Étienne Destranges
Étienne Destranges est le nom de plume d'Étienne Louis Augustin Rouillé, musicographe et critique musical né à Nantes, en France, le et mort dans la même ville le .
Biographie
modifierFils de Constant Ferdinand Rouillé, il épouse en 1909 Jeanne Marie Madeleine Salières[1].
Dans les années 1880, il adopte son nom de plume[1], et devient critique musical du Phare de la Loire[2]. En 1888-1889, il est le premier nantais à se rendre à Bayreuth pour découvrir l'œuvre de Richard Wagner, dont il fait la promotion auprès du directeur du théâtre Graslin de l'époque, Marcel Courtonne, qui programme alors l'artiste allemand[1]. En 1890, Étienne Destranges est fondateur et devient rédacteur en chef de l'hebdomadaire L'Ouest-Artiste[2] (qui paraît de 1891 à 1922[3]). Il est également rédacteur en chef de Nantes-lyrique (qui paraît de 1876 à 1894[4]).
En 1892, il rencontre Alfred Bruneau (1857-1934)[2]. Il se lie d'amitié avec le compositeur et est, par l'intermédiaire de celui-ci, en contact avec le romancier Émile Zola[5]. Il est l'un des rares critiques musicaux à soutenir le naturalisme musical[6].
Étienne Destranges fait également découvrir les œuvres de César Franck et Claude Debussy, entre autres[1].
Au fil du temps, il amasse une correspondance abondante avec de grands noms de l'opéra : Jules Massenet, Charles-Marie Widor, Vincent d'Indy, Charles Gounod, Guy Ropartz, Ernest Reyer, ainsi que le critique Henry Gauthier-Villars, ou encore Cosima Wagner. Ces lettres sont réunies dans le « fonds Destranges », conservé à la bibliothèque municipale de Nantes[7].
Au début de la Première Guerre mondiale, il effectue des reportages dans les camps de prisonniers allemands de la région nantaise. Lors de ces visites, il contracte une méningite cérébro-spinale, et meurt à son domicile, au no 30 de la rue des Arts (actuelle rue Jean-Jaurès)[8]. Il est enterré au cimetière Miséricorde.
Hommages
modifierL'action d'Étienne Destranges a été reconnue de son vivant ; il a reçu de nombreuses lettres de confrères ou de compositeur rendant hommage à ses articles ou actions dans le domaine de l'art lyrique[8].
Après sa mort, la direction du théâtre Graslin appose, sur le fauteuil du 3e rang du premier balcon, qu'il occupait systématiquement, une plaque indiquant « fauteuil Étienne Destranges ». Le , jour d'une représentation de La Walkyrie de Richard Wagner, une plaque commémorative, fruit de l'action de l'épouse de Destranges, est apposée[8]. Elle indique[8] :
« Dans ce théâtre, Étienne Destranges, musicien clairvoyant, introduisit Wagner et défendit les chefs-d'œuvre lyriques. »
Le , son nom a été donné à un square[8], place Édouard-Normand, qui recouvrait l'espace occupé par le théâtre de la Renaissance avant sa destruction par un incendie, en 1912[9]. Ce square ayant été fortement réduit pour la construction du temple protestant, le nom de Destranges est attribué en compensation, le , à une rue dans le quartier Sèvre (Nantes Sud)[8],[10]. Le square Étienne-Destranges existe toujours, côté est du temple protestant[11].
Publications
modifier- Souvenirs de Bayreuth. Parsifal, les Maîtres chanteurs, Paris, Tresse et Stock, 1888, 48 p. (BNF 30336464).
- Collot d'Herbois à Nantes d'après un document découvert dans les Archives de la ville, Paris, Tresse et Stock, 1888, 14 p. (BNF 36017835).
- Dix jours à Bayreuth (fêtes de 1889), Paris, Tresse et Stock, 1889, 43 p. (BNF 30336446).
- « Samson et Dalila » de C. Saint-Saëns, étude analytique, Paris, Fischbacher, 1893, 20 p. (BNF 30336463).
- Le théâtre à Nantes depuis ses origines jusqu'à nos jours, 1430 ?-1893, Paris, Fischbacher, 1893, 504 p. (BNF 30336466) (réédité après révision en 1902 (BNF 30336467)).
- L'Œuvre théâtrale de Meyerbeer, étude critique, Paris, Fischbacher, 1893, 40 p. (BNF 30336460).
- « Tannhæuser », de Richard Wagner, étude analytique, Paris, Fischbacher, 1894, 40 p. (BNF 30336465).
