Ligne verte (Israël)
On appelle couramment ligne verte la ligne de démarcation établie après la guerre israélo-arabe de 1948-1949 entre les forces armées israéliennes et les forces armées arabes par les quatre[1] accords d'armistice conclus en entre Israël d'une part et les États de Syrie, Liban, Transjordanie et Égypte[2] d'autre part.
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Officiellement appelée ligne d'armistice de [3], elle est aussi désignée, depuis la guerre des Six-Jours de 1967, comme frontière pré-1967[4],[5],[6],
Son tracé a pour effet d'accroître la « superficie effective » de l'État d'Israël par rapport à ce que prévoyait le plan de partage de la Palestine[7] adopté par l'ONU en 1947, et de diviser la zone internationale de Jérusalem en deux secteurs, Jérusalem-Ouest administré par Israël, et Jérusalem-Est administré par la Jordanie jusqu'en [8],[9].
Appellations
modifierLe pluriel « lignes d'armistice de » est usité[10],[7],[11], notamment pour signifier que son tracé résulte de quatre accords bilatéraux[1] ou pour désigner celles de ses portions qui ne recouvrent pas la limite de l'ancienne Palestine mandataire[10].
Elle est aussi connue comme la « frontière de 1967 »[12],[13],[14], lié avec l'expression « ligne du » également usitée[15], de même que le pluriel « lignes du »[16],[17], par référence au , veille du début de la guerre des Six Jours. L'historien français Henry Laurens relève toutefois que si, pour les États arabes, telle la Syrie, les lignes du correspondent aux lignes d'armistice résultant des accords bilatéraux signés en , il en va autrement pour l'État d'Israël : en effet, pour celui-ci, la « localisation » des lignes du doit tenir compte de la « disposition effective des forces » à cette date[18].
Elle est souvent appelée la « ligne verte » en raison de la couleur retenue pour la tracer sur les cartes annexées aux accords[2]. L'usage consistant à tracer sur une carte un liseré vert figurant une future frontière date de la fin du XIXe siècle : ainsi, l'homme politique français Jean-Louis Masson relate le liseré vert tracé, fin , par l'état-major prussien pour figurer, sur une carte, la future frontière franco-allemande[19].
Histoire
modifierLes accords d'armistice établissaient clairement (à la demande insistante des pays arabes) que les lignes arrêtées sur le terrain au moment de l'armistice, et marquées au feutre vert sur la carte lors des discussions, ne constitueraient pas des frontières permanentes ou de jure, ni ne seraient préjudiciables à des revendications territoriales pour de futurs accords qui seuls prévaudraient (formulation explicite, par exemple, dans l'article VI de l'accord d'armistice israélo-jordanien du [20]).
En 1988, la Jordanie a renoncé à toute revendication sur des territoires situés à l'ouest du Jourdain, c'est-à-dire la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Aujourd'hui, la ligne verte ne désigne toujours pas des frontières internationalement reconnues de l'État d'Israël sur les portions qui jouxtent la Cisjordanie, la bande de Gaza et le plateau du Golan, mais elle est considérée comme la base des paramètres de négociation dans le processus des accords d'Oslo pour les frontières d'un futur État palestinien.
Par ailleurs, le tracé controversé de la barrière de séparation, construite par Israël depuis 2002, ne suit la ligne verte que sur 20 % de son tracé[21], englobant des blocs de colonies israéliennes, des villages et des terrains agricoles palestiniens.
La résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée le , se réfère à la ligne verte comme la frontière de 1967 :
« Constatant avec une vive préoccupation que la poursuite des activités de peuplement israéliennes met gravement en péril la viabilité de la solution des deux États fondée sur les frontières de 1967 »
Notes et références
modifier- Zananiripropos et Khalfa 2004, n. 9.
- CIJ 2004, § 72, p. 166.
- A/RES/ES-10/13, art. 1er, p. 2.
- « Résolution 2334 (2016) - Adoptée par le Conseil de sécurité à sa 7853ème séance, le 23 décembre 2016 » [PDF], un.org, (consulté le )
- « Le Vatican confirme sa reconnaissance de "l'État de Palestine" », Le Journal du Dimanche, (consulté le )
- « Hamas Il reconnaît un État palestinien limité aux frontières de 1967 », Le Télégramme, (consulté le )
- XXe S. 2009, § 44.
- Bulle 2001, p. 87.
- Danino 2013, résumé, p. ex..
- Dieckhoff 1996.
- Zananiripropos et Khalfa 2004, § 55 et n. 9.
- « Frontières de 1967, chacun sa vision », Europe 1, (consulté le )
- « Obama pour un État palestinien sur la base des frontières de 1967 », RFI, (consulté le )
- AFP, « Israël/Palestine: les frontières de 1967, "base" de résolution du conflit », la Croix, (consulté le )
- A/RES/59/33, art. 6, p. 2.
