Int. J. Therm. Sci. (2000) 39, 117–129
2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS. All rights reserved
S1290-0729(99)00108-8/FLA
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air
humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une
plaque inclinée
El Hacene Mezaache a , Michel Daguenet b *
a
b
Centre universitaire de Skikda, BP 26, Skikda, 21000 Algérie
Laboratoire de thermodynamique et énergétique, université de Perpignan, 52, av. de Villeneuve, 66860 Perpignan cedex, France
(Reçu le 29 juin 1998, accepté le 2 avril 1999)
Abstract — Numerical study of the evaporation in laminar humid air flow of a liquid film flowing over an inclined plate. By using
an implicit centered finite differences method with a non-uniform grid, the authors study numerically the evaporation of a thin liquid
film flowing over an inclined plate in a forced humid-air flow. They consider the existence of two-dimensional laminar boundary-layers
with variable physical properties and show that the term of enthalpy diffusion is always negligible, whether the plate is adiabatic,
isothermal or heated by a constant heat flux density. By using in the liquid film transfer equations which are one-dimensional, partially
two-dimensional and two-dimensional, the authors additionally show the following features. If the plate is adiabatic, the liquid mass
flow rate is without influence on the transfers and the gas–liquid interface behaves like an isotherm surface at rest. In this case, one
may use a one-dimensional model in the film whatever liquid mass flow rate is. If the wall is isotherm or heated by a constant heat
flux and when the liquid mass flow rate is less than 10−3 kg·m−1 ·s−1 , the one-dimensional model is sufficient; if it is included in the
interval [10−3 kg·m−1 ·s−1 , 10−2 kg·m−1 ·s−1 [, the partially two-dimensional model is useful; if it is superior to 10−2 kg·m−1 ·s−1 , it is
necessary to use the two-dimensional model. Generally, whatever the thermal conditions on the plate are, heat transfer is dominated
by the liquid-vapor transition. 2000 Éditions scientifiques et médicales Elsevier SAS
evaporation / thin film / heat and mass transfer / inclined plate
Résumé — Les auteurs étudient numériquement, à l’aide d’une méthode implicite aux différences finies centrées et à maillage
variable, l’évaporation, dans un courant forcé d’air humide, d’un film mince d’eau ruisselant sur une plaque inclinée. Ils considèrent
l’existence de couches limites laminaires, permanentes, à propriétés physiques variables et montrent que le terme de diffusion
enthalpique est toujours négligeable, que la plaque soit adiabatique, isotherme ou traversée par un flux de chaleur de densité
constante. En utilisant, pour le film liquide, des équations de bilan unidimensionnelles, partiellement bidimensionnelles et
bidimensionnelles, ils mettent en évidence, en outre, les éléments suivants. Si la paroi est adiabatique, le débit du liquide est sans
influence sur les transferts et l’interface se comporte comme une surface isotherme au repos ; dans ce cas, on peut utiliser un modèle
unidimensionnel pour le film, quelle que soit la valeur du débit de liquide. Si la paroi est isotherme ou traversée par un flux de chaleur
de densité constante et quand le débit du liquide est inférieur à 10−3 kg·m−1 ·s−1 , le modèle unidimensionnel est suffisant ; s’il est
compris dans l’intervalle [10−3 kg·m−1 ·s−1 , 10−2 kg·m−1 ·s−1 [, le modèle partiellement bidimensionnel convient ; s’il est supérieur à
10−2 kg·m−1 ·s−1 , il faut utiliser le modèle bidimensionnel. Enfin, que la paroi soit isotherme ou traversée par un flux de chaleur de
densité imposée, le transfert de chaleur est dominé par le transfert lié à la transition liquide–vapeur. 2000 Éditions scientifiques et
médicales Elsevier SAS
évaporation / film mince / transfert de masse et de chaleur / plaque inclinée
Nomenclature
Cp capacité thermique massique à pression
constante . . . . . . . . . . . . . . . . .
D coefficient de diffusion massique de la
vapeur dans l’air . . . . . . . . . . . . .
* Correspondance et tirés à part.
daguenet@gala.univ-perp.fr
g
J·kg−1 ·K−1
m2 ·s−1
k
L
M
m
Nu
P0
accélération de la pesanteur . . . . . . .
conductivité thermique . . . . . . . . . .
longueur de la plaque . . . . . . . . . .
masse molaire . . . . . . . . . . . . . .
rapport de la masse d’une substance contenue dans un volume gazeux sur la masse
de ce volume (concentration massique)
nombre de Nusselt [relation (25)]
pression totale . . . . . . . . . . . . . .
m2 ·s−1
W·m−1 ·K−1
m
kg·mol−1
Pa
117
E.H. Mezaache, M. Daguenet
p
pression partielle . . . . . . . . . . . . .
Pa
Pr nombre de Prandtl (Pr = µCp /k)
q
densité du flux de chaleur [relations (29)]
W·m−2
QL,0 débit massique d’entrée du liquide par
unité de largeur . . . . . . . . . . . . . .
kg·m−1 ·s−1
QV débit massique du liquide évaporé par
unité de largeur [relations (31)] . . . . .
kg·m−1 ·s−1
R constante des gaz parfaits . . . . . . . . J·mol−1 ·K−1
Re nombre de Reynolds [relations (32)]
Sc nombre de Schmidt (Sc = µG /ρG D)
Sh nombre de Sherwood local [relation (26)]
Stm nombre de Stanton relatif au transfert de
masse [relation (24)]
Sts nombre de Stanton relatif au transfert de
chaleur sensible [relation (23)]
T
température [relations (30)] . . . . . . .
K
u
vitesse suivant Ox [relations (30)] . . .
m·s−1
v
vitesse suivant Oy . . . . . . . . . . . .
m·s−1
x
abscisse dans le sens de l’écoulement
[relations (33)] . . . . . . . . . . . . . .
m
y
coordonnée normale à la paroi . . . . .
m
Symboles grecs
δ
θ
λ
ω
η
µ
ρ
τ
Ψ
épaisseur du film liquide [relations (31)]
angle d’inclinaison de la plaque par
rapport au plan horizontal . . . . . . . .
chaleur latente massique de vaporisation
densité du flux de vapeur au niveau de
l’interface [relations (31)] . . . . . . . .
coordonnée normale adimensionnelle
[relations (33)]
viscosité dynamique . . . . . . . . . . .
masse volumique . . . . . . . . . . . . .
contrainte tangentielle du frottement
[relation (28)] . . . . . . . . . . . . . . .
fonction de courant [relation (27)] . . .
