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Lapidation

méthode d'exécution

La lapidation est une forme d'exécution dans laquelle un groupe d'individus lance des pierres sur une personne jusqu'à ce que cette dernière décède d'un traumatisme contondant. Elle a été attestée comme une forme de punition pour de graves méfaits depuis l'Antiquité. Son adoption dans certains systèmes juridiques a suscité la controverse au cours des dernières décennies.

Martyre de saint Étienne. Panneau du retable dit de Jacob et Étienne, peint en 1506 par Marx Reichlich (1460-1520) (provient d'un monastère au Tyrol, exposé à la pinacothèque de Munich).

La Torah et le Talmud prescrivent la lapidation comme punition pour un certain nombre d'infractions. Au cours des siècles, le judaïsme rabbinique a développé un certain nombre de contraintes procédurales qui ont rendu ces lois pratiquement inapplicables. Bien que la lapidation ne soit pas mentionnée dans le Coran, la jurisprudence islamique classique (fiqh) a imposé la lapidation comme un hadd (peine prescrite par la charia) pour certaines formes de zina (rapports sexuels illicites) sur la base de certains hadîths (paroles et actions attribuées au prophète musulman Mahomet). La législation islamique prévoit cependant elle aussi un certain nombre de dispositions qui rendent le crime de zina presque improuvable dans la pratique.

La lapidation semble avoir été la méthode standard d'exécution capitale dans l'ancien Israël. Son utilisation est attestée au début de l'ère chrétienne, mais les tribunaux juifs ont par la suite généralement évité les peines de lapidation. Seuls quelques cas isolés de lapidation légale sont enregistrés dans l'histoire prémoderne du monde musulman. Aujourd'hui, les lois pénales de la plupart des pays à majorité musulmane sont dérivées des modèles occidentaux. Au cours des dernières décennies, plusieurs États ont inséré la lapidation et d'autres punitions houdoud (pluriel de hadd) dans leurs codes pénaux sous l'influence des mouvements islamistes. Ces lois revêtent une importance particulière pour les conservateurs religieux en raison de leur origine scripturaire, bien qu'en pratique elles aient joué un rôle largement symbolique et aient eu tendance à tomber en désuétude.

Récemment, la lapidation a été une peine légale ou coutumière en Iran, aux Émirats arabes unis, au Qatar, en Mauritanie, en Arabie saoudite, au Soudan, au Yémen, au nord du Nigeria, en Afghanistan, au Brunei et dans les zones tribales du Pakistan, y compris le nord-ouest de la vallée de Kurram et le nord-ouest de la région de Khwezai-Baezai[1],[2],[3],[4]. Dans certains de ces pays elle a été effectuée de façon extrajudiciaire par des militants, des chefs tribaux et d'autres[2]. Dans certains autres pays, dont le Nigeria et le Pakistan, bien que la lapidation ait été une forme légale de punition, elle n'a jamais été pratiquée légalement. La lapidation est condamnée par les organisations de défense des droits de l'homme (en) et les peines de lapidation ont suscité des controverses internationales.

Étymologie

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La lapidation vient du latin lapis (pierre), qui donne le verbe lapidare signifiant littéralement « attaquer à coups de pierres »[5].

Histoire

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En Grèce antique

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La lapidation est une méthode d'exécution connue dès l'époque homérique, principalement liée aux crimes sexuels et aux blasphèmes[6] : dans la mythologie grecque, Ajax fils d'Oïlée échappe de peu à la lapidation après avoir tenté de violer Cassandre réfugiée auprès de l'autel d'Athéna[7]. Après avoir découvert qu'il a tué son père et épousé sa mère, Œdipe souhaite mourir lapidé, mais ne trouvant personne autour de lui pour ce faire, se résout à se crever les yeux[8]. Cycnos fait lapider le joueur de flûte qui a accompagné sa seconde femme à diffuser des calomnies afin qu'il contraigne son fils Ténès à l'exil[9]. Toutefois, la lapidation n'est pas couramment employée à l'époque archaïque et inspire plutôt une certaine répulsion : Eschyle la classe avec la décapitation, l'énucléation ou l'empalement comme les marques d'une « justice d'abattoir », propre aux Euménides non civilisées[10].

De nombreux tyrans grecs sont lapidés : Koes à Mytilène (Hérodote, V, 38), Mennès à Cumes[11], Néarque à Élée[12],[13], Phalaris à Akragas[13].

Une autre occurrence de lapidation historique remonte aux guerres médiques, en 479 av. J.-C. : l'Athénien Lycidès[14] est lapidé par les participants à la Boulè (assemblée) quand il propose d'approuver la demande de reddition envoyée par le Perse Mardonios. Hérodote présente la lapidation comme un acte spontané de la foule en colère, mais chez Lycurgue[15], un siècle plus tard, il résulte d'un décret (psēphisma) pris formellement par les membres de l'Assemblée, qui retirent les couronnes symbolisant leur fonction avant d'y procéder. On a suggéré que les Athéniens avaient réinterprété a posteriori un lynchage en acte légal et rituel[16]. Par la suite, la lapidation à Athènes est liée aux cas de trahison (prodosia) : ainsi, Alcibiade, cousin de l'Alcibiade compagnon de Socrate est condamné à mort en même temps que ce dernier pour la profanation des Mystères d'Éleusis. Il s'enfuit et rejoint les Syracusains, adversaires d'Athènes. Capturé à bord d'un vaisseau ennemi, il est lapidé immédiatement, sur ordre du stratège Thrasyllos[17].

Philostrate, dans sa Vie d'Apollonios de Tyane rapporte une lapidation « miraculeuse » située à Éphèse au Ier siècle. Les Éphésiens, en butte à une épidémie de peste, font appel à Apollonius de Tyane, fameux thaumaturge païen, et également philosophe, qui leur désigne un mendiant comme « ennemi des dieux » et les convainc de le lapider. Et ils pensent découvrir, dans le corps en charpie écrasé sous les pierres, une créature monstrueuse, le démon de la peste[18].

