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LA REVUE DES MUSÉES DE FRANCE Revue du Louvre • 2024-3 • Sept années d’acquisitions • Un atelier de restauration au cœur du musée • Le défi de la réinstallation • Un projet de figure de proue pour la frégate Vestale • Exposer la marine de guerre • « Tempêtes et naufrages » : un espace innovant • Exposer la traite atlantique Musée national de la Marine sommaire LA REVUE DES MUSÉES DE FRANCE Revue du Louvre • 2024-3 ÉVÉNEMENTS 4 PARIS. MUSÉE DU LOUVRE Un portrait redécouvert de Michael Sendivogius, alchimiste de l’empereur Rodolphe II Philippe MALGOUYRES 8 PARIS. MUSÉE DU LOUVRE Mort de Sardanapale et La Liberté guidant le peuple : deux chefs-d’œuvre de Delacroix restaurés ÉTUDES 20 32 37 PARIS. MUSÉE NATIONAL D’ART MODERNECENTRE POMPIDOU La Datcha, une œuvre majeure de la Figuration narrative Marie SARRÉ Les danseurs du crépuscule Le bijou sarde entre tradition et modernité Françoise DALLEMAGNE FONTAINEBLEAU. MUSÉE NATIONAL DU CHÂTEAU La galerie des Fastes : nouvel accrochage MUSÉE NATIONAL DE LA MARINE 44 Sept années d’acquisitions au musée national de la Marine : bilan et perspectives Damien BRIL, Marine DÉSORMEAU et Marianne TRICOIRE 56 Un atelier de restauration au cœur du musée Blaise DIRINGER, Daria GORBACZEWSKAKUZNIAK et Élise BACHELET 68 96 Marine DÉSORMEAU et Guylaine MARY Clémence LAURENT et Lucie AERTS 105 Exposer la traite atlantique au musée national de la Marine Réflexions sur les choix d’une muséographie Gabriel COURGEON 112 EXPOSITIONS 114 MÉMOIRES 2023-2024 École du Louvre. Institut national du patrimoine 115 ENGLISH ABSTRACTS 117 DEUTSCHE ZUSAMMENFASSUNGEN RDMF  2024-3 De nouveaux éléments d’identification pour un objet singulier Femme au panier, projet de figure de proue pour la frégate Vestale « Tempêtes et naufrages » : un espace innovant de présentation et de médiation des collections 1 Le défi de la réinstallation des collections du musée national de la Marine Lise BRET et Zoé PRIEUR 78 Exposer la marine de guerre La traversée « La France, puissance navale : histoire et innovations » Solène FILLUZEAU Un nouveau tableau dans l’œuvre de la portraitiste Marie-Anne Loir (1705-1783) Catherine VOIRIOT Muriel BARBIER 17 86 Michèle BIMBENET-PRIVAT Côme FABRE 13 Une Fuite en Égypte attribuée à François I Roberday entre au Louvre ÉVÉNEMENTS NOUVELLE IDENTIFICATION PARIS. MUSÉE DU LOUVRE Un portrait redécouvert de Michael Sendivogius, alchimiste de l’empereur Rodolphe II L RDMF  2024-3 4 a donation faite par Alexandre-Charles Sauvageot (1781-1860) au profit du musée du Louvre en 1856 a changé profondément le profil du département des Objets d’art. Mais Sauvageot ne fut pas seulement le collectionneur avisé des arts décoratifs de la Renaissance française : son ambition, plus vaste, visait à rassembler tous les vestiges susceptibles d’illustrer l’histoire nationale et surtout à en faire revivre les us et coutumes. Cette ambition trouvait une limite fâcheuse et immédiate dans l’exiguïté des moyens financiers de Sauvageot, violoniste à l’Opéra puis employé des Douanes, exiguïté qui s’imposait en premier lieu sous la forme de son appartement de deux pièces, rue du Faubourg Poissonnière. Ses intérêts, le manque de place et de fonds expliquent la faible présence de la peinture dans sa collection : cette place marginale a même fait oublier totalement sa présence. Le catalogue du « Musée Sauvageot », rédigé par Alexandre Sauzay à l’ouverture des salles dévolues à la présentation de la donation en 1861, donne une liste de quarante-deux tableaux, ce qui n’est pas négligeable, même parmi les 1 424 œuvres de la donation – cette liste ne comprend d’ailleurs pas tous les tableaux inclus dans la donation. Il s’agit surtout de portraits, de personnages historiques le plus souvent, mais aussi d’inconnus, œuvres qui devaient aussi retenir l’attention de Sauvageot pour le 1 Conservé au département des Objets d’art du musée du Louvre. 2 Nous remercions vivement Cécile Scallierez pour son aide. 3 « 377 : Portrait en buste présumé de Rudolf II, (école flamande) de la fin du XVIe siècle sur cuivre, estimé trois cents francs ». 4 Alexandre Sauzay, Musée impérial du Louvre. Catalogue du musée Sauvageot, Paris, 1861, p. 239, no 1008. costume ou les mœurs. Il a soigneusement consigné dans son Journal d’entrée1 tous ses achats, dont le portrait2 qui nous intéresse ici (fig. 1), acquis en 1851 pour 60 francs et décrit ainsi : « 2403 : portrait d’homme tête nue vêtement noir XVIe siècle ». Sauvageot omet de signaler que cet homme inconnu porte au col une chaîne avec une médaille de Rodolphe II, clairement identifiable par son inscription. En revanche, dans l’acte de donation, ce détail a été observé et a conduit à la conclusion qu’il devait s’agir de l’empereur lui-même3. Est-ce Sauzay qui eut cette idée ? Nous l’ignorons ; il répéta cette identification dans le catalogue, avec la précision inattendue: « Rodolphe II, duc de Bavière »4. Peut-être que Sauvageot lui-même n’aurait pas fait cette erreur : il avait acheté quelques années auparavant une médaille de Rodolphe II5 et n’aurait pu confondre cet homme avec l’empereur, aux traits si individuels ; il en possédait d’ailleurs une autre effigie, à cheval, sur un plat d’étain, d’après la composition d’Adriaen de Vries gravée par Sadeler 6. Ce petit portrait sombra ensuite dans l’anonymat complet, de son auteur comme de son modèle, à l’instar de ces tableaux que l’on catalogue avec un humour involontaire « Inconnu : Portrait d’inconnu ». Sans pouvoir ici résoudre l’énigme du nom du peintre, nous proposons de reconnaître les traits de Michael 5 Journal d’entrée : [1846] : « 2187 : médaille en plomb de Rodolphe II. Emp. des Romains », achetée six francs. 6 Musée du Louvre, département des Objets d’art, inv. OA 697. 7 La vie de ce personnage haut en couleurs a récemment fait l’objet de nombreuses publications. Nous ne citerons que celles de Rafał T. Prinke : « The Twelth Adept. Michael Sendivogius in Rudolphine Prague », The Rosicrucian Enlightenment Sendivogius, alchimiste qui fit une brillante carrière entre les cours de Rodolphe II à Prague et de Sigismond III à Varsovie. MICHAEL SENDIVOGIUS, ALCHIMISTE, DIPLOMATE ET HOMME DE COUR Michał S˛edziwój7 (1566-1636), probablement issu d’une famille paysanne, fréquenta les universités de Cracovie, de Leipzig puis de Vienne et poursuivit encore ses études à l’université protestante d’Altdorf. Le 1er mai 1594, il entra officiellement à la cour de Prague, à l’âge de vingt-huit ans, avec le titre honorifique de Hofdiener. Il commença à se prétendre baron en modifiant la forme de