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Les champignons - ma peinture à l'huile

Publié le 16/12/2013 à 19:11 par leslimitesdelaconnaissance Tags : moi homme roman photo internet nature automne peinture poésie

 

Les champignons - ma peinture à l'huile

 

Je me lance. Ça fait plus d'un mois que je voulais la faire, mais je m'étais trop consacré à mes activités sur internet. Le résultat ne me satisfait pas vraiment, mais il faut que je reprenne confiance en moi et que je consacre plus de temps à la peinture.

L'idée avait commencé par mes cueillettes de champignons en septembre.

 

huile 1: décembre 2013 

 

huile 2: décembre 2013

 

27 novembre 2013 ébauche

 

 

cueillette septembre 2013

 

 

cueillette 2 septembre 2013

 

cueillette 3 septembre 2013

cueillette 4 septembre 2013


Puis en consultant internet, j'ai trouvé cette poésie que j'ai lue avec plaisir: poesie-poemes.com -Cueillette de champignons   jepoeme.com -Cueillette de champignons

 

Cueillette de champignons:

Dans les bois je suis allée

Des champignons ramassés

Par la rosée du matin arrosés

Il me semble tout dorés.

 

 

J’ai cru voir c’est insensé

Un lutin coquin qui s’amusait

De me voir ainsi émerveillée

De cette nature de toute beauté.

 

 

J’ai rempli mon panier,

Des larmes de pluies déguisé

Un vénéneux j’ai mangé

Et là, je ne puis plus vous en parler.

 

 

 

 

Et pour finir admirons les cèpes géants: 

 

 

charentelibre.fr -2012/10/12 le-cepe-attire-les-foules-au-marche-et-au-bois

Le cèpe attire les foules au marché et dans les bois

L’automne, ses premières pluies, et hop, le cèpe pointe le bout de son chapeau. Le savoureux champignon, meilleur ami de l’omelette, fait son retour dans les bois et donc sur les marchés, comme sur la place Mulac à Angoulême, où trois marchands exhibaient hier de très beaux spécimens, originaires du Périgord ou du Loir-et-Cher. «La saison se présente bien, se réjouit Corinne Charlot, une marchande périgourdine dont les étals sont bien remplis. Nous en avons des quantités et les clients sont au rendez-vous. Nous sommes là depuis mardi et nous voyons une cinquantaine de clients par jour.»

Sur le marché, le cèpe se vend entre 4,95 euros et 15,80 euros le kilo, suivant la qualité gustative. Si les consommateurs sont au rendez-vous de l’autre côté des étals, ce sont aussi – et peut-être surtout – les adeptes de la cueillette qui poussent comme des champignons.

Les bois pris d’assaut

«J’en ai déjà cueilli une trentaine de kilos en deux jours, se vante, ravi, Christophe (1), un habitant de Rougnac. Mais je ne pense pas que l’année sera aussi exceptionnelle qu’en 2011. Là, j’en avais ramassé 200 kilos.» Et puis, il y a toujours autant de concurrence. «Chaque matin lorsque j’embauche, il ne fait même pas encore jour qu’il y a déjà une vingtaine de voitures garées près des bois.» Le passionné de déplorer, comme tous les ans, «ces forêts qu’on prend pour des autoroutes», ces petits coins qu’on abîmerait à force de grattouiller partout.

Mais le constat est vain: d’ici à la fin de la saison, c’est-à-dire grosso modo le mois prochain, ils seront encore des centaines à traquer le champignon. Juste après, ce sera la période des châtaignes.

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre existence a t-elle un sens? 17)Epilogue

 

Notre existence a t-elle un sens? 17)Epilogue: Résumé de la démarche

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

Notre existence a-t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie)

Exergue: "Par opposition au scientisme dominant de la fin du XIXè siècle, on voit aujourd'hui de nombreux scientifiques, forts de ces nouvelles hypothèses ou de ces nouvelles théories, orienter le science vers un autre ordre de réalité, considéré désormais non plus comme concurrent, mais comme complémentaire de son domaine." Jean-Marie Pelt

wikipedia.org -Esprit quantique "L'esprit quantique est une hypothèse qui suggère que des phénomènes quantiques, tels l'intrication et la superposition d'états, sont impliqués dans le fonctionnements du cerveau et en particulier, dans l'émergence de la conscience. Cette hypothèse part du principe, controversé, que la physique classique et son déterminisme ne peut totalement expliquer la conscience. Ses fondements théoriques ont été posés dans les années 1960 en sciences mais depuis ses partisans ne sont pas encore parvenus à la démontrer. Cette théorie n'en est qu'à ses débuts, elle a pourtant le soutien de Roger Penrose et de Stuart Hameroff. Karl H. Pribram et Henry Stapp ont, de leurs côtés, proposé une variante".

 (hypothèse soutenue par Roger PenroseStuart Hameroff. Karl H. Pribram et Henry Stapp).

Epilogue: résumé de la démarche.

Nous sommes parvenus au terme de l'ouvrage de jean staune"Notre existence a-t-elle un sens?"Ma lecture de l'ouvrage nous a fait traverser les sciences de la matière, de l'Univers, de la vie, de la conscience et même la logique et les mathématiques. Ce voyage a été fait avec un minimum de préjugés philosophiques et religieux en partant des faits qui semblent importants pour la question "l'Univers et notre existence ont-ils un sens et s'inscrivent-ils dans un projet quelconque?". Après avoir vu de très nombreuses interprétations de ces faits et analysé les principales positions en dégageant celles qui semblent les plus crédibles nous avons été amenés à une conclusion en trois parties dans les articles 16-116-2 et 16-3. En épilogue, résumons maintenant la démarche qui a été suivie.

 

1) Une nouvelle révolution copernicienne.

 

wikipedia.org -Récolution copernicienne: Nicolas Copernic (1473–1543)

 

menestreletgladiateur.blogspot.fr -révolution copernicienne de l'enseignement

Nous sommes actuellement dans une situation similaire à celle qui existait au XVIIè siècleDes idées nouvelles, connues d'un petit nombre de personnes, déjà prouvées mais pas encore admises; allaient changer la vision du monde et influer sur la culture de l'humanité. Nous avons vu qu'aujourdh'ui, ces idées nouvelles sont fondées sur l'incomplétude, le platonisme, le non-réductionnisme et le retour de la question du sens au coeur même de la science (voir les articles 15 (une voie rationnelle vers le monde de l'esprit)16-1 (L'émergence d'un nouveau paradigme, La voie de l'incomplétude: "je sais pourquoi je ne sais pas", le dépassement du matérialisme méthodologique) et 16-2 (L'Hiroshima du matérialisme scientifique, et si les cinq grands mystères ne faisent qu'un?, Et Dieu dans tout ça?) et 16-3 (le rapprochement entre la science et la religion)

Cette révolution conceptuelle est annonciatrice d'une révolution culturelle encore au stade embryonnaire mais dont on voit dejà des effets dans les changements de la vision du monde de nos contemporains. Comme à l'époque des lumières, tout un système philosophique est à bâtir pour intégrer dans la pensée du XXIème siècle les bouleversements survenus dans nos connaissances. 

liens: 17emesiecle.free.fr -Le Siècle de Louis XIV    fr.wikipedia.org- Histoire deFrance au xviie siècle
17emesiecle.free.fr -La chronologie au VIIème siècle
assistancescolaire.com -L'essor d'un nouvel esprit scientifique et technique (xvie - xviiie siècle)

pages.infinit.net -NAISSANCE DE LA SCIENCE MODERNE ( XVIe / XVIIIe siècles)

canal-u.tv/video -LES THÉORÈMES DE GÖDEL ET L'INCOMPLETUDE: FIN D’UN ESPOIR ?

uip.edu -L’incomplétude, un nouveau paradigme Par Jean-François Lambert

staune.fr -Résumé et commentaire de "Les Ombres de l’Esprit" de Roger Penrose
lepoint.fr -alain-connes et la platonisme: la science est aussi intuition,poésie rêve

philosciences.com -Les errances du réductionnisme Juignet Patrick, Philosciences.com

philosciences.com -Le réductionnisme

lmm.jussieu.fr -Introduction à la pensée scientifique moderne (Université Pierre et Marie Curie – Paris 6)

staune.fr -Science et sens   staune.fr -Science et religion, les élements d'un rapprochement

wikipedia.org -Relation entre science et religion

wikipedia.org -Douglas Adam: la Grande Question sur la vie, l'univers et le reste

unesco.org -La scienc: perspectives pour le XXIème siècle
asmp.fr -Le matérialisme en question dans LE MONDE du 17 avril 2006 par Bernard d'Espagnat,
jlml.fr -Le matérialisme méthodologique est-il la seule approche scientifique légitime?

ressources-cla.univ-fcomte.fr -Réforme de la pensée et éducation au 21ème siècle Par Edgar Morin


2) L'être est.

Paul Davies à la fin de son célèbre ouvrage "L'esprit de Dieu" a écrit: "Je ne puis croire que notre existence dans cet Univers soit un simple caprice du destin, un accident de l'histoire, un incident fortuit dans le grand drame cosmique. L'espèce physique homo ne représente peut-être rien, mais l'existence de l'esprit dans un organisme sur une planète dans l'Univers est sûrement un fait d'une signification fondamentale. L'Univers a engendré la conscience de soi à travers les êtres humains. Ce ne peut être un détail anodin ou une production marginale de forces absurdes et dépourvues de finalité. Notre présence ici a un sens réel.

L'étude du réel nous a amené à conclure que ce qui existe, le réel, même si on ne peut en connaître les attributs, est plus proche d'un "Ëtre" que d'une "chose". Ce qui nous a conduit à rejeter les deux positions opposées:

     1) Rien n'est réel.

     2) La réalité est connaissable et assimilable à ce que nous pouvons voir, toucher, mesurer.

arcturius.org -La recherche de la vérité

Pour ce qui concerne la vérité, il y a trois positions philosophiques possibles: 

     1) La vérité existe et on peut la posseder en totalité, au moins en théorie, ce qui peut mener au scientisme  comme au fondamentalisme religieux.

     2) Il n'y a pas de vérité absolue.

     3) Il y a une vérité absolue mais on ne peut jamais la posséder en totalité

Dans la Grèce antique, les sophistes comme Protagoras soutenaient la deuxième position: "L'homme est la mesure de toute chose", rien n'existe en dehors de nous. Le bien, le mal, la vérité sont des constructions humaines. Il n'y a pas de vérité absolue. Mais Aristote a fait remarquer que dans ce cas, s'il n'y pas de vérité absolue, la proposition "il n'y a pas de vérité absolue", ne saurait être absolument vraie! Et si elle n'est pas absolument vraie, il en découle -logiquement!- qu'il doit exister quelque chose d'absolument vrai, même si nous ne savons pas de quoi il s'agit. C'est ce que formalisera Gödel, 2 500 ans plus tard avec ses théorèmes d'incomplétude, en montrant que la transcendance de la vérité par rapport à la démonstration légitime une position comme celle que nous avons décrite, tout en rejetant le relativisme et l'absolutisme. 

Ainsi,"l'Etre est", la vérité existe, mais on ne peut la posséder, ils sont hors de portée de toute approche totalisante ou totalitaire. 


On peut aussi noter que le problème de la vérité est celui qui tracassait le grand EinsteinLa "vérité" qu'est-ce que c'est?   "Le problème fondamental de la pensée philosophique d'Einstein, autour duquel s'organisent ses propres analyses, est celui de la réalité du monde et de son intelligibilité, c'est-à-dire de la capacité de la pensée à le pénétrer, à s'en donner une représentation " vraie " (quoique provisoire), qui ne soit pas illusoire ou précaire"  


liens: httparcturius.org -La recherche de la vérité

gillesguerin.com -La « Vérité » - Qu’est-ce que c’est?

defitexte.over-blog.fr -l'être est, le non-être n'est pas

dutempspoursoi.free.fr -parménide

philo5.com -Parménide: Permanence de l'être

humanite.fr -Jean-Luc Nancy

sergecar.perso.neuf.fr -LEtre et l'existence

Mon article 16-2) Science et sens, raison et religion 

 

3) Une réouverture des chemins du sens.

 

Etienne Klein: cours introductif à la philosophie des sciences (9 vidéos)

 

La révolution des connaissances que nous vivons rend possible des options philosophiques que l'on croyait dépassées et peu crédibles et renverse de nombreuses certitudes. Ainsi en est-il du matérialisme sous sa forme habituelle. Pour lui, tout ce qui existe, l'Univers, la vie, la conscience, est apparu sous l'effet des seules forces du hasard et de la sélection. Mais cette idée s'avère en définitive peu probable et spécieuse, même si elle est encore l'idée dominante du monde scientifique (voir en particulier l'article 16-2)

L'opinion inverse (notre Univers fait partie d'un processus ayant un sens, voire un but) est bien plus probable, lorsqu'on raisonne grâce à la philosophie de sciences et sans avoir recours à la religion. C'est un extraordinaire retournement de tendance auquel nous assistons. Mais cela ne signifie pas que l'hypothèse d'un Univers créé par un Dieu qui communique avec nous soit la plus probable, mais elle devient plus probable que par le passé, lorsque la modernité considérait le monde comme comme étant contenu dans un seul niveau de réalité. Comme nous l'avons vu dans l'article 16-3, tout cela crée de nouvelles conditions pour un dialogue entre traditions et modernité comme entre les religions elles-mêmes, grâce certainement à la déligitimisation de l'absolutisme des certitudes. 

On peut donc parler d'une réouverture des chemins du sens. 
liens: atheisme.free.fr -Une définition du matérialisme

wikipedia.org -Philosophie des sciences


4) Le réenchantement Par l'observation de l'Univers et de l'homme (books.google.fr -La lucidité pour réenchanter le monde.)

chapitre.com -A La Recherche Du Sens Perdu

Le "réenchantement du monde" auquel nous assistons est fondé sur le fait que l'Univers est beaucoup plus subtil et complexe que prévu et que l'homme ne se résume pas à un assemblage de molécules et à "un paquet de neurones". Kant avait anticipé ce réenchantement dans cette très belle phrase: "Deux choses emplissent mon esprit d'un émerveillement sans cesse croissant à chaque fois que je les considère: la voûte étoilée au-dessus de moi et la loi morale au-dedans de moi." Et plus récemment, René Lenoir, ce haut fonctionnaire, homme politique français, né le 21 janvier 1927 à Algerqui joua un rôle important pour sensibiliser les milieux politiques aux problèmes des exclus de la société, l'a exprimé ainsi: "Au nom de quoi affirmer que nous avons un devoir cosmique? Au nom de cette exigence éthique au fond de nous qui fait partie de notre vie et de notre histoire. Au nom de cette aspiration qui nous attire vers l'Un, de cet appel vers la plénitude que des hommes, des mystiques, des poètes, vivent intensément. Au nom de ce presque rien dont l'invisible présence nous comble" ("A la recherche du sens perdu").

La démarche que nous avons suivie en explorant les connaissances sur l'homme et l'Univers arrive à une conclusion de ce type en suivant une voie rationnelle et non illusoire pour rejeter la "philosophie de l'absurde".  

liens: asmp.fr -La place de l’homme dans l’univers par Trinh Xuan Thuan*

staune.fr -Le réenchantement du monde, une clé pour notre survie

sergecar.perso.neuf.fr -L'idée de nature

wikipedia.org -l'absurde en philosophie

larousse.fr -philosophie de l'absurde

 

5) La quête de l'Etre et du monde de l'esprit.

35 ans après Jacques Monod qui concluait son célèbre ouvrage "Le hasard et la nécessité" en disant: "L'homme sait enfin qu'il est seul dans l'immensité indifférente de l'Univers d'où il a émergé par hasard", Jean Staune finit son livre "notre existence a-t-elle un sens?" en disant que 35 ans après, "notre science n'est plus ce savoir classique" (comme le disait Ilya Prigogine au sujet de cette même phrase de Monod dans "La nouvelle Alliance" avec Isabelle Stengers), l'homme sait enfin qu'il participe à quelque chose qui le dépasse et qui a un sens."

Nous ne pouvons certes pas savoir par des méthodes rationnelles ce qu'est ce quelque chose mais cela ne doit pas nous décourager. Nous devons chercher par nous-mêmes notre propre réponse et et veiller à ce que notre synthèse repose sur les deux piliers: le souffle que fournit la transcendance et la consistance que donne la raison.

La chose la plus importante dans la vie n'est pas la course à la performance et à la conquête du pouvoir et des biens matériels, c'est à dire "l'avoir"? Ce n'est même pas la lutte pour une égale répartition des richesses, aussi souhaitable et noble que soit cette cause (De nombreux témoignages n'attestent-ils pas qu'il existe des milliardaires désespérés et des pauvres rayonnant de bonheur?)

"Non, le plus important c'est de développer notre esprit, en essayant non seulement de mieux comprendre le monde, de mieux comprendre les autres et de mieux nous comprendre nous-mêmes. Mais aussi, dans la mesure du possible,  de le développer au point qu'il puisse se connecter à la source originelle de notre Être, dont nous ne pouvons rien dire sur le plan rationnel sauf qu'elle existe et qu'elle n'est pas située dans le temps, l'espace, l'énergie et la matière. 

C'est à cette quête de l'Être et à ce développement de notre esprit, si importants pour échapper à notre réduction à l'état d'Homo économicus (ou d'homo-ludens comme l'a dit Johan Huizinga, noyé dans les jeux vidéo virtuels ou ou les jeux de hasard), si essentiels pour commencer à percevoir notre vraie nature, qu'Antoine de Saint-Exupéry faisait allusion dans une de ses dernières lettres: "Il n'y a qu'un seul problème de par le monde. Rendre aux hommes une signification spirituelle, des inquiétudes spirituelles. Faire pleuvoir sur eux quelque chose qui ressemble à un chant grégorien [...] redécouvrir qu'il existe une vie de l'esprit plus haute encore que la vie de l'intelligence." (Antoine de Saint-Exupéry, "Ecrits de guerre").

liens: lejourduseigneur.com -Jean Staune, la science en otage

fredericjoignot.blogspirit.com -PRIGOGINE,STENGERS. "DIEU JOUE AUX DéS"

philo5.com -Avoir ou Être ? Un choix dont dépend l'avenir de l'homme

agoravox.tv -L’être contre l’avoir

cafe-philo-des-phares.info -Être plutôt qu’avoir ?

antoinedesaintexupery.com

persee.fr -La quête de l'origine dans la philosophie de Plotin

louis.r.omert.over-blog.com -Pour un sursaut: la quête de l'être

newsoftomorrow.org -La Théorie de la Double Causalité de Guillemant

 

Ainsi s'achève ma série d'articles sur "ma lecture du livre de jean staune: "Notre existence a-t-elle un sens?"

 

 

cinemarium.fr -L'insoutenable légèreté de l'être"

Notre existence a-t-elle un sens 16-3)

 

Notre existence a-t-elle un sens 16-3) Conclusion du livre "notre existence a-t-elle un sens": 

Partie3: Quelle réponse à la question la plus importante qui soit?

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.

Exergue: "Par opposition au scientisme dominant de la fin du XIXè siècle, on voit aujourd'hui de nombreux scientifiques, forts de ces nouvelles hypothèses ou de ces nouvelles théories, orienter le science vers un autre ordre de réalité, considéré désormais non plus comme concurrent, mais comme complémentaire de son domaine." Jean-Marie Pelt

wikipedia.org -Esprit quantique 

Nous sommes parvenus au terme de l'ouvrage de jean staune"Notre existence a-t-elle un sens?"Ma lecture de l'ouvrage nous a fait traverser les sciences de la matière, de l'Univers, de la vie, de la conscience et même la logique et les mathématiques. Ce voyage a été fait avec un minimum de préjugés philosophiques et religieux en partant des faits qui semblent importants pour la question "l'Univers et notre existence ont-ils un sens et s'inscrivent-ils dans un projet quelconque?". Que pouvons-nous conclure après avoir vu de très nombreuses interprétations de ces faits et analysé les principales positions en dégageant celles qui semblent les plus crédibles?

Nous avons vu dans la première partie de l'article 16-1) que lXXè siècle a vécu en science un événement rare: un changement dparadigme avec l'émergence d'un nouveau paradigme (voir aussi l'article 4) Vers de nouvelles lumières). Ce qui s'est passé est inégalé depuis 500 ans, depuis le passage du monde magique du Moyen-Âge à celui de la modernité, via la Renaissance et a eu une influence sur tous les domaines de la connaissance. Dans l'article 16-2) nous avons pu voir que cela a abouti à "l'Hiroshima du matérialisme scientifique" (explicité dans le complément 15c). Nous avons alors examiné quelles sont les réactions des matérialistes? 

Puis nous avons été amenés à nous poser la question: et si les cinq grands mystères ne faisent qu'un? En effet, depuis le début de mes articles il est question de cinq grands mystères qui ont été commentés et analysés:

D'où provient l'Univers issu du big bang?

- Quelle est la nature des fondements de la réalité physique?

- Quelle est la nature de la conscience de l'homme?

- Qu'est-ce qui peut canaliser l'évolution de la vie?

- D'où provient la "déraisonnable efficacité" des mathématiques?

