« Esthétique » : différence entre les versions
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{{Voir homonymes|Esthétique (homonymie)}}
[[Fichier:Aesthetica.png|vignette|Première page du livre intitulé ''Æsthetica'' de [[Alexander Gottlieb Baumgarten|Baumgarten]], 1750. On lui doit ce néologisme.]]
L''''esthétique'''
L'esthétique correspond ainsi au domaine désigné jusqu'au {{s-|XVIII|e}} par « science du beau » ou « critique du [[goût (esthétique)|goût]] », et devient depuis le {{s-|XIX|e}} la
Dans le [[registre de langue|langage courant]], l'adjectif «
== Définition ==
=== Étymologie et sémantique ===
Le mot ''esthétique'' est dérivé du grec {{grec ancien|αίσθησιs|aisthesis}} signifiant ''beauté/sensation''. L'esthétique définit étymologiquement la science du ''sensible''. Ce sens est présent, par exemple, dans la ''[[Critique de la Raison pure]]'' de [[Emmanuel Kant|Kant]], où l'esthétique est l'étude de la sensibilité ou des sens. Mais l'usage a donné au mot une autre signification
C'est le philosophe allemand [[Alexander Gottlieb Baumgarten]], disciple de [[Christian Wolff (philosophe)|Christian Wolff]], qui
Le terme ''esthétique'' prend une signification différente selon les langues, n'ayant pas été adopté aux mêmes périodes,
2002/2, {{n°|34}}, {{p.|14}} [www.cairn.info/load_pdf.php?ID_ARTICLE=RMM_022_0007]</ref>.}} Le mot ''esthétique'' entre dans la langue française à la fin du {{s-|XVIII|e}} et dans le ''Dictionnaire de l'Académie française'' en 1835 seulement. Sa première apparition dans un dictionnaire philosophique est due à [[Charles Magloire Bénard]] (le traducteur français de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]]) en 1845<ref>Décultot, 2002, {{p.|21}}</ref>. Le nom désigne « la science du beau » et la « philosophie des beaux-arts ».
Le terme
{{Article connexe|Goût (esthétique)}}
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Le caractère de métaphysique du beau est progressivement remplacé par une '''philosophie de l'art''' ([[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]]), qui prend pour objet les œuvres faites par les hommes au lieu des constructions ''a priori'' de ce qu'est le beau. Par suite, l'esthétique apparaît comme une réflexion sur les techniques ou sur les conditions sociales qui font tenir pour « artistique » un certain type d'action, qui réfléchit également sur la légitimité du concept de l'[[art]].
== Histoire en
=== Antiquité ===
[[Fichier:Platon-2.jpg|vignette|150px| [[Platon]].]]
Dans la Grèce antique, la question du [[beau]] est une question centrale, mais elle n'est pas rapportée nécessairement à la question de l'art.
[[Homère]] (vers la fin du {{s-|VIII|e}}) parle notamment de
==== Platon ====
La philosophie de l'art commence, chez [[Platon]], par une condamnation des beaux-arts<ref name=":0">{{Ouvrage|prénom1=Jean|nom1=Lacoste|titre=La philosophie de l'art|date=2019|isbn=978-2-7154-0220-1|isbn2=2-7154-0220-1|oclc=1134688464|lire en ligne=https://www.worldcat.org/oclc/1134688464|consulté le=2022-01-03}}</ref>. L'art n'est jamais, dans le cadre de la [[théorie des Idées]], qu'une copie du réel ; or, ce qui est perçu comme le réel par les sens n'est qu'une copie des [[idée|Idées]], c'est-à-dire des formes intelligibles uniquement accessibles à l'intellect . L'art est donc un {{Citation|simulacre de simulacre}}<ref>La théorie des trois lits : L'idée du lit (monde intelligible), la copie du lit par le menuisier (réalité sensible), et la version dégradée du lit peint par l'artiste (copie de copie).</ref>.[[Fichier:Aristoteles Louvre.jpg|vignette|150px|[[Aristote]].]]
