Académie de marine

 

 

 

Vers 1745, un capitaine de vaisseau du Roi, théoricien de la tactique navale et grand expert en balistique, Sébastien Bigot de Morogues, prit l'habitude de réunir chez lui des officiers et des ingénieurs du port de Brest partageant son intérêt pour les sciences de la mer. En 1749, les travaux de ce groupe eurent quelques retentissements. Après son passage à Brest, Antoine Louis Rouillé, comte de Jouy, secrétaire d'État de la Marine, décida de rendre officielle cette institution privée.

Ainsi le roi Louis XV devait-il signer à Compiègne, le 30 juillet 1752, les lettres patentes portant création d'une Académie de marine à Brest, soumise à un règlement minutieux. La séance d'ouverture a eu lieu le 31 août 1752.

Composée de soixante-quinze membres — dix honoraires, dix libres, trente ordinaires, vingt-cinq adjoints — l'Académie a à sa tête un bureau constitué d'un directeur, d'un sous-directeur, d'un secrétaire et d'un sous-secrétaire. Avec son premier directeur Sébastien Bigot de Morogues, la compagnie réalise de 1752 à 1755, de nombreux travaux^[3],[4].

Les officiers de marine qui y participent se proposent de contribuer à la modernisation de la Marine française. Ils reçoivent très vite l'approbation de Louis XV.

L’Académie rassemble des astronomes, des hydrographes, des mathématiciens, etc. Parmi les membres, lors de la fondation, on compte les académiciens honoraires, outre Sébastien Bigot de Morogues, Jean Florent de Vallière, Amédée François Frézier, Henri Louis Duhamel du Monceau, Charles Étienne Louis Camus, Pierre Bouguer, Jean-Baptiste Après de Mannevillette, Jacques-Nicolas Bellin, Esprit Pezenas, Chardon de Courcelle, et les académiciens ordinaires Bory, Joseph Bernard de Chabert, Antoine Choquet de Lindu, Dumaitz de Goimpy, René-Aymar de Roquefeuil, Groignard, Nicolas-Marie Ozanne^[3].

L'Académie disparaît temporairement de 1765 à 1769, à la suite de la guerre de Sept Ans. En 1769, Aymar Joseph de Roquefeuil, commandant de la Marine à Brest, obtint de Louis XV et du secrétaire d'État de la Marine Choiseul-Praslin son rétablissement^[3] sous le nom d'Académie royale de marine. Une devise est adoptée : « Per hanc prosunt omnibus artes » (« Grâce à elle, les arts profitent à tous »)^[5].

L'Académie sera liée à l'Académie des sciences par un édit de 1771. Le nombre d'académiciens est ramené à soixante, puis porté à soixante-dix en 1771. Elle devient alors très active, se réunissant huit cents fois en vingt-cinq ans, et présentant quatre cents mémoires.

Elle s'intéresse à l'astronomie navale, aux mathématiques, à l'architecture navale, à la physique, à l'hydrographie, à la cartographie^[3] et à la santé des équipages^[6]. En 1776, elle obtient la direction de l'atelier des boussoles de Brest^[3]. Sa bibliothèque comptait plus de 3 800 volumes, dont on possède le catalogue^[5].

Parmi les nouveaux membres, on compte Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, Alexandre Guy Pingré, Pierre Charles Le Monnier, Alexis-Marie de Rochon, Jean-Charles de Borda, Charnières, Étienne Bézout, Nicolas Claude Duval-le-Roy, Étienne Nicolas Blondeau, Poissonier-Desperrière, Sabatier, Louis Antoine de Bougainville, Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec, Jean-René de Verdun de la Crenne, Granchain, Fleuriot de Langle, Honoré Sébastien Vial de Clairbois, Pierre-Alexandre-Laurent Forfait, Jacques-Noël Sané^[3], Antoine-Jean-Marie Thévenard, Jean-Jacques de Marguerie et Charles Pierre Claret de Fleurieu.

L'Académie contribua notamment à l'amélioration des instruments de navigation. On retrouve trois de ses membres (Claret de Fleurieu, Fleuriot de Langle, d'Escures) dans l'expédition que conduisit La Pérouse jusqu'aux îles Salomon avant de disparaître.

L'Académie de marine sera finalement supprimée par la Convention le 8 août 1793, en même temps que toutes les autres académies.

Les tentatives pour recréer l'Académie au XIX^e siècle échouèrent malgré l’action de grands marins à l'Académie française et à l’Académie des sciences. L’Académie de marine est recréée sous la forme d'une association loi de 1901 en 1921 et continue son œuvre au XXI^e siècle.

