Université de Toulouse II – Le Mirail
U.F.R. DE GÉOGRAPHIE – AMÉNAGEMENT
École Doctorale T.E.S.C. TEMPS – ESPACES – SOCIÉTÉS – CULTURES
CENTRE INTERDISCIPLINAIRE D’ÉTUDES URBAINES
POLE VILLE – CIEU – LABORATOIRE CNRS
Master 2 recherche - Villes : Territoires et Territorialités
Mémoire de Master 2 recherche
Date de soutenance : Session 2002
Les Expositions universelles et internationales, un objet d’étude
géographique et urbanistique (Étude de cas préliminaire sur
Barcelone)
Par Patrice BALLESTER
1
PRÉSENTATION GÉNÉRALE - EXTRAITS - DU
MÉMOIRE DE MASTER 2 RECHERCHE (titre de)
SOUTENU EN SEPTEMBRE 2002 PAR PATRICE
BALLESTER (modifié après soutenance)
CIEU
Université de Toulouse- Le Mirail / Maison de la Recherche / 5, allées AntonioMachado - 31058 TOULOUSE Cedex 9
--------------------
2
Les Expositions universelles et
internationales, un objet d’étude
géographique et urbanistique (Étude de cas
préliminaire
sur Barcelone)
--Universal and
international Exhibitions (World’s fair), an
object of geographical and town planning
study (Preliminary Case Study
Barcelona)
Par Patrice Ballester
Couverture du Mémoire :
En haut : (a) 1871, concours pour
l’aménagement du parc de la
citadelle
à
Barcelone.
J.
FONTSERE, AHVB. Fond 1888.
Implantation d’un parc urbain à
l’intérieur de l’Eixample.
(b) Plan officiel de l’Exposition
internationale de Barcelone en
1929 et l’une des affiches
officielles, Fira de Barcelone,
AHVB et AMAB. Fond 1929.
(c) Le nouveau quartier Icària et la
Vila Olímpica – Port Olympique :
– projection/dessin de Martorell,
Bohigas, Mackay et Puigdomènech
entre 1986-1992. Service de
l’urbanisme de Barcelone, avec
leur aimable autorisation, revue
municipale BMM. 1988.
En bas : Projet d’aménagement du
quartier diagonal Mar Besós
2004/2017
–
Année
2002,
Barcelona Infraestructuras.
3
« La réciprocité des perspectives […] »,
« La ville crée l’expansion autant qu’elle est crée par elle. Mais ce
qui est sûr c’est que, même quand elle ne la fabrique pas de toutes
pièces, elle mène le jeu à son profit. Et que, chez elle, ce jeu se
révèle mieux qu’en tout autre poste d’observation.»
Braudel,
Fernand,
Civilisation
matérielle,
économique
et
capitalisme XVe – XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 1979, 1,
p.421
4
SOMMAIRE
1. Page de titre
2. Sommaire
3. Avant-propos
4. Liste des abréviations utilisées
5. Glossaire
6. Chapitres du mémoire
7. Annexes
8. Table des illustrations et tableaux
9. Table des matières
10. Bibliographie
11. Plans détachables sur Barcelone
5
2
AVANT-PROPOS
Pourquoi ce choix de mémoire de recherche sur les Expositions
universelles et internationales dans un cadre méditerranéen à
Barcelone ?
À travers ce choix de thématique et de problématique portant sur l’événementiel festif,
culturel et sportif en ville, j’entreprends une recherche qui met en avant le lien étroit entre la
ville, sa mise en scène, sa mise en récit et sa planification à des fins politiques, culturels et
économiques dans le contexte de la mondialisation imposant une adaptation aux nouvelles
exigences du marché et des nouvelles technologies. Mon parcours dans le domaine de la
géographie s’est proposé à entrevoir les modifications du paysage urbain et balnéaire à travers
diverses études de cas se rapportant à des échelles locales et à des espaces publics en
transition comme pour la place publique de la mairie de Narbonne et sa piétonisation, mais
aussi la reconstruction du nouveau Beyrouth et de son nouveau front de mer touristique
(DEUG première et seconde année). Il en a été de même avec la spécificité de l’unité
d’aménagement de la station balnéaire de Gruissan et les évolutions récentes de cette
destination touristique en Licence.
Mais pour ce mémoire de master, j’envisage une échelle plus grande d’étude, à savoir une
métropole et ses acteurs de l’aménagement avec la capacité des hommes à créer des
événements extraordinaires et novateurs pour les contemporains : la construction de quartiers
éphémères ou durables suite à une Exposition universelle ou internationale. Après une
maîtrise portant sur l’un des principaux acteurs de la trame urbaine de Barcelone, considéré
comme l’un des premiers théoricien de l’urbanisme ou de l’aménagement raisonné des villes
en Europe et dans le monde, impliquant un travail de géographie et d’histoire urbaine
«Ildefonso Cerdà 1815-1875, le pionnier de l’urbanisme contemporain, sa vie, son œuvre, son
actualité dans les années 2000 », j’ai entrepris de continuer mes recherches sur la ville de
Barcelone, en mettant l’accent sur les éléments ponctuels ou de long terme permettant de
répondre aux imperfections de la trame urbaine de Cerdà jugée comme trop restrictive et
répétitive à l’époque. À travers une enquête géographique et photographique in situ, la récolte
de données auprès de l’agence d’urbanisme et des ouvrages d’art de la ville et un recueil des
écrits scientifiques, universitaires sur le thème des Expositions universelles et internationales.
Je m’attache à mettre en relief cet objet d’étude géographique comme porteur de sens pour
comprendre les impacts de ces manifestations sur la ville, la société et les techniques
urbanistiques.
6
3
FOREWORD
Why this choice of research paper on universal and international
exhibitions (World’s fair) in a Mediterranean area at Barcelona?
Through this choice of theme and problems on the festive events, cultural and sports town,
I undertake research that highlights the close relationship between the city, its direction, its
storytelling and planning across political, cultural and economic purposes in the context of
globalization imposing an adaptation to new market demands and new technologies. My path
in the field of geography is proposed to foresee the changes of urban and seaside landscape
through various case studies relating to local scales and public spaces in transition as to the
public square of the town of Narbonne and pedestrianization, but also the reconstruction of
the new Beirut and its new tourist waterfront (Bachelor first and second year). It was the same
with the specificity of the management unit of the seaside resort of Gruissan and recent
developments in this tourist destination (Bachelor degree diploma).
But this master thesis, I plan a larger scale study, namely a metropolis and its development
stakeholders with the ability of men to create extraordinary and innovative events for
contemporary: the construction of ephemeral neighborhoods or following a sustainable
universal or international exhibition (world’s fair). After a master on one of the main actors of
the urban fabric of Barcelona, considered one of the first theoretician of urbanism or planning
in Europe and worldwide, involving work in geography and urban history 'Ildefonso Cerdà
1815-1875, the pioneer of contemporary urbanism, his life, his work, his news in the 2000s, "I
undertook to continue my research on the city of Barcelona, focusing on the one-off items or
long term to address the shortcomings of the urban fabric of Cerdà deemed too restrictive and
repetitive at the time. Through a geographical survey and photographic situ, harvesting data
from the planning agency and the city's structures and a collection of scientific and academic
writings about the Universal and International Exhibitions.
I endeavor to highlight this item like a geographical study as meaningful to understand the
impacts of these events on the city.
7
Liste des abréviations utilisées
AB
Athénée de Barcelone
AGDB
Archives Générales de la Députation de Barcelone
AUB
Agence d’Urbanisme et Barcelone (et d’Ouvrage Public)
AHCAC
Archives Historiques du Collège d’Architectes de Catalogne
AHVB
Archives Historiques de la Ville de Barcelone
AMAB
Archives Municipales de l’Administration Barcelonaise
BC
Bibliothèque de Catalogne
BIE
Bureau International des Expositions
BNE
Bibliothèque Nationale d’Espagne
BNF
Bibliothèque Nationale de France
CCCB
Centre de Culture Contemporaine de Barcelone
CIO
Centre International de l’Olympisme
EI
Exposition Internationale
EU
Exposition Universelle
GATCPAC
Groupe d’Artistes et Techniciens Catalans pour le Progrès de l’Architecture
Catalane
JO
Jeux Olympiques
MHVB
Musée d’Histoire de la Ville de Barcelone
8
4
GLOSSAIRE
Développement Durable
Diagonal
Le D.D. est le développement qui satisfait les besoins de
la génération actuelle sans priver les générations futures
de la possibilité de satisfaire leurs propres besoins. On
parle d’un urbanisme réglementaire et opérationnel
durable en Europe.
Grande voie urbaine qui « traverse » ou trace en biais
une grande artère en diagonale sur la trame quadrillé de
l’Eixample, d’où son nom. L’une des plus grandes
avenues d’Europe.
Barcelonismo
Néologisme qui désigne le patriotisme économique et
culturel des élites barcelonaises et qui vise à promouvoir
Barcelone au rang de grande capitale européenne.
Ensanche
Littéralement extension ou élargissement. C’est un
territoire vierge dont le devenir est d’accueillir les
excroissances de la ville moderne en Espagne. On
décide par une loi, une extension conforme au schéma
directeur d’un projet d’un urbaniste. Il s’agit d’une
planification urbaine cohérente pour un territoire donné :
pour Barcelone, il s’agit d’une extension réalisée entre
le milieu du XIXe siècle et le début du XXe siècle, selon
la trame quadrillée conforme au plan de l’ingénieur
Ildefonso Cerdà.
Parfois, Eixample Eixampla en catalan
GATCPAC
Generalitat de Catalunya :
Groupe d’Architectes et de Techniciens Catalans Pour le
Progrès de l’Architecture Contemporaine. Désireux de
répandre le fonctionnalisme prôné par Gropius au
Bauhaus, ils élaborent pour Barcelone, en 1932, le plan
Macià auquel collabore Le Corbusier.
La généralité est l’institution du gouvernement
autonome de la Catalogne composé de la Présidence, du
Parlement et du Conseil Exécutif. Son siège est à
Barcelone, à la place Saint Jaume.
Mancommunitat :
Ancêtre de la generalitat, une association, une fédération
de municipalités et de districts de province en Catalogne
au début du XXe siècle.
Modernisme
Le modernisme catalan 1888-1926 marque le début de
l’architecture moderne en Espagne. C’est une version
locale de l’art nouveau, comme en France avec l’école
d’Annecy au début du siècle. Dénomination qui
embrasse la renaissance de la culture catalane par
différents styles architecturaux, le néo-gothique, le néomudéjar et le néo-baroque.
Montjuich
Colline située au sud-ouest de Barcelone, près de la
côte. Bute marine disposant d’une image positive et
négative.
9
5
Noucentisme
En réaction au modernisme, c’est un mouvement qui
prétend revenir à des valeurs plus authentiques dans les
styles « méditerranéens ». On prône le retour aux
architectures classiques, grecques et romaines
monumentales (tendance à un académisme fascisant).
Sur le plan politique et social, mouvement de retour à
l’ordre incarné par la dictature de Primo de Rivera entre
1923-1930.
Paseo en Castillan
Avenue. Le passeig de gracia relie la ville historique
médiévale à l’Eixample. C’est le Champs Elysées
barcelonais.
Renaixença
Renaissance – Mouvement politique et culturel
d’envergure en Catalogne, prônant un retour aux racines
moyenâgeuses du pays. On s’appuie sur la spécificité
catalane pour demander une autonomie et un fairevaloir au plan national en Espagne. Pour une identité
catalane sur le plan linguistique, littéraire et historique.
Passeig
Parfois Renaixança, Renaicança,
Renaisencia (castillan)
Rationalisme
Droit à l’urbanité
Droit à la ville
Le Corbusier, le GATCPAC et le Bauhaus décident de
valoriser, dans le domaine de l’architecture, le
fonctionnalisme, à savoir, des formes simples pour un
meilleur bien-être.
Après la période de Dictature, le fait de rendre la
gouvernance de la ville aux élites locales à travers une
démocratie locale renouvelée, le rôle des quartiers et
des associations culturelles ainsi que par la réalisation
de petits projets d’urbanisme en premier lieu, puis des
projets plus conséquents pour aboutir à la candidature et
l’organisation des Jeux olympiques de 1992.
L’influence de l’universitaire français Henri Lefebvre
(1968) est sans doute importante dans l’élaboration de
ce principe d’action auprès de l’intelligentsia catalane
urbanistico-économico-architecturale.
10
Introduction
« Une idée, une cité et l’humanité » telle est la devise du B.I.E. (Bureau International
des Expositions). Pour cette année 2002, Master villes : territoires et territorialités, j’ai décidé
de consacrer mon travail sur les Expositions Universelles et Internationales – grands projets
d’aménagement de l’espace. Une année de master recherche se veut un exercice
d’approfondissement pour l’étudiant dans le domaine de la recherche. Le diplôme d’étude
approfondie doit permettre à l’étudiant d’appréhender un sujet d’ordre général à partir d’une
problématique générale, pour enfin ouvrir sur une question plus précise (une hypothèse de
recherche, des hypothèses, une typologie, des solutions ou éclaircissements nouveaux). Pour
ma part, j’ai décidé de commencer mes recherches sur les Expositions en tant qu’objet d’étude
géographique et leurs impacts sur l’urbanisme, à partir d’une question basée sur le
développement durable de la ville : « Les Expositions Universelles ou Internationales ontelles un effet durable ou éphémère sur l’aménagement et la planification d’un territoire ou
d’une cité ? ». Nous verrons tout au long du développement que rien n’est moins sûr
concernant la ou les répercussions des effets négatifs ou positifs de ces manifestations
géantes ; mais qu’au contraire leurs dimensions culturelles, sociétales et géographiques sont
prépondérantes dans le choix de leurs organisations. On s’apercevra au fil du mémoire que la
cette question et cette pratique sont en plein renouvellement du fait de la mondialisation et ses
effets, mais aussi du processus de métropolisation et ses conséquences sur la dotation en
infrastructures majeures pour les villes mondiales.
Pour ouvrir mes propos, dans ma troisième partie, j’élabore une hypothèse de recherche
sur la ville de Barcelone par rapport à la problématique de départ. Je préciserai ma recherche
sur la capitale catalane à travers ses nombreux méga-événements. À ce titre, pour rentrer
directement dans le sujet, j’ai associé à cette introduction, deux articles et deux commentaires
permettant de mieux cerner et de comprendre la teneur de mon mémoire. Le premier article
est un reportage de Nelly Wenger qui propose une lecture originale des effets durables de
l’éphémère de l’Exposition Nationale suisse de 2002, le second est un article de Christophe
Dechenay qui propose un commentaire sur la tenue possible de l’Exposition internationale en
2004 dans la banlieue parisienne1. L’analyse des ces deux propos nous montrent deux
stratégies différentes, deux points de vue à prendre en compte pour ces projets reflétant une
société et une grande métropole généralement.
1
…
WENGER Nelly « un projet qui ne laisserait rien derrière lui » dans Le Monde, 14/03/02, p. 29 - DECHENAY
Christophe « Un vecteur de développement pour la Seine-Saint-Denis » dans Le Monde, 23/11/01, p. 30
11
6
Introduction
"An idea, a city and humanity" is the motto of B.I.E. (International Office of
Exhibitions). For this year, 2002, Master cities: territories and territoriality, I decided to
dedicate my work on the World and International Exhibitions (world’s fair) - major
development projects in space. A year of research master wants an up Exercises for the
student in the field of research. The comprehensive study degree must enable students to
grasp a general nature about from a general problem, to finally open on a more specific
question (a research hypothesis, assumptions, and a typology of new solutions or
explanations). For my part, I decided to start my research on shows as an object of
geographical study and their impact on urban planning, from a question based on the
sustainable development of the city: world’s fairs do they have sustainable or ephemeral
impact on the development and planning of a city? We will see throughout the development
as nothing is less sure about the impact or the negative or positive effects of these giant
events; but to make their cultural, societal and geographical dimensions are paramount in the
choice of their organizations. It will be seen over memory than this and this practice is in full
renewal due to globalization and its effects, but also the metropolisation process and its
impact on major infrastructure endowment for the world's cities.
To open my remarks, in my third part, I develop a research hypothesis on Barcelona
city compared to the initial problem. I will describe my research on the Catalan capital
through its many mega-events. As such, to enter directly into the subject, I have associated
with this introduction, two articles and two reviews to better identify and understand the
content of my memory. The first item is a report by Nelly Wenger, which offers an original
reading of the lasting effects of ephemeral of the Swiss National Exhibition in 2002; the
second is an article by Christophe Dechenay offering a comment about the possible holding of
the exhibition international in 2004 in the Paris suburbs
(1).
The analysis of these two
comments shows us two views to be considered for these projects reflect a society and
generally a great metropolis.
...
1.WENGER Nelly « un projet qui ne laisserait rien derrière lui » dans Le Monde, 14/03/02, p. 29 - DECHENAY
Christophe « Un vecteur de développement pour la Seine-Saint-Denis » dans Le Monde, 23/11/01, p. 30
12
I.
Première partie
Les Expositions universelles, internationales,
nationales, industrielles, des arts décoratifs
d’architectures et coloniales.
La notion d’Exposition
Le Bureau International des Expositions
La planification d’une Exposition
Un objet d’étude géographique
13
CHAPITRE I
La notion d’Exposition
aux XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe siècles
Lorsque l’on débute une recherche pour un mémoire sur un thème général comme
« Les expositions universelles : le point sur la recherche scientifique », on s’aperçoit dans les
premiers temps, de l’importance qu’ont pris et prennent encore de nos jours, de tels
événements dans la mémoire collective des hommes et des nations à la fin des XIX e et XXe
siècles.
Il existe actuellement à notre disposition et consultation, une dizaine d’ouvrages
généraux, spécialisés ou non dans certains domaines, dans la forme et le fond sur ce thème.
Tous ces ouvrages traitant des Expositions, procèdent de la même méthode. On peut analyser
leur schéma de description du sujet en sept points :
1. La genèse des Expositions : de l’antiquité à nos jours
2. La notion d’Exposition
3. L’organisation d’une Exposition
4. Le contenu et le déroulement d’une Exposition
5. L’architecture des Expositions
6. De l’utilité des Expositions, les traces des Expositions
7. Une histoire des Expositions : les grandes expositions du passé (1)
Chaque auteur propose à sa manière de revisiter un point particulier des Expositions.
Le livre de Linda Aimone et Carlo Olmo par exemple(2) est le meilleur résumé ou
développement pour certains points sur les Expositions entre 1851 et 1900…
1.
2.
Par exemple : Pinot de Villechenon Florence, Les Expositions universelles, Paris, Puf, 1992, 126 p (Que
sais-je ?) numéro 2659
Aimone Linda, Olmo Carlo, Les Expositions universelles : 1851 – 1900, Paris, Belin, 1993, 317 p.
14
Il s’agit d’un ouvrage qui fait référence en Europe. L’analyse de l’architecture du
moment, des mentalités de l’époque, face à ces événements, au développement des galeries de
machines, ainsi qu’un résumé exhaustif des inventions et évolutions pédagogiques et
scientifiques du moment, y sont très bien traitées.
Pour ce qui concerne les Expositions de Paris, il existe un spécialiste, historien, Pascal
Ory qui a réalisé un essai sur les Expositions parisiennes, puis sur l’Exposition de 1889
(3)
.
Celui-ci procède par une recherche bibliographique de qualité, alliant archives de la BNF et
des différents ministères concernés, plus les archives de Paris. L’auteur fait le point sur le
contexte politique, économique, culturel de l’époque, tout en traitant l’architecture
flamboyante des Expositions parisiennes.
D’ailleurs il est nécessaire de rappeler qu’il existe à la BNF un nombre important de
documents bruts ou monographies exhaustives sur ces expositions françaises. Au vu de
l’interrogation du fichier Internet de la BNF, on s’aperçoit aussi de l’existence d’un nombre
conséquent de guides d’expositions officielles, ainsi que des comptes rendus statistiques ou
mondains, des guides touristiques…
Le début du XXe siècle a vu des auteurs comme Adolphe Demy ou Alfred Picard
(4)
réaliser des travaux colossaux sur les Expositions, leurs apports ou leurs déroulements.
L’ouvrage d’Alfred Picard fait toujours référence, toujours cité dans chaque bibliographie,
traitant des Expositions. Commissaire général de l’Exposition universelle de 1900 à Paris, il
réalise un travail de synthèse sur un siècle de progrès techniques, ainsi qu’une description
fouillée de l’Exposition universelle de 1900.
Il existe aussi une autre manière d’aborder le thème des Expositions par les ressources
iconographiques. Nous reviendrons sur le thème - la naissance de la photographie et les
Expositions - dans notre deuxième partie, mais notons au passage deux ouvrages généraux
faisant la part belle aux illustrations photographies, où l’on trouve peintures ou représentation
d’artistes des Expositions
. Il s’agit pour la plupart, de reproductions issues du journal
(5)
l ‘Illustration ou de photographies de grand nom.
3.
4.
5.
Ory Pascal, L’exposition universelle de 1889, Bruxelles, Complexe, 1989, 153 p.
Ory Pascal, Les expositions universelles de Paris : panorama raisonné avec des aperçus nouveaux
et des illustrations des meilleurs acteurs, Paris, Ramsay, 1982, 157 p.
Demy Adolphe, Essai historique sur les expositions universelles de Paris, Paris, A. Picard et Fils,
1904, 1096 p., Picard Alfred, le bilan d’un siècle 1801-1900, l’exposition universelle et
internationale de Paris, Paris, 1906, 10 volumes.
Union Centrale des Arts Décoratifs, Le livre des Expositions universelles 1851-1989, Paris,
Éditions des arts décoratifs Herscher, 1983, 351 p.
Decaux Alain, Les grands dossiers de l’Illustration, les Expositions universelles, histoire d’un
siècle 1854-1954, Paris, le livre de Paris-Krishna Renon Publication-Sefag – l’Illustration, Paris,
1987, 191 p.
15
Comme on le voit, un grand nombre de documents bruts ou de monographies sont à
notre disposition. Une telle profusion de documents a conduit certains auteurs à réaliser des
corpus bibliographiques regroupant un nombre non négligeable d’informations sur une ou des
Expositions (6).
Lors de mon projet d’étude avancé, j’ai pu rappeler que l’une des caractéristiques qui
concerne les Expositions, c’est la compartimentation par branche, époque et mode du moment
de thèmes sur les Expositions. L’un des grands classiques, est la « Galeries des machines »,
mais on s’étonne de ne rien trouver en Français sur Londres 1851 et la première Exposition
universelle et son Crystal Palace (aucune thèse, aucune monographie en architecture ou
autres). Pour trouver des articles ou bout d’articles pertinents, il faut rechercher ou « fouiller »
dans des ouvrages ne traitant pas directement des Expositions comme par exemple dans les
mémoires ou ouvrages sur, et, du Baron Haussman
(7)
.
Enfin les origines plus lointaines
comme les Expositions nationales française issues de la révolution font l’objet de publication
et rappelle les origines parisiennes de cette pratique avec notamment avec la Foire du trône, le
rôle de la royauté et des corps de métiers, certaines places publiques de cérémonies royales et
toutes une pratique remontant à l’Antiquité.
À ce titre au plan économique et urbanistique, …
16
On peut constater que l’histoire des Expositions, en général, le pourquoi et le
comment, leur déroulement national et international tout au long des XIX e et XXe siècles est
un sujet traité dans sa globalité
(8)
. Une critique peut être apportée, en soulignant que l’on
retrouve plus ou moins régulièrement au fil des lectures, les mêmes Expositions phares,
décrites, les mêmes causes - conséquences et anecdotes. Généralement, quand les auteurs
découpent la chronologie des Expositions, quatre phases sont retenues. Les différenciations
sont bien décelées par les chercheurs sur l’évolution des Expositions à caractère international
ou universel. Avant 1851, entre 1851 et 1900, entre 1900 et 1941 et 1941-2005, telles sont les
périodes mises en évidences par rapport à leur particularité et manière d’aborder la
présentation pédagogique et scientifique du progrès.
Néanmoins, en langue anglaise, on remarque…
6.
7.
8.
De Plinval-Sagues R, Bibliographies des Expositions universelles et commerciales en France
depuis l’origine jusqu’à 1867, Paris, INTD et Conservatoire National des Arts et Métiers, 1959,
110 p. (Un ouvrage de référence pour l’époque).
Hercelin Micette, Expositions internationales et universelles Fiches signalétiques sur quelques
expositions, Paris, IAURIF, 1980, 95 p.
Voir deuxième partie
Georges Berger Henri, Les expositions universelles internationales : leur passé, leur rôle actuel,
leur avenir, Paris, Rousseau, 1901, 164 p.
Isay Raymond, Panorama des expositions universelles, Gallimard, Paris, 1937, 229 p.
Poirier René, Des foires, des peuples, des expositions, Paris, Plon, 1958, 258 p.
Plum Wermer, Les expositions universelles au vingtième siècle, spectacle du changement
socioculturel, Bonn Bad Godesberg Friedrich, Ebert-Stiftung, 1977, 176 p. (Uniquement disponible
à la BNF).
Bouin Pierre, Chanut Christian Philippe, Histoire française des foires et des expositions
universelles, Baudouin, Edition de Nesle, Paris 1980, 223 p.
17
Mais il est nécessaire pour une meilleure compréhension générale du sujet, de s’arrêter
sur des questions indispensables à mettre en avant pour nos deux autres parties, à savoir :
-
Qu’est-ce qui fait une Exposition aujourd’hui et hier ?
-
La pratique d’une Exposition est-elle toujours d’actualité ?
-
Qu’est-ce qu’un héritage urbain au plan géographique ?
-
Séville 92, Hanovre 2000, sont-elles des Expositions qui renouvelle la pratique ?
Depuis quelque temps, on ressent une gêne ou un manque de lisibilité sur ces
questions essentielles de l’utilité urbanistique et de l’unité pédagogique, scientifique et
culturelle des Expositions. Il n’en reste pas moins qu’elles peuvent être rapprochées aux
prémices de la mondialisation ou à une étape de celle-ci comme le montre Christian Grataloup
ou Jean-Philippe Bouilloud, les prémices du fameux village planétaire ou du moins des
éléments communs, certes, il y a aussi la capacité de ces événements à se renouveler ce qui est
moins sûr ou peut-être probable avec l’arrivé des pays émergents et la notion de
développement durable comme nouveau paradigme d’action et de construction de paysage
urbain ou ruraux (périurbain)2. Leurs mortalités est envisagées comme s’il s’agissait d’un
« être vivant » car …
9
GRATALOUP Christiaan, Lieux d'Histoire. Essai de géohistoire systématique, Reclus / La Documentation
française, 1996 - BOUILLOUD Jean-Philippe« Les expositions universelles et les prémices de la globalisation »
dans Fêtes géantes, les expositions universelles pour quoi faire ? 2001, p.148-152 - Sur la notion d’expositions
Interventions de Mr ROBERTS (Canada) Mr MAGAIA (Mozambique) Mr BARGMANN (Allemagne) Mr GUE
THORSHEIM (Norvège) Mr TESTU (France) Sources : « interventions » dans Bulletin du B.I.E., 2000, p. 8797 - TESTU Bernard « Les expositions universelles sont-elles mortelles ? » dans Fêtes géantes, les expositions
universelles pour quoi faire ? 2001, p. 153-154
18
À la lecture de ces deux articles et extrait de chapitre, on se rend compte que les
frontières de la connaissance, du savoir et de leur acquisition ont pris bien d’autres chemins
que ces Expositions parfois très longues à organiser, tant par leur organisation que leur savoir
à rendre digeste auprès des visiteurs. D’une unité de temps et de lieu pour les découvertes et
leur représentation, on est passé à une diversité de temps et de lieu pour les nouvelles
innovations. La circulation des informations scientifiques change de règle. Qu’est-ce qui, à
Séville 92 et Hanovre 2000, a donné lieu à des débats sur l’utilité ou non d’une découverte
scientifique majeure ? De l’utilité des Expositions comme moyen de développement pour
l’image d’une ville, aujourd’hui certains pays ont érigé ce mode action en concept (cf.
deuxième et troisième parties). Ce qui frappe lorsqu’on étudie la bibliographie, les sites
Internet, les ouvrages vieux d’un siècle sur ce thème, c’est de constater la lente évolution des
termes employés pour caractériser ces manifestations géantes. De termes, expressions, faisant
référence ou savoir, on passe à des termes plus nuancés, montrant le caractère imposant des
Expositions, pour finir par des expressions à moitié tronquées, ne désignant plus qu’un aspect
festif, ludique.
-
Exposition du progrès
-
Exposition des Beaux-arts
-
Exposition d’architecture
-
Exposition coloniale
-
Exposition communale et culturelle
-
Exhibition publique
-
Fête nationale du progrès
-
Fête pacifique et fraternelle du progrès
-
Le bazar du progrès
-
Le grand catalogue des inventions
-
Les assises pacifiques du progrès
-
Les olympiades du progrès
-
Foires aux nouveautés
-
Foire de l’humanité
-
Fête de l’humanité
-
Fête de l’industrie française
-
Exposition industrielle
-
Exposition nationale
-
Exposition des arts décoratifs
-
Exposition d’architecture
XVIIIe et XIXe siècles
XIXe siècle
19
-
Exposition universelle
-
Exposition internationale
-
Exhibition universelle
-
World’s fair, universal exposition
-
Universal exhibition, general exhibition
-
Welt Austellung « Exposition mondiale »
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Fêtes géantes
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L’Expo (pour Hanovre et Séville)
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World Expo (pour les pays du monde, anglais)
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Méga-événements
2ème moitié XIXe et XXe
Des années 1940 à 2000
L’expression
World’s
apparaît en 1893 à Chicago.
De nos jours
Plus encore, c’est le fossé qui se creuse entre pays développés et pays en voie de
développement, voulant participer à tous prix aux Expositions. Pour un pays comme le
Mozambique, participer à une Exposition, c’est prendre un énorme risque de politique
intérieure et de finance budgétaire pour peu de résultats. Les Expositions se doivent
maintenant d’être raisonnables pour les finances publiques, tout en donnant une mission au
pays organisateur : aider les pays les plus pauvres souhaitant y participer. À la vue des
affiches et prospectus publicitaires concernant Hanovre 2000, c’est davantage l’aspect
« grande fête » du monde et ludique de l’Exposition qui compte que l’aspect pédagogique et
scientifique. On ne retrouve vraiment un rôle d’enseignement et de découverte que dans les
moyens et la forme de faire passer un message sur le forum Développement durable des villes
et de la Nature. Une ville, Shanghaï, est choisie par le BIE comme ville témoin et phare du
XXIe siècle. Que va-t-elle devenir ? Ici, on retrouve la notion première d’Exposition, avec en
plus, une inévitable volonté des Allemands à promouvoir leur Développement Durable par
différentes dispositions et règlement de construction des pavillons par rapport aux protocoles
de Rio et Kyoto.
Il n’en reste pas moins que de l’unité de temps et de lieu pour la découverte, sa
représentation et sa démonstration, nous sommes passés à une diversité de temps et de lieu
dans l’innovation. Ce changement de règles définissant la circulation des informations
scientifiques, a bouleversé la nature intrinsèque des Expositions. On s’aperçoit par les
discours des intervenants du colloque du BIE sur les pays émergeants et la nation
d’Exposition, que la globalisation a modifié la substance même des Expositions…
20
fair
Les dires de Emilio Cassinello Secrétaire Général de Séville 92 et de Edelmann Daniel
comme reporteur du journal « Le Monde », la question est entendue : « C’est désormais un
événement majeur sur le plan de la communication comme de la culture. Il s’agit aujourd’hui
d’un fabuleux spectacle ludique. J’aimerais que l’on retrouve à Séville l’évolution
intellectuelle des encyclopédistes, l’organisation de Disneyland et la ferveur des NationsUnies » (10).
Les expositions comme objet touristique est un élément majeur de leur continuité et une
tentative de renouvellement, les documents que nous analysons sur Hanovre sont probants, ils
montrent…
Documents et analyses
Représentation pour l’expo 2000 Hanovre de la ville
utopique
Source : Prospectus publicitaire FRAM
Toulouse 2000
Prospectus pour Hanovre 2000 de l’idée de fête
Source : Office du tourisme allemand,
Prospectus publicitaire français de Hanovre 2000, année
2000, p. 2
10.
CASSINELLO Emilio, « expo 92 Séville », Le Monde, 16/04/92, p.26 Puis : « Les lendemains de
fête sont difficiles. Reste à savoir si l’expo 92 qui ferme ses portes, le 12 octobre, a été une fête, une
exposition, surtout quand elle est universelle et se transforme en foire ou en kermesse » (10).
EDELMANN Daniel, « les lendemains de fête », Le Monde, 10/10/92, p. 29 (Reporteur spécial du
Monde).
21
Nous pouvons alors nous attacher aux articles de la convention de 1928 modifiée par
le protocole du 30 novembre 1972 et amendements suivants qui régissent ces manifestations
internationales pour trouver une définition adéquate.
Dans son article 1er, la convention définit ainsi ces manifestations : « une exposition
est une manifestation qui, quelle que soit sa dénomination, a un but principal d’enseignement
pour le public, faisant l’inventaire des moyens dont dispose l’homme pour satisfaire les
besoins d’une civilisation et faisant ressortir dans une ou plusieurs branches de l’activité
humaine, les progrès réalisés ou les perspectives d’avenir » (cf. Projet d’étude avancée
annexe n° 8 – protocole d’accord page 7). De la définition qui précède, il ressort de la
philosophie du BIE et de ses membres, qu’une exposition est avant tout une œuvre
d’information et d’enseignement, ce qui permet de la distinguer de la foire avec laquelle on la
confond trop souvent. Pour le BIE, une foire est un marché où tous les producteurs, ou
seulement certaines catégories de producteurs, sont invités à faire figurer pendant un temps
généralement assez court, les types ou échantillons de marchandises qu’ils fabriquent et
mettent en vente sur place. Les commerçants, distributeurs de marchandises sont alors à
même de faire un choix et de réapprovisionner leurs comptoirs. Le but de la foire n’est pas de
faire l’éducation des visiteurs, mais elle s’attache surtout à faciliter et multiplier les opérations
d’achat et de vente. Généralement, une ville accueille un marché, une foire internationale où
les règles de l ‘économie de marché sont appliquées, à savoir la rencontre de l’offre et de la
demande.
Quant à l’Exposition, elle répond à une toute autre idée. Sans doute rassemble-t-elle
également un nombre considérable d’objets, fruit de l’industrie nationale, mais son but est
moins de leur trouver des acheteurs immédiats que d’en démontrer la valeur et l’utilité grâce à
l’originalité de la présentation. C’est sûr celle-ci que les Expositions se doivent de concentrer
une partie importante de leurs efforts, d’autant plus que dans beaucoup d’Expositions
modernes, un thème de base définit l’esprit général de la manifestation, stimulant ainsi
l’ingéniosité des Expositions. Les aspects démonstratifs, représentatifs et d’exaltation, sont les
maîtres mots des organisateurs et non le souci de conclure des marchés au but lucratif.
L’Exposition internationale prend alors une signification très importante : chaque nation étant
invitée à révéler ses conceptions dans les multiples domaines qui lui sont propres et à faire
apparaître les progrès qu’elle a réalisés dans chacun de ceux-ci. Cette rencontre des peuples
prend le caractère d’une confrontation générale amicale ou politique. Le but premier est de
faire réellement œuvre d’enseignement et de témoignage pour l’époque en cours et à venir. La
ville devient un lieu de rencontre et non de marché.
22
La classification des Expositions avant 1928 se comprend à travers une analyse et un
rapport entre une définition réglementaire, formelle et institutionnelle.
Dans un premier temps, il faut bien reconnaître qu’un certain mélange des genres ainsi que
des confusions néfastes se sont accumulées et répandues dans la presse et les discours
d’ordres généralistes concernant le phénomène Exposition et leurs appellations/nominations.
Néanmoins, on remarque que même l’institution qui organise le choix des villes hôtes s’est
ralliée aux deux grandes expressions qui font des Expositions soit des événements universels
ou internationaux. Pour les visiteurs mais aussi parfois les organisateurs, on utilise aussi bien
pour désigner une exposition le terme d’universelle ou internationale sans trop se soucier et
donner d’importance à l’expression usité ou tout au contraire insisté sur le fait pour en retirer
plus de prestige. Néanmoins (et pour les Expositions de Barcelone aussi), les termes exacts de
dénomination de ses expositions sont importants dans leur signification, valeur et intention
des organisateurs.
Par Exposition universelle internationale, il faut comprendre l’Exposition qui est
universelle par son contenu, c’est-à-dire qui englobe dans son programme et dans son cadre
plus ou moins tout ce qui concerne l’activité humaine ; par Exposition internationale, il faut
comprendre qu’elle est constituée de la participation active des nations étrangères. Une
Exposition peut être universelle sans être internationale, elle restera alors nationale par sa
dénomination. Les célèbres expositions nationales Suisse en sont un exemple mais aussi les
premières expositions nationales françaises et anglaises. Elle peut être également
internationale sans être universelle, elle sera alors spéciale, c'est-à-dire limitée à une ou à
plusieurs branches de l’activité humaine. Ce fut le cas des Expositions internationales
maritime de Bordeaux ou de la Houille Blanche à Grenoble respectivement en 1907 et 1927,
Expositions spécialisées mais avec le titre évocateur d’internationale et d’invitations lancée
aux nations industrieuses du moment sans qu’un nombre minimum de participants soit
demandé(11).
Néanmoins dans la pratique cette distinction est beaucoup moins nette qu’en théorie. Une
grande partie des Expositions bien qu’universelles et internationales sont limitées et
spécialisées dans certaines branches en négligeant et parfois même en ignorant certaines
autres. C’est surtout le cas des anciennes Expositions avant même la création du BIE. Pour
cette raison sans doute le langage courant n’a pas conservé cette distinction.
La confusion des genres, dans la forme et le fond ont trompé les spectateurs et acteurs mais
dans une optique commune croire à son importance et à la réussite de l’Exposition avec une
nomenclature élogieuse et incitative à la rêverie.
11.
Ce qui a donné souvent des abus dans les dénominations.
23
On peut d’ailleurs à ce stade de la réflexion se poser comme question : quelle différence
entre une foire et une Exposition ? Tout simplement, la foire se distingue de l’Exposition par
son caractère commercial. C’est la rencontre de l’offre et de la demande pour aboutir à un
accord commercial ou du moins de plus en plus à partir du milieu du XXème siècle véhiculer
une image de bon produit et de bonne pratique à l’étranger. Disons que l’acte de conclure un
contrat entre l’exposant et le visiteur est le but principal voir immédiat. Quant aux grandes
foires, il va s’en dire quelles sont internationales mais pas voir très rarement universelles.
Celle-ci n’a une portée scientifique ou artistique que dans la mesure où la manifestation
déploie une organisation et une relation avec l’art et la science comme échelles de valeurs. En
fait pour le mot foire12, étymologiquement le terme dérive du mot latin « feria », du latin
classique feria signifiant « jours de fête » et du bas latin 1160 feria « marché, foire ». En
France, le terme n’a gardé que peu son sens originel.
On le retrouve néanmoins dans l’expression « faire la foire » s’adonner à une vie festive
voir de débauche13. Néanmoins, une vielle expression en France nous renseigner sur le fait
qu’il existe certains rassemblements adossés à ces foires et qui fait intervenir la culture, le
divertissement, les « Théâtre de la Foire »14. Enfin dans le sud de la France, là ou les
« Feria » ont peut-être gardé ce sens original de jour de fête, jour chômé, jour de jeux, jour de
représentation, comme en témoigne « la feria des vendanges » de Nîmes actuellement.
Il reste que les foires et les Expositions sont intimement liées dans leurs fonds et
fonctions, du Moyen-âge à l’époque contemporaine, car le but est bien de travailler et de
vendre durant un calendrier spécial tout en vantant la réussite d’un royaume.
Foire - sens 1 - « grand marché public où l’on vend toutes sortes de marchandises et qui a lieu à des dates et
en des lieux fixes (généralement en milieu rural) » ; - sens 2 - « Grande réunion périodique où des échantillons
de marchandises diverses sont présentés au public » Dictionnaire Robert (1981) Mais aussi 1. Grand marché
public qui se tient régulièrement en certains lieux, une ou plusieurs fois dans l’année. Foire aux bestiaux, à la
ferraille. 2. Fête foraine. La foire du Trône. 3. Exposition commerciale périodique. La Foire de Paris. Foire de
Vic en Catalogne. 4. Fam., péjor. Lieu très bruyant, où règnent le désordre et la confusion. Qu’est-ce que c’est
que cette foire? Faire la foire: se débaucher, faire la noce. Dictionnaire Hachette (1995). Dans tous les cas, il
s’agit d’un grand marché se tenant à des dates fixes en un lieu donné, surtout en milieu rural et urbain comme le
furent les foires aux bestiaux, foire de Beaucaire, foires de Champagne, foire de Leipzig, ou d’une grande
réunion périodique ou des échantillons de marchandises diverses sont présentés au public. On note toujours
l’existence d’un champ de foire (le forail): vaste esplanade où se tient une foire. Il existe aussi le facteur de
périodicité qui amène à se différencier des Expositions comme la Foire de Bruxelles, de Lausanne, de Milan, de
Paris. Enfin, c’est l’aspect fête qui ressort avec la foire comme Fête foraine périodique. Foire du Trône, de
Neuilly.