Il différencie néanmoins deux techniques d'imitation : la « copie » (''eikastikè'') telle la peinture ou la poésie, et « l'illusion » (''phantastikè'') telles les œuvres architecturales monumentales. Si Platon est favorable au beau, il est réticent par rapport à l'art, en particulier à la poésie et à la peinture. Son œuvre passe néanmoins pour la première codification idéologique et politique de l'art.
==== Aristote ====
[[Aristote]] n'a traité ni du beau ni de l'art en général. Sa ''[[Poétique (Aristote)|Poétique]]'' est un fragment sur l'[[art dramatique]]
==== Néoplatonisme ====
[[Fichier:Plotinos.jpg|vignette|150px|Plotin]]
Dans l'[[Antiquité tardive]], la théorie du beau est particulièrement systématisée autour des concepts néoplatoniciens de [[Plotin]] (204-270). Dans les ''[[Énnéades (Plotin)|Énnéades]]'', celui-ci reprend et dépasse les distinctions de [[Platon]]. L'essence du Beau réside dans l'intelligible et plus précisément dans l'idée. Ensuite la beauté s'identifie à « l'Unité », dont dépendent tous les êtres. Le beau est ainsi de nature spirituelle (relié à l'âme) et sa contemplation est un guide pour approcher l'Intelligible.
=== Moyen Âge ===
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[[Fichier:Boethius initial consolation philosophy.jpg|vignette|gauche|220px|[[Boèce]] enseignant, manuscrit de ''la Consolation de la philosophie'', [[1385]].]]
L’esthétique du [[Moyen Âge]] reprend les principes du néoplatonisme en les rattachant au modèle théologique du [[christianisme]]. On considère alors que dans la création artistique se distille une dignité créatrice, comparable à la création divine.
En musique [[Hildegard von Bingen]] conçoit la musique comme une réminiscence du paradis. Là aussi, l'esthétique y est inséparable de la métaphysique et de la spiritualité. La musique est d'essence trinitaire, ses lois dérivent du Verbe ainsi que leurs propriétés mathématiques : intervalles, modes, rythmes, etc.<ref>V. [https://books.google.fr/books?id=LTU3G9IOWnAC&printsec=frontcover&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false ''La musique chez Hildegard de Bingen''] in ''Miroirs du Moyen Âge'' de Patrick Ringgenberg, éd. Les Deux Océans, 2006, {{p.|89-142}}, {{ISBN|2866811526|9782866811525}}</ref>. D'une manière générale, les spéculations pythagoriciennes sur les nombres jouent un grand rôle non seulement pour mesurer les rythmes musicaux, mais aussi et surtout pour définir les proportions architecturales<ref>Une source capitale de l'esthétique au Moyen Âge est le ''De musica'' de [[Saint Augustin]] qui définit la musique comme la science de la mesure. V. ''Science du nombre'' in ''Initiation à la symbolique romane'', {{p.|243-245}}.</ref>. Philosophes : [[Pseudo-Denys l'Aréopagite]], [[Augustin d'Hippone]], [[Boèce]], [[Thomas d’Aquin]].
==== Théorie Byzantine de l'Image ====
Au questionnement et à l'interrogation sur le statut des Images religieuses (les [[icônes]]), païennes (les [[idole]]s) et commerciales (les pièces de monnaie, les jarres)
Développée en particulier par des philosophes et des théologiens néoplatoniciens et aristotéliciens grecs === Renaissance ===
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L'Esthétique de la Renaissance est conforme à l'interprétation de l'époque qui relègue le [[Moyen Âge]] du côté des temps obscurs et se tourne vers l'antiquité gréco-romaine. Les historiens et humanistes louent le mouvement artistique qui, depuis [[Giotto]] a su ramener l'art à la ressemblance de la nature. [[leone Battista Alberti|Alberti]] attribue à [[Filippo Brunelleschi|Brunelleschi]], [[Donatello]] et [[Lorenzo Ghiberti|Ghiberti]] la renaissance des arts plastiques et [[Vasari]] divise en trois périodes les progrès qui mènent de l'imitation des anciens à l'imitation de la nature. Si l'antiquité n'a jamais été totalement oubliée, les humanistes tentent d'en retrouver l'authenticité : les traductions latines sont abandonnées au profit des textes grecs originaux, les premières fouilles archéologiques sont organisées, les premiers musées apparaissent.