Indices
A
G
i
L
l
m
0
p
s
x
V
∞
air sec
mélange air–vapeur
interface liquide–vapeur
phase liquide
relatif à la chaleur latente
relatif au transfert de masse
condition d’entrée
paroi
relatif à la chaleur sensible
position suivant Ox
vapeur
frontière extérieure de la couche limite
gazeuse
Exposant
∗
grandeur adimensionnelle
118
m
◦
J·kg−1
kg·m−2 ·s−1
kg·m−1 ·s−1
kg·m−3
N·m−2
−1
kg·m ·s−1
1. INTRODUCTION
L’évaporation d’un film liquide intervient dans de
nombreuses applications industrielles, notamment dans
la concentration des effluents, le refroidissement des
parois et de l’air, la production de vapeur et de sels,
le séchage, la distillation et la combustion. Compte
tenu de son importance pratique, l’évaporation d’un
film liquide en présence d’un écoulement gazeux a
fait l’objet de nombreux travaux numériques [1–12] et
expérimentaux [13–15].
Par exemple, Seban et Faghri [14] étudient l’évaporation d’un film liquide en écoulement turbulent ; Baumann et Thiele [3, 4] considèrent l’évaporation d’un film
composé de deux liquides s’écoulant à l’intérieur d’une
conduite cylindrique ; Yan et Lin [9] examinent l’influence de l’évaporation d’un film liquide sur le transfert de masse et de chaleur par convection naturelle entre
deux parois parallèles et verticales. Les travaux sur l’évaporation d’un film liquide au-dessus d’une plaque plane
concernent les cas d’une paroi isotherme [1, 7, 9, 10],
adiabatique [4–6, 8, 11, 15–17] ou à densité de flux de
chaleur imposée [3, 10, 12]. Ils supposent la présence
d’un gaz en convections naturelle [9, 18], forcée [1, 5,
6, 8, 11, 16] ou mixte [10, 19].
Les premiers travaux s’intéressent surtout au transfert
de masse et de chaleur dans l’écoulement gazeux. Le
film liquide est supposé au repos, d’épaisseur uniforme ;
les équations gouvernant les transferts en son sein sont
réduites à des conditions aux limites pour résoudre les
équations dans la phase gazeuse [5, 8, 15, 19, 20].
L’hypothèse d’un film au repos ne permet, ni d’étudier
l’influence du débit du liquide et de l’inclinaison de la
plaque, ni de prédire la longueur d’assèchement du film.
Elle est acceptable pour des films liquides extrêmement
minces. Cependant, dans de nombreuses applications,
le film s’écoule et son débit massique est relativement
important ; les équations de transfert en son sein doivent
alors être considérées.
Les travaux tenant compte simultanément des transferts dans les phases liquide et gazeuse sont peu nombreux. Étudiant l’évaporation en convection forcée turbulente, Shembharkar et Pai [16], Baumann et Thiele [3,
4] négligent pour le film liquide les termes d’inertie dans
l’équation du mouvement et les termes convectifs dans
l’équation de la chaleur. La formulation est donc unidimensionnelle. Tsay et al. [17], Yan et Lin [9], Yan [10],
Yan et Soong [11, 12] se sont intéressés à l’évaporation
d’un film liquide en convection naturelle, forcée et mixte.
Ils négligent, au sein du film liquide, les termes d’inertie
dans l’équation du mouvement et, dans l’équation de la
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
chaleur, le terme de transport convectif suivant la direction perpendiculaire à la paroi devant celui suivant sa direction longitudinale. Dans cette approche partiellement
bidimensionnelle, les transferts dans le film sont caractérisés par une équation du mouvement unidimensionnelle
et une équation de la chaleur bidimensionnelle. Récemment, Agunaoun et al. [1], Daïf et al. [6], Kaoua et al. [7]
ont considéré l’évaporation d’un film liquide dans un
écoulement laminaire forcé d’air sur une paroi isotherme
ou adiabatique, en utilisant une formulation bidimensionnelle pour l’ensemble des équations de transfert dans le
film.
Les travaux cités précédemment ont permis d’étudier
d’une manière détaillée l’influence, sur le transfert de
masse et de chaleur, des conditions d’entrée de l’écoulement gazeux (vitesse, température et humidité), qui peut
être laminaire ou turbulent. Cependant, l’influence des
grandeurs caractérisant le film liquide, notamment son
débit massique et son inclinaison, a été peu étudiée. En
outre, les approches unidimensionnelle et partiellement
bidimensionnelle pour un film liquide en écoulement n’étant pas toujours satisfaisantes, leurs conditions d’applicabilité doivent être spécifiées.
Dans ce travail, nous résolvons numériquement les
équations de transport bidimensionnelles, permanentes et
laminaires qui gouvernent l’évaporation d’un film d’eau
ruisselant sur une plaque inclinée soumise à différentes
conditions thermiques (plaque adiabatique, isotherme et
à densité de flux de chaleur imposée) en présence d’un
écoulement co-courant d’air humide. Nous étudions notamment l’influence du débit du liquide sur le comportement dynamique et thermique de ce dernier ainsi que
sur les grandeurs physiques caractérisant les transferts de
masse et de chaleur. Nous comparons les résultats ainsi
obtenus avec ceux issus des modèles unidimensionnel [3,
4, 16] ou partiellement bidimensionnel [9–12, 17] utilisés
pour décrire les transferts dans le film, afin de savoir dans
quelles conditions ces deux derniers peuvent être appliqués.
2. DESCRIPTION ET FORMULATION DU
PROBLÈME
Soit un film liquide mince s’écoulant au-dessus d’une
plaque inclinée d’un angle θ par rapport au plan horizontal et soumise à différentes conditions thermiques.