13
La Foire aux vanités. Un Roman sans héros, Vanity Fair. A Novel without a Hero Roman de William
Makepeace Thackeray Ici, c’est bien au sens familier qu’il faut entendre le mot : Lieu bruyant, où règne
l'agitation. Quelle foire, cette réunion ! Foire d'empoigne. Faire la foire : s'enivrer; mener une vie dévergondée.
14
Théâtre de la Foire : Nom sous lequel on désigne les spectacles donnés aux XVIIe et XVIIIe siècles, dans
l'enclos des foires parisiennes (Saint-Germain, Saint-Laurent), par des troupes foraines formées à l'école de la
Comédie-Italienne. Ces spectacles comprenaient des parodies de pièces classiques, des farces, des pantomimes,
des comédies à couplets, d'où naîtra l'opéra-comique. Populaire et frondeur, le théâtre de la Foire fut, au
XVIIIe siècle, le refuge de la fantaisie et de la variété. Le Sage, Piron, Favart, Sedaine lui fournirent des textes.
12
Pour l’Angleterre et l’Amérique (le monde anglo-saxon),
le mot « fair » (qui
correspond au mot français foire) et le mot « exhibition » sont tous deux utilisés sans
distinction de sens et peuvent tous deux désigner de grandes Expositions, de grandes foires ou
salons15. Il existe aussi l’emploi plus rarement du terme « Exposition » ou de « show » ou
« world trade show »16. On remarque alors l’importance non plus pédagogique bien qu’elles
le fussent pour le monde américain mais plutôt de grand spectacle et de moyen de faire du
commerce en vendant son image d’entreprenariat en premier lieu.
À ce titre, les origines françaises de cette pratique d’Exposition universelle et
internationale remontent à la Foire du Trône mais aussi à la première Exposition nationale de
François de Neufchâteau et des expositions de manufactures royales et de Chambre de
commerce anglo-saxonne et de l’Europe centrale, …
Cf. ANNEXE N° 8 POUR PLUS DE PRÉCISIONS.
L’Exposition universelle de New York de 1876 = New-York Exhibition of 1876.
L’Exposition universelle de New York de 1939 = New-York World’s Fair of 1939.
16
Dictionnaire Encyclopedia Britannica, 1999, p.660-664 Mot : Exposition- Exhibition- Fair - Show – World’s
Fair - Le dictionnaire insiste surtout sur le phénomène commun de montrer pour vendre tout en imposant le
caractère festif et commercial de l’Exposition. Quant au terme show, c’est bien la vision, la volonté de mettre à
la vue, d’exhiber de mise en scène d’une puissance industrielle ou technologique aux yeux de tous à grand
renfort publicitaire.
15
25
Tableau n° 1 : DES EXPOSITIONS, DES RÉVOLUTIONS, DES VALEURS EN TRANSFORMATION
I.
Révolutions
Industrielles
IV.
Révolution
médiatique
touristique
Exposition
d’une
savoir-faire
communication
Géopolitique
Expérience
architecturale
urbanistique
Exposition
commerciale
Fait colonial
UNE
EXPOSITION
Des
Révolutions…
II.
III.
Révolutions
culturelles
Révolutions
Techniques
Universalité
Pédagogie
du savoir et
du progrès.
Arts
Pacifisme
Diplomatie
À l’origine, la rencontre et la volonté de célébrer par un nouveau type de manifestation les fastes du
progrès industriel du XIX ème siècle.
PREMIÈRE FOIRE OU EXHIBITION DES PRODUITS DE MANUFACTURE
EXPOSITION NATIONALE FRANÇAISES, ANGLAISES, DE L’EUROPE CENTRALE
Il existe bien une prédominance des valeurs idéologiques adossées à ces Expositions,
mais elles semblent relevées d’un concours de circonstance, de la maîtrise de l’économie de
marché et des phénomènes endogènes et exogènes faisant apparaître des Nations souvent
nouvellement industrieuses, nationales et en expansion territoriale à travers leurs colonies.
26
Des explications peuvent être apportées à partir de nos lectures principales et recensement
d’articles universitaires récents comme…
A. Révolution Industrielle et la mondialisation progressive de l’économie :
-
Exposition des richesses : Sur le modèle antique, une unité de temps et de lieu pour une démonstration de sa puissance
économique.
-
Exposition commerciale : Une tentative de classification des produits, de rationalité industrielle mais aussi d’ouverture
d’un marché national et la réalisation d’accord douanier et d’aménagement de droits douaniers à l’occasion de grandes
foires ou de prémices d’expositions.
-
Le fait colonial : Avec plus ou moins de réussite et surtout des controverses, la géographie des États d’Europe s’étend audelà des océans et les cultures locales sont
B. Révolution Culturelle :
-
Exposition culturelle, artistique et pédagogique : Émanciper le citoyen nouveau, aménager un espace de dialogue et de
diffusion des idées. Valeurs révolutionnaires françaises notamment associé aux fastes du progrès libérant l’individu.
L’exposition parisienne de 1855 instaure la pratique et l’exposition d’œuvre reconnu et après d’avant-garde, les artistes
peuvent trouver des mécènes, des commandes et montrer leurs savoir-faire. Les courants artistiques, architecturaux, du
mobilier urbain comme l’Art Déco se trouvent sublimés et entretenue par la tenue des Expositions. D’autres exemples sont
possibles : le japonisme avec les estampes, ou l’orientalisme et ses influences.
-
Pacifisme et internationalité-universalité (R.I.): Le phénomène de trêve, de supériorité des esprits et des techniques sur
la barbarie humaine. L’invitation des chefs d’États, la diplomatie en marche permet de compter ses alliés, ses ennemies ou
de lier de nouveau partenariat. Les pavillons permettent aussi aux Nations de se parler, de montrer leurs identité et
nouvelle légitimité après leurs créations et indépendance, de se détacher des Empires avec progressivité. L’Exposition
universelle de 1867, l’Exposition aux trois congrès est un exemple avec l’Union postale universelle, le Congrès de la
propriété littéraire et artistique et le Congrès international de la propriété industrielle et parfois à l’échelle nationale avec
Milan 1906 et ses répercussions sur la société italienne et syndicats.
-
Exposition politique intérieure et extérieure : C’est l’exposition d’un régime, la présentation d’une volonté politique
exacerbée parfois montrant un message à la nation, les rencontres diplomatiques et réception des têtes couronnées offrent
aussi un message d’universalité et de société des Nations avant l’heure. Cf. les épisodes dreyfusards, tentative boulangiste,
choix entre République ou Monarchie pour le France…
C. Révolution des Techniques :
-
Exposition architecturale et levier urbanistique : Une mise en scène architecturale, urbaine, paysagère, une exposition
d’une capitale dans le cadre d’une compétition naissante urbaine des grandes métropoles. Penser la ville par le paysage,
par l’action des urbanistes qui choisissent le lieu de tenue de l’Exposition et se conséquences après-coup. L’exemple de
Chicago 1893 est probant avec les travaux de D. Burhman.
-
L’Art Urbain. Une composition harmonieuse et utopiste. Les Expositions sont certainement le seul moyen au monde de
réaliser des enclave/enclos/zone urbaine comme des utopies dégénérée, mais toutefois imposant une facilité d’action
urbaine de par leur poids et action engagée.
-
Exposition expérimentale et technologique : On se sert des Expositions comme champs d’études et d’expérimentation
dans le domaine architectural par exemple. Avec l’éphémère comme postulat. Les expérimentations technologiques des
manufactures sont aussi présentées.
D. Révolution médiatique :
- Exposition d’un savoir faire organisationnel : Un enjeu pour les acteurs publics et privés qui montrent par l’organisation
d’une exposition leur potentiel d’organiser et donc de gérer et produire une démonstration avantageuse. La recherche
d’une légitimité du régime Républicain ou Impérial est aussi à prendre en compte, tout en observant la volonté de croire
dans l’événement propice à tous et indicateur d’une capacité à organiser son pays, sa capitale et forces-vives du pays pour
recevoir le monde.
- La naissance de la compétition moderne entre les villes, accompagnement de la naissance du tourisme international.
C’est un point majeur que nous développerons à travers la naissance du tourisme international en montagne puis dans le
monde urbain à travers des Expositions de plus en plus médiatiques et offrant un faste panorama du monde (un résumé).
Transports, équipement, bagage Louis Vuitton…
- La fête foraine et les jeux de sociabilité issue de la rencontre des peuples. Parc forain pour l’exposition de Chicago
1893. Une ambiance Luna Par à partir des Expositions américaines.
27
ORIGINES DES PREMIÈRES EXPOSITIONS UNIVERSELLES - INTERNATIONALES ET NATIONALES. Par Patrice Ballester - 2002.
ATTRIBUTS ET CARACTÉRISTIQUES
PRINCIPALES DES MANIFESTATIONS
FÊTE/CÉRÉMONIE
RELIGIEUSE
Procession
Temple/exposition
LES EXPOSITIONS DES
ÉPOQUES MODERNES
Franco-anglaise
Accord diplomatique
ANTIQUITÉ
FÊTE/ CÉRÉMONIE
MILITAIRE
FÊTE/ CÉRÉMONIE
MONARCHIQUE
Entrée de ville
Palais royal
Composition musicale
Naissance, mariage,
anniversaire
FÊTE BAROQUE
Fête vénitienne
Naissance du Cirque
Le carnaval
Monde chinois
EXPÉRIMENTATION EN
PUBLIC
Montgolfière à Versailles
- PACIFICATION/
SACRALISATION DES
ESPACES PUBLICS
LES GRANDES FOIRES DU
MOYEN-ÂGE
Paris, Provins, Hambourg,
Francfort
La Sensa à Venise
Monde chinois
- DÉMOCRATISATION DE
L’ART / ARTISANAT
MOYEN-ÂGE
ÉPOQUE
MODERNE
CÉRÉMONIAL DES
COMPAGNONS – SOCIÉTÉ
SAVANTES /
PHILOSOPHIQUES
- ATTRIBUTS BÉNÉFIQUES
DE L’ÉPHÉMÈRE (archi-urba.)
- MUSÉIFICATION
SALON ÉPHÉMÈRE
Exposition d’œuvre d’art
Salle de musée
Salle d’exposition
- PATRIMONIALISATION
- PÉDAGOGIE /
ENSEIGNEMENT /SCIENCE
DE L’INGÉNIEUR
ÉPOQUE
CONTEMPORAINE
FÊTE RÉVOLUTIONNAIRE – ROYALE – RÉPUBLICAINE – DE LA FÉDÉRATION – D’INDÉPENDANCE
France – États-Unis
RÉVOLUTION FRANÇAISE – NATIONALE POLITIQUE
- SYMBOLE DE LA
PUISSANCE ROYALE /
UNITÉ RELIGIEUSE
- DÉCOUVERTE
SCIENTIFIQUE
- ARCHITECTURE DES
VILLES
-
RÉVOLUTION INDUSTRIELLE
PRODUCTION NATIONALE /
SENTIMENT NATIONAL
Sources : L’ensemble des auteurs modernes et des thèses françaises portant sur les Expositions s’accordent pour rattacher nos Expositions à cette classification explicative et rappelle l’importance du substrat antérieur que les Expositions modernes doivent à ces anciennes pratiques.
Toutes disposent d’une entrée en matière sur leur origine. D’après, POIRIER RENÉ, Des foires, des peuples, des Expositions, Paris, Plon, 1958 - BOUIN PIERRE, CHANUT CHRISTIAN PHILIPPE, Histoire française des foires et des Expositions universelles, Baudouin Edition de
Nesle, Paris 1980 - DEMY ADOLPHE, Essai historique sur les Expositions universelles de Paris, Paris, A.Picard et Fils, 1907 - GEORGES BERGER HENRI, Les Expositions universelles internationales : leur passé, leur rôle actuel leur avenir, Paris, Rousseau, 1901 - GERAULT
GEORGES, Les Expositions universelles au point de vue économique, Dijon, Imprimerie Sirodot-carré, 1901- LACOINTA FELIX, Les Expositions internationales universelles ou spéciales au point de vue du droit, Paris, Rousseau, 1896 - PECARD MAURICE, Les Expositions
internationales au point de vue économique et social particulièrement en France, Paris, Edition V.Girard et Brière, 1901 - BOUTIER Robert-Henri, Sur l’histoire économique de la France médiévale, la route, le fleuve, la foire, Aldeshot, 1991, Variorum - RUSKIN John, Les
pierres de Venise, Hermann, 1986. - LEMAIRE Gérard Georges, Histoire des salons de Paris, 2000, Klinnckseieck Etudes [« Pourquoi le salon fut-il si important » p.25] – HASSERL Francis, Le Musée éphémère, Paris, Gallimard, 2000– VALLET, ODON, Une autre histoire des
religions Le Sacre des pouvoirs, paris, Découverte Gallimard, 2000[L’exemple sur l’Empereur Chinois et son exposition comme magnificence] - SIMIAN, CHARLES, François de Neufchâteau et les expositions, Paris, A. Ghio, 188
PARIS, CAPITALE DES EXPOSITIONS NATIONALES, INTERNATIONALES ET UNIVERSELLES. Par Patrice Ballester - 2002.
ILLUSTRATIONS DES EXPOSITIONS NATIONALES FRANÇAISES
CHRONOLOGIE ET CARACTÉRISTIQUE DES EXPOSITIONS NATIONALES FRANÇAISES
Après la réussite de la première Exposition nationale de 1798,
la France décide d’organiser d’autres manifestations de même
type, à plus ou moins à intervalle régulier. Ces premières
Expositions nationales françaises sont un exemple pour toute
l’Europe à travers leur objet, ambition et déroulement à Paris,
une capitale européenne (a), voulant se montrer sous un jour
nouveau par la communication (b), remobiliser les forcesvives de la nation après la période de la Terreur (c),
impliquant la réunion des savoir-faire de tout un pays (d),
avec un règlement (e), sur un espace public symbolique (f),
permettant la création de préfabriqués pour les exposants (g)
et s’intégrant dans un patrimoine-architecture symbolique
faisant de l’idée de la Nation un élément déterminant de
l’ambiance urbaine et des espaces d’exposition choisis.
Après 1798 et l’œuvre de François de Neufchâteau, une série d’expositions nationales s’impose à la France en 1801, 1802, 1806,
1819, 1823, 1827, 1834, 1839, 1844 et 1849. Les deux dernières expositions de 1844 et 1849 connurent un grand succès et
l’Angleterre, jalouse de la réussite française, imposa par le rôle du Prince Albert, de sa Chambre du Commerce et de société savante
le fait de réaliser une grande manifestation, une exhibition internationale et universelle par la production et les objets présentés que
l’on appelle communément la première Exposition universelle à Londres de 1851 ouverte aux Nations étrangères.
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ANNÉE
DURÉE
NOMBRE D’
EXPOSANTS
EMPLACEMENT
1798
3 jours
110
Champs de Mars
1801
6 jours
220
Cour du Louvre
1802
7 jours
540
Cour du Louvre
1806
24 jours
1422
Esplanade des Invalides
1819
35 jours
1662
Galeries du Louvre
1823
50 jours
1642
Galeries du Louvre
1827
62 jours
1695
Galerie et Cour du Louvre
1834
60 jours
2447
Place de la Concorde
1839
60 jours
3382
Champs-Élysées
1844
60 jours
3693
Champs-Élysées
1849
6 mois
4542
Champs-Élysées
Régularité
5/6 ans en
moyenne.
Période mixte
Été/printemps
Patriotisme
économique et
succès : la
croissance du
nombre
d’exposants en
relation avec une
économie
florissante.
Lieux prestigieux,
espaces symboliques de
la Monarchie,
République et Empire.
SIGNIFICATION
SYMBOLE
APPORT
Le redressement d’une nation
sur le lieu symbolique de la
Révolution Française.
Le Louvre comme lieu de
l’exposition et donc comme
symbolique d’une nouvelle
étape et destinée pour la
République par l’intermédiaire
d’un anniversaire.
Création d’une société de
gestion ad hoc.
La cour du Louvre est trop
petite, on décide d’installer
l’exposition s sur l’Esplanade
des Invalides.
Le Louvre redevient avec la
Monarchie le lieu de
l’exposition nationale.
Pérennisation du Louvre et
périodisation des expositions.
Obligation à cause du nombre
d’exposants de construire dans
la Cour du Louvre un bâtiment
éphémère prestigieux.
Un lieu symbolique
démontrant que la concorde
est possible entre les français
et qu’une exposition peut être
tenue en ce lieu.
Les Champs et le carré
Marigny sont choisit par les
membres de la société
d’exploitation pour permettre
une meilleure circulation des
visiteurs le long d’une avenue
appelée à se développer
rapidement.
Les Champs offrent une
scénographie urbaine qui attire
encore plus d’exposants et de
visiteurs.
Les expositions deviennent
une véritable instituions et
rendez-vous attendu de tous.
Continuité territoriale et une
politique des Expositions.
Aucun changement de
régime n’a mis fin aux
Expositions parisiennes,
phénomène de
réinterprétation par
rapports à leurs valeurs et
intentions finales
économiques et culturels.
Source : d’après, PICARD Alfred, Le bilan d’un siècle 1801-1900, l’Exposition universelle et internationale à Paris, Paris, 1906,
Amont, Vol I. (introduction) – des numéros de L’Illustration, dont celui de juin 1900 - SIMON Jules, Exposition Universelle de
1878, Rapports du jury international, introduction, pp.1-57. - DE PLINVAL-SAGUES, Raymond, Bibliographie des Expositions
universelles et commerciales en France depuis l’origine jusqu’à 1867, Paris, INTD et Conservatoire Nationale des Arts et Métiers
(édition 1959) et 2006 (Échelle de Jacob), 237 p.
-
L’Exposition nationale de 1801
C’est au Louvre que l’Exposition se tient, dans la cours du Palais alors appelé par les autorités
« Palais National des Arts et des Sciences ». C’est Chalgrin, architecte de l’Administration qui
construit dans la cour du Palais le bâtiment éphémère, cents quatre portiques à colonnes imitations
marbre. Pour cette deuxième Exposition, on tenta de réunir les Beaux-arts et l’Industrie, mais les
organisateurs échouèrent se voyant confronté à une protestation unanime des artistes indignés d’être
associés à des fabricants. Cette deuxième Exposition fut comme la première, elle est associée à
l’anniversaire de la République, elle dura six jours avec deux cents vingt industriels venus de trentehuit départements. Soixante-dix-sept obtinrent des récompenses dont dix-neuf médailles en or et
vingt-huit en argent, quant aux autres ils reçurent une mention honorable. Sa valeur industrielle fut
parfois critiquée et on retient le décorum éphémère et son emplacement, le Louvre, ainsi que la
volonté de remettre en avant les manufactures et production de luxe pour Paris et la France.
-
1802 créations de la Société pour l’encouragement de l’Industrie nationale et
l’Exposition nationale de 1802
C’est l’année de la troisième Exposition à Paris et de la création de la Société française sur le
même modèle que la société créée par Shipley en 1756. Elle a pour présidence le scientifique Chaptal.
La société, en charge maintenant de l’Exposition s’empresse d’organiser la même année la troisième
Exposition nationale. Comme la précédente, elle se tint sous des portiques élevés autour de la cour du
Louvre. Quelques objets étaient aussi exposés dans les salles de l’Institut. C’est à cette Exposition où
l’on vit apparaître pour la première fois l’industrie chimique résultats des découvertes récentes de
Berthollet Chaptal et Moreau. L’Exposition dura sept jours et compta cinq cent quarante exposants
représentant soixante-treize départements. Plus de cent cinquante et une médailles sont distribuées ce
qui est un record jusqu’alors et même par rapport aux autres Expositions anglaises dont trente-huit en
or. Au centre de la place on avait dressé une reproduction en terre cuite du monument de Lysicrate,
connu sous le nom de Lanterne de Démosthène faisant face aux cent portiques qui présentait les
exposants.
-
L’Exposition nationale de 1806
La quatrième Exposition nationale eu lieu en 1806 ; elle resta ouverte du 25 septembre au 19
octobre (vingt-quatre jours). Pour la première fois, on lui accorde un crédit de plus 60.000 francs. Elle
se tient cette fois-ci sur l’esplanade des Invalides où l’on avait élevé cent vingt-quatre portiques. Au
centre de l’esplanade se trouvait une fontaine sur laquelle on avait placé le lion de Saint-Marc apporté
de Venise. On avait mis en outre à la disposition des exposants un grand nombre de salles de
l’administration des Ponts et Chaussées et de l’ancienne École polytechnique dont les bâtiments
étaient voisins. L’exposition comptait mille quatre cent vingt-deux exposants représentant cent quatre
départements français et toutes les principales villes de la France dont les frontières dépassaient alors
le Rhin et les Alpes. Les récompenses décernées à cette quatrième Exposition de Paris sont de cinq
cent soixante et onze dont cinquante quatre médailles d’or. En tout plus de trois cents médailles furent
décernées et plus de trois cent soixante-dix mentions honorables.
-
-
L’Exposition Nationale de 1823
C’est la sixième Exposition nationale de France. Elle ouvrit le 25 août et dura cinquante jours. Elle se tient comme la précédente dans la salle
de la galerie du Louvre. Il y eu mille six cent quarante-deux exposants, six cents récompenses dont soixante-quinze médailles d’or.
-
L’Exposition Nationale de 1827
C’est la dernière de la restauration sous le règne de Charles X. Elle ouvrit le 1er août et dura soixante-deux jours. Les galeries du Louvre étant
occupées par des peintures et autres objets du musée, l’exposition a dû chercher un autre emplacement. On construisit alors dans la cour une
galerie spéciale, composée de quatre pavillons dessinés par l’architecte Dejolly. Cette Exposition se distinguait surtout par des stands sur
l’apprêtage des laines et l’élevage des vers à soie. Il y avait seize cent quatre-vingt quinze exposants et les récompenses, distribuées toujours
dans la salle du Trône et sous la présidence du Roi furent au nombre de six cent quarante neuf dont quarante-sept médailles en or.
-
L’Exposition Industrielle Nationale de 1839
L’Exposition s’ouvrit le 1er mai 1839 et dura comme
la précédente soixante jours. Elle eut cette fois-ci sur le
carré Marigny aux Champs-Élysées où l’on construisit
un vaste bâtiment d’une superficie de près de 12.000
mètres carrés et comme pour la dernière Exposition ce
furent les machines à vapeur qui eurent la vedette. Pour
la première fois, le grand nombre d’exposants, plus de
trois mille trois cent quatre-vingt-deux et les produits
très divers amenèrent les organisateurs à penser
différemment le bâtiment et de créer plus de huit
sections de classification des produits. On décerna en
tout plus de mille trois cent cinq récompenses dont cent
deux médailles d’or.
-
L’Exposition Nationale de 1844
Ce fut la dernière de la monarchie de juillet, la
dixième et ouvrit le 1er mai pour soixante jours. Comme
les précédentes, elle avait comme emplacement le carré
des fêtes aux Champs-Élysées. Il y eu en tout trois mille
neuf cent soixante-trois exposants et mille deux cent
cinquante-trois récompenses dont cent trente-huit
médailles d’or.
L’Exposition nationale de Paris de 1849, bâtiment éphémére, symbole de la Nation. Vue
à vol d’oiseau. PICARD, Alfred, L’Exposition de Paris 1900, le Bilan d’un siècle, 1900,
CGE-RF, p.15.
L’Exposition nationale de 1819 :
Entre 1806 et 1819, les troubles répétés entraînèrent le pays à nouveau à la faillite et la ruine,
impossible d’organiser une nouvelle Exposition. Il fallut attendre la Restauration. C’est l’ordonnance
du 15 janvier 1819 qui décida que des Expositions périodiques de l’Industrie auraient lieu à des
intervalles ne dépassant pas quatre années. On fit aussi le lien entre Industrie et Arts. On décida par
une ordonnance du 9 avril 1819 qu’à l’occasion des Expositions de l’industrie serait décerné aussi des
récompenses aux exposants artistes, savants, ingénieurs, contremaîtres et même simple ouvriers
(proposés par un jury de sept manufacturiers nommés dans chaque département par le préfet). À cette
époque, les Expositions des Beaux-arts qui étaient annuelles sous la Révolution et biennales sous
l’Empire n’avaient lieu que tous les deux ou trois ans. Cette cinquième exposition eut lieu au Louvre
récemment achevées dans vingt-huit salles et galeries. L’objectif était d’accueillir les exposants dans
le plus magnifique des palais d’Europe qui retrouve son faste d’antan. Elle ouvrit le 25 août, jour de la
fête du Roi et resta ouverte pendante trente-cinq jours et ferma le 30 septembre. L’Exposition compta
mille six cent soixante-deux exposants. On y vit pour la première fois des applications industrielles
chimique et deux machines à vapeur en action. La distribution des récompenses eut lieu le 26 octobre
dans la salle du trône et sous la présidence du roi. On y décerna huit cent dix-neuf récompenses dont
quatre-vingt-dix médailles d’or.
L’Exposition Nationale de 1849
Plus vaste encore que les deux dernières Expositions nationales, l’Exposition de 1849 se tient sur le grand carré des Champs-Élysées et sur une
surface de 22.000 mètres carrés. Elle dura pour la première fois six mois à partir du 1 er juin. L’Assemblée Nationale vota un crédit de 600.000
francs et pour la première fois dans les Expositions de Paris, l’agriculture y fut représentée. De plus les colonies françaises et surtout l’Algérie y
furent d’une façon plus complète qu’auparavant. Au plan scénographique, cette Exposition fut beaucoup critiquée ; les installations intérieures
étaient désordonnées et les objets y étaient très serrés ce qui fait que l’on ne pouvait tous les voir d’un coup d’œil en passant devant les stands.
On y fit aussi des corniches en plâtre mais ceci de manière à donner l’apparence de ciselure et des poutres en sapin étaient couvertes de papier
afin de leur donner l’aspect du chêne. Son titre initial était «L’Exposition de produits de l’industrie française » qui devient «L’Exposition des
produits agricoles et industriels». On compta au Palais des Champs-Élysées quatre mille cinq cent quarante-deux exposants, deux mille sept
cent trente-huit récompenses furent décernées, dont cent quarante trois médailles d’or.
Cette Exposition est un tournant dans la pratique car l’Angleterre retient son succès, ses dimensions et la capacité de la France à pouvoir
organiser ce type d’événement à son profit et pour sa communication. La concurrence entre les deux nations industrieuses prend des allures de
compétition industrielle et culturelle tout en pensant au futur aménagement nécessaire pour adapter la ville industrielle aux nouveaux défis de la
30 (cf. les aménagements de Paxton et Haussmann à venir).
fin du XIXe siècle
LES PRINCIPALES EXPOSITIONS NATIONALES, INDUSTRIELLES EN EUROPE. Par Patrice Ballester - 2002. (Chronologie – liste)
Reste de l’Europe et monde
ALLEMAGNE
PAYS-BAS
(Alors Hollande et future
ESPAGNE
ITALIE
PORTUGAL
Belgique) , ÉTATS-UNIS.
- Stockholm :
1823, 1834, 1840,
1847.
- Munich : 1818, 1819,
- Gand : 1820
- Madrid : 1827,
- Turin : 1829,
- Tournay : 1824
1827, 1834, 1835.
1828, 1831, 1841,
1832, 1838, 1844,
- Vienne : 1835, 1839, 1845.
- Harlem : 1825
1845 (grande expos
1845, 1850.
1850.
- Klagenfurt : 1838
- Bruxelles : 1830, 1835,
de plus de mille
- Saint-Pétersbourg : 1829, 1831.
- Dresde : 1824, 1826,
- Moscou : 1845
- Kazan : 1845
exposants)
1841, 1847, 1848.
1840, 1845, 1850..
- Berne : 1843, 1845, 1848
- Zurich : 1847
- New-York :
1790 ?
- Berlin : 1827, 1842,
1844.
1828.
- Cincinnati : 1807
- Leipzig : 1837, 1844,
1845.
- Baltimore : 1807
----------
- Grandes foires de Nijni-Novgorod
- Barcelone :
1850/1877/1880
1831, 1834, 1837,
-----
- Lausanne : 1839
- Saint-Gall : 1843
- Florence : 1844
- Buffalo : 1824
- Nuremberg : 1840.
- San-Francisco : 1845
- Mayence : 1842
- Washington: 1846
- Hambourg
(périodique).
- Bazar / foire de Tantah en Égypte.
- Japon et Chine, des tentatives fin
XIXème siècle.
31
- Lucques : 1844
- Gênes :
1846
1848.
- Lisbonne : 1844,
1849.
- Trieste :
1840, 1842.
1808,
PARIS, CAPITALE DES EXPOSITIONS NATIONALES, INTERNATIONALES ET UNIVERSELLES. Par Patrice Ballester - 2002. (1/4)
a
b
- a/Rapport
officiel
de
l’Exposition
universelle de 1855 – illustration.
Les Champs-Élysées, le palais de l’Industrie et
ses dépendances.
- b/Illustration magazine - l’Exposition
universelle de 1867 – illustration.
Champs-de-Mars et Seine.
- c/Rapport
officiel
de
l’Exposition
universelle de 1878 – illustration
FOUGÈRE.
Colline du Trocadéro et Champs-de-Mars.
Panorama des palais et Seine.
c
32
PARIS, CAPITALE DES EXPOSITIONS NATIONALES, INTERNATIONALES ET UNIVERSELLES. Par Patrice Ballester - 2002. (2/4)
- Vue artistique de l’Exposition
universelle de 1889 (Haut)
Trocadéro, Champs-de-mars, Seine.
- Plan illustré de l’Exposition
universelle de 1900. (Gauche.1)
Trocadéro, Champs-de-mars, Seine.
- Plan officiel du guide de
l’Exposition internationale des
Art Décoratifs de 1925.(G2)
Trocadéro, Champs-de-mars, Seine.
- Plan illustré d’un guide GL de
l’Exposition coloniale de 1931.
(G3 haut)
Vincennes et alentours.
- Plan officiel du guide de
l’Exposition internationale de
1937. (G4 bas)
Trocadéro, Champs-de-mars, Seine.
Localisation, urbanisme et mise en scène - en récit de la ville de Paris à travers les Expositions universelles et internationales. Dans un
premier temps, c’est bien Paris qui monopolisent la réalisation d’Expositions universelles et internationales en tout genre. À l’échelle de la France, point de
salut sans la capitale malgré des villes comme Lyon, Marseille ou bien des régions houillères du nord de la France au contact avec le Benelux. Il existe une
évocation et une réalité du centralisme parisien. Par contre, le choix de l’implantation des Expositions - en périphérie parfois - le réemploi des terrains et des
33 urbain avec la Seine, la colline de
matériaux des anciens bâtiments sont toujours un sujet polémique, comme l’architecture et la reconfiguration du paysage
Chaillot, le Trocadéro, Champs-de-mars comme valeur-sites classiques, hormis pour l’Exposition coloniale 1931 et une implantation à Vincennes.
PARIS, CAPITALE DES EXPOSITIONS NATIONALES, INTERNATIONALES ET UNIVERSELLES. Par Patrice Ballester - 2002. (3/4)
ESPACE PUBLIC-ARCHITECTURE SYMBOLIQUE ET FORME-GÉOGRAPHIE URBAINE : INVALIDES - CHAMPS-DE-MARS - COLLINE DE CHAILLOT.
Morceaux d’une île depuis rattachée à la rive gauche de Paris au début des années 1770, champs inondables et lieux de stockage de bois, une triperie, le futur Champs-de-Mars est généralement perçu à la fois comme une zone inondable, mais aussi une zone très importante de logistique
pour Paris avec comme infrastructure principale l’école Militaire et son aménagement du Champs-de-Mars achevé aux alentours de 1780. Entre nouveau système hydraulique, chemins des vaches et zone longtemps restée rurale, l’implantation de l’hôtel des Invalides à la fin du
XVIIème siècle impose la création tout autour du bâtiment et du XVIII ème siècle d’un petit hameau avec une chapelle, puis d’une église. L’urbanisation du futur quartier de Paris commence à se réaliser le long des rues Saint-Dominique et de Grenelle qui s’urbanise progressivement
entre 1850 et 1900. Un espace public symbolique à l’échelle national s’édifie : l’hôtel des Invalides et son esplanade, l’École Militaire et la Seine englobe un espace : le Champs-de-Mars. Tout au long des deux siècles d’existence de cet espace urbain majeur pour la capitale, des projets
architecturaux symboliques, nationaux et de renommées à l’échelle internationale se proposent dont notamment le plus connu, inachevé et toujours rappelé : « Le Palais du Roi de Rome » sur la colline de Chaillot avec un mur-surface bâti monumental complétant les installations avec
en l’occurrence le Palais des Archives, de l’Université et des Beaux-arts (rive gauche - réalisation partielle entre 1812 et 1815). Une analyse des formes urbaines en relation avec l’art urbain et l’idéologie nationale + prestige national s’imposera pour une recherche en doctorat sur
Barcelone aussi, ainsi que la nécessaire prise en compte des évolutions du parcellaire et de la mémoire des formes urbaines, des infrastructures et du palimpseste urbain.
(Haut-gauche) : Plan perspectif de l'École royale militaire et du Champ de Mars avec ses environs. Levé et dessiné par de Lespinasse, dessin, 1804.
(Haut-milieu) : Plan général du Champ de Mars et du nouveau cirque où la nation française a prêté le serment fédératif sur l'Autel de la patrie le 14 juillet 1790, jour de l'anniversaires de la prise de la Bastille : Meusnier, Gaucher, Charles-Étienne estampe, 1804.
(Haut-droit) : Plan de masse des aménagements du Champs-de-Mars, projet dessiné École Française de Rome, 1804.
(Bas-gauche) : Vue depuis la colline du Trocadéro du Palais du Roi de Rome. Bibliothèque historique de la ville de Paris, 1804.
(Bas-milieu) : Vue d’ensemble de l’Exposition Universelle de Paris de 1867 inscrite dans le parcellaire parisien, guide d’exposition et carte municipale.
(Bas-droite) : Le palais Omnibus continu elliptique bâtit sur un seul niveau pour aider à la circulation des visiteurs et à la classification des34
objets. (BNF), 1867, plan officiel.
PARIS, CAPITALE DES EXPOSITIONS NATIONALES, INTERNATIONALES ET UNIVERSELLES. Par Patrice Ballester - 2002. (4/4)
LES PAYSAGES DU PROGRÈS - Vue de L’Exposition Universelle de 1867, esquisse. Édouard Manet (1832-1883) – Galerie nationale d’Olso.
Avec «Le point de vue de l'Exposition Universelle 1867», Édouard Manet nous propose une étude inachevée de l’Exposition universelle de 1867, un événement représentant les fastes du progrès industriel et les avancées de la France. La manifestation se tient sur le
Champs-de-Mars à Paris, à partir du 1er avril jusqu’au 31 octobre de la même année. La peinture semble avoir été commencée au début de l'été de 1867, mais elle fut rapidement laissée de côté par Manet. C’est tout un paradoxe et un enseignement que cette œuvre
du peintre Manet nous propose. Il se voit refuser d’exposer à l’intérieur de l’enceinte ses peintures, rejetées par le comité de l'Exposition, celui-ci organise alors une «contre-exposition» dans un pavillon privé, adjacent au Champs-de-Mars sur l'avenue d'Alma entre
le 22 et 24 mai. La composition de Manet se présente sur un support en bois avec une toile fine, il représente un paysage général de l’espace de l’Exposition universelle, un point de vue typique pour l’époque depuis le Trocadéro de l'autre côté de la Seine. On
reconnaît très bien les bâtiments principaux de l’Exposition, le palais de l’Industrie sphérique, les jardins, la circulation des visiteurs à travers les jardins, le pont d’Alma. Manet, connaît très bien ce paysage, car son atelier est situé au 81 rue Guyot, juste derrière la
place de l’Etoile. D’un côté envieux de pouvoir participer à l’Exposition, il réalise une contre-exposition suite au refus des organisateurs. Cette anecdote nous montre que cette manifestation compte beaucoup pour la société et les corps créatifs de l’époque,
accapare les pensées et les ambitions des artistes, celle-ci met en scène et en récit un grand nombre des éléments du paysages urbains de Paris.
Entre un préliminaire de croquis, une ébauche, un dessin, une sorte de repérage, différentes parties de la toile ne sont pas totalement travaillées à travers une réalisation de l’œuvre relativement courte et s’adaptant ou s’incorporant aux attributs de l’éphémère de la
fête géante. Quant aux détails, ils sont plus ou moins travaillés de avec moins de précision dans un sens droite-gauche. Il reste une fluidité de l’œuvre, une sorte de cliché photographique bien connu de l’époque sur le même thème de l’Exposition.
La toile semble avoir été travaillé rapidement, retravaillé avec des lavages et raclages par l'artiste peut être détecté dans la ligne d'horizon. La peinture reste un document unique d’un contemporain et grand peintre avec un panel de couleur limité, montrant une ville
en mouvement par à la fois une rapidité d’exécution, les attributs de l’éphémère de la manifestation et le souci des détails du mobilier urbain, jardin, habillement - vestimentaire - de l’époque.
35
Cf. MAINARDI, Patricia (1980), «Edouard Manet’s View of the Universal Exposition of 1867», in Arts Magazine, n°54 - 5, January 1980, pp.108-115.
Il reste un élément majeur à mettre en avant dans ce mémoire, la capacité à intégrer notre
objet d’étude géographique, les Expositions, dans une chronologie de ces méga-événements.
Une tentative de classification des Expositions est proposée dans ce mémoire, elle est
imparfaite et trouvera la critique, mais elle s’appuie sur la liste officielle du BIE à la forte
culture anglo-saxonne. Néanmoins, nous avons pu prendre en compte différentes sources. À
ce titre, j’ai proposé un essai chronologique établi à partir de différentes références(17) dans
mon annexe n° 8 du projet d’étude avancé en milieu de cette année de recherche à partir de
nombreux ouvrages, catalogues, règlement, institution et Internet.
Dans un souci de classification dans le temps et l’espace concernant les Expositions, une
chronologie détaillée de celles-ci s’impose. Tout ouvrage plus ou moins bien construit,
possède à la fin de sa réflexion, une annexe chronologique indicative des Expositions ayant eu
lieu sur les différents continents. Il faut une chronologie adéquate par la nature des
Expositions et période étudiée. Ceci nous permettra de mieux cerner la complexité, même
aujourd’hui, d’une classification adéquate. De plus, nous posséderons une liste à peu près
complète des villes participantes. Les erreurs les plus courantes sont les Expositions
universelles classées en expositions internationales et réciproquement.
N’oublions pas que pour le grand public, il n’a existé de tout temps que des Expositions
universelles ou internationales. Rentrer dans les particularismes de chaque Exposition n’est
pas l’intérêt majeur que recherchent les visiteurs. Les Expositions internationales, qu’elles
fussent spécialisées ou universelles, présentent la particularité de n'avoir jamais donné à leur
public, un semblant d'homogénéité et de cohérence. Jusqu’en 1928, aucune réglementation
internationale ne prévalait sur les cycles d’apparition et de nature des Expositions. Il a fallut la
mobilisation des nations industrielles et l’apparition du BIE pour trouver une logique et un
ordonnancement adéquats de règles préétablies, ceci en matière de type d’Expositions et de
fréquence.
Nous avons choisi de retenir uniquement les expositions dites internationales et
universelles avec un point de départ provenant de Londres 1851 disposants du nombre de
visiteurs, de la présentation de produits (exposants) et de la surface de l’Exposition pour un
cadre d’analyse géographique.
17. Voir annexe 8 du projet d’étude avancé et liste des ouvrages généraux précédemment cités. Chronologie des
Expositions avant 1756 : les ancêtres des Expositions à l’époque antique, médiévale, moderne (Varia).
Chronologie des Expositions industrielles, nationales, internationales, des Beaux-arts et arts décoratifs de
1756 à 1850 (BIE-CNAM). Chronologie des Expositions nationales de 1883 à 1967 (Rapport de
l’Exposition universelle de 1900, Paris). Chronologie des Expositions binationales, chronologie des
Expositions de 1851 à 2005 (La page internet française des Expositions universelles).Chronologie des
Expositions à caractère international, chronologie des Expositions internationales spécialisées, chronologie
des Expositions spéciales et spécialisées (BIE- Archives).
