parfait absolu), insiste sur « le caractère complet ἶ’uneΝaἵtionΝouΝἶ’unΝproἵὧἶὧΝpassὧsΝἶuquelΝunΝὧtatΝprὧsentΝὧmerἹe », et par conséquent surΝ l’aἵtionΝ passὧeΝ ἶavantaἹeΝ queΝ surΝ leΝ rὧsultatΝ prὧsentΝ ἶeΝ ἵetteΝ aἵtion.Ν ἙlΝ aΝ ὧtὧΝ schématisé comme suit par Wallace171 : δeΝ ἵhoix,ΝparΝl’auteur,Ν ἶeΝ mettreΝ l’aἵἵentΝsurΝ l’aἵtionΝpassὧeΝ ouΝ leΝrὧsultatΝprὧsentΝpeutΝêtreΝ déterminé grâce aux différents contextes et grâce aux différents lexèmes ou expressions associés. La proposition en Jn 1, 34 « ἐΰ̀ ώλαεαΝεα η ηαλ λβεαΝ́ δΝκ μΝ δθΝὁ υἱ μΝ κ γ κ », prononcée par Jean le Baptiste, est considéré par Wallace comme un parfait extensiἸ.Νδ’insistanἵeΝἶeΝl’aἸἸirmationΝseΝἸaitΝsurΝl’aἵtionΝpassὧeΝ« ἐΰ̀ ώλαεα » qui amène une conséquence directe, explicitée par le locuteur « εα η ηαλ λβεα ».Ν ἥiΝ l’onΝ voulaitΝ renἶreΝ ἵetΝ aspeἵtΝ ἶuΝ parἸaitΝ ἶansΝ l’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JeanΝ leΝ ἐaptiste,Ν ilΝ seraitΝ possibleΝ ἶeΝ paraphraser comme suit : « ἢarἵeΝqueΝj’aiΝvu,Νj’aiΝtὧmoiἹnὧΝqueΝἵelui-ci est le Fils de Dieu ». Le lien entre « voir » et « témoigner » exprimé avec ̔πλαεα et qui insiste sur l’action passée de la vision (présente en Jn 1, 34) peut être élargi aux autres versets liant ̔πλαεα et ηαλ ́λ π172. La même relation est faite avec le verbe « πδ ́π », comme la proposition en Jn 20, 29 le montre : « ́ δ ώλαε μ η π π υεαμ ν ηαε λδκδ κἱ η ̓ θ μ εα ἠousΝ n’avonsΝ pasΝ trouvὧΝ ἶ’ὧlὧmentsΝ inἶiquantΝ qu’ilΝ s’aἹisseΝ ἶ’unΝ emploiΝ typiqueΝ ἶuΝ ἹreἵΝ koinè ou du grec anatolien.Νδ’emploiΝἶuΝparἸaitΝenΝJnΝἂ,ΝἂἃΝsuἹἹèreΝauΝἵontraireΝqueΝἵetΝemploiΝspὧἵialisὧΝestΝtypiqueΝἶeΝl’auteurΝ puisque lui-mêmeΝs’enΝὧloiἹneΝpourΝutiliserΝlaΝἸormeΝ ώλαεα de manière classique. 168 Cf. Chapitre I, A, a. 169 Cf. WALLACE D. B., Greek Grammar., p. 574-577. 170 WALLACE D. B., Greek Grammar, p. 556. 171 WALLACE D. B., Greek Grammar, p. 577. Trad. E. Fritsch. 172 Jn 3, 11 ; Jn 3, 32 ; Jn 19, 35. 167 42 πδ αθ μ ». Dans cette affirmation Jésus établit le lien de cause/conséquence entre le voir et le croire : « parἵeΝ queΝ tuΝ m’asΝ vuΝ [tuΝ m’asΝ vuΝ ressusἵitὧ], alors tu crois ? » ; ici aussi l’aἵἵentΝestΝmisΝsurΝlaΝvisionΝpassὧe.Ν δ’insistanἵeΝ peutΝ ὧἹalementΝ êtreΝ ἸaiteΝ surΝ laΝ ἵonsὧquenἵeΝ prὧsenteΝ ἶeΝ l’aἵtionΝ passὧe.Ν ἑetteΝ insistanἵeΝestΝprὧsenteΝenΝJnΝ1,Ν1κΝἶansΝl’annonἵeΝ« Θ θ κὐ μ ώλαε θ πώπκ · ηκθκΰ θ μ γ μ ὁ θ ̓μ θ ε ζπκθ κ πα λ μ ε ῖθκμ ιβΰ α κ ». Ici, le résultat présent, le Fils a permisΝὡΝDieuΝἶ’êtreΝvisible,ΝestΝmisΝenΝexerἹue.Ν δ’aἵἵentΝn’est,ΝparΝἵonsὧquent,ΝpasΝmisΝsurΝ l’aἵtionΝpassὧeΝ(seulΝleΝἔilsΝaΝvuΝDieu),ΝmaisΝsurΝlaΝἵonsὧquenἵeΝἶe cette action passée : parce que le Fils a vu le Père, il a pu le faire voir. ἑetteΝinsistanἵeΝsurΝl’ὧtatΝprὧsentΝseΝtrouveΝὧἹalementΝἶansΝlesΝaἸἸirmationsΝἶesΝἶisἵiplesΝlorsΝ ἶesΝὧpisoἶesΝἶ’apparitionsΝἶuΝἤessusἵitὧ.ΝδorsqueΝεarieΝἶeΝεaἹἶalaΝaἸἸirme : « ώλαεαΝ θΝ ε λδκθ » (Jn 20, 18) ou lorsque les disciples annoncent à Thomas : « πλ εαη θ θ ε λδκθ » (JnΝβ0,Νβἃ),Νl’insistanἵeΝn’estΝpasΝἸaiteΝsurΝl’aἵtionΝpassὧeΝ« j’aiΝvu », « nous avons vu », mais sur la conséquence de cette vision : appeler Jésus « έλδκμ », reconnaître pleinement sa relationΝ auΝ ἢère.Ν ἢourΝ renἶreΝ l’insistanἵe,Ν ilΝ estΝ possibleΝ ἶeΝ paraphraserΝ ἵesΝ propositionsΝ comme suit : « jeΝsuisΝὡΝmêmeΝἶ’appelerΝJὧsusΝ“ἥeiἹneur”ΝἵarΝ“j’aiΝvu”ΝleΝἤessusἵitὧ ». La forme ώλαεα,Ν telleΝ qu’elleΝ estΝ utilisὧeΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν exprimeΝ uneΝ visionΝ particulière à plusieurs niveaux : le sujet est spécifique (les disciples, la communauté), le COD l’estΝ ὧἹalementΝ (Dieu,Ν leΝ ἢère,Ν leΝ ἔils),Ν ainsiΝ queΝ l’aspeἵtΝ temporelΝ (insistanἵeΝ surΝ l’aἵtionΝ passsée ou sur la conséquence présente). Les spécificités sémantiques présentes dans la forme ώλαεαΝneΝἵorresponἶentΝpasΝὡΝἵelleΝἶuΝverbeΝ ὁλ́π à l’aoriste. ̔πλαεα exprime une vision contenant les sèmes /compréhension plénière/, /reconnaissance/, /conséquence/, (/implication du sujet/)173, /objectivité/. Enfin, ὁλ́π est aussi utilisé par l’évangéliste dans la construction où le verbe est suivi de la conjonction ́ δ. Cette construction est présente deux fois dans l’Evangile (Jn 6, 22 ; Jn 7, 52) avec le verbe ὁλ́π. En Jn 6, 22174, la foule « voit »Νqu’ilΝn’yΝavaitΝqu’uneΝseuleΝbarque.ΝδeΝ verbe ὁλ́π est utilisé dans un sens abstrait pour exprimer une vision non concrète, mais ἵoἹnitive,Ν queΝ l’onΝ pourraitΝ retransἵrireΝ parΝ « voirΝ parΝ l’intelliἹenἵe »,Ν ἵ’est-à-dire, comprendre, constater. En Jn 7, 52 175 , la même construction est utilisée avec ὁλ́π à l’impὧratiἸ.Ν δesΝ ἢharisiensΝ ἶisentΝ ὡΝ ἠiἵoἶèmeΝ ἶeΝ « voir » que de Galilée ne sort pas de prophète.ΝδὡΝaussi,ΝlaΝvisionΝἶontΝilΝestΝquestionΝn’estΝpasΝἵonἵrète,ΝmaisΝexprimeΝlaΝἵapaἵitὧΝ de constater, de comprendre. Il est intéressant de noter que le verbe ὁλ́π est utilisé dans un contexte non spécifique, dans un sens plus générique que γ ώλ π176 avec cette construction. δ’analyseΝsὧmiqueΝἶuΝverbeΝὁλ́π a permis de relever plusieurs éléments spécifiques dans son utilisationΝ parΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹile.Ν δ’utilisationΝ ἶeΝ ὁλ́π, au niveau temporel, correspond aux tendances déjà présentes dans le grec koinè. ὁλ́π est principalement utilisé à l’aoriste,ΝauΝparἸaitΝetΝauΝἸutur.ΝἢourΝautant,Ν ἵetteΝ ἶistinἵtionΝtemporelleΝ neΝsupprimeΝpasΝlesΝ 173 Ce sème dépend du locuteur, il est présent uniquement quand le locuteur est sujet de la vision. Σ πα λδκθ ὁ ́ξζκμ ὁ βὲμ π λαθ μ γαζ βμ κθ ́ δ πζκδ λδκθ ζζκ κὐε θ ε ῖ ̓ η θ εα ́ δ κὐ υθ δ ζγ θ κῖμ ηαγβ αῖμ αὐ κ ὁ β κ μ ̓μ πζκῖκθ ̓ζζ η θκδ κἱ ηαγβ α αὐ κ ̓π ζγκθ· 175 ̓π ελ γβ αθ εα παθ αὐ ͅ· η εα ε μ Γαζδζα αμ ν λα θβ κθ εα ́ ́ δ ε μ Γαζδζα αμ πλκφ βμ κὐε ΰ λ αδ. 176 Cf. Chapitre I, B, II, b. 174 43 distinctions sémantiques entre ὁλ́π et les autres verbes et semble même en créer (avec la forme π ̔ λαεα). Alors que ὁλ́π à l’aoriste est utilisé comme le verbe générique de vision, qu’il est préféré à ἶ’autresΝverbesΝpourΝsaΝneutralitὧΝ(nonΝinsistanἵeΝsurΝl’aspect physique, non insistance sur la ἵonsὧquenἵeΝ ouΝ l’impliἵationΝ ἶuΝ sujetΝ parΝ exemple),Ν laΝ ἸormeΝ ̔πλαεα est un emploi spécialisé qui comporte des sèmes spécifiques. Seul le sème /objectif/ semble se maintenir dans tous les sens et formes du verbe. III. Synthèse μΝleΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,Ν essai lexicographique a. Conclusion générale δaΝἶὧterminationΝἶesΝsensΝἶesΝverbesΝaΝὧtὧΝἵomplexe,ΝetΝἵertainsΝemploisΝn’ontΝpasΝpuΝ êtreΝ analysὧsΝ iἵi,Ν puisqu’ilsΝ ἶὧpenἶentΝ tropΝ ὧtroitementΝ ἶuΝ ἵontexte dans lequel ils sont utilisés. Cette étude a permis de spécifier les différents sèmes de chaque verbe et de voir dans quelsΝ ἵontextesΝ ἵesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ sèmesΝ sontΝ aἵtivὧs,Ν ainsiΝ queΝ ἶeΝ ἶὧἸinirΝ l’arἵhisὧmèmeΝ ἶeΝ ἵeΝ champ sémantique : le sème /concret/. Il a également été possible de faire ressortir plusieurs ὧlὧmentsΝtouἵhantΝauxΝἶiἸἸὧrentsΝsensΝἶeΝἵhaqueΝverbe,ΝmaisΝaussiΝὡΝl’artiἵulationΝἶesΝverbesΝ les uns par rapport aux autres, ainsiΝqu’ὡΝἵertainsΝemploisΝspὧἵialisὧs.  Enfin, cette étude a permis de montrer que les sens des verbes se jouaient à plusieurs niveaux :  δeΝsensΝἶ’unΝverbeΝpeutΝêtreΝἸiἹὧ,ΝilΝs’aἹitΝalorsΝἶ’unΝemploiΝspὧἵialisὧΝquiΝinἸluenἵeΝleΝ contexte où il se trouve (ex : πλαεα).  Le sens d’un verbe peut être spécifique. Il n’est alors pas figé mais ne dépend que faiblement du contexte où il est utilisé (ex : γ πλ π).  Le sens d’un verbe peut être déterminé par le contexte littéraire proche (ex : κ̔λαπ+[signes]).  Le sens d’un verbe peut être déterminé par le contexte général de l’œuvreΝ et/ouΝ laΝ temporalité (ex : la forme κοκηαδ).Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ enΝ ἵontexte, effectuée dans la seconde partie de cette étude, permettraΝ ἶeΝ ἵomprenἶreΝ ἵommentΝ s’artiἵulentΝ ἵesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ niveauxΝ ὡΝ traversΝ l’emploiΝ ἶeΝ ἶiἸἸὧrentsΝ verbesΝ ἶeΝ vision,Ν etΝ ἵommentΝ ilsΝ ἵrὧentΝ unΝ eἸἸetΝ littὧraireΝ ἶ’omniprὧsenἵeΝ ἶeΝ laΝ vision. Cette étude en contexte permettra de comprendre comment est utilisé littérairement le champ sémantique de la vision etΝqu’elleΝestΝsaΝsiἹniἸiἵationΝthὧoloἹique. 44 b. Synthèse des éléments sémantiques dégagés au cours de l’ὧtuἶeΝlinἹuistique i. Tableau des différents sèmes Sèmes ὁλ́π πλαεα ίζ ππ γ πλ π γ ́κηαδ Concret + + + + + Objectif + (+) (+) - - Subjectif - (+) - + + Insistance sur concret - - + - - Connaissance - + - + + Reconnaissance plénière - + - (-) (-) Insistance sur la conséquence - + - + + Intensité - - (+) + + ii. Schéma des liens synonymiques entre les différents verbes de vision 45 c. Articles lexicographiques sur des différents verbes du champ sémantique de laΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean i. ίζ ππ Verbe qui peut être traduit de manière générique par « regarder ». ίζ ππ insiste sur l’aspect physiqueΝἶuΝvoirΝetΝpeutΝexprimerΝuneΝaἵtionΝἶeΝvisionΝinsistantΝsurΝl’intentionalitὧΝἶuΝsujet.Ν I. Capacité physique de voir, en opposition à un individu qui se trouve dans l’inἵapaἵitὧΝἶeΝ voir,Ν ἵ’est-à-dire étant aveugle (emploi spécialisé). Le passage de ἵetΝ ὧtatΝ ὡΝ l’autreΝ estΝ ἹὧnὧralementΝ exprimὧΝ aveἵΝ leΝ verbeΝ ἵomposὧΝ ̓θαίζ́ππ ; il peutΝ êtreΝ renἶuΝ parΝ l’expressionΝ « recouvrer la vue ». Cf. Jn 9, 11 ; Jn 9, 15 ; Jn 9, 18.19. La forme verbe ίζ ππΝ peut également être utilisée pour parler de la capacité physique de voir en général et reçoit alors un sens plus large que lorsque la forme ̓θαίζ́ππ est utilisée pour insister sur le changement d’état. Cf. Jn 9, 7 ; Jn 9, 21 ; Jn 9, 25 ; Jn 9, 39 ; Jn 9, 41. II. Voir, sans insistance particulière sur la réalité active de la vision, mais avec un aspect physique. Cf. Jn 1, 29. a. « voir la lumière »,ΝavoirΝlaΝἵapaἵitὧΝphysiqueΝἶeΝvoirΝlaΝlumière,Νl’expressionΝ recélant également un sens abstrait « voir le Fils ». Cf. Jn 11, 9. Expression qui signifie peut-être également « vivre ». b. ἑonstaterΝuneΝsituationΝparΝl’aἵtionΝἶeΝvisionΝἶ’unΝobjet,ΝuniquementΝἶansΝunΝ contexte lié à la Résurrection. Cf. Jn 20, 1 ; Jn 20, 5. c. Voir, dans un sens générique correspondant au sens et aux emplois de ὁλ́π, emploiΝtypiqueΝἶeΝlaΝἶeuxièmeΝἸinaleΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝrelevantΝἶ’uneΝ utilisation différente du champ sémantique. Cf. Jn 21, 9 ; Jn 21, 20. III. Voir de manière intense, avec une insistance sur la participation active du sujet à l’aἵtionΝἶeΝvision, regarder, observer, constater. a. Regarder activement et intensément un individu. Cf. Jn 13, 22. b. Observer, sens le plus souvent exprimé avec le verbe composé ηίζ́ππ, permettantΝ uneΝ insistanἵeΝ surΝ l’impliἵationΝ ἶuΝ sujet.Ν Cf. Jn 1, 36 ; Jn 1, 42 ; Jn 5, 19. ii. γ πλ π et γ ́κηαδ Les verbes γ ώλ π et γ ́κηαδ peuvent généralement être traduits par « contempler ». Dans la majorité des cas, ces verbes sont utilisés pour décrire un voir amenant le sujet à ἵomprenἶreΝ uneΝ rὧalitὧΝ ἸonἶamentaleΝ ὡΝ proposΝ ἶ’uneΝ personne qui est contemplée. Ils permettent,Ν parΝ ἵonsὧquent,Ν ἶ’exprimerΝ uneΝ ἸorteΝ impliἵationΝ ἶuΝ sujetΝ etΝ ἶ’insisterΝ surΝ laΝ ἵonsὧquenἵeΝἶeΝlaΝvisionΝouΝsurΝl’aspeἵtΝaἵtiἸΝetΝintensiἸΝἶeΝlaΝvision. I. Contempler, sens propre. Jn 20, 14. a. ἑontemplerΝ quelqu’unΝ ἶeΝ telle sorte que cela mène à percevoir quelque chose de fondamental dans son identité ou à le reconnaître. Cf. Jn 1, 38 ; Jn 6, 19 ; Jn 9, 8. b. Contempler un objet ou une situation amenant à découvrir une réalité qui la dépasse. Cf. Jn 20, 6 ; Jn 20, 12 (contexte de la Résurrection). 46 ii. Dans une métaphore. Cf. Jn 4, 35 ; Jn 10, 12. c. « Ne pas contempler la mort »Ν (expression),Ν ἵ’est-à-dire ne pas mourir. Cas attesté uniquement en Jn 8, 51. II. ἑontempler,Ν sensΝ propreΝ etΝ ἸiἹurὧΝ (emploiΝ spὧἵialisὧ).Ν ἑontemplerΝ Dieu,Ν ἵ’est-àdire le connaître, le reconnaître (fait ou invitation). a. Contempler le Fils. Cf. Jn 6, 40 ; Jn 6, 62 ; Jn 14, 19 ; Jn 16, 10 ; Jn 16, 16 ; Jn 16, 17 ; Jn 16, 19. i. Grâce aux signes (appelés « œuvres » en Jn 7, 3). Cf. Jn 2, 23 ; Jn 6, 2 ; Jn 7, 3 ; Jn 11, 45. ii. Grâce à la gloire, manifestée par les signes. Cf. Jn 1, 14 ; Jn 17, 24. b. Contempler le Fils, et par conséquent, le Père. Cf. Jn 12, 45. c. ἑontemplerΝ l’ἓspritΝ ἥaint.Ν Cf. Jn 1, 32 (à comprendre comme un signe) ; Jn 14, 17. III. Contempler, sens abstrait, cognitif. Uniquement lorsque le verbe est suivi de ́ δ. Cf. Jn 4, 19 ; Jn 6, 5 ; Jn 12, 19. iii. ὁλ́π ἨerbeΝ ἹὧnὧriqueΝ permettantΝ ἶ’exprimerΝ l’aἵtionΝ ἶeΝ voir,Ν quiΝ peutΝ êtreΝ utilisὧΝ ἶansΝ unΝ sensΝ propre et/ou figuré. I. Avoir la capacité physique de voir. Cas unique en Jn 12, 40, citation de la Septante. II. Voir, au sens propre a. ἨoirΝ quelqu’un.Ν Cf. Jn 1, 48 ; Jn 1, 50 ; Jn 5, 6 ; Jn 9, 1 ; Jn 11, 32 ; Jn 12, 9 ; Jn 12, 21 ; Jn 18, 26 ; Jn 19, 6 ; Jn 19, 26 ; Jn 21, 21. i. « voici », avec ́ , exprimant à la fois un sens propre et abstrait, jouant sur la forme adverbiale et la racine verbale de la conjonction. Cf. Jn 1, 29 ; Jn 1, 36 ; Jn 1, 47 ; Jn 11, 3 ; Jn 12, 19 ; Jn 19, 4 ; Jn 19, 14 ; Jn, 26 ; Jn 19, 27 ; ii. voirΝl’aἵtionΝἶeΝquelqu’unΝCf. Jn 4, 45 ; Jn 6, 24 ; Jn 11, 31 ; Jn 11, 33. iii. voirΝ quelqu’unΝ venirΝ versΝ quelqu’un,Ν ἵonstruitΝ aveἵΝ laΝ prὧpositionΝ πλ́μ. Cf. Jn 1, 33 ; Jn 1, 47. b. Voir quelque chose Cf. Jn 20, 25 ; Jn 20, 27. c. Constater une situation par la vision. Cf. Jn 19, 33. d. Voir (emploi intransitif). Cf. Jn 1, 39 ; Jn 1, 46 ; Jn 11, 34 ; Jn 20, 29. e. Voir les signes i. ἠ’impliquantΝpasΝuneΝἵomprὧhension juste ou totale du signe vu, contrairement à la vision du signe qui est exprimée avec le verbe γ ώλ π. Cf. Jn 4, 48 ; Jn 6, 14 ; Jn 6, 26 ; Jn 6, 30. ii. Lorsque ὁλ́π est conjugué au futur, l’acte de vision des signes a cependant une connotation positive. Cf. Jn 1, 50 ; Jn 1, 51. III. Voir, avec un sens concret et figuré 47 a. Voir, sens à la fois propre et figuré, avec une insistance sur la réalité physique de ce qui est vu, mais au sens où elle renvoie à une autre réalité qui la dépasse, lié au contexte de la Résurrection. Cf. Jn 20, 8 ; Jn 20, 20. i. ἨoirΝlaΝἹloire,ΝlorsqueΝleΝverbeΝestΝauΝἸutur,ΝaveἵΝuneΝinsistanἵeΝsurΝl’ὧvὧnementΝἶeΝlaΝ Résurrection. Cf. Jn 11, 40 ; Jn 12, 41. ii. Voir le Royaume de Dieu. Cas unique en Jn 3, 3. b. Voir, avec un sens abstrait, dans une expression. i. voirΝlaΝvie,Νἵ’est-à-dire vivre. Cf. Jn 3, 36. ii. voirΝleΝjourΝἶuΝἔils,Νἵ’est-à-dire voir le Fils, sa venue. Cf. Jn 8, 56. ἵ.ΝΝχnnonἵeΝἶeΝlaΝvisionΝἸutureΝetΝplὧnièreΝἶuΝἔilsΝὡΝpartirΝἶeΝl’ὧvὧnementΝἶeΝlaΝἤὧsurreἵtion, uniquement au futur (emploi spécialisé). Cf. Jn 16, 16 ; Jn 16, 17 ; Jn 16, 19 ; Jn 19, 37. d. action, par Jésus, de voir les disciples, dans un temps futur, expression annonçant la rὧsurreἵtionΝetΝinsistantΝsurΝl’aἵteΝpremierΝἶuΝἔils.ΝἑasΝuniqueΝenΝJnΝ16, 22. IV. ἨoirΝ leΝ ἔils,Ν ἵ’est-à-dire le connaître pleinement, reconnaître sa filiation avec le Père, ou voir le Père. Uniquement au parfait (emploi spécialisé). a. La vision plénière du Fils est liée à la vision du Ressuscité. Cf. Jn 20, 18 ; Jn, 20, 25 ; Jn 20, 29. b. Lorsque Jésus est locuteur, la parole peut être polémique (Jn 5, 37 ; Jn 6, 36 ; Jn 15, 24) ou être un appel à la reconnaissance de la filiation, jouant sur la réalité objective et subjective de la vision de Jésus comme Fils. Cette vision peut inclure celle du Père. Cf. Jn 8, 57 ; Jn 14, 7 ; Jn 14, 9. c. ἨoirΝl’ὧvὧnementΝἶeΝlaΝvenueΝἶuΝἔilsΝetΝleΝreἵonnaîtreΝpleinement,ΝenΝenΝtὧmoiἹnant.Ν Cf. Jn 1, 34 ; Jn 3, 11 ; Jn 3, 32 ; Jn 19, 35. d. ἨoirΝDieu,ΝvoirΝleΝἢèreΝouΝl’aἹirΝἶuΝἢère,ΝaveἵΝuneΝinsistanἵeΝsurΝla relation entre le Père et le Fils. Cf. Jn 1, 18 ; Jn 6, 46 ; Jn 8, 38. V. Voir avec un sens abstrait, cognitif. Uniquement lorsque le verbe est suivi de ́ δ. Cf. Jn 6, 22 ; Jn 7, 52. 48 CHAPITRE II : LE CHAMP SÉMANTIQUE DE LA VISION EN JN 1, 1-51 A. Brève analyse littéraire de Jn 1, 1-51 I. Introduction DieuΝestΝvenuΝἶansΝleΝmonἶe.ΝἙlΝaΝἶemeurὧΝauprèsΝἶesΝhommes.ΝἙlΝs’estΝlaissὧΝἶὧἵouvrirΝ par eux. Voilà résuméeΝ l’annonἵeΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ prὧsenteΝ ἶansΝ leΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἵomposὧΝἶuΝproloἹue,Νἶ’uneΝreleἵtureΝjohanniqueΝἶuΝtὧmoiἹnaἹeΝἶeΝJeanΝleΝἐaptiste 177 et de l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ voἵationΝ ἶesΝ premiersΝ ἶisἵiples.Ν ἢarΝ ἵetteΝ annonἵe,Ν leΝ premierΝ ἵhapitreΝ peutΝ être défini comme programmatique ; il contient, en condensé, différents thèmes fondamentaux de la théologie johannique, donnant des clefs herméneutiques pour la compréhension de l’ἓvanἹile178. Le « voir » est un des thèmes introduit dans ce chapitre qui sera développé proἹressivementΝἶansΝl’ἓvanἹile.ΝδeΝpremierΝἵhapitreΝrelateΝleΝἶὧbutΝἶuΝministèreΝἶeΝJὧsusΝetΝ sa rencontre avec deux figures importantes (Jean le Baptiste et les premiers disciples) ; le champ sémantique de la vision est utilisé avec des sens variés, pour décrire les actions et les relationsΝ ἶeΝJὧsusΝaveἵΝ ἵesΝautresΝpersonnaἹesΝ notamment,Ν ἵeΝquiΝreἸlèteΝ l’usaἹeΝ ἹὧnὧralΝ ἶuΝ ἵhampΝsὧmantiqueΝἶansΝl’ἓvanἹile. De plus, le champ sémantique de la vision est utilisé tout au long de ce chapitre. Trois des cinq verbesΝ utilisὧsΝparΝl’auteurΝ ἶuΝquatrièmeΝ ἓvanἹile : ὁλ́π, γ ́κηαδ et ίζ́ππ (ainsi que l’unΝ ἶeΝ sesΝ ἵomposὧsΝ ηίζ́ππ) sont présents. La mise en page effectuée 179 permet de ἵonstaterΝ l’omniprὧsenἵeΝ ἶesΝ verbesΝ ἶeΝ vision.Ν δeΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ estΝ absentΝ seulement dans deux passages importants de ce chapitre : la première partie du prologue (v. 1-13) et le rὧἵitΝrelatantΝl’interroἹatoireΝἶeΝJeanΝmenὧΝparΝlesΝJuiἸsΝ(v. 19-βκ).Νδ’absenἵeΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝ vision dans l’ensembleΝ narratiἸΝ surΝ JeanΝ leΝ ἐaptisteΝ s’expliqueΝ parΝ leΝ ἸaitΝ qu’ilΝ s’aἹitΝ ἶ’un permettantΝὡΝl’auteurΝἶeΝtraiterΝἶeΝsonΝrὲleΝparΝrapportΝὡΝἵeluiΝἶeΝJὧsus 180. Les deux péricopes, l’absenἵeΝ ἶeΝ ἵhampΝsὧmantiqueΝsembleΝ loἹique μΝ ἶansΝleΝ ἢroloἹue,ΝleΝ δoἹosΝ n’aΝ pasΝbesoinΝ ἶ’êtreΝ vu ; dans le dialogue avec JeanΝ leΝ ἐaptiste,Ν JὧsusΝ n’estΝ pasΝ lὡ,Ν ilΝ n’yΝ aΝ enἵoreΝ rienΝ ὡΝ « voir ». Mis à part ces deux péricopes, les différentes phrases où la notion de vision est présente constituent un maillage serré. De nombreux parallèles peuvent aussi être faits avec ἶ’autresΝpassaἹesΝἶeΝl’ἓvanἹileΝoὶΝἵeΝἵhampΝsὧmantiqueΝestΝprὧsentΝsurΝunΝmoἶeΝanaloἹue. χἸinΝἶ’êtreΝenΝmesureΝἶeΝvoirΝἶansΝleΝἶὧtailΝἵommentΝl’emploiΝἶeΝἵeΝἵhampΝsὧmantiqueΝ peutΝὧἵlairerΝlaΝἵomprὧhensionΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile,ΝquelleΝestΝsaΝsiἹniἸiἵationΝet son utilisation narrative, on effectuera au préalable une brève analyse littéraire de ce dernier. ἢourΝplusΝἶeΝἵlartὧ,ΝetΝmêmeΝsiΝἵelaΝneΝἵorresponἶΝpasΝauΝnomΝἶonnὧΝparΝl’auteur,ΝnousΝparleronsΝ souvent de Jean comme de « Jean le Baptiste » ou « du Baptiste ». 178 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 49-50. J. Zumstein ne considère par le prologue comme « programmatique », mais comme un « cadre herméneutique », car un certain nombre de thématiques ne sont pas aborἶὧesΝἶansΝleΝproloἹueΝetΝἵertainesΝthὧmatiquesΝἶuΝproloἹueΝneΝsontΝpasΝaborἶὧesΝἶansΝl’ἓvanἹile.ΝἢourΝnotreΝ part,Ν nousΝ ἵonsiἶὧronsΝ queΝ lesΝ thèmesΝ aborἶὧsΝ ἶansΝ leΝ proloἹueΝ ὡΝ l’aiἶeΝ ἶeΝ ἵhampsΝ sὧmantiquesΝ (leΝ thèmeΝ ἶeΝ l’envoi,Ν ἶu tὧmoiἹnaἹe,Ν ἶeΝ laΝ vision,Ν etἵ.),Ν etΝ ἶὧveloppὧsΝ ἶansΝ laΝ suiteΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν sontΝ prὧsentsΝ ἶansΝ leΝ premier chapitre de manière programmatique. 179 Cf. Annexe, C, I-II. 180 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 72-77. LEON-DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 156-161. 177 49 Là où le champ sémantique est plus présent, cette analyse sera plus poussée, ce qui permettra ἶeΝseΝἸoἵaliserΝparΝlaΝsuiteΝsurΝl’analyseΝἶὧtaillὧeΝἶeΝἵhaque occurrence des verbes vision dans ce contexte. χprèsΝ l’ὧtuἶeΝ ἶeΝ laΝ struἵtureΝ littὧraireΝ ἶeΝ ἵeΝ ἵhapitre,Ν l’analyseΝ sὧmiqueΝ ἶuΝ ἵhampΝ sémantique de la vision, au sein de chapitre, sera effectuée. Chaque verset où ce champ est présent sera étudié à partir d’uneΝ analyseΝ ἶuΝ maillaἹeΝ littὧraireΝ etΝ sὧmantiqueΝ eἸἸeἵtuὧΝ parΝ l’ὧvanἹὧlisteΝὡΝl’intὧrieurΝἶeΝἵeΝἵhapitreΝetΝὡΝl’intὧrieurΝἶeΝl’ἓvanἹileΝtoutΝentier : pour chaque oἵἵurrenἵeΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝleΝpremierΝἵhapitre,ΝonΝproposeΝuneΝὧtuἶeΝprὧἵiseΝἶeΝses liens sémantiques aveἵΝ ἶ’autresΝ utilisationsΝ ἶuΝ mêmeΝ verbeΝ ouΝ ἶeΝ ἵonstruἵtionsΝ analoἹuesΝ ἶansΝleΝresteΝἶeΝl’ἓvanἹile.Ν II. Bref parcours à travers Jn 1, 1-51 a. La structure du chapitre Jn 1, 1-51 La structure générale du premier chapitre ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean se décompose comme suit. Le prologue (Jn 1, 1-18) se divise en deux parties (Jn 1, 1-13 ; Jn 1, 14-18), l’ὧpisoἶeΝrelatantΝleΝtὧmoiἹnaἹeΝἶeΝJeanΝleΝἐaptisteΝ(JnΝ1,Ν1λ-34) se divise en deux parties (Jn 1, 19-28 ; Jn 1, 29-ἁἂ)Ν etΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ voἵationΝ ἶes premiers disciples (Jn 1, 35-51) se divise également en deux parties (Jn 1, 35-42 ; Jn 1, 43-51). La fin de la première partie de l’ἓvanἹileΝ seΝ situeΝ enΝ JnΝ β,Ν 11,Ν selonΝ X.Ν δὧon-Dufour 181 notamment, et en Jn 1, 51 selon J. Zumstein182  que nous suivons , quiΝ ἵonsiἶèreΝ queΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶesΝ ἠoἵesΝ ἶeΝ ἑanaΝ aΝ uneΝ valeur programmatique et transitive. b. Le prologue : Jn 1, 1-18 δeΝ proloἹueΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ ἶessineΝ pourΝ leΝ leἵteurΝ uneΝ ἸresqueΝ temporelleΝ allant du temps originel au temps de la venue du Logos dans le monde, en la personne de Jésus-ἑhrist.Ν ἙntroἶuitΝ parΝ l’expressionΝ θ ̓λξ , le v. 1 évoque implicitement le récit de la Création du monde (Gn 1, 1), tout en allant plus loin encore dans les temps mythologiques 183 : alors que le récit de la Genèse raconte la création du monde par Dieu, le premier verset de l’ἓvanἹileΝselonΝJean raconte le temps qui la précède, celui du temps de Dieu et du Logos. Ce n’estΝqu’auΝ v.ΝἁΝqueΝ laΝ ἵrὧationΝ estΝimpliἵitementΝὧvoquὧeΝparΝleΝsyntaἹmeΝ π θ α δ’Ν αὐ κ ΰ θ κ.Ν δ’ὧvanἹὧliste,Ν enΝ utilisantΝleΝtermeΝ ἶeΝ δoἹosΝ etΝ enΝleΝreliantΝὡΝlaΝἑrὧation,Ν encadre l’interprὧtationΝἶuΝproloἹueΝparΝleΝleἵteur,ΝenΝl’invitantΝὡΝleΝlireΝὡΝlaΝlumièreΝἶesΝrὧἵitsΝἶeΝlaΝ Sagesse184 où celle-ci est décrite comme une émanation divine. Le Logos, la Parole est ce que LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 423. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 21. 183 ZUMSTEIN J., « Le Prologue, seuil du quatrième Evangile », Revue de Sciences Religieuses 83/2 (1995), p. 236. 184 Sagesse et Logos sont deux notions quasi identiques dans la théologie juive. Le rapprochement entre les livres sapientiauxΝ (ἥaἹesse,Ν ἥiraἵiἶe)Ν etΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ aΝ ὧtὧΝ ἸrὧquemmentΝ traitὧ.Ν ἢourΝ lesΝ parallèles entre la littὧratureΝsapientialeΝetΝleΝproloἹueΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝvoirΝpartiἵulièrementΝἥiΝβἂ,ΝἢrΝκ-9, Sg 3, 8-9, Sg 7, 21-22. Cf. BONNARD P.-E., La sagesse en personne annoncée et venue : Jésus Christ, Paris, Cerf (Lectio Divina 44), 1966, p. 17-33 ; p. 96-107 ; p. 141-157 ; BONNARD P.-E., « DeΝ laΝ ἥaἹesseΝ personniἸiὧeΝ ἶansΝ l’χnἵienΝ Testament à la Sagesse en personne dans le Nouveau », in GILBERT M., δa Sagesse de l’Ancien Testament, Leuven/Louvain, Editions Duculot/Paris-Gembloux/Leuven University Press, 1979, p. 117-149 (en particulier le tableau aux pages 147-148) ; MURPHY R. E, « The Personification of Wisdom », in DAY J., GORDON R. P, WILLIAMSON H. G. M (éd.), Wisdom in ancient Israel. Essays in honour of J. A Emerton, Cambridge, Cambridge 181 182 50 l’ἘommeΝ peutΝ perἵevoirΝ ἶeΝ Dieu.Ν DieuΝ estΝ parole,Ν ἙlΝ estΝ ἵommunication et la personne historique de Jésus est ce pont de communication entre Dieu et les hommes. Mais le prologue insiste sur un autre point : si le Logos est Dieu, il est aussi « vers Dieu ». Indépendamment de son rapport avec Dieu, le Logos est décrit comme « lumière » et « vie ». JὧsusΝseΝ ἶὧἸiniraΝ ἶansΝ laΝsuiteΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile 185 par ces mêmes mots, montrant ainsi que « la question de la vie est reliée à celle de son sens, de son orientation »186. La lumière est venue dans le monde, et cette action est vie,Ν ἵarΝ ilΝ s’aἹitΝ ἶeΝ l’aἵtionΝ salvatriἵeΝ ἶeΝ DieuΝ pourΝ leΝ monἶe.Νἢourtant,ΝlesΝtὧnèbresΝneΝl’ontΝpasΝreὦue : le v. 5 aborde de façon allusive la mission de Jésus et la manière dont il a été reçu187. Le v. 6 introduit un nouvel événement avec le verbe ΰ́θ κ et fait découvrir au lecteur un nouveau temps dans le récit sur le Logos : celui du témoignage de Jean le Baptiste 188. Il est décrit comme « ̓π αζη θκμ παλ γ κ », expression généralement utilisée pour parler de JὧsusΝetΝἶeΝl’ἓsprit,ΝetΝquiΝrenvoie sans doute ici aux textes de vocation des prophètes 189. Ces ὧlὧmentsΝ montrentΝ laΝ plaἵeΝ etΝ leΝ rὲleΝ exἵeptionnelΝ qu’aΝ JeanΝ leΝ ἐaptiste.