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D. Calma, Le poids de la citation. Etude sur les sources arabes et grecques dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg (coll. Dokimion, 35), Fribourg, Academic Press 2010, XXVI + 388 p, ISBN 978-2-8271-1061-2

LE POIDS DE LA CITATION. ÉTUDE SUR LES SOURCES ARABES ET GRECQUES DANS L’ŒUVRE DE DIETRICH DE FREIBERG DRAGOS C ALMA ACADEMIC PRESS FRIBOURG 2010 DRAGOS CALMA LE POIDS DE LA CITATION. ÉTUDE SUR LES SOURCES ARABES ET GRECQUES DANS L’ŒUVRE DE DIETRICH DE FREIBERG TABLE DES MATIÈRES Avant-propos ……………….………………………………………. IX Introduction Etude statistique des citations : nécessité et méthode ……….....… « Citation » en latin …………………………………………….…. XI XVIII Typologies et codes des citations Remarques méthodologiques ….……………......……………….... Catégories de citations …………………………...…….......……... Remarques supplémentaires : usages graphiques ….………...……. 3 6 15 Averroès Averroès dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……......…….... Synopsis ……………………………….…………...……………... Conclusions 1 …………………………………………...………... Dietrich de Freiberg lecteur d’Averroès ………...……...…...……. Conclusions 2 …………...………………………………………... 19 125 136 145 180 Liber de causis Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ……………… Synopsis ………………………………………………........……... Conclusions 1 ……….……………………………………….......... Dietrich de Freiberg lecteur de Liber de causis …………...……..…. Conclusions 2 …………………………………………………….. 183 249 253 255 274 Proclus Proclus dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….………….....….. Synopsis ….……………......…..….……………......…..…..…… Conclusions 1 ….……........…..….……………......…..….……... Dietrich de Freiberg lecteur de Proclus ….……………...…...…... Conclusions 2 ….……………......…..….……………......…..….. 277 322 326 328 341 Avicenne Avicenne dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……………..... Synopsis ….……………......…..….……………......…..….…..… Conclusions 1 ….……………......…..….……………......…….... Dietrich de Freiberg lecteur d’Avicenne ….…………….......…… Conclusions 2 ….……………......…..…………......…………… 343 354 355 356 360 Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……………......…..…………......………………….. Conclusions ….……………......…..….………...………….……. Avempage dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….……………... Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg ….…………...…. 361 365 366 368 Conclusions finales ….……………......…..….……………....……. 369 Bibliographie ….……………......…..….……….……………....…. 377 "Why do I make lists?" Amory asked him one night. "Lists of all sorts of things?" "Because you're a mediævalist," Monsignor answered. F.S. Fitzgerald, This Side of Paradise Avant-propos Ce livre reprend un chapitre de la thèse que j’ai soutenue en décembre 2008 (à l’Université Paris IV-Sorbonne) : Citations, vérité et miracles. Études sur la présence d'Averroès dans l'œuvre de Dietrich de Freiberg. Les parties sur le Liber de causis, Proclus, Avicenne, Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace et Al-Gazali ont été conçues à Londres (en 2010), lors d’un magnifique séjour d’études au Warburg Institute. Le chapitre sur Averroès a été entièrement revu pour ce livre. Cette étude peut aujourd’hui voir le jour grâce à plusieurs personnes qui l’ont accompagnée depuis que l’idée de faire une thèse sur les citations a pris forme. J’ai une immense gratitude envers Ruedi Imbach qui est la fois, et avec une constance remarquable, le professeur et l’ami ; je suis très reconnaissant envers Luca Bianchi, Olivier Boulnois, Alain de Libera et Pasquale Porro qui m’ont soutenu et qui m’ont fait part de leur remarques avant, pendant et après la soutenance de la thèse ; envers Olga Weijers, Colette Sirat et Julie qui m’ont appris ce que l’amitié devient grâce au courage et à la bonne humeur ; envers Zénon Kaluza qui, depuis bientôt dix ans, est devenu pour nous plus que je ne saurai le dire. Merci aussi à mon cher Stephen qui a partagé mon bonheur avec une fidélité remarquable ; merci encore à Dominique Poirel et Caroline Heid qui ont relu et corrigé des parties de ce livre ; et aussi à Frédéric Gabriel, Ramona & Nicolae Mihalache et Adriano Oliva pour leur générosité. Par son rayonnement intellectuel et sa bonté sans limites, le P. Bataillon a marqué pour toujours mon esprit. Je garde mes derniers remerciements pour mes très proches qui, de loin ou déjà partis, m’ont toujours entouré avec espoir et amour. À ma fascinante Monica. Paris, le 14 octobre 2010 Introduction I. Étude statistique des citations : nécessité et méthodes Les textes médiévaux sont la terre promise pour toute étude sur l’intertextualité et plus particulièrement pour l’étude de la citation ; et cela non seulement en raison de leur forme littéraire (commentaire, paraphrase, recueils de sentences, florilèges etc.), mais aussi en raison de leur état dans les manuscrits : les notes marginales sont parfois intégrées, à l’étape suivante, dans le texte de base, diverses citations sont ajoutées par les lecteurs entre les lignes pour défendre ou attaquer l’argumentation de l’auteur. L’acte de la citation présuppose une vivacité 1, un balancement entre le texte qui est sur le point d’apparaître et celui qui est la source du prélèvement : en effet, citer veut dire sortir vers, mettre en mouvement, provoquer. Dans le registre des textes philosophiques, les historiens établissent un discours sur la citation en considérant surtout l’importance de l’autorité et du fragment cités et beaucoup moins le caractère formel de la citation (l’exactitude par rapport à la source, la place dans le texte etc.) 2. Ils sont plus attirés par des lectures transversales des doctrines que par des questions philologiques et d’histoire textuelle ; cependant, il faut distinguer soigneusement les diverses manières de citer et il faut interpréter différemment une phrase reprise avec précision d’une vague idée citée rapidement. 1 Baltasar Gracián décrit l’acte de citer dans les termes d’une dynamique intellectuelle : « les autorités accommodées à un sujet contraire ou très différent ont beaucoup de vivacité ». B. GRACIAN, Art et figures de l’esprit, Seuil, 1983, p. 223. 2 Voir pour une mise en perspective A. DE L IBERA , « De la lecture à la paraphrase. Remarques sur la citation au Moyen Age », Langages, 73 (1984), p. 17-29. XII Le poids de la citation Malgré cela, on note avec étonnement que le problème des citations est à peine posé, même pour les incontournables Thomas d’Aquin, Albert le Grand, Bonaventure ou Maître Eckhart, et seulement par une poignée d’historiens : J.G. Bougerol 3, L. Elders 4, H.-F. Dondaine 5, C. Vansteenkiste6, E. Dobler 7, R. Imbach 8, A. Bertolacci 9 et plus récemment 3 J.G. B OUGEROL , « Dossier pour l’étude des rapports entre saint Bonaventure et Aristote », in : Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Age 40 (1973), p. 135222. A. MARCHESI, « L’atteggiamento di S. Bonaventura di fronte al pensiero di Aristotele », in : A. P OMPEI (ed.), San Bonaventura maestro di vita francescana e di sapienza cristiana, t. I, Atti del Congresso Internazionale per il VII Centenario di San Bonaventura da Bagnoregio, Roma, 1976, p. 843-859. 4 L. E LDERS , « Saint Thomas d’Aquin et Aristote », in : Revue Thomiste, 88 / 3 (1988), p. 357-376 ; I D., « Les citations d’Aristote dans le Commentaire sur les Sentences de St. Bonaventure », in : Miscellanea Francescana 75 (1975), p. 831-842 ; I D., « Averroès et Saint Thomas d’Aquin », in : Doctor Communis, 45/1 (1992), p. 46-56. Voir aussi M. B ORGO , « La Métaphysique d'Aristote dans le Commentaire de Thomas d'Aquin au Ier livre des Sentences de Pierre Lombard », in : Revue des sciences philosophiques et théologiques 91.4/2007, p. 651-692. 5 H.-F. D ONDAINE , « Les scolastiques citent-ils les pères de première main ? », in : Revue des Sciences philosophiques et théologiques, 36/2, (1952), p. 231-243. 6 C. V ANSTEENKISTE , « San Tommaso d’Aquino ed Averroè », in : Rivista degli Studi Orientali, 32 (1957), p. 585 - 623. Pour de brèves études sur la présence d’Averroès chez d’autres auteurs, voir notamment C. S IRAT , « Les Citations du Grand Commentaire d’Averroès au De anima d’Aristote dans les Croyances des philosophes de Shem-Tov Ibn Falaquera », in : J.-B. B RENET (ed.), Averroès et les averroïsmes juif et latin. Actes du Colloque International, Paris, 16-18 juin 2005, Brepols, Turnhout 2007, p. 249-256 ; dans le même recueil F. CALDERA , « La Source inattendue d’un ‘néoaugustinien’ : Averroès dans le Commentaire sur les Sentences de Guillaume de la Mare », p. 275-298. De même, A. ZIMMERMANN, « Albertus Magnus und der lateinische Averroismus », in : G. MEYER / A. Z IMMERMANN (eds), Albertus Magnus – Doctor universalis 1280/1290, Matthias-Grünewald Verlag, Mainz, 1980, p. 465-493. 7 Une première étape de ses résultats est publiée déjà en 1950 : Nemesius von Emesa und die Psychologie des menschlichen Aktes bei Thomas von Aquin. Eine quellenanalytische Studie, Verlag ‘Sendbote der Heiligen Familie’ Werthenstein ; plus récemment ces travaux sont publiés dans la collection Dokimion de l’Universitätsverlag Freiburg Schweiz : Zwei syrische Quellen der theologischen Summa des Thoma von Aquin. Nemesios von Emesa und Johannes von Damaskus. Ihr Einfluss auf die anthropologischen Grundlagen der Moraltheologie (2000) et encore : Falsche Väterzitate bei Thomas von Aquin. Gregorius, Bischof von Nyssa oder Nemesius, Bischof von Emesa ? Untersuchungen über die Authentizität der Zitate Gregors von Nyssa in den gesamten Werken des Thomas von Aquin (2001). 8 Nous espérons que R. Imbach publiera l’immense dossier déjà prêt et utilisé dans diverses conférences et cours sur les citations explicites d’Averroès chez Thomas d’Aquin. En attendant, voir R. I MBACH, « Alcune precisazioni sulla presenza di Maimonide in Tommaso d’Aquino », in : Instituto di San Tommaso, Studi, Roma, 1995, p. 48-64. 9 A. B ERTOLACCI, « Subtilius speculando. Le citazioni della Philosophia prima di Avicenna nel Commento alla Metafisica di Alberto Magno », in : Documenti e Studi sulla Tradizione Filosofica Medievale 9 (1998), p. 261-339 ; ID., « Le citazioni implicite testuali della Philosophia prima di Avicenna nel Commento alla Metafisica di Alberto Magno : Introduction XIII une équipe dirigée par L. Sturlese 10. Les résultats de ces études sont parfois discutables. Prenons le cas des citations d’Aristote chez Bonaventure qui incite certains historiens à une curieuse réflexion sur l’opposition entre théologie et philosophie : ils déduisent du fait qu’Aristote est cité de deuxième main et dans des endroits qui n’impliquent pas la position personnelle de Bonaventure, que la philosophie est, dans la perspective du franciscain, la servante de la théologie ou, tout au plus, un simple réservoir de citations et de doctrines11. Ce jugement sur des rapports complexes basé sur des pourcentages plus ou moins fiables n’est-il pas un peu rapide ? Avant toute conclusion, pourtant, il faut poser des questions de base, dont la plus évidente est : peut-on juger sous le même rapport des citations correctes et directement puisées à la source, de simples mentions du nom de l’autorité et de citations provenant d’un intermédiaire ? Si l’on répond par l’affirmative, comment comprendre, par exemple, la présence des trois philosophes nommés par Dietrich de Freiberg dans le texte suivant : Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili ut forma 12. Dietrich ne fait ici que nommer trois autorités qui ont souscrit à la théorie qu’il présente, tandis que, dans cet autre cas, il veut explicitement signaler une citation exacte : analisi tipologica », in : Documenti e Studi sulla Tradizione Filosofica Medievale 12 (2002), p. 179-274. 10 L. S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart. I – Aristoteles, Augustinus, Avicenna, Dionysius, Liber de causis, Proclus, Seneca, Academic Press, Freibourg, 2008. Voir aussi D. CALMA , « L’usage des statistiques dans l’étude des sources: le cas de Maître Eckhart », in : Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie 56/2 (2009), p. 526-531. 11 L. E LDERS , « Les citations d’Aristote dans le Commentaire sur les Sentences », p. 833 : « De ces chiffres certaines conclusions peuvent être dégagées : l’influence d’Aristote sur la partie centrale des questions, où S. Bonaventure élabore sa doctrine, est très modeste. Quand on regarde de près les endroits où il semble y voir dépendance, cette conclusion se trouve confirmée. (...) La place de la philosophie d’Aristote n’est que secondaire : elle devient la servante de la théologie. Elle fournit des concepts, des définitions et des divisions ainsi qu’un grand nombre de principes, qui sont utilisés au besoin et qui permettent de faire de la théologie une science selon l’analogie avec la physique ou la métaphysique ». 12 De vis. beat., 4.2.1 (8), p. 108, l. 84-88. XIV Le poids de la citation Modum autem et rationem approximationis eorum trahere possumus ex uno verbo Augustini l. II De doctrina christiana c. 23, ubi dicit: « Hinc enim fit, ut occulto quodam iudicio divino cupidi malarum rerum homines tradantur illudendi et decipiendi pro meritis voluptatum suarum illudentibus eos atque decipientibus praevaricatoribus angelis, quibus ista mundi pars infima secundum pulcherrimum ordinem rerum divinae providentiae lege subiecta est ». Hucusque verba Augustini13. La source est ici donnée avec exactitude (on précise même le chapitre), les marqueurs de séparation discursive (l’équivalent des guillemets modernes) sont indiqués par des changements de syntaxe et par des expressions spécifiques (trahere ex uno verbo Augustini, ubi dicit, hucusque verba Augustini) ; la citation est restituée ainsi comme un discours direct. Quelle importance donner au renvoi soigné chez Augustin dans ce dernier cas et au renvoi enchaîné aux trois autorités citées auparavant (Al-Farabi, Alexandre et Averroès) ? Tout dépend de la manière dont on considère ces usages 14. Une citation n’est jamais gratuite puisqu’elle présuppose un choix, une claire intentionnalité de la part de celui qui l’utilise. Savoir la faire résonner tient de la virtuosité interprétative de l’historien. Dietrich a une façon particulière de s’approprier les autorités (seraitce un héritage d’Albert le Grand ?), même celles qui sont considérées comme dangereuses 15, en produisant un fascinant mélange des sources. Il 13 De cog. ent., 82. (2), p. 244, l. 6-12. Un livre vient de paraître sur la présence d’Augustin chez Dietrich; nous n’avons pas pu en tenir compte : A. COLLI, Tracce agostiniane nell’opera di Teodorico di Freiberg, Marietti, Genova/Milano, 2010. 15 Quelques aspects de l’influence d’Averroès sur Dietrich, notamment pour le mouvement des astres, ont été relevés par L. S TURLESE, « Il De animatione caeli di Teodorico di Freiberg », in : R. C REYTENS , P. K ÜNZLE (eds), Xenia Medii Aevii Historiam Illustrantia oblata Thomae Kaeppelli O.P., Edizioni di Storia e letteratura, Roma 1978, ici p. 235-240. ID., « Proclo ed Ermete in Germania da Alberto Magno a Bertoldo di Moosburg. Per una prospettiva di ricerca sulla cultura filosofica tedesca nel secolo delle sue origini (1250-1350) », in : K. F LASCH (eds), Von Meister Dietrich zu Meister Eckhart, F. Meiner, Hamburg 1984, p. 22-33 ; I D., « Il dibattito su Proclo latino nel medioevo fra l’Università di Parigi e lo Studium di Colonia », dans G. B OSS , G. S EEL (eds), Proclus et son influence. Actes du colloque de Neuchâtel. Juin 1985, Editions du Grand-Midi, Zürich 1987, p. 251-275 ; I D., « L’averroismo nella cultura filosofica tedesca medievale », in : F. N IEWÖHNER, L. S TURLESE (eds), Averroismus im Mittelalter und in der Renaissance, Spur, Zürich 1994, p. 114-129. Une autre étude à signaler est celle de K.-H. K ANDLER , « Dietrich von Freiberg und die arabische Philosophie », in : Neue Zeitschrift für systematische Theologie und Religionsphilosophie, 48 (2006), p. 99–108. 14 Introduction XV comprend et explique, par exemple, Averroès par le biais d’Augustin et Augustin par le biais d’Averroès, l’intellect agent étant comparé à l’abditum mentis et l’abditum mentis à l’intellect agent16. Dietrich récupère des autorités-problèmes en les faisant concorder à des autorités communément acceptées ; il défend ainsi plusieurs thèses censurées par E. Tempier et sa commission le 7 mars 1277 17. Dans ces pages, nous essayons de ne pas suivre les démarches cabalistiques de certaines études qui se contentent des nombres et des statistiques ; nous voulons présenter ces chiffres et pourcentages comme un travail préliminaire à des analyses doctrinales, historiques et philologiques plus précises. Nous écarterons donc, dans la mesure de notre vigilance, les sentences lourdes de signification : nous ne saurons pas dire si, en citant Averroès ou Avicenne, Dietrich avait un véritable projet rationaliste, anti-thomasien ou pro-albertinien. Nous proposons en revanche une analyse détaillée des occurrences explicites de quelques sources arabes et grecques selon des codes définis expressément pour cette tâche. L’index des autorités explicites et implicites que l’on trouve dans le volume quatre de l’édition des œuvres de Dietrich est très utile, mais pas toujours fiable ; la raison en est qu’il est constitué à partir des notes de l’apparat des sources et non à partir du texte de base. Par exemple, dans le De natura contrariorum 13.(4), p. 94, Dietrich dit : « et istud exemplariter patet intuenti quodcumque genus causarum essentialium, earum, inquam, quae sunt causae secundum actum, sicut habemus ex Libro de causis ». Les éditeurs indiquent dans l’apparat les lieux suivants comme sources possibles : Liber de causis, prop. 1, 7(8), 11(12), 13(14), 23(24). L’index reproduit les cinq occurrences sans aucune distinction ; un chercheur hâtif compterait, en regardant l’index seulement, cinq renvois explicites différents au Liber de causis, alors qu’en réalité il n’y en a qu’un seul. Le 16 De vis. beat., Prooem. (5), p. 14, l. 43-50 : « Istud est, quod quamvis verbis aliis, non tamen in sententia discrepans invenimus apud philosophos, qui distinguunt in intellectuali nostro intellectum agentem ab intellectu possibili, ut idem sit intellectus agens apud philosophos, quod abditum mentis apud Augustinum, et intellectus possibilis apud philosophos idem, quod exterius cogitativum secundum Augustinum. Quod est eo patet, quod, quidquid umquam Philosophus tractavit de intellectu agente et possibili, totum verificatur de abdito mentis et exteriore cogitativa secundum Augustinum et econverso ». Ibid., 1.1.1.2.(3), p. 18, l. 108-111 : « Cum igitur talis unitas essentiae et trinitas secundum differentiam originis et emanationis sit in mente quoad hanc mentis portionem, quam dicit Augustinus absditum mentis – et est secundum veritatem intellectus agens –, manifestum est ipsum esse substantiam ». 17 Voir K. F LASCH , D’Averroès à Maître Eckhart. Les sources arabes de la ‘mystique’ allemande, Vrin, Paris 2008, p. 96sq. Voir aussi M.R. P AGNONI -S TURLESE, « La Quaestio utrum in Deo sit aliqua vis cognitiva inferior intellectu di Teodorico di Freiberg », in : R. CREYTENS , P. K ÜNZLE (eds), Xenia Medii Aevii, p. 105. XVI Le poids de la citation nombre d’occurrences, les comparaisons entre les autorités, les poids de l’une et de l’autre dans l’œuvre de Dietrich sont ainsi totalement faussés et les résultats produits par les recherches à partir de l’index inutilisables. Plus grave encore est le recours vague indiqué comme renvoi explicite dans l’index, à partir des suggestions de l’apparat des sources. Par exemple, une formule dans le De cog. ent., 39.(4), p. 205, l. 36 (in esse figunt secundum philosophos) que les éditeurs indiquent dans l’apparat des sources comme un rappel des positions du Liber de causis et Proclus ; l’index note deux références à ces autorités, alors que Dietrich est extrêmement vague dans sa formulation. La situation se reproduit, par exemple, pour le De orig., 1.(14), p. 141, l. 146, et plusieurs autres cas. De même, l’index mentionne (vol. IV, p. 333) une référence explicite, qui n’existe pourtant pas, au Liber de causis dans le De accidentibus 23 (p. 90). Notons encore les mauvais renvois aux textes de Dietrich : ce n’est pas le De corpore Christi mortuo (p. 147) qui se réfère à la proposition 5(6) du Liber de causis mais le De cognitione entium separatorum (p. 183). Encore plus étonnantes sont les références explicites à Averroès ou Proclus qui n’ont aucune correspondance dans l’apparat des sources ni dans l’index ; par exemple, la référence dans la Q° utrum in Deo, 2.2.2.(4), p. 309, l. 64-68 au commentaire du livre I de la Physique ; la même chose s’observe dans le De natura et proprietate continuorum, 6.3.(3), p. 273, l. 226228 et dans d’autres endroits. On note encore le cas où Dietrich cite explicitement et correctement une autorité identifiée dans l’apparat des sources, mais absente dans l’index final : la prop. 147 (citée comme 143), dans le De subs. spir., 21.(3), p. 318. On a donc affaire à des citations explicites qui ne sont pas marquées et à des références vagues qui sont indiquées comme explicites. Pour avoir une idée précise et correcte de la présence et du poids des autorités dans l’œuvre de Dietrich il faut s’adonner à un travail méticuleux à partir du texte de base ; l’index ne peut pas être la base d’études rigoureuses. Et il n’est pas étonnant qu’en lisant des articles sur la question des autorités chez Dietrich on ait l’impression qu’ils ne traitent pas du même auteur. Selon L. Sturlese18, par exemple, Dietrich cite Averroès 108 fois, tandis que selon K.-H. Kandler 19 Dietrich cite Averroès deux fois et demi plus souvent, plus exactement 289 fois. Selon les calculs de Sturlese, Averroès est la troisième autorité après Aristote et Augustin (d’après la fréquence des citations), tandis que, selon Kandler, Averroès est avant Augustin 18 19 S TURLESE, « L’averroismo nella cultura », p. 120 K ANDLER, « Dietrich von Freiberg und die arabische », p. 99. Introduction XVII (mais toujours après Aristote). Selon Kandler20 Proclus est cité 98 fois, tandis que selon Sturlese21 il est cité trois fois moins souvent, plus précisément 35 fois, avec « plus de trente propositions » différentes. Nos calculs ont donné d’autres chiffres encore ! Finalement, l’étude de la réception des autorités grecques et arabes n’est pas, comme disaient certains lors d’une polémique récente, une question idéologique, mais un problème mathématique. Au-delà des chiffres, d’autres erreurs sont évidentes : Kandler, par exemple, ne se soucie pas de vérifier les références de l’index et lui fait une totale confiance : il note, d’après l’index, deux occurrences d’AlFarabi dans le De vis. beat. 1.1.9.(1), p. 35, alors qu’il n’y est cité explicitement qu’une seule fois ; encore plus étonnants sont les cas d’Alpetragius et d’Alfraganus qui sont marqués dans l’index parmi les autorités alléguées par l’éditeur, alors que Kandler dit qu’ils sont cités explicitement par Dietrich : 5 fois le premier et 1 fois le second. Le même type de critique vaut pour les autres autorités (antiques et modernes) étudiées dans ces articles. Les tableaux que nous produisons dans ces pages servent à comprendre non seulement les détails concernant la connaissance directe ou indirecte des sources de Dietrich, mais aussi la méthode qu’il utilise pour se rapporter à une autorité et à une citation. Nous allons également constater que Dietrich s’intéresse aux détails philologiques, aux nuances d’expression, à ce que le texte ne révèle pas immédiatement22. Les tableaux et les analyses développés dans ces pages veulent inciter à d’autres études, pointues et rebelles dans leur diversité, différentes des ouvrages aux sentences définitives. 20 IBID. 21 S TURLESE , « Il dibattito su Proclo », p. 279. De nat. contin., 3.(4), p. 257, l. 49-57 : « Philosophus etiam in IV Physicorum quaerens et determinans (...) haec igitur, inquantum numerabilia sunt, tempus sunt. Alia translatio habet: numerata. Commentator ibi dicit, quod inquantum numerabilia tempus est in potentia; inquantum actu numerata sunt, tempus est in actu ». 22 XVIII Le poids de la citation II. « Citation » en latin On parle de citation en musique, en peinture, en littérature, en sculpture ; en tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, suppose une altérité constitutive du nouveau par l’intégration d’un déjà existant 23. On oublie pourtant l’origine du mot et ses connotations. Le grec ancien n’a pas de mot spécifique pour dire « citation ». Dans certains contextes du grec du VIe siècle, on peut traduire νέµειν (faire entendre, lire à haute voix) ou εἴρειν (prononcer) par « citer » ; de même, on trouve parfois employés les adjectifs substantivés ayant une connotation de « monumentalité » du type τό Πιττάκειον, Αἰσώπειον ou Ἡσιόδειον pour dire ce que nous traduirions par : « on cite les célèbres vers de Pitakkos, Esope ou Hésiode ». Dans quelques contextes spécifiques, l’actif παρατιθέναι (servir, fournir) ou, plutôt, le moyen παρατίθεσθαι (mettre devant soi) ou encore χρῆσθαι (utiliser) peuvent se traduire par « citer » 24. Tous ces verbes grecs expriment l’acte de la reprise d’un discours dans un texte d’accueil, attitude que l’on nomme, selon une projection moderne, citation. Le latin a le verbe citare, et son dérivé recitare. Il faut cependant noter une certaine dichotomie entre l’action de nommer ou d’appeler 23 Sur ces questions d’intertextualité ou de polyphonie dans divers domaines, la littérature secondaire est immense ; nous ne saurons dire que peu de choses et sans penser aux nombreuses études effectuées en linguistique : G. GENETTE, Palimpsestes. La littérature au second degré, Seuil, Paris 1982 ; M. BAKHTINE, Le Marxisme et la philosophie du langage, Minuit, Paris 1977 ; A. BERRENDONNER, Eléments de pragmatique linguistique, Minuit, Paris 1981 ; A. COMPAGNON, La seconde main ou le travail de la citation, Seuil, Paris 1979. Voir aussi M.-D. POPELARD / A. WALL, Citer l’autre, Presse Sorbonne Nouvelle, Paris 2005 ; H. MAURELINDART, Du plagiat, PUF, Paris 1999 ; C. DARBO-PESCHANSKI (ed.), La citation dans l’antiquité, Jérôme Millon, Paris 2004 ; U. TUOMARLA, La citation, mode d’emploi. Sur le fonctionnement discursif du discours rapporté direct, Academia Scientiarum Fennica, Helsinki 2000. Pour des thèmes connexes, comme celui du plagiaire, voir les travaux de M.B. CALMA, Plagium, in : I. ATUCHA, D. CALMA, C. KÖNIG-PRALONG, I. ZAVATTERO (eds), Mots médiévaux offerts à Ruedi Imbach, FIDEM/Brepols, Porto 2011, sous presse ; P H. MAUREL-INDART (ed.), Le plagiat littéraire, Littérature et nation, n° 27/2002, Université François Rabelais de Tours, 2002 ; ID., Du plagiat, PUF, Paris 1999 ; M. COUTON, I. FERNANDEZ, C. JEREMIE et M. V ENUAT (eds), Emprunt, plagiat, réécriture aux XVe, XVIe, XVIIe siècles. Pour un nouvel éclairage sur la pratique des Lettres à la Renaissance, Presses Universitaires Blaise Pascal, Clermont-Ferrand 2006 ; J.-L. HENNIG, Apologie du plagiat, Gallimard, Paris 1997. Voir aussi pour la question de l’auctor, auctoritas, authentica les études de M.-D. CHENU, Studi di lessicografia filosofica medievale, G. SPINOSA (ed.), Olschki, Firenze 2001, p. 1-56 ; et aussi A.J. MINNIS, Medieval Theory of Authorship : Scholastic Literary Attitudes in the Later Middle Ages, Scolar Press, London 1984. Notons l’existence… des gender studies sur la citation : M. GARBER, Quotation Marks, Routledge, New York, 2003. 24 Sur tout cela voir l’excellent étude de J. SVENBRO, « Façons grecques de dire ‘citer’ », in : DARBO-PESCHANSKI (eds), La citation dans l’Antiquité, p. 265-279. Introduction XIX quelqu’un et l’action qui consiste à reproduire le témoignage de la personne que l’on appelle ; c’est la différence entre la citation d’une parole (écrite ou dite) et la nomination d’une personne, voire d’un auteur. Les deux sens proviennent du latin citare qui est un fréquentatif du verbe ciere 25. Il signifie (1) « mettre en mouvement, agiter, remuer, exciter », (2) « provoquer », (3) « émettre des sons, crier » 26 d’où le sens de « nommer, appeler » et d’une manière figurée « invoquer » 27 et par la suite « citer nommément quelqu’un, proclamer, mentionner » 28 ; d’où le sens juridique de « convoquer, citer comme témoin, citer en justice, commencer une procédure en justice contre quelqu’un » 29 ou désigner les personnes citées devant le tribunal lors d’un procès ; ou encore appeler les parties pour constater leur présence 30, appeler dans un procès ou faire 25 Cf. aussi A. E RNOUT / A. MEILLET, Dictionnaire Etymologique de la langue latine, Klincksieck, Paris 19594. Cf. C. BATTISTI / G. ALESSIO, Dizionario etimologico italiano, Firenze, 1951. Le verbe cieo a comme sens mettre en mouvement, agiter, exciter mais aussi appeler, nommer : OVIDIUS, Fasti, trad. H. LE BONNIEC, préf. A. FRASCHETTI, Les Belles Lettres, Paris 1990, 4, 484 : « Perque uices modo : ‘Persephone !’, modo : ‘Filia !’ / clamat et alternis nomen utrumque ciet » ; et dans un contexte juridique : TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, texte établi par J. BAYET, trad. par G. BAILLET, Les Belles Lettres, Paris 1982,10, 8, 10 : « En unquam fando audistis patricios primo esse factos, non de caelo demissos, sed qui patrem ciere possent, id est nihil ultra quam ingenuos ? ». 26 HORATIUS, Satirae, texte établi et traduit par F. VILLENEUVE, Les Belles Lettres, Paris 2001, 1, 3, 7 : « (...) si collibuisset, ab ouo / usque ad mala citaret : ‘Io Bacchae’, modo summa/ uoce, modo hac, resonat quae chordis quattuor ima ». 27 OVIDIUS, Fasti, 5,683 : « Sive ego te feci testem falsove citavi / Non audituri numina magna Iovis, / Sive deum prudens alium diuamue fefelli, / Abstulerint celeres improba uerba Noti ». 28 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 29, 37 : « Cum ad tribum Polliam uentum esset, in qua M. Liui nomen erat, et praeco cunctaretur citare ipsum censorem, ‘Cita, inquit Nero, M. Liuium’ ». 29 CICERO, In C. Verrem, Actio Secunda, Discours 3, texte établi et trad. par H. DE LA VILLE DE MIRMONT, Les Belles Lettres, Paris 1960 lib. II, 39 § 97 : « hic iste (...) mane Kalendis Decembribus ut edixerat Sthenium citari iubet ». 30 IBID., lib. II, 40 § 98: « Citat reum; non respondit. Citat accusatorem; attendite, quaeso, iudices, quanto opere istius amentiae fortuna ipsa adversata sit, et simul videte qui Sthenii causam casus adiuverit; citatus accusator, M. Pacilius, nescio quo casu non respondit, non adfuit ». Ibid., 40, § 99 : « Quod igitur tibi erat in iudicio optatissimum, me cum citatus essem non adesse, cur Sthenio non putasti prodesse oportere, cum eius accusator non adfuisset? ». Cf. aussi GRATIANUS, Decretum, pars 2, causa 4, quaest. 2, canon 3, textus, ß. 14, E. FRIEDBERG, B. TAUCHNITZ (ed.), Lipsiae, 1879 : « In testimonium accusator citare non debet eum, qui publico iudicio reus erit, aut qui minor uiginti annis erit. [l. 21]. ß. 15. Ob carmen famosum dampnatus intestabilis erit ». Cicéron (In C. Verrem, Actio Secunda, lib. II, 146) utilise le verbe lorsqu’il invoque le témoignage de toute la Sicile : « Primum igitur in hanc rem testem totam Siciliam citabo, quae mihi una uoce statuarum nomine magnam pecuniam per uim coactam esse demonstrat ». XX Le poids de la citation comparaître31. Sur cette connotation juridique s’est développé le substantif citatio transmis dans les langues modernes. Ces significations relatives aux nominations personnelles (dans un cadre juridique ou non) sont décisives pour le développement du sens moderne de « citation » en tant que discours d’autrui inséré dans un contexte étranger ou renvoi à une autorité. On notera dans les exemples suivants son usage dans des contextes livresques (on fait appel à des auteurs, notamment à des grammairiens) ou abstraits (on invoque une loi). Tite-Live utilise le mot en présentant l’habitude de Licinus Macer d’invoquer l’autorité des chroniques et des livres des magistrats déposés dans le temple de Moneta 32 ; Juvénal l’emploie pour évoquer la loi Scantinia 33. Pétrone, d’autre part, lui donne la même signification dans son Satiricon lorsqu’il parle des témoignages des poètes qu’il préfère ne pas invoquer lors d’une polémique contre les rhéteurs : Et ne poetas ad testimonium citem, certe neque Platonem neque Demosthenem ad hoc genus exercitationis accessisse uideo34. Invoquer des poètes pour avoir leur appui dans un problème ; citer pour témoigner (citare ad testimonium) en faisant appel à leurs textes, à leurs paroles écrites afin de donner aux arguments présentés plus de consistance35 ; le témoin invoqué est comme lors d’un procès le garant de la vérité exprimée. La proximité des mots citare et testimonium que l’on observe dans ce texte de Pétrone rappelle la connotation juridique originale : citer une autorité dans un texte c’est finalement l’impliquer dans un procès où il a le rôle d’un témoin en faveur de la vérité soutenue par l’auteur. 31 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 2, 29 : « (...) redeunt in tribunal ; citari nominatim unum ex iis qui in conspectu erant dedita opera iubent ». Ibid., 5, 47, 9 : « Tum uigiles eius loci qua fefellerat adscendens hostis citati ; et, cum in omnes more militari se animadversurum Q. Sulpicius tribunus militum pronuntiasset (...) ». 32 TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 4, 20, 8 : « Qui si ea in re sit error, quod tam ueteres anales quodque magistratuum libri, quos linteos in aede repositos Monetae Macer Licinius citat identidem auctores, septimo post demum anno cum T. Quinctio Poeno A. Cornelium Cossum consulem habeant, existimatio communis omnibus est ». 33 JUVENALIS, Satura II, 43, texte établi par P. DE LABRIOLLE et F. V ILLENEUVE, Les Belles Lettres, Paris 2002 : « Quod si uexantur leges ac iura, citari / ante omnes debet Scantinia ». 34 PETRONIUS, Satiricon, ed. et trad. par A. ERNOUT, Les Belles Lettres, Paris 1993, II, 5. 35 LACTANCE exprime cela dans ses Institutions divines (trad. et notes par Pierre MONAT, Ed. du Cerf, Paris 1986, 7, 13.1) : « Declaraui, ut opinor, animam non esse solubilem: superest citare testes, quorum auctoritate argumenta firmentur ». Introduction XXI Lactance utilise le mot dans le même sens : les auteurs que l’on cite détiennent un savoir, une vérité ; les appeler au secours c’est prendre leur probité, donc leur autorité, comme témoignage dans une dispute36. Par la même proximité sémantique Claudianus Mamertus présente l’appel aux autorités dans les termes d’une confrontation des témoignages 37. Macrobe va plus loin encore parce qu’il exerce un acte de réflexion sur son écriture (en utilisant la première personne du singulier) en présentant son intention de faire appel à des autorités (citare in testimonium) en reproduisant leurs paroles : et ut ipsos quoque grammaticos in testimonium citem, Verrius Flaccus in eo libello qui Saturnus inscribitur, « Saturnaliorum », inquit, « dies apud Graecos quoque festi habentur » ; et in eodem libro, « dilucide me », inquit, « de constitutione Saturnaliorum scripsisse arbitror ». Item Iulius Modestus De feriis « Saturnaliorum », inquit, « feriae » ; et in eodem libro : « Antias », inquit, « Agonaliorum repertorem Numam Pompilium refert ». Haec tamen, inquies, auctoritas quaero an possit aliqua ratione defendi38. Citer, ici, signifie non seulement nommer ou invoquer les autorités, mais aussi reproduire, reprendre leur parole et l’introduire dans son propre texte. Augustin procède de la même manière, en accompagnant l’indication explicite de l’appel à l’autorité par le fragment correspondant : 36 LACTANTIUS, Diuinae Institutiones, 3, 16.6 : « uereri quidem non debuit (i.e. Cicero), cum uerum diceret, sed quasi timeret ne proditi mysterii reus a philosophis citaretur, non est ausus confidenter pronuntiare quod fuit uerum, illos non ideo disputare ut doceant, sed ut se oblectent in otio ». Ibid, 1, 5, 1-2 : « Sed omittamus sane testimonia prophetarum, ne minus idonea probatio uideatur esse de his quibus omnino non creditur. Veniamus ad auctores et eos ipsos ad ueri probationem testes citemus, quibus contra nos uti solent, poetas dico ac philosophos. Ex his unum Deum probemus necesse est, non quod illi habuerint cognitam ueritatem, sed quod ueritas ipsius tanta uis est etc. ». 37 CLAUDIANUS MAMERTUS, De statu animae, Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum 11, ed. A. ENGELBRECHT, 1885 (réimpression New York 1966), lib. 2, par. 9, p. 134, l. 6 : « unde multum miror Hieronymum tibi testem citatum, cum potissimus tractatorum minime potuerit et pro anima et in animam disputare, quamquam quae ex eodem aduersum nos haud intellecta posuisti nobis eo usque conducant, uti quam callide non aduersarius, uerum praeuaricator subordinatus esse uidearis, qui uelut adsentante conludio feceris nos tuis admodum testibus uincere ». 38 MACROBIUS, Saturnalia, 1, 4, 7, ed. I. WILLIS, Teubner, Leipzig 1963, p. 13. XXII Le poids de la citation Verbi huius mei sanctam Scripturam testem citabo: ‘A muliere’, inquit, ‘initium factum est peccati, et propter illam morimur omnes’ 39. Dans les fragments que nous venons de signaler, Macrobe et Augustin expriment ouvertement leur but de reprendre la parole de l’autre en utilisant le verbe citare ; ils annoncent leurs intentions discursives en introduisant une différence entre leurs dires et ceux de l’autorité, marquant ainsi une non-coïncidence entre les textes. Facundus d’Hermiane, au VIe siècle, procède de la même manière : il utilise le verbe citare pour préciser qu’il introduit et reproduit avec exactitude un fragment de Jean de Constantinople qu’il reprend, en indiquant la source, d’une lettre adressée à l’évêque Théodore de Mopsueste : Et primum testem citemus clarissimum doctorem Ecclesiae et confessorem fortissimum ueritatis Iohannem Constantinopolitanum, qui praedicto Mopsuesteno Theodoro de exsilio scribens dicit : « si esset quidem uenire possibile tuamque reuerentiam caritatemque complecti, et in ipsa iucundari, cum multa hoc uelocitate et studio faceremus; quoniam autem hoc nobis non adiacet, nunc litteris hoc implemus (…) » 40. Claudianus Mamertus, que nous avons déjà vu, va encore plus loin : en disant citare testes il fait paraître non seulement un discours direct, souligné également par l’emploi du verbe inquiunt, mais aussi un discours indirect introduit par apud quos : sed ne localiter ueritatem quaesisse uideamur, ut haec eadem ab una tantum uideri gente quiuerit et aliis ignorata sit, cum ueri compos humana substantia non sit regione, sed genere, Romanos etiam eosdemque philosophos testes citemus, apud quos Sextius pater Sextiusque filius propenso in exercitium sapientiae studio adprime philosophati sunt atque hanc super omni anima tulere sententiam: ‘incorporalis’, inquiunt, ‘omnis est anima et inlocalis atque 39 AUGUSTINUS, Sermones, Sermo 318 De martyre Stephano, par. 2, PL, 41. Le passage provient de Sirach, 25 :33. 40 FACUNDUS HERMIANENSIS, Pro defensione trium capitulorum, lib. VII, cap. VII, 21-22, texte critique par J.-M. CLEMENT et R. VANDER PLAETSE, introd., trad. et notes par A. FRAÏSSE-BETOULIERES, Editions du Cerf, Paris, 2003, p. 480-482. Introduction XXIII indeprehensa uis quaedam, quae sine spatio capax corpus haurit et continet’41. Au Moyen Age, on retrouve des phrases avec des définitions ou réflexions dans la lignée des auteurs classiques . Sous la plume de Bérenger de Tours, le verbe décrit l’action de nommer diverses autorités livresques, en l’occurrence Ambroise 42. Jean de Salisbury l’utilise dans un contexte juridique43. Bonaventure, par exemple 44, présente le verbe citer comme synonyme d’appeler (vocare). . Contrairement à ce que prétendent les dictionnaires étymologiques et certains philologues, le latin a un verbe qui exprime « la voix d’autorité d’un auteur absent dans le texte d’un autre » ; le sens du verbe citer dans les langues modernes n’est donc pas le résultat d’un changement de sens produit au XVIe ou XVIIe siècle 45. Les remarques de ces philologues 41 CLAUDIANUS MAMERTUS, De statu animae, lib. 2, par. 8, p. 129, l. 6. BERENGARIUS TURONENSIS, Rescriptum contra Lanfrannum, R.B.C. H UYGENS (ed.), Brepols, Turnholt 1988, pars 2, linea 1061 : « Siquis enim persistat vel regenerationis aquam vel altaris panem et vinum contemptui esse habenda, sicut Naaman contemptui prius habuit Iordanis aquas, non minus animae periculum incurrit quam corporis incurrat agente tempestate in profundo maris: tu, inquam, quod placet confingis tibi, sed beatus Ambrosius, quem auctorem citare non dubitas ineptiae tuae, nullo dissimulat modo quae velit accipi esse visibilia in altari ». 43 JEAN DE SALISBURY, Epistularium Iohannis Sarisberiensis: Epistulae Iohannis et aliorum contemporeanorum, C.N.L. BROOKE, D.E. GREENWAY, M. WINTERBOTTOM (eds), Clarendon Press, Oxford, 1986, t. I, ep. 4, p. 6 : « Causam, quae inter abbatem de Coggeshala et priorem Rumiliacensem super ecclesia de Coggeshala multum et diu agitata est, nequaquam potuimus terminare, quia post multas citationes et dilationes ante nostram praesentiam uenerunt et ibidem uterque alterum ad apostolatus uestri praesentiam inuitauit ». 44 Cf. BONAVENTURA, Sermones dominicales, J.-G. BOUGEROL (ed.), Quaracchi, Grottaferrata 1977, sermo 35, 2, l. 13 – 3, l. 20, p. 373-374 : « Citat sive vocat nos Deus ut ad suam curiam caelestis patriae ire debeamus tripliciter primo verbo sanctae praedicationis rationalem informantis. (...) Primo vocat sive citat nos Deus verbo evangelicae praedicationis ut illuminet ». 45 M. STEINRÜCK, « La voix dans la citation et le discours direct chez Eunape de Sardes », in : C. DARBO-PESCHANSKI (ed.), La citation dans l’Antiquité, p. 281 : « Au XVIIe siècle, le verbe citare qui, dans le discours juridique romain, signifie ‘amener quelqu’un devant le tribunal pour qu’il témoigne de vive voix’, est transformée, en allemand comme en français, en métaphore littéraire et exprime désormais la voix d’autorité d’un auteur absent dans le texte d’un autre. Dans l’Antiquité, ce processus n’a pas eu lieu et les dictionnaires français-latin ou français-grec ne mentionnent que des métaphores occasionnelles (...) ». Cf. A. COMPAGNON, La seconde main, p. 95sq. : « Il n’y a, ni en grec ni en latin, aucun mot qui rende exactement le sens de la citation (comme pratique discursive spécifique) tel que nous l’entendons en français et que nous le traduisons sans détour en anglais ou en allemand. (...) La citation, entité discursive, notion sous laquelle certaines pratiques du discours se subsument, ne fit qu’une apparition tardive dans l’histoire de la langue, dans celle de l’Occident du moins, marquée par la pensée grecque ». A. DAUZAT, Dictionnaire étymologique de la langue française, 10e, Larousse, Paris 1938, ad verbum : « par extension, citer un texte, signaler une personne (XVIIe s.) ». Cf. aussi M. 42 XXIV Le poids de la citation sont d’autant plus étonnantes qu’ils semblent ignorer deux verbes ayant le sens « moderne » de citer : allegare (utilisé très souvent pour désigner l’introduction d’un discours différent de celui du locuteur) 46 et recitare. Celui-ci est d’ailleurs formé sur le même mot citare et a notamment le sens de citer une autorité absente. Ce verbe permet un glissement plus facile de sens de « ce qui est lu à haute voix » vers « ce que l’on reprend d’ailleurs en l’intégrant dans un nouveau contexte » ; les pères de l’Eglise l’utilisent pour désigner la lecture proprement dite d’un passage et pour l’introduire, en tant que texte distinct, dans leur propre discours. L’Origène latin l’emploie dans ce sens dans ses homélies sur le Lévitique 47 et l’Exode. Isidore de Seville reprend la même connotation dans ses Etymologies 48 et Ockham l’utilise pour introduire une chaîne d’autorités 49, tandis que Pierre de Jean Olivi s’en sert lors de sa défense devant ses juges en faisant une distinction nette entre citer les opinions des autres et les assumer 50. CORTELAZZO, P. ZOLLI, Dizionario etimologico della lingua italiana, 1/A-C, Zanichelli, 1991, ad verbum. 46 Je remercie L. Bianchi pour cette observation. 47 ORIGENES, In Leuiticum homiliae, texte latin, introd., trad. et notes M. BORRET, Editions du Cerf, Paris, 1981, II, 5, t. I, p. 114 : « Sed videamus, quid etiam de his, quae nuper recitata sunt, sentiendum sit : ‘si autem’ inquit ‘anima una peccaverit nolens ex populo terrae faciendo unum ab omnibus mandatis Domini, quod non fiet, et deliquerit, et notum factum fuerit illi peccatum quod peccavit, et adducet donum suum: capram de hoedis feminam sine macula adducet pro peccato, quo peccavit’ » ; Ibid., VI, 2, p. 270 : « Est ergo initium eorum, quae hodie recitata sunt, in his verbis : ‘haec unctio Aaron et unctio filiorum eius ab hostiis Domini, qua die applicuit eos sacrificare Domino, sicut praecepit Dominus dare illis, qua die unxit eos a filiis Istrahel, legitimum aeternum in progenies eorum’ » ; Ibid., t. II, XI, 1, p. 142 : « Nuper in auribus ecclesiae recitatus est sermo Dei dicens : ‘estote sancti, quia et ego sanctus sum Dominus Deus vester’ ». ID., In Exodum homiliae, texte latin, introd., trad. et notes par M. BORRET, Editions du Cerf, Paris, 1985, p. 220 : « Sed quid post haec recitatum est? ‘Dixit’ inquit ‘Dominus ad Moysen : ecce, ego pluam vobis panes de coelo, et exibit populus et colliget unius etc.’ » 48 ISIDORUS HISPALENSIS, Etymologiarum siue Originum libri XX, ed. W.M. LINDSAY, Oxford, Clarendon Press, 1989-1991, lib. 5, cap. 24, par. 12 : « Nuncupatio est, quam in tabulis ceris que testator recitat, dicens : ‘Haec ut in his tabulis ceris que scripta sunt, ita dico, ita lego: itaque uos, ciues Romani, testimonium mihi perhibete’, et hoc dicitur nuncupatio: nuncupare est enim palam nominare et confirmare ». 49 GUILLELMUS DE OCKHAM, Tractatus de corpore Christi (Opera theologica 10), C.A. GRASSI (ed.) St. Bonaventure, New York 1986, cap. 6, p. 99, l. 15 – 100, l. 19 : « Unde et de hoc fuerunt antiquitus diversae opiniones, sicut recitat Magister Sententiarum libro IV, d. 11 et Hostiensis in Summa, Extra, De consecratione ; et glossa De consecratione d. 2, In sacramentorum; et glossa Extra, De celebratione missarum, Cum Marthae ». 50 PETRUS IOANNIS OLIVI, « Responsio fratris Petri Ioannis ad aliqua dicta per quosdam magistros parisienses de suis quaestionibus excerpta », publié par D. LABERGE, « Fr. Petri Iohannis Olivi O.F.M. tria scripta sui ipsius apologetica annorum 1283 et 1285 », in : Archivum Franciscanum Historicum, 28 (1935), p. 115–55 et p. 374–407, ici p. 405 : « De omnibus enim praedictis et quibusdam consimilibus eis annexis, recitavi opiniones varias, nullam earum Introduction XXV Les derniers exemples que nous venons de mentionner attestent un usage spécifique du verbe citare : il rend manifeste l’intention de l’auteur de nommer des autorités et annonce la reproduction du discours direct. Il faut cependant souligner que, souvent, la simple utilisation de ce verbe ne suffit pas pour introduire le texte de l’autre et, avec une topique particulière, un second élément apparaît, le plus souvent le verbe inquerere qui renforce le hiatus entre les deux discours ; c’est un marqueur supplémentaire qui isole les deux discours, au même titre que les signes graphiques modernes de démarcation (parenthèses, guillemets, deux points etc.). Les instruments philologiques et informatiques que nous avons consultés ne signalent pas l’existence des formes nominales des verbes citare ou ciere dans la proximité connotative de ce que l’on désigne aujourd’hui par citation. Le participe citatus, a, um garde surtout les premiers sens du verbe et signifie « hâtif, rapide, précipité »51 ou au figuré, « léger, trop libre, relâché » 52 ; dans un contexte juridique le participe citatus se réfère à la personne nommée à comparaître dans un procès ou devant une autorité 53. Vitruve l’emploie dans un beau passage qui décrit une accusation publique de plagiat (accusation qui entraîne d’abord l’étonnement du public et du roi et ensuite la punition et asserens, nisi quod ad illam partem, quae communi opinioni quorumdam repugnat, aliquando plures rationes adduco non respondens ad eas, in quo videor innuere quod illam partem plus approbo, quamvis in plerisque earum dicam eas esse cavendas et examinandas potius quam asserendas. Ego quidem idcirco recitavi eas, quia videbantur in se habere difficultates merito dubitabiles et quas ego nescirem dissolvere, et videbantur mihi ad fidem nostram explicandam et defendendam non minus accommodae quam caeterae ». 51 VERGILIUS, Aeneis, texte établi et traduit par J. PERRET, Les Belles Lettres, Paris 1980, 12, 373 : « Non tulit instatem Phegeus animisque frementem / obiecit sese ad currum et spumantia frenis / ora citatorum dextra detorsit equorum ». SENECA, Epistulae morales ad Lucilium, Epistula, 90, 25, texte établi par F. PRECHAC, traduit par H. NOBLOT, Les Belles Lettres, Paris 2007, : « quid uerborum notas, quibus quamuis citata excipitur oratio et celeritatem linguae manus sequitur ? » TITUS LIVIUS, Ab Urbe condita, 9, 2, 10 : « citati inde retro, qua venerant, perunt repetere viam ». 52 Sap 13,2 : « sed aut ignem aut spiritum aut citatum aerem aut gyrum stellarum aut nimiam aquam aut solem et lunam rectores orbis terrarum deos putaverunt ». Sirach, 4 :34 : « noli citatus esse in lingua tua et inutilis et remissus in operibus tuis ». 53 Act 24,2 : « et citato Paulo coepit accusare Tertullus dicens cum in multa pace agamus ». Concilia oecumenica et generalia Ecclesiae catholicae, Conc. viennense, J. ALBERIGO, J.A. DOSSETTI, P.P. JOANNOU, C. LEONARDI, P. PRODI, consultante H. JEDIN (eds), decretum 34, p. 389, l. 31 : « Multorum ad nos gravis querela deduxit quod nonnulli obtinentes temporale dominium viros saepe ecclesiasticos capere captos que donec sua resignent beneficia aut ne citati ad apostolicam sedem ab homine vel a iure venire ad ipsam valeant ausu detinere sacrilego non verentur citatos eosdem in exitu eorum districtuum ut plurimum capientes ». RAIMUNDUS LULLUS, Liber de consilio (op. 115, Raimundi Lulli opera latina, t. X, ed. L. SALA-MOLINS, Brepols, Turnhout 1982), dist.3, l. 1216 : « Citatus fuit ad curiam Romanam ». XXVI Le poids de la citation l’humiliation, cum ignominia dimisit) avec le sens de « nommé, assigné » ; on y fait mention d’un certain Aristophane, bibliothécaire, participant à un jury pour identifier des vols intellectuels (cum ceteris citatus quemadmodum fuerat locus ei designatus) et juger l’originalité des poètes54. Cet excursus, bien que rapide, permet de saisir les modalités d’expression de l’intertextualité dans la littérature latine classique et médiévale. Utiliser un verbe spécifique, comme citare, pour introduire consciemment le discours d’autrui, autorité livresque ou témoin dans un procès, n’est pas une invention moderne. Bien au contraire, les subtiles différences entre la reprise volontaire d’un passage, la simple nomination d’une autorité, la copie cachée d’un fragment ou la fausse attribution d’une idée étaient magistralement maîtrisées par les auteurs antiques et médiévaux. 54 VITRUVIUS, De architectura, lib. 7, praef. 5, texte établi et trad. par B. LIOU, M. ZUINGHEDAU, commenté par M.-T. CAM, Les Belles Lettres, Paris 1995. Liste des abréviations Dietrich von Freiberg, Opera Omnia, t. I-IV, Veröffentlicht unter Leitung von Kurt Flasch, Felix Meiner Verlag, 1977 – 1985. De acc. De anim. De cog. ent. De col. De corp. Chr. mort. De cor. cael. De De De De De De De De De De De De De De De De De dot. elem. ente hab. int. intellig. ir. luce magis mens. misc. nat. contin. nat. contr. orig. quid. subiecto sub. spir. De vis. beat. Quaest. utrum in Deo Utrum sub. spir. – De accidentibus – De animatione caeli – De cognitione entium separatorum et maxime animarum separatarum – De coloribus – De corpore Christi mortuo – De corporibus caelestibus inquantum sunt corpora id est de natura eorum corporali – De dotibus corporum gloriosorum – De elementis corporum naturalium – De ente et essentia – De habitibus – De intellectu et intelligibili – De intelligentiis et motoribus caelorum – De iride – De luce et eius origine – De magis et minus – De mensuris – De miscibilibus in mixto – De natura et proprietate continuorum – De natura contrariorum – De origine rerum praedicamentalium – De quiditatibus entium – De subiecto theologiae – De substantiis spiritualibus et corporibus futurae resurrectionis – De visione beatifica – Quaestio utrum in Deo sit aliqua vis cognitiva inferior intellectu – Utrum substantia spiritualis sit composita ex materia e materia Typologies et codes des citations I. Remarques méthodologiques Avant d’entrer dans le vif du sujet nous devons faire une distinction purement méthodologique, sans prendre position par rapport à l’immense littérature secondaire, entre « autorité » et « auteur » : le terme « autorité » désigne la source de la citation ou du renvoi ; le terme « auteur » désigne celui qui fait appel à l’autorité et qui , en linguistique, est habituellement appelé « le locuteur ». On peut ainsi distinguer plusieurs niveaux de fidélité entre l’auteur et l’autorité réclamée. Une dernière précision importante : dans ce travail, nous ne tenons compte que des occurrences où Dietrich énonce explicitement le nom de l’autorité ; nous excluons donc tout ce qui est présence implicite, à savoir les allusions et les citations sans source nommée (ce que l’on appelle en linguistique « zero quotatives »), du genre communiter loquentes ou quidam dicunt quod. (1) Le premier niveau se caractérise par la proximité textuelle entre le prélèvement et la source ; il a comme élément définitoire la transcription attentive des paroles de l’autre (la citation ad litteram). En linguistique1, on distingue deux types de discours : le discours rapporté direct (DD), caractérisé par le fait que l’auteur retient ses mots et laisse place aux paroles étrangères ; et le discours rapporté indirect (DI), lorsque l’auteur fait entrer les paroles de l’autorité dans son texte par des mots de liaison, notamment des pronoms relatifs. Chez Dietrich de Freiberg, on reconnaît généralement un DD d’après les syncopes syntaxiques (unde Philosophus : …) ou d’après les marqueurs de la reprise fidèle comme, par exemple, des verbes 1 Voir T UOMARLA , La citation, mode d’emploi, p. 22-32 et 41-51. 4 Le poids de la citation d’introduction (ubi dicit..., loquendo de hoc dicit..., deinde dicit... etc.) suivis par la citation ; ces marqueurs remplissent exactement la même fonction que les guillemets et les deux points dans les éditions modernes. On reconnaît habituellement chez lui un DI par la présence d’un pronom relatif qui accompagne un verbe d’introduction, par exemple ubi dicit quod, idem ostendit quod, etc. Les DD et DI sont particulièrement importants pour comprendre le rapport entre l’auteur et l’autorité : les DD sont généralement des preuves d’une connaissance et d’un usage direct tandis que les DI sont habituellement le signe d’une reprise par l’entremise d’un intermédiaire plus ou moins proche de l’autorité. Ceci n’est cependant pas une règle stricte : un auteur peut faire semblant de reproduire des citations et, tout en se servant des marqueurs spécifiques du DD, introduit des phrases qui proviennent d’une autre autorité ou qui sont inventées par lui-même. (2) Le deuxième niveau de la fidélité entre l’auteur et l’autorité se caractérise plus par une parenté thématique ou doctrinale (la citation ad sensum) et moins par une fidélité textuelle (même si, parfois, on reconnaît des mots communs, importants pour le contexte thématique). L’auteur reprend, en résumant avec ses propres mots, ce que l’autorité énonce dans plusieurs passages ou dans des phrases longues et difficiles ; il laisse place à l’autorité dans le contexte d’accueil en lui assurant cependant un passage différent d’un DI puisqu’il utilise des expressions d’acclimatation. Chez Dietrich, on le reconnaît d’après des expressions comme : et de hoc idem dicit Commentator scilicet... ou et hoc expresse dicit scilicet quod... ou ubi ponit exemplum... Dans ce cas, on peut supposer plusieurs possibilités : soit l’auteur connaît directement l’autorité mais préfère la résumer, soit il l’introduit de mémoire, soit il se sert d’une source intermédiaire qui la résume d’une manière assez détaillée et fidèle, soit il se sert d’un florilège qu’il s’est constitué pour son propre usage ou qui est communément répandu. (3) Enfin, le troisième niveau est celui de la non-équivalence absolue : le prélèvement ou le résumé n’ayant aucun correspondant (ni ad litteram ni ad sensum) ou étant même contraire à la source. Cela arrive lorsque l’autorité est citée de mémoire ou par un intermédiaire de mauvaise qualité ou lorsque l’auteur a l’intention de modifier les mots de l’autorité. Typologies et codes des citations 5 Les marqueurs lexicaux que nous venons de présenter ne sont pas des indicateurs infaillibles de tel ou tel rapport à l’autorité, mais des balises qui facilitent le repérage des divers typologies de la citation. En effet, ces marqueurs informent sur la manière dont l’auteur veut faire place à une autorité. Il faut aussi tenir compte des indicateurs qui expriment la pluralité des autorités ; chez Dietrich ils sont du type : in schola Peripateticorum dicitur ou encore Avicenna, Algazel, Averroes dicunt, etc. qui sont pratiquement toujours les témoins de l’inauthenticité de la citation ; en effet, il est impossible que plusieurs autorités aient exprimé la même idée avec exactement les mêmes mots comme l’auteur le prétend. La sentence qui leur est attribuée n’est alors qu’une reprise formelle de l’auteur comme un bref résumé ou comme une formule de synthèse. Le renvoi à plusieurs ouvrages de la même autorité (du type sicut dicitur in III Metaphysice et IV Physicorum) n’est qu’un cas particulier de la situation que nous venons d’énoncer. On ne cherchera pas une phrase identique à celle reproduite par l’auteur, mais, dans les meilleures des cas, des correspondances ad sensum. Ce type de renvoi enchaîné nous permet de proposer « la règle de la citation unique » : si, dans un ou plusieurs ouvrages, l’auteur attribue exactement la même citation (ou avec des variations minimales) à une seule autorité nommée avec plusieurs œuvres, ou à plusieurs autorités enchaînées (toujours les mêmes), la citation ne provient directement d’aucune des sources nommées, mais soit elle est résumée, soit elle est citée de mémoire, soit elle provient d’un intermédiaire. Cet intermédiaire peut être : un autre auteur, un florilège personnel, un florilège universitaire ou autre source possible. En voici quelques exemples tirés de l’œuvre de Dietrich : Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili ut forma. (De vis. beat., 4.2.1(8), p. 108, l. 84-88 ) Secundum hoc non obstat, si quis opponat, quod secundum Philosophum et Commentatorem super V et VII Metaphysicae huiusmodi formae, quae videntur esse de quarta specie qualitatis, sunt essentiales formae ipsarum quantitatum. Unumquodque autem 6 Le poids de la citation reponitur in genere secundum formam suam. Igitur quantitas non erit nisi in genere qualitatis, quod patet esse falsum. (De nat. contr., 64.(1), p. 128, l. 87-91) Il est en effet très peu probable, voire impossible, qu’en utilisant directement les mêmes textes de la même autorité ou plusieurs textes de plusieurs autorités, l’auteur trouve la même idée exprimée avec les mêmes mots ; il est beaucoup plus probable que la phrase citée par l’auteur soit connue sous la forme retenue suite à un travail préalable (le plus souvent pour faciliter la mémorisation et l’usage immédiat). II. Catégories de citations En essayant de tenir compte de tous ces éléments et de les appliquer à notre recherche, nous distinguons une nouvelle typologie de la citation. Elle est différente de celle proposée par J. Janssens qui avait distingué cinq catégories pour les citations d’Avicenne dans l’œuvre d’Henri de Gand : (1) auctoritates Avicennae, (2) paraphrases, (3) citations littérales brèves, (4) citations littérales combinées (de longs et de petits passages littéraux combinés) et (5) citations littérales longues. Contrairement à notre démarche, ces catégories ne font pas la distinction entre les citations explicites et implicites ; la catégorie des citations littérales longues concerne les cas où Henri copie des chapitres entiers de la Métaphysique d’Avicenne, une situation particulière que l’on retrouve rarement chez d’autres auteurs 2. Nous ne pouvons pas emprunter ces cinq catégories parce qu’elles ne rendent compte de la diversité des citations et de la panoplie des autorités utilisées par Dietrich de Freiberg. A. Bertolacci avait également établi des catégories de citations, toujours à propos d’Avicenne (cette fois dans l’œuvre d’Albert le Grand) 3 ; il distingue d’abord les citations explicites et les citations implicites, ensuite, parmi les citations explicites : les citations explicites nominales (Avicenne est nommé par son nom) et les citations explicites indéterminées (les citation par quidam, aliqui etc.). Il reste cependant un 2 Cf. J. J ANSSENS , « Elements of Avicennian Metaphysics in the Summa », in:G. GULDENTOPS , C. S TEEL (eds), Henry of Ghent and the Transformation of Scholastic Thought, Leuven University Press, Leuven 2003, pp. 41-60; art. repr. in J. J ANSSENS , Ibn Sînâ and his Influence on the Arabic and Latin World, Ashgate, Hampshire 2006, XVII, pp. 41-60. 3 Cf. B ERTOLACCI, « Subtilius speculando », cit. Typologies et codes des citations 7 grand inexpliqué : pour quelle raison sont considérées de la même manière les citations explicites par le nom (où la référence volontaire à Avicenne est manifeste) et les citations explicites indéterminées (où la référence à Avicenne - si c’est bien lui qui est visé - est volontairement cachée) ; d’autant plus que la source de ces citations n’est jamais certain, comme le reconnaît d’ailleurs A. Bertolacci : « I problemi che si incontrano sono due. Il primo è costituito dal fatto che non sempre è chiaro se sia lecito indicare Avicenna come referente di certe citazione esplicite indeterminate. Il secondo problema, invece, è costituito dal fatto che non sempre è chiaro se Avicenna sia l’unico referente della citazione » (p. 301). Il est manifeste donc que la catégorie « citations explicites indéterminées » complique inutilement l’analyse et donne des résultats très approximatifs parce que cette catégorie ne dit rien de certain quant à l’usage et à la connaissance de l’autorité ; elle suggère seulement des références probables. Celles-ci sont d’ailleurs relevées à partir d’un nombre limité de marqueurs : l’historien ne peut pas, en absence d’une version électronique de l’œuvre, relever toutes les occurrences ; il faut se fier seulement au travail des éditeurs pour identifier faire le rapprochement entre des quidam ou philosophi et telle ou telle autorité ; et même une version électronique ne serait pas suffisante pour faire toutes les identifications cachées et avoir la certitude d’une parfaite correspondance. En raison de ces incertitudes, les citations implicites ne font pas l’objet de notre étude. Des catégories proposées par Bertolacci, une seule correspond quelque peu aux buts de notre recherche : la citation explicite nominale, divisée par le médiéviste italien en citation doctrinale et citation textuelle. Bertolacci ne prend cependant pas en compte l’exactitude de la référence (ou « l’adresse ») de la citation qui, à nos yeux, constitue un indice important pour déterminer si celle-ci est reprise directement ou provient d’un intermédiaire. Toutes ces imprécisions, qui altèrent les conclusions sur la présence et l’influence d’une autorité, nous font proposer une nouvelle typologie des citations explicites. Nous classons les citations selon : (1) le genre de l’évocation avec ou sans adresse Nous en distinguons trois types : a) le renvoi (R) = évocation avec adresse de la source : quand au moins le titre de l’œuvre est nommé, et les cas où est indiquée l’adresse détaillée selon la division logique du texte : chapitre, section, question, distinction etc. 8 Le poids de la citation b) le recours général (RcG) = évocation sans adresse, quand l’autorité est invoquée seulement par son nom, mais accompagnée d’une thèse qui soit lui appartient réellement soit lui est attribuée par l’auteur. c) la simple mention (SM) = évocation du nom ou du patronyme (Commentator, Philosophus etc.) de l’autorité sans aucun rapport avec l’une ou l’autre de ses doctrines ou de ses œuvres ; chez Dietrich, ces cas apparaissent notamment dans les titres des chapitres ou des questions, dans les tabulae ou dans des propositions qui concluent des démonstrations (du genre : tertia questio est contra positionem Commentatoris). Seulement les deux premiers types, le R et le RcG, apportent des renseignements importants pour l’histoire intellectuelle puisqu’ils sont les seules preuves véritables concernant l’influence doctrinale d’une autorité. Les SM ont, en revanche, un poids purement statistique avec une certaine incidence sur les pourcentages, mais ils n’apportent aucune information sur l’influence doctrinale de l’autorité sur l’auteur qui la mentionne. Elles peuvent éventuellement avoir un intérêt pour comprendre la manière dont les autorités étaient vues et considérées formellement comme dans le cas des expressions du genre : magnus Sigerus, Thomas Aquinas vir doctus, Aristoteles princeps Perypatheticorum etc. (2) l’exactitude de l’évocation Cette catégorie s’applique uniquement aux renvois (R) parce qu’elle concerne la correspondance entre le prélèvement et la source. Nous signalons uniquement le renvoi avec une fausse adresse que nous appelons le faux renvoi (FR) sans indiquer d’une manière spéciale les renvois avec une bonne adresse ; la notation R signifie donc renvoi avec une bonne adresse. Le critère FR s’applique aux situations où ni les indications données par les éditeurs (des œuvres de Dietrich) ni d’autres recherches indépendantes (des études supplémentaires sur les sources) n’ont relevé de source proche au moins ad sensum de l’adresse indiquée. (3) le but formel de l’évocation On distingue deux cas : l’évocation simple, notée S, quand autorité est citée pour elle-même ou quand elle est évoquée pour accompagner, afin de nuancer les propos d’une autorité déjà citée (situation désignée par la lettre A). Dans le cas de l’évocation simple (S), l’autorité est appelée soit pour l’originalité de la thèse ; soit pour apporter des précisions à la position de Typologies et codes des citations 9 l’auteur ; soit dans un but polémique ou, au contraire, admiratif ; soit pour participer à un débat entre plusieurs autorités. Dans le cas de l’évocation accompagnatrice (A), l’autorité est nommée pour apporter une explication ou pour renforcer la thèse déjà citée d’une autre autorité ; par exemple, Dietrich fait appel à Averroès pour expliquer Aristote ou au Liber de causis pour expliquer l’Elementatio theologica. Dans ce cas, l’autorité appelée par une évocation accompagnatrice n’a ni le même rôle ni le même poids que l’autorité nommée par une évocation simple. Il est évident que seulement les renvois (R), les faux renvois (FR) et les recours généraux (RcG) peuvent être considérés comme simples ou accompagnateurs ; ces critères ne sont pas associés aux simples mentions (SM). (4) la qualité de l’évocation La correspondance entre le prélèvement et la source est : a) soit totale ou quasi totale (avec des variations minimales dues à la tradition textuelle, l’emploi des synonymes etc.) ; dans ce cas, on parle d’un renvoi parfait (RP) ou d’un recours général parfait (RcGP) ; b) soit très partielle à cause d’une importante différence littérale et/ou doctrinale : ce sont les citations nommées habituellement ad sensum ; dans ce cas, on parle d’un renvoi imparfait (RI) ou d’un recours général imparfait (RcGI). Il est manifeste que les RI / RcGI sont des critères qui dépendent aussi de la recherche (souvent imparfaite) des sources. La combinaison de ces quatre critères d’évaluation de la citation nous permet de préciser les treize catégories groupées dans le tableau synoptique suivant : RS Renvoi simple : l’autorité est citée pour elle-même, avec adresse (titre de l’oeuvre ou/et division textuelle). Selon les catégories présentées auparavant, le renvoi simple est double : imparfait (RSI) et parfait (RSP). 1) RSI RSI* Renvoi simple imparfait : l’adresse est correcte, mais la citation ne correspond pas littéralement au texte auquel l’auteur fait référence. Il faut envisager cependant la possibilité réduite, mais réelle, que la citation n’a été identifiée ni lors de l’édition ni lors d’une autre recherche 10 Le poids de la citation supplémentaire. RSI* est un cas particulier de renvoi simple imparfait qui désigne une référence ayant comme seule adresse le titre de l’œuvre et portant sur une doctrine qui se trouve à plusieurs endroits dans cette œuvre ; il est impossible d’indiquer uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas, nous prenons comme source pour les calculs statistiques le premier endroit qui, dans suivant la division logique de l’œuvre, peut être considéré comme source. Généralement un RSI est la preuve que l’auteur a une certaine connaissance de la source, mais qu’il la cite en la paraphrasant, de mémoire ou à partir d’une source secondaire. 2) RSP Renvoi simple parfait : l’adresse est correcte et la citation correspond littéralement ou avec des variations minimales au texte auquel l’auteur renvoie. Un RSP peut être considéré comme un indice que l’auteur connaît et utilise directement la source, mais on peut envisager aussi la possibilité d’un intermédiaire très proche de la source (par exemple, une citation exacte copiée d’ailleurs). Le RSP est probablement l’élément le plus important pour une étude sur l’importance d’une autorité. RA Renvoi accompagnateur : l’autorité est nommée pour apporter une explication ou pour renforcer la thèse déjà citée d’une autre autorité. Prenons l’exemple le plus répandu chez Dietrich : le renvoi à Aristote est accompagné d’un renvoi au commentaire respectif d’Averroès avec le but d’éclaircir le texte du Stagirite. Dans ces situations, Averroès est réellement « Le Commentateur » (avec majuscules) d’Aristote (il faut cependant noter que le patronyme Commentator en compagnie d’une citation n’est pas nécessairement le signe d’un RA ; plusieurs renvois simples utilisent le patronyme Commentator). Très souvent Dietrich pratique le renvoi accompagnateur de la manière suivante : il donne l’adresse du texte d’Aristote, parfois avec des détails (chapitre etc.), ajoute la citation et invoque ensuite Averroès sans adresse, souvent un simple ibidem est suffisant : « Sed istud non obstat iam dictis, quia illic, scilicet I Physicorum, loquitur Philosophus Typologies et codes des citations 11 contra Anaxagoram (...) et secundum illam intentionem loquitur ibi Philosophus dicens: `Dico autem partes, quae cum insint, in quas dividitur totum', in quo verbo secundum Commentatorem ibidem intendit de partibus rei, quae sunt partes in actu » (De elem., 26.(2), p. 77, l. 7379). Comme s’il était un geste normal, presque banal, de lire Aristote en ayant sous les yeux, quasiment toujours, l’exégèse suivie d’Averroès ; et, comme nous allons le voir, Dietrich pratique aussi le renvoi inverse : il cite Aristote à partir du commentaire d’Averroès. Le renvoi accompagnateur est de deux types : imparfait (RAI) et parfait (RAP). 3) RAI RAI* Renvoi accompagnateur imparfait : l’adresse est correcte, mais la citation ne correspond pas littéralement au texte auquel l’auteur fait référence ; on suppose alors un intermédiaire ou l’intervention même de l’auteur (mémoire, changement volontaire etc.). Le plus souvent chez Dietrich on a le cas suivant : un RSI à Aristote est redoublé par un RAI à Averroès ; mais il se peut aussi qu’un RSP à Aristote soit renforcé par un RAI à Averroès. RAI* est un cas particulier de renvoi accompagnateur imparfait qui désigne une référence ayant comme seule adresse le titre de l’œuvre et portant sur une doctrine qui se trouve à plusieurs endroits dans cette œuvre ; il est impossible d’indiquer uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas, nous prenons comme source pour les calculs statistiques le premier endroit qui, dans suivant la division logique de l’œuvre, peut être considéré comme source. 4) RAP Renvoi accompagnateur parfait : l’adresse est correcte et la citation correspond littéralement ou avec des variations minimales au texte auquel l’auteur renvoie. Il s’agit très probablement d’un usage direct de la source ; par exemple, d’une lecture attentive d’Aristote avec l’aide d’Averroès. Chez Dietrich, quasiment toujours un RSP à Aristote est accompagné d’un RAP à Averroès. 12 Le poids de la citation FR Faux renvoi : l’autorité, l’œuvre ou la division logique de l’œuvre sont incorrectement mentionnées. Il correspond ad litteram ou ad sensum à la source indiquée par les historiens, mais elle est différente de celle donnée par l’auteur. Selon les catégories précédentes, on distingue les faux renvois, simples ou accompagnateurs, imparfaits ou parfaits ; il faut en effet tenir compte du fait que, malgré la mauvaise adresse, la citation peut correspondre à une source que l’on a pu identifier. Cela s’explique soit par une faute de transmission du texte (faute de copiste), soit par le fait que l’adresse et la citation proviennent d’un intermédiaire, soit par un trou de mémoire. Dans ce cas, nous indiquons dans nos tableaux et comptons le renvoi à la mauvaise œuvre comme FR. FRS Les FRS de Dietrich concernent par exemple les Elementatio theologica de Proclus, la proposition 171 étant toujours citée correctement mais comme étant la proposition 174 (FRSP). Signalons aussi comme exemple que Dietrich renvoie au commentaire d’Averroès au De sensu et sensato, mais, en réalité, il copie un renvoi qu’Averroès fait lui-même à cet ouvrage dans le Grand Commentaire au De anima (FRSI). 5) FRSI 6) FRSP FRA 7) FRAI 8) FRAP Il accompagne pour la commenter une autorité nommée auparavant. Un FRA suppose une situation de type : un RSI ou un FRS à une première autorité, redoublé par un RAI ou un FRA à une seconde autorité qui commente la première. RcG Recours général : dans le cas d’un RcG, il est assez difficile de savoir si la thèse de l’autorité est connue par intermédiaire ou directement. L’auteur peut tout simplement oublier l’adresse de la thèse qu’il mentionne ; seule une analyse très détaillée, au niveau doctrinal et littéral, peut apporter des renseignements sur l’usage de l’autorité. Les RcG peuvent être de quatre types : simples (RcGS), accompagnateurs (RcGA), imparfaits (RcGSI / RcGAI) et parfaits (RcGSP / RcGAP). RcGS Recours général simple. Il faut préciser ici que lorsque Dietrich donne seulement Typologies et codes des citations 13 l’adresse d’Aristote, ajoute le nom d’Averroès et ensuite la citation, on a affaire à un RA et non pas à un RcGA car l’adresse d’Aristote est aussi une adresse pour Averroès. 9) RcGSP 10)RcGSI RcGSI* Recours général simple parfait et imparfait : l’autorité est invoquée seulement par le nom, sans aucun titre ou adresse et la citation qui suit peut correspondre, ou non, à l’un des textes de l’autorité. RcGSI* est un cas particulier de recours général imparfait qui porte sur une doctrine qui se trouve dans plusieurs œuvres de l’autorité ; il est impossible d’indiquer uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas, nous prenons comme source pour les calculs statistiques le premier endroit qui, dans suivant la division logique de l’œuvre, peut être considéré comme source. Dans le cas d’un RcGSP, nous supposons que l’auteur utilise le plus probablement une bonne source intermédiaire ou sa mémoire, mais il n’est pas exclu qu’il ait utilisé directement la source et qu’il ait, volontairement ou par inadvertance, omis l’adresse. Dans le cas d’un RcGSI, on peut imaginer deux situations : soit l’auteur utilise un mauvais intermédiaire, soit on n’a pas (encore) identifié le passage précis. RcGA Recours général accompagnateur : les RcGA se rencontrent normalement lorsque le RcGS à une première autorité est suivi par un RcG explicateur à une seconde autorité. Dans le cas de Dietrich il faut toujours vérifier si ce qui paraît un RcG n’est pas précédé d’un RS dont il dépend (c’est le plus souvent le cas). 11)RcGAP Recours général accompagnateur parfait et imparfait : le nom de l’autorité évoquée pour renforcer la thèse d’une autre autorité sans adresse est suivi d’une sentence qui provient (RcGAP) ou non (RcGAI) d’un texte source. RcGAI* est un cas particulier de recours général accompagnateur imparfait qui porte sur une doctrine qui se trouve dans plusieurs œuvres de l’autorité ; il est impossible d’indiquer uniquement un seul endroit comme source. Dans ce cas, nous prenons comme source pour les calculs statistiques le premier endroit qui, dans suivant la division logique de l’œuvre, peut être considéré comme source. 12)RcGAI RcGAI* 14 Le poids de la citation 13) SM Simples mentions du nom ou patronyme d’une autorité ; les SM ne renseignent pas sur la connaissance qu’un auteur a de l’autorité mentionnée. Elles ne devraient pas compter dans les études statistiques sur l’influence doctrinale d’une autorité. L’abréviation nr qui apparaîtra dans les tableaux suivants n’a pas de rapport avec les catégories de citations ; elle indique seulement que ces renvois sont indiqués dans l’édition des œuvres de Dietrich – les renvois sans nr représentent les sources, meilleure ou nouvelle, que nous proposons. Pourquoi cette nouvelle typologie ? En fonction des catégories décrites précédemment, nous proposons une lecture qui permette de rendre compte de la diversité des citations et des autorités connues par Dietrich de Freiberg. Elles permettent d’observer, par exemple, que Dietrich dévoile dans son œuvre plusieurs visages d’Averroès : tout d’abord il est le Commentateur d’Aristote, loin de l’image de depravator instituée par Thomas d’Aquin 4 ; le philosophe, cité pour ses propres opinions, demeure le représentant de la tradition péripatéticienne, en compagnie d’Al-Farabi et Alexandre d’Aphrodise5 ; il est également un adversaire de la noétique et de la théorie des épicycles ; il s’impose comme une autorité ayant des opinions conformes à celles d’Augustin, 4 Cf. T HOMAS DE A QUINO , De unitate intellectus contra averroïstas, 2, § 59 : « Unde miror ex quibus Peripateticis hunc errorem se assumpsisse glorientur, nisi forte quia minus volunt cum ceteris Peripateticis recte sapere, quam cum Averroe oberrare, qui non tam fuit Peripateticus, quam philosophiae Peripateticae depravator ». DIETRICH DE F REIBERG, De nat. contr., 3.5, p. 85 : « sicut dicit Philosophus in X Metaphysicae et suus Commentator; per quem modum patebit infra » ; De origine, 5.2, p. 181 : « Videtur enim fuisse intentio Philosophi, et Commentator suus manifeste hoc exponit de tempore in IV Physicorum ». 5 De int., III. 13.3, p. 187 : « Item, sicut habemus ab eodem Averroe, magis fit unum ex specie intelligibili et intellectu quam ex materia et forma, quia ex materia et forma fit aliquid tertium, sed species intelligibilis fit ipse intellectus. In idem concordant Alexander et Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili » ; De vis. beat., 3.2.4.4, p. 73 : « Nec ex dicta possibilitate et ipsa specie fit compositio, sed potius talis possibilitas transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis in actu, ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis De intellectu et intelligibili et Commentator super De anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse intellectus, quando quis actu intelligit. Et hoc est, quod dicit Philosophus III De anima, quod intellectus possibilis nihil est eorum, quae sunt, antequam intelligat » ; De vis.beat., 4.2.1.8, p. 108 : « Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili ut forma ». Typologies et codes des citations 15 Boèce ou Grégoire le Grand 6. En somme, un Averroès personnalisé, certainement différent de celui d’Albert le Grand et Thomas d’Aquin. L’analyse des autres citations apportera des précisions semblables pour les autorités que nous étudions dans ces pages. III. Remarques supplémentaires : usages graphiques a) Dans les tableaux qui suivent, nous soulignons la même sentence (ou plusieurs mots de la même sentence) attribuée à la même autorité dans deux ou plusieurs œuvres de Dietrich ; par conséquent, toutes les sentences répondant à la règle de la citation unique sont soulignées. b) Nous mettons en gras les synonymes que l’on retrouve entre les textes de Dietrich et ceux des autorités ; ce sont les citations ad sensum. c) Les citations ad litteram sont montrées en PETITES CAPITALES. d) En italiques seront indiqués les mots d’Aristote repris par Averroès et par Dietrich. On peut évidemment avoir une phrase dont plusieurs mots reviennent dans au moins deux œuvres de Dietrich et qui contiennent aussi des mots identiques ou synonymes par rapport au texte source de l’autorité : on aura alors des mots soulignés et en gras ou des mots soulignés et en petites capitales. En voici un exemple : 6 Fragmentum de ratione potentiae, Opinio 21, p. 381 : « Et ista est opinio Philosophi et Commentatoris IV Physicorum de tempore et per consequens de quando, et Augustini XI Confessionum et Boethii De Trinitate de his, quae dicuntur sex principia » ; De vis. beat., 1.1.1.3.5.2, p. 21 : « Quamvis autem istud verbum Augustinus velit intelligi de abdito mentis, si tamen extendamus ipsum ad intellectum possibilem, concordat cum eo hoc, quod dicit Commentator super III De anima, quod magis fit unum ex intellectu et specie intelligibili quam ex materia et forma » ; De vis. beat., 1.1.4.5, p. 29 : « Et ex hoc arguit Commentator super III De anima, quod, si intellectus agens, qui est intellectus per essentiam et semper in actu, aliquando uniatur nobis ut forma, per ipsum intelligemus omnia entia. Quod videtur aliqualiter concordare cum eo, quod legitur de sancto Benedicto, videlicet quod in quadam mentis elevatione vidit totum universum ». 16 Le poids de la citation Averroes, In librum II Metaphysicorum, comm. 1, p. 54. Dietrich, De anim., 1.(2), p. 13 Dietrich, Utrum sub. spir., II, (21), p. 333 Et concessum est ab omnibus, quia nulla res est otiosa IN …sicut enim non contingit frustra IN … Commentator Super principium II Metaphysicae: Non contingit frustra IN FUDAMENTO NATURAE CREATURAE . ET FUNDAMENTO NATURAE , ut Commentator principium Metaphysicae. dicit Super II FUNDAMENTO NATURAE CREATURAE . ET e) Les sources précisées dans l’édition des œuvres de Dietrich sont copiées en petits caractères si elles ne correspondent pas littéralement ou doctrinalement à la citation ; elles sont transcrites dans les tableaux pour faciliter au lecteur la comparaison et la vérification de la noncorrespondance. Les tableaux sont classés en ordre décroissant, en commençant par les œuvres de l’autorité les plus souvent citées par Dietrich. Pour chaque tableau, on suit l’ordre de la division logique du texte de l’autorité (on commence, par exemple, par le commentaire d’Averroès au livre II de la Métaphysique, on passe ensuite au commentaire au livre III et ainsi de suite). Chaque tableau a deux rubriques contenant le(s) fragment(s) source(s) provenant du texte source et le(s) fragment(s) avec la citation correspondante dans l’oeuvre de Dietrich. Les tableaux sont précédés d’un numéro d’ordre et suivis de nos observations. Les sentences dont l’origine est douteuse (autrement dit, les citations qui ne sont pas littérales et longues) ont été systématiquement vérifiées avec les Auctoritates Aristotelis ; bien que l’édition moderne de ce florilège universitaire corresponde à une version postérieure à la composition des ouvrages de Dietrich, il a certainement été déjà utilisé dans la seconde moitié du XIIIe siècle et même avant 7. Nous avons fait une vérification 7 Sur ce sujet voir notamment J. H AMESSE , « Les florilèges philosophiques, instruments de travail des intellectuels à la fin du Moyen Age et à la Renaissance », in : L. B IANCHI (ed.), Filosofia e teologia nel Trecento, F.I.D.E.M., Louvain-la-Neuve 1994, p. 495 ; EAD., « Johannes de Fonte, compilateur des ‘Parvi flores’. Le témoignage de plusieurs manuscrits conservés à la Bibliothèque Vaticane », in : Archivum Franciscanum Historicum 88 (1995), p. 515-531. J.G. Bougerol postule qu’une variante primitive du florilège existe déjà en 1250 et que Bonaventure s’en sert à plusieurs reprises pour citer Aristote. Cf. J.G. B OUGEROL , Dossier pour l’étude des rapports entre saint Bonaventure et Aristote, in : Archives d’Histoire Doctrinale et Littéraire du Moyen Age 40 (1973), p. 151, n. 42 et p. 162sq. Typologies et codes des citations 17 aussi systématique que possible en nous appuyant sur l’Index Thomisticus (variante numérique), sur d’autres ressources informatiques (comme la LLT, Library of Latin Texts de BREPOLiS) et, dans la mesure des possibilités, sur Albert le Grand. Nous espérons que cette étude suscitera d’autres examens minutieux des autorités citées par Godefroid de Fontaines, Henri de Gand, Durand de Saint-Pourçain, Raymond Lulle et ainsi de suite8. Seuls ces examens complexes permettront de réellement comprendre l’influence immédiate ou indirecte des Arabes et des Grecs sur le monde latin. En attendant ces résultats, les tableaux que nous avons constitués donnent un aperçu détaillé, mais limité à un seul auteur, de la fortune des sources arabes et grecques peu après les tourments parisiens des années 1270 – 1277. 8 Ecrite avant, mais publiée après des travaux similaires sur Meister Eckhart, cette étude leur est indépendante, mais complémentaire : S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart ; CALMA , « L’usage des statistiques dans l’étude des sources: le cas de Maître Echkart », p. 526-531. Averroès I. Averroès dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg A. In M e ta p hy s ic a m A r is to te l is I) In l ib r u m I I M e ta p hy s i c o r u m (ed. Darms) n. 1) comm. 1, p. 54 (nr): Et concessum est ab omnibus, quia nulla res est otiosa IN FUNDAMENTO NATURAE ET CREATURAE . De anim., 1.(2), p. 13, l. 7-14: His autem omnibus hoc generale praemittendum, quod dicit Augustinus l. III De libero arbitrio c. 3 vel 13 de parvis c. : « Quidquid recta ratione (…) » ; idem dicit Libro sententiarum Prosperi c. 382. Sicut enim non contingit frustra IN FUNDAMENTO NATURAE , ut dicit Commentator super principium II Metaphysicae et Philosophus libro De progressu animalium c. 7, quod natura nihil facit praeter naturam, et in II Caeli et mundi, quod natura nihil facit frustra, sic nec deficit in necessariis, ut ibidem dicit. 20 Le poids de la citation Utrum sub. spir., II, (21), p. 333, l. 208–334, l. 217 : Est autem unumquodque entium propter suam propriam operationem sicut propter finem secundum Philosophum in II De caelo et mundo. (…) quod non patitur natura, ut dicit Philosophus in II Caeli et mundo, ubi dicit, quod natura nihil facit frustra nec deficit in necessariis. Idem in libro De progressu animalium c. 7, quod natura nihil facit praeter naturam. Commentator super principium II Metaphysicae: Non contingit frustra IN FUNDAMENTO CREATURAE . NATURAE ET 2 occurrences RSP : Dans une suite de citations d’autorités (Augustin, Prosper, Aristote) toutes reprises avec des adresses détaillées, Averroès est évoqué avec une expression, identique à la source, et qui respecte la règle de la citation unique. Elle peut provenir d’un florilège auquel Dietrich pouvait aussi emprunter les renvois aux autres autorités. Remarquons dans les deux cas la précision de l’adresse détaillée : super principium II Metaphysice. La même expression, avec la même adresse détaillée et la même différence par rapport au texte d’Averroès, se lit dans Henri de Gand, Summa (Quaestiones ordinarie), art. XXXV, q. 6, ed. G.A. Wilson, Leuven University Press, Leuven 1994, p. 65, l. 39sq. : « Unde dicit Commentator in principio II Metaphysicae, ‘Nihil est frustra in fundamento naturae et creaturae’ ». II) In l ib r u m I II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 2) comm. 3, 41 rB-D (nr) : Deinde dicit (i.e. Aristoteles) : inde, et quomodo natura boni est etc., id est De anim., 3.2, p. 14, l. 54-15, l. 63 : Assignantur autem quattuor genera causarum communiter Averroès quomodo causa, quae est finis, invenitur in rebus immobilibus, cum illud, quod est per se, et naturaliter finis, est illud, ad quod movetur illud, quod innatum est perfici per illud. Deinde dicit : finis enim et illud propter quod etc., id est et necessarium est ut finis sit in rebus mobilibus: quia finis est finis actionis et motus. Quid igitur caret motu, caret fine, nisi equivoce. Deinde dicit notum est igitur quod impossibile est, quod iste finis sit in rebus immobilibus etc., id est propter istos per se, quia potest contingere, ut in rebus immobilibus sit BONUM, sed non per se. (...) Et ideo in scientiis MATHEMATICIS etc., id est quia ista causa (i.e. – causa desyrabilis) non invenitur in mathematicis, ideo non datur in eis in aliqua re quaesita finalis causa. 21 nota, scilicet materialis, formalis, efficiens, finalis. Haec autem quattuor genera proprie accipiuntur solum in entibus, quae subiecta sunt transmutationi et motui deservienti generationi et corruptioni rerum, secundum Philosophum in VIII Metaphysicae; unde Commentator dicit super III Metaphysicae et super IV Caeli et mundi, quod efficiens causa et finalis non sunt in separatis: Sicut enim in MATHEMATICIS non est ratio finis, quia non est ibi ratio boni, et per consequens nec causa efficiens, sic in separatis non invenitur ratio BONI acquisiti per motum, et sic nec causa finalis et per consequens nec causa efficiens, quae movet intentione boni. De luce, 1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est autem celebri sententia vulgatum quattuor esse causas rerum, quae subsunt quantitativae vel qualitativae transmutationi. In entibus enim separatis vel MATHEMATICIS non sunt proprie causae efficientes et finales, quarum ratio attenditur in hoc, quod acquiratur aliquid per motum, ut habetur a Commentatore super III Metaphysicae et super Caelum et mundum. De orig., 5.(11), p. 183, l. 61-66 : Dico autem hic finem, formam et efficiens non modo, secundum quod inveniuntur in naturalibus, quae concernunt motum et 22 Le poids de la citation materiam, sed modo communiore, secundum quod secundum aliquam sui rationem reperiuntur etiam in separatis, quamvis non eadem ratione sicut in naturalibus, ut dicit Averroes de fine super III Metaphysicae, de efficiente super principium IV Caeli et mundi. 3 occurrences RSI : Dans les trois fragments de Dietrich on trouve la même théorie sur l’absence des causes finales et efficientes dans le monde des substances séparées ; elle est citée par Dietrich dans la formule suivante : le commentaire au livre III de la Métaphysique suivi par le commentaire au livre IV du De celo et mundo. On a donc affaire à la règle de la citation unique. Nous privilégions ici l’hypothèse d’une inspiration indirecte. Dietrich est proche du sens du texte d’Averroès et par sa formule concise il résume l’essentiel de l’argumentation. Pour la citation du De celo et mundo voir infra n. 78. III) In l i b r u m I V M e t a p hy s i c o r u m (apud Juncta) n. 3) comm. 2, 65rF-vI (nr) : Et, quia sana attribuuntur sanitati modis diuersis, sicut nouem praedicamenta ATTRIBUUNTUR ad esse, quia sunt IN VERO ENTE , QUOD EST SUBSTANTIA modis diversis, incoepit notificare DIUERSITATEM MODORUM, qui inueniuntur in talibus nominibus, ad demonstrandum quod ista est de hoc nomine ens cum substantia et cum aliis praedicamentis. Et dicit : quoddam enim dicitur sanum etc., quaedam enim dicuntur sana quia De magis, 19.2, p. 60, l. 50-53 : Accidens autem quodcumque per suam essentiam est dispositio substantiae, et secundum hoc tota essentia ACCIDENTIS est esse QUENDAM modum et DISPOSITIONEM SUBSTANTIAE, secundum quod habemus et IV Metaphysicae, et a Philosopho et a Commentatore ibidem. De anim., 37.