Antihistaminique
Un antihistaminique est un médicament utilisé comme antagoniste compétitif des récepteurs de l'histamine, qui sert donc à réduire ou à éliminer les effets de ce médiateur chimique endogène libéré, entre autres, au cours des réactions allergiques.
Dans l'usage courant, le terme antihistaminique désigne davantage les antagonistes des récepteurs H1 (ou antihistaminiques H1) que les antagonistes des récepteurs H2.
Il existe d'autres agents à action antihistaminergique, des antagonistes non compétitifs qui empêchent la transformation de l'histidine (un acide aminé) en histamine en inhibant l'activité enzymatique de l'histidine décarboxylase ; ce sont des antihistaminiques atypiques.
Histoire
modifier« Si la notion d'antihistaminique a pris un essor considérable dans le monde, son berceau fut le laboratoire de Fourneau[1] à l'Institut Pasteur ; ses premiers pas furent guidés par Daniel Bovet, Anne-Marie Staub[2], Bernard Halpern et leurs collaborateurs ; leurs premières réalisations pratiques sortirent des usines de la société Rhône-Poulenc. Ceci fut d'ailleurs constaté avec unanimité par les savants étrangers, américains, suisses ou anglais et reçut une véritable consécration lors du Council on Pharmacy and Chemistry de l'Association médicale américaine, qui se tint en novembre 1946 pour traiter précisément des antihistaminiques. » Marcel Delépine[3].
Utilisation clinique
modifierIndications
modifierLes antihistaminiques H1 sont utilisés dans le traitement d'états allergiques, où l'histamine joue un rôle médiateur. Spécifiquement, ces indications peuvent comprendre : (Rossi, 2004)
- rhinite allergique
- conjonctivite allergique
- maladies allergiques dermatologiques (dermatite de contact)
- urticaire
- prurit (dermatite atopique, morsures d'insectes)
- réactions anaphylactiques ou anaphylactoïdes - uniquement comme adjuvant
- nausées et vomissements (antihistaminiques H1 de première génération)
- sédation (antihistaminiques H1 de première génération)
- avant une chimiothérapie
- utilisé devant une toux coqueluchée
Selon la nature de l'état allergique, les antihistaminiques peuvent être administrés :
- en administration locale (topique) (au travers de la peau, du nez ou des yeux)
- ou par voie systémique.
Effets secondaires
modifierPeuvent provoquer une somnolence diurne et des troubles cognitifs par leurs effets anticholinergiques.
Antihistaminiques H1 de première génération
modifierAlcylamines
modifier- Bromphéniramine
- Chlorphéniramine (chlorphénamine)
- Dexchlorphéniramine (dexchlorphénamine)
- Phéniramine
- Triprolidine
- Dimétindène
Éthanolamines
modifierLa diphénhydramine est la première molécule découverte de cette classe. Ces produits présentent d'importants effets indésirables anti-cholinergiques comme la sédation, mais la fréquence des effets indésirables gastro-intestinaux est assez faible. (Nelson, 2002 ; Rossi, 2004.)
Éthylènediamines
modifier- Antazoline
- Mépyramine (pyrilamine)
Phénothiazines
modifierPipérazines
modifier- Hydroxyzine
- Méclizine
- Pipéroxane (bénodaïne)
- Prochlorpérazine
- Trifluopérazine
Pipéridines
modifierAutres
modifierAntihistaminiques H1 de deuxième génération
modifierAlkylamines
modifierPipérazines
modifier- Astémizole
- Cétirizine
- Desloratadine
- Ébastine
- Fexofénadine
- Lévocétirizine
- Loratadine
- Mizolastine
- Rupatadine
- Terfénadine, non utilisée en raison d'un risque d'arythmie cardiaque (torsades de pointe)
Pharmacophore
modifierLe pharmacophore est la partie pharmacologiquement active d'une classe de molécule. Elle est le squelette minimum nécessaire à l'action recherché de cette classe moléculaire.
Autres
modifierAutres agents
modifierInhibiteurs de la libération de l'histamine
modifierCes substances agissent en évitant la dégranulation et la libération de médiateurs par les mastocytes.
Inhibiteurs de la L-Histidine décarboxylase
modifierOn les appelle encore antihistaminiques atypiques.
Antihistaminiques H2
modifierLes récepteurs histaminiques H2 sont localisés dans la paroi stomacale (au niveau de la membrane plasmique du pôle basal des cellules pariétales) et ont comme fonction la régulation de l’acidité gastrique (en modulant l'activité des Pompes à Protons H+/K+ ATP-dépendantes intégrées dans la membrane plasmique du pôle apical de ces mêmes cellules pariétales).
Les récepteurs histaminiques H3 sont des autorécepteurs présynaptiques des neurones centraux et ont comme fonction d'inhiber la libération de l'histamine, acétylcholine, noradrénaline, sérotonine...
- La capacité du récepteur de H3 de moduler des neurotransmetteurs variés fait de ce récepteur un nouvel objectif thérapeutique dans le soulagement des symptômes provoqués par plusieurs pathologies dont les troubles des mouvements (apraxie), l'obésité, la schizophrénie, le TDAH et les dysfonctionnements de la régulation de la balance entre l'état de veille et le sommeil.
Les récepteurs histaminiques H4 sont exprimés par les cellules hématopoïétiques et interviennent dans la différenciation des myéloblastes et promyélocytes, dans la chimiotaxie des éosinophiles et dans la libération de l'interleukine Il-16. Le récepteur H4 est un objectif potentiel pour le traitement allergique et les états inflammatoires tels que l'asthme et la rhinite allergique.
Notes et références
modifier- Avec le pipéroxane, synthétisé par Fourneau en 1930 sous le nom de 933 F, puis étudié par Fourneau et Bovet en 1933 (cf. E. Fourneau et D. Bovet, « Recherches sur l’action sympathicolytique de nouveaux dérivés du dioxane », dans Comptes rendus de la Société de biologie, vol. 113, 1933, p. 388 ; « D’un nouveau dérivé du dioxane », Archives internationales de pharmacodynamie et de thérapie, vol. 46, 1933, pp. 178-91).
- Anne-Marie Staub, « Recherches sur quelques bases synthétiques antagonistes de l’histamine », thèse de doctorat en sciences, 1939.
« Sauf erreur, c’est dans cette thèse que figure le mot « antihistaminique » pour la première fois, le mot « histaminolytique » ayant été antérieurement utilisé par Bovet et Staub. » Marcel Delépine, Ernest Fourneau (1872-1949) : Sa vie et son œuvre, extrait du Bull. Soc. Chim. Fr., Masson et Cie, 1949, p. 71. - Op. cit., pp. 71-73.
- (en) « Mécanisme d'histamine », sur News-Medical.net, (consulté le )
Bibliographie
modifier- (en) R. Leurs, M. K. Church, M. Taglialatela, « H1-antihistamines: inverse agonism, anti-inflammatory actions and cardiac effects », dans Clin. Exp. Allergy, vol. 32, pp. 489-498, 2002.
- (en) W. L. Nelson, dans D. A. Williams et T. L. Lemke (éd.), Foye's Principles of Medicinal Chemistry, 5e éd., Philadelphie, Lippincott Williams & Wilkins, 2002 (ISBN 0-68330-737-1).
- (en) S. Rossi (éd.), Australian Medicines Handbook 2004, Adélaïde, Australian Medicines Handbook, 2004 (ISBN 0-95785-214-2).
- (en) F. E. R. Simons, « Advances in H1-antihistamines », dans N. Engl. J. Med., vol. 351, no 21, pp. 2203-2217, 2004.