Dans le judaïsme

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Jésus empêchant la lapidation de la femme adultère (Le Guerchin, 1621)

Les textes judaïques prévoyaient la lapidation pour punir divers crimes et attitudes jugés criminels, tant dans le Pentateuque (terme grec désignant la Torah) que dans les écrits rabbiniques (le Talmud). Concernant plus particulièrement l'adultère, il faut considérer que ces textes de loi sont rédigés dans le cadre d'une idéologie patriarcale ne connaissant pas l'égalité des sexes et que dans une société qui considère le mariage comme un accord commercial, l'adultère correspond à une atteinte à la « propriété » d'un autre homme[19].

Toutefois, la lapidation aurait encore été appliquée au premier siècle de notre ère ainsi que le suggèrent, dans le Nouveau Testament, notamment l'épisode de la femme adultère de l'Évangile selon Jean (« Que celui d'entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle. »)[20] ou, dans les Actes des Apôtres, le récit du martyre d'Étienne[21].

Par la suite, avant même le siège de Jérusalem, les Juifs ont été dispersés dans des territoires de l'Empire romain où leur loi était devenue inapplicable même s'ils étaient majoritaires, comme en Corse où, selon Suétone, l'empereur Tibère en aurait déporté cent mille. Après la chute et la destruction de Jérusalem, La tendance de la jurisprudence judaïque a été de réduire l'application des châtiments mortels dont la lapidation, voire de les supprimer totalement[22]. Thomas Römer explique que « de nombreux rabbins se sont d'ailleurs demandés si la lapidation ou d'autres peines de mort prévues comme châtiment ont vraiment été appliquées à l'époque, ou s'il s'agit plutôt d'une rhétorique dissuasive ayant pour but d'empêcher les transgressions formulées dans ces lois »[19].

Le rabbin Moshe Feinstein, une des plus grandes sommités du judaïsme contemporain a écrit dans son ouvrage Igros Moshe, second volume sur Hoshen Mishpat, réponse 68, que « bien que la loi juive ne préconise pas la peine de mort dans tous les cas, elle permet néanmoins qu'elle soit appliquée là où la loi du pays le permet. Toutefois, cela devrait être limité aux seuls cas de meurtres particulièrement cruels, ou dans une situation où l'effusion de sang devient incontrôlable et que la menace de la peine de mort puisse permettre de rétablir le respect de la loi »[23].

Le rabbin orthodoxe Aryeh Kaplan écrit au sujet de la peine de mort dans le judaïsme : « En pratique ces peines ne sont presque jamais invoquées, et existaient principalement comme un moyen de dissuasion et afin d'indiquer la gravité des péchés pour lesquels elles ont été prescrites. Les règles sévères codifiées dans la Torah afin de protéger l'accusé ont de fait rendu impossible l'application de ces sanctions, le système pénal pouvant devenir brutal et barbare à moins d'être administré dans une atmosphère de la plus haute moralité et piété. Lorsque ces normes ont diminué dans le peuple juif, le Sanhédrin a volontairement aboli ce système de sanctions »[24].

Jerome H. Somers, le président du conseil d'administration de l'Union des Congrégations hébraïques américaines, la plus grande organisation juive aux États-Unis qui compte plus de 870 congrégations réformistes se déclare opposé à la peine capitale[note 1].

Le rabbin Ben Zion Bokser, l'un des plus grands rabbins du judaïsme conservateur explique que : « Trop souvent, nous apprenons que des personnes qui ont été reconnues coupables de crimes ont été plus tard innocentées par des faits nouveaux. Dans de tels cas, les portes des prisons peuvent être ouvertes et ainsi réparer partiellement l'injustice. Mais les morts ne peuvent pas être ramenés à la vie de nouveau. Nous considérons toutes les formes de la peine capitale comme barbares et obsolètes »[25].

Dans l'islam

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Carte montrant les pays où la lapidation sur place publique est une forme de punition judiciaire ou extrajudiciaire. 2013[26].

Rajm (رجم) est un mot arabe qui signifie "lapider"[27],[28]. Il est communément utilisé pour désigner la punition Hadd lors de laquelle un groupe organisé jette des pierres à un individu condamné jusqu’à ce qu'il meure. Selon certaines versions de la loi islamique (Charia), c’est la peine prescrite en cas d'adultère commis par un homme marié ou une femme mariée. La condamnation exige une confession de l’adultère, ou le témoignage de 4 témoins de l'acte contre ce dernier[note 2] (comme demandé par le Coran 24:4), ou la grossesse en dehors du mariage[29],[30],[31].

La peine de la lapidation/Rajm ou la peine de mort pour adultère est un cas unique dans le droit pénal musulman puisque, de prime abord, elle peut sembler venir contredire la prescription coranique déjà existante pour les relations sexuelles avant le mariage et extraconjugales (zina)[32],[28] que l'on trouve dans le deuxième verset de la sourate An-Nour : « La fornicatrice et le fornicateur, fouettez-les chacun de cent coups de fouet. […] ». Pour cette raison, certaines sectes musulmanes hétérodoxes telles que les kharidjites en Irak, ainsi que les modernistes islamiques tels que les coranistes sont en désaccord avec la légalité du rajm.

Cependant, la lapidation est mentionnée dans plusieurs ahadith[33] (des rapports prétendant citer ce que le prophète Mahomet a dit mot pour mot sur diverses questions, et que la plupart des musulmans et des ouléma considèrent comme la seconde source du droit religieux après le Qor'ān)[34],[35] et donc la plupart des écoles de jurisprudence islamique (madahib) sunnites comme chiites l'acceptent comme une peine prescrite pour l'adultère[28]. La peine a rarement été appliquée dans l'Histoire de l'islam en raison des exigences de preuve très strictes stipulées par la loi islamique[28].

En pratique

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La lapidation d'une femme adultère, illustration d'un manuscrit des 1001 Nuits d'Abou Hassan Ghaffari ou de son atelier. Téhéran, 1853-1857.