(4), p. 46, l. 21-28: Quantum autem ad tertium, videlicet quod forma naturalis est quaedam dispositio eius, cuius est Averroès attribuuntur sanitati hoc modo, scilicet quia conservant sanitatem, sicut dicimus quod EXERCITIUM est sanum, quia conservat sanitatem. Et quaedam attribuuntur sanitati, quia faciunt sanitatem, sicut dicimus quod potio accepta est sana. (...) Et similiter attribuitur esse medicum medicinae, id est et similiter omne adiuuans actionem medicinae attribuitur medicinae. (...) Deinde dicit : Et quoddam, quia facit actionem medicinae, licet non sit medicus; vetula enim que medicabat cum illa HERBA , sicut dixit, agebat actionem medicinalem, licet non erat medica. Et similiter etiam ens dicitur multis modis, sed omnes illi modi attribuuntur uni primo, id est similiter hoc nomen est, licet dicatur multis modis, tamen in omnibus dicitur ens, quia ATTRIBUITUR primo enti SUBSTANTIAE. Et istae attributiones in unoquoque eorum sunt diversae, PRAEDICAMENTA enim attribuuntur substantiae, non quia est AGENS aut FINIS eorum, sed quia constituunt per illam, et SUBIECTUM est eorum, et UNIVERSALITER NON DICUNTUR ENTIA , NISI QUIA SUNT DISPOSITIONES ENTIS . lib. VII, comm. 1, 155rB (nr pour le De quid.) : Et intendebat, quod non sunt ACCIDENTIA quaesita per se, sed secundum quod sunt DISPOSITIONES SUBSTANTIAE 23 forma, est hinc inde differentia. Dispositio enim in sui propria ratione importat sui ipsius quandam intraneitatem in illo, cuius est dispositio, inquantum habet distincta principia vel partes, in quibus attenditur dispositio talis rei, secundum quod videmus omnia ACCIDENTIA esse quasdam DISPOSITIONES SUBSTANTIAE , ut dicitur super IV Metaphysicae, et quod magis imaginationi se offert, si disponantur aliquae candelae in directum vel in circulum et similia. De ente, I.1.(1) et (6), p. 27, l.3-6 et 33-37: Ens igitur, quod est generalissimum (...) secundum Philosophum in principio IV Metaphysicae. (...) Non enim accidens habet esse secundum absolutam intraneam suae naturae rationem seu quiditatem ;nullam enim talem habet. Sed totum esse suum est, ut sit quaedam DISPOSITIO SUBSTANTIAE secundum Commentatorem super principium IV Metaphysicae. Et sic accidens est ens, quia est entis, et hoc essentialiter secundum Philosophum in principio VII Metaphysicae. De quid., 10.(6), p. 114, l. 45, 5455, 65 : Praeterea secundum Philosophum in principio IV Metaphysicae (...). Haec est igitur essentia ACCIDENTIS cuiuscumque esse DISPOSTIONEM SUBSTANTIAE , sicut etiam dicit ibi Commentator expresse et ratio concludit. (...) Et hoc est, quod Philosophus determinat in VII Metaphysicae etc. 24 demonstratae. Le poids de la citation De acc., 10.(3), p. 66sq., l. 66-78 : Et hoc est, quod dicit Philosophus in principio VII Metaphysicae, quod accidentia eo sunt entia, quo sunt entis veri, quod est substantia. Et quod ista analogia, qua accidens dicitur ens per ATTRIBUTIONEM AD SUBSTATIAM, attendatur penes essentiam accidentis, ostendit Philosophum in principio IV Metaphysicae (...). Unde Commentator dicit ibi, quod alia PRAEDICAMENTA « UNIVERSA LITER NON DICUNTUR ENTIA , NISI QUIA SUNT DISPOSITIONES ENTIS ». De acc., 22.(6), p. 85, l. 58-62 : Cum igitur ACCIDENTIA , quae definiuntur ex substantia, sint entia secundum actum, ergo definiuntur et sunt entia secundum actum, inquantum in actu SUNT ENTIS veri, quod est substantia: Eo autem sunt entis, quod SUNT veri ENTIS DISPOSITIONES , secundum quod dicit Commentator super IV Metaphysicae. De subiecto, 3.(6), p. 281, l. 78-86: (6) Distinguit enim Commentator super principium IV Metaphysicae modos attributionis, secundum quos attenditur aliqua ratio analogiae: Attribuitur alicui aliquid tamquam efficienti, ut HERBAE vel medicinae dicuntur medicativae per attributionem ad artem medicinae; item fit attributio ad aliquid tamquam ad Averroès 25 FINEM, ut EXERCITIUM est causa sanitatis vel urina dicitur sana, quia signum sanitatis; tertio modo attribuuntur accidentia substantiae tamquam SUBIECTO , subiecto, inquam, non tamquam in potentia, sed potius tamquam magis formali, cui formaliter et simpliciter et essentialiter et vere convenit ratio entis, et consequenter alia DICUNTUR ENTIA , QUIA SUNT TALIS ENTIS DISPOSITIONES . De orig., 2.(7), p. 146, l. 27-30 : Hoc enim accidit sic attributis, unde nec per essentiam sunt id, quod praedicatur de ipsis secundum hanc attributionem. Et hi tres modi analogiae distinguuntur super principium IV Metaphysicae. 8 occurrences RAI (x4) : Dans le De magis, le De anim., le De ente et le De quid., Dietrich donne la même adresse détaillée (in principio IV Metaphysicae) et utilise la sentence : accidens est quedam dispositio substantiae (règle de la citation unique). L’expression dispositio substantiae ne se lit pas dans le commentaire du livre IV qui utilise plutôt la formule dispositio entis, mais dans le commentaire au livre VII. Cela n’est pas totalement étranger à la pensée de Dietrich qui explique pratiquement toujours le rapport entre l’accident et la substance en se référant en même temps au livre IV et au livre VII de la Métaphysique (voir notamment sa démonstration dans le De acc.). Cette formule du commentaire du livre VII, attribuée au commentaire du livre IV, représente l’indice d’une influence plutôt doctrinale que littérale. D’ailleurs dans la Q° utrum in Deo, Dietrich explique, en citant la même sentence, que cette thèse sur l’accident provient conjointement des livres IV et VII de la Métaphysique d’Aristote tandis qu’Averroès n’est même pas mentionné : Q° utrum in Deo, 2.1.(1), p 303, l. 15-17 : « (...) quoniam accidentis entitas et essentia est esse modum et dispositionem substantiae, ut habetur ex l. IV et VII 26 Le poids de la citation Metaphysice ». Nous ne la considérons pas comme un FR parce que thématiquement le renvoi correspond à la source (l’accident est une disposition de la substance ou de l’étant). RAP (x2) : Pour les deux citations dans le De acc., Dietrich semble utiliser directement le commentaire du livre IV d’Averroès (ou un abrégé personnel fidèle à la source) : la citation est exacte, l’adresse détaillée. En expliquant le rapport entre la substance et l’accident, Dietrich mélange encore le vocabulaire propre au commentaire du livre IV et du livre VII. RSP : Dans le De subiecto, Dietrich donne un long résumé du texte d’Averroès ; tous les éléments de la source s’y retrouvent : les exemples (sur l’exercice, sur les plantes médicinales etc.), les enjeux doctrinaux et même une sentence ad litteram : accidentia sunt talis entis dispositiones. Les trois modes d’analogie dont il parle dans le De orig. (cf. le RSI suivant) se retrouvent aussi dans le De subiecto: l’attribution de l’accident selon la fin (l’exercice physique), selon l’action (la plante médicinale) et selon le sujet (dans la mesure où il est constitué ou supposé par ce dernier). RSI : Dans le De orig. il manque une citation littérale, mais il est indubitable que Dietrich connaissait le texte d’Averroès sur les accidents. Il faut d’ailleurs noter que toutes les citations que Dietrich donne du commentaire du livre IV d’Averroès visent seulement le début qui porte sur les accidents ; il a donc très probablement connu directement cette partie du commentaire, mais on ne peut rien dire sur le reste du commentaire. IV) In l ib r u m V M e ta p hy s ic o r u m (ed. Ponzalli) n. 4) comm. 4, p. 83, l. 29-35 (nr) : vult (i.e. Aristoteles) DISTINGUERE secundum quot MODOS dicitur ELEMENTUM, quoniam ista nomina sunt propinqua synonymis et communibus appropriatis; ELEMENTUM enim non dicitur de causis EXTRINSECIS et dicitur de De orig., 1.(4), p. 138, l. 54-59 : Et haec istorum duorum MODORUM differentia habetur a Commentatore super V Metaphysicae, ubi DISTINGUIT rationem principii et ELEMENTI et CAUSAE secundum modum, qui dictus est, scilicet quod proprie causae sunt, quae sunt Averroès INTRINSECIS et dignius de materia. PRINBCIPIUM autem est dignius dici de CAUSIS EXTRINSECIS . 27 PRINCIPIANTIA rem EXTRINSECUS ; ELEMENTA vero, quae INTRINSECUS; principia autem sunt communiter et ea, quae EXTRINSECUS, et ea, quae INTRINSECUS rem initiant. 1 occurrence RSI : Ceci est un résumé fidèle du texte d’Averroès qui n’est toutefois pas une citation exacte, mais un discours indirect introduit par ubi distinguit. Notons aussi que Dietrich considère que « principes » se disent aussi bien les causes extrinsèques que les causes intrinsèques, tandis qu’Averroès considère qu’ils sont plus proprement dits pour les causes extrinsèques. n. 5) comm. 4, p. 89, l. 127-132 (nr): Et cum DIFFINITIO elementi sit illa PRAEDICTA quam diximus, manifestum est quod verum elementum est commune omnibus compositis, quod est PRIMUM EX QUO COMPONUNTUR omnia, et est existens in unoquoque eorum et in quo DISSOLVUNTUR omnia: et istud elementum debet esse causa aliorum elementorum. Et hoc quod dixit est PRIMA MATERIA . De elem., 1.(1), p. 59, l. 2-18 : Secundum Philosophum V Metaphysice (...). Secundum hoc autem, sicut dicit ibi Commentator, primo omnium dicitur de MATERIA PRIMA , quod patet ex DEFINITIONE PRAEMISSA . Ipsa enim est PRIMUM omnium, EX QUO COMPONUNTUR substantiae sensibiles generabiles et corruptibiles, inexistens ipsis et indivisum secundum formam. 1 occurence RAI : Dietrich résume le commentaire d’Averroès en se référant aussi au texte d’Aristote. Averroès et Dietrich traitent d’une definitio praedicta ou praemissa, mais chez Averroès elle concerne les éléments (diffinitio elementi praedicta) tandis que chez Dietrich il s’agit de la matière première (de materia prima patet ex definitione praemissa). Dans le texte de Dietrich qui précède ce fragment on ne trouve aucune discussion sur la matière première ; serait-ce alors une réminiscence de la source intermédiaire ? 28 Le poids de la citation n. 6) comm. 14, p. 130, l. 78-81 (nr) : Deinde dicit: et significatio uniuscuiusque istorum etc., id est: et SIGNIFICATIO UNIUCUIUSQUE NOMINUM NOVEM ACCIDENTIUM CUM SUA SIGNIFICATIONE SUPER ILLUD ACCIDENS EST SIGNIFICATIO SUPER UNUM PRAEDICAMENTUM, SCILICET PRAEDICAMENTUM SUBSTANTIAE (...). ibid., p. 130-131, l. 86-89: Sicut aestimavit AVICENNA , qui, cum vidit quod haec dictio « albus » significat aliquid in quo est albedo, DIXIT QUOD PRIMO SIGNIFICAT SUBIECTUM ET SECUNDO ACCIDENS . Sed EST ECONVERSO : SCILICET PRIMO SIGNIFICAT ACCIDENS ET SECUNDO SUBIECTUM. A CCIDENS ENIM INNATUM EST EXISTERE IN SUBIECTO. De acc., 13.(5), p. 72, l. 101-112 : (...) sicut dicit Philosophus V Metaphysice c. 9 (...). super quo dicit ibi Commentator: « S IGNIFICATIO UNIUSCUIUSQUE NOMINUM NOVEM ACCIDENTIUM CUM SUA SIGNIFICATIONE SUPER ILLUD ACCIDENS EST SUPER UNUM PRAEDICAMENTUM , SCILICET PRAEDICAMENTUM SUBSTANTIAE ». Et infra loquens contra AVICENNAM, qui DICEBAT , quod accidens « PRIMO SIGNIFICAT SUBIECTUM ET SECUNDO ACCIDENS », DICIT , QUOD « EST E CONVERSO », SCILICET quod accidens « PRIMO SIGNIFICAT ACCIDENS ET SECUNDO SUBIECTUM: ACCIDENS ENIM INNATUM EST EXISTERE IN SUBIECTO ». 1 occurrence RAP : citation parfaite. La correspondance que Dietrich indique explicitement entre le texte d’Aristote (cité correctement et avec adresse détaillée) et le commentaire d’Averroès, fait penser à un usage immédiat et simultané des deux autorités comme s’il avait sous les yeux le commentaire au livre V (ou un abrégé personnel) ; Dietrich se réfère même à la structure interne de celui-ci (et infra loquens). On notera aussi que le renvoi à Avicenne (contra Avicennam) est fait à partir du texte d’Averroès. Averroès 29 n. 7) comm. 14, p. 132, l. 117-133, l. 125 (nr): Qui enim intellexit de ente illud quod commune est decem praedicamentis, dixit quod collocatur in quaestionibus generis; et qui intellexit de ente illud quod intelligitur de vero, dixit quod collocatur in quaestionibus accidentis. Deinde dicit: Et sicut dicimus quod diameter est aequalis etc., id est; et hoc est aliud exemplum quo utitur in hac intentione. (...) Et intendebat distinguere inter hoc nomen ens quod significat copulationem in intellectu et quod significat essentiam quae est extra intellectum. comm. 16, p. 144, l. 121-124 : Deinde dicit: Et cum dicitur ens multis modis etc., id est: et cum hoc nomen ens dicitur de decem PRAEDICAMENTIS , ens quod est subiectum ALIORUM NOVEM entium est ante omnia entia, et ens ex quo fit substantia est etiam ante substantiam, et similiter ens in potentia dicitur prius ente in actu. De vis. beat., 3.2.9.1.(6), p. 86, l. 43-46 : Dividitur autem ens uno modo in ens reale repertum apud naturam, scilicet in substantiam et ALIA NOVEM genera PRAEDICAMENTORUM , et in ens in anima seu conceptionale, secundum quod dicit Commentator super V Metaphysicae. De vis. beat., 3.2.9.6.(1), p. 96, l. 92-96 : Quoniam autem prima divisione in suas partes dividitur ens in ens reale secundum naturam et in ens conceptionale seu cognitivum, inquantum videlicet est in cognitione seu conceptione, ut habetur super V Metaphysicae a Commentatore, descendendum nunc ad propositum ex consideratione huius secundi generis entis. 2 occurrences RSI : le texte de Dietrich correspond à la source : l’ens qui signifie chez Averroès la copulatio in intellectu a un équivalent dans l’ens in anima seu conceptionale chez Dietrich, et l’ens extra intellectum qui significat essentiam chez Averroès correspond à l’ens reale apud naturam chez Dietrich. On peut remarquer une nuance : Dietrich parle de l’ens in anima, Averroès de l’ens in intellectu. 30 Le poids de la citation Nous ajoutons le commentaire 16 comme source possible pour la discussion sur l’ens et les catégories de la substance. n. 8) comm. 16, p. 143, l. 112-118 : Spetierum igitur prioris et posterioris quaedam sunt ista quae determinavimus, et quaedam dicuntur priora naturaliter. (...) Et innuit quod divisio, qua ipse usus fuit in priori et posteriori, est quam dixit in fine Praedicamentorum, scilicet quinque genera famosa. comm. 18, p. 161, l. 90-93 (nr) : motus autem non est consuetudo ut mensuretur per suam partem sed per suum spatium aut per tempus, et ideo non nominavit illum in praedicamento quantitatis in Praedicamentis. Et illic solummodo intendit numerare speties famosas quantitatis. In Praedicamenta, f. 23rC : In secundo tractatu affert decem praedicamenta singillatim, et describit unumquodque eorum sua descriptione sibi propria : et dividit opsum in suas species famosas, et tradit eius propria quoque famosa. Voir aussi Epitome in librum Praedicamentorum (I/2, u3), f. 39rB : Et genera istorum universalium suprema ipsa sunt, quae vocant praedicamenta, et secundum quod numeraverunt ea Antiqui, sunt decem, substantiae De orig., 3.(12), p. 161, l. 90-95 : Et quoad istum secundum modum videntur entia distingui et ordinari logice et secundum famositatem, ut Commentator loquitur super V Metaphysicae et super III Physicorum, solum in decem genera, quae praedicamenta dicimus; et Philosophus hoc innuit in Praedicamentis, ubi dicit se enumerasse modos qualitatis, « qui consueverunt dici ». De magis, 4.(2), p. 50, l. 53-56 : Liber enim ille, videlicet Praedicamentorum, traditus est a Philosopho secundum famositatem quandam et probabilitatem magis quam secundum exquisitam veritatem, ut innuit ibidem Philosophus et commentator Averroes hoc manifeste dicit. De nat. contr., 10.(3), p. 91, l. 113118 : Nec obstat, quod Philosophus in libro Praedicamentorum enumerans modos oppositionum, ubi tractat de oppositis privative, agit solum de secundo modo hic praenominato, hoc, inquam, non obstat, quoniam de his et de aliis, quae in illo libro determinat, agit magis secundum quandam Averroès et novem accidentium, quae sunt quantitas, qualitas, quando, ubi, situs, relatio, habitus, actio et passio, et nos describemus unumquodque eorum eo brevius, quo possibile est nobis, licet secundum plurium non sunt necessaria propter intentionem nostram. 31 probabilitatem et famositatem quam secundum veritatem, ut dicit Averroes et patet ex pluribus sententiis illius libri. 1 occurrence FRSI (pour le De orig.) : au texte d’Averroès indiqué dans l’édition de Dietrich on peut ajouter encore un fragment (comm. 16) où l’on trouve toujours la description des catégories par l’attribut famosa et aussi un appel aux Praedicamenta, mais ce dernier renvoi ne se fait pas pour le même sujet chez Averroès et chez Dietrich. Cependant, aucun des deux passages d’Averroès ne contient telle quelle l’idée présentée par Dietrich (les étants se distinguent selon un ordre logique et selon la renommée). La formule (secundum famositatem) apparaît seulement dans le comm. medium super librum Peri hermeneias (differentia 3, par. 69, l. 92, ed. Hissette, p. 168): Sed affirmatiuam possibilem declinatam (uerbi gratia « possibile est ut non inueniatur ») quidem sequuntur secundum famositatem et magis scitum due: quarum una est negatiua necessaria declinata (que est dictum nostrum « non oportet ut non inueniatur ») et secunda est negatiua impossibilis declinata (que est dictum nostrum « non impossibile est ut non inueniatur ») 9. Pour des raisons que l’on ignore, les médiévaux attribuent cette même idée au commentaire du livre V de la Métaphysique. En voici quelques exemples : Jean de Jandun, Q. De anima (Venise 1587, réimp. Minerva, Frankfurt a. M., 1966), col. 240 : « Dico quod secundum famositatem et usum dicitur prius de forma dante esse, quia notior est nobis, sed secundum ordinem naturae rei (...) dicitur de forma secundo modo dicta, sicut in multis analogis, ut dicitur supra 5 Metaphysicorum ». Jean Buridan, Q. in Praedicamenta, q. 8 (ed. Schneider, Verlag der bayerischen Akademie der Wissenschaften, München 1983, p. 62) : « Et ideo dicendum est quod Aristoteles orationem et locum enumeravit inter species quantitatis loquens non secundum demonstrativam considerationem, sed secundum famositatem, sicut sepe fecit in isto libro maxime de illis, de quibus 9 Je remercie Luca Bianchi pour cette remarque. 32 Le poids de la citation specialis determinatio pertinebat ad alios passus philosophiae, ut dicit Commentator V Metaphysicae ». Et Ibid., q. 14 (éd. Schneider p. 104). Il est donc légitime de supposer que Dietrich fait usage d’une source secondaire, probablement d’un florilège. Dietrich cite parfois cette sentence, sans l’assigner à une autorité : « Si autem aliqua dicantur esse in genere substantiae, quae carent materia, hoc est per quandam famositatem et logicam considerationem, secundum quod dividitur genus substantiae per corporeum et incorporeum et cetera » (Q° utrum sub. spir. sit comp., III.(8), p. 37, l. 5154). FRAI (pour le De magis et De nat. contr.) : Malgré la présence des mots qui devraient préciser l’adresse (ibidem Philosophus... Averroes dicit / patet ex sententiis illius libri), il est difficile de déterminer l’ouvrage auquel Dietrich fait référence. Dans les deux cas, les éditeurs notent pour le renvoi à Aristote les Catégories VII, VIII et XV, et pour le renvoi à Averroès les commentaires à la Métaphysique V (comm. 18, 161, l. 90-93) et aux Catégories I, II et III. La phrase telle quelle ne s’y trouve pas, les mots famositas, probabilis ou probabilitas n’apparaissent même pas dans le commentaire au livre V de la Métaphysique. Cependant, l’expression « magis secundum famositatem quam veritatem » en relation avec les Catégories d’Aristote se lit aussi chez (Ps.) Siger de Brabant, Q. super Physicam (ed. Delhaye, Institut supérieur de philosophie, Louvain 1941, p.154) : « Et secundum istorum opinionem Aristoteles libro Praedicamentorum, loquebatur enim ibi magis secundum famositatem quam secundum rei veritatem ». Ce sont les seuls cas dans l’œuvre de Dietrich où les renvois à Averroès par le biais de l’adresse d’Aristote ne correspondent pas à la source. Notre option de les inclure dans le tableau et de les discuter les appels au commentaire de la Métaphysique se justifie, malgré ce désaccord évident avec les éditeurs, par la ressemblance thématique avec les autres citations sur le même sujet. La même sentence, sans être attribuée à des autorités, se lit dans d’autres œuvres : De orig., 3. (15), p. 162, l. 113-115. Ces deux FRAI ne sont pas comptés ici, mais comme des renvois au commentaire des catégories. Averroès 33 n. 9) Le texte d’Aristote, Metaphysica V, 1020b 19-20 : QUALITAS igitur fere dicitur duobus modis, quorum unus EST VERUS. Le commentaire correspondant d’Averroès, comm. 19, p. 164, l. 42-53 : Et supponit hoc in hoc genere, quia ista sunt de suis SUBSTANTIIS QUASI FORMAE SUBSTANTIALES DE SUBSTANTIIS . (...) Deinde dicit: Qualitas igitur dicitur etc., id est: et cum ita sit sicut narravimus, ergo qualitas dicitur de illo secundum quod differunt res in suis substantiis, scilicet de formis suis. comm. 19, p. 163, l. 35-37 (nr): Et qualitas quae dicitur primo modo est illa quae dicitur de illo secundum quod differunt substantiae ab invicem, scilicet de spetiebus et generibus substantialis. De nat. contr., 57.(1), p. 124, l. 5862 : Ubi enim aliqua forma essentialius et realius qualificat sive QUALITATIVE informat secundum rationem entis, ibi per prius invenitur ratio huius nominis. Unde Philosophus in V Metaphysicae et Commentator ibidem dicit, quod intentio sive modus huius nominis, qui invenitur in substantiis, EST VERUS . De anim., 37.(2), p. 45, l. 9-15 : Dicitur etiam et est ipsa forma qualitas, sed substantialis, ut habetur in V Metaphysicae in c. de qualitate, immo ipsi formae substantiali primo impositum est nomen qualitatis, ut dicit ibi Commentator : et secundum hoc FORMA SUBSTANTIALIS EST QUAEDAM SUBSTANTIAE SUBSTANTIALIS dispositio. 2 occurrences RAI : Dans les deux fragments l’autorité d’Averroès accompagne une citation d’Aristote (dans le De anim. avec une adresse très détaillée : « in V Metaphysicae in c. de qualitate »). Selon l’Averroès cité dans le De nat. contr., le premier nom que l’on attribue à la forme substantielle est celui de la qualité. Pour la même doctrine d’Aristote, Dietrich rappelle dans le De anim. que pour Averroès selon lequel la forme substantielle est une disposition substantielle de la substance (idée qui n’apparaît pourtant pas chez le Cordouan). La première citation, sur le rapport entre qualitas et verus, dépend en réalité du texte d’Aristote (Metaph., V, 1020b 19-20) et non du commentaire respectif d’Averroès. Même s’il utilise l’expression « et Commentator ibidem dicit », Dietrich introduit en réalité une idée qui se trouve seulement chez Aristote. 34 Le poids de la citation La seconde citation, sur la dispositio substantialis, ne se lit pas non plus dans le commentaire du chapitre sur la Qualitas et nous ne l’avons pas trouvée ailleurs. Cependant, nous avons constaté une certaine parenté avec le commentaire 19 (164, l. 42-51). On ne peut rien dire sur la connaissance directe de la source. n. 10) comm. 19, p. 164, l. 42-51 (nr): Et secundum intentionem propinquam hoc dicitur qualitas constans circa quantitatem secundum quod est quantitas, quoniam per illam differunt quantitates in suis substantiis. (...) Et hoc intendebat cum dixit: Ista est qualitas per quam differt substantia. Et intendit substantiam quantitatum, non illud quod est substantia simpliciter. Et supponit hoc in hoc genere, quia ista sunt de suis substantiis quasi formae substantiales de substantiis. 1 occurrence De nat. contr., 64.(1)-(2), p. 128, l. 87 - 129, l. 102 : Secundum hoc non obstat, si quis opponat, quod secundum Philosophum et Commentatorem super V et VII Metaphysicae huiusmodi formae, quae videntur esse de quarta specie qualitatis, sunt essentiales formae ipsarum quantitatum. Sed dicendum, quod id de genere istarum formarum, quod primo et per se est in genere qualitatis relatum ad quantitatem, non est nisi proprietas et per se accidens quantitatis, et secundum hoc huiusmodi formae dicuntur essentiales quantitati, non tamquam principium essentiale essentialiter informans, sed sicut proprietates ex essentialibus principiis elicitae, vel potius secundum intentionem Philosophi et Commentatoris huiusmodi proprietates reductae ad genus qualitatis important de intellectu suo etiam suarum specierum formales rationes, quae secundum hoc ex consequente pertinent ad genus qualitatis. Averroès 35 RAI : On a un renvoi enchaîné à plusieurs textes de la même autorité, donc on ne chercherait pas une citation exacte. Dans les statistiques, on ne considérera d’une manière distincte les deux évocations parce que la seconde n’est différente de la première ni dans la doctrine ni dans l’argumentation. La seconde évocation ne sera pas comptée en plus par rapport à la première étant donné qu’elle n’apporte rien de nouveau au niveau doctrinal, mais renforce seulement ce qui a été déjà souligné avec la première citation. Pour le renvoi au commentaire du livre VII de la Métaphysique, voir infra, n. 18. n. 11) comm. 19, p. 167-168, l. 105-111 (nr): et Aristoteles hoc non videtur numerare in qualitate genus quod dicitur secundum POTENTIAM ET IMPOTENTIAM NATURALEM. Ista enim SUNT propter PRAEPARATIONES et actiones, ET POTENTIAE NON QUALITATES IN ACTU ; SUNT et istae praeparationes consequuntur qualitates substantiales. (...) NON EST PERSCRUTATUS DE ILLIS IN VII PHYSICORUM UTRUM IN EIS SIT MOTUS an non. De nat. contr., 55.(3), p. 123, l. 1118 : Et quoniam ratio talis attributionis non invenitur vel imperfecte invenitur in naturali potentia vel impotentia aliquid facile faciendi vel patiendi, quam in libro Praedicamentorum assignat secundam speciem qualitatis, ideo in agendo de qualitate in V Metaphysicae praeterit ipsam, nihil de ea agens. Et hoc innuit Commentator super finem praedicti capituli, ubi dicit, quod huiusmodi « POTENTIA ET IMPOTENTIA NATURALIS SUNT PRAEPARATIONES , ET POTENTIAE NON QUALITATES IN ACTU . Et propter hoc etiam IN VII P HYSICORUM NON EST PERSCRUTATUS DE ILLIS , UTRUM IN EIS SIT MOTUS », ut Commentator dicit ibidem. De nat. contr., 59.(3), p. 126, l. 102106 : Verius tamen est ipsis non attribui aliquam qualitatis realitatem, sicut innuit Philosophus in libro 36 Le poids de la citation Praedicamentorum, ubi dicit, quod huiusmodi non dicuntur qualitates in eo, quod substantiam aliquo modo disponant. Et Commentator hoc expresse dicit, scilicet quod « NON SUNT QUALITATES », ut supra inductum est. 2 occurrences RAP : Il s’agit d’une citation littérale avec une adresse très précise (super finem predicti capituli). On doit noter que dans la première citation Dietrich renvoie à Aristote (in VII Physicorum) à partir d’une citation littérale d’Averroès : il s’agit-là d’une preuve importante que tous les renvois à Aristote ne sont pas directs. Les guillemets que nous mettons dans le texte de Dietrich (mais absentes dans l’édition) montrent clairement ce renvoi à la Physique par l’entremise d’Averroès. Nous proposons en conséquence quelques corrections à l’édition de Dietrich : 1) que le renvoi à Aristote soit indiqué dans l’apparat des sources comme provenant d’Averroès ; 2) que l’on modifie la ponctuation de la phrase (comme dans le tableau) « sunt praeparationes et potentiae, non qualitates » en « sunt praeparationes, et potentiae non qualitates » ; ce changement rend mieux compte de l’idée d’Averroès selon laquelle potentia et impotentia naturelles sont considérées comme des préparations et que les puissances ne sont donc pas de qualités en acte ; 3) que la citation d’Averroès soit encadrée par des guillemets puisqu’elle est copiée sans variations. Nous considérons la seconde évocation comme un RAP et non comme un RcG parce que Dietrich rappelle l’endroit (ut supra dictum est) où il a cité, avec adresse, le fragment d’Averroès. Cette citation correcte nous oblige à revenir sur la question de l’usage direct du commentaire 19 dans le livre V de la Métaphysique. Nous avons signalé les cinq endroits (n. 9-11) où Dietrich y a fait appel, dont quatre dans le De nat. contr. ; sur les cinq fragments, on compte trois thèmes distincts, dont un seulement n’a pas de correspondance littérale ou doctrinale parfaite. Nous ne pouvons donc rien affirmer avec certitude sur la connaissance et l’usage directs de ce commentaire, notamment dans la composition du De nat. contr., mais nous estimons comme plutôt probable son usage immédiat. Averroès 37 n. 12) comm. 20, p. 176-177, l. 135-150 (nr): (…) quod autem est de modo relativorum sicut intellectum et scitum et sensatum dicitur esse relativum quia illud quod est relativum per suam substantiam accidit ei, scilicet quod intellectus est in sua substantia relativus, cum accidit ei quod fuit relativum intellecti; accidit intellecto quod fuit relativum non quia relatio accidit ei. Hoc igitur intendit cum dixit: Talia esse relativa, scilicet quia aliud relativum per suam substantiam praedicatur de illis. Et quasi dixit quod relatio est duobus modis, scilicet aut relatio in substantia utriusque relativi, aut relatio in substantia alterius tantum et in altero propter istud. Et cum induxit hos duos modos relationis, incepit declarare naturam secundi modi, et dixit: Intellectum enim significat etc., id est: intellectus non refertur ad intelligentem sed ad intellectum. Quoniam si ita esset, tunc intellectus constitueretur per intelligentem, sed videtur esse e converso. Ex quo consequeretur quod illud quod constituitur per aliquid constituat illud, scilicet quia contingit ut causa constitueretur per causatum. Et sic idem esset in respectu eiusdem causa et causatum insimul. De orig., 5.(20), p. 185, l. 146-149 : Maxime autem hoc manifestum est de intellectu, qui per se habet habitudinem ad id, quod est intelligibile, sicut sensus ad sensibile, ut dicit Philosophus in V Metaphysicae, ubi dicit Commentator, quod in essentia intellectus est habere talem habitudinem. Frag. de rat. pot., (24), p. 382, l. 187-191 : Unde Philosophus V Metaphysicae dicit, quod intellectus per se habet habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensibile; ubi dicit Commentator quod in essentia intellectus est habere talem habitudinem, et super De anima dicit, quod potentiae sensitivae sunt in capitulo ad aliquid sive relationis. De vis. beat., 3.2.6.(3), p. 79, l. 2430 : Eodem modo in respectibus naturae se habet, qui sunt vel quaedam inclinationes naturales rerum ut inclinatio gravium et levium ad sua propria loca vel saltem qualitercumque reales naturales habitudines rerum ad res, ut activum secundum naturam se habet aliquo modo ad passivum et e converso passivum ad activum et intellectus ad intelligibile, qui per essentiam suam respicit obiectum suum secundum Commentatorem super V Metaphysicae, id est per respectum fundatum in sua 38 Le poids de la citation essentia suum. respicit obiectum De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58, l. 98, 59, l. 102 : Supposito igitur primo, quod et per se notum est, videlicet quod divina essentia est intellectus in actu essentialiter, sumatur iuxta hoc, quod omnis intellectus in eo, quod intellectus, essentialem respectum habet ad id, quod intelligitur, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, et non solum ad id, quod intelligitur secundum rationem obiecti (…). Utrum in Deo, 1.4.2.1.(3), p. 297, l. 47-51: Habet enim intellectus quantum ad proprium modum cognoscendi essentialem ordinem ad suum obiectum, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, qui ordo attenditur in eo modo cognoscendi, quo res cognoscitur in sui ratione et per principia secundum rationem. 3 occurrences FRAI (pour le De orig., le Frag. de rat. pot. et le De vis beat. 3.2.6.(3), p. 79) : Il est très probable que Dietrich n’utilise pas directement Averroès et que la source secondaire dont il dépend ait utilisé le texte de Jean Philophone en l’attribuant à Averroès. Voici le texte de Philopone où apparaît exactement la même expression que Dietrich utilise : « Oportet enim intellectum habitudinem habere ad id quod intelligitur et velut tangere ipsum. (...) Quare si patitur intellectus ab intelligibilibus, intelligens ipsa, erit utique habens aliquid commune ad intellecta ab ipso a quibus patitur. Sic autem non utique erit sine mixtura neque impassibilis neque ad nihil non habens aliquid commune a quibus patitur » (In De anima III, ad 429b Averroès 39 22-25, éd. G. Verbeke, Éditions Béatrice-Nauwelaerts, Paris 1966, p. 30, l. 3-11). Comme la sentence citée dans le De orig. et dans le Frag. de rat. pot. est la même et plus proche de Jean Philopone que d’Averroès, nous pourrons la considérer comme un faux renvoi ; cependant, étant donné que dans les autres œuvres il se réfère toujours à Averroès pour le même thème, avec d’autres mots, et que ce thème se trouve chez celui-ci, nous les considérons comme des RI et non comme des FR. FRSI (pour le De vis. beat. 1.3.3.(11), p. 58, l. 98 et Utrum in Deo) : On observe que Dietrich n’est pas précis dans ses indications : dans la même œuvre, le De vis. beat., il renvoie une fois au commentaire du livre V et une fois au commentaire du VII, qui est aussi le renvoi dans Utrum in Deo. Le problème du renvoi au livre V et au VII peut s’expliquer par une faute dans la transmission du texte (une faute expliquable du copiste – et les éditeurs ne signalent aucun problème à propos de cet extrait). Ou estce le résultat des deux moments d’écriture du De vis. beat. ? Une première fois, il aurait employé une source (secondaire) et, une seconde une fois, une autre source (secondaire), sans revenir sur le texte pour uniformiser les renvois. Ces deux FRSI sont comptés comme des renvois au commentaire livre VII. n. 13) comm. 32, p. 221, l. 74-77 (nr) : Deinde dicit : Et cum hoc etc., id est: neque omnia quae existunt secundum totum ex quibus diminuitur aliquod membrum quodcumque MEMBRUM sit dicuntur DIMINUTA : illud enim membrum potest esse tale ex quo constituitur illud totum, ut COR in animali. comm. 1, p. 64-65, l. 51-55 : Et dicitur etiam etc., id est: et dicitur initium prima pars generata in aliquo eorum quae generantur in partibus diversis, v.g. quoniam De magis, 31.(2), p. 67, l. 81-68, l.8 8 : Sunt enim quaedam partes principales, quae sunt radix et fundamentum talis substantiae, immo sunt primo et principaliter substantia talis individui, puta caro et os et inter membra officialia COR , caput et CEREBRUM et si qua sunt talia, quibus ablatis non maneret idem individuum numero, tale non esset MEMBRO DIMINUTUM, sed simpliciter destructum secundum Philosophum et Commentatorem in V Metaphysicae, ubi ponit Commentator exemplum de 40 Le poids de la citation initium parietis est fundamentum, et initium navis est lignum curvatum, et principium animalis est primum MEMBRUM generatum in eo, v.g. COR aut CEREBRUM aut aliud. CORDE et de istis partibus. 1 occurrence RAI : Dietrich reprend l’essentiel du commentaire d’Averroès sur le texte d’Aristote : des parties principales ou centrales sont au fondement de la substance ou de l’individu, comme le cœur ou le cerveau le sont pour les animaux ; il faut alors dire que l’individu est ces parties principales. Averroès traite ce thème non seulement dans le commentaire 32 (comme l’indique l’édition de Dietrich) mais aussi dans le commentaire 1. Dietrich pouvait connaître cet exemple par une source intermédiaire (surtout qu’il apparaît à plusieurs endroits dans le commentaire sur le même livre V) ; ce renvoi ne donne aucun renseignement certain sur l’usage direct de la source. Les deux occurrences du nom Commentator (et Commentatorem in V Metaphysica, ubi ponit Commentator) ne sont évidemment pas comptées comme deux renvois distincts. IV) In l ib r u m V II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 14) comm. 3, 154rE (nr): Deinde dicit: S EDENS ENIM ET STANS etc., id est et causa in hoc est, QUONIAM ACCIDENTIA , VERBI GRATIA STANS ET SEDENS , NON DICUNTUR ISTIS , et ESSE ENTIA SINE accepit hoc nomen denominativum pro accidente tantum. DEINDE DICIT : MANIFESTUM EST IGITUR ETC., ID EST ET CUM HOC DECLARATUM SIT DE SUBSTANTIIS , MANIFESTUM EST , QUOD SUBSTANTIAE SUNT De acc., 10.(3), p. 67, l. 78-85 : Unde versus principium VII, aliquantulum post supra inductam auctoritatem, dicit Philosophus: « S EDENS ENIM ET STANS non dicuntur sine hoc. Manifestum est igitur, quod haec est causa essentiae istorum ». super quo dicit ibi Commentator : « QUONIAM ACCIDENTIA , VERBI GRATIA STANS ET SEDENS , NON DICUNTUR ENTIA SINE ISTIS ..., ET CUM HOC SIT DECLARATUM DE SUBSTANTIIS , MANIFESTUM EST , Averroès CAUSAE ACCIDENTIUM NON SUNT SUBSTANTIAS . ESSENTIAE ET ACCIDENTIA NISI PROPTER 41 QUOD SUBSTANTIAE SUNT CAUSAE ESSENTIAE ACCIDENTIUM ET ACCIDENTIA NON SUNT NISI PROPTER SUBSTANTIAS ». 1 occurrence RAP : Une citation très correcte du texte d’Averroès. Dietrich lit Aristote avec les explications ponctuelles du Commentateur. La citation d’Aristote est également parfaite et avec une adresse très détaillée (versus principium VII <Metaphysice>). On a donc affaire à un usage direct d’Averroès, mais la question peut légitemement se poser (comme dans les cas précédents) : lit-il et cite-t-il directement Aristote ou par l’entremise du commentaire d’Averroès ? n. 15) comm. 7, 215vK (indication de l’édition pour le De acc.): N OMEN enim non significat REM, nisi SECUNDUM QUOD EST IN ACTU . (indication de l’édition pour le De quid., comm. 43, 196rA: Et materia non praedicatur de re nomine principali. Deinde dicit: Diferrentiae autem, etc., id est potest intelligi, differentiae autem percussionum faciunt formam literarum ex sono. Videtur enim quod intendit hic per formas literarum syllabas prolatas et per literas elementa. Et forte intendit differentiae autem acceptae in definitionibus literarum, sunt illa, quae faciunt formas literarum, et literas esse ex sono, idem faciunt eas esse ex natura soni.) 2 occurrences De acc., 22.(4), p. 84, l. 29-33 : Ratio enim, quam significat nomen, est definitio secundum Philosophum in IV Metaphysicae; NOMINA autem imposita sunt REBUS , secundum QUOD SUNT IN ACTU , sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae; non enim homo est res existens homo in potentia. De quid., 2.2, p. 100, l. 11-12 : Dico autem rationem rei, quam significat nomen, et est definitio secundum Philosophum IV Metaphysicae. N OMEN enim semper imponitur REI quantum AD ACTUM suum, ut dicit Commentator super VII. 42 Le poids de la citation RAP : Les noms sont imposés aux ou signifient les choses dans la mesure où celles-ci sont en acte, constate Dietrich en citant Averroès. La même phrase (ratio significat nomen) tirées du livre IV de la Métaphysique d’Aristote est accompagnée (dans les deux fragments) par la même sentence provenant du commentaire d’Averroès au livre VII de la Métaphysique : règle de la citation unique. On a ici un renvoi enchaîné à des autorités différentes, forgé probablement dans un florilège ou dans une autre source secondaire. L’expression se lit aussi dans Thomas d’Aquin parfois sans adresse, mais accompagnée d’une référence soit à Aristote et Avicenne, soit à Aristote et la Bible. En voici deux exemples : « Ad secundum dicendum, quod, secundum Avicennam, dupliciter definitio potest considerari: vel secundum id quod significatur per definitionem, vel secundum intentionem definitionis. Si primo modo, tunc idem est significatum per definitum et definitionem: unde dicit Philosophus, quod ratio quam significat nomen, est definitio » (In I Sent., d. 25, q. 1, art. 1, r 2) ; « Et hoc patet in nominibus generum et specierum, prout dicitur IV Metaphysice, ratio enim quam significat nomen, est definitio, quae designat propriam rei naturam. Nomina autem singularium hominum semper imponuntur ab aliqua proprietate eius cui nomen imponitur. Vel a tempore, sicut imponuntur nomina aliquorum sanctorum his qui in eorum festis nascuntur. Vel a cognatione, sicut cum filio imponitur nomen patris, vel alicuius de cognatione eius; sicut propinqui Ioannis Baptistae volebant eum vocare nomine patris sui Zachariam, non autem Ioannem, quia nullus erat in cognatione eius qui vocaretur hoc nomine, ut dicitur Luc. I » (Summa theologiae, III, q. 37, art. 2, co.). n. 16) comm. 11, 161vI-K (nr): Deinde dicit: Essentia enim superficiei etc., id est ALBEDO ENIM NON EST QUIDITAS SUPERFICIEI , QUANDO DICIMUS QUOD SUPERFICIES EST ALBA , SICUT RATIONABILITAS EST QUIDITAS ANIMALIS QUONIAM (forsitan : quando) DICIMUS ANIMAL RATIONE. Deinde dicit: Et hoc propter additionem, quae est in sua definitione, id est quoniam compositum ex duobus definitur De orig., 4.(27), p. 176, l. 264-275: (…) quod est contra Philosophum et Commentatorem VII Metaphysicae, ubi ostenditur, quod, si genus divideretur per aliqua existentia extra naturam generis, definitio non esset una, sicut hoc, quod est superficies alba, non est per se unum ea unitate, quae est unitas definitionis, sicut est animal rationale. Album enim est extra Averroès composite ex duobus definitur composite ex duabus definitionibus illorum duorum et ideo sequitur, ut definitio albi sit composita ex definitione subiecti albedinis. 43 naturam et quiditatem superficiei, rationale autem non est extra naturam animalis; unde Philosophus in VII Metaphysicae: « Essentia enim superficiei non est essentia albedinis »; Commentator ibidem: « ALBEDO ENIM NON EST SUPERFICIEI, QUANDO SUPERFICIES ALBA , RATIONABILITAS EST ANIMALIS , QUANDO ANIMAL RATIONALE ». QUIDITAS DICIMUS : SICUT QUIDITAS DICIMUS : 1 occurrence RAP : On ne considérera pas distinctement les deux renvois (et Commentatorem VII Metaphysicae ; Commentator ibidem) au même fragment d’Averroès (et d’Aristote) car le second (avec la citation) ne fait qu’apporter la preuve textuelle pour la théorie annoncée quelques lignes auparavant (la doctrine est donc la même et sa place et son rôle dans l’argumention de Dietrich sont identiques). Le résumé correct de l’ensemble de la doctrine ainsi que la citation exacte nous font supposer que Dietrich connaît et utilise directement ce fragment d’Averroès. n. 17) comm. 14, 164rE (nr): Deinde dicit definitionem autem simpliciter non habebunt etc., id est definitionem simpliciter non habebunt, nec quiditatem simpliciter, id est dantem esse et quasi dicit, et ista NON HABENT definitionem simpliciter, quia non habent QUIDITATEM simpliciter. 1 occurrence De acc., 12.(4), p. 69, l. 30-33 : « Hoc enim », sicut dicit Philosophus in VII, « non est nisi substantiarum tantum ». Et infra loquens de accidentibus dicit: « Definitionem autem NON HABENT neque illud, quod est per essentiam », id est « QUIDITATEM », sicut exponit Commentator. 44 Le poids de la citation RAP : Ce n’est pas une citation dans le sens habituel du terme parce que Dietrich reprend seulement l’identification faite par Averroès entre simpliciter et quiditas. Cependant, nous le considérons comme un RP parce que cette attention particulière pour le sens du mot montre une connaissance immédiate du texte du Cordouan. On notera d’ailleurs que Dietrich cite attentivement la division du texte d’Aristote (et infra ...) et ajoute immédiatement la lecture d’Averroès pour une interprétation plus nuancée. On peut en déduire que Dietrich lit Aristote en ayant sous les yeux le commentaire respectif d’Averroès. n. 18) comm. 14, 164vI (nr): Deinde dicit: Et qualitas etc., id est et ita est de praedicamento QUALITATIS etiam in hoc, sicut de aliis praedicamentis. Et appropriavit qualitatem, ut mihi videtur quoniam hoc nomen quale existimatur significare substantiam, cum quod interrogatur per ipsum in speciebus, quae significant substantias, et in individuis, significat praedicamentum, quod dicitur quale, quod numeratur in accidentibus. comm. 35, 187rB-C (nr): Et dixit totum hoc, quia ista est dispositio recti cum acuto, et circuli cum suis partibus, et universaliter generum cum partibus quae sunt secundum quantitatem. Et quasi aequat partes rei secundum qualitatem cum eis, quae sunt secundum quantitatem quoniam prioritas qualitatis est prioritas formae, et prioritas partium quantitatis est prioritas materiae, et totum est prius parte prioritate formae. De nat. contr., 64.(1), p. 128, l. 8791 : Secundum hoc non obstat, si quis opponat, quod secundum Philosophum et Commentatorem super V et VII Metaphysicae huiusmodi formae, quae videntur esse de quarta specie QUALITATIS , sunt essentiales formae ipsarum quantitatum. Unumquodque autem reponitur in genere secundum formam suam. Igitur quantitas non erit nisi in genere qualitatis, quod patet esse falsum. Averroès 45 1 occurrence RSI : Nous avons déjà vu (cf. n. 10) que la phrase que Dietrich cite ici ne se retrouve pas dans le commentaire du livre V ; elle n’apparaît pas non plus dans le commentaire du livre VII. n. 19) comm. 16, 165vM (nr) : Et hoc est manifestum etc., id est declaratum est igitur ex hoc sermone, quod DEFINITIO primo modo, et SIMPLICITER , et QUIDITAS simpliciter, quam significat definitio, est SUBSTANTIARUM et manifestum est, quod alia entia habent definitiones similiter, sed non primo modo, sciliter simplici, sed secundario. comm. 19, Quod autem declaratum sermone 168rF: Deinde dicit: definitio etc., id est est igitur ex hoc quod DEFINITIO SIMPLICITER est sermo, qui significat QUIDITATEM rei, et quod QUIDITAS NON INVENITUR NISI IN SUBSTANTIIS tantum, aut magis in substantiis et modo priori et simpliciori. L’édition des oeuvres de Dietrich renvoie pour la seconde évocation du De quid.(8.(4), p. 112) au comm. 34, 184rDF. En raison de sa longueur nous ne transcrivons pas ce texte qui ne correspond d’ailleurs pas à la doctrine décrite par Dietrich. Dans l’édition du De acc., les éditeurs font une longue liste des passages où Averroès traite de la définition et de la quidité dans le commentaire au livre VII de la Métaphysique; nous transcrivons ces De quid., 7.(2), p. 109, l. 19-21 : Hoc autem, quod cum praedictis de ratione quiditatis complet rationem quiditatis, quae vere et proprie QUIDITAS est, colligimus manifeste a Philosopho et a Commentatore VII Metaphysicae. De quid., 8.(4), p. 112, l. 32-38 : (...) investigat Philosophus in VII ex proprietate et modo definitionis et quaestionis per ‘quid est’ vel ‘quare est’ ostendens, quod quiditas, quae vere et simpliciter est QUIDITAS , IN SOLIS SUBSTANTIIS INVENITUR et quod solum substantiae proprie et SIMPLICITER habent DEFINITIONEM, quae secundum Philosophum et Commentatorem solam formam significat, quamvis definiat totum compositum. De acc., 12.(2), p. 68, l. 6-9 : (2) Quantum autem ex eodem VII colligitur ex textu et Commentatore, quiditas secundum Philosophum in rebus compositis est forma, quam significat definitio; quamvis autem solam formam significet definitio, definit tamen totum compositum. 46 Le poids de la citation indications, tout en notant que la sentence citée par Dietrich ne s’y retrouve pas : c. 8; 159rF-vG; c. 21, 170vM; c. 33, 182vM; c. 34, 184rD-F, 184vG; c. 35, 187vG; c. 37, 189rC; c. 40; 193vI; c. 44, 197rE; c. 53, 202rA-B; c. 59; 207rF-vG. De acc., 15.(2), p. 73, l. 20-24 : Quam formam significat definitio definiens nihilominus totum compositum et notificans in eo, quod quid est, secundum quod habetur a Philosopho et Commentatore in VII et a Boethio in libro De Trinitate, ubi pertractat, quomodo esse est a forma et non a materia: Esse, inquam, in eo, quod quid est. 4 occurrences RAI : On reconnaît la règle de la citation unique : deux renvois dans le De quid. et deux dans le De acc. avec la même sentence portant sur le même thème. Le second renvoi du De quid. est un RA et non un RcA parce que, peu avant le renvoi à Averroès, Dietrich mentionne le livre VII de la Métaphysique d’Averroès. Dietrich semble résumer (ostendens quod) la doctrine d’Aristote selon des formules reprises d’Averroès (quiditas non invenitur nisi in substantiis). Cependant, ce que Dietrich signale comme une citation, à la fois dans le De quid. et dans le De acc., ne se trouve pas chez Averroès. Quelques correspondances littérales et doctrinales entre le second renvoi du De quid. et la source (comm. 19) nous font pourtant supposer une certaine familiarité avec le commentaire d’Averroès. n. 20) comm. 21. 171rA (nr) : Deinde dicit : ex hoc igitur sermone etc., ex istis igitur sermonibus, quos diximus, apparet quod quid et sua quiditas sunt idem, et quod non sunt idem per accidens, v.g. quoniam homo et sua quiditas, que est animal rationale, sunt idem non separabiles, et similiter RATIONALITAS et ANIMALITAS , que sunt in eo, sunt idem in actu et duo in potentia. De quid., 7.(5), p. 110, l. 64-67: ... ut Philosophus ostendit in VII, puta animal, rationale quantum ad hominem. Sunt enim essentialiter unum et idem ANIMAL et RATIONALE , ut dicitur super VII, quamvis ratione seu intentione differant, ut id, quod nomine animalis importatur, significetur tamquam minus determinate, rationale autem significet idem illud magis determinate. 47 Averroès 1 occurrence RcGAI : Littéralement il n’y a pas de ressemblance entre Dietrich et Averroès ; doctrinalement cependant on constate une réelle similitude. On notera cependant que l’identité en acte et la dualité en puissance postulées par Averroès sont totalement absente chez Dietrich. Les ometil volontairement ou par inadvertance ? Il est difficile de le préciser. n. 21) comm. 35, 187rE-F (nr): Nulla enim est diuersitas quo ad hoc, quod opinatur, quod nomen dicitur de prima parte, quando separatur a vita aequivoce cum eo existente in vita. Nullus enim dubitat quod, quando in istis non fuerit FORMA , quod tunc nomen eius non simpliciter dicetur de eis nisi AEQUIVOCE. De orig., 4.(12), p. 171, l. 94-98 : Primo quidem, quia, si per eandem FORMAM substantialem caro est caro in animali vivo, per quam est caro post mortem animalis, sequitur, quod caro animalis vivi et mortui non est AEQUIVOCE caro; quod est contra Philosophum et Commentatorem in VII Metaphysicae. 1 occurrence RAI : Renvoi enchaîné à deux autorités, donc la citation ne peut pas être exacte. Dietrich résume avec fidélité Averroès, qu’il pouvait connaître soit directement, soit par une source secondaire. n. 22) comm. 60, 208rE-vG (nr) : Deinde dicit : verbi gratia quare haec est domus ? Id est, verbi grati QUARE haec EST DOMUS ? quia est facta ex hoc, scilicet LATERIBUS ET LAPIDIBUS , quoniam essentia DOMUS debet esse ex istis. Aut quare hoc est homo ? quia est GENERATUS EX HOC, et hoc, SCILICET EX REBUS , EX QUIBUS CONSTITUITUR CORPUS De quid., 3.2, p. 102 : Ponit igitur Philosophus exemplum in artificialibus et naturalibus. In artificialibus quidem, ut QUARE LAPIDES DOMUS , ET LATERES SUNT ubi quaeritur de forma, quae est quasi quiditas DOMUS, scilicet coopertorium. In naturalibus autem, ut quare GENERATUS EX HOC, SCILICET EX REBUS , EX QUIBUS 48 Le poids de la citation PROPRIUM HOMINI . Deinde dicit : IGITUR MANIFESTUM EST , QUOD QUAERITUR CAUSA , QUAE EST MATERIA ETC ., id est, MANIFESTUM EST IGITUR , QUOD quandoque QUAERITUR CAUSA , QUAE EST MATERIA PER QUARE , ET EST FORMA , PROPTER QUAM EST MATERIA , et est substantia rei. Et ista natura est illa, cuius quiditas, et forma est recipere formam. Deinde dicit : MANIFESTUM EST IGITUR, QUOD IN SIMPLICIBUS etc., id est cum hoc sit declaratum, MANIFESTUM est, quod IN rebus SIMPLICIBUS non compositis non QUAERITUR CONSTITUITUR CORPUS PROPRIUM HOMINIS , est homo. Et subdit: « MANIFESTUM EST IGITUR , QUOD QUAERITUR CAUSA MATERIAE, ET ISTA EST FORMA EIUS , QUOD HABET ALIQUID , ET EST SUBSTANTIA ». Commentator : « MANIFESTUM EST IGITUR , QUOD QUAERITUR CAUSA , QUAE EST MATERIAE PER QUARE , ET EST FORMA , PROPTER QUAM EST MATERIA . MANIFESTUM EST IGITUR, QUOD IN SIMPLICIBUS » non est quiditas. NEQUE PER QUARE NEQUE PER QUID , sed quaestio in istis erit alio Et per consequens ipsorum non est definitio eo, QUOD IN essentia SIMPLICIS non est distinctio alicuius multitudinis NEC de eis habet locum QUAESTIO PER modo. PROPTER QUID VEL PER QUARE comm. 59, 207vI (nr) : Et IDEO ILLUD QUOD EST SIMPLEX IN REI VERITATE, NON HABET DEFINITIONEM, NEQUE QUAERITUR PER QUARE . secundum praedicta. Unde Commentator super VII in fine penultimi capituli dicit sic: « IDEO ID, QUOD EST SIMPLEX IN REI VERITATE NON DEFINITIONEM QUAERITUR PER QUARE HABET NEQUE ». 2 occurrences RAP : Deux citations explicites, longues et correctes du texte d’Averroès et une citation implicite (generatus ex hoc ... proprium hominis) qui n’est pas signalée dans l’édition (et que Dietrich laisse entendre comme provenant d’Aristote). Dietrich commente le texte d’Aristote selon la division faite par Averroès et en reprennant les mots de celui-ci ; il est donc évident que le premier est lu ayant sous la main le commentaire du second ; encore un cas dont il faudrait tenir compte dans des études statistiques sur la présence d’Aristote chez Dietrich. Il faut d’ailleurs observer qu’avant même de renvoyer explicitement au texte d’Aristote, Dietrich cite tacitement le commentaire d’Averroès : l’exemple sur les lapides et lateres, ainsi que la discussion sur la quiditas domus (essentia domus chez Averroès 49 Averroès) et sur les naturalia en sont la preuve. Nous proposons de signaler par des guillements toutes ces citations exactes. On peut également noter les marqueurs d’introduction du discours rapporté direct : dans un cas, Dietrich préfère la syncope de la topique (Commentator : Manifestum est igitur etc.) ; dans l’autre cas, Dietrich donne l’adresse détaillée suivie par dicit sic. 23) comm. 20, p. 176-177, l. 135-150 (nr): quod autem est de modo relativorum sicut intellectum et scitum et sensatum dicitur esse relativum quia illud quod est relativum per suam substantiam accidit ei, scilicet quod intellectus est in sua substantia relativus, cum accidit ei quod fuit relativum intellecti; accidit intellecto quod fuit relativum non quia relatio accidit ei. Hoc igitur intendit cum dixit: Talia esse relativa, scilicet quia aliud relativum per suam substantiam praedicatur de illis. Et quasi dixit quod relatio est duobus modis, scilicet aut relatio in substantia utriusque relativi, aut relatio in substantia alterius tantum et in altero propter istud. Et cum induxit hos duos modos relationis, incepit declarare naturam secundi modi, et dixit: Intellectum enim significat etc., id est: intellectus non refertur ad intelligentem sed ad intellectum. Quoniam si ita esset, tunc intellectus constitueretur per intelligentem, sed videtur esse e converso. Ex quo consequeretur quod illud quod constituitur per aliquid constituat illud, scilicet De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58, l. 9859, l. 102 : Supposito igitur primo, quod et per se notum est, videlicet quod divina essentia est intellectus in actu essentialiter, sumatur iuxta hoc, quod omnis intellectus in eo, quod intellectus, essentialem respectum habet ad id, quod intelligitur, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, et non solum ad id, quod intelligitur secundum rationem obiecti (…). Utrum in Deo, 1.4.2.1.(3), p. 297, l. 47-51: Habet enim intellectus quantum ad proprium modum cognoscendi essentialem ordinem ad suum obiectum, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, qui ordo attenditur in eo modo cognoscendi, quo res cognoscitur in sui ratione et per principia secundum rationem. 50 Le poids de la citation quia contingit ut causa constitueretur per causatum. Et sic idem esset in respectu eiusdem causa et causatum insimul. 2 occurrences Deux FRSI discutés n. 12. IV) In l ib r u m V II I M e t a p hy s i c o r u m (apud Juncta) n. 24) comm. 12, 220vG-H (nr) : et cum narravit quod istae substantiae caelestes non habent materiam, scilicet quia non sunt compositae ex materia et forma, sed ex corpore et forma animata intelligibili, non ita quod anima sit res animata, non ita quod illic est aliquid, quod animatur per animam, aut vivit per vitam, sed sunt animata per se, et viva per se : omne enim qui vivit per vitam, est generabile et corruptibile. De anim., 31.(1), p. 37, l. 12 - 38, l. 18: Dicit enim Philosophus in De caelo et mundo, quod corpora caelestia sunt viva; et in VIII, quod moventur ex se, quod secundum suam intentionem supra expositum est et ostensum. Item Commentator super VIII Metaphysicae, scilicet quod sunt corpora animata viventia per totum. Similiter omnes expositores Aristotelis, sicut in diversis locis invenitur. Similiter doctus Plato sensit, ut dicit Boethius in Commento, et Augustinus in libro Retractationum dicit, quod Plato sic sensit et plurimi philosophorum. 1 occurrence RAI : L’endroit indiqué par l’édition, à savoir le comm. 12 du livre VIII, peut être la source ; à cet endroit, Averroès, à la suite d’Aristote, considère que les corps célestes sont des êtres vivants, animés per se. Cependant, Averroès n’utilise pas, comme Dietrich le suggère, les expressions animata per totum ou viventia per totum. Mais Dietrich pouvait déduire du commentaire de la Métaphysique l’idée que les corps célestes Averroès 51 sont vivants et animés dans le tout, et non seulement dans les parties. La référence à la doctrine d’Aristote sur les corps célestes comme corps vivants, exprimée dans le De celo II, revient souvent sous la plume de Dietrich (v. aussi De intellig., 5.(10), p. 360). Il faut aussi souligner que Dietrich essaie de montrer la concordance doctrinale entre Averroès (et implicitement Aristote) et un Platon résumé et commenté par Augustin et Boèce. La question de l’usage direct de la source reste ouverte. n. 25) comm. 12, 219vM-220rA (nr) : (…) et non illa QUAE SUNT PER NATURAM; et NON HABENT ALIQUAM MATERIAM, SED SUBSTANTIA EORUM EST SUBIECTUM, UT CAUSA ECLIPSIS NON EST ALIQUA MATERIA , SED L UNA , QUAE PATITUR est aliqua causa: sicut causa motus, et causa amittendi lumen est terra. Utrum sub. spir., I.(4), p. 326, l. 5458 : Et arguit (i.e. Aristoteles) diversitatem materiae ex diversitate potentiae, sicut dicit ibi (i.e. super XII Metaphysicae) Commentator. Similiter autem in VIII Metaphysicae, ubi declarat de principiis entis loquens specialiter de corporibus caelestibus, dicit, quod « NON HABENT ALIQUAM MATERIAM, SED MATERIA EORUM EST SUBIECTUM », quia est ibi motum in loco tantum, et ea, « QUAE INSUNT PER NATURAM », non insunt propter materiam, « UT CAUSA IPSIUS ECLIPSIS NON EST ALIQUA MATERIA , SED LUNA , QUAE PATITUR ». 1 renvoi RSP : Comme il s’agit d’une citation exacte, il faudrait ajouter, comme nous l’avons fait, des guillemets dans le texte de Dietrich. Celui-ci utilise l’autorité d’Averroès deux fois de suite au sujet de la matière : la première fois, en se rapportant au commentaire du livre XII (pour expliquer Aristote), et la seconde fois au commentaire du livre VIII de la Métaphysique. Pour le renvoi au commentaire du livre XII de la Métaphysique, voir n. 32. 52 Le poids de la citation n. 26) comm. 14, 222v G-H (nr): Prima enim materia est in potentia utrunque contrariorum eodem termino, scilicet quando alterum fuerit in actu, erit reliquum in potentia. De orig., 4.(17), p. 173, l. 152-155 : Praeterea quod non sit eadem, quae prius, forma carnis in mortuo, scilicet animali, quae fuit in vivo, manifeste ostendit Philosophus in VIII Metaphysicae et Commentator ibidem, ubi dicit, quod materia duobus modis se habet ad diversas formas in recipiendo ipsas. 1 source RAI : La citation que Dietrich attribue à Averroès ne se trouve pas, telle quelle, dans le commentaire du livre VIII. Elle semble cependant correspondre aux thèses exprimées à cet endroit par Averroès. Nous ne pouvons rien affirmer sur l’usage direct de cette source. n. 27) comm. 15, 224r A (nr) : Est igitur hic aliquid unum, quod primo est in potentia, et post transfertur de potentia in actum. Translatio enim eius NON LARGITUR ei MULTITUDINEM, SED PERFECTIONEM in esse, et in toto. De corp. Chr. mort., 3.(3), p. 148, l. 15-21 : Sicut igitur in processu generationis ens potentia et postea completa generatione ens actu reducuntur ad idem genus et non solum ad idem genus, sed ad idem specie, nec solum hoc, sed ad idem numero, secundum Philosophum in VIII Metaphysicae, ubi dicit, quod, cum per generationem ens in potentia fit ens in actu, non fit aliud, sed idem, quod prius fuit, ut potentia animal idem numero fit actu animal – generatio enim talis secundum Commentatorem NON LARGITUR generato MULTI TUDINEM, SED PERFECTIONEM . Averroès 53 Utrum in Deo, 2.2.2.(3), p. 309, l. 56-62: Si fuerit ens in potentia secundum suam substantiam, erit etiam multa, id est omnia illa, ad quae est in potentia, ut materia prima est omnia illa, ad quae est in potentia, ita, ut omnia illa, secundum quod sunt entia in potentia, sunt ipsa materia prima; unde in generatione naturali nulla nova essentia inducitur generato: Generans enim NON LARGITUR generato MULTITUDINEM, SED PERFECTIONEM, secundum Commentatorem, inquantum id, quod est ens in potentia, facit ens actu, ut potentia plantam facit actu plantam. 2 occurrences Deux brèves sentences correspondant parfaitement au texte d’Averroès : la première, avec adresse, est un RAP, la seconde, sans adresse, est un RcGSP. Notule : là où Averroès parle de la translatio, Dietrich utilise generatio et, en cela, il est plus proche du texte d’Aristote, cité assez correctement par Dietrich dans le De corp. Chr. mort.. En outre, la citation est quasiment identique dans les deux ouvrages de Dietrich. Nottons aussi que le mot generatio (non largitur ...) du De corp. Chr. mort. est devenu generans dans le Utrum in Deo (faute de copiste ? faute de lecture de la part des éditeurs ?). Une phrase très semblable se lit dans les Auctoritates Aristotelis, super VIII Metaphysicae, p. 133, n. 217 : « Exitus alicujus de potentia ad actum non largitur ei multitudinem, sed perfectionem ». Très probablement Dietrich se sert d’un intermédiaire pour citer Averroès. n. 28) comm. 16, 224v, K (nr): Id est, omnia vero, quae CARENT MATERIA intelligibili et sensibili, sicut materia rerum Utrum sub. spir., III.(7)-(8), p. 337, l. 43-51 : Unde Philosophus in VIII tradit quandam regulam convertibilem (...). Unde 54 Le poids de la citation mathematicarum, unumquodque eorum est idem cum illo, quod dat suum esse, scilicet quod QUIDITAS ET ESSENTIA SUNT IN EIS IDEM. 225rF: Deinde dicit: Ergo non habent etc. id est et cum anima non est nisi esse eius, quod est in potentia animatum esse animatum in actu, tunc EXITUS EIUS DE POTENTIA IN ACTU non habet causam nisi motorem extrahentem ipsum de potentia in actum. Commentator ibidem super hoc, scilicet « statim » : Id est QUIDITAS EORUM EST ESSENTIA EORUM, item: non per EXITUM DE POTENTIA AD ACTUM. In hoc enim assignat differentiam talium entium quantum ad suae substantiae unitatem ad ea, quae praemisit, quae sunt unum per EXITUM ACTUM. DE POTENTIA AD Et secundum hoc attribuit eis tertium, scilicet quod non sunt vere in aliquo genere, quia videlicet CARENT radicali fundamento totius generis, quod est MATERIA , quae determinatur in diversis per diversas formas, quod est ratio coordinationis plurium generum seu specierum in uni genere reali substantiae. 1 occurrence RAP : Un renvoi qui pose des problèmes : le commentaire d’Averroès indiqué par l’édition correspond à la citation (correcte) d’Aristote donnée par Dietrich ; cependant, bien que l’on reconnaisse des formules semblables (quiditas eorum est essentia eorum ou exitus de potentia ad actum), le résumé (fortement marqué par les verbes assignat et attribuit, jamais employés ailleurs pour Averroès) ne suit pas la source. La partie introduite par le verbe assignat se retrouve quelque peu dans Averroès : les étants sont les mêmes dans l’état de pure possibilité et en acte. Mais la partie introduite par attribuit est sans correspondant dans Averroès. De plus, ce qui est donné par Dietrich en troisième position de l’argumentation (et secundum hoc attribuit eis tertium...) rappelle par les mots communs (carent, materia) une idée défendue par le Cordouan plusieurs lignes auparavant ; malgré cela, leurs doctrines ne présentent pas la même opinion. Ces dissemblances ne nous font pourtant pas rejeter immédiatement l’hypothèse de l’usage direct de la source ; Dietrich interprète et modifie probablement les mots d’Averroès en fonction des buts de son argumentation. Averroès 55 IV) In l ib r u m X M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 29) comm. 15, 263rA (nr): Deinde dicit: E T PRIMA CONTRARIETAS ETC., ID EST ET DICIT HOC QUIA OPPOSITA SECUNDUM HABITUM ET PRIVATIONEM PRAECEDUNT NATURALITER OPPOSITA SECUNDUM CONTRARIETATEM. O MNIA ENIM CONTRARIA OPPONUNTUR SECUNDUM PRIVATIONEM ET HABITUM: QUIA VILIUS CONTRARIORUM ACCIDIT EI UT SIT PERFECTIORIS PRIVATIO. comm. 16, 263vM (nr) : MANIFESTUM EST QUOD IN ALTERO contrariorum EST PRIVATIO, ET NON OMNE , IN QUO EST PRIVATIO, EST CONTRARIUM. [264rA] DEINDE DICIT : PRIVATIO VERO ET CETERA . S ED NON DE NECESSITATE OMNIS PRIVATIO EST CONTRARIORUM, QUONIAM QUAEDAM PRIVATIONES SUNT , IN QUIBUS NON EST CONTRARIETAS , SCILICET CUM COMPLETAE PRIVATIONES . ET CAUSA IN HOC EST , QUONIAM IN OMNI PRIVATIONE NON EST CONTRARIUM, QUONIAM PRIVATIO, AUTE EST PRIVATIO SECUNDUM TOTUM AUT EST PRIVATIO QUIA CARE PERFECTIONEM TANTUM. DEINDE DICIT ISTA ENIM ETC., ET CAUSA IN HOC, QUOD CUM CONTRARIIS ADMISCETUR De nat. contr., 3.(5), p. 85, l. 8491 : Quoniam igitur ratio contrarietatis consistit in maxime distare (…) non est autem maior distantia quam, quae est secundum ens et non ens, quia etiam in ea primo invenitur ratio distantiae circa aliquod unum commune, in essentialiter autem ordinatis id, quod est primum, est causa consequentium, hinc est, quod habitus et privatio non modo sunt contraria, sed etiam prima contrarietas et omnis contrarietatis principium et causa, sicut dicit Philosophus in X Metaphysicae et suus Commentator ; per quem modum patebit infra. De nat. contr. 8.(2)-(4), p. 89, l. 3753 : Unde Philosophus X Metaphysicae c. 15: « E T PRIMA CONTRARIETAS EST HABITUS ET PRIVATIO ». Commentator : « ET DIXIT HOC EO, QUOD OPPOSITA SECUNDUM HABITUM ET PRIVATIONEM PRAECEDUNT NATURALITER OPPOSITA SECUNDUM CONTRARIETATEM. O MNIA ENIM CONTRARIA OPPONUNTUR SECUNDUM PRIVATIONEM ET HABITUM. VILIUS ENIM CONTRARIORUM ACCIDIT EI , UT SIT PRIVATIO PERFECTIORIS ». Et infra 16 c. Philosophus: « Manifestum est, quod contraria omnia erunt 56 Le poids de la citation ALIQUA PRIVATIO EST , QUIA SUNT EX PRINCIPIIS CONTRARIETATIS , EX QUA FIT GENERATIO SIMPLICITER , SCILICET QUAE SUNT FORMA ET PRIVATIO (...). privatio. Privatio vero non erit » et cetera. Commentator: « MANIFESTUM EST , QUOD IN ALTERO extremorum EST PRIVATIO ET NON OMNE , IN QUO EST PRIVATIO, EST CONTRARIUM. DEINDE DICIT ‘PRIVATIO VERO ET CETERA ’. S ED NON DE NECESSITATE OMNIS PRIVATIO EST CONTRARIUM, QUONIAM QUAEDAM PRIVATIONES SUNT , IN QUIBUS NON EST CONTRARIETAS , SCILICET COMPLETAE PRIVATIONES . ET CAUSA IN HOC, QUOD NON IN OMNI PRIVATIONE EST CONTRARIUM, EST , QUONIAM PRIVATIO AUT EST PRIVATIO SECUNDUM TOTUM AUT EST PRIVATIO, QUIA CARET PERFECTIONE TANTUM ». Et infra Philosophus: « ISTA ENIM CONTRARIA SUNT EX ALIIS CONTRARIIS , EX QUIBUS SUNT TRANSMUTATIONS ». Commentator : « ET CAUSA IN HOC, QUOD, CUM CONTRARIIS ADMISCETUR ALIQUA PRIVATIO, EST , QUIA SUNT EX PRINCIPIIS CONTRARIETATIS , EX QUA FIT GENERATIO SIMPLICITER , SCILICET QUAE SUNT FORMA ET PRIVATIO ». De nat. contr., 54.(3), p. 122, l. 101103 : Unde Commentator super X Metaphysicae c. 15 : « O MNIA ENIM CONTRARIA OPPONUNTUR SECUNDUM PRIVATIONEM ET HABITUM. VILIUS ENIM CONTRARIORUM ACCIDIT EI, UT SIT PRIVATIO PERFECTIORIS ». Averroès 57 4 occurrences RAI (De nat. contr., 3.(5), p. 85, l. 84-91) : Le renvoi annonce la démonstration et les citations amples qui suivront dans le texte. On remarque l’emploi du possessif suus à propos du rôle de commentateur d’Averroès. Pour Dietrich, contrairement à Thomas, Averroès est celui qui peut véritablement l’interpréter ; Dietrich cite ici Averroès pour trouver un moyen d’accès à Aristote. RAP : Pour l’étude statistique, on compte trois RAP dans le De nat. contr. : « Commentator : ‘Et dixit hoc eo’ » ; « Commentator: ‘Manifestum est, quod in altero...’ » ; « Commentator super X Metaphysicae c. 15 : ‘Omni enim…’». On est devant un des très rares cas où Dietrich note en détail l’adresse d’Averroès en se référant très correctement même aux chapitres (« Et infra 16 c » ; « Commentator super X Metaphysicae c. 15 »). De surcroît, ce sont des citations enchaînées les unes aux autres, et il donne aussi un long extrait du commentaire d’Averroès du livre X de la Métaphysique. Il faut, une fois de plus, insister sur le fait que, très probablement, Dietrich cite Aristote à partir du texte d’Averroès ; la preuve en est qu’il coupe le texte d’Aristote pour l’expliquer exactement comme Averroès le fait dans son commentaire et copie même les formules introductives. Une chose à noter Dietrich oscille entre le commentaire 15 et le commentaire 16, expliquant l’un par l’autre. Il ne peut exister aucun doute sur le fait que Dietrich avait sous les yeux ces commentaires (2x c. 15, 1x c. 16) d’Averroès ou un abrégé très fidèle. n. 30) comm. 26, 276vH (nr) : Deinde dicit: Et ideo diximus nunc in nominibus, et dixit hoc, quia CORRUPTIBILE et incorruptibile sunt duae DIFFERENTIAE contrariae: et illud quod congregat illa, est nomen EQUIVOCUM ; et qui loquitur de tali natura, v.g. qui loquitur de De sub. theol., 2.(2), p. 279, l. 1320 : Manifestum est enim, secundum Philosophum in fine X Metaphysice, quod corpora caelestia et haec generabilia et CORRUPTIBILIA (...). Et ideo passiones eorum corporum, cum in eadem principia subiectorum suorum reducantur, habebunt 58 Le poids de la citation corpore simplici, non loquitur nisi de nominibus. etiam AEQUIVOCAS et genere DIFFERENTES naturas, ut dicit Commentator. 1 occurrence RAI : Renvoi à Averroès à partir de l’adresse détaillée donnée pour Aristote. Dietrich en fait un résumé doctrinal, sans reprise. Nous ne pouvons rien affirmer sur l’usage direct d’Averroès. IV) In l ib r u m X II M e ta p hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 31) comm. 8, 295vM-296rA (nr): Et, cum posuit, quod invenitur ens duobus modis, aut potentia, aut in actu: dicit quod transmutatio est ex ente in potentia ad ens in actu in omni specie transmutationis, v.g. quod transmutatio ad album est ex albo in potentia ad album in actu: et transmutatio ad hanc substantiam est ex illa substantia in potentia. De vis. beat., 3.2.5.(4), p. 77, l. 2329 : Ubi etiam, si quis scrupulosius velit intendere, adhuc non satis proprie dicitur intellectus secundum purum suum intellectuale esse forma seu species intelligibilis in potentia eo, quod in sua essentia non importat essentiam formae intelligibilis sicut forma in potentia, quae est in materia, importat essentiam formae et sic ex forma in potentia fit forma in actu secundum Philosophum et Commentatorem super XII Metaphysicae, sed est simile in proposito ac si diceretur : Anima rationalis in potentia fit anima rationalis in actu. 1 occurrence RAI : Renvoi enchaîné à deux autorités différentes, donc pas de citation exacte. Ni Averroès ni Aristote ne traitent de la forme, comme le fait Dietrich dans son texte ; l’idée de la forme apparaît dans la citation attribuée à Averroès parce qu’elle correspond à la thèse que Dietrich Averroès 59 énonce et, en conséquence, il modifie le vocabulaire des autorités auxquelles il fait appel pour faciliter le lien avec son propre discours. n. 32) comm. 10, 296vM-297rA (nr): Et si omnia quae transmutantur, habent materiam, sicut diximus, sed naturae MATERIARUM DIVERSANTUR secundum modos naturae TRANSMUTATIONIS , materia autem generabilium est in potentia, translatorum autem est in actu, cum translatum fit aliquid in actu (...). Et ex hoc videtur corpus caeleste non habere potentiam divisibilem secundum divisionem corporis, scilicet formam materialem, nam si ita esset, esset in eo materia, quae est in potentia. Utrum sub. spir., I.(3)-(4) , p. 326, l. 47-54: Secundum hoc ergo manifestum est, quod ex diverso modo transmutationis arguimus diversitatem potentiae et ex diversitate potentiae diversitatem materiae, quae per se est subiectum transmutationis. (…) Hoc autem clare dicit Philosophus in XII Metaphysicae, scilicet quod « omnia, quae transmutantur, habent materiam, sed diversam ». Quaedam enim habent materiam TRANSMUTABILEM de forma in formam, quaedam de ubi in ubi. Et arguit DIVERSITATEM MATERIAE ex diversitate potentiae, sicut dicit ibi Commentator. 1 occurrence RAI : Dietrich cite parfaitement Aristote (les guillemets, que nous avons ajoutés dans le tableau manquent dans l’édition) ; ensuite il interprète ces paroles par une suggestion reprise d’Averroès (et arguit ... sicut dicit ibi Commentator). La sentence ne se retrouve pas telle quelle chez Averroès, bien que l’idée y soit clairement exprimée par exemple sur les corps célestes les corps corruptibles et leur rapport respectif à la matière qui est en puissance. Ce que l’on peut surtout remarquer c’est que Dietrich emploie exactement les mêmes mots pour exprimer sa propre position (arguimus diversitatem materiae ex diversitate potentiae) et la position d’Aristote lu par Averroès (« arguit diversitatem materiae ex diversitate potentiae, sicut dicit ibi Commentator ») ; la prétendue citation d’Averroès est donc une autocitation. 60 Le poids de la citation n. 33) comm. 16, 302vH (nr) : Et hoc intendebat cum dicit: ea autem quae sunt universaliter, SUNT INSIMUL CAUSAE AUTEM PER QUAS RES FIT ENS , ET UNUM, SUNT CUM EO , QUOD PER IPSAS FIT TOTUM INSIMUL, CUM TALEM DISPOSITIONEM HABEANT IN CONGREGATO , SICUT PARTES IN TOTO. De orig., I.(8), p. 139, l. 90-95 : Unde Commentator super XI Metaphysicae, ubi Philosophus distinguit inter causas intrinsecas, quae sunt materia et forma, et causas extrinsecas, quae sunt finis et efficiens, eo, quod istae antecedunt rem, illae autem SUNT SIMUL cum re, dicit: « CAUSAE AUTEM, PER QUAS RES FIT ET ENS ET UNUM, SUNT CUM EO , QUOD PROPTER IPSAS FIT TOTUM INSIMUL, CUM TALEM DISPOSITIONEM HABEANT IN CONGREGATO SICUT PARTES IN TOTO ». 1 occurrence RAP : Citation parfaite provenant du commentaire d’Averroès au livre XII de la Métaphysique ; Dietrich renvoie cependant au livre XI, comme s’il ne connaissait pas l’intégralité des livres de la Métaphysique. Est-ce une faute due à la transmission textuelle du De orig. ou une réminiscence de la source secondaire qui citait Averroès avant la traduction de Guillaume de Moerbecke ? La seconde hypothèse nous semble plus probable, parce que Dietrich connaît la traduction de G. de Moerbeke et traite à deux reprises du livre XII selon la nouvelle traduction : « ... sicut dicitur super XII Metaphysicae novae translationis » (Q° utrum in Deo, 1.1.(9), p. 294, l. 56sq.) et notamment « dicens in XI Metaphysicae - qui secundum novam translationem est XII » (De intellig., 14.(2), p. 366, l. 94). Il nous semble très peu probable que Dietrich connaisse la nouvelle traduction de Moerbeke lorsqu’il écrit le De orig. (autour de 1286 10). Le De orig. est transmis par six manuscrits et les éditeurs ne signalent aucune variante à cet endroit. 10 Pour la datation de ce texte, voir P. P ORRO , « Res praedicamenti / ratio praedicamenti : Teodorico di Freiberg e Enrico di Gand », in : J. BIARD, D. CALMA et R. IMBACH (eds), Recherches sur Dietrich de Freiberg, Brepols, Turnhout 2009, p. 131144. Averroès 61 Dans ce cas, on peut affirmer que les renvois (corrects) à Averroès et à Aristote sont faits à partir d’une source secondaire antérieure à la traduction faite par Moerbeke. n. 34) comm. 18, 304vM-305rA: Generans igitur animam non est dicere, quod PONIT ANIMAM in materia, sed quod extrahit illud, quod est ANIMA POTENTIA, ad esse animam in actu. (...) Et intentio proportionum et formarum existentium in GENERANTIBUS ANIMALIA est, quia extrahunt proportiones et formas, quae sunt in materia ex potentia in actum; et omne EXTRAHENS aliquid EX POTENTIA IN ACTUM, necesse est ut in eo sit aliquo modo illud, quod extrahit, non quod sit ipsum secundum omnes modos. De int., III.7.(2), p. 182, l. 96-102 : Potentia enim activa seu passiva importat quandam alicuius formae saltem incohationem in re, qua dicitur esse in potentia ad minus passiva, ex qua aliquid fieri debet, ut patet in GENERATIONE plantarum et ANIMALIUM aliorum ab homine, ut dicit Commentator super XII Metaphysicae videlicet quod agens non PONIT ANIMAM in corpore, sed id, quod est ANIMA IN POTENTIA , facit animam in actu quasi non faciens eam de nihilo, sed EXTRAHENS DE POTENTIA , in qua iam incohata est, IN ACTUM completum. De nat. contr., 42.(3), p. 112, l. 7579 : Igitur agens naturae, quod ex potentia forma facit actu formam, quae est principium entis, praesupponit essentiam formae in subiecto et, ut dictum est, facit EX POTENTIA forma ACTU formam ita, ut nullius essentiae additio fiat, ut dicit Philosophus VIII Metaphysicae et Commentator super XII Metaphysicae. 2 occurrences 62 Le poids de la citation RSI : Les résumés que donne Dietrich du passage d’Averroès est assez fidèle, mais ne présente aucune correspondance parfaite ; la présence du mot inchoatio, dans la citation du De int., fait immédiatement penser à Albert le Grand (notamment au De natura et origine animae, I. c. 2 ou encore au De anima, III, tr. 2, c. 17). Doctrinalement les renvois de Dietrich correspondent au fragment d’Averroès, mais il le connaît probablement par l’entremise d’Albert, mais nous n’avons pas pu identifier l’endroit. n. 35) comm. 25, 310rB (nr) : ET SCIENDUM EST , QUOD SUBSTANTIAE SUNT DUOBUS MODIS : MODUS unus, IN QUO < IM> POSSIBILE EST FUGERE ACCIDENTIA , ET ALIUS SINE ALIQUO ACCIDENTE. PRIMUS AUTEM EST SENSIBILE, SECUNDUS AUTEM INTELLIGIBILE . De orig., 1.(14), p. 141, l. 153 – 142, l. 157 : Unde C OM MENTATOR super XII METAPHYSICAE dicit sic: « ET SCIENDUM , QUOD SUBSTANTIAE SUNT DUOBUS MODIS : MODUS , IN QUO IMPOSSIBILE EST FUGERE ACCIDENTIA , ET ALIUS SINE ALIQUO ACCIDENTE ; PRIMUS AUTEM EST SENSIBILE , SECUNDUS VERO EST INTELLIGIBILE ». Et loquitur ibi de substantiis separatis secundum suam et aliorum philosophorum opinionem. 1 occurrence RSP : Citation exacte, avec une bonne adresse. On a affaire à un discours rapporté direct (DD), signalé par les marqueurs verbaux : dicit sic. On peut souligner l’aspect suivant : le texte d’Averroès a « in quo possibile est » et le texte retenu par l’édition de Dietrich « in quo impossibile est » ; un des manuscrits du De orig., celui de Basel, Öffenliche Bibliothek der Universität, Cod. Basil. F. III 18, a la variante d’Averroès (possibile est), tandis que les cinq autres manuscrits ont l’autre variante (impossibile est). Selon la doctrine exposée, Averroès et Dietrich différencient une substance sans accident (sine aliquo accidente), comme les substances séparées ou les intelligences, et une substance toujours liée à ses accidents (in quo impossibile est fugere accidentia), comme les substances Averroès 63 sensibles. Il faut donc retenir in quo impossibile est et corriger le texte d’Averroès. Aucun élément ne nous empêche de supposer que Dietrich ne connaissait pas directement ce commentaire d’Averroès. n. 36) (nr pour le De vis. beat. : non invenitur ibi, sed :) In Metaph., XII, comm. 38, 321 vG : Intelligentia enim agens, inquantum est abstracta et est principium nobis, necesse est ut moveat nos secundum amatum amans et si omnis motus necesse est ut continuetur cum eo, a quo fit secundum finem, necesse est ut in postremo continuetur cum hoc intelectu abstracto : ita quod ERIMUS DEPENDENTES A TALI PRINCIPIO, A QUO COELUM DEPENDET : quamvis hoc fit in De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4349 : Inquirit enim Commentator super III De anima et post suam inquisitionem concludit possibile esse intellectum agentem aliquando nobis uniri ut formam, quo per ipsum intelligamus omnia entia et, sicut dicit super Librum Physicorum, per ipsum SIMUS DEPENDENTES AB EODEM PRINCIPIO, A QUO DEPENDET CAELUM. nobis modico tempore, sicut dixit Aristoteles. (nr pour le De anim. : comm. 38, 321rFvG; 336rD, 336vL-M) 1 occurrence FRSP (pour le De vis. beat.) : La citation correspond parfaitement à Averroès, mais le renvoi à la source est inexact : ce n’est pas le commentaire à la Physique, mais le commentaire à la Métaphysique ; Dietrich le cite probablement par un intermédiaire. On remarquera aussi que, là où Averroès parle de intelligentia agens, Dietrich utilise intellectus agens ; il est cependant intéressant que la doctrine de la vision béatifique du commentaire au De anima à laquelle Dietrich fait ici référence (cf. le n. 71) correspond à l’endroit d’où est puisée la citation : la continuatio in postremo de l’intellectus agens est la perfection de l’âme. La collusion des deux thèses, celle de l’union en tant que forme (assignée au commentaire du De anima) et celle de la dépendance de l’homme au même principe que le ciel (assignée, 64 Le poids de la citation faussement, au commentaire de la Physique) correspond parfaitement à la doctrine d’Averroès. L’occurrence est calculée au n. 59. n. 37) comm. 45, 329vL (nr) : In iuuentute autem mea SPERAUI, ut haec PERSCRUTATIO compleretur per me : in SENECTUTE IAM DESPERO sed forte iste sermo inducet aliquem ad perscrutandum de hoc. De intellig., 14.(2), p. 366, l. 91-96 : Primo in eo, quod utitur nomine medii uniformiter in sua significatione: Hoc enim negandum est, quia contradicit experientiae sensus, cui magis standum est, sicut ipsemet fatetur impossibilitatem suam huiusmodi perscrutandi dicens in XI Metaphysicae - qui secundum novam translationem est XII - , quod SPERABAT aliquando se posse PERSCRUTARI de hoc et comprehendere veritatem huius rei; sed quia iam SENUI - ait -, IAM DESPERO. 1 occurrence RSP : Ici, et dans plusieurs endroits du De intellig., on retrouve des renvois particuliers à Averroès ; étant donné que tout le traité est écrit dans un constant dialogue avec le Cordouan, Dietrich ne s’y réfère pas toujours nommément et se contente de donner seulement le titre de l’ouvrage ou même, comme nous allons le voir (cf. n. 76), d’utiliser le verbe à la troisième personne. Dans ce cas précis, Dietrich se réfère à Averroès dans le titre de la section (quomodo inducta ratio Averrois destruitur...) et ensuite renvoie directement au livre XII de la Métaphysique, ajoutant rapidement une citation correcte. Cette brève sentence, qui constitue d’ailleurs l’unique référence à ce commentaire 45 d’Averroès, nous font douter d’une connaissance directe de la source. Averroès 65 n. 38) comm. 51, 337rB (nr): S CIENTIA igitur eius (i.e. DEI) NON dicitur ESSE UNIVERSALIS , NEQUE PARTICULARIS , ille enim cuius scientia est universalis, scit particularia, quae sunt in actu in potentia scita (...). De cog. ent., 7.(5), p. 174 : Et sic patet, quod cognitio sive SCIENTIA DEI proprie loquendo NEC EST UNIVERSALIS NEC PARTICULARIS , sicut etiam dicit Averroes Commentator. Q° utrum in Deo, 1.1.(9), p. 294, l. 52-62 : (...) intellectivum autem in sui cognitione abstrahit ab utroque istorum modorum cognoscendi, sicut dicitur super XII Metaphysicae novae translationis, quod EIUS SCIENTIA NON EST UNIVERSALIS NEC PARTICULARIS , sed simplici intellectualitate versatur circa obiectum suum, quod est eius simplex essentia, non habens partes posteriores toto, quo sit individuum, nec partes priores secundum rationem, quae sunt ante totum, quo sit universale, proprie loquendo de ratione universalis, ut praemissum est. 2 occurrences RcGSP (pour le De cog. ent.) et RSP (pour le Q° utrum in Deo) : Correspondance parfaite entre la citation et la source ; sans aucune adresse, cette sentence peut provenir d’un intermédiaire. D’ailleurs, Thomas d’Aquin la cite aussi sous l’autorité d’Averroès toujours sans adresse : In I Sent., d. 35, q. 1, art. 5, sc. 2 : « Praeterea, hoc etiam Commentator dicit, quod scientia dei nec est universalis, nec particularis, nec in potentia ». Pierre Auriol utilise la même sentence, en l’attribuant au commentaire du livre XII d’Averroès : In I Sent., d. 35, pars 4, p. 27, l. 1427sq. (R.L. Friedman, www.igl.ku.dk/~russ/auriol.html) : « ideo absolute dicendum est quod nec est universalis Dei scientia nec particularis, sicut Commentator concedit XII Metaphysicae ». 66 Le poids de la citation B. In P hy s ic a m A r is to te l is I) In l ib r u m I P hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 39) comm. 1, 6rB-C (nr) : Et intendebat Aristoteles per hunc sermonem docere quod non omnes artes consyderant de omnibus causis, sed quedam consyderant de causa formali tantum, scilicet MATHEMATICE, et quedam de tribus causis, scilicet efficiente, formali et fine, et est scientia divina (...). De orig. 5.(63), p. 200, l. 669-674 : MATHEMATICUS autem, quia abstrahit a motu et a materia, hinc est, quod nec materiam nec efficientem nec finem in definiendo concernit. Solum enim ea considerat, quae secundum rationem formae insunt, et definit et demonstrat solum per causam formalem, ut dicitur super principium I Physicorum. Si autem in huiusmodi aliquando appareat materia in definitionibus, hoc accidit, ut alibi tractari habet. 1 occurrence RSI : Dietrich résume correctement cette opinion d’Averroès au début de la Physique, mais ne cite aucune sentence littéralement. Il connaît probablement directement cette partie du texte ; on notera cependant qu’il ne nomme pas le Cordouan et qu’il se réfère à son commentaire par la formule laconique : ut dicitur super principium I Physicorum ; comme si le texte d’Averroès était, d'évidence, l’ouvrage qui commente l’œuvre d’Aristote. n. 40) comm. 1, 6rE (nr) : dicendum cum sciverimus causas eius simplices et intendit, ut mihi videtur causas existentes in re, primas, non compositas, et sunt PRIMA MATERIA ET ULTIMA FORMA : De orig., 4.(7), p. 170, l. 39-43 : Et tunc, sicut dicit Commentator super I Physicorum, inter PRIMAM MATERIAM ET ULTIMAM FORMAM sunt quaedam media, quae SUNT quasi quaedam MATERIAE Averroès quae enim sunt praeter primam materiam, ut ULTIMAM FORMAM cuiuslibet rerum naturalium, SUNT MATERIAE COMPOSITAE ET FORMAE compositae. Dicendum et prima principia et intendit, ut videtur, per prima principia primas causas, quae sunt extra rem, scilicet PRIMUM AGENS , et ULTIMUM FINEM omnium rerum. 67 ET FORMAE , secundum quae media materia PRIMA virtute AGENTIS semper plus et plus participat de actu ULTIMAE formae, quae est FINIS generationis. COMPOSITAE 1 occurrence RSP : Un bref résumé, proche du texte d’Averroès. Cependant Dietrich insiste, contrairement à sa source, sur les choses qui sont entre (media) la matière première et la forme dernière, et qui sont quasi compositae. Dietrich fait un usage libre d’Averroès, tout en maintenant une certaine proximité avec le vocabulaire et avec le thème principal ; on ne peut rien dire avec certitude sur l’usage direct de la source. n. 41) comm. 36, 24rC-D (nr) : Et, quia non consequitur ut totum sequatur partes in mensura, nisi in partibus, quae sunt secundum quantitatem, quae sunt in toto in actu, declaravit quod istud intendenbat hic per partem et dixit: Et intelligo hic partem etc., id est et intelligo hic per partem quae est de specie partium, IN QUAS TOTUM DIVIDITUR secundum quantitatem, et non secundum qualitatem: sicut corpus dividitur in materiam et formam: neque partes, quae sunt in toto in potentia: sed PARTES, in quas universum dividitur: et sunt illae, QUAE SUNT in toto IN ACTU. De elem., 26.(2), p. 77, l. 7379 : Sed istud non obstat iam dictis, quia illic, scilicet I Physicorum, loquitur Philosophus contra Anaxagoram, qui posuit quamlibet rem naturalem constare ex infinitis in actu; sed non est intelligibile, quod res aliqua seu substantia finita in actu constet ex infinitis in actu, et secundum illam intentionem loquitur ibi Philosophus dicens: « Dico autem partes, quae cum insint, IN QUAS DIVIDITUR TOTUM », in quo verbo secundum Commentatorem ibidem intendit de partibus rei, QUAE SUNT PARTES IN ACTU . 68 Le poids de la citation 1 occurrence RAP : Le renvoi et le résumé sont corrects tant pour Aristote que pour Averroès. En jugeant d’après les nuances du renvoi (une explication sur le fait que les parties en question sont en acte), on peut supposer que Dietrich connaît et utilise directement le commentaire d’Averroès. On notera l’absence d’adresse au texte d’Averroès, un simple ibidem suffit pour l’identifier par rapport au texte d’Aristote. n. 42) comm. 45, 144rB-C : Sphaera enim non est innata moueri in sphaera, et uniuersaliter in continente. Et non est ita de illo, quid mouetur motu recto mobilium igitur quaedam sunt in loco vero, quaedam sunt in loco per accidens, ut colores et accidentia, quae sunt in loco, quia subiectum eorum est in loco. Et prope istum modum dicimus quod COELUM EST IN LOCO PER ACCIDENS , scilicet quia aliqua pars eius est in loco, scilicet CENTRUM; deinde dixit : Et quedam per accidens, v.g. anima et coelum, id est quoniam ANIMA EST IN LOCO, quia subiectum eius, quod est corpus, est in loco et coelum etiam secundum totum est in loco, quia CENTRUM eius EST IN LOCO. De subst. spirit., 24.(5), p. 322, l. 126-131: Unde, quando Philosophus dixerat hoc, quod hic inducunt pro auctoritate, prosequitur ulterius et ostenso, quomodo singulis rebus huius corporalis mundi convenit esse in loco, videlicet circumscriptive, pervenit usque ad ultimum CAELUM dicens ipsum et ANIMAM ESSE IN LOCO PER ACCIDENS ; et est iste specialis modus accidentalitatis, quem Commentator explicat, scilicet per CENTRUM suum, quia scilicet CENTRUM EST per se IN LOCO. 1 occurrence RAP: Les éditeurs indiquent, à juste titre, un fragment du commentaire de Thomas, au livre IV de la Physique, où celui-ci rejette la même position d’Averroès (la dernière sphère céleste est dans son lieu par le centre) tandis que Dietrich la cite favorablement, et défend la thèse de Themistius (la dernière sphère céleste est dans son lieu par ses parties) : Averroès 69 « Et ideo Averroes dixit quod ultima sphaera est in loco per accidens. (…) Sed hoc videtur esse contra definitionem Aristotelis, quam supra posuit, de eo quod est in loco per accidens. (…) Et ideo magis approbo sententiam Themistii, qui dixit quod ultima sphaera est in loco per suas partes » (lib. IV, lec. 7 n. 6). Il faut remarquer une fois de plus que si Dietrich explique Aristote par Averroès, qu’il considère donc un bon et fidèle interprète, Thomas montre que cette même position d’Averroès s’oppose au Stagirite. Cet exemple pourrait apporter des éléments nouveaux pour les études sur l’antithomisme de Dietrich puisque celui-ci critique ici, tacitement, la position de Thomas. n. 43) comm. 63, 38rD-F (nr) : Et, quia corpus caeleste caret potentia ad aliqua dispositionem, nisi potentia ad ubi, ideo istud subiectum caret potentiis : et quia caret hoc subiecto, ideo caret forma, quae sustentatur per hoc subiectum, et fuit necesse ut forma eius esset liberata ab hoc subiecto, et ut non haberet constitutionem per CORPUS CAELESTE, sed corpus caeleste constituitur per illam. De anim., 9.(2), p. 20, l. 53-61 : Non ut productrices corporum sibi subiectorum, ut dicit Commentator super I Physicorum, sed supponentes essentias ipsorum ab altiore principio quantum ad primum genus causalium processuum, nec etiam constituentes ea in esse per motum et transmutationem secundum viam generationis secundum alium modum seu genus processus causalis praemissi, sed secundum aliud genus causae, videlicet formalis et essentialis unionis, figentes et constituentes ea in esse ita, ut secundum hoc illa CORPORA CAELESTIA possint intelligi animata, altiore tamen modo et aequivoco ab istis animatis, quae sunt apud nos. De anim., 35.(6), p. 41sq., l. 34-38: Secundum ea igitur, quae dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam CORPORI CAELESTI non habere ad ipsum 70 Le poids de la citation eam habitudinem causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum suum, id est essentiam corporis caelestis, ab alio principio, sicut dicit Commentator super I Physicorum et habetur ab Avicenna et aliis de schola Peripateticorum. 2 occurrences RSI : L’idée que le corps astral trouve son essence dans un principe supérieur ne se lit pas dans ce fragment d’Averroès ; on y trouve pourtant une discussion générale sur la constitution du ciel. Pour ces deux occurrences dans De anim., Dietrich utilise la même expression : supponere essentiam ab altiore/alio principio. Parfois Dietrich attribue cette même expression aux Liber de causis et à la Métaphysique : « Manifestum est autem ex habitis in Prima philosophia et ex Libro de causis, quod principia motus caeli sunt ab alio sicut et principia motus gravium et levium, et tamen non dicitur, quod caelum moveatur a generante » (De elem., 30.1, p. 81, l. 63-66). Le thème apparaît aussi au n. 36. n. 44) comm. 66, 39vI: sed universaliter non separatur a materia, sed quandocunque MATERIA admiscetur cum aliqua FORMA TANTUM, ADMISCEBITUR CUM Utrum sub. spir., II.