La redécouverte de [[Platon]] par [[Gémiste Pléthon]] et [[Marsile Ficin]] n'est pas sans conséquence sur la conception des arts et de l'architecture. Dans le ''Compendium in Timaeum'', Ficin élabore la norme du pythagorisme et du platonisme esthétiques : la participation du sensible au règne des formes pures se fait par l'intermédiaire des figures géométriques et des proportions. La réalité physique étant d'essence mathématique, le but de l'esthétique est de définir les lois mathématiques de la beauté (spéculations sur le [[nombre d'or]], [[Solide de Platon|volumes pythagoriciens]], triangle d'harmonie musicale
Toutefois, en appliquant les théories et la perspective d'Alberti ou les mathématiques de Manetti et [[Pacioli]] pour créer un espace illusionniste rationnellement construit, les artistes de la renaissance ont conscience d'innover et de mettre au point des techniques artistiques qui n'existaient pas dans l'antiquité.
{{clr}}
Le rôle de l'image est remis en question par des théologiens réformateurs qui lisent une contradiction entre le plaisir esthétique et l'ordre divin, le catholique [[Jérôme Savonarole]] à Florence qui organise la destruction des miroirs et des peintures par le [[bûcher des vanités]],
=== {{sp-|XVII|- |XVIII|s}} ===
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{{...}}
{{Article détaillé|Critique de la faculté de juger}}
[[Fichier:Immanuel Kant
Kant passe pour avoir donné à l'esthétique son autonomie comme domaine propre à l'art, mais en réalité l'autonomie concerne seulement le « sujet esthétique » et elle est en rapport avec la connaissance et la morale<ref>Daniel Dumouchel, ''Kant et la genèse de la subjectivité esthétique'', Paris, Vrin, 1999.</ref>. L'[[esthétique transcendantale]] dans la ''Critique de la raison pure'' (1781) désigne la science de l'intuition, des concepts ''a priori'' de l'espace et du temps du point de vue de la connaissance. L'esthétique est la science du « sensible » par opposition à la logique, qui est la science de « l'intelligible ». Kant remarque que seuls les Allemands utilisent le terme ''esthétique'' au sens de critique du [[goût]] dont il n'est pas question pour lui<ref>[[Kant]], ''Critique de la raison pure'', trad. Jules Barni, Flammarion, 1976, {{p.|82}}</ref>. Dans la ''[[Critique de la faculté de juger]]'' (1790), Kant analyse la question du jugement du [[Goût (esthétique)|goût]] en rapport au [[beau]] et au [[sublime]], mais également la question de la [[téléologie]] dans la [[nature]]. Il distingue la faculté de juger comme une faculté indépendante de l'entendement ou de la raison et intègre alors l'esthétique au sens de théorie du goût, du beau et de l'art dans le domaine de la philosophie [[transcendantal]]e.
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Le terme esthétique, qui est absent de l'''Encyclopédie'' de Diderot, trouve sa première occurrence en français en 1743. Mais il ne s'implante en [[France]] que vers 1850, lorsque les grands textes de [[Kant]], de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] et de [[Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling|Schelling]] sont traduits ou transposés par [[Jules Barni]] et [[Charles Magloire Bénard]]. Bénard remarque, en 1845, que l'esthétique est cultivée avec ardeur en Allemagne, mais qu'elle n'est pas connue en France. Le retard tient à des enjeux nationaux. La science de l'esthétique est perçue comme allemande et ne trouve une reconnaissance philosophique que tardivement. De nombreux ouvrages sont publiés, certes, tout au long du {{s-|XIX|e}}, qui relèvent de l'esthétique comme science du beau. L'esthétique fait également l'objet d'enseignement chez les disciples de [[Victor Cousin]] comme [[Théodore Simon Jouffroy]] ou [[Charles Lévêque]] (1861) dans une optique platonicienne et spiritualiste. Mais la première chaire universitaire consacrée à l'enseignement de l'esthétique est créée à la [[Sorbonne]] pour [[Victor Basch]] en [[1921]] seulement<ref>''Esthétique - Histoire d'un transfert franco-allemand'', Revue de métaphysique et de morale, Paris, PUF, (2002) 2</ref>.