La surface supérieure de ce film est en contact direct
avec un écoulement d’air. L’échauffement et l’évaporation du liquide produisent un transfert de masse et de
Figure 1. Schéma descriptif du problème physique.
film
liquide ;
paroi adiabatique, isotherme ou à densité de flux
de chaleur imposée ;
couche limite dynamique et
couche
limite thermique.
liquid
Figure 1. Schematic diagram of physical problem.
adiabatic, isothermal or heated by a constant heat
film;
momentum boundary layer and
heat
flux density walls;
boundary layer.
chaleur au niveau de l’interface vapeur–liquide. L’épaisseur du film varie en fonction de l’écoulement du liquide,
de l’inclinaison, de l’évaporation et du frottement à l’interface. Le problème physique est schématisé sur la figure 1. Nous posons les hypothèses simplificatrices suivantes : (i) les écoulements liquide et gazeux, ainsi que
les transferts de chaleur et de matière sont laminaires et
permanents ; (ii) l’air humide est un mélange idéal de
vapeur et d’air sec, considérés comme des fluides parfaits ; (iii) les écoulements liquide et gazeux s’effectuent
en couches limites bidimensionnelles et sans glissement
l’un sur l’autre au niveau de l’interface ; (iv) la longueur
de la plaque est grande devant l’épaisseur du film liquide et celle de la couche limite gazeuse ; (v) l’interface
liquide–vapeur est sans onde, en équilibre thermodynamique local, imperméable à l’air sec ; elle ne possède ni
propriété matérielle ni tension superficielle ; (vi) la pression totale dans la phase gazeuse est uniforme ; (vii) ni
la dissipation visqueuse, ni le rayonnement ni, dans la
phase gazeuse, les effets Soret et Dufour ne sont pas pris
en compte.
2.1. Équations de bilan
2.1.1. Dans le film liquide
Équation de continuité :
∂(ρL uL ) ∂(ρL vL )
+
=0
∂x
∂y
(1)
119
E.H. Mezaache, M. Daguenet
Projection de l’équation du mouvement suivant Ox :
∂uL
∂uL
+ ρL vL
∂x
∂y
∂
∂uL
µL
= ρL g sin θ +
∂y
∂y
ρL uL
2.2. Conditions aux limites
À la paroi (y = 0, condition d’adhérence)
(2)
Équation de la chaleur :
∂TL
∂ µL CpL ∂TL
∂TL
+ vL
=
(3)
ρL CpL uL
∂x
∂y
∂y
PrL ∂y
Dans l’approche unidimensionnelle, il convient d’annuler les premiers membres des équations (2)–(3). Cellesci possèdent alors des solutions analytiques, lorsqu’on
néglige la variabilité des propriétés physiques [3, 4, 16].
Dans l’approche partiellement bidimensionnelle, il
convient d’annuler le premier membre de (2) et le second
terme du premier membre de (3). Ainsi simplifiées,
les équations (2)–(3) ont été résolues [9–12, 17] en
supposant les propriétés physiques constantes.
uL,p = 0
(8)
vL,p = 0
(9)
TL,p = Tp
∂T
=0
− k
∂y L,p
∂T
= qp
− k
∂y L,p
(si la paroi est isotherme)
(10)
(si la paroi est adiabatique)
(11)
(si la paroi est traversée par un flux
de chaleur de densité constante)
(12)
À l’interface (y = δ), selon Delhaye [21, 22], Ishii [23]
et Kocamustafaocullari [24], l’hypothèse de non-glissement des phases liquide et gazeuse l’une sur l’autre
permet d’écrire :
uL,i = uG,i = ui
(13)
L’hypothèse selon laquelle l’interface est en équilibre
thermodynamique local entraîne :
2.1.2. Dans le gaz
Équation de continuité :
∂(ρG uG ) ∂(ρG vG )
+
=0
∂x
∂y
TL,i = TG,i = Ti
(4)
(14)
Projection de l’équation du mouvement suivant Ox :
∂
∂uG
∂uG
∂uG
+ ρG vG
=
µG
(5)
ρG uG
∂x
∂y
∂y
∂y
La faible épaisseur du film liquide et la grande valeur
du nombre de Reynolds du liquide conduisent à écrire la
condition pour l’impulsion sous la forme simplifiée :
∂u
∂u
= µ
= τi
(15)
µ
∂y L,i
∂y G,i
Équation de la chaleur :
∂TG
∂TG
+ vG
ρG CpG uG
∂x
∂y
∂ µG CpG ∂TG
=
∂y
PrG ∂y
∂mV ∂TG
µG
CpV − CpA
+
ScG
∂y ∂y
L’interface ne possédant ni propriété matérielle ni
tension superficielle, étant imperméable à l’air sec et la
loi de Fick étant supposée valable dans la phase gazeuse,
compte tenu des hypothèses précédentes, la densité du
flux de vapeur au niveau de l’interface s’écrit :
ρG D ∂mV
= (ρV vV )i
(16)
ωi = −
1 − mV ∂y i
(6)
Équation de la diffusion convective de la vapeur :
∂ µG ∂mV
∂mV
∂mV
(7)
+ ρG vG
=
ρG uG
∂x
∂y
∂y ScG ∂y
Le deuxième terme du second membre de l’équation (6) représente le terme de diffusion enthalpique,
compte tenu de l’idéalité de l’air humide posée en hypothèse.
120
La continuité du flux de chaleur donne :
∂T
∂T
=− k
+ (ωλ)i
− k
∂y L,i
∂y G,i
(17)
L’équation (17) exprime que la densité totale du flux
de chaleur qi transféré à travers l’interface du liquide au
mélange vapeur–air est la somme des densités qi et ql des
flux de chaleur sensible et latente.
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
La concentration massique de l’air à l’interface s’exprime par :
mA,i =
(P0 − pV,i )
(P0 − pV,i ) + (MV /MA )pV,i
(18)
où la pression partielle pV,i , donnée en annexe, traduit
l’état de saturation de la vapeur à l’interface.
À la frontière extérieure de la couche limite gazeuse
(y → ∞)
uL,i = uG,0 = u∞
(19)
TL,i = TG,0 = T∞
(20)
mA = mA,0 = uA,∞
(21)
À ces conditions, il faut ajouter celle exprimant que
l’épaisseur du film liquide satisfait l’équation de conservation du débit massique :
QL,0 =
Z
x
0
ωi dx +
Z
δ
ρL uL dy
(22)
0
2.3. Grandeurs adimensionnelles
Les nombres de Stanton locaux relatifs aux transferts
de chaleur sensible Sts et de masse Stm sont définis, selon
Schröppel et Thiele [8], par :
qs
(23)
2 ρG,∞ u∞ (CpG,∞ + CpG,i )(T∞ − Ti )
ω
(24)
Stm = −
ρG,∞ u∞ (mV,∞ − mV,i )
Sts = − 1
Le nombre de Nusselt local correspondant au transfert
de la chaleur sensible Nus et le nombre de Sherwood
Sh sont déterminés en appliquant les relations suivantes,
selon Yan et Soong [12] :
xqs
kG (Ti − T∞ )
x(∂mV /∂y)i
Sh =
(mV,i − mV,∞ )
Nus =
(25)
(26)
La fonction de courant adimensionnelle Ψ ∗ et le
coefficient de frottement τ ∗ s’écrivent, selon Cebeci et
Bradshaw [25] :
Ψ
Ψ∗ = √
ρG,∞ µG,∞ u∞ x
τ
τ∗ = 2
ρG,∞ u2∞
(27)
(28)
où la fonction de courant Ψ s’écrit ∂Ψ/∂y = ρG uG et
∂Ψ/∂x = −ρG vG .
