LE POIDS DE LA CITATION.
ÉTUDE SUR LES SOURCES ARABES ET
GRECQUES DANS L’ŒUVRE DE
DIETRICH DE FREIBERG
DRAGOS C ALMA
ACADEMIC PRESS FRIBOURG
2010
DRAGOS CALMA
LE POIDS DE LA CITATION.
ÉTUDE SUR LES SOURCES ARABES ET GRECQUES DANS
L’ŒUVRE DE DIETRICH DE FREIBERG
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos ……………….……………………………………….
IX
Introduction
Etude statistique des citations : nécessité et méthode ……….....…
« Citation » en latin …………………………………………….….
XI
XVIII
Typologies et codes des citations
Remarques méthodologiques ….……………......………………....
Catégories de citations …………………………...…….......……...
Remarques supplémentaires : usages graphiques ….………...…….
3
6
15
Averroès
Averroès dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……......……....
Synopsis ……………………………….…………...……………...
Conclusions 1 …………………………………………...………...
Dietrich de Freiberg lecteur d’Averroès ………...……...…...…….
Conclusions 2 …………...………………………………………...
19
125
136
145
180
Liber de causis
Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ………………
Synopsis ………………………………………………........……...
Conclusions 1 ……….………………………………………..........
Dietrich de Freiberg lecteur de Liber de causis …………...……..….
Conclusions 2 ……………………………………………………..
183
249
253
255
274
Proclus
Proclus dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….………….....…..
Synopsis ….……………......…..….……………......…..…..……
Conclusions 1 ….……........…..….……………......…..….……...
Dietrich de Freiberg lecteur de Proclus ….……………...…...…...
Conclusions 2 ….……………......…..….……………......…..…..
277
322
326
328
341
Avicenne
Avicenne dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….…………….....
Synopsis ….……………......…..….……………......…..….…..…
Conclusions 1 ….……………......…..….……………......……....
Dietrich de Freiberg lecteur d’Avicenne ….…………….......……
Conclusions 2 ….……………......…..…………......……………
343
354
355
356
360
Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali
Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi dans l’œuvre de Dietrich de
Freiberg ….……………......…..…………......…………………..
Conclusions ….……………......…..….………...………….…….
Avempage dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……………...
Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….…………...….
361
365
366
368
Conclusions finales ….……………......…..….……………....…….
369
Bibliographie ….……………......…..….……….……………....….
377
"Why do I make lists?" Amory asked him one night.
"Lists of all sorts of things?"
"Because you're a mediævalist," Monsignor answered.
F.S. Fitzgerald, This Side of Paradise
Avant-propos
Ce livre reprend un chapitre de la thèse que j’ai soutenue en décembre
2008 (à l’Université Paris IV-Sorbonne) : Citations, vérité et miracles. Études
sur la présence d'Averroès dans l'œuvre de Dietrich de Freiberg. Les parties sur le
Liber de causis, Proclus, Avicenne, Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi,
Avempace et Al-Gazali ont été conçues à Londres (en 2010), lors d’un
magnifique séjour d’études au Warburg Institute. Le chapitre sur
Averroès a été entièrement revu pour ce livre.
Cette étude peut aujourd’hui voir le jour grâce à plusieurs personnes
qui l’ont accompagnée depuis que l’idée de faire une thèse sur les
citations a pris forme. J’ai une immense gratitude envers Ruedi Imbach
qui est la fois, et avec une constance remarquable, le professeur et l’ami ;
je suis très reconnaissant envers Luca Bianchi, Olivier Boulnois, Alain de
Libera et Pasquale Porro qui m’ont soutenu et qui m’ont fait part de leur
remarques avant, pendant et après la soutenance de la thèse ; envers
Olga Weijers, Colette Sirat et Julie qui m’ont appris ce que l’amitié
devient grâce au courage et à la bonne humeur ; envers Zénon Kaluza
qui, depuis bientôt dix ans, est devenu pour nous plus que je ne saurai le
dire. Merci aussi à mon cher Stephen qui a partagé mon bonheur avec
une fidélité remarquable ; merci encore à Dominique Poirel et Caroline
Heid qui ont relu et corrigé des parties de ce livre ; et aussi à Frédéric
Gabriel, Ramona & Nicolae Mihalache et Adriano Oliva pour leur
générosité. Par son rayonnement intellectuel et sa bonté sans limites, le
P. Bataillon a marqué pour toujours mon esprit.
Je garde mes derniers remerciements pour mes très proches qui, de
loin ou déjà partis, m’ont toujours entouré avec espoir et amour.
À ma fascinante Monica.
Paris, le 14 octobre 2010
Introduction
I. Étude statistique des citations : nécessité et méthodes
Les textes médiévaux sont la terre promise pour toute étude sur
l’intertextualité et plus particulièrement pour l’étude de la citation ; et
cela non seulement en raison de leur forme littéraire (commentaire,
paraphrase, recueils de sentences, florilèges etc.), mais aussi en raison de
leur état dans les manuscrits : les notes marginales sont parfois intégrées,
à l’étape suivante, dans le texte de base, diverses citations sont ajoutées
par les lecteurs entre les lignes pour défendre ou attaquer
l’argumentation de l’auteur. L’acte de la citation présuppose une
vivacité 1, un balancement entre le texte qui est sur le point d’apparaître et
celui qui est la source du prélèvement : en effet, citer veut dire sortir
vers, mettre en mouvement, provoquer.
Dans le registre des textes philosophiques, les historiens établissent
un discours sur la citation en considérant surtout l’importance de
l’autorité et du fragment cités et beaucoup moins le caractère formel de
la citation (l’exactitude par rapport à la source, la place dans le texte
etc.) 2. Ils sont plus attirés par des lectures transversales des doctrines que
par des questions philologiques et d’histoire textuelle ; cependant, il faut
distinguer soigneusement les diverses manières de citer et il faut
interpréter différemment une phrase reprise avec précision d’une vague
idée citée rapidement.
1
Baltasar Gracián décrit l’acte de citer dans les termes d’une dynamique
intellectuelle : « les autorités accommodées à un sujet contraire ou très différent ont
beaucoup de vivacité ». B. GRACIAN, Art et figures de l’esprit, Seuil, 1983, p. 223.
2 Voir pour une mise en perspective A. DE L IBERA , « De la lecture à la paraphrase.
Remarques sur la citation au Moyen Age », Langages, 73 (1984), p. 17-29.
XII
Le poids de la citation
Malgré cela, on note avec étonnement que le problème des citations
est à peine posé, même pour les incontournables Thomas d’Aquin,
Albert le Grand, Bonaventure ou Maître Eckhart, et seulement par une
poignée d’historiens : J.G. Bougerol 3, L. Elders 4, H.-F. Dondaine 5, C.
Vansteenkiste6, E. Dobler 7, R. Imbach 8, A. Bertolacci 9 et plus récemment
3
J.G. B OUGEROL , « Dossier pour l’étude des rapports entre saint Bonaventure et
Aristote », in : Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Age 40 (1973), p. 135222. A. MARCHESI, « L’atteggiamento di S. Bonaventura di fronte al pensiero di
Aristotele », in : A. P OMPEI (ed.), San Bonaventura maestro di vita francescana e di sapienza
cristiana, t. I, Atti del Congresso Internazionale per il VII Centenario di San Bonaventura da
Bagnoregio, Roma, 1976, p. 843-859.
4 L. E LDERS , « Saint Thomas d’Aquin et Aristote », in : Revue Thomiste, 88 / 3
(1988), p. 357-376 ; I D., « Les citations d’Aristote dans le Commentaire sur les Sentences de
St. Bonaventure », in : Miscellanea Francescana 75 (1975), p. 831-842 ; I D., « Averroès et
Saint Thomas d’Aquin », in : Doctor Communis, 45/1 (1992), p. 46-56. Voir aussi M.
B ORGO , « La Métaphysique d'Aristote dans le Commentaire de Thomas d'Aquin au Ier
livre des Sentences de Pierre Lombard », in : Revue des sciences philosophiques et théologiques
91.4/2007, p. 651-692.
5 H.-F. D ONDAINE , « Les scolastiques citent-ils les pères de première main ? », in :
Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 36/2, (1952), p. 231-243.
6 C. V ANSTEENKISTE , « San Tommaso d’Aquino ed Averroè », in : Rivista degli
Studi Orientali, 32 (1957), p. 585 - 623. Pour de brèves études sur la présence
d’Averroès chez d’autres auteurs, voir notamment C. S IRAT , « Les Citations du Grand
Commentaire d’Averroès au De anima d’Aristote dans les Croyances des philosophes de
Shem-Tov Ibn Falaquera », in : J.-B. B RENET (ed.), Averroès et les averroïsmes juif et latin.
Actes du Colloque International, Paris, 16-18 juin 2005, Brepols, Turnhout 2007, p.
249-256 ; dans le même recueil F. CALDERA , « La Source inattendue d’un ‘néoaugustinien’ : Averroès dans le Commentaire sur les Sentences de Guillaume de la Mare »,
p. 275-298. De même, A. ZIMMERMANN, « Albertus Magnus und der lateinische
Averroismus », in : G. MEYER / A. Z IMMERMANN (eds), Albertus Magnus – Doctor
universalis 1280/1290, Matthias-Grünewald Verlag, Mainz, 1980, p. 465-493.
7 Une première étape de ses résultats est publiée déjà en 1950 : Nemesius von Emesa
und die Psychologie des menschlichen Aktes bei Thomas von Aquin. Eine quellenanalytische Studie,
Verlag ‘Sendbote der Heiligen Familie’ Werthenstein ; plus récemment ces travaux sont
publiés dans la collection Dokimion de l’Universitätsverlag Freiburg Schweiz : Zwei
syrische Quellen der theologischen Summa des Thoma von Aquin. Nemesios von Emesa und
Johannes von Damaskus. Ihr Einfluss auf die anthropologischen Grundlagen der Moraltheologie
(2000) et encore : Falsche Väterzitate bei Thomas von Aquin. Gregorius, Bischof von Nyssa
oder Nemesius, Bischof von Emesa ? Untersuchungen über die Authentizität der Zitate Gregors von
Nyssa in den gesamten Werken des Thomas von Aquin (2001).
8 Nous espérons que R. Imbach publiera l’immense dossier déjà prêt et utilisé dans
diverses conférences et cours sur les citations explicites d’Averroès chez Thomas
d’Aquin. En attendant, voir R. I MBACH, « Alcune precisazioni sulla presenza di
Maimonide in Tommaso d’Aquino », in : Instituto di San Tommaso, Studi, Roma, 1995, p.
48-64.
9 A. B ERTOLACCI, « Subtilius speculando. Le citazioni della Philosophia prima di
Avicenna nel Commento alla Metafisica di Alberto Magno », in : Documenti e Studi sulla
Tradizione Filosofica Medievale 9 (1998), p. 261-339 ; ID., « Le citazioni implicite testuali
della Philosophia prima di Avicenna nel Commento alla Metafisica di Alberto Magno :
Introduction
XIII
une équipe dirigée par L. Sturlese 10. Les résultats de ces études sont
parfois discutables. Prenons le cas des citations d’Aristote chez
Bonaventure qui incite certains historiens à une curieuse réflexion sur
l’opposition entre théologie et philosophie : ils déduisent du fait
qu’Aristote est cité de deuxième main et dans des endroits qui
n’impliquent pas la position personnelle de Bonaventure, que la
philosophie est, dans la perspective du franciscain, la servante de la
théologie ou, tout au plus, un simple réservoir de citations et de
doctrines11. Ce jugement sur des rapports complexes basé sur des
pourcentages plus ou moins fiables n’est-il pas un peu rapide ?
Avant toute conclusion, pourtant, il faut poser des questions de base,
dont la plus évidente est : peut-on juger sous le même rapport des
citations correctes et directement puisées à la source, de simples
mentions du nom de l’autorité et de citations provenant d’un
intermédiaire ? Si l’on répond par l’affirmative, comment comprendre,
par exemple, la présence des trois philosophes nommés par Dietrich de
Freiberg dans le texte suivant :
Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius,
Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species
intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in
actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum
est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui
possibili ut forma 12.
Dietrich ne fait ici que nommer trois autorités qui ont souscrit à la
théorie qu’il présente, tandis que, dans cet autre cas, il veut explicitement
signaler une citation exacte :
analisi tipologica », in : Documenti e Studi sulla Tradizione Filosofica Medievale 12 (2002), p.
179-274.
10 L. S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart. I – Aristoteles, Augustinus,
Avicenna, Dionysius, Liber de causis, Proclus, Seneca, Academic Press, Freibourg, 2008. Voir
aussi D. CALMA , « L’usage des statistiques dans l’étude des sources: le cas de Maître
Eckhart », in : Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie 56/2 (2009), p. 526-531.
11 L. E LDERS , « Les citations d’Aristote dans le Commentaire sur les Sentences », p.
833 : « De ces chiffres certaines conclusions peuvent être dégagées : l’influence
d’Aristote sur la partie centrale des questions, où S. Bonaventure élabore sa doctrine,
est très modeste. Quand on regarde de près les endroits où il semble y voir
dépendance, cette conclusion se trouve confirmée. (...) La place de la philosophie
d’Aristote n’est que secondaire : elle devient la servante de la théologie. Elle fournit
des concepts, des définitions et des divisions ainsi qu’un grand nombre de principes,
qui sont utilisés au besoin et qui permettent de faire de la théologie une science selon
l’analogie avec la physique ou la métaphysique ».
12 De vis. beat., 4.2.1 (8), p. 108, l. 84-88.
XIV
Le poids de la citation
Modum autem et rationem approximationis eorum trahere possumus
ex uno verbo Augustini l. II De doctrina christiana c. 23, ubi dicit:
« Hinc enim fit, ut occulto quodam iudicio divino cupidi malarum
rerum homines tradantur illudendi et decipiendi pro meritis
voluptatum suarum illudentibus eos atque decipientibus
praevaricatoribus angelis, quibus ista mundi pars infima secundum
pulcherrimum ordinem rerum divinae providentiae lege subiecta
est ». Hucusque verba Augustini13.
La source est ici donnée avec exactitude (on précise même le chapitre),
les marqueurs de séparation discursive (l’équivalent des guillemets
modernes) sont indiqués par des changements de syntaxe et par des
expressions spécifiques (trahere ex uno verbo Augustini, ubi dicit, hucusque
verba Augustini) ; la citation est restituée ainsi comme un discours direct.
Quelle importance donner au renvoi soigné chez Augustin dans ce
dernier cas et au renvoi enchaîné aux trois autorités citées auparavant
(Al-Farabi, Alexandre et Averroès) ? Tout dépend de la manière dont on
considère ces usages 14.
Une citation n’est jamais gratuite puisqu’elle présuppose un choix,
une claire intentionnalité de la part de celui qui l’utilise. Savoir la faire
résonner tient de la virtuosité interprétative de l’historien.
Dietrich a une façon particulière de s’approprier les autorités (seraitce un héritage d’Albert le Grand ?), même celles qui sont considérées
comme dangereuses 15, en produisant un fascinant mélange des sources. Il
13
De cog. ent., 82. (2), p. 244, l. 6-12.
Un livre vient de paraître sur la présence d’Augustin chez Dietrich; nous n’avons
pas pu en tenir compte : A. COLLI, Tracce agostiniane nell’opera di Teodorico di Freiberg,
Marietti, Genova/Milano, 2010.
15 Quelques aspects de l’influence d’Averroès sur Dietrich, notamment pour le
mouvement des astres, ont été relevés par L. S TURLESE, « Il De animatione caeli di
Teodorico di Freiberg », in : R. C REYTENS , P. K ÜNZLE (eds), Xenia Medii Aevii
Historiam Illustrantia oblata Thomae Kaeppelli O.P., Edizioni di Storia e letteratura, Roma
1978, ici p. 235-240. ID., « Proclo ed Ermete in Germania da Alberto Magno a
Bertoldo di Moosburg. Per una prospettiva di ricerca sulla cultura filosofica tedesca
nel secolo delle sue origini (1250-1350) », in : K. F LASCH (eds), Von Meister Dietrich zu
Meister Eckhart, F. Meiner, Hamburg 1984, p. 22-33 ; I D., « Il dibattito su Proclo latino
nel medioevo fra l’Università di Parigi e lo Studium di Colonia », dans G. B OSS , G.
S EEL (eds), Proclus et son influence. Actes du colloque de Neuchâtel. Juin 1985, Editions du
Grand-Midi, Zürich 1987, p. 251-275 ; I D., « L’averroismo nella cultura filosofica
tedesca medievale », in : F. N IEWÖHNER, L. S TURLESE (eds), Averroismus im Mittelalter
und in der Renaissance, Spur, Zürich 1994, p. 114-129. Une autre étude à signaler est
celle de K.-H. K ANDLER , « Dietrich von Freiberg und die arabische Philosophie », in :
Neue Zeitschrift für systematische Theologie und Religionsphilosophie, 48 (2006), p. 99–108.
14
Introduction
XV
comprend et explique, par exemple, Averroès par le biais d’Augustin et
Augustin par le biais d’Averroès, l’intellect agent étant comparé à
l’abditum mentis et l’abditum mentis à l’intellect agent16. Dietrich récupère
des autorités-problèmes en les faisant concorder à des autorités
communément acceptées ; il défend ainsi plusieurs thèses censurées par
E. Tempier et sa commission le 7 mars 1277 17.
Dans ces pages, nous essayons de ne pas suivre les démarches
cabalistiques de certaines études qui se contentent des nombres et des
statistiques ; nous voulons présenter ces chiffres et pourcentages comme
un travail préliminaire à des analyses doctrinales, historiques et
philologiques plus précises. Nous écarterons donc, dans la mesure de
notre vigilance, les sentences lourdes de signification : nous ne saurons
pas dire si, en citant Averroès ou Avicenne, Dietrich avait un véritable
projet rationaliste, anti-thomasien ou pro-albertinien. Nous proposons
en revanche une analyse détaillée des occurrences explicites de quelques
sources arabes et grecques selon des codes définis expressément pour
cette tâche.
L’index des autorités explicites et implicites que l’on trouve dans le
volume quatre de l’édition des œuvres de Dietrich est très utile, mais pas
toujours fiable ; la raison en est qu’il est constitué à partir des notes de
l’apparat des sources et non à partir du texte de base. Par exemple, dans
le De natura contrariorum 13.(4), p. 94, Dietrich dit : « et istud exemplariter
patet intuenti quodcumque genus causarum essentialium, earum, inquam,
quae sunt causae secundum actum, sicut habemus ex Libro de causis ». Les
éditeurs indiquent dans l’apparat les lieux suivants comme sources
possibles : Liber de causis, prop. 1, 7(8), 11(12), 13(14), 23(24). L’index
reproduit les cinq occurrences sans aucune distinction ; un chercheur
hâtif compterait, en regardant l’index seulement, cinq renvois explicites
différents au Liber de causis, alors qu’en réalité il n’y en a qu’un seul. Le
16 De vis. beat., Prooem. (5), p. 14, l. 43-50 : « Istud est, quod quamvis verbis aliis,
non tamen in sententia discrepans invenimus apud philosophos, qui distinguunt in
intellectuali nostro intellectum agentem ab intellectu possibili, ut idem sit intellectus
agens apud philosophos, quod abditum mentis apud Augustinum, et intellectus
possibilis apud philosophos idem, quod exterius cogitativum secundum Augustinum.
Quod est eo patet, quod, quidquid umquam Philosophus tractavit de intellectu agente
et possibili, totum verificatur de abdito mentis et exteriore cogitativa secundum
Augustinum et econverso ». Ibid., 1.1.1.2.(3), p. 18, l. 108-111 : « Cum igitur talis
unitas essentiae et trinitas secundum differentiam originis et emanationis sit in mente
quoad hanc mentis portionem, quam dicit Augustinus absditum mentis – et est
secundum veritatem intellectus agens –, manifestum est ipsum esse substantiam ».
17 Voir K. F LASCH , D’Averroès à Maître Eckhart. Les sources arabes de la ‘mystique’
allemande, Vrin, Paris 2008, p. 96sq. Voir aussi M.R. P AGNONI -S TURLESE, « La Quaestio
utrum in Deo sit aliqua vis cognitiva inferior intellectu di Teodorico di Freiberg », in : R.
CREYTENS , P. K ÜNZLE (eds), Xenia Medii Aevii, p. 105.
XVI
Le poids de la citation
nombre d’occurrences, les comparaisons entre les autorités, les poids de
l’une et de l’autre dans l’œuvre de Dietrich sont ainsi totalement faussés
et les résultats produits par les recherches à partir de l’index inutilisables.
Plus grave encore est le recours vague indiqué comme renvoi explicite
dans l’index, à partir des suggestions de l’apparat des sources. Par
exemple, une formule dans le De cog. ent., 39.(4), p. 205, l. 36 (in esse figunt
secundum philosophos) que les éditeurs indiquent dans l’apparat des sources
comme un rappel des positions du Liber de causis et Proclus ; l’index note
deux références à ces autorités, alors que Dietrich est extrêmement vague
dans sa formulation. La situation se reproduit, par exemple, pour le De
orig., 1.(14), p. 141, l. 146, et plusieurs autres cas.
De même, l’index mentionne (vol. IV, p. 333) une référence
explicite, qui n’existe pourtant pas, au Liber de causis dans le De accidentibus
23 (p. 90).
Notons encore les mauvais renvois aux textes de Dietrich : ce n’est
pas le De corpore Christi mortuo (p. 147) qui se réfère à la proposition 5(6)
du Liber de causis mais le De cognitione entium separatorum (p. 183).
Encore plus étonnantes sont les références explicites à Averroès ou
Proclus qui n’ont aucune correspondance dans l’apparat des sources ni
dans l’index ; par exemple, la référence dans la Q° utrum in Deo, 2.2.2.(4),
p. 309, l. 64-68 au commentaire du livre I de la Physique ; la même chose
s’observe dans le De natura et proprietate continuorum, 6.3.(3), p. 273, l. 226228 et dans d’autres endroits.
On note encore le cas où Dietrich cite explicitement et correctement
une autorité identifiée dans l’apparat des sources, mais absente dans
l’index final : la prop. 147 (citée comme 143), dans le De subs. spir., 21.(3),
p. 318.
On a donc affaire à des citations explicites qui ne sont pas marquées
et à des références vagues qui sont indiquées comme explicites. Pour
avoir une idée précise et correcte de la présence et du poids des autorités
dans l’œuvre de Dietrich il faut s’adonner à un travail méticuleux à partir
du texte de base ; l’index ne peut pas être la base d’études rigoureuses. Et
il n’est pas étonnant qu’en lisant des articles sur la question des autorités
chez Dietrich on ait l’impression qu’ils ne traitent pas du même auteur.
Selon L. Sturlese18, par exemple, Dietrich cite Averroès 108 fois, tandis
que selon K.-H. Kandler 19 Dietrich cite Averroès deux fois et demi plus
souvent, plus exactement 289 fois. Selon les calculs de Sturlese, Averroès
est la troisième autorité après Aristote et Augustin (d’après la fréquence
des citations), tandis que, selon Kandler, Averroès est avant Augustin
18
19
S TURLESE, « L’averroismo nella cultura », p. 120
K ANDLER, « Dietrich von Freiberg und die arabische », p. 99.
Introduction
XVII
(mais toujours après Aristote). Selon Kandler20 Proclus est cité 98 fois,
tandis que selon Sturlese21 il est cité trois fois moins souvent, plus
précisément 35 fois, avec « plus de trente propositions » différentes. Nos
calculs ont donné d’autres chiffres encore ! Finalement, l’étude de la
réception des autorités grecques et arabes n’est pas, comme disaient
certains lors d’une polémique récente, une question idéologique, mais un
problème mathématique.
Au-delà des chiffres, d’autres erreurs sont évidentes : Kandler, par
exemple, ne se soucie pas de vérifier les références de l’index et lui fait
une totale confiance : il note, d’après l’index, deux occurrences d’AlFarabi dans le De vis. beat. 1.1.9.(1), p. 35, alors qu’il n’y est cité
explicitement qu’une seule fois ; encore plus étonnants sont les cas
d’Alpetragius et d’Alfraganus qui sont marqués dans l’index parmi les
autorités alléguées par l’éditeur, alors que Kandler dit qu’ils sont cités
explicitement par Dietrich : 5 fois le premier et 1 fois le second. Le
même type de critique vaut pour les autres autorités (antiques et
modernes) étudiées dans ces articles.
Les tableaux que nous produisons dans ces pages servent à
comprendre non seulement les détails concernant la connaissance directe
ou indirecte des sources de Dietrich, mais aussi la méthode qu’il utilise
pour se rapporter à une autorité et à une citation. Nous allons également
constater que Dietrich s’intéresse aux détails philologiques, aux nuances
d’expression, à ce que le texte ne révèle pas immédiatement22. Les
tableaux et les analyses développés dans ces pages veulent inciter à
d’autres études, pointues et rebelles dans leur diversité, différentes des
ouvrages aux sentences définitives.
20 IBID.
21 S TURLESE ,
« Il dibattito su Proclo », p. 279.
De nat. contin., 3.(4), p. 257, l. 49-57 : « Philosophus etiam in IV Physicorum
quaerens et determinans (...) haec igitur, inquantum numerabilia sunt, tempus sunt.
Alia translatio habet: numerata. Commentator ibi dicit, quod inquantum numerabilia
tempus est in potentia; inquantum actu numerata sunt, tempus est in actu ».
22
XVIII
Le poids de la citation
II. « Citation » en latin
On parle de citation en musique, en peinture, en littérature, en
sculpture ; en tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, suppose une
altérité constitutive du nouveau par l’intégration d’un déjà existant 23. On
oublie pourtant l’origine du mot et ses connotations.
Le grec ancien n’a pas de mot spécifique pour dire « citation ». Dans
certains contextes du grec du VIe siècle, on peut traduire νέµειν (faire
entendre, lire à haute voix) ou εἴρειν (prononcer) par « citer » ; de même,
on trouve parfois employés les adjectifs substantivés ayant une
connotation de « monumentalité » du type τό Πιττάκειον, Αἰσώπειον ou
Ἡσιόδειον pour dire ce que nous traduirions par : « on cite les célèbres
vers de Pitakkos, Esope ou Hésiode ». Dans quelques contextes
spécifiques, l’actif παρατιθέναι (servir, fournir) ou, plutôt, le moyen
παρατίθεσθαι (mettre devant soi) ou encore χρῆσθαι (utiliser) peuvent
se traduire par « citer » 24. Tous ces verbes grecs expriment l’acte de la
reprise d’un discours dans un texte d’accueil, attitude que l’on nomme,
selon une projection moderne, citation.
Le latin a le verbe citare, et son dérivé recitare. Il faut cependant noter
une certaine dichotomie entre l’action de nommer ou d’appeler
23 Sur ces questions d’intertextualité ou de polyphonie dans divers domaines, la littérature
secondaire est immense ; nous ne saurons dire que peu de choses et sans penser aux
nombreuses études effectuées en linguistique : G. GENETTE, Palimpsestes. La littérature au second
degré, Seuil, Paris 1982 ; M. BAKHTINE, Le Marxisme et la philosophie du langage, Minuit, Paris
1977 ; A. BERRENDONNER, Eléments de pragmatique linguistique, Minuit, Paris 1981 ; A.
COMPAGNON, La seconde main ou le travail de la citation, Seuil, Paris 1979. Voir aussi M.-D.
POPELARD / A. WALL, Citer l’autre, Presse Sorbonne Nouvelle, Paris 2005 ; H. MAURELINDART, Du plagiat, PUF, Paris 1999 ; C. DARBO-PESCHANSKI (ed.), La citation dans l’antiquité,
Jérôme Millon, Paris 2004 ; U. TUOMARLA, La citation, mode d’emploi. Sur le fonctionnement discursif
du discours rapporté direct, Academia Scientiarum Fennica, Helsinki 2000. Pour des thèmes
connexes, comme celui du plagiaire, voir les travaux de M.B. CALMA, Plagium, in : I. ATUCHA,
D. CALMA, C. KÖNIG-PRALONG, I. ZAVATTERO (eds), Mots médiévaux offerts à Ruedi Imbach,
FIDEM/Brepols, Porto 2011, sous presse ; P H. MAUREL-INDART (ed.), Le plagiat littéraire,
Littérature et nation, n° 27/2002, Université François Rabelais de Tours, 2002 ; ID., Du plagiat,
PUF, Paris 1999 ; M. COUTON, I. FERNANDEZ, C. JEREMIE et M. V ENUAT (eds), Emprunt,
plagiat, réécriture aux XVe, XVIe, XVIIe siècles. Pour un nouvel éclairage sur la pratique des Lettres à la
Renaissance, Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 2006 ; J.-L. HENNIG,
Apologie du plagiat, Gallimard, Paris 1997. Voir aussi pour la question de l’auctor, auctoritas,
authentica les études de M.-D. CHENU, Studi di lessicografia filosofica medievale, G. SPINOSA (ed.),
Olschki, Firenze 2001, p. 1-56 ; et aussi A.J. MINNIS, Medieval Theory of Authorship : Scholastic
Literary Attitudes in the Later Middle Ages, Scolar Press, London 1984. Notons l’existence… des
gender studies sur la citation : M. GARBER, Quotation Marks, Routledge, New York, 2003.
24 Sur tout cela voir l’excellent étude de J. SVENBRO, « Façons grecques de dire ‘citer’ »,
in : DARBO-PESCHANSKI (eds), La citation dans l’Antiquité, p. 265-279.
Introduction
XIX
quelqu’un et l’action qui consiste à reproduire le témoignage de la
personne que l’on appelle ; c’est la différence entre la citation d’une
parole (écrite ou dite) et la nomination d’une personne, voire d’un
auteur. Les deux sens proviennent du latin citare qui est un fréquentatif
du verbe ciere 25. Il signifie (1) « mettre en mouvement, agiter, remuer,
exciter », (2) « provoquer », (3) « émettre des sons, crier » 26 d’où le sens
de « nommer, appeler » et d’une manière figurée « invoquer » 27 et par la
suite « citer nommément quelqu’un, proclamer, mentionner » 28 ; d’où le
sens juridique de « convoquer, citer comme témoin, citer en justice,
commencer une procédure en justice contre quelqu’un » 29 ou désigner les
personnes citées devant le tribunal lors d’un procès ; ou encore appeler
les parties pour constater leur présence 30, appeler dans un procès ou faire
25 Cf. aussi A. E RNOUT / A. MEILLET, Dictionnaire Etymologique de la langue latine,
Klincksieck, Paris 19594. Cf. C. BATTISTI / G. ALESSIO, Dizionario etimologico italiano, Firenze,
1951. Le verbe cieo a comme sens mettre en mouvement, agiter, exciter mais aussi appeler,
nommer : OVIDIUS, Fasti, trad. H. LE BONNIEC, préf. A. FRASCHETTI, Les Belles Lettres,
Paris 1990, 4, 484 : « Perque uices modo : ‘Persephone !’, modo : ‘Filia !’ / clamat et alternis
nomen utrumque ciet » ; et dans un contexte juridique : TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, texte
établi par J. BAYET, trad. par G. BAILLET, Les Belles Lettres, Paris 1982,10, 8, 10 : « En
unquam fando audistis patricios primo esse factos, non de caelo demissos, sed qui patrem
ciere possent, id est nihil ultra quam ingenuos ? ».
26 HORATIUS, Satirae, texte établi et traduit par F. VILLENEUVE, Les Belles Lettres, Paris
2001, 1, 3, 7 : « (...) si collibuisset, ab ouo / usque ad mala citaret : ‘Io Bacchae’, modo summa/
uoce, modo hac, resonat quae chordis quattuor ima ».
27 OVIDIUS, Fasti, 5,683 : « Sive ego te feci testem falsove citavi / Non audituri numina
magna Iovis, / Sive deum prudens alium diuamue fefelli, / Abstulerint celeres improba uerba
Noti ».
28 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 29, 37 : « Cum ad tribum Polliam uentum esset, in qua
M. Liui nomen erat, et praeco cunctaretur citare ipsum censorem, ‘Cita, inquit Nero, M.
Liuium’ ».
29 CICERO, In C. Verrem, Actio Secunda, Discours 3, texte établi et trad. par H. DE LA VILLE
DE MIRMONT, Les Belles Lettres, Paris 1960 lib. II, 39 § 97 : « hic iste (...) mane Kalendis
Decembribus ut edixerat Sthenium citari iubet ».
30 IBID., lib. II, 40 § 98: « Citat reum; non respondit. Citat accusatorem; attendite, quaeso,
iudices, quanto opere istius amentiae fortuna ipsa adversata sit, et simul videte qui Sthenii
causam casus adiuverit; citatus accusator, M. Pacilius, nescio quo casu non respondit, non
adfuit ». Ibid., 40, § 99 : « Quod igitur tibi erat in iudicio optatissimum, me cum citatus essem
non adesse, cur Sthenio non putasti prodesse oportere, cum eius accusator non adfuisset? ».
Cf. aussi GRATIANUS, Decretum, pars 2, causa 4, quaest. 2, canon 3, textus, ß. 14, E.
FRIEDBERG, B. TAUCHNITZ (ed.), Lipsiae, 1879 : « In testimonium accusator citare non debet
eum, qui publico iudicio reus erit, aut qui minor uiginti annis erit. [l. 21]. ß. 15. Ob carmen
famosum dampnatus intestabilis erit ». Cicéron (In C. Verrem, Actio Secunda, lib. II, 146) utilise
le verbe lorsqu’il invoque le témoignage de toute la Sicile : « Primum igitur in hanc rem testem
totam Siciliam citabo, quae mihi una uoce statuarum nomine magnam pecuniam per uim
coactam esse demonstrat ».
XX
Le poids de la citation
comparaître31. Sur cette connotation juridique s’est développé le
substantif citatio transmis dans les langues modernes.
Ces significations relatives aux nominations personnelles (dans un
cadre juridique ou non) sont décisives pour le développement du sens
moderne de « citation » en tant que discours d’autrui inséré dans un
contexte étranger ou renvoi à une autorité. On notera dans les exemples
suivants son usage dans des contextes livresques (on fait appel à des
auteurs, notamment à des grammairiens) ou abstraits (on invoque une
loi).
Tite-Live utilise le mot en présentant l’habitude de Licinus Macer
d’invoquer l’autorité des chroniques et des livres des magistrats déposés
dans le temple de Moneta 32 ; Juvénal l’emploie pour évoquer la loi
Scantinia 33. Pétrone, d’autre part, lui donne la même signification dans
son Satiricon lorsqu’il parle des témoignages des poètes qu’il préfère ne
pas invoquer lors d’une polémique contre les rhéteurs :
Et ne poetas ad testimonium citem, certe neque Platonem neque
Demosthenem ad hoc genus exercitationis accessisse uideo34.
Invoquer des poètes pour avoir leur appui dans un problème ; citer pour
témoigner (citare ad testimonium) en faisant appel à leurs textes, à leurs
paroles écrites afin de donner aux arguments présentés plus de
consistance35 ; le témoin invoqué est comme lors d’un procès le garant
de la vérité exprimée. La proximité des mots citare et testimonium que l’on
observe dans ce texte de Pétrone rappelle la connotation juridique
originale : citer une autorité dans un texte c’est finalement l’impliquer
dans un procès où il a le rôle d’un témoin en faveur de la vérité soutenue
par l’auteur.
31 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 2, 29 : « (...) redeunt in tribunal ; citari nominatim unum
ex iis qui in conspectu erant dedita opera iubent ». Ibid., 5, 47, 9 : « Tum uigiles eius loci qua
fefellerat adscendens hostis citati ; et, cum in omnes more militari se animadversurum Q.
Sulpicius tribunus militum pronuntiasset (...) ».
32 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 4, 20, 8 : « Qui si ea in re sit error, quod tam ueteres
anales quodque magistratuum libri, quos linteos in aede repositos Monetae Macer Licinius citat
identidem auctores, septimo post demum anno cum T. Quinctio Poeno A. Cornelium Cossum
consulem habeant, existimatio communis omnibus est ».
33 JUVENALIS, Satura II, 43, texte établi par P. DE LABRIOLLE et F. V ILLENEUVE, Les
Belles Lettres, Paris 2002 : « Quod si uexantur leges ac iura, citari / ante omnes debet
Scantinia ».
34 PETRONIUS, Satiricon, ed. et trad. par A. ERNOUT, Les Belles Lettres, Paris 1993, II, 5.
35 LACTANCE exprime cela dans ses Institutions divines (trad. et notes par Pierre MONAT,
Ed. du Cerf, Paris 1986, 7, 13.1) : « Declaraui, ut opinor, animam non esse solubilem: superest
citare testes, quorum auctoritate argumenta firmentur ».
Introduction
XXI
Lactance utilise le mot dans le même sens : les auteurs que l’on cite
détiennent un savoir, une vérité ; les appeler au secours c’est prendre leur
probité, donc leur autorité, comme témoignage dans une dispute36.
Par la même proximité sémantique Claudianus Mamertus présente
l’appel aux autorités dans les termes d’une confrontation des
témoignages 37. Macrobe va plus loin encore parce qu’il exerce un acte de
réflexion sur son écriture (en utilisant la première personne du singulier)
en présentant son intention de faire appel à des autorités (citare in
testimonium) en reproduisant leurs paroles :
et ut ipsos quoque grammaticos in testimonium citem, Verrius
Flaccus in eo libello qui Saturnus inscribitur, « Saturnaliorum »,
inquit, « dies apud Graecos quoque festi habentur » ; et in eodem
libro, « dilucide me », inquit, « de constitutione Saturnaliorum
scripsisse
arbitror ».
Item
Iulius
Modestus
De
feriis
« Saturnaliorum », inquit, « feriae » ; et in eodem libro : « Antias »,
inquit, « Agonaliorum repertorem Numam Pompilium refert ». Haec
tamen, inquies, auctoritas quaero an possit aliqua ratione defendi38.
Citer, ici, signifie non seulement nommer ou invoquer les autorités, mais
aussi reproduire, reprendre leur parole et l’introduire dans son propre
texte.
Augustin procède de la même manière, en accompagnant l’indication
explicite de l’appel à l’autorité par le fragment correspondant :
36 LACTANTIUS, Diuinae Institutiones, 3, 16.6 : « uereri quidem non debuit (i.e. Cicero), cum
uerum diceret, sed quasi timeret ne proditi mysterii reus a philosophis citaretur, non est ausus
confidenter pronuntiare quod fuit uerum, illos non ideo disputare ut doceant, sed ut se
oblectent in otio ». Ibid, 1, 5, 1-2 : « Sed omittamus sane testimonia prophetarum, ne minus
idonea probatio uideatur esse de his quibus omnino non creditur. Veniamus ad auctores et eos
ipsos ad ueri probationem testes citemus, quibus contra nos uti solent, poetas dico ac
philosophos. Ex his unum Deum probemus necesse est, non quod illi habuerint cognitam
ueritatem, sed quod ueritas ipsius tanta uis est etc. ».
37 CLAUDIANUS MAMERTUS, De statu animae, Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum
Latinorum 11, ed. A. ENGELBRECHT, 1885 (réimpression New York 1966), lib. 2, par. 9, p.
134, l. 6 : « unde multum miror Hieronymum tibi testem citatum, cum potissimus tractatorum
minime potuerit et pro anima et in animam disputare, quamquam quae ex eodem aduersum
nos haud intellecta posuisti nobis eo usque conducant, uti quam callide non aduersarius,
uerum praeuaricator subordinatus esse uidearis, qui uelut adsentante conludio feceris nos tuis
admodum testibus uincere ».
38 MACROBIUS, Saturnalia, 1, 4, 7, ed. I. WILLIS, Teubner, Leipzig 1963, p. 13.
XXII
Le poids de la citation
Verbi huius mei sanctam Scripturam testem citabo: ‘A muliere’,
inquit, ‘initium factum est peccati, et propter illam morimur
omnes’ 39.
Dans les fragments que nous venons de signaler, Macrobe et Augustin
expriment ouvertement leur but de reprendre la parole de l’autre en
utilisant le verbe citare ; ils annoncent leurs intentions discursives en
introduisant une différence entre leurs dires et ceux de l’autorité,
marquant ainsi une non-coïncidence entre les textes.
Facundus d’Hermiane, au VIe siècle, procède de la même manière : il
utilise le verbe citare pour préciser qu’il introduit et reproduit avec
exactitude un fragment de Jean de Constantinople qu’il reprend, en
indiquant la source, d’une lettre adressée à l’évêque Théodore de
Mopsueste :
Et primum testem citemus clarissimum doctorem Ecclesiae et
confessorem fortissimum ueritatis Iohannem Constantinopolitanum,
qui praedicto Mopsuesteno Theodoro de exsilio scribens dicit : « si
esset quidem uenire possibile tuamque reuerentiam caritatemque
complecti, et in ipsa iucundari, cum multa hoc uelocitate et studio
faceremus; quoniam autem hoc nobis non adiacet, nunc litteris hoc
implemus (…) » 40.
Claudianus Mamertus, que nous avons déjà vu, va encore plus loin : en
disant citare testes il fait paraître non seulement un discours direct,
souligné également par l’emploi du verbe inquiunt, mais aussi un discours
indirect introduit par apud quos :
sed ne localiter ueritatem quaesisse uideamur, ut haec eadem ab una
tantum uideri gente quiuerit et aliis ignorata sit, cum ueri compos
humana substantia non sit regione, sed genere, Romanos etiam
eosdemque philosophos testes citemus, apud quos Sextius pater
Sextiusque filius propenso in exercitium sapientiae studio adprime
philosophati sunt atque hanc super omni anima tulere sententiam:
‘incorporalis’, inquiunt, ‘omnis est anima et inlocalis atque
39
AUGUSTINUS, Sermones, Sermo 318 De martyre Stephano, par. 2, PL, 41. Le passage
provient de Sirach, 25 :33.
40 FACUNDUS HERMIANENSIS, Pro defensione trium capitulorum, lib. VII, cap. VII, 21-22,
texte critique par J.-M. CLEMENT et R. VANDER PLAETSE, introd., trad. et notes par A.
FRAÏSSE-BETOULIERES, Editions du Cerf, Paris, 2003, p. 480-482.
Introduction
XXIII
indeprehensa uis quaedam, quae sine spatio capax corpus haurit et
continet’41.
Au Moyen Age, on retrouve des phrases avec des définitions ou
réflexions dans la lignée des auteurs classiques . Sous la plume de
Bérenger de Tours, le verbe décrit l’action de nommer diverses autorités
livresques, en l’occurrence Ambroise 42. Jean de Salisbury l’utilise dans un
contexte juridique43. Bonaventure, par exemple 44, présente le verbe citer
comme synonyme d’appeler (vocare).
. Contrairement à ce que prétendent les dictionnaires étymologiques et
certains philologues, le latin a un verbe qui exprime « la voix d’autorité
d’un auteur absent dans le texte d’un autre » ; le sens du verbe citer dans
les langues modernes n’est donc pas le résultat d’un changement de sens
produit au XVIe ou XVIIe siècle 45. Les remarques de ces philologues
41
CLAUDIANUS MAMERTUS, De statu animae, lib. 2, par. 8, p. 129, l. 6.
BERENGARIUS TURONENSIS, Rescriptum contra Lanfrannum, R.B.C. H UYGENS (ed.),
Brepols, Turnholt 1988, pars 2, linea 1061 : « Siquis enim persistat vel regenerationis aquam
vel altaris panem et vinum contemptui esse habenda, sicut Naaman contemptui prius habuit
Iordanis aquas, non minus animae periculum incurrit quam corporis incurrat agente
tempestate in profundo maris: tu, inquam, quod placet confingis tibi, sed beatus Ambrosius,
quem auctorem citare non dubitas ineptiae tuae, nullo dissimulat modo quae velit accipi esse
visibilia in altari ».
43 JEAN DE SALISBURY, Epistularium Iohannis Sarisberiensis: Epistulae Iohannis et aliorum
contemporeanorum, C.N.L. BROOKE, D.E. GREENWAY, M. WINTERBOTTOM (eds), Clarendon
Press, Oxford, 1986, t. I, ep. 4, p. 6 : « Causam, quae inter abbatem de Coggeshala et priorem
Rumiliacensem super ecclesia de Coggeshala multum et diu agitata est, nequaquam potuimus
terminare, quia post multas citationes et dilationes ante nostram praesentiam uenerunt et
ibidem uterque alterum ad apostolatus uestri praesentiam inuitauit ».
44 Cf. BONAVENTURA, Sermones dominicales, J.-G. BOUGEROL (ed.), Quaracchi,
Grottaferrata 1977, sermo 35, 2, l. 13 – 3, l. 20, p. 373-374 : « Citat sive vocat nos Deus ut ad
suam curiam caelestis patriae ire debeamus tripliciter primo verbo sanctae praedicationis
rationalem informantis. (...) Primo vocat sive citat nos Deus verbo evangelicae praedicationis
ut illuminet ».
45 M. STEINRÜCK, « La voix dans la citation et le discours direct chez Eunape de Sardes »,
in : C. DARBO-PESCHANSKI (ed.), La citation dans l’Antiquité, p. 281 : « Au XVIIe siècle, le verbe
citare qui, dans le discours juridique romain, signifie ‘amener quelqu’un devant le tribunal pour
qu’il témoigne de vive voix’, est transformée, en allemand comme en français, en métaphore
littéraire et exprime désormais la voix d’autorité d’un auteur absent dans le texte d’un autre.
Dans l’Antiquité, ce processus n’a pas eu lieu et les dictionnaires français-latin ou français-grec
ne mentionnent que des métaphores occasionnelles (...) ». Cf. A. COMPAGNON, La seconde
main, p. 95sq. : « Il n’y a, ni en grec ni en latin, aucun mot qui rende exactement le sens de la
citation (comme pratique discursive spécifique) tel que nous l’entendons en français et que
nous le traduisons sans détour en anglais ou en allemand. (...) La citation, entité discursive,
notion sous laquelle certaines pratiques du discours se subsument, ne fit qu’une apparition
tardive dans l’histoire de la langue, dans celle de l’Occident du moins, marquée par la pensée
grecque ». A. DAUZAT, Dictionnaire étymologique de la langue française, 10e, Larousse, Paris 1938, ad
verbum : « par extension, citer un texte, signaler une personne (XVIIe s.) ». Cf. aussi M.
42
XXIV
Le poids de la citation
sont d’autant plus étonnantes qu’ils semblent ignorer deux verbes ayant
le sens « moderne » de citer : allegare (utilisé très souvent pour désigner
l’introduction d’un discours différent de celui du locuteur) 46 et recitare.
Celui-ci est d’ailleurs formé sur le même mot citare et a notamment le
sens de citer une autorité absente. Ce verbe permet un glissement plus
facile de sens de « ce qui est lu à haute voix » vers « ce que l’on reprend
d’ailleurs en l’intégrant dans un nouveau contexte » ; les pères de l’Eglise
l’utilisent pour désigner la lecture proprement dite d’un passage et pour
l’introduire, en tant que texte distinct, dans leur propre discours.
L’Origène latin l’emploie dans ce sens dans ses homélies sur le Lévitique 47
et l’Exode. Isidore de Seville reprend la même connotation dans ses
Etymologies 48 et Ockham l’utilise pour introduire une chaîne d’autorités 49,
tandis que Pierre de Jean Olivi s’en sert lors de sa défense devant ses
juges en faisant une distinction nette entre citer les opinions des autres et
les assumer 50.
CORTELAZZO, P. ZOLLI, Dizionario etimologico della lingua italiana, 1/A-C, Zanichelli, 1991, ad
verbum.
46 Je remercie L. Bianchi pour cette observation.
47 ORIGENES, In Leuiticum homiliae, texte latin, introd., trad. et notes M. BORRET, Editions
du Cerf, Paris, 1981, II, 5, t. I, p. 114 : « Sed videamus, quid etiam de his, quae nuper recitata
sunt, sentiendum sit : ‘si autem’ inquit ‘anima una peccaverit nolens ex populo terrae faciendo
unum ab omnibus mandatis Domini, quod non fiet, et deliquerit, et notum factum fuerit illi
peccatum quod peccavit, et adducet donum suum: capram de hoedis feminam sine macula
adducet pro peccato, quo peccavit’ » ; Ibid., VI, 2, p. 270 : « Est ergo initium eorum, quae
hodie recitata sunt, in his verbis : ‘haec unctio Aaron et unctio filiorum eius ab hostiis Domini,
qua die applicuit eos sacrificare Domino, sicut praecepit Dominus dare illis, qua die unxit eos a
filiis Istrahel, legitimum aeternum in progenies eorum’ » ; Ibid., t. II, XI, 1, p. 142 : « Nuper in
auribus ecclesiae recitatus est sermo Dei dicens : ‘estote sancti, quia et ego sanctus sum
Dominus Deus vester’ ». ID., In Exodum homiliae, texte latin, introd., trad. et notes par M.
BORRET, Editions du Cerf, Paris, 1985, p. 220 : « Sed quid post haec recitatum est? ‘Dixit’
inquit ‘Dominus ad Moysen : ecce, ego pluam vobis panes de coelo, et exibit populus et
colliget unius etc.’ »
48 ISIDORUS HISPALENSIS, Etymologiarum siue Originum libri XX, ed. W.M. LINDSAY,
Oxford, Clarendon Press, 1989-1991, lib. 5, cap. 24, par. 12 : « Nuncupatio est, quam in tabulis
ceris que testator recitat, dicens : ‘Haec ut in his tabulis ceris que scripta sunt, ita dico, ita lego:
itaque uos, ciues Romani, testimonium mihi perhibete’, et hoc dicitur nuncupatio: nuncupare
est enim palam nominare et confirmare ».
49 GUILLELMUS DE OCKHAM, Tractatus de corpore Christi (Opera theologica 10), C.A. GRASSI
(ed.) St. Bonaventure, New York 1986, cap. 6, p. 99, l. 15 – 100, l. 19 : « Unde et de hoc
fuerunt antiquitus diversae opiniones, sicut recitat Magister Sententiarum libro IV, d. 11 et
Hostiensis in Summa, Extra, De consecratione ; et glossa De consecratione d. 2, In sacramentorum; et
glossa Extra, De celebratione missarum, Cum Marthae ».
50 PETRUS IOANNIS OLIVI, « Responsio fratris Petri Ioannis ad aliqua dicta per quosdam
magistros parisienses de suis quaestionibus excerpta », publié par D. LABERGE, « Fr. Petri
Iohannis Olivi O.F.M. tria scripta sui ipsius apologetica annorum 1283 et 1285 », in : Archivum
Franciscanum Historicum, 28 (1935), p. 115–55 et p. 374–407, ici p. 405 : « De omnibus enim
praedictis et quibusdam consimilibus eis annexis, recitavi opiniones varias, nullam earum
Introduction
XXV
Les derniers exemples que nous venons de mentionner attestent un
usage spécifique du verbe citare : il rend manifeste l’intention de l’auteur
de nommer des autorités et annonce la reproduction du discours direct.
Il faut cependant souligner que, souvent, la simple utilisation de ce verbe
ne suffit pas pour introduire le texte de l’autre et, avec une topique
particulière, un second élément apparaît, le plus souvent le verbe inquerere
qui renforce le hiatus entre les deux discours ; c’est un marqueur
supplémentaire qui isole les deux discours, au même titre que les signes
graphiques modernes de démarcation (parenthèses, guillemets, deux
points etc.).
Les instruments philologiques et informatiques que nous avons
consultés ne signalent pas l’existence des formes nominales des verbes
citare ou ciere dans la proximité connotative de ce que l’on désigne
aujourd’hui par citation. Le participe citatus, a, um garde surtout les
premiers sens du verbe et signifie « hâtif, rapide, précipité »51 ou au
figuré, « léger, trop libre, relâché » 52 ; dans un contexte juridique le
participe citatus se réfère à la personne nommée à comparaître dans un
procès ou devant une autorité 53. Vitruve l’emploie dans un beau passage
qui décrit une accusation publique de plagiat (accusation qui entraîne
d’abord l’étonnement du public et du roi et ensuite la punition et
asserens, nisi quod ad illam partem, quae communi opinioni quorumdam repugnat, aliquando
plures rationes adduco non respondens ad eas, in quo videor innuere quod illam partem plus
approbo, quamvis in plerisque earum dicam eas esse cavendas et examinandas potius quam
asserendas. Ego quidem idcirco recitavi eas, quia videbantur in se habere difficultates merito
dubitabiles et quas ego nescirem dissolvere, et videbantur mihi ad fidem nostram explicandam
et defendendam non minus accommodae quam caeterae ».
51 VERGILIUS, Aeneis, texte établi et traduit par J. PERRET, Les Belles Lettres, Paris 1980,
12, 373 : « Non tulit instatem Phegeus animisque frementem / obiecit sese ad currum et
spumantia frenis / ora citatorum dextra detorsit equorum ». SENECA, Epistulae morales ad
Lucilium, Epistula, 90, 25, texte établi par F. PRECHAC, traduit par H. NOBLOT, Les Belles
Lettres, Paris 2007, : « quid uerborum notas, quibus quamuis citata excipitur oratio et
celeritatem linguae manus sequitur ? » TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 9, 2, 10 : « citati inde
retro, qua venerant, perunt repetere viam ».
52 Sap 13,2 : « sed aut ignem aut spiritum aut citatum aerem aut gyrum stellarum aut
nimiam aquam aut solem et lunam rectores orbis terrarum deos putaverunt ». Sirach, 4 :34 :
« noli citatus esse in lingua tua et inutilis et remissus in operibus tuis ».
53 Act 24,2 : « et citato Paulo coepit accusare Tertullus dicens cum in multa pace agamus ».
Concilia oecumenica et generalia Ecclesiae catholicae, Conc. viennense, J. ALBERIGO, J.A. DOSSETTI, P.P.
JOANNOU, C. LEONARDI, P. PRODI, consultante H. JEDIN (eds), decretum 34, p. 389, l. 31 :
« Multorum ad nos gravis querela deduxit quod nonnulli obtinentes temporale dominium viros
saepe ecclesiasticos capere captos que donec sua resignent beneficia aut ne citati ad
apostolicam sedem ab homine vel a iure venire ad ipsam valeant ausu detinere sacrilego non
verentur citatos eosdem in exitu eorum districtuum ut plurimum capientes ». RAIMUNDUS
LULLUS, Liber de consilio (op. 115, Raimundi Lulli opera latina, t. X, ed. L. SALA-MOLINS, Brepols,
Turnhout 1982), dist.3, l. 1216 : « Citatus fuit ad curiam Romanam ».
XXVI
Le poids de la citation
l’humiliation, cum ignominia dimisit) avec le sens de « nommé, assigné » ;
on y fait mention d’un certain Aristophane, bibliothécaire, participant à
un jury pour identifier des vols intellectuels (cum ceteris citatus
quemadmodum fuerat locus ei designatus) et juger l’originalité des poètes54.
Cet excursus, bien que rapide, permet de saisir les modalités
d’expression de l’intertextualité dans la littérature latine classique et
médiévale. Utiliser un verbe spécifique, comme citare, pour introduire
consciemment le discours d’autrui, autorité livresque ou témoin dans un
procès, n’est pas une invention moderne. Bien au contraire, les subtiles
différences entre la reprise volontaire d’un passage, la simple nomination
d’une autorité, la copie cachée d’un fragment ou la fausse attribution
d’une idée étaient magistralement maîtrisées par les auteurs antiques et
médiévaux.
54 VITRUVIUS, De architectura, lib. 7, praef. 5, texte établi et trad. par B. LIOU, M.
ZUINGHEDAU, commenté par M.-T. CAM, Les Belles Lettres, Paris 1995.
Liste des abréviations
Dietrich von Freiberg, Opera Omnia, t. I-IV, Veröffentlicht unter Leitung
von Kurt Flasch, Felix Meiner Verlag, 1977 – 1985.
De acc.
De anim.
De cog. ent.
De col.
De corp. Chr. mort.
De cor. cael.
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
De
dot.
elem.
ente
hab.
int.
intellig.
ir.
luce
magis
mens.
misc.
nat. contin.
nat. contr.
orig.
quid.
subiecto
sub. spir.
De vis. beat.
Quaest. utrum in Deo
Utrum sub. spir.
– De accidentibus
– De animatione caeli
– De cognitione entium separatorum et maxime
animarum separatarum
– De coloribus
– De corpore Christi mortuo
– De corporibus caelestibus inquantum sunt corpora id
est de natura eorum corporali
– De dotibus corporum gloriosorum
– De elementis corporum naturalium
– De ente et essentia
– De habitibus
– De intellectu et intelligibili
– De intelligentiis et motoribus caelorum
– De iride
– De luce et eius origine
– De magis et minus
– De mensuris
– De miscibilibus in mixto
– De natura et proprietate continuorum
– De natura contrariorum
– De origine rerum praedicamentalium
– De quiditatibus entium
– De subiecto theologiae
– De substantiis spiritualibus et corporibus futurae
resurrectionis
– De visione beatifica
– Quaestio utrum in Deo sit aliqua vis cognitiva inferior
intellectu
– Utrum substantia spiritualis sit composita ex materia
e materia
Typologies et codes des citations
I. Remarques méthodologiques
Avant d’entrer dans le vif du sujet nous devons faire une distinction
purement méthodologique, sans prendre position par rapport à
l’immense littérature secondaire, entre « autorité » et « auteur » : le terme
« autorité » désigne la source de la citation ou du renvoi ; le terme
« auteur » désigne celui qui fait appel à l’autorité et qui , en linguistique,
est habituellement appelé « le locuteur ». On peut ainsi distinguer
plusieurs niveaux de fidélité entre l’auteur et l’autorité réclamée. Une
dernière précision importante : dans ce travail, nous ne tenons compte
que des occurrences où Dietrich énonce explicitement le nom de
l’autorité ; nous excluons donc tout ce qui est présence implicite, à savoir
les allusions et les citations sans source nommée (ce que l’on appelle en
linguistique « zero quotatives »), du genre communiter loquentes ou quidam
dicunt quod.
(1) Le premier niveau se caractérise par la proximité textuelle entre le
prélèvement et la source ; il a comme élément définitoire la transcription
attentive des paroles de l’autre (la citation ad litteram). En linguistique1,
on distingue deux types de discours : le discours rapporté direct (DD),
caractérisé par le fait que l’auteur retient ses mots et laisse place aux
paroles étrangères ; et le discours rapporté indirect (DI), lorsque l’auteur
fait entrer les paroles de l’autorité dans son texte par des mots de liaison,
notamment des pronoms relatifs.
Chez Dietrich de Freiberg, on reconnaît généralement un DD
d’après les syncopes syntaxiques (unde Philosophus : …) ou d’après les
marqueurs de la reprise fidèle comme, par exemple, des verbes
1
Voir T UOMARLA , La citation, mode d’emploi, p. 22-32 et 41-51.
4
Le poids de la citation
d’introduction (ubi dicit..., loquendo de hoc dicit..., deinde dicit... etc.) suivis par
la citation ; ces marqueurs remplissent exactement la même fonction que
les guillemets et les deux points dans les éditions modernes.
On reconnaît habituellement chez lui un DI par la présence d’un
pronom relatif qui accompagne un verbe d’introduction, par exemple ubi
dicit quod, idem ostendit quod, etc.
Les DD et DI sont particulièrement importants pour comprendre le
rapport entre l’auteur et l’autorité : les DD sont généralement des
preuves d’une connaissance et d’un usage direct tandis que les DI sont
habituellement le signe d’une reprise par l’entremise d’un intermédiaire
plus ou moins proche de l’autorité. Ceci n’est cependant pas une règle
stricte : un auteur peut faire semblant de reproduire des citations et, tout
en se servant des marqueurs spécifiques du DD, introduit des phrases
qui proviennent d’une autre autorité ou qui sont inventées par lui-même.
(2) Le deuxième niveau de la fidélité entre l’auteur et l’autorité se
caractérise plus par une parenté thématique ou doctrinale (la citation ad
sensum) et moins par une fidélité textuelle (même si, parfois, on reconnaît
des mots communs, importants pour le contexte thématique). L’auteur
reprend, en résumant avec ses propres mots, ce que l’autorité énonce
dans plusieurs passages ou dans des phrases longues et difficiles ; il laisse
place à l’autorité dans le contexte d’accueil en lui assurant cependant un
passage différent d’un DI puisqu’il utilise des expressions
d’acclimatation.
Chez Dietrich, on le reconnaît d’après des expressions comme : et de
hoc idem dicit Commentator scilicet... ou et hoc expresse dicit scilicet quod... ou ubi
ponit exemplum... Dans ce cas, on peut supposer plusieurs possibilités :
soit l’auteur connaît directement l’autorité mais préfère la résumer, soit il
l’introduit de mémoire, soit il se sert d’une source intermédiaire qui la
résume d’une manière assez détaillée et fidèle, soit il se sert d’un florilège
qu’il s’est constitué pour son propre usage ou qui est communément
répandu.
(3) Enfin, le troisième niveau est celui de la non-équivalence absolue : le
prélèvement ou le résumé n’ayant aucun correspondant (ni ad litteram ni
ad sensum) ou étant même contraire à la source. Cela arrive lorsque
l’autorité est citée de mémoire ou par un intermédiaire de mauvaise
qualité ou lorsque l’auteur a l’intention de modifier les mots de l’autorité.
Typologies et codes des citations
5
Les marqueurs lexicaux que nous venons de présenter ne sont pas des
indicateurs infaillibles de tel ou tel rapport à l’autorité, mais des balises
qui facilitent le repérage des divers typologies de la citation. En effet, ces
marqueurs informent sur la manière dont l’auteur veut faire place à une
autorité.
Il faut aussi tenir compte des indicateurs qui expriment la pluralité
des autorités ; chez Dietrich ils sont du type : in schola Peripateticorum
dicitur ou encore Avicenna, Algazel, Averroes dicunt, etc. qui sont
pratiquement toujours les témoins de l’inauthenticité de la citation ; en
effet, il est impossible que plusieurs autorités aient exprimé la même idée
avec exactement les mêmes mots comme l’auteur le prétend. La sentence
qui leur est attribuée n’est alors qu’une reprise formelle de l’auteur
comme un bref résumé ou comme une formule de synthèse. Le renvoi à
plusieurs ouvrages de la même autorité (du type sicut dicitur in III
Metaphysice et IV Physicorum) n’est qu’un cas particulier de la situation que
nous venons d’énoncer. On ne cherchera pas une phrase identique à
celle reproduite par l’auteur, mais, dans les meilleures des cas, des
correspondances ad sensum.
Ce type de renvoi enchaîné nous permet de proposer « la règle de la
citation unique » : si, dans un ou plusieurs ouvrages, l’auteur attribue
exactement la même citation (ou avec des variations minimales) à une
seule autorité nommée avec plusieurs œuvres, ou à plusieurs autorités
enchaînées (toujours les mêmes), la citation ne provient directement
d’aucune des sources nommées, mais soit elle est résumée, soit elle est
citée de mémoire, soit elle provient d’un intermédiaire. Cet intermédiaire
peut être : un autre auteur, un florilège personnel, un florilège
universitaire ou autre source possible.
En voici quelques exemples tirés de l’œuvre de Dietrich :
Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius,
Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species
intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in
actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum
est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui
possibili ut forma. (De vis. beat., 4.2.1(8), p. 108, l. 84-88 )
Secundum hoc non obstat, si quis opponat, quod secundum
Philosophum et Commentatorem super V et VII Metaphysicae
huiusmodi formae, quae videntur esse de quarta specie qualitatis,
sunt essentiales formae ipsarum quantitatum. Unumquodque autem
6
Le poids de la citation
reponitur in genere secundum formam suam. Igitur quantitas non
erit nisi in genere qualitatis, quod patet esse falsum. (De nat. contr.,
64.(1), p. 128, l. 87-91)
Il est en effet très peu probable, voire impossible, qu’en utilisant
directement les mêmes textes de la même autorité ou plusieurs textes de
plusieurs autorités, l’auteur trouve la même idée exprimée avec les
mêmes mots ; il est beaucoup plus probable que la phrase citée par
l’auteur soit connue sous la forme retenue suite à un travail préalable (le
plus souvent pour faciliter la mémorisation et l’usage immédiat).
II. Catégories de citations
En essayant de tenir compte de tous ces éléments et de les appliquer à
notre recherche, nous distinguons une nouvelle typologie de la citation.
Elle est différente de celle proposée par J. Janssens qui avait distingué
cinq catégories pour les citations d’Avicenne dans l’œuvre d’Henri de
Gand : (1) auctoritates Avicennae, (2) paraphrases, (3) citations littérales
brèves, (4) citations littérales combinées (de longs et de petits passages
littéraux combinés) et (5) citations littérales longues. Contrairement à
notre démarche, ces catégories ne font pas la distinction entre les
citations explicites et implicites ; la catégorie des citations littérales
longues concerne les cas où Henri copie des chapitres entiers de la
Métaphysique d’Avicenne, une situation particulière que l’on retrouve
rarement chez d’autres auteurs 2. Nous ne pouvons pas emprunter ces
cinq catégories parce qu’elles ne rendent compte de la diversité des
citations et de la panoplie des autorités utilisées par Dietrich de Freiberg.
A. Bertolacci avait également établi des catégories de citations,
toujours à propos d’Avicenne (cette fois dans l’œuvre d’Albert le
Grand) 3 ; il distingue d’abord les citations explicites et les citations
implicites, ensuite, parmi les citations explicites : les citations explicites
nominales (Avicenne est nommé par son nom) et les citations explicites
indéterminées (les citation par quidam, aliqui etc.). Il reste cependant un
2 Cf. J. J ANSSENS , « Elements of Avicennian Metaphysics in the Summa »,
in:G. GULDENTOPS , C. S TEEL (eds), Henry of Ghent and the Transformation of Scholastic
Thought, Leuven University Press, Leuven 2003, pp. 41-60; art. repr. in J. J ANSSENS , Ibn
Sînâ and his Influence on the Arabic and Latin World, Ashgate, Hampshire 2006, XVII,
pp. 41-60.
3 Cf. B ERTOLACCI, « Subtilius speculando », cit.
Typologies et codes des citations
7
grand inexpliqué : pour quelle raison sont considérées de la même
manière les citations explicites par le nom (où la référence volontaire à
Avicenne est manifeste) et les citations explicites indéterminées (où la
référence à Avicenne - si c’est bien lui qui est visé - est volontairement
cachée) ; d’autant plus que la source de ces citations n’est jamais certain,
comme le reconnaît d’ailleurs A. Bertolacci : « I problemi che si
incontrano sono due. Il primo è costituito dal fatto che non sempre è
chiaro se sia lecito indicare Avicenna come referente di certe citazione
esplicite indeterminate. Il secondo problema, invece, è costituito dal
fatto che non sempre è chiaro se Avicenna sia l’unico referente della
citazione » (p. 301). Il est manifeste donc que la catégorie « citations
explicites indéterminées » complique inutilement l’analyse et donne des
résultats très approximatifs parce que cette catégorie ne dit rien de
certain quant à l’usage et à la connaissance de l’autorité ; elle suggère
seulement des références probables. Celles-ci sont d’ailleurs relevées à
partir d’un nombre limité de marqueurs : l’historien ne peut pas, en
absence d’une version électronique de l’œuvre, relever toutes les
occurrences ; il faut se fier seulement au travail des éditeurs pour
identifier faire le rapprochement entre des quidam ou philosophi et telle ou
telle autorité ; et même une version électronique ne serait pas suffisante
pour faire toutes les identifications cachées et avoir la certitude d’une
parfaite correspondance. En raison de ces incertitudes, les citations
implicites ne font pas l’objet de notre étude. Des catégories proposées
par Bertolacci, une seule correspond quelque peu aux buts de notre
recherche : la citation explicite nominale, divisée par le médiéviste italien
en citation doctrinale et citation textuelle. Bertolacci ne prend cependant
pas en compte l’exactitude de la référence (ou « l’adresse ») de la citation
qui, à nos yeux, constitue un indice important pour déterminer si celle-ci
est reprise directement ou provient d’un intermédiaire.
Toutes ces imprécisions, qui altèrent les conclusions sur la présence
et l’influence d’une autorité, nous font proposer une nouvelle typologie
des citations explicites. Nous classons les citations selon :
(1) le genre de l’évocation avec ou sans adresse
Nous en distinguons trois types :
a) le renvoi (R) = évocation avec adresse de la source : quand au
moins le titre de l’œuvre est nommé, et les cas où est indiquée l’adresse
détaillée selon la division logique du texte : chapitre, section, question,
distinction etc.
8
Le poids de la citation
b) le recours général (RcG) = évocation sans adresse, quand
l’autorité est invoquée seulement par son nom, mais accompagnée d’une
thèse qui soit lui appartient réellement soit lui est attribuée par l’auteur.
c) la simple mention (SM) = évocation du nom ou du patronyme
(Commentator, Philosophus etc.) de l’autorité sans aucun rapport avec l’une
ou l’autre de ses doctrines ou de ses œuvres ; chez Dietrich, ces cas
apparaissent notamment dans les titres des chapitres ou des questions,
dans les tabulae ou dans des propositions qui concluent des
démonstrations (du genre : tertia questio est contra positionem Commentatoris).
Seulement les deux premiers types, le R et le RcG, apportent des
renseignements importants pour l’histoire intellectuelle puisqu’ils sont
les seules preuves véritables concernant l’influence doctrinale d’une
autorité. Les SM ont, en revanche, un poids purement statistique avec
une certaine incidence sur les pourcentages, mais ils n’apportent aucune
information sur l’influence doctrinale de l’autorité sur l’auteur qui la
mentionne. Elles peuvent éventuellement avoir un intérêt pour
comprendre la manière dont les autorités étaient vues et considérées
formellement comme dans le cas des expressions du genre : magnus
Sigerus, Thomas Aquinas vir doctus, Aristoteles princeps Perypatheticorum etc.
(2) l’exactitude de l’évocation
Cette catégorie s’applique uniquement aux renvois (R) parce qu’elle
concerne la correspondance entre le prélèvement et la source. Nous
signalons uniquement le renvoi avec une fausse adresse que nous
appelons le faux renvoi (FR) sans indiquer d’une manière spéciale les
renvois avec une bonne adresse ; la notation R signifie donc renvoi avec
une bonne adresse. Le critère FR s’applique aux situations où ni les
indications données par les éditeurs (des œuvres de Dietrich) ni d’autres
recherches indépendantes (des études supplémentaires sur les sources)
n’ont relevé de source proche au moins ad sensum de l’adresse indiquée.
(3) le but formel de l’évocation
On distingue deux cas : l’évocation simple, notée S, quand autorité est
citée pour elle-même ou quand elle est évoquée pour accompagner,
afin de nuancer les propos d’une autorité déjà citée (situation désignée
par la lettre A).
Dans le cas de l’évocation simple (S), l’autorité est appelée soit pour
l’originalité de la thèse ; soit pour apporter des précisions à la position de
Typologies et codes des citations
9
l’auteur ; soit dans un but polémique ou, au contraire, admiratif ; soit
pour participer à un débat entre plusieurs autorités.
Dans le cas de l’évocation accompagnatrice (A), l’autorité est
nommée pour apporter une explication ou pour renforcer la thèse déjà
citée d’une autre autorité ; par exemple, Dietrich fait appel à Averroès
pour expliquer Aristote ou au Liber de causis pour expliquer l’Elementatio
theologica. Dans ce cas, l’autorité appelée par une évocation
accompagnatrice n’a ni le même rôle ni le même poids que l’autorité
nommée par une évocation simple.
Il est évident que seulement les renvois (R), les faux renvois (FR) et
les recours généraux (RcG) peuvent être considérés comme simples ou
accompagnateurs ; ces critères ne sont pas associés aux simples mentions
(SM).
(4) la qualité de l’évocation
La correspondance entre le prélèvement et la source est :
a) soit totale ou quasi totale (avec des variations minimales dues à la
tradition textuelle, l’emploi des synonymes etc.) ; dans ce cas, on parle
d’un renvoi parfait (RP) ou d’un recours général parfait (RcGP) ;
b) soit très partielle à cause d’une importante différence littérale
et/ou doctrinale : ce sont les citations nommées habituellement ad
sensum ; dans ce cas, on parle d’un renvoi imparfait (RI) ou d’un
recours général imparfait (RcGI). Il est manifeste que les RI / RcGI
sont des critères qui dépendent aussi de la recherche (souvent imparfaite)
des sources.
La combinaison de ces quatre critères d’évaluation de la citation nous
permet de préciser les treize catégories groupées dans le tableau
synoptique suivant :
RS
Renvoi simple : l’autorité est citée pour elle-même, avec
adresse (titre de l’oeuvre ou/et division textuelle). Selon les
catégories présentées auparavant, le renvoi simple est
double : imparfait (RSI) et parfait (RSP).
1) RSI
RSI*
Renvoi simple imparfait : l’adresse est correcte, mais la
citation ne correspond pas littéralement au texte auquel
l’auteur fait référence. Il faut envisager cependant la
possibilité réduite, mais réelle, que la citation n’a été
identifiée ni lors de l’édition ni lors d’une autre recherche
10
Le poids de la citation
supplémentaire.
RSI* est un cas particulier de renvoi simple imparfait qui
désigne une référence ayant comme seule adresse le titre de
l’œuvre et portant sur une doctrine qui se trouve à plusieurs
endroits dans cette œuvre ; il est impossible d’indiquer
uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas,
nous prenons comme source pour les calculs statistiques le
premier endroit qui, dans suivant la division logique de
l’œuvre, peut être considéré comme source.
Généralement un RSI est la preuve que l’auteur a une
certaine connaissance de la source, mais qu’il la cite en la
paraphrasant, de mémoire ou à partir d’une source
secondaire.
2) RSP
Renvoi simple parfait : l’adresse est correcte et la citation
correspond littéralement ou avec des variations minimales
au texte auquel l’auteur renvoie. Un RSP peut être
considéré comme un indice que l’auteur connaît et utilise
directement la source, mais on peut envisager aussi la
possibilité d’un intermédiaire très proche de la source (par
exemple, une citation exacte copiée d’ailleurs). Le RSP est
probablement l’élément le plus important pour une étude
sur l’importance d’une autorité.
RA
Renvoi accompagnateur : l’autorité est nommée pour
apporter une explication ou pour renforcer la thèse déjà
citée d’une autre autorité.
Prenons l’exemple le plus répandu chez Dietrich : le renvoi
à Aristote est accompagné d’un renvoi au commentaire
respectif d’Averroès avec le but d’éclaircir le texte du
Stagirite. Dans ces situations, Averroès est réellement « Le
Commentateur » (avec majuscules) d’Aristote (il faut
cependant noter que le patronyme Commentator en
compagnie d’une citation n’est pas nécessairement le signe
d’un RA ; plusieurs renvois simples utilisent le patronyme
Commentator).
Très souvent Dietrich pratique le renvoi accompagnateur
de la manière suivante : il donne l’adresse du texte
d’Aristote, parfois avec des détails (chapitre etc.), ajoute la
citation et invoque ensuite Averroès sans adresse, souvent
un simple ibidem est suffisant : « Sed istud non obstat iam
dictis, quia illic, scilicet I Physicorum, loquitur Philosophus
Typologies et codes des citations
11
contra Anaxagoram (...) et secundum illam intentionem
loquitur ibi Philosophus dicens: `Dico autem partes, quae
cum insint, in quas dividitur totum', in quo verbo
secundum Commentatorem ibidem intendit de partibus
rei, quae sunt partes in actu » (De elem., 26.(2), p. 77, l. 7379). Comme s’il était un geste normal, presque banal, de
lire Aristote en ayant sous les yeux, quasiment toujours,
l’exégèse suivie d’Averroès ; et, comme nous allons le voir,
Dietrich pratique aussi le renvoi inverse : il cite Aristote à
partir du commentaire d’Averroès.
Le renvoi accompagnateur est de deux types : imparfait
(RAI) et parfait (RAP).
3) RAI
RAI*
Renvoi accompagnateur imparfait : l’adresse est correcte,
mais la citation ne correspond pas littéralement au texte
auquel l’auteur fait référence ; on suppose alors un
intermédiaire ou l’intervention même de l’auteur (mémoire,
changement volontaire etc.).
Le plus souvent chez Dietrich on a le cas suivant : un RSI à
Aristote est redoublé par un RAI à Averroès ; mais il se
peut aussi qu’un RSP à Aristote soit renforcé par un RAI à
Averroès.
RAI* est un cas particulier de renvoi accompagnateur
imparfait qui désigne une référence ayant comme seule
adresse le titre de l’œuvre et portant sur une doctrine qui se
trouve à plusieurs endroits dans cette œuvre ; il est
impossible d’indiquer uniquement un seul endroit comme
source. Dans ce cas, nous prenons comme source pour les
calculs statistiques le premier endroit qui, dans suivant la
division logique de l’œuvre, peut être considéré comme
source.
4) RAP
Renvoi accompagnateur parfait : l’adresse est correcte et la
citation correspond littéralement ou avec des variations
minimales au texte auquel l’auteur renvoie.
Il s’agit très probablement d’un usage direct de la source ;
par exemple, d’une lecture attentive d’Aristote avec l’aide
d’Averroès. Chez Dietrich, quasiment toujours un RSP à
Aristote est accompagné d’un RAP à Averroès.
12
Le poids de la citation
FR
Faux renvoi : l’autorité, l’œuvre ou la division logique de
l’œuvre sont incorrectement mentionnées. Il correspond ad
litteram ou ad sensum à la source indiquée par les historiens,
mais elle est différente de celle donnée par l’auteur.
Selon les catégories précédentes, on distingue les faux
renvois, simples ou accompagnateurs, imparfaits ou
parfaits ; il faut en effet tenir compte du fait que, malgré la
mauvaise adresse, la citation peut correspondre à une
source que l’on a pu identifier. Cela s’explique soit par une
faute de transmission du texte (faute de copiste), soit par le
fait que l’adresse et la citation proviennent d’un
intermédiaire, soit par un trou de mémoire. Dans ce cas,
nous indiquons dans nos tableaux et comptons le renvoi à
la mauvaise œuvre comme FR.
FRS
Les FRS de Dietrich concernent par exemple les Elementatio
theologica de Proclus, la proposition 171 étant toujours citée
correctement mais comme étant la proposition 174 (FRSP).
Signalons aussi comme exemple que Dietrich renvoie au
commentaire d’Averroès au De sensu et sensato, mais, en
réalité, il copie un renvoi qu’Averroès fait lui-même à cet
ouvrage dans le Grand Commentaire au De anima (FRSI).
5) FRSI
6) FRSP
FRA
7) FRAI
8) FRAP
Il accompagne pour la commenter une autorité nommée
auparavant. Un FRA suppose une situation de type : un
RSI ou un FRS à une première autorité, redoublé par un
RAI ou un FRA à une seconde autorité qui commente la
première.
RcG
Recours général : dans le cas d’un RcG, il est assez difficile
de savoir si la thèse de l’autorité est connue par
intermédiaire ou directement. L’auteur peut tout
simplement oublier l’adresse de la thèse qu’il mentionne ;
seule une analyse très détaillée, au niveau doctrinal et
littéral, peut apporter des renseignements sur l’usage de
l’autorité.
Les RcG peuvent être de quatre types : simples (RcGS),
accompagnateurs (RcGA), imparfaits (RcGSI / RcGAI) et
parfaits (RcGSP / RcGAP).
RcGS
Recours général simple.
Il faut préciser ici que lorsque Dietrich donne seulement
Typologies et codes des citations
13
l’adresse d’Aristote, ajoute le nom d’Averroès et ensuite la
citation, on a affaire à un RA et non pas à un RcGA car
l’adresse d’Aristote est aussi une adresse pour Averroès.
9) RcGSP
10)RcGSI
RcGSI*
Recours général simple parfait et imparfait : l’autorité est
invoquée seulement par le nom, sans aucun titre ou adresse
et la citation qui suit peut correspondre, ou non, à l’un des
textes de l’autorité.
RcGSI* est un cas particulier de recours général imparfait
qui porte sur une doctrine qui se trouve dans plusieurs
œuvres de l’autorité ; il est impossible d’indiquer
uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas,
nous prenons comme source pour les calculs statistiques le
premier endroit qui, dans suivant la division logique de
l’œuvre, peut être considéré comme source.
Dans le cas d’un RcGSP, nous supposons que l’auteur
utilise le plus probablement une bonne source
intermédiaire ou sa mémoire, mais il n’est pas exclu qu’il ait
utilisé directement la source et qu’il ait, volontairement ou
par inadvertance, omis l’adresse. Dans le cas d’un RcGSI,
on peut imaginer deux situations : soit l’auteur utilise un
mauvais intermédiaire, soit on n’a pas (encore) identifié le
passage précis.
RcGA
Recours général accompagnateur : les RcGA se rencontrent
normalement lorsque le RcGS à une première autorité est
suivi par un RcG explicateur à une seconde autorité. Dans
le cas de Dietrich il faut toujours vérifier si ce qui paraît un
RcG n’est pas précédé d’un RS dont il dépend (c’est le plus
souvent le cas).
11)RcGAP
Recours général accompagnateur parfait et imparfait : le
nom de l’autorité évoquée pour renforcer la thèse d’une
autre autorité sans adresse est suivi d’une sentence qui
provient (RcGAP) ou non (RcGAI) d’un texte source.
RcGAI* est un cas particulier de recours général
accompagnateur imparfait qui porte sur une doctrine qui se
trouve dans plusieurs œuvres de l’autorité ; il est impossible
d’indiquer uniquement un seul endroit comme source.
Dans ce cas, nous prenons comme source pour les calculs
statistiques le premier endroit qui, dans suivant la division
logique de l’œuvre, peut être considéré comme source.
12)RcGAI
RcGAI*
14
Le poids de la citation
13) SM
Simples mentions du nom ou patronyme d’une autorité ; les
SM ne renseignent pas sur la connaissance qu’un auteur a
de l’autorité mentionnée. Elles ne devraient pas compter
dans les études statistiques sur l’influence doctrinale d’une
autorité.
L’abréviation nr qui apparaîtra dans les tableaux suivants n’a pas de
rapport avec les catégories de citations ; elle indique seulement que ces
renvois sont indiqués dans l’édition des œuvres de Dietrich – les renvois
sans nr représentent les sources, meilleure ou nouvelle, que nous
proposons.
Pourquoi cette nouvelle typologie ? En fonction des catégories
décrites précédemment, nous proposons une lecture qui permette de
rendre compte de la diversité des citations et des autorités connues par
Dietrich de Freiberg. Elles permettent d’observer, par exemple, que
Dietrich dévoile dans son œuvre plusieurs visages d’Averroès : tout
d’abord il est le Commentateur d’Aristote, loin de l’image de depravator
instituée par Thomas d’Aquin 4 ; le philosophe, cité pour ses propres
opinions, demeure le représentant de la tradition péripatéticienne, en
compagnie d’Al-Farabi et Alexandre d’Aphrodise5 ; il est également un
adversaire de la noétique et de la théorie des épicycles ; il s’impose
comme une autorité ayant des opinions conformes à celles d’Augustin,
4
Cf. T HOMAS DE A QUINO , De unitate intellectus contra averroïstas, 2, § 59 : « Unde
miror ex quibus Peripateticis hunc errorem se assumpsisse glorientur, nisi forte quia
minus volunt cum ceteris Peripateticis recte sapere, quam cum Averroe oberrare, qui
non tam fuit Peripateticus, quam philosophiae Peripateticae depravator ». DIETRICH
DE F REIBERG, De nat. contr., 3.5, p. 85 : « sicut dicit Philosophus in X Metaphysicae et
suus Commentator; per quem modum patebit infra » ; De origine, 5.2, p. 181 : « Videtur
enim fuisse intentio Philosophi, et Commentator suus manifeste hoc exponit de
tempore in IV Physicorum ».
5 De int., III. 13.3, p. 187 : « Item, sicut habemus ab eodem Averroe, magis fit
unum ex specie intelligibili et intellectu quam ex materia et forma, quia ex materia et
forma fit aliquid tertium, sed species intelligibilis fit ipse intellectus. In idem
concordant Alexander et Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili » ; De
vis. beat., 3.2.4.4, p. 73 : « Nec ex dicta possibilitate et ipsa specie fit compositio, sed
potius talis possibilitas transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis in actu,
ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis De intellectu et intelligibili et Commentator
super De anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse intellectus, quando quis actu
intelligit. Et hoc est, quod dicit Philosophus III De anima, quod intellectus possibilis
nihil est eorum, quae sunt, antequam intelligat » ; De vis.beat., 4.2.1.8, p. 108 : « Si igitur
huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod
huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus
possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster,
manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili
ut forma ».
Typologies et codes des citations
15
Boèce ou Grégoire le Grand 6. En somme, un Averroès personnalisé,
certainement différent de celui d’Albert le Grand et Thomas d’Aquin.
L’analyse des autres citations apportera des précisions semblables
pour les autorités que nous étudions dans ces pages.
III. Remarques supplémentaires : usages graphiques
a) Dans les tableaux qui suivent, nous soulignons la même sentence (ou
plusieurs mots de la même sentence) attribuée à la même autorité dans
deux ou plusieurs œuvres de Dietrich ; par conséquent, toutes les
sentences répondant à la règle de la citation unique sont soulignées.
b) Nous mettons en gras les synonymes que l’on retrouve entre les
textes de Dietrich et ceux des autorités ; ce sont les citations ad sensum.
c) Les citations ad litteram sont montrées en PETITES CAPITALES.
d) En italiques seront indiqués les mots d’Aristote repris par Averroès et
par Dietrich.
On peut évidemment avoir une phrase dont plusieurs mots reviennent
dans au moins deux œuvres de Dietrich et qui contiennent aussi des
mots identiques ou synonymes par rapport au texte source de l’autorité :
on aura alors des mots soulignés et en gras ou des mots soulignés et en
petites capitales. En voici un exemple :
6 Fragmentum de ratione potentiae, Opinio 21, p. 381 : « Et ista est opinio Philosophi
et Commentatoris IV Physicorum de tempore et per consequens de quando, et
Augustini XI Confessionum et Boethii De Trinitate de his, quae dicuntur sex principia » ;
De vis. beat., 1.1.1.3.5.2, p. 21 : « Quamvis autem istud verbum Augustinus velit intelligi
de abdito mentis, si tamen extendamus ipsum ad intellectum possibilem, concordat
cum eo hoc, quod dicit Commentator super III De anima, quod magis fit unum ex
intellectu et specie intelligibili quam ex materia et forma » ; De vis. beat., 1.1.4.5, p. 29 :
« Et ex hoc arguit Commentator super III De anima, quod, si intellectus agens, qui est
intellectus per essentiam et semper in actu, aliquando uniatur nobis ut forma, per
ipsum intelligemus omnia entia. Quod videtur aliqualiter concordare cum eo, quod
legitur de sancto Benedicto, videlicet quod in quadam mentis elevatione vidit totum
universum ».
16
Le poids de la citation
Averroes, In librum II
Metaphysicorum,
comm. 1, p. 54.
Dietrich, De anim.,
1.(2), p. 13
Dietrich, Utrum sub.
spir., II, (21), p. 333
Et concessum est ab
omnibus, quia nulla
res est otiosa IN
…sicut enim non
contingit frustra IN
…
Commentator
Super principium II
Metaphysicae:
Non
contingit frustra IN
FUDAMENTO
NATURAE
CREATURAE .
ET
FUNDAMENTO
NATURAE , ut
Commentator
principium
Metaphysicae.
dicit
Super
II
FUNDAMENTO
NATURAE
CREATURAE .
ET
e) Les sources précisées dans l’édition des œuvres de Dietrich sont
copiées en petits caractères si elles ne correspondent pas littéralement ou
doctrinalement à la citation ; elles sont transcrites dans les tableaux pour
faciliter au lecteur la comparaison et la vérification de la noncorrespondance.
Les tableaux sont classés en ordre décroissant, en commençant par
les œuvres de l’autorité les plus souvent citées par Dietrich. Pour chaque
tableau, on suit l’ordre de la division logique du texte de l’autorité (on
commence, par exemple, par le commentaire d’Averroès au livre II de la
Métaphysique, on passe ensuite au commentaire au livre III et ainsi de
suite).
Chaque tableau a deux rubriques contenant le(s) fragment(s)
source(s) provenant du texte source et le(s) fragment(s) avec la citation
correspondante dans l’oeuvre de Dietrich. Les tableaux sont précédés
d’un numéro d’ordre et suivis de nos observations.
Les sentences dont l’origine est douteuse (autrement dit, les citations
qui ne sont pas littérales et longues) ont été systématiquement vérifiées
avec les Auctoritates Aristotelis ; bien que l’édition moderne de ce florilège
universitaire corresponde à une version postérieure à la composition des
ouvrages de Dietrich, il a certainement été déjà utilisé dans la seconde
moitié du XIIIe siècle et même avant 7. Nous avons fait une vérification
7 Sur ce sujet voir notamment J. H AMESSE , « Les florilèges philosophiques,
instruments de travail des intellectuels à la fin du Moyen Age et à la Renaissance », in :
L. B IANCHI (ed.), Filosofia e teologia nel Trecento, F.I.D.E.M., Louvain-la-Neuve 1994, p.
495 ; EAD., « Johannes de Fonte, compilateur des ‘Parvi flores’. Le témoignage de
plusieurs manuscrits conservés à la Bibliothèque Vaticane », in : Archivum Franciscanum
Historicum 88 (1995), p. 515-531. J.G. Bougerol postule qu’une variante primitive du
florilège existe déjà en 1250 et que Bonaventure s’en sert à plusieurs reprises pour citer
Aristote. Cf. J.G. B OUGEROL , Dossier pour l’étude des rapports entre saint Bonaventure et
Aristote, in : Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Age 40 (1973), p. 151, n.
42 et p. 162sq.
Typologies et codes des citations
17
aussi systématique que possible en nous appuyant sur l’Index Thomisticus
(variante numérique), sur d’autres ressources informatiques (comme la
LLT, Library of Latin Texts de BREPOLiS) et, dans la mesure des
possibilités, sur Albert le Grand.
Nous espérons que cette étude suscitera d’autres examens minutieux
des autorités citées par Godefroid de Fontaines, Henri de Gand, Durand
de Saint-Pourçain, Raymond Lulle et ainsi de suite8. Seuls ces examens
complexes permettront de réellement comprendre l’influence immédiate
ou indirecte des Arabes et des Grecs sur le monde latin. En attendant ces
résultats, les tableaux que nous avons constitués donnent un aperçu
détaillé, mais limité à un seul auteur, de la fortune des sources arabes et
grecques peu après les tourments parisiens des années 1270 – 1277.
8
Ecrite avant, mais publiée après des travaux similaires sur Meister Eckhart, cette
étude leur est indépendante, mais complémentaire : S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di
Meister Eckhart ; CALMA , « L’usage des statistiques dans l’étude des sources: le cas de
Maître Echkart », p. 526-531.
Averroès
I. Averroès dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
A. In M e ta p hy s ic a m A r is to te l is
I) In l ib r u m I I M e ta p hy s i c o r u m (ed. Darms)
n. 1)
comm. 1, p. 54 (nr): Et concessum
est ab omnibus, quia nulla res est
otiosa
IN
FUNDAMENTO
NATURAE ET CREATURAE .
De anim., 1.(2), p. 13, l. 7-14: His
autem omnibus hoc generale
praemittendum,
quod
dicit
Augustinus l. III De libero arbitrio
c. 3 vel 13 de parvis c. :
« Quidquid recta ratione (…) » ;
idem dicit Libro sententiarum
Prosperi c. 382. Sicut enim non
contingit
frustra
IN
FUNDAMENTO NATURAE , ut dicit
Commentator super principium
II Metaphysicae et Philosophus
libro De progressu animalium c. 7,
quod natura nihil facit praeter
naturam, et in II Caeli et mundi,
quod natura nihil facit frustra, sic
nec deficit in necessariis, ut
ibidem dicit.
20
Le poids de la citation
Utrum sub. spir., II, (21), p. 333, l.
208–334, l. 217 : Est autem
unumquodque entium propter
suam propriam operationem sicut
propter
finem
secundum
Philosophum in II De caelo et
mundo. (…) quod non patitur
natura, ut dicit Philosophus in II
Caeli et mundo, ubi dicit, quod
natura nihil facit frustra nec
deficit in necessariis. Idem in
libro De progressu animalium c. 7,
quod natura nihil facit praeter
naturam. Commentator super
principium II Metaphysicae: Non
contingit
frustra
IN
FUNDAMENTO
CREATURAE .
NATURAE
ET
2 occurrences
RSP : Dans une suite de citations d’autorités (Augustin, Prosper,
Aristote) toutes reprises avec des adresses détaillées, Averroès est évoqué
avec une expression, identique à la source, et qui respecte la règle de la
citation unique. Elle peut provenir d’un florilège auquel Dietrich pouvait
aussi emprunter les renvois aux autres autorités. Remarquons dans les
deux cas la précision de l’adresse détaillée : super principium II Metaphysice.
La même expression, avec la même adresse détaillée et la même
différence par rapport au texte d’Averroès, se lit dans Henri de Gand,
Summa (Quaestiones ordinarie), art. XXXV, q. 6, ed. G.A. Wilson, Leuven
University Press, Leuven 1994, p. 65, l. 39sq. : « Unde dicit
Commentator in principio II Metaphysicae, ‘Nihil est frustra in
fundamento naturae et creaturae’ ».
II) In l ib r u m I II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 2)
comm. 3, 41 rB-D (nr) : Deinde
dicit (i.e. Aristoteles) : inde, et
quomodo natura boni est etc., id est
De anim., 3.2, p. 14, l. 54-15, l.
63 : Assignantur autem quattuor
genera causarum communiter
Averroès
quomodo causa, quae est finis,
invenitur in rebus immobilibus,
cum illud, quod est per se, et
naturaliter finis, est illud, ad quod
movetur illud, quod innatum est
perfici per illud. Deinde dicit :
finis enim et illud propter quod etc., id
est et necessarium est ut finis sit
in rebus mobilibus: quia finis est
finis actionis et motus. Quid
igitur caret motu, caret fine, nisi
equivoce. Deinde dicit notum est
igitur quod impossibile est, quod iste
finis sit in rebus immobilibus etc., id
est propter istos per se, quia
potest contingere, ut in rebus
immobilibus sit BONUM, sed
non per se. (...) Et ideo in
scientiis MATHEMATICIS etc., id
est quia ista causa (i.e. – causa
desyrabilis) non invenitur in
mathematicis, ideo non datur in
eis in aliqua re quaesita finalis
causa.
21
nota, scilicet materialis, formalis,
efficiens, finalis. Haec autem
quattuor
genera
proprie
accipiuntur solum in entibus,
quae subiecta sunt transmutationi
et motui deservienti generationi
et corruptioni rerum, secundum
Philosophum in VIII Metaphysicae;
unde Commentator dicit super III
Metaphysicae et super IV Caeli et
mundi, quod efficiens causa et
finalis non sunt in separatis: Sicut
enim in MATHEMATICIS non est
ratio finis, quia non est ibi ratio
boni, et per consequens nec causa
efficiens, sic in separatis non
invenitur ratio BONI acquisiti
per motum, et sic nec causa
finalis et per consequens nec
causa efficiens, quae movet
intentione boni.
De luce, 1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est
autem celebri sententia vulgatum
quattuor esse causas rerum, quae
subsunt
quantitativae
vel
qualitativae transmutationi. In
entibus enim separatis vel
MATHEMATICIS non sunt proprie
causae efficientes et finales,
quarum ratio attenditur in hoc,
quod acquiratur aliquid per
motum,
ut
habetur
a
Commentatore
super
III
Metaphysicae et super Caelum et
mundum.
De orig., 5.(11), p. 183, l. 61-66 :
Dico autem hic finem, formam et
efficiens non modo, secundum
quod inveniuntur in naturalibus,
quae concernunt motum et
22
Le poids de la citation
materiam,
sed
modo
communiore, secundum quod
secundum aliquam sui rationem
reperiuntur etiam in separatis,
quamvis non eadem ratione sicut
in naturalibus, ut dicit Averroes
de fine super III Metaphysicae, de
efficiente super principium IV
Caeli et mundi.
3 occurrences
RSI : Dans les trois fragments de Dietrich on trouve la même théorie sur
l’absence des causes finales et efficientes dans le monde des substances
séparées ; elle est citée par Dietrich dans la formule suivante : le
commentaire au livre III de la Métaphysique suivi par le commentaire au
livre IV du De celo et mundo. On a donc affaire à la règle de la citation
unique. Nous privilégions ici l’hypothèse d’une inspiration indirecte.
Dietrich est proche du sens du texte d’Averroès et par sa formule
concise il résume l’essentiel de l’argumentation.
Pour la citation du De celo et mundo voir infra n. 78.
III) In l i b r u m I V M e t a p hy s i c o r u m (apud Juncta)
n. 3)
comm. 2, 65rF-vI (nr) : Et, quia
sana attribuuntur sanitati modis
diuersis,
sicut
nouem
praedicamenta ATTRIBUUNTUR ad
esse, quia sunt IN VERO ENTE ,
QUOD EST SUBSTANTIA modis
diversis,
incoepit
notificare
DIUERSITATEM MODORUM, qui
inueniuntur in talibus nominibus,
ad demonstrandum quod ista est
de hoc nomine ens cum
substantia
et
cum
aliis
praedicamentis. Et dicit : quoddam
enim dicitur sanum etc., quaedam
enim
dicuntur
sana
quia
De magis, 19.2, p. 60, l. 50-53 :
Accidens autem quodcumque per
suam essentiam est dispositio
substantiae, et secundum hoc tota
essentia ACCIDENTIS est esse
QUENDAM
modum
et
DISPOSITIONEM
SUBSTANTIAE,
secundum quod habemus et IV
Metaphysicae, et a Philosopho et a
Commentatore ibidem.
De anim., 37.(4), p. 46, l. 21-28:
Quantum autem ad tertium,
videlicet quod forma naturalis est
quaedam dispositio eius, cuius est
Averroès
attribuuntur sanitati hoc modo,
scilicet quia conservant sanitatem,
sicut dicimus quod EXERCITIUM
est sanum, quia conservat
sanitatem.
Et
quaedam
attribuuntur sanitati, quia faciunt
sanitatem, sicut dicimus quod
potio accepta est sana. (...) Et
similiter attribuitur esse medicum
medicinae, id est et similiter
omne
adiuuans
actionem
medicinae
attribuitur
medicinae. (...) Deinde dicit : Et
quoddam,
quia
facit
actionem
medicinae, licet non sit medicus; vetula
enim que medicabat cum illa
HERBA ,
sicut dixit, agebat
actionem medicinalem, licet
non erat medica. Et similiter
etiam ens dicitur multis modis,
sed omnes illi modi attribuuntur
uni primo, id est similiter hoc
nomen est, licet dicatur multis
modis, tamen in omnibus dicitur
ens, quia ATTRIBUITUR primo enti
SUBSTANTIAE.
Et
istae
attributiones
in
unoquoque
eorum
sunt
diversae,
PRAEDICAMENTA
enim
attribuuntur substantiae, non quia
est AGENS aut FINIS eorum, sed
quia constituunt per illam, et
SUBIECTUM
est
eorum,
et
UNIVERSALITER NON DICUNTUR
ENTIA ,
NISI
QUIA
SUNT
DISPOSITIONES ENTIS .
lib. VII, comm. 1, 155rB (nr pour le
De quid.) : Et intendebat, quod non
sunt ACCIDENTIA quaesita per se,
sed
secundum
quod
sunt
DISPOSITIONES
SUBSTANTIAE
23
forma, est hinc inde differentia.
Dispositio enim in sui propria
ratione
importat
sui
ipsius
quandam intraneitatem in illo,
cuius est dispositio, inquantum
habet distincta principia vel partes,
in quibus attenditur dispositio talis
rei, secundum quod videmus
omnia ACCIDENTIA esse quasdam
DISPOSITIONES SUBSTANTIAE , ut
dicitur super IV Metaphysicae, et
quod magis imaginationi se offert,
si disponantur aliquae candelae in
directum vel in circulum et similia.
De ente, I.1.(1) et (6), p. 27, l.3-6 et
33-37: Ens igitur, quod est
generalissimum (...) secundum
Philosophum in principio IV
Metaphysicae. (...) Non enim
accidens habet esse secundum
absolutam intraneam suae naturae
rationem seu quiditatem ;nullam
enim talem habet. Sed totum esse
suum est, ut sit quaedam
DISPOSITIO
SUBSTANTIAE
secundum Commentatorem super
principium IV Metaphysicae. Et sic
accidens est ens, quia est entis, et
hoc
essentialiter
secundum
Philosophum in principio VII
Metaphysicae.
De quid., 10.(6), p. 114, l. 45, 5455, 65 : Praeterea secundum
Philosophum in principio IV
Metaphysicae (...). Haec est igitur
essentia ACCIDENTIS cuiuscumque
esse DISPOSTIONEM SUBSTANTIAE ,
sicut etiam dicit ibi Commentator
expresse et ratio concludit. (...) Et
hoc
est,
quod
Philosophus
determinat in VII Metaphysicae etc.
24
demonstratae.
Le poids de la citation
De acc., 10.(3), p. 66sq., l. 66-78 :
Et
hoc
est,
quod
dicit
Philosophus in principio VII
Metaphysicae, quod accidentia eo
sunt entia, quo sunt entis veri,
quod est substantia. Et quod ista
analogia, qua accidens dicitur ens
per
ATTRIBUTIONEM
AD
SUBSTATIAM, attendatur penes
essentiam accidentis, ostendit
Philosophum in principio IV
Metaphysicae
(...).
Unde
Commentator dicit ibi, quod alia
PRAEDICAMENTA
« UNIVERSA LITER NON DICUNTUR ENTIA ,
NISI QUIA SUNT DISPOSITIONES
ENTIS ».
De acc., 22.(6), p. 85, l. 58-62 :
Cum igitur ACCIDENTIA , quae
definiuntur ex substantia, sint
entia secundum actum, ergo
definiuntur
et
sunt
entia
secundum actum, inquantum in
actu SUNT ENTIS veri, quod est
substantia: Eo autem sunt entis,
quod
SUNT
veri
ENTIS
DISPOSITIONES , secundum quod
dicit Commentator super IV
Metaphysicae.
De subiecto, 3.(6), p. 281, l. 78-86:
(6) Distinguit enim Commentator
super principium IV Metaphysicae
modos attributionis, secundum
quos attenditur aliqua ratio
analogiae:
Attribuitur
alicui
aliquid tamquam efficienti, ut
HERBAE vel medicinae dicuntur
medicativae per attributionem
ad artem medicinae; item fit
attributio ad aliquid tamquam ad
Averroès
25
FINEM,
ut EXERCITIUM est causa
sanitatis vel urina dicitur sana,
quia signum sanitatis; tertio modo
attribuuntur
accidentia
substantiae tamquam SUBIECTO ,
subiecto, inquam, non tamquam
in potentia, sed potius tamquam
magis formali, cui formaliter et
simpliciter et essentialiter et vere
convenit
ratio
entis,
et
consequenter alia DICUNTUR
ENTIA , QUIA SUNT TALIS ENTIS
DISPOSITIONES .
De orig., 2.(7), p. 146, l. 27-30 :
Hoc enim accidit sic attributis,
unde nec per essentiam sunt id,
quod
praedicatur
de
ipsis
secundum hanc attributionem. Et
hi
tres
modi
analogiae
distinguuntur super principium
IV Metaphysicae.
