Thèse publiée by Lionel Piettre
Genève, Droz, coll. Travaux d'Humanisme et Renaissance, 2022
This book traces the influence of Guillaume Du Bellay, Lord of Langey (1491-1543), on the histori... more This book traces the influence of Guillaume Du Bellay, Lord of Langey (1491-1543), on the historical thought of the Renaissance. It presents an analysis of his unfinished Ogdoades, including an edited version of its prologue.
La littérature renaissante accorde une place forte à l’histoire-jugement, soit l’histoire écrite du point de vue de ses acteurs, qui mêle témoignage et commentaire, méditation humaniste sur la fortune et réflexion politique sur les conseils et leurs effets. L’entourage de François Ier espéra que son règne serait ainsi raconté par un Thucydide ou un César français, rôle qui échut à Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey (1491-1543). Si ses Ogdoades inachevées furent le fruit d’une réflexion collective (associant Rabelais, Jean Du Bellay, Sleidan), elles sont pourtant profondément originales, comme le révèle l’analyse du Prologue (ici édité) et des fragments des Ogdoades. Leur influence se donne à lire chez Bodin et, plus encore, chez Martin Du Bellay et Blaise de Monluc, tous héritiers de la méthode de Langey. L’ombre de Guillaume Du Bellay s’étend enfin sur les Essais de Montaigne qui, tout en refusant d’écrire l’histoire, la commente en « diligent lecteur » – selon le mot de Langey.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Numéro de revue by Lionel Piettre
Le Verger, Bouquet XXVIII, 2024
Numéro du Verger, revue de l'association Cornucopia
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Colloque by Lionel Piettre
Dans la première moitié du XVIe siècle, les six frères Du Bellay ont joué des rôles de premier pl... more Dans la première moitié du XVIe siècle, les six frères Du Bellay ont joué des rôles de premier plan. La recherche s’est surtout intéressée jusqu’ici à leurs liens avec les humanistes de leur temps, leurs réseaux, leur rapport à l’histoire, à la diplomatie et au pouvoir, les genres littéraires ou historiques dans lesquels ils se sont illustrés, leur rhétorique, leur langue, leurs sources et modèles aussi bien que leur influence. Mais à côté de ce que nous connaissons désormais, le présent colloque voudrait tenter de dérouler le fil qui nous relie, aujourd’hui encore, à cette puissante famille. Comment, par qui et pourquoi cet héritage nous est-il parvenu, a-t-il été transmis, et reçu ? Nous aimerions que ces journées permettent, dans une démarche quasi archéologique, l’exploration de la « matière » Du Bellay, des traces « tangibles » dont nous disposons de ce qu’ils ont été, ont dit ou fait, écrit ou fait écrire.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Articles by Lionel Piettre
Le Verger - Bouquet XXVIII : Comment aborder l'étude des minores ? dir. Anne-Gaëlle Leterrier Gagliano et Lionel Piettre avec la collaboration d’Adeline Lionetto, 2024
’article aborde le genre des Mémoires sous l’angle de son rapport aux occasionnels, textes franch... more ’article aborde le genre des Mémoires sous l’angle de son rapport aux occasionnels, textes franchement minorés et donc souvent supprimés ou relégués en annexe dans les éditions modernes, depuis les grandes collections des XVIIIe et XIXe siècles. L’accent est mis sur la présence d’occasionnels en prose (pamphlets, remontrances, harangues, etc.) dans certains Mémoires du XVIe siècle : ici les Ogdoades et l’Epitome de Guillaume Du Bellay ainsi que les Mémoires de Guillaume et Martin Du Bellay ; le Siège de Metz et le Voyage du Roy de Bertrand de Salignac ; les Commentaires de Monluc. Alors que les récits de Salignac tiennent davantage de la publication de circonstance (enrichie d’annexes), les Du Bellay et Monluc intègrent mais aussi remanient et instrumentalisent de nombreux occasionnels, notamment des discours tenus ou des lettres et pamphlets écrits par l’auteur. Souvent minoré (comme brouillons ou source de l’histoire) et majoré (selon l’importance de l’auteur, de son témoignage, de son écriture, de son rapport à soi), le « genre » hétérogène des Mémoires apparaît alors moins comme une modalité de l’écriture de soi que comme une pratique d’écriture dont la visée est à la fois historiographique, politique et argumentative.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
La Narration oratoire et les Genres littéraires. XVe -XVIIIe siècles, dir. Pascale Mounier, Paris, Classiques Garnier, 2024
Dans ses Ogdoades, l’historien Guillaume Du Bellay, sieur de Langey, propose une réflexion sur la ... more Dans ses Ogdoades, l’historien Guillaume Du Bellay, sieur de Langey, propose une réflexion sur la narration historique et son amplification par les “causes” et “conseils”, qui rapproche l’histoire de l’hypodiègèsis ou “narration subsidiaire” décrite par les traités. Mais il insère aussi dans son récit des discours, y compris les siens dans lesquels la narratio, instrumentalisée, relève d’un art politique de la ruse. Narrations oratoires et narration historique se font ainsi écho.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Textimage n° 17 : Rabelais et ses illustrateurs, 2024
With the History of Holy Russia, published in 1854 following his illustrated edition of Rabelais,... more With the History of Holy Russia, published in 1854 following his illustrated edition of Rabelais, Gustave Doré presents his fourth and final comic album, following in the tradition of the “literature in images” of Töpffer and the eccentricity of Sterne. This article demonstrates that Doré’s Holy Russia is also to be read as an imitation of Gargantua. Doré engages in a parody of historiography, drawing on the Rabelaisian model, referencing it abundantly, and adopting its narrative tricks with pleasure. Moreover, he copies – and distorts – passages from Rabelais, mimicking his writing to the extent of declaring him the “sole true historian of Russia”. Finally, Doré invents a new artistic language that plays with the codes of emerging comics, sometimes challenging them, inspired by Rabelais’s own linguistic innovations.