CLASSEMENTS DES EXPOSITIONS ET TYPES D’ÉVOLUTIONS D’UNE PRATIQUE. Par Patrice Ballester - 2002.
-
Villes : expositions à caractère
Une Exposition universelle et généralement internationale :
Est décrété qu’une exposition est universelle, uniquement si les efforts du pays et de la ville d’accueil sont assez conséquents pour :
Accueillir le plus de monde possible de visiteurs
Accueillir plus de la moitié des pays et nations officiellement reconnus dans le monde (obligatoirement France, Grande-Bretagne, Allemagne,
États-Unis)
Posséder un bon nombre de pavillons
Un règlement de participation et concours bien défini
La construction des pavillons à la charge ou non des pays exposants
Une diversification d’architecture monumentale
La présence de l’ensemble des moyens de production et de fabrique d’objets industrieux, agricoles et artistiques novateurs pour l’époque
Un relais mondial dans la presse
A la fin de l’Exposition, un satisfecit général des nations et participants, des critiques élogieuses conférant le titre universel par une espèce de
« commune renommée » à l’Exposition et ville d’accueil.
-
Une Exposition internationale :
A un degré moindre, l’ensemble des caractéristiques précédentes
L’invitation lancée aux pays amis (lui confère le titre «d’international »)
Un accueil et une construction des pavillons par le pays d’accueil ou le pays invité. Généralement le dernier cas jusqu’en les années 1950.
Mais une Exposition internationale peut parfois devenir universelle si celle-ci a dépassé sa renommée dans la presse mondiale, par son
organisation et sa réussite rencontrée auprès des participants avec un rehaussement de la liste des produits présentés.
Exemple : l’Exposition Maritime Industrielle de 1888 à Barcelone devenue universelle en Espagne et en Europe (la presse comme relais de sa
réussite et la volonté de proposer une universalité des produits à travers les exposants : requalification et nouveau recensement du BIE).
L’exposition a pour but de faire rentrer l’Espagne par le biais de la Catalogne dans le concert des nations industrielles.
-
Exposition nationale ou binationale :
Reconnue par le pays où se tient l’Exposition
A l’occasion d’une fête nationale ou internationale concernant plus généralement la ville d’accueil, thème, historique de l’organisation
Produits régionaux et nationaux présents de tout type
Présence sur le site de quelques bâtiments d’accueil
Présence majoritaire au ¾ des citoyens du pays comme visiteurs et exposants
-
Exposition horticole internationale : (un aspect paysager important)
Relative à la culture des jardins
Invitation des pays participants
Réalisation de jardins mondiaux
Attribution de prix
-
Foire, exposition industrielle (de 1816 à 1851) :
De l’antiquité à 1851
Lieu de rencontres, d’échanges et de ventes de marchandises, produits manufacturés
international, universel*
Londres 1851
Paris 1855
Londres 1862
Paris 1867
Vienne 1873
Philadelphie 1876
Pairs 1878
Barcelone 1880
Barcelone 1888
Paris 1889
Chicago 1893
Bruxelles 1897
Paris 1900
Saint Denis 1904
Liège 1905
Milan 1906
Bruxelles 1910
Gand 1913
San Francisco 1915
Paris 1925
Barcelone 1929
Paris 1931
Chicago 1933-34
Bruxelles 1935
Paris 1937
New York 1939-40
Bruxelles 958
Seattle 1962
New York 1964-65
Montréal 1967
San Antonio 1968
Osaka 1970
Spokane 1974
Knoxville 1982
New Orléans 1984
Vancouver 1986
Brisbane 1988
Séville 1992
Superficies des
Nombre
Nombre de visiteurs
expositions
d’Exposants
6.039.195
5.162.330
6.096.617
6.805.969
7.254.637
10.165.000
16.032.725
1.330.000
2.300.000
32.350.297
27.529.400
6.000.000
48.130.300
19.694.855
7.000.000
7.500.000
13.000.000
9.503.419
19.000.000
16.000.000
7.000.000
33.489.902
38.872.000
20.000.000
34.000.000
44.955.997
41.454.412
9.000.000
51.607.307
50.860.801
5.000.000
64.218.770
5.187.826
11.127.786
7.300.000
20.000.000
18.500.000
41.000.000
10,4 ha
15,2 ha
12,5 ha
68,7 ha
233 ha
115 ha
75 ha
10 ha
46,5 ha
96 ha
290 ha
36 ha
120 ha
500 ha
70 ha
100 ha
90 ha
50 ha
257 ha
57 ha
118 ha
202 ha
170 ha
125 ha
105 ha
500 ha
200 ha
200 ha
262 ha
400 ha
200 ha
330 ha
180 ha
200 ha
90 ha
100 ha
120 ha
215 ha
14.000
24.000
28.700
52.200
42.000
30.000
52.800
9.000
12.900
61.720
100.000
83.000
40.000
17.000
12.630
23.000
30.000
20.000
11.000
11.000
10.000
500
7.000
Pour la superficie des zones d’accueil des Expositions, trois constates sont à rappelés. Tout d’abord, une augmentation non négligeable des surfaces d’accueil
jusqu’aux années 1950. Une stabilisation jusqu’à 200 hectares est constatée. Néanmoins une analyse fine doit prendre en compte la place des parcs paysagers
créés pour l’occasion. Deuxièmement, les États-Unis font bande à part avec des superficies de plus de 500 hectares pour Saint-Louis 1904 ou New York 19391940. L’accaparation de l’espace, le wilderness/la forte croissance métrique des villes et les grandes campagnes environnantes américaines sont un élément
d’explication. Enfin, tous ces chiffres ne veulent pas dire grand chose car jusque dans les années 1950-1960, la plupart des zones aménagées sont détruites ou
laissées à l’abandon. Plus pertinent serait de répertorier le nombre « d’hectares utiles et réaménagés » après l’Exposition. Quant au nombre d’exposants
répertoriés et comptabilisés dans ce tableau, il est plus parlant dans sa qualité que quantité. Toute entreprise de rang nationale se devait de participer aux
Expositions. Grandes ou moyennes, le passage de la Manche ou de l’Atlantique devait être fait pour sa propre publicité et donc sa volonté d’étendre son marché.
Un nombre important de recherches en langue anglaise a été conduit sur ce sujet. Si un nombre exceptionnel d’exposants a pu être recensé dans les tout premiers
temps (plus de 20.000, 30.000), aujourd’hui, leur nombre est moindre et le terme même d’exposants recouvre un autre sens, une autre fonction et se décline à
travers les grands groupes et leurs service marketing-communication. Les archives du B.I.E. ou parfois les ouvrages dans leur majorité nous permettent de savoir
quelle est la nature de ces visiteurs, tant sociale que de provenance territoriale. À l’époque, comme de nos jours, on a toujours recensé les visiteurs locaux,
nationaux, internationaux ou d’autres continents. Parfois, les Expositions comme de nos jours sont ouvertes au public gratuitement, les billets peuvent s’échanger
ou bien l’entrée illicite est toujours possible. Il est nécessaire de se référer aux oui dires de la presse de l’époque pour arriver à quelques conclusions sur le panel
varié ou non des visiteurs. Quant aux couches de la population touchée, leur catégorie sociale, comme participantes à la manifestation, il est facile à partir des
rapports officiels et de la presse d’avancer des tendances. Le prix du billet peut être une indication, mais la longue durée de l’Exposition universelle (6 mois
environ) permet de faire des économies, et la facilité d’entrer sans ticket les jours de fête nationale, fériés ou de grande affluence, rendent une autre signification
sur les comptages et les entrées, à savoir : un événement populaire et une large diffusion dans toutes les couches de la société jusqu’à dans les années 1980. Il reste
que ces méga-événements sont une expression du tourisme de masse naissant, une manifestation de masse imposant la gestion d’un grand nombre de visiteurs,
jamais connu jusqu’alors. Seule les fêtes religieuses ou pèlerinages en Inde peuvent se vanter d’attirer autant de personne. Pour Paris 1900, les billets à multiples
entrées, les faux décomptes n’empêchent que la manifestation a accueilli autant d’habitant du pays, la France, voire plus. À partir des années 1920, les décomptés
sont plus précis à la demande du B.I.E. mais les entrées sont moins nombreuses sauf pour l’Amérique et l’Asie, le record actuellement avec Osaka.
La classification des Expositions de 1928 à 1972 par le BIE :
LES DERNIÈRES EXPOSITIONS DU B.I.E.
1. Les Expositions générales de première catégorie, dites Expositions universelles :
Chaque Exposition est associée à un thème large. Chaque pays y construit son propre pavillon. Quant à l’Exposition, elle
ne peut être répétée avant 15 ans. Sa durée maximale est de 6 mois. Le tout, conformément à son thème, il est dit que
l’exposition est universelle lorsque son thème englobe le plus d’activités humaines.
2. Les Expositions générales de deuxième catégorie, dites Expositions internationales :
Celles-ci détiennent un thème spécialisé. Les pavillons sont construits par le pays hôte. Elle ne peut se répéter qu’après 3
ans. On dit alors qu’une exposition est internationale lorsque tous les pays sont invités à y participer. La présence d’une
majorité d’entre elles ou une partie au moins, lui confère alors le titre.
3. Les Expositions spéciales :
Sont des Expositions
spéciales :
- les Expositions horticoles internationales (Floralies)
La sur
classification
expositions de 1928 à 1972 par le BIE :
- les Expositions
les moyens dedes
transport
- les Expositions sur la nature et les éléments
Une durée généralement de trois mois, avec une grande capacité d’aménagement des règles, est conférée au pays et villes
d’accueil, tant par l’invitation des nations que par la construction des infrastructures par de grandes entreprises
multinationales, comme pour les expositions sur les moyens de transport.
4. Les Expositions spécialisées :
Sont des Expositions spécialisées :
- la Triennale de Milan, sur les arts décoratifs, l’architecture moderne, le design
- les autres expositions sous l’égide du BIE (rares au XIXe) sont plus approfondies que les Expositions spéciales ou
moins fouillées dans leur thème.
D’une durée de trois mois, avec une grande initiative ou improvisation des organisateurs. A la limite des buts recherchés
par le B.I.E.
L’Exposition universelle de Séville 1992
La classification des Expositions de 1972 à 1996 :
-
Les Expositions universelles
Les Expositions spécialisées
Il s’agit d’une classification intermédiaire liée à des difficultés économiques et diplomatiques. Un manque de
pertinence dans la recherche de consensus a abouti sur un constat d’échec, malgré un succès Séville 1992.
Dernière classification en date du 31/05/88 :
Un amendement en 6 points pour aménager la convention entrée en vigueur le 19/07/96.
1. La distinction entre Expositions universelles et expositions spécialisées est remplacée par la distinction entre
Expositions enregistrées et expositions reconnues.
2. Les Expositions enregistrées devront avoir une durée comprise entre 6 semaines et 6 mois. Elles pourront adopter
un thème large ou un thème limité qui sera indiqué dans le règlement général présenté par l’organisateur. ce même
règlement dira aussi si les bâtiments abritant les sections nationales, devront ou pourront être construits par les
participants, ou au contraire être fournis par l’organisation générale.
3. L’espacement minimum entre deux expositions enregistrées, devra être de 5 ans. Le point de départ du calendrier
étant fixé à l’année 1995, avec une possibilité de modulation d’un an ou plus, mais à condition de respecter
l’espacement quinquennal moyen pour les manifestations ultérieures.
4. Les Expositions reconnues auront une durée comprise entre 3 semaines et 3 mois. Elles illustreront un thème précis
et leur superficie ne devra pas dépasser 25 hectares. Les organisateurs devront construire les bâtiments et les
attribuer gratuitement aux participants.
5. Une seule Exposition reconnue pourra se tenir entre deux expositions enregistrées.
6. A nouveau, sont reconnues, dans un cadre légal par la convention, comme expositions à part entière :
- l’Exposition des arts décoratifs et de l’architecture moderne de la Triennale de Milan
- les Expositions d’horticulture de type A1 agréées par l’association internationale des producteurs de l’horticulture,
prise en charge du B.I.E.
L’Exposition internationale de Lisbonne 1998
L’Exposition Horticole de Kunming 1999
Toutes appelées à se tenir dans un intervalle entre deux Expositions enregistrées.
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L’Exposition Horticole est une manifestation originale organisée par le B.I.E. avec la coopération de l'Association
Internationale des Producteurs Horticoles (AIPH). Généralement, on localise cette fête « floriade » ou manifestation des
jardins, du paysage et de l’art d’aménager dans une grande ville, sa périphérie ou dans un environnement paysager de
grande qualité. La participation à cette exposition se fait sous le mode de la co-gouvernance avec une candidature
possible par tous les pays du monde et une région capable d’offrir un espace paysager de qualité, incorporant la venue
d’entreprise et notamment des producteurs horticoles.
Ici, encore, on retrouve un impact sur les villes avec une demande des organisateurs à pouvoir disposer d’un espace de 50
hectares au moins à travers les « pavillons » des participants ou exposants disposant d’un jardin et d’une zone
d’exposition pour proposer leurs sciences florales, mais aussi développer des séminaires ou réunions d’affaire.
Les sites des Expositions Horticoles ont généralement comme impact le fait d’augmenter les surfaces d’espaces verts des
villes hôtes afin d’améliorer la qualité de vie locale grâce à de nouveaux grands parcs et souvent des infrastructures de
loisirs et culturels liés à l’innovation, l’écologie, le land-art ou bien de grandes serres.
Les Expositions Horticoles encouragent et incitent les progrès dans les domaines de l'agriculture, l'horticulture et les
services paysagers. À travers le développement durable et les expressions comme ville verte, ville durable, ville
responsable et les plans d’action Agenda 21, ces Expositions retrouvent une nouvelle légitimité et mise en valeur
médiatique pour le bienfait des populations urbaines à la recherche d’une meilleure qualité de vie.
On retrouve ces Expositions tous les 2 ans avec une durée entre 3 et 6 mois. La seule contrainte temporelle est qu’il doit
y avoir un minimum de 10 ans d'écart entre deux Expositions tenues dans le même pays.
Liste des Expositions Internationales dites Horticoles
L’Exposition universelle de Hanovre 2000
LISTE DES TRIENNALES DE MILAN
1933 MILAN - Italie
1960 ROTTERDAM – Pays-Bas
1963 HAMBOURG – Allemagne
1964 VIENNE - Autriche
1969 PARIS – France
1972 AMSTERDAM – Pays-Bas
1973 HAMBOURG – Allemagne
1974 VIENNE - Autriche
1980 MONTRÉAL – Canada
1982 AMSTERDAM – Pays-Bas
1983 MUNICH - Allemagne
1984 LIVERPOOL – Grande Bretagne
1990 OSAKA – Japon
1992 LA HAYE – Pays-Bas
1993 STUTTGART – Allemagne
1999 KUNMING – Chine
2002 HAARLEMMERMEER – Pays-Bas
2003 ROSTOCK - Allemagne
1936 MILAN - Italie
1940 MILAN - Italie
1947 MILAN - Italie
1951 MILAN - Italie
1954 MILAN - Italie
1957 MILAN - Italie
1960 MILAN - Italie
1964 MILAN - Italie
1968 MILAN - Italie
1988 MILAN - Italie
1991 MILAN - Italie
1996 MILAN - Italie
L’Exposition Horticole de Haarlemmermeer 2002
À noter en 1996, la XIXe Triennale de Milan,«l’Exposition des arts
décoratifs et de l’architecture moderne de la Triennale de Milan », sur
le thème de «l’Identité et différence, intégration et diversité dans les
formes de notre temps, les cultures entre éphémère et permanence».
Source : documents du B.I.E. 1992-2002.
Dans de nombreux cas, les auteurs de notre base bibliographique font un rappel des
Expositions et de leurs caractéristiques propres : superficies, nombre de visiteurs, nombre
d’exposants. Dans ce tableau, le récapitulatif du nombre de visiteurs est le plus spectaculaire.
Au plan géographique, l’Europe, l’Amérique puis l’Asie organisent des Expositions dépassant
ou aux alentours des 40 millions de visiteurs. On observe… Le nombre d’entrées à un tel
niveau, fait immédiatement basculer la balance financière des organisateurs dans le positif,
pourtant, malgré les sommes investies dans les infrastructures des villes, la question des frais
annexes, des emprunts, de leurs taux d’intérêt à l’époque et sur le long terme évolutif ou pas,
posent des question sur la pérennité au plan financier et économique des impacts positifs de ce
type de méga-événement. Retour sur investissement, héritage urbain pérenne et capacité à
faire une ville-quartier durable n’est pas obligatoire ou directement voulu. Pour conclure cette
première partie sur la notion et les évolutions même des Expositions, nous pouvons citer
Bernard Testu, Président de la Commission exécutive du Bureau International des
Expositions, vice-président de cette organisation et commissaire général du pavillon de la
France à l’Exposition universelle Hanovre 2000 :
« Les Expositions ne sont pas d’invention récente. De tout temps, d’importants marchés se sont organisés dans les
villes dont la position de carrefour constituait un attrait et assurait la prospérité : des foules venues parfois de fort
loin visitaient ces marchés, séjournaient sur place, échangeaient des produits très divers. Dans ces premiers temps de
l’Humanité, il en résultait une confrontation du savoir-faire et des idées de chacun. Ainsi, à la faveur de ces
rencontres, se développait une compréhension mutuelle des plus utile et s’ébauchait un rapprochement entre des
mentalités souvent très opposées de gens fréquemment établis sous d’autres climats.
Lyon, Francfort et Leipzig notamment, voyaient affluer marchands et clients de toute l’Europe, au Moyen Age. Les
tractations commerciales entre cités, ont donc, en des temps lointains, tracé la voie des Expositions internationales
que nous connaissons aujourd’hui et qui ont un rôle d’enseignement et contribuent de la façon la plus heureuse à une
meilleure compréhension entre les peuples. Londres, lieu de la première exposition « universelle » et
« internationale ». Londres, métropole d’un vaste empire, première puissance industrielle enrichie par la prospérité
de l’époque Victorienne et le libre échange. Londres, 1851, est connue comme un éclatant succès. Toutes les nations
furent invitées à concourir, et un résumé de l’ensemble de la production humaine y fut présenté.
Paris prit le relais et organisa des Expositions brillantes en 1867, 1878, 1889 et 1900. D’autres grandes cités
voulurent de leur côté accueillir des artisans et des fabricants du monde entier et l’on mentionnera parmi les plus
réussies, les Expositions internationales qui eurent lieu à Vienne, à Amsterdam, à Bruxelles, à Barcelone, à SaintLouis, à Turin et à Philadelphie.
Inévitablement, ces manifestations suscitaient de nombreux conflits d’intérêt et révélaient souvent un regrettable
désordre dans leur organisation. Cette anarchie causait aux gouvernements de graves difficultés et ceux-ci sentirent
le besoin de rechercher une réglementation pour éviter, d’une part, la prolifération de ces manifestations, et d’autre
part, pour apporter des garanties aux participants. A mesure que le temps développait le goût et la pratique des
Expositions, l’expérience faisait apparaître qu’il importait de confronter les points de vue et de chercher à résoudre
un certain nombre de problèmes communs à chacune d’elles. Un accord international semblait nécessaire. La
création d’un Bureau International des Expositions devenait une urgence (12) ».
La citation de Bernard Testu montre l’importance dans le domaine des relations
internationales du succès d’une Exposition. Trois termes peuvent être associés à cette
conclusion à savoir : la bonne gouvernance à travers les effets de la mondialisation, la
commémoration et le souvenir à travers le succès d’une Exposition et son impact dans le
monde urbain et dans la société.
18. TESTU Bernard, « Le BIE et la réglementation des expositions internationales » dans bulletin du BIE, Paris,
BIE, 2000, p.2 propos introductif.
On se souvient et commémore une Exposition réussie dans les domaines culturels,
politiques et économiques. C’est la bonne organisation et la réglementation d’une Exposition
qui en fait sa renommée à partir des éléments que nous venons de voir, car …
Mais qu’en est-il de l’état actuel de la recherche sur le BIE et de sa réglementation ainsi
que du management d’une Exposition ?
40
Chapitre II
Le Bureau International des Expositions et le
management d’une Exposition (B.I.E.)
Quand on effectue une recherche bibliographique approfondie sur le Bureau
International des Expositions, on se trouve confronté à une dizaine de documents à notre
disposition. Il s’agit, soit de sources juridiques brutes, à savoir les articles des conventions et
protocoles, soit de sources monographiques ou articles de revues parfois diplomatiques ou
économiques. De plus, en langue anglaise, il n’existe pas d’ouvrage portant sur le B.I.E et son
organisation. On trouve seulement des chercheurs francophones Suisses, Français et
Canadiens sur ce thème. À ce jour, il n’est pas recensé dans le fichier central des thèses, de
travaux portant sur le B.I.E en sciences humaines ou sociales. En tout, huit ouvrages
pertinents sont à notre disposition pour embrasser cet organisme. Tel est le matériel dont on
dispose pour analyser l’action, la réglementation et la composition du B.I.E.
Dans un premier temps, nous allons présenter les différents ouvrages concernant le
B.I.E., soit en partie, soit totalement dans leur forme, puis nous enchaînerons sur une
explication et description plus détaillées du B.I.E. en expliquant sa philosophie générale
d’action, de son management, des polémiques et pour finir par une description de son rôle
planificateur et par sa capacité à promouvoir et archiver son passé comme moyen d’action et
de communication à l’échelle mondiale.
Néanmoins, un rappel : lors de la remise de mon projet d’étude avancé, j’ai émis
l’hypothèse d’un travail de doctorant pour les années à venir sur le thème : « Le B.I.E. et son
évolution dans la longue durée depuis sa création jusqu’à nos jours, en prenant trois
expositions emblématiques et en analysant le rôle et l’implication du Bureau pour
l’organisation de ces rencontres internationales, comme Bruxelles 1958, Montréal 1967,
Séville 1992, un management et rapport urbanistique à analyser». Une étude du point de vue
management et de géographie urbaine (urbanistique) est possible, en rappelant les impacts sur
la trame urbaine de telles manifestations avec l’aide d’un B.I.E. plus actif que jamais et
médiateur dans un contexte de mondialisation. Il s’agit d’une possibilité entre autres.
Refermons cette parenthèse pour entamer notre présentation de la bibliographie sur le
B.I.E. Tout d’abord, il n’existe qu’un seul ouvrage traitant exclusivement du B.I.E. et de son
règlement, à savoir, l’ouvrage de Roger Meizoz paru en 1965 à Genève (1) …
1.
MEIZOZ Roger, La réglementation des expositions : guide juridique et pratique des organisateurs et
Expositions, Paris, Librairie technique, 1966
41
Par contre, il en est de même de l’ouvrage d’Alexandre Bloch paru en 1966 qui
apporte à sa lecture un témoignage concret des problèmes auxquels les organisateurs des
Expositions se sont confrontés(2).
Des droits de douane aux litiges juridiques concernant le transport et la conclusion de
contrats, même au sein d’une Exposition, tout y est expliqué (même si les références sont en
partie depuis caduques). Dès le 22 novembre 1928, date de la création du B.I.E. à Paris, tous
les juristes ont pris la peine de décortiquer le mode de fonctionnement de l’organisation,
souvent comme mandataires d’un pays, ou chargés de mission d’un gouvernement désirant
accueillir une Exposition. C’est le cas de la note (toute première) d’Albert Geouffre de la
Pradelle dans la revue de droit international (3).
L’ouvrage le plus récent sur ce sujet, vient de Marcel Galopin, qui en 1997 nous fait,
dans une partie moindre que celle sur les Expositions, un résumé de la situation ; passé et
actuel juridique du B.I.E. (4). L’aspect réglementaire est juste un peu plus fouillé par rapport au
Que sais-je sur les Expositions déjà citées au chapitre précédent. Ses sources sont nombreuses
dont les archives du B.I.E., sa bibliothèque et la BNF avec en plus les actes réglementaires
des conventions et protocoles. La bibliothèque universitaire de l’Arsenal de Toulouse nous
donne aussi la possibilité d’appréhender dans un premier contact, le règlement d’une
Exposition comme celle de 1878 à Paris. Même sans B.I.E, les grandes Expositions
parisiennes reposaient sur un bon fond réglementaire solide(5).
L’ouvrage de Félix Lacointa est aussi disponible à Toulouse. Il donne une autre vision
des Expositions et de leur apport positif pour le droit international et son développement face
à la prolifération des litiges douaniers et contentieux en tout genre, juste après la grande
répression de 1880 à 1900 et avant la guerre douanière de 1905(6).
2.
3.
4.
5.
6.
BLOCH Alexandre, Foires – Salons – Expositions : Guide juridique et pratique des organisateurs et
Expositions, Paris, Librairie technique, 1966
GEOUFFRE DE LA PRADELLE Albert « Le B.I.E. : ses pouvoirs en ce qui concerne les modalités
d’application de la convention du 22 novembre 1928 », Revue de droit international, n° 19. 1937, p.
573-599
GALOPIN Albert, Les expositions internationales au XXe siècle et le B.I.E., Paris,L’Harnattan, 1997,
361p.
Ministère de l’Agriculture et de l’Economie, Exposition universelle de 1878 à Paris : règlement
général, Paris, Imprimerie Nationale, 1876, 48 p.
LACOINTA Félix, Les expositions internationales, universelles ou spéciales au point de vue du droit,
Paris, Rousseau, 1896, 278 p.
42
D’ailleurs on peut compléter ce panorama, en rappelant le rôle déclencheur des
Expositions en ce qui concerne la création des premiers colloques ou échanges de données
métriques ou de classification comme la Dewey’s dans le concert des nations civilisées. Un
dernier ouvrage est souvent cité, celui de Maurice Isaac (7). Sa vocation première est de faire
connaître le B.I.E. et sa convention de 1928.
Édité en partie grâce au B.I.E., il est uniquement disponible à la B.N.F. D’ailleurs,
pour plus de renseignements sur l’aspect juridique et réglementaire des Expositions avant et
après 1928, la consultation du site Internet de la B.N.F. avec comme choix de recherche
« règlement d’Expositions » montrera que même avant 1928, l’aspect réglementaire, bien
qu’imprécis, était pris en compte à Paris, mais aussi dans les capitales provinciales pour les
Expositions nationales et concours pratiqués.
Dans l’ensemble, les ouvrages cités font le point sur les droits et devoirs des
Expositions présents, au même titre que les modalités de compétitions et d’octroi des
médailles pour les gagnants des concours. On retrouve dans ces ouvrages, comme souvent sur
ce sujet, en annexe, une chronologie des Expositions passées et à venir dans l’ensemble avec
les mêmes erreurs ou incertitudes du moment face au vide juridique ou au B.I.E. encore
naissant et en rodage pour ce qui concerne son organisation. La réglementation du comptage
des visiteurs et de la rédaction des rapports de présentation et de fin d’Exposition, est aussi
présente. Du contournement des droits de douane, vol et réplique de machines, des
escroqueries, en passant par les anecdotes courantes sur la polémique sur le nombre officiel de
visiteurs en 1900 à Paris, par exemple, le point sur la question B.I.E. et réglementation est
généralement bien fait.
Mais comme pour toute étude juridique d’une organisation internationale, on peut et
l’on se doit de se référer à la source première de base, à savoir les articles de la convention et
protocoles suivants. Le B.I.E. fournit aimablement aux chercheurs les documents disponibles
en leur possession. Il existe en tout, quatre ouvrages réglementaires de base comme
référence(8).
7.
-
-
ISAAC Maurice, Les expositions internationales suivies de la convention signée du 22 novembre 1928
concernant le B.I.E. et les expositions, Paris, B.I.E., Larousse, Imprimerie A. Lalure, 1936, 2 fascicules
8. B.I.E., Le protocole signé à Paris le 30 novembre 1972 concernant les expositions internationales
portant modification de la convention signée à Paris le 22 novembre 1928, Paris, B.I.E. 1996, 30 p. (cf.
annexe n° 8 du P.E.A.)
B.I.E. Que faut-il savoir de la convention de 1928 sur les expositions internationales ? Paris, B.I.E. 1958, 23
p. (Réédition 1986)
B.I.E., Le B.I.E. et la réglementation des expositions internationales, Paris, B.I.E. 2000, 14 p.
B.I.E., Liste des membres du B.I.E., Paris, B.I.E. 2000, 8 p.
43
C’est grâce à ces différents documents que nous pouvons aborder dans un deuxième
temps et dans un souci de clarté, la longue marche des nations dans l’organisation d’un bureau
et de garde-fous efficaces dans un contexte de mondialisation.
Acteurs et régulation des Expositions internationales dans un contexte de
mondialisation
Comme nous avons pu nous en rendre compte précédemment, les premières
Expositions du XIXe siècle et début du XXe siècle, furent de plus en plus nombreuses.
Certaines années, il y avait plusieurs Expositions dans différents pays ou entre villes voisines.
Il n’existait à l’époque aucune règle tacite ou officielle ne permettant d’établir une séquence
des Expositions ou une répartition géographique équilibrée. Les intervenants et les
organisateurs ne pouvaient jamais garantir un label de sérieux et de qualité aux Expositions.
Quant aux conditions de sécurité, de lisibilité et d’invisibilité des concours, le flou le plus
total est entretenu, comme pour l’emplacement dans l’ère de l’Exposition. Contrairement à la
tenue des Jeux olympiques modernes, il n’existait aucun comité international réglementant la
tenue des Expositions. L’absence de communication ou la compétition entre les villes
occidentales aboutit à retrouver sur un même continent ou dans un même pays, la même
année ou dans un intervalle plus ou moins court, une ou plusieurs Expositions parallèles dans
leur organisation ou thèmes abordés. Un constat d’amateurisme et d’approximation de plus en
plus préoccupant voit le jour chez certains participants réguliers. Des problèmes
d’organisation, d’assistance et surtout de budget entachèrent ces multiples organisations. Plus
les villes étaient motivées par le prestige entourant les Expositions réussies, plus elles
investissaient et plus lourds furent leurs échecs en cas de contrariétés budgétaires. Un manque
de public, une annulation politique ou aucune retombée scientifique et culturelle en sont les
principaux dangers.
Encore plus grave, aux yeux des puristes de l’époque, les règlements des Expositions
lorsqu’ils existaient, n’étaient ni identiques ni pertinents dans leur objet et durée, et bien sûr,
différents à chaque Exposition. Et c’est à la France que revient la première demande
d’harmonisation des Expositions en 1907. Puis, en 1912, le gouvernement allemand prend
l’initiative de convoquer les gouvernements intéressés afin de rechercher les bases d’une
entente. Les gouvernements s’empressèrent de répondre et exprimèrent le désir d’établir des
règles pour améliorer et assainir les rapports entre organisateurs et participants, entre
gouvernements invitants et Expositions officiels ou privés. C’est la Conférence Diplomatique
de Berlin qui jeta les bases d’une convention internationale destinée à régir les Expositions
internationales ; mais l’acte diplomatique qui en résultat ne put être ratifié en raison de la
guerre de 1914.
44
Dès 1920, les gouvernements reprirent la question, mais c’est seulement en 1928
qu’une nouvelle conférence put rassembler à Paris les délégués de 31 pays qui signèrent le 22
novembre la première convention régissant de façon positive, l’organisation des Expositions
internationales.
La convention internationale de 1928 met de l’ordre dans le domaine des Expositions,
en réglementant leur fréquence et en définissant les droits et obligations des Expositions et
des organisateurs. Pour veiller à l’application de ce traité, le B.I.E. est créé avec son siège à
Paris. Après la Seconde Guerre mondiale, deux protocoles, l’un en 1948, l’autre en 1966,
viennent amender la convention dans le domaine essentiel de la fréquence des Expositions.
Actuellement, le B.I.E. tient compte d’une jurisprudence issue de 70 années
d’existence et aussi en raison de données économiques nouvelles (intensification du rythme
du progrès, réduction des délais pour franchir les distances, entrée sur la scène mondiale de
pays nouveaux), une révision profonde de la convention de 1928 s’impose. Cette révision fut
entreprise en 1965 et aboutit à la signature du protocole du 30 novembre 1972, entrée en
vigueur le 9 juin 1980. Nous en sommes actuellement à cette dernière révision qui régit
l’organisation des Expositions internationales.
Le mérite de la convention est d’avoir, dès le départ, soustrait à son autorité, certaines
manifestations d’un caractère particulier, à savoir, les expositions d’une durée de moins de 3
semaines, les expositions des Beaux-Arts et les expositions essentiellement commerciales.
Dès les premières tentatives de réglementation et d’élaboration d’une convention, les
participants de chaque pays et les autorités officielles limitent la juridiction aux Expositions
qui répondent à leurs propres critères déterminés par avance. Dorénavant, c’est le B.I.E. le
seul maître des normes. Dans un tout premier temps, le but de la convention était triple. Il faut
réglementer la durée et la fréquence des Expositions, s’accorder sur le règlement interne et
l’enregistrement officiel des Expositions, puis protéger les Expositions et garantir l’adhésion
des nations au B.I.E.
En ce qui concerne la durée des Expositions, deux grandes dispositions mirent fin aux
querelles. Ne voulant pas que soient prolongés outre mesure les efforts demandés aux
Expositions (efforts financiers et d’infrastructure), la convention décida de limiter à 6 mois la
durée maximale des Expositions internationales. Un article : « Cas de force majeure » est
incorporé dans le déroulement des Expositions où des événements tels incendies, inondations,
troubles sociaux auraient compromis le fonctionnement normal de l’Exposition. Le pays
organisateur, invoquant l’article pour solliciter une prolongation de la période d’Exposition du
fait d’un non-fonctionnement, est alors accordé (cas non encore survenu en 60 ans). Un autre
point que nous avons déjà mis en avant dans les premières lignes de cette partie, est le
problème épineux des fréquences.
45
De toutes les règles qu’a édictées la convention, celle qui concerne la répétition des
Expositions était et reste encore de nos jours la plus impérative. L’intervalle motiva en
priorité le premier accord international. On peut synthétiser en quelques lignes toutes les
règles édictées à ce sujet depuis 70 ans.
La détermination de la fréquence des Expositions est tout d’abord basée sur l’ampleur
que les organisateurs désirent leur conférer. Il est logique qu’une Exposition mobilisant
l’ensemble des moyens de production se répète moins souvent qu’une manifestation qui ne
ferait appel qu’à une catégorie restreinte d’expositions de produits. La logique des coûts
financiers et humains l’emporte. Les pays signataires organisant leurs Expositions verraient
compromis leur soutien budgétaire et programmatique si des manifestations du même ordre se
répétaient trop fréquemment.
Cela constituerait une charge que les gouvernements et contribuables des villes
d’accueil ne seraient pas disposés à supporter. Le protocole de 1972 n’étant entré en vigueur
qu’en 1980, et l’ancien protocole permettant la tenue d’une Exposition spécialisée
pratiquement chaque année, on peut noter que de nombreux projets virent le jour durant la
décennie 1980-1990 : Knoxville 1982, La Nouvelle Orléans 1984, Tsukuba 1985, Vancouver
1986, Brisbane 1988. On retrouve avec ces successions de projets et d’Expositions, un mal
chronique interne au B.I.E., à savoir, la tentation, la détérioration passive ou active, échange
de bons procédés, retour d’ascenseur face aux grandes nations en quête de défis plus ou moins
pertinents. L’amendement du 2 juin 1982 au protocole de 1972, nous confirme la lutte et la
prise de conscience du B.I.E. face aux passe-droits ou aménagements de règles de fréquences
exigées. Cette modification donne la possibilité en cas de circonstances exceptionnelles, de
réduire les intervalles prévus par ledit protocole. Les années quatre-vingt-dix ont vu de
nouveau les gouvernements exprimer leur inquiétude devant cette prolifération des
Expositions et ont décidé une fois de plus de revoir la convention de 1928 de façon à espacer
les intervalles entre celles-ci et à assurer un meilleur respect des règlements.
Mais comme le rappelle avec insistance dans les derniers actes des colloques du B.I.E.,
le Président Testu « toute révision de la convention est une œuvre de longue haleine ». Ceci
en dit long sur certains pays comme les États-Unis qui regrettent depuis plus de 40 ans leur
adhésion à l’organisation, qui ne veulent rien entendre et qui pourtant sont obligés
d’obtempérer car minoritaires jusqu’à leur sortie officielle de l’organisation. En 1985,
l’Assemblée Générale prit deux mesures conservatoires : après avoir décidé le 11 juin 1985
que les États membres ne déposeraient aucun nouveau projet d’Exposition pour les années
1989 – 1991 et 1993 – 1994, elle adoptait, le 20 mai 1987, une résolution au terme de laquelle
elle n’enregistrerait, entre l’année 1992 et l’année 2001, que deux Expositions internationales
quelle que soit la catégorie.
46
Quant aux délais résultant des règles du B.I.E. pour présenter les projets relatifs, ils sont
à la date du 1er juin 2002, expirés. Comme on le suppose au vu des articles de presse ou en
lisant entre les lignes des actes de colloques, les transactions, échanges de bons procédés,
corruption, achat de votes ou alliances entre pays ou dans certaines périodes et cas bien précis,
remplace la jungle de l’inorganisation des années avant 1928, mais propose de s’ouvrir aussi à
de nouveaux types de pays, les nations émergents.
En toute comparaison, on peut émettre un parallèle avec les des procédures lors de
l’adoption d’une ville d’accueil pour les Jeux olympiques (J.O.) d’été ou d’hiver par le
Comité International Olympique (C.I.O). L’attribution des villes d’accueil des Expositions est
en général beaucoup moins houleuse - loin s’en faut - que pour les J.O. Quant à la dernière
grande modification en date, il s’agit de celle du 31 mai 1988 portant modification de la
définition des Expositions (cf. chapitre précédent) qui est consubstantielle de la stratégie de
gouvernance adoptée pour l’avenir et le management d’une Exposition internationale.
La gouvernance du B.I.E. au regard du droit international
Sur le fonctionnement du B.I.E., les spécialistes en relations internationales avancent
toujours le fait qu’un bon accord international est un accord supervisé par un organisme
supranational. Pour éviter des effets illusoires ou décisions sans lendemain, le B.I.E. est créé.
Il devient un organisme de contrôle, chargé de mettre en œuvre les règles adoptées en
commun. La convention de 1928 a institué, à Paris, le Bureau International des Expositions,
ainsi composé :
-
d’une Assemblée Générale
d’un Président
de Présidents des Commissions
d’une Commission Exécutive
de Commissions Spécialisées
d’un Secrétaire Général
L’Assemblée Générale est constituée de membres désignés par les pays adhérents, à
raison de 1 à 3 par pays. Chaque pays dispose d’une voix pour le vote, et les délibérations ne
sont valides que si le quorum atteint les 2/3 des pays ayant le droit de vote. D’après les statuts,
l’Assemblée Générale se réunit au moins deux fois par an. Elle peut aussi tenir des sessions
extraordinaires. La mission première de l’Assemblée Générale est d’arrêter le calendrier des
Expositions. À cet effet, elle examine les demandes qui lui sont soumises, et après s’être
assurée que les Expositions projetées respectent les intervalles nécessaires, et qu’elles sont
organisées
conformément
aux
dispositions
de
la
convention,
elle
« l’enregistrement » dont il sera question dans notre dernière partie sur le B.I.E.
47
leur
accorde
La deuxième mission de l’Assemblée Générale est de traduire-expliquer et
possiblement de parachever la convention dans les limites des dispositions de ladite
convention. Des points litigieux sont expliqués par les ambassadeurs. Le protocole de 1972
permet aussi le droit à l’Assemblée Générale de présenter des amendements. De même, elle
peut aider des pays organisateurs en embarras, en proposant des règlements pré rédigés
comme modèles de fonctionnement. L’Assemblée Générale dispose par ailleurs de pouvoirs
d’ordre interne, tels que : arrêter le budget, approuver les comptes du Bureau, nommer le
Secrétaire Général, créer des commissions, nommer les membres de ces commissions, le tout
à la majorité simple, qualifiée ou absolue.
On doit au Président le soin de convier et de conduire les réunions de l’Assemblée
Générale et de contrôler au bon fonctionnement du Bureau. Celui-ci est élu par l’Assemblée
Générale au scrutin tenu secret pour une période de 2 ans, parmi les délégués des États
membres. Il est rééligible dans ses fonctions. Le B.I.E. dispose à travers le monde de Viceprésidents et Présidents de Commissions qui remplacent et mènent les décisions prises au
siège de Paris. Les Vice-présidents sont élus parmi les délégués des États membres par
l’Assemblée Générale qui donne comme information la nature et la durée de leur mandat et
désigne notamment la commission dont ils ont la charge. Le B.I.E. se repose alors sur sa
commission exécutive pour instruire toutes les demandes d’Expositions parvenant au Bureau,
et les transmet avec son avis à l’Assemblée Générale qui décide lors d’un vote. La
Commission Exécutive (C.E.) est le centre décisionnel névralgique de l’organisation. Elle
s’attache à la réalisation des points qui lui sont confiées par l’Assemblée Générale. Cette
commission fait l’objet de toutes les convoitises lors du vote de l’Assemblée Générale qui
désigne les 12 États contractant et leurs représentants.