8 occurrences
RAI (x4) : Dans le De magis, le De anim., le De ente et le De quid., Dietrich
donne la même adresse détaillée (in principio IV Metaphysicae) et utilise la
sentence : accidens est quedam dispositio substantiae (règle de la citation
unique). L’expression dispositio substantiae ne se lit pas dans le
commentaire du livre IV qui utilise plutôt la formule dispositio entis, mais
dans le commentaire au livre VII. Cela n’est pas totalement étranger à la
pensée de Dietrich qui explique pratiquement toujours le rapport entre
l’accident et la substance en se référant en même temps au livre IV et au
livre VII de la Métaphysique (voir notamment sa démonstration dans le De
acc.). Cette formule du commentaire du livre VII, attribuée au
commentaire du livre IV, représente l’indice d’une influence plutôt
doctrinale que littérale. D’ailleurs dans la Q° utrum in Deo, Dietrich
explique, en citant la même sentence, que cette thèse sur l’accident
provient conjointement des livres IV et VII de la Métaphysique d’Aristote
tandis qu’Averroès n’est même pas mentionné : Q° utrum in Deo, 2.1.(1),
p 303, l. 15-17 : « (...) quoniam accidentis entitas et essentia est esse
modum et dispositionem substantiae, ut habetur ex l. IV et VII
26
Le poids de la citation
Metaphysice ». Nous ne la considérons pas comme un FR parce que
thématiquement le renvoi correspond à la source (l’accident est une
disposition de la substance ou de l’étant).
RAP (x2) : Pour les deux citations dans le De acc., Dietrich semble
utiliser directement le commentaire du livre IV d’Averroès (ou un abrégé
personnel fidèle à la source) : la citation est exacte, l’adresse détaillée. En
expliquant le rapport entre la substance et l’accident, Dietrich mélange
encore le vocabulaire propre au commentaire du livre IV et du livre VII.
RSP : Dans le De subiecto, Dietrich donne un long résumé du texte
d’Averroès ; tous les éléments de la source s’y retrouvent : les exemples
(sur l’exercice, sur les plantes médicinales etc.), les enjeux doctrinaux et
même une sentence ad litteram : accidentia sunt talis entis dispositiones.
Les trois modes d’analogie dont il parle dans le De orig. (cf. le RSI
suivant) se retrouvent aussi dans le De subiecto: l’attribution de l’accident
selon la fin (l’exercice physique), selon l’action (la plante médicinale) et
selon le sujet (dans la mesure où il est constitué ou supposé par ce
dernier).
RSI : Dans le De orig. il manque une citation littérale, mais il est
indubitable que Dietrich connaissait le texte d’Averroès sur les accidents.
Il faut d’ailleurs noter que toutes les citations que Dietrich donne du
commentaire du livre IV d’Averroès visent seulement le début qui porte
sur les accidents ; il a donc très probablement connu directement cette
partie du commentaire, mais on ne peut rien dire sur le reste du
commentaire.
IV) In l ib r u m V M e ta p hy s ic o r u m (ed. Ponzalli)
n. 4)
comm. 4, p. 83, l. 29-35 (nr) : vult
(i.e. Aristoteles) DISTINGUERE
secundum quot MODOS dicitur
ELEMENTUM,
quoniam
ista
nomina
sunt
propinqua
synonymis
et
communibus
appropriatis; ELEMENTUM enim
non
dicitur
de
causis
EXTRINSECIS
et dicitur de
De orig., 1.(4), p. 138, l. 54-59 : Et
haec istorum duorum MODORUM
differentia
habetur
a
Commentatore
super
V
Metaphysicae, ubi DISTINGUIT
rationem principii et ELEMENTI
et CAUSAE secundum modum, qui
dictus est, scilicet quod proprie
causae
sunt,
quae
sunt
Averroès
INTRINSECIS
et dignius de
materia. PRINBCIPIUM autem est
dignius
dici
de
CAUSIS
EXTRINSECIS .
27
PRINCIPIANTIA
rem
EXTRINSECUS ; ELEMENTA vero,
quae INTRINSECUS; principia
autem sunt communiter et ea,
quae EXTRINSECUS, et ea, quae
INTRINSECUS rem initiant.
1 occurrence
RSI : Ceci est un résumé fidèle du texte d’Averroès qui n’est toutefois
pas une citation exacte, mais un discours indirect introduit par ubi
distinguit. Notons aussi que Dietrich considère que « principes » se disent
aussi bien les causes extrinsèques que les causes intrinsèques, tandis
qu’Averroès considère qu’ils sont plus proprement dits pour les causes
extrinsèques.
n. 5)
comm. 4, p. 89, l. 127-132 (nr): Et
cum DIFFINITIO elementi sit illa
PRAEDICTA
quam
diximus,
manifestum est quod verum
elementum
est
commune
omnibus compositis, quod est
PRIMUM EX QUO COMPONUNTUR
omnia, et est existens in
unoquoque eorum et in quo
DISSOLVUNTUR omnia: et istud
elementum debet esse causa
aliorum elementorum. Et hoc
quod dixit est PRIMA MATERIA .
De elem., 1.(1), p. 59, l. 2-18 :
Secundum
Philosophum
V
Metaphysice (...). Secundum hoc
autem,
sicut
dicit
ibi
Commentator, primo omnium
dicitur de MATERIA PRIMA , quod
patet
ex
DEFINITIONE
PRAEMISSA .
Ipsa enim est
PRIMUM
omnium, EX QUO
COMPONUNTUR
substantiae
sensibiles
generabiles
et
corruptibiles, inexistens ipsis et
indivisum secundum formam.
1 occurence
RAI : Dietrich résume le commentaire d’Averroès en se référant aussi au
texte d’Aristote. Averroès et Dietrich traitent d’une definitio praedicta ou
praemissa, mais chez Averroès elle concerne les éléments (diffinitio elementi
praedicta) tandis que chez Dietrich il s’agit de la matière première (de
materia prima patet ex definitione praemissa). Dans le texte de Dietrich qui
précède ce fragment on ne trouve aucune discussion sur la matière
première ; serait-ce alors une réminiscence de la source intermédiaire ?
28
Le poids de la citation
n. 6)
comm. 14, p. 130, l. 78-81 (nr) :
Deinde
dicit:
et
significatio
uniuscuiusque istorum etc., id est: et
SIGNIFICATIO
UNIUCUIUSQUE
NOMINUM NOVEM ACCIDENTIUM
CUM SUA SIGNIFICATIONE SUPER
ILLUD
ACCIDENS
EST
SIGNIFICATIO
SUPER
UNUM
PRAEDICAMENTUM,
SCILICET
PRAEDICAMENTUM SUBSTANTIAE
(...).
ibid., p. 130-131, l. 86-89: Sicut
aestimavit AVICENNA , qui, cum
vidit quod haec dictio « albus »
significat aliquid in quo est
albedo, DIXIT QUOD PRIMO
SIGNIFICAT
SUBIECTUM
ET
SECUNDO ACCIDENS . Sed EST
ECONVERSO : SCILICET PRIMO
SIGNIFICAT
ACCIDENS
ET
SECUNDO SUBIECTUM. A CCIDENS
ENIM INNATUM EST EXISTERE IN
SUBIECTO.
De acc., 13.(5), p. 72, l. 101-112 :
(...) sicut dicit Philosophus V
Metaphysice c. 9 (...). super quo
dicit
ibi
Commentator:
« S IGNIFICATIO UNIUSCUIUSQUE
NOMINUM NOVEM ACCIDENTIUM
CUM SUA SIGNIFICATIONE SUPER
ILLUD ACCIDENS EST SUPER
UNUM
PRAEDICAMENTUM ,
SCILICET
PRAEDICAMENTUM
SUBSTANTIAE ». Et infra loquens
contra
AVICENNAM,
qui
DICEBAT , quod accidens « PRIMO
SIGNIFICAT
SUBIECTUM
ET
SECUNDO ACCIDENS », DICIT ,
QUOD « EST E CONVERSO »,
SCILICET quod accidens « PRIMO
SIGNIFICAT
ACCIDENS
ET
SECUNDO SUBIECTUM: ACCIDENS
ENIM INNATUM EST EXISTERE IN
SUBIECTO ».
1 occurrence
RAP : citation parfaite. La correspondance que Dietrich indique
explicitement entre le texte d’Aristote (cité correctement et avec adresse
détaillée) et le commentaire d’Averroès, fait penser à un usage immédiat
et simultané des deux autorités comme s’il avait sous les yeux le
commentaire au livre V (ou un abrégé personnel) ; Dietrich se réfère
même à la structure interne de celui-ci (et infra loquens).
On notera aussi que le renvoi à Avicenne (contra Avicennam) est fait à
partir du texte d’Averroès.
Averroès
29
n. 7)
comm. 14, p. 132, l. 117-133, l.
125 (nr): Qui enim intellexit de
ente illud quod commune est
decem praedicamentis, dixit quod
collocatur
in
quaestionibus
generis; et qui intellexit de ente
illud quod intelligitur de vero,
dixit
quod
collocatur
in
quaestionibus accidentis. Deinde
dicit: Et sicut dicimus quod diameter
est aequalis etc., id est; et hoc est
aliud exemplum quo utitur in hac
intentione. (...) Et intendebat
distinguere inter hoc nomen ens
quod significat copulationem
in intellectu et quod significat
essentiam quae est extra
intellectum.
comm. 16, p. 144, l. 121-124 :
Deinde dicit: Et cum dicitur ens
multis modis etc., id est: et cum hoc
nomen ens dicitur de decem
PRAEDICAMENTIS , ens quod est
subiectum ALIORUM NOVEM
entium est ante omnia entia, et
ens ex quo fit substantia est etiam
ante substantiam, et similiter ens
in potentia dicitur prius ente in
actu.
De vis. beat., 3.2.9.1.(6), p. 86, l.
43-46 : Dividitur autem ens uno
modo in ens reale repertum
apud naturam, scilicet in
substantiam et ALIA NOVEM
genera PRAEDICAMENTORUM , et
in
ens
in
anima
seu
conceptionale, secundum quod
dicit Commentator super V
Metaphysicae.
De vis. beat., 3.2.9.6.(1), p. 96, l.
92-96 : Quoniam autem prima
divisione in suas partes dividitur
ens in ens reale secundum
naturam
et
in
ens
conceptionale seu cognitivum,
inquantum videlicet est in
cognitione seu conceptione, ut
habetur super V Metaphysicae a
Commentatore,
descendendum
nunc
ad
propositum
ex
consideratione huius secundi
generis entis.
2 occurrences
RSI : le texte de Dietrich correspond à la source : l’ens qui signifie chez
Averroès la copulatio in intellectu a un équivalent dans l’ens in anima seu
conceptionale chez Dietrich, et l’ens extra intellectum qui significat essentiam
chez Averroès correspond à l’ens reale apud naturam chez Dietrich.
On peut remarquer une nuance : Dietrich parle de l’ens in anima,
Averroès de l’ens in intellectu.
30
Le poids de la citation
Nous ajoutons le commentaire 16 comme source possible pour la
discussion sur l’ens et les catégories de la substance.
n. 8)
comm. 16, p. 143, l. 112-118 :
Spetierum igitur prioris et
posterioris quaedam sunt ista
quae determinavimus, et quaedam
dicuntur priora naturaliter. (...) Et
innuit quod divisio, qua ipse usus
fuit in priori et posteriori, est
quam
dixit
in
fine
Praedicamentorum, scilicet quinque
genera famosa.
comm. 18, p. 161, l. 90-93 (nr) :
motus autem non est consuetudo
ut mensuretur per suam partem
sed per suum spatium aut per
tempus, et ideo non nominavit
illum in praedicamento quantitatis
in
Praedicamentis.
Et
illic
solummodo intendit numerare
speties famosas quantitatis.
In Praedicamenta, f. 23rC : In
secundo tractatu affert decem
praedicamenta singillatim, et
describit unumquodque eorum
sua descriptione sibi propria : et
dividit opsum in suas species
famosas, et tradit eius propria
quoque famosa.
Voir aussi Epitome in librum
Praedicamentorum (I/2, u3), f.
39rB :
Et
genera
istorum
universalium suprema ipsa sunt,
quae vocant praedicamenta, et
secundum quod numeraverunt ea
Antiqui, sunt decem, substantiae
De orig., 3.(12), p. 161, l. 90-95 :
Et quoad istum secundum
modum videntur entia distingui et
ordinari logice et secundum
famositatem, ut Commentator
loquitur super V Metaphysicae et
super III Physicorum, solum in
decem
genera,
quae
praedicamenta
dicimus;
et
Philosophus hoc innuit in
Praedicamentis,
ubi
dicit
se
enumerasse modos qualitatis,
« qui consueverunt dici ».
De magis, 4.(2), p. 50, l. 53-56 :
Liber
enim
ille,
videlicet
Praedicamentorum, traditus est a
Philosopho
secundum
famositatem
quandam
et
probabilitatem
magis
quam
secundum exquisitam veritatem,
ut innuit ibidem Philosophus et
commentator
Averroes
hoc
manifeste dicit.
De nat. contr., 10.(3), p. 91, l. 113118 :
Nec
obstat,
quod
Philosophus
in
libro
Praedicamentorum
enumerans
modos oppositionum, ubi tractat
de oppositis privative, agit solum
de
secundo
modo
hic
praenominato, hoc, inquam, non
obstat, quoniam de his et de aliis,
quae in illo libro determinat, agit
magis
secundum
quandam
Averroès
et novem accidentium, quae sunt
quantitas, qualitas, quando, ubi,
situs, relatio, habitus, actio et
passio, et nos describemus
unumquodque eorum eo brevius,
quo possibile est nobis, licet
secundum plurium non sunt
necessaria propter intentionem
nostram.
31
probabilitatem et famositatem
quam secundum veritatem, ut
dicit Averroes et patet ex pluribus
sententiis illius libri.
1 occurrence
FRSI (pour le De orig.) : au texte d’Averroès indiqué dans l’édition de
Dietrich on peut ajouter encore un fragment (comm. 16) où l’on trouve
toujours la description des catégories par l’attribut famosa et aussi un
appel aux Praedicamenta, mais ce dernier renvoi ne se fait pas pour le
même sujet chez Averroès et chez Dietrich. Cependant, aucun des deux
passages d’Averroès ne contient telle quelle l’idée présentée par Dietrich
(les étants se distinguent selon un ordre logique et selon la renommée).
La formule (secundum famositatem) apparaît seulement dans le comm. medium
super librum Peri hermeneias (differentia 3, par. 69, l. 92, ed. Hissette, p.
168): Sed affirmatiuam possibilem declinatam (uerbi gratia « possibile est
ut non inueniatur ») quidem sequuntur secundum famositatem et magis
scitum due: quarum una est negatiua necessaria declinata (que est dictum
nostrum « non oportet ut non inueniatur ») et secunda est negatiua
impossibilis declinata (que est dictum nostrum « non impossibile est ut
non inueniatur ») 9.
Pour des raisons que l’on ignore, les médiévaux attribuent cette
même idée au commentaire du livre V de la Métaphysique. En voici
quelques exemples :
Jean de Jandun, Q. De anima (Venise 1587, réimp. Minerva, Frankfurt
a. M., 1966), col. 240 : « Dico quod secundum famositatem et usum
dicitur prius de forma dante esse, quia notior est nobis, sed secundum
ordinem naturae rei (...) dicitur de forma secundo modo dicta, sicut in
multis analogis, ut dicitur supra 5 Metaphysicorum ». Jean Buridan, Q. in
Praedicamenta, q. 8 (ed. Schneider, Verlag der bayerischen Akademie der
Wissenschaften, München 1983, p. 62) : « Et ideo dicendum est quod
Aristoteles orationem et locum enumeravit inter species quantitatis
loquens non secundum demonstrativam considerationem, sed secundum
famositatem, sicut sepe fecit in isto libro maxime de illis, de quibus
9
Je remercie Luca Bianchi pour cette remarque.
32
Le poids de la citation
specialis determinatio pertinebat ad alios passus philosophiae, ut dicit
Commentator V Metaphysicae ». Et Ibid., q. 14 (éd. Schneider p. 104).
Il est donc légitime de supposer que Dietrich fait usage d’une source
secondaire, probablement d’un florilège.
Dietrich cite parfois cette sentence, sans l’assigner à une autorité :
« Si autem aliqua dicantur esse in genere substantiae, quae carent materia,
hoc est per quandam famositatem et logicam considerationem,
secundum quod dividitur genus substantiae per corporeum et
incorporeum et cetera » (Q° utrum sub. spir. sit comp., III.(8), p. 37, l. 5154).
FRAI (pour le De magis et De nat. contr.) : Malgré la présence des mots
qui devraient préciser l’adresse (ibidem Philosophus... Averroes dicit / patet ex
sententiis illius libri), il est difficile de déterminer l’ouvrage auquel Dietrich
fait référence. Dans les deux cas, les éditeurs notent pour le renvoi à
Aristote les Catégories VII, VIII et XV, et pour le renvoi à Averroès les
commentaires à la Métaphysique V (comm. 18, 161, l. 90-93) et aux
Catégories I, II et III. La phrase telle quelle ne s’y trouve pas, les mots
famositas, probabilis ou probabilitas n’apparaissent même pas dans le
commentaire au livre V de la Métaphysique. Cependant, l’expression
« magis secundum famositatem quam veritatem » en relation avec les
Catégories d’Aristote se lit aussi chez (Ps.) Siger de Brabant, Q. super
Physicam (ed. Delhaye, Institut supérieur de philosophie, Louvain 1941,
p.154) : « Et secundum istorum opinionem Aristoteles libro
Praedicamentorum, loquebatur enim ibi magis secundum famositatem quam
secundum rei veritatem ».
Ce sont les seuls cas dans l’œuvre de Dietrich où les renvois à
Averroès par le biais de l’adresse d’Aristote ne correspondent pas à la
source. Notre option de les inclure dans le tableau et de les discuter les
appels au commentaire de la Métaphysique se justifie, malgré ce désaccord
évident avec les éditeurs, par la ressemblance thématique avec les autres
citations sur le même sujet.
La même sentence, sans être attribuée à des autorités, se lit dans
d’autres œuvres : De orig., 3. (15), p. 162, l. 113-115.
Ces deux FRAI ne sont pas comptés ici, mais comme des renvois au
commentaire des catégories.
Averroès
33
n. 9)
Le texte d’Aristote, Metaphysica V,
1020b 19-20 : QUALITAS igitur
fere dicitur duobus modis,
quorum unus EST VERUS.
Le commentaire correspondant
d’Averroès, comm. 19, p. 164, l.
42-53 : Et supponit hoc in hoc
genere, quia ista sunt de suis
SUBSTANTIIS
QUASI
FORMAE
SUBSTANTIALES DE SUBSTANTIIS .
(...) Deinde dicit: Qualitas igitur
dicitur etc., id est: et cum ita sit
sicut narravimus, ergo qualitas
dicitur de illo secundum quod
differunt res in suis substantiis,
scilicet de formis suis.
comm. 19, p. 163, l. 35-37 (nr): Et
qualitas quae dicitur primo modo est illa
quae dicitur de illo secundum quod
differunt substantiae ab invicem, scilicet
de spetiebus et generibus substantialis.
De nat. contr., 57.(1), p. 124, l. 5862 : Ubi enim aliqua forma
essentialius et realius qualificat
sive
QUALITATIVE
informat
secundum rationem entis, ibi per
prius invenitur ratio huius
nominis. Unde Philosophus in V
Metaphysicae et Commentator
ibidem dicit, quod intentio sive
modus huius nominis, qui
invenitur in substantiis, EST
VERUS .
De anim., 37.(2), p. 45, l. 9-15 :
Dicitur etiam et est ipsa forma
qualitas, sed substantialis, ut
habetur in V Metaphysicae in c. de
qualitate, immo ipsi formae
substantiali primo impositum est
nomen qualitatis, ut dicit ibi
Commentator : et secundum hoc
FORMA
SUBSTANTIALIS
EST
QUAEDAM
SUBSTANTIAE
SUBSTANTIALIS dispositio.
2 occurrences
RAI : Dans les deux fragments l’autorité d’Averroès accompagne une
citation d’Aristote (dans le De anim. avec une adresse très détaillée : « in
V Metaphysicae in c. de qualitate »). Selon l’Averroès cité dans le De nat.
contr., le premier nom que l’on attribue à la forme substantielle est celui
de la qualité. Pour la même doctrine d’Aristote, Dietrich rappelle dans le
De anim. que pour Averroès selon lequel la forme substantielle est une
disposition substantielle de la substance (idée qui n’apparaît pourtant pas
chez le Cordouan).
La première citation, sur le rapport entre qualitas et verus, dépend en
réalité du texte d’Aristote (Metaph., V, 1020b 19-20) et non du
commentaire respectif d’Averroès. Même s’il utilise l’expression « et
Commentator ibidem dicit », Dietrich introduit en réalité une idée qui se
trouve seulement chez Aristote.
34
Le poids de la citation
La seconde citation, sur la dispositio substantialis, ne se lit pas non plus
dans le commentaire du chapitre sur la Qualitas et nous ne l’avons pas
trouvée ailleurs. Cependant, nous avons constaté une certaine parenté
avec le commentaire 19 (164, l. 42-51).
On ne peut rien dire sur la connaissance directe de la source.
n. 10)
comm. 19, p. 164, l. 42-51 (nr): Et
secundum
intentionem
propinquam hoc dicitur qualitas
constans
circa
quantitatem
secundum quod est quantitas,
quoniam per illam differunt
quantitates in suis substantiis. (...)
Et hoc intendebat cum dixit: Ista
est qualitas per quam differt
substantia. Et intendit substantiam
quantitatum, non illud quod est
substantia
simpliciter.
Et
supponit hoc in hoc genere, quia
ista sunt de suis substantiis quasi
formae
substantiales
de
substantiis.
1 occurrence
De nat. contr., 64.(1)-(2), p. 128, l.
87 - 129, l. 102 : Secundum hoc
non obstat, si quis opponat, quod
secundum
Philosophum
et
Commentatorem super V et VII
Metaphysicae huiusmodi formae,
quae videntur esse de quarta
specie
qualitatis,
sunt
essentiales formae ipsarum
quantitatum. Sed dicendum,
quod id de genere istarum
formarum, quod primo et per se
est in genere qualitatis relatum ad
quantitatem,
non
est
nisi
proprietas et per se accidens
quantitatis, et secundum hoc
huiusmodi
formae
dicuntur
essentiales
quantitati,
non
tamquam principium essentiale
essentialiter informans, sed sicut
proprietates
ex
essentialibus
principiis elicitae, vel potius
secundum
intentionem
Philosophi et Commentatoris
huiusmodi proprietates reductae
ad genus qualitatis important de
intellectu suo etiam suarum
specierum formales rationes, quae
secundum hoc ex consequente
pertinent ad genus qualitatis.
Averroès
35
RAI : On a un renvoi enchaîné à plusieurs textes de la même autorité,
donc on ne chercherait pas une citation exacte. Dans les statistiques, on
ne considérera d’une manière distincte les deux évocations parce que la
seconde n’est différente de la première ni dans la doctrine ni dans
l’argumentation. La seconde évocation ne sera pas comptée en plus par
rapport à la première étant donné qu’elle n’apporte rien de nouveau au
niveau doctrinal, mais renforce seulement ce qui a été déjà souligné avec
la première citation.
Pour le renvoi au commentaire du livre VII de la Métaphysique, voir
infra, n. 18.
n. 11)
comm. 19, p. 167-168, l. 105-111
(nr): et Aristoteles hoc non videtur
numerare in qualitate genus quod
dicitur secundum POTENTIAM ET
IMPOTENTIAM NATURALEM. Ista
enim
SUNT
propter
PRAEPARATIONES et actiones, ET
POTENTIAE
NON
QUALITATES IN ACTU ;
SUNT
et istae
praeparationes
consequuntur
qualitates substantiales. (...) NON
EST PERSCRUTATUS DE ILLIS IN
VII PHYSICORUM UTRUM IN EIS
SIT MOTUS an non.
De nat. contr., 55.(3), p. 123, l. 1118 : Et quoniam ratio talis
attributionis non invenitur vel
imperfecte invenitur in naturali
potentia vel impotentia aliquid
facile faciendi vel patiendi, quam
in libro Praedicamentorum assignat
secundam speciem qualitatis, ideo
in agendo de qualitate in V
Metaphysicae praeterit ipsam, nihil
de ea agens. Et hoc innuit
Commentator
super
finem
praedicti capituli, ubi dicit, quod
huiusmodi
« POTENTIA
ET
IMPOTENTIA NATURALIS SUNT
PRAEPARATIONES ,
ET
POTENTIAE NON QUALITATES IN
ACTU . Et propter hoc etiam IN
VII P HYSICORUM NON EST
PERSCRUTATUS DE ILLIS , UTRUM
IN
EIS
SIT
MOTUS »,
ut
Commentator dicit ibidem.
De nat. contr., 59.(3), p. 126, l. 102106 : Verius tamen est ipsis non
attribui
aliquam
qualitatis
realitatem,
sicut
innuit
Philosophus
in
libro
36
Le poids de la citation
Praedicamentorum, ubi dicit, quod
huiusmodi
non
dicuntur
qualitates in eo, quod substantiam
aliquo modo disponant. Et
Commentator hoc expresse dicit,
scilicet quod
« NON SUNT
QUALITATES », ut supra inductum
est.
2 occurrences
RAP : Il s’agit d’une citation littérale avec une adresse très précise (super
finem predicti capituli).
On doit noter que dans la première citation Dietrich renvoie à
Aristote (in VII Physicorum) à partir d’une citation littérale d’Averroès : il
s’agit-là d’une preuve importante que tous les renvois à Aristote ne sont
pas directs. Les guillemets que nous mettons dans le texte de Dietrich
(mais absentes dans l’édition) montrent clairement ce renvoi à la Physique
par l’entremise d’Averroès.
Nous proposons en conséquence quelques corrections à l’édition de
Dietrich : 1) que le renvoi à Aristote soit indiqué dans l’apparat des
sources comme provenant d’Averroès ; 2) que l’on modifie la
ponctuation de la phrase (comme dans le tableau) « sunt praeparationes
et potentiae, non qualitates » en « sunt praeparationes, et potentiae non
qualitates » ; ce changement rend mieux compte de l’idée d’Averroès
selon laquelle potentia et impotentia naturelles sont considérées comme des
préparations et que les puissances ne sont donc pas de qualités en acte ;
3) que la citation d’Averroès soit encadrée par des guillemets puisqu’elle
est copiée sans variations.
Nous considérons la seconde évocation comme un RAP et non
comme un RcG parce que Dietrich rappelle l’endroit (ut supra dictum est)
où il a cité, avec adresse, le fragment d’Averroès.
Cette citation correcte nous oblige à revenir sur la question de
l’usage direct du commentaire 19 dans le livre V de la Métaphysique. Nous
avons signalé les cinq endroits (n. 9-11) où Dietrich y a fait appel, dont
quatre dans le De nat. contr. ; sur les cinq fragments, on compte trois
thèmes distincts, dont un seulement n’a pas de correspondance littérale
ou doctrinale parfaite. Nous ne pouvons donc rien affirmer avec
certitude sur la connaissance et l’usage directs de ce commentaire,
notamment dans la composition du De nat. contr., mais nous estimons
comme plutôt probable son usage immédiat.
Averroès
37
n. 12)
comm. 20, p. 176-177, l. 135-150
(nr): (…) quod autem est de
modo
relativorum
sicut
intellectum et scitum et sensatum
dicitur esse relativum quia illud
quod est relativum per suam
substantiam accidit ei, scilicet
quod intellectus est in sua
substantia relativus, cum accidit
ei quod fuit relativum intellecti;
accidit intellecto quod fuit
relativum non quia relatio accidit
ei. Hoc igitur intendit cum dixit:
Talia esse relativa, scilicet quia
aliud
relativum
per
suam
substantiam praedicatur de illis.
Et quasi dixit quod relatio est
duobus modis, scilicet aut relatio
in substantia utriusque relativi,
aut relatio in substantia alterius
tantum et in altero propter istud.
Et cum induxit hos duos modos
relationis,
incepit
declarare
naturam secundi modi, et dixit:
Intellectum enim significat etc., id est:
intellectus non refertur ad
intelligentem sed ad intellectum.
Quoniam si ita esset, tunc
intellectus constitueretur per
intelligentem, sed videtur esse e
converso. Ex quo consequeretur
quod illud quod constituitur per
aliquid constituat illud, scilicet
quia
contingit
ut
causa
constitueretur per causatum. Et
sic idem esset in respectu
eiusdem causa et causatum
insimul.
De orig., 5.(20), p. 185, l. 146-149 :
Maxime autem hoc manifestum
est de intellectu, qui per se habet
habitudinem ad id, quod est
intelligibile, sicut sensus ad
sensibile, ut dicit Philosophus in
V
Metaphysicae,
ubi
dicit
Commentator, quod in essentia
intellectus est habere talem
habitudinem.
Frag. de rat. pot., (24), p. 382, l.
187-191 : Unde Philosophus V
Metaphysicae dicit, quod intellectus
per se habet habitudinem ad
intelligibile sicut sensus ad
sensibile; ubi dicit Commentator
quod in essentia intellectus est
habere talem habitudinem, et
super De anima
dicit, quod
potentiae sensitivae sunt in
capitulo ad aliquid sive relationis.
De vis. beat., 3.2.6.(3), p. 79, l. 2430 : Eodem modo in respectibus
naturae se habet, qui sunt vel
quaedam inclinationes naturales
rerum ut inclinatio gravium et
levium ad sua propria loca vel
saltem qualitercumque reales
naturales habitudines rerum ad
res, ut activum secundum
naturam se habet aliquo modo ad
passivum et e converso passivum
ad activum et intellectus ad
intelligibile, qui per essentiam
suam respicit obiectum suum
secundum Commentatorem super
V Metaphysicae, id est per
respectum fundatum in sua
38
Le poids de la citation
essentia
suum.
respicit
obiectum
De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58, l. 98, 59, l. 102 : Supposito igitur
primo, quod et per se notum est,
videlicet quod divina essentia est
intellectus in actu essentialiter,
sumatur iuxta hoc, quod omnis
intellectus
in
eo,
quod
intellectus,
essentialem
respectum habet ad id, quod
intelligitur,
sicut
dicit
Commentator
super
VII
Metaphysicae, et non solum ad id,
quod
intelligitur
secundum
rationem obiecti (…).
Utrum in Deo, 1.4.2.1.(3), p. 297, l.
47-51: Habet enim intellectus
quantum ad proprium modum
cognoscendi
essentialem
ordinem ad suum obiectum,
sicut dicit Commentator super
VII
Metaphysicae, qui ordo
attenditur
in
eo
modo
cognoscendi, quo res cognoscitur
in sui ratione et per principia
secundum rationem.
3 occurrences
FRAI (pour le De orig., le Frag. de rat. pot. et le De vis beat. 3.2.6.(3), p.
79) : Il est très probable que Dietrich n’utilise pas directement Averroès
et que la source secondaire dont il dépend ait utilisé le texte de Jean
Philophone en l’attribuant à Averroès. Voici le texte de Philopone où
apparaît exactement la même expression que Dietrich utilise : « Oportet
enim intellectum habitudinem habere ad id quod intelligitur et velut tangere
ipsum. (...) Quare si patitur intellectus ab intelligibilibus, intelligens ipsa,
erit utique habens aliquid commune ad intellecta ab ipso a quibus patitur.
Sic autem non utique erit sine mixtura neque impassibilis neque ad nihil
non habens aliquid commune a quibus patitur » (In De anima III, ad 429b
Averroès
39
22-25, éd. G. Verbeke, Éditions Béatrice-Nauwelaerts, Paris 1966, p. 30,
l. 3-11).
Comme la sentence citée dans le De orig. et dans le Frag. de rat. pot. est
la même et plus proche de Jean Philopone que d’Averroès, nous
pourrons la considérer comme un faux renvoi ; cependant, étant donné
que dans les autres œuvres il se réfère toujours à Averroès pour le même
thème, avec d’autres mots, et que ce thème se trouve chez celui-ci, nous
les considérons comme des RI et non comme des FR.
FRSI (pour le De vis. beat. 1.3.3.(11), p. 58, l. 98 et Utrum in Deo) : On
observe que Dietrich n’est pas précis dans ses indications : dans la même
œuvre, le De vis. beat., il renvoie une fois au commentaire du livre V et
une fois au commentaire du VII, qui est aussi le renvoi dans Utrum in
Deo. Le problème du renvoi au livre V et au VII peut s’expliquer par une
faute dans la transmission du texte (une faute expliquable du copiste – et
les éditeurs ne signalent aucun problème à propos de cet extrait). Ou estce le résultat des deux moments d’écriture du De vis. beat. ? Une première
fois, il aurait employé une source (secondaire) et, une seconde une fois,
une autre source (secondaire), sans revenir sur le texte pour uniformiser
les renvois.
Ces deux FRSI sont comptés comme des renvois au commentaire
livre VII.
n. 13)
comm. 32, p. 221, l. 74-77 (nr) :
Deinde dicit : Et cum hoc etc., id
est: neque omnia quae existunt
secundum totum ex quibus
diminuitur aliquod membrum
quodcumque
MEMBRUM
sit
dicuntur DIMINUTA : illud enim
membrum potest esse tale ex quo
constituitur illud totum, ut COR in
animali.
comm. 1, p. 64-65, l. 51-55 : Et
dicitur etiam etc., id est: et dicitur
initium prima pars generata in
aliquo eorum quae generantur in
partibus diversis, v.g. quoniam
De magis, 31.(2), p. 67, l. 81-68, l.8
8 : Sunt enim quaedam partes
principales, quae sunt radix et
fundamentum talis substantiae,
immo sunt primo et principaliter
substantia talis individui, puta
caro et os et inter membra
officialia
COR ,
caput
et
CEREBRUM et si qua sunt talia,
quibus ablatis non maneret idem
individuum numero, tale non
esset MEMBRO DIMINUTUM, sed
simpliciter destructum secundum
Philosophum et Commentatorem
in V Metaphysicae, ubi ponit
Commentator
exemplum
de
40
Le poids de la citation
initium parietis est fundamentum,
et initium navis est lignum
curvatum, et principium animalis
est primum MEMBRUM generatum
in eo, v.g. COR aut CEREBRUM aut
aliud.
CORDE
et de istis partibus.
1 occurrence
RAI : Dietrich reprend l’essentiel du commentaire d’Averroès sur le
texte d’Aristote : des parties principales ou centrales sont au fondement
de la substance ou de l’individu, comme le cœur ou le cerveau le sont
pour les animaux ; il faut alors dire que l’individu est ces parties
principales. Averroès traite ce thème non seulement dans le commentaire
32 (comme l’indique l’édition de Dietrich) mais aussi dans le
commentaire 1. Dietrich pouvait connaître cet exemple par une source
intermédiaire (surtout qu’il apparaît à plusieurs endroits dans le
commentaire sur le même livre V) ; ce renvoi ne donne aucun
renseignement certain sur l’usage direct de la source.
Les deux occurrences du nom Commentator (et Commentatorem in V
Metaphysica, ubi ponit Commentator) ne sont évidemment pas comptées
comme deux renvois distincts.
IV) In l ib r u m V II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 14)
comm. 3, 154rE (nr): Deinde
dicit: S EDENS ENIM ET STANS
etc., id est et causa in hoc est,
QUONIAM ACCIDENTIA , VERBI
GRATIA STANS ET SEDENS , NON
DICUNTUR
ISTIS , et
ESSE
ENTIA
SINE
accepit hoc nomen
denominativum pro accidente
tantum.
DEINDE
DICIT :
MANIFESTUM EST IGITUR ETC.,
ID
EST
ET
CUM
HOC
DECLARATUM
SIT
DE
SUBSTANTIIS , MANIFESTUM EST ,
QUOD
SUBSTANTIAE
SUNT
De acc., 10.(3), p. 67, l. 78-85 :
Unde versus principium VII,
aliquantulum post supra inductam
auctoritatem, dicit Philosophus:
« S EDENS ENIM ET STANS non
dicuntur sine hoc. Manifestum est
igitur, quod haec est causa
essentiae istorum ». super quo
dicit
ibi
Commentator :
« QUONIAM ACCIDENTIA , VERBI
GRATIA STANS ET SEDENS , NON
DICUNTUR ENTIA SINE ISTIS ..., ET
CUM HOC SIT DECLARATUM DE
SUBSTANTIIS , MANIFESTUM EST ,
Averroès
CAUSAE
ACCIDENTIUM
NON
SUNT
SUBSTANTIAS .
ESSENTIAE
ET ACCIDENTIA
NISI
PROPTER
41
QUOD
SUBSTANTIAE
SUNT
CAUSAE
ESSENTIAE
ACCIDENTIUM ET ACCIDENTIA
NON
SUNT
NISI
PROPTER
SUBSTANTIAS ».
1 occurrence
RAP : Une citation très correcte du texte d’Averroès. Dietrich lit
Aristote avec les explications ponctuelles du Commentateur. La citation
d’Aristote est également parfaite et avec une adresse très détaillée (versus
principium VII <Metaphysice>). On a donc affaire à un usage direct
d’Averroès, mais la question peut légitemement se poser (comme dans
les cas précédents) : lit-il et cite-t-il directement Aristote ou par
l’entremise du commentaire d’Averroès ?
n. 15)
comm. 7, 215vK (indication de
l’édition pour le De acc.): N OMEN
enim non significat REM, nisi
SECUNDUM QUOD EST IN ACTU .
(indication de l’édition pour le De quid.,
comm. 43, 196rA: Et materia non
praedicatur de re nomine principali.
Deinde dicit: Diferrentiae autem, etc., id est
potest intelligi, differentiae autem
percussionum faciunt formam literarum
ex sono. Videtur enim quod intendit hic
per formas literarum syllabas prolatas et
per literas elementa. Et forte intendit
differentiae
autem
acceptae
in
definitionibus literarum, sunt illa, quae
faciunt formas literarum, et literas esse ex
sono, idem faciunt eas esse ex natura
soni.)
2 occurrences
De acc., 22.(4), p. 84, l. 29-33 :
Ratio enim, quam significat
nomen, est definitio secundum
Philosophum in IV Metaphysicae;
NOMINA autem imposita sunt
REBUS , secundum QUOD SUNT IN
ACTU , sicut dicit Commentator
super VII Metaphysicae; non enim
homo est res existens homo in
potentia.
De quid., 2.2, p. 100, l. 11-12 :
Dico autem rationem rei, quam
significat nomen, et est definitio
secundum
Philosophum
IV
Metaphysicae.
N OMEN
enim
semper imponitur REI quantum
AD ACTUM suum,
ut dicit
Commentator super VII.
42
Le poids de la citation
RAP : Les noms sont imposés aux ou signifient les choses dans la
mesure où celles-ci sont en acte, constate Dietrich en citant Averroès.
La même phrase (ratio significat nomen) tirées du livre IV de la
Métaphysique d’Aristote est accompagnée (dans les deux fragments) par
la même sentence provenant du commentaire d’Averroès au livre VII de
la Métaphysique : règle de la citation unique. On a ici un renvoi enchaîné à
des autorités différentes, forgé probablement dans un florilège ou dans
une autre source secondaire.
L’expression se lit aussi dans Thomas d’Aquin parfois sans adresse,
mais accompagnée d’une référence soit à Aristote et Avicenne, soit à
Aristote et la Bible. En voici deux exemples : « Ad secundum dicendum,
quod, secundum Avicennam, dupliciter definitio potest considerari: vel
secundum id quod significatur per definitionem, vel secundum
intentionem definitionis. Si primo modo, tunc idem est significatum per
definitum et definitionem: unde dicit Philosophus, quod ratio quam
significat nomen, est definitio » (In I Sent., d. 25, q. 1, art. 1, r 2) ; « Et
hoc patet in nominibus generum et specierum, prout dicitur IV
Metaphysice, ratio enim quam significat nomen, est definitio, quae
designat propriam rei naturam. Nomina autem singularium hominum
semper imponuntur ab aliqua proprietate eius cui nomen imponitur. Vel
a tempore, sicut imponuntur nomina aliquorum sanctorum his qui in
eorum festis nascuntur. Vel a cognatione, sicut cum filio imponitur
nomen patris, vel alicuius de cognatione eius; sicut propinqui Ioannis
Baptistae volebant eum vocare nomine patris sui Zachariam, non autem
Ioannem, quia nullus erat in cognatione eius qui vocaretur hoc nomine,
ut dicitur Luc. I » (Summa theologiae, III, q. 37, art. 2, co.).
n. 16)
comm. 11, 161vI-K (nr): Deinde
dicit: Essentia enim superficiei etc.,
id est ALBEDO ENIM NON EST
QUIDITAS SUPERFICIEI , QUANDO
DICIMUS QUOD SUPERFICIES EST
ALBA , SICUT RATIONABILITAS EST
QUIDITAS ANIMALIS QUONIAM
(forsitan :
quando)
DICIMUS
ANIMAL RATIONE. Deinde dicit:
Et hoc propter additionem, quae est in
sua definitione, id est quoniam
compositum ex duobus definitur
De orig., 4.(27), p. 176, l. 264-275:
(…)
quod
est
contra
Philosophum et Commentatorem
VII Metaphysicae, ubi ostenditur,
quod, si genus divideretur per
aliqua existentia extra naturam
generis, definitio non esset una,
sicut hoc, quod est superficies
alba, non est per se unum ea
unitate,
quae
est
unitas
definitionis, sicut est animal
rationale. Album enim est extra
Averroès
composite ex duobus definitur
composite
ex
duabus
definitionibus illorum duorum et
ideo sequitur, ut definitio albi sit
composita ex definitione subiecti
albedinis.
43
naturam et quiditatem superficiei,
rationale autem non est extra
naturam
animalis;
unde
Philosophus in VII Metaphysicae:
« Essentia enim superficiei non
est
essentia
albedinis »;
Commentator ibidem: « ALBEDO
ENIM
NON
EST
SUPERFICIEI, QUANDO
SUPERFICIES
ALBA ,
RATIONABILITAS EST
ANIMALIS , QUANDO
ANIMAL RATIONALE ».
QUIDITAS
DICIMUS :
SICUT
QUIDITAS
DICIMUS :
1 occurrence
RAP : On ne considérera pas distinctement les deux renvois (et
Commentatorem VII Metaphysicae ; Commentator ibidem) au même fragment
d’Averroès (et d’Aristote) car le second (avec la citation) ne fait
qu’apporter la preuve textuelle pour la théorie annoncée quelques lignes
auparavant (la doctrine est donc la même et sa place et son rôle dans
l’argumention de Dietrich sont identiques).
Le résumé correct de l’ensemble de la doctrine ainsi que la citation
exacte nous font supposer que Dietrich connaît et utilise directement ce
fragment d’Averroès.
n. 17)
comm. 14, 164rE (nr): Deinde
dicit definitionem autem simpliciter
non
habebunt
etc., id
est
definitionem simpliciter non
habebunt,
nec
quiditatem
simpliciter, id est dantem esse et
quasi dicit, et ista NON HABENT
definitionem simpliciter, quia non
habent QUIDITATEM simpliciter.
1 occurrence
De acc., 12.(4), p. 69, l. 30-33 :
« Hoc
enim »,
sicut
dicit
Philosophus in VII, « non est nisi
substantiarum tantum ». Et infra
loquens de accidentibus dicit:
« Definitionem
autem
NON
HABENT neque illud, quod est per
essentiam »,
id
est
« QUIDITATEM », sicut exponit
Commentator.
44
Le poids de la citation
RAP : Ce n’est pas une citation dans le sens habituel du terme parce que
Dietrich reprend seulement l’identification faite par Averroès entre
simpliciter et quiditas. Cependant, nous le considérons comme un RP parce
que cette attention particulière pour le sens du mot montre une
connaissance immédiate du texte du Cordouan. On notera d’ailleurs que
Dietrich cite attentivement la division du texte d’Aristote (et infra ...) et
ajoute immédiatement la lecture d’Averroès pour une interprétation plus
nuancée. On peut en déduire que Dietrich lit Aristote en ayant sous les
yeux le commentaire respectif d’Averroès.
n. 18)
comm. 14, 164vI (nr): Deinde
dicit: Et qualitas etc., id est et ita
est
de
praedicamento
QUALITATIS etiam in hoc, sicut de
aliis
praedicamentis.
Et
appropriavit qualitatem, ut mihi
videtur quoniam hoc nomen
quale
existimatur
significare
substantiam,
cum
quod
interrogatur
per
ipsum
in
speciebus,
quae
significant
substantias, et in individuis,
significat praedicamentum, quod
dicitur quale, quod numeratur in
accidentibus.
comm. 35, 187rB-C (nr): Et dixit
totum hoc, quia ista est dispositio
recti cum acuto, et circuli cum
suis partibus, et universaliter
generum cum partibus quae sunt
secundum quantitatem. Et quasi
aequat partes rei secundum
qualitatem cum eis, quae sunt
secundum quantitatem quoniam
prioritas qualitatis est prioritas
formae, et prioritas partium
quantitatis est prioritas materiae,
et totum est prius parte prioritate
formae.
De nat. contr., 64.(1), p. 128, l. 8791 : Secundum hoc non obstat, si
quis opponat, quod secundum
Philosophum et Commentatorem
super V et VII Metaphysicae
huiusmodi formae, quae videntur
esse
de
quarta
specie
QUALITATIS ,
sunt essentiales
formae ipsarum quantitatum.
Unumquodque autem reponitur
in genere secundum formam
suam. Igitur quantitas non erit
nisi in genere qualitatis, quod
patet esse falsum.
Averroès
45
1 occurrence
RSI : Nous avons déjà vu (cf. n. 10) que la phrase que Dietrich cite ici
ne se retrouve pas dans le commentaire du livre V ; elle n’apparaît pas
non plus dans le commentaire du livre VII.
n. 19)
comm. 16, 165vM (nr) : Et hoc est
manifestum etc., id est declaratum
est igitur ex hoc sermone, quod
DEFINITIO
primo modo, et
SIMPLICITER ,
et
QUIDITAS
simpliciter,
quam
significat
definitio, est SUBSTANTIARUM et
manifestum est, quod alia entia
habent definitiones similiter, sed
non primo modo, sciliter simplici,
sed secundario.
comm. 19,
Quod autem
declaratum
sermone
168rF: Deinde dicit:
definitio etc., id est
est igitur ex hoc
quod
DEFINITIO
SIMPLICITER
est sermo, qui
significat QUIDITATEM rei, et
quod QUIDITAS NON INVENITUR
NISI IN SUBSTANTIIS tantum, aut
magis in substantiis et modo
priori et simpliciori.
L’édition des oeuvres de Dietrich renvoie
pour la seconde évocation du De
quid.(8.(4), p. 112) au comm. 34, 184rDF.
En raison de sa longueur nous ne
transcrivons pas ce texte qui ne
correspond d’ailleurs pas à la doctrine
décrite par Dietrich.
Dans l’édition du De acc., les éditeurs font
une longue liste des passages où
Averroès traite de la définition et de la
quidité dans le commentaire au livre VII
de la Métaphysique; nous transcrivons ces
De quid., 7.(2), p. 109, l. 19-21 :
Hoc autem, quod cum praedictis
de ratione quiditatis complet
rationem quiditatis, quae vere et
proprie QUIDITAS est, colligimus
manifeste a Philosopho et a
Commentatore VII Metaphysicae.
De quid., 8.(4), p. 112, l. 32-38 :
(...) investigat Philosophus in VII
ex
proprietate
et
modo
definitionis et quaestionis per
‘quid est’ vel ‘quare est’
ostendens, quod quiditas, quae
vere et simpliciter est QUIDITAS ,
IN SOLIS SUBSTANTIIS INVENITUR
et quod solum substantiae proprie
et
SIMPLICITER
habent
DEFINITIONEM, quae secundum
Philosophum et Commentatorem
solam formam significat, quamvis
definiat totum compositum.
De acc., 12.(2), p. 68, l. 6-9 : (2)
Quantum autem ex eodem VII
colligitur
ex
textu
et
Commentatore,
quiditas
secundum Philosophum in rebus
compositis est forma, quam
significat
definitio;
quamvis
autem solam formam significet
definitio, definit tamen totum
compositum.
46
Le poids de la citation
indications, tout en notant que la
sentence citée par Dietrich ne s’y
retrouve pas : c. 8; 159rF-vG; c. 21,
170vM; c. 33, 182vM; c. 34, 184rD-F,
184vG; c. 35, 187vG; c. 37, 189rC; c. 40;
193vI; c. 44, 197rE; c. 53, 202rA-B; c. 59;
207rF-vG.
De acc., 15.(2), p. 73, l. 20-24 :
Quam formam significat definitio
definiens
nihilominus
totum
compositum et notificans in eo,
quod quid est, secundum quod
habetur
a
Philosopho
et
Commentatore in VII et a
Boethio in libro De Trinitate, ubi
pertractat, quomodo esse est a
forma et non a materia: Esse,
inquam, in eo, quod quid est.
4 occurrences
RAI : On reconnaît la règle de la citation unique : deux renvois dans le
De quid. et deux dans le De acc. avec la même sentence portant sur le
même thème.
Le second renvoi du De quid. est un RA et non un RcA parce que,
peu avant le renvoi à Averroès, Dietrich mentionne le livre VII de la
Métaphysique d’Averroès. Dietrich semble résumer (ostendens quod) la
doctrine d’Aristote selon des formules reprises d’Averroès (quiditas non
invenitur nisi in substantiis). Cependant, ce que Dietrich signale comme une
citation, à la fois dans le De quid. et dans le De acc., ne se trouve pas chez
Averroès. Quelques correspondances littérales et doctrinales entre le
second renvoi du De quid. et la source (comm. 19) nous font pourtant
supposer une certaine familiarité avec le commentaire d’Averroès.
n. 20)
comm. 21. 171rA (nr) : Deinde
dicit : ex hoc igitur sermone etc.,
ex istis igitur sermonibus, quos
diximus, apparet quod quid et sua
quiditas sunt idem, et quod non
sunt idem per accidens, v.g.
quoniam homo et sua quiditas,
que est animal rationale, sunt
idem non separabiles, et similiter
RATIONALITAS et ANIMALITAS ,
que sunt in eo, sunt idem in actu
et duo in potentia.
De quid., 7.(5), p. 110, l. 64-67: ...
ut Philosophus ostendit in VII,
puta animal, rationale quantum ad
hominem. Sunt enim essentialiter
unum et idem ANIMAL et
RATIONALE , ut dicitur super VII,
quamvis ratione seu intentione
differant, ut id, quod nomine
animalis importatur, significetur
tamquam minus determinate,
rationale autem significet idem
illud magis determinate.
47
Averroès
1 occurrence
RcGAI : Littéralement il n’y a pas de ressemblance entre Dietrich et
Averroès ; doctrinalement cependant on constate une réelle similitude.
On notera cependant que l’identité en acte et la dualité en puissance
postulées par Averroès sont totalement absente chez Dietrich. Les ometil volontairement ou par inadvertance ? Il est difficile de le préciser.
n. 21)
comm. 35, 187rE-F (nr): Nulla
enim est diuersitas quo ad hoc,
quod opinatur, quod nomen
dicitur de prima parte, quando
separatur a vita aequivoce cum
eo existente in vita. Nullus enim
dubitat quod, quando in istis non
fuerit FORMA , quod tunc nomen
eius non simpliciter dicetur de eis
nisi AEQUIVOCE.
De orig., 4.(12), p. 171, l. 94-98 :
Primo quidem, quia, si per
eandem FORMAM substantialem
caro est caro in animali vivo, per
quam est caro post mortem
animalis, sequitur, quod caro
animalis vivi et mortui non est
AEQUIVOCE caro; quod est contra
Philosophum et Commentatorem
in VII Metaphysicae.
1 occurrence
RAI : Renvoi enchaîné à deux autorités, donc la citation ne peut pas être
exacte. Dietrich résume avec fidélité Averroès, qu’il pouvait connaître
soit directement, soit par une source secondaire.
n. 22)
comm. 60, 208rE-vG (nr) : Deinde
dicit : verbi gratia quare haec est
domus ? Id est, verbi grati QUARE
haec EST DOMUS ? quia est facta
ex hoc, scilicet LATERIBUS ET
LAPIDIBUS , quoniam essentia
DOMUS debet esse ex istis. Aut
quare hoc est homo ? quia est
GENERATUS EX HOC, et hoc,
SCILICET EX REBUS , EX QUIBUS
CONSTITUITUR
CORPUS
De quid., 3.2, p. 102 : Ponit igitur
Philosophus
exemplum
in
artificialibus et naturalibus. In
artificialibus quidem, ut QUARE
LAPIDES
DOMUS ,
ET
LATERES
SUNT
ubi quaeritur de forma,
quae est quasi quiditas DOMUS,
scilicet
coopertorium.
In
naturalibus autem, ut quare
GENERATUS EX HOC, SCILICET
EX
REBUS ,
EX
QUIBUS
48
Le poids de la citation
PROPRIUM
HOMINI .
Deinde
dicit : IGITUR MANIFESTUM EST ,
QUOD QUAERITUR CAUSA , QUAE
EST MATERIA ETC ., id est,
MANIFESTUM EST IGITUR , QUOD
quandoque QUAERITUR CAUSA ,
QUAE EST MATERIA PER QUARE ,
ET EST FORMA , PROPTER QUAM
EST MATERIA , et est substantia
rei. Et ista natura est illa, cuius
quiditas, et forma est recipere
formam.
Deinde
dicit :
MANIFESTUM EST IGITUR, QUOD
IN SIMPLICIBUS etc., id est cum
hoc sit declaratum, MANIFESTUM
est, quod IN rebus SIMPLICIBUS
non compositis non QUAERITUR
CONSTITUITUR
CORPUS
PROPRIUM HOMINIS , est homo.
Et subdit: « MANIFESTUM EST
IGITUR , QUOD QUAERITUR CAUSA
MATERIAE, ET ISTA EST FORMA
EIUS , QUOD HABET ALIQUID , ET
EST
SUBSTANTIA ».
Commentator : « MANIFESTUM EST
IGITUR ,
QUOD
QUAERITUR
CAUSA , QUAE EST MATERIAE PER
QUARE , ET EST FORMA , PROPTER
QUAM
EST
MATERIA .
MANIFESTUM EST IGITUR, QUOD
IN SIMPLICIBUS » non est quiditas.
NEQUE PER QUARE NEQUE PER
QUID , sed quaestio in istis erit alio
Et per consequens ipsorum non
est definitio eo, QUOD IN essentia
SIMPLICIS non est distinctio
alicuius multitudinis NEC de eis
habet locum QUAESTIO PER
modo.
PROPTER QUID VEL PER QUARE
comm. 59, 207vI (nr) : Et IDEO
ILLUD QUOD EST SIMPLEX IN REI
VERITATE,
NON
HABET
DEFINITIONEM,
NEQUE
QUAERITUR PER QUARE .
secundum
praedicta.
Unde
Commentator super VII in fine
penultimi capituli dicit sic: « IDEO
ID, QUOD EST SIMPLEX IN REI
VERITATE
NON
DEFINITIONEM
QUAERITUR PER QUARE
HABET
NEQUE
».
2 occurrences
RAP : Deux citations explicites, longues et correctes du texte d’Averroès
et une citation implicite (generatus ex hoc ... proprium hominis) qui n’est pas
signalée dans l’édition (et que Dietrich laisse entendre comme provenant
d’Aristote). Dietrich commente le texte d’Aristote selon la division faite
par Averroès et en reprennant les mots de celui-ci ; il est donc évident
que le premier est lu ayant sous la main le commentaire du second ;
encore un cas dont il faudrait tenir compte dans des études statistiques
sur la présence d’Aristote chez Dietrich. Il faut d’ailleurs observer
qu’avant même de renvoyer explicitement au texte d’Aristote, Dietrich
cite tacitement le commentaire d’Averroès : l’exemple sur les lapides et
lateres, ainsi que la discussion sur la quiditas domus (essentia domus chez
Averroès
49
Averroès) et sur les naturalia en sont la preuve. Nous proposons de
signaler par des guillements toutes ces citations exactes.
On peut également noter les marqueurs d’introduction du discours
rapporté direct : dans un cas, Dietrich préfère la syncope de la topique
(Commentator : Manifestum est igitur etc.) ; dans l’autre cas, Dietrich donne
l’adresse détaillée suivie par dicit sic.
23)
comm. 20, p. 176-177, l. 135-150
(nr): quod autem est de modo
relativorum sicut intellectum et
scitum et sensatum dicitur esse
relativum quia illud quod est
relativum per suam substantiam
accidit ei, scilicet quod intellectus
est in sua substantia relativus,
cum accidit ei quod fuit relativum
intellecti; accidit intellecto quod
fuit relativum non quia relatio
accidit ei. Hoc igitur intendit cum
dixit: Talia esse relativa, scilicet
quia aliud relativum per suam
substantiam praedicatur de illis.
Et quasi dixit quod relatio est
duobus modis, scilicet aut relatio
in substantia utriusque relativi,
aut relatio in substantia alterius
tantum et in altero propter istud.
Et cum induxit hos duos modos
relationis,
incepit
declarare
naturam secundi modi, et dixit:
Intellectum enim significat etc., id est:
intellectus non refertur ad
intelligentem sed ad intellectum.
Quoniam si ita esset, tunc
intellectus constitueretur per
intelligentem, sed videtur esse e
converso. Ex quo consequeretur
quod illud quod constituitur per
aliquid constituat illud, scilicet
De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58, l. 9859, l. 102 : Supposito igitur
primo, quod et per se notum est,
videlicet quod divina essentia est
intellectus in actu essentialiter,
sumatur iuxta hoc, quod omnis
intellectus in eo, quod intellectus,
essentialem respectum habet ad
id, quod intelligitur, sicut dicit
Commentator
super
VII
Metaphysicae, et non solum ad id,
quod
intelligitur
secundum
rationem obiecti (…).
Utrum in Deo, 1.4.2.1.(3), p. 297, l.
47-51: Habet enim intellectus
quantum ad proprium modum
cognoscendi essentialem ordinem
ad suum obiectum, sicut dicit
Commentator
super
VII
Metaphysicae, qui ordo attenditur
in eo modo cognoscendi, quo res
cognoscitur in sui ratione et per
principia secundum rationem.
50
Le poids de la citation
quia
contingit
ut
causa
constitueretur per causatum. Et
sic idem esset in respectu
eiusdem causa et causatum
insimul.
2 occurrences
Deux FRSI discutés n. 12.
IV) In l ib r u m V II I M e t a p hy s i c o r u m (apud Juncta)
n. 24)
comm. 12, 220vG-H (nr) : et cum
narravit quod istae substantiae
caelestes non habent materiam,
scilicet quia non sunt compositae
ex materia et forma, sed ex
corpore et forma animata
intelligibili, non ita quod anima
sit res animata, non ita quod illic
est aliquid, quod animatur per
animam, aut vivit per vitam, sed
sunt animata per se, et viva per
se : omne enim qui vivit per
vitam,
est
generabile
et
corruptibile.
De anim., 31.(1), p. 37, l. 12 - 38,
l. 18: Dicit enim Philosophus in
De caelo et mundo, quod corpora
caelestia sunt viva; et in VIII,
quod moventur ex se, quod
secundum suam intentionem
supra expositum est et ostensum.
Item Commentator super VIII
Metaphysicae, scilicet quod sunt
corpora animata viventia per
totum.
Similiter
omnes
expositores Aristotelis, sicut in
diversis locis invenitur. Similiter
doctus Plato sensit, ut dicit
Boethius
in
Commento,
et
Augustinus in libro Retractationum
dicit, quod Plato sic sensit et
plurimi philosophorum.
1 occurrence
RAI : L’endroit indiqué par l’édition, à savoir le comm. 12 du livre VIII,
peut être la source ; à cet endroit, Averroès, à la suite d’Aristote,
considère que les corps célestes sont des êtres vivants, animés per se.
Cependant, Averroès n’utilise pas, comme Dietrich le suggère, les
expressions animata per totum ou viventia per totum. Mais Dietrich pouvait
déduire du commentaire de la Métaphysique l’idée que les corps célestes
Averroès
51
sont vivants et animés dans le tout, et non seulement dans les parties. La
référence à la doctrine d’Aristote sur les corps célestes comme corps
vivants, exprimée dans le De celo II, revient souvent sous la plume de
Dietrich (v. aussi De intellig., 5.(10), p. 360).
Il faut aussi souligner que Dietrich essaie de montrer la concordance
doctrinale entre Averroès (et implicitement Aristote) et un Platon
résumé et commenté par Augustin et Boèce.
La question de l’usage direct de la source reste ouverte.
n. 25)
comm. 12, 219vM-220rA (nr) : (…)
et non illa QUAE SUNT PER
NATURAM; et NON HABENT
ALIQUAM
MATERIAM,
SED
SUBSTANTIA
EORUM
EST
SUBIECTUM, UT CAUSA ECLIPSIS
NON EST ALIQUA MATERIA , SED
L UNA , QUAE PATITUR est aliqua
causa: sicut causa motus, et causa
amittendi lumen est terra.
Utrum sub. spir., I.(4), p. 326, l. 5458 : Et arguit (i.e. Aristoteles)
diversitatem
materiae
ex
diversitate potentiae, sicut dicit
ibi (i.e. super XII Metaphysicae)
Commentator. Similiter autem in
VIII Metaphysicae, ubi declarat de
principiis entis loquens specialiter
de corporibus caelestibus, dicit,
quod « NON HABENT ALIQUAM
MATERIAM, SED MATERIA EORUM
EST SUBIECTUM », quia est ibi
motum in loco tantum, et ea,
« QUAE INSUNT PER NATURAM »,
non insunt propter materiam,
« UT CAUSA IPSIUS ECLIPSIS NON
EST ALIQUA MATERIA , SED LUNA ,
QUAE PATITUR ».
1 renvoi
RSP : Comme il s’agit d’une citation exacte, il faudrait ajouter, comme
nous l’avons fait, des guillemets dans le texte de Dietrich. Celui-ci utilise
l’autorité d’Averroès deux fois de suite au sujet de la matière : la
première fois, en se rapportant au commentaire du livre XII (pour
expliquer Aristote), et la seconde fois au commentaire du livre VIII de la
Métaphysique.
Pour le renvoi au commentaire du livre XII de la Métaphysique, voir n.
32.
52
Le poids de la citation
n. 26)
comm. 14, 222v G-H (nr): Prima
enim materia est in potentia
utrunque contrariorum eodem
termino, scilicet quando alterum
fuerit in actu, erit reliquum in
potentia.
De orig., 4.(17), p. 173, l. 152-155 :
Praeterea quod non sit eadem,
quae prius, forma carnis in
mortuo, scilicet animali, quae fuit
in vivo, manifeste ostendit
Philosophus in VIII Metaphysicae
et Commentator ibidem, ubi dicit,
quod materia duobus modis se
habet ad diversas formas in
recipiendo ipsas.
1 source
RAI : La citation que Dietrich attribue à Averroès ne se trouve pas, telle
quelle, dans le commentaire du livre VIII. Elle semble cependant
correspondre aux thèses exprimées à cet endroit par Averroès. Nous ne
pouvons rien affirmer sur l’usage direct de cette source.
n. 27)
comm. 15, 224r A (nr) : Est igitur
hic aliquid unum, quod primo est
in potentia, et post transfertur de
potentia in actum. Translatio
enim eius NON LARGITUR ei
MULTITUDINEM,
SED
PERFECTIONEM in esse, et in toto.
De corp. Chr. mort., 3.(3), p. 148, l.
15-21 : Sicut igitur in processu
generationis ens potentia et postea
completa generatione ens actu
reducuntur ad idem genus et non
solum ad idem genus, sed ad idem
specie, nec solum hoc, sed ad
idem
numero,
secundum
Philosophum in VIII Metaphysicae,
ubi dicit, quod, cum per
generationem ens in potentia fit
ens in actu, non fit aliud, sed
idem, quod prius fuit, ut potentia
animal idem numero fit actu
animal – generatio enim talis
secundum Commentatorem NON
LARGITUR
generato
MULTI TUDINEM, SED PERFECTIONEM .
Averroès
53
Utrum in Deo, 2.2.2.(3), p. 309, l.
56-62: Si fuerit ens in potentia
secundum suam substantiam, erit
etiam multa, id est omnia illa, ad
quae est in potentia, ut materia
prima est omnia illa, ad quae est in
potentia, ita, ut omnia illa,
secundum quod sunt entia in
potentia, sunt ipsa materia prima;
unde in generatione naturali nulla
nova essentia inducitur generato:
Generans enim NON LARGITUR
generato MULTITUDINEM, SED
PERFECTIONEM,
secundum
Commentatorem, inquantum id,
quod est ens in potentia, facit ens
actu, ut potentia plantam facit
actu plantam.
2 occurrences
Deux brèves sentences correspondant parfaitement au texte d’Averroès :
la première, avec adresse, est un RAP, la seconde, sans adresse, est un
RcGSP.
Notule : là où Averroès parle de la translatio, Dietrich utilise generatio
et, en cela, il est plus proche du texte d’Aristote, cité assez correctement
par Dietrich dans le De corp. Chr. mort.. En outre, la citation est quasiment
identique dans les deux ouvrages de Dietrich. Nottons aussi que le mot
generatio (non largitur ...) du De corp. Chr. mort. est devenu generans dans le
Utrum in Deo (faute de copiste ? faute de lecture de la part des éditeurs ?).
Une phrase très semblable se lit dans les Auctoritates Aristotelis, super
VIII Metaphysicae, p. 133, n. 217 : « Exitus alicujus de potentia ad actum
non largitur ei multitudinem, sed perfectionem ». Très probablement
Dietrich se sert d’un intermédiaire pour citer Averroès.
n. 28)
comm. 16, 224v, K (nr): Id est,
omnia vero, quae CARENT
MATERIA intelligibili et sensibili,
sicut
materia
rerum
Utrum sub. spir., III.(7)-(8), p. 337,
l. 43-51 : Unde Philosophus in
VIII tradit quandam regulam
convertibilem
(...).
Unde
54
Le poids de la citation
mathematicarum, unumquodque
eorum est idem cum illo, quod
dat suum esse, scilicet quod
QUIDITAS ET ESSENTIA SUNT IN
EIS IDEM.
225rF: Deinde dicit: Ergo non
habent etc. id est et cum anima
non est nisi esse eius, quod est in
potentia animatum esse animatum
in actu, tunc EXITUS EIUS DE
POTENTIA IN ACTU non habet
causam
nisi
motorem
extrahentem ipsum de potentia in
actum.
Commentator ibidem super hoc,
scilicet
« statim » :
Id
est
QUIDITAS EORUM EST ESSENTIA
EORUM, item: non per EXITUM
DE POTENTIA AD ACTUM. In hoc
enim assignat differentiam talium
entium
quantum
ad
suae
substantiae unitatem ad ea, quae
praemisit, quae sunt unum per
EXITUM
ACTUM.
DE
POTENTIA
AD
Et secundum hoc
attribuit eis tertium, scilicet quod
non sunt vere in aliquo genere,
quia videlicet CARENT radicali
fundamento totius generis, quod
est MATERIA , quae determinatur
in diversis per diversas formas,
quod est ratio coordinationis
plurium generum seu specierum
in uni genere reali substantiae.
1 occurrence
RAP : Un renvoi qui pose des problèmes : le commentaire d’Averroès
indiqué par l’édition correspond à la citation (correcte) d’Aristote donnée
par Dietrich ; cependant, bien que l’on reconnaisse des formules
semblables (quiditas eorum est essentia eorum ou exitus de potentia ad actum), le
résumé (fortement marqué par les verbes assignat et attribuit, jamais
employés ailleurs pour Averroès) ne suit pas la source. La partie
introduite par le verbe assignat se retrouve quelque peu dans Averroès :
les étants sont les mêmes dans l’état de pure possibilité et en acte. Mais
la partie introduite par attribuit est sans correspondant dans Averroès. De
plus, ce qui est donné par Dietrich en troisième position de
l’argumentation (et secundum hoc attribuit eis tertium...) rappelle par les mots
communs (carent, materia) une idée défendue par le Cordouan plusieurs
lignes auparavant ; malgré cela, leurs doctrines ne présentent pas la
même opinion.
Ces dissemblances ne nous font pourtant pas rejeter immédiatement
l’hypothèse de l’usage direct de la source ; Dietrich interprète et modifie
probablement les mots d’Averroès en fonction des buts de son
argumentation.
Averroès
55
IV) In l ib r u m X M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 29)
comm. 15, 263rA (nr): Deinde
dicit: E T PRIMA CONTRARIETAS
ETC., ID EST ET DICIT HOC QUIA
OPPOSITA SECUNDUM HABITUM
ET PRIVATIONEM PRAECEDUNT
NATURALITER
OPPOSITA
SECUNDUM
CONTRARIETATEM.
O MNIA
ENIM
CONTRARIA
OPPONUNTUR
SECUNDUM
PRIVATIONEM ET HABITUM: QUIA
VILIUS CONTRARIORUM ACCIDIT
EI
UT
SIT
PERFECTIORIS
PRIVATIO.
comm.
16,
263vM
(nr) :
MANIFESTUM EST QUOD IN
ALTERO
contrariorum
EST
PRIVATIO, ET NON OMNE , IN
QUO
EST
PRIVATIO,
EST
CONTRARIUM. [264rA] DEINDE
DICIT :
PRIVATIO
VERO
ET
CETERA .
S ED
NON
DE
NECESSITATE OMNIS PRIVATIO
EST CONTRARIORUM, QUONIAM
QUAEDAM PRIVATIONES SUNT ,
IN
QUIBUS
NON
EST
CONTRARIETAS , SCILICET CUM
COMPLETAE PRIVATIONES . ET
CAUSA IN HOC EST , QUONIAM IN
OMNI PRIVATIONE NON EST
CONTRARIUM,
QUONIAM
PRIVATIO, AUTE EST PRIVATIO
SECUNDUM TOTUM AUT EST
PRIVATIO
QUIA
CARE
PERFECTIONEM
TANTUM.
DEINDE DICIT ISTA ENIM ETC.,
ET CAUSA IN HOC, QUOD CUM
CONTRARIIS
ADMISCETUR
De nat. contr., 3.(5), p. 85, l. 8491 : Quoniam igitur ratio
contrarietatis consistit in maxime
distare (…) non est autem maior
distantia
quam,
quae
est
secundum ens et non ens, quia
etiam in ea primo invenitur ratio
distantiae circa aliquod unum
commune, in essentialiter autem
ordinatis id, quod est primum,
est causa consequentium, hinc
est, quod habitus et privatio non
modo sunt contraria, sed etiam
prima contrarietas et omnis
contrarietatis
principium
et
causa, sicut dicit Philosophus in
X
Metaphysicae
et
suus
Commentator ;
per
quem
modum patebit infra.
De nat. contr. 8.(2)-(4), p. 89, l. 3753 :
Unde
Philosophus
X
Metaphysicae c. 15: « E T PRIMA
CONTRARIETAS EST HABITUS ET
PRIVATIO ». Commentator : « ET
DIXIT HOC EO, QUOD OPPOSITA
SECUNDUM
HABITUM
ET
PRIVATIONEM
PRAECEDUNT
NATURALITER
OPPOSITA
SECUNDUM
CONTRARIETATEM.
O MNIA
ENIM
CONTRARIA
OPPONUNTUR
SECUNDUM
PRIVATIONEM
ET
HABITUM.
VILIUS ENIM CONTRARIORUM
ACCIDIT EI , UT SIT PRIVATIO
PERFECTIORIS ». Et infra 16 c.
Philosophus: « Manifestum est,
quod contraria omnia erunt
56
Le poids de la citation
ALIQUA PRIVATIO EST , QUIA
SUNT
EX
PRINCIPIIS
CONTRARIETATIS , EX QUA FIT
GENERATIO
SIMPLICITER ,
SCILICET QUAE SUNT FORMA ET
PRIVATIO (...).
privatio. Privatio vero non erit »
et
cetera.
Commentator:
« MANIFESTUM EST , QUOD IN
ALTERO
extremorum
EST
PRIVATIO ET NON OMNE , IN QUO
EST PRIVATIO, EST CONTRARIUM.
DEINDE DICIT ‘PRIVATIO VERO
ET CETERA ’. S ED NON DE
NECESSITATE OMNIS PRIVATIO
EST
CONTRARIUM,
QUONIAM
QUAEDAM PRIVATIONES SUNT ,
IN
QUIBUS
NON
EST
CONTRARIETAS ,
SCILICET
COMPLETAE PRIVATIONES . ET
CAUSA IN HOC, QUOD NON IN
OMNI
PRIVATIONE
EST
CONTRARIUM, EST , QUONIAM
PRIVATIO AUT EST PRIVATIO
SECUNDUM TOTUM AUT EST
PRIVATIO,
QUIA
CARET
PERFECTIONE
TANTUM ».
Et
infra Philosophus: « ISTA ENIM
CONTRARIA
SUNT
EX
ALIIS
CONTRARIIS , EX QUIBUS SUNT
TRANSMUTATIONS ».
Commentator : « ET CAUSA IN HOC,
QUOD,
CUM
CONTRARIIS
ADMISCETUR ALIQUA PRIVATIO,
EST , QUIA SUNT EX PRINCIPIIS
CONTRARIETATIS , EX QUA FIT
GENERATIO
SIMPLICITER ,
SCILICET QUAE SUNT FORMA ET
PRIVATIO ».
De nat. contr., 54.(3), p. 122, l. 101103 : Unde Commentator super
X Metaphysicae c. 15 : « O MNIA
ENIM CONTRARIA OPPONUNTUR
SECUNDUM PRIVATIONEM ET
HABITUM.
VILIUS
ENIM
CONTRARIORUM ACCIDIT EI, UT
SIT PRIVATIO PERFECTIORIS ».
Averroès
57
4 occurrences
RAI (De nat. contr., 3.(5), p. 85, l. 84-91) : Le renvoi annonce la
démonstration et les citations amples qui suivront dans le texte. On
remarque l’emploi du possessif suus à propos du rôle de commentateur
d’Averroès. Pour Dietrich, contrairement à Thomas, Averroès est celui
qui peut véritablement l’interpréter ; Dietrich cite ici Averroès pour
trouver un moyen d’accès à Aristote.
RAP : Pour l’étude statistique, on compte trois RAP dans le De nat.
contr. : « Commentator : ‘Et dixit hoc eo’ » ; « Commentator: ‘Manifestum
est, quod in altero...’ » ; « Commentator super X Metaphysicae c. 15 :
‘Omni enim…’».
On est devant un des très rares cas où Dietrich note en détail
l’adresse d’Averroès en se référant très correctement même aux chapitres
(« Et infra 16 c » ; « Commentator super X Metaphysicae c. 15 »). De
surcroît, ce sont des citations enchaînées les unes aux autres, et il donne
aussi un long extrait du commentaire d’Averroès du livre X de la
Métaphysique.
Il faut, une fois de plus, insister sur le fait que, très probablement,
Dietrich cite Aristote à partir du texte d’Averroès ; la preuve en est qu’il
coupe le texte d’Aristote pour l’expliquer exactement comme Averroès le
fait dans son commentaire et copie même les formules introductives.
Une chose à noter Dietrich oscille entre le commentaire 15 et le
commentaire 16, expliquant l’un par l’autre.
Il ne peut exister aucun doute sur le fait que Dietrich avait sous les
yeux ces commentaires (2x c. 15, 1x c. 16) d’Averroès ou un abrégé très
fidèle.
n. 30)
comm. 26, 276vH (nr) : Deinde
dicit: Et ideo diximus nunc in
nominibus, et dixit hoc, quia
CORRUPTIBILE et incorruptibile
sunt
duae
DIFFERENTIAE
contrariae:
et
illud
quod
congregat
illa,
est
nomen
EQUIVOCUM ; et qui loquitur de
tali natura, v.g. qui loquitur de
De sub. theol., 2.(2), p. 279, l. 1320 : Manifestum est enim,
secundum Philosophum in fine X
Metaphysice,
quod
corpora
caelestia et haec generabilia et
CORRUPTIBILIA (...). Et ideo
passiones eorum corporum, cum
in eadem principia subiectorum
suorum reducantur, habebunt
58
Le poids de la citation
corpore simplici, non loquitur
nisi de nominibus.
etiam AEQUIVOCAS et genere
DIFFERENTES naturas, ut dicit
Commentator.
1 occurrence
RAI : Renvoi à Averroès à partir de l’adresse détaillée donnée pour
Aristote. Dietrich en fait un résumé doctrinal, sans reprise.
Nous ne pouvons rien affirmer sur l’usage direct d’Averroès.
IV) In l ib r u m X II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 31)
comm. 8, 295vM-296rA (nr): Et,
cum posuit, quod invenitur ens
duobus modis, aut potentia, aut
in actu: dicit quod transmutatio
est ex ente in potentia ad ens in
actu
in
omni
specie
transmutationis,
v.g.
quod
transmutatio ad album est ex
albo in potentia ad album in
actu: et transmutatio ad hanc
substantiam est ex illa substantia
in potentia.
De vis. beat., 3.2.5.(4), p. 77, l. 2329 :
Ubi
etiam,
si
quis
scrupulosius
velit
intendere,
adhuc non satis proprie dicitur
intellectus
secundum
purum
suum intellectuale esse forma seu
species intelligibilis in potentia
eo, quod in sua essentia non
importat
essentiam
formae
intelligibilis sicut forma in
potentia, quae est in materia,
importat essentiam formae et sic
ex forma in potentia fit forma
in actu secundum Philosophum
et Commentatorem super XII
Metaphysicae, sed est simile in
proposito ac si diceretur : Anima
rationalis in potentia fit anima
rationalis in actu.
1 occurrence
RAI : Renvoi enchaîné à deux autorités différentes, donc pas de citation
exacte. Ni Averroès ni Aristote ne traitent de la forme, comme le fait
Dietrich dans son texte ; l’idée de la forme apparaît dans la citation
attribuée à Averroès parce qu’elle correspond à la thèse que Dietrich
Averroès
59
énonce et, en conséquence, il modifie le vocabulaire des autorités
auxquelles il fait appel pour faciliter le lien avec son propre discours.
n. 32)
comm. 10, 296vM-297rA (nr): Et
si omnia quae transmutantur,
habent materiam, sicut diximus,
sed
naturae
MATERIARUM
DIVERSANTUR secundum modos
naturae
TRANSMUTATIONIS ,
materia autem generabilium est in
potentia, translatorum autem est
in actu, cum translatum fit aliquid
in actu (...). Et ex hoc videtur
corpus caeleste non habere
potentiam divisibilem secundum
divisionem
corporis,
scilicet
formam materialem, nam si ita
esset, esset in eo materia, quae est
in potentia.
Utrum sub. spir., I.(3)-(4) , p. 326,
l. 47-54: Secundum hoc ergo
manifestum est, quod ex diverso
modo transmutationis arguimus
diversitatem potentiae et ex
diversitate potentiae diversitatem
materiae, quae per se est
subiectum transmutationis. (…)
Hoc
autem
clare
dicit
Philosophus in XII Metaphysicae,
scilicet quod « omnia, quae
transmutantur, habent materiam,
sed diversam ». Quaedam enim
habent
materiam
TRANSMUTABILEM de forma in
formam, quaedam de ubi in ubi.
Et
arguit
DIVERSITATEM
MATERIAE
ex
diversitate
potentiae,
sicut
dicit
ibi
Commentator.
1 occurrence
RAI : Dietrich cite parfaitement Aristote (les guillemets, que nous avons
ajoutés dans le tableau manquent dans l’édition) ; ensuite il interprète ces
paroles par une suggestion reprise d’Averroès (et arguit ... sicut dicit ibi
Commentator). La sentence ne se retrouve pas telle quelle chez Averroès,
bien que l’idée y soit clairement exprimée par exemple sur les corps
célestes les corps corruptibles et leur rapport respectif à la matière qui
est en puissance.
Ce que l’on peut surtout remarquer c’est que Dietrich emploie
exactement les mêmes mots pour exprimer sa propre position (arguimus
diversitatem materiae ex diversitate potentiae) et la position d’Aristote lu
par Averroès (« arguit diversitatem materiae ex diversitate potentiae,
sicut dicit ibi Commentator ») ; la prétendue citation d’Averroès est donc
une autocitation.
60
Le poids de la citation
n. 33)
comm. 16, 302vH (nr) : Et hoc
intendebat cum dicit: ea autem quae
sunt universaliter, SUNT INSIMUL
CAUSAE AUTEM PER QUAS RES FIT
ENS , ET UNUM, SUNT CUM EO ,
QUOD PER IPSAS FIT TOTUM
INSIMUL,
CUM
TALEM
DISPOSITIONEM HABEANT
IN
CONGREGATO , SICUT PARTES IN
TOTO.
De orig., I.(8), p. 139, l. 90-95 :
Unde Commentator super XI
Metaphysicae, ubi Philosophus
distinguit inter causas intrinsecas,
quae sunt materia et forma, et
causas extrinsecas, quae sunt finis
et efficiens, eo, quod istae
antecedunt rem, illae autem SUNT
SIMUL cum re, dicit: « CAUSAE
AUTEM, PER QUAS RES FIT ET ENS
ET UNUM, SUNT CUM EO , QUOD
PROPTER
IPSAS
FIT
TOTUM
INSIMUL,
CUM
TALEM
DISPOSITIONEM HABEANT IN
CONGREGATO SICUT PARTES IN
TOTO ».
1 occurrence
RAP : Citation parfaite provenant du commentaire d’Averroès au livre
XII de la Métaphysique ; Dietrich renvoie cependant au livre XI, comme
s’il ne connaissait pas l’intégralité des livres de la Métaphysique. Est-ce une
faute due à la transmission textuelle du De orig. ou une réminiscence de la
source secondaire qui citait Averroès avant la traduction de Guillaume de
Moerbecke ? La seconde hypothèse nous semble plus probable, parce
que Dietrich connaît la traduction de G. de Moerbeke et traite à deux
reprises du livre XII selon la nouvelle traduction : « ... sicut dicitur super
XII Metaphysicae novae translationis » (Q° utrum in Deo, 1.1.(9), p. 294, l.
56sq.) et notamment « dicens in XI Metaphysicae - qui secundum novam
translationem est XII » (De intellig., 14.(2), p. 366, l. 94). Il nous semble
très peu probable que Dietrich connaisse la nouvelle traduction de
Moerbeke lorsqu’il écrit le De orig. (autour de 1286 10). Le De orig. est
transmis par six manuscrits et les éditeurs ne signalent aucune variante à
cet endroit.
10 Pour la datation de ce texte, voir P. P ORRO , « Res praedicamenti / ratio
praedicamenti : Teodorico di Freiberg e Enrico di Gand », in : J. BIARD, D. CALMA et
R. IMBACH (eds), Recherches sur Dietrich de Freiberg, Brepols, Turnhout 2009, p. 131144.
Averroès
61
Dans ce cas, on peut affirmer que les renvois (corrects) à Averroès et
à Aristote sont faits à partir d’une source secondaire antérieure à la
traduction faite par Moerbeke.
n. 34)
comm.
18,
304vM-305rA:
Generans igitur animam non est
dicere, quod PONIT ANIMAM in
materia, sed quod extrahit illud,
quod est ANIMA POTENTIA, ad
esse animam in actu. (...) Et
intentio
proportionum
et
formarum
existentium
in
GENERANTIBUS ANIMALIA est,
quia extrahunt proportiones et
formas, quae sunt in materia ex
potentia in actum; et omne
EXTRAHENS aliquid EX POTENTIA
IN ACTUM, necesse est ut in eo sit
aliquo modo illud, quod extrahit,
non quod sit ipsum secundum
omnes modos.
De int., III.7.(2), p. 182, l. 96-102 :
Potentia enim activa seu passiva
importat
quandam
alicuius
formae saltem incohationem in
re, qua dicitur esse in potentia ad
minus passiva, ex qua aliquid fieri
debet, ut patet in GENERATIONE
plantarum et ANIMALIUM aliorum
ab homine, ut dicit Commentator
super XII Metaphysicae videlicet
quod agens non PONIT ANIMAM
in corpore, sed id, quod est
ANIMA
IN
POTENTIA ,
facit
animam in actu quasi non faciens
eam de nihilo, sed EXTRAHENS
DE POTENTIA , in qua iam
incohata
est,
IN
ACTUM
completum.
De nat. contr., 42.(3), p. 112, l. 7579 : Igitur agens naturae, quod ex
potentia
forma
facit
actu
formam, quae est principium
entis, praesupponit essentiam
formae in subiecto et, ut dictum
est, facit EX POTENTIA forma
ACTU formam ita, ut nullius
essentiae additio fiat, ut dicit
Philosophus VIII Metaphysicae
et Commentator super XII
Metaphysicae.
2 occurrences
62
Le poids de la citation
RSI : Les résumés que donne Dietrich du passage d’Averroès est assez
fidèle, mais ne présente aucune correspondance parfaite ; la présence du
mot inchoatio, dans la citation du De int., fait immédiatement penser à
Albert le Grand (notamment au De natura et origine animae, I. c. 2 ou
encore au De anima, III, tr. 2, c. 17).
Doctrinalement les renvois de Dietrich correspondent au fragment
d’Averroès, mais il le connaît probablement par l’entremise d’Albert,
mais nous n’avons pas pu identifier l’endroit.
n. 35)
comm.
25, 310rB (nr) : ET
SCIENDUM
EST ,
QUOD
SUBSTANTIAE
SUNT
DUOBUS
MODIS : MODUS unus, IN QUO
< IM> POSSIBILE EST FUGERE
ACCIDENTIA , ET ALIUS SINE
ALIQUO ACCIDENTE.
PRIMUS
AUTEM
EST
SENSIBILE,
SECUNDUS
AUTEM
INTELLIGIBILE .
De orig., 1.(14), p. 141, l. 153 –
142, l. 157 : Unde C OM MENTATOR
super
XII
METAPHYSICAE dicit sic: « ET
SCIENDUM , QUOD SUBSTANTIAE
SUNT DUOBUS MODIS : MODUS , IN
QUO IMPOSSIBILE EST FUGERE
ACCIDENTIA , ET ALIUS SINE
ALIQUO ACCIDENTE ; PRIMUS
AUTEM
EST
SENSIBILE ,
SECUNDUS
VERO
EST
INTELLIGIBILE ». Et loquitur ibi
de substantiis separatis secundum
suam et aliorum philosophorum
opinionem.
1 occurrence
RSP : Citation exacte, avec une bonne adresse. On a affaire à un
discours rapporté direct (DD), signalé par les marqueurs verbaux : dicit
sic.
On peut souligner l’aspect suivant : le texte d’Averroès a « in quo
possibile est » et le texte retenu par l’édition de Dietrich « in quo
impossibile est » ; un des manuscrits du De orig., celui de Basel,
Öffenliche Bibliothek der Universität, Cod. Basil. F. III 18, a la variante
d’Averroès (possibile est), tandis que les cinq autres manuscrits ont l’autre
variante (impossibile est). Selon la doctrine exposée, Averroès et Dietrich
différencient une substance sans accident (sine aliquo accidente), comme les
substances séparées ou les intelligences, et une substance toujours liée à
ses accidents (in quo impossibile est fugere accidentia), comme les substances
Averroès
63
sensibles. Il faut donc retenir in quo impossibile est et corriger le texte
d’Averroès.
Aucun élément ne nous empêche de supposer que Dietrich ne
connaissait pas directement ce commentaire d’Averroès.
n. 36)
(nr pour le De vis. beat. : non invenitur ibi,
sed :) In Metaph., XII, comm. 38,
321 vG : Intelligentia enim agens,
inquantum est abstracta et est
principium nobis, necesse est ut
moveat nos secundum amatum
amans et si omnis motus necesse
est ut continuetur cum eo, a quo
fit secundum finem, necesse est
ut in postremo continuetur cum
hoc intelectu abstracto : ita quod
ERIMUS DEPENDENTES A TALI
PRINCIPIO, A QUO COELUM
DEPENDET : quamvis hoc fit in
De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4349 : Inquirit enim Commentator
super III De anima et post suam
inquisitionem concludit possibile
esse
intellectum
agentem
aliquando nobis uniri ut formam,
quo per ipsum intelligamus omnia
entia et, sicut dicit super Librum
Physicorum, per ipsum SIMUS
DEPENDENTES
AB
EODEM
PRINCIPIO, A QUO DEPENDET
CAELUM.
nobis modico tempore, sicut dixit
Aristoteles.
(nr pour le De anim. : comm. 38, 321rFvG; 336rD, 336vL-M)
1 occurrence
FRSP (pour le De vis. beat.) : La citation correspond parfaitement à
Averroès, mais le renvoi à la source est inexact : ce n’est pas le
commentaire à la Physique, mais le commentaire à la Métaphysique ;
Dietrich le cite probablement par un intermédiaire.
On remarquera aussi que, là où Averroès parle de intelligentia agens,
Dietrich utilise intellectus agens ; il est cependant intéressant que la
doctrine de la vision béatifique du commentaire au De anima à laquelle
Dietrich fait ici référence (cf. le n. 71) correspond à l’endroit d’où est
puisée la citation : la continuatio in postremo de l’intellectus agens est la
perfection de l’âme. La collusion des deux thèses, celle de l’union en tant
que forme (assignée au commentaire du De anima) et celle de la
dépendance de l’homme au même principe que le ciel (assignée,
64
Le poids de la citation
faussement, au commentaire de la Physique) correspond parfaitement à la
doctrine d’Averroès. L’occurrence est calculée au n. 59.
n. 37)
comm. 45, 329vL (nr) :
In
iuuentute autem mea SPERAUI, ut
haec PERSCRUTATIO compleretur
per me : in SENECTUTE IAM
DESPERO sed forte iste sermo
inducet
aliquem
ad
perscrutandum de hoc.
De intellig., 14.(2), p. 366, l. 91-96 :
Primo in eo, quod utitur nomine
medii
uniformiter
in
sua
significatione:
Hoc
enim
negandum est, quia contradicit
experientiae sensus, cui magis
standum est, sicut ipsemet fatetur
impossibilitatem suam huiusmodi
perscrutandi
dicens
in
XI
Metaphysicae - qui secundum
novam translationem est XII - ,
quod SPERABAT aliquando se
posse PERSCRUTARI de hoc et
comprehendere veritatem huius
rei; sed quia iam SENUI - ait -,
IAM DESPERO.
1 occurrence
RSP : Ici, et dans plusieurs endroits du De intellig., on retrouve des
renvois particuliers à Averroès ; étant donné que tout le traité est écrit
dans un constant dialogue avec le Cordouan, Dietrich ne s’y réfère pas
toujours nommément et se contente de donner seulement le titre de
l’ouvrage ou même, comme nous allons le voir (cf. n. 76), d’utiliser le
verbe à la troisième personne. Dans ce cas précis, Dietrich se réfère à
Averroès dans le titre de la section (quomodo inducta ratio Averrois
destruitur...) et ensuite renvoie directement au livre XII de la Métaphysique,
ajoutant rapidement une citation correcte.
Cette brève sentence, qui constitue d’ailleurs l’unique référence à ce
commentaire 45 d’Averroès, nous font douter d’une connaissance directe
de la source.
Averroès
65
n. 38)
comm. 51, 337rB (nr): S CIENTIA
igitur eius (i.e. DEI) NON dicitur
ESSE
UNIVERSALIS ,
NEQUE
PARTICULARIS , ille enim cuius
scientia est universalis, scit
particularia, quae sunt in actu in
potentia scita (...).
De cog. ent., 7.(5), p. 174 : Et sic
patet,
quod
cognitio
sive
SCIENTIA DEI proprie loquendo
NEC
EST
UNIVERSALIS
NEC
PARTICULARIS , sicut etiam dicit
Averroes Commentator.
Q° utrum in Deo, 1.1.(9), p. 294, l.
52-62 : (...) intellectivum autem in
sui cognitione abstrahit ab
utroque
istorum
modorum
cognoscendi, sicut dicitur super
XII
Metaphysicae
novae
translationis, quod EIUS SCIENTIA
NON EST UNIVERSALIS NEC
PARTICULARIS ,
sed
simplici
intellectualitate versatur circa
obiectum suum, quod est eius
simplex essentia, non habens
partes posteriores toto, quo sit
individuum, nec partes priores
secundum rationem, quae sunt
ante totum, quo sit universale,
proprie loquendo de ratione
universalis, ut praemissum est.
2 occurrences
RcGSP (pour le De cog. ent.) et RSP (pour le Q° utrum in Deo) :
Correspondance parfaite entre la citation et la source ; sans aucune
adresse, cette sentence peut provenir d’un intermédiaire. D’ailleurs,
Thomas d’Aquin la cite aussi sous l’autorité d’Averroès toujours sans
adresse : In I Sent., d. 35, q. 1, art. 5, sc. 2 : « Praeterea, hoc etiam
Commentator dicit, quod scientia dei nec est universalis, nec particularis,
nec in potentia ». Pierre Auriol utilise la même sentence, en l’attribuant
au commentaire du livre XII d’Averroès : In I Sent., d. 35, pars 4, p. 27, l.
1427sq. (R.L. Friedman, www.igl.ku.dk/~russ/auriol.html) : « ideo
absolute dicendum est quod nec est universalis Dei scientia nec
particularis, sicut Commentator concedit XII Metaphysicae ».
66
Le poids de la citation
B. In P hy s ic a m A r is to te l is
I) In l ib r u m I P hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 39)
comm. 1, 6rB-C (nr) : Et
intendebat Aristoteles per hunc
sermonem docere quod non
omnes artes consyderant de
omnibus causis, sed quedam
consyderant de causa formali
tantum, scilicet MATHEMATICE,
et quedam de tribus causis,
scilicet efficiente, formali et fine,
et est scientia divina (...).
De orig. 5.(63), p. 200, l. 669-674 :
MATHEMATICUS autem, quia
abstrahit a motu et a materia, hinc
est, quod nec materiam nec
efficientem
nec
finem
in
definiendo concernit. Solum
enim ea considerat, quae
secundum rationem formae
insunt, et definit et demonstrat
solum per causam formalem, ut
dicitur super principium I
Physicorum. Si autem in huiusmodi
aliquando appareat materia in
definitionibus, hoc accidit, ut alibi
tractari habet.
1 occurrence
RSI : Dietrich résume correctement cette opinion d’Averroès au début
de la Physique, mais ne cite aucune sentence littéralement. Il connaît
probablement directement cette partie du texte ; on notera cependant
qu’il ne nomme pas le Cordouan et qu’il se réfère à son commentaire par
la formule laconique : ut dicitur super principium I Physicorum ; comme si le
texte d’Averroès était, d'évidence, l’ouvrage qui commente l’œuvre
d’Aristote.
n. 40)
comm. 1, 6rE (nr) : dicendum cum
sciverimus causas eius simplices
et intendit, ut mihi videtur causas
existentes in re, primas, non
compositas, et sunt PRIMA
MATERIA ET ULTIMA FORMA :
De orig., 4.(7), p. 170, l. 39-43 : Et
tunc, sicut dicit Commentator
super I Physicorum, inter PRIMAM
MATERIAM ET ULTIMAM FORMAM
sunt quaedam media, quae SUNT
quasi
quaedam
MATERIAE
Averroès
quae enim sunt praeter primam
materiam, ut ULTIMAM FORMAM
cuiuslibet rerum naturalium, SUNT
MATERIAE
COMPOSITAE
ET
FORMAE compositae. Dicendum
et prima principia et intendit, ut
videtur, per prima principia
primas causas, quae sunt extra
rem, scilicet PRIMUM AGENS , et
ULTIMUM FINEM omnium rerum.
67
ET
FORMAE ,
secundum quae media materia
PRIMA virtute AGENTIS semper
plus et plus participat de actu
ULTIMAE formae, quae est FINIS
generationis.
COMPOSITAE
1 occurrence
RSP : Un bref résumé, proche du texte d’Averroès. Cependant Dietrich
insiste, contrairement à sa source, sur les choses qui sont entre (media) la
matière première et la forme dernière, et qui sont quasi compositae.
Dietrich fait un usage libre d’Averroès, tout en maintenant une
certaine proximité avec le vocabulaire et avec le thème principal ; on ne
peut rien dire avec certitude sur l’usage direct de la source.
n. 41)
comm. 36, 24rC-D (nr) : Et, quia
non consequitur ut totum
sequatur partes in mensura, nisi in
partibus, quae sunt secundum
quantitatem, quae sunt in toto in
actu, declaravit quod istud
intendenbat hic per partem et
dixit: Et intelligo hic partem etc., id
est et intelligo hic per partem
quae est de specie partium, IN
QUAS
TOTUM
DIVIDITUR
secundum quantitatem, et non
secundum
qualitatem:
sicut
corpus dividitur in materiam et
formam: neque partes, quae sunt
in toto in potentia: sed PARTES, in
quas universum dividitur: et sunt
illae, QUAE SUNT in toto IN ACTU.
De elem., 26.(2), p. 77, l. 7379 : Sed istud non obstat iam
dictis, quia illic, scilicet I
Physicorum, loquitur Philosophus
contra Anaxagoram, qui posuit
quamlibet rem naturalem constare
ex infinitis in actu; sed non est
intelligibile, quod res aliqua seu
substantia finita in actu constet ex
infinitis in actu, et secundum
illam intentionem loquitur ibi
Philosophus dicens: « Dico autem
partes, quae cum insint, IN QUAS
DIVIDITUR TOTUM », in quo
verbo secundum Commentatorem
ibidem intendit de partibus rei,
QUAE SUNT PARTES IN ACTU .
68
Le poids de la citation
1 occurrence
RAP : Le renvoi et le résumé sont corrects tant pour Aristote que pour
Averroès. En jugeant d’après les nuances du renvoi (une explication sur
le fait que les parties en question sont en acte), on peut supposer que
Dietrich connaît et utilise directement le commentaire d’Averroès.
On notera l’absence d’adresse au texte d’Averroès, un simple ibidem
suffit pour l’identifier par rapport au texte d’Aristote.
n. 42)
comm. 45, 144rB-C : Sphaera
enim non est innata moueri in
sphaera, et uniuersaliter in
continente. Et non est ita de illo,
quid
mouetur
motu
recto
mobilium igitur quaedam sunt in
loco vero, quaedam sunt in loco
per accidens, ut colores et
accidentia, quae sunt in loco, quia
subiectum eorum est in loco. Et
prope istum modum dicimus
quod COELUM EST IN LOCO PER
ACCIDENS , scilicet quia aliqua
pars eius est in loco, scilicet
CENTRUM;
deinde dixit : Et
quedam per accidens, v.g. anima et
coelum, id est quoniam ANIMA
EST IN LOCO, quia subiectum eius,
quod est corpus, est in loco et
coelum etiam secundum totum
est in loco, quia CENTRUM eius
EST IN LOCO.
De subst. spirit., 24.(5), p. 322, l.
126-131:
Unde,
quando
Philosophus dixerat hoc, quod hic
inducunt
pro
auctoritate,
prosequitur ulterius et ostenso,
quomodo singulis rebus huius
corporalis mundi convenit esse in
loco, videlicet circumscriptive,
pervenit usque ad ultimum
CAELUM dicens ipsum et ANIMAM
ESSE IN LOCO PER ACCIDENS ; et
est
iste
specialis
modus
accidentalitatis,
quem
Commentator explicat, scilicet per
CENTRUM suum, quia scilicet
CENTRUM EST per se IN LOCO.
1 occurrence
RAP: Les éditeurs indiquent, à juste titre, un fragment du commentaire
de Thomas, au livre IV de la Physique, où celui-ci rejette la même position
d’Averroès (la dernière sphère céleste est dans son lieu par le centre)
tandis que Dietrich la cite favorablement, et défend la thèse de
Themistius (la dernière sphère céleste est dans son lieu par ses parties) :
Averroès
69
« Et ideo Averroes dixit quod ultima sphaera est in loco per accidens.
(…) Sed hoc videtur esse contra definitionem Aristotelis, quam supra
posuit, de eo quod est in loco per accidens. (…) Et ideo magis approbo
sententiam Themistii, qui dixit quod ultima sphaera est in loco per suas
partes » (lib. IV, lec. 7 n. 6). Il faut remarquer une fois de plus que si
Dietrich explique Aristote par Averroès, qu’il considère donc un bon et
fidèle interprète, Thomas montre que cette même position d’Averroès
s’oppose au Stagirite. Cet exemple pourrait apporter des éléments
nouveaux pour les études sur l’antithomisme de Dietrich puisque celui-ci
critique ici, tacitement, la position de Thomas.
n. 43)
comm. 63, 38rD-F (nr) : Et, quia
corpus caeleste caret potentia ad
aliqua dispositionem, nisi potentia
ad ubi, ideo istud subiectum caret
potentiis : et quia caret hoc
subiecto, ideo caret forma, quae
sustentatur per hoc subiectum, et
fuit necesse ut forma eius esset
liberata ab hoc subiecto, et ut non
haberet
constitutionem
per
CORPUS CAELESTE, sed corpus
caeleste constituitur per illam.
De anim., 9.(2), p. 20, l. 53-61 :
Non ut productrices corporum
sibi
subiectorum,
ut
dicit
Commentator super I Physicorum,
sed
supponentes
essentias
ipsorum ab altiore principio
quantum ad primum genus
causalium processuum, nec etiam
constituentes ea in esse per
motum
et
transmutationem
secundum
viam
generationis
secundum alium modum seu
genus
processus
causalis
praemissi, sed secundum aliud
genus causae, videlicet formalis et
essentialis unionis, figentes et
constituentes ea in esse ita, ut
secundum hoc illa CORPORA
CAELESTIA
possint
intelligi
animata, altiore tamen modo et
aequivoco ab istis animatis, quae
sunt apud nos.
De anim., 35.(6), p. 41sq., l. 34-38:
Secundum ea igitur, quae dicta
sunt,
patet
substantiam
intellectualem unitam CORPORI
CAELESTI non habere ad ipsum
70
Le poids de la citation
eam habitudinem causae, quae est
efficientis:
Supponit
enim
subiectum suum, id est essentiam
corporis
caelestis,
ab
alio
principio,
sicut
dicit
Commentator super I Physicorum
et habetur ab Avicenna et aliis de
schola Peripateticorum.
2 occurrences
RSI : L’idée que le corps astral trouve son essence dans un principe
supérieur ne se lit pas dans ce fragment d’Averroès ; on y trouve
pourtant une discussion générale sur la constitution du ciel.
Pour ces deux occurrences dans De anim., Dietrich utilise la même
expression : supponere essentiam ab altiore/alio principio. Parfois Dietrich
attribue cette même expression aux Liber de causis et à la Métaphysique :
« Manifestum est autem ex habitis in Prima philosophia et ex Libro de causis,
quod principia motus caeli sunt ab alio sicut et principia motus gravium
et levium, et tamen non dicitur, quod caelum moveatur a generante » (De
elem., 30.1, p. 81, l. 63-66).
Le thème apparaît aussi au n. 36.
n. 44)
comm. 66, 39vI: sed universaliter
non separatur a materia, sed
quandocunque
MATERIA
admiscetur cum aliqua FORMA
TANTUM, ADMISCEBITUR CUM
Utrum sub. spir., II.(5), p. 329, l.
46-49: Sed istud nihil est dicere,
quia, sicut dicit Commentator,
MATERIA , quantum stat sub
perfectione
unius
FORMAE ,
PRIVATIONE FORMAE OPPOSITAE
TANTUM
ADMISCETUR
CUM
PRIVATIONE alterius FORMAE.
illi.
Privatio autem talis necessario et
per se importat circa subiectum
suum potentiam vel aptitudinem
ad FORMAM OPPOSITAM.