L'esthétique se développe également hors de l'institution philosophique dans le domaine de la [[critique d'art]]. En 1856, [[Charles Baudelaire]] intitule ''Bric-à-brac esthétique'' son étude consacrée aux Salons de 1845 et 1846. Il lui donnera son titre définitif de ''Curiosités esthétiques'' en 1868. Dans son article sur l'''Exposition universelle de 1855'', il critique les « professeurs d'esthétique », les « doctrinaires du beau » enfermés dans leur système et qui ne savent saisir les ''correspondances''. Il théorise l'avènement de la [[modernité]] dans son article capital ''[[Le
==== En Allemagne ({{s-|XIX|e}}) ====
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[[Fichier:Nietzsche.jpg|droite|vignette|upright=0.7|Nietzsche.]]
Au {{s-|XIX|e}} se formalise la ''Kunstwissenschaft''<ref>{{de}} [[:de:Kunstwissenschaft|Kunstwissenschaft]]</ref> ou « science de l'art », autour d'une approche historique de l'art, dite [[historicisme]] (autour des principes d'[[Raison (Hegel)#
[[Arthur Schopenhauer]] (1788-1860) est directement influencé par [[Kant]], mais il renoue avec les pensées de [[Platon]] et de [[Plotin]]. Pour Schopenhauer, l’art est une connaissance directe des [[Idées]] (au-delà de la raison), qui elles-mêmes renvoient à un aspect ultime : la [[volonté (philosophie)|volonté]]. Il présente aussi l'archétype du [[génie (personne)|génie]], capable de surmonter la subjectivité humaine et d’accéder à la connaissance ultime (et la révéler aux hommes). Il met en place une classification des arts, qui renvoie au platonisme (ou à la pensée médiévale). Il influence profondément les drames et les écrits théoriques de [[Richard Wagner]].
==== Nietzsche ==== [[Friedrich Nietzsche]] se donne ainsi comme objectif de renverser le platonisme. Si Platon posait que la vérité était intelligible ( Nietzsche s’oppose au pessimisme de === Esthétique contemporaine ({{s2-|XX|XXI|}}) ===
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==== Phénoménologie ====
Heidegger définit l'esthétique comme {{citation|la science du comportement sensible et affectif de l'homme et ce qui le détermine<ref>Cité par Daniel Charles, art. "Esthétique", ''Encyclopedia Universalis'', tome 9, {{p.|81}}</ref>.}}
{{citation bloc|Ce n’est que par l’œuvre d’art, en tant que l’être qui est (''das seiende Sein''), que tout ce qui apparaît par ailleurs et se trouve déjà là est confirmé et accessible, élucidable et compréhensible, ''en tant qu’étant'' ou au contraire en tant que non-étant. C’est parce que l’art (''Kunst''), en un sens insigne, porte l’être à se tenir dans l’œuvre et à y apparaître en tant qu’étant, qu’il peut valoir comme le pouvoir-mettre-en-œuvre tout court, comme la ''[[technè]]''. | Heidegger<ref>''Théâtre des philosophes'', Ch. IV, trad. Taminiaux. <!-- à vérifier --></ref>}}
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Les philosophes de l’[[École de Francfort]] sont fortement marqués par une pensée matérialiste, inspirée du [[marxisme]] et de l'étude des crises du {{s-|XX|e}}. Leur esthétique se fonde sur une analyse critique des [[sciences sociales]], et une étude de la [[culture de masse]]. Pour [[Theodor W. Adorno]] (1903-1969), notamment dans sa ''Théorie esthétique'' (1970), l’art demeure un espace de liberté, de contestation et de créativité dans un monde technocratique. L’art a un rôle critique vis-à-vis de la société, et reste un lieu d’utopie, pour autant qu’il rejette son propre passé ([[conservatisme]], [[dogmatisme]], sérialisme). Adorno s'opposera également aux facilités de la culture de masse ([[industrie culturelle]]), condamnant au passage le jazz.