Avec l’Histoire de la sainte Russie, publiée en 1854 dans la foulée de son Rabelais illustré, Gustave Doré livre son quatrième et dernier album de bande dessinée, dans la lignée de la « littérature en images » d’un Töpffer et de l’excentricité d’un Sterne. Le présent article montre que la Sainte Russie est également à lire comme une imitation du Gargantua. Doré s’y livre en effet à une parodie d’historiographie qui s’appuie sur le modèle rabelaisien, auquel il multiplie à plaisir les références et dont il reprend les pirouettes narratives. Mieux, il recopie (et travestit) des passages de Rabelais, ou encore imite son écriture, au point d’en faire le « seul véritable historien de la Russie ». Enfin, Doré crée une langue d’art nouvelle, qui joue sur les codes de la bande dessinée naissante, non sans les malmener, s’inspirant du propre travail de Rabelais sur la langue.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Malice, 2024
In the works of Louise Labé, the Renaissance topos of “letters” and “arms” finds an original real... more In the works of Louise Labé, the Renaissance topos of “letters” and “arms” finds an original realization. This topos stems from the cultural conjuncture of 1520-1550, with the courtier ideal of a Castiglione. In Labé (and also in her portrait by François de Billon), this new “time”, when letters and arms were combined, authorized a self-image in which the feminine gender, invested with virile qualities, became genus commune. This ethos of a “courtesan” wielding both sword and pen, like Castiglione's courtier, is at the heart of Labé's discourse of experience. Hence the wager to read the Euvres, at the crossroads of this time, this experience and this ethos, as poetic “Memoirs” in which the will to master the experience of love, through the commentaries that intellectualize it, is affirmed. In conclusion, Labé's Amazon legend is distinguished from the effect produced by Labé's text, where the poetic I escapes such reductions.
Dans les Euvres de Louise Labé, le topos de la Renaissance qui associe « lettres » et « armes » trouve une réalisation originale. Ce topos est issu de la conjoncture culturelle des années 1520-1550, avec l’idéal courtisan d’un Castiglione. Chez Labé (mais aussi dans son portrait par François de Billon), ce « temps » nouveau, où se marient lettres et armes, autorise une image de soi où le genre féminin, investi de qualités viriles, se fait genus commune. Cet ethos d’une « courtisane » maniant, tel le courtisan de Castiglione, l’épée comme la plume, est au fondement du discours d’expérience labéen. D’où le pari de lire les Euvres, au croisement de ce temps, de cette expérience et de cet ethos, comme des « Mémoires » poétiques où s’affirme la volonté de maîtrise de l’expérience amoureuse, par les commentaires qui l’intellectualisent. En conclusion, la légende de Labé en Amazone est distinguée de l’effet produit par le texte de Labé, où le Je poétique échappe à de telles réductions.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Joachim Du Bellay, poète bifrons. Actes du Colloque international de Sorbonne Université (14-15 octobre 2022), dir. Adeline Lionetto, François Rouget, 2023
L’appartenance de Joachim Du Bellay à une grande famille de lettrés invite à relire son œuvre so... more L’appartenance de Joachim Du Bellay à une grande famille de lettrés invite à relire son œuvre sous l’angle de ce que Neil Kenny nomme « family function », c’est-à-dire la façon dont une production littéraire émerge d’un contexte familial donné. Dans le cas des Du Bellay, une telle approche permet de souligner la façon dont le poète Joachim a sans cesse cherché à se situer, à trouver sa place dans l’espace familial dominé par la figure spectrale de Guillaume, le sieur de Langey (qui, défunt, devint le héros tutélaire du « lobby » Du Bellay) et par le puissant cardinal Jean Du Bellay.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Les vices du temps : Précipitation, impatience et inquiétude aux XVIe et XVIIe siècles, dir. J. Le Floc’h et A. Viaud, Paris, Champion, 2023