1 occurrence
RcGAP : La formule quantum stat sub perfectione unius formae ne se lit pas
chez Averroès ; la sentence est brève et l’on ne peut pas exclure la
Averroès
71
possibilité d’une reprise par le biais d'un intermédiaire ou la citation de
mémoire.
Cette phrase d’Averroès apparaît chez Thomas d’Aquin qui ne la lui
attribue pourtant pas : « Et ideo dicendum quod materia nunquam est
sine privatione: quia quando habet unam formam, est cum privatione
alterius formae » (In libros Physicorum, I, lec. 13, n. 4 ).
n. 45)
comm.
79, 45 rB-C (nr) :
autem non est neque
propinque, neque remote, neque
est accidens, nedum ut sit
substantia
et
dixit:
quod
MATERIA non est per accidens et
quod privatio non est per se
dividendo privationem ab eo,
quod est in POTENTIA .
PRIVATIO
comm. 70, 41rE-F (nr) : Et accidit
substantiae eius ut sit in
POTENTIA omnes formae : non
quod potentia eius est in
substantia, ita quod sit pars
definitionis : quoniam, si potentia
esset in substantia eius, tunc esse
eius
destrueretur
ablatione
potentiae, et potentia FORMAE IN
ACTU , scilicet formae, ad quam
habebat potentiam ut reciperet :
et universaliter, si potentia esset
in substantia eius, tunc substantia
eius
corrumperetur
apud
generationem,
et
esset
in
praedicamento ad aliquid, non in
praedicamento substantiae.
Frag. de rat. potentiae, 11, p. 379, l.
87-92 :
Et
sic
secundum
considerationem Philosophi, cum
materia est in potentia ad formam,
MATERIA non est sua potentia eo,
quod
huiusmodi
potentia
intelligitur
in
materia
per
distantiam AB ACTU FORMAE, quae
distantia tollitur in adventu formae
et per consequens POTENTIA
ratione
PRIVATIONIS ,
sicut
pertractat Commentator in I
Physicorum.
1 occurrence
RAI : La thèse soutenue par Dietrich se trouve avec des variations dans
les deux passages cités comme source.
72
Le poids de la citation
Ce qui intéresse aussi bien Averroès que Dietrich c’est le rapport
entre la puissance et la matière première. Dietrich insiste sur le fait que la
puissance de la matière ne se définit pas par sa distance (per distantiam)
vis-à-vis de l’acte de la forme ; cette idée a son équivalent chez Averroès
dans la définition de la privation neque propinque neque remote. Il faut
cependant noter que, pour Dietrich, le thème de la distance porte sur la
puissance de la matière et sur l’acte de la forme, tandis que, pour
Averroès, ce thème porte sur la distinction entre privation et matière
première. On remarquera l’absence d’adresse pour le renvoi à Aristote (et
sic secundum considerationem Philosophi).
n. 46)
comm. 79, 45rC-D (nr) : Et ex hoc
apparet quod omne habens
materiam est generabile et
corruptibile, nam in natura
MATERIAE
est
PRIVATIO
FORMAE : et si in sua natura esset
formata, non reciperet formas,
nisi ens generaretur ex ente :
quemadmodum, si in sua natura
esset privatio simpliciter, tunc
omnino nihil generatur ex ea : est
igitur quasi composita ex esse et
non esse.
Metaph., comm. 20, 297 rD-E (nr) :
vult (i.e. Aristoteles) narrare,
quod quamvis MATERIA PRIMA fit
una, tamen MULTA est in potentia,
et habilitate, et quod quodlibet
ens cum materia communi habet
naturam propriam; et incoepit
ponere
quaestionem,
quam
dissolvit, et est quod ens non fit
ex ente, sed ex non ente (…).
Non ens enim dicitur tripliciter.
Et intendit, quorum unum est
non ens simpliciter, quod non
habet esse, neque imaginationem.
Utrum in Deo, 2.2.2.(4), p. 309, l.
64-68 : Ipsa (i.e. MATERIA PRIMA )
enim non est simplex in sua
substantia, sed MULTA eo modo,
qui dictus est, quamvis secundum
aliam rationem posset concedi,
quod ipsa MATERIA est unum
quid non per aliquem actum
ipsius formae unius, sed per
PRIVATIONEM
omnis
actus
FORMALIS ,
sicut
dicit
Commentator super I Physicorum.
De orig., 4.(39), p. 180, l. 421-424 :
Et haec potentia secundum se et
absolute sumpta est una propter
PRIVATIONEM
sive absentiam
actuum distinctorum, sicut etiam
Averroes
dicit
de
unitate
MATERIAE
primae,
ut
concludebant praemissae rationes,
capit tamen rationem diversitatis
in ordine ad diversos actus.
Averroès
73
Secundum est non esse, quod est
in materia, scilicet PRIVATIO
FORMARUM. Tertium est ens in
potentia.
(indication de l’édition pour le De orig.:
Metaph. XII, comm. 11, 297rD-E : Et
dicit, Quam posuit in magnitudini nibus etc.,
id est quam accepit ex magnitudinibus
aequalibus, quorum utrumque movetur
motu aequli. De inde ita quod illae
moueantur etc. id est et tunc contingit in
istis magnitudinibus aequalibus, quae
moventur, sicut homines moventur in
stadio, ut altera videatur sensu moveri in
eodem tempore per idem spatium, et
suum duplum, aut altera moveatur per
spatium duplum ei, per quod reliqua
movetur : cum posuerimus magnitudines,
quarum duae sunt aequales stadio, et
omnes sunt aequales, et posuerimus quod
aliae duae incipiant moveri in ordine a
medio stadij, et aliae duae incipiant
moveri ab initio stadii in ordine ad
partem etc.).
2 occurrences
RSI (pour la Q° utrum in Deo) : Malgré le renvoi explicite au commentaire
du livre I de la Physique, les éditeurs cherchent aussi une référence au
commentaire de la Métaphysique. Comme l’idée résumée par Dietrich se
trouve dans la Physique, on a un RS et non un FR. Cependant, c’est bien
dans le commentaire à la Métaphysique que l’on retrouve la thèse selon
laquelle la matière première est multiple (multa) et non pas simple dans sa
substance, puisqu’elle peut recevoir toutes les formes. Il faut pourtant
souligner une différence : selon Dietrich la matière première est multa
dans sa substance et selon Averroès elle est multa en puissance.
RcGSI (pour le De orig.) : Un recours général à l’autorité d’Averroès qui
pose des difficultés, étant donné qu’aucune des sources indiquées ne
correspond réellement aux thèses résumées par Dietrich. On peut
remarquer des ressemblances entre ce RcGSI et le RSI précédent : dans
les deux cas, il est question de l’unité de la matière première (de unitate
materiae primae / ipsa materia est unum) et du fait que cette unité découle de
l’absence des actes qui la multiplient (una propter privationem sive absentiam
actuum distinctorum / unum... per privationem omnis actus formalis). Cette
74
Le poids de la citation
dernière idée se lit dans la source indiquée pour le RSI, mais, comme
nous l’avons déjà signalé, la thèse sur l’unité de la matière ne s’y trouve
pas.
Nous n’avons aucun élément pour soutenir avec certitude que
Dietrich connaît et utilise directement ce commentaire.
II) In l ib r u m I II P hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 47)
comm. 4, 87rD-E (indication de
l’édition ) : (...) et motus, qui est
in
quantitate,
in
genere
quantitatis: et similiter, qui est in
ubi, et qualitate, secundum autem
quod est via ad perfectionem,
quae est alia ab ipsa perfectione,
necesse est ut sit genus per se, via
enim ad rem est aliud ab ipsa re.
Et secundum hoc fuit positum
praedicamentum per se et iste
modus est famosior, ille autem est
verior. Et ideo Aristoteles induxit
illum modum FAMOSUM in
Praedicamentis et istum modum
verum in hoc libro.
De orig., 3.12, p. 161 : Et quoad
istum secundum modum videntur
entia distingui et ordinari logice et
secundum FAMOSITATEM, ut
Commentator loquitur super V
Metaphysicae
et
super
III
Physicorum, solum in decem
genera,
quae
praedicamenta
dicimus; et Philosophus hoc
innuit in Praedicamentis, ubi dicit se
enumerasse modos qualitatis,
« qui consueverunt dici ».
1 occurrence
FRSI : Un renvoi enchaîné à deux ouvrages de la même autorité (le
commentaire sur le livre V de la Métaphysique et le commentaire au livre
III de la Physique) ; les deux renvois sont faux – cf. n. 8.
III) In l i b r u m I V P hy s ic o r u m (apud Juncta)
n. 48)
comm. 38, 138 vM (indication de
l’édition ) : quoniam transmutatio,
Utrum subt. spir., I.(1), p. 325, l.
12-14 :
Quoad
primum
Averroès
quae induxit NOS ad credendum
MATERIAM
ESSE ,
est
TRANSMUTATIO
quae est in
substantia; transmutatio autem
quae induxit nos ad credendum
locum esse, est transmutatio in
loco.
75
manifestum
est
secundum
Philosophum et Commentatorem
in IV Physicorum, quod nihil fecit
NOS scire MATERIAM ESSE in
rebus
nisi
TRANSMUTATIO.
Transmutatio autem est entis in
potentia.
1 occurrence
RAP : Une nuance est à observer entre le prélèvement et la source : le
verbe scire chez Dietrich remplace le verbe credere d’Averroès. Ce
changement se trouve chez plusieurs auteurs contemporains et dans les
Auctoritates Aristotelis, In VIII Metaphysicae, p. 133, n. 216 : « Sicut
transmutatio facit scire materiam, sic operatio formam ». Voir aussi
Gilles d’Orléans : « potentia vel est de essentia materiae vel essentiam
eius immediate consequitur; ergo transmutatio fecit scire materiam. Et
hoc etiam dicit Commentator » (Quaestiones super de Generatione et
corruptione, ed. Z. Kuksewicz, Grüner, Amsterdam, 1993, p. 51, l. 2-4);
Siger de Brabant l’assigne au De substantia orbis : « Dicendum, sicut dicit
Averroes libro De substantia orbis, quod transmutatio fecit scire materiam,
quoniam cum transmutatur res secundum substantiam, non remanet
aliquid in actu quod prius fuerit » (In Metaphysicam, lib. IV, q. 24, ed. W.
Dunphy, Ed. de l'Institut supérieur de philosophie, Louvain-la-Neuve,
1981, p. 212, l. 61-64).
n. 49)
comm. 71, 162rC : Illa autem
quae moventur ex se, quae non
dividuntur in motorem, et rem
motam in actu, necessario
indigent medio : et haec sunt
corpora GRAVIA et LEVIA . Et si
non, moverentur in non tempore :
cum nihil fit actu illic, quod
resistat potentiae motivae, et est
impossibile etiam ut habeat motus
naturales,
et
sint
semper
IMPEDITA . Et ideo contingit,
quod cum posuerimus ista moveri
De elem., 44.1, p. 90, l. 110 - 115 :
Manifestum est autem secundum
ea, quae dicta sunt, quod falsa
est positio AVEMPECHE, quam
pertractat Commentator super IV
Physicorum, quae dicit, quod
cessante omni IMPEDIMENTO
circumscriptis
etiam
mediis
corporibus, per quae fit MOTUS
GRAVIUM et LEVIUM, si secundum
imaginationem
poneremus
MEDIUM esse VACUUM, quod
nihilominus GRAVIA et LEVIA
76
Le poids de la citation
in VACUO, ut moveatur in non
TEMPORE, et ut MOTUS GRAVIS ,
et GRAVIORIS sit aequalis in
VELOCITATE,
quod
est
impossibile,
quod
igitur
existimavit AVEMPACE et quod
ista simplicia habent motus
naturales sine MEDIO .
(nr: comm. 71, 160rC: Avempace autem
bene movit hic quaestionem. Dicit enim
quod non sequitur ut proportio motus
eiusdem lapidis in aqua ad motum eius in
aere fit, sicut proportio spissitudinis
aquae ad spissitudinem aeris, nisi motus
lapidis esset in tempore, propter hoc
quod movetur in medio. Et si hoc esset,
contingeret ut nullus motus esset in
tempore, nisi propter impediens: medium
enim videtur impedire rem motum etc.)
moverentur
per
naturam
determinata
VELOCITATE
et
tarditate in tempore.
De elem., 44.(1), p. 91, l. 12-15 :
Esset etiam falsum fundamentum
demonstrationis Philosophi in IV
Physicorum, qua ostendit gravia et
levia non moveri in vacuo, ut
Commentator satis prosequitur,
nec circa hoc est immorandum.
2 occurrences
RSI : Dans le commentaire du livre IV de la Physique, Averroès fait
plusieurs fois référence à Avempace (f. 142rsq., 160r-162v, 164r) ; on ne
trouve cependant nulle part la source exacte de ce à quoi Dietrich fait
référence. Ce qui ressemble le plus au renvoi de Dietrich est le fragment
du commentaire d’Averroès qui se lit au f. 162rC (et non 160rC comme
l’indique l’édition du De elem.) ; ceci est le seul cas où Avempace est cité
pour le problème du vide et du mouvement des corps lourds et légers
(dans les autres cas, Averroès le nomme pour d’autres sujets, notamment
pour des explications sur l’expression proportio spissitudinis aquae ad
spissitudinem aeris).
La citation que Dietrich semble introduire par dicit quod cessante... au
sujet de la cessation des impedimenta et sur l’exercice de l’imagination (si
secundum imaginationem ponemus etc.) ne se trouve pas dans Averroès. Reste
cependant ouverte la question suivante : ces éléments étrangers sont-ils
introduits par Dietrich même ou par une source secondaire qu’il aurait
utilisée ?
La seconde évocation n’est pas identique à la première ; nous les
comptons différemment.
Averroès
77
n. 50)
comm. 100, 180vH-I : et est quod
NOS
percipere TEMPUS ex
perceptione motus, secundum
quod est motus, scilicet motus in
quod sumus transmutati, sed quin
determinamus in imaginatione
aliquam
partem
illius
determinatam: et hoc erit cum
senserimus duo INSTANTIA,
PRIUS ET POSTERIUS , quam iste
motus non dividitur per instantia,
nisi in nostra mente, et non
determinatur in hoc aliqua pars
eius determinata, nisi quin
diviserimus motum per duo
instantia.
De nat. contin., 4.(13), p. 261, l. 9197 : His visis manifestum est
secundum Philosophum in IV
Physicorum (...) Hoc autem, quod
sic
apprehendimus
diversa
INSTANTIA ab invicem diversa,
Commentator ibidem dicit ex eo,
quod NOS sentimus nos esse in
quodam
divisibili
secundum
phantasticum nostrum, et ideo
apprehendimus distincta et
diversa INSTANTIA secundum
antecessionem et successionem,
et continuamus inter ea quandam
differentiam secundum PRIUS ET
POSTERIUS eius, et hoc est eius
tempus secundum Philosophum.
De mens., 4.(27), p. 234, l. 210215 : Quod concipiendo diversa
INSTANTIA , inter quae continuat
TEMPUS , et secundum hoc primo
originaliter in anima oritur
tempus
secundum
hoc,
inquantum sentit se nostrum
phantasticum non esse in
indivisibili, et sic plus vel minus
extendit tempus inter duos
terminos
indivisibiles,
sicut
pertractat Commentator super IV
Physicorum.
2 occurrences
RAI (pour le De nat. contin.) et RSI (pour le De mens.) : Averroès est
nommé dans les deux cas pour appuyer l’idée que le temps a son origine
dans l’âme ou dans notre imagination. Entre le fragment de Dietrich et le
passage correspondant d’Averroès, on observe un certain nombre
d’équivalences tant au niveau de la doctrine que du vocabulaire ; on
remarque ainsi que, là où Averroès utilise imaginatio, Dietrich préfère
78
Le poids de la citation
phantasticum et, là où Dietrich parle de l’âme (in anima), Averroès parle de
l’esprit (in mente). Dans les deux exemples, on observe la préférence de
Dietrich pour les expressions phantasticum nostrum ou encore diversa
instantia.
Cette théorie sur le temps était plutôt répandue au XIIIe siècle ; il
nous semble difficile d’affirmer avec certitude que Dietrich connaît et
utilise directement Averroès : une source secondaire pouvait très bien
résumer cette conception. Voir aussi le cas suivant, n. 51.
n. 51)
comm. 97,
178 rB: tempus non habet esse
extra animam. Et sermo eius
intellectus est per se scilicet quam
quemadmodum, si instans fuerit
idem, non fiet tempus omnino,
similiter, si reputaverimus ipsum
esse idem, non reputabimus
tempus fieri (…).
(indications de l’édition)
comm. 131, 202 rA-C: Cum
dissolvit secundam quaestionem,
reversus est ad primam, et dixit:
Et quaeritur etiam utrum sit possibile
etc., id est et quaeritur de
tempore utrum inveniatur extra
animam, sicut est in anima; et sic
erit, licet non comprehendatur ab
anima, si posuerimus animam
deficere,
sicut
erit,
si
apprehendatur ab anima. Et ista
est dispositio entium naturalium;
aut est impossibile ut sit in actu,
nisi anima sit. Deinde incoepit
declarare hoc, et dixit: Dicamus
igitur quod, cum numerans non fuerit,
ergo numerare non erit, id est et cum
res numerans, quae est anima,
non fuerit, tunc numerare, quod
est actio rei numerantis, non erit.
De orig., 5.(2), p. 181, l. 14-18 :
Videtur enim fuisse intentio
Philosophi, et Commentator suus
manifeste hoc exponit de tempore
in IV Physicorum. Augustinus etiam
hoc plane et late determinat in XI
Confessionum. Boethius etiam in
libro De Trinitate dicit de numero,
quod numerus non sit aliqua res
naturae.
Frag. de rat. pot., 21, p. 381, l. 159161 : Et ista est opinio Philosophi
et Commentatoris IV Physicorum
de tempore et per consequens de
quando,
et
Augustini
XI
Confessionum et Boethii De Trinitate
de his, quae dicuntur sex
principia.
De mens., 8.(5), p. 239, l. 59-65 : Si
igitur mensura alicuius corporalis
passionis, qualis est motus, non
est aliquid reale naturale extra
animam
existens,
sed
determinatur talis mensura motui
opere rationis, quae mensura seu
numerus motus est tempus
secundum
Philosophum
IV
Physicorum et Commentatorem
Averroès
79
ibidem
et
Augustinum
XI
Confessionum, multo magis in rebus
simplicioribus et a corporeitate
separatis mensura durationis eis
determinabitur opere rationis.
3 occurrences
RcGAI* : Toujours au sujet du rapport entre le temps et l’âme, Dietrich
utilise à trois reprises le même enchaînement d’autorités, avec les mêmes
adresses : Averroès est nommé chaque fois pour accompagner le renvoi
au livre IV de la Physique d’Aristote ; il est suivi par Augustin et Boèce
(sauf dans le De mens. où manque l’évocation de Boèce). Les éditeurs
mentionnent, à juste titre, plusieurs endroits où Averroès traite de ce
sujet.
L’emploi répété de ce renvoi multiple confirme la règle de la citation
unique et suggère un usage indirect du texte d’Averroès ; il est certain
que, dans cette situation, Dietrich n’a pas l’intention de puiser dans
Averroès une citation précise, mais seulement d’évoquer son autorité
parmi d'autres pour donner plus de poids à la doctrine qu’il aborde. Le
Cordouan n’est pas, dans ce cas, une source pour une citation, mais une
autorité pour la question du temps.
Notons l’expression « Commentator suus » qui dénote le rapport de
Dietrich aux commentaires d’Averroès.
n. 52)
comm. 131, 202rF: et hoc
intendebat
cum
dicit,
v.g.
quoniam possibile est ut motus sit
absque eo, quod anima sit, id est
motus erit, et si anima non erit, et
secundum quod prius et posterius
sunt in eo NUMERATA IN
POTENTIA
EST
TEMPUS
IN
POTENTIA ; et secundum quod
SUNT NUMERATA IN ACTU EST
TEMPUS IN ACTU . Tempus igitur
in actu non erit, nisi anima sit; in
potentia vero erit, licet anima non
sit.
De nat. contin., 3.(4), p. 257, l. 4957: Philosophus etiam in IV
Physicorum quarens et determinans
(...); sed mox videtur facere
quandam exceptionem dicens,
quod tempus non erit extra
animam, nisi sit aliquid extra
animam, quo existente tempus sit,
ut prius et posterius in motu; haec
igitur, inquantum numerabilia
sunt, tempus sunt. Alia translatio
habet: NUMERATA . Commentator
ibi
dicit,
quod
inquantum
numerabilia TEMPUS EST IN
80
Le poids de la citation
Aristoteles, Physica, IV, 14, 223a
25, transl. Vetus (AL VII 1.2, p.
188, l. 18-20) : Prius autem et
posterius in motu sunt; tempus
autem hec sunt secundum quod
numerabilia sunt.
transl. Michaeli Scoti, f. 202rA :
(...) et quod prius et posterius
sunt in motu; et quod tempus est
haec duo, secundum quod
numerata.
POTENTIA ;
inquantum ACTU
NUMERATA SUNT , TEMPUS EST IN
ACTU .
De nat. contin., 6.3.(3), p. 273, l.
226-228 :
Ex
dictis
igitur
corollarie inferri potest secundum
Philosophum et Commentatorem,
quod, si impossibile esset animam
esse in rerum natura, TEMPUS
NON ESSET POTENTIA NEC ACTU
in rerum natura.
2 occurrences
RAP (De nat. contin., 3.(4), p. 257) : la citation est correcte et Dietrich
insiste même sur une nuance philologique : il préfère la variante numerata
(de la traduction faite par Michel Scot) au numerabilia (de la traduction de
Jacques de Venise). Il a très probablement eu un accès immédiat au
commentaire d’Averroès.
RcGAI (De nat. contin., 6.3.(3), p. 273) : Malgré le renvoi explicite à
Averroès et à Aristote, aucune indication n’existe dans l’apparat des
sources ! La source la plus probable est le comm. 131, que Dietrich cite
correctement quelques pages auparavant. Il n’y a aucune raison de passer
sous silence ce renvoi explicite.
Pour ce recours général imparfait nous considérons que l’usage de la
source a été immédiat parce qu’il résume une thèse présentée auparavant
pour laquelle nous avons déduit une connaissance directe d’Averroès.
n. 53)
comm. 131, 202vH (nr): et ista
perscrutatio de TEMPORE MAGIS
est
philosophica
quam
naturalis, sed induxit ipsam in
hoc loco, quia est causa in ipsum
plus latete, scilicet quia est
diminutum in se.
De nat. contin., 4.(19), p. 263 : Et
quia secundum dictum modum
tempus constituitur per actum
animae, et est res primae
intentionis
determinata
circa
motum
secundum
rationem
numeri vel mensurae, ideo
Averroès
81
secundum Commentatorem super
V Physicorum MAGIS pertinet ad
primum
philosophum
considerare
et
determinare
naturam TEMPORIS quam ad
physicum.
1 occurrence
RSI : On peut noter une réelle correspondance thématique entre les
deux textes ; au niveau du vocabulaire, on remarque notamment :
l’enquête philosophique (perscrutatio philosophica) dont parle Averroès,
devient chez Dietrich une enquête métaphysique (ad primum philosophum
considerare). Etant donné l’usage probablement direct de cette partie du
commentaire d’Averroès (d'après notre conclusion antérieure) et la
multiplication, dans le même ouvrage (le De nat. contin.), des renvois au
même texte source, on peut considérer que Dietrich a pu connaître
directement ce texte du Cordouan.
IV) In l ib r u m V I Phy s i c o r u m (apud Juncta)
n. 54)
comm. 85, 300v G-I (nr) : Omnis
enim punctus positus in circulum
describit circulum alium ab eo,
quem describit alius punctus,
scilicet quod numerus circulorum
erit
secundum
numerum
PUNCTORUM, et cum ita sit, tunc
circulus, cum transfertur in
concavo, aut super convexum
circuli, transfert de circulo in
circulum,
diversum
ab
eo
ratione etsi SINT IDEM SUBIECTO .
(...) Deinde dicit : nisi sicut musicus
etc., id est et circulus, quem
dividit alius punctus, non dicitur
idem numero, nisi sicut dicitur
quod homo et musicus sunt idem
in numero, id est quia accidit eis,
De nat. contin., 6.1.(5), p. 269, l. 90
– 270, l. 115 : Non sic autem se
habet in proposito in ea
transmutatione, quae vere est
motus,
cuius
exemplum
promptius accepimus in motu
locali et maxime in circulari,
secundum quod Philosophus
ostendit in VI Physicorum elidens
rationem Zenonis, qui nitebatur
auferre motum (...). Hanc autem
rationem Zenonis elidit ibi
Philosophus secundum sextam
distinctionem, qua dicit caelum
semper manere in loco eodem
secundum
subiectum,
transmutatur
autem
localiter
secundum locum alium et alium
82
Le poids de la citation
quod fuerint idem, non per se;
homo enim et musicus sunt IDEM
SECUNDUM SUBIECTUM; et quod
est idem secundum subiectum est
idem per accidens, idem enim in
rei veritate est idem SECUNDUM
FORMAM et similiter circuli, quos
puncta dividunt, scilicet quae
imaginantur in eodem circulo,
sunt idem per accidens, quia
subiectum eorum est idem.
secundum formam, intendens
secundum Commentatorem, quod
ipsum spatium circulare, in quo
vel secundum quod movetur
caelum, EST UNUM ET IDEM RE ET
SUBIECTO; inquantum autem in
eodem spatio diversa significantur
PUNCTA , a quorum quolibet
intelligitur
incipere
motus
circularis et redire in idem,
inquantum sunt huiusmodi sic
significatae circulationes, ad quas
et ex quibus movetur caelum,
diversa loca SECUNDUM FORMAM.
1 occurrence
RAI : La discussion de la position de Zénon est reprise par Dietrich à
partir de la Physique d’Aristote et du commentaire correspondant
d’Averroès ; les détails de l’argumentation nous font supposer que
Dietrich connaît sa source directement, même s’il ne reprend aucune
citation exacte.
Cette occurrence est la seule référence que Dietrich fait au
commentaire du livre VI de la Physique d’Aristote.
V) In l ib r u m V I I I Ph y s i c o r u m (apud Juncta)
n. 55)
comm. 27, 365rC-D : Et, cum
narravit quod animal movetur
naturaliter, quia movetur ex se,
dedit causam in hoc, et dicit
animal enim mouetur ex se, etc. Et
potentia istius sermonis est similis
tali modo. ANIMALIA MOVENTUR
EX SE; et quod mouetur ex se,
movetur a principio in eo; et
omne
quod
movetur
per
principium in ipso, movetur
naturaliter : quoniam omne, quod
De anim., 17.(1), p. 27, l. 6-10 :
Inquantum autem est maxime per
se et naturalis et primus, quod
movetur hoc motu, movetur ex
se, secundum quod ostendit
Philosophus in VIII Physicorum,
ubi dicit Commentator, quod
caelum magis MOVETUR EX SE
quam ANIMAL in hoc inferiore
mundo.
De elem., 30.(1), 80sq., l. 61-63 :
Averroès
movetur per principium in eo,
movetur per naturam. (...) Et,
cum declaravit quod animal
movetur naturaliter, dicit et ideo
animal
secundum
totum
naturaliter movet se, id est, cum
dicimus quod animal movetur
naturaliter,
intendimus
quod
anima movet corpus per suam
naturam, et corpus movetur per
suam naturam ab ea.
83
Constat, quod non minus, sicut
etiam dicit Commentator super
VIII Physicorum, scilicet quod
nobiliore modo et veriore
MOVETUR caelum EX SE quam
ANIMALIA
in
hoc
mundo
inferiore.
comm. 27, 365rF (nr): corpus enim
animalis innatum est moveri ad inferius,
sed tantum, quia anima animalis est
forma sui corporis naturaliter, necesse est
ut motus eius a sua anima fit naturaliter;
sed si fuerit inventum aliquid motum per
principium in eo, ita quod in suo corpore
non fit principium contrarium motui
animae, tunc illud motum erit motum
naturaliter simpliciter, scilicet per
animam, et per corpus, ut declaratum erit
de corpore.
2 occurrences
RAI : On reconnaît la règle de la citation unique pour l’expression
« caelum movetur ex se magis / nobiliore modo quam animalia in hoc
mundo inferiore » (la même dans les deux ouvrages de Dietrich).
L’idée que le ciel se meut par lui-même nobiliore et veriore modo que les
animaux, ne se lit pas chez Averroès, même si dans le commentaire du
livre VIII de la Physique, on peut identifier des raisonnements qui vont
dans la même direction (notamment lors des précisions sur le moteur
extrinsèque et sur le mouvement naturel). Elle a été probablement citée
de mémoire ou par le biais d’une source secondaire.
n. 56)
comm. 35, 374vH (nr) : et potest
aliquis querere DE VENTO, utrum
sit de numero eorum, quae
MOVETUR ex se, aut de numero
De elem., 15.(2), p. 70, l. 37-44 :
Quorum causam existimandum
est, quoniam, etsi huiusmodi
habeant aliquale principium sui
84
Le poids de la citation
eorum, quae movetur ex alio.
motus in se ipsis, sunt tamen
substantiae
quodammodo
incompletae nondum separatae a
generante, unde contingit ea
moveri non secundum naturam
simplicis praedominantis, qua
habent inclinationem ad suum ubi
secundum rectam lationem motus
simplicis, sicut dictum est, sed
etiam moventur a generante
secundum Commentatorem super
VIII Physicorum DE VENTO , et
magis principaliter quam ab
intrinseco principio MOVENTUR
huiusmodi a generante.
1 occurrence
RSI : Dans le passage noté comme source par les éditeurs, Averroès
traite du mouvement des vents. Cette correspondance thématique n’est
cependant pas redoublée par des ressemblances littéraires : Dietrich parle
d’un principium intrinsecum et d’un generans, tandis qu’Averroès utilise les
formules ex se et ex alio. De plus, le but d’Averroès dans le commentaire
35 est la description des divers mouvements, comme celui de l’amant ou
du vent ; or, chez Dietrich, c’est dans le cadre d’une discussion sur la
génération que prend place cette citation.
Nous avons peu d’éléments pour pouvoir affirmer que Dietrich
connaît et utilise immédiatement Averroès.
n. 57)
comm. 56, 397 vH : Deinde dicit :
Et possibile est ut sit continuus, id est
et cum posuerimus quod, illud
quod provenit a natura, est melius
inter possibilia : et motus eternus
est melius ut sit continuus : et
possibile est UT MOTUS LOCALIS
SIT CONTINUUS . Sequitur quod
motus localis, in quo invenitur
aeternitas, sit continuus.
De nat. contin., 2.(9), p. 255, l. 8688 : Et haec est ratio eius, quod
dicit Commentator super Librum
Physicorum, quod solus MOTUS
secundum LOCUM est perfecte
CONTINUUS .
Averroès
85
(l’édition renvoie au comm. 56, 397vL
qui est une source encore moins proche
que 397vH.)
1 occurrence
RSI : Averroès ne définit pas, contrairement à Dietrich, le mouvement
local comme un unique mouvement parfaitement continu (solus motus
perfecte continuus), mais comme un mouvement qui, probablement, est
continu (possibile est ut motus localis sit continuus).
Nous estimons que Dietrich a pu connaître cette sentence par une
source indirecte. Elle se lit d’ailleurs dans les Auctoritates Aristotelis, In
VIII Physicorum, p. 158, n. 220 : « Solus motus localis est continuus vere
et perpetuus, quia non est medium inter motum et quietem ». Thomas
d’Aquin la cite également : « Nec est mirum si tota generationis
transmutatio non est continua, sed sunt multae generationes intermediae:
quia hoc etiam accidit in alteratione et augmento; non enim est tota
alteratio continua, neque totum augmentum, sed solum motus localis est
vere continuus, ut patet in VIII Physicorum » (Summa contra Gentiles, l. 2,
c. 89, n. 10).
n. 58)
comm. 82, 430 vI-K (nr) : sed hec
corpora ab extrinsecis recipiunt
densitatem
et
raritatem
et
recipiendo
densitatem
quasi
recipiunt
aliquam
PENETRATIONEM
in
suis
partibus. Nam si non reciperet
penetrationem aliquam, oporteret
etiam quod motus eorum omnino
simul esset, ita quod ultimus
terminus
mundi
expelleretur
etiam et si iste PARTES perfecte
PENETRARENT SE INVICEM, tunc
non moveretur de aqua, nisi
quantum possidet corpus, quid
cecidit in illa. Est igitur quasi
medium inter esse spirituale et
corporale.
Secundum
ergo
De elem., 13.(1), p. 69, l. 7-10 :
Tale enim corpus, cum receperit
motum in aliqua suarum partium,
huiusmodi pars movet aliam vel
alias et sic deinceps, quod absque
aliquali subintratione partium ad
partes fieri non potest propter
talium corporum spiritualitatem,
ut dicit Commentator super VIII
Physicorum.
De misc., 7.(2), p. 36, l. 16-26 : De
elementis autem non solum est
hoc
necessarium
quoad
mixtionem, ut dictum est, sed in
singulis elementis necessarium est
hoc etiam quoad PARTES suas
proprias, scilicet ut possint SE
86
Le poids de la citation
naturam SPIRITUALIS accidit in
partibus aliqua PENETRATIO :
unde vidimus diversos motus non
impediri a seinvicem in aqua etc.
PENETRARE
propter
spiritualitatem
suam,
quam
habent talia corpora, ut dicit
Commentator
super
VIII
Physicorum, ubi loquitur de
proiectis.
INVICEM
2 occurrences
RSI : Un résumé correct de la thèse d’Averroès. On observe un certain
nombre de coïncidences littérales pour les mots essentiels de la doctrine
(se invicem penetrare, spiritualis natura), notamment pour le fragment du De
misc.). Dans le De elem., on retrouve moins de correspondances au niveau
du vocabulaire, même si doctrinalement une certaine ressemblance est
évidente.
n. 59)
Metaph., XII,
comm. 38, 321 vG : Intelligentia
enim agens, inquantum est
abstracta et est principium nobis,
necesse est ut moueat nos
secundum amatum amans et si
omnis motus necesse est ut
continuetur cum eo, a quo fit
secundum finem, necesse est ut in
postremo continuetur cum hoc
intelectu abstracto : ita quod
(nr : non invenitur ibi, sed :)
ERIMUS DEPENDENTES A TALI
PRINCIPIO,
A QUO COELUM
DEPENDET : quamvis hoc fit in
nobis modico tempore, sicut dixit
Aristoteles.
1 occurrence
FRSP - voir la discussion au n. 36.
De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4349 : Inquirit enim Commentator
super III De anima et post suam
inquisitionem concludit possibile
esse
intellectum
agentem
aliquando nobis uniri ut formam,
quo per ipsum intelligamus omnia
entia et, sicut dicit super Librum
Physicorum, per ipsum SIMUS
DEPENDENTES
AB
EODEM
PRINCIPIO, A QUO DEPENDET
CAELUM.
Averroès
87
C. In D e a n im a A r is to te l is (ed. Crawford)
I) In l i b r u m I I D e a n i ma
n. 60)
comm. 60, 221, l. 40-44 (nr): Et
potest dicere quod sensibilia non
movent SENSUS illo modo quo
existunt extra animam; movent
enim sensus secundum quod sunt
intentiones, cum in materia non
sint intentiones in actu, sed in
potentia.
Utrum in Deo, 2.2.3.(8), p. 313, l.
82-88: Quaelibet igitur huiusmodi
forma sensibilis est in potentia in
organo corporali transmutato a
generante, perficitur autem et fit
in actu non solum a primo
alterante, quod est generans, sed
etiam ex praesentia obiecti, non
sic, quod tale obiectum sit
principium activum talis formae
in actum, sed quia secundum
ipsum obiectum et secundum
proprietatem formae eius sit in
actu per aliud intrinsecum
principium
secundum
Commentatorem super II De anima.
De luce, 5.(3), p. 13, l. 28-32 :
Unde Augustinus super Genesim
dicit, quod anima accommodat
partem substantiae suae ad hoc,
quod sensus fiat in actu ad
praesentiam sensibilis. Et idem
vult dicere Commentator super II
De anima, quod actus SENSUS
dependet ab aliquo interiore
principio sicut in intellectu, sed
Aristoteles tacuit hoc, quia latet.
2 occurrences
RSI : Dans ces deux fragments, Dietrich résume l’idée d’Averroès selon
laquelle la sensation ne dépend pas exclusivement de l’action de l’objet
sensible, totalement extérieur à l’âme sensitive ; mais si Dietrich parle,
dans les deux cas, d’un principe intrinsèque également responsable de la
88
Le poids de la citation
sensation, Averroès se contente de préciser seulement que les objets
sensibles sont extra animam et qu’ils meuvent les sens en tant que
intentiones. On a donc affaire à une interprétation assez libre de la
position d’Averroès et on peut supposer que Dietrich n’utilise pas
directement sa source.
Remarquons aussi la note sur Aristote : Aristoteles tacuit hoc, quia latet.
n. 61)
comm. 125, p. 321, l. 45-46 (nr) :
Ipse enim quasi opinatur quod
sensuum quidam SUNT IN
CAPITULO RELATIONIS , et quidam
sunt in capitulo actionis et
passionis per se et accidit eis
relatio.
De ratione potentiae, 24, p. 382, l.
187-191 : Unde Philosophus V
Metaphysicae dicit, quod intellectus
per se habet habitudinem ad
intelligibile sicut sensus ad
sensible; ubi dicit Commentator,
quod in essentia intellectus est
habere talem habitudinem, et
super De anima dicit, quod
potentiae sensitivae SUNT IN
CAPITULO
ad
aliquid
sive
RELATIONIS .
1 occurrence
RSP : La citation correspond à la source, même si quelques petites
différences de vocabulaire existent (Dietrich parle de potentiae sensitivae,
Averroès de sensus). La sentence est trop brève pour pouvoir se
prononcer sur l’usage direct de la source. Pour la sentence qui précède la
citation (se habet habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensibile), voir n. 12.
n. 62)
comm. 160, p. 372, l. 14 – 373, l.
24 : Quoniam, si sunt quedam que
moventur ab aliis et movent alia,
et ymaginatio videtur esse virtus
mobilis et passiva ab alio, et
impossibile est ut sit sine sensu,
sed est in rebus sensibilibus et in
animalibus habentibus sensum
De orig., 5.24, p. 186, l. 183-186 :
Et hoc manifeste habetur a
Philosopho in II De anima,
videlicet quantum ad effectum
rerum sensibilium in organis
sensuum; de ultimo autem
complemento
formarum
sensitivarum eo modo, quo
Averroès
perfectum, et possibile est ut
motus fiat a sensu qui est in actu,
necesse est ut ymaginatio in actu
nichil aliud sit nisi perfectio istius
virtutis per intentiones sensibiles
existentes in sensu secundum
modum secundum quem sensus
perficitur per sensibilia que sunt
extra animam, et quod prima
perfectio istius partis anime sit
virtus que innata est se assimilare
sensationibus que sunt in ipso
sensu communi.
dictum
est,
habetur
Commentatore in eodem loco.
89
a
1 occurrence
RAI : ceci est la seule occurrence dans l’œuvre de Dietrich où le Grand
Commentaire sur le De anima d’Averroès est cité pour interpréter le texte
d’Aristote ; dans toutes les autres occurrences, cet ouvrage du Cordouan
est cité pour lui-même, autrement dit pour les doctrines qui lui sont
propres, et non pour expliquer le texte du Stagirite.
II) In l ib r u m I II D e a n i ma
n. 63)
comm. 4, p. 386, l. 99-104 : Et
cum talis est dispositio intellectus
materialis, scilicet quod est unum
entium, et quod potentia est
abstracta, et non habet formam
materialem, manifestum est ipsum
esse non passivum, cum passiva,
scilicet transmutabilia, sunt sicut
forme materiales, et quod est
simplex, sicut dicit Aristoteles, et
separabilis.
Idem : comm. 5, p. 389, l. 63-67;
comm. 12, p. 426, l. 10-14; comm.
De int., III. 13.(2), p. 186, l. 8-11 :
Omne autem accidens non est
nisi dispositio habentis partes,
non qualescumque, sed partes
posteriores toto, quod est de
ratione individui. Sed talis
intelligentia,
quam
ponit
Averroes, nec habet partes tales
nec est individuum. Ergo non
est in potentia ad recipiendum
aliquam talem speciem.
90
Le poids de la citation
14, p. 428, l. 8-13
comm. 5, p. 388, l. 37-44 : Et ex
hoc apparet quod ista natura non
est aliquid hoc, neque corpus
neque virtus in corpore; quoniam,
si ita esset, tunc reciperet formas
secundum quod sunt diversa et
ista, et si ita esset, tunc forme
existentes in ipsa essent intellecte
in potentia, et sic non distingueret
naturam formarum secundum
quod sunt forme, sicut est
dispositio
in
formis
individualibus, sive spiritualibus
sive corporalibus.
Idem : comm. 5, p. 393, l. 191193.
1 occurrence
RcGSI : Malgré l’évocation explicite du nom d’Averroès, aucune note
n’apparaît dans l’apparat des sources !
Averroès n’utilise pas, dans son commentaire du livre III du De
anima, les mots que Dietrich lui attribue: intellectus non habet partes nec est
individuum. Cette idée se trouve cependant chez Averroès sous la forme
suivante : intellectus est simplex (l’intellect est simple et sans mixtion) ou
intellectus non est hoc aliquid (l’intellect n’est pas quelque chose de
déterminé ou individualisé). On peut donc supposer que Dietrich se
réfère à ces thèses d’Averroès (communément citées dans les textes de
noétiques), même si le vocabulaire n’est pas identique, on peut supposer
que Dietrich n’utilise pas directement l’ouvrage du Cordouan.
n. 64)
comm. 5, p. 388, l. 32-37 (nr) : Et
causa propter quam ista natura
(i.e. natura intellectus possibilis)
est distinguens et cognoscens,
PRIMA autem MATERIA RECIPIT
FORMAS
diversas,
scilicet
De orig., 5.32, p. 189, l. 291-294 :
Et hoc concordat ei, quod
communiter dicitur et habetur a
Commentatore, scilicet quod
MATERIA PRIMA RECIPIT FORMAS
has et INDIVIDUALES, intellectus
91
Averroès
INDIVIDUALES
et
AUTEM
recipit
istas,
ista
AUTEM FORMAS
simpliciter.
FORMAS
universales.
1 occurrence
RcGSP : La citation coïncide presque parfaitement avec la source
indiquée par les éditeurs, mais c’est une sentence qui revient souvent
dans les traités de noétique de la fin du XIIIe siècle. Chez Thomas
d’Aquin, par exemple, on la lit avec une différence négligeable « formae
absolutae » au lieu de « formae universales » : « Est autem alia potentia
receptiva in anima intellectiva, a potentia receptiva materiae primae, ut
patet ex diversitate receptorum, nam materia prima recipit formas
individuales, intellectus autem recipit formas absolutas » (Summa
theologiae, I, q. 75, a. 5, ra1).
n. 65)
comm. 5, p. 404, l. 503-508 (nr) :
Et est etiam manifestum quod
materia et forma copulantur
adinvicem
ita
quod
congregatum ex eis sit unicum,
et
maxime
intellectus
materialis et intentio intellecta
in actu; quod enim componitur
ex eis non est ALIQUOD TERTIUM
aliud ab eis sicut est de aliis
compositis EX MATERIA ET
FORMA .
De vis. beat., 1.1.1.3.5.(2), p. 21, l.
89-96 : Unde Augustinus IX De
Trinitate c. 13: « Quomodo autem
illa tria non sunt eiusdem
essentiae, non video, cum mens
se ipsa amet et se ipsa noverit ».
Quamvis autem istud verbum
Augustinus velit intelligi de abdito
mentis, si tamen extendamus
ipsum ad intellectum possibilem,
concordat cum eo hoc, quod dicit
Commentator super III De anima,
quod magis fit unum ex
intellectu et specie intelligibili
quam EX MATERIA ET FORMA .
Ex materia enim et forma fit
ALIQUOD TERTIUM, quod nec est
materia nec forma. Species autem
intelligibilis fit intellectus.
De int., III. 13.(3), p. 187, l. 1216 : Item, sicut habemus ab
eodem Averroe, magis fit unum
92
Le poids de la citation
ex
specie
intelligibili
et
intellectu quam EX MATERIA ET
FORMA , quia ex materia et
forma fit ALIQUID TERTIUM, sed
species intelligibilis fit ipse
intellectus. In idem concordant
Alexander et Alpharabius in
tractatibus suis De intellectu et
intelligibili.
De vis. beat., 3.2.4.(4), p. 73, l. 5964 : Nec ex dicta possibilitate et
ipsa specie fit compositio, sed
potius talis possibilitas transit in
actum speciei et fit ipsa species
intelligibilis in actu, ut dicit
Alexander et Alpharabius in libris
suis De intellectu et intelligibili et
Commentator super De anima,
scilicet
quod
species
intelligibilis fit ipse intellectus,
quando quis actu intelligit. Et hoc
est, quod dicit Philosophus III De
anima, quod intellectus possibilis
nihil est eorum, quae sunt,
antequam intelligat.
De vis. beat., 4.2.1.(8), p. 108, l. 8488 : Si igitur huic deductioni
addatur, quod dicunt Alpharabius,
Alexander, Averroes, scilicet quod
huiusmodi intellecta seu species
intelligibiles in nobis sunt
idem, quod intellectus possibilis
factus
in
actu,
inquantum
videlicet intellectus possibilis est
noster, manifestum est, quod
intellectus
agens
in
omni
intellectione unitur intellectui
possibili ut forma.
4 occurrences
Averroès
93
RSI (De vis. beat., 1.1.1.3.5.(2), p. 21 et 3.2.4.(4), p. 73) : La citation que
Dietrich attribue à Averroès ne se lit pas telle quelle dans le commentaire
du livre III. Là où Dietrich parle de « magis fit unum ex intellectu et
specie », Averroès emploie la formule « maxime copulantur adinvicem
intellectus materialis et intentio intellecta in actu ». De surcroît, citée à
l’identique dans plusieurs traités, cette sentence est conforme à la règle
de la citation unique.
Il faut noter aussi que Dietrich, selon sa manière particulière
d’associer pour les mêmes problèmes les autorités les plus diverses, fait
concorder (concordat cum eo) la doctrine d’Augustin de l’abditum mentis et la
théorie d’Averroès sur l’union entre l’intellect possible et l’espèce
intelligible en acte.
On peut remarquer dans les trois fragments une autre sentence
(species intelligibilis fit ipse intellectus) qui respecte la règle de la citation
unique.
Dietrich est dans De vis. beat. 3.2.4.(4), p. 73 loin du texte d’Averroès
et il en donne une interprétation assez libre ; il insiste ainsi plus sur le
fait que c’est l’espèce intelligible qui constitue l’intellect possible que sur
l’union des deux. On notera l’association des mêmes autorités que dans
le RcGSI.
RcGSI (De int., III. 13.(3), p. 187) : La même thèse qu’auparavant, mais
cette fois sans adresse.
On observe que, dans le De int., Dietrich établit une concordance
entre Averroès, Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi, tandis que, dans le
De vis. beat., il avait établi une concordance, à propos du même thème,
entre Averroès et Augustin.
La sentence, telle que Dietrich connaît et cite, revient souvent chez
d’autres auteurs contemporains. On la retrouve, par exemple, chez Duns
Scot, Quaestiones in Librum Porphyrii Isagoge, Q. 9, [9-11.] : « Item, ex
intellectu et intelligibili fit uerius unum quam ex materia et forma, per
Commentatorem III De anima »). De même, Antoine de Parme, Dubia et
remotiones de intellectu agente et possibile, Vat. Lat. 6768, f. 164vb : « et ideo
sicut ex specie intelligibili et intellectu nostro fit unum magis quam ex
materia et forma, ut dicit Commentator in III De anima, sic quod totum
dicitur intelligens et cognoscens, ita ex una intelligentia et ex altera fit
unum, ita quod totum dicitur cognoscens et cognitum et ratio
cognoscendi ».
(De vis. beat., 4.2.1.(8), p. 108) : Toujours dans le De vis. beat., la même
théorie sur l’identité entre l’intellect possible et l’espèce intelligible ;
Dietrich enchaîne les mêmes autorités (Averroès, Alexandre d’Aphrodise
et Al-Farabi). On remarquera également qu’il ajoute à cet endroit la
94
Le poids de la citation
théorie de l’union de l’intellect agent du corps humain en tant que forme
(ut forma), que nous rencontrerons plus bas, n. 66.
n. 66)
comm. 5, 415, l. 63-64 (nr) :
Declaratum est enim illic quod
virtus COGITATIVA non est nisi
virtus
que
DISTINGUIT
intentionem REI sensibilis A SUO
IDOLO ymaginato : et ista virtus
est illa cuius proportio ad has
duas intentiones, scilicet ad
idolum rei et ad intentionem sui
IDOLI , est sicut proportio sensus
communis ad intentiones quinque
sensum.
comm. 20, p. 449, l. 176 - 189 : Et
sunt tres virtutes, quarum esse
declaratum est IN S ENSU ET
S ENSATO, scilicet ymaginativa et
COGITATIVA et rememorativa; ite
enim tres virtutes sunt in homine
ad presentandam formam rei
ymaginate quando fuerit sensus
absens (...) Et intendebat hic per
intellectum passsibilem formas
ymaginationis secundum quod in
eas agit virtus cogitativa propria
homini. Ista enim virtus est aliqua
ratio, et actio eius nichilest aliud
quam ponere intentionem forme
ymaginationis cum suo individuo
apud
rememorationem
aut
distinguere eam ab eo apud
formationem et ymaginationem.
comm. 33, p. 476, l. 51 - 65 :
Virtus enim cogitativa, sicut
declaratum est IN libro DE S ENSU
De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98, l.
21-33 : Componit enim et dividit
et distinguit et ordinat entia huius
tertii generis, id est entia concepta
sub suis intentionibus simplicibus,
id est abstrahendo A SUIS IDOLIS,
sicut dicit Averroes in suo
tractatu DE SENSU ET SENSATO,
et
est
hoc
COGITATIVUM
nostrum,
quod
etiam
vim
DISTINCTIVAM
seu
rationem
particularem
vocant,
quod
quamvis
conceptivum
sit
intentionum simplicium etc.
De vis. beat., 4.3.2.(9), p. 115, l. 4044 : Sicut igitur sensus et
imaginatio tendunt in idem
obiectum, quamvis secundum
diversum gradum in modo
apprehensionis,
item
imaginativum
et
cogitativum
tendunt
in
idem,
quamvis
cogitativum simpliciore modo et
intimiore quam imaginativum,
quia imaginatio apprehendit rem
vestitam suis idolis, COGITATIVA
autem ab huiusmodi IDOLIS rem
denudatam,
ut
dicit
Commentator.
De int., III.27.(2), p. 200, l. 30-32 :
Et hoc est, quod ille commentator
Averroes dicit, scilicet quod
denudat (i.e. ratio aestimativa seu
COGITATIVA ) rem A SUO IDOLO ,
Averroès
S ENSATO, quando iuvabit se
cum informativa et rememorativa,
innata
est
presentare
ex
ymaginibus rerum aliquam quam
nunquam sensit, in eadem
dispositione secundum quam
esset si sensisset eam, fide et
informatione; et tunc intellectus
iudicabit illas ymagines iudicio
universali. Et intentio cogitationis
nichil aliud est quam hoc, scilicet
ut virtus COGITATIVA ponat rem
absentem a sensu quasi rem
sensatam. (...) Et iam diximus
quod virtus cogitativa non est
intellectus
materialis
neque
intellectus qui est in actu, sed est
virtus particularis materialis. Et
hoc manifestum est ex dictis IN
S ENSU ET S ENSATO.
ET
95
id est ab accidentibus, sub quibus
imaginativa rem considerat.
De orig., 5.(26), p. 187sq., l. 224229 : Hoc enim solum est
intelligere, scilicet apprehendere
rem
secundum
talium
principiorum
eius
determinationem; alioquin non
differret intellectus a VIRTUTE
COGITATIVA , quae etiam sic
intentionem substantiae denudare
potest, ut nuda apud ipsam
maneat denudata ab omnibus
imaginibus, ut Averroes loquitur,
et appendiciis accidentalibus.
3 occurrences
FRSI (De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98) : Dans les autres œuvres où Dietrich
reprend cette thèse, avec les mêmes mots, il ne précise aucune adresse de
la source et parfois aucune autorité (cf. Q° utrum in Deo, I.(11), p. 302, l.
81-83). Ici il indique le commentaire du De sensu et sensato, mais le
vocabulaire est propre au commentaire du De anima puisque le De sensu
d’Averroès ne contient aucune discussion sur la cogitative (seulement sur
la virtus ymaginativa, ed. Shields, p. 39sq.). Dans le De anima cependant,
Averroès renvoie lui-même (comm. 20 et 33) à son commentaire du De
sensu au sujet des trois facultés de l’âme (l’imaginative, la cogitative et la
remémorative), mais jamais pour mettre en relation la virtus cogitativa et
l’idolum ; probablement Dietrich s’est inspiré de cette auto-citation (ou
d’une source intermédiaire) et a renvoyé directement au De sensu
d’Averroès.
Le FRSI n’est pas compté ici, mais à la partie dédiée au De sensu et
sensato.
RcGSI : L’endroit indiqué par l’édition est le seul où apparaisse, dans le
Grand Commentaire du De anima, le mot idolum ; et c’est ici aussi
qu’Averroès le met en relation (comme Dietrich) avec l’action de la
96
Le poids de la citation
cogitative. Cependant, le verbe denudare apparaît une vingtaine de fois
dans le même commentaire (le plus souvent pour décrire l’action
d’abstraction effectuée par l’intellect agent), mais jamais en relation avec
la virtus cogitativa et l’idolum ; Dietrich apporte donc sa touche d’originalité
(ou suit une source secondaire).
Il faut noter que dans le De vis. beat. Dietrich cite deux fois cette
sentence, mais une fois en l’attribuant au commentaire du De sensu et
sensato et une autre fois sans adresse.
On peut encore comparer ces fragments de Dietrich et une phrase
provenant du De anima d’Avicenne où l’on trouve une description de
l’image intelligible (nuda a materia et ab eius appendiciis) dans des termes très
semblables à ceux de Dietrich (denudata ab omnibus imaginibus, et appendiciis
accidentalibus) : « Virtus enim rationalis cum considerat singula quae sunt
in imaginatione et illuminatur luce intelligentiae agentis in nos quam
praediximus, fiunt nuda a materia et ab eius appendiciis et imprimuntur
in anima rationali, non quasi ipsa mutentur de imaginatione ad
intellectum nostrum, nec quia intentio pendens ex multis (cum ipsa in se
sit nuda considerata per se), faciat similem sibi, sed quia ex
consideratione eorum aptatur anima ut emanet in eam ab intelligentia
agente abstractio » (Avicenna, De anima, ed. Verbeke, p. 127, l. 39-47).
n. 67)
comm. 6, p. 415sq., l. 67-74 (nr) :
Et hoc aperte dixit Aristoteles in
illo libro (i.e. De sensu et sensato),
cum posuit virtutes distinctivas
individuales in quatuor ordinibus:
in
primo
posuit
sensum
communem,
deinde
ymaginativam,
deinde
COGITATIVAM,
et
postea
REMEMORATIVAM.
Et posuit
rememorativam
magis
spiritualem, deinde cogitativam,
deinde ymaginativam, et post
sensibilem.
1 occurrence
Utrum potentiae sensitivae, 3, p. 359,
l. 9-11: Nihil in homine praeter
intellectum nobilius est sensitivo,
cuius sensitivi ultimum est
COGITATIVUM
vel
MEMORATIVUM
secundum
Commentatorem.
Averroès
97
RcGSI : Evocation sans adresse et sans correspondance littérale parfaite.
Dietrich respecte la présentation qu’Averroès donne d’une doctrine
d’Aristote. Il faut cependant souligner une différence : dans le texte
d’Averroès la cogitative et la mémorative sont deux facultés distinctes, la
seconde supérieure à la première (« posit (i.e. Aristoteles) ... cogitativam,
et postea rememorativam. Et posuit rememorativam magis spiritualem,
deinde cogitativam ») ; pour Dietrich la cogitative est identique à la
mémorative (« ultimum est cogitativum vel memorativum »). Cette
identité, jamais remarquée dans les études sur la noétique de Dietrich,
mériterait plus d’attention.
Nous ne savons pas trancher si Dietrich modifie volontairement la
lecture d’Averroès (et implicitement celle d’Aristote) ou si l’intermédiaire
utilisé est de mauvaise qualité et, par conséquent, si la connaissance qu’il
a de la position d’Aristote et de son Commentateur est tronquée.
n. 68)
comm. 15, p. 434, l. 6-20 (nr) :
cum dubitavit de intellectu
materiali utrum intellectum ex eo
est ipse intellectus aut aliud aliquo
modo, et oportet, si intellectus in
eo est ipsum intellectum, ut sit
intellectum per se, non per
intentionem in eo, et si fuerit
aliud aliquo modo, ut sit
intellectum per intentionem in eo,
incoepit declarare quod est
intellectum per intentionem in eo,
SICUT ALIE res intellecte, sed
differt ab eis in hoc quod illa
intentio est in se intellectus IN
ACTU , et in aliis rebus est
intellectus in potentia. Et dixit :
Et est etiam intellectum, sicut
intellecta. Id est, et est intellectum
per intentionem in eo, SICUT ALIE
res
intellecte.
Deinde
demonstrationem super hoc. Et
dixit : Formare enim per intellectum,
etc. Id est, et necesse est ut sit
De vis. beat., 1.1.1.3.4.(2), p. 20sq.,
l. 68-77 : Cum enim actu intelligit
se, non sic intelligit se, quod ipse
idem
actus
intelligendi
sit
obiectum talis intellectionis, sed
intelligit se, inquantum intelligit
se olim factum in actu per aliam
intellectionem, et sic INTELLIGIT
SE
SICUT
ALIA
secundum
Philosophum
et
exponit
Commentator, quod, SICUT ALIA
INTELLIGIT per actus et formas
suas, quibus talia sunt aliquid in
actu, sic intelligit se, inquantum
aliquando factus est IN ACTU per
speciem intelligibilem aliam ab ea,
qua nunc intelligit, et sic ipse sub
uno actu intellectionis existens
intelligit se sub alio actu
intellectionis, sub quo fuit, et sic
intelligit se sicut alia, videlicet
secundum
differentiam
intelligentis et intellecti.
98
Le poids de la citation
intellectum per intentionem in eo,
quia formare per intellectum et
formatum idem sunt in rebus non
matetialibus. Et si iste intellectus
esset
intellectus
per
se,
contingeret ut scientia speculativa
et scitum essent idem, quod est
impossibile.
Aristoteles, De anima, III, 429b
26-29 :
Amplius
autem
si
intelligibilis et ipse, aut enim aliis
inerit intellectus, si non secundum
aliud ipse intelligibilis est, unum
autem aliquid intelligibile specie
est; si autem sit mixtum, aliquid
habebit quod facit intelligibile
IPSUM SICUT ALIA .
1 occurrence
RcGAI : Le fragment où Aristote parle de l’intellection réflexive de
l’intellect possible se lit dans le De anima III, 429b 26-29. On ne trouve
pas une correspondance littérale entre Dietrich et sa source (Averroès
n’utilise pas l’expression intelligere se sicut alia), mais on reconnaît une
certaine conformité doctrinale.
Dietrich laisse entendre qu’il veut résumer l’interprétation
d’Averroès (et exponit Commentator quod ...) ; celui-ci défend, comme
Dietrich, l’idée que l’intellect possible ne se comprend pas per se, mais par
l’entremise d’un autre intelligible qui est actualisé par l’intellect agent et
que l’intelligible en acte est identique à l’intellect possible (la thèse
provient d’Aristote). Ce dernier intellect se connaît de la même manière
qu’il connaît les autres intelligibles (intelligit se sicut alia) ; ceci est la cause
qui rend impossible une identité essentielle entre l’intellect possible et
son objet 11.
11 Voir à ce sujet D. CALMA, « La connaissance réflexive de l’intellect agent. Le «
‘premier averroïsme’ et Dietrich de Freiberg », in : J. BIARD, D. CALMA, R.
IMBACH (eds), Recherches sur Dietrich de Freiberg, p. 63-105.
Averroès
99
n. 69)
comm. 18, p. 439, l. 73-74 : Et
fuit necesse attribuere has duas
actiones anime in nobis, scilicet
recipere intellectum et facere
eum, quamvis agens et recipiens
sint substantie eterne, propter hoc
quia hee due actiones reducte
sunt ad nostram voluntatem,
scilicet abstrahere intellecta et
intelligere ea.
comm. 5, p. 389, l. 71-81 : Deinde
dixit: Et scientia in actu idem est cum
re. Et innuit, ut reputo, aliquod
proprium intellectui agenti, in quo
differt a materiali, scilicet quod in
intelligentia agenti scientia in actu
eadem est cum scito, et non est
sic in intellectu materiali, cum
suum intellectum est res que non
sunt in se intellectus. Et cum
notificavit quod sua substantia est
sua actio, dedit causam super hoc.
De vis. beat., 1.1.9.(1), p. 35, l. 6670 : Est etiam haec sententia,
scilicet quod intellectus agens est
substantia,
omnium
peripateticorum, ut patet per
Alexandrum et Alpharabium in
libris De intellectu et intelligibili, per
Avicennam, per Commentatorem
super III De anima. Unde etiam
quidam eorum conati sunt eum
ponere substantiam separatam.
1 occurrence
RSI* : Il est impossible de préciser seulement un unique endroit où
Averroès affirme, dans le commentaire du livre III du De anima, que
l’intellect agent est une substance.
Le nom d’Averroès apparaît en compagnie de plusieurs autorités qui
soutiennent la même idée. Dietrich fait appel à elles pour renforcer une
de ses propres thèses et se placer dans la descendance de cette tradition
philosophique.
n. 70)
comm. 19, 443, l. 85-91 : Deinde
dixit: Et scientia in actu idem est cum
re. Et innuit, ut reputo, aliquod
De vis. beat., 4.3.3.14, p. 122 :
Patet etiam ex praehabitis, quare
nunc in statu huius vitae non
100
Le poids de la citation
proprium intellectui agenti, in quo
differt a materiali, scilicet quod in
intelligentia agenti scientia in actu
eadem est cum scito, et non est
sic in intellectu materiali, cum
suum intellectum est res que non
sunt in se intellectus. Et cum
notificavit quod SUA substantia
EST SUA ACTIO, dedit causam
super hoc.
comm. 19, 442, l. 53-58 : Et cum
notificavit quod intellectus agens
differt a materiali in eo quod
agens semper est pura actio,
materialis autem est utrunque
propter res que sunt hic, dedit
causam finalem in hoc. Et dixit:
Agens enim semper est nobilius
patiente. Id est, et iste semper EST
IN SUA substantia ACTIO, et ille
invenitur in utraque dispositione
(…).
intelligimus per saepe dictum
intellectum agentem nec hi, qui ab
illa beata vita separati sunt. Ipsis
enim talibus, qui ab illa beata vita
alieni sunt, nobis quoque, qui
degimus in hac vita, non unitur ut
forma, secundum quod ACTIO
EIUS EST essentia EIUS , ut dicit
Commentator super III De anima,
sed solum unitur nobis per
intellecta in actu seu species
intelligibiles, quae sunt actio eius,
secundum quod actio eius differt
ab essentia eius.
(nr : comm. 36, 484, lin. 151-485, lin.
158 : Manifestum est igitur quod intelligit
per hunc sermonem quod, quando
intellectus qui est in actu fuerit causa
secundum formami ntellectus materialis
in actione eius propria (et hoc erit per
ascensionem intellectus materialis apud
illam formam), tunc dicetur intellectus
adeptus, quoniam in illa dispositione
erimus intelligentes per ipsum quoniam
est forma nobis; quoniam tunc erit ultima
forma nobis.)
1 occurrence
RSI : L’identité entre l’opération et l’essence de l’intellect agent, telle
qu’elle est postulée par Dietrich n’est pas défendue par Averroès, comme
les éditeurs l’indiquent, dans le commentaire 36, mais dans le
commentaire 19. Dans un premier temps (l. 53-58), Averroès présente
une théorie selon laquelle l’intellect agent est éternellement un acte pur
Averroès
101
(semper est pura actio). Dietrich postule la même identité pour un intellect
agent qui n’est pourtant pas comme pour Averroès une substance
séparée et unique pour toute l’espèce humaine, mais une substance
individuelle dans chaque individu.
Nous ne pouvons rien préciser avec certitude sur l’usage direct de la
source.
n. 71)
comm. 20, p. 444, l. 20-23 : (…)
iste INTELLECTUS, cum fuerit
copulatus
in
NOBIS
et
INTELLEXERIMUS
PER
ILLUM
ALIA ENTIA SECUNDUM QUOD
EST FORMA NOBIS , ipse solus tunc
inter partes intellectus est non
mortalis.
comm. 36, p. 500, l. 611-613 : Et
cum ita sit, necesse est ut homo
INTELLIGAT PER INTELLECTUM
sibi proprium OMNIA ENTIA , et ut
agat actionem sibi propriam in
omnibus entibus, sicut intelligit
per intellectum qui est in habitu,
quando fuerit continuatus cum
formis ymaginabilibus, omnia
entia intellectione propria.
comm. 36, p. 501, lin. 636-639
(premier indication de l’édition ) :
Sed cum efficietur forma nobis in
actu
(et
hoc
erit
apud
continuationem eius in actu), tunc
intelligemus per illum omnia que
intelligimus, et agemus per illum
actionem sibi propriam.
(Seconde indication de l’édition : comm.
36, f. 479-502 – nous ne transcrivons pas
le texte en raison de sa longueur.)
De vis. beat., 1.1.4.(5), p. 29, l. 2732 :
Et
ex
hoc
arguit
Commentator super III De anima,
quod, si INTELLECTUS agens, qui
est intellectus per essentiam et
semper in actu, aliquando uniatur
NOBIS UT FORMA , PER IPSUM
INTELLIGEMUS OMNIA ENTIA .
Quod
videtur
aliqualiter
concordare cum eo, quod legitur
de sancto Benedicto, videlicet
quod in quadam mentis elevatione
vidit totum universum.
De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4347 : Inquirit enim Commentator
super III De anima et post suam
inquisitionem concludit possibile
esse
INTELLECTUM
agentem
aliquando NOBIS uniri UT
FORMAM,
QUO
PER
IPSUM
INTELLIGAMUS OMNIA ENTIA et,
sicut dicit super Librum Physicorum,
per ipsum simus dependentes ab
eodem principio, a quo dependet
caelum.
102
Le poids de la citation
2 occurrences
RSP : Un des très rares cas où Dietrich nomme explicitement le
commentaire du livre III du De anima et donne aussi une citation
correcte.
Dietrich reprend d’Averroès l’idée que l’intellect agent s’unit à
l’homme en tant que forme et grâce à cela l’individu peut comprendre
tout ce qui est intelligible (les substances séparées, Dieu et les substances
sensibles).
On remarque, dans le premier extrait (De vis. beat., 1.1.4.(5), p. 29),
que Dietrich introduit la citation d’Averroès comme s’il suivait de près
l’argumentation de celui-ci : et ex hoc arguit Commentator ... ; or, ce qui
précède dans le De vis. beat. n’est aucunement une démonstration
d’Averroès, mais le raisonnement de Dietrich.
On notera également que dans chacun des deux passages Dietrich
fait concorder la même sentence du De anima d’Averroès avec des
autorités diverses : une fois c’est avec Grégoire le Grand (cité pour la
légende de st. Benoît), une autre fois c’est avec le commentaire
d’Averroès de la Physique. Il faut cependant souligner que dans le premier
cas, Dietrich parle de l’union entre l’intellect agent et l’homme, celui-ci
voyant tout l’univers par une sorte d’élévation de l’esprit ; dans le second
cas, Dietrich montre que l’homme dépend du même principe supérieur
que le ciel, à savoir l’intellect essentiellement en acte.
On peut également noter que, là où Averroès utilise copulatio 12,
Dietrich préfère unio.
Pour le renvoi au commentaire à la Physique voir n. 36.
n. 72)
comm. 25, p. 463, l. 43-53 :
Deinde dixit : Si igitur aliquod
rerum, etc. Id est, si igitur fuerit
aliquis intellectus in quo non est
potentia contraria actui existenti
in eo, id est si fuerit aliquis
intellectus qui non invenitur
quandoque intelligens in potentia
De vis. beat., 1.1.4.(3), p. 28, l. 7779 : Hinc est, quod sensus non
habet ex hoc essentiam suam,
quod primo et per se se ipsum
sentiat, et sic sensualitas seu
sensatio non eo modo essentiat
sensum, sicut intellectualitas figit
in esse intellectum, qui est
12 Voir à ce sujet l’article de Ch. B URNETT , Coniunctio – Continuatio, in : I. A TUCHA ,
D. CALMA , C. K ÖNIG-P RALONG, I. ZAVATTERO (eds), Mots médiévaux offers à Ruedi
Imbach, FIDEM/Brepols, Porto 2011 (sous presse).
Averroès
et quandoque intelligens in actu,
tunc ille intellectus non intelliget
privationem
omnino;
immo
NICHIL INTELLIGET EXTRA SE . Et
hoc est unum eorum quibus
dividitur iste intellectus ab
intellectu agente, scilicet quod in
hoc intellectu invenitur utrunque,
in agenti autem actus tantum, non
potentia.
p. 463, l. 43-53: Id est, si igitur
fuerit aliquis intellectus in quo
non est potentia contraria actui
existenti in eo, id est si fuerit
aliquis
intellectus
qui
non
invenitur quandoque intelligens in
potentia et quandoque intelligens
in actu, tunc ille intellectus non
intelliget privationem omnino;
immo NICHIL INTELLIGET EXTRA
SE.
103
intellectus
per
essentiam
secundum
sententiam
peripateticorum.
Et
scribit
Commentator super III De anima,
quod NIHIL INTELLIGIT EXTRA
SE, videlicet primo et per se, sed
solum in se ipsum conversus est
et in suum principium, si habeat
altius se principium.
De int., II.39.(2), p. 177, l. 53-55 :
Praeterea, quomodo verum est,
quod Commentator dicit et
communiter
dicitur,
quod
intellectus
agens
NIHIL
INTELLIGIT EXTRA SE,
cum
intelligat causam suam et alia,
quae non sunt, quod ipse?
(indication de l’édition : comm. 19, 441, l.
15-16 : intelligentia enim agens nichil
intelligit ex eis que sunt hic.
comm. 8, p. 420, l. 24-29. Et hoc est
econtrario
dispositioni
in
formis
abstractis; ille enim, cum intellectum
earum non est aliud ab eis in intentione
per quam sunt intellecta istius intellectus,
ideo intelligunt se essentialiter, et non
accidentaliter. Et hoc perfectius invenitur
in primo intelligente, quod nichil intelligit
extra se.)
2 occurrences
RSP (De vis. beat.): Dietrich décrit dans ce passage l’intellect agent de
l’homme en insistant sur la connaissance de soi. Dans le fragment donné
comme source par l’édition (comm. 19), Averroès parle de l’intelligence
première, divine, qui ne connaît rien en-dehors de soi-même ; on peut
ajouter que la même doctrine est défendue aussi dans le commentaire 8
104
Le poids de la citation
où l’on trouve d’ailleurs l’expression employée par Dietrich : « nihil
intelligit extra se ». Cependant, les passages qui correspondent le mieux
au renvoi de Dietrich proviennent du commentaire 25 où cette même
expression « nihil intelligit extra se » qui décrit l’intellect agent de
l’homme et non pas l’intellect divin (ou une autre intelligence
supérieure).
La parallèle doit se limiter seulement à ces ressemblances de
vocabulaire, parce que la conception de Dietrich sur l’intellect agent est
totalement différente de celle d’Averroès ; et les formules communes ont
d’ailleurs des connotations différentes.
RcGSP (De int.) : Doctrinalement, il n’y a aucune différence par rapport
au RSP commenté auparavant, mais Dietrich ne donne ici aucune adresse
de la citation.
Cette brève expression qui se trouve aussi chez Averroès n’est pas
un indice suffisant pour soutenir que Dietrich utilise directement le texte
d’Averroès.
n. 73)
Les éditeurs renvoient seulement au
comm. 5, p. 401-409, lin. 424-653, mais
on peut trouver beaucoup d’autres
passages correspondants, certains plus
convenables :
comm. 36, p. 491, 343-353 : Ex
quo
consequitur
secundum
conversionem oppositi quod
omne intellectum non habens
formam spiritualem
a qua
sustentatur, illud intellectum unum
apud me et apud te. (…) Ex quo
consequitur ut intellectus sit
innatus intelligere quiditatem
intellecti cuius intellectus est
unus omnibus hominibus; et
quod est tale est substantia
abstracta.
comm. 18, p. 439, lin. 73-74 (nr) :
Et fuit necesse attribuere has duas
actiones anime in nobis, scilicet
De int., III.10.(1)-(3), p. 185, l. 7087 : Ex eisdem potest concludi
contra errorem Averrois de
unitate intellectus possibilis,
quam ponit, additis nihilominus
aliquibus specialibus viis, quibus
procedi potest contra eum. (...)
Quoniam
autem
Aristoteles
philosophus ponit in intellectuali
nostro duplicem intellectum,
agentem videlicet, in quo est
omnia facere, et possibilem, in
quo est omnia fieri, utrumque
istorum
ponit
Averroes
substantiam
separatam
et
intelligentiam quandam. Eam,
quam
dicit
intellectum
possibilem, dicit infimam in
ordine
intelligentiarum,
et
suum
intelligere,
inquantum
intelligentia est, tale est, quod
105
Averroès
recipere intellectum et facere
eum, quamvis agens et recipiens
sint substantie eterne, propter
hoc quia hee due actiones reducte
sunt ad nostram voluntatem,
scilicet abstrahere intellecta et
intelligere ea.
comm. 19, p. 442, lin. 62-64 (nr) :
Et ideo opinandum est secundum
Aristotelem
quod
ultimus
intellectus abstractorum in
ordine est iste intellectus
materialis. Actio enim eius est
diminuta ab actione illorum, cum
actio eius magis videtur esse
passio quam actio, non quia est
aliud per quod differat iste
intellectus ab intellectu agenti nisi
per hanc intentionem tantum.
ACTIO
EIUS .
EIUS
EST
SUBSTANTIA
comm. 19, 443, l. 85-91 : Deinde
dixit: Et scientia in actu idem est cum
re. Et innuit, ut reputo, aliquod
proprium intellectui agenti, in quo
differt a materiali, scilicet quod in
intelligentia agenti scientia in actu
eadem est cum scito, et non est
sic in intellectu materiali, cum
suum intellectum est res que non
sunt in se intellectus. Et cum
notificavit quod SUA SUBSTANTIA
EST SUA ACTIO, dedit causam
super hoc.
2 occurrences
RcGSI* : Nous comptons ici deux évocations parce que Dietrich se
réfère à deux thèses distinctes du Cordouan : l’unicité de l’intellect
possible (contra errorem Averrois de unitate intellectus possibilis) et la
séparabilité des deux intellects en tant que substances (utrumque istorum
ponit Averroes substantiam separatam). Comme dans le cas précédent, ce
sont des doctrines qui reviennent souvent dans le commentaire au livre
106
Le poids de la citation
II du De anima pour que l'indication d’une seule source soit possible. On
peut cependant noter que Dietrich critique plusieurs aspects de la
noétique d’Averroès sans jamais mentionner le commentaire au De anima.
Nous considérons le comm. 36 source pour la thèse de l’unicité de
l’intellect possible et le comm. 19 comme source pour la thèse de
l’identité entre l’action et la substance de l’intellect agent.
D. In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l is (ed. Carmody)
I) In l ib r u m I D e c e l o e t m u n d o
n. 74)
comm. 96, p. 178, l. 9-16 (nr) :
Cum declaravit quod impossibile
est inveniri duo individua insimul
ex omni composita ex tota sua
materia propria, vult declarare
quod MUNDUS est COMPOSITUS
EX TOTA SUA MATERIA . Et ipse
vult anteponere quod MUNDUS
est compositus sicut alia corpora
composita, et dixit : Revertamur
ergo et dicamus quod celum est
compositum ex sua materia sicut et alia
corpora composita, et INTELLIGE per
CELUM TOTUM MUNDUM, id est
manifestum est quod totus
mundus est compositus ex forma
et materia sicut alia corpora
composita.
De sub. spir., 28.(11), p. 329, l. 9198 : Et ex hac radice pullulat
sententia verbi Philosophi, quod
ponit in libro De caelo et mundo,
videlicet
quod
caelum
COMPONITUR EX TOTA SUA
MATERIA : CAELUM, id est iste
MUNDUS
corporalis, in quo
includitur omne corpus secundum
suam speciem, et, inquantum
huiusmodi, per se pertinet ad
integritatem huius corporalis
universi
secundum
Commentatorem,
qui
dicit
sic
INTELLIGENDUM nomen CAELI in
dicto verbo Philosophi.
1 occurrence
RAP : En commentant ce fragment d’Aristote, Dietrich reprend la
suggestion d’Averroès selon lequel caelum est iste mundus. La phrase est
très souvent citée par Thomas d’Aquin (par exemple: Summa Theologiae I,
q. 68 a. 4 arg. 2) et par beaucoup d’autres auteurs. Comme cette sentence
répandue est la seule référence que Dietrich fait du livre I du
Averroès
107
commentaire du De celo, il est légitime de supposer qu’il n’a pas connu et
utilisé directement ce commentaire.
II ) In l ib r u m II D e c e l o e t mu n d o
n. 75)
comm. 42, p. 355, l. 198-205 :
Cum igitur corpus calidum fuerit
motum, erit in ultima sua
perfectione, et cum fuerit in sua
ultima perfectione, tunc calor erit
in sua ultima perfectione, sicut in
re existunt omnia accidentia
consequentia formam eius; si
igitur lumen fuerit perfectio
corporis ignei, tunc erit de eo
sicut de motu, scilicet quod
corpus calidum igneum cum
fuerit luminosum erit in sua
ultima perfectione, et cum fuerit
in sua ultima perfectione, erit in
calore in sua ultima perfectione.
comm. 42, 353, l. 151-156 : Et
tunc inducet ipsum in testimonio
quod aer calefit ex motu corporis
caelestis, quoniam genera illarum
stellarum significant quod aer
calefit ex motu, et propter hoc
significant abundantiam siccitatis :
et secundum hanc explanationem
intendebat, per stellas que sunt in
superiori orbe, veras stellas, et per
superiorem orbem totum caelum.
Utrum aliquid, quod est in potentia,
(11)-(12), p. 357, l. 70-82: Et hoc
in proposito est caelum, ad cuius
perfectionem in causando tria
concurrunt, secundum II Caeli et
mundi c. 4 in commento, scilicet
substantia corporis, lumen et
motus, quibus virtualiter et
quodam modo universali continet
qualitates elementares in se;
determinatur autem in causando
hanc
vel
illam
secundum
variationem
istorum
trium
respectu partium substantiae
elementaris. Nec obstat, quod
Commentator
videtur
dicere
super dictum capitulum, quod
caelum non infrigidat, sed
calefacit. Verum est quantum ad
actionem
eius
principalem,
quando dicta tria
perfecte
congregantur approximando ad
materiam subiectam.
1 occurrence
RSI : L’adresse est attentivement indiquée par Dietrich (super II Caeli et
mundi c. 4 in commento), mais le thème abordé ne correspond pas à cette
partie du texte d’Averroès. Pour faciliter au lecteur la comparaison entre
108
Le poids de la citation
Dietrich et Averroès, nous transcrivons entièrement le commentaire 4.
Dans ce fragment, Averroès est très proche du texte d’Aristote (De celo,
284a18-24) et affirme que le ciel n’est ni léger ni lourd, mais a une
troisième nature car il a une âme. Dietrich mentionne d’abord trois
causes (la substance, la lumière, le mouvement) de la perfection du corps
astral. La seconde référence de Dietrich concerne la thèse selon laquelle
le ciel produit de la chaleur ; or, ces deux idées ne se trouvent pas dans le
commentaire 4. Les éditeurs de Dietrich ne tiennent pas compte du
renvoi explicite et renvoient, dans le deux cas, au commentaire 42 du
livre II (qui correspond au De celo 289a 19-35). Ils ont raison de procéder
ainsi parce que c’est effectivement à cet endroit que l’on trouve aussi
bien une discussion sur la perfection du ciel et que sur la chaleur qu’il
produit. On peut affirmer que malgré l’absence d’une reprise littérale,
Dietrich avait une connaissance assez bonne du commentaire 42.
Il reste à expliquer le problème du désaccord entre l’adresse donnée
par Dietrich et le commentaire : par une faute de copiste (ou par
l’inadvertance même de Dietrich), le numéro 42 du commentaire
d’Averroès peut facilement devenir le numéro 4 ; la source intermédiaire
peut également être la cause de cette erreur. La Questio utrum aliquid se lit
dans un seul manuscrit, le Vat. Lat. 1121, f. 186v-187r ; il n’y a donc
aucun autre témoin de la transmission textuelle nécessaire pour effectuer
une comparaison sur ce point.
n. 76)
comm. 92, p. 445, l. 86-93: Et quia
ita est, incepit notificare hoc et
dixit : Non tantum videmus
terram quiescentem in medio
sed etiam movetur ad ipsum, id
est et contradicit huic sermoni,
quia nos non tantum videmus
terram
secundum
totum
quiescere in medio sed etiam
secundum totum moveri ad
medium cum fuerit imaginata
extra; et signum eius est quia
videmus partes eius cum fuerint
extra medium moveri ad medium,
et IDEM EST MOTUS TOTIUS
TERRAE ET UNIUS GLEBAE etc.
De intellig., 12.(1)-(2), p. 364sq., l.
43-56 :
Posuit
autem
haec
commentator Averroes, videlicet
quod omnis stella moveretur
aequaliter et naturaliter et solum
circa centrum mundi, sumpta
ratione
secundum
suum
intellectum
ab
auctoritate
Philosophi hic praemissa, sicut
supra inductum est De caelo et
mundo, secundum quod
ibi
Philosophus investigat motus
naturales simplices corporum
simplicium
huius
universi
secundum hunc modum, quod
talis motus vel est ad medium vel
Averroès
on peut mentionner aussi : comm.
99, p. 456, l. 9-18: Dicit : Debet
homo quaerere cum centrum terre
est idem cum centro mundi, et
posuerimus ipsam moveri ad istud
centrum, utrum moveatur ad
ipsum naturaliter secundum quod
est centrum terrae aut secundum
quod est centrum mundi. Deinde
narravit quod non movetur
naturaliter ad istud punctum quod
est centrum nisi quia est medium
totius, non quia est medium
terrae; et hoc intendebat cum
dixit : dicamus igitur quod corpora
gravia moventur ad medium
necessario, quia est medium
totius, id est dicamus igitur quod
corpora non moventur ad istud
medium necessario nisi quia est
medium totius, non quia est
medium terrae.
indication de l’édition : In De caelo II,
comm. 35; 118vG-119rB; ibid., comm. 32,
116rA; In Metaph. XII, comm. 45, 329vGM.
indication de l’édition pour De intellig.,
15.(1), p. 366 : In De caelo I, comm. 19 (p.
35, l. 15-17) : « et fundatum est super
duas propositiones, quarum altera est
intellectus, ides quod locus totius corporis
gravis aut levis idem est et partis »; II,
comm. 35, 118vH.
indication de l’édition pour De intellig.,
16.(1), 367 : In De caelo II, comm. 35;
118vG-H.
109
a medio vel circa medium. Accipit
autem Averroes in hac trimembri
divisione
medium
secundum
eandem significationem, scilicet
pro centro mundi, circa quod
volvitur totum; cui si adiungat, ad
concludendum propositum suum,
quod IDEM EST MOTUS TOTIUS et
partis EIUS, PUTA TOTIUS TERRAE
ET ALICUIUS GLEBAE , quae est
aliqua pars eius, ex his videtur
dicto
Averrois
efficaciter
concludendum, quod nulla stella
moveatur nisi super centrum, circa
quod volvitur totum universum
quoad machinam caelestem.
De intellig., 15.(1), p. 366, l. 3-5 :
Quod autem pro fundamento suae
rationis dictis adiungit (i.e.
Averroes), scilicet quod IDEM EST
MOTUS
TOTIUS
et
partis
deminutae,
loquitur
non
distinguens inter corpora animata
et corpora inanimata.
De intellig., 16.(1), p. 367, l. 23-25 :
(…) Et sic, ut videtur, adhuc stat
sententia
Commentatoris
de
conformi significatione medii
accipiendo medium pro centro
mundi, cum dicit, quod omnis
motus naturalis vel est ad medium
vel a medio vel circa medium.
3 occurrences
RcGAP (De intellig., 12.(2), p. 365 et 15.(1), p. 366) : On remarque deux
renvois à la même citation d’Averroès (idem est motus totius et partis) ; les
éditeurs renvoient, curieusement, à deux sources différentes : la première
110
Le poids de la citation
fois à Aristote (De celo I 3, 270a 5) et la seconde fois à Averroès : In I De
celo, comm. 19 et In II De celo, comm. 35. La citation d’Aristote provient
en réalité de la Physique IV, 4, 211b ou III, 5, 205a 11 (« locus aliquis
uniuscuiusque et idem partis et omnis est, ut totius que terre et unius
glebe ») où il est question du lieu. L’idée est reprise dans les Auctoritates
Aristotelis à propos du mouvement (« Idem est motus totius et partis », In III
Physicorum, n. 107, p.148). Il s’agit très probablement d’une contamination
d’Averroès qui dans son commentaire du deuxième livre du De celo utilise la
formule : « idem est motus totius terrae et unius glebae » (comm. 92).
Thomas d’Aquin la cite et l’attribue à plusieurs autorités : la citation
(identique à celle donnée par Dietrich) provenant du commentaire au De
celo d’Averroès l’attribue au livre III de la Physique d’Aristote : « Praeterea,
idem est motus totius et partis, sicut totius terrae et unius glebae ut
dicitur in III Physicorum » (Quaestiones disputatae de malo, q. 16, art. 10,
arg. 8) ; une autre fois, Thomas attribue exactement la même citation au
livre IV de la Physique (Quaestiones disputatae de malo, q. 2, art. 12, arg. 10).
Dans son commentaire du De celo et mundo, Thomas la cite sans l’alléguer
à une autorité (lib. 1, lec. 15, n. 6), tandis que la citation provenant en
réalité de la Physique IV, 4, 211b l’attribue au De celo I (In II Sententiarum,
d. 17, q. 3, art. 1, sed contra 2). Thomas ne l’attribue cependant jamais à
Averroès.
Dans le De intellig. Dietrich ne cite explicitement aucune œuvre
d’Averroès, bien qu’il nomme le De celo d’Aristote et le commentaire
respectif d’Albert le Grand (3.(3), p. 355). En critiquant donc la position
d’Averroès, Dietrich ne donne aucune indication du texte visé et se
contente de le citer par des propositions correspondant plus ou moins à
la source. On peut supposer que le texte auquel songe Dietrich est le
commentaire d’Averroès au De celo et que les deux renvois du De intellig.
(12.(2), p. 365 et 15.(1), p. 366) font référence à la même source.
Cependant, ce n’est pas la discussion sur le mouvement des étoiles qui
accompagne chez Dietrich la citation exacte, qui se lit à cet endroit chez
Averroès, mais la théorie sur le mouvement et le repos de la terre. La
théorie sur le mouvement des étoiles autour du centre de la terre, qui
intéresse Dietrich, est débattue par Averroès à plusieurs autres endroits
du commentaire du De celo.
RcGAI (De intellig., 16.(1), 367) : On peut en conclure que Dietrich
critique, dans le De intellig. la position cosmologique d’Averroès sans
jamais se référer à l’une de ses œuvres, en discutant une seule thèse
(« accipiendo medium pro centro mundi etc. ») et en citant une seule
phrase vagabonde relativement proche du texte du Cordouan qu’il
pouvait puiser dans un florilège ou dans une source secondaire. Tout
Averroès
111
cela nous fait douter, dans une certaine mesure, du fait qu’il pouvait
connaître immédiatement le commentaire du De celo d’Averroès (que les
éditeurs indiquent pourtant comme la cible la plus probable de Dietrich).
L’évocation qui commence par « fortassis autem diceret… » est
discutée dans la partie dédiée aux simples mentions.
II I) In l i b r u m I I I D e c e l o e t mu n d o
n. 77)
comm. 67, p. 633, l. 64-70 (nr) : Et
causa huius est quod nihil recipit
se, et si figuram haberent
substantialem,
contingeret
alterum duorum, aut ut non
reciperent figuram omnino, aut
reciperent
ipsam
cum
corrumperetur sua figura et tunc
non remanent elementa, quoniam
QUOD APUD
ALTERIUS
GENERATIONEM
CORRUMPITUR
secundum totum, NON EST EI
ELEMENTUM,
quoniam
elementum
est
illud
invenitur pars elementati.
quod
De elem., 1.(2), p. 59, l. 11-18 :
Nec est instantia de forma, ex qua
similiter res primo videtur
componi et magis etiam, tum quia
res sensibiles cum dissolvuntur
per corruptionem, non sic
dividitur ex eis forma, ut maneat
post
talis
substantiae
corruptionem,
sicut
manet
materia,
quia,
sicut
dicit
Commentator,
omne,
QUOD
CORRUMPITUR
APUD
GENERATIONEM ALTERIUS , NON EST EI
ELEMENTUM, ita omne, quod ad
dissolutionem
alterius
corrumpitur, non est ei proprie
elementum; necessarium est igitur
secundum utrumque statum et
generationis
et
corruptionis
elementati manere illud, quod
vere et proprie est elementum.
De misc., 8.2, p. 37, l. 49-53: Innuit
etiam per idem, quod dicit
‘alteratorum’, substantias miscibilium esse salvas quantum ad
id, quod sunt per essentiam; alias
NON EST EI ELEMENTUM, sicut
dicit Averroes; et fundatur super
verbum Philosophi in V (i.e.
Metaphysicae),
scilicet
quod
112
Le poids de la citation
elementum est, in quod
dividitur et quod est in re.
res
2 occurrences
RcGSP : Dans le De elem. Dietrich cite correctement, mais sans adresse,
une phrase provenant du commentaire d’Averroès au De celo ; dans le De
misc., Dietrich ne retient que la dernière partie de la même sentence.
L’expression se lit chez d’autres auteurs : Henri Bate ne l’attribue
pourtant pas à Averroès : « … sed neque secundum se vocari possent
elementa, quoniam quod apud generationem alterius corrumpitur
secundum totum, non est illi elementum » (Speculum divinorum et
quorundam naturalium, ed. C. Steel, Leuven University Press, Leuven
1993, quarta pars, c. 41, p. 109, l. 104sq.) ; Boèce de Dacie ne mentionne
pas non plus la source, bien qu’il la cite à deux reprises : « Item, illud non
<est> elementum alterius quod corrumpitur apud generationem
alterius » (Questiones de Generatione et coruptione, in Opera V.5, 1, q. 8, G.
S AJO ed., F. Bagge, Copenhagen 1972, p. 17, l. 18-30) ; « Item,
elementum in eo cuius est elementum debet manere : quod enim
corrumpitur apud generationem alterius, non est illius elementum, et
cum ex carne… » (ibid., q. 8, p. 19, l. 97-99). Ces quelques exemples sont
la preuve que cette expression était répandue et connue au point qu’elle
était même citée sans indiquer la source. Etant donné que Dietrich se
réfère deux fois au commentaire du livre II du De celo et mundo en
utilisant uniquement cette expression, nous pouvons considérer qu’il la
reprend d’un intermédiaire et qu’il n’a pas une connaissance directe du
commentaire.
IV ) In l ib r u m IV D e c e l o e t mu n d o
n. 78)
comm. 1, 654, l. 16-19 (nr) : res
enim eterne non habent agens
nisi secundum similitudinem,
neque habent ex QUATTUOR
CAUSIS
nisi FORMALEM et
FINALEM. Deinde dixit Perscrutari
enim de hoc convenit etc., id est et
necesse est considerare in eis,
nam consideratio in eis similis est
De anim., 3.(2), p. 14sq., l. 55-63 :
Haec autem quattuor genera
proprie accipiuntur solum in
entibus, quae subiecta sunt
transmutationi
et
motui
deservienti
generationi
et
corruptioni rerum, secundum
Philosophum in VIII Metaphysicae;
unde Commentator dicit super III
Averroès
considerationi
in
rebus
mobilibus scilicet NATURALIBUS .
113
Metaphysicae et super V Caeli et
mundi, quod EFFICIENS CAUSA et
FINALIS non sunt in separatis:
Sicut enim IN MATHEMATICIS
non est ratio finis, quia non est ibi
ratio boni, et per consequens nec
causa efficiens, sic in separatis
non invenitur ratio boni acquisiti
per motum, et sic nec causa
finalis et per consequens nec
causa efficiens, quae movet
intentione boni.
De luce, 1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est
autem celebri sententia vulgatum
QUATTUOR esse CAUSAS rerum,
quae subsunt quantitativae vel
qualitativae transmutationi. In
entibus enim separatis vel
mathematicis non sunt proprie
CAUSAE EFFICIENTES et FINALES ,
quarum ratio attenditur in hoc,
quod acquiratur aliquid per
motum,
ut
habetur
a
Commentatore
super
III
Metaphysicae et super Caelum et
mundum.
De orig., 5.(11), p. 183, l. 61-66 :
Dico autem hic FINEM , FORMAM
et
EFFICIENS
non
modo,
secundum quod inveniuntur in
naturalibus, quae concernunt
MOTUM et materiam, sed modo
communiore, secundum quod
secundum aliquam sui rationem
reperiuntur etiam in separatis,
quamvis non eadem ratione sicut
in
NATURALIBUS ,
ut
dicit
Averroes de fine super III
Metaphysicae, de efficiente super
principium IV Caeli et mundi.
114
Le poids de la citation
3 occurrences
RSI : On a les mêmes formules dans trois textes différents : d’après la
règle de la citation unique on ne cherchera pas une citation littérale. Le
résumé correspond doctrinalement à l’endroit indiqué par les éditeurs de
Dietrich, mais l’emprunt littéral est plutôt insignifiant. Dietrich est
proche d’Averroès et accepte, comme lui, que les quatre causes propres
aux choses naturelles ne correspondent aux substances immatérielles que
par similitude ou par analogie. Dans le De anim., cependant, Dietrich
semble beaucoup plus radical qu’Averroès lui-même, en niant sans
réserve l’existence des causes efficientes et finales pour les substances
séparées.
On peut souligner des variations au niveau de l’adresse : dans le De
orig., Dietrich donne « super principium IV Caeli et mundi » ; dans le De
anim., il note « super IV Caeli et mundi », tandis que, dans le De luce, il écrit
seulement « super Caelum et mundum ».
On remarquera également que Dietrich renvoie pour ce même thème
aux mêmes autorités enchaînées : le commentaire d’Averroès du livre III
de la Métaphysique pour la question sur la cause finale, et le commentaire
d’Averroès du livre IV du De celo au sujet de la cause efficiente.
Nottons surtout que Dietrich se réfère à ce commentaire du livre IV
uniquement à propos de ce rapport entre la causalité et les substances
séparées, en utilisant toujours la même phrase et sans correspondance
littérale. On peut en conclure que très probablement il ne le connaît pas
directement et qu’il se sert d’un intermédiaire pour s’y référer.
Voir aussi n. 2.
E. I n D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l i s (ed. Shields, v e r s io vu l g a ta )
n. 79)
p. 14, l. 25 – 16, l. 48 (indication de
l’édition, sauf pour le De col.) : dicamus
ergo quod elementa divesantur
secundum
multitudinem,
et
parvitatem diaphaneitatis, verbi
gratia aer et aqua, diaphanum
autem est innatum recipere
De ir., II.4.(3), p. 152, l. 22-25 :
(3) Huius autem generis colorum,
scilicet
naturalium
absolutae
qualitatis,
principia
assignat
Averroes in tractatu suo De sensu
et sensato dicens huiusmodi
colores
generari
ex
Averroès
lucem, et perfici ab illa et, cum
diaphanum receperit lucem, fiunt
etiam hoc colores diversi
secundum
fortitudinem
et
debilitatem lucis ex nigredine
nubium, verbi gratia colores qui
sunt in iride. Necesse est igitur ut
color fiat EX ADMIXTIONE
corporis lucidi cum DIAPHANO
et quia omnia composita fiunt ex
quatuor elementis (...) et ideo
necesse est ut colores sint
compositi ex istis duabus naturis,
scilicet natura diaphani et natura
illuminosi : et ideo diversitas
istarum duarum naturarum in
quantitate et qualitate faciat
diversitatem eorum. Color igitur
albus fit ex admixtione ignis clari
cum elemento, quod est valde
diaphanum, scilicet aere, et color
niger fit ex igne turbido, qui
admiscetur cum elemento minime
diaphaneitatis, scilicet terra (...).
115
commixtione corporum multae
et paucae luminositatis et
corporum
multae
diaphaneitatis et paucae.
De col., 3.(1), p. 279, l. 82-85 : Et
hoc est, quod dicit Averroes in
suo tractatu De sensu et sensato,
quod, quando COMMISCENTUR ad
invicem
corpora
multae
DIAPHANEITATIS
et
multae
luminositatis, tunc generatur
color albus, e converso color
niger.
De col., 5.(1), p. 280, l. 2-7 : Sed
cum albedo non sit nisi IN MIXTO
ex
corporibus
multae
DIAPHANEITATIS
et
ex
corporibus
multae
luminositatis
secundum
Commentatorem in tractatu suo
De sensu et sensato et nigredo
constet EX MIXTIONE corporum
paucae
DIAPHANEITATIS
et
paucae luminositatis, videntur
ista non differre nisi secundum
magis et minus, et per consequens
non videntur albedo et nigredo
differre nisi secundum magis et
minus et non secundum speciem.
De acc., 23.(19), p. 89, l. 125-129 :
Iam enim color non esset
extremitas perspicui in corpore
terminato, inquantum color per
essentiam est dispositio corporis
habentis in se naturam multae
vel paucae DIAPHANEITATIS et
multae
vel
paucae
luminositatis,
ut
dicit
Commentator in tractatu suo De
116
Le poids de la citation
sensu
et
sensato,
quam
dispositionem corporis colorati
impossibile
est
attribuere
quantitati separatae.
4 occurrences
RSI : La même citation est utilisée quatre fois par Dietrich. Il s’agit
d’une thèse répandue sur la formation des couleurs en tant que mélange
de lumière et de diaphane, les différentes quantités de l’une et de l’autre
étant la cause de la diversité des couleurs : le blanc est le résultat d’un
mélange de beaucoup de lumière et beaucoup de diaphane, tandis que le
noir résulte d’une mixtion de peu de lumière et de peu de diaphane.
La citation se lit dans les Auctoritates Aristotelis, p. 198, n. 36 : « Color
causatur ex commixtione corporum, lucidi cum diaphono ». Elle est chez
Albert le Grand, dans le Liber de passionibus aeris (Borgnet, t. XIX,
p. 681) : « Unde dicit Averroes: ‘Necesse est ut fiat color ex admixtione
corporis lucidi cum diaphano’ ». Thomas d’Aquin la reprend également
dans son commentaire au De sensu et sensato (lec. 8, n. 115, l. 9) :
« Perspicuum autem diversimode invenitur in corporibus secundum
maius et minus, et similiter lucidum; et ideo permixtis coloribus in
quibus est lucidum et diaphanum, necesse est quod fiat permixtio
colorum ».
Nous proposons un changement de ponctuation dans le passage du
De acc. pour éviter la supposition d’une citation littérale : on ne lira pas
« ut dicit Commentator in tractatu suo De sensu et sensato : quam
dispositionem corporis colorati etc. », mais « ut dicit Commentator in
tractatu suo De sensu et sensato, quam dispositionem corporis colorati
etc. ». La thèse d’Averroès n’est pas que la disposition du corps colorée
ne concerne pas les quantités séparées (comme laisserait entendre la
ponctuation dans l’édition), mais que l’essence de la couleur est une
combinaison entre le diaphane et la lumière.
n. 80)
comm. 20, p. 449, l. 176 - 189 : Et
sunt tres virtutes, quarum esse
declaratum est IN S ENSU ET
S ENSATO, scilicet ymaginativa et
COGITATIVA et rememorativa; ite
enim tres virtutes sunt in homine
De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98, l.
21-33 : Componit enim et dividit
et distinguit et ordinat entia huius
tertii generis, id est entia concepta
sub suis intentionibus simplicibus,
id est abstrahendo a suis idolis,
Averroès
ad presentandam formam rei
ymaginate quando fuerit sensus
absens (...) Et intendebat hic per
intellectum passsibilem formas
ymaginationis secundum quod in
eas agit virtus cogitativa propria
homini. Ista enim virtus est aliqua
ratio, et actio eius nichilest aliud
quam ponere intentionem forme
ymaginationis cum suo individuo
apud
rememorationem
aut
distinguere eam ab eo apud
formationem et ymaginationem.
Vide et comm. 33, p. 476, l. 51 65.
117
sicut dicit Averroes IN suo
tractatu DE SENSU ET SENSATO,
et
est
hoc
COGITATIVUM
nostrum,
quod
etiam
vim
distinctivam
seu
rationem
particularem
vocant,
quod
quamvis
conceptivum
sit
intentionum simplicium, quae in
hoc
genere
entium
conceptionalium se habent ad id,
quod habet modum essentiae
inquantum huiusmodi, et ad id,
quod habet modum substantiae,
quae hic praemissa sunt, quantum
ad hoc genus sic, inquam, se
habent ad ista, sicut qualitates
virtuales se habent ad essentiam
et substantiam apud naturam,
quae sunt formae superadditae
substantiis rerum deservientes
generationi naturae, sicut et istae
intentiones
deserviunt in hoc
genere
entium,
scilicet
conceptionalium,
intellectuali
inquisitioni et apprehensioni.
1 occurrence
Ce FRS est discuté au n. 66.
F. In l i b r u m I I D e ge n e r a t io n e e t c o r r u p t io n e A r i s to t e l is (apud
Juncta, Co m m e n ta r iu m M a g n u m)
n. 81)
382vI (nr): Neque etiam sunt in
potentia in elementis, sicut partes,
quosque dividantur, et fiant partes
in actu, differunt enim quia istae
De elem., 2.(1), p. 60, l. 32-36 :
Sunt autem partes alicuius totius
tripliciter: uno modo, ut sint
PARTES secundum QUANTITATEM
118
Le poids de la citation
sunt PARTES in QUANTITATE, et
illae sunt PARTES in QUALITATE.
L’édition renvoi aussi aux commentaires
suivants: De gen. et corr. II, comm. 48, f.
382 vI; In Phys. I, comm. 5, f. 8rF; ibid., I,
comm. 36, f. 201rA; ibid., III, comm. 52,
f. 214 rH; In Metaph. VII, comm. 33,
183rD.
solum; alio modo, ut sint PARTES
secundum QUALITATEM, quas
vocat
Commentator
partes
qualitativas II De generatione et in
aliis locis sunt autem alio modo
partes secundum quantitatem
simul et secundum speciem.