Ν δ’ὧvoἵationΝ ἶuΝ témoignage (v. 6-8) de Jean prépare le lecteur à la narration sur ce dernier (v. 19-34), tout en donnant à ce témoignage une portée plus large. Le témoignage de Jean au sujet de la lumière qu’estΝ leΝ δoἹosΝ estΝ plaἵὧΝ avantΝ laΝ narrationΝ ἶuΝ ministèreΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν Jean 190 , même si son importance est pondérée, garde un rôle fondamental et unique dans la théologie johannique. Le passage sur le témoignage de Jean le Baptiste est encadré par deux propositions évoquant l’inἵarnationΝetΝlaΝἸaὦonΝἶontΝl’inἵarnationΝἶuΝδoἹosΝaΝὧtὧΝreὦueΝparΝleΝmonἶe.Ν Les v. 9 à 11 développent le v. 5 en insistant sur la réaction humaine face à cet acte extraorἶinaireΝἶeΝDieu.ΝἙlΝyΝa,Νἶ’uneΝpart,ΝleΝmonἶe 191 quiΝn’aΝpasΝreἵonnuΝlaΝlumièreΝbrillantΝ ἶansΝleΝmonἶeΝet,Νἶ’autreΝpart,ΝἵeuxΝqui,ΝenΝἵroyantΝenΝsonΝnomΝ(sansΝqueΝἵelui-ci soit nommé encore192), sont devenus « enfants de Dieu »193. Les v. 9 à 11 ont une structure en trois parties. University Press, 1995, p.222-333 ; SPICQ C., « Le Siracide et la structure littéraire du prologue de St Jean », in Ecole biblique et archéologique française (éd.), Mémorial Lagrange, Paris, Gabalda, 1940, p. 183-195. 185 Jn 9, 5 : ́ αθ θ ͅ ε ῃ , φῶμ ̓ηδ κ ε ηκυ ; Jn 11, 25-26 : π θ αὐ ὁ β κ μ· ΰώ ̓ηδ ̓θ α δμ εα απ · ὁ πδ πθ ̓μ η ε θ ̓πκγ θͅ α αδεα π μ ὁ αῶθ εα πδ πθ ̓μ η κὐ η ̓πκγ θͅ ̓μ θ ἀῶθα. πδ δμ κ κ; 186 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 59. 187 Ici encore, le texte de Jn 9, 4-5 est éclairant. 188 Ce passage sur le témoignage de Jean, dans la première partie du prologue, a été considéré par beaucoup comme un ajout. Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 53, contrairement à Léon-Dufour : cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 90-91. Nous suivons la conclusion de Léon-DuἸour.Νδ’ὧvoἵationΝἶuΝtὧmoiἹnaἹeΝἶèsΝlaΝpremièreΝpartieΝἶuΝproloἹueΝsembleΝἵohὧrenteΝaveἵΝlaΝthὧoloἹieΝ johannique,ΝainsiΝqu’aveἵΝla suite du chapitre. 189 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 92. 190 Le fait que θγλππκμ soit le premier mot pour introduire Jean n’est peut-être pas anodin et permet à l’auteur ἶ’insisterΝsurΝlaΝἶistinἵtionΝentreΝluiΝetΝJὧsus, Logos incarné. 191 δ’expressionΝ ́ δα pourrait renvoyer à Si 24, 1 : κφ αΝ ἀθ δΝ ουξ θΝ αὐ μΝ εα θΝ η ͅ ζακ αὐ μΝ εαυξ αδ, « La Sagesse va faire son propre éloge, au milieu de son Peuple elle va se recommander ». Cf. SPICQ C., « Le Siracide et la structure littéraire du prologue de St Jean », p. 188. 192 Contrairement à Léon-Dufour (cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 105), nous considérons, à la suite de J. Zumstein, que le prologue parle, dès le commencement, du Logos inἵarnὧ,Νἵ’est-à-dire de Jésus-Christ. 193 ἢourΝ l’expressionΝ etΝ saΝ siἹniἸiἵation,Ν unΝ rapproἵhementΝ aveἵΝ leΝ livreΝ ἶeΝ laΝ ἥaἹesse,Ν etΝ notammentΝἥἹΝ β,Ν 1κ,Ν peut être fait. Cf. GIMÉNEZ GONZÁLEZ A., « Si el Justo es hijo de Dios, le socorrerá » (Sb 2, 18). Acercamiento canónico a la filiación divina del justo perseguido en Sab 1-6, Estella, Verbo Divino (Asociación Bíblica española. Institución San Jerónimo 48), 2009. 51 ἦoutΝ ἶ’aborἶ,Ν l’auteurΝ rappelleΝ leΝ lienΝ δoἹos-lumière et insiste sur son rôle – éclairer tout homme –, en renvoyant encore une fois à la littérature sapientielle 194.Νδ’aἵtionΝpourΝleΝδoἹosΝ ἶ’ὧἵlairerΝtoutΝhommeΝestΝintrinsèquement liée à sa venue, comme le montre le v. λ.Νἑ’estΝparΝ sa venue dans le monde que le Logos peut éclairer les hommes et donner la vie (v. 4) en leur permettant de devenir « enfants de Dieu ». Le v. 13 explique la nature de la filiation divine. Celle-ci est radicalement différente de la filiation humaine : elle ne se tire son origine ni du sanἹ,Ν niΝ ἶeΝ laΝ ἵhair,Ν niΝ ἶeΝ l’hommeΝ maisΝ ἶeΝ Dieu.Ν δaΝ ἸiliationΝ ἶivineΝ estΝ unΝ ἶonΝ ἶeΝ Dieu.Ν ἑroireΝenΝleΝδoἹos,Νἵ’estΝaἵἵepterΝlaΝἸiliationΝἶivine 195. Le v. 14 permet d’expliquerΝlaΝmoἶalitὧΝἶeΝlaΝ« venue » du Logos : « il est devenu chair »196, « il a planté sa tente parmi nous ». Sa venue dans le monde est son incarnation, le changement radical et nouveau de la façon dont Dieu est en relation avec les hommes 197. Le v. 14b est la proposition centrale de la phrase, liant logiquement la contemplation 198 de la gloire à l’inἵarnationΝavantΝἶeΝprὧἵiserΝlaΝnatureΝexaἵteΝἶeΝἵelle-ci. La « gloire » que le Logos incarné a manifestée est une réalité sotériologique, comme le résume J. Zumstein : La notion de gloire est éclairée par une deuxième paire « grâce et vérité »Ν […]Ν quiΝ metΝ enΝ exergue la dimension sotériologique de la « gloire ». Tandis que la notion de « grâce » accentue laΝ ἶimensionΝ ἶeΝ ἶonΝ (l’aἶjeἵtiἸΝ « plein » signale alors son caractère inépuisable), la notion de « vérité » précise son contenu, à savoir la réalité divine comme fondement du monde et de l’existenἵeΝhumaine. 199 δesΝnotionsΝἶeΝ[Ἱloire]ΝetΝἶeΝ[ἹloriἸiἵation]ΝsontΝἸonἶamentalesΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝyΝ compris pour la compréhension de la notion de [vision], car les deux sont liées dès le v. 14. ἑ’estΝpourquoi,Ν reprenantΝ lesΝ ἵonἵlusionsΝ ἶeΝ J. T. Nielsen200, on propose ici un bref aperçu des usages de κιαΝdans l’Evangile selon Jean. La première utilisation du terme κιαΝrenvoie ici à plusieurs notions. Il y a d’abord rappel du lien établi entre la gloire et le Logos/Sagesse dans la littérature sapientiale201. δaΝsaἹesseΝaΝpourΝbutΝἶ’ὧἵlairerΝlesΝhommes,ΝἶeΝlesΝἵonἶuireΝversΝlesΝἵheminsΝἶeΝ la sagesse. Cf. Si 24, 32-33 par exemple. 195 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 64. 196 Sur le sens fort de ΰ́θ κ, cf. LEON-DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 113114. 197 δeΝ δoἹosΝ n’estΝ pasΝ venuΝ pourΝ ἶiviniserΝ laΝ ἵhair,Ν maisΝ pourΝ l’embrasserΝ ἵomplètement.Ν ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 65 et LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 114. 198 Par convenance, nous utilisons le nom commun « contemplation » ou le verbe « contempler » lorsque le verbe étudié est γ πλ́π ou γ ́κηαδ. 199 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 65-66. 200 δesΝthèsesΝprὧsentesΝἶansΝ l’artiἵleΝἶeΝJ.Νἦ.ΝἠielsenΝἵorresponἶentΝὡΝἵellesΝἶὧveloppὧesΝἶansΝἶ’autresΝartiἵlesΝ sur les notions de gloire et de glorification. Cf. Nielsen J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », New Testament Studies 56, p. 343-366. Pour plus de détails concernant ces notions, cf. également FESTUGIERE A.-J., Observations stylistiques sur l’Evangile de Saint Jean, Paris, Klincksieck (Etudes et commentaires lxxxiv), 1974 ; LETOURNEAU P., « La gloire de Jésus : gloire et glorification dans le IVème Evangile », Laval théologique et philosophique 51, p. 551-572. 201 Le texte de Sg 7, 25-27 en est un bon exemple : 25̓ η μΝΰ λΝ δθΝ μΝ κ γ κ υθ η πμΝεα ̓π λλκδαΝ μΝ κ παθ κελ κλκμΝ ιβμΝ ̓ζδελδθ μ·Ν δ κ κΝ κὐ θΝ η ηδαηη θκθΝ ̓μΝ αὐ θΝ παλ ηπ π δ.26̓πα ΰα ηαΝ ΰ λΝ δθΝφπ μΝ̓δ κυΝεα κπ λκθΝ̓εβζ π κθΝ μΝ κ γ κ θ λΰ αμΝεα ̓ὲθΝ μΝ̓ΰαγ β κμΝαὐ κ .27η αΝ κ αΝ π θ αΝ θα αδΝ εα η θκυ αΝ θΝ ἁ π θ αΝ εαδθ α δΝ εα εα ΰ θ μΝ ̓μΝ ουξ μΝ ὁ αμΝ η αία θκυ αΝ φ ζκυμΝγ κ εα πλκφ αμΝεα α ε υ α δ.Ν« 25Elle est un effluve de la puissance de Dieu, une pure irradiation de la gloire du Tout-Puissant ; c'est pourquoi nulle souillure ne se glisse en elle. 26Elle est un reflet de la lumière éternelle, un miroir sans tache de l'activité de Dieu et une image de sa bonté. 27Comme elle est unique, elle peut 194 52 Deuxièmement, la notion de gloire est liée dès ici à celle de « signe ». Les signes, les actions miraculeuses de Jésus, sont définis comme la manifestation de la gloire divine du Père et comme définition de celle du Fils 202 . Par suite, la κιαΝ est comprise comme le terme ἶὧsiἹnantΝl’êtreΝἶuΝἔils.ΝἠousΝreprenonsΝiἵiΝleΝrὧsumὧΝἶeΝl’arἹumentationΝἶeΝJ. T. Nielsen sur cette signification de la gloire : Le fils unique a le même statut que son père, qui est par ailleurs défini comme étant « plein de grâce et de vérité » (1.14). Généralement, cette description est comprise ἵommeΝ pointantΝ versΝ laΝ ἶesἵription,Ν ἶansΝ l’χnἵienΝ ἦestament,Ν ἶeΝ Dieu,Ν ἵommeΝ ὧtantΝ « plein de miséricorde et de vérité ».Ν ἥiΝ telΝ estΝ leΝ ἵas,Ν ilΝ s’aἹitΝ ἶ’unΝ autreΝ arἹumentΝ permettant de conclure que κιαΝest le statut et l’apparence que le fils de Dieu partage avec son père. κιαΝest son identité divine. 203 ἡr,ΝἵeΝsontΝ lesΝsiἹnesΝquiΝ maniἸestentΝ l’iἶentitὧΝ ἶuΝ δoἹos,Ν etΝainsiΝ laΝ ἹloireΝ ἶeΝsonΝ ἢère 204 : « [Les] signes témoignent de sa relation intime avec Dieu et révèlent par conséquent son identité divine. Les signes ne sont cependant pas des preuves directes de son identité »205, puisqu’ilsΝ n’amènentΝ pasΝ ἸorἵὧmentΝ ὡΝ laΝ ἵonversion.Ν δeΝ ἵroireΝ ἶesΝ ἶisἵiplesΝ quiΝ rὧsulteΝ ἶeΝ cette vision des signes constitue donc également un aspect de la gloire du Fils 206. Enfin, la notion de glorification décrite ὡΝ l’aiἶeΝ ἶuΝ verbeΝ κία δθ renvoie en partie à la crucifixion et à la Résurrection. Dans ce cas, la glorification de Dieu dont il est question dans l’ἓvanἹileΝ (enΝ JnΝ 1ι,Ν 1Ν parΝ exemple),Ν peutΝ êtreΝ ἶὧἸinieΝ ἵommeΝ leΝ rὧtablissementΝ ἶeΝ l’ὧtatΝ antὧrieurΝ ἶuΝ δoἹos,Ν avantΝ l’inἵarnation.Ν χprèsΝ laΝ ἵruἵiἸixionΝ etΝ laΝ ἤὧsurreἵtion,Ν ἵ’est-à-dire après la glorification, « Jésus gagne à nouveau son apparence divine dans laquelle il apparaît plusΝtarἶΝἶevantΝsesΝἶisἵiples.ΝJὧsusΝaΝἸaitΝἵonnaîtreΝleΝnomΝἶeΝDieuΝ(…)ΝetΝleΝἸeraΝἵonnaîtreΝ (…)Ν(17. 26) »207 en le glorifiant. χinsi,ΝleΝἵhampΝlexiἵalΝἶeΝlaΝἹloireΝpeutΝrenvoyerΝὡΝlaΝἸoisΝὡΝl’êtreΝἶeΝJὧsus,ΝmaniἸestὧΝparΝsesΝ actions – les signes –,Ν ainsiΝ qu’ὡΝ saΝ mortΝ etΝ ὡΝ saΝ ἤὧsurreἵtion,Ν etΝ partiἵulièrementΝ ὡΝ sesΝ apparitions comme Ressuscité. Nielsen conclut en disant : « [Le] double caractère de la glorification de Dieu correspond à la structure narrative. Jésus glorifie Dieu quand il aἵἵomplitΝ saΝ tὢἵheΝ surΝ terreΝ enΝ leΝ rὧvὧlantΝ auxΝ humains,Ν ἵherἵhantΝ ainsiΝ ὡΝ ἵeΝ qu’ilΝ soitΝ tout ; demeurant en elle-même, elle renouvelle l'univers et, au long des âges, elle passe dans les âmes saintes pour former des amis de Dieu et des prophètes » (traduction de la TOB). 202 ἑetteΝthèseΝestΝaἵἵeptὧeΝparΝlesΝprinἵipauxΝἵommentateursΝἶeΝl’ἓvanἹile.ΝἓlleΝestΝἶὧveloppὧe dans plusieurs articles. Cf. LÉTOURNEAU P., « La gloire de Jésus : gloire et glorification dans le IVème Evangile », p. 551-572 ; NIELSEN J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 356-357. 203 « The only born sonΝhasΝtheΝsameΝstatusΝasΝhisΝἸather,ΝwhiἵhΝisΝmoreoverΝἶeἸineἶΝasΝbeinἹΝ“ἸilleἶΝwithΝἹraἵeΝ anἶΝ truth”Ν (1.1ἂ).Ν ἕenerally,Ν thisΝ ἶesἵriptionΝ isΝ unἶerstooἶΝ asΝ pointinἹΝ toΝ theΝ ἡἦΝ ἶepiἵtionΝ oἸΝ ἕoἶΝ asΝ beinἹΝ “ἸilleἶΝwithΝmerἵyΝanἶΝtruth”Ν(e.Ἱ.ΝΝἓxoἶΝἁἂ.ἄ).ΝἙἸΝthis is so, it is another argument for concluding that κιαΝis the status and appearance that God’s son shares with his father. κιαΝ is his divine identity » (Nielsen J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 356-357. Trad. E. Fritsch.). 204 Sur la question du lien entre gloire du Fils et gloire du Père, cf. NIELSEN J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 363-364. 205 « Signs are tokens of his intimate relation to God and hence revelations of his divine identity. But signs are not direct proofs of his identity » (NIELSEN J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 358. Trad. E. Fritsch). 206 FESTUGIÈRE A.-J., Observations stylistiques sur l’Evangile de Saint Jean, p. 10. 207 « Jesus re-gains the divine appearance in which he later on appears to the disciples. […]Ν JesusΝ hasΝ maἶeΝ ἕoἶ’sΝ nameΝ knownΝ (…)Ν anἶΝ willΝ makeΝ itΝ knownΝ (…)Ν (17.26) » (NIELSEN J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 362-363. Trad. E. Fritsch). 53 reconnu. Mais cette reconnaissanἵeΝ n’estΝ pasΝ ἵomplèteΝ tantΝ queΝ JὧsusΝ lui-mêmeΝ n’estΝ pasΝ glorifié et ne peut apparaître sans ambiguïté devant ses disciples »208. χΝ partirΝ ἶeΝ l’inἵarnation,Ν laΝ relationΝ entreΝ DieuΝ etΝ leΝ δoἹosΝ seraΝ ἶὧἵriteΝ enΝ ἶeΝ nouveauxΝ termes : ceux de Père et de Fils. Ce ἵhanἹementΝ s’expliqueΝ parΝ laΝ volontὧΝ ἶeΝ l’auteurΝ ἶeΝ montrer que celui qui parle de Dieu comme son Père est bien le Logos préexistant 209, mais aussiΝ ἶeΝ lierΝ plusΝ ὧtroitementΝ laΝ ἸiliationΝ ἶivineΝ (v.Ν 1β)Ν ὡΝ laΝ venueΝ ἶuΝ δoἹos.Ν ἑ’estΝ parΝ leΝ Logos, qui est Fils unique, que les croyants peuvent eux aussi devenir enfants de Dieu 210. ἑetteΝ rὧalitὧΝ estΝ exprimὧeΝ ὡΝ l’aiἶeΝ ἶuΝ premierΝ verbeΝ ἶeΝ visionΝ prὧsentΝ ἶansΝ leΝ premierΝ chapitre : ceux qui reconnaissent la gloire du Logos incarné par la vue ( γ α αη γα)Ν sont définis comme ceux qui « sont nés de Dieu », εΝγ κ ΰ θθ γβ αθ. χuΝv.Ν1ἃ,ΝleΝtempsΝhistoriqueΝseΝpoursuit.ΝχprèsΝl’inἵarnation,Νἵ’estΝleΝtὧmoiἹnaἹeΝἶeΝJeanΝleΝ Baptiste qui est mis en scène, ce qui constitue un développement des v. 6 à 8211. Les v. 15 à 1ιΝpermettentΝauΝnarrateurΝἶ’insisterΝsurΝl’inἵarnation.ΝἑeluiΝquiΝvientΝetΝquiΝseΝnommeΝJὧsusChrist est le Logos préexistant : le narrateur lie ainsi les deux temps du prologue que sont les temps mythologique et historique. Les v. 16 et 17 reprennent les mots « grâce » et « vérité » qui étaient déjà présents au v. 14. Cette reprise enlève tout doute possible sur le fait que Jésus est le Logos incarné et montre, une fois de plus, le caractère sotériologique de sa venue pour ses bénéficiaires (« nous », « nous tous »). La mention de la Loi donnée par Moïse permet ἶ’insἵrireΝ laΝ personneΝ ἶeΝ JὧsusΝ ἶansΝ l’histoireΝ ἶuΝ salut,Ν ἵommeΝ l’expressionΝ θ ̓λξ avait permisΝἶ’insἵrireΝlaΝrelationΝδoἹos/DieuΝἶansΝlesΝtempsΝmytholoἹiques.ΝἑetteΝmention montre ὧἹalementΝqueΝlaΝpersonneΝἶeΝJὧsusΝmarqueΝl’aἵἵomplissementΝἶeΝlaΝrὧvὧlationΝἶivine.Νἑ’estΝ ἶ’ailleursΝ ἵeΝ qu’annonἵeΝ ἶeΝ manièreΝ proἹrammatiqueΝ leΝ v.Ν 1κ.Ν χuΝ v. 18a se trouve une affirmation classique de la pensée vétérotestamentaire et juive, exprimὧeΝὡΝl’aiἶeΝ ἶ’unΝautreΝ verbeΝἶeΝvisionΝattestὧΝἶansΝἵeΝpremierΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile 212 μΝpersonneΝn’avaitΝjamaisΝvuΝ Dieu.Ν εêmeΝ εoïse,Ν quiΝ aΝ ἶonnὧΝ laΝ δoi,Ν n’avaitΝ puΝ voirΝ Dieu 213 . Aucun homme ne peut prétendre avoir vu Dieu, seul le Fils le peut, grâce à son identité et sa relation unique avec le 208 « The double character of the glorification of God corresponds to the narrative structure. Jesus glorifies God when he fulfils his work on earth by revealing him to humans, thereby seeking recognition of him. But this recognition is not completed until Jesus himself is glorified and can appear unambiguously to his disciples » (NIELSEN J. T., « The Narrative Structures of Glory and Glorification in the Fourth Gospel », p. 363. Trad. E. Fritsch). 209 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 121. 210 Sur la participation du Fils à la divinité du Père : cf. Jn 17, 21-23 par exemple. Il ne faut cependant pas oublier ici les parallèles avec la littérature sapientielle : cf. Sg 2, 18 par exemple. 211 δ’insistanἵeΝsurΝlaΝplaἵeΝseἵonἶeΝἶeΝJean,ΝaprèsΝl’aἸἸirmationΝqu’ilΝn’ὧtaitΝpasΝlaΝlumière,ΝpeutΝs’expliquerΝparΝ des raisons polémiques. Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 66. 212 Dieu peut se donner à connaître visiblement, mais pas directement. Cf. PHILON D’χLEXANDRIE, Legum Allegoriae I-III. Introduction, traduction et notes par MONDESERT ἑ.,Ν ἢaris,Ν ἑerἸΝ (δesΝ œuvresΝ ἶeΝ ἢhilonΝ ἶ’χlexanἶrieΝβ),Ν1λἄβ,Ν§100-103. 213 Ex 33, 18-23 : 18εα ζ ΰ δΝ ῖι θΝ ηκδΝ θΝ αυ κ ιαθ.19εα π θΝ ᾿ ΰ̀ παλ ζ κηαδΝ πλ λ μΝ κυΝ ιͅ ηκυΝεα εαζ πΝ π ͅ ̓θ ηα ηκυΝΚ λδκμΝ θαθ κθΝ κυ·Νεα ζ πΝὃθΝ θΝ ζ ῶ,Νεα κ̓ε δλ πΝὃθΝ θΝ κ̓ε λπ.20εα π θΝ Οὐ υθ ͅ ̓ ῖθΝ ηκυΝ πλ ππκθ·Ν κὐ ΰ λΝ η ́ ͅ θγλππκμΝ πλ ππ θ ηκυΝ εα α αδ.21εα π θΝε λδκμΝ᾿Ι κ πκμΝπαλ᾽ ηκ ,Ν ͅ π μΝπ λαμ·22 θ εαΝ ᾽ θΝπαλ ζγͅ ηκυΝ ια,Νεα γ πΝ Ν ̓μΝ̓π θΝ μΝπ λαμΝεα ε π πΝ ξ δλ ηκυΝ π , πμΝ θΝπαλ ζγπ·23εα ̓φ ζῶ θΝξ ῖλα,Νεα Ν ́οͅ ̓π πΝηκυ,Ν πλ ππ θΝηκυΝκὐεΝ̓φγ α κδ.ΝδaΝἶemanἶeΝἶeΝεoïse,ΝἶansΝἵeΝpassaἹe,ΝestΝἶeΝvoirΝ « la gloire »,Ν ἵeΝ quiΝ ἵorresponἶΝ ὡΝ laΝ premièreΝ annonἵeΝ liὧeΝ ὡΝ laΝ visionΝ ἶansΝ leΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selon Jean : « nous avons vu sa gloire ». 54 ἢère,ΝetΝἵ’estΝuniquementΝluiΝquiΝleΝrὧvèle 214 au monde. En cela, le v. 18 peut être considéré ἵommeΝannonἵiateurΝἶeΝl’histoireΝἶeΝJὧsus.ΝἙlΝestΝἵeluiΝquiΝpeutΝparlerΝἶeΝDieu,ΝἵarΝilΝl’aΝvu,Ν car il est lui-même Dieu. c. Le témoignage de Jean le Baptiste : Jn 1, 19-34 JeanΝ estΝ unΝ personnaἹeΝ introἶuitΝ ἶansΝ laΝ narrationΝ ὡΝ traversΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ sonΝ interrogatoire mené par les autorités juives, au sujet de son identité. Son témoignage ne ἵommenἵeΝqu’auΝv.Νβλ,ΝlorsqueΝJeanΝἶésigne Jésus comme « l’aἹneauΝἶeΝDieu » ; à partir de ce moment, la narration se fait au présent. La tradition sur Jean le Baptiste, connue grâce aux ἓvanἹilesΝsynoptiques,ΝestΝtrèsΝἶiἸἸὧrenteΝἶeΝἵelleΝqueΝl’onΝtrouveΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝ puisque ni la prédication de Jean, ni le baptême de Jésus par ce dernier ne se trouvent racontés de manière directe, à la troisième personne, dans un récit assumé immédiatement par le narrateur215. Lors de sa troisième mention (Jn 1, 19ss), Jean est encore une fois décrit comme auteur du tὧmoiἹnaἹeΝ ouΝ ἵommeΝtὧmoiἹnant.Ν ἙlΝs’aἹitΝ ἶeΝsonΝ uniqueΝrὲleΝ ἶansΝl’ἓvanἹile.ΝἢarἵeΝqu’ilΝ témoigne – etΝnonΝparἵeΝqu’ilΝbaptiseΝ–, les « Juifs » envoient216 des membres représentant la purification rituelle217 faites à Jérusalem. Les questions que les autorités juives posent à Jean permettentΝ ὡΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ἶeΝ ἶὧἸinirΝ sonΝ iἶentitὧΝ parΝ rapportΝ ὡΝ ἵelleΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν δaΝ premièreΝ aἸἸirmationΝ ἶeΝ JeanΝ estΝ qu’ilΝ n’estΝ pasΝ leΝ ἑhrist.Ν ἑelle-ci permet de montrer la différence fondamentale entre les deux personnages : Jésus recevra le titre de Christ au v. 17. Cette affirmation permet également de donner implicitement à Jésus un second titre qui sera utilisé toutΝ auΝ lonἹΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile 218 . Les questions des « Juifs » envoyés renvoient aux attentes messianiquesΝ ἶuΝ peupleΝ juiἸ.Ν ἙlsΝ attenἶentΝ laΝ venueΝ ἶ’unΝ messie,Ν ἶ’unΝ nouvelΝ ἓlie ou du Prophète219 .Ν χuxΝ v.Ν ββΝ etΝ βἁ,Ν l’auteurΝ ἸaitΝ ἶὧἵouvrirΝ leΝ rὲleΝ positiἸΝ ἶeΝ Jean,Ν aprèsΝ qu’ilΝ aΝ rὧponἶuΝnὧἹativementΝauxΝquestionsΝἶesΝJuiἸs.ΝδeΝv.ΝβἁΝreprenἶΝlaΝἵitationΝἶuΝlivreΝἶ’ἓsaïe220, qu’onΝ trouveΝ aussiΝ ἶansΝ lesΝ synoptiquesΝ (εtΝ ἁ,Ν ἁ ; Lc 3, 4-6), et la place dans un discours direct : Jean est un témoin qui prépare les hommes à la venue du Logos à travers la personne de Jésus. Jb 28, 27 donne un éclairage intéressant : θ αὐ θ εα ιβΰ α κ αὐ θ κδη αμ ιδξθ α θ, « then he saw it and declared it, since he prepared them, he kept track of them » (traduction de la NETS (http://ccat.sas.upenn.edu/nets/edition/)). Le verbe ιβΰ́κηαδ est utilisé dans les deux cas pour parler de la sagesse et de sa vision. Sur cet hapax de la littérature johannique, cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 1ἁλ.ΝἑeΝtermeΝseraitΝutilisὧΝpourΝἶὧἵrireΝleΝrὧἵitΝἶ’unΝ« témoin oculaire » ; or le Fils estΝ ἶὧἵritΝ ἵommeΝ telΝ ἶansΝ leΝ ἢroloἹueΝ etΝ ἶansΝ laΝ suiteΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ (cf. notamment Jn 5, 19, Jn 8, 28 etc.). ZumsteinΝ metΝ l’aἵἵentΝ surΝ leΝ rὲleΝ ἶ’interprèteΝ ἶuΝ ἔils : Jésus est le résultat de la traduction de Dieu dans le monde humain. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 68. 215 δeΝ baptêmeΝ estΝ ὧvoquὧΝ auΝ v.Ν βἄ,Ν maisΝ ἵetΝ ὧpisoἶeΝ n’estΝ absolumentΝ pasΝ ἶὧveloppὧΝ ἵommeΝ ἶansΝ lesΝ synoptiques.Νδ’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝtentationΝauΝἶὧsertΝestΝluiΝaussiΝabsentΝἶansΝleΝquatrièmeΝἓvanἹile. 216 Jean est « envoyὧΝἶ’auprèsΝἶeΝDieu », alors que ses interrogateurs sont « envoyés » par Juifs ; le verbe grec est le même (̓πκ ́ζζπ), ce qui marque sans doute une certaine ironie de la part de l’auteur du quatrième Evangile. 217 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), note 10, p. 72. 218 Contrairement à Jean qui dit ΰ̀ κὐε ̓ή, Jésus affirmera plusieurs fois ΰ̀ ̓ή (Jn 10, 11 ; Jn 15, 1 ; Jn 18, 1 etc.). Il est depuis longtemps admis par les commentateurs que cette affirmation est une reprise du nom de DieuΝtelΝqu’ilΝavaitΝὧtὧΝtraἶuitΝἶansΝlaΝἥeptanteΝ(ἓxΝἁ,Ν1ἂ : ΰπ ̓ηδ ὁ ́θ) et serait utilisé par le Jésus johannique pour affirme son identité. 219 Sur les allusions aux différentes figures messianiques, cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 74. 220 δaΝ ἵitationΝ ἶ’ἓsΝ ἂ0,Ν ἁΝ estΝ ἵlassique.Ν ἙlΝ estΝ intὧressantΝ ἶeΝ noterΝ lesΝ liensΝ sὧmantiquesΝ entreΝ laΝ suiteΝ ἶeΝ ἵeΝ passaἹeΝἶ’ἓsaïeΝ(ἓsΝἂ0,Νἂ-10 νΝnotammentΝleΝv.ΝἃΝetΝ10)ΝetΝleΝἶὧbutΝἶuΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile. 214 55 χuxΝv.ΝβἂΝὡΝβκ,Νl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝaborἶeΝla question du baptême221. Jean affirme n’êtreΝ auἵuneΝ ἶesΝ ἸiἹuresΝ esἵhatoloἹiquesΝ queΝ lesΝ JuiἸsΝ attenἶent ; pourtant, il effectue des baptêmes de repentance qui sont compris comme ayant un caractère eschatologique 222. Les questions des Pharisiens présentes dans la première partie et ces versets sur le baptême constituent une suite logique permettant de définir son rôle et son identité. La façon dont l’ὧvanἹὧlisteΝaborἶeΝleΝbaptêmeΝἶeΝJeanΝestΝpartiἵulière.ΝἙlΝn’yΝopposeΝpasΝleΝbaptêmeΝἶ’ἓspritΝ possible grâce à Jésus, mais accentue la distinction temporelle entre Jésus et Jean le Baptiste. Jésus vient temporellement après Jean, mais il est le premier. Cette affirmation de Jean est aussiΝl’oἵἵasionΝpourΝl’ὧvanἹὧlisteΝἶ’introἶuireΝleΝἵhampΝlexiἵalΝἶeΝlaΝἵonnaissanἵe qui sera développé dans la suite du chapitre223 : les autorités juives ne connaissent pas la personne qu’annonἵeΝJeanΝetΝqu’ilsΝneΝpeuventΝpasΝlaΝἵonnaîtreΝavantΝleΝtὧmoiἹnaἹeΝἶeΝJean.ΝδeΝv.ΝβκΝ clôt cet épisode et livre des indications spatiales permettant ὡΝl’auteurΝἶeΝἶonnerΝἶesΝinἶiἵesΝ littéraires. La mention de Jérusalem (v. 19) permet de situer spatialement les futurs adversaires de Jésus, et la mention « au-delà du Jourdain » pourrait avoir un caractère eschatologique224. δ’aἶverbeΝ πα λδκθ auΝv.ΝβλΝpermetΝἶ’artiἵulerΝlesΝἶiἸἸὧrentsΝmoments de la présentation de Jésus. ἑeΝversetΝintroἶuitΝleΝpersonnaἹeΝprinἵipalΝἶuΝrὧἵit,ΝὡΝl’aiἶeΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvision ; Jésus est présenté comme celui qui « vient » et celui qui est « vu ». ίζ́ππ est probablement au présent afin de marquer le début du temps du récit de la vie de Jésus. Cette vie publique débute par le témoignage de Jean à son sujet. Grâce au v. 29, le lecteur est un témoin direct de la scène. Le témoignage de Jean est le suivant : « Vois/voici225 l’aἹneauΝ ἶeΝ Dieu,Ν ἵeluiΝ quiΝ enlève le péché du monde ».Ν ἔonἶὧeΝ surΝ uneΝ autreΝ oἵἵurrenἵeΝ enἵoreΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶeΝ vision,Ν ἵetteΝaἸἸirmationΝaΝunΝἸortΝἵaraἵtèreΝsotὧrioloἹique,ΝenΝrenvoyantΝὡΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἵroix,ΝetΝenΝ soulignant que Jésus rétablit laΝ relationΝ entreΝ l’ἘommeΝ etΝ Dieu 226 . Le v. 30 évoquant à nouveau celui qui vient après Jean, mais qui est là avant lui, est une reprise des versets 15 et 27, ce qui permet de lier intimement les différents témoignages de Jean et, indirectement, les différents moments-clef de la narration. Ainsi, la première affirmation de ce type par Jean le Baptiste (v. 15) est liée au Logos incarné (v. 14). La seconde, faite lors de son interrogatoire face aux prêtres et aux lévites, liait Jésus aux attentes eschatologiques ἶ’Ἑsraël.ΝχuΝv.Νἁ0,ΝlesΝ deux premières affirmations faites aux v. 15 et 27 peuvent maintenant être liées à la personne ἶeΝ Jὧsus.Ν χprèsΝ avoirΝ liὧΝ laΝ venueΝ ἶeΝ JὧsusΝ ὡΝ saΝ passionΝ (v.Ν βλ),Ν l’ὧvanἹὧlisteΝ laΝ lieΝ ὡΝ saΝ préexistence (́ δ πλῶ μ ηκυ θ, v. 30). Le v. 31 clôt définitivement la question du rôle de Jean en répondant à la question des Juifs sur son ministère baptismal (v. 25), et en associant la notion de baptême à celle de témoignage. δesΝ troisΝ ἶerniersΝ versetsΝ ἶeΝ l’ὧpisoἶeΝ surΝ JeanΝ leΝ ἐaptisteΝ relatentΝ laΝ venueΝ ἶeΝ l’ἓspritΝ descendant du ciel. Encore une fois, cet événement est raconté de manière différente dans le quatrièmeΝἓvanἹileΝparΝrapportΝauxΝsynoptiques,Νpuisqu’ilΝn’estΝpasΝἶitΝqueΝἵetΝὧpisoἶeΝaΝlieuΝ A la différence du récit tel qu’onΝ leΝ trouveΝ ἶansΝ lesΝ ἓvanἹilesΝ synoptiques,Ν ilΝ n’estΝ pasΝ ἸaitΝ mentionΝ iἵiΝ ἶuΝ baptême de Jésus, mais uniquement de la distinction entre le baptême de Jean et celui de Jésus. 222 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 75. 223 Cf. Jn 1, 33 ; Jn 1, 48. 224 Cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 164. 225 Sur le double sens possible de ́ , cf. Prolégomènes, B, III. 226 Sur les différentes allusions possibles et références vétérotestamentaires évoquées à travers cette expression, cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 79-80. 