son nom. En 1599, il figurait à la cour impériale sous ce titre (il avait pu faire reconnaître sa noblesse polonaise supposée) et celui de truksas (« commensal ») de Sa Majesté Impériale. Nous le nommerons ici Sendivogius, forme latinisée de son nom sous laquelle il est passé à la postérité. Il est le seul, Revisited, Hudson, 1999, p. 2-35 ; « Beyond Patronage: Michael Sendivogius and the meanings of success in alchimy », Chymia: Science and Nature in Medieval and Early Modern Europe, Cambridge, 2010 (éd. Miguel López-Pérez, Didier Kahn, Mar Rey Bueno), p. 175-231 ; Nemanja Radulović (éd.), « Michael Sendivogius as a literary anti-hero », Esotericism, Literature and Culture in Central and Eastern Europe, Belgrade, 2018, p. 61-78 ; (avec Mike Fig. 1. Prague ?, vers 1600. Portrait de Michael Sendivogius, alchimiste de Rodolphe II. Huile sur cuivre. H. 0,26 ; L. 0,19. Paris. Musée du Louvre. Département des Peintures. Inv. MI 821. A. Zuber) : « Alchemical Patronage and the Making of an Adept: Letters of Michael Sendivogius to Emperor Rudolf II and His Chamberlain Hans Popp », Ambix, 2018, no 4, p. 1-33. Voir aussi le chapitre qui lui est consacré dans Philippe Malgouyres, La Science de l’émerveillement. Artistes et intellectuels à la cour de Rodolphe II (1552-1612), Paris, 2025 (à paraître). Fig. 2. Michael Maier. Symbola aureae mensae duodecim nationum. Publié à Francort en 1617. C’est l’œuvre théorique de Sendivogius qui lui a valu une réputation durable, principalement le De lapide philosophorum, publié à Prague par les héritiers de Jan Šuman en 1604 (mais sans lieu ni date) et la même année à Francfort, par Joachim Tancke. Cet ouvrage est le plus important et le plus diffusé des traités alchimiques publiés au XVIIe siècle ; il connut plus de cinquante éditions et traductions. Mais son auteur, qui était tout sauf modeste, ne l’a pas signé et se présente dans la préface comme un cosmopolite : « Si vous demandez qui je suis, je suis Citoyen du monde : si vous me cognoissez, & que vous soyez gens d’honneur, vous vous taiserez : si vous ne me cognoissez point, ne vous en enquestez pas plus avant, car jamais à homme vivant je n’en declareray plus qu’il est porté par cet escrit public »11. Le mot, emprunté à Diogène qui l’inventa comme un oxymore (« citoyen de l’univers »), fut utilisé à nouveau (et pour la première fois semble-t-il depuis l’Antiquité) par deux occultistes contemporains de Sendivogius, Guillaume Postel et John Dee12. La clé de l’identité du cosmopolite était toutefois dissimulée dans le frontispice : Author sum, qui DIVI LESCHI GENVS AMO Ce qui signifie « je suis l’auteur, qui / aime la race du divin Leszko », Leszko étant le premier roi légendaire de la Pologne. Il rappelle ainsi ses origines et cache dans cette formule son nom en anagramme (MICHAEL SENDIVOGIVS). Ses compagnons alchimistes le désignèrent aussi sous le pseudonyme d’Heliocantharus borealis (« vase solaire du nord »). Oswald Croll, médecin paracelsien installé à Prague en 1602, le cite sous ce nom dans son Basilica chymica (1609), c’est-à-dire « comme un alchimiste qui a parachevé l’œuvre ». Il ne nomme pas Sendivogius, mais son nom est à nouveau dissimulé dans les majuscules du texte13. ÉVÉNEMENTS PARIS RDMF  2024-3 6 parmi les nombreux chimistes et alchimistes présents à Prague