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Les élections communales à Gand (1921-2018)

Note du Centre d'étude de la vie politique en Belgique

Depuis la fusion des communes, Gand est la deuxième plus grande ville en Flandre et en Belgique. De très longue date – dès le XIXe siècle –, catholiques, libéraux et socialistes ont une implantation forte. Et à partir de 1921, les trois partis historiques sont « dans le jeu » dans la ville. En revanche, dans les communes limitrophes, le Parti catholique puis le CVP sont régulièrement dominants. Depuis la fusion des communes – 1964 et 1976 – la famille sociale-chrétienne a perdu beaucoup de son influence à rebours de la montée en puissance des socialistes. Mais en 2018, la dynamique s’est grippée et la négociation pour la majorité communale fut chaotique. Ce faisant, l’Open VLD a mis la main sur le maïorat. En 2024, Libéraux et socialistes font liste commune – Voor Gent – mais ne sont pas pourtant pas sûr d’être premier face à la puissance de Groen et la croissance du Parti du travail (PVDA).

Les élections communales à Gand (1921-2018). Note de synthèse Pascal Delwit Centre d’étude de la vie politique Université libre de Bruxelles (ULB) 1. L’avènement d’une grande métropole flamande En 1976 interviennent les premières élections communales à Gand post-fusion. L’actuelle ville de Gand est le résultat d’une fusion de communes qui s’est opérée en deux temps. En 1964, Gand fusionne avec quatre communes frontalières : Desteldonk, Mendonk, Sint-KruisWinkel et Wondelgem. Douze ans plus tard, Gand fusionne avec Afsnee, Drongen, Gentbrugge, Ledesberg, Mariakerke, Oostakker, Sint-Amandsberg, Sint-Denijs-Westrem et Zwijnaarde (Figure 1). Figure 1. Gand et les communes qui fusionneront avec elle Avant ces deux fusions, Gand était déjà une des plus grandes communes de Belgique du point de vue démographique. À la charnière des XIXe et XXe siècles, la ville affiche environ 150.000 habitants. La population de la ville croît encore jusqu’à la deuxième guerre mondiale pour atteindre un peu plus de 170.000 résidents. Dans la deuxième moitié du XX e siècle, la commune perd cependant des habitants et la dynamique se poursuit après les fusions de 1964 et 1976. Depuis l’entrée dans le XXIe siècle, Gand connaît un nouveau boom démographique. En un peu moins de 25 ans, la ville a crû d’environ 50.000 habitants : son nombre se fixe à environ 270.000 en 2024 (Tableau 2). Gand est de longue date une ville clé en Flandre. En revanche, les communes avec lesquelles elle fusionne dans le temps sont, pour la plupart, relativement mineures d’un point de démographique. En 1961, Desteldonk fait état de 963 habitants, Mendonk de 368, Sint-KruisWinkel de 1.908 et Wondelgem de 6.518 (Tableau 1). Tableau 1. Évolution de la population à Gand et dans les communes qui fusionneront avec elle 1880 1890 1900 1910 1920 1930 1947 1961 1970 131.431 148.729 160.133 166.445 167.042 170.358 166.096 157.811 148860 1.048 1.222 1.303 1.198 1.137 1.061 1.064 963 359 421 418 370 376 384 403 368 2.290 2.506 2.537 2.429 2.266 1.893 1.918 1.906 1.721 2100 2.738 4.007 2.543 3.831 5.603 6.518 293 300 346 444 439 516 1.070 1.141 4.772 5.006 5.226 5.529 5.298 5.804 6.943 7.799 9.120 Gand Desteldonk Mendonk Sint-Kruis-Winkel Wondelgem Afsnee Drongen Gentbrugge Ledesberg Mariakerke Oostakker Sint-Amandsberg Sint-Denijs-Westrem Zwijnaarde Total 4.298 8.262 10.857 13.724 14.573 16.349 17.728 22.222 22.214 10.124 1.574 3.986 7.429 12.362 1.741 4.773 10.836 14.230 2.067 4.406 13.226 13.999 2.757 5.241 16.260 13.417 2.845 5.044 16.913 12.897 3.575 5.798 18.976 12.244 4.659 