Les densités adimensionnelles des flux des chaleurs
sensible qs∗ , latente ql∗ et totale qi∗ sont :
qs∗ =
qs
,
qi
ql∗ =
ql
,
qi
qi∗ =
qi
qp
(29)
Les valeurs adimensionnelles de la température T ∗ ,
des composantes longitudinale u∗ et normale v ∗ de la
vitesse, de l’épaisseur δ ∗ du film liquide, de la densité
ω∗ du flux de vapeur, de la fraction massique évaporée
Q∗v et de la concentration massique m∗V de la vapeur sont
données par :
T∗ =
T − T∞
,
Tp − T∞
δ∗ =
δ
,
L
Q∗V
u∗ =
ω∗ =
QV
=
,
QL,0
u
,
u∞
v∗ =
v
u∞
(30)
ω
ρG,∞ u∞
m∗V
(31)
mV − mV,i
=
mV,∞ − mV,i
Les nombres de Reynolds local dans la phase gazeuse
Rex et global dans la phase liquide ReL s’expriment
comme suit :
Rex =
ρG,∞ u∞ x
,
µG,∞
ReL = 4
QL,0
µL
(32)
Les coordonnées adimensionnelles longitudinale x ∗ et
normales η sont, selon Cebeci et Bradshaw [25] :
y
x
ηL =
x∗ = ,
L
δ(x)
(33)
Z y
r
u∞
ρG dy
ηG =
ρG,∞ µG,∞ x 0
3. MÉTHODE DE RÉSOLUTION
Comme Cebeci et Bradshaw [25], nous utilisons une
méthode implicite aux différences finies centrées, à maillage variable suivant la direction longitudinale de la
plaque et uniforme suivant la direction transversale.
∗
= K1xn∗ ,
Plus précisément, nous posons : 1xn+1
K = 1,05, 1x1∗ = 10−3 , N = 101, suivant la direction longitudinale ; 1ηL = 1/(NL − 1), NL = 41, suivant la direction transversale dans le film liquide et
1ηG = η∞ /(NG − 1), NG = 41, η∞ = 8, suivant la
direction transversale dans la couche limite gazeuse.
121
E.H. Mezaache, M. Daguenet
4. COMPARAISON AVEC DES TRAVAUX
ANTÉRIEURS
Afin de comparer des résultats issus de notre code de
calcul avec des résultats de la littérature, nous considérons les évaporations de films de benzène et d’eau dans
l’air sur des plaques planes adiabatique et isotherme.
Figure 2. Organigramme des calculs.
Figure 2. Diagram of the calculation.
Les nombres N, NL et NG désignent les nombres totaux de nœuds respectivement le long de la plaque, suivant la direction transversale dans le film liquide et
la couche limite gazeuse. Les grandeurs 1xn∗ , 1ηL et
1ηG représentent les pas du maillage longitudinal et
transversal dans le film liquide et dans la couche limite
gazeuse.
Les équations de transfert dans les phases liquide et
gazeuse sont transformées en deux systèmes algébriques
linéaires de la forme AL X L = B L et AG X G = B G . La
procédure de résolution est conforme à l’organigramme
présenté sur la figure 2.
La même procédure de résolution est utilisée lorsque
les transferts dans le liquide sont unidimensionnels,
mais la résolution de la première équation matricielle
est supprimée, puisque des solutions analytiques sont
connues pour le film liquide.
122
Figure 3. Comparaison entre nos calculs et ceux de Chow et
Chung [5], Schröppel et Thiele [8], Splettstößer [15], pour un
film liquide au repos (θ = 0). (a) Variations de la température Ti
et de la fonction de courant adimensionnelle Ψi∗ en fonction
de la température d’entrée de l’air T∞ . (b) Variations du
coefficient de frottement τi∗ , des nombres de Stanton relatifs
aux transferts de la chaleur sensible Sts,i et de masse Stm,i ,
modèle
en fonction du nombre de Reynolds local Rex .
Chow et Chung,
Schröppel et Thiele,
bidimensionnel,
Splettstößer.
Figure 3. Comparison between our numerical results and
those of Chow and Chung [5], Schröppel and Thiele [8],
Splettstößer [15], for a liquid film at rest (θ = 0). (a) Variations
of the temperature Ti and the dimensionless stream function
Ψi∗ as function of the free stream temperature T∞ . (b) Variations of the shear stress coefficient τi∗ , Stanton numbers for
sensible heat Sts,i and mass transfer Stm,i as function of the lotwo-dimensional model,
Chow
cal Reynolds number Rex .
and Chung, Schröppel and Thiele, Splettstößer.
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
de Splettstößer [15], relatives à une paroi adiabatique et
à l’eau.
Sur la figure 4a, on observe aussi un très bon accord
avec les résultats numériques d’Agunaoun et al. [1]
concernant une paroi inclinée isotherme et un système
eau–air, pour le nombre de Nusselt relatif à la chaleur
sensible Nus,i et celui de Sherwood Shi . L’accord est
également satisfaisant en ce qui concerne le coefficient de
frottement à la paroi τp∗ et la fraction massique évaporée
Q∗V (figure 4b).
5. RÉSULTATS ET DISCUSSION
5.1. Influence du débit massique du
film liquide
Figure 4. Comparaison entre nos calculs et ceux d’Agunaoun
et al. [1]. (a) Variations du nombre de Nusselt relatif à la chaleur
sensible Nus,i et du nombre de Sherwood Shi , en fonction de
Re1/2
x . (b) Variations longitudinales du coefficient de frottement
à la paroi τp∗ et de la fraction massique évaporée Q∗V . modèle
bidimensionnel, Agunaoun et al.