(5), p. 329, l. 46-49: Sed istud nihil est dicere, quia, sicut dicit Commentator, MATERIA , quantum stat sub perfectione unius FORMAE , PRIVATIONE FORMAE OPPOSITAE TANTUM ADMISCETUR CUM PRIVATIONE alterius FORMAE. illi. Privatio autem talis necessario et per se importat circa subiectum suum potentiam vel aptitudinem ad FORMAM OPPOSITAM. 1 occurrence RcGAP : La formule quantum stat sub perfectione unius formae ne se lit pas chez Averroès ; la sentence est brève et l’on ne peut pas exclure la Averroès 71 possibilité d’une reprise par le biais d'un intermédiaire ou la citation de mémoire. Cette phrase d’Averroès apparaît chez Thomas d’Aquin qui ne la lui attribue pourtant pas : « Et ideo dicendum quod materia nunquam est sine privatione: quia quando habet unam formam, est cum privatione alterius formae » (In libros Physicorum, I, lec. 13, n. 4 ). n. 45) comm. 79, 45 rB-C (nr) : autem non est neque propinque, neque remote, neque est accidens, nedum ut sit substantia et dixit: quod MATERIA non est per accidens et quod privatio non est per se dividendo privationem ab eo, quod est in POTENTIA . PRIVATIO comm. 70, 41rE-F (nr) : Et accidit substantiae eius ut sit in POTENTIA omnes formae : non quod potentia eius est in substantia, ita quod sit pars definitionis : quoniam, si potentia esset in substantia eius, tunc esse eius destrueretur ablatione potentiae, et potentia FORMAE IN ACTU , scilicet formae, ad quam habebat potentiam ut reciperet : et universaliter, si potentia esset in substantia eius, tunc substantia eius corrumperetur apud generationem, et esset in praedicamento ad aliquid, non in praedicamento substantiae. Frag. de rat. potentiae, 11, p. 379, l. 87-92 : Et sic secundum considerationem Philosophi, cum materia est in potentia ad formam, MATERIA non est sua potentia eo, quod huiusmodi potentia intelligitur in materia per distantiam AB ACTU FORMAE, quae distantia tollitur in adventu formae et per consequens POTENTIA ratione PRIVATIONIS , sicut pertractat Commentator in I Physicorum. 1 occurrence RAI : La thèse soutenue par Dietrich se trouve avec des variations dans les deux passages cités comme source. 72 Le poids de la citation Ce qui intéresse aussi bien Averroès que Dietrich c’est le rapport entre la puissance et la matière première. Dietrich insiste sur le fait que la puissance de la matière ne se définit pas par sa distance (per distantiam) vis-à-vis de l’acte de la forme ; cette idée a son équivalent chez Averroès dans la définition de la privation neque propinque neque remote. Il faut cependant noter que, pour Dietrich, le thème de la distance porte sur la puissance de la matière et sur l’acte de la forme, tandis que, pour Averroès, ce thème porte sur la distinction entre privation et matière première. On remarquera l’absence d’adresse pour le renvoi à Aristote (et sic secundum considerationem Philosophi). n. 46) comm. 79, 45rC-D (nr) : Et ex hoc apparet quod omne habens materiam est generabile et corruptibile, nam in natura MATERIAE est PRIVATIO FORMAE : et si in sua natura esset formata, non reciperet formas, nisi ens generaretur ex ente : quemadmodum, si in sua natura esset privatio simpliciter, tunc omnino nihil generatur ex ea : est igitur quasi composita ex esse et non esse. Metaph., comm. 20, 297 rD-E (nr) : vult (i.e. Aristoteles) narrare, quod quamvis MATERIA PRIMA fit una, tamen MULTA est in potentia, et habilitate, et quod quodlibet ens cum materia communi habet naturam propriam; et incoepit ponere quaestionem, quam dissolvit, et est quod ens non fit ex ente, sed ex non ente (…). Non ens enim dicitur tripliciter. Et intendit, quorum unum est non ens simpliciter, quod non habet esse, neque imaginationem. Utrum in Deo, 2.2.2.(4), p. 309, l. 64-68 : Ipsa (i.e. MATERIA PRIMA ) enim non est simplex in sua substantia, sed MULTA eo modo, qui dictus est, quamvis secundum aliam rationem posset concedi, quod ipsa MATERIA est unum quid non per aliquem actum ipsius formae unius, sed per PRIVATIONEM omnis actus FORMALIS , sicut dicit Commentator super I Physicorum. De orig., 4.(39), p. 180, l. 421-424 : Et haec potentia secundum se et absolute sumpta est una propter PRIVATIONEM sive absentiam actuum distinctorum, sicut etiam Averroes dicit de unitate MATERIAE primae, ut concludebant praemissae rationes, capit tamen rationem diversitatis in ordine ad diversos actus. Averroès 73 Secundum est non esse, quod est in materia, scilicet PRIVATIO FORMARUM. Tertium est ens in potentia. (indication de l’édition pour le De orig.: Metaph. XII, comm. 11, 297rD-E : Et dicit, Quam posuit in magnitudini nibus etc., id est quam accepit ex magnitudinibus aequalibus, quorum utrumque movetur motu aequli. De inde ita quod illae moueantur etc. id est et tunc contingit in istis magnitudinibus aequalibus, quae moventur, sicut homines moventur in stadio, ut altera videatur sensu moveri in eodem tempore per idem spatium, et suum duplum, aut altera moveatur per spatium duplum ei, per quod reliqua movetur : cum posuerimus magnitudines, quarum duae sunt aequales stadio, et omnes sunt aequales, et posuerimus quod aliae duae incipiant moveri in ordine a medio stadij, et aliae duae incipiant moveri ab initio stadii in ordine ad partem etc.). 2 occurrences RSI (pour la Q° utrum in Deo) : Malgré le renvoi explicite au commentaire du livre I de la Physique, les éditeurs cherchent aussi une référence au commentaire de la Métaphysique. Comme l’idée résumée par Dietrich se trouve dans la Physique, on a un RS et non un FR. Cependant, c’est bien dans le commentaire à la Métaphysique que l’on retrouve la thèse selon laquelle la matière première est multiple (multa) et non pas simple dans sa substance, puisqu’elle peut recevoir toutes les formes. Il faut pourtant souligner une différence : selon Dietrich la matière première est multa dans sa substance et selon Averroès elle est multa en puissance. RcGSI (pour le De orig.) : Un recours général à l’autorité d’Averroès qui pose des difficultés, étant donné qu’aucune des sources indiquées ne correspond réellement aux thèses résumées par Dietrich. On peut remarquer des ressemblances entre ce RcGSI et le RSI précédent : dans les deux cas, il est question de l’unité de la matière première (de unitate materiae primae / ipsa materia est unum) et du fait que cette unité découle de l’absence des actes qui la multiplient (una propter privationem sive absentiam actuum distinctorum / unum... per privationem omnis actus formalis). Cette 74 Le poids de la citation dernière idée se lit dans la source indiquée pour le RSI, mais, comme nous l’avons déjà signalé, la thèse sur l’unité de la matière ne s’y trouve pas. Nous n’avons aucun élément pour soutenir avec certitude que Dietrich connaît et utilise directement ce commentaire. II) In l ib r u m I II P hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 47) comm. 4, 87rD-E (indication de l’édition ) : (...) et motus, qui est in quantitate, in genere quantitatis: et similiter, qui est in ubi, et qualitate, secundum autem quod est via ad perfectionem, quae est alia ab ipsa perfectione, necesse est ut sit genus per se, via enim ad rem est aliud ab ipsa re. Et secundum hoc fuit positum praedicamentum per se et iste modus est famosior, ille autem est verior. Et ideo Aristoteles induxit illum modum FAMOSUM in Praedicamentis et istum modum verum in hoc libro. De orig., 3.12, p. 161 : Et quoad istum secundum modum videntur entia distingui et ordinari logice et secundum FAMOSITATEM, ut Commentator loquitur super V Metaphysicae et super III Physicorum, solum in decem genera, quae praedicamenta dicimus; et Philosophus hoc innuit in Praedicamentis, ubi dicit se enumerasse modos qualitatis, « qui consueverunt dici ». 1 occurrence FRSI : Un renvoi enchaîné à deux ouvrages de la même autorité (le commentaire sur le livre V de la Métaphysique et le commentaire au livre III de la Physique) ; les deux renvois sont faux – cf. n. 8. III) In l i b r u m I V P hy s ic o r u m (apud Juncta) n. 48) comm. 38, 138 vM (indication de l’édition ) : quoniam transmutatio, Utrum subt. spir., I.(1), p. 325, l. 12-14 : Quoad primum Averroès quae induxit NOS ad credendum MATERIAM ESSE , est TRANSMUTATIO quae est in substantia; transmutatio autem quae induxit nos ad credendum locum esse, est transmutatio in loco. 75 manifestum est secundum Philosophum et Commentatorem in IV Physicorum, quod nihil fecit NOS scire MATERIAM ESSE in rebus nisi TRANSMUTATIO. Transmutatio autem est entis in potentia. 1 occurrence RAP : Une nuance est à observer entre le prélèvement et la source : le verbe scire chez Dietrich remplace le verbe credere d’Averroès. Ce changement se trouve chez plusieurs auteurs contemporains et dans les Auctoritates Aristotelis, In VIII Metaphysicae, p. 133, n. 216 : « Sicut transmutatio facit scire materiam, sic operatio formam ». Voir aussi Gilles d’Orléans : « potentia vel est de essentia materiae vel essentiam eius immediate consequitur; ergo transmutatio fecit scire materiam. Et hoc etiam dicit Commentator » (Quaestiones super de Generatione et corruptione, ed. Z. Kuksewicz, Grüner, Amsterdam, 1993, p. 51, l. 2-4); Siger de Brabant l’assigne au De substantia orbis : « Dicendum, sicut dicit Averroes libro De substantia orbis, quod transmutatio fecit scire materiam, quoniam cum transmutatur res secundum substantiam, non remanet aliquid in actu quod prius fuerit » (In Metaphysicam, lib. IV, q. 24, ed. W. Dunphy, Ed. de l'Institut supérieur de philosophie, Louvain-la-Neuve, 1981, p. 212, l. 61-64). n. 49) comm. 71, 162rC : Illa autem quae moventur ex se, quae non dividuntur in motorem, et rem motam in actu, necessario indigent medio : et haec sunt corpora GRAVIA et LEVIA . Et si non, moverentur in non tempore : cum nihil fit actu illic, quod resistat potentiae motivae, et est impossibile etiam ut habeat motus naturales, et sint semper IMPEDITA . Et ideo contingit, quod cum posuerimus ista moveri De elem., 44.1, p. 90, l. 110 - 115 : Manifestum est autem secundum ea, quae dicta sunt, quod falsa est positio AVEMPECHE, quam pertractat Commentator super IV Physicorum, quae dicit, quod cessante omni IMPEDIMENTO circumscriptis etiam mediis corporibus, per quae fit MOTUS GRAVIUM et LEVIUM, si secundum imaginationem poneremus MEDIUM esse VACUUM, quod nihilominus GRAVIA et LEVIA 76 Le poids de la citation in VACUO, ut moveatur in non TEMPORE, et ut MOTUS GRAVIS , et GRAVIORIS sit aequalis in VELOCITATE, quod est impossibile, quod igitur existimavit AVEMPACE et quod ista simplicia habent motus naturales sine MEDIO . (nr: comm. 71, 160rC: Avempace autem bene movit hic quaestionem. Dicit enim quod non sequitur ut proportio motus eiusdem lapidis in aqua ad motum eius in aere fit, sicut proportio spissitudinis aquae ad spissitudinem aeris, nisi motus lapidis esset in tempore, propter hoc quod movetur in medio. Et si hoc esset, contingeret ut nullus motus esset in tempore, nisi propter impediens: medium enim videtur impedire rem motum etc.) moverentur per naturam determinata VELOCITATE et tarditate in tempore. De elem., 44.(1), p. 91, l. 12-15 : Esset etiam falsum fundamentum demonstrationis Philosophi in IV Physicorum, qua ostendit gravia et levia non moveri in vacuo, ut Commentator satis prosequitur, nec circa hoc est immorandum. 2 occurrences RSI : Dans le commentaire du livre IV de la Physique, Averroès fait plusieurs fois référence à Avempace (f. 142rsq., 160r-162v, 164r) ; on ne trouve cependant nulle part la source exacte de ce à quoi Dietrich fait référence. Ce qui ressemble le plus au renvoi de Dietrich est le fragment du commentaire d’Averroès qui se lit au f. 162rC (et non 160rC comme l’indique l’édition du De elem.) ; ceci est le seul cas où Avempace est cité pour le problème du vide et du mouvement des corps lourds et légers (dans les autres cas, Averroès le nomme pour d’autres sujets, notamment pour des explications sur l’expression proportio spissitudinis aquae ad spissitudinem aeris). La citation que Dietrich semble introduire par dicit quod cessante... au sujet de la cessation des impedimenta et sur l’exercice de l’imagination (si secundum imaginationem ponemus etc.) ne se trouve pas dans Averroès. Reste cependant ouverte la question suivante : ces éléments étrangers sont-ils introduits par Dietrich même ou par une source secondaire qu’il aurait utilisée ? La seconde évocation n’est pas identique à la première ; nous les comptons différemment. Averroès 77 n. 50) comm. 100, 180vH-I : et est quod NOS percipere TEMPUS ex perceptione motus, secundum quod est motus, scilicet motus in quod sumus transmutati, sed quin determinamus in imaginatione aliquam partem illius determinatam: et hoc erit cum senserimus duo INSTANTIA, PRIUS ET POSTERIUS , quam iste motus non dividitur per instantia, nisi in nostra mente, et non determinatur in hoc aliqua pars eius determinata, nisi quin diviserimus motum per duo instantia. De nat. contin., 4.(13), p. 261, l. 9197 : His visis manifestum est secundum Philosophum in IV Physicorum (...) Hoc autem, quod sic apprehendimus diversa INSTANTIA ab invicem diversa, Commentator ibidem dicit ex eo, quod NOS sentimus nos esse in quodam divisibili secundum phantasticum nostrum, et ideo apprehendimus distincta et diversa INSTANTIA secundum antecessionem et successionem, et continuamus inter ea quandam differentiam secundum PRIUS ET POSTERIUS eius, et hoc est eius tempus secundum Philosophum. De mens., 4.(27), p. 234, l. 210215 : Quod concipiendo diversa INSTANTIA , inter quae continuat TEMPUS , et secundum hoc primo originaliter in anima oritur tempus secundum hoc, inquantum sentit se nostrum phantasticum non esse in indivisibili, et sic plus vel minus extendit tempus inter duos terminos indivisibiles, sicut pertractat Commentator super IV Physicorum. 2 occurrences RAI (pour le De nat. contin.) et RSI (pour le De mens.) : Averroès est nommé dans les deux cas pour appuyer l’idée que le temps a son origine dans l’âme ou dans notre imagination. Entre le fragment de Dietrich et le passage correspondant d’Averroès, on observe un certain nombre d’équivalences tant au niveau de la doctrine que du vocabulaire ; on remarque ainsi que, là où Averroès utilise imaginatio, Dietrich préfère 78 Le poids de la citation phantasticum et, là où Dietrich parle de l’âme (in anima), Averroès parle de l’esprit (in mente). Dans les deux exemples, on observe la préférence de Dietrich pour les expressions phantasticum nostrum ou encore diversa instantia. Cette théorie sur le temps était plutôt répandue au XIIIe siècle ; il nous semble difficile d’affirmer avec certitude que Dietrich connaît et utilise directement Averroès : une source secondaire pouvait très bien résumer cette conception. Voir aussi le cas suivant, n. 51. n. 51) comm. 97, 178 rB: tempus non habet esse extra animam. Et sermo eius intellectus est per se scilicet quam quemadmodum, si instans fuerit idem, non fiet tempus omnino, similiter, si reputaverimus ipsum esse idem, non reputabimus tempus fieri (…). (indications de l’édition) comm. 131, 202 rA-C: Cum dissolvit secundam quaestionem, reversus est ad primam, et dixit: Et quaeritur etiam utrum sit possibile etc., id est et quaeritur de tempore utrum inveniatur extra animam, sicut est in anima; et sic erit, licet non comprehendatur ab anima, si posuerimus animam deficere, sicut erit, si apprehendatur ab anima. Et ista est dispositio entium naturalium; aut est impossibile ut sit in actu, nisi anima sit. Deinde incoepit declarare hoc, et dixit: Dicamus igitur quod, cum numerans non fuerit, ergo numerare non erit, id est et cum res numerans, quae est anima, non fuerit, tunc numerare, quod est actio rei numerantis, non erit. De orig., 5.(2), p. 181, l. 14-18 : Videtur enim fuisse intentio Philosophi, et Commentator suus manifeste hoc exponit de tempore in IV Physicorum. Augustinus etiam hoc plane et late determinat in XI Confessionum. Boethius etiam in libro De Trinitate dicit de numero, quod numerus non sit aliqua res naturae. Frag. de rat. pot., 21, p. 381, l. 159161 : Et ista est opinio Philosophi et Commentatoris IV Physicorum de tempore et per consequens de quando, et Augustini XI Confessionum et Boethii De Trinitate de his, quae dicuntur sex principia. De mens., 8.(5), p. 239, l. 59-65 : Si igitur mensura alicuius corporalis passionis, qualis est motus, non est aliquid reale naturale extra animam existens, sed determinatur talis mensura motui opere rationis, quae mensura seu numerus motus est tempus secundum Philosophum IV Physicorum et Commentatorem Averroès 79 ibidem et Augustinum XI Confessionum, multo magis in rebus simplicioribus et a corporeitate separatis mensura durationis eis determinabitur opere rationis. 3 occurrences RcGAI* : Toujours au sujet du rapport entre le temps et l’âme, Dietrich utilise à trois reprises le même enchaînement d’autorités, avec les mêmes adresses : Averroès est nommé chaque fois pour accompagner le renvoi au livre IV de la Physique d’Aristote ; il est suivi par Augustin et Boèce (sauf dans le De mens. où manque l’évocation de Boèce). Les éditeurs mentionnent, à juste titre, plusieurs endroits où Averroès traite de ce sujet. L’emploi répété de ce renvoi multiple confirme la règle de la citation unique et suggère un usage indirect du texte d’Averroès ; il est certain que, dans cette situation, Dietrich n’a pas l’intention de puiser dans Averroès une citation précise, mais seulement d’évoquer son autorité parmi d'autres pour donner plus de poids à la doctrine qu’il aborde. Le Cordouan n’est pas, dans ce cas, une source pour une citation, mais une autorité pour la question du temps. Notons l’expression « Commentator suus » qui dénote le rapport de Dietrich aux commentaires d’Averroès. n. 52) comm. 131, 202rF: et hoc intendebat cum dicit, v.g. quoniam possibile est ut motus sit absque eo, quod anima sit, id est motus erit, et si anima non erit, et secundum quod prius et posterius sunt in eo NUMERATA IN POTENTIA EST TEMPUS IN POTENTIA ; et secundum quod SUNT NUMERATA IN ACTU EST TEMPUS IN ACTU . Tempus igitur in actu non erit, nisi anima sit; in potentia vero erit, licet anima non sit. De nat. contin., 3.(4), p. 257, l. 4957: Philosophus etiam in IV Physicorum quarens et determinans (...); sed mox videtur facere quandam exceptionem dicens, quod tempus non erit extra animam, nisi sit aliquid extra animam, quo existente tempus sit, ut prius et posterius in motu; haec igitur, inquantum numerabilia sunt, tempus sunt. Alia translatio habet: NUMERATA . Commentator ibi dicit, quod inquantum numerabilia TEMPUS EST IN 80 Le poids de la citation Aristoteles, Physica, IV, 14, 223a 25, transl. Vetus (AL VII 1.2, p. 188, l. 18-20) : Prius autem et posterius in motu sunt; tempus autem hec sunt secundum quod numerabilia sunt. transl. Michaeli Scoti, f. 202rA : (...) et quod prius et posterius sunt in motu; et quod tempus est haec duo, secundum quod numerata. POTENTIA ; inquantum ACTU NUMERATA SUNT , TEMPUS EST IN ACTU . De nat. contin., 6.3.(3), p. 273, l. 226-228 : Ex dictis igitur corollarie inferri potest secundum Philosophum et Commentatorem, quod, si impossibile esset animam esse in rerum natura, TEMPUS NON ESSET POTENTIA NEC ACTU in rerum natura. 2 occurrences RAP (De nat. contin., 3.(4), p. 257) : la citation est correcte et Dietrich insiste même sur une nuance philologique : il préfère la variante numerata (de la traduction faite par Michel Scot) au numerabilia (de la traduction de Jacques de Venise). Il a très probablement eu un accès immédiat au commentaire d’Averroès. RcGAI (De nat. contin., 6.3.(3), p. 273) : Malgré le renvoi explicite à Averroès et à Aristote, aucune indication n’existe dans l’apparat des sources ! La source la plus probable est le comm. 131, que Dietrich cite correctement quelques pages auparavant. Il n’y a aucune raison de passer sous silence ce renvoi explicite. Pour ce recours général imparfait nous considérons que l’usage de la source a été immédiat parce qu’il résume une thèse présentée auparavant pour laquelle nous avons déduit une connaissance directe d’Averroès. n. 53) comm. 131, 202vH (nr): et ista perscrutatio de TEMPORE MAGIS est philosophica quam naturalis, sed induxit ipsam in hoc loco, quia est causa in ipsum plus latete, scilicet quia est diminutum in se. De nat. contin., 4.(19), p. 263 : Et quia secundum dictum modum tempus constituitur per actum animae, et est res primae intentionis determinata circa motum secundum rationem numeri vel mensurae, ideo Averroès 81 secundum Commentatorem super V Physicorum MAGIS pertinet ad primum philosophum considerare et determinare naturam TEMPORIS quam ad physicum. 1 occurrence RSI : On peut noter une réelle correspondance thématique entre les deux textes ; au niveau du vocabulaire, on remarque notamment : l’enquête philosophique (perscrutatio philosophica) dont parle Averroès, devient chez Dietrich une enquête métaphysique (ad primum philosophum considerare). Etant donné l’usage probablement direct de cette partie du commentaire d’Averroès (d'après notre conclusion antérieure) et la multiplication, dans le même ouvrage (le De nat. contin.), des renvois au même texte source, on peut considérer que Dietrich a pu connaître directement ce texte du Cordouan. IV) In l ib r u m V I Phy s i c o r u m (apud Juncta) n. 54) comm. 85, 300v G-I (nr) : Omnis enim punctus positus in circulum describit circulum alium ab eo, quem describit alius punctus, scilicet quod numerus circulorum erit secundum numerum PUNCTORUM, et cum ita sit, tunc circulus, cum transfertur in concavo, aut super convexum circuli, transfert de circulo in circulum, diversum ab eo ratione etsi SINT IDEM SUBIECTO . (...) Deinde dicit : nisi sicut musicus etc., id est et circulus, quem dividit alius punctus, non dicitur idem numero, nisi sicut dicitur quod homo et musicus sunt idem in numero, id est quia accidit eis, De nat. contin., 6.1.(5), p. 269, l. 90 – 270, l. 115 : Non sic autem se habet in proposito in ea transmutatione, quae vere est motus, cuius exemplum promptius accepimus in motu locali et maxime in circulari, secundum quod Philosophus ostendit in VI Physicorum elidens rationem Zenonis, qui nitebatur auferre motum (...). Hanc autem rationem Zenonis elidit ibi Philosophus secundum sextam distinctionem, qua dicit caelum semper manere in loco eodem secundum subiectum, transmutatur autem localiter secundum locum alium et alium 82 Le poids de la citation quod fuerint idem, non per se; homo enim et musicus sunt IDEM SECUNDUM SUBIECTUM; et quod est idem secundum subiectum est idem per accidens, idem enim in rei veritate est idem SECUNDUM FORMAM et similiter circuli, quos puncta dividunt, scilicet quae imaginantur in eodem circulo, sunt idem per accidens, quia subiectum eorum est idem. secundum formam, intendens secundum Commentatorem, quod ipsum spatium circulare, in quo vel secundum quod movetur caelum, EST UNUM ET IDEM RE ET SUBIECTO; inquantum autem in eodem spatio diversa significantur PUNCTA , a quorum quolibet intelligitur incipere motus circularis et redire in idem, inquantum sunt huiusmodi sic significatae circulationes, ad quas et ex quibus movetur caelum, diversa loca SECUNDUM FORMAM. 1 occurrence RAI : La discussion de la position de Zénon est reprise par Dietrich à partir de la Physique d’Aristote et du commentaire correspondant d’Averroès ; les détails de l’argumentation nous font supposer que Dietrich connaît sa source directement, même s’il ne reprend aucune citation exacte. Cette occurrence est la seule référence que Dietrich fait au commentaire du livre VI de la Physique d’Aristote. V) In l ib r u m V I I I Ph y s i c o r u m (apud Juncta) n. 55) comm. 27, 365rC-D : Et, cum narravit quod animal movetur naturaliter, quia movetur ex se, dedit causam in hoc, et dicit animal enim mouetur ex se, etc. Et potentia istius sermonis est similis tali modo. ANIMALIA MOVENTUR EX SE; et quod mouetur ex se, movetur a principio in eo; et omne quod movetur per principium in ipso, movetur naturaliter : quoniam omne, quod De anim., 17.(1), p. 27, l. 6-10 : Inquantum autem est maxime per se et naturalis et primus, quod movetur hoc motu, movetur ex se, secundum quod ostendit Philosophus in VIII Physicorum, ubi dicit Commentator, quod caelum magis MOVETUR EX SE quam ANIMAL in hoc inferiore mundo. De elem., 30.(1), 80sq., l. 61-63 : Averroès movetur per principium in eo, movetur per naturam. (...) Et, cum declaravit quod animal movetur naturaliter, dicit et ideo animal secundum totum naturaliter movet se, id est, cum dicimus quod animal movetur naturaliter, intendimus quod anima movet corpus per suam naturam, et corpus movetur per suam naturam ab ea. 83 Constat, quod non minus, sicut etiam dicit Commentator super VIII Physicorum, scilicet quod nobiliore modo et veriore MOVETUR caelum EX SE quam ANIMALIA in hoc mundo inferiore. comm. 27, 365rF (nr): corpus enim animalis innatum est moveri ad inferius, sed tantum, quia anima animalis est forma sui corporis naturaliter, necesse est ut motus eius a sua anima fit naturaliter; sed si fuerit inventum aliquid motum per principium in eo, ita quod in suo corpore non fit principium contrarium motui animae, tunc illud motum erit motum naturaliter simpliciter, scilicet per animam, et per corpus, ut declaratum erit de corpore. 2 occurrences RAI : On reconnaît la règle de la citation unique pour l’expression « caelum movetur ex se magis / nobiliore modo quam animalia in hoc mundo inferiore » (la même dans les deux ouvrages de Dietrich). L’idée que le ciel se meut par lui-même nobiliore et veriore modo que les animaux, ne se lit pas chez Averroès, même si dans le commentaire du livre VIII de la Physique, on peut identifier des raisonnements qui vont dans la même direction (notamment lors des précisions sur le moteur extrinsèque et sur le mouvement naturel). Elle a été probablement citée de mémoire ou par le biais d’une source secondaire. n. 56) comm. 35, 374vH (nr) : et potest aliquis querere DE VENTO, utrum sit de numero eorum, quae MOVETUR ex se, aut de numero De elem., 15.(2), p. 70, l. 37-44 : Quorum causam existimandum est, quoniam, etsi huiusmodi habeant aliquale principium sui 84 Le poids de la citation eorum, quae movetur ex alio. motus in se ipsis, sunt tamen substantiae quodammodo incompletae nondum separatae a generante, unde contingit ea moveri non secundum naturam simplicis praedominantis, qua habent inclinationem ad suum ubi secundum rectam lationem motus simplicis, sicut dictum est, sed etiam moventur a generante secundum Commentatorem super VIII Physicorum DE VENTO , et magis principaliter quam ab intrinseco principio MOVENTUR huiusmodi a generante. 1 occurrence RSI : Dans le passage noté comme source par les éditeurs, Averroès traite du mouvement des vents. Cette correspondance thématique n’est cependant pas redoublée par des ressemblances littéraires : Dietrich parle d’un principium intrinsecum et d’un generans, tandis qu’Averroès utilise les formules ex se et ex alio. De plus, le but d’Averroès dans le commentaire 35 est la description des divers mouvements, comme celui de l’amant ou du vent ; or, chez Dietrich, c’est dans le cadre d’une discussion sur la génération que prend place cette citation. Nous avons peu d’éléments pour pouvoir affirmer que Dietrich connaît et utilise immédiatement Averroès. n. 57) comm. 56, 397 vH : Deinde dicit : Et possibile est ut sit continuus, id est et cum posuerimus quod, illud quod provenit a natura, est melius inter possibilia : et motus eternus est melius ut sit continuus : et possibile est UT MOTUS LOCALIS SIT CONTINUUS . Sequitur quod motus localis, in quo invenitur aeternitas, sit continuus. De nat. contin., 2.(9), p. 255, l. 8688 : Et haec est ratio eius, quod dicit Commentator super Librum Physicorum, quod solus MOTUS secundum LOCUM est perfecte CONTINUUS . Averroès 85 (l’édition renvoie au comm. 56, 397vL qui est une source encore moins proche que 397vH.) 1 occurrence RSI : Averroès ne définit pas, contrairement à Dietrich, le mouvement local comme un unique mouvement parfaitement continu (solus motus perfecte continuus), mais comme un mouvement qui, probablement, est continu (possibile est ut motus localis sit continuus). Nous estimons que Dietrich a pu connaître cette sentence par une source indirecte. Elle se lit d’ailleurs dans les Auctoritates Aristotelis, In VIII Physicorum, p. 158, n. 220 : « Solus motus localis est continuus vere et perpetuus, quia non est medium inter motum et quietem ». Thomas d’Aquin la cite également : « Nec est mirum si tota generationis transmutatio non est continua, sed sunt multae generationes intermediae: quia hoc etiam accidit in alteratione et augmento; non enim est tota alteratio continua, neque totum augmentum, sed solum motus localis est vere continuus, ut patet in VIII Physicorum » (Summa contra Gentiles, l. 2, c. 89, n. 10). n. 58) comm. 82, 430 vI-K (nr) : sed hec corpora ab extrinsecis recipiunt densitatem et raritatem et recipiendo densitatem quasi recipiunt aliquam PENETRATIONEM in suis partibus. Nam si non reciperet penetrationem aliquam, oporteret etiam quod motus eorum omnino simul esset, ita quod ultimus terminus mundi expelleretur etiam et si iste PARTES perfecte PENETRARENT SE INVICEM, tunc non moveretur de aqua, nisi quantum possidet corpus, quid cecidit in illa. Est igitur quasi medium inter esse spirituale et corporale. Secundum ergo De elem., 13.(1), p. 69, l. 7-10 : Tale enim corpus, cum receperit motum in aliqua suarum partium, huiusmodi pars movet aliam vel alias et sic deinceps, quod absque aliquali subintratione partium ad partes fieri non potest propter talium corporum spiritualitatem, ut dicit Commentator super VIII Physicorum. De misc., 7.(2), p. 36, l. 16-26 : De elementis autem non solum est hoc necessarium quoad mixtionem, ut dictum est, sed in singulis elementis necessarium est hoc etiam quoad PARTES suas proprias, scilicet ut possint SE 86 Le poids de la citation naturam SPIRITUALIS accidit in partibus aliqua PENETRATIO : unde vidimus diversos motus non impediri a seinvicem in aqua etc. PENETRARE propter spiritualitatem suam, quam habent talia corpora, ut dicit Commentator super VIII Physicorum, ubi loquitur de proiectis. INVICEM 2 occurrences RSI : Un résumé correct de la thèse d’Averroès. On observe un certain nombre de coïncidences littérales pour les mots essentiels de la doctrine (se invicem penetrare, spiritualis natura), notamment pour le fragment du De misc.). Dans le De elem., on retrouve moins de correspondances au niveau du vocabulaire, même si doctrinalement une certaine ressemblance est évidente. n. 59) Metaph., XII, comm. 38, 321 vG : Intelligentia enim agens, inquantum est abstracta et est principium nobis, necesse est ut moueat nos secundum amatum amans et si omnis motus necesse est ut continuetur cum eo, a quo fit secundum finem, necesse est ut in postremo continuetur cum hoc intelectu abstracto : ita quod (nr : non invenitur ibi, sed :) ERIMUS DEPENDENTES A TALI PRINCIPIO, A QUO COELUM DEPENDET : quamvis hoc fit in nobis modico tempore, sicut dixit Aristoteles. 1 occurrence FRSP - voir la discussion au n. 36. De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4349 : Inquirit enim Commentator super III De anima et post suam inquisitionem concludit possibile esse intellectum agentem aliquando nobis uniri ut formam, quo per ipsum intelligamus omnia entia et, sicut dicit super Librum Physicorum, per ipsum SIMUS DEPENDENTES AB EODEM PRINCIPIO, A QUO DEPENDET CAELUM. Averroès 87 C. In D e a n im a A r is to te l is (ed. Crawford) I) In l i b r u m I I D e a n i ma n. 60) comm. 60, 221, l. 40-44 (nr): Et potest dicere quod sensibilia non movent SENSUS illo modo quo existunt extra animam; movent enim sensus secundum quod sunt intentiones, cum in materia non sint intentiones in actu, sed in potentia. Utrum in Deo, 2.2.3.(8), p. 313, l. 82-88: Quaelibet igitur huiusmodi forma sensibilis est in potentia in organo corporali transmutato a generante, perficitur autem et fit in actu non solum a primo alterante, quod est generans, sed etiam ex praesentia obiecti, non sic, quod tale obiectum sit principium activum talis formae in actum, sed quia secundum ipsum obiectum et secundum proprietatem formae eius sit in actu per aliud intrinsecum principium secundum Commentatorem super II De anima. De luce, 5.(3), p. 13, l. 28-32 : Unde Augustinus super Genesim dicit, quod anima accommodat partem substantiae suae ad hoc, quod sensus fiat in actu ad praesentiam sensibilis. Et idem vult dicere Commentator super II De anima, quod actus SENSUS dependet ab aliquo interiore principio sicut in intellectu, sed Aristoteles tacuit hoc, quia latet. 2 occurrences RSI : Dans ces deux fragments, Dietrich résume l’idée d’Averroès selon laquelle la sensation ne dépend pas exclusivement de l’action de l’objet sensible, totalement extérieur à l’âme sensitive ; mais si Dietrich parle, dans les deux cas, d’un principe intrinsèque également responsable de la 88 Le poids de la citation sensation, Averroès se contente de préciser seulement que les objets sensibles sont extra animam et qu’ils meuvent les sens en tant que intentiones. On a donc affaire à une interprétation assez libre de la position d’Averroès et on peut supposer que Dietrich n’utilise pas directement sa source. Remarquons aussi la note sur Aristote : Aristoteles tacuit hoc, quia latet. n. 61) comm. 125, p. 321, l. 45-46 (nr) : Ipse enim quasi opinatur quod sensuum quidam SUNT IN CAPITULO RELATIONIS , et quidam sunt in capitulo actionis et passionis per se et accidit eis relatio. De ratione potentiae, 24, p. 382, l. 187-191 : Unde Philosophus V Metaphysicae dicit, quod intellectus per se habet habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensible; ubi dicit Commentator, quod in essentia intellectus est habere talem habitudinem, et super De anima dicit, quod potentiae sensitivae SUNT IN CAPITULO ad aliquid sive RELATIONIS . 1 occurrence RSP : La citation correspond à la source, même si quelques petites différences de vocabulaire existent (Dietrich parle de potentiae sensitivae, Averroès de sensus). La sentence est trop brève pour pouvoir se prononcer sur l’usage direct de la source. Pour la sentence qui précède la citation (se habet habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensibile), voir n. 12. n. 62) comm. 160, p. 372, l. 14 – 373, l. 24 : Quoniam, si sunt quedam que moventur ab aliis et movent alia, et ymaginatio videtur esse virtus mobilis et passiva ab alio, et impossibile est ut sit sine sensu, sed est in rebus sensibilibus et in animalibus habentibus sensum De orig., 5.24, p. 186, l. 183-186 : Et hoc manifeste habetur a Philosopho in II De anima, videlicet quantum ad effectum rerum sensibilium in organis sensuum; de ultimo autem complemento formarum sensitivarum eo modo, quo Averroès perfectum, et possibile est ut motus fiat a sensu qui est in actu, necesse est ut ymaginatio in actu nichil aliud sit nisi perfectio istius virtutis per intentiones sensibiles existentes in sensu secundum modum secundum quem sensus perficitur per sensibilia que sunt extra animam, et quod prima perfectio istius partis anime sit virtus que innata est se assimilare sensationibus que sunt in ipso sensu communi. dictum est, habetur Commentatore in eodem loco. 89 a 1 occurrence RAI : ceci est la seule occurrence dans l’œuvre de Dietrich où le Grand Commentaire sur le De anima d’Averroès est cité pour interpréter le texte d’Aristote ; dans toutes les autres occurrences, cet ouvrage du Cordouan est cité pour lui-même, autrement dit pour les doctrines qui lui sont propres, et non pour expliquer le texte du Stagirite. II) In l ib r u m I II D e a n i ma n. 63) comm. 4, p. 386, l. 99-104 : Et cum talis est dispositio intellectus materialis, scilicet quod est unum entium, et quod potentia est abstracta, et non habet formam materialem, manifestum est ipsum esse non passivum, cum passiva, scilicet transmutabilia, sunt sicut forme materiales, et quod est simplex, sicut dicit Aristoteles, et separabilis. Idem : comm. 5, p. 389, l. 63-67; comm. 12, p. 426, l. 10-14; comm. De int., III. 13.(2), p. 186, l. 8-11 : Omne autem accidens non est nisi dispositio habentis partes, non qualescumque, sed partes posteriores toto, quod est de ratione individui. Sed talis intelligentia, quam ponit Averroes, nec habet partes tales nec est individuum. Ergo non est in potentia ad recipiendum aliquam talem speciem. 90 Le poids de la citation 14, p. 428, l. 8-13 comm. 5, p. 388, l. 37-44 : Et ex hoc apparet quod ista natura non est aliquid hoc, neque corpus neque virtus in corpore; quoniam, si ita esset, tunc reciperet formas secundum quod sunt diversa et ista, et si ita esset, tunc forme existentes in ipsa essent intellecte in potentia, et sic non distingueret naturam formarum secundum quod sunt forme, sicut est dispositio in formis individualibus, sive spiritualibus sive corporalibus. Idem : comm. 5, p. 393, l. 191193. 1 occurrence RcGSI : Malgré l’évocation explicite du nom d’Averroès, aucune note n’apparaît dans l’apparat des sources ! Averroès n’utilise pas, dans son commentaire du livre III du De anima, les mots que Dietrich lui attribue: intellectus non habet partes nec est individuum. Cette idée se trouve cependant chez Averroès sous la forme suivante : intellectus est simplex (l’intellect est simple et sans mixtion) ou intellectus non est hoc aliquid (l’intellect n’est pas quelque chose de déterminé ou individualisé). On peut donc supposer que Dietrich se réfère à ces thèses d’Averroès (communément citées dans les textes de noétiques), même si le vocabulaire n’est pas identique, on peut supposer que Dietrich n’utilise pas directement l’ouvrage du Cordouan. n. 64) comm. 5, p. 388, l. 32-37 (nr) : Et causa propter quam ista natura (i.e. natura intellectus possibilis) est distinguens et cognoscens, PRIMA autem MATERIA RECIPIT FORMAS diversas, scilicet De orig., 5.32, p. 189, l. 291-294 : Et hoc concordat ei, quod communiter dicitur et habetur a Commentatore, scilicet quod MATERIA PRIMA RECIPIT FORMAS has et INDIVIDUALES, intellectus 91 Averroès INDIVIDUALES et AUTEM recipit istas, ista AUTEM FORMAS simpliciter. FORMAS universales. 1 occurrence RcGSP : La citation coïncide presque parfaitement avec la source indiquée par les éditeurs, mais c’est une sentence qui revient souvent dans les traités de noétique de la fin du XIIIe siècle. Chez Thomas d’Aquin, par exemple, on la lit avec une différence négligeable « formae absolutae » au lieu de « formae universales » : « Est autem alia potentia receptiva in anima intellectiva, a potentia receptiva materiae primae, ut patet ex diversitate receptorum, nam materia prima recipit formas individuales, intellectus autem recipit formas absolutas » (Summa theologiae, I, q. 75, a. 5, ra1). n. 65) comm. 5, p. 404, l. 503-508 (nr) : Et est etiam manifestum quod materia et forma copulantur adinvicem ita quod congregatum ex eis sit unicum, et maxime intellectus materialis et intentio intellecta in actu; quod enim componitur ex eis non est ALIQUOD TERTIUM aliud ab eis sicut est de aliis compositis EX MATERIA ET FORMA . De vis. beat., 1.1.1.3.5.(2), p. 21, l. 89-96 : Unde Augustinus IX De Trinitate c. 13: « Quomodo autem illa tria non sunt eiusdem essentiae, non video, cum mens se ipsa amet et se ipsa noverit ». Quamvis autem istud verbum Augustinus velit intelligi de abdito mentis, si tamen extendamus ipsum ad intellectum possibilem, concordat cum eo hoc, quod dicit Commentator super III De anima, quod magis fit unum ex intellectu et specie intelligibili quam EX MATERIA ET FORMA . Ex materia enim et forma fit ALIQUOD TERTIUM, quod nec est materia nec forma. Species autem intelligibilis fit intellectus. De int., III. 13.(3), p. 187, l. 1216 : Item, sicut habemus ab eodem Averroe, magis fit unum 92 Le poids de la citation ex specie intelligibili et intellectu quam EX MATERIA ET FORMA , quia ex materia et forma fit ALIQUID TERTIUM, sed species intelligibilis fit ipse intellectus. In idem concordant Alexander et Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili. De vis. beat., 3.2.4.(4), p. 73, l. 5964 : Nec ex dicta possibilitate et ipsa specie fit compositio, sed potius talis possibilitas transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis in actu, ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis De intellectu et intelligibili et Commentator super De anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse intellectus, quando quis actu intelligit. Et hoc est, quod dicit Philosophus III De anima, quod intellectus possibilis nihil est eorum, quae sunt, antequam intelligat. De vis. beat., 4.2.1.(8), p. 108, l. 8488 : Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili ut forma. 4 occurrences Averroès 93 RSI (De vis. beat., 1.1.1.3.5.(2), p. 21 et 3.2.4.(4), p. 73) : La citation que Dietrich attribue à Averroès ne se lit pas telle quelle dans le commentaire du livre III. Là où Dietrich parle de « magis fit unum ex intellectu et specie », Averroès emploie la formule « maxime copulantur adinvicem intellectus materialis et intentio intellecta in actu ». De surcroît, citée à l’identique dans plusieurs traités, cette sentence est conforme à la règle de la citation unique. Il faut noter aussi que Dietrich, selon sa manière particulière d’associer pour les mêmes problèmes les autorités les plus diverses, fait concorder (concordat cum eo) la doctrine d’Augustin de l’abditum mentis et la théorie d’Averroès sur l’union entre l’intellect possible et l’espèce intelligible en acte. On peut remarquer dans les trois fragments une autre sentence (species intelligibilis fit ipse intellectus) qui respecte la règle de la citation unique. Dietrich est dans De vis. beat. 3.2.4.(4), p. 73 loin du texte d’Averroès et il en donne une interprétation assez libre ; il insiste ainsi plus sur le fait que c’est l’espèce intelligible qui constitue l’intellect possible que sur l’union des deux. On notera l’association des mêmes autorités que dans le RcGSI. RcGSI (De int., III. 13.(3), p. 187) : La même thèse qu’auparavant, mais cette fois sans adresse. On observe que, dans le De int., Dietrich établit une concordance entre Averroès, Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi, tandis que, dans le De vis. beat., il avait établi une concordance, à propos du même thème, entre Averroès et Augustin. La sentence, telle que Dietrich connaît et cite, revient souvent chez d’autres auteurs contemporains. On la retrouve, par exemple, chez Duns Scot, Quaestiones in Librum Porphyrii Isagoge, Q. 9, [9-11.] : « Item, ex intellectu et intelligibili fit uerius unum quam ex materia et forma, per Commentatorem III De anima »). De même, Antoine de Parme, Dubia et remotiones de intellectu agente et possibile, Vat. Lat. 6768, f. 164vb : « et ideo sicut ex specie intelligibili et intellectu nostro fit unum magis quam ex materia et forma, ut dicit Commentator in III De anima, sic quod totum dicitur intelligens et cognoscens, ita ex una intelligentia et ex altera fit unum, ita quod totum dicitur cognoscens et cognitum et ratio cognoscendi ». (De vis. beat., 4.2.1.(8), p. 108) : Toujours dans le De vis. beat., la même théorie sur l’identité entre l’intellect possible et l’espèce intelligible ; Dietrich enchaîne les mêmes autorités (Averroès, Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi). On remarquera également qu’il ajoute à cet endroit la 94 Le poids de la citation théorie de l’union de l’intellect agent du corps humain en tant que forme (ut forma), que nous rencontrerons plus bas, n. 66. n. 66) comm. 5, 415, l. 63-64 (nr) : Declaratum est enim illic quod virtus COGITATIVA non est nisi virtus que DISTINGUIT intentionem REI sensibilis A SUO IDOLO ymaginato : et ista virtus est illa cuius proportio ad has duas intentiones, scilicet ad idolum rei et ad intentionem sui IDOLI , est sicut proportio sensus communis ad intentiones quinque sensum. comm. 20, p. 449, l. 176 - 189 : Et sunt tres virtutes, quarum esse declaratum est IN S ENSU ET S ENSATO, scilicet ymaginativa et COGITATIVA et rememorativa; ite enim tres virtutes sunt in homine ad presentandam formam rei ymaginate quando fuerit sensus absens (...) Et intendebat hic per intellectum passsibilem formas ymaginationis secundum quod in eas agit virtus cogitativa propria homini. Ista enim virtus est aliqua ratio, et actio eius nichilest aliud quam ponere intentionem forme ymaginationis cum suo individuo apud rememorationem aut distinguere eam ab eo apud formationem et ymaginationem. comm. 33, p. 476, l. 51 - 65 : Virtus enim cogitativa, sicut declaratum est IN libro DE S ENSU De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98, l. 21-33 : Componit enim et dividit et distinguit et ordinat entia huius tertii generis, id est entia concepta sub suis intentionibus simplicibus, id est abstrahendo A SUIS IDOLIS, sicut dicit Averroes in suo tractatu DE SENSU ET SENSATO, et est hoc COGITATIVUM nostrum, quod etiam vim DISTINCTIVAM seu rationem particularem vocant, quod quamvis conceptivum sit intentionum simplicium etc. De vis. beat., 4.3.2.(9), p. 115, l. 4044 : Sicut igitur sensus et imaginatio tendunt in idem obiectum, quamvis secundum diversum gradum in modo apprehensionis, item imaginativum et cogitativum tendunt in idem, quamvis cogitativum simpliciore modo et intimiore quam imaginativum, quia imaginatio apprehendit rem vestitam suis idolis, COGITATIVA autem ab huiusmodi IDOLIS rem denudatam, ut dicit Commentator. De int., III.27.(2), p. 200, l. 30-32 : Et hoc est, quod ille commentator Averroes dicit, scilicet quod denudat (i.e. ratio aestimativa seu COGITATIVA ) rem A SUO IDOLO , Averroès S ENSATO, quando iuvabit se cum informativa et rememorativa, innata est presentare ex ymaginibus rerum aliquam quam nunquam sensit, in eadem dispositione secundum quam esset si sensisset eam, fide et informatione; et tunc intellectus iudicabit illas ymagines iudicio universali. Et intentio cogitationis nichil aliud est quam hoc, scilicet ut virtus COGITATIVA ponat rem absentem a sensu quasi rem sensatam. (...) Et iam diximus quod virtus cogitativa non est intellectus materialis neque intellectus qui est in actu, sed est virtus particularis materialis. Et hoc manifestum est ex dictis IN S ENSU ET S ENSATO. ET 95 id est ab accidentibus, sub quibus imaginativa rem considerat. De orig., 5.(26), p. 187sq., l. 224229 : Hoc enim solum est intelligere, scilicet apprehendere rem secundum talium principiorum eius determinationem; alioquin non differret intellectus a VIRTUTE COGITATIVA , quae etiam sic intentionem substantiae denudare potest, ut nuda apud ipsam maneat denudata ab omnibus imaginibus, ut Averroes loquitur, et appendiciis accidentalibus. 3 occurrences FRSI (De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98) : Dans les autres œuvres où Dietrich reprend cette thèse, avec les mêmes mots, il ne précise aucune adresse de la source et parfois aucune autorité (cf. Q° utrum in Deo, I.(11), p. 302, l. 81-83). Ici il indique le commentaire du De sensu et sensato, mais le vocabulaire est propre au commentaire du De anima puisque le De sensu d’Averroès ne contient aucune discussion sur la cogitative (seulement sur la virtus ymaginativa, ed. Shields, p. 39sq.). Dans le De anima cependant, Averroès renvoie lui-même (comm. 20 et 33) à son commentaire du De sensu au sujet des trois facultés de l’âme (l’imaginative, la cogitative et la remémorative), mais jamais pour mettre en relation la virtus cogitativa et l’idolum ; probablement Dietrich s’est inspiré de cette auto-citation (ou d’une source intermédiaire) et a renvoyé directement au De sensu d’Averroès. Le FRSI n’est pas compté ici, mais à la partie dédiée au De sensu et sensato. RcGSI : L’endroit indiqué par l’édition est le seul où apparaisse, dans le Grand Commentaire du De anima, le mot idolum ; et c’est ici aussi qu’Averroès le met en relation (comme Dietrich) avec l’action de la 96 Le poids de la citation cogitative. Cependant, le verbe denudare apparaît une vingtaine de fois dans le même commentaire (le plus souvent pour décrire l’action d’abstraction effectuée par l’intellect agent), mais jamais en relation avec la virtus cogitativa et l’idolum ; Dietrich apporte donc sa touche d’originalité (ou suit une source secondaire). Il faut noter que dans le De vis. beat. Dietrich cite deux fois cette sentence, mais une fois en l’attribuant au commentaire du De sensu et sensato et une autre fois sans adresse. On peut encore comparer ces fragments de Dietrich et une phrase provenant du De anima d’Avicenne où l’on trouve une description de l’image intelligible (nuda a materia et ab eius appendiciis) dans des termes très semblables à ceux de Dietrich (denudata ab omnibus imaginibus, et appendiciis accidentalibus) : « Virtus enim rationalis cum considerat singula quae sunt in imaginatione et illuminatur luce intelligentiae agentis in nos quam praediximus, fiunt nuda a materia et ab eius appendiciis et imprimuntur in anima rationali, non quasi ipsa mutentur de imaginatione ad intellectum nostrum, nec quia intentio pendens ex multis (cum ipsa in se sit nuda considerata per se), faciat similem sibi, sed quia ex consideratione eorum aptatur anima ut emanet in eam ab intelligentia agente abstractio » (Avicenna, De anima, ed. Verbeke, p. 127, l. 39-47). n. 67) comm. 6, p. 415sq., l. 67-74 (nr) : Et hoc aperte dixit Aristoteles in illo libro (i.e. De sensu et sensato), cum posuit virtutes distinctivas individuales in quatuor ordinibus: in primo posuit sensum communem, deinde ymaginativam, deinde COGITATIVAM, et postea REMEMORATIVAM. Et posuit rememorativam magis spiritualem, deinde cogitativam, deinde ymaginativam, et post sensibilem. 1 occurrence Utrum potentiae sensitivae, 3, p. 359, l. 9-11: Nihil in homine praeter intellectum nobilius est sensitivo, cuius sensitivi ultimum est COGITATIVUM vel MEMORATIVUM secundum Commentatorem. Averroès 97 RcGSI : Evocation sans adresse et sans correspondance littérale parfaite. Dietrich respecte la présentation qu’Averroès donne d’une doctrine d’Aristote. Il faut cependant souligner une différence : dans le texte d’Averroès la cogitative et la mémorative sont deux facultés distinctes, la seconde supérieure à la première (« posit (i.e. Aristoteles) ... cogitativam, et postea rememorativam. Et posuit rememorativam magis spiritualem, deinde cogitativam ») ; pour Dietrich la cogitative est identique à la mémorative (« ultimum est cogitativum vel memorativum »). Cette identité, jamais remarquée dans les études sur la noétique de Dietrich, mériterait plus d’attention. Nous ne savons pas trancher si Dietrich modifie volontairement la lecture d’Averroès (et implicitement celle d’Aristote) ou si l’intermédiaire utilisé est de mauvaise qualité et, par conséquent, si la connaissance qu’il a de la position d’Aristote et de son Commentateur est tronquée. n. 68) comm. 15, p. 434, l. 6-20 (nr) : cum dubitavit de intellectu materiali utrum intellectum ex eo est ipse intellectus aut aliud aliquo modo, et oportet, si intellectus in eo est ipsum intellectum, ut sit intellectum per se, non per intentionem in eo, et si fuerit aliud aliquo modo, ut sit intellectum per intentionem in eo, incoepit declarare quod est intellectum per intentionem in eo, SICUT ALIE res intellecte, sed differt ab eis in hoc quod illa intentio est in se intellectus IN ACTU , et in aliis rebus est intellectus in potentia. Et dixit : Et est etiam intellectum, sicut intellecta. Id est, et est intellectum per intentionem in eo, SICUT ALIE res intellecte. Deinde demonstrationem super hoc. Et dixit : Formare enim per intellectum, etc. Id est, et necesse est ut sit De vis. beat., 1.1.1.3.4.(2), p. 20sq., l. 68-77 : Cum enim actu intelligit se, non sic intelligit se, quod ipse idem actus intelligendi sit obiectum talis intellectionis, sed intelligit se, inquantum intelligit se olim factum in actu per aliam intellectionem, et sic INTELLIGIT SE SICUT ALIA secundum Philosophum et exponit Commentator, quod, SICUT ALIA INTELLIGIT per actus et formas suas, quibus talia sunt aliquid in actu, sic intelligit se, inquantum aliquando factus est IN ACTU per speciem intelligibilem aliam ab ea, qua nunc intelligit, et sic ipse sub uno actu intellectionis existens intelligit se sub alio actu intellectionis, sub quo fuit, et sic intelligit se sicut alia, videlicet secundum differentiam intelligentis et intellecti. 98 Le poids de la citation intellectum per intentionem in eo, quia formare per intellectum et formatum idem sunt in rebus non matetialibus. Et si iste intellectus esset intellectus per se, contingeret ut scientia speculativa et scitum essent idem, quod est impossibile. Aristoteles, De anima, III, 429b 26-29 : Amplius autem si intelligibilis et ipse, aut enim aliis inerit intellectus, si non secundum aliud ipse intelligibilis est, unum autem aliquid intelligibile specie est; si autem sit mixtum, aliquid habebit quod facit intelligibile IPSUM SICUT ALIA . 1 occurrence RcGAI : Le fragment où Aristote parle de l’intellection réflexive de l’intellect possible se lit dans le De anima III, 429b 26-29. On ne trouve pas une correspondance littérale entre Dietrich et sa source (Averroès n’utilise pas l’expression intelligere se sicut alia), mais on reconnaît une certaine conformité doctrinale. Dietrich laisse entendre qu’il veut résumer l’interprétation d’Averroès (et exponit Commentator quod ...) ; celui-ci défend, comme Dietrich, l’idée que l’intellect possible ne se comprend pas per se, mais par l’entremise d’un autre intelligible qui est actualisé par l’intellect agent et que l’intelligible en acte est identique à l’intellect possible (la thèse provient d’Aristote). Ce dernier intellect se connaît de la même manière qu’il connaît les autres intelligibles (intelligit se sicut alia) ; ceci est la cause qui rend impossible une identité essentielle entre l’intellect possible et son objet 11. 11 Voir à ce sujet D. CALMA, « La connaissance réflexive de l’intellect agent. Le « ‘premier averroïsme’ et Dietrich de Freiberg », in : J. BIARD, D. CALMA, R. IMBACH (eds), Recherches sur Dietrich de Freiberg, p. 63-105. Averroès 99 n. 69) comm. 18, p. 439, l. 73-74 : Et fuit necesse attribuere has duas actiones anime in nobis, scilicet recipere intellectum et facere eum, quamvis agens et recipiens sint substantie eterne, propter hoc quia hee due actiones reducte sunt ad nostram voluntatem, scilicet abstrahere intellecta et intelligere ea. comm. 5, p. 389, l. 71-81 : Deinde dixit: Et scientia in actu idem est cum re. Et innuit, ut reputo, aliquod proprium intellectui agenti, in quo differt a materiali, scilicet quod in intelligentia agenti scientia in actu eadem est cum scito, et non est sic in intellectu materiali, cum suum intellectum est res que non sunt in se intellectus. Et cum notificavit quod sua substantia est sua actio, dedit causam super hoc. De vis. beat., 1.1.9.(1), p. 35, l. 6670 : Est etiam haec sententia, scilicet quod intellectus agens est substantia, omnium peripateticorum, ut patet per Alexandrum et Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per Avicennam, per Commentatorem super III De anima. Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere substantiam separatam. 1 occurrence RSI* : Il est impossible de préciser seulement un unique endroit où Averroès affirme, dans le commentaire du livre III du De anima, que l’intellect agent est une substance. Le nom d’Averroès apparaît en compagnie de plusieurs autorités qui soutiennent la même idée. Dietrich fait appel à elles pour renforcer une de ses propres thèses et se placer dans la descendance de cette tradition philosophique. n. 70) comm. 19, 443, l. 85-91 : Deinde dixit: Et scientia in actu idem est cum re. Et innuit, ut reputo, aliquod De vis. beat., 4.3.3.14, p. 122 : Patet etiam ex praehabitis, quare nunc in statu huius vitae non 100 Le poids de la citation proprium intellectui agenti, in quo differt a materiali, scilicet quod in intelligentia agenti scientia in actu eadem est cum scito, et non est sic in intellectu materiali, cum suum intellectum est res que non sunt in se intellectus. Et cum notificavit quod SUA substantia EST SUA ACTIO, dedit causam super hoc. comm. 19, 442, l. 53-58 : Et cum notificavit quod intellectus agens differt a materiali in eo quod agens semper est pura actio, materialis autem est utrunque propter res que sunt hic, dedit causam finalem in hoc. Et dixit: Agens enim semper est nobilius patiente. Id est, et iste semper EST IN SUA substantia ACTIO, et ille invenitur in utraque dispositione (…). intelligimus per saepe dictum intellectum agentem nec hi, qui ab illa beata vita separati sunt. Ipsis enim talibus, qui ab illa beata vita alieni sunt, nobis quoque, qui degimus in hac vita, non unitur ut forma, secundum quod ACTIO EIUS EST essentia EIUS , ut dicit Commentator super III De anima, sed solum unitur nobis per intellecta in actu seu species intelligibiles, quae sunt actio eius, secundum quod actio eius differt ab essentia eius. (nr : comm. 36, 484, lin. 151-485, lin. 158 : Manifestum est igitur quod intelligit per hunc sermonem quod, quando intellectus qui est in actu fuerit causa secundum formami ntellectus materialis in actione eius propria (et hoc erit per ascensionem intellectus materialis apud illam formam), tunc dicetur intellectus adeptus, quoniam in illa dispositione erimus intelligentes per ipsum quoniam est forma nobis; quoniam tunc erit ultima forma nobis.) 1 occurrence RSI : L’identité entre l’opération et l’essence de l’intellect agent, telle qu’elle est postulée par Dietrich n’est pas défendue par Averroès, comme les éditeurs l’indiquent, dans le commentaire 36, mais dans le commentaire 19. Dans un premier temps (l. 53-58), Averroès présente une théorie selon laquelle l’intellect agent est éternellement un acte pur Averroès 101 (semper est pura actio). Dietrich postule la même identité pour un intellect agent qui n’est pourtant pas comme pour Averroès une substance séparée et unique pour toute l’espèce humaine, mais une substance individuelle dans chaque individu. Nous ne pouvons rien préciser avec certitude sur l’usage direct de la source. n. 71) comm. 20, p. 444, l. 20-23 : (…) iste INTELLECTUS, cum fuerit copulatus in NOBIS et INTELLEXERIMUS PER ILLUM ALIA ENTIA SECUNDUM QUOD EST FORMA NOBIS , ipse solus tunc inter partes intellectus est non mortalis. comm. 36, p. 500, l. 611-613 : Et cum ita sit, necesse est ut homo INTELLIGAT PER INTELLECTUM sibi proprium OMNIA ENTIA , et ut agat actionem sibi propriam in omnibus entibus, sicut intelligit per intellectum qui est in habitu, quando fuerit continuatus cum formis ymaginabilibus, omnia entia intellectione propria. comm. 36, p. 501, lin. 636-639 (premier indication de l’édition ) : Sed cum efficietur forma nobis in actu (et hoc erit apud continuationem eius in actu), tunc intelligemus per illum omnia que intelligimus, et agemus per illum actionem sibi propriam. (Seconde indication de l’édition : comm. 36, f. 479-502 – nous ne transcrivons pas le texte en raison de sa longueur.) De vis. beat., 1.1.4.(5), p. 29, l. 2732 : Et ex hoc arguit Commentator super III De anima, quod, si INTELLECTUS agens, qui est intellectus per essentiam et semper in actu, aliquando uniatur NOBIS UT FORMA , PER IPSUM INTELLIGEMUS OMNIA ENTIA . Quod videtur aliqualiter concordare cum eo, quod legitur de sancto Benedicto, videlicet quod in quadam mentis elevatione vidit totum universum. De vis. beat., 4.2.1.(2), p. 106, l. 4347 : Inquirit enim Commentator super III De anima et post suam inquisitionem concludit possibile esse INTELLECTUM agentem aliquando NOBIS uniri UT FORMAM, QUO PER IPSUM INTELLIGAMUS OMNIA ENTIA et, sicut dicit super Librum Physicorum, per ipsum simus dependentes ab eodem principio, a quo dependet caelum. 102 Le poids de la citation 2 occurrences RSP : Un des très rares cas où Dietrich nomme explicitement le commentaire du livre III du De anima et donne aussi une citation correcte. Dietrich reprend d’Averroès l’idée que l’intellect agent s’unit à l’homme en tant que forme et grâce à cela l’individu peut comprendre tout ce qui est intelligible (les substances séparées, Dieu et les substances sensibles). On remarque, dans le premier extrait (De vis. beat., 1.1.4.(5), p. 29), que Dietrich introduit la citation d’Averroès comme s’il suivait de près l’argumentation de celui-ci : et ex hoc arguit Commentator ... ; or, ce qui précède dans le De vis. beat. n’est aucunement une démonstration d’Averroès, mais le raisonnement de Dietrich. On notera également que dans chacun des deux passages Dietrich fait concorder la même sentence du De anima d’Averroès avec des autorités diverses : une fois c’est avec Grégoire le Grand (cité pour la légende de st. Benoît), une autre fois c’est avec le commentaire d’Averroès de la Physique. Il faut cependant souligner que dans le premier cas, Dietrich parle de l’union entre l’intellect agent et l’homme, celui-ci voyant tout l’univers par une sorte d’élévation de l’esprit ; dans le second cas, Dietrich montre que l’homme dépend du même principe supérieur que le ciel, à savoir l’intellect essentiellement en acte. On peut également noter que, là où Averroès utilise copulatio 12, Dietrich préfère unio. Pour le renvoi au commentaire à la Physique voir n. 36. n. 72) comm. 25, p. 463, l. 43-53 : Deinde dixit : Si igitur aliquod rerum, etc. Id est, si igitur fuerit aliquis intellectus in quo non est potentia contraria actui existenti in eo, id est si fuerit aliquis intellectus qui non invenitur quandoque intelligens in potentia De vis. beat., 1.1.4.(3), p. 28, l. 7779 : Hinc est, quod sensus non habet ex hoc essentiam suam, quod primo et per se se ipsum sentiat, et sic sensualitas seu sensatio non eo modo essentiat sensum, sicut intellectualitas figit in esse intellectum, qui est 12 Voir à ce sujet l’article de Ch. B URNETT , Coniunctio – Continuatio, in : I. A TUCHA , D. CALMA , C. K ÖNIG-P RALONG, I. ZAVATTERO (eds), Mots médiévaux offers à Ruedi Imbach, FIDEM/Brepols, Porto 2011 (sous presse). Averroès et quandoque intelligens in actu, tunc ille intellectus non intelliget privationem omnino; immo NICHIL INTELLIGET EXTRA SE . Et hoc est unum eorum quibus dividitur iste intellectus ab intellectu agente, scilicet quod in hoc intellectu invenitur utrunque, in agenti autem actus tantum, non potentia. p. 463, l. 43-53: Id est, si igitur fuerit aliquis intellectus in quo non est potentia contraria actui existenti in eo, id est si fuerit aliquis intellectus qui non invenitur quandoque intelligens in potentia et quandoque intelligens in actu, tunc ille intellectus non intelliget privationem omnino; immo NICHIL INTELLIGET EXTRA SE. 103 intellectus per essentiam secundum sententiam peripateticorum. Et scribit Commentator super III De anima, quod NIHIL INTELLIGIT EXTRA SE, videlicet primo et per se, sed solum in se ipsum conversus est et in suum principium, si habeat altius se principium. De int., II.39.(2), p. 177, l. 53-55 : Praeterea, quomodo verum est, quod Commentator dicit et communiter dicitur, quod intellectus agens NIHIL INTELLIGIT EXTRA SE, cum intelligat causam suam et alia, quae non sunt, quod ipse? (indication de l’édition : comm. 19, 441, l. 15-16 : intelligentia enim agens nichil intelligit ex eis que sunt hic. comm. 8, p. 420, l. 24-29. Et hoc est econtrario dispositioni in formis abstractis; ille enim, cum intellectum earum non est aliud ab eis in intentione per quam sunt intellecta istius intellectus, ideo intelligunt se essentialiter, et non accidentaliter. Et hoc perfectius invenitur in primo intelligente, quod nichil intelligit extra se.) 2 occurrences RSP (De vis. beat.): Dietrich décrit dans ce passage l’intellect agent de l’homme en insistant sur la connaissance de soi. Dans le fragment donné comme source par l’édition (comm. 19), Averroès parle de l’intelligence première, divine, qui ne connaît rien en-dehors de soi-même ; on peut ajouter que la même doctrine est défendue aussi dans le commentaire 8 104 Le poids de la citation où l’on trouve d’ailleurs l’expression employée par Dietrich : « nihil intelligit extra se ». Cependant, les passages qui correspondent le mieux au renvoi de Dietrich proviennent du commentaire 25 où cette même expression « nihil intelligit extra se » qui décrit l’intellect agent de l’homme et non pas l’intellect divin (ou une autre intelligence supérieure). La parallèle doit se limiter seulement à ces ressemblances de vocabulaire, parce que la conception de Dietrich sur l’intellect agent est totalement différente de celle d’Averroès ; et les formules communes ont d’ailleurs des connotations différentes. RcGSP (De int.) : Doctrinalement, il n’y a aucune différence par rapport au RSP commenté auparavant, mais Dietrich ne donne ici aucune adresse de la citation. Cette brève expression qui se trouve aussi chez Averroès n’est pas un indice suffisant pour soutenir que Dietrich utilise directement le texte d’Averroès. n. 73) Les éditeurs renvoient seulement au comm. 5, p. 401-409, lin. 424-653, mais on peut trouver beaucoup d’autres passages correspondants, certains plus convenables : comm. 36, p. 491, 343-353 : Ex quo consequitur secundum conversionem oppositi quod omne intellectum non habens formam spiritualem a qua sustentatur, illud intellectum unum apud me et apud te. (…) Ex quo consequitur ut intellectus sit innatus intelligere quiditatem intellecti cuius intellectus est unus omnibus hominibus; et quod est tale est substantia abstracta. comm. 18, p. 439, lin. 73-74 (nr) : Et fuit necesse attribuere has duas actiones anime in nobis, scilicet De int., III.10.(1)-(3), p. 185, l. 7087 : Ex eisdem potest concludi contra errorem Averrois de unitate intellectus possibilis, quam ponit, additis nihilominus aliquibus specialibus viis, quibus procedi potest contra eum. (...) Quoniam autem Aristoteles philosophus ponit in intellectuali nostro duplicem intellectum, agentem videlicet, in quo est omnia facere, et possibilem, in quo est omnia fieri, utrumque istorum ponit Averroes substantiam separatam et intelligentiam quandam. Eam, quam dicit intellectum possibilem, dicit infimam in ordine intelligentiarum, et suum intelligere, inquantum intelligentia est, tale est, quod 105 Averroès recipere intellectum et facere eum, quamvis agens et recipiens sint substantie eterne, propter hoc quia hee due actiones reducte sunt ad nostram voluntatem, scilicet abstrahere intellecta et intelligere ea. comm. 19, p. 442, lin. 62-64 (nr) : Et ideo opinandum est secundum Aristotelem quod ultimus intellectus abstractorum in ordine est iste intellectus materialis. Actio enim eius est diminuta ab actione illorum, cum actio eius magis videtur esse passio quam actio, non quia est aliud per quod differat iste intellectus ab intellectu agenti nisi per hanc intentionem tantum. ACTIO EIUS . EIUS EST SUBSTANTIA comm. 19, 443, l. 85-91 : Deinde dixit: Et scientia in actu idem est cum re. Et innuit, ut reputo, aliquod proprium intellectui agenti, in quo differt a materiali, scilicet quod in intelligentia agenti scientia in actu eadem est cum scito, et non est sic in intellectu materiali, cum suum intellectum est res que non sunt in se intellectus. Et cum notificavit quod SUA SUBSTANTIA EST SUA ACTIO, dedit causam super hoc. 2 occurrences RcGSI* : Nous comptons ici deux évocations parce que Dietrich se réfère à deux thèses distinctes du Cordouan : l’unicité de l’intellect possible (contra errorem Averrois de unitate intellectus possibilis) et la séparabilité des deux intellects en tant que substances (utrumque istorum ponit Averroes substantiam separatam). Comme dans le cas précédent, ce sont des doctrines qui reviennent souvent dans le commentaire au livre 106 Le poids de la citation II du De anima pour que l'indication d’une seule source soit possible. On peut cependant noter que Dietrich critique plusieurs aspects de la noétique d’Averroès sans jamais mentionner le commentaire au De anima. Nous considérons le comm. 36 source pour la thèse de l’unicité de l’intellect possible et le comm. 19 comme source pour la thèse de l’identité entre l’action et la substance de l’intellect agent. D. In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l is (ed. Carmody) I) In l ib r u m I D e c e l o e t m u n d o n. 74) comm. 96, p. 178, l. 9-16 (nr) : Cum declaravit quod impossibile est inveniri duo individua insimul ex omni composita ex tota sua materia propria, vult declarare quod MUNDUS est COMPOSITUS EX TOTA SUA MATERIA . Et ipse vult anteponere quod MUNDUS est compositus sicut alia corpora composita, et dixit : Revertamur ergo et dicamus quod celum est compositum ex sua materia sicut et alia corpora composita, et INTELLIGE per CELUM TOTUM MUNDUM, id est manifestum est quod totus mundus est compositus ex forma et materia sicut alia corpora composita. De sub. spir., 28.(11), p. 329, l. 9198 : Et ex hac radice pullulat sententia verbi Philosophi, quod ponit in libro De caelo et mundo, videlicet quod caelum COMPONITUR EX TOTA SUA MATERIA : CAELUM, id est iste MUNDUS corporalis, in quo includitur omne corpus secundum suam speciem, et, inquantum huiusmodi, per se pertinet ad integritatem huius corporalis universi secundum Commentatorem, qui dicit sic INTELLIGENDUM nomen CAELI in dicto verbo Philosophi. 1 occurrence RAP : En commentant ce fragment d’Aristote, Dietrich reprend la suggestion d’Averroès selon lequel caelum est iste mundus. La phrase est très souvent citée par Thomas d’Aquin (par exemple: Summa Theologiae I, q. 68 a. 4 arg. 2) et par beaucoup d’autres auteurs. Comme cette sentence répandue est la seule référence que Dietrich fait du livre I du Averroès 107 commentaire du De celo, il est légitime de supposer qu’il n’a pas connu et utilisé directement ce commentaire. II ) In l ib r u m II D e c e l o e t mu n d o n. 75) comm. 42, p. 355, l. 198-205 : Cum igitur corpus calidum fuerit motum, erit in ultima sua perfectione, et cum fuerit in sua ultima perfectione, tunc calor erit in sua ultima perfectione, sicut in re existunt omnia accidentia consequentia formam eius; si igitur lumen fuerit perfectio corporis ignei, tunc erit de eo sicut de motu, scilicet quod corpus calidum igneum cum fuerit luminosum erit in sua ultima perfectione, et cum fuerit in sua ultima perfectione, erit in calore in sua ultima perfectione. comm. 42, 353, l. 151-156 : Et tunc inducet ipsum in testimonio quod aer calefit ex motu corporis caelestis, quoniam genera illarum stellarum significant quod aer calefit ex motu, et propter hoc significant abundantiam siccitatis : et secundum hanc explanationem intendebat, per stellas que sunt in superiori orbe, veras stellas, et per superiorem orbem totum caelum. Utrum aliquid, quod est in potentia, (11)-(12), p. 357, l. 70-82: Et hoc in proposito est caelum, ad cuius perfectionem in causando tria concurrunt, secundum II Caeli et mundi c. 4 in commento, scilicet substantia corporis, lumen et motus, quibus virtualiter et quodam modo universali continet qualitates elementares in se; determinatur autem in causando hanc vel illam secundum variationem istorum trium respectu partium substantiae elementaris. Nec obstat, quod Commentator videtur dicere super dictum capitulum, quod caelum non infrigidat, sed calefacit. Verum est quantum ad actionem eius principalem, quando dicta tria perfecte congregantur approximando ad materiam subiectam. 1 occurrence RSI : L’adresse est attentivement indiquée par Dietrich (super II Caeli et mundi c. 4 in commento), mais le thème abordé ne correspond pas à cette partie du texte d’Averroès. Pour faciliter au lecteur la comparaison entre 108 Le poids de la citation Dietrich et Averroès, nous transcrivons entièrement le commentaire 4. Dans ce fragment, Averroès est très proche du texte d’Aristote (De celo, 284a18-24) et affirme que le ciel n’est ni léger ni lourd, mais a une troisième nature car il a une âme. Dietrich mentionne d’abord trois causes (la substance, la lumière, le mouvement) de la perfection du corps astral. La seconde référence de Dietrich concerne la thèse selon laquelle le ciel produit de la chaleur ; or, ces deux idées ne se trouvent pas dans le commentaire 4. Les éditeurs de Dietrich ne tiennent pas compte du renvoi explicite et renvoient, dans le deux cas, au commentaire 42 du livre II (qui correspond au De celo 289a 19-35). Ils ont raison de procéder ainsi parce que c’est effectivement à cet endroit que l’on trouve aussi bien une discussion sur la perfection du ciel et que sur la chaleur qu’il produit. On peut affirmer que malgré l’absence d’une reprise littérale, Dietrich avait une connaissance assez bonne du commentaire 42. Il reste à expliquer le problème du désaccord entre l’adresse donnée par Dietrich et le commentaire : par une faute de copiste (ou par l’inadvertance même de Dietrich), le numéro 42 du commentaire d’Averroès peut facilement devenir le numéro 4 ; la source intermédiaire peut également être la cause de cette erreur. La Questio utrum aliquid se lit dans un seul manuscrit, le Vat. Lat. 1121, f. 186v-187r ; il n’y a donc aucun autre témoin de la transmission textuelle nécessaire pour effectuer une comparaison sur ce point. n. 76) comm. 92, p. 445, l. 86-93: Et quia ita est, incepit notificare hoc et dixit : Non tantum videmus terram quiescentem in medio sed etiam movetur ad ipsum, id est et contradicit huic sermoni, quia nos non tantum videmus terram secundum totum quiescere in medio sed etiam secundum totum moveri ad medium cum fuerit imaginata extra; et signum eius est quia videmus partes eius cum fuerint extra medium moveri ad medium, et IDEM EST MOTUS TOTIUS TERRAE ET UNIUS GLEBAE etc. De intellig., 12.(1)-(2), p. 364sq., l. 43-56 : Posuit autem haec commentator Averroes, videlicet quod omnis stella moveretur aequaliter et naturaliter et solum circa centrum mundi, sumpta ratione secundum suum intellectum ab auctoritate Philosophi hic praemissa, sicut supra inductum est De caelo et mundo, secundum quod ibi Philosophus investigat motus naturales simplices corporum simplicium huius universi secundum hunc modum, quod talis motus vel est ad medium vel Averroès on peut mentionner aussi : comm. 99, p. 456, l. 9-18: Dicit : Debet homo quaerere cum centrum terre est idem cum centro mundi, et posuerimus ipsam moveri ad istud centrum, utrum moveatur ad ipsum naturaliter secundum quod est centrum terrae aut secundum quod est centrum mundi. Deinde narravit quod non movetur naturaliter ad istud punctum quod est centrum nisi quia est medium totius, non quia est medium terrae; et hoc intendebat cum dixit : dicamus igitur quod corpora gravia moventur ad medium necessario, quia est medium totius, id est dicamus igitur quod corpora non moventur ad istud medium necessario nisi quia est medium totius, non quia est medium terrae. indication de l’édition : In De caelo II, comm. 35; 118vG-119rB; ibid., comm. 32, 116rA; In Metaph. XII, comm. 45, 329vGM. indication de l’édition pour De intellig., 15.(1), p. 366 : In De caelo I, comm. 19 (p. 35, l. 15-17) : « et fundatum est super duas propositiones, quarum altera est intellectus, ides quod locus totius corporis gravis aut levis idem est et partis »; II, comm. 35, 118vH. indication de l’édition pour De intellig., 16.(1), 367 : In De caelo II, comm. 35; 118vG-H. 109 a medio vel circa medium. Accipit autem Averroes in hac trimembri divisione medium secundum eandem significationem, scilicet pro centro mundi, circa quod volvitur totum; cui si adiungat, ad concludendum propositum suum, quod IDEM EST MOTUS TOTIUS et partis EIUS, PUTA TOTIUS TERRAE ET ALICUIUS GLEBAE , quae est aliqua pars eius, ex his videtur dicto Averrois efficaciter concludendum, quod nulla stella moveatur nisi super centrum, circa quod volvitur totum universum quoad machinam caelestem. De intellig., 15.(1), p. 366, l. 3-5 : Quod autem pro fundamento suae rationis dictis adiungit (i.e. Averroes), scilicet quod IDEM EST MOTUS TOTIUS et partis deminutae, loquitur non distinguens inter corpora animata et corpora inanimata. De intellig., 16.(1), p. 367, l. 23-25 : (…) Et sic, ut videtur, adhuc stat sententia Commentatoris de conformi significatione medii accipiendo medium pro centro mundi, cum dicit, quod omnis motus naturalis vel est ad medium vel a medio vel circa medium. 3 occurrences RcGAP (De intellig., 12.(2), p. 365 et 15.(1), p. 366) : On remarque deux renvois à la même citation d’Averroès (idem est motus totius et partis) ; les éditeurs renvoient, curieusement, à deux sources différentes : la première 110 Le poids de la citation fois à Aristote (De celo I 3, 270a 5) et la seconde fois à Averroès : In I De celo, comm. 19 et In II De celo, comm. 35. La citation d’Aristote provient en réalité de la Physique IV, 4, 211b ou III, 5, 205a 11 (« locus aliquis uniuscuiusque et idem partis et omnis est, ut totius que terre et unius glebe ») où il est question du lieu. L’idée est reprise dans les Auctoritates Aristotelis à propos du mouvement (« Idem est motus totius et partis », In III Physicorum, n. 107, p.148). Il s’agit très probablement d’une contamination d’Averroès qui dans son commentaire du deuxième livre du De celo utilise la formule : « idem est motus totius terrae et unius glebae » (comm. 92). Thomas d’Aquin la cite et l’attribue à plusieurs autorités : la citation (identique à celle donnée par Dietrich) provenant du commentaire au De celo d’Averroès l’attribue au livre III de la Physique d’Aristote : « Praeterea, idem est motus totius et partis, sicut totius terrae et unius glebae ut dicitur in III Physicorum » (Quaestiones disputatae de malo, q. 16, art. 10, arg. 8) ; une autre fois, Thomas attribue exactement la même citation au livre IV de la Physique (Quaestiones disputatae de malo, q. 2, art. 12, arg. 10). Dans son commentaire du De celo et mundo, Thomas la cite sans l’alléguer à une autorité (lib. 1, lec. 15, n. 6), tandis que la citation provenant en réalité de la Physique IV, 4, 211b l’attribue au De celo I (In II Sententiarum, d. 17, q. 3, art. 1, sed contra 2). Thomas ne l’attribue cependant jamais à Averroès. Dans le De intellig. Dietrich ne cite explicitement aucune œuvre d’Averroès, bien qu’il nomme le De celo d’Aristote et le commentaire respectif d’Albert le Grand (3.(3), p. 355). En critiquant donc la position d’Averroès, Dietrich ne donne aucune indication du texte visé et se contente de le citer par des propositions correspondant plus ou moins à la source. On peut supposer que le texte auquel songe Dietrich est le commentaire d’Averroès au De celo et que les deux renvois du De intellig. (12.(2), p. 365 et 15.(1), p. 366) font référence à la même source. Cependant, ce n’est pas la discussion sur le mouvement des étoiles qui accompagne chez Dietrich la citation exacte, qui se lit à cet endroit chez Averroès, mais la théorie sur le mouvement et le repos de la terre. La théorie sur le mouvement des étoiles autour du centre de la terre, qui intéresse Dietrich, est débattue par Averroès à plusieurs autres endroits du commentaire du De celo. RcGAI (De intellig., 16.(1), 367) : On peut en conclure que Dietrich critique, dans le De intellig. la position cosmologique d’Averroès sans jamais se référer à l’une de ses œuvres, en discutant une seule thèse (« accipiendo medium pro centro mundi etc. ») et en citant une seule phrase vagabonde relativement proche du texte du Cordouan qu’il pouvait puiser dans un florilège ou dans une source secondaire. Tout Averroès 111 cela nous fait douter, dans une certaine mesure, du fait qu’il pouvait connaître immédiatement le commentaire du De celo d’Averroès (que les éditeurs indiquent pourtant comme la cible la plus probable de Dietrich). L’évocation qui commence par « fortassis autem diceret… » est discutée dans la partie dédiée aux simples mentions. II I) In l i b r u m I I I D e c e l o e t mu n d o n. 77) comm. 67, p. 633, l. 64-70 (nr) : Et causa huius est quod nihil recipit se, et si figuram haberent substantialem, contingeret alterum duorum, aut ut non reciperent figuram omnino, aut reciperent ipsam cum corrumperetur sua figura et tunc non remanent elementa, quoniam QUOD APUD ALTERIUS GENERATIONEM CORRUMPITUR secundum totum, NON EST EI ELEMENTUM, quoniam elementum est illud invenitur pars elementati. quod De elem., 1.(2), p. 59, l. 11-18 : Nec est instantia de forma, ex qua similiter res primo videtur componi et magis etiam, tum quia res sensibiles cum dissolvuntur per corruptionem, non sic dividitur ex eis forma, ut maneat post talis substantiae corruptionem, sicut manet materia, quia, sicut dicit Commentator, omne, QUOD CORRUMPITUR APUD GENERATIONEM ALTERIUS , NON EST EI ELEMENTUM, ita omne, quod ad dissolutionem alterius corrumpitur, non est ei proprie elementum; necessarium est igitur secundum utrumque statum et generationis et corruptionis elementati manere illud, quod vere et proprie est elementum. De misc., 8.2, p. 37, l. 49-53: Innuit etiam per idem, quod dicit ‘alteratorum’, substantias miscibilium esse salvas quantum ad id, quod sunt per essentiam; alias NON EST EI ELEMENTUM, sicut dicit Averroes; et fundatur super verbum Philosophi in V (i.e. Metaphysicae), scilicet quod 112 Le poids de la citation elementum est, in quod dividitur et quod est in re. res 2 occurrences RcGSP : Dans le De elem. Dietrich cite correctement, mais sans adresse, une phrase provenant du commentaire d’Averroès au De celo ; dans le De misc., Dietrich ne retient que la dernière partie de la même sentence. L’expression se lit chez d’autres auteurs : Henri Bate ne l’attribue pourtant pas à Averroès : « … sed neque secundum se vocari possent elementa, quoniam quod apud generationem alterius corrumpitur secundum totum, non est illi elementum » (Speculum divinorum et quorundam naturalium, ed. C. Steel, Leuven University Press, Leuven 1993, quarta pars, c. 41, p. 109, l. 104sq.) ; Boèce de Dacie ne mentionne pas non plus la source, bien qu’il la cite à deux reprises : « Item, illud non <est> elementum alterius quod corrumpitur apud generationem alterius » (Questiones de Generatione et coruptione, in Opera V.5, 1, q. 8, G. S AJO ed., F. Bagge, Copenhagen 1972, p. 17, l. 18-30) ; « Item, elementum in eo cuius est elementum debet manere : quod enim corrumpitur apud generationem alterius, non est illius elementum, et cum ex carne… » (ibid., q. 8, p. 19, l. 97-99). Ces quelques exemples sont la preuve que cette expression était répandue et connue au point qu’elle était même citée sans indiquer la source. Etant donné que Dietrich se réfère deux fois au commentaire du livre II du De celo et mundo en utilisant uniquement cette expression, nous pouvons considérer qu’il la reprend d’un intermédiaire et qu’il n’a pas une connaissance directe du commentaire. IV ) In l ib r u m IV D e c e l o e t mu n d o n. 78) comm. 1, 654, l. 16-19 (nr) : res enim eterne non habent agens nisi secundum similitudinem, neque habent ex QUATTUOR CAUSIS nisi FORMALEM et FINALEM. Deinde dixit Perscrutari enim de hoc convenit etc., id est et necesse est considerare in eis, nam consideratio in eis similis est De anim., 3.(2), p. 14sq., l. 55-63 : Haec autem quattuor genera proprie accipiuntur solum in entibus, quae subiecta sunt transmutationi et motui deservienti generationi et corruptioni rerum, secundum Philosophum in VIII Metaphysicae; unde Commentator dicit super III Averroès considerationi in rebus mobilibus scilicet NATURALIBUS . 113 Metaphysicae et super V Caeli et mundi, quod EFFICIENS CAUSA et FINALIS non sunt in separatis: Sicut enim IN MATHEMATICIS non est ratio finis, quia non est ibi ratio boni, et per consequens nec causa efficiens, sic in separatis non invenitur ratio boni acquisiti per motum, et sic nec causa finalis et per consequens nec causa efficiens, quae movet intentione boni. De luce, 1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est autem celebri sententia vulgatum QUATTUOR esse CAUSAS rerum, quae subsunt quantitativae vel qualitativae transmutationi. In entibus enim separatis vel mathematicis non sunt proprie CAUSAE EFFICIENTES et FINALES , quarum ratio attenditur in hoc, quod acquiratur aliquid per motum, ut habetur a Commentatore super III Metaphysicae et super Caelum et mundum. De orig., 5.(11), p. 183, l. 61-66 : Dico autem hic FINEM , FORMAM et EFFICIENS non modo, secundum quod inveniuntur in naturalibus, quae concernunt MOTUM et materiam, sed modo communiore, secundum quod secundum aliquam sui rationem reperiuntur etiam in separatis, quamvis non eadem ratione sicut in NATURALIBUS , ut dicit Averroes de fine super III Metaphysicae, de efficiente super principium IV Caeli et mundi. 114 Le poids de la citation 3 occurrences RSI : On a les mêmes formules dans trois textes différents : d’après la règle de la citation unique on ne cherchera pas une citation littérale. Le résumé correspond doctrinalement à l’endroit indiqué par les éditeurs de Dietrich, mais l’emprunt littéral est plutôt insignifiant. Dietrich est proche d’Averroès et accepte, comme lui, que les quatre causes propres aux choses naturelles ne correspondent aux substances immatérielles que par similitude ou par analogie. Dans le De anim., cependant, Dietrich semble beaucoup plus radical qu’Averroès lui-même, en niant sans réserve l’existence des causes efficientes et finales pour les substances séparées. On peut souligner des variations au niveau de l’adresse : dans le De orig., Dietrich donne « super principium IV Caeli et mundi » ; dans le De anim., il note « super IV Caeli et mundi », tandis que, dans le De luce, il écrit seulement « super Caelum et mundum ». On remarquera également que Dietrich renvoie pour ce même thème aux mêmes autorités enchaînées : le commentaire d’Averroès du livre III de la Métaphysique pour la question sur la cause finale, et le commentaire d’Averroès du livre IV du De celo au sujet de la cause efficiente. Nottons surtout que Dietrich se réfère à ce commentaire du livre IV uniquement à propos de ce rapport entre la causalité et les substances séparées, en utilisant toujours la même phrase et sans correspondance littérale. On peut en conclure que très probablement il ne le connaît pas directement et qu’il se sert d’un intermédiaire pour s’y référer. Voir aussi n. 2. E. I n D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l i s (ed. Shields, v e r s io vu l g a ta ) n. 79) p. 14, l. 25 – 16, l. 48 (indication de l’édition, sauf pour le De col.) : dicamus ergo quod elementa divesantur secundum multitudinem, et parvitatem diaphaneitatis, verbi gratia aer et aqua, diaphanum autem est innatum recipere De ir., II.4.(3), p. 152, l. 22-25 : (3) Huius autem generis colorum, scilicet naturalium absolutae qualitatis, principia assignat Averroes in tractatu suo De sensu et sensato dicens huiusmodi colores generari ex Averroès lucem, et perfici ab illa et, cum diaphanum receperit lucem, fiunt etiam hoc colores diversi secundum fortitudinem et debilitatem lucis ex nigredine nubium, verbi gratia colores qui sunt in iride. Necesse est igitur ut color fiat EX ADMIXTIONE corporis lucidi cum DIAPHANO et quia omnia composita fiunt ex quatuor elementis (...) et ideo necesse est ut colores sint compositi ex istis duabus naturis, scilicet natura diaphani et natura illuminosi : et ideo diversitas istarum duarum naturarum in quantitate et qualitate faciat diversitatem eorum. Color igitur albus fit ex admixtione ignis clari cum elemento, quod est valde diaphanum, scilicet aere, et color niger fit ex igne turbido, qui admiscetur cum elemento minime diaphaneitatis, scilicet terra (...). 115 commixtione corporum multae et paucae luminositatis et corporum multae diaphaneitatis et paucae. De col., 3.(1), p. 279, l. 82-85 : Et hoc est, quod dicit Averroes in suo tractatu De sensu et sensato, quod, quando COMMISCENTUR ad invicem corpora multae DIAPHANEITATIS et multae luminositatis, tunc generatur color albus, e converso color niger. De col., 5.(1), p. 280, l. 2-7 : Sed cum albedo non sit nisi IN MIXTO ex corporibus multae DIAPHANEITATIS et ex corporibus multae luminositatis secundum Commentatorem in tractatu suo De sensu et sensato et nigredo constet EX MIXTIONE corporum paucae DIAPHANEITATIS et paucae luminositatis, videntur ista non differre nisi secundum magis et minus, et per consequens non videntur albedo et nigredo differre nisi secundum magis et minus et non secundum speciem. De acc., 23.(19), p. 89, l. 125-129 : Iam enim color non esset extremitas perspicui in corpore terminato, inquantum color per essentiam est dispositio corporis habentis in se naturam multae vel paucae DIAPHANEITATIS et multae vel paucae luminositatis, ut dicit Commentator in tractatu suo De 116 Le poids de la citation sensu et sensato, quam dispositionem corporis colorati impossibile est attribuere quantitati separatae. 4 occurrences RSI : La même citation est utilisée quatre fois par Dietrich. Il s’agit d’une thèse répandue sur la formation des couleurs en tant que mélange de lumière et de diaphane, les différentes quantités de l’une et de l’autre étant la cause de la diversité des couleurs : le blanc est le résultat d’un mélange de beaucoup de lumière et beaucoup de diaphane, tandis que le noir résulte d’une mixtion de peu de lumière et de peu de diaphane. La citation se lit dans les Auctoritates Aristotelis, p. 198, n. 36 : « Color causatur ex commixtione corporum, lucidi cum diaphono ». Elle est chez Albert le Grand, dans le Liber de passionibus aeris (Borgnet, t. XIX, p. 681) : « Unde dicit Averroes: ‘Necesse est ut fiat color ex admixtione corporis lucidi cum diaphano’ ». Thomas d’Aquin la reprend également dans son commentaire au De sensu et sensato (lec. 8, n. 115, l. 9) : « Perspicuum autem diversimode invenitur in corporibus secundum maius et minus, et similiter lucidum; et ideo permixtis coloribus in quibus est lucidum et diaphanum, necesse est quod fiat permixtio colorum ». Nous proposons un changement de ponctuation dans le passage du De acc. pour éviter la supposition d’une citation littérale : on ne lira pas « ut dicit Commentator in tractatu suo De sensu et sensato : quam dispositionem corporis colorati etc. », mais « ut dicit Commentator in tractatu suo De sensu et sensato, quam dispositionem corporis colorati etc. ». La thèse d’Averroès n’est pas que la disposition du corps colorée ne concerne pas les quantités séparées (comme laisserait entendre la ponctuation dans l’édition), mais que l’essence de la couleur est une combinaison entre le diaphane et la lumière. n. 80) comm. 20, p. 449, l. 176 - 189 : Et sunt tres virtutes, quarum esse declaratum est IN S ENSU ET S ENSATO, scilicet ymaginativa et COGITATIVA et rememorativa; ite enim tres virtutes sunt in homine De vis. beat., 3.2.9.7.(4), p. 98, l. 21-33 : Componit enim et dividit et distinguit et ordinat entia huius tertii generis, id est entia concepta sub suis intentionibus simplicibus, id est abstrahendo a suis idolis, Averroès ad presentandam formam rei ymaginate quando fuerit sensus absens (...) Et intendebat hic per intellectum passsibilem formas ymaginationis secundum quod in eas agit virtus cogitativa propria homini. Ista enim virtus est aliqua ratio, et actio eius nichilest aliud quam ponere intentionem forme ymaginationis cum suo individuo apud rememorationem aut distinguere eam ab eo apud formationem et ymaginationem. Vide et comm. 33, p. 476, l. 51 65. 117 sicut dicit Averroes IN suo tractatu DE SENSU ET SENSATO, et est hoc COGITATIVUM nostrum, quod etiam vim distinctivam seu rationem particularem vocant, quod quamvis conceptivum sit intentionum simplicium, quae in hoc genere entium conceptionalium se habent ad id, quod habet modum essentiae inquantum huiusmodi, et ad id, quod habet modum substantiae, quae hic praemissa sunt, quantum ad hoc genus sic, inquam, se habent ad ista, sicut qualitates virtuales se habent ad essentiam et substantiam apud naturam, quae sunt formae superadditae substantiis rerum deservientes generationi naturae, sicut et istae intentiones deserviunt in hoc genere entium, scilicet conceptionalium, intellectuali inquisitioni et apprehensioni. 