La conception philosophique qui pourrait permettre cette unification a été analysée dans l'article 15) (Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?), il s'agit du platonisme. C'est alors que s'est posée la question: et Dieu dans tout ça? En effet, l'existence d'un autre niveau de réalité dont le notre ne serait que la projection (le platonisme), n'implique nullement l'existence de Dieu. Mais on peut décrire au moins sept étapes entre les considérations décrites dans l'article 16-1) et l'existence d'un Dieu personnel capable de répondre à nos prières. Ces 7 étapes ont été décrites dans l'article 16-2) au paragraphe 3) "Et Dieu dans tout ça,". Cela pose ainsi les bases d'un rapprochement entre science et religion. Les étapes 5, 6,7 sont devenus possibles avec les nouvelles évolutions de nos connaissances mais pour le moment rien ne vient les suggérer directement. A partir de l'étape 4, on arrive dans le domaine où les pistes de mise en évidence sont plus visibles. Le principe anthropique, la possibilité que l'évolution soit orientée, la crédibilité retrouvée du dualisme, suggèrent (mais sans encore le prouver) que l'hypothèse qui est faite ici soit crédible. Maintenant, pour achever la conclusion de "ma lecture" du livre de Jean Staune, examinons les conséquences de toute cette évolution qui sont les éléments d'un rapprochement entre science et religion avant de revenir au point 3 (La réalité indépendante a-t-elle des caractéristiques qui la rapprochent d'un objet ou d'un esprit?). 

 

1) Science et religion, les éléments d'un rapprochement.

 

 

 

 

 

wikipedia.org -Mythe

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Toutes les conceptions religieuses, qu'elles soient taoïstes, bouddhistes ou monothéistes, et qui se répartissent entre les étapes 4, 5, 6, 7 reposent sur une condition préalable: que le monde dans lequel nous vivons dans le temps et l'espace ne puisse pas complètement s'expliquer à partir de lui-même (qu'il ne soit pas ontologiquement suffisant). Or nous avons vu que cette condition et remplie, et de plus en plus, par nos connaissances objectives. En effet, Le projet même de la science classique, qui était de décrire tout le réel où nous vivons par lui-même, de montrer que notre monde est auto-explicatif, ontologiquement suffisant, qu’il est une grande mécanique aveugle bouclée sur elle-même a dû être abandonné, comme l'explique Jean Staune, avec l’émergence d’une "Nouvelle science".  Par ailleurs, les faits que nous avons mentionnés renforcent l'idée que les religions ne sont pas de simples mythes. Cette évolution explique qu'on assiste de plus en plus à un rapprochement entre science et religion. A la question qui lui a un jour été posée: "Quelles sont les conquêtes de la science qui ont le plus soutenu une conception religieuse du monde?", la réponse de Erwin Shrödinger était: la relativité d'Einstein. Car l'espoir d'une vie hors du temps n'est plus absurde puisque le temps n'est plus un cadre absolu et indépassable au sein duquel tout existe. Nous avons vu que les évolutions de la physique, de l'astrophysique, de la cosmologie et des mathématiques ont considérablement confirmé et renforcé cette idée et montré que la réalité ultime n'était pas située dans l'espace-temps. 

 

 

 

Ces nouveaux rapports entre science et religion peuvent être classés en deux approches qui correspondent aux nouveautés épistémologiques qui ont été décrites dans mon article 16-1) (voir la voie de l'incomplétude au chapitre 2 et la possibilité nouvelle de réfléchir aux questions ultimes à partir de découvertes ou de théories scientifiques). La première approche peut être qualifiée d'apophatique en référence à la théologie apophatique, qui ne nous dit pas ce que Dieu est mais ce qu'il n'est pas. Cette approche ne dit rien de positif sur la question du sens, mais elle est fondée sur des résultats négatifs qui nous disent pourquoi on ne saura jamais certaines choses comme le principe d'incertitude en physique quantique ou le théorèmes de Gödel en logique. La deuxième approche, positive, est l'analogue de la théologie cataphatique qui nous parle, elle, directement de Dieu. Il s'agit alors de recenser les faits et "symptômes de sens", qui tendent à suggérer de façon directe, sans les prouver, qu'un sens pourrait exister dans l'Univers  et que nous ne sommes pas là par hasard (notre existence n'est pas un événement contingent, mais s'inscrit dans un processus). C'est ce que nous avons vu avec le principe anthropique, l'orientation de l'évolution (articles 12-1 et 12-2) , et l'hypothèse du dualisme corps-esprit qui redonne légitimité au concept d'âme. 

Une contradiction apparente fondamentale existe entre ces deux écoles de pensée qui abordent de manière opposée la façon dont science et sens peuvent interagir. La première dit, à l'instar de Bernard d'Espagnat: "L'Univers est porteur de sens parce que nous ne pouvons pas le comprendre (le "dévoiler") entièrement. Parce que la science elle-même nous démontre qu'il y a un "au-delà"  de ce que la science peut appréhender." La deuxième école se place dans le cadre de la pensée Einsteinienne: "l'Univers est porteur de sens parce que nous pouvons le comprendre, parce qu'il existe un lien entre notre esprit et la structure de l'Univers (ou l'esprit de son créateur."

Comment sortir de cette apparente contradiction? Michael Hellerprofesseur de philosophie à l'Université pontificale de Jean-Paul II à Cracovie, combine les deux démarches. D'abord comme Bernard d'Espagnat: "Est-ce que les conquêtes inouïes de la science qui révolutionnent nos représentations de la réalité (le temps inversé, l'espace déformé, les particules perdant leur individualité, mais sont en communication sans l'aide du temps ni de l'espace), ne constituent pas un signe suffisamment clair de ce que la réalité ne s'épuise pas à ce que nous pouvons voir, toucher, mesurer et peser?". Puis, à la façon d'Einstein: "Est-ce que le fait que le monde n'est pas seulement un concept abstrait, un modèle indescriptible, une équation non résolue, mais au contraire quelque chose qu'on peut mesurer, peser, toucher et éprouver n'indique-t-il pas la source originelle de l'être?" Ensuite, revenant aux arguments du type de ceux de Bernard d'Espagnat: "Est-ce que le fait que le monde se laisse néanmoins saisir en formules abstraites et en équations ne suggère pas que l'abstraction, c'est à dire la pensée, est plus originelle que le concret, c'est à dire la matière?" Et enfin Heller revient à la position d'Einstein: "Est-ce que la rationalité du monde, que présuppose, mais ne peut expliquer toute recherche scientifique, n'est pas un reflet d'un plan rationnel qui se cache dans chaque question scientifique posée au monde?"

Il est ainsi possible de voir dans notre extraordinaire compréhension du monde un lien entre l'esprit de l'homme et celui d'un éventuel concepteur de l'Univers. Mais qu'il existe un autre niveau de réalité situé hors de l'espace, du temps, de l'énergie et de la matière vient renforcer, et non contredire l'idée selon laquelle l'Univers est porteur de sens puisque nous pouvons à la fois comprendre la partie de l'Univers qui nous est accessible et où d'autres dimensions existent, susceptibles d'abriter ce qui pourrait être à l'origine d'un projet dont notre niveau de réalité serait la réalisation. On voit donc comment science et religion peuvent se rapprocher. De très nombreux savants et théologiens se sont penchés sur ces questionnements. 

Dominique Laplane:

 

 

En plus de tous ceux qui ont été cités dans mes articles, on peut mentionner dans les pays anglo-saxons: Jonh PolkinghorneIan BarbourArthur PeacockeKeith WardPhilip ClaytonRobert RusselAlister Mac GrathDenis AlexanderFrancis CollinsRoald Hoffmann et en France: Thierry MagninPierre PerrierDominique LaplaneGustave MarteletJean-Michel MaldaméGuy LazorthesJean-Marie PeltAlain HouziauxFrançois EuvéChristophe ThéobaldJacques VauthierDominique LambertEric BoisJacques Goldberg, Jacques Arnould, et l'ouvrage Le savant et la foi dont les 10 auteurs sont membres de l'Académie des sciences, sans oublier l'ouvrage de Jean Guitton et des frères BogdanovDieu et la science.


Par ailleurs, des centres de science et religion ont été crées au sein d'Universités prestigieuses (OxfordCambridgeColumbia,) et de l'Américan Association for Advancement of Science, la plus grande association de scientifiques du monde. L'Université d'Harvard a aussi créé une chaire en science et religion.
 Nous assistons aujourd'hui, comme il y a un siècle environ, à la naissance de ce qu'on pourrait apppeler "les implications métaphysiques de la sience contemporaine". La théologie peut aider la science à formuler certaines hypothèses qui paraissaient impensables, comme l'existence d'un autre niveau de réalité, le dualisme esprit-cerveaula vie après la mort.... et à l'inverse, la science peut aider la théologie à clarifier ses concepts. Ainsi, le concept central du christianisme, l'incarnation, est plus facile à penser quand on sait que les fondements de la matière sont "à la fois des ondes et des particules" plutôt qu'avec ce que les théologiens ont écrit depuis depuis 2000 ans si on ne veut pas adhérer à une Eglise. Ce n'est pas dire que la physique quantique soutient l'idée selon laquelle Jésus-Christ est à la fois "vrai homme" et "vrai Dieu"(comme je le crois en vérité dans ma foi), mais que l'existence d'états contradictoires généralisés dans les fondements de la matière rend cette notion plus concevable que certains débats sur le thème "Dieu peut-il avoir un fils?"

 

 

wikipedia.org -Philosophie bouddhiste

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De la même façon, des notions centrales du bouddhisme telles que l'interdépendance et l'impermanence peuvent être clarifiées à la lumière de la physique quantique et de l'astrophysique.

Tout en rejetant le concordisme simpliste qui prétendrait que les explications des phénomènes se trouvent dans des textes sacrés, on peut penser que certains concepts de base des grandes religions sont proches des concepts de certaines théories scientifiques récentes et que ce n'est pas un hasard. L'ouvrage de Matthieu Ricard et Trinh Xuan Thuan, "l'infini dans la paume de a main" montre la richesse de cette démarche. Nous avons vu que qu'il est probable que l'esprit humain soit en contact avec un monde des vérités mathématiques (article 15) et il n'y a aucune raison que ce contact se limite à ces vérités mathématiques. Il se pourrait que des révélations existent et que les discours de science et de la religion sur le réel puissent se rapprocher au plan conceptuel (et non bien sûr sur la plan quantitatif et formalisé qui est celui de la pratique scientifique). Mais un long chemin reste à parcourir pour que la science ait l'humilité d'admettre que le religion a peut-être accès à des niveaux de réalité qu'elle peut à peine envisager et pour que la religion ait l'humilité d'évoluer en fonction des découvertes scientifiques. 

 

2) Quelle réponse à la question la plus importante qui soit?

(voir l'article 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine?" chapitre 2: La question fondamentale- la condition humaine).

sagesse


Si l'évolution des connaissances redonne une crédibilité (sans toutefois les prouver) aux conceptions religieuses du monde, qui apparaissaient comme de simples contes de fées à l'époque moderne, c'est une bonne nouvelle qui réjouira ceux qui suivent ces religions. Mais pour ceux qui, et ils sont nombreux, qui ne se reconnaissent en aucune d'entre elles, quelle sera la réponse à la question que nous posons ici? Il nous faut maintenant revenir à la fin de l'article 16-2, au chapitre 3.  Nous avons démontré le point 1) ("l'insuffisance ontologique" de la réalité dans laquelle nous vivons) et qu'il est probable (point 2) que l'esprit humain soit en contact avec un autre niveau de réalité, au moins en ce qui concerne la vérité en mathématiques. Ceux qui ne se retrouvent dans aucune religion sont maintenant face à la troisième des 7 étapes que nous avons décrites dans ce chapitre. Et là, ils doivent, hors de toute conception religieuse, choisir entre deux thèses formulées ainsi par Bernard d'Espagnat dans "Un atome de sagesse":

"Thèse 1: La réalité de "base", le réel voilé, la réalité-derrière-les-choses, la réalité éternelle cela est la chose essentielle.. C'est à sa connaissance et à son amour que les hommes doivent aspirer pour se parfaire;

Thèse 2: La réalité de "base" est fondamentalement inintéressante et banale. A partir de ce matériau, soit informe, soit à la limite "inexistant", L'homme doit se créer lui-même en développant sa liberté."  

La première thèse implique que la réalité fondamentale soit un Ëtre, quel qu'il soit, et que notre existence a un sens, même si nous ne savons pas lequel. La deuxième thèse implique que notre existence ne saurait avoir d'autre sens que celui que nous lui donnons nous-même. Le choix est entre un néomatérialisme (on ne parle maintenant même plus de matérialisme classique) et un spiritualisme ou un non-matérialisme quel qu'il soit.  

Comment Bernard d'espagnat fait-il ce choix? Comment parle-t-il de cette réalité indépendante, de ce réel voilé à priori ineffable, qu'on ne peut évoquer qu'en termes apophatiques? Il adopte une position qui rejette à la fois le scientisme, le positivisme et la position d'Einstein, position proche de celle de Michael Heller que nous venons d'analyser au chapitre 1). Il affirme dans "à la recherche du réel", que si cette réalité n'est pas descriptible, nous pouvons tout de même avoir quelques lueurs sur elle; "D'une manière vague et impossible, hélas, à préciser! Je suis donc malgré tout amené à reconnaître que les structures de la physique mathématique sont au moins un point de rencontre entre l'homme et l'être: et qu'à ce titre, elles ouvrent au premier des perspectives - lointaines et mystérieuses cependant non illusoires - vers le second." Cette démarche, est proche de notre étape 2 sauf qu'elle concerne la physique et non les mathématiques. Une fois établie l'existence vraisemblable de ce premier point de contact entre l'esprit de l'homme et la réalité indépendante, d'autres points de contact peuvent exister tels que la beauté, l'art, le sacré. D'Espagnat rejette toute conception anthropomorphique de ce être, mais il est envisageable pour lui qu'une relation puisse s'établir entre l'homme et l'Etre, qu'il traduit par l'expression "un appel de l'Etre à l'homme". Cela l'amène à considérer comme plausible le témoignage de ceux qui ont reçu de tels appels (tels des mathématiciens: voir l'article 15: Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?). André Comte Sponville a demandé à Bernard d'Espagnat durant le colloque organisé par La Croix en 1992: "La réalité voilée nous aime t-elle?". En fait, rien ne nous le garantit et la question, trop anthropomorphique n'a peut-être pas de sens. Mais, plus tard, Bernard d'Espagnat a affirmé que nous devrions l'aimer, cette réalité ultime, que nous devrions y admirer "la source des phénomènes, de la beauté et des valeurs et aspirer à la rejoindre tout en la sachant aussi inaccessible que l'horizon." Ainsi, même si on ne peut en connaître les caractéristiques, l'existence de points de contacts probables ou plausibles entre l'homme et elle, via la science, l'art, le sacré, la beauté, voire la mystique, nous laisse à penser qu'il s'agit bien d'un Etre et non d'une chose. 

 

 

 

 

 


Einstein aurait lui aussi, comme D'Espagnat, choisi la première thèse. Il parlait de l'intelligence qui se manifeste à travers les lois de la nature et manifestait une religiosité cosmique qui l'a amené à dire: «La science sans la religion est boiteuse, la religion sans la science est aveugle» (voir "la religion cosmique d'Einstein". Il en est de même de nombreux scientifiques parmi lesquels on peut citer Eugène WignerGeorge WaldLothar SchäferMénas Kafatos..On peut conclure avec Arthur Eddington qui a dit: "l'étoffe même du monde est comparable à celle d'un esprit, le substrat de tout ce qui existe a un caractère mental." Tous ces scientifiques estiment que la réalité indépendante a des caractéristiques qui la rapprochent de celle d'un esprit, ce qui élimine l'option du matérialisme.

Une autre piste que ces deux thèses a été fournie par Stéphane Lupasco et Basarab Nicolescu, c'est le développement d'une logique ternaire permettant de dépasser les contradictions qui apparaissent à notre niveau de réalité comme la dualité onde-corpuscule qui apparaît hautement contradictoire dans notre niveau habituel de réalité. Mais la contradiction n'existe plus à un autre niveau de réalité, celui du monde quantique. Lupasco a développé une logique dans laquelle il y a trois états (A, non A et "T", l'union des contradictoires) et non plus deux, mais dans laquelle le troisième état, l'état "T" se situe à un autre niveau de réalité que les deux premiers. Nicolescu, lui, en a déduit une conception de la réalité reposant sur toute une série de niveaux, chacun résolvant les contradictions existant au niveau inférieur. Cette réalité est riche de sens, mais pour des raisons différentes de celles de NicolescuPour luii, nous étions en danger de mort avec une pensée unique prônant "un seul niveau de Réalité horizontal, où tout tourne en rond et engendre fatalement le chaos, l'anarchie, l'autodestruction. Nous sommes en train de passer à une époque de "danger de vie", par la reconnaissance de différents niveaux de Réalité, ouvrant une dimension ontologique, verticale, multiple, polyphonique." Cette approche, qui débouche sur la transdisciplinarité, intègre le sacré: "Le problème du sacré, compris en tant que quelque chose d'irréductiblement réel dans le monde, est incournable pour toute approche rationnelle de la connaissance. On peut nier ou affirmer la présence du sacré dans le monde et en nous-mêmes, mais on est toujours obligé de se référer au sacré, en vue d'établir un discours cohérent sur la réalité... Le modèle transdisciplinaire de la Réalité jette une nouvelle lumière sur le sens du sacré. Une zone de résistance absolue relie le Sujet et l'Objet, les niveaux de Réalité et les niveaux de perception" (le tiers et le sacréla transdisciplinarité.

Une autre démarche, plus proche du panthéisme est celle d'Henri Stapp ("physique quantique et valeurs humaines UNESCO : 20 mai 2000" et "mindfull universe". Pour lui, le caractère global, universel, holistique de la réalité peutêtre source de valeurs admises par tous.

André comte Sponville a affirmé que la physique ne peut pas répondre à la question relative à la nature de la réalité de base, mais il propose que nous options pour l'une ou l'autre solution en nous appuyant sur la science et non par un choix arbitraire (article 6 deuxième partie chapitre 4 b). Et si la science ne démontre pas l'une des deux thèses de ce chapitre, elle montre clairement une direction, celle de la thèse N°1, celle d'une réalité ultime qui soit porteuse de sens. C'est en tout cas la conclusion à laquelle arrive Paul Davies à la fin de son célèbre ouvrage "L'esprit de Dieu": "Je ne puis croire que notre existence dans cet Univers soit un simple caprice du destin, un accident de l'histoire, un incident fortuit dans le grand drame cosmique. L'espèce physique homo ne représente peut-être rien, mais l'existence de l'esprit dans un organisme sur une planète dans l'Univers est sûrement un fait d'une signification fondamentale. L'Univers a engendré la conscience de soi à travers les êtres humains. Ce ne peut être un détail anodin ou une production marginale de forces absurdes et dépourvues de finalité. Notre présence ici a un sens réel. 


Ainsi s'achève la conclusion de ma lecture du livre de Jean Staune notre existence a -t-elle un sens? Dans le prochain article un épilogue résumera cette démarche. 

 

reenchanterlemonde.com

 

Pause peinture sur mon blog

Publié le 29/10/2013 à 22:29 par leslimitesdelaconnaissance Tags : blog mer article peinture neige paysage affiche maroc

 

Pause peinture sur mon blog

 

Alors que je fais une pause pour réfléchir à mon dernier article de conclusion ("notre existence a-t-elle un sens?"), je me précipite vers mes pinceaux pour tenter de nouvelles aquarelles. Mais comme d'habitude, je ne suis pas satisfait du résultat. Je dois être trop académique et ne pas assez donner libre cours à ma sponténéité. Pourtant je trouve qu'il y de l'idée dans l'arbre un peu stylisé. Tant pis je diffuse.

 

La table qui me sert d'atelier I

 

 

La table qui me sert d'atelier II

 

Aquarelle vue sur la mer depuis villa tons chauds (Maroc)I

 

Aquarelle paysage neige I tons froids

 

Aquarelle libre

 

Aquarelle paysage neige II tons froids



 

Gouache tronc d'arbre

 

 

Aquarelle paysage de neige

 

 

Prochainement Je vais profiter de ma cueillette de champignons d'octobre pour tenter une huile sur les cèpes.

aappmaladourbie.e-monsite.com -Cèpe géant août 2011

 

 

aappmaladourbie.e-monsite.com -cepe-geant-aout-2011

natifs50-graulhet.wifeo.com -cepes-et-champignons

charentelibre.fr/2012 -Un cèpe géant d'1,358 Kg trouvé en Charente

midilibre.fr/2012/10/09 -Un cèpe géant cueilli en Margeride: il affiche 2,075 kg sur la balance

archives-lepost.huffingtonpost.fr -Nouveau record de la saison : il cueille un cèpe d'1,8 kg

ladepeche.fr/article -Lacrouzette. Un cèpe géant pesant 1,9 kg

Notre existence a-t-elle un sens? 16-2)


Notre existence a-t-elle un sens? 16-2) Conclusion du livre "notre existence a-t-elle un sens" 

partie 2: Science et sens, raison et religion

 

 
 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.

 

Exergue: "Par opposition au scientisme dominant de la fin du XIXè siècle, on voit aujourd'hui de nombreux scientifiques, forts de ces nouvelles hypothèses ou de ces nouvelles théories, orienter le science vers un autre ordre de réalité, considéré désormais non plus comme concurrent, mais comme complémentaire de son domaine." Jean-Marie Pelt

 "Nous pouvons renoncer à la vision mécaniste du Monde. la métaphysique de l'objet est périmée. A nouveau et avec joie, nous pouvons poser en toute légitimité la question de l'être." Bernard d'Espagnat

wikipedia.org -Esprit quantique 

"L'esprit quantique est une hypothèse qui suggère que des phénomènes quantiques, tels l'intrication et la superposition d'états, sont impliqués dans le fonctionnements du cerveau et en particulier, dans l'émergence de la conscience." (hypothèse soutenue par Roger PenroseStuart HameroffKarl H. Pribram et Henry Stapp). 