7.475 21.352 11.232 7.163 8.333 24.359 10.338 8.822 8.886 25.071 1.721 1.953 2.140 2.311 2.405 2.540 3.084 4.040 5.305 2.424 2.766 3.267 3.629 3.522 3.901 4.884 5.566 6.062 173.470 202.977 222.894 238.343 237.820 247.883 253.453 259.350 245.819 En 1970, Afsnee atteint 1.141 habitants, Drongen 9.120, Mariakerke 8.822, Oostakker 8.886, Sint-Denijs-Westrem 5.305 et Zwijnaarde 6.062. Seules trois communes font alors valoir plus de 10.000 résidents, dont deux plus de 20.000 : Gentbrugge : 22.214 ; Ledesberg : 10.338 et SintAmandsberg : 25.071 (Tableau 1). Tableau 2. Évolution de la population à Anvers depuis la fusion 1981 1990 2000 2011 2024 239.256 230.543 224.180 243.366 269.597 Au moment de la fusion de 1976, l’« ancienne » commune de Gand représente plus de 60% de la population de la « nouvelle » commune (Tableau 3). Tableau 3. Proportion de la population dans la commune gantoise fusionnée (En pourcentage) Gand 60,6 Afsnee Drongen Gentbrugge Ledesberg Mariakerke Oostakker 0,5 3,7 9,0 4,2 3,6 3,6 Sint-Amandsberg Sint-Denijs-Westrem Zwijnaarde 10,2 2,2 2,5 2. Vie politique et électorale à Anvers au XXe siècle Avant même la nouvelle loi communale de 1921, Gand donne à voir plusieurs dimensions politiques originales. Contrairement à une grande partie du territoire flamand, le Parti catholique n’y est pas hégémonique. L’implantation catholique est très forte mais pas dominante. La présence des libéraux y est notable. Bien que divisé 1, le poids du libéralisme gantois est indéniable. Enfin, fait beaucoup plus singulier encore, il s’agit déjà d’un espace de pénétration socialiste consistante. L’histoire du socialisme gantois a une longue histoire. C’est là qu’est né en 1877 le Vlaams Socialistische Arbeider Partij (VSAP), en particulier sous l’impulsion Edouard Anseele et Edmond Van Beveren. Le socialisme gantois s’appuie sur un mouvement coopératif précoce et une Maison du Peuple imposante, le Vooruit2. Dans ces conditions, lors des premières élections communales de l’entre-deux-guerres, aucune formation ne décroche de majorité absolue en voix (Tableau 4), pas plus qu’en sièges (Tableau 5). L’Union catholique (UCB-KVB) et Parti ouvrier (POB-BWP) sont au-coude-àcoude pour le statut de premier parti. Pourtant leur part, les libéraux font valoir près de 20% des suffrages et peuvent s’imposer comme pivotaux, ce qui leur permet de s’emparer de la mairie. Alfred Vander Stegen est bourgmestre de 1921 à 1940 (Tableau 8) Dans les trois autres élections de l’entre-deux-guerres – 1926, 1932, 1938 –, l’observation n’est pas substantiellement différente. Quelque peu affectés par la concurrence du FrontPartij puis du Vlaams Nationaal Verbond (VNV) mais aussi partiellement de Rex, les catholiques se tassent. Cela permet aux socialistes, pourtant concurrencés par le Parti communiste (PCB-KPB), de les devancer. Pour ce qui concerne le Parti libéral, l’étiage passe à environ 15% des suffrages leur permettant d’emporter six sièges (Tableau 5). 1 Peter Laroy, « Liberalisme en Vlaamse Beweging », Liberas, 2021. Pascal Delwit, Le socialisme en Belgique (1885-2024). Origine, acteurs, développements, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 2024, p. 54 et suivantes. 