sous Rodolphe, à occuper une place dans l’entourage de l’empereur, même si celle-ci est mal définie. Le trait le plus saillant de sa personnalité est d’avoir su allier deux carrières qui ne faisaient pas bon ménage, celle d’alchimiste théoricien et celle, beaucoup plus périlleuse, d’alchimiste praticien. Il est réputé avoir accompli à plusieurs reprises et avec succès la transmutation des métaux en présence de témoins. Si l’on en croit une plaque autrefois visible dans l’une des salles du château de Prague, il aurait même accompli ce prodige devant l’empereur en 1604. C’est ce que rapporte Pierre des Noyers (1608-1693), secrétaire de la reine de Pologne, dans une lettre écrite de Varsovie en 1651 et publiée en 1655 : « Il [Sendivogius] fit ensuite un voyage à Prague où estoit l’Empereur Rodolfe, devant lequel il fit la transmutation, ou plustost il la fit faire à l’Empereur mesme, luy donnant pour cela de la poudre ; en mémoire dequoy l’Empereur fit enchasser dans la muraille de la chambre où cette operation se fit, une table de marbre, où il fit graver ces mots : Faciat hoc quispiam alius quod fecit Sendivogius Polonus [Qu’un autre fasse ce qu’a fait Sendivogius le Polonais]. Et cette table de marbre s’y voit encore aujourd’huy »8. Que de telles démonstrations aient eu lieu, on n’en peut douter tant les témoignages sont nombreux. Sendivogius, avec Edward Kelley et Alexander Seton, était l’un des rares universellement crédités de la possession d’un tel secret9. Ottavio Miseroni était présent à une démonstration faite par Kelley à Rodolphe II, si l’on en croit une lettre écrite le 11 décembre 1655 par son gendre, Jan Marek Marci, au grand savant jésuite, le père Athanase Kircher10. On ne peut que s’interroger sur la nature de ces expériences : la transmutation se faisait par application d’une teinture et par chauffage, procédés qui rappellent ceux de la dorure au mercure. Le cuivre, traité au nitrate de mercure, devient gris comme du plomb. Recouvert d’amalgame d’or et de mercure, aussi de couleur grise, il est chauffé et apparaît d’or. Le procédé devait être plus subtil, mais un principe de ce genre devait en former la base. 8 Pierre Borel, Trésor de recherches et antiquitez gauloises et françoises, Paris : Chez Augustin Courbé, 1655, p. 479-486. Voir Prinke-Zuber, 2018, cit. n. 7, p. 18, note 95 et Prinke, 2010, cit. n. 7, p. 188. 9 Prinke, 2010, cit. n. 7, p. 185-186. 10 Référence donnée par Prinke, 2010, cit. n. 7. p. 179, note 16 (Rome, Pontificia Universita Gregoriana, Carteggio Kircheriana, 564, fol. 95r°-96v°). 11 L’ouvrage fut traduit en français en 1609 : [Michael Sendivogius], Cosmopolite, ou Nouvelle lumière de la phisique naturelle, traitant de la constitution générale des élémens simples et des composez, Paris : J. Périer, 1609. Nous citons ici la réédition de 1618 : Cosmopolite, ou Nouvelle lumière de la physique naturelle, traictant de la constitution générale des Elemens simples et des composez, traduit nouvellement de latin en françois par le Sieur de Bosnay, Paris : chez Abraham Pacard, 1618, p. 65. 12 Ayesha Ramachandran, « How to Theorize the ‘World’: An Early Modern Manifesto », New Literary History, 2017, 4, p. 660. 