 

Nous sommes parvenus au terme de l'ouvrage de jean staune"Notre existence a-t-elle un sens?".

Ma lecture de l'ouvrage nous a fait traverser les sciences de la matière, de l'Univers, de la vie, de la conscience et même la logique et les mathématiques. Ce voyage a été fait avec un minimum de préjugés philosophiques et religieux en partant des faits qui semblent importants pour la question "l'Univers et notre existence ont-ils un sens et s'inscrivent-ils dans un projet quelconque?". Que pouvons-nous conclure après avoir vu de très nombreuses interprétations de ces faits et analysé les principales positions en dégageant celles qui semblent les plus crédibles? Nous avons vu dans la première partie de cet article 16-1) que lXXè siècle a vécu en science un événement rare: un changement de paradigme avec l'émergence d'un nouveau paradigme (voir aussi l'article 4) Vers de nouvelles lumières). Ce qui s'est passé est inégalé depuis 500 ans, depuis le passage du monde magique du Moyen-Âge à celui de la modernité, via la Renaissance et a eu une influence sur tous les domaines de la connaissance. Reprenons la liste des bouleversements décrits au chapitre 1) de l'article 16-1) et regardons les conséquences sur le matérialisme ou du moins celui qui prétend s'appuyer l'objectivité qu'apporte la démarche scientifique.

 

1) L'Hiroshima du matérialisme scientifique (voir complément 15c).

blogouvertsuractu.com -Hiroshima mon amour!

L'affirmation classique "tout est matière" n'a plus de sens sur le plan scientifique. Il suffit de se référer aux articles 6-1 et 6-2 ("Vers un réalisme non-physique") pour vérifier que les fondements des objets se sont en quelque sorte dissous. Banesh Hoffmann ami d'Einstein et auteur de l'étrange histoire des quanta, a écrit que les protons, les électrons ne sont pas localisés dans l'espace et le temps (même quand ils constituent des objets qui, eux, sont localisés!) et peuvent passer à travers les murs. De plus, la réalité est non-locale et si on veut être réaliste, il semble qu'il faille postuler avec Bernard d'Espagnat un "réalisme non physique" de type platonicien (voir les articles 6-1 et 6-2). 
- Alors que durant plusieurs siècles la science et la cosmologie avaient déconstruit toutes les visions religieuses anthropocentriques, contre toute attente (voir articles 9-1 et 9-2), les recherches en astrophysique ont introduit à l'intérieur de la science la question de la finalité et de l'existence d'un Dieu, d'un principe créateur ou d'un Grand Architecte (à moins d'imaginer (comme Brian Green), une infinité d'univers parallèles). Ceci fait voler en éclat, (comme on l'a vu dans l'article précédent), un tabou et contribue à découpler la science du matérialisme méthodologique et non pas seulement la science et le matérialisme philosophique, ce que la physique quantique avait commencé à faire.

L'ennemi absolu du matérialisme, le dualisme (la conception selon laquelle un esprit séparé de la matière peut exister) redevient crédible depuis que la physique quantique a montré qu'une dimension non physique de la réalité pouvait exister et interagir avec la notre (voir l'article 14-2)

Le "paradigme même de la rationalité classique" (l'idéal d'axiomatisation rêvé par David hilbert) a été anéanti par les théorèmes de Gödel qui, en renforçant une conception platonicienne de la vérité en mathématiques, apporte une crédibilité au témoignege des grands mathématiciens disant qu'ils sont en contact avec un "monde des mathématiques" qui n'est pas une création de leur esprit (voir article 15).

L'idée d'une évolution orientée, canalisée ou non, pouvant se répéter, développée par Christian de Duve, Conway-Morris ou Michel Denton donne une crédibilité scientifique à des intuitions comme celles de Teilhard de Chardin, qui avancent que la contingence ne règne pas en maître dans le domaine de la biologie et qu'un être conscient de lui-même devait apparaître, que nous étions en quelque sorte "attendus", voire que les "noeuds' du grand arbre de la vie sont "prédéterminés depuis le big bang." (Voir les articles 12-1 et 12-2 paragraphe 4)


Ainsi, la science a dévasté comme une tornade le paysage du matérialisme dont les fondements se sont écroulés... à l'exception du darwinisme. Comme on l'a vu dans l'article précédent 16-1) au chapitre 1) "on peut être assuré que les conceptions de Newton, Laplace, Hilbert, et sans doute celles de Changeux ou Crick ne sont plus des descriptions scientifiques adéquates, mais il n'y a pas d'expérience décisive qui permette de rejeter les conceptions darwiniennes."  C'est pourquoi les matérialistes s'y attachent avec l'énergie du désespoir. Bien qu'il soit rongé de différente côtés, tout ce qu'il reste du matérialisme s'est écroulé autour de lui, comme le "représente" l'image ci-dessus, qui celle d'Hiroshima après la bombe; Un seul et unique bâtiment, en ruine, mais fermement debout, domine un paysage dévasté. C'était le Genbaku Dome...mémorial de la paix d'Hiroshima, à l'origine le Palais d’exposition industrielle (le musée des sciences et techniques), qui devait présenter une image très classique de la science en cette ère Meiji au Japon. Quelle allégorie de la situation du scientisme et du matérialisme en ce début de IIIè millénaire! Le matérialisme n'est certes pas anéanti, mais il doit se reconstruire presque entièrement s'il veut rester crédible, à l'instar de la ville d'Hiroshima qui est aujourd'hui une ville florissante de plusieurs millions d'habitants. Comme le disent Parabod et Ortoli, que nous avons déjà cités, le marérialisme est encore possible, mais sous la forme qu'il reste à élaborer, d'un matérialisme de science-fiction.


Quelles sont alors les réactions des matérialistes? 

La lutte de Jacob avec l'ange (traité d'athéologie)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

- La position de Guillaume Lecointre, d'Yvon Quiniou et des membres de l'Union rationaliste ou de la Libre pensée est de se boucher les yeux et les oreilles en affirmant que tout va bien pour le matérialisme. Pour Quiniou, "le matérialisme ça ne se discute pas". Pour cette école, l'heure à laquelle le spiritualisme apparaîtra comme une illusion est proche et les bouleversements actuels, loin d'être des légitimes débats à propos des progrès de nos connaissances, sont d'inacceptables "intrusions spiritualistes."

- Avec Marceau Felden ("Et si l'homme était seul dans l'Univers"), il s'agit de prendre le taureau par les cornes et d'essayer de reconstruire les piliers qui se sont effondrés. Felden affirme la validité du darwinisme et soutient (sans autre preuve que de décrire des mécanisme physico-chimiques), que le cerveau produit la pensée, comme c'est décrit dans cet article. Il rejette le principe anthropique sans analyse. Il mentionne le théorème de Gödel mais sans préciser plus ce qu'il apporte. Quand à la non-localité, il écrit: "Dans certaines expériences délicates ayant pour objet de tester la théorie quantique sont apparues des difficultés d'interprétation impliquant que la relativité restreinte, la physique et la localité ne peuvent  toutes les trois être simultanément compatibles. Cependant, malgré de nombreuses discussions, en l'état actuel de nos connaissances le problème reste obscur, de sorte que toute conclusion demeure incertaine empêchant de où est la faille."  C'est ne pas voir une évidence pour laquelle Jean Bricmont, physicien pourtant ultramatérialiste, affirme: "la non-localité existe, c'est tout." Alors, on peut se demander ce que reconstruit Felden du matérialisme?  

- Pour Michel Onfray (Traité athéologie"), la réponse est de ne pas se préoccuper de la science et s'affirmer matérialiste et soutenir sa position en montrant "l'horreur des religions" de façon à légitimer a contrario le matérialisme. Sait-t-il  qu'il fait exactement ce qu'il reproche aux religions, enseigner une simple croyance sans base rationnelle?
- On peut, comme André Comte Sponville, déclarer que le matérialisme n'est qu'une croyance parmi d'autres, en définissant le matérialisme comme une théorie de l'esprit qui n'a pas les caractéristiques de l'esprit, sans utiliser le mot matière, car il a bien intégré la physique quantique. C'est une position raisonnable et sans doute la plus respectable, qui a l'intelligence de reconnaître que le matérialisme est une simple croyance. 

- Sortir des limites du matérialisme sans adhérer à une religion semble être la position de Luc Ferry (L'homme Dieu ou le sens de la vie) quand il affirme qu'il y a dans l'homme quelque chose que n'expliquent ni la culture (donc l'éducation), ni la nature (donc la génétique), et qu'il rejette la transcendance au profit d'une "transcendance dans l'immanence". Cette dernière formule évoque en fait le panthéisme

- Une ultime réaction est de reconnecter le matérialisme avec la nouvelle réalité issue des sciences en postulant des univers parallèles en astrophysique (tel Brian Greene dans "la réalité cachée), ou des interprétations de la mécanique quantique selon lesquelles nous vivons dans une "bulle" d'illusions sans pouvoir nous rendre compte que les autres ont chacun une perception différente d'une même situation que nous vivons ensemble (voir le "solipsisme convivial" de Hervé zwirn dans les "Limites de la connaissance" et mon article Les limites de la connaissance 6-5) réalisme et monde quantique). 
Or ces positions sont irrationnelles aux yeux de nombreux matérialistes, ce qui signifie que le matérialisme devient extrêmement difficile à penser. En conclusion, le matérialisme n'est peut-être pas impossible, mais il doit se reconstruire mais cette reconstruction n'a pas encore commencé.

 

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2) Et si les cinq grands mystères ne faisent qu'un?

 

 

sophrologie-aberset.ch -la caverne de platon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Depuis le début de mes articles il est question de cinq grands mystères qui ont été commentés et analysés:

D'où provient l'Univers issu du big bang?

- Quelle est la nature des fondements de la réalité physique?

- Quelle est la nature de la conscience de l'homme?

- Qu'est-ce qui peut canaliser l'évolution de la vie?

- D'où provient la "déraisonnable efficacité" des mathématiques?" (En 1960, le physicien Eugène Wigner avait publié un célèbre article au titre provocateur : «La déraisonnable efficacité des mathématiques dans les sciences naturelles2.»

Jusqu'à présent, nous avons donné des interprétations à l'intérieur de la science, ce qui a amené à une nouvelle façon de la concevoir, à la fois consciente de ses limites en ce qui concerne ses possibilités de décrire le monde, et ouverte à des questions qui lui paraissaient impossibles à traiter auparavant. Maintenant nous allons sortir du cadre de la science et de l'interprétation des faits pour nous tourner vers la philosophie qui pourrait, elle, être capable d'unifier les cinq mystères. La conception philosophique qui pourrait permettre cette unification a été analysée dans l'article 15) (Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?), il s'agit du platonisme.

La première forme de platonisme fut défendue par Platon dans le cadre de la célèbre théorie des idées. Le platonisme est souvent opposée au réalisme en classant Platon dans le camp des idéalistes, ce que conteste Alain_(philosophe): "Platon n'est idéaliste comme on le dit. Le monde de Platon n'est nullement un songe, au contraire il est dur comme le diamant, et est toujours le même. C'est notre vie qui est un songe." Pour Bernard d'Espagnat, le platonisme est un réalisme des essences. (voir l'article 6 paragraphe 4: il ne reste a priori que le réalisme non physiqueOr celui-ci repose sur une ontologie de type platonicien comme le dit Bernard d'Espagnat"Les Idées de Platon ne sont pas dans l'espace-temps mais elles existent indépendamment de l'esprit humain et sont les causes des phénomènes.") Le fameux "mythe de la caverne(dans "La République"), dit que nous n'avons accès qu'à des ombres d'objets ou de personnes se projetant sur le mur d'une caverne, alors que les objets ou personnes en question sont, eux, situés à l'extérieur de la caverne. Il y a donc bien une réalité dans la philosophie de Platon, mais nous n'y avons pas un accès direct, car elle ne se situe pas au même niveau que nous. Le monde que nous observons n'a pas d'existence indépendante, Il n'est qu'une projection de ce qui existe vraiment et réellement.

Nous avons vu que le réalisme philosophique des physiciens est souvent un peu platonicien puisque la réalité physique ne peut plus avoir des fondements conçus comme immergés dans le temps et l'espace. Dans l'article 15) nous avons vu les mathématiciens Andrew Wiles, Alain ConnesRoger Penrose ou Kurt Gödel exprimer leur conviction d'être en contact avec un monde platonicien des idées mathématiques. Gödel a de plus montré que même au coeur des mathématiques, la vérité est une notion plus vaste que celle de "démonstratibilité". Par ailleurs, dans le domaine de l'évolution, nous avons noté au chapitre 1) que pour Christian de Duve ou Conway-Morris, l'évolution est orientée, canalisée par ... des formes platoniciennes répondent Michael Denton et D'arcy Thompson. Pour eux, un animal par exemple n'est qu'une des projections diverses et variées de l'archétype de l'espèce à laquelle il appartient. C'est l'existence de ces archétypes qui fait passer l'évolution d'un état stable à un autre état. Pour ce qui concerne la cosmologie, ce que nous savons est assez platonicien: notre Univers n'existe par lui-même et provient de quelque chose d'autre, le temps et l'espace ne sont pas absolus et ont eu un commencement. Pour terminer, l'idée selon laquelle l'esprit ne serait nullement une création du cerveau, c'est à dire le dualisme, concept dont nous avons vu dans l'article 14-2 qu'il est l'un des plus probables, mais aussi l'un des plus scandaleux pour la science classique,  cette idée est naturelle et évidente dans la cadre platonicien, comme Platon l'a développé avec "le mythe d'er."


Ce principe unificateur permet de regrouper l'ensemble des problèmes que nous avons abordés, il remplace les cinq mystères par un  seul mais sans le résoudre. En effet, qu'est-ce que cette réalité platonicienne? Cependant nous progressons, car nous sommes maintenant dans la même situation que les hommes de la caverne s'ils avaient compris qu'ils voyaient des ombres d'objets et non une réalité indépendante, réalité en soi, ce qui aurait constitué pour eux un progrès remarquable. Dans la démarche que nous avons suivie avec Jean Staune, démarche guidée par la rationalité et la connaissance empirique, un "platonisme scientifique" semble un bon choix pour remplacer un "matérialisme scientifique" que la science a discrédité. Nous allons maintenant examiner ce que cela peut nous apporter pour répondre à la question qui est au centre de mes articles, celle du sens de l'existence.


3) Et Dieu dans tout ça! 

 

  

 

L'existence d'un autre niveau de réalité dont le notre ne serait que la projection (le platonisme), n'implique nullement l'existence de Dieu. On peut décrire au moins sept étapes entre les considérations décrites dans l'article 16-1) Conclusion du livre "notre existence a-t-elle un sens" partie 1 et l'existence d'un Dieu personnel capable de répondre à nos prières. Chacune d'entre elles nécessite de faire une hypothèse supplémentaire. Cette démarche permet de préciser sa propre position et chacun doit voir ainsi s'il peut aller jusqu'au bout ou sinon à quel moment il refuse de faire un pas supplémentaire. Voici les hypothèses:

1) "la réalité indépendante, ce qui existe vraiment, n'est pas localisée dans le temps ni dans l'espace." Rejeter cette hypothèse, comme certains matérialistes purs et durs le font, serait une position "métaphysique" peu compatible avec le progrès de nos connaissances.

2) "L'esprit humain a un lien étroit avec cette réalité indépendante." Nous sommes toujours dans le platonisme (On ne peut considérer ce point comme démontré).

3) "La réalité indépendante a-t-elle des caractéristiques qui la rapprochent d'un objet ou d'un esprit?" Les néo-matérialistes ou "matérialistes ouverts", qui acceptent les résultats des sciences (physique quantique) ou le théorème de Gödel s'arrêteront ici. Les spiritualistes, eux, feront un pas de plus: ils appelleront "être " cette réalité ne soi.

4) "Cet être ne se cantonne pas à la réalité indépendante, il cherche à se manifester dans notre monde, celui des phénomènes. L'existence d'êtres conscients d'eux-mêmes est l'une ces manifestations." Cette position implique une finalité dans l'évolution de la vie et l'existence d'une vie après la mort puisque notre vraie nature serait de proche de celle de cet être. Pour franchir cette étape, il faut être spiritualiste et croire que quelque chose dans l'être humain survive après la mort (donc que notre essence ne se réduit pas à des phénomènes physiques).

5) "Cet être est une personne avec une volonté, des aspirations, un projet. Tous ceux qui pensent que l'être est une énergie universelle, voire un principe créateur mais dépersonnalisé, prendront une autre voie qui pourra les amener à penser l'existence d'un tel être sans le définir, comme le fait le taoïsme ou le bouddhisme (il est indéterminé dans sa perfection, non-devenu, non créé, non manifesté). A l'inverse, ceux qui croient en l'existence d'un Dieu personnel accepteront cette hypothèse." 

6) "Ce Dieu cherche à entrer en contact avec nous, il l'a fait par l'intermédiaire des grandes religions du monde. Même si on se situe dans un cadre monothéiste, il existe différentes hypothèses: -L'hypothèse horrible: Dieu nous élève comme nous élevons le bétail.

-L'hypothèse de l'indifférence: Dieu n'a pas plus d'intérêt pour nous que nous n'en n'avons pour les objets que nous fabriquons.

L'hypothèse de l'attente: Dieu n'a pas encore essayé de communiquer avec nous, il attend que nous ayons atteint un niveau supérieur d'évolution.

-L'hypothèse classique: Dieu existe et communique discrètement avec nous par l'intermédiaire des grandes religions ce que refuseront les voltairiens autres déistes).

7) "Dieu est bon et il peut répondre à nos prières et agir dans le monde." Pour les grandes religions monothéistes, Dieu est bon, bien que les textes sacrés montrent que c'est loin d'être évident (Dieu encourage Josué à exterminer toute le population de la ville d'(-Jos 8 1-25après que Josué a fait la même chose avec les habitants de Jéricho ). Cette position affirme aussi que Dieu est tout-puissant, bien que certaines conceptions comme la théologie du processus avec Alfred North Whitehead affirment que Dieu ne connait pas le but de l'évolution humaine, ou encore l'approche de Hans Jonas selon laquelle un Dieu tout-puissant serait contradictoire avec l'existence d'une véritable liberté pour l'homme.


Ces sept étapes constituent les sept degrés de cette échelle de Jacob pour laquelle il faut faire à chaque fois une hypothèse supplémentaire, ce qui rend les degrés les degrés les plus élevés moins probables que les premiers, mais moins probable ne signifie pas improbable. Pour approfondir cette question, examinons les "conditions de possibilité de ces sept étapes en commençant par la dernière.

Cette étape 7 nécessite un acte de foi. Mais cette position devient maintenant moins absurde qu'auparavant. Si Dieu a choisi le hasard pour voyager dans le monde, il est logiquement concevable qu'il puisse y agir s'il existe des phénomènes n'ayant aucune cause (non-localité par exemple) comme l'a écrit Sir Arthur Eddington "s'il n'y a pas de causalité, il n'y a plus de distinction claire entre le Naturel et le Surnaturel" et "Ainsi un scientifique pouvait de nouveau croire en Dieu après le développement de la mécanique quantique."

Quand au point 6 (le monothéisme révélé), il pouvait sembler fort peu probable quand triomphait la modernité au début du 20è siècle. En effet, il existe deux hypothèses quant à l'origine des religions: a) Toutes les religions sont d'origine humaine. b) Les religions ont été élaborées par des hommes, mais elles ne sont pas totalement d'origine humaine. Quelque chose dans les messages et et les concepts qu'elles véhiculent provient de Dieu et a été transmis aux fondateurs de ces religions. De l'hypothèse b dépend la crédibilité des traditions monothéistes. Mais cette hypothèse semble absurde dans un monde fermé sur lui-même tel que l'a conçu le modernisme, un monde où tout pourrait s'expliquer par le matérialisme scientifique. Ainsi André Comte Sponville écrit: "Je ne détiens aucune vérité inconnue, ni moi, ni personne. Le problème n'est pas de découvrir une autre vérité qui manquerait, qui ferait défaut, mais de comprendre qu'il n'y a rien d'autre à trouver que la vérité, rien d'autre à chercher, donc, et qu'on est déjà dedans, et qu'on en connaît plus qu'assez pour vivre... Le Bouddha ou le Christ en savaient beaucoup moins, mais cela ne nous ne donne sur eux aucune supériorité spirituelle." Mais comment Sponville peut-il affirmer que sur six milliards de personnes qui vivent sur notre planète aucune ne détient une gnose ou une vérité cachée et que le Bouddah ou le Christ savaient moins de choses que nous? S'ils ignoraient (sans doute) la valeur de la masse du proton ou de l'électron, peut-être en savaient-t-ils bien plus que n

Notre existence a t-elle un sens? 16-1)

 

Notre existence a t-elle un sens? 16-1) Conclusion du livre "notre existence a-t-elle un sens"

Une nouvelle approche de la science

 

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.

 

Exergue: "Par opposition au scientisme dominant de la fin du XIXè siècle, on voit aujourd'hui de nombreux scientifiques, forts de ces nouvelles hypothèses ou de ces nouvelles théories, orienter le science vers un autre ordre de réalité, considéré désormais non plus comme concurrent, mais comme complémentaire de son domaine." Jean-Marie Pelt

wikipedia.org -Esprit quantique L'esprit quantique est une hypothèse qui suggère que des phénomènes quantiques, tels l'intrication et la superposition d'états, sont impliqués dans le fonctionnements du cerveau et en particulier, dans l'émergence de la conscience.