Au moins quelques sources (Sadakat Kadri (en), Max Rodenbeck (en)) ont noté que bien qu'abstraitement populaire, le rajm n'a que rarement été appliqué dans l'histoire islamique. Un seul cas de lapidation a été recensé à Constantinople dans toute l'histoire de l'Empire ottoman et aucun en Syrie sous domination musulmane[36]. Le DrAbdou-Rahman ibn Abdoul Karim Al-Sheha affirme pour sa part : « De toute l’histoire de l’Islam, on n’a observé que deux ou trois cas où cette peine a été appliquée suite à l’aveu même des contrevenants et sur leur demande. »[37]. En effet, des techniques ont rapidement été employées pour "minimiser la possibilité" que la grossesse d’une seule femme soit considéré comme une preuve tangible de zina et ainsi rendre la justice plus miséricordieuse, y compris "des présomptions fantastiques" sur la durée de la période de gestation humaine. Les fuqaha hanafites classiques ont décidé qu’au lieu de neuf mois, elle pouvait durer jusqu’à deux ans, les chaféites quatre et les malikites cinq ans[38]. Le calife bien-guidé Omar a une fois acquitté une mère célibataire enceinte au motif qu’elle avait le "sommeil lourd" et "des rapports sexuels sans s'en rendre compte"[38].

Selon le journaliste Max Rodenbeck (en) :

« Dans presque tous les cas où elle a été appliquée au cours des dernières années, la lapidation a eu lieu dans des zones tribales ou rebelles qui échappent au contrôle des gouvernements centraux — les talibans en Afghanistan, l’EIIL en Irak et Boko Haram au Nigeria, par exemple. Sur les quarante-neuf États à majorité musulmane du monde, six conservent la peine par respect pour la tradition… Parmi ces pays, seul l’Iran, qui a officiellement imposé un moratoire sur la lapidation en 2002 tout en laissant une marge de manœuvre aux juges, l’a effectivement appliqué »[39].

L'Arabie saoudite a exécuté quatre personnes par lapidation dans les années 1980[38]. Depuis 2005, des peines de lapidation ont été envisagées ou prononcées au Nigeria et en Somalie pour les crimes d'adultère et de sodomie homosexuelle[40],[41]. Depuis l'introduction de la charia dans le nord du Nigeria en 2000, plus d'une douzaine de musulmans ont été condamnés à mort par lapidation, mais aucun n'a été lapidé[42],[43],[44]. Dans une affaire, une cour d'appel de l'État de Sokoto a annulé une sentence de lapidation au motif que la défenderesse divorcée n'aurait peut-être pas conçu son enfant sous fornication (zina) parce qu’elle l'a peut-être porté pendant cinq ans[38] (conformément à la jurisprudence malikite, prédominante dans le pays). Une autre cour d'appel de l'État nigérian a évalué la limite supérieure de la gestation à sept ans[38].

Au Pakistan, « plus de trois décennies d'islamisation officielle n’ont pas encore abouti à une seule lapidation effective »[45] et la peine est abolie en 2006[46]. L'Iran a officiellement imposé un moratoire sur la lapidation en 2002, tout en laissant une large marge de manœuvres aux juges pour qu'il puisse prescrire la peine[39]. Ces échecs à faire appliquer la peine de la lapidation ont été mis sur le dos de la publicité et de la pression de groupes internes et internationaux de défense des droits de l'homme[47],[48], qui considèrent la lapidation comme une mise à mort par torture[49].

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme, entre et , au moins 15 personnes (six hommes et neuf femmes) ont été exécutées (pas toutes par rajm) par Daech en Syrie pour des crimes d'adultère ou d'homosexualité[50].

Références dans les textes musulmans

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Dans le Coran
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On rapporte qu’Omar, le second calife bien guidé, aurait déclaré que "le verset de la lapidation" était récité comme faisant partie du Coran[51]. Une autre explication sur pourquoi la peine de la lapidation n'est pas explicitement mentionnée dans le Coran vient d'un rapport attribué à Aïcha, l'une des épouses de Mahomet :

[Rapporté par Aisha] « Le verset concernant la lapidation et l’allaitement de l'adulte par dix fois furent révélés, et ils étaient (inscrits) sur une feuille placée sous mon lit. Lorsque le messager d’Allah décéda, nous étions préoccupés par sa mort, et une chèvre entra et mangea le feuillet »[52].

La plupart des érudits musulmans (à l'exception notable de cheikh al-Albani) ont considéré ce hadith comme étant inventé (mawdou') et l'ont par conséquent rejeté puisque les chaînes de transmission (asanid) communes de celui-ci contiennent soit des narrateurs accusés de malhonnêteté lors de la divulgation de leurs sources[53], soit (dans le cas de la version du Mousnad d'Ahmad) des contradictions avec toutes les versions du hadith qui portent des itinéraires authentiques (sahihoune) — aucune ne mentionne la chèvre mangeant le morceau de papier[54].

Dans les ahadith
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De nombreux ahadith sahihs (dont les chaînes de transmission sont fiables selon les critères des érudits sunnites) décrivent cependant la lapidation. Parmi ces derniers on retrouve notamment le hadith du discours d’Omar interdisant le mariage de jouissance, le dernier sermon du pèlerinage d'adieu de Mahomet et le hadith du verset de la lapidation.

Le Sahih al-Bukhari, un recueil d'ahadith considéré comme le livre le plus digne de confiance après le Coran par la plupart des musulmans, rapporte plusieurs sunnah concernant la lapidation. Par exemple :