1 occurrence Ce FRS est discuté au n. 66. F. In l i b r u m I I D e ge n e r a t io n e e t c o r r u p t io n e A r i s to t e l is (apud Juncta, Co m m e n ta r iu m M a g n u m) n. 81) 382vI (nr): Neque etiam sunt in potentia in elementis, sicut partes, quosque dividantur, et fiant partes in actu, differunt enim quia istae De elem., 2.(1), p. 60, l. 32-36 : Sunt autem partes alicuius totius tripliciter: uno modo, ut sint PARTES secundum QUANTITATEM 118 Le poids de la citation sunt PARTES in QUANTITATE, et illae sunt PARTES in QUALITATE. L’édition renvoi aussi aux commentaires suivants: De gen. et corr. II, comm. 48, f. 382 vI; In Phys. I, comm. 5, f. 8rF; ibid., I, comm. 36, f. 201rA; ibid., III, comm. 52, f. 214 rH; In Metaph. VII, comm. 33, 183rD. solum; alio modo, ut sint PARTES secundum QUALITATEM, quas vocat Commentator partes qualitativas II De generatione et in aliis locis sunt autem alio modo partes secundum quantitatem simul et secundum speciem. De elem., 6.(2), p. 62, l. 95-160 : Per hoc tamen non excluditur, quin caro et os et similia possint habere alia principia, ex quibus constent secundum aliam rationem, ut sunt materia et forma, vel etiam propinquiora principia, puta quattuor elementa, ex quibus huiusmodi substantiae similium PARTIUM constant non secundum QUANTITATEM et speciem, sed magis QUALITATIVE, ut dicit Averroes in II tractatu De generatione et corruptione. 2 occurrences RSI : Le commentaire d’Averroès du De generatione et corruptione est nommé seulement à deux reprises par Dietrich, et les deux fois dans le De elem. Selon cette thèse, les parties se distinguent selon la quantité et selon la qualité. L’édition indique à juste titre un fragment où cette idée apparaît, mais Dietrich ajoute : « et in aliis locis ». Une telle note rend difficile, voire impossible, toute recherche de la source. G. In l i b r u m Pr a e d ic a me n to r u m A r is to te l is n. 82) De magis, 4.(2), p. 50, l. 53-56 : Liber enim ille, videlicet Praedicamentorum, traditus est a Philosopho secundum famositatem quandam et probabilitatem magis quam secundum exquisitam veritatem, ut innuit ibidem Philosophus et commentator Averroes hoc manifeste dicit. Averroès 119 De nat. contr., 10.(3), p. 91, l. 113-118 : Nec obstat, quod Philosophus in libro Praedicamentorum enumerans modos oppositionum, ubi tractat de oppositis privative, agit solum de secundo modo hic praenominato, hoc, inquam, non obstat, quoniam de his et de aliis, quae in illo libro determinat, agit magis secundum quandam probabilitatem et famositatem quam secundum veritatem, ut dicit Averroes et patet ex pluribus sententiis illius libri. 2 occurrences FRAI discuté supra, n. 8. H. In D e s o mn o e t v ig il ia A r is to te l is (ed. Shields, v e r s io vu l g a ta ) n. 83) p. 102, l. 48 – 110, l. 15 (nr) : Revertamus ergo et dicamus quod, cum dator illius cognitionis est intellectus liberatus a materia et est declaratum in Prima Philosophia quod istae intelligentiae abstractae intelligunt naturas universales et non dant nisi simile eius quod habent, impossibile est ut dent intentionem individuales omnino, cum non habent naturam comprehendendi intentionem particularem, et illae formae universales non individuantur nisi propter materiam. (...) Declaratum est enim quod intelligentia agens dat primas perfectiones virtutum animae particulares particularium, scilicet quinque sensus, et virtutis ymaginativae. Dator enim D e v is . b e a t. , 4.3.2.1.(6) , p. 117, l. 38-48 : Fiunt autem huiusmodi phantasmatum significativorum expressiones in nobis etiam in somnis ex aliquorum spirituum separatorum commixtione secundum Augustinum XII super Genesim. Intelligentia autem et significationes eorum descendunt ab aliquo principio separato, quod est intellectus per essentiam, sicut dicit Commentator in suo tractatu De divinatione somnorum et Philosophus innuit in libro De bona fortuna. 120 Le poids de la citation ultimarum perfectionum in eis est res sensibilis. In hac autem comprehensione spirituali, quae fit in sompno, illa dat anime postremam perfectionem. 1 occurrence RSI : Selon la règle de la citation unique, on ne cherchera pas une correspondance littérale entre cette sentence et les deux textes/autorités enchaînées (Averroès et Aristote). La thèse correspond au passage indiqué par l’édition de Dietrich, mais il apporte sa touche personnelle en identifiant l’intelligentia agens avec l’intellectus agens per essentiam. I. D e s u b s t a n t ia o r b is , 2 (apud Juncta) n. 84) 7rB (nr) : Redeamus igitur ad id, in quo fuimus, et dicamus quod corpus coeleste communicat cum corporibus generabilibus, et corruptibilibus in hoc, quod est ex tribus dimensionibus, et est substantia recipiens dimensiones, et quod utraque substantia non est sine dimensionibus. De corp. caeles., 2.1, p. 381 : Alio modo dicitur corpus quantum ad dimensiones quantitativas, videlicet secundum longum, latum et profundum, quae sunt de genere quantitatis continuae, secundum quod dicit Averroes commentator in suo tractatu De substantia orbis. 1 occurrence RSI : L’unique mention du De substantia orbis dans l’œuvre de Dietrich ; sans correspondance littérale avec le fragment indiqué par l’édition (et nous n’en avons pas trouvé d’autre meilleur). Doctrinalement proches, Averroès et Dietrich présentent une analogie entre les corps astraux et les corps de ce monde sur la base des dimensions quantifiables (largeur, longueur, profondeur). Etant donné cet usage très limité à une seule thèse (relativement connue) et à un seul renvoi, on peut avance l’hypothèse que Dietrich ne connaît probablement pas cet ouvrage d’Averroès. Averroès 121 J. L e s s i mp l e s me n tio n s (SM) On dénombre 16 SM d’Averroès dans l’œuvre de Dietrich réparties comme suit 13 : a) 7 fois dans le De intellig. : cinq fois dans les titres des questions où sont annoncés des thèmes puisés dans Averroès : 12. De ratione Averrois commentatoris, quae dictis est contraria, et de fundamentis suae rationis. 13. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quoad suam conclusionem. 14. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quantum ad fundamenta sua ; et primo, quia inconvenienter sumit significationem huius nominis, scilicet medium, et adducitur cum hoc sui ipsius testimonium. 15. Destruitur inducta sua ratio quoad aliud suum fundamentum, ubi non distinguitur inter animata et inanimata quoad proprietatem motuum. 16. Inducitur alia ratio pro saepe dicto Commentatore fundata super simplicitatem corporum; in cuius solutione distinguitur de radice simplicitatis et ostenditur aliqua natura compositionis in motibus rectis. (De intellig., p. 351/352) et aussi deux fois dans le texte : De intellig., 16.(1), p. 367, l. 17sq. : « Fortassis autem diceret saepe dictus Commentator vel aliquis vice sui, quod Philosophus intendebat investigare motus simplices simplicium corporum huius mundi ». De intellig., 11. (1), p. 363, l. 12-15 : « De eo autem, quod Averroes arguit contra astrologos, videlicet contra positionem eorum de motu planetarum secundum excentricos et epicyclos, nunc considerandum, scilicet de rationibus suis, quibus contra eos procedit: qua vi concludant, vel si non concludant, diligenter considerandum ». 13 Nous ne comptons pas deux fois ces occurrences : une fois dans la Tabula faite par Dietrich (ou, en tout cas, transmise par la tradition manuscrite) et une fois dans le texte principal à l’endroit du titre spécifique ; une telle opération n’apporterait rien d’important pour notre enquête et ne ferait que doubler inutilement le nombre d’occurrences. 122 Le poids de la citation Nous comptons aussi les occurrences où le nom ou le patronyme n’apparaissent pas et sont remplacés par des pronoms possessifs ou démonstratifs, comme dans le cas du titre de la question 14 : « inducta sua ratio ». b) 3 fois dans le De int. : Trois fois dans des titres : III.10 : Declaratur sententia erronea Averrois de substantia intellectus possibilis simul et agentis. III.11 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu agente. III.12 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu possibili, quantum ad hoc, quod ostenditur, quod non est in potentia ad formam substantialem. Une fois dans le De int. (III.10.(3), p. 185, l. 88) comme une sorte de sentence conclusive : Ista est sententia Averrois summarie tangendo de natura intellectuali in nobis. c) 2 fois dans le De misc. : (c.1) une fois dans le prologue où Dietrich présente la raison de la difficulté de la question : les autorités et leurs positions contraires par rapport au texte d’Aristote (notamment Avicenne, Averroès, Albert et Thomas) rendent l’étude de ce problème très difficile. On remarquera notamment l’enchaînement des autorités et le fait que Dietrich se place dans cette même tradition (« propter quod et ego a scribendo supersedere debui, si instantia studentium permisisset ») : De mixtione, sicut in physicis habet locum et Philosophus tractat in libro De generatione, aliquid certum et evidens agere non mediocris difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est diversitas sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta Avicennae, Averrois, Alberti, Thomae et sequacium eorum, qui diversa docuerunt et scripserunt de materia ista; propter quod et ego a scribendo supersedere debui, si instantia studentium permisisset. (De misc., Prooemium, p. 28, l. 4-10) (c. 2) Une seconde fois à la fin d’une argumentation où Averroès est cité explicitement, Dietrich ajoute cette sentence conclusive : « Et sic Averroès 123 pertractat eam Commentator super De caelo et mundo, sed summarie et non ita explicite, sicut hic dictum est ». (De misc., 20.1, p. 46, l. 133-136) d) 1 fois dans le De ir. : on y trouve une présentation schématique de la manière dont Averroès développe son argumentation à partir du texte d’Aristote : Sicut autem dictum est de coloribus naturalibus absolutae qualitatis, sic in proposito de coloribus radialibus considerandum et sumendum eorum principia proportionaliter praedictis, et hoc secundum rationem seu definitionem coloris praedictam, quam assignat Philosophus, ex qua etiam Averroes deducit suam considerationem. (De ir., II.5.(1), p. 153, l. 55-59) e) 1 fois dans le De elem. : on a ici l’une des plus intéressantes évocations de l’autorité d’Averroès. Similiter in VIII Physicorum loquens de huiusmodi motis distinguit duplicem potentiam modo praedicto et secundum hoc attribuit eis duplicem motorem. Unde inter caetera dicit ibi: « Potentia autem (…) » ; et quam potentiam dicit esse in aere, subdit ibi: « Contingit enim (…) ». Ex hoc manifeste innuit, quod aer habens suam speciem non est nisi in potentia accidentali. Unde infra subdit: « Et quae non a se ipsis (…) ». Secundum hanc etiam sententiam Commentator expresse exponit Philosophum in iam dictis locis, ut patet intuenti. (De elem., 41.4, p. 88) Dietrich donne plusieurs citations exactes d’Aristote et ajoute ensuite : la seconde des citations est clairement expliquée par Averroès si l’on regarde attentivement. Dietrich ne rappelle et ne reprend aucune des observations faites par le Cordouan à propos du texte d’Aristote ; mais probablement Dietrich avait-il ce commentaire sous les yeux ou le connaissait assez bien. Il se contente de citer longuement Aristote (probablement les plus longues citations du Stagirite dans l’œuvre de Dietrich) sans rien y ajouter d’Averroès. f) 1 fois dans le De anim. (36.(5), p. 43, l. 93-100) : « Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut 124 Le poids de la citation patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis ». Averroès est invoqué comme exemple pour l’affirmation très générale qui précède : « tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis » ; sous l’influence probable d’Albert le Grand, Dietrich distingue ici et ailleurs deux grandes traditions philosophiques : Aristote et Averroès sont les Peripatetici, Avicenne, Proclus et Liber de causis sont les Platonici. Toujours dans le De anim., quelques pages avant cette citation, Dietrich se contente de parler de philosophi : « Si autem essent aliae substantiae, quas curiositas philosophorum asserit et intelligentias vocant, quarum quaelibet secundum eos est intellectus in actu per essentiam, huiusmodi, inquam, essent secundum dictos philosophos principia entium non supposito aliunde aliquo subiecto, supposita tamen actione et virtute prioris et altioris principii, in cuius virtute et actione fundarentur et figerentur earum propriae actiones; et ideo non essent creatrices, quamvis entia secundum totas suas essentias ab ipsis procederent, modo tamen inferiore, quam sit ille, quo procedunt a primo omnium principio ». (De anim., 7.(5), p. 18-19) En parcourant les simples mentions, on remarque notamment que toutes les évocations d’une autorité n’ont pas un rôle déterminant dans la construction logique ou philosophique des arguments ; qu’il faut soigneusement les repérer et considérer différemment des situations où les citations apportent des précisions importantes sur le poids doctrinal et/ou sur la connaissance immédiate des textes sources. Averroès 125 II. Synopsis Dans la liste qui suit, nous indiquons l’œuvre d’Averroès et sa division logique que Dietrich cite. Ensuite, nous indiquons le nombre d’occurrences, la catégorie de la citation, le numéro où elle est discutée. Enfin, nous précisons la provenance probable de la citation : (1) si elle aurait pu être connue par un intermédiaire – dans le cas où elle est courte, suit la règle de la citation unique, elle se lit chez d’autres auteurs contemporains ou dans des florilèges. (2) Si elle aurait pu être connue directement – la citation est longue, correcte, Dietrich fait référence à la division du texte source (du type : et infra dicit...). Le dernier cas : (3) il nous est impossible de savoir quelle est l’origine de la citation : elle peut être soit immédiate soit médiate, mais il est difficile de privilégier plutôt l’une que l’autre solution. Nous donnons en dernier une brève description de la thèse pour laquelle la citation a été employée. A) In M e ta p hy s ic a m A r is to te l is lib. II, comm. 1 – 2x RSP, cf. n. 1. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : rien n’est en vain dans le fondement de la nature. lib. III, comm. 3 – 3x RSI, cf. n. 2 ; cité avec In librum IV De celo et mundo. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique ; accompagnée d’un renvoi au comm. In librum IV De celo et mundo (n. 78). Thème : l’absence des causes finales et efficientes dans les substances séparées. lib. IV, comm. 2 – 8 fois : 4x RAI, 2x RAP, 1x RSP, 1x RSI, cf. n. 3. Provenance probable : 4x RAI, 1x RSP, 1x RSI : incertaine – règle de la citation unique ; 2x RAP : immédiate. Thème : l’accident est une disposition de la substance (dispositio substantiae). lib. V, comm. 4 – 2 fois : 1x RSI, cf. n. 4 ; 1x RAI, cf. n. 5. Provenance probable : incertaine. Thème : 1x RSI : 126 Le poids de la citation « principes » se disent des causes extrinsèques et des causes intrinsèques ; 1x RAI : définition sur la matière. comm. 14 – 3 fois : 1x RAP, cf. n. 6 ; 2x RSI, cf. n. 7. Provenance probable : 1x RAP : directe ; 2x RSI : incertaine. Thème : 1x RAP le rapport entre les noms des accidents et les catégories ; 2x RSI : le rapport entre ens conceptionale et ens reale. comm. 16 – 1x FRSI, cf. n. 8. Provenance probable : intermédiaire. Thème : Aristote détermine les catégories magis secundum probabilitatem et famositatem quam secundum veritatem. comm. 19 – 5 fois : 2x RAI, cf. n. 9 ; 1x RAI, cf. n. 10 ; 2x RAP, cf. n. 11. Provenance probable : 2x RAI : incertaine ; 1x RAI : incertaine - citée avec le comm. du livre VII (cf. n. 18) ; 2x RAP : directe. Thème : diverses thèses sur la qualité. comm. 20 – 3 fois : 3x FRAI, cf. n. 12. Provenance probable : intermédiaire (Jean Philopone ?) – emploi de la même sentence. Thème : l’intellect a une disposition essentielle envers l’objet de son intellection. comm. 32 – 1x RAI, cf. n. 13. Provenance probable : incertaine. Thème : des parties centrales sont au fondement de toute substance comme le cœur et le cerveau le sont pour les animaux. lib. VII, comm. 3 – 1x RAP, cf. n. 14. Provenance probable : directe. Thème : les substances sont les causae essentiae des accidents. comm. 7 – 2x RAP, cf. n. 15. Provenance probable : intermédiaire. Thème : les noms signifient les choses dans la mesure où celles-ci sont en acte. Averroès 127 comm. 11 – 1x RAP, cf. n. 16. Provenance probable : directe. Thème : le rapport entre l’accident et la quidité de la chose. comm. 14 – 2 fois : 1x RAP, cf. n. 17 ; 1x RSI, cf. n. 18. Provenance probable : 1x RAP directe ; 1x RSI : incertaine. Thème : 1x RAP la relation entre la quidité et la définition d’une chose ; 1x RSI : le rapport entre la qualité et la quantité – citée avec le comm. du livre V (cf. n. 10). comm. 16 comm. 19 – 4x RAI, cf. n. 19. Provenance probable : intermédiaire : règle de la citation unique. Thème : la définition signifie la forme et le composé d’une chose. comm. 21 – 1x RcGAI, cf. n. 20. Provenance probable : incertaine. Thème : il existe une identité essentielle entre animal et raisonnable. comm. 35 – 1x RAI, cf. n. 21. Provenance probable : incertaine. Thème : on dit d’une manière équivoque « chair » à propos un animal vivant et d’un animal mort. comm. 59 comm. 60 – 1x RAP – 1x RAP cf. n. 22. Provenance probable : directe. Thème : la quidité par rapport à la matière et à la forme. 2x FRSI, cf. n. 23 et 12 lib. VIII, comm. 12 – 2 fois : 1x RAI, cf. n. 24 ; 1x RSP, cf. n. 25. Provenance probable : 1x RAI : incertaine ; 1x RSP : directe. Thème : 1x RAI : les corps astraux sont des êtres vivants per se ; 1x RSP : les corps astraux n’ont pas de matière. comm. 14 – 1x RAI, cf. n. 26. Provenance probable : incertaine. Thème : la matière peut recevoir des contraires. 128 Le poids de la citation comm. 15 – 2 fois : 1x RAP, 1x RcGSP, n. 27. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : la génération ne produit pas la multiplicité, mais la perfection. comm. 16 – 1x RAP, n. 28. Provenance probable : incertaine. Thème : la quidité des choses est identique à leur essence. lib. X, comm. 15 comm. 16 - 3 fois : 2x RAP, 1x RSI - 1x RAP cf. n. 29. Provenance probable : directe des longues citations. Thème : la relation entre les contraires : privatio et habitus. comm. 26 – 1x RAI, cf. n. 30. Provenance probable : incertaine. Thème : corruptible et incorruptible sont des différences contraires qui permet de distinguer les corps astraux des corps du monde sublunaire. lib. XII, comm. 8 – 1x RAI, cf. n. 31. Provenance probable : incertaine. Thème : la forme en puissance fait apparaître la forme en acte. comm. 10 – 1x RAI, cf. n. 32. Provenance probable : incertaine. Thème : la diversité de la matière est déduite à partir de la diversité de la puissance. comm. 16 – 1x RAP, cf. n. 33. Provenance probable : incertaine. Thème : les causes qui font exister une chose et la rendent une, constituent avec celle-ci une unité. Averroès 129 comm. 18 – 2x RSI, cf. n. 34. Provenance probable : incertaine. Thème : l’agent qui actualise la forme qui est en puissance (facit in actu). comm. 25 – 1x RSP, cf. n. 35. Provenance probable : directe. Thème : la distinction entre les substances sans accident (les substances séparées) et les substances avec des accidents (les substances du monde sublunaire). comm. 38 – 1x RAI*, cf. n. 36. Provenance probable : incertaine. Thème : la nature d’une substance intellectuelle séparée. comm. 45 – 1x RSP, cf. n. 37. Provenance probable : incertaine. Thème : dans sa jeunesse, le philosophe espère pouvoir comprendre la nature des substances séparées. comm. 51 – 2 fois : 1x RcGSP, 1x RSP, cf. n. 38. Provenance probable : incertaine – règle de la citation unique. Thème : la science de Dieu n’est ni universelle ni particulière. B) In P hy s ic a m A r is to te l is lib. I, comm. 1 – 2 fois : 1x RSI, cf. n. 39 ; 1x RSP, cf. n. 40. Provenance probable : incertaine. Thème : 1x RSI : le mathématicien définit seulement ce qui est selon la forme ; 1x RSP : entre la matière première et la forme dernière il existe des matières composées et d’autres formes. comm. 36 – 1x RAP, cf. n. 41. Provenance probable : directe. Thème : le tout est divisé en des parties en acte. comm. 45 – 1x RAP, cf. n. 42. Provenance probable : directe. Thème : le centre du corps astral et de l’âme de celui-ci est est dans un lieu. 130 Le poids de la citation comm. 63 – 2x RSI, cf. n. 43. Provenance probable : incertaine – usage de la même sentence dans les deux cas. Thème : le sujet du corps astral, qui est son essence, provient et dépend d’un principe supérieur. comm. 66 – 1x RcGAP, cf. n. 44. Provenance probable : directe. Thème : la matière rendue parfaite par une forme s’unit avec la privation de la forme contraire à celle-ci. comm. 70 comm. 79 – 3 fois : 1x RAI, cf. n. 45 ; 1x RSI, 1x RcGSI, cf. n. 46. Provenance probable : incertaine. Thème : 1x RAI : le rapport entre matière première et la puissance ; 1x RSI, 1x RcGSI : la matière première est multiple dans sa substance. lib. III, comm. 4 – 1x FRSI, cf. n. 47. Provenance probable : intermédiaire – renvoi enchaîné avec le commentaire au livre V de la Métaphysique. Thème : voir n. 8. lib. IV, comm. 38 – 1x RAP, cf. n. 48. Provenance probable : intermédiaire. Thème : on sait, grâce à la transmutation selon la substance, que la matière est dans les choses. comm. 71 – 2x RSI, cf. n. 49. Provenance probable : incertaine. Thème : la polémique contre Avempeche au sujet du mouvement des corps dans le vide. comm. 100 – 2 fois : 1x RAI, 1x RSI cf. n. 50. Provenance probable : incertaine. Thème : le temps est dans l’âme. comm. 131 6 fois : – (avec comm. 97) 3x RcGAI*, cf. n. 51. Provenance probable : incertaine – Averroès 131 renvoi enchaîné à plusieurs autorités. Thème : le temps est dans l’âme. - 2 fois : 1x RAP, 1x RcGAI, cf. n. 52. Provenance probable : 1x RAP : directe ; 1x RcGAI : directe. Thème : le temps n’est ni en puissance ni en acte. - 1x RSI, cf. n. 53. Provenance probable : directe. Thème : le temps doit être étudié dans le cadre de la métaphysique, non dans le cadre de la philosophie naturelle. lib. VI, comm. 85 – 1x RAI, cf. n. 54. Provenance probable : directe. Thème : discussion de la position de Zénon à partir d’Aristote et le commentaire respectif d’Averroès. lib. VIII, comm. 27 – 2x RAI, cf. n. 55. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : le ciel se meut par lui-même d’une manière plus noble que les animaux. comm. 35 – 1x RSI, cf. n. 56. Provenance probable : incertaine. Thème : le mouvement est généré par un principe intrinsèque au corps mû. comm. 56 – 1x RSI, cf. n. 57. Provenance probable : intermédiaire. Thème : le mouvement local est parfaitement continu. comm. 82 – 2x RSI, cf. n. 58. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : le mouvement se produit grâce à une pénétration réciproque des parties. 1x FRSP – cf. n. 59 et 36. Provenance probable : intermédiaire. Thème : les hommes dépendent du même principe que le ciel. 132 Le poids de la citation C) In D e a n i ma A r is to te l is lib. II, comm. 60 – 2x RSI, cf. n. 60. Provenance probable : intermédiaire. Thème : la sensation ne dépend pas exclusivement de l’objet sensible. comm. 125 – 1x RSP, cf. n. 61. Provenance probable : incertaine. Thème : la sensation doit être comprise en tant que relation. comm. 160 – 1x RAI, cf. n. 62. Provenance probable : incertaine. Thème : l’action des choses sensibles sur les sens. lib. III, comm. 4 – 1x RcGSI, cf. n. 63. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intellect est simple et sans mixtion. comm. 5 8 fois : – 1x RcGSP, cf. n. 64. Provenance probable : incertaine. Thème : la matière première reçoit les formes individuelles, l’intellect (possible) reçoit les formes (intelligibles) simpliciter. – 4 fois : 2x RSI, 2x RcGSI, cf. n. 65. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : l’union entre l’intellect possible et l’espèce intelligible actualisée est plus intime et plus forte que celle entre la matière et la forme. – 3 fois : 3x RcGSI, cf. n. 66. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : le rôle de la faculté cogitative dans la production des espèces intelligibles. comm. 6 – 1x RcGSI, cf. n. 67. Provenance probable : incertaine. Thème : les divers degrés de nobilité entre les facultés de l’âme. Averroès 133 comm. 15 – 1x RcGAI, cf. n. 68. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intellect agent se connaît soimême immédiatement et essentiellement. comm. 18 comm. 5 –1x RSI*, cf. n. 69. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intellect agent est une substance. comm. 19 – 1x RSI, cf. n. 70. Provenance probable : incertaine. Thème : la substance de l’intellect agent est identique à son opération. comm. 20 – 2x RSP, cf. n. 71. Provenance probable : incertaine – règle de la citation unique. Thème : l’intellect agent s’unit à l’homme en tant qu’homme et par lui on connaît tous les étants intelligibles. comm. 25 comm. 36 – 2 fois : 1x RSP, 1x RcGSP, cf. n. 72. Provenance probable : incertaine – règle de la citation unique. Thème : l’intellect agent ne connaît en-dehors de soi-même. comm. 36 comm. 19 – 2x RcGSI*, cf. n. 73. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intellect possible est une substance séparée (la dernière dans la hiérarchie cosmique) et unique pour les hommes. D) In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l is lib. I, comm. 96 – 1x RAP, cf. n. 74. Provenance probable : incertaine. Thème : le ciel est composé de matière. lib. II, comm. 42 – 1x RSI, cf. n. 75. Provenance probable : immédiate. Thème : la perfection du corps céleste et la chaleur qu’il produit. comm. 92 comm. 99 – 3 fois : 2x RcGAP, 1x RcGAI, cf. n. 76. Provenance probable : incertaine. Thème : le 134 Le poids de la citation mouvement des étoiles autour du centre de la terre. lib. III, comm. 67 – 2x RcGSP, cf. n. 77. Provenance probable : incertaine. Thème : le rapport entre matière et forme après la génération ou la corruption des corps. lib. IV, comm. 1 – 3x RSI, cf. n. 78. Provenance probable : intermédiaire – usage de la même expression accompagnée d’un renvoi au livre III de la Métaphysique. Thème : l’absence des causes finales et efficientes dans les substances séparées. E) In D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l i s 4x RSI, cf. n. 79. Provenance probable : intermédiaire – règle de la citation unique. Thème : la formation des couleurs à partir d’un mélange de lumière et de diaphane. 1x FRSI, cf. n. 80 et 66 – Provenance probable : incertaine. F) I n l ib r u m II D e ge n e r a t io n e e t c o r r u p t io n e A r i s to te l is 2x RSI, cf. n. 81. Provenance probable : incertaine. Thème : les parties se distinguent selon la quantité et selon la qualité. G) I n l ib r u m Pr a e d ic a m e n to r u m A r i s to t e l is 2x FRAI, cf. n. 82 et n. 8. Averroès 135 H) I n D e s o m n o e t vi gil ia A r i s to t e l is 1x RSI, cf. n. 83. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intelligence (plus précisément l’intellect agent) provient d’un principe supérieur séparé. I) D e s u b s ta n t ia o r b is 1x RSI, cf. n. 84. Provenance probable : incertaine. Thème : l’analogie entre les corps astraux et les corps de ce monde. 136 Le poids de la citation III. Conclusions 1 III.1 Dès le premier regard sur cette liste, la question surgit : comment est-ce possible que le même texte soit connu directement et indirectement, comme dans le cas du comm. 14, du livre. VII de la Métaphysique ? Cette apparente contradiction permet d’affiner l’analyse des citations. D’abord, il faut dire que Dietrich pouvait connaître un texte entièrement ou seulement par fragments (copiés soit dans un florilège personnel soit chez une source intermédiaire fidèle au texte original). Dans un cas comme dans un autre, il pouvait faire un usage différent selon les conditions matérielles : soit l’utiliser directement, s’il avait sous les yeux sa source (le texte entier ou l’intermédiaire) soit le citer de mémoire ; en plus, il pouvait l’utiliser directement pour écrire tel ou tel texte (ou telle ou telle partie d’un ouvrage) et le citer de mémoire ou par intermédiaire pour écrire un autre texte (ou une autre partie de l’ouvrage). Nous avons d’ailleurs montré que dans certains cas il donne une citation exacte, mais utilise très probablement un intermédiaire qui cite la Métaphysique avant la traduction de Moerbecke (le livre XII étant nommé le livre XI, cf. n. 33) ; dans d’autres cas, il parle explicitement du fait que selon la nouvelle traduction (nova translatio) le livre XI est devenu le livre XII (cf. n. 36). De même, en écrivant le De visione beatifica (nous l’avons vu au n. 12) Dietrich cite pour la même thèse avec la même phrase le commentaire au livre V de la Métaphysique (De vis. beat., 3.2.6.(3), p. 79) et le commentaire au livre VII de la Métaphysique (De vis. beat., 1.3.3.(11), p. 58). Ni le premier ni le second renvoi ne sont des accidents parce que la phrase et le renvoi au livre V se trouvent aussi dans le De orig. (5.(20), p. 185) et dans le Frag. de rat. pot. (24, p. 382), tandis que la phrase et le renvoi au livre VII se trouve aussi dans le Utrum in Deo (1.4.2.1.(3), p. 297). On peut aussi remarquer que pour certaines citations considérées parfaites (ayant une correspondance littérale – tous les RP et RcGP dans les tableaux) la source est indiquée « incertaine » ou « intermédiaire » (voir le n. 28, par exemple). Ce choix est fondé principalement sur deux raisons : (1) Les différences doctrinales qui existent entre Dietrich et sa source sont plutôt importantes, en dépit de la présence des mots communs ; dans ce cas, il existe deux possibilités : (a) Dietrich connaît directement la source, y puise des expressions, mais change Averroès 137 volontairement le sens de l’argumentation de l’autorité ; (b) Dietrich s’inspire d’une source secondaire qui modifie la pensée de l’autorité tout en reprenant ses mots. Lorsqu’il est difficile de trancher, nous mettons « provenance probable : incertaine ». Lorsque la formule se trouve chez d’autres auteurs qui donnent la même interprétation que Dietrich, nous mettons « provenance probable : intermédiaire » (par exemple, n. 71 ou 72). (2) La fréquence des occurrences provenant d’une même source ; si Dietrich cite une seule fois dans toute sa carrière quelques lignes provenant d’un chapitre d’une œuvre d’Averroès (ou de toute autre autorité), il est légitime de supposer (a) que cette œuvre n’a pas eu une influence considérable sur sa pensée, (b) qu’il ne l’a pas connu directement ou qu’il n’a pas connu toute l’œuvre, sans pour autant exclure la possibilité d’un usage ou d’une connaissance directe. Du point de vue de l’influence doctrinale, une thèse défendue par une occurrence rare n’a pas le même poids qu’une thèse défendue des occurrences fréquentes dans plusieurs œuvres. Il reste, dans un cas comme dans l’autre, la question : pourquoi Dietrich choisit-il d’évoquer, même une seule fois, telle ou telle autorité avec telle ou telle thèse ? La réponse nous semble difficile ; divers facteurs historiques (accès à une source inédite, lieu et date de composition etc.) peuvent être aussi déterminants qu’un choix philosophique délibéré. Nous mettons alors pour certains RP et RcGP : « provenance probable : incertaine ». La note « provenance probable : intermédiaire » apparaît lorsqu’on a la règle de la citation unique : la même formule, avec les mêmes variations mineures par rapport à la source, est citée par Dietrich dans plusieurs de ses œuvres (voir, par exemple, le n. 27). Autrement dit, les citations ad litteram ne sont pas des preuves suffisantes pour soutenir l’usage direct de la source. Il faut aussi noter que tous les cas où la citation ne contient pas des expressions semblables à la source ne sont pas autant de preuve d’une connaissance indirecte : nous avons montré (n. 52, 53, 54) des situations où des aspects de l’argumentation de Dietrich font preuve d’une connaissance détaillée du texte source duquel il n’emprunte cependant aucune citation littérale. En attirant l’attention sur toutes ces nuances, nous voulons surtout insister sur le fait que notre étude sur les citations ne tient pas d’une science exacte et qu’il est difficile, voire impossible, de toujours donner des indications précises sur la connaissance directe ou indirecte que Dietrich avait de ses sources. Cependant, les tableaux et les catégories des citations que nous utilisons permettent de dégager plusieurs observations sur l’usage qu’il fait des autorités, en l’occurrence Averroès. 138 Le poids de la citation Averroès est présent 138 fois (+ 16 SM) dans l’œuvre de Dietrich. Voici les œuvres citées : 1) In M e ta p hy s ic a m A r i s to t e l is Dietrich fait appel 65 fois au commentaire à la Métaphysique dans l’ordre suivant : 16 fois au comm. du livre VII 15 fois au comm. du livre V 10 fois au comm. du livre XII 8 fois au comm. du livre IV 6 fois au comm. du livre VIII 5 fois au comm. du livre X 3 fois au comm. du livre III 2 fois au comm. du livre II Nous supposons que Dietrich a connu et utilisé soit le texte même d’Averroès soit un intermédiaire fidèle14 pour les : comm. 2 du livre IV comm. 14 du livre V comm. 3, 11, 14, 59, 60 du livre VII comm. 12 du livre VIII comm. 15, 16 du livre X comm. 16, 25, 45, 51 du livre XII On remarque les nombreuses évocations des commentaires sur huit livres de la Métaphyique, avec une prépondérance pour les livres V et VII. Les commentaires aux livres II et III sont très probablement connus par des intermédiaires et par ce qui concerne un seul problème. Dietrich mentionne seulement un seul commentaire pour les livres II, III et IV. Le livre X est également connu partiellement : seulement les commentaires 15, 16 (avec des reprises littérales) et 26. Le comm. 38 du 14 Nous incluons les RP et RcGP dont la provenance probable est incertaine, et les RI et les RcGI dont la provenance probable est immédiate. Ce genre de liste n’est pas exclusive : les RI et RcGI dont la provenance probable est incertaine peuvent être autant d’indices d’une connaissance directe ; l’absence de citation littérale (preuve nécessaire, mais pas suffisante, de l’usage immédiat) est la seule raison qui fait que les RI et les RcGI de provenance douteuse ne sont pas mentionnés ici. La même logique est appliquée aux autres listes du même type. Averroès 139 livre XII n’est certainement pas connu : Dietrich cite une phrase qui en provient, mais l’attribue au commentaire à la Physique. Dietrich connaît partiellement les commentaires aux livres V et VII : en employant la même sentence (reprise certainement d’un intermédiaire) il renvoie trois fois au livre V et deux fois au livre VII. On peut avancer une première conclusion : Dietrich n’utilise pas les commentaires d’Averroès sur les livres I, VI, IX, XI, XIII et XIV de la Métaphysique. Il cite quelques lignes seulement des commentaires aux livres II, III, IV et X – sa connaissance de ces textes semble donc être assez réduite. Les commentaires livres V, VII, VIII et XII sont cités avec plusieurs commentaires. Une seconde conclusion : l’intérêt de Dietrich pour le commentaire de la Métaphysique est ciblé et réduit : il y puise surtout la théorie de l’analogie de l’être. Les évocations des commentaires aux livres IV, V et VII portent sur des thèmes connexes : l’accident, la substance, l’essence, la quidité. Sur les 65 occurrences du commentaire de la Métaphysique 41 portent sur des thèses ontologiques, ce qui représente 63% d’occurrences. Dietrich cite le commentaire au livre IV uniquement pour la question de l’accident comme disposition de la substance et vise ainsi uniquement les quelques lignes du comm. 2 où cette définition apparaît ; sur les 8 occurrences du livre IV, 2 citations seulement ont été probablement puisées directement – les deux apparaissent dans un seul ouvrage, le De acc. ; dans les autres 6 cas, Dietrich s’y réfère en utilisant des formules qui proviennent du livre VII. 2) In P hy s ic a m A r is to te l is Dietrich fait appel 30 fois au commentaire à la Physique dans l’ordre suivant : 11 fois au comm. du livre IV 10 fois au comm. du livre I 6 fois au comm. du livre VIII 1 fois au comm. du livre III (FRSI) 1 fois au comm. du livre VI 1 FRSP – une phrase qui provient en réalité du comm. 38, livre XII de la Métaphysique, mais attribuée au commentaire sur la Physique. Nous supposons que Dietrich a connu et utilisé soit le texte même d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour les : 140 Le poids de la citation comm. 36, 45, 66 du livre I comm. 131 du livre IV comm. 85 du livre VI L’évocation du commentaire au livre III est faite par un faux renvoi – on peut donc considérer qu’il ne le connaissait pas. Par conséquent, Dietrich ne connaît et n’utilise pas les commentaires d’Averroès aux livres II, III, V et VII de la Physique. En outre, le commentaire au livre VI est connu et utilisé seulement pour la discussion, reproduite avec une certaine attention et fidélité, du comm. 85 (sur la position de Zénon). Les six occurrences du livre VIII, quatre proviennent très probablement par un intermédiaire (la même sentence est utilisée à plusieurs reprises) et les deux autres occurrences ne présentent pas des ressemblances saisissantes. Une première conclusion s’impose : Dietrich semble s’intéresser et connaître surtout le livre I (cité avec plusieurs commentaires et avec des expressions ad litteram) et le livre IV du commentaire de la Physique. Les autres livres qu’il cite sont connus très partiellement (livre VI) et/ou par des intermédiaires (livre VIII). La seconde conclusion : comme dans le cas du commentaire de la Métaphysique, Dietrich se réfère au commentaire à la Physique surtout pour la question de la matière (des corps célestes des corps du monde sublunaire) avec les divers problèmes spécifiques : le rapport à la forme, à la puissance et à la génération ; le comm. 131 du livre IV est cité à six reprises pour la thèse sur le temps qui est dans l’âme ; Dietrich cite encore ce texte d’Averroès pour le problème du mouvement et du lieu. 3) In D e a n i ma A r is to te l is Dietrich fait appel 23 fois au commentaire au De anima dans l’ordre suivant : 19 fois au comm. du livre III 4 fois au comm. du livre II Probablement Dietrich a connu et utilisé soit le texte même d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour : comm. 125 du livre II comm. 5, 20, 25 du livre III Averroès 141 Il est manifeste, d’après ces listes, que Dietrich ne connaît pas le commentaire au livre I et qu’il s’intéresse très peu au commentaire du livre II - uniquement pour le problème du rapport entre les sens et les objets sensibles. Sur les 19 occurrences du livre III, 8 reprennent trois thèses discutées par Averroès dans le comm. 5, dont deux semblent avoir été reprises d’un intermédiaire (règle de la citation unique). On peut à présent conclure que Dietrich ne semble pas avoir une connaissance étendue ni très approfondie du De anima d’Averroès. Sur l’intellect possible, par exemple, il cite les thèses les plus habituelles : analogie avec la matière première, union avec l’espèce intelligible, unité et unicité par rapport à l’espèce humaine. Sur l’intellect agent, Dietrich cite, au contraire, des thèses plutôt rares : la connaissance réflexive immédiate et essentielle, l’identité entre l’opération et la substance, le soi comme unique objet de connaissance (nihil intelligit extra se). D’une manière générale et, certes, rapide, on peut dire que Dietrich accepte de la noétique d’Averroès plusieurs thèses sur l’intellect agent en niant seulement qu’il est une substance unique pour l’espèce humaine ; mais qu’il critique pratiquement tout sur l’intellect possible sauf l’analogie avec la matière première et l’union parfaite avec l’espèce intelligible. On notera qu’il ne dit absolument rien sur l’abstraction des universaux que l’intellect agent accomplit – selon la noétique d’Averroès ; il est alors obligé de reformuler le rôle de la cogitative qui n’a plus beaucoup en commun avec ce que le Cordouan défendait, malgré les renvois explicites à ce thème15. On peut également noter que Dietrich se réfère explicitement au commentaire du livre III du De anima uniquement dans le De vis. beat. ; dans tous les autres cas, il donne des sentences ou se réfère à la noétique d’Averroès sans nommer ce commentaire. Sur les 19 évocations du livre III, 16 sont dans les traités sur l’intellect : De vis. beat. et De int., 2 sont dans le De orig. et 1 est dans le Utrum potentiae sensitivae. 4) In D e c e l o e t mu n d o A r is to te l i s Dietrich fait appel 10 fois au commentaire au De celo dans l’ordre suivant : 4 fois au livre II 15 Sur le rôle de la cogitative chez Dietrich, voir l’article fondamental d’A LAIN DE LIBERA , D’Averroès en Augustin. Intellect et cogitative selon Dietrich de Freiberg, in: B IARD, CALMA , I MBACH, Recherches sur Dietrich de Freiberg, p. 15-62. 142 Le poids de la citation 3 fois au livre IV 2 fois au livre III 1 fois au livre I Probablement Dietrich a connu et utilisé soit le texte même d’Averroès soit un intermédiaire fidèle pour toutes les occurrences des livres I, II et III ; le commentaire au livre IV est cité toujours avec le commentaire du livre III à la Métaphysique, probablement par un intermédiaire. On peut alors conclure que Dietrich se sert rarement et puise peu dans le texte d’Averroès. Celui-ci est utilisé d’une manière ponctuelle : les 5 occurrences du livre II (comm. 92 et 99) apparaissent seulement dans le De intellig., l’occurrence du livre III (comm. 42) est dans le Utrum aliquid quod est in potentia et l’occurrence du livre I (comm. 96) est dans le De subst. spir. Seulement les phrases que nous avons pu retrouver chez d’autres auteurs ou que nous considérons provenir par des intermédiaires apparaissent, les mêmes, dans plusieurs œuvres : la sentence provenant du comm. 67 du livre III se lit dans le De elem. et le De misc ; et la citation unique du livre IV se lit dans trois textes (De orig., De luce, De anim.). 5) In D e s e n s u e t s e n s a to A r is to te l is Le commentaire d’Averroès au De sensu et sensato est mentionné 5 fois par Dietrich : 4 fois avec une phrase provenant très probablement par un intermédiaire pour une thèse très répandue : la formation des couleurs ; 1 fois pour une thèse sur la cogitative qu’il a très probablement repris du commentaire d’Averroès au De anima. On peut légitimement supposer qu’il ne connaissait pas (directement) ce texte d’Averroès. 6) In l ib r u m I I D e ge n e r a tio n e e t c o r r u p tio n e Ce commentaire au livre II est mentionné 2 fois, pour le même problème, dans le De elem. On ne peut rien affirmer sur la provenance de la thèse, mais il est manifeste que Dietrich ne connaît pas beaucoup plus de cet ouvrage d’Averroès. Il est alors impossible de parler d’une réelle l’influence de ce dernier texte sur la pensée de Dietrich. Averroès 143 7) In l ib r u m Pr a e d ic a me n to r u m A r is to te l is Dietrich mentionne 2 fois ce commentaire, mais – nous l’avons montré – la sentence ne s’y trouve pas ; d’autres auteurs cite exactement la même idée, avec les mêmes mots, en l’attribuant, pour des raisons qui nous échappent, à ce commentaire. On peut en déduire que Dietrich ne le connaissait pas. 8) In D e s o mn o e t v ig il i a A r is to te l is L’unique évocation au commentaire du De somno et vigilia (considéré par Dietrich comme un traité ayant comme titre De divinatione somnorum) est d’une provenance incertaine et sans aucune correspondance littérale ; le thème d’ailleurs n’est pas résumé de façon détaillée et ressemble plus à une sentence connue par intermédiaire. On peut considérer que ce texte d’Averroès n’a aucune influence majeure sur la pensée de Dietrich. 9) D e s u b s ta n tia o r b is Le De substantia orbis d’Averroès est mentionné une seule fois par Dietrich concernant le problème de la quantité continue des corps astraux et des corps du monde sublunaire. Il est manifeste que, malgré l’incertitude concernant la connaissance immédiate de cet ouvrage, Dietrich n’est pas influencé par celui-ci. III.2 Plusieurs conclusions se dégagent de cette analyse : La plus évidente en est que Dietrich ne manifeste aucun intérêt pour les commentaires d’Averroès sur l’Ethica, l’Organon (l’évocation des Praedicamenta est fausse et citée par intermédiaire), la Rhetorica, les Metheora et les livres sur les animaux. A cela il faudrait ajouter aussi les titres qu’il mentionne mais qu’il n’a très probablement pas connus ou qui, de toute manière, ne sont pas déterminants pour sa pensée : les commentaires aux De sensu et sensato, De somno et vigilia et De generatione et productione. Le De substantia orbis entre dans cette dernière catégorie. Ce qui revient à dire que Dietrich connaît quelques textes d’Averroès, plus précisément des chapitres ou des parties des ouvrages suivants : Metaphysica, Physica, De 144 Le poids de la citation anima et De celo et mundo. La manière dont Dietrich en fait usage est aussi particulièrement intéressante : le nombre d’occurrences du commentaire sur la Métaphysique (65 occurrences) est plus que double par rapport au commentaire sur la Physique (30 occurrences) et presque trois fois plus grand que le commentaire sur le De l’âme (23 occurrences). Sur les 138 évocations, 45 sont des citations ad litteram (ca. 32% - calcul des tous les RP, RcGP et FP), les autres 93 étant des recours ou des renvois thématiques sans aucune correspondance textuelle. Averroès est évoqué par Dietrich pour éclaircir le texte d’Aristote 65 fois (calcul des RA, RcGA et FA), ce qui représente ca. 47% du total de 138 occurrences ; autrement dit, plus de la moitié des occurrences du nom d’Averroès est faite pour des doctrines qui sont propres au Cordouan et non pas pour ses interprétations du texte du Stagirite. Si l’on veut affiner ces calculs, on peut dire que sur les 65 cas où Averroès est nommé afin d’expliquer Aristote, 43 portent sur la Métaphysique et 15 sur la Physique (ensemble cela représente 89%) – seulement 7 autres occurrences concernent les autres ouvrages d’Averroès auquel Dietrich fait référence. Ce qui atteste que Dietrich lit les deux textes d’Averroès surtout pour avoir un appui dans sa propre interprétation d’Aristote. Autrement dit, sur les 65 évocations du commentaire d’Averrroès à la Métaphysique, 43 servent à expliquer Aristote ; et sur les 30 évocations du commentaire sur la Physique, la moitié sont pour comprendre le texte d’Aristote. Le cas du commentaire au De anima est différent : sur les 23 occurrences de ce texte, deux seulement (1 fois le livre II et 1 fois le livre III) ont le rôle d’appuyer une interprétation du texte d’Aristote ; ce qui revient à dire que le De anima d’Averroès est considéré par Dietrich comme un traité de noétique et non comme un commentaire du texte d’Aristote. On notera donc la manière différente dont Dietrich se réfère à l’un ou l’autre des ouvrages du Cordouan. Averroès 145 IV. Dietrich de Freiberg lecteur d’Averroès Une fois déterminé quels sont les ouvrages d’Averroès cités et connus par Dietrich, on peut considérer le problème d’un autre point de vue et préciser ce qu’il cite dans chacune de ses œuvres. Les tableaux qui suivent sont en ordre décroissant des fréquences, en commençant par l’œuvre qui cite le plus souvent le Cordouan (à gauche nous donnons la référence du texte de Dietrich, à droite la référence de la source, le type d’évocation et le numéro où elle est discutée). 1) D e o r i g. (19 fois) I.(4), p. 138, l. 54-59 : Et haec istorum duorum modorum differentia habetur a Commentatore super V Metaphysicae, ubi distinguit rationem principii et elementi et causae secundum modum, qui dictus est, scilicet quod proprie causae sunt, quae sunt principiantia rem extrinsecus; elementa vero, quae intrinsecus; principia autem sunt communiter et ea, quae extrinsecus, et ea, quae intrinsecus rem initiant. In Metaph., V, comm. 4, p. 83, l. 2935, 1x RSI ; cf. n. 4. I.(8), p. 139, l. 90-95 : Unde Commentator super XI Metaphysicae, ubi Philosophus distinguit inter causas intrinsecas, quae sunt materia et forma, et causas extrinsecas, quae sunt finis et efficiens, eo, quod istae antecedunt rem, illae autem sunt simul cum re, dicit: « Causae autem, per quas res fit et ens et unum, sunt cum eo, quod propter ipsas fit totum insimul, cum talem dispositionem habeant in congregato sicut partes in toto ». In Metaph., XII, comm. 16, 302vH, 1x RAP ; cf. n. 33. I.(14), p. 141, l. 153 – 142, l. 157 : Unde Commentator super XII Metaphysicae dicit sic: « Et sciendum, quod substantiae sunt duobus modis: modus, in quo impossibile est fugere accidentia, et alius sine aliquo accidente; primus autem est sensibile, secundus vero est intelligibile ». Et loquitur ibi de substantiis separatis secundum suam et aliorum philosophorum opinionem. In Metaph., XII, comm. 25, 310rB, 1x RSP ; cf. n. 35. 146 Le poids de la citation II.(7), p. 146, l. 27-30 : Hoc enim accidit sic attributis, unde nec per essentiam sunt id, quod praedicatur de ipsis secundum hanc attributionem. Et hi tres modi analogiae distinguuntur super principium IV Metaphysicae. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RSI ; cf. n. 3. III.(12), p. 161, l. 90-95 : Et quoad istum secundum modum videntur entia distingui et ordinari logice et secundum famositatem, ut Commentator loquitur super V Metaphysicae et super III Physicorum, solum in decem genera, quae praedicamenta dicimus; et Philosophus hoc innuit in Praedicamentis, ubi dicit se enumerasse modos qualitatis, ‘qui consueverunt dici’. In Metaph., V, 1x FRSI ; cf. n. 8. IV.(7), p. 170, l. 39-43 : Et tunc, sicut dicit Commentator super I Physicorum, inter primam materiam et ultimam formam sunt quaedam media, quae sunt quasi quaedam materiae compositae et formae, secundum quae media materia prima virtute agentis semper plus et plus participat de actu ultimae formae, quae est finis generationis. In Phys., I, comm. 1, 6rE, 1x RSP ; cf. n. 40. IV.(12), p. 171, l. 94-98 : Primo quidem, quia, si per eandem formam substantialem caro est caro in animali vivo, per quam est caro post mortem animalis, sequitur, quod caro animalis vivi et mortui non est aequivoce caro; quod est contra Philosophum et Commentatorem in VII Metaphysicae. In Metaph., VII, comm. 35, 187rE-F, 1x RAI ; cf. n. 21. IV.(17), p. 173, l. 152-155 : Praeterea quod non sit eadem, quae prius, forma carnis in mortuo, scilicet animali, quae fuit in vivo, manifeste ostendit Philosophus in VIII Metaphysicae et Commentator ibidem, ubi dicit, quod materia duobus modis se habet ad diversas formas in recipiendo ipsas. In Metaph., VII, comm. 14, 222v GH, 1x RAI ; cf. n. 26. In Phys., III, 1x FRSI ; cf. n. 47. In Metaph., VII, comm. 11, 161vI-K, 1x RAP ; cf. n. 16. Averroès 147 IV.(27), p. 176, l. 264-275: (…) quod est contra Philosophum et Commentatorem VII Metaphysicae, ubi ostenditur, quod, si genus divideretur per aliqua existentia extra naturam generis, definitio non esset una, sicut hoc, quod est superficies alba, non est per se unum ea unitate, quae est unitas definitionis, sicut est animal rationale. Album enim est extra naturam et quiditatem superficiei, rationale autem non est extra naturam animalis; unde Philosophus in VII Metaphysicae: « Essentia enim superficiei non est essentia albedinis »; Commentator ibidem: « Albedo enim non est quiditas superficiei, quando dicimus: Superficies alba, sicut rationabilitas est quiditas animalis, quando dicimus: Animal rationale ». IV.(39), p. 180, l. 421-424 : Et haec potentia secundum se et absolute sumpta est una propter privationem sive absentiam actuum distinctorum, sicut etiam Averroes dicit de unitate materiae primae, ut concludebant praemissae rationes, capit tamen rationem diversitatis in ordine ad diversos actus. In Phys., I, comm. 79, 45rC-D, 1x RcGSI ; cf. n. 46. V.(2), p. 181, l. 14-18 : Videtur enim fuisse intentio Philosophi, et Commentator suus manifeste hoc exponit de tempore in IV Physicorum. Augustinus etiam hoc plane et late determinat in XI Confessionum. Boethius etiam in libro De Trinitate dicit de numero, quod numerus non sit aliqua res naturae. In Phys., IV, comm. 97, 178 rB + comm. 131, 202 rA - C, 1x RcGAI* ; cf. n. 51. V.(11), p. 183, l. 61-66 : Dico autem hic finem, formam et efficiens non modo, secundum quod inveniuntur in naturalibus, quae concernunt motum et materiam, sed modo communiore, secundum quod secundum aliquam sui rationem reperiuntur etiam in separatis, quamvis non eadem ratione sicut in naturalibus, ut dicit Averroes de fine super III Metaphysicae, de efficiente super principium IV Caeli et mundi. In Metaph., III, comm. 3, 41 rB-D, 1x RSI ; cf. n. 2. In De celo, IV, comm. 1, 654, l. 16-19, 1x RSI ; cf. n. 78. 148 Le poids de la citation V.(20), p. 185, l. 146-149 : Maxime autem hoc In Metaph., manifestum est de intellectu, qui per se habet V, 1x FRAI ; habitudinem ad id, quod est intelligibile, sicut sensus ad cf. n. 12. sensibile, ut dicit Philosophus in V Metaphysicae, ubi dicit Commentator, quod in essentia intellectus est habere talem habitudinem. V.(24), p. 186, l. 183-186 : Et hoc manifeste habetur a Philosopho in II De anima, videlicet quantum ad effectum rerum sensibilium in organis sensuum; de ultimo autem complemento formarum sensitivarum eo modo, quo dictum est, habetur a Commentatore in eodem loco. In De anima, II, comm. 160, 1x RAI ; cf. n. 62. V.(26), p. 187sq., l. 224-229 : Hoc enim solum est intelligere, scilicet apprehendere rem secundum talium principiorum eius determinationem; alioquin non differret intellectus a virtute cogitativa, quae etiam sic intentionem substantiae denudare potest, ut nuda apud ipsam maneat denudata ab omnibus imaginibus, ut Averroes loquitur, et appendiciis accidentalibus. In De anima, III, comm. 5, 415, l. 63-64, 1x RcGSI ; cf. n. 66. V.(32), p. 189, l. 291-294 : Et hoc concordat ei, quod communiter dicitur et habetur a Commentatore, scilicet quod materia prima recipit formas has et individuales, intellectus autem formas simpliciter. In De anima, III, comm. 5, 388, l. 32-37, 1x RcGSP ; cf. n. 64. V.(63), p. 200, l. 669-674 : Mathematicus autem, quia abstrahit a motu et a materia, hinc est, quod nec materiam nec efficientem nec finem in definiendo concernit. Solum enim ea considerat, quae secundum rationem formae insunt, et definit et demonstrat solum per causam formalem, ut dicitur super principium I Physicorum. Si autem in huiusmodi aliquando appareat materia in definitionibus, hoc accidit, ut alibi tractari habet. In Phys., comm. 6rB-C, RSI ; cf. 39. I 1, 1x n. Averroès 149 2) D e vi s . b e a t. (18 fois) 1.1.1.3.4.(2), p. 20sq., l. 68-77 : Cum enim actu intelligit se, non sic intelligit se, quod ipse idem actus intelligendi sit obiectum talis intellectionis, sed intelligit se, inquantum intelligit se olim factum in actu per aliam intellectionem, et sic intelligit se sicut alia secundum Philosophum et exponit Commentator, quod, sicut alia intelligit per actus et formas suas, quibus talia sunt aliquid in actu, sic intelligit se, inquantum aliquando factus est in actu per speciem intelligibilem aliam ab ea, qua nunc intelligit, et sic ipse sub uno actu intellectionis existens intelligit se sub alio actu intellectionis, sub quo fuit, et sic intelligit se sicut alia, videlicet secundum differentiam intelligentis et intellecti. In De anima, III, comm. 15, 434, l. 620, 1x RcGAI ; cf. n. 68. 1.1.1.3.5.(2), p. 21, l. 89-96 : Unde Augustinus IX De Trinitate c. 13: « Quomodo autem illa tria non sunt eiusdem essentiae, non video, cum mens se ipsa amet et se ipsa noverit ». Quamvis autem istud verbum Augustinus velit intelligi de abdito mentis, si tamen extendamus ipsum ad intellectum possibilem, concordat cum eo hoc, quod dicit Commentator super III De anima, quod magis fit unum ex intellectu et specie intelligibili quam ex materia et forma. Ex materia enim et forma fit aliquod tertium, quod nec est materia nec forma. Species autem intelligibilis fit intellectus. In De anima, III, comm. 5, 404, l. 503508, 1x RSI ; cf. n. 65. 1.1.4.(3), p. 28, l. 77-79 : (…) sensus non habet ex hoc essentiam suam, quod primo et per se se ipsum sentiat, et sic sensualitas seu sensatio non eo modo essentiat sensum, sicut intellectualitas figit in esse intellectum, qui est intellectus per essentiam secundum sententiam peripateticorum. Et scribit Commentator super III De anima, quod nihil intelligit extra se, videlicet primo et per se, sed solum in se ipsum conversus est et in suum principium, si habeat altius se principium. In De anima, III, comm. 25, p. 463, l. 43-53 + comm. 25, p. 463, l. 43-53, 1x RSP ; cf. n. 72. 1.1.4.(5), p. 29, l. 27-32 : Et ex hoc arguit Commentator super III De anima, quod, si intellectus In De anima, III, comm. 150 Le poids de la citation agens, qui est intellectus per essentiam et semper in actu, aliquando uniatur nobis ut forma, per ipsum intelligemus omnia entia. Quod videtur aliqualiter concordare cum eo, quod legitur de sancto Benedicto, videlicet quod in quadam mentis elevatione vidit totum universum. 20, p. 444, l. 20-23 + comm. 36, p. 500, l. 611613 + comm. 36, 501, l. 636-639, 1x RSP ; cf. n. 71. 1.1.9.(1), p. 35, l. 66-70 : Est etiam haec sententia, scilicet quod intellectus agens est substantia, omnium peripateticorum, ut patet per Alexandrum et Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per Avicennam, per Commentatorem super III De anima. Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere substantiam separatam. In De anima, III, comm. 18, 439, l. 7374 + comm. 5, 389, l. 7181, 1x RSI* ; cf. n. 69. 1.3.3.(11), p. 58, l. 98-, 59, l. 102 : Supposito igitur primo, quod et per se notum est, videlicet quod divina essentia est intellectus in actu essentialiter, sumatur iuxta hoc, quod omnis intellectus in eo, quod intellectus, essentialem respectum habet ad id, quod intelligitur, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, et non solum ad id, quod intelligitur secundum rationem obiecti (…). In Metaph., VII, 1x FRSI ; cf. n. 23. 3.2.4.(4), p. 73, l. 59-64 : Nec ex dicta possibilitate et ipsa specie fit compositio, sed potius talis possibilitas transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis in actu, ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis De intellectu et intelligibili et Commentator super De anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse intellectus, quando quis actu intelligit. Et hoc est, quod dicit Philosophus III De anima, quod intellectus possibilis nihil est eorum, quae sunt, antequam intelligat. In De anima, III, comm. 5, 404, l. 503508, 1x RSI ; cf. n. 65. 3.2.5.(4), p. 77, l. 23-29 : Ubi etiam, si quis scrupulosius velit intendere, adhuc non satis proprie dicitur intellectus secundum purum suum intellectuale esse forma seu species intelligibilis in potentia eo, In Metaph., XII, comm. 8, 295vM-296rA, 1x RAI ; cf. n. 151 Averroès quod in sua essentia non importat essentiam formae intelligibilis sicut forma in potentia, quae est in materia, importat essentiam formae et sic ex forma in potentia fit forma in actu secundum Philosophum et Commentatorem super XII Metaphysicae, sed est simile in proposito ac si diceretur : Anima rationalis in potentia fit anima rationalis in actu. 31. 3.2.6.(3), p. 79, l. 24-30 : Eodem modo in respectibus naturae se habet, qui sunt vel quaedam inclinationes naturales rerum ut inclinatio gravium et levium ad sua propria loca vel saltem qualitercumque reales naturales habitudines rerum ad res, ut activum secundum naturam se habet aliquo modo ad passivum et e converso passivum ad activum et intellectus ad intelligibile, qui per essentiam suam respicit obiectum suum secundum Commentatorem super V Metaphysicae, id est per respectum fundatum in sua essentia respicit obiectum suum. In Metaph., V, 1x FRAI ; cf. n. 12. 3.2.9.1.(6), p. 86, l. 43-46 : Dividitur autem ens uno modo in ens reale repertum apud naturam, scilicet in substantiam et alia novem genera praedicamentorum, et in ens in anima seu conceptionale, secundum quod dicit Commentator super V Metaphysicae. In Metaph., V, comm. 14, p. 132, l. 117133, l. 125 + comm. 16, p. 144, l. 121124, 1x RSI ; cf. n. 7. 3.2.9.6.(1), p. 96, l. 92-96 : Quoniam autem prima divisione in suas partes dividitur ens in ens reale secundum naturam et in ens conceptionale seu cognitivum, inquantum videlicet est in cognitione seu conceptione, ut habetur super V Metaphysicae a Commentatore, descendendum nunc ad propositum ex consideratione huius secundi generis entis. In Metaph., V, comm. 14, p. 132, l. 117133, l. 125 + comm. 16, p. 144, l. 121124, 1x RSI ; cf. n. 7. 3.2.9.7.(4), p. 98, l. 21-33 : Componit enim et dividit et distinguit et ordinat entia huius tertii generis, id est entia concepta sub suis intentionibus simplicibus, id est abstrahendo a suis idolis, sicut dicit Averroes in In De sensu et sensato, III, comm. 5, 415, l. 63-64, 152 Le poids de la citation suo tractatu De sensu et sensato, et est hoc cogitativum nostrum, quod etiam vim distinctivam seu rationem particularem vocan (…). 1x FRSI ; cf. n. 79. 4.2.1.(2), p. 106, l. 43-47 : Inquirit enim Commentator super III De anima et post suam inquisitionem concludit possibile esse intellectum agentem aliquando nobis uniri ut formam, quo per ipsum intelligamus omnia entia et, sicut dicit super Librum Physicorum, per ipsum simus dependentes ab eodem principio, a quo dependet caelum. In De anima, III, comm. 20, 444, l. 2023 + comm. 36, 500, l. 611-613 + comm. 36, 501, lin. 636639, 1x RSP ; cf. n. 71. In Phys., 1x FRSP ; cf. n. 59. 4.2.1.(8), p. 108, l. 84-88 : Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur intellectui possibili ut forma. In De anima, III, comm. 5, 404, l. 503508, 1x RcGSI ; cf. n. 65. 4.3.2.(9), p. 115, l. 40-44 : Sicut igitur sensus et imaginatio tendunt in idem obiectum, quamvis secundum diversum gradum in modo apprehensionis, item imaginativum et cogitativum tendunt in idem, quamvis cogitativum simpliciore modo et intimiore quam imaginativum, quia imaginatio apprehendit rem vestitam suis idolis, cogitativa autem ab huiusmodi idolis rem denudatam, ut dicit Commentator. In De anima, III, comm. 5, 415, l. 63-64, 1x RcGSI ; n. 66. 4.3.2.1.(6) , p. 117, l. 38-48 : Fiunt autem huiusmodi phantasmatum significativorum expressiones in nobis etiam in somnis ex aliquorum spirituum separatorum commixtione secundum Augustinum XII super Genesim. Intelligentia autem et significationes eorum descendunt In De somno et vigilia, p. 102, l. 48 – 110, l. 15, 1x RSI ; cf. n. 153 Averroès ab aliquo principio separato, quod est intellectus per essentiam, sicut dicit Commentator in suo tractatu De divinatione somnorum et Philosophus innuit in libro De bona fortuna. 83. 4.3.3.(14), p. 122, l. 78-83 : Patet etiam ex praehabitis, quare nunc in statu huius vitae non intelligimus per saepe dictum intellectum agentem nec hi, qui ab illa beata vita separati sunt. Ipsis enim talibus, qui ab illa beata vita alieni sunt, nobis quoque, qui degimus in hac vita, non unitur ut forma, secundum quod actio eius est essentia eius, ut dicit Commentator super III De anima, sed solum unitur nobis per intellecta in actu seu species intelligibiles, quae sunt actio eius, secundum quod actio eius differt ab essentia eius. In De anima, III, comm. 19, 443, l. 8591 + comm. 19, 442, l. 5358, 1x RSI ; cf. n. 70. 3) D e n a t. c o n tr . (11 fois) Quoniam igitur ratio contrarietatis consistit in maxime distare, ut dictum est, non est autem maior distantia quam, quae est secundum ens et non ens, quia etiam in ea primo invenitur ratio distantiae circa aliquod unum commune, in essentialiter autem ordinatis id, quod est primum, est causa consequentium, hinc est, quod habitus et privatio non modo sunt contraria, sed etiam prima contrarietas et omnis contrarietatis principium et causa, sicut dicit Philosophus in X Metaphysicae et suus Commentator ; per quem modum patebit infra. In Metaph., X, comm. 15, 263rA, 1x RSI ; cf. n. 29. 8.(2)-(4), p. 89, l. 37-53 : Unde Philosophus X Metaphysicae c. 15: « Et prima contrarietas est habitus et privatio ». Commentator : « Et dixit hoc eo, quod opposita secundum habitum et privationem praecedunt naturaliter opposita secundum contrarietatem. Omnia enim contraria opponuntur secundum privationem et habitum. Vilius enim contrariorum accidit ei, ut sit privatio perfectioris ». Et infra 16 c. Philosophus: « Manifestum est, quod contraria omnia erunt privatio. Privatio vero non erit » et cetera. Commentator : « Manifestum est, quod in altero extremorum est privatio et non omne, in quo est privatio, est In Metaph., X, comm. 15, 263rA + comm. 16, 263vM, 2x RAP ; cf. n. 29. 154 Le poids de la citation contrarium. Deinde dicit ‘privatio vero et cetera’. Sed non de necessitate omnis privatio est contrarium, quoniam quaedam privationes sunt, in quibus non est contrarietas, scilicet completae privationes. Et causa in hoc, quod non in omni privatione est contrarium, est, quoniam privatio aut est privatio secundum totum aut est privatio, quia caret perfectione tantum ». (4) Et infra Philosophus: « Ista enim contraria sunt ex aliis contrariis, ex quibus sunt transmutations ». Commentator : « Et causa in hoc, quod, cum contrariis admiscetur aliqua privatio, est, quia sunt ex principiis contrarietatis, ex qua fit generatio simpliciter, scilicet quae sunt forma et privatio ». 10.(3), p. 91, l. 113-118 : Nec obstat, quod Philosophus in libro Praedicamentorum enumerans modos oppositionum, ubi tractat de oppositis privative, agit solum de secundo modo hic praenominato, hoc, inquam, non obstat, quoniam de his et de aliis, quae in illo libro determinat, agit magis secundum quandam probabilitatem et famositatem quam secundum veritatem, ut dicit Averroes et patet ex pluribus sententiis illius libri. In Praedic., 1x FRAI ; cf. n. 82. 42.(3), p. 112, l. 75-79 : Igitur agens naturae, quod ex potentia forma facit actu formam, quae est principium entis, praesupponit essentiam formae in subiecto et, ut dictum est, facit ex potentia forma actu formam ita, ut nullius essentiae additio fiat, ut dicit Philosophus VIII Metaphysicae et Commentator super XII Metaphysicae. In Metaph., XII, comm. 18, 304vM305rA, 1x RSI ; cf. n. 34. 54.(3), p. 122, l. 101-103 : Unde Commentator super X Metaphysicae c. 15 : « Omnia enim contraria opponuntur secundum privationem et habitum. Vilius enim contrariorum accidit ei, ut sit privatio perfectioris ». In Metaph., X, comm. 15, 263rA, 1x RAP ; n. 29. 55.(3), p. 123, l. 11-18 : Et quoniam ratio talis attributionis non invenitur vel imperfecte invenitur in naturali potentia vel impotentia aliquid facile faciendi vel patiendi, quam in libro Praedicamentorum assignat secundam speciem qualitatis, ideo in agendo de In Metaph., V, comm. 19, p. 167168, l. 105111, 1x Averroès 155 qualitate in V Metaphysicae praeterit ipsam, nihil de ea agens. Et hoc innuit Commentator super finem praedicti capituli, ubi dicit, quod huiusmodi potentia et impotentia naturalis sunt praeparationes, et potentiae non qualitates in actu. Et propter hoc etiam in VII Physicorum non est perscrutatus de illis, utrum in eis sit motus, ut Commentator dicit ibidem. RAP ; cf. n. 11. 57.(1), p. 124, l. 58-62 : Ubi enim aliqua forma essentialius et realius qualificat sive qualitative informat secundum rationem entis, ibi per prius invenitur ratio huius nominis. Unde Philosophus in V Metaphysicae et Commentator ibidem dicit, quod intentio sive modus huius nominis, qui invenitur in substantiis, est verus. In Metaph., V, comm. 19, p. 163, l. 35-37, 1x RAI ; cf. n. 9. 59.(3), p. 126, l. 102-106 : Verius tamen est ipsis non attribui aliquam qualitatis realitatem, sicut innuit Philosophus in libro Praedicamentorum, ubi dicit, quod huiusmodi non dicuntur qualitates in eo, quod substantiam aliquo modo disponant. Et Commentator hoc expresse dicit, scilicet quod non sunt qualitates, ut supra inductum est. In Metaph., V, comm. 19, p. 167168, l. 105111, 1x RAP ; cf. n. 11. 64.(1)-(2), p. 128, l. 87 - 129, l. 102 : Secundum hoc non obstat, si quis opponat, quod secundum Philosophum et Commentatorem super V et VII Metaphysicae huiusmodi formae, quae videntur esse de quarta specie qualitatis, sunt essentiales formae ipsarum quantitatum. (…) sed sicut proprietates ex essentialibus principiis elicitae, vel potius secundum intentionem Philosophi et Commentatoris huiusmodi proprietates reductae ad genus qualitatis important de intellectu suo etiam suarum specierum formales rationes, quae secundum hoc ex consequente pertinent ad genus qualitatis. Unde non sequitur, quod propter huiusmodi formas quantitas simpliciter sit de genere qualitatis, cum species quantitatis secundum hanc considerationem reducuntur ad genus qualitatis. In Metaph., V, comm. 19, p. 164, l. 42-51, 1x RAI ; cf. n. 10. In Metaph., VII, comm. 14, 164vI + comm. 35, 187rB-C, 1x RSI ; cf. n. 18. 156 Le poids de la citation 4) D e e l e m. (10 fois + 1 SM) 1.(2), p. 59, l. 2-18 : Secundum Philosophum V Metaphysice (...) Secundum hoc autem, sicut dicit ibi Commentator, primo omnium dicitur de materia prima, quod patet ex definitione praemissa. Ipsa enim est primum omnium, ex quo componuntur substantiae sensibiles generabiles et corruptibiles, inexistens ipsis et indivisum secundum formam. (2) Nec est instantia de forma, ex qua similiter res primo videtur componi et magis etiam, tum quia res sensibiles cum dissolvuntur per corruptionem, non sic dividitur ex eis forma, ut maneat post talis substantiae corruptionem, sicut manet materia, quia, sicut dicit Commentator (i.e. in De Caelo) omne, quod corrumpitur apud generationem alterius, non est ei elementum, ita omne, quod ad dissolutionem alterius corrumpitur, non est ei proprie elementum. Nec est instantia de forma, ex qua similiter res primo videtur componi et magis etiam, tum quia res sensibiles cum dissolvuntur per corruptionem, non sic dividitur ex eis forma, ut maneat post talis substantiae corruptionem, sicut manet materia, quia, sicut dicit Commentator, omne, quod corrumpitur apud generationem alterius, non est ei elementum, ita omne, quod ad dissolutionem alterius corrumpitur, non est ei proprie elementum; necessarium est igitur secundum utrumque statum et generationis et corruptionis elementati manere illud, quod vere et proprie est elementum. In Metaph., V, comm. 4, p. 89, l. 127132, 1x RAI ; cf. n. 5. 2.(1), p. 60, l. 32-36 : Sunt autem partes alicuius totius tripliciter: uno modo, ut sint partes secundum quantitatem solum; alio modo, ut sint partes secundum qualitatem, quas vocat Commentator partes qualitativas II De generatione et in aliis locis sunt autem alio modo partes secundum quantitatem simul et secundum speciem. In De gen. et cor., II, 382vI, 1x RSI ; cf. n. 81. 6.(2), p. 62, l. 95-160 : Per hoc tamen non excluditur, quin caro et os et similia possint habere alia principia, ex quibus constent secundum aliam rationem, ut sunt In De gen. et corr., II, 382vI, 1x In De celo, III, comm. 67, 633, l. 6470, 1x RcGSP ; cf. n. 77. Averroès 157 materia et forma, vel etiam propinquiora principia, puta quattuor elementa, ex quibus huiusmodi substantiae similium partium constant non secundum quantitatem et speciem, sed magis qualitative, ut dicit Averroes in II tractatu De generatione et corruptione. RSI ; cf. n. 81. 13.(1), p. 69, l. 7-10 : Tale enim corpus, cum receperit motum in aliqua suarum partium, huiusmodi pars movet aliam vel alias et sic deinceps, quod absque aliquali subintratione partium ad partes fieri non potest propter talium corporum spiritualitatem, ut dicit Commentator super VIII Physicorum. In Phys., VIII, comm. 82, 430 vI-K, 1x RSI ; cf. n. 58. 15.(2), p. 70, l. 37-44 : Quorum causam existimandum est, quoniam, etsi huiusmodi habeant aliquale principium sui motus in se ipsis, sunt tamen substantiae quodammodo incompletae nondum separatae a generante, unde contingit ea moveri non secundum naturam simplicis praedominantis, qua habent inclinationem ad suum ubi secundum rectam lationem motus simplicis, sicut dictum est, sed etiam moventur a generante secundum Commentatorem super VIII Physicorum de vento, et magis principaliter quam ab intrinseco principio moventur huiusmodi a generante. In Phys., VIII, comm. 35, 374vH, 1x RSI ; cf. n. 56. 26.(2), p. 77, l. 73-79 : Sed istud non obstat iam dictis, quia illic, scilicet I Physicorum, loquitur Philosophus contra Anaxagoram, qui posuit quamlibet rem naturalem constare ex infinitis in actu; sed non est intelligibile, quod res aliqua seu substantia finita in actu constet ex infinitis in actu, et secundum illam intentionem loquitur ibi Philosophus dicens: « Dico autem partes, quae cum insint, in quas dividitur totum », in quo verbo secundum Commentatorem ibidem intendit de partibus rei, quae sunt partes in actu. In Phys., I, comm. 36, 36, 24rC-D, 1x RAP ; cf. n. 41. 30.(1), 80sq., l. 61-63 : Constat, quod non minus, sicut etiam dicit Commentator super VIII Physicorum, scilicet quod nobiliore modo et veriore movetur caelum ex se quam animalia in hoc mundo inferiore. In Phys., VIII, comm. 27, 365rC-D, 1x RAI ; cf. 158 Le poids de la citation n. 55. 41.(4), p. 88, l. 46-58 : (…) Secundum hanc etiam sententiam Commentator expresse exponit Philosophum in iam dictis locis, ut patet intuenti. SM 44.1, p. 90, l. 110 - 115 : Manifestum est autem secundum ea, quae dicta sunt, quod falsa est positio Avempeche, quam pertractat Commentator super IV Physicorum, quae dicit, quod cessante omni impedimento circumscriptis etiam mediis corporibus, per quae fit motus gravium et levium, si secundum imaginationem poneremus medium esse vacuum, quod nihilominus gravia et levia moverentur per naturam determinata velocitate et tarditate in tempore. In Phys., comm. 162 rC, RSI ; cf. 49. 44.(1), p. 91, l. 12-15 : Esset etiam falsum fundamentum demonstrationis Philosophi in IV Physicorum, qua ostendit gravia et levia non moveri in vacuo, ut Commentator satis prosequitur, nec circa hoc est immorandum. In Phys., IV, comm. 71, 1x RSI ; cf. n. 49. IV, 71, 1x n. 5) D e a n i m. (9 fois + 1 SM) 1.(2), p. 13, l. 7-14: His autem omnibus hoc generale praemittendum, quod dicit Augustinus l. III De libero arbitrio c. 3 vel 13 de parvis c.: Quidquid recta ratione ponendum est, Deum fecisse fatendum est ; idem dicit Libro sententiarum Prosperi c. 382. Sicut enim non contingit frustra in fundamento naturae, ut dicit Commentator super principium II Metaphysicae et Philosophus libro De progressu animalium c. 7, quod natura nihil facit praeter naturam, et in II Caeli et mundi, quod natura nihil facit frustra, sic nec deficit in necessariis, ut ibidem dicit. 3.(2), p. 14, l. 54-15, l. 63 : Assignantur autem quattuor genera causarum communiter nota, scilicet materialis, formalis, efficiens, finalis. Haec autem quattuor genera proprie accipiuntur solum in entibus, quae subiecta In Metaph., II, comm. 1, 28 vK, 1x RSP ; cf. n. 1 In III, 41 RSI Metaph., comm. 3, rB-D, 1x ; cf. n. 2. Averroès 159 sunt transmutationi et motui deservienti generationi et corruptioni rerum, secundum Philosophum in VIII Metaphysicae; unde Commentator dicit super III Metaphysicae et super IV Caeli et mundi, quod efficiens causa et finalis non sunt in separatis: Sicut enim in mathematicis non est ratio finis, quia non est ibi ratio boni, et per consequens nec causa efficiens, sic in separatis non invenitur ratio boni acquisiti per motum, et sic nec causa finalis et per consequens nec causa efficiens, quae movet intentione boni. In De celo, IV, comm. 1, 645, l. 16-19 ; 1x RSI ; cf. n. 78. 9.(2), p. 20, l. 53-61 : Non ut productrices corporum sibi subiectorum, ut dicit Commentator super I Physicorum, sed supponentes essentias ipsorum ab altiore principio quantum ad primum genus causalium processuum, nec etiam constituentes ea in esse per motum et transmutationem secundum viam generationis secundum alium modum seu genus processus causalis praemissi, sed secundum aliud genus causae, videlicet formalis et essentialis unionis, figentes et constituentes ea in esse ita, ut secundum hoc illa corpora caelestia possint intelligi animata, altiore tamen modo et aequivoco ab istis animatis, quae sunt apud nos. In Phys., I, comm. 63, 38rD-F, 1x RSI ; cf. n. 43. 17.(1), p. 27, l. 6-10 : Inquantum autem est maxime per se et naturalis et primus, quod movetur hoc motu, movetur ex se, secundum quod ostendit Philosophus in VIII Physicorum, ubi dicit Commentator, quod caelum magis movetur ex se quam animal in hoc inferiore mundo. In Phys., VIII, comm. 27, 365rF, RAI, n. 55. 31.(1), p. 37, l. 12 - 38, l. 18: Dicit enim Philosophus in De caelo et mundo, quod corpora caelestia sunt viva; et in VIII, quod moventur ex se, quod secundum suam intentionem supra expositum est et ostensum. Item Commentator super VIII Metaphysicae, scilicet quod sunt corpora animata viventia per totum. Similiter omnes expositores Aristotelis, sicut in diversis locis invenitur. Similiter doctus Plato sensit, ut dicit Boethius in Commento, et Augustinus in libro Retractationum dicit, quod Plato sic sensit et plurimi In Metaph., VIII, comm. 12, 220vG-H, 1x RAI ; cf. n. 24. 160 Le poids de la citation philosophorum. 35.(6), p. 41sq., l. 34-38 : Secundum ea igitur, quae dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam corpori caelesti non habere ad ipsum eam habitudinem causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum suum, id est essentiam corporis caelestis, ab alio principio, sicut dicit Commentator super I Physicorum et habetur ab Avicenna et aliis de schola Peripateticorum. In Phys., I, comm. 63, 38rD-F, 1x RSI ; cf. n. 43. 36.(5), p. 43 : Ens igitur isto modo condicionatum non SM est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis. 37.(2), p. 45, l. 9-15 : Dicitur etiam et est ipsa forma qualitas, sed substantialis, ut habetur in V Metaphysicae in c. de qualitate, immo ipsi formae substantiali primo impositum est nomen qualitatis, ut dicit ibi Commentator ; et secundum hoc forma substantialis est quaedam substantiae substantialis dispositio. In Metaph., V, comm. 19, p. 163, l. 3537, 1x RAI ; cf. n. 9. 37.(4), p. 46, l. 21-28: Quantum autem ad tertium, videlicet quod forma naturalis est quaedam dispositio eius, cuius est forma, est hinc inde differentia. Dispositio enim in sui propria ratione importat sui ipsius quandam intraneitatem in illo, cuius est dispositio, inquantum habet distincta principia vel partes, in quibus attenditur dispositio talis rei, secundum quod videmus omnia accidentia esse quasdam dispositiones substantiae, ut dicitur super IV Metaphysicae, et quod magis imaginationi se offert, si disponantur aliquae candelae in directum vel in circulum et similia. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAI ; cf. n. 3. Averroès 161 6) D e a c c . (9 fois) 10.(3), p. 66sq., l. 66-78 : Et hoc est, quod dicit Philosophus in principio VII Metaphysicae, quod accidentia eo sunt entia, quo sunt entis veri, quod est substantia. Et quod ista analogia, qua accidens dicitur ens per attributionem ad substatiam, attendatur penes essentiam accidentis, ostendit Philosophum in principio IV Metaphysicae (...) Unde Commentator dicit ibi, quod alia praedicamenta « universaliter non dicuntur entia, nisi quia sunt dispositiones entis ». In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAP ; cf. n. 3. 10.(3), p. 67, l. 79-85 : Unde versus principium VII, aliquantulum post supra inductam auctoritatem, dicit Philosophus: « Sedens enim et stans non dicuntur sine hoc. Manifestum est igitur, quod haec est causa essentiae istorum ». Super quo dicit ibi Commentator : « Quoniam accidentia, verbi gratia stans et sedens, non dicuntur entia sine istis..., et cum hoc sit declaratum de substantiis, manifestum est, quod substantiae sunt causae essentiae accidentium et accidentia non sunt nisi propter substantias ». In Metaph., VII, comm. 3, 154rE, 1x RAP ; cf. n. 14. 12.(2), p. 68, l. 6-9 : (2) Quantum autem ex eodem VII colligitur ex textu et Commentatore, quiditas secundum Philosophum in rebus compositis est forma, quam significat definitio; quamvis autem solam formam significet definitio, definit tamen totum compositum. In Metaph., VII, comm. 16, 165vM + comm. 19, 168rF, 1x RAI ; cf. n. 19. 12.(4), p. 69, l. 30-33 : « Hoc enim », sicut dicit Philosophus in VII, « non est nisi substantiarum tantum ». Et infra loquens de accidentibus dicit: « Definitionem autem non habent neque illud, quod est per essentiam », id est « quiditatem », sicut exponit Commentator. In Metaph., VII, comm. 14, 164rE, 1x RAP ; cf. n. 17. 13.(5), p. 72, l. 101-112 : (...) sicut dicit Philosophus V Metaphysice c. 9 (...). Super quo dicit ibi Commentator: « Significatio uniuscuiusque nominum novem accidentium cum sua significatione super illud accidens est super unum praedicamentum, scilicet In Metaph., V, comm. 14, p. 130, l. 78-81 et p. 130-131, l. 86-89, 1x 162 Le poids de la citation praedicamentum substantiae ». Et infra loquens contra RAP ; cf. n. 6. Avicennam, qui dicebat, quod accidens « primo significat subiectum et secundo accidens », dicit, quod « est e converso », scilicet quod accidens « primo significat accidens et secundo subiectum: accidens enim innatum est existere in subiecto ». 15.(2), p. 73, l. 20-24 : Quam formam significat definitio definiens nihilominus totum compositum et notificans in eo, quod quid est, secundum quod habetur a Philosopho et Commentatore in VII et a Boethio in libro De Trinitate, ubi pertractat, quomodo esse est a forma et non a materia: Esse, inquam, in eo, quod quid est. In Metaph., VII, comm. 16, 165vM + comm. 19, 168rF, 1x RAI ; cf. n. 19. 22.(4), p. 84, l. 29-33 : Ratio enim, quam significat nomen, est definitio secundum Philosophum in IV Metaphysicae; nomina autem imposita sunt rebus, secundum quod sunt in actu, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae ; non enim homo est res existens homo in potentia. In Metaph., VII, comm. 7, 215vK, 1x RAP ; cf. n. 15. 22.(6), p. 85, l. 58-62 : Cum igitur accidentia, quae definiuntur ex substantia, sint entia secundum actum, ergo definiuntur et sunt entia secundum actum, inquantum in actu sunt entis veri, quod est substantia: Eo autem sunt entis, quod sunt veri entis dispositiones, secundum quod dicit Commentator super IV Metaphysicae. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAP ; cf. n. 3. 23.(19), p. 89, l. 125-129 : Iam enim color non esset extremitas perspicui in corpore terminato, inquantum color per essentiam est dispositio corporis habentis in se naturam multae vel paucae diaphaneitatis et multae vel paucae luminositatis, ut dicit Commentator in tractatu suo De sensu et sensato, quam dispositionem corporis colorati impossibile est attribuere quantitati separatae. In De sensu et sensato, VI, 2, 14rB, 1x RSI ; cf. n. 79. 163 Averroès 7) D e in t. (7 fois + 5 SM) III.10, p. 134 : Declaratur sententia erronea Averrois de substantia intellectus possibilis simul et agentis. III.11, p. 134 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu agente. III.12, p. 134 : Improbatio eius, quod dicit de intellectu possibili, quantum ad hoc, quod ostenditur, quod non est in potentia ad formam substantialem. SM II.39.(2), p. 177, l. 53-55 : Praeterea, quomodo verum est, quod Commentator dicit et communiter dicitur, quod intellectus agens nihil intelligit extra se, cum intelligat causam suam et alia, quae non sunt, quod ipse? In De anima, III, comm. 25, p. 463, l. 43-53 + comm. 25, p. 463, l. 4353, 1x RcGSP ; cf. n. 72. III.7.(2), p. 182, l. 96-102 : Potentia enim activa seu passiva importat quandam alicuius formae saltem incohationem in re, qua dicitur esse in potentia ad minus passiva, ex qua aliquid fieri debet, ut patet in generatione plantarum et animalium aliorum ab homine, ut dicit Commentator super XII Metaphysicae videlicet quod agens non ponit animam in corpore, sed id, quod est anima in potentia, facit animam in actu quasi non faciens eam de nihilo, sed extrahens de potentia, in qua iam incohata est, in actum completum. In Metaph., XII, comm. 18, 304vM305rA, 1x RSI ; cf. n. 34. III.10.(1)-(3), p. 185, l. 70-87: Ex eisdem potest concludi contra errorem Averrois de unitate intellectus possibilis, quam ponit, additis nihilominus aliquibus specialibus viis, quibus procedi potest contra eum. (...) Quoniam autem Aristoteles philosophus ponit in intellectuali nostro duplicem intellectum, agentem videlicet, in quo est omnia facere, et possibilem, in quo est omnia fieri, utrumque istorum ponit Averroes substantiam separatam et intelligentiam quandam. Eam, quam dicit intellectum possibilem, dicit infimam in ordine intelligentiarum, et suum intelligere, inquantum intelligentia est, tale est, quod actio eius est In De anima, III, comm. 5, p. 401-409, lin. 424-653 + comm. 36, p. 491, 343-345 + comm. 36, p. 491, 350-353 + comm. 18, p. 439, lin. 73-74 + comm. 19, p. 442, lin. 62- 164 Le poids de la citation substantia eius. III.10.(3), p. 185, l. 88 (3) Ista est sententia Averrois summarie tangendo de natura intellectuali in nobis. 64 + comm. 19, 443, l. 8591, 2x RcGSI* ; cf. n. 73. SM III. 13.(2), p. 186, l. 8-11 : Omne autem accidens non est nisi dispositio habentis partes, non qualescumque, sed partes posteriores toto, quod est de ratione individui. Sed talis intelligentia, quam ponit Averroes, nec habet partes tales nec est individuum. Ergo non est in potentia ad recipiendum aliquam talem speciem. In De anima, III, comm. 4, p. 386, l. 99104+ comm. 5, p. 389, l. 63-67 + comm. 12, p. 426, l. 10-14 + comm. 14, p. 428, l. 8-13 + comm. 5, p. 388, l. 37-44 + comm. 5, p. 393, l. 191-193, 1x RcGSI ; cf. n. 63. III. 13.(3), p. 187, l. 12-16 : Item, sicut habemus ab eodem Averroe, magis fit unum ex specie intelligibili et intellectu quam ex materia et forma, quia ex materia et forma fit aliquid tertium, sed species intelligibilis fit ipse intellectus. In idem concordant Alexander et Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili. In De anima, III, comm. 404, l. 503-508, 1x RcGSI ; cf. n. 65. III.27.(2), p. 200, l. 30-32 : Et hoc est, quod ille commentator Averroes dicit, scilicet quod denudat (i.e. ratio aestimativa seu cogitativa) rem a suo idolo, id est ab accidentibus, sub quibus imaginativa rem considerat. In De anima, III, comm. 5, 415, l. 63-64, 1x RcGSI ; cf. n. 66. Averroès 165 8) D e q u i d . (6 fois) 2.2, p. 100 : Dico autem rationem rei, quam significat nomen, et est definitio secundum Philosophum IV Metaphysicae. Nomen enim semper imponitur rei quantum ad actum suum, ut dicit Commentator super VII. In Metaph., VII, comm. 7, 215vK, 1x RAP ; cf. n. 15. 3.2, p. 102 : Ponit igitur Philosophus exemplum in artificialibus et naturalibus. In artificialibus quidem, ut quare lapides et lateres sunt domus, ubi quaeritur de forma, quae est quasi quiditas domus, scilicet coopertorium. In naturalibus autem, ut quare generatus ex hoc, scilicet ex rebus, ex quibus constituitur corpus proprium hominis, est homo. Et subdit: Manifestum est igitur, quod quaeritur causa materiae, et ista est forma eius, quod habet aliquid, et est substantia. Commentator : Manifestum est igitur, quod quaeritur causa, quae est materiae per quare, et est forma, propter quam est materia. Manifestum est igitur, quod in simplicibus non est quiditas. Et per consequens ipsorum non est definitio eo, quod in essentia simplicis non est distinctio alicuius multitudinis nec de eis habet locum quaestio per ‘propter quid’ vel per ‘quare’ secundum praedicta. Unde Commentator super VII in fine penultimi capituli dicit sic: « Ideo id, quod est simplex in rei veritate non habet definitionem neque quaeritur per quare ». In Metaph., VII, comm. 60, 208rE-vG + comm. 59, 207vI, 2x RAP ; cf. n. 22. 7.(2), p. 109, l. 19-21 : Hoc autem, quod cum praedictis de ratione quiditatis complet rationem quiditatis, quae vere et proprie quiditas est, colligimus manifeste a Philosopho et a Commentatore VII Metaphysicae. In Metaph., VII, comm. 16, 165vM + comm. 19, 168rF, 1x RAI ; cf. n. 19. 7.(5), p. 110, l. 64-67: (...) ut Philosophus ostendit in VII, puta animal, rationale quantum ad hominem. Sunt enim essentialiter unum et idem animal et rationale, ut dicitur super VII, quamvis ratione seu intentione differant, ut id, quod nomine animalis importatur, significetur tamquam minus determinate, rationale In Metaph. VII, comm. 21. 171rA, 1x RcGAI ; cf. n. 20. 166 Le poids de la citation autem significet idem illud magis determinate. 8.(4), p. 112, l. 32-38 : (...) investigat Philosophus in VII ex proprietate et modo definitionis et quaestionis per ‘quid est’ vel ‘quare est’ ostendens, quod quiditas, quae vere et simpliciter est quiditas, in solis substantiis invenitur et quod solum substantiae proprie et simpliciter habent definitionem, quae secundum Philosophum et Commentatorem solam formam significat, quamvis definiat totum compositum. In Metaph., VII, comm. 16, 165vM + comm. 19, 168rF, 1x RAI ; cf. n. 19. 10.(6), p. 114, l. 45, 54-55, 65 : Praeterea secundum Philosophum in principio IV Metaphysicae (...). Haec est igitur essentia accidentis cuiuscumque esse dispostionem substantiae, sicut etiam dicit ibi Commentator expresse et ratio concludit. (...) Et hoc est, quod Philosohus determinat in VII Metaphysicae etc. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAI ; cf. n. 3. 9) D e n a t. c o n tin . (6 fois) 2.(9), p. 255, l. 86-88 : Et haec est ratio eius, quod dicit Commentator super Librum Physicorum, quod solus motus secundum locum est perfecte continuus. In Phys., IV, comm. 56, 397vH, 1x RSI ; cf. n. 57. 3.(4), p. 257, l. 49-57 : Philosophus etiam in IV Physicorum quarens et determinans (...); Sed mox videtur facere quandam exceptionem dicens, quod tempus non erit extra animam, nisi sit aliquid extra animam, quo existente tempus sit, ut prius et posterius in motu ; haec igitur, inquantum numerabilia sunt, tempus sunt. Alia translatio habet: numerata. Commentator ibi dicit, quod inquantum numerabilia tempus est in potentia; inquantum actu numerata sunt, tempus est in actu. In Phys., IV, comm. 131, 202rF, 1x RAP ; cf. n. 52. 4.(13), p. 261, l. 91-97 : His visis manifestum est secundum Philosophum in IV Physicorum (...) Hoc autem, quod sic apprehendimus diversa instantia ab invicem diversa, Commentator ibidem dicit ex eo, quod nos sentimus nos esse in quodam divisibili secundum phantasticum nostrum, et ideo apprehendimus distincta In Phys., IV, comm. 100, 180vH-I, 1x RAI ; cf. n. 50. Averroès 167 et diversa instantia secundum antecessionem et successionem, et continuamus inter ea quandam differentiam secundum prius et posterius eius, et hoc est eius tempus secundum Philosophum. 4.19, p. 263 : Et quia secundum dictum modum tempus constituitur per actum animae, et est res primae intentionis determinata circa motum secundum rationem numeri vel mensurae, ideo secundum Commentatorem super IV Physicorum magis pertinet ad primum philosophum considerare et determinare naturam temporis quam ad physicum. In Phys., IV, comm. 131, 202vH, 1x RSI ; cf. n. 53. 6.1.(5), p. 269, l. 90 – 270, l. 115 : Hanc autem rationem Zenonis elidit ibi Philosophus secundum sextam distinctionem, qua dicit caelum semper manere in loco eodem secundum subiectum, transmutatur autem localiter secundum locum alium et alium secundum formam, intendens secundum Commentatorem, quod ipsum spatium circulare, in quo vel secundum quod movetur caelum, est unum et idem re et subiecto; inquantum autem in eodem spatio diversa significantur puncta, a quorum quolibet intelligitur incipere motus circularis et redire in idem, intantum sunt huiusmodi sic significatae circulationes, ad quas et ex quibus movetur caelum, diversa loca secundum formam. In Phys., VI, comm. 85, 300vG-I, 1x RAI ; cf. n. 54. 6.3.(3), p. 273, l. 226-228 : Ex dictis igitur corollarie inferri potest secundum Philosophum et Commentatorem, quod, si impossibile esset animam esse in rerum natura, tempus non esset potentia nec actu in rerum natura. In Phys., IV, comm. 131, 202rF, 1x RcGAI ; cf. n. 52. 