En dehors de la C.E prévue par la convention, le B.I.E. a créé trois autres commissions
pour faire face au fonctionnement, au financement et à la publicité du B.I.E.
La commission du règlement regarde les règlements spéciaux des Expositions comme
les moyens de construction, l’hygiène et les assurances, elle les transmet ensuite pour
agrément à l’Assemblée Générale. C’est elle qui établit les règlements modèles qui serviront
si nécessaire de guides aux organisateurs d’Expositions. Enfin, elle coordonne et rédige les
règlements intérieurs du Bureau, le règlement intérieur de l’Assemblée Générale et le
règlement du personnel.
Existe aussi la Commission d’Administration et du Budget qui s’emploie de mettre en
avant la conservation des édifices du B.I.E. et du bon fonctionnement quotidien et logistique
de l’organisation. Enfin, comme toute bonne organisation qui interfère par ses décisions sur
l’image des villes grâce à leurs Expositions, une Commission de l’Information s’occupe
particulièrement de promouvoir la notoriété du Bureau et de son association à la ville hôte.
48
Le pouvoir de décision du B.I.E se comprend à travers l’enregistrement des
Expositions, Après avoir déterminé et arrêté le champ d’enquête et d’application concernant
les Expositions universelles ou internationales, la convention confère au B.I.E. le choix ou
non d’enregistrement de toutes Expositions. Actuellement, le mécanisme de l’enregistrement
s’effectue en trois étapes : l’enquête préalable, l’attribution de la date, l’enregistrement
proprement dit.
Le déroulement, management urbain d’une Exposition universelle
Lorsqu’un gouvernement d’un État désire organiser une Exposition internationale, il
doit en saisir le B.I.E. L’enquête préalable débute. Cette notification doit mentionner le thème
de l’Exposition, la date proposée, sa durée, le statut juridique de ses organisateurs et la ville
d’accueil ou la zone d’accueil. Dès cet instant, le bureau avise de cette demande, le
gouvernement de tous les États membres en faisant connaître qu’un délai de 6 mois à dater de
cette notification leur est ouvert pour éventuellement formuler leur intention d’entrer en
concurrence avec le gouvernement demandeur en vue d’organiser une Exposition. Le bureau
ne prend acte de l’intention d’organiser une Exposition que lorsque la demande est présentée
au maximum 9 ans et au minimum 5 ans avant la date choisie pour l’ouverture de
l’Exposition, dans le cas d’une Exposition internationale enregistrée, et au maximum 5 ans et
au minimum 3 ans avant la date choisie pour l’ouverture d’une Exposition dans la cadre d’une
Exposition internationale reconnue. À l’expiration du délai de 6 mois, suivant le dépôt du 1er
projet, le Président de la Commission Exécutive charge le Secrétaire Général de procéder à
une enquête, ou bien, sur proposition du Secrétaire Général, désigne un ou plusieurs experts
qui en seront chargés. C’est un moment clef de la procédure, car dès la première proposition,
d’autres villes concurrentes attendent patiemment de faire une contre-proposition avec des
surenchères ou un dossier de départ mieux élaboré. La toute première enquête devra porter
sur :
-
le thème de l’Exposition
-
sa définition, son contenu
-
sa date et sa durée
-
son emplacement, la ville ou zone d’accueil
-
sa superficie (superficie globale et superficie minima et maxima allouée à chaque
participant)
-
le nombre de visiteurs prévus
-
les modalités selon lesquelles l’Exposition assurera son équilibre financier
-
les éléments qui permettent de calculer le coût de participation
-
la posture des autorités responsables et des milieux intéressés
49
Les hommes de la commission du B.I.E. se déplacent sur le lieu dans un temps précis
et avec des ordres de missions bien définis. Des rencontres avec le gouvernement d’accueil et
les maires des communes d’accueil ou présidents d’associations, sont organisées pour avoir
une vision d’ensemble du projet. Il s’agit de la première prise de contact, très importante aux
dire du B.I.E. Il s’agit d’équipes pluridisciplinaires identiques pour chaque enquête de projet.
Survient alors la question de l’attribution de la date de l’Exposition.
Les résultats de l’enquête sont soumis à la Commission Exécutive qui les examine et
fait part de son avis à l’Assemblée Générale. Celle-ci décide quels sont les projets les plus
pertinents qu’elle retiendra. Lors de la session suivante de l’Assemblée Générale, il est
procédé à l’attribution de la date par un vote à bulletins secrets. À défaut d’entente entre les
gouvernements d’États en concurrence, l’Assemblée Générale se prononce en tenant compte
des considérations invoquées et notamment des raisons spéciales de nature historique ou
morale, du temps écoulé depuis la dernière Exposition et du nombre de manifestations déjà
organisées par les États concurrents. C’est à ce moment précis de la procédure où le jeu des
alliances, vote en faveur, groupes de pression, lobbying sont à leur paroxysme. D’après les
propos du B.I.E., le bureau donnera toujours la préférence à une Exposition projetée sur le
territoire d’un État membre.
La date étant accordée, le gouvernement de l’État sur le territoire duquel l’Exposition
est projetée, doit introduire une demande officielle pour obtenir l’enregistrement de cette
Exposition. Généralement, cette demande s’accompagne de l’envoi du texte du règlement
général qui indique les dispositions législatives, réglementaires et financières prévues à
l’occasion de cette Exposition, ainsi que celui du contrat de participation. Outre les documents
fournis, l’État d’accueil verse une somme fixée par l’Assemblée Générale comme garantie de
sa motivation de faire aboutir son projet. La Commission Exécutive prend le relais en
examinant le règlement général, plus le contrat de participation, et s’assure qu’ils ne sont pas
contraires aux dispositions de la convention et des règlements établis par le bureau. La
demande d’enregistrement est ensuite transmise à l’Assemblée Générale qui, après avoir
entendu le rapport du Président de la Commission Exécutive, est appelée à prononcer
officiellement au grand public et à la presse, l’enregistrement. Il y a bien sûr les cas de force
majeure que l’Assemblée Générale apprécie. Dans ce cas-là, l’État qui a obtenu
l’enregistrement d’une Exposition perd les droits attachés à cet enregistrement s’il modifie la
date à laquelle il avait déclaré qu’elle se tiendrait. S’il entend réorganiser l’ensemble de
l’Exposition et les dates, le dossier est effacé-supprimé. L’État se doit d’introduire une
nouvelle requête.
50
La toute première conséquence de l’enregistrement est le fait pour l’État organisateur
d’envoyer aux gouvernements étrangers des invitations à participer par voie diplomatique. Par
exemple, en France, c’est le Quai d’Orsay qui centralise les invitations et les réponses des
États étrangers. Ces formalités sont essentielles. Elles constituent la véritable garantie du
respect des dispositions de la convention par le droit international onusien et du cadre
législatif du pays d’accueil. En plus, une Exposition qui n’aurait pas obtenu l’enregistrement
du B.I.E. ne pourra pas compter sur la participation des états membres de cette organisation.
Il est certain que le pays invitant doit impérativement organiser son olympiade du
progrès car si elle se dédit, un préjudice est créé et les parties membres de la convention avec
le B.I.E. peuvent obtenir réparation parce qu’ils ont engagé des dépenses pour des pavillons,
mobilisation de fonctionnaire, groupe d’intérêt public pour la France. Enfin, une indemnité au
B.I.E. est une conséquence du renoncement à l’organisation de la manifestation.
Par contre, le fait pour une Exposition d’avoir obtenu l’enregistrement du B.I.E. ne
signifie pas pour autant que tous les États membres du B.I.E. participeront à l’Exposition.
Ceux-ci, en enregistrant l’Exposition, ont reconnu qu’elle était organisée conformément aux
dispositions de la convention, mais restent libres de leur décision de participer ou non.
Dans ce domaine, la France ne fait pas figure de bon élève, l’annulation de l’Exposition
universelle de 1989 impose au B.I.E. de créer une sorte de régime de compensation
indemnitaire impliquant une première application avec à nouveau la France pour son
désistement de 2002 suite à la commande en cet été 2002 du rapport Raffarin à M. M. Noël de
Saint Pulgent pour le premier ministre (Rapport en annexe numérique dans ce mémoire).
L’Exposition internationale de Seine-Saint-Denis ayant été attribuée à main levée par
acclamation de l’assemblée générale – en souvenir du rôle capitale de Paris pour la tradition
des Expositions – mais qui ne savait pas le fiasco à venir.
Sur les droits et obligations des Expositions, un constat s’impose : les signataires de la
convention n’ont posé que quelques principes fondamentaux en la matière. Parmi ces
principes fondamentaux, l’un des plus importants est celui qui ne reconnaît comme sections
nationales, que celles qui sont constituées sous l’autorité d’un commissaire général nommé
par le gouvernement du pays organisateur ou participant. Corrélativement, tout exposant
ressortissant d’un pays participant, relève de l’autorité de son commissaire général. Les
commissaires généraux des sections nationales sont regroupés dans un collège dont le Bureau
Exécutif est l’interlocuteur du commissaire général de l’Exposition et de l’organisateur, pour
résoudre les difficultés qui se présentent lors de la préparation et de la tenue de la
manifestation.
51
Aucun monopole ne peut être concédé dans une Exposition internationale, sauf si la
close est inévitable (pour ce qui est des services publics). Dans ces cas particuliers, le
commissaire général du gouvernement organisateur doit avertir l’existence de ces monopoles
dans le règlement de l’Exposition. Il ne peut, en aucun cas, restreindre les pouvoirs des
commissaires généraux dans les sections respectives, ni établir les tarifs des services
monopolisés, autrement qu’aux conditions en vigueur dans le pays. Quant aux régimes
douaniers fixés par la convention, ils stipulent que les objets sont admis en franchise
temporaire, à condition d’être réexportés, détruits ou mis à la consommation contre le simple
paiement des droits. Ils sont dédouanés à l’Exposition même, sans avoir été examinés à la
frontière. Le cautionnement éventuellement exigé pour l’obtention de la franchise temporaire
peut être remplacé par la caution des commissaires généraux qui constituent une garantie
suffisante. En dernier point, on peut signaler qu’aucun droit ne peut être retenu sur les
catalogues, brochures et affiches publiés par les pays participants ou distribués gratuitement
par les exposants dans l’enceinte de l’Exposition.
Des rapports entre pays, le thème de l’Exposition
Sur les membres du B.I.E. et leur adhésion, tout gouvernement peut adhérer à la
convention de 1928 modifiée par la suite par les protocoles ultérieurs. Les documents
d’adhésion sont déposés auprès du Gouvernement de la République Française, conformément
à la convention qui donne un pouvoir d’enregistrement et de notification au Premier Ministre.
L’entrée du nouveau membre du B.I.E. prend effet à la date du dépôt du dossier et publication
au Journal Officiel (J.O.).
Les contributions demandées aux États membres, sont d’un montant modique, au vu
des enjeux. La part contributive annuelle d’un pays nouvellement adhérent, est déterminée par
l’Assemblée Générale du B.I.E., en accord avec le gouvernement demandeur, sans un souci
d’équité. L’adhésion d’un État au B.I.E. permet à cet État de prendre part à tous les débats au
sein du B.I.E. et d’exprimer la doctrine relative aux Expositions dans le sens où il l’entend,
même pour un micro-État, tel que les Seychelles ou Monaco. En outre, les États membres
participent dès le début aux conversations qui s’engagent avec les organisateurs d’Expositions
et ils ont le privilège de faire valoir leur point de vue quant à l’organisation des Expositions
auxquelles ils ont l’intention de participer. C’est ainsi que les gouvernements membres du
B.I.E. ont pu, à maintes reprises, dans le passé, obtenir l’abaissement de tarifs jugés excessifs.
De plus, l’adhésion au B.I.E. présente un certain nombre d’avantages d’ordre matériel.
C’est ainsi qu’un État membre du B.I.E. qui désire organiser une Exposition à une date
donnée, bénéficie d’un droit de priorité si une demande concurrente est introduite par un État
non-membre, néanmoins la situation ne s’est toujours pas présentée.
52
Par ailleurs, les frais d’examen de dossiers, perçus à l’occasion de l’enregistrement
d’une Exposition, sont réduits de moitié lorsqu’ils s’appliquent à une Exposition organisée
par un état membre du B.I.E. On revient au rôle de la convention qui aide et soutient bon
nombre de projets dans un but souvent humanitaire. Le B.I.E. est une organisation
internationale qui permet aux gouvernements membres de réaliser certaines économies du fait
des contrôles très stricts exercés sur les organisateurs d’expositions.
Il est certain que plus le B.I.E. compte de membres, plus son autorité peut s’exercer,
et plus substantielles sont les économies qui peuvent en résulter pour ses adhérents. Au vu de
la liste des pays membres du B.I.E., seulement 88 nations sont recensées. L’O.N.U. reconnaît
plus de 170 nations ; on voit là, une des limites de cette organisation. Certes, les pays
principaux sont représentés, mais il manque encore des États du « Tiers-Monde – Des Suds»
ou d’Asie, d’Océanie, du monde Arabe ou Africain. Le souvenir des Expositions coloniales,
les difficultés aux financements onéreux des pavillons pour quelques pays émergents, sont
entre autres, des causes profondes d’un certain dénigrement et désintéressement. Néanmoins,
en 2002, comme le souligne le Président du B.I.E. : « Il est donc de l’intérêt de tous les
gouvernements d’états susceptibles d’organiser des Expositions ou simplement soucieux de
participer à des Expositions internationales, d’adhérer à la convention de 1928 et par là
même de devenir membres du Bureau International des Expositions » (9).
La question du thème à adosser pour une Exposition est aussi un point à prendre en
compte dans les relations internationales, après Chicago 1933 « Un siècle de Progrès - La
science trouve, l’industrie applique, l’homme s’adapte ». Nous sommes dans le cas d’une
volonté de recherche de lisibilité et d’opportunité pour les pays organisateurs. Avec Bruxelles
1935, Paris 1937 et New York 1939, les Expositions internationales et universelles sont de
plus en plus lisibles et s’adossent à un moment important de la société qui l’accueille. Pour
ces Expositions, on arrive presque à déceler des Expositions spécialisées avec des thématiques
restrictives portant sur la colonisation, les transports, la science et ses conséquences ou le
progrès des sociétés en général. Il s’agit à l’époque des premières tentatives d’adosser un
slogan publicitaire, généralement à l’échelle mondiale sur un plan humanitaire à ces
manifestations. La négociation entre le B.I.E. et le pays hôte (mais aussi les pays invités)
s’impose. Le choix des thèmes impose une approbation par l’État organisateur et dans une
moindre mesure des échanges diplomatiques pour trouver un thème consensuel et abordable
par des pavillons pour un ensemble assez important de pays invités.
9.
TESTU Bernard « Le B.I.E. et la réglementation des Expositions Internationales » dans Bulletin du B.I.E.,
Paris, B.I.E., 2000, p.3
53
Modèle financier des Expositions et conception anglo-saxonne – latine des
manifestations
À travers cette dernière thématique et nos lectures, nous touchons un point crucial
expliquant la crise de l’organisation dans les années 1970-1980 et la volonté de comprendre
que les effets de financement d’une Exposition expliquent aussi sa teneur, sa tenue et ses
conséquences au plan urbanistique dans le cadre de deux modèles bien distincts et que l’on
peut superposer à une même pratique pour les J.O. et leurs organisations.
Il existe bien deux philosophies de conception et d’organisation des Expositions
depuis les années 1940. Le problème réside dans le financement et les dépôts de garantie
d’une Exposition. Entre manifestation privées sous les bons auspices de l’État à l’origine de la
pratique et l’organisation par l’État et ses services publics, les pays anglo-saxons et les pays
latins voire d’autres aires culturelles optent généralement pour deux choix différents, deux
visions diamétralement opposées et parfois constitutive de crise au B.I.E. fin du vingtième
siècle.
Actuellement, ce qui expliquent le départ des États-Unis de l’organisation et les
doutes du Canada réside dans le fait que ces deux États préfèrent retourner au mode de
manifestations privées sous le patronage d’une une autorité publique pour régler les usages
diplomatiques. Entre droit privé et droit public, coutume commerciale, pratique publique,
l’enjeu réside dans les financements et la garantie des États à trvers la rupture de 1928 et la
création d’un organe de gouvernance mondial.
Pour les États-Unis, la crise de 1964 et de l’Exposition universelle de New York est
emblématique. Controverse, débats journalistiques, querelles d’experts, souci de rentabilité
d’une exposition implique la demande des autorités américaines à pouvoir organiser pendant
deux ans la manifestation sur le même lieu (en friche-réserve depuis 20 ans) de l’Exposition
de 1939. Les États-Unis fiance par souscription la manifestation, pour rentrer dans leurs
budgets, ils doivent rallonger la durée pour atteindre un hypothétique chiffre de 70 millions de
visiteurs, quant aux exposants le coût de leur emplacement reste payant. Le B.I.E. refuse de
reconnaître l’exposition dans des débats et querelles entre institutionnels pour enfin voir
quatre an plus tard la querelle se finir à travers l’adhésion à la convention du B.I.E. (en 1968
avec l’Angleterre).
Faire payer les exposants n’est pas anodin, il renvoie à la pratique ante 1928 et la
coutume des foires et salons laissant libre, à la tractation, à l’invitation et à la mise aux
enchères des concessions. Être maître dans les entrées, sorties, exposants et règlements, voilà
la nécessité d’organisation et de vision des pays anglo-saxon et de surtout les États-Unis
(l’Angleterre ne présentant pas de projet sur le long terme et les conventions de 1928 et
surtout celle de 1972 rappelant ce principe).
54
Mais, ne nous ne trompons pas, le B.I.E. est toujours dans une relation complexe face
à la réalité des poids économiques et géopolitiques des puissances organisatrices des
Expositions universelles et internationales, malgré les différents récurrents avec les États-Unis
les Expositions américaines de Seattle 1962, San Antonio en 1968 ont été enregistrées ou
reconnues par le BIE avant son adhésion, en regard de l’importance mondial des États-Unis
au vingtième siècle. Idem pour l’Exposition internationale de la Nouvelle-Orléans en 1984,
dans ce cadre précis, on assiste à la faillite de l’organisateur privé à cause d’une fréquentation
insuffisante pour réaliser les excédents nécessaires au budget, enfin, les grands groupes
américains du divertissement voient de plus en plus ces manifestations comme des possibles
concurrents, La même année que la Nouvelle-Orléans en 1984, les jeux Olympiques de Los
Angeles se produisent et en 1986 l'ouverture du parc Disney World Epcot en Floride veut
s’accaparer une partie des principes progressiste des Expositions.
Mais cela est certainement dans le poids et le retentissement de l’Exposition de
Montréal en 1967 que réside la fracture entre pays d’Amérique du Nord et le reste des
adhérents au B.I.E. Cette exposition universelle a attiré plus de 50 millions de visiteurs, mais
son déficit d’exploitation très important se reporte automatiquement sur le budget fédéral
canadien. Les campagnes de presse de grands groupes financier de loisirs, de divertissement
audiovisuel qui perçoivent tout l’intérêt de créer leurs propres parc pérenne comme Disney,
jouent en défaveur de l’image du B.I.E. à l’échelle du contient. Ces importants efforts pour les
finances fédérales des deux pays libéraux et acteurs de la non intervention donne comme
conséquence le retrait des deux des instances sans dénoncer officiellement la convention de
1928. Dans ce domaine, le pragmatisme est de rigueur, le Canada adhère à la convention
avant la Seconde Guerre mondiale, puis la dénonce en 1944 comme la Grande-Bretagne,
avant d’adhérer de nouveau en décembre 1957 à ladite convention, pour un but bien précis :
obtenir l’enregistrement d’une Exposition prévue à Montréal dix ans plus tard.
Il reste qu’actuellement, les États-Unis et surtout son Congrès décide de se retirer de
l’organisation en septembre 2000-décembre 2001 et que le Canda reste dubitatif face à son
maintient dans l’institution suite à la défaite de Toronto face à Hanovre pour l’Expo 2000. Il
faut souligner que les États-Unis avaient perdu leur droit de vote à l’assemblée après trois
années de retard de paiement. Le fait que les États-Unis ne puissent pas infléchir la
philosophie générale et non mercantile des Expositions se retrouve dans l’impossible réforme
en leur faveur du protocole de 1972 mettant en avant une possible initiative privée collaborant
avec le secteur public. Les conséquences sont notables au plan urbanistique et géopolitique ;
Le Congrès américain interdit tout financement pour le pavillon national dans une exposition,
empêchant les États-Unis d’installer un pavillon à Hanovre 2000 : la souscription privée
devant obligatoire pour financer le pavillon.
55
Les membres du B.I.E. au 1er juin 2002
Liste des 88 pays membres du B.I.E.
Afrique du Sud
Algérie
Allemagne
Antigua et Barbuda
Argentine
Australie
Autriche
Bahamas
Bangladesh
Barbade
Belgique
Belize
Biélorussie
Brésil
Bulgarie
Cambodge
Canada
Chine
Chypre
Colombie
Corée
Costa Rica
Cuba
Danemark
Dominique
El Salvador
Émirats Arabes Unis
Finlande
France
Grande-Bretagne
Grèce
Grenade
Guyana
Haïti
Hongrie
Indonésie
Israël
Italie
Japon
Kazakhstan
Kirghizstan
Laos
Liban
Madagascar
Malaisie
Malte
Maroc
Mexique
Monaco
Mongolie
Namibie
Nauru
Nicaragua
Nigeria
Norvège
Oman
Ouganda
Ouzbékistan
Palau
Pays-Bas
Pérou
Philippines
Pologne
Portugal
Qatar
Roumanie
Russie
Saint-Christophe et Nieves
Seychelles
République de Slovaquie
Suède
Suisse
Surinam
Tanzanie
République Tchèque
Thaïlande
Togo
Trinité et Tobago
Tunisie
Ukraine
Uruguay
Venezuela
Yémen
À ce titre, le B.I.E. voit de plus en plus l’arrivée des pays émergents comme une
solution à travers le problème de l’endettement des pays du Nord. La Chine, le Brésil, la
Russie et bientôt l’Inde offrent des champs du possible qui restent à concrétiser. L’idée de
développer des coopérations avec ces pays est en cours, l’analyse de la plaquette sur Shanghaï
ville durable lors d’Hanovre 2000 nous montre…
Il reste aussi à prendre en compte les futures adhésions des pays du bloc de l’Est et
les nouveaux pays émergents du Moyen-Orient et d’Asie.
56
Quant à l’arrivée progressive des membres-États du B.I.E. depuis la création de la
convention et du bureau, celle-ci nous renseigne sur les mécanismes de la mondialisation
économique et culturelle par … Les États-Unis se sont retirés il y a plus longtemps car
l’organisation des expositions leur semblait trop chère et insuffisamment libérale.
«
L’événement n’intéressant pas les gros opérateurs commerciaux tels que Disney possibilité à
ne pas exclure –, les États-Unis devront à nouveau adhérer au BIE.
Les États-Unis
retrouvent toute liberté dans l’organisation d’expositions internationales, privées ou
commerciales, prisées par les touristes et rentables, même si elles se tiennent en même temps
qu’une exposition concurrente dans un pays adhérent du BIE. Leur retrait laisse donc les
expositions enregistrées par le BIE aux pays émergents et à l’Europe, qui font moins cas de la
distinction entre les deux modèles, publics et privés, de financement des expositions. Ce
déplacement des expositions vers les pays émergents peut également s’expliquer par la
difficulté, pour des États occidentaux surendettés, de les financer sans subventions publiques,
en raison du caractère imprévisible de leur fréquentation. Les difficultés économiques
actuelles justifieraient de trouver des sources de financement qui n’alourdissent pas les
charges de l’État, sans pour autant contrevenir aux règles du BIE. Quoiqu’il en soit, elles
expliquent aussi que les métropoles des pays émergents sachent désormais damer le pion à
leurs rivales occidentales dans ces opérations d’urbanisme commercial à grande échelle qui
nourrissent la compétition économique internationale.
Le point bibliographique et un résumé sur le B.I.E. a été fait, mais l’on se doit de
souligner qu’à certains moments, les villes hôtes ont manqué de lucidité dans la conservation
de la mémoire d’une exhibition et de son message voué à la pérennité, ceci suivant le degré de
développement ou pas des archives nationales respectives. Il existe depuis 1929 et même
avant une procédure pour collecter et garder souvenir de ces Expositions. Le manque de
moyens financiers, la dispersion, disparition brutale et profusion des documents sont les
principaux facteurs d’un manque d’organisation des archives dans certains pays sauf pour la
France, et au contraire un formidable moyen de propagation de cette idée universaliste à
travers le monde et les souvenirs, cartes postales ou objets collectionnés ou rapportés chez soi.
Quant à l’après 1928, un recensement continuel et une politique d’achats et de dons
est entrepris pour compléter à nouveau et remédier aux carences. Actuellement, la politique
du B.I.E. est de faire appel aux dons, enchères et reproductions des bibliothèques nationales
(T.I.C.) pour compléter sa collection de documents bruts ou ouvrages avant 1928 sous la
direction d’un service de la documentation renouvelé, dynamique et de grande qualité. Une
véritable politique de mémoire est mise en place et recouvre un champ important de l’histoire
de l’humanité et de ces progrès.
57
Depuis 1928 et la création du B.I.E., et malgré les imperfections et les critiques à son
encontre, il est intéressant de constater qu’aucune Exposition ne s’est tenue en dehors de son
égide. À l’aube de ce XXIe siècle, le B.I.E. fait partie des 10 premières organisations en
nombre de pays membres, ce qui n’est pas négligeable (pour certains 8ème ou 10ème position).
C’est un des mérites qui permet à cette organisation de perdurer. Si en amont, le B.I.E. joue
un rôle de « programmateur » d’Expositions, qu’en est-il au moment de l’organisation, de la
construction et de la décision d’accueil d’une exposition dans une ville ?
Documents et analyses
Présentation du B.I.E. par une plaquette publicitaire
Source : B.I.E., Feuillet de présentation de l’organisme
Paris, B.I.E., 2000. 8 p.
Shanghai Miroir d’une ville comme phare
Expo 2000 Hanovre
Source : ASHENBRENNER Cord « Expo 2000 »
dans New world, 2000, p. 10
58
CHAPITRE III
La planification et management stratégique
d’une Exposition
Dans l’ensemble des ouvrages déjà cités, il existe une tendance des auteurs à mettre en
avant l’aspect organisation des Expositions. Soit le thème est peu traité au profit de l’histoire
proprement dite du déroulement de l’Exposition, soit le thème est abordé, mais dans une
optique moins urbanistique qu’événementielle. Des journalistes ambitieux aux industriels
visionnaires, en passant par des politiques et philosophes, tout est très bien décrits sur le
pourquoi du début de l’idée d’organiser une Exposition dans les ouvrages déjà référencés
jusqu’ici. On rédige alors des monographies sur telles ou telles Expositions ou des
compilations d’études de cas. La partie concours, déroulement des compétitions et remises de
médailles est aussi un sujet de réflexion et de développement scientifique abordé au même
titre que leurs financements et les droits de douanes ainsi que des nouvelles gestions et
normes comptables à l’échelle mondiale. Quant à l’organisation de l’Exposition dans son
contenu et le bilan positif ou négatif des retombées scientifiques, ils sont largement repris
dans nombre de monographies. L’aspect pédagogique et artistique est traité dans les revues
spécialisées ou des Beaux-arts.
Mais le fait de trouver un intitulé de chapitre sur les Expositions comme une sorte de
projet urbain ou dans tous les cas de projet d’aménagement de l’espace et de management
d’une ville, n’est pas totalement relayé. La vision d’un urbanisme opérationnel et
réglementaire au service de la ville est très rare ou très peu développé, encore moins dans le
domaine du marketing et de la communication.
Les différents degrés d’une organisation et planification d’Exposition internationale
impliquent de prendre en compte …
59
Pour conclure ce chapitre, nous pouvons synthétiser dans un schéma explicatif,
l’organisation et la planification-management stratégique d’une Exposition. Avant d’entamer
notre synthèse dans un dernier chapitre et le développement de la deuxième partie sur l’utilité
et l’apport dans le domaine de l’urbanisme et de l’aménagement des villes hôtes
d’Expositions, un point sur le processus décisionnel et opérationnel d’une Exposition se
devait d’être fait.
Ce schéma nous rappelle que l’organisation, la décision et la planification éphémère
et/ou durable de tout ce qui entoure cette manifestation géante, s’apparentant à un véritable
projet urbain - projet d’aménagement de l’espace – projet marketing de communication –
action de management – bref un projet global à différentes échelles.
60
PLANIFICATION ET MANAGEMENT STRATÉGIQUE D’UNE EXPOSITION INTERNATIONALE
Les hommes de l’Exposition :
- Décideurs et développeurs
. industriels
. politiques (maires, ministres, président, gouvernement, élus locaux)
. intellectuels
. hommes de presse
. opinion publique
. associations
- Constructeurs, génie civil
. les urbanistes
. architectes
. ingénieurs
. artistes / association
La charge de l’Exposition :
Un entité organisatrice et responsable financièrement (1)
. une PM personne morale
. organisme de droit public
. le gouvernement du pays
. société de droit privé
. un SPIC – Un GIP comme en France « fait du Prince ».
- Le suivi de l’Exposition
. la commission générale
. le commissaire général principal
. les commissaires généraux de pavillons
. les sections nationales
. le collège des sections nationales
. le comité directeur des exposants
- La présence du pays d’accueil
. les régions
- les associations type 1901
. villes principales
- les comités départementaux
- les comités exposants du pays d’accueil
- les comités d admission (de classes, de groupes,
supérieurs)
-
La date de l’Exposition :
- Commémoration d’un événement mondial, national, international ou local
- Un lieu avec le choix d’une ville et le thème de l’exposition adopté
- Aboutissement ou commencement d’un projet urbain (schéma directeur d’une
agglomération).
- rénovation d’un quartier, d’une zone urbaine
- création d’un quartier, zone industrielle, zone de foire internationale,
écoquartiers…
Le dispositif juridique :
- Tous pouvoirs à la législation nationale pour arriver à ses fins
. une législation stricte / Constitution du pays
. une législation souple/Constitution du pays
. une législation provisoire ou spéciale à l’occasion de l’Exposition
- Un règlement : (du pays, conforme aux normes du B.I.E. sous peine
d’expulsion) ou un règlement type fournit par le B.I.E.
- Officiellement la commission d’informations :
Lieu – Thème - Site, son extension possible avec des limites - Dates d’ouv. et
clôt.
Ministre de tutelle - Commissaire général désigné
Obligations des participants - Conditions de participation (adm. & mode
d’exposition) - Emplacements & aménagements divers
Activités commerciales et culturelles exercées dans les sections nationales
Régime douanier - Régimes d’assurance des biens & personnes
Surveillance (forces de police) - Régime des entrées et protection de la
propriété intellectuelle - Règlements spéciaux
Une zone d’Exposition :
- Dans la ville, hors la ville, aux frontières de la ville et de la campagne
- De nature :
. éphémère et démontable, réemploi, concept d’utopie de cité idéale…
. durable, création d’une ville ex nihilo ou une île aménagée…
- Une fonction :
. de parc d’attractions
. de parc urbain, jardin
. de parc technologique, industriel
DES RISQUES(2)
- non respect de la
démocratie locale
- manifestation d’opposition à l’Expo.
- controverse sur le
-thème de l’Expo.
critiqué
- accident de chantier
lors de l’expo, vols,
attentats, rixes urbaines
- annulations de
participations de
Nations majeures
-environnement
détérioré
Le contenu des expositions (infrastructures):
Les pavillons
. le pavillon principal du pays
. les pavillons principaux du pays lié au thème de l’Exposition.
. la galerie des machines
. les jardins de l’Exposition, traitement paysager.
. les moyens de transport (tram circulaire, téléphérique, nouveau métro)
. L’alimentation, voirie : eau, électricité, charbon, énergie renouvelable.
- La logistique
. banque (change)
. service postal
. service médical
. restauration
. toilettes, nursery
. salon de thé, de repos
. vestiaires, consignes
. forces de police
. figurants
. gazette de l’Exposition.
- Les parcs hôteliers et moyens de transports
. aéroports (intermodalité, moyen de transport visiteurs, au profit des locaux)
. aérogares (intermodalité, moyen de transport visiteurs, au profit des locaux)
LA RECONVERSION DU SITE / OU PAS
POUR UNE
- Meilleure planification urbaine
- Meilleur imaginaire national
- Meilleure construction dite durable
- Croissance économique
- Marketing touristique
- position géopolitique
1.
2.
3.
- plan juridique et
réglementation = VPP
contentieux juridique
- aucune retombée
scientifique,
- un moyen de faire
la «fête», acculturation
- un très lourd endettement
-Absence de retombées
économiques, touristiques
probantes, impacts directs et
indirects incertains /cont.
- aucune retombée
financière
La liquidation de l’Exposition :
La liquidation de l’expo
. la liquidation des exposants et de la PM
. la restitution en bon état de l’emplacement de l’expo
. la rédaction des rapports
. conférence sur l’enseignement pédagogique de l’expo, descriptif des
découvertes et échanges dus à l’expo
. la liste des objets et exposants, pertinents
. catalogue des records constatés
- La remise des prix
. la compétition
. les concours
. les jurys
. les indemnités, les récompenses
. les médailles (or, argent, bronze)
. titre honorifique
. remise de diplôme
- L’état du savoir, du monde à l’époque de l’expo (3)
Volumineux rapport de l’Exposition en tout genre et surtout celui officiel (B.I.E.)
-
Le financement de l’Exposition (Vision common law /latine – vision publique
/ vision privée du financement [VPP]) le bilan comptable :****
- le droit de concession des participants
- la billetterie
- le mécénat de notables ou couronne royale
- le sponsoring, licence d’exploitation, logos, …
- les dons de pavillons des pays étrangers : vente des principaux édifices aux
entreprises
- le montage financier : état, régions, villes (long terme et intérêt)
. cofinancement privé, public
. recours à l’emprunt, aux contribuables privés (monde anglo-saxon)
La convention de 1928 oblige le gouvernement du pays d’accueil de l’Exposition à l’engagement officiel sur les garanties maximum financières d’exploitation et du retour sur
l’investissement.
Les risques au prisme du Développement Durable et de ces différents piliers : économique, environnemental, social et de la bonne gouvernance politique et culturelle.
Cf. ouvrage Alfred Picard
CHAPITRE IV.
Les Expositions universelles et internationales
comme objet d’étude géographique
(Bilan, synthèse et amplification pour un doctorat)
À travers ce dernier chapitre de partie, nous mettons en relief notre objet d’étude
comme moyen de compréhension de notre monde à travers l’accaparation et la planification
des espaces urbains et notamment en centre-ville, sur les rives d’un fleuve, sur un front de
mer-lac et souvent en périphérie des villes, mais aussi le fait que la ville devient un lieu de
rencontre et de marché, une ville avec des Expositions comme objet de communication et de
marketing urbain. La notion même de géographie couplée aux études en sciences humaines et
sociales, nous permettent de nous rendre compte que les Expositions universelles sont un
formidable moyen pour entrevoir la gestion ou l’appropriation des espaces urbains à travers
des paysages culturels et des moyens d’actions et d’aménagements que sont les constructions
de l’éphémère ou les grands parcs paysagers.
On saisit que les dotations en parc de foire et d’infrastructures de transport et de
logement associés à des parcs industriels des nouvelles technologie de la communication et de
l’information (T.I.C.) sont une récurrentes, nous l’envisagerons dans notre deuxième partie ces opérations sont intimement liées à l’urbanisation des villes occidentales et actuellement
asiatiques à travers les méga-événements pour fournir des infrastructures nécessaire et réduire
l’espace-temps - dans la gestion parfois chaotique, hasardeuse, géopolitique ou tendant vers le
développement durable - des villes hôtes.
À ce titre, la géographie « a pour objet la connaissance de cette œuvre humaine qu’est
la production et l’organisation de l’espace » (Brunet, Ferras, Thery, 1992 : 233-235), cette
science de l’humain ou « science des phénomènes de société » et de l’espace prend en compte
une observation, étude, réalisation-superposition de carte, enquête de terrain, recueil de corpus
documentaire et de prise de conscience de système et processus d’édification de la ville – pour
notre cas – sur un espace donné avec des échelles différentes pour appréhender l’insertion et
l’action de phénomènes humains et des acteurs du territoire. Les parcs des Expositions
internationales et les infrastructures environnantes se portent – parfaitement, serait-on tenté de
dire – à une analyse fine des processus de la mondialisation et des dynamiques spatiales
imposées ou supposées l’être par les acteurs majeurs de ces manifestations géantes. Un
paysage entre éphémère et durable est créé.
Il faut bien prendre en compte les différenciations culturelles qui impliquent des
formes différentes des parcs d’Exposition internationale. Il faut comprendre aussi leurs
caractéristiques, les relations internes et externes, impliquant des structures particulières des
parcs et la capacité des acteurs à construire des cathédrales du progrès parfois en adéquation
ou en complet décalage avec les aspirations des populations locales.
Dans leur organisation réside l’intelligence de l’espace, avec des stratèges
urbaniste-architectes-aménageurs, des marchands-clients-entrepreneurs-grand groupes de
construction, des promoteurs, des promeneurs, familles, groupes de touriste de plus en plus
nombreux. L’identification des acteurs individuels, institutionnels, associatifs, privés, publics
est une obligation pour comprendre les phénomènes spatiaux. Ils structurent l’espace et
surtout implique un « univers de représentations » (Bailly, 1985,1990), fort complexe, mais ô
combien nécessaire à la féerie, souvenir, mémoire, persistance et héritage de ces mégaévénements.
L’enjeu est de comprendre et de proposer des typologies, des classements
concernant les représentations sociales : on s’approprie, exploite, parcourt, gère et aménage
son milieu, pour enfin l’habiter éphémèrement ou durablement dans le cadre de ces
Expositions. Il s’agit d’un espace avec des lieux, des ressources qui forment un territoire,
«transformé selon leur propre projet et leurs moyens », tout en prenant en compte - pour nous
- les paradigmes naturalistes, géopolitiques, écologiques et technologiques.
De plus, le dépaysement est au rendez-vous avec des espaces ruraux, champêtres et
terres lointaines présentés et mis en scène et en récit à l’intérieur de la ville ; les frontières et
les échelles sont à la fois : mélangées, associées et reproduites très souvent en carton-pâte,
mais imposant une réflexion sur un urbanisme de la fête et l’agencement des parcs de foireexposition à cet effet.
On associe à notre thème d’étude celui du voyage, de l’exotisme et du folklore,
«les sociétés continuent à produire de l’espace, et il se trouve qu’elles ont de plus en plus
conscience, ainsi que leurs besoins de gestion et de ce que l’espace est un instrument de
développement, de pouvoir et de plaisir aussi » (Brunet, Ferras, Thery, 1992). Les
Expositions internationales parlent du voyage, font voyager à l’intérieur et à extérieur de
l’enceinte et impose toute une scénographie à cet effet. Les sociétés produisent de plus en plus
des espaces pour le plaisir, hédoniste, parcs récréatifs, exotisme, à des fins d’étendre les
possibles de la vie humaine dans le cadre de la société du spectacle, des écrans et de la
marchandisation des lieux, mais à travers une artificialisation des espaces et parfois la
création de grands parcs paysagers renvoyant à une nature urbaine, nature sauvage présentées
parfois comme un élément d’équilibre, écologique ou pacificateur, des parcs d’exposition.
63
Il reste qu’une dimension importante se profile dans la capacité à desceller les
réseaux et les échelles d’intervention et de distribution de ces parcs d’Exposition que l’on ne
peut concevoir uniquement par l’enceinte close, mais aussi toutes ces dépendances à
l’extérieur et sa capacité à agréger des aménagements et la création d’infrastructure de
transport, culturel et d’hébergement notamment, ceci à partir de phénomènes endogènes et
exogènes.
Nous disposons donc d’une grille d’analyse qui doit nous permettre de comprendre
ces paysages culturels (Claval, 1984), les parcs sont-ils des émanations du processus de la
mondialisation en offrant des paysages standardisés ? Entre homogénéité, unité et diversité,
ces paysages sont une reconstruction intellectuelle, entre un exemple ou une vision globale et
géographique d’un pays, de nations et de réseaux-échelles de distribution, mais paradoxe des
artifices représentant un monde - ou bien notre planète - à travers l’extraordinaire et une vie
urbaine reposant sur les loisirs, la fête et l’exceptionnel de l’éphémère. Entre spécificité et
généralisation, des figures imposées ou des architectures locales et internationales viennent
normalement étayer nos futures généralisations ou pas.