Auteur et acteur de l’histoire, Guillaume Du Bellay de Langey entretient avec le temps de l’actio... more Auteur et acteur de l’histoire, Guillaume Du Bellay de Langey entretient avec le temps de l’action un rapport original, où l’écriture permet de considérer l’action du jour et d’anticiper celle du lendemain. L’article propose de relire son œuvre sous l’angle des vitesses du conseil, au sens de délibération : le conseil nécessite la lenteur et la maturité quand l’action nécessite, à l’inverse, la célérité. Ce problème structure en profondeur son écriture, qui privilégie le récit des conseils où le chef doit faire preuve de ruse pour se prémunir contre la précipitation.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
L’art entre deuil et résistance : Mélancolies engagées, Actes du colloque « La mélancolie face aux crises de l’histoire », dir. Anne Teulade, Paris, Classiques Garnier, 2023
Dans le Tiers Livre et le Quart Livre, Rabelais revient à trois reprises sur la mort de son prote... more Dans le Tiers Livre et le Quart Livre, Rabelais revient à trois reprises sur la mort de son protecteur Guillaume du Bellay. Dans ces passages, le trépas du héros est associé au désastre historique ; une telle association rappelle la façon dont Montaigne a médité les derniers instants de La Boétie, et « l’humeur mélancolique » qui fonde l’ethos de l’essayiste. Ce rapprochement invite à considérer l’épaisseur historique dont furent dotés Langey et La Boétie aux yeux de leurs panégyristes. Pour ses amis, Langey incarnait la possibilité d’un « second César » qui associerait « les armes aux lettres » ; il était l’homme d’un projet politique et militaire, et celui d’un projet historiographique. De ces projets interrompus par la mort, il ne devait rester qu’une ébauche, et le souvenir d’un héros à l’antique. L’image de Langey, « âme héroïque » chez Rabelais, préfigure ainsi celle de La Boétie que Montaigne décrit comme une « âme à la vieille marque ». En rapprochant ces deux figures d’une impossible renaissance, celle de l’héroïsme antique, cette communication se propose d’éclairer le rapport au temps mélancolique qui découle de cette impossibilité.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Fabula-LhT, n° 29, « Manuels et modes d'emploi : comment la littérature dispose à l'action », dir. Adrien Chassain, Éléonore Devevey et Estelle Mouton-Rovira, 2023
How to be “escors et preux”, from sphincters to ears: practical intelligence in Rabelais’ writing... more How to be “escors et preux”, from sphincters to ears: practical intelligence in Rabelais’ writings
This paper examines the links between fiction and action from the standpoint of practical intelligence. Rabelais’ novels invite to cultivate such an intelligence, and thus may be considered as providing advice to the reader – in so far as they give or suggest dietetic or ethic prescriptions, and as they show the efficiency of cunning or panourgia, i.e. the art of escaping from – and sometimes destroy – an enemy. They finally describe the supreme virtue, prudence, of which Rabelais gives an innovative interpretation, emphasising the ability to listen rather than the virtuosity of the prudent man. Far from Guillaume Du Bellay’s almost divine heroism, practical intelligence is described as close to human condition.