2 Tableau 4. Évolution des résultats électoraux à Gand avant la deuxième fusion (en pourcentage) PSC-CVP PSB-BSP PL-LP VC/VU KPB Rex FP/VNV Classes moyennes 1921 1926 1932 1938 1946 1952 1958 1964 41,9 39,8 18,3 38,9 36,2 18,0 32,1 33,4 14,7 33,5 34,3 16,4 45,8 34,0 12,9 0,0 5,0 8,9 5,5 5,5 5,8 40,6 37,8 12,9 2,1 2,9 47,2 35,6 14,4 2,6 2,6 34,8 34,9 18,2 8,6 3,1 1,9 3,7 7,1 4,9 1970 27,7 32,1 23,5 11,9 3,2 Certains partis challengers voient le jour durant cette période. Occasionnellement, leur trajectoire est éphémère. C’est notamment le cas de la liste des classes moyennes. En 1926, elle enlève deux sièges mais c’est sans lendemain. De même, Rex atteint 5,5% et un siège en 1938 (Tableau 4). Les formations nationalistes flamandes, le FrontPartij puis le Vlaams Nationaal Verbond, concourent en 1926, 1932 et 1938 mais elles peinent à s’imposer à Gand. Le VNV ne glane qu’un siège en 1938. Enfin, le Parti communiste a une certaine saillance à Gand alors qu’il est insignifiant en Flandre, à l’exception partielle d’Anvers et d’Alost3. En 1926, le KPB franchit la barre des 5% et grimpe même à 8,9% des suffrages en 1932, décrochant par-là même trois sièges, une performance qu’il ne rééditera jamais (Tableau 5). Tableau 5. Évolution des résultats électoraux à Gand avant la deuxième fusion (en sièges) PSC-CVP PSB-BSP PL-LP VC/VU KPB Rex FP/VNV Classes moyennes 3 1921 17 1926 16 1932 14 1938 15 1946 20 1952 18 1958 20 1964 15 1970 12 16 6 15 7 14 6 15 6 14 4 0 1 3 1 14 5 0 0 15 7 2 0 15 10 4 0 0 0 2 1 1 1 16 5 0 0 Stefaan Marteel, « Links-radicalisme », Encyclopedie https://encyclopedievlaamsebeweging.be/nl/links-radicalisme. van de Vlaamse Beweging, Au lendemain de la deuxième guerre mondiale, deux observations doivent être épinglées à Gand : - - D’abord, la dynamique des scrutins de 1932 et 1938 se durcit. Le Parti social chrétienChristelijke Volkspartij (PSC-CVP) et le Parti socialiste belge-Belgische Socialitische Partij (PSB-BSP) captent l’essentiel des suffrages – 80% – et des sièges – 34 sur 39. En contrepoint, le Parti libéral recule et n’atteint plus que 13% des voix. Alors qu’il est en progrès partout ailleurs4, bien que de manière limitée en Flandre, le Parti communiste reste stable et ne glane qu’un seul siège. Ensuite, l’absence de concurrence de formations nationalistes flamandes ou d’organisations issues du catholicisme profite au PSC-CVP dans un contexte d’exacerbation sur le clivage philosophique autour de la question royale et des guerres scolaires de 195 et 1955. De manière exceptionnelle, le CVP décroche la majorité absolue en sièges aux élections communales de 1946 et de 1958. L’adoption du pacte scolaire en 1959 et le réalignement libéral en 1961, qui donne naissance au PLP-PVV, ouvrent une nouvelle ère. Catholiques et socialistes voient leurs performances s’éroder. En 1964, les libéraux rebondissent à 18,2% et atteignent 23,5% en 1970. Sous les couleurs de la Volksunie, le nationalisme flamand (re)devient un acteur saillant. La Volksunie atteint 8,6% et 2 sièges en 1964 et 11,9% et 4 sièges en 1970. Dans les autres localités de la future commune de Gand, la dynamique électorale et politique est tout autre. Elle se donne essentiellement à voir sous la forme d’une domination, parfois totale, de l’Union catholique puis du Katholieke Vlaamse Volkspartij (KVV), face aux socialistes et, parfois, aux libéraux. Il n’est pas rare qu’il n’y ait tout simplement pas d’élections ou que les scrutins soient des joutes entre listes catholiques. Parfois même, un cartel des socialistes, libéraux et communistes est insuffisant pour devancer la liste catholique. C’est le cas en 1946 à Gentubrugge et Ledeberg (Tableau 6). 