- Une partition méconnue : « Proserpine », de Camille Saint-Saëns, étude analytique, Paris, Fischbacher, 1895, 40 p. (BNF 30336472).
- L'Évolution musicale chez Verdi : Aïda, Othello, Falstaff, Paris, Fischbacher, 1895, 77 p. (BNF 30336450).
- L'Œuvre lyrique de César Franck, Paris, Fischbacher, 1896, 75 p.
- « Le Rêve », d'Alfred Bruneau, étude thématique et analytique de la partition, Paris, Fischbacher, 1896, 43 p.
- Un chef-d'œuvre inachevé : « Briséis », d'Emmanuel Chabrier, étude thématique et analytique, Paris, Fischbacher, 1897 (BNF 30336470).
- Une comédie lyrique française : « Sancho » de E. Jaques-Dalcroze, Genève, C.-E. Alioth, 1897, 38 p. (BNF 30336471).
- « Le Vaisseau fantôme » [de R. Wagner], étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1897, 44 p. (BNF 30336473).
- « Messidor », d'A. Bruneau, étude analytique et critique, Paris, Fischbacher, 1897, 68 p.
- « Les Troyens », de Berlioz, étude analytique, Paris, Fischbacher, 1897, 26 p.
- « Hänsel et Gretel » [d'E. Humperdinck], étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1899, 30 p. (BNF 30336454).
- « L'Attaque du Moulin » [d'A. Bruneau], étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1901, 43 p.
- Le Théâtre à Nantes au XXe siècle, Paris, Fischbacher, s. d., 1re série 1901-1906 (BNF 30336468).
- « L'Ouragan », d'Alfred Bruneau, étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1902, 62 p. (BNF 30336461).
- Kérim, le Requiem, la Belle au bois dormant, Penthésilée, les Lieds de France, les chansons à danser, d'Alfred Bruneau, Paris, Fischbacher, 1902, 55 p. (BNF 30336455).
- Emmanuel Chabrier et Gwendoline, Paris, Fischbacher, 1904, 34 p. (BNF 30336447).
- L'« Étranger » de M. Vincent d'Indy, étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1904, 48 p. (BNF 30336449).
- Consonnances et dissonances, études musicales, avec une préface de Louis de Romain, Paris, Fischbacher, 1906, 479 p., (BNF 30336445).
- L'« Enfant roi » [d'A. Bruneau], étude analytique et thématique, Paris, Fischbacher, 1906, 67 p., (BNF 30336448).
- La Faute de l'abbé Mouret [d'A. Bruneau], Paris, Fischbacher, 1907, 72 p. (BNF 42952582).
- Naïs Micoulin, d'Alfred Bruneau, Paris, Fischbacher, 1907, 42 p. (BNF 42952583).
- Les Bacchantes. Les Chants de la vie. L'amoureuse leçon, d'Alfred Bruneau, Paris, Fischbacher, 1913, 37 p., (BNF 42952581).
Notes et références
modifier- Le Nail 2010, p. 130.
- Jean-Sébastien Macke, « Émile Zola et Alfred Bruneau/Chapitre III Les diverses formes de la réception des œuvres lyriques de Zola et Bruneau/III Étienne Destranges : Une étude analytique et thématique des drames lyriques », sur ezola.fr (consulté le ).
- (ISSN 2133-4064)
- (ISSN 2132-7157)
- Roxane Siffer et Sophie Papaefthymiou (dir.), Le Naturalisme sur la scène de l'Opéra lyrique (mémoire), Lyon, Université Lumière Lyon 2, , 106 p. (lire en ligne), p. 55.
- Siffer et Papaefthymiou 2010, p. 77.
- Barbier 1993, p. 83-85.
- Barbier 1993, p. 106-107.
- « Étienne Destranges (square) », archives municipales de Nantes (consulté le ).
- « Étienne Destranges (rue) », archives municipales de Nantes (consulté le ).
- « Square Étienne Destranges », service des espaces verts (SEVE) de la mairie de Nantes (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Patrick Barbier (préf. Philippe Godefroid), « Acte III les années Destranges 1880-1915 », dans Graslin Nantes et l'opéra : Deux siècles de vie lyrique au Théâtre Graslin, Nantes, Librairie Coiffard éditeur, , 144 p. (ISBN 2910366-00-6), p. 80-107.
- Bernard Le Nail, Dictionnaire biographique de Nantes et de Loire-Atlantique, Pornic, Le Temps éditeur, , 414 p. (ISBN 978-2-363-12000-7).
Articles connexes
modifierLiens externes
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