L’article explore les rapports entre action et fiction sous l’angle de l’intelligence pratique. Invitant à cultiver une telle intelligence, les romans de Rabelais peuvent être lus comme des romans de conseil : parce qu’ils formulent ou suggèrent des prescriptions d’ordre éthique et diététique, mais aussi parce qu’ils donnent à voir l’efficacité de la ruse, la « panurgie », soit l’art d’échapper à l’ennemi et parfois de le détruire. Ils représentent enfin la prudence, suprême vertu dont Rabelais propose une relecture originale qui met en valeur la qualité d’écoute plutôt que la virtuosité du prudens de la tradition aristotélicienne. Loin de l’héroïsme quasi divin d’un Guillaume Du Bellay, l’intelligence pratique est ainsi représentée au plus près de la condition humaine.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Le Verger - Bouquet XXIV : L'aventure à la Renaissance, 2022
Ami et compagnon d’armes de François Ier, le maréchal de Florange est aussi l’auteur de La vie du... more Ami et compagnon d’armes de François Ier, le maréchal de Florange est aussi l’auteur de La vie du jeune adventureux, ouvrage plus connu sous le titre de Mémoires, où il raconte ses faits d’armes et ceux de ses maîtres en se désignant comme « l’Adventureux ». Au cœur de l’ouvrage, l’idée d’aventure se caractérise par le goût et la quête du risque, définissant l’ethos d’un jeune audacieux qui conforme sa vie à l’idéologie chevaleresque et son récit à l’art romanesque. Mais l’aventure dit aussi le plaisir éprouvé au « jeu » de la guerre, au mépris ou en dépit de sa cruauté, et le frisson parfois macabre des découvertes qui ponctuent le récit du héros, entre fascination, admiration et émotion esthétique. Elle doit se comprendre enfin en relation avec l’art de la guerre qu’élabore Florange, au fil des aventures et mésaventures royales en Italie – au premier chef la bataille de Pavie, point d’orgue de l’œuvre qui, en révélant à la fois l’héroïsme du roi et les défaillances de sa prudence, met en valeur la relation privilégiée qu’il entretient avec le mémorialiste.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
L'année rabelaisienne, n° 6, 2022
Le personnage de Guillaume du Bellay fut associé aux divinités et figures grecques de la mètis. C... more Le personnage de Guillaume du Bellay fut associé aux divinités et figures grecques de la mètis. Cette association éclaire en retour la conception rabelaisienne de la ruse, mais aussi le climat intellectuel et politique entourant la publication des hypothétiques Stratagemata. Si l’ouvrage reste introuvable, l’étude des intertextes qui relient Langey à son protégé met en lumière la première réception de Machiavel, et l’importance de la mètis au sein du milieu des Du Bellay.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Études Épistémè, 2021
Pour décrire sa situation à la cour de François Ier, Guillaume Budé s’est un jour dépeint comme u... more Pour décrire sa situation à la cour de François Ier, Guillaume Budé s’est un jour dépeint comme un « singe » entouré d’« ânes ». Beaucoup d’humanistes exprimèrent un semblable mépris pour l’aristocratie française, jugée trop ignorante. Le présent article revient sur la publication de la première édition française de Thucydide, publiée en 1527 par Jacques Colin. L’analyse des dédicaces écrites à cette occasion par Colin et Marot met en évidence la dimension politique de cette entreprise éditoriale. Ceux-ci se font le relais de la volonté royale, tout en défendant des objectifs propres : défendre l’utilité politique de l’histoire, et encourager la noblesse à se former aux affaires d’État par la lecture des histoires. Les dédicaces éclairent ainsi le nouveau rapport de la monarchie française à l’historiographie après la défaite de Pavie (1525), les attentes des humanistes et la position inconfortable de la noblesse, sommée de s’éduquer à la prudence. Elles annoncent de nouvelles entreprises historiographiques et le dépassement, à partir des années 1530-1540, de l’opposition topique entre lettres et armes.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Actes du colloque « Récit et vérité à l’époque classique V », dir. M. Hersant et al., Louvain, Peeters, à paraître
L’article éclaire la manière dont Monluc sort du récit de ses actions pour parler d’une histoire ... more L’article éclaire la manière dont Monluc sort du récit de ses actions pour parler d’une histoire qui le dépasse – tout en refusant de faire œuvre d’historien. Ces digressions réflexives lui permettent d’exprimer, avec l’ethos de sincérité de l’homme d’épée, un point de vue partiel sur les problèmes de l’État. Il écrit ainsi une histoire en marge des historiens flatteurs des princes. Celle-ci, cependant, ne trouve sa valeur de vérité qu’à la lumière de digressions narratives : les deux célèbres songes de Monluc.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Expériences rhétoriques. Mélanges offerts au professeur Francis Goyet, dir. Christiane Deloince-Louette et Christine Noille, Paris, Classiques Garnier, 2020
Roman et parodie d’historiographies mensongères, le Gargantua peut aussi être lu comme un hommage... more Roman et parodie d’historiographies mensongères, le Gargantua peut aussi être lu comme un hommage à une historiographie humaniste. En témoigne l’importance donnée par Rabelais à la notion de franchise ou parrhêsia. Celle-ci relève d’une utilisation savante de la rhétorique, propre aux historiens humanistes. Le recours aux outils de la narration historique permet ainsi de représenter une franchise en situation et d’interroger les conditions politiques d’énonciation de la vérité.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Montaigne : une rhétorique naturalisée ? Actes du Colloque international tenu à l'University of Chicago (Paris) les 7 et 8 avril 2017, dir. P. Desan, D. Knop et B. Perona, éd. H. Champion, 2019
Communication au colloque international « Montaigne : une rhétorique naturalisée ? », University ... more Communication au colloque international « Montaigne : une rhétorique naturalisée ? », University of Chicago Center in Paris, avril 2017.