Elle est devenue un établissement public d'État en 1927 et a pris la forme d'un établissement public à caractère administratif en 1991. Elle a été placée sous la tutelle du ministre de la Marine puis sous celle du ministre de la Défense. Le chef d'état-major de la marine exerce cette tutelle au nom du ministre. En 2020, elle a été placée sous la protection du Président de la République^[7].

Ses statuts précisent sa finalité : « L'Académie de marine a pour vocation de favoriser le développement des hautes études concernant les questions maritimes et de poursuivre la mission de l'Académie royale ayant existé à Brest au XVIII^e siècle. D'une manière générale, elle exerce des activités d'ordre scientifique, culturel et administratif concernant l'ensemble des questions maritimes »^[8].

L'Académie de marine est dirigée par un président assisté d'un vice-président, d'un secrétaire perpétuel et d'un secrétaire perpétuel adjoint qui, avec le président, forment le bureau de l'académie.

Elle comporte six sections de treize membres chacune :

• marine militaire ;
• marine marchande, pêche et plaisance ;
• sciences et techniques ;
• navigation et océanologie ;
• histoire, lettres et arts ;
• droit et économie.

Elle comprend également des membres honoraires, attachés à une section, et des membres associés étrangers.

« Son recrutement s'est élargi, n'étant plus réservé aux seules personnes de la Marine militaire en activité comme c'était le cas au XVIII^e siècle, et son champ d'intérêt également : elle couvre désormais toutes les activités à caractère maritime »^[9].

L'Académie attribue chaque année, lors de sa séance de remise des prix et récompenses, des prix littéraires dont le grand prix de l'Académie de marine, des prix de fondation, des prix de thèses ainsi que des bourses d'études.

Le siège de l'Académie est à l'hôtel de la Marine, 4, rue Royale à Paris 8^e depuis le 1^er septembre 2021.

• Alfred Doneaud du Plan, « Du rétablissement de l'Académie de marine », dans Revue maritime et coloniale, 1872, tome 32, p. 777-796 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « D'un projet de restauration de l'Académie de marine par Forfait », dans Revue maritime et coloniale, 1875, tome 45, p. 192-200 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1752 à 1765 », dans Revue maritime et coloniale, 1878, tome 58, p. 476-509 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1752 à 1765 », dans Revue maritime et coloniale, 1878, tome 59, p. 300-313 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1752 à 1765 », dans Revue maritime et coloniale, 1879, tome 60, p. 389-409 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine jusqu'à son affiliation à l'Académie des sciences », dans Revue maritime et coloniale, 1879, tome 62, p. 323-357 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine jusqu'à son affiliation à l'Académie des sciences », dans Revue maritime et coloniale, 1879, tome 63, p. 76-103 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1771 à 1774 », dans Revue maritime et coloniale, 1880, tome 65, p. 539-560 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1771 à 1774 », dans Revue maritime et coloniale, 1881, tome 66, p. 105-134 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1775 à 1777 », dans Revue maritime et coloniale, 1881, tome 68, p. 135-162, p. 277-289, p. 573-596
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1775 à 1777 », dans Revue maritime et coloniale, 1881, tome 69, p. 320-342 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine pendant la guerre d'Amérique », dans Revue maritime et coloniale, 1881, tome 70, p. 338-364 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1778 à 1784 », dans Revue maritime et coloniale, 1882, tome 71, p. 33-67, p. 362-402
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1784 à 1793 », dans Revue maritime et coloniale, 1882, tome 72, p. 326-339 (lire en ligne)
• Alfred Doneaud du Plan, « L'académie royale de marine de 1784 à 1793 », dans Revue maritime et coloniale, 1882, tome 74, p. 197-218, p. 318-334
• Alfred Doneaud du Plan, Histoire de l'Académie de marine, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1878 (lire en ligne)
• Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2002
• Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, 2002, 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)

 

Une catégorie est consacrée à ce sujet : Membre de l'Académie de marine.

• Notices d'autorité  :

  • VIAF
  • ISNI
  • IdRef
  • LCCN
  • WorldCat
• Ressource relative aux organisations  :
  • SIREN
• Site officiel
• Code de la défense, articles portant statuts de l'Académie de marine
• Catherine Junges, L’Académie de marine et la diffusion du savoir maritime, (en ligne).
• Catherine Junges, Heurs et malheurs de l'académie maritime, Brest, 1752-1793 (en ligne)

•   Portail du monde maritime
•   Portail de Brest et de sa région
•   Portail de l’histoire militaire
•   Portail du XVIII^e siècle
•   Portail de Paris
•   Portail de la Marine française