221 56 durant le baptême de Jésus, même si la mention de la colombe tend à le faire penser 227. La venueΝἶeΝl’ἓspritΝsurΝJὧsusΝestΝuneΝpreuveΝsurΝlaquelleΝJeanΝs’appuieΝpourΝtὧmoiἹner 228. De plus,ΝἵontrairementΝauΝrὧἵitΝἶeΝlaΝvenueΝἶeΝl’ἓspritΝἶansΝlesΝἓvanἹilesΝsynoptiques,ΝilΝestΝἶitΝ queΝl’ἓspritΝ« demeura » ( η δθ θ) sur Jésus. Au v. 32, l’auteur met le témoignage de Jean au discours direct ; le v. 33 explicite ce discours en y ajoutant la relecture johannique de la thὧmatiqueΝ ἶuΝ baptêmeΝ ἶ’ἓspritΝ ἶevenuΝ possibleΝ aveἵΝ Jὧsus.Ν ἓnἸin,Ν leΝ v. 34 est conclusif et présente une dernière fois au cours de cette journée Jean comme témoin, en lui faisant affirmer que Jésus est fils de Dieu, ce qui renvoie le lecteur au début du chapitre (v. 18). d. La vocation des premiers disciples : Jn 1, 35-51 Le v. 35 est introduit par πάλδκθ (comme le v. 29) et ouvre la séquence de la vocation des premiers disciples. Cette séquence commence par le dernier témoignage du Baptiste, qui reprenἶΝpresqueΝὡΝl’iἶentiqueΝἵeluiΝἶuΝv.Νβλ,ΝaveἵΝleΝmêmeΝverbeΝἶeΝvision 229. Les versets 3536 permettent de marquer la transition entre le temps du témoignage de Jean et celui des premiers disciples. Après ce nouveau témoignage, les disciples de Jean suivent Jésus ; ἵommenἵentΝ alorsΝ lesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ ἶialoἹuesΝ entreΝ JὧsusΝ etΝ lesΝ ἶisἵiples.Ν Jὧsus,Ν l’initiateur du dialogue (v.Ν ἁλ),Ν leurΝ ἶemanἶeΝ ἵeΝ qu’ilsΝ ἵherἵhent,Ν aprèsΝ lesΝ avoirΝ « contemplés » 230 . La réponse des disciples, sous forme de question231 (« Où demeures-tu ? »), tend à montrer que la réponse à leur quête, sans doute existentielle 232, se trouve dans la personne et les actions de Jésus233. Le v. 39 peut être considéré comme ayant une valeur programmatique en ce qui concerne la vie des disciples pendant le ministère de Jésus : ils vont le suivre ; en faisant cela, ils vont « voir »Ν(Jὧsus,ΝlesΝsiἹnesΝqu’ilΝeἸἸectue, sa gloire, etc.) et ils vont « demeurer auprès de lui ». Le récit de cette première rencontre entre Jésus et ses disciples fait donc intervenir deux verbes de vision. Le v. 40 introduit le nouvel épisode de la vocation de Simon Pierre. Cet épisode reprend plusieurs thématiques des versets précédents. André dit avoir « trouvé » ( ̔λ εαη θ) le Messie. Cette affirmation peut renvoyer indirectement à la question de Jésus au v. 38. Jésus, comme pour les deux premiers disciples, fait la première action 234 en le « regardant » (ici [ ηίζ́ππ] comme au v. 36). LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 178. JeanΝ n’utiliseΝ pasΝ iἵiΝ leΝ termeΝ ἶeΝ βη ῖκθ, car celui-ci est réservé aux actions miraculeuses de Jésus. Cepenἶant,Ν laΝ venueΝ ἶeΝ l’ἓspritΝ ἸonἵtionneΝ ἵommeΝ unΝ siἹneΝ pourΝ Jean,Ν puisqueΝ ἵ’estΝ ἵetΝ ὧvὧnementΝ quiΝ luiΝ permetΝἶeΝἶireΝqu’ilΝaΝtὧmoiἹnὧ.Νἑ’estΝiἵiΝlaΝseuleΝἸoisΝoὶΝJeanΝseΝἶὧἸinitΝlui-même comme témoin. 229 Il est dit que Jésus est en train de « marcher » (π λδπα ́π), et non seulement de « venir ». Le verbe λξκηαδ a sansΝἶouteΝὧtὧΝutilisὧΝauΝv.Ν1ἃΝpourΝὧtablirΝunΝlienΝetΝἸaireΝuneΝtransitionΝentreΝlaΝpersonneΝhistoriqueΝqu’estΝJὧsusΝ et le Logos ( λξκηαδ est utilisé au v. 9). Le verbe ίζ́ππ est ici construit avec un préfixe, et la finale « celui qui enlève le péché du monde »,Ν estΝ absente.Ν ἑesΝ ἵhanἹementsΝ montrentΝ queΝ l’intentionΝ n’estΝ pasΝ laΝ même.Ν Ἑἵi,Ν l’aἵἵentΝ estΝ misΝ surΝ leΝ lienΝ entreΝ lesΝ ἶisἵiplesΝ etΝ leΝ ἶisἵoursΝ ἶeΝ Jean.Ν δaΝ ἸormeΝ ἵomposὧeΝ ηίζ́ππ insiste sur l’aspeἵtΝἵonἵretΝἶeΝlaΝvisionΝetΝsurΝl’intentionnalitὧΝἶeΝlaΝvisionΝpourΝleΝsujet.Ν 230 ἑelaΝpermetΝauΝnarrateurΝἶ’introἶuire,ΝἶansΝlaΝsuiteΝἶuΝrὧἵit,ΝleΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝ ̔λ́ επ (trouver). 231 Cette question recèle très probablement un double-entendre : le lieu où Jésus demeure désigne à la fois le lieu où il habite concrètement et son habitation céleste (il demeure auprès du Père). 232 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 87. 233 ἑetteΝ rὧponseΝ permet,Ν elleΝ aussi,Ν ἶ’introἶuireΝ unΝ ἵhampΝ lexiἵalΝ quiΝ traverseraΝ toutΝ l’ἓvanἹile,Ν ἵeluiΝ ἶeΝ laΝ demeure. 234 εêmeΝsi,ΝenΝamenantΝἥimon,ΝχnἶrὧΝeἸἸeἵtueΝlaΝpremièreΝaἵtionΝἶ’unΝpointΝἶeΝvueΝloἹique,Νἶ’unΝpointΝἶeΝvueΝ relationnel,Νἵ’estΝJὧsus,ΝenΝreἹarἶantΝἥimon,ΝquiΝἸaitΝleΝpremierΝpas. 227 228 57 δ’expressionΝ πα λδκθ introduit (v. 43) une nouvelle scène qui commence par la vocation ἶeΝ ἢhilippe.Ν χprèsΝqueΝ JὧsusΝ l’aΝ « trouvé »235, Philippe « trouve » Nathanaël et lui annonce qu’ilΝaΝ« trouvé celui sur qui Moïse et les prophètes ont écrit », sans encore le définir comme « fils de Dieu » (v. 14), mais comme « fils de Joseph ». La syntaxe du verset permet de soutenirΝl’hypothèseΝqueΝἵelaΝneΝsoitΝpasΝJὧsusΝquiΝ«ΝtrouveΝ»Νἢhilippe,ΝἵommeΝleΝsuἹἹèreΝX.Ν Léon-Dufour, pour qui cela serait André, mais, avec J. Zumstein et à cause de la progression narrative, nous considérons que Jésus est celui qui trouve Philippe. En faisant appeler Jésus « fils de Joseph »Ν (v.Νἂἃ)ΝparΝἢhilippe,Ν l’auteurΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝsous-entend que la confession qu’ilΝἸaitΝauprèsΝἶeΝἠathanaëlΝestΝenἵoreΝinἵomplète. δ’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ voἵationΝ ἶeΝ ἠathanaëlΝ peutΝ êtreΝ ἵonsiἶὧrὧΝ ἵommeΝ uneΝ repriseΝ ἶuΝ ἶialoἹueΝ entre Jésus et les deux premiers disciples (principalement du v. 39), tout en présentant certaines différences avec celui-ci. En effet, face au scepticisme de Nathanaël (v. 46), dont les deux premiers disciples ne font pas preuve lors de leur discussion avec Jésus, Philippe effectue une invitation proche de celle que Jésus lui avait faite en disant : « viens et vois [ λξκυ εα ́ ] » (qui renvoie à λξ γ εα ́ο γ au v. 39). Un verbe de vision était utilisé auΝv.Νἁλ,ΝetΝἵ’estΝenἵoreΝunΝverbeΝἶeΝvisionΝquiΝestΝemployὧΝiἵi.ΝἠathanaëlΝaἵἵepteΝl’invitationΝ de Philippe et va vers Jésus (v. 47). Tout comme au v. 42, Jésus fait le premier pas en le voyant venir vers lui – encore un verbe de vision –, et le définit comme un ̓ζβγῶμΝ λαβζ βμΝ θΝᾧ ζκμΝκὐεΝ δθ.ΝἑelaΝamèneΝἠathanaëlΝὡΝἶemanἶerΝὡΝJὧsusΝ« ἶ’oὶΝ[il]Ν[le]Ν connaî[t] » (champ sémantique de la connaissance). Jésus répond en disant : « Avant que ἢhilippeΝneΝt’appelle,ΝjeΝt’aiΝvuΝὧtantΝsousΝleΝἸiἹuier » (champ sémantique de la vision). Cette réponse pousse Nathanaël à confesser que Jésus est le « fils de Dieu », le « roiΝ ἶ’Ἑsraël », confession qui constitue une reprise du v. 34). A chaque moment clef de cet épisode : la renἵontreΝentreΝJὧsusΝetΝἠathanaël,Νl’invitationΝἶeΝJὧsusΝouΝlaΝjustiἸiἵationΝἶuΝtitreΝἶonnὧΝparΝ Jésus à Nathanaël (« un véritable Israélite », « enΝ lequelΝ ilΝ n’yΝ aΝ pasΝ ἶeΝ ruse »), le champ sémantique de la vision est présent ; elle est donc un élément central dans la relation entre Jésus et Nathanaël. Plusieurs symboles sont également présents dans la première partie de cet épisode : l’expressionΝ « véritable Israélite », le figuier, le titre de « roiΝ ἶ’Ἑsraël ».Ν δ’expressionΝ « véritable Israélite » (reprenant la structure des v. 29 et 36 avec ́ ) caractérise Nathanaël comme membre fidèle et authentique du peuple de Dieu 236 : le figuier est un symbole montrant que Nathanaël étudiait les Ecritures 237, faisant de Nathanaël la figure stéréotypée du Juif pieux. Le titre de « roiΝἶ’Ἑsraël » apparaît comme le plus haut titre que Nathanaël, en tant que figure du judaïsme, puisse donner à Jésus etΝneΝseΝtrouveΝprὧsentΝqu’iἵiΝetΝenΝJnΝ1β,Ν1ἁ238. δaΝrὧponseΝἶeΝJὧsusΝsertΝἶ’annonἵeΝἶeΝl’aἵἵomplissementΝἶeΝἶiἸἸὧrentsΝsiἹnesΝquiΝaurontΝlieuΝ LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 192-193 ; ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 89. 236 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12),Νp.Νλ0.Νδ’expressionΝpeutΝêtreΝrapproἵhὧeΝἶeΝἵelleΝprὧsenteΝ en Ps 32, 1 ou Es 53, 9 par exemple. HUNT S. A., « Nathanael : Under the Fig Tree on the Fourth Day », in HUNT S. A., TOLMIE F., ZIMMERMANN R. (éd.), Charater Studies in the Fourth Gospel. Narrative Approaches to Seventy Figures in John, Tübingen, Mohr Siebeck, 2013, p. 191. 237 δeΝἸiἹuierΝἶὧsiἹneΝtraἶitionnellementΝl’enἶroitΝoὶΝunΝJuiἸΝὧtuἶiaitΝlesΝἓἵritures.ΝCf. HUNT S. A., « Nathanael : Under the Fig Tree on the Fourth Day », p. 191. 238 JnΝ 1β,Ν 1ἁΝ raἵonteΝ l’arrivὧeΝ ἶeΝ JὧsusΝ ὡΝ JὧrusalemΝ etΝ sonΝ aἵἵueilΝ parΝ laΝ ἸouleΝ quiΝ leΝ ἶὧsiἹne comme « roi ἶ’Ἑsraël », accomplissant les Ecritures (Za 9, 9). 235 58 pendant le ministère de Jésus – etΝquiΝs’ouvrentΝaprèsΝἵetΝὧpisoἶeΝlorsΝἶesΝnoces de Cana – et montreΝqueΝl’attenteΝ ἶeΝἠathanaël,Ν etΝὡΝtraversΝluiΝ ἶ’Ἑsraël,ΝseraΝἵomblὧeΝ etΝ mêmeΝ ἶὧpassὧe.Ν ἓnἸin,ΝleΝv.Νἃ1ΝἶὧveloppeΝl’aἸἸirmationΝἶuΝv.Νἃ0ΝtoutΝenΝἶonnantΝὡΝJὧsusΝ(iἵiΝilΝseΝleΝἶonne luimême) un dernier titre, celui de « ἸilsΝἶeΝl’homme ». La reprise de Gn 28, 12239 évoquant le lien entre la terre et le ciel permet de décrire le ministère de Jésus et sa relation avec le Père240. Gn 28, 12 raconte : Jacob a rêvé ἶ’uneΝ ὧἵhelleΝ « dont la tête touchait le ciel » sur laquelle les anges de Dieu montaient et descendaient. δ’interprὧtationΝ ἶeΝ ἵeΝ versetΝ parΝ leΝ narrateur consiste à comprendre la venue de Jésus dans le monde, comme le moyen, pour les hommes,Νἶ’aἵἵὧἶerΝauΝmonἶeΝἵὧleste.ΝΝ Le récitΝ ἶeΝ laΝ voἵationΝ ἶesΝ ἶisἵiplesΝ permetΝ ὡΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ ἶeΝ ἸaireΝ découvrir au lecteur la condition de disciple et son statut particulier par rapport à la relation de Jésus avec ses futurs adversaires, déjà évoqués en Jn 1, 19. Cet épisode permet également de ἸaireΝἶὧἵouvrirΝl’iἶentitὧΝἶeΝJὧsusΝtoutΝenΝmontrantΝparΝquelsΝparἵoursΝἵetteΝiἶentitὧΝpeutΝêtreΝ ἶὧἵouverteΝ(l’ὧἵouteΝἶeΝJeanΝleΝἐaptiste,Νl’ὧἵouteΝἶeΝl’appelΝἶeΝJὧsus,Νl’ὧἵouteΝἶeΝl’appelΝἸaitΝ par un disciple). A la fin de cet épisode, le lecteur est prêt à découvrir le début du ministère terrestre de JὧsusΝ ὡΝ traversΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶesΝ noἵesΝ ἶeΝ ἑana,Ν rὧἶiἹὧΝ ἵommeΝ l’ὧpisoἶeΝ programmatique des récits de signes, comme le laisse entendre Jn 2, 11 241. Ce verset reprend plusieurs éléments du premier chapitre comme les mot ̓λξ́, ια, φαθ λ́π, le verbe πδ ́π et la mention des ηαγβ ά, ce qui indique comment ce premier signe accomplit ce qui est annoncé en Jn 1. Le bref parcours à travers Jn 1, 1-ἃ1ΝaΝpermisΝἶeΝmettreΝenΝὧviἶenἵeΝl’omniprὧsenἵeΝἶuΝἵhampΝ sémantique de la vision dans ce chapitre (Jn 1, 14.18.29.32.33.34.36.38.39.42.46.4748.50.51) etΝἶeΝἶonnerΝlesΝὧlὧmentsΝnὧἵessairesΝpourΝsaΝἵomprὧhensionΝquiΝseraΝl’objetΝἶeΝlaΝproἵhaineΝ étude. B. Etude du champ sémantique de la vision en Jn 1, 1-51 I. Introduction générale Le style en spirale 242 ἶeΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ l’amèneΝ ὡΝ traiterΝ ἶesΝ thématiques qui lui sont chères en les développant progressivement. Pour créer cet effet de spirale, il réutilise et/ou développe des lexèmes de chapitre en chapitre, en ajoutant ou précisant le COD ἶ’unΝverbe,ΝetΝenΝexploitantΝunΝἵhampΝsὧmantiqueΝὡΝl’aiἶeΝἶuquelΝilΝἵrὧeΝἶesΝ liensΝ littὧrairesΝ etΝ thὧmatiquesΝ quiΝ s’insèrentΝ ἶansΝ laΝ narration.Ν ἑ’estΝ leΝ ἵasΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ quiΝ ἸaitΝ l’objetΝ ἶeΝ ἵetteΝ ὧtuἶe.Ν ἑ’estΝ pourquoiΝ onΝ entreprenἶΝ iἵiΝ ἶ’ὧtuἶierΝ etΝ ἶ’interprὧterΝ lesΝ versetsΝ ἵontenantΝ unΝ verbeΝ ἶeΝ vision,Ν prὧsentsΝ ἶansΝ leΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν enΝ ὧtablissantΝ etΝ analysantΝ leursΝ liensΝ aveἵΝ ἶ’autresΝ versetsΝ ἶansΝ leΝ resteΝ ἶeΝ εα θυπθδ γβΝεα ̓ κ εζ ηαιΝ βλδΰη θβΝ θΝ ΰ μΝ ε φαζ ̓φδεθ ῖ κΝ ̓μΝ θΝκὐλαθ θΝεα κἱ ΰΰ ζκδΝ κ γ κ ̓θ ίαδθκθΝεα εα ίαδθκθΝ π᾽ αὐ μ. 240 δ’aἵtionΝἶeΝmontὧeΝetΝἶeΝἶesἵenteΝὧvoquée dans la citation reprise au v. 51 se retrouve souvent pour décrire la relation entre le Fils et le Père. Cf. Jn 3, 13 ; Jn 6, 41 ; Jn 20, 17. 241 Σα βθ πκ β θ ἀ ῶθ ὁ β κ μ θ Καθ μ Γαζδζα αμ εα φα θ ό α αὐ κ , εα π υ α ̓μ αὐ θ κἱ α α αὐ κ . 242 ἠousΝἶevonsΝἵetteΝexpressionΝἶὧἸinissantΝleΝ styleΝἶeΝ l’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝὡΝε.Νἑ.ΝἕrappeΝquiΝ l’aΝ utilisὧeΝἶansΝsonΝἵoursΝsurΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝἶonnὧΝὡΝlaΝἔaἵultὧΝἶeΝἦhὧoloἹieΝprotestanteΝἶeΝl’ἧniversitὧΝἶeΝ StrasbourἹΝἶurantΝl’annὧeΝuniversitaireΝβ01ἂ-2015. 239 59 l’ἓvanἹile 243 .Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵesΝ liensΝ permettraΝ ἶeΝ mettre en évidence le réseau sémantique auquelΝ ἵhaqueΝ versetΝ ὧtuἶiὧΝ appartientΝ ἶansΝ ἵetteΝ ὧἵritureΝ quiΝ n’estΝ pasΝ linὧaire,Ν maisΝ quiΝ proἹresseΝ enΝ spirale.Ν δ’ὧtuἶeΝ enΝ ἵontexteΝ etΝ enΝ rὧseauΝ ὧἵlaire,Ν Ἱlobalement,Ν leΝ ἵhampΝ sémantique étudié, donne des informations permettant de comprendre les occurrences prὧsentesΝ ἶansΝ leΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ et,Ν plusΝ Ἱὧnὧralement,Ν ἸaitΝ ressortirΝ l’artiἵulationΝentreΝἵontexteΝetΝlexique,ΝlaΝmanièreΝἶontΝleΝlexiqueΝmoἶiἸieΝleΝsensΝἶuΝἵontexteΝ et dont le contexte à son tour influence le sens du lexique. Elle permet également de comprendre comment le champ sémantique de la vision est utilisé littérairement, dans la narrationΝetΝleΝstyle,ΝetΝἵeΝqueΝἵeΝthèmeΝexprimeΝthὧoloἹiquementΝpourΝl’auteur. Les parallèles permettant de tisserΝlesΝrὧseauxΝsontΝἶeΝἶeuxΝtypes.ΝἦoutΝἶ’aborἶ,ΝilsΝpeuventΝ être sémantiques – ilΝs’aἹitΝἶeΝlaΝmajoritὧΝἶesΝparallèlesΝ–,Νἵ’est-à-dire que les versets mis en lien contiennent des verbes de sens analogue, à des temps ou à des personnes identiques à ceux queΝ l’onΝ trouveΝ ἶansΝ les versets du premier chapitre. Ces parallèles permettent ἶ’iἶentiἸierΝ puisΝ ἶ’analyserΝ leΝ maillaἹeΝ thὧmatiqueΝ eἸἸeἵtuὧΝ parΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ parΝleΝ biaisΝ ἶuΝ champ sémantique de la vision. Deuxièmement, ces parallèles peuvent être contextuels. ἙlΝs’aἹitΝnotammentΝἶesΝversetsΝoὶΝleΝ COD du verbe de vision utilisé est identique à celui du verbe de vision dans le verset parallèle du premier chapitre, par exemple les versets où le mot κί de Jn 1, 14 est en position de COD ἶ’unΝ verbeΝ « voir ».Ν δeΝ sensΝ ἶ’unΝ lexèmeΝ ὧtantΝ enΝ partieΝ ἶὧterminὧΝ parΝ lesΝ autresΝ lexèmesΝ prὧsentsΝἶansΝsonΝἵontexte,Νl’analyseΝἶesΝversetsΝparallèlesΝoὶΝestΝutilisὧΝunΝmêmeΝ COD permet de mieux saisir le sens du verbe de vision de Jn 1 étudié, ainsi que la signification littéraire et thὧoloἹiqueΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvision.ΝχἸinΝἶ’ὧtablirΝetΝἶeΝἵomprenἶre,ΝparΝexemple,ΝleΝsensΝἶeΝ l’expressionΝ« voir la gloire »Νqu’onΝtrouveΝenΝJnΝ1,Ν1ἂ,ΝὧtuἶierΝlesΝversetsΝoὶΝseΝtrouveΝprὧsent le mot κί permet de mieux définir le sens de ce mot dans l’Evangile et, rétrospectivement, de mieux comprendre le sens et la signification du verbe de vision de Jn 1, 14 et de l’expressionΝ [voir]+ κί. Un parallèle contextuel peut aussi être fait lorsque, dans le verset étudié, se trouvent des mots ou des expressions se retrouvant dans le verset mis en parallèle, sans que dans ledit verset se trouve un verbe du champ sémantique étudié. Le nombre des parallèles contextuels a été limité – exception faite des parallèles établis à partir des COD de verbes de vision. Ces deux types de parallèles – sémantiques et contextuels – sont complémentaires, dans la mesureΝ oὶΝ ilsΝ ἵorresponἶentΝ auxΝ ἶeuxΝ manièresΝ pourΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ἶeΝ ἶὧvelopperΝ ἵhapitreΝ après chapitre les thématiquesΝ qu’ilΝ estimeΝ importantes.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ parallèlesΝ permettraΝἶ’ὧἵlairerΝleΝsensΝἶesΝpropositionsΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝiἵiΝanalysὧes,Νet,ΝὡΝl’ὧἵhelleΝ ἶeΝtoutΝl’ἓvanἹile,ΝἶeΝἶὧἹaἹerΝlesΝsensΝἵontextuelsΝetΝlesΝsensΝspὧἵialisὧs. δ’ὧtuἶeΝἶuΝἵhamp sémantique de la vision en Jn 1, 1-51 aura donc une visée triple : éclairer la signification du 1er chapitre ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean,Ν ὧἵlairerΝ l’utilisationΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ἶansΝ sonΝ contexte narratif et éclairer la signification littéraire et théologique du thème de la vision. ἢarΝἵonvenanἵe,ΝnousΝparleronsΝἶeΝversetsΝjohanniques,ΝmêmeΝsiΝἵetΝaἶjeἵtiἸΝneΝrenvoieΝiἵiΝqu’auxΝversetsΝἶeΝ l’ἓvanἹileΝetΝnonΝὡΝἵeuxΝἶuΝἵorpusΝjohanniqueΝenΝentier. 243 60 a. Etude de Jn 1, 14 i. Introduction Κα ὁ ζ ΰκμΝ λιΝ ΰ θ κΝ εα ε θπ θΝ θΝ ηῖθ,Ν εα α ά α θΝ ιαθΝ αὐ κ , ιαθΝ μΝηκθκΰ θκ μΝπαλ πα λ μ,Νπζ λβμΝξ λδ κμΝεα ̓ζβγ αμ. Et la Parole est devenue chair et elle a habité244 parmi nous, et nous avons contemplé sa gloire, gloire comme [celle] du premier-nὧΝἶ’auprèsΝἶeΝDieu,ΝpleineΝἶeΝἹrὢἵeΝetΝἶeΝvὧritὧ. En Jn 1, 14, l’auteur du quatrième Evangile utilise pour la première fois un verbe de vision : γ ακηαδ,Νet ce, dans un verset traitant explicitement de l’incarnation. En faisant cela, l’auteurΝὧtablit,ΝpourΝ leΝleἵteur,Ν unΝ lienΝὧtroitΝ entreΝ laΝ visionΝ etΝ l’inἵarnation.ΝἑetteΝpremièreΝ oἵἵurrenἵeΝest,ΝparΝἵonsὧquent,ΝἸonἶamentaleΝpourΝlaΝἵomprὧhensionΝἶeΝl’utilisationΝetΝἶeΝlaΝ signifiἵationΝ(sὧmantiqueΝetΝlittὧraire)ΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝἵeΝquiΝjustiἸieΝl’importanἵeΝ ἶeΝl’analyseΝἶeΝἵeΝversetΝἶansΝἵetteΝὧtuἶe. δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ l’expressionΝ « γ α η γα θ ιαθ αὐ κ » de Jn 1, 14 se fera en plusieurs étapes et aura pour but de comprendre le choix du verbe, sa signification dans cette expression etΝsaΝsiἹniἸiἵationΝἶeΝἵetteΝexpressionΝὡΝtraversΝl’analyseΝἶeΝἶiἸἸὧrents parallèles. ἑetteΝὧtuἶeΝἵommenἵeraΝparΝl’analyseΝrapiἶeΝἶesΝliensΝἵontextuelsΝetΝlittὧrairesΝaveἵΝlesΝautresΝ versetsΝ ἶeΝ laΝ pὧriἵope.Ν ἓlleΝ ἵontinueraΝ aveἵΝ l’analyseΝ ἶiἸἸὧrentesΝ oἵἵurrenἵesΝ ἶesΝ verbesΝ ἶeΝ vision à la première 1 ère du pluriel seront étudiéesΝaἸinΝἶeΝvoirΝsiΝl’emploiΝἶeΝἵetteΝpersonneΝ inἸluenἵeΝlaΝsiἹniἸiἵationΝἶeΝl’expressionΝἶuΝv.Ν1ἂ,Νἵ’est-à-dire si elle a un sens de spécialité. Les parallèles contextuels en dehors du premier chapitre seront également analysés. Le premier parallèle contextuel concernera le COD du verbe γ ακηαδΝdans ce verset : la ́ια.ΝLes versets où la κιαΝest COD d’un verbe de vision ainsi que certains autres versets où le lexème κιαΝapparaît. Le second parallèle contextuel sera constitué d’une partie des versets traitant de la vision des signes, lorsque cette vision est exprimée avec le verbe γ πλ π245. Le choix de l’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵeΝ ἶeuxièmeΝ parallèleΝ ἵontextuelΝ seΝ justiἸieΝ parΝ leΝ lienΝ ὧtablit,Ν parΝ l’ὧvanἹὧliste,Ν entre la vision de la gloire et la vision des signes. Comme cela a été dit lors du bref parcours de Jn 1,-51, la vision de la gloire se fait en partie, à travers les signes que Jésus effectue. Pour comprendre l’expression [voir]+ κια,Ν il est nécessaire de comprendre ce qu’est la gloire et, par conséquent, de comprendre ce que signifie la vision des signes, manifestation de la gloire (cf. Jn 2, 11). ii. Premières observations à propos de Jn 1, 14 δ’expressionΝ« γ α η γαΝ θΝ ιαθΝαὐ κ » présente en Jn 1, 14 contient la première oἵἵurrenἵeΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶans l’Evangile. Le verbe utilisé est γ ακηαδ.ΝCe verbe n’est employé que six fois dans l’Evangile : cinq fois à l’aoriste (trois fois au participe, une fois à l’impératif, une fois à l’indicatif) et une fois au parfait. L’utilisation de γ ακηαδΝen Jn 1, 14 est la seule occurrence à l’indicatif aoriste. Lors de l’étude linguistique du champ sémantique de Littéralement la forme verbale ε θπ θ se traduit par « a planté sa tente ».Νδ’emploiΝἶuΝverbeΝ εβθ́π est uniqueΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ etΝ renvoieΝ trèsΝ probablementΝ ὡΝ laΝ tenteΝ ἶeΝ l’χllianἵeΝ etΝ ὡΝ laΝ rὧἸὧrenἵeΝ prὧsenteΝ ἶansΝ leΝ Siracide. Cf. Si 24, 8 : « χlorsΝἙlΝm’aΝἶonnὧΝunΝorἶre,ΝδeΝἑrὧateurΝἶeΝl’univers,ΝouiΝἑeluiΝquiΝm’aΝenἹenἶrὧeΝaΝ stabilisé ma tente νΝ ἙlΝ m’aΝ ἶit μΝ “ἑ’estΝ enΝ JaἵobΝ queΝ tuΝ ἶoisΝ ἶresserΝ taΝ tente,Ν ἵ’estΝ enΝ ἙsraëlΝ queΝ tuΝ aurasΝ tonΝ ἶomaine”Ν »Ν( Ν θ ζα ηκδΝὁ ε βμΝ π θ πθΝεα ὁ ε αμΝη Νεα παυ θΝ θΝ εβθ θΝηκυΝεα π θΝ θΝ ΙαεπίΝεα α ε θπ κθΝεα θΝΙ λαβζΝεα αεζβλκθκη γβ δ).Νἦraduction de la TOB. 245 L’expression de la vision des signes au moyen du verbe κ̔λαπΝa été analysée au chapitre I. Cf. Chapitre I, B, II, d. 244 61 la vision, il a été établi que γ ακηαδΝétait un équivalent sémantique de γ πλ π,Νleur distinction étant uniquement temporelle. Le choix de γ ακηαδΝen Jn 1, 14 suggère que la vision exprimée avec γ ακηαδ/γ πλ πΝ est importante pour le narrateur et peut-être liée au contexte de ce verset (l’incarnation). De plus, la moitié des occurrences de γ ακηαδΝse trouve dans le premier ἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹileΝ(auxΝv.Ν1ἂ,Νv.ΝἁβΝetΝauΝv.Νἁκ)ΝἵeΝquiΝtenἶΝὡΝmontrerΝqueΝl’auteurΝaΝὧtabliΝ des liens littéraires entre ces différentes occurrences. iii. Les liens littéraires au sein du 1 er chapitre Les liens effectués entre Jn 1, 14 et les autres versets du premier chapitre permettent de mieuxΝ ἵomprenἶreΝ ἵommentΝ leΝ v.Ν 1ἂΝs’insèreΝ ἶansΝ leΝ ἶὧveloppementΝ narratiἸΝ ἶuΝ ἵhapitreΝ etΝ ainsi de voir à quelles autres thèmes ce verset est lié. La majorité des liens présents entre Jn 1, 14 et le reste du premier chapitre sont thématiques (contexutels et littéraires). Jn 1, 14 est lié aux versets 1 et 2, qui parlent de la relation entre le Logos et Dieu, dans la mesureΝoὶΝleΝv.Ν1ἂἵΝexprimeΝἵetteΝrelationΝenΝἶ’autresΝtermesΝliὧsΝὡΝl’inἵarnation 246 : le Logos est le premier-nὧΝauprèsΝἶeΝDieu,ΝetΝἵ’estΝἶe là que vient sa gloire. Le v. 14a peut être mis en relation avec les versets 9 et 10 puisqu’ils traitent également de l’incarnation. Ces versets expriment l’incarnation avec un mouvement descendant ( λξκηαδ)Ν alors que le v. 14a a une perspective linéaire et temporelle ( αλιΝ ΰ θ κ,Ν εβθπ θ).ΝLe lien entreΝ ἵesΝ versetsΝ suἹἹèreΝ uneΝ volontὧ,Ν ἶeΝ laΝ partΝ ἶuΝ narrateur,Ν ἶ’artiἵulierΝ leΝ voirΝ aveἵΝ l’ὧvὧnementΝ ἶeΝ l’inἵarnation,Ν quiΝ peutΝ êtreΝ ἵonsiἶὧrὧΝ ἵommeΝ laΝ ἵonἶitionΝ ἶeΝ possibilitὧΝ ἶuΝ voir.ΝἓnΝἶ’autresΝtermes,Νl’inἵarnationΝseΝἵaraἵtὧriseΝparΝsaΝvisibilitὧ. iv. δ’emploiΝἶeΝlaΝ1ère personne du pluriel En Jn 1, 14 le verbe γ ακηαδΝest conjugué à la première personne du pluriel ce qui est extrêmementΝrareΝauΝ vuΝ ἶuΝ nombreΝ importantΝἶ’oἵἵurrenἵesΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶeΝ vision. En effet, sur les cent vingt-sept occurrences dans notre corpus, seul cinq – Jn 1, 14 compris – contiennent un verbe à la première personne du pluriel. Jn 1, 14 est le seul verset où γ ακηαδΝ est construit à la première personne du pluriel. En Jn 3, 11, Jn 6, 30 et Jn 20, 25 κ̔λαπΝ est utilisé pour exprimer la première personne du pluriel. Enfin, en Jn 9, 41,Νίζ ππΝest utilisé. ἥansΝentrerΝἶansΝleΝἶὧtailΝἶeΝlaΝsiἹniἸiἵationΝἶeΝἵesΝἶiἸἸὧrentsΝversetsΝpuisqu’ilsΝserontΝὧtuἶiὧsΝ par la suite (Jn 6, 30 dans la présente étude de Jn 1, 14 et Jn 3, 11 νΝJnΝβ0,ΝβἃΝlorsΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶeΝ JnΝ 1,Ν 1κ),Ν ilΝ estΝ importantΝ ἶ’analyserΝ l’utilisationΝ etΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ ἶeΝ ἵetteΝ personneΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝaἸinΝἶeΝἵomprenἶreΝJnΝ1,Ν1ἂ,ΝsesΝpointsΝἵommunsΝetΝsesΝἶiἸἸὧrenἵesΝaveἵΝἵes autres versets. Jn 1, 14 : α ά α θΝ ιαθΝαὐ κ ; Jn 3, 11 μΝεα ὃ ά α ηαλ υλκ η θ,Νεα θΝ ηαλ υλ αθΝ ηῶθΝ κὐ ζαηί θ Ν etΝ JnΝ β0,Ν βἃ : ζ ΰκθΝ κ θΝ αὐ ͅ κἱ ζζκδΝ ηαγβ α · ά α θΝε λδκθ. Ces trois affirmations sont des discours confessants de la communauté johannique 247 et plus spécifiquement des disciples décrits comme premiers témoins en Jn 20, 25. En Jn 6, 30248 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 65 ; LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 120. 247 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 117. 248 πκθΝκ θΝαὐ ͅ·Ν κ θΝπκδ ῖμΝ βη ῖκθ,Ν θαΝ́ πη θΝεα πδ πη θΝ κδνΝ λΰ ᾳν 246 62 et Jn 9, 41249, au contraire, les paroles rapportées viennent de ceux qui ne croient pas en Jésus : soit la foule (Jn 6, 30), soit les pharisiens (Jn 9, 41). Jn 9, 41 est le seul verset où ίζ ππΝest utilisé. L’affirmation « ίζ πκη θ » ne vient pas directement des pharisiens mais est rapportée par Jésus après avoir transformé leur question rhétorique (v. 40 : « serions-nous aveugles ? ») en discours direct : « nous voyons ». Cette affirmation comporte sans doute une certaine ironie : ceux qui disent « nous voyons »ΝsontΝἵeuxΝquiΝn’ontΝpasΝ« vu » Jésus et sont, narrativement, les personnages opposés à la communauté johannique. χinsi,Νl’emploiΝἶeΝlaΝ1ère personne du pluriel en Jn 1, 14 correspond à ceux en Jn 3, 11 et Jn 20, 25 νΝl’expressionΝ« α ά α θΝ ιαθΝαὐ κ » en Jn 1, 14 est un discours confessant de la communauté des disciples et/ou de la communauté johannique 250 qui a lieu, du point de vueΝtemporel,ΝaprèsΝl’ὧvὧnementΝἶeΝlaΝἵroix. v. Les versets liés à la ́ια ἓnΝJnΝ1,Ν1ἂ,Νl’ὧvanἹὧliste a utilisé une notion transversale de son Evangile, notion qui paraît être fondamentale pour la compréhension de la théologie johannique, la notion de [gloire].