10) Utr u m s u b . s p ir . (6 fois) I.(1), p. 325, l. 12-14 : Quoad primum manifestum est secundum Philosophum et Commentatorem in IV Physicorum, quod nihil fecit nos scire materiam esse in rebus nisi transmutatio. Transmutatio autem est entis in potentia. In Phys., IV, comm. 38, 138 vM, 1x RAP ; cf. n. 48. 168 Le poids de la citation I.(4), p. 326, l. 54-58 : Et arguit (i.e. Aristoteles) diversitatem materiae ex diversitate potentiae, sicut dicit ibi (i.e. super XII Metaphysicae) Commentator. Similiter autem in VIII Metaphysicae, ubi declarat de principiis entis loquens specialiter de corporibus caelestibus, dicit, quod « non habent aliquam materiam, sed materia eorum est subiectum », quia est ibi motum in loco tantum, et ea, « quae insunt per naturam », non insunt propter materiam, « ut causa ipsius eclipsis non est aliqua materia, sed luna, quae patitur ». In Metaph., XII, comm. 10, 296vM297rA, 1x RAI ; cf. n. 32. II.(5), p. 329, l. 46-49: Sed istud nihil est dicere, quia, sicut dicit Commentator, materia, quantum stat sub perfectione unius formae, tantum admiscetur cum privatione alterius formae. Privatio autem talis necessario et per se importat circa subiectum suum potentiam vel aptitudinem ad formam oppositam. In Phys., I, comm. 66, 39vI, 1x RcGAP ; cf. n. 44. II.(21), p. 333, l. 208 – 334, l. 217 : Est autem unumquodque entium propter suam propriam operationem sicut propter finem secundum Philosophum in II De caelo et mundo. Quod igitur institutum esset in natura non propter finem aliquem vel non pertinens ad finem alicuius entis, frustra esset in universitate entium et in substantia cuiuslibet entis sic instituti, quod non patitur natura, ut dicit Philosophus in II Caeli et mundo, ubi dicit, quod natura nihil facit frustra nec deficit in necessariis. Idem in libro De progressu animalium c. 7, quod natura nihil facit praeter naturam. Commentator super principium II Metaphysicae: Non contingit frustra in fundamento naturae et creaturae. In Metaph., II, comm. 1, 28 vK, 1x RSP ; cf. n. 1. II.(8), p. 337, l. 43-51 : (7) Unde Philosophus in VIII tradit quandam regulam convertibilem (...). (8) Unde Commentator ibidem super hoc, scilicet ‘statim’: Id est quiditas eorum est essentia eorum, item: non per exitum de potentia ad actum. In hoc enim assignat differentiam talium entium quantum ad suae substantiae unitatem ad ea, quae praemisit, quae sunt unum per exitum de potentia ad actum. Et secundum hoc attribuit eis In Metaph., VIII, comm. 16, 224v K + 225rF, 1x RAP ; cf. n. 28. In Metaph., VIII, comm. 12, 219vM220rA, 1x RSP ; cf. n. 25. Averroès 169 tertium, scilicet quod non sunt vere in aliquo genere, quia videlicet carent radicali fundamento totius generis, quod est materia, quae determinatur in diversis per diversas formas, quod est ratio coordinationis plurium generum seu specierum in uni genere reali substantiae. 11) F r a g. d e r a t. p o t. (4 fois) 11, p. 379, l. 87-92 : Et sic secundum considerationem Philosophi, cum materia est in potentia ad formam, materia non est sua potentia eo, quod huiusmodi potentia intelligitur in materia per distantiam ab actu formae, quae distantia tollitur in adventu formae et per consequens potentia ratione privationis, sicut pertractat Commentator in I Physicorum. 21, p. 381, l. 159-161 : Et ista est opinio Philosophi et Commentatoris IV Physicorum de tempore et per consequens de quando, et Augustini XI Confessionum et Boethii De Trinitate de his, quae dicuntur sex principia. In Phys., I, comm. 79, 45 rB-C, RAI, n. 45. (24), p. 382, l. 187-191 : Unde Philosophus V Metaphysicae dicit, quod intellectus per se habet habitudinem ad intelligibile sicut sensus ad sensibile; ubi dicit Commentator quod in essentia intellectus est habere talem habitudinem, et super De anima dicit, quod potentiae sensitivae sunt in capitulo ad aliquid sive relationis. In Metaph., V, 1x FRAI ; cf. n. 12. In Phys., IV, comm. 97, 178 rB + comm. 131, 202 rA – C, 1x RcGAI* ; cf. n. 51. In De anima, II, comm. 125, p. 321, l. 4546, 1x RSP ; cf. n. 61. 12) Utr u m in D e o . (4 fois) 1.4.2.1.(3), p. 297, l. 47-51: Habet enim intellectus quantum ad proprium modum cognoscendi essentialem ordinem ad suum obiectum, sicut dicit Commentator super VII Metaphysicae, qui ordo attenditur in eo modo cognoscendi, quo res In Metaph., VII, 1x FRSI ; cf. n. 23. 170 Le poids de la citation cognoscitur in sui ratione et per principia secundum rationem. 2.2.2.(3), p. 309, l. 56-62: Si fuerit ens in potentia secundum suam substantiam, erit etiam multa, id est omnia illa, ad quae est in potentia, ut materia prima est omnia illa, ad quae est in potentia, ita, ut omnia illa, secundum quod sunt entia in potentia, sunt ipsa materia prima; unde in generatione naturali nulla nova essentia inducitur generato: Generans enim non largitur generato multitudinem, sed perfectionem, secundum Commentatorem, inquantum id, quod est ens in potentia, facit ens actu, ut potentia plantam facit actu plantam. In Metaph., VIII, comm. 15, 224r, 1x RcGSP ; cf. n. 27. 2.2.2.(4), p. 309, l. 64-68 : Ipsa (i.e. materia prima) enim non est simplex in sua substantia, sed multa eo modo, qui dictus est, quamvis secundum aliam rationem posset concedi, quod ipsa materia est unum quid non per aliquem actum ipsius formae unius, sed per privationem omnis actus formalis, sicut dicit Commentator super I Physicorum. In Phys., I, comm. 79, 45rC-D, 1x RSI ; cf. n. 46. 2.2.3.(8), p. 313, l. 82-88: Quaelibet igitur huiusmodi forma sensibilis est in potentia in organo corporali transmutato a generante, perficitur autem et fit in actu non solum a primo alterante, quod est generans, sed etiam ex praesentia obiecti, non sic, quod tale obiectum sit principium activum talis formae in actum, sed quia secundum ipsum obiectum et secundum proprietatem formae eius sit in actu per aliud intrinsecum principium secundum Commentatorem super II De anima. In De anima, II, comm. 60, 221, l. 40-44, 1x RSI, cf. n. 60. 13) D e in te l l ig. (3 fois + 6 SM) Tabula, p. 351/352 : De ratione Averrois commentatoris, quae dictis est contraria, et de fundamentis suae rationis. 13. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quoad suam conclusionem. SM Averroès 171 14. Quomodo inducta ratio Averrois destruitur quantum ad fundamenta sua ; et primo, quia inconvenienter sumit significationem huius nominis, scilicet medium, et adducitur cum hoc sui ipsius testimonium. 15. Destruitur inducta sua ratio quoad aliud suum fundamentum, ubi non distinguitur inter animata et inanimata quoad proprietatem motuum. 16. Inducitur alia ratio pro saepe dicto Commentatore fundata super simplicitatem corporum; in cuius solutione distinguitur de radice simplicitatis et ostenditur aliqua natura compositionis in motibus rectis. 11. (1), p. 363, l. 12 – 364, l. 14 : De eo autem, quod Averroes arguit contra astrologos, videlicet contra positionem eorum de motu planetarum secundum excentricos et epicyclos, nunc considerandum, scilicet de rationibus suis, quibus contra eos procedit: qua vi concludant, vel si non concludant, diligenter considerandum. 12.(1), p. 364, l. 43-56 : Posuit autem haec commentator Averroes, videlicet quod omnis stella moveretur aequaliter et naturaliter et solum circa centrum mundi, sumpta ratione secundum suum intellectum ab auctoritate Philosophi hic praemissa, sicut supra inductum est De caelo et mundo, secundum quod ibi Philosophus investigat motus naturales simplices corporum simplicium huius universi secundum hunc modum, quod talis motus vel est ad medium vel a medio vel circa medium. Accipit autem Averroes in hac trimembri divisione medium secundum eandem significationem, scilicet pro centro mundi, circa quod volvitur totum; cui si adiungat, ad concludendum propositum suum, quod idem est motus totius et partis eius, puta totius terrae et alicuius glebae, quae est aliqua pars eius, ex his videtur dicto Averrois efficaciter concludendum, quod nulla stella moveatur nisi super centrum, circa quod volvitur totum universum quoad machinam caelestem. In De celo, II, comm. 99, 456, l. 9-18 + comm. 92, 445, l. 86-93, 1x RcGAP ; cf. n. 76. 172 Le poids de la citation 15.(1), p. 366, l. 3-5 : Quod autem pro fundamento suae rationis dictis adiungit (i.e. Averroes), scilicet quod idem est motus totius et partis deminutae, loquitur non distinguens inter corpora animata et corpora inanimata. In De celo, II, comm. 99, 456, l. 9-18 + comm. 92, 445, l. 86-93, 1x RcGAP ; cf. n. 76. 14.(2), p. 366, l. 91-96 : Primo in eo, quod utitur nomine medii uniformiter in sua significatione: Hoc enim negandum est, quia contradicit experientiae sensus, cui magis standum est, sicut ipsemet fatetur impossibilitatem suam huiusmodi perscrutandi dicens in XI Metaphysicae – qui secundum novam translationem est XII –, quod sperabat aliquando se posse perscrutari de hoc et comprehendere veritatem huius rei; sed quia iam senui – ait –, iam despero. In Metaph., XII, comm. 45, 329vL, 1x RSP ; cf. n. 37. 16.(1), 367, l. 23-25 : Et sic, ut videtur, adhuc stat sententia Commentatoris de conformi significatione medii accipiendo medium pro centro mundi, cum dicit, quod omnis motus naturalis vel est ad medium vel a medio vel circa medium. In De celo, II, comm. 99, 456, l. 9-18 + comm. 92, 445, l. 86-93, 1x RcGAI ; cf. n. 76. 16.(1), 367, l. 17-23 : Fortassis autem diceret saepe dictus Commentator vel aliquis vice sui, quod Philosophus intendebat investigare motus simplices simplicium corporum huius mundi; et quia corporis simplicis simplex et unus est motus, ideo dictus Philosophus assignavit et determinavit solum tres motus simplices, et hoc tribus generibus corporum, scilicet gravibus et levibus et neutris, id est circularibus, quae sunt corpora simplicia. SM 14) D e l u c e (3 fois) 1.(3), p. 9, l. 20-26 : Est autem celebri sententia vulgatum quattuor esse causas rerum, quae subsunt quantitativae vel qualitativae transmutationi. In entibus In Metaph., III, comm. 3, 41 rB-D, 1x Averroès 173 enim separatis vel mathematicis non sunt proprie causae efficientes et finales, quarum ratio attenditur in hoc, quod acquiratur aliquid per motum, ut habetur a Commentatore super III Metaphysicae et super Caelum et mundum. RSI ; cf. n. 2. 5.(3), p. 13, l. 28-32 : Unde Augustinus super Genesim dicit, quod anima accommodat partem substantiae suae ad hoc, quod sensus fiat in actu ad praesentiam sensibilis. Et idem vult dicere Commentator super II De anima, quod actus sensus dependet ab aliquo interiore principio sicut in intellectu, sed Aristoteles tacuit hoc, quia latet. In De anima, II, comm. 60, 221, l. 40-44, 1x RSI ; cf. n. 60. In De celo, IV, comm. 1, 654, l. 16-19, 1x RSI ; cf. n. 78. 15) D e m a g is (3 fois) 4.(2), p. 50, l. 53-56 : Liber enim ille, videlicet Praedicamentorum, traditus est a Philosopho secundum famositatem quandam et probabilitatem magis quam secundum exquisitam veritatem, ut innuit ibidem Philosophus et commentator Averroes hoc manifeste dicit. In Praedic., 1x FRAI ; cf. n. 82. 19.2, p. 60, l. 50-53 : Accidens autem quodcumque per suam essentiam est dispositio substantiae, et secundum hoc tota essentia accidentis est esse quendam modum et dispositionem substantiae, secundum quod habemus et IV Metaphysicae, et a Philosopho et a Commentatore ibidem. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAI ; cf. n. 3. 31.(2), p. 67, l. 81-68, l.8 8 : Sunt enim quaedam partes principales, quae sunt radix et fundamentum talis substantiae, immo sunt primo et principaliter substantia talis individui, puta caro et os et inter membra officialia cor, caput et cerebrum et si qua sunt talia, quibus ablatis non maneret idem individuum numero, tale non esset membro diminutum, sed simpliciter destructum secundum Philosophum et Commentatorem in V In Metaph., V, comm. 32, p. 221, l. 74-77 + comm. 1, p. 64-65, l. 51-55, 1x RAI ; cf. n. 13. 174 Le poids de la citation Metaphysicae, ubi ponit Commentator exemplum de corde et de istis partibus. 16) D e m e n s . (2 fois) 4.(27), p. 234, l. 210-215 : Quod concipiendo diversa instantia, inter quae continuat tempus, et secundum hoc primo originaliter in anima oritur tempus secundum hoc, inquantum sentit se nostrum phantasticum non esse in indivisibili, et sic plus vel minus extendit tempus inter duos terminos indivisibiles, sicut pertractat Commentator super IV Physicorum. In Phys., IV, comm. 100, 180vH-I, 1x RSI ; cf. n. 50. 8.(5), p. 239, l. 59-65 : Si igitur mensura alicuius corporalis passionis, qualis est motus, non est aliquid reale naturale extra animam existens, sed determinatur talis mensura motui opere rationis, quae mensura seu numerus motus est tempus secundum Philosophum IV Physicorum et Commentatorem ibidem et Augustinum XI Confessionum, multo magis in rebus simplicioribus et a corporeitate separatis mensura durationis eis determinabitur opere rationis. In Phys., IV, comm. 131, 202 rA + comm. 97, 178 rB, 1x RcGAI* ; cf. n. 51. 17) D e m is c . (2 fois) p. 28, l. 4-10 : De mixtione, sicut in physicis habet SM locum et Philosophus tractat in libro De generatione, aliquid certum et evidens agere non mediocris difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est diversitas sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta Avicennae, Averrois, Alberti, Thomae et sequacium eorum, qui diversa docuerunt et scripserunt de materia ista; propter quod et ego a scribendo supersedere debui, si instantia studentium permisisset. 7.(2), p. 36, l. 16-26 : De elementis autem non solum est hoc necessarium quoad mixtionem, ut dictum est, sed in singulis elementis necessarium est hoc etiam quoad partes suas proprias, scilicet ut possint se In Phys., VIII, comm. 82, 430 vI-K, 1x RSI ; cf. n. 175 Averroès invicem penetrare propter spiritualitatem suam, quam habent talia corpora, ut dicit Commentator super VIII Physicorum, ubi loquitur de proiectis. 58. 8.2, p. 37, l. 49-53: Innuit etiam per idem, quod dicit ‘alteratorum’, substantias miscibilium esse salvas quantum ad id, quod sunt per essentiam; alias non est ei elementum, sicut dicit Averroes; et fundatur super verbum Philosophi in V (i.e. Metaphysicae), scilicet quod elementum est, in quod res dividitur et quod est in re. In De celo, III, comm. 67, 633, l. 64-70, 1x RcGSP ; n. 77. 20.1, p. 46, l. 133-136 : Et sic pertractat eam Commentator super De caelo et mundo, sed summarie et non ita explicite, sicut hic dictum est. SM 18) D e c o l . (2 fois) 3.(1), p. 279, l. 82-85 : Et hoc est, quod dicit Averroes in suo tractatu De sensu et sensato, quod, quando commiscentur ad invicem corpora multae diaphaneitatis et multae luminositatis, tunc generatur color albus, e converso color niger. In De sensu et sensato, VI, 2, 14rB, 1x RSI ; cf. n. 79. 5.(1), p. 280, l. 2-7 : Sed cum albedo non sit nisi in mixto ex corporibus multae diaphaneitatis et ex corporibus multae luminositatis secundum Commentatorem in tractatu suo De sensu et sensato et nigredo constet ex mixtione corporum paucae diaphaneitatis et paucae luminositatis, videntur ista non differre nisi secundum magis et minus, et per consequens non videntur albedo et nigredo differre nisi secundum magis et minus et non secundum speciem. In De sensu et sensato, VI, 2, 14rB, 1x RSI ; cf. n. 79. 19) D e s u b ie c to (2 fois) 2.(2), p. 279, l. 13-20 : Manifestum est enim, secundum Philosophum in fine X Metaphysice, quo corpora caelestia et haec generabilia et corruptibilia (...). Et ideo passiones eorum corporum, cum in eadem principia subiectorum suorum reducantur, habebunt etiam In Metaph., X, comm. 26, 276vH, 1x RAI ; cf. n. 30. 176 Le poids de la citation aequivocas et genere differentes naturas, ut dicit Commentator. 3.(6), p. 281, l. 78-86 : (6) Distinguit enim Commentator super principium IV Metaphysicae modos attributionis, secundum quos attenditur aliqua ratio analogiae: Attribuitur alicui aliquid tamquam efficienti, ut herbae vel medicinae dicuntur medicativae per attributionem ad artem medicinae; item fit attributio ad aliquid tamquam ad finem, ut exercitium est causa sanitatis vel urina dicitur sana, quia signum sanitatis; tertio modo attribuuntur accidentia substantiae tamquam subiecto, subiecto, inquam, non tamquam in potentia, sed potius tamquam magis formali, cui formaliter et simpliciter et essentialiter et vere convenit ratio entis, et consequenter alia dicuntur entia, quia sunt talis entis dispositiones. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RSP ; cf. n. 3. 20) D e s u b . s p ir . (2 fois) 28.(11), p. 329, l. 91-98 : Et ex hac radice pullulat sententia verbi Philosophi, quod ponit in libro De caelo et mundo, videlicet quod caelum componitur ex tota sua materia: caelum, id est iste mundus corporalis, in quo includitur omne corpus secundum suam speciem, et, inquantum huiusmodi, per se pertinet ad integritatem huius corporalis universi secundum Commentatorem, qui dicit sic intelligendum nomen caeli in dicto verbo Philosophi. In De celo, I, comm. 96, 178, l. 9-16, 1x RAP ; cf. n. 74. 24.(5), p. 322, l. 126-131: Unde, quando Philosophus dixerat hoc, quod hic inducunt pro auctoritate, prosequitur ulterius et ostenso, quomodo singulis rebus huius corporalis mundi convenit esse in loco, videlicet circumscriptive, pervenit usque ad ultimum caelum dicens ipsum et animam esse in loco per accidens; et est iste specialis modus accidentalitatis, quem Commentator explicat, scilicet per centrum suum, quia scilicet centrum est per se in loco. In Phys., comm. 144rB-C, RAP ; cf. 42. I, 45, 1x n. Averroès 177 21) Q ° u tr u m a l iq u id (1 fois) (11), p. 357, l. 70-82: Et hoc in proposito est caelum, ad cuius perfectionem in causando tria concurrunt, secundum quod colligitur super II Caeli et mundi c. 4 in commento, scilicet substantia corporis, lumen et motus, quibus virtualiter et quodam modo universali continet qualitates elementares in se; determinatur autem in causando hanc vel illam secundum variationem istorum trium respectu partium substantiae elementaris. (12) Nec obstat, quod Commentator videtur dicere super dictum capitulum, quod caelum non infrigidat, sed calefacit. Verum est quantum ad actionem eius principalem, quando dicta tria perfecte congregantur approximando ad materiam subiectam. In De celo, II, comm. 42, 355, l. 198205 + comm. 42, 353, l. 151156, 1x RSI ; cf. n. 75. 22) D e c o r p . C hr . mo r t. (1 fois) 3.(3), p. 148, l. 15-21 : Sicut igitur in processu generationis ens potentia et postea completa generatione ens actu reducuntur ad idem genus et non solum ad idem genus, sed ad idem specie, nec solum hoc, sed ad idem numero, secundum Philosophum in VIII Metaphysicae, ubi dicit, quod, cum per generationem ens in potentia fit ens in actu, non fit aliud, sed idem, quod prius fuit, ut potentia animal idem numero fit actu animal – generatio enim talis secundum Commentatorem non largitur generato multitudinem, sed perfectionem. In Metaph., VIII, comm. 15, 224r A, 1x RAP ; cf. n. 27. 23) Utr u m p o te n tia e s e n s iti va e (1 fois) 3, p. 359, l. 9-11: Nihil in homine praeter intellectum nobilius est sensitivo, cuius sensitivi ultimum est cogitativum vel memorativum secundum Commentatorem. In De anima, II, comm. 6, p. 415sq., l. 67-74, 1x RcGSI ; cf. n. 67. 178 Le poids de la citation 24) D e e n te (1 fois) I.1.(1) et (6), p. 27, l.3-6 et 33-37: Ens igitur, quod est generalissimum (...) secundum Philosophum in principio IV Metaphysicae. (...) Non enim accidens habet esse secundum absolutam intraneam suae naturae rationem seu quiditatem ; nullam enim talem habet. Sed totum esse suum est, ut sit quaedam dispositio substantiae secundum Commentatorem super principium IV Metaphysicae. Et sic accidens est ens, quia est entis, et hoc essentialiter secundum Philosophum in principio VII Metaphysicae. In Metaph., IV, comm. 2, 65rF-vI, 1x RAI ; cf. n. 3. 25) D e c o g. e n t. (1 fois) 7.(5), p. 174 : Et sic patet, quod cognitio sive scientia In Metaph., Dei proprie loquendo nec est universalis nec XII, comm. particularis, sicut etiam dicit Averroes Commentator. 51, 337rB, 1x RcGSP ; cf. n. 38. 26) Utr u m in D e o (1 fois) 1.1.(9), p. 294, l. 52-62 : (...) intellectivum autem in sui cognitione abstrahit ab utroque istorum modorum cognoscendi, sicut dicitur super XII Metaphysicae novae translationis, quod EIUS SCIENTIA NON EST UNIVERSALIS NEC PARTICULARIS , sed simplici intellectualitate versatur circa obiectum suum, quod est eius simplex essentia, non habens partes posteriores toto, quo sit individuum, nec partes priores secundum rationem, quae sunt ante totum, quo sit universale, proprie loquendo de ratione universalis, ut praemissum est. In Metaph., XII, comm. 51, 337rB, 1x RSP ; cf. n. 38. 27) D e c o r p . c a e l . (1 fois) 2.1, p. 381 : Alio modo dicitur corpus quantum ad dimensiones quantitativas, videlicet secundum longum, De substantia orbis, 179 Averroès latum et profundum, quae sunt de genere quantitatis continuae, secundum quod dicit Averroes commentator in suo tractatu De substantia orbis. 2, f. 7 rB, 1x RSI ; cf. n. 84. 28) D e ir . (1 fois +1 SM) II.4.(3), p. 152, l. 22-25 : (3) Huius autem generis colorum, scilicet naturalium absolutae qualitatis, principia assignat Averroes in tractatu suo De sensu et sensato dicens huiusmodi colores generari ex commixtione corporum multae et paucae luminositatis et corporum multae diaphaneitatis et paucae. II.5.1, p. 153 : Sicut autem dictum est de coloribus naturalibus absolutae qualitatis, sic in proposito de coloribus radialibus considerandum et sumendum eorum principia proportionaliter praedictis, et hoc secundum rationem seu definitionem coloris praedictam, quam assignat Philosophus, ex qua etiam Averroes deducit suam considerationem. In De sensu et sensato, VI, 2, 14rB, 1x RSI ; cf. n. 79. SM 180 Le poids de la citation V. Conclusions 2 Dietrich utilise explicitement l’autorité d’Averroès : 19 fois dans le De orig. 18 fois dans le De vis. beat 11 fois dans le De nat. contr. 10 fois dans le De elem. (+ 1 SM) 9 fois dans le De acc. et dans le De anim (+ 1 SM) 7 fois dans le De int. (+ 4 SM) et dans le De quid. 6 fois dans le De nat. contin. et dans le Utrum sub. spir. 4 fois dans le Frag. de rat. pot., dans le Utrum in Deo et dans le De intellig. (+ 7 SM) 3 fois dans le De luce et dans le De magis 2 fois dans le De mens., le De misc. (+ 2 SM), le De col., le De subiecto et dans le De subst. sep. 1 fois dans : Q° utrum aliquid, De corp. Chr. mort., Utrum potentiae sensitivae, De ente, De cog. ent., Utrum in Deo, De corp. cael., De ir. (+ 1 SM) En considérant chaque traité en particulier, on observe que : 1) le De orig. évoque les commentaires suivants : 10 fois la Metaphysica, 5 fois la Physica, 3 fois le De anima et 1 fois le De celo. La prépondérance et le poids du commentaire de la Métaphysique sont donc manifestes. Sur les 19 évocations, 5 sont des reprises littérales et 3 sont des faux renvois. Le commentaire au livre V de la Métaphysique n’est très probablement pas connu ou utilisé directement : sur les 3 évocations, 2 sont des faux renvois et 1 est un renvoi imparfait ; cependant, le commentaire au livre XII est présent avec deux reprises ad litteram. 2) le De vis. beat. utilise le commentaire du De anima 10 fois, de la Metaphysica 5 fois, du De somno 1 fois, tandis que la Physica et le De sensu et sensato (faits très probablement par l’entremise du commentaire au De anima) sont présents avec deux faux renvois. On peut dire que sur les 18 évocations d’Averroès dans le De vis. beat., 11 proviennent du De anima ; sur les 5 usages portant sur la Metaphysica, 2 sont des faux renvois – 3 usages de ce dernier commentaire sont donc relativement proches de la source. Notons cette analogie intéressante : le De orig. utilise 10 fois la Averroès 181 Metaphysica et 3 fois le De anima, et le De vis. beat. utilise 10 fois le De anima et 3 fois des renvois provenant de la Metaphysica. 3) sur les 10 occurrences d’Averroès dans le De nat. contr., 9 portent sur la Metaphysica et 1 seule (un faux renvoi, repris d’un intermédiaire) aux Praedicamenta. Il faut surtout noter que sur les 9 occurrences 5 sont des reprises littérales. 4) le De elem. mentionne 6 fois Physica, 2 fois De generatione et corruptione, 1 fois Metaphysica, 1 fois De celo. 5) comme dans le cas du De nat. contr., le De acc. utilise quasi exclusivement la Metaphysica : 8 fois sur 9 ; on trouve une seule occurrence différente : au De sensu et sensato. Sur les 8 renvois, 6 comportent des reprises littérales – la présence littérale et massive du commentaire sur la Métaphysique est, sans aucun doute, importante pour l’étude de l’influence doctrinale du Cordouan dans le De nat. contr. 6) le De anim. utilise beaucoup le commentaire de la Métaphysique : 6 fois sur les 10 évocations ; 3 portent sur le commentaire de la Physique et 1 sur le De celo. 7) dans le De int., le nom d’Averroès apparaît 4 fois comme des SM et 7 fois dans des argumentations doctrinales ; cette proportion est, d’une certaine manière, révélatrice. Sur les 7 occurrences, 6 ont des thèmes provenant du commentaire au De anima, mais toutes sont des recours généraux (RcG) – autrement dit, dans le De int. Dietrich ne se réfère jamais explicitement au commentaire au De anima ; dans ce texte, il mentionne une seule œuvre d’Averroès : le commentaire au livre XII de la Métaphysique. 8) le commentaire sur la Métaphysique est le seul ouvrage d’Averroès cité dans le De quid. ; il faut encore noter que sur les 7 occurrences, 6 portent sur le livre VII (dont 3 sont des citations ad litteram) et 1 sur le livre IV. 9) une situation analogue se trouve dans le De nat. et propr. cont. : il cite seulement le commentaire de la Physique : 5 fois pour le livre IV et 1 fois pour le livre VI. 10) les commentaires sur la Métaphysique et sur la Physique sont évoqués dans le Utrum sub. spir. : 4 fois le premier et 2 fois le second. ; sur les 6 occurrences, 5 sont des reprises littérales. 182 Le poids de la citation 11) le Frag. de rat. pot. contient 4 évocations d’Averroès : 2 fois le commentaire de la Physique, 1 fois le commentaire de la Métaphysique et 1 fois (avec citation littérale) le De anima. 12) les mêmes ouvrages que dans le Frag. de rat. pot. sont cités aussi dans le Utrum in Deo : 2 fois Metaphysica, 1 fois Physica, 1 fois De anima. 13) quatre occurrences d’Averroès sont comptées aussi dans le De intellig. : 3 du commentaire au De celo (dont 2 avec des reprises littérales) et 1 du commentaire à la Metaphysica. Plus nombreuses sont les simples mentions : 7. 14) dans le De magis deux références sont correctes : au commentaire de la Métaphysique ; l’évocation du commentaire des Catégories est un faux renvoi. 15) le De luce mentionne une fois chacune des commentaires suivants : Metaphysica, De anima, De celo ; ce sont des renvois simples, sans reprise littérale. Sur les autres ouvrages qui font une ou deux fois recours à l’autorité d’Averroès, nous n’avons pas d’observations particulières. Ajoutons à cela, les ouvrages qui ne font aucunement référence à Averroès : De hab., De dot., Q° utrum motus maris, Q° utrum sint epicycli et excentrici, Q° utrum Christus secundum humanam naturam et les Epistulae. D’une manière générale, on note l’usage sélectif des œuvres d’Averroès : dans les traités de noétique, le De vis. beat. et le De int., il s’inspire, presque exclusivement, du commentaire au De anima ; dans les traités de noétique, le De orig., le De acc., le De quid., il cite massivement, voire exclusivement, le commentaire de la Metaphysica. Dans le premier volume des Opera Omnia, on dénombre 40 ouvrages dont le De causis, De defensione privilegiorum ordinis, De incarnalitate angelorum, De substantia orbis, De voluntate auraient été perdus ; on compte alors 34 textes de sa plume, dont 28 mentionnent au moins une fois Averroès et 6 qui ne le nomment jamais. Par rapport à d’autres autorités, Dietrich n’en fait jamais un usage très important ; par exemple, dans le De orig., l’œuvre qui le cite le plus souvent, Averroès apparaît 19 fois, tandis qu’Aristote 65 fois ; dans le De vis. beat., Averroès est nommé 18 fois, tandis qu’Augustin 89 fois et Aristote 53 fois. Liber de causis I. Le Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg Avant de commencer toute analyse des citations provenant de Liber de causis, il faut préciser que pour mieux mettre en évidence les détails de l’argumentation de Dietrich, l’enchaînement des autorités citées ainsi que sa lecture détaillée de certains énoncés du Liber de causis, nous transcrivons de longs passages. Nous insistons cependant seulement sur les passages qui nous semblent particulièrement révélateurs, en mettant en sourdine d’autres qui sont moins saisissants. D’une manière générale, il est très difficile de savoir si Dietrich connaît et utilise directement le Liber de causis, parce que, étant un sujet d’étude obligatoire, le texte était très connu et il circulait aussi dans des florilèges et diverses versions abrégées. On notera aussi que, pour Dietrich, le Liber de causis n’est pas un texte d’Aristote, et la dépendance de l’Elementatio theologica prouvée par Thomas lui sert de guide (il fait très souvent des liaisons entre les deux autorités). Nous indiquons aussi les points originaux des rapprochements que Dietrich établit entre Proclus et le Liber de causis : ils sont d’ordre thématique et représentent un élément important pour comprendre sa manière de lire les deux autorités ; il propose ainsi un modèle de comparaison différent de celui de Thomas. Avec Liber de causis et Proclus, mais aussi avec Augustin, Dietrich veille à bien montrer les citations reprises : il les encadre par des syncopes syntaxiques au début (comme nous avons déjà vu pour Averroès et que nous avons déjà discuté dans la partie introductive de ce livre) et par l’expression hucusque commentum à la fin. Il délimite donc avec 184 Le poids de la citation finesse son propre texte des textes repris d’ailleurs et aussi ce qui représente le commentaire (commentum, c’est-à-dire les propositions secondaires) des propositions principales de Liber de causis et de Proclus. Pour des raisons purement méthodologiques, nous distinguons entre chapitres et propositions : les chapitres sont les sentences principales du Liber de causis et les propositions sont les sentences secondaires ou les propositions commentaire (commentum). On distingue donc XXXI(XXXII) chapitres et 187 propositions. Par conséquent, nous comptons séparément chaque renvoi à chaque proposition de chaque chapitre, de même que nous avons compté séparemment chanque renvoi à chaque partie des commentaire des livres d’Aristote (par exemple : le comm. 5 et le comm. 5 du commentaire au livre III du De anima). Ce dénombrement est quelque peu artificiel pour trois raisons : (1) les manuscrits du Liber de causis ne comportent pas tous une numérotation pour les sentences secondaires ; Dietrich aurait pu connaître les propositions secondaires comme un texte continu. (2) Dietrich peut citer ensemble des sentences que nous considérons, d’après les éditions modernes, distinctes ; les propositions 3, 4, 5 (cf. infra, n. 1) sont citées comme une seule sentence, alors que nous allons les compter séparément. (3) Le nombre d’occurrences que nous obtenos est plus grand que le nombre d’évocations explicites du Liber de causis. L’intérêt de notre étude n’est pourtant pas de reprendre l’index des œuvres et préciser les endroits où le titre Liber de causis apparaît, mais de déterminer avec le plus de finesse ce qu’il connaît, ce qu’il cite, quand il cite et comment il cite le Liber de causis. Sans ce dénombrement artificiel, il est difficil de montrer que dans tel texte Dietrich cite telle proposition et dans tel texte telle autre proposition provenant toutes les deux du même chapitre Une dernière note : afin de simplifier la disposition dans le tableau et de mieux insister sur la diversité des doctrines défendues par une seule et même citation du Liber de causis, nous divisons les renvois au même comentaire en fonction des propositions et des thèmes abordés. Liber de causis 185 Cap. I n. 1) prop. 1, 2, 3, 4, 5 1. O MNIS CAUSA PRIMARIA PLUS EST INFLUENS SUPER CAUSATUM SUUM QUAM CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA . 2. CUM ERGO REMOVET CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA VIRTUTEM SUAM A RE , CAUSA UNIVERSALIS PRIMA NON AUFERT VIRTUTEM SUAM AB EA . 3. QUOD EST QUIA CAUSA UNIVERSALIS PRIMA AGIT IN CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE , ANTEQUAM AGAT IN IPSUM CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA QUAE SEQUITUR IPSAM. 4. CUM ERGO AGIT CAUSA SECUNDA , QUAE SEQUITUR , CAUSATUM, NON EXCUSAT IPSIUS ACTIO A CAUSA PRIMA QUAE EST SUPRA IPSAM. 5. Et quando separatur causa secunda a causato quod sequitur ipsam non separatur ab eo prima QUAE EST SUPRA QUONIAM EST CAUSA EI. IPSAM De cog. ent. 38.(2), p. 203, l. 96-97 : Si autem placet: magis esset violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere, dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus propositione 54, scilicet: « Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et hinc sumitur ratio eius, quod dicitur De causis propositione 1: « O MNIS CAUSA PRIMARIA PLUS EST INFLUENS SUPER CAUSATUM SUUM QUAM CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA ». Commentum: « CUM ERGO REMOVET CAUSA SECUNDA UNIVERSALIS VIRTUTEM SUAM A RE, CAUSA UNIVERSALIS PRIMA NON AUFERT VIRTUTEM SUAM AB EA . QUOD EST , QUIA UNIVERSALIS CAUSA PRIMA AGIT IN CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE , ANTEQUAM AGAT IN IPSUM CAUSA UNIVERSALIS SECUNDA , QUAE SEQUITUR IPSAM. CUM ERGO AGIT SECUNDA IN CAUSATUM, QUOD IPSAM SEQUITUR , NON EXCUSATUR IPSIUS ACTIO A CAUSA PRIMA , QUAE EST SUPER IPSAM, QUONIAM EST CAUSA EIUS ». Hucusque commentum. De vis. beat., 4.2.1.(9), p. 108, l. 9299 : (...) ipse intellectus agens secundum ordinem proprium essentialium causarum est ultimum et proximum et maxime determinatum principium 186 Le poids de la citation intellectionis in nobis, quia lumen intellectuale primae causae in ipso tali intellectu determinatur secundum eum modum, quo virtus causae superioris vel prioris ordine essentiali determinatur in causa secunda seu posteriore et PLUS INFLUIT IN CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE QUAM IPSA CAUSA SECUNDA , sicut dicit prima propositio Libri de causis. De acc., 23.(3)-(5), p. 86, l. 10-17 : Inducunt etiam ad assertionem suae intentionis, scilicet quod accidens possit esse sine subiecto, hoc, quod in principio Libri de causis habetur, quod CAUSA PRIMARIA PLUS INFLUIT IN EFFECTUM SEU CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE QUAM IPSA CAUSA SECUNDA . Unde quando a causato causae secundae removetur causalitas ipsius causae secundae, adhuc remanet causalitas causae primae. 7 occurrences prop. 1 – 3x prop. 2 – 1x prop. 3 – 1x prop. 4 – 1x prop. 5 – 1x RSP RSP RSP RSP RSP Dans les trois cas, Dietrich cite correctement la très connue proposition 1 du Liber de causis ; on remarquera cependant des différences au niveau de la forme entre la citation provenant du De cog. ent. et les deux autres (De vis. beat. et De acc.) : la première est plus proche de la variante éditée (la plus répandue dans les manuscrits), tandis que la seconde est plutôt proche de la variante des florilèges (par exemple, dans les Auctoritates Aristotelis, p. 231, n. 1). Liber de causis 187 Du point de vue de la doctrine, il faut noter la manière fascinante dont Dietrich utilise cette même sentence pour défendre trois thèses différentes dans trois contextes différents. (1) Dans le De cog. ent., il la cite dans le cadre d’une discussion sur le repos naturel des astres. Dietrich veut faire concorder deux positions bibliques contraires (Isa. 38 :8 et Ios. 10 :13) avec les autorités qu’il vient de nommer ; pour cela, il cite la proposition 1 du Liber de causis et la proposition 54 (en réalité la proposition 56) de l’Elementatio pour dire que la cause première agit d’une manière plus noble et supérieure sur l’effet que la cause seconde : il traite un thème classique : si l’on retirait l’action d’une des causes secondaires (dont dépend le mouvement ou le repos des astres), la cause première exercerait toujours son pouvoir sur l’effet et le maintiendrait dans l’être. La même interprétation est donnée par Thomas d’Aquin dans son commentaire au Liber de causis ; d’ailleurs Thomas rapproche aussi cette prop. 1 de la prop. 56 de l’Elementatio. (2) Selon la deuxième thèse défendue par Dietrich à partir de cette même proposition 1 du Liber de causis, la lumière de la raison éternelle (lumen rationis aeternae), qui est Dieu, resplendit dans l’intellect possible par le biais de l’intellect agent ; l’intellect agent, selon l’ordre des causes essentielles, est la cause secondaire la plus proche de l’intellect possible et, lorsqu’il s’unit à celui-ci en tant que forme, Dieu lui-même s’unit parce qu’il influe plus parfaitement sur l’effet de la cause seconde d’une manière plus noble et supérieure que celle-ci. (3) La troisième thèse est ontologique : en citant cette première sentence du Liber de causis, Dietrich s’attaque au sujet de la séparabilité des accidents. Selon le résumé de Dietrich, ses adversaires disent (inducunt) que Dieu serait la cause première, le sujet des accidents la cause seconde ; puisque la cause première agit plus amplement que la cause seconde agisse sur l’effet de celle-ci, Dieu peut faire subsister l’accident sans le sujet. Dietrich continue sa démonstration en se lançant dans une véritable interprétation du Liber de causis : selon lui, l’idée exprimée par la première proposition se réfère ici aux principes de causalité d’un même type de cause (dans l’exemple de la triade ens, vivum, rationale est présenté le cas des causes formelles); or, selon le raisonnement de ses adversaires, Dieu serait la cause efficiente de l’accident, tandis que le sujet est sa cause matérielle. Cette lecture ne correspond donc pas, aux yeux de Dietrich, à la thèse défendue par le Liber de causis, prop. 1. L’autre argument de ses adversaires, consiste à dire qu’une fois éloignée la cause secondaire de son effet, celui-ci reste numériquement identique à lui-même parce que l’effet de la cause secondaire le maintient ainsi. Ce point est contraire, selon Dietrich, à la thèse soutenue par l’exemple de la triade, puisqu’une fois éloignée la cause de la rationalité 188 Le poids de la citation de l’homme, celui-ci ne reste pas identique à lui-même, ni en nombre ni selon l’espèce. Les éditeurs de Dietrich supposent que Thomas d’Aquin constitue la source probable de la critique, mais les reproches de Dietrich ne le touchent pas 16. En effet, Thomas soutient dans les Quaestiones disputatae de malo (q. 2, a. 9, ad. 18) qu’en séparant un ou plusieurs accidents de leur substance, celle-ci ne reste pas numériquement identique (idem numero), mais elle demeure identique selon la raison (idem ratione). Il cite donc et interprète exactement, comme Dietrich, la première sentence du Liber de causis à propos de l’action de la cause première et de l’exemple de la triade : ens, vivum, rationale (cf. notamment le tableau suivant). Si Dietrich vise effectivement Thomas, il fait probablement référence à la manière dont celui-ci s’exprime dans d’autres textes (par exemple, Summa theologiae, III, q. 75 a. 5 ad 1). Dans son commentaire au Liber de causis, prop. 1, Thomas ne présente aucun argument ontologique à propos du rapport entre la cause première, la cause seconde et leurs effets respectifs. n. 2) prop. 7, 10 7. Quod est quia oportet ut sit res esse in primis, deinde vivum, postea homo. 10. Et similiter, quando ponis rationalitatem causam homini, est esse vehementius causa homini quam rationalitas, quoniam est causa causae eius. De acc., 23.(3)-(5), p. 86, l. 18-24 : Primo, quia non est assumpta ab auctoritate secundum intentionem auctoris; loquitur enim auctor Libri de causis in dicta auctoritate in eodem genere causae, puta efficientis vel formalis vel materialis, unde ipse exemplificat in causis formalibus, scilicet in ente, vivo, rationali. Quantum autem pertinet ad propositum, non sic se habet, quoniam Deus est causa efficiens accidentis, subiectum autem est causa subiectiva seu materialis. De vis. beat., 3.2.9.5.(12), p. 95, l. 79 – p. 96, l. 88 : (...) productio 16 R. Imbach soutient le contraire dans son article « L’antithomisme de Thierry de Freiberg », in : Revue thomiste 97 (1997), p. 245-258, ici p. 255sq. Il nous semble que la distinction idem numero/idem ratione qui constitue le point central de la critique de Dietrich, et celui de l’argumentation de Thomas, n’a pas été remarquée. Liber de causis 189 substantiarum corporum caelestium, quae a principio separato processerunt in esse, in quibus id, quod est per essentiam, determinatur in id, quod est secundum substantiam, sicut magis formale in minus formale, sicut quandoque actus determinatur per potentiam secundum Librum de causis, ut ens determinatur in vivum et vivum in rationale manentibus nihilominus ipsorum formalibus intentionibus et rationibus distinctis, sicut e converso potentia determinatur per actum (...). De vis. beat., 4.3.1.(4), p. 112, l. 6570 : (...) duo attenduntur, unum videlicet, quod illud, quod est formalius et simplicius et nobilius in superiore forma, contracte et magis determinate et minus perfecte invenitur in inferiore, sicut in exemplo Libri de causis accipere possumus de ente, vivo, rationali, sicut etiam se habent intellectivum, cogitativum, imaginativum, sensitivum. De ente, I.6.(5)-(9), p. 32, l. 23 – 33, l. 50 : Unde et eius nobilissimae actionis, quae est creatio, nobilissimus et primus est effectus, ut dicitur 4 propositione Libri de causis: « Prima rerum creatarum est esse ». (...) Ipsum enim esse est maxime causale in genere causarum formalium et est causativum substantiae secundum auctorem Libri de causis in 190 Le poids de la citation commento, qui sic ordinat: esse, vivum, rationale, homo, qui est substantia. (...) Et sicut dictum est de esse respectu hominis, sic se habet esse ad omnem rerum universitatem, sicut dicitur 4 propositione De causis in commento sic: « Et non est post primam causam (...) ». Ex his ergo arguitur, quod esse significat totam essentiam cuiuscumque rei. De int., II.16.(1), p. 157, l. 38 – 158, l. 50 : Et tertio loco ponitur rationale in principio Libri de causis, scilicet ens, vivum, rationale, quasi istae sint tres intentiones, secundum quas intellectus secundum ordinem fluant a Deo et constituant tria genera entium in separatis suo modo, scilicet genus, speciem et individuum (...) ita etiam sumamus proprietatem et rationem individui in infimis intellectibus secundum maxime determinatam intentionem, maxime, inquam, determinatam in intellectualibus, quam vocat auctor Libri de causis in commento rationale coordinans ipsam inferius et tertio loco enti et vivo, ut supra dictum est. 5 occurrences prop. 7 et 10 (combinées) – 3x RcGSI, 2x RSI Aucune de ces occurrences ne reproduit parfaitement les sentences de la source. Il est cependant manifeste que Dietrich connaît les détails de l’argumentation du Liber de causis. Liber de causis 191 Dans le De acc., nous l’avons déjà vu, Dietrich s’en sert pour la question de la séparabilité des accidents et de l’identité numérique. Dans le De vis. beat. (3.2.9.5.(12), p. 95) au sujet des genres d’étants (maneries entium) et leur production dans l’être : des plus universaux vers les plus particuliers, comme dans l’exemple du Liber de causis : l’étant est déterminé dans/par le vivant et le vivant dans/par le raisonnable. On notera dans le De int. la manière dont Dietrich présente la rationalité de l’homme : sumamus proprietatem et rationem individui in infimis intellectibus secundum maxime determinatam intentionem. Toujours dans le De vis. beat., ce même exemple sert à Dietrich pour expliquer le rapport entre les quatre facultés qui entrent dans la production du savoir : l’intellective, la cogitative, l’imaginative et la sensitive ; l’idée est toujours la même qu’auparavant : ce qui est plus formel, plus noble, plus universel dans les facultés supérieures est déterminé par/dans ce qui est moins parfait et particulier. RSI (De int., II.16.(1), p. 157, l. 38 – 158, l. 50 ; De ente) : les renvois dans le De int. et dans le De ente n’apportent rien de nouveau par rapport aux évocations dans le De vis. beat. (3.2.9.5.(12)). Pour le renvoi à la prop. 37 (dans le De ente) voir aussi infra n. 8. Les deux occurrences du De int. sont comptées ensemble parce qu’elles portent sur le même thème, dans la même argumentation et avec le même but. n. 3) prop. 14 et 16 14. Et causa prima adiuvat secundam causam super operationem suam, quoniam OMNEM OPERATIONEM QUAM CAUSA EFFICIT SECUNDA, ET PRIMA CAUSA EFFICIT; VERUMTAMEN EFFICIT EAM PER MODUM ALIUM, ALTIOREM ET SUBLIMIOREM. 16. ET NON FIGITUR CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE NISI PER VIRTUTEM CAUSAE SECUNDAE NISI PER VIRTUTEM CAUSAE PRIMAE . De sub. spir., 19.(4)-(6), p. 317, l. 45-75 : (...) si dicamus, quod Deus producat res per esse tantum, intelligentia autem in eo, quod est esse et vita, quia « intelligentia est habens helyatim », sicut dicitur 9 propositione Libri de causis, id est « esse et forma ». Et per hoc differat actio intelligentiae ab actione divina, quae est creatio (...). Unde et Proclus propositione 54: « Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis: 192 Le poids de la citation « O MNEM OPERATIONEM, QUAM CAUSA EFFICIT SECUNDA , ET CAUSA PRIMA EFFICIT ; VERUMTAMEN EFFICIT EAM PER ALIUM MODUM ALTIOREM ET SUBLIMIOREM ». Et infra: « ET NON FIGITUR CAUSATUM CAUSAE SECUNDAE NISI PER VIRTUTEM CAUSAE PRIMAE ». Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra inductum est, scilicet quod prima causa creavit esse (...). De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 : Istud concordat cum eo, quod habetur in commento propositionis 4 Libri de causis et in aliis pluribus locis illius libri, hoc tamen in his omnibus salvo, quod solus Deus creat secundum eos, sicut dicitur in Libro de causis. Procedere enim rem a re non est unam creare aliam, sed creare est sic producere, quod non praesupponat aliquod subiectum (...) quia, quidquid agit causa secunda in essentialiter ordinatis, agitur a causa superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus propositione 54 sic: « Omne, quod a secundis (...) ». De nat. contr., 41.(1), p. 111, l. 4347 : Quae non sunt universaliter primum agens, praesupponunt in agendo primum agens et suam propriam actionem, quae est creatio, qua primum principium nobiliore et formaliore modo agit eandem totam dispositionem sive perfectionem, quam modo Liber de causis 193 sibi proprio agit agens secundi ordinis, ut in De causis habet ostendi. 4 occurrences prop. 14 – 1x RSP, 2x RcGSI prop. 16 – 1x RSP RSP (De sub. spir.) : Dietrich cite correctement les célèbres prop. 14 et 16 du Liber de causis après avoir introduit la proposition 56 (= 54) de l’Elementatio de Proclus et la proposition 90 du même Liber de causis (sur l’intelligence qui est helyatim). Le but est de soutenir que la création de l’être est propre seulement à la cause première, tandis que les autres productions possibles (la vie, la rationalité etc.) peuvent être accomplies aussi par les causes secondaires ; la raison en est que tout ce que la cause secondaire peut faire est accompli d’une manière plus noble par la cause première. Si l’intelligence produit la rationalité dans l’homme, la cause première donne l’être à toute chose. RcGSI (pour le De int. et le De nat. contr.) : La même sentence 14 du Liber de causis est utilisée dans ces deux textes dans le même but argumentatif que dans le De sub. spir. : distinguer entre creatio, action plus noble et propre à la cause première, et processio ou productio, action moins noble et propre à la cause secondaire. La création est la production qui ne suppose pas un autre sujet (creatio est sic producere quod non praesupponat aliquod subiectum). Dans le De int., la thèse est introduite à la suite d’une série d’autorités citées explicitement : Aristote, Platon, Proclus (nommé : Proclus Platonicus), Avicenne ; toutes ces autorités seraient en accord (concordant) avec le Liber de causis pour affirmer que la création est propre seulement à la cause première. Thomas donne une lecture semblable de cette idée (dans son commentaire au Liber de causis, chap. III) en combattant certains adversaires qui soutiennent que selon le Liber de causis les causes secondaires ont une vertu créatrice. L’occurrence dans le De nat. contr. (41.(1), p. 111) est interprétée d’une manière particulière par les éditeurs (et personne n’a encore contesté cette hypothèse). Ils considèrent en effet que Dietrich fait ici référence à un commentaire du Liber de causis qu’il aurait composé, mais qui serait aujourd’hui perdu. Or, le thème présenté (ce que peut faire l’agent second est accompli d’une manière plus noble par l’agent premier) se lit tel quel dans le Liber de causis. Dietrich cite la même thèse 194 Le poids de la citation dans d’autres ouvrages (voir le tableau et aussi De cog. ent. 15.(2), p. 180, l. 20-27), les mots qu’il utilise (nobiliore et formaliore) rappellant le Liber de causis (altiore et sublimiore). L’expression ut habet ostendi in De causis (qui a probablement fait penser à un commentaire perdu) devrait être traduite d’une manière plutôt neutre: « comme il est démontré dans le <Livre> des causes ». Il nous semble que cette seule formule, dans ce contexte thématique, ne constitue aucunement une raison suffisante pour attribuer à Dietrich un commentaire (perdu) du Liber de causis. Notons aussi l’usage de l’expression solus Deus creat qui apparaît dans le De int. que nous allons discuter plus loin. II) Cap. II n. 4) prop. 19-26 19. O MNE ESSE SUPERIUS AUT EST SUPERIUS AETERNITATE ET ANTE IPSAM, AUT EST CUM AETERNITATE, AUT EST POST AETERNITATEM SED SUPRA TEMPUS . 20. ESSE VERO QUOD EST ANTE AETERNITATEM EST CAUSA PRIMA , QUONIAM EST CAUSA EI. 21. Sed ESSE QUOD EST CUM AETERNITATE EST INTELLIGENTIA quoniam est esse secundum, [secundum habitudinem unam, UNDE NON PATITUR NEQUE DESTRUITUR .] 22. ESSE vero quod est POST AETERNITATEM ET SUPRA TEMPUS est ANIMA , quoniam EST IN HORIZONTE AETERNITATIS INFERIUS ET SUPRA TEMPUS . 25. Et inteligentia [apponitur vel] parificatur aeternitati, quoniam EXTENDITUR CUM EA ; et non alteratur neque destruitur. 26. Et anima annexa est cum aeternitate inferius quoniam est De cog. ent., 17.(1)-(4), p. 181, l. 54 – 183, l. 117 : Primo in intelligendo primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic : « Omnis intelligentia scit (...) », quod exponitur in textu eiusdem propositionis sic: « Scit, quod est supra se (...) ». (...) Secundo intelligendo essentiam suam, secundum quod dicitur 13 propositione De causis, scilicet: « Omnis intelligentia (...) ». Et ex his duobus sequitur hoc, quod praemittitur propositione 11: « Omnis intelligentia intelligit (...) ». Et hunc conceptum, quo intelligentia sic concipit primam causam, in alia propositione eiusdem libri, videlicet 2, idem auctor vocat AETERNITATEM, quae est mensura propria Dei secundum theologos. Concipere enim Deum secundum proprietatem substantiae eius est Liber de causis susceptibilior impressionis quam intelligentia, et es supra tempus, QUONIAM EST CAUSA TEMPORIS . 195 mensurare eum quodammodo. (...) Et iste est intellectus dictae propositionis 2, qua dicit: « O MNE ESSE AUT EST SUPERIUS AETERNITATE ET ANTE IPSAM AUT CUM AETERNITATE AUT EST POST AETERNITATEM ET SUPRA TEMPUS ». Ubi in commento habetur, quod « ESSE, QUOD EST ANTE AETERNITATEM, EST PRIMA CAUSA », cuius ratio ibidem assignatur, scilicet « QUIA EST CAUSA EI », scilicet aeternitati. Quod intelligendum est, secundum quod praedictum est, scilicet quod intelligentia intelligendo primam causam fluit ab ea et sic concipiendo ipsam mensurat eam aeternitate (...) Unde sequitur in commento, quod « ESSE, QUOD EST CUM AETERNITATE, EST INTELLIGENTIA , QUIA EST ESSE SECUNDUM SECUNDAM HABITUDINEM UNAM, UNDE NON PATITUR NEQUE DESTRUITUR ». Hoc in commento. (…) Sequitur ergo tertio loco considerare de tertio genere praemissorum, scilicet de his, quas animas caelorum dicunt, quas auctor Libri de causis dicit « ESSE POST AETERNITATEM ET SUPRA TEMPUS », quia, sicut ibi dicitur, « ANIMA EST IN HORIZONTE AETERNITATIS INFERIUS ET SUPRA TEMPUS », « QUIA EST CAUSA TEMPORIS ». Et loquitur ibi de anima nobili, quam dicunt animam caeli, de qua loquitur in 3 propositione, ut per se patet; dicit enim ibi: « Omnis anima nobilis 196 Le poids de la citation (...) ». Et notandum, quod illa tria, quae praemiserat in praecedenti 2 propositione, scilicet « OMNE ESSE SUPERIUS » et cetera, et distinxerat ea attribuendo singula eorum singulis substantiis colligendo ea. Et sub aliis verbis appropriat ea animae nobili, quam vult intelligi animam caeli secundum eam considerationis regulam (...). Unde id, quod in proxima propositione dixit « ESSE SUPERIUS AETERNITATEM ANTE », vocat hic in ista propositione « operationem divinam », et quod ibi vocat « ESSE CUM AETERNITATE », dicit hic « operationem intelligibilem », et quod ibi nominat « ESSE POST AETERNITATEM TEMPUS », vult ET SUPRA hic intelligi « operationem animalem » in movendo corpus primum, quod est caelum. Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclos et infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima superior est omni narratione ». De ente, I, 7.(1)-(2), p. 33, l. 59 – 34, l. 69 : Idem ostenditur auctoritate Libri de causis propositione 2: « O MNE ESSE SUPERIUS AUT EST SUPERIUS AETERNITATE ET ANTE IPSAM AUT EST CUM AETERNITATE AUT EST POST AETERNITATEM ET SUPRA TEMPUS ». Primum istorum est commentum, Deus secundum secundum Liber de causis 197 INTELLIGENTIA , ANIMA . Et ita est tertium est hic distinctio essentiarum sub nomine ipsius esse. Ergo esse significat essentiam rerum. Praeterea in eodem libro propositione 4: « Prima rerum creatarum est esse ». (...) Et hoc est, quod dicitur in commento eiusdem propositionis: « Et esse quidem causatum primum est intelligentia ». Ergo esse significat rei essentiam. De mens., 2.(11), p. 219, l. 129141 : Secundo gradu rerum mensurabilium determinabant philosophi mensuram intelligentiae seu intelligentiarum, quas ponebant, et hanc mensuram dicebant aeternitatem. Unde secunda propositione Libri de causis dicitur, quod OMNE ESSE SUPERIUS AUT EST SUPERIUS AETERNITATE ET CAUSA EI, AUT EST CUM AETERNITE et EXTENDITUR CUM EA . Primum dicebant primam causam; secundum intelligentiam, quam dicebant mensurari aeternitate, ut patet. Huius autem rei ratio est secundum philosophos, qui ponebant tales substantias, quas intelligentias vocabant (…). 9 occurrences prop. 19 – 4x RSP prop. 20 – 1x RSP prop. 21 – 1x RSP prop. 22 – 1x RSP prop. 25 – 1x RSP 198 Le poids de la citation prop. 26 – 1x RSP Les chapitres 14-21 du De cog. ent. peuvent être considérés comme un bref commentaire du Liber de causis et à l’Elementatio theologica ; commencée par des remarques sur la prop. 1 du Liber de causis (cf. le tableau antérieur), cette partie se poursuit avec deux interprétations distinctes du chap. II (en relation aussi avec les chap. III, VIII, XI et XII). Dans cette partie du De cog. ent., Dietrich traite de la manière dont l’intellect peut connaître les étants du deuxième et troisième ordre des étants (créés par Dieu par l’opération qui lui est propre – selon le chap. I du Liber de causis). Le deuxième ordre des étants est constitué par les intellects essentiellement en acte ; leur objet de connaissance est double : d’une part, ils connaissent ce qui est au-dessus d’eux (selon la prop. 72 du Liber de causis) et ils connaissent leur essence (selon la prop. 109 du Liber de causis). Si, explique Dietrich, ces intellects connaissent Dieu, ils doivent pouvoir le mesurer d’une certaine façon (concipere Deum secundum proprietatem eius est mensurare eum quodammodo). Or, cette mesure est l’éternité, selon le Liber de causis qui dit que la cause première est avant l’éternité : en l’intelligeant donc lorsqu’ils y procèdent, les intellects par essence connaissent sa mésure. La démarche de Dietrich est ici proche de celle de Thomas : identifier les degrés des étants en fonction de leur rapport à l’éternité ; les autorités citées par l’un ne se retrouvent pourtant pas dans l’autre (notamment le rapport avec la prop. 88 de l’Elementatio, montré par Thomas). Quelques lignes plus loin, Dietrich fait de la même proposition du Liber de causis le support pour décrire le troisième degré des étants : les âmes des cieux, le âmes nobles, qui sont après l’éternité et au-delà du temps, mais dans l’horizon de l’éternité. La lecture que Dietrich fait du chap. II est particulièrement intéressante parce qu’il l’explique en lisant le chap. III. Il montre ainsi que là où le chap. II parle de anima in horizonte aeternitatis, le chap. III parle de anima nobilis et que les trois opérations de l’âme noble décrites par le chap. III (divina, intelligibilis et animalis) correspondent aux trois degrés des étants décrits dans le chap. II : operatio divina désigne esse superius ante aeternitatem (i.e. la cause première) ; operatio intelligibilis désigne esse cum aeternitate (i.e. l’intelligence) ; operatio animalis désigne esse post aeternitatem et supra tempus (i.e. l’âme des cieux ou l’âme noble). Les trois opérations sont cependant unies absolument en Dieu, mais d’une manière qui rend difficile toute tentative d’explication (selon le chap. VI du Liber de causis). On peut encore ajouter que Thomas d’Aquin, dans son commentaire du Liber de causis, compare, mais très rapidement, les trois degrés des 199 Liber de causis étants présentés dans le chap. II avec les trois opérations accomplies par l’âme noble présentées dans le chap. III. Ces rapprochements ont un rôle plus important dans l’argumentation de Dietrich que dans celle de Thomas (qui ne cite pas, d’ailleurs, la prop. 6 de l’Elementatio). Dans le De ente cette même proposition 19 du Liber de causis sert à Dietrich pour expliquer les différences entre les diverses essences des trois degrés d'étants et pour conclure que l’essence est identique à l’existence ; en partant du fait que le Liber de causis décrit l’essence des trois genres d’étants à partir de leur mode d’être par rapport à l’éternité : (1) l’esse est cause de l’éternité, (2) l’esse est dans l’horizon de l’éternité, (3) l’esse est après l’éternité, mais cause du temps. Les trois degrés de l’esse correspondent respectivement à Dieu, à l’intelligence et à l’âme des cieux. Dans le De mens. on trouve la même explication que dans le De cog. ent., mais d’une manière plus détaillée et plus ample : l’éternité est l’unité de mesure que les philosophes (determinabant philosophi) utilisent pour les intelligences. L’étant supérieur à l’éternité et cause de celle-ci est Dieu, l’étant dans l’horizon de l’éternité est l’intelligence et l’étant inférieur à l’éternité mais cause du temps est l’âme des cieux. III) Cap. III n. 5) prop. 27, 28, 29 27. Omnis ANIMA NOBILIS TRES HABET OPERATIONES : [ NAM EX OPERIBUS EIUS EST] OPERATIO ANIMALIS ET OPERATIO INTELLECTIBILIS ET OPERATIO DIVINA . 28. O PERATIO AUTEM DIVINA EST QUONIAM IPSA PARAT NATURAM CUM VIRTUTE QUAE EST IN IPSA A CAUSA PRIMA . 29. E IUS AUTEM OPERATIO INTELLECTIBILIS EST QUONIAM IPSA SCIT RES PER VIRTUTEM INTELLIGENTIAE QUAE EST IN IPSA . De cog. ent. 19.(1) – (3), p. 182, l. 95 – 183, l. 117 : Sequitur ergo tertio loco considerare de tertio genere praemissorum, scilicet de his, quas animas caelorum dicunt, quas auctor Libri de causis dicit « esse post aeternitatem (...) », quia, sicut ibi dicitur, « anima est in horizonte aeternitatis inferius et supra tempus », « quia est causa temporis ». Et loquitur ibi de ANIMA NOBILI, quam dicunt animam caeli, de qua loquitur in 3 propositione, ut per se patet; dicit enim ibi: « O MNIS ANIMA NOBILIS HABET OPERATIONES ; NAM EX TRES EIUS 200 Le poids de la citation OPERATIONIBUS EST OPERATIO ANIMALIS ET OPERATIO INTELLIGIBILIS ET OPERATIO DIVINA ». Et notandum, quod illa tria, quae praemiserat in praecedenti 2 propositione, scilicet « omne esse superius » (...). Et sub aliis verbis appropriat ea ANIMAE NOBILI , quam vult intelligi animam caeli secundum eam considerationis regulam, quam id, quod est simpliciter et unite et per consequens inexplicabiliter propriis verbis in primo et summo bono, magis determinatur et accedit quodammodo ad multitudinem et plurificationem in his, quae sequuntur. Unde id, quod in proxima propositione dixit « esse superius ante aeternitatem », vocat hic in ista propositione « OPERATIONEM DIVINAM », et quod ibi vocat « esse cum aeternitate », dicit hic « OPERATIONEM INTEL LIGIBILEM », et quod ibi nominat « esse post aeternitatem et supra tempus », vult hic intelligi « OPERATIONEM ANIMALEM » in movendo corpus primum, quod est caelum. Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclos et infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima superior est omni narratione ». De cog. ent., 37.(4)-(6), p. 201, l. 42-54 : Ecce, nomine unius circumloquitur primam causam, Liber de causis 201 Deum, quasi non habens proprium nomen, quo positive ipsum designet. Et sic superponit (i.e. Proclus) eam (i.e. causam primam) secundum substantiam suam omnibus aliis entibus causalibus. Et in eadem propositione videtur appropriare intellectualitatem et modum proprie intellectualiter causandi et causae (...) videtur autem appropriare in eo, quod dicit quod «omnibus intellectualibus hypostasibus superius est ipsum unum». Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit: « Omnis divinus intellectus (...) ». quod sic modo appropriato intelligendi sub Deo competat (...) ipsi intelligentiae, hoc dicit infra 171: « Omnis intellectus in intelligendo instituit (...) ». De ista appropriatione magis expresse habetur Libro de causis propositione 3: « O MNIS ANIMA NOBILIS HABET TRES OPERATIONES ; NAM EX EIUS OPERATIONIBUS EST OPERATIO ANIMALIS ET OPERATIO INTELLIGIBILIS ET OPERATIO DIVINA ». Commentum: « O PERATIO DIVINA EST , QUONIAM IPSA PRAEPARAT NATURAM CUM VIRTUTE , QUAE EST IN EA A PRIMA CAUSA . EIUS AUTEM OPERATIO INTELLIGIBILIS EST , QUONIAM IPSA SCIT RES PER VIRTUTEM INTELLIGENTIAE, QUAE EST IN IPSA ». Ergo virtus intelligentiae, quae est in sciendo appropriatur intelligentiae. res, 202 Le poids de la citation De cog. ent., 94.(5), p. 258, l. 2427 : Sunt autem istae substantiae separatae, de quarum cognitione dictum est supra et commemorandum est hic: Deus, prima causa; intelligentiae; animae caelorum, quas Liber de Causis ANIMAS NOBILES vocat ; spiritus angelici; quibus quinto loco annumerantur animae rationales separatae. De intellig., 1.(5), p. 354, l. 92-95 : Ex iam dictis elici potest, quod etiam anima caeli procedit ab intelligentia, ex quo subiectum suum - id est ipsum caelum – procedit ab ea: sicut dicitur in Libro de Causis, quod « prima causa creavit animam mediante intelligentia », et loquitur ibi de ANIMA NOBILI, quae est anima caeli. 6 occurrences prop. 27 – 2x RSP, 2x RcGSP prop. 28 – 1x RSP prop. 29 – 1x RSP RSP (le De cog. ent. 19.(1)–(3) et 37.(4)-(6)) : Deux citations parfaites et longues. Le contexte thématique de la première a été analysé auparavant (cf. supra, n. 4). Dans la seconde citation du De cog. ent. (37.(4)-(6)), Dietrich reprend le rapprochement qu’il fait entre ces propositions du Liber de causis et la question de la cause première au-delà de toute narration. Dieu, dit Dietrich, n’a quasiment aucun nom propre par lequel positive ipsum designet ; par conséquent, Proclus (qu’il commente ici, notamment les propositions 20, 134 (citée 130) et 174 (citée 171)) superpose la cause première (Dietrich emploie indistinctement les termes causa prima et Deus) selon sa substance sur les autres causes. Et ici Dietrich commence 203 Liber de causis une belle discussion (qui mériterait plus de pages que nous ne pouvons lui en accorder) sur le mot appropriatio. La troisième proposition du Liber de causis est alors interprétée par Dietrich comme un argument en faveur de cette appropriation des qualités des causes secondes dans la cause première. Dans la première citation du De cog. ent., Dietrich avait rapidement dit « haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter » ; il revient à présent sur le même problème et montre comment les vertus d’une cause secondaire se retrouvent d’une manière plus ample et plus noble dans une cause supérieure, et toutes ces vertus se retrouvent dans la cause première. Il cite alors ensemble les trois premières propositions du Liber de causis (d’ailleurs la proposition I est commentée aussi – voir supra n. 1). RcGSP : Le De cog. ent., 94.(5) fait un recours général au Liber de causis juste pour rappeler quelles sont les substances séparées de la hiérarchie ontologique : au sommet, ayant le degré le plus noble, Dieu ; ensuite, les intelligences ; en troisième position, les âmes des cieux (nommées d’après le Liber de causis, âmes nobles) ; ensuite, les esprits angéliques (spiritus angelici) ; enfin, à la cinquième place, les âme raisonnables séparées. Ici Dietrich pose cinq degrés ; dans certains traités, il en postule quatre et dans d’autres trois. Dans le De intellig. 2.(5), le syntagme qui définit les âmes des cieux comme âmes nobles est précédé par une autre citation de la même prop. III mais concernant le développement sur la création des âmes mediante intelligentia (cf. infra n. 7). n. 6) prop. 30, 31, 34, 35 30. O PERATIO AUTEM eius ANIMALIS EST QUONIAM IPSA MOVET CORPUS PRIMUM ET OMNIA CORPORA ET NATURALIA , QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS CORPORUM ET CAUSA OPERATIONES NATURAE . 31. ET NON EFFICIT ANIMA HAS OPERATIONES NISI QUONIAM IPSA EST EXEMPLUM SUPERIORIS VIRTUTIS . 34. PROPTER ILLUD ERGO ANIMA INTELLECTIBILIS EFFICIT De cog. ent., 21.(4), p. 185, l. 5060 : Et hunc intellectum in corpore caelesti dicimus animam caeli, cuius virtute principaliter caelum est causa essentialis istorum inferiorum secundum generationem et corruptionem eorum, secundum quod habetur ex Libro de causis in commento 3 propositionis, scilicet quod « OPERATIO ANIMALIS ANIMAE NOBILIS EST , QUONIAM IPSA MOVET PRIMUM CORPUS ET 204 Le poids de la citation OPERATIONEM INTELLIGENTIAE , facta est inferioris operationis quam ipsa in impressione sua in id quod est sub ipsa. 35. QUOD EST QUIA IPSA NON IMPRIMIT IN RES NISI PER MOTUM, SCILICET QUIA NON RECIPIT QUOD EST SUB EA OPERATIONEM EIUS NISI IPSA MOVEAT IPSUM. Propter hanc ergo causam fit quod anima movet corpora ; DE PROPRIETATE NAMQUE ANIMAE EST UT VIVIFICET CORPORA , QUANDO INFLUIT SUPER EA VIRTUTEM SUAM, ET DIRECTE PRODUCIT EA AD OPERATIONEM RECTAM. OMNIA CORPORA NATURALIA , QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS CORPORUM ET CAUSA OPERATIONIS NATURAE . ET NON EFFICIT ANIMA HAS OPERATIONES , NISI QUONIAM IPSA EST EXEMPLUM VIRTUTIS SUPERIORIS ». Et infra: « PROPTER ISTUD ERGO ANIMA INTEL-LIGIBILIS EFFICIT OPERATIONEM INTELLECTIBILEM ». Et infra: « IPSA NON IMPRIMIT NISI PER MOTUM ». Et infra: « DE PROPRIETATE NAMQUE ANIMAE EST , UT VIVIFICET CORPORA , QUONIAM INFLUIT SUPER EA VIRTUTEM SUAM ET DIRECTE PRODUCIT EA AD OPERATIONEM RECTAM ». De cog. ent., 32.(3), p. 196, l. 6774 : Unde, quod dicitur in commento 3 propositionis Libri de causis, ubi loquitur de ANIMA NOBILI, quae est anima caeli; ibi dicitur sic: « O PERATIO AUTEM ANIMALIS EST , QUONIAM IPSA MOVET CORPUS PRIMUM ET OMNIA CORPORA NATURALIA , QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS CORPORUM ET CAUSA OPERATIONIS NATURAE ». Hucusque commentum. Videtur innuere, quo anima talis non moveat per modum causae efficientis, sed modo sibi proprio, id est inquantum per modum formae est « CAUSA MOTUS CORPORUM ET OPERATIONIS NATURAE CAUSA », et hoc videtur intendere, quia dicit, quod 205 Liber de causis eo movet, MOTUS NATURAE quo ET est « CAUSA OPERATIONIS ». De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 61 – 202, l. 80 : Convenienter autem accipimus finem suae operationis consummationem totius universi corporalis secundum esse naturae (...). Unde Proclus propositione 136: « Omnes deorum (...) ». Modus autem suae causalis influentiae huic fini proportionatus et proprius huic causae est, quod habet operationem animalem et consistit in hoc, ut dicitur in commento 3 propositionis Libri de causis, « QUONIAM IPSA MOVET PRIMUM CORPUS ET OMNIA CORPORA NATURALIA , QUONIAM IPSA EST CAUSA MOTUS CORPORUM ET CAUSA OPERATIONIS ». Et infra: « QUOD EST , QUIA IPSA NON IMPRIMIT IN RES NISI PER MOTUM, SCILICET QUIA NON RECIPIT , QUOD EST SUB EA , OPERATIONEM EIUS , NISI IPSA MOVEAT IPSAM ». Et infra: « DE PROPRIETATE NAMQUE ANIMAE EST , UT IPSA VIVIFICET CORPORA , QUONIAM INFLUIT SUPER EA VIRTUTEM SUAM ET DIRECTE PRODUCIT EA AD OPERATIONEM RECTAM ». Ex his colligimus, quis sit proprius modus causalis influentiae huius causae, quia est per virtutem cuiusdam vitalis principii, cuius virtus extenditur per motum et sine motu non fieret. 206 Le poids de la citation De cog. ent., 19.(5), p. 183, l. 121125 : Ulterius autem ista simplicitas et immensitas, quae est in prima causa, determinatur amplius in naturam animae ultra intelligentiam, quod non solum ipsa sit substantia intelligibilis, verum quod salva intellectualitate sua fiat in ea virtus animalis per inclinationem sui AD CORPUS PRIMUM et in movendo ipsum, sicut habetur ex Libro de causis. De elem., 30.(1), p. 80, l. 59 – 81, l. 66 : Constat, quod non minus, sicut etiam dicit Commentator super VIII Physicorum, scilicet quod nobiliore modo et veriore movetur caelum ex se quam animalia in hoc mundo inferiore. Manifestum est autem ex habitis in Prima philosophia et ex Libro de causis, quod principia motus caeli sunt ab alio sicut et principia motus gravium et levium, et tamen non dicitur, quod caelum moveatur a generante. 9 occurrences prop. 30 – 3x RSP, 2x RcGSI prop. 31 – 1x RSP prop. 34 – 1x RSP prop. 35 – 2x RSP RSP (De cog. ent., 21.(4), p. 185, l. 50-60 ; ibid., 32.(3), p. 196, l. 67-74; ibid., 37.(8), p. 201, l. 61 – 202, l. 80) : La longue et correcte citation du De cog. ent. (21.(4), p. 185) clôt le développement discuté auparavant (cf. supra n. 5) : après avoir précisé les degrés des étants supérieurs et leurs opérations propres, et après avoir décrit l’opération des étants du Liber de causis 207 deuxième degré (les intelligences), Dietrich explique le propre des étants du troisième degré : les âmes nobles ou les âmes des cieux. Il cite d’abord le De caelo et le De sensu d’Aristote et donne enfin la longue citation du Liber de causis. Dietrich décrit rapidement le rapport entre les corps astraux et les intelligences (caelum participat intellectum essentialiter) ; on peut alors soutenir, avec le Liber de causis, que l’intellect dans le corps céleste (intellectum in corpore caelesti) est appelé l’âme du ciel et que grâce à elle le ciel influe sur les corps inférieurs. L’opération, donc, de l’âme noble par laquelle elle agit sur le corps astral et par son entremise sur les corps de ce monde, est nommée operatio animalis ; et celle-ci est rendue possible par la vertu reçue des substances supérieures. En citant la même proposition une seconde fois dans le De cog. ent. (32.(3), p. 196), Dietrich peut nuancer ses propos et montrer l’ordre des causalités que le mouvement astral suppose : l’âme noble ne meut pas le ciel selon la causalité qui lui est propre, à savoir selon une causalité efficiente, mais selon le mode qui correspond au ciel (c’est-à-dire selon une causalité formelle et matérielle). Ce que le Liber de causis soutient aussi en disant que l’âme noble est la cause du mouvement du ciel et des opérations de la nature. Dans un contexte très similaire à cette seconde occurrence, apparaît la prop. 30 dans le De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 61 – 202, l. 80 : après avoir longuement abordé la question des vertus des causes secondaires et défini ce qu’est l’appropriatio, Dietrich pose de nouveau le problème du type de causalité spécifique. Il cite d’abord la prop. 140 de l’Elementatio et reproduit immédiatement la prop. 30 du Liber de causis ; l’idée est donc la même qu’auparavant : le mode de la causalité est conforme au mode de la finalité. RcGSI (le De cog. ent. (19.(5), p. 183 et De elem. (30.(1), p. 80)) : Dans le De cog. ent. (19.(5), p. 183), Dietrich nomme le Liber de causis en faisant référence, d’une manière générale, au fait que la simplicité absolue de la cause première se détermine dans ou par le mouvement des astres, étant donné que, selon ce qu’il vient de préciser (cf. nos remarques supra n. 5), les vertus de toutes les substances séparées sont contenues dans la cause première. On remarque dans le De elem. (30.(1), p. 80) un enchaînement d’autorités (la Physique d’Averroès, la Métaphysique – probablement d’Aristote – et le Liber de causis) au sujet du mouvement du ciel produit par un principe supérieur. Le recours au Liber de causis rappelle effectivement les prop. 30-35 discutées déjà en détail. Pour la citation d’Averroès voir la partie qui lui dédiée, n. 55. 208 Le poids de la citation n. 7) prop. 32 32. Quod est quia CAUSA PRIMA CREAVIT ESSE ANIMAE MEDIANTE INTELLIGENTIA, et propter illud facta est anima efficiens operationem divinam. De sub. spir., 18.(2), p. 316, l. 1217 : Intellectualia enim secundum philosophos sunt causalia principia aliquo modo spiritualium, sicut dicitur in Libro de causis commento propositionis 3, quod « PRIMA CAUSA CREAVIT ESSE ANIMAE INTELLIGENTIA ». MEDIANTE Et infra commento propositionis 9: « Natura continet generationem (...) ». Hucusque verba commenti. De sub. spir., 19.(6), p. 317, l. 51 – 318, l. 77 : (...) si dicamus, quod Deus producat res per esse tantum, intelligentia autem in eo, quod est esse et vita, quia « intelligentia est habens helyatim », sicut dicitur 9 propositione Libri de causis, id est « esse et forma ». (...) Unde et Proclus propositione 54 : « Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis : « Omnem operationem (...) ». Et infra : « Et non figitur (...) ». Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra inductum est, scilicet quod « PRIMA CAUSA CREAVIT MEDIANTE ESSE ANIMAE INTELLIGENTIA » : Creatio enim, quae est propria actio Dei, qua immediate est causa rerum, est prima et simplicissima et efficacissima actio. (…) Et hoc est, quod dicitur, quod « CAUSA PRIMA CREAVIT ESSE ANIMAE Liber de causis 209 INTELLIGENTIA », sicut inter primum et tertium dicimus secundum esse medium. MEDIANTE De intellig., 1.(5), p. 354, l. 92-95 : Ex iam dictis elici potest, quod etiam anima caeli procedit ab intelligentia, ex quo subiectum suum – id est ipsum caelum – procedit ab ea: sicut dicitur in Libro de Causis, quod « PRIMA CAUSA CREAVIT ANIMAM MEDIANTE INTELLIGENTIA », et loquitur ibi de ANIMA NOBILI , quae est anima caeli. De intellig., 4.(1), p. 357, l. 2-14: Secundum eum ordinem, quo a suprema intelligentia et prima procedente a Deo per actum creationis procedat secunda intelligentia et anima supremi caeli (...) ita tamen, quod ex non subiecto aliquo, sed non remota actione ea, de qua dictum est, quae propria est primae causae, fundante omnes naturae actiones, sive sint productivae rerum ex subiecto aliquo praeiacente, sive ex non subiecto, et hoc secundum philosophos, unde in Libro de causis dicitur in commento, et inductum est supra, scilicet quod Deus « CREAVIT ANIMAM MEDIANTE INTELLIGENTIA », quod non est aliud dicere, nisi quod intelligentia produxit animam ex non subiecto aliquo, qui est proprius modus agendi ipsi intelligentiae, videlicet agere ex non subiecto, quem modum et virtutem participat ex prima 210 Le poids de la citation causa, quae Deus est, ex actione, quae solum Dei est, et est creatio (...). De cog. ent., 1.(4), p. 168, l. 58-169, l. 63 : Sed secundo loco modo quodam inferiore procedunt huiusmodi ab intelligentiis supposita in eis actione, quae est propria primae causae, quae est creatio secundum philosophos, et habetur ex Libro de causis, ubi dicitur, quod Deus « CREAVERIT ANIMAM MEDIANTE INTELLIGENTIA », id est coagente intelligentia, non per modum creationis, sed alio inferiore modo sibi proprio, sicut etiam dictum est supra de processu intelligentiarum in esse. De cog. ent., 5.(2), p. 171, l. 47-58 : Est alia inter substantias secundi et tertii ordinis ex parte una et substantias, quae sunt quarti et quinti ordinis supra positi, ex parte altera attendenda differentia in eo, scilicet quod illae, quae sunt secundi ordinis supra dicti, in se, videlicet secundum se ipsas, habent ad invicem ordinem causalem essentialem, inquantum una intelligentia procedit ab alia et respectu earum, quae sunt tertii ordinis, quarum sunt etiam causae essentiales secundum philosophos, ut supra dictum est, quia dicunt animas caelorum procedere ab intelligentiis, ut expressum est in Libro de causis. 6 occurrences Liber de causis 211 prop. 32 –2x RSP, 3x RcGSP, 1x RcGSI RSP (le De sub. spir., (18.(2), p. 316 et De intellig. (4.(1), p. 357)) : Cette proposition du Liber de causis est citée par Dietrich dans le De sub. spir., (18.(2), p. 316) pour décrire le deuxième niveau des étants supérieurs. Dans le De intellig. (4.(1), p. 357) Dietrich revient sur le problème de l’action opérée par les intelligences supérieures et précise que leur action est une production (productio) sans sujet (ex non subiecto) qui est un degré inférieur de la création (propre seulement à la cause première). L’interprétation que Dietrich donne à la prop. 32 (citée correctement, elle nécessite des guillemets dans l’édition !) est légèrement différente de celle proposée antérieurement : dire que l’âme est créée par l’entremise de l’intelligence, c’est dire que celle-ci produit (producit) l’âme sans sujet ou sans intermédiaire (quod non est aliud dicere, nisi quod intelligentia produxit animam ex non subiecto aliquo). La différence entre création sans intermédiaire (propre uniquement à Dieu) et production sans intermédiaire (propre aux intelligences supérieures) est très importante pour Dietrich ; il y revient à plusieurs reprises. RcGSP (le De sub. spir. 19.(6), p. 317 ; De cog. ent. (1.(4), p. 168 ; De intellig. (1.(5), p. 354)) : Dans le De sub. spir. (19.(6), p. 317, l. 51 – 318, l. 77), on retrouve la même citation à la suite de plusieurs autres propositions du Liber de causis (prop. 1 et prop. 90) ; Dietrich veut montrer que la création est propre à la cause première (un thème qu’il traite souvent en citant le Liber de causis), mais les causes secondaires y participent activement à cette opération. Celles-ci ont une position intermédiaire entre Dieu et le monde sublunaire, leurs actions étant plus particulières et moins simples, et pourtant moins intimes et moins nobles que celles de la cause la plus éloignée qui est la cause première. Nous comptons une seule fois les deux occurrences (p. 317, l. 67 et p. 318, l. 76) parce qu’elles sont dans le même contexte, dans la même argumentation et dans le même but, à quelques lignes de distance ; la seconde occurrence est d’ailleurs une sorte de reprise conclusive de la première. Dans le De cog. ent. (1.(4), p. 168), Dietrich cite cette proposition 32 du Liber de causis dans le même but dans le De sub. spir. : décrire le deuxième niveau des étants supérieurs. Elle apparaît au tout début du traité : la citation est correcte et nécessite des guillemets dans l’édition ; le renvoi à d’autres chapitres (VIII(IX), XV(XVI), XVII(XVIII), XXI(XXII), XXIII(XXIV)) du Liber de causis que font les éditeurs de Dietrich ne nous semble pas nécessaire étant donné que la citation est 212 Le poids de la citation parfaite. Il précise ici que les âmes des cieux sont créées avec la participation de l’intelligence (coagente intelligentia). La citation du De intellig. (4.(1), p. 357) est discutée aussi au n. 5. On peut remarquer l’insistance de Dietrich sur la capacité des intelligences supérieures, causes essentielles, de créer ex nihilo, tandis que les âmes des cieux n’ont pas cette capacité. Il distingue ainsi entre habitudo causalis substantialis ad non ens, par laquelle est produit l’être, et habitudo causae essentialis ad ens, par laquelle on informe (seulement). RcGSI : La référence dans le De cog. ent. (5.(2), p. 171) ressemble à celle du De intellig. (1.(5), p. 354) ; dans les deux cas, Dietrich utilise l’expression anima caeli procedit ab intelligentia, mais dans le De intellig. il ajoute aussi les formules copiées ad litteram du chap. III du Liber de causis. Doctrinalement, Dietrich n’apporte rien de plus par rapport à ce que nous avons déjà vu. n. 7') prop. 32 e t c . Quod est quia causa prima creavit esse animae mediante intelligentia, et propter illud facta est anima efficiens operationem divinam. De cog. ent., 15.(2), p. 180, l. 2327 : Et sic, quamvis intelligentiae producant res ex nihilo secundum philosophos agendo non ex aliquo praeiacenti subiecto, non tamen, quod non praesupponant priorem et formaliorem actionem propriam Deo, quae est et dicitur creatio, sicut habetur ex Libro de causis, ut patet inspicienti. De cog. ent., 9.(1), p. 175, l. 60-69 : (...) si, inquam, ita se habet omnis intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est, per essentiam sua intellectuali operatione producit res quodam summo et sibi soli competenti et proprio et nulli alteri communicabili modo, quem creationem vocant, quem soli Deo competere dicunt etiam Liber de causis 213 philosophi, ut habetur ex Libro de causis, quamvis ipsi philosophi etiam quaedam alia productiva et causalia principia posuerint, puta intelligentias, quas dixerunt esse principia rerum, sed inferiore modo producendi, creationem soli Deo tribuentes, sicut alibi latius et efficacius ostensum est et quam rationabile sit hoc attendendo immensitatem divinae virtutis in causando res. De cog. ent., 37.(1), p. 200, l. 6-13 : (...) si consideremus finem operationis primae et supremae causae, quae Deus est, quem finem dicere possumus consummationem universitatis rerum, maxime quantum ad statum futurae vitae, ad quem ordinatur totalitas universi et in corporalibus et in spiritualibus, cui fini proportionatur et proprie correspondet proprius modus causalis influentiae, quae nulli alteri causae convenit nisi soli primae causae, quam causalem influentiam dicere possumus creationem, et sic vocant eam philosophi, ut patet ex Libro de causis. De ente, I, 6.(5), p. 32, l. 26 – 33, l. 29 : Unde et eius (i.e. causae primae) nobilissimae actionis, quae est creatio, nobilissimus et primus est effectus, ut dicitur 4 propositione Libri de causis: «Prima rerum creatarum est esse.» Et alibi in eodem in commento, quod soli Deo competit creare 214 Le poids de la citation De sub. spir., 19.(1), p. 316, l. 1924 : Quamvis enim solus Deus creaverit omnia et creet immediate et ipse sit principium omnium rerum immediate actione sibi propria et incommunicabili aliis, quam creationem dicimus, sicut habemus etiam ex Libro de causis, tamen salva pace et gratia doctorum nostrorum non est absonum nec alienum a ratione, immo plurimum extollitur ex hoc divinae immensitatis omnipotentia, ut possit creare tales creaturas, quas intelligentias dicimus, (...) tamen inferiore modo, quam sit creatio, quae, sicut dictum est, soli Deo convenit, ut sic in ordine universi (...). De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 : Istud concordat cum eo, quod habetur in commento propositionis 4 Libri de causis et in aliis pluribus locis illius libri, hoc tamen in his omnibus salvo, quod solus Deus creat secundum eos, sicut dicitur in Libro de causis. De anim., 7.(4), p. 18, l. 61-66 : Circa quod et hoc advertendum, videlicet quod ille primus et summus intellectus, qui est totius entis principium, scilicet Deus, quia agit non solum non supponendo aliunde subiectum, ex quo vel in quo agat, verum etiam non supponendo actionem cuiuscumque prioris vel altioris virtutis, qua sua actio figatur et fundetur in causando, ideo eius et Liber de causis 215 sibi propria actio est creatio et ipse solus creat, sicut dicitur in Libro de causis. 7 occurrences prop. 32 – 7x RcGSI* Dans tous ces passages, Dietrich attribue au Liber de causis une thèse qui ne s’y trouve pas telle quelle : la création est une opération qui est propre seulement à Dieu. Il est difficile de savoir à quoi il songe lorsqu’il attribue cette sentence au Liber de causis, mais on peut se servir de quelques indices pour essayer de trouver une solution. Le premier se trouve dans le De cog. ent., 1.(4), p. 168, l. 58 – 169, l. 63 : « Sed secundo loco modo quodam inferiore procedunt huiusmodi ab intelligentiis supposita in eis actione, quae est propria primae causae, quae est creatio secundum philosophos, et habetur ex Libro de causis, ubi dicitur, quod Deus ‘creaverit animam mediante intelligentia’, id est coagente intelligentia (...) ». Dietrich utilise ici cette thèse en la citant en compagnie de la prop. 32 du Liber de causis qui porte sur la création de l’âme mediante intelligentia. Dans le même ouvrage, Dietrich cite encore trois fois la même thèse, mais en l’attribuant explicitement au Liber de causis (cf. tableau) et plusieurs autres fois sans aucune autorité. On trouve la même manière d’argumenter dans le De sub. spir. (19.(6), p. 317, l. 66-69) : « Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra inductum est, scilicet quod ‘prima causa creavit esse animae mediante intelligentia’ : Creatio enim, quae est propria actio Dei, qua immediate est causa rerum, est prima et simplicissima et efficacissima actio ». Bien qu’aucun des passages que nous avons rassemblés dans le tableau ne donne d'adresse pour cette citation, nous pouvons considérer en raison des rapprochements que nous venons de noter, que Dietrich songe à la prop. 32. Mais si l’on tient également compte de l’importance que Dietrich donne à la prop. 37 (« Prima rerum creatarum est esse et non est ante ipsum creatum aliud ») où est décrite la première action créatrice de Dieu, on peut la considérer aussi comme une source probable. Il est donc difficile de déterminer une unique proposition qui corresponde à la référence de Dietrich ; nous considérons la prop. 32 comme la source des citations de ce tableau. Le thème de la création ex nihilo et de la production a été déjà discuté auparavant (cf. supra, n. 3 et 7) ; nous remarquerons à présent l’usage constant des formules : soli Deo competit creare ou creatio convenit soli causae primae. Etant donné que cette thèse ne se trouve pas telle quelle dans le 216 Le poids de la citation Liber de causis et que Dietrich la cite fréquemmenten utilisant les mêmes expressions, on pourrait supposer qu’il la reprend d’une source intermédiaire ou qu’il s’est forgé lui-même le vocabulaire et a pris l’habitude de recourir à ces termes quand il évoque ce thème. Pour les cas où Dietrich utilise la même formule sans l’attribuer à une autorité on peut se reporter à : « (...) quas intelligentias vocant, quae, sicut saepe dictum est, id, quod sunt, sunt intellectus in actu per essentiam, quae ponebant philosophi causalia rerum principia post Deum et sub Deo, id est supposita in Deo actione sibi propria, quae est creatio. Nihilominus ista secundum eos sunt quaedam productiva rerum principia suo modo, scilicet sibi proprio inferiore a Deo sibi indito, inferiore, inquam, quam sit ille, qui est proprius Deo, quem creationem vocant, in quo, sicut alibi expressum est, virtus divinae omnipotentiae (...) » (De cog. ent., 14.(1), p. 179, l. 4-13). n. 7'') prop. 32 e t c . Quod est quia causa prima creavit esse animae mediante intelligentia, et propter illud facta est anima efficiens operationem divinam. De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-40 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit Liber de causis 217 anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. 1 occurrence prop. 32 – 1x RcGSI* La référence au Liber de causis apparaît ici dans un enchaînement d’autorités. On peut considérer, comme sa source probable, la prop. 32, mais on peut considérer aussi la prop. 37 et de plusieurs autres où sont explicitement décrits la création des âmes nobles et la création de l’esse, le mouvement du ciel, la causalité que celui-ci exerce sur les choses de ce monde et ainsi de suite. Ce renvoi explicite n’est pas détaillé dans l’apparat des sources (il manque aussi dans l’index). IV) Cap. IV n. 8) prop. 37, 38, 39 et 44 37. PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE ET NON EST ANTE IPSUM CREATUM ALIUD. 38. Quod est quia esse est supra sensum et supra animam et supra intelligentiam, ET NON EST POST CAUSAM PRIMAM LATIUS NEQUE PRIUS CREATUM IPSO. 39. PROPTER ILLUD ERGO FACTUM EST SUPERIUS CREATIS REBUS OMNIBUS ET VEHEMENTIUS UNITUM. 44. (...) ET ESSE QUIDEM CREATUM PRIMUM EST INTELLIGENTIA totum, verumtatem intelligentia in ipso est diversa per modum quem diximus. De int., II, 15.(1), p. 156, l. 3 – 11 : Si igitur placet secundum similitudinem proportionis sumere coordinationem generum et specierum in separatis sicut in his inferioribus secundum maiorem vel minorem universalitatem et abstractionem, dicemus (...) quod inter res creatas supremum gradum abstractionis seu separationis et universalitatis tenent recipientes essentiam suam a prima causa quantum ad primam et simplicissimam et universalissimam intentionem, scilicet esse, quod est primus terminus creationis, sicut dicitur in Libro de Causis, scilicet quod « PRIMA RERUM CREATARUM EST 218 Le poids de la citation ESSE ». De vis. beat., 3.2.9.1.(3), p. 86, l. 26-33 : Consistit autem communis-sima et simplicissa et prima ratio entis in eo, quod ipsa est prima et simplicissima omnium intentionum repertarum in rebus, qua res primo sunt aliquid et primo differunt a nihilo et quantum ad deductionem eius ad esse in rebus creatis – « PRIMA » enim « RERUM CREATARUM EST ESSE » – et quantum ad essentiam rerum in se – omnes enim rerum intentiones in ipsam tamquam in primam et simplicissimam et communissimam resolvuntur et per eam in natura formaliter figuntur, ut patet ex pluribus propositionibus Libri de causis. De vis. beat., 3.2.9.4.(4), p. 91, l. 29-43 : In omni enim re prius natura et intellectu attenditur hoc, quod distat a nihilo, et hoc non est nisi essentia et esse rei inquantum huiusmodi. PRIMA ENIM RERUM CREATARUM EST ESSE, quod proprium est essentiae inquantum essentia, sicut dicit Augustinus libro De immortalitate animae, ubi dicit, quod essentia dicitur eo, quod est, et De Trinitate l. VII c. 10, ubi dicit: « Quod enim est sapientiae sapere (...) hoc est essentiae ipsum esse ». Et Boethius De Trinitate idem dicit sententialiter, immo amplius determinat ibi essentiam rei esse ipsum esse. (...) Liber de causis 219 Essentia enim seu esse est prima et simplicissima et formalissima omnium intentionum in entibus, ut habetur ex Libro de causis, quae etiam in habendo gradus nobilitatis et perfectionis, sicut se habet in principiis separatis, incomparabiliter adhuc praeeminet in rebus respectu eius, quod substantiae sunt vel quaecumque aliae formae accidentales. De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 : Est enim principium omnino separatum, cui competit primus et simplicissimus principiandi modus, videlicet per simplicem emanationem et constitutionem in esse, ut propria ratio principiatorum et procedentium ab ipso sit ipsum esse rei inquantum esse, ut dicitur in Libro de causis, quod « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE ». De orig., 5.(36), p. 191, l. 354-356 : Et hunc causandi modum vocant creationem, quamvis non eadem ratione, qua dicitur creatio apud theologos; unde in Libro de causis dicitur, quod « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE ». Unumquodque enim ens, secundum quod in ipsum descendit causalitas primae causae, dicitur ens, quae est prima et formalissima omnium intentionum. De ente, I, 6.