13 Basilica Chymica, Francfort : apud Claudium Marnium & heredes Joannis Aubrii, 1609, p. 94. Sur ce sujet, voir Prinke, 1999, cit. n. 7, p. 5-7. ÉVÉNEMENTS PARIS Fig. 4. Épée. Brescia, début du XVIIe siècle. H. 1,225 ; L. 0,214 ; Pr. 0,127. Paris. Musée du Louvre. Département des Objets d’art. Inv. OA 3071. Legs Charles Davillier, 1885. Fig. 3. Détail de la fig. 2. Détail du frontispice : portrait du Sarmate anonyme, alias Heliocantharus borealis, alias Cosmopolite, alias Sendivogius. L’IDENTIFICATION DÉCISIVE DU MODÈLE D’une plus grande importance pour nous ici est l’ouvrage de Michael Maier, Symbola aureae mensae duodecim nationum, publié à Francfort en 1617. L’ouvrage est divisé en douze livres correspondant à autant d’alchimistes et de nations, depuis Hermès Trismégiste jusqu’au « Sarmate anonyme ». Ce « Sarmate anonyme », dernier venu dans cette histoire des grands alchimistes de l’histoire universelle, n’est autre que Heliocantharus Borealis, qui a réussi la transmutation en or14. Le frontispice du livre (fig. 2) est illustré par les douze portraits des alchimistes dont, dans l’angle supérieur gauche, celui du « Sarmate anonyme », alias Heliocantharus borealis, alias Cosmopolite, alias Sendivogius (fig. 3). Ce petit portrait, publié du vivant du modèle, est la plus ancienne des rares images connues de Sendivogius, la plupart rétrospectives et de fantaisie ; il permet de l’identifier dans le portrait du Louvre, certainement antérieur. On reconnaît la tête ronde, le front large, le long nez et les yeux rapprochés, le visage pointu. Il porte dans la gravure un pourpoint à brandebourgs, un costume sarmate. Au contraire, dans le cuivre du Louvre, il nous apparaît tel qu’il se présentait à la cour de Rodolphe, au début du XVIIe siècle, élégamment habillé de noir à la mode du temps. Car ce portrait, intime par son format, est on ne peut plus officiel dans sa composition convenue, comparable à celle du portrait d’Octavian Secundus Fugger peint par Hans von Aachen en 1591, avant son arrivée à Prague15 (la juxtaposition des mains très conventionnelles et du visage naturaliste rappelle d’ailleurs sa manière). Sendivogius pose avec une raideur que sa main gauche, négligemment posée sur la table recouverte de drap vert, peine à faire oublier. Il est habillé tout de noir, dans un tissu façonné, un velours ciselé ou un damas, décoré de galons. Il pose sa main droite sur la garde de son épée, signe de sa noblesse récemment confirmée. Le pommeau oblong, les quillons courbes, le dessin élégant de la garde et contre-garde de sa rapière, sa finition très simple en acier permettent d’y reconnaître une arme produite à Brescia16, comme celle (mais avec quillons droits), du musée du Louvre17 (fig. 4). Il porte autour du cou une lourde chaîne en or à laquelle pend 17 Philippe Malgouyres, Armes européennes. Histoire d’une collection au musée du Louvre, Paris, 2014, p. 90-91, 153, 194. 18 Vienne, Kunsthistorisches Museum, Münzkabinett, inv. 840 bss (Prag um 1600. Kunst und Kultur am Hofe Rudolfs II, cat. exp., Essen, Kulturstiftung Ruhr Villa Hügel, 10 juin-30 octobre 1988/Vienne, Philippe MALGOUYRES Kunsthistorisches Museum, 24 novembre 1988-26 février 1989, I, p. 586, no 476). 19 Eliška Fučíková (dir.), Rudolph II and Prag. The Court and the City, cat. exp., Prague, château, 30 mai-7 septembre 1997, p. 517, no II. 221. RDMF  2024-3 15 Collection particulière (Joachim Jacoby, Hans von Aachen 1552-1615, Munich, Deutscher Kunstverlag, 2000, no 84 p. 233-235). 