 

Nous sommes parvenus au terme de l'ouvrage de jean staune"Notre existence a-t-elle un sens?". Ma lecture de l'ouvrage nous a fait traverser les sciences de la matière, de l'Univers, de la vie, de la conscience et même la logique et les mathématiques. Ce voyage a été fait avec un minimum de préjugés philosophiques et religieux en partant des faits qui semblent importants pour la question "l'Univers et notre existence ont-ils un sens et s'inscrivent-ils dans un projet quelconque?". Que pouvons-nous conclure après avoir vu de très nombreuses interprétations de ces faits et analysé les principales positions en dégageant celles qui semblent les plus crédibles? 


1) L'émergence d'un nouveau paradigme. (voir l'article 4) Vers de nouvelles lumières)

 

vidéo1- le nouveau paradigme aspect quantique

 

  

 

Le XXè siècle a vécu en science un événement rare: un changement de paradigme.  Un paradigme est une représentation du monde, une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). Au xxe siècle, le mot paradigme était employé comme terme épistémologique pour désigner un modèle de pensée dans des disciplines scientifiqueCe qui s'est passé est inégalé depuis 500 ans, depuis le passage du monde magique du Moyen-Âge à celui de la modernité, via la Renaissance et a eu une influence sur tous les domaines de la connaissance:

 

-En astrophysique, les notions de temps et d'espace absolu et éternel et infini de Newton ont été remplacés par la relativité du temps et de l'espace d'Einstein qui abouti à la théorie du big bang et des Univers inflationnaires, le big bang ayant engendré le principe anthropique.

- En physique, le déterminisme de Laplace, qui prétendait que l'on pouvait, en théorie, connaître tout le futur de l'Univers à partir des forces de la nature et de la position des objets qui la composent a été remplacé par le principe d'incertitude d'Heisenberg qui dit qu'il qu'il est impossible de connaître à la fois la position et la vitesse d'une particule. Dans les nouveaux concepts, il est question d'incomplétude, d'imprédictibilité, d'incertitude, d'indécidabilité...

-En mathématiques, le programme de Hilbert qui devait être une "solution finale" au problème de fondements de la logique, a été remplacé par les théorèmes d'incomplétude de la logique de Kurt Gödel, ce qui implique que, au coeur même des mathématiques, des vérités peuvent être perçues avec certitude sans être démontrables (voir l'article 15).

-En chimie, les idées classiques de l'équilibre de Marcellin Berthelot ont été remplacées par la thermodynamique du non-équilibre de Ilya Prigogine et par les notions de "bifurcation", d'effet papillon qui débouchent sur l'imprédictibilité de certains phénomènes non plus quantiques, mais macroscopiques.

-En neurologie, "l'homme neuronal" de Jean Pierre Changeux a été "mis à mal" par les expériences de Libet sur l'antédatage de la perception et sur l'existence d'un libre arbitre exerçant un "droit de veto" sur les processus commencés inconsciemment par le cerveau (voir l'article 14-2). 

-Les conceptions darwiniennes selon lesquelles l'évolution serait un phénomène purement contingent, puisque fondées uniquement sur des mutations aléatoires triées par la sélection naturelle, sont remises en cause par des approches de l'évolution comme celles de Simon Conway-Morrismichael Denton ou Christian de Duve (voir articles 12-1 et 12-2). Pour ces derniers, le le hasard est "canalisé" par une structuration des lois physiques et biologiques dont la découverte n'est pas encore achevée. Ces approches donnent une crédibilité nouvelle à la conception platonicienne selon laquelle les grandes familles d'être vivants sont inscrites dans les lois de la nature comme la structure des cristaux de neige ou la structure des protéines."

Le tableau suivant montre l'évolution des paradigmes:

Paradigme classique                          paradigme nouveau

Newton                                                    Einstein

Laplace                                                   Heinsenberg

Hilbert                                                     Gödel

Berthelot                                                 Prigogine

Changeux                                               LibetSperry 

Darwin                                            DentonConway Morris

cmchr.net -Une approche pour le 21ème siècle

Petite anecdote pour prendre la mesure du caractère exceptionnel de ce changement de paradigme: James Lighthill, le président de l'Union internationale de mécanique pure et appliquée, s'est excusé au nom de ses collègues du fait que son association ait propagé pendant trois siècles l'idée fausse que les systèmes newtoniens étaient déterministes. Qui se souvient de la plus dramatique épidémie de peste de tous les temps au XIVè siècle, qui tua en quelques années un quart de la population européenne et dont les contemporains devaient imaginer qu'elle marquerait à jamais l'histoire de l'humanité? En revanche, tout le monde ou presque connaît les noms de Copernic et de Galilée, ce qui montre que les vraies révolutions sont les changements de vision du monde et non pas des événements contingents, si terrifiants soient-ils. C'est pourquoi, Ortoli et Pharabod. (les auteurs du livre "le cantique des quantiques" ), en évoquant la révolution quantique, qui n'est qu'une partie -certes la plus solide- de la nouvelle vision du monde, ont-ils osé écrire: "Les révolutions républicaines, marxiste, islamistes et autres risquent d'apparaître un jour insignifiantes face à la révolution quantique. Notre organisation socio-politique et nos modes de pensée ont été ou vont être bouleversés davantage peut-être que par tout autre événement." Ainsi des physiciens ont pu dire que dans 1000 ans, la démonstration de l'existence de la non-localité au XXè siècle sera un événement plus important dans la mémoire de l'humanité que les deux guerres mondiales.


Mais, quelle solidité peut-on accorder à la synthèse faite par Jean Staune, que je viens de présenter en début de ce chapitre? Staune le dit lui-même: N'est-elle pas une illusion? Dans son ouvrage "notre existence a-t-elle un sens?" , qui les cite, les faits sur laquelle cette synthèse se fonde ont été publiés dans des revues qui font autorité et les interprétations citées ont été développées par des scientifiques de renom qui s'exprimant dans leur domaine et non par des physiciens parlant de la conscience ou des astrophysiciens parlant de la biologie par exemple. Cela donne à la démarche un poids que n'aurait pas la même critique des conceptions de la science classique à partir de disciplines comme l'astrologie, de la parapsychologie, de la médecine "énergétique", des visions des chamanes, disciplines qui sont rarement reconnues comme scientifiques. Il en est de même de toute une série de faits stupéfiants mais totalement invérifiables. Un bon exemple de telles démarches non rationnelles se trouve dans l'ouvrage de Louis Pauwels et Jacques Bergier, "Le matin des magiciens". Bien entendu, les interprétations des scientifiques peuvent être erronées et vu le grand nombre d'idées, de théories et concepts, certains se révéleront faux? Mais il est probable qu'il soit impossible que l'ensemble des faits et théories sur lesquels repose la synthèse se révèle être une illusion. Examinons leur degré de solidité:

     -Les plus solides sont sans doute la physique quantique, la relativité générale, le théorème de Gödel et la théorie du chaos. Les résultats de la physique quantique n'ont jamais été démentis et ceci avec un degré de précision époustouflant: la théorie quantique des champs (TQC) est vérifiée avec une précision de l’ordre de 10-11 et à ce jour la relativité générale a été vérifiée à 10-14 (on pense qu'avec le satellite ‘STEP’ on pourra aller jusqu'à  10-18).Par ailleurs, on sait maintenant qu'on ne pourra jamais connaître la position et la vitesse d'une particule en même temps ni même prédire avec exactitude le temps qu'il fera dans un mois.  

     -Il paraît impossible que soit remise en cause le fait que l'Univers était très petit et très dense il y a entre 13 et 15 milliards d'années (la théorie du big bang). Mais dans ce domaine les choses évoluent très vite, et avec l'existence de la matière noire, de l'énergie noire, voire des Univers parallèles, des bouleversements importants peuvent se produire avec des implications philosophiques imprévues. 

     -Dans le domaine des neurosciences, les expériences permettant de déconstruire la vision d'un "homme neuronal", faites de rare fois à cause de leur difficulté technique et pour des raisons idéologiques, demanderont sans doute des années pour être répétées de nombreuses fois. 

     -L'idée d'une évolution orientée ou canalisée vers un but est sans doute le concept le moins établi de cette synthèse. Il y a beaucoup d'arguments en faveur d'une nouvelle théorie de l'évolution, mais on ne peut être certain de l'inexactitude des conceptions darwiniennes. On peut être assuré que les conceptions de Newton, Laplace, Hilbert, et sans doute celles de Changeux ou Crick ne sont plus des descriptions scientifiques adéquates, il n'y a pas d'expérience décisive qui permette de rejeter les conceptions darwiniennes

 

Dans la démarche interdisciplinaire faite ici depuis le début de mes articles de "notre existence a-t-elle un sens?", les thèses avancées se renforcent les unes les autres et c'est quelque chose qu'on ne peut comprendre que lorsqu'on a pris connaissance de toute la démarche. Cela illustre le credo non réductionniste que la démarche cherche à démontrer: "Le tout est plus que la somme des parties." Ainsi, on peut être sûr que que la biologie connaîtra une grande révolution conceptuelle alors que la grande majorité des biologistes ne l'envisagent même pas. Pourquoi? parce que, comment le disent Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod, la plupart des biologistes ont une vision "assez primitive" de la réalité, vision déjà réfutée dans un domaine sur lequel, en dernière analyse, repose la biologie (Voir aussi l'article 6 partie 2 au chapitre 5: "quant à la déliquescence de ce qu'on appelle [...] "rationalisme", elle ne gêne guère l'homme de la rue mais perturbe profondément bien des penseurs traditionnels. Mais un autre bouleversement devrait être considéré comme positif: c'est l'abolition du carcan matérialiste et l'émergence de nouvelles possibilités philosophiques. En effet, la science du XVIIIè siècle avait abouti au triomphe du matérialisme mécanique qui expliquait tout par l'agencement de morceaux de matière minuscules et invisibles, agencement réglé par diverses forces d'interaction qu'ils exerçaient entre eux. Cette vision assez primitive à laquelle se tiennent encore la plupart des biologistes avait pour conséquence l'inutilité des religions et des philosophies qui font appel à l'existence d'entités non matérielles. Le fait que ces morceaux de matière se soient révélés n'être en réalité que des abstractions mathématiques non locales, c'est à dire pouvant s'étendre sur tout l'espace et de plus n'obéissant pas au déterminisme, a porté un coup fatal à ce matérialisme classique." De plus, L'histoire des sciences a montré qu'il existe un décalage de plus d'un siècle entre les progrès réalisés dans le domaine des sciences de la vie et ceux de l'univers comme nous l'avons vu dans l'article 4) au chapitre 4 f)On peut donc en conclure que, comme Newton, Darwin aura son Einstein. Comment? et cela donnera-t-il du crédit à l'évolution orientée? Nul ne le sait pour le moment.

En conclusion, la synthèse présentée précédemment est solide, il est certes improbable qu'elle soit entièrement exacte, mais il est encore plus improbable que l'image globale qui s'en dégage soit remise en cause. Nous sommes bien en train de un changement essentiel de vision du monde dont nous allons maintenant voir deux grandes caractéristiques (parmi beaucoup d'autres). 

 

2) La voie de l'incomplétude: "je sais pourquoi je ne sais pas".

 

 

                                       

 

 

Comme nous l'avons vu, une grande partie du nouveau paradigme repose sur des notions comme l'incertitudel'incomplétudel'imprédictibilitél'indécidabilité... Est-ce à dire qu'il repose sur notre ignorance et non sur des connaissances et donc que les conclusions du chapitre précédent sont peu solides? Non, car en réalité, c'est le contraire! C'est un bouleversement épistémologique, car désormais nous savons parfaitement et avec une grande précision pourquoi nous ne saurons jamais en même temps la vitesse et la position d'une particule (principe d'incertitude), pourquoi nous jamais de système logique à la fois complet et cohérent (théorèmes de Gôdel), ou pourquoi nous ne prédirons jamais avec exactitude le temps qu'il va fera dans un mois (théorie du chaos). Il s'agit donc d'un progrès des connaissances et non d'une régression. C'est une victoire de la méthode scientifique et de la rationalité qu'il soit possible de montrer les limites de la science de l'intérieur de celle-ci et non pas depuis l'extérieur seulement.

Mais cela amène à renoncer au projet de la science "classiquenée au XVIIè siècle dont Jean Fourastier a pu dire: "La science du XIXè et du début du XXè siècle reste ainsi dominée non seulement par l'espoir, mais par la certitude d'expliquer le réel par le réel". En effet, le XXè siècle a démontré que non seulement la science ne pourra jamais "dévoiler" le réel dans sa totalité, mais (à cause de phénomènes comme la non-localité), que le réel n'est pas ontologiquement suffisant, qu'il ne peut donc s'expliquer entièrement par lui-même, puisque des phénomènes qui relèvent d'un autre niveau de réalité peuvent l'influencer causalement. (Ici on entend par "réel" le niveau de réalité dans lequel nous vivons, celui que l'on peut mesurer, voir, toucher, sentir, celui qui est situé dans le temps, l'espace, la matière, l'énergie)

Scientifique et philosophe, Jean-François Lambert juge essentiel le "paradigme de l'incomplétude" qui, dès les "années trente", annonce dans la plupart des disciplines l'avènement d'une nouvelle science ouverte à l'indicible. Il a ajouté aux faits que nous venons de mentionner l'incomplétude de Wittgenstein (voir uip.edu: chapitre Wittgenstein et l’indicible) et l'approche de l'inconscient de Jacques Lacan ("il y a deux statuts de l'Autre : celui qui existe, unitaire, et l'Autre barré, manquant d'existence et signalant l'incomplétude de la langue"). Pour Lambert, "il apparaît à l'évidence que tant dans l'étude du langage (Wittgenstein) ou celle de la logique (Gödel) que celle de la structure de la matière (Heisenberg) ou de l'inconscient (Lacan), débouchent sur le même constat d'incomplétude, le même horizon d'indécidabilité. La même impossibilité à limiter le vrai à la totalité de ce qui peut être dit, formellement démontré ou immédiatement mesuré. Tout ce qui précède conduit au même constat: ça échappe. Reconnaître que quelque chose est formalisable, c'est aussi reconnaître que quelque chose de cette chose échappe nécessairement, la formalisation serait impossible si elle n'impliquait pas que quelque chose échappe. Tout ensemble de traces (toute écriture, tout langage, tout système formel, toute mesure) suppose un "insu" qui, précisément, ne laisse pas de trace, mais se manifeste dans les blancs de l'écriture. Le socle même de l'écriture ne peut s'écrire comme le socle du langage ne peut se dire, comme le socle de la logique formelle ne peut se formaliser. Bien que ne pouvant ni s'écrire ni se dire, le fondement se montre dans l'acte de parole ou d'écriture."

 

3) le dépassement du matérialisme méthodologique.

 

Dans tout ce qui précède, nous avons rencontré au moins deux domaines (le principe anthropique et l'évolution) où apparaissent des questions relatives à l'existence d'une finalité dans l'Univers. De nombreux scientifiques repoussent toute allusion de type et y voient un crime de lèse-science. Mais réfléchissons d'abord à la question qu'est-ce que la scienceLe Robert en donne de multiples définitions de "connaissance exacte et approfondie" à la définition réductrice dont il est dit qu'elle ne date que du XIXè siècle: "ensemble de connaissances d'une valeur universelle, caractérisé par un objet, une méthode déterminée, fondé sur des relations objectives vérifiables". Il n'est pas précisé que  la science se limite à l'étude des phénomènes ayant des causes naturelles ou matérielles, même si le naturalisme méthodologique est absolument essentiel dans la pratique quotidienne de la science, il n'en constitue pas un pilier structurel (les fondateurs de la science moderne comme Newton ou Képler l'auraient peut-être définie comme "l'étude des lois que Dieu a utilisées pour créer le monde"). Comme l'explique le prix Nobel Christian de Duve, "la science est fondée sur le naturalisme (matérialisme méthodologique), notion selon laquelle toutes les manifestations ayant cours dans l'Univers sont explicables par l'intermédiaire de lois connues de la physique et de la chimie. Cette notion représente la pierre angulaire de l'entreprise scientifique. Et nous pouvons fermer nos laboratoires si nous n'y souscrivons pas! si nous partons de l'hypothèse selon laquelle ce que nous étudions n'est pas explicable, nous éliminons la recherche scientifique en elle-même. contrairement à l'opinion exprimée par certains scientifiques, cette nécessité logique n'implique pas que le naturalisme doive être accepté comme un a priori philosophique, une doctrine ou une croyance.Tel qu'employé en science, il s'agit d'un postulat, une hypothèse de travail souvent qualifiée de naturalisme méthodologique par les philosophes pour cette raison, postulat que nous devrions être prêts à abandonner si nous étions confrontés à des faits ou à des événements qui défient chaque tentative d'explication naturaliste."

L'article "message in the sky", écrit par deux astrophysiciens chinois vivant aux Etats-Unis (S. Hsu and A. Zee), et qui a été mentionné dans mon article 9-2) au chapitre 4), fournit une illustration des propos de Christian de Duve concernant l'éventualité de devoir renoncer au matérialisme méthodologique. En effet, il avait dit dans mon article: "si un tel message était détecté, comment réagiraient les "rationalistes?". Refuseraient-ils de l'analyser et de l'accepter en disant qu'on sort des limites de la science?"  


Mais le "matérialisme méthodologique", n'est n'est pas un fondement incontournable de la science. En effet, une des deux principales disciplines de la physique de notre temps, la physique quantique s'en passe totalement, comme le dit Bernard D'Espagnat: "Le "matérialisme méthodologique" [...] est-il véritablement un présupposé de la recherche indispensable au développement de quelque discipline que ce soit? Ici, je prétends qu'il n'en n'est rien. Il en est une, et non des moindres, qui a échappé à la règle, c'est la physique quantique. On peut certes ne pas partager vues de Niels Bohr. [...] Or, selon Bohr, un instrument de mesure doit être considéré comme obéissant à la physique classique, non du tout en vertu de ses propriétés physiques, mais seulement en raison du fait qu'il nous sert à nous, d'instrument. De plus, alors que le choix (humain) de cet instrument définit, entre conditions expérimentales, celles qui déterminent quels types de prédiction on pourra ultérieurement faire, ces dernières conditions sont selon Bohr, "un élément inhérent à la description de tout phénomène auquel le terme de réalité physique peut-être attaché".  Peut-on qualifier de matérialiste une telle conception selon laquelle en tant qu'objet de la science, "la réalité physique" est un phénomène auquel l'action et l'expérience humaines sont "inhérentes". Et il faut en dire autant des vues de Werner HeisenbergWolfgang Pauli  Max Born..., les principaux artisans de la physique de notre temps. 

 

Si les matérialistes acceptent que l'on conteste le matérialisme philosophique, il n'est pas question de contester le matérialisme méthodologique qu'ils érigent en principe absolu et le couplent à la science. L'abandonner serait revenir aux périodes de l'obscurantisme préscientifique. Pourtant, comme on vient de le voir, le matérialisme méthodologique n'est pas un fondement incontournable de la science et cette fusion avec la science ne tient ni sur le plan théorique, ni sur le plan factuel. Si on acceptait la possibilité de les séparer, toute une série de recherches nouvelles, porteuses de résultats potentiels d'une grande richesse, deviendraient possibles, alors qu'elles sont considérées comme taboues car elles contredisent le sacro-saint matérialisme méthodologique. C'est la cas des "expériences aux frontière de la mort" décrites par des milliers de témoins et dont certains aspects suggèrent des "sorties du corps" susceptibles de confirmer définitivement le dualisme. C'est pourquoi, un des grands expérimentateurs en neurosciences que nous avons vu dans l'article14-2) chapitre1Benjamin Libet, envisage sérieusement un protocole pour prouver la réalité de la sortie du corps rapportée par les témoins. C'est l'attitude d'un savant qui, à partir du moment où il a des indices intéressants, ne se laisse pas détourner de sa démarche par des a priori idéologiques. Mais si de telles expériences, pourtant cruciales pour la compréhension de la nature humaine, n'ont pas encore été réalisées de façon sérieuse, c'est bien à cause du frein que constitue cette "absolutisme" du matérialisme méthodologique.

4) Conclusion de l'article.

Ce nouveau paradigme (présenté au chapitre 1), qui a renversé les certitudes de la science classique, débouche sur une nouvelle approche de la science, à la fois "consciente de ses limites" et capable de traiter des questions jusqu'alors hors de son domaine. Cette approche paradoxale devient possible car la science commence à abandonner certains des a priori qui l'empêchaient de le faire auparavant.(voir le débat "pour une science sans à priori" publié par "le Monde" le 23 février 2006). Elle sait maintenant qu'elle ne pourra jamais tout expliquer ni connaître (elle ne peut connaître en même temps la vitesse et la position d'une particule). Elle s'ouvre peu à peu à d'autres dimensions en rejetant des tabous qui l'empêchaient d'étudier certaines questions comme celles relatives à la finalité, au sens de l'Univers, à l'existence d'entités non matérielles comme les esprits, entités qui ont un effet sur notre niveau de réalité. 

La diffusion de cette révolution conceptuelle vient juste de commencer. Mais il faut prendre conscience qu'à l'époque d'internet où la diffusion "horizontale" de l'information est quasi-instantanée (connaissance des événements), la diffusion "verticale", celle qui porte sur les fondement de notre vision du monde, prend encore presque un siècle. Les prochaines années verront une accélération et une nouvelle vision du monde?

Nous examinerons dans la deuxième partie de cet article ("notre existence a-t-elle un sens 16-2 _science et sens, raison et religion" ) ce que tout cela implique pour la "question la plus importante qui existe" (Pour la question la plus importante qui existe: voir l'article 3) Comment ébaucher un "traité de la condition humaine?" chapitre 2: La question fondamentale- la condition humaine).

 

liens: wikipedia.org -La Grande Question sur la vie, l'univers et le reste

 

 

 

 

Notre existence a t-elle un sens? 15)

 

Notre existence a t-elle un sens? 15) Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?