(2), p. 32, l. 5 – 34, l. 69 : Quia esse significat rem suam 220 Le poids de la citation sub prima omnium intentione, qua res distat a nihilo inquantum huiusmodi – « PRIMA » enim « RERUM CREATARUM EST ESSE »», De causis propositione 4 – quaelibet autem res secundum totam essentiam suam distat a nihilo et non secundum aliquod accidens sibi, sed modo essentiali seu essentialiter distat, ergo esse significat totam rei essentiam (...) Unde et eius (i.e. causae primae) nobilissimae actionis, quae est creatio, nobilissimus et primus est effectus, ut dicitur 4 propositione Libri de causis: « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE ». Et alibi in eodem in commento, quod soli Deo competit creare. (...) Ergo actio Dei nobilissima, quae est creatio, non terminatur nisi ad essentiam. Sed terminatur ad esse. Ergo esse est idem, quod essentia. Praeterea necessarium esset secundum dictam positionem, si esse esset accidens, quod prima essentiarum haberet aliud principium quam Deum, vel oporteret dicere, quod res procederent a Deo mediante aliquo accidente, quod esset formaliter causale principium ipsis rebus sic procendentibus a Deo, quia « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE », sicut dictum est. (...) Et sicut dictum est de esse respectu hominis, sic se habet esse ad omnem rerum universitatem, sicut dicitur 4 propositione De causis in commento sic: « ET NON EST POST PRIMAM CAUSAM LATIUS Liber de causis 221 NEQUE PRIUS CAUSATUM IPSO. PROPTER ILLUD ERGO FACTUM EST SUPERIUS REBUS CREATIS OMNIBUS ET VEHEMENTIUS UNITUM ». Ex his ergo arguitur, quod esse significat totam essentiam cuiuscumque rei. (...) Idem ostenditur auctoritate Libri de causis propositione 2: « Omne esse superius (...) ». (...) Et ita est hic distinctio essentiarum sub nomine ipsius esse. Ergo esse significat essentiam rerum. Praeterea in eodem libro propositione 4: « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE ». Sed esse non importat nisi actum essendi. Ergo nihil aliud est dicere « PRIMA RERUM CREATARUM EST ESSE » quam « prima rerum creatarum est aliqua essentia secundum actum ». Et hoc est, quod dicitur in commento eiusdem propositionis: « ET ESSE QUIDEM CAUSATUM PRIMUM EST INTELLIGENTIA ». Ergo esse significat rei essentiam. De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57 : Istud concordat cum eo, quod habetur in commento propositionis 4 Libri de causis et in aliis pluribus locis illius libri, hoc tamen in his omnibus salvo, quod solus Deus creat secundum eos, sicut dicitur in Libro de causis. Procedere enim rem a re non est unam creare aliam, sed creare est sic producere, quod non praesupponat aliquod subiectum (...) quidquid agit causa secunda in essentialiter ordinatis, agitur a 222 Le poids de la citation causa superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus propositione 54 sic: « Omne, quod a secundis (...) ». 12 occurrences prop. 37 – prop. 38 – prop. 39 – prop. 44 – 5x RcGSP, 3x RSP, 1x RSI 1x RSP 1x RSP 1x RSP RcGSP (De int., II, 15.(2), p. 156 ; De vis. beat., 3.2.9.1.(3), p. 86, l. 29-43 ; ibid., 3.2.9.4.(4), p. 91, l. 29-43 ; De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 ; De orig., 5.(36), p. 191, l. 354-356) : Dietrich cite dans le De int. (II, 15.(2), p. 156) la prop. 37 à la suite d’une référence explicite à la prop. 120 du Liber de causis ; le contexte est une discussion sur ce qu’est le genre et l’espèce pour les substances séparées. Il conclut que le premier effet de la cause secondaire, le plus général et le plus universel est l’esse qui se particularise dans et par les intelligences inférieures. Etant donné que la citation correspond parfaitement au texte source, elle devrait être signalée par des guillemets (comme nous le faisons dans le tableau). Les deux occurrences dans le De vis. beat. (3.2.9.1.(3), p. 86 et 3.2.9.4.(4), p. 91) sont particulièrement intéressantes parce que la citation correcte de la prop. 37 n’est pas indiquée comme telle, la référence explicite au Liber de causis apparaît légèrement plus loin. La première occurrence dans le De vis. beat. (3.2.9.1.(3), p. 86) est dans un contexte noétique : en décrivant le statut ontologique de l’intellect possible, Dietrich montre que la vision béatifique ne peut pas s’accomplir à travers lui. Il commence donc une ample présentation des divers modes d’être. Il cite alors la proposition selon laquelle la première des choses créées, la plus simple et la plus commune (communissima) est l’esse. La seconde occurrence de la même sentence dans le De vis. beat. (3.2.9.4.(4), p. 91) a un autre but et apparaît dans un autre cadre. Dietrich montre ici que ce par quoi une chose s’éloigne le plus du néant (distat a nihilo), c’est par son essence ; or, la première des choses crées est l’esse qui caractérise l’essence en tant qu’essence (... est esse quod proprium est essentiae inquantum essentia). Suit une série de citations d’Augustin et de Boèce et finalement la référence explicite au Liber de causis qui ont toutes pour but de soutenir que l’être est identique à l’essence. Dietrich va Liber de causis 223 même modifier cette proposition en disant : « essentia seu esse est prima intentionum in entibus ut habetur ex Libro de causis ». Dans le De anim., 12.(3), p. 23, l. 43-47 Dietrich cite la sentence du Liber de causis dans un autre but encore, lors d’une argumentation sur les trois degrés généraux de causalité : le premier degré de causalité, le plus simple, est la constitution de l’être en tant qu’être à partir de la cause première (prima rerum creatarum est esse) ; le deuxième degré de causalité est sous la raison de la forme (sub ratione formae) qui procède dans le ciel ; le troisième degré de causalité correspond à la substance qui meut la nature entière selon les principes de la génération et de la corruption. La citation dans le De orig. apporte une précision qui ne se trouve dans aucun des autres endroits où Dietrich cite cette prop. 37 du Liber de causis : les philosophes parlent de la création, mais non sous le même aspect que les théologiens. La citation de la prop. 37 qui suit cette idée vient confirmer les positions des philosophes, mais Dietrich ne détaille pas plus ; les citations d’Augustin qui précèdent la référence au Liber de causis ne sont pas commentées sous cet aspect. Dans d’autres textes, Dietrich cite tacitement cette même sentence et l’attribue d’une manière générale aux philosophes ; on pourrait l’indiquer dans l’apparat des sources du De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 : « (...) res talis non solum sit ens per distantiam eius a nihilo, sed etiam sit hoc vel hoc secundum aliquam informationem, sicut de primo causato, quod est intelligentia secundum philosophos, dicitur in Libro de causis, quod ipsa est hyliatim, id est ens et forma, saltem quantum ad modum intelligendi ». RSP (De ente, I, 6.(2), p. 32, l. 5 – 34, l. 69) : Le problème de l’identité entre l’essence et l’être est largement expliqué dans le De ente et l’un des arguments principaux de ce texte est fondé sur la prop. 37 du Liber de causis ; d’ailleurs Dietrich dédie trois pages (dans l’édition) au commentaire de cette proposition – et nous pouvons compter quatre occurrences distinctes étant donné que l’on a affaire à quatre thèses différentes ou plutôt quatre nuances de la même thèse principale. L’interprétation de Dietrich est originale et mériterait plus de considération que nous ne pouvons lui accorder dans ce cadre. Nous remarquerons, de plus, que, dans le De ente, Dietrich cite, comme dans le De vis. beat., le même ouvrage de Boèce (le De Trinitate) pour renforcer l’autorité de Liber de causis ; et qu’il emploie toujours l’argument de l’éloignement du néant (distare a nihilo) pour soutenir que l’action la plus noble consiste à créer l’essence ; or, la première des choses créées est l’être, donc l’être est identique à l’essence. Soulignons aussi le bel argument selon lequel, en s’appuyant toujours sur le Liber de 224 Le poids de la citation causis, si l’esse n’était pas identique à l’essentia, mais à un accidens, toutes les choses aurait été créées par Dieu mediante aliquo accidente (en faisant manifestement référence à la formule : creavit mediante intelligentia, sachant que intelligentia est esse). RSI (De int., I.11.(2), p. 144, l. 46-57) : Pour la citation du De int., I.11.(2), p. 144 nous remarquerons surtout que Dietrich se réfère explicitement à la proposition 37 du Liber de causis, il ne cite aucune formule, aucune doctrine ; on suppose que, par ce renvoi précis, il songe à la question de la création des âmes, d’autant plus que par la suite Dietrich parle de la différence entre création et production. V) Cap. (V) e tc . n. 9) prop. 49 Intelligentiae superiores primae, quae sequuntur causam primam, imprimunt formas secundas, stantes, quae non destruuntur ita ut sit necessarium iterare eas vice alia. Intelligentiae autem secundae imprimunt formas declines, separabiles, sicut est anima. De nat. contr., 13.(4), p. 94, l. 7680 : Et istud exemplariter patet intuenti quodcumque genus causarum essentialium, earum, inquam, quae sunt causae secundum actum, sicut habemus ex Libro de causis. Sicut autem se habet in entibus positivis secundum iam dictum modum, sic proportionaliter se habet in ordine eorum, quorum ratio consistit in remotione vel privatione, ut sunt genera oppositionum praetacta. 1 occurrence prop. 49 – 1x RcGSI* Cette référence porte sur un thème qui ne se trouve pas tel quel dans le Liber de causis : les causes secondes sont des causes essentielles. Propre à la pensée cosmologique de Dietrich, cette doctrine est pourtant attribuée au Liber de causis par une démarche semblable à celle qui identifie les intelligences supérieures avec l’intellect agent (cf. Averroès, n. 72). Il est impossible de donner une seule indication précise pour cette thèse, étant 225 Liber de causis donné que plusieurs propositions du Liber de causis décrivent les opérations des causes secondes : prop. 49sq., 74 etc. VI) Cap. V(VI) n. 10) prop. 57 57. CAUSA PRIMA SUPERIOR EST OMNI NARRATIONE . ET NON DEFICIUNT LINGUAE A NARRATIONE EIUS NISI PROPTER NARRATIONEM ESSE IPSUM, QUONIAM IPSA EST SUPRA OMNEM CAUSAM et non narratur nisi per causas secundas quae illuminantur a lumine causae primae. De int., I, 4.(2), p. 138, l. 47-57 : Dicit (i.e. Proclus) ergo propositione 20 sic: « Omnibus corporibus (...) ». Quartum circumloquitur nomine importante privationem, scilicet unitate, et hoc, sicut dicitur in 6 propositione Libri de causis: « CAUSA PRIMA SUPERIOR EST OMNI NARRATIONE , ET NON DEFICIUNT LINGUAE A NARRATIONE NISI PROPTER NARRATIONEM ESSE EIUS , QUONIAM IPSA EST SUPER OMNEM CAUSAM ». Et infra propositione 22: « Prima causa (...) ». Et supra propositione 21: « Primum est (...) ». Commentum: « Et significatio (...) ». De cog. ent., 19.(1)-(5), p. 182, l. 95-125 : Et notandum, quod illa tria, quae praemiserat in praecedenti 2 propositione, scilicet « omne esse superius » et cetera (...). Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclos et infra propositione 6 dicitur, quod « CAUSA PRIMA SUPERIOR NARRATIONE EST ». OMNI 226 Le poids de la citation 2 occurrences prop. 57 – 2x RSP Dans le De int. (I, 3.(2), p. 138) Dietrich cite les propositions 57, 166 et 162, 163 du Liber de causis à la suite de trois citations correctes de l’Elementatio theologica ; en pleine argumentation sur les quatre modes d’être (maneries entium), les citations du Liber de causis ont le rôle d’appuyer la thèse selon laquelle la cause première, contrairement aux trois autres degrés d’être, est au-delà de toute narration. Les propositions 57, 162 et 163 énoncent la même idée et Dietrich les cite ensemble. Le contexte doctrinal de la citation du De cog. ent., 19.(1)-(5), p. 182 a été analysé auparavant (cf. supra, n. 5). Nous remarquerons en outre que Dietrich explique et cite, tant dans le De int. que dans le De cog. ent., la prop. 57 du Liber de casusis et la prop. 20 de l’Elementatio theologica ; Thomas fait appel à la prop. 123 de l’Elementatio pour cette même sentence du Liber de causis. VII) Cap. VI(VII) n. 11) prop. 64, 67 et 70 64. INTELLIGENTIA EST SUBSTANTIA QUAE NON DIVIDITUR . 67. (...) QUOD SI INVENIATUR IN EA MULTITUDO, NON INVENITUR NISI QUASI RES EXISTENS UNA . Cum ergo intelligentia sit secundum hunc modum, penitus divisionem non recipit. 70. Et significatio <...> quod INTELLIGENTIA non est corpus neque dividitur eius SUBSTANTIA ET OPERATIO eius, est quod UTRAEQUE SUNT RES UNA . ET De sub. spir., 9.(2), p. 310, l. 1222 : Et istud concordat, immo potius est id, quod dicitur Libro de causis propositione 7: « INTELLIGENTIA EST SUBSTANTIA , QUAE NON DIVIDITUR »; in commento: « QUOD, SI INVENIATUR IN EA MULTITUDO, NON INVENITUR NISI EXISTENS QUASI RES UNA ». Et infra aliquibus interpositis ostendit modum multitudinis et unitatis cum causa utriusque dicens: « ET INTELLIGENTIA INTELLIGENTIA QUIDEM EST MULTA PROPTER BONITATES QUAE ADVENIUNT EI A CAUSA PRIMA . ET IPSA QUAMVIS MULTIPLICETUR PER HUNC QUIDEM EST MULTA PROPTER BONITATES , QUAE ADVENIUNT EI A CAUSA PRIMA . ET IPSA , QUAMVIS MULTIPLICETUR PER HUNC MODUM, TAMEN , QUOD Liber de causis MODUM , TAMEN QUIA APPROPINQUAT UNI, FIT UNUM ET NON DIVIDITUR . 227 APPROPINQUAT UNI, FIT UNUM, QUOD NON DIVIDITUR ». Praemiserat autem immediate, scilicet quod in INTELLIGENTIA SUBSTANTIA ET EIUS OPERATIO UTRAQUE EST RES UNA . Et infra propositione 9 dicit, quod « Intelligentia est habens helyatim, quoniam est esse et forma ». 3 occurrences prop. 64 – 1x RSP prop. 67 – 1x RSP prop. 70 – 1x RSP Ceci est l’unique occurrence des propositions du chap. 64 dans l’œuvre de Dietrich. Deux des manuscrits collationnés par A. Pattin ont une forme proche de celle que Dietrich cite : « quod, si inveniatur in ea multitudo, non invenitur nisi existens quasi res una ». Dans le Vat. Ottob. lat. 1415 et dans Oxford, Bodl. Selden sup. 24 on lit « quod si invenitur in ea multiduo non invenitur nisi existens quasi sit res una » ; ceci serait aussi la variante correspondant le plus au texte arabe 17. Citée correctement et intégralement en compagnie de la prop. 90, les propositions du chap. 64 ont ici le rôle d’exemplifier et de décrire le deuxième mode des étants conceptionnels (secunda maneries entium conceptionalium) qui correspond à l’intellect agent de l’homme (intellectus agens in nobis). Dieu est la cause immédiate qui le constitue et préserve de la sorte la simplicité (de son effet) ; comme le confirme aussi le Liber de causis : l’intelligence est la substance simple, qui ne se divise pas et dans laquelle la multitude provenant de la cause première se trouve sous la raison de l’unité. Cette simplicité de la substance est le garant de l’identité entre l’essence et l’opération de l’intelligence, une simplicité qui la rend semblable à Dieu (non distaret a summe simplici quod est Deus) ; elle est une substance intellectuelle par son essence (à savoir selon la substance et selon l’opération). La proposition 90 citée à la fin de ce raisonnement renforce l’idée de l’identité entre la substance et l’opération de l’intelligence supérieure : quoniam est esse et forma. Cette 17 Cf. R. T AYLOR , « Remarks on the Latin Text and the Translation of the Kalam fi Mahd Al-Khair/Liber de causis », in : Bulletin de philosophie médiévale 31 (1989), p. 91, n. 26**. 228 Le poids de la citation thèse est particulièrement importante pour la noétique et la cosmologie de Dietrich ; dans d’autres textes, il soutient la même idée en faisant explicitement recours à Averroès (n. 68). On notera ici aussi l’identification faite par Dietrich entre l’intellect agent et l’intelligence première du Liber de causis. n. 11') prop. 64 e tc . VI(VII).64 : Intelligentia est substantia quae non dividitur. De int., I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 : Et de isto genere sunt illae intellectuales substantiae, quas philosophi intelligentias vocabant, de quibus agitur in Libro de causis et in libro Procli, quas in pluribus locis illius libri deos nominat, quamvis secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis, sicut etiam Philosophus in XII Metaphysicae approbat dictum illorum, qui vocabant principia moventia caelos, vocabant, inquam, deos secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis. De cog. ent., 2.(3), p. 170, l. 94101 : Et, sicut supra dictum est secundum philosophos, directo ordine causali dependent a saepe dictis substantiis intellectualibus superioribus, quas intelligentias vocant, secundum quod habetur in Libro de causis, sed indirecte quasi ex causa sine qua non dependent a subiectis suis, quae sunt corpora caelestia, quorum sunt formae. (...) Et hoc nonnullam rationem habet: Tales enim substantiae sunt intellectus per essentiam, ut dictum est. Liber de causis 229 2 occurrences prop. 64 – 2x RcGSI* Ces références sont particulièrement difficiles à traiter parce qu’elles ne présentent aucune thèse précise du Liber de causis (ou de Proclus), l’évocation du fait que les substances supérieures sont nommées intelligences étant très vague. En effet, on peut indiquer comme source plusieurs chapitres où cette thèse est explicite : VI(VII)-X(XI), XII(XIII), XVIII(XIX) etc. Le but de Dietrich, clairement précisé dans le De cog. ent. (2.(3), p. 170), est de montrer que l’intellect agent dont il parle est identique aux intelligences supérieures du Liber de causis. Il faut souligner que, dans d’autres ouvrages, Dietrich utilise les mêmes formules sans pour autant faire appel au Liber de causis. En voici quelques exemples : « Si igitur placet secundum similitudinem proportionis sumere coordinationem generum et specierum in separatis sicut in his inferioribus secundum maiorem vel minorem universalitatem et abstractionem, dicemus superiores intellectus, quos philosophi intelligentias vocabant, constituere quandam generis coordinationem (...) » (De int., II, 15.(1), p. 156, l. 3-6) ; « (...) et sic ipsum esse determinatum in diversas intelligentias manet nihilominus sic commune, ut per appropriationem dicatur de toto illo substantiarum genere, quas intelligentias dicimus, scilicet quod procedat a prima causa secundum esse, ut sic constituamus rationem generis in separatis » (De int., II, 15.(1), p. 156, l. 14 – 157, l. 18). Voir aussi : De intellig., 2.(1), p. 354, l. 46 ; De mens., 2.(11), p. 219, l. 129-141 ; De sub. spir., 19.(1), p. 316, l. 1924. VIII) Cap. VII(VIII) n. 12) prop. 72 72. OMNIS INTELLIGENTIA SCIT QUOD EST SUPRA SE ET QUOD EST SUB SE: verumtatem scit quod est sub se quoniam est CAUSA ei, et SCIT QUOD EST SUPRA SE QUONIAM ACQUIRIT BONITATES AB EO. De int., II, 38.(1), p. 176, l. 32-44 : Quamvis autem tria praedicta attendamus in cognitione intellectus agentis, (…) hoc tamen non facit tres intellectiones, sed unam solam, sicut etiam suum principium, a quo procedit, uno solo actu cognitionis intelligit se et alia et, 230 Le poids de la citation sicut colligitur ex pluribus propositionibus Libri de causis, quaelibet INTELLIGENTIA intelligit, QUOD EST SUPRA SE, hoc est causam suam, stat etiam fixa cognoscendo rediens super essentiam suam reditione completa, intelligit etiam, QUOD EST SUB EA , id est causatum suum, non tribus intellectionibus, sed uno simplici actu intellectionis. De int., III, 24.(4), p. 196, 38-44 : Quantum autem ad utrumque istorum simul, id est quantum ad intellectum, qui est causa, et quantum ad intellectum, qui est alterius alicuius causatum, de habitudinibus videlicet istorum ad invicem, scilicet quod tales habitudines sunt intellectualiter, habemus ex 8 propositione Libri de causis, ubi sic dicitur: « O MNIS INTELLIGENTIA SCIT , QUOD EST SUPRA SE, ET SCIT , QUOD EST SUB SE. VERUMTAMEN SCIT , QUOD EST SUB SE, QUONIAM EST CAUSA EI, ET SCIT , QUOD EST SUPRA SE , QUONIAM ACQUIRIT BONITATES AB EO ». De cog. ent., 17.(1), p. 181, l. 5459 : Primo in intelligendo primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic: « O MNIS INTELLIGENTIA SCIT , QUOD EST SUPRA SE », quod exponitur in textu eiusdem propositionis sic: « S CIT , QUOD EST SUPRA SE , QUONIAM 231 Liber de causis ACQUIRIT BONITATES AB EO ». De cog. ent., 24.(3)-(4), p. 187, l. 20 – 188, l. 30 : Sed, sicut dicitur 8 propositione Libri de causis, huiusmodi impressiones reales sunt, id est sunt reales sic, quod sua realitate sunt causa rerum sensibilium. Et sic talis intellectualis substantia, quae est intellectus per essentiam, secundum absolutam suae substantiae praeexistentiam realiter et essentialiter praehabet in se, sed modo simplici et unite, totum ens, non solum, quod est ei causa in essendo, sed etiam ea, quae sunt post ipsum, quorum ipse talis intellectus est causa, secundum quod dicitur 8 propositione Libri de causis, quamvis loquatur ibi auctor de intelligentia, quod, quia convenit ei ratione intellectualitatis, secundum hoc convenit omni intellectui, qui est intellectus per essentiam, secundum eandem rationem. 4 occurrences prop. 72 – 1x RcGSP, 2x RSP, 1x RSI RcGSI : En parlant, dans le De int. (II.38.(1), 32-44) de l’objet d’intellection de l’intellect agent, Dietrich fait appel à plusieurs thèses défendues dans le Liber de causis (« sicut colligitur ex pluribus propositionibus »). Dietrich présente ici la même idée que nous avons analysée dans le RSP précédent. Il introduit ainsi des propositions du Liber de causis sur la connaissance que l’intelligence supérieure a de la cause première, de son essence et de ses propres effets ; trois objets différents sont cependant connus par une même opération d’intellection simple. 232 Le poids de la citation RSP : La citation correcte dans le De int. (III, 24.(4), p. 196) donne plus de poids à l’argumentation que Dietrich vient de développer à propos de la conversion de l’intellect agent vers le principe duquel il procède et qu’il connaît par ce même mouvement de procession : en recevant son essence de la cause première, l’intellect agent la connaît ; par ce même mouvement, il connaît aussi son effet, qui lui est inférieur dans la hiérarchie des substances. Auparavant Dietrich avait cité explicitement l’Elementatio theologica de Proclus, les propositions 174 (citée comme 171) et 31. La référence explicite et la citation correcte dans le De cog. ent., (17.(1), p. 181) sont introduites par Dietrich en pleine argumentation sur l’objet de connaissance de l’intellect agent. Ici encore, la thèse principale est que, l’intellect agent connaissant la cause première, il connaît sa propre essence. Elle est suivie par des citations explicites des propositions 19, 100 et 109 sur l’intellection immédiate que l’intellect agent a de sa propre essence. RSI : Deux citations imparfaites dans le De cog. ent., 24.(3)-(4) donnent l’occasion à une interprétation originale de la part de Dietrich ; en effet, la thèse de la conversion vers le premier principe par laquelle le Liber de causis décrit l’intelligence supérieure est attribuée, par Dietrich, à tous les intellects par essence (« convenit omni intellectui qui est intellectus per essentiam »). Cette proposition du Liber de causis est toujours utilisée donc par Dietrich pour soutenir une seule et même doctrine : l’intellect agent connaît simultanément, et par une même opération, trois objets différents. Etant donné qu’elles apparaissent dans la même argumentation, en faisant recours à la même source, les deux occurrences sont comptées une seule fois. IX) Cap. VIII(IX) n. 13) prop. 85, 86 85. Quod est quia NATURA CONTINET GENERATIONEM ET ANIMA CONTINET NATURAM ET INTELLIGENTIA CONTINET ANIMAM. 86. ERGO INTELLIGENTIA CONTINET OMNES RES (...) De sub. spir., 18.(2), p. 316, l. 1217 : Intellectualia enim secundum philosophos sunt causalia principia aliquo modo spiritualium, sicut dicitur in Libro de causis commento propositionis 3, quod « prima causa creavit esse Liber de causis 233 animae mediante intelligentia ». Et infra commento propositionis 9: « NATURA CONTINET GENERATIONEM ET ANIMA CONTINET NATURAM ET INTELLIGENTIA CONTINET ANIMAM: ERGO INTELLIGENTIA EST CONTINENS OMNES RES ». Hucusque verba commenti. 2 occurrences prop. 84 – 1x RSP prop. 85 – 1x RSP Ceci est l’unique référence explicite et citation correcte de cette sentence du Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich. Elle est précédée d’une citation de la prop. 32, commentée auparavant (voir supra, n. 7). Dietrich reprend ici la thèse soutenue à plusieurs endroits sur l’universalité et la simplicité des substances supérieures par rapport aux substances inférieures ; surtout que les premières sont causes des secondes. A d’autres occasions, Dietrich avait appliqué le même raisonnement à propos de Dieu et la théorie de l’appropiatio ; d’ailleurs les renvois à la prop. 1, qui suivent, renforcent la même idée. n. 14) prop. 90 Et intelligentia est habens YLIATHIM quoniam est ESSE ET FORMA et similiter anima est habens yliathim, et natura est habens yliathim. Et CAUSAE quidem PRIMAE NON EST YLIATHIM, QUONIAM IPSA EST ESSE TANTUM. De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 : Ipsum autem quid in eo, quod quid, seu quiditas in eo, quod quiditas, super rationem entis importat quandam rei informationem, saltem quoad modum intelligendi, qua res seu ens determinatur ad talem vel talem essentiam vel naturam, ut res talis non solum sit ens per distantiam eius a nihilo, sed etiam sit hoc vel hoc secundum aliquam informationem, sicut de primo causato, quod est intelligentia secundum philosophos, dicitur in 234 Le poids de la citation Libro de causis, quod ipsa est HYLIATIM, id est ENS ET FORMA , saltem quantum ad modum intelligendi. De sub. spir., 9.(2), p. 310, l. 1222 : Et istud concordat, immo potius est id, quod dicitur Libro de causis propositione 7: « Intelligentia est substantia (...) »; in commento: « Quod, si inveniatur (...) ». Et infra aliquibus interpositis ostendit modum multitudinis et unitatis cum causa utriusque dicens: « Et intelligentia quidem (...) ». Praemiserat autem immediate, scilicet quod in intelligentia substantia et eius operatio utraque est res una. Et infra propositione 9 dicit, quod « INTELLIGENTIA EST HABENS HELYATIM, QUONIAM EST ESSE ET FORMA ». Et infra: « CAUSAE PRIMAE NON EST HELYATIM, QUONIAM ESSE ». IPSA EST TANTUM De sub. spir., 19.(4), p. 317, l. 4968 : (...) sed convenit sibi (i.e. intelligentiae) alius proprius modus, ut scilicet per suum intellectum immediate producat essentiam rei, inferiore tamen modo quam per creationem, ut si dicamus, quod Deus producat res per esse tantum, intelligentia autem in eo, quod est esse et vita, quia « INTELLIGENTIA EST HABENS HELYATIM », sicut dicitur 9 propositione Libri de causis, id est « ESSE ET FORMA ». Et per Liber de causis 235 hoc differat actio intelligentiae ab actione divina, quae est creatio (...). Unde et Proclus propositione 54: « Omne, quod a secundis (...) ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis: « Omnem operationem (...) ». Et infra: « Et non figitur (...) ». Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra inductum est, scilicet quod « prima causa creavit (...) ». 3 occurrences prop. 90 – 1x RcGSP, 2x RSP RcGSP : Dietrich cite cette sentence dans le De quid. (1.(4), p. 99) lors d’une argumentation très dense sur l’essence et la quidité, après avoir cité le De immortalitate animae et le De trinitate d’Augustin, ainsi que les Analytica posteriora d’Aristote. La quidité serait, selon Dietrich, ce qui apporte une information supplémentaire à la raison de l’étant, ce par quoi la chose ou l’étant est déterminé par rapport à telle essence ou telle nature ; ainsi, une chose ne se définit pas seulement par son essence qui l’éloigne du néant, mais aussi ou surtout par ce qui la rend individuelle, particulière autrement dit par cette information même (hoc vel hoc secundum aliquam informationem). Par exemple l’intelligence supérieure qui est la première des choses créées (précise Dietrich en citant tacitement une autre sentence du Liber de causis) est habens hyliatim c’est-à-dire elle est composée d’étant et de forme. Pour Dietrich donc, hyliatim est la quidité de l’intelligence supérieure, ce par quoi elle s’individualise et se distingue. RSP : Les deux citations dans le De sub. spir. portent sur des doctrines différentes. La première (9.(2), p. 310) apparaît dans un contexte déjà analysé (voir supra, n. 11) où Dietrich soutient l’identité entre l’opération et la substance de l’intelligence supérieure ; l’autorité sur laquelle il s’appuie est le Liber de causis qui dit que l’être de l’intelligence est identique à sa forme (est habens helyatim, quoniam est esse et forma). La seconde se trouve également dans le contexte discuté toujours au n. 11, où Dietrich fait une distinction entre la causalité propre à Dieu (nommée création), dont l’effet est uniquement l’esse, et la causalité de l’intelligence supérieure (nommée production) dont l’effet est esse et vita 236 Le poids de la citation parce qu’elle est esse et vita, étant donné qu’elle est habens helyatim, id est esse et forma. Dietrich utilise donc cette même proposition dans trois argumentations différents, pour soutenir trois thèses différentes. Il propose ainsi trois interprétations distinctes du mot helyatim et de cette sentence, toutes les trois étant différentes de celles de Thomas d’Aquin. X) Cap. IX(X) n. 15) prop. 93 93. Quod est quoniam formae quoe sunt intelligentiis secundis inferioribus per modum particularem, sunt in INTELLIGENTIIS PRIMIS per modum UNIVERSALEM; et formae quae sunt in INTELLIGENTIIS PRIMIS per modum universalem sunt in INTELLIGENTIIS SECUNDIS per modum particularem. 2 occurrences prop. 93 – 1x RSP, 1x RcGSI De int., II, 14.(3), p. 156, l. 118120 : Et hoc est, quod dicitur in Libro de causis in commento 10 propositionis, scilicet quod INTELLIGENTIAE PRIMAE habent species magis UNIVERSALES et INTELLIGENTIAE habent species UNIVERSALES . SECUNDAE MINUS De cog. ent., 8.(1), p. 174, l. 3035 : Nihilominus tamen invenimus apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus universales et, quanto sunt superiores et nobiliores, tanto habent intellectus magis UNIVERSALES et magis simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de Causis et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis. Liber de causis 237 RSI : Dietrich cite explicitement la prop. 93 du Liber de causis dans le De int. en expliquant les divers modes d’individuation tant pour les choses intellectuelles que pour les choses matérielles : pour les choses soumises à la génération et à la corruption, plus une forme universelle est grande, plus elle est en puissance ; à mesure qu’elle descend vers les particuliers, elle s’approche de l’acte, comme cela est manifeste si l’on analyse le genre, l’espèce et l’individu. Pour les choses séparées, plus une forme est universelle, plus elle est en acte, et plus une forme est particulière, plus elle est éloignée de l’universelle, donc plus elle est en puissance. Selon le vocabulaire du Liber de causis : les intelligences premières ont des espèces plus universelles, les intelligences secondes ont des espèces moins universelles. RcGSI : La thèse discutée précédemment apparaît sans modification dans le De cog. ent. ; on notera ici la référence à Proclus. Dietrich le nomme seulement pour l’indiquer comme source de Liber de causis (Proclus, unde videtur sumptus Liber de causis) – le commentaire de Thomas au Liber de causis constitue très certainement la source d’inspiration pour cette référence conjointe. Dietrich cite tacitement la même prop. 93 du Liber de causis dans la Q° Utrum in Deo, 1.4.2.2.(3), p. 300, l. 18-20 : « Praeterea substantia spiritualis, de qua agitur, constat, quod habet intellectum, qui de sui natura est in potentia, sive etiam dicatur plenus formis per divinam influentiam ». XI) Cap. X(XI) n. 16) prop. 100, 101 100. O MNIS INTELLIGENTIA INTELLIGIT RES SEMPITERNAS QUAE NON DESTRUUNTUR NEQUE CADUNT SUB tempore. 101. Quod est quoniam si intelligentia est semper quae non movetur, tunc ipsa est causa rebus sempiternis quae NON DESTRUUNTUR [ NEC PERMUTANTUR ] NEQUE CADUNT SUB GENERATIONE ET CORRUPTIONE . Et intelligentia De cog. ent., 17.(1)-(3), p. 181, l. 54-64 : Primo in intelligendo primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic: « Omnis intelligentia scit (...) », quod exponitur in textu eiusdem propositionis sic: « Scit, quod est supra se (...) ». (...) Secundo intelligendo essentiam suam, secundum quod dicitur 13 propositione De causis, scilicet: 238 Le poids de la citation quidem non est ita, nisi quia intelligit rem per esse suum, et esse suum est sempiternum quod non corrumpitur <...>. « Omnis intelligentia (...) ». Et ex his duobus sequitur hoc, quod praemittitur propositione 11: « O MNIS INTELLIGENTIA INTELLIGIT RES SEMPITERNAS , QUAE NON DESTRUUNTUR NEQUE CADUNT SUB CORRUPTIONE ». 1 occurrence prop. 100 et 101 (ensemble ; saut du même au même) – 1x RSP Le contexte doctrinal de cette citation a été discuté auparavant (cf. supra, n. 4) ; nous n’aurons rien à ajouter si ce n’est que toute intelligence dont l’objet de connaissance est ici décrit (à savoir la cause première et l’essence de l’intelligence première) connaît des substances éternelles. Remarquons aussi les détails de la citation : la fin de la sentence reproduite par Dietrich (« neque cadunt sub corruptione ») ne se trouve dans aucun des manuscrits du Liber de causis et chez aucune des sources secondaires que nous avons pu consulter. On dirait même qu’il se trompe et fait un saut du même au même en copiant la fin de la prop. 101, surtout que dans la prop. 100 on lit la formule : « quae non destruuntur neque cadunt sub » ; il a donc remplacé « sub tempore » par « sub corruptione ». Ce changement n’apporte pas de modifications doctrinales. XII) Cap. XII(XIII) n. 17) prop. 109 109. O MNIS INTELLIGENTIA INTELLIGIT ESSENTIAM SUAM. De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 : Et sicut dicitur in Libro de causis propositione 15 de qualibet intelligentia, quae est intellectus in actu per essentiam, quod ipse est rediens ad essentiam suam reditione completa – praemiserat autem propositione 13, quod « OMNIS INTELLIGENTIA INTEL LIGIT ESSENTIAM SUAM » –, Liber de causis 239 eandem etiam sententiam de intellectu per essentiam, quem in nobis vocat abditum mentis, videlicet quod se ipsum semper intelligit, ponit Augustinus (...). De cog. ent., 17.(1)-(3), p. 181, l. 54-64 : Primo in intelligendo primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic: « Omnis intelligentia scit (...) », quod exponitur in textu eiusdem propositionis sic: « Scit, quod est supra se (...) ». (...) Secundo intelligendo essentiam suam, secundum quod dicitur 13 propositione De causis, scilicet: « O MNIS INTELLIGENTIA INTELLIGIT ESSENTIAM SUAM ». Et ex his duobus sequitur hoc, quod praemittitur propositione 11: « Omnis intelligentia intelligit res sempiternas (...) ». 2 occurrences prop. 109 – 2x RSP Dans le De vis. beat Dietrich dédie un chapitre entier à la connaissance de soi de l’intellect agent qui est une intellection immédiate de son essence s’accomplit continuellement. Il cite, à ce propos, le De anima d’Aristote (sur l’identité entre l’intelligens sans matière et son objet) et le De Trinitate d’Augustin (sur l’abditum mentis qui semper meminit, intelligit et amat se). Encadrées par ces deux autorités, les propositions 124 et 109 du Liber de causis ont le rôle de renforcer le poids de l’argumentation. Le cadre thématique où Dietrich cite cette sentence dans le De cog. ent. a été déjà analysé à plusieurs reprises (cf. supra, n. 17). 240 Le poids de la citation XIII) Cap. XIV(XV) n. 18) prop. 124 124. Omnis sciens qui scit essentiam suam est REDIENS AD ESSENTIAM REDITIONE COMPLETA. SUAM De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 : Et sicut dicitur in Libro de causis propositione 15 de qualibet intelligentia, quae est intellectus in actu per essentiam, quod ipse est « REDIENS AD ESSENTIAM SUAM REDITIONE COMPLETA » – praemiserat autem propositione 13, quod omnis intelligentia intelligit essentiam suam –, eandem etiam sententiam de intellectu per essentiam, quem in nobis vocat abditum mentis, videlicet quod se ipsum semper intelligit, ponit Augustinus (...). De int., II, 40.(1), p. 177, l. 62-67 : (...) inquantum essentia sua (i.e. intellectus agens) est similitudo omnium entium secundum aliquem gradum existentiae in universitate entium et est, secundum quod dicitur propositione 15 Libri de causis, REDIENS PER OPERATIONEM AD ESSENTIAM REDITIONE COMPLETA , intelligibilem SUAM secundum quod ibi dicitur in commento. Et sic directe et per se est intelligens essentiam suam, et hoc immediate et formaliter per propriam essentiam suam. De vis. beat., 3.2.4.(5)-(6), p. 74, l. 29-36 : Ex dictis enim conditionibus concluditur secundum philosophos intelligentias intelligere per suam 241 Liber de causis essentiam et ea intellectione in se ipsas semper converti, ut habetur in Libro de causis et Procli. De int., I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 : De quibus considerandum, quod, etsi in eis, hoc est in substantia eorum, non inveniatur pars et pars, quia simplices substantiae sunt, est tamen in quolibet eorum invenire quosdam respectus originis, qui sunt respectus naturae, inquantum quilibet eorum conversus est in se intelligens se ipsum per essentiam, sicut dicitur in Libro de causis, quod unusquisque talium intellectuum EST REDIENS AD ESSENTIAM COMPLETA , SUAM REDITIONE scilicet intelligendo se ipsum per essentiam, in quo consistunt quidam respectus naturae, quorum quilibet importat totam substantiam talis intellectus, solum ab invicem differentes respective. De int., II, 38.(1), p. 176, l. 32-40 : Quamvis autem tria praedicta attendamus in cognitione intellectus agentis, scilicet suum principium, a quo intelligendo procedit, et suam propriam essentiam et tertio universitatem rerum, hoc tamen non facit tres intellectiones, sed unam solam, sicut etiam suum principium, a quo procedit, uno solo actu cognitionis intelligit se et alia et, sicut colligitur ex pluribus propositionibus Libri de causis, quaelibet intelligentia intelligit, 242 Le poids de la citation quod est supra se, hoc est causam suam, stat etiam fixa cognoscendo REDIENS SUPER ESSENTIAM COMPLETA , SUAM REDITIONE intelligit etiam, quod est sub ea, id est causatum suum, non tribus intellectionibus, sed uno simplici actu intellectionis (...). 5 occurrences prop. 124 – 2x RSP, 1x RcGSI, 2xRcGSP RSP (le De vis. beat., 1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 ; De int., II, 40.(1), p. 177, l. 62-67) : La citation du De vis. beat. (1.1.3.1.(5), p. 27) a été discutée auparavant ; nous marquerons la citation par des guillemets. Le problème de l’objet d’intellection de l’intellect agent est largement discuté par Dietrich dans plusieurs de ses textes ; dans le De int. (II, 40.(1), p. 177) il revient sur la question et s’appuie sur l’autorité du Liber de causis pour soutenir, une fois de plus, que le retour sur soi accompli par l’intellect agent est complet (reditione completa). RcGSI (De vis. beat., 3.2.4.(5)-(6), p. 74, l. 29-36) : L’autre référence à la prop. 124 dans le De vis. beat. (3.2.4.(5)-(6), p. 74) a, doctrinalement, un autre but. Dietrich semble vouloir ici résumer l’opinion de ses adversaires : de leurs arguments on pourrait déduire que l’intellect possible se connaît lui-même par son essence ; ils ont recours au Liber de causis et à Proclus pour soutenir une telle thèse. Dietrich reconnaît que ses adversaires nient explicitement cette position, mais, dit-il, c’est ce que l’on peut déduire de leurs arguments (« sed hoc est falsum etiam secundum eos (...) quod tamen necessario sequitur ex positione eorum »). Les détails de l’argumentation sont très importants, mais nous ne pouvons pas les exposer dans ce cadre. Nous voulons cependant insister sur une question de vocabulaire : le mot conversio n’apparaît pas dans le Liber de causis mais dans l’Elementatio theologica (prop. 31-38 etc.) ; Dietrich emploie indistinctement reditio et conversio, signe manifeste que les deux verbes ont pour lui la même connotation. Dietrich, nous l’avons déjà remarqué, interprète les intelligences supérieures décrites dans le Liber de causis comme des intellects par essence toujours en acte. Dans le De int., Dietrich cite Averroès pour la question de la conversion sur soi de l’intellect agent et emploie même Liber de causis 243 une formule très proche de celle attribuée au Liber de causis et à Proclus : « Et scribit Commentator super III De anima, quod nihil intelligit extra se, videlicet primo et per se, sed solum in se ipsum conversus est et in suum principium, si habeat altius se principium » (De vis. beat., 1.1.4.(3), p. 28, l. 77-79). RcGSP (De int., I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 ; De int., II, 38.(1), p. 176, l. 3240) : Dietrich fait un usage encore différent de cette sentence en la citant dans le De int. (I, 8.(2), p. 141) afin d’expliquer le processus d’ébullition intérieure de l’intellect agent et la manière dont il déborde vers les autres. La conversion totale de cet intellect sur lui-même, sur son essence – une conversion qui s’accomplit par rapport à son origine (le premier principe) et par rapport à sa nature – est donc une conversion simple et immédiate. Ainsi , la substance toute entière de l’intellect agent se tourne sur elle – même et, par ce mouvement circulaire et éternel, se produit l’ébullition ; grâce à celle-ci, la substance de l’intellect agent déborde audelà de ses limites en causant ses effets. Dietrich cite pour cette doctrine plusieurs autorités, notamment Proclus, Avicenne et, comme dans le cas vu auparavant, le De Trinitate d’Augustin. La référence générale de Dietrich dans le De int. (II, 38.(1), p. 176) à plusieurs propositions du Liber de causis à propos des trois objets d’intellection de l’intellect agent a été discutée auparavant (cf. supra, n. 4). XIV) Cap. XVII(XVIII) n. 19) prop. 143 143. RES OMNES ENTIA PROPTER ENS PRIMUM, ET RES VIVAE OMNES SUNT MOTAE PER ESSENTIAM SUAM PROPTER VITAM PRIMAM, et res intellectibiles omnes habent scientiam propter intelligentiam primam. De ente, II, 2.(2), p. 40, l. 70-77 : Et non solum esse suum sic participat, sed totam essentiam suam indifferentem ab esse suo. Unde dicitur in Libro de causis propositione 20: « RES OMNES SUNT ENTIA PROPTER ENS PRIMUM ET OMNES RES VIVAE PROPTER VITAM PRIMAM » et cetera. Secundum hunc modum participandi, sicut dicitur, quod, quia participant esse, ideo differt in eis essentia et esse, ita potest dici, quia participant essentiam 244 Le poids de la citation dicto modo, ideo differunt huiusmodi a sua essentia, quod patet esse falsum. 1 occurrence FRSP : Ceci est le seul faux renvoi au Liber de causis : Dietrich se réfère au chap. XVII(XVIII) en tant que chap. XX. Il utilise certainement une source secondaire (abrégé personnel, florilège ou autre texte) ; la citation est cependant correcte. Dietrich l’utilise lors d’une difficile argumentation sur l’analogie de l’être. Participer se dit de trois manières, constate Dietrich : premièrement, à propos de toute créature qui participe par son être à l’être de Dieu ; comme le dit le Liber de causis : res omnes sunt entia propter ens primum ; deuxièmement, à propos de l’essence des choses et troisièmement participare dicatur quasi partem capere. Cette occurrence est comptée seulement comme renvoi à la prop. XX. XV) Cap. XX(XXI), prop. 162, 163 et cap. XXI(XXII), prop. 166 n. 20) XXI (XXII): 166. CAUSA PRIMA EST SUPER OMNE NOMEN QUO NOMINATUR . XX (XXI): 162. PRIMUM EST DIVES PER SE IPSUM ET NON EST DIVES MAIUS . 163. ET SIGNIFICATIO EIUS EST UNITAS EIUS , non quia unitas eius sit sparsa in ipso, immo est unitas eius pura, quoniam est simplex in fine simplicitatis. 3 occurrences prop. 162 – 1x RSP prop. 163 – 1x RSP prop. 166 – 1x RSP De int., I, 4.(2), p. 138, l. 54-57 : Et infra propositione 22: « PRIMA CAUSA EST SUPER OMNE NOMEN , QUO NOMINATUR ». Et supra propositione 21: « PRIMUM EST DIVES PER SE IPSUM ET EST DIVES MAIUS ». Commentum: « ET SIGNIFICATIO EIUS EST UNITAS EIUS ». Liber de causis 245 RSP : Nous considérons les deux propositions ensemble afin de simplifier notre analyse : elles sont citées l’une après l’autre, dans le même but et à l’appui de la même argumentation. Les deux propositions sont introduites à la suite de citations provenant de l’Elementatio theologica (prop. 174 et 20) et après la prop. 57 du Liber de causis. Dietrich y traite les quatre modes d’être selon la distinction faite par Proclus. Le premier degré, celui de la cause première, est au-delà de toute narration (prop. 57), au-delà de tout nom par lequel elle est nommée (prop. 166) et il est dives maius (prop. 162). Dans le De sub. spir., Dietrich utilise tacitement une formule provenant de la prop. 163 (« est simplex in fine simplicitatis »): « Unde primum ens, quod est Deus, quia est in fine simplicitatis, summe est intellectuale (...) » (De sub. spir., 8.(1), p. 308, l. 65-67 – les éditeurs reconnaissent et indiquent la source). n. 21) 143. RES OMNES ENTIA PROPTER ENS PRIMUM, ET RES VIVAE OMNES SUNT MOTAE PER ESSENTIAM SUAM PROPTER VITAM PRIMAM, et res intellectibiles omnes habent scientiam propter intelligentiam primam. De ente, II, 2.(2), p. 40, l. 70-77- : Et non solum esse suum sic participat, sed totam essentiam suam indifferentem ab esse suo. Unde dicitur in Libro de causis propositione 20: « RES OMNES SUNT ENTIA PROPTER ENS PRIMUM ET OMNES RES VIVAE PROPTER VITAM PRIMAM » et cetera. Secundum hunc modum participandi, sicut dicitur, quod, quia participant esse, ideo differt in eis essentia et esse, ita potest dici, quia participant essentiam dicto modo, ideo differunt huiusmodi a sua essentia, quod patet esse falsum. 1 occurrence cap. IV – 1x FRSP FRSP discuté au n. 19. 246 Le poids de la citation XVI) Cap. XXX(XXXI) n. 22) prop. 211, 213 211. (...) RES AUTEM CADENS SUB TEMPORE IN OMIBUS DISPOSITIONIBUS SUIS SEIUNCTA EST A RE CADENTE SUB AETERNITATE IN OMNIBUS DISPOSITIONIBUS SUIS . CONTINUATIO AUTEM NON EST NISI IN REBUS SIMILIBUS . NECESSE EST igitur UT SIT RES ALIA TERTIA MEDIA inter utrasque CUIUS SUBSTANTIA CADAT SUB AETERNITATE ET ipsius ACTIO CADAT SUB TEMPORE. 213. Manifestum igitur est quod inter res cadentes sub tempore cum suis substantiis et suis actionibus et inter res quarum substantiae et actiones sunt cadentes sub momento aeternitatis sunt RES CADENTES SUB AETERNITATE PER SUBSTANTIAS suas et cadentes sub tempore per OPERATIONES suas, sicut ostendimus. De anim., 14.(1), p. 25, l. 2-18 : Praeterea ad principale propositum est ratio, super quam fundatur paenultima propositio Libri de causis, quae ratio talis est: « RES CADENS SUB TEMPORE IN OMNIBUS DISPOSITIONIBUS SUIS (id est tam secundum suam substantiam quam secundum suam actionem) SEIUNCTA EST A RE CADENTE SUB AETERNITATE IN OMNIBUS DISPOSITIONIBUS SUIS (id est tam secundum suam substantiam quam secundum suam actionem); CONTINUATIO AUTEM NON EST NISI IN REBUS SIMILIBUS (id est proportionalibus hinc inde utrique extremorum), NECESSE EST , UT SIT RES ALIA TERTIA MEDIA , CUIUS SUBSTANTIA CADAT SUB AETERNITATE ET EIUS ACTIO CADAT SUB TEMPORE » : et hoc est caelum. Vocat autem auctor iste RES CADENTES SUB AETERNITATE quantum ad SUBSTANTIAM et OPERATIONEM principia separata secundum ipsum, RES AUTEM CADENTES SUB TEMPORE SECUNDUM SUBSTANTIAM et OPERATIONEM intendit generabilia et corruptibilia, inter quae duo extrema caelum natura medium posuit, medium, inquam, continuativum et coniunctivum per quandam causalem derivationem essentialium Liber de causis 247 perfectionum, quae sunt in principiis separatis, ad res generabiles et corruptibiles quantum ad ipsarum essentiales formas et perfectiones. 2 occurrences prop. 211 – 1x RSP prop. 213 – 1x RSP Ce renvoi à au chap. XXX(XXXI) Liber de causis (nommé comme pénultième) comporte une longue et correcte citation des propositions 211 et 213. Dietrich y fait appel pour renforcer par cette autorité la position qu’il vient d’exprimer : la structure hiérarchique de l’univers présuppose, entre les substances séparées, une certaine immédiateté qui est à l’origine de l’union entre les substances et qui rend possible la causalité des unes et des autres. Le ciel est un intermédiaire entre les substances plus parfaites (les intelligences supérieures) et les substances moins parfaites (de ce monde) ; le ciel fait la liaison entre les substances qui sont éternelles et les substances qui sont temporelles parce que la substance du ciel tient de l’éternité et son action tient du temporel, comme le dit Liber de causis. Dietrich continue à expliquer ce que le Liber de causis considère (« vocat autem iste auctor ») comme substance de l’ordre de l’éternité et comme substance de l’ordre du corruptible, les deux extrêmes de la hiérarchie cosmologique : le ciel est ici un medim continuativum et coniunctivum. XVII) L e s s i mp l e s me n tio n s (SM) On dénombre 3 simples mentions de Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich. L’une apparaît dans le corps du texte du De acc., à la fin de l’explication de la prop. 1 concernant la séparabilité des accidents et leurs rapports à la cause première. Exponenda est igitur inducta auctoritas Libri de causis et sumenda secundum verum intellectum eius, qui non habet locum in proposito, sicut patet. (De acc., 23.(7), p. 87, l. 39-41) Par son interprétation, comme nous l’avons remarqué, Dietrich veut corriger la lecture que certains de ses adversaires donnent de cette 248 Le poids de la citation proposition, une lecture qui ne correspond pas à l’intention de l’autorité : « non habet locum in proposito ». La deuxième SM se lit dans un passage que nous avons déjà analysé (cf. supra, n. 15), dans le De cog. ent. (8.(1), p. 174) ; Dietrich reconnaît, très probablement à la suite du commentaire de Thomas du Liber de causis, que ce dernier traité est tiré (sumptus) de l’Elementatio de Proclus : « Et hoc habemus manifeste ex Libro de Causis et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis ». La troisième SM a été signalée déjà dans la partie consacrée à Averroès: Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis (De anim., 36.(2), p. 43, l. 93-100). Le rôle de Liber de causis, comme des autres autorités citées ici, n’est pas d’ordre doctrinal ; il a doit juste exemplifier les Platonici qui ont abordé la question des substances séparées, de même qu’Aristote et Averroès sont invoqués en tant que Peripatetici. Liber de causis 249 II. Synopsis Dans la liste qui suit, nous indiquons les propositions du Liber de causis citées par Dietrich. Préciser la provenance des citations est particulièrement difficile : ce texte était étudié, commenté et cité dans de nombreuses occasions ; si Dietrich n’avait pas sous la main une variante du texte, il aurait pu se servir des florilèges et des intermédiaires ou le citer même de mémoire. Pour simplifier notre analyse, nous marquons seulement « provenance probable : indirecte » les situations où Dietrich présente des thèses qui ne se trouvent pas dans le Liber de causis. A) Chap. I prop. 1 – 3x prop. 2 – 1x prop. 3 – 1x prop. 4 – 1x prop. 5 – 1x RSP RSP RSP RSP RSP 7 fois, cf. n. 1. Thème : la cause première influe sur l’effet de la cause secondaire avant celle-ci. prop. 7,10 – 5 fois : 3x RcGSI, 2x RSI, cf. n. 2. Thème : le rapport entre les formes plus universelles et les formes moins universelles induites à partir de la cause première. prop. 14 – 3 fois : 2x RcGSI, 1x RSP prop. 16 – 1x RSP 4 fois, cf. n. 3. Thème : toute opération effectuée par la cause seconde est effectuée d’une manière plus noble et plus efficace par la cause première. B) Chap. II prop. 19 – 4x RSP prop. 20 – 1x RSP prop. 21 – 1x RSP prop. 22 – 1x RSP prop. 25 – 1x RSP prop. 26 – 1x RSP 9 fois, cf. n. 4. Thème : la perfection des étants supérieurs par rapport au temps et à l’éternité. 250 Le poids de la citation C) Chap. III prop. 27 – 4 fois: 2x RSP, 2x RcGSP prop. 28 – 1x RSP prop. 29 – 1x RSP 6 fois, cf. n. 5. Thème : l’âme noble se caractérise par trois opérations, chacune provenant d’une substance supérieure. prop. 30 – 5 fois: 3x RSP, 2x RcGSI prop. 31 – 1x RSP prop. 34 – 1x RSP prop. 35 – 2x RSP 9 fois, cf. n. 6. Thème : l’opération animale (operatio animalis) de l’âme met en mouvement le corps céleste et les corps du monde sublunaire. prop. 32 14 fois : – 6 fois : 2x RSP, 3x RcGSP, 1x RcGSI*, cf. n. 7. Thème : la cause première cause l’être de l’âme (noblre) par l’entremise de l’intelligence. – 7x RcGSI*, cf. n. 7'. Provenance probable : indirecte. Thème : la création est une opération propre à la cause première. – 1x RcGSI*, cf. n. 7''. Provenance probable : indirecte. Thème : la production dans l’être des substances supérieures et leur participation respective dans la production de leurs causes. C) Chap. IV prop. 37 – prop. 38 – prop. 39 – prop. 44 – 9 fois: 5x RcGSP, 3x RSP, 1x RSI 1x RSP 1x RSP 1x RSP 12 fois, cf. n. 8. Thème : la première des choses crées est l’être. D) Chap. V e tc . un recours général très vague (prop. 49, RcGSI*, cf. n. 9) qui attribue au Liber de causis la doctrine selon laquelle les causes secondes sont des causes essentielles ; le voabulaire et le thème ne correspond par à la source. Par circonstance la prop. 49 est considérée la source. Provenance probable : indirecte. Liber de causis 251 E) Chap. V(VI) prop. 57 – 2x RSP, cf. n. 10. Thème : la cause première est au-delà de tout discours. F) Chap. VI(VII) prop. 64 – 1x RSP prop. 67 – 1x RSP prop. 70 – 1x RSP 3 fois, cf. n. 11. Thème : l’intelligence est un substance qui ne se divise pas ; le second degré des substances supérieures correspondent aux intelligences. prop. 64 – 2x RcGSI*, cf. n. 11'. Thème : les substances supérieures sont nommées intelligences. G) Chap. VII(VIII) prop. 72 – 4 fois : 1x RcGSI, 2x RSP, cf. n. 12. Thème : toute intelligence connaît ce qui est au-dessus (en tant que cause) et tout ce qui est au-dessous (en tant qu’effet). H) Chap. VIII(IX) prop. 85 – 1x RSP prop. 86 – 1x RSP 2 fois, cf. n. 13. Thème : la nature contient la génération, l’âme (noble) contient la nature et l’intelligence contient l’âme. prop. 90 – 3 fois : 1x RcGSP, 2x RSP, cf. n. 14. Thème : l’intelligence est helyatim, c’est-à-dire être et forme. I) Chap. IX(X) prop. 93 – 2 fois : 1x RSI, 1x RcGSI, cf. n. 15. Thème : les intelligences supérieures contiennent des espèces plus universelles, les intelligences inférieures contiennent des espèces plus particulières. 252 Le poids de la citation J) Chap. X(XI) prop. 100 et 101 – 1x RSP, cf. n. 16. Thème : toute intelligence connaît les choses éternelles. K) Chap. XII(XIII) prop. 109 – 2x RSP, cf. n. 17. Thème : toute intelligence connaît son essence. L) Chap. XIV(XV).124 prop. 124 – 5 fois : 2x RSP, 2x RcGSP, 1x RcGSI, cf. n. 18. Thème : toute intelligence connaît son essence par une conversion totale. M) Chap. XX(XXI) prop. 162 – 1xRSP prop. 163 – 1x RSP 2 fois, cf. n. 20. Thème : la cause première est au delà de tout nom par lequel elle est appelée. 1x FRSP, cf. n. 19. Provenance probable : indirecte. Thème : les choses reçoivent l’être de ce qui est premier étant et la vie de ce qui est vie première. N) Chap. XXI(XXII) prop. 166 – 1x RSP, cf. n. 20. Thème : la cause première est au delà de tout nom par lequel elle est appelée ; sa signification est son unité. O) Chap. XXX(XXXI) prop. 211 – 1x RSP prop. 213 – 1x RSP 2 fois, cf. n. 21. Thème : le ciel fait la liaison ou la médiation entre les substances éternelles et les substances temporelles du monde sublunaire. Liber de causis 253 III. Conclusions 1 Dietrich invoque 99 fois (+ 3 SM) le Liber de causis, mais il cite explicitement 45 propositions différentes 18 dans l’ordre décroissant des propositions utilisées : 8 propositions du chap. III (nommées 13 fois) 8 propositions du chap. I (nommées 11 fois) 6 propositions du chap. II (nommées 9 fois) 4 propositions du chap. IV (nommées 7 fois) 3 propositions du chap. VI(VII) (nommées 3 fois) 3 propositions du chap. VIII(IX) (nommées 4 fois) 2 propositions du chap. XX(XXI) (nommée 2 fois) + 1 FRSP 2 propositions du chap. XXX(XXXI) (nommées 2 fois) 1 proposition du chap. V(VI) (nommée 2 fois) 1 proposition du chap. VII(VIII) (nommées 3 fois) 1 proposition du chap. IX(X) (nommée 1 fois) 1 proposition du chap. X(XI) (nommée 1 fois) 1 proposition du chap. XII(XIII) (nommée 2 fois) 1 proposition du chap. XIV(XV) (nommée 2 fois) 1 proposition du chap. XXI(XXII) (nommée 1 fois) Il reste les cas suivants où Dietrich cite le Liber de causis soit ad litteram soit ad sensum sans préciser les ‘adresses’ : chap. I – 3x RcGSI (prop. 7, 10) + 2x RcGSI (prop. 14) chap. III – 2x RcGSP (prop. 27), 2x RcGSI (prop. 30), 4x RcGSI (3x RcGSP + 1x RcGSI, prop. 32), 8x RcGSI* (prop. 32) chap. IV – 5x RcGSP (prop. 37) chap. (V) – 1x RcGSI* (prop. 49) chap. VI(VII) – 2x RcGSI* (prop. 64) chap. VII(VIII) – 1x RSI (prop. 72) chap. VIII(IX) – 1x RcGSP (prop. 90) chap. IX(X) – 1x RcGSI (prop. 93) chap. XIV(XV) – 1x RcGSI + 2x RcGSP (prop . 124) Il faut ajouter à cette liste 2 propositions (et 1 chapitre) parce que Dietrich attribue des thèses au Liber de causis sans nommer des chapitres 18 Calcul des RP, RI et FRP. 254 Le poids de la citation ou des propositions, mais qui, par circonstance, peuvent être reliées à une source : le chapitre V, prop. 49, par exemple ; les prop. 7 et 10 du chap. I. On remarque notamment que Dietrich mentionne explicitement 45 propositions différentes sur un total de 219 (ce qui représente 20% du Liber de causis). Toujours d’une manière explicite fait usage des propositions provenant de 15 chapitres (+ probablement chap. V) sur les 32 chapitres. Dietrich connaît et utilise seulement les chapitres suivants : I-X(XI), XII(XIII), XIV(XV), XX(XXI), XXI(XXII), XXX(XXXI), XXXI(XXII). Il ne fait jamais référence aux 16 chapitres suivants : XI(XII), XIII(XIV), XV(XVI) – XIX(XX), XXII(XXIII) – XXIX(XXX), XXXI(XXXII). Dietrich utilise d’une manière disproportionnée le Liber de causis : les quatre premiers chapitres sont beaucoup plus souvent utilisés que les autres. Cependant, même si le nombre de sentences reprises de Liber de causis est relativement limité, Dietrich les emploie souvent dans quelques ouvrages (en les ignorant totalement dans d’autres), en donne de très longs passages et généralement l’un après l’autre, de sorte que l’on a deux ou trois pages de citations pratiquement collées les unes aux autres. 255 Liber de causis IV. Dietrich de Freiberg lecteur de Liber de causis Une fois déterminé quelles sont les propositions de Liber de causis citées et connues par Dietrich, voici les tableaux des œuvres qui font usage de cette autorité : 1) D e c o g. e n t . (36 fois + 1 SM) 1.(4), p. 168, l. 58-169, l. 63 : Sed secundo loco modo quodam inferiore procedunt huiusmodi ab intelligentiis supposita in eis actione, quae est propria primae causae, quae est creatio secundum philosophos, et habetur ex Libro de causis, ubi dicitur, quod Deus « creaverit animam mediante intelligentia », id est coagente intelligentia, non per modum creationis, sed alio inferiore modo sibi proprio, sicut etiam dictum est supra de processu intelligentiarum in esse. Cap. III, prop. 32, 1x RcGSP ; n . 7. 2.(3), p. 170, l. 94-101 : Et, sicut supra dictum est secundum philosophos, directo ordine causali dependent a saepe dictis substantiis intellectualibus superioribus, quas intelligentias vocant, secundum quod habetur in Libro de causis, sed indirecte quasi ex causa sine qua non dependent a subiectis suis, quae sunt corpora caelestia, quorum sunt formae. (...) Et hoc nonnullam rationem habet: Tales enim substantiae sunt intellectus per essentiam, ut dictum est. Cap. VI (VII), prop. 64 e tc . , 1x RcGSI* ; n. 11’. 5.(2), p. 171, l. 47-58 : Est alia inter substantias secundi et tertii ordinis ex parte una et substantias, quae sunt quarti et quinti ordinis supra positi, ex parte altera attendenda differentia in eo, scilicet quod illae, quae sunt secundi ordinis supra dicti, in se, videlicet secundum se ipsas, habent ad invicem ordinem causalem essentialem, inquantum una intelligentia procedit ab alia et respectu earum, quae sunt tertii ordinis, quarum sunt etiam causae essentiales secundum philosophos, ut supra dictum est, quia dicunt animas caelorum procedere ab intelligentiis, ut expressum est in Libro de causis. Cap. III, prop. 32, 1x RcGSI ; n. 7. 256 Le poids de la citation 8.(1), p. 174, l. 30-35 : Nihilominus tamen invenimus apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus universales et, quanto sunt superiores et nobiliores, tanto habent intellectus magis universales et magis simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de Causis et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis. Cap. IX (X), prop. 93, 1x RcGSI ; n. 15. 9.(1), p. 175, l. 60-69 : (...) si, inquam, ita se habet omnis intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est, per essentiam sua intellectuali operatione producit res quodam summo et sibi soli competenti et proprio et nulli alteri communicabili modo, quem creationem vocant, quem soli Deo competere dicunt etiam philosophi, ut habetur ex Libro de causis, quamvis ipsi philosophi etiam quaedam alia productiva et causalia principia posuerint, puta intelligentias, quas dixerunt esse principia rerum, sed inferiore modo producendi, creationem soli Deo tribuentes, sicut alibi latius et efficacius ostensum est et quam rationabile sit hoc attendendo immensitatem divinae virtutis in causando res. Cap. III, prop. 32 etc., 1x RcGSI* ; n. 7'. 15.(2), p. 180, l. 23-27 : Et sic, quamvis intelligentiae producant res ex nihilo secundum philosophos agendo non ex aliquo praeiacenti subiecto, non tamen, quod non praesupponant priorem et formaliorem actionem propriam Deo, quae est et dicitur creatio, sicut habetur ex Libro de causis, ut patet inspicienti. Cap. III, prop. 32 etc., 1x RcGSI* ; n. 7'. 17 – 18, p. 181, l. 54 – 183, l. 125 : Primo in intelligendo primam causam, quo etiam primo capiunt essentiam suam, sicut dicitur propositione 8 Libri de causis sic: « Omnis intelligentia scit, quod est supra se », quod exponitur in textu eiusdem propositionis sic : « Scit, quod est supra se, quoniam acquirit bonitates ab eo ». (...) Secundo intelligendo essentiam suam, secundum quod dicitur 13 propositione De causis, scilicet: « Omnis intelligentia intelligit essentiam suam ». Et ex his duobus sequitur hoc, quod praemittitur propositione 11 : Cap. VII (VIII), prop. 72, 1x RSP ; n. 12. SM Cap. XII (XIII), prop. 109, 1x RSP ; n. 17. Liber de causis « Omnis intelligentia intelligit res sempiternas, quae non destruuntur neque cadunt sub corruptione ». Et hunc conceptum, quo intelligentia sic concipit primam causam, in alia propositione eiusdem libri, videlicet 2, idem auctor vocat aeternitatem, quae est mensura propria Dei secundum theologos. Concipere enim Deum secundum proprietatem substantiae eius est mensurare eum quodammodo. (...) Et iste est intellectus dictae propositionis 2, qua dicit: « Omne esse aut est superius aeternitate et ante ipsam aut cum aeternitate aut est post aeternitatem et supra tempus ». Ubi in commento habetur, quod « esse, quod est ante aeternitatem, est prima causa », cuius ratio ibidem assignatur, scilicet « quia est causa ei », scilicet aeternitati. Quod intelligendum est, secundum quod praedictum est, scilicet quod intelligentia intelligendo primam causam fluit ab ea et sic concipiendo ipsam mensurat eam aeternitate (...) Unde sequitur in commento, quod « esse, quod est cum aeternitate, est intelligentia, quia est esse secundum secundam habitudinem unam, unde non patitur neque destruitur ». Hoc in commento. (…) Sequitur ergo tertio loco considerare de tertio genere praemissorum, scilicet de his, quas animas caelorum dicunt, quas auctor Libri de causis dicit « esse post aeternitatem et supra tempus », quia, sicut ibi dicitur, « anima est in horizonte aeternitatis inferius et supra tempus », « quia est causa temporis ». Et loquitur ibi de anima nobili, quam dicunt animam caeli, de qua loquitur in 3 propositione, ut per se patet; dicit enim ibi: « Omnis anima nobilis habet tres operationes; nam ex eius operationibus est operatio animalis et operatio intelligibilis et operatio divina ». Et notandum, quod illa tria, quae praemiserat in praecedenti 2 propositione, scilicet « omne esse superius » et cetera, et distinxerat ea attribuendo singula eorum singulis substantiis colligendo ea. Et sub aliis verbis appropriat ea animae nobili, quam vult intelligi animam caeli secundum eam considerationis regulam, quam id, quod est simpliciter et unite et per consequens inexplicabiliter propriis verbis in primo et summo bono, magis determinatur et accedit quodammodo ad multitudinem et plurificationem in his, quae sequuntur. 257 Cap. X (XI), prop. 100, 101, 1x RSP ; n. 16. Cap. II, prop. 19, 2x RSP ; prop. 20, 1x RSP ; prop. 21, 1x RSP ; prop. 22, 1x RSP ; prop. 26, 1x RSP ; n. 4. Cap. III, prop. 27, 1x RSP, n. 5. Cap. V (VI), prop. 57, 1x RSP ; n. 10. Cap. III, prop. 30, 1x RcGSI ; n. 6. 258 Le poids de la citation Unde id, quod in proxima propositione dixit « esse superius ante aeternitatem », vocat hic in ista propositione « operationem divinam », et quod ibi vocat « esse cum aeternitate », dicit hic « operationem intelligibilem », et quod ibi nominat « esse post aeternitatem et supra tempus », vult hic intelligi « operationem animalem » in movendo corpus primum, quod est caelum. Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclos et infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima superior est omni narratione ». (…) Ulterius autem ista simplicitas et immensitas, quae est in prima causa, determinatur amplius in naturam animae ultra intelligentiam, quod non solum ipsa sit substantia intelligibilis, verum quod salva intellectualitate sua fiat in ea virtus animalis per inclinationem sui ad corpus primum et in movendo ipsum, sicut habetur ex Libro de causis. 21.(4), p. 185, l. 50-60 : Et hunc intellectum in corpore caelesti dicimus animam caeli, cuius virtute principaliter caelum est causa essentialis istorum inferiorum secundum generationem et corruptionem eorum, secundum quod habetur ex Libro de causis in commento 3 propositionis, scilicet quod « operatio animalis animae nobilis est, quoniam ipsa movet primum corpus et omnia corpora naturalia, quoniam ipsa est causa motus corporum et causa operationis naturae. Et non efficit anima has operationes, nisi quoniam ipsa est exemplum virtutis superioris ». Et infra: « Propter istud ergo anima intelligibilis efficit operationem intellectibilem ». Et infra: « Ipsa non imprimit nisi per motum ». Et infra: « De proprietate namque animae est, ut vivificet corpora, quoniam influit super ea virtutem suam et directe producit ea ad operationem rectam ». Cap. III, prop. 30, 1x RSP ; prop. 31, 1x RSP ; prop. 34, 1x RSP ; prop. 35, 1x RSP ; n. 6. 24.(3)-(4), p. 187, l. 20 – 188, l. 30 : Sed, sicut dicitur 8 propositione Libri de causis, huiusmodi impressiones reales sunt, id est sunt reales sic, quod sua realitate sunt causa rerum sensibilium. Et sic talis intellectualis substantia, quae est intellectus per essentiam, secundum Cap. VII (VIII), prop. 72, 1x RSI ; n. 12. Liber de causis 259 absolutam suae substantiae praeexistentiam realiter et essentialiter praehabet in se, sed modo simplici et unite, totum ens, non solum, quod est ei causa in essendo, sed etiam ea, quae sunt post ipsum, quorum ipse talis intellectus est causa, secundum quod dicitur 8 propositione Libri de causis, quamvis loquatur ibi auctor de intelligentia, quod, quia convenit ei ratione intellectualitatis, secundum hoc convenit omni intellectui, qui est intellectus per essentiam, secundum eandem rationem. 32.(3), p. 196, l. 67-74 : Unde, quod dicitur in commento 3 propositionis Libri de causis, ubi loquitur de anima nobili, quae est anima caeli; ibi dicitur sic: « Operatio autem animalis est, quoniam ipsa movet corpus primum et omnia corpora naturalia, quoniam ipsa est causa motus corporum et causa operationis naturae ». Hucusque commentum. Videtur innuere, quo anima talis non moveat per modum causae efficientis, sed modo sibi proprio, id est inquantum per modum formae est « causa motus corporum et causa operationis naturae », et hoc videtur intendere, quia dicit, quod eo movet, quo est « causa motus et operationis naturae ». Cap. III, prop. 30, 1x RSP ; n. 6. 37.(1), p. 200, l. 6-13 : (...) si consideremus finem operationis primae et supremae causae, quae Deus est, quem finem dicere possumus consummationem universitatis rerum, maxime quantum ad statum futurae vitae, ad quem ordinatur totalitas universi et in corporalibus et in spiritualibus, cui fini proportionatur et proprie correspondet proprius modus causalis influentiae, quae nulli alteri causae convenit nisi soli primae causae, quam causalem influentiam dicere possumus creationem, et sic vocant eam philosophi, ut patet ex Libro de causis. Cap. III, prop. 32 etc., 1x RcGSI* ; n. 7'. 37.(4)-(6)-(8), p. 201, l. 42 –202, l. 80 : Ecce, nomine unius circumloquitur primam causam, Deum, quasi non habens proprium nomen, quo positive ipsum designet. Et sic superponit (i.e. Proclus) eam (i.e. causam primam) secundum substantiam suam omnibus aliis entibus causalibus. Et in eadem propositione videtur Cap. III, prop. 27, 1x RSP ; prop. 28, 1x RSP ; prop. 29, 1x RSP ; n. 5. 260 Le poids de la citation appropriare intellectualitatem et modum proprie intellectualiter causandi et causae (...) videtur autem appropriare in eo, quod dicit quod « omnibus intellectualibus hypostasibus superius est ipsum unum ». Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit: « Omnis divinus intellectus (...) ». quod sic modo appropriato intelligendi sub Deo competat (...) ipsi intelligentiae, hoc dicit infra 171: « Omnis intellectus in intelligendo instituit (...) ». De ista appropriatione magis expresse habetur Libro de causis propositione 3: « Omnis anima nobilis habet tres operationes ; nam ex eius operationibus est operatio animalis et operatio intelligibilis et operatio divina ». Commentum: « Operatio divina est, quoniam ipsa praeparat naturam cum virtute, quae est in ea a prima causa. Eius autem operatio intelligibilis est, quoniam ipsa scit res per virtutem intelligentiae, quae est in ipsa ». Ergo virtus intelligentiae, quae est in sciendo res, appropriatur intelligentiae. (…) Modus autem suae causalis influentiae huic fini proportionatus et proprius huic causae est, quod habet operationem animalem et consistit in hoc, ut dicitur in commento 3 propositionis Libri de causis, « quoniam ipsa movet primum corpus et omnia corpora naturalia, quoniam ipsa est causa motus corporum et causa operationis ». Et infra: « Quod est, quia ipsa non imprimit in res nisi per motum, scilicet quia non recipit, quod est sub ea, operationem eius, nisi ipsa moveat ipsam ». Et infra: « De proprietate namque animae est, ut ipsa vivificet corpora, quoniam influit super ea virtutem suam et directe producit ea ad operationem rectam ». Ex his colligimus, quis sit proprius modus causalis influentiae huius causae, quia est per virtutem cuiusdam vitalis principii, cuius virtus extenditur per motum et sine motu non fieret. 38.(2), p. 203, l. 96-97 : Si autem placet: magis esset violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere, dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus propositione 54, scilicet: « Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et hinc sumitur ratio eius, quod dicitur De causis propositione 1: « Omnis causa primaria plus est influens super causatum suum quam causa universalis Cap. III, prop. 30, 1x RSP ; prop. 35, 1x RSP ; n. 6. Cap. I, prop. 1, 1x RSP ; prop. 2, 1x RSP ; prop. 3, 1x RSP ; prop. 4, 1x RSP ; prop. Liber de causis 261 secunda ». Commentum: « Cum ergo removet causa secunda universalis virtutem suam a re, causa universalis prima non aufert virtutem suam ab ea. Quod est, quia universalis causa prima agit in causatum causae secundae, antequam agat in ipsum causa universalis secunda, quae sequitur ipsam. Cum ergo agit secunda in causatum, quod ipsam sequitur, non excusatur ipsius actio a causa prima, quae est super ipsam, quoniam est causa eius ». Hucusque commentum. 5, 1x RSP ; n. 1. 94.(5), p. 258, l. 24-27 : Sunt autem istae substantiae separatae, de quarum cognitione dictum est supra et commemorandum est hic: Deus, prima causa; intelligentiae; animae caelorum, quas Liber de Causis animas nobiles vocat ; spiritus angelici; quibus quinto loco annumerantur animae rationales separatae. Cap. III, prop. 27, 1x RcGSP ; n. 5. 2) D e in t. (17 fois) I, 4.(2), p. 138, l. 47-57 : Dicit (i.e. Proclus) ergo propositione 20 sic: « Omnibus corporibus (...) ». Quartum circumloquitur nomine importante privationem, scilicet unitate, et hoc, sicut dicitur in 6 propositione Libri de causis: « Causa prima superior est omni narratione, et non deficiunt linguae a narratione nisi propter narrationem esse eius, quoniam ipsa est super omnem causam ». Et infra propositione 22: « Prima causa est super omne nomen, quo nominatur ». Et supra propositione 21: « Primum est dives per se ipsum et est dives maius ». Commentum: « Et significatio eius est unitas eius ». Cap. V (VI), prop. 57, 1x RSP ; n. 10. I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 : Et de isto genere sunt illae intellectuales substantiae, quas philosophi intelligentias vocabant, de quibus agitur in Libro de causis et in libro Procli, quas in pluribus locis illius libri deos nominat, quamvis secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis, sicut etiam Philosophus in XII Metaphysicae Cap. VI (VII), prop. 64 e t c . , 1x RcGSI* ; n. 11'. Cap. XX (XXI), prop. 162, 1x RSP ; prop. 163, 1x RSP ; n. 20. Cap. XXI (XXII), prop. 166, 1x RSP ; n. 20. 262 Le poids de la citation approbat dictum illorum, qui vocabant principia moventia caelos, vocabant, inquam, deos secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis. I, 8.(2), p. 141, l. 50-57 : De quibus considerandum, quod, etsi in eis, hoc est in substantia eorum, non inveniatur pars et pars, quia simplices substantiae sunt, est tamen in quolibet eorum invenire quosdam respectus originis, qui sunt respectus naturae, inquantum quilibet eorum conversus est in se intelligens se ipsum per essentiam, sicut dicitur in Libro de causis, quod unusquisque talium intellectuum est rediens ad essentiam suam reditione completa, scilicet intelligendo se ipsum per essentiam, in quo consistunt quidam respectus naturae, quorum quilibet importat totam substantiam talis intellectus, solum ab invicem differentes respective. Cap. XIV (XV), prop. 124, 1x RcGSP ; n. 18. I, 11.(1), p. 144, l. 36-40 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. (…) Istud concordat cum eo, quod habetur in commento propositionis 4 Libri de causis et in aliis pluribus locis illius libri, hoc tamen in his omnibus salvo, quod solus Deus creat secundum eos, sicut dicitur in Libro de causis. Procedere enim rem a re non est unam creare aliam, sed creare est sic producere, quod non praesupponat aliquod subiectum (...) quia, quidquid agit causa secunda in essentialiter ordinatis, agitur a causa superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus Cap. III, prop. 32 e t c . 1x RcGSI* ; n. 7''. Cap. IV, prop. 37, 1x RSI ; n. 8 Cap. III, prop. 32 e tc . , 1x RcGSI ; n. 7'. Cap. I, prop. 14, 1x RcGSI ; n. 3. Liber de causis 263 propositione 54 sic: « Omne, quod a secundis (...) ». II, 14.(3), p. 156, l. 118-120 : Et hoc est, quod dicitur in Libro de causis in commento 10 propositionis, scilicet quod intelligentiae primae habent species magis universales et intelligentiae secundae habent species minus universales. Cap. IX (X), prop. 93, 1x RSP ; n. 15. II, 15.(1), p. 156, l. 3-11 : Si igitur placet secundum similitudinem proportionis sumere coordinationem generum et specierum in separatis sicut in his inferioribus secundum maiorem vel minorem universalitatem et abstractionem, dicemus (...) quod inter res creatas supremum gradum abstractionis seu separationis et universalitatis tenent recipientes essentiam suam a prima causa quantum ad primam et simplicissimam et universalissimam intentionem, scilicet esse, quod est primus terminus creationis, sicut dicitur in Libro de Causis, scilicet quod « prima rerum creatarum est esse ». Cap. IV, prop. 37, 1x RcGSP ; n. 8. II.16.(1), p. 157, l. 38 – 158, l. 50 : Et tertio loco ponitur rationale in principio Libri de causis, scilicet ens, vivum, rationale, quasi istae sint tres intentiones, secundum quas intellectus secundum ordinem fluant a Deo et constituant tria genera entium in separatis suo modo, scilicet genus, speciem et individuum (...) ita etiam sumamus proprietatem et rationem individui in infimis intellectibus secundum maxime determinatam intentionem, maxime, inquam, determinatam in intellectualibus, quam vocat auctor Libri de causis in commento rationale coordinans ipsam inferius et tertio loco enti et vivo, ut supra dictum est. Cap. I, prop. 7, 10, 1x RSI ; n. 2. II, 38.(1), p. 176, l. 32-40 : Quamvis autem tria praedicta attendamus in cognitione intellectus agentis, scilicet suum principium, a quo intelligendo procedit, et suam propriam essentiam et tertio universitatem rerum, hoc tamen non facit tres intellectiones, sed unam solam, Cap. VII (VIII), prop. 72, 1x RcGSP ; n. 12. 264 Le poids de la citation sicut etiam suum principium, a quo procedit, uno solo actu cognitionis intelligit se et alia et, sicut colligitur ex pluribus propositionibus Libri de causis, quaelibet intelligentia intelligit, quod est supra se, hoc est causam suam, stat etiam fixa cognoscendo rediens super essentiam suam reditione completa, intelligit etiam, quod est sub ea, id est causatum suum, non tribus intellectionibus, sed uno simplici actu intellectionis (...). Cap. XIV (XV), prop. 124, 1x RcGSP ; n. 18. II, 40.(1), p. 177, l. 62-67 : (...) inquantum essentia sua (i.e. intellectus agens) est similitudo omnium entium secundum aliquem gradum existentiae in universitate entium et est, secundum quod dicitur propositione 15 Libri de causis, rediens per operationem intelligibilem ad essentiam suam reditione completa, secundum quod ibi dicitur in commento. Et sic directe et per se est intelligens essentiam suam, et hoc immediate et formaliter per propriam essentiam suam. Cap. XIV (XV), prop. 124, 1x RSP ; n. 18. III, 24.(4), p. 196, 38-44 : Quantum autem ad utrumque istorum simul, id est quantum ad intellectum, qui est causa, et quantum ad intellectum, qui est alterius alicuius causatum, de habitudinibus videlicet istorum ad invicem, scilicet quod tales habitudines sunt intellectualiter, habemus ex 8 propositione Libri de causis, ubi sic dicitur: « Omnis intelligentia scit, quod est supra se, et scit, quod est sub se. Verumtamen scit, quod est sub se, quoniam est causa ei, et scit, quod est supra se, quoniam acquirit bonitates ab eo ». Cap. VII (VIII) prop. 72, 1x RSP ; n. 12. 3) D e s u b . s p ir . (12 fois) 9.(2), p. 310, l. 12-22 : Et istud concordat, immo potius est id, quod dicitur Libro de causis propositione 7: « Intelligentia est substantia, quae non dividitur »; in commento: « Quod, si inveniatur in ea multitudo, non invenitur nisi existens quasi res una ». Et infra aliquibus interpositis ostendit modum multitudinis et unitatis cum causa utriusque dicens: « Et intelligentia quidem est Cap. VI (VII), prop. 64, 1x RSP ; prop. 67, 1x RSP ; prop. 70, 1x RSP ; n. 11. Liber de causis 265 multa propter bonitates, quae adveniunt ei a causa prima. Et ipsa, quamvis multiplicetur per hunc modum, tamen, quod appropinquat uni, fit unum, quod non dividitur ». Praemiserat autem immediate, scilicet quod in intelligentia substantia et eius operatio utraque est res una. Et infra propositione 9 dicit, quod « Intelligentia est habens helyatim, quoniam est esse et forma ». Et infra: « Causae primae non est helyatim, quoniam ipsa est tantum esse ». Cap. VIII (IX), prop. 90, 1x RSP ; n. 14. 18.(2) – 19.(7), p. 316, l. 12 – p. 138, l. 77 : Intellectualia enim secundum philosophos sunt causalia principia aliquo modo spiritualium, sicut dicitur in Libro de causis commento propositionis 3, quod « prima causa creavit esse animae mediante intelligentia ». Et infra commento propositionis 9: « Natura continet generationem et anima continet naturam et intelligentia continet animam: Ergo intelligentia est continens omnes res ». Hucusque verba commenti. Quamvis enim solus Deus creaverit omnia et creet immediate et ipse sit principium omnium rerum immediate actione sibi propria et incommunicabili aliis, quam creationem dicimus, sicut habemus etiam ex Libro de causis, tamen salva pace et gratia doctorum nostrorum non est absonum nec alienum a ratione, immo plurimum extollitur ex hoc divinae immensitatis omnipotentia, ut possit creare tales creaturas, quas intelligentias dicimus, (...) tamen inferiore modo, quam sit creatio, quae, sicut dictum est, soli Deo convenit, ut sic in ordine universi. (...) si dicamus, quod Deus producat res per esse tantum, intelligentia autem in eo, quod est esse et vita, quia « intelligentia est habens helyatim », sicut dicitur 9 propositione Libri de causis, id est « esse et forma ». Et per hoc differat actio intelligentiae ab actione divina, quae est creatio (...). Unde et Proclus propositione 54: « Omne, quod a secundis producitur (...) ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis: « Omnem operationem, quam causa efficit secunda, et causa prima efficit; verumtamen efficit eam per alium modum altiorem et sublimiorem ». Et infra: « Et non figitur causatum causae secundae nisi per virtutem causae primae ». Et hoc est, quod dicitur Libro de causis et supra Cap. III, prop. 32, 2x RSP ; n. 7. Cap. VIII (IX), prop. 85x 1x RSP ; prop. 86, 1x RSP ; n. 13. Cap. III, prop. 32, 1x RcGSI* ; n. 7'. Cap. VIII (IX), prop. 90, 1x RSP ; n. 14. Cap. I, prop. 14, 1x RSP ; prop. 16, 1x RSP ; n. 3. 266 Le poids de la citation inductum est, scilicet quod « prima causa creavit esse animae mediante intelligentia » : Creatio enim, quae est propria actio Dei, qua immediate est causa rerum, est prima et simplicissima et efficacissima actio. (…) Et hoc est, quod dicitur, quod « causa prima creavit esse animae mediante intelligentia », sicut inter primum et tertium dicimus secundum esse medium. 4) D e vi s . b e a t . (8 fois) 1.1.3.1.(5), p. 27, l. 38-44 : Et sicut dicitur in Libro de causis propositione 15 de qualibet intelligentia, quae est intellectus in actu per essentiam, quod ipse est rediens ad essentiam suam reditione completa – praemiserat autem propositione 13, quod « omnis intelligentia intelligit essentiam suam » –, eandem etiam sententiam de intellectu per essentiam, quem in nobis vocat abditum mentis, videlicet quod se ipsum semper intelligit, ponit Augustinus (...). Cap. XIV (XV), prop. 124, 1x RSP ; n. 18. 3.2.4.(5)-(6), p. 74, l. 29-36 : Ex dictis enim condicionibus concluditur secundum philosophos intelligentias intelligere per suam essentiam et ea intellectione in se ipsas semper converti, ut habetur in Libro de causis et Procli. Cap. XIV (XV), prop. 124, 1x RcGSI ; n. 18. 3.2.9.1.(3), p. 86, l. 26-33 : Consistit autem communissima et simplicissa et prima ratio entis in eo, quod ipsa est prima et simplicissima omnium intentionum repertarum in rebus, qua res primo sunt aliquid et primo differunt a nihilo et quantum ad deductionem eius ad esse in rebus creatis – « prima » enim « rerum creatarum est esse » – et quantum ad essentiam rerum in se – omnes enim rerum intentiones in ipsam tamquam in primam et simplicissimam et communissimam resolvuntur et per eam in natura formaliter figuntur, ut patet ex pluribus propositionibus Libri de causis. Cap. IV, prop. 37, 1x RcGSP ; n. 8. Cap. XII (XIII), prop. 109, 1x RSP ; n. 17. Liber de causis 267 3.2.9.4.(4), p. 91, l. 29-43 : In omni enim re prius natura et intellectu attenditur hoc, quod distat a nihilo, et hoc non est nisi essentia et esse rei inquantum huiusmodi. Prima enim rerum creatarum est esse, quod proprium est essentiae inquantum essentia, sicut dicit Augustinus libro De immortalitate animae, ubi dicit, quod essentia dicitur eo, quod est, et De Trinitate l. VII c. 10, ubi dicit: « Quod enim est sapientiae sapere (...) hoc est essentiae ipsum esse ». Et Boethius De Trinitate idem dicit sententialiter, immo amplius determinat ibi essentiam rei esse ipsum esse. (...) Essentia enim seu esse est prima et simplicissima et formalissima omnium intentionum in entibus, ut habetur ex Libro de causis, quae etiam in habendo gradus nobilitatis et perfectionis, sicut se habet in principiis separatis, incomparabiliter adhuc praeeminet in rebus respectu eius, quod substantiae sunt vel quaecumque aliae formae accidentales. Cap. IV, prop. 37, 1x RcGSP ; n. 8. 3.2.9.5.(12), p. 95, l. 79 – p. 96, l. 88 : (...) productio substantiarum corporum caelestium, quae a principio separato processerunt in esse, in quibus id, quod est per essentiam, determinatur in id, quod est secundum substantiam, sicut magis formale in minus formale, sicut quandoque actus determinatur per potentiam secundum Librum de causis, ut ens determinatur in vivum et vivum in rationale manentibus nihilominus ipsorum formalibus intentionibus et rationibus distinctis, sicut e converso potentia determinatur per actum (...). Cap. I, prop. 7, 10 , 1x RcGSI ; n. 2. 4.2.1.(9), p. 108, l. 92-99 : (...) ipse intellectus agens secundum ordinem proprium essentialium causarum est ultimum et proximum et maxime determinatum principium intellectionis in nobis, quia lumen intellectuale primae causae in ipso tali intellectu determinatur secundum eum modum, quo virtus causae superioris vel prioris ordine essentiali determinatur in causa secunda seu posteriore et plus influit in causatum causae secundae quam ipsa causa secunda, sicut dicit prima propositio Libri de causis. Cap. I, prop. 1, 1x RSP ; n. 1. 4.3.1.(4), p. 112, l. 65-70 : (...) duo attenduntur, unum videlicet, quod illud, quod est formalius et simplicius et Cap. I, prop. 7, 10 , 268 Le poids de la citation nobilius in superiore forma, contracte et magis determinate et minus perfecte invenitur in inferiore, sicut in exemplo Libri de causis accipere possumus de ente, vivo, rationali, sicut etiam se habent intellectivum, cogitativum, imaginativum, sensitivum. 1x RcGSI ; n. 2. 5) D e e n t e (5 fois) I, 6.(2) – 7.(2), p. 32, l. 5 – 34, l. 69 : Quia esse significat rem suam sub prima omnium intentione, qua res distat a nihilo inquantum huiusmodi – « prima » enim « rerum creatarum est esse », De causis propositione 4 –, quaelibet autem res secundum totam essentiam suam distat a nihilo et non secundum aliquod accidens sibi, sed modo essentiali seu essentialiter distat, ergo esse significat totam rei essentiam (...). Unde et eius (i.e. causae primae) nobilissimae actionis, quae est creatio, nobilissimus et primus est effectus, ut dicitur 4 propositione Libri de causis : « Prima rerum creatarum est esse ». Et alibi in eodem in commento, quod soli Deo competit creare. (...) Sed terminatur ad esse. Ergo esse est idem, quod essentia. Praeterea necessarium esset secundum dictam positionem, si esse esset accidens, quod prima essentiarum haberet aliud principium quam Deum, vel oporteret dicere, quod res procederent a Deo mediante aliquo accidente, quod esset formaliter causale principium ipsis rebus sic procendentibus a Deo, quia « prima rerum creatarum est esse », sicut dictum est. (...) Ipsum enim esse est maxime causale in genere causarum formalium et est causativum substantiae secundum auctorem Libri de causis in commento, qui sic ordinat: esse, vivum, rationale, homo, qui est substantia. Et sicut dictum est de esse respectu hominis, sic se habet esse ad omnem rerum universitatem, sicut dicitur 4 propositione De causis in commento sic : « Et non est post primam causam latius neque prius causatum ipso. Propter illud ergo factum est superius rebus creatis omnibus et vehementius unitum ». Ex his ergo arguitur, quod esse significat totam essentiam cuiuscumque rei. (...) Idem ostenditur auctoritate Libri de causis propositione 2: « Omne esse superius aut est superius aeternitate et ante Cap. IV, prop. 37, 3x RSP ; prop. 38, 1x RSP ; prop. 39, 1x RSP ; prop. 44, 1x RSP ; n. 8. Cap. I, prop. 7,10, 1x RSI ; n. 2. Cap. II, prop. 19, 1x RSP ; n. 4. Cap. III, prop. 32, 1x RcGSI* ; n. 7'. Liber de causis 269 ipsam aut est cum aeternitate aut est post aeternitatem et supra tempus ». Primum istorum est Deus secundum commentum, secundum intelligentia, tertium est anima. Et ita est hic distinctio essentiarum sub nomine ipsius esse. Ergo esse significat essentiam rerum. Praeterea in eodem libro propositione 4: « Prima rerum creatarum est esse ». Sed esse non importat nisi actum essendi. Ergo nihil aliud est dicere « prima rerum creatarum est esse » quam « prima rerum creatarum est aliqua essentia secundum actum ». Et hoc est, quod dicitur in commento eiusdem propositionis: « Et esse quidem causatum primum est intelligentia ». Ergo esse significat rei essentiam. II, 2.(2), p. 40, l. 70-77 : Et non solum esse suum sic participat, sed totam essentiam suam indifferentem ab esse suo. Unde dicitur in Libro de causis propositione 20 : « Res omnes sunt entia propter ens primum et omnes res vivae propter vitam primam » et cetera. Secundum hunc modum participandi, sicut dicitur, quod, quia participant esse, ideo differt in eis essentia et esse, ita potest dici, quia participant essentiam dicto modo, ideo differunt huiusmodi a sua essentia, quod patet esse falsum. Cap. XX, 1x FRSP ; n. 19. 6) D e a n i m . (4 fois + 1 SM) 7.(4), p. 18, l. 61-66 : Circa quod et hoc advertendum, videlicet quod ille primus et summus intellectus, qui est totius entis principium, scilicet Deus, quia agit non solum non supponendo aliunde subiectum, ex quo vel in quo agat, verum etiam non supponendo actionem cuiuscumque prioris vel altioris virtutis, qua sua actio figatur et fundetur in causando, ideo eius et sibi propria actio est creatio et ipse solus creat, sicut dicitur in Libro de causis. Cap. III, prop. 32 etc., 1x RcGSI* ; n. 7'. 12.(3), p. 23, l. 43-47 : Est enim principium omnino separatum, cui competit primus et simplicissimus principiandi modus, videlicet per simplicem emanationem et constitutionem in esse, ut propria ratio Cap. IV, prop. 37, 1x RcGSP ; n. 8. 270 Le poids de la citation principiatorum et procedentium ab ipso sit ipsum esse rei inquantum esse, ut dicitur in Libro de causis, quod « prima rerum creatarum est esse ». 14.(1), p. 25, l. 2-18 : Praeterea ad principale propositum est ratio, super quam fundatur paenultima propositio Libri de causis, quae ratio talis est: « Res cadens sub tempore in omnibus dispositionibus suis (id est tam secundum suam substantiam quam secundum suam actionem) seiuncta est a re cadente sub aeternitate in omnibus dispositionibus suis (id est tam secundum suam substantiam quam secundum suam actionem); continuatio autem non est nisi in rebus similibus (id est proportionalibus hinc inde utrique extremorum), necesse est, ut sit res alia tertia media, cuius substantia cadat sub aeternitate et eius actio cadat sub tempore » : et hoc est caelum. Vocat autem auctor iste res cadentes sub aeternitate quantum ad substantiam et operationem principia separata secundum ipsum, res autem cadentes sub tempore secundum substantiam et operationem intendit generabilia et corruptibilia, inter quae duo extrema caelum natura medium posuit, medium, inquam, continuativum et coniunctivum per quandam causalem derivationem essentialium perfectionum (...). Cap. XXX (XXXI), prop. 211, 1x RSP ; prop. 213, 1x RSP ; n. 22. 36.(2), p. 43, l. 93-100: Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis. SM Liber de causis 271 7) D e in te l l i g. (3 fois) 1.(5), p. 354, l. 92-95 : Ex iam dictis elici potest, quod etiam anima caeli procedit ab intelligentia, ex quo subiectum suum - id est ipsum caelum – procedit ab ea: sicut dicitur in Libro de Causis, quod « prima causa creavit animam mediante intelligentia », et loquitur ibi de anima nobili, quae est anima caeli. Cap. III, prop. 32, 1x RcGSP ; n. 7. 4.