En fait, le paysage des Expositions internationales est comme une empreinte, un
élément de résonnance, ce paysage hybride est comme une matrice culturelle (Berque, 1984,
1990) que nous nous devons d’entrevoir et d’analyser à des fins de mise en place de typologie
et de dynamiques internes et externes à ce phénomène urbain qui dans des bien points
interroge la ville, son tourisme et les conséquences sur la toute la société dans un dialogue
durable périssable (Cazes, 1994 : 2—30 ; Hall, 1992 ; Claval, 1999)
En prenant en compte les manières d’aménager, d’exploiter, d’habiter, de se
transporter à l’intérieur et extérieur de l’enceinte et surtout de se distraire, les acteurs des
Expositions créent un quartier de grande métropole mondiale et modifient profondément les
paysages de celle-ci à travers leurs idéologies et système de représentation. Le fond culturel
de chaque nation-ville hôte voit aussi une association de fait avec les effets de la
mondialisation et des capacités des acteurs à introduire ou incorporer des éléments étrangers
(globaux) et les normes du B.I.E. dans leurs actions urbanistiques. Entre identités, anciennes
et nouvelles normes de construction et de fabrication des éléments d’architecture, de voiries et
des jardins, on identifie des processus de transmission des connaissances et de
conditionnement des réseaux et des échelles, mais aussi des hiérarchisations, dispositions,
agencements et processus géographiques prenant en compte l’attente d’une Exposition et sa
résonnance dans le pays (Brito Henriques, 1998 : 17-38)
Cette production spatiale extraordinaire, ne peut se comprendre sans prendre en compte
un questionnement d’ordre géographique sur les sociétés urbaines s’imposant à travers onze
dimensions.
64
1°/ Unité et diversité : Unité de temps et d’espace qui fait du territoire de l’Exposition une
sorte de village planétaire in situ, un local et global qui se répondent dans une tentative
d’harmonie dans le cadre d’une utopie contrariée.
2°/ Système de représentation : Des univers, des mondes exotiques, des zoos, des peuplades
sont présentés dans un cadre urbain et souvent de pastiche ou de présentation officielle d’une
architecture nationale, les paysages culturels sont en plus mélangés, associées et de nos jours
de plus en plus hybrides et illisibles pour la plupart.
3°/ Identité, altérité, différenciation – homogénéisation : entre standardisation des modes de
constructions, d’alimentation et de comportement sociaux, (billet-tickets-visite culturelle), les
identités ou la construction identitaire d’une nation se retrouvent, un passage obligé comme le
méga-événement devient obligatoire à des pays comme l’Allemagne et le Japon après la
Seconde Guerre mondiale.
4°/ Hybridation, acculturation, valorisation d’une production nationale : Il reste les modes de
construction, de publicité de l’événement extraordinaire et sa capacité à proposer des
thématiques à la fois répondant à un besoin local et global sans faire état d’une acculturation
poussée par l’économie marchande sur le site et tout autour. Entre valorisation du terroir, du
patrimoine et de l’innovation, il faut trouver un juste milieu de la part des acteurs de
l’Exposition.
5°/ Continuité, discontinuité : Comme toute production spatiale, des continuité et
discontinuité sont présente impliquant un décryptage de ce paysage culturel et matériel fait
d’infrastructure, de barrière et de limite étatique, commerciale et diplomatique.
6°/ Agencement, utopie, aménagement de l’espace : L’aménagement du site prend en compte
une dimension utopique, une disposition des pavillons, des infrastructures annexes parfois
importantes à l’extérieure du parc.
7°/ Entre marchandisation de l’espace et principe humaniste: Il reste un enclos de
l’Exposition, avec des thématiques universelles tendant vers le développement durable, mais
aussi tout un financement de l’Exposition et sa promotion par l’intermédiaire de groupe
financiers et d’industries majeures, se côtoient à la fois une promotion, marketing urbain et
entrepreneurial, une éloge des collectivité locales de chaque pays et des Office de Tourisme,
mais aussi une capacité à réunir une multitude de nation pour un but commun humaniste et
universel.
8°/ Acteurs : Le rôle des acteurs dans cette production spatial semble essentiel, mais à mettre
en parallèle avec les initiateurs de ces Expositions et leurs capacités à mettre en avant un
projet regroupant les forces vives d’un pays et d’une ville, tout en prenant en compte de plus
en plus souvent (et même dés leurs origines) les groupes de pression contre ces projets de
fêtes géantes et les perturbations inhérentes à de telles méga-événements.
65
9°/ Degré de naturalité / artificialisation / de durabilité?
Il reste alors à se demander
comment ces nouveaux quartiers, nouveaux parcs paysagers le plus généralement, nouveaux
centre d’industrie innovante actuellement et parfois des centres de loisirs s’intègrent dans leur
environnement et réponde à un milieu – une mésologie – de persistance, d’action et de
représentation d’un groupe social identifié ou magnifié.
10°/ Technologie (TIC) et forme urbaine : On rappelle que ces événements extraordinaires
offrent une dialectique entre la capacité à « offrir » ou à « apporter », l’innovation dans une
grande métropole, tout en proposant une identité ou un folklore national dans sa
représentation à l’étranger. De nos jours, les quartiers industriels des nouvelles technologies
de type Tsukuba au Japon ou Cartuja à Séville sont proposés pour une évaluation parfois
difficile à cerner. Les formes urbaines créées doivent aussi se comprendre à travers l’histoire,
la géographie, les risques environnementaux et la capacité des hommes à proposer des
adductions en eau, électricité et transports pour les zones d’Exposition.
11°/ Tourisme et œkoumène (touristification) : Folklores, exotisme et naissance d’un tourisme
urbain de grands événements de loisirs et surtout d’affaires sont au rendez-vous. Des
symboles urbains, des gestes urbains à travers des bâtiments grandioses et extraordinaires
pour les époques d’édification sont présents, il faut alors les intégrer dans des circuits
touristiques et les mettre en avant une inutilité qui devient sa force première comme pour la
Tour Eiffel avant de devenir un symbole national et lieu de loisirs et de radio télédiffusion. Le
facteur touristique est à prendre en compte, la mise en scène, mise en récit de la métropole
impliquent une redéfinition de l’image de la ville à l’échelle nationale et internationale
(Ashworth, Tunbridge, 1990 ; Cazes, Potier, 1996). L’œkoumène touristique se « résumeconcrétise-unifie » dans le parc d’exposition et de pavillons nationaux fin du XIXe siècle et
s’étendant à travers la découverte des imaginaires nationaux par les visiteurs et touristes.
À ce titre, les grandes agglomérations occidentales sont le lieu privilégié de ces
manifestations géantes avec une concurrence de plus en plus fortes des pays émergents.
Il est impératif de s’interroger sur les facteurs d’attractivité et la mise en concurrence, plus
anciennes que l’on ne croit (Ashworth, Voogd, 1990 ; Koltern Haider, Tein, 1993 ; Ward,
1998) des grandes métropoles, mais avec de nouveaux instruments de marketing et de
communication qui impliquent une démultiplication des images de la ville (Jarreau, 1998,
Paddison, 1993, Noisette, Vallerugo, 1996) et de ces capacités à être de plus en plus culturel,
touristique et de moins en moins industrielle. Nous pouvons identifier une sorte
d'instrumentalisation au service des acteurs politiques pour montrer une attractivité de la
métropole renouvelées (Gravari-Barbas, 1999 : 46-58 ; Hughes 1999 : 119-135) notamment
pour Barcelone dans les prochaines lignes.
66
D’ailleurs, les capitales européennes de la culture peuvent être un moyen de
concevoir et d’affirmer nos propos avec souvent et surtout une médiatisation du patrimoine
relevant de stratégies de valorisation par les arts et de la culture (Zukin, 1995). À travers cette
création culturelle, architecturale et l’innovation dans les parcs d’Exposition, on ne peut que
mettre en avant un développement urbain et des dynamiques économiques et surtout des
impacts à identifier et à mettre en résonnance sur l’utilité, futilité, objectivité de telles
manifestations géantes. Des impacts financiers, des dettes municipales, une propagande ou
campagne médiatique, touristique, culturel sont présents. Il ne faut toutefois pas oublier que
pour ces expositions internationales, celle-ci s’inscrivent dans des mouvements plus vastes de
redéfinition de la ville événementielle, festive et culturelle dans le cadre d’expérimentation
urbanistiques et d’aménagement de nouveaux espaces publics remarquables et de qualités
pour certaines Expositions en prenant en compte aussi le modèle américain et ses évolutions
(Gravari-Barbas,1998 261-278).
Ne nous trompons pas, avec les Expositions universelles et internationales, nous
disposons d’un objet de recherche élitiste dans le sens qu’il s’agit de la fête mondiale la plus
connue, courue et aux répercutions les plus intenses bien des années après (Eyssatel,
Rochette, 1992 ; Rydell, 2000). Les thématiques de l’image et du rayonnement de la ville
restent des questions centrales qui nécessitent en même temps le développement et
l’adaptation à la mondialisation des sociétés, des territoires et des infrastructures touchées par
l’événement. En fait se répondent des mouvements de légitimité de l’organisation d’une
Exposition internationale mais aussi des mouvements de cohésion sociale reposant sur les
caractéristiques propres d’un territoire urbain avec des flux et des actions à la fois endogènes
et exogènes pour sa capacité à se projeter à l’international (Roche, 1992 : 563-600). Être
légitime, se savoir légitime et porter la légitimité : tel est l’argumentaire d’une Exposition
universelle.
Dans le même temps, l'analyse historique nous montre que notre époque se définit
plutôt par une perte de la pratique de festivité populaire en relation avec la perte de repères
religieux en Europe notamment. La fête contemporaine est bien souvent une manifestation ou
un événement en lien avec la marchandisation des produits culturels et du patrimoine, sans
parler de ville festive mondiale comme Las Vegas en constante évolution (Gravari-Barbas,
2001 : 169-165). De la célébration d’un ordre, elle se structure surtout autour de la
constitution de communautés éphémères, à la fois locales et prises dans les logiques de la
globalisation. Festif, ludique, en rupture avec les dimensions rituelles et symboliques qui
pouvaient caractériser la fête traditionnelle (Auguet, 1974) ou les Floralies à Barcelone. On
pense la fête ou l’événementiel, non plus pour la fête mais pour la ville, son image et sa
capacité à s’inscrire durablement dans un agenda culturel (Gravari-Barbas 1999) dans des
67
registres sociaux, économiques, politiques et spatiaux (urbanistique/espace public). Bref, une
ville de plus en plus « immatérielle » ; des formes de compétitions économiques qui se
déclinent du local au global ; une tension entre formes de repli communautaire et diversité
culturelle (Gravari-Barbas, 1998 : 175-193).
Il reste aussi la question de la recherche d’une unité et cohésion sociale à travers le
méga-événement qui parfois n’est qu’une énième politique de propagande et de sentiment
national difficile à cerner même à partir de la presse grand public. On recherche l’unité, dans
la diversité des formes et des sociétés de l’Exposition, tout en proposant une prise en compte
de ce paradoxe comme identité première de cette fête géante : la diversité implique-t-elle une
forme de cohésion sociale ou des affrontements insoupçonnés au plan sociétal, architectural et
médiathèque ? Ainsi, nous sommes circonspects dans le fait de savoir si ces événements
imposent et disposent des moyens et des attributs pour renouveler le sentiment national, le
phénomène rassembleur ; nous préférons nous attarder sur les conséquences urbanistiques et
d’aménagement d’espace public remarquable, sans toutefois omettre le premier élément
énoncée. Il est vrai qu’à travers l’image d’une métropole renouvelée au plan touristique
notamment, se « glisse » des dispositifs inconnus ou supposés non réalisables-attendus
comme les conflits d’intérêts, d’usage des espaces, de conception du parc d’Exposition et de
perception et représentations d’un événement extra-ordinaire à travers une nouvelle gestion de
l’ère de l’information (Hubbard, 1996 ; Mc Philimy, 1995).
À travers nos premiers propos, on constate un ordonnancement de la cité prenant en
compte celui de la compétitivité économique et touristique ; les Expositions universelles et
internationales deviennent des objets de la mise en marché des grandes métropoles par des
paysages symboliques et médiatiques de première importance où souvent les acteurs locaux se
perdant parfois dans leurs désires, vocabulaires et contre-sens de l’intérêt de la ville (Harvey,
1989). On rapprochera cette pratique extraordinaire de l’Exposition à la démultiplication des
fêtes et festivals dans toutes les villes moyennes voulant remettre au goût du jour des
manifestations anciennes ou les inventer au profit d’un soi-disant multiculturalisme
impliquant une « prolifération événementielle » (Cazes, 2002). Cette ville événementielle et
festive existe bien et se propose avec les mêmes problématiques dans le cadre national d’une
Exposition ayant des répercussions à l’international, avec des héritages urbains forts
complexes comme nous allons le voir avec Barcelone dans le cadre de l’action d’assumer un
projet urbain dit durable maintenant comme pour le futur Forum des cultures de 2004 dans le
nouveau quartier Diagonal Mar et un système de réemploi des infrastructures construites pour
l’Exposition internationale devenant enjeu des polémiques et de problématiques de plus en
plus controversée et complexes avec une nouvelle image du port (Naud, 1992 : 97-102 ;
Rodriguès Malta, 1999 : 397-419) et la naissance d’un tourisme national et international de
68
qualité et de flux plus ou moins durable (Cazes, Potier, 1998 ; Judd, Fainstein, 1999). Des
paysages du pouvoir, d’un pouvoir, et une pratique de la carte marketing des grandes
métropoles sont présents (Zukin, 1991, 1992) pour des villes qui semblent de plus en plus
standardisées.
69
1.
Naissance d’un
tourisme urbain
pour aboutir à
une
touristification
exacerbée de
certains espaces
public
symbolique et
remarquable
issus des
expositions
universelles.
2.
Osaka 1970, la
ville du future.
3.
Osaka 1970,
des imaginaires
- Barbie goes to
Osaka
-Des touristes
d’Expos.
Source : B.I.E.
70
PRODUCTION
SPATIALE
------------------------------1°/ Unité et diversité
2°/ Marchandisation de
l’espace
3°/ Système de
représentation
ESSAI : VISION GÉOGRAPHIQUE D’UNE EXPOSITION INTERNATIONALE
UN MILIEU – UNE AIRE CULTURELLE – UNE CIVILISATION EN
QUÊTE DE CROISSANCE
ÉCONOMIQUE ET CULTURELLE
MONDIALISATION GLOBALISATION
PROCESSUS
ÉCONOMIQUES ET
PRATIQUES DE
LOISIRS.
COMPÉTITION
ENTRE LES VILLES
(SOCIÉTÉ DE L’EXPOSITION)
Échelle mondiale
Prestige, moyen
d’influence, moyen de
communication
4°/ Identité, altérité,
différenciation
5°/ Continuité,
discontinuité
6°/ Acteurs
7°/ Hybridation,
acculturation
8°/ Tourisme et
œkoumène
(touristification)
INSCRIPTION DANS UNE
CITE / VILLE / MÉTROPOLE
/ PÉRIPHÉRIE / PAYSAGE
DE FRICHE / ACTE DE
RÉGÉNÉRATION URBAINE
Échelle nationale
Géopolitique du choix de
la ville, du financement,
retombées
économiques, culturelles.
Échelle
Locale
Parc, fête, quartier en
quête de légitimité,
écoquartiers, infra.
9°/ Agencement, utopie,
aménagement de
l’espace
10°/ Degré de
naturalité /
artificialisation ?
Échelle de
l’individu/corps
Niveau de l’expérience
touristique
Sensorielle.
11°/ Technologie (TIC)
et forme urbaine
VERS L’IDENTIFICATION ET CARACTÉRISATION D’UN PAYSAGE CULTUREL
Conclusion de partie
Vers une méthodologie d’analyse géographique des
Expositions internationales
À partir des éléments proposés, nous pouvons prendre en compte une analyse des
différents paysages urbains (a) proposés par ces Expositions universelles et internationales (b)
pour analyser la formation socio-spatial des forme urbaines (c) tendant vers l’utopie (d) pour
entrevoir à travers le prisme de l’attractivité touristique et de la compétitions entre les villes
(e) les effets de la mondialisation (f) au plan local qui répondent à des impératives provenant
d’une économie de marché s’inscrivant de plus en plus dans une médiatisation de
l’architecture et de l’acte symbolique d’accueillir le monde en son sein (cité). Il convient aussi
de connaître et reconnaître quels sont les impacts (g) de ces manifestations au sens de leur
actions de production spatiale et d’artificialisation d’un territoire ou de mise en paysage d’une
ville (h) pour comprendre au plan urbanistique et des acteurs de la société les différents
éléments endogènes et exogènes qui produisent des espaces de la mondialisation (i).
…
II.
Deuxième partie
De l’utilité des Expositions ?
Quid des stratégies d’aménagement et des
impacts urbains ?
La notion d’héritage urbain et les effets sur la
gouvernance de la ville
73
CHAPITRE I.
LA VILLE ET L’EXPOSITION
Une préfiguration - Une restructuration- Une remémoration
Pour introduire ce chapitre, nous pouvons commencer par la citation d’un titre d’un
article de Jean-Louis Cohen, architecte-historien, actuel Président de l’Institut Français
d’Architecture (I.F.A.), son titre : « La ville et l’expo, une alliance difficile » (1).
Il y fait le point sur le principe de l’utilité architecturale et de la manière d’aborder la
construction de la ville. Pour l’auteur, les Expositions : « ne sont en rien des événements
anecdotiques ». Justement, sur deux sujets qui nous intéressent, à savoir l’urbanisme des
Expositions et l’apport des Expositions dans le domaine des méthodes de construction des
bâtiments et donc le fait de changer la vie des citadins : où en est l’état de la recherche dans
ces domaines ?
Depuis trois ou quatre ans les chercheurs s’interrogent sur l’apport de ces grandes
opérations urbaines. On constate la présence d’un autre axe d’étude avec non plus l’aspect
création, faire-fabriquer la ville et étendre la trame urbaine par les expositions ou les J.O.,
mais aussi le fait qu’il existe aussi un apport sur l’urbanisme et l’architecture à travers les
Expositions par les inventions présentées lors de réunions scientifiques et de la présentation
des pavillons. Les formes de gestion, d’organisation, de consistance des plans marketing et du
suivi-évaluation des grandes opérations sont abordées, ainsi que la création d’une nouvelle
trame urbaine et d’espace public de qualité.
On ne peut nier l’apport de la création et présentation du contre-plaqué lors de
l’Exposition de San Francisco en 1935, ainsi que le développement d’un moyen de
déplacement avec l’ascenseur généralisé et colporté en Europe, grâce à l’Exposition de 1900 à
Paris. Il en va de même avec la fabrication du béton ou de l’ossature en fer (l’alliage) pour la
construction de maison individuelle. Un urbanisme modifié par les parcs d’accueil
d’expositions, plus les inventions présentées lors de ces assises du progrès, tel est l’ensemble
des champs d’investigations possibles. Dernièrement un professeur d’architecture a
commencé à travailler sur cet aspect, Henri Bressler, des écoles d’architecture de Versailles et
Paris-Belleville. L’auteur présente dans son article un bon résumé de sa problématique
d’étude.
1.
COHEN Jean-Louis, « La ville et l’expo, une alliance difficile », dans Florence Pinot de Villechenon, Les
fêtes géantes pour quoi faire ?, Paris, Autrement, 2000, p. 13-17
74
Dernier travail à notre disposition : un essai de Patrick Kamoun du point de vue de
l’habitat social et de sa création et évolution liées aux Expositions. Si Patrick Kamoun,
conseiller à l’Union Nationale des HLM, a publié depuis, un ouvrage « V’là le cochon qui
déménage ». Celui-ci ne traite pratiquement pas de ses recherches parues dans l’article de la
revue Diagonal. Le livre traite de Georges Cochon, un personnage atypique, une sorte de
Pierre Poujade de la lutte pour le respect des conditions de vie des ouvriers. Au vu de l’article
paru dans Diagonal en 1999 et des documents, une prochaine publication sur ce thème : le
logement social et habitation modèle, est certainement en cours d’élaboration. Sur la question
sociale et du logement, de bons travaux ont été publiés récemment, permettant d’éclairer la
recherche sur ce point (cf. bibliographie). Du Musée Social en passant par les travaux sur Le
Corbusier ou cités jardins en France et en Angleterre, nombre d’ouvrages sont disponibles.
Dans l’ensemble, le regret que l’on peut émettre est le manque d’ouvrages relatant des
effets sur l’urbanisme pour les villes d’accueil et leur solution. On doit constater
l’éparpillement des informations nous permettant de mieux cerner notre problématique, à
savoir : les Expositions ont-elles un effet durable ou éphémère dans l’aménagement de la
trame urbaine des villes-hôtes ? Un des exemples emblématiques réside dans la lecture des
mémoires du Baron Haussmann récemment republiées. Celui-ci pense l’avant et l’après
Exposition, tout en essayant d’anticiper ou de réutiliser certains de ces ouvrages d’art : « Au
sommet de l’autre partie, près de la mire de l’Observatoire de Paris, on voit le Bardo,
reproduction du Palais du Bey de Tunis, que la ville acheta, moyennant 150.000 francs, à
l’Exposition Universelle de 1867. Par des installations intérieures qui, motivant une dépense
complémentaire de 35.000 francs, il faut transformer en Observatoire spécial de
météorologie pour l’étude de l’atmosphère au double point de vue de la science de ces
applications à l’hygiène publique, tant à l’agriculture »(2), mais aussi au sujet de la
construction de la rue de Rapp : « Une avenue –Rapp- allant du même point à l’extrémité de
la rue Saint-Dominique, c’est-à-dire à l’entrée centrale du Champ de Mars – voie très utile
en cas d’Exposition Universelle »(3). La lecture des mémoires du Baron est significative de la
volonté du Préfet à utiliser les Expositions Universelles parisiennes comme échéancier ou
faire valoir publicitaire de ces travaux (4). Sur la problématique du réemploi et de l’utilité des
Expositions du point de vue urbanistique, il faut faire preuve de patience dans la recherche
d’articles ou de brèves provenant d’architectes urbanistes ou politiques.
2.
3.
4.
Le Baron Haussmann, Mémoires, Edition établie par F. Choay, Éditions du Seuil, Paris, 2000, p. 933
Idem note d° ci-dessus, p. 839
Sur cette période, se référer aux deux articles de : MARTAYAN Elsa, « L’éphémère dans la ville : Paris et
les Expositions Universelles », Revue de l’Economie Sociale, 1990, p. 39-49 ; « Les rapports entre l’État et
la ville de Paris au début de la IIIème République, les emplacements des E.U. », Revue de l’Économie
Sociale 1988, p. 55-59
75
Ceux-ci nous permettent d’entrevoir et de comprendre un peu mieux la perception de
ces méga-événements. Dans un article de « L’architecture d’aujourd’hui » du mois d’août
1937, nous avons des renseignements plus particulièrement sur la vision critique des
urbanistes de cette Exposition en plein Paris. Celle-ci est jugée chaotique dans son
ordonnancement : « Jacques Greber – si l’Exposition avait été décidée 5 ou 6 ans avant son
ouverture,
j’aurais
certes,
préconisé
un
emplacement
d’extension
urbaine,
plus
particulièrement la création d’un grand parc futur, avec quelques édifices publics
permanents, utiles au développement du grand Paris ; Maurice Barret – une Exposition ne
peut plus être une collection de bâtiments. Tout réside dans le problème de la classification et
d’une idée directrice tyranniquement imposée. Hors cela, point de salut : mais la foire et le
désordre ; Alfred Agache – le plan de composition de l’Expo 1937 reste introuvable. On erre
d’une rive à l’autre, d’un côté et d’autre d’un pont. Il semble que l’on se trouve au milieu
d’une forêt de feu dont quelques détails masquent l’ensemble. C’est évidemment très
impressionnant et même ahurissant comme une tempête ou un grand incendie, mais le plan de
composition reste introuvable. Le seul endroit où l’on peut juger la fête dans son ensemble est
la plate-forme de la Tour Eiffel ; Albert Charensol – la grosse faute que l’on a commise
envers l’urbanisme, à notre sens, ce fut d’installer en plein centre de Paris, une manifestation
de cette importance qui au lieu de servir à l’embellissement et à l’aménagement futur de
notre capitale par ce qui aurait pu subsister d’elle (palais, voies de communication, jardins,
etc.) ne laissera que cendre et poussière. Tandis que si l’on avait choisi ainsi qu’on a
coutume de le faire à l’étranger, un point quelconque de la périphérie non encore aménagé,
l’effort financier que nous accomplissons (et qui n’aurait pas été plus lourd) aurait, au moins,
laissé des traces durables et utiles » (5).
On peut trouver des ouvrages traitant de l’aspect gestion et organisation de grands
projets urbains et grandes opérations comme les J.O. et des Expositions, mais il s’agit souvent
de monographie de ville ou des études spécialisées(6). C’est pour cela, et pour une meilleure
compréhension de la problématique de départ, que j’ai décidé d’élaborer un schéma
chronologique récapitulatif de la longue évolution des Expositions universelles ou
internationales et de leur utilité et impact sur la planification des métropoles et leurs effets sur
la trame urbaine à travers mes lectures de cette année de recherche. Il s’agit d’un essai.
5. « La leçon de l’Expo de 1937 », L’architecture d’aujourd’hui, août 1937, n° 21, p. 6-10
6. EPA Secteur quatre de Marne La Vallée, Parcs récréatifs, expositions universelles, jeux olympiques : la
gestion territoriale des grands aménagements de loisirs, Marne La Vallée, EPA France, 1991, 258 p.
76
TABLEAU - ESSAI : Les Expositions universelles et internationales, entre éphémère et durable.
E : Zone de l’expo
J : Jardin
I : Zone industrielle
T : Zone touristique
La dimension
urbanistique
des
Expositions
VERS
UNE
MISE
EN
APPLICATION
DU
PRINCIPE
DE
RÉEMPLOI
ET DU
DÉVELOPPEMENT
DURABLE :
DE LA
CITE
ÉPHÉMÈRE
À LA
ZONE
D’ACTIVITÉ
CHRONOLOGIE
GRANDES
PÉRIODES
1851 – 1900
TYPE D’EXPLOITATION
Cité éphémère ou
partiellement ré-exploitable
E
D J
Majorité des cas D
1900 – 1940
DE L’UTILITÉ
PÉDAGOGIQUE
ET SCIENTIFIQUE
D’une utilité pédagogique et
scientifique certaine.
D J
Co : infrastructure de congrès
D : Destruction du site
IMPACT SUR
L’URBANISME
Nul ou restreint
Le plus souvent, création d’un
Début de la diffusion des parc jardin d’attractions
savoirs pour les masses
Barcelone 1888
Une
utilité
encore forte.
Cité éphémère ou
partiellement
Ré-exploitable
E
C : Aménagement culturel
P : Parc d’attractions
pédagogique
De moins en moins d’utilité
scientifique
Moyen : quelques zones urbaines
Remodelées par les expositions
Barcelone et Séville 1929
1940 – 1980
Cité
éphémère
ou
ré- Très faible utilité pédagogique De moyenne, à importante.
et scientifique.
exploitation en deux temps
Les exemples de Bruxelles
Très
forte
utilité
commerciale
et Montréal
D P
E
et publicitaire-communication
J C
1980 - 2000
Principe de développement
durable. Création de zone
d’accueil, économique,
culturelle, festive et politique
E
P
J
C
Co
I
T
Utilité pédagogique
et scientifique faible
Moyen de faire la fête, de
célébrer.
Très important.
Dans la trame urbaine.
Pour les infrastructures ou les
méthodes de construction et
de développement durable.
Partenariat public/privé
Exemple : Hanovre 2000
Ne nous trompons pas, dans un certain sens, le B.I.E. a su faire son autocritique sur un
point bien particulier, à savoir : que faire après une Exposition, du site sélectionné et des
bâtiments ? On note sur ce sujet, un changement de point de vue et de philosophie d’approche
sur ce problème épineux. La plaquette publicitaire officielle du B.I.E., en date de l’année
2000, qui suit nous en apprend un peu plus sur la manière dont le Bureau aborde et réfléchit
sur l’urbanisme éphémère qu’il créé. Avant la Seconde Guerre Mondiale, le B.I.E. ne
s’intéressait pratiquement pas sur l’apport de ses Expositions sur l’urbanisme des villes
d’accueil (la notion d’héritage urbain). La grande Exposition de New York de 1939-1940 n’a
strictement rien laissé de sa présence sur un parc encore à l’abandon aujourd’hui. Il faut
attendre Bruxelles et surtout Montréal 1967, pour voir changer la philosophie d’approche et
de réemploi possible des infrastructures construites à l’occasion.
Néanmoins, le B.I.E. a attendu les années quatre-vingt-dix et Séville 1992 pour axer
son discours sur un thème et une pratique de conception de la ville et de ces nouveaux
quartiers depuis passé dans le langage courant : le développement durable. Un bon règlement
est devenu un règlement qui prend en compte la reconversion future des locaux d'Expositions
universelles et internationales. Le B.I.E. s'implique à temps plein avec l’aide et l’ambition des
États-villes organisateurs. Il est écrit dans le document présenté que : « Le B.I.E. remplit un
rôle de conseil, tant pour le budget, que pour le choix du site, le mécénat, l’architecture, les
problèmes douaniers et fiscaux (……) le B.I.E. veille au devenir des Expositions, à
l’utilisation ultérieure des installations et infrastructures (…). L’Exposition 1998 a ainsi
permis à Lisbonne de développer de façon spectaculaire ses équipements, le transport de
télécommunications et d’assainissement. Dans un souci d’utilisation des infrastructures
existantes, l’Exposition de Hanovre, en Allemagne, utilise le site d’une foire existante. La
capitale de Basse-Saxe va ainsi connaître, elle aussi, un nouvel essor économique ». Du
caractère provisoire et destructible des installations (une cité éphémère), on est passé dans les
textes du bureau à une Exposition durable et ré-exploitable (une cité durable). Qu’en est-il
dans les faits ?
Les populations ne sont plus en mesure d’accepter de ne pas être tenue au courant des
candidatures, des budgets alloués et des risques d’endettement à long terme de leur métropole.
L’opinion
publique et les obligations du B.I.E. sont intimement liées : ceci réside dans la
viabilisation du site d’aménagement et leur capacité à rencontrer l’approbation d’une grande
partie de la population parisienne par exemple ou montréalaise, et non pas l’opprobre d’une
foule mécontente de la hausse de ces impôts locaux. La viabilisation du site d’aménagement
reste essentielle dans sa forme et fond à travers surtout la capacité à marketer-commercialiser
un produit à l’échelle locale et mondiale.
Généralement pour des pays comme la France, les déficits sont inhérents à
l’organisation d’une Exposition, mais pour d’autres pays, la capacité de dégager des bénéfices
et de construire des espaces publics et des infrastructures ré exploitables par des opérateurs
privés est aussi une option et une obligation parfois. L’Exposition internationale en tant que
renouvellement urbain induit très souvent un aménagement de nouveaux quartiers par de
nouvelles infrastructures. Prenons le cas de Paris, l’apport des Expositions est considérable,
mais dans l’ensemble la multitude des bâtiments et des ouvrages d’art furent détruits ou
réutilisés pour d’autres constructions. Mais, ils restent des traces.
Pour la France, c’est le ministre du Commerce et de l’Industrie qui assume la
responsabilité politique avec un commissaire général des grands ingénieurs venant aider le
corps politique l’affaire et se partageant les grandes directions avec par exemple Alphand,
l’inventeur des parcs et jardins de Paris qui entre 1867 et 1878 prend une part active aux
Expositions. À partir de 1855, les Expositions universelles parisiennes utilisent des
espaces symboliques nationaux et patrimoniaux. Pourtant, elle laisse peu de trace sur
l’urbanisation des quartiers de bord de scène, mais pérennise, des parcs, des
infrastructures, des musées, des pavillons perdus en périphérie.
L’Exposition de 1855 = Champs-Élysées, avenue Montaigne, Seine. Grand Hôtel du
Louvre, construit par les frères Pereire à l’occasion de l’exposition universelle de 1855,
café, restaurants, parcs.
L’Exposition de 1867 = Champs-de-Mars, Gare de Lyon, d’Orsay, des Invalides. Tout
autour du bâtiment principal des jardins sont visibles conçus par l'ingénieur Jean-Charles
Alphand et le paysagiste Jean-Pierre Barillet-Deschamps, les principes paysagers de
l’école française sont proposés.
L’Exposition de 1878 et celle de 1889 = la colline de Chaillot, Palais du Trocadéro,
construit par Davioud en 1878, Tour Eiffel en 1889, l’esplanade des Invalides et les quais
de Seine. Musée d’ethnographie du Trocadéro inauguré à l’occasion de l’Exposition
universelle de 1878. A cette occasion, le pont d’Iéna est élargi et rehaussé.
L’Exposition de 1900 = la maîtrise du foncier de l’Exposition se développe sur la rive
droite pont Alexandre III, Grand et Petit Palais, cours La Reine, mise en place de la
perspective Champs de Mars vers Trocadéro, la Tour Eiffel comme landmark et le pont
Alexandre III. Les gares et quais de voyageurs construits pour les Expositions entre 1878
et 1900 disparaissent pour l’Exposition de 1937. La gare du Champs de Mars, devenue
gare de marchandises et dépôt de charbon est détruite, mais la création de la gare d’Orsay
est au rendez-vous. Le métropolitain est acté puis réalisé avec les entrées « Art nouveau »
d’Hector Guimard.
79
L’Exposition coloniale de 1931 et celle de 1937 = Vincennes et son musée de Léon
Jaussely, zoo, champs de courses. Musée de l’Homme au Palais de la découverte, la
perspective de la colline du Trocadéro, construction du Palais de Chaillot, Palais de Tokyo
et Palais d’Iéna.
L’urbanisation de ces quartiers ? Haussmann propose d’unir le Gros Caillou à la rive
droite par le pont de l'Alma et les avenues Rapp et Bosquet. Au début du XX ème siècle,
après la cession du Champs-de-Mars par l’État à la ville de Paris, entre 1881 et 1900, les
abords du Champs-de-Mars commencent à être construits en 1907 à travers les avenues
Charles Floquet, Élisée Reclus, Émile Deschanel.
Pour Paris, nous assistons à une organisation quasiment décennale entre 1855 et 1900
sur un espace urbain facilement aménageable. Une cité éphémère, composite et illuminée
s’installait au cœur de la ville historique, façonnant le paysage urbain de la capitale au
profit du tourisme de loisir, culturel et d’affaires. La Gare du Champs-de-Mars avec des
lignes rejoignant la petite ceinture parisienne est aménagée afin de faciliter
l'acheminement des matériaux puis des visiteurs-touristes.
Des Expositions qui se superposent à des plans de restructuration de la trame
urbaine parisienne durant la Révolution Industrielle : il ne faut pas oublier que chaque
Exposition internationale se superpose souvent à des plans et schéma directeur
d’aménagement d’une grande métropole. Pour Paris, par exemple, nous sommes dans le
prolongement des travaux de la Commission des embellissements de Paris ordonné en
1853 sous la direction du comte Siméon pour toute la période du Second Empire et
comme nous avons pu le mentionner, le baron Haussmann, préfet de la Seine de 1853 à
1870 propose d’ouvrir et de penser la ville en fonction aussi de ces méga-événements.
Nous sommes dans un mouvement de conception, de planification et de pensée de l’urbain
plus large que ce que l’on croit : boulevards, avenues, flux des touristes, de marchandises,
parcs, jardins, panorama, œuvre d’art offrent un nouveau paysage urbain.
On le constate, la reconversion des sites d’Exposition consacre l’essentiel des
commentaires pour les observateurs de ces méga-événements : une Exposition réussie est une
Exposition bien reconvertie dans son espace et son utilité des infrastructures. Le cas de Séville
est souvent le plus cité par les responsables du B.I.E., le parc scientifique et technologique est
certes le troisième d’Espagne, mais sans grand renouvellement, les espaces d’eau ludiques
sont un succès, mais les dimensions de l’Exposition et l’abandon de projet restent un handicap
à long terme pour le développement de l’autre partie de la ville sur plus de 214 hectares. Sur
ce point le cas de Montréal et des îles créées sur le fleuve Saint-Laurent pour l’Exposition de
1967 est emblématique de désillusions et de réemploi fastidieux, dispendieux et peu
80
précautionneux. On s’est demandé pendant 20 ans que faire de ce site. La question de
l’héritage urbain reste essentielle.
Il reste la question de la qualité de l’éphémère et de ses attributs comme porteur de
vision, d’imaginaire et de rêverie. L’architecture aide à cet axiome. Un très grand nombre des
bâtiments construits pour les Expositions ont disparus, car il existe un recyclage, un réemploi
concomitant du phénomène même des Expositions.
Que se soit le Palais de l’Industrie de 1855, le Palais Omnibus de 1867, l’ancien Palais
du Trocadéro de 1878, les Palais des Beaux-arts et des Arts Libéraux et la Galerie des
machines de 1889. Tous ses bâtiments construits et imposants sont partis en lambeaux mais
pour la bonne cause, il s’agissait du seul moyen pour respecter les délais de construction
d’une Exposition, de plus la technique du réemploi était bien pratique. Il est souvent
nécessaire de remblayer et d'aplanir les terrains pour les prochains pavillons et desideratas des
ingénieurs, tout en respectant, en partie, le code militaire sur le Champs-de-Mars par exemple.
La colline du Trocadéro est nivelée et donc les terres enlevées servent à composer le parc du
Champs-de-Mars.
Généralement, les structures métalliques des différentes galeries de machines servaient
à la construction de la prochaine galerie, prochain bâtiment, mais aussi et surtout à des
églises, halles, marchés, maisons. Tout un patrimoine se disperse, mais s’entrevoit dans la
mémoire de ces pavillons et Expositions. L’une des figures imposées de ces Expositions
majeures, mais aussi mineures réside dans la vente des pavillons, le réemploi de ceux-ci à
travers le démontage-assemblage parfois sur d’autres continents : l’auteur de ce mémoire de
master 2 recherche s’est vu confronté en Autriche lors d’une visite patrimoniale au pavillon
mauresque acheté et apporté dans le parc de Linderhof par le roi Louis II de Bavière, un
exemple parmi temps d’autres à prendre en compte.
On peut présenter un essai de plan à prendre en compte comportant des temporalités,
d’actions, de représentations et de résultats suivants les types d’Expositions et leurs attributs
éphémères ou pas :
ESSAI
Chapitre 1 :
1851-1900 : Les premiers pas d’une organisation éphémère – Les parcs
floraux et d’attraction
Chapitre 2 :
La prise de conscience des décideurs – Les expositions comme moyen
de faire la ville (dans certains cas uniquement)
Chapitre 3 :
Coordination et création d’équipes ou de structures planificatrices de
qualité (Années 1970-1990)
Chapitre 4 :
Vers un aménagement durable des sites ?
81
ESSAI : de l’utilité des expositions universelles et internationales
LES CHAMPS D’ACTION, DE RÉPERCUSSION, D’INVESTIGATION ET DE PROMOTION
De la rencontre des
Hommes dans la
Ville
UN
TÉMOIGNAGE
Domaine de l’urbanisme
et de l’architecture
Domaine technique,
économique et social
Domaine culturel, scientifique
et politique
Architecture
Technique
Politique
- le machinisme comme moyen de
production agricole et industrielle
- l’automatisation
- l’application de nouvelles sources
d’énergie
- la radio télé diffusion
- le progrès de l’armement et de
l’aviation
Social
- développement du nationalisme
- rapprochement des peuples
- pour la création de SDN, du droit international
et diplomatique « internationalisme »
- envoi d’ambassades ou négociations, rédaction
et conclusion de traités
-Création de syndicat.
- prise en compte du statut de l’ouvrier
. aménagement d’un pays, d’une région, - coordination des syndicalistes
- lutte contre le chômage
d’une ville
. aménagement d’une île, lagune, route, - lutte contre la malnutrition
zone en friche, front de rivière, lac, de -Nouvelle norme d’hygiène
mer, de vallée,
Économie
- création d’infrastructures nouvelles :
. aéroports
- industrie du cinéma
. docks, ports de plaisance, plages
.lignes de chemin de fer, gares, - industrie de la photographie
- développement des échanges et accords
infrastructures, sanitaires
de commerces internationaux
. musées, cinémas
- dépollution de cours d’eau ou zones - premières fuites des « cerveaux»
- vente de produits standards
industrielles
- augmentation des crédits
- création de courants artistiques
- création de revues scientifiques
- labellisation et officialisation de découvertes
- création d’écoles (Beaux-arts, jardinage,
horticulture, …)
- coordination internationale d’équipes
- essais de production expérimentale
- création de normes de mesures et poids
internationaux
- création et développement de colloques
- développement de concours internationaux
- création de brevets de propriété industrielle et
artistique
- découverte d’une géographie, cartographie et
photographie du monde.
