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Affaire du Baron noir

fait divers français de 1988

L'affaire du Baron noir est un fait divers très largement médiatisé en France au cours de l'été . À partir du de cette année et jusqu'à la mi-, plusieurs témoignages font état de l'éventuel survol illégal de Paris, de nuit, par un avion à hélice non identifié. La presse écrite et la télévision relaient très rapidement ces témoignages et donnent à l'affaire une grande visibilité. Il n'existe cependant pas de preuve tangible, à ce jour, que les supposés vols de nuit illégaux au-dessus de Paris aient bien eu lieu[1].

Une vue aérienne de Paris.

Contexte et premier témoignage

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La zone comprise dans les limites des anciennes fortifications de Paris est une zone P, c'est-à-dire que son survol est interdit à moins de 2 000 m d'altitude pour les aéronefs de transports publics effectuant un service régulier, et soumis à autorisation de la DGAC après accord de la préfecture de police pour les aéronefs civils[2].

Le , à h 30, la sécurité civile est prévenue qu'un bruit de moteur suspect indiquerait qu'un avion de tourisme survole le sud de Paris à une altitude anormalement basse. Les recherches depuis le sol et l'analyse des échos radar ne donnent rien.

Traitement médiatique de l'affaire

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Un des Fokker Dr.I du Baron rouge, en ou .

Des témoignages continuent à parvenir à la police les deux nuits suivantes ; à partir du , la presse s'empare de l'affaire et commence à émettre des hypothèses diverses sur l'identité de l'aviateur. Celui-ci est rapidement surnommé le « Baron noir » par la télévision française, peut-être en référence à Manfred von Richthofen, l'as des as de la Luftwaffe devenu célèbre sous le nom de Baron rouge pendant la Première Guerre mondiale, ou à la bande dessinée Le Baron noir publiée entre et .

Le seul contact visuel, attesté par un témoignage officiel, avec un aéronef en situation illégale pouvant appartenir au Baron noir aurait eu lieu dans la nuit du au  ; mais le , la véracité du contact visuel est remise en question. Le surlendemain et jusqu'au , la préfecture de police de Paris monte un important dispositif de surveillance baptisé « Vipère ». Durant tout le mois d', la presse évoque successivement, tantôt sur un mode sérieux, tantôt sur un mode humoristique : ULM, monomoteur, bimoteur, maquette télécommandée, illusion d'optique créée volontairement, complot politique (éventuellement destiné à mettre en difficulté le ministre de l'Intérieur d'alors, Pierre Joxe), coup publicitaire, etc. De nouveaux témoignages affluent, en provenance d'autres villes de France et d'Allemagne.

Albert Maltret

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Le , une personne masquée affirme être le Baron noir lors d'une interview par Christophe Dechavanne dans l'émission télévisée Ciel, mon mardi ! sur TF1. On découvre plus tard qu'il s'agit d'Albert Maltret, dont le seul survol de Paris attesté a lieu en plein jour au-dessus des Champs-Élysées le et lui vaut une arrestation à son atterrissage sur l'aérodrome de Saint-Cyr-l'École[3]. Il est par la suite invité plusieurs fois par Dechavanne, à qui il dira lors de leur dernière rencontre en , au début de la guerre du Golfe, qu'il est devenu pilote dans l'armée de l'air irakienne de Saddam Hussein[4]. À la mi-, la presse commence à abandonner le traitement de l'affaire, sans que personne ait apporté de preuve tangible de la réalité des vols de nuit ou de son auteur.

Albert Maltret publie cependant Le Baron noir en [5], et sa mort en est couverte par la presse[6],[7],[8],[9],[10],[11].

Notes et références

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Bibliographie

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  • Dominique Caudron, « Le Baron noir et ses ancêtres : Chronique des aéronefs fantômes », Communications, no 52 « Rumeurs et légendes contemporaines »,‎ , p. 219–248 (DOI 10.3406/comm.1990.1792) : résumé complet de l'affaire et des retombées médiatiques, analyse des témoignages.