De elem., 6.(2), p. 62, l. 95-160 :
Per hoc tamen non excluditur,
quin caro et os et similia possint
habere alia principia, ex quibus
constent
secundum
aliam
rationem, ut sunt materia et
forma, vel etiam propinquiora
principia, puta quattuor elementa,
ex quibus huiusmodi substantiae
similium PARTIUM constant non
secundum
QUANTITATEM
et
speciem, sed magis QUALITATIVE,
ut dicit Averroes in II tractatu De
generatione et corruptione.
2 occurrences
RSI : Le commentaire d’Averroès du De generatione et corruptione est
nommé seulement à deux reprises par Dietrich, et les deux fois dans le
De elem. Selon cette thèse, les parties se distinguent selon la quantité et
selon la qualité. L’édition indique à juste titre un fragment où cette idée
apparaît, mais Dietrich ajoute : « et in aliis locis ». Une telle note rend
difficile, voire impossible, toute recherche de la source.
G. In l i b r u m Pr a e d ic a me n to r u m A r is to te l is
n. 82)
De magis, 4.(2), p. 50, l. 53-56 : Liber enim ille, videlicet Praedicamentorum,
traditus est a Philosopho secundum famositatem quandam et
probabilitatem magis quam secundum exquisitam veritatem, ut innuit
ibidem Philosophus et commentator Averroes hoc manifeste dicit.
Averroès
119
De nat. contr., 10.(3), p. 91, l. 113-118 : Nec obstat, quod Philosophus in
libro Praedicamentorum enumerans modos oppositionum, ubi tractat de
oppositis privative, agit solum de secundo modo hic praenominato, hoc,
inquam, non obstat, quoniam de his et de aliis, quae in illo libro
determinat, agit magis secundum quandam probabilitatem et
famositatem quam secundum veritatem, ut dicit Averroes et patet ex
pluribus sententiis illius libri.
2 occurrences
FRAI discuté supra, n. 8.
H. In D e s o mn o e t v ig il ia A r is to te l is (ed. Shields, v e r s io
vu l g a ta )
n. 83)
p. 102, l. 48 – 110, l. 15 (nr) :
Revertamus ergo et dicamus
quod, cum dator illius cognitionis
est intellectus liberatus a materia
et est declaratum in Prima
Philosophia
quod
istae
intelligentiae abstractae intelligunt
naturas universales et non dant
nisi simile eius quod habent,
impossibile
est
ut
dent
intentionem individuales omnino,
cum
non
habent
naturam
comprehendendi
intentionem
particularem, et illae formae
universales non individuantur nisi
propter
materiam.
(...)
Declaratum est enim quod
intelligentia agens dat primas
perfectiones virtutum animae
particulares particularium, scilicet
quinque sensus, et virtutis
ymaginativae.
Dator
enim
D e v is . b e a t. , 4.3.2.1.(6) , p. 117,
l. 38-48 : Fiunt autem huiusmodi
phantasmatum significativorum
expressiones in nobis etiam in
somnis ex aliquorum spirituum
separatorum
commixtione
secundum Augustinum XII super
Genesim. Intelligentia autem et
significationes eorum descendunt
ab aliquo principio separato, quod
est intellectus per essentiam, sicut
dicit Commentator in suo tractatu
De
divinatione
somnorum
et
Philosophus innuit in libro De
bona fortuna.
120
Le poids de la citation
ultimarum perfectionum in eis est
res sensibilis. In hac autem
comprehensione spirituali, quae
fit in sompno, illa dat anime
postremam perfectionem.
1 occurrence
RSI : Selon la règle de la citation unique, on ne cherchera pas une
correspondance littérale entre cette sentence et les deux textes/autorités
enchaînées (Averroès et Aristote). La thèse correspond au passage
indiqué par l’édition de Dietrich, mais il apporte sa touche personnelle
en identifiant l’intelligentia agens avec l’intellectus agens per essentiam.
I. D e s u b s t a n t ia o r b is , 2 (apud Juncta)
n. 84)
7rB (nr) : Redeamus igitur ad id, in
quo fuimus, et dicamus quod
corpus coeleste communicat cum
corporibus
generabilibus,
et
corruptibilibus in hoc, quod est
ex tribus dimensionibus, et est
substantia recipiens dimensiones,
et quod utraque substantia non
est sine dimensionibus.
De corp. caeles., 2.1, p. 381 : Alio
modo dicitur corpus quantum ad
dimensiones
quantitativas,
videlicet secundum longum, latum
et profundum, quae sunt de
genere quantitatis continuae,
secundum quod dicit Averroes
commentator in suo tractatu De
substantia orbis.
1 occurrence
RSI : L’unique mention du De substantia orbis dans l’œuvre de Dietrich ;
sans correspondance littérale avec le fragment indiqué par l’édition (et
nous n’en avons pas trouvé d’autre meilleur). Doctrinalement proches,
Averroès et Dietrich présentent une analogie entre les corps astraux et
les corps de ce monde sur la base des dimensions quantifiables (largeur,
longueur, profondeur).
Etant donné cet usage très limité à une seule thèse (relativement
connue) et à un seul renvoi, on peut avance l’hypothèse que Dietrich ne
connaît probablement pas cet ouvrage d’Averroès.
Averroès
121
J. L e s s i mp l e s me n tio n s (SM)
On dénombre 16 SM d’Averroès dans l’œuvre de Dietrich réparties
comme suit 13 :
a) 7 fois dans le De intellig. : cinq fois dans les titres des questions où
sont annoncés des thèmes puisés dans Averroès :
12. De ratione Averrois commentatoris, quae dictis est contraria, et
de fundamentis suae rationis.
13. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quoad suam
conclusionem.
14. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quantum ad
fundamenta sua ; et primo, quia inconvenienter sumit
significationem huius nominis, scilicet medium, et adducitur cum hoc
sui ipsius testimonium.
15. Destruitur inducta sua ratio quoad aliud suum fundamentum, ubi
non distinguitur inter animata et inanimata quoad proprietatem
motuum.
16. Inducitur alia ratio pro saepe dicto Commentatore fundata super
simplicitatem corporum; in cuius solutione distinguitur de radice
simplicitatis et ostenditur aliqua natura compositionis in motibus
rectis. (De intellig., p. 351/352)
et aussi deux fois dans le texte :
De intellig., 16.(1), p. 367, l. 17sq. : « Fortassis autem diceret saepe
dictus Commentator vel aliquis vice sui, quod Philosophus intendebat
investigare motus simplices simplicium corporum huius mundi ».
De intellig., 11. (1), p. 363, l. 12-15 : « De eo autem, quod Averroes
arguit contra astrologos, videlicet contra positionem eorum de motu
planetarum secundum excentricos et epicyclos, nunc considerandum,
scilicet de rationibus suis, quibus contra eos procedit: qua vi concludant,
vel si non concludant, diligenter considerandum ».
13 Nous ne comptons pas deux fois ces occurrences : une fois dans la Tabula faite
par Dietrich (ou, en tout cas, transmise par la tradition manuscrite) et une fois dans le
texte principal à l’endroit du titre spécifique ; une telle opération n’apporterait rien
d’important pour notre enquête et ne ferait que doubler inutilement le nombre
d’occurrences.
122
Le poids de la citation
Nous comptons aussi les occurrences où le nom ou le patronyme
n’apparaissent pas et sont remplacés par des pronoms possessifs ou
démonstratifs, comme dans le cas du titre de la question 14 : « inducta
sua ratio ».
b) 3 fois dans le De int. :
Trois fois dans des titres :
III.10 : Declaratur sententia erronea Averrois de substantia
intellectus possibilis simul et agentis.
III.11 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu agente.
III.12 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu possibili, quantum
ad hoc, quod ostenditur, quod non est in potentia ad formam
substantialem.
Une fois dans le De int. (III.10.(3), p. 185, l. 88) comme une sorte de
sentence conclusive :
Ista est sententia Averrois summarie tangendo de natura intellectuali
in nobis.
c) 2 fois dans le De misc. : (c.1) une fois dans le prologue où Dietrich
présente la raison de la difficulté de la question : les autorités et leurs
positions contraires par rapport au texte d’Aristote (notamment
Avicenne, Averroès, Albert et Thomas) rendent l’étude de ce problème
très difficile. On remarquera notamment l’enchaînement des autorités et
le fait que Dietrich se place dans cette même tradition (« propter quod et
ego a scribendo supersedere debui, si instantia studentium
permisisset ») :
De mixtione, sicut in physicis habet locum et Philosophus tractat in
libro De generatione, aliquid certum et evidens agere non mediocris
difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est diversitas
sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta Avicennae, Averrois,
Alberti, Thomae et sequacium eorum, qui diversa docuerunt et
scripserunt de materia ista; propter quod et ego a scribendo
supersedere debui, si instantia studentium permisisset. (De misc.,
Prooemium, p. 28, l. 4-10)
(c. 2) Une seconde fois à la fin d’une argumentation où Averroès est cité
explicitement, Dietrich ajoute cette sentence conclusive : « Et sic
Averroès
123
pertractat eam Commentator super De caelo et mundo, sed summarie et
non ita explicite, sicut hic dictum est ». (De misc., 20.1, p. 46, l. 133-136)
d) 1 fois dans le De ir. : on y trouve une présentation schématique de
la manière dont Averroès développe son argumentation à partir du texte
d’Aristote :
Sicut autem dictum est de coloribus naturalibus absolutae qualitatis,
sic in proposito de coloribus radialibus considerandum et sumendum
eorum principia proportionaliter praedictis, et hoc secundum
rationem seu definitionem coloris praedictam, quam assignat
Philosophus, ex qua etiam Averroes deducit suam considerationem.
(De ir., II.5.(1), p. 153, l. 55-59)
e) 1 fois dans le De elem. : on a ici l’une des plus intéressantes
évocations de l’autorité d’Averroès.
Similiter in VIII Physicorum loquens de huiusmodi motis distinguit
duplicem potentiam modo praedicto et secundum hoc attribuit eis
duplicem motorem. Unde inter caetera dicit ibi: « Potentia autem
(…) » ; et quam potentiam dicit esse in aere, subdit ibi: « Contingit
enim (…) ». Ex hoc manifeste innuit, quod aer habens suam speciem
non est nisi in potentia accidentali. Unde infra subdit: « Et quae non
a se ipsis (…) ». Secundum hanc etiam sententiam Commentator
expresse exponit Philosophum in iam dictis locis, ut patet intuenti.
(De elem., 41.4, p. 88)
Dietrich donne plusieurs citations exactes d’Aristote et ajoute ensuite : la
seconde des citations est clairement expliquée par Averroès si l’on
regarde attentivement. Dietrich ne rappelle et ne reprend aucune des
observations faites par le Cordouan à propos du texte d’Aristote ; mais
probablement Dietrich avait-il ce commentaire sous les yeux ou le
connaissait assez bien. Il se contente de citer longuement Aristote
(probablement les plus longues citations du Stagirite dans l’œuvre de
Dietrich) sans rien y ajouter d’Averroès.
f) 1 fois dans le De anim. (36.(5), p. 43, l. 93-100) : « Ens igitur isto
modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni
enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum
modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est
separatus; et secundum eum modum et naturam separationis
tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut
124
Le poids de la citation
patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem,
per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo
libro, et similiter in Libro de causis ».
Averroès est invoqué comme exemple pour l’affirmation très
générale qui précède : « tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de
substantiis separatis » ; sous l’influence probable d’Albert le Grand,
Dietrich distingue ici et ailleurs deux grandes traditions philosophiques :
Aristote et Averroès sont les Peripatetici, Avicenne, Proclus et Liber de
causis sont les Platonici. Toujours dans le De anim., quelques pages avant
cette citation, Dietrich se contente de parler de philosophi : « Si autem
essent aliae substantiae, quas curiositas philosophorum asserit et
intelligentias vocant, quarum quaelibet secundum eos est intellectus in
actu per essentiam, huiusmodi, inquam, essent secundum dictos
philosophos principia entium non supposito aliunde aliquo subiecto,
supposita tamen actione et virtute prioris et altioris principii, in cuius
virtute et actione fundarentur et figerentur earum propriae actiones; et
ideo non essent creatrices, quamvis entia secundum totas suas essentias
ab ipsis procederent, modo tamen inferiore, quam sit ille, quo procedunt
a primo omnium principio ». (De anim., 7.(5), p. 18-19)
En parcourant les simples mentions, on remarque notamment que
toutes les évocations d’une autorité n’ont pas un rôle déterminant dans la
construction logique ou philosophique des arguments ; qu’il faut
soigneusement les repérer et considérer différemment des situations où
les citations apportent des précisions importantes sur le poids doctrinal
et/ou sur la connaissance immédiate des textes sources.
Averroès
125
II. Synopsis
Dans la liste qui suit, nous indiquons l’œuvre d’Averroès et sa division
logique que Dietrich cite. Ensuite, nous indiquons le nombre
d’occurrences, la catégorie de la citation, le numéro où elle est discutée.
Enfin, nous précisons la provenance probable de la citation : (1) si elle
aurait pu être connue par un intermédiaire – dans le cas où elle est
courte, suit la règle de la citation unique, elle se lit chez d’autres auteurs
contemporains ou dans des florilèges. (2) Si elle aurait pu être connue
directement – la citation est longue, correcte, Dietrich fait référence à la
division du texte source (du type : et infra dicit...). Le dernier cas : (3) il
nous est impossible de savoir quelle est l’origine de la citation : elle peut
être soit immédiate soit médiate, mais il est difficile de privilégier plutôt
l’une que l’autre solution. Nous donnons en dernier une brève
description de la thèse pour laquelle la citation a été employée.
A) In M e ta p hy s ic a m A r is to te l is
lib. II, comm. 1 – 2x RSP, cf. n. 1. Provenance probable : intermédiaire
– règle de la citation unique. Thème : rien n’est en
vain dans le fondement de la nature.
lib. III, comm. 3 – 3x RSI, cf. n. 2 ; cité avec In librum IV De celo et
mundo. Provenance probable : intermédiaire – règle
de la citation unique ; accompagnée d’un renvoi au
comm. In librum IV De celo et mundo (n. 78). Thème :
l’absence des causes finales et efficientes dans les
substances séparées.
lib. IV, comm. 2 – 8 fois : 4x RAI, 2x RAP, 1x RSP, 1x RSI, cf. n. 3.
Provenance probable : 4x RAI, 1x RSP, 1x RSI :
incertaine – règle de la citation unique ; 2x RAP :
immédiate. Thème : l’accident est une disposition
de la substance (dispositio substantiae).
lib. V, comm. 4 – 2 fois : 1x RSI, cf. n. 4 ; 1x RAI, cf. n. 5.
Provenance probable : incertaine. Thème : 1x RSI :
126
Le poids de la citation
« principes » se disent des causes extrinsèques et
des causes intrinsèques ; 1x RAI : définition sur la
matière.
comm. 14 – 3 fois : 1x RAP, cf. n. 6 ; 2x RSI, cf. n. 7.
Provenance probable : 1x RAP : directe ; 2x RSI :
incertaine. Thème : 1x RAP le rapport entre les
noms des accidents et les catégories ; 2x RSI : le
rapport entre ens conceptionale et ens reale.
comm. 16 – 1x FRSI, cf. n. 8. Provenance probable :
intermédiaire. Thème : Aristote détermine les
catégories magis secundum probabilitatem et famositatem
quam secundum veritatem.
comm. 19 – 5 fois : 2x RAI, cf. n. 9 ; 1x RAI, cf. n. 10 ; 2x
RAP, cf. n. 11. Provenance probable : 2x RAI :
incertaine ; 1x RAI : incertaine - citée avec le
comm. du livre VII (cf. n. 18) ; 2x RAP : directe.
Thème : diverses thèses sur la qualité.
comm. 20 – 3 fois : 3x FRAI, cf. n. 12. Provenance probable :
intermédiaire (Jean Philopone ?) – emploi de la
même sentence. Thème : l’intellect a une
disposition essentielle envers l’objet de son
intellection.
comm. 32 – 1x RAI, cf. n. 13. Provenance probable :
incertaine. Thème : des parties centrales sont au
fondement de toute substance comme le cœur et le
cerveau le sont pour les animaux.
lib. VII, comm. 3 – 1x RAP, cf. n. 14. Provenance probable : directe.
Thème : les substances sont les causae essentiae des
accidents.
comm. 7 – 2x RAP, cf. n. 15. Provenance probable :
intermédiaire. Thème : les noms signifient les
choses dans la mesure où celles-ci sont en acte.
Averroès
127
comm. 11 – 1x RAP, cf. n. 16. Provenance probable : directe.
Thème : le rapport entre l’accident et la quidité de
la chose.
comm. 14 – 2 fois : 1x RAP, cf. n. 17 ; 1x RSI, cf. n. 18.
Provenance probable : 1x RAP directe ; 1x RSI :
incertaine. Thème : 1x RAP la relation entre la
quidité et la définition d’une chose ; 1x RSI : le
rapport entre la qualité et la quantité – citée avec le
comm. du livre V (cf. n. 10).
comm. 16
comm. 19
– 4x RAI, cf. n. 19. Provenance probable :
intermédiaire : règle de la citation unique.
Thème : la définition signifie la forme et le
composé d’une chose.
comm. 21 – 1x RcGAI, cf. n. 20. Provenance probable :
incertaine. Thème : il existe une identité essentielle
entre animal et raisonnable.
comm. 35 – 1x RAI, cf. n. 21. Provenance probable :
incertaine. Thème : on dit d’une manière équivoque
« chair » à propos un animal vivant et d’un animal
mort.
comm. 59
comm. 60
– 1x RAP
– 1x RAP
cf. n. 22. Provenance probable :
directe. Thème : la quidité par
rapport à la matière et à la
forme.
2x FRSI, cf. n. 23 et 12
lib. VIII, comm. 12 – 2 fois : 1x RAI, cf. n. 24 ; 1x RSP, cf. n. 25.
Provenance probable : 1x RAI : incertaine ; 1x
RSP : directe. Thème : 1x RAI : les corps astraux
sont des êtres vivants per se ; 1x RSP : les corps
astraux n’ont pas de matière.
comm. 14 – 1x RAI, cf. n. 26. Provenance probable :
incertaine. Thème : la matière peut recevoir des
contraires.
128
Le poids de la citation
comm. 15 – 2 fois : 1x RAP, 1x RcGSP, n. 27. Provenance
probable : intermédiaire – règle de la citation
unique. Thème : la génération ne produit pas la
multiplicité, mais la perfection.
comm. 16 – 1x RAP, n. 28. Provenance probable : incertaine.
Thème : la quidité des choses est identique à leur
essence.
lib. X, comm. 15
comm. 16
- 3 fois : 2x RAP, 1x RSI
- 1x RAP
cf.
n.
29.
Provenance
probable : directe des
longues
citations. Thème : la
relation entre les
contraires : privatio et
habitus.
comm. 26 – 1x RAI, cf. n. 30. Provenance probable :
incertaine. Thème : corruptible et incorruptible
sont des différences contraires qui permet de
distinguer les corps astraux des corps du monde
sublunaire.
lib. XII, comm. 8 – 1x RAI, cf. n. 31. Provenance probable : incertaine.
Thème : la forme en puissance fait apparaître la
forme en acte.
comm. 10 – 1x RAI, cf. n. 32. Provenance probable :
incertaine. Thème : la diversité de la matière est
déduite à partir de la diversité de la puissance.
comm. 16 – 1x RAP, cf. n. 33. Provenance probable :
incertaine. Thème : les causes qui font exister une
chose et la rendent une, constituent avec celle-ci
une unité.
Averroès
129
comm. 18 – 2x RSI, cf. n. 34. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’agent qui actualise la forme
qui est en puissance (facit in actu).
comm. 25 – 1x RSP, cf. n. 35. Provenance probable : directe.
Thème : la distinction entre les substances sans
accident (les substances séparées) et les substances
avec des accidents (les substances du monde
sublunaire).
comm. 38 – 1x RAI*, cf. n. 36. Provenance probable :
incertaine. Thème : la nature d’une substance
intellectuelle séparée.
comm. 45 – 1x RSP, cf. n. 37. Provenance probable :
incertaine. Thème : dans sa jeunesse, le philosophe
espère pouvoir comprendre la nature des
substances séparées.
comm. 51 – 2 fois : 1x RcGSP, 1x RSP, cf. n. 38.
Provenance probable : incertaine – règle de la
citation unique. Thème : la science de Dieu n’est ni
universelle ni particulière.
B) In P hy s ic a m A r is to te l is
lib. I,
comm. 1 – 2 fois : 1x RSI, cf. n. 39 ; 1x RSP, cf. n. 40.
Provenance probable : incertaine. Thème : 1x RSI :
le mathématicien définit seulement ce qui est selon
la forme ; 1x RSP : entre la matière première et la
forme dernière il existe des matières composées et
d’autres formes.
comm. 36 – 1x RAP, cf. n. 41. Provenance probable : directe.
Thème : le tout est divisé en des parties en acte.
comm. 45 – 1x RAP, cf. n. 42. Provenance probable : directe.
Thème : le centre du corps astral et de l’âme de
celui-ci est est dans un lieu.
130
Le poids de la citation
comm. 63 – 2x RSI, cf. n. 43. Provenance probable :
incertaine – usage de la même sentence dans les
deux cas. Thème : le sujet du corps astral, qui est
son essence, provient et dépend d’un principe
supérieur.
comm. 66 – 1x RcGAP, cf. n. 44. Provenance probable :
directe. Thème : la matière rendue parfaite par une
forme s’unit avec la privation de la forme contraire
à celle-ci.
comm. 70
comm. 79
– 3 fois : 1x RAI, cf. n. 45 ; 1x RSI, 1x
RcGSI, cf. n. 46. Provenance probable :
incertaine. Thème : 1x RAI : le rapport entre
matière première et la puissance ; 1x RSI, 1x
RcGSI : la matière première est multiple dans
sa substance.
lib. III, comm. 4 – 1x FRSI, cf. n. 47. Provenance probable :
intermédiaire – renvoi enchaîné avec le
commentaire au livre V de la Métaphysique. Thème :
voir n. 8.
lib. IV, comm. 38 – 1x RAP, cf. n. 48. Provenance probable :
intermédiaire. Thème : on sait, grâce à la
transmutation selon la substance, que la matière est
dans les choses.
comm. 71 – 2x RSI, cf. n. 49. Provenance probable :
incertaine.
Thème :
la
polémique
contre
Avempeche au sujet du mouvement des corps dans
le vide.
comm. 100 – 2 fois : 1x RAI, 1x RSI cf. n. 50. Provenance
probable : incertaine. Thème : le temps est dans
l’âme.
comm. 131
6 fois :
– (avec comm. 97) 3x RcGAI*, cf.
n. 51. Provenance probable : incertaine –
Averroès
131
renvoi enchaîné à plusieurs autorités. Thème :
le temps est dans l’âme.
- 2 fois : 1x RAP, 1x RcGAI, cf. n.
52. Provenance probable : 1x RAP : directe ;
1x RcGAI : directe. Thème : le temps n’est ni
en puissance ni en acte.
- 1x RSI, cf. n. 53. Provenance
probable : directe. Thème : le temps doit être
étudié dans le cadre de la métaphysique, non
dans le cadre de la philosophie naturelle.
lib. VI, comm. 85 – 1x RAI, cf. n. 54. Provenance probable : directe.
Thème : discussion de la position de Zénon à partir
d’Aristote et le commentaire respectif d’Averroès.
lib. VIII, comm. 27 – 2x RAI, cf. n. 55. Provenance probable :
intermédiaire – règle de la citation unique. Thème :
le ciel se meut par lui-même d’une manière plus
noble que les animaux.
comm. 35 – 1x RSI, cf. n. 56. Provenance probable :
incertaine. Thème : le mouvement est généré par
un principe intrinsèque au corps mû.
comm. 56 – 1x RSI, cf. n. 57. Provenance probable :
intermédiaire. Thème : le mouvement local est
parfaitement continu.
comm. 82 – 2x RSI, cf. n. 58. Provenance probable :
intermédiaire – règle de la citation unique. Thème :
le mouvement se produit grâce à une pénétration
réciproque des parties.
1x FRSP – cf. n. 59 et 36. Provenance probable : intermédiaire. Thème :
les hommes dépendent du même principe que le
ciel.
132
Le poids de la citation
C) In D e a n i ma A r is to te l is
lib. II,
comm. 60 – 2x RSI, cf. n. 60. Provenance probable :
intermédiaire. Thème : la sensation ne dépend pas
exclusivement de l’objet sensible.
comm. 125 – 1x RSP, cf. n. 61. Provenance probable :
incertaine. Thème : la sensation doit être comprise
en tant que relation.
comm. 160 – 1x RAI, cf. n. 62. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’action des choses sensibles
sur les sens.
lib. III,
comm. 4 – 1x RcGSI, cf. n. 63. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’intellect est simple et sans
mixtion.
comm. 5
8 fois :
– 1x RcGSP, cf. n. 64. Provenance
probable : incertaine. Thème : la matière
première reçoit les formes individuelles,
l’intellect (possible) reçoit les formes
(intelligibles) simpliciter.
– 4 fois : 2x RSI, 2x RcGSI, cf. n.
65. Provenance probable : intermédiaire –
règle de la citation unique. Thème : l’union
entre l’intellect possible et l’espèce intelligible
actualisée est plus intime et plus forte que
celle entre la matière et la forme.
– 3 fois : 3x RcGSI, cf. n. 66.
Provenance probable : intermédiaire – règle
de la citation unique. Thème : le rôle de la
faculté cogitative dans la production des
espèces intelligibles.
comm. 6 – 1x RcGSI, cf. n. 67. Provenance probable :
incertaine. Thème : les divers degrés de nobilité
entre les facultés de l’âme.
Averroès
133
comm. 15 – 1x RcGAI, cf. n. 68. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’intellect agent se connaît soimême immédiatement et essentiellement.
comm. 18
comm. 5
–1x RSI*, cf. n. 69. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’intellect agent est une
substance.
comm. 19 – 1x RSI, cf. n. 70. Provenance probable :
incertaine. Thème : la substance de l’intellect agent
est identique à son opération.
comm. 20 – 2x RSP, cf. n. 71. Provenance probable :
incertaine – règle de la citation unique. Thème :
l’intellect agent s’unit à l’homme en tant qu’homme
et par lui on connaît tous les étants intelligibles.
comm. 25
comm. 36
– 2 fois : 1x RSP, 1x RcGSP, cf. n. 72.
Provenance probable : incertaine – règle de la
citation unique. Thème : l’intellect agent ne
connaît en-dehors de soi-même.
comm. 36
comm. 19
– 2x RcGSI*, cf. n. 73. Provenance
probable : incertaine. Thème : l’intellect
possible est une substance séparée (la
dernière dans la hiérarchie cosmique) et
unique pour les hommes.
D) In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l is
lib. I,
comm. 96 – 1x RAP, cf. n. 74. Provenance probable :
incertaine. Thème : le ciel est composé de matière.
lib. II,
comm. 42 – 1x RSI, cf. n. 75. Provenance probable :
immédiate. Thème : la perfection du corps céleste
et la chaleur qu’il produit.
comm. 92
comm. 99
– 3 fois : 2x RcGAP, 1x RcGAI, cf. n. 76.
Provenance probable : incertaine. Thème : le
134
Le poids de la citation
mouvement des étoiles autour du centre de la
terre.
lib. III,
comm. 67 – 2x RcGSP, cf. n. 77. Provenance probable :
incertaine. Thème : le rapport entre matière et
forme après la génération ou la corruption des
corps.
lib. IV,
comm. 1 – 3x RSI, cf. n. 78. Provenance probable : intermédiaire – usage de la même expression
accompagnée d’un renvoi au livre III de la
Métaphysique. Thème : l’absence des causes finales
et efficientes dans les substances séparées.
E) In D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l i s
4x RSI, cf. n. 79. Provenance probable : intermédiaire – règle de la
citation unique. Thème : la formation des couleurs à partir d’un mélange
de lumière et de diaphane.
1x FRSI, cf. n. 80 et 66 – Provenance probable : incertaine.
F) I n l ib r u m II D e ge n e r a t io n e e t c o r r u p t io n e A r i s to te l is
2x RSI, cf. n. 81. Provenance probable : incertaine. Thème : les parties
se distinguent selon la quantité et selon la qualité.
G) I n l ib r u m Pr a e d ic a m e n to r u m A r i s to t e l is
2x FRAI, cf. n. 82 et n. 8.
Averroès
135
H) I n D e s o m n o e t vi gil ia A r i s to t e l is
1x RSI, cf. n. 83. Provenance probable : incertaine. Thème :
l’intelligence (plus précisément l’intellect agent) provient d’un principe
supérieur séparé.
I) D e s u b s ta n t ia o r b is
1x RSI, cf. n. 84. Provenance probable : incertaine. Thème : l’analogie
entre les corps astraux et les corps de ce monde.
136
Le poids de la citation
III. Conclusions 1
III.1
Dès le premier regard sur cette liste, la question surgit : comment est-ce
possible que le même texte soit connu directement et indirectement,
comme dans le cas du comm. 14, du livre. VII de la Métaphysique ? Cette
apparente contradiction permet d’affiner l’analyse des citations. D’abord,
il faut dire que Dietrich pouvait connaître un texte entièrement ou
seulement par fragments (copiés soit dans un florilège personnel soit
chez une source intermédiaire fidèle au texte original). Dans un cas
comme dans un autre, il pouvait faire un usage différent selon les
conditions matérielles : soit l’utiliser directement, s’il avait sous les yeux
sa source (le texte entier ou l’intermédiaire) soit le citer de mémoire ; en
plus, il pouvait l’utiliser directement pour écrire tel ou tel texte (ou telle
ou telle partie d’un ouvrage) et le citer de mémoire ou par intermédiaire
pour écrire un autre texte (ou une autre partie de l’ouvrage). Nous avons
d’ailleurs montré que dans certains cas il donne une citation exacte, mais
utilise très probablement un intermédiaire qui cite la Métaphysique avant la
traduction de Moerbecke (le livre XII étant nommé le livre XI, cf. n.
33) ; dans d’autres cas, il parle explicitement du fait que selon la nouvelle
traduction (nova translatio) le livre XI est devenu le livre XII (cf. n. 36).
De même, en écrivant le De visione beatifica (nous l’avons vu au n. 12)
Dietrich cite pour la même thèse avec la même phrase le commentaire au
livre V de la Métaphysique (De vis. beat., 3.2.6.(3), p. 79) et le commentaire
au livre VII de la Métaphysique (De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58). Ni le
premier ni le second renvoi ne sont des accidents parce que la phrase et
le renvoi au livre V se trouvent aussi dans le De orig. (5.(20), p. 185) et
dans le Frag. de rat. pot. (24, p. 382), tandis que la phrase et le renvoi au
livre VII se trouve aussi dans le Utrum in Deo (1.4.2.1.(3), p. 297).
On peut aussi remarquer que pour certaines citations considérées
parfaites (ayant une correspondance littérale – tous les RP et RcGP dans
les tableaux) la source est indiquée « incertaine » ou « intermédiaire »
(voir le n. 28, par exemple). Ce choix est fondé principalement sur deux
raisons :
(1) Les différences doctrinales qui existent entre Dietrich et sa
source sont plutôt importantes, en dépit de la présence des mots
communs ; dans ce cas, il existe deux possibilités : (a) Dietrich connaît
directement la source, y puise des expressions, mais change
Averroès
137
volontairement le sens de l’argumentation de l’autorité ; (b) Dietrich
s’inspire d’une source secondaire qui modifie la pensée de l’autorité tout
en reprenant ses mots. Lorsqu’il est difficile de trancher, nous mettons
« provenance probable : incertaine ». Lorsque la formule se trouve chez
d’autres auteurs qui donnent la même interprétation que Dietrich, nous
mettons « provenance probable : intermédiaire » (par exemple, n. 71 ou
72).
(2) La fréquence des occurrences provenant d’une même source ; si
Dietrich cite une seule fois dans toute sa carrière quelques lignes
provenant d’un chapitre d’une œuvre d’Averroès (ou de toute autre
autorité), il est légitime de supposer (a) que cette œuvre n’a pas eu une
influence considérable sur sa pensée, (b) qu’il ne l’a pas connu
directement ou qu’il n’a pas connu toute l’œuvre, sans pour autant
exclure la possibilité d’un usage ou d’une connaissance directe. Du point
de vue de l’influence doctrinale, une thèse défendue par une occurrence
rare n’a pas le même poids qu’une thèse défendue des occurrences
fréquentes dans plusieurs œuvres. Il reste, dans un cas comme dans
l’autre, la question : pourquoi Dietrich choisit-il d’évoquer, même une
seule fois, telle ou telle autorité avec telle ou telle thèse ? La réponse
nous semble difficile ; divers facteurs historiques (accès à une source
inédite, lieu et date de composition etc.) peuvent être aussi déterminants
qu’un choix philosophique délibéré. Nous mettons alors pour certains
RP et RcGP : « provenance probable : incertaine ».
La note « provenance probable : intermédiaire » apparaît lorsqu’on a
la règle de la citation unique : la même formule, avec les mêmes
variations mineures par rapport à la source, est citée par Dietrich dans
plusieurs de ses œuvres (voir, par exemple, le n. 27). Autrement dit, les
citations ad litteram ne sont pas des preuves suffisantes pour soutenir
l’usage direct de la source. Il faut aussi noter que tous les cas où la
citation ne contient pas des expressions semblables à la source ne sont
pas autant de preuve d’une connaissance indirecte : nous avons montré
(n. 52, 53, 54) des situations où des aspects de l’argumentation de
Dietrich font preuve d’une connaissance détaillée du texte source duquel
il n’emprunte cependant aucune citation littérale.
En attirant l’attention sur toutes ces nuances, nous voulons surtout
insister sur le fait que notre étude sur les citations ne tient pas d’une
science exacte et qu’il est difficile, voire impossible, de toujours donner
des indications précises sur la connaissance directe ou indirecte que
Dietrich avait de ses sources. Cependant, les tableaux et les catégories
des citations que nous utilisons permettent de dégager plusieurs
observations sur l’usage qu’il fait des autorités, en l’occurrence Averroès.
138
Le poids de la citation
Averroès est présent 138 fois (+ 16 SM) dans l’œuvre de Dietrich.
Voici les œuvres citées :
1) In M e ta p hy s ic a m A r i s to t e l is
Dietrich fait appel 65 fois au commentaire à la Métaphysique dans
l’ordre suivant :
16 fois au comm. du livre VII
15 fois au comm. du livre V
10 fois au comm. du livre XII
8 fois au comm. du livre IV
6 fois au comm. du livre VIII
5 fois au comm. du livre X
3 fois au comm. du livre III
2 fois au comm. du livre II
Nous supposons que Dietrich a connu et utilisé soit le texte même
d’Averroès soit un intermédiaire fidèle14 pour les :
comm. 2 du livre IV
comm. 14 du livre V
comm. 3, 11, 14, 59, 60 du livre VII
comm. 12 du livre VIII
comm. 15, 16 du livre X
comm. 16, 25, 45, 51 du livre XII
On remarque les nombreuses évocations des commentaires sur huit
livres de la Métaphyique, avec une prépondérance pour les livres V et VII.
Les commentaires aux livres II et III sont très probablement connus par
des intermédiaires et par ce qui concerne un seul problème. Dietrich
mentionne seulement un seul commentaire pour les livres II, III et IV.
Le livre X est également connu partiellement : seulement les
commentaires 15, 16 (avec des reprises littérales) et 26. Le comm. 38 du
14 Nous incluons les RP et RcGP dont la provenance probable est incertaine, et les
RI et les RcGI dont la provenance probable est immédiate. Ce genre de liste n’est pas
exclusive : les RI et RcGI dont la provenance probable est incertaine peuvent être
autant d’indices d’une connaissance directe ; l’absence de citation littérale (preuve
nécessaire, mais pas suffisante, de l’usage immédiat) est la seule raison qui fait que les
RI et les RcGI de provenance douteuse ne sont pas mentionnés ici. La même logique
est appliquée aux autres listes du même type.
Averroès
139
livre XII n’est certainement pas connu : Dietrich cite une phrase qui en
provient, mais l’attribue au commentaire à la Physique. Dietrich connaît
partiellement les commentaires aux livres V et VII : en employant la
même sentence (reprise certainement d’un intermédiaire) il renvoie trois
fois au livre V et deux fois au livre VII.
On peut avancer une première conclusion : Dietrich n’utilise pas les
commentaires d’Averroès sur les livres I, VI, IX, XI, XIII et XIV de la
Métaphysique. Il cite quelques lignes seulement des commentaires aux
livres II, III, IV et X – sa connaissance de ces textes semble donc être
assez réduite. Les commentaires livres V, VII, VIII et XII sont cités avec
plusieurs commentaires.
Une seconde conclusion : l’intérêt de Dietrich pour le commentaire
de la Métaphysique est ciblé et réduit : il y puise surtout la théorie de
l’analogie de l’être. Les évocations des commentaires aux livres IV, V et
VII portent sur des thèmes connexes : l’accident, la substance, l’essence,
la quidité. Sur les 65 occurrences du commentaire de la Métaphysique 41
portent sur des thèses ontologiques, ce qui représente 63%
d’occurrences. Dietrich cite le commentaire au livre IV uniquement pour
la question de l’accident comme disposition de la substance et vise ainsi
uniquement les quelques lignes du comm. 2 où cette définition apparaît ;
sur les 8 occurrences du livre IV, 2 citations seulement ont été
probablement puisées directement – les deux apparaissent dans un seul
ouvrage, le De acc. ; dans les autres 6 cas, Dietrich s’y réfère en utilisant
des formules qui proviennent du livre VII.
2) In P hy s ic a m A r is to te l is
Dietrich fait appel 30 fois au commentaire à la Physique dans l’ordre
suivant :
11 fois au comm. du livre IV
10 fois au comm. du livre I
6 fois au comm. du livre VIII
1 fois au comm. du livre III (FRSI)
1 fois au comm. du livre VI
1 FRSP – une phrase qui provient en réalité du comm. 38, livre XII de la
Métaphysique, mais attribuée au commentaire sur la Physique.
Nous supposons que Dietrich a connu et utilisé soit le texte même
d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour les :
140
Le poids de la citation
comm. 36, 45, 66 du livre I
comm. 131 du livre IV
comm. 85 du livre VI
L’évocation du commentaire au livre III est faite par un faux renvoi
– on peut donc considérer qu’il ne le connaissait pas. Par conséquent,
Dietrich ne connaît et n’utilise pas les commentaires d’Averroès aux
livres II, III, V et VII de la Physique. En outre, le commentaire au livre
VI est connu et utilisé seulement pour la discussion, reproduite avec une
certaine attention et fidélité, du comm. 85 (sur la position de Zénon).
Les six occurrences du livre VIII, quatre proviennent très probablement
par un intermédiaire (la même sentence est utilisée à plusieurs reprises)
et les deux autres occurrences ne présentent pas des ressemblances
saisissantes.
Une première conclusion s’impose : Dietrich semble s’intéresser et
connaître surtout le livre I (cité avec plusieurs commentaires et avec des
expressions ad litteram) et le livre IV du commentaire de la Physique. Les
autres livres qu’il cite sont connus très partiellement (livre VI) et/ou par
des intermédiaires (livre VIII).
La seconde conclusion : comme dans le cas du commentaire de la
Métaphysique, Dietrich se réfère au commentaire à la Physique surtout pour
la question de la matière (des corps célestes des corps du monde
sublunaire) avec les divers problèmes spécifiques : le rapport à la forme,
à la puissance et à la génération ; le comm. 131 du livre IV est cité à six
reprises pour la thèse sur le temps qui est dans l’âme ; Dietrich cite
encore ce texte d’Averroès pour le problème du mouvement et du lieu.
3) In D e a n i ma A r is to te l is
Dietrich fait appel 23 fois au commentaire au De anima dans l’ordre
suivant :
19 fois au comm. du livre III
4 fois au comm. du livre II
Probablement Dietrich a connu et utilisé soit le texte même
d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour :
comm. 125 du livre II
comm. 5, 20, 25 du livre III
Averroès
141
Il est manifeste, d’après ces listes, que Dietrich ne connaît pas le
commentaire au livre I et qu’il s’intéresse très peu au commentaire du
livre II - uniquement pour le problème du rapport entre les sens et les
objets sensibles. Sur les 19 occurrences du livre III, 8 reprennent trois
thèses discutées par Averroès dans le comm. 5, dont deux semblent avoir
été reprises d’un intermédiaire (règle de la citation unique).
On peut à présent conclure que Dietrich ne semble pas avoir une
connaissance étendue ni très approfondie du De anima d’Averroès. Sur
l’intellect possible, par exemple, il cite les thèses les plus habituelles :
analogie avec la matière première, union avec l’espèce intelligible, unité
et unicité par rapport à l’espèce humaine. Sur l’intellect agent, Dietrich
cite, au contraire, des thèses plutôt rares : la connaissance réflexive
immédiate et essentielle, l’identité entre l’opération et la substance, le soi
comme unique objet de connaissance (nihil intelligit extra se).
D’une manière générale et, certes, rapide, on peut dire que Dietrich
accepte de la noétique d’Averroès plusieurs thèses sur l’intellect agent en
niant seulement qu’il est une substance unique pour l’espèce humaine ;
mais qu’il critique pratiquement tout sur l’intellect possible sauf
l’analogie avec la matière première et l’union parfaite avec l’espèce
intelligible. On notera qu’il ne dit absolument rien sur l’abstraction des
universaux que l’intellect agent accomplit – selon la noétique
d’Averroès ; il est alors obligé de reformuler le rôle de la cogitative qui
n’a plus beaucoup en commun avec ce que le Cordouan défendait,
malgré les renvois explicites à ce thème15.
On peut également noter que Dietrich se réfère explicitement au
commentaire du livre III du De anima uniquement dans le De vis. beat. ;
dans tous les autres cas, il donne des sentences ou se réfère à la noétique
d’Averroès sans nommer ce commentaire. Sur les 19 évocations du livre
III, 16 sont dans les traités sur l’intellect : De vis. beat. et De int., 2 sont
dans le De orig. et 1 est dans le Utrum potentiae sensitivae.
4) In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l i s
Dietrich fait appel 10 fois au commentaire au De celo dans l’ordre
suivant :
4 fois au livre II
15 Sur le rôle de la cogitative chez Dietrich, voir l’article fondamental d’A LAIN DE
LIBERA , D’Averroès en Augustin. Intellect et cogitative selon Dietrich de Freiberg, in: B IARD,
CALMA , I MBACH, Recherches sur Dietrich de Freiberg, p. 15-62.
142
Le poids de la citation
3 fois au livre IV
2 fois au livre III
1 fois au livre I
Probablement Dietrich a connu et utilisé soit le texte même
d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour toutes les occurrences des
livres I, II et III ; le commentaire au livre IV est cité toujours avec le
commentaire du livre III à la Métaphysique, probablement par un
intermédiaire.
On peut alors conclure que Dietrich se sert rarement et puise peu
dans le texte d’Averroès. Celui-ci est utilisé d’une manière ponctuelle :
les 5 occurrences du livre II (comm. 92 et 99) apparaissent seulement
dans le De intellig., l’occurrence du livre III (comm. 42) est dans le Utrum
aliquid quod est in potentia et l’occurrence du livre I (comm. 96) est dans le
De subst. spir. Seulement les phrases que nous avons pu retrouver chez
d’autres auteurs ou que nous considérons provenir par des intermédiaires
apparaissent, les mêmes, dans plusieurs œuvres : la sentence provenant
du comm. 67 du livre III se lit dans le De elem. et le De misc ; et la citation
unique du livre IV se lit dans trois textes (De orig., De luce, De anim.).
5) In D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l is
Le commentaire d’Averroès au De sensu et sensato est mentionné 5 fois par
Dietrich : 4 fois avec une phrase provenant très probablement par un
intermédiaire pour une thèse très répandue : la formation des couleurs ;
1 fois pour une thèse sur la cogitative qu’il a très probablement repris du
commentaire d’Averroès au De anima. On peut légitimement supposer
qu’il ne connaissait pas (directement) ce texte d’Averroès.
6) In l ib r u m I I D e ge n e r a tio n e e t c o r r u p tio n e
Ce commentaire au livre II est mentionné 2 fois, pour le même
problème, dans le De elem. On ne peut rien affirmer sur la provenance de
la thèse, mais il est manifeste que Dietrich ne connaît pas beaucoup plus
de cet ouvrage d’Averroès. Il est alors impossible de parler d’une réelle
l’influence de ce dernier texte sur la pensée de Dietrich.
Averroès
143
7) In l ib r u m Pr a e d ic a me n to r u m A r is to te l is
Dietrich mentionne 2 fois ce commentaire, mais – nous l’avons montré –
la sentence ne s’y trouve pas ; d’autres auteurs cite exactement la même
idée, avec les mêmes mots, en l’attribuant, pour des raisons qui nous
échappent, à ce commentaire. On peut en déduire que Dietrich ne le
connaissait pas.
8) In D e s o mn o e t v ig il i a A r is to te l is
L’unique évocation au commentaire du De somno et vigilia (considéré par
Dietrich comme un traité ayant comme titre De divinatione somnorum) est
d’une provenance incertaine et sans aucune correspondance littérale ; le
thème d’ailleurs n’est pas résumé de façon détaillée et ressemble plus à
une sentence connue par intermédiaire. On peut considérer que ce texte
d’Averroès n’a aucune influence majeure sur la pensée de Dietrich.
9) D e s u b s ta n tia o r b is
Le De substantia orbis d’Averroès est mentionné une seule fois par
Dietrich concernant le problème de la quantité continue des corps
astraux et des corps du monde sublunaire. Il est manifeste que, malgré
l’incertitude concernant la connaissance immédiate de cet ouvrage,
Dietrich n’est pas influencé par celui-ci.
III.2
Plusieurs conclusions se dégagent de cette analyse : La plus évidente en
est que Dietrich ne manifeste aucun intérêt pour les commentaires
d’Averroès sur l’Ethica, l’Organon (l’évocation des Praedicamenta est fausse
et citée par intermédiaire), la Rhetorica, les Metheora et les livres sur les
animaux. A cela il faudrait ajouter aussi les titres qu’il mentionne mais
qu’il n’a très probablement pas connus ou qui, de toute manière, ne sont
pas déterminants pour sa pensée : les commentaires aux De sensu et
sensato, De somno et vigilia et De generatione et productione. Le De substantia
orbis entre dans cette dernière catégorie. Ce qui revient à dire que
Dietrich connaît quelques textes d’Averroès, plus précisément des
chapitres ou des parties des ouvrages suivants : Metaphysica, Physica, De
144
Le poids de la citation
anima et De celo et mundo. La manière dont Dietrich en fait usage est aussi
particulièrement intéressante : le nombre d’occurrences du commentaire
sur la Métaphysique (65 occurrences) est plus que double par rapport au
commentaire sur la Physique (30 occurrences) et presque trois fois plus
grand que le commentaire sur le De l’âme (23 occurrences). Sur les 138
évocations, 45 sont des citations ad litteram (ca. 32% - calcul des tous les
RP, RcGP et FP), les autres 93 étant des recours ou des renvois
thématiques sans aucune correspondance textuelle.
Averroès est évoqué par Dietrich pour éclaircir le texte d’Aristote 65
fois (calcul des RA, RcGA et FA), ce qui représente ca. 47% du total de
138 occurrences ; autrement dit, plus de la moitié des occurrences du
nom d’Averroès est faite pour des doctrines qui sont propres au
Cordouan et non pas pour ses interprétations du texte du Stagirite. Si
l’on veut affiner ces calculs, on peut dire que sur les 65 cas où Averroès
est nommé afin d’expliquer Aristote, 43 portent sur la Métaphysique et 15
sur la Physique (ensemble cela représente 89%) – seulement 7 autres
occurrences concernent les autres ouvrages d’Averroès auquel Dietrich
fait référence. Ce qui atteste que Dietrich lit les deux textes d’Averroès
surtout pour avoir un appui dans sa propre interprétation d’Aristote.
Autrement dit, sur les 65 évocations du commentaire d’Averrroès à la
Métaphysique, 43 servent à expliquer Aristote ; et sur les 30 évocations du
commentaire sur la Physique, la moitié sont pour comprendre le texte
d’Aristote. Le cas du commentaire au De anima est différent : sur les 23
occurrences de ce texte, deux seulement (1 fois le livre II et 1 fois le livre
III) ont le rôle d’appuyer une interprétation du texte d’Aristote ; ce qui
revient à dire que le De anima d’Averroès est considéré par Dietrich
comme un traité de noétique et non comme un commentaire du texte
d’Aristote. On notera donc la manière différente dont Dietrich se réfère
à l’un ou l’autre des ouvrages du Cordouan.
Averroès
145
IV. Dietrich de Freiberg lecteur d’Averroès
Une fois déterminé quels sont les ouvrages d’Averroès cités et connus
par Dietrich, on peut considérer le problème d’un autre point de vue et
préciser ce qu’il cite dans chacune de ses œuvres. Les tableaux qui
suivent sont en ordre décroissant des fréquences, en commençant par
l’œuvre qui cite le plus souvent le Cordouan (à gauche nous donnons la
référence du texte de Dietrich, à droite la référence de la source, le type
d’évocation et le numéro où elle est discutée).
1) D e o r i g. (19 fois)
I.(4), p. 138, l. 54-59 : Et haec istorum duorum
modorum differentia habetur a Commentatore super V
Metaphysicae, ubi distinguit rationem principii et elementi
et causae secundum modum, qui dictus est, scilicet
quod proprie causae sunt, quae sunt principiantia rem
extrinsecus; elementa vero, quae intrinsecus; principia
autem sunt communiter et ea, quae extrinsecus, et ea,
quae intrinsecus rem initiant.
In Metaph.,
V, comm. 4,
p. 83, l. 2935, 1x RSI ;
cf. n. 4.
I.(8), p. 139, l. 90-95 : Unde Commentator super XI
Metaphysicae, ubi Philosophus distinguit inter causas
intrinsecas, quae sunt materia et forma, et causas
extrinsecas, quae sunt finis et efficiens, eo, quod istae
antecedunt rem, illae autem sunt simul cum re, dicit:
« Causae autem, per quas res fit et ens et unum, sunt
cum eo, quod propter ipsas fit totum insimul, cum
talem dispositionem habeant in congregato sicut partes
in toto ».
In Metaph.,
XII, comm.
16, 302vH, 1x
RAP ; cf. n.
33.
I.(14), p. 141, l. 153 – 142, l. 157 : Unde Commentator
super XII Metaphysicae dicit sic: « Et sciendum, quod
substantiae sunt duobus modis: modus, in quo
impossibile est fugere accidentia, et alius sine aliquo
accidente; primus autem est sensibile, secundus vero est
intelligibile ». Et loquitur ibi de substantiis separatis
secundum suam et aliorum philosophorum opinionem.
In Metaph.,
XII, comm.
25, 310rB, 1x
RSP ; cf. n.
35.
146
Le poids de la citation
II.(7), p. 146, l. 27-30 : Hoc enim accidit sic attributis,
unde nec per essentiam sunt id, quod praedicatur de
ipsis secundum hanc attributionem. Et hi tres modi
analogiae
distinguuntur
super
principium
IV
Metaphysicae.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RSI ; cf. n. 3.
III.(12), p. 161, l. 90-95 : Et quoad istum secundum
modum videntur entia distingui et ordinari logice et
secundum famositatem, ut Commentator loquitur super
V Metaphysicae et super III Physicorum, solum in decem
genera, quae praedicamenta dicimus; et Philosophus
hoc innuit in Praedicamentis, ubi dicit se enumerasse
modos qualitatis, ‘qui consueverunt dici’.
In Metaph.,
V, 1x FRSI ;
cf. n. 8.
IV.(7), p. 170, l. 39-43 : Et tunc, sicut dicit
Commentator super I Physicorum, inter primam
materiam et ultimam formam sunt quaedam media,
quae sunt quasi quaedam materiae compositae et
formae, secundum quae media materia prima virtute
agentis semper plus et plus participat de actu ultimae
formae, quae est finis generationis.
In Phys., I,
comm.
1,
6rE, 1x RSP ;
cf. n. 40.
IV.(12), p. 171, l. 94-98 : Primo quidem, quia, si per
eandem formam substantialem caro est caro in animali
vivo, per quam est caro post mortem animalis, sequitur,
quod caro animalis vivi et mortui non est aequivoce
caro; quod est contra Philosophum et Commentatorem
in VII Metaphysicae.
In Metaph.,
VII, comm.
35, 187rE-F,
1x RAI ; cf.
n. 21.
IV.(17), p. 173, l. 152-155 : Praeterea quod non sit
eadem, quae prius, forma carnis in mortuo, scilicet
animali, quae fuit in vivo, manifeste ostendit
Philosophus in VIII Metaphysicae et Commentator
ibidem, ubi dicit, quod materia duobus modis se habet
ad diversas formas in recipiendo ipsas.
In Metaph.,
VII, comm.
14, 222v GH, 1x RAI ;
cf. n. 26.
In Phys., III,
1x FRSI ; cf.
n. 47.
In Metaph.,
VII, comm.
11, 161vI-K,
1x RAP ; cf.
n. 16.
Averroès
147
IV.(27), p. 176, l. 264-275: (…) quod est contra
Philosophum et Commentatorem VII Metaphysicae, ubi
ostenditur, quod, si genus divideretur per aliqua
existentia extra naturam generis, definitio non esset una,
sicut hoc, quod est superficies alba, non est per se
unum ea unitate, quae est unitas definitionis, sicut est
animal rationale. Album enim est extra naturam et
quiditatem superficiei, rationale autem non est extra
naturam animalis; unde Philosophus in VII Metaphysicae:
« Essentia enim superficiei non est essentia albedinis »;
Commentator ibidem: « Albedo enim non est quiditas
superficiei, quando dicimus: Superficies alba, sicut
rationabilitas est quiditas animalis, quando dicimus:
Animal rationale ».
IV.(39), p. 180, l. 421-424 : Et haec potentia secundum
se et absolute sumpta est una propter privationem sive
absentiam actuum distinctorum, sicut etiam Averroes
dicit de unitate materiae primae, ut concludebant
praemissae rationes, capit tamen rationem diversitatis in
ordine ad diversos actus.
In Phys., I,
comm.
79,
45rC-D,
1x
RcGSI ; cf. n.
46.
V.(2), p. 181, l. 14-18 : Videtur enim fuisse intentio
Philosophi, et Commentator suus manifeste hoc
exponit de tempore in IV Physicorum. Augustinus etiam
hoc plane et late determinat in XI Confessionum.
Boethius etiam in libro De Trinitate dicit de numero,
quod numerus non sit aliqua res naturae.
In Phys., IV,
comm.
97,
178 rB +
comm. 131,
202 rA - C,
1x RcGAI* ;
cf. n. 51.
V.(11), p. 183, l. 61-66 : Dico autem hic finem, formam
et efficiens non modo, secundum quod inveniuntur in
naturalibus, quae concernunt motum et materiam, sed
modo communiore, secundum quod secundum aliquam
sui rationem reperiuntur etiam in separatis, quamvis
non eadem ratione sicut in naturalibus, ut dicit
Averroes de fine super III Metaphysicae, de efficiente
super principium IV Caeli et mundi.
In Metaph.,
III, comm. 3,
41 rB-D, 1x
RSI ; cf. n. 2.
In De celo,
IV, comm. 1,
654, l. 16-19,
1x RSI ; cf. n.
78.
148
Le poids de la citation
V.(20), p. 185, l. 146-149 : Maxime autem hoc In Metaph.,
manifestum est de intellectu, qui per se habet V, 1x FRAI ;
habitudinem ad id, quod est intelligibile, sicut sensus ad cf. n. 12.
sensibile, ut dicit Philosophus in V Metaphysicae, ubi
dicit Commentator, quod in essentia intellectus est
habere talem habitudinem.
V.(24), p. 186, l. 183-186 : Et hoc manifeste habetur a
Philosopho in II De anima, videlicet quantum ad
effectum rerum sensibilium in organis sensuum; de
ultimo autem complemento formarum sensitivarum eo
modo, quo dictum est, habetur a Commentatore in
eodem loco.
In
De
anima,
II,
comm. 160,
1x RAI ; cf.
n. 62.
V.(26), p. 187sq., l. 224-229 : Hoc enim solum est
intelligere, scilicet apprehendere rem secundum talium
principiorum eius determinationem; alioquin non
differret intellectus a virtute cogitativa, quae etiam sic
intentionem substantiae denudare potest, ut nuda apud
ipsam maneat denudata ab omnibus imaginibus, ut
Averroes loquitur, et appendiciis accidentalibus.
In
De
anima, III,
comm.
5,
415, l. 63-64,
1x RcGSI ;
cf. n. 66.
V.(32), p. 189, l. 291-294 : Et hoc concordat ei, quod
communiter dicitur et habetur a Commentatore, scilicet
quod materia prima recipit formas has et individuales,
intellectus autem formas simpliciter.
In
De
anima, III,
comm.
5,
388, l. 32-37,
1x RcGSP ;
cf. n. 64.
V.(63), p. 200, l. 669-674 : Mathematicus autem, quia
abstrahit a motu et a materia, hinc est, quod nec
materiam nec efficientem nec finem in definiendo
concernit. Solum enim ea considerat, quae secundum
rationem formae insunt, et definit et demonstrat solum
per causam formalem, ut dicitur super principium I
Physicorum. Si autem in huiusmodi aliquando appareat
materia in definitionibus, hoc accidit, ut alibi tractari
habet.
In Phys.,
comm.
6rB-C,
RSI ; cf.
39.
I
1,
1x
n.
Averroès
149
2) D e vi s . b e a t. (18 fois)
1.1.1.3.4.(2), p. 20sq., l. 68-77 : Cum enim actu
intelligit se, non sic intelligit se, quod ipse idem actus
intelligendi sit obiectum talis intellectionis, sed
intelligit se, inquantum intelligit se olim factum in actu
per aliam intellectionem, et sic intelligit se sicut alia
secundum Philosophum et exponit Commentator,
quod, sicut alia intelligit per actus et formas suas,
quibus talia sunt aliquid in actu, sic intelligit se,
inquantum aliquando factus est in actu per speciem
intelligibilem aliam ab ea, qua nunc intelligit, et sic ipse
sub uno actu intellectionis existens intelligit se sub alio
actu intellectionis, sub quo fuit, et sic intelligit se sicut
alia, videlicet secundum differentiam intelligentis et
intellecti.
In De anima,
III,
comm.
15, 434, l. 620,
1x
RcGAI ; cf. n.
68.
1.1.1.3.5.(2), p. 21, l. 89-96 : Unde Augustinus IX De
Trinitate c. 13: « Quomodo autem illa tria non sunt
eiusdem essentiae, non video, cum mens se ipsa amet
et se ipsa noverit ». Quamvis autem istud verbum
Augustinus velit intelligi de abdito mentis, si tamen
extendamus ipsum ad intellectum possibilem,
concordat cum eo hoc, quod dicit Commentator super
III De anima, quod magis fit unum ex intellectu et
specie intelligibili quam ex materia et forma. Ex
materia enim et forma fit aliquod tertium, quod nec est
materia nec forma. Species autem intelligibilis fit
intellectus.
In De anima,
III, comm. 5,
404, l. 503508, 1x RSI ;
cf. n. 65.
1.1.4.(3), p. 28, l. 77-79 : (…) sensus non habet ex hoc
essentiam suam, quod primo et per se se ipsum sentiat,
et sic sensualitas seu sensatio non eo modo essentiat
sensum, sicut intellectualitas figit in esse intellectum,
qui est intellectus per essentiam secundum sententiam
peripateticorum. Et scribit Commentator super III De
anima, quod nihil intelligit extra se, videlicet primo et
per se, sed solum in se ipsum conversus est et in suum
principium, si habeat altius se principium.
In De anima,
III,
comm.
25, p. 463, l.
43-53
+
comm. 25, p.
463, l. 43-53,
1x RSP ; cf.
n. 72.
1.1.4.(5), p. 29, l. 27-32 : Et ex hoc arguit
Commentator super III De anima, quod, si intellectus
In De anima,
III,
comm.
150
Le poids de la citation
agens, qui est intellectus per essentiam et semper in
actu, aliquando uniatur nobis ut forma, per ipsum
intelligemus omnia entia. Quod videtur aliqualiter
concordare cum eo, quod legitur de sancto Benedicto,
videlicet quod in quadam mentis elevatione vidit totum
universum.
20, p. 444, l.
20-23
+
comm. 36, p.
500, l. 611613 + comm.
36, 501, l.
636-639,
1x
RSP ; cf. n.
71.
1.1.9.(1), p. 35, l. 66-70 : Est etiam haec sententia,
scilicet quod intellectus agens est substantia, omnium
peripateticorum, ut patet per Alexandrum et
Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per
Avicennam, per Commentatorem super III De anima.
Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere
substantiam separatam.
In De anima,
III,
comm.
18, 439, l. 7374 + comm.
5, 389, l. 7181, 1x RSI* ;
cf. n. 69.
1.3.3.(11), p. 58, l. 98-, 59, l. 102 : Supposito igitur
primo, quod et per se notum est, videlicet quod divina
essentia est intellectus in actu essentialiter, sumatur
iuxta hoc, quod omnis intellectus in eo, quod
intellectus, essentialem respectum habet ad id, quod
intelligitur, sicut dicit Commentator super VII
Metaphysicae, et non solum ad id, quod intelligitur
secundum rationem obiecti (…).
In Metaph.,
VII,
1x
FRSI ; cf. n.
23.
3.2.4.(4), p. 73, l. 59-64 : Nec ex dicta possibilitate et
ipsa specie fit compositio, sed potius talis possibilitas
transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis
in actu, ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis
De intellectu et intelligibili et Commentator super De
anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse
intellectus, quando quis actu intelligit. Et hoc est, quod
dicit Philosophus III De anima, quod intellectus
possibilis nihil est eorum, quae sunt, antequam
intelligat.
In De anima,
III, comm. 5,
404, l. 503508, 1x RSI ;
cf. n. 65.
3.2.5.(4), p. 77, l. 23-29 : Ubi etiam, si quis
scrupulosius velit intendere, adhuc non satis proprie
dicitur intellectus secundum purum suum intellectuale
esse forma seu species intelligibilis in potentia eo,
In Metaph.,
XII, comm. 8,
295vM-296rA,
1x RAI ; cf. n.
151
Averroès
quod in sua essentia non importat essentiam formae
intelligibilis sicut forma in potentia, quae est in
materia, importat essentiam formae et sic ex forma in
potentia fit forma in actu secundum Philosophum et
Commentatorem super XII Metaphysicae, sed est simile
in proposito ac si diceretur : Anima rationalis in
potentia fit anima rationalis in actu.
31.
3.2.6.(3), p. 79, l. 24-30 : Eodem modo in respectibus
naturae se habet, qui sunt vel quaedam inclinationes
naturales rerum ut inclinatio gravium et levium ad sua
propria loca vel saltem qualitercumque reales naturales
habitudines rerum ad res, ut activum secundum
naturam se habet aliquo modo ad passivum et e
converso passivum ad activum et intellectus ad
intelligibile, qui per essentiam suam respicit obiectum
suum secundum Commentatorem super V Metaphysicae,
id est per respectum fundatum in sua essentia respicit
obiectum suum.
In Metaph.,
V, 1x FRAI ;
cf. n. 12.
3.2.9.1.(6), p. 86, l. 43-46 : Dividitur autem ens uno
modo in ens reale repertum apud naturam, scilicet in
substantiam et alia novem genera praedicamentorum,
et in ens in anima seu conceptionale, secundum quod
dicit Commentator super V Metaphysicae.
In Metaph.,
V, comm. 14,
p. 132, l. 117133, l. 125 +
comm. 16, p.
144, l. 121124, 1x RSI ;
cf. n. 7.
3.2.9.6.(1), p. 96, l. 92-96 : Quoniam autem prima
divisione in suas partes dividitur ens in ens reale
secundum naturam et in ens conceptionale seu
cognitivum, inquantum videlicet est in cognitione seu
conceptione, ut habetur super V Metaphysicae a
Commentatore, descendendum nunc ad propositum ex
consideratione huius secundi generis entis.
In Metaph.,
V, comm. 14,
p. 132, l. 117133, l. 125 +
comm. 16, p.
144, l. 121124, 1x RSI ;
cf. n. 7.
3.2.9.7.(4), p. 98, l. 21-33 : Componit enim et dividit et
distinguit et ordinat entia huius tertii generis, id est
entia concepta sub suis intentionibus simplicibus, id
est abstrahendo a suis idolis, sicut dicit Averroes in
In De sensu
et
sensato,
III, comm. 5,
415, l. 63-64,
152
Le poids de la citation
suo tractatu De sensu et sensato, et est hoc cogitativum
nostrum, quod etiam vim distinctivam seu rationem
particularem vocan (…).
1x FRSI ; cf.
n. 79.
4.2.1.(2), p. 106, l. 43-47 : Inquirit enim Commentator
super III De anima et post suam inquisitionem
concludit possibile esse intellectum agentem aliquando
nobis uniri ut formam, quo per ipsum intelligamus
omnia entia et, sicut dicit super Librum Physicorum, per
ipsum simus dependentes ab eodem principio, a quo
dependet caelum.
In De anima,
III,
comm.
20, 444, l. 2023 + comm.
36, 500, l.
611-613
+
comm.
36,
501, lin. 636639, 1x RSP ;
cf. n. 71.
In Phys., 1x
FRSP ; cf. n.
59.
4.2.1.(8), p. 108, l. 84-88 : Si igitur huic deductioni
addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander,
Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu
species intelligibiles in nobis sunt idem, quod
intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet
intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod
intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui
possibili ut forma.
In De anima,
III, comm. 5,
404, l. 503508,
1x
RcGSI ; cf. n.
65.
4.3.2.(9), p. 115, l. 40-44 : Sicut igitur sensus et
imaginatio tendunt in idem obiectum, quamvis
secundum diversum gradum in modo apprehensionis,
item imaginativum et cogitativum tendunt in idem,
quamvis cogitativum simpliciore modo et intimiore
quam imaginativum, quia imaginatio apprehendit rem
vestitam suis idolis, cogitativa autem ab huiusmodi
idolis rem denudatam, ut dicit Commentator.
In De anima,
III, comm. 5,
415, l. 63-64,
1x RcGSI ; n.
66.
4.3.2.1.(6) , p. 117, l. 38-48 : Fiunt autem huiusmodi
phantasmatum significativorum expressiones in nobis
etiam in somnis ex aliquorum spirituum separatorum
commixtione secundum Augustinum XII super Genesim.
Intelligentia autem et significationes eorum descendunt
In De somno
et vigilia, p.
102, l. 48 –
110, l. 15, 1x
RSI ; cf. n.
153
Averroès
ab aliquo principio separato, quod est intellectus per
essentiam, sicut dicit Commentator in suo tractatu De
divinatione somnorum et Philosophus innuit in libro De
bona fortuna.
83.
4.3.3.(14), p. 122, l. 78-83 : Patet etiam ex praehabitis,
quare nunc in statu huius vitae non intelligimus per
saepe dictum intellectum agentem nec hi, qui ab illa
beata vita separati sunt. Ipsis enim talibus, qui ab illa
beata vita alieni sunt, nobis quoque, qui degimus in hac
vita, non unitur ut forma, secundum quod actio eius
est essentia eius, ut dicit Commentator super III De
anima, sed solum unitur nobis per intellecta in actu seu
species intelligibiles, quae sunt actio eius, secundum
quod actio eius differt ab essentia eius.
In De anima,
III,
comm.
19, 443, l. 8591 + comm.
19, 442, l. 5358, 1x RSI ;
cf. n. 70.
3) D e n a t. c o n tr . (11 fois)
Quoniam igitur ratio contrarietatis consistit in maxime
distare, ut dictum est, non est autem maior distantia
quam, quae est secundum ens et non ens, quia etiam in
ea primo invenitur ratio distantiae circa aliquod unum
commune, in essentialiter autem ordinatis id, quod est
primum, est causa consequentium, hinc est, quod
habitus et privatio non modo sunt contraria, sed etiam
prima contrarietas et omnis contrarietatis principium et
causa, sicut dicit Philosophus in X Metaphysicae et suus
Commentator ; per quem modum patebit infra.
In Metaph.,
X,
comm.
15, 263rA,
1x RSI ; cf.
n. 29.
8.(2)-(4), p. 89, l. 37-53 : Unde Philosophus X
Metaphysicae c. 15: « Et prima contrarietas est habitus et
privatio ». Commentator : « Et dixit hoc eo, quod
opposita secundum habitum et privationem praecedunt
naturaliter opposita secundum contrarietatem. Omnia
enim contraria opponuntur secundum privationem et
habitum. Vilius enim contrariorum accidit ei, ut sit
privatio perfectioris ». Et infra 16 c. Philosophus:
« Manifestum est, quod contraria omnia erunt privatio.
Privatio vero non erit » et cetera. Commentator :
« Manifestum est, quod in altero extremorum est
privatio et non omne, in quo est privatio, est
In Metaph.,
X,
comm.
15, 263rA +
comm. 16,
263vM, 2x
RAP ; cf. n.
29.
154
Le poids de la citation
contrarium. Deinde dicit ‘privatio vero et cetera’. Sed
non de necessitate omnis privatio est contrarium,
quoniam quaedam privationes sunt, in quibus non est
contrarietas, scilicet completae privationes. Et causa in
hoc, quod non in omni privatione est contrarium, est,
quoniam privatio aut est privatio secundum totum aut
est privatio, quia caret perfectione tantum ». (4) Et
infra Philosophus: « Ista enim contraria sunt ex aliis
contrariis,
ex
quibus
sunt
transmutations ».
Commentator : « Et causa in hoc, quod, cum contrariis
admiscetur aliqua privatio, est, quia sunt ex principiis
contrarietatis, ex qua fit generatio simpliciter, scilicet
quae sunt forma et privatio ».
10.(3), p. 91, l. 113-118 : Nec obstat, quod Philosophus
in
libro
Praedicamentorum
enumerans
modos
oppositionum, ubi tractat de oppositis privative, agit
solum de secundo modo hic praenominato, hoc,
inquam, non obstat, quoniam de his et de aliis, quae in
illo libro determinat, agit magis secundum quandam
probabilitatem et famositatem quam secundum
veritatem, ut dicit Averroes et patet ex pluribus
sententiis illius libri.
In Praedic.,
1x
FRAI ;
cf. n. 82.
42.(3), p. 112, l. 75-79 : Igitur agens naturae, quod ex
potentia forma facit actu formam, quae est principium
entis, praesupponit essentiam formae in subiecto et, ut
dictum est, facit ex potentia forma actu formam ita, ut
nullius essentiae additio fiat, ut dicit Philosophus VIII
Metaphysicae et Commentator super XII Metaphysicae.
In Metaph.,
XII, comm.
18, 304vM305rA,
1x
RSI ; cf. n.
34.
54.(3), p. 122, l. 101-103 : Unde Commentator super X
Metaphysicae c. 15 : « Omnia enim contraria opponuntur
secundum privationem et habitum. Vilius enim
contrariorum accidit ei, ut sit privatio perfectioris ».
In Metaph.,
X,
comm.
15, 263rA,
1x RAP ; n.
29.
55.(3), p. 123, l. 11-18 : Et quoniam ratio talis
attributionis non invenitur vel imperfecte invenitur in
naturali potentia vel impotentia aliquid facile faciendi
vel patiendi, quam in libro Praedicamentorum assignat
secundam speciem qualitatis, ideo in agendo de
In Metaph.,
V,
comm.
19, p. 167168, l. 105111,
1x
Averroès
155
qualitate in V Metaphysicae praeterit ipsam, nihil de ea
agens. Et hoc innuit Commentator super finem
praedicti capituli, ubi dicit, quod huiusmodi potentia et
impotentia naturalis sunt praeparationes, et potentiae
non qualitates in actu. Et propter hoc etiam in VII
Physicorum non est perscrutatus de illis, utrum in eis
sit motus, ut Commentator dicit ibidem.
RAP ; cf. n.
11.
57.(1), p. 124, l. 58-62 : Ubi enim aliqua forma
essentialius et realius qualificat sive qualitative informat
secundum rationem entis, ibi per prius invenitur ratio
huius nominis. Unde Philosophus in V Metaphysicae et
Commentator ibidem dicit, quod intentio sive modus
huius nominis, qui invenitur in substantiis, est verus.
In Metaph.,
V,
comm.
19, p. 163, l.
35-37,
1x
RAI ; cf. n.
9.
59.(3), p. 126, l. 102-106 : Verius tamen est ipsis non
attribui aliquam qualitatis realitatem, sicut innuit
Philosophus in libro Praedicamentorum, ubi dicit, quod
huiusmodi non dicuntur qualitates in eo, quod
substantiam aliquo modo disponant. Et Commentator
hoc expresse dicit, scilicet quod non sunt qualitates, ut
supra inductum est.
In Metaph.,
V,
comm.
19, p. 167168, l. 105111,
1x
RAP ; cf. n.
11.
64.(1)-(2), p. 128, l. 87 - 129, l. 102 : Secundum hoc
non obstat, si quis opponat, quod secundum
Philosophum et Commentatorem super V et VII
Metaphysicae huiusmodi formae, quae videntur esse de
quarta specie qualitatis, sunt essentiales formae ipsarum
quantitatum. (…) sed sicut proprietates ex essentialibus
principiis elicitae, vel potius secundum intentionem
Philosophi et Commentatoris huiusmodi proprietates
reductae ad genus qualitatis important de intellectu suo
etiam suarum specierum formales rationes, quae
secundum hoc ex consequente pertinent ad genus
qualitatis. Unde non sequitur, quod propter huiusmodi
formas quantitas simpliciter sit de genere qualitatis,
cum
species
quantitatis
secundum
hanc
considerationem reducuntur ad genus qualitatis.
In Metaph.,
V,
comm.
19, p. 164, l.
42-51,
1x
RAI ; cf. n.
10.
In Metaph.,
VII, comm.
14, 164vI +
comm. 35,
187rB-C, 1x
RSI ; cf. n.
18.
156
Le poids de la citation
4) D e e l e m. (10 fois + 1 SM)
1.(2), p. 59, l. 2-18 : Secundum Philosophum V
Metaphysice (...) Secundum hoc autem, sicut dicit ibi
Commentator, primo omnium dicitur de materia
prima, quod patet ex definitione praemissa. Ipsa enim
est primum omnium, ex quo componuntur
substantiae sensibiles generabiles et corruptibiles,
inexistens ipsis et indivisum secundum formam. (2)
Nec est instantia de forma, ex qua similiter res primo
videtur componi et magis etiam, tum quia res
sensibiles cum dissolvuntur per corruptionem, non sic
dividitur ex eis forma, ut maneat post talis substantiae
corruptionem, sicut manet materia, quia, sicut dicit
Commentator (i.e. in De Caelo) omne, quod
corrumpitur apud generationem alterius, non est ei
elementum, ita omne, quod ad dissolutionem alterius
corrumpitur, non est ei proprie elementum. Nec est
instantia de forma, ex qua similiter res primo videtur
componi et magis etiam, tum quia res sensibiles cum
dissolvuntur per corruptionem, non sic dividitur ex eis
forma, ut maneat post talis substantiae corruptionem,
sicut manet materia, quia, sicut dicit Commentator,
omne, quod corrumpitur apud generationem alterius,
non est ei elementum, ita omne, quod ad
dissolutionem alterius corrumpitur, non est ei proprie
elementum; necessarium est igitur secundum
utrumque statum et generationis et corruptionis
elementati manere illud, quod vere et proprie est
elementum.
In Metaph.,
V, comm. 4,
p. 89, l. 127132, 1x RAI ;
cf. n. 5.
2.(1), p. 60, l. 32-36 : Sunt autem partes alicuius totius
tripliciter: uno modo, ut sint partes secundum
quantitatem solum; alio modo, ut sint partes
secundum qualitatem, quas vocat Commentator partes
qualitativas II De generatione et in aliis locis sunt autem
alio modo partes secundum quantitatem simul et
secundum speciem.
In De gen.
et cor., II,
382vI,
1x
RSI ; cf. n.
81.
6.(2), p. 62, l. 95-160 : Per hoc tamen non excluditur,
quin caro et os et similia possint habere alia principia,
ex quibus constent secundum aliam rationem, ut sunt
In De gen.
et corr., II,
382vI,
1x
In De celo,
III, comm.
67, 633, l. 6470,
1x
RcGSP ; cf.
n. 77.
Averroès
157
materia et forma, vel etiam propinquiora principia,
puta quattuor elementa, ex quibus huiusmodi
substantiae similium partium constant non secundum
quantitatem et speciem, sed magis qualitative, ut dicit
Averroes in II tractatu De generatione et corruptione.
RSI ; cf. n.
81.
13.(1), p. 69, l. 7-10 : Tale enim corpus, cum receperit
motum in aliqua suarum partium, huiusmodi pars
movet aliam vel alias et sic deinceps, quod absque
aliquali subintratione partium ad partes fieri non
potest propter talium corporum spiritualitatem, ut
dicit Commentator super VIII Physicorum.
In
Phys.,
VIII, comm.
82, 430 vI-K,
1x RSI ; cf. n.
58.
15.(2), p. 70, l. 37-44 : Quorum causam existimandum
est, quoniam, etsi huiusmodi habeant aliquale
principium sui motus in se ipsis, sunt tamen
substantiae quodammodo incompletae nondum
separatae a generante, unde contingit ea moveri non
secundum naturam simplicis praedominantis, qua
habent inclinationem ad suum ubi secundum rectam
lationem motus simplicis, sicut dictum est, sed etiam
moventur a generante secundum Commentatorem
super VIII Physicorum de vento, et magis principaliter
quam ab intrinseco principio moventur huiusmodi a
generante.
In
Phys.,
VIII, comm.
35, 374vH, 1x
RSI ; cf. n.
56.
26.(2), p. 77, l. 73-79 : Sed istud non obstat iam dictis,
quia illic, scilicet I Physicorum, loquitur Philosophus
contra Anaxagoram, qui posuit quamlibet rem
naturalem constare ex infinitis in actu; sed non est
intelligibile, quod res aliqua seu substantia finita in
actu constet ex infinitis in actu, et secundum illam
intentionem loquitur ibi Philosophus dicens: « Dico
autem partes, quae cum insint, in quas dividitur
totum », in quo verbo secundum Commentatorem
ibidem intendit de partibus rei, quae sunt partes in
actu.
In Phys., I,
comm.
36,
36, 24rC-D,
1x RAP ; cf.
n. 41.
30.(1), 80sq., l. 61-63 : Constat, quod non minus, sicut
etiam dicit Commentator super VIII Physicorum,
scilicet quod nobiliore modo et veriore movetur
caelum ex se quam animalia in hoc mundo inferiore.
In
Phys.,
VIII, comm.
27, 365rC-D,
1x RAI ; cf.
158
Le poids de la citation
n. 55.
41.(4), p. 88, l. 46-58 : (…) Secundum hanc etiam
sententiam
Commentator
expresse
exponit
Philosophum in iam dictis locis, ut patet intuenti.
SM
44.1, p. 90, l. 110 - 115 : Manifestum est autem
secundum ea, quae dicta sunt, quod falsa est positio
Avempeche, quam pertractat Commentator super IV
Physicorum, quae dicit, quod cessante omni
impedimento circumscriptis etiam mediis corporibus,
per quae fit motus gravium et levium, si secundum
imaginationem poneremus medium esse vacuum,
quod nihilominus gravia et levia moverentur per
naturam determinata velocitate et tarditate in tempore.
In Phys.,
comm.
162 rC,
RSI ; cf.
49.
44.(1), p. 91, l. 12-15 : Esset etiam falsum
fundamentum demonstrationis Philosophi in IV
Physicorum, qua ostendit gravia et levia non moveri in
vacuo, ut Commentator satis prosequitur, nec circa
hoc est immorandum.
In Phys., IV,
comm. 71, 1x
RSI ; cf. n.
49.
IV,
71,
1x
n.
5) D e a n i m. (9 fois + 1 SM)
1.(2), p. 13, l. 7-14: His autem omnibus hoc generale
praemittendum, quod dicit Augustinus l. III De libero
arbitrio c. 3 vel 13 de parvis c.: Quidquid recta ratione
ponendum est, Deum fecisse fatendum est ; idem dicit
Libro sententiarum Prosperi c. 382. Sicut enim non
contingit frustra in fundamento naturae, ut dicit
Commentator super principium II Metaphysicae et
Philosophus libro De progressu animalium c. 7, quod
natura nihil facit praeter naturam, et in II Caeli et mundi,
quod natura nihil facit frustra, sic nec deficit in
necessariis, ut ibidem dicit.
3.(2), p. 14, l. 54-15, l. 63 : Assignantur autem quattuor
genera causarum communiter nota, scilicet materialis,
formalis, efficiens, finalis. Haec autem quattuor genera
proprie accipiuntur solum in entibus, quae subiecta
In Metaph.,
II, comm. 1,
28 vK, 1x
RSP ; cf. n. 1
In
III,
41
RSI
Metaph.,
comm. 3,
rB-D, 1x
; cf. n. 2.
Averroès
159
sunt transmutationi et motui deservienti generationi et
corruptioni rerum, secundum Philosophum in VIII
Metaphysicae; unde Commentator dicit super III
Metaphysicae et super IV Caeli et mundi, quod efficiens
causa et finalis non sunt in separatis: Sicut enim in
mathematicis non est ratio finis, quia non est ibi ratio
boni, et per consequens nec causa efficiens, sic in
separatis non invenitur ratio boni acquisiti per motum,
et sic nec causa finalis et per consequens nec causa
efficiens, quae movet intentione boni.
In De celo,
IV, comm. 1,
645, l. 16-19 ;
1x RSI ; cf. n.
78.
9.(2), p. 20, l. 53-61 : Non ut productrices corporum
sibi subiectorum, ut dicit Commentator super I
Physicorum, sed supponentes essentias ipsorum ab altiore
principio quantum ad primum genus causalium
processuum, nec etiam constituentes ea in esse per
motum
et
transmutationem
secundum
viam
generationis secundum alium modum seu genus
processus causalis praemissi, sed secundum aliud genus
causae, videlicet formalis et essentialis unionis, figentes
et constituentes ea in esse ita, ut secundum hoc illa
corpora caelestia possint intelligi animata, altiore tamen
modo et aequivoco ab istis animatis, quae sunt apud
nos.
In Phys., I,
comm.
63,
38rD-F,
1x
RSI ; cf. n. 43.
17.(1), p. 27, l. 6-10 : Inquantum autem est maxime per
se et naturalis et primus, quod movetur hoc motu,
movetur ex se, secundum quod ostendit Philosophus in
VIII Physicorum, ubi dicit Commentator, quod caelum
magis movetur ex se quam animal in hoc inferiore
mundo.
In
Phys.,
VIII, comm.
27,
365rF,
RAI, n. 55.
31.(1), p. 37, l. 12 - 38, l. 18: Dicit enim Philosophus
in De caelo et mundo, quod corpora caelestia sunt viva;
et in VIII, quod moventur ex se, quod secundum suam
intentionem supra expositum est et ostensum. Item
Commentator super VIII Metaphysicae, scilicet quod
sunt corpora animata viventia per totum. Similiter
omnes expositores Aristotelis, sicut in diversis locis
invenitur. Similiter doctus Plato sensit, ut dicit
Boethius in Commento, et Augustinus in libro
Retractationum dicit, quod Plato sic sensit et plurimi
In Metaph.,
VIII, comm.
12, 220vG-H,
1x RAI ; cf. n.
24.
160
Le poids de la citation
philosophorum.
35.(6), p. 41sq., l. 34-38 : Secundum ea igitur, quae
dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam
corpori caelesti non habere ad ipsum eam habitudinem
causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum
suum, id est essentiam corporis caelestis, ab alio
principio, sicut dicit Commentator super I Physicorum et
habetur ab Avicenna et aliis de schola Peripateticorum.
In Phys., I,
comm.
63,
38rD-F,
1x
RSI ; cf. n. 43.
36.(5), p. 43 : Ens igitur isto modo condicionatum non SM
est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia
natura deficiunt dictae condiciones; unde secundum
istum modum dicit Philosophus in III De anima de
intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum
et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul
et Platonici de substantiis separatis, ut patet per
Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem
ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum,
qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de
causis.
37.(2), p. 45, l. 9-15 : Dicitur etiam et est ipsa forma
qualitas, sed substantialis, ut habetur in V Metaphysicae in
c. de qualitate, immo ipsi formae substantiali primo
impositum est nomen qualitatis, ut dicit ibi
Commentator ; et secundum hoc forma substantialis est
quaedam substantiae substantialis dispositio.
In Metaph.,
V, comm. 19,
p. 163, l. 3537, 1x RAI ;
cf. n. 9.
37.(4), p. 46, l. 21-28: Quantum autem ad tertium,
videlicet quod forma naturalis est quaedam dispositio
eius, cuius est forma, est hinc inde differentia.
Dispositio enim in sui propria ratione importat sui
ipsius quandam intraneitatem in illo, cuius est
dispositio, inquantum habet distincta principia vel
partes, in quibus attenditur dispositio talis rei,
secundum quod videmus omnia accidentia esse
quasdam dispositiones substantiae, ut dicitur super IV
Metaphysicae, et quod magis imaginationi se offert, si
disponantur aliquae candelae in directum vel in
circulum et similia.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RAI ; cf. n. 3.
Averroès
161
6) D e a c c . (9 fois)
10.(3), p. 66sq., l. 66-78 : Et hoc est, quod dicit
Philosophus in principio VII Metaphysicae, quod
accidentia eo sunt entia, quo sunt entis veri, quod est
substantia. Et quod ista analogia, qua accidens dicitur
ens per attributionem ad substatiam, attendatur penes
essentiam accidentis, ostendit Philosophum in principio
IV Metaphysicae (...) Unde Commentator dicit ibi, quod
alia praedicamenta « universaliter non dicuntur entia,
nisi quia sunt dispositiones entis ».
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RAP ; cf. n. 3.
10.(3), p. 67, l. 79-85 : Unde versus principium VII,
aliquantulum post supra inductam auctoritatem, dicit
Philosophus: « Sedens enim et stans non dicuntur sine
hoc. Manifestum est igitur, quod haec est causa
essentiae istorum ». Super quo dicit ibi Commentator :
« Quoniam accidentia, verbi gratia stans et sedens, non
dicuntur entia sine istis..., et cum hoc sit declaratum de
substantiis, manifestum est, quod substantiae sunt
causae essentiae accidentium et accidentia non sunt nisi
propter substantias ».
In Metaph.,
VII, comm. 3,
154rE,
1x
RAP ; cf. n.
14.
12.(2), p. 68, l. 6-9 : (2) Quantum autem ex eodem VII
colligitur ex textu et Commentatore, quiditas secundum
Philosophum in rebus compositis est forma, quam
significat definitio; quamvis autem solam formam
significet definitio, definit tamen totum compositum.
In Metaph.,
VII,
comm.
16, 165vM +
comm.
19,
168rF,
1x
RAI ; cf. n. 19.
12.(4), p. 69, l. 30-33 : « Hoc enim », sicut dicit
Philosophus in VII, « non est nisi substantiarum
tantum ». Et infra loquens de accidentibus dicit:
« Definitionem autem non habent neque illud, quod est
per essentiam », id est « quiditatem », sicut exponit
Commentator.
In Metaph.,
VII,
comm.
14, 164rE, 1x
RAP ; cf. n.
17.
13.(5), p. 72, l. 101-112 : (...) sicut dicit Philosophus V
Metaphysice c. 9 (...). Super quo dicit ibi Commentator:
« Significatio
uniuscuiusque
nominum
novem
accidentium cum sua significatione super illud accidens
est
super
unum
praedicamentum,
scilicet
In Metaph.,
V, comm. 14,
p. 130, l. 78-81
et p. 130-131,
l. 86-89, 1x
162
Le poids de la citation
praedicamentum substantiae ». Et infra loquens contra RAP ; cf. n. 6.
Avicennam, qui dicebat, quod accidens « primo
significat subiectum et secundo accidens », dicit, quod
« est e converso », scilicet quod accidens « primo
significat accidens et secundo subiectum: accidens enim
innatum est existere in subiecto ».
15.(2), p. 73, l. 20-24 : Quam formam significat
definitio definiens nihilominus totum compositum et
notificans in eo, quod quid est, secundum quod habetur
a Philosopho et Commentatore in VII et a Boethio in
libro De Trinitate, ubi pertractat, quomodo esse est a
forma et non a materia: Esse, inquam, in eo, quod quid
est.
In Metaph.,
VII,
comm.
16, 165vM +
comm.
19,
168rF,
1x
RAI ; cf. n. 19.
22.(4), p. 84, l. 29-33 : Ratio enim, quam significat
nomen, est definitio secundum Philosophum in IV
Metaphysicae; nomina autem imposita sunt rebus,
secundum quod sunt in actu, sicut dicit Commentator
super VII Metaphysicae ; non enim homo est res existens
homo in potentia.
In Metaph.,
VII, comm. 7,
215vK,
1x
RAP ; cf. n.
15.
22.(6), p. 85, l. 58-62 : Cum igitur accidentia, quae
definiuntur ex substantia, sint entia secundum actum,
ergo definiuntur et sunt entia secundum actum,
inquantum in actu sunt entis veri, quod est substantia:
Eo autem sunt entis, quod sunt veri entis dispositiones,
secundum quod dicit Commentator super IV
Metaphysicae.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RAP ; cf. n. 3.
23.(19), p. 89, l. 125-129 : Iam enim color non esset
extremitas perspicui in corpore terminato, inquantum
color per essentiam est dispositio corporis habentis in
se naturam multae vel paucae diaphaneitatis et multae
vel paucae luminositatis, ut dicit Commentator in
tractatu suo De sensu et sensato, quam dispositionem
corporis colorati impossibile est attribuere quantitati
separatae.
In De sensu
et
sensato,
VI, 2, 14rB, 1x
RSI ; cf. n. 79.
163
Averroès
7) D e in t. (7 fois + 5 SM)
III.10, p. 134 : Declaratur sententia erronea Averrois
de substantia intellectus possibilis simul et agentis.
III.11, p. 134 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu
agente.
III.12, p. 134 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu
possibili, quantum ad hoc, quod ostenditur, quod non
est in potentia ad formam substantialem.
SM
II.39.(2), p. 177, l. 53-55 : Praeterea, quomodo verum
est, quod Commentator dicit et communiter dicitur,
quod intellectus agens nihil intelligit extra se, cum
intelligat causam suam et alia, quae non sunt, quod
ipse?
In De anima,
III, comm. 25,
p. 463, l. 43-53
+ comm. 25,
p. 463, l. 4353,
1x
RcGSP ; cf. n.
72.
III.7.(2), p. 182, l. 96-102 : Potentia enim activa seu
passiva importat quandam alicuius formae saltem
incohationem in re, qua dicitur esse in potentia ad
minus passiva, ex qua aliquid fieri debet, ut patet in
generatione plantarum et animalium aliorum ab
homine, ut dicit Commentator super XII Metaphysicae
videlicet quod agens non ponit animam in corpore, sed
id, quod est anima in potentia, facit animam in actu
quasi non faciens eam de nihilo, sed extrahens de
potentia, in qua iam incohata est, in actum completum.
In Metaph.,
XII,
comm.
18,
304vM305rA,
1x
RSI ; cf. n. 34.
III.10.(1)-(3), p. 185, l. 70-87: Ex eisdem potest
concludi contra errorem Averrois de unitate intellectus
possibilis, quam ponit, additis nihilominus aliquibus
specialibus viis, quibus procedi potest contra eum. (...)
Quoniam autem Aristoteles philosophus ponit in
intellectuali nostro duplicem intellectum, agentem
videlicet, in quo est omnia facere, et possibilem, in quo
est omnia fieri, utrumque istorum ponit Averroes
substantiam separatam et intelligentiam quandam.
Eam, quam dicit intellectum possibilem, dicit infimam
in ordine intelligentiarum, et suum intelligere,
inquantum intelligentia est, tale est, quod actio eius est
In De anima,
III, comm. 5,
p. 401-409, lin.
424-653
+
comm. 36, p.
491, 343-345 +
comm. 36, p.
491, 350-353 +
comm. 18, p.
439, lin. 73-74
+ comm. 19,
p. 442, lin. 62-
164
Le poids de la citation
substantia eius.
III.10.(3), p. 185, l. 88 (3) Ista est sententia Averrois
summarie tangendo de natura intellectuali in nobis.
64 + comm.
19, 443, l. 8591,
2x
RcGSI* ; cf.
n. 73.
SM
III. 13.(2), p. 186, l. 8-11 : Omne autem accidens non
est nisi dispositio habentis partes, non qualescumque,
sed partes posteriores toto, quod est de ratione
individui. Sed talis intelligentia, quam ponit Averroes,
nec habet partes tales nec est individuum. Ergo non est
in potentia ad recipiendum aliquam talem speciem.
In De anima,
III, comm. 4,
p. 386, l. 99104+ comm. 5,
p. 389, l. 63-67
+ comm. 12,
p. 426, l. 10-14
+ comm. 14,
p. 428, l. 8-13
+ comm. 5, p.
388, l. 37-44 +
comm. 5, p.
393, l. 191-193,
1x RcGSI ; cf.
n. 63.
III. 13.(3), p. 187, l. 12-16 : Item, sicut habemus ab
eodem Averroe, magis fit unum ex specie intelligibili et
intellectu quam ex materia et forma, quia ex materia et
forma fit aliquid tertium, sed species intelligibilis fit
ipse intellectus. In idem concordant Alexander et
Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili.
In De anima,
III,
comm.
404, l. 503-508,
1x RcGSI ; cf.
n. 65.
III.27.(2), p. 200, l. 30-32 : Et hoc est, quod ille
commentator Averroes dicit, scilicet quod denudat (i.e.
ratio aestimativa seu cogitativa) rem a suo idolo, id est
ab accidentibus, sub quibus imaginativa rem
considerat.
In De anima,
III, comm. 5,
415, l. 63-64,
1x RcGSI ; cf.
n. 66.
Averroès
165
8) D e q u i d . (6 fois)
2.2, p. 100 : Dico autem rationem rei, quam significat
nomen, et est definitio secundum Philosophum IV
Metaphysicae. Nomen enim semper imponitur rei
quantum ad actum suum, ut dicit Commentator super
VII.
In Metaph.,
VII, comm. 7,
215vK,
1x
RAP ; cf. n.
15.
3.2, p. 102 : Ponit igitur Philosophus exemplum in
artificialibus et naturalibus. In artificialibus quidem, ut
quare lapides et lateres sunt domus, ubi quaeritur de
forma, quae est quasi quiditas domus, scilicet
coopertorium. In naturalibus autem, ut quare generatus
ex hoc, scilicet ex rebus, ex quibus constituitur corpus
proprium hominis, est homo. Et subdit: Manifestum
est igitur, quod quaeritur causa materiae, et ista est
forma eius, quod habet aliquid, et est substantia.
Commentator : Manifestum est igitur, quod quaeritur
causa, quae est materiae per quare, et est forma,
propter quam est materia. Manifestum est igitur, quod
in simplicibus non est quiditas. Et per consequens
ipsorum non est definitio eo, quod in essentia simplicis
non est distinctio alicuius multitudinis nec de eis habet
locum quaestio per ‘propter quid’ vel per ‘quare’
secundum praedicta. Unde Commentator super VII in
fine penultimi capituli dicit sic: « Ideo id, quod est
simplex in rei veritate non habet definitionem neque
quaeritur per quare ».
In Metaph.,
VII,
comm.
60, 208rE-vG
+ comm. 59,
207vI,
2x
RAP ; cf. n.
22.
7.(2), p. 109, l. 19-21 : Hoc autem, quod cum praedictis
de ratione quiditatis complet rationem quiditatis, quae
vere et proprie quiditas est, colligimus manifeste a
Philosopho et a Commentatore VII Metaphysicae.
In Metaph.,
VII,
comm.
16, 165vM +
comm.
19,
168rF,
1x
RAI ; cf. n. 19.
7.(5), p. 110, l. 64-67: (...) ut Philosophus ostendit in
VII, puta animal, rationale quantum ad hominem. Sunt
enim essentialiter unum et idem animal et rationale, ut
dicitur super VII, quamvis ratione seu intentione
differant, ut id, quod nomine animalis importatur,
significetur tamquam minus determinate, rationale
In
Metaph.
VII,
comm.
21. 171rA, 1x
RcGAI ; cf. n.
20.
166
Le poids de la citation
autem significet idem illud magis determinate.
8.(4), p. 112, l. 32-38 : (...) investigat Philosophus in
VII ex proprietate et modo definitionis et quaestionis
per ‘quid est’ vel ‘quare est’ ostendens, quod quiditas,
quae vere et simpliciter est quiditas, in solis substantiis
invenitur et quod solum substantiae proprie et
simpliciter habent definitionem, quae secundum
Philosophum et Commentatorem solam formam
significat, quamvis definiat totum compositum.
In Metaph.,
VII,
comm.
16, 165vM +
comm.
19,
168rF,
1x
RAI ; cf. n. 19.
10.(6), p. 114, l. 45, 54-55, 65 : Praeterea secundum
Philosophum in principio IV Metaphysicae (...). Haec est
igitur
essentia
accidentis
cuiuscumque
esse
dispostionem substantiae, sicut etiam dicit ibi
Commentator expresse et ratio concludit. (...) Et hoc
est, quod Philosohus determinat in VII Metaphysicae etc.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI, 1x
RAI ; cf. n. 3.
9) D e n a t. c o n tin . (6 fois)
2.(9), p. 255, l. 86-88 : Et haec est ratio eius, quod dicit
Commentator super Librum Physicorum, quod solus
motus secundum locum est perfecte continuus.
In Phys., IV,
comm.
56,
397vH,
1x
RSI ; cf. n. 57.
3.(4), p. 257, l. 49-57 : Philosophus etiam in IV
Physicorum quarens et determinans (...); Sed mox videtur
facere quandam exceptionem dicens, quod tempus non
erit extra animam, nisi sit aliquid extra animam, quo
existente tempus sit, ut prius et posterius in motu ;
haec igitur, inquantum numerabilia sunt, tempus sunt.
Alia translatio habet: numerata. Commentator ibi dicit,
quod inquantum numerabilia tempus est in potentia;
inquantum actu numerata sunt, tempus est in actu.
In Phys., IV,
comm.
131,
202rF,
1x
RAP ; cf. n.
52.
4.(13), p. 261, l. 91-97 : His visis manifestum est
secundum Philosophum in IV Physicorum (...) Hoc
autem, quod sic apprehendimus diversa instantia ab
invicem diversa, Commentator ibidem dicit ex eo, quod
nos sentimus nos esse in quodam divisibili secundum
phantasticum nostrum, et ideo apprehendimus distincta
In Phys., IV,
comm.
100,
180vH-I,
1x
RAI ; cf. n.
50.
Averroès
167
et diversa instantia secundum antecessionem et
successionem, et continuamus inter ea quandam
differentiam secundum prius et posterius eius, et hoc
est eius tempus secundum Philosophum.
4.19, p. 263 : Et quia secundum dictum modum tempus
constituitur per actum animae, et est res primae
intentionis determinata circa motum secundum
rationem numeri vel mensurae, ideo secundum
Commentatorem super IV Physicorum magis pertinet ad
primum philosophum considerare et determinare
naturam temporis quam ad physicum.
In Phys., IV,
comm.
131,
202vH,
1x
RSI ; cf. n. 53.
6.1.(5), p. 269, l. 90 – 270, l. 115 : Hanc autem
rationem Zenonis elidit ibi Philosophus secundum
sextam distinctionem, qua dicit caelum semper manere
in loco eodem secundum subiectum, transmutatur
autem localiter secundum locum alium et alium
secundum
formam,
intendens
secundum
Commentatorem, quod ipsum spatium circulare, in quo
vel secundum quod movetur caelum, est unum et idem
re et subiecto; inquantum autem in eodem spatio
diversa significantur puncta, a quorum quolibet
intelligitur incipere motus circularis et redire in idem,
intantum sunt huiusmodi sic significatae circulationes,
ad quas et ex quibus movetur caelum, diversa loca
secundum formam.
In Phys., VI,
comm.
85,
300vG-I,
1x
RAI ; cf. n.
54.
6.3.(3), p. 273, l. 226-228 : Ex dictis igitur corollarie
inferri
potest
secundum
Philosophum
et
Commentatorem, quod, si impossibile esset animam
esse in rerum natura, tempus non esset potentia nec
actu in rerum natura.
In Phys., IV,
comm.
131,
202rF,
1x
RcGAI ; cf. n.
52.
10) Utr u m s u b . s p ir . (6 fois)
I.(1), p. 325, l. 12-14 : Quoad primum manifestum est
secundum Philosophum et Commentatorem in IV
Physicorum, quod nihil fecit nos scire materiam esse in
rebus nisi transmutatio. Transmutatio autem est entis
in potentia.
In Phys., IV,
comm. 38, 138
vM, 1x RAP ;
cf. n. 48.
168
Le poids de la citation
I.(4), p. 326, l. 54-58 : Et arguit (i.e. Aristoteles)
diversitatem materiae ex diversitate potentiae, sicut
dicit ibi (i.e. super XII Metaphysicae) Commentator.
Similiter autem in VIII Metaphysicae, ubi declarat de
principiis entis loquens specialiter de corporibus
caelestibus, dicit, quod « non habent aliquam materiam,
sed materia eorum est subiectum », quia est ibi motum
in loco tantum, et ea, « quae insunt per naturam », non
insunt propter materiam, « ut causa ipsius eclipsis non
est aliqua materia, sed luna, quae patitur ».
In Metaph.,
XII,
comm.
10,
296vM297rA,
1x
RAI ; cf. n. 32.
II.(5), p. 329, l. 46-49: Sed istud nihil est dicere, quia,
sicut dicit Commentator, materia, quantum stat sub
perfectione unius formae, tantum admiscetur cum
privatione alterius formae. Privatio autem talis
necessario et per se importat circa subiectum suum
potentiam vel aptitudinem ad formam oppositam.
In Phys., I,
comm.
66,
39vI,
1x
RcGAP ; cf. n.
44.
II.(21), p. 333, l. 208 – 334, l. 217 : Est autem
unumquodque entium propter suam propriam
operationem
sicut
propter
finem
secundum
Philosophum in II De caelo et mundo. Quod igitur
institutum esset in natura non propter finem aliquem
vel non pertinens ad finem alicuius entis, frustra esset
in universitate entium et in substantia cuiuslibet entis
sic instituti, quod non patitur natura, ut dicit
Philosophus in II Caeli et mundo, ubi dicit, quod natura
nihil facit frustra nec deficit in necessariis. Idem in
libro De progressu animalium c. 7, quod natura nihil facit
praeter naturam. Commentator super principium II
Metaphysicae: Non contingit frustra in fundamento
naturae et creaturae.
In Metaph.,
II, comm. 1,
28 vK, 1x
RSP ; cf. n. 1.
II.(8), p. 337, l. 43-51 : (7) Unde Philosophus in VIII
tradit quandam regulam convertibilem (...). (8) Unde
Commentator ibidem super hoc, scilicet ‘statim’: Id est
quiditas eorum est essentia eorum, item: non per exitum
de potentia ad actum. In hoc enim assignat differentiam
talium entium quantum ad suae substantiae unitatem ad
ea, quae praemisit, quae sunt unum per exitum de
potentia ad actum. Et secundum hoc attribuit eis
In Metaph.,
VIII, comm.
16, 224v K +
225rF,
1x
RAP ; cf. n.
28.