-Développement de la photographie panoramique.
- Nouvelles technique de construction,
d’éclairage, d’alimentation en eau et en
énergie
- Une architecture pour tous, sociale
- Un droit au logement décent
Urbanisme
- création de tissus urbains
UNE
ANTICIPATION aménagement du territoire :
UNE
APPLICATION
Culturel et scientifique
et
D’ailleurs, lorsqu’on se penche sur les effets à court et long terme des Expositions sur
les lieux de leur réalisation, on oublie trop souvent l’impact sur les hommes et leur manière de
créer chez certaines personnes, le sentiment de faire mieux dans le domaine de l’invitation des
techniques, du tourisme et de la fête.
Pendant mes recherches, je me suis aperçu qu’il existait un lien évident entre les
Expositions universelles et internationales et les parcs d’attractions et de jeux. Moins on
apprenait aux Expositions, plus on demandait des fêtes foraines ou grands manèges. La
grande roue, qui, en l’an 2000, siège face à l’obélisque place de la Concorde à Paris, descend
historiquement et directement des Expositions universelles américaines. La Ferris Wheel, du
nom de son inventeur Georges Ferris, fut créée pour l’Exposition colombienne de Chicago en
1893. Son but : distraire les visiteurs. On doit cette invention à G. Ferris, un constructeur de
ponts à Pittsburgh en Pennsylvanie, ville de l’acier. Malgré son caractère éphémère, la grande
roue va devenir un classique des Expositions. Toute une série de manèges, de nos jours,
proviennent des inventeurs à qui des gouverneurs locaux, lors d’Expositions, avaient donné
comme mission de distraire les visiteurs (téléphérique, montagnes russes, cascades d’eau,
carrousels, sauts à l’élastique et parachute). Les Expositions finies, les parcs d’attractions
restaient parfois sur place comme à New York en 1964. Il existe d’ailleurs des similitudes
importantes et troublantes entre les parcs d’attractions de Disneyland Anaheim L.A. et
Disneyland Paris et les infrastructures de transport lors des Expositions universelles
parisiennes et américaines. Tourisme, flux des visiteurs, infrastructures, monde imaginaires
ou reproduction d’architectures locales sont intimement liés. Il me semble intéressant de
montrer en quoi les Expositions universelles ont influencé un homme comme Walter Elias
Disney dans la création de ses Disneyland (ceci en guise d’exemple). Walter Elias Disney
(1901-1966) a vécu une enfance heureuse et surtout très instructive. Avec sa famille et son
père, il se déplaça aux États-Unis, en réalisant plusieurs fois le « cost to cost », côté Est vers
côté Ouest. Son père éprouva très tôt le besoin de se déplacer à la fois pour des raisons
personnelles et professionnelles. Après des études peu convaincantes, mais surtout avec sa
réussite dans les dessins animés et les longs métrages au cinéma (Blanche Neige et les sept
nains : 1937), la guerre finie, W. Disney parcourut le monde pour forger son imagination afin
de réaliser un vieux rêve, un parc d’attractions ultramoderne avec ses héros récurrents (Parc
Tivoli et ses codes couleurs, zone à thème…). Pour lui, on ne peut adresser que critique et
déconvenue face aux parcs d’attractions et fêtes foraines de l’époque. Ne trouve grâce à ses
yeux, que les World’s fair américaines et le système ingénieux des monorails pour le
déplacement des visiteurs. Après avoir acheté un terrain de 73 hectares dans la région de Los
Angeles, dans une bourgade du nom d’Anaheim, Disney et ses « imagineers », ingénieurs,
architectes, urbanistes et artistes, se lancèrent dans la conception d’un royaume enchanté. Le
14 juillet 1956 est inauguré le Disneyland Anaheim. Un constat s’impose à travers de
troublantes similitudes entre le World’s fair de l’époque et le parc. Si l’on compare les plans
d’aménagement des parcs des Expositions universelles de New York ou de Paris avec leur
tram circulaire cernant l’expo, comme en 1931 à Paris (plan Lyautey pour expo coloniale avec
son tram circulaire) et celui de Disneyland, on voit bien d’où vient l’inspiration. De plus, là
où la remarque devient intéressante, c’est au niveau des liens qui unissent le groupe Disney et
les organisateurs de World’s fair américaines, comme en 1968 à New York. Pour l’expo 1968,
le groupe Disney se voit confier la tâche de réaliser des automates pour une Exposition : « it’s
a small world » (visible en France à Disneyland Paris). On réfléchit même sur les moyens de
transport futurs des Expositions. Le dernier point est le concept de W. Disney lui-même pour
son futur par en Floride : EPCOT « Un prototype expérimental de la communauté de
demain ? ». C’est à l’heure actuelle la seule « World’s fair » en perpétuelle action
représentant des quartiers du monde – devenu depuis un peu désuet. Dans les premiers temps
du projet, l’ensemble de ce qui faisait et fait une Exposition pour le B.I.E., devrait être réalisé
en grandeur nature. Une communauté d’habitants devait vivre au milieu d’une zone d’accueil
des dernières réalisations scientifiques dans le domaine industriel, économique et NTIC. Une
véritable ville devrait naître, bénéficiant des dernières innovations techniques dans le
transport et l’habitation. 20.000 personnes étaient concernées. Mais à la mort de Walt, Roy
Disney son frère, aménagea le complexe pour le changer de ville en parc d’attractions
pédagogiques et scientifiques sur les progrès de la science. Au vu du contenu du parc EPCOT
qui change à peu près tous les 10 ans, on s’aperçoit de nombreuses similitudes avec les
Expositions universelles. Il existe même des pavillons de pays, afin de découvrir la culture de
chaque nation, avec des pavillons français, marocain, mexicain … Une étude plus poussée
mériterait d’être menée sur ce sujet. Walt Disney groupe et les origines des parcs Disneyland,
ainsi que l’histoire des aménagements et planificateurs de chez Disney à Los Angeles ou en
Floride, voire en Europe, leur politique planificatrice et leurs influences (7).
Pour conclure sur ce premier chapitre, on s’aperçoit qu’il existe un nombre important
de travaux à mener sur ces Expositions et leur utilité planificatrice et créatrice de trame
urbaine. Mais une Exposition ne doit pas se résumer au seul fait d’intervenir sur l’espace. Elle
devient par son objet universel, une sorte de réceptacle du génie de l’homme dans bon nombre
de domaines. Par de telles manifestations géantes, l’homme désire montrer et démontrer à ses
contemporains, d’autres talents créatifs ou industriels. La ville et sa cité éphémère devient
alors un support publicitaire, de multiples représentations et touristiques.
1.
LANQUAR Robert, l’Empire Disney, Paris, PUF, 1992, p. 23-24
FLOUER Joe, Disney les managers du rêve, Boulogne, Maxima, 1992, p. 20-29
84
Documents et analyses
- « Le legs des Expositions Internationales »
« Colloque
du
B.I.E. ;
le
legs
des
Source :
Expositions
Internationales in Bulletin du BIE, 1998, pp. 2-32.
- « Les jeux Olympiques et la ville de Paris » Paris 2008
olympiques : Source : Collectif, Paris 2008 Olympique,
Paris, Edition le Moniteur 2001, pp. 3-7, pp. 13-45, pp.
20-27.
- L’expérience Disneyland Anaheim – World’s fair –
EPCOT Floride.
-LE TRAIN DECAUVILLE CIRCULAIRE À L’EXPO 1900 DE PARIS
Source : Historiama, hachette collection.
-LE TRAIN CIRCULAIRE DE DISNEYLAND RAIL ROAD À
ANAHEIM L.A. Source : Disneyland.com
-REPRÉSENTATION DU DISNEYLAND PARK AVEC LE MONORAIL
VUE DU MONORAIL ACTUEL DATANT DE 1956
Source : www.disneyland.com
-PLAN DE DISNEYLAND ANAHEIM LOS ANGELES ANNÉE 2002
-DISNEY TOWN ET L’EMBARCADÈRE DE DÉPART POUR LE PARC
Source : Disneyland.com
ET
PARIS, L’EXPOSITION UNIVERSELLE DE 1889, Vignette de
présentation, Numéro spécial de l’Illustration 1889, Aquarelle de Dagli
Orti, Musée Carnavalet.
85
CHAPITRE II
LES IMAGES DES EXPOSITIONS
UNIVERSELLES
Une démonstration - Une représentation - Une
exaltation
En 3000 avant J-C, les Sumériens construisent le premier temple en hauteur, dédié à
leurs Dieux du Soleil et de la Lune, à Ur. La première ziggourat de l’humanité rayonne
comme l’édifice le plus imposant des premiers temps de l’histoire. Mais déjà, une compétition
s’instaure avec en –2000 avant J-C, Babylone, la cité assyrienne, puis akkadienne où l’on
décide de construire un temple encore plus haut et plus beau pour adorer son Dieu et sa
Déesse mère. Le palais du roi et son édifice religieux devient un nouveau point de repère dans
la région proche orientale. A ce moment de notre civilisation naissante, les Hébreux
s’installent à long terme au pays de Canaan pour y adorer à leur tour leur Dieu Yhwh. Au vu
des visions des temples égyptiens, phéniciens et babyloniens, le nouvel état vient réaliser à
son tour une construction digne et représentative de sa ville et de son Dieu. C’est alors la
construction du premier temple de Salomon. Les douze tribus d’Israël se donnent une ville
comme capitale, et un symbole comme réussite : Jérusalem et son Temple.
En d’autres temps et d’autres comparaisons, ne pouvons-nous pas comparer l’ancienne
classe sacerdotale du temple et la classe politique de la IIIème république française, voulant
tout à tour construire un temple, des remparts, une ville, soit une utopie urbaine avec comme
symbole nouveau au XIXe siècle la Tour Eiffel et sa structure métallique. On associe alors une
civilisation, une puissance, une image et des réalisations prestigieuses.
Nombre d’historiens des périodes antiques, médiévales, modernes et contemporaines
ont bien analysé les anciennes compétitions des cités-états ou monarchies. La création de
palais majestueux ou la fabrication d’une image attrayante ou commerçante d’une ville, on
trouve fréquemment les mêmes adjectifs et comparaisons pour vendre ou développer sa ville.
Mais à partir de 1851, va s’articuler une autre forme de compétition sous jacente ou officielle
par l’intermédiaire des Expositions universelles ou internationales.
Ce chapitre va permettre de faire le point bibliographique sur la question, et de
rappeler brièvement (car le sujet a bien été traité), les problématiques soulevées. A partir de
mes lectures, trois points sont à retenir :
86
-
Une démonstration : des hommes ont toujours voulu prouver leur capacité à organiser de
tels événements, ceci en rassemblant les forces vives de leur nation ou ville. De leur
réussite découle une légitimité renforcée.
-
Une représentation : avoir bien en tête l’aspect publicitaire de la chose, c’est la
promotion d’une stratégie bien recherchée et pensée par l’intermédiaire de symboles
urbains, tout en oubliant l’aspect politique et touristique de l’organisation.
-
Une exaltation : face à de telles réalisations de cités éphémères, comment les artistes et
intellectuels pensent la ville et imaginent la ville, vu le gigantisme et l’émerveillement et
l’extraordinaire face aux Expositions.
Une démonstration
« Mais, une Exposition universelle, c’était une occasion pour les nations et les
organisateurs de faire mieux que le voisin. De présenter une vitrine plus aguichante que celle
de son allié ou de son adversaire passé ou futur » (1).
Sur la partie démonstration et compétition entre les nations, les ouvrages et références
ne manquent pas. Deux thèses en cours planchent sur les images des nations comme les ÉtatsUnis et la Roumanie lors d’Expositions. Comme j’ai pu l’exprimer, nombre d’articles ou de
travaux ont traité ce thème. Des compétitions entre les pavillons du IIIème Reich et l’URSS et
les pavillons des États-Unis et de l’URSS ou bien plus lointain, ceux de l’Angleterre, la
France et l’Allemagne, on trouve un nombre d’informations non négligeables dans des
ouvrages d’art, de politiques internationales ou d’architecture. Albert Speer et son pavillon
allemand en 1937 à Paris est un exemple parmi tant d’autres. De plus, de nos jours, les
conflits entre pavillons s’estompent pour faire place aux critiques des contribuables envers les
architectes, ceux-ci ne retrouvant pas leur compte dans des architectures de moins en moins
spectaculaires et souvent de plus en plus rentables et réutilisables.
En fait, la tendance que l’on peut dégager, est le fait que l’on recherche beaucoup plus
en organisant une Exposition au XIXe siècle - voire parfois de nos jours - une reconnaissance
des autres pays, la célébrité, grâce à des monuments phares comme la Tour Eiffel ou
l’Atomium à Bruxelles.
Mais il s’agit aussi d’un rite de passage montrant la capacité à organiser toute une ville
pour un tel événement. Lorsqu’en 1888, Barcelone et ses autorités démontrent leur capacité à
faire entrer dans le concert des nations industrielles, la Catalogne et par son biais l’Espagne, le
pari des organisateurs est gagné.
1.CASSINELLO Emilio « Expo 92 – Cahier spécial », le Monde, 16/04/92, p. 25 – Commissaire Général de
Séville expo 92.
87
L’Exposition maritime internationale est élevée au rang d’Exposition universelle par la
Presse qui fait écho de la bonne tenue de l’organisation, de la compétition et du nombre
d’expositions-pavillons présents. Il en va de même avec l’Espagne en 1992, avec Séville Expo
1992 et Barcelone JO 92. La réussite des deux fait entrer de plein droit l’Espagne dans la
CEE. Plus loin, Osaka 1970 montrent le retour sur la scène internationale du Japon
conquérant à travers sa course économique et industrielle.
Une bonne démonstration est due à une bonne organisation et gestion de l’après expo.
Si au XIXe siècle, l’aspect urbanisme, rééquilibrage de la ville et de ses infrastructures
comptait, il en est maintenant le principal vecteur de critique (plus le nombre de visiteurs
surestimé dans certains cas).
Une représentation
Les Expositions universelles ou internationales ont longtemps voulu et servi à faire
passer un message de domination de l’homme ou de la science sur la nature, ou bien de
proposer un meilleur bien-être ou développement pour l’homme. La forme en a été, ou est
encore, soit une publicité naïve de l’époque et son progrès, soit un acte réfléchi bien à
l’avance, à savoir : un fait de propagande.
La domination de la science et des hommes, c’est tout d’abord le thème de la
promotion du fait colonial des Empires et du bienfait du genre humain et de l’Occident. Un
message d’évangélisation et d’industrialisation est apporté aux peuplades retirées, mais aussi
aux visiteurs des expositions urbaines très loin de l’Afrique par exemple. Même si des
Expositions n’étaient pas coloniales, une section Empire était toujours présente. Les historiens
français se sont penchés sur ce thème (voir annexe n°6). Les Expositions ont fait rentrer dans
un monde urbain la géographie des pays lointains. Des thèmes comme la supériorité des
civilisations - le message du colon - les infrastructures construites par les ingénieurs, ou
l’analyse des discours coloniaux dans les Expositions, sont largement traités depuis une
dizaine d’années…
Mais l’on s’étonne de ne trouver aucun ouvrage ou thèse sur la profusion des styles
architecturaux des colonies françaises à l’expo coloniale de 1931 à Paris-Vincennes. Les
visiteurs découvrent certes un autre monde, mais les ingénieurs, urbanistes, architectes sont
aussi confrontés à des réalisations surprenantes par leur originalité et diversité. Tel le
Président de la République découvrant la rue du Caire en 1900 à Paris, on découvre un nouvel
urbanisme et une nouvelle architecture en miniature à chaque Exposition. L’ensemble de ces
représentations architecturales, comme le Temple d’Angkor Vat ou de l’île de Bagdad (voir
annexe n° 6), ouvre des horizons et des inspirations aux architectes urbanistes de l’époque.
88
À lire, le numéro spécial de l’Illustration en 1931 pour l’Exposition coloniale ; on
s’aperçoit que, confronté à la chaleur des pays équatoriaux, on est en train de concevoir un
nouvel appareil incorporé dans les structures des bâtiments administratifs français : l’air
conditionné.
Un dernier point sur cet aspect représentatif de la chose, encore plus méconnu : le fait
de profiter des Expositions pour faire publicité des grandes opérations d’aménagement d’une
ville ou d’un espace plus grand. C’est lors des Expositions que l’on a découvert les projets
d’aménagement du canal de Suez, de Panama, mais aussi le tunnel du Simplon Pass, ou la
voie expresse de l’Orient Paris-Istanbul. Les visiteurs donnent leurs avis et intègrent le fait de
l’acte civilisateur et gage de progrès des Expositions. On va même jusqu’à discuter de la
faisabilité d’un pont sur la manche entre 1875 et 1914. Schémas, études géologiques et
représentations de l'ouvrage sont présentés lors des différentes Expositions anglaises et
françaises. Des divergences politiques, diplomatiques et financières firent échouer le projet,
mais la construction entre Folkestone et le Cap Gris-Nez de 37 km semblait toutefois
réalisable.
Une recherche plus approfondie sur les liens entre Exposition et organisation de
colloques sur les méthodes de construction et d’urbanisme au XXe siècle, serait une bonne
entrée en matière pour comprendre les liens qui unissaient et unissent toujours politiques et
planificateurs. En 1931, au même moment, se tient l’Exposition coloniale à Paris et le congrès
international de l’urbanisme aux colonies. En 1958, à Bruxelles, l’Exposition universelle a
comme décentralisation à Liège, une Exposition de l’urbanisme et de l’habitation : « l’homme
dans la région, dans la cité, dans la maison ».
Une représentation qui est à la fois menée par des colloques et des expériences ou
démonstrations grandeur nature et par des maquettes, voici un aspect des Expositions
universelles et de leurs effets sur l’urbanisme : Le Corbusier présentant ses modèles
d’habitations en 1925 et 1937 à Paris, un Atomium célébrant l’ère nucléaire à Bruxelles, les
nations exposent et s’expose, ce qui ne va pas faire manquer de réagir les intellectuels de
l’époque : écrivains, peintres et photographes.
Une exaltation :
Une sorte de défoulement intellectuel et artistique entoure l’expérience Exposition :
« Allons tous à l’Exposition », « Gardons tous un souvenir de l’Expo », « Nous n’irons plus à
l’Exposition ». Voici les quelques exemples de phrases que nous trouvons le plus
fréquemment dans les guides expositions ou dans la bouche du grand public.
89
Les débuts des Expositions sont aussi les débuts de la photographie. L’homme face au
gigantisme veut à tout prix garder un souvenir des constructions éphémères. Un très bon
résumé sur l’alliance entre photographie et Exposition existe dans l’ouvrage de Linda Amione
et Carlo Olmo précédemment cité (2). La question sur ce thème a été bien traitée et ceci dans
nombre d’ouvrages. À chaque exposition et à chaque construction de parc d’exposition, les
gouvernements en particulier, se donnaient la peine de prendre un nombre impressionnant de
photographies pour mémoire.
D’après mes recherches sur Internet et mes lectures, de nos jours, il existe
régulièrement dans le monde, des présentations de photographies commémoratives de
l’organisation d’une exposition : Chicago 1993-1893 et Paris 1989-1889.
En France, c’est le site Internet de Roger Viollet [www.rogerviollet.fr] qui présente plus
d’une centaine de photographies des Expositions, à acheter dans différents formats. L’une des
toutes premières expériences photographiques, maîtrisée par sa qualité et son ampleur,
remonte en 1867. Napoléon III était un véritable passionné de cet art naissant qu’était la
photographie. On décide par son ordre, de réaliser le fameux album de l’Exposition
(aquarelles, dessins et photographies). C’est F. Roux et Pierre Petit qui remettent leur travail à
Napoléon III. Actuellement, c’est le centre d’Histoire des Archives Nationales, section
photographies Expositions, qui présente les originaux.
On remarque au fil des recherches qu’il existe très peu de travaux regroupant la
perception des Expositions universelles ou internationales par les artistes (aucune thèse sur la
photographie et les Expositions, aucune thèse sur les écrivains ou guides d’expositions
souvent écrits par eux, n’est recensée). Dans les photographies présentées après ce
développement, on remarque le nom d’un auteur et écrivain, célèbre comme photographe :
Émile Zola. Celui-ci, fut, d’après ses amis, subjugué par l’Exposition universelle de Paris en
1900. Il prit un nombre considérable de clichés
(3)
. Il faut bien prendre en compte que ces
grands travaux trouvent avec l’usage et la réalisation des panoramas, un magnifique moyen de
propagande et d’embrasser l’ensemble du paysage urbain d’une métropole. Par exemple, la
chromolithographie, une invention du lithographe Godefroy Engelmann, désignant un procédé
d’impression lithographique en couleur fondé sur la quadrichromie, il prend comme parti-pris
la volonté d’adopter le point de vue d’un touriste installé dans une nacelle d’un ballon
gonflable avec une forte popularité jusqu’au début des années 1900 et lors de l’Exposition de
fin de siècle. Cette pratique disparaît graduellement en fonction des avancées de la
photographie et du film cinématographique.
1. Op. Cit. pp. 240-283
2. Voir « Zola, un film de Jean VIDAL prix 1955 » ; « 1900 l’année de l’Expo, Zola et l’Expo » dans Le Monde,
le 17/04/00, p.16
90
Nombre d’auteurs se sont essayés à la rédaction et à la description de la ville
industrielle ou à l’imagination d’une utopie. Zola en fait partie. Le thème de la description et
de l’exaltation des artistes et écrivains face aux Expositions est revenu de nombreuses fois
dans ma recherche. On a même édité dans les années quatre-vingt, le Paris guide décrivant
l’exposition de 1878 par des auteurs comme Verlaine ou Baudelaire.
Le choc des travaux d’Haussmann, plus le gigantisme des Expositions ne laissa pas
inerte la pensée des intellectuels. En cela, toute Exposition transcende les mentalités et les
courants artistiques : nous le verrons dans notre troisième partie…
Pour conclure ce chapitre, comment ne pas finir par trois gravures de l’édition
originale de l’île à hélice de J. Verne. L’île à hélice est en fait une utopie urbaine vouée à
l’échec par la stupidité et l’affairisme de sa population. C’est une île métallique où le fer et
une hélice jouent le rôle de socle et de moyen de propulsion. On reconnaît des coffrages de
flottaisons et d’étanchéité rappelant ceux des piliers de la Tour Eiffel. Une île où la propulsion
à la vapeur est reine, mais destinée à la destruction par la non-maîtrise de l’homme. Comment
ne pas voir dans ce roman d’anticipation, un double des Expositions et de leurs organisateurs.
Un Jules Verne transcendé, mais toujours aussi pessimiste sur le devenir de l’homme face aux
phénomènes urbains.
« Nous n’irons plus à l’Expo ». La Minerve, symbole de la liberté de 1889
n’accueillera plus ses visiteurs à l’entrée du parc, si impatients de découvrir, de se cultiver, ou
tout simplement de s’amuser en embrassant le monde…
Une exaltation, une représentation, une démonstration, telle est la trilogie
qu’attendaient et qu’espéraient montrer les organisateurs et les visiteurs. Mais après 152 ans
d’existence et d’expériences concluantes ou d’échecs, est-il toujours si évident de comparer et
d’analyser les effets de telles manifestations et d’associer Exposition et Olympiades ?
91
UN NOUVEAU PAYSAGE URBAIN : LE BALLON « LE GÉANT » DE HENRY GIFFARD -1878.
.
L’image du ballon captif dit « le géant » dominant Paris par l’aéronaute Henry Giffard, avec
sa station de direction-atterrissage au-dessus des Tuileries pendant l’Exposition 1878,
Gazette de Paris, 1878.
92
Documents et analyses
- Présentation du Canal de Suez en 1867 à Paris, source :
Les dossiers de l’Illustration précédemment cités, p. 32
- Le Pont sur la Manche présenté à Paris en 1889, source :
Les dossiers de l’Illustration précédemment cités, p. 67
- Zola
et
l’Exposition
universelle
de
1900,
texte,
photographie article du Monde.
-
Jules Verne et l’île à hélice, lithographie et gravure de
l’imaginaire de Jules verne, 1899.
- Manga et société : le temps des manifestations géantes et
des
imaginaires,
Exposition
olympiques.
93
universelle
et
jeux
MANGA ET SOCIÉTÉ: LE TEMPS DES MANIFESTATIONS GÉANTES ET DES IMAGINAIRES, EXPOSITION UNIVERSELLE, JEUX OLYMPIQUES
DES MÉGA-ÉVÉNEMENTS, DES MANGAS, LA FORCE DES REPRÉSENTATIONS
.
1. Des Expositions universelles comme support de l’imaginaire et de l’extraordinaire
C’est certainement avec Fushigi no Umi No Nadia, Nadia, le Secret de l'eau bleue ou des mers mystérieuses,
ふしぎの海のナデ
, de Gainax Co., Ltd. NHK Enterprises, Tôhô, 39 et avec pour auteur Mahiro Maeda Hideaki Anno,
dirigé par Hideaki Anno d’après une idée générale de Hayao Miyazaki que l’on se rend compte de la puissance d’évocation
d’une Exposition universelle parisienne (celle de 1889 et 1900) pour cet anime qui les fusionnent dans l’épisode n°1 [Japon,
1990]. Le scénario revient en partie au maître Hayao Miyazaki qui s'inspire librement des romans de Jules Verne 20.000
Lieues sous Les Mers et l'Île Mystérieuse. Ce dessin animé débute en 1889 à Paris lors de l'Exposition Universelle.
L’animation autour des pavillons, de la Tour Eiffel, la présence des avions et aérostat - une passion et une figure de dessin et
d’aventure exploitée régulièrement par Miyazaki – servent de cadre à l’aventure de jeunes personnages à la recherche de leur
origine contre une organisation mafieuse la Nouvelle Atlantide.
2. Une Tour Eiffel comme symbole de la France et déclinaison à l’international.
La tour de Tokyo a été crée en 1957-1958, si la teneur de ses origines semblent complexes, le modèle parisien est dans toute
les têtes, elle s'élève en plein Tokyo comme symbole la ville du haut de ses 332,6 mètres de haut pour un poids de 4000
tonnes. Comme pour Paris, des jeux de lumières sont présents, l'été le blanc domine et l'hiver une lumière orangée se propose
dans le paysage urbain. La tour de Tokyo sert de cadre à de nombreuses reprises dans les paysages féerique et extraordinaire
de Sailor Moon par exemple. L’épisode n° 102 prend le cadre durant toute l’intrigue de la série quand Bunny (Usagi) se rend
au lieu de rendez-vous demandé par Carolina (Kaolinite) pour sauver Bourdu (Mamoru) en échange de son cœur pur… Cette
Tour de Tokyo comme la Tour Eiffel devient un véritable landmark – point de repère urbain touristique – dans la mise en
scène, mise en récit de différentes œuvres artistiques japonaise et française pour sa consœur. De l’inutilité d’un édifice, d’une
utopie contrariée, on est passé à une utilité mécanique, de radio télédiffusion et de marque nationale comme avec cette
publicité d’Air France superposant les courbes de la Tour Eiffel à la géographie de la France. Depuis leur création, les deux
ouvrage d’art connaissent une marchandisation de leur espace d’exposition comme avec la Tour de Tokyo incorporant dans
son étage principal une exposition et boutique permanant sur l’anime japonais numéro un mondial One Piece (2014). Les deux
édifices connaissent depuis une démultiplication des cadres de scènes et de publicité à l’échelle mondiale.
3. Néo Tokyo 2020 et ses Jeux olympiques : entre mirage et représentation de la ville post apocalyptique par le
méga-événement. Il reste le chef d’ouvre de Katshuiro Otomo, Akira, années 1990, aux éditions Glénat, qui nous montre dans
le cadre des Jeux Olympiques, la renaissance du nouveau Tokyo post guerre mondiale, mais aussi vers la fin de l’histoire sa
destruction avec des scènes finales dans un stade olympique comme décor d’une lutte fratricide : méga-événements et
extraordinaire sont au rendez-vous par l’infrastructure d’un stade et d’une ville martyre.[ Depuis la rédaction de ce master, la
ville a obtenu la candidature en 2020…]
Sailor Moon
OP
LE VILLAGE PLANÉTAIRE : VISION DU MONDE, DE LA GLOBALITÉ À TRAVERS LA SPHÈRE ARCHITECTURALE
a
c
b
f
d
a/ Grand globe céleste Paris, 1900, Exposition universelle, affiche Musée Carnavalet.
b/ New York, World’s Fair 1939, Perisphere and Trylon Cutaway, intérieure du pavillon et affiche de l’Exposition universelle. (Illustration)
c/ Unisphère, à New York, un globe terrestre géant placé dans le parc de Flushing Meadows en 1964, Exposition universelle. Equipé de lumières mimant la rotation autour du soleil. (Life)
d/ Biosphère 1967, œuvre de Buckminster Fuller. Musée de l'environnement situé sur l'île Sainte-Hélène à Montréal, dans l'ancien pavillon des États-Unis de l'Expo 67. (BNF)
d/ L’Atomium, sphère et atome, à Bruxelles pour l’Exposition universelle de 1958. (Bruxelles, 1958)
e/ Architecture de l’Exposition, architecture de la ville, infrastructures et transports internationaux mise en réseau : Unisphère et entrée de l’Aéroport JF. Kennedy. (1964)
f/
95
e
CHAPITRE III.
Des Expositions et des Jeux olympiques :
vers une étude parallèle et complémentaire ?
Comment analyser un développement
durable à travers le méga-événement (grand
projet urbain) ?
Pour une meilleure compréhension de ce chapitre, se reporter aussi aux
annexes 1 et 2.
Annexe 1 : Colloque du BIE « Le legs des Expositions universelles et
internationales »
Annexe 2 : « Jeux d’architecture » de J.L. Cohen, suivi de quelques documents
complémentaires sur Paris 2008 provenant du dossier de candidature.
Au vu du compte rendu du colloque du B.I.E. disponible en annexe 1, c’est un bilan
positif, voire très bénéfique qui s’offre aux villes désireuses d’accueillir en leur sein, une
Exposition universelle ou internationale. On aurait tendance à ajouter que tout est pour le
mieux dans le meilleur des mondes et dans la façon de gérer à long terme les parcs
d’exposition. Pour Gilles NOGHES, aucun doute n’est possible : « Permettez-moi de vous
poser une question : quels ont été les événements mondiaux qui ont attiré le plus grand
nombre de personnes pendant cette période ? Quelles sont les manifestations qui ont le plus
contribué à la transformation de grandes villes comme Bruxelles, Montréal, Osaka,
Vancouver, Barcelone, Séville, Lisbonne et Hanovre ? Vous connaissez la réponse : les
expositions internationales ! ». Il ajoute : « L’impact sur les villes hôtes et les régions des
expositions internationales a, à chaque fois, eu un effet important sur le mode de vie des
hommes et des femmes, sur leur comportement et leur vision de l’avenir ». On le voit, ni les
Jeux olympiques ni les grands projets d’aménagements liés à d’autres stratégies urbaines
(comme un projet urbain contemporain – École de Bologne) ne sont évoqués, au même titre
que les manifestations et reconfiguration des stades et de leurs alentours lors des mondiaux de
football par exemple. Néanmoins, de plus en plus de spécialiste montrent leur désaccord sur
l’organisation de tels événements.
Nous trouvons même comme propos ceux du Secrétaire Général du B.I.E., M. Vicente,
G. LOSCERTALES. « Il n’y a pas une seule ville qui ait été appauvrie par l’expo. Il n’y a
pas une seule ville dont la population ait souffert à cause de l’expo ». Le secrétaire général
doit certainement oublier les Sévillans qui ont payé pendant 70 ans les dettes de l’expo Ibéroaméricaine de 1929, ainsi que multitudes d’autres cas. À la lecture de l’annexe 1, et devant
une telle autocélébration, il est indéniable qu’il soit nécessaire de se poser la question
aujourd’hui, en 2002, de savoir si de tels aménagements ont un effet (oui bien sûr), mais
surtout quelle est la nature de ces effets sur la structure et société urbaine (positive ou
négative).
Si le B.I.E. décide en l’an 2000, au plus fort des critiques à l’encontre de l’Exposition
de Hanovre, de créer une assemblée des villes hôtes d’Exposition, c’est bien pour ne pas voir
ressurgir les vieilles critiques que sont entre autre, l’endettement lourd, massif et perdurant,
des zones d’activités NTIC délaissées, ou des parcs d’attractions ou culturels complètement
vides et à moitié en ruine de nombre de capitales ou métropoles ayant accueilli ces
manifestations.
Urbanistes et économistes s’accordent à dire qu’il existe deux périodes critiques lors
d’une Exposition universelle : l’organisation et la fermeture de l’Exposition. Généralement,
son déroulement proprement dit ne pose que très peu de problèmes insurmontables. Il s’agit
des bureaux d’études, en amont, et des décideurs économiques et politiques à la fermeture qui
ont les clefs du problème : la rentabilisation, la réutilisation, la pérennité des infrastructures
existantes. Lors de mon projet d’étude avancé, nous avons fait remarquer que la contraction
du temps et la manière d’anticiper ou d’accélérer un processus décisionnel d’équipement de
grande envergure, ne faisait aucun doute : un bon renouvellement de la gouvernance urbaine
est souvent présent. Or, le doute subsiste sur les certitudes de rentabilité et d’opportunité de
chaque projet d’une telle envergure, comme les Expositions universelles.
Depuis une dizaine d’années, on parle de développement durable. Tous nos propos
depuis le début de ce mémoire montre la dialectique et le très long dialogue entre le durable et
l’éphémère dans la cité depuis bien longtemps. Il faut bien revenir à une réalité qui est parfois
tout autre. Si l’on prend en compte les dernières Expositions universelles de la fin du siècle
dernier, force est de constater les échecs et les incertitudes persistants sur le devenir, même
cinquante ans après, de leurs zones d’accueil.
L’Exposition universelle de Bruxelles 58 n’est ni un échec ni une réussite totale. Pour
l’occasion, les dirigeants du pays ont pu renouer la confiance entre leur peuple et la royauté
perdue lors de la Seconde Guerre mondiale. Il en est de même pour certains aspects de
l’urbanisme de la capitale. Des ponts et tunnels urbains, forts pratiques pour les habitants, ont
été réalisés. On retrouve une même volonté de restructuration de la ville dans sa périphérie,
97
mais le paysage urbain en a souvent été altéré. Un patrimoine architectural détruit et le
Boulevard Léopold II transformé en viaduc. Là dessus, un périphérique peu harmonieux, des
nuisances sonores et polluantes n’ont pas non plus rencontré une large adhésion. Quant à la
Tour, l’Atomium, un des rares emblèmes encore debout de l’Exposition, celui-ci est au bord
de la destruction. Plus aucun pavillon de l’époque ne subsiste, et seulement un parc forain et
des barres d’immeubles peu harmonieuses avec la présence de l’Atomium, sont présents.
L’état de décomposition de la tour, édifice éphémère à la base, montre à quel point les
autorités gouvernementales sont défaillantes face à ce symbole. Le seul recours possible
viendra d’une fondation et de dons.
Une fondation c’est l’une des possibilités qui s’offrent aux organisateurs. C’est le cas
OSAKA 1970 Exposition universelle. Le MITI, Ministre du Commerce et de l’Industrie, a
décidé de créer à l’origine, une fondation afin de gérer en amont et en aval l’Exposition
universelle. Ce fut une très bonne idée puisque son financement a reposé sur la vente de 90
millions de tickets payants. Le gigantisme angoissant de la zone d’accueil des Expositions se
changea subitement en euphorie financière. Si, à la fin de l’Exposition, les pavillons les plus
emblématiques restent pour les besoins culturels et éducatifs, le principal objectif réside dans
la création de Senri, ville nouvelle. Cette ville est dédiée à devenir une ville à part entière à
côté d’OSAKA. Un métro et un monorail en son sein la reliera à la capitale régionale. Mais
dès la fin de l’expo, les urbanistes de l’époque n’ont pu arrêter le mécanisme d’inflation
immobilière qui conduira la ville de Senri à devenir ni plus ni moins ce qu’elle est
aujourd’hui : une simple ville dortoir. Toutes les prévisions se sont révélées fausses.
Spéculation immobilière et surtout morts d’hommes dues à des gros problèmes de pollution
non maîtrisée, ou ayant entraîné la faillite de la fondation et l’inconstructibilité et désaffection
de nombre d’habitants. Un échec sanglant, au bout de 30 ans, est à constater.
On peut se poser la question de savoir si plus on avance dans le temps (1851 date de
départ) et plus les erreurs des urbanistes sont dommageables pour les villes d’accueil. Si au
XIXe siècle et début XXe, la destruction totale des sites, « la jachère industrielle ou de parc
de loisirs » étaient sans conséquence graves pour les villes industrielles, il en est autrement
après 1950 où chaque erreur se paye au centuple. Le cas de Montréal 1967 est symptomatique
des dégâts d’une mauvaise et coûteuse reconversion dans le long terme.
Montréal 1967 devait être un exemple, un phare, une nouvelle méthode de voir, de
penser l’urbanisme et les effets durables de l’Exposition. Ce sera l’un des échecs les plus
importants. La date de 1967 est celle de la célébration du centième anniversaire de la
Confédération Canadienne. Au premier abord, un véritable succès avec 50 millions de
visiteurs au lieu de 26 millions attendus, et en plus, deux îles artificielles créées sur le SaintLaurent.
98
Et l’on entend même M. Drapeau, Maire de Montréal, dire de l’Exposition universelle :
« Aussi permanente que les chutes du Niagara ». Mais trente ans ont passé ; premier constat
comme partout ailleurs, le déficit budgétaire de l’opération est très important et les
Olympiades de 72 amplifient les dettes. Les 20 pavillons majeurs devant être réutilisés sont
tous rasés aujourd’hui. Il ne subsiste que 2 pavillons dont celui de la France. Le manque de
moyens financiers pour maintenir les équipements, amène à l’inévitable incendie du pavillon
américain. Quant aux conditions climatiques, elles n’ont pas été prises en compte. Le fleuve
Saint-Laurent amène au-dessus de la zone d’expo un air plus froid qu’à Montréal centre-ville.
Tous les bâtiments annexes construits doivent être renforcés sous peine de subir le même sort
que ceux de l’Exposition. Et pour tenter de remédier à la désertification du lieu, on aménage
un jardin et une piste de Formule 1 utilisable 4 mois pour le jardin (8 mois sous la neige),
avec une piste déformée par les conditions climatiques (en constant aménagement). Les
années 1980 et 1990 ont vu un énième projet pour sauver les deux îles, sur le thème bien
connu de « Parc des îles ». C’est encore un échec. Le parc d’attractions est en quasi- faillite à
l’heure actuelle, et sous perfusion de l’État avec une aide de 5 millions de dollars canadiens
pour acheter de nouvelles infrastructures de loisirs.
Que faire en rapport à un projet d’Exposition qui se veut éphémère et que les acteurs
politiques et économiques désirent qu’il devienne durable par l’intervention des
urbanistes conseils ? Gérer l’incertitude, gérer l’éphémère et le durable est peut-être la chose
la plus difficile pour les aménageurs. Pour un grand projet urbain du type Bilbao Ria 2000, ou
la Postdamer Platz pour le nouveau Berlin administratif et ludique, entre le moment de
décision et l’aménagement des locaux, il n’y a pas eu d’Expositions universelles d’une durée
de 6 mois ; alors que dans les cas des villes hôtes des Expositions, les Montréalais qui ont vu
suivre les Olympiades de 1972, se sont aperçus de leur échec coûteux. L’argent et les dettes
encore à payer aujourd’hui pour l’Exposition et les J.O. auraient pu être investis en d’autres
causes. Plus que jamais, les Montréalais se méfient de ces grands projets à travers une opinion
publique retissante (1).
Si l’Amérique du Nord a connues de telles erreurs urbanistiques, il en va de même
pour l’Europe du Sud. Les Sévillans peuvent rejoindre dans le groupe des frustrés et déçus des
grands projets, les Montréalais. Séville est un paradoxe parmi les villes hôtes d’Exposition.
Pour l’Exposition Iberico-américaine de 1929, celle-ci a considérablement transformé en
profondeur la trame urbaine de la ville andalouse, un parc ludico-touristique et paysager de
grande qualité, devenu héritage urbain est présent, mais elle a aussi fait sombrer le déficit
budgétaire de la ville. Les contribuables sévillans ont payé durant 70 ans le krach boursier du
24 octobre 1929 et l’insuccès de leur Exposition par rapport à celle de Barcelone.