Figure 4. Comparison between our numerical results and those
of Agunaoun et al. [1]. (a) Variations of the Nusselt number
for sensible heat Nus,i and Sherwood number Shi as a function
of Re1/2
x . (b) Longitudinal variations of the wall shear stress
coefficient τp∗ and the mass flow rate fraction of vapor Q∗V .
two-dimensional model,
Agunaoun et al.
Pour une paroi adiabatique, les variations de la température Ti et de la fonction de courant adimensionnelle Ψi∗
à l’interface, en fonction de la température d’entrée de
l’écoulement d’air T∞ (figure 3a), présentent un bon accord avec les résultats numériques de Chow et Chung [5],
relatifs à un système eau–air et ceux de Schröppel et
Thiele [8] pour un système benzène–air.
Sur la figure 3b, les variations du coefficient de frottement τi∗ ainsi que des nombres de Stanton relatifs aux
transferts de chaleur Sts,i et de masse Stm,i à l’interface, en fonction du nombre de Reynolds local Rex , sont
aussi en parfait accord avec les prédictions numériques
Nos calculs, appliqués au système eau–air, sont effectués dans les conditions suivantes : P0 = 1,013·105 Pa,
mA,∞ = 1, u∞ = 10 m·s−1 , L = 1 m, θ = 10◦ , 10−3 ≤
QL,0 ≤ 10−1 kg·m−1·s−1 et T∞ = 500 ◦ C pour une paroi
adiabatique ; T∞ = 20 ◦ C et Tp = 80 ◦ C pour une paroi
isotherme ; T∞ = 20 ◦ C et qp = 10 kW·m−2 pour une paroi traversée par un flux de chaleur de densité constante.
Les conditions fixées correspondent expérimentalement
à l’évaporation et à la protection thermique des parois,
pour le cas d’une plaque adiabatique ou à flux imposé et
à l’évaporation, pour le cas d’une paroi isotherme.
5.1.1. Paroi adiabatique
La figure 5a montre que la température de l’interface
est constante le long de la plaque, quand le débit varie de 10−3 à 10−1 kg·m−1·s−1 , que l’approche soit bidimensionnelle ou unidimensionnelle. Elle montre aussi
que la température de l’interface et la densité du flux de
vapeur ωi∗ sont indépendantes du débit. Quant aux profils
longitudinaux de et de Ti∗ et de ωi∗ , ils sont identiques à
ceux relatifs à un film liquide au repos.
La figure 5b montre que la vitesse de l’interface u∗i et
l’épaisseur du film δ ∗ croissent avec QL,0 . Les prédictions numériques à l’aide des modèles unidimensionnel
et bidimensionnel sont presque identiques, sauf pour les
grandes valeurs du débit au voisinage de l’entrée où de
faibles écarts sont observés.
5.1.2. Paroi isotherme
La figure 6 présente, en fonction du débit, les variations longitudinales de la température de l’interface
123
E.H. Mezaache, M. Daguenet
Figure 5. Influence du débit QL,0 sur les grandeurs du film
d’une paroi adiabatique. (a) Température de l’interface Ti∗ et
densité du flux de vapeur ωi∗ . (b) Épaisseur du film liquide δ ∗ et
vitesse de l’interface u∗i . modèle unidimensionnel, modèle
bidimensionnel, film liquide au repos.
Figure 5. Effect of liquid mass flow rate QL,0 on the film
parameters for an adiabatic wall. (a) Interfacial temperature Ti∗
and mass flux of vapor ωi∗ . (b) Liquid film thickness δ ∗
and interfacial velocity u∗i .
one-dimensional model,
twodimensional model,
liquid film at rest.
Figure 6. Variations longitudinales en fonction de QL,0 dans
le cas d’une paroi isotherme de (a) température d’interface
et densité du flux de vapeur, (b) fraction massique évaporée.
modèle unidimensionnel,
modèle partiellement bidimenmodèle bidimensionnel.
sionnel,
Figure 6. Longitudinal variations as a function of QL,0 for an
isothermal wall of : (a) interfacial temperature and mass flux of
one-dimensional
vapor, (b) mass flow rate fraction of vapor.
partially two-dimensional model,
two-dimensional
model,
model.
Tp∗ , de la densité du flux de vapeur ωi∗ et de la fraction
massique évaporée Q∗V , respectivement obtenues à l’aide
des modèles unidimensionnel, bidimensionnel et partiellement bidimensionnel.
L’accroissement de Ti∗ en fonction de x ∗ n’est important qu’au voisinage de l’entrée ; loin de celle-ci, l’interface se comporte comme une surface isotherme, dont la
température est plus proche de celle de la paroi Tp que de
la température d’entrée de l’air T∞ . La densité du flux de
vapeur décroît le long de la paroi et n’est influencée par
le débit qu’au niveau de l’entrée.
La figure 7a montre que le rapport qi∗ de la densité du flux de chaleur totale qi traversant l’interface
sur la densité du flux de chaleur qp traversant la plaque
croît avec x ∗ et diminue avec QL,0 . Pour les positions
proches de l’entrée et pour les valeurs élevées du débit, une grande partie du flux de chaleur traversant la
paroi sert à chauffer le liquide ; la chaleur qp est essentiellement transférée par conduction longitudinale et
par convection au sein du film. Loin de l’entrée, même
pour les grandes valeurs du débit, par exemple QL,0 =
10−1 kg·m−1·s−1 , la quasi-totalité de qp sert à l’évaporation.
Le rapport qs∗ de la densité de flux de chaleur sensible
qs sur la densité du flux de chaleur totale qi traversant
l’interface décroît longitudinalement de façon monotone ;
il n’est significatif qu’au voisinage de l’entrée et pour
des débits importants (figure 7b). Contrairement à qs∗ , le
rapport ql∗ de la densité du flux de chaleur latente ql sur la
124
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
Figure 7. Variations longitudinales en fonction de QL,0 dans le
cas d’une paroi isotherme de densité adimensionnelle (a) du
flux de chaleur totale qi∗ , (b) des densités adimensionnelles du
flux de chaleur sensible qs∗ et du flux de chaleur latente ql∗ .
modèle unidimensionnel,
modèle partiellement bidimensionnel, modèle bidimensionnel.