 

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.

 

 

Apres les articles précédents qui ont exposé le... "Hard problem of consciousness", expression inventée par David Chalmers, je poursuis ma lecture du livre de jean staune "Notre existence a-t-elle un sens?" avec ce titre qui semble a priori contradictoire: "Une voie rationnelle vers le monde de l'esprit?"


1) Sommes-nous en contact avec un "monde des mathématiques." 

 

 

  

 

Nous avons vu dans les articles précédents qu'un "monde de l'esprit" est concevable au vu des expériences effectuées sur la conscience et le libre-arbitre et aussi en raison de la conception du monde que nous donne la physique quantique (voir en particulier les phénomènes de non-localité, article 7-1 et article 7-2). Mais avons-nous d'autres indices de l'existence d'un tel monde et du fait que notre conscience serait en contact avec lui, voire immergé en lui? Une voie pourrait être recherchée dans l'analyse des expériences mystiques rapportées par les différentes traditions. Mais si on ne considère que les faits scientifiques et leurs interprétations, des indices d'un monde de l'esprit peuvent recherchés dans la question de la nature des mathématiques. Cela peut sembler paradoxal, car a priori, rien ne semble plus rationnel et plus éloigné du monde de l'esprit que des équations.
Pourtant, de nombreux grands mathématiciens ont rapporté que certaines grandes découvertes leur sont venues d'illuminations, comme si un voile se soulevait et leur donnait accès à quelque chose qui préexistait. Les mathématiques seraient un monde que l'on explore petit à petit mais qui existait bien avant que l'homme existe et non une construction de l'esprit humain. II y aurait donc un "monde des êtres mathématiques" qui existerait de toute éternité et avec lequel l'esprit humain pourrait entrer en contact (Le platonisme mathématique ou «réalisme en mathématiques» est une théorie épistémologique selon laquelle les entités mathématiques (nombres, figures géométriques, etc.) ont une existence indépendante. Ce ne sont pas de vulgaires abstractions tirées du monde sensible (connu par les sens), ni de pures conventions, ni de simples instruments, mais des êtres jouissant d'une vie propre, comme les Idées de Platon ou même comme les êtres physiques). 


Un exemple frappant est celui de Andrew Wiles qui a gravi "l'Everest des mathématiques" en démontrant le fameux dernier théorème de Fermat: (voir Andrew Wiles et le théorème de Fermat). "On sait que  ou encore que . Il existe une infinité de tels triplets d’entiers. Par contre on ne trouve aucun triplet d’entiers a, b et c non nuls tels que ; c’est la même situation avec la puissance 4 et les suivantes. Le théorème de Fermat s’exprime ainsi : L’équation  n’a pas de solution entière non nulle pour . Ce problème facile à comprendre porte le nom de Pierre de Fermat un mathématicien toulousain du XVIIème siècle. Dans un ouvrage énonçant cette conjecture, il laissa cette note mystérieuse : "J’ai une démonstration véritablement merveilleuse de cette proposition, que cette marge est trop étroite pour contenir". 350 ans de recherche pouvaient commencer…" Les plus grands mathématiciens de différentes époques ont essayé de le démontrer. Certains ont pu le faire pour certaines catégories de nombres mais jamais pour tous les nombres. Premières approches: Les cas des exposants n = 3, 4 puis 5 et 7 ont été abordés par EulerLegendre et Cauchy. En 1738, Euler résout le cas n = 4. Le théorème est donc aussi prouvé pour toutes les puissances de n multiples de 4. En 1753, Euler transforme l'équation en z3 = x3 + y3 = 2a(a2 + 3b2). L'étude des propriétés des nombres de la forme a2 + 3b2 sera omise de sa première preuve. La même omission sera reprise par Legendre. Euler se penche à nouveau sur la question et finit par apporter une preuve satisfaisante pour n = 3. En 1801, Gauss donne une autre preuve, mais rigoureuse, elle, pour le cas n = 3. Il travaille dans ?(?–3) et nomme à l'occasion entiersles complexes de ?[j]. En 1816, l'Académie des sciences de Paris offre une médaille d'or et un prix de 3 000 francs à celui qui résoudrait la question. En 1825, un calcul élégant de Sophie Germain permet à Dirichlet de proposer une preuve incomplète pour le cas n = 5. Elle est publiée et complétée dans le Journal de Crelle en 1828. La même année, toujours grâce à la solution de Sophie Germain, Legendre résout lui aussi cas n = 5. Il en déduit une généralisation portant sur une famille entière de nombres n premiers. En 1832, Dirichlet prouve le cas n = 14. En 1839, Lamé prouve le cas n = 7... Au fil du temps, la démonstration était devenue un "Graal des mathématiques".  Nombreux étaient ceux qui pensaient qu'elle n'existait sans doute pas et s'y attaquer, c'était comme vouloir créer un mouvement perpétuel. Cette démonstration était devenue un sujet trop ambitieux pour un chercheur. 

C'est la raison pour laquelle Wiles a tu pendant 7 ans qu'il travaillait sur le sujet au point que ses collègues pensaient que s'il avait été un mathématicien brillant, il n'avait maintenant plus d'idées. Il lui a fallu travailler dans un isolement quasi-total pour arriver à son but. Puis, 7 ans après, Wiles annonce avoir démontré la conjecture TSW (pour plus de détails, voir Le théorème de Fermat : huit ans de solitude) dans un cas su?sant pour établir le théorème de Fermat, lors d'un séminaire à Cambridge en 1993, ce qui fut un véritable bombe et fit le tour du monde. Mais à l’automne, l’une des personnes qui e?ectue une véri?cation détaillée des manuscrits de Wiles découvre une erreur subtile. Pour Wiles; la situation était dramatique, car si un mathématicien comblait la faille avant lui, ce serait lui qui aurait démontré le théorème de Fermat. "Wiles ne veut pas succomber à l’abattement et se replonge dans le travail, mais maintenant la communauté mathématique tout entière « écoute à la porte »... Il tente de s’isoler de nouveau, et pendant plusieurs mois, toutes les rumeurs circulent. En décembre 1993, il se prononce par un message électronique qui circule dans la communauté, pour con?rmer qu’il y a un problème. Au début de l’année 1994, il décide de continuer à travailler en demandant à l’un de ses anciens étudiants, Richard Taylor, de venir l’aider. Au cours de l’été suivant, les deux hommes commencent à perdre con?ance et se préparent à admettre l’échec... Mais à l’automne 1994, Wiles a une nouvelle idée qui vient mettre un point ?nal à la preuve. L’article comportant l’essentiel de son travail pour démontrer le Grand Théorème de Fermat est paru en 1995 sous le titre Modular elliptic curves and Fermat’s Last Theorem

dans la revue Annals of Mathematics. C’est un article de 109 pages, qui s’appuie sur des

centaines et des centaines de pages de travaux d’autres mathématiciens... En effet, c'est un jour, en descendant l'escalier pour dîner, qu'il "vit" soudain que, en regroupant deux domaines très différents des mathématiques, il pourrait obtenir la solution. En arrivant en bas, il dit à sa femme: "ça y est, je l'ai!" Et c'était vrai, bien qu'il lui fallut plusieurs semaines pour coucher sa solution sur le papier. Ce qu'en dit Jean Staune est intéressant: "Lorsque j'ai eu l'occasion de rencontrer Andrew Wiles dans son bureau de Princetown, j'ai été frappé non par ce qu'il m'a dit mais par son attitude. J'avais en face de moi un père de famille directeur du département de mathématiques de l'une des plus grandes universités au monde. Mais tout, dans ses sourires, son silence, ses regards, son attitude générale, me rappelait non pas un scientifique, mais des rencontres dans une abbaye isolée avec certains moines dont l'attitude et le comportement nous font ressentir qu'ils ont éprouvé un contact avec l'absolu dont aucun mot ne pourrait rendre compte."


Mais tous les mathématiciens ne ressemblent pas à des mystiques. 

Alain Connes, professeur au Collège de Francemédaille Fields (l'équivalent du prix Nobel) est un bon vivant et se dit matérialiste. Voici son témoignage sur "l'illumination" (qui est rationnelle et non mystique, il s'agit de voir un objet mathématique et non une apparition comme celle de la vierge): «Au moment où elle a lieu, l’illumination implique une part considérable d’affectivité, de sorte que l’on ne peut rester passif ou indifférent. La rare fois où cela m’est réellement arrivé, je ne pouvais m’empêcher d’avoir les larmes aux yeux. J’ai souvent observé la chose suivante : une fois la première étape de préparation franchie, on se heurte à un mur. L’erreur à ne pas commettre consiste à attaquer cette difficulté de manière frontale [...]. L'expérience montre que si l'on s'attaque à un problème directement, on épuise très vite toutes les ressources de la "pensée directe", rationnelle [...]. Ce qui est frappant, c'est l'importance, quand je parle de procéder indirectement, de l'éloignement apparent entre le problème initial et le champ d'investigation du moment[...]. Le mathématicien doit évidemment disposer d'une sérénité suffisante. On peut parvenir ainsi à une sorte d’état contemplatif qui n’a rien à voir avec la concentration d’un étudiant en mathématiques qui passe un examen» (dans "matière à penser"). Alain Connes a mis en scène cette illumination dans "Le théâtre quantique" (Odile Jacob), qu'on peut retrouver sur France culture dans l'émission spéciale Alain Connes: Le théâtre quantique est-il ouvert à tous? A lire aussi cette interwiew dans le point: "Votre héroïne, une scientifique hétérodoxe, vit un moment de "fulgurance", de révélation. Vous vouliez mettre en scène la façon dont surgissent les découvertes scientifiques?" "Oui, parce que, dans ces moments là, on a accès à une perception qui va au-delà de ce que le rationnel peut offrir. Après, bien sûr, il faut vérifier, replonger dans le rationnel. Bien sûr, ces moments ne se produisent pas dans le vide. Il ne suffit pas de rester là à attendre. On fait beaucoup de calculs, on a l'impression de n'aboutir à rien, d'être face à un mur. Mais le cerveau a été tellement nourri de questionnements qu'à un moment donné une illumination se produit. C'est une expérience que j'ai vécue, alors que je travaillais avec Jacques Dixmier précisément sur le temps quantique".

 

Roger Penrose, professeur à Oxford, rejette le dualisme et n'est pas spiritualiste. Pourtant, il postule l'existence de trois mondes interagissant entre eux. Du monde matériel émerge le monde de l'esprit, qui lui-même a accès au monde platonicien des mathématiques...qui est lui-même le fondement du monde physique ("les deux infinis et l'esprit humain"). Cette hiérarchie en trois niveaux rappelle celle de Karl Popper, ainsi que celle où a tant achoppé le christianisme du Moyen Age: corps, âme, et esprit. Pour Penrose, ce qui constitue une des différences essentielles entre l'être humain et les machines  c'est que notre esprit a accès à ce monde platonicien: "Selon Platon, les concepts et les vérités mathématiques résident dans un monde réel dépourvu de toute notion de localisation spatio-temporelle. Le monde de Platon, distinct du monde physique, est un monde idéal de formes parfaites à partir duquel nous devons comprendre le monde physique. Bien que l'univers platonicien ne se laisse pas réduire à nos constructions mentales imparfaites, notre esprit y a toutefois directement accès grâce à une "connaissance immédiate" des formes mathématiques et à une capacité de raisonner sur ces formes. Nous verrons que si notre perception platonicienne peut à l'occasion s'aider du calcul, elle n'est pas limitée par de dernier. C'est ce potentiel de "connaissance immédiate"  des concepts mathématiques, cet accès direct au monde platonicien qui confère à l'esprit un pouvoir supérieur à celui de tout dispositif dont l'action repose uniquement sur le calcul."


Les réductionnistes et matérialistes, parmi lesquels figurent de grands mathématiciens ne partagent pas cette vision de l'intuition mathématique.  Un exemple est donné dans "Matière à penser" par le dialogue entre Alain Connes et Jean-Pierre Changeux, le fameux partisan de "l'homme neuronal". Changeux considère que les objets mathématiques sont des constructions de l'esprit et n'on pas d'existence propre. A la notion de simplicité qui lui donne accès à donne accès à de nouvelles régions du paysage mathématique, Changeux répond: "C'est toi qui crée cette simplicité lorsque tu confrontes tes représentations mentales entre elles ou à des objets naturels, lorsque tu constates leur adéquation ou leur inadéquation à l'aide du sens dont tu parles et que je considère comme le produit de nos facultés cérébrales. Encore une fois, est-ce que cela prouve que cette simplicité a une origine immatérielle? [...] Je crains que le "sentiment" que tu as de "découvrir" cette "réalité" toute platonicienne ne soit qu'une vision purement introspective, et de ce fait subjective du problème." Comme il n'est pas possible de prouver que ces "contacts avec le monde platonicien" que rapportent les grands mathématiciens soient réels, faisons un pas en avant tout en restant dans le cadre de la rationalité et de l'objectivité avec un autre grand résultat de la science du XXè siècle, le théorème de Gôdel.

 

 

2) Gödel ou la transcendance de la vérité mathématique.

 

 

 

Quelle était la situation et les courants de pensée des mathématiques au début du XXè siècle?(voir en préambule Fondement des mathématiques et Philosophie des mathématiques). Les mathématiciens étaient moins ouverts au  réalisme (ou au platonisme) mathématique qu'ils ne le sont aujourd'hui .

- Il y avait des positivistes comme Hans hahn, qui a fait partie du Cercle de Vienne et qui pouvaient dire "En ce qui concerne le monde, le seul point de vue possible me semble être le point de vue empiriste: la connaissance de la réalité ne peut en aucune façon s'obtenir par le pensée."( je rajoute: ??)L’ambition première et fondamentale du positivisme logique ou néo-positivisme est de refonder la science.

On peut rajouter le logicisme qui est la théorie selon laquelle les mathématiques sont une extension de la logique et donc que tous les concepts et théories mathématiques sont réductibles à la logique. Si ce programme était réalisable, il pourrait soutenir le positivisme logique en particulier, et le réductionnisme en général.

Il y avait les constructivistes qui considéraient que l'on ne peut démontrer l'existence d'objets mathématiques qu'en donnant une construction de ceux-ci, une suite d'opérations mentales qui conduirait à l'évidence de l'existence de ces objets. Les mathématiques sont donc pour eux une construction humaine qu'il faut bâtir solidement, morceau par morceau. L'intuitionnisme de Brouwer peut être considéré comme l'une des formes du constructivisme en mathématiques qu'il a d'ailleurs inspiré

Il y avait enfin les formalistescomme David hilbert, l'un des plus grands mathématiciens de l'époque (Un formalisme est un système formel composé d'un langage formel et d'une sémantique représentée par un système déductif ou calculatoire. Il a pour objectif de représenter de manière non-ambiguë un objet d'étude en science. Les formalismes sont très courants en mathématiquelogique mathématique ou en informatique théorique).. En 1900, Hilbert énuméra les 23 problèmes que, selon lui, les mathématiques devraient résoudre au cours du siècle qui commençait. Le plus important était de montrer la complétude de la logique (peut-on prouver la cohérence de l'arithmétique? En d'autres termes, peut-on démontrer que les axiomes de l'arithmétique ne sont pas contradictoires?)

L'enjeu du programme de Hilbert. Toutes les activités humaines formalisables reposent sur des nombres dont les relations entre eux forment l'arithmétique. Il faut donc que celle-ci soit un système cohérent qui permette une reconstruction de l'intégralité des mathématiques sur des fondations indestructibles. Par ailleurs, les raisonnement logiques interviennent de façon fondamentale dans le développement des mathématiques. Il faut donc formaliser la logique pour qu'elle débouche sur un système cohérent et complet permettant le déploiement des mathématiques. 

Si nous pouvons faire cela, disait Hilbert, "nous pourrions alors déterminer, pour n'importe quelle proposition logique, sa véracité ou sa fausseté et alors nous aurions une "solution finale (ou finitiste)" au problème de la logique." On retrouve une conception du monde similaire à celle de Laplace ("Si je connaissais la position des particules de l'univers et les lois qui les font interagir, je pourrais en déduire tout le futur de l'Univers") ou de Changeux ("Si je connaissais en détail votre état neuronal, je pourrais en déduire ce que vous allez penser dans une minute et que vous ne savez pas encore." Mais de même que le rêve de Laplace a été tué par la principe d'incertitude de Heinsenberg et que l'homme neuronal de Changeux a péri, ainsi que le dit Jean Staune, sous les coups de boutoir de Libet, le programme de Hilbert a succombé le 7 octobre 1930 à Königsberg, la ville natale de Kant. "C'était au colloque sur "L'épistémologie des sciences exactes" réunissant l'élite des mathématiques. Gödel, jeune doctorant de 25 ans, bouleverse le champ de la logique mathématique en annonçant son théorème d'incomplétude qui brise tous les espoirs de Bertrand Russell et de David Hilbert de fonder toutes les mathématiques de manière solide. Sur le moment seul John Von Neumann (élève de David Hilbert) comprit l’importance du résultat. Schématiquement exprimé, Gödel démontre que dans tout système formalisable, il existe des vérités (contextuellement vraies) mais  non démontrables (dans le système formel des mathématiques)". Gödel qui était élève du positiviste Hans hahn évoqué précédemment, fréquentait les fameuses réunions du Cercle de Vienne, mais il n'était pas positiviste, il était profondément platonicien. En fait, à part Von Neumann, père du premier ordinateur et un des membres clés du projet Manhattan de construction de la bombe atomique, les participants ne saisirent pas la portée de cette déclaration. Personne ne réagit ni ne questionna Gödel. Il n'y a rien de plus formel que que la notion de vérité en mathématiques. Quelque chose est vrai si, et seulement si, on peut démontrer cette vérité. Or Gödel venait de dire que des propositions mathématiques pouvaient être vraies et indémontrables. On avait certainement mal entendu, ce n'était pas possible.

Après le colloque, Von Neumann dit à Gödel: "Si ce que vous dite est vrai, alors il est impossible de démontrer la cohérence de l'ensemble des mathématiques incluant l'arithmétique". "Mais bien sûr" répondit Gödel, "il s'agit de mon deuxième résultat, il est déjà sous presse." Von Neumann, qui était formaliste, comprit tout de suite que cela signifiait la fin du programme de Hilbert: la logique, l'arithmétique, les mathématiques ne pouvaient pas être fondées sur elles-mêmes. Lorsque Gödel publia en 1931 sa démonstration, ce fut un véritable tsunami qui déferla sur les mathématiques. L'idéal d'axiomatique inauguré par Euclide il y a 2000  ans, paradigme de la rationalité venait de voler en éclats, alors que Hilbert venait de réussir à parfaire l'idée même de "système axiomatique formel." Les résultats et les méthodes employées par Gödel dans sa démonstration étaient si inattendus que que les mathématiciens et les logiciens mirent plusieurs années avant d'en entrevoir la portée. 

Maintenant, essayons de faire le lien entre ces résultats et notre sujet de départ: l'illumination en mathématiques. On peut les exprimer de diverses façons simples. 

-Tout système d'axiomes contenant l'arithmétique (c'est à dire la théorie des nombres) contient une proposition dont nous pouvons savoir qu'elle est vraie mais qui n'est pas démontrable dans le système en question. 

-La cohérence des mathématiques ne peut être démontrée à l'intérieur des mathématiques. 

-Tout système d'axiomes contenant la théorie des nombres contient des propositions indécidables (on ne peut pas savoir si elles sont vraies ou fausses). 

-Tout système d'axiomes est soit incomplet, soit incohérent car il ne peut être à la fois complet et cohérent. 

Alors si des propositions sont non démontrables, comment pouvons nos savoir si elles sont vraies? A ceci Gödel répond: justement, c'est parce que nous avons un contact direct avec avec le monde des vérités mathématiques. En bon platonicien, il avait une foi extraordinaire en l'intuition mathématique, tout aussi réelle que nos perceptions. Cet "optimisme rationaliste", comme il l'appelait, le conduit à tenter de trouver une preuve de l'existence de Dieu qui rappelle en plus raffiné le "preuve de "Saint Anselme . Comme toute preuve de l'existence de Dieu, elle un peu spécieuse (Par définition Dieu a toutes les qualités. S'il n'a pas d'existence il lui en manque clairement une. Donc Dieu existe!). Il faut savoir que Gödel s'intéressait aux mystiques comme Sainte Catherine Emmerich et aux pères de l'Eglise tels que Grégoire Palamas). Mais il semble étrange que celui qui a démontré les limites de la logique veuille trancher logiquement la question de Dieu alors qu'il a démontré que dans tout système formel il y a de l'indécidabilité. Sans doute Gödel considérait-t-il son théorème comme un hommage à la raison, tellement puissante qu'elle peut démontrer ses propres limites. Il est possible aussi que les "méthodes systématiques" dont il parle ne reposent pas uniquement sur des démonstrations logiques mais incluent des intuitions rendues possibles par notre "contact direct" (platonicien) avec le monde des vérités qui ne se limiterait pas aux vérités mathématiques. 