1.« La reconversion d’équipements coûteux, que sont devenues les Expositions ? » Le Monde 16/04/92, p. 34-38
99
L’Exposition de Montjuich, éclipsant celle de Séville en Europe. Mais que serait
Séville sans le parc Marie-Louise, ses larges avenues, l’hôtel Alphonse XIII, le théâtre Lope
de Vege, le stade du Bétis, ainsi que les 22 pavillons hérités et réutilisés en musée,
ambassade, centres administratifs et socioculturels.
Lorsque Séville entendit parler d’une nouvelle Exposition universelle, 70 ans de
complaintes financières émanant des maires, sont revenus aux oreilles des habitants.
Polémique sur polémique, mais la décision fut prise de renouveler l’expérience en amplifiant
les dimensions, les objectifs et les frontières du raisonnable. Tout a commencé le 9 octobre
1992 pour l’île de la Cartuja. Comment et à quoi utiliser à l’avenir ce moyen d’infrastructure
de haut niveau qu’est l’île de la Cartuja, l’un des espaces européens les mieux dotés en
technologies.
À cette une question nouvelle pour Séville, s’est appliquée une solution typique des
grandes opérations d’aménagement, à savoir : la création d’une société anonyme de capital
public et la division en zone de l’île, en 4 parties : ludique, culture, recherche et
développement, administratives et services. L’ensemble des aménageurs suivent cette
expérience, une littérature scientifique importante est présente à ce sujet (cf. annexe n° 3). Il
n’en reste pas moins de constater le semi-échec de cette post-exposition universelle,
reconvertie en zone d’accueil pour NTIC.
Le célèbre urbaniste Joan Busquets a écrit un article intitulé : « Séville de la grâce à la
disgrâce », et celui-ci d’indiquer : « L’architecture n’a pas sauvé cette monumentale action,
fruit d’une monumentale erreur urbanistique (échelle disproportionnée). Mais la ville garde
tout son charme. Malgré l’échec de sa candidature au JO 2004 visant à achever l’urbanisme
de l’île de la Cartuja, Séville tente à nouveau sa chance pour les jeux de 2008 et 2012. Un
projet de stade olympique perdure, support d’un ambitieux programme (hôtels 5 étoiles,
studios de télévision …) »(2).
Il n’en reste pas moins qu’après ces constatations, la perplexité et l’incertitude pèsent
sur la résonance d’un projet urbain cohérent ou boiteux sur le long terme. Les grands projets
ont-ils un effet réellement structurant sur la dynamique des métropoles, et leur impact socioéconomique est-il toujours démontré ? Voici l’intitulé du colloque : Les grands projets de
revitalisation urbaine et métropolitaine des XIV rencontres du centre Jacques Cartier, du 3
au 5 septembre 2001 ».
2. BUSQUETS Joan, « Séville de la grâce à la disgrâce » dans Projets urbains Bilbao Ria 2002, Sept. 2001 n°
23, p. 123
100
Rien n’est moins sûr, que la réponse qu’ont pu apporter les intervenants de ce colloque,
parmi lesquels Richard Shearmur membre de l’INRS Montréal, affirme: « Il n’est pas prouvé
que les grands projets soient systématiquement générateurs de richesses ou pourvoyeurs
d’emplois stables ; mais à l’inverse, on peut imaginer –et sans aucun doute chiffrer l’impact
négatif sur l’emploi, les équilibres sociaux ou la dégradation de l’environnement, du non
investissement de métropoles confrontées à la sévère compétition internationale dura lex, sed
lex ! ». Celui-ci rajoute en fait que c’est : « La stratégie d’accompagnement et de gestion des
grands projets qui est en jeu. La capacité de capitaliser les acquis et à les réinvestir
efficacement, serait aussi la marque des bons managers de grands projets ».
En fait, il faut savoir gérer l’incertitude en gérant le contrôle des urbanistes aptes ou
non à travailler en cohérence avec les désirs de la municipalité et des habitants. Mais aussi
dynamiser un projet et gérer au mieux les finances publiques. Si une nécessaire cohérence du
projet urbain est obligatoire, il n’en reste pas moins que s’imposent aux décideurs, une
flexibilité et une réversibilité des locaux et équipements en cas d’échec commercial, culturel
ou touristique.
Nous revenons alors au développement durable et aux différents protocoles de Rio et
Kyoto qui conduisent des municipalités comme Hanovre 2000, à faire du principe d’actions
pour les générations présentes et futures un vecteur de développement : économie des
ressources, espaces écologiques et énergies, un motif de son Exposition. Et c’est justement
cette Exposition qui a été la plus critiquée et prédit à un sombre avenir, alors que c’est elle qui
a le mieux géré pour les années à venir la forme de son développement. Peu de public, mais
un public futur, pour les prochaines installations, est à prévoir. Si médiatiquement, en nombre
de visiteurs et en architecture flamboyante, l’Exposition est un échec ; sur le plan du
développement durable, celle-ci semble être sur une voie juste. Le très long terme semble être
la politique des autorités allemandes à travers des écoquartiers, des voies de transports utiles
et durables, mais aussi la collaboration public-privé dans le réemploi des bâtiments (cf.
annexe n° 1).
Justement, à la lecture de l’annexe 2 « Paris 2008 et des solutions retenues pour le
village olympique de St Denis », l’aspect développement de l’après J.O. semble avoir été
totalement intégré par le groupe Hippodomos 93. L’obsession du politique de base en devient
une constante. Après le flop « des Chemins de la liberté », l’Exposition universelle Paris
1989, la ville et l’ensemble de son intelligentsia ont toujours su et voulu réaliser ces grands
travaux complémentaires à ceux des rives de la Seine et de son centre ville pour donner une
nouvelle impulsion à Paris. En témoigne l’acharnement de celle-ci pour l’organisation des
J.O. de 1992, 2008, 2012 et 2018. La quête du grand événement est constamment recherchée.
101
Pour les membres du groupe Hippodomos 93, les JO sont une confirmation du rôle de
la plaine Saint Denis dans l’aménagement du nouveau Paris. Leur but : un faire-valoir à la
transformation urbaine. L’organisation des J.O. 2008 devrait s’appuyer sur l’existant et se
saisir des opportunités, tout en permettant de manière accélérée, de réduire la coupure entre
Paris et sa banlieue.
Les urbanistes ne se trouvent plus dans une logique « Extension de la ville, mais celle
de la restructuration, de la construction de la ville sur la ville ». Une démarche
développement durable est mise en place avec du « Provisoire, démontable et réutilisable »,
ainsi qu’une construction sociale qui correspond à une véritable demande. Même le site du
village olympique correspondait à une édification réactualisée d’une cité jardin où l’eau, la
nature et le bien-être d’une vie urbaine, devraient être présents. Une idée d’écologie était
présente avec une perception d’écologue et moins écologiste (3).
Enfin, l’annexe n° 3 nous rappelle le lien qui unit J.O. et Exposition universelle. Si, en
1926, l’ouverture conjointe semble s’arrêter, ce n’est pas le cas puisque dès 1992, l’aventure
redémarre avec Montréal 1967, puis 1972 et Barcelone Séville 1992, voire peut-être 2012,
2018. L’article de J.L. Cohen nous conforte dans l’idée des similitudes, que ce soit par les
intervenants ou les organisateurs B.I.E., C.I.O., architectes, urbanistes, publics importants et
retombées médiatiques (peut-être plus importantes pour les J.O.). Quant aux effets, la
question reste toujours d’actualité avec les nouvelles métropoles émergentes qui désirent y
participer.
Un dernier point : si Pékin accueille les J.O. en 2008, le gouvernement chinois fait tout
en ce moment pour voir attribuer à Shanghai la prochaine Exposition universelle en 2010. Les
dirigeants rêvent même d’une organisation conjointe la même année 2008 entre J.O. et
Exposition universelle. Il reste des problèmes de calendrier (ici c’est le symbole, et peut-être
aussi pour Shanghai l’aspect urbanisme et création trame urbaine qui jouent un peu plus).
Toutes ces questions et exemples que nous avons abordés sont, et ont été, d’actualité depuis
plus d’un siècle. Quand la démocratie chrétienne en Italie hérite de l’E.U.R. (Esposizione
Universale di Roma), sa réponse a été d’amplifier les souhaits de Mussolini, à savoir : une
utopie urbaine, cité idéale : gérer différemment la vie de la cité, structurer une vie sociale,
mal maîtrisée, restructurer la trame urbaine, construire la ville sur la ville, réaliser un projet
médiatique et publicitaire à travers un centre de congrès.
Tel a été, et est aujourd’hui, le but recherché par les autorités municipales des très
grandes villes du monde entier. Plus nombreuses chaque année, sont les villes qui se
présentent devant le C.I.O. ou le B.I.E. Des villes comme Barcelone ont bien perçu et compris
leur intérêt d’agir sur une telle voie.
3.
LION Yves, « Un urbanisme négocié » dans Paris JO 2008, Paris, IFA-Le Moniteur, 2000, p. 35-39
102
Conclusion de partie
Méga-événement et société : vers une nécessaire analyse
géographique et urbanistique multivariable
…
103
III.
Troisième partie
Barcelone et ses Expositions universelles et
internationales (J.O.)
1859 – 1888 – 1905 – 1929 – 1936 – 1957 – 1992
(J.O.) – 2004
Barcelone : une métropole méditerranéenne en
projet
Barcelone, une ville comme modèle pour les
praticiens de l’urbanisme et de l’architecture
contemporaine
104
CHAPITRE I.
Barcelone et ses Expositions universelles –
internationales (J.O.), question de temporalité
et d’héritage urbain
Résumé « linéaire » du chapitre...
En fait, rares sont les périodes d’intense floraison artistique qui ne vont pas de pair
avec un contexte économique prépondérant. Barcelone, capitale de la Catalogne, va connaître
à la fin du XIXe siècle et début XXe, puis des années 1970 à nos jours, un âge d’or et une
renaissance économique avec l’Union européenne, tant sur le plan créatif qu’économique.
Le modernisme, et par la suite d’autres mouvements artistiques, sont l’expression
d’une volonté et d’une croissance économique dont le but est de briller, mais aussi de
s’émanciper. Au départ, tout était loin d’être gagné, et l’Espagne ne jouissait pas, dans le
courant du XIXe siècle, de la manne que représentaient pour la France ou l’Angleterre les
acquis de la Révolution Industrielle. Ce qui va sceller le sort de la ville avec un urbanisme
florissant, c’est l’addition d’importants moyens économiques au service de l’industrie et
d’une culture régionale.
Mon objectif est de montrer durant mon doctorat qu’il existe des liens étroits en
croissance d’une ville, événement structurant pour la trame urbaine d’une ville et créationconstruction d’un paysage culturel identitaire. Par exemple, entre 1880 et 1939, on observe
deux forces antagonistes et complémentaires à la fois, s’opposant et opposant des projets
urbains d’aménagements pour la capitale catalane. D’un côté, une vision conservatrice du
catalanisme qui va s’appuyer sur les acquis de la bourgeoisie industrielle ; c’est sous son
influence que le plan Cerdà sera appliqué et dénaturé et que deux projets urbains structurants
seront entrepris : Exposition universelle de 1888 et Exposition internationale de 1929, et de
l’autre côté un catalanisme progressiste animé par une volonté commune de faire participer un
peuple dans les projets d’urbanisme du point de vue social. Une modernité catalane incluant la
ville dans un schéma d’ensemble pour limiter les dérives d’une croissance industrielle nonmaîtrisée. Ces fers de lance sont : le plan Cerdà (des origines), le plan Jaussely, le plan Père
Falqués, le plan hypothétique Le Corbusier GATCPAC. Deux visions qui en 1974 ne seront
plus considérées comme contraires, mais complémentaires au vu des principes de l’École de
Bologne et d‘un nouveau Projet Urbain pour les grandes métropoles européennes.
105
Une évolution de la capitale catalane axée sur l’édification de grands projets
d’aménagements et de plans urbains régulateurs et intégrateurs sont à entrevoir. D’ailleurs, on
retrouvera cette même opposition dans les années 1950, 60, 70, avec le groupe R. De Bohigas
et le ministère des œuvres publiques du gouvernement Franquiste.
Pour mieux cerner le contexte historique, politique et urbanistique de mes futurs travaux,
nous pouvons procéder en trois phases avec une partie rappelant la naissance de Barcelone et
son particularisme, une seconde partie, un essai sur la période charnière de la fin du XIX e et
début du XXe siècle, puis dans une troisième partie la Barcelone contemporaine et
méditerranéenne des grands événements sportif et culturel avec notamment les Jeux
olympiques car cela nous permettra d’avoir une meilleure compréhension du Barcelone actuel
et de ces enjeux.
De Barca à Barcelona
Barcelone est la capitale de la Catalogne, une des régions d’Espagne qui possède sa
propre langue, ses lois et ses institutions constitutionnelles et administratives. Avec un long
passé de cité centrale féodale puissante, elle est l’une des deux régions espagnoles à tirer
profit de la Révolution Industrielle qui lui confère une croissance importante et unique en
Espagne au XIXe siècle, tout en devenant un des principaux centres artistiques d’Europe au
XXe siècle. L’ensemble des ces bouleversements sociaux, culturels et économiques se reflète
de nos jours, non seulement dans les bâtiments de la ville, mais aussi dans son plan cadastral
si particulier en Europe.
Au départ, une ville carthaginoise, telle est l’origine de la ville. Le site de l’actuelle
Barcelone, au nord de l’embouchure du Llobregat est habité depuis les temps préhistoriques.
Les Carthaginois y fondèrent une ville au IIIe siècle avant J.C. et lui donnèrent le nom de leur
chef Amilcar Barca. En 146 avant J.C., la Catalogne devient une province romaine et la
nouvelle colonie de Barcino est fondée officiellement en 15 avant J.-C. Déjà une enceinte
d’environ 10 hectares est aménagée comme mur fortifié de soixante-dix-huit tours. Cette zone
enclose est aménagée sur un plan quadrillé avec quatre portes aux extrémités des rues
principales nord-sud et est-ouest. Encore aujourd’hui, on peut trouver non loin de la
cathédrale médiévale, les colonnes du temple d’Auguste près de la porte Nord. Ce que l’on
oublie souvent, c’est que dès l’antiquité et durant plus de 4 siècles, Barcino sera le centre du
pouvoir impérial de Rome sur toute la région alentour de Barca. Une administration romaine
résidant à l’intérieur des remparts d’origine, gouverne un des plus grands territoires romains
environnant du bassin méditerranéen. La présence de cultivateurs, agriculteurs est depuis
longtemps attestée grâce aux restes de cadastres encore perceptibles. La colonie entre au Ve
siècle dans le royaume des Visigoths, puis une présence musulmane de moins d’un siècle
laissa place à la période de « la marche catalane ».
106
Au Xe siècle, le monastère de Santa Maria de Ripoll, d’architecture romane espagnole,
devient l’un des principaux centres religieux européens.
Barcelone devient à nouveau une capitale au Moyen âge. Le royaume d’Aragon et de
Catalogne domine une partie de la méditerranée au XIe siècle. Barcelone est agrandie par le
roi Jaume Ier au XIIIe siècle. Il fait construire une ceinture extérieure de murs entourant une
surface dix fois plus grande que la ville romaine. Le vieux centre ville actuel ou Barri Goticó
en devient le centre administratif. Puis, dès le XIVe siècle, la ville va avancer et faire avancer
son urbanité par une série de projets d’embellissement, la plupart des cas novateurs, dirigistes
et exceptionnels.
Tout d’abord, de vastes projets de constructions, brièvement interrompus par la peste
noire de 1348, sont à nouveau commandés pour remplir la nouvelle zone. Le roi Père III
(1336-1387) fait construire les chantiers navals dont sept quais sont encore en action
aujourd’hui. C’est de cette époque que date la Bourse de Barcelone, la plus ancienne du genre
et toujours en activité, ainsi que le Salo de Cent, siège du Conseil Municipal. À partir de
1697, la ville intégrant le royaume de Castille et d’Aragon, est à nouveau fortifiée à cause de
la guerre de Succession d’Espagne. La ville se trouve dans le camp des vaincus, et 1714 voit
la Catalogne occupée par les Bourbons. Ceux-ci donnent l’ordre de construire la citadelle ou
« ciutadella », un nouveau complexe militaire de type Vauban. À cette occasion, sont détruites
plus de 2500 habitations. Et c’est en 1775 qu’on se rend compte de la nécessité de construire
un nouveau quartier portuaire pour aider à la croissance de la ville (annexe n° 4) – son nom :
la Barceloneta. C’est un projet novateur en matière d’urbanisme dans l’Europe du XVIIIe
siècle. La date de 1714 devient un point d’ancrage mémoriel important pour les catalanistes et
s’inscrit spatialement dans l’imposition de la Citadelle proche du port et de la Barceloneta.
Au XVIIe siècle, les aristocrates dominent la vie politique et économique de la capitale
catalane. La Llotya ou école d’arts et aujourd’hui de design est créée. Mais la Révolution
Industrielle change les données et structures de la société. Des artisans appartenant à des
guildes et associations professionnelles, tirent profit du nouvel essor économique. La
bourgeoisie d’affaire voit le jour. Associée à ce phénomène, une vague d’immigrants vient
travailler dans les nouvelles usines. De la Plaça Reial aux superbes villas des Ramblas et rues
adjacentes, la ville se structure une nouvelle identité urbaine.
C’est au XIXe siècle que Barcelone connaît une transformation urbaine rapide. Des
troubles plus ou moins réguliers éclatent. L’occupation française pendant les guerres
napoléoniennes et les émeutes des ouvriers pour protester contre leurs conditions de vie
misérable, amènent les autorités à préparer un nouveau plan urbain digne de ce nom pour une
ville ayant besoin d’espace pour sa propre croissance économique et industrielle.
107
Nous sommes alors en 1859 et c’est l’ingénieur Ildefonso Cerdà qui propose trois plans
successifs d’une extension de la ville catalane : une extension, une ensanche. De la mer
jusqu’aux montagnes, une métropole nouvelle est organisée pour une croissance immobilière
réfléchie. L’Eixample/ensanche de Cerdà va gagner peu à peu les terrains vierges des
alentours de l’ancien Barcino. Si Cerdà voulait donner par ces îlots un espace public arboré
avec des parcs et jardins en répétition, tel n’a pas été le cas dans la réalité de l’action
planificatrice. Les propriétaires terriens et les promoteurs n’étaient pas disposés à consentir
tant de sacrifices en contemplant ces mètres carrés constructibles.
Barcelone entre 1880 et 1939 : politique, économie, culture et urbanisme
La seconde moitié du XIXe siècle voit apparaître un nationalisme catalan aux
conséquences multiples et profondément novatrices dans sa manière de s’exprimer et
d’exprimer sa volonté autonomiste au plan de l’organisation et de la création de paysage
urbain symbolique. La vie culturelle et politique de Barcelone va en être radicalement
changée. Il fallait déjà compter sur la rivalité entre Madrid et Barcelone, rivalité qui va
s’accentuer par le côté économique : commerce et échanges internationaux. Barcelone, avant
d’être une ville, fut un port tourné vers les échanges, d’où aussi son développement par une
situation géographique privilégiée. L’industrie du textile et la présence de capitaux étrangers
vont donner un avantage à la Catalogne.
Très tôt, par rapport au reste de l’Espagne encore agraire, la capitale catalane va
connaître une forme de paternalisme et d’activisme ouvrier. La répression ouvrière est le lot
de nombre de manifestations non contrôlées. Une tendance régionaliste s’ajoute à cet état de
fait, et la ville devient un lieu de foisonnement d’idées et de revendications. En 1859, le plan
Cerdà est imposé par Madrid, mais en 1873, la I ère République est proclamée à Barcelone et
présidée par le Catalan Pi i Margall. Malgré l’échec de la République qui dura moins d’un an,
un fédéralisme nouveau voit le jour et s’est en partie appliqué. Dès ce moment, la conscience
politique et culturelle catalane est née avec comme base, comme soutien logistique et
financier, la bourgeoisie catalane.
D’ailleurs, on peut noter le rôle trouble de la bourgeoisie barcelonaise confrontée à
l’activisme ouvrier. Celle-ci utilisera la catalanisme pour détourner l’agitation ouvrière à son
encontre, pour la diriger vers la lutte contre l’État et le pouvoir central madrilène (tout en
approuvant la répression du gouvernement). Un catalanisme politique, industriel, culturel et
donc architectural et urbanistique voit aussi le jour.
108
La « Renaiscença catalana » est un projet à la fois culturel et politique, une véritable
revendication affirmée de l’identité catalane. Les architectes urbanistes du pays, conscients de
l’importance de la maîtrise de la croissance de leur ville, capitale régionale et génératrice de
consciences politiques et identitaires régionales nouvelles, vont intervenir sur la scène
gouvernementale.
En 1874 une école d’architecture catalane est créée. Puis Lluis Domenech i Montaner
devient président de la Lliga Regionolista et de l’Athénée barcelonais entre 1899 et 1913. À
son tour, Puig i Cadafalch entre dans l’arène politique, devenant président de la
Moncommunitat entre 1817 et 1923.
Justement, en 1888, l’Exposition universelle de
Barcelone montre aux autres nations européennes que seule la Catalogne peut relever le défi
d’une Exposition et que par la Catalogne, l’Espagne devient un pays industriel reconnu (1). La
date de 1888 marque en plus le début de forts mouvements migratoires d’exode rural vers la
capitale avec l’afflux d’ouvriers en masse.
Se retrouvent à la tête de l’exécutif catalan, des hommes politiques, intellectuels,
architectes associés au processus d’extension de Barcelone sur la base du plan Cerdà. Des
militants actifs de partis nationalistes conservateurs aux défenseurs d’une position actuelle
moderniste, tous veulent faire progresser et reconnaître le fameux « génie catalan ». On trouve
deux courants parmi d’autres, représentatifs d’une vision catalane :
-
courant régénération culturelle bourgeoise de la Lliga regionalista (œuvre Antonio Gaudi
notamment)
-
courant progressiste de gauche avec une vision sociale et globale de la cellule/vie/société
urbaine (plan d’ensemble d’urbanisme hygiéniste comme celui de Père Garcia Farià)
Après 1888 et le comblement/urbanisation au fur et à mesure de l’Eixample, les
autorités municipales veulent trouver une solution de rattrapage au plan uniforme de Cerdà ;
c’est le concours et la commande du plan Léon Jaussely.
De 1905 à 1917, L. Jaussely, lauréat du concours, va administrer et proposer des plans
pour l’extension et le réaménagement de l’Ensanche de Cerdà. Une cinquantaine de planches
de cartes, croquis sont proposées, plus un texte explicatif et démonstratif (disponible au
MHVB). L’auteur introduit une nouvelle conception du maillage des voies et de la
localisation des activités par le zoning. Il dessine d’autres diagonales que celle de Cerdà (voir
annexe des plans détachable) et permet l’ouverture de la voie Laietana. Jusqu’en 1917, seules
quelques unes de ces propositions rationnelles seront finalement retenues pour laisser place au
plan Falquès approuvé en 1917 (2).
Mais depuis 1905, l’idée d’une nouvelle exposition et d’un métro associé à un parc de
loisirs, voit le jour.
109
Après le parc de la Citadelle, c’est Montjuich qui est choisi. Au départ, en 1894, le
projet initial d’urbanisation d’un parc est confié à Amargos i Samaranch, et au début du XX e
siècle, la « montagne » devient un lieu de promenade et d’agrément où se tiennent
d’importantes manifestations. C’est en 1907 que naît l’idée de réaliser une nouvelle
Exposition, plus tard prévue en 1917 et définie comme double : « l’Exposition Générale
Espagnole » + « Exposition des Industries Électriques ». Le projet d’urbanisation est confié à
Josep Puig i Cadafalch entre 1915 et 1929, mais à partir de 1921, il est découpé en trois
parties attribuées à des architectes différents suite à l’éviction de l’intellectuel catalan et
destruction des colonnes néo classique de à l’entrée du parc de Montjuich :
-
la « general Espanola » située dans la partie inférieure à Puig et guillem Busquets
-
les « industrias electricas » dans la partie supérieure de l’enceinte où sont construits
également stade, piscine et vélodrome, à Lluis Domenech i Montaner et Manuel Vega i
March.
-
Le versant orienté vers la mer à August Font i Carreras Enric Sagnier i Villavechia, mais
finalement à JCN Forestier et Nicolas M. Rubio i Turudi 1914-1922.
Bien sûr, en raison de la première guerre mondiale, de la crise économique et des
événements politiques intérieurs espagnols, ainsi que de la dictature de Primo de Rivera,
l’Exposition Internationale n’aura lieu qu’en 1929. L’aspect le plus connu des architectes de
cette Exposition est l’opposition des bâtiments de l’époque d’un style académique avec le
pavillon du mouvement Moderne de l’Allemagne de Mies Van Der Rohe.
Un autre aspect intéressant se produisant lors de l’Exposition Internationale, est la
tenue au sein du pavillon de la ville de Barcelone d’une exposition la « Barcelona Futura ».
Les autorités municipales présentent au grand public la Barcelone du futur avec cartes, plans
et prédiction de la nouvelle aire urbaine. D’un pont gigantesque sur le Llobregat à une station
aérienne pour la ville future, tout y est décrit et présenté par M. Rubio i Turudi architecte en
chef.
L’Exposition universelle est une occasion rêvée pour la construction du métro
barcelonais comme pour l’ouverture de la ville hors des frontières de la vieille ville du côté
sud-sud-est. Le point de départ de l’Exposition est la place d’Espagne avec des fontaines et
une allée de l’Univers dessinée par JCN Forestier et Miquel Blai pour le spectacle des fées
électriques et aquatiques (3).
Après cette Exposition internationale, suit, non pas un moment d’incertitudes, mais au
contraire d’euphorie dans les doctrines d’urbanisation au sein de la communauté barcelonaise,
avec l’avènement de la IIème République et le plan Macià du nom du président de la nouvelle
communauté catalane. En 1931 est créé le GATCPAC par l’instigation de José Luis Sert,
Joseph Torres Clavé.
110
La IIème république offre la chance à Barcelone de continuer la construction et
l’amélioration de la trame de Cerdà. Une revue est créée où l’on trouve un foisonnement
d’idées ; la revue A.C. « Documentos de activida contemporanca ». Nombre d’architectes
catalans et d’autres pays s’expriment pour proposer leur solution face aux villes en crise
urbaine. Il s’agit pour le GATCPAC d’un mouvement moderne d’architecture, issu
directement de la philosophie du CIAM
(4).
Pour ces adhérents, les critères économiques sont
décisifs et doivent être convertis en principes esthétiques.
Ceux-ci analysent tout d’abord l’histoire de la trame urbaine barcelonaise. Ils
accordent à Ildefonso Cerdà des louanges émaillées de quelques critiques sur son caractère
trop simpliste de circulation par voie de rails des hommes et des marchandises. La ville est
bloquée selon eux par une double barrière, la barrière industrielle, friches et rails, et la
barrière ville-mer non dégagée. Leur diagnostic est d’amplifier et d’améliorer les solutions de
Cerdà, Jaussely et d’intégrer au mieux Montjuich et la Citadelle. Ils définissent à leur
habitude trois fonctions : habiter, travailler et se reposer. Ils décident de proposer le plan
Macià à la Mancommunitat en 1936 avec :
-
un centre d’affaires dans le port
-
une zone franche pour le port franc derrière Montjuich
-
deux nouveaux quartiers d’habitations construits
-
un nouveau schéma moins complexe de circulation
-
une simplification du réseau de l’Eixample
-
des îlots conformes à l’idée de Cerdà de 400 x 400 mètres
-
et un centre culturel, espaces verts, écoles, musées, habitations à Montjuich (sur le plan
Macià, il existe des caisses d’archives à la Fondation Le Corbusier à Paris).
Mais l’ouverture et le foisonnement d’idées s’arrêtent net en 1936 avec les débuts de
la guerre civile. Une autre date, 1936 où à lieu les Jeux Olympiques d’été à Montjuich dans le
stade de l’anneau olympique construit à l’origine pour recevoir de telles manifestations. Une
réunion sportive symbolique non officielle est organisée à Barcelone en 1936, les véritables
JO se déroulant à Berlin.
Trois ans plus tard, la ville va connaître un urbanisme de guerre, à savoir l’acte
symbolique et révélateur : le bombardement en 1939, derniers jours de la République de
l’Eixample (5). Le régime franquiste abandonne tout projet et s’ensuit une période dit de « nonville » de la part de la dictature du Caudillo.
Dialogue entre projet d’Exposition international et plan d’urbanisme régulateur
Tout d’abord, rappelons la hauteur de vue et les propositions pertinentes de Le
Corbusier et L. Jaussely, mais dans une moindre mesure en ce qui concerne le littoral
barcelonais. La justesse de la proposition de Le Corbusier est indissociable des nouveaux
111
aménageurs qu’ont été Bohigas, Martorell et Mackay pour la création et l’ouverture vers la
mer de la ville de Barcelone avec son village olympique.
Il en est de même pour la destinée de Montjuich et du port Vell, port de plaisance et
de tourisme aujourd’hui. La Barcelone de 2002 semble avoir été une ville qui avance par
soubresauts, événements d’envergure toujours au service d’une politique catalaniste ou
industrielle. On ne peut comprendre la Barcelone d’aujourd’hui sans se pencher sur la
Barcelone d’hier et des effets actuels de la mondialisation sur sa société et trame urbaine.
Ignasi de Solà Morales, le rappelle très bien : « Les Jeux Olympiques, puis leur organisation
ont été reconnus publiquement et explicitement comme un simple prétexte (…) une sorte de
double langage : les compétitions sportives durèrent 15 jours, l’enjeu étant de transformer la
ville pour combler ses retards structurels et faire face au futur défi européen » (6).
Et il ajoute : « A l’instar du village olympique, conçu comme la constructionreconstruction d’un fragment de la trame de Cerdà (…). Surpris par l’ampleur du chantier
qui, en dix ans a bouleversé la ville et fait naître une multitude de projets, le visiteur qui se
rend aujourd’hui à Barcelone se pose immanquablement la question suivante : comment, en
un temps si court, tout cela a-t-il été possible ? Comment cette Espagne qui survit de longue
date une évolution si distincte des autres pays d’Europe - elle qui ne partagea ni leurs projets
ni leur démocratie ni même leurs guerres - et qui fut longtemps considérée comme marginale
et retardataire, a-t-elle pu mobiliser su vite autant d’énergie et d’imagination ? Sans doute ce
visiteur comprend-il que les Jeux Olympiques ont polarisé toutes les forces de la cité, comme
le furent autrefois les grandes Expositions que Barcelone organisa en 1888 et 1929, et que
Séville reçoit à son tour en 1992. Mais comment admettre que les équipements nécessaires à
l’organisation des jeux aient entraîné la transformation de la ville entière ? Depuis que les
Jeux Olympiques existent, avait-on jamais entendu dire qu’une ville devait être repensée,
transformée de fond en comble pour les accueillir » (7).
En fait, on se rend compte que les mêmes solutions à 50 ans, voire 10 ans d’intervalles
ont été reconduites et reproduites. On peut comparer pour Barcelone les 60 premières années
du XIXe siècle gâchées et non productives avec les 40 années d’erreur urbanistique de la
période franquiste avec un laisser faire archaïque du point de vue de l’urbanisme. Henry Guy
rappelle en quelques mots ce qu’a été et est le projet urbain barcelonais : « On peut dire qu’il
concrétise la tentative d’une politique municipale de faire sortir la ville, en peu de temps, du
relatif sous-développement dans lequel l’avaient maintenu quarante années de franquisme,
tout en amorçant un nouveau développement économique, social et culturel qui permette à la
capitale catalane de rivaliser avec les grandes villes européennes (…). Les Jeux Olympiques
ont produit une sorte de catalyseur du projet urbain général conçu sur l’ensemble de la ville.
112
On comprend comment, grâce aux jeux, la capitale catalane a franchi un moment
historiquement très important dans son développement ».
L’auteur fini par une remarquable synthèse de ce qu’a été et est le projet urbain dans
son sens et but les plus absolus aux yeux des dirigeants Catalans : « Il reste que le principal
intérêt, selon nous, de cette stratégie réside dans le fait qu’elle ne s’est pas, comme ailleurs,
développée pour elle-même : comment ne pas constater insensiblement leur stratégie en
finalité ? Comment ne pas voir que cette stratégie est un credo vide de sens dès lors qu’elle ne
se réfère pas, au-delà d’objectifs économiques et sociaux partout semblables, à un projet
profondément ancré dans la forme particulière, unique de toute ville et dans l’héritage
intellectuel hors duquel la recherche et l’expression du contemporain ne signifient rien ?
L’intérêt fondamentale du projet urbain barcelonais consiste, pour nous, dans cet ancrage
que ses auteurs ont su lui donner, et qui fait que tout voyage à Barcelone invite à relire les
écrits de l’ingénieur Ildefonso Cerdà qui dessina, en 1859, le plan servant de base, pendant
un siècle, à l’extension de la ville, à se remémorer des projets du GATCPAC, ce groupe
d’architectes émules de Le Corbusier qui proposèrent notamment, dans les années trente, un
projet de réaménagement de la façade maritime, celui-là même que le village olympique un
demi siècle plus tard, réinterprète et prolonge, à faire revivre les souvenirs de ceux qui, tel
Oriol Bohigas firent partie du groupe R, ce creuset dans lequel, durant les années cinquante,
un petit groupe d’architectes s’efforçait de mettre à profit l’isolement d’une Espagne coupée
du monde pour produire une architecture et une pensée associant de manière critique,
modernité et tradition » (8).
Nous disposons dans ce cas présent de témoignage de praticiens et critique de
l’urbanisme catalan qui insiste sur le dialogue entre méga-événement et société urbaine. Et
après cette longue tirade, comment ne pas la rapprocher de deux citations de Georges
Desdenises du Dezert et Emmanuel Sorra, un siècle plus tôt : « Le mouvement nationaliste qui
scandalise et inquiète si fort les politiciens castillans, n'est au fond, qu'une protestation contre
leurs œuvres néfastes. Ils n’ont vu dans le pouvoir qu’un moyen de servir leurs intérêts
particuliers, ils n’ont su ni administrer ni gouverner. Les provinces les plus laborieuses
déclarent sans ombrage, qu’elles ont assez reçu sous cette tutelle hautaine et inhabile, et
réclament le droit de faire leurs affaires elles-mêmes. La province de Barcelone est, de toutes
celles qui parlent le plus hardiment, elle fait mieux encore, elle travaille, elle s’enrichit, elle
s’instruit et malgré d’inévitables crises, donne à l’Espagne, l’exemple de l’activité et du
progrès dans tous les genres. Barcelone est la première ville industrielle de l’Espagne,
partage le premier rang avec Bilbao comme place commerciale, elle tend à devenir le centre
littéraire de tous les pays de langue catalane ; elle est déjà une grande cité artistique et la
renaissance de l’art catalan n’est pas le moindre ni le moins bon effet du catalanisme »
113
(9)
.
L’événement médiatique et urbain qu’est une exposition universelle dans la cas présent
évoque tout simplement une adaptation de la société urbaine à la mondialisation, son ancrage
dans un réseau européen et une volonté de s’émanciper par des gestes urbains symbolique et
novateur pour l’époque : « Son véritable essor depuis l’Exposition Universelle de 1888 par
laquelle les Catalans conscients de leur force productrice ont voulu inaugurer l’entrée dans
le concert industriel et commercial des peuples modernes » (10).
…
Notes pour ce chapitre abrégé-résumé en ligne.
1.
2.
DECOSTER X., LECLUSE M., 17 promenades dans Barcelone, Paris, Casterman, 1992, p. 100-150.
Le CIAM a pour comité directeur et génère le CIRPAC, Comité International pour la Réalisation des
Problèmes Architecturaux Contemporains, fondé en Suisse en 1928.
3. Surgit une proposition pour Barcelone : le plan Macia, Le Corbusier, Pierre Jeanneret. Si l’Exposition est
dite universelle, elle n’en demeure pas moins mineure par rapport à celle qui a eu lieu un an plus tard à
Paris.
4. Sur Léon Jaussely, PUYO J.Y. « Léon Jaussely » dans Aux débuts de l’urbanisme français », Paris,
l’Harnathan, 2001, p. 119-132 et PAPILLAULT Rémi « l’urbanisme comme science ou le dernier rêve de
Léon Jaussely », Paris, 1990, 52 p., Mémoire de fin d’études, CEA d’analyse urbaine.
5. « Les olympiades oubliées », Le Monde, 27/07/92, p. 9.
6. DE SOLA MORALES Ignasi « Introduction » dans Barcelone : 10 années d’urbanisme, la renaissance
d’une ville, Paris, Edition Le Moniteur, 1992, p.13
7. Op. cit. p.15
8. Op. cit. p. 16
9. Un exemple de ce que l’on peut lire en 1903 dans la revue française « l’art catalan moderne » édité en
France méridionale Espagne septentrionale à la page 1 de Georges Desdenises du Dézert.
10. SORRA Emannuel « Architecture catalane contemporaine », l’art décoratif » 1908, p. 261
114
CHAPITRE II.
Quels effets durables de l’éphémère dans un
cadre méditerranéen à travers l’exemple de la
métropole barcelonaise ?
Résumé du chapitre.
En fait, nombre de questions reste en attente de confirmation solide basée sur une
recherche poussée pouvant être entreprise lors d’une thèse.
-
Quels ont été les rapports entre l’urbanisme réglementaire et l’urbanisme opérationnel à
cette époque ?
-
Le tourisme comme instrument de création de la ville festive et d’espace public de
qualité ?
-
Y a-t-il eu un suivi cohérent des projets d’urbanisme successifs entre 1888 et 2004 ?
-
Quelles ont été les attitudes de la Mancommunitat, de la municipalité de Barcelone et du
pouvoir madrilène face aux convulsions de la ville ?
-
La construction d’un métro, d’un parc arboré, d’un port de plaisance ou d’un stade
olympique a-t-elle été programmée bien en amont ou à la suite d’événements non
contrôlés ?
-
Les Expositions universelles et internationales répondent-elles aux critères dans le
domaine contenu et utilité que l’on a pu avoir précédemment ?
-
Comment ces différents événements urbains (Expositions, Jeux, Olympiades) s’intègrentils dans la trame urbaine de Cerdà ?
-
Et face à l’Eixample s’urbanisant, quelle est la stratégie des acteurs de l’urbanisme dans la
reproduction ou non de la trame de Cerdà à travers ces méga-événements ?
-
En quoi ces deux expositions ont-elles eu un effet durable dans l’aménagement et la
planification urbaine barcelonaise ?
-
Cerdà, Farià, Jaussely, Fontseré, Cadaflach, Sert, Le Corbusier, Bohigas, Busquets,
Acebillo se sont-ils copiés, complétés ou agrégés ?
L’urbanisme barcelonais me paraît très riche et au vu des noms prestigieux des
documents disponibles (matériels iconographiques, journaux, témoignages de l’époque,
photographies, vidéos, peintures, plans d’urbanisme), mais aussi travail de terrain, reportage,
interview direct semi-directif, corpus photographiques, analyse du paysage actuel, il me
semble opportun d’y apporter des réponses. Quelles sont les réponses et les conséquences
spatiales et sociétales (politiques et culturelles) de l’éphémère dans le monde urbain ? La
confrontation d’un urbanisme moderniste face à un urbanisme rationaliste ?
115
Lorsque l’on interroge le fichier central des thèses de l’université Paris X Nanterre,
on s’aperçoit qu’il existe en tout 16 réponses à la question : Expositions universelles,
Expositions internationales. On note bien l’existence de deux thèses non encore soutenues
de : Le Pape Corinne et Bug Serge, section études ibériques : « Barcelone : architecture et
jeux olympiques en 1992 : de l’exposition universelle de 1888 aux JO de 1992 » - de l’année
1989 (?) et : « Produit culturel et production urbaine de 1850 à nos jours à Barcelone et à sa
périphérie » - de l’année 1977 (?). Sur l’interrogation : Barcelone, il y a à peu près une
cinquantaine de réponse (cf. annexe n° 3). Nous pouvons signaler deux thèses en cours sur
J.CN Forestier le paysagiste ayant travaillé à l’exposition internationale de Montjuich en
1929, et une autre sur Léon Jaussely avec son plan de 1905. Il existe encore une thèse sur les
Guëll, célèbres familles catalanes, qui peut nous intéresser. On ne dénombre pas beaucoup
(voire pas du tout) en français, d’ouvrages de référence sur Barcelone à travers les expositions
universelles ou ses grands événements. Aucun travail prenant comme point de départ le début
du comblement de l’Eixample à la chute de la Barcelone Républicaine en 1939, n’est à
signaler (aucune thèse, aucun travail fouillé en histoire urbaine, histoire de l’urbanisme). Sur
la Barcelone 1888-1929, il existe un ouvrage paru aux éditions Autrement, regroupant nombre
d’articles sur l’époque, dont un sur l’urbanisme barcelonais « Barcelone 1888-1929 – deux
Expositions, une ambition ». Quant à Stéphane Michonneau, il s’interroge dans un doctorat
sur les effets du catalanisme et son inscription dans les arts et l’urbain entre la période des
deux Expositions internationales (voir annexe des listes de thèses en cours sur Barcelone et la
catalogne).
