Élections législatives sénégalaises de 2024
Les élections législatives sénégalaises de 2024 se déroulent de manière anticipée le afin de renouveler pour cinq ans les 165 membres de l'Assemblée nationale du Sénégal.
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Élections législatives sénégalaises de 2024 | ||||||||||||||
165 sièges de l'Assemblée nationale (majorité absolue : 83 sièges) | ||||||||||||||
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Premier ministre | ||||||||||||||
Sortant | ||||||||||||||
Ousmane Sonko PASTEF |
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Contexte
modifierÉlections de 2022
modifierLes Élections législatives sénégalaises de 2022 voient arriver en tête la coalition Unis par l'espoir (BBY) menée par l'Alliance pour la République (APR) du président Macky Sall, qui essuie cependant un recul en perdant la majorité absolue des sièges qu'elle détenait depuis 2012[1].
La coalition Libérer le peuple menée par le parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) d'Ousmane Sonko réalise une percée et quadruple son nombre de sièges, devenant la principale force d'opposition. La coalition Sauver le Sénégal menée par le Parti démocratique sénégalais connait quant à elle une légère baisse de sa part des voix, mais parvient toutefois à augmenter son nombre de sièges[2].
Bénéficiant du ralliement post-électoral du député du parti Convergence démocratique Bokk Gis Gis, Unis par l'espoir parvient à conserver de justesse la majorité à l'assemblée nationale[3],[4]. Le scrutin est suivi du rétablissement de la fonction de Premier ministre, avec la nomination d'Amadou Ba le 17 septembre[5]
Élection de Bassirou Diomaye Faye
modifierBassirou Diomaye Faye remporte l'Élection présidentielle sénégalaise de 2024 dès le premier tour en arrivant largement en tête devant Amadou Ba, candidat de lAlliance pour la République (APR) au pouvoir[6]. Porté par le parti PASTEF dans un contexte d'inegibilite d'Ousmane Sonko, il devient à 44 ans le plus jeune président élu de l'histoire du pays, le premier opposant élu dès le premier tour, ainsi que le premier officiellement polygame[7],[8],[9]. Il est investi président de la république du Sénégal le [10]. Il nomme le même jour le dirigeant du PASTEF, Ousmane Sonko, au poste de Premier ministre[11]. Le nouveau gouvernement est nommé par Diomaye Faye le suivant[12].
Le PASTEF demeure néanmoins largement minoritaire au parlement. Le , dans un contexte de duel avec l'Assemblée nationale, Diomaye Faye dissout l'Assemblée nationale et annonce des élections législatives anticipées pour le [13]. Faye et Sonko justifient cette décision en accusant le parlement d'être contrôlé par une opposition bloquant ses propositions de réformes et son budget[14].
Système électoral
modifierL'Assemblée nationale est composée de 165 sièges pourvus pour cinq ans selon un mode de scrutin parallèle dans 54 circonscriptions électorales correspondant aux 46 départements du Sénégal auxquels s'ajoutent 8 circonscriptions de la diaspora. Sur ce total, 112 sièges sont pourvus au scrutin de liste majoritaire à raison d'un à sept sièges par circonscription, selon leur population. Les circonscriptions de la diaspora comportent entre un et trois sièges, pour un total fixé à quinze sièges. Les électeurs votent pour une liste bloquée de candidat et d'un nombre égal de suppléants, sans panachage ni vote préférentiel. La liste ayant reçue le plus de voix remporte tout les sièges à pourvoir dans sa circonscription. Dans celles ne comportant qu'un seul siège, le vote prend de fait la forme d'un scrutin uninominal majoritaire à un tour[15],[16].
Les 53 sièges restants sont pourvus au scrutin proportionnel plurinominal sur la base du total des voix des partis additionnées au niveau national. Les deux systèmes opèrent indépendamment l'un de l'autre. Contrairement à un système mixte par compensation, les sièges à la proportionnelle ne sont pas attribués de manière à ce que leurs additions à ceux du scrutin majoritaire fassent correspondre le total de sièges des partis à leurs parts des voix au niveau national. Chaque parti obtient une part des sièges pourvus à la proportionnelle correspondant à sa part des suffrages, auxquels s'ajoutent les 90 sièges obtenus dans les circonscriptions à la majorité relative, donnant au scrutin une tendance majoritaire. La répartition des sièges se fait selon le système du quotient simple. Dans le cas de candidats indépendants, les sièges restants après le premier décompte sont attribués suivant la règle du plus fort reste[15],[17],[18]
Depuis une loi sur la parité votée en 2010, les listes de candidats et de suppléants doivent obligatoirement alterner les candidats de l'un ou l'autre sexe. Dans le cas où un seul siège est à pourvoir dans la circonscription, le titulaire et le suppléant sont obligatoirement de sexes différents[19]. Pour participer aux élections législatives, les partis doivent préalablement recueillir les signatures d'au moins 0,5 % des électeurs inscrits sur les listes électorales dans la moitié au moins des régions du pays, avec un minimum de mille signatures par région[16].