ΝδeΝἸaitΝqu’ilΝaitΝἵhoisiΝἶ’artiἵuler,ΝἶèsΝleurΝpremièreΝutilisation,ΝlaΝ ια et le « voir » dans une construction verbe+COD tend à montrer qu’il existe un lien étroit entre ces deux notions sur le plans sémantique, littéraier et théologique. C’est pourquoi, afin de comprendre la signification de γ ακηαδΝ dans ce verset, il est nécessaire de comprendre ce qu’est précisément la ια,ΝἵeΝqu’impliqueΝetΝsiἹniἸieΝsaΝvision.ΝΝ Le lexème ια se trouve dix-huitΝ ἸoisΝ ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean.Ν ἥurΝ ἵesΝ ἶix-huit occurrences, six251 vont être étudiées, car elles éclairent la signification générale de ιαΝ etΝ son rapport à la vision. Sur ces six occurrences, quatre sont directement liées à un verbe de vision (Jn 2, 11 ; Jn 11, 40 ; Jn 12, 41 et Jn 17, 24), deux sont liées aux signes et au croire (Jn 11, 40 ; Jn 12, 37-43) et deux sont liés au contexte littéraire de Jn 1, 14 et du prologue (Jn 17, 5 ; Jn 5, 41). Les deux versets liés au contexte littéraire de Jn 1, 14 (Jn 17, 5 ; Jn 5, 41) serontΝἶ’aborἶΝὧtuἶiὧ,ΝpuisΝἵeuxΝoὶΝlaΝἹloireΝestΝliὧeΝauxΝnotionsΝἶeΝ[siἹne]ΝetΝἶeΝ[ἵroire]Ν(JnΝ 11, 40 ; Jn 12, 37-ἂἁ).Νδ’examenΝἶeΝἵesΝversetsΝpermettraΝἶeΝmettreΝenΝὧviἶenἵeΝl’arrière-plan thὧmatiqueΝprὧsentΝlorsΝἶeΝl’utilisationΝἶeΝlaΝnotionΝἶeΝἹloireΝetΝainsiΝἶeΝmieuxΝἵomprenἶreΝlesΝ versets où les notions [voir] et [gloire] sont présentes (Jn 2, 11, Jn 11, 40, Jn 12, 41 et Jn 17, 24). π θΝαὐ κῖμΝὁ β κ μ·Ν ̓ υφζκ ,ΝκὐεΝ θΝ ́ξ Ν ηαλ αθ·Νθ θΝ ζ ΰ Ν́ δΝίζ πκη θ,Ν ηαλ αΝ̔ηῶθΝ η θ δ. 250 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 65. 251 2, 11 : Σα βθ πκ β θ ̓λξ θ ῶθ βη πθ ὁ β κ μ θ Καθ μ Γαζδζα αμ εα φαθ λπ θ θ α αὐ κ , εα π υ αθ ̓μ αὐ θ κἱ ηαγβ α αὐ κ . 5, 41 : Δ α παλ ̓θγλώππθ κὐ ζαηί θπ, 8, 54 : ̓π ελ γβ β κ μ· θ ΰ̀ κι π ηαυ θ, α ηκυ κὐ θ δθ· δθ ὁ πα λ ηκυ ὁ κι απθ η , ὃθ ̔η ῖμ ζ ΰ ́ δ γ μ ηῶθ δθ, 11, 40 : ζ ΰ δ αὐ ὁ β κ μ· κὐε π θ κδ ́ δ θ πδ ͅμ ́οͅ θ α κ γ κ ; 12, 3743 : 37Σκ α α αὐ κ ῖα π πκδβε κμ ηπλκ γ θ αὐ ῶθ κὐε π υκθ ̓μ αὐ θ,38 θα ὁ ζ ΰκμ α κυ κ πλκφ κυ πζβλπγ ὃθ π θ· ε λδ , μ π υ θ ̓εκ ηῶθ; εα ὁ ίλαξ πθ ευλ κυ θδ ̓π εαζ φγβ;39 δ κ κ κὐε θαθ κ πδ δθ, ́ δ π ζδθ π θ α αμ· 40 φζπε θ αὐ ῶθ κ μ ̓φγαζηκ μ εα πώλπ θ αὐ ῶθ θ εαλ αθ, θα η ́ π δθ κῖμ ̓φγαζηκῖμ εα θκ π δθ εαλ εα λαφῶ δθ, εα ̓ κηαδ αὐ κ μ.41 α α π θ α αμ ́ δ θ θ α αὐ κ , εα ζ ζβ θ π λ αὐ κ .42 ́ηπμ η θ κδ εα ε ῶθ ̓λξ θ πθ πκζζκ π υ αθ ̓μ αὐ θ, ̓ζζ δ κ μ Φαλδ α κυμ κὐξ ηκζ ΰκυθ θα η ̓πκ υθ ΰπΰκδ ΰ θπθ αδ· 43 ΰ πβ αθ ΰ λ θ α ῶθ ̓θγλώππθ η ζζκθ π λ θ α κ γ κ . 17, 5 : εα θ θ ια θ η , π λ, παλ αυ ͅ ῃ ξκθ πλ κ θ ε ηκθ θαδ παλ κ . 17, 24 : Π λ, ὃ πε μ ηκδ, γ ζπ θα ́πκυ ̓η ΰ̀ ἐε ῖθκδ δθ η ᾽ ηκ , θα γ πλῶ δθ θ α θ η θ, θ πε μ ηκδ ́ δ ΰ πβ μ η πλ εα αίκζ μ ε ηκυ. 249 63 δ’expressionΝ [voir]+ ια estΝ absenteΝ ἶansΝ laΝ littὧratureΝ ἵlassique.Ν ἑetteΝ absenἵeΝ s’expliqueΝ simplement par le fait que le mot ια signifie « opinion » ou « honneur » 252 dans la littérature classique et non pas « gloire ». Par conséquent, même si la construction [voir]+ ια existe dans cette littérature253, elle ne peut être considérée comme un équivalent ἶeΝ ἵelleΝ queΝ l’onΝ trouveΝ ἶansΝ laΝ ἥeptante,Ν laΝ littὧratureΝ intertestamentaireΝ etΝ leΝ ἠouveauΝ Testament. δ’iἶὧeΝἶeΝ[voir]+ ιαΝest présente dans la Septante.Νδ’expressionΝestΝἸrὧquemmentΝemployὧeΝ pour parler de la gloire de Dieu νΝἵ’estΝleΝἵasΝenΝἓxΝ1ἄ,Νι (ὄ θΝ ό α ευλ κυ), en Lv 9, βἁΝ(εα ὤφ ό α ευλ́κυΝπαθ ͅ ζᾳ)ΝouΝenΝἠbΝ1β,ΝκΝ(εα θΝ ό α ευλ́κυΝ ἶ ) par exemple.Ν δ’expressionΝ est construite une seule fois avec le verbe γ ακηαδ : dans la version comprenant les majuscules BAV de Tb 13, 14254 (16) : ́ δΝ π κ ξαλ κθ αδΝ α ά π αθΝ θΝ ό α κυ.Ν DansΝ laΝ versionΝ attestὧeΝ parΝ lesΝ manusἵrits S La, la leçon est la suivante μΝεα ὄ α π αθΝ θΝξαλ θΝ κυ.ΝL’emploi de γ ακηαδΝdans une des versions du livre de Tobit peut s’expliquer par sa datation. Il s’agit en effet d’une traduction tardive, tout comme pour la majorité des livres de la Septante où les verbes γ ακηαδΝet γ πλ́π sont le plus attestés255. Or, le grec plus tardif, à partir du 2 ème siècle avant Jésus-Christ, tend à plus utiliser ἵesΝverbes,ΝἵommeΝl’aἸἸirmeΝJ.Νχ.Νδee256. ἡnΝ ἵonstateΝ ἶonἵΝqueΝl’expressionΝ[voir]+ ιαΝ estΝtypiqueΝ ἶeΝ laΝlittὧratureΝ juiveΝ etΝbibliqueΝ mais qu’alors,Ν leΝ verbeΝ γ ακηαδΝ est peu attesté. La signification de cette expression dans l’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝvaΝmaintenantΝêtreΝὧtuἶiὧe.Ν Comme cela a été dit lors du bref parcours de la péricope257, la ια estΝliὧeΝὡΝl’êtreΝἶuΝἔils.Ν La « gloire » manifeste l’êtreΝἶuΝἔilsΝetΝmaniἸesteΝaussiΝleΝἢèreΝὡΝtraversΝlesΝsiἹnesΝqueΝleΝἔilsΝ accomplit. Par conséquent, la gloire manifeste la relation du Père et du Fils par les signes qui la font connaître. La [ ια] – et la « glorification »ΝexprimὧeΝaveἵΝleΝverbeΝ[ κίαπ]Ν– renvoie aussiΝ ὡΝ laΝ mortΝ etΝ laΝ rὧsurreἵtionΝ ἶuΝ ἔils.Ν δaΝ rὧsurreἵtionΝ rὧtablitΝ l’ὧtatΝ ἶuΝ ἔilsΝ antὧrieurΝ ὡΝ l’inἵarnationΝ etΝ maniἸesteΝainsiΝsonΝêtre,ΝmaisΝaussiΝsaΝrelationΝauΝἢère,ΝpuisqueΝlaΝἹloireΝ ἶuΝ Père passe par la glorification du Fils. Les deux versets sélectionnés (Jn 5, 41 et Jn 17, 5) pour leurs liens thématiques avec Jn 1, 14 traitentΝἶeΝl’oriἹineΝἶeΝlaΝ ια. En Jn 5, 41, il est dit : ό α παλ ̓θγλώππθ κὐ ζαηί θπ,Ν sous-entendant que Jésus reçoit la gloire de Dieu, ce qui reprend, en négatif, l’aἸἸirmationΝde Jn 1, 1ἂbΝ ( ιαθ μ ηκθκΰ θκ μ παλ πα λ μ).Ν δaΝ prὧpositionΝ παλ +GN est également utilisée, ce qui crée un lien littéraire entre les deux versets. En Jn 17, 5, il est dit μΝ εα θ θΝ ια θΝη Ν ,Νπ λ,Νπαλ αυ ͅ ό ῃ ξκθΝπλ κ θΝε ηκθΝ θαδΝπαλ κ . Ici aussi,ΝlaΝprὧpositionΝπαλ est reprise, toutefois celle-ἵiΝestΝἵonstruiteΝaveἵΝleΝἶatiἸΝ(παλ κ ), 252 BAILLY A., Dictionnaire grec-français, Paris, Hachette, 20004, p. 531. Cf. par exemple ARISTOTE, Histoire des animaux, 541a, 22-26 μΝΣκ κΝη θΝκ θΝ δ πκζζ́εδμΝὁλ γαδΝ θΝ ́ιαθ πκ́β Ν μΝ̓ξ ́αμΝ ά βθ,Νπκδ ῖ ́Ν δΝ κδκ κθΝεα λ́πκ αΝ ῶθΝαῴπθ·Ν 254 ἠumὧrotationΝ etΝ texteΝ ἶeΝ l’ὧἶitionΝ ἶeΝ ἕέttinἹen.Ν Septuaginta. Vetus Testamentum Graecum Auctoritate Academiae Scientiarum Gottingensis editum. Tobit, VIII, 5 (HANHART R. [éd.]), Göttingen, Vandenhoeck&Ruprecht, 1983. 255 ἑ’estΝleΝἵasΝparΝexempleΝἶeΝἙI et III Maccabées. 256 LEE J. A., A lexical study of the Septuagint version of the Pentateuch, p. 140. 257 Cf. Chapitre II, A, II, b. 253 64 accentuant peut-êtreΝlaΝnotionΝἶ’oriἹine258. Ces deux versets donnent ainsi des éléments afin ἶeΝ ἵomprenἶreΝ l’oriἹineΝ ἶeΝ laΝ ια μΝ elleΝ vientΝ ἶ’auprèsΝ ἶuΝ ἢèreΝ παλ +GN/DT etΝ leΝ ἔilsΝ l’aΝ reçue avant la création du monde. δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ JnΝ β,Ν 11 ; Jn 11, 40 et Jn 12, 37-ἂἁ,Ν permettraΝ ἶ’expliquerΝ ἵeΝ queΝ siἹniἸieΝ l’expressionΝ[voir]+ ιαΝἹrὢἵeΝὡΝsonΝrapportΝaveἵΝleΝἵroireΝetΝlesΝsiἹnes.Ν En Jn 2, 11 il est dit : Σα βθΝ πκ β θΝ̓λξ θΝ ῶθΝ ὁ β κ μΝ θΝΚαθ μΝΓαζδζα αμΝ εα φαθ λπ θ θΝ ό α αὐ κ ,Νεα π υ α ̓μΝαὐ θΝ κἱ ηαγβ α αὐ κ .Ν ἙlΝs’aἹitΝ ἶuΝ versetΝἵonἵlusiἸΝἶeΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝἑanaΝquiΝsertΝἶ’ὧpisoἶeΝἶeΝtransitionΝaprèsΝla première partie ἶeΝl’ἓvanἹileΝἵorresponἶantΝauΝpremierΝἵhapitre259. Jn 2, 11 est le 1er verset qui fait mention ἶeΝ laΝ ια aprèsΝ JnΝ 1,Ν 1ἂ.Ν ἑ’estΝ ὧἹalementΝ leΝ 1 er versetΝ quiΝ parleΝ expliἵitementΝ ἶesΝ βη ῖαΝ aprèsΝl’allusionΝἶeΝJnΝ1,Νἃ0,ΝsurΝlaquelleΝnousΝrevienἶrons.ΝJnΝβ,Ν11ΝἵonἵlutΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝἑanaΝ quiΝ introἶuitΝ leΝ ἶὧbutΝ ἶeΝ l’aἵtivitὧΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν ἙlΝ s’aἹitΝ parΝ ἵonsὧquentΝ ἶ’unΝ versetΝ programmatique, tout comme Jn 1, 14, qui introduit le ministère de Jésus, mais avec une perspective temporelle différente. En effet, Jn 1, 14 semble envisager le ministère terrestre du δoἹosΝ ἶepuisΝ unΝ tempsΝ postὧrieurΝ ὡΝ laΝ ἤὧsurreἵtion,Ν ἵommeΝ l’inἶiqueΝ leΝ pronomΝ personnelΝ « nous » 260 . Au contraire, Jn 2, 11 raconte le ministère de Jésus, introduit par le 1 er témoignage de Jean le Baptiste (Jn 1, 15), dans une perspective temporelle linéaire allant du premier « signe »Ν jusqu’ὡΝ laΝ ἤὧsurreἵtion.Ν ἢarΝ ἵonsὧquent,Ν l’ὧtuἶeΝ ἶeΝ JnΝ β,Ν 11Ν permetΝ ἶ’ὧἵlairerΝἶ’uneΝmanièreΝpartiἵulièreΝJnΝ1,Ν1ἂΝὧtuἶiὧΝprὧsentement. ἙlΝyΝestΝἶitΝqu’ὡΝἑanaΝarrivaΝleΝpremierΝsiἹneΝἶeΝJὧsusΝlorsΝἶuquelΝilΝἵhanἹeaΝl’eauΝenΝvin.ΝἑeΝ premierΝsiἹneΝaΝeuΝἶeuxΝἵonsὧquenἵes.ΝἦoutΝἶ’aborἶΝilΝaΝpermisΝἶeΝmaniἸesterΝ« sa gloire ». Deuxièmement, il a amené « ses disciples » à « croire ».Ν δ’ὧnumὧration des deux propositions,Νl’une ὡΝlaΝsuiteΝἶeΝl’autre,ΝὡΝl’aiἶeΝἶeΝlaΝἵonjonἵtionΝεά ne permet pas d’y voir, du point de vue de la syntaxe, un lien logique ou temporel particulier. Cependant, le choix du verbe φαθ λ́π (verbe causatif de vision), unique pour parler de la ια, mais toujours utilisé pourΝparlerΝ ἶeΝJὧsusΝouΝ ἶ’unΝὧlὧment qui lui est lié261, suggère que ce verset établit un lien causal μΝl’aἵtionΝpremièreΝἶeΝJὧsus262 (le signe des noces de Cana) a manifesté sa gloire et a eu pourΝ ἵonsὧquenἵeΝ l’aἵtionΝ ἶeΝ ἵroireΝ ἶesΝ ἶisἵiples.Ν δ’ὧpisoἶeΝ ἶesΝ noἵesΝ ἶeΝ ἑanaΝ estΝ directement lié à Jn 1, 50 où Jésus affirme : « η απΝ κ πθΝ́οͅ ». Cette affirmation prépare aux récits des signes effectués par Jésus (« livre des signes » : Jn 2-12) et qui commence avec le signe des noces de Cana, la première des choses « plus grandes » à « voir ». Jn 2, 11ΝpermetΝἶ’exprimerΝleΝἸaitΝqueΝJὧsusΝmaniἸesteΝlaΝἹloireΝenΝeἸἸeἵtuantΝἶesΝsiἹnesΝquiΝ permettent aux hommes – ici aux disciples – de voir la gloire et de croire. Jn 2, 11 introduit au début du récit du ministère de Jésus et aux récits des « signes ». En Jn 11, 40, il est dit : ζ ΰ δΝαὐ ὁ β κ μ·ΝκὐεΝ π θΝ κδΝ́ δΝ θΝπδ ͅμΝὄ ῃ θΝ ιαθΝ κ γ κ ; ἑeΝ versetΝseΝsitueΝlorsΝ ἶeΝl’ὧpisoἶeΝ ἶeΝlaΝrὧsurreἵtionΝ ἶeΝ δazareΝquiΝ estΝ désignée Sur le sens de παλ +DT, cf. BLASS C. F., DEBRUNNER A., A Greek Grammar of the New Testament and Other Early Christian Literature, p. 124. 259 Cf. Chapitre II, A, II, a. 260 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 64. 261 φαθ λ́π est utilisé en Jn 1, 31 ; Jn 2, 11 ; Jn 3, 21 ; Jn 7, 4 ; Jn 9, 3 ; Jn 17, 6 ; Jn 21, 1 et Jn 21, 14. 262 Comme dans les récits de vocation des ἶisἵiples,Νl’aἵtionΝἶeΝJὧsusΝestΝlaΝpremière. 258 65 comme le dernier signe263 effectué par Jésus. Le v. 40 est une question rhétorique de Jésus face ὡΝl’inἵrὧἶulitὧΝἶeΝεarthe264.ΝDansΝἵeΝverset,Νl’expressionΝ[voir]+ ιαΝestΝἵonstruiteΝaveἵΝ ὁλ́π à l’indicatif futur 265 . Lorsque Jésus affirme « ́οͅ θ ιαθ κ γ κ », il lie ὧtroitementΝ laΝ ἹloireΝ ἶeΝ DieuΝ auΝ siἹneΝ qu’ilΝ s’apprêteΝ ὡΝ eἸἸeἵtuer.Ν ἙἵiΝ aussi,Ν le signe sert à exprimer la ια du Père et du Fils, il estΝ laΝ moἶalitὧΝ ἶ’expressionΝ terrestreΝ ἶeΝ laΝ Ἱloire.Ν Lorsque Jésus dit : « Si tu crois, tu verras la gloire de Dieu »,ΝilΝaἸἸirmeΝqueΝvoirΝleΝsiἹneΝqu’ilΝ s’apprêteΝὡΝrὧaliserΝpermetΝἶeΝvoirΝlaΝἹloireΝἶe Dieu. DansΝ ἵeΝ passaἹe,Ν leΝ ἸaitΝ ἶeΝ ἵroireΝ n’estΝ pasΝ uneΝ ἵonsὧquenἵeΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶuΝ siἹneΝ maisΝ unΝ prérequis pour « voir » le signe μΝἵ’estΝuniquementΝ« si » Marthe « croit »Νqu’elleΝ« verra » la « gloire de Dieu ». Le « voir » ne désigne pas simplement une vision concrète de la résurrection de Lazare qui amènerait MartheΝ ὡΝ ἵroireΝ parἵeΝ qu’elleΝ aΝ « vu » la « gloire de Dieu ». La forme ́οͅ désigne une vision qui contient le sème /concret/ mais également le sèmeΝ/ἵomprὧhension/.ΝχutrementΝἶit,Νἵ’estΝparἵeΝqueΝεartheΝ« croit »Νqu’elleΝpeutΝvoir,ΝἶansΝ la résurrection de Lazare, non seulement un miracle mais aussi un « signe » manifestant la « gloire de Dieu ».Ν δ’expressionΝ enΝ JnΝ 11,Ν ἂ0,Ν siἹniἸieΝ alors,Ν siΝ nousΝ paraphrasons, « tu comprendras en la résurrection de Lazare un signe effectué par Jésus manifestant la gloire du Père et sa relation particulière avec lui ». La vision de la gloire comme conséquence du croire semble également être présent en Jn 1, 14. L’aἸἸirmationΝ« εα γ α η γαΝ θΝ ιαθΝαὐ κ » exprime une relecture du ministère de Jésus à la lumière de la Croix queΝ l’onΝ pourraitΝ paraphraser ainsi : nous avons vu sa gloire parce que nous croyons en lui. La péricope de Jn 12, 37-43 est le dernier passaἹeΝ oὶΝl’expressionΝ[voir]+ ιαΝ estΝprὧsenteΝ ἶansΝ l’ἓvanἹile266. Le verset 41 dit : « α αΝ π θΝ α αμΝ ́ δΝ ἶ θΝ ό α αὐ κ ,Ν εα ζ ζβ θΝ π λ αὐ κ »Ν etΝ seΝ situeΝ auΝ seinΝ ἶ’unΝ ἶὧveloppementΝ surΝ l’inἵrὧἶulitὧΝ ἶuΝ monἶe,Ν malgré les signes effectués par Jésus. Le v. 37 annonce : Σκ α αΝ αὐ κ ῖα π πκδβε κμΝ ηπλκ γ θΝαὐ ῶθΝκὐεΝ π υ ̓μΝαὐ θ. Ce développement se fait à partir de ἶeuxΝἵitationsΝἶ’ἓsaïe.ΝδaΝpremièreΝauΝv.Νἁκ ( θαΝὁ ζ ΰκμΝ α κυΝ κ πλκφ κυΝπζβλπγ ὃθΝ π θ·Ν ε λδ ,Ν μΝ π υ θΝ ̓εκ ηῶθ νΝεα ὁ ίλαξ πθΝευλ κυΝ θδΝ ̓π εαζ φγβ ;) et la seconde au v. 40 ( φζπε θΝαὐ ῶθΝ κ μΝ̓φγαζηκ μΝεα πώλπ θΝαὐ ῶθΝ θΝεαλ αθ,Ν θαΝ η ́ π δθΝ κῖμΝ̓φγαζηκῖμΝεα θκ π δθΝ εαλ εα λαφῶ δθ,Νεα ̓ κηαδΝαὐ κ μ). Le verset 41, qui nous oἵἵupe,ΝpermetΝἶ’expliquerΝlesΝἵitationsΝἶesΝversetsΝprὧἵὧἶents : Esaïe « a vu sa gloire » et en « a parlé ».Ν δesΝ versetsΝἂβΝetΝἂἁΝajoutentΝ uneΝ nuanἵeΝὡΝl’aἸἸirmationΝ ἶuΝ v. 37 – affirmation développée aux v. 39-40 – en précisant que « beaucoup ont cru en lui [=Jésus] »,Ν maisΝ parΝ peurΝ ἶeΝ l’exἵlusionΝ (v.Ν ἂβ)Ν etΝ parΝ amourΝ ἶeΝ laΝ « gloire des hommes » plutôt que la « gloire de Dieu »,ΝilsΝneΝl’ontΝpasΝἵonἸessὧ. Dans cette section, il est fait mention des signes (v. 37), du croire (v. 37-39 ; v. 42) et de la gloire (v. 41 et v. 43) ce qui permet de mieux comprendre le lien entre ces différentes notions. La définition de la résurrection de Lazare comme signe se trouve en Jn 12, 18 μΝ δ κ κΝ [εα ] ̔π θ β θΝ αὐ ͅ ὁ ́ξζκμ,Ν́ δΝ εκυ αθΝ κ κΝαὐ θΝπ πκδβε θαδΝ βη ῖκθ. 264 Marthe avait affirmé (v. 39) : « ε λδ , βΝ́α δ,Ν αλ αῖκμΝΰ λΝ δθ », après la demande de Jésus : « λα Ν θΝζ γκθ.Νζ ΰ δΝαὐ ͅ ̓ ζφ κ ζ υ βε κμ. » 265 Nous trouvons dix occurrences de ὁλ́π au futur. Cf. Annexes, A, IV, e. 266 En Jn 12, 41, l’expressionΝestΝἵonstruiteΝaveἵΝleΝverbe κ̔λαπΝà l’indicatif aoriste. Ce choix semble être du au texteΝἶeΝlaΝἥeptanteΝquiΝestΝἵitὧΝetΝparaphrasὧ.ΝἙlΝestΝpossibleΝqueΝl’ὧvanἹὧlisteΝaitΝutilisὧΝlaΝἸormeΝ θΝenΝJnΝ1β,Ν ἂ1ΝaἸinΝἶeΝresterΝleΝplusΝproἵheΝpossibleΝἶuΝtexteΝἶ’ἓsΝἄΝoὶΝl’onΝtrouveΝlaΝἸormeΝ κθ.ΝΝ 263 66 ἥansΝ eἸἸeἵtuerΝ unΝ ἵommentaireΝ prὧἵisΝ ἶeΝ l’ensembleΝ ἶuΝ passaἹe,Ν lesΝ ἶeuxΝ ὧlὧmentsΝ plusΝ pertinents pourΝl’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,Ν1ἂΝserontΝrelevὧs. ἦoutΝἶ’aborἶ,ΝlesΝsiἹnesΝn’amènentΝpasΝtoutΝleΝmonἶeΝὡΝἵroireΝ(v.Νἁι) ; ils ne sont pas la forme ultime de révélation : révélation du Père, de sa gloire et du Fils, de son être, de sa relation au ἢère.Ν ἓnΝ aἸἸirmantΝ ἵela,Ν l’ὧvanἹὧlisteΝ neΝ remetΝ ὧviἶemmentΝ pasΝ enΝ ἵauseΝ l’eἸἸiἵaἵitὧΝ des actions de Jésus mais révèle le plan divin267.ΝἙlΝprὧpareΝleΝleἵteurΝἶeΝl’ἓvanἹileΝὡΝlaΝἶὧἵouverteΝ ἶeΝl’aἵtionΝrὧvὧlantΝἶeΝmanièreΝultimeΝlaΝἹloireΝἶeΝDieuΝἶansΝtoutesΝsesΝἸaἵettes,ΝὡΝsavoirΝsaΝ passion et sa Résurrection. Deuxièmement,Νl’aἸἸirmation « α αμΝ́ δΝ ἶ θΝ ό α αὐ κ εα ζ ζβ θΝπ λ αὐ κ » renvoieΝauΝrὧἵitΝἶeΝlaΝvoἵationΝἶ’ἓsaïeΝetΝpeutΝreἵevoirΝuneΝἶoubleΝ interprétation comme le suggère J. Zumstein268.ΝἑompriseΝenΝlienΝaveἵΝleΝtexteΝἶ’ἓsaïe,Ν« θΝ ιαθΝ αὐ κ » renvoie à la gloire de Dieu,Ν ἹloireΝ qu’ἓsaïeΝ aἸἸirmeΝ avoirΝ vueΝ (ilΝ ἶὧἵrit : ὁ κ εκμ μ ιβμ αὐ κ ).ΝἑetteΝpropositionΝpeutΝêtreΝreliὧeΝauΝverbeΝprinἵipalΝ κθ.Νεais,ΝsiΝ cette affirmation est comprise dans le cadre de la théologie johannique et du passage, « sa gloire » peut être comprise comme étant celle du Fils 269. Ces deux éléments nous permettent de mieux comprendre les liens entre « voir », les « signes » et « croire »Ν maisΝ aussiΝ ὡΝ mieuxΝ ἶὧἸinirΝ ἵeΝ qu’estΝ laΝ ια ἶansΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean. Dans cette péricope, le fait de croire est une conséquence de la vision des signes (v. 37). Ceux qui voient les signes comme manifestant la « gloire » de Dieu, croient, ils reconnaissent l’êtreΝ ἶuΝ ἔils,Ν saΝ relationΝ auΝ ἢère.Ν εaisΝ lesΝ siἹnes,Ν mêmeΝ s’ilsΝ peuventΝ permettreΝ laΝ reconnaissance de laΝἹloireΝἶuΝἢèreΝetΝl’êtreΝἶuΝἔils,Νn’amènentΝpasΝtouteΝpersonneΝauΝἵroire.ΝΝ Les différents versets où il est fait mention de la vision de la gloire permettent de mieux ἵomprenἶreΝ l’expressionΝ γ ́κηαδ+ ια présente en Jn 1, 14 : la vision de la gloire est la visionΝἶesΝsiἹnes,ΝlorsqueΝἵetteΝvisionΝamèneΝauΝἵroire.ΝδaΝvisionΝἶeΝlaΝἹloireΝpermetΝὡΝl’auteurΝ ἶ’exprimerΝleΝἵroire μΝἵeuxΝquiΝἵroientΝsontΝἵeuxΝquiΝontΝvuΝlaΝἹloireΝἶuΝἔils,Νἵ’est-à-dire son identité, à travers les signes Mais le dernier verset où la construction [voir]+ ιαΝ estΝ prὧsenteΝ tenἶΝ ὡΝ montrerΝ queΝ ἵetteΝ expression ne désigne pas uniquement la vision des signes. En Jn 17, 24, Jésus dit μΝ Π λ,Ν ὃ πε μΝηκδ,Νγ ζπΝ θαΝ ́πκυΝ ̓η ΰ̀ ἐε ῖθκδΝ δθΝη ᾽ ηκ , θαΝ ῶ θΝ ό α θΝ η θ,Ν θΝ πε μΝηκδΝ ́ δΝ ΰ πβ μΝη Νπλ εα αίκζ μΝ ε ηκυ.Ν ἑeΝ versetΝ aΝ plusieursΝ partiἵularitὧs.Ν δaΝ premièreΝ estΝ qu’ilΝ s’aἹitΝ ἶuΝ seulΝ versetΝ oὶΝ ια est construit avec γ πλ́π, la seconde est que l’expression γ πλ́π+ ιαΝ n’est pas lié auxΝsiἹnes.ΝἓnἸin,ΝilΝs’aἹitΝἶuΝseulΝpassaἹeΝquiΝseΝsitueΝ ἶansΝlaΝseἵonἶeΝpartieΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ (« livre de la gloire » : Jn 13-21), et plus précisément, à la fin de la prière dite « sacerdotale » (Jn 17, 1-βἄ)ΝὡΝl’intὧrieurΝἶesΝἶisἵoursΝἶ’aἶieuΝ(JnΝ1ἁ-17). Jn 17, 24 doit être compris en lien avec les thèmes principaux du « livre de la gloire » : l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ ἵruἵiἸixionΝ queΝ JὧsusΝ annonἵeΝ lui-même à ses disciples (cf. Jn 16, 16 par exemple)Ν etΝ l’aἵἵomplissementΝ esἵhatologique (cf. Jn 19, 30). Jn 17, 24 doit donc se comprendre en lien avec la glorification du Fils qui sert à exprimer sa mort et sa Résurrection ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 412. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 412. 269 ἑetteΝinterprὧtationΝestΝὧἹalementΝpossibleΝὡΝἵauseΝἶeΝl’utilisationΝἶuΝpronomΝpersonnelΝαὐ κ présent tout au long de la péricope. Au v. 37, αὐ κ désigne Jésus, au v. 41 il est possible que les deux αὐ κ , désignent également Jésus μΝἓsaïeΝaΝvuΝlaΝἹloireΝἶeΝDieu,Νἵ’est-à-ἶireΝleΝἔils,ΝetΝilΝaΝparlὧΝὡΝsonΝsujet,Νἵ’est-à-dire du Fils. Au v.Νἂβ,Ναὐ κ désigne explicitement Jésus en reprenant la construction du v. 37 : πδ ́π+ ̓μ+αὐ ́θ. 267 268 67 et avec les conséquences eschatologiques de la glorification. En Jn 17, 24, Jésus prie son Père afin que ses disciples « voient sa gloire »,Νἵ’est-à-ἶireΝqu’ilsΝreἵonnaissentΝl’êtreΝἶuΝἔilsΝetΝsaΝ relationΝ auΝ ἢère.Ν δaΝ ἑroixΝ estΝ l’ὧvὧnementΝ quiΝ maniἸesteΝ pleinementΝ ἵetteΝ Ἰiliation.Ν ἡr,Ν reἵonnaîtreΝἵetteΝἸiliation,Νἵ’estΝἵroireΝetΝἵroireΝpermetΝauxΝἶisἵiplesΝἶeΝἶevenir enfant de Dieu (Jn 1, 12-βἁ),Νἵ’est-à-dire de participer à la réunion eschatologique, de voir « face à face la gloire du préexistant » 270. La Croix marque le début de cet accomplissement eschatologique. δ’utilisationΝ ἶeΝ γ πλ́π lie plus étroitement ce passage avec Jn 1, 14 et ce pour plusieurs raisons : Les verbes γ πλ́π et γ ακηαδΝ sont équivalents et les personnes employées – première et troisième du pluriel – renvoientΝauΝmêmeΝἹroupeΝἶ’inἶiviἶus : la communauté des croyants/disciples. ἢarΝἵonsὧquent,ΝnousΝἵonsiἶὧronsΝqueΝl’aἸἸirmationΝ« nous avons contemplé sa gloire » en Jn 1, 14 ne renvoie pas uniquement à la vision des signes mais également à la glorification du Fils qui annonce la réunion eschatologique. Lorsque la communauté annonce « nous avons contemplé sa gloire », elle confesse également sa foi en le Fils 271. Les trois occurrences (en plus de Jn 1, 14)ΝoὶΝseΝtrouventΝlaΝἵonstruἵtionΝ[voir]+ ιαΝontΝmisΝ enΝavantΝplusieursΝὧlὧmentsΝpermettantΝἶeΝἵomprenἶreΝl’utilisationΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝ visionΝetΝl’expressionΝprὧsenteΝenΝJn 1, 14. δ’expressionΝ[voir]+ ια en Jn 1, 14 exprime une double réalité : vision des signes et vision de la gloire dans un temps eschatologique. Dans les deux cas, la vision de la gloire sert à exprimer le croire : ceux qui ont vu la gloire sont ceux qui ont vu Jésus comme Fils. Schnackenburg a résumé, comme suit, le double sens de cette expression : ἧneΝ visionΝ immὧἶiateΝ ἶeΝ laΝ ἹloireΝ ἶivineΝ ἶeΝ Jὧsus,Ν ὡΝ savoirΝ ἶeΝ saΝ ‘splenἶeur’Ν ἵὧleste,Ν estΝ rὧservὧeΝauΝἸutur,ΝlorsqueΝleΝἵroyantΝseraΝluiΝaussiΝlὡΝoὶΝJὧsusΝl’aΝprὧἵὧἶὧΝ(1ι,βἂ).ΝδaΝ ́ια que JὧsusΝ aΝ etΝ qu’ilΝ rὧvèleΝ surΝ laΝ terreΝ estΝ ὡΝ entenἶreΝ ἵommeΝ uneΝ expressionΝ ἶeΝ saΝ ἶivineΝ ἹloireΝ ἵὧleste,Ν qu’ilΝ avaitΝ ἶὧjὡΝ avantΝ laΝ ἵrὧationΝ ἶuΝ monἶeΝ (1ι,ἃ)Ν - la gloire du Fils unique de Dieu (1,14) - même si elle est unie à son existence dans la chairΝetΝn’estΝpasΝenἵoreΝἶansΝlaΝlumièreΝἶeΝ laΝsphèreΝἵὧlesteΝ(ἵἸ.Ν1ι,βἂ).Νἑ’estΝlaΝraisonΝpourΝlaquelleΝilΝn’yΝaΝpasΝlieuΝἶeΝseΝἶemanἶerΝsiΝleΝ terme ́ια en 2,11 indique le pouvoir miraculeux ou la gloire lumineuse, puisqu’en fait il a les deux significations. Cette ́ια se manifeste chaque fois de manière particulière, dans la prὧexistenἵe,ΝἶansΝl’inἵarnationΝetΝἶansΝl’asἵensionΝἶuΝἑhrist.ΝDeΝmêmeΝilΝseraitΝἸauxΝἶeΝrὧἶuireΝ la ́ια lors du miracle de Cana à son pouvoir miraculeux divin. Dans cet événement, réalisé par laΝpuissanἵeΝἶivine,ΝleΝἵroyantΝenΝvientΝὡΝἵonnaîtreΝquelqueΝἵhoseΝἶeΝl’essenἵeΝἶivineΝἶeΝJὧsus,ΝilΝ contemple la majesté du Fils de Dieu, il se fait une idée de la splendeur lumineuse du monde ἵὧleste,Νqu’ilΝneΝpeutΝpasΝenἵoreΝvoirΝἶeΝsesΝyeux de chair.272 270 271 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 187. LEON-DUFOUR X Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1γ-17), p. 311-312. 272 « Una visione immediata della gloria divina di Gesù, cioè del suo 'splendore' celeste, è riservata al futuro, quanἶoΝanἵheΝ ilΝἵreἶenteΝsarὡΝlὡΝἶoveΝἕesὶΝ l'haΝpreἵeἶutoΝ(1ι,βἂ).ΝδaΝ κιαΝἵheΝἕesὶΝhaΝeΝrivelaΝsullaΝterraΝvaΝ intesa come espressione della sua gloria celeste divina, che egli aveva già prima della creazione del mondo (1ι,ἃ),Ν perἵhὧΝ èΝ laΝ κιαΝ ἶell'uniἹenitoΝ ἔiἹlioΝ ἶiΝ DioΝ (1,1ἂ),Ν anἵheΝ seΝ unitaΝ allaΝ suaΝ esistenzaΝ nellaΝ ἵarneΝ eΝ nonΝ ancora nella limpidezza della sfera celeste (cfr. 17,24). ἢerἵiάΝ èΝ malΝ postaΝ l'alternativaΝ seΝ laΝ κιαΝ inΝ β,11Ν siaΝ potere miracoloso oppure gloria luminosa 31. Essa contiene ambedue questi elementi e si manifesta, ogni volta in un modo suo proprio, nella preesistenza, nell'incarnazione e nell'ascensione di Cristo. Così pure sarebbe un erroreΝ limitareΝ laΝ κιαΝ ἶiΝ ἕesὶΝ nelΝ miracolo di Cana al suo divino potere miracoloso. Nel fatto operato per potenza divina il credente viene a conoscere qualcosa dell'essenza divina di Gesù, contempla la maestà del Figlio di Dio, ha un'idea dello splendore luminoso del mondo celeste, che non può ancora vedere con gli occhi carnali » (SCHNACKENBURG R., Il Vangelo di Giovanni. Parte 1, Testo greco e traduzione/ Introduzione e commento ai 68 ἑetteΝpremièreΝpartieΝἶeΝl’ὧtuἶeΝaΝὧἹalementΝpermisΝἶeΝmettreΝenΝὧviἶenἵeΝleΝlienΝὧtabliΝ parΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ entreΝ laΝ ια et les βη ῖα : les signes manifestent la gloire.Ν ἑ’estΝ pourquoi,Ν laΝ ἵonstruἵtionΝ [voir]+ βη ῖαΝ vaΝ êtreΝ ὧtuἶiὧΝ maintenant ; cela permettra de mieux saisir le lien sémantique entre les deux expressions, la signification des verbes γ πλ́π et γ ́κηαδ et, plus largement, de comprendre les liens narratifs effectués par l’auteurΝetΝlaΝἸaὦonΝἶontΝἵesΝliensΝexprimentΝleΝsensΝthὧoloἹiqueΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvision. vi. La construction [voir]+ βη ῖαΝetΝsonΝrapportΝὡΝlaΝἹloire La vision de la gloire dont il est question en Jn 1, 14, renvoie en partie à la vision des signes. Voir la gloire se fait à travers la vision des signes. Seuls les versets où les verbes γ πλ́π et γ ́κηαδ sont utilisés dans l’expression [voir]+ βη ῖαΝ seront étudiés, ce qui permettra de comprendre plusΝprὧἵiserΝleΝrapportΝaveἵΝl’expressionΝ« γ α η γαΝ θΝ ιαθΝ αὐ κυ ». δ’expression [γ πλ́π/γ ́κηαδ]+ βη ῖαΝest utilisé en Jn 2, 23 (γ πλ́π au participe présent) ; Jn 7, 3 (γ πλ́π à l’idicatif futur273) et Jn 11, 45274 (γ ́κηαδ au participe aoriste). Jn 2, 23 est un verset conclusif qui se situe après leΝpremierΝsiἹneΝἶeΝἑanaΝetΝl’expulsionΝἶesΝ marchands du Temple : ὩμΝ θΝ θΝ κῖμΝ λκ κζ ηκδμΝ θΝ ͅ π ξαΝ θΝ κλ ,Ν πκζζκ π υ α ̓μΝ ́θκηαΝαὐ κ ῦ αὐ κ ῖα πκ δ. De manière indirecte, le narrateur répond à la demande des Juifs quels « signes » montre Jésus (Jn 2, 18). En affirmant : « Détruisez ce Temple etΝenΝtroisΝjoursΝjeΝl’ὧlèverai » (Jn 2, 19) Jésus annonce, de manière cryptée, sa mort future275. La demande des Juifs de voir des signes (Jn 2, 18276) doit être comprise par le lecteur comme étant une demande polémique 277 . Les Juifs demandent à « voir »ΝalorsΝmêmeΝqu’ilsΝont,ΝenΝrὧalitὧ,ΝἶὧjὡΝ« vu » un événementΝ(l’expulsionΝ des marchands du Temple) annonçant la Résurrection maisΝn’enΝontΝpasΝἵomprisΝlaΝportὧe.