In Metaph.,
VIII, comm.
12,
219vM220rA,
1x
RSP ; cf. n. 25.
Averroès
169
tertium, scilicet quod non sunt vere in aliquo genere,
quia videlicet carent radicali fundamento totius generis,
quod est materia, quae determinatur in diversis per
diversas formas, quod est ratio coordinationis plurium
generum seu specierum in uni genere reali substantiae.
11) F r a g. d e r a t. p o t. (4 fois)
11, p. 379, l. 87-92 : Et sic secundum considerationem
Philosophi, cum materia est in potentia ad formam,
materia non est sua potentia eo, quod huiusmodi
potentia intelligitur in materia per distantiam ab actu
formae, quae distantia tollitur in adventu formae et per
consequens potentia ratione privationis, sicut
pertractat Commentator in I Physicorum.
21, p. 381, l. 159-161 : Et ista est opinio Philosophi et
Commentatoris IV Physicorum de tempore et per
consequens de quando, et Augustini XI Confessionum et
Boethii De Trinitate de his, quae dicuntur sex principia.
In Phys., I,
comm. 79, 45
rB-C, RAI, n.
45.
(24), p. 382, l. 187-191 : Unde Philosophus V
Metaphysicae dicit, quod intellectus per se habet
habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensibile;
ubi dicit Commentator quod in essentia intellectus est
habere talem habitudinem, et super De anima dicit,
quod potentiae sensitivae sunt in capitulo ad aliquid
sive relationis.
In Metaph.,
V, 1x FRAI ;
cf. n. 12.
In Phys., IV,
comm. 97, 178
rB + comm.
131, 202 rA –
C,
1x
RcGAI* ; cf.
n. 51.
In De anima,
II, comm. 125,
p. 321, l. 4546, 1x RSP ;
cf. n. 61.
12) Utr u m in D e o . (4 fois)
1.4.2.1.(3), p. 297, l. 47-51: Habet enim intellectus
quantum
ad
proprium
modum
cognoscendi
essentialem ordinem ad suum obiectum, sicut dicit
Commentator super VII Metaphysicae, qui ordo
attenditur in eo modo cognoscendi, quo res
In Metaph.,
VII, 1x FRSI ;
cf. n. 23.
170
Le poids de la citation
cognoscitur in sui ratione et per principia secundum
rationem.
2.2.2.(3), p. 309, l. 56-62: Si fuerit ens in potentia
secundum suam substantiam, erit etiam multa, id est
omnia illa, ad quae est in potentia, ut materia prima est
omnia illa, ad quae est in potentia, ita, ut omnia illa,
secundum quod sunt entia in potentia, sunt ipsa
materia prima; unde in generatione naturali nulla nova
essentia inducitur generato: Generans enim non largitur
generato multitudinem, sed perfectionem, secundum
Commentatorem, inquantum id, quod est ens in
potentia, facit ens actu, ut potentia plantam facit actu
plantam.
In Metaph.,
VIII, comm.
15, 224r, 1x
RcGSP ; cf. n.
27.
2.2.2.(4), p. 309, l. 64-68 : Ipsa (i.e. materia prima)
enim non est simplex in sua substantia, sed multa eo
modo, qui dictus est, quamvis secundum aliam
rationem posset concedi, quod ipsa materia est unum
quid non per aliquem actum ipsius formae unius, sed
per privationem omnis actus formalis, sicut dicit
Commentator super I Physicorum.
In Phys., I,
comm.
79,
45rC-D,
1x
RSI ; cf. n. 46.
2.2.3.(8), p. 313, l. 82-88: Quaelibet igitur huiusmodi
forma sensibilis est in potentia in organo corporali
transmutato a generante, perficitur autem et fit in actu
non solum a primo alterante, quod est generans, sed
etiam ex praesentia obiecti, non sic, quod tale
obiectum sit principium activum talis formae in actum,
sed quia secundum ipsum obiectum et secundum
proprietatem formae eius sit in actu per aliud
intrinsecum principium secundum Commentatorem
super II De anima.
In De anima,
II, comm. 60,
221, l. 40-44,
1x RSI, cf. n.
60.
13) D e in te l l ig. (3 fois + 6 SM)
Tabula, p. 351/352 :
De ratione Averrois
commentatoris, quae dictis est contraria, et de
fundamentis suae rationis.
13. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quoad
suam conclusionem.
SM
Averroès
171
14. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur
quantum ad fundamenta sua ; et primo, quia
inconvenienter sumit significationem huius nominis,
scilicet medium, et adducitur cum hoc sui ipsius
testimonium.
15. Destruitur inducta sua ratio quoad aliud suum
fundamentum, ubi non distinguitur inter animata et
inanimata quoad proprietatem motuum.
16. Inducitur alia ratio pro saepe dicto Commentatore
fundata super simplicitatem corporum; in cuius
solutione distinguitur de radice simplicitatis et
ostenditur aliqua natura compositionis in motibus
rectis.
11. (1), p. 363, l. 12 – 364, l. 14 : De eo autem, quod
Averroes arguit contra astrologos, videlicet contra
positionem eorum de motu planetarum secundum
excentricos et epicyclos, nunc considerandum, scilicet
de rationibus suis, quibus contra eos procedit: qua vi
concludant, vel si non concludant, diligenter
considerandum.
12.(1), p. 364, l. 43-56 : Posuit autem haec
commentator Averroes, videlicet quod omnis stella
moveretur aequaliter et naturaliter et solum circa
centrum mundi, sumpta ratione secundum suum
intellectum ab auctoritate Philosophi hic praemissa,
sicut supra inductum est De caelo et mundo, secundum
quod ibi Philosophus investigat motus naturales
simplices corporum simplicium huius universi
secundum hunc modum, quod talis motus vel est ad
medium vel a medio vel circa medium. Accipit autem
Averroes in hac trimembri divisione medium
secundum eandem significationem, scilicet pro centro
mundi, circa quod volvitur totum; cui si adiungat, ad
concludendum propositum suum, quod idem est motus
totius et partis eius, puta totius terrae et alicuius glebae,
quae est aliqua pars eius, ex his videtur dicto Averrois
efficaciter concludendum, quod nulla stella moveatur
nisi super centrum, circa quod volvitur totum
universum quoad machinam caelestem.
In De celo,
II, comm. 99,
456, l. 9-18 +
comm.
92,
445, l. 86-93,
1x
RcGAP ;
cf. n. 76.
172
Le poids de la citation
15.(1), p. 366, l. 3-5 : Quod autem pro fundamento
suae rationis dictis adiungit (i.e. Averroes), scilicet
quod idem est motus totius et partis deminutae,
loquitur non distinguens inter corpora animata et
corpora inanimata.
In De celo,
II, comm. 99,
456, l. 9-18 +
comm.
92,
445, l. 86-93,
1x
RcGAP ;
cf. n. 76.
14.(2), p. 366, l. 91-96 : Primo in eo, quod utitur
nomine medii uniformiter in sua significatione: Hoc
enim negandum est, quia contradicit experientiae
sensus, cui magis standum est, sicut ipsemet fatetur
impossibilitatem suam huiusmodi perscrutandi dicens
in XI Metaphysicae – qui secundum novam
translationem est XII –, quod sperabat aliquando se
posse perscrutari de hoc et comprehendere veritatem
huius rei; sed quia iam senui – ait –, iam despero.
In Metaph.,
XII,
comm.
45, 329vL, 1x
RSP ; cf. n. 37.
16.(1), 367, l. 23-25 : Et sic, ut videtur, adhuc stat
sententia Commentatoris de conformi significatione
medii accipiendo medium pro centro mundi, cum dicit,
quod omnis motus naturalis vel est ad medium vel a
medio vel circa medium.
In De celo,
II, comm. 99,
456, l. 9-18 +
comm.
92,
445, l. 86-93,
1x RcGAI ; cf.
n. 76.
16.(1), 367, l. 17-23 : Fortassis autem diceret saepe
dictus Commentator vel aliquis vice sui, quod
Philosophus intendebat investigare motus simplices
simplicium corporum huius mundi; et quia corporis
simplicis simplex et unus est motus, ideo dictus
Philosophus assignavit et determinavit solum tres
motus simplices, et hoc tribus generibus corporum,
scilicet gravibus et levibus et neutris, id est circularibus,
quae sunt corpora simplicia.
SM
14) D e l u c e (3 fois)
1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est autem celebri sententia
vulgatum quattuor esse causas rerum, quae subsunt
quantitativae vel qualitativae transmutationi. In entibus
In Metaph.,
III, comm. 3,
41 rB-D, 1x
Averroès
173
enim separatis vel mathematicis non sunt proprie
causae efficientes et finales, quarum ratio attenditur in
hoc, quod acquiratur aliquid per motum, ut habetur a
Commentatore super III Metaphysicae et super Caelum et
mundum.
RSI ; cf. n. 2.
5.(3), p. 13, l. 28-32 : Unde Augustinus super Genesim
dicit, quod anima accommodat partem substantiae suae
ad hoc, quod sensus fiat in actu ad praesentiam
sensibilis. Et idem vult dicere Commentator super II
De anima, quod actus sensus dependet ab aliquo
interiore principio sicut in intellectu, sed Aristoteles
tacuit hoc, quia latet.
In De anima,
II, comm. 60,
221, l. 40-44,
1x RSI ; cf. n.
60.
In De celo,
IV, comm. 1,
654, l. 16-19,
1x RSI ; cf. n.
78.
15) D e m a g is (3 fois)
4.(2), p. 50, l. 53-56 : Liber enim ille, videlicet
Praedicamentorum, traditus est a Philosopho secundum
famositatem quandam et probabilitatem magis quam
secundum exquisitam veritatem, ut innuit ibidem
Philosophus et commentator Averroes hoc manifeste
dicit.
In Praedic.,
1x FRAI ; cf.
n. 82.
19.2, p. 60, l. 50-53 : Accidens autem quodcumque per
suam essentiam est dispositio substantiae, et secundum
hoc tota essentia accidentis est esse quendam modum
et dispositionem substantiae, secundum quod habemus
et IV Metaphysicae, et a Philosopho et a Commentatore
ibidem.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RAI ; cf. n. 3.
31.(2), p. 67, l. 81-68, l.8 8 : Sunt enim quaedam partes
principales, quae sunt radix et fundamentum talis
substantiae, immo sunt primo et principaliter substantia
talis individui, puta caro et os et inter membra officialia
cor, caput et cerebrum et si qua sunt talia, quibus
ablatis non maneret idem individuum numero, tale non
esset membro diminutum, sed simpliciter destructum
secundum Philosophum et Commentatorem in V
In Metaph.,
V, comm. 32,
p. 221, l. 74-77
+ comm. 1, p.
64-65, l. 51-55,
1x RAI ; cf. n.
13.
174
Le poids de la citation
Metaphysicae, ubi ponit Commentator exemplum de
corde et de istis partibus.
16) D e m e n s . (2 fois)
4.(27), p. 234, l. 210-215 : Quod concipiendo diversa
instantia, inter quae continuat tempus, et secundum
hoc primo originaliter in anima oritur tempus
secundum hoc, inquantum sentit se nostrum
phantasticum non esse in indivisibili, et sic plus vel
minus extendit tempus inter duos terminos
indivisibiles, sicut pertractat Commentator super IV
Physicorum.
In Phys., IV,
comm.
100,
180vH-I,
1x
RSI ; cf. n. 50.
8.(5), p. 239, l. 59-65 : Si igitur mensura alicuius
corporalis passionis, qualis est motus, non est aliquid
reale naturale extra animam existens, sed determinatur
talis mensura motui opere rationis, quae mensura seu
numerus motus est tempus secundum Philosophum IV
Physicorum et Commentatorem ibidem et Augustinum
XI Confessionum, multo magis in rebus simplicioribus et
a corporeitate separatis mensura durationis eis
determinabitur opere rationis.
In Phys., IV,
comm.
131,
202 rA +
comm. 97, 178
rB,
1x
RcGAI* ; cf.
n. 51.
17) D e m is c . (2 fois)
p. 28, l. 4-10 : De mixtione, sicut in physicis habet SM
locum et Philosophus tractat in libro De generatione,
aliquid certum et evidens agere non mediocris
difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est
diversitas sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta
Avicennae, Averrois, Alberti, Thomae et sequacium
eorum, qui diversa docuerunt et scripserunt de materia
ista; propter quod et ego a scribendo supersedere debui,
si instantia studentium permisisset.
7.(2), p. 36, l. 16-26 : De elementis autem non solum
est hoc necessarium quoad mixtionem, ut dictum est,
sed in singulis elementis necessarium est hoc etiam
quoad partes suas proprias, scilicet ut possint se
In
Phys.,
VIII, comm.
82, 430 vI-K,
1x RSI ; cf. n.
175
Averroès
invicem penetrare propter spiritualitatem suam, quam
habent talia corpora, ut dicit Commentator super VIII
Physicorum, ubi loquitur de proiectis.
58.
8.2, p. 37, l. 49-53: Innuit etiam per idem, quod dicit
‘alteratorum’, substantias miscibilium esse salvas
quantum ad id, quod sunt per essentiam; alias non est
ei elementum, sicut dicit Averroes; et fundatur super
verbum Philosophi in V (i.e. Metaphysicae), scilicet quod
elementum est, in quod res dividitur et quod est in re.
In De celo,
III, comm. 67,
633, l. 64-70,
1x RcGSP ; n.
77.
20.1, p. 46, l. 133-136 : Et sic pertractat eam Commentator super De caelo et mundo, sed summarie et non
ita explicite, sicut hic dictum est.
SM
18) D e c o l . (2 fois)
3.(1), p. 279, l. 82-85 : Et hoc est, quod dicit Averroes
in suo tractatu De sensu et sensato, quod, quando
commiscentur
ad
invicem
corpora
multae
diaphaneitatis et multae luminositatis, tunc generatur
color albus, e converso color niger.
In De sensu
et
sensato,
VI, 2, 14rB, 1x
RSI ; cf. n. 79.
5.(1), p. 280, l. 2-7 : Sed cum albedo non sit nisi in
mixto ex corporibus multae diaphaneitatis et ex
corporibus
multae
luminositatis
secundum
Commentatorem in tractatu suo De sensu et sensato et
nigredo constet ex mixtione corporum paucae
diaphaneitatis et paucae luminositatis, videntur ista non
differre nisi secundum magis et minus, et per
consequens non videntur albedo et nigredo differre nisi
secundum magis et minus et non secundum speciem.
In De sensu
et
sensato,
VI, 2, 14rB, 1x
RSI ; cf. n. 79.
19) D e s u b ie c to (2 fois)
2.(2), p. 279, l. 13-20 : Manifestum est enim, secundum
Philosophum in fine X Metaphysice, quo corpora
caelestia et haec generabilia et corruptibilia (...). Et ideo
passiones eorum corporum, cum in eadem principia
subiectorum suorum reducantur, habebunt etiam
In Metaph.,
X, comm. 26,
276vH,
1x
RAI ; cf. n. 30.
176
Le poids de la citation
aequivocas et genere differentes naturas, ut dicit
Commentator.
3.(6), p. 281, l. 78-86 : (6) Distinguit enim
Commentator super principium IV Metaphysicae modos
attributionis, secundum quos attenditur aliqua ratio
analogiae: Attribuitur alicui aliquid tamquam efficienti,
ut herbae vel medicinae dicuntur medicativae per
attributionem ad artem medicinae; item fit attributio ad
aliquid tamquam ad finem, ut exercitium est causa
sanitatis vel urina dicitur sana, quia signum sanitatis;
tertio modo attribuuntur accidentia substantiae
tamquam subiecto, subiecto, inquam, non tamquam in
potentia, sed potius tamquam magis formali, cui
formaliter et simpliciter et essentialiter et vere convenit
ratio entis, et consequenter alia dicuntur entia, quia
sunt talis entis dispositiones.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RSP ; cf. n. 3.
20) D e s u b . s p ir . (2 fois)
28.(11), p. 329, l. 91-98 : Et ex hac radice pullulat
sententia verbi Philosophi, quod ponit in libro De caelo
et mundo, videlicet quod caelum componitur ex tota sua
materia: caelum, id est iste mundus corporalis, in quo
includitur omne corpus secundum suam speciem, et,
inquantum huiusmodi, per se pertinet ad integritatem
huius corporalis universi secundum Commentatorem,
qui dicit sic intelligendum nomen caeli in dicto verbo
Philosophi.
In De celo, I,
comm.
96,
178, l. 9-16, 1x
RAP ; cf. n.
74.
24.(5), p. 322, l. 126-131: Unde, quando Philosophus
dixerat hoc, quod hic inducunt pro auctoritate,
prosequitur ulterius et ostenso, quomodo singulis rebus
huius corporalis mundi convenit esse in loco, videlicet
circumscriptive, pervenit usque ad ultimum caelum
dicens ipsum et animam esse in loco per accidens; et
est iste specialis modus accidentalitatis, quem
Commentator explicat, scilicet per centrum suum, quia
scilicet centrum est per se in loco.
In Phys.,
comm.
144rB-C,
RAP ; cf.
42.
I,
45,
1x
n.
Averroès
177
21) Q ° u tr u m a l iq u id (1 fois)
(11), p. 357, l. 70-82: Et hoc in proposito est caelum,
ad cuius perfectionem in causando tria concurrunt,
secundum quod colligitur super II Caeli et mundi c. 4 in
commento, scilicet substantia corporis, lumen et motus,
quibus virtualiter et quodam modo universali continet
qualitates elementares in se; determinatur autem in
causando hanc vel illam secundum variationem istorum
trium respectu partium substantiae elementaris. (12)
Nec obstat, quod Commentator videtur dicere super
dictum capitulum, quod caelum non infrigidat, sed
calefacit. Verum est quantum ad actionem eius
principalem, quando dicta tria perfecte congregantur
approximando ad materiam subiectam.
In De celo,
II, comm. 42,
355, l. 198205 + comm.
42, 353, l. 151156, 1x RSI ;
cf. n. 75.
22) D e c o r p . C hr . mo r t. (1 fois)
3.(3), p. 148, l. 15-21 : Sicut igitur in processu
generationis ens potentia et postea completa
generatione ens actu reducuntur ad idem genus et non
solum ad idem genus, sed ad idem specie, nec solum
hoc, sed ad idem numero, secundum Philosophum in
VIII Metaphysicae, ubi dicit, quod, cum per generationem
ens in potentia fit ens in actu, non fit aliud, sed idem,
quod prius fuit, ut potentia animal idem numero fit actu
animal
–
generatio
enim
talis
secundum
Commentatorem non largitur generato multitudinem,
sed perfectionem.
In Metaph.,
VIII, comm.
15, 224r A, 1x
RAP ; cf. n.
27.
23) Utr u m p o te n tia e s e n s iti va e (1 fois)
3, p. 359, l. 9-11: Nihil in homine praeter intellectum
nobilius est sensitivo, cuius sensitivi ultimum est
cogitativum
vel
memorativum
secundum
Commentatorem.
In De anima,
II, comm. 6,
p. 415sq., l.
67-74,
1x
RcGSI ; cf. n.
67.
178
Le poids de la citation
24) D e e n te (1 fois)
I.1.(1) et (6), p. 27, l.3-6 et 33-37: Ens igitur, quod est
generalissimum (...) secundum Philosophum in
principio IV Metaphysicae. (...) Non enim accidens habet
esse secundum absolutam intraneam suae naturae
rationem seu quiditatem ; nullam enim talem habet. Sed
totum esse suum est, ut sit quaedam dispositio
substantiae
secundum
Commentatorem
super
principium IV Metaphysicae. Et sic accidens est ens, quia
est entis, et hoc essentialiter secundum Philosophum in
principio VII Metaphysicae.
In Metaph.,
IV, comm. 2,
65rF-vI,
1x
RAI ; cf. n. 3.
25) D e c o g. e n t. (1 fois)
7.(5), p. 174 : Et sic patet, quod cognitio sive scientia In Metaph.,
Dei proprie loquendo nec est universalis nec XII,
comm.
particularis, sicut etiam dicit Averroes Commentator.
51, 337rB, 1x
RcGSP ; cf. n.
38.
26) Utr u m in D e o (1 fois)
1.1.(9), p. 294, l. 52-62 : (...) intellectivum autem in sui
cognitione abstrahit ab utroque istorum modorum
cognoscendi, sicut dicitur super XII Metaphysicae novae
translationis, quod EIUS SCIENTIA NON EST
UNIVERSALIS
NEC
PARTICULARIS ,
sed simplici
intellectualitate versatur circa obiectum suum, quod est
eius simplex essentia, non habens partes posteriores
toto, quo sit individuum, nec partes priores secundum
rationem, quae sunt ante totum, quo sit universale,
proprie loquendo de ratione universalis, ut praemissum
est.
In Metaph.,
XII,
comm.
51, 337rB, 1x
RSP ; cf. n. 38.
27) D e c o r p . c a e l . (1 fois)
2.1, p. 381 : Alio modo dicitur corpus quantum ad
dimensiones quantitativas, videlicet secundum longum,
De
substantia orbis,
179
Averroès
latum et profundum, quae sunt de genere quantitatis
continuae, secundum quod dicit Averroes commentator
in suo tractatu De substantia orbis.
2, f. 7 rB, 1x
RSI ; cf. n. 84.
28) D e ir . (1 fois +1 SM)
II.4.(3), p. 152, l. 22-25 : (3) Huius autem generis
colorum, scilicet naturalium absolutae qualitatis,
principia assignat Averroes in tractatu suo De sensu et
sensato dicens huiusmodi colores generari ex
commixtione corporum multae et paucae luminositatis
et corporum multae diaphaneitatis et paucae.
II.5.1, p. 153 : Sicut autem dictum est de coloribus
naturalibus absolutae qualitatis, sic in proposito de
coloribus radialibus considerandum et sumendum
eorum principia proportionaliter praedictis, et hoc
secundum rationem seu definitionem coloris
praedictam, quam assignat Philosophus, ex qua etiam
Averroes deducit suam considerationem.
In De sensu
et
sensato,
VI, 2, 14rB, 1x
RSI ; cf. n. 79.
SM
180
Le poids de la citation
V. Conclusions 2
Dietrich utilise explicitement l’autorité d’Averroès :
19 fois dans le De orig.
18 fois dans le De vis. beat
11 fois dans le De nat. contr.
10 fois dans le De elem. (+ 1 SM)
9 fois dans le De acc. et dans le De anim (+ 1 SM)
7 fois dans le De int. (+ 4 SM) et dans le De quid.
6 fois dans le De nat. contin. et dans le Utrum sub. spir.
4 fois dans le Frag. de rat. pot., dans le Utrum in Deo et dans le De intellig.
(+ 7 SM)
3 fois dans le De luce et dans le De magis
2 fois dans le De mens., le De misc. (+ 2 SM), le De col., le De subiecto et
dans le De subst. sep.
1 fois dans : Q° utrum aliquid, De corp. Chr. mort., Utrum potentiae sensitivae,
De ente, De cog. ent., Utrum in Deo, De corp. cael., De ir. (+ 1 SM)
En considérant chaque traité en particulier, on observe que :
1) le De orig. évoque les commentaires suivants : 10 fois la Metaphysica, 5
fois la Physica, 3 fois le De anima et 1 fois le De celo. La prépondérance et
le poids du commentaire de la Métaphysique sont donc manifestes. Sur les
19 évocations, 5 sont des reprises littérales et 3 sont des faux renvois. Le
commentaire au livre V de la Métaphysique n’est très probablement pas
connu ou utilisé directement : sur les 3 évocations, 2 sont des faux
renvois et 1 est un renvoi imparfait ; cependant, le commentaire au livre
XII est présent avec deux reprises ad litteram.
2) le De vis. beat. utilise le commentaire du De anima 10 fois, de la
Metaphysica 5 fois, du De somno 1 fois, tandis que la Physica et le De sensu et
sensato (faits très probablement par l’entremise du commentaire au De
anima) sont présents avec deux faux renvois. On peut dire que sur les 18
évocations d’Averroès dans le De vis. beat., 11 proviennent du De anima ;
sur les 5 usages portant sur la Metaphysica, 2 sont des faux renvois – 3
usages de ce dernier commentaire sont donc relativement proches de la
source. Notons cette analogie intéressante : le De orig. utilise 10 fois la
Averroès
181
Metaphysica et 3 fois le De anima, et le De vis. beat. utilise 10 fois le De
anima et 3 fois des renvois provenant de la Metaphysica.
3) sur les 10 occurrences d’Averroès dans le De nat. contr., 9 portent sur la
Metaphysica et 1 seule (un faux renvoi, repris d’un intermédiaire) aux
Praedicamenta. Il faut surtout noter que sur les 9 occurrences 5 sont des
reprises littérales.
4) le De elem. mentionne 6 fois Physica, 2 fois De generatione et corruptione, 1
fois Metaphysica, 1 fois De celo.
5) comme dans le cas du De nat. contr., le De acc. utilise quasi
exclusivement la Metaphysica : 8 fois sur 9 ; on trouve une seule
occurrence différente : au De sensu et sensato. Sur les 8 renvois, 6
comportent des reprises littérales – la présence littérale et massive du
commentaire sur la Métaphysique est, sans aucun doute, importante pour
l’étude de l’influence doctrinale du Cordouan dans le De nat. contr.
6) le De anim. utilise beaucoup le commentaire de la Métaphysique : 6 fois
sur les 10 évocations ; 3 portent sur le commentaire de la Physique et 1
sur le De celo.
7) dans le De int., le nom d’Averroès apparaît 4 fois comme des SM et 7
fois dans des argumentations doctrinales ; cette proportion est, d’une
certaine manière, révélatrice. Sur les 7 occurrences, 6 ont des thèmes
provenant du commentaire au De anima, mais toutes sont des recours
généraux (RcG) – autrement dit, dans le De int. Dietrich ne se réfère
jamais explicitement au commentaire au De anima ; dans ce texte, il
mentionne une seule œuvre d’Averroès : le commentaire au livre XII de
la Métaphysique.
8) le commentaire sur la Métaphysique est le seul ouvrage d’Averroès cité
dans le De quid. ; il faut encore noter que sur les 7 occurrences, 6 portent
sur le livre VII (dont 3 sont des citations ad litteram) et 1 sur le livre IV.
9) une situation analogue se trouve dans le De nat. et propr. cont. : il cite
seulement le commentaire de la Physique : 5 fois pour le livre IV et 1 fois
pour le livre VI.
10) les commentaires sur la Métaphysique et sur la Physique sont évoqués
dans le Utrum sub. spir. : 4 fois le premier et 2 fois le second. ; sur les 6
occurrences, 5 sont des reprises littérales.
182
Le poids de la citation
11) le Frag. de rat. pot. contient 4 évocations d’Averroès : 2 fois le
commentaire de la Physique, 1 fois le commentaire de la Métaphysique et 1
fois (avec citation littérale) le De anima.
12) les mêmes ouvrages que dans le Frag. de rat. pot. sont cités aussi dans
le Utrum in Deo : 2 fois Metaphysica, 1 fois Physica, 1 fois De anima.
13) quatre occurrences d’Averroès sont comptées aussi dans le De
intellig. : 3 du commentaire au De celo (dont 2 avec des reprises littérales)
et 1 du commentaire à la Metaphysica. Plus nombreuses sont les simples
mentions : 7.
14) dans le De magis deux références sont correctes : au commentaire de
la Métaphysique ; l’évocation du commentaire des Catégories est un faux
renvoi.
15) le De luce mentionne une fois chacune des commentaires suivants :
Metaphysica, De anima, De celo ; ce sont des renvois simples, sans reprise
littérale.
Sur les autres ouvrages qui font une ou deux fois recours à l’autorité
d’Averroès, nous n’avons pas d’observations particulières. Ajoutons à
cela, les ouvrages qui ne font aucunement référence à Averroès : De hab.,
De dot., Q° utrum motus maris, Q° utrum sint epicycli et excentrici, Q° utrum
Christus secundum humanam naturam et les Epistulae.
D’une manière générale, on note l’usage sélectif des œuvres
d’Averroès : dans les traités de noétique, le De vis. beat. et le De int., il
s’inspire, presque exclusivement, du commentaire au De anima ; dans les
traités de noétique, le De orig., le De acc., le De quid., il cite massivement,
voire exclusivement, le commentaire de la Metaphysica. Dans le premier
volume des Opera Omnia, on dénombre 40 ouvrages dont le De causis, De
defensione privilegiorum ordinis, De incarnalitate angelorum, De substantia orbis,
De voluntate auraient été perdus ; on compte alors 34 textes de sa plume,
dont 28 mentionnent au moins une fois Averroès et 6 qui ne le nomment
jamais. Par rapport à d’autres autorités, Dietrich n’en fait jamais un usage
très important ; par exemple, dans le De orig., l’œuvre qui le cite le plus
souvent, Averroès apparaît 19 fois, tandis qu’Aristote 65 fois ; dans le
De vis. beat., Averroès est nommé 18 fois, tandis qu’Augustin 89 fois et
Aristote 53 fois.
Liber de causis
I. Le Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
Avant de commencer toute analyse des citations provenant de Liber de
causis, il faut préciser que pour mieux mettre en évidence les détails de
l’argumentation de Dietrich, l’enchaînement des autorités citées ainsi que
sa lecture détaillée de certains énoncés du Liber de causis, nous
transcrivons de longs passages. Nous insistons cependant seulement sur
les passages qui nous semblent particulièrement révélateurs, en mettant
en sourdine d’autres qui sont moins saisissants.
D’une manière générale, il est très difficile de savoir si Dietrich
connaît et utilise directement le Liber de causis, parce que, étant un sujet
d’étude obligatoire, le texte était très connu et il circulait aussi dans des
florilèges et diverses versions abrégées.
On notera aussi que, pour Dietrich, le Liber de causis n’est pas un
texte d’Aristote, et la dépendance de l’Elementatio theologica prouvée par
Thomas lui sert de guide (il fait très souvent des liaisons entre les deux
autorités). Nous indiquons aussi les points originaux des rapprochements
que Dietrich établit entre Proclus et le Liber de causis : ils sont d’ordre
thématique et représentent un élément important pour comprendre sa
manière de lire les deux autorités ; il propose ainsi un modèle de
comparaison différent de celui de Thomas.
Avec Liber de causis et Proclus, mais aussi avec Augustin, Dietrich
veille à bien montrer les citations reprises : il les encadre par des
syncopes syntaxiques au début (comme nous avons déjà vu pour
Averroès et que nous avons déjà discuté dans la partie introductive de ce
livre) et par l’expression hucusque commentum à la fin. Il délimite donc avec
184
Le poids de la citation
finesse son propre texte des textes repris d’ailleurs et aussi ce qui
représente le commentaire (commentum, c’est-à-dire les propositions
secondaires) des propositions principales de Liber de causis et de Proclus.
Pour des raisons purement méthodologiques, nous distinguons entre
chapitres et propositions : les chapitres sont les sentences principales du
Liber de causis et les propositions sont les sentences secondaires ou les
propositions
commentaire
(commentum).
On
distingue
donc
XXXI(XXXII) chapitres et 187 propositions. Par conséquent, nous
comptons séparément chaque renvoi à chaque proposition de chaque
chapitre, de même que nous avons compté séparemment chanque renvoi
à chaque partie des commentaire des livres d’Aristote (par exemple : le
comm. 5 et le comm. 5 du commentaire au livre III du De anima).
Ce dénombrement est quelque peu artificiel pour trois raisons : (1)
les manuscrits du Liber de causis ne comportent pas tous une
numérotation pour les sentences secondaires ; Dietrich aurait pu
connaître les propositions secondaires comme un texte continu. (2)
Dietrich peut citer ensemble des sentences que nous considérons,
d’après les éditions modernes, distinctes ; les propositions 3, 4, 5 (cf.
infra, n. 1) sont citées comme une seule sentence, alors que nous allons
les compter séparément. (3) Le nombre d’occurrences que nous obtenos
est plus grand que le nombre d’évocations explicites du Liber de causis.
L’intérêt de notre étude n’est pourtant pas de reprendre l’index des
œuvres et préciser les endroits où le titre Liber de causis apparaît, mais de
déterminer avec le plus de finesse ce qu’il connaît, ce qu’il cite, quand il
cite et comment il cite le Liber de causis. Sans ce dénombrement artificiel,
il est difficil de montrer que dans tel texte Dietrich cite telle proposition
et dans tel texte telle autre proposition provenant toutes les deux du
même chapitre
Une dernière note : afin de simplifier la disposition dans le tableau et
de mieux insister sur la diversité des doctrines défendues par une seule et
même citation du Liber de causis, nous divisons les renvois au même
comentaire en fonction des propositions et des thèmes abordés.
Liber de causis
185
Cap. I
n. 1) prop. 1, 2, 3, 4, 5
1. O MNIS CAUSA PRIMARIA PLUS
EST INFLUENS SUPER CAUSATUM
SUUM QUAM CAUSA UNIVERSALIS
SECUNDA .
2. CUM ERGO REMOVET CAUSA
UNIVERSALIS
SECUNDA
VIRTUTEM SUAM A RE , CAUSA
UNIVERSALIS PRIMA NON AUFERT
VIRTUTEM SUAM AB EA .
3. QUOD EST QUIA CAUSA
UNIVERSALIS PRIMA AGIT IN
CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE ,
ANTEQUAM AGAT IN IPSUM
CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA
QUAE SEQUITUR IPSAM.
4. CUM ERGO AGIT CAUSA
SECUNDA ,
QUAE
SEQUITUR ,
CAUSATUM, NON EXCUSAT IPSIUS
ACTIO A CAUSA PRIMA QUAE EST
SUPRA IPSAM.
5. Et quando separatur causa
secunda a causato quod sequitur
ipsam non separatur ab eo prima
QUAE
EST
SUPRA
QUONIAM EST CAUSA EI.
IPSAM
De cog. ent. 38.(2), p. 203, l. 96-97 :
Si autem placet: magis esset
violentiam et innaturalitatem ab
illa regione removere, dicendum
supponendo primo hoc, quod
dicit Proclus propositione 54,
scilicet: « Omne, quod a secundis
producitur (...) ». Et hinc sumitur
ratio eius, quod dicitur De causis
propositione 1: « O MNIS CAUSA
PRIMARIA PLUS EST INFLUENS
SUPER CAUSATUM SUUM QUAM
CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA ».
Commentum:
« CUM
ERGO
REMOVET
CAUSA
SECUNDA
UNIVERSALIS VIRTUTEM SUAM A
RE, CAUSA UNIVERSALIS PRIMA
NON AUFERT VIRTUTEM SUAM AB
EA .
QUOD
EST ,
QUIA
UNIVERSALIS CAUSA PRIMA AGIT
IN
CAUSATUM
CAUSAE
SECUNDAE , ANTEQUAM AGAT IN
IPSUM
CAUSA
UNIVERSALIS
SECUNDA ,
QUAE
SEQUITUR
IPSAM.
CUM
ERGO
AGIT
SECUNDA IN CAUSATUM, QUOD
IPSAM
SEQUITUR ,
NON
EXCUSATUR IPSIUS ACTIO A
CAUSA PRIMA , QUAE EST SUPER
IPSAM, QUONIAM EST CAUSA
EIUS ». Hucusque commentum.
De vis. beat., 4.2.1.(9), p. 108, l. 9299 : (...) ipse intellectus agens
secundum ordinem proprium
essentialium
causarum
est
ultimum et proximum et maxime
determinatum
principium
186
Le poids de la citation
intellectionis in nobis, quia lumen
intellectuale primae causae in ipso
tali
intellectu
determinatur
secundum eum modum, quo
virtus causae superioris vel prioris
ordine essentiali determinatur in
causa secunda seu posteriore et
PLUS INFLUIT IN CAUSATUM
CAUSAE SECUNDAE QUAM IPSA
CAUSA SECUNDA , sicut dicit
prima propositio Libri de causis.
De acc., 23.(3)-(5), p. 86, l. 10-17 :
Inducunt etiam ad assertionem
suae intentionis, scilicet quod
accidens possit esse sine subiecto,
hoc, quod in principio Libri de
causis habetur, quod CAUSA
PRIMARIA
PLUS
INFLUIT
IN
EFFECTUM
SEU
CAUSATUM
CAUSAE SECUNDAE QUAM IPSA
CAUSA SECUNDA . Unde quando a
causato
causae
secundae
removetur causalitas ipsius causae
secundae,
adhuc
remanet
causalitas causae primae.
7 occurrences
prop. 1 – 3x
prop. 2 – 1x
prop. 3 – 1x
prop. 4 – 1x
prop. 5 – 1x
RSP
RSP
RSP
RSP
RSP
Dans les trois cas, Dietrich cite correctement la très connue proposition
1 du Liber de causis ; on remarquera cependant des différences au niveau
de la forme entre la citation provenant du De cog. ent. et les deux autres
(De vis. beat. et De acc.) : la première est plus proche de la variante éditée
(la plus répandue dans les manuscrits), tandis que la seconde est plutôt
proche de la variante des florilèges (par exemple, dans les Auctoritates
Aristotelis, p. 231, n. 1).
Liber de causis
187
Du point de vue de la doctrine, il faut noter la manière fascinante
dont Dietrich utilise cette même sentence pour défendre trois thèses
différentes dans trois contextes différents.
(1) Dans le De cog. ent., il la cite dans le cadre d’une discussion sur le
repos naturel des astres. Dietrich veut faire concorder deux positions
bibliques contraires (Isa. 38 :8 et Ios. 10 :13) avec les autorités qu’il vient
de nommer ; pour cela, il cite la proposition 1 du Liber de causis et la
proposition 54 (en réalité la proposition 56) de l’Elementatio pour dire que
la cause première agit d’une manière plus noble et supérieure sur l’effet
que la cause seconde : il traite un thème classique : si l’on retirait l’action
d’une des causes secondaires (dont dépend le mouvement ou le repos
des astres), la cause première exercerait toujours son pouvoir sur l’effet
et le maintiendrait dans l’être. La même interprétation est donnée par
Thomas d’Aquin dans son commentaire au Liber de causis ; d’ailleurs
Thomas rapproche aussi cette prop. 1 de la prop. 56 de l’Elementatio.
(2) Selon la deuxième thèse défendue par Dietrich à partir de cette
même proposition 1 du Liber de causis, la lumière de la raison éternelle
(lumen rationis aeternae), qui est Dieu, resplendit dans l’intellect possible
par le biais de l’intellect agent ; l’intellect agent, selon l’ordre des causes
essentielles, est la cause secondaire la plus proche de l’intellect possible
et, lorsqu’il s’unit à celui-ci en tant que forme, Dieu lui-même s’unit
parce qu’il influe plus parfaitement sur l’effet de la cause seconde d’une
manière plus noble et supérieure que celle-ci.
(3) La troisième thèse est ontologique : en citant cette première
sentence du Liber de causis, Dietrich s’attaque au sujet de la séparabilité
des accidents. Selon le résumé de Dietrich, ses adversaires disent
(inducunt) que Dieu serait la cause première, le sujet des accidents la cause
seconde ; puisque la cause première agit plus amplement que la cause
seconde agisse sur l’effet de celle-ci, Dieu peut faire subsister l’accident
sans le sujet. Dietrich continue sa démonstration en se lançant dans une
véritable interprétation du Liber de causis : selon lui, l’idée exprimée par la
première proposition se réfère ici aux principes de causalité d’un même
type de cause (dans l’exemple de la triade ens, vivum, rationale est présenté
le cas des causes formelles); or, selon le raisonnement de ses adversaires,
Dieu serait la cause efficiente de l’accident, tandis que le sujet est sa
cause matérielle. Cette lecture ne correspond donc pas, aux yeux de
Dietrich, à la thèse défendue par le Liber de causis, prop. 1.
L’autre argument de ses adversaires, consiste à dire qu’une fois
éloignée la cause secondaire de son effet, celui-ci reste numériquement
identique à lui-même parce que l’effet de la cause secondaire le maintient
ainsi. Ce point est contraire, selon Dietrich, à la thèse soutenue par
l’exemple de la triade, puisqu’une fois éloignée la cause de la rationalité
188
Le poids de la citation
de l’homme, celui-ci ne reste pas identique à lui-même, ni en nombre ni
selon l’espèce. Les éditeurs de Dietrich supposent que Thomas d’Aquin
constitue la source probable de la critique, mais les reproches de Dietrich
ne le touchent pas 16. En effet, Thomas soutient dans les Quaestiones
disputatae de malo (q. 2, a. 9, ad. 18) qu’en séparant un ou plusieurs
accidents de leur substance, celle-ci ne reste pas numériquement
identique (idem numero), mais elle demeure identique selon la raison (idem
ratione). Il cite donc et interprète exactement, comme Dietrich, la
première sentence du Liber de causis à propos de l’action de la cause
première et de l’exemple de la triade : ens, vivum, rationale (cf. notamment
le tableau suivant). Si Dietrich vise effectivement Thomas, il fait
probablement référence à la manière dont celui-ci s’exprime dans
d’autres textes (par exemple, Summa theologiae, III, q. 75 a. 5 ad 1). Dans
son commentaire au Liber de causis, prop. 1, Thomas ne présente aucun
argument ontologique à propos du rapport entre la cause première, la
cause seconde et leurs effets respectifs.
n. 2) prop. 7, 10
7. Quod est quia oportet ut sit
res esse in primis, deinde
vivum, postea homo.
10. Et similiter, quando ponis
rationalitatem causam homini,
est esse vehementius causa
homini
quam
rationalitas,
quoniam est causa causae eius.
De acc., 23.(3)-(5), p. 86, l. 18-24 :
Primo, quia non est assumpta ab
auctoritate
secundum
intentionem auctoris; loquitur
enim auctor Libri de causis in dicta
auctoritate in eodem genere
causae, puta efficientis vel
formalis vel materialis, unde ipse
exemplificat in causis formalibus,
scilicet in ente, vivo, rationali.
Quantum autem pertinet ad
propositum, non sic se habet,
quoniam Deus est causa efficiens
accidentis, subiectum autem est
causa subiectiva seu materialis.
De vis. beat., 3.2.9.5.(12), p. 95, l.
79 – p. 96, l. 88 : (...) productio
16 R. Imbach soutient le contraire dans son article « L’antithomisme de Thierry de
Freiberg », in : Revue thomiste 97 (1997), p. 245-258, ici p. 255sq. Il nous semble que la
distinction idem numero/idem ratione qui constitue le point central de la critique de
Dietrich, et celui de l’argumentation de Thomas, n’a pas été remarquée.
Liber de causis
189
substantiarum
corporum
caelestium, quae a principio
separato processerunt in esse, in
quibus id, quod est per essentiam,
determinatur in id, quod est
secundum substantiam, sicut
magis formale in minus formale,
sicut
quandoque
actus
determinatur
per
potentiam
secundum Librum de causis, ut ens
determinatur in vivum et
vivum in rationale manentibus
nihilominus ipsorum formalibus
intentionibus
et
rationibus
distinctis, sicut e converso
potentia determinatur per actum
(...).
De vis. beat., 4.3.1.(4), p. 112, l. 6570 : (...) duo attenduntur, unum
videlicet, quod illud, quod est
formalius et simplicius et nobilius
in superiore forma, contracte et
magis determinate et minus
perfecte invenitur in inferiore,
sicut in exemplo Libri de causis
accipere possumus de ente, vivo,
rationali, sicut etiam se habent
intellectivum,
cogitativum,
imaginativum, sensitivum.
De ente, I.6.(5)-(9), p. 32, l. 23 –
33, l. 50 : Unde et eius
nobilissimae actionis, quae est
creatio, nobilissimus et primus est
effectus, ut dicitur 4 propositione
Libri de causis: « Prima rerum
creatarum est esse ». (...) Ipsum
enim esse est maxime causale in
genere causarum formalium et est
causativum substantiae secundum
auctorem Libri de causis in
190
Le poids de la citation
commento, qui sic ordinat: esse,
vivum, rationale, homo, qui est
substantia. (...) Et sicut dictum
est de esse respectu hominis, sic
se habet esse ad omnem rerum
universitatem, sicut dicitur 4
propositione
De
causis
in
commento sic: « Et non est post
primam causam (...) ». Ex his ergo
arguitur, quod esse significat
totam essentiam cuiuscumque rei.
De int., II.16.(1), p. 157, l. 38 –
158, l. 50 : Et tertio loco ponitur
rationale in principio Libri de
causis, scilicet ens, vivum,
rationale, quasi istae sint tres
intentiones,
secundum
quas
intellectus secundum ordinem
fluant a Deo et constituant tria
genera entium in separatis suo
modo, scilicet genus, speciem et
individuum
(...)
ita
etiam
sumamus
proprietatem
et
rationem individui in infimis
intellectibus secundum maxime
determinatam
intentionem,
maxime, inquam, determinatam in
intellectualibus,
quam
vocat
auctor Libri de causis in commento
rationale
coordinans
ipsam
inferius et tertio loco enti et
vivo, ut supra dictum est.
5 occurrences
prop. 7 et 10 (combinées) – 3x RcGSI, 2x RSI
Aucune de ces occurrences ne reproduit parfaitement les sentences de la
source. Il est cependant manifeste que Dietrich connaît les détails de
l’argumentation du Liber de causis.
Liber de causis
191
Dans le De acc., nous l’avons déjà vu, Dietrich s’en sert pour la
question de la séparabilité des accidents et de l’identité numérique.
Dans le De vis. beat. (3.2.9.5.(12), p. 95) au sujet des genres d’étants
(maneries entium) et leur production dans l’être : des plus universaux vers
les plus particuliers, comme dans l’exemple du Liber de causis : l’étant est
déterminé dans/par le vivant et le vivant dans/par le raisonnable. On
notera dans le De int. la manière dont Dietrich présente la rationalité de
l’homme : sumamus proprietatem et rationem individui in infimis intellectibus
secundum maxime determinatam intentionem.
Toujours dans le De vis. beat., ce même exemple sert à Dietrich pour
expliquer le rapport entre les quatre facultés qui entrent dans la
production du savoir : l’intellective, la cogitative, l’imaginative et la
sensitive ; l’idée est toujours la même qu’auparavant : ce qui est plus
formel, plus noble, plus universel dans les facultés supérieures est
déterminé par/dans ce qui est moins parfait et particulier.
RSI (De int., II.16.(1), p. 157, l. 38 – 158, l. 50 ; De ente) : les renvois dans
le De int. et dans le De ente n’apportent rien de nouveau par rapport aux
évocations dans le De vis. beat. (3.2.9.5.(12)).
Pour le renvoi à la prop. 37 (dans le De ente) voir aussi infra n. 8.
Les deux occurrences du De int. sont comptées ensemble parce
qu’elles portent sur le même thème, dans la même argumentation et avec
le même but.
n. 3) prop. 14 et 16
14. Et causa prima adiuvat
secundam
causam
super
operationem suam, quoniam
OMNEM OPERATIONEM QUAM
CAUSA EFFICIT SECUNDA, ET
PRIMA
CAUSA
EFFICIT;
VERUMTAMEN EFFICIT EAM
PER MODUM ALIUM, ALTIOREM
ET SUBLIMIOREM.
16. ET NON FIGITUR CAUSATUM
CAUSAE SECUNDAE NISI PER
VIRTUTEM CAUSAE SECUNDAE
NISI PER VIRTUTEM CAUSAE
PRIMAE .
De sub. spir., 19.(4)-(6), p. 317, l.
45-75 : (...) si dicamus, quod
Deus producat res per esse
tantum, intelligentia autem in eo,
quod est esse et vita, quia
« intelligentia
est
habens
helyatim »,
sicut
dicitur
9
propositione Libri de causis, id est
« esse et forma ». Et per hoc
differat actio intelligentiae ab
actione divina, quae est creatio
(...). Unde et Proclus propositione
54: « Omne, quod a secundis
producitur (...) ». Et in commento
propositionis 1 Libri de causis:
192
Le poids de la citation
« O MNEM OPERATIONEM, QUAM
CAUSA EFFICIT SECUNDA , ET
CAUSA
PRIMA
EFFICIT ;
VERUMTAMEN EFFICIT EAM PER
ALIUM MODUM ALTIOREM ET
SUBLIMIOREM ». Et infra: « ET
NON FIGITUR CAUSATUM CAUSAE
SECUNDAE NISI PER VIRTUTEM
CAUSAE PRIMAE ». Et hoc est,
quod dicitur Libro de causis et
supra inductum est, scilicet quod
prima causa creavit esse (...).
De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 :
Istud concordat cum eo, quod
habetur
in
commento
propositionis 4 Libri de causis et in
aliis pluribus locis illius libri, hoc
tamen in his omnibus salvo, quod
solus Deus creat secundum eos,
sicut dicitur in Libro de causis.
Procedere enim rem a re non est
unam creare aliam, sed creare est
sic
producere,
quod
non
praesupponat aliquod subiectum
(...) quia, quidquid agit causa
secunda
in
essentialiter
ordinatis, agitur a causa
superiore, sed eminentiore
modo, ut dicitur in Libro de causis,
et Proclus propositione 54 sic:
« Omne, quod a secundis (...) ».
De nat. contr., 41.(1), p. 111, l. 4347 : Quae non sunt universaliter
primum agens, praesupponunt in
agendo primum agens et suam
propriam actionem, quae est
creatio, qua primum principium
nobiliore et formaliore modo
agit eandem totam dispositionem
sive perfectionem, quam modo
Liber de causis
193
sibi proprio agit agens secundi
ordinis, ut in De causis habet
ostendi.
4 occurrences
prop. 14 – 1x RSP, 2x RcGSI
prop. 16 – 1x RSP
RSP (De sub. spir.) : Dietrich cite correctement les célèbres prop. 14 et 16
du Liber de causis après avoir introduit la proposition 56 (= 54) de
l’Elementatio de Proclus et la proposition 90 du même Liber de causis (sur
l’intelligence qui est helyatim). Le but est de soutenir que la création de
l’être est propre seulement à la cause première, tandis que les autres
productions possibles (la vie, la rationalité etc.) peuvent être accomplies
aussi par les causes secondaires ; la raison en est que tout ce que la cause
secondaire peut faire est accompli d’une manière plus noble par la cause
première. Si l’intelligence produit la rationalité dans l’homme, la cause
première donne l’être à toute chose.
RcGSI (pour le De int. et le De nat. contr.) : La même sentence 14 du Liber
de causis est utilisée dans ces deux textes dans le même but argumentatif
que dans le De sub. spir. : distinguer entre creatio, action plus noble et
propre à la cause première, et processio ou productio, action moins noble et
propre à la cause secondaire. La création est la production qui ne
suppose pas un autre sujet (creatio est sic producere quod non praesupponat
aliquod subiectum).
Dans le De int., la thèse est introduite à la suite d’une série d’autorités
citées explicitement : Aristote, Platon, Proclus (nommé : Proclus
Platonicus), Avicenne ; toutes ces autorités seraient en accord (concordant)
avec le Liber de causis pour affirmer que la création est propre seulement à
la cause première. Thomas donne une lecture semblable de cette idée
(dans son commentaire au Liber de causis, chap. III) en combattant
certains adversaires qui soutiennent que selon le Liber de causis les causes
secondaires ont une vertu créatrice.
L’occurrence dans le De nat. contr. (41.(1), p. 111) est interprétée
d’une manière particulière par les éditeurs (et personne n’a encore
contesté cette hypothèse). Ils considèrent en effet que Dietrich fait ici
référence à un commentaire du Liber de causis qu’il aurait composé, mais
qui serait aujourd’hui perdu. Or, le thème présenté (ce que peut faire
l’agent second est accompli d’une manière plus noble par l’agent
premier) se lit tel quel dans le Liber de causis. Dietrich cite la même thèse
194
Le poids de la citation
dans d’autres ouvrages (voir le tableau et aussi De cog. ent. 15.(2), p. 180, l.
20-27), les mots qu’il utilise (nobiliore et formaliore) rappellant le Liber de
causis (altiore et sublimiore). L’expression ut habet ostendi in De causis (qui a
probablement fait penser à un commentaire perdu) devrait être traduite
d’une manière plutôt neutre: « comme il est démontré dans le <Livre> des
causes ». Il nous semble que cette seule formule, dans ce contexte
thématique, ne constitue aucunement une raison suffisante pour
attribuer à Dietrich un commentaire (perdu) du Liber de causis.
Notons aussi l’usage de l’expression solus Deus creat qui apparaît dans
le De int. que nous allons discuter plus loin.
II) Cap. II
n. 4) prop. 19-26
19. O MNE ESSE SUPERIUS AUT
EST SUPERIUS AETERNITATE ET
ANTE IPSAM, AUT EST CUM
AETERNITATE, AUT EST POST
AETERNITATEM
SED
SUPRA
TEMPUS .
20. ESSE VERO QUOD EST ANTE
AETERNITATEM
EST
CAUSA
PRIMA , QUONIAM EST CAUSA EI.
21. Sed ESSE QUOD EST CUM
AETERNITATE
EST
INTELLIGENTIA quoniam est esse
secundum,
[secundum
habitudinem unam, UNDE NON
PATITUR NEQUE DESTRUITUR .]
22. ESSE vero quod est POST
AETERNITATEM
ET
SUPRA
TEMPUS est ANIMA , quoniam EST
IN HORIZONTE AETERNITATIS
INFERIUS ET SUPRA TEMPUS .
25. Et inteligentia [apponitur vel]
parificatur aeternitati, quoniam
EXTENDITUR CUM EA ; et non
alteratur neque destruitur.
26. Et anima annexa est cum
aeternitate inferius quoniam est
De cog. ent., 17.(1)-(4), p. 181, l. 54
– 183, l. 117 : Primo in
intelligendo primam causam, quo
etiam primo capiunt essentiam
suam, sicut dicitur propositione 8
Libri de causis sic : « Omnis
intelligentia scit (...) », quod
exponitur in textu eiusdem
propositionis sic: « Scit, quod est
supra se (...) ». (...) Secundo
intelligendo essentiam suam,
secundum quod dicitur 13
propositione De causis, scilicet:
« Omnis intelligentia (...) ». Et ex
his duobus sequitur hoc, quod
praemittitur propositione 11:
« Omnis intelligentia intelligit
(...) ». Et hunc conceptum, quo
intelligentia sic concipit primam
causam, in alia propositione
eiusdem libri, videlicet 2, idem
auctor vocat AETERNITATEM,
quae est mensura propria Dei
secundum theologos. Concipere
enim
Deum
secundum
proprietatem substantiae eius est
Liber de causis
susceptibilior impressionis quam
intelligentia, et es supra tempus,
QUONIAM EST CAUSA TEMPORIS .
195
mensurare eum quodammodo.
(...) Et iste est intellectus dictae
propositionis 2, qua dicit:
« O MNE ESSE AUT EST SUPERIUS
AETERNITATE ET ANTE IPSAM
AUT CUM AETERNITATE AUT EST
POST AETERNITATEM ET SUPRA
TEMPUS ». Ubi in commento
habetur, quod « ESSE, QUOD EST
ANTE AETERNITATEM, EST PRIMA
CAUSA »,
cuius ratio ibidem
assignatur, scilicet « QUIA EST
CAUSA EI », scilicet aeternitati.
Quod
intelligendum
est,
secundum quod praedictum est,
scilicet
quod
intelligentia
intelligendo primam causam fluit
ab ea et sic concipiendo ipsam
mensurat eam aeternitate (...)
Unde sequitur in commento,
quod « ESSE, QUOD EST CUM
AETERNITATE,
EST
INTELLIGENTIA ,
QUIA
EST
ESSE
SECUNDUM
SECUNDAM
HABITUDINEM UNAM, UNDE NON
PATITUR NEQUE DESTRUITUR ».
Hoc in commento. (…) Sequitur
ergo tertio loco considerare de
tertio
genere
praemissorum,
scilicet de his, quas animas
caelorum dicunt, quas auctor
Libri de causis dicit « ESSE POST
AETERNITATEM
ET
SUPRA
TEMPUS », quia, sicut ibi dicitur,
« ANIMA EST IN HORIZONTE
AETERNITATIS
INFERIUS
ET
SUPRA TEMPUS », « QUIA EST
CAUSA TEMPORIS ». Et loquitur
ibi de anima nobili, quam dicunt
animam caeli, de qua loquitur in 3
propositione, ut per se patet; dicit
enim ibi: « Omnis anima nobilis
196
Le poids de la citation
(...) ». Et notandum, quod illa tria,
quae praemiserat in praecedenti 2
propositione, scilicet « OMNE
ESSE SUPERIUS » et cetera, et
distinxerat ea attribuendo singula
eorum
singulis
substantiis
colligendo ea. Et sub aliis verbis
appropriat ea animae nobili,
quam vult intelligi animam caeli
secundum eam considerationis
regulam (...). Unde id, quod in
proxima propositione dixit « ESSE
SUPERIUS
AETERNITATEM
ANTE
», vocat hic in
ista propositione « operationem
divinam », et quod ibi vocat
« ESSE CUM AETERNITATE », dicit
hic « operationem intelligibilem »,
et quod ibi nominat « ESSE POST
AETERNITATEM
TEMPUS »,
vult
ET
SUPRA
hic intelligi
« operationem animalem » in
movendo corpus primum, quod
est caelum. Haec tria sunt in Deo
sic unite et simpliciter, quod
propriis verbis inexplicabiliter,
sicut supra inductum est de
Proclos et infra propositione 6
dicitur, quod « causa prima
superior est omni narratione ».
De ente, I, 7.(1)-(2), p. 33, l. 59 –
34, l. 69 : Idem ostenditur
auctoritate
Libri
de
causis
propositione 2: « O MNE ESSE
SUPERIUS AUT EST SUPERIUS
AETERNITATE ET ANTE IPSAM
AUT EST CUM AETERNITATE AUT
EST POST AETERNITATEM ET
SUPRA
TEMPUS ».
Primum
istorum est
commentum,
Deus
secundum
secundum
Liber de causis
197
INTELLIGENTIA ,
ANIMA . Et ita est
tertium
est
hic distinctio
essentiarum sub nomine ipsius
esse.
Ergo
esse
significat
essentiam rerum. Praeterea in
eodem libro propositione 4:
« Prima rerum creatarum est
esse ». (...) Et hoc est, quod
dicitur in commento eiusdem
propositionis: « Et esse quidem
causatum
primum
est
intelligentia ». Ergo esse significat
rei essentiam.
De mens., 2.(11), p. 219, l. 129141 : Secundo gradu rerum
mensurabilium
determinabant
philosophi
mensuram
intelligentiae seu intelligentiarum,
quas
ponebant,
et
hanc
mensuram dicebant aeternitatem.
Unde secunda propositione Libri
de causis dicitur, quod OMNE ESSE
SUPERIUS AUT EST SUPERIUS
AETERNITATE ET CAUSA EI, AUT
EST
CUM
AETERNITE
et
EXTENDITUR CUM EA . Primum
dicebant
primam
causam;
secundum intelligentiam, quam
dicebant mensurari aeternitate, ut
patet. Huius autem rei ratio est
secundum
philosophos,
qui
ponebant tales substantias, quas
intelligentias vocabant (…).
9 occurrences
prop. 19 – 4x RSP
prop. 20 – 1x RSP
prop. 21 – 1x RSP
prop. 22 – 1x RSP
prop. 25 – 1x RSP
198
Le poids de la citation
prop. 26 – 1x RSP
Les chapitres 14-21 du De cog. ent. peuvent être considérés comme un
bref commentaire du Liber de causis et à l’Elementatio theologica ;
commencée par des remarques sur la prop. 1 du Liber de causis (cf. le
tableau antérieur), cette partie se poursuit avec deux interprétations
distinctes du chap. II (en relation aussi avec les chap. III, VIII, XI et
XII).
Dans cette partie du De cog. ent., Dietrich traite de la manière dont
l’intellect peut connaître les étants du deuxième et troisième ordre des
étants (créés par Dieu par l’opération qui lui est propre – selon le chap. I
du Liber de causis). Le deuxième ordre des étants est constitué par les
intellects essentiellement en acte ; leur objet de connaissance est double :
d’une part, ils connaissent ce qui est au-dessus d’eux (selon la prop. 72
du Liber de causis) et ils connaissent leur essence (selon la prop. 109 du
Liber de causis). Si, explique Dietrich, ces intellects connaissent Dieu, ils
doivent pouvoir le mesurer d’une certaine façon (concipere Deum secundum
proprietatem eius est mensurare eum quodammodo). Or, cette mesure est
l’éternité, selon le Liber de causis qui dit que la cause première est avant
l’éternité : en l’intelligeant donc lorsqu’ils y procèdent, les intellects par
essence connaissent sa mésure. La démarche de Dietrich est ici proche
de celle de Thomas : identifier les degrés des étants en fonction de leur
rapport à l’éternité ; les autorités citées par l’un ne se retrouvent pourtant
pas dans l’autre (notamment le rapport avec la prop. 88 de l’Elementatio,
montré par Thomas).
Quelques lignes plus loin, Dietrich fait de la même proposition du
Liber de causis le support pour décrire le troisième degré des étants : les
âmes des cieux, le âmes nobles, qui sont après l’éternité et au-delà du
temps, mais dans l’horizon de l’éternité. La lecture que Dietrich fait du
chap. II est particulièrement intéressante parce qu’il l’explique en lisant
le chap. III. Il montre ainsi que là où le chap. II parle de anima in
horizonte aeternitatis, le chap. III parle de anima nobilis et que les trois
opérations de l’âme noble décrites par le chap. III (divina, intelligibilis et
animalis) correspondent aux trois degrés des étants décrits dans le
chap. II : operatio divina désigne esse superius ante aeternitatem (i.e. la cause
première) ; operatio intelligibilis désigne esse cum aeternitate (i.e.
l’intelligence) ; operatio animalis désigne esse post aeternitatem et supra tempus
(i.e. l’âme des cieux ou l’âme noble). Les trois opérations sont cependant
unies absolument en Dieu, mais d’une manière qui rend difficile toute
tentative d’explication (selon le chap. VI du Liber de causis).
On peut encore ajouter que Thomas d’Aquin, dans son commentaire
du Liber de causis, compare, mais très rapidement, les trois degrés des
199
Liber de causis
étants présentés dans le chap. II avec les trois opérations accomplies par
l’âme noble présentées dans le chap. III. Ces rapprochements ont un rôle
plus important dans l’argumentation de Dietrich que dans celle de
Thomas (qui ne cite pas, d’ailleurs, la prop. 6 de l’Elementatio).
Dans le De ente cette même proposition 19 du Liber de causis sert à
Dietrich pour expliquer les différences entre les diverses essences des
trois degrés d'étants et pour conclure que l’essence est identique à
l’existence ; en partant du fait que le Liber de causis décrit l’essence des
trois genres d’étants à partir de leur mode d’être par rapport à l’éternité :
(1) l’esse est cause de l’éternité, (2) l’esse est dans l’horizon de l’éternité,
(3) l’esse est après l’éternité, mais cause du temps. Les trois degrés de l’esse
correspondent respectivement à Dieu, à l’intelligence et à l’âme des
cieux.
Dans le De mens. on trouve la même explication que dans le De cog.
ent., mais d’une manière plus détaillée et plus ample : l’éternité est l’unité
de mesure que les philosophes (determinabant philosophi) utilisent pour les
intelligences. L’étant supérieur à l’éternité et cause de celle-ci est Dieu,
l’étant dans l’horizon de l’éternité est l’intelligence et l’étant inférieur à
l’éternité mais cause du temps est l’âme des cieux.
III) Cap. III
n. 5) prop. 27, 28, 29
27. Omnis ANIMA NOBILIS TRES
HABET OPERATIONES : [ NAM EX
OPERIBUS EIUS EST] OPERATIO
ANIMALIS
ET
OPERATIO
INTELLECTIBILIS ET OPERATIO
DIVINA .
28. O PERATIO AUTEM DIVINA
EST
QUONIAM
IPSA
PARAT
NATURAM CUM VIRTUTE QUAE
EST IN IPSA A CAUSA PRIMA .
29. E IUS AUTEM OPERATIO
INTELLECTIBILIS EST QUONIAM
IPSA SCIT RES PER VIRTUTEM
INTELLIGENTIAE QUAE EST IN
IPSA .
De cog. ent. 19.(1) – (3), p. 182, l.
95 – 183, l. 117 : Sequitur ergo
tertio loco considerare de tertio
genere praemissorum, scilicet de
his, quas animas caelorum dicunt,
quas auctor Libri de causis dicit
« esse post aeternitatem (...) »,
quia, sicut ibi dicitur, « anima est
in horizonte aeternitatis inferius
et supra tempus », « quia est causa
temporis ». Et loquitur ibi de
ANIMA NOBILI, quam dicunt
animam caeli, de qua loquitur in 3
propositione, ut per se patet; dicit
enim ibi: « O MNIS ANIMA
NOBILIS
HABET
OPERATIONES ; NAM
EX
TRES
EIUS
200
Le poids de la citation
OPERATIONIBUS EST OPERATIO
ANIMALIS
ET
OPERATIO
INTELLIGIBILIS ET OPERATIO
DIVINA ». Et notandum, quod illa
tria,
quae
praemiserat
in
praecedenti
2
propositione,
scilicet « omne esse superius »
(...). Et sub aliis verbis appropriat
ea ANIMAE NOBILI , quam vult
intelligi animam caeli secundum
eam considerationis regulam,
quam id, quod est simpliciter et
unite
et
per
consequens
inexplicabiliter propriis verbis in
primo et summo bono, magis
determinatur
et
accedit
quodammodo ad multitudinem et
plurificationem in his, quae
sequuntur. Unde id, quod in
proxima propositione dixit « esse
superius ante aeternitatem »,
vocat hic in ista propositione
« OPERATIONEM DIVINAM », et
quod ibi vocat « esse cum
aeternitate »,
dicit
hic
« OPERATIONEM
INTEL LIGIBILEM », et quod ibi nominat
« esse post aeternitatem et supra
tempus », vult hic intelligi
« OPERATIONEM ANIMALEM » in
movendo corpus primum, quod
est caelum. Haec tria sunt in Deo
sic unite et simpliciter, quod
propriis verbis inexplicabiliter,
sicut supra inductum est de
Proclos et infra propositione 6
dicitur, quod « causa prima
superior est omni narratione ».
De cog. ent., 37.(4)-(6), p. 201, l.
42-54 : Ecce, nomine unius
circumloquitur primam causam,
Liber de causis
201
Deum,
quasi
non
habens
proprium nomen, quo positive
ipsum designet. Et sic superponit
(i.e. Proclus) eam (i.e. causam
primam) secundum substantiam
suam omnibus aliis entibus
causalibus.
Et
in
eadem
propositione videtur appropriare
intellectualitatem
et
modum
proprie intellectualiter causandi et
causae
(...)
videtur
autem
appropriare in eo, quod dicit
quod «omnibus intellectualibus
hypostasibus superius est ipsum
unum». Et infra propositione 130
loquens de intelligentiis dicit:
« Omnis divinus intellectus (...) ».
quod sic modo appropriato
intelligendi sub Deo competat (...)
ipsi intelligentiae, hoc dicit infra
171: « Omnis intellectus in
intelligendo instituit (...) ». De ista
appropriatione magis expresse
habetur
Libro
de
causis
propositione 3: « O MNIS ANIMA
NOBILIS
HABET
TRES
OPERATIONES ; NAM EX EIUS
OPERATIONIBUS EST OPERATIO
ANIMALIS
ET
OPERATIO
INTELLIGIBILIS ET OPERATIO
DIVINA ».
Commentum:
« O PERATIO
DIVINA
EST ,
QUONIAM
IPSA
PRAEPARAT
NATURAM CUM VIRTUTE , QUAE
EST IN EA A PRIMA CAUSA . EIUS
AUTEM
OPERATIO
INTELLIGIBILIS EST , QUONIAM
IPSA SCIT RES PER VIRTUTEM
INTELLIGENTIAE, QUAE EST IN
IPSA ». Ergo virtus intelligentiae,
quae est in sciendo
appropriatur intelligentiae.
res,
202
Le poids de la citation
De cog. ent., 94.(5), p. 258, l. 2427 : Sunt autem istae substantiae
separatae, de quarum cognitione
dictum
est
supra
et
commemorandum est hic: Deus,
prima causa; intelligentiae; animae
caelorum, quas Liber de Causis
ANIMAS NOBILES vocat ; spiritus
angelici; quibus quinto loco
annumerantur animae rationales
separatae.
De intellig., 1.(5), p. 354, l. 92-95 :
Ex iam dictis elici potest, quod
etiam anima caeli procedit ab
intelligentia, ex quo subiectum
suum - id est ipsum caelum –
procedit ab ea: sicut dicitur in
Libro de Causis, quod « prima
causa creavit animam mediante
intelligentia », et loquitur ibi de
ANIMA NOBILI, quae est anima
caeli.
6 occurrences
prop. 27 – 2x RSP, 2x RcGSP
prop. 28 – 1x RSP
prop. 29 – 1x RSP
RSP (le De cog. ent. 19.(1)–(3) et 37.(4)-(6)) : Deux citations parfaites et
longues. Le contexte thématique de la première a été analysé auparavant
(cf. supra, n. 4).
Dans la seconde citation du De cog. ent. (37.(4)-(6)), Dietrich reprend
le rapprochement qu’il fait entre ces propositions du Liber de causis et la
question de la cause première au-delà de toute narration. Dieu, dit
Dietrich, n’a quasiment aucun nom propre par lequel positive ipsum
designet ; par conséquent, Proclus (qu’il commente ici, notamment les
propositions 20, 134 (citée 130) et 174 (citée 171)) superpose la cause
première (Dietrich emploie indistinctement les termes causa prima et
Deus) selon sa substance sur les autres causes. Et ici Dietrich commence
203
Liber de causis
une belle discussion (qui mériterait plus de pages que nous ne pouvons
lui en accorder) sur le mot appropriatio. La troisième proposition du Liber
de causis est alors interprétée par Dietrich comme un argument en faveur
de cette appropriation des qualités des causes secondes dans la cause
première. Dans la première citation du De cog. ent., Dietrich avait
rapidement dit « haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter » ; il revient
à présent sur le même problème et montre comment les vertus d’une
cause secondaire se retrouvent d’une manière plus ample et plus noble
dans une cause supérieure, et toutes ces vertus se retrouvent dans la
cause première. Il cite alors ensemble les trois premières propositions du
Liber de causis (d’ailleurs la proposition I est commentée aussi – voir supra
n. 1).
RcGSP : Le De cog. ent., 94.(5) fait un recours général au Liber de causis
juste pour rappeler quelles sont les substances séparées de la hiérarchie
ontologique : au sommet, ayant le degré le plus noble, Dieu ; ensuite, les
intelligences ; en troisième position, les âmes des cieux (nommées
d’après le Liber de causis, âmes nobles) ; ensuite, les esprits angéliques
(spiritus angelici) ; enfin, à la cinquième place, les âme raisonnables
séparées. Ici Dietrich pose cinq degrés ; dans certains traités, il en
postule quatre et dans d’autres trois.
Dans le De intellig. 2.(5), le syntagme qui définit les âmes des cieux
comme âmes nobles est précédé par une autre citation de la même
prop. III mais concernant le développement sur la création des âmes
mediante intelligentia (cf. infra n. 7).
n. 6) prop. 30, 31, 34, 35
30.
O PERATIO AUTEM eius
ANIMALIS EST QUONIAM IPSA
MOVET CORPUS PRIMUM ET
OMNIA CORPORA ET NATURALIA ,
QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS
CORPORUM
ET
CAUSA
OPERATIONES NATURAE .
31. ET NON EFFICIT ANIMA HAS
OPERATIONES NISI QUONIAM
IPSA EST EXEMPLUM SUPERIORIS
VIRTUTIS .
34. PROPTER ILLUD ERGO ANIMA
INTELLECTIBILIS
EFFICIT
De cog. ent., 21.(4), p. 185, l. 5060 : Et hunc intellectum in
corpore caelesti dicimus animam
caeli, cuius virtute principaliter
caelum est causa essentialis
istorum inferiorum secundum
generationem et corruptionem
eorum, secundum quod habetur
ex Libro de causis in commento 3
propositionis,
scilicet
quod
« OPERATIO ANIMALIS ANIMAE
NOBILIS EST , QUONIAM IPSA
MOVET
PRIMUM
CORPUS
ET
204
Le poids de la citation
OPERATIONEM INTELLIGENTIAE ,
facta est inferioris operationis
quam ipsa in impressione sua in
id quod est sub ipsa.
35. QUOD EST QUIA IPSA NON
IMPRIMIT IN RES NISI PER
MOTUM, SCILICET QUIA NON
RECIPIT QUOD EST SUB EA
OPERATIONEM EIUS NISI IPSA
MOVEAT IPSUM. Propter hanc
ergo causam fit quod anima
movet
corpora ;
DE
PROPRIETATE NAMQUE ANIMAE
EST UT VIVIFICET CORPORA ,
QUANDO INFLUIT SUPER EA
VIRTUTEM SUAM, ET DIRECTE
PRODUCIT EA AD OPERATIONEM
RECTAM.
OMNIA CORPORA NATURALIA ,
QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS
CORPORUM
ET
CAUSA
OPERATIONIS NATURAE . ET NON
EFFICIT
ANIMA
HAS
OPERATIONES , NISI QUONIAM
IPSA EST EXEMPLUM VIRTUTIS
SUPERIORIS ».
Et
infra:
« PROPTER ISTUD ERGO ANIMA
INTEL-LIGIBILIS
EFFICIT
OPERATIONEM
INTELLECTIBILEM ».
Et infra:
« IPSA NON IMPRIMIT NISI PER
MOTUM ».
Et
infra:
« DE
PROPRIETATE NAMQUE ANIMAE
EST , UT VIVIFICET CORPORA ,
QUONIAM INFLUIT SUPER EA
VIRTUTEM SUAM ET DIRECTE
PRODUCIT EA AD OPERATIONEM
RECTAM ».
De cog. ent., 32.(3), p. 196, l. 6774 :
Unde, quod dicitur in
commento 3 propositionis Libri
de causis, ubi loquitur de ANIMA
NOBILI, quae est anima caeli; ibi
dicitur sic: « O PERATIO AUTEM
ANIMALIS EST , QUONIAM IPSA
MOVET CORPUS PRIMUM ET
OMNIA CORPORA NATURALIA ,
QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS
CORPORUM
ET
CAUSA
OPERATIONIS
NATURAE ».
Hucusque commentum. Videtur
innuere, quo anima talis non
moveat per modum causae
efficientis, sed modo sibi proprio,
id est inquantum per modum
formae est « CAUSA MOTUS
CORPORUM
ET
OPERATIONIS NATURAE
CAUSA
», et hoc
videtur intendere, quia dicit, quod
205
Liber de causis
eo
movet,
MOTUS
NATURAE
quo
ET
est « CAUSA
OPERATIONIS
».
De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 61 –
202, l. 80 : Convenienter autem
accipimus finem suae operationis
consummationem totius universi
corporalis secundum esse naturae
(...). Unde Proclus propositione
136: « Omnes deorum (...) ».
Modus autem suae causalis
influentiae
huic
fini
proportionatus et proprius huic
causae
est,
quod
habet
operationem
animalem
et
consistit in hoc, ut dicitur in
commento 3 propositionis Libri
de causis, « QUONIAM IPSA MOVET
PRIMUM CORPUS ET OMNIA
CORPORA NATURALIA , QUONIAM
IPSA
EST
CAUSA
MOTUS
CORPORUM
ET
CAUSA
OPERATIONIS ». Et infra: « QUOD
EST , QUIA IPSA NON IMPRIMIT IN
RES NISI PER MOTUM, SCILICET
QUIA NON RECIPIT , QUOD EST
SUB EA , OPERATIONEM EIUS , NISI
IPSA MOVEAT IPSAM ». Et infra:
« DE PROPRIETATE NAMQUE
ANIMAE EST , UT IPSA VIVIFICET
CORPORA , QUONIAM INFLUIT
SUPER EA VIRTUTEM SUAM ET
DIRECTE
PRODUCIT
EA
AD
OPERATIONEM RECTAM ». Ex his
colligimus, quis sit proprius
modus causalis influentiae huius
causae, quia est per virtutem
cuiusdam vitalis principii, cuius
virtus extenditur per motum et
sine motu non fieret.
206
Le poids de la citation
De cog. ent., 19.(5), p. 183, l. 121125 :
Ulterius
autem
ista
simplicitas et immensitas, quae
est in prima causa, determinatur
amplius in naturam animae ultra
intelligentiam, quod non solum
ipsa sit substantia intelligibilis,
verum quod salva intellectualitate sua fiat in ea virtus
animalis per inclinationem sui
AD CORPUS PRIMUM et in
movendo ipsum, sicut habetur
ex Libro de causis.
De elem., 30.(1), p. 80, l. 59 – 81, l.
66 : Constat, quod non minus,
sicut etiam dicit Commentator
super VIII Physicorum, scilicet
quod nobiliore modo et veriore
movetur caelum ex se quam
animalia in hoc mundo inferiore.
Manifestum est autem ex habitis
in Prima philosophia et ex Libro de
causis, quod principia motus
caeli sunt ab alio sicut et
principia motus gravium et
levium, et tamen non dicitur,
quod caelum moveatur a
generante.
9 occurrences
prop. 30 – 3x RSP, 2x RcGSI
prop. 31 – 1x RSP
prop. 34 – 1x RSP
prop. 35 – 2x RSP
RSP (De cog. ent., 21.(4), p. 185, l. 50-60 ; ibid., 32.(3), p. 196, l. 67-74;
ibid., 37.(8), p. 201, l. 61 – 202, l. 80) : La longue et correcte citation du
De cog. ent. (21.(4), p. 185) clôt le développement discuté auparavant (cf.
supra n. 5) : après avoir précisé les degrés des étants supérieurs et leurs
opérations propres, et après avoir décrit l’opération des étants du
Liber de causis
207
deuxième degré (les intelligences), Dietrich explique le propre des étants
du troisième degré : les âmes nobles ou les âmes des cieux. Il cite
d’abord le De caelo et le De sensu d’Aristote et donne enfin la longue
citation du Liber de causis. Dietrich décrit rapidement le rapport entre les
corps astraux et les intelligences (caelum participat intellectum essentialiter) ;
on peut alors soutenir, avec le Liber de causis, que l’intellect dans le corps
céleste (intellectum in corpore caelesti) est appelé l’âme du ciel et que grâce à
elle le ciel influe sur les corps inférieurs. L’opération, donc, de l’âme
noble par laquelle elle agit sur le corps astral et par son entremise sur les
corps de ce monde, est nommée operatio animalis ; et celle-ci est rendue
possible par la vertu reçue des substances supérieures.
En citant la même proposition une seconde fois dans le De cog. ent.
(32.(3), p. 196), Dietrich peut nuancer ses propos et montrer l’ordre des
causalités que le mouvement astral suppose : l’âme noble ne meut pas le
ciel selon la causalité qui lui est propre, à savoir selon une causalité
efficiente, mais selon le mode qui correspond au ciel (c’est-à-dire selon
une causalité formelle et matérielle). Ce que le Liber de causis soutient
aussi en disant que l’âme noble est la cause du mouvement du ciel et des
opérations de la nature.
Dans un contexte très similaire à cette seconde occurrence, apparaît
la prop. 30 dans le De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 61 – 202, l. 80 : après
avoir longuement abordé la question des vertus des causes secondaires et
défini ce qu’est l’appropriatio, Dietrich pose de nouveau le problème du
type de causalité spécifique. Il cite d’abord la prop. 140 de l’Elementatio et
reproduit immédiatement la prop. 30 du Liber de causis ; l’idée est donc la
même qu’auparavant : le mode de la causalité est conforme au mode de
la finalité.
RcGSI (le De cog. ent. (19.(5), p. 183 et De elem. (30.(1), p. 80)) : Dans le
De cog. ent. (19.(5), p. 183), Dietrich nomme le Liber de causis en faisant
référence, d’une manière générale, au fait que la simplicité absolue de la
cause première se détermine dans ou par le mouvement des astres, étant
donné que, selon ce qu’il vient de préciser (cf. nos remarques supra n. 5),
les vertus de toutes les substances séparées sont contenues dans la cause
première.
On remarque dans le De elem. (30.(1), p. 80) un enchaînement
d’autorités (la Physique d’Averroès, la Métaphysique – probablement
d’Aristote – et le Liber de causis) au sujet du mouvement du ciel produit
par un principe supérieur. Le recours au Liber de causis rappelle
effectivement les prop. 30-35 discutées déjà en détail.
Pour la citation d’Averroès voir la partie qui lui dédiée, n. 55.
208
Le poids de la citation
n. 7) prop. 32
32. Quod est quia CAUSA PRIMA
CREAVIT
ESSE
ANIMAE
MEDIANTE INTELLIGENTIA, et
propter illud facta est anima
efficiens operationem divinam.
De sub. spir., 18.(2), p. 316, l. 1217 : Intellectualia enim secundum
philosophos
sunt
causalia
principia
aliquo
modo
spiritualium, sicut dicitur in Libro
de causis commento propositionis
3, quod « PRIMA CAUSA CREAVIT
ESSE
ANIMAE
INTELLIGENTIA ».
MEDIANTE
Et
infra
commento
propositionis
9:
« Natura continet generationem
(...) ». Hucusque verba commenti.
De sub. spir., 19.(6), p. 317, l. 51 –
318, l. 77 : (...) si dicamus, quod
Deus producat res per esse
tantum, intelligentia autem in eo,
quod est esse et vita, quia
« intelligentia
est
habens
helyatim »,
sicut
dicitur
9
propositione Libri de causis, id est
« esse et forma ». (...) Unde et
Proclus
propositione
54 :
« Omne,
quod
a
secundis
producitur (...) ». Et in commento
propositionis 1 Libri de causis :
« Omnem operationem (...) ». Et
infra : « Et non figitur (...) ». Et
hoc est, quod dicitur Libro de
causis et supra inductum est,
scilicet quod « PRIMA CAUSA
CREAVIT
MEDIANTE
ESSE
ANIMAE
INTELLIGENTIA » :
Creatio enim, quae est propria
actio Dei, qua immediate est
causa rerum, est prima et
simplicissima et efficacissima
actio. (…) Et hoc est, quod
dicitur, quod « CAUSA PRIMA
CREAVIT
ESSE
ANIMAE
Liber de causis
209
INTELLIGENTIA »,
sicut inter primum et tertium
dicimus secundum esse medium.
MEDIANTE
De intellig., 1.(5), p. 354, l. 92-95 :
Ex iam dictis elici potest, quod
etiam anima caeli procedit ab
intelligentia, ex quo subiectum
suum – id est ipsum caelum –
procedit ab ea: sicut dicitur in
Libro de Causis, quod « PRIMA
CAUSA
CREAVIT
ANIMAM
MEDIANTE INTELLIGENTIA », et
loquitur ibi de ANIMA NOBILI ,
quae est anima caeli.
De intellig., 4.(1), p. 357, l. 2-14:
Secundum eum ordinem, quo a
suprema intelligentia et prima
procedente a Deo per actum
creationis
procedat
secunda
intelligentia et anima supremi
caeli (...) ita tamen, quod ex non
subiecto aliquo, sed non remota
actione ea, de qua dictum est,
quae propria est primae causae,
fundante omnes naturae actiones,
sive sint productivae rerum ex
subiecto aliquo praeiacente, sive
ex non subiecto, et hoc secundum
philosophos, unde in Libro de
causis dicitur in commento, et
inductum est supra, scilicet quod
Deus
« CREAVIT
ANIMAM
MEDIANTE
INTELLIGENTIA »,
quod non est aliud dicere, nisi
quod
intelligentia
produxit
animam ex non subiecto aliquo,
qui est proprius modus agendi
ipsi intelligentiae, videlicet agere
ex non subiecto, quem modum et
virtutem participat ex prima
210
Le poids de la citation
causa, quae Deus est, ex actione,
quae solum Dei est, et est creatio
(...).
De cog. ent., 1.(4), p. 168, l. 58-169,
l. 63 : Sed secundo loco modo
quodam
inferiore
procedunt
huiusmodi
ab
intelligentiis
supposita in eis actione, quae est
propria primae causae, quae est
creatio secundum philosophos, et
habetur ex Libro de causis, ubi
dicitur, quod Deus « CREAVERIT
ANIMAM
MEDIANTE
INTELLIGENTIA », id est coagente
intelligentia, non per modum
creationis, sed alio inferiore
modo sibi proprio, sicut etiam
dictum est supra de processu
intelligentiarum in esse.
De cog. ent., 5.(2), p. 171, l. 47-58 :
Est alia inter substantias secundi
et tertii ordinis ex parte una et
substantias, quae sunt quarti et
quinti ordinis supra positi, ex
parte altera attendenda differentia
in eo, scilicet quod illae, quae
sunt secundi ordinis supra dicti,
in se, videlicet secundum se ipsas,
habent ad invicem ordinem
causalem essentialem, inquantum
una intelligentia procedit ab alia
et respectu earum, quae sunt tertii
ordinis, quarum sunt etiam causae
essentiales
secundum
philosophos, ut supra dictum est,
quia dicunt animas caelorum
procedere ab intelligentiis, ut
expressum est in Libro de causis.
6 occurrences
Liber de causis
211
prop. 32 –2x RSP, 3x RcGSP, 1x RcGSI
RSP (le De sub. spir., (18.(2), p. 316 et De intellig. (4.(1), p. 357)) : Cette
proposition du Liber de causis est citée par Dietrich dans le De sub. spir.,
(18.(2), p. 316) pour décrire le deuxième niveau des étants supérieurs.
Dans le De intellig. (4.(1), p. 357) Dietrich revient sur le problème de
l’action opérée par les intelligences supérieures et précise que leur action
est une production (productio) sans sujet (ex non subiecto) qui est un degré
inférieur de la création (propre seulement à la cause première).
L’interprétation que Dietrich donne à la prop. 32 (citée correctement,
elle nécessite des guillemets dans l’édition !) est légèrement différente de
celle proposée antérieurement : dire que l’âme est créée par l’entremise
de l’intelligence, c’est dire que celle-ci produit (producit) l’âme sans sujet
ou sans intermédiaire (quod non est aliud dicere, nisi quod intelligentia produxit
animam ex non subiecto aliquo). La différence entre création sans
intermédiaire (propre uniquement à Dieu) et production sans
intermédiaire (propre aux intelligences supérieures) est très importante
pour Dietrich ; il y revient à plusieurs reprises.
RcGSP (le De sub. spir. 19.(6), p. 317 ; De cog. ent. (1.(4), p. 168 ; De
intellig. (1.(5), p. 354)) :
Dans le De sub. spir. (19.(6), p. 317, l. 51 – 318, l. 77), on retrouve la
même citation à la suite de plusieurs autres propositions du Liber de causis
(prop. 1 et prop. 90) ; Dietrich veut montrer que la création est propre à
la cause première (un thème qu’il traite souvent en citant le Liber de
causis), mais les causes secondaires y participent activement à cette
opération. Celles-ci ont une position intermédiaire entre Dieu et le
monde sublunaire, leurs actions étant plus particulières et moins simples,
et pourtant moins intimes et moins nobles que celles de la cause la plus
éloignée qui est la cause première.
Nous comptons une seule fois les deux occurrences (p. 317, l. 67 et
p. 318, l. 76) parce qu’elles sont dans le même contexte, dans la même
argumentation et dans le même but, à quelques lignes de distance ; la
seconde occurrence est d’ailleurs une sorte de reprise conclusive de la
première.
Dans le De cog. ent. (1.(4), p. 168), Dietrich cite cette proposition 32
du Liber de causis dans le même but dans le De sub. spir. : décrire le
deuxième niveau des étants supérieurs. Elle apparaît au tout début du
traité : la citation est correcte et nécessite des guillemets dans l’édition ;
le renvoi à d’autres chapitres (VIII(IX), XV(XVI), XVII(XVIII),
XXI(XXII), XXIII(XXIV)) du Liber de causis que font les éditeurs de
Dietrich ne nous semble pas nécessaire étant donné que la citation est
212
Le poids de la citation
parfaite. Il précise ici que les âmes des cieux sont créées avec la
participation de l’intelligence (coagente intelligentia).
La citation du De intellig. (4.(1), p. 357) est discutée aussi au n. 5. On
peut remarquer l’insistance de Dietrich sur la capacité des intelligences
supérieures, causes essentielles, de créer ex nihilo, tandis que les âmes des
cieux n’ont pas cette capacité. Il distingue ainsi entre habitudo causalis
substantialis ad non ens, par laquelle est produit l’être, et habitudo causae
essentialis ad ens, par laquelle on informe (seulement).
RcGSI : La référence dans le De cog. ent. (5.(2), p. 171) ressemble à celle
du De intellig. (1.(5), p. 354) ; dans les deux cas, Dietrich utilise
l’expression anima caeli procedit ab intelligentia, mais dans le De intellig. il
ajoute aussi les formules copiées ad litteram du chap. III du Liber de causis.
Doctrinalement, Dietrich n’apporte rien de plus par rapport à ce que
nous avons déjà vu.
n. 7') prop. 32 e t c .
Quod est quia causa prima creavit
esse
animae
mediante
intelligentia, et propter illud facta
est anima efficiens operationem
divinam.
De cog. ent., 15.(2), p. 180, l. 2327 : Et sic, quamvis intelligentiae
producant res ex nihilo secundum
philosophos agendo non ex
aliquo praeiacenti subiecto, non
tamen, quod non praesupponant
priorem et formaliorem actionem
propriam Deo, quae est et dicitur
creatio, sicut habetur ex Libro de
causis, ut patet inspicienti.
De cog. ent., 9.(1), p. 175, l. 60-69 :
(...) si, inquam, ita se habet omnis
intellectus quantum ad efficaciam
causandi, quanto potius ille
summus et primus intellectus, qui
Deus est, per essentiam sua
intellectuali operatione producit
res quodam summo et sibi soli
competenti et proprio et nulli
alteri communicabili modo, quem
creationem vocant, quem soli
Deo competere dicunt etiam
Liber de causis
213
philosophi, ut habetur ex Libro de
causis, quamvis ipsi philosophi
etiam quaedam alia productiva et
causalia principia posuerint, puta
intelligentias, quas dixerunt esse
principia rerum, sed inferiore
modo producendi, creationem
soli Deo tribuentes, sicut alibi
latius et efficacius ostensum est et
quam
rationabile
sit
hoc
attendendo immensitatem divinae
virtutis in causando res.
De cog. ent., 37.(1), p. 200, l. 6-13 :
(...) si consideremus finem
operationis primae et supremae
causae, quae Deus est, quem
finem
dicere
possumus
consummationem
universitatis
rerum, maxime quantum ad
statum futurae vitae, ad quem
ordinatur totalitas universi et in
corporalibus et in spiritualibus,
cui fini proportionatur et proprie
correspondet proprius modus
causalis influentiae, quae nulli
alteri causae convenit nisi soli
primae causae, quam causalem
influentiam dicere possumus
creationem, et sic vocant eam
philosophi, ut patet ex Libro de
causis.
De ente, I, 6.(5), p. 32, l. 26 – 33, l.
29 : Unde et eius (i.e. causae
primae) nobilissimae actionis,
quae est creatio, nobilissimus et
primus est effectus, ut dicitur 4
propositione Libri de causis:
«Prima rerum creatarum est esse.»
Et alibi in eodem in commento,
quod soli Deo competit creare
214
Le poids de la citation
De sub. spir., 19.(1), p. 316, l. 1924 : Quamvis enim solus Deus
creaverit
omnia
et
creet
immediate et ipse sit principium
omnium rerum immediate actione
sibi propria et incommunicabili
aliis, quam creationem dicimus,
sicut habemus etiam ex Libro de
causis, tamen salva pace et gratia
doctorum nostrorum non est
absonum nec alienum a ratione,
immo plurimum extollitur ex hoc
divinae
immensitatis
omnipotentia, ut possit creare
tales creaturas, quas intelligentias
dicimus, (...) tamen inferiore
modo, quam sit creatio, quae,
sicut dictum est, soli Deo
convenit, ut sic in ordine universi
(...).
De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 :
Istud concordat cum eo, quod
habetur
in
commento
propositionis 4 Libri de causis et in
aliis pluribus locis illius libri, hoc
tamen in his omnibus salvo, quod
solus Deus creat secundum eos,
sicut dicitur in Libro de causis.
De anim., 7.(4), p. 18, l. 61-66 :
Circa quod et hoc advertendum,
videlicet quod ille primus et
summus intellectus, qui est totius
entis principium, scilicet Deus,
quia agit non solum non
supponendo aliunde subiectum,
ex quo vel in quo agat, verum
etiam non supponendo actionem
cuiuscumque prioris vel altioris
virtutis, qua sua actio figatur et
fundetur in causando, ideo eius et
Liber de causis
215
sibi propria actio est creatio et
ipse solus creat, sicut dicitur in
Libro de causis.
7 occurrences
prop. 32 – 7x RcGSI*
Dans tous ces passages, Dietrich attribue au Liber de causis une thèse qui
ne s’y trouve pas telle quelle : la création est une opération qui est propre
seulement à Dieu. Il est difficile de savoir à quoi il songe lorsqu’il
attribue cette sentence au Liber de causis, mais on peut se servir de
quelques indices pour essayer de trouver une solution. Le premier se
trouve dans le De cog. ent., 1.(4), p. 168, l. 58 – 169, l. 63 : « Sed secundo
loco modo quodam inferiore procedunt huiusmodi ab intelligentiis
supposita in eis actione, quae est propria primae causae, quae est creatio
secundum philosophos, et habetur ex Libro de causis, ubi dicitur, quod
Deus ‘creaverit animam mediante intelligentia’, id est coagente
intelligentia (...) ». Dietrich utilise ici cette thèse en la citant en
compagnie de la prop. 32 du Liber de causis qui porte sur la création de
l’âme mediante intelligentia. Dans le même ouvrage, Dietrich cite encore
trois fois la même thèse, mais en l’attribuant explicitement au Liber de
causis (cf. tableau) et plusieurs autres fois sans aucune autorité.
On trouve la même manière d’argumenter dans le De sub. spir. (19.(6),
p. 317, l. 66-69) : « Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra
inductum est, scilicet quod ‘prima causa creavit esse animae mediante
intelligentia’ : Creatio enim, quae est propria actio Dei, qua immediate
est causa rerum, est prima et simplicissima et efficacissima actio ».
Bien qu’aucun des passages que nous avons rassemblés dans le
tableau ne donne d'adresse pour cette citation, nous pouvons considérer
en raison des rapprochements que nous venons de noter, que Dietrich
songe à la prop. 32. Mais si l’on tient également compte de l’importance
que Dietrich donne à la prop. 37 (« Prima rerum creatarum est esse et
non est ante ipsum creatum aliud ») où est décrite la première action
créatrice de Dieu, on peut la considérer aussi comme une source
probable. Il est donc difficile de déterminer une unique proposition qui
corresponde à la référence de Dietrich ; nous considérons la prop. 32
comme la source des citations de ce tableau.
Le thème de la création ex nihilo et de la production a été déjà discuté
auparavant (cf. supra, n. 3 et 7) ; nous remarquerons à présent l’usage
constant des formules : soli Deo competit creare ou creatio convenit soli causae
primae. Etant donné que cette thèse ne se trouve pas telle quelle dans le
216
Le poids de la citation
Liber de causis et que Dietrich la cite fréquemmenten utilisant les mêmes
expressions, on pourrait supposer qu’il la reprend d’une source
intermédiaire ou qu’il s’est forgé lui-même le vocabulaire et a pris
l’habitude de recourir à ces termes quand il évoque ce thème.
Pour les cas où Dietrich utilise la même formule sans l’attribuer à
une autorité on peut se reporter à : « (...) quas intelligentias vocant, quae,
sicut saepe dictum est, id, quod sunt, sunt intellectus in actu per
essentiam, quae ponebant philosophi causalia rerum principia post Deum
et sub Deo, id est supposita in Deo actione sibi propria, quae est creatio.
Nihilominus ista secundum eos sunt quaedam productiva rerum
principia suo modo, scilicet sibi proprio inferiore a Deo sibi indito,
inferiore, inquam, quam sit ille, qui est proprius Deo, quem creationem
vocant, in quo, sicut alibi expressum est, virtus divinae omnipotentiae
(...) » (De cog. ent., 14.(1), p. 179, l. 4-13).
n. 7'') prop. 32 e t c .
Quod est quia causa prima creavit
esse
animae
mediante
intelligentia, et propter illud facta
est anima efficiens operationem
divinam.
De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-40 :
Signum veritatis istorum, quae hic
dicta sunt, est hoc, quod
tractaverunt
philosophi
de
profluxu entium a prima causa,
quod, quamvis haberi possit a
primis et praecipuis philosophis,
Aristotele videlicet et Platone et
ex Proclo Platonico et ex Libro de
causis, tamen manifeste habetur
ab Avicenna in Metaphysica sua,
cuius abbreviator fuit Algazel.
Posuerunt autem dicti philosophi
res fluere a Deo secundum
quendam ordinem, ut videlicet
primo procedat a Deo prima
intelligentia et ab hac procedat
intelligentia secunda et anima
primi caeli et primum caelum, ab
hac autem secunda intelligentia
procedat tertia et anima secundi
caeli et secundum caelum et sic
deinceps
usque
ad
illam
intelligentiam, a qua procedit
Liber de causis
217
anima infimi caeli et infimum
caelum et illa intelligentia, quae
causat substantiam generabilium
et corruptibilium.
1 occurrence
prop. 32 – 1x RcGSI*
La référence au Liber de causis apparaît ici dans un enchaînement
d’autorités. On peut considérer, comme sa source probable, la prop. 32,
mais on peut considérer aussi la prop. 37 et de plusieurs autres où sont
explicitement décrits la création des âmes nobles et la création de l’esse, le
mouvement du ciel, la causalité que celui-ci exerce sur les choses de ce
monde et ainsi de suite. Ce renvoi explicite n’est pas détaillé dans
l’apparat des sources (il manque aussi dans l’index).
IV) Cap. IV
n. 8) prop. 37, 38, 39 et 44
37. PRIMA RERUM CREATARUM
EST ESSE ET NON EST ANTE
IPSUM CREATUM ALIUD.
38. Quod est quia esse est supra
sensum et supra animam et supra
intelligentiam, ET NON EST POST
CAUSAM PRIMAM LATIUS NEQUE
PRIUS CREATUM IPSO.
39. PROPTER ILLUD ERGO
FACTUM EST SUPERIUS CREATIS
REBUS
OMNIBUS
ET
VEHEMENTIUS UNITUM.
44. (...) ET ESSE QUIDEM
CREATUM
PRIMUM
EST
INTELLIGENTIA
totum,
verumtatem intelligentia in ipso
est diversa per modum quem
diximus.
De int., II, 15.(1), p. 156, l. 3 –
11 : Si igitur placet secundum
similitudinem
proportionis
sumere coordinationem generum
et specierum in separatis sicut in
his
inferioribus
secundum
maiorem
vel
minorem
universalitatem et abstractionem,
dicemus (...) quod inter res
creatas
supremum
gradum
abstractionis seu separationis et
universalitatis tenent recipientes
essentiam suam a prima causa
quantum
ad
primam
et
simplicissimam
et
universalissimam
intentionem,
scilicet esse, quod est primus
terminus creationis, sicut dicitur
in Libro de Causis, scilicet quod
« PRIMA RERUM CREATARUM EST
218
Le poids de la citation
ESSE
».
De vis. beat., 3.2.9.1.(3), p. 86, l.
26-33 :
Consistit
autem
communis-sima et simplicissa et
prima ratio entis in eo, quod ipsa
est prima et simplicissima
omnium intentionum repertarum
in rebus, qua res primo sunt
aliquid et primo differunt a nihilo
et quantum ad deductionem eius
ad esse in rebus creatis –
« PRIMA »
enim
« RERUM
CREATARUM EST ESSE » – et
quantum ad essentiam rerum in
se – omnes enim rerum
intentiones in ipsam tamquam in
primam et simplicissimam et
communissimam resolvuntur et
per eam in natura formaliter
figuntur, ut patet ex pluribus
propositionibus Libri de causis.
De vis. beat., 3.2.9.4.(4), p. 91, l.
29-43 : In omni enim re prius
natura et intellectu attenditur hoc,
quod distat a nihilo, et hoc non
est nisi essentia et esse rei
inquantum huiusmodi. PRIMA
ENIM RERUM CREATARUM EST
ESSE,
quod
proprium
est
essentiae inquantum essentia,
sicut dicit Augustinus libro De
immortalitate animae, ubi dicit,
quod essentia dicitur eo, quod est,
et De Trinitate l. VII c. 10, ubi
dicit: « Quod enim est sapientiae
sapere (...) hoc est essentiae
ipsum esse ». Et Boethius De
Trinitate idem dicit sententialiter,
immo amplius determinat ibi
essentiam rei esse ipsum esse. (...)
Liber de causis
219
Essentia enim seu esse est prima
et simplicissima et formalissima
omnium intentionum in entibus,
ut habetur ex Libro de causis, quae
etiam
in
habendo
gradus
nobilitatis et perfectionis, sicut se
habet in principiis separatis,
incomparabiliter
adhuc
praeeminet in rebus respectu eius,
quod
substantiae
sunt
vel
quaecumque
aliae
formae
accidentales.
De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 :
Est enim principium omnino
separatum, cui competit primus et
simplicissimus
principiandi
modus, videlicet per simplicem
emanationem et constitutionem
in esse, ut propria ratio
principiatorum et procedentium
ab ipso sit ipsum esse rei
inquantum esse, ut dicitur in Libro
de causis, quod « PRIMA RERUM
CREATARUM EST ESSE ».
De orig., 5.(36), p. 191, l. 354-356 :
Et hunc causandi modum vocant
creationem, quamvis non eadem
ratione, qua dicitur creatio apud
theologos; unde in Libro de causis
dicitur, quod « PRIMA RERUM
CREATARUM
EST
ESSE ».
Unumquodque
enim
ens,
secundum
quod
in
ipsum
descendit
causalitas
primae
causae, dicitur ens, quae est prima
et
formalissima
omnium
intentionum.
De ente, I, 6.(2), p. 32, l. 5 – 34, l.
69 : Quia esse significat rem suam
220
Le poids de la citation
sub prima omnium intentione,
qua res distat a nihilo inquantum
huiusmodi – « PRIMA » enim
« RERUM
CREATARUM
EST
ESSE »», De causis propositione 4 –
quaelibet autem res secundum
totam essentiam suam distat a
nihilo et non secundum aliquod
accidens sibi, sed modo essentiali
seu essentialiter distat, ergo esse
significat totam rei essentiam (...)
Unde et eius (i.e. causae primae)
nobilissimae actionis, quae est
creatio, nobilissimus et primus est
effectus, ut dicitur 4 propositione
Libri de causis: « PRIMA RERUM
CREATARUM EST ESSE ». Et alibi
in eodem in commento, quod soli
Deo competit creare. (...) Ergo
actio Dei nobilissima, quae est
creatio, non terminatur nisi ad
essentiam. Sed terminatur ad esse.
Ergo esse est idem, quod essentia.
Praeterea
necessarium
esset
secundum dictam positionem, si
esse esset accidens, quod prima
essentiarum
haberet
aliud
principium quam Deum, vel
oporteret dicere, quod res
procederent a Deo mediante
aliquo accidente, quod esset
formaliter causale principium
ipsis rebus sic procendentibus a
Deo, quia « PRIMA RERUM
CREATARUM EST ESSE », sicut
dictum est. (...) Et sicut dictum
est de esse respectu hominis, sic
se habet esse ad omnem rerum
universitatem, sicut dicitur 4
propositione
De
causis
in
commento sic: « ET NON EST
POST PRIMAM CAUSAM LATIUS
Liber de causis
221
NEQUE PRIUS CAUSATUM IPSO.