Répartition des sièges
modifierSur le territoire national
modifierEn application des dispositions de l'article L. 151 du Code électoral, le nombre de sièges pour le scrutin majoritaire depuis les élections législatives du 31 juillet 2022, au niveau des départements situés sur le territoire national, est réparti comme suit[20] :
Région | Département | Sièges par département | Total par région |
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Dakar | Dakar | 7 | 18 |
Guédiawaye | 2 | ||
Keur Massar | 2 | ||
Pikine | 5 | ||
Rufisque | 2 | ||
Diourbel | Bambey | 2 | 9 |
Diourbel | 2 | ||
Mbacké | 5 | ||
Fatick | Fatick | 2 | 5 |
Foundiougne | 2 | ||
Gossas | 1 | ||
Kaffrine | Birkelane | 1 | 6 |
Kaffrine | 2 | ||
Koungheul | 2 | ||
Malem Hodar | 1 | ||
Kaolack | Guinguinéo | 1 | 5 |
Kaolack | 2 | ||
Nioro du Rip | 2 | ||
Kédougou | Kedougou | 1 | 3 |
Salemata | 1 | ||
Saraya | 1 | ||
Kolda | Kolda | 2 | 6 |
Médina Yoro Foulah | 2 | ||
Vélingara | 2 | ||
Louga | Kébémer | 2 | 6 |
Linguère | 2 | ||
Louga | 2 | ||
Saint-Louis | Dagana | 2 | 6 |
Podor | 2 | ||
Saint-Louis | 2 | ||
Sédhiou | Bounkiling | 2 | 6 |
Goudomp | 2 | ||
Sédhiou | 2 | ||
Tambacounda | Bakel | 2 | 7 |
Goudiry | 1 | ||
Koumpentoum | 2 | ||
Tambacounda | 2 | ||
Thiès | M'bour | 4 | 10 |
Thiès | 4 | ||
Tivaouane | 2 | ||
Ziguinchor | Bignona | 2 | 5 |
Oussouye | 1 | ||
Ziguinchor | 2 | ||
Total | 97 |
À l'étranger
modifierLa répartition des sièges pour le scrutin majoritaire en ce qui concerne les départements de l'étranger est fixé comme suit conformément à l'article L.151 alinéas 3 et 4 du Code électoral[20]:
Zone | Département | Sièges par département | Total par zone |
---|---|---|---|
Afrique | Afrique du Nord | 1 | 7 |
Afrique de l'Ouest | 3 | ||
Afrique centrale | 2 | ||
Afrique australe | 1 | ||
Europe | Europe de l'Ouest, centrale et du Nord | 3 | 6 |
Europe du Sud | 3 | ||
Amérique – Océanie | 1 | ||
Asie – Moyen-Orient | 1 | ||
Total | 15 |
Campagne
modifierPartis en lice
modifierFace au PASTEF, l'opposition est regroupée en trois coalitions. La première, Takku Wallu, a pour chef de file l'ancien président Macky Sall. Celui-ci fait campagne à distance depuis le Maroc[21].
L'ancien Premier ministre Amadou Ba dirige la coalition Jamm ak jarim tandis que le maire de Dakar, Barthélemy Diaz, est tête de liste de Sam Sakadu[22].
Violence électorale
modifierPlusieurs incidents violents sont signalés pendant la campagne. Le 28 octobre 2024, des individus non identifiés attaquent le siège d’un parti d’opposition[Qui ?] à Dakar et déclenchent un incendie. Le 30 octobre, le PASTEF déclare que le convoi d’Ousmane Sonko a été la cible de jets de pierres lors d’une sortie de campagne à Koungheul, blessant l’ancien ministre Malick Gackou, à la tête d’un parti allié. En réponse, le député de l’opposition Fanta Sall déclare que des « hommes forts » armés agissant au nom du PASTEF ont attaqué des militants de l’opposition[23],[24].
Le 12 novembre, Ousmane Sonko appelle à venger des militants de son parti qui ont été attaqués[25].
Résultats
modifierPartis ou Coalitions | Voix | % | +/- | Sièges | +/- | ||||
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SM | SP | Total | |||||||
Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (PASTEF) | |||||||||
Takku Wallu Sénégal | |||||||||
Coalition gagnante Wattu Senegaal | |||||||||
Manko Taxawu Sénégal | |||||||||
Parti de l'unité et du rassemblement (PUR) | |||||||||
Convergence patriotique Kaddu Askan Wi | |||||||||
Alternative du peuple | |||||||||
Manko Yeessal Sénégal | |||||||||
Convergence Patriotique pour la Justice et l'Équité (CPJE) Nay Ieer | |||||||||
Oser l'avenir | |||||||||
Coalition And Saxal Liggey | |||||||||
Parti pour la vérité et le développement (PVD) | |||||||||
Pòle alternatif 3e voie/Senegal dey dem | |||||||||
Initiative pour une politique de développement (IPD) | |||||||||
Union citoyenne / Bunt Bi | |||||||||
Autres partis | - | ||||||||
Suffrages exprimés | |||||||||
Votes blancs et invalides | |||||||||
Total | 100 | – | 112 | 53 | 165 | ||||
Abstentions | |||||||||
Inscrits / participation |
Suites
modifierLe PASTEF obtient trois-quarts des sièges[26], obtenant entre 119 et 131 sièges, contre quinze pour la coalition de l'ancien président Macky Sall[27], selon les résultats préliminaires. Dès le soir du scrutin, celui-ci est félicité par Barthélémy Dias et Amadou Ba[28]. Alors que la coalition de Macky Sall dénonce initialement des fraudes[29], celui-ci finit par féliciter le vainqueur, dont la victoire est écrasante. La non-contestation des résultats est alors inédite[30].