  • D'après ibn Abbas, Omar a dit du haut de son minbar : « Allâh envoya Mahomet en toute vérité. Il lui a révélé notamment le Verset de la lapidation. Nous l'avons lu et bien assimilé. Nous avons également appliqué la lapidation après sa mort. J'ai bien peur qu'avec le temps quelqu'un dise : " Nous ne trouvons pas la lapidation dans le Livre d'Allâh ", et qu'il s'égare ainsi pour avoir délaissé un commandement révélé par Allâh. La lapidation est une vérité dans le Livre d'Allah le Très-Haut contre l'homme ou la femme marié qui a commis l'adultère ; à condition d'en apporter la preuve ou qu'il y ait eu une grossesse ou un aveu »[55],[56].
  • D'après Abu Huraira : « Un homme des Banu Aslam (en) vint voir le Prophète alors qu’il était dans la mosquée et dit : "Ô Messager d'Allah ! J'ai forniqué" Le Messager d'Allah s'est détourné et ne lui a pas prêté attention. L'homme a alors répété 4 fois ce qu'il a dit. Le prophète a alors demandé : "Es-tu fou ?" "Non" répondit-il. "Es-tu marié ?" "Oui" répondit-il. Le prophète a ordonné les compagnons de le lapider. Jaber dit : "J'étais parmi ceux qui l'ont lapidé dans la grande salle de prière prévue pour les fêtes, à l'extérieur de la ville. Quand les pierres sont lancées contre lui, il s'est enfui, mais nous l'avons attrapé à Horra et nous l'avons lapidé" »[57]
  • D'après Ach-Chaybani (ar) : « Comme j'interrogeai Abdullah ben Abi Awfa (en) si l'Envoyé d'Allah avait appliqué la peine de la lapidation ou non, il me dit :"Oui." Je dis: "Avant ou après (la révélation) de la sourate d'an-Nour ?" (Abdullah ben Abi Awfa) dit:"Je ne sais pas." »[58].
  • D'après Abdullah ibn Omar : « Un juif et une juive ont été amenés devant le messager d’Allah pour avoir commis l’adultère. Le messager d’Allah vint voir les juifs et leur dit : "Que trouve-t-on dans la Torah pour celui qui commet l’adultère ?". Ils dirent : "On noircit leur visages et on les fait monter ensemble sur un âne avec leurs visages tournés dans des directions opposées, et ensuite on les promène dans la ville." Il dit : "Amenez la Torah pour vérifier si vous avez raison.". Ils l’ont amenée et l’ont récitée jusqu’au verset qui concerne la lapidation ; la personne qui lisait a mis sa main sur ce verset et a lu ce qui n’était pas masqué par sa main. Abdullah ibn Salam qui était avec le messager d’Allah dit : "Ordonne-lui d’enlever sa main.". Il l’enleva et il y avait à la place le verset relatif à la lapidation. Alors l’envoyé d’Allah prononça son jugement et ordonna que les deux personnes soient lapidées à mort. Abdullah ibn Omar dit : "J’étais un de ceux qui les ont lapidés et j’ai vu l’homme protéger la femme avec son corps." »[59],[60],[61].
  • D'après Amr ibn Maymun (en) : « Au temps de la Jâhilîya, j’ai vu une guenon entourée par un grand nombre de singes. Ils étaient en train de la lapider, parce qu’elle avait commis un acte sexuel illégal. Moi aussi, je l’ai lapidée. »[62]

Le livre 17 (celui des peines légales) du Sahih Mouslim (du nom de l'élève d'al-Boukhari) renferme également de nombreux ahadith concernant spécifiquement la lapidation. Par exemple :

  • D'après Ubada ibn as-Samit (en) : « L’envoyé d’Allah a dit : - Quand un homme célibataire commet l’adultère avec une femme célibataire, ils recevront cent coups de fouet et seront bannis un an. Dans le cas où ils sont mariés, ils recevront cent coups de fouet et seront lapidés à mort »[63] (des ouléma, notamment chez les chaféites, ont déduit de ce hadith que la peine de la lapidation ne vient pas forcément se substituer au hadd coranique, mais doit au contraire s'y additionner).
  • D'après Imran ibn Hussein (en) : « Une femme de Juhaina vint voir le Prophète car elle était devenue enceinte à cause d’un adultère. Elle dit : "J’ai fait quelque chose qui mérite un châtiment, donc inflige-le moi." L’apôtre d’Allah appela son maître et dit : "Traite-la bien et amène-la moi quand elle aura accouché." C’est ce qu’il fit. L’apôtre d’Allah prononça ensuite [après l’accouchement] son jugement ; ses vêtements furent noués autour d’elle et il ordonna qu’elle soit lapidée. Il pria ensuite sur son cadavre. »[64]

D'autres ahadith montrent que la lapidation n'est pas un châtiment exclusif à l'adultère, mais qu'il peut aussi s'appliquer à l'homme reconnu coupable de sodomie homosexuelle, de viol ou dans le cadre du Qisas (loi du talion) :

  • D'après Abu Huraira : « Le Prophète (ﷺ) a dit de ces gens-là qui s'adonnent au crime du peuple de Lot : "lapidez celui qui est au-dessus [l'actif] et celui qui est au-dessous [le passif], lapidez-les ensemble" »[65]
  • D'après ibn Abbas : « Si un homme non-marié est pris pendant un acte de sodomie, il sera lapidé à mort. »[66]
  • D'après Wa'il ibn Hujr (ar) : « Lorsqu'à l'époque du prophète, une femme sortit pour aller prier [probablement à la mosquée], un homme l'agressa et la violenta [la viola]. Elle cria mais il s'échappa et lorsqu'un homme passa, elle déclara : Cet homme m'a fait ceci et cela. Et lorsqu'un groupe de mouhadjiroune passa, elle déclara : cet homme m'a fait ceci et cela. Ils s'en allèrent et saisirent l'homme qu'ils pensaient être celui qui l'avait violée, et le ramenèrent près d'elle. Elle déclara : Oui, c'est lui. Ils l’amenèrent alors devant le messager d'Allah. Lorsque le prophète s’apprêtait à donner sa sentence, l’homme qui avait attaqué (violé) la femme se leva et dit : "Messager d'Allah, je suis coupable". Le prophète dit à la femme : "Pars, car Allah t’a pardonnée !" (Mais il dit quelques bons mots à l’homme). Quant à l’homme qui a eu des relations sexuelles avec elle, il dit : "lapidez-le à mort !" Il dit aussi : il a montré une telle contrition que si les gens de Médine avaient fait preuve d'une contrition identique, cela aurait été accepté de leur part. »[note 3]
  • D'après Anas ibn Malik : « Un Juif contusionna la tête d'une esclave entre deux pierres. On demanda alors à celle-ci: "Qui t'a fait cela? est-ce Un Tel? Un tel?" Et on se mit à lui citer des noms. [En entendant] celui du Juif, elle fit un signe avec la tête. On emmena le Juif et il reconnut les faits. Le Prophète donna alors l'ordre… après quoi sa tête a été écrasée avec des pierres »[68],[69],[70]

Un ancien ouvrage islamique, le Musannaf (en) d'Abd ar-Razzaq (en) énumère, dans son chapitre sur le Rajm, 70 ahadith rapportant des cas de lapidation liés à Muhammad, et 100 liés aux sahaba ou à d'autres autorités[71].