PROPTER ILLUD ERGO FACTUM
EST SUPERIUS REBUS CREATIS
OMNIBUS
ET
VEHEMENTIUS
UNITUM ». Ex his ergo arguitur,
quod esse significat totam
essentiam cuiuscumque rei. (...)
Idem ostenditur auctoritate Libri
de causis propositione 2: « Omne
esse superius (...) ». (...) Et ita est
hic distinctio essentiarum sub
nomine ipsius esse. Ergo esse
significat
essentiam
rerum.
Praeterea
in
eodem
libro
propositione 4: « PRIMA RERUM
CREATARUM EST ESSE ». Sed esse
non importat nisi actum essendi.
Ergo nihil aliud est dicere
« PRIMA RERUM CREATARUM EST
ESSE »
quam « prima rerum
creatarum est aliqua essentia
secundum actum ». Et hoc est,
quod dicitur in commento
eiusdem propositionis: « ET ESSE
QUIDEM CAUSATUM PRIMUM EST
INTELLIGENTIA ».
Ergo esse
significat rei essentiam.
De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 :
Istud concordat cum eo, quod
habetur
in
commento
propositionis 4 Libri de causis et in
aliis pluribus locis illius libri, hoc
tamen in his omnibus salvo, quod
solus Deus creat secundum eos,
sicut dicitur in Libro de causis.
Procedere enim rem a re non est
unam creare aliam, sed creare est
sic
producere,
quod
non
praesupponat aliquod subiectum
(...) quidquid agit causa secunda
in essentialiter ordinatis, agitur a
222
Le poids de la citation
causa superiore, sed eminentiore
modo, ut dicitur in Libro de causis,
et Proclus propositione 54 sic:
« Omne, quod a secundis (...) ».
12 occurrences
prop. 37 –
prop. 38 –
prop. 39 –
prop. 44 –
5x RcGSP, 3x RSP, 1x RSI
1x RSP
1x RSP
1x RSP
RcGSP (De int., II, 15.(2), p. 156 ; De vis. beat., 3.2.9.1.(3), p. 86, l. 29-43 ;
ibid., 3.2.9.4.(4), p. 91, l. 29-43 ; De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 ; De orig.,
5.(36), p. 191, l. 354-356) : Dietrich cite dans le De int. (II, 15.(2), p. 156)
la prop. 37 à la suite d’une référence explicite à la prop. 120 du Liber de
causis ; le contexte est une discussion sur ce qu’est le genre et l’espèce
pour les substances séparées. Il conclut que le premier effet de la cause
secondaire, le plus général et le plus universel est l’esse qui se particularise
dans et par les intelligences inférieures. Etant donné que la citation
correspond parfaitement au texte source, elle devrait être signalée par
des guillemets (comme nous le faisons dans le tableau).
Les deux occurrences dans le De vis. beat. (3.2.9.1.(3), p. 86 et
3.2.9.4.(4), p. 91) sont particulièrement intéressantes parce que la citation
correcte de la prop. 37 n’est pas indiquée comme telle, la référence
explicite au Liber de causis apparaît légèrement plus loin.
La première occurrence dans le De vis. beat. (3.2.9.1.(3), p. 86) est
dans un contexte noétique : en décrivant le statut ontologique de
l’intellect possible, Dietrich montre que la vision béatifique ne peut pas
s’accomplir à travers lui. Il commence donc une ample présentation des
divers modes d’être. Il cite alors la proposition selon laquelle la première
des choses créées, la plus simple et la plus commune (communissima) est
l’esse.
La seconde occurrence de la même sentence dans le De vis. beat.
(3.2.9.4.(4), p. 91) a un autre but et apparaît dans un autre cadre. Dietrich
montre ici que ce par quoi une chose s’éloigne le plus du néant (distat a
nihilo), c’est par son essence ; or, la première des choses crées est l’esse
qui caractérise l’essence en tant qu’essence (... est esse quod proprium est
essentiae inquantum essentia). Suit une série de citations d’Augustin et de
Boèce et finalement la référence explicite au Liber de causis qui ont toutes
pour but de soutenir que l’être est identique à l’essence. Dietrich va
Liber de causis
223
même modifier cette proposition en disant : « essentia seu esse est prima
intentionum in entibus ut habetur ex Libro de causis ».
Dans le De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 Dietrich cite la sentence du
Liber de causis dans un autre but encore, lors d’une argumentation sur les
trois degrés généraux de causalité : le premier degré de causalité, le plus
simple, est la constitution de l’être en tant qu’être à partir de la cause
première (prima rerum creatarum est esse) ; le deuxième degré de causalité est
sous la raison de la forme (sub ratione formae) qui procède dans le ciel ; le
troisième degré de causalité correspond à la substance qui meut la nature
entière selon les principes de la génération et de la corruption.
La citation dans le De orig. apporte une précision qui ne se trouve
dans aucun des autres endroits où Dietrich cite cette prop. 37 du Liber de
causis : les philosophes parlent de la création, mais non sous le même
aspect que les théologiens. La citation de la prop. 37 qui suit cette idée
vient confirmer les positions des philosophes, mais Dietrich ne détaille
pas plus ; les citations d’Augustin qui précèdent la référence au Liber de
causis ne sont pas commentées sous cet aspect.
Dans d’autres textes, Dietrich cite tacitement cette même sentence et
l’attribue d’une manière générale aux philosophes ; on pourrait l’indiquer
dans l’apparat des sources du De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 : « (...) res
talis non solum sit ens per distantiam eius a nihilo, sed etiam sit hoc vel
hoc secundum aliquam informationem, sicut de primo causato, quod est
intelligentia secundum philosophos, dicitur in Libro de causis, quod ipsa
est hyliatim, id est ens et forma, saltem quantum ad modum
intelligendi ».
RSP (De ente, I, 6.(2), p. 32, l. 5 – 34, l. 69) : Le problème de l’identité
entre l’essence et l’être est largement expliqué dans le De ente et l’un des
arguments principaux de ce texte est fondé sur la prop. 37 du Liber de
causis ; d’ailleurs Dietrich dédie trois pages (dans l’édition) au
commentaire de cette proposition – et nous pouvons compter quatre
occurrences distinctes étant donné que l’on a affaire à quatre thèses
différentes ou plutôt quatre nuances de la même thèse principale.
L’interprétation de Dietrich est originale et mériterait plus de
considération que nous ne pouvons lui accorder dans ce cadre.
Nous remarquerons, de plus, que, dans le De ente, Dietrich cite,
comme dans le De vis. beat., le même ouvrage de Boèce (le De Trinitate)
pour renforcer l’autorité de Liber de causis ; et qu’il emploie toujours
l’argument de l’éloignement du néant (distare a nihilo) pour soutenir que
l’action la plus noble consiste à créer l’essence ; or, la première des
choses créées est l’être, donc l’être est identique à l’essence. Soulignons
aussi le bel argument selon lequel, en s’appuyant toujours sur le Liber de
224
Le poids de la citation
causis, si l’esse n’était pas identique à l’essentia, mais à un accidens, toutes les
choses aurait été créées par Dieu mediante aliquo accidente (en faisant
manifestement référence à la formule : creavit mediante intelligentia, sachant
que intelligentia est esse).
RSI (De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57) : Pour la citation du De int.,
I.11.(2), p. 144 nous remarquerons surtout que Dietrich se réfère
explicitement à la proposition 37 du Liber de causis, il ne cite aucune
formule, aucune doctrine ; on suppose que, par ce renvoi précis, il songe
à la question de la création des âmes, d’autant plus que par la suite
Dietrich parle de la différence entre création et production.
V) Cap. (V) e tc .
n. 9) prop. 49
Intelligentiae superiores primae,
quae sequuntur causam primam,
imprimunt formas secundas,
stantes, quae non destruuntur ita
ut sit necessarium iterare eas vice
alia. Intelligentiae autem secundae
imprimunt
formas
declines,
separabiles, sicut est anima.
De nat. contr., 13.(4), p. 94, l. 7680 : Et istud exemplariter patet
intuenti
quodcumque
genus
causarum essentialium, earum,
inquam,
quae sunt causae
secundum actum, sicut habemus
ex Libro de causis. Sicut autem se
habet
in
entibus
positivis
secundum iam dictum modum,
sic proportionaliter se habet in
ordine eorum, quorum ratio
consistit in remotione vel
privatione, ut sunt genera
oppositionum praetacta.
1 occurrence
prop. 49 – 1x RcGSI*
Cette référence porte sur un thème qui ne se trouve pas tel quel dans le
Liber de causis : les causes secondes sont des causes essentielles. Propre à
la pensée cosmologique de Dietrich, cette doctrine est pourtant attribuée
au Liber de causis par une démarche semblable à celle qui identifie les
intelligences supérieures avec l’intellect agent (cf. Averroès, n. 72). Il est
impossible de donner une seule indication précise pour cette thèse, étant
225
Liber de causis
donné que plusieurs propositions du Liber de causis décrivent les
opérations des causes secondes : prop. 49sq., 74 etc.
VI) Cap. V(VI)
n. 10) prop. 57
57. CAUSA PRIMA SUPERIOR EST
OMNI NARRATIONE . ET NON
DEFICIUNT
LINGUAE
A
NARRATIONE EIUS NISI PROPTER
NARRATIONEM
ESSE
IPSUM,
QUONIAM
IPSA
EST
SUPRA
OMNEM CAUSAM et non narratur
nisi per causas secundas quae
illuminantur a lumine causae
primae.
De int., I, 4.(2), p. 138, l. 47-57 :
Dicit
(i.e.
Proclus)
ergo
propositione 20 sic: « Omnibus
corporibus
(...) ».
Quartum
circumloquitur
nomine
importante privationem, scilicet
unitate, et hoc, sicut dicitur in 6
propositione Libri de causis:
« CAUSA PRIMA SUPERIOR EST
OMNI NARRATIONE , ET NON
DEFICIUNT
LINGUAE
A
NARRATIONE
NISI
PROPTER
NARRATIONEM
ESSE
EIUS ,
QUONIAM
IPSA
EST
SUPER
OMNEM CAUSAM ». Et infra
propositione 22: « Prima causa
(...) ». Et supra propositione 21:
« Primum est (...) ». Commentum:
« Et significatio (...) ».
De cog. ent., 19.(1)-(5), p. 182, l.
95-125 : Et notandum, quod illa
tria,
quae
praemiserat
in
praecedenti
2
propositione,
scilicet « omne esse superius » et
cetera (...). Haec tria sunt in Deo
sic unite et simpliciter, quod
propriis verbis inexplicabiliter,
sicut supra inductum est de
Proclos et infra propositione 6
dicitur, quod « CAUSA PRIMA
SUPERIOR
NARRATIONE
EST
».
OMNI
226
Le poids de la citation
2 occurrences
prop. 57 – 2x RSP
Dans le De int. (I, 3.(2), p. 138) Dietrich cite les propositions 57, 166 et
162, 163 du Liber de causis à la suite de trois citations correctes de
l’Elementatio theologica ; en pleine argumentation sur les quatre modes
d’être (maneries entium), les citations du Liber de causis ont le rôle d’appuyer
la thèse selon laquelle la cause première, contrairement aux trois autres
degrés d’être, est au-delà de toute narration. Les propositions 57, 162 et
163 énoncent la même idée et Dietrich les cite ensemble.
Le contexte doctrinal de la citation du De cog. ent., 19.(1)-(5), p. 182 a
été analysé auparavant (cf. supra, n. 5). Nous remarquerons en outre que
Dietrich explique et cite, tant dans le De int. que dans le De cog. ent., la
prop. 57 du Liber de casusis et la prop. 20 de l’Elementatio theologica ;
Thomas fait appel à la prop. 123 de l’Elementatio pour cette même
sentence du Liber de causis.
VII) Cap. VI(VII)
n. 11) prop. 64, 67 et 70
64.
INTELLIGENTIA
EST
SUBSTANTIA
QUAE
NON
DIVIDITUR .
67. (...) QUOD SI INVENIATUR IN
EA MULTITUDO, NON INVENITUR
NISI QUASI RES EXISTENS UNA .
Cum
ergo
intelligentia
sit
secundum hunc modum, penitus
divisionem non recipit.
70. Et significatio <...> quod
INTELLIGENTIA non est corpus
neque dividitur eius SUBSTANTIA
ET OPERATIO eius, est quod
UTRAEQUE SUNT RES UNA . ET
De sub. spir., 9.(2), p. 310, l. 1222 : Et istud concordat, immo
potius est id, quod dicitur Libro de
causis
propositione
7:
« INTELLIGENTIA
EST
SUBSTANTIA ,
QUAE
NON
DIVIDITUR »;
in
commento:
« QUOD, SI INVENIATUR IN EA
MULTITUDO, NON INVENITUR
NISI EXISTENS QUASI RES UNA ».
Et infra aliquibus interpositis
ostendit modum multitudinis et
unitatis cum causa utriusque
dicens: « ET INTELLIGENTIA
INTELLIGENTIA
QUIDEM
EST
MULTA
PROPTER
BONITATES
QUAE ADVENIUNT EI A CAUSA
PRIMA .
ET IPSA QUAMVIS
MULTIPLICETUR
PER
HUNC
QUIDEM EST MULTA PROPTER
BONITATES , QUAE ADVENIUNT
EI A CAUSA PRIMA . ET IPSA ,
QUAMVIS MULTIPLICETUR PER
HUNC MODUM, TAMEN , QUOD
Liber de causis
MODUM ,
TAMEN
QUIA
APPROPINQUAT UNI, FIT UNUM
ET NON DIVIDITUR .
227
APPROPINQUAT UNI, FIT UNUM,
QUOD
NON
DIVIDITUR ».
Praemiserat autem immediate,
scilicet quod in INTELLIGENTIA
SUBSTANTIA ET EIUS OPERATIO
UTRAQUE EST RES UNA . Et infra
propositione 9 dicit, quod
« Intelligentia
est
habens
helyatim, quoniam est esse et
forma ».
3 occurrences
prop. 64 – 1x RSP
prop. 67 – 1x RSP
prop. 70 – 1x RSP
Ceci est l’unique occurrence des propositions du chap. 64 dans l’œuvre
de Dietrich. Deux des manuscrits collationnés par A. Pattin ont une
forme proche de celle que Dietrich cite : « quod, si inveniatur in ea
multitudo, non invenitur nisi existens quasi res una ». Dans le Vat. Ottob.
lat. 1415 et dans Oxford, Bodl. Selden sup. 24 on lit « quod si invenitur in ea
multiduo non invenitur nisi existens quasi sit res una » ; ceci serait aussi
la variante correspondant le plus au texte arabe 17.
Citée correctement et intégralement en compagnie de la prop. 90, les
propositions du chap. 64 ont ici le rôle d’exemplifier et de décrire le
deuxième mode des étants conceptionnels (secunda maneries entium
conceptionalium) qui correspond à l’intellect agent de l’homme (intellectus
agens in nobis). Dieu est la cause immédiate qui le constitue et préserve de
la sorte la simplicité (de son effet) ; comme le confirme aussi le Liber de
causis : l’intelligence est la substance simple, qui ne se divise pas et dans
laquelle la multitude provenant de la cause première se trouve sous la
raison de l’unité. Cette simplicité de la substance est le garant de
l’identité entre l’essence et l’opération de l’intelligence, une simplicité qui
la rend semblable à Dieu (non distaret a summe simplici quod est Deus) ; elle
est une substance intellectuelle par son essence (à savoir selon la
substance et selon l’opération). La proposition 90 citée à la fin de ce
raisonnement renforce l’idée de l’identité entre la substance et
l’opération de l’intelligence supérieure : quoniam est esse et forma. Cette
17 Cf. R. T AYLOR , « Remarks on the Latin Text and the Translation of the Kalam fi
Mahd Al-Khair/Liber de causis », in : Bulletin de philosophie médiévale 31 (1989), p. 91,
n. 26**.
228
Le poids de la citation
thèse est particulièrement importante pour la noétique et la cosmologie
de Dietrich ; dans d’autres textes, il soutient la même idée en faisant
explicitement recours à Averroès (n. 68).
On notera ici aussi l’identification faite par Dietrich entre l’intellect
agent et l’intelligence première du Liber de causis.
n. 11') prop. 64 e tc .
VI(VII).64 :
Intelligentia
est
substantia quae non dividitur.
De int., I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 :
Et de isto genere sunt illae
intellectuales substantiae, quas
philosophi intelligentias vocabant,
de quibus agitur in Libro de causis
et in libro Procli, quas in pluribus
locis illius libri deos nominat,
quamvis secundum diminutam et
imperfectam rationem deitatis,
sicut etiam Philosophus in XII
Metaphysicae approbat dictum
illorum, qui vocabant principia
moventia
caelos,
vocabant,
inquam,
deos
secundum
diminutam
et
imperfectam
rationem deitatis.
De cog. ent., 2.(3), p. 170, l. 94101 : Et, sicut supra dictum est
secundum philosophos, directo
ordine causali dependent a saepe
dictis substantiis intellectualibus
superioribus, quas intelligentias
vocant, secundum quod habetur
in Libro de causis, sed indirecte
quasi ex causa sine qua non
dependent a subiectis suis, quae
sunt corpora caelestia, quorum
sunt formae. (...) Et hoc
nonnullam rationem habet: Tales
enim substantiae sunt intellectus
per essentiam, ut dictum est.
Liber de causis
229
2 occurrences
prop. 64 – 2x RcGSI*
Ces références sont particulièrement difficiles à traiter parce qu’elles ne
présentent aucune thèse précise du Liber de causis (ou de Proclus),
l’évocation du fait que les substances supérieures sont nommées
intelligences étant très vague. En effet, on peut indiquer comme source
plusieurs chapitres où cette thèse est explicite : VI(VII)-X(XI),
XII(XIII), XVIII(XIX) etc. Le but de Dietrich, clairement précisé dans
le De cog. ent. (2.(3), p. 170), est de montrer que l’intellect agent dont il
parle est identique aux intelligences supérieures du Liber de causis.
Il faut souligner que, dans d’autres ouvrages, Dietrich utilise les
mêmes formules sans pour autant faire appel au Liber de causis. En voici
quelques exemples : « Si igitur placet secundum similitudinem
proportionis sumere coordinationem generum et specierum in separatis
sicut in his inferioribus secundum maiorem vel minorem universalitatem
et abstractionem, dicemus superiores intellectus, quos philosophi
intelligentias vocabant, constituere quandam generis coordinationem
(...) » (De int., II, 15.(1), p. 156, l. 3-6) ; « (...) et sic ipsum esse
determinatum in diversas intelligentias manet nihilominus sic commune,
ut per appropriationem dicatur de toto illo substantiarum genere, quas
intelligentias dicimus, scilicet quod procedat a prima causa secundum
esse, ut sic constituamus rationem generis in separatis » (De int., II,
15.(1), p. 156, l. 14 – 157, l. 18). Voir aussi : De intellig., 2.(1), p. 354, l. 46 ; De mens., 2.(11), p. 219, l. 129-141 ; De sub. spir., 19.(1), p. 316, l. 1924.
VIII) Cap. VII(VIII)
n. 12) prop. 72
72. OMNIS INTELLIGENTIA SCIT
QUOD EST SUPRA SE ET QUOD
EST SUB SE: verumtatem scit quod
est sub se quoniam est CAUSA ei,
et SCIT QUOD EST SUPRA SE
QUONIAM ACQUIRIT BONITATES
AB EO.
De int., II, 38.(1), p. 176, l. 32-44 :
Quamvis autem tria praedicta
attendamus
in
cognitione
intellectus agentis, (…) hoc
tamen
non
facit
tres
intellectiones, sed unam solam,
sicut etiam suum principium, a
quo procedit, uno solo actu
cognitionis intelligit se et alia et,
230
Le poids de la citation
sicut colligitur ex pluribus
propositionibus Libri de causis,
quaelibet
INTELLIGENTIA
intelligit, QUOD EST SUPRA SE,
hoc est causam suam, stat etiam
fixa cognoscendo rediens super
essentiam
suam
reditione
completa, intelligit etiam, QUOD
EST SUB EA , id est causatum
suum, non tribus intellectionibus,
sed
uno
simplici
actu
intellectionis.
De int., III, 24.(4), p. 196, 38-44 :
Quantum autem ad utrumque
istorum simul, id est quantum ad
intellectum, qui est causa, et
quantum ad intellectum, qui est
alterius alicuius causatum, de
habitudinibus videlicet istorum ad
invicem, scilicet quod tales
habitudines sunt intellectualiter,
habemus ex 8 propositione Libri
de causis, ubi sic dicitur: « O MNIS
INTELLIGENTIA SCIT , QUOD EST
SUPRA SE, ET SCIT , QUOD EST SUB
SE. VERUMTAMEN SCIT , QUOD
EST SUB SE, QUONIAM EST CAUSA
EI, ET SCIT , QUOD EST SUPRA SE ,
QUONIAM ACQUIRIT BONITATES
AB EO ».
De cog. ent., 17.(1), p. 181, l. 5459 : Primo in intelligendo primam
causam, quo etiam primo capiunt
essentiam suam, sicut dicitur
propositione 8 Libri de causis sic:
« O MNIS INTELLIGENTIA SCIT ,
QUOD EST SUPRA SE », quod
exponitur in textu eiusdem
propositionis sic: « S CIT , QUOD
EST
SUPRA
SE ,
QUONIAM
231
Liber de causis
ACQUIRIT BONITATES AB EO
».
De cog. ent., 24.(3)-(4), p. 187, l. 20
– 188, l. 30 : Sed, sicut dicitur 8
propositione Libri de causis,
huiusmodi impressiones reales
sunt, id est sunt reales sic,
quod sua realitate sunt causa
rerum sensibilium. Et sic talis
intellectualis substantia, quae est
intellectus
per
essentiam,
secundum
absolutam
suae
substantiae
praeexistentiam
realiter et essentialiter praehabet
in se, sed modo simplici et unite,
totum ens, non solum, quod est ei
causa in essendo, sed etiam ea,
quae sunt post ipsum, quorum
ipse talis intellectus est causa,
secundum
quod
dicitur
8
propositione Libri de causis,
quamvis loquatur ibi auctor de
intelligentia, quod, quia convenit
ei
ratione
intellectualitatis,
secundum hoc convenit omni
intellectui, qui est intellectus per
essentiam, secundum eandem
rationem.
4 occurrences
prop. 72 – 1x RcGSP, 2x RSP, 1x RSI
RcGSI : En parlant, dans le De int. (II.38.(1), 32-44) de l’objet
d’intellection de l’intellect agent, Dietrich fait appel à plusieurs thèses
défendues dans le Liber de causis (« sicut colligitur ex pluribus
propositionibus »). Dietrich présente ici la même idée que nous avons
analysée dans le RSP précédent. Il introduit ainsi des propositions du
Liber de causis sur la connaissance que l’intelligence supérieure a de la
cause première, de son essence et de ses propres effets ; trois objets
différents sont cependant connus par une même opération d’intellection
simple.
232
Le poids de la citation
RSP : La citation correcte dans le De int. (III, 24.(4), p. 196) donne plus
de poids à l’argumentation que Dietrich vient de développer à propos de
la conversion de l’intellect agent vers le principe duquel il procède et
qu’il connaît par ce même mouvement de procession : en recevant son
essence de la cause première, l’intellect agent la connaît ; par ce même
mouvement, il connaît aussi son effet, qui lui est inférieur dans la
hiérarchie des substances. Auparavant Dietrich avait cité explicitement
l’Elementatio theologica de Proclus, les propositions 174 (citée comme 171)
et 31.
La référence explicite et la citation correcte dans le De cog. ent.,
(17.(1), p. 181) sont introduites par Dietrich en pleine argumentation sur
l’objet de connaissance de l’intellect agent. Ici encore, la thèse principale
est que, l’intellect agent connaissant la cause première, il connaît sa
propre essence. Elle est suivie par des citations explicites des
propositions 19, 100 et 109 sur l’intellection immédiate que l’intellect
agent a de sa propre essence.
RSI : Deux citations imparfaites dans le De cog. ent., 24.(3)-(4) donnent
l’occasion à une interprétation originale de la part de Dietrich ; en effet,
la thèse de la conversion vers le premier principe par laquelle le Liber de
causis décrit l’intelligence supérieure est attribuée, par Dietrich, à tous les
intellects par essence (« convenit omni intellectui qui est intellectus per
essentiam »). Cette proposition du Liber de causis est toujours utilisée
donc par Dietrich pour soutenir une seule et même doctrine : l’intellect
agent connaît simultanément, et par une même opération, trois objets
différents.
Etant donné qu’elles apparaissent dans la même argumentation, en
faisant recours à la même source, les deux occurrences sont comptées
une seule fois.
IX) Cap. VIII(IX)
n. 13) prop. 85, 86
85.
Quod est quia NATURA
CONTINET GENERATIONEM ET
ANIMA CONTINET NATURAM ET
INTELLIGENTIA
CONTINET
ANIMAM.
86.
ERGO
INTELLIGENTIA
CONTINET OMNES RES (...)
De sub. spir., 18.(2), p. 316, l. 1217 : Intellectualia enim secundum
philosophos
sunt
causalia
principia
aliquo
modo
spiritualium, sicut dicitur in Libro
de causis commento propositionis
3, quod « prima causa creavit esse
Liber de causis
233
animae mediante intelligentia ».
Et infra commento propositionis
9:
« NATURA
CONTINET
GENERATIONEM
ET
ANIMA
CONTINET
NATURAM
ET
INTELLIGENTIA
CONTINET
ANIMAM: ERGO INTELLIGENTIA
EST CONTINENS OMNES RES ».
Hucusque verba commenti.
2 occurrences
prop. 84 – 1x RSP
prop. 85 – 1x RSP
Ceci est l’unique référence explicite et citation correcte de cette sentence
du Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich. Elle est précédée d’une
citation de la prop. 32, commentée auparavant (voir supra, n. 7). Dietrich
reprend ici la thèse soutenue à plusieurs endroits sur l’universalité et la
simplicité des substances supérieures par rapport aux substances
inférieures ; surtout que les premières sont causes des secondes. A
d’autres occasions, Dietrich avait appliqué le même raisonnement à
propos de Dieu et la théorie de l’appropiatio ; d’ailleurs les renvois à la
prop. 1, qui suivent, renforcent la même idée.
n. 14) prop. 90
Et
intelligentia
est
habens
YLIATHIM quoniam est ESSE ET
FORMA et similiter anima est
habens yliathim, et natura est
habens yliathim. Et CAUSAE
quidem
PRIMAE
NON
EST
YLIATHIM, QUONIAM IPSA EST
ESSE TANTUM.
De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 :
Ipsum autem quid in eo, quod
quid, seu quiditas in eo, quod
quiditas, super rationem entis
importat
quandam
rei
informationem, saltem quoad
modum intelligendi, qua res seu
ens determinatur ad talem vel
talem essentiam vel naturam, ut
res talis non solum sit ens per
distantiam eius a nihilo, sed etiam
sit hoc vel hoc secundum aliquam
informationem, sicut de primo
causato, quod est intelligentia
secundum philosophos, dicitur in
234
Le poids de la citation
Libro de causis, quod ipsa est
HYLIATIM, id est ENS ET FORMA ,
saltem quantum ad modum
intelligendi.
De sub. spir., 9.(2), p. 310, l. 1222 : Et istud concordat, immo
potius est id, quod dicitur Libro de
causis
propositione
7:
« Intelligentia est substantia (...) »;
in
commento:
« Quod,
si
inveniatur
(...) ».
Et
infra
aliquibus interpositis ostendit
modum multitudinis et unitatis
cum causa utriusque dicens: « Et
intelligentia
quidem
(...) ».
Praemiserat autem immediate,
scilicet quod in intelligentia
substantia et eius operatio
utraque est res una. Et infra
propositione 9 dicit, quod
« INTELLIGENTIA EST HABENS
HELYATIM, QUONIAM EST ESSE
ET FORMA ». Et infra: « CAUSAE
PRIMAE NON EST HELYATIM,
QUONIAM
ESSE ».
IPSA
EST
TANTUM
De sub. spir., 19.(4), p. 317, l. 4968 : (...) sed convenit sibi (i.e.
intelligentiae)
alius
proprius
modus, ut scilicet per suum
intellectum immediate producat
essentiam rei, inferiore tamen
modo quam per creationem, ut si
dicamus, quod Deus producat res
per esse tantum, intelligentia
autem in eo, quod est esse et vita,
quia
« INTELLIGENTIA
EST
HABENS HELYATIM », sicut dicitur
9 propositione Libri de causis, id
est « ESSE ET FORMA ». Et per
Liber de causis
235
hoc differat actio intelligentiae ab
actione divina, quae est creatio
(...). Unde et Proclus propositione
54: « Omne, quod a secundis
(...) ».
Et
in
commento
propositionis 1 Libri de causis:
« Omnem operationem (...) ». Et
infra: « Et non figitur (...) ». Et
hoc est, quod dicitur Libro de
causis et supra inductum est,
scilicet quod « prima causa creavit
(...) ».
3 occurrences
prop. 90 – 1x RcGSP, 2x RSP
RcGSP : Dietrich cite cette sentence dans le De quid. (1.(4), p. 99) lors
d’une argumentation très dense sur l’essence et la quidité, après avoir cité
le De immortalitate animae et le De trinitate d’Augustin, ainsi que les
Analytica posteriora d’Aristote. La quidité serait, selon Dietrich, ce qui
apporte une information supplémentaire à la raison de l’étant, ce par
quoi la chose ou l’étant est déterminé par rapport à telle essence ou telle
nature ; ainsi, une chose ne se définit pas seulement par son essence qui
l’éloigne du néant, mais aussi ou surtout par ce qui la rend individuelle,
particulière autrement dit par cette information même (hoc vel hoc secundum
aliquam informationem). Par exemple l’intelligence supérieure qui est la
première des choses créées (précise Dietrich en citant tacitement une
autre sentence du Liber de causis) est habens hyliatim c’est-à-dire elle est
composée d’étant et de forme. Pour Dietrich donc, hyliatim est la quidité
de l’intelligence supérieure, ce par quoi elle s’individualise et se distingue.
RSP : Les deux citations dans le De sub. spir. portent sur des doctrines
différentes. La première (9.(2), p. 310) apparaît dans un contexte déjà
analysé (voir supra, n. 11) où Dietrich soutient l’identité entre l’opération
et la substance de l’intelligence supérieure ; l’autorité sur laquelle il
s’appuie est le Liber de causis qui dit que l’être de l’intelligence est
identique à sa forme (est habens helyatim, quoniam est esse et forma). La
seconde se trouve également dans le contexte discuté toujours au n. 11,
où Dietrich fait une distinction entre la causalité propre à Dieu (nommée
création), dont l’effet est uniquement l’esse, et la causalité de
l’intelligence supérieure (nommée production) dont l’effet est esse et vita
236
Le poids de la citation
parce qu’elle est esse et vita, étant donné qu’elle est habens helyatim, id est esse
et forma.
Dietrich utilise donc cette même proposition dans trois
argumentations différents, pour soutenir trois thèses différentes. Il
propose ainsi trois interprétations distinctes du mot helyatim et de cette
sentence, toutes les trois étant différentes de celles de Thomas d’Aquin.
X) Cap. IX(X)
n. 15) prop. 93
93. Quod est quoniam formae
quoe sunt intelligentiis secundis
inferioribus
per
modum
particularem,
sunt
in
INTELLIGENTIIS
PRIMIS
per
modum
UNIVERSALEM;
et
formae
quae
sunt
in
INTELLIGENTIIS
PRIMIS
per
modum universalem sunt in
INTELLIGENTIIS SECUNDIS per
modum particularem.
2 occurrences
prop. 93 – 1x RSP, 1x RcGSI
De int., II, 14.(3), p. 156, l. 118120 : Et hoc est, quod dicitur in
Libro de causis in commento 10
propositionis,
scilicet
quod
INTELLIGENTIAE PRIMAE habent
species magis UNIVERSALES et
INTELLIGENTIAE
habent
species
UNIVERSALES .
SECUNDAE
MINUS
De cog. ent., 8.(1), p. 174, l. 3035 :
Nihilominus
tamen
invenimus apud philosophos de
illis divinis intellectibus, quos
propter
sui
excellentiam
intelligentias
vocant,
quod
huiusmodi, inquam, substantiae
habent intellectus universales et,
quanto
sunt
superiores
et
nobiliores,
tanto
habent
intellectus magis UNIVERSALES
et magis simplices. Et hoc
habemus manifeste ex Libro de
Causis et ex libro Procli, unde
videtur sumptus Liber de causis.
Liber de causis
237
RSI : Dietrich cite explicitement la prop. 93 du Liber de causis dans le De
int. en expliquant les divers modes d’individuation tant pour les choses
intellectuelles que pour les choses matérielles : pour les choses soumises
à la génération et à la corruption, plus une forme universelle est grande,
plus elle est en puissance ; à mesure qu’elle descend vers les particuliers,
elle s’approche de l’acte, comme cela est manifeste si l’on analyse le
genre, l’espèce et l’individu. Pour les choses séparées, plus une forme est
universelle, plus elle est en acte, et plus une forme est particulière, plus
elle est éloignée de l’universelle, donc plus elle est en puissance. Selon le
vocabulaire du Liber de causis : les intelligences premières ont des espèces
plus universelles, les intelligences secondes ont des espèces moins
universelles.
RcGSI : La thèse discutée précédemment apparaît sans modification
dans le De cog. ent. ; on notera ici la référence à Proclus. Dietrich le
nomme seulement pour l’indiquer comme source de Liber de causis
(Proclus, unde videtur sumptus Liber de causis) – le commentaire de Thomas
au Liber de causis constitue très certainement la source d’inspiration pour
cette référence conjointe.
Dietrich cite tacitement la même prop. 93 du Liber de causis dans la
Q° Utrum in Deo, 1.4.2.2.(3), p. 300, l. 18-20 : « Praeterea substantia
spiritualis, de qua agitur, constat, quod habet intellectum, qui de sui
natura est in potentia, sive etiam dicatur plenus formis per divinam
influentiam ».
XI) Cap. X(XI)
n. 16) prop. 100, 101
100.
O MNIS INTELLIGENTIA
INTELLIGIT RES SEMPITERNAS
QUAE
NON
DESTRUUNTUR
NEQUE CADUNT SUB tempore.
101. Quod est quoniam si
intelligentia est semper quae non
movetur, tunc ipsa est causa
rebus sempiternis quae NON
DESTRUUNTUR
[ NEC
PERMUTANTUR ] NEQUE CADUNT
SUB
GENERATIONE
ET
CORRUPTIONE . Et intelligentia
De cog. ent., 17.(1)-(3), p. 181, l.
54-64 : Primo in intelligendo
primam causam, quo etiam primo
capiunt essentiam suam, sicut
dicitur propositione 8 Libri de
causis sic: « Omnis intelligentia
scit (...) », quod exponitur in textu
eiusdem propositionis sic: « Scit,
quod est supra se (...) ». (...)
Secundo intelligendo essentiam
suam, secundum quod dicitur 13
propositione De causis, scilicet:
238
Le poids de la citation
quidem non est ita, nisi quia
intelligit rem per esse suum, et
esse suum est sempiternum quod
non corrumpitur <...>.
« Omnis intelligentia (...) ». Et ex
his duobus sequitur hoc, quod
praemittitur propositione 11:
« O MNIS
INTELLIGENTIA
INTELLIGIT RES SEMPITERNAS ,
QUAE
NON
DESTRUUNTUR
NEQUE
CADUNT
SUB
CORRUPTIONE ».
1 occurrence
prop. 100 et 101 (ensemble ; saut du même au même) – 1x RSP
Le contexte doctrinal de cette citation a été discuté auparavant (cf. supra,
n. 4) ; nous n’aurons rien à ajouter si ce n’est que toute intelligence dont
l’objet de connaissance est ici décrit (à savoir la cause première et
l’essence de l’intelligence première) connaît des substances éternelles.
Remarquons aussi les détails de la citation : la fin de la sentence
reproduite par Dietrich (« neque cadunt sub corruptione ») ne se trouve
dans aucun des manuscrits du Liber de causis et chez aucune des sources
secondaires que nous avons pu consulter. On dirait même qu’il se
trompe et fait un saut du même au même en copiant la fin de la
prop. 101, surtout que dans la prop. 100 on lit la formule : « quae non
destruuntur neque cadunt sub » ; il a donc remplacé « sub tempore » par
« sub corruptione ». Ce changement n’apporte pas de modifications
doctrinales.
XII) Cap. XII(XIII)
n. 17) prop. 109
109.
O MNIS INTELLIGENTIA
INTELLIGIT ESSENTIAM SUAM.
De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l.
38-44 : Et sicut dicitur in Libro de
causis propositione 15 de qualibet
intelligentia, quae est intellectus
in actu per essentiam, quod ipse
est rediens ad essentiam suam
reditione completa – praemiserat
autem propositione 13, quod
« OMNIS INTELLIGENTIA INTEL LIGIT ESSENTIAM SUAM » –,
Liber de causis
239
eandem etiam sententiam de
intellectu per essentiam, quem in
nobis vocat abditum mentis,
videlicet quod se ipsum semper
intelligit, ponit Augustinus (...).
De cog. ent., 17.(1)-(3), p. 181, l.
54-64 : Primo in intelligendo
primam causam, quo etiam primo
capiunt essentiam suam, sicut
dicitur propositione 8 Libri de
causis sic: « Omnis intelligentia
scit (...) », quod exponitur in textu
eiusdem propositionis sic: « Scit,
quod est supra se (...) ». (...)
Secundo intelligendo essentiam
suam, secundum quod dicitur 13
propositione De causis, scilicet:
« O MNIS
INTELLIGENTIA
INTELLIGIT ESSENTIAM SUAM ».
Et ex his duobus sequitur hoc,
quod praemittitur propositione
11: « Omnis intelligentia intelligit
res sempiternas (...) ».
2 occurrences
prop. 109 – 2x RSP
Dans le De vis. beat Dietrich dédie un chapitre entier à la connaissance de
soi de l’intellect agent qui est une intellection immédiate de son essence
s’accomplit continuellement. Il cite, à ce propos, le De anima d’Aristote
(sur l’identité entre l’intelligens sans matière et son objet) et le De Trinitate
d’Augustin (sur l’abditum mentis qui semper meminit, intelligit et amat se).
Encadrées par ces deux autorités, les propositions 124 et 109 du Liber de
causis ont le rôle de renforcer le poids de l’argumentation.
Le cadre thématique où Dietrich cite cette sentence dans le De cog.
ent. a été déjà analysé à plusieurs reprises (cf. supra, n. 17).
240
Le poids de la citation
XIII) Cap. XIV(XV)
n. 18) prop. 124
124. Omnis sciens qui scit
essentiam suam est REDIENS
AD
ESSENTIAM
REDITIONE COMPLETA.
SUAM
De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l.
38-44 : Et sicut dicitur in Libro de
causis propositione 15 de qualibet
intelligentia, quae est intellectus
in actu per essentiam, quod ipse
est « REDIENS AD ESSENTIAM
SUAM REDITIONE COMPLETA » –
praemiserat autem propositione
13, quod omnis intelligentia
intelligit essentiam suam –,
eandem etiam sententiam de
intellectu per essentiam, quem in
nobis vocat abditum mentis,
videlicet quod se ipsum semper
intelligit, ponit Augustinus (...).
De int., II, 40.(1), p. 177, l. 62-67 :
(...) inquantum essentia sua (i.e.
intellectus agens) est similitudo
omnium
entium
secundum
aliquem gradum existentiae in
universitate entium et est,
secundum
quod
dicitur
propositione 15 Libri de causis,
REDIENS
PER
OPERATIONEM
AD
ESSENTIAM
REDITIONE COMPLETA ,
intelligibilem
SUAM
secundum quod ibi dicitur in
commento. Et sic directe et per
se est intelligens essentiam suam,
et hoc immediate et formaliter
per propriam essentiam suam.
De vis. beat., 3.2.4.(5)-(6), p. 74, l.
29-36 :
Ex
dictis
enim
conditionibus
concluditur
secundum philosophos intelligentias intelligere per suam
241
Liber de causis
essentiam et ea intellectione in se
ipsas semper converti, ut
habetur in Libro de causis et Procli.
De int., I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 :
De quibus considerandum, quod,
etsi in eis, hoc est in substantia
eorum, non inveniatur pars et
pars, quia simplices substantiae
sunt, est tamen in quolibet eorum
invenire
quosdam
respectus
originis, qui sunt respectus
naturae,
inquantum
quilibet
eorum conversus est in se
intelligens se ipsum per
essentiam, sicut dicitur in Libro
de causis, quod unusquisque talium
intellectuum EST REDIENS AD
ESSENTIAM
COMPLETA ,
SUAM
REDITIONE
scilicet intelligendo
se ipsum per essentiam, in quo
consistunt quidam respectus
naturae, quorum quilibet importat
totam
substantiam
talis
intellectus, solum ab invicem
differentes respective.
De int., II, 38.(1), p. 176, l. 32-40 :
Quamvis autem tria praedicta
attendamus
in
cognitione
intellectus agentis, scilicet suum
principium, a quo intelligendo
procedit, et suam propriam
essentiam et tertio universitatem
rerum, hoc tamen non facit tres
intellectiones, sed unam solam,
sicut etiam suum principium, a
quo procedit, uno solo actu
cognitionis intelligit se et alia et,
sicut colligitur ex pluribus
propositionibus Libri de causis,
quaelibet intelligentia intelligit,
242
Le poids de la citation
quod est supra se, hoc est causam
suam,
stat
etiam
fixa
cognoscendo REDIENS SUPER
ESSENTIAM
COMPLETA ,
SUAM
REDITIONE
intelligit etiam, quod
est sub ea, id est causatum suum,
non tribus intellectionibus, sed
uno simplici actu intellectionis
(...).
5 occurrences
prop. 124 – 2x RSP, 1x RcGSI, 2xRcGSP
RSP (le De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 ; De int., II, 40.(1), p. 177,
l. 62-67) : La citation du De vis. beat. (1.1.3.1.(5), p. 27) a été discutée
auparavant ; nous marquerons la citation par des guillemets.
Le problème de l’objet d’intellection de l’intellect agent est largement
discuté par Dietrich dans plusieurs de ses textes ; dans le De int. (II,
40.(1), p. 177) il revient sur la question et s’appuie sur l’autorité du Liber
de causis pour soutenir, une fois de plus, que le retour sur soi accompli
par l’intellect agent est complet (reditione completa).
RcGSI (De vis. beat., 3.2.4.(5)-(6), p. 74, l. 29-36) : L’autre référence à la
prop. 124 dans le De vis. beat. (3.2.4.(5)-(6), p. 74) a, doctrinalement, un
autre but. Dietrich semble vouloir ici résumer l’opinion de ses
adversaires : de leurs arguments on pourrait déduire que l’intellect
possible se connaît lui-même par son essence ; ils ont recours au Liber de
causis et à Proclus pour soutenir une telle thèse. Dietrich reconnaît que
ses adversaires nient explicitement cette position, mais, dit-il, c’est ce que
l’on peut déduire de leurs arguments (« sed hoc est falsum etiam
secundum eos (...) quod tamen necessario sequitur ex positione eorum »).
Les détails de l’argumentation sont très importants, mais nous ne
pouvons pas les exposer dans ce cadre. Nous voulons cependant insister
sur une question de vocabulaire : le mot conversio n’apparaît pas dans le
Liber de causis mais dans l’Elementatio theologica (prop. 31-38 etc.) ; Dietrich
emploie indistinctement reditio et conversio, signe manifeste que les deux
verbes ont pour lui la même connotation.
Dietrich, nous l’avons déjà remarqué, interprète les intelligences
supérieures décrites dans le Liber de causis comme des intellects par
essence toujours en acte. Dans le De int., Dietrich cite Averroès pour la
question de la conversion sur soi de l’intellect agent et emploie même
Liber de causis
243
une formule très proche de celle attribuée au Liber de causis et à Proclus :
« Et scribit Commentator super III De anima, quod nihil intelligit extra
se, videlicet primo et per se, sed solum in se ipsum conversus est et in
suum principium, si habeat altius se principium » (De vis. beat., 1.1.4.(3),
p. 28, l. 77-79).
RcGSP (De int., I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 ; De int., II, 38.(1), p. 176, l. 3240) : Dietrich fait un usage encore différent de cette sentence en la citant
dans le De int. (I, 8.(2), p. 141) afin d’expliquer le processus d’ébullition
intérieure de l’intellect agent et la manière dont il déborde vers les autres.
La conversion totale de cet intellect sur lui-même, sur son essence – une
conversion qui s’accomplit par rapport à son origine (le premier
principe) et par rapport à sa nature – est donc une conversion simple et
immédiate. Ainsi , la substance toute entière de l’intellect agent se tourne
sur elle – même et, par ce mouvement circulaire et éternel, se produit
l’ébullition ; grâce à celle-ci, la substance de l’intellect agent déborde audelà de ses limites en causant ses effets. Dietrich cite pour cette doctrine
plusieurs autorités, notamment Proclus, Avicenne et, comme dans le cas
vu auparavant, le De Trinitate d’Augustin.
La référence générale de Dietrich dans le De int. (II, 38.(1), p. 176) à
plusieurs propositions du Liber de causis à propos des trois objets
d’intellection de l’intellect agent a été discutée auparavant (cf. supra, n. 4).
XIV) Cap. XVII(XVIII)
n. 19) prop. 143
143. RES OMNES ENTIA PROPTER
ENS PRIMUM, ET RES VIVAE
OMNES
SUNT
MOTAE
PER
ESSENTIAM
SUAM
PROPTER
VITAM
PRIMAM,
et
res
intellectibiles
omnes
habent
scientiam propter intelligentiam
primam.
De ente, II, 2.(2), p. 40, l. 70-77 :
Et non solum esse suum sic
participat, sed totam essentiam
suam indifferentem ab esse suo.
Unde dicitur in Libro de causis
propositione 20: « RES OMNES
SUNT
ENTIA
PROPTER
ENS
PRIMUM ET OMNES RES VIVAE
PROPTER VITAM PRIMAM » et
cetera. Secundum hunc modum
participandi, sicut dicitur, quod,
quia participant esse, ideo differt
in eis essentia et esse, ita potest
dici, quia participant essentiam
244
Le poids de la citation
dicto modo, ideo differunt
huiusmodi a sua essentia, quod
patet esse falsum.
1 occurrence
FRSP : Ceci est le seul faux renvoi au Liber de causis : Dietrich se réfère
au chap. XVII(XVIII) en tant que chap. XX. Il utilise certainement une
source secondaire (abrégé personnel, florilège ou autre texte) ; la citation
est cependant correcte. Dietrich l’utilise lors d’une difficile
argumentation sur l’analogie de l’être. Participer se dit de trois manières,
constate Dietrich : premièrement, à propos de toute créature qui
participe par son être à l’être de Dieu ; comme le dit le Liber de causis : res
omnes sunt entia propter ens primum ; deuxièmement, à propos de l’essence
des choses et troisièmement participare dicatur quasi partem capere.
Cette occurrence est comptée seulement comme renvoi à la prop.
XX.
XV) Cap. XX(XXI), prop. 162, 163 et cap. XXI(XXII), prop. 166
n. 20)
XXI (XXII): 166. CAUSA PRIMA
EST SUPER OMNE NOMEN QUO
NOMINATUR .
XX (XXI): 162. PRIMUM EST
DIVES PER SE IPSUM ET NON EST
DIVES MAIUS .
163. ET SIGNIFICATIO EIUS EST
UNITAS EIUS , non quia unitas eius
sit sparsa in ipso, immo est unitas
eius pura, quoniam est simplex in
fine simplicitatis.
3 occurrences
prop. 162 – 1x RSP
prop. 163 – 1x RSP
prop. 166 – 1x RSP
De int., I, 4.(2), p. 138, l. 54-57 :
Et infra propositione 22: « PRIMA
CAUSA EST SUPER OMNE NOMEN ,
QUO NOMINATUR ». Et supra
propositione 21: « PRIMUM EST
DIVES PER SE IPSUM ET EST DIVES
MAIUS ».
Commentum:
« ET
SIGNIFICATIO EIUS EST UNITAS
EIUS ».
Liber de causis
245
RSP : Nous considérons les deux propositions ensemble afin de
simplifier notre analyse : elles sont citées l’une après l’autre, dans le
même but et à l’appui de la même argumentation.
Les deux propositions sont introduites à la suite de citations
provenant de l’Elementatio theologica (prop. 174 et 20) et après la prop. 57
du Liber de causis. Dietrich y traite les quatre modes d’être selon la
distinction faite par Proclus. Le premier degré, celui de la cause
première, est au-delà de toute narration (prop. 57), au-delà de tout nom
par lequel elle est nommée (prop. 166) et il est dives maius (prop. 162).
Dans le De sub. spir., Dietrich utilise tacitement une formule
provenant de la prop. 163 (« est simplex in fine simplicitatis »): « Unde
primum ens, quod est Deus, quia est in fine simplicitatis, summe est
intellectuale (...) » (De sub. spir., 8.(1), p. 308, l. 65-67 – les éditeurs
reconnaissent et indiquent la source).
n. 21)
143. RES OMNES ENTIA PROPTER
ENS PRIMUM, ET RES VIVAE
OMNES
SUNT
MOTAE
PER
ESSENTIAM
SUAM
PROPTER
VITAM
PRIMAM,
et
res
intellectibiles
omnes
habent
scientiam propter intelligentiam
primam.
De ente, II, 2.(2), p. 40, l. 70-77- :
Et non solum esse suum sic
participat, sed totam essentiam
suam indifferentem ab esse suo.
Unde dicitur in Libro de causis
propositione 20: « RES OMNES
SUNT
ENTIA
PROPTER
ENS
PRIMUM ET OMNES RES VIVAE
PROPTER VITAM PRIMAM » et
cetera. Secundum hunc modum
participandi, sicut dicitur, quod,
quia participant esse, ideo differt
in eis essentia et esse, ita potest
dici, quia participant essentiam
dicto modo, ideo differunt
huiusmodi a sua essentia, quod
patet esse falsum.
1 occurrence
cap. IV – 1x FRSP
FRSP discuté au n. 19.
246
Le poids de la citation
XVI) Cap. XXX(XXXI)
n. 22) prop. 211, 213
211. (...) RES AUTEM CADENS SUB
TEMPORE
IN
OMIBUS
DISPOSITIONIBUS SUIS SEIUNCTA
EST
A
RE
CADENTE
SUB
AETERNITATE
IN
OMNIBUS
DISPOSITIONIBUS
SUIS .
CONTINUATIO AUTEM NON EST
NISI
IN
REBUS
SIMILIBUS .
NECESSE EST igitur UT SIT RES
ALIA
TERTIA
MEDIA
inter
utrasque
CUIUS
SUBSTANTIA
CADAT SUB AETERNITATE ET
ipsius
ACTIO
CADAT
SUB
TEMPORE.
213. Manifestum igitur est quod
inter res cadentes sub tempore
cum suis substantiis et suis
actionibus et inter res quarum
substantiae et actiones sunt
cadentes
sub
momento
aeternitatis sunt RES CADENTES
SUB
AETERNITATE
PER
SUBSTANTIAS suas et cadentes
sub tempore per OPERATIONES
suas, sicut ostendimus.
De anim., 14.(1), p. 25, l. 2-18 :
Praeterea
ad
principale
propositum est ratio, super quam
fundatur paenultima propositio
Libri de causis, quae ratio talis est:
« RES CADENS SUB TEMPORE IN
OMNIBUS DISPOSITIONIBUS SUIS
(id est tam secundum suam
substantiam quam secundum
suam actionem) SEIUNCTA EST A
RE CADENTE SUB AETERNITATE
IN OMNIBUS DISPOSITIONIBUS
SUIS (id est tam secundum suam
substantiam quam secundum
suam actionem); CONTINUATIO
AUTEM NON EST NISI IN REBUS
SIMILIBUS (id est proportionalibus
hinc inde utrique extremorum),
NECESSE EST , UT SIT RES ALIA
TERTIA
MEDIA ,
CUIUS
SUBSTANTIA
CADAT
SUB
AETERNITATE ET EIUS ACTIO
CADAT SUB TEMPORE » : et hoc
est caelum. Vocat autem auctor
iste
RES
CADENTES
SUB
AETERNITATE
quantum
ad
SUBSTANTIAM et OPERATIONEM
principia separata secundum
ipsum, RES AUTEM CADENTES
SUB
TEMPORE
SECUNDUM
SUBSTANTIAM et OPERATIONEM
intendit
generabilia
et
corruptibilia, inter quae duo
extrema caelum natura medium
posuit,
medium,
inquam,
continuativum et coniunctivum
per
quandam
causalem
derivationem
essentialium
Liber de causis
247
perfectionum, quae sunt in
principiis separatis, ad res
generabiles
et
corruptibiles
quantum ad ipsarum essentiales
formas et perfectiones.
2 occurrences
prop. 211 – 1x RSP
prop. 213 – 1x RSP
Ce renvoi à au chap. XXX(XXXI) Liber de causis (nommé comme
pénultième) comporte une longue et correcte citation des propositions
211 et 213. Dietrich y fait appel pour renforcer par cette autorité la
position qu’il vient d’exprimer : la structure hiérarchique de l’univers
présuppose, entre les substances séparées, une certaine immédiateté qui
est à l’origine de l’union entre les substances et qui rend possible la
causalité des unes et des autres. Le ciel est un intermédiaire entre les
substances plus parfaites (les intelligences supérieures) et les substances
moins parfaites (de ce monde) ; le ciel fait la liaison entre les substances
qui sont éternelles et les substances qui sont temporelles parce que la
substance du ciel tient de l’éternité et son action tient du temporel,
comme le dit Liber de causis. Dietrich continue à expliquer ce que le Liber
de causis considère (« vocat autem iste auctor ») comme substance de
l’ordre de l’éternité et comme substance de l’ordre du corruptible, les
deux extrêmes de la hiérarchie cosmologique : le ciel est ici un medim
continuativum et coniunctivum.
XVII) L e s s i mp l e s me n tio n s (SM)
On dénombre 3 simples mentions de Liber de causis dans l’œuvre de
Dietrich. L’une apparaît dans le corps du texte du De acc., à la fin de
l’explication de la prop. 1 concernant la séparabilité des accidents et leurs
rapports à la cause première.
Exponenda est igitur inducta auctoritas Libri de causis et sumenda
secundum verum intellectum eius, qui non habet locum in
proposito, sicut patet. (De acc., 23.(7), p. 87, l. 39-41)
Par son interprétation, comme nous l’avons remarqué, Dietrich veut
corriger la lecture que certains de ses adversaires donnent de cette
248
Le poids de la citation
proposition, une lecture qui ne correspond pas à l’intention de l’autorité :
« non habet locum in proposito ».
La deuxième SM se lit dans un passage que nous avons déjà analysé
(cf. supra, n. 15), dans le De cog. ent. (8.(1), p. 174) ; Dietrich reconnaît,
très probablement à la suite du commentaire de Thomas du Liber de
causis, que ce dernier traité est tiré (sumptus) de l’Elementatio de Proclus :
« Et hoc habemus manifeste ex Libro de Causis et ex libro Procli, unde
videtur sumptus Liber de causis ».
La troisième SM a été signalée déjà dans la partie consacrée à
Averroès:
Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per
essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ;
unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de
intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et
naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici
de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII
Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua
Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter
in Libro de causis (De anim., 36.(2), p. 43, l. 93-100).
Le rôle de Liber de causis, comme des autres autorités citées ici, n’est pas
d’ordre doctrinal ; il a doit juste exemplifier les Platonici qui ont abordé la
question des substances séparées, de même qu’Aristote et Averroès sont
invoqués en tant que Peripatetici.
Liber de causis
249
II. Synopsis
Dans la liste qui suit, nous indiquons les propositions du Liber de causis
citées par Dietrich. Préciser la provenance des citations est
particulièrement difficile : ce texte était étudié, commenté et cité dans de
nombreuses occasions ; si Dietrich n’avait pas sous la main une variante
du texte, il aurait pu se servir des florilèges et des intermédiaires ou le
citer même de mémoire. Pour simplifier notre analyse, nous marquons
seulement « provenance probable : indirecte » les situations où Dietrich
présente des thèses qui ne se trouvent pas dans le Liber de causis.
A) Chap. I
prop. 1 – 3x
prop. 2 – 1x
prop. 3 – 1x
prop. 4 – 1x
prop. 5 – 1x
RSP
RSP
RSP
RSP
RSP
7 fois, cf. n. 1. Thème : la cause première
influe sur l’effet de la cause secondaire avant
celle-ci.
prop. 7,10 – 5 fois : 3x RcGSI, 2x RSI, cf. n. 2. Thème : le rapport
entre les formes plus universelles et les formes
moins universelles induites à partir de la cause
première.
prop. 14 – 3 fois : 2x RcGSI, 1x RSP
prop. 16 – 1x RSP
4 fois, cf. n. 3. Thème : toute
opération effectuée par la
cause seconde est effectuée
d’une manière plus noble et
plus efficace par la cause
première.
B) Chap. II
prop. 19 – 4x RSP
prop. 20 – 1x RSP
prop. 21 – 1x RSP
prop. 22 – 1x RSP
prop. 25 – 1x RSP
prop. 26 – 1x RSP
9 fois, cf. n. 4. Thème : la perfection des
étants supérieurs par rapport au temps et à
l’éternité.
250
Le poids de la citation
C) Chap. III
prop. 27 – 4 fois: 2x RSP, 2x RcGSP
prop. 28 – 1x RSP
prop. 29 – 1x RSP
6 fois, cf. n. 5. Thème : l’âme
noble se caractérise par trois
opérations, chacune provenant
d’une substance supérieure.
prop. 30 – 5 fois: 3x RSP, 2x RcGSI
prop. 31 – 1x RSP
prop. 34 – 1x RSP
prop. 35 – 2x RSP
9 fois, cf. n. 6. Thème :
l’opération animale (operatio
animalis) de l’âme met en
mouvement le corps céleste et
les corps du monde sublunaire.
prop. 32
14 fois :
– 6 fois : 2x RSP, 3x RcGSP, 1x RcGSI*, cf.
n. 7. Thème : la cause première cause l’être de
l’âme (noblre) par l’entremise de l’intelligence.
– 7x RcGSI*, cf. n. 7'. Provenance probable :
indirecte. Thème : la création est une opération
propre à la cause première.
– 1x RcGSI*, cf. n. 7''. Provenance probable :
indirecte. Thème : la production dans l’être des
substances supérieures et leur participation
respective dans la production de leurs causes.
C) Chap. IV
prop. 37 –
prop. 38 –
prop. 39 –
prop. 44 –
9 fois: 5x RcGSP, 3x RSP, 1x RSI
1x RSP
1x RSP
1x RSP
12 fois, cf. n. 8.
Thème : la première
des choses crées est
l’être.
D) Chap. V e tc .
un recours général très vague (prop. 49, RcGSI*, cf. n. 9) qui attribue
au Liber de causis la doctrine selon laquelle les causes secondes sont des
causes essentielles ; le voabulaire et le thème ne correspond par à la
source. Par circonstance la prop. 49 est considérée la source. Provenance
probable : indirecte.
Liber de causis
251
E) Chap. V(VI)
prop. 57 – 2x RSP, cf. n. 10. Thème : la cause première est au-delà de
tout discours.
F) Chap. VI(VII)
prop. 64 – 1x RSP
prop. 67 – 1x RSP
prop. 70 – 1x RSP
3 fois, cf. n. 11. Thème : l’intelligence est un
substance qui ne se divise pas ; le second
degré
des
substances
supérieures
correspondent aux intelligences.
prop. 64 – 2x RcGSI*, cf. n. 11'. Thème : les substances supérieures
sont nommées intelligences.
G) Chap. VII(VIII)
prop. 72 – 4 fois : 1x RcGSI, 2x RSP, cf. n. 12. Thème : toute
intelligence connaît ce qui est au-dessus (en tant que cause)
et tout ce qui est au-dessous (en tant qu’effet).
H) Chap. VIII(IX)
prop. 85 – 1x RSP
prop. 86 – 1x RSP
2 fois, cf. n. 13. Thème : la nature contient la
génération, l’âme (noble) contient la nature et
l’intelligence contient l’âme.
prop. 90 – 3 fois : 1x RcGSP, 2x RSP, cf. n. 14. Thème : l’intelligence
est helyatim, c’est-à-dire être et forme.
I) Chap. IX(X)
prop. 93 – 2 fois : 1x RSI, 1x RcGSI, cf. n. 15. Thème : les intelligences
supérieures contiennent des espèces plus universelles, les
intelligences inférieures contiennent des espèces plus
particulières.
252
Le poids de la citation
J) Chap. X(XI)
prop. 100 et 101 – 1x RSP, cf. n. 16. Thème : toute intelligence connaît
les choses éternelles.
K) Chap. XII(XIII)
prop. 109 – 2x RSP, cf. n. 17. Thème : toute intelligence connaît son
essence.
L) Chap. XIV(XV).124
prop. 124 – 5 fois : 2x RSP, 2x RcGSP, 1x RcGSI, cf. n. 18. Thème :
toute intelligence connaît son essence par une conversion
totale.
M) Chap. XX(XXI)
prop. 162 – 1xRSP
prop. 163 – 1x RSP
2 fois, cf. n. 20. Thème : la cause première est
au delà de tout nom par lequel elle est appelée.
1x FRSP, cf. n. 19. Provenance probable : indirecte. Thème : les choses
reçoivent l’être de ce qui est premier étant et la vie de ce
qui est vie première.
N) Chap. XXI(XXII)
prop. 166 – 1x RSP, cf. n. 20. Thème : la cause première est au delà de
tout nom par lequel elle est appelée ; sa signification est son
unité.
O) Chap. XXX(XXXI)
prop. 211 – 1x RSP
prop. 213 – 1x RSP
2 fois, cf. n. 21. Thème : le ciel fait la liaison
ou la médiation entre les substances éternelles
et les substances temporelles du monde
sublunaire.
Liber de causis
253
III. Conclusions 1
Dietrich invoque 99 fois (+ 3 SM) le Liber de causis, mais il cite
explicitement 45 propositions différentes 18 dans l’ordre décroissant des
propositions utilisées :
8 propositions du chap. III (nommées 13 fois)
8 propositions du chap. I (nommées 11 fois)
6 propositions du chap. II (nommées 9 fois)
4 propositions du chap. IV (nommées 7 fois)
3 propositions du chap. VI(VII) (nommées 3 fois)
3 propositions du chap. VIII(IX) (nommées 4 fois)
2 propositions du chap. XX(XXI) (nommée 2 fois) + 1 FRSP
2 propositions du chap. XXX(XXXI) (nommées 2 fois)
1 proposition du chap. V(VI) (nommée 2 fois)
1 proposition du chap. VII(VIII) (nommées 3 fois)
1 proposition du chap. IX(X) (nommée 1 fois)
1 proposition du chap. X(XI) (nommée 1 fois)
1 proposition du chap. XII(XIII) (nommée 2 fois)
1 proposition du chap. XIV(XV) (nommée 2 fois)
1 proposition du chap. XXI(XXII) (nommée 1 fois)
Il reste les cas suivants où Dietrich cite le Liber de causis soit ad litteram
soit ad sensum sans préciser les ‘adresses’ :
chap. I – 3x RcGSI (prop. 7, 10) + 2x RcGSI (prop. 14)
chap. III – 2x RcGSP (prop. 27), 2x RcGSI (prop. 30), 4x RcGSI (3x
RcGSP + 1x RcGSI, prop. 32), 8x RcGSI* (prop. 32)
chap. IV – 5x RcGSP (prop. 37)
chap. (V) – 1x RcGSI* (prop. 49)
chap. VI(VII) – 2x RcGSI* (prop. 64)
chap. VII(VIII) – 1x RSI (prop. 72)
chap. VIII(IX) – 1x RcGSP (prop. 90)
chap. IX(X) – 1x RcGSI (prop. 93)
chap. XIV(XV) – 1x RcGSI + 2x RcGSP (prop . 124)
Il faut ajouter à cette liste 2 propositions (et 1 chapitre) parce que
Dietrich attribue des thèses au Liber de causis sans nommer des chapitres
18
Calcul des RP, RI et FRP.
254
Le poids de la citation
ou des propositions, mais qui, par circonstance, peuvent être reliées à
une source : le chapitre V, prop. 49, par exemple ; les prop. 7 et 10 du
chap. I.
On remarque notamment que Dietrich mentionne explicitement 45
propositions différentes sur un total de 219 (ce qui représente 20% du
Liber de causis). Toujours d’une manière explicite fait usage des
propositions provenant de 15 chapitres (+ probablement chap. V) sur les
32 chapitres. Dietrich connaît et utilise seulement les chapitres suivants :
I-X(XI), XII(XIII), XIV(XV), XX(XXI), XXI(XXII), XXX(XXXI),
XXXI(XXII). Il ne fait jamais référence aux 16 chapitres suivants :
XI(XII), XIII(XIV), XV(XVI) – XIX(XX), XXII(XXIII) – XXIX(XXX),
XXXI(XXXII).
Dietrich utilise d’une manière disproportionnée le Liber de causis : les
quatre premiers chapitres sont beaucoup plus souvent utilisés que les
autres. Cependant, même si le nombre de sentences reprises de Liber de
causis est relativement limité, Dietrich les emploie souvent dans quelques
ouvrages (en les ignorant totalement dans d’autres), en donne de très
longs passages et généralement l’un après l’autre, de sorte que l’on a
deux ou trois pages de citations pratiquement collées les unes aux autres.
255
Liber de causis
IV. Dietrich de Freiberg lecteur de Liber de causis
Une fois déterminé quelles sont les propositions de Liber de causis citées
et connues par Dietrich, voici les tableaux des œuvres qui font usage de
cette autorité :
1) D e c o g. e n t . (36 fois + 1 SM)
1.(4), p. 168, l. 58-169, l. 63 : Sed secundo loco modo
quodam inferiore procedunt huiusmodi ab intelligentiis
supposita in eis actione, quae est propria primae causae,
quae est creatio secundum philosophos, et habetur ex
Libro de causis, ubi dicitur, quod Deus « creaverit animam
mediante intelligentia », id est coagente intelligentia, non
per modum creationis, sed alio inferiore modo sibi
proprio, sicut etiam dictum est supra de processu
intelligentiarum in esse.
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RcGSP ; n .
7.
2.(3), p. 170, l. 94-101 : Et, sicut supra dictum est
secundum philosophos, directo ordine causali
dependent a saepe dictis substantiis intellectualibus
superioribus, quas intelligentias vocant, secundum quod
habetur in Libro de causis, sed indirecte quasi ex causa
sine qua non dependent a subiectis suis, quae sunt
corpora caelestia, quorum sunt formae. (...) Et hoc
nonnullam rationem habet: Tales enim substantiae sunt
intellectus per essentiam, ut dictum est.
Cap.
VI
(VII), prop.
64 e tc . , 1x
RcGSI* ; n.
11’.
5.(2), p. 171, l. 47-58 : Est alia inter substantias secundi
et tertii ordinis ex parte una et substantias, quae sunt
quarti et quinti ordinis supra positi, ex parte altera
attendenda differentia in eo, scilicet quod illae, quae
sunt secundi ordinis supra dicti, in se, videlicet
secundum se ipsas, habent ad invicem ordinem
causalem essentialem, inquantum una intelligentia
procedit ab alia et respectu earum, quae sunt tertii
ordinis, quarum sunt etiam causae essentiales secundum
philosophos, ut supra dictum est, quia dicunt animas
caelorum procedere ab intelligentiis, ut expressum est in
Libro de causis.
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RcGSI ; n. 7.
256
Le poids de la citation
8.(1), p. 174, l. 30-35 : Nihilominus tamen invenimus
apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos
propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod
huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus
universales et, quanto sunt superiores et nobiliores,
tanto habent intellectus magis universales et magis
simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de Causis
et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis.
Cap. IX (X),
prop. 93, 1x
RcGSI ;
n.
15.
9.(1), p. 175, l. 60-69 : (...) si, inquam, ita se habet omnis
intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto
potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est,
per essentiam sua intellectuali operatione producit res
quodam summo et sibi soli competenti et proprio et
nulli alteri communicabili modo, quem creationem
vocant, quem soli Deo competere dicunt etiam
philosophi, ut habetur ex Libro de causis, quamvis ipsi
philosophi etiam quaedam alia productiva et causalia
principia posuerint, puta intelligentias, quas dixerunt
esse principia rerum, sed inferiore modo producendi,
creationem soli Deo tribuentes, sicut alibi latius et
efficacius ostensum est et quam rationabile sit hoc
attendendo immensitatem divinae virtutis in causando
res.
Cap.
III,
prop.
32
etc.,
1x
RcGSI* ; n.
7'.
15.(2), p. 180, l. 23-27 : Et sic, quamvis intelligentiae
producant res ex nihilo secundum philosophos agendo
non ex aliquo praeiacenti subiecto, non tamen, quod
non praesupponant priorem et formaliorem actionem
propriam Deo, quae est et dicitur creatio, sicut habetur
ex Libro de causis, ut patet inspicienti.
Cap.
III,
prop.
32
etc.,
1x
RcGSI* ; n.
7'.
17 – 18, p. 181, l. 54 – 183, l. 125 : Primo in intelligendo
primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam
suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic:
« Omnis intelligentia scit, quod est supra se », quod
exponitur in textu eiusdem propositionis sic : « Scit,
quod est supra se, quoniam acquirit bonitates ab eo ».
(...) Secundo intelligendo essentiam suam, secundum
quod dicitur 13 propositione De causis, scilicet: « Omnis
intelligentia intelligit essentiam suam ». Et ex his duobus
sequitur hoc, quod praemittitur propositione 11 :
Cap.
VII
(VIII), prop.
72, 1x RSP ;
n. 12.
SM
Cap.
XII
(XIII), prop.
109, 1x RSP ;
n. 17.
Liber de causis
« Omnis intelligentia intelligit res sempiternas, quae non
destruuntur neque cadunt sub corruptione ». Et hunc
conceptum, quo intelligentia sic concipit primam
causam, in alia propositione eiusdem libri, videlicet 2,
idem auctor vocat aeternitatem, quae est mensura
propria Dei secundum theologos. Concipere enim
Deum secundum proprietatem substantiae eius est
mensurare eum quodammodo. (...) Et iste est intellectus
dictae propositionis 2, qua dicit: « Omne esse aut est
superius aeternitate et ante ipsam aut cum aeternitate
aut est post aeternitatem et supra tempus ». Ubi in
commento habetur, quod « esse, quod est ante
aeternitatem, est prima causa », cuius ratio ibidem
assignatur, scilicet « quia est causa ei », scilicet
aeternitati. Quod intelligendum est, secundum quod
praedictum est, scilicet quod intelligentia intelligendo
primam causam fluit ab ea et sic concipiendo ipsam
mensurat eam aeternitate (...) Unde sequitur in
commento, quod « esse, quod est cum aeternitate, est
intelligentia, quia est esse secundum secundam
habitudinem unam, unde non patitur neque destruitur ».
Hoc in commento. (…) Sequitur ergo tertio loco
considerare de tertio genere praemissorum, scilicet de
his, quas animas caelorum dicunt, quas auctor Libri de
causis dicit « esse post aeternitatem et supra tempus »,
quia, sicut ibi dicitur, « anima est in horizonte
aeternitatis inferius et supra tempus », « quia est causa
temporis ». Et loquitur ibi de anima nobili, quam dicunt
animam caeli, de qua loquitur in 3 propositione, ut per
se patet; dicit enim ibi: « Omnis anima nobilis habet tres
operationes; nam ex eius operationibus est operatio
animalis et operatio intelligibilis et operatio divina ». Et
notandum, quod illa tria, quae praemiserat in
praecedenti 2 propositione, scilicet « omne esse
superius » et cetera, et distinxerat ea attribuendo singula
eorum singulis substantiis colligendo ea. Et sub aliis
verbis appropriat ea animae nobili, quam vult intelligi
animam caeli secundum eam considerationis regulam,
quam id, quod est simpliciter et unite et per consequens
inexplicabiliter propriis verbis in primo et summo bono,
magis determinatur et accedit quodammodo ad
multitudinem et plurificationem in his, quae sequuntur.
257
Cap. X (XI),
prop.
100,
101, 1x RSP ;
n. 16.
Cap.
II,
prop. 19, 2x
RSP ; prop.
20, 1x RSP ;
prop. 21, 1x
RSP ; prop.
22, 1x RSP ;
prop. 26, 1x
RSP ; n. 4.
Cap.
III,
prop. 27, 1x
RSP, n. 5.
Cap. V (VI),
prop. 57, 1x
RSP ; n. 10.
Cap.
III,
prop. 30, 1x
RcGSI ; n. 6.
258
Le poids de la citation
Unde id, quod in proxima propositione dixit « esse
superius ante aeternitatem », vocat hic in ista
propositione « operationem divinam », et quod ibi vocat
« esse cum aeternitate », dicit hic « operationem intelligibilem », et quod ibi nominat « esse post aeternitatem
et supra tempus », vult hic intelligi « operationem
animalem » in movendo corpus primum, quod est
caelum. Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter,
quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra
inductum est de Proclos et infra propositione 6 dicitur,
quod « causa prima superior est omni narratione ». (…)
Ulterius autem ista simplicitas et immensitas, quae est in
prima causa, determinatur amplius in naturam animae
ultra intelligentiam, quod non solum ipsa sit substantia
intelligibilis, verum quod salva intellectualitate sua fiat in
ea virtus animalis per inclinationem sui ad corpus
primum et in movendo ipsum, sicut habetur ex Libro de
causis.
21.(4), p. 185, l. 50-60 : Et hunc intellectum in corpore
caelesti dicimus animam caeli, cuius virtute principaliter
caelum est causa essentialis istorum inferiorum
secundum generationem et corruptionem eorum,
secundum quod habetur ex Libro de causis in commento
3 propositionis, scilicet quod « operatio animalis animae
nobilis est, quoniam ipsa movet primum corpus et
omnia corpora naturalia, quoniam ipsa est causa motus
corporum et causa operationis naturae. Et non efficit
anima has operationes, nisi quoniam ipsa est exemplum
virtutis superioris ». Et infra: « Propter istud ergo anima
intelligibilis efficit operationem intellectibilem ». Et
infra: « Ipsa non imprimit nisi per motum ». Et infra:
« De proprietate namque animae est, ut vivificet
corpora, quoniam influit super ea virtutem suam et
directe producit ea ad operationem rectam ».
Cap.
III,
prop. 30, 1x
RSP ; prop.
31, 1x RSP ;
prop. 34, 1x
RSP ; prop.
35, 1x RSP ;
n. 6.
24.(3)-(4), p. 187, l. 20 – 188, l. 30 : Sed, sicut dicitur 8
propositione Libri de causis, huiusmodi impressiones
reales sunt, id est sunt reales sic, quod sua realitate sunt
causa rerum sensibilium. Et sic talis intellectualis
substantia, quae est intellectus per essentiam, secundum
Cap.
VII
(VIII), prop.
72, 1x RSI ;
n. 12.
Liber de causis
259
absolutam suae substantiae praeexistentiam realiter et
essentialiter praehabet in se, sed modo simplici et unite,
totum ens, non solum, quod est ei causa in essendo, sed
etiam ea, quae sunt post ipsum, quorum ipse talis
intellectus est causa, secundum quod dicitur 8
propositione Libri de causis, quamvis loquatur ibi auctor
de intelligentia, quod, quia convenit ei ratione
intellectualitatis, secundum hoc convenit omni
intellectui, qui est intellectus per essentiam, secundum
eandem rationem.
32.(3), p. 196, l. 67-74 :
Unde, quod dicitur in
commento 3 propositionis Libri de causis, ubi loquitur de
anima nobili, quae est anima caeli; ibi dicitur sic:
« Operatio autem animalis est, quoniam ipsa movet
corpus primum et omnia corpora naturalia, quoniam
ipsa est causa motus corporum et causa operationis
naturae ». Hucusque commentum. Videtur innuere, quo
anima talis non moveat per modum causae efficientis,
sed modo sibi proprio, id est inquantum per modum
formae est « causa motus corporum et causa operationis
naturae », et hoc videtur intendere, quia dicit, quod eo
movet, quo est « causa motus et operationis naturae ».
Cap.
III,
prop. 30, 1x
RSP ; n. 6.
37.(1), p. 200, l. 6-13 : (...) si consideremus finem
operationis primae et supremae causae, quae Deus est,
quem finem dicere possumus consummationem
universitatis rerum, maxime quantum ad statum futurae
vitae, ad quem ordinatur totalitas universi et in
corporalibus et in spiritualibus, cui fini proportionatur
et proprie correspondet proprius modus causalis
influentiae, quae nulli alteri causae convenit nisi soli
primae causae, quam causalem influentiam dicere
possumus creationem, et sic vocant eam philosophi, ut
patet ex Libro de causis.
Cap.
III,
prop.
32
etc.,
1x
RcGSI* ; n.
7'.
37.(4)-(6)-(8), p. 201, l. 42 –202, l. 80 : Ecce, nomine
unius circumloquitur primam causam, Deum, quasi non
habens proprium nomen, quo positive ipsum designet.
Et sic superponit (i.e. Proclus) eam (i.e. causam
primam) secundum substantiam suam omnibus aliis
entibus causalibus. Et in eadem propositione videtur
Cap.
III,
prop. 27, 1x
RSP ; prop.
28, 1x RSP ;
prop. 29, 1x
RSP ; n. 5.
260
Le poids de la citation
appropriare intellectualitatem et modum proprie
intellectualiter causandi et causae (...) videtur autem
appropriare in eo, quod dicit quod « omnibus
intellectualibus hypostasibus superius est ipsum unum ».
Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit:
« Omnis divinus intellectus (...) ». quod sic modo
appropriato intelligendi sub Deo competat (...) ipsi
intelligentiae, hoc dicit infra 171: « Omnis intellectus in
intelligendo instituit (...) ». De ista appropriatione magis
expresse habetur Libro de causis propositione 3: « Omnis
anima nobilis habet tres operationes ; nam ex eius
operationibus est operatio animalis et operatio
intelligibilis et operatio divina ». Commentum:
« Operatio divina est, quoniam ipsa praeparat naturam
cum virtute, quae est in ea a prima causa. Eius autem
operatio intelligibilis est, quoniam ipsa scit res per
virtutem intelligentiae, quae est in ipsa ». Ergo virtus
intelligentiae, quae est in sciendo res, appropriatur
intelligentiae. (…) Modus autem suae causalis
influentiae huic fini proportionatus et proprius huic
causae est, quod habet operationem animalem et
consistit in hoc, ut dicitur in commento 3 propositionis
Libri de causis, « quoniam ipsa movet primum corpus et
omnia corpora naturalia, quoniam ipsa est causa motus
corporum et causa operationis ». Et infra: « Quod est,
quia ipsa non imprimit in res nisi per motum, scilicet
quia non recipit, quod est sub ea, operationem eius, nisi
ipsa moveat ipsam ». Et infra: « De proprietate namque
animae est, ut ipsa vivificet corpora, quoniam influit
super ea virtutem suam et directe producit ea ad
operationem rectam ». Ex his colligimus, quis sit
proprius modus causalis influentiae huius causae, quia
est per virtutem cuiusdam vitalis principii, cuius virtus
extenditur per motum et sine motu non fieret.
38.(2), p. 203, l. 96-97 : Si autem placet: magis esset
violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere,
dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus
propositione 54, scilicet: « Omne, quod a secundis
producitur (...) ». Et hinc sumitur ratio eius, quod dicitur
De causis propositione 1: « Omnis causa primaria plus est
influens super causatum suum quam causa universalis
Cap.
III,
prop. 30, 1x
RSP ; prop.
35, 1x RSP ;
n. 6.
Cap. I, prop.
1, 1x RSP ;
prop. 2, 1x
RSP ; prop.
3, 1x RSP ;
prop. 4, 1x
RSP ; prop.
Liber de causis
261
secunda ». Commentum: « Cum ergo removet causa
secunda universalis virtutem suam a re, causa universalis
prima non aufert virtutem suam ab ea. Quod est, quia
universalis causa prima agit in causatum causae
secundae, antequam agat in ipsum causa universalis
secunda, quae sequitur ipsam. Cum ergo agit secunda in
causatum, quod ipsam sequitur, non excusatur ipsius
actio a causa prima, quae est super ipsam, quoniam est
causa eius ». Hucusque commentum.
5, 1x RSP ; n.
1.
94.(5), p. 258, l. 24-27 : Sunt autem istae substantiae
separatae, de quarum cognitione dictum est supra et
commemorandum est hic: Deus, prima causa;
intelligentiae; animae caelorum, quas Liber de Causis
animas nobiles vocat ; spiritus angelici; quibus quinto
loco annumerantur animae rationales separatae.
Cap.
III,
prop. 27, 1x
RcGSP ; n. 5.
2) D e in t. (17 fois)
I, 4.(2), p. 138, l. 47-57 : Dicit (i.e. Proclus) ergo
propositione 20 sic: « Omnibus corporibus (...) ».
Quartum
circumloquitur
nomine
importante
privationem, scilicet unitate, et hoc, sicut dicitur in 6
propositione Libri de causis: « Causa prima superior est
omni narratione, et non deficiunt linguae a narratione
nisi propter narrationem esse eius, quoniam ipsa est
super omnem causam ». Et infra propositione 22:
« Prima causa est super omne nomen, quo nominatur ».
Et supra propositione 21: « Primum est dives per se
ipsum et est dives maius ». Commentum: « Et
significatio eius est unitas eius ».
Cap. V (VI),
prop. 57, 1x
RSP ; n. 10.
I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 : Et de isto genere sunt illae
intellectuales substantiae, quas philosophi intelligentias
vocabant, de quibus agitur in Libro de causis et in libro
Procli, quas in pluribus locis illius libri deos nominat,
quamvis secundum diminutam et imperfectam rationem
deitatis, sicut etiam Philosophus in XII Metaphysicae
Cap.
VI
(VII), prop.
64 e t c . , 1x
RcGSI* ; n.
11'.
Cap.
XX
(XXI), prop.
162,
1x
RSP ; prop.
163, 1x RSP ;
n. 20.
Cap.
XXI
(XXII),
prop. 166, 1x
RSP ; n. 20.
262
Le poids de la citation
approbat dictum illorum, qui vocabant principia
moventia caelos, vocabant, inquam, deos secundum
diminutam et imperfectam rationem deitatis.
I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 : De quibus considerandum,
quod, etsi in eis, hoc est in substantia eorum, non
inveniatur pars et pars, quia simplices substantiae sunt,
est tamen in quolibet eorum invenire quosdam respectus
originis, qui sunt respectus naturae, inquantum quilibet
eorum conversus est in se intelligens se ipsum per
essentiam, sicut dicitur in Libro de causis, quod
unusquisque talium intellectuum est rediens ad essentiam
suam reditione completa, scilicet intelligendo se ipsum
per essentiam, in quo consistunt quidam respectus
naturae, quorum quilibet importat totam substantiam
talis intellectus, solum ab invicem differentes respective.
Cap.
XIV
(XV), prop.
124,
1x
RcGSP ; n.
18.
I, 11.(1), p. 144, l. 36-40 : Signum veritatis istorum, quae
hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de
profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi
possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele
videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de
causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in
Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt
autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum
quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo
prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia
secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac
autem secunda intelligentia procedat tertia et anima
secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque
ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli
et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat
substantiam generabilium et corruptibilium. (…) Istud
concordat cum eo, quod habetur in commento
propositionis 4 Libri de causis et in aliis pluribus locis
illius libri, hoc tamen in his omnibus salvo, quod solus
Deus creat secundum eos, sicut dicitur in Libro de causis.
Procedere enim rem a re non est unam creare aliam, sed
creare est sic producere, quod non praesupponat aliquod
subiectum (...) quia, quidquid agit causa secunda in
essentialiter ordinatis, agitur a causa superiore, sed
eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus
Cap.
III,
prop. 32 e t c .
1x RcGSI* ;
n. 7''.
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RSI ; n. 8
Cap.
III,
prop.
32
e tc . ,
1x
RcGSI ; n.
7'.
Cap.
I,
prop. 14, 1x
RcGSI ; n. 3.
Liber de causis
263
propositione 54 sic: « Omne, quod a secundis (...) ».
II, 14.(3), p. 156, l. 118-120 : Et hoc est, quod dicitur in
Libro de causis in commento 10 propositionis, scilicet
quod intelligentiae primae habent species magis
universales et intelligentiae secundae habent species
minus universales.
Cap. IX (X),
prop. 93, 1x
RSP ; n. 15.
II, 15.(1), p. 156, l. 3-11 : Si igitur placet secundum
similitudinem proportionis sumere coordinationem
generum et specierum in separatis sicut in his
inferioribus
secundum
maiorem
vel
minorem
universalitatem et abstractionem, dicemus (...) quod inter
res creatas supremum gradum abstractionis seu
separationis et universalitatis tenent recipientes
essentiam suam a prima causa quantum ad primam et
simplicissimam et universalissimam intentionem, scilicet
esse, quod est primus terminus creationis, sicut dicitur in
Libro de Causis, scilicet quod « prima rerum creatarum est
esse ».
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RcGSP ; n.
8.
II.16.(1), p. 157, l. 38 – 158, l. 50 : Et tertio loco ponitur
rationale in principio Libri de causis, scilicet ens, vivum,
rationale, quasi istae sint tres intentiones, secundum
quas intellectus secundum ordinem fluant a Deo et
constituant tria genera entium in separatis suo modo,
scilicet genus, speciem et individuum (...) ita etiam
sumamus proprietatem et rationem individui in infimis
intellectibus
secundum
maxime
determinatam
intentionem, maxime, inquam, determinatam in
intellectualibus, quam vocat auctor Libri de causis in
commento rationale coordinans ipsam inferius et tertio
loco enti et vivo, ut supra dictum est.
Cap.
I,
prop. 7, 10,
1x RSI ; n. 2.
II, 38.(1), p. 176, l. 32-40 : Quamvis autem tria praedicta
attendamus in cognitione intellectus agentis, scilicet
suum principium, a quo intelligendo procedit, et suam
propriam essentiam et tertio universitatem rerum, hoc
tamen non facit tres intellectiones, sed unam solam,
Cap.
VII
(VIII), prop.
72,
1x
RcGSP ; n.
12.
264
Le poids de la citation
sicut etiam suum principium, a quo procedit, uno solo
actu cognitionis intelligit se et alia et, sicut colligitur ex
pluribus propositionibus Libri de causis, quaelibet
intelligentia intelligit, quod est supra se, hoc est causam
suam, stat etiam fixa cognoscendo rediens super
essentiam suam reditione completa, intelligit etiam, quod
est sub ea, id est causatum suum, non tribus
intellectionibus, sed uno simplici actu intellectionis (...).
Cap.
XIV
(XV), prop.
124,
1x
RcGSP ; n.
18.
II, 40.(1), p. 177, l. 62-67 : (...) inquantum essentia sua
(i.e. intellectus agens) est similitudo omnium entium
secundum aliquem gradum existentiae in universitate
entium et est, secundum quod dicitur propositione 15
Libri de causis, rediens per operationem intelligibilem ad
essentiam suam reditione completa, secundum quod ibi
dicitur in commento. Et sic directe et per se est
intelligens essentiam suam, et hoc immediate et
formaliter per propriam essentiam suam.
Cap.
XIV
(XV), prop.
124, 1x RSP ;
n. 18.
III, 24.(4), p. 196, 38-44 : Quantum autem ad utrumque
istorum simul, id est quantum ad intellectum, qui est
causa, et quantum ad intellectum, qui est alterius alicuius
causatum, de habitudinibus videlicet istorum ad invicem,
scilicet quod tales habitudines sunt intellectualiter,
habemus ex 8 propositione Libri de causis, ubi sic dicitur:
« Omnis intelligentia scit, quod est supra se, et scit, quod
est sub se. Verumtamen scit, quod est sub se, quoniam
est causa ei, et scit, quod est supra se, quoniam acquirit
bonitates ab eo ».
Cap.
VII
(VIII) prop.
72, 1x RSP ;
n. 12.
3) D e s u b . s p ir . (12 fois)
9.(2), p. 310, l. 12-22 : Et istud concordat, immo potius
est id, quod dicitur Libro de causis propositione 7:
« Intelligentia est substantia, quae non dividitur »; in
commento: « Quod, si inveniatur in ea multitudo, non
invenitur nisi existens quasi res una ». Et infra aliquibus
interpositis ostendit modum multitudinis et unitatis cum
causa utriusque dicens: « Et intelligentia quidem est
Cap.
VI
(VII), prop.
64, 1x RSP ;
prop. 67, 1x
RSP ; prop.
70, 1x RSP ;
n. 11.
Liber de causis
265
multa propter bonitates, quae adveniunt ei a causa
prima. Et ipsa, quamvis multiplicetur per hunc modum,
tamen, quod appropinquat uni, fit unum, quod non
dividitur ». Praemiserat autem immediate, scilicet quod
in intelligentia substantia et eius operatio utraque est res
una. Et infra propositione 9 dicit, quod « Intelligentia est
habens helyatim, quoniam est esse et forma ». Et infra:
« Causae primae non est helyatim, quoniam ipsa est
tantum esse ».
Cap.
VIII
(IX), prop.
90, 1x RSP ;
n. 14.
18.(2) – 19.(7), p. 316, l. 12 – p. 138, l. 77 : Intellectualia
enim secundum philosophos sunt causalia principia
aliquo modo spiritualium, sicut dicitur in Libro de causis
commento propositionis 3, quod « prima causa creavit
esse animae mediante intelligentia ». Et infra commento
propositionis 9: « Natura continet generationem et
anima continet naturam et intelligentia continet animam:
Ergo intelligentia est continens omnes res ». Hucusque
verba commenti. Quamvis enim solus Deus creaverit
omnia et creet immediate et ipse sit principium omnium
rerum immediate actione sibi propria et incommunicabili
aliis, quam creationem dicimus, sicut habemus etiam ex
Libro de causis, tamen salva pace et gratia doctorum
nostrorum non est absonum nec alienum a ratione,
immo plurimum extollitur ex hoc divinae immensitatis
omnipotentia, ut possit creare tales creaturas, quas
intelligentias dicimus, (...) tamen inferiore modo, quam
sit creatio, quae, sicut dictum est, soli Deo convenit, ut
sic in ordine universi.
(...) si dicamus, quod Deus producat res per esse tantum,
intelligentia autem in eo, quod est esse et vita, quia
« intelligentia est habens helyatim », sicut dicitur 9
propositione Libri de causis, id est « esse et forma ». Et
per hoc differat actio intelligentiae ab actione divina,
quae est creatio (...). Unde et Proclus propositione 54:
« Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et in
commento propositionis 1 Libri de causis: « Omnem
operationem, quam causa efficit secunda, et causa prima
efficit; verumtamen efficit eam per alium modum
altiorem et sublimiorem ». Et infra: « Et non figitur
causatum causae secundae nisi per virtutem causae
primae ». Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra
Cap.
III,
prop. 32, 2x
RSP ; n. 7.
Cap.
VIII
(IX), prop.
85x 1x RSP ;
prop. 86, 1x
RSP ; n. 13.
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RcGSI* ; n.
7'.
Cap.
VIII
(IX), prop.
90, 1x RSP ;
n. 14.
Cap.
I,
prop. 14, 1x
RSP ; prop.
16, 1x RSP ;
n. 3.
266
Le poids de la citation
inductum est, scilicet quod « prima causa creavit esse
animae mediante intelligentia » : Creatio enim, quae est
propria actio Dei, qua immediate est causa rerum, est
prima et simplicissima et efficacissima actio. (…) Et hoc
est, quod dicitur, quod « causa prima creavit esse animae
mediante intelligentia », sicut inter primum et tertium
dicimus secundum esse medium.
4) D e vi s . b e a t . (8 fois)
1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 : Et sicut dicitur in Libro de
causis propositione 15 de qualibet intelligentia, quae est
intellectus in actu per essentiam, quod ipse est rediens ad
essentiam suam reditione completa – praemiserat autem
propositione 13, quod « omnis intelligentia intelligit
essentiam suam » –, eandem etiam sententiam de
intellectu per essentiam, quem in nobis vocat abditum
mentis, videlicet quod se ipsum semper intelligit, ponit
Augustinus (...).
Cap.
XIV
(XV), prop.
124, 1x RSP ;
n. 18.
3.2.4.(5)-(6), p. 74, l. 29-36 : Ex dictis enim
condicionibus concluditur secundum philosophos
intelligentias intelligere per suam essentiam et ea
intellectione in se ipsas semper converti, ut habetur in
Libro de causis et Procli.
Cap.
XIV
(XV), prop.
124,
1x
RcGSI ; n.
18.
3.2.9.1.(3), p. 86, l. 26-33 : Consistit autem
communissima et simplicissa et prima ratio entis in eo,
quod ipsa est prima et simplicissima omnium
intentionum repertarum in rebus, qua res primo sunt
aliquid et primo differunt a nihilo et quantum ad
deductionem eius ad esse in rebus creatis – « prima »
enim « rerum creatarum est esse » – et quantum ad
essentiam rerum in se – omnes enim rerum intentiones
in ipsam tamquam in primam et simplicissimam et
communissimam resolvuntur et per eam in natura
formaliter figuntur, ut patet ex pluribus propositionibus
Libri de causis.
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RcGSP ; n.
8.
Cap.
XII
(XIII),
prop. 109, 1x
RSP ; n. 17.
Liber de causis
267
3.2.9.4.(4), p. 91, l. 29-43 : In omni enim re prius natura
et intellectu attenditur hoc, quod distat a nihilo, et hoc
non est nisi essentia et esse rei inquantum huiusmodi.
Prima enim rerum creatarum est esse, quod proprium est
essentiae inquantum essentia, sicut dicit Augustinus libro
De immortalitate animae, ubi dicit, quod essentia dicitur eo,
quod est, et De Trinitate l. VII c. 10, ubi dicit: « Quod
enim est sapientiae sapere (...) hoc est essentiae ipsum
esse ». Et Boethius De Trinitate idem dicit sententialiter,
immo amplius determinat ibi essentiam rei esse ipsum
esse. (...) Essentia enim seu esse est prima et
simplicissima et formalissima omnium intentionum in
entibus, ut habetur ex Libro de causis, quae etiam in
habendo gradus nobilitatis et perfectionis, sicut se habet
in principiis separatis, incomparabiliter
adhuc
praeeminet in rebus respectu eius, quod substantiae sunt
vel quaecumque aliae formae accidentales.
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RcGSP ; n.
8.
3.2.9.5.(12), p. 95, l. 79 – p. 96, l. 88 : (...) productio
substantiarum corporum caelestium, quae a principio
separato processerunt in esse, in quibus id, quod est per
essentiam, determinatur in id, quod est secundum
substantiam, sicut magis formale in minus formale, sicut
quandoque actus determinatur per potentiam secundum
Librum de causis, ut ens determinatur in vivum et vivum
in rationale manentibus nihilominus ipsorum formalibus
intentionibus et rationibus distinctis, sicut e converso
potentia determinatur per actum (...).
Cap.
I,
prop. 7, 10 ,
1x RcGSI ;
n. 2.
4.2.1.(9), p. 108, l. 92-99 : (...) ipse intellectus agens
secundum ordinem proprium essentialium causarum est
ultimum et proximum et maxime determinatum
principium intellectionis in nobis, quia lumen
intellectuale primae causae in ipso tali intellectu
determinatur secundum eum modum, quo virtus causae
superioris vel prioris ordine essentiali determinatur in
causa secunda seu posteriore et plus influit in causatum
causae secundae quam ipsa causa secunda, sicut dicit
prima propositio Libri de causis.
Cap.
I,
prop. 1, 1x
RSP ; n. 1.
4.3.1.(4), p. 112, l. 65-70 : (...) duo attenduntur, unum
videlicet, quod illud, quod est formalius et simplicius et
Cap.
I,
prop. 7, 10 ,
268
Le poids de la citation
nobilius in superiore forma, contracte et magis
determinate et minus perfecte invenitur in inferiore,
sicut in exemplo Libri de causis accipere possumus de
ente, vivo, rationali, sicut etiam se habent intellectivum,
cogitativum, imaginativum, sensitivum.
1x RcGSI ;
n. 2.
5) D e e n t e (5 fois)
I, 6.(2) – 7.(2), p. 32, l. 5 – 34, l. 69 : Quia esse significat
rem suam sub prima omnium intentione, qua res distat a
nihilo inquantum huiusmodi – « prima » enim « rerum
creatarum est esse », De causis propositione 4 –,
quaelibet autem res secundum totam essentiam suam
distat a nihilo et non secundum aliquod accidens sibi,
sed modo essentiali seu essentialiter distat, ergo esse
significat totam rei essentiam (...). Unde et eius (i.e.
causae primae) nobilissimae actionis, quae est creatio,
nobilissimus et primus est effectus, ut dicitur 4
propositione Libri de causis : « Prima rerum creatarum est
esse ». Et alibi in eodem in commento, quod soli Deo
competit creare. (...) Sed terminatur ad esse. Ergo esse
est idem, quod essentia. Praeterea necessarium esset
secundum dictam positionem, si esse esset accidens,
quod prima essentiarum haberet aliud principium quam
Deum, vel oporteret dicere, quod res procederent a Deo
mediante aliquo accidente, quod esset formaliter causale
principium ipsis rebus sic procendentibus a Deo, quia
« prima rerum creatarum est esse », sicut dictum est. (...)
Ipsum enim esse est maxime causale in genere causarum
formalium et est causativum substantiae secundum
auctorem Libri de causis in commento, qui sic ordinat:
esse, vivum, rationale, homo, qui est substantia. Et sicut
dictum est de esse respectu hominis, sic se habet esse ad
omnem rerum universitatem, sicut dicitur 4 propositione
De causis in commento sic : « Et non est post primam
causam latius neque prius causatum ipso. Propter illud
ergo factum est superius rebus creatis omnibus et
vehementius unitum ». Ex his ergo arguitur, quod esse
significat totam essentiam cuiuscumque rei. (...) Idem
ostenditur auctoritate Libri de causis propositione 2:
« Omne esse superius aut est superius aeternitate et ante
Cap.
IV,
prop. 37, 3x
RSP ; prop.
38, 1x RSP ;
prop. 39, 1x
RSP ; prop.
44, 1x RSP ;
n. 8.
Cap. I, prop.
7,10, 1x RSI ;
n. 2.
Cap.
II,
prop. 19, 1x
RSP ; n. 4.
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RcGSI* ; n.
7'.
Liber de causis
269
ipsam aut est cum aeternitate aut est post aeternitatem
et supra tempus ». Primum istorum est Deus secundum
commentum, secundum intelligentia, tertium est anima.
Et ita est hic distinctio essentiarum sub nomine ipsius
esse. Ergo esse significat essentiam rerum. Praeterea in
eodem libro propositione 4: « Prima rerum creatarum
est esse ». Sed esse non importat nisi actum essendi.
Ergo nihil aliud est dicere « prima rerum creatarum est
esse » quam « prima rerum creatarum est aliqua essentia
secundum actum ». Et hoc est, quod dicitur in
commento eiusdem propositionis: « Et esse quidem
causatum primum est intelligentia ». Ergo esse significat
rei essentiam.
II, 2.(2), p. 40, l. 70-77 : Et non solum esse suum sic
participat, sed totam essentiam suam indifferentem ab
esse suo. Unde dicitur in Libro de causis propositione 20 :
« Res omnes sunt entia propter ens primum et omnes
res vivae propter vitam primam » et cetera. Secundum
hunc modum participandi, sicut dicitur, quod, quia
participant esse, ideo differt in eis essentia et esse, ita
potest dici, quia participant essentiam dicto modo, ideo
differunt huiusmodi a sua essentia, quod patet esse
falsum.
Cap. XX, 1x
FRSP ; n. 19.
6) D e a n i m . (4 fois + 1 SM)
7.(4), p. 18, l. 61-66 : Circa quod et hoc advertendum,
videlicet quod ille primus et summus intellectus, qui est
totius entis principium, scilicet Deus, quia agit non
solum non supponendo aliunde subiectum, ex quo vel in
quo agat, verum etiam non supponendo actionem
cuiuscumque prioris vel altioris virtutis, qua sua actio
figatur et fundetur in causando, ideo eius et sibi propria
actio est creatio et ipse solus creat, sicut dicitur in Libro
de causis.
Cap.
III,
prop.
32
etc.,
1x
RcGSI* ; n.
7'.
12.(3), p. 23, l. 43-47 : Est enim principium omnino
separatum, cui competit primus et simplicissimus
principiandi
modus,
videlicet
per
simplicem
emanationem et constitutionem in esse, ut propria ratio
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RcGSP ; n. 8.
270
Le poids de la citation
principiatorum et procedentium ab ipso sit ipsum esse
rei inquantum esse, ut dicitur in Libro de causis, quod
« prima rerum creatarum est esse ».
14.(1), p. 25, l. 2-18 : Praeterea ad principale propositum
est ratio, super quam fundatur paenultima propositio
Libri de causis, quae ratio talis est: « Res cadens sub
tempore in omnibus dispositionibus suis (id est tam
secundum suam substantiam quam secundum suam
actionem) seiuncta est a re cadente sub aeternitate in
omnibus dispositionibus suis (id est tam secundum
suam substantiam quam secundum suam actionem);
continuatio autem non est nisi in rebus similibus (id est
proportionalibus hinc inde utrique extremorum),
necesse est, ut sit res alia tertia media, cuius substantia
cadat sub aeternitate et eius actio cadat sub tempore » :
et hoc est caelum. Vocat autem auctor iste res cadentes
sub aeternitate quantum ad substantiam et operationem
principia separata secundum ipsum, res autem cadentes
sub tempore secundum substantiam et operationem
intendit generabilia et corruptibilia, inter quae duo
extrema caelum natura medium posuit, medium,
inquam, continuativum et coniunctivum per quandam
causalem derivationem essentialium perfectionum (...).
Cap.
XXX
(XXXI),
prop. 211, 1x
RSP ; prop.
213, 1x RSP ;
n. 22.
36.(2), p. 43, l. 93-100: Ens igitur isto modo
condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In
omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ;
unde secundum istum modum dicit Philosophus in III
De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum
eum modum et naturam separationis tractaverunt
Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut
patet per Philosophum in XII Metaphysicae et
Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua
Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro,
et similiter in Libro de causis.
SM
Liber de causis
271
7) D e in te l l i g. (3 fois)
1.(5), p. 354, l. 92-95 : Ex iam dictis elici potest, quod
etiam anima caeli procedit ab intelligentia, ex quo
subiectum suum - id est ipsum caelum – procedit ab ea:
sicut dicitur in Libro de Causis, quod « prima causa creavit
animam mediante intelligentia », et loquitur ibi de anima
nobili, quae est anima caeli.
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RcGSP ; n.
7.