16 Une épée tout à fait similaire est reproduite dans Roberto Gotti (dir.), Caino, Vérone, 2011, p. 202-203, no 12. un Gnadenpfennig, bijou qui témoigne des faveurs octroyées par le souverain. On y lit le nom de Rodolphe et l’on y reconnaît bien son profil, tel qu’il apparait sur les médaillons dont le modèle fut créé par Antonio Abbondio18, mais qui furent aussi fabriqués par d’autres, comme Valentin Maler, gendre de Wenzel Jamnitzer19 (fig. 5). Sendivogius semble avoir une quarantaine d’années, ce qui daterait le portrait de la première décade du XVIIe siècle, date qui s’accorde d’ailleurs avec le style du portrait et la carrière du modèle : c’est alors qu’il gagne une réputation européenne, après la publication de son traité. Si le Cosmopolite fut immédiatement démasqué, il n’en alla pas de même de ses traits, restés longtemps connus par cette seule petite gravure. Nous pouvons désormais rencontrer face à face l’un des protagonistes importants de la Prague de Rodolphe. 7 14 Symbola aureae mensae duodecim nationum, Francfort : Antonii Humanii, 1617, p. 555 : « Anonymi Sarmata (cui quidam hoc testimonium perhibet, quod sit Heliocantharus Borealis, cuius tincturae admirabilem potentiam in diversa metalla proiectae ipse viderit suis oculis, eorumque ; in aurum optimum conversionem)… ». Fig. 5. Valentin Maler. Rodolphe II. 1599. Argent doré. D. 0,03. Londres. Victoria & Albert Museum. Inv. 452-1873. LA REVUE DES MUSÉES DE FRANCE Articles à paraître Laetitia BARRAGUÉ-ZOUITA, Aude CHEVALIER et Hélène SUSINI La restauration de deux épreuves en plâtre des Martyres d’Auguste Rodin Damien BERNÉ Un Christ pour Cluny Revue du Louvre • 2024-3 Gwenael BEUCHET Une acquisition pour le musée de la Carte à jouer d’Issy-les-Moulineaux Christophe BROUARD Politique d’acquisition du musée des Beaux-Arts de Soissons Ont collaboré à ce numéro Benjamin COUILLEAUX Lucie AERTS Françoise DALLEMAGNE Clémence LAURENT Cheffe du service médiation, musée national de la Marine Chargée de recherche et de collections, Mucem, Marseille Élise BACHELET Marine DÉSORMEAU Chargée des collections, adjointe au chef de projet muséographique pendant la rénovation, musée national de la Marine Restauratrice du patrimoine, spécialité bois, musée national de la Marine Chargée des collections de sculptures et de photographies, musée national de la Marine Muriel BARBIER Conservateur en chef du patrimoine, directrice du patrimoine et des collections, château de Fontainebleau Blaise DIRINGER Philippe MALGOUYRES Conservateur en chef du patrimoine, département des Objets d’art, musée du Louvre Michèle BIMBENET-PRIVAT Restaurateur du patrimoine, spécialité bois, responsable de l’atelier de restauration, musée national de la Marine Conservateur général honoraire au musée du Louvre Côme FABRE Marie SARRÉ Conservateur du patrimoine, département des Peintures, musée du Louvre Attachée de conservation, collections modernes, musée national d’Art moderne-Centre Pompidou Solène FILLUZEAU Zoé PRIEUR Conservateur du patrimoine chargé de la collection des peintures, musée national de la Marine Chargée des collections militaires, chargée de conception et coordination pendant la rénovation, musée national de la Marine Régisseuse des