« Metz au Moyen Âge » : différence entre les versions
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Au fil du temps, un [[évêché]] (différent du diocèse) se constitue, englobant déjà Metz et [[Pays messin|ses environs]] notamment la [[terre de Gorze]], il s'étend jusqu'au [[Saulnois]], une région riche de ses [[Saline (usine)|salines]] ; vers la fin du {{s-|X|e}} (vraisemblablement autour de 995) ce fief devient officiellement une [[principauté épiscopale]] à la tête de laquelle se trouve le désormais [[prince-évêque]] de Metz, une conséquence directe des privilèges accordés par Charlemagne deux siècles auparavant. Ce exerçant à la fois le [[pouvoir spirituel]] sur un [[Diocèse de Metz|diocèse]] très important, mais aussi le [[pouvoir temporel]] sur son [[Diocèse de Metz#Histoire|évêché]], est reconnu [[prince du Saint-Empire]] et ainsi possède le statut privilégié de vassal direct de l'[[Liste des souverains du Saint-Empire|empereur germanique]] de même que les évêques [[Ancien diocèse de Toul|de Toul]] et [[Principauté épiscopale de Verdun|de Verdun]].<br />L'évêque sera bientôt en mesure de frapper sa propre monnaie ainsi que de tenir une armée en tant que chef de guerre, ce dont il usera notamment contre les [[République messine|bourgeois messins]] lors de la [[guerre des Amis]], mais également à maintes reprises face aux troupes [[Duché de Lorraine|ducales]] en vue de protéger ses possessions dans les [[Saulnois|salines]] de la [[Seille (affluent de la Moselle)|Seille]].
[[Image:Commencement république messine Auguste Migette 1862.jpg|thumb|Quartier cathédral au {{s|XI|e}} d'après [[Auguste Migette]], peintre de l'[[école de Metz]] ({{s-|XIX|e}})<ref group="Note">D'après l'artiste, la scène présentée est celle de l'élection du premier [[maître-échevin]] de la ville de Metz, symboliquement la première prise de pouvoir des bourgeois associés à l'évêque.</ref>]]
L'évêque investit une ancienne construction romaine (présente jusqu'au {{s-|XVIII|e}}) située à proximité directe de la cathédrale du {{s-|X|e}} afin d'y installer son [[Marché couvert de Metz|palais épiscopal]]. De plus, il fait agrandir et restaurer l'ancienne enceinte gallo-romaine afin que celle-ci englobe des faubourgs tels que celui de l'[[église Saint-Martin de Metz|église Saint-Martin]] ou du [[Pontiffroy|pont Saint-Georges]] et fait restaurer l'[[église Saint-Pierre-aux-Nonnains|abbaye Saint-Pierre-aux-Nonnains]] grâce aux aides financières de l'empereur [[Otton Ier du Saint-Empire|Otton]]. L'installation des [[Ordre du Temple|Templiers]], quant à elle dans le sud de la ville fortifiée est attestée au {{S|XII|e}}, à la suite du départ de Metz de l'expédition lancée par [[Louis VII de France|Louis VII]] dans le cadre de la [[deuxième croisade]].<br />De nouvelles abbayes se développent également dans les faubourgs, en particulier l'[[abbaye Saint-Symphorien]] et l'[[abbaye Saint-Vincent]] riche des vignobles de l'[[Les Îles#Île Chambière|île d'Outre-Moselle]]. Le faubourg dénommé "Savelon" (''Savelonis'' en latin) qui deviendra plus tard le [[Le Sablon (Moselle)|Sablon]] est surnommé ''quartier des basiliques'' jusqu'au {{s-|XVI|e}} pour les très nombreux édifices religieux le couvrant. Du nord, avec les abbayes Saint-Arnoul et Saint-Symphorien, aux hauteurs plus rurales du sud, avec l'installation première de l'[[abbaye Saint-Clément de Metz|abbaye Saint-Clément]], églises, prieurés et autres édifices comme la chapelle Saint-Fiacre (érigée au {{s-|XII|e}} comme témoignage de paix entre le pouvoir messin et le [[comté de Bar]]) jonchent ce vaste territoire. Urbanisé sous forme de bourgs abbatiaux, proches des remparts principalement, ce faubourg gardera un rôle décisif, reliant la ville et les campagnes du [[pays messin]], il assurera plus tard un rôle défensif également grâce à l'installation de fermes fortifiée comme à la Horgne de même que dans les faubourg de Montigny et du nord de Metz.<br />
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=== Conquête de l’autonomie urbaine ===
À la mort de l’évêque [[Étienne de Bar]], une nouvelle crise éclate entre l’empire et la papauté, provoquant un nouvel affaiblissement du pouvoir des évêques de Metz qui évitent, à compter de cette date, de se faire consacrer par peur d’être pris pour des « orthodoxes » par l’empereur, pour des « anti-papes » par Rome (et donc d’être excommuniés par [[Alexandre III (pape)|Alexandre]], le pape en exercice à cette époque). La bourgeoisie en profite pour conforter ses pouvoirs et consolider son autorité, quitte à entrer en conflit avec l’évêque. La multiplicité de ces conflits est assez fréquente pour inciter l’évêque [[Bertram de Metz|Bertram]] à inaugurer le début de son épiscopat en instituant de nouvelles règles ({{Date|21|mars|1180}}), dans une charte appelée ''Grand Atour<ref group="Note">{{citation|Un atour est un acte édicté en pleine souveraineté par les autorités investies du pouvoir législatif sur le territoire soumis à la juridiction de la ville de Metz}}. Pierre Mendel. Annuaire de la Société d'Histoire et d'Archéologie de la Lorraine. Tome XLIII, Metz, 1934.</ref> de Metz'' dans lequel il reconnaît formellement l’existence du Commun de Metz. C'est vraisemblablement en cette même année que la ville reçoit le titre de [[Ville libre d'Empire|ville d'Empire]] (''Reichsstadt''), conservé au moins jusqu'en 1210 sous cette terminologie.