Pour l’ouvrage de Javier Monclus et de Manuel Guardià, il s’agit d’une très bonne
synthèse qui recoupe et rappelle certains aspects de mes interrogations. À part cet article, on
connaît un ouvrage de référence sur l’histoire de Barcelone, émanant de Hughes Robert :
« Barcelone : la ville des merveilles, une histoire et une civilisation », où un panorama bien
fourni et fouillé sur la période, est présent. Enfin, on trouve la partie Barcelone du classique
Atlas historique des villes européennes, péninsule ibérique, avec, sur cette période, les très
bons résumés de FJ. Monclus et de Manuel Guardià Bassols.
Néanmoins, ce mémoire se veut un travail préparatoire et d’investigation sur les
sources disponibles sur « La ville des prodiges ». Il faudra compléter la bibliographie de mon
projet d’étude avancé pour aller chercher à la source les informations et la documentation
monographique disponibles uniquement en Espagne. Puis dans un deuxième temps, aller
peut-être aussi à la Casa Velasquez pour les articles non encore répertoriés sur la question.
116
Concernant ce sujet, j’affectionne la recherche des plans d’urbanisme et la
superposition dans le temps et l’espace des ceux-ci, tout ce qui est beaux plans, illustrations et
recherches pour l’époque des solutions urbaines envisagées. Les reportages photographiques
actuels de ces espaces publics remarquables nous seront précieux. Une analyse des impacts
directs et indirects touristiques est à entrevoir aussi.
Enfin aucune étude sérieuse d’après les deux professeurs correspondants à ETSAV
n’est actuellement mené sur le prochain Forum universel des Cultures 2004 sur les rive du
Besós dans le nouveau quartier touristique Diagonal Mar, qui sert notre principal objet
d’étude et de recherche en géographie et paysage urbain lors de mon doctorat et nous
permettant de faire des renvois à l’héritage des manifestations barcelonaises passées.
J’émets ici une hypothèse de support de travail, à savoir la réalisation d’un DVD, CD
Rom comme support de thèse. D’après mes premiers travaux, j’ai pu m’apercevoir des
ressources importantes iconographiques, photographies entre autres. Pourquoi ne pas utiliser
les nouveaux moyens du multimédia pour associer textes, images et sons d’une ville.
…
Schéma d’étude et d’analyse urbaine, paysagère et urbanistique des effets durables de
l’éphémère à travers les expositions universelles et internationales de Barcelone (+ J.O.).
…
117
Documents et analyses
- Document
publicitaire
d’ordre
www.vichycatalan.es (source)
grand
public
Les récompenses du Vichy catalan aux
Expositions internationales.
- Document, la médaille commémorative de l’Exposition
universelle de 1888 à Barcelone, 1988. MB.
- Document de la foire de Barcelone, Exposition
internationale et foire, les liens étroits. 1986. FB.
- Document de publicité sur les J.O. de 1992, 1986.
CIO/Candidature officielle.
- Document sur le port Olympique, Photographie du
nouveau front de mer touristique par Patrice Ballester.
- Document sur le Forum universel des cultures 2004.
Plan d’extension et d’urbanisme du littoral.
- Document : Publicité municipale avec Oriol Bohigas.
1987.
- Document : Réseaux de transports et infrastructures
olympiques à l’horizon 2000, 1998, MB.
118
Notes pour ce chapitre et complément de lecture.
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
8.
9.
10.
11.
12.
13.
14.
15.
16.
17.
18.
HUGHES Robert « En route pour l’exposition » - dans, Barcelone : la ville des merveilles, histoire et
civilisation, Paris, Albin Michel, 1992
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VERDIER, Thierry, Barcelona’92 Les Jeux de l’Architecture, Architecture Méditerranéenne n°38,
Barcelone, Edition Robert Khaiat, 1992
119
CONCLUSION GÉNÉRALE
[résumé]
Des villes, des Expositions, des représentions et le tourisme comme instrument de création
de ville-quartier contemporain (e) s’adaptant à la mondialisation. Voilà l’objet d’une partie de
cette recherche sur les Expositions universelles et internationales dont une future analyse
repose sur la capitale catalane. Il s’avère que des morceaux de ville tendent à l’identification
de l’ensemble de la cité, mais nous serions un peu trop schématique et simpliste d’aller
complètement dans le sens de l’architecte Aldo Rossi. Par contre, des auteurs comme Pelletier
ou Delfante soulignent toujours l’aspect visionnaire et synthétique d’Aldo Rossi : « Il n’en
existe pas moins que depuis l’Antiquité, l’architecture des quartiers a formé l’image
architectonique de la ville. On devrait donc envisager les architectures de quartiers comme
partie d’un tout et définir l’architectonie, c'est-à-dire l’organisation architecturale des
espaces et des constructions qui façonneront l’architecture de la ville et permettront de la
caractériser »8. À travers les quartiers ou nouveau « morceaux de ville » issus des parcs de
foires et d’Exposition universelle, nous pouvons travailler une géographie urbaine faite de
représentation, d’éphémère, de durable, tout en se questionnant sur les impacts et l’héritage
urbain de ces manifestations géantes, en prenant en compte le tourisme urbain et les espaces
publics et les infrastructures créées pour l’occasion. Avec la quête - ou pas - de l’utilité et de
la perpétuelle nécessité de laisser une trace « urbaine » : les Expositions questionnent. Ces
questions sont récurrentes, déjà au dix-neuvième siècle, avec l’appel à Sir robert Paxton pour
la réalisation d’un second « Crystal Palace » à Paris au Champs-de-Mars ou bien la
proposition de Proudhon pour une Exposition perpétuelle, les liens entre parcs de foire et
parcs d’exposition universelle et internationale sont importants. Il reste aussi des visionnaires
comme Élisée Reclus qui propose la découverte de notre planète à travers un globe
monumentale devant rester après l’Exposition universelle de 1900.
De nos jours, des métropoles comme Hanovre sont dans la même logique plus
« marketing urbain » ainsi que celle du réemploi des infrastructures pour une ville globale et
durable. La prochaine Exposition sur les rives du Besós à Barcelone en 2004 semble un autre
moyen de proposer une analyse contemporaine d’une manifestation éphémère et durable à la
fois.
…
Page A3 p.140.
-
-
a/Projet pour le palais du Champs de Mars de l'Exposition universelle de 1867 à Paris,
Sir Joseph Paxton (1803-1865) , musée d'OrsayMusée d'Orsay.
b/Proudhon et l’Exposition perpétuelle. Proudhon, Pierre-Joseph (1809-1865). Théorie
de la propriété : suivie d'un nouveau plan d'exposition perpétuelle. Paris : A. Lacroix,
Verboeckhoven et Cie, 1871. Extrait.
c/Élisée Reclus, demande d’une esquisse pour un immense globe terrestre, une réplique
parfaite de la Terre en évolution pour l’Exposition universelle de 1900.
d/Extrait d’un article du Moniteur et Logo de Decathlon.
8
DELFANTE C. PELLETIER J., Villes et urbanisme dans le monde, Paris, Armand Colin, 2000, p.33
120
MANIFESTATION ÉPHÉMÈRE – DURABLE : HÉRITAGE URBAIN ET IMPACTS VARIABLES
a
c
d/ « L’exposition universelle qui se tiendra du 1er juin au 30 octobre 2000 à Hanovre, entre dans la phase de réalisation. Les
travaux d’infrastructures routières et ferroviaires, d’un montant de 13 milliards de francs, sont déjà engagés et, sur le champ
d’exposition de la Foire de Hanovre, le lancement des projets-clés est imminent. Plusieurs pays, dont la France, ont dévoilé
leurs plans pour les pavillons des nations. Face à une opinion sceptique – seulement 52 % des habitants de Hanovre ont
approuvé l’Expo 2000 dans le cadre d’un référendum – le chancelier Kohl a qualifié l’opération de « vaste programme de
conjoncture pour toute la plaine d’Allemagne du Nord ». Le ministre fédéral de l’Economie, Günter Rexrodt, membre du
conseil de surveillance de la société organisatrice Expo 2000 GmbH, évoque un supplément de croissance de 1 % à 2 % pour
la Basse-Saxe. Selon lui, l’afflux de 20 millions de visiteurs va générer « une demande globale de 40 milliards de francs ». Le
BTP régional va pouvoir occuper 13 000 personnes à cet effet. L’exposition universelle offre, bien sûr, l’occasion
d’améliorer le réseau des transports appelé à acheminer 300 000 personnes par jour : construction de la nouvelle ligne
ferroviaire ICE Hanovre-Berlin, qui sera livrée cet été, et la mise à six voies des autoroutes convergeant sur la ville de
Hanovre. Sont en voie d’exécution : l’extension du réseau S-Bahn, ligne RER devant relier directement l’aéroport urbain au
champ d’exposition (4,4 milliards de francs) ; les nouvelles lignes du tramway urbain (3 milliards) ; l’achèvement du
troisième terminal de l’aéroport (900 millions) ; la modernisation de la gare centrale de Hanovre (400 millions), la nouvelle
gare grandes lignes de Laatzen jouxtant le champ de foire (200 millions). Siemens, Adtranz et Deutsche Waggonbau viennent
d’enregistrer une commande de 800 millions francs pour 40 nouvelles rames de S-Bahn devant desservir l’Expo 2000. […]
Autre originalité : les bâtiments devront, si possible, être réutilisés après la fin de la manifestation. Cela sera le cas pour les
halls existants de la Foire de Hanovre, la plus importante d’Allemagne.[…] Le pavillon de la France s’érigera sur 1 000 m2.
Avec 5 000 m2 par étage, il pourra héberger d’autres usagers comme la Principauté de Monaco. La chaîne de magasins de
sport Décathlon est l’investisseur qui exploitera le pavillon sur une surface agrandie de 35 000 m2, annonce Georg Sewig,
directeur responsable pour les pavillons des nations».
Le Moniteur BTP, Moniteur N° 4920, 11/03/1998.
b
BIBLIOGRAPHIE
LA PROGRAMMATION ET LE MANAGEMENT DU PROJET URBAIN À GRANDE ÉCHELLE
LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES ET INTERNATIONALES ONT-ELLES UN EFFET DURABLE
OU ÉPHÉMÈRE SUR L’AMÉNAGEMENT ET LA PLANIFICATION URBAINE D’UNE
MÉTROPOLE ?
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-6- BIBLIOGRAPHIE SUR L’ARCHITECTURE DES EXPOSITIONS
-7- BIBLIOGRAPHIE SUR LES PARCS ET JARDINS DES EXPOSITIONS
-8- BIBLIOGRAPHIE SUR l’IMAGE DE LA VILLE , SA PROMOTION ET LE PROJET
URBAIN
-9- BIBLIOGRAPHIE SUR l’ÈRE INDUSTRIELLE ET SA PRODUCTION LITTÉRAIRE
SUR LA VILLE ET LES EXPOSITIONS
-
LA LITTÉRATURE ET LA PHOTOGRAPHIE DES EXPOSITIONS
JULES VERNE ET LA VILLE
ÉMILE ZOLA ET LES EXPOSITIONS
-10- BIBLIOGRAPHIE SUR LA MÉTHODOLOGIE D’UN DEA, D’UNE THÈSE
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136
COMMENTAIRES (Fév.2002)
De tout temps les hommes se sont réunis en masse pour « célébrer.» Quatre cinq types
d’événements canalisent et catalysent les forces vives d’une nation ou d’une communauté à un
moment donné de leur histoire, à savoir, les manifestations religieuses, politiques, sportives,
commerciales et culturelles. Ces fêtes géantes se déroulent toutes en milieu urbain dans la
plupart des cas. Elles transforment depuis l’antiquité la trame urbaine des capitales ou
mégapoles. La cité avec son agora pour les réunions politiques, son ecclésia pour les
processions et regroupement religieux, son stadium pour les compétitions sportives et son
ampurium pour les foires commerciales ; devient un enjeu symbolique et formateur pour les
aménageurs de l’époque et les architectes-urbanistes. Entre 1798 et 1851 voit le jour
officiellement une nouvelle forme de réunion des hommes et des nations appelées à se répéter :
les Expositions universelles. Londres, la capitale du plus grand Empire du monde accueil les
premiers participants à Hyde Park puis Paris en 1855. Mais comment caractériser une telle
manifestation ? Indéniablement, elle est politique par son organisation, économique par ses
visées, culturelles par ses arts décoratifs et parfois sportive et religieuse dans certains cas. Pour
la première fois, le politique expose et s’expose, un et des savoir-faire dans une ville choisie.
Les olympiades du progrès ouvrent un monde nouveau aux citadins par le brassage des
cultures. On découvre une architecture et un urbanisme en miniature (des ruelles typiques puis
des villages nationaux) venus d’ailleurs ; une nouvelle vision du commerce transcontinentale,
de l’architecture, de l’industrie des arts voit le jour. Depuis cette date, la ville industrielle s’est
trouvée un flambeau à porter et à exporter pour le bien être de l’Homme industrieux et
capitaliste. L’avènement des loisirs et de la découverte voit aussi le jour durant cette période.
Entre 1851 Londres et 2000 Hanovre, les villes d’Occident et d’Asie ont eu à gérer et organiser
de telles manifestations géantes. Dans un premier temps, c’est l’urgence des travaux et l’image
que donnera la ville au monde qui sont les plus importants.
137
8
Le fait de relever les défis de l’organisation et le délai est primordial. L’aménagement primaire
de l’espace d’Exposition est en générale un parc-jardin ré exploitable après coup. Puis dans un
second temps, on voit apparaître timidement puis d’une manière plus avancée et directive, le
fait de tirer partie des Expositions pour un mieux vivre et mieux être des habitants des grandes
villes (vivable et viable). Certes, on ne parle pas à la fin du dix-neuvième siècle et début
vingtième de développement durable, mais on commence par diverses initiatives à tirer partie
de ces réunions éphémères. Éphémère, le mot est prononcé. Les Expositions universelles ontelles un effet durable ou éphémère sur l’aménagement et la planification urbaine d’un territoire
ou d’une cité ? Telle est la question-problématique de départ pour mon mémoire de master 2
recherche. Bien sûr, le seul fait de poser la question appelle à une réponse positive. Mais l’on
se doit de nuancer les éléments à notre disposition et de rappeler la longue évolution de la
pratique des Expos, face aux aménageurs et acteurs en présence.
Trois constats s’offrent à nous ; le premier aucune répercussion notable à signaler ; le second,
des effets sont constatés non véritablement voulus planifiés variés et inattendus ; le troisième
des impacts bénéfiques sont au rendez-vous à court et long terme. Il reste aussi l’endettement
des municipalités…
Si l’on prend l’exemple d’une capitale occidentale, en perte de vitesse économiquement et
stratégiquement par rapport à son image. Admettons qu’un maire entouré de relations
influentes décide de mobiliser ses troupes et sa ville pour accueillir une Exposition universelle.
On peut alors faire un constat : sa volonté politique va se traduire par une action planificatrice
de grands travaux nécessaires à la réalisation de son projet. Il est indéniable de constater que
dix à vingt ans d’études nécessaires pour un schéma directeur municipal lointain sont
contractées en trois ou cinq ans avec en prime une aide de l’État qui accueille la manifestation.
La contraction du temps (et du projet urbain ou d’aménagement) pour les pouvoirs publics,
voici un des aspects les plus criant qu’entraîne la décision et l’organisation de projet urbain
ou/et d’aménagement à grande échelle comme les Expositions universelles et internationales.
138
Mais ne nous trompons pas, ce n’est pas depuis Séville 1992, Lisbonne 1998 et Hanovre 2000
ou le développement durable est à la mode que les décideurs envisagent avec une vision
d’urbaniste le futur de leur ville. Barcelone 1888, 1929, 1992, 2004, Séville 1929 ou Paris
1900 et leurs Expositions et JO sont des exemples que l’on se doit de citer pour l’impact non
négligeable de leurs paradis éphémères sur la trame urbaine de leur ville. La question que l’on
peut se poser réside dans le fait de savoir si ces planifications sont toutes communes dans une
typologie ? Retrouve-t-on une même attitude programmatique innée ou inconsciente chez les
acteurs de ses enjeux sur un siècle ? La désinvolture, la table-rase, le réemploi des matériauxbâtiment, la vente de pavillon (très répandu) l’incapacité à se projeter ou le contraire sont au
rendez-vous au plan urbanistique. Pour compléter notre introduction, on peut faire un parallèle
entre l’organisation des Expositions universelles et les Jeux Olympiques. Depuis longtemps et
même à nouveau en ce début du vingt-et-unième siècle, l’aventure des J.O. alla de paire avec
celle des Expositions universelles. En 1900, Paris accueil l’Exposition universelle et
internationale ainsi que les J.O. d’été. En 1904 s’est St-louis qui accueil la Louisiana Purchase
Exposition et les J.O. d’été. Puis en 1908 s’est Londres qui accueil la Franco British Exhibition
et les JO d’été. Le phénomène se répète à nouveau en 1984 avec les J.O. de Los Angeles et la
Louisiana World Exposition à la Nouvelle-Orléans et en 1992 avec Barcelone et ses J.O. et
Séville et son Exposition Universelle. D’ailleurs 1992 marque un tournant pour l’Espagne, le
pays conforte de plein droit son entrée dans l’Union Européenne. On pourrait continuer en
rappelant que Calgary rêve à nouveau d’un grand événement du même calibre que les J.O.
d’hiver, à savoir une Exposition universelle pour renouveler et étendre son tissu urbain et ses
infrastructures existantes. Il en a été de même avec Séville qui présenta sa candidature pour les
JO d’été de 2004 face à Athènes.
Comme on le voit malgré le caractère éphémère des Expositions ou grands événements
sportifs, les très grandes villes du monde se battent pour accueillir en leur sein de telles
manifestations.
139
Lors d’une compétition entre les villes, la municipalité remportant l’organisation incorpore à
son schéma directeur de base une greffe dans la plupart des cas bénéfiques pour son tissu
urbain.
Rappelons en dernier point que la date de 2004 va voir réapparaître au grand jour notre
problématique de départ. 2004 s’est le forum des cultures européennes à Barcelone et
l’Exposition internationale sur le thème des Images à la Courneuve en Plaine Saint-Denis.
L’ensemble des programmateurs, aménageurs, urbanistes, architectes, attendent avec
impatience les politiques et leurs confrères sur la manière dont auront été gérés et pensés ces
projets urbains et d’aménagement à grande échelle. Les comparaisons et les débats ne vont
pas manquer sur l’aménagement des rives du Besós et peut-être Llobregat face à l’ère des
Quatre-Vents. Sujet d’actualité, sujet du passé, sujet intemporel, mais aussi sujet pas assez
mis en valeur au plan urbanistique, de la géographie urbaine et du marketing-communication.
Quel rapport entre l’éphémère et le durable ?
Quel rapport entre le provisoire et le viable ?
Quel rapport entre le gérable et l’inattendu ?
Il est nécessaire de procéder en quatre temps pour pouvoir dégager les grandes lignes et
particularités de notre recherche. Il convient d’analyser respectivement les thèses se
rapprochant et traitant de ce sujet, puis les documents relatifs aux Expositions universelles en
générale et autres grands projets urbains ou d’aménagements pour approfondir par les articles
et monographies faisant références aux effets des Expositions sur les trames urbaines des
villes industrielles et modernes. Ceci va nous permettre d’analyser les difficultés rencontrées
lors de cette première étape bibliographique.
En ce qui concerne les thèses françaises ; il n’existe aucune référence se référant
spécifiquement à une Exposition universelle et à son apport sur la trame urbaine d’une ville.
Les deux seules thèses traitant des Expositions de Paris en 1878 et 1900 proviennent de
l’UFR d’histoire de l’art et d’archéologie de l’université Paris 4.
140
Les auteurs envisagent les Expositions du point de vue de leur architecture, de l’image que se
donne la ville en rappelant d’une manière détachée l’impact de ces immenses foires sur la
trame urbaine. Il en est de même sur Barcelone et la péninsule ibérique. Il n’existe pas non
plus de thèse sur les Expositions universelles de 1888, 1992 et 1998 ainsi que sur les
Expositions internationales de 1929 à Séville et Barcelone. Sur Barcelone, il existe de
nombreuses thèses portant soit sur la période antique-médiévale et moderne soit sur
l’Ensanche de Cerdà et l’économie de la ville et de son port pendant la Reconquista et les
Croisades. Sur le Barcelone contemporain, on trouve la thèse de M Ferras « Barcelone
croissance d’une métropole », mais aussi une thèse sous la direction M Jalabert avec Sbiti
Nadia ainsi qu’une autre thèse de Dias de Souza sous la direction de Claude Chaline. Ces
deux dernières thèses traitent des espaces en friches du Barcelone des dix dernières années
face aux JO.
En ce qui concerne les autres productions écrites, on peut noter que dans un premier temps et
même dans la majorité des articles scientifiques d’aujourd’hui que les sujets les plus traités
concernent en priorité l’intérieur des Expositions, leur organisation, l’architecture et l’image
de la ville ainsi que les anecdotes sur les progrès du genre humain et les techniques de
production. On peut regrouper les thèmes traités depuis plus de 150 ans par les historiens,
géographes, sociologues et autres universitaires en une trentaine d’entrées, à savoir : Le
monde de demain - les robots - la ville de demain - les avancées scientifiques - le nucléaire les cartes postales commémoratives - les archives- l’automobile à l’Expo - la littérature des
expositions - le thème des Expositions - la vision du monde d’aujourd’hui et de demain à
travers les Expositions - la promotion du sionisme - la musique des Expositions – les concerts
et œuvres majeures nouvelles jouées pour la première fois - la culture populaire - les fêtes
populaires - l’identité des civilisations - les Africains aux Expositions - la discrimination
raciale - le début des colloques - la classification dewey’s - le début des congrès - les arts l’architecture - les arts décoratifs - la fabrication des métaux -le fer - l’acier - les alliages- le
Japonisme - Monet et Manet - polémiques artistiques - les machines - les réseaux- les
141
échanges économiques - la femme et les Expos - l’Exotisme - les colonies - la philanthropie les religions - les nouvellistes de l’Expo –les relations internationales - les grandes roues –
les parcs d’attractions - les mouvements artistiques - le cinéma à l’Expo - les photographie
des Expos - l’électricité - la communication des savoirs - le tourisme naissant - la maison
idéale - les Jeux olympiques et les Expos : le choix des épreuves -la représentation des pays
par leurs pavillons - les rapports des compétitions et de fin d’Expo - la xénophobie - le
cosmopolitisme - la technologie du progrès - le souvenir des Expos - les estampes - les règles
d’orthographes anglaise et française discutées.
Un nombre important de sujets sont abordés pour la plupart des grandes Expositions, ceci
depuis plus de 150 ans. On retrouve toujours les mêmes enjeux analysés à dix vingt ans
d’intervalles. La représentation des nations par leurs pavillons, l’URSS et les États-Unis
durant la guerre froide sont des classiques comme il y a 100 ans auparavant la compétition
entre l’Empire français et Anglais. Généralement les chercheurs s’intéressent soit à l’enclos
fermé de l’Exposition (le système des représentations des États-nations) soit aux répercutions
pour la ville. Certes le thème le plus traité est celui de l’image de la ville. Mais, on s’arrête à
l’aspect promotionnel de la chose sans allez plus loin. Trouver des centaines d’articles sur la
naissance et la mort de l’Art déco aux Expositions est chose aisée. Il existe un manque
d’informations sur ce sujet traité d’une manière globale et particulièrement sur divers terrains
d’études. Il n’y a que depuis peu qu’un groupe de travail s’est mis à problématiser ce fait très
peu traité. Henri Bressler, architecte-enseignant à l’école d’architecture de Versailles et à celle
de Paris-Belleville, même des recherches sur l’histoire de l’architecture et de la vie urbaine
liée notamment à l’organisation d’Expositions universelles. (Travaux débutés il y a moins de
deux ans).
Des lacunes importantes ont été identifiées. Dans le domaine du paysage et du jardin, on ne
trouve aucun travail sur les jardins somptueux et éphémères des Expositions du dix-neuvième
siècle comme par exemple le jardin botanique de Paris en 1900. Il en est de même sur
l’Exposition coloniale de 1931 où l’on fait totalement l’impasse sur les travaux
142
d’infrastructures du métro et du zoo de Vincennes. On s’étonne de ne trouver aucune thèse
française sur l’architecture de l’Expo de Chicago de 1893 ; avec un peu de moyen et de
courage une voie royale est ouverte pour l’étudiant qui désire aborder ce thème. (Idem pour
l’Expo coloniale de 1931 avec un temple d’Angkor Vatt reconstruit à l’échelle un, associé à
une profusion de style architecturaux jamais réunis ensemble avant cette date, cf. annexe 7).
L’ensemble de ces champs d’investigations sont à entrevoir.
Comme on peut le constater la bibliographie est nombreuse concernant les Expositions dans
certains domaines. La bibliographie réalisée par un groupe de recherche américain-italienallemand disponible sur le net (Cf. annexe 1) en est la preuve. Enfin, la BU du Mirail et de
l’Arsenal ainsi que celle de l’École de l’Architecture de Toulouse possède un fond important
permettant une consultation aisée. Pour ce qui concerne le BIE Madame Toiron responsable
des archives m’a aimablement fait parvenir deux disquettes contenants la classification des
archives du Bureau. (Cf. annexe 8). Quant au prêt interuniversitaire, il facilite la venue
d’ouvrage disponible uniquement à Paris et région parisienne.
On peut avancer le fait qu’il conviendra de réaliser un travail critique d’ensemble de certains
documents. Prenons l’exemple du Bulletin du BIE de 1998 ou un article sur l’île de la Cartuja
à Séville, nous informe de la totale réussite de cette opération d’aménagement alors qu’en
cette année 2002 cette zone d’accueil des NTIC connaît des difficultés de croissance et de
reconversion. De nombreux documents officiels reflètent plus une politique de l’aménageur
que la réalité.
Les Expositions universelles ont-elles un effet durable ou éphémère sur l’aménagement et la
planification urbaine d’un territoire ou d’une cité ?
Les Expositions universelles, un moyen de régénération urbaine ?
Les Expositions universelles, une avancée notable pour le géni civil ?
Les Expositions universelles, une forme de fabrication et d’extension de la ville ?
Les Expositions universelles, une évolution dans l’approche de leur organisation ? (de 1851 à
2010) Existe-il un lien entre l’haussmannisation et les Expositions universelles de Paris ?
143
9
PREMIER SYLLABUS (fév.2002)
PREMIÈRE PARTIE: LES EXPOSITIONS UNIVERSELLES, INTERNATIONALES, NATIONALES,
INDUSTRIELLES, DES ARTS DÉCORATIFS, COLONIALES : UN MANAGEMENT DU PROJET
URBAIN À GRANDE ÉCHELLE
CHAPITRE UN :
LA NOTION D’EXPOSITION ET DE FÊTES GÉANTES
Existe-il un problème de classification face à ces événements exceptionnels?
Faire un bref rappel sur les origines et le pourquoi de ces fêtes
Une histoire, un contenu et les participants
Les Expositions sont-elles toujours d’actualités ?
La fin d’une mode ? De l’utilité des Expositions aujourd’hui ?
Le point bibliographique sur ces questions, la critique, la fronde des membres du
BIE, problème de gouvernance ?
CHAPITRE DEUX : L’ORGANISATION DES EXPOSITIONS
Les acteurs des Expositions
Le cadre financier, institutionnel et réglementaire
Les rapports de candidature et de fin d’Exposition
Existe-il un lien, un parallèle avec les JO d’hiver d’été ? (Organisation,
décision, compétition entre les villes)
Une organisation privée ou publique ? (Une évolution?)
Le point bibliographique sur ces questions
CHAPITRE TROIS : LE BIE ET SES ARCHIVES
LE BIE
Les archives, leur conception de l’histoire et de l’aménagement du territoire,
Leur but avoué et inavoué ?
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DEUXIÈME PARTIE : LES EXPOSITIONS ET LEUR UTILITÉS, APPORTS, IMPACTS
ET EFFETS SUR L’URBANISME ET LA VIE D’UNE CITE
(Question générale pour l’ensemble des trois chapitres, des effets positifs ou négatifs voulus ou non
à l’origine pour la ville d’accueil et sa zone d’exposition ? )
CHAPITRE UN : LES TRANSPORTS ET LES EXPOSITIONS
La mobilité des participants et visiteurs à l’extérieur et l’intérieur des Expositions
Une mobilité planifiée ?
Les exemples du monorail américain des années soixante (Seattle, Nouvelle-Orléans,
San-Antonio, Vancouver, Montréal, Miami )
Quid des transports collectifs choisis ? (Téléphérique, bus, bus écologique….)
Une genèse du métro parisien ? (Un parallèle avec les autres Expositions)
Les ponts, routes, autoroutes, grandes infrastructures et les Expositions ( un
moyen d’action et de planification plus efficace ? )
Une contraction du temps ?
Le point bibliographique sur ces questions
CHAPITRE DEUX : LA PROBLÉMATIQUE DU RÉEMPLOI
La question de la reconversion des sites à court et long terme
L’attitude planificatrice, ambiguë, innovatrice et irresponsable des aménageurs
Une question de régénération urbaine ?
Le choix des zones d’accueil des Expositions (friches, site ex-nihilo, autres….)
Les parcs récréatifs, zoologiques, éducatifs.
Le point bibliographique sur ces questions
CHAPITRE TROIS : LES IMPACTES SOCIAUX, ÉCONOMIQUES ET CULTURELS
Les Expositions et la luttes contre l’insalubrité, le chômage et les mals lotis
Existe-il un politique de logement à coté de l’organisation des Expositions ?
Les Expositions et la création de nouveaux réseaux sociaux, la formation des ouvriers
spécialisés, une nouvelle forme de lutte contre le chômage ; les syndicats, les
associations, la structuration des réseaux d’entreprises
Les premiers transferts de technologies ?
Le fort endettement de certaines villes !
Le point bibliographique sur ces questions
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TROISIÈME PARTIE : UNE UTOPIE URBAINE- UNE NOUVELLE IMAGE DE LA VILLE –
LA VILLE INDUSTRIELLE ET SON DOUBLE
Une démonstration, une représentation, une exaltation
CHAPITRE UN : UNE DÉMONSTRATION
La compétition entre les villes, les nations et les hommes ; un phénomène
naturel ou encouragé par les États ?
Une démonstration pour une ambition, les nombreux exemples, l’Espagne
avec Barcelone 1888 et Séville 1929, 1992
Le fer et la ville : vers un urbanisme modifié ? ( Un nouveau symbole urbain )
Le point bibliographique sur ces questions
CHAPITRE DEUX : UNE REPRÉSENTATION
L’aspect promotionnel : vers une valorisation de l’aménagement du territoire ?
(Les exemples du canal de Suez, de Panama, du pont sur la Manche, de nombreux
tunnels et voies ferrées )
Pourquoi les Expositions servent-elles de vitrine aux villes aux nations et aux grands
travaux d’aménagement ?
À la découverte d’un urbanisme et d’une architecture des mondes lointains ; les
architectes-urbanistes apprennent-ils quelque chose de ces immenses foires ?
Un, des Empires et une domination : le choc/union des civilisations ?
Des Kanaks à Vincennes, pour quoi faire ?
Le point bibliographique sur la question
CHAPITRE TROIS : UNE EXALTATION
La photographie des Expositions : garder un souvenir de l’éphémère, pourquoi
une telle attitude ?
La littérature des Expositions : réflexion et questionnement sur la ville industrielle et son
double . Qu’elle est l’attitude des écrivains face à la problématique de la ville et des
Expositions ?
Un microcosme du progrès : toujours plus haut, toujours plus grand, toujours plus
beau- un monde en réseau- Pourquoi tant d’écrits, de travaux, de mobilisation des
forces vives d’une nation ?
Le point bibliographique sur cette question
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QUATRIÈME PARTIE : DANS L’OPTIQUE D’UNE THÈSE
CHAPITRE UN : UNE MATIÈRE
Urbanisme, géographie, paysage, aménagement de l’espace.
Un domaine d’étude aux champs variés : sociologie,
économie, droit, histoire, géographie, aménagement, planification urbaine,
urbanisme
Un terrain d’étude : Espagne, Barcelone ?
Des dates clefs : 1888-1929-1992-2004 ?
CHAPITRE DEUX : UNE DÉMARCHE
Avant d’aller en Espagne, faire une méthodologie d’approche
Comme une année de Master recherche 2 se veut un premier exercice à la recherche,
faire le point sur les Expositions et grands projets urbains puis dégager
ou non des similitudes entre elles voir une typologie ou non pour mieux
appréhender le sujet de thèse sans perte de repère ni de temps
Localiser les lieux de recherche : BNF, BIE, Bne, les Archives catalanes (nombreuses),
la Casa Velázquez, les Archives espagnoles, les universités ibériques…
Le point sur les ressources documentaires statistiques, photographiques, iconographiques,
et sonores…
CHAPITRE TROIS : UNE QUESTION POUR UNE THÈSE
A déterminer fin juin 2002
Les Expositions universelles et internationales en Espagne, Barcelone et Séville, le projet urbain et l’impact sur
l’image et la restructuration urbaine des capitales régionales espagnoles.
Le BIE et les Expositions universelles et internationales, histoire, stratégie, conduite et suivi du projet urbain de
trois Expositions, sur la longue durée l’attitude évolutive du BIE face aux Expositions. Prendre trois lieux
d’études contemporains.
Barcelone une ville en projet du forum des cultures 2004 à la trame urbaine de la ville. Une géographie du projet
urbain à grande échelle au service de la composition urbaine de la capitale catalane, la culture du projet urbain
comme moyen de faire la ville, identification des acteurs locaux, pouvoirs publics et des méthodes urbanistiques
employées, l’impact d’une politique urbaine sans cesse en quête de renouvellement.
Pourquoi Barcelone la référence en urbanisme ?
Un modèle mondial ?
Un modèle urbain barcelonais et européen ?
Les acteurs locaux et nationaux.
Les opportunités, les chances.
Les légendes, mémoires urbaines et le point de départ de chaque transformation.
Les mêmes phénomènes ou acteurs à 20 ans d’intervalle.
De Montjuich à Montjuich, de
Le littoral barcelonais, de l’industrie au tourisme : d’une Exposition à un parc urbain-zoo jardin.
147
10
Table des illustrations
Extraits de textes & tableaux
Document I
Document II
Document III
Document IV
Document V
Document VI
Document VII
Document VIII
Document IX
Document X
Document XI
Document XII
Document XIII
Document XIV
Tableaux :
Tableau I : Les expositions en chiffres
Tableau II : La problématique du programmatique urbaine : l’organisation
d’un projet urbain à part entière
Tableau III : Essai : de l’utilité des Expositions
148
11
TABLE DES MATIÈRES
Sommaire
Avant-propos
Liste des abréviations utilisées
Glossaire
Texte du mémoire
Introduction
Première partie : Les Expositions Universelles et Internationales, Nationales,
Industrielles, des arts décoratifs d’architecture et coloniales
Chapitre I : Les notions d’Expositions aux XVIIIe, XIXe, XXe et XXIe siècles
Chapitre II : Le Bureau International des Expositions (BIE)
Chapitre III : L’organisation en amont et en aval des Expositions
Deuxième partie De l’utilité des Expositions ? Quid des stratégies et impacts ?
Le grand projet urbain et ses effets. L’homme face au gigantisme
Chapitre I : Une préfiguration, une restructuration, une remémoration
Chapitre II : Une démonstration, une représentation, une exaltation
Chapitre III : Des Expositions et des jeux olympiques : une histoire parallèle
et complémentaire ? De la difficulté de cerner un développement durable
de la part des grands projets urbains
Troisième partie : Barcelone et ses Expositions Universelles et Internationales 18591888-1905- 1929-1936-1992-2004, Barcelone une ville en projet, Barcelone, patrie de
de l’urbanisme
Chapitre I : Barcelone, une ville en projet
Chapitre II : Une économie métamorphosée + une culture renaissance = un urbanisme
florissant ?
Chapitre III : Une question pour une thèse, ouverture
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Conclusion
Table des illustrations et tableaux
Table des matières
Annexes :
Plans et illustrations détachables sur Barcelone
150
12
ANNEXES
À consulter sur demande et volume de mémoire à part-séparé.
ANNEXE N°1 : International Exhibitions, Exposition universelles, and World’s Fairs, 18511951, a bibliography by Alexander C. T. Geppert, Jean Coffey and Tammy Lau : Page à
ANNEXE N°2 : Index bibliographique sur les écrits des chercheurs américains et anglais
Source : Historical abstracts : Page à
ANNEXE N°3 : Index bibliographique sur les écrits des chercheurs espagnols, Source :
CSIC : Page à
ANNEXE N°4 : Index bibliographique complémentaire sur Barcelone, Séville, les
Expositions, le projet urbain - Barcelone plan et stratégie 1897-1923 - - Barcelone Montréal,
une comparaison du développement urbain : Page à
ANNEXE N°5 : Liste des États membres du BIE au 23/03/2000 : Chronologie des
Expositions de 1857 à 2010- La liste des Expositions enregistrées par le BIE depuis sa
création - La liste des futures Expositions et concours jusqu’en 2010 : Page à
ANNEXE N°6 : Un exemple d’Exposition : l’Exposition coloniale de 1931 à Paris - Bancel
Nicolas, Blanchard Pascal, Lemaire Sandrine, « Tous à l’Expo », Le Monde Diplomatique,
janvier 2001, 5 p - Cordellier Jérôme, « Exhibitions coloniales », Le point, 29/03/02 1 p. Plan de l’Expo et article sur le métro parisien de l’Illustration, juin 1931 : Page à
ANNEXE N°7 : Des foires, des Expositions, des fêtes, textes et ressources sur l’origine des
foires, des différentes expositions, des salons, de l’événementiel festif : Page à
ANNEXE N°8 : Deux disquettes du BIE sur la bibliographie et les archives du bureau
Copyright BIE, aimablement fournies par Madame Toiron, responsable des archives : Page à
151
ANNEXE N° 7
DES FOIRES, DES EXPOSITIONS, DES FÊTES
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Plans et illustrations détachables
sur Barcelone
1. Le plan Cerdà 1863
2. Le plan de l’Exposition universelle 1888
3. Le plan d’assainissement Père Garcià Farià 1894
4. Le plan Léon Jaussely 1905-1917
5. Le plan Falquès 1917
6. Le plan de l’Exposition Internationale à Montjuich 1920-1929
7. Le plan Barcelona Futura et Le Corbusier GATCAP 1929-1936
8. Le bombardement de l’Eixample 1939
9. Plan du « nouveau port » de Barcelone, 1974.
10. Plan des microprojets de Busquets et Bohigas, 1980-184.
11. Plan d’ensemble de la ville pour le projet olympique de 1992 (candidature
officielle).
12. Plan du projet 22@ et des nouvelles rives du Besós.
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[Quatrième de couverture du mémoire]
Une économie métamorphosée + Une culture
renaissante = Un urbanisme florissant ? Le rôle
des Expositions internationales ?
Poème catalan :
« Ode à Barcelone » parue dans « L’Abello d’Or » à l’occasion de l’Exposition Internationale de 1929.
Pro ni el baf ni la pols ni tos llots i desferres
Ni els pals i filferres
Que t’armen a sobre la gran teranyina
Ni el fumar de tes mil xemeneies
Ni el flam de les teles
Que mou la descorda i abranda l’incendi
Son bastants a posan vilipendi
En aquest cel que tens ton dolç i blau
Que tot s’ho empassa i resol i cauvia,
I ho torna en oblit i consol i alegria :
Mil cops la perdesses,
Nil cops mes tornaria a tu la pau
Joan Maragall
Traduction :
Ni la vapeur, ni la force du poignet, ni le bâton
Ni le fil de fer
Que l’on s’empare et arme pour accomplir la grande tragédie
Ni l’incendie des métiers à tisser
Provoquant la discorde et attisant l’incendie
Ne sont assez pour être vilipendés
Avec ce ciel bleu horizon doux et généreux
Que tous veulent toucher et transpercer
Se transformant en oubli, réconfort et insouciance
Mille fois nous t’avons perdu
Mille fois je me torture en te voyant.
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