ΝχΝ leur opposé, πκζζκ́ ont vu les signes, non seulement comme miracles, mais également comme élément révélateur du Fils, et cela les a amenés à croire (πδ ́π). Dans ce verset, la contemplation (γ πλ́π) des signes exprime une vision amenant au croire. δ’expressionΝ« ̓μΝ ́θκηαΝαὐ κ » utilisée dans ce verset, le relie plus étroitement à Jn 1, 14 car elle est également présente dans son contexte proche (Jn 1, 12 278). DansΝlesΝἶeuxΝἵas,Νl’expression, rare (deux fois dansΝl’ἓvanἹile)ΝestΝἵonstruiteΝaveἵΝleΝverbeΝ πδ ́π ce qui amène à considérer qu’il existe un lien étroit entre ces deux versets. Il est aἸἸirmὧΝenΝJnΝ1,Ν1βΝqu’ὡΝἵeuxΝquiΝ« croient en son nom », « il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu » et en Jn 2, 23 que « beaucoup crurent en son nom en voyant les signes que lui faisait ». L’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JnΝ 1,Ν 1βΝ annonἵeΝ ἵelleΝ ἶeΝ JnΝ β, 23 : ceux qui croient en sont capp. 1-4 (trad. par CECCHI G.), Brescia, Paideia Editrice (commentario teologico del nuovo testamento), 2000, p. 471. Trad. G. Aragione.). 273 δeΝἸuturΝutilisὧΝiἵiΝἶoitΝêtreΝἵomprisΝἵommeΝὧquivalentΝἶ’unΝsubjonἵtiἸΝaoriste.Ν Cf. BLASS C. F., DEBRUNNER A., A Greek Grammar of the New Testament, p. 186. Cf. également Prolégomènes, B, II, c. 274 Ce verset a déjà été étudié. Cf. Chapitre I, B, III, c. 275 Cette annonce cryptée, est expliquée par un commentaire externe du narrateur en Jn 2, 21 (« mais lui parlait au sujet du temps de son corps »). Cette affirmation est elle-même explicitée en Jn 2, 22 : « lorsqu’alorsΝ ilΝ seΝ relevaΝἶesΝmorts,ΝsesΝἶisἵiplesΝseΝsouvinrentΝqu’ilΝavaitΝἶitΝἵeἵi,ΝetΝilsΝἵrurentΝenΝl’ἓἵritureΝetΝὡΝlaΝparoleΝqu’avaitΝ dit Jésus ». 276 Ἀπ ελ γβ αθ κ θ κἱ κυ αῖκδ εα παθ αὐ ͅ· ῖ ηῖθ ́ δ α α πκδ ῖμ ; 277 Comme le souligne Zumstein, la ἶemanἶeΝ ἶ’unΝ « signe »Ν exprimeΝ l’inἵrὧἶulitὧΝ ἶuΝ ἶemanἶeur.Ν Ἑἵi,Ν JὧsusΝ répond à cette demande « en leur annonçant un signe énigmatique (v. 19), à savoir la destruction du Temple et sa reconstruction » (ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 104). 278 ́ κδΝ ζαίκθΝαὐ θ,Ν πε θΝαὐ κῖμΝ ικυ αθΝ εθαΝγ κ ΰ θ γαδ,Ν κῖμΝπ υ ̓μΝ ́θκηαΝαὐ κ . 69 noms sont ceux qui ont vu les signes. Ces deux versets sont également liés littérairement à Jn 1, 14 : ceux qui ont cru « en son nom » et sont devenus « enfants de Dieu » (v. 12), sont ceux qui ont contemplé « la gloire » comme celle du premier-né de Dieu (v. 14) et cette « gloire » se manifeste à travers les « signes » opérés par Jésus (Jn 2, 23). La contemplation de la gloire, par les signes, amène à croire (Jn 2, 23) et ce croire est annoncé comme donnant la possibilité de devenir enfants de Dieu dès le prologue (Jn 1, 12). En Jn 7, 3, la vision des signes – ici appelés « œuvres » est exprimée avec γ πλ́π : πκθΝκ θΝ πλ μΝ αὐ θΝ κἱ ̓ ζφκ αὐ κ ·Ν η ίβγδΝ θ γ θΝ εα παΰ Ν ̓μΝ θΝ κυ α αθ,Ν θαΝ εα κἱ ηαγβ α κυΝ υ κ ἔ α πκδ ῖμ.ΝδesΝἸrèresΝἶeΝJὧsusΝluiΝἶemanἶentΝἶ’allerΝenΝ Judée afin que « ses disciples voientΝlesΝœuvres »Νqu’ilΝ« fait ». Cette demande, comme toute demande de « signe », est polémique279. Les frères de Jésus ne comprennent pas qui il est réellement et quelle est sa relation particulière au Père ; ils ne « voient » pas les « signes » en tant que tels. Le fait que le texte ne parle pas de βη ῖκθ, mais de λΰκθ, va en ce sens : ils ne comprennent pas les actions de Jésus comme la manifestation terrestre de son être mais simplement comme des actions miraculeuses 280 . La demande faite par les frères de Jésus comporte donc un aspect négatif. L’utilisationΝ ἶuΝ verbeΝ γ πλ́π peut s’expliquer par le fait que le groupe les disciples estΝsujetΝἶuΝverbeΝetΝqu’ilsΝsontΝappelὧsΝὡΝ« contempler » les signes, à comprendre leur véritable signification. Même si la demande est faite par des personnes qui ne comprennent pas qui est réellement Jésus, ils appellent, sans le savoir, à ce que les ἶisἵiplesΝἵontemplentΝJὧsus,Νἵ’est-à-ἶireΝqu’ilsΝreἵonnaissentΝsaΝἹloire,ΝsonΝêtreΝetΝsaΝrelationΝ au Père. On constate, grâce à ce verset, que le verbe γ πλ́π garde un sens qui garde ses spὧἵiἸiἵitὧsΝ sὧmantiquesΝ etΝ peutΝ moἶiἸierΝ leΝ sensΝ ἶuΝ ἵontexteΝ oὶΝ ilΝ estΝ utilisὧ.Ν ἙlΝ n’estΝ pasΝ possible, pour autant, de définir γ πλ́π comme un verbe de spécialité dans la mesure où il peutΝὧἹalementΝs’aἶapterΝauΝἵontexteΝἶansΝlequelΝilΝse trouve. δ’ὧtuἶeΝ ἶesΝ versetsΝoὶΝseΝtrouveΝl’expressionΝ γ πλ́π+ βη ῖαΝ permet de mieux comprendre ἶeΝ quelleΝ manièreΝ sontΝ utilisὧsΝ lesΝ verbesΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ parΝ l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ Evangile. La vision des signes, avec γ πλ́π ou γ ́κηαδ, exprime une vision amenant à une conséquence positive : le croire. Dans ce expression, les verbes γ πλ́π et γ ́κηαδ, bien que conservant le sème /concret/, insiste sur les sèmes /révélation/, /compréhension/, /subjectif/, /conséquence/. δ’expressionΝ γ πλ́π+ βη ῖαΝ peut être considéré comme une expression de spécialité. vii. Conclusion : la signification de Jn 1, 14 Grâce aux différents éléments mis en avant au cours ἶeΝl’analyseΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝversetsΝ faisant partis du maillage littéraire et sémantique de Jn 1, 14, il est possible de préciser la siἹniἸiἵationΝἶeΝl’expressionΝ« γ α η γα θ ιαθ αὐ κ », du verbe γ ακηαδ au sein de ce verset et de la signification du thème de la vision. La construction γ ακηαδ+ ια de Jn 1, 14 contient un double sens. La ια renvoie à la fois aux signes effectués par Jésus lors de son ministère ; les signes sont la manifestation terrestre ἶeΝlaΝἹloire.Νχinsi,Νl’expressionΝ« γ α η γαΝ θΝ ιαθΝαὐ κ » se rattache au v. 14a relatif ὡΝl’inἵarnation : ὁ ζ ΰκμΝ λιΝ ΰ θ κΝεα ε θπ θΝ θΝ ηῖθ. La contemplation de la gloire est possible grâce à l’inἵarnationΝἶuΝδoἹos ἵarΝelleΝpermetΝnotammentΝl’aἵἵomplissementΝἶesΝ 279 280 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 104. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 250. 70 signes. δaΝvisionΝἶeΝlaΝἹloireΝn’estΝἵepenἶantΝpasΝuneΝrὧalitὧΝquiΝseΝlimiteΝauΝmonἶeΝterrestre.Ν Jn 17, 24 exprime une nouvelle vision de la gloire μΝὡΝpartirΝἶeΝlaΝἹloriἸiἵationΝἶuΝἔils,Νἵ’est-àdire de sa mort et sa Résurrection, la gloire qui pourra être vue est celle du Logos préexistant ; l’expressionΝ « γ α η γαΝ θΝ ιαθΝ αὐ κ », rattachée au v. 14b ( ιαθΝ μΝ ηκθκΰ θκ μΝ παλ πα λ μ,Ν πζ λβμΝ ξ λδ κμΝ εα ̓ζβγ αμ) décrit, par conséquent, également une réalité eschatologique, la « réunion céleste »Ν permettantΝ leΝ voirΝ ἸaἵeΝ ὡΝ ἸaἵeΝ aveἵΝ Dieu,Ν ἵommeΝ l’aΝ formulé J. Zumstein281. ἥὧmantiquement,Νl’analyseΝ ἶesΝ ἶeuxΝ expressionsΝ(γ πλ́π+ βη ῖαΝ et γ ακηαδ+ ια) permet ἶeΝ ἵonstaterΝ queΝ ἵesΝ ἶeuxΝ verbesΝ ontΝ ἶesΝ sèmesΝ spὧἵiἸiquesΝ etΝ qu’ilsΝ sontΝ utilisὧsΝ ἶansΝ ἶesΝ ἵontextesΝ partiἵuliersΝ pourΝ exprimerΝ uneΝ visionΝ semblable.Ν δ’emploiΝ ἶesΝ verbesΝ γ πλ́π et γ ακηαδΝdans ces deux expressions permet également à l’auteur de les rattacher littérairement et, par conséquent, de montrer le lien de cause/conséquence entre la vision des signes et la vision de la gloire. ἠarrativement,Ν ἵetteΝ aἸἸirmationΝ postpasἵaleΝ (v.Ν 1ἂ)Ν ἶansΝ leΝ rὧἵitΝ ἶ’unΝ tempsΝ prὧ-pascal permetΝauΝnarrateurΝἶeΝἸaireΝἵomprenἶreΝauΝleἵteur,ΝenΝleΝprὧparant,ΝὡΝl’avanἵe,ΝlaΝsiἹniἸiἵationΝ du récit qui va suivre – le ministère de Jésus –, lui donnant ainsi une clef herméneutique pour laΝ ἵomprὧhensionΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile.Ν ἕrὢἵeΝ auΝ ministèreΝ ἶeΝ Jὧsus, les hommes ont pu « contempler »ΝlaΝἹloireΝἶuΝἢèreΝqu’estΝleΝἔilsΝetΝlaΝἹloireΝἶuΝἔils,ΝmaniἸestὧeΝparΝlesΝ« signes » accomplis et par sa « glorification »ΝetΝainsiΝἵroire.Νδ’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,Ν1ἂΝaΝpermisΝἶeΝmontrerΝunΝ premier élément du maillage littéraireΝeἸἸeἵtuὧΝparΝl’auteurΝὡ l’aiἶeΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvision.Ν b. Etude de Jn 1, 18 i. Introduction Θ θΝ κὐ μΝ α πώπκ ·Νηκθκΰ θ μΝγ μΝὁ θΝ ̓μΝ θΝε ζπκθΝ κ πα λ μΝ ε ῖθκμΝ ιβΰ α κ. ἢersonneΝn’a jamais vu Dieu ; celui qui est vers le sein du Père, Dieu fils unique, celui-là a révélé. Jn 1, 18 est un verset fondamental pour la compréhension deΝ l’utilisationΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝἵarΝilΝexprime,ΝselonΝnous,ΝleΝἵœurΝἶeΝlaΝ siἹniἸiἵationΝ thὧoloἹiqueΝ ἶuΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ vision.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ laΝ ἸormeΝ ώλαεα 282 montre ὧἹalementΝἵommentΝl’auteurΝutiliseΝlittὧrairementΝἵetΝ emploi spécialisé.Νδ’ὧtuἶeΝἶeΝἵeΝversetΝ seΝἸeraΝenΝtroisΝparties.ΝἦoutΝἶ’aborἶ,ΝlesΝliensΝὧtroitsΝaveἵΝleΝἵontexteΝἶuΝpremierΝἵhapitre,ΝetΝ notammentΝ aveἵΝ leΝ versetΝ 1ἂΝ quiΝ vientΝ ἶ’êtreΝ analysὧ,Ν serontΝ ὧtuἶiὧs,Ν ἵeΝ quiΝ permettraΝ ἶeΝ mettre en lumière de quelle manièreΝ l’aἸἸirmationΝ ἶeΝ ἵeΝ versetΝ « personneΝ n’aΝ jamaisΝ vuΝ Dieu » est contrebalancée avec celle du verset 14 « nous avons contemplé sa gloire ». Dans la seἵonἶeΝpartieΝἶeΝἵetteΝὧtuἶe,ΝlesΝparallèlesΝentreΝJnΝ1,Ν1κΝetΝlesΝautresΝversetsΝἶeΝl’ἓvanἹile où ώλαεα est présent seront analysés en fonction de leurs sujets 283. Les liens entre le champ sémantique de la vision et les champs lexicaux de la connaissance ou du témoignage seront ὧἹalementΝanalysὧsΝaἸinΝἶeΝmontrerΝlesΝassoἵiationsΝnotionellesΝqu’eἸἸeἵtueΝle narrateur. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (13-21), p. 187. Pour plus de commodité, nous utiliserons la forme ώλαεα pourΝ parlerΝ ἶeΝ l’emploiΝ ἶeΝ ὁλ́π à l’indicatif parfait. 283 Un verset avec le même sujet et un verbe différent sera également étudié, ce qui montrera les spécificités de la forme ώλαεα. 281 282 71 ἑetteΝ analyse,Ν permettraΝ ἶ’expliquerΝ ἶ’uneΝ part,Ν enΝ quoiΝ JnΝ 1,Ν 1κΝ estΝ unΝ versetΝ proἹrammatiqueΝ pourΝ leΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ vision,Ν etΝ ainsiΝ ἶ’expliquerΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ ἶeΝ l’expressionΝ « Θ θΝ κὐ μΝ ώλαε θΝ πώπκ »,Ν et,Ν ἶ’autreΝ partΝ ἶeΝ montrerΝ laΝ spécificité thὧmatiqueΝἶeΝl’utilisationΝἶeΝ ώλαεα. ii. Premières observations à propos de Jn 1, 18 JnΝ 1,Ν1κΝ estΝ leΝ premierΝ versetΝ oὶΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ utiliseΝ leΝ verbeΝ ἶeΝ visionΝ ὁλ́π et c’est ὧἹalementΝlaΝpremièreΝἸoisΝqu’ilΝestΝἵonjuἹuὧΝauΝparἸait.Νἡr,Νἶix-sept (dont celle de Jn 1, 18) des quarante-quatre occurrences du verbe ὁλ́π à l’indicatif sont des occurrences de ώλαεα. Cela montre que ώλαεα est très fréquent μΝ l’inἶiἵatiἸΝ parἸaitΝ estΝ utilisὧΝ aussiΝ souventΝ queΝ l’inἶiἵatiἸΝ aoriste.Ν ἓnἸin,Ν lesΝ impliἵations et conséquences sémantiques et littéraires seront étudiées en fonction du COD de la proposition de Jn 1, 18. En effet, en Jn 1, 18, γ ́μ est le COD de ώλαεα,ΝἵeΝquiΝἵorresponἶΝὡΝl’emploiΝleΝplusΝἸrὧquentΝἶeΝἵetteΝἸorme,ΝleΝplusΝsouventΝ lié à la vision de Dieu (Père et Fils) ώλαεα semble être un emploi spécialisé. Par conséquent, l’expressionΝ « Θ θΝ κὐ μΝ ώλαε θΝ πώπκ » semble refléter les caractéristiques propres à ώλαεα,Ν ὧἹalementesΝ prὧsenteΝ ἶansΝ leΝ resteΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile.Ν δ’analyseΝ ἶeΝ JnΝ 1,Ν 1κΝ etΝ ἶes emplois de ώλαεα utilisὧsΝἶansΝleΝresteΝἶeΝl’ἓvanἹileΝpermettraΝἶeΝvoirΝἵommentΝἵetteΝἸormeΝ influence le sens du contexte dans lequel il se trouve et donne, par conséquent, un éclairage sur la signification littéraire et théologique de ce dernier. iii. Les liens littéraires au sein du 1 er chapitre Jn 1, 18 est le dernier verset du prologue 284, il sert de charnière entre le prologue et le début de la narration. En effet, Jn 1, 18 est lié aux deux premiers versets exprimant la relation entre le Logos et Dieu ; ἵetteΝ relationΝ estΝ ὡΝ nouveauΝ exprimὧeΝ auΝ v.Ν 1κΝ enΝ ἶ’autresΝ termesΝ (ἢère,Ν ἔils)Ν liὧsΝ ὡΝ l’inἵarnation.Ν ἢlusΝ prὧἵisὧment,Ν leΝ v.Ν 1κΝ estΝ liὧΝ auΝ v. 14 grâce à deux éléments. Le premier est les termes de filiation (ηκθκΰ θκ μΝ etΝ πα λ μ),Ν leΝ seἵonἶΝ estΝ laΝ prὧsenἵeΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝ(γ ́κηαδ, ώλαεα). Enfin, Jn 1, 18 est lié au v. 29 introduisant la venue de Jésus et sa vision par Jean dans la mesureΝ oὶΝ ἵ’estΝ ὡΝ ἵetΝ instantΝ – la venue du Logos incarné en Jésus – que le Fils commence à révéler le Père (Jn 1, 18b). Ces éléments tendent déjà à montrer un lien entre la forme ώλαεα et la signification théologique du thème de la vision. En Jn 1,18a, le narrateur dresse un constat : « ἢersonneΝ n’aΝ jamaisΝ vuΝ Dieu ». Cette impossibilité est contrebalancée par une double affirmation. La première est en Jn 1, 18b : personneΝ n’aΝ jamaisΝ vuΝ DieuΝ ὡΝ l’exἵeptionΝ ἶuΝ ἔilsΝ quiΝ aΝ supprimὧΝ ἵetteΝ impossibilitὧΝ enΝ leΝ révélant285 ( ιβΰ́κηαδ). Cette révélation du Père par le Fils est annoncée comme ayant été rὧalisὧeΝἶèsΝleΝv.Ν1ἂ.Νδ’aἸἸirmationΝ« εα γ α η γα θ ιαθ αὐ κ » exprime une réalité postpascale286 ; elle se situe dans un temps postérieur à la réalité décrite au v. 18 (Θ θΝκὐ μΝ ώλαε θΝπώπκ ).ΝἕrὢἵeΝauΝv.Ν1κ,ΝleΝleἵteurΝsaitΝqueΝἵetteΝimpossibilitὧΝannonἵὧeΝauΝv.Ν1κΝaΝ été supprimée et il sait comment : le Fils a révélé le Père en manifestant sa gloire (Jn 2, 11), gloire qui a été contemplée (v. 14) par la communauté. 284 Cf. Chapitre II, A, II, a-b. ἥurΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ etΝ l’emploiΝ ἶeΝ ἵetΝ hapax,Ν ἐultmannΝ siἹnaleΝ queΝ ἵeΝ verbeΝ ὧtaitΝ « un mot qui, depuis le ἶὧbut,Ν ὧtaitΝ utilisὧΝ ἶansΝ unΝ sensΝ teἵhniqueΝ pourΝ l’interprὧtationΝ ἶeΝ laΝ volontὧΝ ἶesΝ ἶieuxΝ par les devins et des prêtres professionnels, mais qui peuvent aussi être utilisé par Dieu lui-même quand il fait connaître sa propre volonté » (BULTMANN R., The Gospel of John : a commentary, p. 83. Trad. E. Fritsch). 286 Cf. Chapitre II, B, a. 285 72 Jn 1, 18 est également lié avec ίζ́ππ au v. 29. Ce verset introduit la réalité terrestre de l’inἵarnationΝparΝleΝtὧmoiἹnaἹeΝἶeΝJeanΝleΝἐaptisteΝraἵontant le début du ministère de Jésus. Cette introduction racontée au présent (ίζ π δ) exprime un autre temps νΝἵeΝn’estΝpasΝunΝtempsΝ postpascal comme au v. 14, ni un temps passé comme au v. 18a mais le temps historique, prépasἵalΝ ἶuΝ ministèreΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν JnΝ 1,Ν 1κΝ estΝ ἶonἵΝ l’ὧlὧmentΝ ἵentralΝ ἶ’unΝ triptyqueΝ mettantΝ enΝ relations différents types de vision et différents temps de vision μΝ anvantΝ l’inἵarnation,Ν penἶantΝl’inἵarnation,ΝaprèsΝl’inἵarnation.ΝἓnΝlisantΝlinὧairementΝlesΝliensΝentreΝlesΝversetsΝἶeΝ ἵeΝtriptyque,ΝilΝestΝpossibleΝἶeΝparaphraserΝlaΝpensὧeΝἶeΝl’auteurΝἵommeΝsuit : Dieu et le Logos sont dans une relation intime qui a amené le Logos à habiter dans le monde, lui permettant de contempler sa gloire νΝἵetteΝἹloireΝestΝlaΝmaniἸestationΝἶeΝl’êtreΝἶuΝἔilsΝet,ΝparΝἵonsὧquent,ΝlaΝ révélation du Père, supprimant de ce fait une vérité fondamentale : personne n’aΝ jamaisΝ vuΝ DieuΝ(v.Ν1κ).ΝἓnἸin,Νἵ’estΝlaΝpersonneΝἶeΝJὧsus,ΝδoἹosΝinἵarnὧΝ(v.Νβλ),ΝquiΝpermetΝlaΝrὧvὧlationΝ ἶuΝ ἢère.Ν ἑesΝ troisΝ versetsΝ exprimentΝ ἶonἵ,Ν enΝ mettantΝ ἵhaἵunΝ l’aἵἵentΝ surΝ unΝ aspeἵtΝ partiἵulier,ΝlaΝrὧalitὧΝextraorἶinaireΝqu’estΝlaΝvenueΝἶuΝδoἹos incarné et ses conséquences pour le monde à travers le thème de la vision. iv. ἨoirΝDieuΝἶurantΝleΝtempsΝἶeΝl’inἵarnation 12, 45 μΝεα ὁ ῶ η ῖ θΝπ ηοαθ η . 14, 9 μΝζ ΰ δΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Ν κ κ ͅ ξλ θͅ η γ’Ν̔ηῶθΝ ̓ηδΝεα κὐεΝ ΰθπε μΝη ,ΝΦ ζδππ ν ὁ α η α θΝπα λα·ΝπῶμΝ ζ ΰ δμ·Ν ῖικθΝ ηῖθΝ θΝπα λαν δ’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JnΝ 1,Ν 1κaΝ « Θ θΝ κὐ μΝ ώλαε θΝ πώπκ » a un sujet générique « κὐ μ ».Ν δ’emploiΝ ἶ’unΝ sujetΝ Ἱὧnὧrique,Ν aveἵΝ ώλαεα,Ν neΝ seΝ trouveΝ ἶansΝ unΝ seulΝ autreΝ versetΝ ἶeΝ l’ἓvangile : en Jn 14, 9. Dans ce verset, Jésus répond à la demande première de Philippe : il veut que Jésus montre le Père aux disciples (Jn 14, 8). La réponse de Jésus est sans appel μΝἵeluiΝquiΝl’aΝvu,ΝluiΝleΝἔils,ΝaΝvuΝleΝἢère et, ce faisant, il le connaît. Par sa question rhétorique (Jn 14, 9a) suivi de son explication (Jn 14, 9b), Jésus montre que la vision de sa personne et de celle du Père par un individu atteste leur connaissance ( ώλαεα contient le sème /connaissance/). Cette vision est celle qui permet de reconnaître que Jésus est le Fils qui « est dans le Père » et que le Père « est en lui » (Jn 14, 11). Cette reconnaissance de la relation filiale qui unit Jésus et le Père (Jn 14, 9) exprime la même réalité que celle décrite en Jn 1, 18 μΝἢersonneΝn’aΝjamaisΝvuΝDieuΝsauἸΝleΝἔilsΝquiΝpermetΝlaΝ vision du Père. Or, cette affirmation est présente dans un contexte où les disciples (Thomas et Philippe) posent des questions (où va Jésus,ΝἶemanἶeΝἶeΝmontrerΝleΝἢère)ΝmaniἸestantΝqu’ilsΝ n’ont,Ν enΝ rὧalitὧ,Ν pasΝ pleinementΝ ἵomprisΝ quiΝ ὧtaitΝ JὧsusΝ (JnΝ 1ἂ,Ν ἃ νΝ 1ἂ,Ν κ).Ν δ’aἸἸirmationΝ généralisante de Jésus, et destinée dans un premier temps à Philippe et aux disciples, montre que,ΝmêmeΝs’ilsΝl’ont suiviΝἶèsΝleΝἵommenἵementΝἶeΝsonΝministèreΝetΝqu’ilsΝontΝἵonἸessὧΝenΝluiΝ laΝ personneΝ aἵἵomplissantΝ lesΝ ἓἵrituresΝ (ἵommeΝ leΝ ἸaitΝ ἢhilippeΝ enΝ JnΝ 1,Ν ἂἃ),Ν ilsΝ n’ontΝ pasΝ enἵoreΝ pleinementΝ ἵomprisΝ laΝ rὧalitὧΝ ἶeΝ l’êtreΝ ἶuΝ ἔils.Ν χutrementΝ ἶit,Ν JὧsusΝ ἶitΝ qu’ilsΝ ont objectivement (concrètement) vu le Père, mais subjectivement, les disciples ne sont pas encore en mesure de le confesser, de reconnaître cette vérité. δ’utilisationΝἶeΝ ώλαεα permet iἵiΝ ὡΝ l’auteurΝ ἶ’annonἵerΝ queΝ ἵetteΝ visionΝ nonΝ enἵoreΝ aἶvenueΝ pourΝ leΝ sujetΝ etΝ prὧpareΝ narrativement le lecteur : au moment où un personnage dira « ώλαεα », le lecteur connaîtra la signification de cette affirmation. 73 En Jn 12, 45, une formuleΝ quasimentΝ iἶentiqueΝ estΝ utilisὧeΝ μΝ εα ὁ γ πλῶθΝ η γ πλ ῖ θΝ π ηοαθ η .ΝἙlΝs’aἹitΝἶeΝlaΝseuleΝἸoisΝoὶΝlaΝrelationΝἶeΝvisionΝentreΝἵelleΝἶuΝἔilsΝetΝἶuΝἢèreΝestΝ exprimὧeΝ ὡΝ l’aiἶeΝ ἶeΝ γ πλ́π (conjugué au participe présent et à l’indicatif présent). ContrairementΝὡΝJnΝ1ἂ,Νλ,Νl’annonἵeΝἶeΝJὧsusΝseΝsitueΝiἵiΝἶansΝunΝἵontexteΝliὧΝauxΝsiἹnesΝetΝὡΝlaΝ gloire de Dieu287,Ν ἵ’est-à-ἶireΝ ἶansΝ unΝ ἵontexteΝ oὶΝ l’insistanἵeΝ estΝ ἸaiteΝ surΝ laΝ prὧsenἵeΝ ἶuΝ Logos incarné en Jésus (Jn 12, 46-47 montre cette insistance sur la venue du Logos) et ses ἵonsὧquenἵesΝ pourΝ leΝ tempsΝ prὧsent.Ν δ’emploiΝ ἶuΝ prὧsentΝ et la désignation du Père comme « θΝ π ηοαθ » argumentent en ce sens. Même si les deux versets expriment une réalité commune μΝἵeluiΝquiΝvoitΝleΝἔilsΝvoitΝleΝἢère,Νl’aἵἵentΝn’estΝpasΝmisΝsurΝleΝmêmeΝaspeἵt, ni sur le même axe temporel νΝJnΝ1β,ΝἂἃΝexprimantΝἵetteΝrelationΝenΝlienΝaveἵΝl’incarnation. 1, 34 : ἐΰ̀ ώλαεα εα η ηαλ λβεα ́ δ κ μ δθ ὁ υἱ μ κ γ κ . 5, 37 μΝ εα ὁ π ηοαμΝ η Ν πα λΝ ε ῖθκμΝ η ηαλ λβε θΝ π λ ηκ .Ν κ Ν φπθ θΝ αὐ κ πώπκ Ν̓εβε α Νκ Ν κμΝαὐ κ ά α , 6, 36 : Ἀζζ’Ν πκθΝ̔ηῖθΝ́ δΝεα ά α [η ]Νεα κὐ πδ . 9, 37 μΝ π θΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Νεα α α αὐ θΝεα ὁ ζαζῶθΝη κ ε ῖθ μΝ δθ. 14, 7 μΝ ̓ ΰθώεα η ,Νεα θΝπα λαΝηκυΝΰθώ γ .Νεα ̓π’Ν λ δΝΰδθώ ε Ναὐ θΝεα ά α αὐ θ. 15, 24 μΝ ̓ λΰαΝη πκ β αΝ θΝαὐ κῖμΝ κὐ μΝ ζζκμΝ πκ β θ,Ν ηαλ αθΝκὐεΝ ́ξκ αθ·Ν θ θΝ εα ά α εα η ηδ εα δθΝεα η εα θΝπα λαΝηκυ. Jn 5, 37 ; Jn 6, 36 ; Jn 9, 37 ; Jn 14, 7 ; Jn 15, 24 sontΝ ἶesΝ versetsΝoὶΝJὧsusΝs’aἶresseΝὡΝuneΝ personne ou à un groupe de personnes en en faisant le sujet du verbe : ̔πλαεαμΝou ̔πλαεα ,Ν ̔πλαεα δθ.Ν δeΝpremierΝἹroupeΝauquelΝJὧsusΝs’aἶresseΝestΝἵeluiΝἶesΝJuiἸsΝou,ΝἶeΝmanièreΝinἶὧterminὧe,ΝἶeΝ sesΝaἶversaires.Νἑ’estΝleΝ ἵasΝ enΝJnΝἃ,Νἁι,ΝJnΝ1ἃ,Νβἂ,ΝJnΝἄ,Νἁἄ.ΝδesΝautresΝ versetsΝ (Jn 9, 37 et Jn 14, 7) ont été regroupὧsΝἵarΝJὧsusΝs’aἶresseΝὡΝἶesΝpersonnaἹesΝayantΝunΝἵaraἵtèreΝnarratiἸΝ positif : aux disciples, en tant que groupe indistinct, ou à certains membres. JnΝ ἃ,Ν ἁιΝ etΝ JnΝ ἄ,Ν ἁἄΝ ontΝ pourΝ pointΝ ἵommunΝ leΝ ἸaitΝ queΝ JὧsusΝ s’aἶresseΝ ἶireἵtementΝ ὡΝ sesΝ adversaires. Alors même que le Père a témoigné au sujet de Jὧsus,ΝlesΝJuiἸsΝneΝl’ontΝpasΝvuΝniΝ n’ontΝ entenἶuΝ saΝ voix.Ν ἓnΝ JnΝ ἃ,Ν ἁι,Ν leΝ termeΝ κμΝ sembleΝ renvoyer,Ν ἶeΝ manièreΝ ἵryptὧe,Ν ὡΝ Jésus lui-même : il est la forme visible de Dieu288. Jésus affirme donc que ses adversaires ne l’ontΝpasΝvu,ΝniΝluiΝniΝsonΝἢère.Ν EnΝ JnΝ ἄ,Ν ἁἄ,Ν JὧsusΝposeΝ leΝ mêmeΝ ἵonstatΝ ἶ’une manière différente. Malgré sa présence, ses aἶversairesΝn’ontΝpasΝvuΝquiΝilΝὧtait,ΝilsΝn’ontΝpasΝvuΝqu’ilΝὧtaitΝl’ κμΝἶuΝἢère,ΝilsΝn’ontΝpasΝ cru en lui. En Jn 15, 24, Jésus va même plus loin : ses adversaires n’ontΝpasΝseulementΝnonvu,ΝilsΝontΝvuΝetΝontΝalorsΝἶὧtestὧΝleΝἔilsΝetΝleΝἢère.ΝἓnἵoreΝuneΝἸois,Νl’ὧvanἹὧlisteΝpenseΝleΝvoirΝ sur deux niveaux : objectivement, concrètement, ils ont vu Jésus, ils ont vu le Fils agir, manifester la gloire du Père, subjectivement,ΝilsΝneΝl’ontΝpasΝreἵonnu,Νn’ontΝpasΝἵru. ἓnΝ JnΝ λ,Ν ἁιΝ etΝ JnΝ 1ἂ,Ν ι,Ν JὧsusΝ s’aἶresseΝ ὡΝ ἶesΝ inἶiviἶusΝ enΝ partiἵulier.Ν ἓnΝ JnΝ λ,Ν ἁι,Ν JὧsusΝ s’aἶresseΝὡΝl’aveuἹle-nὧΝaprèsΝsaΝἶemanἶeΝἶeΝsavoirΝquiΝestΝleΝἔilsΝἶeΝl’hommeΝaἸinΝἶeΝἵroireΝ en lui. Jésus lui répond : εα α α αὐ θΝεα ὁ ζαζῶθΝη κ . Cette affirmation amène 287 La partie précédant ce verset (Jn 12, 37-43) fait mention des signes amenant ou non au croire et à la gloire de Dieu qui a été vu par Elie. 288 CARSON D. A., The Gospel according to John, Leicester/Grand Rapids, Inter-Varsity Press/Eerdmans Publishing, 1991, p. 262. 74 l’aveuἹle-né à confesser sa foi en lui (Jn 9, ἁκ).ΝδaΝἸiἹureΝ ἶeΝl’aveuἹle-né et sa réponse est particulièrement éclairante pour cette étude car elle préfigure, dans un temps pré-pascal, les ἶiἸἸὧrentesΝἵonἸessionsΝpostpasἵalesΝἶesΝἶisἵiples.ΝεêmeΝs’ilΝn’aἸἸirmeΝpasΝἶireἵtementΝ« j’aiΝ vuΝleΝἔilsΝἶeΝl’homme », en répondant « je crois » 289 à Jésus (qui a affirmé ώλαεαμΝαὐ θ),Ν l’aveuἹle-nὧΝreἵonnaitΝavoirΝvuΝenΝJὧsusΝleΝἔilsΝἶeΝl’homme 290. La fiἹureΝἶeΝl’aveuἹle-né est emblὧmatiqueΝ etΝ prὧἸiἹuratriἵeΝ ἶeΝ l’attituἶeΝ ἸutureΝ ἶesΝ ἶisἵiples : celui qui ne pouvait voir physiquementΝetΝsymboliquementΝvoitΝmaintenant,ΝetΝilΝἵonἸesseΝenΝJὧsusΝleΝἔilsΝἶeΝl’homme. ἓnΝJnΝ1ἂ,Νι,ΝJὧsusΝs’aἶresseΝὡΝsesΝἶisἵiples. Il affirme que la connaissance (ΰδθπ επ)Νdu Père estΝἸutureΝ(ΰθώ γ )ΝavantΝἶeΝἶὧplaἵerΝtemporellementΝἵetteΝἵonnaissanἵeΝenΝaἸἸirmantΝqu’ilsΝ leΝἵonnaissentΝἶèsΝmaintenantΝ(εα ̓π’Ν λ δΝΰδθώ ε Ναὐ θ)Νἵar,ΝenΝrὧalitὧ,ΝilsΝontΝvuΝleΝἔilsΝ ( ̓ ΰθώεα η ).Νδ’aἸἸirmationΝ(εα πλ εα Ναὐ θ)ΝtraἶuitΝl’aἸἸirmationΝ ἶeΝJn 14, 6 : ΰώ ̓ηδΝ ὁ μΝεα ̓ζ γ δαΝεα απ ·Νκὐ μΝ λξ αδΝπλ μΝ θΝπα λαΝ ̓ η δ᾽ ηκ . Voir le ἢèreΝn’estΝpossibleΝqueΝlorsqu’onΝaΝvuΝleΝἔils : le Fils est le chemin vers le Père. Comme en Jn 14, 7, les disciples ne sont pas encore capables de confesser avoir vu le Père grâce au Fils, ils ne sont pas capables de voir le Fils en la personne de Jésus. ἦoutΝ ἵommeΝ l’aveuἹle-né, la figure de Jean le Baptiste est particulière. En Jn 1, 34, Jean annonce avoir vu le Fils de Dieu et lui avoir rendu témoignage 291. En faisant cela, Jean est le premierΝetΝleΝseulΝpersonnaἹeΝἶeΝl’ἓvanἹileΝὡΝἵonἸesserΝἶireἵtementΝavoirΝvuΝ( ώλαεα)ΝavantΝ la découverte du tombeau vide par Marie (Jn 20, 18 : ώλαεαΝ θΝ ε λδκθ).Ν ἓnΝ JnΝ ἁ,Ν ἁβ,Ν leΝ baptiste dit, au sujet de Jésus : ὃ α εα εκυ θΝ κ κΝηαλ υλ ῖ,Νεα θΝηαλ υλ αθΝ αὐ κ κὐ μΝ ζαηί θ δ.Ν Les mêmes verbes que pour sa confession en Jn 1, 34 ( π ̔ λαεαΝ et 292 ηαλ υλ π)Νsont utilisés pour définir l’action et la relation du Fils par rapport au Père . Ainsi, dans ce contexte, avoir vu ( ̔πλαεα)ΝJésus signifie confesser qu’il a vu le Père ( ώλαε θ)Νet qu’ilΝ aΝ tὧmoiἹnὧΝ ὡΝ sonΝ sujet.Ν ἑetteΝ aἸἸirmationΝ ἶeΝ JeanΝ enΝ JnΝ ἁ,Ν ἁβΝ permetΝ auΝ narrateurΝ ἶ’introἶuireΝleΝthèmeΝἶe la vision du Père par le Fils. Ce sont ces versets qui vont être étudiés à présent. v. Jésus, le premier à avoir vu ἄ,ΝἂἄΝ μΝ κὐξΝ ́ δΝ θΝ πα λαΝ α δμΝ ̓ η ὁ θΝπαλ κ γ κ ,Ν κ κμΝ α θΝ πα λα. 8, 38 : ΰ̀ α α παλ ͅ πα λ ζαζῶ·Νεα ̔η ῖμΝκ θΝ εκ α Νπαλ κ πα λ μΝ πκδ ῖ . κ,Ν ἃιΝ μΝ πκθΝ κ θΝ κἱ κυ αῖκδΝ πλ μΝ αὐ θ·Ν π θ εκθ αΝ βΝ κ ππΝ ξ δμΝ εα Ἀίλα ηΝ α α ν En Jn 6, 46, Jn 8, 38 et Jn 8, 57, il est question de la vision que Jésus a eue auprès du Père. Jn 8, 38 et Jn 8, 57 se situent auΝseinΝἶ’unΝἶialoἹueΝentreΝJὧsusΝetΝlesΝJuiἸs.ΝδaΝquestionΝἵentraleΝ ἶeΝἵeΝἶialoἹueΝestΝἵelleΝἶeΝlaΝἸiliation,ΝἵelleΝἶesΝJuiἸsΝquiΝseΝrevenἶiquentΝἶ’êtreΝἶ’χbraham,ΝetΝ ἵelleΝἶeΝJὧsusΝquiΝseΝrevenἶiqueΝἶ’êtreΝἶuΝἢère.ΝDansΝἵeΝἵontexte,ΝJὧsusΝaἸἸirmeΝ(JnΝκ, 38) que 289 Ἑἵi,ΝauἵunΝtitreΝn’estΝἶonnὧΝparΝl’aveuἹle-né à Jésus μΝilΝἵroitΝἶeΝmanièreΝabsolueΝetΝl’appelleΝἥeiἹneur.ΝἑetteΝ formulation est la plus proche de celles qui seront proclamées après la Résurrection. 290 δeΝtitreΝἶeΝἔilsΝἶeΝl’hommeΝἶὧsiἹne,ΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselon Jean, la relation particulière de Jésus envers le Père et son être. Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), n. 121, p. 92. 291 Sur la figure de Jean le Baptiste et sa position de témoin, cf. Chapitre II, A, II, c. 292 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 134 ; CARSON D. A., The Gospel according to John, p. 213. 75 sesΝ œuvresΝ etΝ sesΝ parolesΝ sontΝ ἶ’oriἹineΝ ἶivine : ΰ̀ α α παλ ͅ πα λ ζαζῶ. δ’emploiΝἶeΝ ώλαεα renvoie clairement à Jn 1, 18 : Jésus est le premier-né de Dieu qui a vu Dieu (Jn 1, 18b), contrairement au reste du monde (Jn 1, 18a). Jn 8, 57 se situe dans la seconde partie de ce dialogue qui se joue plus particulièrement sur la questionΝἶeΝlaΝrelationΝὡΝχbraham.ΝJὧsusΝaἸἸirmeΝqu’χbrahamΝl’aΝvuΝetΝqu’ὡΝsaΝvue,ΝχbrahamΝ était dans la joie. Cette affirmation a un caractère messianique νΝ l’expression « son jour » renvoie particulièrement au temps de la glorification du Fils 293. Cette affirmation de Jésus est malΝἵompriseΝparΝlesΝJuiἸsΝquiΝluiΝἶemanἶentΝalorsΝἵommentΝilΝaΝpuΝvoirΝχbrahamΝalorsΝqu’ilΝ n’aΝmêmeΝpasΝἃ0ΝansΝ(v.