Selon Aboubaker Djaber el Djazaïri, théologien musulman et professeur à l'Université islamique de Médine, un seul hadith, sujet à controverse, cite la lapidation comme châtiment de l'adultère pour un homme marié ou une femme mariée ayant eu un rapport sexuel hors mariage, si et si seulement quatre témoins ont clairement vu l'adultère[72].

Fiqh de la lapidation

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Le Rajm, parfois orthographié Rajam, a été abondamment discuté dans les textes de l'époque précoce, médiévale et moderne de la jurisprudence islamique (fiqh)[30].

Les personnes qui accusent une femme d'adultère mais ne sont pas en mesure d'amener quatre témoins fiables (c.-à-d. qui sont connus pour s'abstenir de péchés en public et en privé) de l'acte — un crime connu sous le nom de Qadhf, القذف[73] — sont passibles d'une peine de 80 coups de fouet et sont inacceptables comme témoins à moins qu'elles ne se repentent et ne se réforment.

Un des nombreux commentaires juridiques islamiques, le Mouwatta de Mâlik ibn Anas, affirme que la grossesse contestée est une preuve suffisante d'adultère et que la femme doit être lapidée à mort[29],[31].

Hanafisme
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Les fuqaha hanafites ont conclu que l'accusé doit être un mouhsan au moment du rapport sexuel religieusement interdit pour être lapidé[74]. Un mouhsan est un adulte, libre (qui n'est pas esclave), musulman qui a déjà eu des relations sexuelles licites dans le cadre du mariage, que ce dernier existe toujours ou non[29]. En d'autres termes, la lapidation ne s’applique pas à une personne qui n’a jamais été mariée dans sa vie (la seule punition obligatoire dans de tels cas est la flagellation sur la place publique)[74].

Pour preuve, la jurisprudence hanafite accepte ce qui suit :

  • Aveux (iqrarat) répétés quatre fois et non rétractés par la suite
  • Témoignage de quatre témoins masculins (les témoins féminins ne sont pas acceptables).

La littérature de droit musulman hanafite spécifie deux types de lapidation[75] :

  • Le premier lorsque la punition est fondée sur des preuves concrètes (bayyinat) sous la forme de quatre témoins oculaires masculins. Dans ce cas, la personne est ligotée et partiellement enterrée dans une fosse creusée pour qu'elle ne puisse s'échapper, après quoi la lapidation sur place publique peut commencer[75]. Une femme condamnée à la lapidation doit être partiellement enterrée jusqu’à sa poitrine[76], conformément au hadith suivant : « Le Prophète a fait lapider une femme et une fosse a été creusée pour elle jusqu’aux seins. »[77]. Abou Hanifa et plus tard le faqîh hanafite Ibrahim al-Halabi (en) ont fait valoir que les témoins et l'accusateur devraient être les premiers à lancer des pierres sur le condamné puisqu’il s’agit d'une bonne occasion pour les témoins lassés de se rétracter avant qu’il ne soit trop tard[75]. Après quoi seulement, la communauté musulmane présente peut prendre part au châtiment[75].
  • Le second lorsque la punition est basée sur l'aveu (iqrar). Dans ce cas, la lapidation doit être effectuée sans creuser de fosse ou enterrer partiellement la personne. Le cadi doit jeter la première pierre avant que d'autres musulmans puissent se joindre à l'exécution du châtiment. De plus, si la personne fuit, elle est autorisée à partir[75].

Les ouléma hanafites ont spécifié que la taille des pierres à utiliser pour le Rajm devait être de la taille de la main, pas trop petites pour être efficace, mais pas trop grosses non plus pour que la mort ne survienne pas trop vite[75].

Les hanafites ont toujours soutenu que les témoins devraient lancer les premières pierres au cas où la condamnation serait provoquée par des témoins, et le cadi devrait lancer les premières pierres au cas où la condamnation résulterait d'un aveu[28].

Chaféisme
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La littérature de l'école chaféite a plus ou moins la même analyse de droit musulman que l'école hanafite. Cependant, elle recommande que la première pierre soit jetée par l'imam ou un de ses représentants dans tous les cas (témoignage ou aveu), puis que la communauté musulmane présente sur place se joigne à l'exécution de la peine[75]. Une autre différence réside dans le fait que, chez les chaféites, la rétractation des aveux n'est pas suffisante pour annuler la condamnation à mort par lapidation[74]. De plus, les chaféites insistent sur le caractère universel de la peine (les non-musulmans résidents en terre d'islam en sont justiciables) tandis que les hanafites confient à chaque communauté (Millet) non-musulmane (dhimmi) le soin d'administrer ses propres châtiments[78].

Hanbalisme
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Le faqîh hanbalite Ibn Qoudama déclare : « Les juristes musulmans sont unanimes sur le fait que la lapidation à mort est une punition spécifique pour les adultères mariés, hommes et femmes. La punition est enregistrée dans un certain nombre de traditions et la pratique de Muhammad se tient comme une source authentique la soutenant. C’est l’avis de tous les Compagnons, Successeurs et autres érudits musulmans à l’exception des Kharidjites. »[79]

La loi islamique hanbalite condamne toutes les formes de relations sexuelles consensuelles mais religieusement illicites comme punissables avec le Rajm. Cependant, les érudits hanbalites insistent sur le fait que les rapports homosexuels entre les hommes doivent être punis par la décapitation, au lieu du Rajm comme recommandé par le madhhab malikite de l'Islam[80].

