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Date de création : 30.11.2013
Dernière mise à jour :
10.02.2025
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Abou Ghraib (Irak)
De notre envoyé spécial
Abou Ghraib, un million d’habitants, est bâtie autour de sa prison de 115 hectares. Ses interminables murs divisent la ville en deux. Une atmosphère de peur semble régner dans les rues sales et désertes de cette cité agricole, à la population réputée conservatrice.
Entre forts militaires, garnisons et check-points, les 20 kilomètres qui séparent Bagdad de la prison centrale d’Abou Ghraib sont une enfilade de murs surmontés de barbelés et de miradors où des militaires irakiens sont postés derrière des mitrailleuses lourdes.
À 50 ans, Hassan Al Janaby, l’ex-capitaine de la garde de Saddam Hussein, tient un discret magasin de cosmétiques pour femmes dans le bazar, le seul endroit de la ville où règne une certaine effervescence. L’ancien fidèle du dictateur raconte que « les forces américaines ou irakiennes arrêtaient entre 100 et 150 jeunes gens chaque jour dans la ville, avec ou sans accusation ».De fait, plus de 70 % des prisonniers en Irak auraient été arrêtés de manière arbitraire sous l’occupation américaine, d’après un rapport de la Croix-Rouge de 2004.
La prison aurait compté « jusqu’à 80 000 prisonniers au temps de l’occupation américaine », affirme Salim Habib, chercheur irakien pour l’ONG AirWars. Soit plus que la population carcérale en France. Également journaliste d’investigation, Salim Habib a rencontré de nombreux anciens détenus, marqués à vie. « Ils cachent ce qui leur est arrivé, ils ont honte,raconte-t-il. L’un d’entre eux m’a confié : “Quand je passe devant la prison, je baisse la tête. Je ne veux pas me souvenir de ce qu’il m’est arrivé ici, le seul nom d’Abou Ghraib me fait faire des cauchemars !” »
Ali Al Qaissi a vu sa photo faire le tour du monde quand le scandale des tortures à Abou Ghraib a éclaté en avril 2004. On le voit debout sur une boîte, les bras en croix, suspendus à des fils électriques. Il a une cagoule dont un filet de sang s’échappe. Joint par Skype, le sexagénaire, réfugié à Berlin, témoigne, parfois au bord des larmes : « Ils tenaient nos têtes sous l’eau jusqu’à ce qu’on croie mourir noyé. Les tortures à l’électricité et les viols étaient fréquents. Ils nous affamaient ou nous privaient de sommeil pendant des jours. »
Arrêté pour avoir voulu montrer à des journalistes des exactions américaines, « laissé nu pendant quinze jours », Ali Al Qaissi aurait subi ces « interrogatoires »pendant « soixante-huit jours » avant d’être libéré, près d’un an plus tard, sans poursuites. Les détails de sévices sexuels qu’il rapporte sont épouvantables. Il jure avoir vu « un traducteur irakien violer un enfant devant son père »pour qu’il signe des aveux ainsi qu’une militaire américaine, condamnée depuis, « sodomiser un détenu ».
Ali Al Qaissi ajoute : « La plupart des anciens prisonniers ont des problèmes physiques ou psychologiques, des maladies mentales. Beaucoup sont partis d’Irak, certains sont morts… »Soutenu par l’Union européenne et des ONG de défense des droits humains, il a fondé l’Association des victimes des prisons de l’occupation américaine « pour que justice soit faite et que ces actes ne soient ni oubliés ni répétés ».
Repassée sous contrôle irakien en 2006, puis fermée et rouverte à plusieurs reprises, la prison d’Abou Ghraib n’accueillerait plus que 5 000 prisonniers, selon Salim Habib. Mais son image continue de hanter les Irakiens. Côté américain, seule la directrice de l’établissement a été mise à l’écart en 2004 et quelques militaires accusés de tortures ont été condamnés. George W. Bush a demandé publiquement pardon. « Notre plus grosse erreur, c’est Abou Ghraib »,a reconnu le président américain en 2006.
De fait, les tortures, humiliations et sévices sexuels imposés aux détenus par des militaires américains et des mercenaires irakiens ont aussi pavé la voie aux groupes insurgés les plus radicalisés : Al-Qaida en Irak, puis, des années plus tard, l’État islamique (Daech).