Figure 7. Longitudinal variations as function of QL,0 for an
isothermal wall of (a) interfacial dimensionless heat flux qi∗ ,
(b) dimensionless sensible heat flux qs∗ and dimensionless
one-dimensional model,
partially twolatent heat flux ql∗ .
two-dimensional model.
dimensional model,
densité du flux de chaleur totale qi traversant l’interface
croît avec x ∗ et décroît avec QL,0 . Les variations de
ql∗ montrent que le transfert de chaleur à l’interface
s’effectue principalement sous forme latente et que les
faibles valeurs de ql∗ se situent à l’entrée pour les grands
débits ; pour QL,0 = 10−1 kg·m−1·s−1 , la valeur est
de 87 %.
Aux valeurs relativement faibles du débit (QL,0 ≤
10−2 kg·m−1·s−1 ) ou pour les positions suffisamment
éloignées de l’entrée, nos prédictions des températures de
l’interface basées sur les trois modèles (unidimensionnel,
bidimensionnel et partiellement bidimensionnel) s’accor-
Figure 8. Variations longitudinales en fonction de QL,0 pour
une paroi à flux de chaleur de densité constante de (a) température d’interface Ti∗ , (b) densité du flux de vapeur ωi∗ et
modèle unidimensionnel,
fraction massique évaporée Q∗V .
modèle partiellement bidimensionnel,
modèle bidimensionnel.
Figure 8. Longitudinal variations as function of QL,0 for a
heated wall by a constant heat flux density of (a) the interfacial
temperature, (b) the mass flux and mass flow rate fraction of
one-dimensional model,
partially two-dimensional
vapor.
two-dimensional model.
model,
dent (figure 6a). Ce n’est qu’au niveau de l’entrée ou pour
les grandes valeurs de QL,0 qu’on distingue entre elles
des écarts pouvant être importants (plusieurs dizaines de
pour-cent, selon le domaine), entraînant aussi des écarts
dans les prédictions des autres grandeurs caractéristiques
de l’interface (ωi∗ , Q∗V , qi∗ , qs∗ et ql∗ ).
5.1.3. Paroi traversée par un flux de
chaleur de densité imposée
La figure 8 montre que l’augmentation de QL,0 réduit
la température de l’interface, la densité du flux de vapeur,
ainsi que la fraction massique évaporée et agit d’une
125
E.H. Mezaache, M. Daguenet
qp sont transférés à travers le film liquide pour assurer l’évaporation et l’échauffement du gaz. Simultanément, le rapport qp∗ croît longitudinalement, jusqu’à une
valeur d’environ 15 %, pour une abscisse qui est fonction de QL,0 , puis diminue aux abscisses supérieures (figure 9b). Aux grandes valeurs du débit, par exemple,
QL,0 = 10−1 kg·m−1·s−1 , même pour des positions assez éloignées, la valeur de qs∗ reste importante (environ 13 %). En dehors de sa zone de décroissance longitudinale, le rapport ql∗ croît avec x ∗ et diminue avec le
débit.
Nos prédictions basées sur les modèles bidimensionnel et partiellement bidimensionnel s’accordent parfaitement dans un grand domaine du débit (QL,0
≤ 5·10−2 kg·m−1·s−1 ). Ce n’est qu’à partir des grandes
valeurs de QL,0 qu’on distingue une très faible différence
entre elles. Plus précisément, le modèle partiellement bidimensionnel prévoit une température de l’interface légèrement inférieure ; cette différence influe sur les rapports
des densités de flux de chaleur sensible qs∗ et latente ql∗ ;
elle reste sans incidence remarquable sur les grandeurs
d’interface (ωi∗ , Q∗V , qi∗ ).
Les prédictions numériques issues du modèle unidimensionnel sont presque indépendantes du débit, puisque
les transferts longitudinaux de chaleur au sein du film liquide ne sont pas pris en considération.
Figure 9. Variations longitudinales en fonction de QL,0 pour
une paroi à densité de flux de chaleur constante de (a) densité
adimensionnelle du flux de chaleur totale qi∗ , (b) densités
adimensionnelles du flux de chaleur sensible qs∗ et du flux
modèle unidimensionnel,
modèle
de chaleur latente ql∗ .
partiellement bidimensionnel, modèle bidimensionnel.
Figure 9. Longitudinal variations as function of QL,0 for a
heated wall by a constant heat flux density of (a) the interfacial
dimensionless heat flux qi∗ , (b) the dimensionless sensible
oneheat flux qs∗ and dimensionless latent heat flux ql∗ .
dimensional model, partially two-dimensional model, twodimensional model.
manière significative tout le long de la paroi sur ces
grandeurs. Par exemple, lorsque x ∗ = 1, quand le débit
varie de 10−2 à 10−1 kg·m−1·s−1 , la température de
l’interface résultant de l’approche bidimensionnelle varie
d’environ 13 %. Elle croît le long de la plaque, à partir
d’une valeur proche de T∞ (figure 8a). Il en résulte un
accroissement suivant x ∗ de Q∗V (figure 8b) et, à partir
d’une certaine valeur de l’abscisse, de ωi∗ .
À partir d’une valeur de l’abscisse croissant avec la
valeur du débit initial, le rapport qi∗ diminue avec le
débit (figure 9a) et croît avec x ∗ ; pour QL,0 = 10−1
kg·m−1·s−1 , seulement moins de 20 % de la valeur de
126
5.2. Influence du terme de diffusion
enthalpique
Étudiant l’évaporation dans un écoulement forcé d’air,
certains auteurs tiennent compte du terme de diffusion
enthalpique, que le régime soit laminaire [5, 15], ou
turbulent [3, 4, 8, 16], mais d’autres le négligent aussi
bien en régime laminaire [1, 6, 7] que turbulent [11, 12].
Les conditions de calcul sont celles du § 4.1, avec
QL,0 ≤ 5·10−2 kg·m−1·s−1 . La figure 10 présente les
prédictions numériques des températures de l’interface
et des densités du flux de vapeur en fonction de x ∗ ,
obtenues à l’aide du modèle bidimensionnel, en tenant
compte ou non du terme de diffusion enthalpique dans
l’équation (6). Elle montre que celui-ci n’influe pas sur
ces températures. Par conséquent, il n’affecte pas non
plus les grandeurs qui en dépendent, par exemple la densité du flux de vapeur, quelles que soient les conditions
thermiques imposées à la paroi.
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
RÉFÉRENCES
Figure 10. Influence du terme de diffusion enthalpique sur les
variations longitudinales des températures d’interface issues
paroi adiabatique,
paroi
du modèle bidimensionnel.
isotherme, paroi traversée par un flux de chaleur de densité
avec le terme de diffusion enthalpique,
sans le
constante,
terme de diffusion enthalpique.