(1), p. 357, l. 2-14: Secundum eum ordinem, quo a suprema intelligentia et prima procedente a Deo per actum creationis procedat secunda intelligentia et anima supremi caeli (...) ita tamen, quod ex non subiecto aliquo, sed non remota actione ea, de qua dictum est, quae propria est primae causae, fundante omnes naturae actiones, sive sint productivae rerum ex subiecto aliquo praeiacente, sive ex non subiecto, et hoc secundum philosophos, unde in Libro de causis dicitur in commento, et inductum est supra, scilicet quod Deus « creavit animam mediante intelligentia », quod non est aliud dicere, nisi quod intelligentia produxit animam ex non subiecto aliquo, qui est proprius modus agendi ipsi intelligentiae, videlicet agere ex non subiecto, quem modum et virtutem participat ex prima causa, quae Deus est, ex actione, quae solum Dei est, et est creatio (...). Cap. III, prop. 32, 1x RSP ; n. 7. Cap. III, prop. 27, 1x RcGSP ; n. 5. 8) D e a c c . (2 fois + 1 SM) 23.(3)-(5), p. 86, l. 10 – 87, l. 41 : Inducunt etiam ad assertionem suae intentionis, scilicet quod accidens possit esse sine subiecto, hoc, quod in principio Libri de causis habetur, quod causa primaria plus influit in effectum seu causatum causae secundae quam ipsa causa secunda. Unde quando a causato causae secundae removetur causalitas ipsius causae secundae, adhuc remanet causalitas causae primae. (…) Primo, quia non est assumpta ab auctoritate secundum intentionem Cap. I, prop. 1, 1x RSP ; n. 1. Cap. I, prop. 7, 10, 1x RcGSI ; n. 2. 272 Le poids de la citation auctoris; loquitur enim auctor Libri de causis in dicta auctoritate in eodem genere causae, puta efficientis vel formalis vel materialis, unde ipse exemplificat in causis formalibus, scilicet in ente, vivo, rationali. Quantum autem pertinet ad propositum, non sic se habet, quoniam Deus est causa efficiens accidentis, subiectum autem est causa subiectiva seu materialis. (…) Exponenda est igitur inducta auctoritas Libri de causis et sumenda secundum verum intellectum eius, qui non habet locum in proposito, sicut patet. SM 9) D e m e n s . (2 fois) 2.(11), p. 219, l. 129-141 : Secundo gradu rerum mensurabilium determinabant philosophi mensuram intelligentiae seu intelligentiarum, quas ponebant, et hanc mensuram dicebant aeternitatem. Unde secunda propositione Libri de causis dicitur, quod omne esse superius aut est superius aeternitate et causa ei, aut est cum aeternite et extenditur cum ea. Primum dicebant primam causam; secundum intelligentiam, quam dicebant mensurari aeternitate, ut patet. Huius autem rei ratio est secundum philosophos, qui ponebant tales substantias, quas intelligentias vocabant (…). Cap. II, prop. 19, 1x RSP ; prop. 25, 1x RSP ; n. 4. 10) D e n a t . c o n tr . (2 fois) 13.(4), p. 94, l. 76-80 : Et istud exemplariter patet intuenti quodcumque genus causarum essentialium, earum, inquam, quae sunt causae secundum actum, sicut habemus ex Libro de causis. Sicut autem se habet in entibus positivis secundum iam dictum modum, sic proportionaliter se habet in ordine eorum, quorum ratio consistit in remotione vel privatione, ut sunt genera oppositionum praetacta. Cap. (V) e tc . , prop. 49, 1x RcGSI* ; n. 9. 41.(1), p. 111, l. 43-47 : Quae non sunt universaliter primum agens, praesupponunt in agendo primum agens et suam propriam actionem, quae est creatio, qua primum principium nobiliore et formaliore modo agit Cap. I, prop. 14, 1x RxGSI ; n. 3. Liber de causis 273 eandem totam dispositionem sive perfectionem, quam modo sibi proprio agit agens secundi ordinis, ut in De causis habet ostendi. 11) D e e l e m. (1 fois) 30.(1), p. 80, l. 59 – 81, l. 66 : Constat, quod non minus, sicut etiam dicit Commentator super VIII Physicorum, scilicet quod nobiliore modo et veriore movetur caelum ex se quam animalia in hoc mundo inferiore. Manifestum est autem ex habitis in Prima philosophia et ex Libro de causis, quod principia motus caeli sunt ab alio sicut et principia motus gravium et levium, et tamen non dicitur, quod caelum moveatur a generante. Cap. III, prop. 30, 1x RcGSI ; n. 6. 12) D e o r ig. (1 fois) 5.(36), p. 191, l. 354-356 : Et hunc causandi modum vocant creationem, quamvis non eadem ratione, qua dicitur creatio apud theologos; unde in Libro de causis dicitur, quod « prima rerum creatarum est esse ». Unumquodque enim ens, secundum quod in ipsum descendit causalitas primae causae, dicitur ens, quae est prima et formalissima omnium intentionum. Cap. IV, prop. 37, 1x RcGSP ; n. 8. 13) D e q u i d . (1 fois) De quid., 1.(4), p. 99, l. 21-30 : Ipsum autem quid in eo, quod quid, seu quiditas in eo, quod quiditas, super rationem entis importat quandam rei informationem, saltem quoad modum intelligendi, qua res seu ens determinatur ad talem vel talem essentiam vel naturam, ut res talis non solum sit ens per distantiam eius a nihilo, sed etiam sit hoc vel hoc secundum aliquam informationem, sicut de primo causato, quod est intelligentia secundum philosophos, dicitur in Libro de causis, quod ipsa est hyliatim, id est ens et forma, saltem quantum ad modum intelligendi. Cap. VIII (IX), prop. 90, 1x RcGSP ; n. 14. 274 Le poids de la citation V. Conclusions 2 Dietrich utilise explicitement l’autorité de Liber de causis : 36 fois (+ 1 SM) dans le De cog. ent. 17 fois dans le De int 12 fois dans le De subst. spir. 10 fois dans le De ente. 8 fois dans le De vis. beat. 4 fois dans le De anim. 3 fois dans le De intellig. 2 fois dans le De acc. (+ 1SM), De nat. contr. et dans le De mens. 1 fois dans : De elem., De orig. et dans le De quid. En considérant chaque traité en particulier, on observe que : 1) le De cog. ent. mentionne 18 fois (sur 36) des propositions ou thèses qui proviennent du chapitre III du De causis. L’intérêt principal de Dietrich pour ce chapitre porte sur la question de la création qui est une action propre à la cause première : la création est alors l’opération la plus noble et la plus parfaite, tandis que l’opération des substances séparées – la production – est moins parfaite et elle est faite par la vertu de la cause première. On remarquera notamment le long commentaire des propositions provenant des chapitres II, III, V(VI), VII(VII), X(XI), XII(XIII) qui se lit dans les sections 17 et 18 du De cog. ent.; sans revenir sur les détails du thème (cf. n. 4, 5, 6, 7', 10, 12, 16, 17), on observe le nombre élevé, 12, d’occurrences du Liber de causis dans cette partie du traité : Dietrich défend ici que l’intelligence supérieure a une connaissance essentielle de la cause première, de soi-même et de son effet, et que cette connaissance est la mesure de l’ordre de l’éternité par laquelle l’intelligence se rapporte aux trois objets de sa connaissance. Un autre commentaire intéressant se lit dans les sections 37 et 38 : on dénombre toujours 12 occurrences : Dietrich s’intéresse ici aux trois causalités de l’âme noble et à la manière dont celles-ci se trouvent dans la cause première et s’exercent dans le monde sublunaire. Dans ces deux parties du traité (sections 17-18 et 3738) on trouve donc 24 occurrences sur le total de 36 (ca. 66%). 2) dans le De int. Dietrich n’a pas une préférence spéciale pour l’un ou l’autre des chapitres du Liber de causis et ne fait pas de commentaires particulièrement saisissants. On peut cependant noter que les Liber de causis 275 occurrences dans la première partie du traité (10 évocations) portent surtout sur deux thèses majeures : (1) la cause première est au-delà de tout discours et (2) les substances supérieures procèdent de la cause première selon un ordre déterminé ; les occurrences de la seconde partie du traité (6 évocations) portent surtout sur la connaissance réflexive de l’intelligence (identifiée avec l’intellect agent). Dans la troisième partie, on trouve une seule occurrence. 3) 8 sur les 12 évocations dans le De sub. spir. se lisent dans les sections 18 et 19 ; deux thèses connexes, auxquelles Dietrich accorde souvent beaucoup d’attention, se reconnaissent dans ces parties : (1) la cause première contient, d’une manière plus noble, toutes les opérations de toutes les substances séparées ; la création – produire les choses en leur donnant l’être – est une opération qui lui est propre ; (2) l’intelligence supérieure habens helyatim est esse et vita, son opération étant donc inférieure par rapport à la création. On peut encore retenir que 11 occurrences sur 12 indiquent la proposition et donnent des citations littérales. 4) les occurrences dans le De ente, à une exception près – qui est, en plus, un faux renvoi – se lisent dans les sections 6 et 7 ; Dietrich propose ici un petit commentaire du chapitre IV sur la première des choses créées qui est l’être ; les références aux chapitres I, II et III servent donc à comprendre et expliquer le type de création que la cause première produit immédiatement ; le but final est de soutenir l’identité entre l’être et l’essence (esse ergo significat essentiam rerum) et que l’essence d’une chose est la fin de l’acte de la création (actio Dei nobilissima, quae est creatio, non terminatur nisi ad essentiam). 5) les évocations du Liber de causis dans le De vis. beat. sont éparpillées dans plusieurs endroits du traité et proviennent de quatre chapitres : I, IV, XII(XIII) et XIV(XV). 6) en ce qui concerne les occurrences dans les autres traités de Dietrich, on peut remarquer surtout que dans le De intellig. les trois évocations du Liber de causis portent sur le même thème et la même proposition ; dans le De acc. les deux occurrences proviennent du chapitre I seulement. Si l’on fait un calcul, sur les 34 textes de la plume de Dietrich, seulement 13 cite explicitement le Liber de causis (dont 3, de plus, le citent chacun une seule fois). On note donc l’usage selectif : le Liber de causis apparaît dans les traités portant sur trois thèmes : la cosmologie (De cog. ent., De sub. spir., De anim., De intellig.), la noétique (De int., De vis. beat.) et l’ontologie (De ente, De acc., De quid.). Proclus I. Proclus dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg Les citations que Dietrich donne de l’Elementatio de Proclus présentent la caractéristique suivante : sur les 17 renvois explicites avec adresse, 10 présentent diverses divergences de nombre par rapport au texte source. Voici une liste des correspondances : prop. prop. prop. prop. prop. prop. prop. prop. prop. prop. 56 est citée comme prop. 54 (différence : 2 numéros) 97 est citée comme prop. 94 (différence : 3 numéros) 125 est citée comme prop. 121 (différence : 4 numéros) 134 est citée comme prop. 130 (différence : 4 numéros) 139 est citée comme prop. 135 (différence : 4 numéros) 140 est citée comme prop. 136 (différence : 4 numéros) 145 est citée comme prop. 141 (différence : 4 numéros) 146 est citée comme prop. 142 (différence : 4 numéros) 147 est citée comme prop. 143 (différence : 4 numéros) 174 est citée comme prop. 171 (différence : 3 numéros) Nous ne saurons pas expliquer la raison de ces divergences, mais il semble que Dietrich ait connu et utilisé une version incomplète de l’Elementatio 19. Il est impossible de savoir à partir de quelle proposition la variation commence puisque Dietrich cite correctement les propositions 17, 20, 21, 31, 32, 34 et 44 ; aucune des propositions 45 – 55 de l’Elementatio n’est citée explicitement par Dietrich, mais la première 19 Dans l’édition de l’Elementatio aucune variation de ce genre n’est signalée – H. B OESE (ed.), Proclus: Elementatio theologica, translata a Guillelmo de Morbecca, Leuven University Press, Leuven 1987. 278 Le poids de la citation différence apparaît avec la proposition 56 citée comme 54. Dietrich perd une autre proposition après la proposition 56 (la proposition 97 étant citée comme 94) et encore une après, étant donné que la sentence 125 est citée comme 121 ; Dietrich récupère une proposition entre les numéros 147 et 174, celle-ci étant citée en numéro 171. On constate donc une différence de deux, ensuite trois ensuite quatre numéros ; ces absences sont manifestes parce que le modèle de l’Elementatio utilisé par Dietrich a une numérotation continue des propositions comme si elles étaient copiées sans leur numéro et numérotées après la transcription ; très probablement, Dietrich ne s’est jamais aperçu qu’il avait à sa disposition un exemplaire ou florilège incomplet de l’Elementatio. Il faut cependant noter qu’il a toujours disposé de la même copie parce que les propositions sont citées avec les mêmes numéros dans tous les traités. Nous ne considérons pas ces différences comme des faux renvois : il a manifestement connu un exemplaire défectueux et il a toujours cités les mêmes propositions avec les mêmes numéros ; ces cas ne sont pas comparables aux faux renvois dont nous parlions dans d’autres situations lorsqu’une citation ou une thèse est attribuée à un traité alors qu’elle provient d’un autre traité. Pour des raisons purement méthodologiques, nous distinguons, comme dans le cas de Liber de causis, entre les propositions principales et les propositions secondaires (commentum) de l’Elementatio. Ces dernières ne portent pas de nombre, contrairement au Liber de causis, mais nous le comptons distinctement. Proclus 279 I) Prop. 17 : c o m me n t u m n. 1) p. 12, l. 13-14 : (…) AD QUOD AUTEM OPERATUR , AD HOC CONUERSUM EST . De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l. 41-51 : Unde Boethius De consolatione l. III met: « Repetunt proprios (…) ». (4) Proclus etiam dicit 31 propositione libri sui: « Omne procedens (…) ». Ubi dicitur in commento: « Ad quod enim primo (…) ». Et in commento 32 propositionis dicit: « Quod enim convertitur (…) ». Et infra: « Si igitur conversio (…) » et cetera. (...) Unde et in commento 17 propositionis dicit: « AD QUOD AUTEM OPERATUR, AD HOC CONVERSUM EST ». 1 occurrence RSP : Après avoir cité longuement Boèce (De consolatione, III, m. 2) et Proclus (prop. 31 et 32) Dietrich ajoute en dernier une citation provenant de la prop. 17. Ce sont les autorités qui donnent du poids à la théorie très particulière qu’il développe à propos de la conversion de l’intellect agent vers Dieu. Le rôle de Proclus est ici très important parce qu’il permet de condenser en trois propositions plusieurs points essentiels que Dietrich discute ailleurs plus en détails : la prop. 31 présente la thèse selon laquelle l’effet qui procède de sa cause se tourne vers celle-ci ; la prop. 32 soutient, surtout dans son commentaire (commentum 20), que la ressemblance est la loi de toute conversion et que la conversion représente une jonction (copulatio, coniunctio) à la cause première qui est le terme de la conversion. Dietrich reprend ensuite à son compte le vocabulaire et les thèses de Proclus et résume les deux propositions : la chose qui procède par soi d’un principe supérieur se tourne vers celui-ci selon un désir et une opération qui tend vers lui ; le but est de s’y joindre 20 Sur le sens et l’usage du mot commentum pour les sentences secondaires de l’Elementatio, voir l’explication du cas analogue du Liber de causis. 280 Le poids de la citation et de s’y lier entièrement. Et la prop. 17 dit : ce vers quoi il oriente son activité est aussi ce vers quoi il se convertit. Dietrich lit et explique Proclus par lui-même ; le choix de mettre ensemble plusieurs propositions sur le même thème prouve qu’il a une connaissance relativement bonne de l’Elementatio (ou des parties dont il disposait), même si l’usage qu’il en fait est plutôt réduit (Dietrich cite, nous le verrons, seulement 17 propositions sur 211). II) Prop. 20 n. 2) p. 13, l. 1-3 : O MNIBUS CORPORIBUS SUPERIOR EST ANIME SUBSTANTIA , ET OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR INTELLECTUALIS NATURA , ET OMNIBUS INTELLECTUALIBUS YPOSTASIBUS SUPERIOR IPSUM UNUM. De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-57 : Et hoc est, quod dicit Proclus propositione 171 sic : « Omnis intellectus (…) ». Commentum: « Etenim intellectus (…) ». Distinguit autem idem Proclus quadruplicem rerum maneriem, in quibus singulis diligens indagator, prout fuerit de proposito suo, necesse habet quaerere proprias uniuscuiusque eorum operationes. Dicit ergo propositione 20 sic : « O MNIBUS CORPORIBUS SUPERIOR EST ANIMAE SUBSTANTIA ET OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR INTELLECTUALIS NATURA ET OMNIBUS INTELLECTUALIBUS HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM UNUM ». De subs. spir., 5.(2), p. 307, l. 9-17 : Easdem rerum maneries explicat Proclus propositione 20, procedens ab exterioribus seu ab inferioribus, ubi nomine animae intelligit maneriem spiritualium, illud autem, quod proprie est innominabile, scilicet prima Proclus 281 causa, hic exprimit nomine unius; unde dicit sic propositione 20 : « O MNIBUS CORPORIBUS SUPERIOR EST ANIMAE SUBSTANTIA ET OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR INTELLECTUALIS NATURA ET OMNIBUS INTELLECTUALIBUS HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM UNUM ». Hucusque Proclus. De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 70176, l. 81 : Unde attendendo hanc Dei immensitatem Proclus in libro suo superordinavit omnibus intellectibus et secundum substantiam et secundum operationem quadam inexplicabili positiva nominis proprietate essentiam divinam dicens propositione 20 : « O MNIBUS CORPORIBUS SUPERIOR EST ANIMAE SUBSTANTIA , ET OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR INTELLECTUALIS NATURA , ET OMNIBUS INTELLECTUALIBUS HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM UNUM ». Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur : « Plena autem (…) ». 282 Le poids de la citation De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 3034 : Omne enim, quod secundum substantiam suam superlocatur aliis, etiam secundum proprietatem suae influentiae causalis superexistit aliis. Unde Proclus propositione libri sui et est supra inductum sic : « O MNIBUS CORPORIBUS SUPERIOR EST ANIMAE SUBSTANTIA , ET OMNIBUS ANIMABUS SUPERIOR INTEL LECTUALIS NATURA , ET OMNIBUS INTELLECTUALIBUS HYPOSTASIBUS SUPERIUS IPSUM UNUM ». Ecce, nomine unius circumloquitur primam causam, Deum, quasi non habens proprium nomen, quo positive ipsum designet. Et sic superponit eam secundum substantiam suam omnibus aliis entibus causalibus. Et in eadem propositione videtur appropriare intellectualitatem et modum proprie intellectualiter causandi et causae, quae est immediate sub prima causa, quae proxima et inferior causa est intelligentia, videtur autem appropriare in eo, quod dicit, quod « OMNIBUS INTELLECTUALIBUS HYPOSTASIBUS SUPERIUS EST IPSUM UNUM ». De int., I. 6.(2), p. 140, l. 11-14 : Sed non oportet circa hoc immorari nec reducere nos ad principia moventia caelos, quae animas caelorum dicimus, quae movent per intellectus suos, de quibus in tertio genere rerum secundum Proclum, scilicet de Proclus « INTELLECTUALIBUS STASIBUS », agendum est. 283 HYPO- De int., I, 8.(3)-9.(1), p. 142, l. 7274 : Sed haec hactenus de intellectibus separatis, qui sunt intellectus semper in actu. Unde Proclus vocat eos « INTELLECTUALES HYPOSTASES », quod est tertium genus entium, quod enumeravit. De subs. spir., 9.(1), p. 309, l. 2-8 : Et est secunda maneries entium conceptionalium, cuius in hoc genere principium est intellectus agens in nobis, sicut in entibus realibus primum principium, quod Deus est, est solum et immediatum principium entium secundae maneriei, in qua constituuntur substantiae intellectuales secundum philosophos, quas vocat Proclus « INTELLECTUALES HYPOSTASES », quia sunt intellectus per essentiam et secundum substantiam et operationem, et constituuntur ex principiis sui generis, quae Deus novit. De cog. ent., 19.(3), p. 183, l. 115117 : Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclo et infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima superior est omni narratione ». De subs. spir., 8.(1), p. 308, l. 6569 : Unde primum ens, quod est 284 Le poids de la citation Deus, quia est « in fine simplicitatis », summe est intellectuale, ad quem modum intellectualitatis nullum ens creatum attingere potest, sed ipsum est principium et causa omnis intellectualitatis; unde constituit primam et summam rerum maneriem secundum Proclum, ut dictum est. 9 occurrences RSP (le De int., I, 3.(2), p. 138 ; De subs. spir., 5.(2), p. 307 ; De cog. ent., 9.(2), p. 175) : La prop. 20 de l’Elementatio est citée pour soutenir l’idée d’une quadruple hiérarchie des étants. On peut d’ailleurs considérer que chaque fois lorsque Dietrich parle des maneries entium en compagnie du nom de Proclus, il songe à cette prop. 20. La substance de l’âme est supérieure aux corps (célestes), la nature intellectuelle est supérieure aux âmes et l’un est supérieur aux hypostases intellectuelles (cette dernière expression apparaîtra, nous le verrons, en plusieurs endroits avec le nom de Proclus, mais sans adresse). Dans le De int., Dietrich cite plusieurs propositions du Liber de causis (cf. nos remarques introductives sur le Liber de causis) pour dire que la cause première est au-delà de tout discours. Dans le De subs. spir. (5.(2), p. 307) la référence explicite au Liber de causis manque, mais l’idée est clairement exprimée : prima causa est innominabile. On notera également l’usage assez rare chez Dietrich de la formule maneries spiritualium qui va de pair avec maneries corporalium et maneries intellectualium ; avec maneries primae causae, elles décrivent les quatre maneries rerum. Les deux évocations de Proclus dans le De subs. spir. (p. 307) sont comptées une seule fois. La question de l’ineffabilité de Dieu apparaît aussi dans le De cog. ent. (9.(2), p. 175 et 37.(3), p. 201, l. 30-34) dans un contexte où la même prop. 20 est citée; mais il faut noter cependant que Dietrich ne mentionne ici que très rapidement le problème de la hiérarchie des étants, notamment des intelligences supérieures. Pour renforcer cette idée, à savoir qu’aucun nom ne convient à Dieu (ni celui d’intellect ni celui d’intelligence), Dietrich fait très rapidement mention des prop. 121(=125), 130(=134), 136(=140) et 141(=145) et cite correctement une partie du commentaire de la prop. 141(=145). Tous ces noms (intellect et/ou intelligence) sont plutôt propres aux effets qu’à Proclus 285 la cause première. Quelques lignes auparavant, Dietrich cite la prop. 171(=174) de l’Elementatio et le Liber de causis à propos de la différence entre creare et producere. RcGSI (De subs. spir., 8.(1), p. 308 ; De cog. ent., 19.(3), p. 183) : La référence à Proclus dans le De cog. ent. (19.(3), p. 183) peut être considérée comme une allusion à la même prop. 20, étant donné que le thème abordé est celui que nous vu auparavant (l’ineffabilité de Dieu). Et surtout, il fait référence à une citation antérieure (« sicut supra inductum est de Proclo ») qui convient le plus probablement au passage déjà discuté du De cog. ent. (9.(2), p. 175). Le cadre général de l’argumentation est présentée dans le commentaire sur les citations provenant du Liber de causis, notamment le n. 21. On peut aussi noter que la discussion présentée par Dietrich à cet endroit est proche de la question de l’appropriatio que nous traitons à une autre occasion (cf. le commentaire sur le Liber de causis, n. 5). RcGSP (De subs. spir. 9.(1), p. 309 ; ibid., 37.(3), p. 201, l. 30-34 ; De int., I, 6.(2), p. 140, l. 11-14; ibid., I, 8.(3)-9.(1), p. 142, l. 72-74) : La référence explicite à Proclus dans le De subs. spir., 8.(1), p. 309 est doctrinalement identique à l’usage discuté auparavant (pour le De subs. spir. (5.(2), p. 307). D’ailleurs, Dietrich renvoie à cette discussion: « unde constituit primam et summam rerum maneriem secundum Proclum, ut dictum est ». Les occurrences dans le De int. (I. 6.(2), p. 140 ; I, 8.(3), p. 142) et le De subs. spir. (9.(1), p. 309) ont plusieurs choses en commun : la première, c’est la manière très vague de faire appel à Proclus ; deuxièmement, elles utilisent la même formule provenant de la prop. 20 : intellectuales hypostases ; troisièmement, dans l’apparat des sources et dans l’index il n’existe aucune indication pour cette référence explicite ni pour la formule provenant de la prop. 20. Il faudrait donc les signaler proprement et ajouter même des guillemets (comme nous le faisons dans le tableau). Le contexte doctrinal est le même : les étants supérieurs du troisième degré sont appellés par Proclus hypostases intellectuelles. Il faut mettre en relation cette expression (« Proclus vocat eos intellectuales hypostases ») avec celle vue auparavant par laquelle Dietrich s’exprime sur le nom donné par le Liber de causis ou par les philosophes aux mêmes substances : « Et, sicut supra dictum est secundum philosophos, directo ordine causali dependent a saepe dictis substantiis intellectualibus superioribus, quas intelligentias vocant, secundum quod habetur in Libro de causis (...) » (De cog. ent., 2.(3), p. 170, l. 94-101). 286 Le poids de la citation III) Prop. 21 n. 3) p. 14, l. 1-3 : O MNIS ORDO AB UNITATE INCIPIENS PROCEDIT IN MULTITUDINEM UNITATI COELEMENTALEM, ET OMNIS MULTITUDO AD UNAM REDUCITUR UNITATEM. p. 14, l. 9-10 : (…) QUOD ENIM IN OMNI MULTITUDINE IDEM NON AB UNO EORUM QUE IN MULTITUDINE PROCESSUM HABET . De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99114 : Quantum ad secundum istorum, scilicet de poenali passione, considerandum, quod dicit Proclus propositione 21: « O MNIS ORDO AB UNITATE INCIPIENS PROCEDIT IN MULTITUDINEM UNITATI COELE MENTALEM, ET OMNIS ORDINIS MULTITUDO AD UNAM REDU CITUR UNITATEM ». In ista propositione attendenda sunt duo, unum scilicet, quod omnis ordo, in quo consistit aliqua universitas, fundatur in aliqua unitate (...). Hoc est, quod idem Proclus dicit infra propositione 94: « Omnis secundum unumquemque ordinem (…) ». De subs. spir., 7.(1), p. 308, l. 4852 : Cuius numeri ratio et sufficientia accipitur in hunc modum: Secundum Proclum enim propositione 21 « OMNIS ORDINIS MULTITUDO AD UNAM REDUCITUR UNITATEM ». Secundum hoc habemus primam maneriem essendi, quae competit primo omnium principio, inquantum ipsum est summe unum et a quo tota ordinata multitudo universi profluit. De anim., 36.(7), p. 44, l. 111-123 : Sed quoniam secundum dictos philosophos etiam huiusmodi substantiae limitatae et Proclus 287 determinatae sunt ad hunc universi ordinem, cuius ordinis nihil, quod intra eundem ordinem includitur, potest esse principium – esset enim principium sui ipsius, et Proclus in commento propositionis 21 dicit: « QUOD ENIM IN OMNI MULTITUDINE IDEM, NON AB UNO EORUM , QUAE IN MULTITUDINE PROCESSUM HABET » –, hinc est, quod ipsum universi totalis principium maxime ponendum est et in infinitum distanti gradu separationis. De sub. theol., 3.(4), p. 280, l. 59 – 281, l. 68 : (…) Hoc enim commune est omni proportionalitati et universaliter omni multitudini, in qua attenditur aliqua convenientia quod oportet ipsam reduci ad aliquam unitatem, quae est radix et ratio talis convenientiae, secundum quod dicit Proclus propositione 21. De cog. ent., 76.(2), p. 238, l. 3640 : Cuius ratio fundatur in tribus: primo tamquam in prima huius rei radice, videlicet in unitate illius, de qua dictum est, unius intentionis diffusae in totam rerum universitatem ab uno principio universitatis, sicut dicit Proclus et praemissum est, super quam UNITATEM fundatur ratio causalis quasi colligantis res, ut sint unius ordinis et per consequens unius universitatis. 288 Le poids de la citation 5 occurrences RSP (De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99-114 ; De subs. spir., 7.(1), p. 308, l. 48-52 ; De anim., 36.(7), p. 44, l. 111-123) : Ces trois citations correctes sont employées par Dietrich dans des buts différents. Dans le premier cas, la citation du De cog. ent. (74.(2), p. 237) est introduite dans le cadre d’une argumentation qui soutient que toute action causale qui apparaît dans l’univers est fondée sur le même principe et se réduit à la même unité originaire. La prop. 20 de l’Elementatio soutient cette même idée, et Dietrich en donne, après la citation, un résumé fidèl (in ista propositione attendenda sunt duo, unum scilicet ..., secundum quod ...). On peut donc noter l’intérêt particulier que Dietrich manifeste à l’égard de cette proposition : la citation exacte et le commentaire détaillé en sont les preuves. Dans le De subs. spir. (7.(1), p. 308), Dietrich parle encore de quatre degrés d’étants : le premier degré correspond au premier principe, sur lequel est fondé tout l’univers et à partir duquel procède toute la multiplicité ordonnée de l’univers. La citation dans le De anim. (36.(7), p. 44) est en relation avec le renvoi discuté auparavant (cf. supra, n. 1) concernant la position des péripatéticiens et des platoniciens (Proclus aussi y est cité) ; les uns et les autres soutiennent que les substances séparées sont limitées et déterminées par rapport à l’ordre de l’univers ; le principe de cet univers et de cet ordre n’est pas l’une des substances séparées, qui sont multiples. Ce principe doit être extérieur à l’ordre même, séparé de l’univers et de cet ordre ; le même raisonnement lui fait dire que les substances qui meuvent les corps astraux, sont séparées de ceux-ci parce qu’elles ne sont ni les corps eux-mêmes, ni dans les corps, ni des accidents des substances de ces mêmes corps. RSI : Une autre thématique est discutée dans le De sub. theol. (3.(4), p. 280) où la brève citation de la prop. 21 de l’Elementatio apparaît lors d’une précision sur le sujet de la théologie : bien que celle-ci traite de plusieurs choses, tout peut et doit être réduit, comme le dit Proclus, à une unité qui est Dieu : la théologie traite de plusieurs étants, mais tout se réduit à l’étant divin (ens divinum). RcGSI : Le recours imparfait dans le De cog. ent. (76.(2), p. 238) avec une référence vague à Proclus est un renvoi à une citation antérieure (sicut dicit Proclus et praemissum est). Proclus 289 n. 3') p. 15, l. 29-31: Post unum ergo quod primum unitates, et post intellectum primum intellectus, et post animam primam animae, et post totam naturam multae naturae. De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. 1 occurrence RcGSI* : Le mot fluxus, que Dietrich utilise ici à propos de plusieurs autorités, n’existe pas dans l’Elementatio ; on ne cherchera donc pas une citation exacte, mais des propositions qui correspondent plus ou moins à l’idée exprimée ici : les substances procèdent les unes des autres selon un ordre hiérarchique, l’intelligence première de Dieu et l’âme de l’intelligence. Le commentaire de la prop. 21 est le plus proche de cette 290 Le poids de la citation idée. Aucune note ne signale cette occurrence explicite dans l’apparat des sources et dans l’index. IV) Prop. 31 n. 4) p. 20, l. 1-2 : O MNE PROCEDENS p. 20, l. 6-9 : (...) APPETUNT De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l. 41-51 : Unde Boethius De consolatione l. III met: « Repetunt proprios (…) ». Proclus etiam dicit 31 propositione libri sui: « O MNE ERGO ET SUAM CAUSAM SINGULA . PER QUOD ENIM ESSE UNICUIQUE , PER HOC ET IPSUM BENE ; PER QUOD AUTEM IPSUM BENE, AD HOC APPETITUS PRIMO ; AD QUOD AUTEM PRIMO APPETITUS , AD HOC CONUERSIO . PROCEDENS AB ALIQUO SECUNDUM ESSENTIAM CONVERTITUR AD ILLUD , A QUO PROCEDIT ». Ubi dicitur in commento : « AD QUOD ENIM PRIMO APPETITUS , AD HOC ET CONVERSIO ». Et in commento AB ALIQUO SECUNDUM ESSENTIAM CONVERITUR AD ILLUD A QUO PROCEDIT . 32 propositionis dicit : « Quod enim convertitur (...) ». Et infra : « Si igitur (...) » et cetera. Secundum dicta igitur rem per se procedentem ab aliquo principio converti in idem principium est secundum appetitum et operationem suam tendere in idem ipsum suum principium, ut communionem sui habeat et ad ipsum colligationem. Unde et in commento 17 propositionis dicit: « Ad quod autem operatur (…) ». De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 : Unde Proclus propositione 31 dicit sic: « O MNE PROCEDENS AB ALIQUO SECUNDUM ESSENTIAM CONVERTITUR AD ILLUD , A QUO PROCEDIT »; et propositione 34 « Omne, quod secundum se Proclus 291 convertitur (…) »; et infra in commento distinguit quantum ad huiusmodi entium unitatem, scilicet quod vel idem ambo vel unum ab alio vel ambo de tertio. De int., III, 24.(1)-(2), p. 195, l. 17 – 196, l. 29 : Quantum ad intellectum, qui est alicuius causa, patet ex Proclo, sicut supra versus principium inductum est ex propositione 171. Sic dicit: « Omnis intellectus (...) ». Et probatur istud ibidem in commento sic: « Etenim intellectus (...) ». Quantum autem ad eum intellectum, qui procedit ab alio, de habitudine videlicet sui ad suam causam, possumus arguere ad propositum ex propositione 31 eiusdem Procli, ubi sic dicit: « O MNE PROCEDENS AB ALIO SECUNDUM ESSENTIAM CONVERTITUR AD ILLUD , A QUO PROCEDIT ». Commentum ibidem sic: « APPETUNT ERGO ET SUAM CAUSAM SINGULA . P ER QUOD ENIM ESSE UNICUIQUE , PER HOC ET IPSUM BENE . PER QUOD AUTEM IPSUM BENE , AD HOC APPETITUS PRIMO. AD QUOD AUTEM APPETITUS PRIMO , AD HOC CONVERSIO ». Ex hoc arguitur ad propositum sic : Omnis intellectus procedens ab alio convertitur in ipsum tamquam in causam suam. Talis autem conversio non est nisi per appetitum. 292 Le poids de la citation De int., III, 25.(3), p. 197, l. 7187 : Eadem ratione videtur se debere in sensu habere, scilicet quod secundum modum substantiae suae in suo genere sit conversus in suam causam, scilicet sensualiter, et quod secundum sensum cognoscat causam suam, a qua procedit, et hoc secundum propositionem Procli 31 hic inductam. (...) Sic est videre in proposita locutione sumpta de Proclo quantum ad eam determinationem, quae importatur per hanc particulam, scilicet per essentiam, quoniam primo et vere determinat illud, a quo fit processio, hoc est ipsam causam et modum causandi, et sic designatur, quod ipsa est causa essentialis, et excluditur causa accidentalis et instrumentalis et artificialis, et ita est causa immediate per suam essentiam. 6 occurrences RSP : Avec la prop. 31 on trouve le même thème qui est abordé par la prop. 17, de la conversion vers le principe dont procède l’effet. D’ailleurs, Dietrich cite dans le De vis. beat. (1.5.(3)-(5), p. 62) la prop. 17 à la fin de son argumentation. La conversion s’accomplit, selon les mots de Dietrich, d’une manière circulaire : quasi quendam circulum faciens, dum tendit in id, a quo fluit ; l’intellect agent procède du premier principe et se tourne vers celui-ci parce qu’il est le premier objet de son désir (primo appetitus). Dietrich superpose ici, comme dans toutes les autres occurrences provenant de Proclus et du Liber de causis, les intelligences supérieures décrites par ceux-ci et l’intellect agent (que Dietrich présente d’une manière originale). Si l’on tient également compte du fait que ce même intellect agent effectue un mouvement sur lui-même, de connaissance de soi, on note deux mouvements circulaires continuels et essentiels : d'une part une conversion et un retour vers le premier principe et, d'autre part, une Proclus 293 conversion et un retour sur soi. Pour Dietrich, comme nous le montrons ailleurs (la partie consacrée aux citations du Liber de causis, n. 4 et 17), l’intellect connaît par le même mouvement circulaire l’essence de la première cause, sa propre essence et l’essence de tout intelligible. Les deux mouvements donc que l’on observait auparavant ne sont pas effectivement distincts (ni d’après l’objet de connaissance, ni comme action). Si, dans le De vis. beat., Dietrich cite ensemble les propositions 31 et 32, dans le De anim. (3.(4), p. 14) il cite les propositions 31 et 34. Elles se trouvent au tout début du traité qui s’ouvre par une avalanche de citations : on dénombre pas moins de 13 références explicites dans une page et demie de l’édition. Proclus apparaît, en compagnie d’Augustin, Aristote, Averroès, Boèce et Prosper d'Aquitaine qui soutiennent l’idée du mouvement des astres et de l’unité de l’univers (en tant que lieu où ces mouvements s’accomplissent). La prop. 31 de l’Elementatio dit que l’intelligence procède de la cause première et se retourne vers celle-ci, preuve que l’unité de l’univers est gardée par ce mouvement. Dietrich explique d’ailleurs, avant de donner la citation, l’importance de ce mouvement unitaire : les étants dont est constitué l’univers sont distincts par essence (selon le genre et l’espèce) ; il est nécessaire qu’ils soient un (necessarium est ea esse unum) en raison de l’unité de l’ordre essentiel ; ordre qui est garanti par la dépendance des étants les uns envers les autres et par leur conversion au principe même dont ils procèdent. Ici donc, la prop. 31 a le rôle d’expliquer la structure unitaire de l’univers et non pas de décrire l’objet de connaissance de l’intellect agent. Un autre usage de la même prop. 31 se trouve dans le De int. (III, 24.(1)-(2), p. 195) en compagnie de la prop. 171(= 174) ; il faut d’abord souligner que Dietrich fait un long et détaillé commentaire de cette proposition : elle est citée à la p. 195 et le commentaire (qui commence immédiatement après) finit à la p. 199. Il explique l’importance des mots utilisés par Proclus et prouve d’abord que celui-ci présente la procession et le retour de tous les intellects, les uns envers les autres et non seulement des intellects envers la cause première : « omnis intellectus procedens ab alio convertitur in ipsum tamquam in causam suam » (p. 196, l. 30-33). Par rapport aux deux occurrences précédentes, Dietrich élargit donc le cadre de l’interprétation et considère que la théorie de Proclus s’applique aussi dans les rapports de causalité qui existent entre les intellects supérieurs et les intellects inférieurs. Il précise ensuite la manière dont s’effectue le retour vers la cause et la connaissance de soi : en recevant l’essence de sa cause, l’intellect connaît aussi bien sa propre essence que sa propre cause (p. 196, l. 33-37). Ici il fait appel au Liber de causis, prop. VII(VIII) (voir l’analyse qui y est 294 Le poids de la citation consacrée, n. 13). Dietrich anticipe ensuite l’attaque de certains adversaires qui seraient prêts à nier tout rapport entre les intelligences du Liber de causis et l’intellect possible (qui est l’objet de l’interrogation principale dans cette partie du traité de Dietrich). Il redonne encore des longs extraits du Liber de causis, prop. VII(VIII) avant de reprendre le commentaire à la prop. 31 de Proclus : celui-ci dit, constate Dietrich (p. 197, l. 70sqq.), que le processus de conversion vers le principe est possible pour celui qui en procède selon l’essence (« omne procedens ab alio secundum essentiam »). Or cette précision est le prétexte d’une discussion encore plus longue et complexe sur la différence ontologique entre l’intellect agent et l’intellect possible ; seulement le premier se connaît essentiellement en raison de l’identité entre opération et substance (p. 199, l. 125sqq.). La conclusion de l’argumentation est la suivante : en raison de la différence fondamentale entre les deux intellects et de la thèse (ainsi que l’autorité) de Proclus, l’intellect possible ne connaît essentiellement ni sa cause ni son essence ; la prop. 31 de l’Elementatio vaut donc seulement pour l’intellect agent. RSI (De int. III, 25.(3), p. 197) : Les deux occurrences explicites qui apparaissent dans le De int. (III, 24.(1)-(2), p. 195, l. 17 – 196, l. 29 et III, 25.(3), p. 197), dans des moments différents de l’argumentation, sont comptées séparément, bien que le thème est le même. V) Prop. 32 : c o m m e n t u m n. 5) p. 21, l. 3-6 : (…) QUOD ENIM CONUERTITUR OMNE AD OMNE COPULARI FESTINAT ET APPETIT COMMUNIONEM AD IPSUM ET COLLIGATIONEM . (…) S I IGITUR CONUERSIO COMMUNIO QUEDAM EST et CONIUNCTIO, omnis autem communio et coniunctio similitudinem (…). per De vis. beat., 1.5.(3)-(5), p. 62, l. 41-51 : Unde Boethius De consolatione l. III met: « Repetunt proprios (…) ». Proclus etiam dicit 31 propositione libri sui: « Omne procedens (...) ». Ubi dicitur in commento : « Ad quod enim (...) ». Et in commento 32 propositionis dicit: « QUOD ENIM CONVERTITUR OMNE AD OMNE COPULARI FESTINAT ET APPETIT COMMUNIONEM AD IPSUM ET COLLIGATIONEM AD IPSUM ». Et infra: « S I IGITUR CONVERSIO Proclus 295 COMMUNIO QUAEDAM EST ET CONIUNCTIO » et cetera. (...) Unde et in commento 17 propositionis dicit: « Ad quod autem operatur (…) ». 1 occurrence RSP : Le contexte de cette proposition a été déjà souligné en discutant auparavant les prop. 17 et 31. La citation a été anticipée (en utilisant les mots même de Proclus) par Dietrich lors de l’explication du mouvement circulaire opéré par l’intellect : « ut in ipsum principium convertatur et tendat in eiusdem sui principii communionem » (p. 62, l. 31sq.). VI) Prop. 34 + c o m m e n t u m n. 6) p. 21, l. 1-2 : O MNE QUOD SECUNDUM NATURAM CONUER TITUR AD ILLUD FACIT CONUERSIONEM , A QUO ET PROCESSUM PROPRIE SUB SISTENTIE HABET . p. 21, l. 7-11 : Si autem hoc, aut idem est esse amborum aut ex altero alterum aut ambo ex aliquo alio similitudinem sortita sunt. Sed si quidem idem esse amborum, qomodo secundum naturam conversum est alterum ad alterum ? Si autem ex uno AMBO, ad illud utique erit converti secundum naturam ambobus. p. 21, l. 14 – 22, l. 19 : (…) E X HIIS ITAQUE MANIFESTUM EST , QUOD APPETIBILE OMNIBUS EST INTELLECTUS , ET PROCEDUNT De int., I, 9.(2), p. 142, l. 86-93 : Unde Proclus propositione 34 dicit sic: « O MNE, QUOD SECUNDUM NATURAM CONVER TITUR , AD ILLUD FACIT CONVERSIONEM, A QUO ET PROCESSUM PROPRIAE SUB SISTENTIAE HABET ». Commentum ibidem : « E X HIS ITAQUE MANIFESTUM EST , QUOD APPETIBILE OMNIBUS EST INTELLECTUS , ET PROCEDUNT OMNIA AB INTELLECTU , ET TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU SUBSTANTIAM HABET , ETSI PERPETUUS SIT . ET NON PROPTER HOC NON PROCEDIT SEMPER , SED ET PERPETUUS SECUNDUM ESSENTIAM , ET CONVERSUS EST SEMPER ET INSOLUBILIS SECUNDUM ORDINEM ». 296 Le poids de la citation OMNIA AB INTELLECTU , ET TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU SUBSTANTIAM HABET , ETSI PERPETUUS SIT . ET NON PROPTER HOC NON PROCEDIT ab intellectu, quia perpetuus ; neque enim propter hoc non est conversus, quia semper ordinatus est. S ED et procedit semper ET PERPETUUS SECUNDUM ESSENTIAM ET CONVERSUS EST SEMPER ET INSOLUBILIS SECUNDUM ORDINEM. De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 : Unde Proclus propositione 31 dicit sic: « Omne procedens (...) »; et propositione 34 «O MNE , QUOD SECUNDUM SE CONVERTITUR , AD ID FACIT CONVERSIONEM, A QUO PROCESSUM SUAE SUBSTANTIAE HABET »; et infra in commento distinguit quantum ad huiusmodi entium unitatem, scilicet quod vel idem AMBO vel unum ab alio vel ambo de tertio. De anim., 7.(2), p. 18, l. 52-58 : Dicit enim Proclus propositione 171: « Omnis intellectus (…) ». Et supra in eodem libro c. 34 in commento: « E X HIS ITAQUE MANIFESTUM EST , QUOD APPETIBILE OMNIBUS EST INTELLECTUS ET PROCEDUNT OMNIA AB INTELLECTU , ET TOTUS MUNDUS AB INTELLECTU SUBSTANTIAM HABET , ETSI PERPETUUS SIT , ET NON PROPTER HOC NON PROCEDIT SEMPER , SED ET PERPETUUS SECUNDUM ESSENTIAM » et cetera. 5 occurrences RSP : Dans le De int. (I, 9.(2), p. 142) les longs extraits de la prop. 34 font suite à une lecture d’Augustin de la Genèse et à d’autres références à Proclus que nous avons mises en relation avec la prop. 20 (à propos de la position supérieure que la cause première occupe dans la hiérarchie des quatre maneries rerum). Dietrich avait préparé l’introduction de cette citation en parlant de l’ebullitio (p. 142, l. 70 etc.). La proposition 34 de l’Elementatio lui donne l’occasion de préciser que la procession et la conversion sont complémentaires : tout ce qui procède de sa cause retourne à sa cause ; la procession et la conversion sont toutes les deux d’ordre intellectuel. Proclus 297 Le contexte de la première citation dans le De anim. (3.(4), p. 14) est commenté avec la prop. 31 ; le renvoi au commentaire qui suit la proposition principale (et infra in commento distinguit ...) ne donne aucune citation exacte, mais un résumé proche du texte. La seconde citation dans le De anim. (7.(2), p. 18) donne une autre partie du commentaire de la prop. 31. Il faut d’abord remarquer une importante ressemblance avec la citation dans le De int. (I, 9.(2), p. 142) ; pour faciliter la comparaison, nous reprenons dans le tableau suivant les trois propositions : De int. (I, 9.(2), p. De anim. (7.(2), p. 18) 142) Commentum ibidem : « Ex his itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est intellectus, et procedunt omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus sit. Et non propter hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum essentiam, et conversus est semper et insolubilis secundum ordinem ». Et supra in eodem libro c. 34 in commento: « Ex his itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est intellectus et procedunt omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus sit, et non propter hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum essentiam » et cetera. Elementatio, prop. 34, p. 21, l. 14 – 22, l. 19 : Ex hiis itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est intellectus, et procedunt omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus sit. Et non propter hoc non procedit ab intellectu, quia perpetuus ; neque enim propter hoc non est conversus, quia semper ordinatus est. Sed et procedit semper et perpetuus secundum essentiam et conversus est semper et insolubilis secundum ordinem. Nous mettons en gras la partie de la prop. 34 qui manque dans les deux citations de Dietrich ; et nous avons souligné les parties communes. Il est manifeste que Dietrich n’utilise pas directement l’Elementatio : dans le deux cas, on trouve le même problème qui pourrait s’expliquer par un 298 Le poids de la citation saut du même au même : l’expression « ab intellectu, quia... » qui vient après le premier « procedit » est remplacée par « semper et perpetuus » qui vient après le second « procedit ». Dietrich ou sa source (intermédiaire) a omis la phrase ; il est cependant certain qu’il utilise le même modèle pour le De int. et le De anim. Nous proposons donc une modification mineure dans l’édition : la dernière partie de la citation doit être signalée comme une citation correcte et compter une seule fois. RSI : Dans le De anim., 3.(4), p. 14, l. 42-47 on note un renvoi rapide au commentaire de la proposition 34 (« et infra in commento distinguit quantum ») sans décéler pourtant une forte ressemblance textuelle. VII) Prop. 44 e t c . n. 7) p. 26, l. 1-2 : Omne quod secundum operationem AD SE IPSUM est CONVERSIVUM et secundum substantiam conversum est ad se ipsum. De vis. beat., 3.2.4.(5), p. 74, l. 2932 : Ex dictis enim condicionibus concluditur secundum philosophos intelligentias intelligere per suam essentiam et ea intellectione IN SE IPSAS semper CONVERTI , ut habetur in Libro de causis et Procli. 1 occurrence RcGSI* : Cette vague référence qui vise à la fois Proclus et le Liber de causis peut trouver sa source dans la prop. 44, mais aussi dans les propositions 82 et 83 (selon l’indication des éditeurs) ; les quelques mots communs ou semblables nous font pourtant choisir en premier la prop. 44. Deux théories sont ici visées : pour la première, Dietrich fait appel, toujours d’une manière indéterminée, aux philosophes (songe-t-il à Alexandre, Alpharabi et Averroès nommés peu avant (p. 73) ?) qui soutiennent que les intelligences connaissent par leur essence ; pour la seconde, il renvoie au Liber de causis et à Proclus qui soutiennent que l’intelligence est éternellement convertie sur soi. L’idée n’apparaît pas telle quelle chez l’une ou l’autre des deux autorités ; chez Dietrich elle est fondamentale parce que le retour, essentiel et éternel sur soi, de Proclus 299 l’intellect agent modifie sa noétique : l’intellect agent ne sort jamais de soi pour accomplir l’opération d’abstraction des universaux (il les connaît en se connaissant et en connaissant la cause première) ; ou encore, son opération est identique à sa substance (identité que bon nombre d’auteurs attribue seulement à l’intellect divin). VIII) Prop. 56 (citée comme prop. 54) n. 8) p. 30, l. 1-3 : O MNE QUOD A SECUNDIS PRODUCITUR ET A PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS PRODUCITUR EMINENTIUS , A QUIBUS ET SECUNDA PRODUCEBANTUR . De int., I, 11.(2), p. 144, l. 50-57 : (…) quidquid agit causa secunda in essentialiter ordinatis, agitur a causa superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus propositione 54 sic : « O MNE, QUOD A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS PRODUCITUR EMINENTIUS , A QUIBUS ET SECUNDA PRODUCEBANTUR ». Incidens: quod philosophi tractantes de intelligentiis non tractabant de angelis. De cog. ent., 38.(2), p. 203, l. 96107 : Si autem placet: magis esset violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere, dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus propositione 54, scilicet: « O MNE , QUOD A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A PRIORIBUS ET A CAUSABILIORIBUS PRODUCITUR EMINENTIUS , A QUIBUS ET SECUNDA PRODUCEBANTUR ». Et hinc sumitur ratio eius, quod dicitur De causis propositione 1: « Omnis causa (…) ». Commentum: « Cum ergo 300 Le poids de la citation removet (…) ». commentum. Hucusque De subs. spir., 19.(5), p. 317, l. 6065 : Unde et Proclus propositione 54: « O MNE , QUOD A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS PRODUCITUR EMINENTIUS , A QUIBUS ET SECUNDA PRODUCEBANTUR ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis: « Omnem operationem, (…) ». Et infra: « Et non figitur (…) ». De elem., 23.(2), p. 74, l. 72-77 : Primum istorum facit sol, non tamen sine luna, secundum quod superiora et universaliora non influunt absque inferioribus et magis determinatis causis; secundum autem efficit luna, non tamen sine superioribus et magis universalibus causis, quarum virtus et influentia per ipsam lunam determinatur circa inferiora, sicut dicit Proclus 54 propositione sic: « O MNE , QUOD A SECUNDIS PRODUCITUR , ET A PRIORIBUS ET A CAUSALIORIBUS PRODUCITUR EMINENTIUS ». 4 occurrences RSP : Dans trois des quatre occurrences de la prop. 56 (citée comme prop. 54), à savoir De int. (I, 11.(2), p. 144), De cog. ent. (38.(2), p. 203), De subs. spir. (19.(5), p. 317), Dietrich nomme aussi la prop. 1 du Liber de causis. Nous avons déjà signalé que Thomas d’Aquin rapproche ces mêmes sentences dans son commentaire au Liber de causis ; Dietrich s’y inspire probablement pour cette comparaison. Proclus 301 Dans le De elem. (23.(2), p. 74), la prop. 56 est citée après les prop. 139 et 140 dans un contexte très différent de celui où elle apparaît dans les autres ouvrages de Dietrich : une discussion sur la puissance du soleil qui est supérieure à celle de la lune. Le soleil influe sur le principe de la vie dans lequel est contenu virtuellement toute la substance de l’être de la chose ; et bien que la lune participe à l’action du soleil et le rend parfait, l’influence de celui-ci est supérieure et première. Il faut noter que Dietrich préfère nommer ici l’Elementatio et non le Liber de causis, même si doctrinalement, il n’y a aucune différence entre les deux. IX) Prop. 97 (citée comme prop. 94) n. 9) p. 49, l. 1-3 : O MNIS SECUNDUM UNUMQUEMQUE ORDINEM PRIMORDIALIS CAUSA UNIVERSO ORDINI SUAM PROPRIETATEM TRADIT , ET QUOD EST ILLA PRIMO, HOC EST HIC SECUNDUM SUBMISSIONEM. De cog. ent., 74.(2), p. 237, l. 99114 : Quantum ad secundum istorum, scilicet de poenali passione, considerandum, quod dicit Proclus propositione 21: « Omnis ordo ab unitate incipiens procedit (…) ». (…) Hoc est, quod idem Proclus dicit infra propositione 94 : « O MNIS SECUNDUM UNUMQUEMQUE ORDINEM PRIMORDIALIS CAUSA UNIVERSO ORDINI SUAM PROPRIETATEM TRADIT , ET QUOD EST ILLA PRIMO , HOC EST HIC SECUNDUM SUBMISSIONEM ». 1 occurrence RSP : L’unique référence dans l’œuvre de Dietrich à la prop. 97 est faite à la suite d’une citation explicite de la prop. 21. Si l’on regarde la structure des arguments de Dietrich et leurs positions respectives, on notera que la prop. 97 a le rôle d’expliquer ou d’apporter des précisions par rapport à la prop. 21. En effet, Dietrich cite correctement la prop. 21 ; ensuite il l’explique (in ista propositione attendenda sunt duo ...) ; il commente, enfin, la partie de la prop. 21 qui affirme que toutes les 302 Le poids de la citation choses de l’univers sont, d’une certaine manière, homogènes (coelementales). Et il ajoute la prop. 97 de l’Elementatio qui soutient, selon Dietrich (ex his accipimus), une thèse similaire : la cause première communique ses caractéristiques à l’univers entier (tradit suam proprietatem), en l’occurrence l’ordre (des causes) et l’unité (dans la diversité). X) Prop. 111 e t c . n. 10) p. 56, l. 1-7 : Omnis intellectus seire hii quidem sunt divini intellectus suscipientes deorum posthabitationes, hii autem intellectus solum ; et omnis animalis hee quidem sunt intellectuales anime ad intellectus suspense proprios, hee autem anime solum ; et omnis corporalis nature hee quidem et animas habent astantes desuper, hee autem sunt nature solum, animarum expertes presentia. De int., I, 7.(1), p. 140, l. 21-28 : Et de isto genere sunt illae intellectuales substantiae, quas philosophi intelligentias vocabant, de quibus agitur in Libro de causis et in libro Procli, quas in pluribus locis illius libri deos nominat, quamvis secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis, sicut etiam Philosophus in XII Metaphysicae approbat dictum illorum, qui vocabant principia moventia caelos, vocabant, inquam, deos secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis. 1 occurrence RcGSI* : Une référence vague au fait que Proclus nomme les intelligences deos à plusieurs endroits de l’Elementatio ; or, la première occurrence est la prop. 111 que l’on considère comme source de ce renvoi. L’intérêt que Dietrich montre ici pour le vocabulaire utilisé par Proclus, le Liber de causis et Aristote dans le livre XII de la Métaphysique à propos des intelligences supérieures, s’est manifesté aussi à propos d’une citation analysée supra, n. 3'. Proclus 303 XI) Prop. 125 (citée comme prop. 121) n. 11) p. 63, l. 1-4 : Omnis deus, a quocumque inceperit ordine emicare se ipsum, procedit per omnia secunda, semper quidem plurificans suas derivationes et partiens, servans autem proprietatem proprie ypostaseos. De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 – 176, l. 81 : Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur: « Plena autem (…) ». 1 occurrence RSI : Le renvoi enchaîné aux propositions 125, 134, 140 et 145 (citées respectivement comme 121, 130, 136 et 141) est considéré et analysé ici pour toutes les quatre. Les adresses sont correctes (dans la mesure où l’on peut considérer les différences de numérotation comme étant correctes), mais aucune citation n’est donnée (sauf pour le commentum de la prop. 145). Elles sont évoquées par Dietrich après avoir citée explicitement et correctement la prop. 20, 174(=171) de l’Elementatio et le Liber de causis au sujet du nom de Dieu : on appelle intellect ou dieu les substances inférieures, à savoir les intelligences, comme cela ressort de quatre propositions nommées ici par Dietrich ; en effet, on lit, dans les prop. 125, 140 et 145, le nom ‘deus’ et, dans la prop. 134, le nom ‘intellectus’. Cette même préoccupation pour les noms attribués aux intelligences inférieures a été discutée auparavant à deux endroits. On notera une fois de plus l’insistance sur le vocabulaire de l’Elementatio (et du Liber de causis). Ici, comme dans d’autres contextes (cf. Liber de causis n. 20), l’impossibilité d’attribuer un nom positif à l’essence de Dieu est expliquée par Dietrich, en suivant ses sources, par la supériorité ontologique de la cause première à qui aucune langue ou langage ne peut s’élever. 304 Le poids de la citation XII) Prop. 134 (citée comme prop. 130) n. 12) p. 67, l. 1-2 : O MNIS DIVINUS INTELLECTUS INTELLIGIT QUIDEM UT INTELLECTUS PROVIDET AUTEM UT DEUS . De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 30-47: Unde Proclus propositione 20 libri sui et est supra inductum sic: « Omnibus corporibus (...) ». (...) Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit: « O MNIS DIVINUS INTELLECTUS INTELLIGIT QUIDEM UT INTELLECTUS , PROVIDET AUTEM UT DEUS ». Et quod sic modo appropriatio intelligendi sub Deo competat proprius modus et propria ratio causalis influentiae, competat, inquam, ipsi intelligentiae, hoc dicit infra 171: « Omnis intellectus (...) ». De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 – 176, l. 81 : Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur: « Plena autem (…) ». 2 occurrences RSP : Tout comme dans le cas précédent, la prop. 134 est accompagnée par les propositions 20 et 174 de l’Elementatio ; il semble donc que Dietrich s’est forgé l’habitude de les citer ensemble et à propos du même sujet : la supériorité ontologique de la cause première par rapport aux Proclus 305 autres modes d’être. Ici, elles servent à montrer les rapports intrinsèques entre les divers degrés d’être et les opérations qui leur sont propres ; des citations du Liber de causis (prop. 3) sont tout naturellement introduites par Dietrich à propos de l’âme noble et ses trois opérations, tandis que les prop. 134 et 174 décrivent les opérations des intelligences : celles-ci exercent leur opération intellective en tant qu’intelligence et leur gouvernance en tant que Dieu (prop. 134) ; toute intelligence fait subsister ce qui vient après lui en l’explicitant ; faire subsister et connaître décrivent donc la même opération (prop. 174). Immédiatement après, Dietrich dit explicitement que le thème est plus clairement abordé par le Liber de causis (de ista appropriatione magis expresse habetur Libro de causis) ; contrairement donc à Thomas, Dietrich ne considère pas le Liber de causis comme un résumé plus ou moins intéressant de l’Elementatio, mais, au contraire, comme un texte qui apporte souvent des explications là où Proclus n’est pas claire. D’ailleurs, le nombre plus grand d’occurrences explicites, ainsi que la diversité des propositions provenant du Liber de causis dans l’œuvre de Dietrich, en est une preuve supplémentaire. RSI : Pour l’explication de l’occurrence dans le De cog. ent. (9.(2), p. 175) voir supra, n. 11. XIII) Prop. 139 (citée comme prop. 135) n. 13) p. 69, l. 14sq : Omnia participantia divinis unitatibus INCIPIENTIA CORPORALEM NATURAM. AB ENTE IN TERMINATUR De elem., 23.(1), p. 73, l. 63 - 74, l. 47 : Ad cuius evidentiam praenotandum, quod causalitas substantiarum separatarum, quae secundum naturalem providentiam praesunt huic universo, INCIPIT A supremo ENTE et IN CORPORALEM TERMINATUR NATURAM, sicut dicit Proclus 135 propositione. Et 136 propositione dicit, quod omnes illarum substantiarum separatarum « potentiae desursum (...) ». 306 Le poids de la citation 1 occurrence RSP : La citation tronquée de la prop. 139 dans le De elem. (23.(1), p. 74) devrait être signalée proprement, par des guillemets. Immédiatement après, Dietrich cite la prop. 140 et peu après la prop. 54. Le thème général porte sur le mouvement des corps vers leurs fins propres. Dietrich veut établir les principes généraux pour ces mouvements, le premier étant que le mouvement et la causalité des astres dépendent des substances séparées auxquelles ils sont liés ; et celles-ci participent à un ordre causal de l’univers entier, une providence naturelle qui commence avec l’ens supremum et s’étend jusqu’aux choses corporelles (prop. 134). La prop. 140 enrichit de quelques précisions ce propos (cf. infra). XIV) Prop. 140 (citée comme prop. 136) + c o m m e n t u m n. 14) p. 70, l. 1-3 : O MNES DEORUM POTENTIE DESURSUM INCHOANTES ET PER PROPRIAS PROCEDENTES MEDIETATES USQUE AD EXTREMA DEVENIUNT ET AD LOCA CIRCA TERRAM. p. 70, l. 15sq : : T RIPLICITER ENIM ERAT UNUMQODQUE : AUT SECUNDUM CAUSAM AUT SECUNDUM EXISTENTIAM AUT SECUNDUM PARTICIPATIONEM . De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 63 – 202, l. 68 : Convenienter autem accipimus finem suae operationis consummationem totius universi corporalis secundum esse naturae, quae incohat in motu caeli et terminatur in centro mundi. Unde Proclus propositione 136: « O MNES DEORUM POTENTIAE DE SURSUM INCOHANTES ET PER PROPRIAS PROCEDENTES MEDIETATES USQUE AD EXTREMA DEVENIUNT ET AD LOCA CIRCA TERRAM ». De elem., 23.(1), p. 73, l. 43 – 74, l. 56 : (…) incipit a supremo ente et in corporalem terminatur naturam, sicut dicit Proclus 135 propositione. Et 136 propositione dicit, quod omnes illarum substantiarum separatarum « POTENTIAE DESURSUM Proclus 307 INCOHANTES ET PER PROPRIAS MEDIETATES PROCEDENTES USQUE AD EXTREMA PERVENIUNT ET AD LOCA CIRCA TERRAM ». Vocat autem « proprias medietates » causas medias, in quibus universalior virtus superiorum causarum magis et magis determinatur secundum descensum ad inferiora, quae a substantiis separatis, ut sermo fiat ad propositum, primo ordine reripitur et determinatur in supremo caelo mediante suo principio, quo movetur, cuius caeli virtus et sui motoris universalior ceteris caelis, qui sunt infra, primo recipitur et determinatur in orbe stellato et magis particulatur descendens ab universalitate et nobilitate eiusdem primi et supremi caeli et sui motoris. De int., II, 1.(2), p. 146, l. 14-19 : Quod enim in qualitatibus est similitudo, in substantiis est identitas, quod in proposito contingit aliquo trium modorum, qui enumerantur in commento 136 propositionis Procli sic : « TRIPLICITER ERAT UNUMQUODQUE : AUT SECUNDUM CAUSAM, AUT SECUNDUM ESSENTIAM, AUT SECUNDUM PARTICIPATIONEM ». Plures modos non invenimus in essentialiter ordinatis. De int., II, 7.(4), p. 151, l. 66-73 : Quod necessarium est contingere 308 Le poids de la citation aliquo trium modorum, qui supra inducti sunt ex Proclo. Aut enim sunt idem essentialiter sic, quod essentia unius eorum secundum univocationem sit essentia alterius, quo constat non esse in proposito, quod ita sunt iuncta ad invicem, quod sunt una essentia, aut intellectus agens est idem cum essentia animae per participationem (...). De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 – 176, l. 81: Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur: « Plena autem (…) ». 5 occurrences RSP (De cog. ent., 37.(8), p. 201, l. 63 – 202, l. 68 ; De elem., 23.(1), p. 73, l. 43 – 74, l. 56 ; De int., II, 1.(2), p. 146, l. 14-19) : Dans le contexte doctrinal que nous venons d’analyser (voir supra, n. 14), Dietrich fait appel (dans le De cog. ent. 37.(8), p. 201, l. 63 – 202, l. 68) à la prop. 140 ; après avoir discuté l’ordre de la causalité universelle à partir du premier principe jusqu’aux corps naturels de ce monde, en tenant également compte de la participation des intelligences, Dietrich discute le troisième degré des étants : les âmes des cieux. Leur opération suppose un mouvement qui commence avec le ciel et finit au centre de la terre. La prop. 140 est citée dans le De elem. (23.(1), p. 73) immédiatement après la prop. 139. Il faut noter ici le commentaire détaillé que Dietrich donne à l’expression « proprias medietates » qui signifie, selon lui, les causes intermédiaires. Dietrich insiste ici sur le fait que la vertu (virtus) Proclus 309 qui est plus universelle dans les causes supérieures et plus particulière dans les causes inférieures, provient de la cause première ; cette même vertu descend jusqu’aux corps astraux et leurs moteurs où elle est encore plus déterminée et particulière (amplius determinatur et particulatur) ; elle atteint les planètes les plus proches de ce monde, à savoir le soleil et la lune (dont le premier est supérieur à la seconde). Et ici Dietrich ajoute la citation de la prop. 56 présentée auparavant (cf. supra, n. 8). Dietrich donne, dans le De int. (II, 1.(2), p. 146), une interprétation particulière du commentaire à la proposition 140 ; en effet, Proclus y parle, d’une manière générale, des trois modes dont les choses se ressemblent : (1) selon la causalité (les supérieures sont semblables aux inférieures parce qu’elle sont causes de celles-ci), (2) selon l’essence et (3) par participation (les inférieures sont semblables aux supérieures parce qu’elles participent à celles-là). Dietrich déplace le sens ontologique et cosmologique de cette remarque dans un cadre noétique pour expliquer l’identité entre l’intellect agent et ses objets de connaissance. En effet, Dietrich reprend la sentence d’Aristote « anima est quodammodo omnia » qu’il transforme en « intellectus est similitudo totius entis ». Dietrich précise d’abord que, dans les qualités, existe la similitude et, dans les substances, l’identité ; or, selon les trois modes d’existence dont parle Proclus, le rapport entre les étants et l’intellect agent est selon le mode de la similitude selon l’essence, étant donné que l’intellect agent n’est pas la cause des étants. RcGSI (De int. (II, 7.(4), p. 151)) : Malgré la présence explicite de la citation dans le De int. (II, 7.(4), p. 151) les éditeurs ne font de renvoi ni dans l’apparat des sources ni dans l’index final. Dietrich renvoie à un usage antérieur du De int. (II, 1.(2), p. 146) où il avait cité et expliqué cette proposition de Proclus ; ici il reprend l’idée et va encore plus loin (et dans ce sens on peut dire qu’il l’utilise dans un autre but). Auparavant, il avait établi un rapport d’identité essentielle entre l’intellect agent et l’objet de sa connaissance (les étants intelligibles). Il veut à présent définir le rapport entre l’intellect agent et l’âme : les deux ne sont pas identiques selon l’essence parce que l’intellect agent (en tant qu’image de Dieu) est plus noble que l’âme humaine ; en vertu de cette noblesse même, l’intellect agent est identique à l’âme pour raison de causalité. Nous remarquerons aussi que, si Dietrich parle beaucoup de la similitude, lors de la première citation, ici il utilise seulement la formule : idem esse. RSI : Pour le renvoi dans le De cog. ent., 9.(2), p. 175, voir supra, n. 11. 310 Le poids de la citation XV) Prop. 145 (citée comme prop. 141) n. 15) p. 72, l. 1-2 : O MNIS DIVINI ORDINIS PROPRIETS PER OMNIA SECUNDA PERTINGIT ET DAT SE IPSAM OMNIBUS demissioribus generationem. p. 72, l. 18-19 : PLENA AUTEM OMNIA DIIS , ET QUOD UNUMQUODQUE SECUNDUM NATURAM HABET . HABET INDE De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 – 176, l. 81 : Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur: « P LENA AUTEM SUNT OMNIA DIIS , ET QUOD UNUMQUODQUE HABET SECUNDUM NATURAM , INDE HABET ». De cog. ent., 79.(3), p. 242, l. 4648 : Et isti duo modi essendi in rebus possunt intelligi ex 141 propositione Procli, quae talis est: « O MNIS DIVINI ORDINIS PROPRIETAS PER OMNIA SECUNDA CONTINGIT ET DAT SE IPSAM OMNIBUS ». 3 occurrences RSP : Les uniques occurrences de la prop. 145 apparaissent dans le De cog. ent. La première fois (9.(2), p. 175) : Dietrich cite une partie du commentaire de cette proposition dans un contexte que nous avons déjà discuté. La seconde fois (79.(3), p. 242) : Dietrich la cite dans le cadre d’une analyse plutôt élaborée où il montre que l’unité de l’univers, ce par quoi l’ordre de l’univers est garanti à partir du premier principe jusqu’aux corps de ce monde, n’est pas du même genre que l’unité qui est propre Proclus 311 au genre de la quantité discrète ; autrement dit, cette dernière unité, par laquelle une chose est identique à elle-même et par laquelle une chose s’individualise, est distincte de l’unité communiquée à l’univers entier par la première cause. Cette dernière unité est l’essence même du premier principe qui se trouve dans les étants de deux manières : intentionaliter et realiter. Les deux modes d’être sont décrits, selon Dietrich, par Proclus dans la prop. 145 de l’Elementatio. RSI : Pour le renvoi à la prop. 145 dans le De cog. ent., 9.(2), p. 175, l. 75 – 176, l. 81, voir supra n. 11. XVI) Prop. 146 (citée comme prop. 142) n. 16) p. 72, l. 1-3 : O MNIUM DIVINORUM PROCESSUUM FINES A SUA PRINCIPIA ASSIMILANTUR , CIRCULUM SINE PRINCIPIO ET SINE FINE SALVANTES PER CONVERSIONEM AD PRINCIPIA . De vis. beat., Prooemium, (2), p. 13, l. 14-22: Unde Proclus propositione 142: « O MNIUM DIVINORUM PROCESSUUM FINES AD SUA PRINCIPIA ASSIMILANTUR CIRCULUM SINE PRINCIPIO ET SINE FINE SALVANTES PER CONVERSIONEM AD PRINCIPIA ». Et infra propositione 143: « Omnium divinorum (…) ». Ex dictis sumendum est hoc generaliter, quod ens quodcumque, quod quantum ad summum gradum suae perfectionis in Deum immediate reducitur secundum participationem divinarum bonitatum, necesse est hoc fieri secundum suae substantiae id supremum, quod Deus in natura sua plantavit. 1 occurrence RSP : Cette citation au tout début du De vis. beat. est précédée par une autre provenant d’Augustin (De civitate Dei), par deux références à Denys 312 Le poids de la citation l’Aréopagite (copiées de Thomas d’Aquin – aucune indication dans ce sens dans l’apparat des sources) et elle est suivie par la prop. 147 de l’Elementatio. Toutes ces autorités sont citées au sujet de la triple hiérarchie des étants ; les uns communiquent avec les autres grâce à une certaine contiguïté entre les limites inférieures des substances supérieures et les limites supérieures des substances inférieures. Cela rend possible la conversion et le retour des inférieures vers les supérieures et vers le premier principe ou, selon la description de Proclus (prop. 146), une assimilation des fins aux principes grâce à un mouvement éternel et circulaire. Les longues citations de la prop. 147 et de son commentaire apportent des précisions à propos de cette contiguïté et montrent que la jonction des limites se fait par ressemblance (similitudo). Le but de cette discussion chez Dietrich n’est pas cosmologique (comme chez Proclus), mais noétique ; et résume le point central du traité : la vision béatifique peut s’accomplir seulement par la limite supérieure de l’homme, par ce que Dieu même a mis dans l’homme en tant qu’image de la Trinité : l’intellect agent. XVII) Prop. 147 (citée comme prop. 143) n. 17) p. 73, l. 1-6 : O MNIUM DIVINORUM ORNATUUM SUMMA ULTIMIS ASSIMILANTUR SUPERPOSITORUM. SI ENIM OPORTET COTINUITATEM ESSE DIVINI PROCESSUS ET PROPRIIS MEDIETATIBUS UNUMQUEMQUE ORDINEM COLLIGARI , NECESSE SUMMITATES SECUNDORUM COULARI FINIBUS PRIMORUM ; COPULATIO AUTEM PER SIMILITUDINEM. SIMILITUDO ERGO ERIT PRINCIPIORUM SUBMISSI ORDINIS AD ULTIMA SUPERLOCATI. De vis. beat., Prooemium, (2), p. 13, l. 14-27 : Unde Proclus propositione 142: « Omnium divinorum processuum (…) ». Et infra propositione 143: « O MNIUM DIVINORUM ORNATUUM SUMMA ULTIMIS ASSIMILANTUR SUPRA POSITORUM ». Commentum: « SI ENIM OPORTET CONTINUITATEM ESSE DIVINI PROCESSUS ET PROPRIIS MEDIETATIBUS UNUMQUEMQUE ORDINEM COLLIGARI, NECESSE SUMMI TATES SECUNDORUM COPULARI FINIBUS PRIMORUM. C OPULATIO AUTEM PER SIMILITUDINEM . S IMILITUDO ERGO PRIMORUM SUBMISSI ORDINIS AD ULTIMA Proclus 313 ». De vis. beat., 4.1.(2), p. 105, l. 815 : Secundum legem autem divini ordinis in dispositione entium inferiora secundum sui supremum tangunt superiora et copulantur eis secundum sui ad ipsa assimilationem. Unde Proclus 143 propositione: « O MNIUM DIVINORUM SUPERLOCATI ORNATUUM SUMMA ULTIMIS ASSIMILANTUR SUPRA POSITORUM ». Commentum ibidem: « S I ENIM OPORTET CONTI NUITATEM ESSE DIVINI PROCESSUS ET PROPRIIS MEDIE TATIBUS UNUMQUEMQUE ORDINEM COLLIGARI, NECESSE SUMMITATES SECUNDORUM COPULARI FINIBUS PRIMORUM . COPULATIO AUTEM PER SIMILITUDINEM. S IMILITUDO ERGO PRIMORUM SUBMISSI ORDINIS AD ULTIMA SUPER LOCATI ». De sub. spir., 21.(3), p. 318, l. 102 – 319, l. 108 : Et hoc concordat ei, quod dicit Proclus, 143, sic: « O MNIUM DIVINORUM ORNATUUM SUMMA ULTIMIS ASSIMILANTUR SUPRA POSITORUM ». Commentum : « S I ENIM OPORTET CONTINUITATEM ESSE DIVINI PROCESSUS ET PROPRIIS MEDIETATIBUS UNUMQUEMQUE ORDINEM COLLIGARI, NECESSE SUMMITATES SECUNDORUM COPULARI FINIBUS PRIMORUM ». Hucusque Proclus. Id est, « SUMMITATES SECUNDORUM », 314 Le poids de la citation id est spiritualium, necesse est « COPULARI FINIBUS PRIMORUM », id est infimis intellectualium. 3 occurrences RSP : La citation qui apparaît dans le De vis. beat. (Prooemium, (2), p. 13) a été présentée auparavant. Le cadre thématique de la seconde occurrence de la prop. 147 dans le De vis. beat. (4.1.(2), p. 105) est identique à la première : la vision béatifique se réalise seulement par la substance la plus noble de l’homme en vertu de la similitude entre l’intellect agent et Dieu. Dietrich insiste encore plus sur le fait que l’intellect agent est au plus haut degré semblable à Dieu (maxime Deo simile) et qu’il est la véritable image de Dieu dans l’homme. Dietrich trouve un appui très important dans le commentaire de la prop. 147 où Proclus soutient que la jonction entre les substances inférieures et les substances supérieures se fait par ressemblance (similitudo). Dans le De sub. spir. (21.(3), p. 318), la citation n’apparaît plus dans un contexte noétique, mais cosmologique où l’on précise que la communication possible entre le mode d’être des étants spirituels (maneries entium spiritualium) et celui des étants intellectuels (maneries entium intellectualium). Dietrich reprend même les mots de Proclus dans sa propre argumentation en les interprétant : « id est, ‘summitates secundorum’, id est spiritualium, necesse est ‘copulari finibus primorum’, id est infimis intellectualium ». On peut encore noter qu’avant de proposer son interprétation, Dietrich prend soin de bien distinguer entre ses propres mots et ceux de l’autorité : « hucusque Proclus ». XVIII) Prop. 174 (citée comme prop. 171) + c o m m e n t u m n. 18) p. 85, l. 1-8 : O MNIS INTELLECTUS IN INTELLIGENDO INSTITUIT QUE POST IPSUM, ET FACTIO IN INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA IN FACERE . (…) ET ENIM INTELLECTUS ET ENS De intell., 2.(1), p. 354, l. 4-11 : Hoc igitur primo considerandum circa substantias illas, quas intelligentias dicimus, sicut etiam in pluribus aliis opportunis locis dictum est, videlicet quod id, 315 Proclus QUOD IN IPSO IDEM. S I IGITUR FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM INTELLIGERE EST , FACIT PER INTELLIGERE. quod sunt, sunt intellectus in actu per essentiam. Et secundum hoc possunt esse et sunt rerum causalia principia secundum philosophos; unde Proclus propositione 171 dicit sic: « O MNIS INTELLECTUS IN INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA FACERE »; commentum: « ET ENIM INTELLECTUS ET ENS ET QUOD IN IPSO IDEM : SI IGITUR FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM INTELLIGERE EST , FACIT PER INTELLIGERE ». De cog. ent., 9.(1), p. 175, l. 56-69 : Si enim omnis substantia, quae per essentiam suam est intellectus in actu, habet aliquam rationem alicuius causae, ut ostensum est supra et Proclus hoc dicit manifeste propositione 171 sic: « O MNIS INTELLECTUS INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE FACERE ET INTELLIGENTIA », si, inquam, ita se habet omnis intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est (…). De cog. ent., 37.(3), p. 201, l. 3247 : Unde Proclus propositione 20 libri sui et est supra inductum sic: « Omnibus corporibus (...) ». (...) Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit: « Omnis divinus (…) ». quod sic modo appropriato intelligendi sub 316 Le poids de la citation Deo competat proprius modus et propria ratio causalis influentiae, competat, inquam, ipsi intelligentiae, hoc dicit infra 171: « O MNIS INTELLECTUS IN INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA FACERE ». De anim., 7.(2), p. 18, l. 52-58 : De isto modo causalis processus praeter hoc, quod scriptura veritatis eloquitur dicens omnia facta esse in verbo Dei, Ioann. 1 et Hebr. 11 : « Fide intelligimus aptata esse saecula verbo Dei », verbum autem quidam conceptus seu partus intellectualis est, praeter hanc, inquam, scripturae auctoritatem habemus etiam philosophicum testimonium. Dicit enim Proclus propositione 171: « O MNIS INTELLECTUS INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA FACERE ». Et supra in eodem libro c. 34 in commento: « Ex his itaque manifestum est (…) », et non propter hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum essentiam et cetera. De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-42 : Et hoc est, quod dicit Proclus propositione 171 sic: « O MNIS INTELLECTUS IN INTELLIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE ET INTELLIGENTIA FACERE ». Commentum : « ETENIM INTEL - 317 Proclus LECTUS ET ENS , QUOD IN IPSO IDEM. S I IGITUR FACIT PER ESSE, ESSE AUTEM INTELLIGERE EST , FACIT PER INTELLIGERE ». De int., III, 24.(1)-(3), p. 195, l. 17 – 196, l. 30 : Quantum ad intellectum, qui est alicuius causa, patet ex Proclo, sicut supra versus principium inductum est ex propositione 171. Sic dicit: « O MNIS INTELLECTUS IN INTEL LIGENDO INSTITUIT , QUAE SUNT POST IPSUM, ET FACTIO INTELLIGERE FACERE ET ». INTELLIGENTIA Et probatur istud ibidem in commento sic: « ETENIM INTELLECTUS ET ENS, QUOD IN IPSO IDEM. S I IGITUR FACIT PER ESSE , ESSE AUTEM INTELLIGERE EST , FACIT PER INTELLIGERE ». Quantum autem ad eum intellectum, qui procedit ab alio (…) . De int., I, 8.(2), p. 142, l. 63-66 : Et in hoc consistit quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in causando, sicut supra inductum est de Proclo et Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis, scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post. De int., I, 12.(2), p. 145, l. 71-75 : Sic ergo habemus ex quadam generali ratione et communi omnibus entibus, quod oportet in intellectibus, qui sunt intellectus per essentiam, inveniri quandam 318 Le poids de la citation virtutem activam, qua redundent in extra causando aliud, sicut etiam supra inductum est de Proclo in speciali de intellectu. De int., I, 9.(1), p. 142, l. 82-84 : Quomodo in primo omnium principio sit etiam talis fecunditas, qua redundet in extra. Super quae quarto loco et super omnia ponit ipsum unum, in quo similiter advertendum est esse quandam interiorem transfusionem respectivam, qua illa superbenedicta natura sua fecunditate redundet extra in totum ens constituens illud ex nihilo per creationem et gubernationem, sicut tractat Augustinus Super Genesim (…). Ex hoc patet, quod illud unum, quod Proclus quarto loco et super omnia posuit, intellectualiter etiam fecundum est. Ex hoc patet, quod illud unum, quod Proclus quarto loco et super omnia posuit, intellectualiter etiam fecundum est. 12 occurrences RSP (De intell., 2.(1), p. 354, l. 4-11 ; De cog. ent., 9.(1), p. 175, l. 56-69 ; ibid., 37.(3), p. 201, l. 32-47 ; De anim., 7.(2), p. 18, l. 5258 ; De int., I, 3.(2), p. 138, l. 39-42 ; ibid., III, 24.(1)-(3), p. 195, l. 17 – 196, l. 30) : La prop. 174 de l’Elementatio traite un sujet dont nous avons déjà discuté : la participation active des intelligences à la création et le type de causalité qui leur est propre. En raison de l’identité entre la substance et l’opération, que Proclus soutient dans son texte et que Dietrich attribue aux causes essentielles, lorsque l’intelligence connaît ce qui lui est inférieur, elle le fait subsister et lorsqu’elle le fait subsister, elle le connaît. Proclus 319 Dans le De intell. (2.(1), p. 354), Dietrich cite la proposition dans un contexte cosmologique en précisant le rapport entre les intelligences supérieures et les âmes des cieux ; les unes et les autres sont des intellects en acte par essence. Les deux exercent donc une action causale envers des substances inférieures. Dietrich concède, dans le De cog. ent. (9.(1), p. 175), que les intelligences ont une causalité efficiente, mais il précise que Dieu agit d’une manière plus éminente et plus noble par une opération appelée création qui lui est propre (voir surtout la discussion consacrée à ce sujet dans la partie sur Liber de causis, n. 7). Citée ensemble avec les prop. 20 et 134 dans le De cog. ent. (37.(3), p. 201), la prop. 174 a le rôle de renforcer l’argumentation concernant l’appropriatio. Dans le De anim. (7.(2), p. 18), Dietrich veut faire concorder le texte de l’Ecriture (Jean 1,3-4 et Hébr. 11,3) avec le témoignage des philosophes (en l’occurrence Proclus) : les uns comme les autres acceptent la création du monde à partir d’un principe intellectuel ; le verbum dont parlent les textes du Nouveau Testament signifie, selon Dietrich, conceptus seu partus intellectualis, tandis que Proclus exprime clairement la même idée ; et la prop. 34, citée immédiatement après, en est la preuve. Par la citation dans le De int. (I, 3.(2), p. 138) Dietrich soutient que l’intellect en acte n’a aucune opération passive parce qu’il agit toujours par essence et parce que son opération est identique à son essence ; étant donné, donc, que son être est identique au connaître, lorsqu’il connaît, il fait subsister son effet (« esse autem intelligere est »). Dietrich ne précise plus dans le De int. (III, 24.(1)-(3), p. 195) si l’intellect qu’il décrit est l’intellect agent ou l’intellect possible et se contente de citer la prop. 174 seulement pour différencier les rapports de causalité qui existent entre les substances intellectuelles et les étants naturels, dans un contexte doctrinal où il cite encore la prop. 31 de l’Elementatio et la prop. VII(VIII) du Liber de causis. RcGSI : Les trois occurrences explicites dans le De int. (I, 8.(2), p. 142 ; I, 9.(1), p. 142, l. 82-84 et I, 12.(2), p. 145) n’apparaissent ni dans l’apparat des sources ni dans l’index ; les renvois à une citation antérieure (« supra inductum est ») font référence au De int., I, 3.(2), p. 138, où Dietrich décrit l’opération causale de l’intelligence. Les mots qu’il utilise ici, ebullitio ou rendundare in extra, ne se trouvent pas dans l’Elementatio. Dietrich adapte donc à un langage plutôt albertien une thèse proclienne. Dans le De int. I, 9.(1), p. 142, Dietrich parle de la fécondité intellectuelle (intellectualiter fecundus est) de Dieu qui reprend l’idée de 320 Le poids de la citation l’ébullition et du débordement vers l’extérieur abordée à d’autres occasions. Dans les trois cas, le contexte doctrinal est donné par une discussion sur la procession des étants à partir de la première cause par l’entremise et avec la participation des causes secondaires ; les intelligences sont nommées par Dietrich « principes actifs » (principia activa, De int., p. 141) qui par une effervescence intérieure débordent et exercent ainsi une action causale sur les substances inférieures. Nous comptons séparémment les trois occurrenes en raison de leur présence en des endroits distincts de l’argumentation. XIX) Prop. 177 e t c . n. 19) p. 87, l. 1-5 : Omnis intellectus plenitudo ens specierum, hic quidem universaliorum, hic autem particulariorum est contentivus specierum ; et SUPERIORES quidem intellectus UNIVERSALIOREM habent quanto particulariorem qui post ipsos, inferiores autem particulariorem quanto totaliorem qui ante ipsos. De cog. ent., 8.(1), p. 174, l. 30-35 : Nihilominus tamen invenimus apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus UNIVERSALES et, quanto sunt SUPERIORES et nobiliores, tanto habent intellectus magis universales et magis simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de causis et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis. 1 occurrence RcGSI* : Cette référence à l’Elementatio de Proclus rappelle la théorie déjà lue dans le Liber de causis (voir la section sur le Liber de causis, n. 15), selon laquelle plus les substances sont supérieures, plus les formes et les vertus qu’elles contiennent sont universelles et nobles. Dietrich reprend probablement de Thomas le rapport entre le Liber de causis et Proclus. Proclus 321 XX) L e s s i m p l e s m e n t i o n s (SM) 3 fois dans divers titres des questions : a) deux fois dans le De int. : « De quadruplici manerie entium secundum distinctionem Procli ». (I.(4), p. 138) ; « Quod intellectus inquantum intellectus est similitudo totius entis et quod haec similitudo in substantiis est identitas secundum aliquem trium modorum, qui ibi enumerantur ex Proclo ». (II.(1), p. 146) b) une fois dans le De subs. spir., dans le Prooemium (5), p. 299, l. 26-28 : « Quod entia realia habent se secundum similitudinem proportionalem ut entia conceptionalia, et hoc secundum rationem numeri et ordinis et aliarum condicionum; et primo in generali de numero eorum secundum Proclum ». 1 fois dans le De anim., 36.(5), p. 43, l. 93-100 : « Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis ». Ce texte a été déjà mentionné dans les parties consacrées à Averroès et au Liber de causis. Cette vague référence (diffuse tractat) à l’Elementatio theologica, accompagnée d’une référence tout aussi vague au Liber de causis et à la Métaphysique d'Avicenne, a un certain intérêt pour l’historien en raison de l’enchaînement des autorités : les platoniciennes et la péripatéticiennes ont abordé la question des substances séparées ; les noms qui suivent sont des exemples ponctuels. Dietrich se place dans la lignée des deux traditions, et justifie ainsi la validité de son argumentation et donne plus de légitimité à son intérêt pour l’intellect agent, cause essentielle séparée. 322 Le poids de la citation II. Synopsis Dans la liste qui suit, nous indiquons les propositions de l’Elementatio citées par Dietrich. I) Prop. 17 (c o m me n tu m) 1x RSP, cf. n. 1. Provenance probable : directe. Thème : l’effet se tourne (convertit) vers la cause dont il procède. II) Prop. 20 9 fois : 3x RSP, 4x RcGSP, 2x RcGSI ; cf. n. 2. Provenance probable : 3x RSP, 4x RcGSP, 1x RcGSI : directe ; 1x RcGSI : incertaine. Thème : 3x RSP, 2x RcGSI : le propre des toutes les substances supérieures se trouve en Dieu ; 4x RcGSP : les étants supérieurs du troisième degré sont appellés par Proclus hypostases intellectuales. III) Prop. 21 + c o m me n tu m 6 fois, dont 4 fois prop. 21 (2x RSP + 1x RSI + 1x RcGSI) et 2 fois c o m me n tu m (1x RSP + 1x RcGSI*) ; cf. n. 3 et n. 3'. Provenance probable : 3x RSP, 1x RSI : directe ; 1x RcGSI, 1x RcGSI* : incertaine. Thème : toute opération dans l’univers se reduit au même ordre et à la même unité originelle. IV) Prop. 31 + c o mm e n tu m 6 fois, dont 4 fois prop. 31 (3x RSP + 1x RSI) et 2 fois c o mm e n tu m (2x RSP) ; cf. n. 4. Provenance probable : directe. Thème : la conversion de l’effet vers le principe duquel il procède (identique à la proposition 17). V) Prop. 32 (c o m me n tu m) 1x RSP, cf. n. 5. Provenance probable : directe. Thème : identique à la prop. 31 et 17. Proclus 323 VI) Prop. 34 + c o m me n t u m 5 fois, dont 2 fois prop. 34 (2x RSP) et 3 fois c o m me n tu m (2x RSP + 1x RSI) ; cf. n. 6. Provenance probable : directe. Thème : l’effet qui tourne vers le principe duquel il procède, a une subsistance propre. VII) Prop. 44 e tc . 1x RcGSI*, cf. n. 7. Provenance probable : incertaine. Thème : la conversion réflexive d’une substance séparée s’effectue par sa substance. VIII) Prop. 56 (citée comme prop. 54) 4x RSP, cf. n. 8. Provenance probable : directe. Thème : tout ce qui est produit par une cause inférieure, est produit d’une manière plus noble par une cause supérieure et notamment par la cause première. IX) Prop. 97 (citée comme prop. 94) 1x RSP, cf. n. 9. Provenance probable : directe. Thème : la cause première communique ses propriétés à l’univers entier. X) Prop. 111 e tc . 1x RcGSI*, cf. n. 10. Provenance probable : incertaine. Thème : les substances supérieures sont nommées ‘intelligences’ par le Liber de causis et ‘dieux’ par Proclus. XI) Prop. 125 (citée comme prop. 121) 1x RSI, cf. n. 11. Provenance probable : incertaine. Thème : les substances inférieures sont nommées soit ‘intelligences’ soit ‘dieux’. XII) Prop. 134 (citée comme prop. 130) 2 fois : 1x RSP, cf. 12 ; 1x RSI, cf. n. 12 et 11. Provenance probable : 1x RSP : directe ; 1x RcGSI : incertaine. Thème : 1x RSP : l’intelligence supérieure exerce son opération intellective en tant qu’intelligence et sa gouvernance en tant que Dieu (ut Deus) ; 1x RcGSI : cf. n. 11. 324 Le poids de la citation XIII) Prop. 139 (citée comme prop. 135) 1x RSP, cf. n. 13. Provenance probable : directe. Thème : le mouvement des corps vers leur fin naturelle. XIV) Prop. 140 (citée comme prop. 136) + c o m m e n tu m 5 fois, dont 3 fois prop. 140 (2x RSP + 1x RSI) et 2 fois c o m me n tu m (1x RSP + 1x RGSI) ; cf. n. 14. Provenance probale : directe. Thème : 3x RSP + 1x RcGSI : l’opération de l’âme noble (ou des âmes des cieux) suppose un mouvement qui commence avec le ciel et finit au centre de la terre ; 1x RcGSI, cf. n. 11. XV) Prop. 145 (citée comme prop. 141) + c o m me n tu m 3 fois, dont 2 fois prop. 145 (1x RSI + 1x RSP) et 1 fois c o mm e n tu m (1x RSP) ; cf. n. 15. Provenance probable : directe. Thème : la propriété de l’ordre divin de l’univers se donne à toutes les choses de l’univers ; cf. n. 11. XVI) Prop. 146 (citée comme prop. 142) 1x RSP, cf. n. 16. Provenance probable : directe. Thème : le retour des inférieures vers les supérieures représente une assimilation des fins aux principes grâce à un mouvement éternel et circulaire. XVII) Prop. 147 (citée comme prop. 143) + c o mm e n tu m 6 fois, dont 3 fois prop. 147 (3x RSP) et 3 fois commentum (3x RSP) ; cf. n. 17. Provenance probable : directe. Thème : l’assimilitation des substances inférieurex aux substances supérieures est rendue possible par une certaine similitude ou ressemblance entre elles. XVIII) Prop. 174 (citée comme prop. 171) + c o mm e n t u m 12 fois, dont 9 fois prop. 174 (6x RSP, 3x RcGSI) et 3 fois commentum (3x RSP) ; cf. n. 18. Provenance probable : directe. Thème : la participation active des intelligences à la création et le type de causalité qui leur est propre. Proclus 325 XIX) Prop. 177 etc. 1x RcGSI*, cf. n. 19. Provenance probable : incertaine. Thème : plus l’intelligence est supérieure, plus les formes qu’elle contient sont universelles et nobles ; plus l’intelligence est inférieure, plus les formes qu’elle contient sont moins universelles et plus simples. 326 Le poids de la citation III. Conclusions 1 Dietrich invoque 67 fois (+ 4 SM) l’Elementatio, mais il cite explicitement propositions et commentaires différents21 : comm. prop. 17 (nommé 1 fois) prop. 20 (nommée 3 fois) prop. 21 (nommée 4 fois) comm. prop. 21 (nommé 1 fois) prop. 31 (nommée 4 fois) comm. prop. 31 (nommé 2 fois) comm. prop. 32 (nommé 1 fois) prop. 34 (nommée 2 fois) comm. prop. 34 (nommé 3 fois) prop. 56 (nommée 4 fois – avec le numéro 54) prop. 97 (nommée 4 fois – avec le numéro 94) prop. 125 (nommée 1 fois – avec le numéro 121) prop. 134 (nommée 2 fois – avec le numéro 130) prop. 139 (nommée 1 fois – avec le numéro 135) prop. 140 (nommée 3 fois - avec le numéro 136) comm. prop. 140 (nommé 1 fois) prop. 145 (nommée 2 fois – avec le numéro 141) comm. prop. 145 (nommé 1 fois) prop. 146 (nommée 1 fois – avec le numéro 142) prop. 147 (nommée 3 fois – avec le numéro 143) comm. 147 (nommé 3 fois) prop. 174 (nommée 6 fois – avec le numéro 171) comm. 174 (nommé 3 fois) Si l’on maintient la distinction purement méthodologique entre propositions principales et propositions secondaires (commentum), on peut dire que Dietrich mentionne explicitement 14 propositions principales sur les 211 de l’Elementatio, ce qui représente moins de 7%, et 9 propositions secondaires sur 211, ce qui représente ca. 4% ; en tout, Dietrich nomme explicitement 23 propositions (propositions principales et secondaires confondues) sur un total de 422 que comporte le texte de Proclus, ce qui représente ca. 5% de l’Elementatio. Les trois autres propositions (des RcG) que nous n’avons pas comptées ici (prop. 21 Calcul des RP, RI et FRP. Proclus 327 44, 111 et 171), mais que nous pouvons considérer comme sources possibles ne changent pas beaucoup les données (cela représente 26 propositions soit 6% de l’Elementatio). Ces chiffres présentent, nous semble-t-il, une réalité bien différente de celle que la bibliographie secondaire a toujours décrit : la connaissance que Dietrich avait de l’Elementatio se limite à seulement quelques propositions dont il fait un usage relativement restreint : les 67 occurrences de l’Elementatio représentent moins de la moitié des 138 occurrences d’Averroès ; à titre de comparaison, Dietrich cite 45 propositions différentes (principales et secondaires confondues) du Liber de causis, tandis que de l’Elementatio il en cite presque la moitié : 23 propositions différentes (principales et secondaires confondues). Notons que Dietrich ne fait aucune mention explicite des propositions (principales ou secondaires) suivantes : 1-16, 22-30, 33, 35-55, 57-96, 98-124, 126-133, 135-138, 141-144, 148-173 et 172-211. 