4 Pascal Delwit, « The Communist Party of Belgium and the municipal elections of 24 November 1946: a deceptive breakthrough », Journal of Belgian History, 2024, LIV (1), pp. 78-108. Tableau 6. Évolution des résultats électoraux à Sint-Amandsberg, Gentubrugge et Ledeberg (1926-1946-1970) 1926 1946 1970 SintSintSintGentbrugge Ledeberg Gentbrugge Ledeberg Gentbrugge Ledeberg Amandsberg Amandsberg Amandsberg PSC-CVP 46,7% 44,4% 41,6% 59,9% 50,6% 52,1% 35,6% 37,0% 41,8% 6 37,9% 6 41,8% 11 25,4% 8 7 PSB-BSP 8 28,7% 9 19,0% 8 28,9% 7 29,7% 5 10,8% 1 5 17,8% 2 6 16,7% 1 4 9,7% 0 5 0 4 19,5% 2 6 14,9% 2 5 13,9% 1 19,2% 3 10,4% 1 PL-LP PCB-KPB BSP-LP-KPB FP 49,4% 47,9% 7 6 10,0% 1 VU Dans les trois principales communes – Sint-Amansberg, Gentbrugge et Ledeberg –, les catholiques décrochent des scores majeurs. Politiquement, ils sont occasionnellement devancés par une courte majorité socialiste-libérale avant la deuxième guerre mondiale. Mais après la deuxième guerre, la domination catholique est de mise. À Sint-Amandsberg, le maïorat est catholique de 1921 à 1976 (Tableau 7). Tableau 7. Couleurs politiques des bourgmestres de Sint-Amandsberg, Gentbrugge et Ledeberg Sint-Amandsberg Gentbrugge Ledeberg 1921-26 Edgard Lagrange (KVB) 1921-26 Maurice Verdonck (KVB) 1921-26 Polydore De Visch (BWP) 1927-32 Edgard Lagrange (KVB) 1927-32 Robert Rinskopf (LP) 1927-32 Ernest Cardon (LP) 1933-37 Louis Cardon (KVB) 1937-38 Gustaaf Haemers (KVB) 1933-38 Emiel Van Sweden (BWP) 1933-38 Gaston Crommen (BWP) 1939-40 Gustaaf Haemers (KVV) 1939-40 Frans Toch (BWP) 1939-40 Gaston Crommen (BWP) 1947-51 Gustaaf Haemers (CVP) 1951-52 Robert Van Pottelbergh (CVP) 1947-52 Hippoliet Persoons (CVP) 1947-52 Achille Heyndrickx (CVP) 1953-58 Robert Van Pottelbergh (CVP) 1953-58 Raphaël Verhaest (CVP) 1953-58 Antoine Dhooghe (CVP) 1959-64 Robert Van Pottelbergh (CVP) 1959-64 Raphaël Verhaest (CVP) 1959-64 Antoine Dhooghe (CVP) 1965-70 Robert Van Pottelbergh (CVP) 1965-70 Raphaël Verhaest (CVP) 1965-70 Antoine Dhooghe (CVP) 1971-76 Jacques Monsaert (CVP) Fernand Van Belle (CVP) 1971-76 Antoine Dhooghe (CVP) 1971-76 L’emprise politique sociale chrétienne ne se desserre qu’à partir du scrutin de 1964 avec la progression de la sécularisation et la montée en puissance d’un nouvel acteur, la Volksunie. Mais, pour l’essentiel, socialistes et libéraux sont absents des responsabilités dans ces communes tout au long de la période et les sociaux chrétiens font valoir des maïorats au long cours. L’exemple d’Étienne della Faille d’Huysse, bourgmestre de Zwijnaarde de 1921 à 1975, est le plus emblématique. 3. Vie électorale et politique dans la commune fusionnée de Gand Assez logiquement, lors du scrutin de 1976, le Christelijke Volkspartij (CVP) s’impose comme le premier parti avec 32,5% des suffrages et 19 sièges. Bien qu’en recul, il conserve une dernière fois ce statut en 1982. À partir du scrutin municipal de 1988, le Socialistische Partij (SP) s’impose comme la première formation de la ville de Gand. En 1994, il ne conserve le leadership que d’un souffle face aux libéraux et aux sociaux chrétiens. La fin du XXe siècle témoigne cependant d’un déclin, qui paraît inexorable, de la famille sociale chrétienne. En 2000, le CVP passe sous le seuil de 20% et en 2012, le CD&V qui lui a succédé sous celui de 10%. Tableau 8. Évolution des résultats électoraux à Gand de 1976 à 2018 % Sièges % Vooruit Sièges % OpenVLD Sièges % Vlaams Belang Sièges % Groen Sièges % PVDA Sièges % N-VA Sièges % VC/VU Sièges CD&V 1976 32,5 19 23,4 13 23,9 1982 29,0 17 25,8 15 19,4 1988 26,8 15 27,7 16 21,7 1994 21,6 12 21,8 13 21,7 2000 17,9 10 25,1 14 21,0 2006 *11,9 6 31,6 17 21,0 2012 9,1 4 **26,2 15 16,5 2018 8,8 4 **24,0 15 25,2 14 11 2,4 0 0,8 0,4 12 5,2 2 7,4 3 0,4 13 12,7 7 9,8 5 0,9 11 19,5 11 9,11 4 0,6 11 18,0 9 12,1 6 1,0 9 6,5 3 **19,2 11 2,9 15 7,8 4 **9,6 6 7,1 0 0 *4,0 2 0 17,1 9 3 12,1 6 0 13,8 13,5 8,0 4,0 4,0 7 11 3 1 1 2,7 1,5 0,6 % KPB 0 0 0 Sièges * Estimation : liste de cartel CD&V-N-VA ; ** Estimation : liste de cartel sp.a-Groen. En parallèle, le SP – puis le sp.a – s’impose comme la principale formation de la ville. Gilbert Temmerman, entre 1988 et 1994, Frank Beke enntre 1995 et 2006 puis Daniël Termont jusqu’en 2018 officient comme bourgmestre (Tableau 9). Un temps, Daniël Termont apparaît comme le challenger principal de De Wever alors même que le socialisme flamand dévisse. Mais Termont et les socialistes gantois sont atteint par « l’affaire Optima ». En cartel avec Groen en 2018, ils abandonnent le maïorat à la tête de liste de l’OpenVLD, Mathias De Clercq. Tableau 8. Bourgmestres et leur couleur politique à Gand (1921-2018) 1921-1926 1926-1932 1933-1938 1939-1940 1947-1952 1953-1958 1958-1964 1965-1970 1971-1976 1977-1982 1983-1988 1989-1994 1995-2000 2001-2006 2007-2012 2013-2018 2019-2024 Alfred Vander Stegen (PL-LP) Alfred Vander Stegen (PL-LP) Alfred Vander Stegen (PL-LP) Alfred Vander Stegen (PL-LP) Emile Claeys (PSC-CVP) Laurent Merchiers (PL-LP) Emile Claeys (PSC-CVP) Emile Claeys (PSC-CVP) Geeraard Van Den Daele (CVP) Placide De Paepe (CVP) Jacques Monsaert (CVP) Gilbert Temmerman (SP) Frank Beke (SP) Frank Beke (SP) Daniël Termont (sp.a) Daniël Termont (sp.a) Mathias De Clercq (OpenVLD) La trajectoire du libéralisme flamand à Gand est somme toute assez stable. Le PVV puis le VLD décroche aux alentours de 20% des suffrages tout au long de la période. Mais en 2018, profitant de l’absence de Termont à la tête de la liste socialiste-écologiste et du trouble de l’affaire Optima, les libéraux atteignent un quart de l’électorat et quinze sièges. Au terme de négociations chahutées, nous l’avons dit, Mathias De Clercq, fils de la grande figure Willy De Clercq, s’empare de l’hôtel de ville. Ce n’était plus arrivé à la famille libérale depuis 1940. Depuis 1976, le paysage politique s’est aussi ouvert à Gand. Il faut d’abord mentionner le développement de la Volksunie. En 1976, le parti nationaliste flamand glane près de 14% et sept sièges. Mais dans les années 1980, la VU recule et lors du dernier scrutin auquel elle participe, elle n’obtient plus qu’un siège. En 2012, la N-VA obtiendra un score probant, 17,1%, mais ne pourra pérenniser ce résultat six ans plus tard. Dans la commune considérée comme la plus libérale-culturelle de Flandre, le nationalisme et le conservatisme de la N-VA font moins recette. Il en va de même pour le Vlaams Belang – Vlaams Blok jusqu’en 2004. L’extrême droite flamande atteindra certes près de 20% en 1994 et 2000 mais elle est depuis en déclin marqué et est largement passée sous les 10% en 2012 et 2018. A contrario, deux formations sont en dynamique à Gand. Épinglons d’abord Groen – auparavant Agalev. Dans la compétition électorale depuis 1988, les verts trouvent dans cette ville universitaire un public captif. En 2006, Groen atteint 12,1% et six sièges. En 2012 et 2018, Groen a noué un partenariat avec le sp.a. S’il a été très porteur en 2012, les choses ont été électoralement et politiquement plus complexes en 2018. Et le cartel est rompu. Les socialistes ont cette fois opté pour une alliance électorale avec l’OpenVLD. Il convient ensuite de citer le Parti du travail-Partij van de Arbeid (PVDA). En 2018, la formation de gauche radicale a réussi pour la première fois à décrocher des sièges – trois – au Conseil communal. 