Figure 10. Effect of enthalpy diffusion term on longitudinal
variations of interfacial temperatures obtained by the twoadiabatic wall,
isothermal wall,
dimensional model :
imposed heat flux density wall,
with enthalpy diffusion
term,
without enthalpy diffusion term.
6. CONCLUSION
De cette étude numérique de l’évaporation, dans un
courant d’air humide, d’un film mince d’eau ruisselant
sur une plaque inclinée, à l’aide d’une méthode aux différences finies centrées à maillage variable, se dégagent les
conclusions pratiques suivantes.
(1) Que la paroi soit adiabatique, isotherme ou traversée par un flux de chaleur de densité constante, le
terme de diffusion enthalpique est toujours négligeable.
(2) Si la paroi est adiabatique, le débit du liquide est
sans influence sur les transferts et l’interface se comporte
comme une surface isotherme au repos. Dans ce cas, on
peut utiliser un modèle unidimensionnel dans le film,
quelle que soit la valeur du débit du liquide.
(3) Si la paroi est isotherme ou traversée par un flux
de chaleur de densité constante et quand le débit du
liquide est :
(i) inférieur à 10−3 kg·m−1·s−1 , le modèle unidimensionnel est suffisant ;
(ii) compris dans l’intervalle [10−3 kg·m−1·s−1 ;
−2
10 kg·m−1·s−1 [, le modèle partiellement bidimensionnel est utilisable ;
(iii) supérieur à 10−2 kg·m−1 ·s−1 , il faut utiliser le
modèle bidimensionnel.
(4) Le transfert de chaleur est dominé par le terme
relatif à la transformation liquide–vapeur.
[1] Agunaoun A., Daïf A., Barriol R., Daguenet M., Évaporation en convection forcée d’un film mince s’écoulant
en régime permanent, laminaire et sans onde, sur une surface plane inclinée, Int. J. Heat Mass Tran. 37 (1994) 2947–
2956.
[2] Ali Chérif A., Rakotomala M., Daïf A., Daguenet M.,
Contrôle hydrodynamique en convection mixte de l’épaisseur de dépôts en phase gazeuse de semi-conducteurs sur
des corps de révolution, Can. J. Chem. Engrg. 73 (1995)
908–917.
[3] Baumann W.W., Thiele F., Heat and mass transfer
in two-components film evaporation in a vertical tube, in :
Proc. 8th Int. Heat Trans. Conf., Vol. 4, 1986, pp. 1843–
1848.
[4] Baumann W.W., Thiele F., Heat and mass transfer
in evaporating two components liquid film flow, Int. J. Heat
Mass Tran. 33 (1990) 267–273.
[5] Chow L.C., Chung J.N., Evaporation of water into a
laminar stream of air and superheated steam, Int. J. Heat
Mass Tran. 26 (1983) 373–380.
[6] Daïf A., Agunaoun A., Grisenti M., Daguenet M.,
Étude de la protection d’une paroi plane inclinée soumise
à un courant d’air chaud par un film mince ruisselant, in :
Cancam 95, Victoria, Canada, 1995, pp. 472–473.
[7] Kaoua M., Ali Chérif A., Daïf A., Daguenet M.,
Contrôle hydrodynamique de l’évaporation d’un film liquide ruisselant sur une paroi isotherme à symétrie de révolution dans un courant d’air humide, Can. J. Chem. Engrg. 74 (1996) 883–889.
[8] Schröppel J., Thiele F., On the calculation of momentum, heat and mass transfer in laminar and turbulent
boundary layer flows along a vaporizing liquid film, Numer.
Heat Tran. B 6 (1983) 475–496.
[9] Yan W.M., Lin T.F., Combined heat and mass
transfer in natural convection between vertical parallel
plates with film evaporation, Int. J. Heat Mass Tran. 33
(1990) 529–541.
[10] Yan W.M., Effects of film vaporization in turbulent
mixed convection heat and mass transfer in a vertical
channel, Int. J. Heat Mass Tran. 38 (1995) 713–722.
[11] Yan W.M., Soong C.Y., Numerical study of liquid
film cooling in a turbulent gas stream, Int. J. Heat Mass
Tran. 36 (1993) 3877–3885.
[12] Yan W.M., Soong C.Y., Convective heat and mass
transfer along an inclined heated plate with film evaporation, Int. J. Heat Mass Tran. 38 (1995) 1261–1269.
[13] Chun K.R., Seban R.A., Heat transfer to evaporating
liquid film, J. Heat Trans.–T. ASME 93 (1971) 391–396.
[14] Seban R.A., Faghri A., Evaporation and heating with
turbulent falling liquid films, ASME J. Heat Tran. 98 (1976)
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[15] Splettstößer W., Untersuchung der laminaren
Zweistoffgrenzschichtströmung längs eines verdunstenden
Flüssigkeitsfilms, Wärme-Stoffübertrag 8 (1975) 71–86.
[16] Shembharkar T.R., Pai B.R., Prediction of film cooling with a liquid coolant, Int. J. Heat Mass Tran. 29 (1986)
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liquid film through interfacial heat and mass transfer, Int.
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127
E.H. Mezaache, M. Daguenet
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interfacial velocity on free convection heat and mass
transfer rates from an inclined plate, Int. Comm. Heat Mass
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[19] Yeh Y.M., Tsai S.W., Yang C.C., Heat and mass
transfer in mixed convection over a horizontal plate,
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[20] Sakakibara M., Heat and mass transfer with a
boundary layer flow past a flat plate of finite thickness, Int.
J. Heat Mass Tran. 34 (1991) 2899–2909.
[21] Delhaye J.M., Équations fondamentales des écoulements diphasiques, Rapport CEA-R-3429, 1968.
[22] Delhaye J.M., Conditions d’interface et sources
d’entropie dans les systèmes diphasiques, Rapport CEA-R4562, 1974.
[23] Ishii M., Thermo-Fluid Dynamic Theory of TwoPhase Flow, Eyrolles, Paris, 1971.
[24] Kocamustafaocullari G., Thermo-fluid dynamics of
separated two-phase flow, Thèse, Georgia Institute of
Technology, 1971.
[25] Cebeci T., Bradshaw P., Physical and Computational
Aspects of Convective Heat Transfer, Springer Verlag, New
York, 1984.
[26] Habil J., Properties of water, Db7, VD-Verlag,
GmbH, Dusselford, Db2–Db15, 1993.