collections, musée national de la Marine Gabriel COURGEON Daria GORBACZEWSKA-KUZNIAK Chargé des collections Textiles, arts décoratifs, objets ethnographiques et Naturalia, musée national de la Marine Restauratrice du patrimoine, spécialité sculpture et patrimoine technique, musée national de la Marine Lise BRET Régisseuse des collections, musée national de la Marine Damien BRIL Guylaine MARY Conservatrice-restauratrice de sculptures indépendante Ernest Morenon et la Porte de l’Alma : un sculpteur méconnu pour un monument disparu de l’Exposition internationale de 1937 Jessica DEGAIN « Né sans bras » : Louis Ducornet, un artiste à l’épreuve du handicap Vincent DELIEUVIN La découverte du panneau manquant de la Madonna di Piazza Marie-Anne DUPUY-VACHEY « Ébauches de deux portraits de personnages dans un costume bizarre » Fragonard et les portraits Harcourt Marianne TRICOIRE Conservatrice du patrimoine chargée des collections scientifiques et techniques, musée national de la Marine Catherine VOIRIOT Ingénieur d’études, département des Objets d’art, musée du Louvre Crédits photographiques Tous droits réservés Malgré ses efforts, certains auteurs ou ayants droit de photographies et/ou d’œuvres représentées sur les photographies de la revue n’ont pu être identifiés ou retrouvés par l’éditeur. Nous prions les auteurs ou leurs ayants droit que nous aurions omis de mentionner de bien vouloir nous excuser et de nous contacter. Sceaux © CD92 / Musée du Domaine départemental de Sceaux. Photographie Willy Labre : p. 34 (fig. 3) Suède © The Royal Court, Sweden / photo Sanna Argus Tiren : p. 27 (fig. 10, 11) ; © The Royal Court, Sweden / photo Lisa Raihle Rehbäck : p. 27 (fig. 12) © Tous droits réservés : p. 6 (fig. 2), p. 7 (fig. 3) ; p. 17 (fig. 1) ; p. 51 (fig. 13) ; p. 87 (fig. 2) © M. Bimbenet-Privat : p. 23 (fig. 6) © Cliché Giordano Art Collections : p. 28 (fig. 14, 15), p. 30 (fig. 17) © Ludovic Roudet : p. 34 (fig. 2) © 2024 Christie’s Images Limited : p. 36 (fig. 5) © Photo Scala, Florence, Dist. GrandPalaisRmn / image Scala : p. 42 (fig. 7) © Christine Soler : p. 51 (fig. 13) © Pierre Finot : couverture, p. 71 (fig. 3) © Émilie Rouquié – Droits réservés : p. 72 (fig. 4, 5) © Casson Mann : p. 73 (fig. 6) © Casson Mann Tous droits réservés – 2019 : p. 90 (fig. 5) © Casson Mann – 2019 : p. 90 (fig. 6) © Casson Mann / LMNB : p. 96 (fig. 1), p. 98 (fig. 3) RDMF  2024-3 la Marine / B. Diringer : p. 59 (fig. 5), p. 62 (fig. 8, 9, 10, 11) ; © Musée national de la Marine / G. de Carvalho : p. 43, p. 60 (fig. 6), p. 67 (fig. 16), p. 69 (fig. 1), p. 74 (fig. 10), p. 75 (fig. 11, 12, 13), p. 76 (fig. 14, 15), p. 77 (fig. 16), p. 91 (fig. 7), p. 92 (fig. 8), p. 93 (fig. 11), p. 94 (fig. 14, 15, 16) ; © Musée national de la Marine / P. Ribstein : p. 61 (fig. 7) ; © Musée national de la Marine / C. Rabourdin : p. 46 (fig. 3), p. 47 (fig. 5), p. 48 (fig. 8), p. 49 (fig. 10), p. 50 (fig. 12), p. 52 (fig. 14), p. 55 (fig. 17), p. 64 (fig. 12), p. 81 (fig. 5) ; © Musée national de la Marine / E. Bachelet : p. 65 (fig. 13, 14, 15) ; © Musée national de la Marine / D. Gorbaczewska : p. 67 (fig. 17, 18, 19) ; © Musée national de la Marine / C.SemenoffTian-Chansky : p. 46 (fig. 1), p. 48 (fig. 7), p. 92 (fig. 9), p. 93 (fig. 12), p. 107 (fig. 2) ; © Musée national de la Marine / M. Tricoire : p. 53 (fig. 15, 16) ; © Musée national de la Marine / L. Bret : p. 71 (fig. 2), p. 73 (fig. 8) ; © Musée national de la Marine / C. Laurent : p. 73 (fig. 7) ; © Musée national de la Marine/D. Lanctuit : p. 73 (fig. 9), p. 85 (fig. 11), p. 94 (fig. 13), p. 95 (fig. 17), p. 100 (fig. 7) ; © Musée national de la Marine / M.Tric : p. 79 (fig. 1), p. 80 (fig. 2), p. 83 (fig. 8), p. 89 (fig. 4) ; © Musée national de la Marine / M. Désormeau : p. 81 (fig. 4) ; © Musée national de la Marine / P. Dantec : p. 82 (fig. 6), p. 106 (fig. 1), p. 107 (fig. 3, 4), p. 108 (fig. 5) ; © Musée national de la Marine / S. Dondain : p. 83 (fig. 7), p. 86 (fig. 1) ; © Musée national de la Marine / G. Mary : p. 84 (fig. 9, 10) ; © Musée national de la Marine / Nicolas Krief : p. 97 (fig. 2), p. 100 (fig. 6), p. 101 (fig. 8), p. 103 (fig. 9, 10,11), p. 104 (fig. 12) 119 Fontainebleau © Château de Fontainebleau / Grégoire Massart : p. 16 (fig. 5) Le Mans © Musées du Mans : p. 33 (fig. 1) Lyon © Bibliothèque municipale de Lyon : p. 29 (fig. 16) Marseille © Françoise Dallemagne : p. 38 (fig. 1), p. 41 (fig. 6) ; © Mucem / Yves Inchierman : p. 38 (fig. 2, 3) ; © Raphaël Bories : p. 39 (fig. 4) ; © Mucem / Marianne Kuhn : p. 40 (fig. 5) ; © Mucem : p. 42 (fig. 8) Paris C2RMF © C2RMF / Nicolas Le Guern : p. 8 (fig. 1) ; © C2RMF / Thomas Clot : p. 10 (fig. 4), p. 11 (fig. 6) ADAGP © ADAGP, Paris, 2024 : p. 17 (fig. 1), p. 18 (fig. 2) Agence GrandPalaisRmnPhoto © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Tony Querrec : p. 5 (fig. 1) ; © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Stéphane Maréchalle : p. 7 (fig. 4), p. 24 (fig. 8) ; © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Franck Raux : p. 9 (fig. 2) ; © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Michel Urtado : p. 3, p. 9 (fig. 3), p. 11 (fig. 5) ; © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Adrien Didierjean / Mathieu Rabeau : p. 12 (fig. 7) ; © GrandPalaisRmn (musée du Louvre) / Sylvie Chan-Liat : p. 19, p. 20 (fig. 1), p. 21 (fig. 2), p. 22 (fig. 3), p. 23 (fig. 4, 5, 7), p. 25 (fig. 9), p. 27 (fig. 13) ; © GrandPalaisRmn (Château de Fontainebleau) / Gérard Blot : p. 14 (fig. 1), p. 15 (fig. 3) ; © GrandPalaisRmn (Château de Fontainebleau) / Daniel Arnaudet : p. 16 (fig. 4) ; © GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / image GrandPalaisRmn : p. 14 (fig. 2) ; © GrandPalaisRmn (Château de Versailles) / Gérard Blot : p. 35 (fig. 4) © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Janeth RodriguezGarcia/Dist. GrandPalaisRMN : p. 17 (fig. 1) ; © Centre Pompidou, MNAM-CCI / Audrey Laurans/Dist. GrandPalaisRMN : p. 18 (fig. 2) ; © Musée du Louvre, Dist. GrandPalaisRmn / Madeleine Coursaget : p. 30 (fig. 18) ; © Photo SCALA, Florence, Dist. GrandPalaisRmn / image Scala : p. 42 (fig. 7) ; © Victoria and Albert Museum, Londres, Dist. GrandPalaisRmn / image Victoria and Albert Museum : p. 7 (fig. 5) Musée national de la Marine © Musée national de la Marine, Droits réservés : p. 51 (fig. 13), p. 57 (fig. 1, 2), p. 81 (fig. 3), p. 88 (fig. 3), p. 99 (fig. 4, 5), p. 109 (fig. 6), p. 111 (fig. 7) ; © Musée national de la Marine / A. Fux : p. 58 (fig. 3), p. 59 (fig. 4), p. 46 (fig. 2, 4), p. 48 (fig. 6), p. 49 (fig. 9), p. 50 (fig. 11), p. 93 (fig. 10) ; © Musée national de