[[Walter Benjamin|Benjamin]] parmi ses sujets d’études disparates, élabore notamment le concept d’[[aura (art)|aura]] de l’œuvre d’art<ref>
==== « Postmodernisme » français ====
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Les premiers travaux importants d'esthétique font suite à la publication posthume des ''[[Investigations philosophiques]]'' (1953) de [[Ludwig Wittgenstein|Wittgenstein]], autour de la théorie des [[jeux de langage]] plus à même de permettre l'analyse de termes du [[Philosophie du langage ordinaire|langage ordinaire]] : par exemple, le mot « [[art]] » ou la question « ''What is Art ?'' » (« Qu'est-ce que l'art ? », sans [[Déterminant (grammaire)|déterminant]] grammatical). Cette recherche est en dialogue constant avec les œuvres d'[[avant-garde (art)|avant-garde]] de l'[[art contemporain]], notamment celles de [[Marcel Duchamp|Duchamp]] et [[Andy Warhol|Warhol]]. Les travaux analytiques abordent notamment : l'indéfinissabilité de l'art ([[Morris Weitz|Weitz]], « le rôle de la théorie en esthétique », 1956 ; [[Maurice Mandelbaum|Mandelbaum]]) ; l'[[wikt:institution|institutionnalisation]] de l'art ([[George Dickie|Dickie]], ''Art and the Aesthetic. An Institutional Analysis'', 1974) ; le « monde de l'art » (Dickie, Danto) ; l'identification de l'œuvre d'art ([[Arthur Danto|Danto]], ''La transfiguration du banal'', 1981) ; l'expérience esthétique, l'art comme [[symbole]] ([[Nelson Goodman|Goodman]], ''Langages de l'art'', 1968).
Cette transition de «
==== Nouvelles sciences de l'art ====
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[[Fichier:Sigmund Freud LIFE.jpg|vignette|Sigmund Freud en 1911.]]
La [[psychologie de l'art]] vise à l'étude des états de conscience et phénomènes [[inconscient]]s à l’œuvre dans la ''création'' artistique ou la ''réception'' de l’œuvre. L'analyse de la création artistique reprend l'idée d'une primauté de l'artiste lui-même dans l'interprétation de l'art ; idée développée depuis la [[Renaissance (période historique)|Renaissance]] et le [[romantisme]], et déjà reprises dans les approches biographiques de certains historiens de l’art du {{XIXe}} (Cf. ''Kunstwissenschaft''). À partir de [[1905]], avec l’ébauche par [[Sigmund Freud|Freud]] de la théorie des [[Pulsions (psychanalyse)|pulsion]]s, l’art devient un objet de [[psychanalyse]]. Cette démarche ne vise pas à l'évaluation de la ''valeur'' de l'œuvre, mais à l’explication des processus psychiques intrinsèques à son élaboration.
::« Trouver le rapport entre les impressions de l’enfance et la destinée de l’artiste d’un côté et ses œuvres comme réactions à ces stimulations d’autre part, appartient à l’objet le plus attirant de l’examen analytique » — Freud<ref>Freud, « Das Interesse an der Psychoanalyse » dans ''Gesammelte Werke'', cité dans ''L’enfance de l’art'', trad. Kofman, 1970, t.8, {{p.|417}}</ref>
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Dans des écrits du {{s-|IV|e}} avant notre ère, des artistes débattent des buts propres à l’art. Par exemple, trois ouvrages de [[Gu Kaizhi]] à propos de théories de la peinture sont connus. Plusieurs ouvrages plus tardifs, rédigés par des artistes lettrés, traitent également de la création artistique. L’influence entre d’une part, la religion et la philosophie, et d’autre part l’art, était commune, mais pas omniprésente ; ainsi à chaque période de l’histoire chinoise, il est possible de trouver des arts qui ignorent largement la philosophie et la religion.
Autour de 300 avant notre ère, [[Lao Tseu]] formule des conceptions [[matérialisme|matérialistes]] et esthétiques en lien avec le [[taoïsme]] et les lois de la [[nature]]. Ces conceptions sont en évidente contradiction avec les intérêts de la minorité dirigeante. Le taoïsme influença aussi le [[feng shui]], ou observation des faits de la terre et du ciel, en vue d'une harmonie.