Détermination des propriétés physiques
Les propriétés de l’air, de la vapeur de benzène et
du mélange air sec–vapeur de benzène considérées sont
empruntées à Schröppel et Thiele [8], celles de l’eau et
de la vapeur d’eau à Habil [26]. Pour le mélange air
sec–vapeur d’eau, nous utilisons les relations suivantes,
données par Agunaoun et al. [1] et par Schröppel et
Thiele [8] :
MG P0
,
RT
MG =
D=
pV =
µG =
1,81
2,26·10−5
T
P0
273,15
P0 mV
MV /MA + (1 − MV /MA )mV
µV XV
MA xA
+
XV + XA αV,A XA + XV αA,V
kG = qk1 + (1 − q)k2
avec :
MG
MG
,
XV = mV
MA
MV
√
√
(1 + µV /µA 4 MA /MV )2
αV,A =
√ √
8 1 + MV /MA
√
√
(1 + µA /µV 4 MV /MA )2
αA,V =
√ √
8 1 + MA /MV
XA = mA
k1 = XV kV + xA kA ,
ANNEXE
ρG =
CpG = mV CpV + mA CpA
1
mV /MV + mA /MA
k2 =
1
XV /kV + XA /kA
2
q = 0,320545 + 0,169501XA + 0,353371XA
3
4
− 0,519386XA
+ 0,474109XA
(facteur de Brokaw).
La pression de la vapeur d’eau saturante pV,i est, selon
la relation de Bertrand :
log(pV,i ) = 17,443 −
2 795
− 3,868 log Ti
Ti
Abridged English version
Numerical study of the evaporation in laminar humid air flow of a liquid film flowing over an inclined plate
The liquid film evaporation occurs in various industrial applications, notably, in heating, air conditioning,
wall cooling, combustion, drying, distillation, effluent
concentration, vapor and salt productions.
Due to its practical importance, numerous works investigated the liquid film evaporation, numerically and
experimentally. Works, studying the liquid film evapora-
128
tion over a flat plate, concerned isothermal, adiabatic and
imposed heat flux density walls for a gas flow in natural
forced and mixed convections. Early studies focused especially on heat and mass transfer in the gas stream; the
liquid film is supposed to be at rest with constant thickness, its governing transfer equations are reduced to the
boundary equations for the gas flow. The used assump-
Étude numérique de l’évaporation dans un courant d’air humide laminaire d’un film d’eau ruisselant sur une plaque inclinée
tion of liquid film at rest allows neither the study of the
influence of the liquid mass flow rate nor the prediction
of the draining length. This assumption is acceptable for
an extremely thin film. However, for numerous applications, the liquid mass flow rate is relatively important; the
film transfer equations must then be considered. Few numerical works have taken into account simultaneously the
transfer in the liquid and gas phases; they used three different approaches, which are one-dimensional, partially
two-dimensional and two-dimensional.
The physical process consists of a thin liquid film
flowing on an inclined flat plate submitted to different
thermal conditions. The liquid film is exposed to a cocourant forced air stream. Heating and evaporation of
the liquid produce heat and mass transfers on the liquid–
stream interface. A variation of the film thickness along
the plate results from the effects of liquid flow, inclination, interfacial evaporation and shear stress. The following simplifying assumptions are made: (i) the operating regime is laminar and permanent; (ii) the gas (air
+ vapor) exhibits a perfect gas law; (iii) there are twodimensional liquid and gaseous boundary layers with noslip of one phase on the other at the interface; (iv) the
film thickness and the gas boundary layer thickness are
small compared with the length of the plate; (v) the surface of the film, in local thermodynamic equilibrium, is
without wave, without material properties, without surface tension and impermeable to the dried-air; (vi) the
total pressure is uniform; (vii) radiance, viscous dissipation of heat, Soret and Dufour effects are not taken into
account.
Although the published works studied numerically the
influences of the free stream conditions (temperature,
velocity and humidity) on the heat and mass transfer in
laminar and turbulent flows, the influence of the liquid
film parameters, notably the liquid mass flow rate and
the inclined angle was less considered. However, the
one-dimensional and two-dimensional approaches for
the liquid film are not always satisfactory so that their
conditions of applicability must be specified.
In the present study, we solve numerically by using
an implicit centered finite differences method with nonuniform grid, the two-dimensional laminar permanent
transfer equations for a forced humid-air flow over
a vaporizing liquid film flowing on an inclined flat
plate submitted to different thermal conditions (adiabatic,
isothermal and imposed heat flux density walls). Then,
our two-dimensional model is used in order to study the
influence of the liquid mass flow rate on the interfacial
heat and mass transfer. Additionally, we compare our
results with those obtained with one-dimensional and
partially two-dimensional models in order to know if the
latter could be convenient.
In order to compare some results of our calculation
code with some literature results, we consider the evaporation of benzene and water films in a forced humid-air
flow over an adiabatic and isothermal plate. Our numerical results agree well with those of some previous works.
From numerical study on the evaporation, in a forced
humid-air flow, of a thin liquid water film flowing over an
inclined plate, submitted to different thermal conditions,
the following practical conclusions can be drawn.
1. The term of enthalpy diffusion is always negligible
whether the plate is adiabatic, isothermal or heated by a
constant heat flux density.
2. By using in the liquid film transfer equations,
which are one-dimensional, partially two-dimensional
and two-dimensional, the authors additionally show that:
– if the plate is adiabatic, the liquid mass flow rate is
without influence on the transfers and the gas–liquid
interface behaves like an isotherm surface at rest; in this
case, one may use a one-dimensional model in the film
whatever liquid mass flow rate is.
– if the wall is isotherm or heated by a constant heat
flux and when the liquid mass flow rate is less than
10−3 kg·m−1·s−1 , the one-dimensional model is sufficient; if it is included in the interval [10−3 kg·m−1·s−1 ,
10−2 kg·m−1·s−1 [, the partially two-dimensional model
is useful; if it is superior to 10−2 kg·m−1·s−1 , it is necessary to use the two-dimensional model.
3. For the lower QL,0 , the concordance between
the numerical predictions of the velocity and the film
thickness obtained with the one-dimensional, partially
two-dimensional and two-dimensional models, justifies
the hypothesis often used of the neglected inertia terms
in the liquid momentum equation. This hypothesis is
valid if the liquid mass flow rate is not too important,
QL,0 < 10−2 kg·m−1·s−1 .
129