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Bombardement de Haïphong

Massacre français par un croiseur à Haiphong au début de la première guerre d'Indochine.

Le bombardement de Haïphong, aussi appelé massacre de Haïphong[1] ou incident de Haïphong[2], est une action militaire entreprise par l'Armée française contre le Vietminh le à Haïphong au Vietnam. Le bombardement fait 6 000 victimes, principalement des civils, et provoque le début de la guerre d'Indochine avec la bataille de Hanoï en .

Contexte

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Lorsqu'en , Hô Chi Minh proclame à Hanoï l'indépendance de son pays à la suite de la révolution d'Août, la politique française hésite entre la reconquête ou la conciliation. Le voyage d'Hô Chi Minh en France (été 1946) permet d'envisager un compromis. Mais chaque camp se prépare à l'affrontement[3].

Le , les Français reprennent le service des douanes alors que cela devait être négocié. L'état-major français, sur place, obéissant aux ordres de l'amiral Georges Thierry d'Argenlieu, promu vice-amiral d'escadre en mars 1946, multiplie les provocations.

À Haïphong, le , les Vietnamiens s'opposent au contrôle douanier par les Français d'une jonque qui fait de la contrebande en tirant sur les Français. L'affrontement dégénère mais un cessez-le-feu est déclaré : on revient au statu quo ante bellum[4],[5].

L'objectif est de profiter de la situation pour améliorer la position française et mettre un terme à l'indépendance que le Vietnam était en train d'acquérir.

Le bombardement

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L'aviso Chevreuil sur lequel navigue Henri Martin.

Le 1946 à h, un ultimatum de trois quarts d'heures est adressé aux Vietnamiens et l'offensive terrestre française commence sur Haïphong. Lorsqu'elle rencontre une résistance, le colonel Debès, sur les instructions du général Valluy qui lui a demandé « de donner une dure leçon à ceux qui nous ont traitreusement attaqués », ordonne à la marine de bombarder. Trois avisos[5], les Chevreuil, Savorgnan de Brazza et Dumont d'Urville, détruisent les paillotes avec des obus de 138 et de 152[4],[6].

Henri Martin, qui était à bord de l'aviso Chevreuil, prétend que le croiseur Suffren a participé à l'opération, allégation infondée reprise dans plusieurs ouvrages[7].

Les tirs visent des civils qui fuient les combats, que les marins français ont peut-être pris pour des combattants à l'assaut selon Paul Mus. Les quartiers chinois et vietnamiens sont complètement détruits[5].

D'après Paul Mus, conseiller politique de Leclerc, citant l'amiral Robert Battet qui a mené l’enquête huit jours après, le nombre de morts se chiffre à 6 000, estimation la plus reprise[8],[5], principalement des civils[4]. Le général Valluy estime quant à lui qu'il y a eu 300 victimes[5]. L'historienne Georgette Elgey estime le chiffre de 6 000 « peut-être excessif » puisqu'il représente 10 % de la population de la ville, mais « qu'il n'en reste pas moins que jamais au cours d'un quelconque incident franco-vietnamien le nombre de victimes n'avait atteint une ampleur comparable »[4].

Le Viêt-Minh a estimé entre 10 000 et 20 000 le nombre de tués. Les services de renseignement français ont également diffusé secrètement ce chiffre dans l’intention de montrer que l’État communiste vietnamien ne pouvait pas protéger sa population de l’armée française. Dans une lettre de décembre 1946, Ho Chi Minh fait état d’environ 3 000 morts lors de l’incident dans les combats. Le général Valluy estimait à 300 le nombre de tués. Le consul américain a fait état d’environ 2 000 morts[9].

Conséquences

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Selon l’historien Anthony James Joes, après « cet acte barbare et stupide » il n'est plus question de « paternalisme français » mais d'une vraie guerre pour se maintenir au pouvoir. Malgré ses proportions, ce bombardement tragique ne marque pas dans les faits, le début de la guerre d'Indochine. C'est officiellement le 19 décembre 1946 qui marque le début de la guerre d’Indochine, quand les milices viêt-minh répliquent à Hanoï[6].

Références

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  1. (en) Pablo de Orellana, The Road to Vietnam: America, France, Britain, and the First Vietnam War, Bloomsbury Publishing, 20 février 2020, p. 164.
  2. Rémi Kauffer, « Les terribles conséquences de l'incident de Haïphong », Le Point, 15 décembre 2011.
  3. « Le bombardement de Haïphong », Historia.
  4. a b c et d Georgette Elgey, Histoire de la IVe République : la République des illusions (1945-1951), Fayard, 2014.
  5. a b c d et e Yves Benot, Massacres coloniaux : 1944-1950 : la IVe République et la mise au pas des colonies françaises, chapitre 4 : « Le bombardement de Haïphong », La Découverte, 2013.
  6. a et b (en) Anthony James Joes, Victorious Insurgencies: Four Rebellions that Shaped Our World, University Press of Kentucky, 2010, p. 93.
  7. Maurice Vaïsse, L'Armée française dans la guerre d'Indochine (1946-1954) : adaptation ou inadaptation, 2000, p. 276.
  8. (en) « Haiphong, Shelling of », Encyclopedia of the Vietnam War: A Political, Social, and Military History. Ed. Spencer C. Tucker, Santa Barbara: ABC-CLIO, 2011. Credo Reference. Web. 17 Feb. 2016.
  9. Stein Tonnesson: Vietnam 1946: How the War Began Berkeley, 2010, p. 122–125