328 Le poids de la citation IV. Dietrich de Freiberg lecteur de Proclus Une fois déterminé quelles sont les propositions de l’Elementatio citées et connues par Dietrich, voici les tableaux des œuvres qui font usage de cette autorité : 1) D e in t. (20 fois + 2 SM) I.(4), p. 138 : De quadruplici manerie entium secundum distinctionem Procli. SM I, 3.(2), p. 138, l. 39-57 : Et hoc est, quod dicit quod dicit Proclus propositione 171 sic : « Omnis intellectus in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere ». Commentum : « Etenim intellectus et ens, quod in ipso idem. Si igitur facit per esse, esse autem intelligere est, facit per intelligere ». Distinguit autem idem Proclus quadruplicem rerum maneriem, in quibus singulis diligens indagator, prout fuerit de proposito suo, necesse habet quaerere proprias uniuscuiusque eorum operationes. Dicit ergo propositione 20 sic: « Omnibus corporibus superior est animae substantia et omnibus animabus superior intellectualis natura et omnibus intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ». Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18 Comm. prop. 174, 1x RSP ; cf. n. 18. I, 6.(2) – 7.(1), p. 140, l. 11-28 : Sed non oportet circa hoc immorari nec reducere nos ad principia moventia caelos, quae animas caelorum dicimus, quae movent per intellectus suos, de quibus in tertio genere rerum secundum Proclum, scilicet de « intellectualibus hypostasibus », agendum est. (...) Et de isto genere sunt illae intellectuales substantiae, quas philosophi intelligentias vocabant, de quibus agitur in Libro de causis et in libro Procli, quas in pluribus locis illius libri deos nominat, quamvis secundum diminutam et imperfectam rationem deitatis, sicut etiam Philosophus in XII Metaphysicae approbat dictum illorum (...). Prop. 20, 1x RSP ; cf. n. 2. Prop. 20, 1x RcGSP ; cf. n. 2. Prop. 111 e tc . , 1x RcGSI* ; cf. n. 10. Proclus 329 I, 8.(2) – 9.(1), p. 142, l. 63-93 : Et in hoc consistit quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in causando, sicut supra inductum est de Proclo et Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis, scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post. (...) Sed haec hactenus de intellectibus separatis, qui sunt intellectus semper in actu. Unde Proclus vocat eos « intellectuales hypostases », quod est tertium genus entium, quod enumeravit. Quomodo in primo omnium principio sit etiam talis fecunditas, qua redundet in extra. Super quae quarto loco et super omnia ponit ipsum unum, in quo similiter advertendum est esse quandam interiorem transfusionem respectivam, qua illa superbenedicta natura sua fecunditate redundet extra in totum ens constituens illud ex nihilo per creationem et gubernationem, sicut tractat Augustinus Super Genesim (…). Ex hoc patet, quod illud unum, quod Proclus quarto loco et super omnia posuit, intellectualiter etiam fecundum est. (...) Unde Proclus propositione 34 dicit sic: « Omne, quod secundum naturam convertitur, ad illud facit conversionem, a quo et processum propriae subsistentiae habet ». Commentum ibidem : « Ex his itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est intellectus, et procedunt omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus sit. Et non propter hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum essentiam, et conversus est semper et insolubilis secundum ordinem ». Prop. 174, 1x RSI ; cf. n. 18. I, 11.(1)-(2), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum Comm. prop. 21, 1x RcGSI* ; cf. n. 3'. Prop. 20, 1x RcGSP ; cf. n. 2. Prop. 174, 1x RcGSI ; cf. n. 18. Prop. 34, 1x RSP ; cf. n. 6. Comm. prop. 34, 1x RSP ; cf. n. 6. Prop. 56 (citée comme prop. 54), 1x RSP ; cf. n. 8. 330 Le poids de la citation caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. (…) Procede enim rem a re non est unam creare aliam (…) quia quidquid agit causa secunda in essentialiter ordinatis, agitur a causa superiore, sed eminentiore modo, ut dicitur in Libro de causis, et Proclus propositione 54 sic : « Omne, quod a secundis producitur, et a prioribus et a causalioribus producitur eminentius, a quibus et secunda producebantur ». Incidens: quod philosophi tractantes de intelligentiis non tractabant de angelis. I, 12.(2), p. 145, l. 71-75 : Sic ergo habemus ex quadam generali ratione et communi omnibus entibus, quod oportet in intellectibus, qui sunt intellectus per essentiam, inveniri quandam virtutem activam, qua redundent in extra causando aliud, sicut etiam supra inductum est de Proclo in speciali de intellectu. Prop. 174, 1x RcGSI ; cf. n. 18. II.(1), p. 146: Quod intellectus inquantum intellectus est similitudo totius entis et quod haec similitudo in substantiis est identitas secundum aliquem trium modorum, qui ibi enumerantur ex Proclo. SM II, 1.(2), p. 146, l. 14-19 : Quod enim in qualitatibus est similitudo, in substantiis est identitas, quod in proposito contingit aliquo trium modorum, qui enumerantur in commento 136 propositionis Procli sic : « Tripliciter erat unumquodque : aut secundum causam, aut secundum essentiam, aut secundum participationem ». Plures modos non invenimus in essentialiter ordinatis. Comm. prop. 140 (citée comme prop. 136), 1x RSP ; cf. n. 14. II, 7.(4), p. 151, l. 66-73 : Quod necessarium est contingere aliquo trium modorum, qui supra inducti sunt ex Proclo. Comm. prop. 140, 1x RcGSI ; cf. n. 14. Proclus 331 III, 24.(1)-(2), p. 195, l. 17 – 196, l. 29 : Quantum ad intellectum, qui est alicuius causa, patet ex Proclo, sicut supra versus principium inductum est ex propositione 171. Sic dicit: « Omnis intellectus in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere ». Et probatur istud ibidem in commento sic: « Etenim intellectus et ens, quod in ipso idem. Si igitur facit per esse, esse autem intelligere est, facit per intelligere ». Quantum autem ad eum intellectum, qui procedit ab alio, de habitudine videlicet sui ad suam causam, possumus arguere ad propositum ex propositione 31 eiusdem Procli, ubi sic dicit: « Omne procedens ab alio secundum essentiam convertitur ad illud, a quo procedit ». Commentum ibidem sic: « Appetunt ergo et suam causam singula. Per quod enim esse unicuique, per hoc et ipsum bene. Per quod autem ipsum bene, ad hoc appetitus primo. Ad quod autem appetitus primo, ad hoc conversio ». Ex hoc arguitur ad propositum sic : Omnis intellectus procedens ab alio convertitur in ipsum tamquam in causam suam. Talis autem conversio non est nisi per appetitum. Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18. Comm. prop. 174, 1x RSP ; cf. n. 18. III, 25.(3), p. 197, l. 71-87 : Eadem ratione videtur se debere in sensu habere, scilicet quod secundum modum substantiae suae in suo genere sit conversus in suam causam, scilicet sensualiter, et quod secundum sensum cognoscat causam suam, a qua procedit, et hoc secundum propositionem Procli 31 hic inductam. (...) Sic est videre in proposita locutione sumpta de Proclo quantum ad eam determinationem, quae importatur per hanc particulam, scilicet per essentiam, quoniam primo et vere determinat illud, a quo fit processio, hoc est ipsam causam et modum causandi, et sic designatur, quod ipsa est causa essentialis, et excluditur causa accidentalis et instrumentalis et artificialis, et ita est causa immediate per suam essentiam. Prop. 31, 1x RSI ; cf. n. 4. Prop. 31, 1x RSP ; cf. n. 4. Comm. prop. 31, 1x RSP ; cf. n. 4. 332 Le poids de la citation 2) D e c o g. e n t. (18 fois) 8.(1), p. 174, l. 30-35 : Nihilominus tamen invenimus apud philosophos de illis divinis intellectibus, quos propter sui excellentiam intelligentias vocant, quod huiusmodi, inquam, substantiae habent intellectus universales et, quanto sunt superiores et nobiliores, tanto habent intellectus magis universales et magis simplices. Et hoc habemus manifeste ex Libro de causis et ex libro Procli, unde videtur sumptus Liber de causis. Prop. 177 e tc . , 1x RcGSI* ; cf. n. 19. 9.(1), p. 175, l. 56 – 176, l. 81 : Si enim omnis substantia, quae per essentiam suam est intellectus in actu, habet aliquam rationem alicuius causae, ut ostensum est supra et Proclus hoc dicit manifeste propositione 171 sic: « Omnis intellectus intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere », si, inquam, ita se habet omnis intellectus quantum ad efficaciam causandi, quanto potius ille summus et primus intellectus, qui Deus est (…). Unde attendendo hanc Dei immensitatem Proclus in libro suo superordinavit omnibus intellectibus et secundum substantiam et secundum operationem quadam inexplicabili positiva nominis proprietate essentiam divinam dicens propositione 20: « Omnibus corporibus superior est animae substantia, et omnibus animabus superior intellectualis natura, et omnibus intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ». Ecce, caruit nomine positivo, quo exprimeret illam summam essentiam, quae Deus est, caruit, inquam, secundum intentionem suam, nec suffecit sibi nomen intellectus, immo nec nomen Dei, quae duo nomina appropriat inferioribus substantiis, id est intelligentiis, in processu eiusdem libri sui propositione 121, 130, 136, 141, et ibi in commento, ubi dicitur : « Plena autem sunt omnia diis, et quod unumquodque habet secundum naturam, inde habet ». Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18. Prop. 20, 1x RSP ; cf. n. 2. Prop. 125 (citée comme prop. 121), 1x RSI ; cf. n. 11. Prop. 134 (citée comme prop. 130), 1x RSI ; cf. n. 12. Prop. 140 (citée comme prop. 136), 1x RSI ; cf. n. 14. Proclus 333 Prop. 145 (citée comme prop. 141), 1x RSI ; cf. n. 15. Comm. prop. 145, 1x RSP ; cf. n. 15 19.(3), p. 183, l. 115-117 : Haec tria sunt in Deo sic unite et simpliciter, quod propriis verbis inexplicabiliter, sicut supra inductum est de Proclo et infra propositione 6 dicitur, quod « causa prima superior est omni narratione ». Prop. 20, 1x RcGSI ; cf. n. 2. 37.(3), p. 201, l. 30-47 : Omne enim, quod secundum substantiam suam superlocatur aliis, etiam secundum proprietatem suae influentiae causalis superexistit aliis. Unde Proclus propositione libri sui et est supra inductum sic : « Omnibus corporibus superior est animae substantia, et omnibus animabus superior intellectualis natura, et omnibus intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ». Ecce, nomine unius circumloquitur primam causam, Deum, quasi non habens proprium nomen, quo positive ipsum designet. Et sic superponit eam secundum substantiam suam omnibus aliis entibus causalibus. Et in eadem propositione videtur appropriare intellectualitatem et modum proprie intellectualiter causandi et causae, quae est immediate sub prima causa, quae proxima et inferior causa est intelligentia, videtur autem appropriare in eo, quod dicit, quod « omnibus intellectualibus hypostasibus superius est ipsum unum ». Et infra propositione 130 loquens de intelligentiis dicit: « Omnis divinus intellectus intelligit quidem ut intellectus, providet autem ut Deus ». Et quod sic modo appropriatio intelligendi sub Deo competat proprius modus et propria ratio causalis influentiae, competat, inquam, ipsi intelligentiae, hoc Prop. 20, 1x RSP ; cf. n. 2. Prop. 134 (citée comme prop. 130), 1x RSP ; cf. n. 12. Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18. Prop. 140 (citée comme 136), 1x RSP ; cf. n. 14. 334 Le poids de la citation dicit infra 171: « Omnis intellectus in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere ». (…) Convenienter autem accipimus finem suae operationis consummationem totius universi corporalis secundum esse naturae, quae incohat in motu caeli et terminatur in centro mundi. Unde Proclus propositione 136: « Omnes deorum potentiae de sursum incohantes et per proprias procedentes medietates usque ad extrema deveniunt et ad loca circa terram ». Modus autem suae causalis influentiae huic fini proportionatus et proprius huic causae est, quod habet operationem animalem et consistit in hoc, ut dicitur in commento 3 propositionis Libri de causis, « quoniam ipsa movet (…) ». 38.(2), p. 203, l. 96-107 : Si autem placet: magis esset violentiam et innaturalitatem ab illa regione removere, dicendum supponendo primo hoc, quod dicit Proclus propositione 54, scilicet: « Omne, quod a secundis producitur, et a prioribus et a causabilioribus producitur eminentius, a quibus et secunda producebantur ». Et hinc sumitur ratio eius, quod dicitur De causis propositione 1: « Omnis causa (…) ». Prop. 56 (citée comme prop. 54), 1x RSP ; cf. n. 8. 74.(2), p. 237, l. 99-114 : Quantum ad secundum istorum, scilicet de poenali passione, considerandum, quod dicit Proclus propositione 21: « Omnis ordo ab unitate incipiens procedit in multitudinem unitati coelementalem, et omnis ordinis multitudo ad unam reducitur unitatem ». In ista propositione attendenda sunt duo, unum scilicet, quod omnis ordo, in quo consistit aliqua universitas, fundatur in aliqua unitate (...). Hoc est, quod idem Proclus dicit infra propositione 94: « Omnis secundum unumquemque ordinem primordialis causa universo ordini suam proprietatem tradit, et quod est illa primo, hoc est hic secundum submissionem ». Prop. 21, 1x RSP ; cf. n. 3. 76.(2), p. 238, l. 36-40 : Cuius ratio fundatur in tribus : primo tamquam in prima huius rei radice, videlicet in unitate illius, de qua dictum est, unius intentionis diffusae in totam rerum universitatem ab uno principio Prop. 21, 1x RcGSI ; cf. n. 3. Prop. 97 (citée comme prop. 94), 1x RSP ; cf. n. 9. 335 Proclus universitatis, sicut dicit Proclus et praemissum est, super quam unitatem fundatur ratio causalis quasi colligantis res, ut sint unius ordinis et per consequens unius universitatis. 79.(3), p. 242, l. 46-48 : Et isti duo modi essendi in rebus possunt intelligi ex 141 propositione Procli, quae talis est: « Omnis divini ordinis proprietas per omnia secunda contingit et dat se ipsam omnibus ». Prop. 145 (citée comme prop. 141), 1x RSP ; cf. n. 15. 3) D e vi s . b e a t. (10 fois) Prooemium, (2), p. 13, l. 14-22: Unde Proclus propositione 142: « Omnium divinorum processuum fines ad sua principia assimilantur circulum sine principio et sine fine salvantes per conversionem ad principia ». Et infra propositione 143: « Omnium divinorum ornatuum summa ultimis assimilantur supra positorum ». Commentum: « Si enim oportet continuitatem esse divini processus et propriis medietatibus unumquemque ordinem colligari, necesse sum-mitates secundorum copulari finibus primorum. Copulatio autem per similitudinem. Similitudo ergo primorum submissi ordinis ad ultima superlocati ». Ex dictis sumendum est hoc generaliter, quod ens quodcumque, quod quantum ad summum gradum suae perfectionis in Deum immediate reducitur secundum participationem divinarum bonitatum, necesse est hoc fieri secundum suae substantiae id supremum, quod Deus in natura sua plantavit. Prop. 146 (citée comme prop. 142), 1x RSP ; cf. n. 16. 1.5.(3)-(5), p. 62, l. 41-51 : Unde Boethius De consolatione l. III met: « Repetunt proprios (…) ». Proclus etiam dicit 31 propositione libri sui: « Omne procedens ab aliquo secundum essentiam convertitur ad illud, a quo procedit ». Ubi dicitur in commento : « Ad quod enim primo appetitus, ad hoc et conversio ». Et in commento 32 propositionis dicit: « Quod enim Prop. 31, RSP ; cf. 4. Comm. prop. 31, RSP ; cf. 4. Prop. 147 (citée comme prop. 143) ; cf. n. 17. Comm. prop. 147, 1x RSP ; cf. n. 17. 1x n. 1x n. 336 Le poids de la citation convertitur omne ad omne copulari festinat et appetit communionem ad ipsum et colligationem ad ipsum ». Et infra: « Si igitur conversio communio quaedam est et coniunctio » et cetera. Secundum dicta igitur rem per se procedentem ab aliquo principio converti in idem principium est secundum appetitum et operationem suam tendere in idem ipsum suum principium, ut communionem sui habeat et ad ipsum colligationem. Unde et in commento 17 propositionis dicit: « Ad quod autem operatur, ad hoc conversum est ». Comm. prop. 32, RSP ; cf. 5. Comm. prop. 17, RSP ; cf, 1. 3.2.4.(5), p. 74, l. 29-32 : Ex dictis enim condicionibus concluditur secundum philosophos intelligentias intelligere per suam essentiam et ea intellectione in se ipsas semper converti, ut habetur in Libro de causis et Procli. Prop. 44 e tc . , 1x RcGSI* ; cf. n. 7. 4.1.(2), p. 105, l. 8-15 : Secundum legem autem divini ordinis in dispositione entium inferiora secundum sui supremum tangunt superiora et copulantur eis secundum sui ad ipsa assimilationem. Unde Proclus 143 propositione: « Omnium divinorum ornatuum summa ultimis assimilantur supra positorum ». Commentum ibidem: « Si enim oportet continuitatem esse divini processus et propriis medietatibus unumquemque ordinem colligari, necesse summitates secundorum copulari finibus primorum. Copulatio autem per similitudinem. Similitudo ergo primorum submissi ordinis ad ultima superlocati ». Prop. 147 (citée comme prop. 143), 1x RSP ; cf. n. 17 Comm. prop. 147, 1x RSP ; cf. n. 17. 1x n. 1x n. 4) D e s u b s . s p ir . (7 fois + 1 SM) Prooemium (5), p. 299, l. 26-28 : Quod entia realia habent se secundum similitudinem proportionalem ut entia conceptionalia, et hoc secundum rationem numeri et ordinis et aliarum condicionum; et primo in generali de numero eorum secundum Proclum. SM 5.(2), p. 307, l. 9-17 : Easdem rerum maneries explicat Proclus propositione 20, procedens ab exterioribus seu Prop. 20, 1x RSP ; cf. 337 Proclus ab inferioribus, ubi nomine animae intelligit maneriem spiritualium, illud autem, quod proprie est innominabile, scilicet prima causa, hic exprimit nomine unius; unde dicit sic propositione 20: « Omnibus corporibus superior est animae substantia et omnibus animabus superior intellectualis natura et omnibus intellectualibus hypostasibus superius ipsum unum ». Hucusque Proclus. n. 2. 7.(1), p. 308, l. 48-52 : Cuius numeri ratio et sufficientia accipitur in hunc modum: Secundum Proclum enim propositione 21 « omnis ordinis multitudo ad unam reducitur unitatem ». Secundum hoc habemus primam maneriem essendi, quae competit primo omnium principio, inquantum ipsum est summe unum et a quo tota ordinata multitudo universi profluit. Prop. 21, 1x RSP ; cf. n. 3. 8.(1), p. 308, l. 65-69 : Unde primum ens, quod est Deus, quia est « in fine simplicitatis », summe est intellectuale, ad quem modum intellectualitatis nullum ens creatum attingere potest, sed ipsum est principium et causa omnis intellectualitatis; unde constituit primam et summam rerum maneriem secundum Proclum, ut dictum est. Prop. 20, 1x RcGSI ; cf. n. 2. 9.(1), p. 309, l. 2-8 : Et est secunda maneries entium conceptionalium, cuius in hoc genere principium est intellectus agens in nobis, sicut in entibus realibus primum principium, quod Deus est, est solum et immediatum principium entium secundae maneriei, in qua constituuntur substantiae intellectuales secundum philosophos, quas vocat Proclus « intellectuales hypostases », quia sunt intellectus per essentiam et secundum substantiam et operationem, et constituuntur ex principiis sui generis, quae Deus novit. Prop. 20, 1x RcGSP ; cf. n. 2. 19.(5), p. 317, l. 60-65 : Unde et Proclus propositione 54: « Omne, quod a secundis producitur, et a prioribus et a causalioribus producitur eminentius, a quibus et secunda producebantur ». Et in commento propositionis 1 Libri de causis: « Omnem operationem, (…) ». Et infra: « Et non figitur (…) ». Prop. 56 (citée comme prop. 54), 1x RSP ; cf. n. 8. 338 Le poids de la citation 21.(3), p. 318, l. 102 – 319, l. 108 : Et hoc concordat ei, quod dicit Proclus, 143, sic: « Omnium divinorum ornatuum summa ultimis assimilantur supra positorum ». Commentum : « Si enim oportet continuitatem esse divini processus et propriis medietatibus unumquemque ordinem colligari, necesse sum-mitates secundorum copulari finibus primorum ». Hucusque Proclus. Id est, « summitates secundorum », id est spiritualium, necesse est « copulari finibus primorum », id est infimis intellectualium. Prop. 147 (citée comme prop. 143), 1x RSP ; cf. n. 17. Comm. prop. 147, 1x RSP ; cf. n. 17. 5) D e a n i m. (6 fois + 1 SM) 3.(4), p. 14, l. 42-47 : Unde Proclus propositione 31 dicit sic: « Omne procedens ab aliquo secundum essentiam convertitur ad illud, a quo procedit »; et propositione 34 « Omne, quod secundum se convertitur, ad id facit conversionem, a quo processum suae substantiae habet »; et infra in commento distinguit quantum ad huiusmodi entium unitatem, scilicet quod vel idem ambo vel unum ab alio vel ambo de tertio. 7.(2), p. 18, l. 52-58 : Dicit enim Proclus propositione 171: « Omnis intellectus intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere ». Et supra in eodem libro c. 34 in commento: « Ex his itaque manifestum est, quod appetibile omnibus est intellectus et procedunt omnia ab intellectu, et totus mundus ab intellectu substantiam habet, etsi perpetuus sit, et non propter hoc non procedit semper, sed et perpetuus secundum essentiam » et cetera. 36.(5), p. 43, l. 93-100 : Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones ; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Prop. 31, 1x RSP ; cf. n. 4. Prop. 34, 1x RSP ; cf. n. 6. Comm. prop. 34, 1x RSI ; cf. n. 6 Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18. Comm. prop. 34, 1x RSP ; cf. n. 6. SM Proclus 339 Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis. 36.(7), p. 44, l. 111-123 : Sed quoniam secundum dictos philosophos etiam huiusmodi substantiae limitatae et determinatae sunt ad hunc universi ordinem, cuius ordinis nihil, quod intra eundem ordinem includitur, potest esse principium – esset enim principium sui ipsius, et Proclus in commento propositionis 21 dicit: « Quod enim in omni multitudine idem, non ab uno eorum, quae in multitudine processum habet » –, hinc est, quod ipsum universi totalis principium maxime ponendum est et in infinitum distanti gradu separationis. Comm. prop. 21, 1x RSP ; cf. n. 3. 6) D e e l e m. (3 fois) 23.(1), p. 73, l. 63 - 74, l. 47 : Ad cuius evidentiam praenotandum, quod causalitas substantiarum separatarum, quae secundum naturalem providentiam praesunt huic universo, incipit a supremo ente et in corporalem terminatur naturam, sicut dicit Proclus 135 propositione. Et 136 propositione dicit, quod omnes illarum substantiarum separatarum « potentiae desursum incohantes et per proprias medietates procedentes usque ad extrema perveniunt et ad loca circa terram ». Vocat autem « proprias medietates » causas medias, in quibus universalior virtus superiorum causarum magis et magis determinatur secundum descensum ad inferiora, quae a substantiis separatis, ut sermo fiat ad propositum, primo ordine reripitur et determinatur in supremo caelo mediante suo principio, quo movetur, cuius caeli virtus et sui motoris universalior ceteris caelis, qui sunt infra, primo recipitur et determinatur in orbe stellato et magis particulatur descendens ab universalitate et nobilitate eiusdem primi et supremi caeli et sui motoris. Prop. 139 (citée comme prop. 135), 1x RSP ; cf. n. 13. Prop. 140 (citée comme prop. 136), 1x RSP ; cf. n. 14. 340 Le poids de la citation 23.(2), p. 74, l. 72-77 : Primum istorum facit sol, non tamen sine luna, secundum quod superiora et universaliora non influunt absque inferioribus et magis determinatis causis; secundum autem efficit luna, non tamen sine superioribus et magis universalibus causis, quarum virtus et influentia per ipsam lunam determinatur circa inferiora, sicut dicit Proclus 54 propositione sic: « Omne, quod a secundis producitur, et a prioribus et a causalioribus producitur eminentius ». Prop. 56 (citée comme prop. 54), 1x RSP ; cf. n. 8. 7) D e in te l l . (2 fois) 2.(1), p. 354, l. 4-11 : Hoc igitur primo considerandum circa substantias illas, quas intelligentias dicimus, sicut etiam in pluribus aliis opportunis locis dictum est, videlicet quod id, quod sunt, sunt intellectus in actu per essentiam. Et secundum hoc possunt esse et sunt rerum causalia principia secundum philosophos; unde Proclus propositione 171 dicit sic: « Omnis intellectus in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum, et factio intelligere et intelligentia facere »; commentum: « Et enim intellectus et ens et quod in ipso idem: si igitur facit per esse, esse autem intelligere est, facit per intelligere ». Prop. 174 (citée comme prop. 171), 1x RSP ; cf. n. 18. Comm. prop. 174, 1x RSP ; cf. n. 18. 8) D e s u b . t he o l . (1 fois) 3.(4), p. 280, l. 59 – 281, l. 68 : (…) Hoc enim commune est omni proportionalitati et universaliter omni multitudini, in qua attenditur aliqua convenientia quod oportet ipsam reduci ad aliquam unitatem, quae est radix et ratio talis convenientiae, secundum quod dicit Proclus propositione 21. Prop. 21, 1x RSI ; cf. n. 3 Proclus 341 V. Conclusions 2 Dietrich utilise explicitement l’Elementatio : 20 fois (+ 2 SM) dans le De int. 18 fois dans le De cog. ent. 10 fois dans le De vis. beat. 7 fois (+ 1 SM) dans le De subs. spir. 6 fois (+ 1 SM) dans le De anim. 3 fois dans le De elem. 2 fois dans le De intell. 1 fois dans le De sub. theol. On remarque d’abord le nombre très restreint d’ouvrages dans lesquels Dietrich cite Proclus : 8 sur un total de 34 que l’on considère de sa plume. Il est surtout important de noter la présence importante dans les traités de noétique, le De int. et le De vis. beat. ayant quasiment la moitié des occurrences ; l’autre moitié se trouve dans les traités de cosmologie. Ce qui permet de dégager une première conclusion (qu’une analyse doctrinale pourrait confirmer) : (1) Dietrich se sert de l’Elementatio pour situer le statut des deux intellects, mais notamment l’intellect agent, dans la hiérarchie cosmique des substances séparées ; et (2) pour décrire les degrés de perfection des étants (les maneries rerum ou maneries entium). Quelques observations ponctuelles peuvent encore être soulignées : A) sur les 20 occurrences dans le De int., 13 correspondent littéralement à la source et toujours 13 indiquent les numéros des propositions. On peut également noter une préférence pour la proposition 174 (citée comme prop. 171) qui traite de la constitution de ses effets par l’acte d’intellection (« in intelligendo instituit, quae sunt post ipsum ») ; cette proposition est nommée 7 fois. Plusieurs parties du De int. représentent des petits commentaires des propositions de l’Elementatio : I, 8.(2)-9.(1) ; I, 11.(1)-(2) et III, 24.(1)-(2). B) dans le De cog. ent. on remarque notamment le long commentaire dans 9.(1), p. 175sq. où Dietrich mentionne 7 des 18 occurrences du traité. Proclus est invoqué dans le De cog. ent. surtout pour le problème de l’ordre de l’Univers à partir de Dieu jusqu’au monde sublunaire ; il utilise souvent ensemble les propositions 20, 134, 140 et 174 pour défendre la 342 Le poids de la citation thèse selon laquelle la cause supérieure est au-délà de tout langage et toute narration. C) Dietrich cite Proclus pour défendre une seule thèse : la procession de et le retour vers la cause première ; annoncée dans le prologue et ensuite développée dans la première partie du traité (notamment dans 1.5.(3)(5)), cette thèse joue un rôle majeur dans la doctrine de la vision béatifique : l’intellect agent s’unit à Dieu parce qu’il en procède, contrairement à l’intellect possible qui n’en procède pas. D) sur les 7 occurrences du De subs. spir., 4 sont des renvois aux prop. 20 et 21 qui portent sur l’ordre et l’unité cosmique. Dans le De anim., la thèse défendue par l’autorité de l’Elementatio concerne la procession de et la conversion vers le premier principe. Avicenne I. Avicenne dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg A. L i b e r d e p h il o s o p hi a p r i m a s ive s c ie n ti a d iv in a (ed. van Riet) I) T r a c ta tu s V n. 1) c. 5, p. 274, l. 57sq : QUIDDITAS autem OMNIS SIMPLICIS EST IPSUMMET SIMPLEX. De vis. beat., 4.3.1.(10), p. 113, l. 104-108 : Ubi etiam hoc advertendum, quod ea, quae hic dicuntur, non solum locum habent in compositis, sed etiam in simplicibus. Quamvis enim QUDITAS SIMPLEX SIMPLICIS SIT IPSUM per realem indifferentiam secundum Avicennam, nihilominus tamen quanto aliquid simplicius et perfectius est in suo genere, tanto plurium rationum est. De quid., 2.(5), p. 100, l. 32 – 101, l. 37 : Unde et in simplicibus etiam habet locum ratio quiditatis 344 Le poids de la citation extenso nomine quiditatis secundum dictam generalem rationem quiditatis. Secundum hoc enim dicit Avicenna, quod QUIDITAS SIMPLICIS EST IPSUM SIMPLEX. 2 occurrences RcGSP : Deux citations ayant une correspondance littérale dans Avicenne. Ce n’est très probablement qu’une phrase vagabonde qui ne dit rien de certain sur l’usage direct de la source ; elle est d’ailleurs souvent mentionnée, par exemple, par Thomas d’Aquin : « Nec tamen oportet quod natura sit aliquid simplicius quam ipsa res naturae: quia in simplicibus, secundum Avicennam, quidditas simplicis est ipsum simplex » (In I Sententiarum, d. 26, q. 1, a. 1, ad 3) ; « et hoc patet per philosophum et per Avicennam, qui dicit, in sua Metaphysica, quod quidditas simplicis est ipsum simplex » (Quaestiones disputatae de potentia, q. 9, a. 1, c.) ; « intelligendo eam, intelliget quidditatem substantiae separatae, quae est talis dispositionis, eo quod substantiae separatae sunt quidditates subsistentes non habentes quidditates: quidditas enim simplicis est ipsum simplex, ut Avicenna dicit » (In IV Sententiarum, d. 49, q. 2, a. 1, c.). II) T r a c ta tu s V II I n. 2) c. 4, p. 403, l. 86 – 404, l. 96 : Esse igitur non in subiecto non est intentio affirmatiua nisi quod essentiae eius hoc potest esse ut sit ens et deinde ipsum sit aliquid negatiue et relatiue quod est extra identitatem quae est rei. (...) Tu autem iam plene nosti hoc in logica et nosti etiam in logica quod cum dicimus omnis anitas [non est], intelligimus omne appropriatum quia non habet certitudinem aliam nisi anitatem De orig., 1.(28), p. 144, l. 251-257 : Secundum hanc enim rationem inhaerendi ex huiusmodi forma et subiecto fit unum ens per accidens sive ens secundum quid, cuius entis in eo, quod tale ens, principium est non solum subiectum, sed etiam inhaerens forma, immo magis ipsa forma, cum ipsa sit secundum rationem actus talis entis principium. Unde secundum Avicennam esse in subiecto non est essentia Avicenne tunc de hoc quod dicimus de definitione substantiae quia ipsa est ens non in subiecto intentio est quod est res de qua dicitur quod est non in subiecto ita ut ens non in subiecto praedicetur de ea et habeat in seipsa quidditatem sicut homo lapis et arbor. (nr: Avicenna, Logica I, 9va; Averroes, In Metaphysica, V, comm. 14, 130, l. 86 – 131, l. 88. Le vocabulaire de la Logica d’Avicenne est plus éloigné de la citation de Dietrich que celui du Liber de philosophia prima.) 345 accidentis, sed eius naturalis proprietas. De orig., 2.(24), p. 150, l. 165-170 : Quantum ad primum modum entia haec, de quibus sermo est, fiunt ab agente in subiecto et habent rationem entium naturae, ut supra dictum est de substantiis; quoad secundum modum consideratur in unoquoque eorum ratio entis inquantum ens; ex quo tertio loco trahitur naturalis eorum proprietas, quae est esse in subiecto, secundum Avicennam. 2 occurrences RcGSI : La sentence citée par Dietrich (« esse in subiecto est naturalis proprietas ») ne se trouve pas chez Avicenne ; et nous n’avons pu trouver d'autre source à cette formule. Ce que nous avons trouvé de plus proche à la citation de Dietrich est une expression utilisée par Thomas d’Aquin qui, à son tour, transforme le texte d’Avicenne : « Ad secundum dicendum, quod sicut probat Avicenna in sua Metaphysica per se existere non est definitio substantiae (...) et similiter esse in subiecto non est definitio accidentis, sed e contrario res cui debetur esse in alio » (Thomas d’Aquin, IV Sent., d. 12, q. 1, art. 1); ce qui rappelle l’expression utilisée par Dietrich: « unde secundum Avicennam esse in subiecto non est essentia accidentis, sed eius naturalis proprietas ». Dans le même sens, voir aussi Thomas d’Aquin, Quodlibet IX, q. 3 ad 2. Il est manifeste que Dietrich n’utilise pas directement Avicenne et que la formule et la doctrine qu'il lui attribue provient d’une source secondaire ; une analyse approfondie de ce rapport avec Thomas pourrait s’avérer intéressante compte tenu notamment de la réaction de Dietrich au sujet de la séparabilité des accidents. Or, il est connu que Thomas modifie sa définition des accidents en partant de cette même partie (t. VIII, c. 4) de la Métaphysique d’Avicenne 22. Dans une étude plus 22 Sur ce sujet voir notamment R. IMBACH , « Pourquoi Thierry de Freiberg a-t-il critiqué Thomas d'Aquin : remarques sur De accidentibus », in : Freiburger Zeitschrift für Philosophie und Theologie 45 (1998), p. 116-129. 346 Le poids de la citation approfondie sur ce problème (et sur l’antithomisme de Dietrich), il faudrait également tenir compte de la critique qu’Averroès fait à Avicenne au sujet de la définition de l’accident et que Dietrich accepte et cite entièrement (cf. De acc., 13.(5), p. 72, l. 103-112 ; voir infra SM). III) T r a c t a tu s I X n. 3) c. 4, p. 483, l. 85 – 484, l. 99 (indicaiton de l’édition) : Sub unaquaque autem intelligentia est caelum cum sua materia et sua forma, quae est anima et intelligentia inferius ea. (...) Igitur ex prima intelligentia inquantum intelligit primum sequitur esse alterius intelligentiae inferioris ea et inquantum intelligit seipsam sequitur ex ea forma caeli ultimi et eius perfectio et haec est anima et propter naturam essendi possibile quae est ei et quae est retenta inquantum intelligit seipsam est esse corporeitatis caeli ultimi quae est contenta in totalitate caeli ultimi. (...) Similiter est dispositio in intelligentia et intelligentia, et in caelo et caelo, quosque pervenitur ad intelligentiam agentem quae gubernat nostras animas. IV, p. 487, l. 86 – 488, l. 95 : Iam igitur uere manifestum est quod ex omni intelligentia superiore in ordine secundum hoc quod intelligit primum prouenit esse alterius intelligentiae inferioris ea sed secundum hoc quod De int., I, 8.(2), p. 141, l. 62 – p. 142, l. 67 : Et in hoc consistit quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in causando, sicut supra inductum est de Proclo et Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis, scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post. Quare talis eorum intelligentia non est passio nec passiva, sed vere actio et activa, et ita est redundans in aliquid aliud extra se. De intellig., 3.(2), p. 355, l. 33-40 : Avicenna enim in sua Metaphysica posuit novem, vel potius DECEM intelligentias, secundum decem principales partes, ex quibus compositus est iste corporalis mundus, videlicet novem sphaeras caelestes et sphaeram regionis elementaris ; et unicuique sphaerarum praeposuit unam intelligentiam. Secundum hoc, quidquid etiam sentiret de numero sphaerarum caelestium, sive videlicet poneret decem vel novem vel tantum octo, necessarium erat sibi tot intelligentias ponere, ex quo Avicenne intelligit seipsam prouenient circuli per se tantum. Corpus uero caeli fit ab ea et permanet mediante anima caelesti. Omnis enim forma causa est ut sua materia sit in effectu. 347 unicuique sphaerae praeposuit unam intelligentiam, ut infra ostendetur. III, p. 475, l. 20 – 476, l. 36 (nr pour le De int., I, 11.(1), p. 144) : Unde numerus intelligentiarum separatarum post primum principium erit secundum numerum motuum. Si autem circuli planetarum fuerint sic quod principium motus circulorum uniuscuiusque planetarum sit virtus fluens a planeta, non secundum numerum circulorum, et tunc earum numerus erit DECEM post primum. Primum autem earum est intelligentia quae non mouetur cuius est mouere sphaeram corporis ultimi. Deinde id quod sequitur est quod mouet sphaeram fixarum. Deinde sequitur quod mouet sphaeram Saturni. Similiter est quousque peruenitur ad intelligentiam a qua fluit super nostras animas et haec est intelligentia mundi terreni et uocamus eam intelligentiam agentem. De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. IV, p. 486, l. 44-55 (nr): Iam igitur certificatum est quod CAELI habent PRINCIPIA quae sunt nec corporalia nec formae corporum et quod unumquodque caelorum appropriatur alicui illorum principiorum. Uniuersitas autem eorum communicat in uno De anim. 35.(6), p. 41, l. 34 – 42, l. 38 : Secundum ea igitur, quae dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam corpori caelesti non habere ad ipsum eam habitudinem causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum suum, id est essentiam 348 principio. Le poids de la citation corporis CAELESTIS , ab alio sicut dicit Commentator super I Physicorum et habetur ab Avicenna et aliis de schola Peripateticorum. PRINCIPIO, Nous choisissons de considérer conjointement plusieurs citations portant sur des thèmes connexes parce que si la première présente le processus de la causalité des substances inférieures à partir de la première intelligence, la deuxième décrit la hiérarchie qui en découle, la troisième le nombre de ces substances (liées aux planètes) et la quatrième l’essence du corps astral. Il est impossible de les considérer séparemment tant par rapport à la source (les deux sujets étant traités aux mêmes endroits par Avicenne) que par rapport à la théorie (la hiérarchie des étants s’explique par l’acte de procession dans l’être). 4 occurrences RSI*: Dietrich rappelle dans le De int., I, 8.(2), p. 141 une des thèses les plus connues de la métaphysique ou de la cosmologie d’Avicenne : en intelligeant le premier principe, l’intelligence première cause ce qui la suit dans la hiérarchie des substances séparées. Mais Dietrich interprète cette doctrine en ajoutant de sa propre initiative que toutes les intelligences sont purement en acte ou action et qu’elles débordent dans un autre (redundans in aliquid aliud). Dans le De intellig. 3, Dietrich discute plusieurs positions concernant le nombre des intelligences et des planètes par lesquelles celles-ci sont mues. La première autorité citée est Avicenne qui poserait neuf ou plutôt dix (novem vel potius decem) intelligences parce qu’il compte autant d’intelligences que de sphères célestes ; il passe ensuite à Albert qui compte par erreur – comme il le montre plus loin (De intellig., p. 357, l. 92-96) – dix sphères et arrive enfin aux moderni qui posent seulement neuf sphères. Cette dernière position est également la sienne. Sans critiquer ouvertement la cosmologie d’Avicenne, Dietrich en propose une autre tout en insistant sur la nouveauté de ses positions par rapport à ses prédécesseurs. Notons que dans la partie du De celo d’Albert, que Dietrich connaît et cite explicitement plusieurs fois (et qui est consacrée à la présentation des diverses positions sur le nombre des sphères), Avicenne n’est pas mentionné. La position d’Avicenne est résumée sans une fidélité particulièrement saisissante. Somme toute, nous ne pouvons rien affirmer avec certitude sur l’usage immédiat de la Métaphysique Avicenne 349 d’Avicenne, mais rien n’indique une connaissance directe et approfondie de sa pensée. Dans le De int., I, 11.(1), le nom d’Avicenne apparaît dans une partie du texte où Dietrich veut renforcer la démonstration qu’il vient d’effectuer par des autorités : il invoque alors Aristote, Platon, Proclus, le Liber de causis, Avicenne ; ce dernier serait, selon lui, le seul à présenter clairement que les étants procèdent de la cause première. Il oppose légèrement Avicenne aux autres autorités : quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis ... tamen manifeste habetur ab Avicenna. Ensuite il ajoute de très longues citations de Proclus et du Liber de causis, comme pour confirmer une fois de plus sa propre opinion. RcGSI* (pour le De anim. 35.(6), p. 41) : Avicenne est nommé ici dans un enchaînement d’autorités (on applique la règle de la citation unique), en compagnie d’Averroès et de la schola Peripateticorum (formule qui provient probablement d’Albert le Grand 23). Le thème n’est effectivement pas propre seulement à Avicenne et l’on peut certainement trouver plusieurs endroits dans son œuvre où est décrite l’essence du corps astral. Il est difficile de soutenir que Dietrich connaît ou cite directement la Métaphysique d’Avicenne pour cette doctrine. La citation a été analysée aussi dans la partie dédiée à Averroès, n. 43. B. L ib e r d e a n i ma s e u s e x tu s n a tu r a l ib u s (ed. van Riet) I) T e r tia p a r s n. 4) c. III, p. 192, l. 36 – 193, l. 39: sed oporteret ut lumen candelae magis esset manifestans colorem, et oporteret ut eius, cuius propter candelam manifestatur COLOR , NON apparareret color IN TENEBRIS . Hoc autem non est ita, nec sicut dixerunt. De col., Prooemium (1), p. 277, l. 8-14 : Magni enim et famosi diversa senserunt aliis dicentibus COLORES NON esse IN TENEBRIS , ut Avicenna, aliis dicentibus colores secundum essentias suas perfecte esse in tenebris, sed non movere visum nisi per perspicuum actu lucidum ita, 23 Cf. A LBERTUS M AGNUS , De Caelo et mundo, P. H OSSFELD ed., in : Opera omnia V.1, Aschendorf, Munster, 1971, lib. II, trac. 1, c. 7, p. 121, l. 3. 350 Le poids de la citation c. V, p. 212, l. 23-24: Ergo colores habent esse, et non est esse eorum ex hoc quod sunt lux, nec lux est apparentia eorum, quamvis id quod sunt in effectu, non sunt sine luce. quod lumen requiritur non ad hoc, quod colores sint in actu in suis essentiis, sed quod actu moveant visum, qui non movent nisi secundum actum lucidi secundum eum modum, qui dictus est. De col., 3.(1), p. 279, l. 91-97 : (2) (...) sic sentiendum est de coloribus, scilicet quod in tenebris, quia carent superfuso lumine, quae superfusio educit ipsos de potentia accidentali in actum ultimum, quod in tenebris non sunt colores secundum Avicennam, et quia perducti sunt ex potentia essentiali ad illum gradum potentiae, quod non indiget nisi motore accidentali, ideo secundum alios dicitur et vere, quod colores sunt etiam in tenebris, sicut de visu positum est exemplum. 2 occurrences RcGSI* : Plusieurs chapitres (1-5) de la troisième partie du Liber de anima d’Avicenne traitent la question du rapport entre couleur et lumière/obscurité ; mais Dietrich ne semble connaître aucun détail de l’argumentation d’Avicenne (et d’ailleurs il ne donne aucune adresse pour la citation). Remarquons cependant la présence d’Avicenne dans le prologue (la seule autorité citée explicitement) et la manière dont il est introduit. Dietrich se réfère d’abord aux positions de plusieurs autorités fameuses (magni et famosi) qui se contredisent, Avicenne faisant partie de ces autorités ; mais Dietrich choisit la voie du milieu (ergo autem in proposito tractatu viam quasi mediam teneo, p. 277, l. 15) qui lui semble la plus raisonnable. La sentence se lit dans plusieurs traités d’optique ; voir par exemple Roger Bacon : « cuius causa estimatur multis modis esse, scilicet aut quia color non habet esse verum in tenebris, secundum Avicennam tertio De anima » (Perspectiva, pars I, dist. 8, ed. D. Lindberg, Roger Bacon and the Avicenne 351 Origins of ‘Perspectiva’ in the Middle Ages, Oxford, Clarendon Press, 1996, p. 108, l. 11sq.). On peut affirmer, sans prendre trop de risques, que Dietrich ne connaît pas en détail la théorie avicennienne sur les couleurs et qu’il s’y réfère en citant une phrase puisée dans un intermédiaire. II) Q u in ta p a r s n. 5) c. VI, p. 144, l. 66-70 (nr): Omnis autem apprehensio intelligibilis est similitudo aliqua ad formam separatam a materia et ab eius accidentibus materialibus, sicut praediximus. Sed anima habet hoc ex hoc quod est substantia recipiens impressa ab eo; INTELLIGENTIA vero habet hoc ex hoc quod est SUBSTANTIA principium AGENS et creans. Liber de philosophia prima siue scientia diuina, IX, 2, p. 456, l. 46 – 457, l. 51 : Laudatio autem quam nos inquirimus et appetimus est perfectio non certa sed putatiua habitus uero honesti quem acquirimus per actionem causa non est actio sed actio prohibet eius contrarium et adaptat ad illum uel accidit hic habitus a SUBSTANTIA perficiente animas hominum quae est INTELLIGENTIA AGENS uel substantia alia ei consimilis. De vis. beat. 1.1.9.(1), p. 35, l . 6671 : Est etiam haec sententia, scilicet quod INTELLECTUS AGENS est SUBSTANTIA omnium peripateticorum, ut patet per Alexandrum et Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per Avicennam, per Commentatorem super III De anima. Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere substantiam separatam. Philosophus etiam III De anima dicit ipsum omnia facere intellecta. Facere autem proprium est substantiae. 1 occurrence RcGSI*: Avicenne est nommé dans un enchaînement d’autorités à propos de la théorie selon laquelle l’intellect agent est une substance, 352 Le poids de la citation respectivement un intellect par essence. Il est difficile d’indiquer seulement un seul passage dans toute l’œuvre d’Avicenne auquel Dietrich songerait. D’ailleurs le but de celui-ci n’est pas de donner une citation exacte ou proche de la source, mais de faire appel à plusieurs autorités pour donner du poids à sa propre argumentation ; dans ces conditions, la question d’un usage direct ou indirect de l’une ou l’autre des œuvres d’Avicenne ne se pose pas. C. L e s s i mp l e s me n t io n s (SM) On dénombre 3 SM d’Avicenne dans l’œuvre de Dietrich réparties comme suit : a) 1 fois dans le De acc. dans le contexte suivant : Et dicit ibi de significatione nominum aliorum novem generum, scilicet accidentium, quod « significatio uniuscuiusque istorum est unius entis ». Super quo dicit ibi Commentator: « Significatio uniuscuiusque nominum novem accidentium cum sua significatione super illud accidens est super unum praedicamentum, scilicet praedicamentum substantiae ». Et infra loquens contra Avicennam, qui dicebat, quod accidens « primo significat subiectum et secundo accidens », dicit, quod « est e converso », scilicet quod accidens « primo significat accidens et secundo subiectum: accidens enim innatum est existere in subiecto ». (De acc., 13.(5), p. 72, l. 103-112) Nous avons montré dans la partie dédiée à Averroès (au n. 6) que le nom d’Avicenne apparaît ici seulement parce que Dietrich copie correctement une longue citation d’Averroès qui s’y réfère explicitement ; le rôle d’Avicenne n’est ici que secondaire par rapport à Dietrich. Cette occurrence ne doit pas être prise en compte dans une étude sur l’influence doctrinale d’Avicenne sur Dietrich (ce qui l’intéresse avec cette citation c’est comprendre la position d’Averroès) ; on propose d’ailleurs de supprimer le renvoi des éditeurs à la Logique d’Avicenne. b) 1 fois dans le De misc. dans un passage qui contient aussi un SM à Averroès: Avicenne 353 (1) De mixtione, sicut in physicis habet locum et Philosophus tractat in libro De generatione, aliquid certum et evidens agere non mediocris difficultatis est. Signum autem tantae difficultatis est diversitas sententiarum, quae pervenerunt ad nos, puta Avicennae, Averrois, Alberti, Thomae et sequacium eorum, qui diversa docuerunt et scripserunt de materia ista; propter quod et ego a scribendo supersedere debui, si instantia studentium permisisset. (De misc., Prooemium, p. 28, l. 4-10) c) 1 fois dans le De anim., 36.(5), p. 43, l. 93-100 : « Ens igitur isto modo condicionatum non est nisi intellectus per essentiam. In omni enim alia natura deficiunt dictae condiciones; unde secundum istum modum dicit Philosophus in III De anima de intellectu, quod est separatus; et secundum eum modum et naturam separationis tractaverunt Peripatetici simul et Platonici de substantiis separatis, ut patet per Philosophum in XII Metaphysicae et Commentatorem ibidem, per Avicennam in sua Metaphysica, per Proclum, qui diffuse tractat in suo libro, et similiter in Libro de causis ». Cette mention du nom d’Avicenne, accompagné du titre de son commentaire à la Métaphysique, n’est pas considérée comme un renvois ; comme dans le cas d’Averroès, la présence du nom d’Avicenne dans ce contexte est à titre exemplificatif : il fait partie de ces philosophes, platoniciens et péripatéticiens, qui traitent dans leurs ouvrages des substances intelligibles séparées. Pour d’autres détails, voir la discussion de ces deux passages dans la section dédiée aux SM d’Averroès. 354 Le poids de la citation II. Synopsis Dans la liste qui suit, nous indiquons d’une manière synthétique les thèses et les ouvrages d’Avicenne cités explicitement par Dietrich. A. L i b e r d e p hil o s o p h ia p r i ma s i ve s c ie n t ia d i vi n a Tract. V, c. 5 – 2x RcGSP ; cf. n. 1. Provenance probable : incertaine. Thème : la quidité d’une substance simple est la substance simple même. Tract. VIII, c. 4 – 2x RcGSI ; cf. n. 2. Provenance probable : incertaine. Thème : l’être dans le sujet (esse in subiecto) n’est pas l’essence de l’accident, mais sa propriété naturelle. Tract. IX, c. 4 – 4 fois : 3x RSI*, 1x RcGSI* ; cf. n. 3. Provenance probable : incertaine. Thème : la procession des substances séparées à partir de Dieu jusqu’au monde sublunaire. B. L ib e r d e a n i ma s e u s e x tu s n a tu r a l ib u s Tertia pars, c. III – 2x RcGSI* ; cf. n. 4. Provenance probable : incertaine. Thème : la rapport entre les couleurs et l’obscurité et la lumière. Quinta pars, c. VI – 1x RcGSI* ; cf. n. 5. Provenance probable : incertaine. Thème : l’intellect agent est une substance séparée. Avicenne 355 III. Conclusions 1 Avicenne est cité explicitement 11 fois (+ 3 SM) dans l’œuvre de Dietrich, dont deux fois pour la théorie des couleurs et une fois pour une thèse assez vaguement esquissée selon laquelle l’intellect agent est une substance séparée. Il faut aussi noter que Dietrich ne mentionne que quatre fois (3x RSI* + 1 SM) un des ouvrages d’Avicenne (la Métaphysique) ; dans les autres 11 fois il se contente de le nommer pour des théories relativement connues et qui se lisent chez plusieurs de ces contemporains. D’ailleurs, nous avons pu identifier, à la suite des travaux des éditeurs, seulement 2 citations littérales (en vérité quelques mots qui se lisent chez Avicenne, mais aussi chez d’autres auteurs contemporains de Dietrich). On peut affirmer donc, au terme de cette brève analyse, que Dietrich ne subit aucune influence majeure de la part d’Avicenne et surtout qu’il le connaît très peu. L’usage beaucoup plus important qu’il fait d’Averroès, tant pour l’ontologie que pour la noétique, est, dans ce contexte, particulièrement intéressant : Dietrich préfère Averroès à Avicenne, alors que Thomas préfère Avicenne à Averroès. Le choix doctrinal des autorités, remarqué et discuté aussi par R. Imbach 24, est confirmé par l’étude statistique des citations. Il mériterait plus d’attention que nous pouvons lui accorder dans ces pages puisqu’il est révélateur non seulement pour le rapport entre Dietrich et Thomas, mais aussi pour la réception latine d’Averroès et d’Avicenne. 24 R. IMBACH , « L’antithomisme de Thierry de Freiberg », in : Revue thomiste 97 (1997), p. 245-257, notamment p. 257. 356 Le poids de la citation IV. Dietrich de Freiberg lecteur d’Avicenne 1) D e vi s . b e a t. (2 fois) 1.1.9.(1), p. 35, l . 66-71 : Est etiam haec sententia, scilicet quod intellectus agens est substantia omnium peripateticorum, ut patet per Alexandrum et Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per Avicennam, per Commentatorem super III De anima. Unde etiam quidam eorum conati sunt eum ponere substantiam separatam. Philosophus etiam III De anima dicit ipsum omnia facere intellecta. Facere autem proprium est substantiae. Liber de anima seu sextus naturalibus, Quinta pars, c. VI, p. 144, l. 6670, 1x RcGSI* ; cf. n. 5. 4.3.1.(10), p. 113, l. 104-108 : Ubi etiam hoc advertendum, quod ea, quae hic dicuntur, non solum locum habent in compositis, sed etiam in simplicibus. Quamvis enim quditas simplicis sit ipsum simplex per realem indifferentiam secundum Avicennam, nihilominus tamen quanto aliquid simplicius et perfectius est in suo genere, tanto plurium rationum est. Liber de philosophia prima, tr. V, c. 5, p. 274, l. 57sq, 1x RcGSP ; cf. n. 1. 2) D e o r ig. (2 fois) 1.(28), p. 144, l. 251-257 : Secundum hanc enim rationem inhaerendi ex huiusmodi forma et subiecto fit unum ens per accidens sive ens secundum quid, cuius entis in eo, quod tale ens, principium est non solum subiectum, sed etiam inhaerens forma, immo magis ipsa forma, cum ipsa sit secundum rationem actus talis entis principium. Unde secundum Avicennam esse in subiecto non est essentia accidentis, sed eius naturalis proprietas. Liber de philosophia prima, tr. VIII, c. 4, p. 403, l. 86 – 404, l. 96, 1x RcGSI ; cf. n. 2. 2.(24), p. 150, l. 165-170 : Quantum ad primum modum entia haec, de quibus sermo est, fiunt ab agente in Liber de philosophia 357 Avicenne subiecto et habent rationem entium naturae, ut supra dictum est de substantiis; quoad secundum modum consideratur in unoquoque eorum ratio entis inquantum ens; ex quo tertio loco trahitur naturalis eorum proprietas, quae est esse in subiecto, secundum Avicennam. prima, tr. VIII, c. 4, p. 403, l. 86 – 404, l. 96, 1x RcGSI ; cf. n. 2. 3) D e in t. (2 fois) I, 8.(2), p. 141, l. 62 – p. 142, l. 67 : Et in hoc consistit quaedam ebullitio talis substantiae in aliud extra in causando, sicut supra inductum est de Proclo et Avicenna dicit in sua Metaphysica de principiis separatis, scilicet quod intelligendo causant ea, quae sunt post. Quare talis eorum intelligentia non est passio nec passiva, sed vere actio et activa, et ita est redundans in aliquid aliud extra se. Liber de philosophia prima, tr. IX, c. 4, p. 483, l. 85 – 484, l. 99, 1x RSI* ; cf. n. 3. I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel. Posuerunt autem dicti philosophi res fluere a Deo secundum quendam ordinem, ut videlicet primo procedat a Deo prima intelligentia et ab hac procedat intelligentia secunda et anima primi caeli et primum caelum, ab hac autem secunda intelligentia procedat tertia et anima secundi caeli et secundum caelum et sic deinceps usque ad illam intelligentiam, a qua procedit anima infimi caeli et infimum caelum et illa intelligentia, quae causat substantiam generabilium et corruptibilium. Liber de philosophia prima, tr. IX, c. 4, p. 483, l. 85 – 484, l. 99, 1x RSI* ; cf. n. 3. 4) D e c o l . (2 fois) Prooemium (1), p. 277, l. 8-14 : Magni enim et famosi diversa senserunt aliis dicentibus colores non esse in Liber anima de seu 358 Le poids de la citation tenebris, ut Avicenna, aliis dicentibus colores secundum essentias suas perfecte esse in tenebris, sed non movere visum nisi per perspicuum actu lucidum ita, quod lumen requiritur non ad hoc, quod colores sint in actu in suis essentiis, sed quod actu moveant visum, qui non movent nisi secundum actum lucidi secundum eum modum, qui dictus est. sextus naturalibus, tertia pars, c. III, p. 192, l. 36 193, l. 39, 1x RcGSI* ; cf. n. 4. 3.(1), p. 279, l. 91-97 : (2) (...) sic sentiendum est de coloribus, scilicet quod in tenebris, quia carent superfuso lumine, quae superfusio educit ipsos de potentia accidentali in actum ultimum, quod in tenebris non sunt colores secundum Avicennam, et quia perducti sunt ex potentia essentiali ad illum gradum potentiae, quod non indiget nisi motore accidentali, ideo secundum alios dicitur et vere, quod colores sunt etiam in tenebris, sicut de visu positum est exemplum. Liber de anima seu sextus naturalibus, tertia pars, c. III, p. 192, l. 36 193, l. 39, 1x RcGSI* ; cf. n. 4. 5) D e in te l l i g. (1 fois) 3.(2), p. 355, l. 33-40 : Avicenna enim in sua Metaphysica posuit novem, vel potius decem intelligentias, secundum decem principales partes, ex quibus compositus est iste corporalis mundus, videlicet novem sphaeras caelestes et sphaeram regionis elementaris ; et unicuique sphaerarum praeposuit unam intelligentiam. Secundum hoc, quidquid etiam sentiret de numero sphaerarum caelestium, sive videlicet poneret decem vel novem vel tantum octo, necessarium erat sibi tot intelligentias ponere, ex quo unicuique sphaerae praeposuit unam intelligentiam, ut infra ostendetur. Liber de philosophia prima, tr. IX, c. 4, p. 483, l. 85 – 484, l. 99, 1x RSI* ; cf. n. 3. 6) D e a n i m. (1 fois) 35.(6), p. 41, l. 34 – 42, l. 38 : Secundum ea igitur, quae dicta sunt, patet substantiam intellectualem unitam corpori caelesti non habere ad ipsum eam habitudinem causae, quae est efficientis: Supponit enim subiectum Liber de philosophia prima, tr. IX, c. 4, p. Avicenne suum, id est essentiam corporis caelestis, ab alio PRINCIPIO, sicut dicit Commentator super I Physicorum et habetur ab Avicenna et aliis de schola Peripateticorum. 359 483, l. 85 484, l. 99, 1x RcGSI* ; cf. n. 3. 7) D e q u i d . (1 fois) 2.(5), p. 100, l. 32 – 101, l. 37 : Unde et in simplicibus etiam habet locum ratio quiditatis extenso nomine quiditatis secundum dictam generalem rationem quiditatis. Secundum hoc enim dicit Avicenna, quod QUIDITAS SIMPLICIS EST IPSUM SIMPLEX. Liber de philosophia prima, tr. V, c. 5, p. 274, l. 57sq, 1x RcGSP ; cf. n. 1. 360 Le poids de la citation V. Conclusions 2 Dietrich utilise explicitement Avicenne : 2 fois dans : De vis. beat., De orig., De int., De col. 1 fois dans : De intellig., De anim., De quid. On dénombre donc 7 traités, sur 34 de la plume Dietrich, qui citent explicitement Avicenne. Nous avons déjà vu une situation relativement similaire avec Proclus qui est cité dans 8 ouvrages. Les deux occurrences au sujet de la lumière et de la couleur se lisent dans le De col. ; les autres, portant sur l’intellect, la quidité ou sur l’ordre cosmique de la procession des substances à partir de la cause première, se lisent dans les traités de noétique, d’ontologie et de cosmologie. Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali I. Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg Les renvois à d’Alexandre d’Aphrodise et d’Al-Farabi se lisent exclusivement dans le De int. et le De vis. beat. En voici les détails : n. 1) Averroes, In III De anima, comm. 5, p. 389, l. 71-81 : Deinde dixit: Et scientia in actu idem est cum re. Et innuit, ut reputo, aliquod proprium intellectui agenti, in quo differt a materiali, scilicet quod in intelligentia agenti scientia in actu eadem est cum scito, et non est sic in intellectu materiali, cum suum intellectum est res que non sunt in se intellectus. Et cum notificavit quod sua substantia est sua actio, dedit causam super hoc. Voir aussi Averroes, In III De anima, comm. 8, p. 420, l. 19-36 (cité infra) ; comm. 18, p. 440, l. De vis. beat., 1.1.9.(1), p. 35, l. 669 : Est etiam haec sententia, scilicet quod intellectus agens est substantia omnium peripateticorum, ut patet per Alexandrum et Alpharabium in libris De intellectu et intelligibili, per Avicennam, per Commentatorem super III de anima. 362 Le poids de la citation 85-95 ; comm. 20, p. 448, l. 126sqq ; 1 occurrence RSI* : Ce renvoi enchaîné à plusieurs autorités (Alexandre, Al-Farabi, Avicenna et Averroès), portant sur un thème général (l’intellect agent est une substance), est difficile à lier à un seul texte ; très probablement Dietrich connaît les opinions d’Alexandre et d’Al-Farabi par l’entremise du commentaire d’Averroès sur le De anima. n. 2) Averroes, In III De anima, comm. 8, p. 420, l. 19-31 : Idest, et cum intellectus fuerit in hac dispositione, tunc intelliget se secundum quod ipse non est aliud nisi forme rerum, inquantum extrahit eas a materia. Quasi igitur se intelligit ipse modo accidentali, ut dicit Alexander, idest secundum quod accidit intellectis rerum quod fuerint ipse, idest essentia eius. (...) Et possumus exponere istum locum secundum quod Alfarabius dicit in suo tractatu de Intellectu et Intellecto. De vis. beat., 3.2.3.(4), p. 73, l. 5964 : Nec ex dicta possibilitate et ipsa specie fit compositio, sed potius talis possibilitas transit in actum speciei et fit ipsa species intelligibilis in actu, ut dicit Alexander et Alpharabius in libris suis De intellectu et intelligibili et Commentator super De anima, scilicet quod species intelligibilis fit ipse intellectus, quando quis actu intelligit. Et hoc est, quod dicit Philosophus III De anima, quod intellectus possibilis nihil est eorum, quae sunt, antequam intelligat. De vis. beat., 4.2.1(8), p. 108, l. 8488 : Si igitur huic deductioni addatur, quod dicunt Alpharabius, Alexander, Averroes, scilicet quod huiusmodi intellecta seu species intelligibiles in nobis sunt idem, quod intellectus possibilis factus in actu, inquantum videlicet intellectus possibilis est noster, manifestum est, quod intellectus agens in omni intellectione unitur Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali 363 intellectui possibili ut forma. De int., II, 2.(2), p. 147, l. 53-58 : Constat enim, quod ipse intellectus agens est activum principium et per se formae intelligibilis in intellectu possibili, quae forma intelligibilis est tota essentia intellectus possibilis, sicut habemus ab Alpharabio et Alexandro in suis libris De intellectu et intelligibili. Ipse autem intellectus possibilis, secundum quod est in potentia, non est nisi pura possibilitas sine omni natura positiva, ut alibi ostensum est satis late. De int., III, 13.(3), p. 187, l. 1217 : Item, sicut habemus ab eodem Averroe, magis fit unum ex specie intelligibili et intellectu quam ex materia et forma, quia ex materia et forma fit aliquid tertium, sed species intelligibilis fit ipse intellectus. In idem concordant Alexander et Alpharabius in tractatibus suis De intellectu et intelligibili. Sed contingit diversos diversa intelligere. 4 occurrences RSI* : Le thème abordé par ces renvois est celui de l’identité entre la substance de l’intellect possible et l’intelligible rendu en acte par l’intellect agent ; dans chacun de ces extraits, Dietrich apporte plusieurs nuances : dans le De vis. beat. (3.2.3.(4), p. 73) Al-Farabi, Alexandre et Averroès soutiennent que l’espèce intelligible actualisée devient l’intellect possible même quand celui-ci connaît en acte (pour le renvoi à Averroès voir la partie qui lui est dédiée, n. 68). Dans le De vis. beat. (4.2.1(8), p. 108), les trois déclarent que l’espèce intelligible actualisée est identique 364 Le poids de la citation à l’intellect possible, ce qui revient à dire que, étant donné que l’intellect possible est à l’homme (est nobis), l’intellect agent qui actualise l’espèce intelligible s’unit au possible en tant que forme (pour le renvoi à Averroès, voir la partie qui lui dédiée, n. 71). Dans le De int., II, 2.(2), p. 147, Dietrich fait appel à Al-Farabi et à Alexandre, pour dire que l’espèce intelligible actualisée par le principe actif (qui est l’intellect agent) est l’essence entière de l’intellect possible ; sans cette espèce intelligible en acte, l’intellect possible serait pure possibilité sans aucune nature positive. Averroès est de nouveau cité dans le De int. (III, 13.(3), p. 187) pour insister sur sa concordance avec Al-Farabi et Alexandre : les trois considèrent que la jonction entre l’espèce intelligible et l’intellect possible est supérieure à l’union entre la forme et la matière ; cette idée est plutôt une reprise d’une formule du commentaire d’Averroès sur le De anima (pour les observations sur ce fragment, voir Averroès, n. 65). Il est cependant difficile d’identifier la source exacte de ce renvoi enchaîné au sujet de l’identité entre l’espèce intelligible et l’intellect possible. Nous ne l’avons trouvé ni dans Albert le Grand ni dans Thomas d’Aquin. Les éditeurs renvoient pour Al-Farabi au De intellectu et intelligibi 25 et pour Alexandre à son De intellectu et intelligibili26. Ni l’une ni l’autre de ces indications ne correspondent pas totalement à la thèse présentée (Alexandre parle de l’âme qui connaît intellectus in effectu ; Al-Farabi soutient l’identité entre forma intellecta et intellectus in effectu). On pourrait également indiquer un autre passage pour Al-Farabi (p. 134, éd. Gilson) où l’intellect matériel est présenté comme étant apte à « d’appréhender par son essence quelque chose, en vertu de quoi son être est l’intelligible même, qui est son essence » ; cette connaissance de soi de l’intellect matériel, qui est une connaissance accidentelle, par l’entremise des intelligibles en acte, est possible grâce à l’opération de l’intellect en acte. On peut donc considérer ces réflexions comme une source éloignée pour la question de l’union entre l’espèce intelligible et l’intellect possible27. Les thèses d’Alexandre et d’Al-Farabi sont résumées par Averroès dans le commentaire du De anima (III, comm. 8), dans lequel les deux auteurs sont cités ensemble, et où apparaît aussi le titre De intellectu et intellecto ; ces pages constituent très probablement la source de la citation de Dietrich. 25 E. G ILSON, « Le texte latin médiéval du De intellectu d’Alfarabi », Archives d’histoire doctrinale et littéraire du Moyen Age, IV (1930), p. 118-120. 26 G. T HERY , Autour du décret de 1210. II : Alexandre d’Aphrodise, Le Saulchoir, Paris, 1926, p. 76. 27 L’Epitre sur l’intellect est également une source éloignée ; voir A L -F ARABI, Epistola sull’intelletto, trad. F. LUCCHETTA , Editrice Antenore, Padova 1974, p. 99sq. Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali 365 II. Conclusions Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi sont cités chacun, mais toujours ensemble, 5 fois : 3 fois dans le De vis. beat. et 2 fois dans le De int. Les deux sont nommés, à une exception près, comme auteurs des traités ayant le même titre : De intellectu et intelligibili ; sur les cinq occurrences, trois sont également citées en compagnie d’Averroès (et le commentaire du De anima est nommé deux fois). Une première observation s’impose déjà : selon la règle de la citation unique, on ne cherchera pas de citation exacte provenant de l’un ou de l’autre ; d’ailleurs, Dietrich les cite, très probablement, à partir du De anima d’Averroès. On remarquera ensuite l’usage et la connaissance très limités, et par intermédiaire, d’Al-Farabi et d’Alexandre. Dietrich expose, sous quatre angles différents, une seule et même thèse qu’il connaît mieux par Averroès (dont il emprunte, nous l’avons montré, le vocabulaire) : les espèces intelligibles actualisées par l’intellect agent dans l’intellect possible, sont identique à celui-ci ; l’autre thèse défendue par Dietrich en s’appuyant sur l’autorité d’Alexandre et d’Al-Farabi est la suivante : l’intellect agent est une substance. Il est manifeste que Dietrich ne s’intéresse pas aux détails de la noétique de l’un et de l’autre des deux autorités, et qu’il les mentionne d’une manière très rapide ; les thèses choisies sont d’ailleurs communes et n’ont aucune incidence sur la pensée de Dietrich. 366 Le poids de la citation III. Avempace dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg Les SM que nous présentons ici ont été déjà discutées dans les parties dédiées à Averroès (n. 49) et Avicenne (n. 3) ; nous les reprenons cependant afin de mieux les mettre en évidence. La première occurrence du nom d’Avempace : comm. 71, 162rC : Illa autem quae moventur ex se, quae non dividuntur in motorem, et rem motam in actu, necessario indigent medio : et haec sunt corpora GRAVIA et LEVIA . Et si non, moverentur in non tempore : cum nihil fit actu illic, quod resistat potentiae motivae, et est impossibile etiam ut habeat motus naturales, et sint semper IMPEDITA . Et ideo contingit, quod cum posuerimus ista moveri in VACUO, ut moveatur in non TEMPORE, et ut MOTUS GRAVIS , et GRAVIORIS sit aequalis in VELOCITATE, quod est impossibile, quod igitur existimavit AVEMPACE et quod ista simplicia habent motus naturales sine MEDIO . (nr: comm. 71, 160rC: Avempace autem bene movit hic quaestionem. Dicit enim quod non sequitur ut proportio motus eiusdem lapidis in aqua ad motum eius in aere fit, sicut proportio spissitudinis aquae ad spissitudinem aeris, nisi motus lapidis esset in tempore, propter hoc quod movetur in medio. Et si hoc esset, contingeret ut nullus motus esset in tempore, nisi propter impediens: medium enim videtur impedire rem motum etc.) De elem., 44.1, p. 90, l. 110 - 115 : Manifestum est autem secundum ea, quae dicta sunt, quod falsa est positio AVEMPECHE, quam pertractat Commentator super V Physicorum, quae dicit, quod cessante omni IMPEDIMENTO circumscriptis etiam mediis corporibus, per quae fit MOTUS GRAVIUM et LEVIUM, si secundum imaginationem poneremus MEDIUM esse VACUUM, quod nihilominus GRAVIA et LEVIA moverentur per naturam determinata VELOCITATE et tarditate in tempore. Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Avempace, Al-Gazali 367 La seconde occurrence du nom d’Avempace se lit dans le titre de la question du De elem., q. 44, p. 57 où se lit le fragment repris auparavant : « Ex praehabitis ostenditur falsitas cuiusdam positionis Avempace circa motus gravium et levium ». On note encore deux simples mentions (SM) d’Avempace dans l’œuvre de Dietrich : dans le titre d’une question (q° 44) et dans la partie du texte introduite par celle-ci, plus précisément dans le cadre d’une évocation du livre IV de la Physique d’Averroès où celui-ci y fait plusieurs fois référence (f. 142rsq., 160r-162v, 164r). On ne trouve cependant nulle part la source exacte de ce à quoi Dietrich fait référence. Ce qui ressemble le plus au renvoi de Dietrich est le fragment du commentaire d’Averroès qui se lit au f. 162rC (et non 160rC comme l’indique l’édition du De elem.) ; ceci est le seul cas où Avempace est cité pour le problème du vide et du mouvement des corps lourds et légers (dans les autres cas, Averroès le nomme pour d’autres sujets, notamment pour des explications sur l’expression proportio spissitudinis aquae ad spissitudinem aeris). On peut affirmer que Dietrich ne vise pas directement Avempeche, mais reprend les grandes lignes la critique d’Averroès. 368 Le poids de la citation IV. Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich de Freiberg L’unique mention (SM) d’Al-Gazali dans l’œuvre de Dietrich se lit dans le De int., I, 11.(1), p. 144, l. 36-46 : « Signum veritatis istorum, quae hic dicta sunt, est hoc, quod tractaverunt philosophi de profluxu entium a prima causa, quod, quamvis haberi possit a primis et praecipuis philosophis, Aristotele videlicet et Platone et ex Proclo Platonico et ex Libro de causis, tamen manifeste habetur ab Avicenna in Metaphysica sua, cuius abbreviator fuit Algazel ». La formule par laquelle Dietrich le désigne, abbreviator Avicennae, est plutôt courante parmi les médiévaux : le Ps.( ?) Gilles de Rome le décrit avec la même formule dans le Errores philosophorum (« Algazel autem, ut plurimum Avicennam sequens et eius abbreviator existens, erravit ponens etc. »)28 ; Albert le Grand dans le De generatione et corruptione emploie aussi l’expression : « Adhuc autem, obiciunt contra hoc Avicenna et abbreviator eius Algazel, quod secundum hoc mixtum aequaliter habet de omnibus elementis »29. 28 GILLES DE R OME, Errores philosophorum, cap. VIII. Critical text with notes and introduction, by J. K OCH, English translation by J.O. R IEDL , Marquette University Press, Milwaukee 1944, p. 38, l. 4-6. 29 A LBERTUS M AGNUS , De generatione et corruptione, lib. I, tract. 6, c. 9, ed. P. H OSSFELD, in Opera omnia, V.1, Aschendorff, Munster 1980, p. 174, l. 49-52. Conclusions finales Reprenons d’une manière synthétique les résultats des calculs exposés auparavant 30 : Averroès est présent 138 fois (+ 16 SM), le Liber de causis 99 fois (+ 3 SM), Proclus 67 fois (+ 4 SM), Avicenne 11 fois (+ 3 SM), Alexandre d’Aphrodise 5 fois, Al-Farabi 5 fois, Avempace 2 fois (2+ SM), Al-Gazali 1 SM. Dans le cas des quatre premières autorités, nous avons remarqué une préférence manifeste pour un certain nombre de thèses ou citations qui sont utilisées plusieurs fois ; nous avons donc distingué entre le nombre d’occurrences explicites et les ouvrages ou les chapitres que Dietrich connaît bien. L’importance de la présence d’Averroès dans les œuvres de Dietrich – que les historiens ont mis en valeur sous plusieurs aspects doctrinaux 31 – est confirmée par l’étude des statistiques. Nous avons ainsi constaté que Dietrich connaît et utilise des parties des commentaires d’Averroès aux ouvrages suivants d’Aristote : Metaphysica, Physica, De anima, De celo et mundo ; il n’a probablement pas connu ou il n’a pas été influencé par les commentaires aux ouvrages suivants : De sensu et sensato, De somno et vigilia, De generatione et corruptione ; auxquels il faut ajouter le De substantia orbis. Il ignore totalement les commentaires portant sur : Ethica Nicomachea, Organon, Rhetorica, Meteora. Le Liber de causis est cité explicitement avec 45 propositions sur 219 (principales et secondaires confondues), ce qui représente ca. 20%. De 30 Nous soulignons, une fois de plus, que dans quelques cas seulement nous avons compté une seule fois deux évocations explicites de la même autorité et/ou de la même œuvre si ces évocations sont faites l’une immédiatement à la suite de l’autre, dans la même argumentation et dans le même but ; en voici un exemple : « Easdem rerum maneries explicat Proclus propositione 20, procedens ab exterioribus seu ab inferioribus, ubi nomine animae intelligit maneriem spiritualium, illud autem, quod proprie est innominabile, scilicet prima causa, hic exprimit nomine unius; unde dicit sic propositione 20 : ‘Omnibus corporibus superior est’ (...) » (De subs. spir., 5.(2), p. 307, l. 9-17). 31 K. F LASCH , Dietrich von Freiberg. Philosophie, Theologie, Naturforschung um 1300, V. Klostermann, Frankfurt am Main, 2007 ; I D., D’Averroès à Maître Eckhart. Les sources arabes de la mystique allemande, Vrin, Paris, 2008. 370 Le poids de la citation L’Elementatio theologica, Dietrich utilise explicitement 23 propositions sur un total de 422 (principales et secondaires confondues), ce qui représente ca. 5%. La présence d’Avicenne, d’Alexandre d’Aphrodise, d’Al-Farabi, d’Avempace et d’Al-Gazali est pratiquement insignifiante. La distribution de ces autorités dans les 34 ouvrages de la plume de Dietrich est la suivante : Averroès est cité dans 28 textes, le Liber de causis dans 13, Proclus dans 8, Avicenne dans 7, Alexandre d’Aphrodise et AlFarabi dans 2, Avempace et Al-Gazali chacun dans 1 texte. Il faut noter que les ouvrages de la trilogie comportent, dans tous les cas analysés, un grand nombre de références : De anim. utilise 9 fois Averroès, 6 fois Proclus, 4 fois le Liber de causis et 1 fois Avicenne ; De vis. beat. se sert 18 fois d’Averroès, 10 fois de Proclus, 8 fois du Liber de causis, 3 fois d’Alexandre d’Aphrodise et d’Al-Farabi et 2 fois d’Avicenne ; De acc. se réfère 9 fois à Averroès et 2 fois au Liber de causis. Trois autres ouvrages utilisent d’une manière importante l’une ou l’autre de ces autorités : dans le De orig. on compte 19 occurrences d’Averroès, 2 d’Avicenne et 1 seule du Liber de causis (aucune de Proclus). Un cas particulièrement important nous semble être le De int. où Proclus est utilisé 20 fois, le Liber de causis 17 fois, Averroès 7 fois (+ 4 SM), Avicenne 2 fois, Alexandre d’Aphrodise et Al-Farabi 2 fois ; la présence explicite des 37 occurrences néoplatoniciennes et des 11 occurrences péripatéticiennes dans le De int. nous semble particulièrement révélatrice pour la démarche théorique et le but de ce traité : une description attentive de l’essence et de l’opération de l’intellect agent en tant qu’intellect par essence. Dans le De vis. beat., la balance entre les occurrences péripatéticiennes – 18 – et néoplatoniciennes – 23 – est plus équilibrée : les premières ont le rôle d’appuyer l’argumentation sur la conversion de l’intellect agent vers Dieu et l’union avec celui-ci ; les secondes ont le rôle d’expliquer la supériorité de l’intellect agent par rapport à l’intellect possible. Le De cog. ent. s’appuie, sans surprise, sur un très grand nombre d’occurrences néoplatoniciennes : 36 fois le Liber de causis et 18 fois l’Elementatio, ce qui représente dans ce texte uniquement 32% des toutes les occurrences des deux autorités considérées ensemble. Nous avons au début constaté l’absence de ce genre d’études pour les auteurs médiévaux et salué les quelques tentatives d’aborder sous cet angle certains des contemporains de Dietrich. Nous avons également souligné la nécessité d’un travail très précis qui distingue et interprète avec clarté une citation explicite et une allusion, une reprise littérale et une autre approximative, une citation largement répandue par des florilèges et les fausses attributions. Les analyses doctrinales qui ont jusqu’à présent offert diverses approches de Dietrich sont particulièrement importantes pour la Conclusions finales 371 compréhension de sa pensée ; celles proposées dans ce livre sont d’une autre nature, complémentaires des études doctrinales. Elles augmentent la résistance à la tentation d’élaborer de grandes reconstructions de l’histoire intellectuelle : ainsi il nous semble à présent incontestable que Dietrich ne connaissait pas si bien qu’on le prétendait les auteurs arabes 32 : mis à part un certain nombre de références à Averroès, Dietrich ne connaît pratiquement pas Avicenne, Al-Farabi, Al-Gazali, Avempace. Averroès est d’ailleurs la source la plus probable de ses citations d’Alexandre d’Aphrodise, Al-Farabi, Al-Gazali et Avempeche ; nous avons encore vu que Dietrich cite parfois Aristote à partir du commentaire d’Averroès. Pour ces aspects formels, au moins, il faudrait recadrer la place du Cordouan dans l’œuvre de Dietrich. Une autre hypothèse des historiens devrait probablement connaître une nouvelle discution à la suite de l’étude des citations : Dietrich ne connaissait pas beaucoup l’Elementatio theologica. Il nous semble qu’on ne peut plus s’appuyer sur ‘des acquis’ et affirmer : « è nota l’ampiezza dei suoi riferimenti a Proclo » 33. Sans vouloir mettre en doute le poids de l’Elementatio dans la pensée de Dietrich, on peut légitimement repenser l’apport de celui-ci à la transmission de Proclus dans le milieu dominicain allemand et le prétendu rôle sur sa réception par Eckhart et Berthold de Moosbourg. Il faudrait aussi tenir compte des aspects concernant la transmission matérielle du texte de l’Elementatio à partir des discordances entre la numérotation des propositions. En effet, si l’on veut vraiment comprendre quel a été son rôle dans la transmission de Proclus dans le milieu allemand, il faudrait avant tout savoir quel auteur cite l’Elementatio exclusivement à partir de l’œuvre de Dietrich ; il faudrait aussi déterminer, si possible, quel autre auter connaît le même exemplaire fautif de l’Elementatio que Dietrich. Et comment prouver que Dietrich est plus important que le commentaire de Thomas au Liber de causis ? Ces problèmes n’ont pas été posés et les réponses ne sont pas évidentes. Faisons rapidement une comparaison avec Eckhart : si l’on applique nos catégories d’analyse aux citations de Proclus, en s’appuyant exclusivement sur la liste d’occurrences déjà publiée34, on constate qu’il 32 Cf. K ANDLER, « Dietrich von Freiberg und die arabische Philosophie », p. 99sq. S TURLESE, « Il dibattito su Proclo », p. 279. 34 Cf. F. R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche, daz dâ heizet dza lieht der liehte: Eckhart, il Liber de causis e Proclo », in : L. S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart, p. 165-166. Les comparaisons que nous effectuons avec Eckhart ne sont pas exemptes d’un certain degré de relativité : la raison en est que les chiffres obtenus pour Dietrich et pour Eckhart dépendent des diverses typologies de la citation prises en compte préalablement. Nos catégories de citations ne sont pas les mêmes que 33 372 Le poids de la citation se réfère explicitement à trois propositions de l’Elementatio : prop. 11, prop. 12 et prop. 20 ; qu’il donne, à quatre reprises, une citation correcte, sans indiquer pourtant la référence précise, du commentaire de la prop. 1 (LW 1/1,269,2 (=1/2,153,9) ; 485,10 ; ibid., 2,103,8 ; 360, 11 ; 488,5 ; 629,4 ; ibid., 3,609,7 ; ibid., 4,322,11 ; 369,2). On compte donc 3 RSP, 4 RcGSP (= prop. 1) et 7 RcGSI. Ayant effectué ces calculs, nous sommes étonné de lire la conclusion suivante : « a questo punto sembrerebbe confermata l’immagine di Eckhart ricostruita dalla critica : quella di un Eckhart buon conoscitore dell’Elementatio theologica, non senza il filtro del commento di Tommaso (Beierwaltes e de Libera) e dell’opera di Teodorico di Freiberg (Sturlese) »35. Est-ce que citer 4 propositions sur 422 est la preuve d’une bonne connaissance de l’Elementatio ? Et de quel ‘filtre’ d’interprétation parle-t-on étant donné que Dietrich ne mentionne jamais trois des quatre propositions qu’Eckhart connaît certainement (prop. 1, 11 et 12) ? Notre étonnement à propos de cette prétendue influence de Dietrich sur Eckhart se confirme en regardant de près certains aspects que personne n’a encore remarqués : Eckhart cite explicitement Proclus et le Liber de causis pour la distinction entre ens in anima (ens cognitivum) et ens extra animam 36, alors que Dietrich, pour exactement la même distinction, dans le cas des citations étudiées chez Eckhart ; en outre, nous analysons seulement les citations explicites, tandis que pour Eckhart certaines études dénombrent aussi les citations implicites. Cependant, nous essayons de dégager dans nos comparaisons seulement les éléments communs et d’offrir des comparaisons aussi rigoureuses que possible. Les citations implicites littérales (reprises tacites des extraits ad litteram) sont donc éliminées de nos comparaisons : nous avons donc compté 4 occurrences explicites de la proposition 1 et non 9 occurrences comme le fait F. Retucci. Voici les occurrences indiquées par Retucci : « Et hoc est quod Proclus dicit 11 : ‘omnia entia procedunt ab una causa prima’ » (LW 1/1, 198, 8(=1/2,71,22) ; « Et Proclus prop. 12 ait : ‘omnium entium principium et causa prima bonum est’ » (LW 1/1, 170,5 (=1/2,45,2) ;3,448,2 ; « (…) totum universi distingui in quattuor partes principales, concordat quod Proclus ait propositione vicesima : ‘omnibus corporibus superior est animae substantia, et omnibus animabus superior est intellectualis natura, et omnibus intellectualibus hypostasibus superius unum’ » (LW 1/1,684,3). Nous reprenons ici les abréviations et les renvois aux œuvres d’Eckhart utilisés par Retucci dans son article. 35 R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche », p. 145. 36 D’après R ETUCCI, « Her ûf ein heidenischer meister in dem buoche », p. 166 : « sciendum ergo quod ens secundum totum sui ambitum prima sui divisione dividitur in ens reale extra animam, divisum in decem praedicamenta, et in ens in anima sive in ens cognitivum, sicut manifeste colligitur ex diversis locis libri De causis et Proclo » (LW 3,445,7). Pour une raison qui nous échappe, on indique comme source de ce renvoi chez Eckhart la proposition 21 de l’Elementatio, que Dietrich cite aussi mais dans d’autres buts. Conclusions finales 373 cite explicitement Averroès 37. Le choix des autorités pour ce même problème est particulièrement intéressant et mériterait une analyse plus attentive que celle que nous pouvons lui consacrer dans ces pages. Toutes ces questions nous font emettre des doutes sur le prétendu rôle joué par Dietrich et Eckhart dans le transfert d’intérêt pour Proclus, de Paris vers Cologne, au début du XIVe . Si Eckhart cite 0,9% et Dietrich 5% de l’Elementatio (qu’il connaît, en outre, par un exemplaire fautif et incomplet), peut-on vraiment soutenir qu’ils sont « esponenti principali della prima diffusione di Proclo in Germania » 38 ? Que dire alors des autres autorités citées beaucoup plus souvent par les deux dominicains comme, par exemple, Averroès et Liber de causis ? La présence du Liber de causis est beaucoup plus importante que celle de l’Elementatio tant dans l’œuvre de Dietrich que dans l’œuvre d’Eckhart. Le premier l’utilise explicitement 99 fois en citant 45 propositions différentes, le second s’en sert 80 fois explicitement (calcul des « citations explicites littérales » et des « citations explicites doctrinales »). Eckhart semble connaître des propositions provenant de 17 chapitres ; Dietrich utilise des propositions et thèses tirées de 16 chapitres. Voici un tableau comparatif entre les deux auteurs : Dietrich connaît les chapitres : Eckhart connaît les chapitres : I-X(XI) I-IV VI(VII) IX(X) X(XI) XII(XIII) XII(XIII) XIV(XV) XX(XXI) XXI(XXII) XIII(XIV) XV(XVI) – XVIII(XIX) XX(XXI) XXI(XXII) XXIV(XXV) 37 De vis. beat., 3.2.9.1.(6), p. 86, l. 43-46 : « Dividitur autem ens uno modo in ens reale repertum apud naturam, scilicet in substantiam et alia novem genera praedicamentorum, et in ens in anima seu conceptionale, secundum quod dicit Commentator super V Metaphysicae » ; ibid., 3.2.9.6.(1), p. 96, l. 92-96 : « Quoniam autem prima divisione in suas partes dividitur ens in ens reale secundum naturam et in ens conceptionale seu cognitivum, inquantum videlicet est in cognitione seu conceptione, ut habetur super V Metaphysicae a Commentatore, descendendum nunc ad propositum ex consideratione huius secundi generis entis ». Voir la section dédiée à Averroès, n. 7. 38 S TURLESE , « Il dibattito su Proclo », p. 279. 374 Le poids de la citation XXX(XXXI) XXXI(XXII) XXXI(XXXII) Dietrich ignore les chapitres : Eckhart ignore les chapitres : XI(XII) XIII(XIV) XV(XVI) – XIX(XX) XXII(XXIII) – XXIX(XXX) XXXI(XXXII) V VII(VIII) VIII(IX) XI(XII) XIV(XV) XIX(XX) XXII(XXIII)-XXIII(XXIV) XXV(XXVI)-XXX(XXXI) Chez les deux auteurs, on constate un intérêt commun pour les chapitres I-XII(XIII) ; on note très peu de références aux chapitres XIII(XIV)XIX(XX) chez Dietrich, tandis qu’Eckhart les utilise plus souvent ; en revanche, tous deux ignorent les chapitres XXII(XXIII)-XXIX(XXX) (à une exception près dans le cas d’Eckhart : le chap. XXIV(XXV)). Ce qui nous permet quelques remarques rapides : en général, la première douzaine de chapitres du Liber de causis est le plus souvent citée par les médiévaux et porte sur des thèses discutées souvent : la relation entre la cause première et les effets des causes secondes ; tout être supérieur est au-dessus du temps et se rapporte de trois manières à l’éternité, etc. Nous n’accorderons donc pas une importance particulière à cette présence commune. A notre avis, il est plus intéressant de constater que les deux auteurs ne s’intéressent pratiquement pas aux propositions qui présentent les caractéristiques des substances séparées : « aucune substance subsistant par elle-même n’est soumise à la corruption » (chap. XXV(XXVI)) ; « toute substance subsistant par son essence est simple, et n’est pas divisée » (chap. XXVI(XXVII)) ; « toute substance simple est subsistante par elle-même, c’est-à-dire du fait de sa propre essence » (chap. XXVII(XXIX)) 39 etc. Or cette partie du Liber de causis provient du secteur E de l’Elementatio (prop. 40-51) qui est également ignoré tant par Dietrich que par Eckhart 40 ; autrement dit, toutes les thèses dévéloppées par Proclus et le Liber de causis sur les substances autoconstituées et sur 39 Nous reprenons la traduction française : P. M AGNARD, O. B OULNOIS , B. P INCHARD, J.-L. S OLÈRE (eds), La demeure de l’être, Vrin, Paris, 1990. 40 Sur ce sujet voir notamment C. D’A NCONA COSTA , Recherches sur le Liber de causis, Vrin, Paris, 1995, p. 26 (n. 10) et p. 48. Conclusions finales 375 les substances qui transcendent la corruption sont inconnues des deux auteurs. A titre de comparaison, Thomas d’Aquin et Albert le Grand connaissent et commentent ces thèses. Une autre chose que l’on peut noter à propos de cela : la proposition 172 du chap. XXII(XXIII) de Liber de causis (« Omnis intelligentia divina scit res per hoc quod ipsa est intelligentia, et regit eas per hoc quod est divina ») est tirée de la proposition. 134 de l’Elementatio (« Omnis divinus intellectus intelligit quidem ut intellectus providet autem ut Deus »); Dietrich cite cette dernière, mais ne mentionne jamais la proposition du Liber de causis bien que Thomas d’Aquin avait déjà signalé cette dépendance dans son commentaire au Liber de causis. Le commentaire de Thomas au Liber de causis et ses rapprochements avec Proclus ne semble pas avoir joué un rôle essentiel chez Dietrich ; nous avons montré qu’il connaissait la découverte de Thomas concernant le rapport entre les deux autorités et qu’il semble avoir repris quelques rapprochements entre des propositions du Liber de causis et de l’Elementatio. Mais nous avons aussi noté les rapprochements originaux faits par Dietrich sur la base des thèmes communs et non sur la base des ressemblances textuelles ; nous avons également noté des interprétations diverses pour une seule et même proposition du Liber de causis. Ces derniers aspects et le fait qu’il cite toujours d’une manière fautive plusieurs propositions de l’Elementatio, alors que Thomas donne toujours la bonne numérotation, nous fait supposer que Dietrich a tenté une lecture originale du Liber de causis et de Proclus41, sans l’aide de son frère dominicain. On remarque encore une différence importante dans le cas de la présence d’Avicenne : Dietrich l’évoque 11 fois dans son œuvre, dont à peine 2 fois par des citations littérales et 4 fois selon des renvois vagues à la Métaphysique ; Eckhart le cite explicitement 120 fois42, de nombreux 41 Pour une perspective générale de la réception du néoplatonisme dans l’école dominicaine allemande voir R. IMBACH, « Chronique de philosophie. Le (néo)platonisme médiéval, Proclus latin et l’école dominicaine allemande », in : I D., Quodlibeta. Ausgewählte Artikel, Universitätsverlag Freiburg, Freiburg 1996, p. 129-151. 42 Selon le raisonement d’A. Palazzo, Eckhart cite explicitement Avicenne 102 fois ; mais si l’on calcule aussi les références vagues à un (« che è sicuramente Avicenna ») ou plusieurs meister (« tra i quali è anche il filosofo persiano »), le nombre monte à 122 occurrences – on en déduit qu’il s’agit de 20 occurrences avec meister. Cependant, une seule et même référence vague à une doctrine qui peut se lire dans plusieurs œuvres d’Avicenne est comptée plusieurs fois comme s’il s’agissait en réalité de plusieurs références explicites ; ce qui fait que le 102 ou 122 occurrences sont considérés comme 148 « lieux cités ». Nous ne voyons pas le but de ce dernier calcul ; nous ne partageons pas non plus la certitude que le mot meister renvoie nécessairement à Avicenne. A. P ALAZZO , « Ez spricht gare in hôher meister : Eckhart e Avicenna », in : L. S TURLESE (ed.), Studi sulle fonti di Meister Eckhart, p. 72. 376 Le poids de la citation fois avec des citations ad litteram et des renvois précis à l’œuvre (il indique même très précisément les chapitres d’où il puise la citation). Si l’on veut étudier l’influence d’Avicenne sur Dietrich seulement à partir des références explicites, on peut dire qu’elle est très peu marquée ; ce n’est pas le cas d’Eckhart qui y puise plusieurs doctrines importantes43. Notre comparaison entre l’usage des sources par Dietrich et Eckhart s’arrête ici, dans l’attente des futures études sur les citations d’Averroès chez Eckhart et sur les citations des autres autorités chez Dietrich. En effet, au bout de ce travail, on s’aperçoit surtout du chemin à parcourir : nous n’avons pas tenu compte des autorités le plus souvent citées par Dietrich: Aristote et Augustin, ni des autres autorités aussi importantes que celles que nous avons étudiées ici : Ps. Denysl’Aréopagite, Boèce, Anselme, Euclide etc. Tout comme dans le cas des influences doctrinales d’Averroès, du Liber de causis ou de Proclus sur Dietrich, qui ont été souvent décrites, plusieurs études ont été faites sur son augustinisme: aucune pourtant n’a pris en compte toutes les citations une par une afin de déterminer ce qu’il cite véritablement d’Augustin, dans quelle mesure il le connaît et que connaît-il de lui. La même remarque vaut pour toutes les autres autorités. Ce n’est qu’à la suite de ce genre d’examen que l’on saura déceler la véritable connaissance que Dietrich avait des sources qu’il cite dans ses textes. 43 Voir à ce sujet l’étude déjà mentionnée d’A. 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