L’article propose une lecture nouvelle du couple conceptuel discrétion/indiscrétion dans les Essais, dans une perspective rhétorique, historiographique et politique. La « discrétion » dont Montaigne fait l’éloge possède en effet un sens rhétorique : être discret, c’est s’exprimer en tenant compte des circonstances. Ce sens rhétorique procède lui-même d’un sens politique bien connu des historiens : la discrezione de Guichardin ou la « diligence » revendiquée par Guillaume du Bellay, qui consiste dans la mise au jour des particularités les plus infimes d’une situation donnée.
La « liberté indiscrète » que revendique par ailleurs l’essayiste est par conséquent un effet de cette « discrétion », elle est un art et, plus précisément, un art du conseil qui permet de former le jugement d’autrui, comme le montre la lecture attentive que Montaigne fait de Castiglione mais aussi l’image qu’il donne, d’une façon en apparence plus légère, des philosophes cyniques.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Les Rituels épistolaires, dir. Cécile Lignereux, Paris, Classiques Garnier, 2023
Communication au séminaire Rare (Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution), Université Stendhal ... more Communication au séminaire Rare (Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution), Université Stendhal Grenoble 3, février 2015.
Les Mémoires des Du Bellay rapportent un incident diplomatique, « l’affaire Merveille », célèbre pour avoir inspiré Montaigne. Ils citent le texte de deux lettres de François Ier adressées à Charles Quint et au duc de Milan.
Le rhétoricien Melchior Junius a proposé, en 1595, une analyse de ces deux lettres, qui est ici éditée dans son texte latin d’origine et traduite en français. La présentation de ces lettres et de cette analyse s’intéresse à la notion rhétorique d’expostulatio pour en souligner les enjeux politiques et historiographiques.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Littératures classiques, 2017
Jean and Blaise de Monluc: a rereading of a harangue in the light of experience
In a passage of ... more Jean and Blaise de Monluc: a rereading of a harangue in the light of experience
In a passage of his Commentaries, Blaise de Monluc quoted an extended harangue written by his brother Jean de Monluc. Their two different attitudes seem to be in conflict inside the same book: the warrior and parrhesiasts Blaise contrasts with the orator and diplomat Jean. This passage enables us to understand how Blaise de Monluc’s ethos forms itself by identifying what does or does not fall within his competence, in order to define the conditions for a word of truth.
Dans un passage de ses Commentaires, Blaise de Monluc a inséré une longue harangue de son propre frère, Jean de Monluc. Dans l’espace d’une même œuvre, deux attitudes semblent s’opposer, celles du soldat-parrèsiaste (Blaise) et celle de l’orateur-diplomate (Jean). Ce passage permet ainsi de comprendre la façon dont l’ethos de l’auteur des Commentaires se construit en distinguant ce qui relève de sa compétence, pour définir les conditions d’une parole de vérité.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Perspectives cavalières du Moyen âge à la Renaissance. Mélanges offerts à François Bérier, dir. N. BOULIC et P. JOURDE, Paris, Classiques Garnier, 2013, p. 149-188.
Cet article souligne l’importance de la notion de prudence dans la façon dont Montaigne juge les ... more Cet article souligne l’importance de la notion de prudence dans la façon dont Montaigne juge les acteurs de l’histoire. Une telle approche permet de relativiser l’idée d’une « action sceptique » dans les Essais, action qui consisterait dans un simple abandon à la fortune.
Bookmarks Related papers MentionsView impact
Uploads
Thèse publiée by Lionel Piettre
La littérature renaissante accorde une place forte à l’histoire-jugement, soit l’histoire écrite du point de vue de ses acteurs, qui mêle témoignage et commentaire, méditation humaniste sur la fortune et réflexion politique sur les conseils et leurs effets. L’entourage de François Ier espéra que son règne serait ainsi raconté par un Thucydide ou un César français, rôle qui échut à Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey (1491-1543). Si ses Ogdoades inachevées furent le fruit d’une réflexion collective (associant Rabelais, Jean Du Bellay, Sleidan), elles sont pourtant profondément originales, comme le révèle l’analyse du Prologue (ici édité) et des fragments des Ogdoades. Leur influence se donne à lire chez Bodin et, plus encore, chez Martin Du Bellay et Blaise de Monluc, tous héritiers de la méthode de Langey. L’ombre de Guillaume Du Bellay s’étend enfin sur les Essais de Montaigne qui, tout en refusant d’écrire l’histoire, la commente en « diligent lecteur » – selon le mot de Langey.