Malikisme
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L'école de jurisprudence (fiqh) malikite affirme que la lapidation est la peine prescrite pour les rapports sexuels illicites entrepris par une personne mariée ou veuve, ainsi que pour toute forme de relations homosexuelles entre hommes[35]. Mâlik ibn Anas, le fondateur du fiqh malikite, considérait la grossesse d'une femme célibataire comme une preuve concluante de zina. Il a également déclaré que la grossesse contestée est également une preuve suffisante d'adultère et que toute femme musulmane enceinte d'un homme à qui elle n’est pas mariée, au moment de la grossesse, doit être lapidée à mort[29],[31]. Dans La Rissala (ar) (ouvrage de référence de l'école malikite), Al-Qayrawânî soutient que la femme enceinte qui prétend avoir été violée ne doit pas être crue et encourt la lapidation sur place publique jusqu'à ce que mort s'ensuive, sauf si elle fournit un témoin capable d'étayer ses dires, si elle appelle à l'aide au moment du viol ou si elle en revient en saignant dans le cas où elle était vierge[81]. Plus tard, des érudits malikites musulmans ont développé le concept d'"embryon endormi", qui stipulait qu'une femme divorcée pouvait échapper à la peine de la lapidation, si elle restait célibataire et devenait enceinte à tout moment dans les 5 ans suivant son divorce. On supposait alors qu'elle avait été fécondée par son ancien mari mais que l'embryon était resté "endormi" pendant 5 ans[82].

Jafarisme (école chiite duodécimaine)
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Le livre des peines légales du Kitab al-Kafi, proclame la lapidation comme la punition prescrite pour les rapports sexuels qui ne sont pas autorisés en vertu de la charia[30].

Contrairement aux écoles sunnites, la loi islamique chiite, dans les affaires concernées par la peine de la lapidation, accepte les femmes comme témoin, mais considère que leur témoigne vaut deux fois moins que celui d'un homme. Ainsi, avant qu’un accusé ne soit condamné à la lapidation dans le système chiite, les témoins peuvent être :

  • 4 hommes
  • 3 hommes et 2 femmes
  • 2 hommes et 4 femmes
  • 1 hommes et 6 femmes

Il est cependant impossible de faire témoigner 8 femmes car les témoins doivent comprendre au moins un homme[35]. De plus, les fuqaha chiites accordent des pouvoirs discrétionnaires au juge dans les cas d'homosexualité (masculine comme féminine), pour qu'ils puissent condamner l'accusé à la peine de mort soit par décapitation (comme dans les écoles hanbalite et chaféite), soit par lapidation (comme dans l'école malikite), soit par précipitation à partir d'une élévation, soit par le bûcher[35]. Cette dernière peine est souvent considérée comme interdite dans le sunnisme, en raison du commentaire d'ibn Abbas, selon lequel Muhammad aurait interdit le châtiment du feu (exclusif à Allah) aux hommes[83], mais ne l'est pas dans le chiisme duodécimain qui fait état de nombreuses traditions dans lesquelles Ali aurait brûlé vifs des ghulāt et des homosexuels[84].

Points de vue contemporains

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Les penseurs islamistes contemporains ne s’entendent pas sur l'applicabilité de la lapidation pour l'adultère. Bien que les textes religieux donnent souvent des exemples avec et sans lapidation, le Qor'ān ne prescrit pas la lapidation comme punition pour tout crime, mentionnant seulement le fouet comme punition pour le zina. Toutefois, la plupart des ouléma[27] soutiennent qu’il y a suffisamment de preuves dans les ahadith pour en extraire une règle. La grande majorité des musulmans considèrent les ahadith, qui décrivent les paroles, les actes et l'exemple donnés par Muhammad à l'humanité au cours de sa vie, comme une source de droit et d'autorité religieuse au-delà du Qor'ān. Ils considèrent les ahadith sahîh comme une source valable de la charia, justifiant leur croyance sur le vingt-et-unième verset de la sourate Al-Ahzab[note 4], ainsi que d'autres versets[note 5],[85],[86].

La fiabilité du hadith est contestée par les coranistes qui rejettent tous les ahadith, et par conséquent la peine de la lapidation aussi.

Le Dr Mohammad Enayatullah Asad Subhani soutient que la lapidation n’est pas la peine prescrite pour la fornication, comme on l'a généralement compris, et qu'elle ne fait pas non plus partie des Houdoud. Son livre Haqeeqat-e-Rajm (la vérité sur la lapidation) a été largement critiqué par les ouléma, car il avait tenté de dissiper les doutes sur les peines prescrites par l'islam pour différents crimes[87]. Javed Ahmad Ghamidi (en) postule que les versets coraniques prescrivent la lapidation seulement pour ceux qui commettent habituellement la fornication comme le font les prostituées, ce qui constitue alors de "la corruption sur la terre" qui est punissable par la mort selon les versets 33 et 34 de la sourate Al-Ma'ida[88]. Cependant, beaucoup d'érudits traditionnels de l'islam rejettent la plupart des pensées et des avis de Ghamidi comme déviants de l'islam classique[89].

Autre : la lapidation de Satan

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Cérémonie de la lapidation de Satan, 2006

En outre, la lapidation de Satan est une cérémonie symbolique pratiquée par les musulmans lors du pèlerinage à La Mecque, le Hajj.

À l'époque contemporaine

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La mort par lapidation est un supplice encore présent dans le système légal de certains pays à majorité musulmane : le Nigeria, l'Arabie saoudite, le Soudan, l'Afghanistan, les Émirats arabes unis, le Yémen et peut-être encore l'Iran[90]. Le 3 avril 2019, la mort par lapidation a été instaurée à Brunei par le sultan Hassanal Bolkiah.

Afghanistan

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Avant l'établissement de l'émirat islamique d'Afghanistan, la plupart des régions de l'Afghanistan, à l'exception de la capitale, Kaboul, étaient aux mains de seigneurs de guerre ou de chefs tribaux. De ce fait, le droit appliqué variait considérablement d'un endroit à l'autre en fonction de la culture locale et de l'idéologie politique ou religieuse des dirigeants. Dans ce contexte, des cas de lapidation furent recensés dans des zones de non-droit, où des auto-justiciers commirent l'acte à des fins politiques.

Avec la prise de pouvoir des taliban, la lapidation devint une forme de punition légale pour certains crimes graves comme l'adultère. Les taliban l'appliquèrent à au moins six reprises entre 1996 et 2001, date de la chute de leur émirat[91]. À la suite de cette dernière, l'administration Karzai (en), mise en place par les États-Unis et leurs alliés de l'OTAN, restaura le code pénal de 1976, qui ne prévoyait pas l'utilisation de la lapidation comme sanction judiciaire. En 2013, le ministère de la Justice (en) proposa son rétablissement[92]. Cette proposition ne fut cependant pas suivie d'effets en raison du tollé international qu'elle suscita[93].