De part son ampleur, cette victoire permet au PASTEF d'avoir les coudées franches pour appliquer son programme, axé sur une réforme constitutionnelle, la création d'emplois, la souveraineté alimentaire, et l'engage à tenir ses promesses[31] en terme de lutte contre la corruption et d'indépendance de la justice[30].
Notes et références
modifier- « Législatives au Sénégal : le camp présidentiel, en tête, perd sa majorité absolue », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
- « Elections législatives au Sénégal : le camp présidentiel perd la majorité absolue, selon les résultats officiels provisoires », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Sénégal: le député Pape Diop rallie la coalition présidentielle et lui donne la majorité », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- « Revue de presse Afrique - À la Une: la majorité absolue «ric-rac» au Sénégal », sur RFI, RFI, (consulté le ).
- « Amadou Ba nommé Premier ministre du Sénégal », sur .msn.com, .
- « Présidentielle au Sénégal : le candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye donné en tête, selon les premiers résultats », sur Le Télégramme, (consulté le ).
- « Sénégal : Bassirou Diomaye Faye déclaré proche de la victoire, le camp du pouvoir conteste », .
- (en) Ruth Maclean, « Young Opposition Candidate Wins Senegal’s Presidential Election »
- « Sénégal : l’élection de Bassirou Diomaye Faye, qui a deux épouses, consacre la « tradition de la polygamie » », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- « Bassirou Diomaye Faye, L'ascension fulgurante d'un inspecteur des finances à la présidence du Sénégal », sur lebaobab.net,
- « Au Sénégal, Bassirou Diomaye Faye fait son entrée au palais présidentiel et nomme Ousmane Sonko premier ministre », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Sénégal : le président Faye nomme un gouvernement "de rupture" avec de nouveaux visages », sur France 24, (consulté le )
- « Sénégal : le président Faye annonce la dissolution de l'Assemblée nationale, élections législatives le 17 novembre », sur Le Figaro, (consulté le )
- (en) « Senegal’s president dissolves parliament to call a snap legislative election », sur AP News, (consulté le )
- « IPU PARLINE database: Sénégal (Assemblée nationale) » (consulté le ).
- « Code électoral », sur www.sec.gouv.sn (consulté le ).
- « Législatives 2017 au Sénégal : Quinze députés vont représenter la diaspora au parlement », La Tribune Afrique, (lire en ligne, consulté le ).
- « Les Sénégalais de l'étranger seront représentés par 15 députés », sur leparisien.fr, (consulté le ).
- Coumba Kane, « Au Sénégal, la polygamie ne rebute plus les femmes instruites », lemonde.fr, 11 mai 2018.
- « Décret n°2022-1051 du 03 mai 2022 portant répartition des sièges de députés à au scrutin majoritaire départemental pour les élections législatives du 31 juillet 2022 | Secrétaire général du Gouvernement », sur sec.gouv.sn (consulté le )
- « Au Sénégal, l’ancien président Macky Sall « en campagne WhatsApp » depuis le Maroc », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- « Législatives au Sénégal: des enjeux cruciaux pour le Pastef comme pour les listes d'opposition ».
- (en) « Senegal PM Sonko's convoy attacked while campaigning for snap polls, party says », sur france24.com, (consulté le )
- (en) « Senegal enters last day of tense campaign ahead of key legislative election », sur apnews.com, (consulté le )
- « Législatives au Sénégal : le premier ministre appelle à venger ses militants « agressés » », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
- https://www.lopinion.fr/auteur/pascal-airault, « Sénégal : comment Ousmane Sonko a conquis les pleins pouvoirs », sur l'Opinion, (consulté le ).
- « Sénégal : le Pastef vers une large majorité absolue au Parlement ».
- « Législatives au Sénégal : les leaders de l'opposition félicitent le parti Pastef », sur La Nouvelle Tribune, lanouvelletribunebenin, (consulté le ).
- « Au Sénégal, victoire aux législatives du parti au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko », sur Libération, Libération (consulté le ).
- La-Croix.com, « Législatives au Sénégal : « La victoire est si nette qu’elle est incontestable » », sur La Croix, lacroix.journal, (consulté le ).
- « Législatives au Sénégal : "Une victoire éclatante pour le camp au pouvoir, qui l’engage" ».