Numéro de revue by Lionel Piettre
Colloque by Lionel Piettre
Articles by Lionel Piettre
Avec l’Histoire de la sainte Russie, publiée en 1854 dans la foulée de son Rabelais illustré, Gustave Doré livre son quatrième et dernier album de bande dessinée, dans la lignée de la « littérature en images » d’un Töpffer et de l’excentricité d’un Sterne. Le présent article montre que la Sainte Russie est également à lire comme une imitation du Gargantua. Doré s’y livre en effet à une parodie d’historiographie qui s’appuie sur le modèle rabelaisien, auquel il multiplie à plaisir les références et dont il reprend les pirouettes narratives. Mieux, il recopie (et travestit) des passages de Rabelais, ou encore imite son écriture, au point d’en faire le « seul véritable historien de la Russie ». Enfin, Doré crée une langue d’art nouvelle, qui joue sur les codes de la bande dessinée naissante, non sans les malmener, s’inspirant du propre travail de Rabelais sur la langue.
Dans les Euvres de Louise Labé, le topos de la Renaissance qui associe « lettres » et « armes » trouve une réalisation originale. Ce topos est issu de la conjoncture culturelle des années 1520-1550, avec l’idéal courtisan d’un Castiglione. Chez Labé (mais aussi dans son portrait par François de Billon), ce « temps » nouveau, où se marient lettres et armes, autorise une image de soi où le genre féminin, investi de qualités viriles, se fait genus commune. Cet ethos d’une « courtisane » maniant, tel le courtisan de Castiglione, l’épée comme la plume, est au fondement du discours d’expérience labéen. D’où le pari de lire les Euvres, au croisement de ce temps, de cette expérience et de cet ethos, comme des « Mémoires » poétiques où s’affirme la volonté de maîtrise de l’expérience amoureuse, par les commentaires qui l’intellectualisent. En conclusion, la légende de Labé en Amazone est distinguée de l’effet produit par le texte de Labé, où le Je poétique échappe à de telles réductions.
This paper examines the links between fiction and action from the standpoint of practical intelligence. Rabelais’ novels invite to cultivate such an intelligence, and thus may be considered as providing advice to the reader – in so far as they give or suggest dietetic or ethic prescriptions, and as they show the efficiency of cunning or panourgia, i.e. the art of escaping from – and sometimes destroy – an enemy. They finally describe the supreme virtue, prudence, of which Rabelais gives an innovative interpretation, emphasising the ability to listen rather than the virtuosity of the prudent man. Far from Guillaume Du Bellay’s almost divine heroism, practical intelligence is described as close to human condition.
L’article explore les rapports entre action et fiction sous l’angle de l’intelligence pratique. Invitant à cultiver une telle intelligence, les romans de Rabelais peuvent être lus comme des romans de conseil : parce qu’ils formulent ou suggèrent des prescriptions d’ordre éthique et diététique, mais aussi parce qu’ils donnent à voir l’efficacité de la ruse, la « panurgie », soit l’art d’échapper à l’ennemi et parfois de le détruire. Ils représentent enfin la prudence, suprême vertu dont Rabelais propose une relecture originale qui met en valeur la qualité d’écoute plutôt que la virtuosité du prudens de la tradition aristotélicienne. Loin de l’héroïsme quasi divin d’un Guillaume Du Bellay, l’intelligence pratique est ainsi représentée au plus près de la condition humaine.
L’article propose une lecture nouvelle du couple conceptuel discrétion/indiscrétion dans les Essais, dans une perspective rhétorique, historiographique et politique. La « discrétion » dont Montaigne fait l’éloge possède en effet un sens rhétorique : être discret, c’est s’exprimer en tenant compte des circonstances. Ce sens rhétorique procède lui-même d’un sens politique bien connu des historiens : la discrezione de Guichardin ou la « diligence » revendiquée par Guillaume du Bellay, qui consiste dans la mise au jour des particularités les plus infimes d’une situation donnée.
La « liberté indiscrète » que revendique par ailleurs l’essayiste est par conséquent un effet de cette « discrétion », elle est un art et, plus précisément, un art du conseil qui permet de former le jugement d’autrui, comme le montre la lecture attentive que Montaigne fait de Castiglione mais aussi l’image qu’il donne, d’une façon en apparence plus légère, des philosophes cyniques.
Les Mémoires des Du Bellay rapportent un incident diplomatique, « l’affaire Merveille », célèbre pour avoir inspiré Montaigne. Ils citent le texte de deux lettres de François Ier adressées à Charles Quint et au duc de Milan.
Le rhétoricien Melchior Junius a proposé, en 1595, une analyse de ces deux lettres, qui est ici éditée dans son texte latin d’origine et traduite en français. La présentation de ces lettres et de cette analyse s’intéresse à la notion rhétorique d’expostulatio pour en souligner les enjeux politiques et historiographiques.