En 2021, les taliban ont repris le contrôle du pays et restauré leur émirat. Depuis, la lapidation est redevenue une forme de punition légale et 37 condamnations à cette dernière ont été prononcées entre et [94]. Le collectif Afghan Witness ne fait pas état à ce jour de l'exécution de l'une de ces condamnations, précisant toutefois que la publicité des exécutions a été restreinte, rendant plus difficile l'obtention de preuves visuelles[95]. Le , un homme et une femme ont été lapidés dans le district de Nusay sur ordre du gouverneur local mais sans que la sentence ne soit homologuée par les autorités talibanes[96],[97],[98].

Arabie saoudite

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En Arabie saoudite, tout acte de sodomie commis par un non-musulman avec une musulmane est passible de la lapidation[99],[100]. Quatre cas d'exécution par lapidation ont été signalés entre 1981 et 1992[101].

En , une femme de ménage sri-lankaise de 45 ans, mariée et mère de deux enfants, a été condamnée à mort par lapidation. Le , sa sentence a été commuée en trois années d'emprisonnement en appel, après des demandes du gouvernement sri-lankais en ce sens[102],[103],[104].

À partir du , toute personne musulmane reconnue coupable de sodomie ou d'adultère sera lapidée à mort, en vertu du nouveau code pénal instauré à Brunei. « Un groupe de musulmans » sera tenu d'assister à l'exécution de la punition[105]. Brunei est devenu le premier pays d'Asie du Sud-Est à adopter officiellement la lapidation publique comme une forme de sanction judiciaire.

Le , juste avant le début du ramadan, le sultan de Brunei, Hassanal Bolkiah annonce à la télévision que le moratoire sur la peine capitale observé de facto dans le pays depuis 1957 (date de la dernière exécution) s'appliquerait aussi aux nouvelles dispositions pénales entrées en vigueur un mois plus tôt[106]. Il a également promis que le pays ratifierait la convention des Nations unies contre la torture[106], qu'il avait signée le [107].

Burundi

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Le , le président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, appelle à « lapider » les homosexuels dans un stade, estimant qu'ils ont « choisi le diable » et attirent la « malédiction » divine. Cependant, le code pénal burundais ne prévoit pas cette sanction, que ce soit pour l'homosexualité ou autres[108].

Émirats arabes unis

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La lapidation est une forme légale de punition judiciaire aux Émirats arabes unis et ce depuis la fin des années 1970. En 2006, un expatrié a été condamné à mort par lapidation pour adultère[109], peine commuée en appel à un an de prison[110]. Entre 2009 et 2013, plusieurs personnes ont été condamnées à mort par lapidation[111],[112],[113]. En mai 2014, une femme de ménage indonésienne a été condamnée à mort par lapidation à Abou Dabi[114],[115],[116].

Indonésie

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Le , le Conseil législatif sortant d'Aceh a adopté un règlement qui prévoyait la lapidation des adultères mariés[117]. Cependant, le gouverneur Irwandi Yusuf (en) a refusé de signer le règlement, ce qui en fait une loi sans force légale et, de l'avis de certains, donc encore un projet de loi, plutôt qu’une loi réelle[118]. En mars 2013, le gouvernement d'Aceh a retiré la disposition sur la lapidation de son propre projet de nouveau Code criminel[119].

En 2007, Doaa Khalil Assouad, une jeune fille de 17 ans membre d'une tribu de Yézidi, non musulmane, fut lapidée au Kurdistan irakien par les membres de sa communauté, dont des membres de sa famille, parce qu'elle aimait un musulman et était accusée de s'être convertie à l'islam pour l'épouser. Ce meurtre a été filmé à l'aide de téléphones portables, puis diffusé sur Internet[120],[121]. Après avoir reçu plusieurs coups de pied, elle est frappée à mort à coups de pierres et de blocs de béton[122]. La police irakienne, présente sur les lieux, n'est pas intervenue car il s'agissait d'un crime d'honneur[123].

En février et mars 2012, au moins quatorze jeunes sont lapidés à Bagdad par des milices chiites pour avoir adopté le style occidental "emo" dans leurs vêtements et leurs coiffures[124].

Un Irakien de 30 ans a été lapidé à mort, le , dans la ville septentrionale de Mossoul, après qu’un tribunal instauré par Daech l’eut condamné à mort pour le crime d'adultère[125].

Le journaliste iranien Freidoune Sahebjam estime à 1 200 le nombre de personnes exécutées par lapidation en Iran entre 1979 et 2001[126].

Le droit iranien

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La peine de lapidation est inscrite dans le Code de criminalité iranien dans les articles 99 et suivants qui est une base législative tirée de textes islamiques (charia) rédigée au moment de la révolution islamique d'Iran en 1979 par le Conseil des gardiens de la Constitution. Or, ces textes ne sont pas des lois applicables (décrets, arrêtés), contrairement au Code de procédure pénale[127]. En effet, le système judiciaire iranien a prévu dès l'origine, une triple modification des lois de la charia et de ce code de criminalité rendant impossible ce type de condamnation.

Selon Amnesty International, trois personnes auraient été lapidées entre 2006 et 2007, et en janvier 2008 neuf femmes et deux hommes condamnés à être lapidés attendaient l'exécution de leur peine[128], mais ces accusations sont réfutées par le régime de Téhéran, s'appuyant sur le système judiciaire iranien qui ne permet pas de telles condamnations.

Réaction du gouvernement iranien

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Les autorités iraniennes nient utiliser la peine de lapidation ou condamner des mineurs et considèrent cela comme de la propagande occidentale. En application du code pénal iranien, les responsables iraniens arguent que même si une condamnation de lapidation était prononcée par une cour de justice, elle serait immédiatement annulée par une haute cour de justice[129].

Le , le Congrès général national (CGN) adopte une loi rendant l'adultère passible de mort par lapidation[130].