4.(1), p. 357, l. 2-14: Secundum eum ordinem, quo a
suprema intelligentia et prima procedente a Deo per
actum creationis procedat secunda intelligentia et anima
supremi caeli (...) ita tamen, quod ex non subiecto
aliquo, sed non remota actione ea, de qua dictum est,
quae propria est primae causae, fundante omnes naturae
actiones, sive sint productivae rerum ex subiecto aliquo
praeiacente, sive ex non subiecto, et hoc secundum
philosophos, unde in Libro de causis dicitur in commento,
et inductum est supra, scilicet quod Deus « creavit
animam mediante intelligentia », quod non est aliud
dicere, nisi quod intelligentia produxit animam ex non
subiecto aliquo, qui est proprius modus agendi ipsi
intelligentiae, videlicet agere ex non subiecto, quem
modum et virtutem participat ex prima causa, quae Deus
est, ex actione, quae solum Dei est, et est creatio (...).
Cap.
III,
prop. 32, 1x
RSP ; n. 7.
Cap.
III,
prop. 27, 1x
RcGSP ; n.
5.
8) D e a c c . (2 fois + 1 SM)
23.(3)-(5), p. 86, l. 10 – 87, l. 41 : Inducunt etiam ad
assertionem suae intentionis, scilicet quod accidens
possit esse sine subiecto, hoc, quod in principio Libri de
causis habetur, quod causa primaria plus influit in
effectum seu causatum causae secundae quam ipsa causa
secunda. Unde quando a causato causae secundae
removetur causalitas ipsius causae secundae, adhuc
remanet causalitas causae primae. (…) Primo, quia non
est assumpta ab auctoritate secundum intentionem
Cap.
I,
prop. 1, 1x
RSP ; n. 1.
Cap.
I,
prop. 7, 10,
1x RcGSI ;
n. 2.
272
Le poids de la citation
auctoris; loquitur enim auctor Libri de causis in dicta
auctoritate in eodem genere causae, puta efficientis vel
formalis vel materialis, unde ipse exemplificat in causis
formalibus, scilicet in ente, vivo, rationali. Quantum
autem pertinet ad propositum, non sic se habet,
quoniam Deus est causa efficiens accidentis, subiectum
autem est causa subiectiva seu materialis. (…)
Exponenda est igitur inducta auctoritas Libri de causis et
sumenda secundum verum intellectum eius, qui non
habet locum in proposito, sicut patet.
SM
9) D e m e n s . (2 fois)
2.(11), p. 219, l. 129-141 : Secundo gradu rerum
mensurabilium determinabant philosophi mensuram
intelligentiae seu intelligentiarum, quas ponebant, et
hanc mensuram dicebant aeternitatem. Unde secunda
propositione Libri de causis dicitur, quod omne esse
superius aut est superius aeternitate et causa ei, aut est
cum aeternite et extenditur cum ea. Primum dicebant
primam causam; secundum intelligentiam, quam
dicebant mensurari aeternitate, ut patet. Huius autem rei
ratio est secundum philosophos, qui ponebant tales
substantias, quas intelligentias vocabant (…).
Cap.
II,
prop. 19, 1x
RSP ; prop.
25, 1x RSP ;
n. 4.
10) D e n a t . c o n tr . (2 fois)
13.(4), p. 94, l. 76-80 : Et istud exemplariter patet
intuenti quodcumque genus causarum essentialium,
earum, inquam, quae sunt causae secundum actum, sicut
habemus ex Libro de causis. Sicut autem se habet in
entibus positivis secundum iam dictum modum, sic
proportionaliter se habet in ordine eorum, quorum ratio
consistit in remotione vel privatione, ut sunt genera
oppositionum praetacta.
Cap.
(V)
e tc . ,
prop.
49,
1x
RcGSI* ; n.
9.
41.(1), p. 111, l. 43-47 : Quae non sunt universaliter
primum agens, praesupponunt in agendo primum agens
et suam propriam actionem, quae est creatio, qua
primum principium nobiliore et formaliore modo agit
Cap. I, prop.
14,
1x
RxGSI ; n. 3.
Liber de causis
273
eandem totam dispositionem sive perfectionem, quam
modo sibi proprio agit agens secundi ordinis, ut in De
causis habet ostendi.
11) D e e l e m. (1 fois)
30.(1), p. 80, l. 59 – 81, l. 66 : Constat, quod non minus,
sicut etiam dicit Commentator super VIII Physicorum,
scilicet quod nobiliore modo et veriore movetur caelum
ex se quam animalia in hoc mundo inferiore. Manifestum
est autem ex habitis in Prima philosophia et ex Libro de
causis, quod principia motus caeli sunt ab alio sicut et
principia motus gravium et levium, et tamen non dicitur,
quod caelum moveatur a generante.
Cap.
III,
prop. 30, 1x
RcGSI ; n. 6.
12) D e o r ig. (1 fois)
5.(36), p. 191, l. 354-356 : Et hunc causandi modum
vocant creationem, quamvis non eadem ratione, qua
dicitur creatio apud theologos; unde in Libro de causis
dicitur, quod « prima rerum creatarum est esse ».
Unumquodque enim ens, secundum quod in ipsum
descendit causalitas primae causae, dicitur ens, quae est
prima et formalissima omnium intentionum.
Cap.
IV,
prop. 37, 1x
RcGSP ; n.
8.
13) D e q u i d . (1 fois)
De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 : Ipsum autem quid in eo,
quod quid, seu quiditas in eo, quod quiditas, super
rationem entis importat quandam rei informationem,
saltem quoad modum intelligendi, qua res seu ens
determinatur ad talem vel talem essentiam vel naturam,
ut res talis non solum sit ens per distantiam eius a
nihilo, sed etiam sit hoc vel hoc secundum aliquam
informationem, sicut de primo causato, quod est
intelligentia secundum philosophos, dicitur in Libro de
causis, quod ipsa est hyliatim, id est ens et forma, saltem
quantum ad modum intelligendi.
Cap.
VIII
(IX), prop.
90,
1x
RcGSP ; n.
14.
274
Le poids de la citation
V. Conclusions 2
Dietrich utilise explicitement l’autorité de Liber de causis :
36 fois (+ 1 SM) dans le De cog. ent.
17 fois dans le De int
12 fois dans le De subst. spir.
10 fois dans le De ente.
8 fois dans le De vis. beat.
4 fois dans le De anim.
3 fois dans le De intellig.
2 fois dans le De acc. (+ 1SM), De nat. contr. et dans le De mens.
1 fois dans : De elem., De orig. et dans le De quid.
En considérant chaque traité en particulier, on observe que :
1) le De cog. ent. mentionne 18 fois (sur 36) des propositions ou
thèses qui proviennent du chapitre III du De causis. L’intérêt principal de
Dietrich pour ce chapitre porte sur la question de la création qui est une
action propre à la cause première : la création est alors l’opération la plus
noble et la plus parfaite, tandis que l’opération des substances séparées –
la production – est moins parfaite et elle est faite par la vertu de la cause
première.
On remarquera notamment le long commentaire des propositions
provenant des chapitres II, III, V(VI), VII(VII), X(XI), XII(XIII) qui se
lit dans les sections 17 et 18 du De cog. ent.; sans revenir sur les détails du
thème (cf. n. 4, 5, 6, 7', 10, 12, 16, 17), on observe le nombre élevé, 12,
d’occurrences du Liber de causis dans cette partie du traité : Dietrich
défend ici que l’intelligence supérieure a une connaissance essentielle de
la cause première, de soi-même et de son effet, et que cette connaissance
est la mesure de l’ordre de l’éternité par laquelle l’intelligence se rapporte
aux trois objets de sa connaissance. Un autre commentaire intéressant se
lit dans les sections 37 et 38 : on dénombre toujours 12 occurrences :
Dietrich s’intéresse ici aux trois causalités de l’âme noble et à la manière
dont celles-ci se trouvent dans la cause première et s’exercent dans le
monde sublunaire. Dans ces deux parties du traité (sections 17-18 et 3738) on trouve donc 24 occurrences sur le total de 36 (ca. 66%).
2) dans le De int. Dietrich n’a pas une préférence spéciale pour l’un
ou l’autre des chapitres du Liber de causis et ne fait pas de commentaires
particulièrement saisissants. On peut cependant noter que les
Liber de causis
275
occurrences dans la première partie du traité (10 évocations) portent
surtout sur deux thèses majeures : (1) la cause première est au-delà de
tout discours et (2) les substances supérieures procèdent de la cause
première selon un ordre déterminé ; les occurrences de la seconde partie
du traité (6 évocations) portent surtout sur la connaissance réflexive de
l’intelligence (identifiée avec l’intellect agent). Dans la troisième partie,
on trouve une seule occurrence.
3) 8 sur les 12 évocations dans le De sub. spir. se lisent dans les
sections 18 et 19 ; deux thèses connexes, auxquelles Dietrich accorde
souvent beaucoup d’attention, se reconnaissent dans ces parties : (1) la
cause première contient, d’une manière plus noble, toutes les opérations
de toutes les substances séparées ; la création – produire les choses en
leur donnant l’être – est une opération qui lui est propre ; (2)
l’intelligence supérieure habens helyatim est esse et vita, son opération étant
donc inférieure par rapport à la création. On peut encore retenir que 11
occurrences sur 12 indiquent la proposition et donnent des citations
littérales.
4) les occurrences dans le De ente, à une exception près – qui est, en
plus, un faux renvoi – se lisent dans les sections 6 et 7 ; Dietrich propose
ici un petit commentaire du chapitre IV sur la première des choses créées
qui est l’être ; les références aux chapitres I, II et III servent donc à
comprendre et expliquer le type de création que la cause première
produit immédiatement ; le but final est de soutenir l’identité entre l’être
et l’essence (esse ergo significat essentiam rerum) et que l’essence d’une chose
est la fin de l’acte de la création (actio Dei nobilissima, quae est creatio, non
terminatur nisi ad essentiam).
5) les évocations du Liber de causis dans le De vis. beat. sont éparpillées
dans plusieurs endroits du traité et proviennent de quatre chapitres : I,
IV, XII(XIII) et XIV(XV).
6) en ce qui concerne les occurrences dans les autres traités de
Dietrich, on peut remarquer surtout que dans le De intellig. les trois
évocations du Liber de causis portent sur le même thème et la même
proposition ; dans le De acc. les deux occurrences proviennent du
chapitre I seulement.
Si l’on fait un calcul, sur les 34 textes de la plume de Dietrich, seulement
13 cite explicitement le Liber de causis (dont 3, de plus, le citent chacun
une seule fois). On note donc l’usage selectif : le Liber de causis apparaît
dans les traités portant sur trois thèmes : la cosmologie (De cog. ent., De
sub. spir., De anim., De intellig.), la noétique (De int., De vis. beat.) et
l’ontologie (De ente, De acc., De quid.).
Proclus
I. Proclus dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
Les citations que Dietrich donne de l’Elementatio de Proclus présentent la
caractéristique suivante : sur les 17 renvois explicites avec adresse, 10
présentent diverses divergences de nombre par rapport au texte source.
Voici une liste des correspondances :
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
prop.
56 est citée comme prop. 54 (différence : 2 numéros)
97 est citée comme prop. 94 (différence : 3 numéros)
125 est citée comme prop. 121 (différence : 4 numéros)
134 est citée comme prop. 130 (différence : 4 numéros)
139 est citée comme prop. 135 (différence : 4 numéros)
140 est citée comme prop. 136 (différence : 4 numéros)
145 est citée comme prop. 141 (différence : 4 numéros)
146 est citée comme prop. 142 (différence : 4 numéros)
147 est citée comme prop. 143 (différence : 4 numéros)
174 est citée comme prop. 171 (différence : 3 numéros)
Nous ne saurons pas expliquer la raison de ces divergences, mais il
semble que Dietrich ait connu et utilisé une version incomplète de
l’Elementatio 19. Il est impossible de savoir à partir de quelle proposition la
variation commence puisque Dietrich cite correctement les propositions
17, 20, 21, 31, 32, 34 et 44 ; aucune des propositions 45 – 55 de
l’Elementatio n’est citée explicitement par Dietrich, mais la première
19 Dans l’édition de l’Elementatio aucune variation de ce genre n’est signalée – H.
B OESE (ed.), Proclus: Elementatio theologica, translata a Guillelmo de Morbecca, Leuven
University Press, Leuven 1987.
278
Le poids de la citation
différence apparaît avec la proposition 56 citée comme 54. Dietrich perd
une autre proposition après la proposition 56 (la proposition 97 étant
citée comme 94) et encore une après, étant donné que la sentence 125
est citée comme 121 ; Dietrich récupère une proposition entre les
numéros 147 et 174, celle-ci étant citée en numéro 171.
On constate donc une différence de deux, ensuite trois ensuite
quatre numéros ; ces absences sont manifestes parce que le modèle de
l’Elementatio utilisé par Dietrich a une numérotation continue des
propositions comme si elles étaient copiées sans leur numéro et
numérotées après la transcription ; très probablement, Dietrich ne s’est
jamais aperçu qu’il avait à sa disposition un exemplaire ou florilège
incomplet de l’Elementatio. Il faut cependant noter qu’il a toujours
disposé de la même copie parce que les propositions sont citées avec les
mêmes numéros dans tous les traités. Nous ne considérons pas ces
différences comme des faux renvois : il a manifestement connu un
exemplaire défectueux et il a toujours cités les mêmes propositions avec
les mêmes numéros ; ces cas ne sont pas comparables aux faux renvois
dont nous parlions dans d’autres situations lorsqu’une citation ou une
thèse est attribuée à un traité alors qu’elle provient d’un autre traité.
Pour des raisons purement méthodologiques, nous distinguons,
comme dans le cas de Liber de causis, entre les propositions principales et
les propositions secondaires (commentum) de l’Elementatio. Ces dernières
ne portent pas de nombre, contrairement au Liber de causis, mais nous le
comptons distinctement.
Proclus
279
I) Prop. 17 : c o m me n t u m
n. 1)
p. 12, l. 13-14 : (…) AD QUOD
AUTEM OPERATUR , AD HOC
CONUERSUM EST .
De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l.
41-51 : Unde Boethius De
consolatione l. III met: « Repetunt
proprios (…) ». (4) Proclus etiam
dicit 31 propositione libri sui:
« Omne procedens (…) ». Ubi
dicitur in commento: « Ad quod
enim primo (…) ». Et in
commento 32 propositionis dicit:
« Quod enim convertitur (…) ».
Et infra: « Si igitur conversio
(…) » et cetera. (...) Unde et in
commento 17 propositionis dicit:
« AD QUOD AUTEM OPERATUR,
AD HOC CONVERSUM EST ».
1 occurrence
RSP : Après avoir cité longuement Boèce (De consolatione, III, m. 2) et
Proclus (prop. 31 et 32) Dietrich ajoute en dernier une citation
provenant de la prop. 17. Ce sont les autorités qui donnent du poids à la
théorie très particulière qu’il développe à propos de la conversion de
l’intellect agent vers Dieu.
Le rôle de Proclus est ici très important parce qu’il permet de
condenser en trois propositions plusieurs points essentiels que Dietrich
discute ailleurs plus en détails : la prop. 31 présente la thèse selon
laquelle l’effet qui procède de sa cause se tourne vers celle-ci ; la prop. 32
soutient, surtout dans son commentaire (commentum 20), que la
ressemblance est la loi de toute conversion et que la conversion
représente une jonction (copulatio, coniunctio) à la cause première qui est le
terme de la conversion. Dietrich reprend ensuite à son compte le
vocabulaire et les thèses de Proclus et résume les deux propositions : la
chose qui procède par soi d’un principe supérieur se tourne vers celui-ci
selon un désir et une opération qui tend vers lui ; le but est de s’y joindre
20 Sur le sens et l’usage du mot commentum pour les sentences secondaires de
l’Elementatio, voir l’explication du cas analogue du Liber de causis.
280
Le poids de la citation
et de s’y lier entièrement. Et la prop. 17 dit : ce vers quoi il oriente son
activité est aussi ce vers quoi il se convertit.
Dietrich lit et explique Proclus par lui-même ; le choix de mettre
ensemble plusieurs propositions sur le même thème prouve qu’il a une
connaissance relativement bonne de l’Elementatio (ou des parties dont il
disposait), même si l’usage qu’il en fait est plutôt réduit (Dietrich cite,
nous le verrons, seulement 17 propositions sur 211).
II) Prop. 20
n. 2)
p.
13, l. 1-3 : O MNIBUS
CORPORIBUS
SUPERIOR
EST
ANIME
SUBSTANTIA ,
ET
OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR
INTELLECTUALIS NATURA , ET
OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
YPOSTASIBUS SUPERIOR IPSUM
UNUM.
De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-57 :
Et hoc est, quod dicit Proclus
propositione 171 sic : « Omnis
intellectus (…) ». Commentum:
« Etenim
intellectus
(…) ».
Distinguit autem idem Proclus
quadruplicem rerum maneriem, in
quibus singulis diligens indagator,
prout fuerit de proposito suo,
necesse habet quaerere proprias
uniuscuiusque eorum operationes.
Dicit ergo propositione 20 sic :
« O MNIBUS
CORPORIBUS
SUPERIOR
EST
ANIMAE
SUBSTANTIA
ET
OMNIBUS
ANIMABUS
SUPERIOR
INTELLECTUALIS
NATURA
ET
OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM
UNUM ».
De subs. spir., 5.(2), p. 307, l. 9-17 :
Easdem rerum maneries explicat
Proclus
propositione
20,
procedens ab exterioribus seu ab
inferioribus, ubi nomine animae
intelligit maneriem spiritualium,
illud autem, quod proprie est
innominabile,
scilicet
prima
Proclus
281
causa, hic exprimit nomine unius;
unde dicit sic propositione 20 :
« O MNIBUS
CORPORIBUS
SUPERIOR
EST
ANIMAE
SUBSTANTIA
ET
OMNIBUS
ANIMABUS
SUPERIOR
INTELLECTUALIS
NATURA
ET
OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM
UNUM ». Hucusque Proclus.
De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 70176, l. 81 : Unde attendendo hanc
Dei immensitatem Proclus in
libro suo superordinavit omnibus
intellectibus
et
secundum
substantiam
et
secundum
operationem quadam inexplicabili
positiva
nominis
proprietate
essentiam
divinam
dicens
propositione 20 : « O MNIBUS
CORPORIBUS
SUPERIOR
EST
ANIMAE
SUBSTANTIA ,
ET
OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR
INTELLECTUALIS NATURA , ET
OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM
UNUM ». Ecce, caruit nomine
positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus
est, caruit, inquam, secundum
intentionem suam, nec suffecit
sibi nomen intellectus, immo nec
nomen Dei, quae duo nomina
appropriat
inferioribus
substantiis, id est intelligentiis, in
processu eiusdem libri sui
propositione 121, 130, 136, 141,
et ibi in commento, ubi dicitur :
« Plena autem (…) ».
282
Le poids de la citation
De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 3034 : Omne enim, quod secundum
substantiam suam superlocatur
aliis,
etiam
secundum
proprietatem suae influentiae
causalis superexistit aliis. Unde
Proclus propositione libri sui et
est
supra
inductum
sic :
« O MNIBUS
CORPORIBUS
SUPERIOR
EST
ANIMAE
SUBSTANTIA ,
ET
OMNIBUS
ANIMABUS
SUPERIOR
INTEL LECTUALIS NATURA , ET OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
HYPOSTASIBUS
SUPERIUS
IPSUM
UNUM ». Ecce, nomine unius
circumloquitur primam causam,
Deum,
quasi
non
habens
proprium nomen, quo positive
ipsum designet. Et sic superponit
eam secundum substantiam suam
omnibus aliis entibus causalibus.
Et in eadem propositione videtur
appropriare intellectualitatem et
modum proprie intellectualiter
causandi et causae, quae est
immediate sub prima causa, quae
proxima et inferior causa est
intelligentia,
videtur
autem
appropriare in eo, quod dicit,
quod
« OMNIBUS
INTELLECTUALIBUS
HYPOSTASIBUS
SUPERIUS EST IPSUM UNUM ».
De int., I. 6.(2), p. 140, l. 11-14 :
Sed non oportet circa hoc
immorari nec reducere nos ad
principia moventia caelos, quae
animas caelorum dicimus, quae
movent per intellectus suos, de
quibus in tertio genere rerum
secundum Proclum, scilicet de
Proclus
« INTELLECTUALIBUS
STASIBUS », agendum est.
283
HYPO-
De int., I, 8.(3)-9.(1), p. 142, l. 7274 : Sed haec hactenus de
intellectibus separatis, qui sunt
intellectus semper in actu. Unde
Proclus
vocat
eos
« INTELLECTUALES
HYPOSTASES », quod est tertium genus
entium, quod enumeravit.
De subs. spir., 9.(1), p. 309, l. 2-8 :
Et est secunda maneries entium
conceptionalium, cuius in hoc
genere principium est intellectus
agens in nobis, sicut in entibus
realibus primum principium,
quod Deus est, est solum et
immediatum principium entium
secundae maneriei, in qua
constituuntur substantiae intellectuales secundum philosophos,
quas
vocat
Proclus
« INTELLECTUALES
HYPOSTASES », quia sunt intellectus per
essentiam
et
secundum
substantiam et operationem, et
constituuntur ex principiis sui
generis, quae Deus novit.
De cog. ent., 19.(3), p. 183, l. 115117 : Haec tria sunt in Deo sic
unite et simpliciter, quod propriis
verbis inexplicabiliter, sicut supra
inductum est de Proclo et infra
propositione 6 dicitur, quod
« causa prima superior est omni
narratione ».
De subs. spir., 8.(1), p. 308, l. 6569 : Unde primum ens, quod est
284
Le poids de la citation
Deus, quia est « in fine
simplicitatis »,
summe
est
intellectuale, ad quem modum
intellectualitatis
nullum
ens
creatum attingere potest, sed
ipsum est principium et causa
omnis intellectualitatis; unde
constituit primam et summam
rerum
maneriem
secundum
Proclum, ut dictum est.
9 occurrences
RSP (le De int., I, 3.(2), p. 138 ; De subs. spir., 5.(2), p. 307 ; De cog. ent.,
9.(2), p. 175) : La prop. 20 de l’Elementatio est citée pour soutenir l’idée
d’une quadruple hiérarchie des étants. On peut d’ailleurs considérer que
chaque fois lorsque Dietrich parle des maneries entium en compagnie du
nom de Proclus, il songe à cette prop. 20. La substance de l’âme est
supérieure aux corps (célestes), la nature intellectuelle est supérieure aux
âmes et l’un est supérieur aux hypostases intellectuelles (cette dernière
expression apparaîtra, nous le verrons, en plusieurs endroits avec le nom
de Proclus, mais sans adresse).
Dans le De int., Dietrich cite plusieurs propositions du Liber de causis
(cf. nos remarques introductives sur le Liber de causis) pour dire que la
cause première est au-delà de tout discours. Dans le De subs. spir. (5.(2),
p. 307) la référence explicite au Liber de causis manque, mais l’idée est
clairement exprimée : prima causa est innominabile. On notera également
l’usage assez rare chez Dietrich de la formule maneries spiritualium qui va
de pair avec maneries corporalium et maneries intellectualium ; avec maneries
primae causae, elles décrivent les quatre maneries rerum.
Les deux évocations de Proclus dans le De subs. spir. (p. 307) sont
comptées une seule fois.
La question de l’ineffabilité de Dieu apparaît aussi dans le De cog. ent.
(9.(2), p. 175 et 37.(3), p. 201, l. 30-34) dans un contexte où la même
prop. 20 est citée; mais il faut noter cependant que Dietrich ne
mentionne ici que très rapidement le problème de la hiérarchie des
étants, notamment des intelligences supérieures. Pour renforcer cette
idée, à savoir qu’aucun nom ne convient à Dieu (ni celui d’intellect ni
celui d’intelligence), Dietrich fait très rapidement mention des
prop. 121(=125), 130(=134), 136(=140) et 141(=145) et cite
correctement une partie du commentaire de la prop. 141(=145). Tous
ces noms (intellect et/ou intelligence) sont plutôt propres aux effets qu’à
Proclus
285
la cause première. Quelques lignes auparavant, Dietrich cite la
prop. 171(=174) de l’Elementatio et le Liber de causis à propos de la
différence entre creare et producere.
RcGSI (De subs. spir., 8.(1), p. 308 ; De cog. ent., 19.(3), p. 183) : La
référence à Proclus dans le De cog. ent. (19.(3), p. 183) peut être
considérée comme une allusion à la même prop. 20, étant donné que le
thème abordé est celui que nous vu auparavant (l’ineffabilité de Dieu). Et
surtout, il fait référence à une citation antérieure (« sicut supra inductum
est de Proclo ») qui convient le plus probablement au passage déjà
discuté du De cog. ent. (9.(2), p. 175). Le cadre général de l’argumentation
est présentée dans le commentaire sur les citations provenant du Liber de
causis, notamment le n. 21. On peut aussi noter que la discussion
présentée par Dietrich à cet endroit est proche de la question de
l’appropriatio que nous traitons à une autre occasion (cf. le commentaire
sur le Liber de causis, n. 5).
RcGSP (De subs. spir. 9.(1), p. 309 ; ibid., 37.(3), p. 201, l. 30-34 ; De int.,
I, 6.(2), p. 140, l. 11-14; ibid., I, 8.(3)-9.(1), p. 142, l. 72-74) : La
référence explicite à Proclus dans le De subs. spir., 8.(1), p. 309 est
doctrinalement identique à l’usage discuté auparavant (pour le De subs.
spir. (5.(2), p. 307). D’ailleurs, Dietrich renvoie à cette discussion: « unde
constituit primam et summam rerum maneriem secundum Proclum, ut
dictum est ».
Les occurrences dans le De int. (I. 6.(2), p. 140 ; I, 8.(3), p. 142) et le
De subs. spir. (9.(1), p. 309) ont plusieurs choses en commun : la première,
c’est la manière très vague de faire appel à Proclus ; deuxièmement, elles
utilisent la même formule provenant de la prop. 20 : intellectuales
hypostases ; troisièmement, dans l’apparat des sources et dans l’index il
n’existe aucune indication pour cette référence explicite ni pour la
formule provenant de la prop. 20. Il faudrait donc les signaler
proprement et ajouter même des guillemets (comme nous le faisons dans
le tableau).
Le contexte doctrinal est le même : les étants supérieurs du troisième
degré sont appellés par Proclus hypostases intellectuelles. Il faut mettre en
relation cette expression (« Proclus vocat eos intellectuales hypostases »)
avec celle vue auparavant par laquelle Dietrich s’exprime sur le nom
donné par le Liber de causis ou par les philosophes aux mêmes
substances : « Et, sicut supra dictum est secundum philosophos, directo
ordine causali dependent a saepe dictis substantiis intellectualibus
superioribus, quas intelligentias vocant, secundum quod habetur in Libro
de causis (...) » (De cog. ent., 2.(3), p. 170, l. 94-101).
286
Le poids de la citation
III) Prop. 21
n. 3)
p. 14, l. 1-3 : O MNIS ORDO AB
UNITATE INCIPIENS PROCEDIT IN
MULTITUDINEM
UNITATI
COELEMENTALEM,
ET OMNIS
MULTITUDO
AD
UNAM
REDUCITUR UNITATEM.
p. 14, l. 9-10 : (…) QUOD ENIM
IN OMNI MULTITUDINE IDEM
NON AB UNO EORUM QUE IN
MULTITUDINE
PROCESSUM
HABET .
De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99114 : Quantum ad secundum
istorum, scilicet de poenali
passione, considerandum, quod
dicit Proclus propositione 21:
« O MNIS ORDO AB UNITATE
INCIPIENS
PROCEDIT
IN
MULTITUDINEM UNITATI COELE MENTALEM, ET OMNIS ORDINIS
MULTITUDO AD UNAM REDU CITUR
UNITATEM ».
In ista
propositione attendenda sunt
duo, unum scilicet, quod omnis
ordo, in quo consistit aliqua
universitas, fundatur in aliqua
unitate (...). Hoc est, quod idem
Proclus dicit infra propositione
94:
« Omnis
secundum
unumquemque ordinem (…) ».
De subs. spir., 7.(1), p. 308, l. 4852 : Cuius numeri ratio et
sufficientia accipitur in hunc
modum: Secundum Proclum
enim propositione 21 « OMNIS
ORDINIS MULTITUDO AD UNAM
REDUCITUR
UNITATEM ».
Secundum hoc habemus primam
maneriem essendi, quae competit
primo
omnium
principio,
inquantum ipsum est summe
unum et a quo tota ordinata
multitudo universi profluit.
De anim., 36.(7), p. 44, l. 111-123 :
Sed quoniam secundum dictos
philosophos etiam huiusmodi
substantiae
limitatae
et
Proclus
287
determinatae sunt ad hunc
universi ordinem, cuius ordinis
nihil, quod intra eundem ordinem
includitur, potest esse principium
– esset enim principium sui
ipsius, et Proclus in commento
propositionis 21 dicit: « QUOD
ENIM IN OMNI MULTITUDINE
IDEM, NON AB UNO EORUM ,
QUAE
IN
MULTITUDINE
PROCESSUM HABET » –, hinc est,
quod ipsum universi totalis
principium maxime ponendum
est et in infinitum distanti gradu
separationis.
De sub. theol., 3.(4), p. 280, l. 59 –
281, l. 68 : (…) Hoc enim
commune est omni proportionalitati et universaliter omni
multitudini, in qua attenditur
aliqua convenientia quod oportet
ipsam
reduci
ad
aliquam
unitatem, quae est radix et ratio
talis convenientiae, secundum
quod dicit Proclus propositione
21.
De cog. ent., 76.(2), p. 238, l. 3640 : Cuius ratio fundatur in
tribus: primo tamquam in prima
huius rei radice, videlicet in
unitate illius, de qua dictum est,
unius intentionis diffusae in
totam rerum universitatem ab
uno principio universitatis, sicut
dicit Proclus et praemissum est,
super quam UNITATEM fundatur
ratio causalis quasi colligantis res,
ut sint unius ordinis et per
consequens unius universitatis.
288
Le poids de la citation
5 occurrences
RSP (De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99-114 ; De subs. spir., 7.(1), p. 308, l.
48-52 ; De anim., 36.(7), p. 44, l. 111-123) : Ces trois citations correctes
sont employées par Dietrich dans des buts différents. Dans le premier
cas, la citation du De cog. ent. (74.(2), p. 237) est introduite dans le cadre
d’une argumentation qui soutient que toute action causale qui apparaît
dans l’univers est fondée sur le même principe et se réduit à la même
unité originaire. La prop. 20 de l’Elementatio soutient cette même idée, et
Dietrich en donne, après la citation, un résumé fidèl (in ista propositione
attendenda sunt duo, unum scilicet ..., secundum quod ...). On peut donc noter
l’intérêt particulier que Dietrich manifeste à l’égard de cette proposition :
la citation exacte et le commentaire détaillé en sont les preuves.
Dans le De subs. spir. (7.(1), p. 308), Dietrich parle encore de quatre
degrés d’étants : le premier degré correspond au premier principe, sur
lequel est fondé tout l’univers et à partir duquel procède toute la
multiplicité ordonnée de l’univers.
La citation dans le De anim. (36.(7), p. 44) est en relation avec le
renvoi discuté auparavant (cf. supra, n. 1) concernant la position des
péripatéticiens et des platoniciens (Proclus aussi y est cité) ; les uns et les
autres soutiennent que les substances séparées sont limitées et
déterminées par rapport à l’ordre de l’univers ; le principe de cet univers
et de cet ordre n’est pas l’une des substances séparées, qui sont
multiples. Ce principe doit être extérieur à l’ordre même, séparé de
l’univers et de cet ordre ; le même raisonnement lui fait dire que les
substances qui meuvent les corps astraux, sont séparées de ceux-ci parce
qu’elles ne sont ni les corps eux-mêmes, ni dans les corps, ni des
accidents des substances de ces mêmes corps.
RSI : Une autre thématique est discutée dans le De sub. theol. (3.(4),
p. 280) où la brève citation de la prop. 21 de l’Elementatio apparaît lors
d’une précision sur le sujet de la théologie : bien que celle-ci traite de
plusieurs choses, tout peut et doit être réduit, comme le dit Proclus, à
une unité qui est Dieu : la théologie traite de plusieurs étants, mais tout
se réduit à l’étant divin (ens divinum).
RcGSI : Le recours imparfait dans le De cog. ent. (76.(2), p. 238) avec une
référence vague à Proclus est un renvoi à une citation antérieure (sicut
dicit Proclus et praemissum est).
Proclus
289
n. 3')
p. 15, l. 29-31: Post unum ergo
quod primum unitates, et post
intellectum
primum
intellectus, et post animam
primam animae, et post totam
naturam multae naturae.
De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 :
Signum veritatis istorum, quae hic
dicta sunt, est hoc, quod
tractaverunt
philosophi
de
profluxu entium a prima causa,
quod, quamvis haberi possit a
primis et praecipuis philosophis,
Aristotele videlicet et Platone et
ex Proclo Platonico et ex Libro de
causis, tamen manifeste habetur ab
Avicenna in Metaphysica sua, cuius
abbreviator
fuit
Algazel.
Posuerunt autem dicti philosophi
res fluere a Deo secundum
quendam ordinem, ut videlicet
primo procedat a Deo prima
intelligentia et ab hac procedat
intelligentia secunda et anima
primi caeli et primum caelum,
ab
hac
autem
secunda
intelligentia procedat tertia et
anima
secundi
caeli
et
secundum caelum et sic
deinceps
usque
ad
illam
intelligentiam, a qua procedit
anima infimi caeli et infimum
caelum et illa intelligentia,
quae
causat
substantiam
generabilium
et
corruptibilium.
1 occurrence
RcGSI* : Le mot fluxus, que Dietrich utilise ici à propos de plusieurs
autorités, n’existe pas dans l’Elementatio ; on ne cherchera donc pas une
citation exacte, mais des propositions qui correspondent plus ou moins à
l’idée exprimée ici : les substances procèdent les unes des autres selon un
ordre hiérarchique, l’intelligence première de Dieu et l’âme de
l’intelligence. Le commentaire de la prop. 21 est le plus proche de cette
290
Le poids de la citation
idée. Aucune note ne signale cette occurrence explicite dans l’apparat des
sources et dans l’index.
IV) Prop. 31
n. 4)
p. 20, l. 1-2 : O MNE PROCEDENS
p. 20, l. 6-9 : (...) APPETUNT
De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l.
41-51 : Unde Boethius De
consolatione
l.
III
met:
« Repetunt
proprios
(…) ».
Proclus
etiam
dicit
31
propositione libri sui: « O MNE
ERGO
ET
SUAM
CAUSAM
SINGULA . PER QUOD ENIM ESSE
UNICUIQUE , PER HOC ET IPSUM
BENE ; PER QUOD AUTEM IPSUM
BENE,
AD
HOC
APPETITUS
PRIMO ; AD QUOD AUTEM PRIMO
APPETITUS , AD HOC CONUERSIO .
PROCEDENS
AB
ALIQUO
SECUNDUM
ESSENTIAM
CONVERTITUR AD ILLUD , A QUO
PROCEDIT ».
Ubi dicitur in
commento : « AD QUOD ENIM
PRIMO APPETITUS , AD HOC ET
CONVERSIO ». Et in commento
AB
ALIQUO
SECUNDUM
ESSENTIAM
CONVERITUR
AD
ILLUD A QUO PROCEDIT .
32 propositionis dicit : « Quod
enim convertitur (...) ». Et infra :
« Si igitur (...) » et cetera.
Secundum dicta igitur rem per se
procedentem ab aliquo principio
converti in idem principium est
secundum
appetitum
et
operationem suam tendere in
idem ipsum suum principium, ut
communionem sui habeat et ad
ipsum colligationem. Unde et in
commento 17 propositionis dicit:
« Ad quod autem operatur (…) ».
De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 :
Unde Proclus propositione 31
dicit sic: « O MNE PROCEDENS AB
ALIQUO SECUNDUM ESSENTIAM
CONVERTITUR AD ILLUD , A QUO
PROCEDIT »; et propositione 34
« Omne,
quod
secundum
se
Proclus
291
convertitur (…) »; et infra in
commento distinguit quantum ad
huiusmodi entium unitatem,
scilicet quod vel idem ambo vel
unum ab alio vel ambo de tertio.
De int., III, 24.(1)-(2), p. 195, l.
17 – 196, l. 29 : Quantum ad
intellectum, qui est alicuius
causa, patet ex Proclo, sicut
supra
versus
principium
inductum est ex propositione
171. Sic dicit: « Omnis intellectus
(...) ». Et probatur istud ibidem
in commento sic: « Etenim
intellectus (...) ». Quantum autem
ad eum intellectum, qui procedit
ab alio, de habitudine videlicet
sui ad suam causam, possumus
arguere ad propositum ex
propositione 31 eiusdem Procli,
ubi
sic
dicit:
« O MNE
PROCEDENS AB ALIO SECUNDUM
ESSENTIAM CONVERTITUR AD
ILLUD , A QUO PROCEDIT ».
Commentum
ibidem
sic:
« APPETUNT ERGO ET SUAM
CAUSAM SINGULA . P ER QUOD
ENIM ESSE UNICUIQUE , PER HOC
ET IPSUM BENE . PER QUOD
AUTEM IPSUM BENE , AD HOC
APPETITUS PRIMO. AD QUOD
AUTEM APPETITUS PRIMO , AD
HOC CONVERSIO ».
Ex hoc
arguitur ad propositum sic :
Omnis intellectus procedens ab
alio
convertitur
in
ipsum
tamquam in causam suam. Talis
autem conversio non est nisi per
appetitum.
292
Le poids de la citation
De int., III, 25.(3), p. 197, l. 7187 : Eadem ratione videtur se
debere in sensu habere, scilicet
quod
secundum
modum
substantiae suae in suo genere sit
conversus in suam causam,
scilicet sensualiter, et quod
secundum sensum cognoscat
causam suam, a qua procedit, et
hoc secundum propositionem
Procli 31 hic inductam. (...) Sic
est videre in proposita locutione
sumpta de Proclo quantum ad
eam
determinationem,
quae
importatur per hanc particulam,
scilicet per essentiam, quoniam
primo et vere determinat illud, a
quo fit processio, hoc est ipsam
causam et modum causandi, et sic
designatur, quod ipsa est causa
essentialis, et excluditur causa
accidentalis et instrumentalis et
artificialis, et ita est causa
immediate per suam essentiam.
6 occurrences
RSP : Avec la prop. 31 on trouve le même thème qui est abordé par la
prop. 17, de la conversion vers le principe dont procède l’effet.
D’ailleurs, Dietrich cite dans le De vis. beat. (1.5.(3)-(5), p. 62) la prop. 17
à la fin de son argumentation.
La conversion s’accomplit, selon les mots de Dietrich, d’une manière
circulaire : quasi quendam circulum faciens, dum tendit in id, a quo fluit ;
l’intellect agent procède du premier principe et se tourne vers celui-ci
parce qu’il est le premier objet de son désir (primo appetitus). Dietrich
superpose ici, comme dans toutes les autres occurrences provenant de
Proclus et du Liber de causis, les intelligences supérieures décrites par
ceux-ci et l’intellect agent (que Dietrich présente d’une manière
originale). Si l’on tient également compte du fait que ce même intellect
agent effectue un mouvement sur lui-même, de connaissance de soi, on
note deux mouvements circulaires continuels et essentiels : d'une part
une conversion et un retour vers le premier principe et, d'autre part, une
Proclus
293
conversion et un retour sur soi. Pour Dietrich, comme nous le montrons
ailleurs (la partie consacrée aux citations du Liber de causis, n. 4 et 17),
l’intellect connaît par le même mouvement circulaire l’essence de la
première cause, sa propre essence et l’essence de tout intelligible. Les
deux mouvements donc que l’on observait auparavant ne sont pas
effectivement distincts (ni d’après l’objet de connaissance, ni comme
action).
Si, dans le De vis. beat., Dietrich cite ensemble les propositions 31 et
32, dans le De anim. (3.(4), p. 14) il cite les propositions 31 et 34. Elles se
trouvent au tout début du traité qui s’ouvre par une avalanche de
citations : on dénombre pas moins de 13 références explicites dans une
page et demie de l’édition. Proclus apparaît, en compagnie d’Augustin,
Aristote, Averroès, Boèce et Prosper d'Aquitaine qui soutiennent l’idée
du mouvement des astres et de l’unité de l’univers (en tant que lieu où
ces mouvements s’accomplissent). La prop. 31 de l’Elementatio dit que
l’intelligence procède de la cause première et se retourne vers celle-ci,
preuve que l’unité de l’univers est gardée par ce mouvement. Dietrich
explique d’ailleurs, avant de donner la citation, l’importance de ce
mouvement unitaire : les étants dont est constitué l’univers sont distincts
par essence (selon le genre et l’espèce) ; il est nécessaire qu’ils soient un
(necessarium est ea esse unum) en raison de l’unité de l’ordre essentiel ; ordre
qui est garanti par la dépendance des étants les uns envers les autres et
par leur conversion au principe même dont ils procèdent. Ici donc, la
prop. 31 a le rôle d’expliquer la structure unitaire de l’univers et non pas
de décrire l’objet de connaissance de l’intellect agent.
Un autre usage de la même prop. 31 se trouve dans le De int. (III,
24.(1)-(2), p. 195) en compagnie de la prop. 171(= 174) ; il faut d’abord
souligner que Dietrich fait un long et détaillé commentaire de cette
proposition : elle est citée à la p. 195 et le commentaire (qui commence
immédiatement après) finit à la p. 199. Il explique l’importance des mots
utilisés par Proclus et prouve d’abord que celui-ci présente la procession
et le retour de tous les intellects, les uns envers les autres et non
seulement des intellects envers la cause première : « omnis intellectus
procedens ab alio convertitur in ipsum tamquam in causam suam »
(p. 196, l. 30-33). Par rapport aux deux occurrences précédentes,
Dietrich élargit donc le cadre de l’interprétation et considère que la
théorie de Proclus s’applique aussi dans les rapports de causalité qui
existent entre les intellects supérieurs et les intellects inférieurs. Il précise
ensuite la manière dont s’effectue le retour vers la cause et la
connaissance de soi : en recevant l’essence de sa cause, l’intellect connaît
aussi bien sa propre essence que sa propre cause (p. 196, l. 33-37). Ici il
fait appel au Liber de causis, prop. VII(VIII) (voir l’analyse qui y est
294
Le poids de la citation
consacrée, n. 13). Dietrich anticipe ensuite l’attaque de certains
adversaires qui seraient prêts à nier tout rapport entre les intelligences du
Liber de causis et l’intellect possible (qui est l’objet de l’interrogation
principale dans cette partie du traité de Dietrich). Il redonne encore des
longs extraits du Liber de causis, prop. VII(VIII) avant de reprendre le
commentaire à la prop. 31 de Proclus : celui-ci dit, constate Dietrich
(p. 197, l. 70sqq.), que le processus de conversion vers le principe est
possible pour celui qui en procède selon l’essence (« omne procedens ab
alio secundum essentiam »). Or cette précision est le prétexte d’une
discussion encore plus longue et complexe sur la différence ontologique
entre l’intellect agent et l’intellect possible ; seulement le premier se
connaît essentiellement en raison de l’identité entre opération et
substance (p. 199, l. 125sqq.). La conclusion de l’argumentation est la
suivante : en raison de la différence fondamentale entre les deux
intellects et de la thèse (ainsi que l’autorité) de Proclus, l’intellect
possible ne connaît essentiellement ni sa cause ni son essence ; la
prop. 31 de l’Elementatio vaut donc seulement pour l’intellect agent.
RSI (De int. III, 25.(3), p. 197) : Les deux occurrences explicites qui
apparaissent dans le De int. (III, 24.(1)-(2), p. 195, l. 17 – 196, l. 29 et III,
25.(3), p. 197), dans des moments différents de l’argumentation, sont
comptées séparément, bien que le thème est le même.
V) Prop. 32 : c o m m e n t u m
n. 5)
p. 21, l. 3-6 : (…) QUOD ENIM
CONUERTITUR OMNE AD OMNE
COPULARI FESTINAT ET APPETIT
COMMUNIONEM AD IPSUM ET
COLLIGATIONEM . (…) S I IGITUR
CONUERSIO COMMUNIO QUEDAM
EST et CONIUNCTIO, omnis autem
communio et coniunctio
similitudinem (…).
per
De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l.
41-51 : Unde Boethius De
consolatione l. III met: « Repetunt
proprios (…) ». Proclus etiam
dicit 31 propositione libri sui:
« Omne procedens (...) ». Ubi
dicitur in commento : « Ad quod
enim (...) ». Et in commento 32
propositionis dicit: « QUOD ENIM
CONVERTITUR OMNE AD OMNE
COPULARI FESTINAT ET APPETIT
COMMUNIONEM AD IPSUM ET
COLLIGATIONEM AD IPSUM ». Et
infra: « S I IGITUR CONVERSIO
Proclus
295
COMMUNIO QUAEDAM EST ET
CONIUNCTIO » et cetera. (...)
Unde et in commento 17
propositionis dicit: « Ad quod
autem operatur (…) ».
1 occurrence
RSP : Le contexte de cette proposition a été déjà souligné en discutant
auparavant les prop. 17 et 31. La citation a été anticipée (en utilisant les
mots même de Proclus) par Dietrich lors de l’explication du mouvement
circulaire opéré par l’intellect : « ut in ipsum principium convertatur et
tendat in eiusdem sui principii communionem » (p. 62, l. 31sq.).
VI) Prop. 34 + c o m m e n t u m
n. 6)
p. 21, l. 1-2 : O MNE QUOD
SECUNDUM NATURAM CONUER TITUR
AD
ILLUD
FACIT
CONUERSIONEM , A QUO ET
PROCESSUM
PROPRIE
SUB SISTENTIE HABET .
p. 21, l. 7-11 : Si autem hoc, aut
idem est esse amborum aut ex
altero alterum aut ambo ex aliquo
alio similitudinem sortita sunt.
Sed si quidem idem esse
amborum, qomodo secundum
naturam conversum est alterum
ad alterum ? Si autem ex uno
AMBO, ad illud utique erit
converti
secundum
naturam
ambobus.
p. 21, l. 14 – 22, l. 19 : (…) E X
HIIS ITAQUE MANIFESTUM EST ,
QUOD APPETIBILE OMNIBUS EST
INTELLECTUS , ET PROCEDUNT
De int., I, 9.(2), p. 142, l. 86-93 :
Unde Proclus propositione 34
dicit
sic:
« O MNE,
QUOD
SECUNDUM NATURAM CONVER TITUR ,
AD
ILLUD
FACIT
CONVERSIONEM, A QUO ET
PROCESSUM
PROPRIAE
SUB SISTENTIAE
HABET ».
Commentum ibidem : « E X HIS
ITAQUE MANIFESTUM EST , QUOD
APPETIBILE
OMNIBUS
EST
INTELLECTUS , ET PROCEDUNT
OMNIA AB INTELLECTU , ET
TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU
SUBSTANTIAM
HABET ,
ETSI
PERPETUUS
SIT .
ET
NON
PROPTER HOC NON PROCEDIT
SEMPER , SED ET PERPETUUS
SECUNDUM
ESSENTIAM ,
ET
CONVERSUS EST SEMPER ET
INSOLUBILIS
SECUNDUM
ORDINEM ».
296
Le poids de la citation
OMNIA AB INTELLECTU , ET
TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU
SUBSTANTIAM
HABET ,
ETSI
PERPETUUS
SIT .
ET
NON
PROPTER HOC NON PROCEDIT ab
intellectu, quia perpetuus ; neque
enim propter hoc non est
conversus, quia semper ordinatus
est. S ED et procedit semper ET
PERPETUUS
SECUNDUM
ESSENTIAM ET CONVERSUS EST
SEMPER
ET
INSOLUBILIS
SECUNDUM ORDINEM.
De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 :
Unde Proclus propositione 31
dicit sic: « Omne procedens (...) »;
et propositione 34 «O MNE , QUOD
SECUNDUM SE CONVERTITUR , AD
ID FACIT CONVERSIONEM, A QUO
PROCESSUM SUAE SUBSTANTIAE
HABET »; et infra in commento
distinguit quantum ad huiusmodi
entium unitatem, scilicet quod vel
idem AMBO vel unum ab alio vel
ambo de tertio.
De anim., 7.(2), p. 18, l. 52-58 :
Dicit enim Proclus propositione
171: « Omnis intellectus (…) ».
Et supra in eodem libro c. 34 in
commento: « E X HIS ITAQUE
MANIFESTUM
EST ,
QUOD
APPETIBILE
OMNIBUS
EST
INTELLECTUS ET PROCEDUNT
OMNIA AB INTELLECTU , ET
TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU
SUBSTANTIAM
HABET ,
ETSI
PERPETUUS
SIT ,
ET
NON
PROPTER HOC NON PROCEDIT
SEMPER , SED ET PERPETUUS
SECUNDUM
ESSENTIAM »
et
cetera.
5 occurrences
RSP : Dans le De int. (I, 9.(2), p. 142) les longs extraits de la prop. 34
font suite à une lecture d’Augustin de la Genèse et à d’autres références à
Proclus que nous avons mises en relation avec la prop. 20 (à propos de la
position supérieure que la cause première occupe dans la hiérarchie des
quatre maneries rerum). Dietrich avait préparé l’introduction de cette
citation en parlant de l’ebullitio (p. 142, l. 70 etc.). La proposition 34 de
l’Elementatio lui donne l’occasion de préciser que la procession et la
conversion sont complémentaires : tout ce qui procède de sa cause
retourne à sa cause ; la procession et la conversion sont toutes les deux
d’ordre intellectuel.
Proclus
297
Le contexte de la première citation dans le De anim. (3.(4), p. 14)
est commenté avec la prop. 31 ; le renvoi au commentaire qui suit la
proposition principale (et infra in commento distinguit ...) ne donne aucune
citation exacte, mais un résumé proche du texte. La seconde citation
dans le De anim. (7.(2), p. 18) donne une autre partie du commentaire de
la prop. 31. Il faut d’abord remarquer une importante ressemblance avec
la citation dans le De int. (I, 9.(2), p. 142) ; pour faciliter la comparaison,
nous reprenons dans le tableau suivant les trois propositions :
De int. (I, 9.(2), p. De anim. (7.(2), p. 18)
142)
Commentum ibidem :
« Ex
his
itaque
manifestum est, quod
appetibile omnibus est
intellectus,
et
procedunt omnia ab
intellectu, et totus
mundus ab intellectu
substantiam habet, etsi
perpetuus sit. Et non
propter
hoc
non
procedit semper, sed
et
perpetuus
secundum essentiam,
et
conversus
est
semper et insolubilis
secundum ordinem ».
Et supra in eodem
libro
c.
34
in
commento: « Ex his
itaque manifestum est,
quod
appetibile
omnibus est intellectus et procedunt
omnia ab intellectu, et
totus
mundus
ab
intellectu substantiam
habet, etsi perpetuus
sit, et non propter hoc
non procedit semper,
sed
et
perpetuus
secundum essentiam »
et cetera.
Elementatio,
prop.
34, p. 21, l. 14 – 22, l.
19 :
Ex
hiis
itaque
manifestum
est,
quod
appetibile
omnibus est intellectus, et procedunt
omnia ab intellectu,
et totus mundus ab
intellectu
substantiam habet, etsi
perpetuus sit. Et
non propter hoc non
procedit ab intellectu, quia perpetuus ;
neque
enim propter hoc
non est conversus,
quia semper ordinatus est. Sed et
procedit semper et
perpetuus secundum
essentiam et conversus est semper et
insolubilis secundum
ordinem.
Nous mettons en gras la partie de la prop. 34 qui manque dans les deux
citations de Dietrich ; et nous avons souligné les parties communes. Il
est manifeste que Dietrich n’utilise pas directement l’Elementatio : dans le
deux cas, on trouve le même problème qui pourrait s’expliquer par un
298
Le poids de la citation
saut du même au même : l’expression « ab intellectu, quia... » qui vient
après le premier « procedit » est remplacée par « semper et perpetuus »
qui vient après le second « procedit ». Dietrich ou sa source
(intermédiaire) a omis la phrase ; il est cependant certain qu’il utilise le
même modèle pour le De int. et le De anim. Nous proposons donc une
modification mineure dans l’édition : la dernière partie de la citation doit
être signalée comme une citation correcte et compter une seule fois.
RSI : Dans le De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 on note un renvoi rapide au
commentaire de la proposition 34 (« et infra in commento distinguit
quantum ») sans décéler pourtant une forte ressemblance textuelle.
VII) Prop. 44 e t c .
n. 7)
p. 26, l. 1-2 : Omne quod
secundum operationem AD SE
IPSUM est CONVERSIVUM et
secundum
substantiam
conversum est ad se ipsum.
De vis. beat., 3.2.4.(5), p. 74, l. 2932 :
Ex
dictis
enim
condicionibus
concluditur
secundum
philosophos
intelligentias
intelligere
per
suam
essentiam
et
ea
intellectione IN SE IPSAS semper
CONVERTI , ut habetur in Libro de
causis et Procli.
1 occurrence
RcGSI* : Cette vague référence qui vise à la fois Proclus et le Liber de
causis peut trouver sa source dans la prop. 44, mais aussi dans les
propositions 82 et 83 (selon l’indication des éditeurs) ; les quelques mots
communs ou semblables nous font pourtant choisir en premier la
prop. 44.
Deux théories sont ici visées : pour la première, Dietrich fait appel,
toujours d’une manière indéterminée, aux philosophes (songe-t-il à
Alexandre, Alpharabi et Averroès nommés peu avant (p. 73) ?) qui
soutiennent que les intelligences connaissent par leur essence ; pour la
seconde, il renvoie au Liber de causis et à Proclus qui soutiennent que
l’intelligence est éternellement convertie sur soi. L’idée n’apparaît pas
telle quelle chez l’une ou l’autre des deux autorités ; chez Dietrich elle est
fondamentale parce que le retour, essentiel et éternel sur soi, de
Proclus
299
l’intellect agent modifie sa noétique : l’intellect agent ne sort jamais de
soi pour accomplir l’opération d’abstraction des universaux (il les connaît
en se connaissant et en connaissant la cause première) ; ou encore, son
opération est identique à sa substance (identité que bon nombre
d’auteurs attribue seulement à l’intellect divin).
VIII) Prop. 56 (citée comme prop. 54)
n. 8)
p. 30, l. 1-3 : O MNE QUOD A
SECUNDIS PRODUCITUR ET A
PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS
PRODUCITUR
EMINENTIUS ,
A
QUIBUS
ET
SECUNDA
PRODUCEBANTUR .
De int., I, 11.(2), p. 144, l. 50-57 :
(…) quidquid agit causa secunda
in essentialiter ordinatis, agitur a
causa superiore, sed eminentiore
modo, ut dicitur in Libro de causis,
et Proclus propositione 54 sic :
« O MNE, QUOD A SECUNDIS
PRODUCITUR , ET A PRIORIBUS ET
A CAUSALIORIBUS PRODUCITUR
EMINENTIUS ,
A
QUIBUS
ET
SECUNDA
PRODUCEBANTUR ».
Incidens:
quod
philosophi
tractantes de intelligentiis non
tractabant de angelis.
De cog. ent., 38.(2), p. 203, l. 96107 : Si autem placet: magis esset
violentiam et innaturalitatem ab
illa regione removere, dicendum
supponendo primo hoc, quod
dicit Proclus propositione 54,
scilicet: « O MNE , QUOD A
SECUNDIS PRODUCITUR , ET A
PRIORIBUS
ET
A
CAUSABILIORIBUS PRODUCITUR
EMINENTIUS ,
A QUIBUS ET
SECUNDA
PRODUCEBANTUR ».
Et hinc sumitur ratio eius, quod
dicitur De causis propositione 1:
« Omnis
causa
(…) ».
Commentum:
« Cum
ergo
300
Le poids de la citation
removet
(…) ».
commentum.
Hucusque
De subs. spir., 19.(5), p. 317, l. 6065 :
Unde
et
Proclus
propositione 54: « O MNE , QUOD
A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A
PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS
PRODUCITUR EMINENTIUS , A
QUIBUS
ET
SECUNDA
PRODUCEBANTUR ».
Et
in
commento propositionis 1 Libri
de causis: « Omnem operationem,
(…) ». Et infra: « Et non figitur
(…) ».
De elem., 23.(2), p. 74, l. 72-77 :
Primum istorum facit sol, non
tamen sine luna, secundum quod
superiora et universaliora non
influunt absque inferioribus et
magis
determinatis
causis;
secundum autem efficit luna,
non tamen sine superioribus et
magis
universalibus
causis,
quarum virtus et influentia per
ipsam lunam determinatur circa
inferiora, sicut dicit Proclus 54
propositione sic: « O MNE , QUOD
A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A
PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS
PRODUCITUR EMINENTIUS ».
4 occurrences
RSP : Dans trois des quatre occurrences de la prop. 56 (citée comme
prop. 54), à savoir De int. (I, 11.(2), p. 144), De cog. ent. (38.(2), p. 203), De
subs. spir. (19.(5), p. 317), Dietrich nomme aussi la prop. 1 du Liber de
causis. Nous avons déjà signalé que Thomas d’Aquin rapproche ces
mêmes sentences dans son commentaire au Liber de causis ; Dietrich s’y
inspire probablement pour cette comparaison.
Proclus
301
Dans le De elem. (23.(2), p. 74), la prop. 56 est citée après les
prop. 139 et 140 dans un contexte très différent de celui où elle apparaît
dans les autres ouvrages de Dietrich : une discussion sur la puissance du
soleil qui est supérieure à celle de la lune. Le soleil influe sur le principe
de la vie dans lequel est contenu virtuellement toute la substance de
l’être de la chose ; et bien que la lune participe à l’action du soleil et le
rend parfait, l’influence de celui-ci est supérieure et première.
Il faut noter que Dietrich préfère nommer ici l’Elementatio et non le
Liber de causis, même si doctrinalement, il n’y a aucune différence entre
les deux.
IX) Prop. 97 (citée comme prop. 94)
n. 9)
p. 49, l. 1-3 : O MNIS SECUNDUM
UNUMQUEMQUE
ORDINEM
PRIMORDIALIS CAUSA UNIVERSO
ORDINI SUAM PROPRIETATEM
TRADIT , ET QUOD EST ILLA
PRIMO, HOC EST HIC SECUNDUM
SUBMISSIONEM.
De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99114 : Quantum ad secundum
istorum, scilicet de poenali
passione, considerandum, quod
dicit Proclus propositione 21:
« Omnis
ordo
ab
unitate
incipiens procedit (…) ».
(…)
Hoc est, quod idem Proclus dicit
infra propositione 94 : « O MNIS
SECUNDUM
UNUMQUEMQUE
ORDINEM PRIMORDIALIS CAUSA
UNIVERSO
ORDINI
SUAM
PROPRIETATEM
TRADIT ,
ET
QUOD EST ILLA PRIMO , HOC EST
HIC
SECUNDUM
SUBMISSIONEM ».
1 occurrence
RSP : L’unique référence dans l’œuvre de Dietrich à la prop. 97 est faite
à la suite d’une citation explicite de la prop. 21. Si l’on regarde la
structure des arguments de Dietrich et leurs positions respectives, on
notera que la prop. 97 a le rôle d’expliquer ou d’apporter des précisions
par rapport à la prop. 21. En effet, Dietrich cite correctement la
prop. 21 ; ensuite il l’explique (in ista propositione attendenda sunt duo ...) ; il
commente, enfin, la partie de la prop. 21 qui affirme que toutes les
302
Le poids de la citation
choses de l’univers sont, d’une certaine manière, homogènes
(coelementales). Et il ajoute la prop. 97 de l’Elementatio qui soutient, selon
Dietrich (ex his accipimus), une thèse similaire : la cause première
communique ses caractéristiques à l’univers entier (tradit suam
proprietatem), en l’occurrence l’ordre (des causes) et l’unité (dans la
diversité).
X) Prop. 111 e t c .
n. 10)
p. 56, l. 1-7 : Omnis intellectus
seire hii quidem sunt divini
intellectus suscipientes deorum
posthabitationes,
hii
autem
intellectus solum ; et omnis
animalis
hee
quidem
sunt
intellectuales anime ad intellectus
suspense proprios, hee autem
anime solum ; et omnis corporalis
nature hee quidem et animas
habent astantes desuper, hee
autem
sunt
nature
solum,
animarum expertes presentia.
De int., I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 :
Et de isto genere sunt illae
intellectuales substantiae, quas
philosophi intelligentias vocabant,
de quibus agitur in Libro de causis
et in libro Procli, quas in pluribus
locis illius libri deos nominat,
quamvis secundum diminutam et
imperfectam rationem deitatis,
sicut etiam Philosophus in XII
Metaphysicae approbat dictum
illorum, qui vocabant principia
moventia
caelos,
vocabant,
inquam,
deos
secundum
diminutam
et
imperfectam
rationem deitatis.
1 occurrence
RcGSI* : Une référence vague au fait que Proclus nomme les
intelligences deos à plusieurs endroits de l’Elementatio ; or, la première
occurrence est la prop. 111 que l’on considère comme source de ce
renvoi.
L’intérêt que Dietrich montre ici pour le vocabulaire utilisé par
Proclus, le Liber de causis et Aristote dans le livre XII de la Métaphysique à
propos des intelligences supérieures, s’est manifesté aussi à propos d’une
citation analysée supra, n. 3'.
Proclus
303
XI) Prop. 125 (citée comme prop. 121)
n. 11)
p. 63, l. 1-4 : Omnis deus, a
quocumque
inceperit
ordine
emicare se ipsum, procedit per
omnia secunda, semper quidem
plurificans suas derivationes et
partiens,
servans
autem
proprietatem proprie ypostaseos.
De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 –
176, l. 81 : Ecce, caruit nomine
positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus
est, caruit, inquam, secundum
intentionem suam, nec suffecit
sibi nomen intellectus, immo nec
nomen Dei, quae duo nomina
appropriat
inferioribus
substantiis, id est intelligentiis, in
processu eiusdem libri sui
propositione 121, 130, 136, 141,
et ibi in commento, ubi dicitur:
« Plena autem (…) ».
1 occurrence
RSI : Le renvoi enchaîné aux propositions 125, 134, 140 et 145 (citées
respectivement comme 121, 130, 136 et 141) est considéré et analysé ici
pour toutes les quatre. Les adresses sont correctes (dans la mesure où
l’on peut considérer les différences de numérotation comme étant
correctes), mais aucune citation n’est donnée (sauf pour le commentum de
la prop. 145). Elles sont évoquées par Dietrich après avoir citée
explicitement et correctement la prop. 20, 174(=171) de l’Elementatio et le
Liber de causis au sujet du nom de Dieu : on appelle intellect ou dieu les
substances inférieures, à savoir les intelligences, comme cela ressort de
quatre propositions nommées ici par Dietrich ; en effet, on lit, dans les
prop. 125, 140 et 145, le nom ‘deus’ et, dans la prop. 134, le nom
‘intellectus’. Cette même préoccupation pour les noms attribués aux
intelligences inférieures a été discutée auparavant à deux endroits. On
notera une fois de plus l’insistance sur le vocabulaire de l’Elementatio (et
du Liber de causis). Ici, comme dans d’autres contextes (cf. Liber de causis
n. 20), l’impossibilité d’attribuer un nom positif à l’essence de Dieu est
expliquée par Dietrich, en suivant ses sources, par la supériorité
ontologique de la cause première à qui aucune langue ou langage ne peut
s’élever.
304
Le poids de la citation
XII) Prop. 134 (citée comme prop. 130)
n. 12)
p. 67, l. 1-2 : O MNIS DIVINUS
INTELLECTUS
INTELLIGIT
QUIDEM
UT
INTELLECTUS
PROVIDET AUTEM UT DEUS .
De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 30-47:
Unde Proclus propositione 20
libri sui et est supra inductum sic:
« Omnibus corporibus (...) ». (...)
Et infra propositione 130 loquens
de intelligentiis dicit: « O MNIS
DIVINUS
INTELLECTUS
INTELLIGIT
QUIDEM
UT
INTELLECTUS , PROVIDET AUTEM
UT DEUS ». Et quod sic modo
appropriatio intelligendi sub Deo
competat proprius modus et
propria ratio causalis influentiae,
competat,
inquam,
ipsi
intelligentiae, hoc dicit infra 171:
« Omnis intellectus (...) ».
De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 –
176, l. 81 : Ecce, caruit nomine
positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus
est, caruit, inquam, secundum
intentionem suam, nec suffecit
sibi nomen intellectus, immo nec
nomen Dei, quae duo nomina
appropriat
inferioribus
substantiis, id est intelligentiis, in
processu eiusdem libri sui
propositione 121, 130, 136, 141,
et ibi in commento, ubi dicitur:
« Plena autem (…) ».
2 occurrences
RSP : Tout comme dans le cas précédent, la prop. 134 est accompagnée
par les propositions 20 et 174 de l’Elementatio ; il semble donc que
Dietrich s’est forgé l’habitude de les citer ensemble et à propos du même
sujet : la supériorité ontologique de la cause première par rapport aux
Proclus
305
autres modes d’être. Ici, elles servent à montrer les rapports intrinsèques
entre les divers degrés d’être et les opérations qui leur sont propres ; des
citations du Liber de causis (prop. 3) sont tout naturellement introduites
par Dietrich à propos de l’âme noble et ses trois opérations, tandis que
les prop. 134 et 174 décrivent les opérations des intelligences : celles-ci
exercent leur opération intellective en tant qu’intelligence et leur
gouvernance en tant que Dieu (prop. 134) ; toute intelligence fait
subsister ce qui vient après lui en l’explicitant ; faire subsister et
connaître décrivent donc la même opération (prop. 174).
Immédiatement après, Dietrich dit explicitement que le thème est
plus clairement abordé par le Liber de causis (de ista appropriatione magis
expresse habetur Libro de causis) ; contrairement donc à Thomas, Dietrich
ne considère pas le Liber de causis comme un résumé plus ou moins
intéressant de l’Elementatio, mais, au contraire, comme un texte qui
apporte souvent des explications là où Proclus n’est pas claire. D’ailleurs,
le nombre plus grand d’occurrences explicites, ainsi que la diversité des
propositions provenant du Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich, en est
une preuve supplémentaire.
RSI : Pour l’explication de l’occurrence dans le De cog. ent. (9.(2), p. 175)
voir supra, n. 11.
XIII) Prop. 139 (citée comme prop. 135)
n. 13)
p.
69,
l.
14sq :
Omnia
participantia divinis unitatibus
INCIPIENTIA
CORPORALEM
NATURAM.
AB
ENTE
IN
TERMINATUR
De elem., 23.(1), p. 73, l. 63 - 74, l.
47 :
Ad
cuius
evidentiam
praenotandum, quod causalitas
substantiarum separatarum, quae
secundum
naturalem
providentiam
praesunt
huic
universo, INCIPIT A supremo
ENTE
et IN CORPORALEM
TERMINATUR NATURAM, sicut
dicit Proclus 135 propositione. Et
136 propositione dicit, quod
omnes illarum substantiarum
separatarum « potentiae desursum
(...) ».
306
Le poids de la citation
1 occurrence
RSP : La citation tronquée de la prop. 139 dans le De elem. (23.(1),
p. 74) devrait être signalée proprement, par des guillemets.
Immédiatement après, Dietrich cite la prop. 140 et peu après la prop. 54.
Le thème général porte sur le mouvement des corps vers leurs fins
propres. Dietrich veut établir les principes généraux pour ces
mouvements, le premier étant que le mouvement et la causalité des astres
dépendent des substances séparées auxquelles ils sont liés ; et celles-ci
participent à un ordre causal de l’univers entier, une providence naturelle
qui commence avec l’ens supremum et s’étend jusqu’aux choses corporelles
(prop. 134). La prop. 140 enrichit de quelques précisions ce propos (cf.
infra).
XIV) Prop. 140 (citée comme prop. 136) + c o m m e n t u m
n. 14)
p. 70, l. 1-3 : O MNES DEORUM
POTENTIE
DESURSUM
INCHOANTES ET PER PROPRIAS
PROCEDENTES
MEDIETATES
USQUE AD EXTREMA DEVENIUNT
ET AD LOCA CIRCA TERRAM.
p. 70, l. 15sq : : T RIPLICITER
ENIM ERAT UNUMQODQUE : AUT
SECUNDUM
CAUSAM
AUT
SECUNDUM EXISTENTIAM AUT
SECUNDUM PARTICIPATIONEM .
De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 63 –
202, l. 68 : Convenienter autem
accipimus finem suae operationis
consummationem totius universi
corporalis secundum esse naturae,
quae incohat in motu caeli et
terminatur in centro mundi. Unde
Proclus
propositione
136:
« O MNES DEORUM POTENTIAE
DE SURSUM INCOHANTES ET PER
PROPRIAS
PROCEDENTES
MEDIETATES
USQUE
AD
EXTREMA DEVENIUNT ET AD
LOCA CIRCA TERRAM ».
De elem., 23.(1), p. 73, l. 43 – 74, l.
56 : (…) incipit a supremo ente et
in
corporalem
terminatur
naturam, sicut dicit Proclus 135
propositione. Et 136 propositione
dicit, quod omnes illarum
substantiarum
separatarum
« POTENTIAE
DESURSUM
Proclus
307
INCOHANTES ET PER PROPRIAS
MEDIETATES
PROCEDENTES
USQUE
AD
EXTREMA
PERVENIUNT ET AD LOCA CIRCA
TERRAM ».
Vocat
autem
« proprias medietates » causas
medias, in quibus universalior
virtus
superiorum
causarum
magis et magis determinatur
secundum
descensum
ad
inferiora, quae a substantiis
separatis, ut sermo fiat ad
propositum,
primo
ordine
reripitur et determinatur in
supremo caelo mediante suo
principio, quo movetur, cuius
caeli virtus et sui motoris
universalior ceteris caelis, qui
sunt infra, primo recipitur et
determinatur in orbe stellato et
magis particulatur descendens ab
universalitate
et
nobilitate
eiusdem primi et supremi caeli et
sui motoris.
De int., II, 1.(2), p. 146, l. 14-19 :
Quod enim in qualitatibus est
similitudo, in substantiis est
identitas, quod in proposito
contingit aliquo trium modorum,
qui enumerantur in commento
136 propositionis Procli sic :
« TRIPLICITER
ERAT
UNUMQUODQUE :
AUT
SECUNDUM
CAUSAM,
AUT
SECUNDUM
ESSENTIAM,
AUT
SECUNDUM
PARTICIPATIONEM ».
Plures
modos
non
invenimus
in
essentialiter ordinatis.
De int., II, 7.(4), p. 151, l. 66-73 :
Quod necessarium est contingere
308
Le poids de la citation
aliquo trium modorum, qui
supra inducti sunt ex Proclo. Aut
enim sunt idem essentialiter sic,
quod essentia unius eorum
secundum univocationem sit
essentia alterius, quo constat non
esse in proposito, quod ita sunt
iuncta ad invicem, quod sunt una
essentia, aut intellectus agens est
idem cum essentia animae per
participationem (...).
De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 –
176, l. 81: Ecce, caruit nomine
positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus
est, caruit, inquam, secundum
intentionem suam, nec suffecit
sibi nomen intellectus, immo nec
nomen Dei, quae duo nomina
appropriat
inferioribus
substantiis, id est intelligentiis, in
processu eiusdem libri sui
propositione 121, 130, 136, 141,
et ibi in commento, ubi dicitur:
« Plena autem (…) ».
5 occurrences
RSP (De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 63 – 202, l. 68 ; De elem., 23.(1), p. 73, l.
43 – 74, l. 56 ; De int., II, 1.(2), p. 146, l. 14-19) : Dans le contexte
doctrinal que nous venons d’analyser (voir supra, n. 14), Dietrich fait
appel (dans le De cog. ent. 37.(8), p. 201, l. 63 – 202, l. 68) à la prop. 140 ;
après avoir discuté l’ordre de la causalité universelle à partir du premier
principe jusqu’aux corps naturels de ce monde, en tenant également
compte de la participation des intelligences, Dietrich discute le troisième
degré des étants : les âmes des cieux. Leur opération suppose un
mouvement qui commence avec le ciel et finit au centre de la terre.
La prop. 140 est citée dans le De elem. (23.(1), p. 73) immédiatement
après la prop. 139. Il faut noter ici le commentaire détaillé que Dietrich
donne à l’expression « proprias medietates » qui signifie, selon lui, les
causes intermédiaires. Dietrich insiste ici sur le fait que la vertu (virtus)
Proclus
309
qui est plus universelle dans les causes supérieures et plus particulière
dans les causes inférieures, provient de la cause première ; cette même
vertu descend jusqu’aux corps astraux et leurs moteurs où elle est encore
plus déterminée et particulière (amplius determinatur et particulatur) ; elle
atteint les planètes les plus proches de ce monde, à savoir le soleil et la
lune (dont le premier est supérieur à la seconde). Et ici Dietrich ajoute la
citation de la prop. 56 présentée auparavant (cf. supra, n. 8).
Dietrich donne, dans le De int. (II, 1.(2), p. 146), une interprétation
particulière du commentaire à la proposition 140 ; en effet, Proclus y
parle, d’une manière générale, des trois modes dont les choses se
ressemblent : (1) selon la causalité (les supérieures sont semblables aux
inférieures parce qu’elle sont causes de celles-ci), (2) selon l’essence et (3)
par participation (les inférieures sont semblables aux supérieures parce
qu’elles participent à celles-là). Dietrich déplace le sens ontologique et
cosmologique de cette remarque dans un cadre noétique pour expliquer
l’identité entre l’intellect agent et ses objets de connaissance. En effet,
Dietrich reprend la sentence d’Aristote « anima est quodammodo
omnia » qu’il transforme en « intellectus est similitudo totius entis ».
Dietrich précise d’abord que, dans les qualités, existe la similitude et,
dans les substances, l’identité ; or, selon les trois modes d’existence dont
parle Proclus, le rapport entre les étants et l’intellect agent est selon le
mode de la similitude selon l’essence, étant donné que l’intellect agent
n’est pas la cause des étants.
RcGSI (De int. (II, 7.(4), p. 151)) : Malgré la présence explicite de la
citation dans le De int. (II, 7.(4), p. 151) les éditeurs ne font de renvoi ni
dans l’apparat des sources ni dans l’index final. Dietrich renvoie à un
usage antérieur du De int. (II, 1.(2), p. 146) où il avait cité et expliqué
cette proposition de Proclus ; ici il reprend l’idée et va encore plus loin
(et dans ce sens on peut dire qu’il l’utilise dans un autre but).
Auparavant, il avait établi un rapport d’identité essentielle entre l’intellect
agent et l’objet de sa connaissance (les étants intelligibles). Il veut à
présent définir le rapport entre l’intellect agent et l’âme : les deux ne sont
pas identiques selon l’essence parce que l’intellect agent (en tant
qu’image de Dieu) est plus noble que l’âme humaine ; en vertu de cette
noblesse même, l’intellect agent est identique à l’âme pour raison de
causalité.
Nous remarquerons aussi que, si Dietrich parle beaucoup de la
similitude, lors de la première citation, ici il utilise seulement la formule :
idem esse.
RSI : Pour le renvoi dans le De cog. ent., 9.(2), p. 175, voir supra, n. 11.
310
Le poids de la citation
XV) Prop. 145 (citée comme prop. 141)
n. 15)
p. 72, l. 1-2 : O MNIS DIVINI
ORDINIS PROPRIETS PER OMNIA
SECUNDA PERTINGIT ET DAT SE
IPSAM OMNIBUS demissioribus
generationem.
p. 72, l. 18-19 : PLENA AUTEM
OMNIA
DIIS ,
ET
QUOD
UNUMQUODQUE
SECUNDUM
NATURAM
HABET .
HABET
INDE
De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 –
176, l. 81 : Ecce, caruit nomine
positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus
est, caruit, inquam, secundum
intentionem suam, nec suffecit
sibi nomen intellectus, immo nec
nomen Dei, quae duo nomina
appropriat
inferioribus
substantiis, id est intelligentiis, in
processu eiusdem libri sui
propositione 121, 130, 136, 141,
et ibi in commento, ubi dicitur:
« P LENA AUTEM SUNT OMNIA
DIIS , ET QUOD UNUMQUODQUE
HABET SECUNDUM NATURAM ,
INDE HABET ».
De cog. ent., 79.(3), p. 242, l. 4648 : Et isti duo modi essendi in
rebus possunt intelligi ex 141
propositione Procli, quae talis
est: « O MNIS DIVINI ORDINIS
PROPRIETAS
PER
OMNIA
SECUNDA CONTINGIT ET DAT SE
IPSAM OMNIBUS ».
3 occurrences
RSP : Les uniques occurrences de la prop. 145 apparaissent dans le De
cog. ent.
La première fois (9.(2), p. 175) : Dietrich cite une partie du
commentaire de cette proposition dans un contexte que nous avons déjà
discuté.
La seconde fois (79.(3), p. 242) : Dietrich la cite dans le cadre d’une
analyse plutôt élaborée où il montre que l’unité de l’univers, ce par quoi
l’ordre de l’univers est garanti à partir du premier principe jusqu’aux
corps de ce monde, n’est pas du même genre que l’unité qui est propre
Proclus
311
au genre de la quantité discrète ; autrement dit, cette dernière unité, par
laquelle une chose est identique à elle-même et par laquelle une chose
s’individualise, est distincte de l’unité communiquée à l’univers entier par
la première cause. Cette dernière unité est l’essence même du premier
principe qui se trouve dans les étants de deux manières : intentionaliter et
realiter. Les deux modes d’être sont décrits, selon Dietrich, par Proclus
dans la prop. 145 de l’Elementatio.
RSI : Pour le renvoi à la prop. 145 dans le De cog. ent., 9.(2), p.
175, l. 75 – 176, l. 81, voir supra n. 11.
XVI) Prop. 146 (citée comme prop. 142)
n. 16)
p.
72,
l.
1-3 :
O MNIUM
DIVINORUM PROCESSUUM FINES
A SUA PRINCIPIA ASSIMILANTUR ,
CIRCULUM SINE PRINCIPIO ET
SINE
FINE
SALVANTES
PER
CONVERSIONEM AD PRINCIPIA .
De vis. beat., Prooemium, (2), p.
13, l. 14-22: Unde Proclus
propositione 142: « O MNIUM
DIVINORUM PROCESSUUM FINES
AD SUA PRINCIPIA ASSIMILANTUR
CIRCULUM SINE PRINCIPIO ET
SINE
FINE
SALVANTES
PER
CONVERSIONEM AD PRINCIPIA ».
Et infra propositione 143:
« Omnium divinorum (…) ». Ex
dictis
sumendum
est
hoc
generaliter,
quod
ens
quodcumque, quod quantum ad
summum
gradum
suae
perfectionis in Deum immediate
reducitur
secundum
participationem divinarum bonitatum, necesse est hoc fieri
secundum suae substantiae id
supremum, quod Deus in natura
sua plantavit.
1 occurrence
RSP : Cette citation au tout début du De vis. beat. est précédée par une
autre provenant d’Augustin (De civitate Dei), par deux références à Denys
312
Le poids de la citation
l’Aréopagite (copiées de Thomas d’Aquin – aucune indication dans ce
sens dans l’apparat des sources) et elle est suivie par la prop. 147 de
l’Elementatio. Toutes ces autorités sont citées au sujet de la triple
hiérarchie des étants ; les uns communiquent avec les autres grâce à une
certaine contiguïté entre les limites inférieures des substances supérieures
et les limites supérieures des substances inférieures. Cela rend possible la
conversion et le retour des inférieures vers les supérieures et vers le
premier principe ou, selon la description de Proclus (prop. 146), une
assimilation des fins aux principes grâce à un mouvement éternel et
circulaire. Les longues citations de la prop. 147 et de son commentaire
apportent des précisions à propos de cette contiguïté et montrent que la
jonction des limites se fait par ressemblance (similitudo). Le but de cette
discussion chez Dietrich n’est pas cosmologique (comme chez Proclus),
mais noétique ; et résume le point central du traité : la vision béatifique
peut s’accomplir seulement par la limite supérieure de l’homme, par ce
que Dieu même a mis dans l’homme en tant qu’image de la Trinité :
l’intellect agent.
XVII) Prop. 147 (citée comme prop. 143)
n. 17)
p.
73,
l.
1-6 :
O MNIUM
DIVINORUM ORNATUUM SUMMA
ULTIMIS
ASSIMILANTUR
SUPERPOSITORUM.
SI
ENIM
OPORTET COTINUITATEM ESSE
DIVINI PROCESSUS ET PROPRIIS
MEDIETATIBUS UNUMQUEMQUE
ORDINEM COLLIGARI , NECESSE
SUMMITATES
SECUNDORUM
COULARI FINIBUS PRIMORUM ;
COPULATIO
AUTEM
PER
SIMILITUDINEM.
SIMILITUDO
ERGO
ERIT
PRINCIPIORUM
SUBMISSI ORDINIS AD ULTIMA
SUPERLOCATI.
De vis. beat., Prooemium, (2), p. 13,
l.
14-27 :
Unde
Proclus
propositione 142: « Omnium
divinorum processuum (…) ». Et
infra
propositione
143:
« O MNIUM
DIVINORUM
ORNATUUM
SUMMA
ULTIMIS
ASSIMILANTUR
SUPRA
POSITORUM ».
Commentum:
« SI
ENIM OPORTET CONTINUITATEM
ESSE DIVINI
PROCESSUS ET
PROPRIIS
MEDIETATIBUS
UNUMQUEMQUE
ORDINEM
COLLIGARI,
NECESSE
SUMMI TATES SECUNDORUM COPULARI
FINIBUS PRIMORUM. C OPULATIO
AUTEM
PER
SIMILITUDINEM .
S IMILITUDO ERGO PRIMORUM
SUBMISSI ORDINIS AD ULTIMA
Proclus
313
».
De vis. beat., 4.1.(2), p. 105, l. 815 : Secundum legem autem
divini ordinis in dispositione
entium inferiora secundum sui
supremum tangunt superiora et
copulantur eis secundum sui ad
ipsa
assimilationem.
Unde
Proclus
143
propositione:
« O MNIUM
DIVINORUM
SUPERLOCATI
ORNATUUM
SUMMA
ULTIMIS
ASSIMILANTUR
SUPRA
POSITORUM ». Commentum ibidem:
« S I ENIM OPORTET CONTI NUITATEM
ESSE
DIVINI
PROCESSUS ET PROPRIIS MEDIE TATIBUS
UNUMQUEMQUE
ORDINEM COLLIGARI, NECESSE
SUMMITATES
SECUNDORUM
COPULARI FINIBUS PRIMORUM .
COPULATIO
AUTEM
PER
SIMILITUDINEM.
S IMILITUDO
ERGO
PRIMORUM
SUBMISSI
ORDINIS AD ULTIMA SUPER LOCATI ».
De sub. spir., 21.(3), p. 318, l. 102
– 319, l. 108 : Et hoc concordat
ei, quod dicit Proclus, 143, sic:
« O MNIUM
DIVINORUM
ORNATUUM
SUMMA
ULTIMIS
ASSIMILANTUR
SUPRA
POSITORUM ». Commentum : « S I
ENIM OPORTET CONTINUITATEM
ESSE DIVINI
PROCESSUS ET
PROPRIIS
MEDIETATIBUS
UNUMQUEMQUE
ORDINEM
COLLIGARI,
NECESSE
SUMMITATES
SECUNDORUM
COPULARI FINIBUS PRIMORUM ».
Hucusque Proclus. Id est,
« SUMMITATES SECUNDORUM »,
314
Le poids de la citation
id est spiritualium, necesse est
« COPULARI
FINIBUS
PRIMORUM »,
id est infimis
intellectualium.
3 occurrences
RSP : La citation qui apparaît dans le De vis. beat. (Prooemium, (2), p. 13)
a été présentée auparavant.
Le cadre thématique de la seconde occurrence de la prop. 147 dans
le De vis. beat. (4.1.(2), p. 105) est identique à la première : la vision
béatifique se réalise seulement par la substance la plus noble de l’homme
en vertu de la similitude entre l’intellect agent et Dieu. Dietrich insiste
encore plus sur le fait que l’intellect agent est au plus haut degré
semblable à Dieu (maxime Deo simile) et qu’il est la véritable image de
Dieu dans l’homme. Dietrich trouve un appui très important dans le
commentaire de la prop. 147 où Proclus soutient que la jonction entre
les substances inférieures et les substances supérieures se fait par
ressemblance (similitudo).
Dans le De sub. spir. (21.(3), p. 318), la citation n’apparaît plus dans
un contexte noétique, mais cosmologique où l’on précise que la
communication possible entre le mode d’être des étants spirituels
(maneries entium spiritualium) et celui des étants intellectuels (maneries entium
intellectualium). Dietrich reprend même les mots de Proclus dans sa
propre argumentation en les interprétant : « id est, ‘summitates
secundorum’, id est spiritualium, necesse est ‘copulari finibus primorum’,
id est infimis intellectualium ».
On peut encore noter qu’avant de proposer son interprétation,
Dietrich prend soin de bien distinguer entre ses propres mots et ceux de
l’autorité : « hucusque Proclus ».
XVIII) Prop. 174 (citée comme prop. 171) + c o m m e n t u m
n. 18)
p. 85, l. 1-8 : O MNIS INTELLECTUS
IN
INTELLIGENDO
INSTITUIT QUE POST IPSUM, ET
FACTIO IN INTELLIGERE ET
INTELLIGENTIA IN FACERE . (…)
ET ENIM INTELLECTUS ET ENS
De intell., 2.(1), p. 354, l. 4-11 :
Hoc igitur primo considerandum
circa substantias illas, quas
intelligentias dicimus, sicut etiam
in pluribus aliis opportunis locis
dictum est, videlicet quod id,
315
Proclus
QUOD IN IPSO IDEM. S I IGITUR
FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM
INTELLIGERE EST , FACIT PER
INTELLIGERE.
quod sunt, sunt intellectus in actu
per essentiam. Et secundum hoc
possunt esse et sunt rerum
causalia
principia
secundum
philosophos;
unde
Proclus
propositione 171 dicit sic:
« O MNIS
INTELLECTUS
IN
INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE
SUNT POST IPSUM, ET FACTIO
INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA
FACERE »;
commentum: « ET
ENIM INTELLECTUS ET ENS ET
QUOD IN IPSO IDEM : SI IGITUR
FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM
INTELLIGERE EST , FACIT PER
INTELLIGERE ».
De cog. ent., 9.(1), p. 175, l. 56-69 :
Si enim omnis substantia, quae
per essentiam suam est intellectus
in actu, habet aliquam rationem
alicuius causae, ut ostensum est
supra et Proclus hoc dicit
manifeste propositione 171 sic:
« O MNIS INTELLECTUS INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT
POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE
FACERE
ET
INTELLIGENTIA
», si, inquam, ita se habet
omnis intellectus quantum ad
efficaciam
causandi,
quanto
potius ille summus et primus
intellectus, qui Deus est (…).
De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 3247 : Unde Proclus propositione
20 libri sui et est supra inductum
sic: « Omnibus corporibus (...) ».
(...) Et infra propositione 130
loquens de intelligentiis dicit:
« Omnis divinus (…) ». quod sic
modo appropriato intelligendi sub
316
Le poids de la citation
Deo competat proprius modus et
propria ratio causalis influentiae,
competat,
inquam,
ipsi
intelligentiae, hoc dicit infra 171:
« O MNIS
INTELLECTUS
IN
INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE
SUNT POST IPSUM, ET FACTIO
INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA
FACERE ».
De anim., 7.(2), p. 18, l. 52-58 : De
isto modo causalis processus
praeter hoc, quod scriptura
veritatis eloquitur dicens omnia
facta esse in verbo Dei, Ioann. 1
et Hebr. 11 : « Fide intelligimus
aptata esse saecula verbo Dei »,
verbum autem quidam conceptus
seu partus intellectualis est,
praeter hanc, inquam, scripturae
auctoritatem
habemus
etiam
philosophicum
testimonium.
Dicit enim Proclus propositione
171:
« O MNIS
INTELLECTUS
INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE
SUNT POST IPSUM, ET FACTIO
INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA
FACERE ». Et supra in eodem
libro c. 34 in commento: « Ex his
itaque manifestum est (…) », et
non propter hoc non procedit
semper,
sed
et
perpetuus
secundum essentiam et cetera.
De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-42 :
Et hoc est, quod dicit Proclus
propositione 171 sic: « O MNIS
INTELLECTUS IN INTELLIGENDO
INSTITUIT , QUAE SUNT POST
IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE
ET INTELLIGENTIA FACERE ».
Commentum : « ETENIM INTEL -
317
Proclus
LECTUS ET ENS , QUOD IN IPSO
IDEM. S I IGITUR FACIT PER ESSE,
ESSE AUTEM INTELLIGERE EST ,
FACIT PER INTELLIGERE ».
De int., III, 24.(1)-(3), p. 195, l. 17
– 196, l. 30 : Quantum ad
intellectum, qui est alicuius causa,
patet ex Proclo, sicut supra versus
principium inductum est ex
propositione 171. Sic dicit:
« O MNIS INTELLECTUS IN INTEL LIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT
POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE
FACERE
ET
».
INTELLIGENTIA
Et
probatur istud
ibidem
in
commento
sic:
« ETENIM INTELLECTUS ET ENS,
QUOD IN IPSO IDEM. S I IGITUR
FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM
INTELLIGERE EST , FACIT PER
INTELLIGERE ». Quantum autem
ad eum intellectum, qui procedit
ab alio (…) .
De int., I, 8.(2), p. 142, l. 63-66 :
Et in hoc consistit quaedam
ebullitio talis substantiae in aliud
extra in causando, sicut supra
inductum est de Proclo et
Avicenna dicit in sua Metaphysica
de principiis separatis, scilicet
quod intelligendo causant ea,
quae sunt post.
De int., I, 12.(2), p. 145, l. 71-75 :
Sic ergo habemus ex quadam
generali ratione et communi
omnibus entibus, quod oportet in
intellectibus, qui sunt intellectus
per essentiam, inveniri quandam
318
Le poids de la citation
virtutem activam, qua redundent
in extra causando aliud, sicut
etiam supra inductum est de
Proclo in speciali de intellectu.
De int., I, 9.(1), p. 142, l. 82-84 :
Quomodo in primo omnium
principio
sit
etiam
talis
fecunditas, qua redundet in extra.
Super quae quarto loco et super
omnia ponit ipsum unum, in quo
similiter advertendum est esse
quandam
interiorem
transfusionem respectivam, qua
illa superbenedicta natura sua
fecunditate redundet extra in
totum ens constituens illud ex
nihilo
per
creationem
et
gubernationem,
sicut
tractat
Augustinus Super Genesim (…). Ex
hoc patet, quod illud unum, quod
Proclus quarto loco et super
omnia posuit, intellectualiter
etiam fecundum est. Ex hoc
patet, quod illud unum, quod
Proclus quarto loco et super
omnia posuit, intellectualiter
etiam fecundum est.
12 occurrences
RSP (De intell., 2.(1), p. 354, l. 4-11 ; De cog. ent., 9.(1), p. 175, l.
56-69 ; ibid., 37.(3), p. 201, l. 32-47 ; De anim., 7.(2), p. 18, l. 5258 ; De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-42 ; ibid., III, 24.(1)-(3), p. 195, l.
17 – 196, l. 30) : La prop. 174 de l’Elementatio traite un sujet dont nous
avons déjà discuté : la participation active des intelligences à la création
et le type de causalité qui leur est propre. En raison de l’identité entre la
substance et l’opération, que Proclus soutient dans son texte et que
Dietrich attribue aux causes essentielles, lorsque l’intelligence connaît ce
qui lui est inférieur, elle le fait subsister et lorsqu’elle le fait subsister, elle
le connaît.
Proclus
319
Dans le De intell. (2.(1), p. 354), Dietrich cite la proposition dans un
contexte cosmologique en précisant le rapport entre les intelligences
supérieures et les âmes des cieux ; les unes et les autres sont des
intellects en acte par essence. Les deux exercent donc une action causale
envers des substances inférieures.
Dietrich concède, dans le De cog. ent. (9.(1), p. 175), que les
intelligences ont une causalité efficiente, mais il précise que Dieu agit
d’une manière plus éminente et plus noble par une opération appelée
création qui lui est propre (voir surtout la discussion consacrée à ce sujet
dans la partie sur Liber de causis, n. 7).
Citée ensemble avec les prop. 20 et 134 dans le De cog. ent. (37.(3),
p. 201), la prop. 174 a le rôle de renforcer l’argumentation concernant
l’appropriatio.
Dans le De anim. (7.(2), p. 18), Dietrich veut faire concorder le texte
de l’Ecriture (Jean 1,3-4 et Hébr. 11,3) avec le témoignage des
philosophes (en l’occurrence Proclus) : les uns comme les autres
acceptent la création du monde à partir d’un principe intellectuel ; le
verbum dont parlent les textes du Nouveau Testament signifie, selon
Dietrich, conceptus seu partus intellectualis, tandis que Proclus exprime
clairement la même idée ; et la prop. 34, citée immédiatement après, en
est la preuve.
Par la citation dans le De int. (I, 3.(2), p. 138) Dietrich soutient que
l’intellect en acte n’a aucune opération passive parce qu’il agit toujours
par essence et parce que son opération est identique à son essence ; étant
donné, donc, que son être est identique au connaître, lorsqu’il connaît, il
fait subsister son effet (« esse autem intelligere est »).
Dietrich ne précise plus dans le De int. (III, 24.(1)-(3), p. 195) si
l’intellect qu’il décrit est l’intellect agent ou l’intellect possible et se
contente de citer la prop. 174 seulement pour différencier les rapports de
causalité qui existent entre les substances intellectuelles et les étants
naturels, dans un contexte doctrinal où il cite encore la prop. 31 de
l’Elementatio et la prop. VII(VIII) du Liber de causis.
RcGSI : Les trois occurrences explicites dans le De int. (I, 8.(2), p. 142 ;
I, 9.(1), p. 142, l. 82-84 et I, 12.(2), p. 145) n’apparaissent ni dans
l’apparat des sources ni dans l’index ; les renvois à une citation antérieure
(« supra inductum est ») font référence au De int., I, 3.(2), p. 138, où
Dietrich décrit l’opération causale de l’intelligence. Les mots qu’il utilise
ici, ebullitio ou rendundare in extra, ne se trouvent pas dans l’Elementatio.
Dietrich adapte donc à un langage plutôt albertien une thèse proclienne.
Dans le De int. I, 9.(1), p. 142, Dietrich parle de la fécondité
intellectuelle (intellectualiter fecundus est) de Dieu qui reprend l’idée de
320
Le poids de la citation
l’ébullition et du débordement vers l’extérieur abordée à d’autres
occasions.
Dans les trois cas, le contexte doctrinal est donné par une discussion
sur la procession des étants à partir de la première cause par l’entremise
et avec la participation des causes secondaires ; les intelligences sont
nommées par Dietrich « principes actifs » (principia activa, De int., p. 141)
qui par une effervescence intérieure débordent et exercent ainsi une
action causale sur les substances inférieures.
Nous comptons séparémment les trois occurrenes en raison de leur
présence en des endroits distincts de l’argumentation.
XIX) Prop. 177 e t c .
n. 19)
p. 87, l. 1-5 : Omnis intellectus
plenitudo ens specierum, hic
quidem universaliorum, hic autem
particulariorum est contentivus
specierum ;
et
SUPERIORES
quidem
intellectus
UNIVERSALIOREM habent quanto
particulariorem qui post ipsos,
inferiores autem particulariorem
quanto totaliorem qui ante ipsos.
De cog. ent., 8.(1), p. 174, l. 30-35 :
Nihilominus tamen invenimus
apud philosophos de illis divinis
intellectibus, quos propter sui
excellentiam intelligentias vocant,
quod
huiusmodi,
inquam,
substantiae habent intellectus
UNIVERSALES et, quanto sunt
SUPERIORES et nobiliores, tanto
habent
intellectus
magis
universales et magis simplices. Et
hoc habemus manifeste ex Libro
de causis et ex libro Procli, unde
videtur sumptus Liber de causis.
1 occurrence
RcGSI* : Cette référence à l’Elementatio de Proclus rappelle la théorie
déjà lue dans le Liber de causis (voir la section sur le Liber de causis, n. 15),
selon laquelle plus les substances sont supérieures, plus les formes et les
vertus qu’elles contiennent sont universelles et nobles. Dietrich reprend
probablement de Thomas le rapport entre le Liber de causis et Proclus.
Proclus
321
XX) L e s s i m p l e s m e n t i o n s (SM)
3 fois dans divers titres des questions :
a) deux fois dans le De int. : « De quadruplici manerie entium secundum
distinctionem Procli ». (I.(4), p. 138) ; « Quod intellectus inquantum
intellectus est similitudo totius entis et quod haec similitudo in
substantiis est identitas secundum aliquem trium modorum, qui ibi
enumerantur ex Proclo ». (II.(1), p. 146)
b) une fois dans le De subs. spir., dans le Prooemium (5), p. 299, l. 26-28 :
« Quod entia realia habent se secundum similitudinem proportionalem ut
entia conceptionalia, et hoc secundum rationem numeri et ordinis et
aliarum condicionum; et primo in generali de numero eorum secundum
Proclum ».
1 fois dans le De anim., 36.(5), p. 43, l. 93-100 : « Ens igitur isto modo
condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia
natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit
Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et
secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici
simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in
XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua
Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in
Libro de causis ».
Ce texte a été déjà mentionné dans les parties consacrées à Averroès
et au Liber de causis. Cette vague référence (diffuse tractat) à l’Elementatio
theologica, accompagnée d’une référence tout aussi vague au Liber de causis
et à la Métaphysique d'Avicenne, a un certain intérêt pour l’historien en
raison de l’enchaînement des autorités : les platoniciennes et la
péripatéticiennes ont abordé la question des substances séparées ; les
noms qui suivent sont des exemples ponctuels. Dietrich se place dans la
lignée des deux traditions, et justifie ainsi la validité de son
argumentation et donne plus de légitimité à son intérêt pour l’intellect
agent, cause essentielle séparée.
322
Le poids de la citation
II. Synopsis
Dans la liste qui suit, nous indiquons les propositions de l’Elementatio
citées par Dietrich.
I) Prop. 17 (c o m me n tu m)
1x RSP, cf. n. 1. Provenance probable : directe. Thème : l’effet se tourne
(convertit) vers la cause dont il procède.
II) Prop. 20
9 fois : 3x RSP, 4x RcGSP, 2x RcGSI ; cf. n. 2. Provenance probable :
3x RSP, 4x RcGSP, 1x RcGSI : directe ; 1x RcGSI : incertaine. Thème :
3x RSP, 2x RcGSI : le propre des toutes les substances supérieures se
trouve en Dieu ; 4x RcGSP : les étants supérieurs du troisième degré
sont appellés par Proclus hypostases intellectuales.
III) Prop. 21 + c o m me n tu m
6 fois, dont 4 fois prop. 21 (2x RSP + 1x RSI + 1x RcGSI) et 2 fois
c o m me n tu m (1x RSP + 1x RcGSI*) ; cf. n. 3 et n. 3'. Provenance
probable : 3x RSP, 1x RSI : directe ; 1x RcGSI, 1x RcGSI* : incertaine.
Thème : toute opération dans l’univers se reduit au même ordre et à la
même unité originelle.
IV) Prop. 31 + c o mm e n tu m
6 fois, dont 4 fois prop. 31 (3x RSP + 1x RSI) et 2 fois c o mm e n tu m
(2x RSP) ; cf. n. 4. Provenance probable : directe. Thème : la
conversion de l’effet vers le principe duquel il procède (identique à la
proposition 17).
V) Prop. 32 (c o m me n tu m)
1x RSP, cf. n. 5. Provenance probable : directe. Thème : identique à la
prop. 31 et 17.
Proclus
323
VI) Prop. 34 + c o m me n t u m
5 fois, dont 2 fois prop. 34 (2x RSP) et 3 fois c o m me n tu m (2x RSP +
1x RSI) ; cf. n. 6. Provenance probable : directe. Thème : l’effet qui
tourne vers le principe duquel il procède, a une subsistance propre.
VII) Prop. 44 e tc .
1x RcGSI*, cf. n. 7. Provenance probable : incertaine. Thème : la
conversion réflexive d’une substance séparée s’effectue par sa substance.
VIII) Prop. 56 (citée comme prop. 54)
4x RSP, cf. n. 8. Provenance probable : directe. Thème : tout ce qui est
produit par une cause inférieure, est produit d’une manière plus noble
par une cause supérieure et notamment par la cause première.
IX) Prop. 97 (citée comme prop. 94)
1x RSP, cf. n. 9. Provenance probable : directe. Thème : la cause
première communique ses propriétés à l’univers entier.
X) Prop. 111 e tc .
1x RcGSI*, cf. n. 10. Provenance probable : incertaine. Thème : les
substances supérieures sont nommées ‘intelligences’ par le Liber de causis
et ‘dieux’ par Proclus.
XI) Prop. 125 (citée comme prop. 121)
1x RSI, cf. n. 11. Provenance probable : incertaine. Thème : les
substances inférieures sont nommées soit ‘intelligences’ soit ‘dieux’.
XII) Prop. 134 (citée comme prop. 130)
2 fois : 1x RSP, cf. 12 ; 1x RSI, cf. n. 12 et 11. Provenance probable :
1x RSP : directe ; 1x RcGSI : incertaine. Thème : 1x RSP : l’intelligence
supérieure exerce son opération intellective en tant qu’intelligence et sa
gouvernance en tant que Dieu (ut Deus) ; 1x RcGSI : cf. n. 11.
324
Le poids de la citation
XIII) Prop. 139 (citée comme prop. 135)
1x RSP, cf. n. 13. Provenance probable : directe. Thème : le mouvement
des corps vers leur fin naturelle.
XIV) Prop. 140 (citée comme prop. 136) + c o m m e n tu m
5 fois, dont 3 fois prop. 140 (2x RSP + 1x RSI) et 2 fois c o m me n tu m
(1x RSP + 1x RGSI) ; cf. n. 14. Provenance probale : directe. Thème :
3x RSP + 1x RcGSI : l’opération de l’âme noble (ou des âmes des cieux)
suppose un mouvement qui commence avec le ciel et finit au centre de la
terre ; 1x RcGSI, cf. n. 11.
XV) Prop. 145 (citée comme prop. 141) + c o m me n tu m
3 fois, dont 2 fois prop. 145 (1x RSI + 1x RSP) et 1 fois c o mm e n tu m
(1x RSP) ; cf. n. 15. Provenance probable : directe. Thème : la propriété
de l’ordre divin de l’univers se donne à toutes les choses de l’univers ; cf.
n. 11.
XVI) Prop. 146 (citée comme prop. 142)
1x RSP, cf. n. 16. Provenance probable : directe. Thème : le retour des
inférieures vers les supérieures représente une assimilation des fins aux
principes grâce à un mouvement éternel et circulaire.
XVII) Prop. 147 (citée comme prop. 143) + c o mm e n tu m
6 fois, dont 3 fois prop. 147 (3x RSP) et 3 fois commentum (3x
RSP) ; cf. n. 17. Provenance probable : directe. Thème : l’assimilitation
des substances inférieurex aux substances supérieures est rendue possible
par une certaine similitude ou ressemblance entre elles.
XVIII) Prop. 174 (citée comme prop. 171) + c o mm e n t u m
12 fois, dont 9 fois prop. 174 (6x RSP, 3x RcGSI) et 3 fois
commentum (3x RSP) ; cf. n. 18. Provenance probable : directe.
Thème : la participation active des intelligences à la création et le type de
causalité qui leur est propre.
Proclus
325
XIX) Prop. 177 etc.