Νἃι).ΝδeurΝmὧἵomprὧhensionΝest telle que les Juifs changent le sujet ἶeΝ laΝ vision.Ν χlorsΝ queΝ JὧsusΝ aἸἸirmaitΝ qu’χbrahamΝ l’avaitΝ vu,Ν lesΝ JuiἸsΝ luiΝ ἶemanἶentΝ comment lui a pu voir Moïse. Cette inversion du sujet et du COD dans la demande des Juifs rend Jésus bénéficiaire de la vision extraordinaire alors que, dans la parole de Jésus, Abraham en était le bénéficiaire. Par cette inversion du sujet, le narrateur montre à quel point la réalité ἶeΝl’êtreΝἶeΝJὧsusΝn’aΝpasΝὧtὧΝperὦueΝparΝlesΝJuiἸs.ΝΝΝ ἑetteΝ mὧἵomprὧhensionΝ estΝ l’oἵἵasionΝ pourΝ JὧsusΝ ἶ’aἸἸirmerΝ saΝ prὧexistenἵeΝ (JnΝ κ,Ν ἃκ).Ν δ’emploiΝἶeΝ ώλαεαΝjoueΝὧἹalementΝsurΝἵesΝἶeuxΝniveauxΝἶeΝἵomprὧhensionΝ(ἵelleΝἶesΝJuiἸs,Ν ἵelleΝ ἶeΝ Jὧsus).Ν δ’emploiΝ ἶuΝ parἸaitΝ ἶeΝ laΝ partΝ ἶesΝ JuiἸsΝ s’expliqueΝ parΝ leΝ ἸaitΝ qu’ilsΝ ἸontΝ référence à un temps ancien (ἵeluiΝἶ’χbraham)ΝquiΝaΝἶesΝἵonsὧquenἵesΝἶansΝleΝtempsΝprὧsent : les Juifs le considèrent comme leur père. Mais, Jésus utilise la question des Juifs « εα Ἀίλα ηΝ ώλαεαμ ν »Ν pourΝ aἸἸirmerΝ qu’ilΝ ὧtaitΝ avantΝ mêmeΝ qu’χbrahamΝ neΝ soit,Ν etΝ parΝ ἵonsὧquent,Νqu’ilΝa vu le Père. En utilisant la forme ώλαεαΝleΝnarrateurΝplaἵe,ΝὡΝl’arrière-plan de cette partie du dialogue entre Jésus et les Juifs (Jn 8, 52-ἃκ),Νl’aἸἸirmationΝἶeΝJnΝ1,Ν1κ : le Fils unique a vu le Père. Jn 6, 46 a la même signification. Dans son discours sur le pain de vie (Jn 6, 22-59), Jésus affirme, comme Jn 8, 38, que tout son ministère reçoit son autorité du Père auprès de qui il a toutΝ vu.Ν ἕrὢἵeΝ ὡΝ ἵetteΝ proximitὧΝ aveἵΝ leΝ ἢère,Ν JὧsusΝ estΝ enΝ mesureΝ ἶ’aἸἸirmerΝ êtreΝ l’aἵἵomplissementΝetΝleΝἶὧpassement des Ecritures (Jn 8, 45-51). En étudiant les versets où la vision du Père par Jésus (exprimé avec ώλαεα), il a été possible de constater que toutes expriment en quoi la vision du Père par le Fils sert de fondement à l’autoritὧΝἶuΝἔilsΝἶansΝleΝmonἶe.Νἑette vision exprime la relation unique entre le Père et le Fils ainsiΝqueΝ laΝprὧexistenἵeΝ ἶuΝἔils.ΝἓnΝ ἶ’autresΝtermes,ΝlesΝaἵtionsΝvisiblesΝ ἶuΝἔilsΝ(exprimὧesΝ par γ ώλ π/γ ́κηαδ294) reἸlètentΝlaΝvisionΝqu’ilΝaΝeuΝἶuΝἢèreΝ(exprimὧeΝparΝ ώλαεα)ΝmaisΝplusΝ encore,Ν ellesΝ permettentΝ ἶeΝ voirΝ leΝ ἢèreΝ ὡΝ traversΝ leΝ ἔils,Ν ἵommeΝ JὧsusΝ l’aἸἸirmeΝ ὡΝ plusieursΝ reprises. Or, cette vision du Père par le Fils, affirmée par Jésus tout au long de son ministère, n’estΝ pasΝ ἵonἸessὧeΝ parΝ lesΝ ἶisἵiplesΝ avantΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ εarieΝ auΝ jarἶin (Jn 20, 18). Cet élément tend à montrer un lien potentiel entre la vision, exprimée avec ώλαεα,ΝetΝlaΝvisionΝἶuΝ Ressuscité. Ce sont les versets exprimant cette vision qui vont être maintenant étudiés. vi. Les visions pascales et les annonces de la communauté Les derniers versets liés où se trouve la forme ώλαεα, seront divisés en deux groupes. Le premier groupe contient les versets où la communauté johannique est sujet, le second reἹroupeΝ lesΝ aἸἸirmationsΝ ἶesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ aἵteursΝ prὧsentsΝ lorsΝ ἶesΝ rὧἵitsΝ ἶ’apparitions du 293 294 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 307. Cf. Chapitre II, B, a. 76 ἤessusἵitὧ.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ versetsΝ suivraΝ leΝ ἸilΝ ἶeΝ laΝ narrationΝ aἸinΝ ἶeΝ mettreΝ enΝ avantΝlesΝἶiἸἸὧrentesΝartiἵulationsΝtemporellesΝetΝlittὧrairesΝeἸἸeἵtuὧsΝparΝl’auteur. 3, 11 : ̓η θΝ̓η θΝζ ΰπΝ κδΝ́ δΝὃ κ́ αη θΝζαζκ η θΝεα ὃ ά α ηαλ υλκ η θ,Νεα θΝηαλ υλ αθΝ ηῶθΝκὐ ζαηί θ . 19, 35 μΝεα ὁ α η ηαλ λβε θ,Νεα ̓ζβγδθ αὐ κ δθΝ ηαλ υλ α,Νεα ε ῖθκμΝ κ θΝ́ δΝ̓ζβγ ζ ΰ δ,Ν θαΝεα ̔η ῖμΝπδ [ ]β . JnΝἁ,Ν11ΝestΝuneΝparoleΝἶeΝJὧsusΝmaisΝl’utilisationΝἶeΝlaΝpremière personne du pluriel295 suggère que cette affirmation doit également être comprise comme une prise de parole de la communauté johannique296. En fusionnant ces deux sujets, le narrateur fusionne le temps prépascal et le temps postpascal. En ayant Jésus comme sujet, le sens de la parole de Jésus correspond à celui que nous avons établi pour les autres versets parallèles. En ayant la communauté comme sujet, cette affirmation développe un autre sens : dans le temps postpascal, qui commence à la Résurrection du Christ, la communauté devient porteuse du témoignage transmis par Jésus lors de son ministère μΝilΝestΝl’aἵἵèsΝauΝἢère.Ν Jn 19, 35 est une insertion du narrateur 297,ΝseΝsituantΝὡΝlaΝἸinΝ ἶeΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶeΝ laΝ ἵruἵiἸixion,Ν aprèsΝqu’unΝsolἶatΝaΝperἵὧΝleΝἵὲtὧΝἶeΝJὧsus (Jn 19, 34)298. Comme en Jn 3, 11, les verbes κ͂ α, πλ εα et ηαλ υλ́π sont présents. Les verbes πλ εα et ηαλ υλ́π se trouvent également dans les phrases prononcées par Jean le Baptiste. Ce lien sémantique étroit introduit une chaîne de témoins : elle ἵommenἵeΝaveἵΝJeanΝleΝἐaptisteΝetΝἵontinueΝjusqu’ὡΝlaΝἵommunautὧΝ johannique. Le troisième maillon de cette chaîne des témoins, les disciples, sera introduit plus tarἶΝ ἶansΝ laΝ narrationΝ etΝ seraΝ l’objetΝ ἶ’uneΝ ὧtuἶeΝ ἶansΝ laΝ ἶernièreΝ partieΝ ἶeΝ l’analyseΝ ἶeΝ ἵe verset. Comme en Jn 3, 11 également, le narrateur sort du cadre temporel de la narration et ἸaitΝ uneΝ ἶὧἵlarationΝ postpasἵaleΝ justiἸiantΝ l’existenἵeΝ mêmeΝ ἶ’unΝ ἓvanἹileΝ puisqueΝ ἵelui-ci constitue le témoignage de la communauté 299. Ces deux prises de parole de la communauté se situentΝnarrativementΝavantΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἤὧsurreἵtionΝἶuΝἑhristΝetΝpermettentΝauΝnarrateurΝ de poser les jalons de compréhension de cet épisode pour le lecteur. Les trois dernières occurrences de ώλαεα,Ν ayantΝ unΝ ἶisἵipleΝ ἶeΝ JὧsusΝ pour sujet, se trouvent en Jn 20. ἙlΝs’aἹitΝἶeΝlaΝpremièreΝutilisationΝἶeΝlaΝpremièreΝpersonneΝἶuΝplurielΝpourΝleΝverbe ὁλ́π mais la seconde pour unΝ verbeΝ ἶeΝ visionΝ puisqu’enΝ JnΝ 1,Ν 1ἂΝ γ ́κηαδ est également construit à la première personne du pluriel. Les ἶeuxΝoἵἵurrenἵesΝsontΝἶesΝprisesΝἶeΝparoleΝἶeΝlaΝἵommunautὧΝjohanniqueΝἶansΝunΝtempsΝpostpasἵal.Νδ’emploiΝἶeΝ la première personne du pluriel en Jn 20, 25 peut également être lié à ceux de Jn 1, 14 et Jn 3, 11 ; ce point sera étudié par la suite. 296 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 117. 297 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 259. 298 ἥurΝlaΝsiἹniἸiἵationΝἶeΝἵetteΝpriseΝἶeΝparoleΝἶuΝnarrateurΝenΝrapportΝaveἵΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝlanἵe,Νcf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 259. 299 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 259. 295 77 20, 18 : Ἔλξ αδΝ Μαλδ ηΝ Μαΰ αζβθ ̓ΰΰ ζζκυ αΝ κῖμΝ ηαγβ αῖμΝ ́ δΝ α α θΝ ε λδκθ,Νεα α αΝ π θΝαὐ . 20, 25 : ζ ΰκθΝκ θΝαὐ ͅ κἱ ζζκδΝηαγβ α · ά α θΝε λδκθ.Νὁ π θΝαὐ κῖμ·Ν θΝ η ́ πΝ θΝ αῖμΝ ξ λ θΝ αὐ κ θ πκθΝ ῶθΝ ζπθΝ εα ί ζπΝ θΝ ε υζ θΝ ηκυΝ ̓μΝ θΝ πκθΝ ῶθΝ ζπθΝεα ί ζπΝηκυΝ θΝξ ῖλαΝ ̓μΝ θΝπζ υλ θΝαὐ κ ,Νκὐ η πδ π. 20, 29 μΝζ ΰ δΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Ν ́ δΝ α ά η Νπ π υεαμνΝηαε λδκδΝ κἱ η ̓ θ μΝεα πδ αθ μ. Jn 20, 18 est un verset récapitulatiἸΝἶeΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝl’apparitionΝἶeΝJὧsusΝὡΝεarieΝἶeΝεaἹἶala.Ν JὧsusΝ l’appelleΝ parΝ sonΝ prὧnomΝ etΝ luiΝ annonἵeΝ alorsΝ qu’ilΝ retourneΝ auprèsΝ ἶuΝ ἢère,Ν ilΝ luiΝ ἶemanἶeΝ ἶ’allerΝ versΝ sesΝ ἶisἵiplesΝ pourΝ l’annonἵer.Ν ἧneΝ proἹressionΝ ἶansΝ l’utilisationΝ ἶesΝ verbes de vision pour décrire les différentes visions de Marie est faite dans cette péricope. ἓlleΝaΝἶ’aborἶΝobservὧΝlaΝpierreΝἶuΝtombeauΝviἶeΝ(ίζ́ππ), avant de voir Jésus (γ πλ́π) sans leΝ reἵonnaître,Ν avant,Ν enἸin,Ν ἶ’annonἵerΝ auxΝ ἶisἵiplesΝ avoirΝ vuΝ leΝ ἥeiἹneurΝ ( ώλαεα). Cette progression reprend, de manière schématique, les trois grands types de vision présents dans l’ἓvanἹile300. La vision physique (ίζ́ππ et ὁλ́π dans l’Evangile), la vision intermédiaire basée notamment sur la vision des signes, de la gloire, du Jésus-Logos incarné (γ πλ́π et γ ́κηαδ) et la vision amenant à confesser Jésus comme le Seigneur ( ώλαεα). En reproduisant ce schéma, le narrateur amène le lecteur à considérer que la forme ώλαεα,Ν utilisée ici avec le COD έλδκμ pour la première fois, exprime la forme ultime de révélation. En faisant dire « ώλαεαΝ θΝε λδκθ » à Marie, le narrateur lui fait infirmer pour la première fois ἶireἵtement,Ν aveἵΝ JeanΝ leΝ ἐaptiste,Ν l’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JnΝ 1, 18a : Θ θΝ κὐ μΝ ώλαε θΝ πώπκ .ΝδesΝἶeuxΝautresΝversetsΝprὧsentsΝἶansΝlesΝὧpisoἶesΝἶeΝl’apparitionΝἶuΝἤessusἵitὧΝvontΝ montrer que cette affirmation va être encore développée et liée plus étroitement à Jn 1, 18. En Jn 20, 25, les disciples annoncent à Thomas, absent lors de la première venue du Christ auprès ἶ’euxΝ(JnΝβ0,Ν1λ-βἁ),Νqu’ilsΝ« ont vu le Seigneur » ; ils reprennent alors la formule de Marie (Jn 20, 18) avec le même sens. En utilisant, cependant, la première personne du pluriel, l’ὧvanἹὧlisteΝ moἶiἸie,Ν nonΝ pasΝ leΝ sensΝ ἶeΝ l’aἸἸirmation,Ν maisΝ saΝ portὧe. Avec cet emploi, l’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝrappelleΝlesΝἶeuxΝaἸἸirmationsΝἵommunautairesΝprὧsentesΝenΝJnΝ 1, 14 et en Jn 3, 11 créant ainsi un lien entre les disciples et la communauté johannique. Ce lien se joue au niveau du rôle des acteurs : les disciples sont le maillon central de la chaîne des tὧmoinsΝ prὧsentὧeΝ parΝ l’ὧvanἹὧliste.Ν JeanΝ leΝ ἐaptisteΝ aΝ prὧparὧΝ leΝ ἵheminΝ ἶuΝ ἥeiἹneur,Ν lesΝ ἶisἵiplesΝ l’ontΝ suiviΝ etΝ l’ontΝ vu.Ν ἓnΝ JnΝ β0,Νβἃ,Ν laΝ ἶeuxièmeΝ ἸaἵetteΝ ἶuΝ rὲleΝ ἶesΝ ἶisἵiplesΝ estΝ 300 OIRY B., « De ce qui est en passage dans le récit pascal du quatrième Evangile » in BLANCHARD Y.-M., LATOUR E., MIRGUET F., OIRY B., Raconter, voir, croire. Parcours narratifs du quatrième Evangile, Paris, Gabalda (Cahiers de la revue biblique 61), 2005, p. 59. Nous suivons la thèse de B. Oiry sur ce schéma marquant laΝ proἹressionΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶansΝ l’ὧpisoἶeΝ ἶuΝ tombeauΝ viἶeΝ ἶὧἵouvertΝ parΝ εarie-Madeleine. Cependant, nous nuanὦonsΝsesΝproposΝsurΝl’aspeἵtΝsystὧmatiqueΝἶeΝl’emploiΝἶesΝverbes.ΝἑommeΝnousΝl’avonsΝmontrὧΝἶansΝleΝresteΝ de notre travail,Ν l’emploiΝἶeΝ ίζ́ππ, bien que renvoyant majoritairement à une vision physique, peut également être utilisé dans un sens plus métaphorique. Plus encore, nous ne considérons pas que le verbe ὁλ́π corresponde uniquement au 3ème niveau du voir, lié à la foi. Les formes de ὁλ́π qui ne sont pas au parfait sont, comme nous l’avonsΝmontrὧΝlorsΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,Ν1ἂ,ΝplusΝsouventΝutilisὧesΝἶansΝunΝἵontexteΝpolὧmiqueΝqueΝpositiἸ.ΝεêmeΝ lorsqueΝἵ’estΝleΝἵasΝἵommeΝenΝJnΝβ0,Νκ,ΝilΝ neΝnousΝsembleΝpasΝqueΝ laΝ Ἰorme θ ait le même sens et la même fonction narrative que les formes présentes en Jn 20, 18. 20. 25 comme le considère B. Oiry. En effet, en Jn 20, κ,ΝlaΝvueΝἶuΝtombeauΝviἶeΝn’amèneΝpasΝὡΝuneΝἵonἸessionΝἶeΝἸoiΝἶuΝἶisἵipleΝmêmeΝsiΝlaΝἵonsὧquenἵeΝἶeΝἵeΝ voir est explicité μΝilΝaΝἵru.ΝἙἵi,Νl’emploiΝἶeΝl’aoristeΝpourΝleΝverbeΝὁλ́π ne semble pas insister sur la subjectivité ἶuΝsujetΝmaisΝsurΝl’aspeἵtΝnarratiἸΝἶuΝrὧἵitΝet,ΝparΝἵonsὧquent,ΝsurΝl’objeἵtivitὧΝἶeΝlaΝsἵèneΝraἵontὧΝainsiΝqueΝsurΝ l’aspeἵtΝphysiqueΝἶeΝlaΝrὧalitὧΝἶὧἵriteΝ(ilΝn’aΝpasΝvuΝleΝἤessusἵitὧΝmaisΝuneΝrὧalitὧΝuniquementΝphysique,ΝἵelleΝἶuΝ tombeau vide). 78 exposée : celui de témoin. En affirmant « πλ εαη θ θ ε λδκθ » à Thomas, les disciples tὧmoiἹnentΝ auΝ sujetΝ ἶuΝ ἤὧssusἵitὧΝ qu’ilsΝ ontΝ vuΝ ἶireἵtement.Ν δeΝ lienΝ sὧmantiqueΝ ἸaitΝ parΝ l’utilisationΝ ἶeΝ laΝ premièreΝ personneΝ ἶuΝ plurielΝ ἵonἸirmeΝ ἵeΝ rὲleΝ etΝ permetΝ ὧἹalementΝ ὡΝ laΝ communauté johannique de se situer dans la continuité des disciples. Enfin, en Jn 20, 29, Jésus dit à Thomas : ζ ΰ δΝαὐ ͅ ὁ β κ μ·Ν́ δΝ ώλαε μΝη Νπ π υεαμνΝ ηαε λδκδΝκἱ η ̓ θ μΝεα πδ αθ μ. DansΝἵeΝverset,ΝἵeΝn’estΝpasΝleΝsujetΝἶeΝlaΝvisionΝquiΝ établit le lien entre voir et croire (Thomas confesse « Mon Seigneur et mon Dieu », Jn 20, 28) mais Jésus lui-même.Ν ἦhomasΝ ἵomplèteΝ l’aἸἸirmationΝ surΝ laΝ relationΝ entreΝ Dieu/ἢèreΝ etΝ lesΝ croyants que Jésus a fait transmettre aux disciples par Marie en Jn 20, 17 ( θΝπα λαΝηκυΝεα πα λαΝ ̔ηῶθΝεα γ θΝηκυΝεα γ θΝ ̔ηῶθ)Ν enΝ yΝajoutantΝleΝrapportΝrelationnelΝaveἵΝ leΝἔils.Ν ἕrὢἵeΝ auΝ ἶialoἹueΝ entreΝ leΝ ἤessusἵitὧΝ etΝ ἦhomas,Ν l’expliἵationΝ narrativeΝ ἶeΝ l’emploiΝ ἶeΝ ώλαεαΝἶansΝl’ἓvanἹileΝestΝἵomplète.ΝἨoirΝJὧsus,Νἵ’estΝvoir le Seigneur qui est Dieu. En liant si étroitement la confession de foi unique de Thomas (ὁ ε λδ μΝηκυΝεα ὁ γ μΝηκυ)ΝὡΝlaΝἸormeΝ ώλαεαΝἶontΝJὧsusΝestΝ COD, l’ὧvanἹὧlisteΝplaἵeΝlaΝvisionΝἶuΝἤessusἵitὧΝauΝmêmeΝplanΝqueΝlaΝ vision de Dieu annoncée en Jn 1, 18 : voir le Ressuscité et voir Dieu sont deux réalités iἶentiquesΝ etΝ seuleΝ laΝ ἤὧsurreἵtionΝ permetΝ ἶeΝ ἵomprenἶreΝ pleinementΝ ἵetteΝ rὧalitὧ.Ν ἑ’estΝ uniquement grâce à la Résurrection que les disciples sont capables de voir en Jésus le ηκθκΰ θ μΝ γ μΝ ὁ θΝ ̓μΝ θΝ ε ζπκθΝ κ πα λ μ etΝ alorsΝ ἶ’inἸirmerΝ l’annonἵeΝ ἶeΝ JnΝ 1,Ν1κaΝ « Θ θΝκὐ μΝ ώλαε θΝπώπκ ». Enfin, la seconde partie du verset « ηαε λδκδΝ κἱ η ̓ θ μΝ εα πδ αθ μ » amène un nouveauΝthèmeΝquiΝsembleΝêtreΝenΝἵontraἶiἵtionΝaveἵΝtoutΝl’ἓvanἹile,Νἵelui de la non-nécessité ἶuΝvoir.ΝἓnΝrὧalitὧ,ΝἵetteΝaἸἸirmationΝἶeΝJὧsusΝn’estΝpasΝenΝἵontraἶiἵtionΝaveἵΝlesΝinvitationsΝἶeΝ Jésus (à le voir, à voir le père, à voir les signes etc.) mais un dépassement temporel : le temps de la vision historique de Jésus (avant et après la Résurrection) est terminé. Dorénavant, la vision ( ώλαεα)ΝἶeΝDieuΝ(ἢèreΝetΝἔils)ΝneΝseΝἸaitΝplusΝparΝlaΝvisionΝphysiqueΝἶuΝἤessusἵitὧΝ(JnΝ 20, 8 et Jn 20, 29) mais par le témoignage de ceux qui ont vu : les disciples (Jn 20, 25) et la communautὧΝ(JnΝἁ,Ν11),ΝἶontΝl’auteurΝἸaitΝpartieΝ(JnΝ1λ,Νἁἃ).ΝἓnΝἵeΝsens,ΝlaΝἸiἹureΝἶuΝἶisἵipleΝ bien-aimὧΝ etΝsonΝ ἵroireΝ(JnΝβ0,Νκ)ΝsymboliseΝ ἵelleΝ ἶesΝ ἵroyantsΝauquelΝs’aἶresseΝ l’ἓvanἹile,Ν ceux qui « n’ontΝpasΝvuΝ etΝ ontΝ ἵru » et que Jésus déclare bienheureux. Le croire du disciple bien-aimὧ,Ν ἵontrairementΝ ὡΝ tousΝ lesΝ autresΝ personnesΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile,Ν n’estΝ pasΝ ἸonἶὧΝ surΝ laΝ visionΝἶ’unΝsiἹneΝouΝἶuΝἤessusἵitὧΝmaisΝsurΝl’absenἵe,ΝsurΝleΝtombeauΝviἶe 301. vii. Conclusion : la signification de Jn 1, 18 δ’ὧtuἶeΝἶesΝἶiἸἸὧrentsΝversetsΝoὶΝJὧsusΝaἸἸirmeΝὡΝἶesΝinἶiviἶusΝqu’ilsΝontΝvu,ΝainsiΝqueΝ l’ὧtuἶeΝἶeΝlaΝἸiἹureΝἶeΝl’aveuἹle-né et de la figure de Jean le Baptiste permettent de mettre en avantΝ ἶeuxΝὧlὧments.ΝἦoutΝἶ’aborἶ,Ν ώλαεα est un emploi spécialisé qui désigne une vision contenantΝ lesΝ sèmesΝ /nonΝ insistanἵeΝ surΝ l’aspeἵtΝ ἵonἵret/,Ν /reἵonnaissanἵe/,Ν /ἵonἸession/,Ν /subjeἵtiἸ/,Ν /objeἵtiἸ/.Ν ἠousΝ ἵonstatonsΝ ὧἹalementΝ queΝ l’ὧvanἹὧliste,Ν lorsqueΝ ώλαεα a Jésus pourΝ loἵuteurΝ etΝ seΝ trouveΝ ἶansΝ uneΝ paroleΝ seΝ situantΝ avantΝ lesΝ ὧpisoἶesΝ ἶ’apparition du Ressuscité, joue sur la double réalité du voir : objectivement les sujets ont vu, mais subjeἵtivement,Ν ἵetteΝ visionΝ n’aΝ pasΝ ἸorἵὧmentΝ euΝ ἶeΝ ἵonsὧquenἵe,Ν elleΝ n’aΝ pasΝ amenὧΝ ὡΝ laΝ reἵonnaissanἵeΝἶeΝl’êtreΝetΝἶeΝl’iἶentitὧΝἶuΝἔils.ΝἓnἸin,ΝilΝsembleΝqueΝl’ὧvanἹὧlisteΝjoueΝsurΝlaΝ temporalité de la vision exprimée avec πλ́εα. En effet, à part Jean et, indirectement, 301 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 272. 79 l’aveuἹle-nὧ,Ν personneΝ n’inἸirme au cours de la narration que l’impossibilitὧΝ aἸἸirmὧeΝ enΝ Jn 1, 18 a été supprimée : Θ θΝ κὐ μΝ ώλαε θΝ πώπκ . Ce jeu sur la temporalité du récit permetΝὡΝl’auteurΝἶeΝmontrerΝl’importanἵeΝἶeΝlaΝἑroixΝpourΝlaΝreἵonnaissanἵeΝἶeΝJὧsusΝἵommeΝ Fils. Cette étude a également permis de mettre en lumière les différents contextes dans lesquels la forme ώλαεαΝestΝutilisée. Elle exprime la relation entre le Père et le Fils et comment la vue du Fils implique nécessairement celle du Père. Elle permet aussi de fonder et de justifier l’autoritὧΝἶuΝἔils μΝilΝaΝvuΝleΝἢère,ΝetΝilΝmontreΝἵeΝqu’ilΝaΝvuΝauprèsΝἶeΝlui.ΝδeΝἔilsΝpeut parler du ἢèreΝἵarΝilΝestΝleΝpremierΝetΝὧtaitΝleΝseulΝὡΝl’avoirΝvuΝ(JnΝ1,Ν1κ).Ν ώλαεαΝestΝὧἹalementΝutilisὧΝ pour exprimer le fait que, grâce à la glorification du Fils, les disciples sont frères (Jn 20, 17) et qu’ilsΝontΝaἵἵèsΝauΝDieuΝrὧvὧlὧΝparΝleΝἔils302, accomplissant ainsi les annonces faites pas Jésus toutΝauΝlonἹΝἶeΝl’ἓvanἹile303.ΝἙlΝestΝleΝδoἹosΝἶivin,ΝilΝestΝDieuΝἵommeΝl’aἸἸirmeraΝἦhomasΝ(JnΝ 20, 28). La forme ώλαεαΝestΝprinἵipalementΝutilisὧeΝpourΝparlerΝἶuΝvoirΝἶesΝἶisἵiplesΝetΝἶeΝlaΝ communauté (ἶontΝ l’auteurΝ ἸaitΝ partie).Ν δorsqueΝ ώλαεαΝ estΝ utilisὧΝ parΝ Jὧsus,Ν ilΝ inviteΝ sonΝ interlocuteur ou le sujet à le reconnaître comme Fils et comme Dieu. Cette insistance explique le lien effectué avec la notion [connaître] mais aussi avec la notion [témoigner]. Tout comme JὧsusΝestΝleΝpremierΝὡΝtὧmoiἹnerΝἶeΝἵeΝqu’ilΝaΝvuΝauprèsΝἶuΝἢère,ΝlesΝhommesΝayantΝvuΝJὧsusΝ sont appelés à témoigner ; témoigner est la conséquence logique du voir. Or, ce voir amenant à reconnaître en Jésus son Seigneur et son Dieu et à en témoigner ne peut être que celui du Ressuscité car la Résurrection, en accomplissant la mission du Fils, révèle pleinement son être etΝleΝἢèreΝquiΝl’aΝenvoyὧ.Νδ’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝaΝexprimὧΝἵetteΝrὧalitὧΝenΝutilisantΝ stratégiquement la forme ώλαεα enΝJnΝ1,Ν1κΝpourΝὧtablirΝunΝἵonstatΝ(personneΝn’aΝjamaisΝvuΝ Dieu)ΝetΝlorsΝἶeΝl’apparitionΝἶuΝἤessusἵitὧΝὡΝεarieΝ(JnΝβ0,Ν1κ)ΝpourΝannonἵerΝqueΝἵeΝἵonstatΝ est devenu caduque. Les utilisations de ώλαεαΝ ἶansΝ leΝ ἵœurΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ permettentΝ ὡΝ l’auteurΝ ἶeΝ mettre en avant le fait que le Résurrection seule peut amener un individu à reἵonnaîtreΝ queΝ l’impossibilitὧΝ annonἵὧeΝ enΝ JnΝ 1,Ν 1κΝ aΝ ὧtὧΝ supprimὧe.Ν ἑesΝ utilisationsΝ permettentΝὧἹalementΝauΝleἵteurΝἶ’ὧtablirΝleΝlienΝentreΝlaΝἵonἸessionΝsuprêmeΝ(JnΝβ0,Νβκ)ΝetΝlaΝ ἹloriἸiἵationΝἶuΝἔils,ΝmarqueΝsuprêmeΝἶeΝl’amourΝἶeΝDieuΝpourΝleΝmonἶeΝ(JnΝἁ,Ν1ἄ).ΝἡnΝvoitΝ alorsΝ ἵomment,Ν narrativement,Ν l’auteurΝ utiliseΝ unΝ emploi spécialisé pour donner un sens partiἵulierΝauΝ ἵontexteΝ oὶΝilΝ estΝ utilisὧΝ etΝἵomment,Ν enΝἸaisantΝ ἵela,Ν l’ὧvangéliste exprime sa théologie : la glorification du Fils a permis aux hommes de reconnaître en Jésus leur Seigneur et leur Dieu. c. Etude de Jn 1, 32 Κα ηαλ λβ θΝ π θθβμΝ ζ ΰπθΝ ́ δΝ α α πθ ηαΝ εα αίαῖθκθΝ μΝ π λδ λ θΝ ιΝ κὐλαθκ εα η δθ θΝ π’Ναὐ θ. Et Jean a témoigné en disant μΝJ’ai contemplé l’ἓspritΝἶesἵenἶantΝἵommeΝuneΝἵolombeΝἶuΝ ciel et Il demeura sur lui. En Jn 1, 32 le verbe γ ́κηαδ est utilisé pour la seconde fois après l’emploi en Jn 1, 14. Le verbe est construit à la première personne du sinἹulier,ΝὡΝl’inἶiἵatiἸΝparἸait.ΝἙlΝs’aἹitΝἶeΝlaΝ seule fois où γ ́κηαδ est construit à la première personne du singulier et au parfait ; il s’agit également de la seule fois où un autre verbe que ὁλ́π est utilisé au parfait. Enfin, il s’agit de 302 303 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 280. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (13-21), p. 292. 80 la seule fois où γ ́κηαδ a l’Esprit pour COD ; la vision de l’Esprit est aussi exprimée en Jn 1, 33 (ὁλ́π) et en Jn 14, 17 (γ πλ́π). Tous les éléments de cet emploi sont rares voire uniques ; il est donc difficile de comprendre pour quelles raisons – linguistique ou littéraire – l’auteurΝ ἶuΝ quatrièmeΝ ἓvanἹileΝ aΝ ἵhoisiΝ ἶ’utiliserΝ leΝ verbeΝ γ ́κηαδ ainsi que le parfait et quelleΝestΝsaΝsiἹniἸiἵation.ΝδeΝbutΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,ΝἁβΝseraΝἶeΝἶonnerΝἶiἸἸὧrentesΝhypothèsesΝ pouvantΝexpliquerΝl’emploiΝἶuΝverbeΝetΝἶuΝparἸaitΝpourΝexprimerΝlaΝvisionΝἶeΝl’ἓspritΝparΝJeanΝ leΝἐaptiste.ΝἢourΝἵeΝἸaire,ΝlesΝἶeuxΝautresΝversetsΝoὶΝilΝestΝἸaitΝmentionΝἶeΝlaΝvisionΝἶeΝl’ἓspritΝ serontΝanalysὧsΝavantΝἶ’ὧtuἶierΝlesΝliensΝἵontextuelsΝprὧsentsΝἶansΝἵeΝverset,ΝnotammentΝaveἵΝ le verbe ηαλ υλ́π. 1, 33 μΝἐΰ̀ κὐεΝᾔ δθΝαὐ θ,Ν̓ζζ’Νὁ π ηοαμΝη Νίαπ α δθΝ θΝ α δΝ ε ῖθ μΝηκδΝ π θ·Ν φ’Ν ὃθΝ θΝ ἴ ῃ πθ ηαΝ εα αίαῖθκθΝ εα η θκθΝ π’Ν αὐ θ,Ν κ μΝ δθΝ ὁ ίαπ απθΝ θΝ πθ ηα δΝ ΰ ͅ. 14, 17 μΝ πθ ηαΝ μΝ̓ζβγ αμ,Νὃ ὁ ε ηκμΝκὐ θα αδΝζαί ῖθ, ́ δΝκὐ ῖ αὐ κὐ ΰδθώ ε δ·Ν̔η ῖμΝΰδθώ ε Ναὐ , ́ δΝπαλ’Ν̔ηῖθΝη θ δΝεα θΝ̔ηῖθΝ αδ. Jn 1, 33304 formule une justification du témoignage que Jean le Baptiste a effectué plus tôt (à partirΝ ἶeΝ JnΝ 1,Ν βλ).Ν ἙlΝ aΝ aἸἸirmὧΝ queΝ JὧsusΝ ὧtaitΝ l’aἹneauΝ ἶeΝ Dieu (Jn 1, 29) après avoir vu l’ἓspritΝ ἶesἵenἶreΝ etΝ ἶemeurerΝ surΝ lui.Ν DansΝ ἵeΝ verset,Ν ὁλ́π est le verbe utilisé dans l’expressionΝ[voir]+πθ ηα. ἓnΝ JnΝ 1ἂ,Ν 1ι,Ν JὧsusΝ annonἵeΝ ὡΝ sesΝ ἶisἵiplesΝ queΝ l’ἓspritΝ seraΝ enΝ eux,Ν ἶansΝ unΝ tempsΝ postpascal305, car il demeure auprèsΝἶ’euxΝetΝilsΝleΝἵonnaissent.ΝἑetteΝaἸἸirmationΝpositiveΝpourΝ les disciples est contrebalancée par un constat pour le monde μΝ leΝ monἶeΝ n’aΝpasΝ ἵontemplὧΝ l’ἓspritΝ(γ ώλ π), c’est-à-dire qu’il ne l’a pas connu, contrairement aux disciples. L’emploi du verbe γ ώλ π rapproche cette proposition de celle présente en Jn 1, 32 où γ ́κηαδ est utilisé à cause du lien sémantique entre les deux verbes 306.Νδ’emploiΝἶeΝγ ώλ π en Jn 14, 17 tenἶΝὡΝἸaireΝpenserΝqueΝl’ὧvanἹὧlisteΝestΝplusΝenἵlinΝὡΝutiliserΝleΝἵoupleΝγ ώλ π/γ ́κηαδ dans laΝ ἵonstruἵtionΝ [voir]+πθ ηαΝ queΝ leΝ verbeΝ ὁλ́π même si le faible nombre d’occurrences empêἵheΝ ἶ’aἸἸirmerΝ qu’ilΝ s’aἹiraitΝ ἶ’uneΝ tenἶanἵeΝ systὧmatique.Ν ἥiΝ l’onΝ aἵἵepteΝ ἵetteΝ hypothèse, les différences linguistiques et littéraires entre la proposition de Jn 1, 32 et celle de JnΝ1,ΝἁἁΝpermettrontΝἶ’ὧmettreΝuneΝhypothèseΝexpliquantΝleΝἵhoixΝἶeΝlaΝἸormeΝ γ αηαδ. En Jn 1, 32, la proposition « γ αηαδΝ πθ ηαΝεα αίαῖθκθ » est introduite par la formule « Κα ηαλ λβ θΝ π θθβμΝζ ΰπθΝ́ δ ».Νἡr,ΝὡΝἵhaqueΝἸoisΝqu’ilΝestΝquestionΝἶeΝtὧmoiἹnaἹeΝ ἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean,ΝetΝqueΝἵeΝἶernierΝestΝliὧΝὡΝunΝverbeΝἶeΝvision,ΝleΝverbeΝἶeΝvisionΝenΝ question est construit au parfait307. ἑetΝ ὧlὧmentΝ pourraitΝ montrerΝ uneΝ tenἶanἵeΝ ἶeΝ l’auteurΝ ὡΝ conjuguer leΝverbeΝἶeΝvisionΝauΝparἸaitΝlorsqu’ilΝestΝliὧΝauΝἸaitΝἶeΝtὧmoiἹner.ΝδeΝἵhoixΝἶuΝverbeΝ γ ́κηαδ, et non ὁλ́π comme c’est le cas pour les autres versets où le voir est associé au témoigner, peut être expliqué par deux raisons complémentaires. La première estΝ ἶ’orἶreΝ linguistique μΝ siΝ l’auteurΝ souhaitaitΝ utiliserΝ leΝ parἸait,Ν ilΝ estΝ possibleΝ qu’ilΝ n’aitΝ pasΝ souhaitὧΝ utiliser la forme ώλαεα qui est un emploi spécialisé308. La seconde raison est littéraire : le verbe γ ́κηαδ est utilisé pour exprimer la vision de l’Esprit ; sa venue permet à Jean de voir 304 Une étude plus poussée de ce verset a été faite. Cf. Chapitre I, B, II, d. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 73. 306 Ce lien a déjà été exprimé plusieurs fois dans ce travail. Cf. Chapitre I, B, II, c. 307 Jn 1, 34, Jn 3, 32, Jn 19, 35. 308 Cf. Chapitre I, B, d. 305 81 enΝ JὧsusΝ leΝ ἔilsΝ ἶeΝ Dieu.Ν ἢarΝ ἵonsὧquent,Ν laΝ venueΝ ἶeΝ l’ἓspritΝ aἹit,Ν pourΝ JeanΝ leΝ ἐaptiste,Ν comme un signe 309 lui permettant de reconnaître en Jésus le Fils. Or, comme cela a été ἶὧmontrὧΝlorsΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶeΝJn 1, 14310, le couple γ ́κηαδ/γ πλ́π est utilisé par l’évangéliste pourΝexprimerΝlaΝvueΝamenantΝὡΝreἵonnaîtreΝl’iἶentitὧΝἶuΝἔils.Ν ἕrὢἵeΝὡΝἵesΝἶiversΝὧlὧments,ΝleΝἵhoixΝeἸἸeἵtuὧΝparΝleΝnarrateurΝenΝutilisantΝlaΝἸormeΝ γ αηαδΝ peut être expliqué par des raisons linguistiques et narratives νΝ leΝ ἵontexteΝ l’ayantΝ amenὧΝ ὡΝ utiliser un verbe ayant certaines spécificités sémantiques : /implication du sujet/, /conséquence/ notamment. δ’ὧtuἶeΝἶeΝJnΝ1,ΝἁβΝpermetΝὧἹalementΝἶeΝἸaireΝressortirΝunΝὧlὧmentΝἵonἵernantΝlaΝἶistinction sémantique entre ώλαεα et γ ώλ π/γ ́κηαδ : l’emploi de γ ́κηαδ au parfait dans un contexte proche de celui de ώλαεα où le voir est aussi lié au témoignage argumente en ἸaveurΝἶ’uneΝnonΝὧquivalenἵeΝἶesΝverbes,ΝἶesΝspὧἵiἸiἵitὧsΝἶeΝleursΝemplois et de leurs sèmes. d. Etude de Jn 1, 39 i. Introduction ζ ΰ δ αὐ κῖμ· λξ γ εα ὄ . ζγαθ κ θ εα αθ πκ η θ δ εα παλ’Ναὐ ͅ η δθαθ θ η λαθ ε θβθ· λα θ μ ε β. Il leur dit : « venez et vous verrez ». Ils allèrent donc et virent où il demeura et ils demeurèrent auprès de lui ce jour-lὡΝνΝἵ’ὧtaitΝenvironΝlaΝἶixièmeΝheure. En Jn 1, 39, le verbe ὁλ́π est construit pour la première fois au futur ; cette ἵonstruἵtionΝ estΝ prὧsenteΝ ἶixΝ ἸoisΝ ἶansΝ toutΝ l’ἓvanἹile 311 . Il est conjugué à la deuxième personne du pluriel νΝ ἵetΝ emploiΝ estΝ leΝ plusΝ ἸrὧquentΝ puisqu’ilΝ reprὧsenteΝ laΝ moitiὧΝ ἶesΝ occurrences 312 (5/10). Le verbe est conjugué à la 2 ème personne du singulier (Jn 1, 50 et Jn 11, 40), à la troisième personne du singulier (Jn 3, 36) ou du pluriel (Jn 19, 37) et une fois à la première personne du singulier (Jn 16, 22). Sur les dix occurrences présentes dans l’ἓvanἹile,ΝquatreΝseΝsituentΝἶansΝleΝἵhapitreΝ1ἄΝ(JnΝ1ἄ,Ν1ἄ-22), trois dans le prologue (Jn 1, 39, Jn 1, 50-51), deux dans le livre des signes (Jn ἁ,ΝἁἄΝetΝJnΝ11,Νἂ0)ΝetΝuneΝlorsΝἶeΝl’ὧpisoἶeΝ de la crucifixion (Jn 19, 37). Il semble que la forme ́ο δ 313 exprimeΝ unΝ sensΝ spὧἵiἸiqueΝ quiΝ n’estΝ pasΝ liὧΝ auxΝ caractéristiques sémantiques de ὁλ́π mais au temps du futur qui renvoie à des éléments spécifiquesΝ ἶuΝ ἵontexteΝ ἹὧnὧralΝ ἶeΝ l’œuvre.