In a passage of his Commentaries, Blaise de Monluc quoted an extended harangue written by his brother Jean de Monluc. Their two different attitudes seem to be in conflict inside the same book: the warrior and parrhesiasts Blaise contrasts with the orator and diplomat Jean. This passage enables us to understand how Blaise de Monluc’s ethos forms itself by identifying what does or does not fall within his competence, in order to define the conditions for a word of truth.
Dans un passage de ses Commentaires, Blaise de Monluc a inséré une longue harangue de son propre frère, Jean de Monluc. Dans l’espace d’une même œuvre, deux attitudes semblent s’opposer, celles du soldat-parrèsiaste (Blaise) et celle de l’orateur-diplomate (Jean). Ce passage permet ainsi de comprendre la façon dont l’ethos de l’auteur des Commentaires se construit en distinguant ce qui relève de sa compétence, pour définir les conditions d’une parole de vérité.
La littérature renaissante accorde une place forte à l’histoire-jugement, soit l’histoire écrite du point de vue de ses acteurs, qui mêle témoignage et commentaire, méditation humaniste sur la fortune et réflexion politique sur les conseils et leurs effets. L’entourage de François Ier espéra que son règne serait ainsi raconté par un Thucydide ou un César français, rôle qui échut à Guillaume Du Bellay, seigneur de Langey (1491-1543). Si ses Ogdoades inachevées furent le fruit d’une réflexion collective (associant Rabelais, Jean Du Bellay, Sleidan), elles sont pourtant profondément originales, comme le révèle l’analyse du Prologue (ici édité) et des fragments des Ogdoades. Leur influence se donne à lire chez Bodin et, plus encore, chez Martin Du Bellay et Blaise de Monluc, tous héritiers de la méthode de Langey. L’ombre de Guillaume Du Bellay s’étend enfin sur les Essais de Montaigne qui, tout en refusant d’écrire l’histoire, la commente en « diligent lecteur » – selon le mot de Langey.
Avec l’Histoire de la sainte Russie, publiée en 1854 dans la foulée de son Rabelais illustré, Gustave Doré livre son quatrième et dernier album de bande dessinée, dans la lignée de la « littérature en images » d’un Töpffer et de l’excentricité d’un Sterne. Le présent article montre que la Sainte Russie est également à lire comme une imitation du Gargantua. Doré s’y livre en effet à une parodie d’historiographie qui s’appuie sur le modèle rabelaisien, auquel il multiplie à plaisir les références et dont il reprend les pirouettes narratives. Mieux, il recopie (et travestit) des passages de Rabelais, ou encore imite son écriture, au point d’en faire le « seul véritable historien de la Russie ». Enfin, Doré crée une langue d’art nouvelle, qui joue sur les codes de la bande dessinée naissante, non sans les malmener, s’inspirant du propre travail de Rabelais sur la langue.
Dans les Euvres de Louise Labé, le topos de la Renaissance qui associe « lettres » et « armes » trouve une réalisation originale. Ce topos est issu de la conjoncture culturelle des années 1520-1550, avec l’idéal courtisan d’un Castiglione. Chez Labé (mais aussi dans son portrait par François de Billon), ce « temps » nouveau, où se marient lettres et armes, autorise une image de soi où le genre féminin, investi de qualités viriles, se fait genus commune. Cet ethos d’une « courtisane » maniant, tel le courtisan de Castiglione, l’épée comme la plume, est au fondement du discours d’expérience labéen. D’où le pari de lire les Euvres, au croisement de ce temps, de cette expérience et de cet ethos, comme des « Mémoires » poétiques où s’affirme la volonté de maîtrise de l’expérience amoureuse, par les commentaires qui l’intellectualisent. En conclusion, la légende de Labé en Amazone est distinguée de l’effet produit par le texte de Labé, où le Je poétique échappe à de telles réductions.
This paper examines the links between fiction and action from the standpoint of practical intelligence. Rabelais’ novels invite to cultivate such an intelligence, and thus may be considered as providing advice to the reader – in so far as they give or suggest dietetic or ethic prescriptions, and as they show the efficiency of cunning or panourgia, i.e. the art of escaping from – and sometimes destroy – an enemy. They finally describe the supreme virtue, prudence, of which Rabelais gives an innovative interpretation, emphasising the ability to listen rather than the virtuosity of the prudent man. Far from Guillaume Du Bellay’s almost divine heroism, practical intelligence is described as close to human condition.