Le représentant le plus important de la transition à l'esthétique chinoise médiévale est le philosophe [[Wang Chong]], au {{s-|I|}}. Il adopte une substance purement matérielle, le [[Qi (spiritualité)|qi]], comme principe d’une évolution naturelle et comme caractéristique fondamentale de la perception humaine. Il considère ainsi le monde matériel comme source de toute beauté ou laideur ; la [[Vérité en philosophie|vérité]] artistique relève de la conformité avec les faits.
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=== Esthétique hindoue ===
{{Article connexe|Rasa (
Des réflexions esthétiques, produites dès le VIIIe siècle en [[Inde]], ont pour matière le [[théâtre]], qui réunit plusieurs arts (jeu dramatique, [[poésie]], [[musique]], [[danse]]).
{{Vide}}▼
Aux {{s2-|X|XI}}, [[Abhinavagupta]], dans son commentaire l'Abhinavabhāratī, effectue une synthèse de l'esthétique. La [[philosophie]] de l'esthétique est un domaine profane.
Au centre de l'esthétique hindoue, le concept de Rasa, en sanskrit « essence », « goût » ou « saveur » (littéralement « sève » ou « jus » ), est attribué à [[Bharata]] et développé par [[Abhinavagupta]], qui le qualifie d' « essence de la poésie ». Cette abstraction suggère que les sentiments humains (à chaque sentiment correspond un registre artistique) imprègnent les formes incarnées. Les rasa, que l'on retrouve en [[théâtre]] et en [[poésie]], constituent les composantes de l'expérience esthétique<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Rasa, Indian aesthetic theory |url=https://www.britannica.com/art/rasa |site=www.britannica.com |consulté le=1 juin 2021}}</ref>. Émerveillement et béatitude, supérieurs à toute joie quotidienne, représentent l'essence du rasa. Les causes et effets actualisent les dispositions d'esprit permanentes, qui résultent à la fois de l'expérience (y compris artistique) de la vie et des vies antérieures. La combinaison des éléments dramatiques (dans l’œuvre théâtrale) permet ainsi d'éveiller les sentiments, pour en faire des rasa (ces mêmes dispositions sont à l'origine des sentiments ordinaires dans une conception non-esthétique).
Ainsi, le matériau de l'art possède un pouvoir propre de révélation des rasa, qui mène à une expérience de jubilation. Abhinavagupta compare le théâtre aux rites, dans l'agencement des actions porteur d'un pouvoir. Cet art s'oppose à la vie quotidienne, à la satisfaction d'un besoin ou d'un intérêt où les limites de temps, espace et causalité asservissent la conscience. Le temps de la délectation esthétique est le présent, qui correspond à l'éternité. Il ne s'agit pas de représenter (forme de réitération du passé), mais de jubiler.
Le terme de pratibh signifie à la fois inspiration et sensibilité. Il correspond aux perceptions ineffables. La béatitude est l'essence de la conscience à laquelle accède l'artiste (yogin). L'esthétique hindoue prend ainsi une dimension métaphysique<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur=Nicolas Go |titre=Philosophie esthétique de l'Inde |url=https://www.cairn.info/revue-le-philosophoire-2014-1-page-39.htm |site=www.cairn.info |consulté le=1 juin 2021}}</ref>.
== Bibliographie indicative ==
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** [[Boèce]], ''L'Institution musicale''
* Esthétique classique
** [[René Descartes]], '' [[Les Passions de l'âme]]'' (1649)
** [[Nicolas Boileau|Boileau]], ''[[L'Art poétique (Boileau)|Art poétique]]'' (1674)
** [[Charles Batteux|Batteux]], ''Les beaux-arts réduits à un même principe'' (1746)
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== Notes et références ==
{{Références
== Annexes ==
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| wikiversity titre = Département:Philosophie de l'art
}}
{{catégorie principale}}
=== Articles connexes ===
* [[Classification des arts]], [[Poïétique]], [[Canon esthétique]], [[Liste d'historiens de l'art et de théoriciens de l'art]]
* [[Plaisir esthétique]]
* [[Esthétique de la musique]]
* [[Philosophie de la danse]]
=== Liens externes ===
{{Palette|Philosophie|Étude de l'art|Esthétique}}
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