Restaurateur du pouvoir épiscopal, Bertram fut pourtant chassé de son siège par l’Empereur et obligé de se réfugier à Cologne avant de rentrer à Metz à la mort de [[Frédéric Barberousse]]. Il fit construire une forteresse à Vic-sur-Seille, laissant « la haute justice » criminelle dans les mains de son « Grand Voué », le comte de Dabo, lequel le délégua à une « assemblée de treize jurés » qui allait devenir la plus haute autorité de l’État et constituer, avec le Maître Échevin, le « Conseil Suprême », dit aussi « Grand Conseil » de la cité messine. À peine institués, ces « treize » entraient en conflit avec l’évêque et le [[clergé]], leur refusant des exemptions de charges financières destinées à la réfection des remparts ; ils soulevèrent une première fois les bourgeois contre eux ([[1209]]–[[1210]]), mais durent céder, avant de prendre leur revanche en [[1215]], et l’Empereur lui-même fut obligé d’intervenir pour apaiser un conflit qui reprit onze années plus tard au motif identique de la contribution cléricale à l’entretien des murs. Les intérêts divergents conduisirent de fait à une rupture ; progressivement, l’évêque allait se consacrer à ses terres, les citadins à la ville.
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[[Image:Carte Lorraine 15eme.png|thumb|Les états composant la Lorraine au {{s-|XV|e}}]]
Dès la moitiè du {{S|XIV}}, la puissance de la ville commence à s'estomper, tout en restant une des villes les plus riches et les plus commerçantes de l'[[Saint-Empire romain germanique|Empire]], les épidémies et d'autres facteurs fragilisent sa stabilité. Principalement ce sont les combats récurrents avec les duchés voisins ([[Duché de Lorraine|Lorraine]], [[Duché de Bar|Bar]] ou [[Duché de Luxembourg|Luxembourg]]) - comme lors de la [[guerre des quatre seigneurs]] de 1324 - qui malgré la victoire des Messins portent parfois un coup aux finances urbaines. Le {{S|XV}} et ses sièges de plus en plus nombreux - en particulier celui[[Siège de Metz (1444)| de 1444]], par le roi de [[Royaume de France|France]] [[Charles VII de France|Charles VII]] et le duc de [[Duché de Lorraine|Lorraine]] [[René d'Anjou]] - fragiliseront de plus en plus l'intégrité économique de la ville à force de dettes de guerre et du déplacement forcé des routes commerciales vers l'[[Rhin|axe rhénan]]. Le commerce messin est relativement affaibli, même si la cité s'ouvre encore sur un marché régional conséquent - contrairement à ses homologues lorraines [[Verdun (Meuse)|Verdun]] et [[Toul]] - elle est considérée comme une des villes les moins marchandes du [[Saint-Empire]]<ref>http://www.etudes-touloises.com/articles/105/art1.pdf</ref>.
[[Image:Eglise Saint-Martin de Metz - Vitrail (09).JPG|thumb|left|Vitrail de 1910 à l'[[église Saint-Martin de Metz]]: Sacre de [[Charles VII (roi de France)|Charles VII]] à Reims. Figurent en haut les blason des différents ''[[paraiges]]'' familles patriarcales gouvernant la [[république messine]]<ref group="Note">Niels Wilcken: Vom Drachen Graully zum Centre Pompidou-Metz, Metz, ein Kulturführer, Merzig 2011, S. 132.</ref>.]]
Toutefois, la bourgeoisie messine s'enrichira toujours bien qu'en se réduisant et se repliant sur elle-même, entrant dans une ère d'opulence et de luxe où de nouvelles demeures patriciennes et bourgeoises seront bâties. Une bourgeoisie décomplexée organisant de grandes fêtes investissant notamment le vaste ''Hôtel du Passetemps ''situé le long de la [[Moselle (rivière)|Moselle]] à proximité directe de l'[[Abbaye Saint-Vincent de Metz|abbaye Saint-Vincent]]. Peu à peu la région est elle aussi influencée par les prémices de la [[Renaissance]], qui à Metz se décline principalement dans l'art religieux à travers des vitraux de plus en plus colorés et une statuaire nouvelle - comme la Vierge allaitante ou ''Nativité'' de l'[[église Saint-Martin de Metz|église Saint-Martin]] - avant même la Haute Renaissance du {{S|XVI}}. L'art civil s'en verra aussi accommodé, notamment durant la première moitié du {{S|XVI}} avec des constructions comme l'[[hôtel de Burtaigne]] ou la [[Maison des Têtes de Metz|maison des Têtes]] dont le décor marque un détachement par rapport à l’art gothique tardif, également époque de la finition de la [[Cathédrale Saint-Étienne de Metz|cathédrale Saint-Étienne]] et la pose des vitraux de [[Valentin Bousch]].
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