Ainsi Gödel a essayé de développer cette théologie et cette philosophie scientifique susceptibles d'aborder rationnellement tous les grands problèmes relatifs à la nature humaine, démarche ambitieuse que bien entendu, na pu mener à terme. Il pensait que le darwinisme, qu'il appelait "le mécanisme en biologie" serait réfuté rationnement un jour sous "la forme d'un théorème mathématique montrant que la formation au cours des temps géologiques d'un corps humain par les lois de la physique à partir d"une distribution aléatoire de particules élémentaires est aussi peu probable que la séparation par hasard de l'atmosphère en ses différents composants." De même que Daniel Dennett, Gödel pensait que le darwinisme est un algorithme est un algorithme, donc réfutable. Mais, pour lui, la vie, pour être expliquée nécessite des lois tout à fait différente des lois connues: "je ne crois pas que le cerveau soit apparu de façon darwinienne. En effet, cela est réfutable. Un organisme simple ne peut conduire au cerveau. Je pense que les éléments de base de l'Univers sont simples. La force de vie est un élément primitif de l'Univers et elle obéit à certaines lois d'action. Ces lois ne sont ni simples ni mécanistiques. Le darwinisme n'envisage pas de lois holistiques mais repose sur des particules et des lois simples. Or la complexité des organismes vivants doit être présente dans les éléments de base ou dans les lois." Il doit donc exister des lois de l'évolution autrement plus complexes que celles actuellement connues. Gôdel était dualiste et dans le domaine de l'esprit aussi, il s'agit d'une question empirique, donc prouvable. "L'esprit et la matière sont deux choses différentes. [...] C'est une possibilité logique que l'existence d'un esprit séparé de la matière soit une question testable. [...] Il se pourrait qu'il n'y ait pas assez de cellules nerveuses pour accomplir toutes les fonctions de l'esprit." Pour toutes ces références, voir Hao Wang un des rares confidents de Gödel dans son ouvrage

Gödel, qui était très cohérent, a donc cherché à faire en biologie et en neurologie ce qu'il a fait en logique: bâtir un théorème montrant l'incomplétude des approches réductionnistes. Son "credo" montre également qu'il croyait en en la vie après la mort. "Le monde n'est pas chaotique et arbitraire mais, comme le montre la science, la plus grande régularité et le plus grand ordre règnent règnent partout. L'ordre est une forme de rationalité. la science moderne montre que notre monde [...] a eu un commencement et aura très probablement une fin. Pourquoi alors ne devrait-il y avoir que cet unique monde ici?... Ainsi, pour Gödel, il est logique de déduire de l'observation du monde que l'essentiel de notre développement s'effectuera après la mort. Il était aussi très critique envers les religions, mais il considérait la religion positivement, faisant sans doute référence à la possibilité d'établir une synthèse théologique utile à l'humanité comme celle qu'il a essayé de bâtir. Il considérait ses efforts de rationalisation de la religion comme "rien d'autre qu'une présentation intuitive et une "adaptation" à notre mode  de pensée actuel de certains enseignements théologiques, prêchés depuis  deux mille ans, mais qu'on a mélangés avec beaucoup de bêtises."

 La pensée de Gödel est très complexe et toutes les idées qu'on vient de voir sont issues de citations et sont argumentées, mais elle restent tout de même des spéculations. Ce qu'il a démontré, c'est la transcendance (opposé à immanence) de la vérité par rapport à la notion de démonstration et le fait qu'on puisse avoir accès à des vérités non démontrables dans un système donné. Cela donne certainement crédibilité à tous ceux qui disent avoir été en contact direct, hors de toute démonstration, avec un "monde des vérités mathématiques": Andrew WilesAlain ConnesRoger PenroseGödel  et beaucoup d'autres... et cela permet de penser que qu'il existe bien une voie rationnelle permettant de rentrer en contact avec le monde de l'esprit. 

3) conclusion.

 Pour conclure ces articles sur le problème de la conscience, on peut dire que le dualisme, l'idée que la conscience n'est pas produite par le cerveau, est corroborée par l'existence probable d'un lien entre l'esprit humain et le monde "éternel" des vérités mathématiques. Si ce contact existe, il est plus probable qu'il soit possible parce que la conscience n'est pas en totalité immergée dans le temps et l'espace comme nous l'avons vu dans l'article 14-2) avec les expériences de Benjamin Libetplutôt que parce qu'une conscience "produite par le cerveau" aurait trouvé le chemin de ce contact. En d'autres termes comme le dit Jean Staune en conclusion du chapitre, "cela conduit à penser que l'esprit qui nous anime n'est pas uniquement un produit de l'activité neuronale, même s'il ne peut pas s'exprimer sans l'aide de celle-ci. Le dualisme redevient une hypothèse acceptable, et cela au strict plan de la rationalité scientifique, surtout depuis que des modèles montrant comment l'esprit pourrait agir sur le cerveau sans violer les lois de la physique ont été élaborés. 


Dans le prochain article nous aborderons les chapitres de conclusion de ma lecture du livre "notre existence a-t-elle un sens?": "Une nouvelle approche de la science" et "science et sens, raison et religion".

 

 

Notre existence a t-elle un sens? 14-2)

Publié le 23/08/2013 à 23:10 par leslimitesdelaconnaissance

 

Notre existence a t-elle un sens? 14-2) L'homme non-neuronal deuxième partie

 

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

Notre existence a-t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie)

Je consulte souvent aussi: astrosurf.com -UNE INTRODUCTION A LA PHILOSOPHIE DES SCIENCES

 

Exergue: "Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme." Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.

 

Dans les deux articles Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles? 

C'est ce que nous avons commencé à examiner dans l'article "l'homme non neuronal partie 1)" par des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens. Dans le chapitre 1): "Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?",  nous avons eu la première preuve qu'il n'y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l'affirme libet (consulter "Esprit es-tu là?"). D'après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l'observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l'identité entre ces deux états. 

 

 

 

 

La question de l'existence du libre-arbitre est une grande question philosophique dont la science moderne avait semblé sonner le glas avec l'élimination de l'âme ou de toute entité transcendante. En effet, si en dernière analyse, nous ne sommes que des processus physico-chimiques, nos actes sont déterminés par eux. Nous avons l'impression de faire des choix en toute liberté mais cela doit être une illusion. Et cela d'autant plus que Hans Helmut Kornhuber a mis en évidence que,  près d'une seconde avant qu'un sujet effectue un geste, un "potentiel de préparation motrice" apparaît dans l'aire motrice dans l'aire motrice supplémentaire (SMA), voir Fig 1). Pourtant, on n'a pas l'impression qu'il se passe une seconde entre le moment où on décide d'appuyer sur un bouton et le moment où on effectue ce geste. 

1983: Expérience fondatrice de Benjamin Libet  pour éclaircir la situation. Dans l’expérience, on vous place devant une horloge qui défile rapidement, et on vous donne un bouton sur lequel vous pouvez appuyer au moment qui vous plaira. La seule chose qu’on vous demande c’est de retenir le nombre indiqué par l’horloge au moment où vous prenez votre décision d’appuyer. Dans le même temps, des électrodes placées sur votre crâne suivent votre activité cérébrale. On constate (Fig 2) que le potentiel de préparation commence une seconde avant l'acte, mais que le sujet rapporte qu'il a décidé d'appuyer sur le bouton à un moment qui correspond au sommet du potentiel de préparation, environ 0,2 seconde avant l'acte. Puis l'acte a lieu (début du mouvement), une décharge de potentiel se produit, la courbe passe "sous la barre" (en négatif), signe que le geste a été effectué.
Pour l'ensemble des matérialistes "c'est la preuve que le libre-arbitre n'existe pas. Quand nous croyons avoir décidé d'appuyer sur le bouton, cela fait déjà 0,8 seconde que notre cerveau a décidé de le faire, mais nous n'en sommes pas conscients!". Mais Libet ne s'est pas arrêté là: il a identifié les potentiels de préparation avortés pour lesquels le tracé commençait de la même façon mais où l'acte n'a pas été effectué ( le tracé n'est pas descendu dans la partie négative, il est resté au-dessus de la droite de base). Si on interroge le sujet sur ce qui s'est passé, il dit qu'il qu'il a l'impression d'avoir failli appuyer sur le bouton et puis finalement, de s'y être opposé. Or, le moment où il dit avoir changé d'avis correspond au sommet du potentiel de préparation motrice (sur la Fig 1), soit 200 ms (ou 0,2 seconde) avant l'acte, dans le cas dans le cas où il appuie sur le bouton et dit qu'il décide de le faire. De plus, le potentiel de préparation se développe initialement dans les deux hémisphères, alors qu'au final une seule main bouge et, 0,2 seconde avant l'acte, il se "latéralise", il disparaît dans l'hémisphère correspondant à la main qui ne va pas bouger, alors qu'il se développe dans l'autre.
Il se passe donc bien quelque chose de fondamental 0,2 seconde avant l'acte: je "Je", le "moi" a a le choix de "laisser courir" ou de stopper des processus qui ont été commencés sans lui. Quotidiennement nous faisons des mouvements sans en être vraiment conscients, comme c'est le cas, par exemple, du mouvements de nos mains au cours d'une discussion agitée. Mais nous pouvons reprendre le contrôle en ne bougeant plus nos mains. Donc le libre-arbitre n'est pas une illusion. C'est en quelque sorte un droit de veto sur des actes potentiels que que nous n'avons pas initiés nous-mêmes. Il est plus limité que prévu et l'alcool ou les drogues fragilisent certainement ce droit en laissant nos pulsions inconscientes se manifester. Pour l'illustrer, on peut utiliser la métaphore de l'arbitre. En parlant d'un match de football, on pourrait dire (tout comme Changeux qui déclare qu'on n'est que des paquets de neurones) que c'est 44 pieds et 4 mains tapant dans un ballon et rien d'autre. Mais il y a un élément supplémentaire: l'arbitre. Il ne joue pas et ne tape pas dans le ballon, mais son rôle, c'est de laisser jouer, sauf dans les rares moments où il siffle, mais c'est un rôle essentiel (à la fin du match, c'est en général l'arbitre et non les joueurs qui prend les canettes sur la tête). Remplaçons arbitre par "âme" ou "esprit" et on peut alors comprendre pourquoi cette deuxième expérience de Libet est aussi cruciale que la première. Bien sûr on ne peut pas objectiver l'inobjectivable et on ne peut pas voir l'esprit. Mais on peut, indirectement, déduire l'existence de quelque chose qui s'impose aux processus neuronaux parce que certains potentiels de préparation avortent, tout comme on peut, déduire l'existence d'un arbitre en observant qu'a certains moments du match, les joueurs s'arrêtent tous en même temps, même si on ne le voit pas. 


Quelle conclusion raisonnable tirer de ces expériences (
le libre arbitre eixste-t-il?)? Chez les scientifiques et les philosophes il n'y a aucun consensus quant à leur interprétation. Pour certains comme Patrick Haggard, le libre-arbitre n’existe tout simplement pas, il affirme « We feel that we choose, but we don’t ». Pour d’autres, au contraire, ces expériences n’ont aucune valeur, "Circulez ya rien à voir!". Une position intermédiaire raisonnable c’est d’admettre que ces expériences montrent au moins que nos intentions ne sont pas systématiquement à l’origine de nos actions. Les processus inconscients jouent peut être un plus grand rôle que nous ne pouvions le penser, et la conscience d’une décision est un phénomène qui se construit au cours du processus de décision, pas à son origine. Libet a précisé, lors d'une discussion avec Jean Staune: "mon expérience est plus en faveur de l'éthique juive que de l'éthique chrétienne." Il a rajouté: "Parce que pour les chrétiens, on a péché dès que que l'on a eu une mauvaise pensée. Mon expérience montre que c'est trop demander à l'homme que de contrôler des choses qu'il ne peut contrôler. Mais en revanche, on est responsable de ses acte. Et pour l'éthique juive, on est coupable non pas à cause des pensées que l'on peut avoir, mais seulement si l'on a mal agi."
liens: wikipedia.org -Libre arbitre

sciencetonnante.wordpress.com -1983 : L’expérience fondatrice de Benjamin Libet

jung-neuroscience.com -Benjamin Libet et le libre-arbitre

philosophie.philisto.fr -Le problème du libre-arbitre

philitt.fr -Le problème du libre arbitre chez Schopenhauer

scienceshumaines.com -Les mécanismes de la volonté


2) L'homme, un animal porteur de sens.

 

psychoweb.fr -corps calleux

Qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal? Le langage, l'utilisation des outils, l'altruisme? on retrouve ces caractéristiques chez les animaux, y compris le langage pour lequel certains chimpanzés peuvent manier certains symboles. Pour Ernst Cassirer, l'homme n'est pas seulement un être organique et spirituel, mais un être qui demande et fabrique du sens. La relation de l'esprit et du corps doit être elle-même restituée dans le champ du sens. 

Une expérience montre qu'il semble que l'homme possède une caractéristique unique: Le besoin impératif que ses actes aient un sens. L'expérience a été faite pour soigner et soulager des patients ayant des crises d'épilepsie dans les deux hémisphères cérébraux. Il s'agit de séparer les deux hémisphères en sectionnant le corps calleux (faisceau d'axones,  (fibre nerveuse qui correspond au prolongement long, mince et cylindrique du corps cellulaire d'un neurone) interconnectant les deux hémisphères cérébraux et constitué de 200 millions de fibres nerveuses)Un petit nombre de patients a subi cette opération qui a donné des résultats positifs. Hormis quelques bizarreries mineures de comportement, ils ont pu reprendre une vie normale. Le neurospsychologue  Michael Gazzaniga, qui travaillait au début de sa carrière avec Roger Sperry, a mis au point plusieurs dispositifs permettant d’étudier les différences fonctionnelles des deux hémisphères, chez ces patients. Il a réalisé l'expérience suivante (voir le cerveau social): Un patient au cerveau sectionné (split brain) doit regarder un écran en fixant un point noir se trouvant au centre. Un capteur fixé sur ses yeux fait que s'il bouge, l'écran s'éteint. On lui demande alors de montrer de la main la carte, qui, parmi celles disposées devant lui, correspond à l'image qu'il va voir: on projette alors deux images différentes dans les deux parties de l'écran (par exemple une image représentant une voiture dans la neige devant une maison avec un bonhomme de neige, l'autre étant la patte d'un coq). Le sujet a une double réponse avec ses mains qui pointent sur deux des images disposées devant lui (par exemple une pelle à neige avec la main gauche et un coq avec la main droite). Il faut se rappeler que l'aire du langage se trouve dans l'hémisphère gauche. Or, tout est croisé chez l'homme: l'hémisphère gauche contrôle la partie droite du corps et l'hémisphère droit, la partie gauche. Le champ visuel (les deux images projetées, paysage de neige et patte d'un coq), a donc projeté dans le cerveau gauche l'image de la patte d'un coq, et le cerveau gauche a donné l'ordre à la main droite de montrer la tête du coq (une des images disposées devant le sujet). Quand on lui demande d'expliquer sa réponse, il répond: "vous m'avez coupé le cerveau en deux, mais je ne suis pas encore débile! Vous me montrez une patte de coq, je vous montre la tête." Mais si on lui dit "...mais pourquoi montrez-vous cette pelle avec votre main gauche?". Il bafouille un peu et répond "Les coqs vivent dans les poulaillers et ils font des saletés. Il faut nettoyer... par association d'idées, j'ai également désigné la pelle.". Ce n'est bien sûr pas la raison, c'est parce que le cerveau droit ayant reçu du champ visuel gauche (l'image placée devant le sujet) l'image de la voiture dans la neige, il a donné à la main gauche l'ordre de montrer la pelle à neige. Le cerveau droit, qui agit sur la main gauche le sait, mais ne peut l'exprimer. Alors que le cerveau gauche peut parler, mais ne connait pas la raison de cet acte. Il va en inventer une et y croire dur comme fer! 

Si au lieu du paysage de neige on met le message "partez, l'expérience est terminée", le sujet se lève et s'en va. Et si on lui demande: "pourquoi partez-vous?", il bafouille et répond un prétexte comme "J'ai envie d'aller aux toilettes" et il en sera toujours persuadé même si on le réinterroge plus tard.  

Cette expérience montre que la question du sens est tellement importante pour l'homme que lorsqu'il ignore le sens d'un de ses actes, il va en inventer un et y croire. Jean-François Lambert dit "C'est seulement quand je verrai des chimpanzés s'assembler pour débattre du sens de leurs actes et réfléchir sur leur "chimpanzéïtude" que j'admettrai que l'homme n'est pas fondamentalement différent des singes."

Mais ces expériences ont aussi d'autres implications, elles réfutent l'existence de la télépathie selon Sperry et et Libet. En effet, si les deux moitiés du cerveau ne peuvent pas communiquer entre elles, comment pourrions-nous communiquer avec un autre cerveau? Le champ de conscience (voir article 14-2 chapitre 2) de Benjamin Libet, s'il existe, a une portée très limitée. Il est engendré par les hémisphères, mais l'expérience montrerait donc que le champ produit par une hémisphère n'interagit pas avec l'autre. Mais, bien que le résultat puisse laisser penser que l'on affaire à deux "moi" qui fonctionnent indépendamment, aucun des patients au cerveau sectionné n'a rapporté le moindre "trouble du moi." Il s'agit de "moi" uniques ayant conservé toute leur mémoire et leurs habitudes (même si l'hémisphère droit ne peut parler, on pourrait, par le biais de tests de personnalité purement visuels, se rendre compte de l'émergence d'un second "moi"). Comme un "émergentiste ultra-fort" comme Libet ne semble pas pouvoir expliquer cette unicité de la personne après que le cerveau a été coupé en deux, on trouve ici un argument indirect en faveur du dualisme. 

wikipedia.org -Ernst Cassirer -"L'homme n'est pas seulement un être organique et spirituel, mais un être qui demande et fabrique du sens" ( L'anthropologie philosophique)

penser.over-blog.org -Ernst Cassirer: l’homme, un animal symbolique

danielmartin.eu/Philo -Besoin de sens et raisonnements faux

sergecar.perso.neuf.fr -l'idée de dieu et le dieu des religions

journalofcosmology.com -Le split brain: deux cerveaux - Two Minds

thebrain.mcgill.ca -split brain: CAN STATES OF CONSCIOUSNESS BE MAPPED IN THE BRAIN?

revue3emillenaire.com -L’hémisphère gauche parle, l’hémisphère droit pense par Roger Sperry


3) Le grand retour scientifique du dualisme.

Le dualisme est un terme qui a très mauvaise presse; il est fondamentalement considéré comme antiscientifique et "il doit être évité à tout prix." "Accepter le dualisme c'est renoncer" dit Daniel Dennett dans "la conscience expliquée." 

Le dualisme est une doctrine posant deux principes irréductibles et indépendants, au contraire d'un monisme, qui n'en pose qu'un. En philosophie, le dualisme (philosophie de l'esprit) se réfère à une vision de la relation matière-esprit fondée sur l'affirmation que les phénomènes mentaux possèdent des caractéristiques qui sortent du champ de la physiqueCes idées apparaissent pour la première fois dans la philosophie occidentale avec les écrits de Platon et Aristote, qui affirment, pour différentes raisons, que l'« intelligence » de l'homme (une faculté de l'esprit ou de l’âme) ne peut pas être assimilée ni expliquée par son corps matériel. La version la plus connue du dualisme a été formalisée en 1641 par René Descartes qui a soutenu que l'esprit était une substance immatérielle. Descartes fut le premier à assimiler clairement l'esprit à la conscience, et à le distinguer du cerveau, qui est selon lui le support de l’intelligence. Ainsi, il a été le premier à formuler le problème corps/esprit de la façon dont il est présenté aujourd’hui. De nos jours, le dualisme est opposé à des formes variées de monismes, parmi lesquelles le physicalisme et le phénoménisme. Le dualisme de substances’oppose à toutes les formes de matérialisme, tandis que le dualisme de propriétés peut être considéré comme une forme de matérialisme émergentiste, et serait alors opposé à un matérialisme non-émergentiste. 

Après l'éclipse qu'on connaît et le rejet hors du champ de la science du dualisme, la physique quantique nous met face à des choses plutôt troublantes. Nous avons vu qu'il existe des phénomènes tels que la non-localité qui ont une influence causale sur notre monde sans être constitués de matière ni d'énergie. La physique quantique nous a aussi amenés a voir que se qui existe ne se limite pas à des choses incluses dans le temps et l'espace et constituées de matière et d'énergie. Cela ne permet-t-il pas d'envisager l'existence possible d'un esprit non localisé dans le temps et l'espace et non constitué de matière et d'énergie? Depuis l'article de Becke et Eccles en 1992, rêve de Descartes(?), le principal obstacle théorique au dualisme a disparu. 

Ainsi, le dualisme semble la solution la plus logique aux extraordinaires expériences de Libet (voir chapitre 2) montrant que la conscience peut remonter le temps, et donc n'est pas totalement située dans le temps. Libet n'est pas dualiste, mais il précise, dans "Mind time" que rien n'interdit l'existence d'un dualisme de type cartésien. Il faut rappeler que de nombreux scientifiques célèbres pensent que le cerveau et l'esprit sont deux choses identiques, position réfutée par les expériences de Libet tout en expliquant que le dualisme est antiscientifique (bel exemple d'illustration de la parabole de la paille et de la poutre). Mais le dualisme n'est-il pas la meilleure explication du fait que les sujets au cerveau coupé gardent une identité unique? Du fait qu'une instance peut, au moment crucial, arrêter des processus commencés inconsciemment par le cerveau et manifester ainsi l'existence d'un libre-arbitre? Du fait que l'intention de faire quelque chose peut avoir des conséquences physiques sur le cerveau et même sur le système immunitaire? Du fait que des états mentaux peuvent être radicalement différents des états neuronaux associés comme l'a montré l'expérience des moines tibétains?