1x RcGSI*, cf. n. 19. Provenance probable : incertaine. Thème : plus
l’intelligence est supérieure, plus les formes qu’elle contient sont
universelles et nobles ; plus l’intelligence est inférieure, plus les formes
qu’elle contient sont moins universelles et plus simples.
326
Le poids de la citation
III. Conclusions 1
Dietrich invoque 67 fois (+ 4 SM) l’Elementatio, mais il cite explicitement
propositions et commentaires différents21 :
comm. prop. 17 (nommé 1 fois)
prop. 20 (nommée 3 fois)
prop. 21 (nommée 4 fois)
comm. prop. 21 (nommé 1 fois)
prop. 31 (nommée 4 fois)
comm. prop. 31 (nommé 2 fois)
comm. prop. 32 (nommé 1 fois)
prop. 34 (nommée 2 fois)
comm. prop. 34 (nommé 3 fois)
prop. 56 (nommée 4 fois – avec le numéro 54)
prop. 97 (nommée 4 fois – avec le numéro 94)
prop. 125 (nommée 1 fois – avec le numéro 121)
prop. 134 (nommée 2 fois – avec le numéro 130)
prop. 139 (nommée 1 fois – avec le numéro 135)
prop. 140 (nommée 3 fois - avec le numéro 136)
comm. prop. 140 (nommé 1 fois)
prop. 145 (nommée 2 fois – avec le numéro 141)
comm. prop. 145 (nommé 1 fois)
prop. 146 (nommée 1 fois – avec le numéro 142)
prop. 147 (nommée 3 fois – avec le numéro 143)
comm. 147 (nommé 3 fois)
prop. 174 (nommée 6 fois – avec le numéro 171)
comm. 174 (nommé 3 fois)
Si l’on maintient la distinction purement méthodologique entre
propositions principales et propositions secondaires (commentum), on peut
dire que Dietrich mentionne explicitement 14 propositions principales
sur les 211 de l’Elementatio, ce qui représente moins de 7%, et 9
propositions secondaires sur 211, ce qui représente ca. 4% ; en tout,
Dietrich nomme explicitement 23 propositions (propositions
principales et secondaires confondues) sur un total de 422 que comporte
le texte de Proclus, ce qui représente ca. 5% de l’Elementatio. Les trois
autres propositions (des RcG) que nous n’avons pas comptées ici (prop.
21
Calcul des RP, RI et FRP.
Proclus
327
44, 111 et 171), mais que nous pouvons considérer comme sources
possibles ne changent pas beaucoup les données (cela représente 26
propositions soit 6% de l’Elementatio). Ces chiffres présentent, nous
semble-t-il, une réalité bien différente de celle que la bibliographie
secondaire a toujours décrit : la connaissance que Dietrich avait de
l’Elementatio se limite à seulement quelques propositions dont il fait un
usage relativement restreint : les 67 occurrences de l’Elementatio
représentent moins de la moitié des 138 occurrences d’Averroès ; à titre
de comparaison, Dietrich cite 45 propositions différentes (principales et
secondaires confondues) du Liber de causis, tandis que de l’Elementatio il en
cite presque la moitié : 23 propositions différentes (principales et
secondaires confondues). Notons que Dietrich ne fait aucune mention
explicite des propositions (principales ou secondaires) suivantes : 1-16,
22-30, 33, 35-55, 57-96, 98-124, 126-133, 135-138, 141-144, 148-173 et
172-211.
328
Le poids de la citation
IV. Dietrich de Freiberg lecteur de Proclus
Une fois déterminé quelles sont les propositions de l’Elementatio citées et
connues par Dietrich, voici les tableaux des œuvres qui font usage de
cette autorité :
1) D e in t. (20 fois + 2 SM)
I.(4), p. 138 : De quadruplici manerie entium secundum
distinctionem Procli.
SM
I, 3.(2), p. 138, l. 39-57 : Et hoc est, quod dicit quod
dicit Proclus propositione 171 sic : « Omnis intellectus
in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio
intelligere et intelligentia facere ». Commentum :
« Etenim intellectus et ens, quod in ipso idem. Si igitur
facit per esse, esse autem intelligere est, facit per
intelligere ».
Distinguit
autem
idem
Proclus
quadruplicem rerum maneriem, in quibus singulis
diligens indagator, prout fuerit de proposito suo,
necesse habet quaerere proprias uniuscuiusque eorum
operationes. Dicit ergo propositione 20 sic: « Omnibus
corporibus superior est animae substantia et omnibus
animabus superior intellectualis natura et omnibus
intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ».
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18
Comm.
prop. 174,
1x RSP ; cf.
n. 18.
I, 6.(2) – 7.(1), p. 140, l. 11-28 : Sed non oportet circa
hoc immorari nec reducere nos ad principia moventia
caelos, quae animas caelorum dicimus, quae movent
per intellectus suos, de quibus in tertio genere rerum
secundum Proclum, scilicet de « intellectualibus
hypostasibus », agendum est. (...) Et de isto genere sunt
illae intellectuales substantiae, quas philosophi
intelligentias vocabant, de quibus agitur in Libro de
causis et in libro Procli, quas in pluribus locis illius libri
deos nominat, quamvis secundum diminutam et
imperfectam rationem deitatis, sicut etiam Philosophus
in XII Metaphysicae approbat dictum illorum (...).
Prop. 20,
1x RSP ; cf.
n. 2.
Prop. 20,
1x RcGSP ;
cf. n. 2.
Prop. 111
e tc . ,
1x
RcGSI* ;
cf. n. 10.
Proclus
329
I, 8.(2) – 9.(1), p. 142, l. 63-93 : Et in hoc consistit
quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in
causando, sicut supra inductum est de Proclo et
Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis,
scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post.
(...) Sed haec hactenus de intellectibus separatis, qui
sunt intellectus semper in actu. Unde Proclus vocat eos
« intellectuales hypostases », quod est tertium genus
entium, quod enumeravit. Quomodo in primo omnium
principio sit etiam talis fecunditas, qua redundet in
extra. Super quae quarto loco et super omnia ponit
ipsum unum, in quo similiter advertendum est esse
quandam interiorem transfusionem respectivam, qua
illa superbenedicta natura sua fecunditate redundet
extra in totum ens constituens illud ex nihilo per
creationem et gubernationem, sicut tractat Augustinus
Super Genesim (…). Ex hoc patet, quod illud unum,
quod Proclus quarto loco et super omnia posuit,
intellectualiter etiam fecundum est. (...) Unde Proclus
propositione 34 dicit sic: « Omne, quod secundum
naturam convertitur, ad illud facit conversionem, a quo
et
processum
propriae
subsistentiae
habet ».
Commentum ibidem : « Ex his itaque manifestum est,
quod appetibile omnibus est intellectus, et procedunt
omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu
substantiam habet, etsi perpetuus sit. Et non propter
hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum
essentiam, et conversus est semper et insolubilis
secundum ordinem ».
Prop. 174,
1x RSI ; cf.
n. 18.
I, 11.(1)-(2), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum,
quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt
philosophi de profluxu entium a prima causa, quod,
quamvis haberi possit a primis et praecipuis
philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo
Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur
ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit
Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a
Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo
procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat
intelligentia secunda et anima primi caeli et primum
Comm.
prop. 21, 1x
RcGSI* ;
cf. n. 3'.
Prop. 20,
1x RcGSP ;
cf. n. 2.
Prop. 174,
1x RcGSI ;
cf. n. 18.
Prop. 34,
1x RSP ; cf.
n. 6.
Comm.
prop.
34,
1x RSP ; cf.
n. 6.
Prop.
56
(citée
comme
prop. 54),
1x RSP ; cf.
n. 8.
330
Le poids de la citation
caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat
tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic
deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit
anima infimi caeli et infimum caelum et illa
intelligentia, quae causat substantiam generabilium et
corruptibilium. (…) Procede enim rem a re non est
unam creare aliam (…) quia quidquid agit causa
secunda in essentialiter ordinatis, agitur a causa
superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de
causis, et Proclus propositione 54 sic : « Omne, quod a
secundis producitur, et a prioribus et a causalioribus
producitur eminentius, a quibus et secunda
producebantur ». Incidens: quod philosophi tractantes
de intelligentiis non tractabant de angelis.
I, 12.(2), p. 145, l. 71-75 : Sic ergo habemus ex quadam
generali ratione et communi omnibus entibus, quod
oportet in intellectibus, qui sunt intellectus per
essentiam, inveniri quandam virtutem activam, qua
redundent in extra causando aliud, sicut etiam supra
inductum est de Proclo in speciali de intellectu.
Prop. 174,
1x RcGSI ;
cf. n. 18.
II.(1), p. 146: Quod intellectus inquantum intellectus
est similitudo totius entis et quod haec similitudo in
substantiis est identitas secundum aliquem trium
modorum, qui ibi enumerantur ex Proclo.
SM
II, 1.(2), p. 146, l. 14-19 : Quod enim in qualitatibus est
similitudo, in substantiis est identitas, quod in
proposito contingit aliquo trium modorum, qui
enumerantur in commento 136 propositionis Procli
sic : « Tripliciter erat unumquodque : aut secundum
causam, aut secundum essentiam, aut secundum
participationem ». Plures modos non invenimus in
essentialiter ordinatis.
Comm.
prop. 140
(citée
comme
prop. 136),
1x RSP ; cf.
n. 14.
II, 7.(4), p. 151, l. 66-73 : Quod necessarium est
contingere aliquo trium modorum, qui supra inducti
sunt ex Proclo.
Comm.
prop. 140,
1x RcGSI ;
cf. n. 14.
Proclus
331
III, 24.(1)-(2), p. 195, l. 17 – 196, l. 29 : Quantum ad
intellectum, qui est alicuius causa, patet ex Proclo, sicut
supra versus principium inductum est ex propositione
171. Sic dicit: « Omnis intellectus in intelligendo
instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et
intelligentia facere ». Et probatur istud ibidem in
commento sic: « Etenim intellectus et ens, quod in ipso
idem. Si igitur facit per esse, esse autem intelligere est,
facit per intelligere ». Quantum autem ad eum
intellectum, qui procedit ab alio, de habitudine videlicet
sui ad suam causam, possumus arguere ad propositum
ex propositione 31 eiusdem Procli, ubi sic dicit:
« Omne procedens ab alio secundum essentiam
convertitur ad illud, a quo procedit ». Commentum
ibidem sic: « Appetunt ergo et suam causam singula.
Per quod enim esse unicuique, per hoc et ipsum bene.
Per quod autem ipsum bene, ad hoc appetitus primo.
Ad quod autem appetitus primo, ad hoc conversio ».
Ex hoc arguitur ad propositum sic : Omnis intellectus
procedens ab alio convertitur in ipsum tamquam in
causam suam. Talis autem conversio non est nisi per
appetitum.
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18.
Comm.
prop. 174,
1x RSP ; cf.
n. 18.
III, 25.(3), p. 197, l. 71-87 : Eadem ratione videtur se
debere in sensu habere, scilicet quod secundum
modum substantiae suae in suo genere sit conversus in
suam causam, scilicet sensualiter, et quod secundum
sensum cognoscat causam suam, a qua procedit, et hoc
secundum propositionem Procli 31 hic inductam. (...)
Sic est videre in proposita locutione sumpta de Proclo
quantum ad eam determinationem, quae importatur per
hanc particulam, scilicet per essentiam, quoniam primo
et vere determinat illud, a quo fit processio, hoc est
ipsam causam et modum causandi, et sic designatur,
quod ipsa est causa essentialis, et excluditur causa
accidentalis et instrumentalis et artificialis, et ita est
causa immediate per suam essentiam.
Prop. 31, 1x
RSI ; cf. n.
4.
Prop. 31, 1x
RSP ; cf. n.
4.
Comm.
prop. 31, 1x
RSP ; cf. n.
4.
332
Le poids de la citation
2) D e c o g. e n t. (18 fois)
8.(1), p. 174, l. 30-35 : Nihilominus tamen invenimus
apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos
propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod
huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus
universales et, quanto sunt superiores et nobiliores,
tanto habent intellectus magis universales et magis
simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de causis
et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis.
Prop. 177
e tc . ,
1x
RcGSI* ;
cf. n. 19.
9.(1), p. 175, l. 56 – 176, l. 81 : Si enim omnis
substantia, quae per essentiam suam est intellectus in
actu, habet aliquam rationem alicuius causae, ut
ostensum est supra et Proclus hoc dicit manifeste
propositione 171 sic: « Omnis intellectus intelligendo
instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et
intelligentia facere », si, inquam, ita se habet omnis
intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto
potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est
(…). Unde attendendo hanc Dei immensitatem Proclus
in libro suo superordinavit omnibus intellectibus et
secundum substantiam et secundum operationem
quadam inexplicabili positiva nominis proprietate
essentiam divinam dicens propositione 20: « Omnibus
corporibus superior est animae substantia, et omnibus
animabus superior intellectualis natura, et omnibus
intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ».
Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam
summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam,
secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen
intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina
appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis,
in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130,
136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur : « Plena
autem sunt omnia diis, et quod unumquodque habet
secundum naturam, inde habet ».
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18.
Prop. 20,
1x RSP ; cf.
n. 2.
Prop. 125
(citée
comme
prop. 121),
1x RSI ; cf.
n. 11.
Prop. 134
(citée
comme
prop. 130),
1x RSI ; cf.
n. 12.
Prop. 140
(citée
comme
prop. 136),
1x RSI ; cf.
n. 14.
Proclus
333
Prop. 145
(citée
comme
prop. 141),
1x RSI ; cf.
n. 15.
Comm.
prop. 145,
1x RSP ; cf.
n. 15
19.(3), p. 183, l. 115-117 : Haec tria sunt in Deo sic
unite
et
simpliciter,
quod
propriis
verbis
inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclo et
infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima
superior est omni narratione ».
Prop.
20,
1x RcGSI ;
cf. n. 2.
37.(3), p. 201, l. 30-47 : Omne enim, quod secundum
substantiam suam superlocatur aliis, etiam secundum
proprietatem suae influentiae causalis superexistit aliis.
Unde Proclus propositione libri sui et est supra
inductum sic : « Omnibus corporibus superior est
animae substantia, et omnibus animabus superior
intellectualis natura, et omnibus intellectualibus
hypostasibus superius ipsum unum ». Ecce, nomine
unius circumloquitur primam causam, Deum, quasi non
habens proprium nomen, quo positive ipsum designet.
Et sic superponit eam secundum substantiam suam
omnibus aliis entibus causalibus. Et in eadem
propositione videtur appropriare intellectualitatem et
modum proprie intellectualiter causandi et causae, quae
est immediate sub prima causa, quae proxima et
inferior causa est intelligentia, videtur autem
appropriare in eo, quod dicit, quod « omnibus
intellectualibus hypostasibus superius est ipsum
unum ». Et infra propositione 130 loquens de
intelligentiis dicit: « Omnis divinus intellectus intelligit
quidem ut intellectus, providet autem ut Deus ». Et
quod sic modo appropriatio intelligendi sub Deo
competat proprius modus et propria ratio causalis
influentiae, competat, inquam, ipsi intelligentiae, hoc
Prop. 20,
1x RSP ; cf.
n. 2.
Prop. 134
(citée
comme
prop. 130),
1x RSP ; cf.
n. 12.
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18.
Prop. 140
(citée
comme
136),
1x
RSP ; cf. n.
14.
334
Le poids de la citation
dicit infra 171: « Omnis intellectus in intelligendo
instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et
intelligentia facere ». (…) Convenienter autem
accipimus finem suae operationis consummationem
totius universi corporalis secundum esse naturae, quae
incohat in motu caeli et terminatur in centro mundi.
Unde Proclus propositione 136: « Omnes deorum
potentiae de sursum incohantes et per proprias
procedentes medietates usque ad extrema deveniunt et
ad loca circa terram ». Modus autem suae causalis
influentiae huic fini proportionatus et proprius huic
causae est, quod habet operationem animalem et
consistit in hoc, ut dicitur in commento 3 propositionis
Libri de causis, « quoniam ipsa movet (…) ».
38.(2), p. 203, l. 96-107 : Si autem placet: magis esset
violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere,
dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus
propositione 54, scilicet: « Omne, quod a secundis
producitur, et a prioribus et a causabilioribus
producitur eminentius, a quibus et secunda
producebantur ». Et hinc sumitur ratio eius, quod
dicitur De causis propositione 1: « Omnis causa (…) ».
Prop.
56
(citée
comme
prop. 54),
1x RSP ; cf.
n. 8.
74.(2), p. 237, l. 99-114 : Quantum ad secundum
istorum, scilicet de poenali passione, considerandum,
quod dicit Proclus propositione 21: « Omnis ordo ab
unitate incipiens procedit in multitudinem unitati
coelementalem, et omnis ordinis multitudo ad unam
reducitur unitatem ». In ista propositione attendenda
sunt duo, unum scilicet, quod omnis ordo, in quo
consistit aliqua universitas, fundatur in aliqua unitate
(...). Hoc est, quod idem Proclus dicit infra
propositione 94: « Omnis secundum unumquemque
ordinem primordialis causa universo ordini suam
proprietatem tradit, et quod est illa primo, hoc est hic
secundum submissionem ».
Prop. 21, 1x
RSP ; cf. n.
3.
76.(2), p. 238, l. 36-40 : Cuius ratio fundatur in tribus :
primo tamquam in prima huius rei radice, videlicet in
unitate illius, de qua dictum est, unius intentionis
diffusae in totam rerum universitatem ab uno principio
Prop. 21, 1x
RcGSI ; cf.
n. 3.
Prop.
97
(citée
comme
prop. 94),
1x RSP ; cf.
n. 9.
335
Proclus
universitatis, sicut dicit Proclus et praemissum est,
super quam unitatem fundatur ratio causalis quasi
colligantis res, ut sint unius ordinis et per consequens
unius universitatis.
79.(3), p. 242, l. 46-48 : Et isti duo modi essendi in
rebus possunt intelligi ex 141 propositione Procli, quae
talis est: « Omnis divini ordinis proprietas per omnia
secunda contingit et dat se ipsam omnibus ».
Prop. 145
(citée
comme
prop. 141),
1x RSP ; cf.
n. 15.
3) D e vi s . b e a t. (10 fois)
Prooemium, (2), p. 13, l. 14-22: Unde Proclus
propositione 142: « Omnium divinorum processuum
fines ad sua principia assimilantur circulum sine
principio et sine fine salvantes per conversionem ad
principia ». Et infra propositione 143: « Omnium
divinorum ornatuum summa ultimis assimilantur supra
positorum ». Commentum: « Si enim oportet
continuitatem esse divini processus et propriis
medietatibus unumquemque ordinem colligari, necesse
sum-mitates secundorum copulari finibus primorum.
Copulatio autem per similitudinem. Similitudo ergo
primorum submissi ordinis ad ultima superlocati ». Ex
dictis sumendum est hoc generaliter, quod ens
quodcumque, quod quantum ad summum gradum suae
perfectionis in Deum immediate reducitur secundum
participationem divinarum bonitatum, necesse est hoc
fieri secundum suae substantiae id supremum, quod
Deus in natura sua plantavit.
Prop. 146
(citée
comme
prop. 142),
1x RSP ; cf.
n. 16.
1.5.(3)-(5), p. 62, l. 41-51 : Unde Boethius De consolatione
l. III met: « Repetunt proprios (…) ». Proclus etiam
dicit 31 propositione libri sui: « Omne procedens ab
aliquo secundum essentiam convertitur ad illud, a quo
procedit ». Ubi dicitur in commento : « Ad quod enim
primo appetitus, ad hoc et conversio ». Et in
commento 32 propositionis dicit: « Quod enim
Prop. 31,
RSP ; cf.
4.
Comm.
prop. 31,
RSP ; cf.
4.
Prop. 147
(citée
comme
prop. 143) ;
cf. n. 17.
Comm.
prop. 147,
1x RSP ; cf.
n. 17.
1x
n.
1x
n.
336
Le poids de la citation
convertitur omne ad omne copulari festinat et appetit
communionem ad ipsum et colligationem ad ipsum ».
Et infra: « Si igitur conversio communio quaedam est et
coniunctio » et cetera. Secundum dicta igitur rem per se
procedentem ab aliquo principio converti in idem
principium est secundum appetitum et operationem
suam tendere in idem ipsum suum principium, ut
communionem sui habeat et ad ipsum colligationem.
Unde et in commento 17 propositionis dicit: « Ad quod
autem operatur, ad hoc conversum est ».
Comm.
prop. 32,
RSP ; cf.
5.
Comm.
prop. 17,
RSP ; cf,
1.
3.2.4.(5), p. 74, l. 29-32 : Ex dictis enim condicionibus
concluditur secundum philosophos intelligentias
intelligere per suam essentiam et ea intellectione in se
ipsas semper converti, ut habetur in Libro de causis et
Procli.
Prop.
44
e tc . ,
1x
RcGSI* ;
cf. n. 7.
4.1.(2), p. 105, l. 8-15 : Secundum legem autem divini
ordinis in dispositione entium inferiora secundum sui
supremum tangunt superiora et copulantur eis
secundum sui ad ipsa assimilationem. Unde Proclus
143 propositione: « Omnium divinorum ornatuum
summa ultimis assimilantur supra positorum ».
Commentum ibidem: « Si enim oportet continuitatem
esse divini processus et propriis medietatibus
unumquemque ordinem colligari, necesse summitates
secundorum copulari finibus primorum. Copulatio
autem per similitudinem. Similitudo ergo primorum
submissi ordinis ad ultima superlocati ».
Prop. 147
(citée
comme
prop. 143),
1x RSP ; cf.
n. 17
Comm.
prop. 147,
1x RSP ; cf.
n. 17.
1x
n.
1x
n.
4) D e s u b s . s p ir . (7 fois + 1 SM)
Prooemium (5), p. 299, l. 26-28 : Quod entia realia
habent se secundum similitudinem proportionalem ut
entia conceptionalia, et hoc secundum rationem numeri
et ordinis et aliarum condicionum; et primo in generali
de numero eorum secundum Proclum.
SM
5.(2), p. 307, l. 9-17 : Easdem rerum maneries explicat
Proclus propositione 20, procedens ab exterioribus seu
Prop. 20,
1x RSP ; cf.
337
Proclus
ab inferioribus, ubi nomine animae intelligit maneriem
spiritualium, illud autem, quod proprie est
innominabile, scilicet prima causa, hic exprimit nomine
unius; unde dicit sic propositione 20: « Omnibus
corporibus superior est animae substantia et omnibus
animabus superior intellectualis natura et omnibus
intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ».
Hucusque Proclus.
n. 2.
7.(1), p. 308, l. 48-52 : Cuius numeri ratio et sufficientia
accipitur in hunc modum: Secundum Proclum enim
propositione 21 « omnis ordinis multitudo ad unam
reducitur unitatem ». Secundum hoc habemus primam
maneriem essendi, quae competit primo omnium
principio, inquantum ipsum est summe unum et a quo
tota ordinata multitudo universi profluit.
Prop. 21, 1x
RSP ; cf. n.
3.
8.(1), p. 308, l. 65-69 : Unde primum ens, quod est
Deus, quia est « in fine simplicitatis », summe est
intellectuale, ad quem modum intellectualitatis nullum
ens creatum attingere potest, sed ipsum est principium
et causa omnis intellectualitatis; unde constituit primam
et summam rerum maneriem secundum Proclum, ut
dictum est.
Prop. 20,
1x RcGSI ;
cf. n. 2.
9.(1), p. 309, l. 2-8 : Et est secunda maneries entium
conceptionalium, cuius in hoc genere principium est
intellectus agens in nobis, sicut in entibus realibus
primum principium, quod Deus est, est solum et
immediatum principium entium secundae maneriei, in
qua constituuntur substantiae intellectuales secundum
philosophos, quas vocat Proclus « intellectuales
hypostases », quia sunt intellectus per essentiam et
secundum
substantiam
et
operationem,
et
constituuntur ex principiis sui generis, quae Deus novit.
Prop. 20,
1x RcGSP ;
cf. n. 2.
19.(5), p. 317, l. 60-65 : Unde et Proclus propositione
54: « Omne, quod a secundis producitur, et a prioribus
et a causalioribus producitur eminentius, a quibus et
secunda
producebantur ».
Et
in
commento
propositionis 1 Libri de causis: « Omnem operationem,
(…) ». Et infra: « Et non figitur (…) ».
Prop.
56
(citée
comme
prop. 54),
1x RSP ; cf.
n. 8.
338
Le poids de la citation
21.(3), p. 318, l. 102 – 319, l. 108 : Et hoc concordat ei,
quod dicit Proclus, 143, sic: « Omnium divinorum
ornatuum
summa
ultimis
assimilantur
supra
positorum ». Commentum : « Si enim oportet
continuitatem esse divini processus et propriis
medietatibus unumquemque ordinem colligari, necesse
sum-mitates secundorum copulari finibus primorum ».
Hucusque Proclus. Id est, « summitates secundorum »,
id est spiritualium, necesse est « copulari finibus
primorum », id est infimis intellectualium.
Prop. 147
(citée
comme
prop. 143),
1x RSP ; cf.
n. 17.
Comm.
prop. 147,
1x RSP ; cf.
n. 17.
5) D e a n i m. (6 fois + 1 SM)
3.(4), p. 14, l. 42-47 : Unde Proclus propositione 31
dicit sic: « Omne procedens ab aliquo secundum
essentiam convertitur ad illud, a quo procedit »; et
propositione 34 « Omne, quod secundum se
convertitur, ad id facit conversionem, a quo processum
suae substantiae habet »; et infra in commento
distinguit quantum ad huiusmodi entium unitatem,
scilicet quod vel idem ambo vel unum ab alio vel ambo
de tertio.
7.(2), p. 18, l. 52-58 : Dicit enim Proclus propositione
171: « Omnis intellectus intelligendo instituit, quae sunt
post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere ».
Et supra in eodem libro c. 34 in commento: « Ex his
itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est
intellectus et procedunt omnia ab intellectu, et totus
mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus
sit, et non propter hoc non procedit semper, sed et
perpetuus secundum essentiam » et cetera.
36.(5), p. 43, l. 93-100 : Ens igitur isto modo
condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In
omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ;
unde secundum istum modum dicit Philosophus in III
De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum
eum modum et naturam separationis tractaverunt
Prop. 31, 1x
RSP ; cf. n.
4.
Prop. 34, 1x
RSP ; cf. n.
6.
Comm.
prop. 34, 1x
RSI ; cf. n.
6
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18.
Comm.
prop.
34,
1x RSP ; cf.
n. 6.
SM
Proclus
339
Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis,
ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et
Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua
Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo
libro, et similiter in Libro de causis.
36.(7), p. 44, l. 111-123 : Sed quoniam secundum dictos
philosophos etiam huiusmodi substantiae limitatae et
determinatae sunt ad hunc universi ordinem, cuius
ordinis nihil, quod intra eundem ordinem includitur,
potest esse principium – esset enim principium sui
ipsius, et Proclus in commento propositionis 21 dicit:
« Quod enim in omni multitudine idem, non ab uno
eorum, quae in multitudine processum habet » –, hinc
est, quod ipsum universi totalis principium maxime
ponendum est et in infinitum distanti gradu
separationis.
Comm.
prop. 21, 1x
RSP ; cf. n.
3.
6) D e e l e m. (3 fois)
23.(1), p. 73, l. 63 - 74, l. 47 : Ad cuius evidentiam
praenotandum,
quod
causalitas
substantiarum
separatarum, quae secundum naturalem providentiam
praesunt huic universo, incipit a supremo ente et in
corporalem terminatur naturam, sicut dicit Proclus 135
propositione. Et 136 propositione dicit, quod omnes
illarum
substantiarum
separatarum
« potentiae
desursum incohantes et per proprias medietates
procedentes usque ad extrema perveniunt et ad loca
circa terram ». Vocat autem « proprias medietates »
causas medias, in quibus universalior virtus superiorum
causarum magis et magis determinatur secundum
descensum ad inferiora, quae a substantiis separatis, ut
sermo fiat ad propositum, primo ordine reripitur et
determinatur in supremo caelo mediante suo principio,
quo movetur, cuius caeli virtus et sui motoris
universalior ceteris caelis, qui sunt infra, primo
recipitur et determinatur in orbe stellato et magis
particulatur descendens ab universalitate et nobilitate
eiusdem primi et supremi caeli et sui motoris.
Prop. 139
(citée
comme
prop. 135),
1x RSP ; cf.
n. 13.
Prop. 140
(citée
comme
prop. 136),
1x RSP ; cf.
n. 14.
340
Le poids de la citation
23.(2), p. 74, l. 72-77 : Primum istorum facit sol, non
tamen sine luna, secundum quod superiora et
universaliora non influunt absque inferioribus et magis
determinatis causis; secundum autem efficit luna, non
tamen sine superioribus et magis universalibus causis,
quarum virtus et influentia per ipsam lunam
determinatur circa inferiora, sicut dicit Proclus 54
propositione sic: « Omne, quod a secundis producitur,
et a prioribus et a causalioribus producitur
eminentius ».
Prop.
56
(citée
comme
prop. 54),
1x RSP ; cf.
n. 8.
7) D e in te l l . (2 fois)
2.(1), p. 354, l. 4-11 : Hoc igitur primo considerandum
circa substantias illas, quas intelligentias dicimus, sicut
etiam in pluribus aliis opportunis locis dictum est,
videlicet quod id, quod sunt, sunt intellectus in actu per
essentiam. Et secundum hoc possunt esse et sunt
rerum causalia principia secundum philosophos; unde
Proclus propositione 171 dicit sic: « Omnis intellectus
in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio
intelligere et intelligentia facere »; commentum: « Et
enim intellectus et ens et quod in ipso idem: si igitur
facit per esse, esse autem intelligere est, facit per
intelligere ».
Prop. 174
(citée
comme
prop. 171),
1x RSP ; cf.
n. 18.
Comm.
prop. 174,
1x RSP ; cf.
n. 18.
8) D e s u b . t he o l . (1 fois)
3.(4), p. 280, l. 59 – 281, l. 68 : (…) Hoc enim
commune est omni proportionalitati et universaliter
omni multitudini, in qua attenditur aliqua convenientia
quod oportet ipsam reduci ad aliquam unitatem, quae
est radix et ratio talis convenientiae, secundum quod
dicit Proclus propositione 21.
Prop. 21, 1x
RSI ; cf. n. 3
Proclus
341
V. Conclusions 2
Dietrich utilise explicitement l’Elementatio :
20 fois (+ 2 SM) dans le De int.
18 fois dans le De cog. ent.
10 fois dans le De vis. beat.
7 fois (+ 1 SM) dans le De subs. spir.
6 fois (+ 1 SM) dans le De anim.
3 fois dans le De elem.
2 fois dans le De intell.
1 fois dans le De sub. theol.
On remarque d’abord le nombre très restreint d’ouvrages dans lesquels
Dietrich cite Proclus : 8 sur un total de 34 que l’on considère de sa
plume. Il est surtout important de noter la présence importante dans les
traités de noétique, le De int. et le De vis. beat. ayant quasiment la moitié
des occurrences ; l’autre moitié se trouve dans les traités de cosmologie.
Ce qui permet de dégager une première conclusion (qu’une analyse
doctrinale pourrait confirmer) : (1) Dietrich se sert de l’Elementatio pour
situer le statut des deux intellects, mais notamment l’intellect agent, dans
la hiérarchie cosmique des substances séparées ; et (2) pour décrire les
degrés de perfection des étants (les maneries rerum ou maneries entium).
Quelques observations ponctuelles peuvent encore être soulignées :
A) sur les 20 occurrences dans le De int., 13 correspondent littéralement
à la source et toujours 13 indiquent les numéros des propositions. On
peut également noter une préférence pour la proposition 174 (citée
comme prop. 171) qui traite de la constitution de ses effets par l’acte
d’intellection (« in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum ») ; cette
proposition est nommée 7 fois. Plusieurs parties du De int. représentent
des petits commentaires des propositions de l’Elementatio : I, 8.(2)-9.(1) ;
I, 11.(1)-(2) et III, 24.(1)-(2).
B) dans le De cog. ent. on remarque notamment le long commentaire dans
9.(1), p. 175sq. où Dietrich mentionne 7 des 18 occurrences du traité.
Proclus est invoqué dans le De cog. ent. surtout pour le problème de
l’ordre de l’Univers à partir de Dieu jusqu’au monde sublunaire ; il utilise
souvent ensemble les propositions 20, 134, 140 et 174 pour défendre la
342
Le poids de la citation
thèse selon laquelle la cause supérieure est au-délà de tout langage et
toute narration.
C) Dietrich cite Proclus pour défendre une seule thèse : la procession de
et le retour vers la cause première ; annoncée dans le prologue et ensuite
développée dans la première partie du traité (notamment dans 1.5.(3)(5)), cette thèse joue un rôle majeur dans la doctrine de la vision
béatifique : l’intellect agent s’unit à Dieu parce qu’il en procède,
contrairement à l’intellect possible qui n’en procède pas.
D) sur les 7 occurrences du De subs. spir., 4 sont des renvois aux prop. 20
et 21 qui portent sur l’ordre et l’unité cosmique. Dans le De anim., la
thèse défendue par l’autorité de l’Elementatio concerne la procession de et
la conversion vers le premier principe.
Avicenne
I. Avicenne dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
A. L i b e r d e p h il o s o p hi a p r i m a s ive s c ie n ti a d iv in a (ed. van Riet)
I) T r a c ta tu s V
n. 1)
c. 5, p. 274, l. 57sq : QUIDDITAS
autem OMNIS SIMPLICIS EST
IPSUMMET SIMPLEX.
De vis. beat., 4.3.1.(10), p. 113, l.
104-108 :
Ubi
etiam
hoc
advertendum, quod ea, quae hic
dicuntur, non solum locum
habent in compositis, sed etiam
in simplicibus. Quamvis enim
QUDITAS
SIMPLEX
SIMPLICIS
SIT
IPSUM
per
realem
indifferentiam
secundum
Avicennam, nihilominus tamen
quanto aliquid simplicius et
perfectius est in suo genere, tanto
plurium rationum est.
De quid., 2.(5), p. 100, l. 32 – 101,
l. 37 : Unde et in simplicibus
etiam habet locum ratio quiditatis
344
Le poids de la citation
extenso
nomine
quiditatis
secundum dictam generalem
rationem quiditatis. Secundum
hoc enim dicit Avicenna, quod
QUIDITAS SIMPLICIS EST IPSUM
SIMPLEX.
2 occurrences
RcGSP : Deux citations ayant une correspondance littérale dans
Avicenne. Ce n’est très probablement qu’une phrase vagabonde qui ne
dit rien de certain sur l’usage direct de la source ; elle est d’ailleurs
souvent mentionnée, par exemple, par Thomas d’Aquin : « Nec tamen
oportet quod natura sit aliquid simplicius quam ipsa res naturae: quia in
simplicibus, secundum Avicennam, quidditas simplicis est ipsum
simplex » (In I Sententiarum, d. 26, q. 1, a. 1, ad 3) ; « et hoc patet per
philosophum et per Avicennam, qui dicit, in sua Metaphysica, quod
quidditas simplicis est ipsum simplex » (Quaestiones disputatae de potentia,
q. 9, a. 1, c.) ; « intelligendo eam, intelliget quidditatem substantiae
separatae, quae est talis dispositionis, eo quod substantiae separatae sunt
quidditates subsistentes non habentes quidditates: quidditas enim
simplicis est ipsum simplex, ut Avicenna dicit » (In IV Sententiarum, d. 49,
q. 2, a. 1, c.).
II) T r a c ta tu s V II I
n. 2)
c. 4, p. 403, l. 86 – 404, l. 96 :
Esse igitur non in subiecto non
est intentio affirmatiua nisi quod
essentiae eius hoc potest esse ut
sit ens et deinde ipsum sit aliquid
negatiue et relatiue quod est extra
identitatem quae est rei. (...) Tu
autem iam plene nosti hoc in
logica et nosti etiam in logica
quod cum dicimus omnis anitas
[non est], intelligimus omne
appropriatum quia non habet
certitudinem aliam nisi anitatem
De orig., 1.(28), p. 144, l. 251-257 :
Secundum hanc enim rationem
inhaerendi ex huiusmodi forma et
subiecto fit unum ens per
accidens sive ens secundum quid,
cuius entis in eo, quod tale ens,
principium est non solum
subiectum, sed etiam inhaerens
forma, immo magis ipsa forma,
cum ipsa sit secundum rationem
actus talis entis principium. Unde
secundum Avicennam esse in
subiecto non est essentia
Avicenne
tunc de hoc quod dicimus de
definitione substantiae quia ipsa
est ens non in subiecto intentio
est quod est res de qua dicitur
quod est non in subiecto ita ut
ens
non
in
subiecto
praedicetur de ea et habeat in
seipsa quidditatem sicut homo
lapis et arbor.
(nr: Avicenna, Logica I, 9va; Averroes, In
Metaphysica, V, comm. 14, 130, l. 86 –
131, l. 88. Le vocabulaire de la Logica
d’Avicenne est plus éloigné de la citation
de Dietrich que celui du Liber de
philosophia prima.)
345
accidentis, sed eius naturalis
proprietas.
De orig., 2.(24), p. 150, l. 165-170 :
Quantum ad primum modum
entia haec, de quibus sermo est,
fiunt ab agente in subiecto et
habent rationem entium naturae,
ut supra dictum est de substantiis;
quoad
secundum
modum
consideratur in unoquoque eorum
ratio entis inquantum ens; ex quo
tertio loco trahitur naturalis
eorum proprietas, quae est
esse in subiecto, secundum
Avicennam.
2 occurrences
RcGSI : La sentence citée par Dietrich (« esse in subiecto est naturalis
proprietas ») ne se trouve pas chez Avicenne ; et nous n’avons pu
trouver d'autre source à cette formule. Ce que nous avons trouvé de plus
proche à la citation de Dietrich est une expression utilisée par Thomas
d’Aquin qui, à son tour, transforme le texte d’Avicenne : « Ad secundum
dicendum, quod sicut probat Avicenna in sua Metaphysica per se existere
non est definitio substantiae (...) et similiter esse in subiecto non est
definitio accidentis, sed e contrario res cui debetur esse in alio » (Thomas
d’Aquin, IV Sent., d. 12, q. 1, art. 1); ce qui rappelle l’expression utilisée
par Dietrich: « unde secundum Avicennam esse in subiecto non est
essentia accidentis, sed eius naturalis proprietas ». Dans le même sens,
voir aussi Thomas d’Aquin, Quodlibet IX, q. 3 ad 2.
Il est manifeste que Dietrich n’utilise pas directement Avicenne et
que la formule et la doctrine qu'il lui attribue provient d’une source
secondaire ; une analyse approfondie de ce rapport avec Thomas
pourrait s’avérer intéressante compte tenu notamment de la réaction de
Dietrich au sujet de la séparabilité des accidents. Or, il est connu que
Thomas modifie sa définition des accidents en partant de cette même
partie (t. VIII, c. 4) de la Métaphysique d’Avicenne 22. Dans une étude plus
22 Sur ce sujet voir notamment R. IMBACH , « Pourquoi Thierry de Freiberg a-t-il
critiqué Thomas d'Aquin : remarques sur De accidentibus », in : Freiburger Zeitschrift für
Philosophie und Theologie 45 (1998), p. 116-129.
346
Le poids de la citation
approfondie sur ce problème (et sur l’antithomisme de Dietrich), il
faudrait également tenir compte de la critique qu’Averroès fait à
Avicenne au sujet de la définition de l’accident et que Dietrich accepte et
cite entièrement (cf. De acc., 13.(5), p. 72, l. 103-112 ; voir infra SM).
III) T r a c t a tu s I X
n. 3)
c. 4, p. 483, l. 85 – 484, l. 99
(indicaiton
de
l’édition) :
Sub
unaquaque autem intelligentia est
caelum cum sua materia et sua
forma, quae est anima et
intelligentia inferius ea. (...) Igitur
ex prima intelligentia inquantum
intelligit primum sequitur esse
alterius intelligentiae inferioris
ea et inquantum intelligit
seipsam sequitur ex ea forma
caeli ultimi et eius perfectio et
haec est anima et propter
naturam essendi possibile quae
est ei et quae est retenta
inquantum intelligit seipsam est
esse corporeitatis caeli ultimi
quae est contenta in totalitate
caeli ultimi. (...) Similiter est
dispositio in intelligentia et
intelligentia, et in caelo et caelo,
quosque
pervenitur
ad
intelligentiam
agentem
quae
gubernat nostras animas.
IV, p. 487, l. 86 – 488, l. 95 : Iam
igitur uere manifestum est quod
ex omni intelligentia superiore
in ordine secundum hoc quod
intelligit primum prouenit esse
alterius intelligentiae inferioris
ea sed secundum hoc quod
De int., I, 8.(2), p. 141, l. 62 – p.
142, l. 67 : Et in hoc consistit
quaedam
ebullitio
talis
substantiae in aliud extra in
causando, sicut supra inductum
est de Proclo et Avicenna dicit in
sua Metaphysica de principiis
separatis,
scilicet
quod
intelligendo causant ea, quae
sunt post. Quare talis eorum
intelligentia non est passio nec
passiva, sed vere actio et activa, et
ita est redundans in aliquid aliud
extra se.
De intellig., 3.(2), p. 355, l. 33-40 :
Avicenna enim in sua Metaphysica
posuit novem, vel potius DECEM
intelligentias,
secundum
decem principales partes, ex
quibus compositus est iste
corporalis mundus, videlicet
novem sphaeras caelestes et
sphaeram regionis elementaris ; et unicuique sphaerarum
praeposuit unam intelligentiam.
Secundum hoc, quidquid etiam
sentiret de numero sphaerarum
caelestium, sive videlicet poneret
decem vel novem vel tantum
octo, necessarium erat sibi tot
intelligentias ponere, ex quo
Avicenne
intelligit
seipsam
prouenient
circuli per se tantum. Corpus
uero caeli fit ab ea et permanet
mediante
anima
caelesti.
Omnis enim forma causa est ut
sua materia sit in effectu.
347
unicuique sphaerae praeposuit
unam intelligentiam, ut infra
ostendetur.
III, p. 475, l. 20 – 476, l. 36 (nr
pour le De int., I, 11.(1), p. 144) : Unde
numerus
intelligentiarum
separatarum
post
primum
principium
erit
secundum
numerum motuum. Si autem
circuli planetarum fuerint sic
quod
principium
motus
circulorum
uniuscuiusque
planetarum sit virtus fluens a
planeta, non secundum numerum
circulorum, et tunc earum
numerus erit DECEM post
primum. Primum autem earum
est intelligentia quae non mouetur
cuius est mouere sphaeram
corporis ultimi. Deinde id quod
sequitur
est
quod
mouet
sphaeram
fixarum.
Deinde
sequitur quod mouet sphaeram
Saturni. Similiter est quousque
peruenitur ad intelligentiam a qua
fluit super nostras animas et haec
est intelligentia mundi terreni et
uocamus
eam
intelligentiam
agentem.
De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 :
Signum veritatis istorum, quae hic
dicta sunt, est hoc, quod
tractaverunt
philosophi
de
profluxu entium a prima causa,
quod, quamvis haberi possit a
primis et praecipuis philosophis,
Aristotele videlicet et Platone et
ex Proclo Platonico et ex Libro de
causis, tamen manifeste habetur ab
Avicenna in Metaphysica sua, cuius
abbreviator
fuit
Algazel.
Posuerunt autem dicti philosophi
res fluere a Deo secundum
quendam ordinem, ut videlicet
primo procedat a Deo prima
intelligentia et ab hac procedat
intelligentia secunda et anima
primi caeli et primum caelum,
ab
hac
autem
secunda
intelligentia procedat tertia et
anima
secundi
caeli
et
secundum caelum et sic
deinceps usque ad illam
intelligentiam, a qua procedit
anima infimi caeli et infimum
caelum et illa intelligentia,
quae
causat
substantiam
generabilium et corruptibilium.
IV, p. 486, l. 44-55 (nr): Iam igitur
certificatum est quod CAELI
habent PRINCIPIA quae sunt nec
corporalia nec formae corporum
et quod unumquodque caelorum
appropriatur
alicui
illorum
principiorum. Uniuersitas autem
eorum communicat in uno
De anim. 35.(6), p. 41, l. 34 – 42, l.
38 : Secundum ea igitur, quae
dicta sunt, patet substantiam
intellectualem unitam corpori
caelesti non habere ad ipsum eam
habitudinem causae, quae est
efficientis:
Supponit
enim
subiectum suum, id est essentiam
348
principio.
Le poids de la citation
corporis
CAELESTIS ,
ab alio
sicut
dicit
Commentator super I Physicorum
et habetur ab Avicenna et aliis de
schola Peripateticorum.
PRINCIPIO,
Nous choisissons de considérer conjointement plusieurs citations
portant sur des thèmes connexes parce que si la première présente le
processus de la causalité des substances inférieures à partir de la
première intelligence, la deuxième décrit la hiérarchie qui en découle, la
troisième le nombre de ces substances (liées aux planètes) et la quatrième
l’essence du corps astral. Il est impossible de les considérer séparemment
tant par rapport à la source (les deux sujets étant traités aux mêmes
endroits par Avicenne) que par rapport à la théorie (la hiérarchie des
étants s’explique par l’acte de procession dans l’être).
4 occurrences
RSI*: Dietrich rappelle dans le De int., I, 8.(2), p. 141 une des thèses les
plus connues de la métaphysique ou de la cosmologie d’Avicenne : en
intelligeant le premier principe, l’intelligence première cause ce qui la suit
dans la hiérarchie des substances séparées. Mais Dietrich interprète cette
doctrine en ajoutant de sa propre initiative que toutes les intelligences
sont purement en acte ou action et qu’elles débordent dans un autre
(redundans in aliquid aliud).
Dans le De intellig. 3, Dietrich discute plusieurs positions concernant
le nombre des intelligences et des planètes par lesquelles celles-ci sont
mues. La première autorité citée est Avicenne qui poserait neuf ou plutôt
dix (novem vel potius decem) intelligences parce qu’il compte autant
d’intelligences que de sphères célestes ; il passe ensuite à Albert qui
compte par erreur – comme il le montre plus loin (De intellig., p. 357, l.
92-96) – dix sphères et arrive enfin aux moderni qui posent seulement
neuf sphères. Cette dernière position est également la sienne.
Sans critiquer ouvertement la cosmologie d’Avicenne, Dietrich en
propose une autre tout en insistant sur la nouveauté de ses positions par
rapport à ses prédécesseurs. Notons que dans la partie du De celo
d’Albert, que Dietrich connaît et cite explicitement plusieurs fois (et qui
est consacrée à la présentation des diverses positions sur le nombre des
sphères), Avicenne n’est pas mentionné.
La position d’Avicenne est résumée sans une fidélité
particulièrement saisissante. Somme toute, nous ne pouvons rien
affirmer avec certitude sur l’usage immédiat de la Métaphysique
Avicenne
349
d’Avicenne, mais rien n’indique une connaissance directe et approfondie
de sa pensée.
Dans le De int., I, 11.(1), le nom d’Avicenne apparaît dans une partie
du texte où Dietrich veut renforcer la démonstration qu’il vient
d’effectuer par des autorités : il invoque alors Aristote, Platon, Proclus,
le Liber de causis, Avicenne ; ce dernier serait, selon lui, le seul à présenter
clairement que les étants procèdent de la cause première. Il oppose
légèrement Avicenne aux autres autorités : quamvis haberi possit a primis et
praecipuis philosophis ... tamen manifeste habetur ab Avicenna. Ensuite il ajoute
de très longues citations de Proclus et du Liber de causis, comme pour
confirmer une fois de plus sa propre opinion.
RcGSI* (pour le De anim. 35.(6), p. 41) : Avicenne est nommé ici dans
un enchaînement d’autorités (on applique la règle de la citation unique),
en compagnie d’Averroès et de la schola Peripateticorum (formule qui
provient probablement d’Albert le Grand 23). Le thème n’est
effectivement pas propre seulement à Avicenne et l’on peut certainement
trouver plusieurs endroits dans son œuvre où est décrite l’essence du
corps astral. Il est difficile de soutenir que Dietrich connaît ou cite
directement la Métaphysique d’Avicenne pour cette doctrine. La citation
a été analysée aussi dans la partie dédiée à Averroès, n. 43.
B. L ib e r d e a n i ma s e u s e x tu s n a tu r a l ib u s (ed. van Riet)
I) T e r tia p a r s
n. 4)
c. III, p. 192, l. 36 – 193, l. 39:
sed oporteret ut lumen candelae
magis esset manifestans colorem,
et oporteret ut eius, cuius propter
candelam manifestatur COLOR ,
NON
apparareret color IN
TENEBRIS . Hoc autem non est ita,
nec sicut dixerunt.
De col., Prooemium (1), p. 277, l.
8-14 : Magni enim et famosi
diversa senserunt aliis dicentibus
COLORES NON esse IN TENEBRIS ,
ut Avicenna, aliis dicentibus
colores secundum essentias suas
perfecte esse in tenebris, sed non
movere
visum
nisi
per
perspicuum actu lucidum ita,
23 Cf. A LBERTUS M AGNUS , De Caelo et mundo, P. H OSSFELD ed., in : Opera omnia
V.1, Aschendorf, Munster, 1971, lib. II, trac. 1, c. 7, p. 121, l. 3.
350
Le poids de la citation
c. V, p. 212, l. 23-24: Ergo
colores habent esse, et non est
esse eorum ex hoc quod sunt lux,
nec lux est apparentia eorum,
quamvis id quod sunt in effectu,
non sunt sine luce.
quod lumen requiritur non ad
hoc, quod colores sint in actu in
suis essentiis, sed quod actu
moveant visum, qui non movent
nisi secundum actum lucidi
secundum eum modum, qui
dictus est.
De col., 3.(1), p. 279, l. 91-97 : (2)
(...) sic sentiendum est de
coloribus, scilicet quod in
tenebris, quia carent superfuso
lumine, quae superfusio educit
ipsos de potentia accidentali in
actum ultimum, quod in tenebris
non sunt colores secundum
Avicennam, et quia perducti sunt
ex potentia essentiali ad illum
gradum potentiae, quod non
indiget nisi motore accidentali,
ideo secundum alios dicitur et
vere, quod colores sunt etiam in
tenebris, sicut de visu positum est
exemplum.
2 occurrences
RcGSI* : Plusieurs chapitres (1-5) de la troisième partie du Liber de anima
d’Avicenne traitent la question du rapport entre couleur et
lumière/obscurité ; mais Dietrich ne semble connaître aucun détail de
l’argumentation d’Avicenne (et d’ailleurs il ne donne aucune adresse pour
la citation). Remarquons cependant la présence d’Avicenne dans le
prologue (la seule autorité citée explicitement) et la manière dont il est
introduit. Dietrich se réfère d’abord aux positions de plusieurs autorités
fameuses (magni et famosi) qui se contredisent, Avicenne faisant partie de
ces autorités ; mais Dietrich choisit la voie du milieu (ergo autem in
proposito tractatu viam quasi mediam teneo, p. 277, l. 15) qui lui semble la plus
raisonnable.
La sentence se lit dans plusieurs traités d’optique ; voir par exemple
Roger Bacon : « cuius causa estimatur multis modis esse, scilicet aut quia
color non habet esse verum in tenebris, secundum Avicennam tertio De
anima » (Perspectiva, pars I, dist. 8, ed. D. Lindberg, Roger Bacon and the
Avicenne
351
Origins of ‘Perspectiva’ in the Middle Ages, Oxford, Clarendon Press, 1996,
p. 108, l. 11sq.).
On peut affirmer, sans prendre trop de risques, que Dietrich ne
connaît pas en détail la théorie avicennienne sur les couleurs et qu’il s’y
réfère en citant une phrase puisée dans un intermédiaire.
II) Q u in ta p a r s
n. 5)
c. VI, p. 144, l. 66-70 (nr): Omnis
autem apprehensio intelligibilis
est similitudo aliqua ad formam
separatam a materia et ab eius
accidentibus materialibus, sicut
praediximus. Sed anima habet
hoc ex hoc quod est substantia
recipiens
impressa
ab
eo;
INTELLIGENTIA vero habet hoc
ex hoc quod est SUBSTANTIA
principium AGENS et creans.
Liber de philosophia prima siue
scientia diuina, IX, 2, p. 456, l. 46 –
457, l. 51 : Laudatio autem quam
nos inquirimus et appetimus est
perfectio non certa sed putatiua
habitus uero honesti quem
acquirimus per actionem causa
non est actio sed actio prohibet
eius contrarium et adaptat ad
illum uel accidit hic habitus a
SUBSTANTIA perficiente animas
hominum
quae
est
INTELLIGENTIA
AGENS
uel
substantia alia ei consimilis.
De vis. beat. 1.1.9.(1), p. 35, l . 6671 : Est etiam haec sententia,
scilicet
quod
INTELLECTUS
AGENS est SUBSTANTIA omnium
peripateticorum, ut patet per
Alexandrum et Alpharabium in
libris De intellectu et intelligibili, per
Avicennam, per Commentatorem
super III De anima. Unde etiam
quidam eorum conati sunt eum
ponere substantiam separatam.
Philosophus etiam III De anima
dicit
ipsum
omnia
facere
intellecta. Facere autem proprium
est substantiae.
1 occurrence
RcGSI*: Avicenne est nommé dans un enchaînement d’autorités à
propos de la théorie selon laquelle l’intellect agent est une substance,
352
Le poids de la citation
respectivement un intellect par essence. Il est difficile d’indiquer
seulement un seul passage dans toute l’œuvre d’Avicenne auquel Dietrich
songerait. D’ailleurs le but de celui-ci n’est pas de donner une citation
exacte ou proche de la source, mais de faire appel à plusieurs autorités
pour donner du poids à sa propre argumentation ; dans ces conditions, la
question d’un usage direct ou indirect de l’une ou l’autre des œuvres
d’Avicenne ne se pose pas.
C. L e s s i mp l e s me n t io n s (SM)
On dénombre 3 SM d’Avicenne dans l’œuvre de Dietrich réparties
comme suit :
a) 1 fois dans le De acc. dans le contexte suivant :
Et dicit ibi de significatione nominum aliorum novem generum,
scilicet accidentium, quod « significatio uniuscuiusque istorum est
unius entis ». Super quo dicit ibi Commentator: « Significatio
uniuscuiusque nominum novem accidentium cum sua significatione
super illud accidens est super unum praedicamentum, scilicet
praedicamentum substantiae ». Et infra loquens contra Avicennam,
qui dicebat, quod accidens « primo significat subiectum et secundo
accidens », dicit, quod « est e converso », scilicet quod accidens
« primo significat accidens et secundo subiectum: accidens enim
innatum est existere in subiecto ». (De acc., 13.(5), p. 72, l. 103-112)
Nous avons montré dans la partie dédiée à Averroès (au n. 6) que le nom
d’Avicenne apparaît ici seulement parce que Dietrich copie correctement
une longue citation d’Averroès qui s’y réfère explicitement ; le rôle
d’Avicenne n’est ici que secondaire par rapport à Dietrich. Cette
occurrence ne doit pas être prise en compte dans une étude sur
l’influence doctrinale d’Avicenne sur Dietrich (ce qui l’intéresse avec
cette citation c’est comprendre la position d’Averroès) ; on propose
d’ailleurs de supprimer le renvoi des éditeurs à la Logique d’Avicenne.
b) 1 fois dans le De misc. dans un passage qui contient aussi un SM à
Averroès:
Avicenne
353
(1) De mixtione, sicut in physicis habet locum et Philosophus tractat
in libro De generatione, aliquid certum et evidens agere non mediocris
difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est diversitas
sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta Avicennae, Averrois,
Alberti, Thomae et sequacium eorum, qui diversa docuerunt et
scripserunt de materia ista; propter quod et ego a scribendo
supersedere debui, si instantia studentium permisisset. (De misc.,
Prooemium, p. 28, l. 4-10)
c) 1 fois dans le De anim., 36.(5), p. 43, l. 93-100 : « Ens igitur isto modo
condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia
natura deficiunt dictae condiciones; unde secundum istum modum dicit
Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et
secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici
simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in
XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua
Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in
Libro de causis ».
Cette mention du nom d’Avicenne, accompagné du titre de son
commentaire à la Métaphysique, n’est pas considérée comme un renvois ;
comme dans le cas d’Averroès, la présence du nom d’Avicenne dans ce
contexte est à titre exemplificatif : il fait partie de ces philosophes,
platoniciens et péripatéticiens, qui traitent dans leurs ouvrages des
substances intelligibles séparées. Pour d’autres détails, voir la discussion
de ces deux passages dans la section dédiée aux SM d’Averroès.
354
Le poids de la citation
II. Synopsis
Dans la liste qui suit, nous indiquons d’une manière synthétique les
thèses et les ouvrages d’Avicenne cités explicitement par Dietrich.
A. L i b e r d e p hil o s o p h ia p r i ma s i ve s c ie n t ia d i vi n a
Tract. V, c. 5 – 2x RcGSP ; cf. n. 1. Provenance probable : incertaine.
Thème : la quidité d’une substance simple est la substance simple même.
Tract. VIII, c. 4 – 2x RcGSI ; cf. n. 2. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’être dans le sujet (esse in subiecto) n’est pas
l’essence de l’accident, mais sa propriété naturelle.
Tract. IX, c. 4 – 4 fois : 3x RSI*, 1x RcGSI* ; cf. n. 3. Provenance
probable : incertaine. Thème : la procession des substances séparées à
partir de Dieu jusqu’au monde sublunaire.
B. L ib e r d e a n i ma s e u s e x tu s n a tu r a l ib u s
Tertia pars, c. III – 2x RcGSI* ; cf. n. 4. Provenance probable :
incertaine. Thème : la rapport entre les couleurs et l’obscurité et la
lumière.
Quinta pars, c. VI – 1x RcGSI* ; cf. n. 5. Provenance probable :
incertaine. Thème : l’intellect agent est une substance séparée.
Avicenne
355
III. Conclusions 1
Avicenne est cité explicitement 11 fois (+ 3 SM) dans l’œuvre de
Dietrich, dont deux fois pour la théorie des couleurs et une fois pour
une thèse assez vaguement esquissée selon laquelle l’intellect agent est
une substance séparée. Il faut aussi noter que Dietrich ne mentionne que
quatre fois (3x RSI* + 1 SM) un des ouvrages d’Avicenne (la
Métaphysique) ; dans les autres 11 fois il se contente de le nommer pour
des théories relativement connues et qui se lisent chez plusieurs de ces
contemporains. D’ailleurs, nous avons pu identifier, à la suite des travaux
des éditeurs, seulement 2 citations littérales (en vérité quelques mots qui
se lisent chez Avicenne, mais aussi chez d’autres auteurs contemporains
de Dietrich).
On peut affirmer donc, au terme de cette brève analyse, que Dietrich
ne subit aucune influence majeure de la part d’Avicenne et surtout qu’il
le connaît très peu. L’usage beaucoup plus important qu’il fait
d’Averroès, tant pour l’ontologie que pour la noétique, est, dans ce
contexte, particulièrement intéressant : Dietrich préfère Averroès à
Avicenne, alors que Thomas préfère Avicenne à Averroès. Le choix
doctrinal des autorités, remarqué et discuté aussi par R. Imbach 24, est
confirmé par l’étude statistique des citations. Il mériterait plus
d’attention que nous pouvons lui accorder dans ces pages puisqu’il est
révélateur non seulement pour le rapport entre Dietrich et Thomas, mais
aussi pour la réception latine d’Averroès et d’Avicenne.
24 R. IMBACH , « L’antithomisme de Thierry de Freiberg », in : Revue thomiste 97
(1997), p. 245-257, notamment p. 257.
356
Le poids de la citation
IV. Dietrich de Freiberg lecteur d’Avicenne
1) D e vi s . b e a t. (2 fois)
1.1.9.(1), p. 35, l . 66-71 : Est etiam haec sententia,
scilicet quod intellectus agens est substantia omnium
peripateticorum, ut patet per Alexandrum et
Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per
Avicennam, per Commentatorem super III De anima.
Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere
substantiam separatam. Philosophus etiam III De anima
dicit ipsum omnia facere intellecta. Facere autem
proprium est substantiae.
Liber
de
anima seu
sextus
naturalibus,
Quinta pars,
c. VI, p.
144, l. 6670,
1x
RcGSI* ; cf.
n. 5.
4.3.1.(10), p. 113, l. 104-108 : Ubi etiam hoc
advertendum, quod ea, quae hic dicuntur, non solum
locum habent in compositis, sed etiam in simplicibus.
Quamvis enim quditas simplicis sit ipsum simplex per
realem
indifferentiam
secundum
Avicennam,
nihilominus tamen quanto aliquid simplicius et
perfectius est in suo genere, tanto plurium rationum
est.
Liber
de
philosophia
prima, tr. V,
c. 5, p. 274,
l. 57sq, 1x
RcGSP ; cf.
n. 1.
2) D e o r ig. (2 fois)
1.(28), p. 144, l. 251-257 : Secundum hanc enim
rationem inhaerendi ex huiusmodi forma et subiecto fit
unum ens per accidens sive ens secundum quid, cuius
entis in eo, quod tale ens, principium est non solum
subiectum, sed etiam inhaerens forma, immo magis
ipsa forma, cum ipsa sit secundum rationem actus talis
entis principium. Unde secundum Avicennam esse in
subiecto non est essentia accidentis, sed eius naturalis
proprietas.
Liber
de
philosophia
prima, tr.
VIII, c. 4, p.
403, l. 86 –
404, l. 96, 1x
RcGSI ; cf.
n. 2.
2.(24), p. 150, l. 165-170 : Quantum ad primum modum
entia haec, de quibus sermo est, fiunt ab agente in
Liber
de
philosophia
357
Avicenne
subiecto et habent rationem entium naturae, ut supra
dictum est de substantiis; quoad secundum modum
consideratur in unoquoque eorum ratio entis
inquantum ens; ex quo tertio loco trahitur naturalis
eorum proprietas, quae est esse in subiecto, secundum
Avicennam.
prima, tr.
VIII, c. 4, p.
403, l. 86 –
404, l. 96, 1x
RcGSI ; cf.
n. 2.
3) D e in t. (2 fois)
I, 8.(2), p. 141, l. 62 – p. 142, l. 67 : Et in hoc consistit
quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in
causando, sicut supra inductum est de Proclo et
Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis,
scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post.
Quare talis eorum intelligentia non est passio nec
passiva, sed vere actio et activa, et ita est redundans in
aliquid aliud extra se.
Liber
de
philosophia
prima, tr.
IX, c. 4, p.
483, l. 85 –
484, l. 99, 1x
RSI* ; cf. n.
3.
I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum,
quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt
philosophi de profluxu entium a prima causa, quod,
quamvis haberi possit a primis et praecipuis
philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo
Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur
ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit
Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a
Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo
procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat
intelligentia secunda et anima primi caeli et primum
caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat
tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic
deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit
anima infimi caeli et infimum caelum et illa
intelligentia, quae causat substantiam generabilium et
corruptibilium.
Liber
de
philosophia
prima, tr.
IX, c. 4, p.
483, l. 85 –
484, l. 99, 1x
RSI* ; cf. n.
3.
4) D e c o l . (2 fois)
Prooemium (1), p. 277, l. 8-14 : Magni enim et famosi
diversa senserunt aliis dicentibus colores non esse in
Liber
anima
de
seu
358
Le poids de la citation
tenebris, ut Avicenna, aliis dicentibus colores
secundum essentias suas perfecte esse in tenebris, sed
non movere visum nisi per perspicuum actu lucidum
ita, quod lumen requiritur non ad hoc, quod colores
sint in actu in suis essentiis, sed quod actu moveant
visum, qui non movent nisi secundum actum lucidi
secundum eum modum, qui dictus est.
sextus
naturalibus,
tertia pars,
c. III, p.
192, l. 36 193, l. 39, 1x
RcGSI* ; cf.
n. 4.
3.(1), p. 279, l. 91-97 : (2) (...) sic sentiendum est de
coloribus, scilicet quod in tenebris, quia carent
superfuso lumine, quae superfusio educit ipsos de
potentia accidentali in actum ultimum, quod in tenebris
non sunt colores secundum Avicennam, et quia
perducti sunt ex potentia essentiali ad illum gradum
potentiae, quod non indiget nisi motore accidentali,
ideo secundum alios dicitur et vere, quod colores sunt
etiam in tenebris, sicut de visu positum est exemplum.
Liber
de
anima seu
sextus
naturalibus,
tertia pars,
c. III, p.
192, l. 36 193, l. 39, 1x
RcGSI* ; cf.
n. 4.
5) D e in te l l i g. (1 fois)
3.(2), p. 355, l. 33-40 : Avicenna enim in sua Metaphysica
posuit novem, vel potius decem intelligentias,
secundum decem principales partes, ex quibus
compositus est iste corporalis mundus, videlicet novem
sphaeras caelestes et sphaeram regionis elementaris ; et
unicuique sphaerarum praeposuit unam intelligentiam.
Secundum hoc, quidquid etiam sentiret de numero
sphaerarum caelestium, sive videlicet poneret decem
vel novem vel tantum octo, necessarium erat sibi tot
intelligentias ponere, ex quo unicuique sphaerae
praeposuit unam intelligentiam, ut infra ostendetur.
Liber
de
philosophia
prima, tr.
IX, c. 4, p.
483, l. 85 –
484, l. 99, 1x
RSI* ; cf. n.
3.
6) D e a n i m. (1 fois)
35.(6), p. 41, l. 34 – 42, l. 38 : Secundum ea igitur, quae
dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam
corpori caelesti non habere ad ipsum eam habitudinem
causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum
Liber
de
philosophia
prima, tr.
IX, c. 4, p.
Avicenne
suum, id est essentiam corporis caelestis, ab alio
PRINCIPIO, sicut dicit Commentator super I Physicorum
et habetur ab Avicenna et aliis de schola
Peripateticorum.
359
483, l. 85 484, l. 99, 1x
RcGSI* ;
cf. n. 3.
7) D e q u i d . (1 fois)
2.(5), p. 100, l. 32 – 101, l. 37 : Unde et in simplicibus
etiam habet locum ratio quiditatis extenso nomine
quiditatis secundum dictam generalem rationem
quiditatis. Secundum hoc enim dicit Avicenna, quod
QUIDITAS SIMPLICIS EST IPSUM SIMPLEX.
Liber
de
philosophia
prima, tr.
V, c. 5, p.
274, l. 57sq,
1x RcGSP ;
cf. n. 1.
360
Le poids de la citation
V. Conclusions 2
Dietrich utilise explicitement Avicenne :
2 fois dans : De vis. beat., De orig., De int., De col.
1 fois dans : De intellig., De anim., De quid.
On dénombre donc 7 traités, sur 34 de la plume Dietrich, qui citent
explicitement Avicenne. Nous avons déjà vu une situation relativement
similaire avec Proclus qui est cité dans 8 ouvrages.
Les deux occurrences au sujet de la lumière et de la couleur se lisent
dans le De col. ; les autres, portant sur l’intellect, la quidité ou sur l’ordre
cosmique de la procession des substances à partir de la cause première,
se lisent dans les traités de noétique, d’ontologie et de cosmologie.
Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi,
Avempace, Al-Gazali
I. Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi dans l’œuvre de Dietrich de
Freiberg
Les renvois à d’Alexandre d’Aphrodise et d’Al-Farabi se lisent
exclusivement dans le De int. et le De vis. beat. En voici les détails :
n. 1)
Averroes, In III De anima, comm.
5, p. 389, l. 71-81 : Deinde dixit:
Et scientia in actu idem est cum re. Et
innuit,
ut
reputo,
aliquod
proprium intellectui agenti, in
quo differt a materiali, scilicet
quod in intelligentia agenti
scientia in actu eadem est cum
scito, et non est sic in intellectu
materiali, cum suum intellectum
est res que non sunt in se
intellectus. Et cum notificavit
quod sua substantia est sua actio,
dedit causam super hoc.
Voir aussi Averroes, In III De
anima, comm. 8, p. 420, l. 19-36
(cité infra) ; comm. 18, p. 440, l.
De vis. beat., 1.1.9.(1), p. 35, l. 669 : Est etiam haec sententia,
scilicet quod intellectus agens est
substantia
omnium
peripateticorum, ut patet per
Alexandrum et Alpharabium in
libris De intellectu et intelligibili, per
Avicennam, per Commentatorem
super III de anima.
362
Le poids de la citation
85-95 ; comm. 20, p. 448, l.
126sqq ;
1 occurrence
RSI* : Ce renvoi enchaîné à plusieurs autorités (Alexandre, Al-Farabi,
Avicenna et Averroès), portant sur un thème général (l’intellect agent est
une substance), est difficile à lier à un seul texte ; très probablement
Dietrich connaît les opinions d’Alexandre et d’Al-Farabi par l’entremise
du commentaire d’Averroès sur le De anima.
n. 2)
Averroes, In III De anima, comm.
8, p. 420, l. 19-31 : Idest, et cum
intellectus
fuerit
in
hac
dispositione, tunc intelliget se
secundum quod ipse non est aliud
nisi forme rerum, inquantum
extrahit eas a materia. Quasi
igitur se intelligit ipse modo
accidentali, ut dicit Alexander,
idest secundum quod accidit
intellectis rerum quod fuerint
ipse, idest essentia eius. (...) Et
possumus exponere istum locum
secundum quod Alfarabius dicit
in suo tractatu de Intellectu et
Intellecto.
De vis. beat., 3.2.3.(4), p. 73, l. 5964 : Nec ex dicta possibilitate et
ipsa specie fit compositio, sed
potius talis possibilitas transit in
actum speciei et fit ipsa species
intelligibilis in actu, ut dicit
Alexander et Alpharabius in libris
suis De intellectu et intelligibili et
Commentator super De anima,
scilicet quod species intelligibilis
fit ipse intellectus, quando quis
actu intelligit. Et hoc est, quod
dicit Philosophus III De anima,
quod intellectus possibilis nihil
est eorum, quae sunt, antequam
intelligat.
De vis. beat., 4.2.1(8), p. 108, l. 8488 : Si igitur huic deductioni
addatur,
quod
dicunt
Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi
intellecta seu species intelligibiles
in nobis sunt idem, quod
intellectus possibilis factus in
actu,
inquantum
videlicet
intellectus possibilis est noster,
manifestum est, quod intellectus
agens in omni intellectione unitur
Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali
363
intellectui possibili ut forma.
De int., II, 2.(2), p. 147, l. 53-58 :
Constat
enim,
quod
ipse
intellectus agens est activum
principium et per se formae
intelligibilis in intellectu possibili,
quae forma intelligibilis est tota
essentia intellectus possibilis,
sicut habemus ab Alpharabio et
Alexandro in suis libris De
intellectu et intelligibili. Ipse autem
intellectus possibilis, secundum
quod est in potentia, non est nisi
pura possibilitas sine omni natura
positiva, ut alibi ostensum est
satis late.
De int., III, 13.(3), p. 187, l. 1217 : Item, sicut habemus ab
eodem Averroe, magis fit unum
ex specie intelligibili et intellectu
quam ex materia et forma, quia ex
materia et forma fit aliquid
tertium, sed species intelligibilis
fit ipse intellectus. In idem
concordant
Alexander
et
Alpharabius in tractatibus suis De
intellectu et intelligibili. Sed contingit
diversos diversa intelligere.
4 occurrences
RSI* : Le thème abordé par ces renvois est celui de l’identité entre la
substance de l’intellect possible et l’intelligible rendu en acte par
l’intellect agent ; dans chacun de ces extraits, Dietrich apporte plusieurs
nuances : dans le De vis. beat. (3.2.3.(4), p. 73) Al-Farabi, Alexandre et
Averroès soutiennent que l’espèce intelligible actualisée devient l’intellect
possible même quand celui-ci connaît en acte (pour le renvoi à Averroès
voir la partie qui lui est dédiée, n. 68). Dans le De vis. beat. (4.2.1(8),
p. 108), les trois déclarent que l’espèce intelligible actualisée est identique
364
Le poids de la citation
à l’intellect possible, ce qui revient à dire que, étant donné que l’intellect
possible est à l’homme (est nobis), l’intellect agent qui actualise l’espèce
intelligible s’unit au possible en tant que forme (pour le renvoi à
Averroès, voir la partie qui lui dédiée, n. 71). Dans le De int., II, 2.(2),
p. 147, Dietrich fait appel à Al-Farabi et à Alexandre, pour dire que
l’espèce intelligible actualisée par le principe actif (qui est l’intellect
agent) est l’essence entière de l’intellect possible ; sans cette espèce
intelligible en acte, l’intellect possible serait pure possibilité sans aucune
nature positive. Averroès est de nouveau cité dans le De int. (III, 13.(3),
p. 187) pour insister sur sa concordance avec Al-Farabi et Alexandre : les
trois considèrent que la jonction entre l’espèce intelligible et l’intellect
possible est supérieure à l’union entre la forme et la matière ; cette idée
est plutôt une reprise d’une formule du commentaire d’Averroès sur le
De anima (pour les observations sur ce fragment, voir Averroès, n. 65).
Il est cependant difficile d’identifier la source exacte de ce renvoi
enchaîné au sujet de l’identité entre l’espèce intelligible et l’intellect
possible. Nous ne l’avons trouvé ni dans Albert le Grand ni dans
Thomas d’Aquin. Les éditeurs renvoient pour Al-Farabi au De intellectu et
intelligibi 25 et pour Alexandre à son De intellectu et intelligibili26. Ni l’une ni
l’autre de ces indications ne correspondent pas totalement à la thèse
présentée (Alexandre parle de l’âme qui connaît intellectus in effectu ;
Al-Farabi soutient l’identité entre forma intellecta et intellectus in
effectu). On pourrait également indiquer un autre passage pour Al-Farabi
(p. 134, éd. Gilson) où l’intellect matériel est présenté comme étant apte
à « d’appréhender par son essence quelque chose, en vertu de quoi son
être est l’intelligible même, qui est son essence » ; cette connaissance de
soi de l’intellect matériel, qui est une connaissance accidentelle, par
l’entremise des intelligibles en acte, est possible grâce à l’opération de
l’intellect en acte. On peut donc considérer ces réflexions comme une
source éloignée pour la question de l’union entre l’espèce intelligible et
l’intellect possible27. Les thèses d’Alexandre et d’Al-Farabi sont
résumées par Averroès dans le commentaire du De anima (III, comm. 8),
dans lequel les deux auteurs sont cités ensemble, et où apparaît aussi le
titre De intellectu et intellecto ; ces pages constituent très probablement la
source de la citation de Dietrich.
25 E. G ILSON, « Le texte latin médiéval du De intellectu d’Alfarabi », Archives
d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, IV (1930), p. 118-120.
26 G. T HERY , Autour du décret de 1210. II : Alexandre d’Aphrodise, Le Saulchoir, Paris,
1926, p. 76.
27 L’Epitre sur l’intellect est également une source éloignée ; voir A L -F ARABI,
Epistola sull’intelletto, trad. F. LUCCHETTA , Editrice Antenore, Padova 1974, p. 99sq.
Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali
365
II. Conclusions
Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi sont cités chacun, mais toujours
ensemble, 5 fois : 3 fois dans le De vis. beat. et 2 fois dans le De int. Les
deux sont nommés, à une exception près, comme auteurs des traités
ayant le même titre : De intellectu et intelligibili ; sur les cinq occurrences,
trois sont également citées en compagnie d’Averroès (et le commentaire
du De anima est nommé deux fois).
Une première observation s’impose déjà : selon la règle de la citation
unique, on ne cherchera pas de citation exacte provenant de l’un ou de
l’autre ; d’ailleurs, Dietrich les cite, très probablement, à partir du De
anima d’Averroès.
On remarquera ensuite l’usage et la connaissance très limités, et par
intermédiaire, d’Al-Farabi et d’Alexandre. Dietrich expose, sous quatre
angles différents, une seule et même thèse qu’il connaît mieux par
Averroès (dont il emprunte, nous l’avons montré, le vocabulaire) : les
espèces intelligibles actualisées par l’intellect agent dans l’intellect
possible, sont identique à celui-ci ; l’autre thèse défendue par Dietrich en
s’appuyant sur l’autorité d’Alexandre et d’Al-Farabi est la suivante :
l’intellect agent est une substance.
Il est manifeste que Dietrich ne s’intéresse pas aux détails de la
noétique de l’un et de l’autre des deux autorités, et qu’il les mentionne
d’une manière très rapide ; les thèses choisies sont d’ailleurs communes
et n’ont aucune incidence sur la pensée de Dietrich.
366
Le poids de la citation
III. Avempace dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
Les SM que nous présentons ici ont été déjà discutées dans les parties
dédiées à Averroès (n. 49) et Avicenne (n. 3) ; nous les reprenons
cependant afin de mieux les mettre en évidence.
La première occurrence du nom d’Avempace :
comm. 71, 162rC : Illa autem
quae moventur ex se, quae non
dividuntur in motorem, et rem
motam in actu, necessario
indigent medio : et haec sunt
corpora GRAVIA et LEVIA . Et si
non, moverentur in non tempore :
cum nihil fit actu illic, quod
resistat potentiae motivae, et est
impossibile etiam ut habeat motus
naturales,
et
sint
semper
IMPEDITA . Et ideo contingit,
quod cum posuerimus ista moveri
in VACUO, ut moveatur in non
TEMPORE, et ut MOTUS GRAVIS ,
et GRAVIORIS sit aequalis in
VELOCITATE,
quod
est
impossibile,
quod
igitur
existimavit AVEMPACE et quod
ista simplicia habent motus
naturales sine MEDIO .
(nr: comm. 71, 160rC: Avempace autem
bene movit hic quaestionem. Dicit enim
quod non sequitur ut proportio motus
eiusdem lapidis in aqua ad motum eius in
aere fit, sicut proportio spissitudinis
aquae ad spissitudinem aeris, nisi motus
lapidis esset in tempore, propter hoc
quod movetur in medio. Et si hoc esset,
contingeret ut nullus motus esset in
tempore, nisi propter impediens: medium
enim videtur impedire rem motum etc.)
De elem., 44.1, p. 90, l. 110 - 115 :
Manifestum est autem secundum
ea, quae dicta sunt, quod falsa
est positio AVEMPECHE, quam
pertractat Commentator super V
Physicorum, quae dicit, quod
cessante omni IMPEDIMENTO
circumscriptis
etiam
mediis
corporibus, per quae fit MOTUS
GRAVIUM et LEVIUM, si secundum
imaginationem
poneremus
MEDIUM esse VACUUM, quod
nihilominus GRAVIA et LEVIA
moverentur
per
naturam
determinata
VELOCITATE
et
tarditate in tempore.
Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali
367
La seconde occurrence du nom d’Avempace se lit dans le titre de la
question du De elem., q. 44, p. 57 où se lit le fragment repris auparavant :
« Ex praehabitis ostenditur falsitas cuiusdam positionis Avempace circa
motus gravium et levium ».
On note encore deux simples mentions (SM) d’Avempace dans
l’œuvre de Dietrich : dans le titre d’une question (q° 44) et dans la partie
du texte introduite par celle-ci, plus précisément dans le cadre d’une
évocation du livre IV de la Physique d’Averroès où celui-ci y fait plusieurs
fois référence (f. 142rsq., 160r-162v, 164r). On ne trouve cependant
nulle part la source exacte de ce à quoi Dietrich fait référence. Ce qui
ressemble le plus au renvoi de Dietrich est le fragment du commentaire
d’Averroès qui se lit au f. 162rC (et non 160rC comme l’indique l’édition
du De elem.) ; ceci est le seul cas où Avempace est cité pour le problème
du vide et du mouvement des corps lourds et légers (dans les autres cas,
Averroès le nomme pour d’autres sujets, notamment pour des
explications sur l’expression proportio spissitudinis aquae ad spissitudinem
aeris). On peut affirmer que Dietrich ne vise pas directement
Avempeche, mais reprend les grandes lignes la critique d’Averroès.
368
Le poids de la citation
IV. Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg
L’unique mention (SM) d’Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich se lit dans
le De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : « Signum veritatis istorum, quae hic
dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a
prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis
philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex
Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua,
cuius abbreviator fuit Algazel ».
La formule par laquelle Dietrich le désigne, abbreviator Avicennae, est
plutôt courante parmi les médiévaux : le Ps.( ?) Gilles de Rome le décrit
avec la même formule dans le Errores philosophorum (« Algazel autem, ut
plurimum Avicennam sequens et eius abbreviator existens, erravit
ponens etc. »)28 ; Albert le Grand dans le De generatione et corruptione
emploie aussi l’expression : « Adhuc autem, obiciunt contra hoc
Avicenna et abbreviator eius Algazel, quod secundum hoc mixtum
aequaliter habet de omnibus elementis »29.
28
GILLES DE R OME, Errores philosophorum, cap. VIII. Critical text with notes and
introduction, by J. K OCH, English translation by J.O. R IEDL , Marquette University
Press, Milwaukee 1944, p. 38, l. 4-6.
29 A LBERTUS M AGNUS , De generatione et corruptione, lib. I, tract. 6, c. 9,
ed. P. H OSSFELD, in Opera omnia, V.1, Aschendorff, Munster 1980, p. 174, l. 49-52.
Conclusions finales
Reprenons d’une manière synthétique les résultats des calculs exposés
auparavant 30 : Averroès est présent 138 fois (+ 16 SM), le Liber de causis
99 fois (+ 3 SM), Proclus 67 fois (+ 4 SM), Avicenne 11 fois (+ 3 SM),
Alexandre d’Aphrodise 5 fois, Al-Farabi 5 fois, Avempace 2 fois (2+
SM), Al-Gazali 1 SM. Dans le cas des quatre premières autorités, nous
avons remarqué une préférence manifeste pour un certain nombre de
thèses ou citations qui sont utilisées plusieurs fois ; nous avons donc
distingué entre le nombre d’occurrences explicites et les ouvrages ou les
chapitres que Dietrich connaît bien. L’importance de la présence
d’Averroès dans les œuvres de Dietrich – que les historiens ont mis en
valeur sous plusieurs aspects doctrinaux 31 – est confirmée par l’étude des
statistiques.
Nous avons ainsi constaté que Dietrich connaît et utilise des parties
des commentaires d’Averroès aux ouvrages suivants d’Aristote :
Metaphysica, Physica, De anima, De celo et mundo ; il n’a probablement pas
connu ou il n’a pas été influencé par les commentaires aux ouvrages
suivants : De sensu et sensato, De somno et vigilia, De generatione et corruptione ;
auxquels il faut ajouter le De substantia orbis. Il ignore totalement les
commentaires portant sur : Ethica Nicomachea, Organon, Rhetorica, Meteora.
Le Liber de causis est cité explicitement avec 45 propositions sur 219
(principales et secondaires confondues), ce qui représente ca. 20%. De
30 Nous soulignons, une fois de plus, que dans quelques cas seulement nous avons
compté une seule fois deux évocations explicites de la même autorité et/ou de la
même œuvre si ces évocations sont faites l’une immédiatement à la suite de l’autre,
dans la même argumentation et dans le même but ; en voici un exemple : « Easdem
rerum maneries explicat Proclus propositione 20, procedens ab exterioribus seu ab
inferioribus, ubi nomine animae intelligit maneriem spiritualium, illud autem, quod
proprie est innominabile, scilicet prima causa, hic exprimit nomine unius; unde dicit
sic propositione 20 : ‘Omnibus corporibus superior est’ (...) » (De subs. spir., 5.(2), p.
307, l. 9-17).
31 K. F LASCH , Dietrich von Freiberg. Philosophie, Theologie, Naturforschung um 1300, V.
Klostermann, Frankfurt am Main, 2007 ; I D., D’Averroès à Maître Eckhart. Les sources
arabes de la mystique allemande, Vrin, Paris, 2008.
370
Le poids de la citation
L’Elementatio theologica, Dietrich utilise explicitement 23 propositions sur
un total de 422 (principales et secondaires confondues), ce qui
représente ca. 5%. La présence d’Avicenne, d’Alexandre d’Aphrodise,
d’Al-Farabi, d’Avempace et d’Al-Gazali est pratiquement insignifiante.
La distribution de ces autorités dans les 34 ouvrages de la plume de
Dietrich est la suivante : Averroès est cité dans 28 textes, le Liber de causis
dans 13, Proclus dans 8, Avicenne dans 7, Alexandre d’Aphrodise et AlFarabi dans 2, Avempace et Al-Gazali chacun dans 1 texte. Il faut noter
que les ouvrages de la trilogie comportent, dans tous les cas analysés, un
grand nombre de références : De anim. utilise 9 fois Averroès, 6 fois
Proclus, 4 fois le Liber de causis et 1 fois Avicenne ; De vis. beat. se sert 18
fois d’Averroès, 10 fois de Proclus, 8 fois du Liber de causis, 3 fois
d’Alexandre d’Aphrodise et d’Al-Farabi et 2 fois d’Avicenne ; De acc. se
réfère 9 fois à Averroès et 2 fois au Liber de causis. Trois autres ouvrages
utilisent d’une manière importante l’une ou l’autre de ces autorités : dans
le De orig. on compte 19 occurrences d’Averroès, 2 d’Avicenne et 1 seule
du Liber de causis (aucune de Proclus). Un cas particulièrement important
nous semble être le De int. où Proclus est utilisé 20 fois, le Liber de causis
17 fois, Averroès 7 fois (+ 4 SM), Avicenne 2 fois, Alexandre
d’Aphrodise et Al-Farabi 2 fois ; la présence explicite des 37 occurrences
néoplatoniciennes et des 11 occurrences péripatéticiennes dans le De int.
nous semble particulièrement révélatrice pour la démarche théorique et
le but de ce traité : une description attentive de l’essence et de
l’opération de l’intellect agent en tant qu’intellect par essence. Dans le De
vis. beat., la balance entre les occurrences péripatéticiennes – 18 – et
néoplatoniciennes – 23 – est plus équilibrée : les premières ont le rôle
d’appuyer l’argumentation sur la conversion de l’intellect agent vers Dieu
et l’union avec celui-ci ; les secondes ont le rôle d’expliquer la supériorité
de l’intellect agent par rapport à l’intellect possible. Le De cog. ent.
s’appuie, sans surprise, sur un très grand nombre d’occurrences
néoplatoniciennes : 36 fois le Liber de causis et 18 fois l’Elementatio, ce qui
représente dans ce texte uniquement 32% des toutes les occurrences des
deux autorités considérées ensemble.
Nous avons au début constaté l’absence de ce genre d’études pour
les auteurs médiévaux et salué les quelques tentatives d’aborder sous cet
angle certains des contemporains de Dietrich. Nous avons également
souligné la nécessité d’un travail très précis qui distingue et interprète
avec clarté une citation explicite et une allusion, une reprise littérale et
une autre approximative, une citation largement répandue par des
florilèges et les fausses attributions.
Les analyses doctrinales qui ont jusqu’à présent offert diverses
approches de Dietrich sont particulièrement importantes pour la
Conclusions finales
371
compréhension de sa pensée ; celles proposées dans ce livre sont d’une
autre nature, complémentaires des études doctrinales. Elles augmentent
la résistance à la tentation d’élaborer de grandes reconstructions de
l’histoire intellectuelle : ainsi il nous semble à présent incontestable que
Dietrich ne connaissait pas si bien qu’on le prétendait les auteurs
arabes 32 : mis à part un certain nombre de références à Averroès,
Dietrich ne connaît pratiquement pas Avicenne, Al-Farabi, Al-Gazali,
Avempace. Averroès est d’ailleurs la source la plus probable de ses
citations d’Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Al-Gazali et Avempeche ;
nous avons encore vu que Dietrich cite parfois Aristote à partir du
commentaire d’Averroès. Pour ces aspects formels, au moins, il faudrait
recadrer la place du Cordouan dans l’œuvre de Dietrich.
Une autre hypothèse des historiens devrait probablement connaître
une nouvelle discution à la suite de l’étude des citations : Dietrich ne
connaissait pas beaucoup l’Elementatio theologica. Il nous semble qu’on ne
peut plus s’appuyer sur ‘des acquis’ et affirmer : « è nota l’ampiezza dei
suoi riferimenti a Proclo » 33. Sans vouloir mettre en doute le poids de
l’Elementatio dans la pensée de Dietrich, on peut légitimement repenser
l’apport de celui-ci à la transmission de Proclus dans le milieu
dominicain allemand et le prétendu rôle sur sa réception par Eckhart et
Berthold de Moosbourg. Il faudrait aussi tenir compte des aspects
concernant la transmission matérielle du texte de l’Elementatio à partir des
discordances entre la numérotation des propositions. En effet, si l’on
veut vraiment comprendre quel a été son rôle dans la transmission de
Proclus dans le milieu allemand, il faudrait avant tout savoir quel auteur
cite l’Elementatio exclusivement à partir de l’œuvre de Dietrich ; il faudrait
aussi déterminer, si possible, quel autre auter connaît le même
exemplaire fautif de l’Elementatio que Dietrich. Et comment prouver que
Dietrich est plus important que le commentaire de Thomas au Liber de
causis ? Ces problèmes n’ont pas été posés et les réponses ne sont pas
évidentes.
Faisons rapidement une comparaison avec Eckhart : si l’on applique
nos catégories d’analyse aux citations de Proclus, en s’appuyant
exclusivement sur la liste d’occurrences déjà publiée34, on constate qu’il
32
Cf. K ANDLER, « Dietrich von Freiberg und die arabische Philosophie », p. 99sq.
S TURLESE, « Il dibattito su Proclo », p. 279.
34 Cf. F. R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche, daz dâ heizet dza lieht
der liehte: Eckhart, il Liber de causis e Proclo », in : L. S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di
Meister Eckhart, p. 165-166. Les comparaisons que nous effectuons avec Eckhart ne
sont pas exemptes d’un certain degré de relativité : la raison en est que les chiffres
obtenus pour Dietrich et pour Eckhart dépendent des diverses typologies de la citation
prises en compte préalablement. Nos catégories de citations ne sont pas les mêmes que
33
372
Le poids de la citation
se réfère explicitement à trois propositions de l’Elementatio : prop. 11,
prop. 12 et prop. 20 ; qu’il donne, à quatre reprises, une citation correcte,
sans indiquer pourtant la référence précise, du commentaire de la prop. 1
(LW 1/1,269,2 (=1/2,153,9) ; 485,10 ; ibid., 2,103,8 ; 360, 11 ; 488,5 ;
629,4 ; ibid., 3,609,7 ; ibid., 4,322,11 ; 369,2). On compte donc 3 RSP, 4
RcGSP (= prop. 1) et 7 RcGSI. Ayant effectué ces calculs, nous sommes
étonné de lire la conclusion suivante : « a questo punto sembrerebbe
confermata l’immagine di Eckhart ricostruita dalla critica : quella di un
Eckhart buon conoscitore dell’Elementatio theologica, non senza il filtro del
commento di Tommaso (Beierwaltes e de Libera) e dell’opera di
Teodorico di Freiberg (Sturlese) »35. Est-ce que citer 4 propositions sur
422 est la preuve d’une bonne connaissance de l’Elementatio ? Et de quel
‘filtre’ d’interprétation parle-t-on étant donné que Dietrich ne mentionne
jamais trois des quatre propositions qu’Eckhart connaît certainement
(prop. 1, 11 et 12) ?
Notre étonnement à propos de cette prétendue influence de Dietrich
sur Eckhart se confirme en regardant de près certains aspects que
personne n’a encore remarqués : Eckhart cite explicitement Proclus et le
Liber de causis pour la distinction entre ens in anima (ens cognitivum) et ens
extra animam 36, alors que Dietrich, pour exactement la même distinction,
dans le cas des citations étudiées chez Eckhart ; en outre, nous analysons seulement les
citations explicites, tandis que pour Eckhart certaines études dénombrent aussi les
citations implicites. Cependant, nous essayons de dégager dans nos comparaisons
seulement les éléments communs et d’offrir des comparaisons aussi rigoureuses que
possible. Les citations implicites littérales (reprises tacites des extraits ad litteram) sont
donc éliminées de nos comparaisons : nous avons donc compté 4 occurrences
explicites de la proposition 1 et non 9 occurrences comme le fait F. Retucci. Voici les
occurrences indiquées par Retucci : « Et hoc est quod Proclus dicit 11 : ‘omnia entia
procedunt ab una causa prima’ » (LW 1/1, 198, 8(=1/2,71,22) ; « Et Proclus prop. 12
ait : ‘omnium entium principium et causa prima bonum est’ » (LW 1/1, 170,5
(=1/2,45,2) ;3,448,2 ; « (…) totum universi distingui in quattuor partes principales,
concordat quod Proclus ait propositione vicesima : ‘omnibus corporibus superior est
animae substantia, et omnibus animabus superior est intellectualis natura, et omnibus
intellectualibus hypostasibus superius unum’ » (LW 1/1,684,3). Nous reprenons ici les
abréviations et les renvois aux œuvres d’Eckhart utilisés par Retucci dans son article.
35 R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche », p. 145.
36 D’après R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche », p. 166 :
« sciendum ergo quod ens secundum totum sui ambitum prima sui divisione dividitur
in ens reale extra animam, divisum in decem praedicamenta, et in ens in anima sive in
ens cognitivum, sicut manifeste colligitur ex diversis locis libri De causis et Proclo »
(LW 3,445,7). Pour une raison qui nous échappe, on indique comme source de ce
renvoi chez Eckhart la proposition 21 de l’Elementatio, que Dietrich cite aussi mais
dans d’autres buts.
Conclusions finales
373
cite explicitement Averroès 37. Le choix des autorités pour ce même
problème est particulièrement intéressant et mériterait une analyse plus
attentive que celle que nous pouvons lui consacrer dans ces pages.
Toutes ces questions nous font emettre des doutes sur le prétendu
rôle joué par Dietrich et Eckhart dans le transfert d’intérêt pour Proclus,
de Paris vers Cologne, au début du XIVe . Si Eckhart cite 0,9% et
Dietrich 5% de l’Elementatio (qu’il connaît, en outre, par un exemplaire
fautif et incomplet), peut-on vraiment soutenir qu’ils sont « esponenti
principali della prima diffusione di Proclo in Germania » 38 ? Que dire
alors des autres autorités citées beaucoup plus souvent par les deux
dominicains comme, par exemple, Averroès et Liber de causis ?
La présence du Liber de causis est beaucoup plus importante que celle
de l’Elementatio tant dans l’œuvre de Dietrich que dans l’œuvre d’Eckhart.
Le premier l’utilise explicitement 99 fois en citant 45 propositions
différentes, le second s’en sert 80 fois explicitement (calcul des
« citations explicites littérales » et des « citations explicites doctrinales »).
Eckhart semble connaître des propositions provenant de 17 chapitres ;
Dietrich utilise des propositions et thèses tirées de 16 chapitres. Voici un
tableau comparatif entre les deux auteurs :
Dietrich connaît les chapitres :
Eckhart connaît les chapitres :
I-X(XI)
I-IV
VI(VII)
IX(X)
X(XI)
XII(XIII)
XII(XIII)
XIV(XV)
XX(XXI)
XXI(XXII)
XIII(XIV)
XV(XVI) – XVIII(XIX)
XX(XXI)
XXI(XXII)
XXIV(XXV)
37 De vis. beat., 3.2.9.1.(6), p. 86, l. 43-46 : « Dividitur autem ens uno modo in ens
reale repertum apud naturam, scilicet in substantiam et alia novem genera
praedicamentorum, et in ens in anima seu conceptionale, secundum quod dicit
Commentator super V Metaphysicae » ; ibid., 3.2.9.6.(1), p. 96, l. 92-96 : « Quoniam
autem prima divisione in suas partes dividitur ens in ens reale secundum naturam et in
ens conceptionale seu cognitivum, inquantum videlicet est in cognitione seu
conceptione, ut habetur super V Metaphysicae a Commentatore, descendendum nunc ad
propositum ex consideratione huius secundi generis entis ». Voir la section dédiée à
Averroès, n. 7.
38 S TURLESE , « Il dibattito su Proclo », p. 279.
374
Le poids de la citation
XXX(XXXI)
XXXI(XXII)
XXXI(XXXII)
Dietrich ignore les chapitres :
Eckhart ignore les chapitres :
XI(XII)
XIII(XIV)
XV(XVI) – XIX(XX)
XXII(XXIII) – XXIX(XXX)
XXXI(XXXII)
V
VII(VIII)
VIII(IX)
XI(XII)
XIV(XV)
XIX(XX)
XXII(XXIII)-XXIII(XXIV)
XXV(XXVI)-XXX(XXXI)
Chez les deux auteurs, on constate un intérêt commun pour les chapitres
I-XII(XIII) ; on note très peu de références aux chapitres XIII(XIV)XIX(XX) chez Dietrich, tandis qu’Eckhart les utilise plus souvent ; en
revanche, tous deux ignorent les chapitres XXII(XXIII)-XXIX(XXX) (à
une exception près dans le cas d’Eckhart : le chap. XXIV(XXV)). Ce qui
nous permet quelques remarques rapides : en général, la première
douzaine de chapitres du Liber de causis est le plus souvent citée par les
médiévaux et porte sur des thèses discutées souvent : la relation entre la
cause première et les effets des causes secondes ; tout être supérieur est
au-dessus du temps et se rapporte de trois manières à l’éternité, etc.
Nous n’accorderons donc pas une importance particulière à cette
présence commune. A notre avis, il est plus intéressant de constater que
les deux auteurs ne s’intéressent pratiquement pas aux propositions qui
présentent les caractéristiques des substances séparées : « aucune
substance subsistant par elle-même n’est soumise à la corruption » (chap.
XXV(XXVI)) ; « toute substance subsistant par son essence est simple,
et n’est pas divisée » (chap. XXVI(XXVII)) ; « toute substance simple est
subsistante par elle-même, c’est-à-dire du fait de sa propre essence »
(chap. XXVII(XXIX)) 39 etc. Or cette partie du Liber de causis provient du
secteur E de l’Elementatio (prop. 40-51) qui est également ignoré tant par
Dietrich que par Eckhart 40 ; autrement dit, toutes les thèses dévéloppées
par Proclus et le Liber de causis sur les substances autoconstituées et sur
39 Nous reprenons la traduction française : P. M AGNARD, O. B OULNOIS , B.
P INCHARD, J.-L. S OLÈRE (eds), La demeure de l’être, Vrin, Paris, 1990.
40 Sur ce sujet voir notamment C. D’A NCONA COSTA , Recherches sur le Liber de
causis, Vrin, Paris, 1995, p. 26 (n. 10) et p. 48.
Conclusions finales
375
les substances qui transcendent la corruption sont inconnues des deux
auteurs. A titre de comparaison, Thomas d’Aquin et Albert le Grand
connaissent et commentent ces thèses. Une autre chose que l’on peut
noter à propos de cela : la proposition 172 du chap. XXII(XXIII) de
Liber de causis (« Omnis intelligentia divina scit res per hoc quod ipsa est
intelligentia, et regit eas per hoc quod est divina ») est tirée de la
proposition. 134 de l’Elementatio (« Omnis divinus intellectus intelligit
quidem ut intellectus providet autem ut Deus »); Dietrich cite cette
dernière, mais ne mentionne jamais la proposition du Liber de causis bien
que Thomas d’Aquin avait déjà signalé cette dépendance dans son
commentaire au Liber de causis.
Le commentaire de Thomas au Liber de causis et ses rapprochements
avec Proclus ne semble pas avoir joué un rôle essentiel chez Dietrich ;
nous avons montré qu’il connaissait la découverte de Thomas
concernant le rapport entre les deux autorités et qu’il semble avoir repris
quelques rapprochements entre des propositions du Liber de causis et de
l’Elementatio. Mais nous avons aussi noté les rapprochements originaux
faits par Dietrich sur la base des thèmes communs et non sur la base des
ressemblances textuelles ; nous avons également noté des interprétations
diverses pour une seule et même proposition du Liber de causis. Ces
derniers aspects et le fait qu’il cite toujours d’une manière fautive
plusieurs propositions de l’Elementatio, alors que Thomas donne toujours
la bonne numérotation, nous fait supposer que Dietrich a tenté une
lecture originale du Liber de causis et de Proclus41, sans l’aide de son frère
dominicain.
On remarque encore une différence importante dans le cas de la
présence d’Avicenne : Dietrich l’évoque 11 fois dans son œuvre, dont à
peine 2 fois par des citations littérales et 4 fois selon des renvois vagues
à la Métaphysique ; Eckhart le cite explicitement 120 fois42, de nombreux
41 Pour une perspective générale de la réception du néoplatonisme dans l’école
dominicaine allemande voir R. IMBACH, « Chronique de philosophie. Le
(néo)platonisme médiéval, Proclus latin et l’école dominicaine allemande », in : I D.,
Quodlibeta. Ausgewählte Artikel, Universitätsverlag Freiburg, Freiburg 1996, p. 129-151.
42 Selon le raisonement d’A. Palazzo, Eckhart cite explicitement Avicenne 102
fois ; mais si l’on calcule aussi les références vagues à un (« che è sicuramente
Avicenna ») ou plusieurs meister (« tra i quali è anche il filosofo persiano »), le nombre
monte à 122 occurrences – on en déduit qu’il s’agit de 20 occurrences avec meister.
Cependant, une seule et même référence vague à une doctrine qui peut se lire dans
plusieurs œuvres d’Avicenne est comptée plusieurs fois comme s’il s’agissait en réalité
de plusieurs références explicites ; ce qui fait que le 102 ou 122 occurrences sont
considérés comme 148 « lieux cités ». Nous ne voyons pas le but de ce dernier calcul ;
nous ne partageons pas non plus la certitude que le mot meister renvoie nécessairement
à Avicenne. A. P ALAZZO , « Ez spricht gare in hôher meister : Eckhart e Avicenna », in : L.
S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart, p. 72.
376
Le poids de la citation
fois avec des citations ad litteram et des renvois précis à l’œuvre (il
indique même très précisément les chapitres d’où il puise la citation). Si
l’on veut étudier l’influence d’Avicenne sur Dietrich seulement à partir
des références explicites, on peut dire qu’elle est très peu marquée ; ce
n’est pas le cas d’Eckhart qui y puise plusieurs doctrines importantes43.
Notre comparaison entre l’usage des sources par Dietrich et Eckhart
s’arrête ici, dans l’attente des futures études sur les citations d’Averroès
chez Eckhart et sur les citations des autres autorités chez Dietrich.
En effet, au bout de ce travail, on s’aperçoit surtout du chemin à
parcourir : nous n’avons pas tenu compte des autorités le plus souvent
citées par Dietrich: Aristote et Augustin, ni des autres autorités aussi
importantes que celles que nous avons étudiées ici : Ps. Denysl’Aréopagite, Boèce, Anselme, Euclide etc. Tout comme dans le cas des
influences doctrinales d’Averroès, du Liber de causis ou de Proclus sur
Dietrich, qui ont été souvent décrites, plusieurs études ont été faites sur
son augustinisme: aucune pourtant n’a pris en compte toutes les citations
une par une afin de déterminer ce qu’il cite véritablement d’Augustin,
dans quelle mesure il le connaît et que connaît-il de lui. La même
remarque vaut pour toutes les autres autorités. Ce n’est qu’à la suite de
ce genre d’examen que l’on saura déceler la véritable connaissance que
Dietrich avait des sources qu’il cite dans ses textes.
43 Voir à ce sujet l’étude déjà mentionnée d’A. P ALAZZO , « Ez spricht gare in hôher
meister », p. 76-94.
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