- Coppolani 2008, § 33.
- Laurens 2015, § 9, 39, 79, 83, 86, 89 et 96.
- Laurens 2015, § 83.
- Jean-Louis Masson, Histoire administrative de la Lorraine : des provinces aux départements et à la région, Paris, F. Lanore, , 1 vol., 577, 25 cm (OCLC 689932213, BNF 34683566, SUDOC 060535601, lire en ligne), p. 409 [lire en ligne].
- « The Avalon Project : Jordanian-Israeli General Armistice Agreement, April 3, 1949 », sur avalon.law.yale.edu (consulté le )
- Alexandra Novosseloff, « La construction du mur : de la protection à la séparation », La documentation française - Questions internationales, (consulté le ).
Bibliographie
modifier- [A/RES/ES-10/13] Assemblée générale des Nations unies, « Mesures illégales prises par Israël à Jérusalem-Est occupée et dans le reste du territoire palestinien occupé », résolution adoptée le lors de la 22e séance plénière de la 10e session extraordinaire d'urgence de l'Assemblée générale, 2 p. [PDF], sur Système de diffusion électronique des documents de l'Organisation des Nations unies.
- [A/RES/59/33] Assemblée générale des Nations unies, « Le Golan syrien », résolution adoptée le lors de la 64e séance plénière de la 59e session de l'Assemblée générale, 2 p. [PDF], sur Système de diffusion électronique des documents de l'Organisation des Nations unies.
- [Bulle 2001] Sylvaine Bulle, « Les villes palestiniennes entre passé colonial et avenir incertain », Les Annales de la recherche urbaine, no 91 : « Villes et guerres », , p. 2e partie (« Débats »), p. 83-91 (DOI 10.3406/aru.2001.2438, lire en ligne [PDF], consulté le ).
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- [Zananiripropos et Khalfa 2004] Elias Zananiripropos (entretien avec) et David Khalfa (propos recueillis par), « Que reste-t-il de l'initiative de Genève ? », Cités : philosophie, politique, histoire, vol. 20, no 4 : « Empires et impérialismes : les États-Unis, un empire différent des autres ? », , p. 159-175 (DOI 10.3917/cite.020.0159, lire en ligne [html], consulté le ).
Conventions d'armistice général
modifier- [Israël et Égypte 1949] (en + fr) « Convention d'armistice général (avec annexes et lettres d'accompagnement), signée à Rhodes, le », dans Recueil des traités : traités et accords internationaux enregistrés ou classés et inscrits au répertoire au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, vol. 42, (lire en ligne [PDF]), 1re partie (« Traités et accords internationaux enregistrés du au »), texte no 654 (« Israël et Égypte »), p. 251-285 :En pages paires : texte officiel en anglais communiqué par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies.
En pages impaires : traduction en français. - [Israël et Liban 1949] (en + fr) « Convention d'armistice général (avec annexe), signée à Ras en Nakoura, le », dans Recueil des traités : traités et accords internationaux enregistrés ou classés et inscrits au répertoire au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, vol. 42, (lire en ligne [PDF]), 1re partie (« Traités et accords internationaux enregistrés du au »), texte no 655 (« Israël et Liban »), p. 287-301 :En pages paires : texte officiel en anglais communiqué par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies.
En pages impaires : texte officiel en français communiqués par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies. - [Israël et Jordanie 1949] (en + fr) « Convention d'armistice général (avec annexes), signée à Rhodes, le », dans Recueil des traités : traités et accords internationaux enregistrés ou classés et inscrits au répertoire au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, vol. 42, (lire en ligne [PDF]), 1re partie (« Traités et accords internationaux enregistrés du au »), texte no 656 (« Israël et Jordanie »), p. 302-325 :En pages paires : texte officiel en anglais communiqué par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies.
En pages impaires : traduction en français. - [Israël et Syrie 1949] (en + fr) « Convention d'armistice général (avec annexes et lettre d'accompagnement), signée à Cote 232, près de Mahanayim, le », dans Recueil des traités : traités et accords internationaux enregistrés ou classés et inscrits au répertoire au Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies, vol. 42, (lire en ligne [PDF]), 1re partie (« Traités et accords internationaux enregistrés du au »), texte no 657 (« Israël et Syrie »), p. 327-351 :En pages paires : textes officiel en anglais communiqués par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies.
En pages impaires : texte officiel en français communiqués par le représentant permanent d'Israël auprès de l'Organisation des Nations Unies.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Guerre israélo-arabe de 1948
- Accords d'armistice israélo-arabes de 1949
- Frontière entre Israël et la Jordanie
- Barrière de séparation israélienne