Le dualisme pourrait ainsi être une voie de recherche sur la nature de la conscience humaine en regardant les faits scientifiques et uniquement eux. En général, quand on fait appel à des entités non matérielles comme l'esprit ou les archétypes, les matérialistes disent que c'est une façon de scléroser la recherche, puisqu'au lieu de rechercher une cause physique, on postule quelque chose d'invérifiable. Mais ici on peut constater que c'est le contraire!  Quelles sont les recherches potentiellement riches que en progrès que l'on pourrait mener dans les sciences de la conscience? 

     a) Le développement de la voie ouverte par Libet à propos de la possibilité de pour la conscience de s'extraire du temps est à envisager. Une possible confirmation empirique pourrait exister: dans les cas d'urgence (accidents de voiture par exemple), des témoins rapportent que qu'un moment qui n'a duré que 3 s (j'ai vu le camion, je suis rentré dedans), a paru en durer une trentaine. Comme si la conscience sortait du temps pour se donner plus de chances de réagir. 

     b) Les recherches sur de nombreux cas dans lesquels se manifeste, selon l'expression de Jean-François Lambert, se manifeste "un opérateur qui ne se résume pas à la somme des opérations, e qui peut, soit arrêter des processus commencés inconsciemment par le cerveau, soit engendrer des processus physiques dans le cerveau uniquement par la pensée."
     c) Les recherches sur des sujets actuellement tabous comme les expériences de mort imminente (NDE ou EMI) nous indiquent que des découvertes incroyables sur la nature humaine sont envisageables. 

Vidéos à voir: 

Jean-Jacques Charbonier, né en 1956 à Saint-Gaudens, est un médecin anesthésiste réanimateur connu pour ses recensions de témoignages validant selon lui l'hypothèse de vie après la mort et de l'existence d'une conscience indépendante de l'activité neuronale.

 

 

-Documentaire expériences de mort imminente (EMI ou NDE):

 

 

Le dualisme semble être l'hypothèse la plus féconde pour expliquer les données provenant des neurosciences, mais le paradigme dominant à l'heure actuelle interdit d'envisager toute réalité non physique, ce qui bloque les recherches potentiellement fructueuses, de même que dans les sciences de l'évolution (dans lesquelles des milliers de chercheurs étudient la drosophile qui n'a pas vraiment évolué depuis 50 millions d'années dans l'espoir de comprendre les mécanismes de l'évolution). Cet interdit a pourtant déjà volé en éclats dans les domaines de la physique , de l'astrophysique et des mathématiques comme nous le verrons dans l'article suivant: "une voie rationnelle vers le monde de l'esprit", domaines dans lesquels on peut découvrir un ou plusieurs niveaux de réalité hors du temps, de l'espace, de l'énergie et de la matière. Le dualisme évoqué ici diffère de la conception classique de cette notion selon laquelle conscience et matière seraient deux choses totalement séparées. En fait, ce que nous avons vu pour la physique incite à penser que la conception la plus en en accord avec nos connaissances est celle selon laquelle conscience et matière proviendraient d'une substance unique qui serait antérieure à la "scission sujet-objet" (expression de Bernard d'Espagnat) que Schrödinger a évoqué dans "l'esprit et la matière". "Il était bien placé pour mesurer tout à la fois la nécessité et le coût exorbitant de l'acte fondateur des savoirs objectifs: le retrait ou, plus précisément, l'" Elision " du sujet connaissant. Tout notre savoir s’édifie sur la scission sujet-objet: penser, parler, observer, expérimenter se fait dans l’ordre de la séparation : je me donne un objet dans un champ défini, je l’observe du dehors". "La conscience est ce par quoi il peut y avoir un sujet qui se présente et un objet représenté. par elle s'opère la scission sujet-objet. Le sujet doué de conscience se pose comme un sujet, un Je, en face d'objets. Il n'est pas dans le monde (parmi les choses), il fait face au monde et tout ce qui constitue ce monde: moi, autrui, les choses et il se met à exister comme objet de représentation". Cette substance unique serait située au-delà de l'espace, du temps et de l'énergie. 


Pour conclure cet article, on peut dire que conscience et matière ne sont pas contradictoires.  Elles sont complémentaires au sens de Bohr. Ce dernier, s'est confronté au réalisme d'Einstein mais il avait certainement eu l'intuition de ce dualisme de la connaissance ("Lprincipe de complémentarité fut introduit à Copenhague par Niels Bohr suite au principe d'indétermination de Werner Heisenberg comme approche philosophique aux phénomènes apparemment contradictoires de la mécanique quantique, par exemple : celui de la dualité onde-corpuscule. Dans sa forme la plus simpliste, il stipule qu'un « objet quantique » ne peut se présenter que sous un seul de ces deux aspects à la fois. Bohr a montré que le principe selon lequel différents aspects d'un système ne peuvent être perçus simultanément, validé dans d'autres disciplines intellectuelles, s'appliquerait désormais dans le domaine de la physique, alors qu'il était absent de la physique classique.")


Pour terminer, je conseille la lecture des articles du blog elishean.fr qui apporte un point de vue qui me semble intéressant:

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Notre existence a t-elle un sens? 14-1) L'homme non-neuronal

Publié le 04/08/2013 à 17:54 par leslimitesdelaconnaissance Tags : image blog vie moi monde homme amour chez article fond amis roman background histoire création 2010 dieu nature fille soi internet livre pensée écran air lecture

 

Notre existence a t-elle un sens? 14-1) L'homme non-neuronal, première partie.

 

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

 

 
 

 

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

 

Exergue: "Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme." Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.

 

Dans les deux articles précédents; Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles? C'est ce que nous allons examiner maintenant dans cet article "l'homme non neuronalpar des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens.

 

1) Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?

 

 

 

oserchanger.com -EEG ou l’activité électrique du cerveau en temps réel

 

antoinedesaintexupery.com -terre des hommes 1939

 

C'est une expérience réalisée  Par jean-François Lambert sous la direction de Paul Laget à l'hôpital Trousseau qui pose la question: Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?

Normalement, si on reçoit un flash dans les yeux, une réaction automatique se produira dans notre aire visuelle et un observateur pourra, s'il regarde l'activité de notre cerveau, en déduire qu'on vient d'être soumis à un tel signal visuel. Sur le tracé d'un électro-encéphalogramme (EEG), ce signal produit un pic inversé qu'on appelle "potentiel évoqué". Dans l'expérience de jean-François Lambert, le sujet sur lequel a été obtenu le tracé n'est pas vraiment comme tout le monde. Il s'agit d'un moine tibétain qui a passé sa vie à méditer. Lorsqu'on lui demande de méditer, on s'aperçoit que dans le tracé, au lieu d'un pic bien net, on distingue bien un petit quelque chose mais qui n'est pas significatif, car noyé dans le bruit de fond de l'EEG (bien entendu, on vérifie que le moine n'a pas fermé les yeux). En regardant ce tracé, on pourrait en déduire que la personne en question n'est pas consciente et qu'elle ne réagit pas aux simulations qui l'entourent. Alors que, selon son témoignage, le moine était parfaitement conscient à ce moment-là. 

Peut-être expérimentait-il un état de "pure conscience" comme celui décrit par les patients de Dominique Laplane dans l'article Notre existence a-t-elle un sens 13-2) Dur, dur le problème au chapitre c): La solution de Dominique Laplane? Cela signifie selon Jean Staune que nous avons la première preuve qu'il n'y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l'affirme libet (consulter "Esprit es-tu là?"). D'après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l'observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l'identité entre ces deux états. Ceci est vrai chez les moines tibétains, mais il faudrait démontrer que cela est vrai chez tous les hommes, ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.


 

liens: technikart.com -esprit es-tu là (avec J F Lambert)

staune.fr -Ce que la science apprend aux managers expérience J F Lambert sur moines tibétains)?

lemediateur.net -Le séminaire « Science et Sens »

lodel.irevues.inist.fr -Les POTENTIELS ÉVOQUÉS VISUELS corticaux (PEV)

webvision.med.utah.edu -visually-evoked-potential

florence.ghibellini.free.fr -le rêve lucide et les Dream-Cultures

lecerveau.mcgill.ca -Expérience mystique et méditation : les corrélats neurobiologiques

ung-neuroscience.com -Benjamin Libet et la conscience

 

uip.edu -Esprit es-tu là? (libet et l'« d’antédatage » de la perception)

staune.fr -St Exupéry et la question des fondements: Que faut-il dire aux hommes en cette fin de XXème siècle?

rms.medhyg.ch -Neurosciences et rapport pensée-cerveau

 

2) Nous pouvons tous remonter le temps (avec Benjamin Libet)!

lecerveau.mcgill.ca -le cortex moteur

Toutes les perceptions et les sensations provenant de notre main par exemple se projettent dans la zone correspondant à la main dans le cerveau. Quand j'ai mal à la main, en fait, j'ai mal à la représentation de ma main dans mon cerveau, car c'est là que s'élabore la sensation de douleur et pas dans la main. Dans certaines opérations du cerveau, on peut réveiller le patient alors que son cerveau à l'air libre, et le stimuler directement grâce un léger choc électrique pour lui demander quelle sensation il éprouve (sans que cela représente une torture pour le patient). Il est parfois nécessaire d'avoir le témoignage en direct du patient, par exemple lors d'opérations visant à retirer des tumeurs, pour aider à l'identification de certaines zones. C'est ainsi que lors de certaines de ces opérations, l'équipe dirigée par Benjamin Libet, de l'université d'état de Californie à San Francisco, a obtenu l'autorisation de certains patients de réaliser, en plus des manipulations nécessaires à l'opération une expérience au moment où le sujet est réveillé et son cerveau exposé à l'air libre (la boite crânienne étant ouverte), ce qu a permis d'obtenir les résultats suivants (voir Mind time): 

Stimulons le bout du doigt avec une petite décharge électrique. Un potentiel évoqué se propage jusqu'à la zone du cerveau correspondant à la main et le sujet ressent une piqûre à la main environ 25 ms après. Maintenant, si on stimule la zone correspondant à la main dans le cerveau, le sujet va sentir une piqûre à la main et non au cerveau (ainsi, des personnes ayant perdu un bras peuvent avoir mal à leur "membre fantôme"). Mais pour que le sujet sente la piqûre, il faut envoyer un train de chocs pendant 500 ms (et non un choc unique). C'est seulement après ce délai que le sujet sent la piqûre et comme on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué qui arrive au cerveau depuis le doigt (ce qui est essentiel).

Combinons alors les deux démarches. A l'instant t=0, on stimule le bout des doigts et à t= 200 ms, on commence la série de stimulations au cerveau, toujours dans la zone correspondant au doigt. Le sujet sent une seule piqûre à t= 700 ms, correspondant à la stimulation faite au cerveau, sans ressentir celle qui a été faite au bout du doigt. Comment sait-on que c'est la deuxième piqûre qui a été ressentie et non la première? Dans les deux cas, le sujet ne sent qu'une piqûre au doigt, même quand le stimulation est faite au cerveau. Mais il est possible de calibrer les stimulations et d'habituer le sujet avant l'expérience décisive: la simulation du bout du doigt sera alors forte et celle du cerveau sera faible. Le sujet évoquera une seule et unique sensation faible de piqûre sur le doigt. On sait ainsi que c'est la stimulation du cerveau qui a été ressentie (sous le forme d'une piqûre au doigt) puisque cette sensation arrive 500 ms après le début de la stimulation du cerveau et non 25 ms après la stimulation du doigt.    

On stimule maintenant le doigt et on attend 500 ms pour commencer les stimulations du cerveau. Toujours rien! La stimulation du bout du doigt n'est pas ressentie, alors que la stimulation du cerveau engendre, comme d'habitude, une sensation de piqûre au doigt après 500 ms, soit une seconde après le début du processus. 

Dernière étape, on attend plus de 500 ms après avoir stimulé le doigt pour commencer la stimulation du cerveau. Ici tout redevient "normal". Le stimulation du bout du doigt est ressentie tout de suite, après 25 ms, le temps que l'influx nerveux arrive au cerveau et la deuxième piqûre est ressentie 500 ms après le début de le série de chocs au cerveau, comme dans l'expérience initiale.                       

Ces résultats semblent montrer que dans tous les cas, il nous faut 500 ms pour être conscient de quelque chose, puisque, si pendant cette période de temps on intervient sur la zone correspondante du cerveau, nous ne sommes pas conscients de cette sensation. Mais il se trouve qu'en temps normal, nous sommes conscients de la même sensation au début du processus, après 25 ms et non à la fin. Et un démarche qui a lieu 200, 300 voire 500 ms après la stimulation peut nous empêcher d'être conscients d'un piqûre dont nous serions conscients normalement au bout de 25 ms. C'est proprement stupéfiant! Comment une telle chose est-elle possible? Selon Libet, le temps d'élaboration consciente est bien de 500 ms (en fait 475 ms car il faut 25 ms pour que le signal arrive au cerveau), mais une fois l'élaboration faite, la conscience antidate cette sensation en retournant en arrière dans le temps de 475 ms. On peut imager ceci en effectuant une comparaison avec le cachet de la poste qui atteste que nous avons bien posté notre déclaration d'impôt à temps, même si le contrôleur l'ouvre plus tard. Ici, le potentiel évoqué qui arrive au cerveau 25 ms après la stimulation "normale" au doigt sert de cachet de la poste. Le cerveau suit son processus pour élaborer la sensation consciente puis repart en arrière ans le temps pour faire coïncider la sensation subjective d'être piqué avec l'arrivée du potentiel évoqué. C'est uniquement grâce ce mécanisme que que la sensation d'être piqué se produit dans la vie courante au moment même de la piqûre et on pas pas 500 ms après. Et dit Benjamin Libet dans Mind time, quand on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué, donc pas de retour en arrière possible.
Pour Libet, cette projection dans le temps ne devrait pas nous choquer, car elle est similaire à celle qui se produit lorsqu'on regarde un objet. Ce que nous voyons réellement , ce sont des signaux représentant les couleurs et les formes dans notre cerveau. Depuis l'enfance, nous avons appris à effectuer une projection dans l'espace. Nous savons que les signaux impliquent qu'il y un objet présent se trouvant à l'extérieur de nous (Libet suppose que les bébés mettent 1 à 2 mois à "calibrer " le système et qu'au début, tout est assez flou pour eux, mais qu'à force de toucher les objets, ils arrivent à "projeter" de façon correcte. Donc pourquoi être choqué par le fait que nous puissions également nous projeter dans le temps?
Le retentissement de ces propos a été tel que Daniel Dennett y a vu la possibilité d'un jour "sombre" pour le matérialisme. Pour attaquer ces résultats, il a demandé à Patricia Churchland (tout aussi athée militante que lui), d'attaquer ces résultats. Celle-ci a monté une expérience dans laquelle un sujet, une fois qu'il a été piqué au doigt, appuie sur un bouton avec l'autre main, ce que les sujets ont été capables de faire en en 350 ms en moyenne. Avec Dennett, elle en déduit l'interprétation suivante de l'expérience de LIbet : a) le sujet qui a été stimulé en est conscient tout de suite (après les 25 ms nécessaires à l'arrivée du potentiel évoqué dans le cerveau). b) Si le sujet avait pu signaler qu'il avait senti la piqûre pendant le délai de 500 ms, il l'aurait fait. c) La seconde piqûre efface de la conscience le souvenir de la première en "réécrivant " l'histoire. Cette interprétation, même s'il n'existe pas de preuve directe en sa faveur, n'est-elle pas infiniment plus crédible que celle du saut dans le temps de la conscience demandent Dennet et Churchland?

Mais ce n'est pas si simple. Par exemple, il y a une différence entre détecter et être conscient d'avoir détecté. Dans une expérience de Libet, après avoir projeté un point lumineux sur un écran pendant un temps trop court pour que le sujet puisse en être conscient, il a été demandé "Dites-nous si le point était à gauche ou à droite." La réponse était "mais comment voulez-vous que je le sache? je n'ai rien vu." "Ce n'est pas grave, répondez au hasard" en appuyant sur l'un des deux boutons "gauche" ou droite" leur dit-on alors. Dans 90% des cas le sujet répond juste, ce qui prouve qu'il a parfaitement détecté le signal... sans en être conscient. Cette expérience a aussi été réalisée sur des gens ayant une lésion dans une partie des aires visuelles du cerveau. Même si leurs yeux fonctionnent bien, ils ne peuvent pas voir consciemment ce qui apparaît dans la partie correspondante de leur champ visuel. Or l'expérience montre qu'ils ont parfaitement détecté ce qui a été projeté dans cet endroit de leur champ visuel. Là aussi ils donnent des réponses exactes tout en étant persuadés de répondre au hasard. 

La détection d'un phénomène n'est donc pas une preuve du fait que nous en soyons conscient. Cela montre que la conscience est un phénomène très subtil qui qui se produit dans des conditions très précises. Un robot par exemple, pourra détecter des choses aussi bien que nous sans pour autant en être conscient. Dans l'expérience de Patricia Churchland, les sujets ont conscience d'avoir été piqués et d'avoir appuyé sur le bouton. Mais si une piqûre avait effectuée dans leur cerveau, on pourrait très bien penser qu'ils l'auraient détecté sans en avoir été conscients de l'avoir fait. Dennett et Churchland en conviennent mais affirment qu'on n'en n'a pas la preuve. Nous pouvons prétendre disent-ils que dans l'expérience de Libet, les sujets ont été , durant quelques ms, conscients d'avoir été piqués. Cela permettrait d'éviter les "voyages dans le temps de la conscience." 

Mais Libet a réalisé une autre expérience, où il va réaliser une stimulation sur le trajet qui relie le doigt au cerveau, le lemniscus médian. Comme pour la stimulation au doigt, le sujet sent la piqûre tout de suite en 25 ms. Mais comme dans le cas de la stimulation au cerveau, il faut envoyer des chocs électriques pendant 500 ms pour que le sujet soit conscient de la piqûre... au début du processus. Si on s'arrête d'envoyer des chocs électriques sur le nerf au bout de 400 ms, le sujet ne sent rien, mais si on envoie les chocs pendant 500 ms, le sujet sent bien une piqûre au doigt au bout de 25 ms. Comment imaginer que le fait d'arrêter la stimulation puisse effacer quelque chose, surtout que l'expérience montre que ce quelque chose n'existe pas encore puisqu'il faut aller jusqu'au bout des 500 ms de stimulation pour que la sensation consciente apparaisse au début du processus? Ici, il ne peut pas y avoir d'effacement puisqu'il n'y a rien a effacer et qu'en plus, aucune action susceptible de provoquer un effacement n'a au lieu. Libet a donc raison: la conscience joue à "sauter dans le temps." Pourtant Dennet s'accroche toujours l'hypothèse de l'effacement. 

Maintenant, voyons ce que dit Libet à propos des implications de son expérience? Il dit d'abord qu'elle pose de "sérieuses difficultés" à la thèse selon laquelle il y aurait identité entre les états mentaux et les états neuronaux, car l'état neuronal ne peut pas permettre de connaître l'état mental puisque le temps vécu par le sujet et le temps neuronal ne sont pas les mêmes). Les phénomènes mentaux ont des caractéristiques assez différentes des phénomènes observables dans le cerveau. La projection subjective (dans le passé) est une fonction purement mentale qui n'a pas de base neuronale correspondante dans le cerveau. Une connaissance complète des événements neuronaux ne permet pas, en soi, de décrire ou de prédire l'expérience consciente. Il écrit même dans Nature: "l'expérience subjective et de la conscience et les processus neuronaux sont phénoménologiquement indépendants." 

Mais Libet n'est pas un dualiste pour autant. Sa position est celle d'un émergentiste fort comme Sperry,  auquel il se rattache (voir  l'article 13-1 chapitre 5 c). Pour lui, "la conscience ne peut exister sans les processus du cerveau qui lui donnent naissance." Mais c'est un émergentiste, "superfort". Dans la théorie de Libet, la conscience est un champ qui ne correspond à "aucun des champs physiques connus, comme l'électromagnétisme, la gravitation, etc. Il n'est pas descriptible en termes d'aucun événement physique observable ou d'aucune théorie physique constituée."  "Ce champ serait détectable seulement en terme d'expérience subjective, accessible seulement à l'individu qui a cette expérience." Comment prouver l'existence de ce champ? On pourrait (est-ce réalisable?), pense-t-il isoler la zone en question en détruisant toutes ses connexions neuronales sans détruire l'alimentation sanguine de cette partie du cerveau. Si, lorsqu'on stimule cette partie encore vivante, mais séparée du reste du cerveau, cela provoque une expérience consciente du sujet, on aura prouvé que la conscience est un champ qui, pour se propager, n'utilise pas les neurones. Le saut dans le temps évoqué par Libet ne se produit pas dans le monde physique, mais dans le monde subjectif, celui du champ de conscience. Ainsi, tous les êtres humains seraient comme les téléspectateurs recevant la télévision par câble: il y a quelques années, lors de la coupe du monde de football, certains téléspectateurs se sont plaints que les signaux des nouveaux opérateurs fournissant la télévision par les câbles téléphoniques, avaient une demi-seconde de retard sur la télé normale à l'époque, transmise par voie hertzienne; ainsi, quand leurs voisins hurlaient déjà à cause du but, eux ne l'avaient pas encore vu, ce qui devait très frustrant! Comme il n'y a plus personne pour voir les choses en direct comme les téléspectateurs ayant une télévision classique hertzienne, nous aucun moyen de nous en rendre compte. 

Mais est-ce si sûr que le saut dans le temps ne se produit pas dans le monde physique? Cela paraît difficile à concevoir. Même si on peut détecter une menace sans en être conscient, de nombreux problèmes surgiraient dans notre vie si vraiment nous étions en retard sur les événements réels et que le saut dans le temps se produisait dans un monde subjectif et non pas dans le monde physique. A chaque fois que nous devrions accomplir rapidement un acte reposant sur une décision consciente, un problème devrait surgir, nous donnerions l'impression d'être en permanence en retard sur la réalité. La seule conclusion logique (de Jean Staune, que je partage), s'il est bien confirmé qu'il faut bien 500 ms à la conscience pour être consciente de quelque chose, est qu'un retour en arrière dans le temps permet de synchroniser nos sensations avec les événements, que ce saut dans le temps est réel, que la conscience peut l'accomplir facilement parce qu'elle n'est pas (totalement) immergée dans le monde physique et que, donc, elle n'est pas une production du cerveau  et que donc, le cerveau est davantage un poste de radio qu'un lecteur de disque en faisant référence à notre image de l'article 13-2.