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶesΝ emploisΝ ἶeΝ ́ο δ dans l’Evangile montreraΝque,Νlorsqu’elleΝestΝutilisὧe,ΝlaΝἸormeΝ ́ο δ renvoie toujours à la même vision de la même chose. Cette étude se focalisera sur les contextes où ́ο δ est utilisé afin d’établir quelle temporalité ἵetteΝἸormeΝreἵouvre,Νἵ’est-à-dire de quel(s) futur(s) parle le(s) sujet(s) de ́ο δ. δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ versetsΝ parallèlesΝ aveἵΝ JnΝ 1,Ν ἁλΝ seΝ ἸeraΝ enΝ ἶeuxΝ parties : dans la première les versets présents dans la premièreΝpartieΝἶeΝl’ἓvanἹileΝqu’estΝleΝlivreΝἶesΝsiἹnesΝetΝ le premier chapitre (1-13) seront analysés. Dans la seconde, les versets se trouvant dans la ἶeuxièmeΝ partieΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile (le livre de la gloire [14-19]) seront étudiés. Les versets ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 81. Cf. Chapitre II, B, a. 311 Cf. Prolégomène, B, II, c. 312 En Jn 1, 51 ; Jn 16, 16 ; Jn 16, 17 et Jn 16, 19. 313 Pour plus de clarté et de concision, nous utiliserons la forme ́ο δ afin de parler des occurrences où le verbe ὁλ́π est construit à l’indicatif futur. 309 310 82 présents en Jn 16, ayantΝἶὧjὡΝἸaitΝl’objetΝἶ’uneΝὧtuἶeΝapproἸonἶie 314, ne seront que brièvement mentionnὧs.Ν ἑeΝ ἵhoixΝ ἶ’uneΝ ὧtuἶeΝ enΝ ἶeuxΝ partiesΝ s’expliqueΝ parΝ laΝ proἹressionΝ narrativeΝ qu’eἸἸeἵtueΝ l’auteurΝ aveἵΝ l’utilisationΝ ἶeΝ ́ο δ, ce qui permettra de comprendre l’utilisation littὧraireΝqueΝἸaitΝl’auteurΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvision. ii. δesΝoἵἵurrenἵesΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝlaΝ1 ère partieΝἶeΝl’ἓvanἹile En plus de celle de Jn 1, 39, deux occurrences de ́ο δ sont présentes dans le premier ἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile.ΝἑesΝἶeuxΝoἵἵurrences se suivent immédiatement (Jn 1, 50 et Jn 1, 51) ; Jn 1, 51 contient une parole de Jésus développant sa réponse à Nathanaël présente en Jn 1, 50315. 1, 50 : ̓π ελ γβ β κ μ εα π θ αὐ ͅ· ́ δ π θ κδ ́ δ θ ̔πκε π μ υε μ, πδ δμν η απ κ πθ ὄ ῃ. 1, 51 : εα ζ ΰ δ αὐ ͅ· ̓η θ ̓η θ ζ ΰπ ̔ηῖθ, ὄ τ ὐ α ̓θ ͅΰ α α τ ἀ έ υ τ ῦθ ῦἀ α α τα α ατα α τα π θ υἱ θ κ ̓θγλώπκυ. 3, 36 : ὁ πδ πθΝ ̓μΝ θΝυἱ θΝ ξ δΝαπ θΝἀώθδκθ·Νὁ ̓π δγῶθΝ ͅ υἱͅ κὐεΝὄ α απ θ, ̓ζζ’Ν ̓λΰ κ γ κ η θ δΝ π’Ναὐ θ. 11,Νἂ0ΝμΝζ ΰ δΝαὐ ὁ β κ μ·ΝκὐεΝ π θΝ κδΝ́ δΝ θΝπδ ͅμΝὄ ῃ θΝ ιαθΝ κ γ κ ν ἓnΝJnΝ1,Νἃ0,ΝlaΝparoleΝἶeΝJὧsusΝἵonstitueΝlaΝpremièreΝpartieΝἶeΝlaΝἵonἵlusionΝἶeΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝ vocation de Nathanaël où la vision est extrêment présente316.Ν δ’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JὧsusΝ selonΝ laquelle il avait vu Nathanaël sous le figuier amène ce dernier à confesser en Jésus, le Fils de Dieu,ΝleΝroiΝἶ’Ἑsraël.ΝἥansΝseΝsatisἸaireΝtotalementΝἶeΝἵesΝtitres 317,ΝJὧsusΝluiΝrὧponἶΝalorsΝqu’ilΝ verra des choses plus grandes (η απΝ κ πθΝ ́οͅ).Ν χἸinΝ ἶeΝ saisirΝ l’emploiΝ ἶeΝ ́ο δ dans ce verset, il faut comprendre à quelle(s) réalité(s) le COD η απΝ κ πθ renvoie. Le premier sens du COD η απΝ κ πθ est explicitement exprimée en Jn 1, 51. Par la métaphoreΝreprenantΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝl’ὧἵhelleΝἶeΝJaἵobΝ(ἕn 28, 12), Jésus se désigne lui-même ἵommeΝ l’ὧἵhelleΝ permettantΝ ἶeΝ lierΝ monἶeΝ terrestreΝ etΝ monἶeΝ ἵὧleste.Ν δeΝ syntaἹmeΝ « η απΝ κ πθΝ́οͅ » désigne alors cette réalité : Nathanaël et les disciples 318 sont appelés à voir, par Jὧsus,ΝleΝmonἶeΝἵὧlesteΝpuisqu’ilsΝsontΝappelὧsΝὡΝvoirΝenΝluiΝleΝseulΝêtreΝquiΝpuisseΝ« ouvrir le ciel » μΝ leΝἔilsΝἶeΝ l’homme.ΝἓnΝreprenantΝl’imaἹeΝ ἶeΝ l’ὧἵhelleΝ ἶeΝJaἵob,Νl’ὧvanἹὧlisteΝ insisteΝ surΝlaΝἶoubleΝrὧalitὧΝἶeΝl’iἶentitὧΝἶeΝJὧsus : il estΝἵeluiΝquiΝpermetΝἶ’aἵἵὧἶerΝauΝmonἶeΝἵὧlesteΝ car il en vient etΝqu’ilΝestΝἶansΝleΝmonἶeΝterrestre,ΝleΝδoἹosΝinἵarnὧ 319. Par cette relecture de l’ὧἵhelleΝἶeΝJaἵob,ΝJὧsusΝinviteΝlesΝἶisἵiplesΝὡΝvoirΝ en lui le Père et sa relation avec lui.Νἥ’ilΝ peutΝêtreΝl’intermὧἶiaireΝentreΝmonἶeΝἵὧlesteΝetΝmonἶeΝterrestreΝἵ’estΝparἵeΝqu’ilΝestΝl’envoyὧΝ céleste du Père sur terre. ἡr,Ν ἵommeΝ ἵelaΝ aΝ ὧtὧΝ ἶὧveloppὧΝ lorsΝ ἶeΝ l’ὧtuἶeΝ ἶeΝ Jn 1, 18, cette relationΝ neΝ peutΝ êtreΝ pleinementΝ vueΝ qu’ὡΝ partirΝ ἶeΝ laΝ ἹloriἸiἵationΝ ἶuΝ ἔils 320. Cet élément amène à considérer que la forme ́ο δ désigne une réalité future comprenant l’épisode de la 314 Cf. Chapitre I, B, c. Cf. Chapitre II, A, II, d. 316 Cf. Chapitre II, A, II, d. 317 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 197. 318 Le changement de la 2ème personne du singulier à la 2ème personne du pluriel entre le v. 50 et 51 crée une inclusion de tous les disciples et non seulement de Nathanaël, voire même du lecteur. Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 91. 319 χveἵΝ Zumstein,Ν nousΝ ἵonsiἶὧronsΝ queΝ leΝ titreΝ ἔilsΝ ἶeΝ l’hommeΝ ἶὧsiἹneΝ leΝ δoἹosΝ inἵarnὧ.Ν ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 92. 320 Cf. LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 201. 315 83 Croix. Autrement dit, une des choses plus grandes que Nathanaël verra, et qui manifestera Jésus comme l’ὧἵhelleΝliantΝἵesΝἶeuxΝmonἶes,ΝestΝl’ὧvὧnὧmentΝἶe la crucifixion. δaΝseἵonἶeΝrὧalitὧΝ exprimὧeΝὡΝ l’aiἶeΝ ἶeΝ laΝpropositionΝ « η απΝ κ πθΝ ́οͅ » est celle de la visionΝ ἶesΝ siἹnesΝ qu’eἸἸeἵtueraΝ JὧsusΝ toutΝ auΝ lonἹΝ ἶeΝ sonΝ ministère.Ν ἑommeΝ leΝ souliἹneΝ X. Léon-Dufour321, les choses plus grandes dont parle JésusΝἵommenἵentΝaveἵΝl’ὧpisoἶeΝἶesΝ noἵesΝἶeΝἑanaΝquiΝsuitΝimmὧἶiatementΝἵetteΝannonἵeΝἸaiteΝὡΝἠathanaël.Νδ’ὧpisoἶe,ΝleΝpremierΝ signe avec lequel Jésus a manifesté sa gloire (Jn 2, 11), est certes la première des choses plus ἹranἶesΝὡΝvoirΝqu’annonἵeΝJὧsusΝὡΝἠathanaël,ΝmaisΝilΝn’estΝqueΝleΝpremier.ΝδesΝparallèlesΝentreΝ Jn 1, 50 et Jn 11, 40, où la forme ́οͅ et le verbe πδ ́π sont utilisés, argumentent en faveur de cette interprétation selon laquelle le syntagme « η απΝ κ πθ » désigne également les signes effectués par Jésus. En effet, le dernier signe322 de Jésus est raconté en Jn 11, 40 où la forme ́ο δ est également utilisée. En Jn 11, 40, Jésus affirme à Marthe que, si elle croit, elle verra la gloire de Dieu manifestée par la résurrection de Lazare, dernier signe effectué par Jésus. Leux paroles de Jésus adressées à un individu particulier (́οͅ) encadrent le temps des récits des signes. Jn 1, 50 prépare le lecteur au début de la narration des signes, manifestant la gloire de Dieu (Jn 2, 11 concluant ainsiΝl’ὧpisoἶeΝἶesΝnoἵesΝἶeΝἑana),ΝalorsΝqueΝJnΝ11,Νἂ0ΝἵlὲtΝἵetteΝnarrationΝ avec le récit du dernier signe – la résurrection de Lazare – annoncant la Résurrection du Fils qui manifestera pleinement la gloire de Dieu et ouvrira un nouvel horizon eschatologique (Jn 17, 24). Ainsi, le terme η απ dans le syntagme « η απΝ κ πθΝ́οͅ » exprime « la thématique de la révélation » 323 quiΝ reἵouvreΝ toutΝ l’espaἵeΝ temporelΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ ἶesΝ siἹnesΝ ὡΝ laΝ venueΝ ἶuΝ Ressuscité qui révèle pleinement le Fils. En résumé, lorsqueΝJὧsusΝannonἵeΝὡΝἠathanaëlΝqu’ilΝ verra des choses plus grandes, il lui dit, si nous paraphrasons : « tu verras des choses qui me feront voir comme le nouveau Béthel ; toutes mes actions le montreront, y compris ma mort et ma Résurrection ». La dernière occurrence de ́ο δ dans la première partie de l’Evangile se situe en Jn 3, 36 où απ́ est le COD du verbe, ce qui est unique dans l’Evangile 324 . Jn 3, 36 conclut le témoignage 325 ἶeΝ JeanΝ surΝ JὧsusΝ quiΝ aΝ ἵommenἵὧΝ auΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹile.Ν JeanΝ affirmeΝenΝnὧἹatiἸΝqueΝἵeluiΝquiΝverraΝlaΝvie,Νἵ’est-à-dire qui aura la vie éternelle, est celui qui croit en le Fils en reconnaissant sa relation privilégiée avec le Père. En effet, en Jn 3, 34-35, Jean affirme : ὃθΝΰ λΝ̓π δζ θΝὁ γ μΝ ηα αΝ κ γ κ ζαζ ῖ,Νκὐ ΰ λΝ εΝη λκυΝ π δθΝ πθ ηα. ὁ πα λΝ ̓ΰαπ θΝ υἱ θΝ εα π θ αΝ πε θΝ θΝ ξ δλ αὐ κ . Il exprime la relationΝentreΝJὧsusΝetΝDieuΝenΝἶὧsiἹnantΝJὧsusΝἵommeΝl’envoyὧΝἶeΝDieuΝet,ΝpourΝlaΝpremièreΝ fois, en décrivant leur relation comme une relationΝἶ’amour.Ν LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 202. Cf. Chapitre II, B, a, vi. 323 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 90-91. 324 Cet hapax est surprenant dans la mesure où απ́ est fréquent dans l’Evangile (trente-six occurrences). 325 Le champ sémantique du témoignage est très présent au sein de la péricope Jn 3, 31-36. 321 322 84 χuΝniveauΝlinἹuistique,Νl’expressionΝ« κὐεΝ́ο αδΝαπ θ »326 qui se trouve en Jn 3, 36 peut être rapproἵhὧeΝἶeΝἵelleΝqueΝl’onΝtrouveΝenΝJnΝκ,Νἃ1 et qui est prononcée par Jésus : γ θα κθΝκὐ η γ πλ δ ̓μΝ θΝἀῶθα.ΝδesΝἶeuxΝexpressionsΝ(neΝpasΝvoir la mort et ne pas voir la vie) sont présentes dans la Septante327 etΝexprimentΝl’iἶὧeΝἶeΝvivre328 ou mourir. Dans les deux versets, ces expressions sont utilisées pour exprimer une réalité eschatologique 329. En Jn 3, 36 Jean le Baptiste annonce que la venue de Jésus apporte la vie pour celui qui croit en lui, reprenant aveἵΝunΝἶisἵoursΝesἵhatoloἹique,Νl’aἸἸirmationΝἶuΝproloἹueΝselonΝlaquelleΝleΝδoἹosΝaΝlaΝvieΝenΝ luiΝ(JnΝ1,Νἂ).ΝδaΝsiἹniἸiἵationΝprὧἵiseΝἶeΝl’emploiΝἶuΝἸuturΝἶansΝl’expressionΝ κὐεΝ́ο αδΝαπ θΝ reste cependant difficile à cerner. Lorsque Jean affirme que celui qui ne croit pas en le Fils ne verra pas la vie, parle-t-ilΝἶ’unΝἸuturΝ esἵhatoloἹiqueΝproἵheΝ ouΝlointain ? Le futur de ́ο αδΝ est contrebalancé, littérairement, par le présent de la première proposition (ὁ πδ πθ ̓μ θ υἱ θ ἔ απ θ ἀώθδκθ) μΝ laΝvieΝὧternelleΝqu’apporteΝleΝἔilsΝestΝuneΝrὧalitὧΝἶuΝtempsΝprὧsentΝ qui dépasse ce cadre temporel. De plus, la vie éternelle est annoncée comme pouvant être reçue après la glorification du Fils (Jn 3, 14-16)330.Νδ’expressionΝ« ἔ απ θ ἀώθδκθ » amène donc à considérer que le propos de Jean, selon lequel celui qui ne croit pas en le Fils, ne verra pas la vie, exprime une « eschatologie présentéiste » 331 qui commence à la venue du Fils (// Jn 1, 51) et continueΝauΝmoinsΝjusqu’ὡΝsaΝἹloriἸiἵationΝetΝsaΝἤὧsurreἵtion.Ν δ’ὧtuἶeΝἶeΝἵesΝversetsΝontΝpermisΝἶeΝmettreΝenΝὧviἶenἵeΝleΝἸaitΝqueΝl’emploiΝἶeΝ́ο δ est utilisé pour exprimer un voir lié à Jésus lui-même et ses actions qui révèlent sa relation à Dieu en mettantΝ partiἵulièrementΝ l’aἵἵentΝ surΝ l’aspeἵtΝ esἵhatoloἹiqueΝ ἶeΝ ἵeΝ voir.Ν ἢarΝ lesΝ siἹnesΝ maniἸestantΝlaΝἹloireΝἶeΝDieuΝ(JnΝ1,Νἃ0,ΝJnΝ11,Νἂ0),ΝJὧsusΝἸaitΝvoirΝqu’ilΝestΝleΝnouveauΝἐὧthelΝ (JnΝ 1,Ν ἃ1),Ν queΝ ἵeuxΝ quiΝ ἵroientΝ enΝ luiΝ verrontΝ laΝ vie.Ν δ’esἵhatoloἹieΝ présentéiste exprimée dans les versets étudiés amène à considérer que le spectre temporel exprimé par la forme ́ο δ neΝseΝlimiteΝpasΝὡΝlaΝvueΝἸutureΝἶesΝsiἹnesΝmaisΝἶὧpasseΝἵeΝἵaἶreΝetΝἵonἶuitΝleΝleἵteurΝjusqu’ὡΝ la Croix. La question de savoir si ́ο δ exprime également une réalité qui dépasse l’événement ἶeΝ laΝ ἵruἵiἸixion.Ν δesΝ versetsΝ permettantΝ ἶeΝ rὧponἶreΝ ὡΝ ἵetteΝ questionΝ serontΝ l’objetΝ ἶeΝ laΝ prochaine étude. iii. Les oἵἵurrenἵesΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝlaΝβ nd partieΝἶeΝl’ἓvanἹile Cinq occurrences de ́ο δ sont présentes dans la seconde partie de l’Evangile. Quatre se trouvent au sein de la même péricope (Jn 16, 16-22) et une des occurrences est une citation de laΝἥeptanteΝ(ZaΝ1β,Ν10)ΝetΝseΝtrouveΝἶansΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἵruἵiἸixionΝ(JnΝ1λ,Νἁι).Ν ἥelonΝἐrown,Νl’expressionΝseraitΝὡΝrapproἵherΝἶeΝlaΝἸormuleΝἶeΝJnΝἁ,ΝἁΝ« κὐ θα αδΝ̓ ῖθΝ θΝία δζ αθΝ κ γ κ » : celui qui ne voit pas la vie est celui qui ne voit pas le Royaume. BROWN R. E., The Gospel according to John (I-XII). Introduction, translation, and notes, New-York, Doubleday (The Anchor Bible), 1966, p. 159. 327 En ἓsΝβἄ,Ν1ἂΝseΝtrouveΝlaΝseuleΝoἵἵurrenἵeΝἶeΝl’expressionΝ« voir la vie » μΝκἱ θ ελκ απ θΝκὐ η ́ π δθ. Il estΝ possibleΝ queΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ ἸasseΝ unΝ jeuΝ intertextuelΝ entreΝ l’aἸἸirmationΝ ἶeΝ JeanΝ etΝ ἵetteΝ annonἵeΝ ἶ’ἓsaïe.Ν δ’expressionΝ« voir la mort » est présente en Lc 2, 25, Hb 11, 5 ou Ps 15, 10, Ps 88, 49 par exemple. 328 δ’expressionΝ« voir la vie » existe déjà en grec classique (cf.ΝἑhapitreΝἙ,Νχ,Νa),ΝilΝestΝpossibleΝqu’elleΝseΝsoitΝ maintenueΝjusqu’ὡΝl’ὧpoqueΝἶeΝrὧἶaἵtionΝἶeΝl’ἓvanἹile. 329 Pour Jn 8, 51, cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 305. Pour Jn 3, 36, cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 135, n. 58. 330 δ’ὧlὧvationΝἶuΝἔils,Νἵ’est-à-dire sa mort et sa Résurrection, permet à celui qui croit en lui de recevoir la vie éternelle. Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 120. 331 ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 135. 326 85 La péricope de Jn 16, 16-22 a été étudié dans le chapitre précédent 332 aἸinΝ ἶ’ὧtablirΝ lesΝ différences sémantiques et les différents emplois contexutels entre les deux verbes présents (γ πλ́π et ὁλ́π). C’est pourquoi, les principaux éléments d’interprétation seront uniquement rappelés ici. Jn 16, 16-22 : 16 Μδελ θΝεα κὐε δΝγ πλ ῖ η ,Νεα π ζδθΝηδελ θΝεα ὄ η .Ν 17 παθΝ κ θΝ εΝ ῶθΝ ηαγβ ῶθΝ αὐ κ πλ μΝ ̓ζζ ζκυμ·Ν δθΝ κ κΝ ὃ ζ ΰ δΝ ηῖθ·Ν ηδελ θΝ εα κὐ γ πλ ῖ η ,Νεα π ζδθΝηδελ θΝεα ὄ η νΝεα · ́ δΝ̔π ΰπΝπλ μΝ θΝπα λαΝνΝ 18 ζ ΰκθΝ κ θ·Ν δθΝ κ κΝ [ὃ ζ ΰ δ]Ν ηδελ θνΝ κὐεΝ κ́ αη θΝ ζαζ ῖ. 19 ἜΰθπΝ [ὁ] β κ μΝ ́ δΝ γ ζκθΝ αὐ θΝ λπ θ,Ν εα π θΝ αὐ κῖμ·Ν π λ κ κυΝ αβ ῖ Ν η ’Ν ̓ζζ ζπθΝ ́ δΝ πκθ·Ν ηδελ θΝεα κὐ γ πλ ῖ η ,Νεα π ζδθΝηδελ θΝεα ὄ η Νν 20̓η θΝ̓η θΝζ ΰπΝ̔ηῖθΝ́ δΝ εζα Νεα γλβθ Ν̔η ῖμ,Νὁ ε ηκμΝξαλ αδ·Ν̔η ῖμΝζυπβγ γ ,Ν̓ζζ’Ν ζ πβΝ 21 ̔ηῶθΝ ̓μΝξαλ θΝΰ θ αδ. ΰυθ ́ αθΝ ε ͅ ζ πβθΝ ξ δ,Ν́ δΝ ζγ θΝ λαΝαὐ μ·Ν́ αθΝ ΰ θθ ͅ παδ κθ,Νκὐε δΝηθβηκθ δΝ μΝγζ ο πμΝ δ θΝξαλ θΝ́ δΝ ΰ θθ γβΝ θγλππκμΝ 22 ̓μΝ θΝ ε ηκθ.Ν εα ̔η ῖμΝ κ θΝ θ θΝ η θΝ ζ πβθΝ ξ ·Ν π ζδθΝ ὄ α ̔η μ,Ν εα ξαλ αδΝ̔ηῶθΝ εαλ α,Νεα θΝξαλ θΝ̔ηῶθΝκὐ μΝάλ δΝ̓φ’Ν̔ηῶθ. 1λ,ΝἁιΝμΝεα π ζδθΝ λαΝΰλαφ ζ ΰ δ·Νὄ α ̓μΝὃθΝ ι ε θ β αθ. Dans la péricope de Jn 16, 16-22, les versets 17 et 19 reprennent la formule du v. 16 : « Μδελ θΝεα κὐε δΝγ πλ ῖ η ,Νεα π ζδθΝηδελ θΝεα ́ο γ η » où ́ο δ est construit à la 2ème personne du pluriel tout comme en Jn 1, 39. Les deux paroles, prononcées par Jésus, sont adressées aux mêmes personnes : les disciples. En Jn 16, 16-22, Jésus annonce à ses disciples sa mort future (Μδελ θΝεα κὐε δΝγ πλ ῖ η ) et sa Résurrection (εα π ζδθΝηδελ θΝεα ὄ η ). La mort prochaine de Jésus ne doit pas être comprise, par les disciples, comme la fin de leur relation quiΝaΝἵommenἵὧΝparΝl’invitationΝ de Jésus à voir où il demeurait (Jn 1, 39), mais,ΝauΝἵontraire,ΝἵommeΝleΝἶὧbutΝἶ’uneΝnouvelleΝ relation. En exprimant les deux principaux temps de la narration – tempsΝἶeΝl’incarnation et temps de la Résurrection – avec le champ sémantique de la vision, le narrateur montre, une ἸoisΝἶeΝplus,ΝqueΝleΝthèmeΝἶuΝvoirΝestΝἵentralΝἶansΝl’ἓvanἹile.Ν En Jn 16, 22, la thématique est la même mais le changement de sujet – des disciples à Jésus – implique une modification du point de vue μΝ leΝJὧsusΝἤessusἵitὧΝseraΝὡΝl’initiativeΝἶuΝvoir 333 toutΝἵommeΝilΝl’aΝἶ’ailleursΝὧtὧΝlorsΝἶeΝsaΝpremièreΝrenἵontreΝaveἵΝlesΝἶisἵiplesΝ(cf. Jn 1, 38). Ainsi, la péricope de Jn 16, 16-22 reprend les deux points de vue présents dans le récit de la vocation des disciples : Jésus les a vus, les a invités à voir et les disciples ont vu. Les emplois de ́ο δ dans cette péricope permettent de voir que le verbe ὁλ́π au futur n’est pas uniquement utilisé pour parler de la vision des actions et du rôle du Fils pendant son ministèreΝ terrestreΝ jusqu’ὡΝ laΝ ἑroixΝ maisΝ ὧἹalementΝ aἸinΝ ἶ’exprimerΝ laΝ visionΝ ἸutureΝ ἶuΝ ἤessusἵitὧ.Ν δ’ὧtuἶeΝ ἶeΝ ἵetteΝ pὧriἵopeΝ metΝ enΝ lumièreΝ l’utilisationΝ ἶeΝ laΝ ἸormeΝ ́ο δ dont le sens est lié au contexte où elle est utilisée. En Jn 19, 37 se trouve le dernier emploi de ́ο δ. Ce verset est une citation d’une version de la Septante334 de Za 12, 10. Cette citation est situéeΝὡΝlaΝἸinΝἶeΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἵruἵiἸixion,ΝjusteΝ 332 Cf. Chapitre I, B, II, c. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 148. 334 δeΝtexteΝἵitὧΝparΝJeanΝneΝἵorresponἶΝpasΝὡΝἵeluiΝἶeΝl’ὧἶitionΝἶeΝἕέttinἹenΝ(εα πδίζ οκθ αδΝπλ μΝη Ν̓θγ᾽ θΝ εα πλξ αθ κΝ εα ε οκθ αδΝ π᾽ αὐ θΝ εκπ θΝ μΝ π᾽ ̓ΰαπβ θ).Ν ἑommeΝ leΝ rὧsumeΝ X.Ν δὧon-Dufour, cette version du texte peut correspondre à une autre version de la Septante. Cf. LEON-DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1κ-21). Tome IV, Paris, Editions du Seuil (Parole de Dieu), 1996, p. 174, 333 86 après la prise de parole du narrateur en Jn 19, 35-36 où ce dernier dit « avoir vu » ( πλ́εα)335. Pour la seule et unique fois, ́ο δ est conjugué à la troisième personne du pluriel, sans pour autant renvoyer à un sujet différent, puisque ceux qui « verront ἵeluiΝ qu’ilsΝ ontΝ transpercé » ne semblent pas désigner les soldats mais les disciples et peut-être plus généralement la communauté des croyants 336 . Dans tous les cas, que le sujet soit la communauté des croyants ou plus strictement les disciples, la citation de Zacharie est utilisée pourΝannonἵerΝlaΝἤὧsurreἵtionΝἶeΝἵeluiΝquiΝvientΝἶeΝrenἶreΝl’espritΝ(JnΝ1λ,Νἁ0)ΝetΝἶontΝleΝἵὲtὧΝaΝ été transpercé. Le futur indique que la mort de Jésus, relatée peu de temps avant (Jn 19, 33ἁἃ),Νn’estΝpasΝleΝpointΝἸinalΝὡΝlaΝvenueΝἶeΝJὧsus.ΝδesΝἶisἵiplesΝ pourront le voir à nouveau. Ce verset a, par conséquent, la même signification que Jn 16, 10ss. iv. Conclusion : la signification de Jn 1, 39 ἢourΝ ἵomprenἶreΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ ἶeΝ l’expressionΝ « λξ γ εα ́ο γ » présente en Jn 1, 39, et avant de lier les élὧmentsΝἶeΝἵeΝversetΝaveἵΝἵeuxΝmisΝenΝexerἹueΝlorsΝἶeΝl’ὧtuἶeΝἶesΝ versetsΝparallèles,ΝilΝἸautΝtoutΝἶ’aborἶΝὧtuἶierΝlaΝἵonstruἵtionΝ« λξ γ εα ́ο γ » en lien avec la formule « ζγαθ κ θ εα αθ πκ η θ δ » présente en Jn 1, 39b et qui reprend celle de Jn 1, ἁλa.Ν ἓnΝ eἸἸet,Ν aprèsΝ l’invitationΝ ἶeΝ JὧsusΝ ἸaiteΝ ὡΝ sesΝ ἶisἵiples,Ν leΝ narrateurΝ raconte : l’invitationΝ ἶeΝ JὧsusΝ aΝ ὧtὧΝ reὦue.Ν ἑeΝ Ἰaisant,Ν leΝ narrateurΝ ἶonneΝ l’objetΝ ἶeΝ laΝ visionΝ ἶesΝ disciples : ils ont vu « où il demeure ». Cette précision reste cepenἶantΝvaἹue,ΝilΝn’estΝpasΝἶitΝ quel est ce lieu, laissant au lecteur le devoir de comprendre la signification de cette proposition (πκ η θ δ), reprise de la formule interrogative des disciples (Jn 1, 38). Le narrateur conduit néanmoins le lecteur à ne pas interpréter cette proposition uniquement dans un sens concret puisque ήθπ est une notion clef de la théologie johannique qui décrit la relation que les disciples doivent avoir avec Jésus. Cette relation consiste à demeurer en lui 337, lui qui est avec le Père338. En invitant ses disciples à voir où il demeure, Jésus les invite à voir et à être auprès du Père339, marquant ainsi sa relation avec lui. Avec la mention de la dixième heure qui a une symbolique eschatologique340,Νl’invitationΝὡΝvoirΝ oὶΝJὧsusΝἶemeureΝ exprime l’invitationΝὡΝvoirΝl’iἶentitὧΝἶuΝἔils,ΝintimementΝliὧeΝὡΝἵelleΝἶuΝἢère.ΝἑetteΝiἶentitὧΝestΝἶὧvoilὧeΝ dès le début du ministère de Jésus et sera pleinement manifestée après la glorification du Fils. Les deux emplois de ήθπ, une fois au présent ( αθΝπκ Νη θ δ)Νet une fois à l’aoriste (παλ᾽Ν αὐ ͅΝ η δθαθ)Νsemblent renἸorἵerΝlaΝἶoubleΝtemporalitὧΝἶeΝl’invitationΝἶeΝJὧsusΝ( λξ γ εα ́ο γ ) μΝ l’invitationΝ ὡΝ voirΝ laΝ ἶemeureΝ ἶeΝ JὧsusΝ ἵommenἵeΝ parΝ saΝ ἶemeureΝ terrestreΝ etΝ seΝ poursuitΝjusqu’ὡΝsaΝἶemeureΝἵὧleste auprès du Père. n. 1ἁ0.ΝεêmeΝἶansΝl’hypothèseΝoὶΝlesΝmoἶiἸiἵationsΝauraientΝὧtὧΝἸaiteΝparΝl’ὧvanἹὧliste,Νl’emploiΝἶeΝ ́οκθ αδ est important pour la compréhension sémantique et narrative de ce verset. 335 ἥurΝl’ὧtuἶeΝἶeΝἵeΝverset,Νcf. Chapitre II, A, III, c. 336 Cf. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1γ-21), p. 261 ; LEON-DUFOUR X., Lecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 18-21), p. 174-176. 337 Cf. Jn 14, 10 par exemple. 338 Cf. Jn 17, 21 par exemple. JnΝ1ἂ,ΝβἁΝexprimeΝἵommentΝl’attituἶeΝἶuΝἶisἵipleΝamèneΝὡΝἵeΝqueΝleΝἢèreΝetΝleΝἔilsΝ fassent demeure auprès de lui. 339 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 189. X. Léon-Dufour établit également le parallèle entre ce dialogueΝἶesΝἶisἵiplesΝetΝJὧsusΝetΝἵeluiΝqu’ilΝauraΝaveἵΝεarieΝenΝJnΝβ0,Ν1ἃs.ΝἠousΝ résumons μΝ aprèsΝ queΝ JὧsusΝ aΝ ἶemanἶὧΝ auxΝ ἶisἵiplesΝ etΝ ὡΝ εarieΝ ἵeΝ qu’ilsΝ ἵherἵhaient,Ν lesΝ unsΝ ἶemanἶentΝ oὶΝ ilΝ demeure, Marie lui demande où est le corps de son maître. Dans les deux cas, la réponse de Jésus est axée sur sa relation au Père. 340 Nous suivons ici Zusmtein : « voirΝoὶΝJὧsusΝἶemeureΝmarqueΝleΝἶὧbutΝἶeΝl’aἵἵomplissementΝesἵhatoloἹique » (ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), n. 89, p. 87.). 87 δ’ὧtuἶeΝ ἶesΝ versetsΝ oὶΝ laΝ ἸormeΝ ́ο δ est utilisée a permis de constater que cette dernière exprime toujours la vision future des événements qui auront lieu lors du ministère terrestre de Jὧsus,Ν etΝ laΝ visionΝ ἸutureΝ ἶuΝ ἤessusἵitὧΝ etΝ qu’elleΝ permetΝ ὡΝ l’auteurΝ ἶ’exprimerΝ uneΝ rὧalitὧΝ eschatologique : JὧsusΝaἵἵomplitΝl’attenteΝesἵhatoloἹique grâce à sa venue. Au niveau sémantique, cette étude à montrer que, même si la forme ́ο δ exprime toujours la même vision (même type, même chose) et peut alors être défini comme un emploi spécifique, ce ne sont pas les spécificités sémantiques de la forme ́ο δ qui expriment ce sens spécifique mais le temps de la forme. Autrement dit, ́ο δ garde les mêmes sèmes que ὁλ́π (/objectif/, /concret/ etc.), mais le futur fait de ́ο δ un emploi spécifique parce qu’il est lié au contexte ἹὧnὧralΝἶeΝl’œuvreΝetΝpermetΝἶ’annonἵerΝl’aἵἵomplissementΝἶesΝsiἹnesΝetΝlaΝἤὧsurreἵtion.ΝΝ e. ἓtuἶeΝἶesΝautresΝversetsΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹileΝayantΝunΝverbeΝἶeΝ vision i. Introduction χuΝseinΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹile,ΝsixΝversets,ΝnonΝenἵoreΝὧtuἶiὧs,ΝἵontiennentΝ unΝverbeΝἶeΝvision.ΝἑesΝversetsΝneΝἵontiennentΝpasΝἶ’emploiΝspὧἵialisὧΝetΝleΝἵhampΝsὧmantiqueΝ de la vision y est utilisé au niveau stylistique. Ils montrent donc comment le narrateur emploie littérairement le champ sémantique de la vision. Une analyse de chaque verset en mettant en avant les différentes articulations existantes avec les autres versets contenant un verbe de vision sera effectuée. 88 Σ πα λδκθ π θ β κ θ λξ η θκθ πλ μ αὐ θ εα ζ ΰ δ· ἴ ὁ ̓ηθ μ κ γ κ ὁ άλπθ θ ηαλ αθ κ ε ηκυ. Le lendemain il voit Jésus venant vers lui et dit : « Vois l’aἹneauΝἶeΝDieu,ΝἵeluiΝquiΝenlèveΝ le péché du monde. » 36 εα α ͅ β κ π λδπα κ θ δ ζ ΰ δ· ἴ ὁ ̓ηθ μ κ γ κ . Et il fixa ses yeux sur Jésus en train de marcher, il dit : « Vois l’aἹneauΝἶeΝDieu. » 38 λαφ μΝ ὁ β κ μΝεα α ά αὐ κ μΝ̓εκζκυγκ θ αμΝζ ΰ δΝαὐ κῖμ·Ν αβ ῖ νΝ κἱ παθΝαὐ ͅ· αίί , ὃ ζ ΰ αδΝη γ ληβθ υ η θκθΝ δ εαζ ,Νπκ η θ δμν JὧsusΝs’ὧtantΝretournὧ,ΝilΝlesΝcontempla [le] suivant, il leur dit : « Que cherchez-vous ? » Eux lui dirent : « Rabbi, ce qui est signifiant maître, où demeures-tu ? » 42 ΰαΰ θ αὐ θ πλ μ θ β κ θ. α αὐ ͅ ὁ β κ μ π θ· ΢ ηπθ ὁ υἱ μ π θθκυ, εζβγ ͅ Κβφ μ, ὃ ληβθ αδ Π λκμ. Il le conduisit vers Jésus. Jésus fixa les yeux sur lui, il dit : « Tu es Simon, le fils de Jean, toi tu seras appelé Céphas – ce qui est traduit par Pierre. » 46 εα π θ αὐ ͅ Ναγαθα ζ· ε Ναααλ θα α δ ̓ΰαγ θ θαδν ζ ΰ δ αὐ ͅ [ὁ] Φ ζδππκμ· λξκυ εα ἴ . Et Nathanaël lui dit : « Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth ? » Philippe lui dit : « viens et vois. » 47 ἶ ὁ β κ μ θ Ναγαθα ζ λξ η θκθ πλ μ αὐ θ εα ζ ΰ δ π λ αὐ κ · ἴ ̓ζβγῶμ λαβζ βμ θ ᾧ ζκμ κὐε δθ. Jésus vit à Nathanaël venant vers lui et il dit à son sujet : « Vois un véritable Israélite en lequelΝilΝn’yΝaΝpasΝἶeΝruse. » 48 ζ ΰ δ αὐ ͅ Ναγαθα ζ· π γ θ η ΰδθώ ε δμν ̓π ελ γβ β κ μ εα π θ αὐ ͅ· πλ κ Φ ζδππκθ φπθ αδ ́θ α ̔π θ υε θ ἶ ό . Nathanaël lui dit : « D’oὶΝmeΝἵonnais-tu ? » Jésus répondit et lui dit : « Avant que Philippe neΝt’appelleΝὧtantΝsousΝleΝἸiἹuier,ΝjeΝt’ai vu. » 29 ii. Analyse littéraire des versets ayant un verbe de vision En Jn 1, 29, le narrateur introduit le personnage de Jésus ; ce verset sert de charnière transitive entre le prologue (Jn 1, 1-18) et le début de la narration, les versets 19 à 28 étant une digression à propos de Jean le Baptiste. Le vocabulaire choisi parΝ l’auteurΝ paraîtΝ volontairement vouloir marquer cette transition. Le verbe λξκηαδ et le lexème έ ηκμ renvoient au prologue (v. 9-10),ΝtoutΝἵommeΝlaΝprὧsenἵeΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝ(v.Ν1ἂΝetΝv.Ν1κ),Ν alorsΝ queΝ l’expressionΝ « πα λδκθ », le verbe ίζ́ππ et le nom β κ μ introduisent au ministèreΝ terrestreΝ ἶeΝ Jὧsus.Ν δaΝ prὧsenἵeΝ ἶ’unΝ verbeΝ ἶeΝ visionΝ lieΝ ὧtroitementΝ laΝ visionΝ ἶeΝ JὧsusΝparΝJeanΝὡΝlaΝvisionΝἶeΝlaΝἵommunautὧΝexprimὧeΝenΝJnΝ1,Ν1ἂ,ΝainsiΝqu’ὡΝl’annonἵeΝἸaiteΝ en Jn 1, 18. De ce fait, lorsque le narrateur décrit visuellement la venue de Jésus vers Jean, le leἵteurΝ ἵomprenἶΝ queΝ JὧsusΝ estΝ leΝ ηκθκΰ θ μΝ γ ́μΝ manifestant Dieu ; la confession de Jean « ́ ὁ ̓ηθ μ κ γ κ ὁ άλπθ θ ηαλ αθ κ ε ηκυΝ» renforce cette interprétation. Pour autant, le choix du verbe ίζ́ππ accentue le caractère physique de la vision 341 . Dans la seconde partie du verset, on vient de le signaler, la confession de Jean fait usage de l’interjeἵtionΝ́ , qui a également un sens visuel ; Jean invite le monde à voir en Jésus, Logos maintenantΝ visibleΝ ἵarΝ prὧsentΝ ἶansΝ leΝ monἶe,Ν l’aἹneauΝ ἶeΝ Dieu.