Nigeria

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Depuis l'introduction de la charia dans le nord (à prédominance musulmane) du Nigeria en 2000, plus d'une douzaine de musulmans nigérians ont été condamnés à mort par lapidation pour des infractions sexuelles allant de l'adultère à la sodomie. Cependant, aucune de ces peines n’a été exécutée. Elles ont été rejetées en appel et les coupables condamnés à des peines de prison ou laissés sans exécution, en partie à cause des pressions exercées par les groupes de défense des droits de l'homme[131],[132],[133],[134]. La condamnation à mort de Amina Lawal en 2002 au Nigeria (cassée en appel l'année suivante) a été très médiatisée.

Le , le chef de la hisbah de Ningi, Adamu Dan Kafi, arrête trois hommes (Abdullahi Abubakar Beti, Kamilu Ya'u et Mal Haruna) pour sodomie dans le village de Gwada. Le , après avoir entendu des témoins et leurs aveux de culpabilité, le juge de première instance, Munka’ilu Sabo Ningi, les condamne à la peine de mort par lapidation[135]. Les proches des condamnés émettent des doutes quant à leur culpabilité, en particulier le père de Kamilu Ya'u qui pense que son fils a été dénoncé calomnieusement par Abubabakar Beti et qu'il a avoué sous la torture[136].

Le ou le , le juge Sami Ibrahim Shabo de la cour pénale d'Ombada (ar) a condamné à mort Intisar Sharif Abdallah pour adultère[137],[138]. Cette dernière a rapidement interjeté appel et, le , la cour d'appel a annulé sa condamnation au motif que son droit constitutionnel à se faire défendre n'avait pas été respecté en première instance[137],[139],[140]. Le , lors de son second procès devant la cour pénale d'Ombada, ses avocats ont déclaré qu'elle était revenue sur ses aveux (potentiellement extorqués par son propre frère[138]) en prison et contestait désormais l'accusation. Le lendemain, elle a été acquittée et libérée[139]. En juillet 2012, un tribunal pénal de Khartoum, au Soudan, a condamné à mort Layla Ibrahim Issa Jumul, âgée de 23 ans, par lapidation pour adultère[141]. Amnesty International a signalé qu’elle s’était vu refuser un avocat pendant le procès et qu’elle avait été condamnée uniquement sur la base de ses aveux. L’organisation l’a désignée prisonnière de conscience, "détenue uniquement pour des relations sexuelles consensuelles", et a fait pression pour sa libération[142]. En septembre 2012, l’article 126 du Code pénal du Soudan (1991), qui prévoyait la mort par lapidation pour apostasie, a été modifié pour prévoir la mort par pendaison.

Dans l'État islamique

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Il a été fait mention de plusieurs lapidations par les djihadistes du groupe État islamique généralement pour adultère, pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage ou pour homosexualité[143],[144],[145].

En France

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En 2004, lors de l'affaire Ghofrane Haddaoui, deux mineurs sont condamnés à 23 ans de prison pour la lapidation de la jeune fille qui avait refusé d'entretenir une relation sexuelle avec l'un des accusés[146],[147]. Ce fait divers criminel provoque l'indignation sur la condition des jeunes filles d'origine musulmane des quartiers populaires en France[148].

Lutte contre la lapidation

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La lapidation est condamnée par de nombreux groupes, religieux ou laïques, pour des raisons diverses. Certains groupes, comme Amnesty International et Human Rights Watch, sont opposés à toute forme de peine de mort.

Cette lutte est réactivée en août 2010 par les réactions à la condamnation à mort de Sakineh Mohammadi Ashtiani, une femme iranienne azérie, condamnée en 2006 pour adultère puis pour meurtre[149],[150],[151].

Notes et références

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  1. L'Union des Congrégations hébraïques américaines est depuis longtemps opposée à la peine capitale. Nous croyons que c'est le devoir de la société d'évoluer et de favoriser d'autres méthodes pour lutter contre la criminalité en essayant de la prévenir par l'élimination de ses causes, et en favorisant les méthodes modernes de réhabilitation des criminels dans l'esprit de la tradition juive de Techouva qui signifie la repentance. Nous croyons, en outre, que la pratique de la peine capitale ne sert à rien. L'expérience dans plusieurs États américains et dans d'autres pays a démontré que la peine capitale n'est pas un moyen de dissuasion efficace contre le crime. En outre, nous croyons que cette pratique avilit tout notre système pénal et brutalise l'esprit humain
  2. Certains juristes musulmans sont cependant en désaccord sur ce point, notamment les ouléma hanbalites Ibn Taymiyya et Ibn Qayyim al-Jawziyya, ainsi que Tabari.
  3. La chaîne de transmission (isnad) de ce hadîth est faible (da'îf)[67].
  4. « En effet, vous avez dans le Messager d'Allah un excellent modèle [à suivre], pour quiconque espère en Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. »

    — Le Coran, « Les Confédérés », XXXIII, 21, (ar) الأحزاب

  5. « Dis : « Obéissez à Allah et au Messager. Et si vous tournez le dos… alors Allah n'aime pas les infidèles ! »

    — Le Coran, « La Famille d’Imran », III, 32, (ar) آل عمران

    « Et obéissez à Allah et au Messager afin qu'il vous soit fait miséricorde ! »

    — Le Coran, « La Famille d’Imran », III, 132, (ar) آل عمران

    « Ô les croyants ! Obéissez à Allah, et obéissez au Messager et à ceux d'entre vous qui détiennent le commandement. Puis, si vous vous disputez en quoi que ce soit, renvoyez-le à Allah et au Messager, si vous croyez en Allah et au Jour dernier. Ce sera bien mieux et de meilleure interprétation (et aboutissement). »

    — Le Coran, « Les Femmes », IV, 59, (ar) النساء

    « Ô vous qui croyez ! Obéissez à Allah et à Son messager et ne vous détournez pas de lui quand vous l'entendez (parler). »

    — Le Coran, « Le Butin », VIII, 20, (ar) الأنفال

    « Le jour où leurs visages seront tournés et retournés dans le Feu, ils diront : « Hélas pour nous ! Si seulement nous avions obéi à Allah et obéi au Messager ! » »

    — Le Coran, « Les Confédérés », XXXIII, 66, (ar) الأحزاب

Références

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