 

A suivre... Dans la deuxième partie de cet article 14 (l'homme non-neuronal partie 2), nous examinerons la question du libre-arbitre. 


liens: jung-neuroscience.com -prise de conscience suite à un stimulus sensoriel

francoisloth.wordpress.com -L’ultime dualisme de Benjamin Libet

automatesintelligents.com -Retour sur les bases neurologiques du libre arbitre par Jean-Paul Baquiast

mind-consciousness -Commentary on Benjamin Libet’s Mind Time.

quantumconsciousness.org le -neuralism" de Churchland (opposition au platonisme de penrose)

philosophyfaculty.ucsd.edu -on the alleged bacwards referal experiences and its relevance to the mind-body problem

energie-sante.net -Les cristaux de la glande pinéale nous connectent à l'au-delà

 

Notre existence a t-elle un sens? 14-1) L'homme non-neuronal

Publié le 04/08/2013 à 17:54 par leslimitesdelaconnaissance Tags : image blog vie moi monde homme amour chez article fond amis roman background histoire création 2010 dieu nature fille soi internet livre pensée écran air lecture

 

Notre existence a t-elle un sens? 14-1) L'homme non-neuronal, première partie.

 

 

Cette série d'articles dans la catégorie "notre existence a t-elle un sens"? est  l'expression de  ce que j'ai écrit dans la présentation de mon blog: "Les merveilles de la nature me fascinent. Mes réflexions: le sens de l'Univers et de l'existence. En moi, il y a deux mondes: le monde extérieur du "faire"et le monde de l'intérieur, non conscient, mais tout autant réel. Ma devise: l'essentiel, c'est l'amour, amour du sacré. Mes modèlesJésus (l'amour),Pythagore (la mathématique), Einstein (la physique)".

 

 
 

 

Je voudrais faire partager la lecture du livre de Jean Staunenotre existence a-t-elle en sens,  avec mes réflexions et les liens qu'elle m'a permis découvrir à travers internet. Ma quête est de retrouver (avec Jean Staune), le réenchantement du monde au cours des articles.


Mes articles déjà parus dans cette rubrique:

 

Exergue: "Seul l'esprit, s'il souffle sur la glaise, peut créer l'homme." Antoine de Saint Exupéry, dernière phrase de Terre des hommes.

 

Dans les deux articles précédents; Notre existence a-t-elle un sens? 13-1) Dur, dur le problème (la conscience 1ère partie, et Notre existence a t-elle un sens? 13-2) Dur, dur le problème (la conscience 2ème partie), nous avons vu les positions de scientifiques et de philosophes sur le problème de la conscience. Pour certains, le cerveau produit la conscience alors que d'autres pensent que ce n'est pas le cas. Nous sommes passés de positions les plus réductionnistes et matérialistes à des positions plus nuancées où le cerveau est bien plus qu'un "paquet de neurones". Quelles sont les positions les plus crédibles? C'est ce que nous allons examiner maintenant dans cet article "l'homme non neuronalpar des analyses qui portent non sur la vision, l'audition ou des maladies, mais sur la nature de la conscience et des questions telles que le libre arbitre ou la création de sens.

 

1) Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?

 

 

 

oserchanger.com -EEG ou l’activité électrique du cerveau en temps réel

 

antoinedesaintexupery.com -terre des hommes 1939

 

C'est une expérience réalisée  Par jean-François Lambert sous la direction de Paul Laget à l'hôpital Trousseau qui pose la question: Les moines tibétains sont-ils des morts-vivants?

Normalement, si on reçoit un flash dans les yeux, une réaction automatique se produira dans notre aire visuelle et un observateur pourra, s'il regarde l'activité de notre cerveau, en déduire qu'on vient d'être soumis à un tel signal visuel. Sur le tracé d'un électro-encéphalogramme (EEG), ce signal produit un pic inversé qu'on appelle "potentiel évoqué". Dans l'expérience de jean-François Lambert, le sujet sur lequel a été obtenu le tracé n'est pas vraiment comme tout le monde. Il s'agit d'un moine tibétain qui a passé sa vie à méditer. Lorsqu'on lui demande de méditer, on s'aperçoit que dans le tracé, au lieu d'un pic bien net, on distingue bien un petit quelque chose mais qui n'est pas significatif, car noyé dans le bruit de fond de l'EEG (bien entendu, on vérifie que le moine n'a pas fermé les yeux). En regardant ce tracé, on pourrait en déduire que la personne en question n'est pas consciente et qu'elle ne réagit pas aux simulations qui l'entourent. Alors que, selon son témoignage, le moine était parfaitement conscient à ce moment-là. 

Peut-être expérimentait-il un état de "pure conscience" comme celui décrit par les patients de Dominique Laplane dans l'article Notre existence a-t-elle un sens 13-2) Dur, dur le problème au chapitre c): La solution de Dominique Laplane? Cela signifie selon Jean Staune que nous avons la première preuve qu'il n'y a pas une identité complète entre les processus neuronaux et les états mentaux ainsi que l'affirme libet (consulter "Esprit es-tu là?"). D'après les tracés, le moine ne réagissait plus aux stimulis extérieurs, donc l'observation de son état neuronal ne permet pas de déduire son état mental, ce qui est un démenti de la théorie de l'identité entre ces deux états. Ceci est vrai chez les moines tibétains, mais il faudrait démontrer que cela est vrai chez tous les hommes, ce que nous allons voir dans le chapitre suivant.


 

liens: technikart.com -esprit es-tu là (avec J F Lambert)

staune.fr -Ce que la science apprend aux managers expérience J F Lambert sur moines tibétains)?

lemediateur.net -Le séminaire « Science et Sens »

lodel.irevues.inist.fr -Les POTENTIELS ÉVOQUÉS VISUELS corticaux (PEV)

webvision.med.utah.edu -visually-evoked-potential

florence.ghibellini.free.fr -le rêve lucide et les Dream-Cultures

lecerveau.mcgill.ca -Expérience mystique et méditation : les corrélats neurobiologiques

ung-neuroscience.com -Benjamin Libet et la conscience

 

uip.edu -Esprit es-tu là? (libet et l'« d’antédatage » de la perception)

staune.fr -St Exupéry et la question des fondements: Que faut-il dire aux hommes en cette fin de XXème siècle?

rms.medhyg.ch -Neurosciences et rapport pensée-cerveau

 

2) Nous pouvons tous remonter le temps (avec Benjamin Libet)!

lecerveau.mcgill.ca -le cortex moteur

Toutes les perceptions et les sensations provenant de notre main par exemple se projettent dans la zone correspondant à la main dans le cerveau. Quand j'ai mal à la main, en fait, j'ai mal à la représentation de ma main dans mon cerveau, car c'est là que s'élabore la sensation de douleur et pas dans la main. Dans certaines opérations du cerveau, on peut réveiller le patient alors que son cerveau à l'air libre, et le stimuler directement grâce un léger choc électrique pour lui demander quelle sensation il éprouve (sans que cela représente une torture pour le patient). Il est parfois nécessaire d'avoir le témoignage en direct du patient, par exemple lors d'opérations visant à retirer des tumeurs, pour aider à l'identification de certaines zones. C'est ainsi que lors de certaines de ces opérations, l'équipe dirigée par Benjamin Libet, de l'université d'état de Californie à San Francisco, a obtenu l'autorisation de certains patients de réaliser, en plus des manipulations nécessaires à l'opération une expérience au moment où le sujet est réveillé et son cerveau exposé à l'air libre (la boite crânienne étant ouverte), ce qu a permis d'obtenir les résultats suivants (voir Mind time): 

Stimulons le bout du doigt avec une petite décharge électrique. Un potentiel évoqué se propage jusqu'à la zone du cerveau correspondant à la main et le sujet ressent une piqûre à la main environ 25 ms après. Maintenant, si on stimule la zone correspondant à la main dans le cerveau, le sujet va sentir une piqûre à la main et non au cerveau (ainsi, des personnes ayant perdu un bras peuvent avoir mal à leur "membre fantôme"). Mais pour que le sujet sente la piqûre, il faut envoyer un train de chocs pendant 500 ms (et non un choc unique). C'est seulement après ce délai que le sujet sent la piqûre et comme on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué qui arrive au cerveau depuis le doigt (ce qui est essentiel).

Combinons alors les deux démarches. A l'instant t=0, on stimule le bout des doigts et à t= 200 ms, on commence la série de stimulations au cerveau, toujours dans la zone correspondant au doigt. Le sujet sent une seule piqûre à t= 700 ms, correspondant à la stimulation faite au cerveau, sans ressentir celle qui a été faite au bout du doigt. Comment sait-on que c'est la deuxième piqûre qui a été ressentie et non la première? Dans les deux cas, le sujet ne sent qu'une piqûre au doigt, même quand le stimulation est faite au cerveau. Mais il est possible de calibrer les stimulations et d'habituer le sujet avant l'expérience décisive: la simulation du bout du doigt sera alors forte et celle du cerveau sera faible. Le sujet évoquera une seule et unique sensation faible de piqûre sur le doigt. On sait ainsi que c'est la stimulation du cerveau qui a été ressentie (sous le forme d'une piqûre au doigt) puisque cette sensation arrive 500 ms après le début de la stimulation du cerveau et non 25 ms après la stimulation du doigt.    

On stimule maintenant le doigt et on attend 500 ms pour commencer les stimulations du cerveau. Toujours rien! La stimulation du bout du doigt n'est pas ressentie, alors que la stimulation du cerveau engendre, comme d'habitude, une sensation de piqûre au doigt après 500 ms, soit une seconde après le début du processus. 

Dernière étape, on attend plus de 500 ms après avoir stimulé le doigt pour commencer la stimulation du cerveau. Ici tout redevient "normal". Le stimulation du bout du doigt est ressentie tout de suite, après 25 ms, le temps que l'influx nerveux arrive au cerveau et la deuxième piqûre est ressentie 500 ms après le début de le série de chocs au cerveau, comme dans l'expérience initiale.                       

Ces résultats semblent montrer que dans tous les cas, il nous faut 500 ms pour être conscient de quelque chose, puisque, si pendant cette période de temps on intervient sur la zone correspondante du cerveau, nous ne sommes pas conscients de cette sensation. Mais il se trouve qu'en temps normal, nous sommes conscients de la même sensation au début du processus, après 25 ms et non à la fin. Et un démarche qui a lieu 200, 300 voire 500 ms après la stimulation peut nous empêcher d'être conscients d'un piqûre dont nous serions conscients normalement au bout de 25 ms. C'est proprement stupéfiant! Comment une telle chose est-elle possible? Selon Libet, le temps d'élaboration consciente est bien de 500 ms (en fait 475 ms car il faut 25 ms pour que le signal arrive au cerveau), mais une fois l'élaboration faite, la conscience antidate cette sensation en retournant en arrière dans le temps de 475 ms. On peut imager ceci en effectuant une comparaison avec le cachet de la poste qui atteste que nous avons bien posté notre déclaration d'impôt à temps, même si le contrôleur l'ouvre plus tard. Ici, le potentiel évoqué qui arrive au cerveau 25 ms après la stimulation "normale" au doigt sert de cachet de la poste. Le cerveau suit son processus pour élaborer la sensation consciente puis repart en arrière ans le temps pour faire coïncider la sensation subjective d'être piqué avec l'arrivée du potentiel évoqué. C'est uniquement grâce ce mécanisme que que la sensation d'être piqué se produit dans la vie courante au moment même de la piqûre et on pas pas 500 ms après. Et dit Benjamin Libet dans Mind time, quand on stimule directement le cerveau, il n'y a pas de potentiel évoqué, donc pas de retour en arrière possible.
Pour Libet, cette projection dans le temps ne devrait pas nous choquer, car elle est similaire à celle qui se produit lorsqu'on regarde un objet. Ce que nous voyons réellement , ce sont des signaux représentant les couleurs et les formes dans notre cerveau. Depuis l'enfance, nous avons appris à effectuer une projection dans l'espace. Nous savons que les signaux impliquent qu'il y un objet présent se trouvant à l'extérieur de nous (Libet suppose que les bébés mettent 1 à 2 mois à "calibrer " le système et qu'au début, tout est assez flou pour eux, mais qu'à force de toucher les objets, ils arrivent à "projeter" de façon correcte. Donc pourquoi être choqué par le fait que nous puissions également nous projeter dans le temps?
Le retentissement de ces propos a été tel que Daniel Dennett y a vu la possibilité d'un jour "sombre" pour le matérialisme. Pour attaquer ces résultats, il a demandé à Patricia Churchland (tout aussi athée militante que lui), d'attaquer ces résultats. Celle-ci a monté une expérience dans laquelle un sujet, une fois qu'il a été piqué au doigt, appuie sur un bouton avec l'autre main, ce que les sujets ont été capables de faire en en 350 ms en moyenne. Avec Dennett, elle en déduit l'interprétation suivante de l'expérience de LIbet : a) le sujet qui a été stimulé en est conscient tout de suite (après les 25 ms nécessaires à l'arrivée du potentiel évoqué dans le cerveau). b) Si le sujet avait pu signaler qu'il avait senti la piqûre pendant le délai de 500 ms, il l'aurait fait. c) La seconde piqûre efface de la conscience le souvenir de la première en "réécrivant " l'histoire. Cette interprétation, même s'il n'existe pas de preuve directe en sa faveur, n'est-elle pas infiniment plus crédible que celle du saut dans le temps de la conscience demandent Dennet et Churchland?

Mais ce n'est pas si simple. Par exemple, il y a une différence entre détecter et être conscient d'avoir détecté. Dans une expérience de Libet, après avoir projeté un point lumineux sur un écran pendant un temps trop court pour que le sujet puisse en être conscient, il a été demandé "Dites-nous si le point était à gauche ou à droite." La réponse était "mais comment voulez-vous que je le sache? je n'ai rien vu." "Ce n'est pas grave, répondez au hasard" en appuyant sur l'un des deux boutons "gauche" ou droite" leur dit-on alors. Dans 90% des cas le sujet répond juste, ce qui prouve qu'il a parfaitement détecté le signal... sans en être conscient. Cette expérience a aussi été réalisée sur des gens ayant une lésion dans une partie des aires visuelles du cerveau. Même si leurs yeux fonctionnent bien, ils ne peuvent pas voir consciemment ce qui apparaît dans la partie correspondante de leur champ visuel. Or l'expérience montre qu'ils ont parfaitement détecté ce qui a été projeté dans cet endroit de leur champ visuel. Là aussi ils donnent des réponses exactes tout en étant persuadés de répondre au hasard. 

La détection d'un phénomène n'est donc pas une preuve du fait que nous en soyons conscient. Cela montre que la conscience est un phénomène très subtil qui qui se produit dans des conditions très précises. Un robot par exemple, pourra détecter des choses aussi bien que nous sans pour autant en être conscient. Dans l'expérience de Patricia Churchland, les sujets ont conscience d'avoir été piqués et d'avoir appuyé sur le bouton. Mais si une piqûre avait effectuée dans leur cerveau, on pourrait très bien penser qu'ils l'auraient détecté sans en avoir été conscients de l'avoir fait. Dennett et Churchland en conviennent mais affirment qu'on n'en n'a pas la preuve. Nous pouvons prétendre disent-ils que dans l'expérience de Libet, les sujets ont été , durant quelques ms, conscients d'avoir été piqués. Cela permettrait d'éviter les "voyages dans le temps de la conscience." 

Mais Libet a réalisé une autre expérience, où il va réaliser une stimulation sur le trajet qui relie le doigt au cerveau, le lemniscus médian. Comme pour la stimulation au doigt, le sujet sent la piqûre tout de suite en 25 ms. Mais comme dans le cas de la stimulation au cerveau, il faut envoyer des chocs électriques pendant 500 ms pour que le sujet soit conscient de la piqûre... au début du processus. Si on s'arrête d'envoyer des chocs électriques sur le nerf au bout de 400 ms, le sujet ne sent rien, mais si on envoie les chocs pendant 500 ms, le sujet sent bien une piqûre au doigt au bout de 25 ms. Comment imaginer que le fait d'arrêter la stimulation puisse effacer quelque chose, surtout que l'expérience montre que ce quelque chose n'existe pas encore puisqu'il faut aller jusqu'au bout des 500 ms de stimulation pour que la sensation consciente apparaisse au début du processus? Ici, il ne peut pas y avoir d'effacement puisqu'il n'y a rien a effacer et qu'en plus, aucune action susceptible de provoquer un effacement n'a au lieu. Libet a donc raison: la conscience joue à "sauter dans le temps." Pourtant Dennet s'accroche toujours l'hypothèse de l'effacement. 

Maintenant, voyons ce que dit Libet à propos des implications de son expérience? Il dit d'abord qu'elle pose de "sérieuses difficultés" à la thèse selon laquelle il y aurait identité entre les états mentaux et les états neuronaux, car l'état neuronal ne peut pas permettre de connaître l'état mental puisque le temps vécu par le sujet et le temps neuronal ne sont pas les mêmes). Les phénomènes mentaux ont des caractéristiques assez différentes des phénomènes observables dans le cerveau. La projection subjective (dans le passé) est une fonction purement mentale qui n'a pas de base neuronale correspondante dans le cerveau. Une connaissance complète des événements neuronaux ne permet pas, en soi, de décrire ou de prédire l'expérience consciente. Il écrit même dans Nature: "l'expérience subjective et de la conscience et les processus neuronaux sont phénoménologiquement indépendants." 

Mais Libet n'est pas un dualiste pour autant. Sa position est celle d'un émergentiste fort comme Sperry,  auquel il se rattache (voir  l'article 13-1 chapitre 5 c). Pour lui, "la conscience ne peut exister sans les processus du cerveau qui lui donnent naissance." Mais c'est un émergentiste, "superfort". Dans la théorie de Libet, la conscience est un champ qui ne correspond à "aucun des champs physiques connus, comme l'électromagnétisme, la gravitation, etc. Il n'est pas descriptible en termes d'aucun événement physique observable ou d'aucune théorie physique constituée."  "Ce champ serait détectable seulement en terme d'expérience subjective, accessible seulement à l'individu qui a cette expérience." Comment prouver l'existence de ce champ? On pourrait (est-ce réalisable?), pense-t-il isoler la zone en question en détruisant toutes ses connexions neuronales sans détruire l'alimentation sanguine de cette partie du cerveau. Si, lorsqu'on stimule cette partie encore vivante, mais séparée du reste du cerveau, cela provoque une expérience consciente du sujet, on aura prouvé que la conscience est un champ qui, pour se propager, n'utilise pas les neurones. Le saut dans le temps évoqué par Libet ne se produit pas dans le monde physique, mais dans le monde subjectif, celui du champ de conscience. Ainsi, tous les êtres humains seraient comme les téléspectateurs recevant la télévision par câble: il y a quelques années, lors de la coupe du monde de football, certains téléspectateurs se sont plaints que les signaux des nouveaux opérateurs fournissant la télévision par les câbles téléphoniques, avaient une demi-seconde de retard sur la télé normale à l'époque, transmise par voie hertzienne; ainsi, quand leurs voisins hurlaient déjà à cause du but, eux ne l'avaient pas encore vu, ce qui devait très frustrant! Comme il n'y a plus personne pour voir les choses en direct comme les téléspectateurs ayant une télévision classique hertzienne, nous aucun moyen de nous en rendre compte. 

Mais est-ce si sûr que le saut dans le temps ne se produit pas dans le monde physique? Cela paraît difficile à concevoir. Même si on peut détecter une menace sans en être conscient, de nombreux problèmes surgiraient dans notre vie si vraiment nous étions en retard sur les événements réels et que le saut dans le temps se produisait dans un monde subjectif et non pas dans le monde physique. A chaque fois que nous devrions accomplir rapidement un acte reposant sur une décision consciente, un problème devrait surgir, nous donnerions l'impression d'être en permanence en retard sur la réalité. La seule conclusion logique (de Jean Staune, que je partage), s'il est bien confirmé qu'il faut bien 500 ms à la conscience pour être consciente de quelque chose, est qu'un retour en arrière dans le temps permet de synchroniser nos sensations avec les événements, que ce saut dans le temps est réel, que la conscience peut l'accomplir facilement parce qu'elle n'est pas (totalement) immergée dans le monde physique et que, donc, elle n'est pas une production du cerveau  et que donc, le cerveau est davantage un poste de radio qu'un lecteur de disque en faisant référence à notre image de l'article 13-2.

 

A suivre... Dans la deuxième partie de cet article 14 (l'homme non-neuronal partie 2), nous examinerons la question du libre-arbitre. 


liens: jung-neuroscience.com -prise de conscience suite à un stimulus sensoriel

francoisloth.wordpress.com -L’ultime dualisme de Benjamin Libet

automatesintelligents.com -Retour sur les bases neurologiques du libre arbitre par Jean-Paul Baquiast

mind-consciousness -Commentary on Benjamin Libet’s Mind Time.

quantumconsciousness.org le -neuralism" de Churchland (opposition au platonisme de penrose)

philosophyfaculty.ucsd.edu -on the alleged bacwards referal experiences and its relevance to the mind-body problem

energie-sante.net -Les cristaux de la glande pinéale nous connectent à l'au-delà