4. Perspectives contemporaines Depuis le dernier scrutin communal, six élections sont intervenues à Gand : les scrutins fédéral, régional et européen de 2019 et 2024. Le dernier en date offre, bien sûr, le plus d’indications pour le scrutin communal de 2024. Mais, il importe de mentionner que les dynamiques à l’œuvre à un scrutin régional et fédéral diffèrent partiellement de celles d’un scrutin local. Qui plus est, l’électorat n’est pas entièrement le même. Aux élections fédérales, le score comprend le vote des Belges de l’étranger et aux élections communales, les électeurs n’ayant pas la nationalité belge peuvent voter. Par ailleurs, la participation ne sera plus obligatoire aux élections communales. Quatre points méritent d’être épinglés - - - - 5 Le premier est le niveau extrêmement faible du parti du bourgmestre. L’Open VLD se fixe à 12% au scrutin législatif et à peine plus aux élections européennes. Son partenaire de cartel, Vooruit, est aussi à un étiage particulièrement faible : 14,3% à la Chambre et un peu plus de 15% à l’Europe. À l’échelle régionale, la liste atteint certes 20%. Mais il importe de noter que la tête de liste, la Gantoise Freya Van den Bossche, fait à peine un peu plus de la moitié des voix de préférence – 5.891 – que Conner Rousseau qui poussait la liste – 10.468. Aussi, la liste libérale-socialiste – Voor Gent – est-elle annoncée à un niveau extrêmement faible aux communales, autour de 20 à 21% des voix5. Le troisième parti historique, le CD&V, est au plus mal. Les chrétiens démocrates n’ont décroché qu’un peu plus de 8% des suffrages à Gand est sont même annoncés en dessous du seuil de 5% des suffrages. En parallèle, il se confirme qu’avec Louvain, Gand est l’espace qui convient le mieux socio-politiquement aux verts. Groen décroche entre 17 et 24% des voix aux trois scrutins, s’imposant comme le premier parti de la ville aux élections législatives et européennes. Dans les intentions de vote pour les élections communales, il titille même de manière surprenante la liste Voor Gent (libérale et socialiste) pour le statut de premier parti. En parallèle, il se confirme que N-VA et Vlaams Belang ont un impact limité dans la ville. La N-VA n’a enlevé aux mieux que 16,8% des voix et le Vlaams Belang 12,8%. Enfin, la percée du PVDA en 2018 est corroborée. Le Parti du travail se situe à un étiage de 12 à 14% des voix et pourrait jouer les trouble-fête pour la confection d’une majorité communale (Tableau 13). « De Grote peiling. In Gent telt vooral één vraag: met wie duikt De Clercq het bed in? Met links of met rechts? », Het Nieuwsblad, 13 septembre 2021. Cette course, apriori (relativement) serrée, entre la liste Voor Gent et Groen pour le statut de premier parti et une certaine fragmentation ouvrent l’hypothèse d’un maïorat vert. À ce stade, les verts flamands n’ont qu’un bourgmestre, à Zwijndrecht, une commune engagée dans un processus de fusion des communes. Compte tenu de la nouvelle loi communale – le premier parti de la coalition décroche le poste de bourgmestre –, c’est une hypothèse plausible quand bien même ce serait un coup de tonnerre électoral qu’à Gand, une liste libérale-socialiste ne soit pas la première du scrutin. Tableau 9. Résultats à Gand aux élections législatives, régionales et européennes de 2019 et 2024 (en pourcentage) Vlaams Belang Open Vld PVDA Vooruit N-VA Groen CD&V Voor U BUB BBB GV Partij Blanco DierAnimal de coöperatie RP Be.One Volt Europa Chambre 2024 2019 11,57% 11,72% 12,13% 19,34% 12,59% 10,19% 14,31% 12,80% 16,75% 15,96% 22,00% 20,39% 8,72% 7,81% 0,75% 0,10% 0,34% Région 2024 2019 12,02% 12,15% 10,24% 16,00% 13,96% 11,32% 20,40% 12,91% 16,19% 16,18% 17,78% 20,77% 8,18% 8,59% 0,89% Europe 2024 2019 11,99% 11,93% 10,87% 20,17% 12,64% 15,63% 11,84% 13,97% 13,83% 23,88% 25,29% 8,54% 8,18% 0,97% 0,34% 0,16% 0,92% 1,35% 1,10% 0,15% 0,13% 0,11% 0,73% 1,51% 0,68%