L’article explore les rapports entre action et fiction sous l’angle de l’intelligence pratique. Invitant à cultiver une telle intelligence, les romans de Rabelais peuvent être lus comme des romans de conseil : parce qu’ils formulent ou suggèrent des prescriptions d’ordre éthique et diététique, mais aussi parce qu’ils donnent à voir l’efficacité de la ruse, la « panurgie », soit l’art d’échapper à l’ennemi et parfois de le détruire. Ils représentent enfin la prudence, suprême vertu dont Rabelais propose une relecture originale qui met en valeur la qualité d’écoute plutôt que la virtuosité du prudens de la tradition aristotélicienne. Loin de l’héroïsme quasi divin d’un Guillaume Du Bellay, l’intelligence pratique est ainsi représentée au plus près de la condition humaine.
L’article propose une lecture nouvelle du couple conceptuel discrétion/indiscrétion dans les Essais, dans une perspective rhétorique, historiographique et politique. La « discrétion » dont Montaigne fait l’éloge possède en effet un sens rhétorique : être discret, c’est s’exprimer en tenant compte des circonstances. Ce sens rhétorique procède lui-même d’un sens politique bien connu des historiens : la discrezione de Guichardin ou la « diligence » revendiquée par Guillaume du Bellay, qui consiste dans la mise au jour des particularités les plus infimes d’une situation donnée.
La « liberté indiscrète » que revendique par ailleurs l’essayiste est par conséquent un effet de cette « discrétion », elle est un art et, plus précisément, un art du conseil qui permet de former le jugement d’autrui, comme le montre la lecture attentive que Montaigne fait de Castiglione mais aussi l’image qu’il donne, d’une façon en apparence plus légère, des philosophes cyniques.
Les Mémoires des Du Bellay rapportent un incident diplomatique, « l’affaire Merveille », célèbre pour avoir inspiré Montaigne. Ils citent le texte de deux lettres de François Ier adressées à Charles Quint et au duc de Milan.
Le rhétoricien Melchior Junius a proposé, en 1595, une analyse de ces deux lettres, qui est ici éditée dans son texte latin d’origine et traduite en français. La présentation de ces lettres et de cette analyse s’intéresse à la notion rhétorique d’expostulatio pour en souligner les enjeux politiques et historiographiques.
In a passage of his Commentaries, Blaise de Monluc quoted an extended harangue written by his brother Jean de Monluc. Their two different attitudes seem to be in conflict inside the same book: the warrior and parrhesiasts Blaise contrasts with the orator and diplomat Jean. This passage enables us to understand how Blaise de Monluc’s ethos forms itself by identifying what does or does not fall within his competence, in order to define the conditions for a word of truth.
Dans un passage de ses Commentaires, Blaise de Monluc a inséré une longue harangue de son propre frère, Jean de Monluc. Dans l’espace d’une même œuvre, deux attitudes semblent s’opposer, celles du soldat-parrèsiaste (Blaise) et celle de l’orateur-diplomate (Jean). Ce passage permet ainsi de comprendre la façon dont l’ethos de l’auteur des Commentaires se construit en distinguant ce qui relève de sa compétence, pour définir les conditions d’une parole de vérité.
“ ‘Des follyes j’en puis assez fere plus que de saigesses’ (I can act as a fool rather than as a wise man): the travels of Guillaume Du Bellay, a spy and a diplomat”
This talk is about the ethos of Guillaume Du Bellay, lord of Langey – a diplomat, a spy and a memorialist. I stress the importance of travel narratives in the making of the self-portrait of Langey as a prudent man – in the traditional Aristotelian sense of phronimos. Such a prudence is pretty close to what we would call today imprudence – “des follyes”, as Langey writes – since the memorialist takes high risks in his travels for his king Francis I. My corpus includes an early letter to Marguerite de Navarre, his own memoirs (the unfinished Ogdoades) and those of his younger brother Martin Du Bellay (the Mémoires published in 1569).
Ce cours vise à éclairer le rapport que les auteurs de la Renaissance entretiennent avec le pouvoir politique. À une époque où la littérature ne correspondait pas à un « champ » doté de sa propre autonomie, la culture du conseil était indissociablement politique et rhétorique, ce qui n’est pas sans conséquence sur les productions littéraires et culturelles du temps. Les étudiantes et étudiants ont eu à réaliser un dossier sur une œuvre choisie parmi plusieurs grands textes politiques et littéraires : l’Utopie, Le Prince, le Courtisan, l’Heptaméron, le Discours de la servitude volontaire, Les Essais, les Discours politiques de Ronsard ainsi que les Tragiques.
Contient une édition numérique de deux chapitres des Essais de Montaigne ("Des Cannibales" et "Des Coches") à usage scolaire, que j'ai annotée et présentée ; ainsi que de nombreux documents sur Montaigne et sur le thème de programme de Première générale, "Notre monde vient d'en trouver un autre", et d'autres ressources pédagogiques.