lorent ne décolérait pas depuis qu’il avait quitté Paris. Cela faisait maintenant trois bonnes heures qu’il roulait sur l’autoroute A13. Il était sans arrêt obligé de lever le pied de l’accélérateur sur lequel des accès de rage le faisaient appuyer. Cette garce de Pauline l’avait largué, tout à trac, comme ça, sans préavis ! Elle l’avait réveillé à 10 heures du mat’ pour lui annoncer, toute droite dans son petit tailleur et les mains sur les hanches, qu’il avait dix minutes pour ramasser ses affaires et déguerpir. Elle ne lui donnait pas plus.
Hébété, il avait cherché à comprendre. Ils étaient quand même ensemble depuis presque quatre mois ! C’était quatre mois de trop pour elle, lui avait-elle répondu en se penchant sur lui pour retirer brutalement la couette qui le recouvrait. Ses bobards, ils les serviraient désormais à une autre !
L’ingénieur licencié pour cause économique et ne réussissant pas à retrouver du travail, malgré des démarches quotidiennes, elle n’y croyait plus ! On ne traîne pas au lit jusqu’à des midis passés quand Pôle emploi ouvre ses portes à 9 heures !
On ne se sert pas à son insu de sa carte de crédit ! C’est ce qu’elle avait compris en ne la trouvant pas quand elle avait voulu retirer de l’argent sur le chemin de son travail. Car elle travaillait, elle !
On ne la force pas à se ruer à sa banque pour vérifier l’état de son compte ! On ne l’oblige pas ensuite à téléphoner à son patron pour lui dire qu’elle aurait du retard, avant de revenir en courant chez elle fouiller, pendant que son amant dort encore, ses poches de blouson !
Florent s’était mordu les lèvres. La gaffe ! Il avait oublié de remettre la précieuse carte dans son sac à main. Elle la lui prêtait souvent car il lui avait dit que les Assedic qu’il percevait passaient à aider sa mère à payer sa maison de retraite.
Les Assedic et la mère étaient en fait des inventions de sa part.