Ν δaΝ ἸormeΝ ́ Ν estΝ utilisὧeΝ 341 ἥurΝl’emploiΝet la signification du verbe ίζ́ππ dans l’Evangile selon Jean, cf. Chapitre I, B, III, b. 89 plusieursΝ ἸoisΝ parΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ pourΝ exprimerΝ ἵeΝ ἶoubleΝ entenἶre,Ν yΝ ἵomprisΝ auΝ seinΝ ἶuΝ premier chapitre (cf. Jn 1, 36, Jn 1, 47). Jn 1, 36 reprend la construἵtionΝ etΝ l’aἸἸirmationΝ ἶuΝ v.ΝβλΝetΝseΝsitueΝaprèsΝleΝtὧmoiἹnaἹeΝ ἶeΝ JeanΝsurΝlaΝvenueΝἶeΝl’ἓspritΝ(JnΝ1,Νἁ0-34). Cette fois-ci, il est précisé que Jean est avec deux ἶeΝ sesΝ ἶisἵiplesΝ lorsqu’ilΝ observeΝ Jὧsus.Ν δeΝ ἵhanἹementΝ ἶuΝ verbeΝ ἶeΝ visionΝ ἶeΝ ίζ́ππ à ηίζ́ππ semble vouloir marquer l’intensité et l’intentionnalité du voir. Nous reprenons la formule de X. Léon-Dufour : « le regard que le Baptiste pose maintenant sur Jésus implique uneΝ plusΝ ἹranἶeΝ intensitὧΝ queΝ leΝ “voir”Ν (*blὧpei*)Ν mentionnὧΝ enΝ 1,Ν βλ μΝ ἵ’est un regard qui tenteΝ ἶeΝ pὧnὧtrerΝ leΝ mystèreΝ ἶeΝ l’être.Ν δ’inἶiἵationΝ “Voici” (*íἶe*)Ν (…)Ν enΝ reὦoitΝ plusΝ ἶeΝ relief : tout se passe comme si Jean voulait que son regard devienne celui de ses disciples »342. Avec cette deuxième version de la parole de Jean, l’ὧvanἹὧlisteΝinsisteΝsurΝlesΝἵonsὧquenἵesΝ pour ses disciples de la vision, et moins sur les raisons de cette parole comme en Jn 1, 29. Le ἸaitΝqueΝἵetteΝparoleΝseΝsitueΝaprèsΝleΝrὧἵitΝἶuΝἶonΝἶeΝl’ἓspritΝn’estΝsansΝἶouteΝpasΝanoἶin : il a permis à Jean de voir ( ώλαεα),ΝenΝJὧsus,ΝleΝἸilsΝἶeΝDieuΝ(v.Νἁἂ),ΝetΝἶ’amenerΝsesΝἶisἵiplesΝὡΝ JὧsusΝ ἹrὢἵeΝ ὡΝ sonΝ tὧmoiἹnaἹe.Ν ἑarΝ ἵeΝ n’estΝ pasΝ parΝ laΝ visionΝ ἶireἵteΝ queΝ lesΝ ἶeuxΝ premiersΝ disciples viennent à Jésus, mais par le témoignage de Jean. Cette structure narrative fait de Jean le Baptiste le premier témoin – comme il a été plusieurs fois défini dans ce chapitre (Jn 1, 7.8.19.32) –, modèle pour les disciples eux-mêmes qui le deviendront à leur tour (Jn 20, 19-29). Le schéma selon lequel la vision mène autémoignage sera en effet reproduit lors de l’apparitionΝἶuΝἤessusἵitὧΝὡΝεarieΝpuisΝauxΝἶisἵiplesΝ(JnΝβ0,Ν11-18 ; Jn 20, 19-29). ἓnΝ JnΝ 1,Ν ἁκ,Ν pourΝ laΝ premièreΝ Ἰois,Ν JὧsusΝ estΝ sujetΝ ἶeΝ laΝ vision.Ν ἙlΝ s’aἹitΝ ἶeΝ laΝ troisièmeΝ occurrence du verbe γ ́κηαδ dans ce chapitre. Comme pour les deux autres versets où il est présent, le verbe γ ́κηαδ est utilisé pour marquer l’implication du sujet et les conséquences ἶuΝvoir.ΝχlorsΝqu’enΝJnΝ1,Ν1ἂ, la communauté confesse avoir contemplé la gloire de Dieu et qu’enΝJnΝ1,Νἁβ,ΝlaΝἵontemplationΝἶeΝl’ἓspritΝparΝJeanΝaΝἶesΝἵonsὧquenἵesΝsurΝsonΝtὧmoiἹnaἹeΝ et ceux qui le reçoivent, ici, la contemplation des disciples de Jean par Jésus les amène à devenir ses disciples et à voir le lieu de sa demeure. Jn 1, 42 reprend la forme ηίζ οαμΝἶuΝv.ΝἁἄΝoὶΝJeanΝὧtaitΝleΝsujetΝetΝJὧsusΝl’objetΝἶuΝreἹarἶ.Ν DansΝ lesΝ ἶeuxΝ ἵas,Ν leΝ reἹarἶΝ posὧΝ surΝ l’inἶiviἶuΝ amèneΝ leΝ sujetΝ ἶuΝ voirΝ ὡΝ ἶireΝ uneΝ vὧritὧΝ ἸonἶamentaleΝ surΝ laΝ personneΝ observὧe.Ν JeanΝ avaitΝ ἵonἸessὧΝ enΝ JὧsusΝ l’aἹneauΝ ἶeΝ Dieu ; ici, JὧsusΝrὧvèleΝἶ’aborἶΝl’identité de Simon, « fils de Jean », avant de lui en donner une nouvelle, axὧeΝsurΝsaΝἵonἶitionΝἶeΝἶisἵipleΝ(Κβφ μ),ΝreprenantΝlaΝtraἶitionΝsynoptiqueΝsurΝἢierre343. Le regard de Jésus sur Simon-Pierre lui confère une nouvelle identité, basée sur sa relation avec lui, tout comme ceux qui voient en Jésus le Logos incarné de Dieu reçoivent une nouvelle iἶentitὧ,ΝἵelleΝἶ’enἸantsΝἶeΝDieuΝ(JnΝ1,Ν1β). Plusieurs verbes de visions se trouvent en Jn 1, 46-47, ces deux versets traitant de la vocation de Nathanaël. En Jn 1, 46, Philippe invite Nathanaël à le suivre et à voir Jésus, celui dont parlaient Moïse et les prophètes (Jn 1, 45). Pour ce faire, il reprend la formule de Jésus (v. ἁλ),ΝenΝutilisantΝl’impὧratiἸΝplutὲtΝqueΝleΝἸuturΝpourΝleΝverbeΝ ὁλ́π. Ce changement de temps permet au narrateur de jouer sur la forme ́ ΝquiΝseΝretrouveΝauΝversetΝsuivant,ΝmaisΝilΝmoἶiἸieΝ ὧἹalementΝ saΝ siἹniἸiἵation.Ν δ’invitationΝ ἶeΝ ἢhilippeΝ ὡΝ « voir » est concrète, contrairement à 342 343 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 186. ZUMSTEIN J., δ’Evangile selon Saint Jean (1-12), p. 88. 90 ἵelleΝ ἶeΝ Jὧsus,Ν quiΝ sertΝ ἶ’annonἵeΝ ὡΝ l’ensembleΝ ἶesΝ ὧvὧnements racontés dans la narration. ἑetteΝinvitationΝἶeΝἢhilippeΝὡΝἠathanaëlΝsembleΝporterΝsesΝἸruits,Νpuisqu’auΝversetΝsuivant,ΝilΝ est dit que Nathanaël va vers Jésus. La narration du v. 47 contrebalance celle du v. 46 : alors que Nathanaël a été invité à voirΝJὧsus,Νἵ’estΝlui,ΝenΝrὧalitὧ,ΝquiΝleΝvoitΝenΝpremierΝvenirΝversΝ lui.Ν DeΝ plus,Ν JὧsusΝ reprenἶΝ laΝ ἸormuleΝ ἶ’invitationΝ ἶeΝ ἢhilippeΝ (v.Ν ἂἃ)Ν pourΝ parlerΝ ἶeΝ Nathanaël et peut-être même, ironiquement, à Nathanaël : ́ ̓ζβγῶμ λαβζ βμ θ ᾧ ζκμ κὐε δθ.Ν χinsi,Ν ἠathanaël,Ν enΝ voulantΝ rὧponἶreΝ ὡΝ l’invitationΝ ἶeΝ ἢhilippe,Ν neΝ peutΝ qu’yΝ répondre à moitié, en venant pour voir μΝἵ’estΝenΝrὧalitὧΝJὧsusΝquiΝleΝvoitΝetΝquiΝinviteΝὡΝvoirΝenΝ ἠathanaëlΝ unΝ vὧritableΝ Ἑsraὧlite,Ν ἵ’est-à-ἶireΝ uneΝ personneΝ ἵapableΝ ἶ’aἵἵueillir celui qui accomplit les Ecritures 344.Ν ἦoutΝ ἵommeΝ pourΝ ἢierre,Ν JὧsusΝannonἵeΝ ὡΝ sonΝ interloἵuteurΝ qu’ilΝ connaît son identité profonde. La suite du dialogue entre Jésus et Nathanaël continue de se fonder sur le voir. Face à cette visionΝἶeΝl’iἶentitὧΝἶeΝἠathanaël par Jésus, celui-ἵiΝἶemanἶeΝὡΝJὧsusΝἶ’oὶΝilΝleΝἵonnaîtΝ(v. 48). A cette question, Jésus répond par le voir μΝ jeΝ t’aiΝ vuΝ sousΝ leΝ ἸiἹuier 345. Cette parole amène ἠathanaëlΝὡΝἵonἸesserΝenΝJὧsusΝleΝἸilsΝἶeΝDieuΝetΝleΝroiΝἶ’Ἑsraël.ΝἙἵi,ΝparoleΝetΝvoirΝἸonἶent la foi de Nathanaël. iii. Conclusion Grâce à cette brève étude des liens littéraires entre les différents versets contenant un verbeΝ ἶeΝ visionΝ employὧΝ ἶansΝ unΝ sensΝ nonΝ spὧἵialisὧ,Ν l’emploiΝ ἶeΝ ἵeΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ὡΝ traversΝ l’ensembleΝ ἶuΝ ἵhapitreΝ aΝ puΝ êtreΝ mis enΝ lumière.Ν ἑeΝ ἵhampΝ permetΝ ἶ’exprimerΝ laΝ venueΝ ἶuΝ δoἹosΝ inἵarnὧΝ enΝ laΝ personneΝ ἶeΝ Jὧsus,Ν lesΝ relationsΝ qu’ilΝ entretientΝ aveἵΝ JeanΝ leΝ Baptiste et avec ceux qui sont devenus ses disciples. Ces versets, où la vision est exprimée avec les verbes ίζ́ππ, ηίζ́ππ et ὁλ́π, permettent de voir comment l’auteur joue sur la portée symbolique du voir et insiste sur le lien entre le voir et la connaissance de celui qui est vu (Jésus invitant à voir sa demeure, Simon-Pierre qui sera appelé Pierre, Nathanaël décrit comme un véritable Israélite). En jouant sur les différents niveaux de signification du voir, l’ὧvanἹὧlisteΝmontreΝaussiΝlaΝportὧeΝqueΝpeutΝavoirΝleΝvoir : voir peut amener à témoigner ou peut amener à confesser une réalité essentielle. La vision est présentὧeΝiἵiΝἵommeΝl’ὧvὧnementΝ amenantΝὡΝἵheminerΝversΝJὧsusΝetΝἵommeΝl’ὧvὧnementΝamenantΝὡΝleΝtrouver. II. Conclusion générale δ’ὧtuἶeΝἶesΝἶiἸἸὧrentesΝoἵἵurrenἵesΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝprὧsentesΝἶansΝleΝ premierΝ ἵhapitreΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ JeanΝ aΝ permis de mettre en évidence des éléments sὧmantiquesΝetΝἶesΝὧlὧmentsΝlittὧrairesΝἵonἵernantΝl’emploi,Νl’utilisationΝetΝlaΝsiἹniἸiἵationΝἶuΝ voir. χuΝ niveauΝ sὧmantique,Ν ἵetteΝ analyseΝ approἸonἶie,Ν ὡΝ l’ὧἵhelleΝ ἶ’unΝ ἵhapitre,Ν ἶesΝ liensΝ différentiels entre les verbes de vision, déjà évoqués dans la première partie de notre étude, a permisΝἶeΝpousserΝplusΝloinΝetΝἶeΝἵomprenἶreΝmieuxΝἵomment,ΝetΝaveἵΝquelsΝtypesΝἶ’emplois,Ν leΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvisionΝestΝutilisὧΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean.ΝδeΝἵhampΝsὧmantiqueΝ est ἵomposὧΝἶ’emploisΝouΝἶ’expressionsΝspὧἵialisὧesΝἶontΝleΝsensΝestΝἸiἹὧΝinἶὧpenἶammentΝἶuΝ ἵontexte,Ν ἶ’emploisΝ spὧἵiἸiquesΝ ἶontΝ leΝ sensΝ estΝ peuΝ inἸluenἵὧΝ parΝ leΝ ἵontexteΝ etΝ ἶ’emploisΝ 344 345 LEON-DUFOUR X., δecture de l’Evangile selon Jean (chapitres 1-4), p. 195. Sur la symbolique du figuier, cf. Chapitre II, A, II, d. 91 contextuels dont le sens est déterminé par le contexte. La présente étude a également montré que les emplois spécifiques peuvent dépendre de la construction dans laquelle le verbe est utilisé ou du temps auquel le verbe est conjugué. Cette étude a également permis de comprendre comment le champ sémantique est utilisé au niveau littéraire et quelle est sa signification théologique. Au sein du premier chapitre de l’ἓvanἹile,ΝlesΝprinἵipauxΝtypesΝἶeΝvisionΝsontΝintroἶuits.ΝδaΝvisionΝestΝutilisὧeΝauΝniveauΝἶuΝ lexique pour exprimer la théologie du thème de la vision. Voir les signes, voir la gloire, voir leΝ ἔilsΝ sontΝ ἶesΝ expressionsΝ utilisὧesΝ pourΝ exprimerΝ laΝ siἹniἸiἵationΝ ἶuΝ ἵroire.Ν Ἠoir,Ν ἵ’estΝ ἵroire,Ν ἵ’est-à-dire reconnaître, accepter la relation avec Dieu et y participer. La forme ώλαεα a la plus haute signification théologique : elle permet à l’auteur d’exprimer comment l’inἵarnationΝetΝlaΝἤὧsurreἵtionΝἶonnentΝὡΝἵhaἵunΝlaΝpossibilitὧΝἶeΝvoirΝDieuΝἵommeΝleΝἔilsΝl’aΝ vu. Au niveau littéraire et narratif, le champ sémantique de la vision est utilisé de manière récurrente, ce qui crée uneΝomniprὧsenἵeΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvisionΝἶansΝl’ensembleΝἶuΝrὧἵit.ΝδesΝ expressionsΝayantΝuneΝsiἹniἸiἵationΝthὧoloἹiqueΝseΝtrouventΝἶansΝunΝἵontexteΝoὶΝἶ’autresΝtypesΝ de vision (à sens non théologique) sont présentes. Tout est raconté à travers le thème de la vision,ΝἵarΝlaΝvenueΝἶuΝδoἹosΝἶansΝleΝmonἶeΝaΝpermisΝὡΝtousΝἶeΝvoirΝetΝἶ’êtreΝvusΝparΝDieu.ΝΝΝ 92 CONCLUSION δ’ὧtuἶeΝ ἶuΝ ἵhampΝ sὧmantiqueΝ ἶeΝ laΝ visionΝ aΝ montrὧΝ ἵommentΝ l’auteurΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selon Jean a utilisé le thème de la vision de manières multiples. Le fréquent emploi des verbes de vision, ainsiΝqueΝlesΝsiἹniἸiἵationsΝvariὧesΝqu’ilsΝreἵouvrent, permettent de constater que la vision est présente aussi bien dans des passages narratifs que dans des dialogues, pour exprimer une vision concrète, intentionnelle ou non, axée sur le sujet ou non. Le thème de la vision peut impliquer une compréhension deΝ l’objetΝ ouΝ ἶeΝ laΝ personneΝ vue, ou même être utilisé pour exprimer une confession de foi. Il est misΝ enΝ œuvreΝ à tous les niveaux de la narration et de toutes les manières possibles : narration, style, lexique. Les quatre verbes de vision employés – ὁλ́π, ίζ́ππ, γ πλ́π et γ ́κηαδ – ont parfois des emplois spécifiques, ce qui permet ὡΝl’auteurΝἶuΝquatrièmeΝἓvanἹileΝἶeΝἶonnerΝunΝsensΝparticulier aux passages dans lesquels se trouvent les emplois concernés. Certaines formes peuvent même être définies comme des emplois spécialisés, à caractère technique. La forme πλ́εα, par exemple, exprime nécessairement la vision plénière de Jésus – possible à partir de la Résurrection. Cette forme est une clef de lecture pour tous les passages où elle est utilisée. Au niveau du style, l’omniprὧsenἵeΝ ἶesΝ verbesΝ ἶeΝ visionΝ ἶansΝ lesΝ ἶiἸἸὧrentsΝ rὧἵitsΝ quiΝ composent la narration fait du lecteur un témoin – et non un acteur – de chaque événement raconté, ce qui a une signification théologique. χΝἵauseΝἶeΝl’utilisationΝἸrὧquenteΝἶesΝemploisΝ spὧἵiἸiques,Νl’ensembleΝἶuΝthèmeΝἶeΝlaΝvisionΝἹaἹneΝuneΝsiἹniἸiἵationΝthὧoloἹique : la simple description de la vision de Jésus par un individu exprime la réalité nouvelle, possible grâce à Jésus, de la vision du Logos incarné. Enfin, au niveau narratif, la vision est utilisée pour sa valeur symbolique : celui qui voit ou recouvre la vue estΝleΝ ἵroyant,Ν etΝl’aveuἹleΝ estΝl’inἵroyantΝquiΝἶemeureΝ ἶansΝleΝpὧἵhὧ.ΝἑetteΝ valeurΝsymboliqueΝestΝleΝplusΝἵlairementΝexprimὧeΝἶansΝl’ὧpisoἶeΝἶeΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹlené. χΝ toutΝ instant,Ν leΝ thèmeΝ ἶeΝ laΝ visionΝ estΝ utilisὧΝ parΝ l’ὧvanἹὧlisteΝ pourΝ exprimer sa ἵomprὧhensionΝthὧoloἹiqueΝ ἶeΝl’ὧvὧnementΝJὧsus-Christ : il est celui qui a permis à tous de voirΝ DieuΝ etΝ ἶ’êtreΝ vus par Lui, il a permis de connaître Dieu, son amour pour le monde. ἤeἵonnaîtreΝavoirΝvuΝleΝἥeiἹneurΝn’estΝpasΝunΝἵonstatΝempirique, mais une confession de foi, une reconnaissance de la relation entre le Fils et le Père, une reconnaissance, par celui qui voit, de sa nouvelle identité : être enfant de Dieu. On voit alors que le thèmeΝἶeΝlaΝvisionΝestΝἸonἶamentalΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean. Parcourant toute la narration et recouvrant un large spectre sémantique, il permet, littérairement, à l’ὧvanἹὧlisteΝἶeΝplaἵerΝsonΝleἵteurΝauΝἵentreΝἶeΝlaΝnarration et de le faire cheminer, avec les protagonistes du récit, vers la véritable vision du Fils. Ce thème permet au lecteur de comprendre et de vivre lui-même l’ὧvὧnementΝextraorἶinaireΝqu’estΝleΝministèreΝἶeΝJὧsus,ΝsaΝ mort et sa Résurrection. ἢarΝl’utilisationΝqu’ilΝἸaitΝἶuΝἵhampΝsὧmantiqueΝἶeΝlaΝvision,Νl’auteurΝ du quatrième Evangile fait du lecteur un témoin oculaire de la vie de Jésus, qui assiste au ministère de Jésus μΝleΝleἵteurΝl’aΝ vuΝarriver,ΝallerΝ versΝJeanΝ leΝἐaptiste,ΝilΝaΝvuΝsesΝpremiersΝ disciples se joindre à lui, il a vu le signe des Noces de Cana,ΝlaΝἹuὧrisonΝἶeΝl’aveuἹle-né, la résurrection de Lazare. Durant la totalité du temps du récit, le lecteur est là, témoin discret maisΝtoujoursΝprὧsent.ΝἓnΝassistantΝὡΝ ἵetΝ ὧvὧnementΝ extraorἶinaireΝqu’estΝlaΝ venueΝἶeΝJὧsus,Ν 93 δoἹosΝinἵarnὧΝἶansΝleΝmonἶe,ΝleΝleἵteurΝestΝἶevenuΝtὧmoinΝἵommeΝl’auteur lui-même « a vu [et] a témoigné » (Jn 19, 35).ΝἢarΝl’impliἵationΝἶuΝleἵteurΝἶansΝleΝrὧἵit,ΝleΝnarrateurΝἸaitΝἶeΝluiΝ unΝmaillonΝἶansΝlaΝἵhaîneΝἶesΝtὧmoinsΝἶὧἵriteΝἶansΝl’ἓvanἹile.ΝἑarΝsiΝleΝleἵteurΝvoit,ΝὡΝtraversΝ le récit, la venue du Logos dans le monἶe,ΝsaΝmortΝetΝsaΝἤὧsurreἵtion,ΝilΝn’estΝqueΝleΝnouveauΝ maillonΝ ἶeΝ ἵetteΝ ἵhaîne.Ν χvantΝ lui,Ν JeanΝ leΝ ἐaptiste,Ν lesΝ ἶisἵiplesΝ etΝ l’auteurΝ mêmeΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ« ont vu »ΝetΝontΝalorsΝtὧmoiἹnὧ.ΝεaisΝleΝpremierΝtὧmoinΝn’estΝautreΝqueΝJὧsusΝluimême ; en venant dans le monde, Jésus a manifesté la gloire de Dieu, il a témoigné à son sujet dans et pour le monde, car lui-même connaît et a vu Dieu. δ’auteurΝἶeΝl’ἓvanἹileΝselonΝJeanΝ veut faire percevoir comment JὧsusΝaΝrenἶuΝ l’impossibleΝpossible : rendre Dieu visible pour tous,ΝἶonnerΝlaΝpossibilitὧ,ΝὡΝtouteΝpersonne,Νἶ’êtreΝtὧmoinΝἶeΝDieu.ΝἦelΝestΝleΝmessaἹeΝἵentralΝ ἶeΝ l’ἓvanἹileΝ selonΝ Jean μΝ ἶonnerΝ laΝ possibilitὧΝ ὡΝ ἵeuxΝ quiΝ n’ontΝ pasΝ vuΝ ἶeΝ tὧmoiἹnerΝ etΝ ἶeΝ dire, comme Marie de Magdala aux disciples : « ώλαεαΝ θΝε λδκθ.. » 94 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION .......................................................................................................... 1 PROLEGOMENES ........................................................................................................ 3 A. DELIMITATION DU CHAMP DE LA RECHERCHE ......................................................... 3 I. Introduction ........................................................................................................ 3 II. Définition des termes .......................................................................................... 3 III. Délimitation du corpus ................................................................................... 4 B. DESCRIPTION DES CLASSEMENTS............................................................................. 5 I. Introduction ........................................................................................................ 5 II. Description et analyse sommaire des classements des occurrences .................. 7 a. Classement des occurrences par sujet : qui voit ? .......................................... 7 b. Classement des occurrences par cod : que voit-on ? ...................................... 8 c. Classement des occurrences par temps : quand et comment voit-on ? ........ 10 III. Conclusion .................................................................................................... 12 CHAPITRE I : ETUDE LINGUISTIQUE DU CHAMP SEMANTIQUE DE LA VISION .................................................................................................................................... 14 A. ETUDE DU CHAMP SEMANTIQUE DE LA VISION DANS LA LITTERATURE CLASSIQUE 14 I. Introduction générale ....................................................................................... 14 a. Le sens de ὁλ́π dans la littérature classique ............................................... 15 i. Introduction .............................................................................................. 15 ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ«Νὁλ́π » du Bailly ............................. 15 iii. Conclusion ................................................................................................ 17 b. Le sens de ίζ́ππ dans la littérature classique ............................................. 18 i. Introduction .............................................................................................. 18 ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ«Νίζ́ππ » du Bailly ........................... 18 iii. Conclusion ................................................................................................ 19 c. Le sens de γ πλ́π dans la littérature classique ........................................... 20 i. Introduction .............................................................................................. 20 ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ«Νγ πλ́π » du Bailly ......................... 20 iii. Conclusion ................................................................................................ 21 d. Le sens de γ ́κηαδ dans la littérature classique........................................... 21 i. Introduction .............................................................................................. 21 ii. DesἵriptionΝetΝanalyseΝἶeΝl’artiἵleΝ«Νγ ́κηαδ » du Bailly ........................ 22 iii. Conclusion ................................................................................................ 23 II. Conclusion générale ......................................................................................... 23 B. DU GREC CLASSIQUE LITTERAIRE AU GREC KOINE ET A SES VARIANTES DIALECTALES ........................................................................................................................ 24 I. Introduction générale ....................................................................................... 24 95 a. Du grec classique au grec koinè et à ses variantes dialectales à propos du champ sémantique de la vision ..................................................................................... 26 II. δe champ sémantique de la vision dans l’Evangile selon Jean : entre continuités et ruptures ...................................................................................................... 27 a. Introduction .................................................................................................. 27 b. ίζ ππ dans l’Evangile selon Jean ................................................................ 28 c. γ πλ π et γ ακηαδ........................................................................................ 32 d. κ̔λαπ ............................................................................................................. 37 III. Synthèse : le champ sémantique de la vision dans l’Evangile selon Jean, essai lexicographique ....................................................................................................... 44 a. Conclusion générale ..................................................................................... 44 b. ἥynthèseΝἶesΝὧlὧmentsΝsὧmantiquesΝἶὧἹaἹὧsΝauΝἵoursΝἶeΝl’ὧtuἶeΝlinἹuistique 45 i. Tableau des différents sèmes .................................................................... 45 ii. Schéma des liens synonymiques entre les différents verbes de vision..... 45 c. Articles lexicographiques sur des différents verbes du champ sémantique de laΝvisionΝἶansΝl’ἓvanἹileΝselonΝJean ............................................................................. 46 i. ίζ ππ........................................................................................................ 46 ii. γ πλ π et γ ́κηαδ.................................................................................... 46 iii. κ̔λ́π ......................................................................................................... 47 c. Constater une situation par la vision. Cf. Jn 19, 33. ..................................... 47 d. Voir (emploi intransitif). Cf. Jn 1, 39 ; Jn 1, 46 ; Jn 11, 34 ; Jn 20, 29. ....... 47 CHAPITRE II : LE CHAMP SEMANTIQUE DE LA VISION EN JN 1, 1-51 ..... 49 A. BREVE ANALYSE LITTERAIRE DE JN 1, 1-51 ........................................................... 49 I. Introduction ...................................................................................................... 49 II. Bref parcours à travers Jn 1, 1-51 ................................................................... 50 a. La structure du chapitre Jn 1, 1-51 ............................................................... 50 b. Le prologue : Jn 1, 1-18 ............................................................................... 50 c. Le témoignage de Jean le Baptiste : Jn 1, 19-34 .......................................... 55 d. La vocation des premiers disciples : Jn 1, 35-51.......................................... 57 B. ETUDE DU CHAMP SEMANTIQUE DE LA VISION EN JN 1, 1-51 ................................. 59 I. Introduction générale ....................................................................................... 59 a. Etude de Jn 1, 14 .......................................................................................... 61 i. Introduction .............................................................................................. 61 ii. Premières observations à propos de Jn 1, 14 ............................................ 61 iii. Les liens littéraires au sein du 1 er chapitre ............................................... 62 iv. δ’emploiΝἶeΝlaΝ1ère personne du pluriel .................................................... 62 v. Les versets liés à la ́ια .......................................................................... 63 vi. La construction [voir]+ βη ῖαΝetΝsonΝrapportΝὡΝlaΝἹloire ......................... 69 vii. Conclusion : la signification de Jn 1, 14 .................................................. 70 96 b. Etude de Jn 1, 18 .......................................................................................... 71 i. Introduction .............................................................................................. 71 ii. Premières observations à propos de Jn 1, 18 ............................................ 72 iii. Les liens littéraires au sein du 1 er chapitre ............................................... 72 iv. ἨoirΝDieuΝἶurantΝleΝtempsΝἶeΝl’inἵarnation .............................................. 73 v. Jésus, le premier à avoir vu ...................................................................... 75 vi. Les visions pascales et les annonces de la communauté .......................... 76 vii. Conclusion : la signification de Jn 1, 18 .................................................. 79 c. Etude de Jn 1, 32 .......................................................................................... 80 d. Etude de Jn 1, 39 .......................................................................................... 82 i. Introduction .............................................................................................. 82 ii. δesΝoἵἵurrenἵesΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝlaΝ1 ère partieΝἶeΝl’ἓvanἹile ... 83 iii. δesΝoἵἵurrenἵesΝἶ’unΝverbeΝἶeΝvisionΝἶansΝlaΝβ nd partieΝἶeΝl’ἓvanἹile .... 85 iv. Conclusion : la signification de Jn 1, 39 .................................................. 87 e. ἓtuἶeΝἶesΝautresΝversetsΝἶuΝpremierΝἵhapitreΝἶeΝl’ἓvanἹileΝayantΝunΝverbeΝἶeΝ vision 88 i. Introduction .............................................................................................. 88 ii. Analyse littéraire des versets ayant un verbe de vision ............................ 89 iii. Conclusion ................................................................................................ 91 II. Conclusion générale ......................................................................................... 91 CONCLUSION ............................................................................................................. 93 TABLE DES MATIERES ............................................................................................ 95 97